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Full text of "Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie"

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VBSFRANCIS  A.  CO*"  ' 


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^*^    ww%/AC/illl 


THE  FRANCIS  A.  COU?  RARY  OF  MEDICINB 

Harvard  médical  LiBRARY-liOSTON  MEDICALllBBABr 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE 

DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


2«  SÉRIE  —  TOME  XXVI 


21573.  ~  MoTTEnoz.—  Imprimbriks  réunies,  A,  rue  Mignon,  2,  Paris. 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE 


DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


COMITÉ  DE  REDACTION 

L.   LEREBOULLET,   Rédacteur  en  chef 

P.  BLACHEZ  —  E.  BRISSAUD  —  G.  DIEULAFOY 
DREYFUS-BRISAC  —  FRANÇOIS-FRANCK  —  A.  HÉNOCQUE  —  A.-J.  MARTIN 

A.  PETIT  —  P.  RECLUS 


DEUXIÈME   SÉRIE    —   TOME    XXVI   —    1889 


PARIS 
G.  MASSON,  ÉDITEUR 

LIBRAIRE   l>E   L'AGAUÉNIE   DE   MÉDECINE 

120,   BOULEVARD  SAINT-GERMAIN 
H  OCCC  LXXXIX 


CATALOfiUEtt. 

E.H:B.  , 


Trente*sixiêmb  année 


N-'l 


4  Janvier  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAI 


'.y 


PAR 


\  3 


ECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


NDREDIS 


iCTION 

M.  LK  D'  L.  LEREBOUUiET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  6.  DIEUUFOT,  DREYFUS-BRISAC,  FRAHCOIS-FRARCK,  A.  HËBOCQUE,  k.4.  MARTIR,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaeticn  à  M.  Liebboullkt,  44,  me  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRE.  —  Bulletin.  Ecole  du  service  de  saotc  mililairc  de  Lyon.  —  Le 

imttemcnl  du  choléra  parles  injectioos  trachéales.  —THERAPEUTIQUE.  Les  indi- 

cation.s  el  la  ^lear  thérapeutique  du  Slrophantus.  —  Revue  des  cours.  Hospice 

éi^  la  SttJi'étrière  :  profcMour  M.  Cbarcot.  Travaux  originaux.  Clinique  inédt« 

i-«{e:  Des  rapports  de   l'iitaxic  locomotrice  progressive  et  du  goitre  exophtlial- 

iav\a«  —  Cliiii4|oe  chirurgicale  :  Es^si  sur  la'rccherchc,  risolement  et  l'emploi 

varcîa^\  è«s  escréta  sofaddes  de  certains  microbes  poUiogènes.  •«  SociiTÉs  sa- 

%  iSTEi-  Académie  des  sciences.  —  Société  médicale  des  hôpitaux.  —  Société 

•Je  tàaiogic.  —  BIBLIOGRAPHIE.   Arcliivcs  de  physiologie  normale  et  patholo- 

-ii»ne.  —  VARlérÊS. 


BULLETIN 

Paris,  31  décembre  1888. 

Ér«le  diat  service  de  santé  miltUilre  de  Lyon.  — 
1^  triUtemeiit  du  choléra  par  len  tnjeetione  Ira- 
cbéalca. 

Le  Journal  officiel  des  26  el  27  décembre  1888  publie 
le  décret  qui  institue  une  Ecole  du  service  de  santé  mili- 
taire près  la  Faculté  de  médecine  de  Lyon  et  les  décisions 
relatives  aux  élèves  et  aux  répétiteurs  de  la  nouvelle  Ecole. 
L'éteodae  de  ces  documents  ne  nous  permet  pas  de  les 
publier  in  exttnso.  Nous  ne  voulons  donc  qu'indiquer  très 
rapidement  quels  sont  les  motifs  qui  ont  fait  préférer  Lyon 
A  Nancy,  Bordeaux  ou  Montpellier  et  en  quoi  TEcole  du 
service  de  santé  militaire  de  Lyon  différera  de  celle  qui  a 
si  utilement  fonctionné  à  Strasbourg. 

Le  rapport  qui  précède  le  décret  du  25  décembre  explique 
les  hé^italions  qu'ont  dû  faire  naître  les  compétitions  des 
quatre  £icuUés  de  médecine  qui  sollicitaient  la  charge  et 
/7ir>f]oeur  de  donner  Tinstruction  scientifique  aux  nou- 
veaux élèves  de  Tarmée.  Nancy  était  le  centre  de  Tune  des 
relions  qui  fournit  le  plus  grand  nombre  de  médecins  de 
l'année;  plusieurs  de  ses  professeurs  avaient  été  les  maîtres 
i»u  les  collègues  des  chefs  actuels  de  la  médecine  militaire, 
tfonfpellier  avait  recueilli  les  débris  de  Tancienne  Ecole 
tir  Strasbourg  et,  pendant  deux  années,  largement  ouvert 
KS  amphithéâtres  et  ses  laboratoires  aux  répétiteurs  et 
in\  élèves  du  service  de  santé  militaire.  Elle  venait  de 
pr'jiiver  son  libéralisme  et  son  désir  d'assurer  dans  les 
intrtileures  conditions  possibles  renseignement  de  la  mé- 
iecine  d'armée  en  appelant  à  Thonneur  du  professorat 
^ux  médecins  militaires  dont  Tun  avait  été  professeur  du 
ITalKle-Grâce  et  l'autre  répétiteur  de  l'Ecole  de  Strasbourg. 
Ikrdeaux  faisait  valoir  les  sacrifices  considérables  qu'elle 
^311  consentis  depuis  1883  pour  étendre  et  agrandir  ses 
Ltiments  universitaires,  ouvrir  de  vastes  laboratoires  et 
ïilre  des  ressources  matérielles  suffisantes  aux  mains  de 
ife^seurs  distingués  dont  plusieurs  aussi  appartenaient 
S*  Siaix,  T.  XXVI. 


à  l'armée  ou  y  avaient  occupé  des  situations  éminentes* 
A  diverses  reprises  on  avait  pu  croire,  on  avait  même 
annoncé  que  Tune  de  ces  villes  pourrait  devenir  le  siège 
de  la  nouvelle  Ecole.  Et  cependant,  malgré  les  espérances 
que  ranimaient  si  souvent  des  promesses  officieuses  peut- 
être  imprudentes,  malgré  les  droits  acquis  par  la  promul- 
gation du  décret  du  1''  octobre  1883  qui  instituait  deux 
écoles  du  service  de  santé  militaire  l'une  à  Nancy,  l'autre  à 
Bordeaux,  il  n'était  point  douteux  que,  le  jour  où  l'on 
prendrait  une  décision  définitive,  l'administration  de  la 
guerre  ne  se  décidât  pour  Lyon.  En  répondant  officielle- 
ment que  cLyon  l'emporte  non  seulement  par  l'installation 
matérielle  de  sa  Faculté,  la  richesse  de  ses  collections 
scientifiques,  mais  surtout  et  avant  tout  par  l'immensité  de 
ses  ressources  hospitalières  et  anatomiques  »,  le  Comité 
technique  de  santé  ne  faisait  que  répéter  publiquement  ce  qui 
se  disait  un  peu  partout  depuis  que  la  question  se  trouvait 
posée.  Au  point  de  vue  des  traditions  chirurgicales  et  des 
ressources  hospitalières,  Lyon  est  certainement  la  pre- 
mière des  Facultés  de  province.  Si  la  municipalité  de 
cetle  ville  a  consenti,  en  faveur  de  rétablissement  d'une 
Ecole  du  service  de  santé  militaire,  des  avantages  matériels 
suffisants,  le  choix  de  la  ville  de  Lyon  devait  s'imposer. 

Le  décret  qui  institue  la  nouvelle  Ecole  déclare  que,  à 
dater  de  1891,  c'est-à-dire  lorsque  les  mesures  transitoires 
nécessités  par  la  situation  actuelle  auront  pris  fin,  les 
élèves  du  service  de  santé  militaire  seront  choisis  parmi 
les  étudiants  en  médecine  pourvus  de  quatre  inscriptions 
et  ayant  subi  avec  succès  le  premier  examen  de  doctorat. 
C'est  là  une  mesure  qui  nous  parait  excellente.  Déjà  à 
l'Ecole  de  Strasbourg  où  la  présence  d'élèves  pharmaciens 
motivait  celle  des  répétiteurs  de  chimie,  de  physique  et 
d'histoire  naturelle,  on  avait  dû,  contrairement  à  ce  qui  se 
passait  alors  dans  les  Facultés  de  médecine,  autoriser  les 
élèves  militaires  à  subir  à  la  fin  de  leur  première  année 
d'étude  l'examen  de  doctorat  afférent  aux  sciences  dites 
accessoires.  En  n'admettant  à  l'Ecole  du  service  de  santé 
de  Lyon  que  les  étudiants  qui  n'auront  plus  à  s'occuper  que 
de  médecine  et  de  chirurgie,  le  nouveau  décret  réalise  une 
économie  notable  et  évite  de  grands  embarras  aux  chefs  de 
la  nouvelle  Ecole.  Par  suite  de  cette  mesure,  la  limite 
d'âge  se  trouve  reculée  à  vingt-deux  ans  pour  les  élèves  qui 
n'ont  pas  encore  servi  dans  l'armée  et  à  vingt-cinq  ans  pour 
ceux  qui  auront  accompli  au  moins  six  mois  de  service 
militaire  effectif. 

Une  innovation  plus  contestable  est  celle  qui  consiste 
dans  l'adjonction  au-  personnel  enseignant  de  professeurs 


NM  — 


GAZETTE  HEBDOMAMmE  DE  HÉfiECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


4  Janvier  1889 


civils  attachés  à  l'Ecole  ponrYenseignemeniàesbelles-'lettreSy 
arts  et  langues  YÎyaiites.  L'i^rCicleSO  qui  iitstiiue  ce(te  nou- 
velle catégorie  de  professeurs  externes  est  copié  sur  le  rè- 
glement de  TEcole  spéciale  militaire  de  Saint-Cyr.  On  a 
voulu,  sans  aucun  doute,  imiter  pour  icâ  jeunes  médecins 
ce  que  Ton  Tait  pour  ceux  qui  se  destinent  à  devenir  offi- 
ciers. On  a  oublié  cependant  que  les  conditions  ne  sont 
point  les  mêmes  et  surtout  que  trois  ou  quatre  années  suf- 
fisent à  peine  à  parfaire  des  études  médicales  un  peu  sé- 
rieuses. N'en  faut-il  pas  conclure  que  les  élèves  du  service 
de  santé  militaire  trouveront  bien  peu  de  temps  pour  s'oc- 
cuper d*aris  ou  de  bel I es-lettres?  Passe  encore  pour  Télude 
des  langues  vivantes  qui  deviennent  de  plus  en  plus  néces- 
saires! Il  appartiendra  d'ailleurs  au  directeur  de  TEcole  de 
Lyon  d'éclairer  à  ce  point  de  vue  les  auteurs  du  décret. 

On  pourrait  critiquer  aussi  la  distribution  des  matières 
de  l'enseignement  complémentaire  donné  par  les  répéti- 
teurs. Comment  a-t-on  pu  joindre  l'anatomie  pathologique 
à  l'anatomie  normale  et  distraire  de  celle-ci  Thistologie? 
Un  répétiteur  d'anatomie  normale  Qt  d'histologie  aurait  été 
mieux  à  même  de  bien  remplir  sa  tâche  qu'un  répétiteur 
d'anatomie  normale  et  pathologique,  i'examen  d*anatomie 
pathologique  est  subi  par  les  élèves  de  cinquième  année, 
en  même  temps  que  les  examens  de  clinique  interne.  C'est 
au  répétiteur  de  médecine  et  non  au  répétiteur  d'anatomie 
normale  qu'il  convenait  de  confier  renseignement  de  l'ana- 
tomie pathologique.  Quant  au  malheureux  qui  sera  chargé 
d'enseigner  tout  à  fois  la  matière  médicale,  l'hygiène,  la  thé- 
rapeutique et  la  médecine  légale,  nous  le  plaignons  sincère* 
ment.  Ces  attributions  diverses  devront  être,  nous  le  répé- 
tons, modifiées  dès  que  la  nouvelle  école  sera  appelée  à 
fonctionner.  Nous  espérons  aussi  que  l'on  autorisera  les  aides- 
majors  de  première  classe  à  concourir  pour  les  fonctions 
de  répétiteur. 

Mais  nous  ne  voulons  point  insister  sur  des  critiques  de 
détails.  Nous  ne  voulons  pas  non  plus  rechercher  aujourd'hui 
pourquoi  dans  ce  nouveau  décret  il  n'est  point  question  des 
pharmaciens  militaires.  Nous  préférons  applaudir  sans 
réserves  à  la  réorganisation  d'une  école  du  service  de  santé 
militaire.  Depuis  près  de  vingt  années  nous  n'avons  cessé, 
dans  les  colonues  de  ce  journal  (1),  de  faire  des  vœux  pour 
que  l'on  arrive  ainsi  à  assurer  le  recrutement  des  médecins 
de  l'armée,  à  réveiller,  par  de  nombreux  et  fréquents  con- 
cours, l'activité  scientifique  des  jeunes  aides-majors,  à  pré- 
parer à  l'enseignement  du  Val-dc-Grâce  et  à  celui  de  nos 
Facultés  une  pépinière  nouvelle  de  médecins  savants  et 
laborieux.  L'armée  tout  entière  y  gagiiera. 

—  Nous  n'avons  point  à  revenir  sur  l'analyse  qui  a  été  laite 
dans  notre  dernier  numéro  (p.  831)  du  long  mémoire  lu 
par  H.  le  docteur  Duboué(de  Pau)*  Les  considérations  théo- 
riques  qu'a  fait  valoir  notre  confrère  diffèrent  de  celles  qui 
guidaient,  il  y  a  trente  ans,  le  professeur  Kûss  ;  mais  le  pro- 
cédé thérapeutique  imaginé  à  Strasbourg  —  et,  malheureu- 
sement, aussi  inefficace  que  peu  pratique  —  est  bien  celui 
que  recommande  aujourd'hui  M.  Duboué.  Voici  comment 
s'exprimait  Kûss  :  c  La  nature  du  choléra  réside  dans  la 
perte  rapide  de  l'eau  du  sang.  Tous  les  symptômes  patho- 
gnomoniques  :  cyanose,  algidité,  anurie,  crampes,  etc., 
dérivent  de  cette  anhydrémie.  Pourguérir  le  choléra,  il  faut 
faire  pénétrer  de  l'eau  dans  le  sang.  Le  29  août  1855,  à  l'hO- 

(1)  V(^es  ea  parUcuUer.  Gaz.  hebd*,  iS7i,  p.  419k 


pital  civil  de  Strasbourg,  en  présence  du  docteur  Aubenas, 
de  M,  Gustave  Levy  et  de  Quelques  élèves,  je  ponctionnai  la 
trachée-artère  d'un  cholérique  in  extremi$  avec  un  trocart 
fin  et  j'y  laissai  couler,  à  l'aide  d*un  appareil  à  irrigation, 
unq  certaine  quantité  d'eau  tiède.  Ce  malade  était  aiïeclé 
d'un  goitre  volumineux,  de  sorte  que  l'expérience  dut  être 
interrompue.  Elle  fut  très  bien  supportée  par  le  poumon  et 
l'eau  promptement  résorbée  parut  avoir  prolongé  la  vie  du 
malade.  Je  suis  bien  décidé  à  recommencr  cette  tentative  à 
la  première  occasion.  » 

L^occasion  sVst  offerte  de  nouveau  en  1865,  mais  les 
idées  théoriques  de  Kâss  s'étaient  modifiées,  et  ce  mode 
de  traitement  du  choléra  dont  il  parlait  encore  parfois  dans 
ses  cours  n'a  plus  dès  lors  été  appliqué. 


THERAPEUTIQUE 

Le»  taél«»U«as  ««  la  valear  thérapcvU^ve 
da  «tropbantaa. 

Si  l'on  pouvait  juger  d'un  médicament  par  le  nombre  dos 
publications  dont  il  a  fait  le  sujet,  celui-ci  occuperait,  à  bon 
droit,  un  rang  élevé  dans  la  matière  médicale  contempo- 
raine. 

Entrevue  comme  un  poison  du  cœur  par  Pélikan   et 
Vulpian,  en  1865,  Finée  ou  onage  des  Pahouins  fut  oubliée 
pendant  quatre  années,  puis  étudiée  en  partie,  de  18G9  à 
1886,  par  Fraser,  Legros,  Hardy  et  Gallois,  sous  son  nom 
botanique  de  Strophantus.  Voici  qu'en  dix-huit  mois,  de 
juillet  1887  à  janvier  1889,  je  compte  dans  mes  notes 
bibliographiques,  assurément  incomplètes,  soixante  com- 
munications, discussions,  thèses,  minces  brochures  ou  gro^ 
mémoires,  relatifs  à  ce  remède.  Il  a  été  expérimenté  sur  les 
animaux  ou  essayé  sur  les  malades  en  France,  par  MM.  Lé- 
pine,  Gley,  Lapicque,  H.  Huchard,  Mairet,  Combemale, 
Bucquoy,  Diigardin-Beaumetz,  Poulet,  G.  Lemoine  et  pafj 
moi-même.  En  Belgique,  M.  Snyers  en  a  étudié  les  pro^ 
priétés;  en  Autriche,  ce  sont  les  travaux  de  MM.  Pins  cl 
Langgard,  Lœw  et    Zerner,  liaas  et  Paschkis;  en  Italie] 
ceux  de  MM.  Uummo  et  Rovighi  ;  en  Angleterre,  de  Sucklinf 
et  Uutcbison,  venant  après  ceux  de  Fraser;  en  AllemagueJ 
ceux  de  Hans  Graetz,  Eichborst,  Fraenkel,  Lewin,  Draseh^ 
Hochhaus,  Rosenbusch;  en  Suisse,  les  recherches  de  Buttif 
et  Prévost;  en  Amérique,  celles  de  Bodtwich  et  Oliver,  puii 
les  thèses  de  Cazeaux,  à  Paris,  Grognier,  à  Montpellier, 
Mayeur,  à  Lille.  Enfin  ces  jours  derniers  MM.  Bucquoy, 
G.  Sée,  Dujardiu-Beaumeta;  et  Laborde  en  parlaient  à  l'Aca- 
démie. En  vérité,  c'est  toute  une  bibliothèque! 

Et  cependant,  malgré  cette  richesse  documentaire,  mal-i 
gré  tous  ces  efforts,  avouons-le  en  toute  humilité,  les  phyn 
siologistes  et  les  cliniciens  n'ont  pu  jusqu'à  présent  si 
mettre  d'accord  pour  décider  si  ce  remède  mérite  équitaJ 
blement  les  noms  de  médicament  cardiaque,  de  diurétiqucJ 
d'eupnéique,  de  nervin  ou  bien  d'irritant  des  voies  digesJ 
tives.  Attribuer  au  strophantus  cet  ensemjble  de  vertus  e^i 
peut-être  beaucoup  ;  les  lui  contester  toutes,  ce  serait  tro 
assurément.  Bref,  l'on  discute  toujours,  au  grand  embarra 
du  praticien  désireux  de  se  faire  une  opinion  impartiale  su 
l'action  physiologique,  les  indications  thérapeutiques  et 
posologie  du  nouveau  remède. 


\  Janvier  4889  GAZETTE  HEBbOMADÂlRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N»  1 


3 


I 

Du  signalement  botanique  et  de  ia  provenance  commer- 
ciale da  strophantus,  il  y  a  Tort  peu  à  dire.  Interrogeons  de 
Caiidolle  :  il  en  décrit  deux  variétés,  toutes  deux  venant 
dWfriqae.  Les  botanistes  plus  modernes  en  mentionnent 
une  vingtaine  d'espèces  d'origine  sénégalaise,  javanaise  ou 
indienne,  et,  tout  récemment,  M.  Blonde!  a  déterminé  la 
morphologie  dé  la  graine  de  quelques-unes  de  ces  espèces. 
Cen'élait  pas  d'ailleurs  œuvre  inutile.  Fraser,  en  effet, 
t^ipériraentait  en  1869,  avec  le  Strophantus  iowWiMM,  Po- 
laiilon  et  Carvllle,  Gallois  et  Hardy  avaient  mis  à  Tessai  le 
Sirophanttis  glabre  du  Gshon'y  d'où,  en  partie  du  moins, 
les  différences  expérimentales  qu'ils  observèrent.  Depuis, 
ks  espèces  commerciales  se  sont  multipliées  :  telles  les 
graines  du  Strophantus  glabre  du  Gabon,  du  Strophantus 
sfirmenttux  du  Niger,  du  Strophantus  dichotome  de  Sou- 
rabaya,  du  Strophantus  laineux  du  Zambèze  et  du  Stro- 
phantus de  Madagascar  que,  dans  la  nomenclature  latine, 
iHWer  (de  Kew)  qualifie  de  Aurantianus. 

Puis,  autre  cause  d'erreur  :  à  cette  confusion  botanique, 
il  fâuUjouter  les  fraudes  commerciales  dont  cette  graine  est 
Vubjet.  On  substitue  les  espèces  indiennes  aux  espèces  afri- 
uiiies;  on  mélange  les  graines  du  strophantus  vrai  avec 
allés  du  strophantus  faux,  et  même,  ajoute  M.  Blondel, 
les  graines  actives  avec  les  graines  qui  ont  été  antérieure- 
ment épuisées  par  l'alcool. 

On  le  voit,  les  lacunes  sont  nombreuses  dans  l'histoire 
botanique  du  strophantus,  comme  dans  sa  matière  médicale, 
i/est  la,  sans  doute,  une  cause  de  la  différence  des  effets 
[ihysiolûgiques  enregistrés  par  les  expérimentateurs. 

Mêmes  lacunes,  ou  plutôt  grande  confusion  dans  l'étude 
chinnique  du  strophantus.  On  emploie  des  extraits  ou  des 
teiniures  alcooliques  de  titre  et  de  concentration  variables, 
t^u  a  isolé  une  strophantine  des  graines  des  strophantus; 
mais  la  strophantine  du  strophantus  kombé,  comme 
M.  Calilloa  l'a  montré,  est  tantôt  amorphe,  tantôt  cristal- 
Usée,  et  ses  cristaux — autre  variation  —  sont  tantôt  lamel- 
laires, tantôt  en  aiguilles. 

Ce  n'est  pas  tout  encore  ;  voici  qu'aux  réactifs,  la  stro- 
^ihantioe  des  strophantus  kombé  et  hispidus  répond  autre- 
ment que  la  strophantine  du  strophantus  glabre  du  Gabon. 
<*r,  eDl877,  MM.  Hardy  et  Gallois  expérimentaient  avec 
/♦'S  semences  de  celui-ci  ;  Fraser,  en  1869,  avec  celles  de 
reJai-iîK  et,  comme  il  fallait  bien  s'y  attendre,  ils  obtenaient 
tous  des  résultats  discordants. 

De  plus  —  aulre  cause  d*erreur  dans  l'appréciation  des 
T*rrtus  du  strophantus  —  les  graines  contiennent  un  gluco- 
îi  k*  jiial  déterminé  et  probablement  identique  à  la  sub- 
stance désignée  sous  le  nom  d'inéine  par  MM.  Gallois  et 
Hardy.  Enfin,  voici  que  M.  Arnaud  vient,  en  juillet  dernier, 
->  <'ommuniquer  à  l'Académie  des  sciences  une  note  d'après 
l-'|uelle  la  strophantine  serait  l'homologue  de  l'ouabaïne, 
^•rincipe  actif  d'une  Apocynée,  Touabaïs,  dont  les  Somalis 
f-.«l  usage  pour  empoisonner  leurs  flèches.  Jusqu'ici,  par 
«'insèquent,  il  est  prudent,  à  l'exemple  de  M.  Dujardin- 
teaametz,  de  déclarer  que  la  pharmacologie  des  strophan- 
j:  les  et  du  strophantus  est  seulement  à  peine  ébauchée. 

II 

.  La  Jélennination  de  ses  propriétés  physiologiques  est-elle 
^*a^  précise?  Pélikan,  Vulpian,  Legros,  P.  Bert,  Carville, 
■^M,  l'olaillon,  Gley  et  Lépine,  et  d'autres  encore,  M.  H. 


Huchard  et  moi  nous  sommes  de  ce  nombre,  ont  mis  lé 
strophantus  à  l'essai  sur  les  animaux  :  chiens,  chats,  mam- 
mifères, oiseaux,  tortues,  grenouilles,  petits  crustacés, 
animaux  à  sang  chaud  et  animaux  à  sang  froid.  En  fait, 
depuis  quelque  temps,  on  l'a  beaucoup  expérimenté  dans 
les  laboratoires.  D'autres  observateurs,  MM.  Mairet,  Com- 
bemale,  Grognier  et  G.  Lemoine  ont  voulu  de  plus  —  pru- 
dente sagesse  physiologique  —  en  rechercher  les  effets  sur 
l'homme  sain  avant  de  les  utiliser  chez  l'homme  malade. 
Et  cependant,  malgré  leur  multiplicité,  ces  recherches  ne 
sont  pas  très  concordantes  par  leurs  résultats. 

On  a  noté  que  l'extrait  des  graines  du  strophantus 
tuait  les  animaux  de  toutes  espèces,  après  un  temps  dont 
la  durée  variait  suivant  qu'on  l'administrait  par  la  voie 
sous-cutanée  ou  bien  par  la  voie  stomacale.  On  a  vu,  sur* 
tout  dans  les  ingénieuses  expériences  de  M.  Lemoine,  que,^. 
par  la  répétition  des  doses,  on  provoquait  une  intoxication 
chronique  et  on  a  ainsi  démontré  que  son  administration 
répétée  ne  présente  pas  moins  de  dangers  que  son  adminis- 
tration à  doses  excessives.  Il  existe  done  un  empoisonne- 
ment aigu  et  un  empoisonnement  chronique  par  le  stro- 
phantus, l'un  et  l'autre  redoutables  quand  on  prescrit  cette 
substance. 

A  doses  mortelles,  d'après  les  divers  expérimentateurs, 
les  extraits  aqueux  ou  alcooliques  du  strophantus  modi- 
fient toutes  les  grandes  fonctions  de  l'organisme  :  circula- 
tion, respiration,  digestion,  sécrétion,  thermogénèse,  inner- 
vation. 

Quels  sont  les  pA^nomènes  cardio-vasculairescon^écMWh 
à  l'administration  de  l'extrait  aqueux  du  strophantus?  Dans 
les  premiers  moments  qui  suivent  l'ingestion,  j'ai  constaté, 
comme  la  plupart  des  autres  expérimentateurs,  l'augmen- 
tation de  la  pression  artérielle,  et,  suivant  la  remarque  de 
MM.  Gley  et  Lapicque,  une  amplification  de  la  i^ystole; 
mais  ces  phénomènes  sont  passagers,  et,  après  quelques 
courts  instants,  les  battements  de  cœur  s'accélèrent  et  se 
multiplient,  bien  que  la  colonne  mercurielle  du  sphygmo- 
manomètre  continue  de  s'élever:  l'hypertension  persiste 
donc,  malgré  l'augmentation  numérique  des  battements 
cardiaques.  MM.  Lapicque  et  Gley,  qui  notent  aussi  ce  phé- 
nomène, l'attribuent  à  l'exagération  de  la  tonicité  artérielle. 
C'est  en  placer  la  cause  dans  la  circulation  périphérique. 

Puis  —  autres  phénomènes  constituant  la  seconde  phase 
de  l'expérience  —  le  cœur  se  ralentit,  la  pression  artérielle 
diminue  :  à  la  phase  d'hypertension  succède  celle  d*hypo- 
tension.  Le  nombre  et  Tamplitude  des  battements  car- 
diaques s'atténuent;  finalement,  la  colonne  manométrique 
et  le  cœur  s'arrêtent. 

Comment  interpréter  ces  faits  expérimentaux?  Pélikan  et 
Yulpian  ont  dit  les  premiers  :  c  L'inée  est  un  poison  du 
cœur.  »  Polaillon  et  Carville  déclarèrent,  eux  aussi,  que  le 
strophantus  abolissait  la  motricité  de  la  fibre  myocardique, 
MM.  Gley  et  Lapicque  ont  admis  qu'il  modifie  l'activité  du 
système  nerveux.  Ici,  théorie  musculaire^  là,  théorie  ner- 
veuse de  la  toxicité  du  strophantus  ;  enfin  —  troisième  inter- 
prétation—  MM.  Mairet,  Combemale  et  Grognier  le  font 
agir  directement  sur  l'épithélium  rénal,  qu'il  irrite  :  c'est 
la  théorie  rénale  de  l'action  du  strophantus. 

Ces  interprétations  sont  de  nature  à  satisfaire  la  curiosité 
des  expérimentateurs,  mais,  il  faut  Tavouer,  ont  été  impuis* 
santés  jusqu'ici  à  les  mettre  d'accord.  Les  uns,  avec 
MM.  Lépine  et  G.  Lemoine,  notent  l'arrêt  du  cœur  en  dia- 
stole par  l'autopsie  des  animaux  au  moment  même  de  la 


4      —  NM  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


4  Janvier 


mort.  D'autres,  Paschkis,  Langgaard,  Prévost  et  peut-être 
aussi  Fraser,  admettent,  ou  du  moins  semblent  admettre,  la 
constance  de  l'état  systolique  de  cet  organe,  de  sorte  que 
Ton  éprouve  un  certain  embarras  en  présence  de  ces  opi- 
nions, et  que  l'on  ne  sait  si  l'on  doit  conclure  à  l'abais- 
sement ou  à  l'élévation  de  la  pression  artérielle  par  le 
strophantus. 

J'insiste  moins  sur  les  troubles  des  mouvements  respira- 
toires :  gène  dyspnéique  avec  accélération  initiale,  puis 
ralentissement  terminal  de  leur  rythme,  et  sur  les  modifia 
cations  thermiques  se  traduisant  par  un  abaissement  de 
quelques  dixièmes  de  degré,  phénomènes  qui  ne  suffisent 
pas  pour  mettre  le  strophantus  au  rang  des  antithermiques. 

Inutile  encore  de  s'arrêter  longuement  à  ces  changements 
dans  la  motilité  qui,  au  début,  se  traduisent  par  de  l'agita- 
tion, et,  plus  tard,  par  de  la  paresse  musculaire,  ou  bien 
à  ces  perturbations  digestives  fort  variables,  signalées  dans 
quelques  cas  :  ici,  vomissements;  là,  efforts  de  défécation, 
et,  comme  je  l'ai  constaté  chez  les  cobayes,  expulsions  de 
selles  semi-liquides. 

Son  action  sUr  le  système  nerveux  est  loin  d'être  bien 
déterminée.  La  plupart  des  expérimentateurs  notaient  la 
prostration  avec  conservation  de  l'intelligence,  mais 
M.  Lemoine  a  observé  des  symptômes  qui,  par  leur  vio- 
lence, se  rapprochaient  des  tremblements  et  de  la  parésie 
du  strychnisme. 

Môme  variabilité  de  son  action  sur  les  sécrétions.  On  a 
vu  les  doses  toxiques  de  strophantus  raréfier  les  urines, 
conséquemment,  les  rendre  plus  colorées  et  troubler  leur 
limpidité.  L'addition  du  perchlorure  de  fer  et  de  l'acido 
sulfurique  y  développait  la  réaction  de  la  strophantine  de 
Helbing.  Par  contre,  administrées  à  l'homme  sain,  les  doses 
modérées  augmentaient  la  diurèse  dans  le  rapport  de  i  à  2. 
Après  cela,  on  s'explique  le  désaccord  entre  les  observa- 
teurs; les  uns  considèrent  le  slrophanlus  seulement  comme 
un  diurétique  par  élévation  de  la  tension  artérielle  avec 
Czalary  Zerner,  A.  Lœw  {Wien.  med.  Woch.^  1888)  et 
G.  Sée;  les  autros  comme  un  médicament  rénal. 

Inconstance  et  variabililé  des  effets  physiologiques,  tel 
est  donc  le  caractère  de  Yintoxication  aiguë  par  le  stro- 
phantus. Observe-t-on  ces  mêmes  irrégularités  symptoma- 
tiques  dans  Yintoxication  lente  par  celte  substance? 

Non,  et,  à  ce  point  de  vue,  on  ne  saurait  trop  invoquer  le 
témoignage  et  les  expéri)nces  si  méthodiques  de  M.  G.  Le- 
moine sur  les  cobayes  et  les  chiens.  Il  leur  administrait 
quotidiennement  une  dose  de  teinture  de  strophantus  qui, 
isolée,  eût  été  insuffisante  pour  provoquer  aucun  phénomène 
physioIogique.Aprèsquelquesjours,  cependant,  ces  animaux 
perdaient  rapidement  de  leur  poids,  de  leur  appétit  et  de 
leur  embonpoint,  et  ceux  de  l'espèce  canine  étaient  atteints 
de  diarrhée  séreuse,  de  polyurie  et  d'albuminurie. 

Du  côté  du  système  nerveux,  c'étaient  des  tremblements, 
des  convulsions  des  muscles  de  la  mâchoire  et  des  grince- 
ments de  dents,  et  môme,  dans  une  expérience,  des  convul- 
sions épileptiformes.  L'inertie,  la  lenteur  des  mouvements, 
la  paresse  musculaire,  s'observèrent  à  une  période  plus 
avancée. 

Puis,  du  côté  des  voies  respiratoires,  M.  Lemoine  notait 
la  lenteur  et  l'irrégularité  des  battements  cardiaques,  le 
ralentissement  des  mouvements  respiratoires,  la  prolonga- 
tion de  l'expiration  et  la  profondeur  de  l'inspiration.  Enfin 
—fait  démonstratif —  on  pouvait  suspendre  ces  phénomènes 
et  «  assister  à  une  véritable  résurrection  de  l'animal  »,  en 


cessant,  pendant  quelques  jours,  radministration  du  siro- 
phantus. 

Vraiment  il  y  aurait  naïveté  de  s'attarder  à  justifier  I  iiJ 
portance  thérapeutique  de  cette  intoxication  chroniquo.  Nt 
prouve-t-elle  pas,  d'une  part,  l'accumulation  du  strophantus 
dans  l'organisme;  d'autre  part,  le  danger  d'eu  cootinuer, 
pendant  longtemps,  l'administration?  I 

III 

L'auatomie  pathologique  donne-t-elle  une  notion  }>lu! 
nette  de  l'action  exercée  par  le  strophantus  sur  les  tissuj 
de  l'organisme? Oui,  sans  doute;  les  altérations  obsenâj 
sont  constantes  :  dès  taches  hémorrhagiques  maculenHVn^ 
docarde  et  la  muqueuse  gastro-intestinale;  des  suiïusioni 
sanguines  sillonnent  la  surface  du  foie  et  ponctuent  la  cap- 
sule et  le  tissu  spléniques.Oui,  encore,  le  parenchyme  puli 
monaire  et  la  masse  encéphalique  sont  congestionnés;  m 
semblable  congestion  envahit  la  totalité  du  tissu  rônal| 
mais  avec  une  intensité  plus  grande  dans  la  zone  corlicali 
que  dans  la  zone  médullaire. 

On  observe  ces  altérations  anatomiques  dans  l'inlc^dia 
tion  aiguë;  on  les  observe  encore  dans  l'intoxication  cbJ 
nique,  et  on  a  pu  décrire  les  lésions  d'une  néphrite  siro^ 
phantinienne  comparable,  dans  ses  stades  divers,  à  li 
néphrite  infectieuse.  Il  est  vrai  que,  chez  l'homme,  on  o't 
point  noté  ces  lésions;  cependant,  à  leur  défaut,  M.Cazcau 
a  constaté  l'augmentation  de  l'albuminurie  des  brightiqiuH 
et  d'autres  observateurs  ont  noté  des  hématuries  strophaii 
tiniennes.  N'est-ce  pas  là  encore  un  motif  pour  pre^crir 
avec  réserve  un  médicament  qui,  selon  l'expression  d 
MM.  Combemale  et  Mairet,  agit  à  la  manière  d'un  irrilai 
sur  tous  les  systèmes  de  l'économie? 

IV 

Inspirés  par  ces  données  de  la  physiologie  expérimenlali' 
les  thérapeutistes  s'efforcent,  depuis  bientôt  vingt  ^mki 
de  fixer  les  indications  de  cette  substance.  En  18C9,Fras( 
lui  donnait  rang  parmi  les  médicaments  cardiaques.  Depoi: 
avec  Langgaard  et  Pins,  ce  même  observateur  en  a  faitu 
médicament  diurétique.  Tout  récemment,  enfin,  on  Ta  pro 
posé  et  même  essayé  à  titre  d'eupnéique,  de  stimulant  dt 
fonctions  digestives,  d'agent  nervin  et  même  d'anlihypei 
thermique  et  d'anesthésique  local.  Voilà  tout  un  ensembi 
de  vertus  fort  nombreuses,  et,  en  vérité,  très  conlestée>. 

En  le  proposant  comme  médicament  cardiaque,  Fras< 
attribuait  au  strophantus  une  puissante  efficacité  cont 
l'asystolie,  les  ruptures  de  compensation  de  l'hypertroph 
venlriculaire,  l'arythmie  cardiaque,  la  dyspnée,  les  liydr 
pisies,  tous  phénomènes  sous  la  dépendance  plus  ou  muii 
immédiate  d'un  abaissement  de  la  pression  sanguine.  J 
fait;  d'enthousiasme,  il  le  comparait  à  la  digitale! 

M.  Pins  a,  lui  aussi,  proclamé  ses  mérites  dans  la  M\ 
générale  de  clinique  et  de  thérapeutique  de  l'année  188 
en  même  temps  que  ses  compatriotes  Drasche,  Zerner,  Lff 
l'Américain  Bowdich  (de  Boston),  et  que  MM.  Dujardi 
Beaumetz  et  Bucquoy,  dans  les  discussions  de  novembre 
cette^  même  année  à  la  Société  de  thérapeutique.  Ce  demi 
lui  aUribuait  une  supériorité  sur  la  digitale  :  celle  do  pr 
longer  son  action,  d'agir  avec  une  énergie  moins  bruts 
mais  plus  durable  et  de  restaurer  la  contraclilité  myoca 
dique  quand  le  cœur  était  fatigué.  De  l'avis  de  ces  div( 
observateurs,  le  strophantus  devrait  passer  pour  un  nai^dii 


4  Janyikr  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  Et  DE  CHIRURGIE 


—  NM  —      5 


ment  de  lasystolie,  pour  le  succédané  de  la  digitale,  et 
même  pour  un  agent  cardiaque  supérieur  à  cette  dernière. 

Voici  cependant  une  autre  opinion^  celle  de  M.  Haas:  c  Le 
strophantus  (Praj.Jm^d.  Wochens,,iSSl)  n'agit  pas^commé 
ia  digitale.  Ce  n'est  pas  l'énergie  cardiaque  qu'il  augmente, 
c'est  plutôt  la  tonicité  vasculaire  qu'il  diminue,  soulageant 
aiûsi  TefTort  myocardique  en  amoindrissant  ia  résistance  de 
la  circulation  périphérique.  »  Ce  n'est  pas  sa  seule  action 
ti  pour  prouver  que  le  strophantus  n'est  pas  un  tonique  du 
cœur,  il  ajoute  que,  sous  son  influence,  le  choc  précor- 
dial diminue,  que  le  deuxième  bruit  pulmonaire  s'affaiblit, 
H  que  le  pouls  perd  de  sa  fréquence.  En  d'autres  termes, 
si  le  strophantus  atténue  l'effort  myocardique,  c'est  en 
diminuant  l'encorobrement  de  la  circulation  périphérique 
fU  s'il  possède  une  efficacité  dans  le  traitement  des  cardio- 
pathies non  compensées,  ce  serait  à  titre  de  médicament 
vasculaire  plutôt  que  de  médicament  cardiaque. 

Le  radicalisme  de  cette  conclusion  ne  satisfait  pas,  sans 
doute,  MM,  Fraenkel,  Furbinger  (Société  de  médecine  de 
Berlin,  1888),  Hochhaus  et  Suckling.  A  leur  avis,  le  stro- 
pbantosest  bien  un  tonique  du  cœur,  mais  son  inconstance 
et  h  faible  intensité  de  ses  effets  lui  donnent  un  rang  infé- 
rieure celui  de  la  digitale. 

loe  autre  opinion,  défendue  par  MM.  Rovighi  et  Rummo 
(itiforma  medicay  1888),  et  surtout  par  MM.  Mairet  et  Corn- 
bemale,  condamne  cet  engouement  en  faveur  du.  stro- 
phantus, et  —  considération  en  rapport  avec  la  théorie  phy- 
siologique de  son  action  rénale  —  le  considère  comme 
m  médicament  irritant.  Il  agit  directement  sur  le  rein  et 
par  le  rein  sur  le  cœur;  bref,  c'est  un  médicament  rénal 
plutôt  qu'un  médicament  vasculaire. 

M.  Lerooine  a,  lui  aussi,  dans  ces  derniers  temps  {Revue 
ijhiérale  de  clinique  et  thérapeutique ^  octobre  1888)  revisé 
CfS  divers  travaux  cliniques,  et,  au  moyen  d'observations 
nouvelles  et  de  nombreux  tracés  sphygmographiques,  for- 
mulé des  conclusions  plus  décisives. 

Qu'a-t-il  constaté?  Le  renforcement  de  l'énergie  du  cœur 
et  une  régularité  plus  grande  du  rythme  de  ses  battements. 
Par  contre,  il  n'a  jamais  observé  ni  ces  améliorations  con- 
sidérables proclamées  par  certains  oJ}servateurs,  ni  enfin 
cette  souveraine  puissance  thérapeutique  du  strophantus, 
dViprès  laquelle,  au  témoignage  de  Fraser,  on  assistait  à 
h  métamorphose,  vraiment  bien  étonnante,  d'une  «  insuf- 
fis^nce  niitrale  en  une  insuffisance  aortique!  » 


Médicament  cardiaque,  vasculaire  ou  rénal,  le  strophantus 
p4i<^sêde  donc  des  vertus  contestées,  et,  après  tant  de 
recherches  physiologiques  ou  cliniques,  le  praticien  dési- 
reu!  de  le  prescrire  éprouve  le  plus  grand  embarras.  Il  se 
demande  donc:  quand  faut-il  l'administrer  aux  cardiaques? 
IBand  doit-on  en  éviter  l'emploi? 

Les  effets  les  plus  heureux  ont  été  obtenus  contre  l'asy- 
!K>lie,  et  surtout  dans  les  cas  où  Tasystolie  s'accompagnait 
•rpdème  et  d'hydropisie. 

ici,  il  faut  bien  l'admettre,  l'action  favorable  est  consé- 
fneate  de  Taugmentation  de  la  diurèse.  On  peut  donc,  à  bon 
àmi.  en  essayer  l'administration  chez  les  asystoliques  re- 
lies à  la  digitale  ou  à  la  caféine.  Médicament  de  nécessité 
plutôt  que  de  choix,  le  strophantus  devient  chez  eux  une 
p>$ource  suprême  alors  que  les  autres  remèd  g  font  défaut. 
kept:ndant  voici  que  tout  récemment  un  médecin  améri- 
prt,  M.  Dewine,  a  publié  une  série  de  succès  qui  témoi- 


gneraient en  faveur  du  strophantus.  Il  a  vu,  écrit-il  {The 
Boston  rned.  and  Surg.  journal^  25  novembre  1888),  les 
accidents  s'améliorer  dans  vingt-quatre  cas  de  cardiopathies 
organiques  ou  fonctionnelles  (affections  mitrales,  myoc^ir- 
dites  graisseuses,  palpitations  sans  lésions  définies)!  Il  n'a 
constaté  aurun  effet  cumulatif,  aucun  trouble  digestif,  lu 
diminution  de  la  faiblesse  cardiaque,  en  un  mot  tous,  les 
bénéfices  d'un  médicament  à  la  fois  nervin,  eupnéique  et 
artério-tenseur.  Rien  ne  manque  à  ces  succès,  sauf,  ce 
semble,  une  expérience  clinique  assez  étendue. 

Il  y  a,  en  effet,  dès  contre-indications  à  son  emploi  : 
tel  l'état  de  dégénérescence  du  myocarde,  selon  la  remarque 
de  Zerner  et  Lœw;  telle  l'existence  d'une  néphrite,  et  sur- 
tout celle  de  l'albuminurie,  cas  où,  dans  les  premiers  jours 
après  le  début  de  son  administration,  le  strophantus  aug- 
mente temporairement  la  diurèse.  Cette  augmentation  est 
seulement  temporaire,  et,  comme  M.  Lemoine  le  fait 
observer,  bientôt  suivie  d'une  diminution  quantitative  des 
urines.  Les  améliorations  signalées  sont  donc  incontestables, 
mais  éphémères,  et  il  ne  faut  pas,  par  excès  d'engouement, 
demander  au  strophantus  plus  qu'il  ne  peut  donner. 

Néanmoins,  quand  ces  contre-indications  font  défaut,  ou 
que  la  digitale  a  échoué,  on  peut  en  essayer  l'emploi,  sans 
toutefois  fonder  des  espérances  trop  grandes  sur  un  médi- 
cament dont  la  constance,  la  fidélité  et  la  régularité  no 
sont  pas  les  vertus. 

VI 

Quelle  est  la  valeur  du  strophantus  comme  agent  diuré- 
tique? MM.  Fraser  et  Pins  l'ont  recommandé  dans  le  trai- 
tement des  néphrites,  attribuant  ses  effets  diurétiques  h 
l'irritation  du  parenchyme  rénal.  MM.  Hochhauâ  et  Dujar- 
din-Beaumetz  contestent  son  utilité  dans  ces  affections. 
Puis,  autre  opinion,  défendue  par  MM.  Zerner  et  Lœw; 
dans  une  série  de  onze  cas,  ils  ont  vu,  écrivent-ils,  la  diu- 
rèse augmenter  sept  fois,  après  l'administration  du  stro- 
phantus cdont  les  effets  diurétiques,  ajoutent-ils,  sont  cor- 
rélatifs de  l'action  cardio-vasculaire  du  médicament  >.  Ici, 
opinion  divergente,  ce  serait  pa.'  le  cœur  et  les  vaisseaux 
que  le  strophantus  agirait  sur  le  rein. 

MM.  Lemoine  et  Mayeur  n'ont  pas  été  moins  satisfaits  de 
l'augmentation  des  urines  ainsi  provoquée.  Par  contre,  ils 
avouent  avec  sincérité  que,  dans  la  néphrite  brightique,  le 
bénéfice  obtenu  est  compensé  par  le  danger  d'augmenter 
en  étendue  et  en  profondeur  des  lésions  rénales.  Tous  deux, 
on  le  sait,  défendent  la  théorie,  si  vraisemblable  d'ailleurs, 
de  la  néphrite  strophantinîenne. 

De  plus,  autre  fait  non  moins  préjudiciable,  l'albuminurie 
augmente,  toujours  sous  l'influence  du  médicament,  que 
cette  albuminurie  soit  durable  comme  chez  les  brightîques 
ou  passagère  comme  chez  les  fébricitants.  En  bonne  raison, 
on  doit  donc  redouter  l'administration  du  strophantus 
comme  diurétique  et  aussi  comme  médicament  cardiaque 
à  tout  cardiopathe  ou  rénal  en  puissance  d'albuminurie. 
On  doit  encore  le  redouter  s'il  existe  des  hématuries,  car 
il  les  aggrave  et  parfois  il  les  provoque.  En  voici  la  preuve. 

Je  l'emprunte  à  un  fait  que  j'observe.  M.  B...  est  atteint 
depuis  longtemps  de  lésions  aortiqucs  avec  myocardite  et 
néphrite.  Un  thérapeute  éminent  lui  prescrit  le  strophantus  à 
titre  de  diurétique  et  de  tonique  cardiaque;  l'albuminurie 
se  manifeste,  quand  jusque-là  on  l'avait  en  vain  cherchée. 
Je  cesse  le  strophantus,  ia  quantité  d'albumine  descend  de 
2  grammes  à  50  centigrammes  par  jour.  Chaque  fois  que 


6      _  N-  1  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


4  jAKVlEn 


j*essaye  à  nouveau  le  médicament,  mêmes  phénomènes. 
Auparavant,  des  analyses  précises  ne  décelaient  jamais 
Texistence  de  Talbumine;  faut-^ii,  dans  Tespèce,  mettre  en 
doute  l'action  irritanle  du  strophantus  sur  le  rein  et,  inter- 
prétation abusive,  admettre  une  simple  coexistence  entre 
l'administration  du  médicament  et  les  progrès  de  la  mala* 
die?  Non!  Mieux  vaut  mettre  toutes  les  théories  hors 
de  cause  et  constater  qu'ici  le  témoignage  de  l'observation 
clinique  est  conforme  à  celui  de  l'expérimentation,  le  danger 
venant,  dans  la  néphrite  des  artério^scléreux,  tout  à  la  fois 
de  l'hypertension  artérielle  et  de  Tii'ritation  de  l'épithélium 
rénal.  Inutile,  par  conséquent,  d'insister  sur  cette  contre- 
indication. 

Il  faut  noter  que  ces  propriétés  diurétiques  ont  été  utili- 
sées par  Hutchinson  sur  un  malade  en  puissance  de  coliques 
néphrétiques.  En  provoquant  une  diurèse  abondante,  il  sol- 
licita, parait-il,  l'évacuation  des  calculs  et  la  guérison  de  la 
crise.  C'était  un  succès  à  l'actif  du  strophantus.  Reste  à 
savoir  si  des  observateurs  moins  heureux,  employant  la 
même  médication,  n'auraient  pas  à  mettre  à  son  passif  une 
irritation  intempestive  du  parenchyme  rénal. 

Comme  médicament  nervin,  le  strophantus  n'a  guère 
fait  ses  preuves;  car  on  ne  saurait,  je  pense,  compter  au 
nombre  de  ses  victoires,  l'amélioration  d'un  cas  de  maladie 
de  Basedow  enregistré  par  MM.  Zenner  et  Lœw.  On  ne  sau* 
rait  non  plus  oublier  son  impuissance  contre  l'épilepsie, 
insuccès  signalé  par  M.  Lemoine. 

Enfin,  jusqu'àvérification  expérimentale,  on  doit  soumettre 
au  contrôle  les  effets  anesthésiques  que,  tout  récemment, 
dans  les  n"21  et  22  du  Wiener  klinische  Wochenschrift^ 
M.  Steinach  aurait  observés  par  les  instillations  sur  la 
cornée  de  la  solution  au  dixième  de  l'extrait  de  strophantus. 
Faut-il  attribuer  cette  action  à  un  principe  actif,  encore  — 
€  mystérieux  »  —  contenu  dans  le  strophantus?  M.  Steinach 
le  pense.  Ou  bien  ne  faudrait-il  pas  plutôt  le  considérer 
comme  un  de  ces  phénomènes  beaucoup  moins  mystérieux 
dus  à  l'inhibition  de  la  sensibilité,  dont  M,  Brown-Séquard 
a  démontré  la  production  après  les  irritations  les  plus 
diverses  des  muqueuses  et  de  la  peau? 

VII 

Faut-il,  en  raison  des  modifications  de  la  respiration 
qu'il  provoque,  placer  le  strophantus  au  rang  des  agents 
eupnéiques?  MM.  Hochhaus  et  Fuerbinger  lui  attribuent 
le  soulagement  de  dyspnées  nerveuses.  M.  Lemoine  l'a 
employé  avec  quelques  avantages  pour  diminuer  la  gène 
respiratoire  du  catarrhe  pulmonaire  et  de  l'emphysème 
pulmonaire.  Il  y  a  loin  de  tels  faits  à  une  conclusion  ferme, 
d'après  laquelle  le  strophantus  mériterait  le  nom  de 
médicament  respiratoire.  Mieux  vaut  admettre,  à  l'instar 
de  M.  Fraenkel  et  d'autres,  que  s'il  atténue  les  dyspnées 
cardiaques,  c'est  en  raison  de  ses  propriétés  cardio-vascu- 
laires. 

Enfin,  peut-on  espérer  quelque  profit  thérapeutique  de 
son  action  sur  les  voies  digestives?  La  diarrhée  strophanli- 
nienne  est  un  phénomène  vulgaire,  d'après  M.  Lemoine, 
chez  les  malades  qui  ingèrent  ce  médicament,  et  aussi  un 
phénomène  d'intolérance,  selon  la  remarque  de  M.  Buc- 
quoy.  Il  peut  avoir  son  utilité  dans  les  œdèmes  ou  les 
hydropisies,  au  même  titre  que  les  agents  de  révulsion 
intestinale,  mais  on  ne  saurait,  ce  me  semble,  en  recom- 
mander l'emploi  prémédité,  quand  ses  avantages  ne  com- 
pensent guère  ses  inconvénients. 


Ce  n'est  pas  tout,  le  strophantus  possède  un  goût  amci 
qui  stimule  Tappélit  des  malades,  ingérant  sou  extraii 
ou  sa  teinture.  Yoilà  une  vertu  stomachique,  modeste  sao^ 
doute,  mais  qui,  nonobstant  cette  modestie,  rappelle  ]{ 
loin  la  stimulation  de  l'appétit  produite  par  la  strychnii» 
et  la  noix  vomique. 

Je  passe  sur  les  propriétés  antithermiques  que  M.  Rovigh 
a  tout  récemment  attribuées  au  strophantus,  et  j'en  arni< 
à  la  posologie  de  ce  médicament.  Elle  est  simple,  puifr 
qu^elIe  consiste  à  l'administrer,  sous  la  forme  de  teinture, 
la  dose  quotidienne  de  dix  à  quinze  gouttes  véhiculées  (Iau 
une  potion  à  l'eau  sucrée.  Jusqu'à  présent  ce  mode  d'ad 
ministration  a  été  le  plus  habituellement  employé.  On  j 
essayé,  mais  sans  grand  succès,  il  est  vrai,  de  pratiquer  il(>a 
injections  hypodermiques  contenant  1  demi-mîlligramini 
à  2  milligrammes  d'extrait  dans  i  gramme  d'eau.  Enfin,  oi 
a  proposé  la  strophantine  à  la  dose  d'un  dixième  de  milli 
gramme;  mais  l'extrême  toxicité  de  cette  substance  esl ui 
obstacle  à  son  emploi.  La  pharmacologie  du  strophanta 
est  donc  encore  à  étudier.  ^ 

En  résumé,  et  jusqu^à  plus  ample  informé,  les  umnh 
de  ce  médicament  se  compensent  avec  ses  triomphes.  i)i 
doit  le  prescrire  avec  réserve,  redouter,  commeMM.Dujardm 
Beaumetz  et  Bucquoy,  la  substitution  des  strophanlioe 
encore  si  mal  définies  aux  préparations  simples  de  slt» 
phantus  ;  enfin  après  avoir  analysé  les  travaux  dont  il  a  et 
l'objet,  on  peut  dire,  après  l'un  des  thérapeutistes  les  pi» 
distingués  de  la  province  :  c  Le  strophantus  appartienl 
cette  catégorie  des  remèdes  mal  connus,  que  l'on  se  faligs 
d'étudier;  —  plus  on  l'étudié,  moins  on  semble  le  m 
naître.  » 

Ch.  Élo^. 


REVUE  DES  COURS 

HOSPICE   DE   LA   SALPÊTRIÊRE  :   PROFESSEUR  M,  CHARCOT. 

Hystérie  des  enfants.  —  Parmi  les  symptômes  les  pla 
fréquents  de  l'hystérie  infantile,  il  faut  noter  des  trouble 
psvchiques  associés  à  des  crises  de  violence  d'un  aspect  toi 
à  fait  spécial. 

M.  le  professeur  Charcot  présente  à  son  cours  un  eufii 
de  sept  à  huit  ans,  sans  hérédité  nerveuse  nettemci 
constatée,  oui  ressentant  brusquement  une  sorte  de  (dou 
leur-aura)  aans  les  genoux,  éprouve  bientôt  la  même  seii^a 
tion  dans  la  cuisse,  l'aine  et  le  ventre,  sans  perle  de  coi 
naissance,  avec  hypéresthésie  cutanée  sur  le  trajet  de  Taun 
puis  agitation  qu'une  course  folle  (manège  autour  d'un 
table)  calme  un  peu. 

Cette  crise  d'hystérie  revient  à  la  moindre  contrariélti 
l'enfant  est  devenu  pour  sa  famille  un  véritable  lyrai 
H.  Charcot  fait  remarquer  l'horaire  de  ces  attaques,  <|i 
reviennent  périodiquement  de  neuf  heures  à  onze  heures 
soir. 

Cette  réglementation  appartient  bien  à  l'hystérie  ;rêp 
lepsie,  elle,  est  plus  souvent  nocturne  ou  bien  se  produit 
la  fin  du  sommeil  vers  le  matin. 

Le  professeur  constate  une  migration  imparfaite  d 
testicules,  dont  l'un  est  encore  dans  l'anneau,  tandis  ai 
l'autre  est  resté  dans  le  ventre;  mais  il  n'attache  pas pn 
d'importance  à  ce  fait  qu'à  l'existence  dé  vers  intest 
naux  chez  certains  épileptiques. 

Crises  d'épilepsie.  —  M.  Charcot  oppose  à  l'enf* 
hystérique  un  jeune  homme  atteint  d'épilepsie  classioue.i 
malade  a  ses  crises  presque  toutes  les  nuits  de  cinq  heur 


(  JAinriEiî  1889 


GAZETTE  HÈBDOMÀDAiRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


1  ~     1 


à  six  ou  sept  heures  du  malin.  Les  convulsions  prédominent 
dans  le  côté  droit  du  corps.  Le  professeur  fait  remarquer  la 
différence  qui  existe  entre  le  morbus  sacer,  à  forme  unila- 
térale, et  l^épilepsie  Jacksoiiienne,  n'atteignant  qu'un  côté  du 
corps.  Dans  cette  dernière  maladie,  la  perle  de  connais- 
>ance  prévient  de  sotl  arrivée  par  une  série  de  phénomènes 
(auras  diverses,  douleurs,  fourmillements,  etc.);  enfm  la 
maladie  reconnaît  des  causes  tout  à  fait  différentes.  C'est 
surtout  dans  les  épilepsies  syphilitiques  qu'il  importe  de  se 
bâter  et  de  faire  promplement  le  diagnostic.  L'artérîte 
^ommeuse  qui  cause  les  phénomènes  convulsifs  va  vite,  il 
ïautlrèsTite  aussi  instituer  le  traitement  anlisyphilitique 
pil  d'attaque.  On  comprend  lé  tort  if  réparable  causé  au 
jalient  quand  on  croit  à  Tépilepsie  classique  et  quand  on  se 
contente  de  donner  le  bromure  de  potassium. 

Quand  on  a  bien  affaire  à  l'épilepsie  spécifique,  on  voit 
bientôt  répîlepsie  s'amender,  la  connaissance  ne  se  perd 
plus,  les  pnénoraènes  cônvulsifs  se  localisent.  Malheureu- 
scmenl  louiez  les  épilepsies  partielles  né  sont  pas  syphi- 
litiques. Il  font  alors,  quand  on  le  peut,  Recourir  à  la  trépa- 
nation. M.  Horsley  a  déclaré  à  M.  Charcot  que  l'opération 
çr^Viquée  sur  un  malade  encore  sous  l'influence  du  bromure, 
pris  pour  calmer  les  crises,  se  faisait  dans  de  mauvaises 
condffions  et  compromettait  le  succès. 

Conclusianê  :  L'épilepsie  vraie  qu'on  tie  peut  encore  rap- 
}>orter  à  aucune  lésion  organique  démontrable,  doit  être 
fniilée  par  le  bromure.  Au  contraire,  l'épilepsie  partielle 
est  syphilitique,  alors  elle  doit  être  attaquée  vigoureusement 
par  le  traitement  spécifique  ou  bien  elle  doit  être  rapportée 
:>  un  néoplasme  et  devient  alors  justiciable  (autant  que  pos- 
sible loin  de  la  dernière  administration  du  bromure)  de  la 
chirurgie  crânienne. 

Tremblement  de  la  tête  dans  la  maladie  de  Pab- 
KiNso!c.  —  On  sait  que  la  maladie  de  Parkinson,  môme 
dans  les  cas  où  le  tremblement  est  très  accusé,  a  coutume 
de  respecter  la  tête  qui  n'est  jamais  atteinte  que  par  le 
mouvement  communiqué  par  le  reste  du  corps.  Quand  oïl 
hesl  attaché  an  début  des  études  sur  cette  affection  à  la 
différencier  de  la  sclérose  en  plaques,  les  auteurs  et  parmi 
eux  M.  Charcot  se  sont  efforcés  de  mettre  en  lumière  cette 
intégrité  de  la  tète  devant  le  tremblement.  Or,  te  qui  avait 
pam  de  prime  abord  Un  caractère  absolu  semble  aujour- 
d'hui moins  certain.  Le  professeur,  à  l'appui  de  son  dire, 
montre  un  homme  de  trente-neuf  ans  atteint  de  la  maladie 
fie  Parkinson  et  présentant  dahs  tout  son  côté  gauche  un 
tremblement  violent.  Or  la  tête  elle-même  tremble  très 
fort,  les  secousses  du  tremblement  se  font  surtout  du  côté 
p:auche,  côté  le  plus  atteint.  C'est  là  un  de  ces  cas  cotnme 
Westphall  en  a  signalé  un  dans  les  Annales  de  la  Charité. 
Tout  ce  qu'on  peut  dire  en  pareille  circonstance  c'est  que, 
dans  la  majorité  des  cas,  la  tête  ne  tremble  pas.  L'excep- 
ti^n  confirme  la  règle.  (Leçon  du  30  novembre  1888.) 

Chorêe  grave.  -—  Il  se  présente  bon  an  mal  an  soixante 
eu  quatre-vingt  malades  atteints  de  chorée  à  la  Salpctrière. 
Sorce  nombre  asse2  considérable  on  a  rarement  à  Constater 
âes  décès  dtt  fait  de  la  chorée  elle-même  :  la  chorée  grave  est 
donc  peu  fréquente.  M.  Charcot  présente  un  homtnè  encore 
jeune  atteint  de  la  chorée  grave  de  l'adulte.  Après  une 
première  phase  caractérisée  surtout  par  des  troublés 
ffientaax  il  a  été  pris  d'une  agitation  incessante.  Aujour- 
d'hui il  a  une  température  aux  environs  de  40  degrés, 
làl  pulsations,  un  ventre  ballonné,  la  langue  sèche;  il  n'| 
1  aucune  complication  visèéràle.  C'est  la  chômée  seule  qui 
cjuse  tout  cela. 

il  ne  s'agit  plus  de  la  chorée  de  Sydenham,  de  cette 
éorée  dès  emants  qiïi  guérit  très  bien,  maiâ  de  la  chorée 
ft*rtelle,  tellement  rare,  qu'à  Saint-Ceorges  Hospilal  èh 
^«-Qte  et  un  ans  on  en  a  vu  16  câS;  aut  Enfants  malades 


6  cas  en  quinze  ans;  ei^lin  à  la  Salpétrière  3  cas  sur 
160  chorées. 

On  peut  rapprocher  la  chorée  gravé  de  Padullé  de  Pétat 
de  mal  épileptique.  Dans  l'un  et  l'autre  cas  là  mort  vient 
sans  complications  viscérales  et  Paulopsie  a  toujours  donné 
des  résultats  négatifs. 

Vraisemblablement  ce  malade  mourra  et  û  sa  chorée 
a  revêtu  un  caractère  aussi  grave  c'est  non  bas  parcfe  qu'il 
est  rhumatisant,  mai^  parce  qu'il  est  issu  ue  névropathes 
(le  père  et  la  mère  se  sont  suicidés).  Sur  un  tel  lel'raih  la 
chorée  a  montré  tout  ce  qu'elle  pouvait  donner. 

Le  malade  a  succombé  comme  on  pouvait  s'y  attendre  et 
Paulopsie  n'a  révélé  que  quelques  végétations  sur  la  face 
auriculaire  de  la  valvule  mitrale.  Auchrle  lésion  du  sys- 
tème nerveux. 

Paralysie   iNFANtiLS.  —   A  propos  de  deux  cas  de 

[paralysie  infantile  H.  Chafcot  rappelle  l'historique  de 
a  question,  établit  au  tableau  le  schéma  habituel  des 
lésions  des  cornes  antérieures  et  signale  un  çoint  de 
diagnostic  délicat  avec  une  paralysie  particulière  de 
Penfance  qu'il  appelle  la  paralysie  de  Kennedy.  Cette 
affection  peu  connue  amène  cfes  paraplégies,  des  monoplé- 
gies  complètes,  qui  ont  [iour  caractère  de  guérir  tout  a'un 
coup  ou  du  jour  au  lendemain.  Le  professeur  rappelle  éga- 
lement un  fait  des  plus  curieux  signalé  ces  temps  derniers 
à  Lyon.  C'est  le  développement  d'apparence  épidémiquede 
treize  cas  de  paralysie  à  Sainte-Foiz  l'Argentière,  petit  pavs 
de  1500  âmes.  Ces  faits,  rappelant  du  reste  absolument  la 
paralysie  infantile,  doivent-ils  faire  admettre  l'existence 
d'une  maladie  infectieuse...  voilà  l'intérêt...  Y  a-t-il  un 
microbe  ayant  une  sympathie  spéciale  pour  les  cellules 
des  cornes  antérieures?  Le  fait  serait  assez  curieux.  Avant 
d'admettre  cette  conclusion,  il  est  bon  d'attendre,  de  voir  si 
des  cas  nouveaux  viennent  à  se  produire,  de  s'assurer  qu'il 
s^agit  bien  dé  la  paralysie  infantile  et  de  ne  se  prononcer 
qu'à  coup  sûr.  (Leçon  du  4  décembre  1888.)  B. 


TRAVAUX  ORIOIMÙX 

Cllalqae  méélMile, 

Des  rapports  de  l'ataxie  logomotrige  progressive  et 
DU  GOITRE  EXOPHTHALMIQUE.  Communication  faite  à  la 
Société  des  hôpitaux  dans  la  séance  du  jÀ  décembre  1888, 
par  M.  Alix  Joffroy,  médecin  de  la  Salpétrière. 

La  question  soulevée  par  la  communication  de  rïion 
savant  collègue  me  préoccupe  depuis  plusieurs  années. 
J'aurais  cependant  préféré  en  retafder  encore  la  discussion; 
mais,  puisque  le  déhat  est  ouvert,je  l'accepte  d'autant  plus 
volontiers  que  je  crois  nécessaire  de  combattre  sans  retard 
les  conclusions  que  M.  Barié  vous  a  présentées  d'une 
manière  trop  séduisante. 

Oi]  peut  trouver  réunischezun  ataxique  tous  les  symptômes 
capitaux  de  la  maladie  de  Baseclow  :  la  tachycardie, 
l'exophlhalmie,  le  goitre,  le  trembletnertt  des  mains,  etc.  ; 
mais  plus  fréquemment  on  n'en  trouve  que  quelques-uns. 
Parmi  eux,  la  tachycardie  est  le  plus  commun.  Il  n'est  pas 
très  rare  de  voir,  en  même  temps  que  la  tachycardie,  un 
certain  degré  de  protrusion  des  yeux  ;  chez  d'autres  malades, 
on  trouvera  la  tacnycardie  associée  àla  tumeur  thyroïdienne  ; 
chez  d'autres,  on  trouvera  une  ôxophlhalmie  très  accusée, 
avec  une  grande  fréquence  des  battements  du  cofeur. 

La  question  qui  se  pose  naturellement  dans  ces  cas  est  de 
savoir  si  l'on  se  trouve  en  présence  de  malades  atteints 
simultanément  de  l'ataxie  loèomôtrice  et  dé  la  maladie  de 
Basedow,  ou  bien  si  l'on  doit  regarder  la  tachycardie, 
réxophthalmîe,  le  goitre,  le  tremblement  des  mains,  etc., 
comme  devant  être  rapportés  à  l'ataxie  locomotrice;'  '  ^""    ' 


8      —  NM  - 


GAZETTE  HEBDOMADAiRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


4  Janvier  1889 


Avant  d'aborder  cette  discussion,,  nous  relaterons  d*abord 
dans  leur  ordre  d'observation  les  faits  qu'il  nous  u  été 
donné  d'observer  depuis  plusieurs  années  que  nous  étudions 
cette  question. 

J'ai  conservé  le  souvenir  de  malades  tabétiques  oui 
étaient,  en  188i,  dans  mon  service  de  Bicétre,  et  dont  les 

Î eux  présentaient  de  laprotrusion  à  un  degré  très  frappant, 
e  pourrais  citer  plus  particulièrement  le  nommé  Al...,  pré- 
senté à  cette  Société  en  1883  par  M.  Debove,  après  l'élon- 
gation  du  sciatique.  Toutefois,  ce  n'est  que  l'année  suivante 
que  j'ai  commencé  à  consigner  le  fait  dans  mes  notes. 

Voici  la  photographie  de  la  première  malade  atteinte 
d'ataxie  locomotrice,  et  chez  laquelle  j'ai  relevé  inten- 
tionnellement le  symptôme  exophthalmie.  Cette  malade, 
nommée  B...,  âgée  de  quarante-neuf  ans,  est  entrée  dans 
mon  service  à  la  Salpètrière  au  mois  de  mars  1885.  L'ataxie 
et  l'exophthalmie  paraissent  dans  ce  cas  avoir  débuté  à  peu 
près  simultanément. 

Le  21  novembre  1879,  la  malade  fut  vivement  contrariée 
pendant  la  période  menstruelle;  elle  tomba  sans  connais- 
sance, eut  une  épistaxis  très  abondant^,  et  fut  obligée  de 
garder  le  lit,  en  proie  à  une  grande  surexcitation,  et  d'autre 
part  ressentant  de  violentes  douleurs  dans  la  région  lom- 
naire. 

Vers  la  (în  de  la  première  semaine,  pendant  la  nuit,  la 
malade  voulut  se  lever  dans  l'obscurité,  mais  elle  ne  put  se 
tenir  debout  et  tomba.  Elle  dut  demander  du  secours  pour 
remonter  dans  son  lit.  A  partir  de  ce  moment,  elle  ne  put 
marcher  que  de  jour  ou  avec  le  secours  de  la  lumière. 

C'est  à  cette  époque  qu'elle  remarqua  que  ses  yeux 
faisaient  une  saillie  très  accusée,  qui  se  serait  développée 
tout  de  suite  après  la  perte  de  connaissance  mentionnée 
plus  haut,  d'après  le  dire  d'une  de  ses  amies  présente  à 
l'accident. 

Ce  n'est  que  deux  ou  trois  mois  plus  tard  qu'elle  ressentit 
des  crises  de  douleurs  fulgurantes. 

A  la  même  époque,  on  constata  un  strabisme  externe  de 
l'œil  droit,  avec  affaiblissement  de  la  vue  de  ce  côté. 

En  1884  se  développa  une  arthrouatbie  tabétique  du 
genou  gauche.  Dans  le  courant  de  la  même  année  se 
montrent  les  crises  gastriques,  qui  reviennent  irrégulière- 
ment à  des  intervalles  de  quatre  à  huit  semaines  environ, 
et  qui  sont  parfois  excessivement  violentes. 

Le  cœur  ne  présente  aucun  bruit  morbide,  n'est  pas 
notablement  hypertrophié,  mais  bat  un  peu  plus  fréquem- 
ment que  la  normale.  La  malade  étant  au  repos  dans  son 
lit,  qu  elle  ne  quitte  guère  que  pour  se  mettre  sur  une 
chaise,  a  de  84  à  90  pulsations  par  minute.  Le  choc  du  cœur 
n'est  pas  violent,  si  ce  n'est  quand  la  malade  est  impres- 
sionnée. 

Au  cou,  on  ne  constate  pas  de  battements  exagérés  des 
artères,  et  il  n'y  a  pas  trace  de  tumeur  du  corps  thyroïde. 

On  observe  parfois  un  peu  de  tremblement  des  mains. 

Le  caractère  chez  cette  malade  est  excessivement  impres- 
sionnable; elle  est  difficile  à  contenter  et  très  prompte  à  se 
mettre  en    colère.  Elle   est    hystériq^ue  et  a  présenté  à 

[plusieurs  reprises  sous  nos  yeux  des  crises  nerveuses  rappe- 
ant  la  petite  allague  d'hystérie,  avec  menace  de  syncope. 

Depuis  1885,  il  ne  s'est  présenté  aucune  modification 
importante. 

En  résumé,  on  trouve  chez  cette  malade  les  signes  clas- 
siques de  l'ataxie  locomotrice  et  de  l'hystérie,  et  on  observe 
un  certain  degré  de  tachycardie  et  une  exophthalmie  assez 
prononcée  pour  qu'à  première  vue  on  songe  à  la  maladie  de 
Basedow. 

Je  mets  encore  sous  vos  yeux  la  photographie  de  la 
seconde  malade  dont  je  vous  parlerai.  L'exophthalmie, 
thlfjffs^  marquée  que  dans  le  premier  cas,  est  encore 
fifianiféste. 


C'est  une  femme  nommée  A...,  âgée  de  soixante  ans, 
entrée  dans  mon  service  en  mai  1885. 

Le  début  de  l'ataxie  locomotrice  remonte  à  1869  (elle 
avait  alors  quarante-qîiatre  ans),  et  consista  en  douleurs 
lancinantes  dans  les  membres  inférieurs.  Depuis  celle 
époque,  les  crises  douloureuses  se  sont  montrées  avec  une 
une  grande  intensité. 

Ce  n'est  que  treize  ans  plus  tard,  en  188â,  qu'elle  éprouva 
les  premiers  troubles  de  la  marche,  qui  devint  irrégulière 
et  même  impossible  dans  l'obscurité.  En  janvier  1883, 
l'incoordination  diurne  était  manifeste,  et  en  1885,  la  malade 
ne  pouvait  faire  quelques  pas  qu'avec  l'aide  du  bras  d'uue 
personne  ou  en  s'appuyant  sur  les  barreaux  des  lits. 

Depuis  trois  ans,  il  y  a  incontinence  d'urine,  troubles  de 
la  sensibilité,  perte  des  réflexes  patellaires,  etc. 

Les  yeux  présentent  un  degré  notable  d'exophthahnie, 
mais  la  malade  affirme  qu'elle  a  toujours  eu  ce  volume 
anormal  des  yeux,  et  qu'en  cela  elle  ressemble  à  sa  mère. 

Pendant  toute  une  période  de  sa  vie,  de  vingt-cin(}à 
trente-cinq  ans,  elle  a  eu  des  palpitations,  qui  ont  ensuite 
disparu. 

Aujourd'hui,  on  constate^que  le  cœur  bat  énergiquemenl 
en  soulevant  la  mamelle  à  chaaue  pulsation.  11  n  y  a  pas 
de  souffle,  pas  ou  peu  d'hypertrophie;  mais  parfois,  pendant 
l'auscultation  du  cœur,  on  perçoit  une  sorte  de  turoulle 
pendant  lequel  on  ne  peut  compter  exactement  le  nombre 
de  battements. 

Le  pouls,  généralement  régulier,  bat  de  110  à  130  fois 
par  minute,  la  malade  étant  alitée.  A  l'arlère  radiale,  il  est 
plutôt  petit,  efl'acé;  mais  au  niveau  du  cou,  on  voit  les  caro- 
tides battre  assez  fortement. 

On  ne  trouve  chez  la  nommée  A...  ni  tumeur  thyroldieoae 
ni  tremblement  des  mains. 

Dans  ce  second  exemple,  on  trouve  donc  chez  une  femme 
ataxique,  de  rexophthalmie,  de  la  tachycardie,  une  impul- 
sion énergique  du  cœur  ;  mais  on  ne  trouve  ni  développe- 
ment anormal  du  corps  thyroïde,  ni  tremblement  des 
mains. 

Notons  aussi  que  dans  ce  cas  l'exophthalmie  parait  avoir 
précédé  l'ataxie. 

Au  mois  de  juillet  1887,  j'ai  observé  un  troisième  fait, 
que  je  résume  en  quelques  mots. 

Il  s'agit  d'une  femme  de  vingt-neuf  ans,  ayant  depuis 
l'âge  de  quinze  ans  des  attaques  d'hystérie  convulsive  avec 
perte  de  connaissance,  délire,  etc. 

L'ataxie  locomotrice  est  caractérisée  par  des  crises  de 
douleurs  fulgurantes,  l'incoordination  motrice  des  membres 
inférieurs  rendant  la  marche  presque  impossible,  le  si^'ue 
de  Romberg,  des  troubles  vésicaux,  la  perte  complète  des 
réflexes  patellaires,  l'anesthésie  en  plaques,  etc. 

Chez  cette  malade,  les  yeux  sont  un  peu  saillants,  et  le 
pouls  bat  80  fois  à  la  minute.  Il  n'y  a  pas  à  noter  dans  ce 
cas  d'autres  phénomènes  imputables  à  la  maladie  de 
Basedow. 

Le  quatrième  cas  diff'ére  des  précédents  par  cette  double 

(particularité  qu'il  y  a  un  goitre  et  qu'on  l'a  remarqué 
ongtemps  avant  les  premiers  symptômes  tabétiques.  Du 
reste,  je  vous  présente  la  malade,  qui  a  bien  voulu  m'ac- 
compagner. 

La  nommée  C...,  âgée  de  quarante-huit  ans,  est  entrée 
dans  mon  service  à  la  Salpètrière  le  15  juin  1887. 

En  1873,  à  l'âge  de  trente-quatre  ans,  l'ataxie  débuta  par 
des  crises  gastriques  et  des  douleurs  fulgurantes  d'une    | 
grande  violence»  siégeant  d'abord  dans  les  membres  infé- 
rieurs, et  plus  tard  dans  les  membres  supérieurs  et  la  tête. 
Il  y  avait  aussi  quelques  troubles  de  la  marche. 

Après  un  traitement    de    plusieurs   mois  survint  une 
rémission  de  sept  années,  pendant  laquelle  la  malade  put 
reprendre  sa  profession  de  blanchisseuse. 
En  1882,  la  maladie  fit  de  rapides  progrès.  Des  troubles 


4  Janvier  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


NM  —      9 


résicaux  se  montrèrent,  les  douleurs  reparurent,  et  la 
.larche  devint  d*abord  difficile,  puis  impossible  dans 
l'obscurité. 

Actuellement  la  malade  ne  peut  marcher  que  soulenue 
lies  deux  côtés;  le  signe  de  Romberg  existe  à  un  haut  degré; 
les  réflexes  patellaires  ont  disparu;  il  y  a  des  troubles  de  la 
sensibilité,  des  troubles  de  la  vue,  de  l'inégalité  pupil- 
laire,  etc. 

En  outre,  on  note  de  la  protrusion  des  yeux,  de  la 
tachycardie  (124  pulsations  à  l'état  de  repos,  avec  choc  assez 
violent  de  la  pointe  contre  la  paroi  thoracique),  du  tremble- 
ment des  mains  et  une  augmentation  notable  du  volume  du 
corps  thyroïde,  surtout  du  côté  gauche. 

La  tumeur  thyroïdienne  fut  remarquée  dès  l'âge  de  cinq 
ans,  et  pendtnt  tout  le  temps  qu'elle  était  fillette,  elle  pré- 
senta un  certain  degré  de  goitre  qui  fut  alors  considéré 
romme  étant  de  nature  endémique,  mais  oui  vraisembla- 
blement traduisait  déjà  l'existence  de  la  maladie. 

En  résumé,  chez  cette  quatrième  malade  on  trouve  les 
quatre  symptômes  cardinaux  de  la  maladie  de  Basedow,  et 
en  opposition  avec  ce  qui  est  noté  dans  la  majorité  de  mes 
observsrUons,  il  y  a  un  goitre,  et  de  plus  il  est  probable  que 
si  la  maladie  de  Basedow  n'a  pris  un  développement 
complet  qu\iprès  le  début  de  Tataxie,  du  moins,  son 
existence  est  antérieure  à  celle  de  l'ataxie. 

Le  cinquième  cas  que  j'ai  observé  cette  année  présente 
ane  particularité  intéressante. 

Il  s'agit  d'une  femme  d^  cinquante-huit  ans  présentant 
aujourd'hui  de  l'incoordination  motrice^  des  troubles  de  la 
me  (amblyopie  et  diplopie),  des  douleurs  fulgurantes,  des 
troubles  de  la  sensibilité,  le  signe  de  Romberg,  la  perte  des 
réflexes  patellaires.  Le  début  de  l'ataxie  ne  parait  remonter 
qu  a  quatre  ou  cinq  ans. 

Peu  de  temps  après,  ses  yeux  sont  devenus  saillants;  on 
retrouve  ce  symptôme  aujourd'hui,  et  en  outre  on  note 
124  pulsations  à  l'état  de  repos,  et  parfois  un  peu  de  trem- 
blement des  membres  supérieurs. 

Cette  malade  nous  apprend  aussi  qu'il  y  a  deux  ans,  alors 
qu'elle  était  à  THôtel-Dieu,  elle  était  glycosurique  et  poly- 
urique.  L'examen  de  l'urine,  que  nous  avons  souvent  répété, 
nous  a  montré  que  ces  symptômes  ont  presque  disparu; 
cependant  il  nous  est  arrivé  de  trouver  encore  de  petites 
quantités  de  glycose  dans  son  urine. 

La  sixième  malade  dont  je  vous  parlerai  est  entrée  dans 
mon  service  le  12  octobre  dernier. 

C'est  une  femme  de  quarante-deux  ans  chez  laquelle 
l'ataxie  locomotrice  a  eu  une  évolution  particulièrement 
rapide.  Il  y  a  deux  ans  et  demi,  les  douleurs  fulgurantes  et 
l'incoordination  des  membres  inférieurs  se  sont  montrés 
simultanément.  Un  an  après  la  vue  diminua,  et  en  quatre 
mois  il  se  développa  une  amaurose  presque  complète. 
Aujourd'hui,  la  malade  est  complètement  alitée,  et  les 
symptômes  tabétiques  s'observent  aux  membres  inférieurs 
et  aux  membres  supérieurs. 

Chez  elle  on  trouve  une  saillie  des  globes  oculaires,  plus 
prononcée  du  côté  droit.  On  compte  106  pulsations  à  la 
minute.  Il  n'y  a  pas  de  tumeur  thyroïdienne. 

La  dernière  malade  dont  je  résumerai  l'observation  est 
une  femme  âgée  de  quarante-neuf  ans^  ataxique  depuis 
douze  ans  environ. 

L'ataxie  a  débuté  par  des  crises  gastriques,  et  pendant 
toute  la  durée  de  la  maladie  jusqu'à  ce  jour,  ces  crises 
constituent  le  symptôme  le  plus  accusé  de  l'affection.  Depuis 
plusieurs  années,  il  y  a  une  certaine  difficulté  de  la  marche, 
le  signe  de  Romberg  est  très  marqué  ;  il  y  a  des  troubles 
très  prononcés  de  la  sensibilité,  les  réflexes  patellai-res  sont 
abolis,  etc. 

Chez  cette  malade,  les  yeux  sont  plutôt  excavés,  il  n'y  a 
pas  de  tremblement  des  mains,  et  c'est  seulement  dans  ces 
<ierniers  jours,  en  examinant  en  vue  de  cette  communication 


les  atàxiques  de  mon  service,  que  je  me  suis  aperçu  qu'elle 
portait  une  tumeur  assez  développée,  formée  par  le  corps 
thyroïde  hypertrophié  surtout  à  droite.  La  malade  n'avait 
pas  encore  remarqué  cette  particularité,  et  j'ignore  la  date 
d'apparition  de  ce  symptôme,  qui  est  sans  doute  assez  récent. 
Le  pouls,  à  l'état  de  repos,  bat  80  fois  par  minute,  mais  la 
malade  est  facilement  émotionnable,  et  alors  on  compte 
100  pulsations  ou  plus.  11  n'y  a  pas  de  tremblement  des 
mains. 

En  résumé,  voilà  sept  malades  ataxiques,  dont  six  pré- 
sentent de  la  protrusion  des  yeux  à  un  degré  plus  ou  moins 
marqué. 

Chez  toutes  on  observe  de  la  tachycardie  variant  depuis 
80  jusqu'à  130  pulsations  à  l'état  de  repos. 

La  tumeur  thyroïdienne  et  le  tremblement  des  mains 
n'ont  été  relevés  que  dans  deux  cas. 

Revenons  à  la  Question  des  relations  qui  existent  entre 
l'ataxie  locomotrice  et  les  symptômes  de  la  maladie  de 
Basedow  complète  ou  fruste. 

Deux  hypothèses  peuvent  être  faites  :  ou  bien  il  ne  s'agit 
que  de  la  coexistence  de  deux  maladies  distinctes,  l'ataxie 
locomotrice  d'une  part  et  la  maladie  de  Basedow  de  l'autre; 
ou  bien  l'on  doit  rattacher  aux  développements  de  la  lésion 
tabétique  ces  symptômes  qui  représentent  plus  ou  moins 
complètement  le  tableau  du  goitre  exophthalmique. 

Examinons  ces  deux  hypothèses. 

S'agit-il  d'une  simple  coïncidence  (je  ne  dis  pas  d'une 
coïncidence  fortuite,  car  l'association  des  maladies  ner- 
veuses chez  le  même  sujet  n'est  pas  fortuite),  c'est-à-dire  de 
la  réunion  chez  un  même  malade  de  deux  maladies  dis- 
tinctes, l'ataxie  locomotrice  et  la  maladie  de  Basedow?  Je 
ne  vois  pas  pour  quel  motif  on  n'accepterait  pas  cette  combi- 
naison. Ne  voyons-nous  pas  déjà  l'hystérie  (et  on  en  trouve 
deux  exemples  dans  ce  travail)  se  combiner  avec  le  tabès, 
sans  qu'il  vienne  à  l'idée  de  personne  de  rapportera  une 
seule  affection  les  symptômes  de  l'hystérie  et  de  l'ataxie 
locomotrice?  Le  tabès  se  combine  également  avec  la  para- 
lysie générale,  avec  beaucoup  d'autres  formes  d'aliénation 
mentale.  Pourquoi  ne  se  comoinerait-il  pas  avec  la  maladie 
de  Basedow  ? 

D'autre  part,  nous  savons  que  le  goitre  exophthalmique 
se  combine  avec  l'hystérie,  avec  la  chorée,  avec  l'aliénation 
mentale,  etc.  Pourquoi  ne  pourrait-il  pas  ou  bien  se  com- 
pliouer  d'ataxie  locomotrice,  ou  se  développer  chez  des 
malades  ataxiques  ? 

Les  associations  de  ce  genre  ne  sont-elles  pas  en  quelque 
sorte  la  règle  dans  la  grande  famille  névropathique? 

J'avoue  que  pour  ma  part  cette  association  ne  me  parait 
pas  douteuse,  dans  l'une  au  moins  des  observations  que  je 
viens  de  rapporter. 

Hais,  si  la  question  me  semble  facile  à  résoudre  quand  la 
maladie  de  Basedow  se  montre  avec  la  totalité  de  ses 
symptômes,  il  n'en  est  plus  de  même  quand  son  tableau  est 
incomplet. 

Depuis  longtemps,  en  effet,  on  sait  qu'il  n'est  pas  rare  de 
trouver  de  la  tachycardie  chez  des  ataxiques  à  une  période 

[dus  ou  moins  avancée  de  leur  maladie.  H.  Charcot  a  signalé 
e  fait  depuis  longtemps  dans  ses  leçons,  et  déjà  en  1807, 
étant  interne  dans  mon  service,  j'étais  préoccupé  d'en 
trouver  l'explication.  Voici  ce  que  j'écrivais  alors  : 

€  Nous  ne  pensons  pas  que  dans  l'alaxie  locomotrice  on 
puisse  expliquer  la  fréquence  des  battements  cardiaques  par 
une  altération  des  noyaux  d'origine  des  pneumogastriques, 
analogue  à  celle  que  Ion  trouve  dans  la  paralysie  labio- 
glosso-laryngée,  ou  à  celle  qui  existe  dans  la  sclérose  en 
plaques,  lorsque  les  plaques  de  sclérose  ont  envahi  ces 
noyaux.  »  (Jofîroy,  Note  sur  un  cas  de  sclérose  en  plaques. 
Soc.  de  biologie,  1869.) 

Hais  depuis  cette  époque,  on  a  décrit  la  névrite  périphé- 
rique des  ataxiques,  et  celle-ci  peut  sans  doute  siéger  dans 


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4  Janvier  4889 


le  pneumogastrique.  Je  n'oserais  cependant  pas,  jusqu'à 
plus  ample  informé,  expliquer  par  cette  lésion  la  tachycardie 

3ue  Ton  observe  si  fréquemment  dans  Tataxie,  parfois  bien 
es  années  avant  la  mort. 

Mais  que  la  tachycardie  des  ataxiques  relève  d'une  alté- 
ration centrale.  d*une  altération  des  nerfs  périphériques,  ou 
bien  ne  soit  qu  un  trouble  fonctionnel,  je  n'en  persiste  pas 
moins,  comme  par  le  passé,  à  la  regarder  comme  un 
symptôme  tabélique,  et  jamais  il  ne  me  viendrait  à  l'idée 
de  parler  d'une  forme  fruste  de  maladie  de  Basedow  par 
cela  seul  que  j'observerais  de  la  tachycardie  chez  un 
tabétique. 

J'en  dirai  autant  d'un  léger  degré  de  protrusion  des  yeux, 
qui  ne  me  parait  pas  très  exceptionnel  chez  les  ataxiques, 
surtout  à  une  période  avancée  de  la  maladie. 
Mais  quand,  comme  chez  la  malade  (obs.  VI)  que  je  vous 

Présente,  je  trouve  réunis  tous  les  signes  de  la  maladie  de 
asedow,  alors  le  doute  ne  me  parait  plus  permis;  ici  ce  ne 
sont  plus  des  symptômes  labétiques  que  nous  observons, 
mais  bien  la  réunion  de  deux  maladies  distinctes,  le  goitre 
exophthalmique  et  Tataxie  locomotrice. 

Et  si  le  doute  existait  encore  dans  vos  esprits,  je  vous 
rappellerais  certains  détails  de  l'observation,  et  vous  verriez 
qu'il  est  absolument  impossible  de  mettre  sur  le  compte  de 
l'ataxie  les  symptômes  de  la  maladie  de  Basedow,  puisane 
celle-ci  existait  certainement  bien  longtemps  avant  le  début 
de  l'ataxie,  se  traduisant  pendant  l'enfance  de  la  malade 

Sar  des  palpitations  et  par  une  tumeur  thyroïdienne  qui 
onna  lieu  alors  à  une  erreur  évidente  de  diagnostic. 

Je  regarderai  aussi  comme  atteinte  de  maladie  de 
Basedow,  de  même  qu'elle  est  atteinte  d'hystérie,  la  malade 
de  l'observation  I,  chez  lauuelle  l'exophthalmie  a  des  pro- 
portions très  marquées.  Malgré  l'absence  de  goitre,  ce 
diagnostic  ne  me  paratt  pas  contestable. 

Dans  l'observation  II,  il  semble  que,  comme  dans  l'obser-^ 
vation  IV,  l'ataxie  se  développe  chez  une  malade  déjà  atteinte 
d'une  forme  fruste  de  maladie  de  Basedow. 

Par  contre,  je  serais  assez  disposé  à  regarder  comme 
symptômes  tabétiques  la  tachycardie  et  le  léger  degré  de 
protrusion  des  yeux,  relevés  dans  les  observations  III, 
V  et  VI. 

L'analyse  des  faits  que  j'ai  observés  me  conduit  donc  à 
cette  double  conclusion  : 

i""  Que  chez  le  même  sujet  on  peut  voir  réunies  la  maladie 
de  Basedow  et  la  maladie  de  Duchenne.  11  paraîtrait  môme, 
si  j'en  juge  par  les  quelques  faits  que  j'ai  relevés,  que  c'est 
l'ataxie  locomotrice  qui  se  développe  généralement  en 
dernier  lieu  ; 

S"*  Que  l'ataxie  locomotrice  peut  donner  lieu  à  de  la 
tachycardie  et  peut-être  aussi  à  un  léger  degré  de  protrusion 
des  yeux,  rappelant  ainsi  certaines  formes  frustes  de  la 
maladie  de  Basedow. 

En  terminant,  je  ferai  remarquer  que  si  toutes  mes 
observations  se  rapportent  à  des  femmes,  cela  tient  à  ce 
que,  à  la  Salpêtrière,  je  n'observe  oue  des  femmes,  mais 
sans  doute  aussi  à  ce  que  la  maladie  de  Basedow  est  surtout 
l'apanage  du  sexe  féminin.  Du  reste,  j'ai  indiqué  en  com- 
mençant cette  communication  que  l'exophthalmie  pouvait 
s'observer  aussi  chez  les  tabétiques. 


Cllalqae  chirtirgleale. 

Essai  sur  la  recherche  ,  l'isolement  et  l'emploi 
vaccinal  des  excréta  soludles  de  certains  microbes 
PATHOGÊNES,  par  M.  le  docteur  Ricochon  (de  Ghampde- 

•  niers). 

La  question  de  savoir  comment  s'acquiert  l'immunité 
dans  certaines  maladies  infectieuses  n'a  jamais  cessé  d'être 


à  l'ordre  du  jour  depuis  les  premiers  travaux  de  M.  Pasteur 
sur  les  virus-vaccins.  Elle  est  plus  que  jamais  actaelie. 
Dans  ces  derniers  temps  un  travail  de  MM.  Roux  et  Cham- 
berland,  inséré  dans  les  Annahs  de  Flnstitut  Pasteur 

S  décembre  1887),  une  étude  publiée  depuis  par  M.  Chauveau 
lans  la  Revue  scientifique  (3  mars  1888)  ont  plus  particu- 
lièrement fixé  l'attention  sur  le  rôle,  déjà  soupçonné,  que 
joueraient  dans 'l'immunité  non  plus  les  microbes  eux- 
mêmes,  mais  leurs  produits  solubles  d'etcrétion  (1). 

Cela  laisse  supposer  déjà  que  les  microbes  partage- 
raient cette  propriété  des  êtres,  d'excréter  des  produits 
qui  sont  souvent  pour  eux  de  véritables  poisons,  et  qu'en  les 
mettant  aux  prises  avec  une  quantité  sufYlsante  de  ces 
poisons  au  sein  des  milieux  organiques,  on  les  placerait 
dans  l'impossibilité  de  s'y  développer  et  d'y  vivre. 

Le  problème  de  l'imm^unité  à  conférer  consisterait  donc 
à  préparer  ces  produits  dans  des  milieux  de  culture  artifi- 
ciels, à  les  isoler  de  leurs  microbes  générateurs,  et  à  les 
introduire  dans  l'organisme  en  i>roportion  telle  qu'ils  y 
fussent  inoiïensifs  et  y  rendissent  inoffensive  aussi  Tintro^ 
duction  ultérieure  de  ces  mêmes  microbes.  Ces  produits 
deviendraient  ainsi  de  véritables  vaccins.  On  peut,  si  l'on 
veut,  les  appeler  des  leucomaines  vaccinales. 

Une  autre  forme  du  problème  à  résoudre  consisterait  à 
prendre  l'organisme  lui-môme  comme  milieu  de  culture 
des  microbes,  et  à  les  y  introduire  dans  des  conditions  de 
bénignité  telles  qu'ils  y  créeraient  une  maladie  atténuée, 
tout  en  fournissant  une  quantité  de  matière  vaccinale  suffi- 
sante pour  assurer  l'immunité  contre  la  maladie  elle- 
même. 

C'est  à  rechercher  ce  qui  a  déjà  été  tenté  et  ce  qu'on  peut 
espérer  dans  cette  direction  que  nous  voudrions  consacrer 
cette  étude.  Chemin  faisant,  nous  apporterions  un  ou  deux 
faits  nouveaux,  et  nous  envisagerions  d'un  certain  point  de 
vue  des  faits  déjà  connus. 

I 

Et  d'abord,  la  foimation  de  cette  matière  vaccinale  est- 
elle  un  fait  général  dans  les  maladies  microbiennes? 

On  comprend  combien  il  importerait  que  cette  quest  ion 
recâtdanstouslescasuneréponse  positive.  Un  jour  ou  l'autre 
on  pourrait  espérer  recueillir  seule  cette  matière  vaccinale, 
et  (lès  lors  la  méthode  des  vaccinations  offrirait,  aux  yeux 
du  public  et  des  médecins,  un  caractère  d'innocuité  qui 
désarmerait  les  préventions  les  plus  tenaces. 

M.  Pasteur,  q^ui  a  présidé  à^  l'origine  de  toutes  les 
questions  microbiennes,  s'était  fait  cette  demande  dès  ses 
premières  études  sur  le  choléra  des  poules.  H.  Chauveau  a 
rappelé,  dans  la  Revue  scientifique^  par  quelle  élégante 
expérience  in  vitro  l'illustre  savant  avait  cherché  à  y 
répondre.  Mais  il  avait  fait  plus  encore.  Il  avait  injecté  à  des 
poules  les  résidus  des  bouillons  de  culture  et  n'avait  pu  par 
ce  procédé  leur  procurer  l'immunité  morbide. 

bst-ce  à  dire  que  la  matière  vaccinale  n'existe  pas  dans  le 
san|;  que  le  microbe,  impuissant  à  la  créer  dans  un  bouilloa 
artificiel,  ne  puisse  la  produire  dans  son  milieu  naturel,  dans 
le  milieu  organique,  avec  des  substances  protéiques  plus 
riches  et  incessamment  renouvelées?  On  ne  saurait  l'affiriner. 
On  n'est  pas  arrivé  à  la  déceler,  il  est  vrai,  par  les  procédés 
ordinaires  d'isolement  (destruction  des  microbes  par  la 
chaleur,  filtration  de  l'humeur  virulente);  mais  on  n'y  est 
pas  arrivé  davantage  pour  la  matière  vaccinale  de  la  fièvre 
charbonneuse,  alors  pourtant  que  par  une  autre  voie,  la  voie 

(1)  Nous  Jgnorivns  le  nouveau  travail  de  M.  Roux  sur  la  matière  vaccinale  da 
charbon  symploma tique  (AnnaUi  de  Vinstitut  Pasteur,  février  1886}  quand  c«t 
essai  a  ëlé  écrit  (!«'  avril  1888). 

Depuis  cette  note,  d'importants  travaux  et  de  nouvelles  découvertes  ont  été 
faiU  sur  là  matière  par  MM.  Houti  Chaoïberland,  Malvoa,  Nocard,  Bouchard» 
Gamaléia...  Nous  les  ti(fnaIorons  en  note  à  la  place  que  nous  leur  avions  résorvéti 
par  prévlsioû  dans  notre  classification. 


4  Janvier  188$ 


6AZBTTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  bË  CHIRURGIE 


—  N«  4  —     Û 


da  filtrage  placentaire,  son  existence  â  été  mise  à  peu  près 
hors  de  doate  (1). 

A  ce  propos,  on  se  demandera  peut-être  pourquoi  pareil 
procédé  n*a  pas  été  appliqué  au  choléra  des  poules,  inoculé 
au  lapin.  C'est  qu'en  réalité  il  est  inapplicable  ;  la  barrière 
placentaire,  qui  reste  souvent  impénétrable  aux  bactéridies 
charbonneuses,  du  moins  dans  certaines  espèces  animales, 
telles  que  la  brebis  (Chauveau),  se  laisse  rompre  à  peu  près 
toujours  par  les  microcoques  du  choléra  des  poules  (Cham^ 
brelent)  et  l'isolement  de  la  matière  vaccinale  devient  ainsi 
impossible. 

Le  doute  sur  l'existence  de  cette  matière  dans  le  sang  des 
animaux  infectés  reste  donc  encore  permis,  tout  au  moins 
âu  point  de  vue  expérimental. 

Il  Test  bien  davantage  encore  dans  une  autre  maladie 
>irnlente,  dans  un  cas  de  variole,  dont  nous  avons  publié 
ailleurs  l'observation  {Gaz.hebd,  de  méd.  et  de  chir,,  1887, 
n'  30)  et  que  nous  demandons  à  rappeler  sommairement  : 

i  M"*^  B...,  de  F...,  multipare,  enceinte  dans  son  septième 
mois,  contracta  une  variole  confluente,  qui  se  compliqua  de 
symptômes  ataziques  graves  et  mit  en  danger  les  jours  delà 
m\ade.  Les  médecins  appelés  allehtlaienl  chaque  jour  la  mort 
du  fœtus  et  son  expulsion  prématurée.  11  n'en  fut  rien.  La  malade 
eriiérit  et  accoucha  à  terme  d'une  grosse  fille,  pesant  5itir,500,  qui 
ne  portait  sur  elle  la  trace  d'aucune  cicatrice  variolique  et  qui, 
bien  mieux,  fut  vaccinée  six  mois  après  et  prit  trois  boutons  à 
chaque  foras.  » 

Ce  qu'il  faut  retenir  ici,  c'est  que  l'enfant  a  été  vaccinée 
avec  succès.  C'est  donc  qu'elle  n'avait  pas  acquis  Timmunilé 
dans  le  sein  maternel  et  qu'à  travers  le  placenta  aucun 
microbe  variolique,  ni  aucune  matière  vaccinale  soluble 
n'étaient  arrivés  jusqu'à  elle.  C'est  donc  que  cette  matière 
n  existait  pas  dans  le  sang  de  la  mère,  car  autrement  il  est 
diflicile  de  comprendre  Qu'elle  n'eût  pas,  obéissant  aux  lois 
de  Tosmose,  franchi  le  filtre  placentaire,  perméable  à  toutes 
les  substances  organiaues  diuusibles. 

Ou  peut  objecter,  il  est  vrai,  que  cette  matière  existait 
peut-être  quand  même  dans  le  sang,  mais  qu'en  franchissant 
le  placenta,  elle  a  dû  subir  quelques  modifications  chimi- 
ques, telles  qu'en  éprouvent  les  peplones  du  tube  digestif, 
qui  se  désbyaratent  en  traversant  la  paroi  intestinale  pour 
repasser  à  l'état  d'albumine.  Hais  cette  objection  ne  doit 
pas  valoir,  car  elle  s'appliquerait  tout  aussi  bien  à  la  fièvre 
charbonneuse  des  brebis  pleines,  et  M.  Chauveau  en  a 
démontré  en  pareil  cas  l'inanité,  en  prouvant  que  parfois 
la  matière  vaccinale  arrivait  intacte  au  fœtus,  sans  microbes 
concomitanls  et  leur  donnait  pourtant  l'immunité. 

II  2<emble  donc  bien  que  dans  la  variole,  sinon  dans  le 
choléra  des  poules,  l'immunité  acquise  par  une  première 
atteinte  de  ces  maladies  ne  Test  pas  par  l'intervention  d'une 
matière  vaccinale,  d'une  matière  soluble  et  libre  tout  au 
moins.  Mais  cette  conclusion  ne  saurait  être  ferme,  car  le 
sujet  est  encore  bien  neuf,  bien  obscur  et  il  peut  être  telle 
randition  fondamentale  du  problème  qui  nous  échappe  abso- 
lument (2). 

IL   —  FiLTRATION   DE  l'HUMEUR  VIRULENTE. 

Les  conditions  de  gestation  dans  lesquelles  notre  cas  de 

ifi  Elle  vient  d'être  prouTée  sûrement  par  MM.  Roux  et  Chamberland  (Afin. 
i^  rinâtitut  Past€itr,M(il  1888)  &  Taido  de  procédés  délicats  de  chaufRigo  du  sang 
'SarbonneaX. 

i}  Nous  avons  depuis  recueilli  un  second  cas  de  variole,  analogue  au  premier, 
u.isoù  Tcnfant  n'a  pris,  lors  de  sa  Taeclnation  jennérienne,  qu'un  bouton  de 
<i-ctQp.  La  mère    affirne  pourtant  que  son  enfant  a  dû  recevoir  au  moins  deux 

«ares  à  chaque  bras;  avait-il  donc  ou  commencement  de  vaccination  intra- 
.Krioe  ?  O  qui  en  ferait  douter,  c*est  que  la  cicatrice  vaccinale  est  flranche, 
1  r^e,  profonde,  aujourd'lioi  encore,  après  vingt-cinq  ans.  Après  tout,  réflexion 
'r.*,  il  se  penl  que  la  matl&re  vaccinale  soluble  ait  passé  au  fœtus,  mais  en  ne 
'  <  donnant  qu'une  immunité  très  courte,  comme  il  arrive  souvent  dans  ce  mode 

'  \jcpinatif>n,  dès  lors,  on  comprendrait  comment  la  vaccination  Jennérienne 

u->rTcaue  huit  oo  dix  mois  aprô5  la  naissance,  ait  pu  réussir. 


variole  s'est  présenté,  méritent  d'être  retenues.  Il  semble, 
en  effet,  qu'elles  puissent  devenir  chez  les  animaux  le  point 
de  départ  d'un  procédé  de  recherche  et  d'isolement  de  la 
matière  vaccinale  dans  la  plupart  des  maladies  virulentes. 
Mais  si  Tidée  parait  juste,  elle  se  bute  dans  la  pratique  à  de 
grandes  difficultés. 

1*  Filtrage  placentaire.  —  Déjà  l'observation  nous 
apprend  que  ces  conditions  cliniques  se  réalisent  rarement 
dans  leur  plénitude.  Le  plus  souvent  le  fœtus  succombe 
avant  terme.  Les  causes  de  la  mort  sont  multiples.  Il  faut 
incriminer  tantôt  Thyperthermie,  tantôt  l'asphyxie  placen- 
taire, tantôt  l'intoxication  ou  l'infection  microbienne  du 
fœtus.  Dans  ce  dernier  cas  il  est  probable  que  le  filtre  pla- 
centaire, qui  à  l'état  normal  est  un  filtre  parfait,  a  subi  des 
modifications  de  texture.  Le  revêtement  épithélial  continu 
des  villosités  fœtales,  plongeant  dans  un  sang  plus  ou  moins 
altéré,  a  pu  s'altérer  à  son  tour  et  par  la  barrière  ainsi 
ouverte  le  microbe  passer  au  fœtus,  lui  apportant  la  maladie 
et  souvent  la  mort  (1). 

Cette  transmission  de  la  maladie  de  la  mère  au  produit 
de  la  conception  a  été  constatée  pour  la  variole  même 
(Charcot,  Ghantreutl),  pour  les  maladies  éruptives 
en  général  (Gauthier,  Legendre),  pour  la  fièvre  typhoïde 
(Neuhaus,  Chantemesse  et  Wldal).  En  pareil  cas,  il  est 
évident  que  toute  recherche,  toute  constatation  d'une 
matière  vaccinale  est  impossible. 

Il  n'en  serait  du  reste  pas  autrement  quand  même  le  fœtus 
survivrait  à  la  maladie  de  la  mère  et  à  la  sienne  propre  et 
arriverait  à  terme^  car  nous  n'avons  aucun  moyen,  aucun 
vaccin  d'épreuve  inoffensif,  excepté  dans  la  variole,  qui 
puisse  nous  permettre  de  constater  si  oui  ou  non  l'immu- 
nité est  acquise;  et,  bien  entendu,  nous  ne  chercherons  pas 
à  nous  en  assurer  par  un  essai  d'inoculation  des  maladies 
elles-mêmes.  Mais  la  preuve  de  l'immunité  fût-elle  faite., 
que  nous  n'en  resterions  pas  moins  à  nous  demander  si  elle 
est  due  soit  à  une  matière  vaccinale,  soit  à  une  première 
atteinte  de  la  maladie,  car  cette  maladie,  toujours  exception 
faite  pour  la  variole,  n'aurait  laissé  aucune  trace  ide  son 
passage. 

Mêmes  difficultés  chez  les  animaux.  La  plupart  des 
maladies  virulentes  passent  de  la  mère  au  fœtus.  C'est  le 
cas  de  la  septicémie  gangreneuse  (Chauveau),  du  choléra 
des  poules  inoculé  au  lapin  (Chambrelent),  du  charbon 
symptomatique  (Arloing),  du  rouget  des  norcs...  Mais  la 
fièvre  charbonneuse  fait  souvent  exception.  M.  Chauveau  a, 
en  effet,  démontré  qu'en  faisant  des  injections  graduées  à 
des  brebis  pleines  indigènes  ou  en  injectant  un  virus  fort  à 
des  brebis  algériennes,  à  peu  près  réfractaires  au  mal,  on 
ne  retrouvait  que  rarement  la  bactéridie  dans  le  sang  de 
leurs  fœtus. 

Il  se  servait  pour  cette  constatation  d'un  réactif  fort  sen- 
sible. Il  injectait  le  sang,  puisé  dans  le  cœur  d'un  fœtus,  à 
un  animal  tel  que  le  cobaye,  qui  est  un  excellent  terrain  de 
culture  bactéridienne  et  pourtant  n'arriva  qu'une  fois  sur 
dix  à  une  inoculation  positive.  Il  put  même  faire  tourner,  au 
profit  de  sa  démonstration,  les  cas  où  la  bactéridie  avait  été 
trouvée  dans  le  sang  fœtal  (Straus  et  Chamberland)  (2),  en 
montrant  qu*elle  y  était  rare  et  inoffensive,  et  n'y  provo- 
quait pas  ses  désordres  habituels,  comme  si  son  action  avai 

(i)  A  ce  sujet  aous  avions  suggéré  l'idée  {Gù%.  Hebd.  de  mid.  et  de  chir., 
39  Juillet  1887)  qiM  ta  péttétmtlon  bacillaire  devait  être  comparée  Ji*  celle  que 
U.  Pasteur  réalisait  dans  l'intestin  eu  décliirant  préalablement  la  muqueuse  par 
l'introduction  d'aliments  piquants.  M.  E.  Malvoz  a  repris  depuis  cette  idée  [Ann. 
de  llnitilta  PoMteur,  mars  i8S8)  et  montre  qu'en  ^eATet,  en  cas  de  pénétration 
transplacentaire,  le  placenta  était  altéré. 

(2)  Depuis  on  a  critiqué  l'expérience  de  M.  Chauveau  et  ces  critiques  ont 
trouvé  asile  dans  le  dernier  travail  defMM.  Roux  et  Chamberland  sur  l'immunité 
charbonneuse  {Ann,  de  l'tnslitut  Patteur,  août  1888).  Elles  reposent  sur  ce  fait 
que,  même  en  l'absence  de  bactéridies  dans  le  sang  du  cœur  du  fœtus,  on  les  trouve 
dans  le  foie.  Encore  ne  les  y  Irouve-t-on  pas  toujours  et  même  qu'exceptionnel- 
lement (Malvoz,  Wolff),  de  telle  sorte  que  l'expérience  do  M.  Chauveau,  tout  en 
I    perdant  son  caractère^  trop  absolu,  garde  une  grande  partie  de  sa  valeur. 


42     —  NM  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DS  MÉDECINE  ETâDE  CHIRURGIE 


i  Janvier  1889 


déjà    été    réfrénée  par  une  matière  vaccinale  {Ac.  des 
se,  18  octobre  1882). 

Avant  d'aller  plus  loin,  on  peut  se  demander  comment  le 
Bflc.  awfftracts,  qui  vit  à  peu  près  exclusivement  dans  le 
sang,  qui  y  grandit  et  s'y  multiplie,  ne  force  pas  plus  souvent 
ou  plus  largement  la  oarrière  placentaire,  chez  la  brebis 
tout  au  moins,  et  ne  passe  pas  au  fœtus,  alors  que  c'est  la 
règle  à  peu  près  invariable  pour  les  bacilles  de  la  septicémie, 
du  charoon  emphysémateux...,  qui  pourtant  n*apparaissent 
et  ne  vivent  qu'à  peine  dans  le  sang  maternel  si  ce  n'est  au 
moment  de  la  mort.  C'est  l'inverse,  semble-t-il,  qui  devrait 
se  produire.  Il  y  a  là  une  contradiction  sur  laquelle,  osons- 
nous  penser,  on  n'a  peut-être  pas  suffisamment  attiré  l'at- 
tention. 

Me  tiendrait-elle  point  précisément  à  la  difTérence  de 
mœurs  et  d'habitat  des  microbes?  Le  Bac,  anthracis,  saLn- 
gnicole  par  excellence,  ne  se  répand  pas  à  travers  les  tissus 
et  respecte  ainsi  plus  souvent  la  barrière  placentaire  restée 
intacte  devant  lui.  Les  autres  bacilles,  au  contraire,  se  pro- 
pagent à  travers  les  tissus  conjonctif  et  musculaire,  à  travers 
le  tissu  utérin  en  particulier;  de  là,  gagnent  les  membranes, 
prennent  à  revers  la  barrière  placentaire,  et  arrivent  au 
fœtus  par  les  trames  celluleuses  du  cordon.  Il  n'y  aurait 
donc  pas  transport  bacillaire  d'une  circulation  dans  l'autre, 
mais  propagation  par  contiguïté  de  tissus  de  la  mère  au 
fœtus  (l).Ce  qui  semble  d'ailleurs  bien  prouver  qu'il  en  est 
ainsi,  c'est  que  dans  le  charbon  symptomatique,  la  septicémie 
gangreneuse,  les  bacilles  foisonnent  dans  les  eaux  de 
Tamnios,  ce  qui  n'arrive  point  pour  la  bactéridie  et  que 
les  tissus  fœtaux  qui  paraissent  les  plus  envahis  sont, 
autour  de  l'ombilic,  les  muscles  de  l'abdomen  {Charbon 
sijmpt.  d'Arl.,  Corn,  et  Th.,  2»  édit.,  p.  193). 

Quoiqu'il  en  soit,  M.  Chauveau  a  montré  que  souvent  mal- 
gré l'absencede  toute  bacléridiecharbonneuse  dans  le  sang,  le 
fœtus  survivant  d'une  brebis  infectée  n'en  avait  pas  moins 
acquis  l'immunité.  La  conclusion  qu'il  en  a  tirée  est  qu'une 
matière  vaccinale  soluble  avait  dû  passer  de  la  mère  au 
fœtus  {Ac.  des  se,  C.  R.  du  5  juillet  1880). 

L'expérience  peut  être  variée  de  maintes  façons.  On  peut 
inoculer  à  une  brebis  pleine  un  premier  virus  atténué, 
attendre  la  parturilion  et  inoculer  sans  danger  au  produit 
un  virus  fort,  qui  l'eût  sûrement  tué  s'il  n'eût  pas  recueilli 
le  bénéfice  de  la  première  inoculation  de  la  mère  (Rossi- 
gnol, de  Melun)  {Ac.  des  se,  C.  R.  du  21  novembre  1881). 

Il  est  plus  encore.  L'immunité  peut  être  acquise  au  fœtus 
du  fait  seul  que  sa  mère  a  subi  les  inoculations  préventives, 
deux,  trois  mois  avant  la  conception,  ainsi  que  l'ont  prouvé 
M.  Toussaint  pour  la  fièvre  charbonneuse  {Ac.  des  se, 
20  juillet  1880),  MM.  Arloing,  Cornevin  et  Thomas  oour  le 
charbon  symptomatique  {Charbon  symptom.,  2*  éaition)., 
Et,  en  pareil  cas,  s'il  était  prouvé  péremptoirement  que 
l'organisme  maternel  ne  contient  plus  aucun  microbe  d'in- 
oculation, l'existence  de  la  matière  vaccinale  et  son  passage 
intraplacentaire  acquerraient  un  grand  caractère  d'évidence, 
il  nous  semble  (2). 

Ne  pourrait-on  recourir  également  au  filtrage  placentaire 
dans  la  rage?  En  dehors  du  système  nerveux,  le  virus 
rabique  ne  produit  aucune  désorganisation  de  tissus.  Le 
microbe  par  surcroit  semble  se  détruire  dans  le  sang.  Son 
passage  à  travers  le  placenta,  resté  sain,  doit  donc  être  très 
rare.  Seuls,  MM.  Galtier  et  Perroncito  en  ont  cité  des 
exemptes.  Mais  aucune  transmission,  que  nous  sachions,  n'a 
été  jusqu'ici  signalée  au  laboratoire  de  M.  Pasteur,  et,  il  y  a 
quelques  années,  l'illustre  savant  en  parlait  encore  comme 

(1)  Il  y  aura  sur  ce  sujet  tonte  une  étude  bactériologique  nouvelle  âi  fniro  sur 
les  mdtrites  infectieuses  et  sur  le  cordon  placentaire.  LebcdcIT  suppose  déjà  que  le 
niicrocoquc  de  Pehleisen  passe  par  les  lymphatiques  du  cordon. 

(â)  Mais,  selon  Ja  remarque  faite  par  M.  Vcrneuil  au  Congrès  d'Oran,  une  con> 
tusion  survenue  cliez  un  taureau  vacciné  contre  le  charbon  quelques  mois 
auparavant,  pouvait  faire  apparaître  le  charbon,  ce  qui  prouve  que  les  microbes 
n'ont  pas  disparu. 


d'une  chose  prétendue.  Dès  lors,  pourquoi  ne  profiterait-on 
pas  du  fait  pour  mettre  en  évidence  l'eiistcnce  d'une 
matière  vaccinale  rabique?  Pourquoi  ne  fait-on  pas,  à  une 
série  de  chiennes,  près  de  mettre  bas,  une  série  d  injections 
de  moelles  rabiques  graduées?  Elles  acquerraient  ainsi 
l'immunité,  et  si  réellement  cette  immunité  était  le  fait 
d'une  matière  soluble  introduite  dans  le  sang,  nul  doute  que 
celle-ci  n'allât  à  travers  le  placenta  assurer  le  même  bénélire 
au  fœtus. 

2°  Filtre  rénal.  —  11  est  à  l'état  normal  un  autre  filtre i 
organique  non  moins  parfait  que  le  placenta:  c'est  le| 
rein  (1).  Il  y  aurait  donc  lieu  de  rechercher  la  matièn» 
vaccinale  dans  l  urine.  On  peut  pour  cette  recherche  choisir 
de  préférence  les  maladies  virulentes,  dont  les  microbes 
pullulent  dans  le  sang,  parce  que  la  matière  vaccinale  a  plu<^ 
de  chances  de  s'y  trouver  accumulée  et  de  filtrer  à  travers 
les  glomérules  (2). 

Prenons  par  exemple  le  sang  de  rate.  Admettons  ^ue  la 
bactéridie  charbonneuse  se  développe  bien  dans  l'urine 
neutre  d'un  animal  indemne.  Essayons  alors  sa  culture  dans 
l'urine  d'un  animal  infecté.  Si  cette  culture  échoue  ou  se 
développe  difficilement,  il  y  aura  quelques  rai.sons  de  croire 
que  le  poison  vaccinal  est  en  présence.  Assurons-nous-en 
mieux  encore  en  injectant  cette  urine  dans  le  péritoine  d'un 
troisième  animal.  Nous  procéderons  par  doses  répétées  et 
minimes  pour  éviter  toute  intoxication.  Puis  vérifions,  par 
une  inoculation  de  contre-épreuve  avec  un  virus  fort,  si 
l'immunité  est  acquise,  auquil  cas  nous  conclurons  à 
l'existence  d'une  matière  vaccinale. 

L'échec  de  l'expérience  ne  suffirait  pas  pour  établir 
l'absence  de  cette  matière,  tout  au  moins  dans  le  sang,  car 
elle  est  de  nature  si  instable,  ainsi  que  le  prouve  l'inn 
possibilité  de  la  retrouver  par  les  procédés  ordinaires 
de  recherche,  le  filtrage  placentaire  excepté,  qu'elle 
aurait  bien  pu  se  détruire  à  travers  les  voies  iiri- 
naires,  dès  même  sa  sortie  dans  le  sang.  Peut-être  réussi^ 
rait-on  mieux  avec  le  charbon  symptomatique,  la  septicémie 
gangreneuse...,  dont  les  produits  vaccinaux  paraissent  |>lus 
stables.  Nous  ignorons  si  des  expériences  ont  été  entreprise:^ 
à  ce  sujet.  MM.  Arloing,  Cornevin  et  Thomas  ont  bien  injecté 
à  des  animaux  sains  de  l  urine  provenant  d'animaux  atteints 
de  charbon  symptomatiaue;  mais  ces  injections,  faites  eu 
vue  de  révéler  dans  l'urine  la  présence  des  bacilles^ 
portaient  sur  des  quantités  trop  minimes  de  liquide  pour 
conférer  l'immunité,  qui  du  reste  n'a  pas  été  recherchée,  e( 
permettre  de  rien  conclure  sur  l'existence  d'une  matièrd 
vaccinale  (3). 

3*  Filtrage  sur  appareils. —  Au  lieu  des  filtres  orgaiii^ 
ques  nui  se  trouvent  sur  le  vivant,  nous  pouvons  recouri^ 
aux  filtres  ordinaires.  Le  procédé  lut  incertain  tant  qu'or 
n'eut  pas  de  filtres  parfaits.  Les  filtres  en  plâtre  dont  s'élni' 
servi  M.  Pasteur  au  début  de  ses  expériences,  lui  inspiraieti 
une  certaine  défiance.  C'était  l'épogue  où  on  lui  obiectal 
que  c'étaient,  non  les  microbes,  mais  des  matières  soluble 
qui  étaient  les  agents  des  maladies.  Il  répondait  en  montran 
l'innocuité  des  matières  virulentes  filtrées.  Mais  il  craignai 
qu'on  ne  lui  objectât  de  nouveau  que  les  produits  solublesj 
soi-disant  pathogènes,  ne  fussent  restés  dans  les  interslic4*^ 
du  plâtre  (4).  Aujourd'hui  cette  crainte  n'existe  plus  ave^ 


(1)  Faisons  observer  ici  que  la  migration  microbienne  transrénale  se  protluil 
dans  les  mcnics  conditions  quo  pour  le  placenta,  c'est-^-dire  qu'il  faut  des  losiotx 
préalables  du  tissu  rénal  (loi  de  VVyiisokowitsch). 

(2)  Cette  échappée  par  le  rein  doit  même  être  assez  rapide,  ce  qui  cxpliquj 
pourquoi  l'injection  intraveineuse  de  la  matière  vaccinale  du  charbon  ne  conforj 
pas  l'immunité  (Roux  et  Chamberland,  Ann.  de  VInstitiU  Patleur,  août  18<^8). 

(3)  Celte  expérience  a  été  réalisée  depuis  avec  succès  par  M.  Bouchard  ilani 
les  mémos  conditions  oxpérimontales,  pour  la  maladie  pyocyanique. 

(i)  C'est  alors  que  M.  Pasteur  suspendit  une  culture  de  bactéridics  charbouj 
neuses,  en  tout  repos,  dans  les  caves  de  l'Observatoire,  laissa  déposer  les  micnilx] 
au  fond  du  vase  et  montra  que  les  couches  supérieuros,  parfaitement azoïque^.  u 
donnaient  jamais  le  charbon.  (UHtrc  à  /!•  Koch.) 


i  Janvier  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  NM  —    13 


les  filtres  en  porcelaine,  surtout    depuis  les  ingénieuses 
iii>positions  que  leur  a  données  M.  Chamberland. 

On  peut  filtrer  Thumeur  virulente  sous  toutes  ses 
formes  : 

a.  Le  sérum.  —  Nous  ne  savons  au  juste  dans  quelles 
maladies  Texpérience  a  été  tentée  sur  le  sérum  défibriné  et 
qaels  résultats  elle  a  pu  donner.  Elle  devrait  réussir  plutôt 
dans  les  maladies  à  microbes  sanguicoles  où  la  matière 
vircinale  doit  s'accumuler  dans  le  sang  (1). 

b.  La  sérosité  inter cellulaire.  —  Certaines  maladies 
virulentes,  telles  que  le  charbon  symptomatique,  la  septi- 
cémie gangreneuse...  donnent  Heu  à  des  déterminations 
locales.  II  était  à  prévoir  que  ces  localisations,  riches  en 
fflirrobes,  se  prêteraient  à  la  constatation  d'une  abondante 
matière  vaccinale  concomitante.  C'est  ce  qu'a  mis  en  évi- 
ti<'iice  le  travail  de  MM.  Roux  et  Chamberland  sur  la  septi- 
cmie  ;  c'est  ce  qu'ils  prouveront  certainement  pour  le 
charbon  symptomatique  (2). 

c.  Les  liquides  de  culture.  —  Ceux-ci  se  prêtent  égale- 
Dienl  bien  k  l'expérience,  d'abord  parce  que  la  matière  vacci- 
nale peut  s'y  accumuler  en  grande  quantité,  et  puis  que 
I  arrêt  subit  de  la  puliulation  des  microbes  à  un  moment 
donné  est  une  présomption  de  s'a  présence.  M.  Vooidrige 
serait  arrivé  à  la  déceler  dans  une  culture  spéciale  de 
badéridies,  dont  il  a  donné  la  formule.  Mais  ce  serait  à 
vérifier,  car  le  fait  cadre  mal  avec  ce  que  nous  savons  de 
l'instabilité  habituelle  de  la  plomaîne  vaccinale  charbon- 
neuse. MM.  Roux  et  Chamberland  Font  trouvée  également 
dans  la  culture  du  vibrion  septique;  ils  la  trouveront  demain 
pour  le  charbon  symptomatique  (3). 

{A  suivre.) 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Académie  des  sciences. 

SÉA3ÎCE    PUBLIQUE    ANNUELLE    DU    24    DÉCEMBRE    1888.    — 
PRÉSIDENCE   DE   M.   JÂNSSEN. 

(Fin.  —  Voyez  le  n»  52.) 

PRIX  PROPOSÉS   POUR  l' ANNÉE   1889. 

MÉDECINE  ET  CHIRURGIE.  —  Prlx  Monttjon  :  Destinés  aux 
auteurs  des  ouvrages  ou  des  décou vertes  jugés  les  plus  utiles 
à  lart  de  guérir,  et  à  ceux  qui  auront  trouvé  le  moyen  de 
rendre  oo  art  ou  un  milieu  moins  insalubre.  —  Prix  Bréant 
<\i}()000  fr.)  :  Guérison  du  choléra  asiatique  ou  découverte  des 
causes  de  cette  affection.  —  Prix  Godard  (1000  fr.)  :  Mémoire 
5ar  ]'analom'iCy  la  physiologie  et  la  pathologie  de  organes  géni- 
taa\.  —  Prix  Lallcmana  (1800  fr.)  :  Travaux  relatifs  au  sys- 
l«'riie  nerveux.  —  Prix  Bellion  (1400  fr.)  :  Ouvrages  ou  décou- 
f^Ties  surtout  proûtables  à  la  santé  de  l'iiomme  ou  à  raméliora- 
Uuu  de  Tespèce  humaine.  —  Prix  Mège  (10000  fr.)  :  Continuer 
ft  compléter  Fessai  du  fondateur  du  prix  sur  les  causes  oui  ont 
retardé  ou  favorisé  les  progrès  de  la  médecine  depuis  la  plus 
huie  antiquité  jusqu'à  nos  joiirs. 

Physiologie.  —  Prix  Montyon  (750  fr.):  Ouvrage  imprimé  ou 
tmii^crit  sur  la  physiologie  expérimentale.  —  Prix  Pourat 

i^.^0  fr.)  :  Recherches  expérimentales  sur  les  contractions  mus- 
Chaires.  —  Prix  Martin-Damourette  (UOO  fr.)  :  Physiologie 
'.b<^rapeutiqae.  —  Prix  Lacaze  (iOOOO  fr.)  :  Ouvrage  devant  le 
(Iq>  contribuer  aux  progrès  de  la  physiologie. 

Statistique.  —  Prix  Montyon  (500  fr.)  :  Toutes  questions 
î  kttves  à  la  statistique  de  la  France. 

.  Elle  u'a  pa«  ivQssi  «ux  mains  de  MM.  Ghamborlund  ot  Roux  pour  le  sang 
*>'<>  (.tHit.  de  VlntlUut  Pasteur,  août  188B},  sans  doulo  en  raison  des  inani- 
**i-  6n«  protoni^ées  ao  contact  do  l'air. 

î  C'*-4t  aujourd'hui  chose  faite  {Ann.  de  l'Institut  Pasteur,  février  1888). 

'  ï'.me  abscrtation  que  procédoroniont. 


Botanique.  —  Prix  Barbier  (2000  fr.)  :  Découverte  précieuse 
dans  les  sciences  chirurgicales,  médicales,  pharmaceutiques  et 
dans  la  botanique  ayant  rapport  à  Fart  de  guérir. 

Sciences  naturelles.  —  Prix  Petit  d'Ormoy  (10000  fr.)  i 
Application  des  sciences  naturelles  à  la  pratique  médicale. 

Grand  prix  des  sciences  physiques  (3000  fr.)  :  Etude  com- 
plète de  Tembryologie  et  de  révolution  d'un  animal  (an  choix 
du  candidat). 

^  Anatomie.  --  Prix  Bordin  (3000  fr.)  :  Etude  comparative  de 
Tappareil  auditif  chez  les  animaux  vertébrés  à  sang  chaud 
(mammifères  et  oiseaux). 


Société  médicale  des  hôpitaux. 

SÉANCE   DU  29  DÉCEMBRE   1888.  —   PRÉSIDENCE 
DE   M.   SIREDEY. 

Du  pronosUo  de  la  pleorësie  hèmorrhaglqiie  :  M.  Lereboullet.  — 
Traitement  de  la  fièvre  typhoïde  par  la  méthode  de  Brand  : 
M.  Juhel-Rènoy  (DiscuMion  :  MM.  Fèréoi,  £.  Labbé.  OéHn-RoEe. 
Hallopeau,  Hayem).  —  Mutations  dans  les  hôpitaux.—  BenouTel- 
lement  du  Bureau. 

M.  H.  Barth  fait  hommage  d'un  travail,  déjà  publié  dans 
la  Gazette  hebdomadaire^  sur  le  Traitement  du  lymphome 
malin  par  les  injections  interstitielles  d'arsenic. 

— M.  Lereboullet  donne  lecture  d'un  mémoire  intitulé  : 
Du  pronostic  delà  pleurésie  hémorrhagique.  (Sera  publié.) 

—  M.  /u/iel-it^noy  fait  une  nouvelle  communication  sur 
le  traitement  delà  fièvre  typhoïde  par  la  méthode  de  Brand. 
Depuis  l'époque  de  sa  première  note,  c'est-à-dire  pendant 
Tannée  1888,  il  a  baigné  avec  toute  la  rigueur  de  cette  mé- 
thode 8  malades  à  Thôpital  et  2  en  ville  ;  ces  10  cas,  qui 
se  décomposent  en  :  1  cas  bénin,  4  d'intensité  moyenne, 
4  graves  et  1  très  grave,  n'ont  fourni  aucune  mortalité.  Le 
dernier  de  ces  cas,  relatif  à  une  jeune  fille  albuminurique 
depuis  cinq  ans  du  fait  d'une  scarlatine,  a  nécessité  177  bains 
et  43  jours  de  traitement.  Les  bains,  chez  tous  les  malades, 
ont  été  appliqués  dès  le  début  de  la  fièvre  typhoïde,  ou  du 
moins  aussitôt  que  le  secours  médical  a  été  demandé.  En 
réunissant  à  sa  statistique  personnelle  intégrale  celles  du 
docteur  Richard  et  du  docteur  Josias,  qui  ontemployé  aussi 
la  méthode  de  Brand  rigoureuse,  H.  Juhel-Rénoy  montre  que, 
sur  105  malades  baignés,  il  y  a  eu  5  décès  seulement,  soit 
une  mortalité  de  4,76  pour  100.  Il  ajoute  que  jamais  le  bain 
froid  n'a  eu  aucun  inconvénient,  et  que  toujours,  au  con- 
traire, il  a  merveilleusement  agi  contre  les  complications 
pulmonaires  de  la  maladie.  Il  exhorte  tous  ses  collègues  à 
employer  cette  méthode  et  à  publier  les  résultats  obtenus. 
En  appliquant  le  bain  froid  dès  le  début  de  la  maladie,  on 
abaissera  comme  en  Allemagne,  et  comme  Vogl,  à  Munich, 
la  mortalité  au  taux  de  2  pour  100. 

M.  Féréol^  partisan  en  principe  de  ce  mode  de  traite- 
ment, rapporte  avoir  échoué  chez  un  jeune  homme  auquel 
il  a  donné  un  bain  froid  au  quinzième  jour  de  la  maladie: 
le  patient  a  manqué  mourir  dans  la  prostration  après  le 
bain,  et  on  dut  renoncer  à  renouveler  pareille  tentative. 
D'ailleurs  le  malade  a  fini  par  succomber.  En  présence  des 
excellents  résultats  publiés  par  H.  Juhel-Rénoy,  il  engage 
à  généraliser  cette  méthode  dans  les  hôpitaux. 

M.  Hallopeau  rapporte  un  cas  de  mort  par  congestion 
pulmonaire  au  cours  de  la  balnéation. 

M.  E.  Labbéy  tout  en  affirmant  l'innocuité  du  bain  fioiil, 
ne  se  montre  pas  partisan  de  celle  méthode  employée  d'une 
façon  systématique.  En  alimentant  les  malades  avec  du 
lait,  en  leur  donnant  des  toni(|ues,  et  en  satisfaisant  aux 
diverses  indications  thérapeutiques,  il  a  obtenu  des  résul- 
tats aussi  satisfaisants  que  ceux  d<i  la  méthode  de  Brand. 


U     —  NM  ~ 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  ttÉDBGINE  ET  DE  0HIRUR6IE 


4  Janyier  1889 


M.  Gérin-Roze  insiste  sur  rinsurfisance  numérique  du 
personnel  d'infirmiers  pour  la  mise  en  œuvre  de  la  méthode 
de  Brand  dans  les  hôpitaux.  Il  objecte,  en  outre,  que  le 
diagnostic  de  la  lièvre  typhoïde  restant  souvent  incertain 
dans  les  premiers  jours,  si  l'on  baign^.  à  ce  moment  tous 
les  malades,  on  doit  évidemment  compter  dans  les  statis- 
tiques nombre  d'embarras  gastriques  aosolument  bénins. 

M.  Hayem  n'est  pas  partisan  de  la  balnéation  froide  érigée 
en  système;  elle  peut  rendre  de  grands  services  dans  certains 
cas,  mais  les  autres  médications  trouvent  leur  emploi  efficace 
dans  d'autres.  Il  ajoute  aue  l'examen  du  sang  peut  aider  au 
diagnostic  précoce  :  si  1  on  constate  l'absence  du  reticulum 
fibrineux  de  coagulation  chez  un  fébricitant,  on  doit  admet- 
tre une  fièvre  typhoïde  ;  le  fait  est  vrai  même  pour  le  typhus 
abortif.  L'existence  du  reticulum  a  moins  de  valeur,  car  il 
peut  se  rencontrer  dans  quelques  cas  de  dothiénentérie 
avec  détermination  inflammatoire  intense  sur  le  tube  intes- 
tinal. 

M.  Juhel'Rénoy.  répond  qu'on  ne  peut  invoquer  contre 
la  méthode  de  Brand  les  résultats  de  la  balnéation  faite  en 
dehors  des  règles  rigaureuses  de  celte  méthode.  D'autre 
part,  la  statistique  sur  laquelle  il  s'appuie  ne  comprend  que 
des  cas  de  fièvre  typhoïde  avec  taches  rosées  ;  le  diagnostic 
a  été  fait  et  la  balnéation  instituée  dès  que  les  malades  ont 
été  soumis  à  Tobservalion.  L'ensemble  des  signes  classiques 
permet  le  plus  souvent  d'éviter  l'erreur.  D'ailleurs,  si  l'on 
a  parfois  baigné  des  embarras  gastriques,  ils  n'eu  ont  pas 
moins  bien  guéri  ;  il  en  a  été  de  même  pour  un  cas  de  pneu- 
monie à  forme  typhoïde.  Il  est  essentiel  de  baigner  les 
malades  le  plus  tôt  possible. 

—  Mutaiion^ians  lesMpitau(V.-—}llîi.  Barth  et  Chauffard 
passent  à  rhôpital  Broussais;  M.Oulmont,à  l'hôpital  Tenon  ; 
M.  de  Beurmann,  à  Lourcine;  M.  Muselier,  à  Saiûte-P«rine; 
M.  Ëd.  Brissaud,  à  La  Rochefoucauld. 

—  Elections,  —  Sont  nommés  :  Président,  M.  Cadet  de 
Gassicourt;  Vice-président,  M.  Dumontpallier  ;  Secrétaire 
général,  M.  Desnos  ;  Secrétaires  annuels,  MM.  Comby  et 
LetuUe  ;  Trésorier,  M.  R.  Moutard-Martin. 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  quart. 

André  Petit. 


Soelété  de  btoloigrte. 

SÉANCE  DU  22  DÉCtIMBRE  1888.  —  PRÉSIDENCE 
DE   M.    BROWN-SÉQUARD. 

Présentation  d'ouvrage  :  M.  Gley.  —  Un  voltamètre  enregistreur  : 
M.  Regnard.  —  De  la  respiration  chez  les  animaux  hibernants  : 
M.  R.  Dubois.—  Sur  le  procédé  employé  pour  désarticuler  les  os  du 
crâne  :  M.  Oréhant.  —  Siphon  pour  l'usage  thérapeutique  du 
chlorure  de  mëthyle  :  M.  Brasse.  —  Action  toxique  de  l'aniline  : 
MBS.  Meyer  et  'Werthelmer.  —  Éloge  de  Vulpian  :  M.  Déjerine.  — 
Élections. 

M.  Gley  présente  la  thèse  de  M.  jB.  Legrain  (de  Nancy) 
sur  les  microbes  dans  les  écoulements  de  l'urèthre,  travail 
qui  comprend  en  particulier  une  description  très  étudiée 
des  différentes  espèces  de  micro -organismes  qu'on  trouve 
dans  les  cas  d'écoulements  uréthraux. 

—  M.  Dastre  dépose  une  note  de  M.  Regnard  sur  un 
voltamètre  enregistreur  (description  de  cet  appareil  et 
discussion  des  résultats  qu'il  fournit). 

—  M.  Gley  présente  une  note  de  M.  B.  Dubois,  concer- 
nant le  mécanisme  respiratoire  des  marmottes  pendant  le 
sommeil  hibernal  et  pendant  le  sommeil  aneslhésique. 
M.  Dubois,  distinguant  ces  deux  sortes  de  sommeil,  montre 
qu'ils  sont  dus  à  des  causes  absolument  différentes.  Pendant 
le  sommeil  hibernal,  la  respiration  n'est  entretenue  que  par 
le  jeu  automatique  du  diaphragme  ;  il  n'y  a  plus  de  respi-* 


ration  thoracioue,  de  telle  sorte  que  toute  gène  apportée  aul 
constractions  aiaphragmatiques  tend  h  faire  cesser  Thiberl 
nation:  ainsi  agit,  par  exemple,  la  section  d'un  des  iierfl 
phréniques;  ainsi  agit  encore  le  chloroforme. 

—  M.  Gréhant  a  cherché  à  évaluer  quelle  force  est  inis^ 
en  jeu  dans  le  procédé,  bien  connu  des  anatoraistes,  qui  esl 
employé  pour  désarticuler  les  os  du  crâne;  on  sait  en  efTel 
que  la  force  d'expansion  des  haricots  imbibés  d'eau,  dont  o^ 
remplit  le  crâne  pour  le  faire  éclater,  est  considérable. 

—  M.  Brasse  présente  un  siphon  employé  pour  la  pulvê^ 
risation  de  chlorure  de  méthyle  et  qu  il  a  modifié  de  tell< 
sorte  quç.  ce  siphon  puisse  aussi  servir  à  pratiquer  1^ 
stypage. 

—  M,  Balzer  dépose  une  note  de  MM.  Meyer  et  HVH 
theimer  (de  Lille)  sur  l'action  physiologique  et  toxique  d^ 
l'aniline  ;'les  effets  observés  ont  trait  à  des  modincatioii^ 
qualitatives  du  sang  et  à  des  troubles  de  la  nutritioil 
générale. 

—  M.  Déjerine  prononce  l'éloge  de  Vulpian.  {Applaudis-^ 
sements.) 

—  La  Société  procède  au  renouvellement  annuel  de  soii 
bureau:  MM.  Duclaux  et  Marey  sont  élus  vice-président^ 
pour  l'année  1889;  MM.  Balzer,  Capxtan,  Charrin  el 
Réitérer,  secrétaires. 


BIBLIOGRAPHIE 

Archives  de  phyfliologte  nonnale  el  pathologl<|ae.  5^  série^ 

1. 1,  fascicules  1  et  f  avec  2  planches  et  58  figures  dans  Itj 
texte.  —  Paris,  G.  Masson,  1889. 

Les  Archives  de  physiologie  normale  et  pathologiq\u 
rentrent,  à  partir  de  cette  année,  sous  la  direction  unique 
du  fondateur  du  Journal  de  la  Physiologie,  journal  auquel 
faisaient  suite,  depuis  1868,  les  Archives  dirigées  pa^ 
Brown-Séquard,  Charcot  et  Vulpian;  la  mort  prématurée  dâ 
Vulpian  avait  privé  la  direction  de  l'un  de  ses  membres  le:^ 
plus  actifs;  l'évolution  forcée  des  sciences  médicales,  enri- 
chies d'une  branche  nouvelle,  la  Microbiologie,  et  le  déve-i 
loppement  considérable  de  l'Analomie  pathologique,  ont 
engagé  les  deux  directeurs  des  Archives  à  prendre  chacun 
l'initiative  d'une  publication  indépendante:  M.  Charcot,  ave(^ 
la  collaboration  de  MM.  Grancher,  Lépine,  Slraus  el  Joffioy, 
fonde  les  Archives  d'anatomie  pathologique  et  de  médecin^ 
expérimentale;  M.  Brown-Séauard,  assisté  de  MM.  Dastrii 
et  François-Franck,  conserve  la  direction  des  Archives  <k 
physiologie  normale  et  pathologique.  Ces  deux  recueil^ 
sont  donc  en  quelque  sorte  complémentaires  l'un  de  l'autre  t 
la  physiologie  normale  appliquée  à  la  médecine  et  Id 
physiologie  pathologique  constituent  les  principaux  objectif^ 
des  Archives  qui,  en  outre,  se  proposent  de  publier,  cuniuit^ 
elles  l'ont  fait  jusqu'ici,  tous  les  travaux  ayant  un  caractèai 
scientifique  et  susceptibles  d  applications  à  la  pratique  inédit 
cale. 

Dès  aujourd'hui  les  Archives  réalisent  leur  programmé 
par  la  publication  de  dix-huit  mémoires  signés,  pour  1:^ 
plupart,  de  savants  bien  connus,  qui  se  sont  empressés 
d'apporter  au  journal  l'appui  de  leur  autorité j  dans  l'analyse 
sommaire  de  ces  travaux  on  retrouve,  en  effet,  les  norasde 
Richet,  Morat,  Chauveau,  Marey,  Beaunis,  Ollier,  Clu 
Bouchard,  Arloing,  pour  ne  citer  que  les  principaux.  Mais 
les  Archives  n'ouvrent  point  leurs  colonnes  qu'aux  céh'- 
brilés  officielles;  elles  ne  comptent  point  être  l'organe  do  la 
science  physiologique  française  toute  seule  :  on  y  verra 
figurer  tout  travail  de  valeur,  quel  qu'en  soit  le  signataire 
français  ou  étranger. 


4  JiNYin  i889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  GHIRUROIE 


—  N»  1 


15 


U  direction  n'entend  pas  non  plus  constituer  uniquement 
an  recueil  de  travaux  originaux  :  elle  s'engage,  en  outre,  à 
t^nir  les  lecteurs  au  courant  des  découvertes  récentes  dans 
OM  compte  rendu  critique  et  dans  un  recueil  de  faits  som- 
maires, mais  suffisants;  elle  donnera  dans  l'avenir,  comme 
elle  le  fait  dans  le  présent  volume,  et  avec  de  plus  grands 
développements  encore,  l'indication  souvent  analytique  des 
travaux  publiés  dans  les  recueils  périodiques  français  et 
étrangers  ;  elle  résumera  enfin  les  ouvrages  qui  lui  auront 
M  adressés  pour  l'analyse. 

La  meilleure  manière  de  donner  une  idée  de  la  publioa- 
lioQ  actuelle,  nous  a  paru  consister,  malgré  sa  sécheresse 
el  ses  longueurs  inévit«ibles,  dans  Tanalyse  des  mémoires 
publiés  dans  le  volume  qui  ouvre  la  nouvelle  ^érie  :  nous 
2Tons  classé  ces  travaux  en  deux  groupes  :  travaux  de  phy- 
5iul(^ie  normale  et  travaux  4e  physiologie  pathologique  ou 
de  médecine  expérimentale;  dans  c« second  groupe  rentre 
une  étude  d'histologie  pathologique. 

I.  TrA'VXVX   de   PHTSIOLOGIG    NORMALE  GÉNÉRALE 
ET  SPÉCIALE, 

l^  De<  loiê  de  la  morphoyénie  chez  les  animaux.  — 
M.  Mare;  expose  les  résultats  et  développe  les  déductions 
philosophiques  de  ses  études  sur  la  variabilité  du  système 
musculaire  et  sur  son  adaptation  aux  conditions  mécaniques, 
accidentellement  ou  expérimentalement  créées.  11  rappro- 
che, daos  cet  intéressant  plaidoyer  en  faveur  du  transfor- 
misme, les  modifications  imprimées  au  squelette  par  les 
formes  musculaires  qui  modèlent  la  matière  osseuse,  des 
changements  produits  daos  les  surfaces  articulaires  par  les 
mouvements  insolites  et  les  allures  anormales.  Cet  en- 
semble de  documents,  tout  imposant  qu'il  soit,  ne  parait 
point  encore  suffisant  à  Tauteur  et  il  appelle  l'attention  des 
chercheurs  sur  une  branche  nouvelle  de  la  science  qu'il 
désigne  sous  le  nom  de  morphogénie  expérimentale  :  ici, 
comme  dans  toutes  ses  œuvres,  H.  Marey  se  révèle  comme 
un  initiateur,  ouvrant  des  voies  nouvelles  et  fournissant  par 
son  admirable  technique  les  moyens  de  fouiller  les  ques- 
tions qu'il  soulève. 

2*  De  rénervation  partielle  des  muscles;  modifications 
gu'elie  apporte  dans  les  caractères  de  la  contraction  totale. 
~-  M.  Chauveau  aborde  et  résout  dans  un  travail  sur  l'énei^ 
vatioD  partielle  des  muscles,  le  problème  si  délicat  de  la 
transmission  au  muscle  de  l'excitation  du  nerf  et  de  la  çropa- 
galion  de  cette  dernière  dans  toute  la  longueur  du  faisceau 
musculaire  primitif.  II  démontre,  à  l'aide  de  procédés 
d'inscription  rigoureux,  qu'un  long  muscle,  comme  le 
sterno-maxillaire  du  cheval,  présenta  <les  plaques  termi- 
nales multiples,  étalées  sur  différents  points  du  trajet  des 
faisceaux  primitifs  ;  il  établit  en  outre  que  ces  plaques  mo- 
trices sont  assez  rapprochées  les  unes  des  autres  et  que  le 
rhamp  de  leur  activité  (c'est-à-dire  les  limites  dans  la  pro- 
pagation des  ondes  musculaires  dont  ces  plaques  sont  le 
point  de  départ)  est  certainement  peu  étendu.  Reste  à  dé- 
i^rminer,  comme  il  le  dit,  si  les  faisceaux  primitifs  ne  se 
décomposeraient  pas  en  segments  distincts,  étroitement 
ajustés  bout  à  bout  et  pourvus  chacun  de  leur  terminaison 
teneuse- 

:i'  Recherches  sur  la  contraction  simultanée  des  mus- 
'in  antagonistes.  —  M.  Beaunis  développe,  dans  une  étude 
apérimentale  des  plus  intéressantes,  ce  fait  déjà  énoncé 
par  lui  que  pour  un  mpuvement  donné,  dan;s  la  plupart  des 
:  'ss,  les  muscles  antagonistes  se  contractent  simultanément 
nque  le  mouvement  produit  est  le  résultat  de  ces  conlrac- 
tu'Ds  opposées  l'une  à  l'autre.  Cette  conclusion,  iuslifiée 
î-ir  des  expériences  précises,  est  l'inverse  de  la  doctrine 
^'■.assique  d^près  laquelle  un  muscle  se  contractant  ne  ren- 
cr.Qire  pas  d  autre  résistance  active  de  la  part  de  son  anta- 
:  oiste  que  la  tonicité  de  ce  dernier. 


4""  Relations  entre  la  forme  de  rexcitatiou  électrique  i 
la  réaction  névro-musculaire. — M.  d'Àrsonval  propose  u 
nouveau  procédé  pour  définir  scientifiquement  et  réalise 
matériellement  une  unité  d*excitation  électrique;  préoccup 
de  déterminer  les  rapports  entre  Ténergie  d  une  excitalio 
électrique  (induite)  et  la  contraction  musculaire  qui  e 
résulte,  il  arrive  à  inscrire  la  courbe  qu'il  appelle  «  I 
caractéristiçiue  de  l'excitation  électrique  :»  en  fonction  d 
la  contraction  produite.  C'est  un  premier  pas  dans  I 
dissociation  des  lois  qui  relient  la  réaction  musculaire  au 
différentes  qualités  de  l'excitation  électrique. 

5""  Recherches  sur  les  nerfs  vaso-moteurs  de  la  tête.  - 
M.  Morat,  dans  un  remarquable  travail  critique  et  expéri 
mental,  sur  les  nerfs  vaso*moteur$  de  la  tète,  précise  c 
complète  les  résultats  de  ses  recherches  antérieures  exécu 
tées  en  collaboration  avec  M.  Dastre.  U  montre,  en  particu 
lier,  que  les  vaso-dilatateurs  bucco-labiaux,  découvert 
par  M.  DasIre  et  par  lui  dans  le  cordon  cervical  du  sympa 
thique,  suivent  le  trajet  de  l'anastomose  qui  existe  entre  1 
ganglion  cervical  supérieur  et  le  ganglion  de  Casser;  i 
rappelle  (||ue  j'avais  établi  le  passage  dans  le  même  file 
anastomotique  des  filets  irido-dilatateurs  cervicaux  (187^ 
et  rapproche,  très  justement  à  mon  avis,  les  nerfs  qui  dila 
tent  les  vaisseaux  de  ceux  qui  dilatent  la  pupille  :  ce  son 
de  part  et  d'autre   des    nerfs  inhibitores^  ne   réclaman 

Sour  manifester  leur  action  aucun  dispositif  musculair 
ilatateur,  et  intervenant  comme  des  agents  suspensifs  d 
l'action  tonique  musculaire,  soit  vasculaire,  soit  irienne, 

6*  Note  sur  les  rapports  de  la  pression  à  la  vitesse  d\ 
sang  dans  les  artèreSy  pour  servir  à  Vétude  des  phéno 
mènes  vaso-moteurs.  —  M.  Arloing  démontre  par  l'analyse 
comparative  des  résultats  graphiques  de  l'exploration  de  I. 
pression  et  de  la  vitesse  du  sang,  que  les  effets  circulatoire 
des  excitations  vaso-motrices  ne  sont  qu'incouiplètemen 
définis   par   Texamen  manométrique  :  celui-ci  ne  perme 

f^as,  en  effet,  de  déterminer  avec  la  même  rigueur  qu 
'examen  hémodromographique  les  phases  et  la  durée  de 
réactions  vaso-motrices. 

7**  Les  variations  respiratoires  du  rythme  du  cœur  et  d 
la  forme  du  ^ouls.  —  MM.  Wertheimer  et  E.  Meyer  on 
cherchera  établir  les  relations  fonctionnelles  des  centres  bul 
baires  respiratoires  et  cardiaques  :  ils  pensent  que  le  cœur 
s'accélérant  au  moment  de  l'inspiration,  ne  subit  une  tell 
modification  que  parce  que  le  centre  régulateur  respiratoir 
bulbaire  est  associé  au  centre  modérateur  cardiaque,  d( 
façon  à  diminuer  l'activité  tonique  de  ce  dernier  quand  i 
entre  lui-même  en  action.  Tout  en  émettant  sur  le  fom 
même  de  la  question  des  réserves  que  nous  justifieron 
quelque  jour,  nous  devons  reconnaître  le  réel  mérite  de  c 
travail. 

8"*  Innervation  de  la  glande  sous-maxillaire;  sur  la  sus 
pension  d'actions  nerveuses  excito-sécrétoires.  —  M.  Ole 
discute  le  mécanisme  des  suspensions  de  Factivité  sécré 
toire  réflexe  des  glandes  salivaires  ;  il  admet  qu'ici,  comm 
dans  beaucoup  d'autres  cas,  l'effet  inhibitoire  ne  résuit 

f»as  nécessairement  de  la  mise  en  jeu  de  nerfs  distincts 
réno-secrétoires,  mais  peut  tenir  à  l'état  actuel  de  I 
glande  subissant  l'incitation  réflexe  dans  des  condition 
fonctionnelles  spéciales. 

9"  Recherche  sur  l'influence  exercée  par  les  muscles  d 
fœil  sur  la  forme  de  la  cornée  humaine.  —  M.  Leroj 
reprenant  avec  le  nouvel  ophthalmomètre  qu*il  a  imagio 
avec  M.  R.  Dubois,  l'étude  de  la  forme  de  la  cornée,  montr 
que  cette  cornée  porte  l'empreinte  des  muscles  moteurs  d 
globe  oculairç.  Pour  lui,  la  forme  type.de  la  cornée  nor 
mâle  est  celle  d'une  sphère  élastique  aplatie  à  1  equateui 
très  peu  du  côté  temporal,  deux  fois  plus  verticalement  e 
haut  et  en  bas,  el  quatre  fois  plus  du  côté  nasal  ;  tout  e. 


45    —  NM  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE' MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


4  Janvier  1889 


tenant  compte  de  l'influence  des  variations  d*épaisseur  ou 
de  résistance  de  la  coque  sclérale,  fauteur  attribue  le  prin- 
cipal r6Ic  aux  muscles  droits  dans  l'asymétrie  cornéenne 
normale. 

(A  suivre).                    François-Franck. 
•     •  ♦ — 

VARIÉTÉS 

Nécrologie.  —  Le  corps  de  santé  militaire  vient  d'être  dou- 
loureusement frappé,  en  perdant  un  de  ses  membres  les  plus 
distingués. 

Alfred  Poulet,  professeur  abrégé  du  Val-de-Grâce,  médecin- 
major  de  1"  classe  au  S*»  régiment  de  zouaves,  est  décédé,  le 
2fi  décembre  dernier,  à  Thôpital  du  Val-de-Grâce.  Il  était  âgé 
de  treute-neuf  ans. 

Cette  mort  est  une  perte  non  seulement  pour  la  médecine 
militaire,  qui  était,  à  juste  titre,  lière  de  le  posséder,  mais 
encore  pour  la  chirurgie  française,  dont  Poulet  était  un  des  plus 
brillants  interprètes. 

Intelligence  d'élite,  travailleur  obstiné,  chercheur  infatigable, 
il  avait  su  se  créer  rapidement,  dans  le  milieu  chirurgical,  une 
réputation  justement  méritée.  Dans  une  période  de  dix  années, 
il  a  déployé  une  activité  intellectuelle  véritablement  surpre- 
nante. Il  suffit,  pour  s'en  convaincre,  de  se  rappeler  son  Traité 
de  pathologie  externe^  de  consulter  la  longue  liste  de  ses  tra- 
vaux originaux  et  de  ses  communications  à  la  Société  de  chirur- 
gie. 

11  a  abordé  Tétude  d'une  foule  de  questions  chirurgicales,  à  la 
lumière  de  Tanatomie  pathologique,  il  était  de  ceux  qui  pensent 


5' 


que  tout  chirurgien  doit  ôtre  doublé  d'un  micro^raphè,  et  il 
avait  donné  l'exemple,  en  faisant  un  stage  de  plusieurs  années 
dans  le  laboratoire  du  Val-de-Grâce. 

Mais  il  est  une  partie  de  la  pathologie  qu'il  avait  étudiée  à 
fond,  pour  laquelle  il  avait  une  véritable  prédilection,  c'est  la 
athologie  du  tissu  osseux.  Ses  recherches  n'ont  pas  été  stériles. 
Ion  nom  restera  attaché,  à  côté  de  celui  de  Kiener,  à  la  décou- 
verte de  la  nature  tuberculeuse  de  la  carie.  C'est  grâce  à  leurs 
études  que  ce  chapitre,  jadis  si  obscur,  de  la  pathologie  est 
complètement  élucidé. 

La  tuberculose,  que  Ton  rencontre  à  chaque  pas  dans  les 
hôpitaux  militaires,  était  l'objet  de  ses  préoccupations  constantes. 
Il .  cherchait  à  la  surprendre,  à  la  dépister  sous  ses  manifesta- 
tions les  plus  inattendues.  C'est  ainsi  qu'il  découvrait,  avec 
Nicaise  et  vaillard,  la  nature  tuberculeuse  des  synovites  tendi- 
neuses à  grains  riziformes. 

Après  avoir  terminé  sa  période  d'agrégation.  Poulet,  qui  trou- 
vait à  Paris,  dans  le  mouvement  et  l'agitation  scientifiques,  un 
aliment  à  son  activité  intellectuelle,  fut  envoyé  en  Algérie,  en 
novembre  1886,  non  dans  les  hôpitaux,  mais  en  vertu  du  roule- 
ment prescrit  par  les  règlements  militaires,  pour  y  étudier  le 
service  médical  régimentaire.  C'est  là  qu'il  devait  finir,  c'est  là 
que  devait  sombrer  cette  belle  intelligence,  sous  les  ardeurs  du 
soleil  d'Afrique,  après  les  fatigues  des  manœuvres  d'automne. 

Il  serait  trop  long  de  faire  ici  l'énumération  de  tous  ses  tra- 
vaux; nous  mentionnerons  seulement,  par  ordre  chronologique  : 

187:2.  Sa  thèse  sur  Vostéo-myèlite  des  amputés.  —  1871).  Son 
Traité  des  corps  étrangers  en  chirurgie.  —  1885.  Son  Traité 
de  pathologie  externe,  en  trois  volumes,  en  collaboration  avec 
Bousquet. 

Ses  principales  monographies  ont  trait  à  ses  sujets  de  prédi- 
lection :  la  tuberculose  et  la  pathologie  du  tissu  osseux. 

1883.  Avec  Kiener,  Mémoire  sur  ïoUéo-périostite  chronique 
ou  carie  des  os.  —  1884.  Du  traitement  de  Vadénite  tubercu- 
leuse  du  soldat  par  l'extirpation  et  le  raclage;  — Communica- 
tion à  la  Société  de  chirurgie  sur  Vhydarihvose  tuberculeuse, 
les  ostéites  tubercnleuses  et  syphilitiques  du  crâne.  —  Avec 
Vaillard,  Sur  les  corps  étrangers  articulaires;  —  Avec  Nicaise 
et  Vaillard,  Sur  la  nature  tuberculeuse  des  hygromas  et  des 
synovites  tendineuses  à  grains  riziformes. 

A  celte  liste  déjà  longue,  il  convient  d'ajouter  l'article  Tré- 
pan du  dictionnaire  de  Jaccoud,  des  mémoires  sur  les  kystes 
hydatiques  du  foie,  de  la  rate,  etc.,  etc.,  et  de  nombreuses 
communications  à  la  Société  de  chirurgie,  qui  l'avait  nommé 
membre  correspondant  en  1885,  et  qui  perd  aussi  en  lui  un  de 
ses  membres  les  plus  actifs. 

C.  Vauïuin. 


—  Nous  avons  aussi  le  vif  regret  d'annoncer  la  mort  de  dem 
confrères  estimés  :  le  docteur  Léon  Dumas,  professeur  à  ïi 
Faculté  de  médecine  et  à  la  Maternité  de  Montpellier,  elM.i' 
docteur  Lonis-Victor-Octave  Saint-Vel,  ancien  président  de  !i 
Société  médicale  du  I\'  arrondissement,  est  mort  subitemco!. 
le  26  décembre  dernier. 

Légion  d'honneur.  —  Ont  été  promus  ou  nommés  : 

Officiers:  MM.  les  docteurs  Féréol,  membre  de  l'Académie ik 
médecine;  Chipault,  chirurgien  en  chef  des  hôpitaux  d'0^lé:>D^ 
Talairach,  médecin  en  chef  de  la  marine;  Albert,  Kruj-Baviir, 
Pernod,  Robert,  médecins  principaux  de  l'armée  ;  ChaQ\iii, 
médecin-major  ae  1'*  classe. 

Chevaliers:  MM.  les  docteurs  Albert  Hénocque,  Ralloptaî. 
Gasne,  Guiet-Dessus,  Combe^  Armaingaud,  Vedel,  DepauUir:f. 
Hardy,  chef  des  travaux  chimiques  de  l'Académie  de  mêàcm, 
et  Monin,  tous  deux  membres  du  jury  de  TExposition  de  Barrr> 
lone;  Boeuf,  Gazes,  Bastian,  Néis,  Bourat,  Nicomède,  Cogman:, 
Drago,  médecins  de  1^ classe  de  la  marine;  Ménard  (Saint-Vve^-. 
directeur  adjoint  du  Jardin  d'acclimatation;  Roch,  CharropiL 
Ferrandi,  Baudouin,  Bourgois,  Lachapelle,  Donion,  bndoN 
Belleau,  Vaillard,  médecins-majors  de  1^  classe  ;  Martin,  IM . 
Darré,  Toussaint,  médecins-majors  de  t'  classe  ;  Frooi  i 
(d'Espalion)  et  Duchâteau  (de  Bessines),  médecins  de  laeeWs:- 
merie  ;  Courssières,  médecin-major  de  1"  classe  de  urv-^ 
territoriale;  Olivier  (de  Lilfé);  Calmettes,  médecin  auristed*  > 
maison  de  Saint-Denis. 

Hôpital  des  Enfants  malades.  —  M.  le  docteur  Jules  Sici." 
commencera  ses  conférences  de  thérapeutique  infantile,  à  11." 
pital  des  Enfants  malades,  le  mercredi  9  janvier  18N9,  à  nt"i 
heures,  et  les  continuera  les  mercredis  suivants  à  la  nm^f 
heure.  —  Consultation  clinique  tous  les  samedis. 

Société  médicale  des  hôpitaux  de  Paris  (séance  du  vemM* 
H  janvier  1889).  —  Ordre  du  jour:  Injtallation  du  Bureau -! 
M.  Troisier:  Sur  la  pleurésie  consécutive  à  la  pneuniouif. - 
M.  Netter:  La  pleurésie  purulente  consécutive  à  la  pneumon'i 
et  la  pleurésie  purulente  a  pneumocoque  primitive.— )l.Bri<:>ail 
Tuberculose  cutanée.  —  M.  Seveslre  :  L'hôpital  des  Ëufau^* 
Assistés  en  1888.  -—  M.  Edgar  Hirtz:  Du  pouls  capillaire  dan^  ' 
plaque  d'urticaire.  —  M.  de  Beurmann:  Un  cas  de  mort  |4' 
tétanie  dans  le  cours  d'une  dilatation  de  Testomac. 

Mortalité  a  Paris  (51«  semaine,  du  16  au  22  dêcemî". 
1888.  —  Population  :  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoidf.i: 

—  Variole,  3.  —  Rougeole,  32.  —  Scarlatine,  2.  -  Co.r>f 
luche,  3.  —  Diphthérie,  croup,  38.  —  Choléra,  0.  —  Phib!^ 
pulmonaire,  19i.  —  Autres  tuberculoses,  22.  —  Tumcr 
cancéreuses,  40  ;  autres,  6.  —  Méningite,  23.  —  Oongr* 
tion  et  hémorrhagies  cérébrales,  37.  —  Paralvsie,  S 
Ramollissement  cérébral,  7.  —  Maladies  organiques  iu  cœur,'* 

—  Bronchite  aiguë,  40.  —  Bronchique  chronique,  51 .— Bropiî» 
pneumonie,  36.  —  Pneumonie,  66.  —  Gastro-entérite:  sein.' 
biberon,  32.  —  Autres  diarrhées,  8.  —  Fièvre  et  péritonilo  p«' 
pérales,  0.  —  Autres  afTections  puerpérales,  1.  —  Déhililt^^^ 
génitale,  26.  —  Sénilité,  42.  —  Suicides,  10.  —  Autres  n:irt 
violentes,  6»  —  Autres,  causes»  de  mort,  156.  —  Cauii 
inconnues,  5.  —  Total  :  982. 


AVIS 

MM.  les  Abonnés  de  la  France  à  la  Gaxette  hekio«*' 
daire  qui  n'auraient  pas  renouvelé  leur  abonnement  avit»! 
le  10  janvier  prochain  sont  prévenus  que,  à  moins  d'»rii'< 
contraire,  une  quittance  leur  sera  présentée  à  partir  ^< 
10  février,  augmentée  de  1  franc  pour  frais  de  recoQ>"| 
ment.  I 

Un  mandat  collectif,  sans  frais  de  présentation  fj 
la  somme  atteindra  50  francs,  sera  présenté  à  la  ni  j 
date  à  ceux  de  nos  clients  qui  reçoivent  en  même  M 
plusieurs  des  recueils  édités  par  la  maison.  ' 

G.  Masson,  Propriétaire-Gérant 

177^.  —  MOTTKKOZ.  —  lui)>rtuiuric8  rduuici,  A,  nio  Mi^suou,  i,  l'''- 


Trente-sixièmb  année 


N«  2 


11  Janvier  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 

PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D'  L.  LEREBOÏÏLLET,  Rédacteur  en  chef 

XM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  6.  DIEULAFOT.  DREYFUS-BRISAC,  F8AIIC0IS.FRANCK,  A.  HENOCgUE,  A..J.  MARTIN,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Le&eboullet,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SuMMAlRB.  ~  Bulletin.  Les  indications  thërapcttUquos  du  8lru|ihanttts.  — 
Opération  dcgarirotomie.  —  Ln  Direclion  de  h  santé  publique.  —  Nkdro  pa- 
TUOLOcrs.  Les  migraines.— Revu;  Des  cours  et  dbs  cliniqubs.  Hôpital  Neckcr. 
Scrrrcr  de  M.  i«  prof<Mscur  DieuUfbj  ~  THAVAUX  ORICIHAUX.  PaUioIo^io  gcné- 
ra\r  :  Essai  sur  la  rerlierche,  l'isolenioot  et  l'emploi  vaccinal  des  cxcrcl;* 
^'>Wti«9  <ie  certains  microbes  pathogènes.  —  Pathologie  mcdicalr  :  Du  tétanos 
lies  BimvpaB-iiés.  —  SocilTis  8AVANTI8.  Académie  des  sctonces.  ~-  Acaddniio 
4*"  fdocîne.  —  Société  de  chirurgie.  —  Société  de  biologie.  —  Sociéiû  de 
lilirappuliqnc.  —  Soctcté  aaatoinique.  —  REVUE  DES  JOURNAUX. —  BlliLlOGRA- 
PHI8.    Archives  de  physiologie  normale  et  pathologique.  —  VAHléTÊS. 


BULLETIN 

Paris,  y  janvier  1888. 

Académie  de  médecine:  Les  indications  thérnpontlqnes 
ém  stropbanlas  :  91.  Bncquoy.  —  Opération  de  gao- 
trotomle  :  91.  Le  Dentn.  —  La  Direction  de  la  santé 
poMIque. 

La  revue  critiqae,  consacrée  dans  notre  dernier  numéro 
(p,  2)  à  l'analyse  de  tous  les  travaux  qui  nous  ont  fait  con- 
naître le  strophantus,  nous  dispense  d'insister  longuement 
sur  rintérét  que  présente  l'importante  communication 
faite  à  l'Académie  par  H.  Bucquoy.  Ceux  qui  auront  lu 
Télude  si  consciencieuse  de  notre  collaborateur  M.  Ëloy 
devront  *: j  trouver  d'accord  avec,  lui  pour  demander  que 
des  observations  cliniques,  continuées  pendant  un  temps 
suffisant  pour  être  probantes,  et  entreprises  par  des  méde- 
cins autorisés  parleur  expérience  et  leur  savoir,  nous  met- 
lent  à  même  d'apprendre  dans  quelles  circonstances  le 
strophantus  peut  être  utile  et  quels  sont  les  cas  où  il  faut 
lui  préférer  d'autres  agents  thérapeutiques.  C'est  ce  que 
M.  Bucquoy  vient  d'établir  en  s'appuyant  sur  les  recherches 
qu'il  poursuit  depuis  plusieurs  années. 

Notre  savant  confrère  considère  le  strophantus  comme 
ua  médicament  cardiaque  de  premier  ordre  qui,  dans  les 
lésions  mitrales  surtout,  devrait  être  préféré  à  la  digitale. 
El,  en  effet»  il  ne  s'accumule  pas  dans  l'organisme  ;  il  peut 
être  administré  sans  inconvénients  pendant  assez  long- 
leoips  ;  son  action  persiste  quelque  temps  encore  après  la 
cessation  du  médicament. 

L'indication  principale  du  strophantus  se  tire  de  l'état 
de  fatigue  du  muscle  cardiaque.  C'est  dans  les  asystolies 
dépendantes  du  rétrécissement  mitral  que  M.  Bucquoy  a 
TU  la  dyspnée  et  l'oppression  disparaître  presque  subite- 
ment après  son  administration.  Le  strophantus  est  donc  un 
médicament  de  soutien  pour  l'action  cardiaque. 

M.  Bucquoy  ne  trouve  guère  de  contre-indications  à  Tu- 
^age  de  ce  médicament.  Ses  conclusions,  on  le  voit,  se  rap- 
S*  SiaiE,  T.  XXVi. 


prêchent  de  celles  de  Fraser  et  diffèrent  de  la  plupart  de 
celles  qui  ont  été  résumées  dans  l'article  de  M.  Kloy.  Nous 
«rarji9iis  pouvoir  expliquer  ces  contradictions  apparentes  en 
faisant  remarquer  que  tous  les  médecins  qui  ont  étudié 
ce  médicament  n'ont  pas  fait  usage  des  mêmes  préparations. 
Les  uns  ont  employé  la  strophantine,  qui  est  au  strophantus 
ce  que  la  digitaline  est  à  la  digitale.  Les  autres  ont  fait 
usage  de  diverses  teintures  souvent  aussi  infidèles  qu'inef- 
ficaces ou  même  dangereuses.  M.  Bucquoy  s'est  servi  de 
l'extrait  de  strophantus  et  c'est  grâce  à  ce  médicament  qu'il 
a  pu  obtenir  les  résultats  favorables  qu'il  résume  aujour- 
d'hui. 

S'il  nous  était  permis  de  parler  ici  de  notre  expérience 
personnelle,  nous  affirmerions  à  notre  tour  la  supériorité  de 
l'extrait  de  strophantus  sur  les  diverses  teintures  de  ce 
médicament.  Nous  reconnaîtrions  aussi  l'influence  favo- 
rable du  strophantus  dans  les  affections  mîlrales.  Nous 
ferions  cependant  une  réserve  au  sujet  de  l'action  diuré- 
tique de  ce  produit.  On  peut  obtenir  au  début  une  diu- 
rèse assez  rapide  et  assez  abondante;  mais  nous  avons  cru 
remarquer  que  celle-ci  ne  se  maintient  guère  et  que,  dans 
les  cas  assez  nombreux  ou  l'on  échoue  avec  le  strophantus, 
on  est  souvent  surpris  de  la  rapidité  et  de  la  facilité  avec 
laquelle,  chez  les  hydropiques  (quelle  que  soit  d'ailleurs 
la  cause  de  l'œdème),  l'infusion  de  digitale  provoque  la 
diurèse  que  le  strophantus  n'arrive  plus  à  produire. 

La  discussion  qui  va  s'ouvrir  devant  l'Académie  mettra 
sans  doute, en  relief  quelques  divergences  d'opinion  entre 
les  différents  médecins  qui  s'occupent  de  thérapeutique 
expérimentale,  mais  nous  espérons  qu'elle  fixera  désormais 
sur  les  points  encore  en  litige  l'opinion  des  praticiens. 
Ceux-ci  devront  tenir  grand  compte  des  conclusions  si  auto- 
risées que  vient  de  faire  connaître  M.  Bucquoy. 

—  La  remarquableobservalion  lue  parM.LeDentu  n'est  pas 
seulement  l'exposé  d'un  brillant  succès  chirurgical  à  ajouter 
à  tous  ceux  qui  doivent  être  comptés  à  l'actif  de  la  chirurgie 
française.  Elle  montre  que  les  lésions  internes  les  plus 
irrémédiables  en  apparence  peuvent  guérir  assez  rapide- 
ment. Elle  autorise  les  chirurgiens  à  intervenir  dans  des 
cas  jusqu'alors  réputés  comme  absolument  incurables.  Elle 
prouve  enfin  que  les  perforations  de  l'estomac  peuvent  se 
cicatriser  spontanément.  Tous  ces  faits  ont  été  bien  mis  en 
relief  par  notre  savant  et  habile  confrère. 

—  Un  décret  du  Président  de  la  République,  en  date  du 
5  janvier,  vient  de  distraire  du  ministère  du  commerce  et 


18    -  N'  2 


GAZETTE  HEBbOMAbAlRE  DE  MÉDECINE  Et  1)E  CÎIIRUhGlÈ  ii  Janvier  1889 


de  l'industrie  le  service  de  l'hygiène  publique  et  de  le 
transférer  au  ministère  de  l'intérieur,  pour  le  joindre  à  la 
Direction  de  l'assistance  publique.  C'est  là  une  réforme 
dont  l'importance  n'échappera  pas  au  corps  médical  et  en 
particulier  à  tous  les  médecins  qui  s'occupent  d'hygiène. 
En  effet,  la  Direction  de  la  santé  publique,  comprenant  à 
la  fois  les  services  d'hygiène  et  ceux  de  l'assistance,  se 
trouve  ainsi  constituée,  et  les  vœux  émis  dans  ce  sens, 
avec  une  grande  insistance  et  depuis  si  longtemps,  par  une 
grande  partie  du  corps  médical  se  trouvent  réalisés. 

Le  rapport  adressé  au  Président  de  la  République  par  les 
trois  ministres  intéressés  fait  toul  d'abord  observer  qu'il 
existe  entre  le  service  de  l'hygiène  publique  et  ceux  de 
Tassistance,  récemment  centralisés  dans  une  direction  nou- 
velle, une  conncxité  évidente.  Cependant  ce  qui  concerne 
la  sauvegarde  de  la  santé  publique  dépendait  du  ministère 
du  commerce  el  de  l'industrie,  et  ce  qui  concerne  les  hôpi- 
taux, les  asiles  d'aliénés,  la  protection  des  enfants  du  pre- 
mier îlge,  la  médecine  gratuite  dans  les  campagnes,  ressor- 
tissait  au  ministère  de  l'intérieur. 

Le  rapport  ajoute  que,  c  grâce  aux  progrès  de  la  science, 
le  point  de  vue  de  l'hygiène  publique  s'est  modifié  depuis 
quelques  années.  On  ne  concevait  autrefois  la  police  sani- 
taire que  comme  la  défense  du  territoire  contre  les  mala- 
dies exotiques,  et  ce  sont  sans  doute  les  intérêts  commer- 
ciaux engagés  dans  cette  défense  qui  l'avaient  fait  confier 
au  ministre  du  commerce.  On  sait  aujourd'hui  que  Ton  peut 
défendre  les  populations  contre  des  maladies  qui  font 
bien  plus  de  victimes  que  le  choléra  :  ce  sont  les  maladies 
transmissibles.  On  sait  aussi  que,  même  contre  les  ma- 
ladies pestilentielles,  la  meilleure  sauvegarde  est  l'assai- 
nissement des  villes  et  des  habitations.  Or,  les  mesures 
d'assainissement  rentrent  par  leur  nature  même  dans  la 
police  municipale,  sur  laquelle  le  ministère  de  l'intérieur 
peut  agir  plus  efficacement  que  le  ministère  du  commerce. 
A  maintes  reprises,  la  Chambre  des  députés  s'est  occupée 
de  la  question.  Tout  récemment,  la  commission  nommée 
par  la  Chambre  pour  étudier  la  proposition  de  loi,  signée 
de  cinquante  députés,  «  concernant  l'organisation  de  l'ad- 
ministration de  la  santé  publique  »,  se  prononçait  à  l'una- 
nimité dans  le  sens  de  la  réunion  du  service  de  l'hygiène 
publique  à  ceux  de  l'assistance.  Des  conseils  d'hygiène 
départementaux  qui  ont  délibéré  sur  la  question,  la  presque 
unanimité  s'est  prononcée  en  faveur  du  rattachement  du 
service  de  l'hygiène  publique  au  ministère  de  l'intérieur  >. 

Enfin^  il  est  ajouté  «  à  titre  de  renseignement,  que  les 
services  sanitaires  dépendent  du  ministère  de  l'intérieur 
en  Autriche,  en  Hongrie,  en  Russie,  en  Italie,  en  Hollande, 
en  Espagne,  en  Portugal,  en  Grèce,  en  Norvège.  Ils  en 
dépendent  également  en  Suisse  pour  les  mesures  d'un 
caractère  fédéral,  en  Allemagne  pour  les  mesures  géné- 
rales, et  dans  presque  tous  les  États  d'Amérique  pour  les 
mesures  particulières  à  ces  j^.tats.  En  Angleterre,  la  direc- 
tion des  services  d'assistance  et  d'hygiène  réunis  constitue 
un  pouvoir  à  part,  le  Local  Government  Board  ». 

Dans  ce  dernier  pays,  on  a  pu  constater  qu'à  mesure  que 
l'administration  sanitaire  s'est  développée,  la  mortalité 
générale  a  diminué,  ainsi  que  la  mortalité  par  les  mala- 
dies transmissibles  et  corrélativement  les  dépenses  pour 
l'assistance  publique.  Il  est  de  fait  que  la  lutte  contre  les 
épidémies  et  contre  l'insalubrité  nécessite  une  organisation 
administrative  suffisamment  autonome,  compétente  et  res-  • 
pensable.  S'il  convient,  d'autre  part,  qu'une  certaine  latitude  | 


soit  laissée  à  cet  égard  aux  pouvoirs  locaux  et  aux  individuv 
c'est  au  pouvoir  central  qu'il  appartient  de  défendre  le; 
intérêts  généraux,  et  même  les  intérêts  particuliers,  cooli' 
la  négligence,  l'incurie  et  le  mauvais  vouloir. 

Si  Ton  veut  être  promptement  informé  des  variations  qiie 
subit  la  santé  publique,  c'est  dans  le  mouvement  hospitalier, 
dans  la  fréquentation  des  bureaux  de  bienfaisance.,  dans  [a 
renseignements  du  service  des  secours  à  domicile  quK 
puise  le  plus  sûrement  des  éléments  d'informations.  Il  w 
tout  avantage  à  ce  que  ce  soit  le  même  personnel  qui  ^m^ 
prescrire  le  traitement  d'un  malade,  reconnaître  les  cau^ 
de  l'affection  et  qu'il  soit  à  même  d'empêcher  celle-ci  de<c 
propager  à  l'entourage  plus  ou  moins  immédiat.  La  prophy- 
laxie a  tout  à  gagner  à  être  rapidement  ordonnée  et  ezécule<  ; 
l'assistance,  à  être  prompte  et  précise.  Les  moyens  de  Tuix 
sont  le  plus  souvent  indispensables  à  l'autre.  D'où  la  uécesn:* 
de  ne  pas  confier  une  telle  œuvre  à  desadministrations  «'pi- 
rées,  trop  souvent  isolées,  comme  on  a  dû  le  constaicft^ 
France  au  cours  de  la  plupart  des  épidémies  observées  «i<i>; 
ces  dernières  années.  Avec  quelle  peine  l'on  voyait  les  per- 
sonnalités éminentesqui  conseillaient  el  dirigeaient  lado;- 
nistration  sanitaire,  arrêtées  dans  leurs  efforts  par  l^J 
lenteurs  et  les  difficultés  forcément  inhérentes  à  la  dissém- 
nation  des  services  administratifs  !  Un  indigent  venait-il  àêir 
atteint  d'une  maladie  transmissible,  les  secours  à  lui  donHt:r 
pour  obtenir  sa  guérison  devaient  venir  d'une  adminisln- 
lion,  différente  de  celle  auprès  de  laquelle  il  pouvait  trouver 
les  moyens  prophylactiques  propres  à  prémunir  contre  tout' 
transmission  la  famille  et  les  voisins,  etc.,  etc.  Un  enfant >i« 
service  de  la  protection  venait-il  à  tomber  malade,  if 
médecin-inspecteur  ne  pouvait  le  plus  souvent  s'occuper  li^ 
mesures  propres  à  prévenir  pour  les  nourrissons  voisins  i 
tension  même  de  la  maladie. 

Tout  en  laissant  aux  administrations  départementales  (* 
locales  une  grande  liberté  dans  leur  organisation  des  senio 
de  la  santé  publique  sur  leur  propre  territoire,  il  y  a  Ii» 
de  les  engager  à  centraliser  également  ces  services,  afiu-i 
leur  donner  assez  de  cohésion  pour  obtenir  le  maxim<.- 
d'effets  utiles  ;  il  faut  leur  montrer,  par  des  exemples  tels  q« 
ceux  du  département  des  Vosges,  de  Saint-Étienne,  d'Amies^ 
du  Havre,  de  Reims,  etc.,  tout  l'intérêt  et  les  avantagp>''l 
l'extension  de  la  réforme  qui  vient  d'être  commencée  a 
près  du  pouvoir  central.  Sans  doute  la  tâche  sera  longnt  d 
difficile;  c'est  pourquoi  elle  sera  d'autant  plus  rapidenici^ 
accomplie  que  chacun  s'y  prêtera  plus  facilement. 

Ce  n'est  pas  non  plus  sans  une  vive  satisfaction  que  les  mé- 
decins accueilleront  la  création  d'une  direction  admini<(r< 
tive  puissante,  confiée  à  un  homme  dont  Tautorité,  le  n 
et  la  compétence  s'affirment  chaque  jour  de  plus  en  plu? 
les  conseils  qui  l'entourent  sont  prêts  à  s'associer  av 
confiance   à   l'œuvre  qu'il  a  courageusement  entrepri 
depuis  deux  ans.  Les  légitimes  revendications  des  niédeci:n 
ne  peuvent  que  gagner  à  s'adresser  à  un  service  auprès  dui|u*'| 
ils  sont  tout  au  moins  assurés  de  trouver  un  accueil  enn 
pressé  et  bienveillant.  Jamais  l'administration  ne  leur  <<  ^li' 
plus  favorable;  nous  aimons  à  croire  qu'ils  apporteront  à 
nouvelle  direction  de  la  santé  publique  le  concours  s.:î. 
lequel  ses  efforts  comme  les  leurs  resteraient  forcénir 
stériles. 


M  Janvier  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N»  2  —     19 


NEUROPATHOLOGIE 

Les  migraines. 

Parmi  les  maladies  fonctionnelles  du  système  nerveux,  il 
en  est  peu  qui  soient  moins  connues  de  la  généralité  des  mé- 
decins que  le  groupe  des  migraines.  Si  on  ouvre  les  traités 
classiques,  on  voit  décrits  avec  beaucoup  de  soins  quelques 
phénomènes  prodromiques,  la  douleur  de  tète  ou  les  vomis- 
sements qui  souvent  viennent  clore  la  scène.  On  parle  bien 
un  peu  de  troubles  bizarres  du  mouvement  et  de  la  sensi- 
bilité, de  phénomènes  psychiques...,  mais  ces  symptômes 
sont  rélégués  au  seéond  plan.  Si  on  veut  se  faire  une  idée 
de  ce  qu*est  ce  phénomène  complexe  qu'on  appelle  la  mi- 
graine, il  faut  recourir  aux  monographies,  aux  articles  de 
journaux,  rechercher  ce  qu'ont  écrit  les  neuropathologistes 
assez  courageux  pour  étudier  ces  faits  absolument  subjec- 
tifs et  difficiles  à  catégoriser.  Nous  avons  été  surpris  en 
lisant  la  littérature  médicale  anglaise  de  trouver  un  si  grand 
nombre  de  documents  ayant  trait  aux  migraines  et  aux 
symptômes  qui  les  accompagnent  parfois. 

Malheureusement  tous  ces  documents,  tous  ces  faits  sont 
apportés  sans  ordre  et  nous  dirions  volontiers  au  hasard. 
Le  livre  de  Liveing,  plein  de  faits  bien  observés,  de  déduc- 
tions logiques,  n'est  qu'un  catalogue  des  symptômes  du 
groupe  migraine.  L'auteur  anglais  considère  la  migraine 
comme  ridentification  d'un  groupe  naturel  de  désordres 
désignés  sous  ce  nom.  Cette  manière  de  considérer  les 
choses  nous  semble  fausse;  la  migraine  ainsi  entendue 
n'est  qu'un  magma  de  faits  disparates  allant  de  la  simple 
migraine  àl'épilepsie  confirmée.  Tout  migraineux,  en  lisant 
ce  livre  et  en  s'en  tenant  au  pied  de  la  lettre,  peut  se  croire 
un  candidat  à  l'épilepsie,  et  rien  ne  vient  le  détromper,  car 
Fauteur  étudiant  tous  ces  troubles  en  bloc  semble  avoir  fait 
du  symptôme  le  plus  grave  une  sorte  de  conséquence  natu- 
relle du  symptôme  atténué. 

Les  choses  sont-elles  arrangées  de  telle  façon  que  toute 
classification,  toute  ligne  de  démarcation  soit  impossible  à 
établir  entre  tous  les  désordres  qui  peuvent  accompagner  la 
migraine?  Nous  ne  le  pensons  pas.  5lM.  le  professeur  Char- 
cot,  Ch.  Féré,  Galezowski,  etc.,  ont  séparé  de  ce  grand  caput 
mortuum  un  type  particulier  à  caractères  bien  tranchés  : 
la  migraine  ophthalmiqne.  Ces  auteurs  ont  remarqué  que 
dans  une  forme  particulière  de  migraine  les  troubles  ocu- 
laires jouaient  le  rôle  capital,  pouvaient  à  eux  seuls  con- 
stituer la  maladie  ou  bien  s'unira  d'autres  troubles  sur  les- 
quels nous  reviendrons. 

Cette  constance  dans  la  nature  des  troubles,  la  manière 
de  se  comporter  des  désordres  oculaires,  la  localisation  pro- 
bable du  processus  à  un  territoire,  toujours  le  même,  légi- 
timaient suffisamment  la  création  du  type  :  migraine 
ophthalmique.  c  Cette  migraine,  dit  Féré,  constitue  un 
syndrome  dont  quelques  traits  caractéristiques  suffisent 
pour  la  différencier  des  autres  migraines  et  en  faire  une 
aflection  véritablement  autonome.  >  Cette  autonomie  ne  nous 
paraît  pas  avoir  été  suffisamment  reconnue  par  les  auteurs 
qui  ont  considéré  les  troubles  oculaires  et  les  phénomènes 
cérébraux  et  périphériques  qui  peuvent  les  accompagner 
comme  des  épisodes  pouvant  appartenir  à  l'histoire  de 
toutes  les  migraines,  tandis  qu'en  réalité  ils  ne  se  ren- 
contrent toujours  les  mêmes  et  à  chaque  accès  que  chez 
un  petit  nombre  de  migraineux.  Désirant,  non  pas  écrire 
ici  une  monographie  détaillée  de  l'affection,  mais  donner  un 


aperçu  général  des  migraines,  nous  reconnaitrons  dans  le 
groupe  migraine  :  1''  la  migraine  simple,  vulgaire;  3*  la 
migraine  ophthalmique,  divisible  elle-même  en:  migraine 
ophthalmique  simple  ou  fruste,  associée,  dissociée. 

Nous  aurons  peu^  de  chose  à  dire  de  la  migraine  simple^ 
chacun  la  connaît.  Il  est  difficile  de  ne  pas  reconnaître  une 
grande  parenté  entre  cette  migraine  simple  et  les  migraines 
complexes,  maisilestaussiirapossible  de  les  identifier  comme 
le  fait  Liveing  et  de  ne  voir  dans  la  seconde  qulun  degré 
plus  accusé  de  la  première. 

La  migraine  simple  consiste  essentiellement  en  accès 
plus  ou  moins  fréquents,  revenant  souvent  à  l'occasion  des 
mêmes  causes  et  se  caractérise  par  un  ensemble  de 
symptômes  très  simples:  quelques  légers  troubles  sensoriels 
prodromiques,  une  hémicranie  spéciale,  un  peu  de  gêne 
dans  l'émission  des  idées;  enfin,  des  nausées  ou  des  vomis- 
sements qui  terminent  la  scène. 

La  seconde  espèce  de  migraine  revient  aussi  par  accès. 
Mais  ces  accès  n'ont  pas  la  régularité  des  premiers;  ils  sont 
la  plupart  du  temps  beaucoup  plus  espacés  —  des  mois^des 
années  même  les  séparent  —  ils  alternent  ou  coïncident 
parfois  avec  des  affections  nerveuses  déterminées:  lachorée, 
la  neurasthénie,  l'asthme,  l'épilepsie  surtout;  les  symptômes 
qui  les  constituent  ont  moins  de  régularité  dans  leur  succes- 
sion, plus  d'imprévu,  plus  de  tendance  à  se  remplacer 
les  uns  par  les  autres;  plus  de  gravité  apparente  ou  réelle. 
Ces  symptômes,  portant  sur  tous  les  modes  de  l'activité 
cérébrale,  atteignent  le  mouvement,  la  sensibilité  générale 
et  spéciale,  l'intelligence.  Ils  consistent  du  côté  des  yeux 
(migraine  ophthalmique  proprement  dite)  en  scotome  scin- 
tillant, amblyopie,  hémiopie  périodiques,  rétrécissement 
passager  du  champ  visuel,  amaurose  temporaire  ou  défini- 
tive ;  du  côté  des  autres  sens  ce  sont  les  migraines  olfac- 
tives, gustatives,  auditives;  du  côté  de  la  sensibilité  géné- 
rale nous  trouvons  les  engourdissements  en  forme  d'aura, 
auxquels  se  joignent  les  sensations  subjectives,  les  anesthé- 
sies,  les  hypéresthésies. 

Dans  les  sphères  psychique  et  motrice,  c'est  l'aphasie 
dans  tous  ses  modes,  l'amnésie,  la  confusion  des  idées,  la 
confusion  du  présent  et  du  passé,  la  dépression  mentale  ou 
l'excitation.  Ce  sont  les  vertiges. 

Viennent  ensuite  les  vibrations  musculaires,  les  tremble- 
ments et  les  convulsions,  les  parésies  et  les  paralysies 
vraies. 

Résumons-nous  donc  en  disant  que  la  migraine  simple 
mise  à  part,  nous  allons  nous  trouver  en  présence  d'un 
grand  syndrome,  la  migraine  ophthalmique,  tantôt  seule^ 
tantôt  au  service  d'un  appareil  symptomatique  plus  étendu 
et  d'un  pronostic  plus  grave. 


Historique.  —  L'historique  de  la  question  ainsi  com- 
prise a  été  fait  d'une  façon  très  complète  par  Sarda  dans  sa 
thèse  d'agrégation  sur  les  €  migraines  9;  nous  ne  voulons 
pas  le  recommencer  et  nous  nous  contenterons  de  rappeler 
les  noms  et  les  travaux  qui  ont  fait  époque  dans  l'histoire 
de  la  migraine  ophthalmique  simple  ou  associée. 

Vater  parait  être  le  premier  auteur  qui  ait  cité  des  cas 
d'amaurose  partielle  temporaire;  il  rapporte  ce  phénomène 
à  une  lésion  cérébrale  au  sujet  de  laquelle  il  émet  l'hypo- 
thèse de  l'enlre-croisement  des  nerfs  optiques. 

Lazerme  (1748)  aurait  noté  un  cas  semblable,  ainsi  que 
Plenk  (1783),  Sloll  (1795).    Demours  rapporte  dans  son 


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N«  2 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRDRGIE  H  Janvier  1889 


Traité  des  maladies  des  yeux  (1818)    un  fait  analogue 
observé  chez  M'"*  de  Pompadour. 

Wollaston  (1824)  rapporte  sa  propre  observation.  Dans 
cette  observation,  traduite  dans  les  Annales  de  chimie  par 
Arago,  Tauteur  décrit  son  scolome  scintillant  et  en  fait  un 
des  signes  prodromiques  de  la  migraine. 

Le  médecin  français  établit  une  comparaison  et  un  rapport 
entre  le  scotome  et  les  frémissements  musculaires. 

Piorry  décrit  magistralement  le  scotome  scintillant, 
coloré  chez  les  uns,  pâle  chez  les  autres,  disposé  en  zigzag 
et  agité  par  une  sorte  d'oscillation  continuelle.  Pour  lui,  la 
migraine  est  une  misalgie  twrtigineuse  (1831). 

Tyrrel,  en  1841,  observe  l'hémiopie  et  la  rattache  à  la 
migraine  comme  Tentend  Piorry. 

Brewster  et  Airy  décrivent  également  leur  hémiopie 
migraineuse. 

Testelin  (cité  dans  le  Traité  des  maladies  des  yeux,  de 
Makenzie,  1860),  publie  plusieurs  observations  nouvelles  et 
décrit  le  «  scotome  noir  >. 

Enfin  nous  arrivons  à  la  belle  monographie  (soixante-sept 
observations)  de  Liveing,  qui  résume  tout  ce  qui  a  été  écrit 
sur  ie  sujet,  y  ajoute  un  grand  nombre  d'observations, 
réunit  une  quinzaine  de  cas  d'aphasie,  d'hémiplégies,  de 
coïncidences,  d'attaques  épileptiques  et  ne  considère,  comme 
ses  devanciers  du  reste,  les  symptômes  oculaires  (hémiopie, 
amblyopie,  scotome,  amaurose)  que  comme  des  modalités 
plus  accentuées  de  la  migraine  ordinaire. 

Ce  livre  est  plein  de  faits  curieux  et  intéressants. 

En  1875,  Dianoux  étudie  le  scotome  scintillant,  et,  un 
des  premiers,  distrait  cette  forme  de  la  migraine  vulgaire. 

En  1878,  dans  les  Archives  générales  de  médecine ^ 
Galezowski  décrit  quatre  variétés  de  troubles  oculaires: 

1"  L'hémiopie  périodique  (un  ou  deux  yeux)  ; 
.   â""  Le  stocome  scintillant  ; 

3"  L'amaurose  migraineuse  ; 

4°  La  photophobie  migraineuse. 

Galezowski  ajoute  que  ces  différentes  variétés  peuvent  se 
compliquer  d'amblyopie  hystérique.  Il  signale  également 
l'aphasie  et  l'amnésie  temporaires. 

Barrait  (1880)  reprend  Télude  du  scotome  scintillant  et 
cherche  à  démontrer  que  l'amaurose  partielle  temporaire 
est  quelquefois  indépendante  de  la  migraine.  Il  conclut  à 
l'existence  de  troubles  vaso-moteurs  de  l'appareil  optique 
et  de  la  rétine. 

En  1881  {Revue  mensuelle  de  médecine)^  Féré  fait  de  la 
migraine  ophthalmique  une  affection  distincte,  parfaitement 
autonome,  s'accompagnant  de  troubles  cérébraux,  notam- 
ment de  troubles  localisés  de  la  sensibilité  et  de  la  motilité, 
d'aphasie,  etc. 

On  peut  voir  que  cette  idée  de  la  migraine  ophthalmique, 
considérée  comme  affection  distincte,  était  prépcirée  de 
longue  main.  Mais  c'est  Féré,  défendant  les  idées  de  notre 
maître  M.  Charcot,  qui  le  premier  met  de  l'ordre  dans  le 
fatras  des  observations  éparses  et  classe  les  migraines  en 
simples^  frustes^  dissociées  et  associées. 

Le  plus  souvent  les  phénomènes  sont  transitoires,  mais  il 
est  indispensable  de  savoir  que  chacun  d'eux  peut  devenir 
permanent,  et,  par  conséquent,  assombrir  singulièrement  le 
pronostic. 

A  l'appui  de  cette  vérité,  signalons  une  leçon  du  profes* 
seur  Charcot,  publiée  en  1882  dans  le  Progrès  médical.  Il 
s'agissait  d'un  pauvre  étudiant  en  droit,  dont  nous  avons 
nous-mêmes  pris  l'observation,  et  qui  présenta  à  différentes 


reprises,  au  début  d'une  paralysie  générale,  des  accès  de 
migraine  ophthalmique.  Ce  malade  eut  en  même  temps  des 
engourdissements  des  membres,  signalés  pour  la  première 
fois  par  Piorry;  des  paralysies  temporaires  et  des  attaques 
épileptiformes  plus  ou  moins  localisées. 

Dans  sa  thèse  (1882),  Féré  rapproche  l'hémiopie  de  la 
migraine  ophthalmique  de  la  même  lésion,  produite  par 
lésion  cérébrale  et  cherche  par  ce  rapprochement  à  en 
expliquer  la  pathogénie. 

Galezowski,  en  1883,  publie  dans  le  Recueil  d'ophthal- 
iifioloyie  une  revue  sur  la  migraine  oculaire. 

MM.  Parinaud  et  Charcot  {Arch.  de  neurologie,  1883, 
t.  Y,  p.  57)  publient  deux  cas  de  migraine  ophthalmique  au 
au  début  de  la  paralysie  générale. 

Féré,  dans  la  Revue  de  médecine,  cite  un  cas,  suivi  de 
mort. 

Dreyfus-Brisac  {Gazette  hebdomadaire,  1 883)  proteste  dans 
une  revue  critique  contre  le  terme  migraine  ophthalmique 
trop  étroit. 

Les  classiques  (Grasset,  Axenfeld  et  Huchard)  ne  s'éten- 
dent pas  longuement  sur  les  symptômes  qui  pivotent  autour 
de  i'hémicrânie.  Axenfeld  et  Huchard  tentent  une  classi- 
fication des  troubles  oculaires. 

Nous  ne  devons  pas  oublier  un  mémoire  intéressant  de 
Blanchi  dans  Lo  sperimentale  (février  1884)  sur  la  céphalée 
ophthalmique. 

La  thèse  de  Robiolis  (Montpellier,  1884)  sur  la  migraine 
ophthalmique  est  remplie  de  faits  intéressants  au  point  de 
vue  des  symptômes  gustatifs,  olfactifs,  etc. 

Dans  la  Gazette  des  hôpitaux  (17  mai  188  i),  nous  voyons 
encore  deux  observations  de  M.  Charcot;  Tune  est  celle 
d'un  aphasique  simple;  l'autre  a  trait  à  un  bel  exemple  de 
migraine  ophthalmique  avec  phases  ou  étapes  : 

l"*  Hémiopie  latérale  droite;  â""  scotome;  3^"  céphalée; 
4°  engourdissement  du  bras  ; 

Enfin  la  thèse  déjà  signalée  de  Sarda  et  plusieurs  leçons 
faites  au  hasard  de  la  consultation  externe  du  mardi  à  la 
Salpêtrière,  leçons  qu'on  trouvera  dans  la  publication  de 
MM.  Charcot  fils,  Blin  et  Collin  {Les  leçons  du  mardi). 


{A  suivre). 


P.  Berbez. 


P.  S.  —  Le  néologisme  astasie-abasie  que  j'ai  donné 
comme  titre  à  ma  dernière  revue  générale  {Gazette  hebdo- 
madaire du  30  novembre  1888)  est  dû  au  docteur  Blocq. 
Après  avoir  obtenu  d'un  éminent  helléniste  l'assurance  que 
le  mot  qu'il  employait  était  bien  formé,  M.  Blocq  en  a 
justifié  l'opportunité  par  le  soin  avec  lequel  il  a  recherché 
dans  les  auteurs  médicaux  et  même  dans  les  traités  philo- 
sophiques tous  les  caractères  qui  lui  permettaient  de  consi- 
dérer le  syndrome  astasie-abasie  comme  un  type  à  part 
dans  les  grandes  manifestations  nerveuses. 

P.  B. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

HÔPITAL  NECKER.  — -  SERVICE   DE  M.   LE  PROFESSEUR 
DIEULAFOY. 

Hydarthrose  blennorrhaglqae  i  Traitement,  pathogénie. 

L'hydarthrose  blennorrhagique  se  caractérise,  on  le  sait, 
par  la  brusquerie  de  son  apparition,   l'acuité  des  dou- 


H  Janvier  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N-  2  ~    21 


lears  qu*elle  occasionne,  la  lenteur  de  son  évolution.  Quel 
est  le  meilleur  traitement  à  opposer  à  cette  arthrite  déses- 
pérante par  sa  tendance  à  la  chronicité?  Quelle  est  la  pa- 
tbogénie  de  ce  rhumatisme  dont  la  nature  a  été  si  vive- 
ment discutée?  Questions  à  la  fois  pratiques  et  capitales 
que  M.  Dieulafov  a  traitées  devant  les  élèves  à  propos 
d'un  malade  couché  dans  son  service. 

Au  vingt-neuvième  jour  d'une  blennorrhagie  un  homme 
fat  pris  brusquement  pendant  son  travail  d'une  douleur 
violente  dans  le  genou  du  côté  droit,  la  marche  devint 
immédiatement  impossible,  le  genou  se  timéfia  rapide- 
ment :  en  quelques  minutes  Thydarthrose  s'était  installée. 
L'artirulation  fut  maintenue  pendant  huit  jours  au  repos 
absolu  dans  un  enveloppement  ouaté.  Au  bout  de  ce  temps 
et  malgré  cette  thérapeutiqne  la  jointure  continuait  à 
augmenter  de  volume  et  la  douleur  était  si  aiguë  qu'elle 
empêchait  tout  sommeil.  M.  Dieulafoy  se  mit  en  mesure 
d'intervenir  suivant  les  règles  formulées  par  lui  dans  son 
Traité  de  Vaspiration  et  dans  un  article  publié  dans 
la  Gazette  hebdomadaire  en  1878.  Avec  son  aspirateur  il 
ponctionna  trois  fois  l'articulation  malade  à  trois  et  quatre 
jours  d'intervalle.  Il  retira  la  première  fois  67  grammes, 
la  seconde  MO  grammes,  la  troisième  30  grammes  d'un 
li^juide  d'aspect  puriforrae.  Immédiatement  après  la  pre- 
mière ponction  la  douleur  s'apaisa  et  le  malade  put  dormir 
durant  toute  la  nuit  qui  suivit  l'opération  ;  après  la  troi- 
sième ponction  le  liquide  fut  tan  pour  ne  plus  revenir. 
Ainsi  sept  Jours  avaient  suffi  pour  faire  disparaître  douleur 
et  épancbement.  Restaient  la  raideur  et  une  légère  tumé- 
faction de  la  jointure.  Contre  elles,  M.  Dieulafoy  fit  appli- 
Îuer  le  cataplasme  de  Trousseau  trop  tombé  dans  l'ouoli. 
u  bout  de  cinq  jours  il  enleva  ce  cataplasme  composé,  on 
le  sait,  de  mie  de  pain  et  d'alcool  camphré,  le  tout  arrosé 
avec  une  mixture  faite  de  camphre  et  d'extrait  d'opium. 
II  montra  tout  d'abord  que  l'appareil  était  aussi  frais, 
aussi  humecté  que  si  on  venait  de  l'appliquer;  qu'il  avait 
conservé  sa  bonne  odeur  camphrée  et  ne  portait  pas  trace 
de  moisissure,  que  la  peau  restée  si  longtemps  en  contact 
avec  le  cataplasme  était  absolument  saine.  En  séjournant 
dans  cette  atmosphère  tiède  et  émoUiente,  la  jointure  avait 
repris  un  peu  de  sa  souplesse,  les  mouvements  commen- 
çaient à  revenir;  il  ne  restait  plus  qu'à  traiter  par  l'élec- 
Iricité  l'atrophie  des  muscles  entourant  l'articulation. 

MM.  Dieulafoy  et  Widal  ayant  ensemencé  sur  tous  les 
milieux  nourriciers  usités  en  microbiologie  les  liauides 
retirés  par  les  trois  ponctions  successives  n'ont  ontenu 
aucune  culture;  tous  les  tubes  ou  ballons  inoculés  restè- 
rent stériles.  L'examen  de  ces  mêmes  liquides  étalés  sur 
Jamelles  et  colorés  par  les  substances  d'aniline  ne  permit 
de  déceler  aucun  micro-organisme.  Ces  résultats  ne 
concordent  pas  avec  ceux  obtenus  par  quelques  expéri- 
mentateurs a^ant  étudié  le  liquide  retiré  d'arthrites  olen- 
norrhagiques.  Les  uns  ont  trouvé  les  microbes  vulgaires 
de  la  suppuration,  les  autres  ont  rencontré  à  l'état  de 
pureté  le  gonococcus  de  Neisser,  agent  pathogène  de  la 
blennorrhagie.  Ces  auteurs  admettent  donc  deux  théories 
différentes  :  les  premiers  considèrent  l'arthrite  blennorrha- 
gique  comme  le  résultat  d'une  affection  secondaire  dont  le 
porte  d'entrée  siégerait  au  niveau  de  l'urèlhre  dépouillé 
de  son  épithélium  par  le  gonocoque  ;  les  seconds  voient 
dans  cette  arthrite  une  lésion  spécifique  déterminée  par 
l'agent  même  de  la  blennorrhagie  :  le  gonocoque.  Sans 
contester  l'une  ou  l'autre  de  ces  opinions  s'appuyant  toutes 
deux  sur  des  faits,  M.  Dieulafoy  montre  qu'il  existe  cepen- 
dant des  cas  où  aucun  micro-organisme  ne  peut  être  re- 
trouvé. Dans  l'observation  présente,  faut-il  penser  que 
lors  de  la  première  ponction  les  micro-organismes  élaient 
déjà  morts  au  sein  du  liquide  dont  ils  avaient  provoqué 
la  sécrétion?  Faut-il  admettre  que  l'inflammation  de  la 
synoviale  avait  été  produite  non  par  l'action  des  microbes 


mais  par  celle  des  substances  solubles  sécrétées  par  eux 
dans  l'économie?  Le  professeur  se  borne  pour  le  moment 
à  constater  le  fait  rigoureusement  observé  au  point  de  vue 
expérimental,  sans  prendre  parti  pour  l'une  ou  l'autre 
hypothèse. 

Au  point  de  vue  pratique,  l'histoire  de  ce  malade  suivi 
jour  par  jour,  enseigne  comment,  dans  l'hydarthrose  blen- 
norrhagique,  les  ponctions  aspiratrices  aidées  du  cataplasme 
de  Trousseau  peuvent  supprimer  immédiatement  la  dou- 
leur, tarir  rapidement  i'épanchement  et  ramener  à  bref 
délai  les  mouvements  de  la  jointure. 

F.  W. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Pathologie  générale. 

Essai  sur   la    recherche  ,    l'isolement    et    l'emploi 

VACCINAL  des   EXCRETA  SOLUBLES  DE   CERTAINS  MICROBES 

PATHOGÈNES,  par  M.  le  docteur  Ricochon  (de  Cbampde- 
niers). 

(Suile.  —  Voy.  le  numéro  1.) 

m.  —  Destruction  des  microbes  dans  les  humeurs 

VIRULENTES. 

Le  but  étant  d'utiliser  la  matière  vaccinale  sans  l'inter- 
vention parallèle  des  microbes,  on  peut  y  arriver,  autrement 
que  par  la  filtration,  en  détruisant  ceux-ci  dans  l'humeur 
virulente.  Cette  destruction  peut  se  comprendre  de  deux 
façons:  ou  bien  on  opérerait  en  vases  clos  avant  l'injection 
vaccinale,  ou  bien  on  introduirait  l'humeur  virulente  telle 
quelle  dans  l'organisme,  en  la  faisant  passer  par  certains 
milieux  qu'on  sait  d'avance  être  destructeurs  des  microbes. 

1"*  Destruction  en  vases  clos:  a.  par  les  agents  cUimiques. 
—  Plusieurs  procédés  peuvent  être  employés.  Le  premier 
qui  se  présente  à  l'esprit  est  de  recourir  aux  substances 
antinarasitaires,  au  sublimé,  au  nitrate  d'argent,  à 
rioae,etc.  Hais  toutes  ne  peuvent  être  employées  indifférem- 
ment. Chaque  espèce  de  microbe  a  son  microbicide  spécial, 
qui  agit  sur  elle  à  la  moindre  dose,  alors  qu'il  en  faut 
beaucoup  pour  une  autre  espèce  et  qu'il  est  sans  effet  sur 
une  troisième.  On  préférera  naturellement  le  produit  qui, 
toutes  choses  égales  d'ailleurs,  agit  sous  la  plus  petite  quan* 
tité.  C'est  d'autant  plus  indiqué  que  le  plus  souvent  la 
matière  vaccinale  doit  être  injectée  en  quantité  notable,  que 
le  microbicide  employé  ne  peut  en  être  isolé  et  qu'il  doit 
rester  en  deçà  des  limites  toxiques  pour  l'économie; 

La  première  expérience  est  une  à  Toussaint,  qui  se  servit 
de  l'acide  phénique  au  tiers  pour  détruire  la  bactéridie 
charbonneuse. 

b.  Par  Voxygène  comprimé.  —  L'emploi  des  gaz,  même 
les  plus  délétères,  n'offre  p^s  le  même  inconvénient, 
puisqu'on  peut  les  faire  disparaître  dans  le  vide.  Celui  qui 
est  d'un  usage  général,  et  auquel  bien  peu  de  microbes 
résistent,  tant  aérobies  qu'anaérobies,  est  l'oxygène  sous 
pression.  On  en  doit  le  premier  usage  à  M.  P.  Bert  {Société 
de  biologie^  13  janvier  1887^,  qui  s'en  servit  pour  détruire 
la  bactéridie  charbonneuse,  sans  arriver  à  détruire,  il  est 
vrai,  les  spores,  dont  il  ne  soupçonnait  pas  alors  la  résis- 
tance. 

Ueau  9uroxygénée  peut  être  utilisée  de  la  même 
manière. 

Voxygène  à  la  pression  ordinaire  agit  avec  une  égale 
promptitude  sur  les  microbes  franchement  anaérobies.  Il 
détruit  aussi  à  la  longue  les  microbes  aérobies,  tels  que  le 
microcoque  du  choléra  des  poules,  la  bactéridie  charbon- 
neuse (Pasteur)... 

c.  Par  la  chaleur.  —  Mais  les  moyens  physiques  et 
parmi  eux  la  chaleur  deviennent  d'un  emploi  général.  C'est 


^22 


IJ.  2  -- 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  11  Janvier  1889 


Toussaint  qui,  le  premier,  a  traité  le  sang  charbonneux  par 
la  chaleur.  Il  n'arriva,  il  est  vrai,  contrairement  à  son 
dessein,  et  ainsi  que  Pasteur  le  lui  prouva,  qu'aune  atté- 
nuation du  virus;  il  n'en  a  pas  moins  créé  le  procédé. 

Il  reste  à  déterminer  le  degré  de  température  auquel  on 
doit  arriver  pour  détruire  chaque  microbe.  Il  faut  60  degrés 
pour  la  bactérie  charbonneuse  (Toussaint);  100  degrés  pour 
la  bactérie  de  la  septicémie  gangreneuse;  110  deerés  pour 
celle  du  charbon  symptomalique;  110  degrés  pour  le  bacille 
de  la  fièvre  typhoïde.  C'est  ainsi  que  la  matière  vaccinale  a 
pu  être  décelée  dans  le  sang  des  animaux  atteints  de  septi- 
cémie (Ghamberland  et  Roux),  dans  les  bouillons  de  culture 
du  bacille  de  la  fièvre  thyphoîde  (Chantemesse  et  Widal) 
{Société  de  biologie,  7  mars  1888). 

Mais  le  procédé  est  sujet  à  des  erreurs.  On  comprend  que 
les  matières  vaccinales  solubles  ne  résistent  pas  toujours  à 
d'aussi  hautes  températures  et  il  ne  faudrait  pas  forcément 
conclure  de  leur  non-constatation  à  leur  absence.  C'est  ainsi 
qu'on  n'est  pas  encore  arrivé,  à  la  retrouver  dans  le  sang 
charbonneux  (1). 

S""  Destruction  dans  les  milieux  organiques,  —  Là  le 
procédé  consiste  à  utiliser  certaines  particularités  bien 
connues  de  la  vie  des  microbes.  On  sait,  en  effet,  qu'ils 
vivent  chacun  dans  tels  ou  tels  tissus  organiques,  délaissent 
les  autres  et  succombent  même  en  (prenant  le  contact  de 
ceux-ci.  Dès  lors,  si  dans  les  inoculations  nous  choisissons 
pour  porte  d'entrée  un  milieu  qui  soit  antipathique  à  un 
microbe  déterminé,  nous  le  verrons  s'y  détruire,  tandis 
que  seule  la  matière  vaccinale  ira  de  là  se  diffuser  dans 
toute  l'économie. 

Prenons,  par  exemple,  les  maladies  dont  les  microbes 
ne  vivent  pas  dans  le  sang.  Prenons  la  septicémie  gangre- 
neuse, le  choléra  morbus(r),  la  rage  même....  Leur  inocula- 
tion directe,  à  la  plus  petite  dose,  dans  leurs  milieux  d'é- 
lection, selon  le  cas,  dans  les  tissus  cellulaire,  musculaire, 
nerveux,  ou  dans  le  canal  cholédoque,  amènera  presque 
infailHblement  la  maladie.  L'injection  intraveineuse  des 
mêmes  microbes  donnera  une  puUulation  incertaine  et 
même  nulle,  et  si  une  quantité  suffisante  de  matière  vac- 
cinale s'^  trouve  associée,  il  y  aura  quelque  chance  pour  que 
l'immunité  soit  acquise, 

MM.  Chauveau  et  Ârloing  ont  démontré  l'innocuité  des 
injections  intraveineuses  de  l'humeur  virulente  de  la  sep- 
ticémie, du  charbon  symptomatique.  Un  pas  de  plus,  ils 
trouvaient  qu'elles  donnaient  en  même  temps  l'immunité, 
'honneur  en  restera  à  MM.  Roux  et  Chamoerland.  Il  en 
est  probablement  de  même  pour  tous  les  microbes  franche- 
ment anaérobies  qui  s'accommodent  mal  d'un  milieu  aussi 
oxvgéné  que  le  sang. 

Nous  pourrions  dire  déjà  ^ue  les  choses  ne  se  passent 
peut-être  pas  toujours  aussi  simplement,  et  que  la  destruc- 
tion des  microbes  dans  le  sang  n'y  est  peut-être  pas  aussi 
immédiate  ni  aussi  complète  que  nous  semblons  le  dire;  et 
qu'avant  de  disparaître  ils  contribuent  pour  une  part,  grande 
parfois,  à  la  production  intra-organiquede  la  matière  vacci- 
nale qui  s'ajoute  ainsi  à  celle  déjà  introduite.  Cela  s'appli- 
auerait  surtout  aux  microbes  du  charbon  emphysémateux, 
ont  les  mœurs  cosmopolites  sont  tout  à  la  fois  anaérobies 
et  quelque  peu  aérobies,  et  s'accommodent  assez  bien  d'un 
milieu  aussi  oxygéné  que  le  sang.  Mais  c'est  un  point  de 
vue  que  nous  délaissons  ici  pour  le  reprendre  au  chapitre 
de  l'atténuation  des  virus. 

M.  Ferran  (de  Barcelone)  a  procédé  le  premier,  comme 
on  sait,  selon  les  vues  précédentes,  aux  inoculations  sous- 
cutanées,  intraconjonclives  des   bouillons   de  culture  du 

(1)  C'est  aujourd'hui  chose  faite.  Mlf.  Roux  et  Chaniberiand  sont  arrivés  sAre- 
ment  à  détruire  la  bacléridie  sans  altérer  la  matière  taccinalc.  en  enfermant  le 
sang  charbonneux  dans  des  tubes  hermétiquement  scelles  et  privés  d'air,  qu'ils 
plongeaient  ensuile  dans  de  l'eau  à  58  degrés  à  plusieurs  reprises,  une  heure 
chaque  reprise. 


bacille  virgule.   Mais  les  essais  de  ce  médecin  distingué 
méritent  confirmation  (1). 

Quant  aux  premières  injections  intraveineuses  du  virus 
rabique,  on  les  doit  à  M.  Galtier,  qui  les  pratiqua  sur  le 
mouton,  et  non  seulement  il  ne  donna  pas  la  rage  à  cet 
animal,  mais  il  lui  procura  l'immunité  (2).  Si  le  fait  eût 
pu  se  généraliser,  M.  Pasteur  se  fût  vu  ravir  l'honneur 
d'une  de  ses  plus  belles  découvertes.  Il  n'en  a  rien 
été.  M.  Pasteur  prouva,  avec  un  grand  luxe  de  précautions, 
que  les  injections  intraveineuses,  loin  de  donner  l'immu- 
nité au  chien,  au  lapin,  lui  donnaient  bel  et  bien  la  rage  (3). 

IV.   —  Répétition   des   injections    virulentes   pour 

AMENER  LA   SATURATION  VACCINALE  PRÉCOCE  DES  MILIEUX 
ORGANIQUES   ET  L'IMPUISSANCE   DES   MICROBES. 

Les  injections  multipliées  s'imposent  comme  corollaire 
de  la  méthode  i)i'écédente  pour  introduire  une  quantité 
suffisante  de  matière  vaccinale.  Encore  faut-il  les  espacer 
assez  dans  le  dernier  procédé  pour  donner  chaque  fois  aux 
microbes  le  temps  de  se  détruire,  et  ne  pas  en  accumuler 
une  trop  grande  Quantité  dans  l'organisme,  ce  qui  constitue- 
rait un  véritable  danger,  en  dépit  de  la  présence  de  la  matière 
vaccinale  et  de  la  résistance  des  milieux  organiques.  Quelque 
grande,  en  effet,  que  puisse  être  cette  résistance,  elle  est 
à  peu  près  fixe  pour  chaque  organisme,  et  si  on  lui  oppose 
une  quantité  toujours  croissante  d'éléments  hostiles,  il 
viendra  forcément  un  moment  où  elle  sera  vaincue.  C'est 
M.  Chauveau  qui  a  le  premier  mis  en  évidence  cette  notion 
de  l'action  nocive  d'une  trop  grande  quantité  de  microbes. 

1*  Injections  répétées  de  virus  frais.  —  Il  faut  cepen- 
dant, semble-t-il  bien,  faire  exception  pour  le  virus 
rabique,  en  raison  d'un  élément  nouveau  qui  lui  est  propre, 
et  qui  est  la  lenteur  de  son  développement.  Cette  lenteur 

(i)  On  sait  que  depuis,  M.  Gamalcia  a  injecté  à  des  logeons  la  matière  vacci- 
nale anli-choléri]ue  obtenue  dans  le  bouillon  de  culture  du  bacille  vir(;ule,  cl  t'e>t 
assure  qu'elle  donnait  rimmunitc  en  faisant  des  injections  de  contrôle  avec  le  rsnc 
des  pigeons  cholériques,  rendu  extrômement  viraient  par  des  pasuges  successifs 
ches  le  cobaye  d'abord,  puis  chez  les  pigeons. 

Nous  ne  savons  pas  encore  si  cotte  expérience  peut  être  applicable  à  l'homme. 
M.  Gamalcia  commence  par  cr«ier  chez  le  pigeon,  à  l'aide  de  son  tirus  panixys- 
tique,  une  maladie  essentiellement  diflerente  du  choléra  humain,  puisque  dans  rpUt" 
maladie,  le  bacille  virgule  évolue  dans  le  sang.  Quand  donc  M.  Gamaléia  intro- 
duit dans  le  sang  du  pigeon  une  matière  vaccinale,  qui  cropdche  cette  évolution, 
il  fait  œuvre  utile  pour  le  pigeon  sans  doute,  mais  superflue,  semble-t-il.  p^^iir 
l'homme,  dans  le  sang  duquel  le  bacille  ne  vit  pas  naturellement.  Celui-ci  ii'j  pas 
besoin  de  cet  habitat  pour  empoisonner  Thomme  de  ses  produits  toxiques.  CVst 
en  dehors  de  l'oi^anisme  pour  ainsi  dire,  dans  les  résidus  intestinaux  qu'il  vit,  ci 
c'est  lit  qu'il  faudrait  l'atteindre.  Or  nous  doutons  que  la  voie  sou»-cutano«  soil 
la  plus  courte  et  la  plus  sûre  pour  conduire  la  maticro  vaccinale  dans  rinte.^tin. 
Celle-ci  y  transsudera  sans  doute,  mais  l'élimination  en  sera  prompte,  etdè»  lors  la 
tUriJAMiion  intra-inUttinaU  (la  seule  qui  intéresse  l'homme,  puisque  c'est  p«^lo^ 
voies  digestivcs  qu'il  s'infecte),  incertaine  et  fugace.  Nous  trouvons  dc'j^  un  appui 
à  ces  vues  dans  des  expériences  de  M.  Wilhem  Lœwenthal  (de  Lausanno),  qui 
établissent  qu'une  souris  inoculée  avec  de  la  matière  vaccinale  cholérique  résiste, 
et  encore  très  peu  do  temps,  à  une  injection  intra-oi^anique  du  virus  cholvri4|uo 
intensif,  mais  ne  résiste  pas  à  une  ingetiion  intrastomacale  de  ce  même  virus 
{Sem.  méd.,  29  aoilt  1888).  Et  la  confirmation  de  ces  expériencci  serait  donc  la 
non-immunité,  même  à  bref  délai,  après  une  première  atteinte  de  choléra  morbus, 
alors  pourtant  que  l'organisme  doit  être  saturé  de  matière  taccinale. 

Après  cela  il  est  bien  entendu  que  notre  modeste  opinion  est  sujette  ù 
erreur  et  nous  faisons  des  vœux  pour  qu'elle  soit  infirmée  par  de  nouvelles  com- 
munications de  M.  Gamaléia. 

Depuis  que  ces  lignes  ont  été  écrites,  M.  Gamaléia  a  montré  dans  un  nntiv(>.iii 
travail  qu'une  maladie  naturelle  aux  poules,  et  dont  le  bacUle  ressemble  U'Auroup 
au  bacille-virgule,  leur  était  donnée  sûrement  par  injection  expérimentale  (lan* 
le  poumon  {Ann.  de  l'Institut  Patteur,  octobre  1888)  et  il  laisse  entrevoir  q"o 
l'homme  prendrait  le  choléra  par  la  même  voie.  Mais  la  preuve  reste  à  faire  en 
contradiction  avec  èe  qu'on  avait  pensé  jusqu'à  ce  jour.  Et,  comme  dans  rrltc 
maladie  nouvelle  des  volailles  le  bacUle  pullule  dans  lo  sang  et  que  la  {;a>lro- 
cntérite  n'est  que  secondaire,  l'objection  signalée  plus  haut  tient  encore. 

(2)  Acad.  det  se,  1"  août  1881.  MM.  Roux  et  Nocard  ont  donné  depuis  à  ce^ 
expériences  de  M.  Galtier  la  précision  rigoureuse  qui  leur  faisait  défaut  {Ann. 
Intt,  Patteur,  juillet  1888). 

(3)  M.  ProtopopofT,  en  face  de  cette  résistance  insuffisante  du  sang  dn  chien 
devant  le  virus  rabique  frais,  a  tourné  la  difficulté  en  injectant  méthodiqueniont 
dans  les  veines,  d'aboril  un  virus  affaibli,  puis  deux  plus  forts,  de  six,. do  trois  ol 
d'un  jour.  Il  a  ainsi  réus.M  k  donner  l'immunité.  (CenfroiM.  fUr  Bakt.»  t.  IV. 
i88.S.) 


M  Janvier  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N«  2  —    23 


|)ermet  de  faire  des  inoculations  répétées  et  coup  sur  coup, 
^i  uQe  matière  vaccinale  coexiste  avec  le  microbe  rabique 
dans  les  moelles  d'inoculation,  on  doit  arriver  ainsi  promp* 
tement  à  saturer  l'organisme  et  à  le  rendre  réfractaire. 
Qu'importe  dès  lors  qu'on  ait  accumulé  en  même  temps 
une  quantité  prodigieuse  de  microbes,  puisque  au  moment 
où  ceux-ci  deviendraient  redoutables,  le  plus  grand  nombre 
d  entre  eux  est  détruit  dans  le  sang,  et  que  le  terrain  de 
culture  (système  nerveux)  s'est  dérobé  pour  ainsi  dire  pour 
le  reste.  Ainsi,  loin  de  devenir  dangereuse,  la  rapidité  des 
inoculations  est  ici  facteur  du  succès. 

Et  il  n'y  a  pas  là  une  simple  vue  de  l'esprit  ainsi  qu'on 
peut  s'en  assurer  en  consultant  la  lettre  magistrale  qui 
ligure  en  tête  des  Annales  de  VInstitut  Pasteur,  L'illustre 
savant,  en  effet  y  cite  un  certain  nombre  d'exemples  d'ino- 
culations répétées  coup  sur  coup  avec  du  virus  frais,  qui, 
sans  autre  forme,  ont  donné  l'immunité  ;  et  il  ajoute  :  c  Je 
pourrais  multiplier  à  l'infini  ces  cas  d'immunité  à  la  suite 
d^înoculations  sous  la  peau  par  des  quantités  assez  nota- 
bles de  vîrus  rabiques  quelconques.  » 

Il  est  bien  difficile  de  comprendre  de  pareils  résultats 
en  dehors  de  l'existence  d'une  matière  vaccinale  soluble. 
Il  y  a  des  échecs,  il  est  vrai.  Mais  peut-être  ces  insuccès 
tiennent-ils  précisément  à  certaines  particularités  de  la 
matière  vaccinale  et  au  moment  de  son  apparition  dans  les 
moelles  rabiques.  Il  n'est  pas  impossible,  en  effet,  qu'elle 
ne  commence  à  se  former  que  dans  les  derniers  instants 
de  la  vie  ;  qu'elle  ne  soit  qu'une  espèce  de  deliquium 
cadavérique  (Metscbnikofl)  des  cellules  rabiques,  et  que, 
comme  telle,  elle  n'existe  dans  les  moelles  fraîches  qu'en 
quantité  assez  faible-,  variable  du  reste  de  l'une  à  l'autre, 
suffisante  parfois  pour  procurer  d'emblée  l'immunité,  et 
quelquefois  à  peu  près  nulle.  Et  ainsi  s'expliquerait  com- 
ment les  injections  de  moelles  fraîches  donnent  des  ré- 
sultats différents,  et  combien  peu  de  sécurité  donnerait 
une  telle  méthode  de  vaccination,  pourtant  rationnelle  en 
principe. 

Il  est  cependant  quelques  moyens  de  l'améliorer,  qui 
tous  tendent  à  donner  soit  moins  d'activité  au  virus,  soit 
plus  de  force  à  la  matière  vaccinale.  Ainsi,  parmi  les 
premiers,  on  peut  choisir  comme  vaccinifère  une  espèce 
différente  de  l'espèce  à  vacciner.  L'expérience  aidant,  on 
peut  tomber  sur  une  espèce,  dont  le  virus  n'ait  plus  qu'une 
aflinité  médiocre  pour  respèce  vaccinée,  tout  en  lui  appor- 
tant la  même  quantité  de  matière  vaccinale.  C'est  une 
chance  de  plus  acquise  à  la  méthode. 

Le  succès  en  sera  encore  plus  sûr  si  le  virus  a  été  cultivé 
sur  une  longue  série  d'animaux  de  cette  espèce  vaccini- 
iere.  Car  en  pareil  cas,  il  s'y  spécialise,  il  s'y  naturalise 
pour  ainsi  dire,  et  perd  quelquefois,  tout  au  moins  en 
partie,  son  droit  de  cité  chez  les  autres  espèces. 

Et  il  n'y  aurait  pas  toujours  contre-indication  de  son 
emploi  vaccinal,  alors  même  que  du  fait  de  ses  passages 
successifs  à  travers  une  espèce  il  serait  devenu  plus 
virulent  pour  elle.  Cela  ne  préjugerait  en  rien  son  effet 
éventuel  sur  l'espèce  vaccinée,  qui  pourrait  n'en  être  pas 
davantage  impressionnée.  C'est  un  fait  d'ordre  général 
dont  nous  pourrions  citer  maints  exemples.  Un  des  plus 
curieux  est  celui  d'un  virus,  qui  lentement  mortel  pour 
une  espèce,  et  transporté  sur  une  autre,  où  il  arrive  bientôt 
à  donner  très  promptement  la  mort,  ne  produit  plus  aucun 
effet  morbide  appréciable  sur  la  première,  tout  en  lui  pro- 
curant l'immunité.  C'est  le  cas  du  microbe  du  rouget 
des  porcs,  qui  cultivé  en  séries  sur  le  lapin,  devient  4e  plus 
en  plus  virulent  pour  cet  animal,  mais  ne  peut  plus  dès 
lors  tuer  les  porcs  {Acad.  des  sciences^  séance  du 
iO  novembre  i^SS.  Pasteur  et  Thuilier).  Et  qui  pourra 
jamais  dire  si  le  virus  rabique,  de  virulence  paroxystiaue 
pour  le  lapia  après  une  série  de  passages,  n*est  générale- 
ment pas  inoffensif  pour  l'homme,  tout  en  lui  apportant 


peut-être  une  quantité  de  matière  vaccinale  corrélative  du 
deeré  de  virulence  acquise  chez  le  lapin? 

Mais,  d'une  manière  générale,  la  méthode  des  injec- 
tions antirabiques,  répétées  avec  des  moelles  fraîches,  n'en 
reste  pas  moins  avec  ses  incertitudes  et  ses  dangers  : 
incertitudes  sur  la  quantité  variable  et  probablement  trop 
faible  de  matière  vaccinale,  opposée  à  la  quantité  sûrement 
considérable  de  microbes  inoculés,  et  dangers  de  transmis- 
sion de  la  maladie. 

2*  Injections  répétées  de  vii-us  gradués,  —  Dans  cette 
situation,  M.  Pasteur  ne  pouvant  détruire  sûrement  la 
virulence  de  la  matière  rabique  inoculée  en  la  faisant 
passer  par  des  milieux  organiques  hostiles  aux  microbes, 
tels  que  le  sang,  ni  isoler  ni  cultiver  ces  microbes  restés 
jusqu'ici  inconnus,  a  tourné  la  difficulté.  L'artifice  expéri- 
mental, auquel  il  a  recours,  est  une  des  plus  belles  décou- 
vertes de  son  fertile  génie. 

Prenons  une  série  de  moelles  rabiques  de  lapins  de  dif- 
férents âges  et  vieilles  d'un  à  dix  jours.  De  la  première  ù 
la  dernière  les  microbes,  en  se  détruisant,  seront  de  moins 
en  moins  nombreux  jusqu'à  leur  disparition  à  peu  près 
complète.  Mais  il  est  à  croire  qu'une  substance  chimique 
vaccinale,  si  elle  existe,  ne  suivra  pas  dans  sa  destruction 
une  marche  parallèle.  Il  est  à  croire  même  que  cette  sub- 
stance, qui,  comme  nous  l'avons  dit,  semble  être  le  deli- 
quium cadavérique  des  microbes,  s'accroît  pendant  quelques 
jours  plus  vite  qu'elle  ne  se  détruit,  suit  ainsi  une  marche 
ascendante  pour  décroître  ensuite  plus  lentement.  De  telle 
sorte  qu'il  y  aurait  dans  cette  série  de  moelles  un  groupe 
intermédiaire  qui  é(]uivaudrait,  tout  compensé,  à  un  mini- 
mum de  matière  virulente  et  à  un  maximum  de  matière 
vaccinale. 

Nous  ne  savons  au  juste  à  quels  jours  correspond  ce 
groupe  intermédiaire,  et  l'on  comprend  qu'il  puisse  y  avoir 
à  ce  sujet  des  variations  tenant  à  des  causes  multiples, 
mais  plus  particulièrement  à  l'évolution  du  virus  pendant 
la  vie  et,  après  la  mort,  au  milieu  dans  lequel  les  moelles 
se  dessèchent.  Cette  incertitude  commande  notre  attitude. 
Nous  devons  nous  tenir  en  deçà  des  limites  probables  de 
ce  groupe,  et  ne  recourir  d'abord  qu'aux  injections  des 
moelles  les  plus  vieilles.  Nous  ne  courrons  d'autre  risque 
que  d'injecter  successivement  une  certaine  quantité  de 
matière  vaccinale  sans  microbes  ou  avec  des  microbes  raré- 
fiés et  vieillis. 

Nous  sommes  déjà  dans  des  conditions  infiniment  supé- 
rieures aux  conditions  précédentes,  nous  imprégnons  peu 
à  peu  l'organisme  de  matière  vaccinale  et  bientôt  nous 
l'en  saturerons  tout  à  fait  en  arrivant  aux  moelles  qui  sont 
à  leur  maximum  de  puissance  vaccinale,  et  nous  le  ren- 
drons ainsi  absolument  réfractaire.  Dès  lors  il  importera 
peu  que  nous  ayons  injecté  en  même  temps  des  vîrus 
toujours  plus  nombreux  et  toujours  plus  jeunes.  Ils  sont 
promptement  frappés  d'inertie  et  comme  cadavérisés  par 
leur  poison  vaccinal,  avant  qu'ils  aient  pu  prendre  le 
contact  de  la  substance  nerveuse. 

Ainsi  la  méthode  de  M.  Pasteur,  qu'il  a  créée,  en  devan- 
çant même  l'explication  des  faits,  consistait  à  se  couvrir 
de  tout  danger,  en  utilisant  dans  ce  but  la  diffusion  prompte 
dune  quantité  surabondante  de  matière  vaccinale,  d'opno- 
ser  cette  matière,  d'abord  à  la  moindre  quantité  possinle 
de  microbes  vieillis  et  affaiblis,  puis,  quand  l'organisme  est 
saturé,  aux  microbes  même  les  plus  virulents.  L'expérience 
a  prouvé  que  dans  ces  conditions  on  agit  à  coup  sûr. 

On  voit  ici  que  le  facteur  c  Temps  >  est  tout  à  fait  éli- 
miné, et  qu'il  n'y  a  aucun  empêchement  dans  le  principe 
de  la  méthode,  pour  que  les  injections  ne  se  fassent  pas 
sans  délai,  coup  sur  coup.  On  peut  également  pressentir  que 
l'utilisation  de  toute  la  série  des  moelles  n'est  pas  absolu- 
ment nécessaire,  et  <}ue  celles  des  deuxième,  troisième, 
quatrième...  jours  doivent  correspondre  à  la  plus  grande 


U      —  N»  2  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


i  i  Janvier  18811 


somme  de  matière  vaccinale  et  suffire  à  tous  les  besoins  (1). 
Les  plus  vieilles  à  ce  point  de  vue  laissent  à  désirer  ^t  ne 
sont  qu'une  amorce  pour  celles  qui  suivent.  Celles  du 
premier  jour  ne  répondraient  pas  non  plus  au  but  proposé 
puisqu'elles  développeraient,  selon  nous,  peu  de  substance 
vaccinale,  tout  en  gardant  la  plénitude  de  leur  puissance 
virulente,  et  présenteraient  ainsi  des  inconvénients  sans 
compensation.  Leur  emploi  n'en  est  pas  moins  la  justiCca- 
tion  hardie  de  la  méthode,  et  un  triomphant  défi  jeté  à 
ses  détracteurs  (2). 

Quant  à  l'application  qui  peut  en  être  faite  fi  la  préserva- 
tion de  la  rage  après  morsure,  il  ne  nous  appartient  pas 
de  la  juger.  Du  reste  les  faits  parlent  asseye  haut,  il  semble. 
Qu'il  nous  soit  permis  pourtant  de  faire  une  distinction 
parmi  les  morsures  rabiques.  Au  moins  80  fois  sur  100,  le 
virus  reste  sûrement  sans  effet,  pour  maintes  raisons,  dont 
la  principale  est  sans  doute  que  les  sujets  sont  absolument 
réfractaires  à  la  rage  dans  les  conditions  ordinaires  des 
morsures.  Quant  aux  vingt  cas  restants,  il  en  est  dix- 
huit,  je  suppose,  dont  les  sujets  sont  encore  réfractaires 
dans  les  conditions  dynamiques  habituelles  de  leur 
système  nerveux;  mais  ils  sont  plus  ou  moins  près  de 
la  limite,  au  delà  de  laquelle  la  réceptivité  commence. 
Tant  qu'il  ne  surviendra  chez  eux  aucune  cause  dépressive, 
subile  ou  prolongée,  telle  que  la  fatigue,  la  crainte,  le 
refroidissement...,  le  microbe  rabique  restera  latent  et 
comme  en  simple  rapport  de  contiguïté  avec  le  système 
nerveux,  jusqu'à  sa  destruction  complète.  On  peut  admettre 
qu'il  en  sera  ainsi  pour  la  moitié  environ  de  nos  dix-huit 
cas,  même  en  dehors  de  toute  action  vaccinale. 

Quant  aux  neuf  autres,  une  prédisposition  un  peu  plus 
grande  (alcoolisme,  épilepsie,  nystérie...)  ou  l'interven- 
tion fortuite  de  secousses  nerveuses,  pendant  la  période  de 
latence  créera  uH  jour  ou  l'autre  un  défaut  de  résistance, 
et  donnera  prise  à  l'envahissement  du  microbe  rabique, 
s'il  n'y  est  pas  d'avance  porté  remède. 

Il  y  a  aonc  pour  ces  dix-huit  cas  une  possibilité 
ou  une   certitude  de  rage   dans  les   premiers   mois  qui 

(1)  M.  Pastonr  a  montra  dopiiU  qu'une  moelle  de  lapin  do  deux  jours,  qui  a  ct6 
rliauiTée  h  35  do^és.  ne  coulioot  plus  de  microbes  rabiques  et  confère  l'imniunilé. 
(Ac.  des  te.  13  août  1888.) 

[i)  Nous  le  répétoDs.  nous  raisonnons  ici,  pour  plus  do  simplicité,  comme  si 
les  microbes  injectés  étaient  aussitôt  et  complètement  annihilés  et  comme  si  la 
matière  vaccinale  préexistante  agissait  seule. 

C'est  à  peu  près  sûrement  ce  qui  arrive  dans  la  méthode  ù  coups  répétés  do 
H.  Pasteur,  uù  l'introduction  vaccinale  surabondante  domine  tout  et  (garantit 
contre  tous  les  risques  de  prolifération  virulente  dans  le  s.ing  et  dans  les  filets 
nerveux  du  siège  des  inoculations. 

Mais  quand  on  voit  l'immunité  assurée  toujours  ehei  la  brebis  (Galtier)  et 
parfois  chez  le  chien  (Pasteur)  par  une  seule  injection  intraveineincux,  on 
peut  se  demander  si  la  petite  quantité  do  lu.itière  vaccinale  injectée  (i>i  même  il 
en  est)  a  suffi,  et  si  le  complément  n'en  est  pas  fourni  par  la  vie  ralentie  et  hiof- 
fensivo,  mais  persistante  encore,  des  microbes  rabiques  aux  prises  avec  un  milieu 
sanguin  hostile. 

Si  parfois  une  injection  intraveineuse  de  virus  frais  échoue  chez  le  chien,  c'est 
qu'alors  il  y  a  dans  le  sang  des  chiens  dos  difTérences  individuelles,  qui,  comme 
milieu  d'atténuation,  tantôt  le  rapprochent,  tantôt  i'éloignent,  h  son  pri'Judice,  du 
sang  des  ruminants. 

Et  si  une  seule  Injection  sous-cutanée  est  souvent  virulente  chez  le  chien  et 
même  chez  la  brnbis,  c'est  qu'alors  intervient  un  clément  nouveau,  la  contamination 
sur  place  des  filets  nerveux  périphériques,  dont  la  vulnérabilité  est  à  puu  près 
pareille  dans  les  deux  espèces.  Cette  contamination  n'est  pas  forcée  soit  du  fait  de 
la  forme,  du  siège,  de  la  profondeur  de  U  piqûre  ou  de  la  morsure,  soit  pour  toute 
autre  cause.  Quand  cite  n'a  pas  lieu,  la  brebis  est  ù  l'abri  do  tout  danger,  tandis 
que  le  chien  court  encore  un  risque  de  s'infecter  par  le  virus  introduit  dans  sa 
circulation. 

Quand  celte  contamination  nerveuse  a  lieu,  il  est  intéressant  de  rechercher  co 
qu'il  peut  advenir  pratiquement,  par  exemple  en  cas  de  morsures. 

Il  pourra  arriver  ceci  :  c'est  que  ses  effets  seront  peat-ctre  conjurés  par  la 
portion,  si  minime  soit-elle,  du  virus  qai  aura  passé  simultanément  dans  le  sang  et 
qui  aura  produit  à  tempi  une  quantité  suffisante  de  matière  vaccinale.  Cette  neu- 
tralisation curieuse  n'a  rion  d'hupossible;  peut-être  est-elle  fréquente  et  explique- 
l-clle  en  partie  la  grande  proportion  de  cas  qui  échappent  aux  morsures  virulentes. 
M.  Galtier  en  a  fait,  par  une  voie  détournée,  il  est  vrai,  le  point  de  départ  d'une 
singulière  méthode  de  vaccination,  chez  la  brebis  mordue,  qui  rappelle  l'histoire 
de  la  lance  d'Achille  ou  do  la  queue  et  de  la  tête  du  scorpion.  U  recommande  do 
prendre  le  bulbe  du  chien  mordeur  et  de  l'inoculer  dans  une  veine  de  U  victime. 


suivent  la  morsure,  et  c'est  pour  eux  que  la  vaccination 
rabique,  appliquée  de  bonne  heure,  quelquefois  même 
avec  délai,  sera  vraiment  indiquée  sinon  toujours  néces* 
saire;  de  même  que  ce  sont  les  neuf  derniers  qui  lui  font 
sa  belle  part. 

Restent  un  ou  deux  cas,  où  l'idiosyncrasie  du  sujet  est 
telle  que  le  seul  contact  du  microbe  avec  le  système  ner- 
veux équivaut  à  sa  pénétration  et  à  son  adaptation  immé* 
diates.  Là,  la  vaccination  rabique  arrivera  à  peu  près  tou- 
jours trop  tard  ;  car,  si  la  matière  vaccinale  peut  beaucoup 
et  tout  pour  empêcher  le  développement  d'un  microbe 
désemparé,  qui  n'est  pas  en  possession  de  son  milieu, 
autant  elle  lui  est  peu  redoutable  quand  il  est  en  pleine 
voie  de  développement  dans  son  terrain  de  choix  (1).  A  ce 
sujet  MH.  Chamberland  et  Roux  devraient  nous  dire  dans 
une  prochaine  étude  ce  qu'il  advient  du  développement  de 
la  septicémie  fraîchement  inoculée,  mais  en  voie  de  déve- 
loppement, quand  on  la  fait  suivre  peu  après  d'une  injec- 
tion vaccinale  intrapéritonéale  (2). 

Il  n'y  a  pas,  il  faut  le  dire,  qu'une  affaire  d'idiosyncrasie 
individuelle  dans  cette  promptitude  d'action  du  microbe 
rabique.  Le  point  du  système  nerveux  où  il  est  serti  n'est 
pas,  en  effet,  indifférent.  On  dirait  même  au'au  fur  et  à 
mesure  au'on  remonte  de  la  périphérie  vers  1  axe  cérébro- 
spinal, I  aptitude  réceptrice  augmente.  La  quantité  depulpe 
nerveuse  accumulée,  c'est-à-dire  de  substance  nutritive  du 
microbe,  semble  aussi  avoir  son  importance  ;  car  la  moelle 
rabique   est   plus   virulente    que    les  nerfs,  le  cerveau 

Elus  que  la  moelle,  et  dans  la  moelle  les  renflements  bul- 
aires  et  lombaires  plus  que  la  portion  dorsale.  Tout  cela 
expliquerait  suffisamment  pourquoi  les  morsures  profondes, 
toutes  choses  égales  d'ailleurs,  sont  plus  graves  que  les 
morsures  superficielles;  pourquoi  les  inoculations  intra- 
cràniennes  réussissent  infailliolement;  et  pourquoi  la  vac- 
cination échoue  assez  souvent  même  faite  aussitôt  après  ces 
inoculations. 

Un  dernier  mot  sur  la  matière  vaccinale  antirabique. 
En  somme  la  vaccination  pastorienne  est  un  magnifique 
procédé  empirique,  oui  a  permis  à  M.  Pasteur  de  s'affran- 
chir de  l'ignorance  dans  laquelle  nous  étions  des  rapports 
mutuels  du  microbe  rabique  et  de  sa  matière  vaccinale. 
Elle  ne  saurait  être  le  dernier  mot  de  la  science.  Y  a-t*il 
un  obstacle  réel  à  isoler  cette  matière,  en  décortiquant 
sous  la  meule  les  cellules  médullaires  rabiques,  en  les 
délayant  dans  de  l'eau  stérilisée  et  alcoolisée,  en  filtrant, 
en  condensant  dans  le  vide  la  liqueur  filtrée  ou  en  la  sou- 
mettant à  l'action  de  la  chaleur?  Si  tant  est  qu'elle  existe^ 
elle  devrait  se  trouver  là  à  l'état  isolé (3).  En  agissant  ainsi 
avec  les  moelles  de  chaque  jour,  on  pourrait  aussi  savoir 
celles  qui  sont  les  plus  vaccinales. 

{A  suivre.) 


Pathologie  médicale. 

Du  TÉTANOS  DES  NOUVEAU-NÉS.  —  Nolcs  de  voyago  dans 
le  Nord,  par  M.  le  docteur  H.  Labonnk,  explorateur. 

Durant  mes  deux  missions  en  Islande,  aux  Fœroeretaux 
Hébrides  j'eus  l'occasion  de  prendre  des  observations  el 
des  notes  sur  diverses  maladies  qui  sévissent  particulièrc- 

(1)  Ce  qui  prouve  bien  qu'il  en  est  ainsi,  c'est  :  1^  qu'au  cours  des  maladies 
vinilenlcs  l'énorme  quantité  de  roatiôre  vaccinale  accumulée  n'empêche  pas  la 
pulliilation  des  microbes,  ainsi  qu'on  peut  s'en  rendre  compte  dans  les  tumeurs 
du  charbon  emphysémateux,  par  exemple;  2^  combien  minime  est  la  fraction 
de  matière  vaccinale,  qui,  inoculée  i  un  animal  sain,  suffit  pour  lui  donner  l'im- 
munité. ' 

(2)  Us  devront  en  faire  autant  pour  le  cliarbun  symplomatique,  le  sang  do 
rate,  etc. 

(3)  Depuis  que  ces  lignes  ont  été  écrites,  M.  Poyraud  (de  Libourne)  a  indique 
un  mode  de  préparation  do  la  matière  vaccinale  raiiique,  se  rapprochant  sensi- 
blement de  ces  iudicationi 


M  Janvier  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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luoul  dans  les  îles  de  rAllautique  du  Nord.  Aujourd'hui 
que  l'hypothèse  de  la  nature  infectieuse,  bactérienne  du 
létanos  est  à  Tordre  du  jour,  je  crois  utile  de  communi- 
quer à  la  presse  médicale  les  renseignements  que  j'ai 
obtenus  sur  le  trismus  nascentium,  mal  qui  détruit  litlé- 
raiement  la  population  des  Yestmaneyar,  et  plus  encore 
celle  de  Saint-Kilda. 

C'est  la  situation  médicale  de  cette  dernière  île  que 
j'établirai  la  première,  parce  que,  en  dehors  des  données 

Iui  m'ont  été  fournies  par  les  habitants,  j'ai  pu  trouver 
ans  les  bibliothèques  d  Ecosse  des  statistiques  aussi  inté- 
ressantes que  sérieusement  faites. 

Saint-Kilda,  géographiquement  rattachée  aux  Hébrides, 
est  située  à  60  milles  à  l'ouest  de  l'ile  Lewis.  Sa  circonfé- 
rence est  de  7  milles;  son  étendue,  de  3  milles  de  l'est  à 
Touesl,  et  de  2  milles  du  sud  au  nord.  Elle  est  entourée  de 
rochers  escarpés  avec  un  seul  point,  situé  au  sud-est,  où 
il  soit  possible  de  débarquer.  Sa  population  se  composait, 
au  dernier  recensement,  de  82  hanitants.  La  température, 
comme  aux  Faeroer,  est  une  des  plus  égales  que  l'on 
puisse  trouver  sur  le  globe.  Le  climat,  pluvieux  et  bru- 
meux. 

Sur  125  enfants  issus  de  14  mariages,  résidant  en  l'ile 
l'année  1880,  84  moururent  dans  les  14  jours  oui  suivirent 
leur  naissance,  soit  67,2  pour  100,  du  mal  appelé  Lock-jaw 
infantil  ou  Eight-day  sickness. 

Le  premier  explorateur  qui  appelle  l'attention  sur  cette 
effroyable  mortalité  est  Macaulay;  il  établit  que  les  enfants 
de  Saint-Kilda  sont  particulièrement  sujets  à  une  maladie 
extraordinaire.  Le  (Quatrième  ou  le  cinquième  jour  après 
leur  naissance,  mentionne- t-il,  beaucoup  cessent  de  teler; 
le  septième  iour,  leurs  gencives  sont  tellement  serrées  qu'il 
est  impossible  de  faire  parvenir  quoi  (jue  ce  soit  dans  la 
bouche.  Peu  de  temps  après  ces  premiers  symptômes,  ils 
sont  en  proie  aux  convulsions,  et  quand  ils  ont  lutté  jusau'à 
épuisement  de  vigueur  et  de  force,  ils  meurent,  et  c  est 
généralement  le  huitième  jour. 

En  Islande,  où  j'ai  assisté  à  l'agonie  d'un  pauvre  petit, 
j'ai  vu  que  les  accès  de  contracture  allaient  se  rapprochant 
de  plus  en  plus  jusqu'à  la  fin.  Je  remarquai  aussi  qu'après 
la  période  de  contraction,  les  muscles  masticateurs  sem- 
blaient {paralysés  et  que  les  deux  mâchoires  s'écartaient 
involontairement,  signe  impliquant  un  pronostic  absolument 
fatal,  c  Jamais,  me  dit  la  sage-femme  des  Yestmaneyar,  je 
n'ai  vu  un  seul  enfant  survivre  si  la  bouche  venait  à  s'ou- 
vrir, après  avoir  été  quelques  heures  convulsivement 
serrée.  >  Sauf  ce  fait,  je  n'ai  rien  observé  qui  différât  sen- 
siblement de  la  symptomatologie  ordinaire,  et  je  veux  sur- 
tout m  appesantir  sur  la  question  étiologique. 

Aux  Antilles  et  à  la  Guyane,  on  est  généralement 
d'accord  pour  reconnaître  que  ce  sont  les  brusques  transi- 
tions de  température  qui  paraissent  entraîner  une  prédis- 
position au  trismus;  ici,  rien  de  semblable,  grâce  au  Gulf 
stream,  nous  sommes  sous  un  climat  remarquablement 
doux  et  égal  (la  différence  de  moyenne  entre  l'hiver  et 
Tété  n'est  nue  de  9  degrés).  Nous  pouvons  donc  rejeter 
Tinfluence  de  l'alternative  du  chaud  et  du  froid.  Hais  nous 
sommes  dans  une  lie,  dans  une  petite  ile,  et  surtout  dans 
une  lie,  j'appuie  beaucoup  sur  ceci,  où  les  habitants  font 
des  oiseaux  de  mer  leur  principale  nourriture,  tirent  de 
ces  mêmes  oiseaux  leur  lit,  leur  chauffage  et  leur  éclai- 
rage. 

Pendant  les  trois  années  1871,  1872  et  1873,  le  chiffre 
total  des  décès  d'enfants  par  tétanos  a  été,  en  Ecosse,  de 
4^,  dont  11  pour  les  seuls  districts  insulaires  (non  com- 
pris Saînt-Kilda),  et  ces  districts  insulaires  ne  renferment 
r]ue  131418  habitants.  Si  la  mortalité  avait  atteint  une 
pareille  progression  dans  le  reste  de  l'Ecosse,  qui  compte 
3^67807  habitants,  on  aurait  eu  273  cas  au  lieu  de  37  qui 
restent  à  retrancher  des  48  cas  observés. 


Il  est  donc  démontré  une  les  morts  par  trismus  sont 
beaucoup  plus  fréquentes  dans  les  îles  que  sur  les  grandes 
terres. 

De  même  aux  Yestmaneyar,  îlots  ou  roches  situées  à  une 
portée  de  canon  au  sud-ouest  de  l'Islande,  le  trismus 
enleva,  pendant  vingt  années,  64  pour  100  de  la  population, 
tandis  que  la  même  maladie  ne  tuait  sur  Tlslande  que 
30  pour  100  des  enfants.  Dans  le  voyage  en  Islande  de 
sir  G.  Mackenzie,  il  est  établi  que,  pour  lleimaey,  la  plus 
importante  des  îles,  la  population,  s'élevant  alors  à  200, 
n'était  maintenue  que  par  l'émigration  de  la  «  Maîniand  ». 
A  peine  si,  dans  les  vingt  années  précédant  son  exploration, 
connaissait-on  un  seul  cas  de  survie  d'enfant  venu  à  terme. 
Dans  un  tableau  récapitulatif,  il  montre  que  sur  131  morts  : 

76  arrivèrent  le septième  jour. 

22        —  le sixième       — 

iS       —  le neuvième  — 

16        —  les  cinquième  et  huitième    — 

Les  médecins  indigènes  m'ont  rapporté  que  les  deuxième 
et  vingt  et  unième  jours  après  la  naissance  étaient  les 
extrêmes  limites  du  trépas  en  cas  d'attaque. 

Quelle  est  donc  la  cause  de  ce  véritable  massacre  des 
innocents?  Avouons-le  tout  de  suite,  de  même  que  pour  le 
tétanos  spontané  de  l'adulte,  nous  en  sommes  réduits  à 
bien  peu  de  chose  de  précis  en  fait  de  notions  étiologiques. 
On  a  incriminé  le  pansement  défectueux  du  cordon  ombi- 
lical après  la  naissance;  mais  les  pansements  antiseptiques 
s'emploient  aujourd'hui  jusqu'en  Islande,  sans  ^ue  pour 
cela  la  mortalité  diminue.  On  a  accusé  les  maisons  qui 
jadis  n'avaient  aucune  ouverture,  le  paysan  tenait  à  récolter 
la  suie  qui  se  déposait  sur  les  murailles  pour  s'en  servir  en 
guise  d'engrais,  le  nouveau-né  y  respirait  donc  un  air  vicié  et 
fort  peu  renouvelé.  Hais  un  propriétaire  charitable  a  fait 
élever  des  cottages  modernes  â  Saint-Kilda,  cottages  con- 
struits de  manière  à  permettre  une  aération  très  conve- 
nable, et  cependant  les  enfants  meurent  toujours  ! 

Schleisner  affirme  que  Tusage  du  guano  d'oiseau  comme 
combustible  et  de  graisse  d'oiseau  comme  nourriture  et 
éclairage  a  une  certaine  influence  sur  le  développement 
de  la  maladie.  J'ose  me  rapprocher  un  peu  de  son  opinion, 
et  je  ne  suis  pas  éloigné  de  penser  que  les  oiseaux  peuvent 
communiquer  à  l'enfant,  terrain  sans  résistance,  une  bac- 
térie spéciale  liée  à  l'apparition  du  trismus.  On  sait  du 
reste  que  le  choléra  des  poules  est  transmissible  à  cer- 
tains mammifères. 

En  tout  état  de  cause,  deux  faits  corroborent  l'idée  que 
je  soumets  pour  ce  qu'elle  peut  valoir. 

M°"  l'amiral  Otter  n'attribuant  pas  le  mal  à  une  bactérie, 
il  est  vrai,  mais  à  l'âcreté  que  communiquerait  au  lait  des 
nourrices  l'usage  exclusif,  comme  nourriture,  de  chair  et 
d'huile  d'oiseaux  de  mer,  isola  deux  femmes  enceintes  de 
leur  logement  ordinaire,  leur  interdit  de  manger  des 
oiseaux  et  surtout  de  boire  de  l'huile  de  pétrel,  les  ayant 
suffisamment  approvisionnées  de  chocolat,  de  thé  et  de 
conserves  du  continent. 

Chose  remarquable,  ces  deux  femmes  eurent  deux  beaux 
enfants  que  respecta  le  terrible  fléau. 

Enfin,  dans  mes  longues  pérégrinations  au  travers  de 
rislande,  j'eus  moi-même  occasion  de  me  livrer  à  une 
enquête  qui  m'apprit  que  le  centre  de  l'île,  plateau  élevé  à 
la  vérité,  mais  d'où  sont  exclus,  comme  nourriture  et 
comme  combustible,  les  oiseaux  de  mer,  n'est  jamais  visité 
par  le  trismus. 

Hommes  ou  femmes  qui,  dans  les  îles  du  nord  de  l'At- 
lantique, peuvent  échapper  au  tétanos  des  nouveau-nés 
sont  robustes  et  fort  bien  constitués,  malgré  les  mariages 
consanguins.  Ce  qui  incidemment  permet  aussi  de  disculper 
la  consanguinéité  parfois  accusée  de  jouer  un  rôle  étiolo- 
gique pour  le  trismus. 


m  —  N*  2 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


«  Janvier  1880 


Il  est  utile  de  faire  observer  qu'il  n'y  a  jamais  eu  de 
chevaux  à  Saint-Kilda. 

Existe-l-il  dans  la  terre  végétale  des  spores  de  bacille? 
Il  me  serait  facile  de  remettre  de  Fhumus  que  j'ai  rap- 
porté à  M.  Nicolaier.  Cet  expérimentateur  pourrait  alors 
nous  éclairer  sur  le  plus  ou  moins  de  virulence  du  terreau 
suivant  que  la  place  où  je  l'ai  enlevé  est  plus  ou  moins  fré- 
quentée par  les  oiseaux  de   mer,  pétrels  ou  autres... 

Les  hanitauts  se  soumettent  avec  résignation  à  ce  qu'ils 
considèrent  comme  un  décret  de  la  Providence. 

If  ifs  God's  will  that  babie  should  die,  nothing  y  ou 
can  do  will  save  them.  «  Si  Dieu  veut  que  les  enfants  con- 
tinuent à  mourir,  rien  de  ce  que  vous  ferez  ne  les  sauvera,  b 
vous  répond  le  Saint-Kildien. 

Beaucoup  de  pieux  gentlemen  écossais  ou  hébridiens 
émettent  également  l'hypothèse  que  c'est  un  mal  néces- 
saire pour  limiter  un  excès  de  population  qui  ne  trouve- 
rait plus  à  vivre  sur  ces  sauvages  rochers. 

Avec  une  logique  remarquable,  les  femmes  se  contentent 
d'offrir  une  louaole  fécondité  que  les  Françaises  devraient 
bien  copier.  II  est  commun  de  voir  dans  l'ile  une  femme 
de  trente  ans  ayant  déjà  eu  huit  enfants.  Celle  du  pêcheur 
qui  nous  servait  de  pilote,  en  avait  déjà  mis  neuf  au  monde, 
bien  qu'elle  ne  fut  âgée  que  de  trente-deux  ans!  Mais  hélas! 
une  fille  et  un  garçon  seulement  avaient  échappé  au 
trismus. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Aeadémlo  de«  aelenAes. 

séance  do  3i  décembre  1888.  -—  présidence 
de  m.  jans9en. 

Contribution  a  l'étude  de  la  résistance  de  l'orga- 
nisme AUX  microbes  pathogènes,  notamment  des  rapports 
de  la  nécrobiose  avec  les  effets  de  certains  micro- 
bes. Note  de  M.  Arloing.  —  De  ses  nouvelles  recherches 
l'auteur  croit  pouvoir  conclure  : 

1"  Que  pour  certains  microbes  les  effets  dépendent  de 
l'état  des  tissus  qu'ils  rencontrent  ; 

ï2°  Que  l'on  est  exposé  à  déclarer  inoffensifs  des  microbes 
que  l'on  ne  sait  pas  placer  dans  les  conditions  requises  pour 
qu'ils  produisent  leur  action  pathogène  ; 

3""  Enfin  qu'on  ne  saurait  être  trop  prudent  lorsque  l'on 
doit  se  prononcer  sur  les  propriétés  d'un  microbe  donné. 

REcnERCHES  expérimentales  sur  le  bacille  du  cho- 
léra. Note  de  M.  Lcewenthal  (de  Lausanne).  —  Si  tout  le 
monde  sait  aujourd'hui  que  le  microbe  auquel  on  attribue 
la  genèse  du  choléra,  le  bacille  virgule,  est  lacile  à  cultiver 
dans  la  plupart  des  bouillons  de  culture,  on  sait  aussi,  par 
contre,  que  ce  microbe,  en  se  propageant,  perd,  en  grande 
partie,  ses  propriétés  pathogènes  ;  de  là  la  difficulté  de 
déterminer  expérimentalement,  en  l'inoculant,  des  accidents 
graves;  de  là,  par  suite  aussi,  de  nombreuses  recherches 
dans  les  laboratoires  ayant  pour  but  de  lui  rendre  toute  son 
activité.  C'est  à  ces  recherches  également  que  M.  Lœwenihal 
s'est  livré,  recherches  qui  l'ont  conduit  à  trouver  et  à 
employer,  dans  ce  but,  un  milieu  cultivable  dans  lequel  le 
suc  pancréatique  joue  le  rôle  essentiel.  En  effet,  il  a  vu  le 
bacille  du  choléra  se  développer  rapidement  dans  ce  nouveau 
milieu  de  culture  et  y  former  des  produits  toxiques,  de  façon 
à  tuer  facilement  et  en  quelques  heures  les  animaux  ino- 
culés. Ces  derniers  meurent  en  présentant  des  phénomènes 
analogues  à  ceux  du  choléra.  Ce  premier  point  acquis, 
M.  Lowenthal  a  cherché  à  rendre  stérile  la  pâte  pancréatique 
renfermant  le  bacille  cholérique  et  y  est  parvenu  à  l'aide  du 
salol. 


Emploi  du  sublimé  dans  la  fièvre  jaune.  Lettre  de 
M.  Paul  Gibie7\  — A  propos  de  la  communication  faite  Je 
22  octobre  dernier  par  M.  Yvert,  touchant  l'emploi  au 
Tonkin  du  deutochlorure  de  mercure  dans  le  choléra, 
M.  Paul  Gibier  annonce  qu'il  a  fait  lui-même,  à  l'Académie 
des  sciences  de  la  Havane,  une  communication  sur  l'emploi 
de  cet  agent  thérapeutique  dans  la  fièvre  jaune. 


séance    du    7    JANVIER    4889.   —    PRÉSIDENCE    DE 
M.  DESCLOISEAUX. 

De  l'inhibition.  —  M.  Brown-Séauard  fvésenie  une  noie 
de  M.CA.  Henry,  bibliothécaire  à  la  Sorbonne,  sur  la  dynamo- 
génie et  l'inhibition.  Les  travaux  de  l'illustre  physiologiste 
ont  démontré  le  grand  rôle  que  jouent  dans  le  fonctionnement 
normal  de  la  vie  et  dans  la  pathogénèse,  ces  deux  modes  de 
l'action  nerveuse.  Les  excitations  dynamogènes  sont  celles 
qui  plus  ou  moins  instantanément,  dans  des  parties  ner- 
veuses ou  contractiles  plus  ou  moins  distantes  du  lieu  de 
l'irritation,  exagèrent  plus  ou  moins  une  puissance  ou  une 
fonction;  les  excitations  inhibitoires  sont  celles  qui  dans 
des  conditions  analogues  font  plus  ou  moins  disparaître  une 
puissance  ou  une  fonction.  En  quoi  consiste  le  mécanisme 
de  ces  réactions?  Le  problème  est  impossible  à  préciser 
généralement,  car  on  ignore  le  plus  souvent  les  quantités 
d'excitation  et  toujours  les  quantités  correspondantes  de 
réaction  physiologique.  M.  Charles  Henry  a  réussi  à  tourner 
la  difficulté  et  est  parvenu  à  résoudre  le  problème  dans  un 
certain  nombre  de  cas  particuliers,  qui  se  multiplieront 
d'ailleurs  indéfiniment  avec  les  progrès  de  l'expérimen- 
tation.  Choisissant  d'une  part  des  excitants  bien  défi- 
nis :  mesures  linéaires,  vibrations  sonores,  longueurs 
d'ondes  lumineuses,  etc.,  complétant  d'autre  ptirt  l'insuP- 
fisance  des  données  physiologiques  par  la  connaissance  de 
la  nature  agréable  ou  désagréable  des  réactions  mentales 
correspondantes,  lesquelles  sont  toujours  accompagnées:  le 
plaisir  de  dynamogénie,  la  peine  plus  ou  moins  rapidement 
d'inhibition,  M.  Henry  se  demande  quelle  est  la  forme  des 
mouvements  expressifs  qui  peuvent  être  décrits  continû- 
ment, c'est-à-dire  avec  production  de  travail,  quelle  est  la 
forme  de  ceux  qui  ne  peuvent  être  décrits  que  discontinu- 
ment,  c'est-à-dire  avec  empêchement  à  chaque  instant. 
L'auteur  note  q\i*au  point  de  vue  de  la  conscience,  la  forme 
des  mouvements  d'expression  est  circulaire;  il  remarque 
que  l'élément  vivant  est  à  ce  point  de  vue  comme  un 
compas,  qui  ne  pouvant  décrire  continûment  que  des  petits 
cycles  et  plus  ou  moins  discontinûment  des  grands  cycles, 
doit  exprimer  par  des  changements  plus  ou  moins  réels  de 
direction  de  la  force,  les  variations  d'excitation  et  du  travail 
physiologique  correspondant.  M.  Heni7  s'applique  à  étudier 
tes  trois  fonctions  subiectives  qui  ressortetit  de  cetfe  hypo- 
thèse et  qu'il  appelle  le  contraste,  le  rythme  et  la  mesure. 
Il  rattache  à  des  opérations  mathématiques  les  modes  de 
représentation  successifs  et  simultanés  de  l'être  vivant  afin 
de  déterminer  nos  unités  naturelles  de  mesure.  Il  obtient 
ainsi  des  schèmes  de  relations  numériques  objectives, 
schèmes  dont  les  propriétés  mathématiques  entraînent  pour 
le  mécanisme  de  l'être  vivant  la  nécessité,  suivant  les  cas, 
de  réactions  idéo-motrices  irréductibles  comme  la  dynamo- 
génie et  l'inhibition.  Ce  point  de  vue  a  permis  non  seule- 
ment de  constituer  une  théorie  nouvelle  de  la  sensation 
auditive,  mais  de  réaliser  à  volonté  des  harmonies  de  formes 
et  de  couleurs.  La  théorie  est  générale.  Parmi  les  nom- 
breuses vérifications  expérimentales,  M.  Henry  cite  la  courbe 
I»ar  laquelle  M.  Marey  a  représenté  ses  expériences  touchant 
'influence  du  rythme  sur  la  vitesse  de  progression,  courbe 
qui  marque  des  accroissements  de  vitesse  précisément  pour 
les  nombres  de  pas  à  la  minute,  que  la  théorie  indique 
comme  dynamogènes. 


M  Janvier  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N^  2  —    27 


'Aeadénie  de  médecine. 

SÉANCE    DU  8  JANVIER  1889.  —  PUÉSIDENCES   SUCCESSIVES 
DE   MM.   HÉRARD  ET  MAURICE  PËRRIN. 

MM.  les  d«(cteurs  Marpaud,  médecin  principal  de  i'*  classe,  chef  du  service 
io  santé  de  la  place  do  Verdun,  et  Ducloê  (de  Tours)  se  portent  candidats  au 
tiirt*  de  correspondant  national  dan*  la  division  de  médecine. 

M.  le  docteur  H.  Vincent,  médecin  stagiaire  au  Val-de-Grâcc,  envoie,  pour  le 
mncours  du  Prix  Alvar  n^,  en  i8^,  un  mémoire  sons  PU  cacheté  et  un  ouvr.ii;^o 
iDtitulé  :  Recherches  expérimentalet  tur  l'hyper  thermie  et  le*  eautet  de  la  mort 
Jah*  eellt-^i. 

M.  le  docteur  F.  Garrigou  transmet  l'ensemble  de  ses  travaux  sur  Vhydrologie 
mééicale. 

MM.  les  docteurs  Cohin,  Robillard  et  Cadoret  adressent  des  mémoires  sur  le 
traitement  de  la  phthieie  pulmonaire, 

M.  Gariel  dépose  le  compte  rendu  de  la  dix-septième  soiisioii  tenue  à  Omn 
en  18SS  par  l'Associaiion  française  pour  l'avancement  des  sciences. 

M.  Le- Roy  de  Mirieourt  présente  un  mémoire  manuscrit  de  M.  le  docteur 
Poupinel  de  YeUeneé  (de  l'île  Maurice),  ayant  pour  titre  :  Recherches  iur  la 
lèpre- 

Installation  du  Bureau  pour  1889.  —  Avant  de  des- 
cendre du  fauteuil  présidentiel,  M.  Hérard  énuraëre  les 
principales  communications  faites  pendant  Tannée  écoulée 
el  apprécie  les  diverses  discussions  auxquelles  l'Académie 
s'est  livrée.  M.  Maurice  Perrin  prend  possession  de  la 
présidence  pour  1889;  il  remercie  les  membres  du  Bureau 
sortant  et  installe  leurs  successeurs:  M.  Moutard-Martiriy 
pour  la  viee-présidènce  ;  M.  Féréol,  comme  secrétaire 
annuel  ;  HM.  Planchon  et  Laboulbène^  en  qualité  de 
membres  du  Conseil  d*administration. 

Extraction  d'une  cuillère  tombée  dans  la  cavité 
pÉarroNÉALE  après  perforation  de  l'estomac.  —  M.  le 
docteur  Le  Dentu  communique,  avec  présentation  de 
Topéré,  une  très  remarquable  observation  de  gastroslomie 
au  lieu  d'élection,  suivie  immédiatement  d'une  laparotomie 
médiane  pour  l'extraction  d'une  cuillère  en  bois,  longue  de 
il  centimètres,  tombée  dans  la  cavité  péritonéale  après 
perforation  de  l'estomac;  suture  et  réduction  de  l'estomac, 
drainage  du  péritoine,  j^uérison.  Les  détails  très  nombreux 
qu'il  donne  sur  cette  orillante  opération  se  résument  dans 
les  termes  qui  précèdent.  Il  termine  son  observation  par  les 
remarques  suivantes:  c  La  perforation  de  l'estomac  et  la  chute 
de  la  cuillère  dans  le  péritoine  ont  eu  lieu  entre  la  douzième 
et  la  quinzième  heure  a^rès  qu'elle  eut  été  avalée;  la  per- 
foration s'est  faite  au  niveau  de  la  grande  courbure  et  le 
corps  étranger  a  cheminé  entre  les  deux  feuillets  antérieurs 
de  répiploon.  On  s'explique  ainsi  comment  la  perforation 
s  est  cicatrisée  assez  vite  et  assez  solidement  pour  que  le 
passage  des  matières  alimentaires  devint  impossible  par  la 
suite;  l'évidence  force  à  admettre  que  l'arrivée  de  la  cuillère 
dans  la  séreuse  n'a  pas  provoqué  la  péritonite  qui  semble 
inévitable  après  pareil  accident.  Ou  l'estomac  ne  contenait 
pas  de  germes  pathogènes  ou  le  corps  étranger  s'est  dépouillé 
pendant  son  passage  entre  les  feuillets  de  l'épiploon  de 
ceux  qu'il  transportait  avec  lui  ;  ce  que  l'on  sait  du  sort  des 
corps  étrangers  de  l'estomac  et  des  divers  modes  d'expulsion 
observés  jusqu'à  ce  jour,  explique  pourquoi  j'ai  commencé 
par  ouvrir  l'estomac.  Je  ne  crois  pas  qu'il  existe  un  seul 
fait  prouvant  que  la  perforation  de  ce  viscère  peut  avoir  Heu 
en  quelques  heures.  A  défaut  de  signes  indiquant  que  la 
fuillère  n'y  était  plus,  il  était  logique  de  l'y  chercher  tout 
d'abord;  enfin,  la  gastrostomie,  suivie  de  réduction  immé- 
diate, a  donné  un  excellent  résultat.  Elle  n'a  provoqué  ni 
Tomissements,  ni  douleurs,  ni  troubles  dyspeptiques  consé- 
cutifs. »  —  (Le  mémoire  de  M.  Le  Dentu  est  renvoyé  à 
l'examen  d'une  Commission  composée  de  HM.  Léon  Le 
Fort,  Larmelongue  et  Vemeuil.) 

Strophantus.  —  Après  avoir  exposé  l'histoire  naturelle 

«les  strophantus,  lianes  des  forêts  du  Gabon,  dont  l'espèce 

^    dite  S.  Aombé  est  la  sorte  commerciale  la  plus  en  usage, 

M.  Bticquoy  rend  compte  des  résultats  thérapeutiques  qu'il 


a^  obtenus  en  se  servant  de  granules  d'un  milligramme 
d'extrait  de  ce  médicament.  Chaque  granule  correspond  à 
cinq  gouttes  de  la  teinture  de  Fraser  au  vinçtième;  la  dose 
quotidienne  est  en  général  de  4  granules,  pris  à  intervalles 
égaux,  en  commençant  par  2  granules  le  premier  jour,  puis 
3  et  4  les  jours  suivants. 

Le  strophantus  est  un  médicament  cardiaque  de  premier 
ordre,  dont  l'introduction  dans  la  thérapeutique  des  maladies 
du  cœur  est  une  acquisition  précieuse;  il  mérite  en  raison 
de  ses  eiïets  thérapeutiques  la  place  que  Fraser  lui  a  assignée, 
à  côté  de  la  digitale,  dont  il  remplit  à  peu  près  les  indica- 
tions. Dans  les  lésions  mitrales,  il  relève  l'énergie  des 
contractions  cardiaques  lorsque  la  compensation  devient 
insuffisante  et  il  atténue  ainsi,  quand  il  ne  les  fait  pas  dis- 
paraître complètement,  lessymptùmesdeTasystolie.  L'œdème 
des  extrémités  s'efface,  la  dyspnée  et  les  palpitations  dimi- 
nuent et  le  malade  retrouve  bientôt  un  bien-être  qu'il  ne 
connaissait  plus. 

C'est  à  tort  que  M.  Germain  Sée  prétend  que  le  strophantus 
agit  sur  les  cœurs  fatigués  et  non  asystoliques  et  qu'il  ne 
produit  pas  de  diurèse;  car  il  est,  au  contraire,  très  souvent 
d'une  souveraine  efficacité  dans  l'asystolie  et,  s'il  donne 
rarement  lieu  aux  grandes  débâcles  urinaires  de  la  digitale, 
il  détermine  le  plus  souvent  une  diurèse  pouvant  aller 
jusqu'à  4  litres  et  demi  et  même  5  litres  d'urine  par  jour. 

Il  se  montre  supérieur  à  tout  autre  médicament  cardiaque 
chez  les  sujets  atteints  de  rétrécissement  mitral,  dont  le 
cœur  commence  à  se  fatiguer  ;  il  fait  souvent  disparaître 
comme  par  enchantement  la  dyspnée  et  l'oppression,  ainsi 
que  les  autres  symptômes,  qui  sont  la  conséquence  de  cette 
fatigue  du  cœur.  Il  est  encore  d'un  effet  remarquable  dans 
les  lésions  cardiaco-aortiques,  également  au  moment  où  le 
cœur  commence  à  faiblir  et  là  où  la  digitale  n'est  pas  sans 
inconvénient.  Dans  trois  cas  d'angine  de  poitrine  et  dans  un 
cas  de  maladie  de  Basedow,  il  a  donné  à  M.  Bucquoy 
d'excellents  résultats;  il  se  montre  alors  un  médicament  de 
soutien  pour  l'action  cardiaque  et  la  facilité  avec  laquelle  il 
est  toléré  permet  d'en  continuer  longtemps  l'emploi.  L'ac- 
coutumance n'en  détruit  pas  les  effets  ;  de  plus,  ceux-ci  per- 
sistent quelquefois  assez  longtemps  après  qu'on  a  cessé  le 
médicament. 

Enfin,  il  ne  s'accumule  pas  dans  l'économie  comme  la 
digitale  ;  il  n'exerce  pas  non  plus  sur  l'estomac  l'action 
nauséeuse  qui  oblige  souvent  à  abandonner  celle-ci  ;  le  seul 
symptôme  d'intolérance  observé  est  la  diarrhée,  sans 
coliques,  dont  les  malades  se  plaignent  peu  et  qui  cède  avec 
la  suspension  de  la  médication. 

Est-il  des  contre-indications  à  son  emploi?  M.  Bucquoy 
ne  saurait  les  formuler;  ses  effets  étant  ordinairement  nuls 
dans  les  périodes  avancées  des  maladies  du  cœur,  surtout 
({uand  elles  s'accompagnent  d'arlério-scléroses  et  de  néphrite 
interstitielle;  il  évite  alors  de  le  prescrire.  Quoiqu'on  ait  dit 
qu'il  réussit  mieux  que  la  digitale  dans  les  dégénérescences 
cardiaques,  avec  un  cœur  dégénéré  il  ne  faut  compter  ni 
sur  l'un  ni  sur  l'autre  ;  toutefois  le  strophantus  peut  être 
considéré  comme  une  excellente  pierre  de  touche  de  l'état 
du  cœur.  En  tout  cas,  M.  Bucquoy  dit  n'avoir  observé  aucun 
accident  consécutif  à  son  administration,  même  intempes- 
tive; c'est  un  médicament  facile  à  manier  et  nullement  dan- 
gereux. Il  y  a  lieu  de  ne  pas  négliger  une  ressource  théra- 
peutique aussi  précieuse. 

Quant  à  la  strophantine.  M.  Bucquoy  ne  l'a  pas  encore 
assez  fréquemment  employée  pour  émettre  une  opinion 
motivée;  il  croit  qu'elle  est  au  strophantus  ce  que  la  (ligita- 
line  est  à  la  digitale. 


—  N-  2  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  11  Janvier  1889 


Soel^ié  de  ehlrargle. 

SÉANCE    DU    26    DÉCEMBRE    1888.     —    PRÉSIDENCE    DE 
M.  POLAILLON. 

Kyste  à  grains  rhlzlf ormes  :  M.  Jalaguier.  —  AnéTrsrsme  de  l'artère 
humérale  :  M.  Kirmlsson.  —  Salpingite  :  MM.  TerriUon  et  Trélat. 
—Amputation  de  Blms  :M.  Jalaguier. 

M.  Jalaguier  communique  l'observation  d'une  malade 
qui  portait  des  grains  rhiziformes  dans  la  gaine  synoviale  du 
pouce  et  des  fongosités  tuberculeuses  dans  la  gaine  interne 
de  la  main.  Les  bacilles  n'ont  pu  être  découverts  dans  les 
grains,  mais  l'inoculation  a  rendu  un  cobaye  tuberculeux. 
La  malade,  revue  tout  dernièrement,  était  en  parfaite  santé 
environ  six  mois  après  Topéralion. 

—  M.  Kirmisson  dépose  une  observation  d'anévrysme  diffus 
de  l^artère  humérale  guéri  par  la  ligature  des  deux  bouts. 

—M.  TerriUon  a  opéré  32  salpingites,  dont  5  hématosal- 
ningites,  19  pyosalpingites,  6  salpingites  catarrhales  et 
2  hydrosalpingites. 

Hématosalpingites.  Trois  fois  les  trompes  et  les  ovaires 
ont  été  enlevés  des  deux  côtés;  chez  une  malade,  il 
s'est  produit  à  intervalles  réguliers  des  pertes  sanguines,  et 
les  règles  persistent  encore  actuellement  malgré  l'ablation 
des  deux  ovaires  et  des  deux  trompes.  Chez  une  autre 
malade,  la  trompe,  trop  adhérente  i)our  être  détachée,  fut 
ouverte  et  suturée  à  la  plaie  abdominale  ;  une  fistule  per- 
sista et  donnait  passage,  au  moment  des  règles,  à  un  écou- 
lement sanguin  assez  abondant  ;  il  s'est  déjà  produit  quinze 
ou  seize  fois,  et  l'opérée  est  en  voie  de  guérison.  Enfin  chez 
une  dernière  malade,  les  règles  se  faisaient  dans  la  trompe 
droite  dilatée;  douze  ponctions  furent  pratiquées  en  quatre 
ans  et  évacuèrent  chaque  fois  de  2  à  400  grammes  de  sang 
noir.  —  Pyosalpingites.  Quatorze  fois  les  annexesfurentenle-^ 
véesen  totalité,  cinq  fois  des  adhérences  obligèrent  à  faire  le 
drainage  par  la  voie  abdominale.  Dans  le  premier  groupe, 
cinq  étaient  d'origine  blennorrhagique  ;  les  autres,  suites 
de  couches  ou  de  fausses  couches  ;  un  seul  cas  s'est  ter- 
miné par  la  mort;  la  décortication  avait  été  des  plus 
pénibles,  la  poche  s'était  rompue  et  la  malade  avait  été 
emportée  par  la  péritonite  au  huitième  jour.  —  Salpingites 
catarrhales.  Dans  les  six  cas,  les  trompes  étaient  adhé- 
rentes aux  parties  voisines,  la  muqueuse  étaient  hyper- 
trophiée, il  y  avait  peu  ou  pas  de  liquide.  Les  organes  furent 
enlevés  des  deux  côtés,  sauf  chez  une  femme  jeune,  âgée 
de  ^ingt-huit  ans  et  chez  laquelle,  d'un  côté,  les  adhérences 
furent  simplement  déchirées.  —  Hydrosalpingites.  Chez  les 
deux  malades  l'affection  remontait  à  plusieurs  années  et 
délermînaitde  vives  douleurs.  Les  trompes  oblitérées  étaient 
transformées  en  kystes  séreux.  —  Salpingites  avec  pelvipé- 
tonite.  Dans  tous  les  cas  qui  précèdent,  l'opération  fut  faite 

tendant  une  période  calme  de  l'évolution  de  la  maladie, 
'intervention  est  plus  rare  au  stade  aigu  d'inflammation 
[léritonéale,  et  cependant  il  semble  logique  de  tenter  de 
'arrêter  dès  le  début  et  d'en  éviter  les  conséquences.  Instruit 
par  un  cas  où  il  put  constater  les  désordres  d'une  poussée 
péritonéale  toute  récente,  M.  TerriUon  opéra  une  malade 
au  cours  d'une  péritonite  généralisée;  la  patiente  avait  déjà 
subi  quatre  attaques  de  pelvipéritonite  grave,  et,  depuis  huit 
jours,  avait  des  douleurs  vives,  le  pouls  filiforme,  le  faciès 
caractéristique.  La  trompe  gauche  adhérente  fut  enlevée;  la 
droite,  retenue  partout  par  des  adhérences,  fut  impossible  à 
extraire;  après  l'opération  la  température  baissa  et  la  gué- 
rison fut  rapide.  Dans  un  second  cas,  la  malade  mourut,  il 
est  vrai,  mais  l'opération  avait  été  réfusée  par  elle,  et,  faite 
plus  hâtivement,  elle  aurait  pu  la  guérir. 

En  ce  qui  concerne  la  pathogénie  des  salpingites,  M.  Ter- 
riUon admet  la  théorie  de  la  propagation  sans  aucune  réserve. 
Il  est  rare  que  les  lésions  ne  débordent  pas  la  trompe  et  ne 
gagnent  pas  le  péritoine  ;  l'ovaire  ne  participe  que  secondai- 


rement par  voisinase  et  sa  surface  seule  est  atteinte.  Lu 
propagation  par  les  lymphatiques  doit  être  abandonnée.  Les 
lésions  existent  dans  toute  l'étendue  de  la  trompe.  C'est 
cette  théorie  qui  a  contribué   à  faire  croire  à  l'adéno- 

f phlegmon  du  petit  bassin  qui  n'existe  pas  et  à  ce  ganglion 
ymphatique  que  les  analomistes  n'ont  pu  trouver.  Si  le 
tissu  cellulaire  du  ligament  large  s'œdématie,  s'indure  et 
augmente  de  volume,  c'est  le  résultat  de  l'inflammation 
primitive  de  la  trompe.  Toujours  on  trouve  le  pus  dans  la 
trompe  ou  dans  des  cavités  faites  par  des  adhérences  péri- 
tonéales  ;  c'est  là  la  règle.  D'une  manière  tout  à  fait 
exceptionnelle,  on  le  rencontre  dans  le  tissu  cellulaire  du 
ligament  large. 

Au  sujet  de  la  thérapeutique  M.  TerriUon  pense  que  cer- 
taines malades  peuvent  être  améliorées  et  même  guéries 
sans  intervention  chirurgicale  par  les  soins  médicaux.  Il  ne 
propose  l'opération  que  lorsque  les  malades  souffrent  de- 
puis deux  ou  trois  ans  et  surtout  quand  il  y  a  eu  plusieurs 
poussées  de  péritonite  grave.  Après  la  ligature  de  la  corne 
utérine,  il  fait  la  section  au  thermocautère  et  prend  sur- 
tout le  soin  de  cautériser  la  lumière  de  la  cavité  de  la  trompe 
malade,  qui,  jestant  dans  l'abdomen,  serait  une  cause  d'in- 
fection  certaine.  Dans  tous  les  cas  la  ligature  double  ou  en 
chaîne  est  consolidée  par  une  ligature  simple  et  superpo- 
sée ;  le  drainage  est  précédé  du  lavage  de  la  cavité  du  petit 
bassin.  Les  résultats  éloignés  de  l'opération  sont  difficiles 
à  donner  encore  ;  la  guérison  parait  être  moins  rapide  dans 
les  salpingites  purulentes. 

H.  Trélat.  Les  phlegmons  du  ligament  large  sont  des 
foyers  inflammatoires  très  rares.  Il  n'en  connaît  que  deux 
cas,  où,  consécutivement  à  l'infection  puerpérale,  des 
foyers  purulents  furent  trouvés  sur  les  côtés  et  en  avant  du 
col  de  l'utérus  et  abordés  par  une  incision  abdominale  im- 
médiatement au-dessus  de  l'arcade  de  Fallope.  Ces  foyers 
de  paramétrite  suppurée,  comme  les  dénomme  M.  Trélat, 
sont  explicables  parla  théorie  de  M.  Lucas-Championnière. 
Mais  ce  sont  des  cas  tout  à  fait  exceptionnels  qui  guérissent 
très  rapidement  comme  un  abcès  phlegmoneux  ordinaire. 
Il  existe  d'autres  foyers  pelviens  qui  échappent  à  l'étiologie 
générale  des  salpingites  ;  on  les  observe  sur  des  malades  à 
fistules  rectales,  ombilicales,  rarement  inguinales,  succé- 
dant à  d'anciens  accidents  graves.  Tous  ces  clapiers,  fis- 
tules, galeries  purulentes  autour  du  rectum,  derrière 
l'ovaire,  que  l'on  appelle  du  nom  vague  de  cellulite  pel- 
vienne et  dont  on  ne  peut  déterminer  l'origine,  ne  seraient- 
ils  pas  en  rapport  avec  des  salpingites  anciennes?  Salpin- 
gites dites  ainsi  par  pure  abréviation,  car  ce  sont  des 
métro-salpingo-trompo-ovaro-péritonites,  comme  le  prouve 
la  série  des  lésions  successives.  Le  diagnostic  en  est  d'ail- 
leurs très  difficile,  surtout  lorsqu'il  s'agit  de  déterminer  le 
moment  où  l'on  doit  intervenir.  M.  Trélat  cite  le  cas  d'une 
malade  qui  présentait  il  y  a  un  mois  des  tumeurs  manifestes 
des  trompes,  lesquelles  ont  disparu  par  le  traitement  de  ia 
métrite  seule. 

—  M.  Jalaguier  présente  un  malade  guéri  en  dix  jours 
d'une  amputation  du  pied  par  le  procédé  de  Sims. 

—  Sont  nommés  pour  l'année  1889:  président  :  M.  Le 
Dentu,  vice-président:  M.  Nicaise,  premier  secrétaire 
annuel  :  M.  Pozzi;  second  secrétaire:  M.  Marchand. 


SÉANCE  DU  2  JANVIER  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  M.  POLAILLON. 

Persistance  des  règles  après  ablation  des  ovaires:  X.  Mascarlo 
(M.  Monod,  rapporteur).  — Salpingites:  MM.  Lucas-Champlonnière. 
Le  Dentu.  Trélat.  ^  arosaesse  extra-utérine  :  M.  Lebeo. 

M.  Monod  rapporte  un  cas  de  persistance  des  règles  après 
ablation  des  deux  ovaires  chez  une  malade  opérée  par 
Lawson  Tait  et  observée  par  M.  Mascario  (de  Nice). 


H  Janvier  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*»  2  —      29 


—  M.  LucaS'Championnière  n'a  pas  élé  convaincu  par 
les  arguments  que  Ton  a  opposés  à  sa  théorie  pathogénique 
des  salpingites  par  propagation  lymphatique;  contrairement 
à  M.  Terrillon,  il  a  trouvé  la  partie  de  Ja  trompe  voisine  de 
Tutérus  indemne  dans  presque  tous  les  cas,  et  contraire- 
ment à  M.  Quénu,  il  affirme  que  les  lymphatiques  du  col  de 
Tuténis  se  rendent  du  côté  de  la  trompe  et  forment  autour 
lie  l'ovaire  des  réseaux  que  leur  hypertrophie  pathologique 
rend  tout  à  fait  évidents.  M.  Lucas-Championnière  ne  pense 
pas  quMl  y  ait  une  septicité  si  grande  dans  les  lésions  de  la 
salpingite,  et,  s'il  cautérise  le  petit  moignon  de  la  trompe 
après  l'ablation  de  celle-ci,  il  ne  fait  aucun  drainage.  Ce 
sont  les  phénomènes  douloureux  qui  commandent  les  indi- 
cations opératoires.  Au  sujet  de  la  persistance  de  la 
menstruation  après  exérèse  des  annexes,  M.  Lucas-Chara- 
pionnière  prétend  qu'une  très  petite  portion  d'ovaire  suffit 
pour  faire  subsister  les  règles  et  qu'on  ne  peut  jamais 
afûrmer  a^oir  tout  enlevé  quand  l'organe  est  un  tant  soit 
peu  malade. 

M.  Le  Dentu  communique  l'observation  d'une  malade 
opérée  par  lui  il  y  a  six  jours  pour  une  salpingo-ovarile.  La 
patiente  souffrait  depuis  vingt  ans;  l'intensité  des  douleurs, 
leur  siège  précis  du  côté  des  annexes,  une  certaine  rénitonce 
du  côté  droit,  une  vive  sensibilité  du  côté  gauche  où  le  palper 
ne  révélait  d'ailleurs  rien,  tels  furent  les  éléments  du 
diagnostic.  La  trompe  droite  était  du  volume  du  pouce, 
ridée  à  sa  surface,  présentant  des  adhérences  multiples 
arec  les  parois  du  petit  bassin;  à  gauche,  lésions  sembla- 
bles, mais  à  un  degré  moins  avancé.  II  fut  impossible  de 
reconnaître  les  ovaires  qui  ne  furent  point  enlevés.  La  gué- 
rison  est  en  bonne  voie,  malgré  les  accidents  de  péritonisme 
qui  survinrent  le  lendemain  de  l'opération;  il  n'y  eut  jamais 
d*élévation  de  la  température.  Il  y  a  dix-huit  mois  M.  Le 
Dentu  fit  nne  première  laparotomie  chez  une  autre  femme 
qui  souffrait  de  crises  douloureuses  très  violentes  et  enleva 
Tovaire  et  la  trompe  très  adhérents,  ratatinés,  sclérosés.  La 
longueur  de  l'opératiob  empêcha  d'extraire  les  organes  du 
coté  opposé  ;  un  an  après,  par  une  nouvelle  laparotomie, 
ceux-ci  furent  extirpés  dans  les  mêmes  conditions.  La 
malade  guérit  parfaitement. 

H.  Trêlat.  Il  ne  faut  opérer  ni  trop  tôt,  ni  trop  tard  :  ni 
trop  tôt,  c'est-à-dire  des  cas  curables  sans  opération,  par 
des  roovens  médicaux;  ni  trop  tard,  comme  dans  les  cas  de 
M.  Le  l3entu,  pour  des  vieux  reliquats  de  lésions  propagées 
de  salpingite;  les  malades  ont  souffert  de  longues  années 
inniilement,  et,  de  plus,  on  tombe  dans  des  foyers  d'adhé- 
rences et  on  laisse  une  partie  de  la  cause  morbide  dans  le 
ycnlre. 

M.  Le  Dentu*  A  quel  moment  cette  organisation  des 
adhérences  est-elle  assez  solide  pour  qu'on  ait  à  craindre 
de  ne  pouvoir  faire  qu'une  opération  incomplète?La  question 
o^est  pas  encore  élucidée.  Il  est  probable  qu'au  bout  d'un 
an,  dix-huit  mois  après  le  début  des  accidents,  on  est 
autorisé  à  intervenir. 

—  M.  Lehec  lit  une  observation  de  grossesse  extra- 
utérine;  menace  de  rupture,  laparotomie  au  huitième  mois, 
mort  de  la  mère  au  bout  de  deux  heures. 

—  Sont  nommés  membres  correspondants  nationaux  : 
MM.  Auffret,  Charvot,  Desfontaines,  Dubar,  Hache,  Nepveu, 
Qvion,  Tripier,  et  correspondants  étrangers  :  MM.  Assaki  et 
Chinne. 

P.  VlLLEMlN. 


Soelélé  de  biologie. 

SÉANCE  DU  29   DÉCEMBRE   1888.  —  PRÉSIDENCE 
DE   M.    BROWN-SÉQUARD. 

Présentation  d'ouvrage  :  M.  Bro^va>8^aard.  —  ÉTolation  èplder- 
nil(iue  spéciale  :  M.  Broivn-Bèquard.  —  Phénomènes  électriques  de 
la  oontraotlon  cardiaque:  M.  "Waller.  —  Sur  les  glandes  gastri- 
ques :  M.  Montanet.  —  De  la  procréation  des  sexes  :  M.  Dnpuy.  ~ 
Diflusion  des  courants  électriques  dans  les  tissus  :  M.  Dupuy.  — 
Rapport  sur  le  prix  Godard:  M.  Dastre. 

M.  Broion-Séquard  fait  hommage  à  la  Société  du  premier 
mémoire  de  la  nouvelle  série  des  Archives  de  physiologie 
qu'il  dirige. 

—  M.  Brown-Séquard  observe  depuis  fort  longtem^sur 
lui-même  une  évolution  épidermique  spéciale  qui  se^ve- 
loppe  sur  le  lit  de  Tongle  de  l'un  de  ses  doigts  et  qui  paraît 
constituée  par  un  tissu  tenant  le  milieu  entre  le  tissu  de 
Tongle  ou  tissu  corné  et  Tépidcrme. 

—  M.  Waller  a  observé  que  la  contraction  cardiaque 
commence  à  la  pointe  et  qu'il  se  produit  une  onde  de  con- 
traction qui  s'étend  jusqu'à  la  base.  Au  moment  où  cette 
onde  commence,  l'état  électrique  du  cœur  change,  la  pointe 
devient  négative  et  la  base  positive.  En  même  temps  on 
constate  que  les  membres  inférieurs  et  le  membre  supérieur 
gauche  deviennent  également  négatifs.  Dans  deux  cas  de 
transposition  du  cœur,  M.  Waller  a  vu  qu'il  y  avait  aussi 
transposition  de  ces  modifications  électriques.  C'est  sur 
l'homme  que  ces  observations  ont  été  faites. 

—  M.  CAawrcatt  présente  une  note  de  M.  Montanet  (de 
Toulouse)  sur  la  dualité  anatomique  et  fonctionnelle  des 
glandes  gastriques.  Il  résulterait  des  recherches  de  M.  Mon- 
tanet au'il  existe  bien  réellement  deux  sortes  de  cellules 
glandulaires  stomacales  et  qu'il  n'y  a  pas  transformation 
d'une  forme  cellulaire  en  une  autre,  comme  on  l'a  soutenu. 

—  M.  Dupuy  a  observé  de  nouveaux  faits  à  l'appui  de  la 
loi  qu'il  a  posée  relativement  à  la  procréation  des  sexes,  à 
savoir  que  l'enfant  à  naître  est  du  même  sexe  que  le  premier 
enfant,  s'il  a  élé  conçu  dans  le  mois  (période  menstruelle) 
correspondant,  et  du  sexe  opposé,  s'il  a  été  conçu  dans  un 
mois  impair. 

—  M.  Dupuy  a  constaté  dans  de  nouvelles  expériences 
que,  quand  on  excite  électriquement  l'écorce  du  cerveau, 
les  courants  diffusent  jusau'à  la  base  par  les  vaisseaux;  il 
ne  croit  donc  pas  devoir  abandonner  l'opinion  qu'il  soutient 
sur  la  non-existence  des  centres  dits  psycho-moteurs. 

—  M.  Dastre  donne  lecture  de  son  rapport  sur  les 
méinpires  envoyés  pour  le  prix  Godard. 


^oelété  de  thérapentlqne. 

SÉANCE  DU  12  DÉCEMBRE  1888.  — PRÉSIDENCE  DEM.  CRÉQUY. 

Du  strophanttts  et  de  la  strophantine  :  MM.  Buoquoy,   C.  Paul. 
Catillon.  Blondel. 

M.  Bucquoyy  à  l'occasion  de  l'envoi  d'un  mémoire  de 
M.  Poulet  (de  Piancher-les-Mines)  sur  le  traitement  de 
la  fièvre  typhoïde  par  le  strophantus,  fait  remarquer 
qu'il  serait  intéressant  de  savoir  où  cet  observateur  a 
pu  se  procurer  pour  ses  expériences  thérapeutiçiues  du 
strophantus  glabre  du  Gabon,  car  il  n'en  existe  pas 
dans  le  commerce.  D'antre  part,  les  doses  indiquées 
(quatre  à  cinq  pilules  de  0,05  de  poudre  de  semence) 
sont  plus  élevées  que  celles  employées  par  les  autres 
expérimentateurs  :  ce  sont  des  doses  toxiques,  surtout 
si  Ton  tient    compte  de  l'activité  plus  grande  du  stro- 


;  30    —  N»  2  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  il  Janvieiv  1889 


Shantus  du  Gabon  ;  et  cependant  les  effets  obtenus  par 
I.  Poulet  ne  sont  pas  plus  marqués.  Ne  serait-ce  pas  le 
strophantus  Kombé  qu  aurait  employé  M.  Poulet,  car  c'est 
le  seul  répandu  dans  le  commerce. 

M.  \e  Secrétaire  général  écrira  à  M.  Poulet  pour  lui  de- 
mander des  renseignements  et  le  prier  d'envoyer  un 
échantillon  de  son  strophantus. 

M.  Catillon  a  reçu,  sur  sa  demande,  deux  semences  du 
strophantus  employé  par  M.  Poulet  :  il  s'agit  bien  du 
strophantus  glabre  du  Gabon.  La  dose  prescrite  par 
M.  Poulet  correspond  àOi'%015  de  strophantine,  alors  que 
Ton  n'administre  d'ordinaire  qu'un  demi-miiligramme  à 
1  milligramme  de  strophantine.  Il  fait  observer  que,  dans 
une  communication  è  l'Académie,  à  propos  d'un  mémoire 
de  If.  Arnaud,  M.  Laboriie  a  dit  que  la  strophantine  obte- 
nue par  M.  Catillon  n'est  (ju'un  extrait  plus  ou  moins 
purifié  de  strophantus.  C'est  inexact  :  les  échantillons  cris- 
tallisés présentés  à  la  Société  sont  démonstratifs;  d'ailleurs, 
le  pouvoir  toxique  indiqué  par  M.  Arnaud  chez  le  lapin  (4/10 
de  milligramme)  est  bien  le  même  précédemment  déterminé 
par  M.  Catillon  (5/10  de  milligramme  en  chiffre  rond; 
exactement  4/10  et  demi).  Avec  le  strophantus  Kombé  on 
n'obtient  pas  plusieurs  sortes  de  strophantines  :  il  est 
vrai  qu'en  se  servant  du  tanin,  de  l'acétate  de  plomb  et 
de  l'alcool,  on  recueille  par  évaporation  une  strophan- 
tine amorphe  jaunâtre,  toxique  à  8/10  de  milligramme; 
mais,  si  on  la  purifie,  on  obtient  la  strophantine  cristallisée, 
blanche,  toujours  identique,  toxique  à  4  ou  5/10  de  milli- 
gramme. Avec  le  strophantus  du  Gabon  on  obtient  au  con- 
traire une  autre  strophantine,  fournissant  des  réactions 
différentes,  et  beaucoup  plus  active. 

M.  Bucquoy  rappelle  que  M.  Labordc  a  dit  que  l'état 
cristallin  et  les  effets  physiologiques  du  produit  ne  suffi- 
sent pas  à  le  caractériser  :  l'analyse  chimitjue  élémentaire 
est  indispensable.  M.  Catillon  ne  signale-t-il  pas  lui-même 
deux  strophantines  cristallisées,  et  cependant  différentes? 

M.  Caft7/on  fait  remarquer  que  ces  deux  strophantines 
cristallisées  différentes  proviennent  de  deux  espèces  diffé- 
rentes de  strophantus,  tandis  que  la  strophantine  extraite 
du  Kombé  par  lui,  puis  par  M.  Arnaud,  doit  présenter  ton- 
jours  les  mêmes  caractères  et  les  mêmes  réactions,  puisque 
c'est  un  produit  défini  cristallisé:  il  ne  peut  y  avoir  de 
doutes  sur  l'identité  des  deux  produits. 

M.  C.  Paul  demande  si,  en  dehors  de  la  forme  cristalline, 
la  strophantine  préparée  par  M.  Catillon  et  celle  de  M.  Ar- 
naud offrent  les  mômes  caractères  de  solubilité,  de  réac- 
tions chimiques,  etc. 

M.  Catillon.  Il  n'y  a  à  cet  égard  aucune  différence. 

M.  Blondel  fait  savoir  que  Ton  pourra  bientôt  être  fixé, 
car  M.  Arnaud  a  réussi  à  se  procurer  environ  300  grammes 
de  semences  de  strophantus  du  Gabon  et  il  a  commencé  ses 
expériences  avec  ce  produit. 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie. 

André  Petit. 


Sc»clélé  anatomlque. 

SÉANCE   DU    14    DÉCEMBRE   1888.  —  PRÉSIDENCE   DE 
M.  POIRIER. 

M.  /.  L.  Faure  présente  des  pièces  de  tuberculose 
g énito-ur inaire.  Le  sujet  est  mort  sans  avoir  les  poumons 
atteints.  L'examen  minutieux  des  lésions  fait  penser  que 
le  début  a  eu  lieu  par  le  rein  et  qu'il  y  a  eu  ensuite  infec- 
tion descendante.  Mais  la  néphrite  a  été  longtemps  latente, 


et  le  sujet  se  plaignait  surtout  d'une  cystite  douloureuse* 
il  a  été  fort  soulagé  par  la  taille  hypogastrique. 

—  M.  Souques  fait  voir  des  pièces  de  laryngo-typhus. 
Il  y  a  une  nécrose  limitée  aux  deux  aryténoldes,  mobilisés 
tous  deux  en  totalité.  Les  troubles  vocaux  ont  été  très 
marqués,  et  la  dyspnée  à  peu  près  nulle. 

—  M.  H.  Legrand  communique  une  observation  d'aror- 
tement  à  Quatre  mois  où  le  fœtus  a  été  expulsé  encore 
entouré  Je  l'amnios.  La  caduque  est  tombée  trois  jours 
après. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

Contriteation    à    l'étade    de     rérylhème    infeelleui ,    par 

MM.  P.  Simon  et  E.  Legrâin.  —  On  tend  aujourd'hui  à  admettre, 
à  la  suite  de  Trousseau,  Hardy  et  Besnier,  Spilmann,  quv 
l'érythèmc  polymorphe  n'est  pas  une  simple  dermatose,  mais 
une  véritable  pyrexie  infectieuse  dont  rexanthèrae  ne  repré- 
sente qu'une  des  manifestations  ;  raiïcction  pouvant,  comme  la 
plupart  des  maladies  infectieuses,  présenter  des  localisations 
viscérales,  pulmonaires,  cardiaques  ou  rénales.  Les  recherches 
de  iMolènes-MahoD,  Marquet,  Hauslialter,  de  Langenbageu  ont 
confirmé  cette  manière  de  voir;  et  même  Haushalter  a  réussi  ù 
isoler,  dans  deux  cas,  un  microcoque  mobile  qu'il  reganir 
comme  pathogène.  MM.  P.  Simon  et  Ë.  Legrain  ont  observé  un 
cas  d'érythcrae  marginé,  avec  albuminurie  transitoire,  qui  leur 
a  permis  de  trouver,  dans  le  saug  recueilli  au  niveau  d'une 
plaque,  deux  microbes  :  un  microcoque  blanc  identique  à  celui 
dllaushaiter  et  un  microbe  jaune  encore  indéterminé.  Le  pre- 
mier, injecté  à  des  souris,  détermine  la  mort  des  animaux  en 
cinq  à  huit  jours,  par  une  sorte  de  septicémie  sans  lésions 
locales  ;  le  second  ne  donne  aucun  accident  aux  souris  ou  aux 
cobayes.  Tout  en  faisant  les  réserves  qu'impose  un  fait  isolé,  les 
auteurs  pensent  que  leurs  expériences  servent  à  confirmer  lu 
nature  infectieuse  de  l'érythèrae  polymorphe,  et  sont  portés  à 
croire  que,  si  le  microcoque  blanc  est  Tagent  pathogène  de 
l'affection,  peut-être  cependant  celle-ci  ne  reconnaît-elle  pas 
comme  origine  un  parasite  unique,  mais  résulte  d'une  infec- 
tion par  association  microbienne.  L'apparition  d'érythçmes 
symptomatiquej,  au  cours  de  la  lièvre  typhoïde,  du  rhumatisme 
aigu,  du  choléra  de  l'impaludismc,  etc.,  autorisent  à  supposer 
que  cette  détermination  cutanée  peut  relever  d'infections  diffL- 
rentes.  {Ann,  de  dennat,  tt  de  syphitig,,  i.  IX,  n"  11, -5  no- 
vembre 1888.) 

Des  indleatloiifl  et  ûen  contre-lndlcalloiiii  do  la  «réoAOi«  e* 
de  riodare  de  polnsslam  dan«  In  plillilflie,  par  M.  G.  StLëCKICR. 
—  La  créosote,  écrit  l'auteur,  est  utile  dans  la  pneumonie 
caséeuse,  et  l'iodure  de  potassium  dans  les  formes  fibreuses  ou 
contre  les  exsudats  pleurétiques.  Par  contre,  il  condamne  ce 
dernier  médicament  et  recommande  les  balsamiques  avec  ou 
sans  addition  de  créosote  dans  les  cas  d'expectoration  muqueuse 
ou  mucoso-purulente. 

Enfin,  dans  des  cas  où  il  existe  de  l'emphysème,  il  préfère 
l'administration  de  l'iodure  de  potassium.  Les  ulcérations  tuber- 
culeuses de  l'intestin,  la  dégénérescence  amyloïdcet  une  période 
avancée  de  laphthisie,  contre-indiquent  l'emploi  de  la  créosote. 
Les  hémoptysies,  les  lésions  profondes  du  larynx,  en  raison  du 
danger  de  l'œdème  glottique,  les  ulcérations  trachéales,  l'insuf- 
fisance rénale  ou  l'iodisme,  sont  les  motifs  que  M.  Sluecker 
fait  valoir  pour  proscrire  l'usage  de  l'iodure.  (Therap.  Monat., 
p.  385,  1888.) 


il  Janvier  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N"  2  —      31 


BIBLIOGRAPHIE 

JUre hivesde  physiologie  normale  et  pathologique.  5*  série. 
1. 1,  fascicule  1  et  !2  avec  2  planches  et  58  figures  dans  le 
texte.  —  Paris,  G.  Masson,  1889. 

(Fin.  —  Voyez  le  numéro  1 .) 

II.  —  Travaux  de  physiologie  pathologique  et  de 

PATHOLOGIE   EXPÉRIMENTALE. 

l''  Champ  d'action  de  rinhibition  en  physiologiCy  en 
pathogénie  et  en  thérapeutique.  —  M.  Brown-Sé(juard 
définit  par  de  nombreux  exemples  le  champ  de  rinhibition, 
tel  qu'on  peut  actuellement  le  concevoir;  son  étude  n'est 
qu'un  résumé  des  plus  condensés  de  cette  vaste  question  ; 
on  pourrait  dire  qu  elle  représente  un  sommaire  des  innom- 
brables conditions  dans  lesquelles  se  manifeste  reffetinhi- 
biloîre  d*nne  irritation,  c'est-à-dire  la  disparition  i^omplète 
ou  partielle,  temporaire  ou  permanente,  localisée  ou  géné- 
rale, d'une  propriété  de  tissu,  et  secondairement  de  la 
foiiction  qui  résulte  de  la  mise  en  jeu  de  cette  propriété. 
In  tel  travail  n'est  donc  pas  réductible  et  ne  se  prête  en 
aucune  façon  à  l'analyse  :  c'est  un  ensemble  de  conclusions 
qu1i  faut  savoir  à  l'auteur  le  plus  grand  gré  d'avoir  enfin 
posées  et  méthodiquement  classées. 

f*  Recherches  cliniques  et  expérimentales  sur  les  en- 
tre-croisements des  conducteurs  servant  aux  mouvements 
volontaires.  —  M.  Brown-Séquard  tire  de  l'examen  d'un 
grand  nombre  de  faits  cliniques  et  expérimentaux  cette 
conclusion  (qui  nous  parait  aujourd'hui  moins  élrange, 
habitués  que  nous  sommes  à  compter  avec  les  phénomènes 
d'inhibition  centrale),  à  savoir  que  les  fibres  entre-croisées 
des  pjramides  antérieures  ne  sont  pas  les  seules  ou  les 
principales  voies  de  la  transmission  motrice  volontaire  et 
quedesdécussations  motrices  (volontaires ou  réflexes)  exis- 
tent dans  toute  la  longueur  du  centre  cérébro-rachidien. 

3"  De  la  greffe  osseuse  chez  T homme.  — U.  Oilier,  pour- 
suivant les  études  auxquelles  il  s'est  adonné  depuis  tant 
d'années,  élucide  dans  un  nouveau  travail  la  question  de 
la  survie  des  greffes  osseuses.  Il  montre  que  la  conser- 
vation du  périoste  autour  du  transplant  osseux  est  l'une 
des  premières  conditions  du  succès  de  la  greffe,  et  que  les 
portions  osseuses  sans  périoste  disparaissent  par  résorption 
progressive;  les  élément»  médullaires  intra-osseux  sont 
iQsufâi^nts  pour  assurer  la  persistance  du  transplant. 

*•  De  Vinfluence  de  la  température  interne  sur  les 
convulsions.  —  MM.  Langlois  et  Ch.  Richet  établissent 
J  influence  de  la  température  organique  sur  la  marche 
des  accidents  produits  par  les  substances  convulsivantes, 
ou,  pour  mieux  dire,  sur  l'activité  des  combinaisons  chi- 
miques qui  se  produisent  à  la  suite  de  l'absorption  des 
poisons  et  se  manifestent  par  les  réactions  anormales, 
coovulsives  ou  autres  :  ils  concluent  que  plus  la  tempé- 
rature est  élevée,  plus  la  dose  de  poison  qui  détermine  les 
convulsions  est  faible. 

S"*  Empoisonnement  par  V acide  chlorhydrique  (Notes 
anatomo-pathologiques  et  expérimentales).  —  Mm.  M.  Le- 
tuile  et  H.  Vaquez  ont  poursuivi  l'analyse  expérimentale 
et  l'étude  histologique  de  l'empoisonnement  par  l'acide 
chlorhydrique  :  ils  montrent  que  les  lésions  de  l'estomac 
consistent  dans  une  gastrite  suraigue  avec  prolifération 
embryonnaire  et  nécrobioses  cellulaires  étendues;  ils  éta- 
blissent, sur  les  faits  cliniques  et  expérimentaux,  la  fré- 
quence et  le  danger  de  la  pénétration  du  liquide  caustique 
liaus  les  voies  aériennes  ;  ils  concluent  enfin,  au  point  de 
^ue  pratique,  àl'impoiiance  du  lavage  de  l'estomac  avec  des 
a'jlutions  appropriées. 

0»  Nouvelles  recherches  sur  un  cas  d'ectopie  cardiaqne 


(ectocardie)  pour  servir  à  V étude  du  pouls. jugulaire  et 
aune  variété  du  bruit  de  galop.  —  H.  François-Franck  a 
tiré  du  nouvel  examen  pratioué  par  lui  sur  une  malade 
atteinte  d'ectopie  (ectocardie)  congénitale  du  cœur,  des 
conclusions  précises  relatives  au  bruit  de  galop  le  moins 
connu  (le  bruit  méso-diastolique)  et  au  mode  de  produc- 
tion de  l'affaissement  brus(]ue  des  veines  du  cou  au 
moment  de  la  systole  ventriculaire  ;  la  même  étude  l'a 
conduit  aussi  à  la  critique  des  conditions  productrices  du 
bruit  de  soufllle  dit  anémiaue  et  à  la  détermination  des 
rapports  (}ui  existent  entre  les  changements  de  volume  et 
les  pulsations  du  cœur. 

7^  De  la  quantité  doxyhémoglobine  et  de  l'activité  de 
la  réduction  de  cette  substance  chez  les  diabétiques.  — 
M.  Hénoccjue,  appliquant  à  l'étude  de  Toxyhémoglobine 
chez  les  diabétiques  ses  procédés  d'hématospectroscopie, 
montre  par  de  nombreuses  observations  que,  si  la  glyco- 
surie avait  une  action  notable  sur  la  quantité  d'oxyhémo- 
globine,  elle  tendrait  plutôt  à  l'augmenter;  il  ne  se  pro- 
nonce pas  sur  la  question  de  l'activité  de  la  réduction  qu'il 
a  trouvée  exagérée  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  mais 
sujette  aussi  à  variations. 

H""  Nouvelles  recherches  sur  Vinjection  dé  Veau  salée 
dans  les  vaisseau^x.  —  MM.  Dastre  et  P.  Loye  ont  obtenu 
des  résultats  précis  et  d'une  grande  portée  physiologique 
(peut-être  aussi  thérapeutique)  dans  leurs  recherches  sur 
1  injection  d'eau  salée  dans  le  sang.  Ils  ont  montré,  par 
exemple,  qu'en  réalisant  des  conditions  expérimentales 
très  simples,  on  peut  faire  subir  à  l'animal  un  véritable 
lavage  du  sang  et  des  tissus.  Le  liquide  en  excès  étant 
rejeté  à  mesure  par  les  reins,  les  glandes  salivaires,  l'in- 
testin, le  poumon,  s'emmagasine  d'une  façon  temporaire 
dans  les  tissus  qui  le  restituent  ensuite  aux  vaisseaux  : 
l'animal,  nullement  incommodé  par  cette  introduction  de 
quantités  souvent  considérables  d'eau  salée  dans  les  veines, 
se  comporte  comme  un  trop-plein  et  met  en  jeu  des  méca- 
nismes régulateurs  de  la  quantité  d'eau  tolérable.  Il  y  a  là 
une  base  scientifique  au  traitement  par  lavage  de  maladies 
dans  lesquelles  des  produits  toxiques  solubles  s'accumule- 
raient dans  les  tissus. 

Q**  Action  des  injections  intraveineuses  durine  sur  la 
calorification.  —  M.  Ch.  Bouchard,  dans  un  travail  (ju'il  y 
a  grand  intérêt  à  rapprocher  du  précédent,  établit,  au 
moyen  d'une  dissociation  expérimentale  rigoureuse,  que 
les  injections  intraveineuses  d'urine  normale  produisent  la 
mort  en  amenant  presque  toujours  une  diminution  de  la 
calorification,  contrairement  à  ce  qui  s'observe  avec  les 
injections  d'eau  pure.  L'action  hypothermisante  de  l'urine 
ne  résulte  ni  de  l'action  de  substances  minérales,  ni  de 
celle  de  l'urée,  mais  bien  de  l'effet  d'une  substance  qui  se 
fixe  en  partie  sur  le  charbon  à  la  façon  des  matières  colo- 
rantes et  des  alcaloïdes,  et  qui  s'altère  ou  disparait  par 
l'ébullition  prolongée  au  contact  de  l'air. 

François-Franck. 


VARIÉTÉS 

Société  de  protection  des  victimes  du  devoir  phofes- 
SiONNEL.  —  Sous  ce  nom  et  grâce  à  Tinitiative  de  M.  le  docteur 
Cézilly,  directeur  du  Concours  médical^  vient  de  se  fonder  à 
Paris  une  Société  dont  le  but  est  de  venir  en  aide  moralement 
et  parfois  matériellement  aux  familles  des  médecins  et  de  ceux 

3U1,  à  la  suite  d'un  acte  exceptionnel  de  dévouement  accompli 
aus  Texercice  de  la  médecine,  sont  morts  ou  sont  devenus  inca- 
pables de  continuer  à  exercer  leur  profession. 

Celte  Société,  qui  a  son  siège  à  Paris,  23,  rue  de  Dunkerquc, 
fait  appel  au  concours  de  tous  les  médecins. 
Le  premier  comité  de  patronage  est  composé  comme  suit  : 


32 


No  2  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  11  Janvier  1880 


Président  :  M.  Th.  Roussel,  sénateur  ;  vice-présidents  : 
MM.  Fraock-Chauvcau,  sénateur,  et  H.  Monod,  directeur  de  la 
Santé  et  derAssislance  publiques;  secrétaire  :  M.  le  docteur 
Gézilly;  membres  :  MM.  Brouardel,  L.  Colin,  Dujardin-Beaumetz, 
Cuvinot,  Farcy,  Gibert  (du  Havre),  Grancher,  Hyades,  Laborde, 
LerebouHet,  Magnier,  Maurat,  Nicolas,  Nocard,  J.  Steeg, Treille, 
U.  Trélat. 

Elle  vient  de  recevoir  un  don  de  ^000  francs  du  ministère  de 
rintérieur  et  un  don  de  500  francs  du  ministère  du  Commerce. 

Académie  royale  des  sciences  de  Turin.  Programme  du 
septième  prix  Bressa.  —  L'Académie  royale  des  sciences  de 
Turin,  se  conformant  aux  dispositions  testamentaires  du  docteur 
César-Alexandre  Bressa,  et  au  programme  relatif  publié  le 
7  décembre  1876.  annonce  qu'au  31  décembre  1888  s'est  clos 
le  Concours  pour  les  découvertes  et  les  ouvrages  scientiflques 
qui  se  sont  faits  dans  le  quadrienaium  1885-88,  concours  auquel 
devaient  seuls  prendre  part  les  savants  et  les  inventeurs  italiens. 

En  môme  temps  cette  Académie  rappelle  qu'à  partir  du 
1^^  janvier  1887,  il  est  ouvert  un  concours  auquel,  suivant  la 
volonté  du  testateur,  seront  admis  les  savants  et  les  inventeurs 
de  toutes  les  nations. 

Ce  concours  aura  pour  but  de  récompenser  le  savant  ou  l'in- 
venteur, à  quelque  nation  qu'il  appartienne,  lequel  durant  la 
période  quadriennale  de  188/-90,  c  au  jugement  de  l'Académie 
des  sciences  de  Turin,  aura  fait  la  découverte  la  plus  éclatante 
et  la  plus  utile,  ou  qui  aura  produit  l'ouvrage  le  plus  célèbre 
en  fait  de  sciences  physiques  et  expérimentales,  histoire  nalu- 
relle,  mathématiques  pures  et  appliquées,  chimie,  physiologie 
et  pathologie,  sans  exclure  la  géologie,  l'histoire,  la  géogra- 
phie et  la  statistique  >. 

Ce  concours  sera  clos  le  31  décembre  1890.  La  somme  des- 
tinée à  ce  prix  sera  de  12000  francs  (douze  mille  francs).  Aucun 
des  membres  nationaux  résidants  ou  non  résidants  de  l'Académie 
des  sciences  de  Turin  ne  pourra  concourir  à  ce  prix. 


Souscription  DucAenne  (de  Boulogne).  —  Les  admirateurs, 
les  élèves  et  les  amis  de  Duchenne  (de  Boulogne)  ont  l'intention 
de  perpétuer  la  mémoire  d'un  des  grands  promoteurs  de  la 
neuropalliologie  moderne  en  lui  élevant  un  monument  dans 
l'enceinte  de  la  Salpétrière.  Ils  font  appel  au  concours  de  tous 
les  médecins  qui  savent  apprécier  1  importance  des  services 
rendus  à  la  science  par  notre  illustre  compatriote. 

Pour  réaliser  ce  projet,  un  comité  a  été  constitué.  Il  se  com- 
pose de  :  MM.  Charcot,  président;  Joffroy,  vice-président; 
Straus*  Pitres,  Teissicr,  LerebouHet,  Magnan,  Hamy,  Gom- 
bault,  trésorier. 

Les  souscriptions  devront  être  adressées  à  M.  le  docteur  Gom- 
bault,  trésorier,  41,  rue  dé  Vaugirard,  ou  à  l'un  des  membres 
du  comité. 

Première  liste. 


WM.  Charcot 

300  fr.     > 

Joffroy 

100          j 

Dainaschino 

......        100          » 

Straus 

50          » 

Pitres 

50          > 

Grancher 

50          » 

Chrysaphy 

Falret 

50          * 

50          ï 

Teissier  fils 

40          ï 

A.  Gombault 

25          > 

Debove 

25          > 

Gilbert 

25          > 

Ballet 

25          j 

Magnan . .   

LerebouHet 

20          » 

20          > 

Bourueville 

20          » 

Brouardel 

20          j 

Bonnet 

20          j 

Troisier 

20          j 

Richardière 

20          » 

Ed.  Meyer 

Ilénocque 

Ouinquaud 

Macritot 

20          > 

10                3 

20         ï 

10         > 

Total.. 

.,    1090          > 

Ecole  de  médecine  de  Tours.  —  Un  concours  s'ouvrira,  L* 
3  juillet  1889,  à  l'Ecole  supérieure  de  pharmacie  de  Paris,  pour 
l'emploi  de  suppléant  de  la  chaire  d'histoire  naturelle  à  TEcolc 
préparatoire  de  médecine  et  de  pharmacie  de  Tours. 

Le  registre  d'inscription  sera  clos  un  mois  avant  Pouverturc 
du  dit  concours. 

NÉCROLOGIE.  —  M.  le  docteur  Estorc,  ancien  interne  des 
hôpitaux  de  Montpellier,  chirurgien  en  chef  des  hospices  de 
Bédarrieux,  vient  de  mourir  à  l'âge  de  trente-trois  ans. 

—  M.  le  docteur  Pierre-Edme-Euçène  Verjon,  médecin  inspec- 
teur honoraire  des  eaux  de  Plombières,  vient  de  succomber  à 
V\ge  de  cinquante-huit  ans  aux  suites  de  la  cruelle  maladie  qui 
depuis  plusieurs  années  l'avait  obligé  à  cesser  Texercice  de  la 
médecine. 


{A  suivre.) 


Mortalité  a    Paris  (52^'  semaine,  du  23  au  29  décembre 
1888.  — Population:  2260945 habitants).  —  Fièvre  typhoïde, 21. 

—  Variole,  6.  —  Rougeole,  42.  —  Scarlatine,  4.  —  Coque- 
luche, 2.  —  Diphthérie,  croup,  42.  —  Choléra,  0.  —  Pbthisie 
pulmonaire,  181.  —  Autres  tuberculoses,  21.  —  Tumeurs  : 
cancéreuses,  41  ;  autres,  6.  —  Méningite,  32.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  56.  —  Paralysie,  8.  — 
Ramollissement  cérébral,  11 .  —  Maladies  organiques  au  cœur,  fx^. 

—  Bronchite  aiguë,  42.  —  Bronchique  chronique,  47. — Broncho- 
pneumonie, 27.  —  Pneumonie,  67.  —  Gastro-entérite:  sein,  8; 
biberon,  33.  —  Autres  diarrhées,  2.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 5.  —  Autres  affections  puerpérales,  1 .  —  Débilité  con- 
génitale, 20.  —  Sénilité,  28.  —  Suicides,  11.  —  Autres  morts 
violentes,  13.  —  Autres  causes  de  mort,  179,  —  Causes 
inconnues,  12.  —  Total  :  1033. 


OUVRAGES  DÉPOSÉS  AU  BUREAU  DU  JOURNAL 

L'Agbnda  MRDICal  pour  1889,  public  chez  MM.  Asselin  et  Houieau  éditeurs,  a 
ctc  entièrement  refondu  et  comprend  : 

l"  Mémorial  thérapeutique  du  médecin  praticien,  par  M.  le  docteur  Cons- 
tantin Paul,  professeur-agrcgé  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris,  raédccin  de 
l'hôpital  Larîbotsièr\  nombre  de  l'Académie  de  médecine  ; 

2*  Mémorial  ohilétrical,  par  M.  le  professeur  Pajot  ; 

3**  Formulaire  magistral,  par  M.  Delpcch,  pharmacien  de  {^«classe,  membre 
dc«  Sociétés  do  pharmacie  et  de  thcrapeutiqiic  ; 

i°  Notice  tur  les  stations  hivernales  de  la  France  et  de  Vétranger^  pjr 
M.  le  docteur  do  Valcourt. 

Plus  un  Calendrier  à  deux  jours  par  page,  la  liste  des  médecins,  dcnllsie». 
pharmaciens  et  vétérinaires  du  département  de  la  Seine;  Ips  médecins  dc> 
hôpitaux  civils  et  militaires  do  Paris;  les  médecins  inspecteurs  des  cjiax 
minérales;  maisons  do  sa.-ité  de  Paris  et  dos- environs  ;  la  liste  dos  divers 
journaux  scientifiques;  les  Facultés  et  Ecoles  préparatoires  de  médecine  dt 
France;  les  Ecoles  de  médecine  militaire  et  nivale,  avec  le  nom  de  MM.  1rs 
professeurs  ;  TAcadéraic  de  médecine  et  les  diverses  Sociétés  médicales  ;  \v 
tableau  des  rues  de  Paris,  etc.,  format  in-18  de  5'JO  pages,  dont  190  de  calen* 
dricr  et  400  de  renseignements  utiles. 

Prix  variant  entre  1  fr.  75  et  9  francs. 

Hecherches  clinùiues  sur  la  paraUfie  §inirtAêch$%  Vhoinme,  par  M.  le  docUnir 
P.  Arnaud.  1  vol.  grand  in>8*>  d*;  80  pages.  Paris,  0.  Doin.  "£  fr 

L'instinct  sexuel  che%  l'homme  et  chez  les  animaux,  par  H.  Tillier,  précêdr 
d'une  préface  par  M.  J.-L.  de  Lancssan  (Bihliothèque  des  actualités  médicales 
et  scientillques).  i  vol.  in-lâ  de  300  pages.  Paris,  0.  Duin.  3  fr.  50 

Le  crachat  dans  ses  rapports  avec  le  diagnostic,  le  pronostic  et  le  traitement  des 
maladies  de  la  gorge  et  des  poumons,  par  M.  le  docteur  C.  Hnnter-Uackenzic. 
traduit  de  l'anglais  et  annoté  par  M.  le  docteur  Léon  Petit,  avec  uno  préfMco 
de  M.  le  professeur  Grancher.  1  vol.  in-8^  avec  24  pages  chromolitliographiquc». 
Paris,  0.  Doin.  5  fr. 

Le  siivus  uro- génital  (son  développement,  ses  anomalies),  par  M.  le  dojteur 
Issnural.  Une  brochure  in-8»  de  100  pages.  Paris,  0.  Doin.  3  fr.  50 

La  génération,  étudiée  sur  les  végétaux,  les  oiseaux  et  les  animaux  pour  la  roii- 
naître  chez  la  femme,  par  M.  le  docteur  Kézard  de  Wonves.  1  vol.  in-lâ  do 
159  pages.  Paris,  0.  Doin.  3  fr. 

Diagnostic  précoce  de  la  tuberculose  pulmonaire,  par  M.  Antonio  Espina  yCa{Ki. 
Une  brochure  in-8«  de  40  pages.  Paris,  0.  Doin.  i  fr.  5rt 

Recherches  expérimentales  sur  la  durée  des  actes  psychiques  les  plus  simples  et 
sur  la  vitesse  des  courants  nerveux  A  l'état  normal  et  à  l'état  pathologique, 
par  M.  lu  docteur  A.  Uémoud  (de  Metz).  1  vol.  in-8«  de  140  pages.  I*ari>» 
U.  Doin.  3  fi 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 


1T797.  ~  MOTTEROZ.  —  Imprimorios  réunies,  A,  rue  Mignon,  2,  Paris. 


Tre^ntë-sixiImb  année 


^•3 


18  Janvier  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 

PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  {RÉDACTION 

M.  LK  D'  L.  LEREBOULLET,  Râdactbur  en  ghbp 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  6,  DIEULAFOY,  DREYFUS-BRISAC,  FRARCOIS-FRARCK,  A.  HÊROCQUE,  A.J.  MARTIN,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lebbboullet,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOVUAIKB.  — Bulletin.  — Neuho  pathologie.  Les  migraines.  —Pathologie 
c&!tÉR\Li.  La  diplilhério  maladie  parasilairo.  Pathogénie  de  la  paralysie  diphtJn'- 
riiiqu*.  ~  CoxTRiBUTioNS  PHAHMACBUTIQUBS.  Savon  aiitisepUque  cl  chiruivical. 
—  Hkwk  9U3COVR»  Kt  DBS  GLiHiauES»  H&piUl  ^SaiBl-Louis.  Service  de  M.  le 
pro£»4eiir  Foarnicr.  —Travaux  originaux.  Pathologie  générale  :  Essai  sur  la 
rerherehi*.  rîsoteroent  ot  l'emploi  Taccinal  des  excréta  âolubles  de  certains  mi- 
rrubea  palliocèiics.  —  SociÉTi^s  ftAVANTBS.  Acadt^mio  de  médecine.  »  Société 
moilicak»  de»  hôpitiux.  —  Société  do  chirurgie.  —  Société  de  biologie.  —  So- 
ciale de  thérapeutique.  —  Suciclé  anatomique.  —  Revue  des  journaux.  — 
BtBLiOGRAPHiE.  Traité  théorique  et  pratique  do$  maladies  de  l'oreille  et  du  nei. 


BULLETIN 

Paris,  10  janvier  4888. 

Académie  de  médecine  :  Le  •trophantuB.  —  Académie  des 
sciences  :  Diabèi«  expérimentai.  —  Socicté  médicale 

des  hôpitaux   :    Les  pleurésies  uîéta-pneuiiioiilques. 
—  Société  de  chirurgie  :  Éloge  de  Glraod-Tealon.  — 

Comité  consultatif  d'hygiène:  iBstaiiatioa  au  miuis- 

1ère  de  l'In  ter  leur. 

La  discussion  sur  les  indicalions  thérapeutiques  et  l'ac- 
tion physiologique  du  strophantus  se  continue  devant  l'Âca- 
démie.  Nous  avons  entendu  hier  M.  Dujardin-Beaumelz 
qui  regarde  le  strophantus  comme  un  médicament  car- 
diaque inoffensif  même  dans  les  cas  de  néphrite  et  M.  G.  Sée 
qui  pense,  comme  Lemoine,  que  c'est  un  médicament 
rénal  n'agissant  que  comme  diurétique  et  qui  peut  être 
dangereux  en  raison  de  Tirritation  qu'il  produit  sur  l'épi- 
thérium  rénal.  La  communication  de  M.  G.  Sée  n'étant  pas 
/er/n/née,  nous  attendrons  une  prochaine  séance  pour  pou- 
voir résumer  toute  cette  discussion  et  en  tirer  quelques 
coDclusioas  pratiques. 

Nous  ne  ferons  aussi  que  mentionner  le  travail  lu  par 
M.  G.  Sée  devant  l'Académie  des  sciences.  Nous  en  résu- 
merons les  parties  principales  quand  nous  en  aurons  sous 
les  yeux  le  texte  officiel. 

£nûn  nous  devons  signaler  à  nos  lecteurs  tout  l'intérêt 
que  présentent  les  deux  communications,  faites  dans  sa 
dernière  séance  à  la  Société  médicale  des  hôpitaux^  par 
MM.  Troisier  et  Netter.  La  question  des  pleurésies  méta- 
pneumoniques  sera  prochainement  traitée  dans  une  Revue 
générale.  Nous  nous  bornerons  donc  à  faire  ressortir,  au 
point  de  vue  exclusivement  pratique,  ce  qu'il  importe  de 
retenir  des  faits  analysés  par  M.  Netter  et  de  ceux  qu'il  a 
étudiés  lui-même  avec  tant  de  soin. 

Les  pneumonies  les  plus  simples,  comme  les  plus  graves^ 
peuvent  être  suivies  de  pleurésies.  Souvent  même  la  pleu- 
résie et  la  pneumonie  évoluent  presque  simultanément,  et,  si 
Ton  ne  constate  qu'au  moment  de  la  défervescence  et 
r  SiaiB,  T.  XXVl. 


pendant  la  période  de  résolution  de  la  pneumonie,  l'existence 
d'une  pleurile  sèche  ou  d'un  épanchement  modéré,  c'est 
parce  que  les  symptômes  bruyants  et  relativement  prédo- 
minants de  la  maladie  principale  ont  masqué  ceux  de 
l'affection  secondaire  qui,  due  à  une  cause  identique,  venait 
la  compliquer.  Ainsi  que  l'a  bien  fait  remarquer  M.  Rendu, 
ces  pleurésies  simples  diffèrent  cliniquement  des  pleurésies 
purulentes  que  M.  Netter  a  étudiées  au  point  de  vue  micro- 
biologique.  Celles-ci  sont  dues,  comme  les  premières  sans 
doute,  au  passage  dans  la  plèvre  et  à  l'irritation  qu'ils  y 
provoquent  des  microbes  spécifiques  de  la  pneumonie,  des 
pneumocoques.  Mais,  et  c'est  là  une  conclusion  que  nous 
tenions  à  faire  connj^ître  immédiatement,  la  présence  de  ces 
microbes  dans  le  liquide  évacué  n'aggrave  point  le  pronostic. 
Tout  au  contraire  ce  ni icrobe,  qui  mérite  si  bien  son  nom, 
puisque  sa  vie  est  courte  dans  le  corps  humain  comme  dans 
les  tubes  à  culture^  ne  produit  pas  de  lésions  profondes. 
Par  conséquent,  une  ou  plusieurs  ponctions  simples  pourront 
arriver  à  guérir  la  pleurésie  méta-pneumonique  simple  et, 
dès  lors  qu'elle  soit  séreuse  ou  purulente  elle  restera 
bénigne.  Si,  au  contraire,  le  liquide  renferme  d'autres  mi- 
crobes pyogènes,  le  pronostic  sera  infiniment  plus  sévère. 
Il  conviendra  de  pratiquer  immédiatement  la  tljoracotomie 
et  les  lavages  antiseptiques  de  ta  plèvre  et,  au  point  de  vue 
étiolo'gique,  la  maladie  sera  autre  que  la  pleurésie  méta- 
pneumonique  simple, 

—  A  la  Société  de  -chirurgie  M.  Chauvel,  qui  continue  à 
remplir  avec  tant  de  zèle  et  de  distinction  les  fonctions  de 
secrétaire-général,  a  fait  applaudir  par  tous  ses  collègues  un 
éloquent  éloge  de  Giraud-Teulon,  que  le  défaut  d'espace 
nous  empêche  de  reproduire. 

—  En  installant  le  Comité  consultatif  d'hygiène  publique 
de  France  au  ministère  de  l'Intérieur,  auprès  duquel  il  est 
désormais  placé,  M.  Léon  Bourgeois,  sous-secrétaire  d'Etat, 
a  prononcé  un  remarquable  discours  sur  l'organisation  du 
service  de  la  santé  publique  et  sur  les  avantages  qu'on  en 
doit  attendre  pour  la  diminution  de  la  mortalité.  C'est  la 
première  fois,  croyons-nous,  que  le  gouvernement  se  pro- 
nonce en  France,  avec  une  si  grande  netteté  et  une  telle 
conviction,  en  faveur  des  efforts  tentés  par  les  hygiénistes 
et  le  corps  médical  contre  les  maladies  transmissibles.  En 
y  associant  ainsi  l'administration,  en  montrant  l'assistance 
commune  que  la  science  et  elle  doivent  se  prêter,  M.  Léon 
Bourgeois  a  fait  un  acte  gouvernemental  dont  il  importe 
de  conserver  la  date  et  dont  nous  pouvons,  à  Texemple 
d'autres  nations,  espérer  les  plus  heureux  résultats. 

u 


34 


N»  3  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  18  Jaktier  1889 


NEUROPATHOLOGIE 


Le«  mli^aliieM. 


(Suite.  —  Voy.  le  numéro  2.) 

Étiologie.  —  La  migraine  accompagnée  n'est  pas  une 
affection  rare.  Galezowski  en  a  observé  soixanle-dix-neuf 
cas  en  quelques  années.  Liveing  a  pu  sans  grand'peine  en 
réunir  soixante-sept  cas.  En  deux  ans,  nous  avons  pu,  en 
ville,  trouver  dix  cas  très  accusés  et  cinq  ou  six  autres  moins 
intéressants. 

Les  femmes  sont  plus  souvent  atteintes  que  les  hommes 
(Liveing,  Ramberg,  Labarraque,  Calmeil,  Galezowski). 
Chez  elles,  au  dire  de  Galezowski,  on  trouve  souvent,  et 
cela  n'a  rien  d'étonnant,  l'amblyopie  hystérique.  La  migraine 
ophthalmique  simple  ou  accompagnée  paraît  plus  fréquente 
chez  l'homme. 

Cest  entre  trente  et  soixante  ans  que  la  maladie  est 
la  plus  fréquente;  mais  il  est  nécessaire  de  savoir  que 
l'affection,  sous  forme  de  migraine  simple,  commence  de 
très  bonne  heure.  Un  malade  que  je  vis,  il  y  a  quelques 
jours,  me  dît  :  qu'il  a  eu  la  migraine  depuis  qu'il  a  le  sou- 
venir. Cette  migraine  simple  a  disparu  aujourd'hui  et  est 
remplacée  par  des  accès  de  migrai7ie  accompagnée,  exclu- 
sivement constituée  par  des  vertiges  et  des  engourdisse- 
ments d'un  pied. 

Tissot  assigne  pour  le  début  de  la  migraine  en  général 
huit  ou  dix  ans  chez  les  héréditaires  ;  trente  à  quarante 
chez  ceux  qui  sont  moins  prédisposés. 

La  migraine  accompagnée  est  assez  rare  chez  le  vieil- 
lard (Romberg,  Liveing).  Parfois  la  cessation  brusque  de 
migraines  habituelles  indique  l'apparition  d'une  dégénéra- 
tion (vasculaire)  du  cerveau,  et  précède  les  apoplexies  et  les 
paralysies. 

La  position  sociale  a  son  importance.  Les  professions  libé- 
rales sont  celles  où  la  migraine  se  rencontre  le  plus  com- 
munément. Vinfliience  de  Vhérédité  longtemps  contestée 
est  admise  aujourd'hui  par  la  généralité  des  médecins.  La 
migraine  est  héréditaire.  Dans  sa  thèse,  faîte  sous  l'inspira- 
tion du  professeur  Bouchard,  Soulà  donne  de  nombreuses 
observations  (64)  dans  lesquelles  on  .trouve  notés  les  anté- 
cédents héréditaires  ;  quatorze  fois  la  migraine  existait  chez 
les  ascendants. 

Quand  on  discute  une  question  d'influence  héréditaire, 
ce  n'est  pas  seulement  l'hérédité  de  ressemblance  qu'il  faut 
chercher,  mais  bien  tous  les  membres  épars  de  la  famille 
neuropathologique.  Nous  en  avons  à  peu  près  fini  avec  les 
migraines  stomacales,  utérines,  hémorrhoïdales,  etc.  Nous 
ne  supposons  plus  avec  Lasègue  et  Hîrtz  que  c'est  dans 
l'étude  du  malade,  lui-mêmey  bien  plus  que  dans  celle  de 
sa  maladie,  que  nous  trouvons  des  données  séiieuses.  Nous 
ne  dirons  pas  que  c'est  au  sein  de  l'économie  de  chaque 
individu  en  particulier  que  semble  résider  la  cause  pre- 
mière, autrement  dit  la  prédisposition  à  la  migraine. 

Nous  admettons  les  points  de  contact  fréquents  de  la 
goutte  et  de  la  migraine,  avec  Scudamore,  Travers,  Mollen- 
dorf,  Lynch,  HoUand,  enfin  Trousseau  pour  qui  la  migraine 
représente  la  monnaie  des  attaques  de  goutte  régulière. 

Depuis,  Charcot,  Férc,  Galezowski  et  plusieurs  auteurs 
de  mémoires  ou  de  thèses,  ont  montré  les  liens  qui  unis- 
sent la  migraine  ophthalmique  à  la  goutte.  Gauté  dit  avoir 


relevé  dans  les  cahiers  de  Galezowski  quatorze  cas  de 
migraine  ophthalmique  chez  les  goutteux. 

M.  Rendu,  dans  l'article  Goutte  du  Dictionnaire  ency-- 
clopédiquej  admet  parfaitement  la  parenté  de  la  migraine 
et  surtout  de  la  migraine  ophthalmique  avec  la  goutte. 

Le  rhumatisme  affecte  les  mêmes  rapports  que  la  goutte. 
La  migraine  précède,  accompagne  ou  suit  le  rhumatisme, 
le  plus  souvent  elle  précède  les  attaques  articulaires.  Bien 
des  rhumatisants  (Chaumier,  Grasset)  ont  été  migraineux 
dans  leur  enfance. 

Plus  grande  est  encore  Tinfluence  du  rhumatisme  chro- 
nique (Charcot).  Sur  trente  vieilles  femmes  atteintes  de 
rhumatisme  noueux,  douze  ont  eu  de  la  migraine;  le  plus 
souvent  entre  les  accès  réguliers  du  rhumatisme  on  ren- 
contre la  même  chose  dans  les  nodosités  d'Heberden  ; 
on  observe  une  association  également  intéressante  de  la 
migraine  avec  le  rhumatisme  musculaire,  l'obésité,  le 
diabète,  l'arthrite  déformante  (Bouchard),  l'eczéma,  la 
sciatîque,  Varthritisrne  en  un  mot, 

Lancereaux  a  noté  cinq  fois  la  migraine  chez  douze  sujets 
atteints  de  la  rétraction  de  l'aponévrose  palmaire.  L'asthme, 
l'angine  de  poitrine  remplacent  souvent  la  migraine;  Trous- 
seau, Liveing,  Chaumier,  Bouchard,  Gueneau  de  Mussy, 
admettent  les  rapports  étroits  de  ces  deux  affections  avec 
la  migraine. 

En  un  mot,  on  peut  dire  avec  Landouzy  et  Huchard  que 
l'angine  de  poitrine  et  la  migraine  sont  reliées  ensemble 
par  la  même  cause  générale  qui  est  l'arlhritisme. 

C'est  la  même  chose  pour  les  hémorrhoïdes  et  les  varices, 
les  épistuxis,  la  gravelle,  la  lithiase  biliaire,  les  affections 
cutanées,  telles  que  l'eczéma,  Tiropetigo,  l'acné,  le  furoncle, 
le  pityriasis,  etc. 

Certaines  maladies  nerveuses  affectent  avec  la  migraine 
une  telle  ressemblance  que  nous  nous  réservons  de  préciser 
ces  rapports  au  chapitre  ayant  trait  aux  transformations  des 
migraines. 

La  vraie  cause  des  accès  de  migraine  accompagnée  se 
trouve  évidemment  dans  l'hérédité,  mais  il  ne  faut  pas 
non  plus  négliger  les  causes  accessoires.  Règle  générale 
(Liveing),  plus  le  sujet  est  prédisposé,  moins  la  cause 
accessoire  a  d'importance. 

Les  désordres  gastriques,  la  période  cataméniale,  la 
grossesse,  ont  surtout  de  l'importance  sur  la  production  de 
la  migraine  simple. 

Piorry  dit  cependant  que  la  migraine  ophthalmique  dont 
il  était  atteint  se  produisait  ou  quand  son  estomac  était 
plein  ou  quand  il  était  vide. 

Nous  ne  pouvons  laisser  passer  sans  la  signaler  la  res- 
semblance qu'il  y  a  entre  la  migraine  causée  par  le  vide 
stomacal  et  l'état  de  malaise  si  pénible  que  signalent  les 
neurasthéniques  quand  ils  souffrent  de  leurs  fringales. 

Le  sommeil  et  la  veille  peuvent  provoquer  la  migraine. 
Le  matin  au  lever,  des  malades  sont  pris  de  leur  douleur. 
Un  malade  que  j'ai  connu  eut  pendant  quelque  temps  des 
accès  de  migraine  accompagnée  chaque  fois  qu'il  fit  la  sieste 
dans  le  tantôt.  Le  trouble  oculaire  se  produisait  aussitôt 
les  yeux  ouverts. 

Le  passage  du  sommeil  à  la  veille  et  de  la  veille  au  som- 
meil, dit  Marshall-Hall,  est  particulièrement  apte  à  pro- 
duire les  troubles  nerveux;  il  cite  la  laryngite  striduleuse 
et  l'épilepsie  comme  manifestations  capables  de  se  produire 
soit  en  dormant,  soit  en  se  réveillant. 

Les  impressions  sensorielles  nous  paraissent  avoir  une 


18  Janvier  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  3  —  as 


grosse  influence.  C'est  toujours  ou  presque  toujours  à  la 
suite  de  la  fatigue  oculaire  que  les  malades  dont  j'ai  pré-' 
sente  les  observations  à  la  Société  clinique^  en  novembre 
1888,  ont  été  pris  de  leur  migraine:  lectures  longtemps 
prolongées  de  caractères  fins,  dans  un  mauvais  jour;  lec- 
ture dans  une  voiture  qui  secoue  ou  sur  un  omnibus;  lec- 
ture en  mangeant;  miroitement  des  eaux;  réverbération  sur 
une  route  très  blanche  ;  travaux  minutieux  ;  fonctionnement 
inégal  des  deux  yeux  (travaux  d'histologie)  ;  port  de  verres 
trop  forts,  etc.  Piorry  considère  sa  migraine  ophthalmique 
comme  causée  sympathiquement  par  l'irritation  du  nerf 
optique  après  avoir  longtemps  observé  de  petits  objets  avec 
un  éclairage  défectueux.  Telles  sont  les  causes  rencontrées 
le  plus  souvent  à  l'origine  d&  l'affection  spéciale  que  nous 
étudions. 

Les  influences  météorologiques  invoquées  si  souvent  par 
les  médecins  anglais  nous  ont  paru  avoir  peu  d'importance. 

Dbscriptiok.  —  Le  mode  de  début  est  loin  d'élre  toujours 
le  même.  Dans  la  moitié  des  cas  peut-être  les  malades 
étaient  depuis  fort  longtemps  des  migraineux  vulgaires  chez 
qui  les  symptômes:  aphasie,  auras  sensitive,  parésie,  etc., 
sont  venus  s'ajouter  ou  se  substituer  aux  symptômes  fonda- 
mentaux de  la  migraine  simple.  Souvent  aussi  la  migraine 
complexe  que  nous  étudions  éclate  tout  d'un  coup  avec  ses 
phénomènes  propres.  Rarement  les  phénomènes  oculaires 
font  défaut.  Ce  sont  eux,  si  légers  qu'ils  soient,  qui  donnent 
la  caractéristique  de  l'affection.  Il  faut  savoir,  cependant, 
qu'ils  peuvent  faire  défaut.  Un  de  nos  malades,  après  plu- 
sieurs mois  d'un  grand  surmenage  intellectuel,  rentra  chez 
lui  comme  ébloui  et  ne  pouvant  plus  dire  autre  chose  que 
le  mot  Bradamantei  Les  phénomènes  oculaires  avaient  été 
très  peu  marqués,  cela  nous  suffit  cependant  pour  porter 
le  diagnostic  de  migraine  ophthalmique  accompagnée 
d'aphasie;  l'événement  prouva  que  nous  avions  eu  raison. 
Au  bout  d'une  heure  et  demie  la  parole  revint  et  tout 
rentra  dans  l'ordre;  mais  cinq  mois  après,  en  rentrant 
d*uue  promenade  au  grand  soleil,  belle  hémiopie  latérale 
de  l'œil  droit  avec  légers  phénomènes  d'accompagnement. 
C'était  donc  bien  la  migraine  ophlhalmique  dissociée  à 
laquelle  nous  avions  eu  affaire. 

Ces  troubles  oculaires  affectent  très  souvent  une  préfé- 
rence marquée  pour  tel  ou  tel  symptôme  d'accompagnement, 
mais  oû  doit  se  rappeler  que  cela  n'a  rien  de  fixe  et  que 
toutes  les  combinaisons  sont  possibles.  Quoi  qu'il  en  soit, 
laissoosjdecôté  la  migraine  simple,  connue  de  tout  le  monde. 
Nous  arrivons  à  la  description  de  la  migraine  ophthalmique 
simple  dont  nous  allons  énumérer  les  caractères  les  plus 
constants,  n'ayant  pas  à  en  faire  ici  une  description  détaillée  ; 
ensuite  nous  étudierons  avec  plus  de  précision  les  symptômes 
qui  accompagnent  souvent  ce  syndrome  capital  ;  migraine 
ophthalmique. 

Le  plus  souvent,  à  la  suite  de  la  fatigue  oculaire  que 
nous  avons  signalée,  le  malade  est  pris  d'une  sorte  d'éblouis- 
sèment  dans  un  seul  œil  ou  dans  les  deux  yeux.  Des  points 
obscurs  apparaissent  dans  le  champ  visuel  et  causent  autant 
de  lacunes;  souvent  ces  lacunes  sont  disposées  irrégulière- 
'  ment,  souvent  aussi  elles  obéissent  à  des  lois  déterminées 
I  et  occupent  la  moitié  du  champ  visuel  en  haut  ou  en  bas 
ou  sur  les  côtés  {hémiopie) '^  dans  d'autres  circonstances 
elles  envahissent  le  même  champ  visuel  de  la  périphérie  au 
centre  {rétrécissement  concentrique  passager  du  champ 
visuel  ;  analogie  avec  ce  qui  se  passe  chez  certains  épilep- 


tiques  au  moment  de  la  crise).  Quelquefois  la  lacune  débute 
au  centre  du  champ  et  gagne  la  périphérie. 

Dans  ces  deux  derniers  cas  le  phénomène  peut  avoir  assez 
d'intensité  pour  aller  jusqu'à  la  cécité  complète. 

Dahs  la  majorité  des  cas,  il  semble  qu'un  brouillard  épais 
s'étend  sur  les  objets;  ce  brouillard  est  gris  et  immobile. 

Quand  les  lacunes  sont  disposées  irrégulièrement,  le 
malade  dit  communément  que  le  livre  qu'il  lit  est  plein  de 
c  blancs  »  et  que  la  lecture  est  impossible  de  ce  fait.  Quand 
le  trouble  oculaire  est  localisé  et  prend  la  forme  hémiopie, 
le  malade  ne  voit  que  la  moitié  des  objets  placés  devant  lui, 
les  mots  sont  coupés  en  deux,  une  moitié  est  invisible  pour 
lui,  il  faut  déplacer  constamment  le  livre  de  droiie  à  gauche 
ou  de  gauche  à  droite.  Si  l'hémiopie  occupe  la  moitié  supé- 
rieure du  champ  visuel,  le  malade  ne  voit  que  les  jambes 
d'un  homme  qui  vient  à  lui.  Si  c'est,  au  contraire,  la  moitié 
inférieure,  on  voit  l'homme  situé  en  face  de  vous  coupé  à 
mi-hauteur.  S'il  s'agit  du  rétrécissement  passager  du  champ 
visuel^  le  patient  voit  le  cercle  de  brouillard  gagner  petit 
à  petit  le  centre  du  champ.  Lit-il,  il  ne  voit  que  le  mot  qu'il 
fixe;  les  mots  qui  précèdent  ou  ceux  qui  suivent  disparais- 
sent; bientôt  les  lettres  elles-mêmes  ne  sont  vues  qu'une 
à  une. 

Un  malade,  dont  nous  avons  rapporté  l'observation,  regar- 
dait une  horloge  et  ne  voyait  qu'elle.  Ensuite,  il  ne  voyait 
plus  le  cadre,  puis  les  chiffres  marqués  autour  du  cadran. 

Bientôt  le  point  d'attache  seul  des  aiguilles  demeurait 
visible,  et,  si  le  malade  s'efforçait  de  fixer  quand  même,  il 
ne  voyait  plus  rien  et  était  pris  de  vomissements. 

Le  scotome  scintillant,  dont  nous  ne  voulons  pas  refaire 
ici  la  description  complète,  débute  fréquemment  pendant 
la  lecture  (Forster),  à  gauche  ou  à  droite  du  point  de  fixa- 
tion. A  cet  endroit  plusieurs  lettres  manquent.  La  lettré 
fixée,  ainsi  que  tout  le  reste  de  la  ligne,  sont  distincts;  mais 
bientôt  la  partie  obscurcie  progresse  en  prenant  une  forme 
semi-lunaire,  à  bord  concave  peu  distinct  tourné  du  côté  du 
point  de  fixation.  Sur  le  fond  noir  se  dessine  bientôt  une 
bande  lumineuse  d'épaisseur  variable  ;  à  cette  bande  qui  très 
souvent  est  jaune  éclatant,  se  joignent  d'autres  bandes 
parallèles  multicolores  qui  s'agitent  et  ondulent,  dessinant 
bientôt  des  angles  rentrants  et  saillants  représentant  assez 
bien  le  plan  de  fortifications  à  la  Vauban.  Le  phénomène 
dure  plus  ou  moins  longtemps.  Le  lacet  qui  constitue  le 
scotome  s'ouvre  à  la  manière  d'un  croissant  aux  cornes 
effilées,  il  se  transporte  petit  à  petit  vers  les  limites  les  plus 
tcculées  du  champ  visuel  et  finit  par  disparaître.  Si  le  plan 
et  l'aspect  général  de  ce  scotome  sont  toujours  les  mêmes, 
les  variétés  et  les  différences  individuelles  sont  innombra- 
bles. Un  malade  voit  une  bande  noire  (scotome  vaporeux 
noir  de  Galezowski)  qui  s'agite;  l'autre  ne  voit  que  des 
bandes  lumineuses  rompues  de  distance  en  distance;  l'autre 
ne  voit  qu'un  filet  d'or  ondulant  sur  un  fond  noir. 

Liveing,  Parry,  Airy,  ont  démontré  que  le  trouble  de  la 
vue  débute  par  un  cercle  sombre  qui  grandit  et  prend  la 
forme  d'une  enceinte  fortifiée  à  angles  irisés,  rappelant  les 
couleurs  variées  du  spectre  solaire. 

La  forme  la  plus  fréquente  du  scintillement  est  celle  de 
zigzags,  d'éclairs  apparaissant  dans  le  champ  visuel  infé- 
rieur et  externe,  s'éte^idant  ensuite  à  toute  l'étendue  du 
champ  visuel.  Dianoux  a  décrit  un  scotome  dessinant  des 
arches  lumineuses  qui  se  superposent  et  produisent  un 
véritable  incendie  de  tout  le  champ  de  la  vue. 

D'autres  fois,  et  ceci  est  le  cas  le  plus  fréquent,  le  malade 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  18  Janvier  1889 


voit  apparaître  un  globe  de  feu  ou  une  roue  blanche,  rouge, 
phosphorescente,  animée  de  mouvements  de  rotation  et  de 
vibration.  La  roue  s'élargit,  s'obscurcit  à  son  centre,  s'ouvre 
du  côté  du  point  de  fixation  avec  les  angles  rentrants  et 
saillants  des  plans  de  fortification. 

Le  scotome  est  toujours  mieux  perçu  dans  une  demi- 
obscurité  qu'au  grand  jour,  et  même  que  dans  l'obscurité 
complète. 

Les  variétés  du  scotome  sont,  avons-nous  dit,  innombra- 
bles; M.  Charcot  a  vu  un  malade  chez  qui  il  affectait  la 
forme  d  une  tète  d'homme.  Quel  que  soit,  du  reste,  l'aspect 
que  revêt  le  symptôme,  tous  les  efforts  faits  pour  lutler 
contre  lui  ne  font  que  Taugmenter  et  peuvent  amener  la 
cécité  plus  ou  moins  rapidement. 

Donc,  hémiopie  périodique,  amblyopie,  rétrécissement 
concentrique  passagerdu  champ  visuel,  scotome  scintillant, 
le  tout  suivi  ou  non  suivi  d'amaurose  passagère,  tels  sont 
les  symptômes  oculaires  sur  lesquels  s'est  fondé  le  grand 
syndrome  migraine  ophthalmique. 

Ces  phénomènes  visuels  durent  de  quelques  secondes  à 
une  demi-heure  ou  une  heure  ;  ils  précèdent  de  très  peu  la 
douleur  céphalique. 

La  douleury  dit  Sarda,  siège  le  plus  souvent  à  la  région 
frontale,  parfois  à  la  tempe  ou  à  la  région  pariétale;  elle 
est  surtout  orbitaire  ou  péri-orbi taire.  On  Ta  observée  sur 
la  région  sourcilière,  à  l'occiput,  dans  l'oreille;  rarement 
elle  occupe  un  des  côtés  du  nez  et  de  la  pommette.  Le  globe 
de  Tœil  est  douloureux,  il  parait  enfoncé  dans  l'orbite  ou 
bien  poussé  au  dehors.  On  peut  comparer  la  douleur  éprouvée 
à  celle  du  glaucome  aigu  (Dianoux).  Cette  douleur  s'irradie 
parfois  assez  loin,  et  constitue  une  véritable  hémicrànie. 

La  pression  sur  une  large  surface  (Latham)  soulage  par- 
fois les  accès.  Au  plus  fort  des  accès  viennent  parfois  des 
nauséjes  et  des  vomissements  qui  terminent  la  série. 

P.  Berdez. 
{A  suivre.) 


PATHOLOGIE  GÉNÉRALE 

La  diphthérie   maladie  parastialre.   Pathogénte   de  la 
paralysie  dlphtliéFiltqae* 

A  l'école  française  revient  l'honneur  d'avoir,  ily  asoixanle 
ans  déjà,  établi  par  la  clinique  la  spécificité  de  la  diphthérie. 
C'est  dans  le  but  de  prouver  d'une  façon  rigoureuse  la 
réalité  de  la  doctrine  de  Bretonneau  et  de  Trousseau,  que 
divers  savants  se  sont  attachés  en  ces  dernières  années  à  la 
recherche  de  l'agent  pathogène  de  cette  maladie.  Talamon 
avait  déjà  en  1881  tenté  sa  découverte,  lorsque  Klebs 
en  1883,  et  surtout  Lœffler  en  1884,  démontrèrent  dans  la 
profondeur  des  fausses  membranes  diphthéritiques  la  pré- 
sence constante  d'un  bacille  à  caractères  particuliers.  Ce 
bacille  inoculé  par  LœFfler  sur  les  muqueuses  des  pigeons, 
des  poules,  des  lapins  ou  des  cobayes  donnait  bien  des 
fausses  membranes  au  point  d'inoculation,  mais  la  fausse 
membrane  est  une  lésion  si  facile  à  déterminer  chez  ces 
animaux  qu'elle  ne  pouvait  suffire  à  établir  la  spécificité  du 
microbe  de  Klebs,  mise  en  doute  par'différenls  auteurs. 

Hier  encore  cette  question  de  Tétiologie  de  la  diphlhérie, 
quoique  préparée  par  les  recherches  de  Klebs  et  de  Lœffler, 
était  pleine  d'obscurité  et  d'incertitude.  Elle  est  aujourd'hui 


résolue  par  les  travaux  poursuivis  depuis  trois  ans  au  Labo- 
ratoire de  M.  Pasteur  par  MM.  Roux  et  Yersin  travaux  dont 
les  résultats  viennent  d'être  publiés  dans  le  dernier  numéro 
des  Annales  de  VInslitut  Pasteur. 

MM.  Roux  et  Yersin  n'ont  pas  seulement  étudié  en  détails 
les  caractères  morphologiques  et  biologiques  du  microbe  de 
la  diphthérie,  ils  ont  encore  montré  toutes  ses  qualitr'^s 
pathogènes  et  les  premiers  ont  su  reproduire  expérimen- 
talement une  des  manifestations  les  plus  caractéristiques 
de  la  diphthérie  :  la  paralysie. 

I 

Dans  les  quinze  cas  de  diphthérie  dont  ils  ont  examiné 
les  fausses  membranes,  MM.  Roux  et  Yersin  ont  constam- 
ment retrouvé  le  bacille  de  Klebs  et  de  Lœffler.  Ce  microbe 
immobile  est  un  peu  plus  épais  que  celui  de  la  tuberculose 
dont  il  a  la  longueur.  Il  se  développe  à  l'abri  de  l'air  ou  à 
son  contact,  il  croit  à  la  température  ordinaire  et  conserve 
longtemps  sa  vitalité  dans  les  milieux  nutritifs.  Il  se  colore 
facilement  par  le  bleu  de  méthylène  ;  quand  la  culture  est 
âgée,  le  bâtonnet  devenu  renflé,  arrondi  ou  en  poire  oe  se 
colore  plus  uniformément. 

Les  inoculations  faites  chez  le  lapin,  le  cobaye  et  le  pigeon 
déterminent  des  lésions  et  des  symptômes  difi'érents  suivant 
la  porte  d'entrée  :  muqueuses,  tissu  cellulaire  sous-cutané, 
système  veineux. 

Sur  les  muqueuses,  excoriées  au  préalable  et  principale- 
ment sur  celle  de  la  trachée, le  dépôt  de  quelques  gouttes  de 
culture  suffit  à  déterminer  l'apparition  de  fausses  mem- 
branes fibrineuses.  L'afi'ection  ainsi  produite  par  MM.  Roux 
et  Yersin  rappelle  le  croup  chez  l'homme  :  <  La  difficulté 
que  l'animal  éprouve  à  respirer,  le  bruit  que  fait  l'air  en 
passant  par  la  trachée  obstruée,  l'aspect  de  la  trachée  con- 
gestionnée et  tapissée  de  fausses  membranes,  le  gonflement 
œdémateux  des  tissus  et  des  ganglions  du  cou,  rendent  cette 
ressemblance  absolument  frappante.  » 

L'injection  sous  la  peau  occasionne  d'une  part  une  lésion 
locale,  et  de  l'autre  des  troubles  généraux  amenant  une 
issue  fatale  lorsque  la  dose  inoculée  est  suffisante.  La 
lésion  locale  chez  le  lapin  ou  le  cobaye  consiste  en  un 
œdème  gélatineux  et  un  enduit  grisâtre,  avec  tuméfaction 
des  ganglions  correspondants. 

Les  organes  internes  ne  présentent  d'autre  lésion  appa- 
rente qu'une  congestion  plus  ou  moins  intense  avec  dila- 
tation vasculaire.  Les  vaisseaux  sont  remplis  par  un  sang 
noir  et  mal  coagulé.  Le  foie  seulement,  chez  le  lapin,  est  le 
siège  d'une  dégénérescence  graisseuse. 

Les  injections  intra-veineuses  ont  donné,  entre  les  mains 
de  MM.  Roux  et  Yersin,  des  résultats  contraires  à  ceux    i 
obtenus  par  Klebs.  Chez  les  lapins,  ils  ont  déterminé  la 
mort,  en  :raoins  de  soixante  heures,  par  l'inlroduclion  de 
1  centimètre  cube  de  culture.  Les  animaux  mouraient  comme 
dans  certaines  septicémies,  sans  lésions  spécifiques,  avec    | 
congestion  générale  des  organes  abdominaux,  gonflement 
des  ganglions,  néphrite  aigué,  très  souvent  dégénérescence    j 
graisseuse  du  foie. 

L'inoculation  du  bacille  de  la  diphthérie  dans  le  péritoitie    ' 
tue  les  cobayes  moins  rapidement  que  Tinoculation  sous- 
cutanée. 

Le  succès  des  inoculations  varie  avec  les  qualités  de  la 
culkire  mise  en  usage.  La  virulence  du  bacille  de  la  diph- 
thérie ne  parait  cependant  pas  aussi  fragile  que  l'ont  pré-  , 
tendu  quelques  auteurs.  Si   les  cultures    longtemps  con- 


18  Janvier  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N»  3  —      37 


serrées  diminuent  de  virulence,  elles  reprennent  toute 
leur  activité  lorsqu'on  les  rajeunit.  Enfin  le  bacille  prove- 
nant d'une  dipbthérie  humaine  très  infectieuse  ne  parait 
pas  plas  virulent  que  celui  retiré  d'une  diphthérie  humaine 
bénigne. 

«  Un  des  points  les  plus  intéressants  dans  l'histoire  de  la 
diphlbérie,  disent  MM.  Roux  et  Yersin,  est  le  suivant  :  à 
«savoir  que  Ton  ne  trouve  l'organisme  pathogène  que  dans 
les  fausses  membranes  et  qu'il  est  absent  des  organes  et 
du  sang  des  personnes  qui  ont  succombé  à  cette  maladie. 
II  en  est  de  même  chez  les  animaux  qui  meurent  à  la  suite 
d*une  infection  expérimentale.  »  Le  bacille  delà  diphthérie 
ne  pullule,  en  effet,  qu'au  point  d'inoculation.  Il  ne  passe 
dans  le  sang  que  très  accidentellement.  Des  expériences 
minutieusement  suivies,  ont  permis  à  MM.  Roux  el  Yersin 
d'arriver  à  celte  conclusion.  Ils  ont  sacrifié  une  série  d'ani- 
maux, de  deux  heures  en  deux  heures,  à  partir  du  moment 
de  J 'inoculation,  et  une  seule  fois,  chez  un  cobaye  pendu 
après  la  sixième  heure,  la  pulpe  du  foie  leur  a  donné  tine 
culture. 

Môme  après  injection  intra-veineuse,  il  faut  semer  de 
grandes  quantités  de  sang  ou  de  pulpe  de  rate  pour  obtenir 
de  temps  en  temps  une  culture  et  encore  faut-il  que  la  prise 
ait  été  faite  quelques  heures  seulement  après  l'inocu- 
lation. 

Ces  faits  observés  chez  l'homme  et  les  animaux  démon- 
trent que  la  diphthérie  est  une  maladie  infectieuse  locale. 
Son  microbe  ne  se  généralise  pas  à  toute  l'économie, comme 
le  fait  celui  du  charbon.  Les  exemples  de  maladie  infec- 
tieuse locale  ne  manquent  plus  en  pathologie  humaine. 
Ainsi  la  blennorrhagie  est  une  infection  qui  reste  toujours 
localisée  au  point  primitivement  inoculé.  Quand  son  microbe 
se  trouve  entraîné  dans  la  circulation,  il  peut  se  multiplier 
à  l'intérieur  d'une  synoviale  où  le  hasard  l'a  jeté,  mais  il  ne 
reste  pas  dans  la  masse  sanguine  qui,  pour  un  instant, 
lui  a  servi  de  voie  de  transport. 

Le  microbe  du  télanos  demeure  toujours  également  au 
niveau  de  la  plaie;  jamais  il  ne  se  généralise;  jamais  on  ne 
le  retrouve  dans  le  sang  ou  les  organes;  c'est  ce  que  nous 
ont  confirmé  des  expériences  que  nous  poursuivons  avec 
M.Chantemesse.  C'est  donc  seulement  au  niveau  de  cette 
plaie,  souvent  de  minime  étendue,  que  le  microbe  peut 
élaborer  des  substances  chimiques,  telles  que  la  télanine 
de  Brieger,  substances  capables  sans  doute  d'agir  sur  les 
rentres  nerveux  pour  déterminer  les  symptômes  bruyants  du 
tétanos. 

De  même,  en  ce  qui  concerne  la  diphthérie,  maladie  où 
on  ne  trouve  l'agent  pathogène  que  dans  les  fausses  mem- 
branes, on  doit  admettre  que  les  troubles  généraux,  les 
altérations  sanguines,  et  les  lésions  vasculaires  de  tous  les 
organes  sont  dus  à  un  poison  très  actif  qui  du  point  où  il 
est  élaboré  par  le  microbe,  se  répand  dans  tout  l'organisme. 
Conduits  par  ce  raisonnement,  MM.  Roux  et  Yersin  sont 
parvenus  à  mettre  en  évidence  les  poisons  chimiques  pro- 
duits par  la  culture  des  bacilles  de  la  diphthérie. 

II 

Les  deux  savants  expérimentateurs,  sans  se  préoccuper 
d'isoler  l'élément  actif,  alcaloïde  ou  diastase.  ont  employé 
pour  cette  recherche  des  cultures  vieilles  de  sept  jours, 
qu'ils  avaient  rendues  pures  de  tout  microbe,  après  filtration 
sur  porcelaine. 


Par  l'injection  de  ces  liquides  dans  la  cavité  péritonéale 
des  cobayes  ou  dans  les  veines  des  lapins,  ils  ont  déterminé 
des  phénomènes  toxiques  et  des  lésions  analogues  à  celles 
produites  par  l'inoculation  du  bacille  vivant  dans  le  système 
veineux. 

L'injection  sous  la  peau  des  produits  diphlhéritiques  solu- 
bles,  faite  en  quantité  suffisante,  occasionne  aussi  bien  au 
point  d'inoculation  que  dans  les  organes  à  distance  des 
lésions  analogues  à  celles  produites  par  le  microbe  vivant 
introduit  par  la  même  voie. 

.  Les  espèces  animales  en  expérience  sont  d'autant  plus 
impressionnées  par  les  cultures  inertes  qu'elles  sont  plus 
sensibles  à  l'action  du  microbe  de  la  diphthérie.  Ainsi  trois 
à  quatre  gouttes  de  culture  stérilisée  inoculée  sous  la  peau 
de  petits  oiseaux  suffisent  pour  amener  la  mort  en  quelques 
heures;  par  contre  les  animaux  c  comme  les  souris  et  les 
rats  qui  ne  deviennent  pas  malades  après  injection  sous- 
cutanée  de  grandes  quantités  de  bacilles  de  Klebs,  montrent 
une  remarquable  résistance  vis-à^vis  du  poison  diphthéri- 
tique.  Une  dose  de  2  centigrammes  qui  fait  périr  un  lapin  de 
3  kilogrammes  en  soixante  heures,  est  sans  effet  sur  une  sou- 
ris du  poids  de  10  grammes.  Chose  plus  surprenante  encore, 
on  n'observe  aucune  lésion  de  la  peau,  chez  la  souris,  au 
point  d'inoculation,  tandis  que  l'injection  des  doses  les  plus 
faibles  (1/15  de  centimètre  cube)  amène  une  mortification 
étendue  de  la  peau  des  cobayes.  Il  est  cependant  possible  de 
faire  périr  une  souris  avec  le  poison  diphthéritique  en  concen- 
trant le  liquide  dans  le  vide  et  en  injectant  une  très  forte 
dose  dans  un  petit  volume.  > 

Plus  les  cultures  sont  anciennes,  plus  le  poison  diphthé- 
ritique est  abondant  et  plus  rapides  aussi  sont  les  effets  de 
l'injection  du  liquide  filtré.  C'est  ainsi  qu'en  opérant  avec 
d'anciennes  cultures  qu'ils  venaient  de  stériliser,  MM.  Roux 
el  Yersin  ont  produit  chez  l'animal  une  diphthérie  toxique 
suraiguê,  évoluant  en  quelques  heures.  Dans  ces  conditions 
l'animal  succombe  rapidement  avec  une  diarrhée  profuse, 
semblable  à  celle  que  l'on  observe  dans  la  diphthérie  infec- 
tieuse, avec  une  respiration  anxieuse  et  une  impotence 
musculaire  absolue. 

Lorsque  les  doses  du  poison  sont  moins  massives,  deux  ou 
trois  jours  s'écoulent  avant  l'apparition  des  premiers  sym- 
ptômes qui  vont  sans  cesse  croissant  jusqu'au  cinquième  ou 
sixième  jour,  époque  de  la  mort.  Parmi  ces  symptômes,  il 
en  est  un,  la  paralysie,  que  MM.  Roux  et  Yersin  ont  été  les 
premiers,  avons  nous  dit,  à  reproduire  expérimentalement 
aussi  bien  avec  le  microbe  vivant  qu'avec  les  poisons  chimi- 
ques sécrétés  par  lui.  Ce  symptôme  ainsi  reproduit  a  une 
importance  capitale  dans  l'histoire  de  la  diphthérie  expéri- 
mentale. C^est  sur  lui  qu'il  nous  reste  à  nous  étendre. 

III 

Nous  sommes  loin  déjà  du  temps  où  Gûbler  considérait 
la  paralysie  diphthéritique  comme  une  syndrome  banal, 
commun  à  toutes  les  angines  et  à  toutes  les  infections.  La 
paralysie  diphthéritiquapar  son  mode  d'apparition,  ses  sym- 
ptômes, son  évolution  présente  des  caractères  que  l'on  ne 
retrouve  dans  aucune  autre  paralysie  infectieuse,  La  para- 
lysie est  si  bien  dans  le  cadre  de  la  maladie  qu'elle  apparaît, 
quelle  que  soit  la  région  envahie  par  la  membrane  diphthé- 
rilique,  peau  ou  muqueuse,  et  qu'elle  peut  éclater  dans 
certaines  épidémies  sans  avoir  été  précédée  d'angine  ou 
d'une  autre  manifestation  de  la  diphthérie.  Des  faits  sem- 


38    —  No  3  -_ 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  i»  Janvier  1889 


blables  ont  élé  relatés  dans  le  mémoire  de  Boissarie,  publié 
dans  la  Gazette  hebdomadaire  en  1881. 

On  conçoit  donc  l'importance  qu'il  y  avait  à  reproduire 
expérimentalement  avec  le  bacille  de  Klebs  cette  paralysie, 
pour  établir  la  spécificité  de  ce  micro-organisme.  Loeffler 
ne  put  déterminer  de  paralysies  diphthéritiques  chez  les 
animaux  par  lui  inoculés,  et  à  la  fin  de  son  mémoire  il 
avouait  consciencieusement  que  c'était  un  argument  à 
opposer  contre  la  valeur  du  microbe  qu'il  croyait  être 
celui  de  la  diphthérie.  Plus  heureux  dans  leurs  tentatives, 
HM.  Roux  et  Yersin  ont  déterminé  des  paralysies  en  inocu- 
lant, par  la  voie  veineuse  ou  par  la  voie  pharyngée  ou  tra- 
chéale, soit  des  cultures  vivantes,  soit  des  cultures  filtrées. 
Les  symptômes  paralytiques  peuvent  surtout  s'observer  chez 
les  animaux  qui  ne  succombent  pas  à  une  intoxication  trop 
rapide.  Ainsi  chez  un  pigeon  la  paralysie  débuta  trois 
semaines  après  l'inoculation,  alors  que  l'animal,  débar- 
rassé de  ses  fausses  membranes,  semblait  complètement 
guéri.  L'impotence  fonctionnelle  des  pattes  et  des  ailes 
fut  presque  complète  ;  la  mort  survint,  deux  jours  après 
l'apparition  de  ces  symptômes,  et  l'autopsie  ne  permit  de 
déceler  aucune  lésion  du  système  nerveux  pour  expliquer 
les  troubles  moteurs. 

Chez  le  lapin,  la  paralysie  survient  en  général  par  le  train 
postérieur;  elle  est  parfois  si  rapidement  progressive,  qu'en 
deux  ou  trois  jours  la  totalité  du  corps  est  envahie.  On  peut 
observer  toutes  les  localisations  de  la  paralysie  diphthéritique 
humaine.  Dès  le  début,  l'impotence  porte  parfois  sur  les  mus- 
cles du  cou  et  l'animal  ne  peut  alors  soulever  sa  tête  du  sol  ; 
les  muscles  du  larynx  peuvent  être  envahis,  d'où  la  raucité 
de  la  voix.  Chez  un  cobaye  «  la  respiration  était  seulement 
diaphragmatique  et  saccadée;  lorsqu'on  obligeait  l'animal 
à  courir,  l'oppression  devenait  si  forte  qu'il  tombait  presque 
asphyxié  ».  C'est  le  tableau  que  Ton  observe  chez  l'homme 
atteint  après  la  diphthérie  de  paralysies  de  certains  mus- 
cles respiratoires. 

Il  n'est  pas  jusqu'à  la  mort  subite  que  Top  ne  puisse  voir 
survenir  sans  convulsions  et  surprendre  l'animal  dans  l'atti- 
tude dans  laquelle  on  venait  de  le  voir  quelques  instants 
auparavant. 

MM.  Rouxet  Yersin,  en  démontrant  une  fois  de  plus  quelle 
était  la  cause  réelle  des  paralysies  dans  les  maladies  infec- 
tieuses, ont  établi  que  la  vérité  était  dans  la  vieille  opinion 
de  Trousseau,  qui  incriminait  déjà  une  intoxication. 

Ce  n'est  pas  le  bacille  qui  produit  la  paralysie,  mais  bien 
les  substances  toxiques  sécrétées  par  lui,  puisque  les 
cultures  stérilisées  par  filtration  produisent  les  troubles 
moteurs  tout  aussi  bien  que  les  cultures  ou  pullulent  les 
micro-organismes. 

Comment  les  substances  toxiques  impressionnent-elles  le 
système  nerveux?  Attaquent-elles  la  moelle  ou  le  nerf  péri- 
phérique? C'est  là  un  point  de  pathogénie  que  l'expérimen- 
tation n'a  pas  encore  élucidé.  H.  Babinski  (1)  n'a  pu  déceler 
de  lésions  du  système  nerveux  chez  un  des  animaux  que 
M.  Roux  avait  rendu  paralytique.  En  étudiant  avec  M.  Charrin 
la  paralysie  pyocyanique,  M.  Babinski  n'avait  pas  été  plus 
heureux  dans  ses  investigations  anatomiques. 

IV 

Les  observations  et  expériences  de  MM.  Roux  et  Yersin 
font  plus  qu'apporter  des  arguments  décisifs  en  faveur  de  la 
spécificité  du  bacille  de  Klebs  et  de  LœfQer  ;  elles  permettent 

(1)  Babioskî,  SocUlé  de  biologie,  12  jaavier  1889. 


de   tirer  quelques  conclusions  touchant   l'hisloire  de  la 
diphthérie. 

Le  microbe  décrit  par  eux  ne  ressemble  nullement  par 
ses  caractères  à  ceux  qu'ont  trouvés  dilTérents  expérimen- 
tateurs dans  la  diphthérie  spontanée  des  volailles.  Au  cours 
de  recherches  entreprises  avec  M.  Dieulafoy  sur  une  mala- 
die des  pigeons,  nous  avons  deux  fois  avec  notre  maître 
trouvé  presque  à  l'état  de  pureté  un  microbe  en  chaînettes 
dans  des  fausses  membranes  développées  spontanément  au 
niveau  du  pharynx  de  ces  animaux.  Ce  sont  là  des  faits  con- 
traires à  l'opinion  soutenue  par  les  hygiénistes,  qui  voient 
dans  la  diphthérie  une  maladie  à  nous  transmise  parles  gal- 
linacés. 

En  se  plaçant  au  point  de  vue  pratique,  on  peut  dire  que 
si  la  diphthérie  est  avant  tout  une  infection  locale,  c'est  loca- 
lement qu'il  faut  l'attaquer  en  détergeant  avec  conviction  la 
fausse  membrane  et  en  pratiquant  l'antisepsie  de  la  bouche. 
Cette  antisepsie  doit  être  d'autant  plus  rigoureuse  que  les 
ulcérations  sous-jacentes  aux  fausses  membranes  sont  autant 
de  portes  ouvertes  aux  infections  secondaires  que  peuvent 
déterminer  les  microbes  innombrables  répandus  dans  la 
cavité  buccale. 

D'autre  part,  si  les  expériences  de  MM.  Roux  et  Yersin 
tendent  à  prouver  que  le  microbe  de  la  diphthérie  ne  se 
développe  que  sur  une  muqueuse  déjà  malade,  il  est  pro- 
bable que  le  plus  souvent  il  en  est  ainsi  chez  l'homme. 
Aussi  voit-on,  disent-ils,  que  la  diphthérie  est  surtout  fré- 
quente à  la  suite  de  la  rougeole  et  de  la  scarlatine.  On  ne 
doit  donc  jamais  négliger  l'angine  de  ces  deux  maladies  et 
pratiquer  l'antisepsie  de  la  bouche  des  morbilleux  ou 
des  scarlatineux  pour  essayer  de  prévenir  la  diphthérie 
secondaire. 

Fernand  Widal. 


CONTRIBUTIONS  PHARMACEUTIQUES 

AaTon  antiseptique  ou  eblmrsleal. 

On  sait  quelles  difficultés  l'on  éprouve  lorsqu'il  s'agit 
de  faire  disparaître  l'odeur  de  l'iodoforme  qui  reste  atta- 
chée aux  mains  après  chaque  manipulation  de  ce  médica- 
ment. Les  préparations  à  l'essence  d'amandes  amères  sont 
souvent  efficaces  dans  ce  but.  Mais,  d'après  M.  F.  Gay, 
pharmacien  en  chef  des  hospices  de  Montpellier,  on  arrive- 
rait aisément  à  un  résultat  favorable  à  l'aide  d'un  savou 
dont  voici  la  formule  : 

Savon  blanc  de  Marseille  râpé ....  600  grammes. 

Sulfophénate  de  zinc 15  — 

Essence  de  géranium  rosat 15  — 

Teinture  de  quillaya 20  — 

Solution  alcoolique  saturée  d'éosine.  4  — 

Glycérine  officinale 90  — 

Eau  distillée Q.  S. 

Dissolvez  le  sulfophénate  de  zinc  dans  le  double  de  son 
poids  d'eau  et  mêlez  le  soluté  à  la  glycérine.  Chauffez  en- 
semble au  bain -marie  le  liquide  glycérine  et  la  ràpure  de 
savon  en  les  additionnant  d'une  quantité  d'eau  distillée 
suffisante  pour  que  la  masse  chaude  ait  une  consistance 
molle.  Ajoutez  alors  la  teinture  de  quillaya,  la  solution 
alcoolique  d'éosine  et  l'essence  de  géranium.  Lorsque  par 
l'agitation  le  mélange  est  devenu  homogène,  coulez-le  dans 
des  moules. 


18  Janvier  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N«  3  —      39 


Enveloppez  de  papier  d'étain  les  pains  de  savon. 

Ce  produit  diffère  peu  d*un  savon  antiseptique  ou  chi- 
rurgical déjà  proposé  par  H.  Reverdin  et  dont  voici  la  for- 
mule : 

Huile  d*amandes  douces 72  grammes. 

Lessive  de  soude 214       — 

Lessive  de  potasse. 12        — 

Sulfophénate  de  zinc 2        — 

Essence  de  roses 9^*^,50. 

H.  Gay  a  cru  devoir  substituer  à  l'essence  de  roses  Tes- 
sence  de  géranium  qui  donne  les  mêmes  résultats  et  qui 
coûte  infiniment  moins  cher.  En  outre  la  formule  de  M.  Re- 
verdin exige  pour  sa  préparation  au  moins  un  mois,  tandis 
que  le  savon  de  M.  Gay  se  prépare  extemporanément.  On 
pourra^  avec  non  moins  d'avantages,  substituer  à  l'essence 
de  géraniom,  ou  à  l'essence  de  roses,  l'essence  d'amandes 
amèrcs. 

^ 

BEVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 


HÔPITAL  SAINT-LOUIS. 


-    SERVICE    DE    M.    LE    PROFESSEUR 
FOURMIER. 


M.  le  professeur  Fournier  va  commencer  une  série  de 
leçons  sur  la  syphilis  par  conception.  Nous  en  donnerons 
plus  tard  un  compte  rendu  détaillé  sous  forme  de  revue 
générale.  Mais  nous  devons  dès  aujourd'hui  signaler  une 
innovation  heureuse  et  intéressante  pour  tous  ceux  qui 
s'occupent  de  dermatologie  et  de  syphiligraphie.  Une  fois 
par  semaine,  le  jeudi  matin,  les  médecins  de  l'hôpital  se 
réunissent  sous  la  présidence  de  M.  le  docteur  Lailler  :  il  y 
a  présentation  des  malades  les  plus  curieux  de  chaque 
service  et  beaucoup  de  ces  présentations  sont  suivies  de 
discussions.  Le  compte  rendu  officiel  de  ces  séances  clini- 
ques paraîtra  dans  les  Annales  de  dermatologie  et  de 
syphiligraphie.  Nous  croyons  cependant  intéressant  pour 
les  lecteurs  de  la  Gazette^ hebdomadaire  de  prendre  parmi 
les  cas  présentés  les  plus  simples  et  les  plus  pratiques  et 
d'en  donner  un  aperçu  succinct. 

Kous  comptons  continuer  cette  revue  tous  les  mois;  ceux 

3ue  de  semblables  questions  intéressent  spécialement  (1), 
evront  se  reporter  aux  Annales  de  dermatologie  pour  y 
trouver  l'analyse  complète  des  faits  cliniques  discutés  dans 
ces  réunions. 

Alopécie  syphilitique  chez  les  nouveau-nés. — Quoique 
beaucoup  moins  fréquente  chez  l'enfant  que  chez  l'adulte, 
on  peut  voir  l'alopécie  survenir  dans  la  syphilis  infantile 
héréditaire.  M.  Besnier  présente  un  jeune  enfant,  syphili- 
tique héréditaire,  atteint  d'alopécie  dilTuse,  représentant  le 
I      type  que  l'on  rencontre  chez  l'adulte. 

M.  roumier  en  a  observé  plusieurs  cas  et  en  possède 
'      deux  ou  trois  photographies.  (Séance  du  29  novembre  1888.) 

i         Nodosités  érythéîiateuses  des  membres  inférieurs.  — 

^      M.  Besnier  présente  une  jeune  femme  chez  laquelle  on  voit 

sur  les  deux  jambes  des  nodosités  aphlegmasiques,  nées 

dans  l'hypoderme,  atteignant  successivement  les  couches 

superficielles  de  la  peau  et  se  traduisant  par  une  coloration 

livide  du  tégument.  Ces  nodosités  ressemblent  aux  gommes 

^  syphilitiques  et  aux  gommes  scrofulo-tuberculeuses.  Elles  en 

'  différent  par  leur  durée  prolongée,  leur  état  stationnaire,  le 

non-ramollissement  ;  ces  nodosités  ne  s'ulcèrent  qu'acci- 

(1)  l*  revod  des  cours  et  cliniques  que  la  Gazette  hebdomadaire  inaugure 
cette  année  s,  en  effet,  pour  objet  principal  de  donner,  au  jour  )c  jour,  un  résunuS 
concis,  mais  exact,  du  mouvement  scientifique  contemporain.  C'est  dans  les 
recneUs  spéciaui  qui!  conyient  de  publier  les  leçons  in  extento  et  les  mémoires 
orifinaia  d'iule  étendue  considérable.  [tiott  <k  la  rédaction,) 


dentellement  sous  l'influence  de  violences  extérieures.  Elles 
différent  de  l'érythème  noueux  par  leur  siège  exclusif  aux 
jambes,  leur  développement  à  toute  la  périphérie  du 
membre,  leur  longue  durée  et  leur  indolence.  L  iodure  de 
potassium  est  sans  action  sur  elles;  elles  guérissent  par  le 
repos  horizontal,  la  compression.  Ces  nodosités  ne  sont 
qu'un  épiphénomène  dans  l'affection  décrite,  imparfaitement 
il  est  vrai  par  Bazin,  sous  le  nom  d'érythème  induré;  on  les 
observe  à  peu  près  exclusivement  en  même  temps  que  de 
l'érythromélalgie  de  la  jambe,  de  l'œdème  pâteux  hyper*, 
trophiant  chez  des  jeunes  filles  mal  réglées  et  que  leur  pro-r 
fession  oblige  à  stationner  longtemps  debout.  (Séance  du 
29  novembre  1888.) 

Pityriasis  rosé  de  Gibert  ;  variété  prolongée.  — 
M.  Fournier  présente  un  malade  atteint  de  pityriasis  rosé  de 
Gibert,  remarquable  par  sa  persistance  et  par  la  confluence 
des  éléments  éruptifs.  11  y  a  déjà  plus  d'un  mois  que  dure 
l'éruption  et  si  elle  a  disparu  en  partie  sur  les  membres 
inférieurs,  elle  persiste  encore  sur  le  tronc  sous  forme  de 
placards  très  étendus.  —  M.  Hallopeau  a  vu  dans  un  cas  le 
pityriasis  rosé  durer  quatre  ans.  —  M.  Besnier  a  vu  d'assez 
nombreux  cas  de  pityriasis  rosé  prolongé.  Il  est  à  désirer, 
dit-il,  que  l'histologie  de  cette  affection  soit  l'objet  de 
recherches  suivies;  nous  sommes  encore  réduits  à  avouer 
notre  ignorance  sur  sa  nature.  Il  est  remarquable  que 
malgré  ses  allures  parasitaires  cette  affection  ne  soit  pas 
contagieuse,  ni  susceptible  de  récidives.  (Séance  du  29  no- 
vembre 1888.) 

Purpura  iodo-potassique.  —  M.  Besnier  présente  un 
malade,  ancien  syphilitique,  qui  a  pour  l'iodure  de  potas* 
sium  une  intolérance  vraiment  remarquable;  cette  intolé- 
rance se  traduit  par  une  éruption  de  purpura  sur  les 
membres  inférieurs  chaque  fois  qu'il  prend  de  l'iodure. 
H.  Besnier  lui  a  fait  prendre  cinq  gouttes  de  teinture 
d'iode  :  ce  malade  a  été  pris  d'accidents  d'Iodisme  (dvs- 
pnée,  anxiété,  accélération  du  pouls)  tels  qu'il  a  fallu 
suspendre  tout  de  suite  l'emploi  de  l'iode;  mais  il  n'a  pas  eu 
de  purpura.  Il  est  donc  à  remarquer  oue  le  purpura  dit 
iodique  ne  se  produit  pas  à  la  suite  de  remploi  de  l'iode 
en  nature,  mais  seulement  chez  les  malades  qui  font  usage 
d'iodure  de  potassium,  d^où  l'appellation  à  donner  de  pur- 
pura iodo-potassique.  (Séance  du  29  novembre  1888.) 

Fayus  généralisé.  Cicatrices  post-faviques  aux  mem- 
bres INFÉRIEURS.  —  M.  Hallopeau  présente  un  malade 
dont  les  jambes  sont  couvertes  de  cicatrices  arrondies, 
déprimées,  pigmentées  à  leur  périphérie,  disposées  en 
cercles  et  ayant  l'aspect  de  cicatrices  de  lésions  syphili- 
tiques. Il  s'agit  cependant  de  cicatrices  de  favus  ;  de  temps 
en  temps  on  voit  apparaître  au  niveau  ou  au  voisinage  des 
cicatrices  des  godets  faviques  absolument  caractéristiques. 
Le  malade  a  de  plus  des  lésions  très  nettes  de  favus  du 
cuir  chevelu  et  du  favus  des  ongles.  Il  est  tuberculeux.  — 
M.  Besnier  considère  ce  fait  comme  exceptionnel;  dans  les 
nombreux  cas  de  favus  du  corps  qu'il  a  observés,  il  n'ti 
jamais  vu  de  cicatrices  consécutives;  il  faut  peut-être  dans 
ce  cas  tenir  compte  de  l'état  général  du  malade  qui  est 
tuberculeux.  Le  favus  du  cuir  chevelu  donne  des  cicalrices 
spéciales  parce  qu'il  envahit  les  follicules  pileux;  mais  il 
n  en  est  pas  de  même  pour  les  autres  régions.  —  M.  Lailler 
n'a  pas  vu  non  plus  de  cicatrices  à  la  suite  de  favus  du 
corps;  il  rapporte  plusieurs  cas  observés  par  lui  de  longé- 
vité extraordinaire  des  germes  faviques  et  de  contagion 
médiate.  (Séance  du  6  décembre  1888.) 

Lupus  tuberculeux  aigu,  nodulaire,  disséminé.  —  On 
est  encore  peu  familiarisé  avec  l'idée  que  le  lupus  peut  se 
disséminer  et  apparaître  d'une  façon  rapide  comme  une 
éruption  véritable.  M.  Besnier  présente  une  petite  fille  de 
quatre  ans,  en  état  de  nutrition  satisfaisant,  née  de  parents 
non  syphilitiques,  moins  sûrement  indemnes  de  tuberculose» 


40    —  N«  3  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  18  Janvibu  1889 


qui  présente  sur  tout  le  'corps  des  éléments  néoplasiques 
infiltrant  le  derme  sous  forme  de  nodules  peu  saillants  à  la 
surface,  peu  durs,  avec  la  coloration  jaune  rougeâtre,  ly- 
pi(}ue,  du  lupus  tuberculeux  vulgaire.  Cette  éruption  dure 
déjà  depuis  un  an;  elle  est  survenue  à  la  suite  d'une  rou- 
geole; il  y  a  une  quarantaine  d'éléments  disséminés  sur  la 
surface  du  corps.  Le  traitement  antisyphiliiique  a  été 
essayé  par  acquit  de  conscience  et  n'a  donné  aucun  résul- 
tat; c'est  bien  de  lupus  qu'il  s'agit.  —  M.  Hallopeau  a  dans 
son  service  un  malade  atteint  d'un  lupus  ancien  qui  Télé 
dernier  a  eu  une  éruption  généralisée  absolument  lupique. 
—  M.  Besnier  a  observé  deux  autres  cas  de  lupus  dissé- 
miné. (Séance  du  6  décembre  1888.) 

Zona  de  l'épaule  droite.  —  Traumatisme  de  l'épaule 
GAUCHE.  —  Il  s'agit  d'un  malade,  du  service  de  M.  Bes- 
nier, qui,  ayant  eu  une  violente  contusion  de  l'épaule 
gauche,  a  vu  apparaître  quelques  jours  après  un  zona  sur 
l'épaule  du  côté  opposé.  (Séance  du  20  décembre  1888.) 

Cicatrices  syphilitiques  kéloïdiennes.  —  Guérison 
spontanée.  —  M.  Quinquaud  présente  un  malade  dont  le 
dos  est  couvert  de  cicatrices  maintenant  affaissées  et  souples, 
mais  qui,  il  y  a  auinze  jours,  au  moment  de  l'entrée  du 
malade  à  l'hôpital,  étaient  kéloïdiennes.  EHes  étaient  con- 
sécutives à  des  ulcérations  syphilitiques  traitées  deux  ans 
auparavant  par  M.  Quinquaud.  Celte  fois,  le  malade  a  été 
seulement  soumis  aux  douches  sulfureuses  chaudes.  Ce 
résultat  est  vraiment  remarquable,  car  il  est  rare  de  voir 
des  cicatrices  kéloïdiennes  disparaître  spontanément.  — 
Toutes  les  cicatrices  kéloïdiennes,  d'après  M.  Besnier, 
peuvent  guérir;  celles  de  la  scrofule  guérissent  au  bout  de 
deux  ans  au  moins.  M.  Besnier  a  vu  guérir  spontanément 
une  cicatrice  de  cette  nature  au  bout  de  trois  ans  et  comme 
on  se  disposait  à  l'enlever.  (Séance  du  20  décembre  1888.) 

Blennorrhacie  et  hydroa.  —  M.  Tenneson  présente  un 
malade  atteint  de  blennorrhagie  avec  manifestations  arti- 
culaires qui  porte  sur  le  dos  des  mains  et  des  poignets  une 
éruption  typique  d'hydroa,  dans  le  sens  d'herpès  iris  de 
Bateman.  Le  malade  n'a  fait  aucun  traitement  contre  sa 
blennorrhagie.  M.  Tenneson  constate  la  coïncidence  des 
deux  affections  sans  oser  conclure  à  un  rapport  immédiat 
de  cause  à  effet  entre  elle  deux.  M.  Besnier  croit  au  con- 
traire qu'il  y  a  un  rapport  immédiat  entre  la  blennorrhagie 
et  cet  érythème,  qui  n'est  qu'une  variété  de  l'érythème 
multiforme.  La  blennorrhagie  est  l'une  des  causes  oui  déter- 
minent l'érythème  multiforme  probablement  par  l  intermé- 
diaire du  système  nerveux.  (Séance  du  27  décembre  1888.) 

H.  F. 


TRAVAUX  OKIGINAUX 

Pathologie  générale. 

Essai  sur  la  recherche  ,  l'isolement  et  l'emploi 
vaccinal  des  excreta  solurles  de  certains  m1cr0res 
PATHOGÈNES,  par  M.  le  docteur  Ricochon  (de  Champde- 
niers). 

(Fin.  —  Voy.  les  numéros  i  et  2.) 

V. — Atténuation  virulente  et  injection  des  microbes 

ATTÉNUÉS  pour  LA  PRODUCTION   INTRA-ORGANIQUE  DE   LA 
MATIÈRE  VACCINALE. 

Jusqu'ici  le  but  a  été  de  supprimer  l'action  du  microbe 
pour  laisser  le  champ  libre  à  la  matière  vaccinale.  Y  avons- 
nous  toujours  réussi  T  Oui,  le  plus  souvent.  Ce  qui  le  prouve 
dans  les  cas  de  filtration  de  l'humeur  virulente,  ou  de  des- 
truction des  microbes  par  les  agents  chimiques  ou  physiques 
ce  sont  les  ensemencemnts  stériles  tentés  avec  la  liqueur 


restante.  Mais  dans  la  vaccination  antirabique  rien  ne 
prouve  que  les  microbes,  réfrénés  plutôt  que  détruits, 
ne  prolongent  pas  dans  le  sang  une  existence  précaire 
et  inoffensive  tout  en  produisant  de  la  matière  vaccinale. 
Peut-être  en  est-il  de  même  du  microbe  de  la  septicémie, 
en  dépit  de  sa  prompte  destruction  dans  le  milieu  sanguin. 
Le  fait  est  tout  au  moins  évident  pour  les  bactéries  du 
charbon  symptomàtique.  Celles-ci,  également  anaérobies 
il  est  vrai,  résistent  néanmoins  à  l'oxygène,  et  vivent  et 
pullulent  dans  le  sang,  même  quand  elles  y  sont  introduites 
en  petite  quantité.  Il  est  facile  de  prouver  cette  pullulation 
en  répétant  l'expérience  de  MM.  Arloing,  Cornevin  et 
Thomas.  On  pique  n'importe  quel  point  de  la  surface 
cutanée,  et  les  bactéries  ayant  ainsi  fait  irruption  à  travers 
leur  barrière  endothéliale,  s'épanchent  dans  leur  milieu  <le 
choix,  dans  le  tissu  cellulaire,  en  assez  grand  nombre 
pour  produire  à  chaque  piqûre  une  tumeur  charbonneuse. 
Cela  suppose  dans  le  sang  une  pullulation  énorme  de  bac- 
téries, hors  de  proportion  avec  la  quantité  injectée. 

1"  AUénuation  par  la  résistance  des  milieux  organi- 
ques du  sujet  vacciné.  —  Et  pourtant  cette  activité  proli- 
fique n'était  pas  corrélative  de  l'activité  virulente,  puisque 
avant  les  piqûres  elle  ne  se  traduisait  paraucunphénoniène 
morbide  apparent.  C'est  qu'en  réalité  il  s'est  passé  quelque 
chose  d'analogue  à  ce  qui  existe  pour  certaines  plantes 
vénéneuses,  certains  animaux  venimeux,  qui,  transportés 
loin  de  leurs  conditions  climatériques  ordinaires,  conti- 
nuent de  vivre  et  de  se  reproduire,  mais  cessent  peu  à  peu 
de  former  en  eux  des  produits  toxiques,  ou  n'en  forment 
plus  qu'une  quantité  insuffisante.  De  même  le  microbe 
du  charbon  emphysémateux  introduit  dans  un  milieu 
qui  lui  est  étranger,  dans  le  sang,  a  pu  y  végéter  et  s'y 
multiplier;  mais  ses  produits  d'excrétion  ont  perdu 
cette  haute  toxicité  qu'ils  acnuièrent  dans  le  tissu  cellu- 
laire, et  qui  donne  à  la  maladie  sa  physionomie  si  promp- 
tement  mortelle.  Celle  toxicité  reste  dans  la  mesure  de  la 
résistance  de  l'organisme;  elle  n'est  grave  que  pour  les 
bactéries  elles-mêmes,  gui,  déjà  aflaiblies  par  leur  lutte 
incessante  contre  un  milieu  hostile,  succombent  au  bout 
de  quelques  jours. 

En  réalité,  d'après  ce  que  nous  venons  de  dire,  un  nou- 
veau point  de  vue  dans  l'ulilisation  de  la  matière  vaccinale 
a  surri.  C'est  le  microbe  lui-même,  discipliné,  maté  par 
le  milieu  hostile  où  on  l'a  forcé  de  vivre,  qui  transforme 
son  activité  pathogène  en  activité  bienfaisante,  et  qui,  loin 
de  déverser  dans  ce  milieu  des  proportions  foudroyantes 
de  produits  toxiques,  les  mesure  aux  besoins  de  l'éco- 
nomie. 

Au  reste,  si  cette  quantité  ne  suflit  pas  pour  assurer 
l'immunité,  une  deuxième  inoculation  avec  du  virus  frais 

f permet  aux  nouvelles  bactéries  de  triompher,  dans  une  juste 
imite,  de  la  résistance  opposée  déjà  par  la  matière  vaccinale 
formée  et  de  sécréter  une  nouvelle  quantité  de  matière 
devant  laquelle  elles  disparaîtront  à  leur  tour.  Et  ainsi  de 
suite  jusqu'à  ce  que  la  saturation  soit  complète,  et  qu'une 
dernière  inoculation  soit  absolument  sans  effet. 

Dans  cet  exemple  du  charbon  symptomàtique  nous  avons 
soigneusement  évité  d'inoculer  le  tissu  conjonclif  lâche, 
qui  est  le  terrain  de  choix.  Tout  le  secret  de  la  méthode 
est  là,  en  effet  :  Nous  aurions  réussi  de  même,  si  au  lieu 
d'injecter  directement  dans  le  sang,  nous  eussions  pris 
pour  intermédiaire  le  tissu  fibreux,  compact  de  l'extré- 
mité de  la  queue,  les  faisceaux  tendineux  des  extrémités 
des  membres,  répiîhélium  alvéolaire  du  poumon,  où  les 
bactéridies  ne  peuvent  arriver  à  leur  développement 
complet. 

La  même  expérience  peut  être  reprise  avec  le  horse-pox. 
En  évitant  le  derme  et  le  tissu  cellulaire  sous-cutané,  on 
ne  voit  pas  apparaître  l'exanthème  vaccinal  et  on  confère 
quand  même  l'immunité  (Chauveau).  Le  succès  est  iden- 


«8  Janvier  1889  GAZETTE  HEBBOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


-  W  3  —    41 


tique  avec  le  virus  delà péripneumonie  contagieuse,  quand 
on  inocule  par  toute  autre  voie  que  la  voie  pulmonaire, 
soit  dans  le  tissu  cellulaire,  soit  dans  le  sang. 

Il  est  vrai  que  dans  ces  dernières  maladies  l'existence 
d'une  matière  vaccinale  n'a  pas  été  confirmée.  Mais  Tiden- 
tité  des  résultats  obtenus  par  le  même  procédé  de  vaccina- 
tion permet  de  croire  que  ce  qui  existe  pour  les  premières 
maladies  existe  aussi  pour  les  secondes,  et  qu'un  jour  ou 
l'autre  leur  matière  vaccinale  sera  mise  en  évidence. 

i^  Atténuation  des  microbes  hors  de  r organisme  vac^ 
ciné.  —  Mais  au  lieu  de  confier  à  l'organisme  vacciné  le 
soin  d'atténuer  le  microbe,  l'expérimentateur  peut  s'en 
charger  lui-même  et  cela  de  différentes  manières. 

A.  Atiénuation  en  vase  clos  :  a.  Par  les  cultures  suc- 
resùres.  —  Au  premier  rang,  comme  priorité  historique 
et  importance,  interviennent  les  procédés  de  culture  de 
M.  Pasteur,  qui  contiennent  les  prémisses  de  toutes  les 
découvertes  microbiennes  accomplies  depuis. 

\)arwîn  avait  montré  la  variabilité  des  espèces,  la  fixité 
p\us  ou  moins  durable  de  quelques  caractères  acquis,  la 
dispûritioo  ou  le  retour  atavique  de  quelques  autres,  etc. 
Au-dessus  de  toutes  ces  modalités  diverses  il  avait  dégagé 
les  grands  faits  de  Tinduence  des  milieux  et  de  l'hérédité. 
Son  œuvre  est  toute  d'observation,  et  n'est  susceptible  de 
vérification  précise,  appliquée  aux  grands  animaux,  qu'à 
travers  les  âges  et  qu'à  la  condition  d'aller  demander  à 
la  terre  le  secret  des  races  disparues. 

M.  Pasteur  a  montré  que  le  monde  des  infiniment  petits 
obéissait  aux  mêmes  lois,  non  plus  simplement  en  natura- 
liste qui  observe  mais  en  savant  qui  expérimente  dans  le 
laboratoire.  Il  a  utilisé  dans  ce  out  la  propriété  qu'ont 
les  êtres  microscopiques  de  réaliser  en  peu  d'heures  tous 
ces  phénomènes  de  reproduction,  do  multiplication  à  l'in- 
fini, de  transformation  que  le  monde  organique  macrosco- 
pioue  n'accomplit  que  dans  une  longue  suite  d'années  (1). 

11  a  enlevé  certains  microbes  pathogènes  aux  milieux 
organiques  où  ils  exerçaient  leurs  ravages  pour  les  placer 
dans  des  milieux  artificiels,  dans  des  bouillons  de  culture. 
En  les  V  laissant  plus  ou  moins  longtemps,  en  déterminant 
toutes  les  conditions  de  leur  existence,  il  est  arrivé  à  les 
destituer  graduellement  de  leurs  propriétés  virulentes.  Il 
les  a  fixés  à  son  gréa  chaque  degré  de  virulence;  puis, 
passant  des  plus  faibles  aux  plus  forts,  il  les  a  inoculés 
successivement  à  des  animaux  sains. 

A  ce  point  les  plus  faibles  ne  donnent  plus  la  mort,  loin 
de  là.  Ils  accomplissent  silencieusement  les  fonctions  de 
leur  vie  en  excrétant —  pour  la  plupart  d'entre  eux  du 
moins  —  des  produits  qui  leur  sont  toxiques  (matière  vac- 
cin^e)  et  qui  les  font  périr.  Alors  on  inocule  le  virus 
immédiatement  supérieur,  dont  la  vie  eût  été  plus  tumul- 
tueuse s'il  eût  été  injecté  tout  d'abord,  mais  que  la  matière 
vaccinale  déjà  formée  ramène  aux  proportions  modestes  du 
virus  précédent.  On  continue  ainsi  jusqu'à  l'épuisement  de 
la  série,  et  rinefficacité  du  virus  le  plus  fort,  c'est-à-dire 
jusqu'à  immunité  complète. 

\oilà  ce  que  fit  M.  Pasteur  pour  le  choléra  des  poules, 
pour  la  bactéridie  charbonneuse.  Il  démontra  que  Voxygène 
était  l'agent  principal  de  l'atténuation.  Mais  tous  les  agents 
chimiques  ou  physiques,  dont  nous  avons  parlé  à  propos  de 
la  destruction  des  microbes,  peuvent  servir  à  les  atténuer  à 
différents  degrés,  selon  qu'ils  restent  plus  ou  moins  en  deçà 
de  la  limite  à  partir  de  laquelle  leur  action  destructive 
commence. 

b.  Par  la  chaleur.  —  C'est  ainsi'  que  M.  Toussaint 
atténue  le  sang  charbonneux  défibriné  à  55  degrés; 
M.  Chauveau  à  60  degrés,  par  un  chauffage  de  trois  heures; 
que  M.  Pasteur  atténue  les  bouillons  de  culture  charbonneux 
à,43  degrés;  que  MM.  Arloing,  Thomas  et  Cornevin  atténuent 

il)  Nous  avons  trouve  depnis  un  magnifique  développement  de  cette  idée,  dA  à 
M.  A.  Bordier  (Rev.  te.,  81  avril  1888). 


le  sang  du  charbon  emphysémateux  entre  100  degrés  et 
80  degrés,  etc. 

c.  Par  les  agents  chimiques,  —  La  première  expérience 
en  date  a  été  faite  par  M.  Toussaint  sur  le  sang  charbonneux 
avec  l'acide  phénique  au  tiers  et  on  s'imagine  bien  que 
tous  les  agents  antiparasitaires  peuvent  servir  à  des  essais 
du  même  genre  pour  d'autres  microbes. 

B.  Atténuation  des  microbes  par  leur  passage  dans  un 
autre  organisme  que  l'organisme  vacciné.  —  Nous  avons 
raconté  déjà  l'exemple  du  rouget  du  porc  qui,  cultivé  sur  le 
cobaye,  ne  donne  plus  aux  porcs  qu'une  maladie  atténuée 
et  le  cas  n'est  pas  unique. 

VI.  —  Résumé  et  conclusions. 

Tels  sont  les  procédés  qui  ont  été  généralement  usités 
pour  utiliser  la  matière  vaccinale  que  les  microbes  excrètent 
par  leur  surface,  mais  nous  n'avons  pas  la  prétention  de  les 
avoir  épuisés  tous.  C'est  ainsi  que  nous  avons  passé  sous 
silence  un  procédé  d'atténuation  des  microbes  par  leur 
inoculation  à  petites  doses,  ce  qui  les  met  en  impuissance 
relative  devant  la  résistance  en  masse  de  l'organisme  inoculé. 
Ce  procédé  a  réussi  dans  le  charbon  symptomatique  (Arloing, 
Cornevin  et  Thomas).C'estainsique  nous  n'avons  pas  parlé 
davantage  de  l'immunité,  procurée  par  l'intervention  d'un 
microbe  d'une  espèce  différente,  et  telle  que  le  microbe  du 
choléra  des  poules  la  donne  contre  la  fièvre  charbon- 
neuse (1). 

Ces  procédés  peuvent  se  résumer  sous  les  chefs  suivants: 

!•  Filtration  de  l'humeur  virulente,  soit  par  le  placenta, 
soit  par  le  rein,  soit  sur  la  porcelaine; 

2*>  Destruction  des  microbes  de  l'humeur  virulente,  soit, 
avant  l'injection  intra-organique,  en  vases  clos,  soit,  après 
l'injection,  par  l'action  hostile  des  milieux  organiques; 

3'  Mise  en  interdit  des  microbes  contenus  dans  l'hu- 
meur virulente  injectée,  par  la  saturation  vaccinale  précoce 
des  organismes. 

Ce  procédé,  usité  dans  la  rage,  s'applique  à  l'aide  d'injec- 
tions répétées  de  virus  frais  ou  mieiix  de  virus  gradués  ; 

4*  Atténuation  virulente  des  microbes  et  utilisation  des 
microbes  atténués  pour  la  production  de  la  matière 
vaccinale. 

L'atténuation  se  fait,  ou  directement  dans  et  par  l'orga- 
nisme inoculé,  ou  préalablement  en  vases  clos. 

Maintenant  comment  comprendre  le  rôle  de  cette  matière 
vaccinale?  Considérons-la  d'abord  injectée  seule.  Il  est 
probable  qu'une  partie  s'élimine  tout  de  suite  par  les  voies 
d'excrétion,  et  que  l'autre  se  fixe  dans  les  plasmas  et  les 
tissus.  Cette  fixation  a  lieu  sans  doute  comme  pour  toute 
autre  substance  chimique,  et  les  effets  d'immunité  qui  en 
résultent  peuvent  être  comparés,  de  loin,  il  est  vrai,  à 
l'accoutumance,  au  mithridalisme.  Puis,  peu  à  peu,  la 
substance  vivante  tend  à  se  débarrasser  de  la  matière  vacci- 
nale qui  lui  est  étrangère.  Cette  élimination  se  complète 
dans  des  délais,  variables  selon  l'espèce  du  vaccin,  mais  qui 
ne  semblent  jamais  bien  longs  et  après  lesquels  l'immunilé 
a  disparu.  C'est  ainsi  qu'au  bout  d'un  an  ou  deux  l'immu- 
nité rabique  n'est  plus  acquise  au  tiers  des  chiens  vaccinés 
(Pasteur,  il nna/^«  de  VJnstitut  Pasteur^  janvier  1887);  et, 
comme  ici  la  localisation  vaccinale  a  lieu  pourtant  dans  un 
tissu  (cellules  nerveuses^  d'une  grande  stabilité  nutritive, 
il  est  à  croire  que,  pour  d'autres  maladies  à  déterminations 
locales  différentes,  l'immunité  est  encore  plus  courte. 

Il  est  intéressant  de  comparer  cette  brièveté  de  l'immu- 
nité ainsi  conférée  par  Tinjectiôn  de  la  matière  vaccinale 
seule,  avec  la  longue  durée,  étendue  quelquefois  à  toute 
une  vie  d'homme,  de  celle  que  confère  I  intervention  intra- 

(1)  Ae.  iei  ic.  9  août  1881.  Dans  ces  dernîen  mois.  M.  Roux  {Ânn.  de  llnttitut 
Poiteur,  février  1888)  a  montré  que  la  matière  vaccinale  du  charbon  symptoma- 
tique donnait  l'immunité  <anx  cobayes  contre  la  septicémie  gangreneuse. 


42     _  N«  3  —  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


18  Janyier  1889 


organique  des  microbes,  par  exemple  dans  les  fièvres 
éruptives,  la  fièvre  typhoïde,  etc.  Est-ce  parce  que  dans  le 
premier  cas  il  n'intervient  jamais  qu'une  quantité  limitée 
de  substance  vaccinale,  et  oue  dans  le  second  l'organisme 
en  est  littéralement  saturé?  rie  serait-ce  point  plutôt  que  la 
matière  vaccinale  ne  se  fixe  plus  dans  les  lissus  par  un 
simple  fait  d'osmose,  mais  y  est  incorporée  avec  les 
microbes  qui  la  recèlent  en  vertu  d'une  espèce  de  conju- 
gaison cellulo-microbienne?  Il  y  aurait  là  un  phénomène 
d'ordre  vital,  un  cas  particulier  de  phagocytose,  qui  impri- 
merait aux  cellules  Gxes  ou  migratrices  de  l'organisme  une 
modification  durable,  aidant  à  comprendre  la  longue  portée 
de  l'immunité.  Il  nous  est  impossible  de  savoir,  il  est  vrai, 
à  quel  nouvel  arrangement  moléculaire  ou  nucléaire  cor- 
respond cette  modification  ;  tout  au  moins  pourrait-on  cher- 
cher si  elle  provoque  quelque  changement  dans  la  karyoki- 
nèse  ou  la  coloration  technique  des  cellules. 

Les  excréta,  qui  pour  chaque  maladie  composent  cette 
matière  vaccinale,  doivent  être  des  produits  fort  complexes, 
représentant  sans  doute  la  même  substance  azotée  à  des 
degrés  de  comnlexité  différents.  On  peut  assez  bien,  dès 
lors,  assimiler  1  emploi  qu'on  en  fait  aujourd'hui  à  l'ancien 
usage  de  l'opium  et  du  quinquina,  avant  qii'on  eût  décom- 
posé ces  substances  en  leurs  nombreux  alcaloïdes.  Un  temps 
viendra  sans  doute  où  ce  travail  d'analyse  s'appliquera  de 
même  à  la  matière  vaccinale,  et  en  dégagera  quelque  leu- 
comalne  cristallisée,  qui  résumera  à  sa  plus  haute  expression 
l'action  de  toutes  ses  congénères,  comme  la  quinine  pour 
les  aUaloldes  du  quinquina.  Alors  quelque  quantité  infi- 
nitésimale de  cette  substance  suffira  pour  assurer  l'immu- 
nité. Il  n'est  même  pas  impossible  qu'on  arrive  à  la  déceler 
toute  faite  dans  la  nature  (1). 

Mais  dès  aujourd'hui  il  est  merveilleux  de  voir  comment 
tous  ces  êtres  de  raison,  toutes  ces  vagues  entités,  qui  ont 
soulevé  tant  de  controverses  et  qui  s'appelaient  les  miasmes^ 
les  génies  épidémiques,  les  constitutions  médicales 
régnantes,  ont  été  ramenés  à  la  fonction  d'êtres  vivants, 
soumis  à  l'observation  et  à  l'expérience;  et  que  ce  problème 
si  longtemps  mystérieux  de  l'immunité  a  sa  solution  dans 
une  substance  chimique,  sécrétée  par  ces  êtres  et  qu'une 
brillante  synthèse  créera  peut-être  bientôt  de  toutes 
pièces. 

La  science  est  comme  la  lumière  ;  elle  dissipe  les 
ombres,  les  fantômes  insaisissables,  qui  hantaient  la  nuit 
de  notre  imagination,  et  à  leur  place  elle  met  des  réalités 
de  plus  en  plus  accessibles  à  notre  vue  et  à  notre  toucher. 
Cette  science  est  ici  faite  tout  entière  de  la  clarté  de 
l'esprit  français.  C'est  sans  doute  la  raison  qui  nous  a 
poussé  à  entreprendre  ce  modeste  travail. 
!•'  avril  1888  (% 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 


Académie  4e  médecine. 

SÉANCE  DU   15  JANVIER   1889.   —  PRÉSIDENCE 
DE   MAURICE  PERRIN. 

M.  le  docteur  Moncorvo  (de  Rio>de-Janeiro)  se  porto  candidat  aa  titre  do  cor- 
respondant étranger  dans  la  division  de  médecine. 

MM.  les  docteurs  Dambax  et  Hanumic  envoient  des  Plié  cachetés  dont  le  dépôt 
est  accepte. 

M.  lo  docteur  Slieffel  (à  Boaugée,  Meuse)  envoie  un  mémoire  manuscrit  sur  Ut 

{{)  M.  Peyraud  (de  Libournc)  prétond  que  l'essence  de  tanaisie  contient  toute 
formée  la  matière  vaecinale  de  la  rage. 

(â)  Ce  travail  a  été  communiqué  à  sa  date,  et  n'a  pu  être  inséré  pour  des 
raisons  qu'il  est  inutUd  de  dire  ici.  Nous  n'avons  voulu  rien  y  changer.  Mais  la 
science  marche  vite,  et,  comme  on  a  pu  voir,  plusieurs  vérités  du  lendemain  qui 
y  étaient  prévues,  sont  devenues  des  vérités  de  la  veille. 


bletture*  de  la  région  abdominale.  —  (CommiKsion:  MM.  lion  Le  Fort  et  Lan- 
nelongue.) 

M.  Rmpi*  présente,  de  la  part  de  MM.  les  docteurs  Dalché  ot  YiUejeant  un 
mémoire  sur  la  toxicité  du  bismuth,  pour  la  concours  du  Prix  Barbier. 

M.  Bergeron  présente  un  mémoire  de  M.  le  docteur  Debout  d'Bêtréet  sor 
Voxalurie. 

M.  .4.  OUivier  dépose  un  travail  de  M.  le  docteur  Aliton  (do  Baccarat)  sur  les 
tymplômes  et  lee  eomplieationt  de  la  grippe. 

M.  Charpentier  présente  une  brochure  de  M.  le  docteur  La  Tarre  (de  Rome) 
sur  le  déveioppement  du  fœtu», 

M.  Léon  Labbé  présente  une  tonde  inlra-uiérine,  imaginée  par  M"'  le  docteur 
Gacher-Sarrante. 

Commissions.  —  Les  Commissions  d*examen  des  candida- 
tures au  titre  de  correspondant  national  ou  étranger  sont 
constituées  ainsi  qu'il  suit  : 

1"  division  (médecine).  —  MM.  Roger  y  Hérard,  Féréol, 
Moutard-Martin^  Empis  elBucquoy. 

2*  division  (chirurgie).  —  MM.  Polaillony  Léon  />  Forty 
Rochardy  Lannelongue  et  Tamier, 

3*  division  (médecine-vétérinaire).  —  MM.  Gabriel  CoHUy 
Goubauxy  Leblanc,  Trasbot  et  Nocard. 

4*  division  (physique,  chimie,  histoire  naturelle  médi* 
cales).  —  MRl.  Riche^  Javal,  Schutzenberger,  Marty^ 
Caventou  et  Gariel. 

Strophantus.  —  M.  Dujardin-Beaumetz  se  prononce  en 
faveur  de  l'emploi  du  strophantus  dans  le  traitement  des 
maladies  du  cœur,  ainsi  que  Ta  fait  M.  Bucquoy  mardi 
dernier.  Comme  lui,  il  le  préconise  comme  un  excellent 
diurétique  cardiaque,  notamment  dans  les  maladies  mitrales 
avec  affaiblissement  du  cœur,  pourvu  que  la  dégénérescence 
du  myocarde  ne  soit  pas  trop  accentuée.  De  même,  il  en  a 
obtenu  de  bons  résultats  dans  les  cas  d'insuffisance  rénale, 
de  préférence  à  la  digitale,  qui  est  souvent  alors  mal  sup- 

riortée.  Son  action  est  prompte  et  rapide,  ce  oui  permet  de 
e  cesser  si  au  bout  de  vingt-quatre  à  quarante-huit  heures  la 
quantité  d*urine  n'a  pas  augmenté  ;  son  emploi  modéré 
paraît  d'ailleurs  n'avoir  d'autre  inconvénient  que  de  déter- 
miner de  la  diarrhée  chez  certains  sujets.  La  dose  usitée  par 
M.  Dujardin-Beaumetz  est  de  cinq  à  six  gouttes  matin  et  soir 
de  teinture  au  cinquième.  Dans  ces  derniers  temps  il  a 
essayé  une  apocynée  de  notre  pays,  le  laurier-rose,  employé 
à  la  dose  de  10  à  20  centigrammes  d'extrait;  les  effets  ont 
été  moins  constants  que  ceux  du  strophantus,  mais  non 
moins  marqués. 

M.  Germain  Sée  fait  sur  le  traitement  des  maladies  du 
cœur  une  longue  communication  dont  les  conclusions  seront 
présentées  à  la  séance  prochaine. 

Amyotrophie.  —  Lecture  est  faite  par  M.  Féréol  d'un 
rapport  an  sujet  de  l'observation  d'amyotrophie  des  quatre 
membres  chez  une  femme  enceinte,  observation  lue  à  la 
séance  du  27  novembre  1888  par  M.  le  docteur  Desnos,  en 
son  nom  et  au  nom  de  MM.  les  docteurs  Joffroy  et  Pinard. 
Dans  ce  rapport  M.  Féréol  discute  les  diverses  hypothèses 
émises  par  les  auteurs  au  cours  de  cette  remarquable  obser- 
vation, dont  nous  avons  antérieurement  parlé.  Il  considère 
la  malade  en  question  comme  ayant  été  atteinte  d'atrophie 
dyscrasique  ou  dénutrition  généralisée  causée  par  Tépui- 
sèment. 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  22  janvier  comprend  : 
l''  un  rapport  de  M.  A.  Robin  sur  des  demandes  en  autori- 
sation pour  des  eaux  minérales;  2"^  un  rapport  de  M.  À. 
Olliviev  sur  les  épidémies  ;  3"*  la  continuation  de  la  discus- 
sion sur  l'emploi  du  strophantus  dans  les  maladies  du  cœur 
^membres  inscrits  :  MM.  C.  Paul,  Laborde,  Bucquoy)  ; 
4°  une  lecture  de  M.  le  docteur  R.  Blache  sur  l'application 
de  la  loi  Roussel  dans  le  département  de  la  Seine. 


18  Janvier  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N»  3  —      43 


Société  médleale  des  hôpltavx. 

SÉANCE   DU   H    JANVIER   1889.  —  PRÉSIDENCE   DE 
M.    CADET  DE    GASSICOURT. 

A  propos  da  traitement  de  la  fièvre  typhoïde  :  M.  Merklen.  —  I«a 
Société  eet  reoonnae  d'atilité  publique.  —  Bes  pleurésies  meta- 
pneomoniques  :  M.  TToisier  (Disoussion  :  MH.  Rendu.  Ck>mby. 
Hayom).  —  Plauréaiea  purulentes  méta-pneumonique  et  pneu- 
mocoodqao  primitive  :  M.  Netter  (Discussion  :  M.  Rendu).  — 
Grises  gastriques  non  tabétiques  :  H.  Debove. 

M.  Merklen  expose  les  raisons  oui  lui  semblent  moliver 
la  proposition  qu'il  soumet  à  la  Société  de  nommer  une 
commission  pour  étudier  les  résultais  obtenus  par  les 
divers  modes  de  traitement  de  la  fièvre  typhoïde,  à  Paris, 
en  1888. 

Cette  proposition  soutenue  par  M.  Féréol,  qui  demande 
qu  on  étende  Tenquéte  aux  résultats  à  venir  de  1880,  est 
mise  aux  voix  et  adoptée.  La  commission  sera  composée 
de  31M.  Féréol,  Rendu,  Gérin-Roze,  Merklen,  Moizard, 
Troisier  et  Juhel-Rénoy. 

—  M.  Siredet/y  président  sortant,  prononce  Tallocution 
d*usage  et  annonce  que  la  Société  des  hôpitaux  a  été 
reconnue  à*utilité  publique  par  un  décret  en  date  du 
1t  décembre  1888.  Il  adresse  des  remerciements  à 
MM.  Féréol,  Millard  et  Desnos  qui  ont  puissamment  con- 
tribué à  cette  importante  décision. 

Sur  la  proposition  de  M.  Féréoly  la  Société  vote  à  Tuna- 
nimité  le  titre  de  membre  bienfaiteur  à  M.  de  Salverte, 
maître  des  requêtes  au  conseil  d'Etat  et  membre  du  conseil 
(le  surveillance  de  l'Assistance  publique,  pour  le  remercier 
du  puissant  concours  qu*il  a  prêté  en  cette  circonstance. 

—  M.  Troisier  lit  un  mémoire  intitulé  :  Pleurésies  meta- 
pneumoniqueê  {Pneumo-pleurésie  de  Woillez).  (Sera 
publié.) 

M.  Rendu  rappelle  que  son  mattre  Gubler  considérait 
UQ  léger  épancnement  pleurétique,  à  évolution  atténuée, 
terminée  par  résolution,  comme  la  règle  dans  la  convales- 
cence de  ta  pneumonie.  Lui-même  a  fréquemment  observé 
ce  fait.  Quant  aux  pleurésies  purulentes,  elles  sont  aussi 

5 lus  insidieuses,  plus  torpides  d'allure,  que  ne  le  dit 
1.  Troisier  :  aussi  faut-il  toujours  faire  avec  la  seringue 
de  Pravaz  une  ponction  exploratrice  lorsque  la  résolution 
du  processus  pneumonique  n'évolue  pas  rranchement.  On 
trouve  ainsi  souvent  du  pus  dans  la  plèvre,  et  ce  diagnostic 
est  d'autant  plus  important  à  faire  de  bonne  heure  qu'alors 
J'eiDpjrème  sera  presque  constamment  suivi  d'un  succès 
rapide.  Dans  deux  cas  personnels,  Texamen'  bactériolo- 
gique de  l'épanchement,  pratiqué  par  Netter,  a  montré 
des  pneumocoques. 

H.  Troisier  n'a  voulu  décrire  que  les  cas  dont  il  a  pu 
suivre  l'observation. 

M.  Comby  a  vu  Tan  dernier  trois  cas  de  pleurésie  puru- 
lente méta-pneumonique.  La  ponction  n'ayant  pu  amener 
la  guérison,  on  fit  Tempyème;  deux  fois  il  resta  des  fistules 
persistantes.  H  est  donc  important  d'avoir  recours  à  la  pleu- 
rotomie  antiseptique  précoce. 

M.  Hayem  a  observé  un  cas  chez  une  femme  récemment 
accouchée.  La  ponction  retira  un  litre  et  demi  de  liquide 
purulent;  l'amélioration  fut  rapide  et  la  guérison  bientôt 
complète.  Cette  pleurésie  purulente  méta-pneumonique 
peut  donc  guérir  sans  empyème,  même  dans  des  conditions 
de  puerpéralité. 

—  M.  Netter  lit  un  mémoire  sur  la  pleurésie  purulente 
méta-pneumonique  et  la  pleurésie  purulente  pneumo- 
coccique  primitive.  Cette  étude  de  la  variété  de  pleurésie 
nommée  méta-pneumoniquè  par  Gerhardt,  est  basée  sur 


316  observations,  dont  14  personnelles.  Woillez,  Reisz, 
Gerhardt,  Guillon,  Leyden,  Hazotti,  Penzoldt,  ont  successi- 
vement décrit  celte  pleurésie  dont  le  caractère  purulent  est 
presque  constant.  Elle  se  montre  dé  préférence  après  les 
pneumonies  sévères  ou  longues,  surtout  au-dessous  de  trente 
ans  et  dans  les  pays  du  Nord.  On  l'observe  par  séries  coïn- 
cidant avec  les  séries  de  pneumonies  plus  fréauentes  et  plus 
graves.  L'épanchement  est  un  pus  épais,  verdâtre,  inodore, 
renfermant  peu  de  sérum;  au  début,  il  est  plutôt  séro- 
purulent.  Les  fausses  membranes  pleurales  sont  épaisses  et 
nombreuses,  aussi  l'épanchement  est-il  fréquement  cloisonné 
ou  enkysté  ;  quelquefois  elles  se  détachent  et  flottent  dans  le 
liquide.  Le  poumon  est  ordinairement  peu  altéré  et  récopère 
vite  son  fonctionnement  normal  après  l'évacuation  de  la 
plèvre.  Dans  les  deux  tiers  des  cas,  l'épanchement  débute 
avant  la  fin  de  la  pneumonie.  Souvent  la  crise  terminale  de 
la  pneumonie  n'est  pas  nette  et  franche;  il  peut  cependant 

Lavoir  apyrexie  complète  pendant  un  ou  plusieurs  jours, 
e  début  de  la  pleurésie  est  ordinairement  insidieux,  avec 
fièvre  nulle  ou  d'allure  variable,  non  intermittente;  l'épan- 
chement progresse  lentement;  il  est  quelquefois  partiel, 
interlobaire,  s'accompaçne  rarement  d'œdème  de  la  paroi. 
La  résorption  est  possible;  la  vomique  fréquente,  avec  ou 
sans  pneumothorax,  est  un  des  modes  de  guérison  spon- 
tanée. Le  traitement  par  la  ponction  ou  l'empyème  est 
presque  constamment  suivi  de  succès.  Cette  bénignité 
relative  tient  sans  doute  aux  propriétés  spéciales  du  micro- 
organisme  pathogène  :  le  pneumocoque.  Il  ne  produit  pas 
d'ordinaire  de  lésions  profondes  et  sa  vie  est  courte,  sans 
doute  parce  qu'il  rend  lui-même  le  milieu  où  il  se  développe 
impropre  à  son  existence.  Si  d'autres  microbes  viennent  se 
joindre  à  lui  ou  le  remplacer,  les  allures  de  raffection  sont 
moins  bénignes  et  dès  lors  il  faut  intervenir  par  la  thoraco- 
tomie  antiseptique;  dans  l'empyème  méta-pneumonique  n& 
contenant  que  des  pneumocoques,  les  ponctions  suffisent 
souvent,  parfois  même  la  guérison  s'est  produite  sans  inter- 
vention. 

Les  mêmes  considérations  s'adressent  à  la  pleurésie  puru- 
lente pneumococcique  primitive,  fréquente  surtout  chez  les 
enfants,  ce  qui  expliquerait  la  bénignité  bien  connue,  à  cet 
âge,  de  la  pleurésie  purulente.  Le  diagnostic  n'est  possible 
que  par  1  examen  bactériologique,  qui  montre,  en  outre, 
s'il  existe  d'autres  microbes  associés  et  pose  les  indications 
du  traitement. 

M.Rendune  peut  croire  que  le  pneumocoque  pénètre  ainsi 
d'emblée  dans  la  plèvre  et  provoque  une  pleurésie  puru- 
lente primitive,  non  précédée  d'un  pracessus  pneumonique. 
Sans  doute  celui-ci  est  souvent  peu  intense  et  passe  inaperçu, 
principalement  chez  l'enfant. 

M.  Netter  est  d'accord  avec  M.  Rendu  pour  la  majorité 
des  faits,  mais  il  maintient  le  passage  des  pneumocoques 
d'emblée  dans  la  plèvre  pour  quelques  cas. 

—  M.  Debove  présente  un  malade  neurasthénique,  avec 
manifestations  multiples,  depuis  un  trauma  du  côté  droit  du 
thorax.  Cet  homme,  qui  digère  généralement  assez  bien,  est 
pris  tous  les  trois  ou  quatre  mois  de  crises  gastriques 
atroces,  avec  vomissements  répétés  et  abondants,  tous  ana- 
logues d'aspect  avec  les  crises  du  tabès  dorsal.  L'accès  dure 
de  trois  à  cinq  jours.  Il  n'existe  aucun  signe  de  tabès:  ni 
douleurs  fulgurantes,  ni  ataxie,  ni  suppression  du  réflexe 
pateilaire.  Il  s'agit  donc  d'un  cas,  analogue  à  ceux  de  Leyden, 
de  crises  gastriques  chez  un  neurasthénique. 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  teures  et  quart. 

André  Petit. 


U    _  N«  3  —  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  18  Janviei»  1889 


r, 


Soelélé    de   eblrorp^lo. 

SÉANCE   DU  9  JANVIER   1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE   M.   POLAILLON. 

Séance  annuelle. 

M.  \e  Président  résume  les  travaux  de  la  Sociélé  de 
chirurgie  pendant  Tannée  1888.  Ils  ont  surtout  porté  sur 
des  questions  de  gynécologie  telles  que  fibromes,  cancers, 
déplacements  utérins,  salpingites.  Des  vides  se  sont  faits 
)ar  la  mort  de  plusieurs  membres  de  la  Société,  Blot  parmi 
es  titulaires  ;  Benoir,  Viberl,  Poinsol,  Poulet  parmi  les 
correspondants.  Quatre  nouveaux  titulaires  ont  été  élus: 
MM.  Reynier,  Prengrueber,  Routier,  Jalaguier.  Enfin, 
MM.de  Saint-Germain  et  Magilot  ont  demandé  Thonorariat. 

—  M.  le  Secrétaire  annuel  récapitule  les  communications 
et  les  mémoires  les  plus  importants  de  Tannée  et  qui  doivent 
paraître  dans  le  volume  des  Bulletins  de  la  Société;  entre 
autres:  la  pathogénie  et  le  traitement  des  affections  inflam- 
matoires des  annexes  de  Tutérus,  Tinlervenlion  chirurgicale 
dans  les  plaies  de  Tabdomen  par  armes  à  feu,  la  castration 
ovarienne  dans  les  cas  de  fibromes  utérins,  Tliystérectomie 

[partielle  ou  totale  dans  le  cancer  de  Tutérus,  la  résection  de 
'intestin  pour  cancer  de  Torgane,  la  cure  du  prolapsus 
utérin  par  Thyslérorrhaghie,  la  trépanation  pour  accidents 
cérébraux  en  dehors  du  traumatisme,  Tostéomyélite  infec- 
tieuse aiguë  chez  Tadulte,  le  traitement  des  anévrysmes  par 
la  ligature  antiseptique,  les  ectasies  lymphatic^ues,  les 
varices  des  nerfs,  les  lésions  des  nerfs  périphériques  à  la 
suite  de  fractures,  Thystérotraumatisme,  le  cathélérisme 
rétrograde  après  taille  hypogastrique,  les  dangers  du  ballon 
de  Petersen,  le  cancer  dîi  larynx,  divers  mémoires  de  chi- 
rurgie de  guerre,  etc.,  etc. 

—  M.  le  Secrétaire  général  prononce  Téloge  de  Giraud- 
Teulon.  Devenu  membre  de  la  Sociélé  de  chirurgie  le 
16  juin  1869,  alors  qu'il  était  âgé  de  plus  de  cinquante  ans, 
il  avait  porté  de  préférence  ses  éludes  sur  la  mécanique 
animale  et  Tophlhalmologie.  Sorti  de  TEcole  polytechnique 
et  devenu  médecin  bien  après,  il  avait  toujours  gardé  de  ses 
premières  études  un  goût  marqué  pour  le  côté  mathéma- 
tique des  sciences  médicales.  Signalons  parmi  ses  nom- 
breuses productions  ses  Principes  de  mécanique  animaley 
divers  mémoires  sur  la  dioptrique  oculaire,  la  physiologie 
et  la  pathologie  fonctionnelle  de  la  vision  binoculaire,  des 
leçons  sur  le  strabisme,  son  livre  sur  la  vision  et  ses  ano- 
malies qui  résume  tous  ses  travaux  antérieurs. 

P.  ViLLEMIN. 


Soelété  de  blolon^le. 

SÉANCE  DU  5  JANVIER  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE   M.    BROWN-SÉQUARD. 

Mensuration  des  globales  sanguins  :  M.  Malassez.  —  La  moelle 
comme  centre  nerveux  :  M.  Brown-Sèquard.  —  Définition  de 
l'être  vivant  :  H.  I«ata8te.  —  Relations  entre  la  transpiration  et 
l'assimilation  chlorophylliennes  :  M.  JumeUe.  —  Rôle  des  principes 
constitutifs  des  êtres  vivants:  MH.  Chabry  et  Pouchet.  —  Action 
de  l'aniline  et  des  toluidines  sur  le  sang  :  MH.  Meyer  et  MTer- 
tfaeimer.  —  Sur  un  diff usiographe  :  M.  Regnard. 

M.  Malassez  décrit  le  procédé  qu'il  emploie  pour  mesurer 
les  globules  sanguins  et  qui  consiste  essentiellement,  après 
avoir  dessiné  à  la  chambre  claire,  à  un  grossissement  connu, 
une  bonne  préparation  de  sang,  à  mesurer  ensuite  des 
globules  dessinés  et  à  en  déduire  les  diamètres. 

—  M.  Brown-Séquard  rapporte  quelques  faits  qui 
montrent  Timportance  de  la  moelle  en  tant  que  centre 
nerveux  capable  d'agir  par  lui-même. 


—  }i.Lataste  expose  une  série  de  considérations  qui  Tout 
amené  à  proposer  une  définition  nouvelle  de  Tétre  vivant. 

—  M.  Bonnier  présente  une  note  de  M.  Jumelle  sur  les 
rapports  qui  existent  entre  les  deux  grandes  fonctions  de  la 
chorophylle,  l'assimilation  et  la  transpiration.  D'après  les 
expériences  de  M.  Jumelle,  les  deux  phénomènes  sont  en 
raison  inverse  Tun  de  Tautre. 

—  M.  Pouchet  a  cherché  à  voir  avec  M.  Chabry  ce  que 
devient  un  animal,  comment  il  se  développe,,  quand  ou 
supprime  du  milieu  dans  lequel  il  doit  vivre  un  des  prin- 
cipes immédiats  nécessaires  à  son  existence.  Les  expériences 
ont  été  faites  sur  des  œufs  d'oursins  élevés  dans  de  Teau  «le 
mer,  débarrassée  de  sa  chaux.  Or,  dans  ces  conditions,  le 
développement  des  larves  est  considérablement  retardé.  De 
plus,  Tétre  n'atteint  pas  sa  forme  définitive;  il  ne  devient 
jamais  étoile  de  mer. 

—  M.  Balzer  dépose  une  note  de  MM.  Meyer  et  Wer^ 
fA^^m^r  (de  Lille)  sur  Tinfluence  de  l'aniline  et  des  tolui- 
dines sur  la  capacité  respiratoire  du  sang  et  sur  la  tempé- 
rature. Ces  diverses  substances  agissent  dans  le  même  sens, 
pour  abaisser  la  capacité  respiratoire  et  la  tempéralmv, 
mais  Taniline  est  plus  «ictive. 

—  M.  Regnard  décrit  un  appareil  qu'il  emploie  pour 
étudier  la  diffusion,  ou  diffusiographe. 


Sociélé  de  ibérapeia(lqu«. 

SÉANCE  DU  20  DÉCEMBRE   1888.—  PUÉSIDENCE  DE  M.  CRKQrV. 

Rapport  sur  le  traitement  de  la  fièvre  typhoïde  par  l'inèe  :  M.  Grel- 
lety.  —  Strophantate  de  chaux  :  M.  Gatlllon.  —  Hygiène  alimen- 
taire des  diabétiques  :  M.  Dujardin  -  Beaumetc  (  Ditousslon  : 
MM.  G.  Paul,  Duohenne,  Blondel).  —  Renouvellement  du  bureau  — 
élections. 

M.  Grellety  lit  son  rapport  sur  le  mémoire  de  M.  Poulet 
(de  Plancher-les-Mines),  relatif  au  traitement  de  la  lièvre 
typhoïde  par  Tinée.  Il  conclut  à  l'insuffisance  numérique 
des  observations  pour  permettre  de  porter  un  jugement 
scientifique,  et  parlap:e  les  doutes  de  MM.  Bucquoy  el 
Catillon  sur  l'innocuité  des  doses  élevées  qui  ont  été 
employées. 

—  M.  Catillon  rappelle  qu'il  a  extrait  des  semences  de 
slrophantus  un  corps  azoté.  On  peut  obtenir  ce  corps  à 
Tétat  de  strophantate  de  chaux;  pour  cela,  après  avoir 
épuisé  le  strophantus  par  l'alcool  fort  pour  en  extraire  la 
strophantine,  on  traite  le  résidu  par  Teau  distillée.  A  la 
liqueur  obtenue,  on  mélange  un  lait  de  chaux,  et  on  sépare 
par  filtration  le  dépôt  qui  s'est  formé.  Dans  le  liquide  filtré 
on  fait  alors  passer  un  courant  d'acide  carbonique  pour 
saturer  l'excès  de  chaux  :  on  filtre  à  nouveau  et  on  évapore. 
Au  cours  de  Tévaporation  il  se  forme,  un  nouveau  dépôt 
calcaire  que  Ton  sépare  par  une  dernière  filtration  lorsque 
le  liquide  est  en  consistance  sirupeuse,  puis  on  dessèche 
dans  le  vide.  Le  produit  est  déliquescent,  sans  saveur  pro- 
noncée, non  toxique.  Le  corps  azoté  uni  à  la  chaux  serait 
un  amide;  il  n'offre  pas  les  réactions  des  alcaloïdes.  Il 
semble  avoir  des  propriétés  diurétiques,  et  peut-élrp  reprê- 
sente-t-il  le  principe  diurétique  du  slrophantus. 

—  M.  Oujardin-Beaumetz  fait  une  communication  sur 
l'emploi  de  la  saccharine,  de  la  légumine,  de  la  fromentine 
et  du  soya  dans  le  régime  des  diabétiques.  La  saccharine, 
qui  a  été  repoussée  ajuste  titre  comme  aliment,  reste  un 
médicament  utile  chez  les  diabétiques,  dont  un  grandi 
nombre  ne  peuvent  se  résoudre  à  la  privation  des  boissons 
sucrées.  Elle  peut  servir  également,  bien  q^u'il  y  ait  quelqui^ 
difficulté  de  pratique,  pour  sucrer  certains  aliments.  Ou 
n'observe  d'accidents  gastriques  que  si  son  usage  esl  trop 


18  Janvier  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  3  -    45 


prolongé  ou  les  doses  Irop  élevées.  —  Pour  remplacer  le 
pain  de  gluten  qui  renferme  encore,  pviur  les  meilleures 
mari|ues,  (le  19  à  20  pour  100  d'amidon,  on  a  proposé  la 
h'gumine,  dont  M.  Bovet  a  entretenu  la  Société  dans  une 
b^'ance  antérieure,  puis  la  fromentine  et  le  soya.  La  fromen- 
Une,  ainsi  que  la  montré  M.  Douliot,  peut  être  extraite  de 
Tembryon  des  grains  de  blé,  facilement  séparé  aujourd'hui 
par  un  procédé  spécial  de  meunerie.  Cet  embryon  renferme 
une  huile»  purgative  à  la  dose  de  10  grammes,  dite  huile  de 
froment  ;  lorsqu'elle  a  été  retirée  de  l'embryon,  on  peut 
alors  obtenir  une  farine  avec  laquelle  on  prépare  des  potages 
assez  agréables,  ou  des  biscuits  auxquels  on  incorpore  de  la 
saccharine  et  du  jaune  d'œuf.  Mais  jusqu'ici  la  panification 
n'a  pu  étre^obtenue.  —  Le  soya  est  un  haricot  du  Japon, 
cultivé  en  *grand  en  Autriche,  dans  lequel  l'analyse  chi- 
mique et  l'examen  histologique,  pratiqué  par  M.  Blondel, 
ont  démontré  l'absence  de  fécule  :  à  peine  en  existe-t-il 
2  pour  100.  On  est  parvenu  à  extraire  l'huile  de  soya,  pur- 
plive  comme  l'huile  de  froment,  et  à  confectionner  des 
pains  d*un  goût  agréable  (Le  Cerf,  Aurioli).  Le  pain  vendu 
ihns  le  commerce  sous  le  nom  de  pain  de  gluten  et  de  soya 
(Dourdin)  renferme  40  pour  100  de  matières  féculentes  ;  il 
est  certes  plus  azoté  que  le  pain  de  gluten,  mais  il  renferme 
plus  de  fécule.  Avec  la  farine  de  soya  on  prépare  aussi  des 
hiscotles  pour  potages,  et,  en  ajoutant  de  la  saccharine,  des 
gaufrettes  et  des  pâtisseries.  Le  pain  de  soya,  qui  renferme 
toujours  une  petite  quantité  d'huile  de  soya,  a  des  pro- 
priétés laxatives  qui  peuvent  rendre  des  services  dans  bien 
tfes  cas.    Les  pommes  de   terre  peuvent  être  employées 
comme  succédanées  du  pain  de  gluten,  car  elles  renrerment 
moins  d'amidon  à  poids  égal;  il  faut  donc  en  consommer 
une   f  lible  quantité  et  choisir  les  espèces  ohlongues,  peu 
farineuses,  que  l'on  fera  cuire  à  l'eau  après  les  avoir  éplu- 
chées. D'ailleurs,  il  ne  peut  y  avoir  un  régime  type,  inva- 
riable; chaque  diabétique  présente  une  susceptibilité  par- 
ticulière pour  certains  aliments  :  fruits,   raisins,  lait.  La 
nécessité  s'impose  d'étudier  chaque  malade  par  des  ana- 
lyses fréquentes  de  ses  urines. 

M.  C.  Paul  partage  l'opinion  de  M.  Dujardin-Beau- 
metz  à  l'égard  de  la  saccnarine  qui  constitue  en  outre 
un  antiseptique  buccal  excellent  pour  les  diabétiques.  Le 
pain  de  gluten  possède  un  avantage  sur  le  pain  ordinaire 
qui  ne  renferme  pas  beaucoup  plus  d'amidon  (45  à  52 
pour  100),  c*est  de  provoquer  une  mastication  prolongée  et 
une  salivation  utile  pour  la  digestiou  des  féculents.  Il  faut 
àivoir,  d'ailleurs,  que  les  glycosuriques  offrent  des  oscilla- 
lloDs  énormes  dans  le  taux  au  sucre  urinaire  suivant  Tali- 
meniation  et  le  degré  plus  ou  moins  complet  de  digestion  ; 
ye^''ifabéliques  vrais  ont  un  taux  de  glycosurie  sensiblement 
constant. 

M.  Duchenne  fait  remarquer  que  le  cidre  nouveau 
doit  être  proscrit  de  l'alimentation  des  diabétiques,  auxquels 
on  peut  permettre  le  cidre  fermenté. 

M.  Blondel  pense  que  le  principe  purgatif  du  soya  est 
une  résine  et  non  Thuile  elle-même,  qui  ne  purge  qu'à  dose 
assez  élevée,  en  tant  qu'aliment  indigeste. 

M.  Oujardin-Beaumetz  rappelle  que  le  diabétique 
soumis  à  un  régime  sévère  arrive  souvent  à  maigrir;  aussi 
«1oit-il  être  surveillé  avec  grand  soin.  On  devra  lui  prescrire 
.ilurs  des  aliments  gras  qu'on  peut  classer  dans  l'ordre  sui- 
\anl  :  sardines  ou  thon  à  Thuile,  hareng  saur;  lard,  graisse 
d'oie  «  beurre;  rillettes,  charcuterie,  pâté  de  foie  gras, 
caviar.  On  peut  conseiller  trois  sortes  de  soupes  :  soupe 
aux  choux  et  au  lard,  soupe  aux  œufs  pochés,  soupe  aux 
oignons  et  aux  ^ufs  ;  enfin  choucroute  garnie.  D'autre  part, 
l'analyse  des  urines  par  le  procédé  qu'a  recommandé 
M.  Duhomme  rendra  de  grands  services  pour  surveiller  le 
ri>nme,  le  malade  pouvant  se  rendre  compte  par  lui-même, 
chaque  jour^  des  résultats  fournis  par  les  divers  aliments. 


—  Sont  nommés  pour  1889  :  Président,  M.  Fernet  ;  vice- 
président,  M.  E.  Labbé  ;  secrétaire  généraly  M.  C.  Paul; 
secrétaires  annuels,  MM.  Grellety,  Ërn.  Labbée. 

—  Sont  élus  :  membres  titulaires  médecins,  MM.  Léon 
Petit,  Ddbousc[uet-Laborderie  ;  pharmaciens,  MM.  Kùgler, 
de  Saint-Martin.  — Membres  correspondants  nationaux, 
MM.  Lapeye  (du  Cannet),  Hamayde  (de  Fumay);  corres- 
pondants étrangers,  MM.  Semmola  (Naples).  Candide 
Herrero  (Béjar-Espagne),  Robinson  (Constantinople),  Kalin> 
dero  (Bucharest),  Botkine,  Winocouroff,  Loris  Melikoff, 
Affanafieff  et  Vassilief  (Russie). 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures  trois  quarts. 


SÉANCE  DU  9  JANVIER  1889.  —  PRÉSIDENCE  DE  M.  FERNET. 

Du  sulfonal  :  M.  G.  Paul.  —  Même  sajet  :  H.  H.  Haohard  (Disous- 
Blon  :  MM.  Moutard-Martin.  Hètiocque). 

M.  Fernet  prononce  l'allocution  d'usage  en  prenant 
place  au  fauteuil  de  la  présidence. 

—  M.  C  Paul  donne  lecture  d'un  mémoire  sur  le  sul- 
fonaU  C'est  un  carbure  d'hydrogène  dérivé  du  gaz  des 
marais  :  c'est  le  diélhyl-dimélhyl-méthal.  Corps  blanc, 
cristallisé,  insoluble  dans  l'eau  froide,  très  peu  soluble 
dans  l'eau  chaude  (450  parties  d'eau  à  40  degrés  ;  18  à  20 
à  100  degrés),  soluble  dans  l'alcool,  l'éther,  le  chloro- 
forme 11  n'est  pas  attaqué  par  les  acides  énergiques  et  les 
alcalis  caustiques.  Il  n'a  ni  odeur,  ni  saveur.  Les  recher- 
ches de  Kramer  ont  montré  qu'il  n'a  pas  d'action  sur  le 
ferment  salivaire,  qu'il  ne  ralentit  pas  la  digestion  par  le 
suc  gastrique,  ni  la  digestion  de  la  librine  par  le  suc  pan- 
créatique, ainsi  que  le  font  l'hydrate  d'amyle,  la  paral- 
déhyde,  le  chloral.  Il  ne  s'élimine  pas  dans  l'urine  à  l'état 
de  sulfonal  mais  sous  forme  d'un  composé  sulfureux  encore 
mal  déterminé.  Kast  (de  Fribourg)  a  reconnu  qu'il  pro- 
duit le  sommeil  sans  état  saburral  au  réveil.  C'est  en  effet 
un  somnifère  dont  l'action  est  plus  tardive  que  celle  du 
chloral,  mais  n'amène  pas  de  dépression  cardiaque;  il  ne 
présente  pas  l'inconvénient  de  l'accumulation  des  doses. 
Les  auteurs  allemands  qui  l'ont  expérimenté  ont  rapporté 
deux  cas  d'efflorescence  cutanée  scarlatiniforme  à  la  suite 
de  son  ingestion.  En  Allemagne  et  en  Autriche  on  en  a 
obtenu,  à  la  dose  de  1  ou  3  grammes,  d'excellents  effets, 
95 fois  sur  100  dans  l'insomnie  nerveuse;  M.  C.  Paul  l'a 
employé  chez  trente  sujets  atteints  de  cette  insomnie,  et 
cela  avec  un  succès  constant.  Il  a  remarqué  que  la  nuit 
qui  suit  celle  où  il  a  été  administré  est  ordinairement 
bonne  alors  même  qu'on  n'en  a  pas  donné  de  nouveau.  Dans 
l'insomnie  causée  par  la  douleur  il  peut  également  réussir; 
chez  les  aliénés  il  a  une  action  moins  rapide,  mais  plus 
durable  que  le  chloral.  Dans  le  délire  alcoolique  il  donne 
de  bons  résultats  à  la  dose  de  3  grammes,  mais  reste  in- 
suffisant contre  le  delirium  tremens.  Chez  un  épileptiquc 
en  période  d'accès,  3  grammes  ont  amené  un  sommeil 
calme  de  sept  heures.  Il  a  également  réussi,  à  la  dose  de 

3  et  4  grammes,  entre  les  mains  d'Ostreicher  contre  l'in- 
somnie délirante  des  dépressions  mentales  ;  le  même 
observateur,  et  aussi  Schôiiborn,  l'ont  employé  avec  succès 
pour  combattre  la  morphinomanie.  Enfin,  il  fait  dormir  les 
cardiaques  sans  avoir  aucune  action  nocive  sur  le  cœur. 
On  peut  l'administrer  dans  du  pain  à  chanter,  ou  dans  une 
boisson  chaude  assez  abondante,  telle  qu'une  tasse  de 
thé,  de  lait  ou  de  bouillon.  Les  doses   varient  de  1  à 

4  grammes,  la  dose  de  1  gramme  est  généralement  suf- 
fisante. Chez  les  enfants  on  peut  prescrire  25  à  50  centi- 
grammes. Il  doit  être  administré  le  soir  à  une  distance 
quelconque  du  repas  puisqu'il  ne  trouble  pas  la  digestion. 
On  doit  s'assurer  qu'il  est  bien  purifié  et  n'offre  ni  odeur 
ni  saveur. 


46     _  N*  3  -- 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET^DB  CHIRURGIE  48  Janvier  1889 


M.  H.  Huchard  a  expérimenté  le  sulfonal  chez  des 
phthisiques  dès  le  mois  de  juillet  dernier  ;  mais,  ayant 
obtenu  peu  de  résultats  et  sa  faible  provision  étant 
épuisée,  il  y  avait  renoncé.  Il  a  repris  ses  recherches  au 
mois  de  novembre  chez  une  hystérique  dont  l'insomnie  a 
été  calmée;  puis  chez  un  phthisique  qui,  avec  une  dose  de 

2  grammes  a  été  plongé  dans  un  état  de  somnolence  d^une 
dizaine  de  jours  de  durée.  Chez  les  cardio-aortiques  il 
donne  de  très  bons  effets,  mais  réussit  mal  dans  les  affec- 
tions mitrales  asystoliques.  Dans  un  cas  de  rétrécissement 
mitral,  avec  2  et  3  grammes,  il  a  obtenu  un  sommeil  de 
huit  heures  suivi  de  sensations  de  brisement  des  membres, 
de  vertiges  et  de  titubation.  Ce  n'est  pas  un  anesthésique, 
aussi  agit-il  peu  dans  la  névralgie  faciale.  Dans  un  cas 
de  rhumatisme  articulaire  subaigu  il  a  donné  cinq  à  six 
heuresde  sommeil.  Enfin,  il  a  échoué  dans  le  ramollissement 
cérébral  sénile,  et  dans  cinq  cas  sur  quatorze  d'asphyxie 
locale  des  extrémités.  Ces  résultats  concordent  avec  ceux 
obtenus  par  Kiefer  (de  Nancv).  En  résumé  il  agit  surtout 
contre  l'insomnie  nerveuse  ;  il  est  moins  sûr  dans  les  autres 
cas  et  laisse  d'ordinaire  au  réveil  de  la  lourdeur  de  tète, 
avec  fatigue,  douleurs  des  membres,  sensation  d'ivresse, 
sorte  de  titubation  cérébelleuse.  Il  présente  une  lenteur 
d'absorption  et  d'action  très  manifestes.  A  la  dose  de  1  à 

3  grammes,  il  procure  six  à  huit  heures  de  sommeil  ;  dans 
un  cas,  trente-six  heures  (Kiefer).  En  résumé  c'est  un 
somnifère  qui  n'est  nullement  supérieur  au  chloral  ;  il  a 
l'avantage  de  ne  troubler  en  rien  les  phénomènes  digestifs, 
respiratoires  ou  circulatoires,  et  de  prolonger  son  action 
pendant  plusieurs  jours. 

M.  Moutard-Martin  Ta  expérimenté  sur  lui-même  à 
plusieurs  reprises  contre  l'insomnie  tenant  à  l'asthme;  il 
a  constamment  éprouvé  au  réveil  du  malaise,  de  la  fatigue, 
de  la  lourdeur  de  tète.  Une  dose  de  1  gramme  amenait  le 
sommeil  au  bout  d'une  heure  et  demie  :  le  sommeil  durait 
environ  sept  à  huit  heures. 

M.  C.  Paul  ajoute  que  ce  médicament  n'étant  pas  anes- 
thésique des  voies  respiratoires  ne  saurait  calmer  la  toux  ; 
mais  il  peut  agir  comme  adjuvant  de  la  codéine  :1a  toux  étant 
calmée  par  elle,  le  sulfonal  amène  le  sommeil.  II  en  est  de 
même  chez  les  rhumatisants  lorsque  Ton  calme  les  dou- 
leurs avec  le  salicylate.  Dans  l'insomnie  nerveuse  il  l'a 
toujours  vu  agir  rapidement  :  le  sommeil  survient  au  bout 
d'une  demi-heure,  le  réveil  n'a  jamais  été  accompagné  de 
sensations  pénibles. 

M.  Hénocque  a  recherché  l'action  du  sulfonal  sur  le 
sang  :  il  ne  détermine  pas  d'altérations,  et  la  quantité 
d'oxyhémoglobine  est  plutôt  supérieure  à  la  moyenne  nor- 
male. A  dose  énorme  il  fait  périr  les  animaux  par  arrêt  des 
échanges  et  l'on  constate  la  couleur  rouge  du  sang  et  des 
tissus  comme  dans  l'empoisonnement  par  l'oxyde  de  car- 
bone ou  l'acide  prussique.  Ce  n'est  donc  pas  un  poison  du 
sang,  et  il  n'arrête  pas  la  respiration  qui  persiste  jusqu'à 
la  mort.  Chez  le  cobaye  qui  a  ingéré  une  dose  massive  on 
observe  le  sommeil,  avec  sensibilité  exagérée,  tremblements 
et  abaissement  de  la  température  à  di  degrés.  Les  recher- 
ches cliniques  devront  prononcer  en  dernier  ressort, 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures  trois  quarts. 

André  Petit. 


Sorléfé  anaiomlqiao. 

SÉANCE   DU   4  JANVIER   1889.   —  PRÉSIDENCE 
DE   M.    COUNIL. 

M.  Tison  fait  voir  un  anévrysme  de  Vaorte  ouvert  dans 
le  péricarde. 


—  M.  Girade  relate  un  cas  de  gangrène  massive  du 
poumon  chez  un  tuberculeux. 

—  M,  Castex  communique  une  observation  de  sarco- 
matose  péritonéale. 

—  M.  Ricard  décrit  les  rapports  de  la  glande  sous- 
maxillaire  eileurs  conséquences  pour  la  ligature  de  l'artère 
linguale. 

4 

REVUE  DES  JOURNAUX 

Do  rimiiianllé  contre  l«  phihinle  palmonalre  etaes  le» 
onvrieni   des  fonro  à  ehanx,   par  M.  Halter.  —  Les  ouvriers 

des  fours  à  chaux  de  Lengerichreh  sont  préservés  de  la  phthisie 
pulmonaire,  alors  que  le  reste  de  la  population  en  est  souvent 
atteinte.  L'auteur  a  recherché  les  causes  de  cette  immunité, 
bien  réelle  ;  sans  s'arrêter  à  Tidée  d'une  crélification  des  tuber- 
cules par  inspiration  directe  de  poussières  calcaires,  II  Fat- 
tribue  à  la  double  action  de  la  sécheresse  et  de  Téchauffeoient 
de  lair. 

Les  ouvriers  des  fours  sont  soumis  k  une  température  de  65 
à  70  degrés.  L'air  sec  qu'ils  respirent  a  les  propriétés  des  sta- 
tions climatériques  favorables  aux  phthisiques  par  la  sécheresse 
de  l'atmosphère.  Le  bacille  périt  plus  vite  dans  l'air  sec  que 
dans  lair  humide,  ainsi  que  l'a  montré  Sorraani. 

L'air  échaulTé  des  fours  a  la  raréfaction  des  altitudes  élevées 
et  leur  pureté  au  point  de  vue  des  microbes.  Le  séjour  dans  ce 
milieu  raréfie  est  comparable  à  celui  des  hautes  montagnes.  La 
respiration  y  devient  plus  rapide  et  la  ventilation  pulmonaire 
est  plus  complète.  Mais  c'est  la  température  de  l'air  qui  influe 
le  plus  sur  la  vitalité  des  hacilles.  Koch  a  montré  qu'ils  se  déve- 
loppent le  mieux  de  37  à  38  degrés  ;  au  delà  ils  soufTrent  ;  à 
41  degrés  ils  périssent.  Quand  les  ouvriers  sont  exposés  à  Ja 
chaleur  des  fours,  leur  température  s'élève,  et  chez  les  non- 
acelimatés  dépasse  38  degrés;  la  température  de  l'air  expiré 
s'élève  aussi.  Il  en  résulte  que  pendant  les  heures  de  travail, 
Fair  contenu  dans  les  poumons  est  porté  à  une  température 
nuisible  au  développement  des  bacilles,  qui  meurent  quand 
cette  température  arrive  à  ii  degrés.  L'élévation  fébrile  de  la 
température  est  un  des  remèdes  les  plus  actifs  qui  soient  à  la 
disposition  de  Torganisme  humain.dans  sa  lutte  contre  les  para- 
sites. Ces  parasites  supportent  bien  moins  une  température 
élevée  que  les  cellules  de  l'organisme  :  ce  n'est  qu'à  49  ou 
50  degrés  que  les  globules  sanguins  et  les  cellules  des  glandes 
perdent  leurs  propriétés  physiologiques.  Par  contre  le  bacille 
du  choléra  périt  à  40  degrés,  celui  du  charbon  à  41  degrés. 
Pasteur  nVt-il  pas  conféré  l'immunité  contre  le  charbon,  en 
élevant  la  température  des  animaux  inoculés?  C'est  donc  une 
erreur  thérapeutique  que  d'espérer  être  utile  dans  les  fièvres 
infectieuses  en  abaissant  la  température. 

Les  inspirations  d'air  chaud  et  sec  sont  donc  indiquées 
comme  moyen  prophylactique  et  comme  moyen  thérapeutique 
dans  la  phthisie  pulmonaire.  Les  muqueuses  respiratoires  sup- 
portent aisément  l'air  chaud;  ce  n'est  qu'au  delà  de  120  de- 
grés que  survient  un  sentiment  de  chaleur  et  de  dessiccation. 
L'auteur  a  imaginé  un  appareil  qui  répond  à  ces  indications. 
Du  reste  on  obtient  des  résultats  satisfaisants  en  éié  en  chauf- 
fant les  chambres  à  55  degrés.  Cotte  méthode  trouve  aussi  son 
application  dans  le  traitement  de  la  diphthérie  et  de  la  coque- 
luche. {Berliner  klhmche  Wochen$ch.f  3  septembre  1888, 
17  septembre  1888.) 

iBflacBce  remarquablo  doo  piqàrcs  d*«bollloo  ottr  le  rkit* 
matisme,  par  M.  Tëbc.  —  La  piqûre  d'une  abeille  laisse  habi- 
tuellement après  elle  une  tuméfaction  plus  ou  moins  considé- 
rable. Mais,  après  un  certain  nombre  de  piqûres,  celle-ci  ne  se 
produira  plus,  parce  que  Forgunisme  aura  acquis  Fimmunilé. 
Chez  les  rhumatisants  (à  l'exception  des  rhumatisants  blennor- 
rhagiques),  la  tuméfaction  ne  se  produit  pas  d'em.bléey  et  n'ap- 


18  Janvibr  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N»  3  — 


47 


parait  qa'après  an  certain  nombre  do  piqûres;  en  les  continuant, 
il  arrivera  un  moment  où  le  gonflement  ne  se  produira  plus. 
Le  malade  se  trouvera  alors  guéri  de  son  rhumatisme  et  pen- 
dant quelque  temps  à  T^bri  des  récidives.  Pour  arriver  à  Tim- 
munité  complète,  il  faudra  saturer  Téconomie  avec  du  venin 
d*abeil1es.  L'auteur  a  appliqué  cette  méthode  dans  173  cas  et 
fait  39000  piqûres;  il  lui  doit  des  succès  dans  des  cas  aigus, 
mais  surtout  dans  des  formes  chroniques  où  les  malades,  atteints 
de  cachexie  rhumatismale,  se  trouvaient  dans  des  conditions 
désespérées.  Il  faut  quelquefois  appliquer  des  centaines  de 
piqûres  à  un  malade,  mais  il  est  à  noter  qu'elles  sont 
moins  douloureuses  chez  les  rhumatisants  que  chez  les  per- 
sonnes saines.  {Wiener  medicinische  Presse,  26  août  1}*88, 
30  septembre  1888.) 


BIBLIOGRAPHIE 

Traité  théorique  et  pratique  des  maladies  de  l*orellle 

et  dm  nés,  par  MM.  G.  HioT  et  J.  Baratoux,  3'  et  4"  par- 
lies- —Paris,  1888. 

Quatre  années  se  sont  écoulées  entre  la  publication  des 
deux  premières  parties  de  cet  ouvrage  et  la  mise  en  vente 
des  deux  suivantes.  Un  tel  retard,  une  telle  lenteiir,  ne 
peuvent  que  nuire  à  Tœuvre,  dont  les  premiers  fascicules 
ne  sont  déjà  plus  au  courant  de  la  science,  bien  que  consa- 
crés uniquement  à  l'analoraie,  à  la  physiologie,  à  l'explo- 
ration des  organes  de  l'audition  et  de  l'olfaction.  La  troi- 
sième partie  traite  de  l'hygiène  de  l'oreille,  de  l'influence 
de  Tàge,  du  sexe,  des  vêtements,  des  climats,  des  profes- 
sions, etc.,  sur  le  fonctionnement  de  l'appareil  auditif.  A 
rimitalion  des  ophthalmologistes,  les  auristes  demandent 

Sue  les  enfants  soient  sévèrement  examinés,  que  la  portée 
e  Poule  soit  constatée  dès  leur  entrée  à  l'école,  pour  qu'on 
puisse  prendre  à  leur  égard  les  mesures  nécessaires.  L'op- 
portunité de  cette  pratique  ne  nous  parait  pas  absolument 
démontrée,  et  nous  pensons  qu'un  tel  soin  appartient  aux 
familles.  Sous  prétexte  d'hygiène,  la  médecine,  il  nous 
semble,  devient  fort  exigeante  et  passablement  tracas- 
sière. 

Dans  la  quatrième  partie  de  Touvrage  sont  étudiées  les 
maladies  de  l'oreille  externe,  conduit  et  pavillon.  D'une 
façon  générale,  en  dehors  des  chapitres  consacrés  aux 
corps  étrangers  du  méat  auditif,  aux  otites  externes,  aux 
exostoses,  les  descriptions  nous  ont  paru  bien  longues. 
L'histoire  de  l'othémalome  ne  comprend  pas  moins  de 
quinze  pages  :  les  affections  bannies  de  la  peau,  érythème, 
ec2éma,  lupus,  myxôrae,  épithélioma,  etc.,  etc..  sont  trai- 
tées avec  des  détails  qui  ressorlissentdela  pathologie  géné- 
rale et  non  d'un  traité  spécial.  Nous  ne  possédons  pas  en 
France,  à  l'heure  actuelle,  de  traité  des  maladies  de  l'oreille 
comparable  aux  ouvrages  de  Toynbee,  de  Politzer,  etc.  Nos 
distingués  confrères,  MM.  Miot  et  Baratoux,  ont  entrepris 
de  combler  cette  lacune.  Nous  sommes  heureux  de  les  en 
féliciter,  et  si  nous  nous  permettons  de  critiquer  ici  quel- 
ques points  de  leur  œuvre,  c'est  qu'il  nous  tient  au  cœur  de 
voir  s'achever  rapidement  leur  important  travail.  Qu'ils 
fassent  bien  et  vite,  nous  nous  déclarons  satisfait. 

J.  Chauvel. 


VARIÉTÉS 

Concours  d'agrégation  de  médecine.  —  L'épreuve  des  trois 
I      quarts  d'heure    s'est    terminée    vendredi  soir.  Les  questions 
traitées  à  cette  épreuve  depuis  le  commencement  du  concours 
'      sont  les  suivantes  : 

c  Ânatomie  pathologique  et   diagnostic  des   ulcérations  de 
Vestomac. — Syphilis  des  amygdales.  —  Symptômes  et  diagnostic 


de  la  diphthérie  laryngée.  —  De  la  mort  dans  la  scarlatine.  — 
De  la  mort  dans  la  variole.  —  Accidents  pleuro-pulmooaires  du 
mal  de  Bright.  —  Paralysie  du  voile  du  palais.  —  Hémoptysies 
non  tuberculeuses.  —  J^es  arthrites  dans  les  maladies  infec- 
tieuses. —  Syphilis  héréditaire  des  nouveau-nés.  —  Formes 
abortives  de  la  fièvre  typhoïde.  —  Causes  de  la  mort  dans  l'ané- 
vrysme  de  la  crosse  de  l'aorte.  —  Broncho-pneumonie  rubéoHque. 
—  Diagnostic  de  la  tuberculose  pulmonaire  au  début,  t 

Chirurgiens  des  hôpitaux.  — Par  suite  de  la  création  d'un 
nouveau  service  de  chirurgie  à  l'hôpital  Tenon  et  du  classement 
de  l'hôpital  Broussais,  les  mutations  suivantes  ont  eu  lieu  dans 
le  service  chirurgical  :  M.  Reclus  passe  de  l'hôpital  Tenon  à 
l'hôpital  Broussais;  M.  Felizet  de  l'hospice  des  Incurables  (Ivry) 
à  l'hôpital  Tenon;  M.  Richelot  de  l'hospice  de  Bicétre  à  l'hôpital 
Tenon  ;  M.  Kirmisson  du  Bureau  central  à  l'hospice  d'Ivry  ; 
M.  Schwartz  du  Bureau  central  à  l'hospice  de  Bicétre. 

Hôpitaux  de  Paris.  —  Concours  de  l'externat.  Ont  été 
nommés:  MM.  Mouchet,  Bougie,  Glantenay,  Lévy,  Kuss,  Pérou, 
Funck,  Douênel,  Junien-Lavillauroy,  Le  Marc'Haaour,Touvenaint 
(Léon),  Guépin,  Griner^  Batigne,  Guibert,  Roussel,  Marmasse, 
Duchemin,  Debayle,  Sainton  (Marie-Adrien),  Gannelon,  Guitton, 
Barrié,  Darin,  Macé,  Pochon,  RafTray,  Malaperl,  Berthelin,  Thé- 
venard,  Du  Bonays  de  Coueslonc,  Dupasquier,  Lebon,  Pineau 
(Arsène),  Thiercelin,  Barbier,  Josue,  Grasset,  Pécharman, 
Manson,  Hervé.  Gauthier,  Viguès,  Le  Tanneur,  Antheaume, 
M"*  Cherchevesky,  Chrétien,  Morin,  Richerolle,  Larger,  Dubrisay, 
Veslin,  Bardol,  Leblond,  Béchet,  Parisot,  Bonneau,  Meyer,  Meu- 
risse,  Breton,  Calbet,  Auclair,  Tariel,  Le  Seigneur,  Barozzi, 
Clément,  Bertillon,  Lapointe,  Cazin,  Mourette,  Raynal,  de  Brazza, 
Ducellier,  Benoit,  Huguenin,  Tolleraer,  Dujon,  Navarro, 
Lieffring,  Chesnay,  Dimey,  Brandès,  Comte,  Castro,  Nanu, 
Michallowski,  Legrand,  Lucas,  Lucron,  Chapdelaine,  Lacombc, 
Couvreur,  Caryophyllis,  Villeprand,  Launay,  Lajotte,  Perruchet, 
Lafont,  Archambaud,  Arrizabalaga,  Pascal,  Legros,  Isidor,  Héan, 
Dubost,  Martin  (Louis),  Vignaudon,  Halouchery,  Goupil,  Artus 
(Maurice),  Houdaille,  Rescoussié,  Main,  Matton,  Haury,  Dessiner, 
Baillet,  Flandre,  Hobbs,  Camescasse,  Lagoudakis,  Bernard, 
Abel,  Thomas,  Pégou,  Théloan,  Codet,  Leclercq,  Plichon,  Collas, 
Regnault,  Le  Stunf,  Solary,  Galmard,  Ou^Ty,  Lorrain,  Mirkovitch, 
Picot,  Marchand,  Paquy,  Maurice,  Rancurel,  d'Holtman  de 
VilUers,  Arnaud,  Choppin,  Galpin,  Coriton,  Pineau  (Henry- 
Eugène),  Glover,  Arlault,  Duraa,  Sorel,  Boutroux,  Paulidès, 
Poulain,  Bergeret-Jeannet,  Bouchez,  Levet,  Cordillot,  Duvivier, 
Colin,  Siguier,  Thiébault,  Placet,  Finck,  de  Bourgon,  Ribell, 
Martin  (Louis-François-Albert),  Grémand,  Paulin,  Duvacher, 
Moitier,  M"''  Kolopothakès,  Spindler,  Ecart,  Moussand,  de 
Amaral,  Carpeutier,  Anscher,  Bon,  Petitbon,  Trekaki,  Roux, 
Gresset,  Vibert,  Duprat,  Carré,  Brisson,  Renons,  Leroy,  Got, 
Danin,  Crochet,  Millon,  Richard,  Delaire,  Beauvallet,  Dauriac 
(Julesi,  Chauvel,  Marchai,  Larricq,  Hamel,  Mathieu,  Léonard, 
Siron,  Sainton  (Roger),  Vélimirovitch,  Chercau,  Chamozzi, 
Louvel,  Arthus  (iNicolas-Maurice),  Aragon,  Mirovitch.  Péchaud, 
Daum,  Faurichon,  Bossu,  Mergier,  Larcena,  Durana,  Decourt, 
Martin  (François),  Fricotel,  Clarac,  Arlières,  Derchen,Jay,  Faus- 
sillon,  Dutoumier  (Adrien),  Bougan,  M'""  Pilet,  Bayeux, 
M'""  Rechtsamer,  Veillon, 'Athanassio,  Crevecœur,  Pinault,  Danet, 
Bondesio,  Modiano,  Cheminadc,  Boutin,.Veuil]ot,  de  Ribier,  Can- 
tacuzène,  Leterrier,  Brunet,  Emery,  Stojanovitch,  M"''  Zlotwoska, 
Perdrizet,  Fourault,  Poirier  (Arsène),  Gochbaum,  Chanson, 
Levadoux,  Bidault,  Faire,  Le  Guernf  Dufour  (René-Jules), 
Langlois,  Surel,  Rémy-Ncris,  Samalens,  M'*«  Balaban,  Darras 
(Charles),  Charlier,  Slavaux,  Bourgogne,  Salmon,  George- 
vitch,  Collinet,  Silva,  Mally,  BilbiUs,  Poirier  (Maurice^,  Ménos, 
Fouquet,  Larsonneur,  Coursier,  Rollin,  Thomas  (Charles-Jules- 
François),  Ancclel,  Frun»usianu,  Mallet  (Henri),  Bouquet 
(Henri),  Bosnière,  Réville,  Guyot,  Claudel,  Bouley,  Calton, 
Zolotuisky,  Tonnant,  Corny,  Mennessier,  Duret,  Riche,  Hahus- 
seau,  Guérin. 

Hôtel-Dieu. — Des  conférences  cliniques  auront  Heu  4  PHôtel- 
Dieu,  dans  le  laboratoire  de  M.  Proust,  les  mercredi  et  vendredi 
de  chaque  semaine. 

Maladies  du  système  nerveux  et  maladies  mentales.  M.  Gilbert 
Ballet;  pharmacologie,  M.  Villejcan;  maladies  du  tube  digestif, 
M.  Mathieu;  maladies  du  larynx,  M.  Lubet-Barbon. 

La  première  conférence  sur  les  affections  du  système  nerveux 
aura  heu  le  mercredi  16  janvier  à  dix  heures. 


4«    _  N»  3  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


18  Janvier  1889 


Comité  consultatif  d'hygiène  publique  de  Frange.  —  Uu 
décrel  de  M.  le  Président  de  la  Uépublique  vient  de  nommer 
membres  du  Comité  consultatif  d'hygiène  publique  de  France  : 
MM.  les  docteurs  Cornil,  Bourneville,  Napias,  Â.-J.  Martin, 
Richard  et  Bertillon. 

Faculté  de  médecine  de  Bordeaux.  —  Par  décrel,  en  date  du 
9  janvier  1889,  M.  le  docteur  Merget,  docteur  es  sciences,  est 
nommé  professeur  de  physique  médicale. 

Faculté  de  médecine  db  Montpellier.  —  M.  le  docteur 
Ducamp  est  nommé  chef  de  clinique  médicale  (emploi  nouveau). 

M.  Pausier  est  nommé  aide  de  clinique  ophthalmologique 
(emploi  nouveau). 

École  de  médecine  d'Alger.  —  Par  arrêté  ministériel,  en  date 
12  janvier  1889,  un  concours  s'ouvrira,  le  15  juillet  1889,  i,  TËcote 
de  médecine  d*Alger,  pour  l'emploi  de  chef  des  travaux  physiques 
et  chimiques  à  ladite  Ecole. 

Facultés  de  médecine,  —  Le  cadre  des  professeurs  des 
Facultés  et  Ecoles  supérieures  de  pharmacie  a  été  arrêté  ainsi 
qu'il  suit,  au  1"^  janvier  1889  : 

Première  classe:  i\  000  (vdincs,  —  MM.  Coze  (de  Nancy); 
Moilessier  (de  Montpellier);  Feltz  (de  Nancy);  VVannebroucq  et 
Folel  (de  Lille). 

Deuxième  classe:  10000  francs.  —MM.  Hecht  et  Beaunis(de 
Nancy) ;Castan  (de  Montpellier);  Poincarré  (de  Nancy);  Paquet  et 
Gaulard  (de  Lille). 

Troisième  classe:  8000  francs.  —  MM.  Jaumes,  Dubrueil, 
Bertin  etËngel  (de  Montpellier);  Lallement,  Gross  et  Bernheim 
(de  Nancy)  ;  Grasset  et  Grynfelt  (de  Montpellier)  ;  Chrétien  et 
Charpentier  (de  Nancy);  Lannegrâce  (de  Montpellier);  Heyden- 
reich  (de  Nancy);  Chalot  et  Tédenat  (de  Montpellier);  Weiss  ^de 
Nancy);  Lotar,  Lescœur,  Arnould  et  Hallez  (de  Lille);  Hamelin 
(de  Montpellier)  ;  Castiaux  (de  Lille)  ;  Spillmann  (de  Nancy); 
Moniez,  Herrmann,  Tournaux,  Leloir  et  Dubar  (de  Lille). 

Quatrième  classe:  6000  francs.  — MM. Paulct  (de  Montpellier); 
Malosse  (d'Alger)  ;  Garnier  et  liergott  (de  Nancy)  ;  Carrieu, 
Kieuer  et  Mairet  (de  Montpellier);  Leroy,  Baudry  et  IJebierre  (de 
Lille). 

Faculté  de  médecine  de  Lyon.  —M.  Blanc  (Emile)  est  chargé 
des  fonctions  de  chef  de  clinique  obstétricale,  en  remplacement 
de  M.  Blanc  (Edmond),  démissionnaire. 

École  de  médecine  de  Nantes.  —  M.  le  docteur  Guboriaud  est 
nommé  chef  de  clinique  médicale. 

École  de  médecine  de  Toulouse.  —  M.  Lespiau  est  nommé 
suppléant  des  chaires  de  physique  et  de  chimie. 

Gazette  de  gynécologie.  —  M.  le  docteur  P.  Ménière  nous 
prie  d'annoncer  que  son  état  de  santé  ne  lui  permet  plus  de 
diriger  ce  journal,  non  plus  que  sa  clinique  de  la  rue  du  Pont- 
de-Lodi,  qui  cessent  d'exister  à  dater  de  ce  jour.  . 

Corps  de  santé  de  la  marine.  —  Ont  élc  promus  : 

Au  grade  de  înédccin  en  chef  :  M.  Laugier,  médecin  principal. 

Au  grade  de  médecin  principal  :  M.  Burot,  médecin  de 
l"^"  classe. 

Au  grade  de  médecin  de  1"  classe  :  Les  médecins  de  2'  classe  : 
MM.  Dcbleune,  Morain  et  Houssin. 

Société  médicale  dPs  hôpitaux  (séance  du  vendredi  25  janvier 
1889).  —  Ordre  du  jour:  Discussion  sur  les  rapports  du  goitre 
exophlhalmique  et  de  Talaxie  locomotrice.  —  M.  Brissaud: 
Tuberculose  cutanée.  —  M.  Sevestre  :  L'hôpital  des  Enfants- 
Assistés  en  1888.  —  M.  Edgar  Hirtz:  Du  pouls  capillaire  dans  la 
plaque  d'urticaire.  —  M.  de  Beurmann  :  Un  cas  de  mort  par 
tétanie  dans  le  cours  d'une  dilatation  de  l'estomac.  —  M.  Huchard  : 
Sur  uu  nouveau  syndrome  cardiaque:  Fembryocardie. 


Monument  de  Daviel.  —  Le  comité  de  souscription  pour 
l'érecliou  d'un  monument  à  la  mémoire  de  Jacques  Daviel  a 
décidé,  dans  sa  dernière  réunion:  1"  que  Je  monument  serait 
élevé  à  Bernay,  chef-lieu  de  l'arrondissement  dans  lequel  Daviel 
est  né  ;  2"  que  la  souscription  resterait  ouverte. 

Il  a  été  exprimé  l'espoir  que  les  sommes  souscrites  condition- 
nellement  en  faveur  de  La  Barre,  lieu  de  naissance  de  Daviel, 
pourront,  avec  l'assentiment  des  soupcripteurs,  être  consacrées 


à  l'exécution,  pour  cette  commune,  d'un  travail  de  sculpture,  par 
l'artiste  qui  sera  chargé  du  monument. 

.    Une  Commission  a  été  uommée  pour  s  occuper  de  l'exécution 
de  ce  monument.  Elle  se  compose  de  MM.  les  docteurs  Panas, 

Président   du  comité;  Brun,  trésorier;  Horteloup,  secrétaire; 
[.  Puel,  maire  de  Bernay. 

Les  souscriptions  sont  reçues:  à  Paris,  chez  M.  le  doclour 
Brun,  trésorier,  rue  d'Aumale,  23,  et  au  siège  du  comité,  chez 
M.  le  docteur  Horteloup,  rue  de  la  Victoire,  7o. 

Souscription  Duchenne  (de  Boulogne). 
Deuxième  liste. 


MM. 


Begnard 

Motet 

Gaston 

Charcot  fils 

Marchand 

Barth 

Chauffard 

Teissier  père .... 

Letulle 

Segond 

Cazalis 

Legroux 

Polaillon 

Galippe 

Fernet 

Du  Castel 

Millard 

Hayem 

Féré 

Lailler 

Monod 

Jalaguier 

Pinard 

Nélaton 

Brault 

Dieulafoy 

Luys 

Uallopeau 

Bouchereau 

Josserand 

Boques  (de  Lyon). 


10  fr. 

20 

10 

20 

20 

20 

20 

20 

20 

20 

10 

20 

20 

10 

20 

20 

20 

20 

20 

20 

20 

20 

20 

20 

20 

20 

20 

20 

10 

20 

20 


ToUl.... 

Montant  de  la  liste  précédente. 

Total  général.. 


570 
1090 


1660  fr. 


Mortalité  a  Paris  (l"*"  semaine,  du  30  décembre  1888  au 
5 janvier  1889.  —  Population:  2260945  habitants).  —  Fièvre 
typhoïde,  5.  —  Variole,  3.  —  Bougeole,  43.  —  Scarlatine,  4.  — 
.  Coqueluche,  3.  —  Diphthérie,  croup,  40.  —  Choléra,  0,  —  Pli ih  î s ie 
pulmonaire,  168.  —  Autres  tuberculoses,  li.  —  Tumeurs  : 
cancéreuses,  47  ;  autres,  7.  —  Méningite,  30.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  52,  —  Paralysie,  5.  — 
Bamollissement  cérébral,  7.  — Maladies  organiques  du  cœur,  70. 
—  Bronchite  aiguë,  23.  —  Bronchique  chronique,  48. — Broncho- 
pneumonie,  32.  —  Pneumonie,  52.  —  Gastro-entérite:  sein,  8; 
biberon,  38.—  Autres  diarrhées,  6.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 2.  —  Autres  affections  puerpérales,  1.  —  Débilité  con- 
génitale, 32,  —  Sénilité,  30.  —  Suicides,  13.  —  Autres  morts 
violentes,  12.  —  Autres  causes  de  mort,  161.  —  Causes 
inconnues,  1  i.  —  Total  :  970. 


OUVRAGES  DÉPOSÉS  AU  BUREAU  DU  JOURIAL 

Traité  pratique  de  la  ij/philit,  par  M.  le  docteur  Lan(flcbcrt.  1  vol.  in-i2  de 
GlO  page»,  carlonné  diamanl,  tranche  ronge.  Paris,  0.  Doin.  7  fr. 

De  la  tuQQetlion  et  du  Bomnambuliêtne  daru  leurx  rapportt  avec  lajaritpru" 
dence  et  la  médecine  légale,  par  M.  J.  Liégvois.  1  Immo  voluno  ii>-12  do 
7^îO  pages.  Paris,  0.  i)oin.  7  fr.  50 


G.  Masson,  Proprictaire-Gérant. 


iîOli.  —  MOTTBROZ.  —  Imprimeries  réunies,  ▲,  ru«  Mifoon,  %,  Pari«. 


Trente-sixième  année 


NM 


25  Janvier  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


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SOUMAIKE.  —  Bulletin.  Académie  do  médecine.  Le  slrophantus.  AvanLiges 
cX  iiicoa«cfitcnl«  des  alcaloïdes.  —  Neuropatuologis.  Les  migraines.  — 
CoNTitiBtmo!f8  PHARVACBUTIQUBS.  Naplitol  camplirc  et  phénols  camphrés.  — 
lirrpK  DffSCOORS  bt  des  cliniques.  Hôpital  de  la  Salpêlricro  Service  de  U.  le 
prof'>&»far  Charcot.  Hôpital  de  la  Chariié.  Service  de  M.  le  professeur  Trclat.  — 
TiLiVâUX  ORIGINAUX.  Clinique  médicale:  Du  pronostic  de  la  pleurésie  hémor- 
rfwi^'^oe,  —  Correspondance.  Observations  sur  la  préparation  du  chloroforme 
iic«lioé  à  l'anesthésio.  -^  Sociétés  savantes.  Académie  des  sciences. 
.Vadéuie  de  médecine.  —  Société  do  chirurgie.  —  Société  de  biologie.  — 
Bibliographie.  Leçons  do  clinique  chirurgicale.  —  VARiéiés.  Hôpilaux  de 
Paris, 


BULLETIN 

Paris,  23  janvier  1888. 

Académie  de  médecine  :  Le  sirophantas.  —  Avanlnfes 
ei  IneonvénlentA  des  alcaloïdes. 

Saurons-nous  enfin,  après  la  discussion  académique,  ce 
(\\ï\\  faut  penser  du  strophantus  et  dans  quelles  conditions 
il  convient  de  le  prescrire  ?  On  aurait  pu  en  douter  après 
avoir  entendu  la  longue  communication  de  M.  G.  Sée  sur  les 
maladies  du  cœur  et  les  médicaments  cardiaques.  Presque 
tous  les  médecins  sont,  en  effet,  d'accord  pour  affirmer  que 
la  slrophanline  ne  produit  pas  des  effets  identiques  à  ceux  du 
strophantus.  M.  G.  Sée  affirme  le  contraire.  Presque  tous 
ceui  qui  ont  suffisamment  expérimenté  l'extrait  ou  la 
teinture  de  slrophantus  ont  reconnu,  comme  l'a  bien  dit 
M.  C.  Paul,  que  ces  médicaments  rendent  de  réels  services 
comme  diurétiques  et  comme  toniques  du  cœur.  M.  G.  Sée 
covlesle  ces  conclusions.  Il  faut  donc  attendre  encore  pour 
concfure.  D'ailleurs,  dans  son  travail,  M.  G.  Sée  a  paru  sur- 
tout vouloir  affirmer  l'opportunité  de  la  substitution  des 
alcaloïdes  aux  préparations  pharmaceutiques  directement 
Urées  des  plantes.  La  quinine,  dit-il,  est  supérieure  au 
quinquina  et  le  vin  de  quinquina  ne  sert  dans  les  hôpitaux 
qu'à  favoriser  l'intempérance  des  infirmiers;  la  morphine 
vaut  mieux  que  l'opium;  la  digitaline  que  la  digitale,  etc. 

Nous  l'avons  déjà  dit  et  nous  tenons  à  le  redire,  car  la 
question  a  une  grande  importance  au  point  de  vue  pratique, 
nous  ne  partageons  pas  cette  manière  de  voir.  Sans  doute 
la  découverte  des  alcaloïdes  a  permis  l'étude  scientifique, 
expérimentale,  d'un  grand  nombre  de  médicaments.  Leur 
administration  produit  assez  rapidement  des  effets  thérapeu- 
tiques que  ne  donnent  pas  les  extraits  ou  les  teintures  tirés 
directement  des  plantes.  Il  est  non  moins  démontré  que  les 
préparations  trop  complexes,  les  thériaques  si  chères  aux 
anciens  médecins,  sont  souvent  inutiles.  Mais  il  n'en  faudrait 
[LIS  conclure  à  l'identité  d'action  d'un  alcaloïde  et  d'une 
«abstance  pharmaceutique  extraite  d'une  plante.  Non,  la 

f  SÉRIE.  T.  XXVI. 


quinine  n'est  point  identique  au  quinquina,  l'émétine  à 
l'ipéca,  la  digitaline  à  la  digitale.  Il  serait  très  dangereux  à 
notre  avis  de  conseiller  aux  praticiens  cette  médecine  des 
alcaloïdes  dont  une  certaine  école  abuse  singulièrement 
depuis  des  années  et  qui  ne  jugule  pas  plus  les  maladies 
qu'elle  ne  peut  remplir  toutes  les  indications  thérapeutiques. 
Jamais,  avec  la  digitaline,  on  n'obtiendra  les  effets  diuré- 
tiques que  donne  l'infusion  de  digitale  ;  jamais  les  prépa- 
rations de  quinine  ne  remplaceront  le  vin  de  quinquina. 

Il  y  a  autre  chose  encore  à  faire  remarquer  à  ce  sujet  :  L'art 
de  formuler,  qui  se  perd  de  plus  en  plus  chaque  jour,  parce 
que  l'on  abuse  des  granules  et  des  spécialités,  consiste 
précisément  à  choisir  divers  produits  médicamenteux  et  à 
les  associer  de  manière  à  mitiger  l'action  directe  que  ces 
produits  peuvent  exercer  sur  la  muqueuse  de  l'estomac, 
à  favoriser  leur  absorption,  à  stimuler  les  organes  d'éli- 
mination pour  éviter  la  saturation  et  l'accumulation  médica- 
menteuses. Les  adjuvants,  les  correctifs,  les  excipients,  etc., 
ne  sont  pas  indifférents  en  thérapeutique.  Et  l'association 
des  médicaments  est  des  plus  utiles  dans  un  grand  nombre 
de  circonstances. 

.  Tout  en  reconnaissant  donc  avec  M.  G.  Sée  que  l'intro- 
duction en  thérapeutique  de  certains  alcaloïdes  a  été  un 
grand  progrès,  nous  croyons  encore  à  l'utilité  des  médi- 
caments plus  complexes  au  point  de  vue  chimique,  mais 
autrement  efficaces  au  point  de  vue  pratique,  que  la  nature 
nous  fournit.  Et  nous  pensons,  avec  Fonssagrives,  qu'en 
compliquant  ce  qui  est  simple  et  en  simplifiant  ce  qui  est 
complexe  on  n'est  jamais  dans  la  mesure  et  qu'on  reste  à 
côté  de  la  vérité. 

Mais  ce  qu'il  convient  surtout  de  retenir  de  la  communi- 
cation de  M.  Sée,  c'est  l'étude  qu'il  a  faite  des  diverses 
formes  de  maladies  cardiaques,  c'est  cette  affirmation  si 
vraie  qu'il  en  est  qui  se  maintiennent  longtemps  sans 
aggravation  apparente,  sans  troubles  sérieux  de  l'orga- 
nisme; c'est  tout  ce  qu'il  a  dit  au  sujet  de  l'efficacité  si 
précieuse,  si  constante,  de  l'iodure  de  potassium  non  seu- 
lement dans  les  affections  scléreuses,  mais  encore  dans 
bien  des  endocardiques  ;  c'est  enfin  sa  classification  des 
médicaments  cardiaques. 

Quant  au  slrophantus,  personne  n'a  jamais  prétendu  qu'il 
pouvait  remplacer  soit  la  digitale,  soit  l'iodure  de  potas- 
sium ou  même  la  caféine  qui  restent  les  plus  utiles  parmi 
les  médicaments  cardiaques.  Mais  n'est-ce  point  quelque 
chose  que  de  pouvoir,  alors  que  la  digitaline  est  funeste, 
la  digitale  peu  ou  point  tolérée  après  quelques  jours  d'ad- 
I  niinistration,  la  caféine  inefficace,   ranimer  l'activité  du 

4 


50      —  N-  4  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  25  Janvier  1889 


cœur  et  entretenir  une  diurèse  suffisante  jusqu'à  ce  que 
quelques  jours  de  repos  permettent  au  malade  de  reprendre 
Tusage  soit  du  lait  additionné  d'iodure,  soit  de  Tinfusion 
de  digitale?  Repétons-le:  parmi  les  trop  nombreux  médi- 
caments que  Ton  vante  outre  mesure,  le  strophantus 
mérite  de  garder  une  place.  Faisons-la-lui  modeste,  mais 
reconnaissons  avec  MM.  Bucquoy,  Dujardin-Beaumetz  et 
Constantin  Paul  que  l'extrait  de  strophantus  peut  être  très 
utile. 


NEUROPATHOLOGIE 

I^es  Mlfcraines. 

(Fin.  —  Voy.  les  numéros  2  et  3.) 

Migraine  ophthalmique  associée.  —  De  tous  les  phéno- 
mènes capables  d'accompagner  le  syndrome  dont  nous 
venons  d'esquisser  les  principaux  traits,  le  plus  fréquent 
est  certainement  le  trouble  plus  ou  moins  profond  qui 
atteint  la  fonction  du  langage. 

Le  degré  le  plus  atténué  du  syndrome  aphasie  peut  con- 
sister en  une  simple  amnésie.  Le  malade  ne  trouve  pas 
les  mots,  il  lui  arrive  d'employer  un  mot  pour  un  autre. 
L'amnésie  porte  sur  certains  faits,  sur  certaines  dates.  Nous 
retrouvons  là  l'esquisse  de  Vintoxication  du  mot.  Un 
malade  dit  :  c  Je  suis  aphasique  »  (Féré);  un  autre  dît  ; 
(Bradamante  ^,  et  ne  peut  dire  autre  chose.  Dans  une  leçon 
publiée  dans  la  Gazette  des  hôpitaux  (17  mai  1884), 
M.  Charcot  a  rapporté  l'histoire  de  deux  aphasiques  migrai- 
neux. L'un  d'eux,  un  musicien,  avait  totalement  désappris 
la  musique;  d'autres  perdent  l'usage  d'une  langue  étran- 
gère. Féré  rapporte,  dans  son  mémoire,  plusieurs  observa- 
tions de  cette  nature.  Parinaud  cite  un  cocher  qui  était 
obligé  de  se  faire  répéter  par  le  valet  de  pied  l'adresse  des 
gens  chez  qui  il  devait  conduire  ses  maîtres. 

Nous-même  avons  rapporté  plusieurs  cas  semblables. 

Varticulation  des  mots  peut  être  seule  atteinte;  les 
malades  bredouillent  et  le  trouble  augmente  quand  ils 
veulent  insister  pour  bien  parler. 

Enfin,  il  faut  se  convaincre  de  ce  fait,  c'est  que  le  trouble 
fonctionnel  peut  réaliser  et  réalise  souvent  l'aphasie  com- 
plète; une  des  observations  que  nous  avons  présentées  à  la 
Société  clinique  en  est  un  bel  exemple. 

Le  malade  perdu  dans  la  rue  ne  put  pendant  tout  le 
temps  de  la  crise  lire  les  noms  des  rues,  reconnaître  les 
quartiers  les  plus  connus  (cécité  verbale),  comprendre  par- 
faitement ce  qu'on  lui  disait  (surdité  verbale),  parler  à  un 
cocher  pour  lui  donner  son  adresse  (aphasie  proprement 
dite),  écrire  son  nom  sur  un  morceau  de  papier  pour  se 
faire  ramener  chez  lui  (agraphie).  Un  autre  malade  essaya 
d'écrire  et  s'aperçut  non  sans  effroi  qu'il  enfilait  des  mots 
sans  suite.  Le  mot  ou  la  première  partie  du  mot  traduisait 
bien  l'intention,  mais  la  suite  ne  répondait  pas. 

Depuis  les  leçons  de  M.  Charcot,  la  thèse  de  Bernard  et 
la  thèse  de  Ballet,  on  connaît  trop  bien  l'aphasie  pour  que 
nous  ayons  besoin  de  décrire  toutes  les  dégradations  du 
type  complet.  Il  nous  suffit  de  les  indiquer. 

Dans  le  domaine  des  lésions  organiques  les  symptômes 
les  plus  fréquemment  rencontrés,  avec  l'aphasie,  sont  les 
phénomènes  paralytiques  et  les  troubles  de  la  sensibilité 
générale  qui  se  localisent  le  plus  souvent  au  membre  supé- 


rieur droit  ou  à  tout  le  côté  droit  du  corps.  La  migraine 
accompagnée  ne  déroge  pas  à  cette  règle. 

Troubles  du  mouvement  et  de  la  sensibilité.  —  Au  point 
de  vue  physiologique,  il  est  donc  fort  intéressant  d'étudier 
les  troubles  moteurs  localisés  qui  peuvent  accompagner  la 
migraine.  Étant  données  les  connaissances  que  nous  possi'- 
dons  aujourd'hui  sur  les  localisations  cérébrales,  on  |>eut 
diagnostiquer  avec  certitude  les  régions  atteintes  par  Je 
processus,  quelle  que  soit  sa  nature.  Plus  grand  encore  est 
l'intérêt  quand  on  établit  un  parallèle  entre  les  affections 
organiques  localisées  et  les  résultats  d'un  simple  trouble 
fonctionnel.  Le  plus  souvent  on  constate  un  peu  d'affaibli:»- 
sèment  dans  un  membre,  dans  la  face,  dans  les  muscles 
ou  un  groupe  musculaire  ou  dans  toute  une  moitié  du 
corps.  Ces  phénomènes  peuvent  survivre  assez  longteinp> 
à  l'attaque.  Rarement  il  s'agit  d'une  paralysie  complète, 
mais  bien  plutôt  d'une  parésie,  d'une  asthénie  musculaire 
assez  accusée. 

Parfois,  cependant,  il  reste  des  hémiplégies  véritables  oa 
bien  des  monoplégies. 

Féré  rapporte  des  faits  d'hémiplégie. 

Robiolis  parle  d'un  malade  atteint  d'une  blépharopiose 
gauche.  Wilks  en  cite  également  un  exemple.  Saundby 
(La7}ce^,  septembre  1882)  signale  un  cas  de  paralysie  du  nerf 
moteur  oculaire  commun  gauche  avec  dilatation  pupillaire. 

Donnai  de  Nice  rapporte  un  cas  d'aphasie  avec  hémiplégie 
gauche  (face  et  membre).  Deux  de  nos  malades  eurent,  l'un 
pendant  huit  jours  et  l'autre  pendant  plusieurs  semaiiie>, 
une  hémiplégie  droite. 

Est-il  nécessaire  de  citer  d'autres  faits?  ceux-là  nous 
semblent  concluants. 

A  côté  de  ces  troubles  par  défaut  de  la  puissance  muscu- 
laire, nous  croyons  devoir  placer  les  troubles  par  exagéra- 
tion de  fonction.  On  a  cité  des  tremblements  distribués 
comme  l'était  tout  à  l'heure  la  parésie,  des  palpitations 
musculaires,  des  réflexes  exagérés,  un  de  nos  malades  avait 
les  réflexes  exaltés  dans  toute  la  moitié  droite  du  corps  et 
presque  de  la  trépidation  spinale;  enfin,  viennent  les 
secousses  convulsives  et  les  vraies  convulsions. 

Ici  éclate  la  parenté  de  la  migraine  accompagnée  et  de 
l'épilepsie,  tout  au  moins  de  l'épilepsie  partielle;  qu'on  en 
juge  :  un  de  nos  malades  (qui  a,  du  reste,  une  tante  épilep- 
tique)  se  sent  pris  de  malaise,  puis  les  doigts  de  la  main 
droite  lui  paraissent  morts,  lourds,  froids.  Cette  sensation 
d'engourdissement  monte  vers  le  coude,  gagne  l'épaule  et 
le  cou  ;  la  langue  que  le  malade  sent  à  peine  devient  pâteuse, 
lourde,  les  mots  sont  difficilement  articulés.  Dans  la  moitié 
droite  des  lèvres  démangeaisons,  fourmillements,  légères 
secousses,  puis  apparition  de  la  douleur.  Dans  les  fortes 
crises  la  jambe  se  prend  également  pendant  deux  ou  trois 
heures,  quelquefois  plus  longtemps,  tout  ce  côté  est  de 
plomb. 

Voilà  une  sorte  d'aura  qui  ressemble  fort  à  l'aura  épile|>- 
tique.  Liveing,  qui  rapporte  neuf  cas  semblables,  remanjue 
que,  contrairement  à  ce  qui  se  passe  dans  l'épilepsie,  ces 
phénomènes  sensitifs  peuvent  venir  à  n'importe  quel 
moment  de  l'accès  migraineux. 

Ces  engourdissements  signalés  par  MM.  Charcot,  Féré, 
Liveing,  et  les  autres  peuvent  durer  et  être  remplacés  par 
une  anesthésie  plus  ou  moins  permanente. 

Féré  l'apporte  qu'un  de  ses  malades  avait  des  cram[»es 
très  douloureuses  dans  la  jambe  droite. 

Dans  d'autres  circonstances,  il  y  a  de  véritables  attaques 


ib  Janvier  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N*  4  —    51 


épileptiformes.  Liveing,  Féré,  Parinaud  en  rapportent; 
chose  remarquable,  dit  Féré,  on  peut  voir  la  migraine  se 
substKuer  à  des  accès  d'épilepsie  véritable,  ce  qui  pourrait 
ïiûre  croire  qu'elle  n'est  qu'une  des  formes  larvées  de  celle 
dernière. 

Une  de  ses  observations  nous  montre  une  migraine 
ophlhalmique  qui  s'atténue  après  l'apparition  d'une  épi- 
lepsie  partielle. 

Une  autre  observation  de  Féré  nous  montre  le  dévelop- 
pement parallèle  des  attaques  épileptiformes  et  de  la 
migraine  ophtbalmique. 

Chose  curieuse,  les  accès  revenaient  périodiquement  et 
de  grand  matin. 

Un  malade  avait  des  crises  convulsives,  poussait  un  cri 
rauque,  après  une  phase  de  vertige.  Un  malade  migraineux 
dès  Tenfance,  dont  nous  avons  publié  l'observation,  eut  de 
la  céphalée  à  gauche,  des  attaques  épileptiformes  dans  le 
c6té  droite  de  rhémtplégie  droite  avec  engourdissement  et 
de  raphasiCy  ainsi  que  des  troubles  oculaires. 

Lasègue  pense  que,  dans  les  cas  de  Liveiug,  il  s'agissait 
d'h}-stéro-épilepsie  et  non  d'épilepsie  véritable. 

Vertiges.  —  Les  Anglais  insistent  beaucoup  surle  vertige 
que  peut  accompagner,  suivre,  précéder  ou  remplacer  la 
migraine  simple  ou  la  migraine  ophtbalmique.  Liveing 
dislingue  dans  ce  vertige  deux  cas  :  tanlôt  c'est  le  vertigi- 
neux lui-même  qui  se  sent  emporté  au  milieu  des  objets 
qui  demeurent  immobiles,  et  alors  il  attribue  le  phénomène 
à  un  trouble  du  sens  musculaire,  tantôt  ce  sont  les  objets 
eux-mêmes  qui  tournent;  Kappareil  optique  dans  ce  cas 
serait  plus  directement  intéressé.  Nous  ne  décririons  ce  ver- 
lige  que  d'après  les  auteurs  qui  l'ont  observé,  si,  il  y  a  quel- 
ques jours,  nous  n'avions  été  à  même  de  voir  un  migraineux 
dont  les  accès  de  migraine  venaient  de  se  suspendre  quel- 
ques mois  auparavant  et  avaient  été  remplacés  par  des 
périodes  où  le  vertige  devenait  le  symptôme  dominant.  Les 
objets  semblaient  tourner  autour  du  malade  immobile.  Ce 
migraineux  avait  en  même  temps  un  engourdissement  du 
pieii  droit  et  une  légère  esquisse  des  phénomènes  oculaires. 
Ce  dernier  devait,  sous  peine  de  voir  se  produire  son  vertige, 
t^viler  de  changer  subitement  de  position,  de  baisser  brus- 
quement la  léle,  etc.  Le  vulgaire  appelle  volontiers  ce  trou- 
ble t  des  coups  de  sang  »  (Trousseau). 

Le  plus  souvent  le  vertige  accompagne  la  migraine  et  fait 
partie  intégrante  du  syndrome.  Cette  dissociation  qui  per- 
met de  voir  le  vertige  seule  manifestation  de  l'affection  est 
assez  rarement  rencontrée. 

La  migraine  ophtbalmique  s'accompagne  fréquemment 
chez  les  malades  très  prédisposés  de  troubles  psychiques 
des  plus  accusés  et  sont  capables  de  donner  le  change. 
Tissol,  Liveing  citent  des  cas  où  il  n'y  a  que  des  troubles 
inlellectuels  alternant  avec  des  migraines  oculaires. 

Tissot  parle  d'un  épileptique  de  l'enfance  qui  finit  par 
avoir  à  la  place  de  ses  migraines  de  courtes  périodes  de 
grande  irritabilité  et  d'incapacité  mentale. 

Les  Anglais  signalent  également  des  frayeurs  éprouvées 
par  des  migraineux,  et  ils  rapprochent  ces  frayeurs  de  ce 
qu'éprouvent  parfois  les  malades  atteints  d'angine  de  poi- 
trine. Ils  signalent  également  l'analogie  de  ces  accidents 
avec  ces  terreurs  nocturnes,  cauchemars  et  somnambu- 
iî«me  spontanés  observés  chez  des  épileptiques 

Un  enfant  migraineux  était  pris  au  lieu  et  place  d'accès 
de  migraine  d'une  crainte  d'un  précipice  qu'il  voyait  à  côté 
de  lui  en  revenant  de  Técole  (Liveing). 


D'autres  fois  on  voit  un  jeune  homme  pris  d'une  sorte  d'ab- 
sence pendant  laquelle  il  récite  ses  leçons,  etc. 

On  n'en  finirait  pas  de  rapporter  tous  ces  cas-là.  (îu'il 
suffise  de  savoir  qu'il  peut  y  avoir  coexistence  de  troubles 
psychiques  et  de  troubles  oculaires. 

Nous  venons  de  voir  la  migraine  ophtbalmique  simple  ou 
associée  aux  symptômes  psychiques  moteurs  ousensitifs  qui 
précèdent  réunis  dans  un  même  accès.  D'autres  fois,  ces 
divers  phénomènes  sont  séparés  les  uns  des  autres  par  un 
intervalle  plus  ou  moins  considérable.  Ce  sont  les  migraines 
dissociées  de  M.  Charcot. 

Ces  phénomènes  ainsi  dissociés  peuvent  se  retrouver  en- 
suite réunis  pour  constituer  une  migraine  ophthalmiqne 
simple  ou  associée. 

Féré  rapporte  le  cas  d'une  malade  qui,  après  avoir  pré- 
senté séparément  du  scotome  scintillant  etdelacéphalagie, 
eut  des  accès  où  se  retrouvaient  réunis  les  deux  symptômes. 

Nous  avons  nous-même  rapporté  le  cas  de  ce  malade  qui 
eut  de  l'aphasie  et  après  de  l'hémiopie  avec  aphasie.  Toutes 
les  dissociations  sont  possibles. 

Pour  ce  qui  est  des  transformations  subies  par  les  mi- 
graines, on  peut  dire  que  ce  sont  celles  que  l'on  rencontre 
habituellement  dans  le  grand  groupe  des  névroses ,  fait  qui 
vient  à  l'appui  de  ce  que  l'on  sait  déjà  de  l'étroite  parenté 
de  ces  différentes  maladies. 

Tissot,  tout  en  repoussant  l'idée  des  métastases  humorales, 
admet  un  déplacement  simple  de  l'activité  nerveuse. 

L'épilepsieparaltaux  auteurs  la  névrose  qui  présente  avec 
la  migraine  les  connexions  les  plus  étroites  ;  en  effet,  tantôt 
on  voit  la  migraine  remplacer  l'épilepsie  et  réciproque- 
ment, tantôt  on  constate  la  coexistence  des  deux  affec- 
tions. 

Une  femme  ayant  un  frère  et  une  sœur  épileptiques,  a 
des  migraines  jusqu'à  l'âge  de  vingt-trois  ans  à  l'occasion 
de  ses  époques.  A  vingt-trois  ans,  ces  migraines  sont  rem- 
placées par  de  véritables  attaques  d'épilepsie  ayant  elles- 
mêmes  le  caractère  mensuel. 

Parry  dit  :  «  Cette  sorte  de  migraine  n'est  pas  autre  chose 
que  le  précurseur  de  l'épilepsie.  J'ai  vu  des  épilepsies  ac- 
compagnant la  migraine  guérir  puis  reparaître  avec  elle.  » 

Marshall  Hall  fait  une  observation  analogue,  appuyée  sur 
l'histoire  clinique  d'un  jeune  homme  qui  eut  des  crises 
d'épilepsie  unilatérale  avec  blessure  de  la  langue,  hémi- 
plégie augmentant  à  chaque  attaque,  en  même  temps  que 
des  crises  de  migraine. 

Toutes  les  formes  de  la  migraine  accompagnée  (amaurose) 
engourdissement,  aphasie,  etc.)  montrent  la  même  affinité 
pour  les  mêmes  transformations. 

Les  relations  de  la  migraine  avec  Vépilepsie  minor  sont 
beaucoup  plus  accusées  que  celle  qu'affecte  la  migraine 
avec  la  grande  épilepsie.  En  effet,  les  deux  manifestations 
névrosiques  sont  Tune  et  l'autre  caractérisées  par  des 
troubles  sensoriels  de  nature  plus  ou  moins  vertigineuse.  On 
peut  encore  signaler  la  parenté  de  la  migraine  avec  une 
affection  qui  n'est  peut-être  que  de  l'épilepsie  à  un  faible 
degré;  nous  voulons  parler  des  lypothymies  spéciales  telles 
que  les  a  décrites  Prichard. 

Leveing  a  cherché  à  démontrer  les  affinités  de  la  migraine 
avec  l'épilepsie,  Vhystérie,  la  chorée,  le  tic  douloureux  de  la 
face.  Ces  diverses  névroses  peuvent  se  transmettre  en  se  trans- 
formant de  l'ascendant  au  descendant.  Elles  peuvent  même 
se  transformer  chez  le  même  sujet  qui,  à  certains  moments 
de  sa  vie  présente  successivement  l'épilepsie^  l'asthme,  la 


52      —  NM 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRORGIE  25  Janvier  1889 


manie  se  substituant  à  la  chorée,  Tangor  pectoris  faisant 
place  à  la  folio. 

Sans  entrer  dans  lesdiscussions  qne  la  question  de  la  pa- 
renté étroite  de  l'épilepsie  et  de  la  migraine  à  forme  grave 
a  fait  naître,  nous  dirons,  avec  M.  Charcot,  que  la  migraine 
ophthalmique  fruste  ou  accompagnée  ,  cette  dernière  sur- 
tout, n'est  pas  sans  ressemblance  avec  Tépilepsie,  qu'elle  se 
rencontre  parfois  dans  les  familles  où  Tépilepsie  existe, 
qu'enfin  elle  peut,  assez  rarement  du  reste,  reconnaître 
pour  cause  cette  grande  névrose. 

PnysiOLOfiiE  PATHOLOGIQUE.  —  Une  étude  complète 
de  physiologie  pathologique  avec  discussion  des  prin- 
cipales théories  émises  nous  entraînerait  trop  loin.  Nous 
dirons  seulement,  en  nous  appuyant  sur  la  simple  cli- 
nique, que  presque  toujours  la  face  d'un  migraineux 
est  pfile  au  début  de  l'accès,  que  la  pupille  est  le  plus 
souvent  dilatée  (Latham);  que  les  artères  temporales  sont 
dures  (Dubois-Reymond),  qu'en  un  mot,  on  trouve  au 
début  de  l'accès  tout  au  moins  beaucoup  de  signes  d'une 
crampe  vasculaire.  Nous  oublions  encore  les  sensations  de 
froid  et  la  chair  de  poule  qui  accompagnent  si  fréquemment 
l'accès.  Il  ne  nous  répugne  donc  en  rien  d'admettre  la 
crampe  vasculaire.  L'examen  du  fond  de  l'œil,  fait  en  pareil 
cas,  n'infirme  en  rien  cette  supposition,  car,  souvent,  on  a 
constaté  l'anémie  intense  de  la  papille.  Donc,  l'explication 
plausible  des  phénomènes  décrits  plus  haut  peut  très  bien 
se  trouver  dans  une  anémie  cérébrale  plus  ou  moins  loca- 
lisée. Il  se  produit  un  spasme  et  le  spasme  passé  tout 
rentre  dans  Tordre  après  l'orage  causé  par  le  retour  plus 
ou  moins  brusque  du  sang  dans  le  cerveau. 

Ce  trouble  vaso-moteur  n'est  pas  abandonné  complè- 
tement au  hasard.  Comme  beaucoup  d'autres  phénomènes, 
il  obéit  aux  lois  des  localisations.  Ce  qui  nous  permet  d'af- 
firmer cette  vérité,  c'est  que  nous  avons  dans  la  série  orga- 
nique des  faits  qui  réalisent  pleinement  tout  ce  que  la 
théorie  permettait  de  prévoir.  Un  malade  au  début  de  la 
paralysie  générale,  un  syphilitique  cérébral  présentent  sou- 
vent les  accidents  de  la  migraine  accompagnée,  en  même 
temps  que  des  symptôme»  convulsifsou  paralytiques,  étran- 
gement semblables  à  ceux  que  nous  trouvons  chez  le  migrai- 
neux sans  lésion  organique  probable. 

Bien  mieux,  il  n'est  pas  absolument  rare  de  voir  le  mi- 
graineux, après  plusieurs  accès,  garder  en  permanence  une 
inonoplégie,  une  hémiplégie,  une  amaurose  et  différer  peu 
de  l'organique  dont  nous  parlions  il  n'y  a  qu'un  instant. 
Conclusion  logique:  la  migraine  accompagnée  est  le  résultat 
d'un  trouble  vasculaire  passager  s'attaquant  par  suite  de  lois 
inconnues  aux  mêmes  régions  que  certaines  légions  diathé- 
siques  connues.  Et  la  preuve,  c'est  que  par  suite  de  la  répé- 
tition des  accès  les  lésions  en  question  peuvent  se  pro- 
duire et  amener  des  phénomènes  permanents. 

M.  Galezowski  trouve  un  jour  un  mal.ide  en  proie  à  une 
migraine  ophthalmique  intense;  il  examine  le  fond  de  l'œil 
et  constate  une  anémie  papillaire.  L'accès  passé,  plus  rien. 
Plusieurs  fois  le  phénomène  se  répèle,  ce  qui  rassure  tout 
lo  monde;  mais  un  jour  la  cécité  persiste  plus  longuement 
que  d'ordinaire.  M.  Galezowski  examine  le  fond  de  l'œil  et 
trouve  une  thrombose  de  l'artère  centrale  de  la  rétine. 

Le  spasme,  en  se  répétant,  avait  fini  pjir  amener  une 
lésion  durable  et  grave.  Pourquoi  n'en  serait-il  pas  de  même 
dans  tous  les  cas  où  nous  voyons  des  hémiplégies,  des  apha- 
sies survivre  aux  accès  de  migraine  accompagnée? 


Vraisemblablement  le  phénomène  commence  par  les  yeux, 
le  plus  souvent  du  moins.  Un  sujet  est  disposé  par  son  ht  re- 
dite aux  manifestations  nerveuses  les  plus  variées  ;  il  fatigue 
son  appareil  visuel  outre  mesure.  Celui-ci  répond  sous  forme 
de  pesanteur  de  tête,  douleur  orbilaire,  puis  troubles  visuels  ; 
tout  peut  se  borner  là,  mais  souvent  aussi  on  voit  survenir 
les  symptômes  que  nous  avons  signalés;  c'est  que  probable- 
ment le  spasme  fait  tache  d'huile  et  diffuse  vers  les  centres 
voisins. 

Je  tiens  à  rappeler  ici  un  fait  que  j'ai  fréquemment 
observé  et  qui  a  trait  à  l'instabilité  du  champ  visuel  des 
hystériques.  Ces  malades,  en  s'éveillant,  ont  le  champ  visuel 
peu  étendu,  même  quand  la  nuit  a  été  calme  et  le  sommeil 
réparateur.  C'est,  du  moins,  ce  que  nous  avons  constaté 
mainte  fois  chez  un  sculpteur  sur  bois  nommé  L... 

Se  mettait-il  à  travailler  et  à  s'occuper  de  ciselures  fines, 
il  sentait  venir  un  malaise  étrange,  une  douleur  de  tète  per- 
manente :  en  même  temps  son  champ  se  rétrécissait,  devenait 
ponctiforme.Un  pas  de  plus  c'était  l'amaurose  complète  et... 
l'attaque  d'hystérie. L'attaque  convulsive  (hystérique  ou  épi- 
leptique),  les  attaques épileptiformesdecertains  migraineux, 
marquent-elles  le  terme  extrême  de  l'anémie  cérébrale?... 
c'est  possible.  Le  rapprochement  méritait  tout  au  moins 
d'être  fait...  Quoi  d'étonnant  alors  à  ce  que  les  efforts  faits 
en  vue  d'augmenter  la  vision  amènent  le  résultat  contraire 
et  provoquent  même  ces  attaques  si  voisines  par  l'aspect  cl 
les  suites  des  attaques  épileptiques? 

Il  ne  paraît  pas  nécessaire  d'établir  le  diagnostic  diffé- 
rentiel de  ces  migraines...  elles  ont  des  caractères  propres 
qui  les  font  facilement  reconnaître.  Cependant  nous  ne 
saurions  trop  répéter  que  les  lésions  organiques  peuvent,  à 
n'en  pas  douter,  simuler  absolument  la  migraine  accom- 
pagnée; il  sera  donc  nécessaire  de  se  livrer  à  une  analyse 
minutieuse  de  chaque  symptôme  en  particulier  avant  de  se 
risquer  à  porter  un  diagnostic  et  un  pronostic  de  trouble 
purement  fonctionnel. 

On  devra  également  se  défier  des  céphalées  diverses  syphi- 
litiques et  neurasthéniques  et  ne  pas  porter  à  la  légère  un 
diagnostic  de  migraine 

Pource  qui  est  du  pronostic,  nous  dirons,  avecMM.  Charroi 
et  Féré,  que  ce  trouble  fonctionnel,  cette  crampe  vasculaire, 
a  une  fatale  tendance  à  se  reproduire,  qu'une  gêne  aussi 
grande  apportée  à  la  circulation  sanguine  ne  peut  que  favo- 
riser la  formation  de  throrabus,  partant  l'anémie  définitive 
et  la  nécrobiose  obligée  du  territoire  qui  cesse  d'être  irrigué. 

C'est  contre  cette  terrible  éventualité  que  M.  Charcot  a 
cherché  à  lutter  en  s'attaquant  directement  au  spasme  cause 
de  tout  le  mal  et  en  instituant  sans  tarder  le  traitement  bro- 
mure à  doses  croissantes  usité  dans  l'épilepsie. 

Paul  Berbez. 


CONTRIBUTIONS  PHARMACEUTIQUES 

IVaphtol  camphré  ei  phénols  camphrés. 

Tous  les  médecins  connaissent  aujourd'hui  les  services 
que  peut  rendre  à  la  thérapeutique  des  maladies  infec- 
tieuses le  naphtol  p,  dont  le  professeur  Bouchard  a  précisé 
les  indications.  Mais  le  plus  souvent  on  ne  peut  formuler 
le  médicament  que  sous  sa  forme  pulvérulente.  Il  est  en 
effet  très  peu  soluble  dans  l'eau.  Or,  voici  que  M.  Déses- 
quelles,  interne  en  pharmacie  dans  le  service  de  M.  Bou* 


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rhard,  vient  de  montrer  que,  comme  le  phénol  cristallisé,  le 
naphtol  se  dissout  dans  le  camphre.  En  triturant  ensemble 
à  sec  jusqu'à  transformation  du  tout  en  un  liquide  presque 
blanc  ou  couleur  crème(quand  le  naphtol  est  pur),  plus  ou 
moins  rougeàtre  (quand  le  naphtol  est  impur),  une  partie 
de  naphtol  p  avec  deux  parties  de  camphre  en  poudre,  on 
obtient  un  médicament  qui  guérit  facilement  les  excoria- 
tions, les  plaies,  les  ulcérations,  et  qui  même,  ainsi  que 
U.  Bouchard  Ta  démontre  aussi,  arrive  à  déterger  de  leurs 
fausses  membranes  les  ulcérations  diphlhéritiques.  Ce  mé- 
lange est  insoluble  dans  l'eau  et,  au  contraire,  miscible  en 
toute  proportion  dans  les  corps  gras. 

Continuant  les  expériences  de  son  collègue,  H.  Âudoucet, 
interne  en  pharmacie,  a  vu  que  le  tymol,  la  résorcine,  le 
salol,  etc.,  pouvaient  aussi,  en  proportions  variées,  se  dis- 
soudre dans  le  camphre  et  donner  naissance  soit  à  des 
pâles  molles,  soit  à  des  liquides  sirupeux,  qui  trouveront 
sans  doute  leur  place  dans  la  thérapeutique. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

HOSPICE  DE  LA  SALPÊTRIÈRE.  —  M.  LE  PROFESSEUR  CHARCOT. 

Tralteaient  da  tabès  par  la  suapeaslon. 

Messieurs,  depuis  trois  mois  nous  expérimentons  un 
nouveau  traitement  du  tabès  et,  ce  traitement,  je  dois  le 
dire  tout  d'abord,  parait  devoir  faire  merveilles. 

iNous  demeurons  cependant  sceptique  non  pas  devant  les 
résultats  obtenus  qui  sont  incontestables,  mais  nous  nous 
demandons  combien  de  temps  durera  l'amélioration..., 
Tavenir  nous  l'apprendra. 

Vous  savez  tous,  Messieurs,  combien  nous  sommes  désar- 
més devant  le  tabès,  la  richesse  apparente  de  notre  arsenal 
thérapeutique  en  trahit  la  pauvreté  réelle.  Quand  on  a  tant 
de  remèdes  contre  une  maladie,  c'est  qu'aucun  d'eux  ne 
réunit  tous  les  avantages  qu'on  est  en  droit  de  lui  demander. 
De  temps  à  autre  cependant  on  se  voit  éclairé  par  une  lueur 
quelconque...   En   1867,  quand   je   suis  arrivé  dans  cet 
hospice,  M.  Vulpian  et  moi  nous  avons  employé  le  nitrate 
d'argent  préconisé  par  Wunderlich.  Les  résultats  n'ont  pas 
répondu  à  notre  attente,  sans  être  nuls  cependant...  Après 
loul  on  peut  toujours,  quand  on  n'a  pas  l'esprit  prévenu,  se 
demander  si  la  nature  n'est  pas  intervenue  et  si  l'on  n'a  pas 
affaire  à  une  de  ces  tendances  naturelles  vers  la  guérison 
qu'on  rencontre  assez  fréquemment  dans  l'histoire  du  tabès. 
Le  tabès  bénin  en  effet  n'est  pas  rare  et  aujourd'hui  où 
l'étude  des  formes  frustes  a  été  poussée  fort  loin,  nous 
savons  qu'il  suffit  d'une  inégalité  pupillaire,  de  quelques 
douleurs  à  type  spécial,  d'une  abolition  des  réflexes  ou  de 
quelques  troubles  viscéraux  pour  faire  le  diagnostic. 'Nous 
sommes  loin,  comme  vous  le  voyez,  des  idées  de  Duchenne, 
qui  voyait  dans  l'ataxie  une  maladie  à  étapes  progressives 
et  à  enchaînement  régulier. 

J'ai  revu  à  Turin,  lors  de  mes  derniers  voyages  en  Italie, 
un  ataxique  que  j'avais  soigné  plusieurs  années  auparavant 
et  qui  paraissait  guéri  à  cela  près  qu'il  n'avait  pas  récupéré 
ses  réflexes  rotuliens.  Le  séjour  à  la  Malou  semblait  avoir 
pris  une  grande  part  à  cet  heureux  événement. 

Vous  savez  quelles  sont  mes  idées  sur  l'ataxie  syphili- 
tique ou  réputée  telle;  vous  ne  vous  attendez  donc  pas  à 
me  voir  louer  le  traitement  syphilitique.  Ce  traitement  n'a 
jamais  en  de  succès,  même  dans  le  cas  où  il  a  été  appliqué 
de  bonne  heure.  Qu'on  attaque  le  labes  quand  on  voudra, 
au  moyen  du  mercure  et  de  l'iodure  de  potassium,  même  à 
doses  considérables,  et  le  résultat  sera  toujours  le  même, 
c'est-à-dire  toujours  nul. 


Rien  n'est  fatal  comme  l'amaurose  tabétique,  même  quand 
elle  se  produit  chez  des  syphilitiques,  et  si  on  me  cite  des 
observations  de  guérison  ou  d'amélioration,  je  vois  que  la 
plupart  du  temps  il  s'agit  de  cas  douteux  au  point  de  vue 
du  diagnostic. 

Il  y  a  quelques  années,  on  a  préconisé  Télongation  des 
nerfs,  H.  Debove  s'est  fait  le  propagateur  de  cette  méthode 
de  traitement.  Qui  songe  aujourd'hui  à  l'élongntion? 

Je  vais  vous  parler  maintenant  du  procédé  dont  vous  voyez 
ici  le  dispositif  et  qui  nous  arrive  de  Russie  par  l'intermé- 
diaire du  docteur  Raymond,  agrégé  de  la  Faculté,  chargé 
d'une  mission  en  Russie,  qui  a  pu  en  constater  les 
heureux  efl'ets  dans  le  service  du  docteur  Molchoukowsky, 
d'Odessa. 

La  manière  dont  le  médecin  russe  a  découvert  ce  mode  de 
traitement  est  assez  singulière.  Il  avait  à  redresser  la  taille 
d'un  tabétique,  atteint  de  scoliose.  Pour  ce  faire,  il  suspendit 
son  malade  sous  les  bras  (méthode  de  Serres)  et  lui  appli- 
qua un  corset  de  plâtre.  Au  bout  de  quelques  jours  le 
tabétique  vient  faire  remarquer  à  son  médecin  qu'il  souffrait 
beaucoup  moins  de  ses  douleurs  fuIguranles^Motchoukowsky 
crut  d'abord  que  c'était  au  corset  qu'il  fallait  attribuer  ce 
résultat  inattendu,  mais  bientôt  il  constata  que  la  suspension 
était  la  vraie  cause  de  l'atténuation  des  douleurs. 

Dès  lors  il  appliqua  ce  traitement  à  une  foule  de  tabéti- 

3ues  et  tous  ou  presque  tous  furent  avantageusement  mo- 
ifiés. 

L'appareil  est  des  plus  simples,  il  consiste  essentiellement 
en  une  sorte  de  fléau  de  balance,  suspendu  par  un  crochet 
médian  à  une  moufle  qui  peut  l'élever.  Aux  deux  extrémités 
du  fléau  transversal  sont  suspendues  des  courroies  en  forme 
d'anses  dans  lesquelles  on  passe  les  bras.  Â  la  partie 
médiane  est  attachée  une  douole  fronde  appuyant  en  avant 
sous  le  menton,  en  arrière  sous  la  nuque. 

Au  moyen  d'une  moufle  on  élève  le  patient  à  un  pied  ou 
deux  du  sol  et  on  le  laisse  ainsi  suspendu  pendant  une 
minute  ou  deux  lors  des  premières  séances,  pendant  deux 
ou  trois  minutes  à  la  troisième  ou  quatrième  fois.  On  répète 
l'expérience  deux  ou  trois  fois  par  semaine. 

En  octobre,  nous  avons  commencé  à  appliquer  ce  traite- 
ment à  nos  tabétiques.  L'idée  nous  en  fut  donnée  par  un 
élève  du  service,  un  jeune  médecin  russe  des  plus  distingués, 
M.  Onanoff,  qui  accompagna  M.  Raymond  en  Russie. 

Les  résultats  furent  surprenants. 

J'ai  du  reste  fait  venir  ici  les  malades  qui  viennent  se 
faire  «  suspendre  »,  deux  ou  trois  fois  par  semaine  et  qui  vont 
vous  dire  eux-mêmes  quels  bénéfices  ils  ont  retirés  de  la  sus- 
pension. Je  vous  fais  remarquer  qu'il  ne  s'agit  pas  ici 
d'ataiiques  douteux,  mais  d'alaxiques  vrais  ayant  tous  ou 
presque  tous  les  signes  du  tabès. 

Un  des  malades  de  Molchoukowsky  avait  des  douleurs 
fulgurantes,  de  l'incoordination  motrice,  du  signe  de 
Romberg,  l'absence  des  réflexes  rotuliens,  de  l'impuissance 
sexuelle,  des  troubles  vésicaux;  il  a  subi  quatre-vingt-dix- 
sept  suspensions. 

L'incoordination  a  disparu  ;  les  douleurs  ont  disparu  éga- 
lement. 

Le  signe  de  Romberg  s'est  amendé. 

Enfin  les  fonctions  sexuelles  se  sont  rétablies  à  la  grande 
satisfaction  de  Tintéressé. 

Un  deuxième  malade  était  dans  le  même  état  et  s'est  fort 
amélioré;  il  souffrait  surtout  de  crises  gastriques  sensibles, 
qui  ont  disparu.  La  miction  et  les  fonctions  sexuelles  se  sont 
aussi  fort  améliorées. 

Un  troisième  ataxique  était  tellement  emphysémateux 
qu'on  ne  put  le  suspendre.  On  l'a  tiraillé  sur  un  lit  au 
moyen  de  tractions  exercées  sur  les  pieds  (les  épaules  et  la 
tête  étant  fixées). 

Nos  malades  à  nous  ont  été  aussi  heureux  que  les  Russes. 
Quinze  ont  été  soumis  à  la  suspension  et  les  résultats  ont 


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été  tels  qu'on  a  pensé  à  appliquer  ce  traitement  à  d'autres 
qu'à  des  tabétiques. 

Nous  avons  remarqué  que  la  suspension  avait  pour 
résultat  capital  la  restauration  des  fonctions  sexuelles. 
Aussi  comprenons-nous  Motchoukowsky,  qui  a  eu  l'idée  de 
traiter  de  cette  façon  les  impuissances  névropathiques. 

Messieurs,  permettez-moi  une  digression:  il  est,  vous  le 
savez,  à  Paris  et  ailleurs,  des  établissements  où  Ton  s[efforce 
par  les  moyens  les  plus  variés  de  rendre  aux  impuissants, 
aux  vieillards  surtout,  une  virilité  plus  ou  moins  factice, 
capable  tout  au  moins  d'assurer  pour  un  temps  la  satis- 
faction de  désirs...  plus  ou  moins  naturels.  Nous  nous 
sommes  demandé  si  on  n'avait  pas  eu  connaissance  des 
vertus  aphrodisiaques  de  la  suspension...  etpour  nous  assurer 
de  ce  fait  nous  «ivons  envoyé  des  émissaires  chargés  de  nous 
renseigner.  Le  médecin  doit  tout  savoir.  Il  peut  comme  le 
soleil  entrer  dans  les  bouges  sans  se  souiller...  Or  nous 
avons  appris  que  le  procédé  de  la  suspension  était  couram- 
ment employé... 

Quoi  qu'il  en  soit,  nous  avons  fait  déjà  neuf  cents  suspen- 
sions et  le  résultat  a  dépassé  notre  attente. 

Notre  premier  malade,  âgé  de  cinquante  ans,  a  vu  dispa- 
raître ses  douleurs  fulgurantes  et  son  incoordination  s  est 
sensiblement  modifiée.  Il  a  récupéré  sa  puissance  sexuelle. 
Les  mictions  sont  plus  faciles. 

Il  a  commencé  son  traitement  le  "22  octobre  et  a  été  sus- 
pendu trente-trois  fois.  Le  mieux  s'est  fait  sentir  dès  la 
troisième  séance.  Il  n'est  donc  pas  discutable,  et  quoiqu'il 
soit  vrai  que  les  malades  se  suggestionnent  facilement,  nous 
pouvons  dire  hardiment  que  jamais  traitement  n'a  en  aussi 
peu  de  temps  donné  de  résultats  semblables. 

Un  deuxième  malade,  très  incoordonné,  a  commencé  le 
traitement  en  octobre  également.  Les  douleurs  ont  cessé 
brusquement,  sont  revenues  une  fois,  et  depuis  près  de  six 
semaines  n'ont  pas  reparu. 

L'incoordination  s'est  modifiée  de  telle  façon  que  le 
malade  descend  du  tramway  sans  faire  arrêter  la  voiture. 
Il  urine  mieux  et  a  des  érections. 

Un  troisième  malade,  qui  venait  ici  appuyé  sur  sa  femme, 
vient  maintenant  de  la  rue  de  la  Tombe-Issoire  à  la  Salpê- 
trière  à  pie.d.seul  et  sans  canne... 

Un  quatrième  malade,  d'abord  amélioré,  a  eu  une  rechute, 
mais  il  s'agit  d'un  de  ces  malheureux  chez  qui  l'hérédité 
nerveuse  (aliéné,  épileptique,  hystérique)  est  à  son 
summum.  Nous  ne  nous  attendions  chez  lui  à  rien  de  bien 
brillant. 

Enfin,  Messieurs,  je  vais  vous  montrer  une  jeune  fille  de 
quinze  ans,  atteinte  de  maladie  de  Friedreich,  ce  qu'on  a 
appelé  si  faussement  l'alaxie  héréditaire.  Je  ne  vous  répé- 
terai pas  qu'il  ne  s'agit  point  ici  du  tahes  ordinaire,  mais 
bien  d'une  maladie  à  part  dont  je  vous  ai  souvent  décrit  les 
caractères.  Cette  malade  était  soignée  en  ville  par  M.Blocq, 
qui  a  eu  l'idée  de  la  traiter  par  ce  procédé.  Or  celte  jeune 
nlle  a  été  très  améliorée  par  la  suspension.  Aujourd'hui  elle 
marche  beaucoup  mieux. 

Je  me  contente  aujourd'hui  de  vous  signaler  le  fait.  Un 
malade,  atteint  de  myopathie  primitive,  affirme  se  trouver 
beaucoup  mieux  depuis  qu'il  a  commencé  son  traitement. 
Il  est  probable  que  la  suspension  en  élevant  Jes  racines 
rachidiennes  amène  des  changements  circulatoires  dans  la 
moelle,  cliangemenls  qui  produisent  des  résultats  jusqu'ici 
fort  à  l'avantage  des  malades  qui  se  sont  soumis  au  traite- 
ment. Peut-être  que  beaucoup  d'affections  nerveuses  sont 
modifiables  par  la  suspension.  Nous  continuerons  nos  expé- 
riences et  je  ne  manquerai  pas  de  vous  en  faire  connaître 
les  résultats. 

P.  Berbez. 


HÔPITAL   DE   LA   CHARITÉ.  —  SERVICE  DE  M.  LE  PROFESSEm 
TRÉLAT. 

ExClrpadon  d'un   «névryanie  artérlo- veloeas . 

M.  le  professeur  Trélal  vient  d'extirper  avec  plein  succt-s 
un  anévrysme  artério-veineux  du  creux  poplité,  à  l'élude 
duquel  il  a  consacré  deux  leçons  cliniques.  L'importance 
chirurgicale  du  fait  est  accrue  d'une  question  d'actualité. 
La  Société  de  chirurgie  vient  en  effet  de  s'occuper  du  trai- 
tement des  anévrysmes  artériels,  et  les  pièces  du  procès  ont 
été  exposées  il  y  a  peu  de  jours  aux  lecteurs  de  la  Gazette 
hebdomadaire  par  M.  Reclus.  Elles  se  résument  en  ceci  : 
les  méthodes  dites  de  douceur  sont  beaucoup  moins  béni- 
gnes et  efficaces  qu'on  ne  le  croit,  la  ligature  au-dessus 
(lu  sac  est  1^  procédé  de  choix;  l'extirpation  du  sac  est 
possible,   mais  on  aurait  tort  de  vouloir  la  généraliser. 

M.  Reclus  a,  dé  parti  pris,  laissé  de  côté  tout  ce  qui  a  trait 
à  l'anévrysme  artério-veineux.  Il  s'était  d'ailleurs  occuué 
de  celte  question  dans  un  article  antérieur  et  il  avait  conciu 
que  la  double  ligature  au-dessus  et  au-dessous  du  sac  esl 
la  méthode  de  choix;  que,  lorsqu'elle  est  impossible  ou  in- 
suffisante il  faut  ouvrir  la  poche  et  lier  les  collaiérales  ainsi 
mises  au  jour. 

Voici  maintenant  l'observation  de  M.  le  professeur  Trélal. 

Il  y  a  quelques  semaines  entrait  à  l'hôpital  de  la  Charité 
un  homme  de  vingt-trois  ans  qui,  il  y  a  neuf  ans,  s'était 
blessé  à  la  cuisse  avec  un  revolver.  Il  voulait  tirer  la 
baguette,  fixée  par  la  rouille.  Le  canon  dirigé  en  bas,  la 
main  gauche  appuyée  contre  la  cuisse  gauche  tirait  sur  la 
baguette;  le  genou  était  un  peu  fléchi:  l'enfant  se  trouvait 
ainsi  dans  la  position  d'un  homme  qui  débouche  une  bou- 
teille. Le  coup  partit  et  la  balle  pénétra  à  la  région  antéro- 
interne  de  la  cuisse,  à  18  centimètres  au-dessus  du  genou  ; 
elle  ressortit  à  la  région  postéro-exleme  du  mollet  :  le 
trajet  a  38  centimètres  de  long.  L*hémorrhagie  fut  notable, 
mais  s'arrêta  par  un  pansement  compressif. 

Au  bout  de  quinze  jours,  le  malade  s'aperçut  que  sa 
jambe  était  volumineuse,  que  les  veines  sous-culané(^s  y 
étaient  saillantes.  La  douleur  était  nulle.  Les  mouvements 
revinrent  peu  à  peu  et  depuis  le  patient  ne  s'est  guère 
occupé  de  sa  blessure  :  il  est  comptable  et  le  volume  de  sa 
jambe  le  gêne  peu.  Il  y  a  quatre  ans,  toutefois,  un  ulcère 
survint  à  la  région  interne  du  quart  antérieur  de  la  jambe  : 
rebelle  à  divers  traitements,  il  céda  à  un  mois  de  séjour 
au  lit.  Puis  il  y  a  deux  ans,  nouveau  séjour  au  lit,  néces- 
sité par  une  phlébite.  Il  y  a  cinq  mois,  enfin,  l'ulcère 
récidiva,  résista  aux  pansements  ordinaires,  et  finalement 
le  malade  entra  à  l'hôpital.  Il  ne  s'était  présenté  à  la 
consultation  que  pour  cet  ulcère,  entouré  de  taches  pig- 
mentaires  et  de  veines  volumineuses,  le  tout  siégeant  sur 
un  membre  assez  infiltré.  C'est  alors  qu'en  l'examinant 
on  découvrit  l'anévrysme  jusqu'alors  méconnu. 

Cet  anévrysme  se  manifestait  par  des  signes  évidents.  A 
deux  travers  de  doigt  au-dessous  de  la  cicatrice  existait 
en  un  point  un  thrill  extrêmement  accusé  qui  se  propageait, 
en  s'affaiblissant,  jusque  dans  la  veine  iliaque  et  dans 
toutes  les  veines  de  la  jambe,  jusqu'à  la  région  malléo- 
laire.  A  l'auscultation,  on  entendait  un  souffle  continu 
redoublé  des  plus  nets,  dont  le  maximum  correspondait 
au  maximum  du  thrill.  Au-dessus  de  ce  point,  la  fémorale 
très  volumineuse  était  animée  de  battements  intenses.  Au- 
dessous,  le  creux  poplité  était  distendu  par  une  poche 
douée  de  pulsations  et  d'expansion.  Plus  bas  encore  ou 
voyait  l'expansion  des  veines  superficielles,  mais  on  ne 
sentait  plus  les  battements  de  la  pédieuse  et  de  la  tibiale 
postérieure.  Tous  les  phénomènes  cessaient  par  la  com- 
pression de  la  fémorale  au  pli  de  l'aine. 

Pendant  les  premiers  jours,  l'empâtement  œdémateux. 


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accru  par  la  déclivité  du  membre,  empêcha  d'apprécier 
nettement  les  limites  et  la  consistance  de  la  poche.  Après 
un  peu  de  repos,  la  région  devint  facile  à  explorer  :  il  fut 
certain  que  la  poche,  souple  et  probablement  mince,  avait 
12  centimètres  de  long  sur  9  de  large;  qu'elle  ne  dépas- 
sait pas,  par  en  bas,  l'interligne  articulaire. 

L'élude  de  la  température  du  membre,  faite  par  M.  Del- 
bet,  a  fourni  un  résultat  intéressant.  A  plusieurs  reprises, 
une  hypertherraie  de  3**l/2  a  été  constatée.  Ce  fait  avait  été 
noté  en  1856  par  Henry,  mais  depuis  on  a  admis  plutôt  qu'il 
ja  en  général  de  l'hypothermie.  En  particulier,  Bergmann 
et  Bramann  ont  observé  un  malade  chez  lequel  l'abaisse- 
ment de  température  variait  de  3  à  5  degrés. 

Une  première  question  se  posait  en  présence  de  ce  ma- 
lade :  fallait-il  intervenir?  M.  Trélat  n'hésita  pas  à  répondre 
par  lafOrmative.  La  guérison  spontanée  de  Tanévrysme 
variqueux  est  encore  au  moins  douteuse.  Mais  on  dit  qu'il 
tend  à  rester  stalionnaire,  à  avoir  une  évolution  bénigne. 
Ce\a  est  vrai  parfois,  mais  il  y  a  de  nombreuses  exceptions. 
Broca  déjà  en  cite  quelques-unes  et  M.  Trélat  a  réuni  une 
dizaine  d'observations  où  l'accroissement,  la  rupture,  l'in- 
ftammation,  la  suppuration  ont  surpris  le  chirurgien, 
souvent  il  est  vrai  après  une  longue  période  où  le  mal 
était  resté  stationnaire.  Ces  accidents  sont  à  redouter  pour 
tous  les  anévrysmes  artério-veineux  :  c'est  une  poche 
énorme  du  pli  du  coude  que  Purmann  extirpa.  Mais  c'est 
surtout  pour  les  anévrysmes  des  membres  inférieurs  quMl 
faat  craindre  cette  évolution  grave,  car  ici  aux  conditions 
circulatoires  vicieuses  créées  par  la  phlébartérie  s'ajoute 
l'appoint  de  la  déclivité.  L'intervention  est  donc  indiquée 
dans  les  cas  de  ce  genre,  même  s'il  ne  s'agissait  point 
(fun  homme  encore  jeune,  désireux  d'être  débarrassé  d'une 
infirmité.  Et  d'ailleurs,  il  était  probable  que  le  mal 
s'aggravait  :  le  sujet  n'avait-il  pas,  à  un  moment  donné, 
porté  pour  ses  varices  un  bas  élastique  bientôt  devenu 
trop  étroit? 

Les  méthodes  de  douceur,  aujourd'hui  battues  en  brèche 
pour  les  anévrysmes  artériels,  sont  plus  souvent  encore 
défectueuses  pour  les  anévrysmes  variqueux.  Pourtant  la 
méthode  employée  d'abord  par  Nélaton,  puis  régularisée 
par  Yanzetti,  a  donné  des  succès.  Elle  consiste  à  faire 
ilabord  de  la  compression  directe  sur  la  communication 
artêrio-veineuse,  qu'on  oblitère  ainsi  ;  il  reste  alors  un 
auévrysnie  artériel,  justiciable  de  la  compression  indirecte 
à  distance.  Il  y  a  quelques  années,  M.  Trélat  a  obtenu  de  la 
^rte  une  guérison  complète.  Mais  le  résultat  n'est  favo- 
rable que  si  la  lésion  est  récente.  Et  de  plus  la  méthode 
êlail  ici  inapplicable,  car  il  n'^  avait  sur  toute  la  tumeur 
âucan  point  dont  la  compression  fit  cesser  les  battements 
dAos  la  poche. 

Il  fallait  donc  avoir  recours  d'emblée  à  une  opération 
sanglante.  Il  en  est  une  qu'on  peut  repousser  sans  hésita- 
tion :  c'est  la  ligature  par  la  méthode  d'Anel.  Elle  est 
bonne  pour  l'anévrysme  artériel,  mais  elle  donne  des  ré- 
sultats déplorables  ciuand  on  l'applique  à  l'anévrysme  arté- 
rto-veineux.  C'était  l'opinion  de  Scarpa,  de  Roux,  et  depuis 
file  s'est  confirmée.  Delbet  attribue  à  cette  opération  ;i8,5 
pour  100  de  mortalité  et  17  pour  lOQ  de  gangrènes  primitives, 
le  tout  pour  n'enregistrer  que  17  pour  100  de  guérisons. 

La  ligature  de  l'artère  au-dessus  (lu  sac  une  fois  éliminée, 
lieux  méthodes  restent  en  présence  :  la  double  ligature 
de  l'artère  et  de  la  veine  au-dessus  et  au-dessous  du  sac 
et  l'extirpation. 

La  double  ligature,  préconisée  parNorris,  par  Malgaigne, 
[lar  P.  Reclus,  donne  80  pour  100  de  guérisons,  et  la  gan- 
grène y  est  tout  à  fait  exceptionnelle.  C'est  donc  une  mé- 
thode des  plus  recommandâmes;  mais  elle  n'est  pas  toujours 
pOi>sible  à  exécuter  et  de  plus  il  reste  la  crainte  (théorique 
il  est  vrai)  de  la  récidive  par  les  collatérales  s'abouchant 
dans  le  sac» 


Lorsque,  après  avoir  mis  le  sac  à  nu  on  n'arrive  que  mal 
à  isoler  les  quatre  bouts  vasculaires,  on  a  essayé  de  les 
chercher  après  incision  du  sac.  Après  les  avoir  reconnus  et 
y  avoir  introduit  une  sonde,  on  a  plus  de  facilité  pour  les 
lier.  Aujourd'hui  la  bande  d'Esmarch  semble  permettre 
d'agir  ainsi  sans  trop  de  danger  immédiat,  et  MM.  Ver- 
neuil  et  Reclus  ont  publié  à  cet  égard  une  observation 
remarquable.  Mais,  une  fois  la  bande  enlevée,  les  collaté- 
rales qui  s'ouvraient  dans  le  sac  fournirent  du  sang  en 
quantité  inquiétante  et  il  fallut  les  saisir  assez  pénible- 
ment, après  avoir  appliqué  à  nouveau  la  bande  élastique. 
Il  eût  certainement  été  autrement  aisé  de  les  lier  une  à 
une,  tout  en  disséquant  la  face  postérieure  du  sac,  si  on 
avait  voulu  l'extirper.  En  outre,  il  va  sans  dire  qu'il 
faut  laisser  à  la  suppuration  le  soin  de  détruire  cette  poche 
abandonnée  dans  la  plaie,  et  l'opéré  reste  sous  l'imminence 
des  diverses  complications  des  plaies  qui  suppurent.  Au 
total,  sur  13  cas  on  compte  8  guérisons  et  5  morts;  morts 
toutes  dues  à  des  accidents  septiques. 

L'extirpation  du  sac  expose  moins  à  l'hémorrhagie  im- 
médiate. De  plus,  il  en  résulte  une  plaie  apte  à  la  réunion 
par  première  intention,  aussi  les  complications  septiques 
sont-elles  rares.  Enfin,  et  cet  argument  a  bien  son  impor- 
tance, la  guérison  est  ainsi  complète  en  quelques  jours, 
au  lieu  qu'après  l'incision  il  faut  des  semaines  et  des  mois 
pour  que  la  suppuration  ait  achevé  son  œuvre.  Les  chiffres 
sont  les  suivants  :  12  cas;  0  gangrène  ;  11  guérisons;  1  sep- 
ticémie. 

En  résbuié,  M.  Trélat  est  partisan  de  la  ligature  des 
({uatre  bouts,  sans  incision  du  sac.  Si  cette  ligature  est 
impossible,  il  se  rallie  à  l'extirpation,  et  proscrit  la  mé- 
thode ancienne  d'incision.  C'est  dans  ces  idées  qu'il  inter- 
vint sur  le  sujet  de  l'observation  actuelle. 

Après  application  de  la  bande  d'Esmarch,  une  incision 
de  16  centimètres  fut  faite  dans  le  creux  poplilé.  Contre  la 
face  postérieure  du  sac,  les  nerfs  sciatiques  poplités  furent 
isolés,  puis  réclinés  et  M.  Trélat  aborda  franchement  la 
dissection  de  la  partie  inférieure  de  la  tumeur.  Il  arriva, 
peu  au-dessus  de  l'anneau  du  soléaire,  à  isoler  un  vaisseau 
qui  sortait  de  la  poche  :  il  ne  put  trouver  le  second  canal 
vascnlaire.  Ce  pédicule  une  fois  lié,  fallait-il  en  faire  autant 
au  niveau  du  canal  de  Hunter  et  laisser  la  poche  en  place? 
Cet  écartement  considérable  des  ligatures  est  une  mau- 
vaise condition;  de  plus  M.  Trélat  ne  croyait  ne  tenir  en 
bas  qu'un  vaisseau.  L'extirpation  fut  donc  pratiquée.  La 
face  antérieure  du  sac  fut  disséqué  de  bas  en  haut,  après 
section  du  pédicule  inférieur;  plusieurs  vaisseaux s'ouvrant 
dans  la  poche  furent  liés  chemin  faisant  et  enfin  les  deux 
vaisseaux  supérieurs  furent  abordés,  liés  et  sectionnés. 
La  bande  d'Esmarch  une  fois  enlevée,  il  y  eut  un  suinte- 
ment sanguin  notable  des  surfaces  cruentées,  mais  sans  jet 
sérieux.  L'hémostase  fut  délicate,  mais  non  très  difficile. 
La  plaie  fut  alors  suturée  et  drainée.  Aujourd'hui,  onze 
jours  après  l'opération,  le  malade  va  aussi  bien  que  pos- 
sible. On  n'a  pas  eu  un  seul  instant  la  crainte  de  voir  le 
membre  se  gangrener.  D'ailleurs,  avant  toute  intervention, 
ou  sentait  battre  autour  du  genou  des  artères  volumineuses, 
preuves  d'une  circulation  collatérale  très  développée. 

L'examen  anatomique  de  la  poche  a  révélé  quelques 
particularités  intéressantes.  Dans  le  pédicule  inférieur 
on  a  trouvé  deux  vaisseaux.  Mais  l'artère  est  très  petite  et 
intimement  accolée  à  la  veine.  A  partir  de  là,  elle  remonte 
sur  65  millimètres  de  long,  contre  la  paroi  de  l'anévrysme, 
à  laquelle  elle  adhère,  et  c'est  à  deux  doigts  environ  au- 
dessous  de  l'orifice  artériel  supérieur  qu'on  voit  l'orifice 
inférieur.  La  poche  est  donc  à  peu  près  exclusivement 
formée  par  la  veine  qui  s'y  ouvre  aux  deux  extrémités  du 
diamètre  longitudinal,  il  est  bien  certain  qu'il  eût  été 
impossible,  même  si  la  lésion  eiU  été  récente,  de  transfor- 
mer par  la  compression  cet  anévrysme   en  un  anévrysme 


56    —  N»  4 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  25  Janvier  1889 


artériel.  Il  est  cerlain  aussi  que  la  double  ligature  n'eût 
pu  êlre  faite  qu'en  plaçant  les  fils  à  Tanneaû  des  adduc- 
teurs d*une  part,  à  Tanneau  du  soléaire  d'autre  part. 

Dans  un  cas  de  ce  genre,  M.  Trélat  pense  donc  que 
l'extirpation  est  la  méthode  de  choix.  Elle  a  nécessité  une 
dissection  soigneuse,  mais  n'a  eu  à  surmonter  aucune  dif- 
ficulté réellement  grave.  L'acte  chirurgical  a  été  tout  a  fait 
régulier  et  le  succès  thérapeutique  a  été  rapide  et 
complet. 

A.  Broca. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Clinique  médicale* 

Du  PRONOSTIC  DE  LA  PLEURÉSIE  HÉMORRiiAGiQUE.  Com- 
munication faite  à  la  Société  médicale  des  hôpitaux 
dans  la  séance  du  :28 décembre  1888,parM.LEREROULLET. 

Dans  l'une  de  vos  dernières  séances  (1),  notre  collègue 
M.  Troisier  a  rappelé  votre  attention  sur  les  conditions 
dans  lesquelles  naissent  parfois  les  épanchemenls  sangui- 
nolents de  la  plèvre  et  montré  que  1  hémorrhagie  pouvait 
dépendre  de  l'intensité  du  processus  phlegmasique.  Avec 
M.  R.  Moutard-Martin  qui,  l'un  des  premiers,  a  bien  fait 
voir  que  les  pleurésies  hémorrhagiques  non  cancéreuses 
et  non  symptomalic[ues  d'une  maladie  infectieuse  grave 
étaient  presque  toujours  curables,  il  vous  a  prouvé  qu'une 
seule  ponction  remédiait  souvent  à  des  accidents  très 
redoutables  en  apparence. 

Les  observations  que  cette  communication  m'a  remises  en 
mémoire,  confirment  ces  conclusions  trop  souvent  encore 
méconnues.  Si  je  me  permets  de  les  résumer  devant  vous, 
c'est  pour  bien  affirmer  encore  que  le  pronostic  de  la  pleu- 
résie hémorrhagique  simple  est  relativement  favorable. 

Le  premier  fait,  le  plus  récent,  est  presque  identique  à 
celui  qui  vous  a  été  communiqué  par  M.  Troisier.  Le 
30  mars  dernier,  j'étais  appelé  par  mon  savant  collègue 
M.  le  médecin  principal  C.  Reeb  avoir,  à  Neuilly,  dans 
la  maison  de  santé  dirigée  par  M.  le  docteur  Défaut,  un 
jeune  homme  de  dix-neuf  ans,  atteint  depuis  le  14  février 
1888  d'une  affection  thoracyque  des  plus  graves.  Caracté- 
risée dès  son  début  par  un  mouvement  fébrile  très  intense 
(la  température  dépassant  39  degrés  le  malin  et  40  degrés 
le  soir)  par  une  oppression  vive,  avec  toux  sèche,  sans  point 
de  côté  initial,  m  douleur  thoracique  appréciable,  la  ma- 
ladie avait  été  énergiquement  combattue  par  des  révulsifs 
(vésicatoires)  et  des  antipyrétiques  variés.  Lorsque,  le 
30  mars,  je  vis  le  jeune  A...,  il  se  trouvait  dans  l'état  sui- 
vant :  adynamie  extrême;  pâleur  des  téguments;  amaigris- 
sement prononcé;  fièvre  à  type  rémittent,  le  thermomètre 
s'élevant  tous  les  soirs  à  40  degrés  et  quelques  dixièmes, 
atteignant  38%5  ou  39  degrés  le  malin;  dyspnée  considé- 
rable ;  toux  sèche,  fréquente,  avec  expectoration  légère- 
ment sanguinolente;  inappétence  absolue.  A  l'examen 
physic|ue  on  constatait  à  droite  :  en  avant,  depuis  la  région 
hépatique  jusqu'au  niveau  de  la  troisième  côte,  une  ma- 
lité  absolue,  et  depuis  la  troisième  côte  jusqu'à  la  clavi- 
cule un  bruit  skodique  manifeste;  en  arrière,  dans  toute 
l'étendue  du  thorax,  depuis  la  région  sus-épineuse  jusqu'à 
la  base,  une  malité  fémorale,  avec  diminution  des  vibra- 
tions thoraciques  et  dans  toute  cette  région  un  souffle  am- 
)horique  ayant  son  maximum  d'intensité  au  niveau  de 
'angle  de  l'omoplate;  Dans  la  région  axillaire  ce  soufile 
s'enlendait  à  peine.  A  la  région  antérieure  du  thorax, 
comme  à  la  base  du  poumon,  le  silence  respiratoire  était 
absolu.  Il  n'existait  ni  égophonie,  ni  pectoriloquie,  ni  râles 

(l).4Sount*e  du  13  octobre  {Ga».  hebd.,  p.  680). 


f 


d'aucune  espèce.  Le  cœur  n'était  pas  dévié  ;  le  foie  n'était 
point  abaissé. 

L'intensité  du  mouvement  fébrile  et  sa  persistance,  la 
durée  de  la  maladie,  l'inefficacité  de  la  médication  qui 
avait  eu  pour  objet  de  combattre  les  accidents  d'inflamma- 
tion pleuro-pulmonaire;  enfin  et  surtout  l'état  d'adynamie 
profonde  dans  lequel  se  trouvait  le  jeune  malade,  pouvaient 
raire  croire  soit  à  une  tuberculose  miliaire,  soit  à  une  pleu- 
résie purulente.  Cependant  Tépanchement,  qui  était  évi- 
dent, restait  peu  mobile;  dans  les  mouvements  que  Ton 
faisait  exécuter  au  malade,  la  matité  de  la  région  anté- 
rieure du  thorax  ne  variait  pas  plus  d'un  travers  de  doigt; 
enfin  l'absence  de  râles  au  sommet  du  poumon  droit  et 
l'intégrité  absolue  du  poumon  gauche  et  des  autres  organes 
(les  urines  n'étaient  point  albumineuses)  me  déterminèrent 
à  proposer  une  thoracocentèse  destinée  à  préciser  le  dia- 
gnostic et  à  soulager  le  malade  du  liquide,  peu  abondant, 
3ue  l'on  constatait.  Cette  opération  fut  faite,  non  sans 
ifficullés,  en  raison  de  l'état  nerveux  exagéré  et  des  appré- 
hensions du  sujet,  le  lendemain  31  mars.  A  l'aide  du 
trocarl  n""  2  de  l'appareil  Polain,  introduit  dans  le  sixième 
espace  intercoslal,  un  peu  en  avant  de  la  ligne  axillaire, 
j'évacuai  rapidement  950  grammes  d'un  li([uide  d'abord 
rosé,  bientôl  franchement  sanguinolent  et  qui  se  prit  rapi- 
dement en  une  masse  gélatineuse.  Le  trocart  fut  retiré  dès 
qu'apparurent  les  premières  quintes  de  toux. 

Aucune  coniplication  immédiate  ne  suivit  cette  ponction; 
comme  il  arrive  d'ordinaire,  la  fièvre  céda  même  rapide- 
ment; mais  le  lendemain  2  avril  j'étais  rappelé  à  Neuilly 
par  une  dépêche  urgente.  Atteint  pendant  la  nuit  de  vomis- 
sements rapidement  incoercibles,  dans  un  état  d'agitation 
et  d'anxiété  extrêmes,  le  malade  paraissait  très  gravement 
menacé.  Cependant  l'examen  du  thorax  avait  déjà  prouvé 
à  MM.  Reeb  et  Défaut  que  l'épancliement  dont  il  restait 
encore  une  certaine  quantité  ne  s'était  pas  abondamment 
reproduit,  que  l'auscultation  révélait  partout  en  avant, 
dans  l'aisselle  et  depuis  l'épine  de  l'omoplate  jusqu'à  la 
fosse  sus-épineuse,  de  nombreux  frottements  pleuraux.  Je 
constatai  moi-même  l'intégrité  absolue  de  tous  les  autres 
organes  et  dus  considérer  les  accidents  observés  comme 
exclusivement  d'origine  réflexe  et  dépendant  tout  à  la  fois 
de  l'irritation  provoquée  par  la  thoracocentèse  dans  une 
plèvre  facilement  susceptible  et  de  l'extraordinaire  émo- 
tivité  nerveuse  du  sujet.  Le  repos  absolu,  une  alimentation 
exclusivement  composée  de  lait  glacé  et  de  vin  de  Cham- 
pagne ;  enfin,  quel(|ues  antispasmodiques  eurent,  en  effet, 
très  rapidement  raison  de  cette  rechute  et  le  7  avril  .M.  le 
docteur  Reeb  pouvait  m'écrire  :  «  Les  accidents  consécutifs 
à  la  thoracocentèse  et  qui  m'avaient  si  fort  inquiété  se  sont 
dissipés;  les  vomissements  ne  se  sont  plus  reproduits;  la 
fièvre  est  tombée  et  j'ai  pu  constater  ce  matin  que  Tépan- 
chôment  avait  à  peu  près  disparu.  Le  sommeil  absent 
durant  tant  de  nuits  est  revenu  profond  et  prolongé.  Il 
semblerait  que  nous  eussions  assisté  à  une  véritable  crise 
si  l'état  général  s'était  amélioré  d'une  façon  plus  nette...  » 
J'ai  hâte  d'ajouter  que  l'amélioration  de  Tétat  général  ne 
tarda  pas  à  s'affirmer  aussi.  Le  malade  a  quitté  Neuilly  le 
30  avril.  Examiné  depuis  et  à  plusieurs  reprises  par  divers 
médecins,  il  a  été  trouvé  en  parfait  état.  Aucun  signe  de 
pleurésie  ancienne  n'ayant  pu  être  constaté,  il  a  été  admis 
à  s'engager  le  1*'  octobre  dernier  dans  un  régiment  d'in- 
fanterie. 

Son  observation  prouve  donc  une  fois  de  plus  la  rapidité 
avec  laquelle  une  seule  ponction  peut  guérir  les  épan- 
chemenls pleurétiques  aigus,  fébriles,  dans  lesquels  la 
présence  du  sang  est  due  à  l'intensité  du  processus  phleg- 
masique. Déjà,  en  1870  (1),  j'avais  insisté  sur  celle  utilité 
de  la  thoracocentèse  dans  les  pleurésies  inflammatoires 

(1)  Méinoiro  lu  à  1.1  Sociélc  de  médecine  de  Strasbourg  (voy.  aussi  MontpflUcr 
médical,  187â). 


25  Janvier  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


_  No  4  _    57 


lorque  répanchement  riche  en  matière  fibrinogène  restait 
stalionnairc  et  surtout  lorsque,  quelle  que  soit  d'ailleurs 
rabondance  de  répanchement,  la  température  fébrile  se 
maintenait  longtemps  à  un  degré  assez  élevé.  Presque  tou- 
jours alors  la  fièvre  et  l'ensemble  des  accidents  thoraci- 
ques  disparaissent  après  la  ponction.  La  présence  dans  le 
liquide  évacué  d'une  proportion  de  sang  plus  ou  moins 
notable  confirme  le  diagnostic  et  n'aggrave  en  rien  le 
pronostic  de  la  maladie. 

Une  deuxième  observation  concerne  un  jeune  homme  de 
vingt-sept  ans  près  duquel  je  fus  appelé  il  y  a  vingt  mois. 
Sans  antécédents  héréditaires,  sans  maladie  antérieure 
grave,  mais  très  névropathique  et  surmené  depuis  plusieurs 
semaines  par  des  travaux  intellectuels  excessifs,  M.  A... 
avait  été  atteint,  à  la  suite  de  plusieurs  refroidissements, 
d'accès  de  fièvre  irréguliers  avec  toux  sèche,  quinteuse, 
fréquente,  oppression  assez  marquée  à  l'occasion  du 
moindre  effort,  douleur  vague  étendue  à  toute  la  région 
Iboracique  du  côté  droit.  Le  8  mars  1887,  quand  je  le  vis 
pour  h  première  fois,  je  constatai  l'existence  d'un  épan- 
chement  pleurétique,  caractérisé  par  les  signes  physiques 
suivants.  Du  côté  gauche  :  état  normal  à  la  percussion  et 
à  lauscultation;  aucune  déviation  du  cœur;  aucune  altéra- 
tion cardio-vascnlaire.  A  droite,  au  sommet,  depuis  la 
clavicule  jusqu'au  niveau  de  la  quatrième  côte  :  sonorité 
lympanique  et,  à  partir  de  la  quatrième  côte,  submalité, 
puis  matité  manifeste  se  confondant  plus  bas  avec  la  matité 
hépatique;  foie  légèrement  abaissé,  dépassant  de  trois 
travers  de  doigt  le  rebord  des  côtes.  Dans  toute  la  région 
mate  :  diminution  notable  du  murmure  vésiculaire  ei  expi- 
ration prolongée;  au-dessus  et  jusqu'à  la  région  sous- 
flaviculaire  :  respiration  puérile  avec  augmentation  des 
vibrations  et  retentissement  vocal  exagéré  sans  râles,  sans 
souffle,  sans  égophonie.  En  arrière  :  matité  absolue,  com- 
pacte, depuis  la  base  jusqu'au  niveau  de  l'épine  de 
l'omoplate.  Dans  toute  cette  région  :  souffle  expiratoire 
doux,  prolongé,  ayant  son  maximum  d'intensité  le  long  de 
la  colonne  vertébrale,  à  la  hauteur  de  l'angle  de  l'omo- 
pialc,  ne  présentant  en  aucun  point  le  caractère  du  souffle 
caverneux.^  Quelques  frottements  secs  dans  la  région 
axillaire.  Égophonie  assez  marquée  aux  limites  supérieures 
de  i'épanchement  où  l'on  perçoit  aussi  quelques  frolte- 
ments-ràles.  Pas  de  pectoriloquie  aphone. 

En  faisant  asseoir  le  malade  et  en  examinant  attentive- 
ment le  niveau  supérieur  de  I'épanchement  on  ne  retrouve 
qu^avec  difficultés  les  caractères  indiqués  par  Hirtz  et  Da- 
moiseau. La  matité  reste  à  peu  près  horizontale  dans  la 
région  postérieure  ;  elle  est  complète  dans  l'aisselle  et 
c'est  à  peine  si,  à  la  région  antérieure,  les  mouvements 
imprimés  au  thorax  dans  les  diverses  attitudes  du  malade 
font  varier  la  forme  et  l'étendue  de  cette  matité. 

Cet  examen,  répété  attentivement  les  jours  suivants, 
semble  prouver  qu'il  n'existe  qu'un  épanchement  pleuré- 
tique  relativement  peu  abondant  et  bridé  par  de  nom- 
breuses néo-membranes.  De  plus,  l'exploration  la  plus 
minutieuse  du  sommet  droit  démontre  (]ue  le  son  obtenu 
à  la  percussion,  les  vibrations  thoraciques  et  le  bruit 
respiratoire  restent  constamment  et  simultanément  exagé- 
rés. A  aucun  moment  on  ne  perçoit  à  ce  niveau  aucun 
signe  pouvant  faire  soupçonner  l'existence  d'une  infiltra- 
tion tuberculeuse.  A  gauche,  à  diverses  reprises,  des  bouf- 
fées congestives  avec  submatité,  diminution  du  murmure 
vésiculaire  et  râles  sous-crépitants  fins  auraient  pu  faire 
penser  à  l'imminence  d'une  poussée  de  tuberculose  aiguë 
si,  au  contraire,  ces  congestions  pulmonaires,  si  peu  pro- 
fondes et  si  mobiles,  observées  du  côté  opposé  à  la  pleu- 
résie, ne  se  remarquaient  fréquemment  chez  des  sujets 
indemnes  de  toute  prédisposition  tuberculeuse. 

Quoi  qu'il  en  soit  d'ailleurs^  le  traitement  institué  dès  le 


8  mars  fut  le  suivant  :  enveloppement  du  côté  droit  dans 
toute  sa  moitié  inférieure  par  une  cuirasse  épaisse  d'em- 
plâtre de  Vigo.  Régime  lacté,  chaque  tasse  de  lait  étant 
additionnée  d'alcool  et  d'eau  de  Vichy;  antipyrine  et 
bromhydrate  de  quinine  à  doses  assez  élevées  pour  com- 
battre le  mouvement  fébrile;  lavements  de  bromure  de 
potassium  et  de  chloral  pour(^tenir  un  peu  de  sommeil. 
Malgré  ce  traitement,  l'état  du  malade  alla  s'empiraut 
les  jours  suivants.  Les  antipyrétiques,  administrés  pour 
combattre  la  fièvre,  n'arrivaient  qu'à  maintenir  la  tem- 

F»ératureaux  environs  de  38  degrés  le  matin  et  de  39  degrés 
e  soir.  Deux  fois  même  elle  s'éleva  à  40%5dans  le  courant 
de  l'après-midi.  L'inappétence  était  absolue,  l'agitation  et 
la  faiblesse  extrêmes.  A  diverses  reprises,  bien  que  l'a- 
bondance de  I'épanchement  n'eût  pas  augmenté,  j'avais 
songé  à  une  intervention  chirurgicale.  Elle  avait  été 
repoussée  par  le  malade  et  par  sa  famille  lorsqu'un  inci- 
dent nouveau  vint  la  rendre  nécessaire.  Le  21  mars,  après 
une  série  de  quintes  de  toux  plus  énergiques  que  de  cou- 
tume, le  malade  éprouva  une  douleur  très  vive  au  niveau 
du  mamelon  et  fut  pris  d'une  dyspnée  et  d'une  anxiété 
telles  qu'on  me  rappela  d'urgence  dans  la  soirée.  Lorsque 
vers  huit  heures  du  soir,  je  pus  revoir  M.  A...,  je  constatai 
que  I'épanchement  qui,  le  matin,  n'occupait  que  le  tiers 
environ  de  la  plèvre  droite,  s'était  accru  en  quelques  heures 
de  manière  à  la  remplir  en  totalité.  La  matité  s'étendait, 
en  effet,  en  avant  jusqu'à  la  clavicule  et  c'est  à  peine  si, 
au  niveau  de  l'articulation  sterno-claviculaire,  on  retrouvait 
encore  le  bruit  skodique.  La  région  slernale  était  elle-même 
absolument  mate  et  la  pointe  du  cœur  dévié  battait  à  deux 
travers  de  doigt  en  dehors  et  quatre  travers  de  doigt  au- 
dessous  du  mamelon.  Il  fallait  admettre  ou  bien  une  nou- 
velle et  très  rapide  poussée  de  I'épanchement  (j'en  ai  cité 
autrefois  plusieurs  exemples  analogues  in  Pleurésie  et  tho- 
racocentèse,  Montpellier,  1872),  ou  bien  une  rupture  de 
quelques  néo-membranes  très  vascularisées  ayant  déter- 
miné une  hémorrhagie  pleurale.  La  thoracocentèse  s'im- 
posait d'ailleurs  pour  remédier  à  la  dyspnée  extrême 
du  malade.  Je  la  pratiquai  à  neuf  heures  du  soir,  le 
malade  restant  couché  sur  le  dos  (le  décubitus  sur  le  côté 
gauche  était  impossible),  le  bras  droit  relevé.  La  ponction 
fut  faite  dans  le  sixième  espace  intercostal  au  niveau  de  la 
ligne  axillaire  avec  le  trocart  n""  2  de  l'appareil  Potain  et 
avec  les  précautions  antiseptiques  nécessaires.  Cette  ponc- 
tion donna  issue  à  1  litre  environ  d'un  liquide  trouble, 
louche,  très  fortement  coloré  par  le  sang,  laissant  déposer 
rapidement  au  fond  de  la  bouteille  où  il  était  recueilli  une 
couche  assez  épaisse  de  pus,  formant  au  bout  d'utie  demi* 
heure  un  caillot  rougeàtre  assez  cohérent.  De  fréquents 
et  violents  accès  de  toux  m'obligèrent  à  interrompre  l'opé- 
ration sans  retirer  plus  de  ilOO  grammes  environ  de  liquide 
sanguinolent. 

La  nuit  fut  très  bonne. Pour  la  première  fois,  depuis  vingt 
jours,  le  malade  reposa  paisiblement  et  put  même  se  coucher 
sur  le  côté  gauche. 

Le  lendemain  j'enlevai,  pour  le  renouveler,  l'emplâtre  de 
Vigo  et  pus  constater  que  I'épanchement  ne  s'était  pas 
immédiatement  reproduit  et  que,  dans  toute  l'étendue  du 
côté  droit  en  avant,  on  percevait  le  bruit  respiratoire,  mêlé 
de  frottements  secs,  tandis  qu'en  arrière  le  souffle  expira- 
toire et  l'absence  du  murmure  vésiculaire  persistaient 
jusqu'à  l'angle  de  l'omoplate. 

Deux  jours  plus  tard  cependant  la  fièvre  qui,  le  lendemain 
de  la  ponction,  était  tombée  à  36'',8  le  malin,  38  degrés  à 
trois  heures  et  37'',9  à  neuf  heures  du  soir,  remontait  à 
40  degrés.  Une  douleur  très  vive,  qui  se  faisait  sentir  au 
mollet  gauche,  marquait  le  début  d'une  phlébite  profonde 
qui  dura  plusieurs  jours  et  céda  à  la  compression  ouatée. 
Mais  l'état  général  ne  s'améliora  pas  et  le  3  avril  M.  Dieu- 
lafoy  fut,  sur  ma  demande,  appelé  en  consultation.  Notre 


58      —  NM  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  25  Janvier  1889 


Collègue  examina  M.  A...  avec  la  plus  minutieuse  attention. 
Il  constata  Texistence  d'un  épanchement  peu  abondant, 
mais  qui  paraissait  en  voie  de  reproduction.  Discutant 
ensuite,  avec  Tautorité  et  l'expérience  que  vous  lui  con- 
naissez, le  diagnostic  de  la  maladie,  M.  Dieulafoy  écarta 
ridée  d'un  hématome  de  la  plèvre  aussi  bien  que  celle  d'un 
cancer  et  affirma  l'existenc^  d'une  tuberculose  pleurale, 
celle-ci  se  trouvant  caractérisée  par  l'intensité  et  la  persis- 
tance du  mouvement  fébrile,  qui  rappelait  celui  de  la  fièvre 
hectique,  par  la  nature  du  liquide  louche,  fortement  san- 
guinolent et  déjà  même  purulent,  qui  avait  été  extrait  par 
la  ponction;  enfin  par  la  persistance  et  même  la  reproduc- 
tion du  liquide  après  la  thoracocentèse. 

Tout  devait  donc  faire  redouter  une  reproduction  de  plus 
en  plus  abondante  d'un  liquide  rapidement  purulent  et  la 
nécessité  de  ponctions  successives,  peut-être  même  de 
lavages  antiseptiques  de  la  plèvre. 

Cependant  ces  craintes  ne  se  réalisèrent  pas.  Sous  l'in- 
fluence d'un  traitement  essentiellement  reconstituant  et 
ioduré  joint  à  une  révulsion  permanente  et  énergique 
exercée  à  la  surface  du  thorax  du  côté  droit,  tous  les  acci- 
dents constatés  s'atténuèrent  progressivement  et  finirent  par 
céder.  La  fièvre  tomba  dès  le  20  avril  ;  l'épanchement 
diminua  et  disparut  peu  à  peu.  Les  forces  et  l'appétit  se 
relevèrent  en  même  temps.  Le  27  avril  le  malade  entrait  en 
convalescence.  Je  l'ai  revu  depuis  à  diverses  reprises.  H 
reste  guéri,  du  moins  en  apparence.  Je  n'oserais  affirmer 
cependant  qu'il  ne  puisse  un  jour  devenir  phthi- 
sique.  Je  n'ignore  pas  que  la  pleurésie  dont  il  a  été  atteint 
est  de  celles  où  mes  amis  Landouzy,  Kelsch  et  Vaillard 
trouveraient  sans  doute  des  bacilles  tuberculeux.  Ce  que  je 
tiens  à  faire  remarquer,  c'est  que  depuis  vingt  mois  la  santé 
de  M.  A...  est  restée,  qu'elle  est  encore  aujourd'hui  excel- 
lente, que  l'on  ne  peut  donc  confondre  la  pleurésie  hémor- 
rhagique  dont  il  a  été  atteint  avec  ces  pleurésies  manifeste- 
ment tuberculeuses  dont  l'épanchement  se  reprod.uit 
toujours^  ou  ne  cède  que  pour  laisser  évoluer  à  sa  place 
une  phthisie  granuleuse  aiguë.  Si,  comme  Ta  fait  remar- 
quer nôtre  collègue  K.  Moutard-Martin,  la  pleurésie  hémor- 
rhagique  ne  s'observe  guère  que  dans  la  tuberculose  miliaire 
aiguë,  la  pleurésie  dont  a  été  atteint  M.  A...  n'a  pas  été  une 
pleurésie  tuberculeuse.  D'ailleurs  et  comme  conclusion 
elle  a  guéri  après  une  seule  ponction. 

Le  fait  qu'il  me  reste  à  vous  communiquer  diffère  des 
deux  précédents.  Si  je  crois  devoir  le  rapprocher  de  ceux- 
ci,  c'est  pour  pouvoir  faire  ressortir  une  fois  de  plus  l'utilité 
des  révulsions  locales  dans  les  cas  où  la  thoracocentèse  est 
inefficace.  Voici  très  résumée  cette  dernière  observation  : 

Le  12  septembre  1882,  je  voyais  en  consultation  avecM.le 
docteur  Le  Baron  un  homme  de  trente-trois  ans,  primiti- 
vement vigoureux,  sans  antécédents  héréditaires  et  qui, 
depuis  plusieurs  semaines,  se  plaignait  de  toux,  d'oppres- 
sion, de  débilité  progressive.  Dès  les  [)remiers  jours  du  mois 
d'août,  M.  le  docteur  Le  Baron  avait  constaté  l'existence 
d'une  pleurésie  chronique  d'emblée  dont  l'évolution  avait 
été  lente  et  insidieuse.  Le  12  septembre,  au  moment  où  je 
vis  M.  B...,  il  était  pâle,  amaigri,  atteint  d'une  toux  inces- 
sante avec  dyspnée  extrême  et  expectoration  muco-purulente 
épaisse,  parfois  sanguinolente.  L'examçn  physique  révélait 
l'existence  d'un  épanchement  excessivement  mobile,  se 
déplaçant  aisément  quand  on  faisait  varier  la  position  du 
malade,  épanchement  qui  remontait  en  arrière  jusqu'au 
niveau  de  l'angle  de  l  omoplate,  et  qui  formait  autour  du 
thorax  une  ligne  à  peu  près  horizontale  dans  la  station 
assise.  Au  niveau  de  l'épanchement  on  n'entendait  ni 
murmure  vésiculaire,  ni  souffle,  ni  râle.  Au-dessus  la  res- 
piration était  puérile  et  au  sommet  du  poumon  on  perce- 
vait, surtout  en  arrière  dans  la  fosse  sus-épineuse,  de 
nombreux  râles  sous-crépitants  fins.  Il  s'agissait  bien  évi- 
demment d'une  pleurésie  ancienne,  ayant  évolué  lentement. 


sourdement,   n'ayant   donné    naissance    à  aucune  fausse 
membrane  pouvant  limiter  l'épanchement. 

L'état  cachectique  du  sujet,  non  moins  que  les  signes 
physiques  perçus  au  sommet  du  poumon,  pouvaient  faire 
penser  à  une  pleurésie  tuberculeuse.  L'indication  paraissait 
être  d'évacuer  le  plus  vite  possible  le  liquide  collecté  dans 
la  plèvre,  sauf  à  pratiquer  rempyèroe  si,  comme  nous  le 
pensions  M.  le  docteur  Le  Baron  et  moi,  l'épanchement 
était  purulent.  La  thoracocentèse  fut  donc  pratiquée  le 
13  septembre.  Faite  dans  le  sixième  espace  intercostal,  la 
ponction  donna  issue  à  environ  un  demi-litre  de  sang 
presque  pur  qui  s'écoula  assez  bien  au  début,  mais  qui,  se 
coagulant  rapidement  dans  la  canule  du  trocart,  s  arrêta 
spontanément  au  bout  de  quelques  minutes  et  nécessita  à 
plusieurs  reprises  une  intervention  destinée  à  déboucher 
celle-ci.  L'opération  fut  interrompue  après  plusieurs  tenta- 
tives faites  dans  ce  sens.  Le  malade  parut  soulagé  pendant 
quelques  jours;  mais  Tépanchement  s'étant  reproduit,  une 
deuxième  thoracocentèse  fut  pratiquée  le  19  septembre. 
Cette  fois  encore  ce  fut  un  liquide  très  fortement  teinte  de 
rouge  qui  s'écoula  d'abord,  puis,  se  coagulant  dans  la  canule 
du  trocart,  détermina  l'aplatissement  du  tube  de  l'appareil 
et  l'impossibilité  de  continuer  l'opération.  Le  19  septembre, 
je  ne  parvins  à  extraire  que  300  grammes  de  liquide. 

Je  conseillai  dès  lors  l'application  de  deux  cautères  à  la 
base  du  thorax  et  un  traitement  essentiellement  reconsti- 
tuant dont  l'extrait  de  quinquina  et  l'alcool  furent  la  base. 
M.  le  docteur  Le  Baron  voulut  bien  accepter  cette  médi- 
cation, qui  donna  les  meilleurs  résultats.  Dix  jours  après 
l'application  de  ces  deux  cautères,  toute  trace  de  liquide 
avait  disparu  et  le  malade  entrait  en  convalesnce.  Le 
30  novembre  1882,  il  pouvait  être  considéré  comme  défini- 
tivement guéri.  Je  l'ai  revu  à  diverses  reprises  depuis  six 
ans.  La  guérison  s'est  maintenue  et  l'exploration  la  plus 
attentive  ne  saurait  retrouver  les  traces  de  la  maladie  dont 
il  a  été  atteint. 

Dans  ce  dernier  cas  l'origine  de  l'hémorrhagie  et  les 
conditions  qui  lui  ont  donné  naissance  restent  difficiles  à 
préciser.  L'extrême  mobilité  du  liquide  prouvait  que  celui- 
ci  n'était  pas,  comme  chez  d'autres  malades,  bridé  par  des 
fausses  membranes  épaisses  et  résistantes.  D'autre  part  il 
semble  bien  démontré  que  la  maladie  n'était  due  ni  a  la 
tuberculose,  ni  à  un  cancer  de  la  plèvre.  Il  s'agissait  donc 
très  probablement  d'une  pachy-pleurite  dans  laquelle  des 
néo-membranes  fibrineuses  très  vasculaires  mais  non 
susceptibles  de  s'organiser  avaient  donné  naissance  à  une 
hémorrhagie  relativement  abondante.  La  seule  conclusion 
que  je  prétende  tirer  de  cette  observation  est  relative  à  j'in- 
fluence  du  traitement.  Ici  encore  la  thoracocentèse,  aidée 
d'une  révulsion  énergique,  a  très  rapidement  remédié  à  des 
accidents  qui,  sans  cette  intervention,  eussent  été  sans  doute 
rapidement  mortels. 

Ainsi  donc,  si  l'on  élimine  les  cas  dans  lesquels  Tépan- 
chement  sanguinolent  de  la  plèvre  est  dû  à  une  maladie 
infectieuse  grave  comme  les  fièvres  rémittentes  bilieuses, 
les  ictères  typhoïdes,  le  scorbut,  etc.,  et  dépend  dès  lors 
d'un  état  de  dénutrition  profonde  de  l'organisme  (1);  si  Ton 
songe  que  le  cancer  de  la  plèvre  est  relativement  rare  et  se 
reconnaît  d'ailleurs  assez  facilement;  si  l'on  admet,  comme 
l'a  démontré  R.  Moutard-Martin,  que  la  phthisie  chronique 
ne  donne  presque  jamais  naissance  qu'à  des  pleurésies 
sèches  ou  séro-fibrineuses,  il  faudra  conclure  que,  'dans 
l'immense  majorité  des  cas,  la  nature  hémorrhagique  d'un 
épanchement  pleural  n'aggrave  en  rien  le  pronostic  de  la 
maladie.  Et  si  l'on  objectait  que,  dans  tous  les  cas,  l'examen 
histologique  de  la  plèvre  y  démontre  l'existence  de  baeilles 
spécifiques,  on  pourrait  répondre  que  la  clinique  a  toujours 

(1)  Voyez  à  ce  sujo.l  rintéressant  travail  de  mon  ami  M.  lo  docUMir  Soivl  : 
Observations  de  iilcurésios  héniorrhagiqucs  {Archives  de  médecine  et  de  phar- 
macie militaires,  1885,  p.  i). 


i5  Janvier  i889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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distingué,  et  qu'elle  doit  persister  à  séparer  les  pleurésies 
tuberculeuses  vraies  de  ces  pleurésies  histologiquement 
tuberculeuses  qui  guérissent  après  une  seule  ponction  sans 
que  le  sujet  {qui  en  a  été  atteint  devienne  jamais  un 
phthisique. 


CORRESPONDANCE 

AU    COMITÉ    DE    HÉDACTION    DE    LA     €    GAZETTE    HEBDOMADAIRE   3 

OfeservAtioBS   anr   la  preparatlAn  da  chloroforme 
destiné  h  l'aneatli^ftil«. 

Dans  une  note  publiée  en  1883  dans  le  Journal  de  phnr- 
macie  et  de  chimie^  M.  Ilegnauld  classait  la  question  du  chlo- 
roforme parmi  les  types  chroniques  et  périodiques.  Celte  dassifi- 
calion  est  légitimée  par  la  note  aue  M.  Marty  vient  de  faire 
yaLTaîlre  dans  les  A  rchives  de  médecine  et  de  pharmacie  mili- 
iniTe%  d'octobre  1888,  et  par  cet  article  rédigé  depuis  près 
d'une  année  et  dont  diverses  circonstances  ont  retardé  la  pu- 
blicMtiott. 

In  chirurgien  des  hôpitaux  de  Paris  me  conOa,  il  y  a  quelque 
iompsj  un  échantillon  de  chloroforme  pour  être  essayé.  Le 
llacon  bleu  foncé  qui  le  contenait  était  bouché  à  Témeri  et 
cacheté,  sa  contenance  était  environ  de  60  centimètres  cubes  : 

1*  (Quelques  grammes  furent  versés  sur  une  feuille  de  papier 
Berzelius  pliée  en  quatre.  Au  début  de  1  evaporation,  1  oaeur 
«Hait  piquante  et  forte;  lorsqu'elle  touchait  à  son  terme,  on  per- 
cerait une  odeur  nauséeuse  de  vieux  fromage  qui  persistait 
sur  le  papier  lorsqu'il  était  sec. 

:^*  Le  papier  de  tournesol  était  fortement  rougi;  on  obte- 
nait un  précipité  blanc  volumineux  par  le  nitrate  d'argent  ; 
lorsqu'on  approchait  un  agitateur  imprégné  d'ammoniaque  on 
obleuait  des  fumées  abondantes  de  chlorhydrate  d'ammoniaque. 
Le  ciiloroforme  suspect  contenait  donc  de  l'acide  chlorhydrique 
et  des  dérivés  chlorés  provenant  d'une  dév:omposition  partielle 
ou  d'une  purification  mal  faite. 

3*  «/essai  à  l'hydrate  de  potasse  pour  la  recherche  de  l'aldé- 
hyde donna  une  épreuve  négative. 

A"  L'acide  sulfurique  pur  ne  se  colora  pas  sensiblement  ;  les 
matières  organiques  avaient  été  éliminées. 

r>"  Le  chloroforme  prenait  avec  la  fuchsine  une  coloration  brun 
marron  due  à  l'action  dos  dérivés  chlorés  sur  la  matière  colorante. 

Ce  chloroforme  soumis  à  ces  quelques  essais  était  donc  im- 
propre h  l'anesthésie  et  pouvait  amener  des  désordres  graves  ; 
casi  pourquoi  j'ai  cru  devoir  signaler  ces  quelque  réactions 
indiquées  par  M.  Regnauld  et  admises  par  le  Coucx.  J'en  pro- 
titerai  pour  faire  quelques  remarques  sur  les  caractères  de 
pureté  et  sur  la  purification  admise  par  la  pharmacopée  fran- 
çaise. 

Il  ne  faudrait  pas  en  effet  prendre  à  la  lettre  certaines 
rraetions  que  donne  le  Codex.  Je  ne  citerai  comme  exemple  que 
/a  réaction  suivante  :  Le  chloroforme  doit  rester  absolument 
transparent  et  incolore  au  contact  d'un  cristal  de  fuchsine. 

Pourquoi  le  Codex  de  1884  s'exprime*t-il  ainsi  lorsque  M.  Ile- 
gnauld, en  avril  188:2,  dans  le  Journal  de  pharmacie  et  de 
chimiey  écrivait  ce  qui  suit  :  c  Le  chloroforme  pur  distillé  sur 
du  sodium  se  colore  faiblement  lorsqu^on  l'agite  avec  les  sels 
de  rosaniline  et  semble  les  dissoudre,  la  filtration  dissipe  cette 
illusion  et  montre  que  la  coloration  temporaire  du  liquide  ne 
dépend  pas  de  la  solubilité  des  sels,  mais  de  leur  suspension 
à  nn  état  de  division  extrême  dans  le  chloroforme  essayé.  > 

Si  "on  voulait  indiquer  ce  réactif,  il  fallait,  croyons-nous, 
signaler  les  causes  d'erreur  aux({uelles  on  s'exposait  en  l'em- 
ployant et  le  Codex  en  le  citant  comme  critérium  aurait  dû 
montrer  qu'il  n'était  valable  qu'après  (iltrations  répétées.  Sup- 
posons, en  effet,  que  le  chirurgien,  confiant  dans  cette  réaction 


facile,  soit  porteur  d'un  cristal  de  fuchsine,  et  qu'avant  d'em- 

filoyer  le  chloroforme,  il  fasse  la  réaction  avec  le  sel  de  rosani- 
inê.  Il  est  évident  qu  il  rejetterait  un  produit  qui  pourrait  être 
très  bon  pour  Tanesthésie. 

Si  cette  réaction  est  inûdèle,  par  contre  celles  que  fait  pré- 
céder le  Codex  sont  d'une  exactitude  irréprochable  ;  certains 
ehlorofonnes  n'y  répondent  pas  et  l'acide  sulfurique  pur  accuse 
souvent  des  matières  Organiques.  J'ai  cru  d'abord  qiië  cette 
coloration  pouvait  être  due  à  1  alcool  qu'on  ajoute  généralement 


au  chloroforme  pour  le  conserver  ;  mais,  après  avoir  additionnoé 
un  choroforroe  dépourvu  de  matières  organiques  de  30  pour 
1000  d'alcool  absolu  je  n'ai  obtenu,  qu'une  coloration  à  peine 
sensible  par  l'acide  sulfurique  monohydraté.  Or  comme  beau- 
coup de  chloroformes  noircissent  fortement  l'acide  au  bout  de 
trois  ou  quatre  jours,  il  faut  attribuer  cette  réaction  à  une  puri- 
fication mal  faite.  On  peut  cependant  obtenir  un  chloroforme  pur 
en  rectifiant  celui  du  commerce  et  surtout  en  modifiant  cer- 
tains points  du  Codex. 

On  prend  cinq  flacons  de  verre  jaune  bouché  à  l'émeri  et  de 
contenance  de  1500  centimètres  cubes  par  exemple,  et  un  autre 
de  2500  centimètres  cubes.  Dans  ce  dernier  on  verse 
1500  grammes  xie  chloroforme  avec  son  volume  d'eau  distillée, 
on  agite  souvent  dans  la  journée  et  après  quelques  jours  de 
contact  on  change  l'eau  au  moyen  d'un  appareil  à  déplacement. 
On  fait  trois  lavages  semblables. 

Le  chloroforme  est  alors  changé  de  flacon  ;  on  l'additionne  ^un 
tiers  de  son  volume  d'acide  sulfurique  monohydraté  ;  on  agite 
souvent  et  énergiquementdans  la  journée  de  façon  à  permettre  le 
contact  le  plus  immédiat  entre  les  molécules  de  chloroforme  et 
d'acide  sulfurique. 

Au  bout  de  huit  jours  l'acide  est  enlevé,  le  chloroforme  est 
versé  dans  le  flacon  de  deuxième  rectification  avec  une  nou- 
velle quantité  d'acide  sulfurique;  si  ce  dernier  se  colore  encore, 
on  recommence  un  troisième  traitement  dans  un  troisième  flacon 
et  avec  une  nouvelle  quantité  d'acide  sulfurique.  Le  chloroforme 
est  alors  placé  avec  3  pour  100  d'une  lessive  de  soude  ainsi 
préparée  : 

Soude  à  l'alcool 1  partie. 

Eau  distillée 1  partie. 

On  laisse  en  contact  en  agitant  de  temps  en  temps.  Lorsqu'il 
est  nécessaire  de  se  procurer  du  chloroforme  pur,  en  termine 
l'opération  rapidement  et  de  la  façon  suivante  :  On  brasse  for- 
tement et  à  plusieurs  reprises  avec  5  pour  100  d'huile  d'œillette. 
Le  savon  qui  se  forme  peut  être  séparé  en  grande  partie  de  la 
façon  suivante  :  on  place  la  liqueur  chloroformique  dans  l'appa- 
reil à  déplacement  et  après  un  instant  de  repos  on  laisse  s'é- 
couler. Le  chloroforme  part  et  une  grande  partie  du  savon 
adhère  aux  parois  de  l'appareil.  On  distille  alors  au  bain-marie 
en  ayant  soin  d'employer  une  cornue  et  un  ballon  en  verre 
jaune.  Le  produit  distillé  est  mis  en  contact  avec  5  pour  100  de 
chlorure  ae  calcium  fondu  et  concassé.  On  filtre,  on  distille 
au  bain-marie  entre  60<',6  et  61  de&^rés  en  ayant  soin  de  mettre 
de  côté  le  premier  et  le  dernier  dixième.  Ces  deux  dixièmes 
sont  réunis  et  jetés  sur  l'acide  sulfurique  pour  une  opération 
subséquente.  II  est  préférable  d'employer  un  ballon  et  une 
cornue  pour  chaque  distillation. 

Le  produit  obtenu  placé  en  tubes  jaunes  et  scellé,  d'une  conte- 
nance de  50  grammes,  donne  les  plus  grandes  garanties  pour 
l'anesthésie.  11  répond  à  toutes  les  réactions  du  Codex  et  se 
conserve  parfaitement  sans  avoir  recours  à  l'alcool  éthyltque, 
surtout  lorsqu'on  a  soin  de  le  tenir  à  la  température  presque 
constante  de  la  cave  et  à  l'abri  de  la  lumière. 

En  résumé,  j'ai  cru  qu'il  était  bon  de  faire  ressortir  : 

1"  L'impureté  de  certains  chloroformes  dont  les  plus  com- 
munes sont  décelées  par  l'acide  sulfurique  (matières  organi- 
ques) et  d'autres  par  le  nitrate  d'argent  (acide  chlorhydrique  et 
composés  chlorés)  ; 

2*  La  simplicité  et  la  facilité  pour  tout  pharmacien  de  se  pro- 
curer un  chloroforme  chimiquement  pur  en  échelonnant  la  puri- 
fication dans  des  flacons  spéciaux  ; 

3<>  Sa  parfaite  conservation  en  le  plaçant  en  tubes  scellés, 
jaunes,  remplis  le  plus  possible,  en  le  maintenant  à  l'abri  de 
l'air,  de  la  lumière,  des  matières  organiques  et  à  une  tempéra- 
ture sensiblement  constante. 

DUMOUTHlEilS. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Académie  des  aclenees. 

SÉANCE   DU   14  JANVIER   1889. 

Recherches  sur  le  diabète  expérimental,  par  MM.  G. 
Sée  et  Gley.  —  Les  auteurs  rappellent  d'abord  les  expé- 
riences qu'ils  avaient  faites  en  1888  et  communiquées  à  la 


60    —  N*  4 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  25  Janvier  1889 


Sociélc  de  biologie.  Ces  expériences  {Gazette  hebdoma- 
daire^ 1888,  p.  109)  montraient  que  Texcitalion  du  bout 
centrai  du  nerf  pneumogastrique  détermine  de  l'azoturie 
et  que  Fadministration  de  la  pbloridzine  provoque  le  dia- 
bète. 

Restait  à  savoir  si  celte  glycosurie  ne  s'accompagne  pas 
d'autres  troubles.  Or  Tanimal  que  l'on  soumet  à  l'action 
de  la  pbloridzine  devient  très  vorace  et,  s'il  n'est  pas  sur- 
alimenté, il  maigrit  rapidement.  Cette  glycosurie  s'accom- 
pagne donc,  dans  une  certaine  mesure,  de  polyphagie. 

Abstraction  faite  de  la  présence  du  glucose,  la  compo- 
sition générale  des  urines  ne  varie  guère,  du  moins  au 
point  de  vue  de  la  teneur  en  urée  et  en  azote  total  ; 
pourtant  le  rapport  entre  ce  dernier  (dosé  par  le  procédé 
légèrement  modifié  de  Kjeldahl)  et  l'urée  nous  a  paru 
s'abaisser  un  peu. 

Etudiant  ensuite  l'influence  du  traitement,  MM.  G.  Sée 
et  Gley  sont  arrivés  aux  conclusions  suivantes  : 

Les  deux  modes  de  traitement  par  le  bicarbonate  de 
soude  et  par  Yarsenic  se  sont  montrés  inefficaces.  L'admi- 
nistration du  bromure  de  potassium  a  amené,  au  contraire, 
une  légère  diminution  du  glucose. 

Une  atténuation  plus  marquée  de  cette  glycosurie  a  été 
obtenue  au  moyen  de  Vantipyrine. 

Etant  donnée  l'action  générale  de  Fantipyrine  qui  diminue 
l'excitabilité  du  système  nerveux,  ne  peut-on  se  demander, 
à  propos  de  ces  recherches,  si  le  diabète  ne  tiendrait  pas 
plutôt  à  une  exagération  qu'à  un  ralentissement  de  la  nu- 
Irition  ? 

Mode  de  diffusion  des  courants  voltaïques  dans  l'or- 
ganisme HUMAIN.  Résistance  des  tissus,  par  M.  le  docteur 
Danion.  —  L'auteur,  après  une  série  d'expériences  variées, 
est  arrivé  aux  conclusions  suivantes:  1*  En  dehors  de  la 

f)eau  et  des  os,  tes  divers  tissus  ou  matières  constitutives  de 
'organisme,  ont  pratiquement  la  même  conductibilité 
électrique.  Celle  des  os,  la  seule  qui  intéresse  ladifl'usion 
des  courants,  est  sensiblement  inférieuredesdeux  cinquièmes 
à  celle  des  autres  tissus  hypodermiques. 

^^  L'étude  expérimentale  de  la  diffusion  des  courants 
voltaïques  faite  dans  des  masses  liquides  homogènes 
montre: 

a.  Que  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  les  intensités 
di (fuses  intrapolaires  ou  cxtrapolaires  ont  la  même 
valeur; 

6.  Que  les  intensités  diffusées  sur  une  circonférence  de 
35  centimètres  de  diamètre,  lorsque  le  courant  principal  est 
amené  par  les  extrémités  d'un  des  diamètres,  sont  prati- 
quement presque  égales  à  celles  du  centre,  la  différence 
n'étant  que  du  seizième  environ  ; 

c.  Que  l'intensité  des  courants  extrapolaires  devient 
supérieure  à  celle  des  courants  intrapolaires  lorsque  les 
électrodes  se  rapprochent  de  plus  en  plus  sur  cette  circon- 
férence; 

d.  Qu'au  fur  et  à  mesure  que  les  électrodes  sont  rappro- 
chées l'une  de  l'autre,  le  champ  de  la  diffusion  se  restreint 
de  manière  à  rendre  cette  diffusion  négligeable. 

3"*  L'étude  de  la  diffusion  faite  en  substituant  les  unes 
aux  autres  des  électrodes  de  dimensions  variées  montre, 
contrairement  aux  notions  professées  universellement,  que 
le  choix  et  la  combinaison  d'électrodes  de  diverses  dimen- 
sions ne  modifie  qu'insensiblement  les  effets  de  l'électri- 
sation  hypodermique  même  peu  profonde  et  qu'il  y  a  par 
suite  avantage  pour  plusieurs  raisons,  à  se  servir  dans  la 
pratique  de  larges  électrodes,  lorsqu'on  ne  vise  pas  d'efl"ets 
superficiels. 

i"  Les  expériences  faites  sur  les  animaux  et  sur 
Vhomme  confirment  les  expériences  pratiquées  sur  des 
masses  liquides  homogènes,  tout  en  montrant  Vextrème 
diffusion    des    courants    voltaiquesy  et    les  déductions 


auxquelles  donnent  lieu  ces  expériences  sont  applicables 
à  l^électrisation  de  Vorganisme. 

5"^  Les  os  qui  seuls  intéressent  la  diffusion  des  courants, 
sont  une  cause  d'augmentation  de  résistance  d'autant  plus 
grande,  qu'ils  sont  plus  superficiels.  Cette  augmentation  se 
produit  surtout  lorsqu'ils  sont  placés  transversalement, 
mais  leur  présence  ne  modifie  pas  sensiblement  le  mode  de 
diffusion.  Cependant,  le  cerveau,  et  principalement  la 
moelle  épinière,  sont  protégés,  dans  une  assez  notable  pro- 
portion, par  leur  enveloppe  osseuse  contre  la  diffusion  des 
courants,  et  c'est  une  circonstance  oui  doit  être  prise  en 
considération  dans  les  applications  ae  l'électricité  au  trai- 
tement des  affections  de  la  moelle  épinière. 

Sur  la  virulence  des  parasites  du  choléra,  par 
M.  Hueppe.  —  En  réponse  aux  travaux  récemment  publiés 
par  MM.  Gamalela  et  Lœwenlhal,  l'auteur  rappelle  que 
dans  le  Congrès  de  médecine  interne  tenu  le  10  avril 
1888  à  Wiesbaden,  et  auquel  M.  Lœwenthal  était  présent, 
il  a  montré  le  premier  les  variations  de  virulence  du 
bacille  cholérique  dans  les  cultures,  et  que,  après  avoir 
cherché  contre  lui  des  moyens  thérapeutiques  à  indication 
causale,  il  avait  déià  donné  la  première  place,  au  double 
point  de  vue  physiologique  et  pnarmacologique,  au  tribro- 
mophénol,  au  salicylate  de  bismuth  et  au  saloL  Sahli  avait 
déjà  d'ailleurs  préconisé  le  salol. 

Depuis,  dans  un  article  antérieur  aux  communications 
de  MM.  Gamaleîa  et  Lœwenlhal,  et  qui  a  paru  dans  le 
Centralbtatt  filr  Bakteriotogie  (t.  V,  p.  80),  l'auteur  a 
montré  qu'une  simple  culture  de  bacilles  cholériques  peu 
ou  point  virulents  dans  un  milieu  convenable  où  ils  mènent 
une  vie  anaérobie,  par  exemple  dans  l'albumine  d'un  œuf, 
donne  au  liquide  de  culture  des  qualités  toxiques  qu'il 
ne  prend  pas,  ou  ne  prend  qu'au  bout  d'un  temps  très  long 
dans  les  cultures  sur  milieux  ordinaires,  à  vie  aérobie. 
C'est  ainsi  au'une  culture  de  quarante-huit  heures  dans 
l'albumine  d  un  œuf  devient  assez  toxique  pour  tuer  deux 
cochons  d'Inde  sur  trois  et  rendre  le  dernier  très  malade, 
alors  que  quatre  semaines  de  culture  aérobie  dans  du 
bouillon  ne  donnent  qu'un  liquide  à  peine  virulent. 

M.  Hueppe  attribue  ces  résultats  à  ce  que,  dans  la  cul- 
ture anaérobie,  les  ptomalnes  et  produits  basiques  résul- 
tant de  la  disloca-tion  de  la  matière  albuminolde  ne  sont 
as  ultérieurement  détruits,  tandis  qu'ils  sont  oxydés  dans 
a  vie  aérobie.  C'est  une  analogie  avec  la  production  des 
acides  gras  volatils  dans  la  fermentation  des  hydrates  de 
carbone. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  idée,  on  peut  se  demander  si 
ce  ne  serait  pas  dans  le  mode  particulier  de  vie  anaérobie 
que  MM.  Gamaleîa  et  Lœwenthal  imposent  à  leur  microbe, 
l'un  dans  le  corps  du  pigeon,  l'autre  dans  la  pâte  gardi'e 
en  profondeur  dans  une  éprouvette,  que  gît  le  secret  des 
variations  de  virulence  observées. 


c 


Académie  de  médecine. 

SÉANCE   DU   22  JANVIER   1889.   —  PRÉSIDENCE 
DE   M.    MAURICE   PERRIN. 

MM.  les  doc  leurs  Garrigou  (de  Toulouse)  et  Guermoupre»  (de  LiUo)  se  portent 
candidats  au  titre  do  correspondant  national. 

M.  le   docteur  Nodet   (de  Chanibon-Fougorollcs,   Loire)  cntoie  un  RepP<'^^ 
manuscrit  sur  Ut  vaceinationt  qu'il  a  pratiquées  en  1888. 

M.  lo  docteur  G.   André  adresse    un  Rapport  manuscrit  sur  Ut  épidémies  a 
Toulouse  en  1888. 

M.  le  docteur  Penant  cnvtie  un   Rapport  manuscrit  sur   une  épidémie  « 
varioU  en  IS-iS  à  Vcrvins  (.^isnc). 

M.  le  docteur  CalUat  adresse  une  brochure  sur  Vimportanee  de  l'hygiène  a<»«' 
la  tubercHlote.  .    -j    if 

}ll.  Dujardin-Beaumet»  prê&entc:   1«  an  nom  de   M.  le  éocieur  Bidard ^^ 
Dunifront,  Orne),  une  brochure  sur  l'importance  extrême  det  revaccinations  fr - 
flU<;Mt«;2«  de  la  part  de  M.  le  docteur  Moncorvo  (de  Rio-de-Jaoeiro),  uuc  » 
churc  sur  la  vaUur  det  injectiont  de  caféine  dant  Ut  thérapeutique  tufani 


â5  Janvier  18S9 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIUURGIE 


N»  4  ~    61 


Il  offre,  en  outre,  les  mémoires  qu'il  vient  de  publier  sur  les  hôpitaux  et  Vemei- 
mmene  médical  en  Ruitie, 

M.  Bourgûin  dépose  un  mëmoire  manuscrit  de  BIM.  Chaataing  et  Barillot  sur 
e4  faUificatUnis  du  lait  dans  Pari*. 

M.  Wou  Colin  présente  la  2«  édition  des  Nouveaux  élément*  d'hygiène  do  M.  le 
professeur  J,  Arnould  et  la  thèse  inaugurale  do  M.  le  docloor  Emile  Arnould  sur 
te  fièvre  typhoïde  dam  la  première  région  du  eorp*  d* année;  étiologie  ancienne 
et  étiologie  nouvelle. 

M.  ComU  offre  fon  Rapport,  fait  au  Sénat,  sur  Vutilitation  a§ric4}le  de*  eaux 
dégoût  de  Pari*  et  l'auainittement  de  la  Seine, 

M  Gueneau  de  Muuy  présente  deux  brochurcâ  de  M.  le  docteur  Lécuyer  (de 
Beaurieux,  Aisne)  sur  Va*9i*tance  médicale  dan*  le*  campagne*  et  sur  l'étiologie 
et  la  transmission  de  U  fièvre  typhaUde. 

Commission.  —  La  Commission  d'examen  des  candida- 
tures au  titre  d'associé  national  ou  étranger  est  composée 
de  MM.  Roger^  Hérardy  Larrey,  Léon  Le  Fort,  Leblanc, 
GoubauXy  Caventou  et  Gariel. 

Eaux  minérales.  —  M.  A.  Robin  donne  lecture  d'un 
rapport  favorable  pour  les  eaux  concentrées  de  Châtel- 
Gwyon  el  défavorable  pour  la  source,  dite  source  du  Volcan, 
à  Xizac  (Ardèche).  —  Les  conclusions  de  ces  rapports  sont 
adoptées  par  l'Académie. 

Épidémies.  —  M.  A.  OlUvier  lit  des  fragments  du  Rapport 
pnéral  dans  lequel  il  analyse  les  communications  envoyées 
à  J*Académie  sur  un  certain  nombre  d'épidémies  observées 
en  France  pendant  l'année  1887.  Ces  diverses  communi- 
cations lui  permettent  de  témoigner  du  zèle  que  déploie  le 
corps  médical  sur  les  divers  points  du  territoire  et  des  succès 
qa'il  obtient  lorsijue  les  populations  et  l'administration  se 
prêtent  à  l'exécution  de  ses  conseils.  A  ce  propos,  M.  OUivier 
passe  en  revue  un  grand  nombre  de  faits  qui  montrent, 
d'une  part,  les  progrès  que  les  doctrines  de  l'hygiène  ont 
faits  depuis  quelques  années  et,  d'autre  part,  la  nécessité 
de  l'organisation  de  nos  services  sanitaires  et  de  la  réforme 
de  la  législation  à  ce  point  de  vue. 

Strophantus.  —  La  discussion  sur  l'emploi  du  stro- 
phantus  dans  les  maladies  du  cœur  est  reprise  par 
M.  Germain  Sée,  qui  achève  sa  communication  commencée 
à  la  dernière  séance.  Pour  lui,  les  principes  essentiels,  à 
savoir  les  alcaloïdes  et  les  glycosides,  ont  une  supériorité 
incontestable,    au    point   de  vue  thérapeutique,  sur  les 

Î liantes,  la  quinine  sur  le  auinquina,  la  morphine  sur 
'opium,  l'atropine  surlesbellaaonées,ladigitaline  surtoutes 
les  préparations  de  digitale,  la  strophanfine  sur  le  stro- 
phantus,  l'oléandrine,  espèce  de  digitaléine,  et  la  néréine, 
sorte  de  digitaline,  sur  le  laurier-rose.  La  plante  n'est 
jamais  alors  qu'un  mélange  informe  et  dangereusement 
variable,  tandis  que  Falcalolde  constitue  un  principe  essen- 
tiel fixe  et  chimiquement  défini.  D'ailleurs,avant  d'apprécier 
ia  valeur  curative  des  médicaments  employés  dans  les  mala- 
dies du  cœur,  il  importe  de  savoir  que  beaucoup  de  ces 
affections  peuvent  se  passer  pendant  de  longues  années 
€  sinon  du  médecin,  du  moins  des  drogues  ».  Tels  sont 
l'insufGsance  aortiaue  chez  les  ieunes  gens,  le  rétrécisse- 
ment mitral  chez  les  jeunes  filles  chlorotiques  et  chez  les 
femmes,  si  bien  qu'il  y  a  lieu  de  se  montrer  très  réservé 
dans  l'appréciation  des  effets  constatés. 

Après  avoir  rappelé  la  série  clinique  qu'il  a  établie  pour  les 
affections  cardiaques,  M.  Germain  Sée  propose  une  nouvelle 
classitication  des  médicaments  applicables  à  ces  maladies, 
qu'il  divise  en  trois  groupes:  1*"  médicaments  respiratoires 
ou  antidyspnéiques:  iodure  de  potassium,  atropine,  pyridinc 
et  crytbrophléine  ;  â"*  médicaments  toni-canfiaoucs  : 
spartéine,  strophantine,  digitale  et  digitaline,  convallaria 
maialis,  convallamarine  et  sels  de  potasse;  3"*  médicaments 
diurétiques  proprement  dits:  lait,  adonis  vernalis,  caféine, 
calomel  et  strophantus;  à  ces  médicaments  véritablement 
cardiaques,  il  faut  ajouter:  1"*  les  excitants  vasculaires,  dont 
certains  principes  de  l'ergot  de  seigle  représentent  le  type  le 
plus  net  ;  2'  les  dépresseurs  vaso-moteurs,  (jui  sont  repré- 
sentés à  des  titres  divers  par  le  chloral  et  le  nitrate  d'amyle  ; 


S'*  les  sédatifs  terminent  la  série;  c'est  le  bromure  de 
potassium  qui  finit,  après  avoir  calmé  le  système  nerveux 
général  plutôt  que  le  cœur,  par  déterminer-une  véritable 
prostration  du  cœur;  4°  c'est  Tantipyrine  qui  supprime 
toutes  les  douleurs  directes,  toutes  les  cardialgies,  sans 
produire  la  moindre  altération  du  sang,  sans  déterminer  la 
moindre  modification  du  cœur,  ni  de  la  pression  sanguine. 
M.  Oujardin-Beaumetz  fait  aussi  remarquer  quels 
inconvénients  présente  l'application  de  la  statistique  à  la 
thérapeutique,  alors  qu'il  s'agit  d'affections  telles  que  les 
maladies  du  cœur,  où  Tâge  du  malade  et  la  période  de  la 
maladie  ont  des  conséquences  si  prédominantes.  En  ce  qui 
concerne  l'emploi  des  alcaloïdes,  il  croit  que  dans  la  classe 
des  diurétiques  du  cœur,  les  plantes  dont  ils  sont  tirés, 
fournissent  de  meilleurs  résultats.  L'oléandrine  est  un 
produit  impur  qui  n'a  pas  encore  été  assez  étudié  pour  qu'on 
puisse  se  faire  une  opinion  exacte  sur  ses  effets.  Il  reconnaît 
d'ailleurs  que  pour  la  strophantine,  ce  médicament  nécessite 
de  nouvelles  études,  depuis  que  M.  Arnaud  l'obtient  sous  la 
forme  d'un  alcaloïde  cristallisé  nettement  défini. 

M.  Germain  Sée  partage  l'opinion  de  M.  Dujardin-Beau- 
metz,  pour  ce  qui  est  de  la  statistique  des  médications  appli- 
quées aux  affections  cardiaques.  Il  persiste,  par  contre,  à 
penser  que  les  alcaloïdes  et  les  glycosides  produisent  des 
effets  supérieurs  à  ceux  que  produisent  les  plantes  dont  ils 
sont  extraits. 

Depuis  un  an  M.  CéOnstantin  Paul  emploie  le  strophan- 
tus, d'abord  en  teinture  au  dixième,  puis  sous  forme  de 
pilules  renfermant  un  milligramme  d'extrait  de  stro- 
phantus ou  des  pilules  contenant  un  dixième  de  milli- 
gramme de  strophantine,  les  unes  et  les  autres  à  la  dose 
moyenne  de  deux  ou  trois  pilules  par  jour.  L'extrait  de 
strophantus  lui  paraît  être  beaucoup  plus  actif  el  d'un  effet 
plus  régulier.  II  conclut  de  sa  pratique  que  le  strophantus 
est  un  diurétique;  moins  puissant  que  la  digitale,  mais  plus 
rapide,  il  exerce  une  certaine  action  tonique  sur  le  cœur  et 
n'en  a  presque  pas  sur  la  fréquence  du  pouls;  c'est  donc 
un  médicament  peut-être  plus  rénal  fjue  cardiaque.  C'est 
dans  les  maladies  valvulaires  des  orifices  auriculo-ventri- 
culaires,  lorsqu'elles  sont  arrivées  à  la  période  de  l'hydro- 
pisies,  qu'il  rend  le  plus  de  services. 

Transport  des  blessés.  —  M.  le  docteur  P.  Bouloumié 
présente  divers  modèles  d'aménagements,  improvisés, 
de  wagons  à  marchandises  pour  le  transport  des  blessés,  à 
l'aide  de  matériaux  qu'on  peut  toujours  avoir  à  sa  dispo- 
sition. 

—  L'Académie  se  forme  en  comité  secret,  afin  d'entendre 
la  lecture  d'un  rapport  de  H.  Charpentier  sur  les  candidats 
à  la  place  déclarée  vacante  dans  la  section  d'accouche- 
ments. La  liste  de  présentation  est  établie  ainsi  qu'il  suit: 
1*  M.  Budin,  â''  M.  Pinard,  3**  ex  œguo  et  par  ordre  alpha- 
bétique, MM.  Doléris,  Porak,  Ribemont-Dessaignes  et 
Verrier. 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  29  janvier  est  établi 
comme  il  suit  :  I.  Election  d'un  membre  titulaire  dans  la 
section  d'accouchements.  —  II.  Suite  de  la  discussion  sur  le 
strophantus;  inscrits:  MM.  Bucquoy,  Lahorde.  — III.  Com- 
munication deM.  Cornil,  sur  des  expériences  relatives  au 
traitement  du  choléra.  —  IV.  Communication  de  M.  Lan- 
cereaux  sur  les  poêles  mobiles.  —  V.  Lectures  de  MM.  Char- 
les Henry,  sur  la  dynamogénie  el  l'inhibition;  R.  Blaclie, 
sur  l'exécution  de  la  loi  Roussel  dans  le  département  de  la 
Seine;  Terrillon,  sur  la  néphrorraçhie  ;  Lavaux,  sur  l'élec- 
trolyse  linéaire  appliquée  au  traitement  des  rétrécisse- 
ments de  l'urèthre. 


62      —  N*  4 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


25  Janvier  1880 


fiociété    de    chirurgie. 

SÉANCE    DU  16  JANVIER   1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE   M.    LE   DENTU. 

Présentation  de  pièce  d'anèvrysme  poplité  :  H.  Trëlat.  —  Salpin- 
gites :  M.  Routier.  —  Hystëropexie  :  M.  Terrier  (Discussion  : 
MM.  Routier,  Desprès.  Lucas-Championnière).  —  Valeur  de  l'opé- 
ration d'Alexander  dans  les  rétroflexions  utérines  adhérentes  : 
M.  Trélat  (Discussion  :  MM.  Terrier.  Després) .  —  Luxation  tarso-mè- 
tatarsienne  :  M.  Nimier.  —  Recherche  des  projectiles  dans  l'oreille  : 
M.  Tachard,  Rapporteur  :  M.  Chauvel  (Discussion  :  MM.  Périer, 
Soh'wartz.  Terrier,  Després).  —  Présentation  de  malades  :  MM.  Mo- 
nod,  Ghaput. 

M.  Le  Dentu  adresse  ses  remerciements  aux  membres 
de  la  Société  pour  sa  nomination  au  siège  de  la  prési- 
sidence. 

—  M.  Verneuil  dépose  une  note  de  M.  Baulon  (de  Nice) 
sur  le  pronostic  et  le  traitement  des  plaies  de  Tabdoraen 
par  coup  de  feu. 

—  M.  Lucas-Championnière  offre  de  la  part  de  l'auteur 
des  Leçons  cliniifues  sur  les  maladies  chirurgicales  de 
V enfance  de  M.  Piéchaud  et  en  son  nom  un  opuscule  sur 
une  statistique  de  1^0  cas  de  cure  radicale  de  hernies 
opérées  par  M.  Championnière. 

—  M.  Routier  dépose  une  observation  de  M.  Leroy  (de 
Villiers-le-Bel)  sur  un  cas  de  hernie  congénitale  étranglée. 

—  M.  Trélat  fait  une  simple  présentation  de  pièce  ré- 
sultant de  l'extirpation  d'un  anévrysme  poplité  volumineux 
enlevé  récemment.  Il  sera  fait  une  communication  ulté- 
rieure. 

—  M.  Routier  demande  à  clore  la  discussion  qu'il  a 
ouverte  sur  les  salpingites.  Il  a  été  séduit  par  la  simpli- 
cité de  la  théorie  pathogénique  de  la  propagation  par  les 
muqueuses  et  il  cite  à  son  appui  un  cas  de  trompe  friable, 
altérée  au  niveau  de  la  corne  utérine  et  rompue  pen- 
dant les  manœuvres  d'extirpation.  Il  emploie  volontiers  le 
chloroforme  pour  assurer  le  diagnostic  que  peuvent  fournir 
la  palpalion  et  le  loucher  profond  faits  avec  le  plus  grand 
soin,  et  considère  l'ablation  des  annexes  vraiment  malades 
comme  une  opération  toujours  difficile  et  très  grave. 

—  M.  Terrier  fait  le  récit  de  ses  opérations  d'hystéro- 
pexie.  Chez  la  première  malade  une  tumeur  très  doulou- 
reuse sur  le  côté  gauche  de  l'utérus  en  rétroversion  fit 
penser  à  une  salpingite.  La  laparotomie,  faite  le  13  mars 
1888  à  l'hôpital  Bichat,  fit  voir  un  ovaire  tombé  dans  le  cul- 
de-sac  de  Douglas  et  en  rétroversion  extrêmement  accusée; 
sa  paroi  antérieure  fut  fixée  à  celle  de  Tabdomen  et  les 
douleurs  disparurent  presque  entièrement.  Par  la  fatigue 
la  malade  éprouve  encore  quelques  douleurs  lombaires. 

Chez  une  autre  malade  une  rétroversion  très  manifeste 
était  la  cause  de  crises  douloureuses  extrêmement  vio- 
lentes, survenant  à  la  suite  du  moindre  examen;  l'utérus 
était  très  mou  et  de  chaque  côté  existait  de  l'empâtement. 
La  laparotomie  pratiquée  le  23  octobre  permit  d'extraire 
quoique  très  difficilement  l'utérus  de  l'excavation  dans 
laquelle  il  était  tombé.  Les  annexes  furent  enlevées  et 
l'utérus  fixé  par  quatre  points  de  suture.  Les  douleurs  dis- 
parurent complètement. 

Enfin  la  dernière  opération,  encore  trop  récente  pour 
qu'on  en  puisse  tirer  des  conclusions,  a  été  faite  sur  une 
jeune  femme  que  des  accidents  névralgiques  intenses  et 
une  rétroversion  très  marquée  retenaient  au  lit  depuis 
six  mois.  M.  Terrier  conclut  que  c'est  une  opération  sans 
danger  et  qui  prendra  rang  dans  la  chirurgie. 

M.  Routier^  dans  un  cas  semblable  à  ceux  de  M.  Terrier, 
a  pris  pour  une  salpingite  un  utérus  en  rétroflexion  absolue. 
Par  la  laparotomie  il  constata  que  l'organe  se  relevait  brus- 
quement comme  un  ressort  pendant  que  la  tumeur  sentie 


au  fond  du  vagin  disparaissait.  Après  ablation  d'un  ovaire 
kystique  le  pédicule  ml  fixé  à  la  paroi  abdominale  et  les 
douleurs  prirent  fin. 

M.  Després  demande  ce  que  devient  la  vessie  dans  ces 
opérations  de  fixation  de  l'utérus  à  la  paroi  abdominale. 
Il  admet  bien  qu'elle  se  dilate  sur  les  côtés,  mais  sa  réplé- 
(ion  doit  être  [fort  gênée  par  les  adhérences.  Entreprendre 
la  laparotomie  pour  une  simple  rétroflexion  utérine  c'est 
faire  de  la  chirurgie  bien  hasardée.  M.  Després  n'a  jamais 
vu  de  malades  ayant  d'aussi  grandes  douleurs.  Le  pessatre 
ne  faisant  qu'augmenter  le  mal,  il  se  contente  de  faire 
soutenir  le  périnée  par  une  ceinture. 

M.  Lucas-Championnière  a  fait  deux  fois  l'hystéropexie 
et  a  été  émerveillé  de  la  facilité  avec  laquelle  se  fixait 
l'utérus.  Chaque  fois  il  y  a  eu  absence  totale  de  réaction 
du  côté  de  la  vessie.  Il  compte  que  cette  opération  prendra 
le  pas  sur  celle  d'Alexander. 

—  M.  Trélat  a  traité  cinq  cas  de  rétroflexion  adhérente 
de  l'utérus  par  la  réduction,  la  mobilisation  de  l'organe 
et  finalement  par  l'opération  d'Alexander.  Le  plus  souvent 
l'utérus  n'a  pas  tenu  et  est  revenu  à  sa  position  première. 
Si  l'opération  d'Alexander  est  excellente  pour  les  rétro- 
flexions  mobiles,  sans  adhérences,  bonne  pour  celles  qui 
se  laissent  facilement  ramener  en  position,  M.  Trélat  y 
renonce  pour  les  rétroflexions  adhérentes,  même  quand  on 
les  a  monilisées.  Ou  ces  dernières  sont  indolentes,  et  alors 
il  n'y  a  rien  à  faire,  ou  elles  sont  douloureuses  et  il  n'y  a 
plus  qu'une  seule  ressource  actuelle,  l'hystéropexie.  Ces 
deux  opérations  ne  sont  pas  rivales,  mais  valables  selon 
les  cas  particuliers. 

M.  Terrier  pense  que  les  variétés  anatomiques  des  liga- 
ments ronds  chez  les  diverses  femmes  font  que  les  résul- 
tats doivent  être  très  dissemblables.  Le  premier  effet  de 
la  dilatation  de  l'utérus  est  un  ramollissement  considé- 
rable du  tissu  utérin  qui  rend  très  difficile  sa  mobilisation 
et  fait  que  l'action  sur  les  adhérences  est  très  restreinte. 
Il  préfère  aussi  l'hystéropexie.  Quant  à  la  vessie,  après 
cette  opération,  elle  se  loge  où  elle  peut,  mais  n'en  fonc- 
tionne pas  moins  admirablement  bien. 

M.  Després  rappelle  que  les  fils  appliqués  sur  Tutérus 
finissent  toujours  par  couper  le  tissu  de  l'organe  et  en 
conclut  que  s'il  n  y  a  pas  de  troubles  vésicaux  c'est  que 
l'utérus  n'est  pas  resté  fixé. 

—  M.  Chauvel  lit  un  rapport  sur  une  observation  de 
luxation  larso-métatarsienne  due  à  M.  Nimier  et  une  autre 
sur  la  recherche  des  projectiles  dans  l'oreille  communiquée 
par  M.  Tachard. 

M.  Périer  a  pu  récemment  extraire  une  balle  de  l'oreille  ;\ 
l'aide  d'un  tire-fond,  sans  hémorrhagie  ni  aucune  espèce 
d'accidents;  après  aggravation  momentanée  des  douleurs, 
l'amélioration  rapide  a  permis  au  malade  de  quitter  l'hô- 
pital. 

M.  Schwartz  h  la  demande  des  malades  a  laissé,  dans 
deux  cas,  les  projectiles  dans  l'oreille.  Les  patients  ont 
guéri  tous  deux  sans  accidents,  de  quinze  jours  à  trois 
semaines  après. 

M.  Terrier  pense  comme  M.  Schwartz  qu'il  ne  faut  pas 
intervenir  à  tout  prix,  mais  il  peut  y  avoir  des  complica- 
tions très  tardives  dues  à  des  foyers  qu'ont  infectés  les 
microbes  du  conduit  auditif  externe. 

M.  Pendra  obtenu  chez  son  malade  l'asepsie  complète 
avec  un  peu  de  salol  sous  une  couche  imperméable  de 
collodion. 

M.  Chauvel  ne  croit  pas  non  plus  que  la  thèse  exclusive 
de  M.  Berger,  à  savoir  l'intervention  dans  tous  les  cas,  doit 
être  adoptée. 

M.  Després  a  déjà  cité  les  cas  de  deux  malades  qui 


25  Janvier  i889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N»4- 


63 


ont  eu,  après  l'accident,  de  la  paralysie  faciale.   Ils  ont 
guéri  et  il  y  a  cinq  ans  que  la  balle  est  dans  le  rocher. 

—  M.  Monod  présente  un  premier  malade  atteint  pri- 
mitivement d'un  épithélioma  de  l'angle  de  l'œil  et  auquel 
il  a  enlevé  les  paupières  et  le  contenu  de  la  cavité  orbitaire, 
et  un  second  sur  lequel  il  a  fait  une  grande  greffe  épider- 
mique  de  Thiersch  pour  ulcère  variqueux. 

—  M.  Chaput  fait  voir  un  malade  traité  pour  une  frac- 
ture de  rotule  par  la  griffe  de  M.  Duplay.  Il  y  a  un  cal 
osseux,  pas  d'écarlement  des  fragments,  et  au  quatrième 
mois  la  flexion  de  la  jambe  dépasse  l'angle  droit. 


Soelété  de  biologie. 

SÉANCE   DU   12  JANVIER  1889.   —   IMIÉSIDENCE 
DE   M.    BROWN-SÉQUARD. 

1.6  microbe  de  Tendocardite  :  MM.  OUbert  et  Lion.  —  Microbes  de 
refttomac  pendant  la  digestion  :  IfM.  Capitan  et  Morau.  —  Action 
des  glocosides  sur  la  nutrition  générale  :  M.  Quinquaud.  —  Effets 
des  excitations  chez  des  sujets  anesthëslques  :  M.  A.  Binet.  — 
Léaionm  de  l'oreille  dépendant  de  troubles  divers  :  M.  Brovim- 
ftéquard. 

If.  Gilbert  rappelle  qu'il  a  décrit  avec  M.  Lion  un  micro- 
Qr«ranisme  trouvé  dans  plusieurs  cas  d'endocardite.  Or,  les 
produits  solubles'de  ce  microbe  injectés  dans  une  veine, 
chez  le  lapin,  déterminent  des  lésions  mitrales  et  l'animal 
meurt  après  avoir  présenté  des  accidents  paralytiques, 
semblables  aux  accidents  du  même  genre,  si  fréquents  dans 
les  maladies  infectieuses  humaines. 

—  M.  Capitan  a  recherché  avec  M.  Morau  les  micro- 
organismes  qui  existent  dans  l'estomac  au  moment  de  la 
digestion.  Ces  recherches,  faites  sur  une  trentaine  d'indi- 
vidus, ont  montré  la  présence  dans  l'estomac,  dans  ces  con- 
dilioas,  de  trois,  et  seulement  trois,  espèces  de  micro- 
organismes,  deux  sortes  de  levure  et  un  bacille,  tous  trois 
fultivant  différemment  dans  les  différents  milieux  dans 
lesquels'on  les  ensemence.  Il  ne  paraît  d'ailleurs  pas  y  avoir 
<le  rapports  entre  la  présence  ou  l'absence  de  l'un  ou  l'autre 
de  ces  micro-organismes  et  la  présence  ou  l'absence  de 
l'acide  chlorhydrique. 

—  M.  Quinquaud,  en  étudiant  l'action  des  glucosides  en 
général  sur  l'économie,  a  constaté  qu'il  en  est  parmi  eux 
qui  se  dédoublent  et  donnent  une  petite  quantité  de  glucose 
dans  l'organisme,  comme  tn  vitro;  en  même  temps  les 
Inchangés  chimiques  interstitiels  diminuent.  Mais  à  côté  de 
ces  corps,  il  en  est  un  autre,  déjà  étudié  par  von  Mering, 
qui  détermine  une  glycosurie  abondante  :  c'est  la  phlori- 
dz'we.  C'est  en  dédoublant  les  matières  albuminoides  que 
la  phloridzine  agit  ainsi,  comme  l'a  admis  von  Mering.  De 
plus,  l'absorption  d'oxygène  diminue,  ainsi  que  l'élimination 
diacide  carbonique.  Mais,  s'il  y  a  glycosurie,  il  n'y  a  pas 
hyperglycémie,  contrairement  à  la  loi  générale  posée  par 
cl.  Bernard. 

M.  Gley  observe  qu'il  a  entrepris  depuis  plus  d'un  an 
des  recherches  sur  le  même  sujet  avec  M.  G.  Sée,  recher- 
rhes  qu'il  a  d'ailleurs  déjà  signalées  au  mois  de  février 
dernier  à  la  Société  et  que  les  résultats  concordent  d'une 
manière  généraleavec  ceux  des  expériences  de  M. Quinquaud. 

—  H.  Babinski  présente  une  note  de  M.  A»  Binet  sur  les 
effets  des  excitations  sensitives  chez  les  sujets  anesthésiques. 
(ies  excitations,  quoique  non  senties,  donnent  en  effet  lieu  à 
des  réactions  musculaires  qu'on  peut  enregistrer  avec  un 
myographe. 

—  M.  Brown-Séquard  rappelle  les  lésions  de  l'oreille 
que  l'on  observe  à  la  suite  de  la  section  des  canaux  semi- 
circulaires.  Mais  il  a  observé  les  mêmes  lésions  après  des 
excitations  diverses,  excitations  du  nerf  auditif  ou  même 
simplement  des  régions  périphériques  correspondantes. 


BIBLIOGRAPHIE 

KiCçons  do  dtnlqne   ehlrurs^icmle,  professées  à  l'hôpital 

.Saint-Louis  pendant  les  années  1883  et  1884,  par  m.  le 
docteur  Pêan,  membre  de  l'Académie  de  médecine.  — 
Paris,  Félix  Alcan,  1888. 

Ce  volume,  gros  de  quatorze  cents  pages,  est  le  sixième 
de  la  série.  Il  commence  par  douze  leçons  cliniques,  dont 
les  quatre  premières  sont  consacrées  à  l'étude  des  cicatrices 
et  de  leurs  maladies.  Viennent  ensuite  :  l'éléphantiasis  des 
membres  inférieurs  ;  les  exostoses  du  bassin  ;  les  ruptures 
musculaires;  le  traitement  par  suppuration  des  tumeurs 
de  l'abdomen  et  du  bassin;  la  gastrotomie  appliquée  aux 
tumeurs  lîpomaleuses  et  tuberculeuses  du  mésentère;  les 
indications  de  la  castration  utérine  et  de  la  castration 
ovarienne. 

La  deuxième  partie  est  la  réunion  des  observations 
recueillies  dans  le  service  de  M.  Péan,  du  1*"*  janvier  1883 
au  1*"' janvier  1886;  elles  sont  classées  par  systèmes  et  par 
régions. 

Le  livre  se  termine  par  la  statistique  des  opérations  de 
gastrotomie,  pratiquées  par  l'auteur,  du  l*'^  janvier  au 
31  décembre  1886. 

A  tout  cela  est  annexée  une  table  analytique  des  matières. 

A.  B. 


VARIETES 

Hôpitaux  de  Paris.  —  Un  concours,  pour  la  nomination  à 
trois  places  de  médecin  au  Bureau  central,  s'ouvrira  le  mercredi 

27  février  1889,  à  midi,  à  Tadministration  centrale,  avenue 
Victoria. 

Les  incriptions  sont  reçues  de  midi  à  trois  heures,  du  lundi 

28  janvier  au  11  février  1889. 

Internes  des  hôpitaux.  —  Le  concours  de  Tinternat  s'est 
terminé  par  la  nomination  des  candidats  dont  les  noms  suivent  : 

Internes  titulaires  :  MM.  Arrou,  Cestan,  Rénon,  Terson,  Ver- 
coustre,  Pineau,  Chavane,  Triboulet,  Papillon,  Nageotte,  Rochon- 
Duvignaud,  Gauthier  (Jean),  Leblond,  Goupil,  Maurel,  Bataille, 
Cartier,  Berdal,  Faure-Millcr,  Sainton,  Calbet,  Ettlinger, 
Souplet,Willemin,  Anpert,  Benoit,  Berge,  M"»  Wilbouschewitch, 
Bardol,  Soupault,  Claisse,  Mendel,  Leredde,  Jacob,  Ehrhardl 
(Pierre),  Lamy,  Nicolle,  Debayle,  Breton,  Viale.t,  Basset,  Matlon, 
Biaise,  Gastou,  Renault,  Gilis. 

Internes  provisoires  :  MM.  Lovy,  Camescasse,  Delaunay,  de  la 
Nièce,  Bureau,  Bernheim,  Dufournier,  Legrand,  Thiercelin, 
Gauthier  (Charles),  Barrié,  Bonneau,  Rancurel,  Sabouraud, 
Baudron,  Caulru,  Vassal,  Pompidor,  (îlover,  Dudefoy,  Baillet, 
Guitlon,  Dupasquier,  Béchel,  Sorel,  Perruchet,  Dej^eret,  Sou- 
li^oux,  Michel,  Morax,  Bouel,  Brésard,  Piole,  Dubnsay,  Hugue- 
nin,  Marx,  Veslin,  Malaperl,  Carvaphyllis,  Trékaki,  Domiugucz, 
Martin-Durr,  Saguet,  Binaud,  Auberl,  Auscher,  Potier,  Laurent- 
Préfontaine,  Ehrhardt  (Christian),  Mignot. 

Concours  pour  l^admission  aux  emplois  de  [médecin  et  de 

CHIRURGIEN     SUPPLÉANT     A     L'INFIRMERIE     DE     SAINT-LAZARE.  — 

Deux  concours  sont  ouverts,  Pun  pour  remploi  de  chirurgien 
suppléant  et  l'autre  pour  celui  de  médecin  suppléant  à  Pinfir- 
mcrie  spéciale  de  Ja  maison  d'arrêt  et  de  correction  de  Saint- 
Lazare. 

Le  premier  de  ces  concours  s'ouvrira,  dans  ledit  établisse- 
ment, le  lundi  4  mars  1889,  à  midi,  et  se  continuera  les  jours 
pairs  suivants.  Il  donnera  lieu  à  la  nomination  de  trois  candi- 
dats. —  Le  second  s'ouvrira  au  même  lieu,  le  mardi  5  mars,  à 
midi,  et  se  continuera  les  jours  impairs  suivants.  Il  ne  donnera 
lieu  qu'à  la  nomination  d'un  seul  candidat. 

Conditions  du  concours  —  MM.  les  docteurs  qui  désireront 
prendre  part  au  concours  se  feront  inscrire  au  ministère  de 
l'intérieur  —  (direction  do  l'administration  pénitentiaire,  cabi- 
net du  conseiller  d'Etat,  directeur)  —  rue  Cambacérès,  n"  M,  de 
dix  heures  à  quatre  heures,  et  y  déposeront  leurs  pièces  et 
titres. 

Le  registre  d'inscription  sera  ouvert  le  lundi  28  janvier,  à  dix 


64    —  N*  4 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  Et  Ï)E  CHIRURGIE 


35  Janvier  tSS9 


lieureS)  et  sera  clos  définiUvement  le  samedi  23 février,  à  quatre 
heures. 

Les  candidats  qui  seront  admis  à  concourir  recevront  avant  le 
28  février  avis  de  la  décision  les  concernant. 

Tout  candidat  devra  justifier  de  la  qualité  de  Français  et  du 
titre  de  docteur  d'une  des  Facultés  de  médecine  de  TËtat.  11 
devra  être  âgé  de  vingt-cinq  ans  au  moins.  11  devra  joindre  à  sa 
demande  Textrait  de  son  acte  de  naissance,  ses  diplômes,  l'indi- 
cation des  titres  scientifiques  et  hospitaliers,  ses  états  de  ser- 
vice, s'il  y  a  lieu,  et  tous  autres  documents  qu'il  jugerait  utile 
de  présenter. 

Aussitôt  après  clôture  de  la  liste  d'admission,  il  sera  procédé 
à  la  constitution  du  jury,  et  cinq  jours  plus  tard  il  sera  donné 
communication  de  la  liste  des  membres  aux  candidats  admis 
qui  en  feront  la  demande  (11,  rue  Cambacércs). 

Tous  liens  de  parenté  ou  d'alliance  entre  quelqu'un  des  con- 
currents et  quelque  membre  du  jury  devraient  être  signalés  à 
l'administration  en  vue  de  la  modification  de  ce  jury. 

Le  concours  consistera,  d'une  part,  en  trois  épreuves  d'admis- 
sibilité et  trois  épreuves  définitives,  pour  l'emploi  de  chirur- 
gien suppléant;  d'autre  part,  en  trois  épreuves  d'admissibilité 
et  deux  épreuves  définitives  pour  l'emploi  de  médecin  sup- 
pléant, ainsi  qu'il  appert  du  tableau  ci-dessous  : 

Co7icours  2)our  l'emploi  de  chirurgien  suppléant.  — 
i®  fiipreuve  des  litres  scientifiques  et  hospitaliers. 

2"  Epreuve  théoriaue  orale  sur  un  sujet  de  pathologie  externe, 
de  gynécologie  ou  d'obstétrique  (leçon  de  vingt  minutes  après 
vingt" minutes  de  préparation). 

3"  Epreuve  de  clinique  spéciale  (leçon  de  dix  minutes  après 
dix  minutes  de  préparation). 

Les  trois  dernières  épreuves,  auxquelles  il  ne  sera  admis 
que  neuf  candidats,  sont  : 

1*»  Une  composition  écrite  sur  un  sujet  concernant  les  affec- 
tions vénériennes  (trois  heures  sont  données  pour  celte  com- 
position). 

2"  Une  épreuve  orale  de  diagnostic  sur  deux  malades  atteints 
d'affections  chirurgicales  (exposé  de  vingt  minutes  après  examen 
de  vingt  minutes  au  lit  des  malades). 

3"  Epreuve  de  médecine  opératoire  sur  un  cadavre. 

Pour  les  épreuves  orales,  ta  note  maxima  sera  de  20  points; 
elle  sera  de  30  points  pour  l'épreuve  écrite  et  pour  l'épreuve 
de  médecine  opératoire. 

Concours  pour  l'emploi  de  médecin  suppléant,  —  1"  Epreuve 
des  litres  scientifiques  et  hospitaliers. 

2°  Epreuve  théorique  orale  sur  un  sujet  de  pathologie  in- 
terne ae  gynécologie  ou  d'obstétrique  (leçon  de  vingt  minutes 
après  vingt  minutes  de  préparation). 

3°  Epreuve  de  clinique  spéciale  (leçon  de  dix  minutes  après 
dix  minutes  de  préparation). 

Les  deux  épreuves  définitives,  auxquelles  il  ne  sera  admis  que 
(rois  candidats,  sont  : 

1"  Une  composilion  écrite  sur  un  sujet  concernant  les  affec- 
tions vénériennes  (trois  heures  sont  données  pour  cette  compo- 
sition). 

2^'  Une  épreuve  orale  de  diagnostic  sur  deux  malades  (exposé 
de  vingt  minutes  après  examen  de  vingt  minutes  au  lit  des  ma- 
lades). 

Pour  les  épreuves  orales,  la  note  maxima  sera  de  20  points  ; 
elle  sera  de  30  points  pour  l'épreuve  écrite. 

Corps  dk  santé  militaire.  —  Par  application  du  titre  VU  de 
la  décision  ministérielle  du  18  avril  1888,  et  de  l'article  15  du 
décret  du  22  novembre  1887,  les  élèves  du  service  de  santé 
militaire,  reçus  docteurs  en  médecine,  dont  les  noms  suivent, 
sont  nommés  à  l'emploi  de  médecins  stagiaire  à  TEcole  d'appli- 
cation de  médecine  et  de  pharmacie  militaires  : 

MM.  Millard,  Janot,  Arnould,  Trouillet,  Benoit,  dit  Beker, 
Legrain,  Michaud,  Beigneux,  Rouchaud,  Thérault,  Faivre, 
Iluguct,  Castaing,  Coste,  Sturel,  Claude,  Contier,  De  Viville, 
Destrez,  Berger,  Vigerie,  Hibicre,  Sire,  Rossignot,  Gilliard, 
Puech,  IJonnadieu,  De  Langenhagen,  Dormand.Lenoir,  Lanusse- 
Trousse,  Ollier  de  Vergèze,  Séguret,  Blanc,  De  Guénin,  Coutu- 
rier, Niclot,  De  Schuttelaëre,  Claoué,  François,  Laine,  Arna- 
vielhe,  Barrier,  Loustalot,  Mignon,  Laborderie,  Tournier, 
Viguier,  Chéreau,  Verdierre,  Guirlet. 

Faculté  de  médecine  de  Bordeaux.  —  Un  scrupule  des  plus 
respectables  avait  déterminé  M.  le  professeur  Pitres  à  adresser 


au  ministre  de  l'instruction  publique  sa  démission  de  doyon  de 
la  Faculté  de  Bordeaux.  Appelée  à  nommer  un  nouveau  doyen,  l.i 
Faculté  vient,  à  l'unanimité,  de  réélire  M.  Pitres,  donnant  ainsi 
à  son  chef  un  nouveau  témoignage  de  la  sympathie  et  de  l'cstitne 
de  tous  ses  collègues. 

—  M.  Merget,  docteur  en  médecine,  docteur  es  sciences,  est 
nommé  professeur  de  physique  médicale  à  la  Faculté  mixte  de 
médecine  et  de  pharmacie  de  Bordeaux. 

Nouveau  journal.  —  Nous  venons  de  recevoir  le  premier 
numéro  de  la  Revue  d'hygihie  thérapeutique,  publiée  par  le 
docteur  Descourtis  et  destinée  à  vulgariser  les  connaissances 
relatives  à  l'hydrothérapie,  Télectrothérapie,  la  gymnas- 
tique, etc. 

Sur  les  eaux  minérales  et  les  maladies  chroniques.  —  Le 
docteur  Max  Durand-Fardel  commencera  ce  cours  le  samedi 
2  février  à  cinq  heures  du  'Soir  dans  Tamphithéàtre  n"  3  de 
l'Ecole  pratique  et  le  continuera  les  mardi  et  samedi  de  chaque 
semaine  à  la  même  heure.  Ce  cours  sera  fait  en  douze  leçons. 

Société  d'hydrologie. —  La  Société  d'hydrologie  médicale  de 
Paris  a  été  reconnue  comme  établissement  d'utilité  publique 
par  décret  du  29  juin  1888. 

Composition  du  bureau  pour  1889: 

Président,  M.  Hi^njoy;  vice-présidents,  MM.  Philbert  et  Sénac- 
Lagrange;  secrétaire  général,  M.  Leudet;  secrétaires  annuels 
MM.  Bottey  et  Schlemmer  ;  trésorier,  M.  Jloyer  ;  archiviste. 
M.  Cazaux. 

NÉCROLOGIE.  — On  annonce  la  mort  de  M.  le  docteur  Le  Tliiere 
(de  Paris);  de  M.  le  docteur  Cras,  médecin  en  chef  de  la  marine, 
Tun  des  professeurs  le  plus  distingués  de  l'Ecole  de  Brest,  l'un 
des  collaborateurs  les  plus  actifs  des  Archives  de  médecine 
navale,  et  de  M.  le  docteur  Bodélio  (de  Lorient). 


Souscription  Duchenne  (de  Boulogne). 

Troisième  liste. 

Société  de  médecine  de  Paris 200  fr.    > 

MM.  lesD"Koller • 100  > 

Grasset  (de  Montpellier) 50  > 

Beliquet 50  > 

Blum 20  > 

Adolphe  Bloch 20  > 

Baréty  (de  Nice) 25  > 

Labric 20  > 

E.  Neumann 20  > 

Gouguenheim 10  i 

Hanot 20  > 

Machelard 10  > 

Huret  (de  Veretz) 10  i 

Christian 10  » 

Total 505  T 

Montant  des  listes  précédentes.  IGGO  ». 

Total  général..  2225  fr.    > 


Mortalité    a    Paris    (2*'    semaine,   du    6  au    12  janvier 
1889.  —  Population  :  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  i!K 

—  Variole,  2.  —  Rougeole,  53.  —  Scarlatine,  3.  —  Coque- 
luche, 6.  —  Diphthérie,  croup,  41.  —  Choléra,  0.  —  Phthisie 
pulmonaire,  16o.  —  Autres  tuberculoses,  26.  —  Tumeurs  : 
cancéreuses,  40  ;  autres,  8.  —  Méningite,  30.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  68.  —  Paralysie,  11.  — 
Ramollissement  cérébral,  8.  —  Maladies  organiques  du  cœur,  Oi. 

—  Bronchite  aigué,  37.  —  Bronchique  chronique,  53.— Broncho- 
pneumonie, 52.  —  Pneumonie,  70.  —  Gastro-entérite:  sein,  8; 
biberon,  31.—  Autres  diarrhées,  i.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 3.  —  Autres  affections  puerpérales,  1 .  —  Débilité  con- 
génitale, 26.  —  Sénilité,  15.  --  Suicides,  21.  —  Autres  morts 
violentes,  3.  —  Autres  causes  de  mort,  200.  —  Causes 
inconnues,  13.  —  Total  :  1 H  4. 

G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 

18UC5.  —  MOTTEROZ.  —  Imprimeries  réunies,  A.  rue  MigDoa3.â.  Pari». 


Trente-sixième  année 


N*  5 


V'  Février  ^889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDEC[NE  ET  DE  CHIRURGIE 

PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LK  D'  L.  LEREBOÏÏLLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  6.  DIEUUFOT,  BREYFUS-BRISAC,  FRANÇOIS-FRANCK,  A.  MÊNOCQUE,  A.J.  MARTIN,  A.  PETIT.  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lkreboullst,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOEMAIKE.— Bulletin.  Académie  de  médecine  :  Le  strophantus.  —  élection. 
SerîêtQ  nédicale  des  bôpitaiix  :  L'isolement  et  la  dësinfection  à  l'hôpital  des 
Etùiih-Asshtés.  —  CLINIQUE  CHIRURGICALE.  —  De  la  nécrose   pliospliorée. 

—  GoNTRiBimoiis  PHARMACEUTIQUES.  Sur  l'huilc  grise,  nouveau  procédé  de 
prèparalÎM.  —  TRAVAUX  osiaiNAUX.  Clinique  médicale  :  Pleurésies  méta- 
piHîameniqnes.  —  Sociétés  savantes.  Académie  de«  sciences.  — Académie  de 
loédecine.  —  Société  médicale  des  hôpitaux.  — Société  de  chirurgie.  —  Société 
fie  biologie.  —  Société  anatomique.  -^  Revue  des  journaux.  Thénpeutique. 

—  Bibliographie.  La  fièvre  typhoïde  dans  la  première  région  de  corps  d'ar- 
utét.  —  VARiéTÉs.  —  Feuileton.  Questions  professionnelles. 


BULLETIN 

Paris,  30  janvier  1889. 

Académie  de  médecine  :  Le  strophantus.  --  Éieetion. 
—  Société  médicale  des  hôpitaux  :  L'iMiement  et  la 

déaInffccUoB  A  l'hôpital  des  Enfanta-AMilstéa. 

La  discussion  sur  le  strophantus  est  close  et  l'on  peut 
considérer  comme  définitives   les  conclusions  que  nous 
avions  indiquées  dès  le  début.  Dans  sa  réponse  à  M.  G.  Sée, 
M.  Bucqaoy  a,  en  eiïet,  maintenu  et  précisé  ce  que  lui 
avaient  montré  les  observations  cliniques  si  nombreuses 
qu'il  a  recueillies  lui-même   depuis    plusieurs  années. 
M.  Bucquoy  affirme  que  le  strophantus  est  diurétique;  que 
la  diurèse  peut  être  obtenue  très  rapidement  et  sans  trouble 
irave  ou  permanent  du  côté  des  reins,  par  conséquent  sans 
néphrite  vraie;  qu'elle  peut,  dans  certains  cas,  être  main- 
tenue pendant  assez  longtemps  au  grand  bénéfice  du  ma- 
Ude.  MM.  Dujardin-Beaumetz  et  C.  Paul  confirment  cette 
opinion.  H.  G.  Sée,  qui  n'a  étudié  que  la  strophanline,  con- 
teste reflet  diurétique  de  ce  médicament.  Cela  ne  prouve- 


t-il  pas,  comme  l'a  fait  remarquer  M.  Bucquoy,  que  la  slro 
phantine  ne  vaut  pas  le  strophantus?  M.  Bucquoy  a,  de  plus, 
constaté  maintes  fois  que  le  strophantus  relève  l'activité  du 
cœur  et  par  conséquent  le  pouls.  Cette  action  est  peut-être 
un  peu  moins  fréquente  que  l'eflet  diurétique,  mais  elle 
reste  évidente  dans  bien  des  cas.  Enfin,  consécutivement  à 
la  diminution  de  l'œdème  et  à  l'augmentation  de  l'énergie 
du  cœur,  la  dyspnée  s'atténue  progressivement  chez  les  ma- 
lades atteints  de  lésions  mitrales.  Le  strophantus  bien 
préparé  est  donc  un  bon  médicament  cardiaque.  Il  ne  sau- 
rait, nous  l'avons  déjà  dit,  remplacer  la  digitale  ou  l'iodure 
de  potassium  ;  mais  il  a  ses  indications  spéciales  et  celles-ci 
ont  été  bien  posées  par  MM.  Bucquoy,  Dujardin-Beaumetz 
et  C.  Paul.  Il  a  aussi  ses  inconvénients,  car  il  ne  réussit 
pas  toujours;  il  ne  détermine  pas  toujours  une  diurèse 
persistantey  enfin  il  provoque  parfois  de  la  diarrhée  et  des 
troubles  gastriques.  N'est-ce  point  le  cas  de  beaucoup  d'au- 
tres médicaments  et  le  rôle  du  médecin  n'est-il  pas  préci- 
sément de  bien  savoir  reconnaître  les  indications  et  les 
contre-indications  des  médicaments  qu'il  emploie  non  seu- 
lement d'après  les  symptômes  observés,  mais  encore  et  sur- 
tout en  raison  de  l'idiosyncrasie  de  quelques  malades? 

Une  deuxième  discussion,  greffée  sur  la  première,  a  été 
continuée  hier  par  un  discours  de  M.  Laborde,  qui  a  main- 
tenu, comme  M.  G.  Sée,  l'utilité  de  l'administration 
exclusive  des  alcaloïdes  extraits  des  plantes.  Le  principe 
immédiat,  a-t-il  dit,  est  toujours  un,  identique  à  lui-même, 
invariable  dans  sa  censtitution  propre,  comme  dans  son 
action  fondamentale,  physiologique  et  médicamenteuse  ;  la 


FEUILLETON 

Questions  professionnelles. 

Faudra-t-il  désormais  qu'avant  de  pratiquer  une  opéra- 
tion quelconque,  le  chirurgien  demande  à  son  client  de 
lui  aflirmer,  sur  une  belle  feuille  de  papier  timbré,  qu'en 
cas  d'insuccès  —  malheureusement  possible  —  il  n'exer- 
cera contre  lui  aucune  poursuite  judiciaire?  On  serait 
vraiment  tenté  de  le  croire  en  lisant  le  compte  rendu  du 
procès  qui  vient  d'être  intenté  à  M.  le  docteur  Poncet, 
ancien  médecin  en  chef  de  l'hôpital  militaire  du  Val-de- 
(iràce.  Le  fait  est  assez  intéressant  et  par  lui-même  et 
par  les  conséquences  qu'il  pourrait  entraîner  pour  mériter 
d'être  signalé  et  commenté.  Il  s'agissait  d'un  militaire 
retraité,  M.  G...,  qui,  blessé  à  la  jambe  gauche,  pendant 
la  guerre  d'Italie,  avait  été  retraité  et  pourvu  d'un  emploi 

V  StBlE,  T.  XXVI. 


à  la  Caisse  des  dépôts  et  consignations.  En  1871,  H.  G... 
avait  repris  volontairement  du  service  et  à  la  bataille  de 
Buzenval  il  avait  reçu  à  la  jambe  droite  des  blessures 
ayant  nécessité  l'amputation  du  membre.  Pendant  dix-huit 
années  il  avait  pu,  bien  qu'amputé  d'une  jambe  et  atteint 
d'une  arthrite  du  genou  de  l'autre  côté,  continuer  son 
service  d'employé.  Mais  peu  à  peu  une  aggravation  de 
son  état  et  particulièrement  une  ankylose  angulaire  du 
genou  survenue  à  la  suite  d'abcès  multiples  décidèrent  le 
malade  à  se  soumettre  à  un  traitement  chirurgical  destiné 
à  redresser  le  membre  ankylose.  Comme  il  était  ancien 
militaire,  il  sollicita  et  obtint  son  admission  à  l'hôpital  du 
Val-de-Grâce. 

Le  médecin  en  chef,  M.  Poncet,  lui  proposa  l'application 
de  l'appareil  de  Robin  (de  Lyon),  après  avoir,  il  importe 
de  le  dire,  demandé  l'avis  de  plusieurs  de  ses  collègues  et 
l'assistance  d'un  fabricant  d'instruments  aussi  habile 
qu'expérimenté  et  consciencieux.  Malheureusement,  comme 

5 


66    _  N*  5  - 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  1«'  FéViiier  1889 


matière  totale  qui  le  contient  est  complexe,  variable  tant 
dans  sa  composition  que  dans  ses  effets. 

Nous  reconnaissons  volontiers  que  les  préparations  tirées 
des  plantes  peuvent  renfermer  divers  alcaloïdes  ;  mais  c'est 
précisément  parce  que  la  matière  extraite  d'une  plante 
est  variable  dans  sa  composition  que  ses  effets  diffèrent 
de  l'action  exercée  par  un  seul  alcaloïde.  Comme  l'ont 
dit  successivement  MM.  C.  Paul,  Trasbot  et  Gariel,  l'ana- 
lyse chimique  n'a  pas  isolé,  elle  n'isolera  jamais  tous  les 
principes  actifs  que  renferme  une  plante.  Celle-ci  contient 
non  seulement  des  substances  cristallisables,  mais  encore 
des  substances  solubles.  Et  s'il  devenait  possible  de  les 
isoler  tous,  il  resterait  encore  difficile  de  les  combiner  et  de 
les  associer  pour  produire  l'effet  thérapeutique  obtenu  en  se 
servant  de  la  plante  elle-même. 

Concluons  donc  avec  tous  le»  médecins  qui  savent  pres- 
crire et  manier  ce  produit  —  à  l'exception  toutefois  de 
M»  G.  Sée  —  que  la  digitale  est  un  excellent  médicament 
et  qu'elle  donne  des  effets  tout  différents  de  ceux  que  pro- 
duit la  digitaline;  que  l'extrait  ou  la  teinture  d'aconit 
doivent  être  préférés  à  l'aconitine;  que,  chez  les  enfants,  il 
serait  très  dangereux  de  substituer  Témétine  à  l'ipéca; 
en  un  mot  que  le  médecin  praticien  doit  savoir  formuler^ 
c'est  -à-dire  prescrire,  en  les  combinant  et  en  les  associant, 
les  divers  médicaments  dont  une  longue  expérience  a 
démontré  l'efficacité. 

—  Notre  très  dislingue  confrère  le  docteur  Budin  a  été 
élu  au  premier  tour  de  scrutin  et  par  67  voix,  membre  de 
l'Académie  dans  la  section  d'accouchements. 

—  Les  progrès  incessants  de  l'hygiène  hospitalière  nous 
permettent  d'espérer  que,  dans  un  prochain  avenir,  les 
conditions  dans  lesquelles  se  produisent  les  cas  inté- 
rieurs seront  bien  précisées  et  que  l'on  arrivera  dès  lors  à 
restreindre  la  mortalité  due  aux  maladies  contagieuses.  La 
communication  si  intéressante  que  vient  de  faire  à  ce 
sujet  M.  le  docteur  Sevestre  (voy.  p.  74)  est,  en  effet, 
pleine  d'espérances.  A  l'Kôpital  des  Enfants- Assis  tés  la 
mortalité  diminue  progressivement^grâce  à  l'isolement  des 
rubéoliques  et  des  enfants  atteints  de  diphthérie,  grâce 
surtout  à  la  désinfection  rigoureuse,  par  l'éluve,  de  tous  les 
linges  qui  transmettent  et  propagent  la  maladie. 

On  lira,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  médicale  des  hôpi- 
taux, les  considérations  développées  par  H.  Sevestre  au 
sujet  des  allures  cliniques  et  des  dangers  de  la  diphthérie 


hospitalière.  La  léthalité  constante,  pour  ainsi  dire  fatale 
de  la  trachéotomie  démontre  bien  que  l'affection  est  parti- 
culièrement maligne  et,  comme  l'a  fait  remarquer  M.  Ca- 
det de  Gassicourt,  cette  malignité  ne  dépend  ni  des  opéra- 
teurs, ni  des  soins  consécutifs  à  l'opération.  Elle  parait 
tenir  aux  conditions  dans  lesquelles  naît  et  se  propage  la 
maladie.  Or  H.  Sevestre,  en  installant  une  étuve  à  la 
désinfection  par  la  vapeur  sous  pression,  en  surveil- 
lant avec  la  plus  minutieuse  sollicitude  la  désinfection  des 
linges  et  des  vêtements  qui  apportaient  et  transmettaient  le 
contage,  est  arrivé  à  faire  disparaître  momentanémeul  la 
diphthérie  d'un  service  où  toujours  elle  régnait  en  souve- 
raine. L'importance  d'un  semblable  résultat  se  passe  de 
commentaires.  Il  fait  ressortir  avec  plus  d'évidence  que 
jamais  la  nécessité  d'installer  dans  tous  les  hôpitaux  des 
étuves  à  désinfection  et  des  salles  d'isolement.  Aussi  doit- 
on  insister,  après  M.  Ollivier,  pour  obtenir  de  l'administra- 
tion hospitalière  une  réforme  complète  du  système  qui  reste 
en  vigueur  à  l'hôpital  des  Enfants-Malades,  où  Tisolemenl 
est  une  chose  purement  fictive,  où  il  n'existe  pas  de  moyen 
de  désinfection  des  linges  et  vêtements,  où  les  consultations 
externes  se  font  encore  dans  des  conditions  déplorables. 

Nous  voudrions  aussi  que  l'on  se  décidât  enfin  à  établir 
dans  les  hôpitaux  d'enfants,  aussi  bien  que  dans  les  hôpi- 
taux d'adultes,  et  en  particulier  à  la  maison  municipale  de 
santé,  despavillons  d'isolement  avec  salles  payantes  où  Ton 
puisse  faire  admettre  les  étrangers  voire  même  certains  habi- 
tants de  Paris  qui  ne  peuvent  recevoir  à  domicile  les  soins 
nécessaires.  Nous  avons  déjà  il  y  a  neuf  ans  {Bulletins  de 
la  Soc.  de  méd.  publ.y  1880,  p.  174)  insisté  sur  la  né- 
cessité d'une  création  de  ce  genre.  M.  le  docteur  Uour- 
neville  a  proposé  le  1''  mai  1880,  et  le  conseil  municipal 
avait  alors  accepté,  l'agrandissement  de  la  maison  munici- 
pale de  santé  et  la  création  d'un  pavillon  d'isolement  pour 
les  varioleux.  Nous  attendons  encore  la  réalisation  de  ce^ 


vœux. 


CLINIQUE  CHIRURGICALE 

De  la  néeroae  phoapliorée. 

Quelques  années  après  l'invention  des  allumettes  chimi- 
miques  au  phosphore  blanc,  on  vit  que  certains  ouvriei's 
employés  à  cette  fabrication  étaient  atteints  d'une  nécrose 
spéciale  des  mâchoires.  Les  premières  observations  datent 
de  1839.  et  elles  furent  suivies  des  travaux  de  Lorinser  (de 


il  arrive  parfois  en  pareil  cas,  le  résultat  obtenu  ne  répondit 
point  à  1  attente  du  chirurgien  ;  la  jambe  resta  dans  une 

Iiosition  vicieuse  et,  la  maladie  générale  qui  avait  provoqué 
es  accidents  continuant  à  évoluer,  elle  s'atrophia  peu  à 
peu.  Que  fit  dès  lors  M.  G...?  Il  s'adressa  aux  tribunaux 
pour  réclamer  au  chirurgien  qui  l'avait  opéré  50  000  francs 
de  dommages-intérêts,  demandant  à  établir  au  moyen 
d'une  expertise  et  d'une  enquête  le  bien  fondé  de  ses 
allégations. 

Hâtons-nous  d'ajouter  que  le  tribunal  de  la  Seine,  devant 
lequel  la  cause  a  été  plaidée,  a  répondu  à  cette  requête 
par  un  jugement  très  nettement  motivé,  dont  voici  les 
considérants  : 

Attendu,  en  principe,  quc  si  les  Tribunaux  ont  le  droit  incon- 
testable d  examiner,  dans  les  affaires  qui  leur  sont  soumises,  si 
un  médecin  a  commis  une  faute  et  une  imprudence,  ou  s'il  s'est 
écarté  des  règles  de  sa  profession,  il  ne  leur  appartient  pas  de 


trancher  la  question  d'ordre  scienliûque  d'appréciation  et  lic 
pratique  médicale  ; 

Qu'ils  ne  sauraient  davantage  se  prononcer  sur  l'opportuDilt' 
d'une  opération,  sur  la  méthode  préférable  et  sur  le  meilleur 
traitement  à  suivre  ; 

Que  les  questions  purement  techniques  écliappent  à  leur 
compétence,  et  qu'ils  doivent  se  borner  à  rechercher  s'il  y  a 
eu,  de  la  part  de  l'homme  de  l'art,  imprudence,  négligente, 
défauts  de  soins  ou  maladresse  manifeste; 

Que  le  Tribunal  doit  donc  examiner  si  dans  la  cause  actaelle, 
une  faute  de  cette  nature  est  imputable  au  défendeur; 

Attendu  que  celte  faute  résulterait  tout  d'abord,  suivant  h' 
demandeur,  de  ce  que  l'opérution  était  inopportune  et  niùnic 
contrc-indiquée,  à  raison  de  l'état  général  démontré,  et  surtoul 
de  l'état  local  de  la  jambe  ; 

Mais,  attendu,  d'une  part,  qu'il  résulte  des  écritures  du  de- 
mandeur lui-même  que  c'est  sur  le  conseil  d'autres  médecin> 
et  dans  Tintenlion  de  subir  cette  opération  qu'il  s'est  fiiit 
admettre  nu  Val-de-Gràcc  ; 

Que,  d'autre  part,  c'est  à  la  suite  d'une  période  d'examen  àv 


1^'  Février  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


-  N»  5  -    67 


Vienne),  Heyfelder,  StrohI  (de  Strasbourg)  en  1845  ;  de 
Roussel  et  Gendrin  en  1846;  de  Bibra  et  Geisl  en  1847.  En 
1857,  la  thèse  d'agrégation  de  M.  Trélat  résume  d'une 
manière  remarquable  Tétat  de  la  question. 

A  cette  époque  le  c  mal  chimique  »  frappait  environ  un 
ouvrier  sur  douze.  Les  nombreux  travaux  qui  ont  été  publiés 
depuis  établissent  bien  que  sa  fréquence  a  diminué  et  les 
I  relevés  faits  l'an  dernier  par  M.  P.  Dubois  abaissent  la 
proportion  à  un  malade  sur  deux  cents  ouvriers.  La  simple 
amélioration  des  procédés  actuels  de  fabrication  suffirait- 
elle  donc  pour  faire  disparaître  sous  peu  la  nécrose  phos- 
phorée?  La  question  a  été  posée  il  y  a  quelques  semaines  à 
rAcadéinie  par  M.  Magitot  et,  à  l'unanimité,  la  savante 
Compagnie  Ta  résolue  par  la  négative:  ce  n'est  pas  de  per- 
fectionnement qu'il  faut  parler  ici  ;  l'avenir  est  dans  la 
substitution  complète  du  phosphore  rouge  au  phosphore 
bhoc 

La  discussion  de  cette  prophylaxie  ressortit  à  Thygié- 
DÎsie  et  elle  a  été  exposée  à  nos  lecteurs  au  moment  même 
de  la  communication  de  M.  Magitot.  Hais  il  reste  à  côté 
de  cela  des  faits  de  pathogénie  et  de  clinique  dont  la  con- 
naissance importe  au  chirurgien.  L'occasion  est  peut-être 
favorable  pour  en  dire  quelques  mots. 

I 

Les  conditions  d'âge,  de  sexe,  paraissent  sans  action  et 
si  les  statistiques  allemandes  accusent  une  prédominance 
marquée  des  femmes  et  des  enfants,  les  statistiques  fran- 
çaises, au  contraire,  montrent  que  l'homme  surtout  est  sujet 
à  la  nécrose  phosphorée.  Cette  contradiction  apparente  tient 
tout  simplement  à  des  différences  dans  la  composition  du 
personnel  des  usines. 

Parmi  les  causes  prédisposantes,  on  n'accorde  guère 
attention  qu'à  l'état  de  la  bouche  et  du  système  dentaire. 

Déjà  Bibra  et  Geist,  Tomes,  ont  admis  l'influence  nocive 
de  la  carie  dentaire.  M.  Magitot  va  plus  loin  :  pour  avoir 
une  action  réelle,  la  carie  doit  être  pénétrante.  Les  vapeurs 
phosphorées,  dissoutes  dans  la  salive,  pénètrent  par  celte 
voie  jusqu'au  contact  du  tissu  osseux,  qu'elles  baignent  et 
mortifient  de  proche  en  proche. 

\  cette  théorie  exclusive,  les  objections  n'ont  pas  manqué  : 
M.  Trélat,  Haltenhoff,  et  tout  récemment  Mears,  P.  Dubois, 
oui  TU  des  sujets  dont  la  mâchoire  nécrosée  ne  portait 
aucune  dent  cariée.  Pour  StrohI,  c'est  la  gencive  qui  est 
Imtermédiaire  obligé  entre  l'os  et  la  salive  toxique;  laser- 


tissure  des  dents  s'altère,  se  décolle,  avec  d'autant  plus  de 
facilité,  ajoute  M.  Trélat,  que  cette  muqueuse  est  dépourvue 
de  glandes  et  n'est  douée  que  d'une  faible  vitalité.  De  là 
la  prédisposition  efficace  créée  par  les  gingivites  diverses, 
et  Mears  incrimine  d'une  façon  spéciale  les  amas  de  tartre 
dentaire.     . 

En  somme,  tous  les  auteurs  précédents  font  de  la  nécrose 
phosphorée  une  affection  essentiellement  locale  :  le  poison 
ne  pourrait  pénétrer  que  par  une  porte  d'entrée  buccale, 
variable  d'ailleurs.  La  carie  dentaire  pénétrante  semble 
être  la  plus  fréquente.  Weinlechner  a  vu  des  ouvriers 
longtemps  indemnes  ne  commencer  à  être  malades  qu'à  partir 
du  moment  où  leur  système  dentaire  se  délabra.  Dans 
leurs  expériences,  déjà  anciennes,  Bibra  et  Geist  n'ont  pu 
provoquer  la  nécrose  sur  des  lapins  soumis  aux  inhalations 
phosphorées  qu'après  leur  avoir  arraché  des  dents  ou  brisé 
la  mâchoire. 

Mais,  dès  1845,  Lorinser  faisait  connaître  une  observa- 
tion où  l'os  malaire  s'était  mortifié  le  premier.  Or  cet  os  n'a 
rien  à  voir  avec  la  constitution  du  rebord  alvéolaire  ; 
nulle  part,  même,  il  ne  touche  à  la  muqueuse  buccale. 
Aussi  Lorinser  a-t-il  soutenu  qu'il  s'agit  d'une  intoxication 
générale,  exerçant  une  action  élective  sur  les  maxillaires. 
Cette  opinion  a  été  reprise  en  1862  par  Adam,  en  1872  par 
Wegner  (qu'on  cite  souvent  sous  le  nom  de  Degner). 
Wegner  avait  vu  amputer  la  cuisse  d'un  ouvrier  en 
allumettes  chimiques  et  avait  constaté  que  le  périoste 
épaissi  se  décollait  avec  une  facilité  anormale  de  l'os  un 
peu  enflammé.  Il  institua  des  expériences  et  confirma  celle 
observation.  Il  réussit  même  à  provoquer  des  nécroses  sur 
des  animaux  auxquels  il  faisait  ingérer  du  phosphore  sous 
forme  pilulaircEn  1886,  Hutchinson  donna  ses  soins  à  un 
homme  atteint  dans  ces  conditions. 

En  présence  de  ces  faits,  la  possibilité  d'une  intoxication 
générale  à  déterminations  osseuses  est  difficile  à  nier,  mais 
l'hypothèse  d'une  action  élective  sur  les  maxillaires  ne 
satisfait  en  rien  l'esprit  et  la  fréquence  avec  laquelle  la 
cavité  buccale  est  en  jeu  ne  saurait  guère  se  comprendre 
que  si  on  invoque,  pour  la  plupart  des  cas,  une  altération 
locale  causée  par  la  salive.  Mais  peut-être  doit-on  souvent 
associer  les  deux  théories.  Mears  signale,  sous  l'influence  de 
l'intoxication  phosphorée,  des  lésions  dégénératives  des 
parois  artérielles  :  l'action  locale  s'exercerait  sur  un  tissu 
ainsi  rendu  moins  résistant.  Cette  manière  de  voir  expli- 
querait assez  bien  comment  il  faut,  en  moyenne,  trois  ou 


près  d  un  mois,  et  après  avoir  appelé  en  outre  deux  confrères  à 
visiter  le  malade,  que  Poncet  s'est  décidé  à  pralicjaer l'opération; 

Qa  il  n'y  a  donc  eu  de  sa  jpart,  ni  hâte,  ni  légèreté  et  que  ces 
circoostances  suffisent  à  faire  écarter  sur  ce  point  Tallegalion 
d'imprudence  ; 

Qu'il  appartenait  au  médecin  seul  d'apprécier  s'il  était  préfé- 
rable de  tenter  l'opération  ou  de  s'abstenir...; 

Attendu  que  G...  articule  en  second  lieu  que  Poncet  aurait 
encore  commis  une  faute  lourde  en  se  servant  pour  l'opération 
d*un  instrument  nouveau  dont  il  ignorait  le  mécanisme  et  dont 
il  avait  laissé  le  maniement  au  fabricant  Mathieu  qui  était  sans 
qualité  pour  faire  une  opération  chirurgicale; 

Mais  attendu  que  cette  allégation  n*est  appuyée  d'aucun  élé- 
ment de  preuve; 

Que  l'appareil  dont  il  s'agit  était  inventé  et  employé  depuis 
i88â  et  qu'il  n'était  pas  inconnu  de  Poncet  puisqu'il  a  eu 
précisément  la  pensée  de  l'employer  dans  cette  circonstance  ; 

Que  le  Tribunal  qui  ne  peut  apprécier  le  degré  d'habileté 
ou  de  pratique  d'un  chirurgien  peut  encore  moins  se  prononcer 
Hur  remploi  de  tel  ou  tel  instrument  ; 


Qu'en  tout  cas  la  présence  du  fabricant  lui-même,  assistant 
le  chirurgien  en  qualité  d'aide,  loin  de  pouvoir  être  retenue 
comme  un  élément  de  faute  à  la  charge  de  Poncet,  était  au 
contraire  une  circonstance  favorable  pour  le  succès  de  l'opéra- 
tion ; 

Attendu  que  G...  reproche  en  troisième  lieu  à  Poncet  d'avoir 
refusé  malgré  ses  sollicitations  les  plus  pressantes  de  véri- 
fier et  de  relâcher  l'appareil  destiné  a  obtenir  le  redressement 
de  la  jambe  et  la  réduction  de  la  fracture; 

MaiS)  attendu  que  celte  articulation  tendrait  en  réalité  à 
imputer  à  faute  à  un  médecin  de  n'avoir  pas  cédé  aux  sollicita- 
tions d'un  malade; 

Qu'il  résulte  de  ce  qui  précède  qu'elle  n'est  pas  pertinente; 

Par  ces  motifs  G...  est  aébouté  de  sa  demande  et  condamné 
aux  frais. 

Ce  jugement  ne  peut  (qu'être  loué.  Il  appartient  aux 
tribunaux  d'étudier  attentivement  toutes  les  causes  qui 
leur  sont  soumises  et  par  conséquent  d'examiner  si  un 
médecin  ou  un  chirurgien  a  commis  une  faute  lourde  dans 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


1''  Février  1889 


quatre  ans  de  séjour  à  Tusine  avant  que  rostéo-périostite 
se  manifeste. 

n 

On  a  voulu  assigner  à  la  nécrose  phosphorée  des  carac- 
tères anaiomiques  spéciaux.  On  n'a  pas  tardé  à  reconnaître 
qu'il  n'en  existe  pas. 

C'est  simplement  uneostéo-périostite  nécrosique  à  marche 
très  lente,  à  envahissement  progressif  de  proche  en  proche, 
et  la  lenteur  du  processus  rend  compte  d'ostéophytes 
assez  abondants;  dont  les  uns,  grisâtres,  poreux,  adhèrent 
au  séquestre  ;  dont  les  autres,  adhérents  au  périoste,  ont 
une  face  profonde  éburnée  et  une  face  libre  poreuse. 

Les  séquestres  sont  d'une  étendue  variable.  C'est  presque 
toujours  vers  la  bouche  qu'ils  tendent  à  s'éliminer.  Mais 
cette  élimination  est  très  lente,  précisément  parce  que 
l'ostéite  nécrosique  envahit  de  proche  en  proche  et  par 
conséquent  n'arrive  que  tard  à  la  séquestration,  si  même 
elle  y  arrive. 

Cette  marche  envahissante  a  trop  souvent  des  consé- 
quences mortelles.  Du  maxillaire  supérieur,  la  lésion 
s'étend  à  l'os  malaire,  au  palatin,  à  l'orbite,  à  l'ethmoïde: 
de  là  des  méningo-encéphalites,  des  phlébites  des  sinus, 
des  nécroses  de  toute  la  base  du  crâne.  Le  maxillaire 
inférieur  est  mieux  situé  sous  ce  rapport;  mais  à  un  moment 
donné  l'arthrite  purulente  temporo-maxillaire  n'est  pas  rare 
et  la  nécrose  gagne  de  là  le  temporal. 

Les  lésions  viscérales  seraient  importantes  pour  démon- 
trer la  réalité  d'une  intoxication  générale.  Haltenhoff, 
Leudet,  ont  vu  de  la  dégénérescence  amylolde  du  foie  et 
des  reins;  Bucquoy,  Jagu,  notent  de  la  stéatose  viscérale. 
Mais  la  malade  de  Bucquoy  est  morte  de  variole.  Quelle  est 
donc  la  part  de  cette  pyrexie  dans  les  lésions  viscérales, 
et,  pour  les  autres  cas,  quelle  est  la  part  de  la  septicémie 
chronique?  C'est  une  question  à  étudier  encore,  quoique 
Wegner,  dans  ses  expériences,  ait  souvent  constaté  des 
altérations  hépatiques. 

III 

L'évolution  clinique  de  la  maladie  doit  se  diviser  en  trois 
périodes  :  ostéo-périostite;  nécrose  ;  séquestration. 

L'ostéo-périostite  a  un  début  insidieux.  Des  odontalgies 
s'accentuent  peu  à  peu  en  même  temps  que  les  gencives 
deviennent  tuméfiées,  fongueuses  et  saignantes.  Puis  les 
douleurs  prennent  un  caractère  névralgique,  s'irradient 


vers  l'oreille,  la  face,  l'épaule  même,  et  les  malades  se  font 
arracher,  l'une  après  l'autre,  des  dents  souvent  à  peu  près 
saines.  Il  va  sans  dire  qu'ils  créent  ainsi  des  portes  d'entrée 
nouvelles  à  l'agent  toxique.  A  celte  période,  des  poussées 
de  gonflement,  de  véritables  fluxions  se  voient  à  la  face 
externe  du  maxillaire  atteint. 

Parfois  tout  se  borne  là  et  la  maladie  rétrocède  sans 
aboutir  à  la  nécrose.  Mais  cette  forme  bénigne  est  rare.  A 
l'ordinaire,  ce  n'est  qu'une  rémission  et,  au  bout  d*un 
temps  variable,  l'aflection  reprend  son  cours. 

La  nécrose  une  fois  établie,  les  douleurs  s'amendent. 
Puis,  après  chute  des  dents  et  ulcération  des  gencives,  Tos 
grisâtre  apparaît  à  nu  dans  la  bouche,  tandis  que  la  tumé- 
faction sous-cutanée  envahit  soit  la  face,  soit  le  cou,  sui- 
vant que  la  lésion  occupe  le  maxillaire  supérieur  ou 
le  maxillaire  inférieur.  Des  bosselures  fluctuantes  s'ouvrent 
successivement,  laissant  des  fistules  par  lesquelles  le  stylet 
arrive  au   contact  de  l'os  dénudé. 

Alors  l'haleine  est  fétide,  l'alimentation  difficile,  h 
phonation  pénible.  Ces  phénomènes  fonctionnels  persistent 
pendant  la  période  de  séquestration.  Nous  ne  reviendrons 
pas  sur  l'époque  tardive  où  survient  celle  séquestration  : 
parfois  même,  l'ostéite  ne  se  limitant  pas,  il  ne  se  forme 
pas  de  séquestre  mobile. 

C'est  dans  ce  dernier  cas  surtout  que  la  mort  par  pro- 
pagation à  la  base  du  crâne  est  à  craindre.  Ou  bien  la 
cachexie  s'installe,  due  à  la  suppuration  prolongée  et, 
ajoute  Ch.  Lailler,  à  la  perte  de  la  salive  :  le  sujet  meurt 
ainsi  dans  le  marasme.  Ailleurs  il  est  emporté  brusque- 
ment par  des  hémorrhagies,  un  érysipèle,  etc. 

La  mortalité  était  autrefois  considérable.  La  statistique 
de  Trélat  donnait  en  1857  les  chiffres  suivants  :  la  mort 
survenait  dans  la  moitié  des  cas  lorsque  les  deux  mâchoires 
étaient  atteintes;  dans  un  tiers  pour  le  maxillaire  supérieur 
seul;  dans  un  quart  pour  le  maxillaire  inférieur;  soit  en 
moyenne  dans  un  tiers  des  cas.  Grâce  à  l'hygiène  et  à  la 
chirurgie  le  danger  est  devenu  moindre,  si  bien  qu'en 
1866  Billroth  voit  la  mortalité  tomber  à  15  pour  100;  et 
d'après  P.  Dubois  en  1887  elle  ne  serait  plus  que  d'en- 
viron 10  pour  iOO. 

Mais  les  survivants  sont  bien  souvent  défigurés,  hideux, 

avec  une  face  ici  gonflée,  là  affaissée,  ailleurs  cicatricielle. 

Heureux  encore  lorsque  l'os  régénéré  ne  subit  pas  à  sou 

tour  les  atteintes  du  mal. 

Nous  ne  parlerons  pas  davantage  de  cette  régénération: 


l'exercice  de  sa  profession.  Le  tribunal  aurait  donc  pu, 
comme  le  demandait  d'ailleurs  le  ministère  public,  ordon- 
ner une  enquête  ou  une  expertise.  Il  ne  l'a  point  fait, 
préférant  tenir  compte  à  M.  le  docteur  Poncet  de  sa  haute 
notoriété  scientifique  et  de  la  position  éminente  qu'il  avait 
si  dignement  occupée  dans  la  médecine  militaire.  Mais, 
après  avoir  reconnu  que  les  juges  du  tribunal  de  la  Seine 
ont  fait  preuve  d'équité  et  de  bienveillance,  nous  devons 
nous  demander  ce  qui  serait  advenu  s'ils  avaient  obéi  aux 
suggestions  du  parquet,  s'ils  avaient  ordonné  l'enquête. 

Dans  le  cas  particulier  qui  nous  occupe,  il  s'acissait 
d'un  fonctionnaire  public,  d'un  officier  de  l'armée.  C  est  le 
ministre  de  la  guerre,  chef  hiérarchique  de  M.  docteur 
Poncet,  qui  devait  prendre  en  main  la  cause  de  son  subor- 
donné. Ce  sont  les  avocats  et  les  avoués  du  ministère  qui 
ont  été  chargés  de  sa  défense.  Le  professeur  du  Val-de-Gràce 
a  pu  être  ennuvé  de  cette  pénible  affaire;  il  n'a  eu  à  en 
supporter   ni  les  inconvénients  moraux    ni    les  charges 


matérielles  qui  auraient  été  imposés  à  des  médecins  civils. 

Supposons  en  effet  qu'un  autre  chirurgien  ait  eu  à  soigner 
M-  G...  et  ait  cru  devoir  agir  comme  M.  Poncet.  Pense- 
t-on  qu'il  lui  eût  été  indifférent  de  répondre  à  diverses 
reprises  aux  interrogatoires  auxquels  il  aurait  été  soumis, 
de  se  rendre  maintes  fois  au  cabinet  du  juge  d'instruction 
ou  bien  aux  audiences  du  tribunal?  Croit-on  que  les  frais 
qu'entraîne  un  procès  alors  même  qu'on  le  gagne  ne  soient 
pas  très  onéreux  pour  un  chirurgien?  Et  si  une  enquête  est 
ordonnée  ;  si  durant  plusieurs  mois  la  réputation  a'un  mé- 
decin ou  d'un  chirurgien  est  à  la  merci  de  commentaires 
malveillants  ou  d'insinuations  calomnieuses,  celui-ci  ne 
serait-il  pas  en  droit  de  chercher,  par  une  demande  recon- 
ventionnelle de  dommages-intérêts,  à  obtenir  une  légitime 
satisfaction  ? 

Mais,  il  faut  le  reconnaître,  le  public  en  général  et  les 
magistrats  en  particulier  n'admettent  pas  aisément  une 
semblable  procédure.  Aussi,  le  plus  souvent,  le  médecin 


J'^  Février  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N-  5  —      60 


ce  serait  verser  dans  Tétode  générale  de  la  nécrose  des 
mâchoires. 


IV 


Le  diagnosric  est  presque  toujours  évident  :  le  malade 
Ta  fait  avant  de  consulter  le  chirurgien.  L'évolution,  le 
corn mémoratif  professionnel  empêchent  toute  erreur.  Tout 
au  plus  faut-il  se  tenir  en  garde  contre  les  cas,  assez  rares 
il  est  vrai,  où  la  première  poussée  d*ostéite  éclate  quelques 
mois  après  que  l'ouvrier  a  quitté  Tatelier. 

Le  point  délicat  est  de  savoir  si  la  nécrose  est  limitée,  et 
la  mobilité  du  séquestre  est  pour  cela  le  fait  capital,  mais 
non  pathognomonique  ;  elle  manque  dans  une  nécrose 
terminée  où  le  séquestre  est  enclavé  dans  l'os  nouveau; 
e\le  peut  exister  alors  qu'an  delà  du  séquestre  l'ostéite 
conlinue  sa  marche. 

Pour  déceler  Tenvahissement  de  la  base  du  crâne  on 
tiendra  connple,  au  maxillaire  inférieur,  de  Totalgie  avec 
olorrhée;  au  maxillaire  supérieur,  des  céphalalgies  fron- 
tales, du  chémosis  et  de  l'exophthalmie,  indices  d'une 
ostéite  orbitaire. 

Dans  ce  dernier  cas,  sans  doute,  le  traitement  chirur- 
gical ne  saurait  guère  être  actif.  Mais,  lorsque  la  maladie 
D  a  encore  lésé  que  les  mâchoires,  on  peut  obtenir  des 
résultats  assez  satisfaisants. 

Au  début,  Haltenhoff  a  eu  quelques  succès  par  l'iodure 
de  potassium  à  l'intérieur  ;  Mears,  par  l'exposition  aux 
vapeurs  de  térébenthine.  Hais  le  traitement  chirurgical  est 
presque  toujours  nécessaire. 

L'extraction  des  séquestres  est  une  indication  thérapeu- 
tique indiscutée  et  indiscutable.  Mais  est-ce  la  seule?  Oui, 
pour  Loriozer,  Lailler,  Trélat,  Rose,  pour  la  plupart  des 
chirurgiens  anglais.  Intervenir  avant  la  séquestration,  c'est 
risquer  d'enlever  plus  que  ne  détruirait  le  mal;  ou  au 
contraire  d'enlever  trop  peu,  et  Tostéite  continue  alors  son 
cours. 

Rillroth,  Langenbeck,  Pitha,  Richet,  ne  sont  pas  de  cet 
avis  :  la  résection  hâtive  et  large  tarit,  d'après  eux,  la 
suppuration;  met  jusqu'à  un  certain  point  à  l'abri  delà 
propagation  aux  os  du  crâne  ;  assure  une  régénération  plus 
régulière. 

Cela  serait  fort  bien  si  l'on  connaissait  les  limites  de 
l'ostéite.  Mais  il  n'en  est  rien,  et  les  récidives  sont  fré- 
quentes, à  moins  que  Ton  n'inflige  aux  patients  des  déla- 


brements vraiment  inutiles.  Peut-être  faut-il  donc  se  rallier 
à  la  temporisation,  d'autant  plus  que  les  opérations  tar- 
dives peuvent,  pour  la  plupart,  être  faites  par  la  bouche  ; 
que  jusque-là  les  lavages  buccaux  suffisent  en  général  à 
rendre  supportables  les  inconvénients  d'une  suppuration 
modérée. 

Mais  on  sera  prêt  à  intervenir  plus  tôt  s'il  y  a  une  indica- 
tion spéciale.  Ainsi,  Alph.  Guérin  a  dû  opérer  pour  parer  à 
une  déperdition  grave  de  salive.  Maisonneuve,  Verneuil, 
ont  fait  la  résection  avant  la  période  de  séquestration  pour 
couper  court  à  une  suppuration  qui  épuisait  les  malades. 

A.  Broca. 


CONTRIBUTIONS  PHARMACEUTIQUES 

Sar  I*hulle  «rlaie,  nonveaa  procédé  fie  préparatton. 

On  n'a  peut-être  point  oublié  que  c'est  dans  la  Gazette 
hebdomadaire  que,  pour  la  première  fois,  fut  recommandé 
Tusage  en  pharmacie  de  la  vaseline  liquide.  Les  articles 
que  j'ai  écrits  à  ce  sujet  n'ont  pas  tardé  à  faire  adopter 
la  pétrobaseline,  comme  je  l'appelais  alors,  ou  vaseline 
liquide,  comme  véhicule  d'un  grand  nombre  d'injections 
médicamenteuses. 

Parmi  les  injections  mercurielles,  celles  que  nous  avons 
eu  le  plus  souvent  à  exécuter  étaient  composées  de  vase- 
line liquide  et  d'un  dixième  de  calomel.  Depuis  quelque 
temps  elles  tendent  à  être  remplacées  par  celles  d'huile 
grise  qui,  apparemment,  n'occasionne  aucun  abcès. 

Mais  la  préparation  de  ce  mélange  mercuriel  a  offert 
jusqu'à  ce  jour  de  grandes  difficultés,  et  il  nous  a  paru 
intéressant  de  chercher  à  la  simplifier. 

MM.  Lang  et  Trost,  qui  les  premiers  ont  proposé  l'huile 
grise,  l'ont  préparée  avec  du  mercure  éteint  dans  la  lano- 
line au  moyen  du  chloroforme,  et  de  l'huile  d'olives.  Le 
mélange  ainsi  fait  a  la  couleur  de  l'onguent  gris,  est  demi- 
fluide,  et  contient  30  pour  100  de  mercure. 

M.  le  docteur  Balzer,  n'ayant  été  satisfait  ni  de  l'emploi 
de  ce  médicament  ni  de  sa  préparation,  a  prié  son  interne 
M.  Beausse  de  chercher  un  procédé  plus  avantageux. 

Le  moyen  que  M.  Beausse  a  trouvé  ne  nous  a  pas  paru 
un  progrès  réel.  On  a  pu  s'en  rendre  compte  par  ce  simple 
aveu,  qu'il  exige  cinq  heures  consécutives  de  travail. 

Nous  n'avons  pas  été  plus  heureux  avec  le  procédé  de 


lui-même  recule-t-il  devant  les  ennuis  que  lui  occasion- 
nerait un  nouveau  procès.  Et,  lorsqu'une  difficulté  survient 
vis-à-vis  d'un  client  récalcitrant,  il  préfère  passer  outre  plutôt 
que  de  s'exposer  à  voir  son  nom  et  ses  actes  livrés  à  une 
discussion  publique.  Que  de  faits  l'on  pourrait  citer  à  l'ap- 
pui de  cette  manière  d'agir?  En  voici  de  tous  récents.  Il  y  a 
peu  de. temps  une  de  mes  clientes  se  trouvait  atteinte  d'une 
tumeur  cancéreuse  qui  donnait  naissance  aux  accidents  les 
plus  douloureux  et  les  plus  graves.  Un  chirurgien  des  plus 
éminents  est  consulté.  Il  conseille  l'amputation  de  la  partie 
malade.  L'opération  est  pratiquée  avec  la  conscience  et 
rhabileté  les  moins  contestables.  Mais  la  malade  succombe 
au  bout  de  quelques  jours  à  une  septicémie  aiguë.  Arrive 
rheure  du  règlement  des  honoraires.  Sur  la  demande  de 
mon  savant  maître  j'écris  au  mari  de  la  défunte  pour  lui 
fixer  le  cbifiTre  des  honoraires  dus  pour  cette  opération.  Je 
reçois  une  lettre  injurieuse  —  non  pour  moi,  on  me  couvre 
de  fleurs  !  —  mais  pour  le  chirurgien  qui  a  mal  opéré,  qui 


a  assassiné  une  pauvre  et  sainte  femme,  etc.,  etc.  On  le 
menace  d'un  procès.  On  déclare  qu'on  ne  reculera  devant 
aucun  scandale  pour  obtenir  des  tribunaux  la  flétrissure 
d*un  acte  aussi  blâmable  qu'une  opération  in  extremis^  etc. 
Que  pouvait-on  répondre?  Assigner  ce  débiteur  récalcitrant, 
entamer  un  procès  long,  onéreux  et  pénible?  Il  me  paraît 
évident  que  le  nom  seul  du  chirurgien  eût  suffi  à  éclairer 
les  juges.  Mais  il  nous  a  semblé  préférable  à  tous  deux  de 
ne  point  répondre  à  de  pareilles  injures  et  nous  avons  fait  le 
le  sacrifice  de  nos  honoraires  plutôt  que  d'entamer  un 
procès. 

Une  histoire  plus  édifiante  encore  m'a  été  contée  par  un 
médecin  de  campagne.  Par  l'une  des  nuits  les  plus  rigour 
reuses  du  dernier  hiver,  le  docteur  X...  était  brusquement 
réveillé.  Un  paysan  qu'il  ne  connaissait  pas  le  conjure  de 
se  rendre  à  10  kilomètres  de  son  domicile  pour  y  voir  une 
enfant  qui,  disait-il,  soufl'rait  cruellement  de  Ja  gorge.  En 
vain  le  médecin  allègue-t-il  le  temps  aflireux,  Son  extrême 


70      —  N-  5  -^ 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  l-'  Février  1889 


Neisser  (de  Breslau),  qui  éteint  le  mercure  dans  de  la 
vaseline  liquide  au  moyen  de  la  teinture  éthérée  de  ben- 
join. 

Ce  tour  de  main  trouvé  par  M.  Lebœuf  pour  faciliter  l'ex- 
tinction du  mercure  dans  la  graisse,  ne  réussit  pas  si  faci- 
lement pour  la  vaseline  liquide. 

Forcé  de  préparer  de  l'huile  grise  sur  la  demande  d'un 
médecin,  je  me  suis  mis,  à  mon  tour,  à  l'œuvre  et  voici  le 
procédé  auquel  je  me  suis  arrêté. 

On  triture  dans  un  mortier  très  propre  et  stérilisé  par 
un  flambage  à  l'alcool,  2>'',50  de  vaseline  blanche  solide, 
et  1  gramme  d'onguent  mercuriel  bien  fait.  Quand  le  mer- 
cure est  éteint,  ce  qui  demande  au  plus  vingt  minutes,  on 
ajoute  7  grammes  de  vaseline  solide  et  20  grammes  de 
vaseline  liquide.  On  obtient  ainsi  un  mélange  intime  très 
très  facile  à  employer  et  qui  contient  40  pour  100  de  mer- 
cure. On  injecte  deux  dixièmes  de  la  seringue  ou  0,08'  de 
mercure  chaque  fois.  Ces  injections  sont  répétées  chaque 
semaine  pendant  deux  mois  environ.  Une  provision  de 
5  grammes  suffira  largement  au  traitement. 

Pierre  Yigier. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

CIlBiqae  mMlMle. 

Pleurésies  hétapneumoniques  (pneumo-pleurésies  de 
WoiLLEz).  Communication  faite  à  la  Société  des  hôpitaux 
dans  la  séance  du  18  janvier  1889,  par  M.  Troisier, 
agrégé,  médecin  de  la  Pitié. 

Woillez  a  désigné  sous  le  nom  de  pneumo-pleurésie  la 
pleurésie  qui  apparaît  dans  la  pneumonie  après  la  déferves- 
cence  ou  pendant  la  période  de  résolution.  La  dénomination 
îe  pleurésie  métapneumoniqtte  (1),  usitée  en  Allemagne, 
exprime  bien  la  succession  des  deux  actes  morbides;  ie  la 
préfère  au  mot  créé  par  Woillez,  qui  peut  prêter  à  quelque 
confusion. 

Ces  pleurésie?,  d'origine  pneumoniqne,  forment  certai-* 
nement  un  groupe  spécial,  intéressant  à  étudier.  Je  les 
recherche  depuis  longtemps;  je  me  suis  surtout  demandé 
quelle  en  est  l'évolution  et  quelle  est  la  nature  du  liquide 
exsudé. 

Woillez  prétend  que  la  pneumo-pleurésie  est  insidieuse 

(1)  De  |fciT«,  après,  ie  me  tais  BOUYent  servi  du  terme  post-pneumonique,  que 
M.  H.  Barth  emploie  éfl^alement  dans  son  récent  article  Pnbumonie  du  Diet. 
encycl.  det  te.  méd.  H96S,  p.  295),  mais  ce  mot  n'e!it  pas  régulièrement  formé. 


et  grave,  presque  toujours  purulente,  c  Ici,  dit-il,  la  pleu- 
résie se  développe  à  la  suite  de  la  pneumonie,  d'abord 
comme  maladie  fatente,  puis  comme  pleurésie  grave  avec 
épanchement  rebelle.  »  Et  plus  loin  :  c  La  gravité  exception- 
nelle de  la  pleurésie,  dans  les  condHions  que  je  viens  de 
rappeler,  n*a  pas  encore  été  signalée. Elle  mérite  rattention 
du  praticien,  dont  le  pronostic  doit  être  extrèmemeot 
réservé,  lorsqu'il  s*agit  d'une  pleurésie  succédant  à  une 
pneumonie,  puisaue  cette  pleurésie  est  habituellement 
purulente  et  le  plus  souvent  mortelle.  »  Il  est  vrai  que 
Woillez  fait  la  restriction  suivante  :  c  Je  ne  veux  pas  dire 

Ïue  celte  purulence  soit  constante  en  pareille  circonstance. 
Ille  est  la  règle  générale  avec  de  rares  exceptions.  > 
Les  faits  que  j'ai  observés  me  permettent  de  dire  que  les 
exceptions  dont  parle  Woillez  ne  sont  pas  aussi  rares  qu'il 
le  pensait.  Je  crois  que  la  pleurésie  métapneumonique  est 
assez  souvent  séro-fibrineuse  et  qu'elle  peut  se  terminer  par 
la  guérison  après  une  durée  relativement  courte. 
Voici  ces  ooservations  : 

Obs.  I.  —  Une  femme,  âeée  de  vingt  et  un  ans,  d'une  boDot" 
santé  habituelle,  entre  à  1  hôpital  Tenon  le  13  mars  1885  p«or 
une  pneumonie  qui  avait  débuté  bruscfuement  le  11  mars  aa 
soir.  Cette  pneumonie  siège  dans  la  moitié  inférieure  du  poumon 
droit;  elle  est  caractérisée  par  les  signes  habituels  de  la  pneu- 
monie fibrineuse  :  râle  crépiUint,  souffle  tubaire,  bronehophonie, 
submalité,  point  de  côté.  Quelques  crachats  visqueux,  d'une 
coloration  sucre  d'orge. 

La  fièvre  est  élevée:  temp.  rect.,  soir,  iO«,3, 

Le  14,  la  lésion  s'est  étendue  du  côté  de  Faisselle.  Agitation. 
Épistaxis.  Temp.  rect.,  matin,  40^,5;  trois  heures,  soir,  iO",ll; 
six  heures,  soir,  40^,4.  P.,  146. 

Le  15,  temp.  rect.,  matin,  4(>»,5;  soir,  39* ,4.  Même  état  local. 

Le  IG,  la  douleur  de  côté  a  disparu.  Nouvelle  épistaxis.  Les 
râles  commencent  à  prendre  les  caractères  des  râles  de  retour; 
le  souffle  tubaire  est  toujours  très  marqué.  Temp.,  rect.,  malin, 
39«,5;soir,  39%2. 

Le  17,1e  souffle  est  moins  intense;  les  râles  de  retour  sont 
mélangés  de  râles  ronflants  et  sibilants.  Temp.,  matin,  39^,3; 
soir,  39  degrés. 

fie  18  (huitième  jour  de  la  pneumonie),  la  température  du 
matin  est  à  38  degrés.  Le  souffle  a  disparu.  Outre  les  râles,  ou 
entend  un  frottement  pleural  très  net  dans  Taisselle  et  en 
arrière,  au  niveau  de  Tépine  de  Tomoplate.  Dans  la  journée,  la 
malade  éprouve  une  violente  douleur  à  la  base  du  poumon  droit. 
Temp.  rect.,  matin,  38  degrés;  soir,  38'',2. 

Le  19,  la  douleur  persiste  avec  la  même  intensité.  La  respi- 
ration est  accélérée  et  irrégulière.  Frottement.  Temp.  rect., 
matin,  38%2;  soir,  39«,3. 

Le  20,  je  constate  tous  les  signes  d*un  épanchement  pleural  : 
matité  dans  la  moitié  inférieure  du  côté  droit,  souffle  doux, 
égophonie.  Il  n\  a  plus  ni  râles,  ni  frottement.  Temp.,  malin, 
38%4;soir,  38%9. 

Le  21,  mêmes  signes  locaux.  Temp.  rect.,  matm,  38%1;  soir, 
39  degrés. 


fatigue,  les  difficultés  qu'il  éprouve  à  faire  atteler  à  cette 
heure  tardive.  Le  paysan  insiste.  Il  est  venu  à  pied,  dit-il, 
n'ayant  pas  de  quoi  ;  c'est  une  œuvre  de  charité,  ajoute-t-il  ; 
aucun  médecin  ne  consentirait  à  venir  dans  ce  boui^  loin- 
tain on  seul  le  docteur  X...  va  donner  parfois  quelques  con- 
sultations gratuites.  Emu  de  pitié,  le  médecin  se  rend  aux 
sollicitations  du  malheureux  qui  l'implore  et,  après  deux 
heures  d'une  route  des  plus  pénibles,  il  arrive  devant  une 
masure.  Le  paysan  le  prie  d'attendre  un  instant  et,  lorsqu'il 
lui  est  permis  de  pénétrer,  le  médecin  se  trouve  en  face 
d'une  femmeà  peine  réveillée  qui  parait  ne  rien  comprendre 
à  ses  questions,  et  lui  répond  en  grommelant,  et  d'une 
enfant  de  trois  ans  qui  dort  d'un  sommeil  paisible.  Le 
paysan  se  confond  en  remerciements  et  en  protestations  de 
respect.  Il  déclare  que  son  enfant  va  certainement  beaucoup 
mieux,  mais  cju'elle  était  bien  malade  lorsqu'il  est  parti. 
Il  fait  force  simagrées  pour  montrer  comment  elle  respi* 
rait,  comment  elle  toussait.  Impatienté,  le  médecin,  qui, 


après  examen,  reconnaît  que  l'enfant  est  fort  bien  portanle 
remonte  dans  sa  carriole  et  rentre  chez  lui. 

Quelques  jours  plus  tard,  à  sa  consultation,  le  docteur  X..< 
voit  arriver  un  paysan  habitant  le  petit  bourg  où  s'était 
passée  cette  scène.  «  Ah  ben  !  dit  celui-ci  en  entrant  dans  k 
cabinet  du  docteur,  vous  avez  été  joliment  joué  l'autre  nuit 
par  le...  —  Et  comment  cela? — Voilà,  j'vas  vousdire.  Le... 
était  allé  à  la  ville.  Il  s'était  dit  comme  ça  :  Le  temps  est 
mauvais,  je  parie  que  je  ne  rentrerai  pas  à  pied.^  Tope  la 
que  je  lui  avais  dit...  Et  il  a  gagné  son  pari.  »— Etcomtne 
le  médecin  le  regardait  un  peu  ahuri,  c  Eh  ben  quoi, 
ajouta  le  paysan  avec  un  gros  rire,  il  s'est  allé  vous  cher- 
cher et  c'est  vous  qui  l'avez  véhiculé  sans  frais,  car  ben  sur 
ce  n'est  pas  lui  qui  vous  donnera  cent  sous  pour  cette 
visite.  »  ^ 

Que  pouvait,  (|ue  devait  faire  un  médecin  joué  de  la  sorte . 
Croit-on  que  s'il  avait  poursuivi,  devant  le  juge  de  pat*  "^ 
son  canton,  le  misérable  qui  n'avait  respecté  ni  sa  faligt*^ 


1'^  Février  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N»  5  —    li 


Le  ±%  l'épanchement  n'augmente  pas  ;  il  n'y  a  ni  dilatation 
appréciable  du  thorax,  ni  abaissement  du  foie.  Temp.  rect., 
matin,  39*,5;  soir,  39*,7. 

Le  23,  pas  de  modification  dans  Fétat  local,  mais  la  fièvre 
commence  à  diminuer.  Temp.  rect.,  matin,  38",3;  soir,  38  degrés. 

Le  %i  (sixième  jour  de  la  pleurésie),  temp.  rect.,  matin, 
:n%4;  soir,  37*,3. 

Le  25,  la  limite  du  souffle  est  notablement  abaissée.  Temp. 
rect.,  matin,  37*,5;  soir,  3H*,5. 

Le  26,  on  entend  d'une  façon  très  nette  des  frottements 
pleuraux  dans  1  aisselle  sur  la  limite  du  souffle.  Temp.  rect., 
matin,  37%7;  soir,  37%7. 

Le  27,  Tépanchement  diminue  de  plus  en  plus.  Temp.  rect., 
malin,  37*,6 ;  soir,  38%3. 

Le  28,  le  souffle  est  moins  net,  il  ne  se  produit  plus  qu'à 
rexpiration;  il  est  limité  à  la  base.  Egophonie.  Temp.  rect., 
37\3  et  37*,5. 

Le  1*^  avril  (quatorzième  jour  de  la  pleurésie),  tous  les  signes 
d'épanchement  ont  disparu.  Le  murmure  vésiculaire  reste  seu* 
lement  un  peu  affaibli  aans  le  tiers  inférieur  du  poumon. 
Bientôt  ta  malade  peut  se  lever  et  le  16  avril  elle  sort  de 

rhôpital  complètement  guérie. 

Cette  observation  n'est-elle  pas  aussi  probante  que 
possible? 

Une  jeune  femme  est  atteinte  en  pleine  santé  d'une 
pneumonie  franche  du  lobe  inférieur  droit.  La  défervescence 
se  fait  au  commencement  du  huitième  jour;  en  même  temps 
le  souffle  tubaire  disparait  et  Ton  entend  pour  la  première 
fois  du  frottement.  La  fièvre  se  rallume  et  en  deux  iours  il 
se  produit,  en  regard  du  lobe  hépalisé,  un  épanchement 
peu  abondant,  qui  reste  limité  à  la  moitié  inférieure  du  côté 
droit.  La  résorption  commence  à  se  faire  sept  ou  huit  jours 
après  le  début  de  la  pleurésie  et  elle  est  complète  vers  le 
quinzième  jour. 

N'est-il  pas  légitime  d'admettre  qu'il  s'agissait  là  d'une 
pleurésie  séro-fibrineuse  ?  Tout  l'indique  :  la  rapidité  de 
révolution,  la  bénignité  des  phénomènes  généraux,  le  peu 
d'élévation  de  l'état  fébrile,  la  terminaison  favorable. 

Dans  le  cas  suivant,  je  me  suis  assuré  par  une  ponction 
eiploratrice  faite  avec  la  seringue  de  Pravaz,  que  le  liquide 
épanché  était  séro-fibrineux. 

H.  —  H  s'agissait  d'un  homme  de  vingt-sept  ans, 
,  entré  le  28  novembre  1 886  à  Thôpital  Sainte-Antoine 
pour  une  pneumonie  du  lobe  inférieur  gauche  datant  de  deux 
)oars.  Elle  était  caractérisée  par  un  souffle  tubaire  nettement 
circonscrit  s'entendant  au-dessous  de  Tépine  de  Tomoplate. 
Crachats  visqueux  et  briquelés.  Violent  pomi  de  côté.  La  lièvre 
piâil  vive.  Temp.  rect.,  matin,  39%5;  soir,  A(y,S,  P.,  100. 

Le  f9,  au  matin,  le  malade  avait  une  dyspnée  excessive  et  il 
était  dans  la  prostration.  La  température  rectale  était  de  40",3. 
U  pneumonie  gauche  ne  s'était  pas  étendue^  mais  le  poumon 
droit  était  également  atteint;  il  y  &vait  à  droite  au-dessous  de 


Obs. 
robuste 


répine  de  Tomoplate  un  souffle  tubaire  très  intense,  que  Ton  ne 
pouvait  confondre  avec  un  souffle  de  propagation. 

Le  30,  l'état  est  le  même.  Même  prostration.  Dyspnée  consi* 
dérable(7â  respirations  à  la  minute).  Albuminurie.  Temp.  rect., 
matin,  39«,7  ;  soir,  -40^,8.  P.,  100. 

Le  1*' décembre,  râles  de  retour  à  gauche,  dans  toute  l'étendue 
du  souffle  dont  Tintensité  a  beaucoup  diminué.  A  droite,  le 
souffle  tubaire  est  toujours  très  prononcé  et  il  s'entend  au  niveau 
de  la  fosse  sus-épineuse.  Temp.  rect.,  matin,  39^,6;  soir,  40^,6. 

Le  2  (cinquième  jour),  la  température  est  tombée  à  38%3  le 
matin.  La  dyspnée  est  moins  forte  (42  respirations  à  la  minute). 
A  gauche,  persistance  des  râles  de  retour;  le  souffle  tubaire 
n'existe  plus  et  il  est  remplacé  par  une  respiration  afl'aiblie. 
A  droite,  apparition  de  râles  de  retour. 

Le  3,  temp.  rect.,  matin,  38*^,4, le  mieux  continue;  soir,  39",5. 

Le  4,  temp.  rect.,  matin,  38  degrés.  A  droite,  dans  les  régions 
sus  et  sous-epineuses,  râles  de  retour  et  respiration  soufflante. 
A  gauche,  on  n*entend  plus  de  râles,  la  respiration  est  redevenue 
soufflante  au  niveau  du  tiers  inférieur  du  poumon;  ce  n*est  plus 
un  souffle  tubaire,  mais  un  souffle  doux,  caractéristique  uun 
épanchement.  Egophonie,  matité.  La  ponction  avec  la  seringue 
de  Pravaz  donne  un  liquide  citrin  et  transparent. 

Cet  épanchement  pleural  resta  circonscrit  à  la  base  du  poumon 
gauche  ;  sa  limite  supérieure  atteignit  à  peine  la  pointe  de 
romoplate.  Vers  le  14  décembre,  c'est-â-dire  douze  ou  treize 
jours  après  son  apparition,  il  commença  à  décroître. 

Le  17,  le  souffle  et  Tégophonie  n'existaient  plus  qu'au  milif^u 
de  la  gouttière  costo-vertéorale,  et  quelques  jours  plus  tard,  la 
résorption  de  Tépancheraent  était  achevée.  La  fièvre,  qui  ne  fut 
jamais  très  élevée  (37*,5  à  38  degrés  le  matin,  38",d  le  soir), 
tomba  complètement  et  le  malade  sortit  de  l'hôpital  après  une 
convalescence  de  courte  durée. 

Ici  encore  la  pleurésie  se  produisit  au  moment  de  la 
défervescence,  I  épanchement  fut  peu  abondant,  séro- 
fibrineux,  et  il  disparut  spontanément  au  bout  d'une 
quinzaine  de  jours.  Et  cependant  la  pneumonie  avait  pris  un 
certain  caractère  de  gravité. 

Obs.  III.  —  Un  homme  âgé  de  trente-six  ans,  de  constitution 
moyenne,  entre  â  THôtel-Dieu  annexe,  le  11  décembre  1880,  pour 
une  pneumonie  ayant  débuté  le  9.  La  lésion  siège  à  gauche  ;  il  y 
a  du  souffle  tubaire  et  des  râles  crépitants  à  la  base  du 
poumon,  de  la  matité  avec  conservation  des  vibrations  thoraci- 
ques.  Crachats  visqueux  et  rouilles.  La  pneumonie  resta  limitée 
a  cette  région.  La  fièvre  ne  fut  jamais  excessive.  La  température 
rectale,  qui  était  â  39",6  le  15  décembre,  tomba  le  16  (septième 
jour),à  37%7  et  le  17  à  37  degrés.  Le  souffle  diminuait  d'étendue 
et  d'intensité. 

Le  21,  on  trouve  de  la  matité  avec  diminution  des  vibrations 
thoraciques,  un  souffle  doux  et  de  l'égophonie,  dans  le  tiers 
inférieur  du  côté  gauche  en  arrière  et  â  la  base  de  l'aisselle.  Il 
s'est  produit  un  épanchement.  En  même  temps  la  fièvre  reprend, 
mais  elle  ne  s'élève  pas  beaucoup;  pendant  une  dizaine  de 
jours  la  température  rectale  se  maintient  à  37  degrés  le  malin 
et  38"" ,5  à  39  degrés  le  soir.  L'expectoration  est  purement 
muqueuse  et  très  rare. 


ni  son  dévouement  professionnel,  il  n'aurait  pas  été  ent 
butte  aux  railleries  de  toute  la  contrée?  Et  n'en  faut-il  pas 
conclure  qu'il  reste  quelque  chose  à  faire  pour  se  défendre 
contre  l'exploitation  des  uns  et  l'injustice  des  autres? 

Ce  quelque  chose,  je  l'entrevois  bien;  mais  arrivera-t-on 
aisément  au  but  à  atteindre?  En  province,  à  la  campagne 
surtout,  les  syndicats  médicaux  pourraient  prendre  à  leur 
charge  les  poursuitesjudiciaires  et  toutes  les  revendica- 
tions de  ce  genre.  A  Paris  et  dans  les  grandes  villes,  ce 
serait  à  l'Association  générale  des  médecins  de  France  ou 
aux  conseils  des  sociétés  locales  qu'incomberait  la  tâche  de 
défendre  les  intérêts  professionnels  de  ses  membres.  Mais 
il  faudrait,  pour  aboutir,  multiplier  les  procès,  étudier  cha- 
run  d'eux,  n'arriver  devant  les  tribunaux  qu'avec  la  certi- 
tude morale  d'une  condamnation  pour  les  clients  malhon- 
nêtes. Il  faudrait  laisser  de  côté  les  questions  de  personnes 
et  ne  jamais  traiter  que  les  questions  de  principes,  il  faudrait 
enfin  que  tous  les  médecins  pussent  et  voulussent  bien  s'en- 


tendre pour  que  toutes  ces  questions  si  délicates  et  si 
complexes  fussent  toujours  réglées  d'un  commun  accord 
entre  celui  qui  se  prétend  lésé  et  les  Sociétés  ou  syndicats 
appelés  à  prendre  sa  défense.  La  chose  est-elle  possible?  Au 
moins  pourrait-elle  être  tentée. 


Association  générale  des  médecins  de  frange.  —  La  séance 
annuelle  de  la  Société  centrale  aura  lieu  le  dimanche  3  février 

Jiroehain,   à  deux  heures   et  demie,  dans  l'amphithéâtre  de 
'Assistance  publique,  avenue  Victoria,  n*  3. 

Ordre  du  jour,  —  Allocution  du  président,  M.  le  professeur 
Lannelon^ue  ;  rapport  du  secrétaire  ;  compte  rendu  du  tréso- 
rier; ratification  des  admissions  faites  dans  l'année;  élection 
du  vice-président  et  de  douze  membres  de  la  commission  admi- 
nistrative en  remplacement  des  membres  sortants. 

NÉCROLOGIE.  —  On  annonce  la  mort  de  M.  le  docteur  Emer\' 
(de  Pont-de-Gé). 


72    —  N*  6 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  i«'  Février  1889 


L'épanchement  ne  prit  point  d'extension.  Le  5  janvier,  c'est- 
à-dire  une  vingtaine  de  jours  après  le  début  de  la  pleurésie,  on 
pouvait  constater  le  retour  du  murmure  vésiculaire,  même  a  la 
oase  ;  Tépanchement  était  résorbé.  Le  malade  quitta  l'hôpital, 
peu  de  temps  après,  complètement  guéri. 

Je  me  garderai  bien  de  dire  que  la  pleurésie  meta- 
pneuroonique  est  toujours  aussi  bénigne;  je  tiens  seulement 
à  prouver  qu'elle  Test  plus  souvent  (^ue  ne  le  croyait  Woillez. 
Notre  collègue  Netter,  qui  poursuit  depuis  quelque  temps 
sur  la  nature  de  ces  pleurésies  des  recherches  dont  il  a  déjà 
communiqué  en  partie  le  résultat  à  la  Société  anatomique 
{BulL,  1837,  p.  547),  avance  que,  même  purulentes,  ces 
pleurésies  se  terminent  souvent  par  la  guérison. 

J'ai  observé  un  cas  de  ce  genre. 

Obs.  IV.  —  Un  homme  âgé  de  vingt-quatre  ans,  vigoureux, 
entra  à  la  Pitié  le  iO  mars  1888  avec  les  signes  d'une  pneumonie 
du  lobe  inférieur  droit  (soufQe  tubaire  ;  râles  crépitants).  La 
défervescence  se  lit  le  14  mars.  Temp,  rect.,  37  degrés  matin  et 
soir. 

Cinq  jours  plus  tard,  violent  point  de  côté  à  droite.  A  partir  de 
ce  moment  il  y  eut  un  état  fébrile  continu  (38  degrés  le  matin, 
39  degrés  à  39'',5  le  soir),  le  malade  s'affaiblit  peu  à  peu  et  tomba 
dans  Te  marasme,  avec  sueurs  abondantes,  œaéme  aes  membres 
inférieurs.  Une  pleurésie  s'était  développée;  d'abord  interlo- 
baire,  elle  se  révéla  ensuite  par  une  matité  absolue  avec 
douleur  excessive  à  la  percussion  en  avant  jusaue  sous  la  cla- 
vicule, en  arrière  dans  les  fosses  sus  et  sous-épineuses  et  au 
sommet  de  l'aisselle.  Les  vibrations  thoraciques  étaient  dimi- 
nuées et  le  murmure  vésiculaire  affaibli  ou  aboli  dans  ces 
diverses  régions.  L'épanchement  paraissait  donc  occuper  la 
moitié  supérieure  du  côté  droit.  Pour  confirmer  le  diagnostic  de 
pleurésie  purulente,  je  fis  une  ponction  explorative  au  niveau  du 
quatrième  espace,  sur  la  ligne  axillaire,  et  séance  tenante  je 

Pratiquai  la  tnoracentèse  avec  le  Irocart  n"  2  de  l'appareil  Potain. 
n  évacua  ainsi  trois  c|uarts  de  litre  d'un  liquide  purulent,  non 
fétide.  Le  surlendemain,  20  avril,  le  malade  rut  pris  subitement 
d'une  vomique  et  en  l'espace  d'une  heure  il  rendit  un  litre  de 
pus. 

Le  lendemain,  21  avril,  nouvelle  vomique  (un  demi-litre  de 
pus). 

Le  2â,  troisième  vomique  (même  ({uantité).  L'expectoration 
resta  purulente  pendant  cinq  ou  six  jours  encore,  mais  bientôt 
il  se  produisit  une  amélioration  rapide,  les  forces  se  relevèrent, 
l'appel it  revint  et  le  malade  put  quitter  l'hôpital  en  très  bon 
état,  le  5  mai,  c'est-à-dire  dix-sept  jours  après  la  première 
vomique.  Les  signes  d'épanchement  avaient  disparu. 

La  pleurésie  (]ui  succède  à  une  pneumonie  ou  qui  lui 
survit  est  donc  soit  séro-fibrineuse,  soit  purulente  (1). 

Pour  ma  part,  je  considère  la  première  comme  relati- 
vement fréquente. 

Quelle  est  la  pathogénie  de  ces  pleurésies?  Sont-elles 
dues  exclusivement  à  l'extension,  par  voie  Ivmphatique  ou 
autre,  du  processus  phlegmasique?  Ne  faut-il  pas  plutôt  les 
considérer  comme  une  manifestation  infectieuse,  au  même 
titre  que  la  péricardite  et  que  la  méningite  qui  peuvent 
-également  apparaître  pendant  ou  après  une  pneumonie?  Les 
recherches  bactériologiaues  de  M.  Netter  sont  assez  con- 
formes à  cette  manière  ue  voir,  du  moins  en  ce  qui  concerne 
les  pleurésies  métapneumoniques  purulentes.  ^  En  pareil 
cas,  dil-il  (Netter,  loc.  cit.),  j'ai  trouvé  dans  le  liquide  pieu- 
rétique  le  microbe  pathogène  de  la  pneumonie,  le  pneumo- 
coque, à  l'exclusion  de  tout  autre  micro-organisme.  Il  est 
juste  de  rappeler  que  Friediander,  Talaroon,  etc.,  et  surtout 
A.  Fraenkel  ont  signalé  ce  dernier  point.  » 

Il  en  était  ainsi  dans  le  fait  de  pleurésie  purulente  que 
j'ai  rapporté  plus  haut  (obs.  IV)  et  que  M.  Netter  a  bien 
voulu  étudier  avec  moi. 

Mais  comment  interpréter  la  pleurésie  séro-fibrineuse? 
Est-ce  également  une  manifestation  infectieuse?  Pourquoi 
les  pleurésies  consécutives  à  la  pneumonie  sont-elles  tantôt 

(1)  C'est  également  l'opinion  de  M.  le  professeur  G.  Sëe  {Dm  maladies  tpéei' 
liques  non  tubercuUutet  du  païunon,  1885,  p.  225j. 


[lurement  fibrineuses,  et  tantôt  purulentes  ?  Je  ne  puis,  je 
'avoue,  répondre  à  ces  questions.  Dans  un  cas  de  pleuro- 
pneumonie  avec  épanchement  séro-fibrîneux  persistant  (on 
peut,  à  ce  point  de  vue,  assimiler  la  pneumo-nleurésie  à  la 
pleuro -pneumonie),  le  liquide,  examiné  par  M.  Netter^  ne 
contenait  pas  de  pneumocoques  et  l'inoculation  à  une  souris 
est  restée  négative.  En  est-il  toujours  de  même?  Nous  ne 
tarderons  pas,  je  l'espère,  à  être  renseignés  à  cet  égard.  Ce 
que  je  me  contente  d  affirmer,  c'est  la  fréquence  des  pleu- 
résies métapneumoniques  séro-fibrineuses. 

Le  diagnostic  de  ces  pleurésies  est  en  général  facile;  il 
faut  seulement  se  rappeler  que  dans  certains  cas  la  conden- 
sation du  poumon  persiste  longtemps  après  la  défervescence. 
Ces  épancnements  sont  souvent  méconnus  parce  qu'on  ne  les 
recherche  pas  ;  aussi,  comme  le  dit  Woillez,  ne  faut-il 
jamais  négliger  de  suivre  et  d'examiner  soigneusement  les 
convalescents  de  pneumonie. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

AemûétKde  des  aclences. 

Sur  les  hématozoaires  observés  par  m.  laveran  dans 
LE  SANG  DES  PALUDiQUES,  par  H.  Bouchard.  —  c  Une  noie 
récente  de  M.  Laveran  me  conduit  à  signaler  l'importance 
d'une  découverte  qui  remonte  à  dix  années  et  qui,  contestée 
pendant  longtemps,  me  parait  aujourd'hui  inattaauable. 
L'importance  de  cette  découverte  ne  résuite  pas  seulement 
de  l'influence  désastreuse  exercée  par  la  fièvre  inlerroit- 
tente  à  toutes  les  époques  de  l'histoire  de  l'humanité.  Si 
M.  Laveran  a  démontré,  le  premier,  que  cette  maladie  est 
parasitaire,  il  a,  en  faisant  cette  découverte,  donné  le  pre- 
mier exemple,  chez  l'homme,  d'un  parasitisme  animal  où 
l'agent  pathogène  semble  être  placé  sur  l'échelon  le  plus 
inférieur  de  la  vie  animale.  Si  la  plupart  des  maladies  infec- 
tieuses de  l'homme  et  des  animaux  relèvent  du  microbisme 
végétai,  la  plus  importante  des  maladies  infectieuses  de 
l'homme  dépend  du  microbisme  animal.  J'ajoute  que  le 
parasite  observé  par  M.  Laveran  en  Algérie  a  été  retrouvé 
en  France,  en  Corse,  en  Italie,  en  Russie,  à  Madagascar,  au 
Tonkin,  en  Amérique,  et  qu'il  est  le  même  que  l'organisme 
signalé  plus  récemment  par  MM.  Marchiafava  et  Celli  dans 
le  sang  des  paludiques.  »  (Séance  du  21  janvier). 

Recberches  sur  la  pathogéme  du  diabète,  par 
MM.  G.  Arthaud  et  L.  Butte.  —  Voici  la  conclusion  des 
recherches  de  ces  auteurs  :  il  est  possible,  par  irritation 
centrifuge  du  nerf  vague,  de  reproduire  chez  les  animaux 
les  diverses  variétés  du  diabète  clinique,  tantôt  insipide, 
tantôt  azoturique,  tantôt  glycosurique,  suivant  des  prédis- 
positions individuelles  absolument  comme  chez  l'homme. 

Au  point  de  vue  clinique,  MM.  G.  Arthaud  et  L.  Butte  ont 
pu  vérifier,  sur  presaue  tous  les  points,  l'analogie  de  celte 
maladie  expérimentale  avec  le  diabète  spontané,  pour  lequel 
la  théorie  névropathique  parait  devoir  être  adoptée. 

{Séance  du  iS  janvier). 


Académie  de  médeelae. 

SÉANCE  DU  22  JANVIER   1889.   —  PRÉSIDENCE 
DE   M.   MAURICE  PERRIN. 

L'Acadêmio  reçoit,  de  MM.  les  docteurs  CastN,  Yverl  ot  Deligny,  des  inéinoîr.'^ 
pour  les  concours  du  Prix  en  1889. 

M.  Brouardel  présente  un  Traité  d'hygiène  publique  et  de  police  ianitairt.  <j>i 
langue  roumaine,  par  M.  le  docteur  Félix  (de  Buciiarest)  et  un  mémoire  u 
MM.  les  docteurs  d*Espine  et  Marignae  (do  Genève)  sur  U  traitemenl  à^  " 
diphlhérie  par  l'aeide  talicylique. 

M.  Bucquoy  dépose  deui  mémoires  de  M.  le  docteur  Huehard  ar  l'antipltf^^ 


1''  Fêvrieii  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


W  5  —    73 


éAn$  U  polffuriê  et  U  diabiU  iueré  et  sur  la  tention  arlérieUe  dans  le*  malaiiet 
ti  seê  ifidicatimu  thérapeuiiquti 

M.  Onjardin-Beaumetz  présente  l'ouvrage  de  MM.  les  docteurs  BaretU, 
U§€ndre  et  Lepage  sur  Vemploi  des  antiseptiques  en  médecine,  chirurgie  et 
obstétrique. 

M.  Ernest  Besnier  préseate  divers  mémoires  et  thèses  de  MM.  les  docteurs 
Uioir,  Bauât,  Wagnier  et  Loustalot  (de  Lille)  sur  des  affections  cutanées. 

M.  Bail  dépose  uD  travail  de  M.  le  docteur  Libermann  sur  Vétiologie  et  le 
traitement  de  la  phthisie  pulmonaire  et  laryngée. 

M.  GHfon  présente,  au  nom  de  M.  le  docteur  Piéehaud,  des  Leçons  cliniques 
sur  Us  maladies  chirurgicales  de  l'enfanee. 

M.  Dujardi»'Beaumet%  présente,  de  la  part  de  M.  le  docteur  Belin,  un 
cœioicope,  appareil  destiné  à  éclairer,  îi  l'aide  de  l'électricité,  les  cavités  natu- 
tureiles  et  artificielles. 

Élection.  —  Par  67  voix  sur  78  volants,  M.  Budin  est 
élu  membre  titulaire  dans  la  section  d'accouchements. 
M.  Pinard,  porté  en  seconde  ligne,  obtient  10  voix.  Plus 

I  bulletin  blanc. 

Kéactions  psycho-physiologiques.  —  M.  Henry  a  ima- 
giné des  instruments  à  Taide  desquels  il  se  fait  fort  de 
diagnostiquer  mathématiquement  le  caractère  normal  des 
réaeûoas  mentales  et  des  ffraphicfues  physiologiaues.  —  (Le 
mémoire  aa*il  présente  à  Tappui  est  renvoyé  à  1  examen  de 
UH.JavaltlGariei.) 

Strophantus.  —  M.  Bucquoy  réfute  les  objections  pré- 
sentées dans  les  deux  dernières  séances  par  M.  Germain  Sée 
rontre  l'emploi  du  strophantus  dans  les  maladies  du  cœur. 

II  maintient  nue,  dans  la  pratique,  sinon  pour  l'expé- 
rimentation pnysiologique,  les  plantes  sont  souvent  plus 
actives^  plus  efficaces  et  moins  dangereuses  à  manier  que 
les  principes  essentiels,  alcaloïdes  et  glycosides,  qu'on  en 
retire.  Il  en  est  ainsi  pour  la  digitale  et  la  digitaline;  de 
même  aussi,  pour  le  strophantus  et  la  strophantine,  qui 
d'ailleurs  ne  satisfont  pas  aux  mêmes  conditions,  comme  l'a 
reconnu  M.  Germain  Sée. 

En  ce  qui  concerne  l'action  du  strophantus  dans  les 
maladies  du  cœur,  il  n'est  pas  douteux  que  ce  médicament 
ait  ses  indications  et  ses  contre-indications,  encore  incom- 
plètement connues.  D'ailleurs  tout  le  monde  est  d'accord 
jtour  admettre  que  les  affections  cardiaques  sont  loin  d'avoir 
les  conséquences  immédiates  qu'on  leur  suppose  et  ce  ne 
sont  pas  celles  qui  donnent  les  signes  les  plus  accentués,  les 
plus  Druyants,  qui  sontaccompagnées  des  symptômes  les  plus 
graves;  ce  sont  des  maladies  à  longue  échéance,  dont  les 
conséquences  pourront  être  indéGniment  reculées  si  la  lésion 
reste  compensée.  Les  deux  lésions  d'orifice  sur  la  bénignité 
desquelles  on  peut  le  plus  compter,  sont  le  rétrécissement 
mitral  et  l'insuffisance  aortique,  à  la  condition,  pour  cette 
dernière,  qu'elle  soit  simple  et  dégagée  de  toute  lésion 
aorlique  concomitante.  Hais,  si  certaines  lésions  cardiaques 
restent  ainsi  plus  ou  moins  latentes  pédant  un  temps  indé- . 
terauné,  celui  qui  en  est  atteint  n'est  pas  pour  cela  indemne 
de  tout  (lésordre,  de  tout  symptôme  ({ui,  sans  compromettre 
leiistence,  nécessite  une  intervention  médicale;  tels  sont 
la  dyspnée  d'elTort,  les  palpitations,  les  oppressions,  les 
menaces  d'asystolie,  etc.  G  est  alors  que  le  strophantus 
produit  des  résultats  remarquables,  ainsi  qu'en  témoignent, 
quoi  qu'on  en  ait  dit,  les  observations  de  Fraser,  celles  de 
plusieurs  auteurs  et  enfin  les  faits  rapportés  par  M.  Bucquoy 
(Chemin  faisant,  celui-ci  déclare  que  l'honneur  d'avoir  le 
premier  bien  étudié  le  rétrécissement  mitral,  honneur  qu'on 
attribue  à  H.  le  docteur  Duroziez,  revient  en  réalité 
à  M.  Fauvel  en  1843  et  à  M.  Hérard  en  1854).  Dans  trois 
cas  d'angine  de  poitrine  notamment,  il  a  obtenu  d'excellents 
effets  de  l'emploi  de  ce  médicament;  M.  G.  Sée  les  récuse 
eo  tant  qu'angines  de  poitrine  vraies,  car  il  n'y  aurait  pas, 
d'après  lui,  d'angine  de  poitrine  sans  sclérose  ou  artérite 
coronaire,  et  le  strophantus,  pas  plus  que  tout  autre  médi- 
tation, ne  pourrait  guérir  une  pareille  aflection.  Gependant 
les  malades  qui  en  étaient  atteints,  présentaient  bien  les 
sTmptômes  classiques  de  l'angine  de  poitrine;  les  deux  pre- 
mières répondent  à  la  cardiacalgie  de  H.  G.  Sée  et  la  der- 


nière   est  un  type  de  l'angine  vraie  chez  un  cardiaco- 
aortique. 

M.  Germain  Sée  préfère  l'emploi  d'alcaloïdes  définis, 
tels  que  la  digitaline  et  la  strophantine,  à  la  plante  elle- 
même  dont  les  préparations  ne  sont  jamais  identiques  à 
elles-mêmes;  avec  les  premiers  l'effet  est  constant.  La  stro- 
phantine, il  est  vrai,  ne  fait  pas  uriner  comme  le  strophan- 
tus, mais,  pour  y  parvenir,  celui-ci  détermine  une  véritable 
néphrite.  D'autre  part,  dans  les  cas  d'asystolie,  c'est  bien 
plutôt  la  régularisation  du  pouls  qu'il  convient  de  recher- 
cher, et  le  strophantus  n'y  parvient  pas  complètement.  De 
même  il  agit  peu  sur  la  dyspnée.  Ne  vaut-il  pas  mieux  em- 
ployer deux  ou  trois  autres  médicaments  différents  dont 
chacun  a  une  action  directe  sur  le  symptôme  qu'on  veut 
combattre?  On  sait  d'ailleurs  que  Fraser  et  les  médecins 
allemands  ont  publié  des  observations  qui  plaident  contre 
l'emploi  du  strophantus.  Quant  aux  prétendues  angines  de 
poitrine  dont  a  parlé  M.  Bucquoy,  M.  Germain  Sée  main- 
tient qu'il  n'y  a  pas  d'angine  vraie  sans  artério-sclérose 
coronaire. 

Comme  M.  Bucquoy,  M.  Hérard  estime  qu'il  n'obtient 
pas  avec  la  digitaline  des  effets  aussi  marqués  qu'avec  la 
digitale  surtout  au  point  de  vue  de  la  diurèse.  Il  a  employé 
trois  fois  le  strophantus  et  en  a  obtenu  des  effets  diuré- 
tiques marqués. 

Pour  M.  Laborde  ces  débats  ne  sauraient  rester  limités 
à  un  simple  sujet  de  thérapeutique  appliquée  ;  car  ils 
soulèvent  une  véritable  question  de  principe  en  thérapeu- 
tique expérimentale,  c'est-à-dire  en  thérapeutique  ration- 
nelle et  scientifique,  basée  sur  l'expérimentation  pbysiolo- 
giaue  et  clinique.  Ce  principe  sur  lequel  il  insiste  parti- 
culièrement peut  être  résumé  dans  la  proposition  sui- 
vante :  i""  dans  toute  préparation  médicamenteuse  tirée  du 
règne  végétal,  il  existe  une  ou  plusieurs  substances  actives, 
par  lesquelles  s'exerce  son  action  physiologique  et  théra- 
peutiaue;  3""  lorsçiue  cette  substance  active  (en  supposant 
pour  l'instant  au'il  n'y  en  ait  qu'une)  a  été  isolée,  déter- 
minée et  formulée  chimiquement,  auquel  cas  elle  constitue 
le  principe  immédiat,  c'est  à  celui-ci  qu'il  est  rationnel  de 
s'adresser,  en  vue  de  l'usage  thérapeutique,  après  l'avoir 
soumis  d'abord  au  contrôle  expérimental  et  ensuite,  et 
solidairement,  au  contrôle  clinique;  3*  en  effet,  tandis  que 
le  principe  immédiat  est  toujours  un,  identique  à  lui-même, 
invariable  dans  sa  constitution  propre,  comme  dans  son 
action  fondamentale  physiologique  et  médicamenteuse, 
la  matière  totale  qui  le  contient  et  qui  peut  d'ailleurs  en 
renfermer  plusieurs  entre  lesquels  il  peut  v  avoir  lieu  de 
choisir;  cette  matière  est  entièrement  complexe  et  variable, 
tant  dans  sa  composition  que  dans  ses  effets,  qui  ne  sont  et 
ne  peuvent  être  qu'une  résultante  d'actions  multiples,  di- 
verses, non  définies,  et  inconnues  en  elles-mêmes. 

Eh  un  mot,  dans  un  cas,  c'est  la  détermination  chi- 
mique et  expérimentale,  et  par  conséquent  la  connais- 
sance scientifiaue  acquise  de  l'instrument  thérapeutique; 
dans  l'autre,  1  acceptation  préalable  et  l'application  pré- 
judicielle de  l'inconnu,  avec  les  aléa  et  les  dangers  dans  le 
domaine  toxicologique  ;  d*un  côté  la  science  et  le  progrès, 
de  l'autre  l'empirisme  aveugle  et  la  routine.  C*est,  comme 
Ta  dit  J.-B.  Dumas,  la  formule  substituée  à  la  recette. 

M.  Constantin  Paul  fait  observer  ^ue  la  plante  ne  ren- 
ferme pas,  en  général,  qu'un  seul  principe  actif  et  que  tant 
qu'on  ne  les  aura  pas  tous  isolés  pour  les  associer  dans  une 
formule  il  faut  bien  s'en  tenir  à  la  plante  elle-même  sous 
peine  de  ne  pas  obtenir  les  mêmes  effets.  A  côté  de  ces 

Erincipes  cristallisés  et  chimiquement  purs,  ajoute  M.  Tras- 
oty  il  en  est  d*autres  qui  ne  sont  pas  cristallisables  et  qui 
ont  cependant  une  action  réelle;  jusqu'à  ce  que  la  chimie 
soit   parvenue   à  extraire  tous   les  principes  actifs  des 


U     —  N-  5  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  1«'  Février  i889 


plantes,  l'usage  de  celles-ci  devra  être  conservé  en  théra- 
peutique. Ce  n'est  pas  une  raison,  réplique  M.  iMborde, 
pour  se  priver  des  principes  cristallisés,  dont  les  effets  ont 
été  déterminés  expérimentalement  par  l'expérimentation 
physioFogique  et  par  la  clinique. 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  5  février  est  fixé 
ainsi  qu'il  suit:  V  Communication  de  M.  Cornil  sur  la  thé- 
rapeutique du  choléra;  2**  Reprise  de  la  discussion  sur  le 
lélanos;  inscrits:  MM.  Nocarcf  et  Trasbot;  3°  Communica- 
tion de  M.  Lancereaux  sur  les  poêles  mobiles;  4"  Commu- 
nication de  M.  Lagneau  sur  la  mortalité  dans  l'armée  en 
campagne  ;  5"  Lectures  de  M.  le  docteur  Blache,  sur  l'exé- 
cution de  la  loi  Roussel  dans  la  Seine;  de  M.  le  docteur 
Terrillon,  sur  la  néphrorrhaphîe;  de  M.  le  docteur  Lavaux, 
sur  les  résultats  éloignés  de  l'électrolyse  linéaire  appliquée 
au  traitement  des  rétrécissements  de  l'urèthre. 


Société  médicale  des  hôpitaux. 

SÉANCE   DU  25  JANVIER   1889.  —  PRÉSIDENCE   DE 
M.    CADET  DE   GASSICOURT. 

Tuberottlose  papillomato-crustacèe  :  M.  Brissaud.  >-  Ectopie  car- 
diaque :  M.  H.  Huchard.  —  L'hosploe  des  Enfants-Asststès 
en  1888:  M.  BeTestre  (Discussion  :  MM.  Richard,  OlUvier,  Cadet 
de  Gassioourt).  —  Injectlona  sous-outanèes  d'huile  grise  bensoinèe  : 
M.  Ed.  Hirts  (Discussion:  MM.  Baiser.  Quyot.  Du  Castel).  —  Du 
pouls  capiUalre  dans  les  plaques  d'urticaire  :  M.  Ed.  Hirtz  (Dis- 
cussion: MM.  Du  Castel,  de  Beunnann).  —  Donations  ft  la  Société. 

M.  Ed.  Brissaud  donne  lecture  d'une  note  complémen- 
taire relative  à  un  malade  qu'il  a  présenté  à  la  Société  dans 
la  séance  du  6  juillet  1887.  Il  considérait  la  lésion  papillo- 
mateuse  et  croûteuse  de  l'avant-bras^chez  ce  malade  tuber- 
culeux, comme  étant  de  nature  tuberculeuse,  et,  malgré  la 
constatation  de  bacilles  à  ce  niveau,  certains  membres  de  la 
Société,  se  fondant  sur  l'aspect  général  de  la  lésion,  opinaient 
pour  une  lésion  syphilitique.  Mais  l'existence  d'une  croûte 
recouvrant  les  lésions  de  tuberculose  verruqueuse  a  été 
signalée  par  Riehl  et  Paltauf,  et  M.  Brissaud  l'a  observée 
chez  deux  autres  malades,  également  tuberculeux  et  non 
syphilitiques.  Le  premier  de  ces  trois  malades  a  succombé 
à  la  tuberculose  pulmonaire  sans  avoir  retiré  aucun  bénéfice 
du  traitement  antisvphilitique  institué  comme  contre- 
épreuve.  L'examen  hisiologique  de  la  lésion  cutanée  a 
montré  une  infiltration  tuberculeuse  de  la  couche  super- 
ficielle du  derme,  limitée  presque  exclusivement  à  la  région 
papillaire,  dont  les  papilles  sont  hypertrophiées,  et,  par 
places,  au  contraire,  ont  disparu  et  sont  comme  fauchées. 
Au-dessous  de  ces  points,  on  trouve  l'infiltration  de  cellules 
épithélioldes  et  quelques  cellules  géantes.  En  outre,  accu- 
mulation considérable  des  éléments  de  la  couche  cornée. 
Les  ganglions  étaient  indemnes.  Les  faits  analogues  doivent 
être  classés  dans  le  groupe  des  tuberculoses  verruqueuses, 
d'où  ne  saurait  les  faire  exclure  l'adjonction  d'un  travail 
épidermique,  caractérisé  par  une  formation  de  croûtes.  Cette 
forme  spéciale^^pourrait  être  exactement  dénommée  tuber- 
culose p^pillomato-crustacée. 

—  M.  Sevestre  communique  les  résultats  obtenus  en  1888 
à  l'hospice  des  Enfants-Assistés  par  suite  des  mesures 
d'hygiène  et  d'antisepsie  prophylactique.  Il  pose,  en  termi- 
nant, les  conclusions  suivantes  :  1"*  la  propagation  de  la  rou- 
geole à  l'hospice  des  Enfants-Assistés  ne  pourra  être 
enrayée  que  par  rétablissement  d'un  lazaret  convenablement 
installé  et  dans  lequel  les  enfants  seront  gardés  en  obser- 
vation pendant  une  période  de  temps  suffisante  ;  S"*  la  mor- 
talité par  la  rougeole,  à  l'hospice  des  Enfants-Assistés,  est 
dès  maintenant  diminuée  dans  une  proportion  très  notable; 
^°  la  diphthérie  devient  une  maladie  rare  à  l'hospice.  C'est 


grâce  à  la  création  de  pavillons  d'isolement,  et  d'un  rudiment 
de  lazaret  contre  la  contagion  venant  du  dehors,  à  la 
reconstruction  du  service  des  bains  et  au  fonctionnement 
régulier  d'une  étuve  à  désinfection  que  ces  bons  résultais 
ont  pu  être  obtenus. 

M.  Richard  demande  si  la  literie  a  été  désinfectée. 

a.  Sevestre  l'a  fait  désinfectera  l'étuve  dans  le  plus  bref 
délai  qui  a  été  possible.  Il  a  vu,  ces  jours  derniers,  des  cas 
intérieurs  de  diphthérie  dans  les  salles  de  chirurgie  qui 
n'avaient  pas  été  désinfectées. 

M.  Ollivier  souhaite  et  réclame  en  vain  depuis  longtemps 
des  modifications  analogues  à  Thôpital  des  Enfants-Malades  ; 
il  exhorte  ses  collègues  à  appuyer  ses  réclamations. 

M.  Sevestre  insiste  sur  la  nécessité  de  l'étuve  sans 
laquelle  les  autres  mesures  de  prophylaxie  restent  ineffi- 
caces. 

M.  Ollivier  rappelle  qu'une  cause  puissante  de  dissémi- 
nation des  maladies  contagieuses  c'est  le  long  séjour  des 
Eetits  malades  à  la  consultation  au  milieu  des  autres  enfants. 
eux-ci  sont  contaminés  et  vont  répandre  la  maladie  ainsi 
contractée  >dans  le  quartier  qu'ils  habitent.  Il  faudrait 
nommer  des  internes,  ou  des  médecins  de  consultation, 
pris  parmi  les  médecins  du  Bureau  central  ou  les  candidats 
admissibles  aux  précédents  concours,  et  qui  seraient  chargés 
de  répartir  les  enfants,  au  fur  et  à  mesure  de  leur  arrivée  à 
la  consultation,  sur  les  services  d'isolement,  les  salles 
d'attente,  etc.,  suivant  la  nature  de  leur  maladie. 

M.  Richard  pense  qu'il  serait  indispensable  de  posséder 
des  salles  de  rechange  permettant  de  procéder,  à  certains 
moments,  à  une  désinfection  complète  des  locaux  précé- 
demment occupés.  C'est  ce  qui  a  lieu  a  l'étranger. 

H.  Sevestre  est  de  cet  avis,  d'ailleurs  il  dispose  de  salle> 
pouvant  remplir  ce  but,  soit  pour  les  diphthéritiques,  soit 
pour  les  autres  maladies  contagieuses. 

M.  Cadet  de  Gassicourt,  tout  en  regrettant  que  l'instal- 
lation de  l'hôpital  Trousseau  ne  soit  pas  plus  irréprochable, 
constate  cependant  qu'elle  est  supérieure  à  celle  de  rhôpi- 
tal  des  Eniants-Malades.  La  destruction  ou  la 'désinfection 
des  linges  a  déjà  donné  de  bons  résultats  :  les  cas  intérieur.^ 
sont  plus  rares.  Il  existe  une  salle  d'attente  spéciale  à  la 
consultation  pour  les  diphthéritiques;  mais  il  faudrait  une 
salle  de  surveillance  pour  les  cas  douteux,  et  des  salles 
d'isolement  pour  la  rougeole  et  la  scarlatine.  L'administra- 
tion s'en  occupe,  paralt-il,  activement.  Quant  aux  salles  de 
rechange,  elles  sont  évidemment  indispensables.  Nous 
sommes  encore  loin  de  l'installation  remarquable  des 
hôpitaux  étrangers  et  en  particulier  des  hôpitaux  russes,  — 
Un  fait  à  signaler,  c'est  la  plus  grande  proportion  de  suc- 
cès après  la  trachéotomie  à  l'hôpital  Trousseau;  la  raison 
en  échappe  d'ailleurs  entièrement,  puisque  les  conditions 
d'opération  et  de  traitement  sont  évidemment  les  mêmes. 

M.  Ollivier  pense  que  le  plus  grand  nombre  d'insuccès 
à  l'hôpital  des  Enfants-Malades  tient  sans  doute  à  ce  que 
les  enfants  atteints  de  croup  sont  apportés  trop  tardive- 
ment à  l'hôpital  ;  on  opère  le  plus  souvent  sur  des  demi- 
cadavres. 

M.  Cadet  de  Gassicourt  ne  croit  pas  que  ce  soit  la  véri- 
table cause  de  cette  différence,  car  la  plupart  des  enfants 
amenés  à  l'hôpital  Trousseau  pour  être  tracnéotomisés  sont 
également  de  véritables  moribonds. 

—  M.  H.  Huchard  présente  un  homme  de  cinquante  ans, 
très  emphysémateux,  atteint  d'une  ectopie  cardiaque  épi- 
gastrique,  non  congénitale, -d'un  diagnostic  fort  difficile  et 
pouvant  laisser  place  à  la  discussion. 

—  M.  Edg.  Hirtz,  sur  cent  trente-neuf  injections  sous— 
cutanées  d'huile  grise  benzoînée  de  Neisser  pratiquées  ^ 


1"  Février  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


-  N«  5  —      75 


Thôpital  de  Lourcine,  a  observé  <}uinze  fois  la  formation 
d*inlillrais  das  sans  doute  à  l'ancienneté  de  la  préparation 
et  à  la  brièveté  de  l'aiguille  ne  permettant  pas  d'atteindre 
le  tissu  musculaire.  Jamais  d'abcès,  ni  de  salivation.  Chaque 
seringue  renferme  36  centigrammes  de  mercure.  Il  faut 
^rveiller  l'état  de  la  bouche  et  des  dents  qui  doivent  être 
brossées  deux  fois  par  jour  avec  une  poudre  de  charbon  et 
de  chlorate  de  potasse.  L'aiguille  de  la  seringue  doit  avoir 
4  centimètres  de  longueur. 

M.  Balzer  a  eu  une  proportion  plus  grande  d'accidents 
locaux  et  quelques  abcès.  La  longueur  de  Faiguille  a  une 
«:rande  importance;  il  faut  faire  l'injection  intra-musculaire 
pour  éviter  les  abcès. 

M.  Du  Caslel  insiste  sur  l'innocuité  de  l'injection  intra- 
musculaire. C'est  un  fait  qu'il  a  déjà  mis  en  lumière  lors 
de  ses  recherches  sur  la  médication  éthérée-opiacée  dans 
la  variole. 

M.  Guyot  a  pratiqué  des  injections  de  peptonate  de  m«r- 
rure;  elles  sont  douloureuses,  mais  deviennent  indolentes 
si /on  ajoute  1  centigramme.de  chlorhydrate  de  cocaïne 
par  seringue. 

H.  Edg.  Hirtz  rappelle  la  longue  durée  d'action  du  mer- 
cure ainsi  emmagasiné  dans  le  tissu  musculaire.  Si  les 
malades  quittent  l'hôpital  après  une  injection,  elles  éprou- 
vent encore  pendant  un  mois  environ  le  bénéfice  du  traite- 
ment mercuriel. 

—  M.  Edg.  Hirtz  lit  une  note  sur  la  production  du  phé- 
nomène du  pouls  capillaire  au  niveau  de  la  zone  congeslive 
périphérique  des  plaques  d'urticaire.  Il  ne  s'observe  ni 
dans  les  érythèmes  simples,  ni  dans  les  fièvres  éruptives. 
lie  phénomène,  d'ordre  neuro-paralytique,  vient  confirmer 
la  nature  de  l'urticaire  envisagée  comme  une  dermatose 
angio-nerveuse. 

H.  De  Benrmann  a  observé  le  même  phénomène,  à 
l'hôpital  Saint-Louis,  chez  un  malade  atteint  d'érythème 
polymorphe  autour  des  éléments  éruptifs  orties  ayant 
l'aspect  de  Térythème  iris. 

M.  Du  Cartel  a  vu  une  fois  le  pouls  capillaire,  pendant 
quelques  heures,  au  niveau  des  papules  d'une  variole 
cohérente  au  début.  Il  ne  semble  donc  pas  spécial  à  l'ur- 
lifaire. 

Donations  a  la  Société.  —  Pour  c  souhaiter  la  bien- 
venue à  la  nouvelle  personne  qui  vient  de  faire  son  entrée 
dans  l'existence  légale  i,  la  Société  étant  reconnue  d'utilité 
poMique,  MM.  Féréol  et  Gérin  Rozê  lui  font  un  don  chacun 
de  500  francs;  H.  Millard  a  envoyé  au  trésorier  la  somme 
deiiXK)  francs,  et  M.  Guyot  adresse  également  500  francs. 

Cet  aident  est  destiné  à  constituer  à  la  Société  un  capital 
et  un  fonds  de  réserve.  Les  promoteurs  de  ce  mouvement 
font  appel  à  leurs  collègues  pour  joindre  leur  contribution 
à  la  leur. 

(Depuis  la  séance,  la  Société  a  reçu  les  dons  suivants  : 
M.  Moutard-Martin^  100  francs;  M.  Desnos  y  100  francs; 
M.  Marrotte,  100  francs;  M.  Siredey,  500  francs;  M.  Du- 
jnrdin-Beaumetz^  500  francs;  M.  Hérard^  500  francs.) 

-  La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  quart. 

André  pEirr. 


Société  de  chlrarcle. 

SÉANCE  DU  23  JANVIER  1889.    —    PRÉSIDENCE  DE 
M.   LE  DENTU. 

Fraoture  de  rotule  :  MM.  Luoae-Championnlère,  Kirmlsson,  Berger, 
Desprës.  —  Hystëropezle  :  M.  PolaUlon  (Discussion  :  MM.  Ter- 
rier. PosBl,  LucaB*Ghamplonnlère.  TerrUlon.  TrUat).  —  Aooideiita 
oausès  par  rinJeotJon  d'Ather  iodoformë  :  M.  OaUlard  (M.  Routier, 
rapporteur).  —  Kystes  dermoldes  intermaxillaires  :  M.  Lanne- 
longue  (Discussion  :  MM.  Qu6nu,  Trèlat,  Pe3rrot). 

H.  LucaS'Championnière  montre  un  malade  atteint  de 
fracture  de  rotule  il  y  a  cinquante  jours  et  auquel  il  a 
fait  la  suture  des  fragments  avec  du  fil  aargent.  Le  membre 
n'a  pas  été  immobilisé  et  le  blessé  a  marché  au  bout  de 
six  semaines. 

M.  Kirmisson  a  trois  fois  employé  la  griffe  de  M.  Duplay 

Sui  deux  fois  a  réussi.  Chez  un  troisième  malade  le  cal 
breux  fut  rompu  dans  une  chute  et  la  guéridon  ne  fut 
obtenue  que  grâce  à  la  suture. 

M.  S^r^^7*  pense  que  pour  juger  la  méthode  il  ne  faut  pas 
envisager  les  cas  de  fracture  directe  dans  lesquelles  l'appa- 
reil ligamenteux  latéral  de  la  rotule  reste  intact,  et  qui  gué- 
rissent très  facilement. 

M.  Després  a  montré,  il  y  a  trois  ans,  à  la  Société  la 
rotule  d'un  malade  mort  de  pneumonie  quatre  mois  après 
sa  fracture;  le  cal  complètement  osseux  avait  été  obtenu 
simplement  avec  l'élévation  du  membre  et  un  bandage  com- 
pressif. 

M.  Lucas-Championnière  ajoute  que  chez  son  malade 
il  y  avait  place  pour  mettre  la  main  entre  les  deux  frag- 
ments: pas  un  seul  trousseau  fibreux  ne  les  réunissait. 
Le  malade  n'est  resté  que  six  jours  en  gouttière. 

—  M.  Polaillon  communique  une  observation  à  inscrire 
à  l'actif  des  revers  de  l'hystéropexie.  Il  s'agit  d'un  prolap- 
sus utérin  remontant  à  une  première  grossesse  à  1  âge  de 
vingt  ans  :  ce  prolapsus  complet  avec  cystocèle,  mais  sans 
hypertropnie  ni  du  col,  ni  du  corps,  devint  douloureux  il 
y  a  deux  ans.  L'hystéropexie  fut  faite  le  22  décembre 
dernier.  La  malade  fut  prise  rapidement  de  vomissements, 
de  douleurs  abdominales  vives  et  succomba  le  28  sans  que 
la  tem[)érature  se  soit  élevée  au-dessus  de  38  degrés.  Il 
n'y  avait  pas  de  réunion  de  la  plaie  abdominale,  le  péri- 
tome  était  légèrement  rouge,  non  purulent,  les  fils  de 
catgut  étaient  résorbés  et  l'utérus  qui  n'avait  plus  de  rap- 
ports avec  la  paroi  abdominale  ne  tenait  plus  que  par 
quelques  longs  tractus  très  grêles.  M.  Polaillon  conclut 

!|u'il  ne  faut  pas  se  servir  de  fils  de  catgut,  mais  plutôt  de 
ils  de  soie  ou  d'argent,  que  l'opération  est  très  difficile 
chez  les  femmes  très  grosses  à  paroi  abdominale  très 
épaisse,  et  qu'il  n'y  a  rien  à  craindre  pour  la  vessie  qu'on 
ne  voit  pas  et  dont  l'évacuation  spontanée  après  l'opération 
est  très  facile.  Il  attribue  la  chute  de  l'utérus  à  la  résorp- 
tion des'fils  et  la  rupture  des  adhérences  péritonéales  aux 
violents  efforts  de  vomissement  que  la  malade  fit  dès  la 
fin  du  premier  jour  et  qui  n'ont  pas  cessé  jusqu'à  sa 
mort. 

M.  Terrier  a  employé  cinq  fois  le  catgut  qui  a  toujours 
tenu.  Si  la  malade  ae  M.  Polaillon  est  morte  de  péritonite 
septique,  c'est  au'une  précaution  antiseptique  quelconque 
a  manqué  ;  ce  n  est  pas  une  raison  pour  incrimer  le  catgut. 
Pour  ce  qui  est  des  difficultés  opératoires,  M.  Terrier  cite 
le  cas  d'un  prolapsus  tenant  à  une  vieille  pyosalpingite; 
les  annexes  furent  enlevées,  l'utérus  fixé  avec  beaucoup 
de  peine,  les  manœuvres  durèrent  très  longtemps  et  néan- 
moins sa  malade  guérit  comme  les  autres. 

H.  Pozzi  rappelle  qu'Olshausen  attribue  à  la  résorption 
du  catgut  son  insuccès  dans  le  premieir  cas  de  prolapsus 


76    —  N*  5 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  i-  Février  1889 


traité  par  l'hystéropexie.  Sânger,  qui  en  a  fait  un  grand 
nombre,  insiste  sur  la  nécessité  de  l'emploi  d'un  fil  non 
résorbable. 

M.  Lucas-Championnière  s'est  deux  fois  servi  du  catgut 
et  Tutérus  dans  les  deux  cas  a  fort  bien  tenu  en  place. 

M.  Terrillon  au  sujet  du  catgut  conseille  le  procédé 
de  M.  Reverdin;  on  peut  y  détruire  tous  les  germes  en  le 
chauffant  à  140  degrés  pendant  deux  à  trois  heures  et 
en  le  conservant  ensuite  dans  Talcool  au  sublimé. 

M.  Terrier  fait  observer  à  M.  Pozzi  qu'Olshausen  n'a 
employé  qu'un  seul  point  de  suture. 

M.  Trélat  pense  qu'il  importe  peu  que  la  suture  soit  ou 
non  résorbable,  parce  que  l'organisation  des  adhérences 
est  très  précoce.  Un  insuccès  ne  doit  pas  faire  rejeter  l'hys- 
téropexie, qui  dans  certains  cas  peut  être  une  opération 
nécessaire;  mais  le  revers  de  M.  Polaillon  doit  rappeler 
les  chirurgiens  au  respect  de  la  prudence  opératoire. 

H.  Polaillon  prétend  que  ses  fils  étaient  absolument 
aseptiques,  puisque  leur  résorption  a  été  extrêmement  ra- 
pide. 

—  M.  Routier  fait  un  rapport  oral  sur  une  observation 
de  H.  Gaillard  (de  Parthenay).  110  grammes  d'éther 
iodoformé  au  vingtième,  soit  ô^^SO  d'iodoforme,  furent 
injectés  dans  un  abcès  froid  chez  un  enfant.  Le  petit  ma- 
lade fut  pris  de  collapsus,  de  cyanose,  et  on  dut  pratiquer 
pendant  longtemps  la  respiration  artificielle.  Le  rapporteur 
conclut  que  les  doses  raisonnables  ont  été  dépassées  et  aue 
les  accidents  sont  plutôt  imputables  à  l'éther  qu'à  l'ioao- 
forme  qui  n'a  pu  être  absorbé  si  vite. 

—  M.  Lannelongue  fait  une  communication  sur  les  kystes 
dermoïdes  intermaxillaires.  Plus  rares  que  ceux  de  la 
fente  fronto-maxillaire,  ils  sont  situés  sur  le  trajet  d'une 
ligne  qui  réunirait  la  commissure  buccale  au  tragus.  La 
première  observation  est  due  à  M.  Verneuil.  Une  femme 
de  vingt-quatre  ans  présentait  une  tumeur  proéminente  à 
la  joue  et  dans  la  bouche;  on  en  fit  une  ostéite  avec  abcès 
symptomatique  qui  fut  incisé.  Par  la  fistule  persistante 
sortit  une  mèche  de  cheveux  et  M.  Yerneuil  énucléa  une 
tumeur  principale  possédant  tous  les  caractères  des  der- 
moïdes, entourée  de  petits  kystes  secondaires  :  ces  derniers 
sont  des  kystes  mncoîdes,  dus  à  l'enclavement  de  la  mu- 
queuse. Les  deux  autres  faits  sont  personnels  à  H.  Lanne- 
longue :  l'un  concerne  une  tumeur  à  paroi  dermolde,  rem- 
plie de  poils  follets  chez  un  homme  de  vingt-neuf  ans,  et 
l'autre  une  tumeur  analogue  qui  fut  enlevée  par  la  voie 
buccale  chez  une  jeune  fille  de  dix-huit  ans. 

M.  Quénu  rappelle  que  le  terme  de  kystes  mucoldes  peut 

Srèter  à  confusion,  car  M.  Malassez  a  déjà  donné  ce  nom  à 
es  kystes  à  parois  composées  de  cellules  épithéliales  cali- 
ciformes  ou  cellules  à  mucus.  H.  Quénu  propose  d'établir 
la  division  en  kystes  dermoïdes  cutanés  et  kystes  der- 
moïdes muqueux. 

M.  Trélat  a  deux  fois  observé  des  tumeurs  de  ce  genre 
siégeant  tout  près  de  la  mâchoire. 

M.  Peyrot  rappelle  que  Robin  a  décrit  dans  la  même 
région  des  fistules  branchiales  composées  à  la  fois  de 
derme  muqueux  et  de  derme  épidermique. 

M.  Lannelongue  ajoute  que  toutes  ces  particularités 
étaient  connues  avant  Robin  et  accepte  les  termes  que  pro- 
pose M.  Quénu  pour  la  dénomination  de  ces  tumeurs  con- 
génitales. 

—  M.  Lannelongue  est  nommé  membre  honoraire  de  la 
"^        Société  de  chirurgie. 

P.    ViLLKMIN. 


Soelélé  €le  feiotoyle. 

SÉANCE   DU   19  JANVIER  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE   M.    BROWN-SÉQUARD. 

Rapport  entre  les  excitations  ëleotrlques  et  la  rëaotloB  nèrro. 
muacolalre  :  M.  d'Araonval.  —  8ar  quelques  effets  des  assooiatlona 
microbiennes  :  M.  Roger.  —  Présentation  d'ouvrage:  M.  O.Bonnier. 
—  Unecauie  d'aaymëtrie cbeE les  enfants nouTeau-nès:  KDapQy' 

M.  d'Arsonval  rappelle  qu'il  n'y  a  pas  de  moyen  de  doser 
le  courant  induit,  qui  est  pourtant  1  excitant  pnysiologique 
par  excellence.  11  a  déjà  montré  antérieurement  de  quelle 
façon  on  peut  le  graduer.  Mais  on  ne  mesure  ainsi  que  la 
quantité  aéleclricité  mise  en  jeu  au  moment  du  passage  du 
courant,  et  encore  il  n'y  a  pas  de  rapport  entre  cette  quan- 
tité et  la  force  de  la  réaction  musculaire.  Or  M.  d'Arsonval 
a  imaginé  un  dispositif  qu'il  décrit,  grâce  auquel  rinlensité 
du  courant  induit  peut  être  mathématiquement  déterminée 
en  fonction  de  l'intensité  du  courant  inducteur. 

—  M.  Roger  a  constaté  qu'un  microbe  qui,  inoculé  seul, 
n'a  aucune  influence  sur  le  lapin,  associé  à  un  autre  microbe 
également  sans  efl*et  dans  les  mêmes  conditions,  devient 
pathogène  pour  cet  animal.  Tel  est  le  prodigiosus  qui, 
associé  avec  le  microbe  de  la  septicémie  ou  sérosité  gan- 
greneuse du  cobaye,  amène  la  mort  du  lapin  en  vingt-quatre 
heures.  De  plus,  M.  Roger  a  vu  que  c'est  par  ses  produits 
solubles  que  le  prodigiosus  exerce  dans  ce  cas  celte  action; 
ces  produits  solubles  ont  donc  la  propriété  do  rendre  patho- 
gène le  microbe  de  la  septicémie. 

—  M.  G.  Bonnier  présente  à  la  Société  le  premier  numéro 
de  la  Revue  de  botanique  qu'il  dirige. 

—  M.  Dupuy  a  remarqué  chez  plusieurs  enfants  nouveau- 
nés,  tenus  par  leur  mère  presque  constamment  couchés 
sur  le  même  côté,  une  asymétrie  marquée  résultant  d'une 
déviation  de  l'occipital.  Il  la  pu  faire  disparaître  cette  dif- 
formité commençante  en  faisant  changer  le  côté  sur  lequel 
l'enfant  reposait. 

M.  Féré  rappelle  que  Guénîot  et  Parrol  ont  déjà  observé 
des  faits  du  même  genre  concernant  la  même  influence  du 
décubitus. 


SÉANCE   DU   26  JANVIER   1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE   M.    BROWN-SÉQUARD. 

Présentation  d'ouvrage  :  M.  Boger.  —  Aotion  comparée  de  U  maoè- 
ration  de  digitale  et  de  la  digitaline  :  M.  Roger.  —  Garactéret  de 
culture  d'une  levure  du  mucus  vaginal  :  M.  Legrain.  —  Sur  on  cat 
de  saturnisme  héréditaire  :  MM.  Z^grand  et  Winter.  ^  De  l'adde 
carbonique  contre  les  douleurs  :  M.  Bro^wn-Séquard.  —  PrësenU- 
tien  d'ouvrage  :  M.Duclauz.— Dévelop]>ement  des  méloé  :M.Beaa- 
regard.  —  Sur  le  développement  des  ohnraalides  de  papUlona  : 
M.  Regnard.  —  Du  cooaSnisme  chronique  :  MM.  Magnas  et  Baury. 

tF  M.  Roger  présente  la  thèse  de  M.  Courtade  sur  Taclion 
thérapeutique  de  la  digitale. 

—  H.  Ro^er  a  fait  des  expériences  comparatives  sur 
Faction  physiologique  de  la  macération  de  digitale  et  de  la 
digitaline.  Au  cours  de  ces  recherches  il  a  constaté  que 
TefTet  de  la  digitaline  est  le  même,  que  celle-ci  soit  intro- 
duite dans  l'organisme  par  une  veine  de  la  circulation  gé- 
nérale ou  par  une  veine  du  système  porte.  Par  conséquent 
en  ce  qui  concerne  cette  substance,  le  foie  n'a  pas  d'action 
antitoxique. 

—  M.  Gley  présente  une  note  de  M.  Legrain  (de  Nancv) 
sur  les  caractères  de  culture  d'une  levure  trouvée  dans  le 
mucus  vaginal.  M.  Legrain  décrit  cette  levure  et  principa- 
lement les  caractères  qu'elle  prend  en  se  développant  dans 
différents  milieux.  11  se  propose  d'étudier  par  la  suite  de 
quelle  façon  elle  se  comporte  vis-à-vis  des  matières  sucrées. 


i"  Février  1889  GAZETTE  HfiBDO^IADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N»  5 


77 


—  M.  Legrand  a  observé  avec  M.  Winter  un  cas  de  sa- 
larnisme'  héréditaire  avec  cirrhose  du  foie  et  des  reins. 

—  M.  Brown-Séquard  indique  de  quelle  manière  il  faut 
einplover  l'acide  carbonique  en  inhalations  contre  les  aiïec- 
tioDs  dfouloureuses  :  on  doit  faire  une  inspiration  profonde, 
et,  au  moment  où  celle-ci  va  être  termmée,  Tacide  car- 
bonique doit  être  projeté  avec  force  sur  le  larynx  ;  de  cette 
façon  il  ne  peut  en  pénétrer  dans  les  poumons  qu'une  très 
minime  quantité,  car  le  courant  d'air  expiré  le  repousse 
immédiatement  ;  d'autre  part,  ce  jet  d'acide  carbonique 
passe  ainsi  deux  fois  de  suite  et  avec  vitesse  sur  le  larynx, 
re  qui  est  la  condition  essentielle  pour  que  son  action  soit 
eflîcace.  Par  ce  procédé,  les  douleurs  disparaissent  dès  la 
première  inspiration,  mais  elles  reviennent  vite;  il  faut 
donc  continuer  cet  emploi  de  l'acide  carbonique  pendant 
assez  longtemps.  Alors  l'analgésie  générale  peut  durer 
trente-six  ou  quarante-huit  heures. 

—  M.  Duclaux  fait  hommage  à  la  Société  du  deuxième 
volume  des  Annales  de  Vltistitul  Pasteur. 

—  M.  Beauregard  expose  d'après  ses  recherches  le  dé- 
veloppement des  insectes  vésicants  en  général  et  particu- 
lièrement des  Méloë. 

—  M.  Beauregard  dépose  une  note  de  M.  Regnard  rela- 
tive au  développement  des  chrysalides  des  papillons  ;  M.  Re- 
i;nard  a  enregistré  les  phases  de  l'absorption  d'oxygène  et 
d  élimination  de  l'acide  carbonique;  pendant  la  première 
semainedu  développement,  cette  élimination  est  très  faible; 
elle  augmente  peu  à  peu,  en  même  temps  la  proportion 
J'oxygène  absorbé  augmente  aussi. 

—  M.  Magnan  communique,  en  son  nom  et  au  nom  de 
H.  Saury,  trois  observations  d'intoxication  chronique  par 
la  cocaïne  :  troubles  de  la  motricité,  quelques  phénomènes 
njnvulsifs,  mais  surtout  troubles  ae  la  sensioilité  géné- 
riile,  beaucoup  plus  marqués  que  les  troubles  sensoriels, 
U'U  ont  été  les  principaux  faits  observés. 


société  «iiACoBiiqae. 

SÉANCES  DES    H    ET    18  JANVIEU    1880. 

MM.  Charrin  et  Russer:  note  sur  les  lésions  de  resto- 
mac  et  des  reins  dans  Vinfection  pyocyanique. 

—  M.  Isch-Wall  présente  un  myome  utérin  ramolli 
iOHs  Cinfluence  de  la  grossesse  et  rompu  dans  le  péritoine 
après  l'accouchement.  Il  y  avait  eu  présentation  de  l'épaule. 

—  M.  Isch'Vall  fait  voir  une  perforation  latente  de  l'es- 
lO)uac  par  cancer. 

—  M.  Audain  relate  un  fait  de  calcul  vésical  avec  pyélo- 
fiêphritc  et  abcès  sous-vapsulaire  du  rein. 

—  M.  Paul  Petit  communique  l'examen  histologiquc 
lune  Syphilide  hypertropliigt^  de  la  vulve. 

—  M.  Toupet  décrit  un  épithélioma  sous-unguéal. 

—  M.  Fiflfiiard  apporte  une  tumeur  à  fibres  striées  de 
l'otaire. 

—  MM.  Dumoret  et  Poupinel  font  voir  un  épithélioma 
iu  rein  pris  pour  une  tumeur  des  annexes  de  l'utérus. 

—  M.  Verchèret^ii  une  communication  sur  un  kyste  à 
.ontenu  sébacé  du  pouce. 


REVDE  DES  JOURNAUX 

THÉRAPEUTIOUE. 
Da  Bttrlto  do  eoteAU  et  de  pol««fle  eomine  uédleAmem  %a«- 
eaïaire,  par  M;  J.  West  Roosevelt.  —  Ce  sel,  obtenu  en  faisant 
agir  une  solution  de  nitrite  de  potasse  sur  une  solution  d'un  sel 
de  cobalt  additionnée  d*acide  acétique,  serait  un  substitutif  delà 
.nitro-glycérine,  du  nitrite  de  soude,  du  nitrite  d'amyle  et  de 
Féther  nitreux.  Il  a  pour  formule  C0-(N0')**K*  +  2Aq. 

Administré  au  chien  à  la  dose  de  5  grammes,  il  provoque  la 
somnolence  et  raccélération  du  pouls;  mômes  eflTets  sur  le  chat, 
et,  sur  les  uns  et  les  autres  de  ces  animaux  absence  de  phéno- 
mènes toxiques. 

M.  West  Roosevelt  a  prescrit  ce  sel  à  plusieurs  malades  à  la 
dose  d'un  demi-grain  toutes  les  deux  ou  toutes  les  quatre  heures, 
parfois  même  en  répétant  cette  dose  d'heure  en  heure.  Dans  trois 
cas,  il  s'agissait  d'urémie  avec  pression  artérielle  exagérée  et 
dyspnée,  mais  sans  symptômes  d'œdème  pulmonaire.  La  gône 
respiratoire  fut  diminuée  dans  deux  cas,  et  môme,  chez  l'un  des 
malades,  ce  sel  parut  supérieur  à  la  nitro-glycérine.  L'évaluation 
de  la  tension  artérielle  au  moyen  du  sphygmographe,  permit 
de  constater  son  abaissement  dans  l'espace  de  quinze  minutes 
à  une  heure. 

Môme  succès  dans  un  cas  d'emphysème,  mais  sans  que  l(i 
médicament  provoquât  une  céphalalgie  comparable  à  celle  qui 
est  consécutive  à  l'administration  delà  nitro-glycérine. 

M.  Roosevelt  essaya  aussi  ce  môme  nitrite  dans  un  cas  de 
cardiopathie  valvulaire  avec  dyspnée,  œdème  pulmonaire  et 
albuminurie.  Malgré  les  vomissements,  une  partie  du  médica- 
ment fut  absorbée  et  la  tension  artérielle  diminuée. 

Chez  une  femme  atteinte  de  migraine,  avec  nausées,  vomis- 
sements, élévation  de  la  tension  artérielle  et  albuminurie,  ce 
sel  amena  la  sédation  de  ces  accidents,  comme  le  chloral,  mais 
avec  cette  différence  que  l'administration  du  chloral  était  suivie 
de  céphalalgie.  Enfin,  l'amendement  de  ces  accidents  coïncidait 
avec  l'abaissement  de  la  tension  artérielle. 

En  résumé,  le  nitrite  de  potasse  cobalté  (c'est  le  nom  que 
l'auteur  lui  donne)  agit  sur  la  tension  vasculaire  dans  l'espace 
d'un  quart  d'heure  à  une  heure,  et  par  prises  d'un  demi-grain 
toutes  les  deux  ou  trois  heures.  H  mérite  donc  d'être  mis  à 
l'essai  comme  médicament  arlério-dépresseur.  {The  iV.-F.  med. 
Journ.j^  août  1888.) 

Du  traltemeBC  méeAntqne   de  teHmîwut  eau  d*eiiipliy«èiiie, 

par  M.  Bebdbz.  —  On  sait  que  les  mouvements  alternatifs  du 
diaphragme  ont  pour  elTet  d'augmenter  ou  de  diminuer  la  capa- 
cité de  la  cavité  thoracique,  et  que  Télévation  des  côtes,  com- 
binée avec  leur  rotation,  contribue  à  produire  le  même  résultat. 
La  théorie  de  Beau  et  Messiat  fait  jouer  un  rôle  capital  à  l'élé- 
vation du  diaphragme  dans  l'élévation  des  côtes  inférieures. 
Celle  de  Magendie  et  Duchesne  en  fait  plutôt  un  muscle  expi- 
râleur,  l'élévation  des  côtes  inférieures  étant  surtout  provoquée 
par  le  refoulement  des  viscères  abdominaux. 

M.  Berdez  a  démontré  expérimentalement  qu'en  substituant  à 
celte  masse  viscérale  une  vessie  pleine  d'eau  contenue  dans 
l'abdomen,  et  en  faisant  varier  le  degré  de  distension  de  cette 
vessie,  il  reproduisait  les  mouvements  respiratoires.  D'autre 
part,  il  a  remarqué  qu'en  comprimant  la  paroi  abdominale, 
on  peut  augmenter  Tamplitude  respiratoire  dans  le  rapport  de 
59  pour  100. 

11  en  conclut  que  l'une  des  causes  d^insuffisance  de  la  respi- 
ration résulte  dune  pression  intra-abdominale  trop  faible.  Dans 
d'autres  cas,  ce  trouble  respiratoire  résulte  du  défaut  d'élasti- 
cité des  poumons,  résistance  que  le  diaphragme  est  impuissant 
à  vaincre.  C'est  pourquoi  il  propose  d'augmenter  la  pression 
exercée  par  les  viscères  abdominaux  par  l'emploi  d'une  cein- 
ture semblable  à  celle  dont  les  gynécologîstes  font  usage,  et 
espère  ainsi  pendant  Tinspiration  favoriser  le  mouvement  de 
rotation  des  côtes  et  augmenter  la  capacité  respiratoire,   et, 


78      —  N«  5  — 


GkiETltE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  I"  Février  188d 


pendant  Texpiralion,  venir  en  aide  au  diaphragme  pour  vaincre 
la  résistance  du  poumon  dont  Télasticité  est  diminuée. 

A  Fappui  de  ces  idées  théoriques,  M.  Berdez  rapporte  le  cas 
d'un  emphysémateux  dont  la  capacité  respiratoire  était  de 
1800  cenlimètres  cubes,  quand  on  institua  ce  traitement  ;  sous 
rinfluence  de  ce  dernier,  cette  capacité  s'éleva  à  2000  centi- 
mètres cubes.  Enfin,  il  conseille  encore  cette  médication  quand  • 
les  troubles  respiratoires  s'observent  après  le  relâchement  des 
parois  abdominales  consécuti/  à  des  gross.esses  répétées  ou  à 
l'ablation  de  tumeurs.  (Revue  méd.  de  la  Suisse  romande, 
4888,  n«  67.) 

Du  traltenient  de  la  néphrite  AifcaS  ebem  len  enttkmiB,  par 

M.  le  docteur  E.  Knock.  —  A  cet  âge,  la  néphrite  aiguë  évolue 
habituellement  vers  la  guérison.  Quel  traitement  peut-on  pres- 
crire pour  hâter  cette  terminaison? 

1<>  M.  Knock  insiste  sur  lutilité  du  repos  pendant  toute  la 
période  albuminurique  de  la  maladie. 

2"  La  diète  lactée  est  indispensable  ;  en  autorisant  les  ali- 
ments farineux  additionnés  de  lait  et  les  petites  quantités  de 
viandes  ou  de  bouillon.  Le  vin  ne  sera  toléré  que  s'il  y  amenace 
de  coUapsus. 

S*"  De  temps  en  temps,  on  prescrit  utilement  un  laxatif  et 
l'emploi  des  bains  chauds  quand  on  obtient,  par  l'administra- 
tion des  sudorifiques,  une  abondante  transpiration.  Celle-ci  est 
toujours  favorable.  Ces  bains,  de  dix  à  quinze  minutes  de  durée, 
doivent  être  à  température  normale;  on  les  fait  suivre  de  la 
sudation  par  l'enveloppement  du  malade  dans  des  couvertures 
de  laine.  M.  Knock  estime  que  les  complications  cardiaques  ou 
pulmonaires. ne  sont  pas  une  contre-indication  à  leur  emploi.  Il 
faut  les  suspendre  dans  le  cas  seulement  où  l'hématurie  aug- 
meuterait. 

L'observateur  allemand  préfère  cette  pratique  à  l'administra- 
tion de  la  pilocarpine  et  à  l'emploi  du  drap  mouillé,  qui  sont, 
écrit-il,  des  moyens  sudorifiques  inférieurs  aux  précédents. 
Contre  l'urémie,  il  adopte  le  traitement  antiphlogistique  ;  mais, 
si  le  malade  est  en  danger  de  coUapsus  cardiaque,  il  suspend 
toutes  ces  médications,  et,  sans  hésiter,  court  au  plus  pressé  et 
prescrit  les  stimulants.  {Charité  Annalen,  1888.) 


nx  A  coDsaller. 


Traitement  de  la  pharyngite  chronique  par  l'acide  ack- 
riQUE,  par  M.  Weil.  —C'est  à  titre  de  substitutif  que  l'auteur 
recommande  l'emploi  de  l'acide  acétique  pur.  A  cet  effet,  il 
badigeonne  la  muqueuse  du  pharynx,  deux  ou  trois  fois  par 
semaine  avec  un  pinceau  imbibé  de  cet  acide.  Si  le  malade  est 
pusillanime  ou  la  sensibilité  du  pharinx  exaltée,  il  fait  usage 
d'acide  dilué.  La  sensation  de  brûlure  est  d'ailleurs  passagère. 
M.  Weil  a  obtenu,  par  ce  procédé,  la  résolui ion  rapide  d'an- 
ciennes pharyngites.  {Therap.  Monat.y  sept.  1888.) 

Des  résultats  du  traitement  de  l'amygdalite  par  le  ben- 
ZOATE  DE  SOUDE,  par  M.  BoiSLiNiÈRE.  —  La  série  observée  par 
l'auteur  comprend  soixante-quinze  cas  dans  lesquels  on  admi- 
nistra le  benzoate  de  soude  à  l'intérieur  sans  pratiquer  aucun 
traitement  externe,  badigeonnages  ou  collutoires.  Les  accidents 
disparurent  dans  l'espace  de  douze  à  trente-six  heures,  soit  en 
moyenne  dans  l'espace  de  vingt  heures.  D'oii  cette  conclusion  : 
que  le  benzoate  de  soude  diminue  l'inflammation  locale  et  la 
fièvre  et  peut  être  administré  a  hautes  doses  même  aux  enfants, 
enfin  que  son  emploi  ne  présente  aucun  inconvénient.  L'auteur 
considère  cette  médication  comme  la  meilleure  contre  les  amyg- 
dalites aiguës  et  les  affections  inflammatoires  du  pharynx  et  des 
amygdales.  (Med.  News.,  3  mai  1888.) 

Traitement  des  excroissances  èpidermiques  par  l'acide 
SALICYLIQUE,  par  M.  Hœsen.  —  L'auteur  humecte  la  petite 
tumeur  (cors,  œil-de-perdrix,  verrue)  d'une    solution  à  l'acide 


salicylique;  puis  saupoudre  sa  surface  d*une  couche  de  4  â 
5  millimètres  du  même  acide  cristallisé.  Un  morceau  de  linl 
borique  est  appliqué  à  sa  surface  et  enveloppé  d'une  feuille  de 
gutta-percha.  Le  pansement  doit  demeurer  en  place  durant 
quatre  ou  cinq  jours  ;  cela  est  suffisant,  si  la  production  est 
petite,  pour  assurer  sa  chute.  {Mnnch.  med,  Woch.,  n»  9, 1888.) 

Du  traitement  du  T-ENIA  par  la  PELLETIÉRINE,  par  M.  BÉRAN- 

GER-FÉRAND.  —  L'administration  de  la  pelletiérine doit-elle  être 
suivie  de  l'ingestion  dun  purgatif?  Oui,  d'après  ce  savant  obser- 
vateur, car,  si,  avec  ce  purgatif,  la  pelletiérine  provoque  l'ex- 
pulsion du  taenia  dans  sept  cas  sur  dix,  elle  n'agit  que  deux 
fois  sur  dix  quand  on  l'administre  seule.  11  faut  donc  doubler 
son  action  de  celle  d'un  purgatif. 

M.  Béranger-Férand  condamne  l'usage  des  purgatifs  salins 
dont  l'énergie  est  trop  faible,  le  calomel  présente  des  inconvé- 
nients chez  les  anémiques,  les  dyspeptiques  et  les  dysentériques; 
l'huile  de  croton  est  trop  irritante,  de  sorte  qu'il  faut  préférer 
l'huile  de  ricin  ou  bien  l'eau-de-vie  allemande.  La  première 
est  moins  efficace  que  la  seconde  ;  car  l'une  aide  l'expulsion  du 
taenia  dans  54  pour  100  des  cas  tandis  que  l'autre  l'assure  63 foi> 
sur  100.  (Bull,  gén,  de  thérap,,  15  août  1888.) 

De  l'action  anesthésique  locale  des  injections  sous-ci:ta- 
NÉES  d'antipyrine,  par  M.  Wolff.  —  Cet  observateur  compare 
ces  injections  à  celles  de  la  morphine*  Il  en  a  fait  usage  contr<; 
Tarthralgie  du  rhumatisme,  les  douleurs  des  phthisiqaes,  W 
point  de  côté  de  la  pleurésie  et  les  douleurs  du  rhumatisme 
musculaire.  Il  considère  cette  médication  comme  toute-puis- 
sante contre  les  douleurs  superficielles  et  constate  la  rapidité  de 
son  action  analgésique  dans  l'espace  de  quatre  à  six  minute>. 
Après  une  sédation  de  dix  à  douze  heures,  la  douleur  reparait, 
mais  avec  une  moindre  violence.  M.  Wolff  a  fait  usage  de  U 
solution  d'antipyrine  à  15  pour  100  sans  observer  aucun  acci- 
dent. (Tkerap,  fwonai.,  juin  1888,  p.  279.) 

De  l'emploi  des  topiques  dans  les  affections  cutanées  de> 
enfants,  par  m.  Jacobi.  —  Quelles  sont  les  formes  médicamen- 
teuses à  employer  dans  le  traitement  des  dermatoses  infiantiles 
pour  éviter  l'irritation  de  la  peau?  M.  Jacobi  redoute  l'éry  thème 
si  fréquent  après  les  applications  de  liquides  médicamenteux. 
C'est  pourquoi  il  combat  l'eczéma  chronique  ou  aigu  au  moyen 
de  pommades  astringentes  plutôt  que  par  l'usage  de  liquide^ 
astringents,  il  recommande  de  préparer  les  premières  avec  la 
vaseline  ou  le  cold-cream  avec  lesquels  le  plomb,  le  tanin,  le 
zinc,  le  bismuth,  riodoforme  et  Tacide  salicylique  s'incorporent, 
bien. 

Sur  les  surfaces  dénudées  de  leur  épiderme,  les  poudres  >oui 
plus  utiles  et  M.  Jacobi  les  associe  en  proportions  convenablen 
avec  le  talc.  Par  contre  il  proscrit  les  pommades  avec  l'axonge 
parce  qu'elles  irritent  la  peau  et  font  naître  des  éruptions.  Il 
préfère  alors  la  lanoîline  additionnée  de  dix  parties  d'eau,  sous  1;^ 
forme  de  frictions  légères.  La  peau  des  enfants  absorbe  rapide^ 
ment  les  médicaments  administrés  par  cette  voie.  (Arch,  o) 
Pediatrics,  juin  1888,  p.  329.) 


BIBLIOGRAPHIE 


La  flèvre  typhoïde  dans   la  première   réglas  de  earpa 
d'armée,    étiologle    aaeleane   et   étiologle   noavelle^ 

par  H.  le  docteur  Emile  ârnould.  —  Lille,  thèse  inau-* 
gurale,  1889. 

Nous  sommes  à  une  époque  oi\  les  doctrines  médicales, 
comme  bien  d^autres,  s'appuient  facilement  sur  un  ensembUi 
plus  ou  moins  exclusif  de  faits  dont  la  simplicité  apparente 
séduit  et  porte  à  une  généralisation  trop  souvent  hâtive 
C'est  là  à  coup  sûr  le  symptôme  d'un  état  d'esprit  fécond 
en  découvertes,  mais  tout  aussi  prompt  à  l'abandon  dei 


1-  Févribr  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHmuïlGlE 


-  N-  5- 


7Ô 


théories  el  à  l'incertilude.  L'observation,  comme  Texpéri- 
fflentation,  conduisent  à  ces  écarts  ;  mais  il  faut  bien  recon- 
nailre  que  celle-ci  les  facilite.  Quels  que  soient  les  proj^rès 
que  le  laboratoire  a  permis  de  faire,  quelque  indispensables 
qae  soient  devenues  les  études  qu'on  y  poursuit,  les  mys- 
tères de  la  physiologie  et  de  la  pathologie  humaines  lui 
gardent  encore  tant  de  secrets  qu'il  importe,  à  l'égard  des 
aits  qu'on  y  découvre,  de  prendre  garde  à  l'inânie  com- 
plexité des  réactions  de  l'organisme,  suivant  les  milieux  où 
il  évolue. 

Peu  de  questions  ont  été  plus  agitées  dans  ces  dernières 
années  que  celle  de  l'étiologie  de  la  fièvre  typhoïde;  il  en 
est  peu  aussi  pour  laquelle  on  ait  autant  accumulé  de 
théories  plus  simples,  plus  unitaires,  en  quelque  sorte, 
les  unes  que  les  autres.  De  grands  efforts  ont  été  faits,  et  il 
s'en  fait  encore,  pour  «c  réduire  à  très  peu  près  toute 
recherche  étiolo^ique  concernant  la  fièvre  typtioïde  à  la 
constatation  du  bacille  typhique  ou  d'Ebert-Gaffky,  dans 
Teau  des  localités  où  se  produisent  des  cas  de  cette  affec- 
Tion  ».  Ces  efforts  ont  abouti  à  d'intéressantes  études  que 
M,  le  docteur  Emile  Arnould  a  consignées  dans  la  thèse 
iuaogarale  qu'il  vient  de  soutenir  à  la  Faculté  de  médecine 
de  Lille.  Ce  travail,  auquel  nous  avons  emprunté  la  phrase 
citée  tout  à  Theure,  est  consacré  à  l'examen  de  166  cas  de 
fièvre  typhoïde,  dont  20  décès,  observés  en  trois  années 
dans  le  premier  corps  d'armée;  or,  il  ne  parait  pas  possible 
d'admettre,  une  seule  fois,  parmi  tous  les  cas  observés  qui 
n  ont  pas  donné  lieu  à  une  épidémie,  l'influence  d'une  eau 
spécifiquement  contaminée.  Une  telle  thèse  n'est  à  coup 
sûr  pas  banale  à  l'heure  actuelle^  elle  mérite  d'autant  plus 
irarrèter  l'attention  qu'on  a  plaisir  à  y  louer  aussi  l'ordon- 
nance de  l'argumentation. 

H.  Arnould  fait  tout  d'abord  observer  que  les  dix-huit 
places  de  la  région  occupée  par  le  premier  corps  d'armée 
Dont  eu,  à  elles  toutes,  que  deux  épidémies  très  bénignes 
de  fièvre  typhoïde  pendant  ces  trois  dernières  années.  Suivant 
lui,  la  fièvre'  typhoïde  déterminée  par  l'usage  de  Teau  de 
boisson  ne  peut  se  présenter  dans  une  caserne  que  sous  la 
forme  d'une  épidémie,  à  moins  de  circonstances  tout  à  fait 
singulières;  car  la  garnison  représente  un  groupe  soumis  à 
des  conditions  d'existence  identiques,  en  particulier  à 
l  usage  de  la  même  eau,  et  la  suspension  des  bacilles 
typhogènes  dans  l'eau  serait  une  condition  passagère  qui 
ne  peut  agir  que  par  sa  violence  actuelle.  D'autre  part,  ces 
16^  cas  ont  été  presque  tous  isolés,  à  des  époques  généra- 
lement diverses,  mais  surtout  lorsque  les  forces  des  soldats 
étaient  le  plus  déprimées.  Souvent  on  a  pu  remarquer  la 
gravité  singulière  des  cas  sporadiques,  que  M.  le  professeur 
Arnould  a  signalée  depuis  longtemps;  maintes  fois  on  a  vu 
on  cas  absolument  isolé  sur  plusieurs  mois,  dans  une  gar- 
nison, el  ce  cas  a  été  mortel!  L'eau  pouvait-elle  donc  être 
le  véhicule  qui  portait  le  germe  typnique?  Hais  alors  ce 
<  breuvage  homicide  »  eût  frappé  au  moins  quelques-uns 
de  ceux  qui  l'absorbaient,  plus  ou  moins  gravement.  Enfin. 
M.  Arnould  constate  que  c  tout  en  réclaïuant  énergiquement 
la  substitution  de  l'eau  de  source  à  l'eau  de  puits  dans  les 
casernes  et  une  fourniture  d'eau  irréprochable,  le  directeur 
du  service  de  santé  et  les  médecins  militaires  du  premier 
corps  d'armée  ont  jusqu'à  présent  combattu  la  fièvre 
typhoïde  par  l'aération  des  locaux,  le  desserrement  des 
h'ommes  dans  les  chambres,  l'enlèvement  des  immondices, 
la  modération  dans  le  travail,  le  relèvement  de  l'alimen- 
tation, les  congés  et  permissions,  l'évacuation  des  locaux 
suspects  et  leur  désinfection  par  l'acide  sulfureux;  tout, 
excepté  ce  qui  pourrait  constituer  une  modification  à  l'eau 
de  boisson.  Jamais  on  n'a  essayé  Teau  bouillie  ni  même 
filtrée;  on  a  conseillé,  à  priori  du  reste,  l'abandon  de 
quelques  puits  :  mais  il  est  arrivé  que  des  troupes  campées 
"^nr  les  glacis  d  une  forteresse  pour  fuir  une  caserne  infec- 
tée, continuaient  à  boire  Teau  de  la  ville  d'où  elles  venaient. 


Bien  que  les  mesures  prophylactiques  n'aient  pas  visé  l'eau, 
le  succès  n'en  a  pas  moins  été  satisfaisant.  > 

L'énumération  de  ces  assertions  négatives  est  suivie  de 
renseignements  sur  la  constitution  des  eaux  consommées 
dans  la  région  et  d'un  examen  raisonné  sur  les  circonstances 
dans  lesquelles  les  cas  de  fièvre  typhoïde  se  sont  produits 
dans  les  diverses  garnisons.  Ici  les  divers  faits,  groupés 
sous  la  dénomination  suffisamment  expressive  d'^étiologie 
ancienne  ),  concordent  à  revendiquer  c  pour  les  causes  ba- 
nales un  rôle  toujours  immense  et  qu'il  serait  dangereux  de 
négliger  ».  Une  étude  critique  de  quelques  épidémies  ré- 
centes observées  sur  divers  points  de  la  France  et  dans  les- 
quelles l'origine  aquatique  de  la  fièvre  typhoïde  a  été  plus 
particulièrement  signalée,  termine  cette  thèse.    On  nous 

Permettra  de  ne  pas  suivre  l'auteur  dans  ces  derniers  déve- 
oppements,  car  les  procédés  de  recherches  et  les  préoccu- 
pations ont  été  trop  différents  chez  les  uns  et  chez  les  autres 
Sour  que  nous  puissons  nous  livrer  sommairement,  au  cours 
e  ces  épidémies,  à  un  examen  comparatif.  Nous  pensons 
que,  dans  l'état  actuel  de  la  science,  il  convient  plus  que 
iamais  de  n'avoir  aucune  vue  exclusive  en  pathologie  et  que 
l'hygiène  donne  à  cet  égard  de  salutaires  enseignements, 
comme  le  disait  si  justement  M.  Léon  Colin  à  la  dernière 
séance  de  l'Académie  de  médecine,  €  rien  ne  doit  être 
abandonné,  à  l'égard  de  la  fièvre  typhoïde,  des  anciennes 

[ prescriptions  1.  La  prophylaxie  ne  peutêtre  aussi  unitaire  que 
e  voudraient  peut-être  certains  novateurs.  Il  n'est  pas  une 
seule  question  où  elle  ne  montre  pratiquement  quels  avan- 
tages il  y  a  à  s'inspirer  bien  plutôt,  comme  nous  le  disions 
tout  à  l'heure,  des  variations  incessantes  et  réciproques  de 
l'économie  humaine  et  des  milieux  qui  l'environnent  et 
l'influencent  si  profondément.  A  cet  égard,  la  thèse  de  notre 
distingué  confrère  témoigne  d'une  prudence  et  d*un  bon  sens 
qui  se  feraient  volontiers  rares  dans  certains  pays. 

A,-J.  M. 


Des  ARTHROPATUiES  TABÉTiQUES  DU  PIED,  par  M,  le  docteur  Démo- 
STHÈNES  Pavudès.  —  Thèse  inaugurale,  1888.  G.  Steinheil. 

Les  arthropathics  tabétiques,  signalées  et  décrites  par 
Gharcot,  sont  moins  fréquentes  au  pied  qu'au  niveau  des  autres 
articulations;  au  pied,  d'ailleurs,  comme  toutes  les  autres  arthro- 

Sathies  tabétiques,  elles  évoluent  rapidement,  sans  douleur, 
onnant  lieu  à  des  lésions  profondes  beaucoup  plus  étendues 
qu*on  ne  pourrait  le  supposer  pendant  la  vie.  Ces  arthropathies, 
qui  ont  été  confondues  par  les  auteurs  anglais  avec  les  arthrites 
sèches,  doivent  être  regardées  comme  des  troubles  dépendant 
des  lésions  du  système  nerveux,  et  probablement  du  système 
nerveux  périphérique.  Leur  mode  d'apparition,  leur  évolution 
particulière,  le  plus  souvent  indolore,  i  e.vistence  des  signes  de 
tabès,  avec  ou  sans  ataxie  locomotrice,  permettent  d'établir  un 
diagnostic  précis.  H  ne  faut  pas  confondre,  du  reste,  le  pied 
tabétique  arthropalhique,  avec  le  pied  bot  tabétique  d'origine 
musculaire,  résultant  du  décubitus  et  de  la  pression  des  cou- 
vertures chez  des  sujets  tabétiques  ayant  perdu  la  tonicité  et  la 
réflectivité  musculaires.  Les  arlhropathies  tabétiques  peuvent 
être  divisées  en  arthropathics  peronéennes,  tarso-mé  ta  tar- 
siennes, des  orteils,  et  généralisées  du  pied.  Elles  sont  toutes 
caractérisées  non  seulement  par  des  lésions  articulaires,  mais 
aussi  par  des  lésions  osseuses  souvent  beaucoup  plus  marquées 
que  les  premières.  Le  traitement  de  ces  arthropathies  donne  en 
général  peu  de  résultats  ;  d'ailleurs  leur  pronostic  n'a  pas  de 
gravité  au  point  de  vue  de  la  vie  des  malades,  mais  seulement 
en  tant  qu'intirmité  rebelle.  Cependant  l'amputation,  proposée 
et  pratiquée  par  certains  chirurgiens  allemands,  ne  semble  pas 
devoir  être  recommandée,  car  un  «itaxique  marchera  encore  plus 
difficilement  quand  il  aura,  au  lieu  de  son  pied  ankylosé,  un 
appareil  prolhéti(|ue.  Ajoutons  que  l'intéressante  monographie 
du  docteur  Pavlidès  est  accompagnée  de  plusieurs  belles  plan- 
ches en  chromolithographie,  et  de  la  reproduction  d'un  certain 
nombre  de  microphotographies  exécutées  par  son  maître,  le 
professeur  Damascluno,  et  montrant  les  altérations  des  cordons 
médullaires  chez  plusieurs  ataxiques. 


80      —  N*»  5 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  i^  Février 


Du  LAVAGE   ÉLECTRIQUE    ET    DE    LA    FARADI8ATI0N    INTRA-STOMA- 
GALE     DANS     LA      DILATATION     DE      L'ESTOMAC     FONCTIONNELLE 

{Maladie  de  Bouchard), ^slt  M.  le  docteur  H.  Baraduc.  —  Paris, 
1888.  Bureau  des  publications  du  Journal  de  médecine  de 
Paris. 

L'auteur  établit  dans  cette  note  les  indications  et  le  manuel 
opératoire  de  Télectrisation  intra-stomacale  dans  le  traitement 
de  la  dilatation  gastrique.  On  emploie  un  rhéophore  place  dans 
le  tube  de  Faucher  de  façon  que  le  fil  ne  soit  pas  en  con- 
tact direct  avec  la  muqueuse,  mais  reste  cependant  très  prés  de 
la  petite  courbure  et  des  plexus  vasculo-nerveux,  tandis  qu^une 
galette  de  terre  glaise  est  placée  au  niveau  de  la  grande  cour- 
bure descendue.  Celte  méthode  doit  être  réservée  aux  simples 
troubles  fonctionnels  gastriques,  en  dehors  de  toute  lésion 
inflammatoire  ou  ulcéreuse.  Le  lavage  électrique  (gros  fil)  a 
pour  effet  de  resserrer  la  fibre  musculaire  et  de  réveiller  Tatonie 
du  plexus  solaire  :  la  dilatation  gastrique  rétrocède  et  Testomac 
remonte  dans  sa  loge  diaphragmatique.  La  faradisation  intra- 
stomacale  (fil  fin)  calme  surtout  les  douleurs  et  arrête  les 
vomissements  d'origine  nervoso-réflexe,danslescas  de  dilatation 
ombilicale  avec  irritabilité  hystériaue  et  hyperexcitabiiité  des 
plexus.  On  obtient  par  cette  méthoae  la  disparition  des  phéno- 
mènes éréthiques  et  des  vomissements,  le  retour  de  l'absorption 
des  liquides,  le  rétablissement  progressif  d'une  meilleure  diges- 
tion et  le  retrait  de  Testomac  dilaté.  La  persistance  des  effets 
obtenus  est,  d'ailleurs,  en  rapport  avec  les  causes  de  dila- 
tation. 


VARIÉTÉS 

Faculté  de  médecine.  —  La  conférence  d'histoire  naturelle 
faite  à  la  Faculté  de  médecine  aux  étudiants  de  première  année 
par  M.  le  professeur  agrégé  Raphaël  Blanchard,  vient  d'être 
supprimée  par  M.  le  doyen  Brouardel  en  raison  des  troubles 
auxquels  elle  donnait  lieu. 

Après  diverses  menaces  de  suppression  faites  par  le  doyen  en 
présence  des  étudiants,  M.  le  doyen  vient  de  prendre  la  décision 
suivante  : 

€  Le  conseil  de  la  Faculté  de  médecine  avait  prié  M.  Blanchard 
de  faire  gratuitement  des  conférences  de  zoologie  aux  étudiants 
en  médecine  de  première  année. 

f  MM.  les  étudiants  ont,  à  diverses  reprises,  manifesté  vis-à- 
vis  de  leur  professeur  par  des  manques  de  respect  répétés  qu'ils 
n'appréciaient  pas  le  service  qu'on  voulait  leur  rendre. 

c  La  conférence  est  supprimée. 

c  Le  doyen,  Brouardel.  > 

Concours  d'agrégation  de  médecine.  —  Ont  été  déclarés 
admissibles  :  MM.  Babinski,  Balzer,  Brault,  Chantemesse, 
Charrin,  Gaucher,  Gilbert,  LetuUe,  Marie,  Netter  pour  la  Faculté 
de  Paris. 

Aucun  des  candidats  pour  les  Facultés  de  province  n'a  été 
éliminé. 

La  première  épreuve  (leçon  orale  d^une  heure  après  qua- 
rante-huit heures  de  préparation  libre)  a  commencé  le 
28  janvier.  Voici  les  auestions  données  jusqu'à  ce  jour  : 

l""  M.  Combemale  :  Valeur  des  phénomènes  thermiques  dans 
les  maladies  aiguës  ; 

"È"*  M.  Gaucher:  Des  métastases; 

:{"  M.  Sarda  :  De  l'influence  du  traumatisme  dans  Téclosion 
des  maladies  infectieuses  ; 

i**  M.  Suzanne  :  Des  causes  secondes  dans  le  développement 
des  maladies  infectieuses  ;  ' 

b*^  M.  Gueit:  Des  vaccinations  pastoriennes  ; 

6^  M.  Mesnard  :  De  l'insuffisance  fonctionnelle  du  rein  ; 

7"  M.  Charrin  :  Des  Infections  secondaires  ; 

S"*  M.  Netter  :  Myocardite  infectieuse. 

Internat  des  hôpitaux.  —  Le  nombre  des  internes  titulaires 
primitivement  fixé  à  46  vient  d'être  élevé  à  54  et  les  huit  pre- 
miers parmi  les  internes  provisoires,  MM.  Lovy,  Camescasse, 
Delaunay,  de  la  Nièce,  Bureau,  Bernheim,  Dufournier  el  Le- 
grand,  ont  été  nommés  titulaires. 

Cette  décision  a  été  prise  par  l'administration  à  la  suite  des 

firotestations  faites  par  les  médecins  de  Bicétre  et  par  ceux  de 
'hôpital  Broussais,  qui  eussent  été  privés  d'internes  titulaires 
dans  le  cas  où  le  nombre  de  ceux-ci  n'aurait  pas  été  augmenté. 


S'il  convient  de  féliciter  M.  Peyron  d'avoir  cédé  aux  légiiimes 
revendications  du  corps  médical,  il  faut  désirer  cepeodaQtque, 
dans  les  concours  ultérieurs,  on  persiste  à  fixer  à  l'avaûce  le 
nombre  des  internes  qui  devront  être  nommés  chaque  année. 
On  évitera  ainsi  de  prêter  l'oreille  à  des  sollicitations  eWn- 
médicales,  et  de  céder  pendant  la  durée  du  coacours  à  ki 
influences  injustement  prépondérantes.  Il  suffira,  pour  éviter  lej 
réclamations  qui  se  sont  produites  cette  année,  d'évaluer  arec 

S  lus  de  soin  le  nombre  des  vacances  à  pourvoir.  S'il  armùt 
'ailleurs  qu'après  la  clôture  des  épreuves  et  la  nominatioQ  ile« 
internes  un  trop  grand  nombre  de  démissions  vint  àcréerdef 
vides  imprévus,  rien  n'empêcherait  de  procéder  commi'  on  V 
fait  dans  les  concours  pour  les  Ecoles  du  gouvernement,  où  Fou 
publie  des  listes  supplémentaires,  c'est-à-dire  de  charger  des 
fonctions  d'internes  titulaires,  avec  toutes  les  prérogatives  qui 
leur  sont  attachées,  un  certain  nombre  d'internes  provisoirei 
L'essentiel  nous  parait  être  de  ne  pas  laisser  de  services  hospi- 
taliers sans  internes  titulaires,  de  ne  pas  empêcher  une  équi- 
table répartition  de  ceux-ci.  Le  prestige  du  titre  d'interne  of 
perdra  pas  grand'chose  au  nombre  plus  ou  moins  grand  di 
titulaires  nommés  chaque  année.  11  vaudra  surtout  ce  cjoe  fi 
donneront  d'autorité  les  travaux  scientifiques  et  l'assiduilcdô 
internes. 

Société  médicale  des  hôpitadx  (séance  du  vendredi  8  fê\T^? 
4889).  ~  Ordre  du  jour:  Discussion  sur  les  rapports  du  ^oitrf 
exophthalmique  et  de  l'ataxie  locomotrice.  —  M.  de  Bearniaoîi 
Un  cas  de  mort  par  tétanie  dans  le  cours  d'une  dilatatioin'i' 
l'estomac.  —  M.  Huchard  :  Sur  un  nouveau  syndrome  cardiaqa-- 
l'embryocardie. 


Souscription  Duchenne  (de  Bodlogne). 

Quatrième  liste. 

MM. lesD^»Potain 100  fr.   » 

Guyon 50  » 

François-Franck 20  i 

Dreyfus-firisac 20  » 

Nicaise f)  » 

Fisseaux *1{)  > 

Clermont 20  » 

Durand-Fardel 10  » 

Total 2Ô5  » 

Montant  des  listes  précédentes.  22J5  >_ 

Total  général..  2400  fr.  » 


Mortalité    a    Paris    (3«  semaine,   du    13  au  iO  j»fl"f 
1889.  —  Population  :  2260945  habiUnts).  —  Fièvre  typhoïde,!' 

—  Variole,  2.  —  Rougeole,  50.  —  Scarlatine,  0.  -  C^f  • 
luche,  5.  —  Diphthérie,  croup,  37.  —  Choléra,  0.  -  Ph^^^'- ' 
pulmonaire,  179.  —  Autres  tuberculoses,  16.  —  Tumear> 
cancéreuses,  56  ;  autres,  10.  —  Méningite,  2i.  —  ^'OJ?"' 
tion  et  hémorrhagies  cérébrales,  59.  —  Paralysie,  t>  ." 
Ramollissement  cérébral,  4.  —  Maladies  oi^niquesducœuTr^' 

—  Bronchite  aiguë,  36.  —  Bronchique  chronique,  49.— Broocli^ 
pneumonie,  31.  —  Pneumonie,  65.  —  Gastro-entérite:  sein,*^. 
biberon,  29.  —  Autres  diarrhées,  1 .  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 2.  —  Autres  affections  puerpérales,  4.  —  Débilita;  fo»* 
génitale,  29.  —  Sénilité,  37.  —  Suicides,  9.  —  Autres  mo^^ 
violentes,  7.  —  Autres  causes  de  mort,  189.  —  ^^ 
inconnues,  12.  —  Total  :  1027. 


OUVRAGES  DËPOSËS  AU  BUREAU  DU  JOURNAL 

La  ^phthérie,  ton  traitement  antUeptique,  par  M.  lo  doeleur  J.  TirncY 
Sauluur),  études  cliniques,  précédées  d'une  préface  du  prore«s»eur  (inB  j"* 
1  vol.  in-««  de  300  pages.  Paris,  0.  Doin.  " 

Det  conditioru  qui  favorisent  ou  entravent  le  développement  du  fffttit>  i"''^'  . 
du  père,  recherches  cliniques,  par  II.  le  docteur  Fcllce  La  Torrc.  I  *^^f"^ 
in-8o  de  236  pages.  Paris,  0.  Doin. 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant 

48170.  —  MOTTBROZ.  —  Imprimeries  réuuioa,  A.  rue  Uigiion  ,t  !*>"»■ 


Trente- SIXIÈME  année 


N*  6 


8  Février  i889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 

PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LB  D'  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  6.  DIEUUFOY.  DREYFUS-BRISAC,  FRANÇOIS-FRANCK.  A.  HÊNOCQUE,  A..J.  MARTIN.  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adreiser  tout  ee  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lereboullet,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférenre) 


SÔHMMRB.— BOLLETIN.  Académie  de  médecine.  —  Conseil  supérieur  do  lus- 
MMance  publique.  —  PATHOLOGIE  CKNÉU\EE.  Cause»  el  mécanisme  de  la 
sappuralion.  —  Ubvub  DBS  COURS  ET  DES  CLINIQUKS.  lIApilal  Nrckcr;  scrvitrc 
de  M.  h  /irofe5»eurGu.von.— Travaux  originaux.  Cliniquo  cliirurgicale  :  Des 
krslc»  IndaUqucf  supérieurs  du  foie  —  Pathologie  interne  :  Acrodynic  cl  arse- 
iiesme.  —  Cliuique  médicale  :  Périlonito  luborculeuso  localisée,  d'origine 
tTMn^ttquc.  —  SociiTis  SAVANTES.  AcaJéniÎB  Aùi  sciences.  —  Académie  de 
Bicdeciuc.  —  Société  de  clnrurgic.  —  Société  de  biologie.  —  Sociclé  de  Uicra- 
prytiquG.  —  Revue  >ES  journaux.  Tliénipeuliquo.  —  BinLiocuAPHiE.  Eludes 
sorle*  mabdies  da  foie.  —  VARlÉTés.  Concours  d'agrégation  do  médecine. 


BULLETIN 

Paris,  6  février  1889. 
Académie  de  médecine  :  Rapport  de  M.   A.  Bobin  snr 

le«  «AUX  minérales.  —  TraUemeat  dn  choléra.  — 
latoxleatlon  par  les  poêles  mobllea.  —  l»e  Conseil 
sopértear  de  l'assistance  pnbllque. 

En  exposant,  avec  la  plus  louable  franchise,  toules  les 
imperfections  que  présente,  dans  la  plupart  de  nos  élablis- 
seraents  thermaux,  l'organisalion  du  service  médical;  el  en 
ap|>clanl  la  discussion  publique  du  Rapport  général  sur  le 
service  des  eaux  minérales  de  la  France,  qu'il  a  lu  à  TAca- 
démie  de  médecine  le  0  décembre  dernier,  M.  Albert  Robin 
a  rendu  un  signalé  service  à  la  cause  que  nous  défendons 
depuis  tant  d'années. 

Sans  s'arrêter  à  examiner  si  les  critiques  adressées  à 
l'iiislilutîon  même  des  médecins-inspecteurs  sont  ou  non 
fondées;  sans  tenir  compte  des  notes  plus  ou  moins  offi- 
cieuses que  publient  à  cet  égard  les  journaux  politiques,  le 
savaiJl  rapporteur  de  TAcadémie  recherche  si  'on  n*est  pas 
en  droit  de  reprocher  aux  médecins  de  nos  stations  hydro- 
minérales la  négligence  avec  laquelle  un  certain  nombre 
d'entre  eux  s'acquittent  de  leurs  devoirs  officiels,  les  diffi- 
cultés qu'ils  éprouvent  presque  tous  à  tirer  parti  des  obser- 
vations cliniques  recueillies  pendant  la  saison  thermale. 

€  L'inspectorat,  dit  M.  Robin,  a  eu  gain  de  cause  devant 
TAcadémie  et  devant  le  Conseil  d'État;  il  est  maintenu... 
Mais,  puisqu'on  s'accorde  aujourd'hui  pour  le  maintenir,  il 
importe  d'en  tirer  tout  le  parti  possible  dans  le  suprême 
intérêt  des  eaux  françaises  ;  et  Tune  des  meilleures  manières 
de  le  faire,  c'est  d'assurer  les  pouvoirs  de  l'inspecteur  en 
élevant  à  ces  fonctions  le  plus  digne  et  le  plus  instruit.  ^ 
Chacun  s'accordera  à  reconnaître  que  la  présentation  par 
l'Académie  de  médecine  et  par  le  Comité  consultatif  d'hy-jnène 
el  aussi  —  M.  Robin  n'en  parle  pas  —  Tubligation  imposée 
au  Ministre  de  désigner  comme  médecin-inspecteur  celui  qui 
f  StRlE,  T.  XXVt. 


aura  été  présenté  en  première  ligne  sur  les  deux  listes? 
donnerait  aux  élus  le  prestige  qui  leur  manque  aujour- 
d'hui. Mais  il  resterait  encore  bien  difficile*  au  inéidecin 
désigné,  par  ses  travaux  scientifiques,  au  choix  de  l'Acadé- 
mie, de  signaler  chaque  année  des  réformes  parfois  oné- 
reuses pour  les  compagnies  fermières,  sans  se  créer,  dans 
le  milieu  spécial  où  il  exerce,  bien  des  animosités  et  par- 
lant bien  des  ennuis.  A  ce  point  de  vue  donc,  nous  pensons 
que  les  visites  faites  à  des  époques  indéterminées,  soit  par 
les  inspecteurs  des  services  sanitaires,  soit  par  des  délégués 
spéciaux,  auront  plus  d'utilité  que  n'en   pourraient  avoir 
les  doléances  des  médecins-inspecteurs  ou  même  des  com- 
missions médicales  organisées  pour  veiller  à  ce  qui  inté- 
resse la  santé  publique  dans  rétablissement  ou  dans  la 
commune.  Jamais,  nous  le  craignons,  les  médecins  locaux 
n'arriveront  à  mettre  fi  l'index  un  établissement,  un  hôlel  ou 
une  ville  qui  ne  se  conformeraient  pas  aux  prescriptions 
hygiéniques    reconnues    indispensables.    L'inspecteur  des 
services  sanitaires  ou  le  délégué  auront  au  contraire  toute 
autorité  pour  imposer,  à  cet  égard,  les  mesures  jugées  utiles. 
Mais  ce  n'est  là  qu'un  petit  côté  de  la  question.  La  pré- 
sence dans  les  stations  thermales  d'un  médecin-inspecteur 
serait  surtout  nécessaire,   au    point   de  vue  scientifique, 
pour  recueillir  les  matériaux  qui  permettraient  de  juger 
la  valeur  thérapeutique  d'un  traitement  déterminé,  diriger 
les  laboratoires  où   se  feraient  des  études  hydrologiques 
spéciales,  tenir  à  jour  la  statistique  médicale  et,  dans  l'hô- 
pital thermal  annexé  à  la  station,  traiter  gratuitement  les 
indigents.  Aujourd'hui  le  médecin-inspecteur  est  presque 
partout  celui  qui,  absorbe  par  la  clientèle  étrangère,  signalé 
à  son  choix  par  le  titre  qui  lui  est  conféré,  ne  peut  plus 
trouver  même  le  lemps  nécessaire  pour  rédiger  le  rapport 
annuel  qu'il  doit  à  l'Académie.  Si  le  programme  tracé  par 
M.  A.  Robin  était  adopte  el  suivi,   le  médecin-inspecteur 
serait  au  contraire  un  savant  dont  les  recherches,  utiles  à 
la  station  dans  laquelle  il  exerce,  utiles  surtout  à  tous  ses 
coniVères,  permettraient  de  se  faire  une  idée  quelque  peu 
précise  de  l'action  des  eaux  minérales.  Quel  est  en  effet 
ce  programme  à  remplir?  Voici  comment  s'exprime  à  ce 
sujet  M.  A.  Robin: 

Pour  pénétrer  dans  le  secret  de  raction  des  eaux  minérales, 
il  faut  connaître  la  manière  dont  elles  influencent  les  échanges 
organiques,  eu  un  mot,  leur  action  sur  la  nutrition  élémen- 
taire. 

On  sait  que  derrière  la  plupart  des  aifections  chroniques  — 
et  ce  sont  celles  qui  sont  justiciables  des  eaux  minérales  —  il 
existe  des  troubles  nutritifs,  originels  ou  acquis,  antérieurs  à  la 

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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  8  Févribu  1889 


manifestation  morbide  et  qui  sont  la  condition  fondamenlale  de 
sa  forme  et  de  sa  durée.  Ces  vices  de  la  nutrition  matérialisent 
cette  manière  d'être  jadis  indéfinissable,  à  laquelle  nos  pères 
ont  donné  le  nom  de  diatbèse,  et  paraissent  si  bien  conjugués 
à  ridée  représentée  par  cette  dénomination,  que  les  deux 
termes  ne  nous  représentent  plus  que  des  synonymes.  Pourtant, 
il  ne  faudrait  pas  oublier  qu'un  trouble  de  la  nutrition,  quel 
qu'il  soit,  reconnaît  toujours  une  cause  première  dont  il  n'est 
que  l'expression  :  aux  oxydations  accrues  ou  diminuées,  aux 
dénutritions  locales  plus  ou  moins  accentuées,  aux  fermenta- 
tions accélérées  ou  retardées,  il  est  un  trouble  antérieur, 
encore  mystérieux,  auquel  on  pourrait  conserver  le  nom  de 
diathcse,  celle-ci  ne  représentant  pas  le  trouble  nutritif  lui- 
même,  mais  l'ensemble  des  causes  qui  lui  donnent  naissance. 

La  connaissance  de  ce  vice  nutritif  qu'engendre  la  diathcse, 
et  dont  le  rôle  essentiel  est  de  préparer  en  quelque  sorte  le 
terrain  de  la  maladie,  nous  donne  le  moyeu  de  préjuger  du 
trouble  originel,  et  nous  indique  le  sens  dans  lequel  doit  agir 
la  thérapeutique.  Par  conséquent,  les  divers  moyens  de  traite- 
ment ne  s'adapteront  exactement  aux  affections  contre  lesquel- 
les ils  sont  dirigés,  que  si  l'on  a  mathématiquement  fixé,  au 
préalable,  les  modifications  qu'ils  impriment  à  la  nutrition  élé- 
mentaire. Et  tant  que  cette  recherche  n'aura  pas  été  faite  pour 
les  eaux  minérales,  elles  manqueront  de  l'un  des  éléments  les 
plus  importants  parmi  ceux  qui  permettent  de  juger  de  leurs 
indications  et  de  leurs  contre-indications. 

L'emploi  des  eaux  minérales  est  un  des  plus  sûrs  moyens  de 
produire  ces  modifications  lentes  et  constitutionnelles,  qui  doi- 
vent aboutir  aune  inversion  du  mode  nulrilif  de  l'individu; 
mais,  au  moins,  faut-il  savoir  comment  réagissent  les  échanges 
devant  telle  ou  telle  eau  minérale  ! 

C'est  à  cette  étude,  jusqu'ici  trop  négligée  en  France,  que 
l'Académie  convie  les  médecins  hydrologues.  Ils  peuvent  être 
assurés  que  cette  voie,  jusqu'à  présent  presque  inexplorée, 
leur  ouvrira  de  nouveaux  horizons,  et  qu'elle  sera  peut-être  le 
point  de  départ  d'une  révolution  dans  la  clinique  thermale. 

Voici  le  but  à  atteindre.  Mais  les  médecins  inspecteurs 
actuels  et  même  les  plus  jeunes  et  les  moins  occupés 
parmi  les  médecins  consultants,  arriveraient  difficilement, 
dans  les  conditions  actuelles,  à  entreprendre  et  surtout  à 
poursuivre  longtemps  les  recherches  si  minutieuses  et 
parfois  si  ingrates  qui  semblent  nécessaires  aujourd'hui. 
Pour  que  Ton  puisse  donner  à  Thydrologie  médicale  Tim- 
pulsion  féconde  que  souhaite  M.  A.  Robin,  il  faudrait  créer 
dans  chaque  station  un  laboratoire  thermal,  y  installer  un 
chef  de  service  qui  sérail  en  même  temps  le  médecin 
inspecteur  de  la  station  et  qui,  recevant  un  traitement  fixe 
en  rapport  avec  les  services  qu'il  pourrait  être  appelé  à 
rendre,  se  désintéresserait  complètement  de  la  clientèle 
active.  Ne  pourrait-on  pas  demander  aux  établissements 
thermaux  une  subvention  suffisante  pour  assurer  ce  ser- 
vice ?  Ke  serait-il  point  possible  de  leur  faire  comprendre 
l'utilité  qu*aurait,  à  tous  les  points  de  vue,  l'installation 
d'un  laboratoire  d'où  pourraient  sortir  des  travaux  sérieux, 
bien  différents  de  ceux  qui  nous  parviennent  d'ordinaire  et 
qu'on  hésite  à  publier,  supposant  peut-être  à  tort  qu'ils 
sont  dictés  par  des  préoccupations  étrangères  à  la  science? 
Et  le  médecin  inspecteur  ne  se  verrait-il  point  appelé  par 
ses  confrères  à  des  consultations  suivies  d'analyses  et  de 
recherches  scientifiques  dont  la  rémunération  légilime  ren- 
drait sa  situation  plus  enviable  ? 

Si  l'on  adoptait  cetle  manière  de  voir;  si,  dans  nos 
grandes  stations  hydrominérales,  on  étudiait  plus  scientifi- 
quement le  mode  d'action  du  traitement  thermal,  peut- 
être  arriverait-on  dès  lors,  comme  le  demande  si  justement 


M.  A.  Robin,  à  réglementer  Phygiène  alimentaire  des 
malades  et  à  obtenir  des  administrations  et  des  hôteliers 
les  réformes  qui  dès  aujourd'hui  s'imposent  un  peu  par- 
tout. 

Dans  cette  voie  tout  reste  à  faire.  On  devra  donc  savoir 
gré  à  M.  Robin  d'avoir  appelé  l'attention  de  l'Académie  et 
du  ministre,  sur  un  sujet  qui  devrait  nous  préoccuper 
davantage  puisqu'il  touche  à  une  série  d'établissements  qui 
sont  pour  la  France  une  source  de  richesse,  pour  les  mé- 
decins une  mine  inépuisable  d'observations  et  de  recher- 
ches cliniques. 

—  On  lira  plus  loin,  au  compte  rendu  de  TAcadémie  des 
sciences  (p.  94)  une  communication  de  M.  Lœwenthal. 
En  résumant  devant  l'Académie  de  médecine  les  intéres- 
santes recherches  faites  dans  son  laboraloire,  M.  Cornil  a 
insisté  sur  les  difficultés  que  l'on  éprouve  à  en  tirer  des 
conclusions  précises  et  immédiatement  applicables  à 
l'homme.  Cela  ne  veut  point  dire  que  le  salol  ne  devra  pas 
être  essayé  chez  les  cholériques.  Mais  il  serait  bien  pré- 
maturé d'en  affirmer  l'efficacité  réelle  et  constante. 

—  On  pourrait  reprocher  à  la  communication  si  inté- 
ressante de  M.  Lancereaux  sur  les  dangers  de  l'usage  des 
poêles  mobiles  si  répandus  aujourd'hui  dans  les  habi- 
tations, de  venir  un  peu  tard,  alors  que  l'hiver  va  bientôt 
s'achever,  si  l'on  ne  savait,  par  expérience,  avec  quelle 
lenteur  l'administration  prend  et  exécute  les  mesures  les 
plus  utiles.  En  effet,  lorsque  le  Préfet  de  police  affichait 
sur  tous  les  murs  de  Paris,  par  décision  du  17  novembre 
1880,  une  ordonnance  sur  le  mode  de  chauffage  des 
habitations,  il  avait  déjà  pour  but  d'appeler  l'attention 
publique  sur  les  dangers  de  l'emploi  des  poêles  mobiles 
et  l'ordonnance  qu'il  portait  ainsi  à  la  connaissance  de  ses 
administrés  reproduisait  l'avis  émis  par  le  Conseil  d'hygiène 
sept  mois  auparavant!  De  trop  nombreux  exemples  ne  ces- 
sent de  montrer  que  cette  ordonnance  a  été  inutile  et 
qu'il  y  avait  lieu,  suivant  l'opinion  du  professeur  Ar- 
nould,  de  lui  préférer  la  réprobation  pure  et  simple  de  ces 
appareils.  En  1880,  Boutmy,  Vallin,  Le  Roy  de  Méricourl, 
Mathelin,  Lagneau,  E.-R.  Perrin,  Ida  Remsen,  etc., 
avaient  déjà  signalé  des  accidents  graves  survenus  à  la 
suite  de  l'usage  si  délicat  des  poêles  à  petite  marche  et  à 
combustion  ralentie;  l'administration  avait  cru,  sur  la  nû 
des  fabricants  sans  doute,  que  l'on  pouvait  diminuer 
leurs  inconvénients  par  des  précautions  convenables. 
L'événement  ne  cesse  malheureusement  de  démontrer  qu^il 
n'en  peut  être  ainsi.  Il  y  a  donc  lieu  de  proscrire  désormais 
tous  les  appareils  qui  ne  peuvent  fonctionner  économiquement 
qu'en  introduisant  dans  l'air  respirable  des  appartements 
un  gaz  aussi  toxique  et  aussi  subtil  que  l'oxyde  de  carbone. 
Les  expériences  de  M.  Gréhant,  les  observations  anatonio- 
pathologiques  de  M.  Brouardel,  les  constatations  chimiques 
de  M.  Armand  Gautier  ne  laissent  aucun  doute  à  cet  égard. 
M.  Vallin  a  montré,  d'autre  part,  que  c  la  température  des 
locaux  chauffés  au  poêle  mobile  est  exagérée  (18  à  i9  de- 
grés dans  une  chambre  dont  la  porte  était-entrebàillée  de 
:29  centimètres);  dans  un  poôle  mobile  du  modèle  ordinaire., 
le  tirage  ne  fait  arriver  au  foyer  que  4  centimètres  cubes 
d'air  par  kilogramme  de  coke  brûlé,  alors  que  celte  quan- 
tité de  combustible  exige  au  moins  9  mètres  cubes  d'air 
pour  que  tout  le  charbon  soit  transformé  en  acide  carbo- 
nique. Il  n'est  donc  pas  étonnant  que  l'on  trouve  dans  le 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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tuyaa  de  fumée  une  quantité  énorme  (16  pour  100)  d'oxyde 
de  carbone  ».  Le  poêle  évacue  à  peine  l'air  de  la  pièce  et, 
par  suite,  on  y  sent  cette  odeur  fade,  celle  lourdeur,  qui 
caractérisent  nettement  la  présence  de  ces  dangereux 
appareils,  tant  Toxyde  de  carbone  en  reflue  facilement 
dans  les  appartements.  Il  est  urgent  d*en  réclamer  la  sup- 
pression; l'Académie  ne  manquera  pas  de  le  faire  lors- 
qu'elle aura  à  statuer,  dans  quinze  jours,  sur  les  résolu- 
tions que  lui  a  présentées  M.  Lancereaux. 


Erratcm.  —  Dans  le  dernier  numéro  (p.  69),  une  erreur 
d'impression  rend  incompréhensible  la  formule  de  M.  Vigier. 
Il  faut  lire  :  c  On  triture  193^50  de  mercure,  2y%50  de  vaseline 
blaucbe  solide  et  1  gramme  d'onguent  mercuriel.  i 


Conseit  supérieur  de  V assistance  publique  :  L'inspection 

êe  Vmmmlmtn.wkee  publique  ;  rassistance  médicale  dans 
les  eampagucs  ;  lo  domicile  de  secouru. 

Le  Conseil  supérieur  de  l'assistance  publique  vient  de 
terminer  sa  première  session  de  1889,  session  marquée  par 
des  débats  du  plus  grand  intérêt,  empreints  d'un  esprit  à 
la  fois  élevé  et  pratique  et  d'un  remarquable  bon  vouloir 
de  la  part  de  tous  ceux  qui  y  ont  pris  part,  à  quelque  cou- 
leur politique  ou  à  quelque  opinion  philosophique  qu'ils 
appartiennent.  Cette  session,  qui  n'avait  été  précédée, 
depuis  Finstitution  du  Conseil,  que  par  deux  réunions  plé- 
nières,  était  consacrée  à  l'examen  d'un  certain  nombre  de 
rapports  préparés  depuis  plusieurs  mois  par  les  sections. 
Les  résolutions  qu'on  devait  discuter  étaient  d'ailleurs  beau- 
coup plus  des  déclarations  de  principes  qu'elles  ten- 
daient à  déterminer  les  détails  pratiques  d'application  des 
mesures  recommandées.  Il  n'en  pouvait  être  autrement; 
car,  en  matière  d'assistance  publique,  la  législation  est 
presque  tout  entière  à  créer  en  France,  et  l'administration 
réclame  une  organisation  plus  conforme  aux  nécessités 
sociales  actuelles. 

Parmi  les  questions  que  vient  d'examiner  le  Conseil  supé- 
rieur de  l'assistance  publique,  il  en  est  deux  qui  intéres- 
^ent  plus  particulièrement  le  corps  médical  et  qui  répon* 
daieut  précisément  à  l'ordre  de  préoccupations  que  nous 
venons  d'indiquer.  L'organisation  de  l'assistance  exige  en 
elTet  une  orientation  déterminée  ;  aussi  était-il  indispen- 
sable, au  début  des  études  longues  et  laborieuses  que  le 
ConseU  aura  à  entreprendre,  de  préciser  les  principes  sur 
lesquels  il  y  a  lieu  de  baser  l'inspection  de  l'assistance 
publique  et  l'assistance  médicale  dans  les  campagnes.  Les 
rapporteurs  de  ces  deux  questions,  nos  savants  et  distingués 
confrères,  MM.  les  D"  Thulié  pour  la  première  et  Dreyfus- 
Brisac  pour  la  seconde,  se  sont  parfaitement  rencontrés 
dans  l'exposé  de  la  ligne  de  conduite  à  intervenir.  Ils  n'ont 
pas  pensé  qu'il  fût  d'ailleurs  bien  utile  de  faire  ressortir 
les  lacunes  et  les  défectuosités  de  l'organisation  de  l'assis- 
tance dans  les  campagnes,  si  tant  est  qu'on  puisse  appeler 
de  ce  nom  l'état  de  choses  actuel.  Sur  presque  tout  le  terri- 
toire de  la  France,  il  n'existe  pas  d'assistance  médicale  à 
proprement  parler;  quant  à  l'assistance  hospitalière,  elle 
est  non  seulement  limitée  aux  grands  centres,  mais  encore 
là  où  elle  est  organisée,  elle  est  trop  souvent  dépourvue 
de  ressources.  La  cause  en  est  ordinairement  dans  l'impuis- 
sance où  se  trouvent  les  communes  de  subvenir  aux  frais  de 
celte  organisation  ;  c'est  aussi  pour  cette  raison  que  l'assis- 


tance est  une  si  lourde  charge  pour  les  grandes  villes  et  en 
particulier  pour  Paris. 

Comment  remédier  à  un  tel  état  de  choses?  Doit-on  suivre 
les  anciens  errements  et  laisser  Padministration  de  l'assis- 
tance médicale  au  bon  vouloir  des  autorités  locales,  com- 
munales ou  départementales?  Vaut-il  mieux  confier  à 
l'Etat  le  soin  d'imposer  l'obligation  à  tous  et  partout? 
Toutes  les  législations  proclament  la  nécessité  de  l'assis- 
tance communale.  Au  point  de  vue  du  droit  de  la  société, 
l'individu  doit  subvenir  à  tous  ses  besoins  dans  la  mesure 
de  ses  forces  et  par  son  travail.  Lorsqu'il  est  devenu  inca- 
pable de  se  suffire  à  lui-même  par  suite  d'infirmité,  de 
maladie,  c'est  à  sa  famille  à  lui  venir  en  aide;  lorsque  cette 
famille  elle-même  ne  peut  remplir  celte  tâche,  il  faut  que 
l'action  de  la  collectivité  se  fasse  sentir.  Aussi  la  commune, 
à  défaut  de  la  famille,  doit-elle  l'assistance  aux  nécessiteux, 
malades  qui  y  ont  leur  domicile  de  secours  ;  il  va  de  soi 
que  plusieurs  communes  peuvent  s' associer  en  syndicat  pour 
remplir  ce  devoir  social,  si  leurs  ressources  propres  sont 
insuffisantes  et  comme  le  projet  de  loi  actuellement  soumis 
au  Parlement  l'autorise.  Si  la  commune  ou  le  syndicat  de 
communes  est  incapable  d'y  subvenir,  c'est  à  une  famille 
plus  vaste,  au  département,  que  ce  soin  incombe,  et  si  le 
déparlement  lui-inéme  ne  le  peut  pas,  l'Étal  doit  alors  inter- 
venir. C'est  pourquoi  le  Conseil  a  pensé  qu'il  y  avait  lieu  de 
modifier  comme  il  suit  la  législation  du  domicile  de  secours 
pour  les  malades  indigents  : 

La  femme  a  le  domicile  de  secours  de  son  mari  ;  les 
mineurs  de  seize  ans,  celui  de  leurs  parents.  Le  domicile 
de  secours  se  perd  dans  une  commune  ou  syndicat  de  com* 
mqnes  par  une  absence  continue  de  deux  ans;  il  s'acquiert 
dans  une  commune  ou  un  syndicat  de  communes  par  un 
séjour  de  même  durée.  En  cas  d'accident  ou  de  maladie 
aiguë,  les  indigents  ont  droit  aux  secours  dans  la  commune 
où  ils  ont  été  atteints  par  l'accident  ou  la  maladie.  Pour  les 
indigents  qui  n'auraient  aucun  domicile  de  secours  com« 
munal,  le  domicile  de  secours  est  départemental,  s'ils  ont 
séjourné  dans  le  déparlement  deux  années  consécutives,  ou 
national  dans  le  cas  contraire. 

Cette  question  si  obscure  aujourd'hui  du  domicile  de 
secours  une  fois  tranchée,  il  y  avait  lieu  de  se  préoccuper 
des  moyens  d'organiser  Passistance  publique  elle-même. 
Nous  ne  pouvons,  en  ce  moment  et  à  cette  place,  que  donner 
les  conclusions  des  importants  débats  auxquels  celte  ques- 
tion a  donné  lieu,  débats  au  cours  desquels  des  opinions 
diversesse  sont  fait  jour,  mais  avec  un  vif  désir  de  concessions 
mutuelles,  si  bien  que  les  administrateurs  de  grandes 
villes,  les  législateurs,  les  juristes,  aussi  bien  que  les 
médecins  et  les  personnes  d'une  compétence  reconnue  en 
la  matière,  n'ont  pas  tardé  à  se  mettre  d'accord  sur  les 
points  les  plus  importants  de  ces  difficiles  problèmes  : 

Il  devra  exister  dans  chaque  commune  ou  syndicat  de 
communes  un  Bureau  d'assistance  publique.  Dans  chaque 
département,  le  Conseil  général  déterminera,  au  mieux  des 
convenances  locales,  le  mode  de  fonctionnement  du  service 
de  l'assistance  médicale  aux  indigents.  Ce  règlement  devra 
être  approuvé  par  le  Ministre  de  Pintérieur,  après  avis  du 
Conseil  supérieur  de  l'assistance  publique.  Les  communes 
ou  syndicats  de  communes  qui  justifieront  remplir  d'une 
manière  complète  leur  devoir  d'assistance  envers  leurs 
indigents  malades  pourront  tire  autorisés,  par  une  décision 
spéciale  du  Ministre  de  Pintérieur,  rendu  après  avis  du 
Conseil  supérieur,  à  avoir  une  organisation  spéciale. 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  8  Février  1889 


Chaque  année,  le  Conseil  général  fixera  la  part  contribu- 
tive des  communes  dans  les  dépenses  d'assistance  de  leurs 
malades  indigents  et  la  part  contributive  du  département. 
Il  devra  tenir  compte  des  ressources  de  chaque  commune 
et  du  nombre  d'indigents  porté  par  elle  sur  la  liste  de  ceux 
qui  devront  recevoir  gratuitement  les  secours  médicaux  ou 
pharmaceutiques.  Les  dépenses  qui  résulteront  pour  les 
communes  de  l'application  de  Tarticle  précédent  sont  obli- 
gatoires et  pourront  être  imposées  d'office,  conformément 
à  l'article  149  de  la  loi  du  5  avril  1884.  La  liste  des  indi- 
gents admis  à  recevoir  gratuitement  les  secours  médicaux 
ou  pharmaceutiques  est  préparée  par  le  Bureau  d'assistance 
publique  et  arrêtée  par  le  Conseil  municipal. 

Au  cas  où  un  département  n'aurait  pas,  dans  le  délai 
fixé,  organisé  son  système  d'assistance,  le  gouvernement 
devra  lui  imposer  d'office  un  règlement.  Les  dépenses 
résultant  pour  les  départements  de  l'application  du  règle- 
ment fait  par  le  Conseil  général  ou  imposé  au  déparlement 
par  le  gouvernement,  en  exécution  du  paragraphe  précé- 
dent, sont  obligatoires  pour  lesdils  départements  et  peu- 
vent leur  être  imposées  d'office  dans  les  conditions  de  Tar- 
ticle  61  de  la  loi  du  10  août  1871.  Il  y  a  donc  lieu  de 
préparer,  à  cet  effet,  un  règlement  modèle. 

En  ce  qui  concerne  les  secours  à  domicile,  le  Conseil 
a  recommandé,  dès  à  présent,  les  principes  sur  lesquels 
repose  le  système  dit  vosgien,  dû  à  l'initiative  et  à  la  persévé- 
rance des  docteurs  Liétard,  Lardier,  Bailly,  etc.,  et  de 
M.  Dœgner,  préfet  de  ce  département.  On  sait  que  ce  système 
se  caractérise  à  la  fois,  par  la  liberté  du  malade  indigent  de 
choisir  son  médecin,  par  la  liberté  du  médecin  et  par  une 
rémunération  de  celui-ci  proportionnelleauxservicesrendus. 
Enfin,  l'assistance  médicale  doit  être  organisée  de  telle 
sorte,  que  chaque  commune  soit  rattachée  à  un  dispensaire 
et  à  un  hôpital.  Les  malades  ne  doivent  être  hospitalisés 
qu'en  cas  de  nécessité. 

Une  telle  organisation  doit  être  étroitement  unie  au 
pouvoir  central  ;  car  lui  seul  a  laulorité  et  le  désintéresse- 
ment nécessaires  pours'élever  au-dessus  des  rivalités  locales 
et  rappeler  à  ceux  qui  l'oublient,  leur  devoir  social  envers  les 
malades  et  les  misérables.  Le  Conseil,  sur  le  rapport  de 
M.  le  docteur  Thulié,  n'a  pas  craint  de  penser  qu'il  fallait 
créer  au  plus  vile  en  France  un  service  départemental 
d'inspection  de  l'assistance  publique,  composé  d'agents  de 
l'Etat. 

Cette  inspection  départementale  de  l'assistance  publique 
exercerait,  sous  l'autorité  du  préfet  et  le  contrôle  des  inspec- 
teurs généraux,  sa  surveillance  sur  tous  les  services  et 
établissements,  existant  dans  le  déparlement,  qui  relèvent 
actuellement  de  la  direction  de  l'assistance  publique,  au 
ministère  de  l'intérieur.  En  attendant  qu'elle  puisse  être 
régulièrement  organisée  sur  tous  les  poinis  du  territoire, 
l'administration  pourrait  provisoirement  confier  les  fonc- 
tions d'inspecteur  de  l'assistance  publique  aux  inspecteurs 
des  enfants  assistés,  dans  les  départements  où  il  sera  pos- 
sible de  le  faire  sans  que  le  service  des  enfîinls  assistés  et 
protégés  s'en  trouve  compromis.  Les  inspecteurs  départe- 
mentaux de  l'assistance  publique  doivent   avoir   entrée, 
avec  voix  consultative,  dans  les  commissions  administra- 
tives et  conseils  de  tous  les  services  et  établissements  visés 
dans  les  résolutions  précédentes.  Il  y  a  intérêt  à  ce  qu'un 
crédit  soit  inscrit,  pour  assurer  le  service  de  l'inspection 
départementale  de  l'Assistance   publique,  au  budget   du 
ministère  de  l'intérieur  pour  1890.  D'autre  part,  ces  dis- 


positions ne  sont  pas  applicables  aux  hôpitaux,  hospices  e( 
autres  services  hospitaliers  relevant  de  l'administration 
générale  de  l'assistance  publique  de  Paris,  ni  du  Conseil 
général  des  hospices  de  la  ville  de  Lyon  qui  sont  soumis  à 
une  législation  spéciale. 

Sans  doute,  ce  service  devra  être  simplifié  lorsqu'il  com- 
prendra à  la  fois  tout  ce  qui  concerne  la  santé  publique, 
tout  en  tenant  compte,  pour  son  organisation,  des  habitudes 
administratives  locales.  Il  devra  être  une  aide  et  jamais  une 
entrave  aux  bonnes  volontés,  et  n'être  imposé  qu'à  l'incurie 
coupable,  si  funeste  en  matière  d'hygiène  et  d'assistance. 
Il  y  aurait  beaucoup  à  dire  sur  le  caractère  que  doit  revélir 
un  tel  service,  sur  la  part  qu'y  doit  forcément  prendre  le 
corps  médical  et  sur  les  garanties  de  compétence  qu'il  doit 
posséder;  il  serait  facile,  d'autre  part,  de  montrer  qu'il 
peut  être  organisé  presque  partout  par  une  simplincnlioii 
des  services  existants,  trop  disséminés  aujourd'hui  et  sans 
avoir  à  aggraver  les  charges  budgétaires,  locales  ou  géné- 
rales. Mais  nous  en  avons  assez  dit  dans  les  lignes  qui  pré- 
cédent, pour  montrer  tout  l'intérêt  qui  s'attache  aux 
premiers  travaux  de  celte  réunion  et  la  voie  pratique  dans 
laquelle  elle  pourra  entrer  désormais. 


PATHOLOGIE  GÉNÉRALE 

Causes  et  mécanisme  de  la  snppnratlon. 

Jusque  dans  ces  derniers  temps  la  suppuration  était 
regardée  comme  un  aboutissant  de  l'inflammation.  Un 
afflux  trop  considérable  de  liquides  vers  la  partie  enflam- 
mée, la  nature  irritante  de  l'agenl  phlogogène,  une  débi- 
lité spéciale  de  l'organisme,  telles  étaient  les  causes  qu'in- 
voquaient la  plupart  des  auteurs. 

Pourtant  dès  4822,  Gaspard  avait  établi  un  fait  d'une 
importance  capitale:  il  avait  montré  que  le  pus,  injecté 
sous  la  peau  ou  dans  les  séreuses,  était  capable  de  déter- 
miner une  suppuration  plus  ou  moins  étendue  ;  introduit 
dans  les  veines,  il  produisait  des  abcès  dans  le  poumon. 
Ces  expériences  furent  répétées  et  confirmées  par  divers 
observateurs,  parmi  lesquels  on  peut  citer  Gûnther,  d'Ar- 
cet,  Castelneau  et  Ducrest  et  surtout  Sédillot. 

Avec  les  recherches  de  M.  Chauveau,  la  question  devint 
plus  précise.  Ce  savant  démontra  en  1872  que  les  pro- 
priétés phlogogènes  du  pus  dépendent  non  pas  du  sérum, 
mais  des  parties  solides;  il  fit  voir  de  plus  que  les  glo- 
bules de  pus  ont  une  propriété  spéciale,  caf  il  ne 
survient  pas  de  suppuration,  quand  on  injecte  des  matières 
minérales  ou  des  cellules  provenant  des  ganglions  lympha- 
tiques. 

Tous  ces  résultats  semblaient  expliquer  le  mécanisme 
des  abcès  métastatiques  ;  restait  à  déterminer  la  nature  cl 
la  cause  du  foyer  primitif. 

Lister  invoqua  l'influence  des  germes  extérieurs,  mai^ 
il  supposa  que  la  suppuration  pouvait  reconnaître  d'autres 
causes,  par  exemple  l'action  des  agents  chimiques  ou  d'un 
trouble  nerveux.  A  partir  de  celte  époque,  l'attention  est 
attirée  vers  le  rôle  des  infiniment  petits  ;  aussi  les  tra- 
vaux se  succèdent-ils  rapidement.  En  4875,  M.  Ikv- 
gerou  constata  la  présence  de  vibrions  dans  le  pus  des 
abcès  chauds.  En  1878,  M.  Pasteur  décrivit  un  diplocoque 
pyogène  ;  mais  il  admit  que  cet  organisme  n'agit  que 
comme  corps  étranger;  car,  d'après  lui,   la  suppuration 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  _  N»  6  —      85 


pt^ul  éire  produite  par  l'inlroduclion  dans  les  tissus  d*un 
corps  solide  stérilisé  par  la  chaleur,  tel  que  le  charbon 
ou  la  laine. 

A  la  même  époque  une  autre  idée  prenait  naissance. 
Kocher,  examinant  un  grand  nombre  d'abcès,  y  trouva 
constamment  des  bacilles;  aussi  fut-il  porté  à  conclure 
qa'il  n'y  a  probablement  pas  de  suppuration  sans  micro- 
bes. Ce  fut  aussi  l'opinion  de  Cheyne,  de  Koch  et  de 
M.  Cornil. 

Ces  microbes  de  la  suppuration  furent  bientôt  isolés  et 
étudiés  grâce  aux  travaux  de  Ogston,  de  Rosenbach,  de 
Tilanus,  de  Passet  et  de  beaucoup  d'autres.  Aujourd'hui 
nous  savons  qu'il  existe  un  très  grand  nombre  de  bactéries 
pyogènes:  les  unes  ne  semblent  pas  avoir  d'autres  pro- 
priélès  sur  l'organisme  :  les  principales  de  ce  groupe  sont 
représentées  par  les  staphylococcus  pyogènes  aureus, 
aUiu$  et  citreus,  le  streptococcus  pyogeneSy  le  bacillus 
pjjojenes  fœtiduSy  etc.;  d'autres  peuvent  accidentellement 
amener  la  suppuration  :  c'est  ce  que  pourrait  faire  quelque- 
fois le  microbe  typhique;  c'est  ce  que  déterminerait  la 
hdéridie  charbonneuse  inoculée  à  des  animaux  réft'ac- 
tnires  à  cette  maladie. 

Que  le  pus  puisse  se  développer  sous  l'influence  des 
microbes,  c'est  là  un  point  tellement  bien  établi  que  nous 
n^avons  pas  à  le  discuter.  Mais  trois  questions  se  posent 
({ui  méritent  de  nous  arrêter:  La  suppuration  peut-elle 
être  produite  sans  l'intervention  des  microbes?  L'introduc- 
tion des  microbes  pyogènes  est-elle  fatalement  suivie  de  la 
prodiiclîon  d'un  foyer  purulent  ou  est-il  nécessaire  de 
faire  intervenir  diverses  causes  adjuvantes?  Enfin  par  quel 
mécanisme  les  bactéries  peuvent-elles  amener  la  suppu- 
ration? 

I 

Hueter  et  ses  élèves  Dembczak,  Rausche,  Ilallbauer 
forent  les  premiers  qui  essayèrent  de  déterminer  de  la 
suppuration  au  moyen  de  subtances  aseptiques.  Ils  injec- 
taient sous  la  peau  une  certaine  quantité  d'une  solution  de 
nitrate  d'argent  ou  de  chlorure  de  zinc;  il  ne  survint  pas 
d'abcès  et  les  auteurs  conclurent  qu'il  n'y  a  pas  de  pus 
Sans  microbes. 

En  1883,  M.  Straus  fit  connaître  le  résultat  de  qua- 
rante expériences  pratiquées  sur  des  lapins,  des  cobayes  et 
des  rats.  L'auteur  avait  introduit  sous  la  peau  les  sub- 
stances les  plus  diverses:  essence  de  térébenthine,  huile  de 
crotoi),  eau  stérilisée,  mercure,  morceaux  de  drap  ou  de 
moelle  de  sureau.  Jamais  il  n'y  eut  de  suppuration,  sauf 
lorsque  des  germes  avaient  pénétré  accidentellement  ;  dans 
ce  dernier  cas  le  pus  contenait  des  microbes  caractéris- 
tiques. 

Des  résultats  semblables  furent  obtenus  par  plusieurs 
autres  expérimentateurs;  Recklinghauscn,  en  introduisant 
sous  la  peau  ou  dans  la  cornée  de  l'acide  phénique,  ou  du 
nitrate  d'argent,  n'obtint  que  des  résultats  négatifs.  Même 
insuccès  dans  les  expériences  de  Ruijs,  qui  injectait  dans 
la  chambre  antérieure  de  l'œil  du  lapin  de  la  térébenthine 
ou  du  pétrole  ;  il  se  faisait  un  exsudât  fibrineux,  mais 
Celui-ci  se  résorbait  au  bout  de  peu  de  temps. 

En  1885,  la  faculté  de  médecine  de  Berlin  mit  la  ques- 
tion au  concours.  Klemperer  remporta  le  prix:  il  avait 
constaté  que  la  cantharidine,  l'essence  de  moutarde,  le 
pétrole  déterminaient  une  inflammation  très  vive,  sans 
suppuration;  l'huile  de  crolon,  le  mercure,  la  térébenthine 


à  petites  doses,  produisaient  des  exsudations  séreusos; 
introduites  à  hautes  doses,  ces  substances  provoquaient  un 
exsudât  fibrineux  avec  nécrose  de  coagulation  ;  mais  ici 
encore  il  n'y  avait  pas  de  pus. 

Nous  pourrions  citer  aussi  les  expériences  de  Scheur- 
len,  de  Knapp,  de  Tricomi,  de  Zuckermann  ;  toutes  ten- 
dent à  faire  admettre  qu'il  n'y  a  pas  de  suppuration  asep- 
tique. Et  pourtant  Zuckermann  n'a  pas  étudié  moins  de 
trente  et  une  substances;  il  a  fait  soixante-huit  expériences 
sur  des  chiens,  des  lapins  et  des  souris  et  n'a  jamais 
observé  de  pus  sans  microbes. 

Les  nombreux  travaux  que  nous  venons  de  résumer, 
faits  avec  beaucoup  de  soin  et  par  des  expérimentateurs 
habiles,  semblent  au  premier  abord  suffire  à  juger  la 
question.  Malheureusement  nous  pouvons  citer  maintenant 
toute  une  autre  série  de  recherches,  qui  vont  nous  amener 
à  des  conclusions  diamétralement  opposées.  C'est  ainsi  que 
Riedel  obtint  une  suppuration  aseptique  en  injectant  du 
mercure  dans  le  genou  du  lapin  ;  Cohnheim  en  introdui- 
sant de  l'huile  de  crolon  sous  la  peau  du  chien.  Council- 
man  reprit  la  question  et  eut  recours  à  un  procédé  fort 
ingénieux  :  la  substance  à  étudier  était  introduite  dans  un 
tube  en  verre  qu'on  fermait  ensuite  à  ses  deux  bouts  :  on 
insérait  le  tube  sous  la  peau  de  l'animal  et  on  le  brisait, 
quand  la  petite  plaie  était  cicatrisée.  De  celte  façon,  l'au- 
teur, en  employant  des  mélanges  d'huile  de  croton  et 
d'huile  d'olive,  obtint  chez  le  lapin  du  pus  sans  micro- 
organismes. 

En  opérant  sur  le  chien,  Uskoff"  reconnut  qu'il  peut  y 
avoir  une  suppuration  stérile,  quand  on  injecte  sous  la 
peau  de  grandes  quantités  d'eau  distillée  ou  d'huile  d'olive, 
mais  la  substance  pyogène  par  excellence,  c'est  l'essence  de 
térébenthine,  qui  donne  toujours  un  résultat  positif.  Ces 
expériences  furent  reprises  par  Orihmann  :  avec  l'eau,  le 
lait,  l'huile,  le  résultat  fut  négatif,  et  pourtant  l'auteur 
injectait  sous  la  peau  des  chiens  jusqu'à  300  grammes  de 
ces  substances,  mais  le  mercure  et  la  térébenthine  déter- 
minèrent une  suppuration  abondante,  dépourvue  de  mi- 
crobes. 

C'est  à  Grawitz  et  de  Bary  que  nous  sommes  redevables 
du  meilleur  travail  sur  ce  sujet.  Ces  auteurs  ont  démontré 
que  chez  le  lapin  et  le  cobaye,  on  ne  peut  déterminer  de  la 
suppuration  sans  microbes  ;  mais  chez  le  chien,  il  n'en  est 
pas  de  même.  Le  nitrate  d'argent  en  solution  à  5  pour  100, 
l'ammoniaque  concentrée  et  surtout  la  térébenthine  ont  pu 
amener  des  abcès  aseptiques. 

r*i'y  a-t-il  pas  dans  ces  expériences  l'explication  de  bien 
des  résultats  contradictoires?  Comme  l'a  très  bien  fait 
remarquer  Rosenbach,  la  faute  fondamentale  des  premiers 
expérimentateurs  est  d'avoir  généralisé  à  toute  la  série 
animale  les  résultats  obtenus  sur  une  seule  espèce.  Diverses 
substances,  particulièrement  le  mercure  et  la  térébenthine 
sont  pyogènes  chez  le  chien,  tandis  qu'elles  sont  simple- 
ment phlogogènes  pour  le  lapin  et  le  cobaye. 

Tout  récemment,  M.  Chrislmas,  dans  un  intéressant  tra- 
vail, a  confirmé  cette  importante  distinction.  Chez  le  lapin, 
l'essence  de  térébenthine,  le  mercure,  le  pétrole,  le  chlo- 
rure de  zinc,  la  glycérine,  le  nitrate  d'argent  n'ont  pas  pro- 
duit de  suppuration,  soit  qu'on  eût  introduit  la  substance 
étudiée  sous  la  peau,  soit  qu'on  l'eût  injectée  dans  la 
chambre  antérieure  de  l'œil.  Dans  ce  dernier  cas  pourtant, 
le  mercure  amène  une  suppuration  abondante,  qui  s'arrête 
quaiul  le  globule  métallique  se  trouve  entouré  de  toutes 


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8  Février  1889 


paris  par  Texsudat  purulent  et  ne  peut  ainsi  continuer  à 
exercer  son  action  nocive.  Chez  le  chien,  M,  Christmas  a 
amené  la  suppuration  en  injectant  du  nitrate  d'argent,  de  la 
térébenthine  ou  du  mercure. 

La  question  semble  donc  résolue,  surtout  pour  certaines 
espèces  animales;  il  peut  y  avoir  des  suppurations,  pro- 
duites par  des  substances  chimiques,  en  dehors  de  Tinter- 
vention  des  agents  animés. 

II 

Les  microbes  n'en  restent  pas  moins  la  vraie  cause  de  la 
suppuration.  Aussi  est-il  important  d'examiner  de  plus 
près  leur  mode  d'action  et  de  préciser  dans  quelles  condi- 
tions ils  peuvent  exercer  leur  influence  nocive. 

Les  expériences  que  Garré  et  Zuckermann  ont  faites  sur 
eux-mêmes  mettent  hors  de  doute  l'action  pyogène  du 
staphylococcus  aureus  chez  l'homme  bien  portant.  Sur  la 
peau  légèrement  érodée,  ou  même  complètement  saine,  ces 
auteurs  ont  appliqué  des  cultures  de  ce  microbe  :  il  s'est 
développé  des  panaris,  des  furoncles,  un  anthrax.  Quand  il 
n'y  a  pas  eu  de  traumatisme  préalable,  on  doit  admettre 
que  l'agent  pathogène  pénètre  par  les  canaux  excréteurs  des 
glandes  cutanées.  Mais,  dans  la  plupart  des  cas,  la  suppu- 
ration est  consécutive  à  une  plaie  des  téguments.  Or,  de 
nombreuses  expériences  démontrent  que  l'introduction  des 
germes  pyogènes  n'est  pas  fatalement  suivie  de  la  produc- 
tion du  pus.  Il  est'  certaines  circonstances  qui  favorisent 
l'action  nocive  des  microbes  et  avant  tout  il  faut  tenir 
compte  du  nombre  des  agents  introduits. 

Fehleisen  a  montré  qu'une  petite  quantité  du  staphylo- 
coccus aureus  ou  du  streptococcus  injectée  sous  la  peau 
n'amène  aucun  accident.  Pour  produire  un  abcès,  il  est 
nécessaire  d'injecter  1  centimètre  cube  de  culture.  Si  Ton 
force  la  dose  et  qu'on  introduise  5  centimètres  cubes,  l'ani- 
mal succombe  en  dix-huit  ou  trente  heures,  sans  qu'il  se 
produise  de  suppuration. 

Watson  Cheyne  a  obtenu  des  résultats  semblables  :  il  ne 
faut  pas  moins  de  250  000  000  de  coques  pour  amener  un 
abcès  chez  le  lapin;  la  mort  survient  rapidement  si  on  en 
injecte  1  000  000  000.  Cheyne  a  étudié  l'action  du  proteus 
vulgaris,  qui  lui  aussi  exerce  chez  le  lapin  et  le  cobaye 
une  action  pyogène;  il  a  reconnu  que  l'introduction  de 
225  000  000  de  microbes  amène  la  mort  en  vingt-quatre  ou 
trente  heures;  si  l'on  injecte  56  000  000,  il  se  produit  un 
abcès  fort  étendu  et  l'animal  succombe  en  six  ou  huit  se- 
maines; avec  8  000  000,  l'abcès  est  plus  petit  et  l'animal 
survit.  Au-dessous  de  cette  dose,  il  ne  survient  pas  d'acci- 
dent. 

Odo  Bujwîd  donne  des  chiffres  encore  plus  élevés.  D'après 
lui,  il  ne  survient  pas  de  suppuration,  quand  on  injecte 
1  000  000  000  de  staphylocoques  chez  le  lapin  ou  le  rat, 
100  000  000  chez  la  souris.  Il  peut  même  se  faire  que  la 
dose  de  8  000  000  000  soit  insuffisante  pour  le  lapin,  tandis 
que  pour  le  rat  elle  est  toujours  mortelle. 

Si  ces  résultats  peuvent  s'appliquer  à  l'homme,  nous 
pouvons  conclure  que  les  microbes  déterminent  difficile- 
ment la  suppuration,  lorsqu'ils  s'attaquent  à  un  organisme 
sain,  et  nous  sommes  conduits  à  rechercher  quelles  sont  les 
conditions  qui  permettent  aux  agents  pathogènes  de  triom- 
pher dans  la  lutte  qu'ils  engagent.  Ici  encore  l'expérimen- 
tation a  permis  de  serrer  de  près  le  problème  et  de  préciser 
l'influence  des  causes  secondaires. 

Grawilz,  après  avoir  reconnu  que  l'injection  des  microbes 


pyogènes  dans  la  cavité  abdominale  n'amène  pas  de  suppu« 
ration,  a  montré  que  celle-ci  survient  lorsque  les  microbes 
sont  suspendus  dans  un  liquide  caustique,  lorsque  le  péri- 
toine contient  de  la  sérosité  dans  laquelle  les  parasites 
trouvent  un  milieu  de  culture,  lorsque  la  quantité  de  liquide 
injecté  dépasse  le  pouvoir  absorbant  de  la  séreuse,  enfm 
lorsque  le  péritoine  est  déjà  malade  ou  qu'une  plaie  exté- 
rieure, par  exemple  la  piqûre  qu'on  a  faite  pour  l'introduc- 
tion des  bactéries,  permet  l'entrée  de  l'air.  Si  l'injection  est 
faite  dans  le  tissu  cellulaire  sous-cutané,  les  résultats  sont 
les  mêmes.  Il  faut  donc,  pour  obtenir  la  suppuration  dans 
une  partie  saine,  introduire  avec  les  microbes  une  sub- 
stance qui  diminue  la  résistance  du  tissu  animal  et  per- 
mette ainsi  la  végétation  de  l'agent  pathogène  :  parmi  les 
substances  qui  réalisent  cette  condition  on  peut  citer  l'huile 
de  croton,  l'ammoniaque,  l'essence  de  moutarde,  la  canthari- 
dine,  le  sucre.  Ce  dernier  corps  mérite  de  nous  arrêter  un 
instant;  son  action  a  été  bien  mise  en  évidence  dans  un  tra- 
vail fort  intéressant  de  Odo  Bujwid.  D'après  cet  expérirae»- 
tateur  la  quantité  de  staphylocoques  qui  pure  n*esl  pas 
nuisible,  amène  un  abcès  si  on  introduit  en  même  temps 
1  centimètre  cube  d'une  solution  de  glycoseà25pour  100.  Si 
la  solution  est  à  12  pour  100,  une  injection  ne  suffit  pas  :  il 
faut  la  répéter  pendant  quatre  jours  de  suite  ;  le  résultat  est 
négatif  si  l'on  commence  les  injections  quatre  jours  après 
l'introduction  du  microbe.  Enfin,  après  avoir  injecté  du 
sucre  dans  les  veines,  si  l'on  introduit  le  microbe  sous  la 
peau,  il  se  produit  une  gangrène  cutanée  que  l'auteur  rap- 
proche des  gangrènes  diabétiques.  Il  va  sans  dire  que 
Bujwid  s'est  assuré  qu'on  n'obtient  aucun  résultat  analogue 
en  injectant  les  solutions  sucrées  pures  ou  en  employant  un 
liquide  indifférent  tel  qu'une  solution  de  sel  marin. 

  côté  de  ces  diverses  substances  chimiques,  qui  agissent 
en  troublant  la  vitalité  des  tissus,  on  peut  placer  les  diverses 
altérations  relevant  d'un  agent  physique  ou  d'un  trouble 
physiologique.  Ainsi  la  suppuration  est  favorisée  par  le 
refroidissement,  l'embolie,  la  ligature  des  artères,  le  trau- 
matisme. L'influence  du  traumatisme  a  été  mise  en  évidence 
par  les  expériences  où  l'on  a  vu  les  microbes  de  la  suppu- 
ration, injectés  dans  les  veines,  aller  se  fixer  sur  les  tissus 
préalablement  lésés:  c'est,  par  exemple,  ce  qu'on  a  pu  faire 
pour  l'endocarde  et  la  moelle  osseuse.  Le  résultat  a  du 
reste  une  portée  générale,  car  on  peut  observer  des  faits 
analogues  avec  d'autres  microbes,  et  particulièrement  avec 
ceux  de  la  pneumonie  et  de  la  tuberculose. 

Ces  recherches  récentes  doivent  être  rapprochées  de 
celles  qu'avait  publiées  autrefois  M.  Chauveau;  tout  le 
monde  se  rappelle  la  célèbre  expérience,  dans  laquelle  ce 
savant  a  fait  voir  que  l'opération  du  bistournage,  suivie  de 
l'injection  intra-veineuse  du  bacille  de  la  septicémie  gan- 
greneuse, permet  au  microbe  de  se  développer  dans  le  tes- 
ticule lésé.  De  môme,  plus  récemment,  MM.  Arloing,  Cor- 
nevin  et  Thomas  ont  montré  qu'un  échantillon  atténué  de 
charbon  symptomatique  peut  retrouver  sa  virulence,  quand 
on  l'injecte  avec  une  petite  quantité  d'acide  lactique.  Dis- 
cutant ce  remarquable  résultat,  MM.  Nocard  et  Roux  ont 
reconnu  que  la  substance  chimique  agit  en  altérant  profon- 
dément le  tissu  musculaire,  et  de  cette  façon  assure  la  vic- 
toire au  micro-organisme  qui  n'aurait  pu  vaincre  larésislauce 
d'un  tissu  normal. 

Tous  ces  faits  ont  une  grande  portée  en  patfcologie  géné- 
rale et  nous  semblent  de  nature  à  expliquer  bien  des  phé- 
nomènes observés  en  clinique.  Peut-être  mêime  servenl-i's 


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à  comprendre  la  pathogénie  des  abcès  métastatiques.  Rinne 
fait  justement  remarquer  que  la  production  d'un  foyer  puru- 
lent, la  puUulation  des  microbes,  le  développement  d'une 
phlébite  sont  des  conditions  insufiisantes.  Pour  que  les 
germes  lancés  dans  la  circulation  se  localisent,  il  faut  au 
préalable  une  altération  mécanique  ou  chimique  des  tissus, 
une  déchéance  de  l'organisme  favorisée  par  les  produits 
morbides^  qui  peuvent,  dans  quelques  cas,  prendre  nais- 
sance au  niveau  du  foyer  primitif. 

III 

Ce  que  font  les  agents  chimiques  et  physiques,  les  microbes 
peuvent  le  faire  également,  grâce  aux  substances  phlogo- 
gènes  qu'ils  sécrètent.  Cette  propriété  est  démontrée  pour 
plusieurs  espèces  bactériennes,  et  tout  récemmentM.  Arloing 
en  a  tait  connaître  un  nouvel  exemple.  Les  humeurs  natu- 
relles ou  les  cultures  de  la  péripneumonie  possèdent,  après 
slénlisation,  un  pouvoir  irritant  très  marqué  ;  introduites 
sous  la  peau,  elles  déterminent  un  œdème  considérable.  Le 
résultat  semble  devoir  être  attribué  à  un  ferment,  qui  est 
détroit  par  la  chaleur,  retenu  par  le  filtre  de  porcelaine, 
qui  précipite  par  l'alcool  absolu,  et  se  redissout  dans  l'eau 
cl  la  glycérine. 

Il  est  d'autres  produits  microbiens  qui  possèdent  des 
propriétés  analogues.  Ainsi ,  dans  un  travail  récent, 
Scheurlen  a  étudié  l'action  de  l'extrait  stérilisé  de  viandes 
pourries.  Il  a  employé  la  méthode  de  Councilman,  c'est-à- 
dire  qu'il  a  introduit  le  liquide  au  moyen  de  petits  tubes  de 
verre  qu'il  insérait  sous  la  peau  et  qu'il  brisait  après  cica- 
trisation de  la  plaie  cutanée.  En  tuant  les  animaux  au  bout 
de  trois  ou  quatre  semaines,  il  a  trouvé  à  chaque  bout  du  tube 
une  masse  jaunâtre,  épaisse,  ayant  les  caractères  micro- 
scopiques du  pus:  ce  foyer  ne  contenait  pas  de  microbes  et 
n'avait  aucune  tendance  à  s'étendre;  il  restait  limité  au 
point  de  l'injection.  Ce  résultat  fort  intéressant  demandait  un 
complément  de  recherches»  car  on  sait  combien  sont  nom- 
breuses les  substances  qui  prennent  naissance  dans  les 
matières  pourries.  Grawitz  a  tenté  ce  travail  analytique  en 
employant  une  ptomaine  de  la  putréfaction,  la  cadavérine 
de  Brieger.  Suivant  la  dose  introduite,  il  a  observé  chez  le 
chien  une  tuméfaction  œdémateuse  ou  une  suppuration 
vraie.  Pour  obtenir  ce  dernier  résultat,  il  faut  employer 
1  centimètre  cube  d'une  solution  à  8  pour  100  ou  2  centi- 
mètres cubes  d'une  solution  à  50  pour  100  :  si  l'abcès  s'ouvre 
au  dehors,  il  se  développpe  secondairement  des  microbes. 
Grawitz  a  fait  voir  encore  qu'en  introduisant  simultanément 
la  cadavérine  et  des  staphylocoques  ou  des  streptocoques, 
on  obtient  un  violent  phlegmon  :  les  deux  agents  pyogènes 
agissent  donc  synergiquement  et  se  prêtent  un  mutuel  con- 
cours. Tout  récemment  Behring  a  obtenu  également  de  la 
suppuration  avec  la  cadavérine;  mais  celle-ci  faisait  défaut 
lorsque  en  même  temps  que  l'alcaloïde  on  injectait  une  cer- 
taine quantité  d'iodoforme.  11  est  probable  qu'il  se  produit 
alors  une  précipitation  et  partant  une  neutralisation  de  la 
base.  Peut-être  faut-il  invoquer  ce  fait  pour  expliquer  Faction 
favorable  que  l'iodoforme  exerce  sur  les  plaies,  malgré  son 
faible  pouvoir  antiseptique. 

Tout  à  fait  semblables  sont  les  résultats  qu'a  obtenus 
Fehleisen  en  opérant  avec  l'extrait  d'une  cuisse  frappée  de 
gangrène.  En  ajoutant  une  trace  de  staphylocoques  à  cet 
extrait,  l'auteur  a  constaté  que  2  centimètres  cubes  amènent 
un  abcès  local  ;  avec  5  centimètres  cubes  il  se  produit  une  sup- 


puration abondante,  entraînant  l'amaigrissement  et  aboutis- 
sant à  la  mort  au  bout  de  cinq  semaines;  enfin,  1  centi- 
mètre cube  fait  succomber  l'animal  en  seizejours.  Dans  tous 
les  cas,  on  ne  trouve  pas  de  suppuration  dans  les  organes 
internes. 

Cette  action  adjuvante  des  produits  de  sécrétion  des 
divers  microbes  ressort  très  nettement  des  expériences 
qu'on  a  faites  avec  le  prodigiosus.  Grawitz  et  deBary  ont 
montré  en  effet  qu'on  amène  la  suppuration  lorsqu'on  injecte 
une  petite  quantité  d'une  culture  stérilisée  du  prodigiosus 
et  une  trace  de  staphylococcus  aureus.  Cette  action  nocive 
du  prodigiosus  est  telle  qu'elle  peut  permettre  le  dévelop- 
pement de  certains  microbes  auxquels  l'animal  est  réfrac- 
laire.  C'est  ce  que  nous  avons  montré  pour  une  variété  de 
gangrène  gazeuse  qui  n'agit  pas  sur  le  lapin,  mais  amène 
sûrement  la  mort  de  cet  animal  quand  on  injecte  en  même 
temps  une  certaine  qudiXitité  de  prodigiosus.  Les  résultats 
sont  identiques  quand  on  associe  le  prodigiosus  au  charbon 
symptomatique,  maladie  à  laquelle  le  lapin  est  également 
réfractaire  dans  les  deux  cas,  le  prodigiosus  agit  en  sécré- 
tant  une  substance  nocive,  qui.  par  son  insolubilité  dans 
l'alcool  et  sa  solubilité  dans  la  glycérine,  se  rapproche  des 
ferments  solubles. 

A  propos  de  ces  actions  nocives  locales,  nous  pourrions 
citer  encore  les  résultats  si  importants  qu'ont  obtenus 
MM.  Roux  et  Yersin  avec  le  microbe  de  la  diphthérie.  Cet 
organisme  sécrète  un  poison  qui  peut  agir  sur  toute  l'éco- 
nomie et  déterminer  des  paralysies  analogues  à  celles 
qu'on  observe  en  clinique;  mais  il  produit  en  outre  une 
substance  nocive,  amenant  au  point  injecté  de  l'œdème  et 
des  altérations  nécrobiotiques. 

Les  faits  que  nous  avons  rapportés  en  dernier  lieu  sem- 
blent nous  éloigner  de  notre  sujet;  ils  nous  y  ramènent,  au 
contraire,  en  nous  montrant  que  certaines  substances  micro- 
biennes possèdent  des  propriétés  phlogogènes,  et  nous  porr 
tent  à  rechercher  si  la  suppuration  ne  relève  pas  toujours 
des  produits  sécrétés  par  les  bactéries  du  pus.  C'est  ce  que 
démontrent  en  effet  quelques  travaux  récents. 

Grawitz  et  de  Bary,  Scheurlen,  Leber,  Cliristmas  ont  fait 
voir  que  la  suppuration  peut  être  produite  quand  on  injecte 
sous  la  peau  ou  dans  la  chambre -antérieure  de  l'œil  des 
cultures  stérilisées  du  staphylococcus  aureus.  Mais  le  pus 
ainsi  produit  ne  possède  pas  de  propriétés  infectantes  :  ino- 
culé dans  la  chambre  antérieure  d'un  autre  lapin,  il  ne 
tarde  pas  à  se  résorber  sans  amener  aucun  phénomène  réac- 
tionnel. 

Pour  Leber,  la  substance  pyogène  se  rapproche  des  alca- 
loïdes :  c'est  une  matière  cristal lisable,  soluble  dans  Tal- 
cool,  et  possédant  au  plus  haut  degré  le  pouvoir  inflam- 
matoire et  nécrobiotique.  L'auteur  lui  donne  le  nom  de 
phlogosine  et  la  distingue  des  alcaloïdes  inactifs  trouvés 
dans  le  pus  par  Brieger.  Tout  autre  est  le  produit  séparé 
par  Christmas  :  c'est  une  substance  qui  précipite  par  Tal- 
cool,  se  redissout  dans  l'eau,  et  de  même  que  les  ferments 
solubles,  est  détruite  par  le  chauffage  à  l!20  degrés;  pour- 
tant elle  traverse  facilement  le  filtre  de  porcelaine.  Son 
injection  dans  la  chambre  antérieure  du  lapin  amène 
l'œdème  de  la  conjonctive,  la  décoloration  de  l'iris  et  une 
légère  suppuration. 

On  peut  donc  conclure  de  toutes  ces  recherches  que  les 
microbes  amènent  la  suppuration,  non  pas  en  agissant  en 
tant  qu'éléments  vivants,  mais  en  sécrétant  des  substances 
irritantes.  Ces  substances,  dont  la  plupart  rentrent  dans  le 


88      _  N»  6  -- 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


8  Février  1889 


groupe  des  zymases,  doivent  peptoiiifier  la  matière  (Ibri- 
nogène,  ce  qui  explique  la  présence  de  p^plones  dans  le 
pus  et  la  non-coagulation  de  la  fibrine  (Klemperer). 

Nous  voyons  donc  que  les  travaux  récents  nous  ramènent 
aux  anciennes  idées  humorales  :  le  pus  nous  apparaît 
comme  produit  par  la  réaction  de  l'organisme  vis-à-vis 
d'une  matière  plilogistique  :  qu'elle  soit  produite  par  des 
subtances  inorganiques  ou  des  agents  animés,  qu'elle  soit 
aseptique  ou  microbienne,  la  suppuration  relève  toujours 
du  même  processus.  Les  causes  peuvent  être  multiples,  le 
mécanisme  est  unique. 

G.-H.  Roger. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

HÔPITAL   NECKER.  — SERVICE   DE   M.    LE   PROFESSEUR   GUYO.X. 
Exploration  manuelle  dn   rein. 

Le  rein,  dont  l'élude  chirurgicale  est  aujourd'hui  à 
Tordre  du  jour,  manifeste  sa  souffrance  par  des  troubles 
fonctionnels  divers,  portant  soit  sur  l'appareil  urinaire, 
soit  sur  des  appareils  divers,  plus  ou  moins  éloignés. 
L'élude  approfondie  de  ce^  symptômes  est  indispensable, 
mais  elle  ne  saurait  suffire  au  chii-urgien.  L'intervention 
opératoire  ne  saurait  être  entreprise  si  l'on  n'a  fait  au 
préalable  une  enquête  approfondie  sur  l'état  local,  sur  la 
sensibilité,  le  volume,  la  mobilité  du  rein  incriminé,  sur 
l'unilatéralité  ou  la  bilatéralité  de  ces  lésions.  Autant  de 
questions  que  l'exploration  physique  peut  seule  résoudre. 

L  Règles  généi^ales  de  rexploration.  —  Les  reins  sont 
enfoncés  dans  les  hypochondres.  Ils  sont  séparés  de  l'ex- 
plorateur en  arrière  par  la  masse  sacro-lotnbaire;  en  avant 
par  les  muscles  et  les  viscères  abdominaux.  En  haut,  ils 
sont  enserrés  par  la  ceinture  costale.  Ces  premières  con- 
statations anatomiques  font  déjà  pressentir  que  le  rein 
normal  ne  doit  pas  être  senti  par  la  palpation.  C'est  vrai, 
sauf  chez  quelques  femmes,  en  petit  nombre,  où  l'on  peut 
atteindre  l'extrémité  inférieure  du  rein  droit. 

hsL  position  du  malade  a  de  l'importance.  En  général, 
on  recommande  le  décubitus  abdominal,  et  l'on  explore  la 
région  lombaire.  Depuis  une  vingtaine  d  années,  M.  Guyon 
préconise  le  décubitus  dorsal,  sans  flexion  des  jambes:  c'est 
en  effet  la  seule  position  où  les  muscles  soient  tous  relîi- 
chés.  Or  les  muscles  et  leur  contraction  sont  ici  l'ennemi. 
Le  malade  ainsi  disposé,  si  l'on  place  une  main  sur  Tabdo- 
men  et  si  l'on  appuie  en  mesure,  en  faisant  une  pression  à 
chamie  expiration,  on  pénètre  bien  vers  la  prorondeur,  à 
condition  de  ne  s'enfoncer  que  peu  à  peu.  Dans  cette  ma- 
nœuvre, on  aura  soin  de  faire  glisser  sous  le  rebord  costal 
un  ou  deux  doigts  coiffés  par  la  paroi  abdominale  antéro- 
latérale.  On  s'approche  ainsi  beaucoup  de  la  paroi  anté- 
rieure du  rein. 

Cette  simple  palpation  antérieure  ne  fournit  pas  des 
renseignements  suffisants.  Elle  méconnaît  les  petites  tu- 
meurs; elle  détermine  mal  lo  siège  des  grosses.  Il  est 
nécessaire  de  lui  associer  l'exploration  de  la  face  posté- 
rieure. Pour  cela,  on  doit  avant  tout  savoir  avec  précision  en 
quel  point  il  faut  chercher  le  rein.  Or  cet  organe  est  situé 
tout  contre  la  colonne  vertébrale,  et  sa  face  postérieure,  un 
peu  au-dessus  du  hile,  est  appliquée  contre  la  douzième 
côte,  que  son  extrémité  inférieure  déborde.  La  douzième 
côte  se  sépare  à  angle  très  aigu  du  corps  de  la  douzième  ver- 
tèbre dorsale.  C'est  là,  dans  l'angle  costo-vertébral,  au 
sommet  de  cet  angle,  que  l'on  arrive  constamment  sur  le 
rein  à  travers  les  parties  molles,  après  dissection  et  section 
de  la  masse  sacro-lombaire  et  du  carré  des  lombes. 

A  travers  une  telle  épaisseur  de  muscles,  la  palpation  est  ' 


impossible.  M.  Glénard  (de  Lyon)  a  proposé  une  manœuvre 
spéciale.  Le  malade  étant  couché  sur  le  dos,  les  quatre 
derniers  doigts  sont  glissés  aussi  haut  (]ue  possible  dans 
l'angle  costo-vertébral  ;  le  pouce  est  appliqué  sous  les  côles 
et  s'avance  en  cadence,  en  suivant  les  mouvements  d'expi- 
ration. On  arrive  ainsi  à  pincer  pour  ainsi  dire  le  rein.  C'est 
exact  sur  un  sujet  maigre;  mais  sur  un  sujet  à  ventre  un 
peu  gros  la  manœuvre  devient  infidèle.  En  outre,  un  seul 
doigt  perçoit  en  avant  les  sensations  à  analyser.  En  réalité, 
il  faut  s'adresser  ici  à  la  palpation  bimanuelle  franche,  à 
l'aide  du  maximum  possible  de  doigts.  Une  main  sera  donc 
appliquée  en  arrière,  dans  l'angle  costo-vertébral;  l'autre, 
mise  sur  le  ventre,  près  de  la  ligne  médiane,  puisque  le 
rein  est  près  du  rachis,  tâchera  de  s'enfoncer  pour  aller  à 
la  rencontre  de  la  première.  Mais  dans  cette  longue  tra- 
versée les  obstacles  sont  nombreux,  dus  surtout  à  la  con- 
traction musculaire,  Vn  artifice  spécial  permettra  de  les 
éluder  au  moment  voulu. 

II.  Telles  sont  les  règles  générales.  En  les  appliquant 
il  faut  déterminer:  1°  la  sensibilité  du  rein;  2"  son  augmen- 
tation de  volume  ;  3»  sa  diminution  de  volume  ;  4''sa  mobilité 
et  ses  déplacements;  5*  sa  consistance. 

1°  Sensibilité.  —  Celle  étude  est  aisée.  Il  suffit  de  foire 
une  pression  localisée,  avec  un  ou  deux  doigts,  au  sommet 
de  l'angle  costo-vertébral.  A  l'état  normal,  la  souffrance  est 
nulle.  Presque  toujours,  à  l'état  pathologique,  la  simple 
pression  postérieure  révèle  une  exagération  même  légère 
de  la  sensibilité.  Dans  les  cas  douteux,  il  sera  utile  de  lui 
associer  une  pression  en  avant. 

^  Augmentation  de  volume.  —  A  Tétat  normal,  on  ne 
sent  pas  le  rein.  Si  donc  on  le  seni,  c'est  qu'il  est  gros  ou 
déplacé.  Mais,  vu  la  défense  musculaire  et  l'épaisseur  des 
parties,  le  simple  palper  bimanuel  n'atteint  le  rein  que  si 
l'augmentation  de  volume  est  déjà  notable  :  or  il  est  surtout 
important  d'apprécier  les  petites  tumeurs.  Ici  intervient  la 
manœuvre  spéciale  du  ballottement.  La  main  antérieure, 
applinuée  près  de  la  ligne  médiane,  est  peu  à  peu  enfoncée 
sous  les  côtes,  comme  il  a  élé  dit.  La  main  postérieure, 
insinuée  dans  l'angle  costo-vertébral,  imprime  alors  à  h 
région  lombaire  une  série  de  secousses.  A  chaaue  fois,  \f> 
rein  vient  au  contact  de  la  main  antérieure.  La  brusquerie 
de  l'exploration  surprend  la  vigilance  des  muscles.  Maij 
elle  reste  en  défaut  lorsqu'un  étal  douloureux  notable  du 
rein  a  accru  cette  vigilance.  Dans  ces  conditions,  l'exameii 
sous  le  chloroforme  doit  être  pratiqué. 

3"  Diminution  de  volume  ou  absence.  —  Ainsi,  avec  ou 
sans  chloroforme,  on  arrive  toujours  à  reconnaître  si  un 
rein  est  gros.  Il  n'en  est  malheureusement  pas  de  même 
pour  la  diminution  de  volume,  pour  Tabsence  unilatérale, 
si  importantes  cependant  à  reconnaître  avant  d'opérer. 
La  palpation  bimanuelle,  le  pincement  de  Glénard  échouent. 
On  a  parlé  de  la  percussion  lombaire  :  M.  Guyon  n'a  pu 
percevoir  aucune  différence  de  sonorité  d'un  côté  à  l'autre 
sur-un  sujet  auquel  il  avait,  quelque  temps  auparavant, 
fait  la  néphrectomie.  Peut-être  l'incision  lombaire  explo- 
ratrice fournira-t-elle  des  notions  utiles.  M.  Récamier  a 
entrepris  des  recherches  sur  ce  point  à  l'occasion  de  sa 
future  thèse  inaugurale;  deux  fois,  sur  le  cadavre,  l'explo- 
ration digitale  au  fond  d'une  incision  lombaire  lui  a  révélé 
l'atrophie  du  rein.  Peut-être  sera-t-on  donc  autorisé  à 
recourir  à  cette  opération  bénigne  lorsque  l'on  soupçon- 
nera la  possibilité  d'une  atrophie  rénale.  Le  point  faible, 
il  est  vrai,  est  qu'on  obtient  ainsi  un  renseignement 
anatomique  et  non  physiologique. 

^'^  Mobilité.  —  Les  détails  suivants  sont  importants  pour 
reconnaître  si  la  tumeur  est  bien  rénale;  si  c'est  un  rein 
volumineux  ou  seulement  un  rein  déplacé. 

La  mobilité  lombo-abdominale  est  tout  simplement  le 
ballottement.  Elle  n'existe  que  dans  les  tumeurs  du  rein. 


H  FÉVRIER   1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N»  6  —    8VI 


î 


.<a  constatation  indique,  en  outre,  que  le  rein  n'a  pas  perdu 
le  contact  de  la  paroi  lombaire.  M.  Guyon  avait  cru,  au  début, 
qu'elle  était  la  preuve  d'une  tumeur  libre,  non  adhérente; 
il  a  reconnu  depuis  que  cette  conclusion  est  erronée. 

La  mobilité  abdominale  peut  être  transversale  ou  verti- 
cale. Transversale,  c'est  le  degré  maximum,  et  alors  elle 
est  toujours  associée  à  la  mobilité  verticale,  c'est-à-dire 
à  la  possibilité  de  faire  descendre  la  tumeur  en  insinuant  la 
main  sons  les  fausses  côtes.  Cette  association  est  pathogno- 
monique  d'une  tumeur  rénale.  La  mobilité  verticale  seule 
est  déjà  presque  pathognomonique. 

On  doit  dire  qu'il  j  a  mobilité  abdomino-lombaire  lorsque 
le  rein  saisi  entre  les  deux  mains  s'échappe,  pour  ainsi  dire, 
comme  on  noyau  de  cerise  pressé  entre  deux  doigts,  pour 
rentrer  brusquement  dans  sa  loge  lombaire.  C'est  un  sym- 
ptôme caractéristique  du  rein  flottant,  mais  il  n'y  est  pas 
constant.  Lorsqu'il  fait  défaut,  il  est  vrai,  on  peut  admettre 
une  disposition  anatomique  un  peu  anormale.  II  est  pro- 
bable que  le  rein  s'est  pédiculisé  dans  l'abdomen  avec  un 
repVi  périlonéal  formant  méso.  Une  tentative  de  néphror- 
rhaphie  a  conduit  récemment  M.  Guyon  sur  un  rein  de  cette 
espèce. 

Ces  recherches  doivent  être  faites  sur  le  sujet  couché, 
assis  ou  même  debout,  car  souvent  le  premier  degré  de 
Tedopie  rénale  n'est  aopréciable  que  si  la  pesanteur  inter- 
vient pour  l'exagérer.  Des  coupes  faites  par  M.  Tnffier  sur 
des  cadavres  congelés  ont  démontré  que  cette  action  de  la 
pe.'^nteur  sur  le  rein  est  indéniable. 

La  palpatioft- permet  enfin  de  savoir  si  la  tumeur  obéit 
aux  moavenients  respiratoires.  Il  est  imprimé  partout  qu'il 
lien  est  rien.  Cela  est  absolument  faux.  Au  courant  d'une 
iiéphrotomie,  M.  Guyon  a  vu  le  rein  s'élever  et  s'abaisser 
alternativement  pendant  l'inspiration  et  l'expiration.  Ce 
caractère  ne  saurait  donc  faire  exclure  l'idée  de  tumeur 
rénale.  M.  Glénard  va  cependant  un  peu  loin  quand  il  pense 
sentir  fextrémité  inférieure  du  rein  passer  et  repasser  dans 
l  anneau  vivant  que  forment,  dans  son  mode  de  palper,  ses 
qnatre  doigts  et  son  pouce. 

5*  Consistance.  —  La  consistance  s'apprécie  mal,  car  ici 
oa  ne  peut  fixer  la  tumeur  en  arrière  contre  un  plan 
suffisamment  résistant.  On  reconnaît  assez  bien  la  réni- 
lente,  mais  souvent  la  fluctuation  échappe.  Le  ballotte- 
ment fait  percevoir  les  inégalités  de  la  surface.  La  ponction 
exploratrice  n'est  que  rarement  indiquée,  car  en  avant  le 
irocart  risque  de  blesser  l'intestin  et  en  arrière  la  peau  <»st 
iiien  loin  du  rein. 

Kn  général,  pourtant,  on  arrivera  à  diagnostiquer  la 
nature  de  la  tumeur,  mais  ce  sera  surtout  en  s'appuyant 
sur  les  sympti^mes  subjectifs  et  la  marche  de  la  maladie. 
C'est  un  côté  de  la  question  que  M.  Guyon  a  volontairement 
passé  sous  silence  dans  les  deux  leçons  que  nous  venons 
derésamer.  A.  B. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Cllnliiiie  ekirmrgicale. 

Des  kystes  hydatiqueS  supÉniEURS  du  foie,  par  M.  le 
docteur  Eug.  Bœckel,  chirurgien  de  l'hôpital  civil  de 
Strasbourg. 

M.  Segond,  dans  son  intéressante  communication  au 
iroisiènie  Congrès  français  de  chirurgie  (1888,  p.  520),  dis- 
tingue quatre  espèces  de  kystes  du  foie  selon  leur  siège  : 
l' les  antéro-inférieurs  ;  2»  les  antéro-supérieurs  ;  S^'^les 
imtér'fhsuperieurs  ou  sous-diaphragmatiques;  4°  les 
Itostéro-inférieurs,  très  rares. 

Mais  ses  kjfstes  antéro^supérieurs  ne  méritent  guère  ce 
nom,  puisqu'il  dit  c  qu'ils  sont  d'habitude  intra-hépati- 

SrFPI.ÊMENT. 


ques  dans  la  plus  grande  partie  de  leur  étendue,  ou  même 
complètement  enfouis  dans  le  parenchyme  glandulaire... 
On  doit  en  général  les  découvrir  par  une  incision  parallèle 
au  rebord  des  fausses  côtes  d'après  la  méthode  dite  de 
Lindemann-Landau.  )» 

La  place  de  l'incision  montre  déjà  qu'il  ne  s'agit  pas 
de  kystes  véritablement  supérieurs  et  je  préfère  les 
nommer  kystes  intra-hépatiques  ou  centraux,  qui  ne  font 
de  saillie  notable  sur  aucune  des  surfaces  du  foie,  en 
opposition  avec  les  kystes  inférieurs  qui  proéminent  à 
la  face  inférieure  du  foie  dans  la  cavité  péritonéale  au 

fkoint  de  simuler  quelquefois  des  kystes  ovariques  et  avec 
es  kystes  supérieurs  qui  débordent  vers  la  cavité  thora- 
cique  en  refoulant  le  diaphragme  plus  ou  moins  haut;  dans 
mon  observation  c'était  jusqu'à  la  troisième  côte. 

Je  propose  donc  la  classification  suivante  en  trois  espèces, 
qui  me  parait  plus  claire  et  plus  simple  que  celle  de 
Segond  : 

1^  Kystes  inférieurs  développés  vers  la  cavité  périto- 
néale, de  beaucoup  les  plus  fréquents  ; 

2*»  Kystes  intra-hépatiques  ou  centraux  ; 

3°  Kystes  supérieurs,  diaphraymatiques,  qui  font 
saillie  dans  la  cavité  Ihoracique,  coifl^és  par  le  diaphragme 
et  qui  ne  peuvent  être  attaqués  que  par  une  résection  de 
côte. 

Ces  derniers  kystes  sont  rares  puisque  Segond  n'a  pu 
en  réunir  que  quatre  cas,  dont  le  premier  a  été  opéré  par 
Israël  en  1879.  Il  y  a  joint  deux  observations  personnelles 
dont  l'une  surtout  est  remarquable  par  la  complication 
d'un  abcès  pulmonaire  et  d'une  fistule  bronchique.  Enfin 
la  malade  dont  je  vais  rapporter  l'histoire  serait  jusqu'à 
présent  le  septième  cas  connu  de  cette  affection. 

Obs.  —  Ky^ste  hydatique  suppuré  du  foie  montant  jusquà 
la  troisième  côte.  Incision  directe  après  résection  costale, 
Guérison,  —  M"*  H...,  boulangère»  de  fiischheim,  âgée  de  qua- 
rante-huit ans,  mère  de  quatre  enfants,  généralement  bien  por- 
tante, tombe  malade  en  mars  1888.  Sou  médecin,  le  docteur 
Adam,  constate  une  hypertrophie  du  foie  avec  périhépatite  et 
légcn»  jaunisse  qui  disparaît  et  revient  à  plusieurs  reprises. 

En  juillet  elle  éprouve  de  petits  frissons  suivis  d'une  fièvre 
continue  et  est  obligée  de  s'aliter.  Au  commencement  d'août 
il  s'y  joint  un  point  ae  côté  assez  violent;  elle  se  fait  admettre 
à  la  maison  des  diaconesses,  où  le  docteur  Mûnch  qui  la  prend 
en  traitement  constate  un  épanchement  pleurétinue  à  droite. 
A pn''s  plusieurs  jours  de  traitement,  voyant  que  la  fièvre  per- 
sistait, il  fait  une  ponctiou  avec  la  seringue  de  Pravaz  et  ramène 
de  la  sérosité  avec  dos  flocons  do  pus  épais. 

Le  14  août,  je  vois  la  malade  avec  le  docteur  Mûnch;  nous 
concluons  à  un  empyôme  qui  devra  être  opéré  le  lendemain. 

Etat  actuel.  —  La  malade  est  pâle,  très  amaigrie,  ne  tousse 
pas.  Le  côté  droit  du  thorax  est  dilaté.  En  arrière  il  est  mat  à 
la  percussion  iusqu'à  l'épine  do  Tomoplate.  Souffle  lointain  eu 
bas,  absence  de  vibrations.  En  avant  la  matité  très  compacte 
part  de  la  troisième  côte  et  se  confond  avec  celle  du  foie.  Celui- 
ci  descend  très  bas  dans  le  ventre,  nous  supposons  que  c'est 
par  refoulement.  Son  bord  inférieur  part  du  milieu  des  fausses 
côtes  gauches,  passe  à  deux  travers  de  doi^t  au-dessous  de 
romhiUc  et  descend  jusque  près  de  la  crête  iliaque  droite.  Le 
foie  est  ferme,  presque  dur,  peu  douloureux  à  la  pression.  I.e 
teint  de  la  malade  est  jaunâtre,  mais  les  scléroticfues  ne  sont 
pas  ictériques  ;  Turine  n'est  pas  foncée  ;  néanmoins  les  selles 
sont  décolorées,  grisâtres.  La  température  monte  tons  les  soirs 
au  delà  de  39  degrés  jusqu'à  40<^,2  ;  le  matin  elle  oscille  entre 
38  degrés  et  38«,5. 

Opération  le  15  août  1888  avec  les  docteurs  Munch  et  Adam. 
Nettoyage  de  la  peau,  anesthésie,  incision  de  10  centimètres 
sur  le  milieu  de  la  septième  côte  droite.  Résection  de  C  centi- 
mètres de  cette  côte.  Avec  la  rugine  je  déchire  la  plèvre  vers 
l'angle  postérieur  de  la  plaie,  mais  au  lieu  de  pus,  il  en  jaillit 
à  notre  ^rand  étonnement  un  litre  et  demi  a  deux  litres  de 
sérosité  citrine,  transparente.  Les  trois  quarts  antérieurs  de  lu 
plaie  laissent  voir  leroie  recouvert  par  le  diaphragme  avec  sou 
centre  aponévrolique.  En  introduisant  l'index  bien  désinfecté 
en  arrière  dans  la  plèvre  je   reconnais   que    le  foie  rem  on  le 


90      —  N*  6    - 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


8  Février  1889 


dans  la  cavité  thoracique  jusqu'au  niveau  de  la  troisième  côte, 
d'est  dans  cet  organe  que  doit  se  trouver  le  pus  ramené  oar  la 
jionction  exploratrice,  puisqu'il  n'y  en  a  pas  dans  la  plèvre, 
j'y  plonge  donc  une  aiguille  de  Pravaz  et  la  seringue  se  rem- 
plit instantanément  de  pus;  celui-ci  suinte  mt^me  à  côté  de 
raigui.lle. 

Avant  d'aller  plus  loin,  je  vide  bien  la  plrvre  et  j'essuie  ses 
parois  avec  des  bourdonnets  de  mousseline  imbibés  de  sublimé 
et  montés  sur  des  pinces;  puis,  de  peur  que  le  pus  n'y  pénètre, 
je  ferme  l'ouverture  de  la  séreuse  avec  des  sutures  perdues  au 
catgut  comprenant  les  muscles. 

Alors  seulement  je  plonge  un  bistouri  dans  le  foie  à  travers 
le  diaphragme;  il  en  jaillit  un  flot  de  pus  à  plus  d'un  mètre  de 
distance  et  j'élargis  1  ouverture  à  5  centimètres.  Le  pus  est 
mêlé  de  centaines  de  vésicules  d'échinocoques  depuis  le  volume 
d'un  pois  jusqu'à  celui  d'une  noix;  sa  quantité  est  évaluée  à 
plus  de  deux  litres.  De  droite  à  gauche  une  sonde  pénètre  à 
Û  centiTnètres  de  profondeur,  dans  le  sens  antéro-postérieur 
à  9  centimètres. 

Je  ramonne  alors  l'intérieur  de  cette  vaste  cavité  avec  des 
bourdonnets  de  mousseline  au  sublimé  et  j'en  ramène  de  grands 
lambeaux  blanchâtres  de  la  paroi  kystique  ;  puis  j'y  place  deux 
gros  tubes.  Suture  de  la  plaie  extérieure  autour  des  tubes. 
Pan5emcni. 

Le  soir  de  l'opération  la  malade  se  sent  très  soulagée,  mais  il 
faut  déjà  changer  le  p.insement  qui  est  imbibé  tle  sérosité 
bilieuse. 

17  août.  Les  tubes  donnent  issue  à  une  forte  quantité  de 
sérosité  et  de  mucosités  bilieuses  sans  pus;  il  faut  les  raccourcir 
parce  qu'ils  débordent  la  plaie.  La  malade  se  sent  bien,  n'a 
plus  de  lièvre,  ses  selles  sont  redevenues  jaunes. 

2â  août.  Su[  pression  des  sutures  et  des  tubes.  La  plaie  four- 
nit de  la  bile  presque  pure  sans  apparence  de  pus.  La  sonorité 
et  le  bruit  respiratoire  sont  revenus  dans  le  côté  droit  presque 
jusqu'en  bas. 

2o  août^  Depuis  deux  jours  un  peu  de  fièvre  causée  par 
une  petite  collection  purulente  sous  la  partie  postérieure  de 
l'incision,  qu'on  fend  d'un  coup  de  bistouri. 

Le  31  août,  la  plaie  est  presque  ferméee  et  ne  donne  plus  de 
bile,  mois  il  y  a  de  nouveau  un  mouvement  de  fièvre  qui  fait 
monter  le  thermomètre  le  soir  jusqu'à  39",7.  Kn  auscultant  la 
malade  on  découvre  un  foyer  pleurétique  en  arrière  et  à  droite  : 
matité,  souffle,  pas  de  toux  ni  d'expectoration.  L'appétit  est 
conservé. 

5  septembre.  En  faisant  le  pansement  on  voit  sourdre  un  fllet 
de  pus  d'un  point  de  la  plaie.  La  sonde  cannelée  y  pénètre  en 
haut  et  en  arrière  vers  le  foyer  de  la  matité.  J'élargis  le  trajet 
en  y  forçant  le  petit  doigt  et  il  s'en  écoule  250  grammes  de  pus 
crémeux.  Drainage.  C'est  probablement  un  abcès  sous-pleural, 
plutôt  que  pleural. 

A  partir  de  ce  moment  la  flèvre  disparait  délinitivement  et 
la  convalescence  marche  sans  accrocs. 

Le  1"  octobre  la  malade  rentre  chez  elle  entièrement  guérie, 
ayant  repris  des  forces  et  de  l'embonpoint. 

Le  12  novembre  elle  se  représente  en  parfaite  santé.  Par  la 
percussion  je  m'assure  de  l'état  du  foie;  il  s'étend  de  la  cin- 
quième côte  à  un  faible  centimètre  au-dessous  du  rebord  des 
fausses  côtes  et  ne  dépasse  plus  la  ligne  médiane.  11  a  donc 
repris  à  peu  près  ses  dimensions  normales.  La  cicatrice  forme 
un  sillon  fortement  déprimé.  Le  bruit  respiratoire  s'entend  de 
nouveau  à  droite  dans  toute  la  hauteur  de  la  poitrine. 


Diagnostic  des  kystes  hydatiques  supérieurs  du  foie. 
—  Sans  ponction  exploratrice  suffisante  le  diagnostic  de 
ces  kystes  est  très  difficile  à  faire  et  on  les  confondra  le 
plus  souvent  avec  un  épanchement  pleurétique.  En  effet, 
dans  les  deux  affections  le  côté  droit  de  la  poitrine  est  le 
siège  d'une  matité  qui  monte  plus  ou  moins  haut;  il  y  a 
absence  de  vibrations  thoraciques,  et,  si  le  foie  déborde  les 
fausses  côtes,  on  peut  l'attribuer  à  son  refoulement  par  la 

Eleurésie  aussi  bien  qu'à  son  hypertrophie  à  la  suite  d'un 
yste. 

Une  ponction  avec  la  seringue  de  Pravaz  n*est  même  pas 
suffisante  pour  nous  éclairer  si  le  kyste  est  suppuré,  parce 
que  l'aiguille  est  trop  fine  pour  laisser  passer  les  vésicules 
hydatiques.  On  amènera  du  pus  et,  si  rien  ne  donne  l'éveil, 


on  conclura  à.  un  empyème  comme  cela  nous  est  arrivé. 
Heureusement  que  ce  h*est  pas  au  détriment  du  malade, 
puisque  dans  les  deux  alternatives  il  faut  ouvrir  la  collec- 
tion après  résection  de  côtes. 

Si  le  kyste  n'est  pas  encore  suppuré,  la  ponction  avec  tin 
instrument  même  très  fin  vous  fournit  un  liquide  clair 
comme  de  Teau  de  roche  qui  dénote  immédiatement  la 
nature  hydatique  du  kyste  et  e.xclnt  la  pleurésie. 

Mais  avant  la  ponction  eu  l'ouverture  spontanée,  cer- 
taines particularités  dans  les  antécédents  ou  la  marche 
de  la  maladie  pourraient  donner  l'éveil  si  le  môme  méde- 
cin, ce  qui  est  rare,  suivait  le  patient  depuis  le  commen- 
cement de  son  mal  jusqu'au  moment  de  1  opération.  Ainsi 
dans  notre  cas,  les  petites  jaunisi^es  répétées  du  débuU  les 
douleurs  dans  la  région  hépatique  indiauaient  une  maladie 
de  foie  ;  seulement  l'épanchement  pleurétique  qui  est 
survenu  plus  tard  en  s'annonçant  par  un  violent  point  de 
côté  a  masqué  les  symptômes.  La  matité  du  foie  remou- 
tant  dans  la  cage  thoracique  se  confondait  avec  celle  de 
l'épanchement;  sans  doute  la  percussion  antérieure  qui 
s'exerçait  en  réalité  sur  le  foie  donnait  une  résistance' 
plus  considérable  au  doigt  que  celle  du  dos,  mai.s  cVl 
un  signe  trop  vague  pour  assurer  un  diagnostic. 

En  somme,  dans  les  kystes  supérieurs  du  foie  il  n'y  n  que 
la  ponction  au  moyen  d'un  ti*ocart  aspirateur  assez  giùs  \m\\' 
laisser  passer  les  vésicules  hydatiques  qui  puisse  éclairer  In 
situation. 

Traitement,  —  Le  seul  chemin  rationnel  pour  atteindre 
ces  kystes  hydatiques  supérieui*s  consisfte  à  réséquer  une 
côte  pour  pénétrer  directement  dans  le  foyer.  C'est  la  voie 
qu'Israël  a  eu  le  mérite  de  choisir  dès  le  premier  cas.  11  Ta 
nommée  Vincision  transpleurale,  qui  est  en  môme  temps 
trans-diaphragmatique  et  transpéritonéale.  En  effet, 
après  avoir  enlevé  une  certaine  longueur  de  côte,  on  tra- 
verse la  paroi  thoracique  avec  la  plèvre  costale  et  Ion 
arrive  sur  la  voiUe  du  diaphragme,  refoulé  en  haut  par  le 
kyste.  En  incisant  le  diaphragme  on  devrait  tomber  dans  le 
péritoine  et  puis  seulement  sur  la  surface  du  foie  qui  con- 
tient le  kyste.  Si  l'on  songe  qu'en  ouvrant  ce  dernier  un 
flot  de  liquide  infectieux  s'échappe  au  dehors  et  passe  sur 
les  deux  séreuses,  il  y  a  de  quoi  frémir,  et  cependant  la 
plupart  des  tnalades  ainsi  opérés  ont  guéri. 

Les  précautions  prises  y  sont  peut-éti*e  pour  quelque 
chose.  On  suture  les  lèvres  do  l'incision  diaphragmatique  à 
la  paroi  thoracique  pour  fermer  la  plèvre.  Puis,  pour  fer- 
mer le  péritoine,  on  commence  par  vider  le  kyste,  mis  à  nu 
avec  un  gros  trocart;  alors  seulement  on  l'incise  et  l'on' 
suture  ses  parois  à  la  peau.  Théoriquement  ce  serait  par- 
fait, mais  en  realité  c'est  insuffisant,  car  le  liquide  qui  osl 
renfermé  dans  le  kyste  à  haute  pression  ne  sort  pas  uni* 
quement  par  la  canule  du  trocart,  mais  suinte  toujours  à, 
côté,  et  une  seule  goutte  de  ce  liquide  pénétrant  dans  le 
péritoine  peut  y  semer  une  septicémie  mortelle.  | 

D'ailleurs  ces  précautions  n'ont  pas  touiours  été  p^ise^;| 
on  a  incisé  directement  sans  sutures  préalables,  comme  je  | 
l'ai  fait  pour  ma  part,  et  les  malades  ont  tout  de  même 
guéri.  A  mon  avis,  cela  tient  à  cette  circonstance  que  (fatisl 
beaucoup  de  cas  on  pénètre  dans  ces  kystes  supérieum 
sans  ouifir  la  plèvre,  ni  le  péritoine.  Cette  assertion  peut  i 
paraître  paradoxale,  mais  je  m'explique.  I 

Pour  la  première  de  ces  séreuses  on  n'a  qu'à  se  report^^r, 
à  mon  observation  et  l'on  veiTa  que  la  plèvre  avait  l'i»?! 
repoussée  eu  arrière  par  la  saillie  progressive  du  foie  dans 
la  cavité  thoracique. 

Je  l'ai  ouverte  par  mégarde  à  la  partie  toute  postérieure 
de  mon  incision  parce  qu'elle  était  distendue  par  du  liquide,  i 
mais  dans  le  reste  de  la  plaie  le  foie,  recouvert  ou  o^^^i 
phragme,  se  présentait  sans  interposition  de  plèvre.  i 

L'absence  de  péritoine  s'explique  en  admettant qtie  i  •] 


X  Février  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N«  6 


1)1 


kystes  en  question  se  sont  développés  dans  cette  partie  de 
la  face  supérieure  du  foie  dépourvue  de  péritoine  qui  est 
circonscrite  par  les  ligaments  coronaire  et  latéraux.  Cette 
particularité  rendrait  même  compte  pourquoi  ces  kystes 
proéminent  tellement  dans  la  cavité  thoracique.  De  fait, 
dans  toutes  les  observations  que  j'ai  pu  relire,  on  n*a  jamais 
va  la  cavité  du  péritoine  ouverte.  Pour  l'expliquer,  on  parle 
d'adhérences  qui  unissent  les  deux  parois  de  la  séreuse, 
mais  c'étaient  probablement  les  adhérences  physiologiques 
des  ligaments  suspenseurs. 

Quoi  qu'il  en  soit,  je  donnerai  le  conseil  d'ouvrir  ces 
kystes  supérieurs  du  foie  aussi  haut  et  aussi  en  avant  que 
possible  pour  ne  traverser  ni  la  plèvre,  ni  le  péritoine. 
Enlevez  un  morceau  de  la  septième  côte,  plutôt  que  de  la 
haitième  ou  de  la  neuvième,  et  vous  avez  grande  chance 
d'éfiler  le  péritoine;  que  ce  fragment  soit  pris  entre  la 
\i«:ne  axiliaire  et  la  ligne  mamillaire  et  vous  ne  blesserez 
pas  la  plèvre.  La  déclivité  de  l'incision  n'est  pas  nécessaire 
dans  ces  abcès,  qui  se  vident  par  rétraction  de  leurs  parois 
et  par  pression  élastique  des  organes  voisins; 

Cependaniy  comme  on  n'est  jamais  sûr  de  ne  pas  rencon- 
trer les  séreuses,  il  faut  inciser  couche  par  couche,  et  si  l'on 
HTonnait  une  de  ces  cavités,  il  faut  procéder  par  suture 
roinme  Ta  fait  Segond  et  comme  je  l'ai  décrit  plus  haut. 


Paiholop^le  interne. 

AcRODYNiK  ET  ARSENiciSME.  —  Notc  adressée  à  l'Académie 
de  médecine,  séance  du  31  octobre  1888,  par  M.  le  doc- 
teur Marquez,  médecin  en  chef  honoraire  de  l'hôpital 
d'Hyèrcs  (Var),  correspondant  de  l'Académie  de  médecine. 

I        Au  cours  de  l'hiver  dernier  et,  comme  la  plupart  des 

'  médecins  d'Hyères,  j'ai  eu  l'occasion  de  voir  plusieurs  per- 
sonnes atteintes  de  la  grippe  et  chez  lesquelles  il  y  a  eu,  à 
un  degré  qui  m'a  paru  remarquable,  un  affaiblissement, 
une  lassitude  musculaire  et  une  lenteur  de  la  convalescence 
peu  en  rapport  avec  la  durée  des  manifestations  de  la 
maladie  sur  l'appareil  respiratoire.  — .  L'hiver  n'élait  pas 
beau.  Ici,  presque  autant  que  dans  le  reste  de  la  Provence, 
le  temps,  plus  humide  et  plus  variable  que  de  coutume, 
était  pour  bien  des  malades  énervant  et  amollissant. 

A  un  certain  moment,  dans  quelques  cas  et  surtout  dans 
la  classe  des  travailleurs,  le  brisement  des  forces  dont  je 
Tiens  de  parler  est  allé  jusqu'à  de  l'amyosthénie,  et  nous 

!     avons  fini  par  avoir  là,  en  outre  de  la  dyspnée,  des  acci- 

I  dents  pulmonaires  et  des  troubles  digestifs  de  la  grippe 
eatarrhale,  le  cortège,  sans  ordre  et  à  des  degrés  variables 
d'importance,  de  phénomènes  attribués  à  l'acrudynie  :  dou- 
leurs et  chaleur  incommode,  fourmillements,  crampes  et 
contractures  dans  les  membres,  aux  pieds  et  aux  mains, 
surtout  aux  pieds  ;  de  la  bouffissure  de  la  face;  de  l'œdème 
des  jambes;  de  la  conjonctivite;  de  la  pharyngite;  de  l'hy*- 
peresthésie,  souvent  de  l'anesthésie  ;  de  la  rachialgie  dorso-* 
lombaire;  une  défaillance  des  membres  et  surtout  des 
membres  inférieurs  allant  jusqu'à  de  la  paralysie,  plus  sou- 
vent de  la  parésie  ou  de  1  akinésie;  à  la  peau,  des  taches 
bronzées,  quelquefois  des  pustules  ;  des  phlyctènes  aux 
orleils;  des  poussées  d'érylhème  plus  ou  moins  étendues, 
sur  les  membres  ou  sur  le  tronc,  suivies  plus  tard  d'exfo- 
liation  par  lamelles  ou  par  furfur;  à  la  plante  des  pieds  et 
à  la  paume  des  mains,  large  desquamation  accompagnée 

I  d  un  état  d'humidité  désagréable,  rendant  la  peau  particu- 
lièrement sensible  et  prolongeant  ainsi  la  difficulté  de  la 

I     station  debout  et  de  la  marche. 

!  J'ai  cru  à  de  Tacrodynie,  une  maladie  rarement  rencon- 
trée et  qui  a  pour  caractère  principal  un  ensemble  de 
troubles  de  la  motililé,  de  la  sensibilité  et  de  la  nutrition 


qui  la  font  dépendre  d'une  affection  médullaire.  En  quête 
d'une  cause  plausible,  j'ai  cherché  et  demandé  aux  circum- 
fusa,  aux  applicala,  aux  gesta  et  ingesta  l'explication  du 
phénomène. 

Un  de  nos  confrères,  le  docteur  Décugis,  soignant,  sur  la 
propriété  d'un  M.  de  V...,  des  malades  atteints  d'accidents 
gastro-intestinaux  à  marche  bizarre,  avait  été  amené  à  sus- 
pecter le  vin  bu  par  ces  ouvriers;  mais  il  avait  été  dérouté 
par  l'assurance  avec  laquelle  la  pureté  du  vin  lui  fut 
affirmée.  —  Plus  heureux  et  absolument  mis  sur  la  voie 
par  l'observation  de  ce  fait  qu'une  jeune  femme,  seule  à  ne 
pas  boire  de  vin  dans  une  famille  assez  nombreuse,  était 
seule  aussi  à  n'être  pas  malade  comme  son  entourage,  le 
docteur  Charles  Roux  parvint  à  établir  que  le  coupable  des 
accidents  constatés  de  divers  côtés,  à  la  campagne  aussi  bien 
qu'à  la  ville,  était  du  vin  provenant  d'un  chai  ouvert  par 
le  susdit  M.  de  V...  Révélation  officielle  de  cette  découverte 
fut  faite  à  la  Commission  d'hygiène,  le  16  avril.  Deux  jours 

filus  tard,  M.  Roux  nous  confiait  que  le  vin  incriminé  par 
ui  et  analysé  à  sa  demande  par  un  chimiste  de  Toulon, 
M.  Sambuc,  ancien  professeur  de  l'Ecole  navale,  devait  sa 
nocuité  à  do  l'arsenic.  —  Bienlôt  M.  Sambuc,  commis  par 
la  Justice  pour  analyser  les  vins  saisis  chez  M.  de  V.,,,  est 
arrivé  :  l""  à  démontrer  que  des  échantillons  du  vin  mis  en 
consommation,  les  uns  étaient  parfaitement  purs,  tandis  que 
d'autres  contenaient  de  l'arsenic,  depuis  des  traces  jusqu'à 
G  centigrammes  par  litre  ;  i**  à  établir  que,  par  imprudence, 
la  vendange  d'un  foudre  avait  été  plâtrée  avec  de  l'acide 
arsénieux;  3*  à  mettre  hors  de  doute  que  l'on  se  trouvait 
en  présence,  non  pas  d'une  manipulation  intentionnelle  et 
coupable,  mais  bien  d'un  accident,  d'un  fait  sans  crimina- 
lité de  la  part  de  M.  de  Y... 

Cela  posé,  et  attendu  que  les  malades  présentant  les  phé- 
nomènes dont  il  a  été  question  plus  haut  avaient  tous  fait 
usage  plus  ou  moins  suivi  et  plus  ou  moins  copieux  de  vin 
pris  au  chai  de  M.  de  Y...,  vin  dont  la  toxicité  a  varié  selon 
l'atténuation  par  la  pratique  du  mouillage  et  du  coupage, 
notre  grippe  acrodynique,  nonobstant  les  résultats  négatifs 
de  diverses  analyses  de  vin  et  d'urines,  est  devenue  et 
demeure  un  empoisonnement  par  l'arsenic,  un  empoison- 
nement lent,  une  intoxication  remarquable  par  l'irrégula- 
rité et  l'inconstance  de  ses  allures  et,  dans  la  pluralité  des 
cas,  par  la  lenteur  de  l'évolution  et  de  l'extinction  des 
symptômes  auxquels  elle  a  donné  lieu. 

Mous  les  connaissons.  Il  suffirait  de  revenir  au  résumé 
séméiologique  que  j'ai  donné  tout  à  l'heure,  alors  que  j'en 
étais  à  l'idée  de  l'acrodynie  et  d'ajouter  la  miliaire  aux  phé- 
nomènes éruptifs  précédemment  indiqués.  Je  ne  dois 
cependant  pas  passer  outre  sans  relever  quelques  points  qui 
procèdent  du  caractère  de  ce  Prêtée,  un  réparateur  ou  un 
malfaiteur,  selon  l'usage  que  l'on  en  fait;  un  tonique, 
presque  un  analeptique  à  doses  médicinales;  un  hyposthé- 
nisant  insidieux  lorsque  Ton  force  la  dose  et,  si  l'on 
dépasse  la  mesure,  un  agent  parfois  brutal  de  sidération  de 
l'influx  nerveux.  Les  accidents  gastro-intestinaux,  avec  ou 
sans  fièvre,  avec  ou  sans  vomissements,  rarement  sans 
diarrhée  ou  coliques,  ont  été  la  manifestation  la  plus  ordi- 
naire du  début  de  la  maladie,  la  première  protestation  de 
l'économie  contre  l'introduction  d'un  élément  morbifiquc; 
il  leur  est  arrivé  rsrrement  de  faire  défaut  ou  de  ne  pas 
précéder  les  symptômes  podalgiaues  qui  apparaissent  aussi 
aux  premiers  temps  de  la  maladie  et  dont  l'un,  les  four- 
millements, est  particulièrement  tenace  et  ne  s'use  que 
très  à  la  longue.  —  Le  mouvement  fluxionnaire  sur  les 
voies  respiratoires  a  créé  une  situation  grave,  alors  seule- 
ment qu'il  s'est  rencontré  là  avec  une  maladie  préexistante, 
déjà  grave  et  compromettante  par  elle-même  :  tuberculose, 
sur  un  sujet  jeune;  catarrhe  chronique,  chez  un  vieillard 
un  peu  alcoolisé.  —  Un  homme  de  cinquante-cinq  ans,  sujet 
à  de  fréquentes  crises  d'asthme,  n'en  a  plus  eu  depuis  quatre 


9-2 


N*  6  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


«  Févwer  m\) 


ou  cinq  mois  qu'il  est  lombé  malade(l).  —  Sur  une  femme  de 
cinquante-trois  ans,  couverte  de  larges  plaques  bronzées, 
particulièrement  h  la  taille  et  sur  les  épaules,  de  Toedème 
des  jambes,  avec  douleurs  à  la  marche  et  chaleur  insup- 
portable, la  nuit  surtout,  après  avoir  duré  trois  mois,  a 
commencé  à  céder,  il  y  a  quatre  ou  cinq  semaines,  en 
même  temps  qu^apparaissaient  aux  pieds  de  larges  plaques 
brunâtres,  faisant  bottines,  et  que  la  marche  devenait  plus 
fiicile.  —  Le  mari,  soixante-sept  ans,  vieux  goutteux,  en 
état  de  parésie  depuis  près  de  trois  mois,  a  fait  peau  neuve 
et  a  repris  en  juin  le  libre  exercice  de  ses  jambes.  Plus  tard 
(5  août)  et  alors  qu'il  paraissait  absolument  rétabli,  cet 
homme  est  venu  consulter  pour  une  ulcération  du  gland, 
ayant  tout  l'aspect  d'un  chancre  huntérien.  A  cette  occasion, 
if  m*a  refait  son  histoire  et  signalé  que,  dans  les  premiers 
temps  de  sa  maladie  qu'il  supposait  n'être  qu'un  accès  de 
goutte,  sa  respiration  et  son  haleine  avaient  eu  une  odeur 
d'ail  détestable.  —  L'odeur  alliacée  et  les  chancres  syphi- 
litico  more  de  l'arsenic  sont  parfaitement  connus.  On  con- 
naît moins,  ce  me  semble,  le  fait  de  troubles  visuels  d'une 
certaine  importance  à  mettre  à  la  charge  du  toxique  qui 
nous  occupe.  J'en  ai  rencontré  deux  exemples  :  homme  de 
quarante-cinq  ans,  grand  buveur  et  ayant  souffert,  il  y  a 
trois  ans,  d'une  violente  névralgie  occipito-fronlale  )  à  une 
période  avancée  de  la  convalescence  d'une  grippe  crue 
acrodynique,  amblyopie  par  œdème  de  la  rétine,  sans  hal- 
lucinations de  la  vue  et  sans  aboutir  à  la  cécité;  retour  à 
plus  de  netteté  de  la  vue,  à  mesure  que  l'état  général  s'est 
amélioré  et  que  se  perdaient  les  fourmillements  des 
membres  en  même  temps  que  se  dissipait  l'opacité  nébu- 
leuse du  fond  de  l'œil.  —  Sur  un  homme  de  même  âge  et 
de  mêmes  habitudes  que  le  précédent,  semblable  altéra- 
tion de  la  vue,  progressive  et  décroissante  d'avril  en  août, 
aux  périodes  d'état  et  de  déclin  d'une  intoxication  qui  avait 
débuté,  en  février,  par  des  accidents  aigus,  une  angine 
gutturale  avec  accès  de  fièvre  aux  trois  stades  de  la  fièvre 
intermittente,  plus  tard  éruption  miliaire  particulièrement 
abondante  au  cou  et  h  la  partie  supérieure  de  la  poitrine, 
podalgie,  fourmillements  aux  mains  et  aux  pieds,  paréso* 
plégie  qui  a  été  de  courte  durée,  mais  qui,  la  liberté  des 
janibes  recouvrée,  a  laissé  le  malade  dans  un  état  d'ana- 
phrodisie  absolue  (et  persistant  encore  an  moment  actuel, 
novembre). 

Les  troubles  visuels  par  intoxication  arsenicale  pourraient 
bien  n'être  pas  d'une  rareté  absolue.  Un  de  mes  confrères, 
le  docteur  Dnbrandy,  médecin  du  Rureau  de  bienfaisance, 
qui  a  vu  deux  fois  plus  de  malades  que  moi,  dans  cette 
affaire,  m'a  dit  avoir  observé  deux  ou  trois  cas  analogues  à 
ceux  (jue  je  viens  d'indiquer  et  peut-être  une  cataracte  par 
arsenicisme.  —  L'amaigrissement  est  allé  jusqu'à  l'atrophie 
musculaire  chez  un  jeune  homme  sur  les  gencives  duquel 
s'étalait  un  large  liseré  ardoisé,  comme  dans  l'intoxication 
saturnine,  et  dont  les  urines,  à  une  période  avancée  de 
la  maladie,  sont  devenues  notablement  albumineuses. 
Il  y  a  de  singuliers  traits  de  ressemblance  entre  les  phé- 
nomènes de  i'acrodvnie  et  ceux  de  l'intoxication  lente  par 
l'arsenic.  Est-ce  à  dire  que  l'acrodynie  pourrait  bien  n'être 
une  de  l'arsenicisme  méconnu  et  qu'elle  devrait  être  rayée 
(tu  cadre  nosologique?  A  lui  intenter  procès,  en  n'ayant 
pour  essayer  de  le  justifier  que  les  données  de  l'événement 
malheureux  qui  nous  occupe  et  dont  les  effets  sont  encore 
en  cours  d'observation,  je  préfère  me  borner  à  l'aveu  d'hé- 
sitations qui  peuvent  n'avoir  pas  été  sans  excuse  et  m'arrê- 
ter,  jusqu'à  plus  ample  informé,  sur  le  dire,  vieux  mais 
toujours  juste  :  a  Nil  magni  faciès  ex  merà  opinione  aut 
hypothesi.  » 

15  novembre.  —  Dans  un  rapport  sur  cette  communica- 
tion et  sur  celles  de  deux  de  mes  confrères,  relatives, 

(1)  Celle  noie  a  dtd  ^rtl0  le  25  juillet.  Le  15  octobre  suivtnt,  le  malade  dont  il 
^.<l  question  a  âïfi  pris  d'un  léger  accès  d'asthme,  le  premier  depnii  huit  mnî«. 


,1 


comme  la  mienne,  à  l'affaire  du  vin  de  M.  de  V...,  rapport 

Srésenté  à  l'Académie  de  médecine,  le  6  de  ce  mois,  par 
[.  Ollivier,  en  son  nom  et  au  nom  de  M.  Vidal  (de  Paris) 
{Bulletin  de  l'Académie  de  médecine,  t.  XX;  n"  45,  G  no- 
vembre 1888),  je  trouve  la  justification  de  ma  réserve  à 
juger  des  acrodynies  anciennes  par  les  phénomènes  patho- 
logiques que  nous  venions  d'observer  à  Hyères.  Pas  plus 
que  moi,  «malgré  des  similitudes  indiscutables,  le  rapport 
ne  voit  dans  l'évolution  et  la  nature  de  la  maladie  d'Hycres, 
une  application  qu'on  puisse  adapter  intégralement  aui 
épidémies  d'acrodynies  connues.  >  Les  données  de  notre  cas 
nous  laissent  avec  une  myélite  déterminée  par  une  intoxi- 
cation qui  s'est  produite  lentement  et  dont  les  symptômes, 
longtemps  variables  suivant  les  individus,  n'ont  pas  facile- 
ment mis  sur  la  voie  de  la  cause  du  mal;  elles  ajouteni 
une  page  à  la  douloureuse  histoire  des  méfaits  et  des  per- 
fidies de  l'arsenic,  et  elles  mettent  en  évidence,  une  fois  de 
plus,  le  danger  que  l'on  court  à  ne  pas  surveiller  mieux 
u'on  ne  fait  la  vente  de  l'acide  arsénieux,  en  exécution 
es.ordonnances  du  29  octobre  i8i6  et  du  26  février  1875. 


3 


Cllalqoe  médlcole 

Péritonite  tuberculeuse  localisée,  d'origine  trauma- 

TIQUK;  symptômes  d'occlusion  intestinale  et  TROrnLKS 
respiratoires;     laparotomie,    amélioration   CONSIhK- 

rable,  par  M.  le  docteur  Em.  Duponciiel,  professeur 
agrégé  au  Val-de-Gràce. 

L'application  de  la  laparotomie  au  diagnostic  et  au  trai- 
tement des  maladies  de  l'abdomen  n'est  assurément  plus 
une  nouveauté;  en  ce  qui  concerne  le  traitement  chirur- 
gical de  la  péritonite  tuberculeuse,  il  suffit  de  rappeler  la 
statistique  de  Pribram  (de  Prague),  qui  en  1887,  à  la 
Société  centrale  des  médecins  de  la  Bohême,  relatait  déjà 
trente  cas  personnels.  Les  résultats  obtenus  par  ce  chirur* 
gien  ont  été  très  satisfaisants,  et  quant  aux  conséquences  de 
l'acte  opératoire,  elles  se  bornaient  à  deux  décès  pour 
vingt-huit  guérisons. 

Mais  la  laparotomie  est  tout  particulièrement  indiqii(M>. 
quand  il  s'agit  de  cas  dans  lesquels  l'état  du  malade  s\ii(- 
grave  progressivement,  au  point  que  l'issue  fatale  ne  parait 
guère  douteuse,  bien  que  le  diagnostic  précis  de  la  lésion 
en  cause  n'ait  pas  encore  pu  être  formulé.  On  doit  alors 
intervenir  sans  trop  temporiser,  ni  attendre  l'apparition 
d'accidents  qui  rendraient  beaucoup  plus  aléatoire  le  résul- 
tat de  l'opération.  Celle-ci  permettra  du  môme  coup  de 
trancher  le  diagnostic  et  de  taire  le  traitement,  si  la  lésion 
cachée  est  une  de  celles  auxquelles  il  est  possible  de  remé- 
dier. C'est  ce  double  résultat  qui  a  été  obtenu  dans  le  cas 
suivant;  aussi  tout  isolé  qu'il  soit,  il  nous  parait  cependant 
mériter  d'être  rapporté.  La  netteté  de  l'étiologie  par  trau- 
matisme de  la  péritonite  tuberculeuse  observée,  l'incerti- 
tude du  diagnostic  due  à  une  symptomatologie  incomplète 
et  quelque  peu  spéciale,  la  constatation  de  troubles  respi- 
ratoires caractérisés  par  de  l'inspiration  saccadée  ryth- 
mique du  cœur,  phénomène  assurément  imprévu  dans  la 
péritonite  tuberculeuse,  la  gravité  du  pronostic  avant  1  in- 
tervention chirurgicale,  l'innocuité  absolue  de  l'opération 
et  la  précision  de  ses  résultats,  constituent  autant  de  cir- 
constances véritablement  instructives. 

Obs.  —  M...,  militaire,  détenu  au  pénitencier  de  Bicétre,  n'a 
rien  à  signaler  dans  ses  antécédents  héréditaires  ou  personnels. 
II  était  de  très  bonne  sauté  quand  il  est  entré  au  service  mili- 
taire en  décembre  1885.  Au  mois  d'octobre  1837,  en  faisant  !♦' 
pansage,  il  reçoit  un  coup  de  pied  de  cheval,  qui  porto  dîins 
rhypochondre  droit  ;  le  traumatisme  est  si  violent  que  le  sujci 
perd  connaissance.  A  la  suite  de  cet  accident  il  a  été  traité  n 


8  Février  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


_  N»  6  —    93 


l'innrmerie  de  son  régiment  ;  il  éprouvait  de  vives  douleurs 
(ians  Fabdomen,  surtout  au  niveau  de  Tendroit  contusionné  ; 
pendant  trois  jours  il  n'a  pu  supporter  ni  les  aliments  ui 
même  le  bouillon,  mais  il  n*a  jamais  eu  de  Tomissements  Ter- 
dâtres,  pas  de  sang  dans  les  garde-robes,  ni  dans  les  urines. 
Tous  les  symptômes  s'amendèrent  rapidement  et  au  bout  de 
quinze  jours,  M...  put  sortir  de  l'infirmerie,  conservant  seu- 
lement dans  la  région  où  il  avait  été  frappé,  une  douleur  à 
laquelle  il  ne  prêtait  pas  grande  attention,  et  qui  ne  l'a  pas 
eoQpéché  de  continuer  son  service  militaire. 

Envoyé  au  pénitencier  de  Bicétre  en  décembre  1887,  pour  y 
subir  une  condamnation  à  deux  ans  de  prison,  il  continue  à  tra- 
vailler réffulièremeot  jusqu'au  mois  de  mars  1888,  époque  à 
laquelle  il  commence  à  remarquer  des  constipations  opiniâtres; 
il  ne  va  à  la  selle  que  tous  les  trois  ou  quatre  jours,  tandis 
qu'anlérienrement  il  y  allait  régulièrement  tous  les  jours.  En 
même  temps  les  douleurs  de  l'hypochondre  droit  deviennent 
plus  vives,  surtout  quand  il  marche,  et  après  plusieurs  entrées 
aViofirmerie  M...  est  envoyé  dans  mon  service  à  l'hôpital  du 
\al-de4irace. 

Etat  du  malade  le  il  juillet  1888.  —  Au  moment  de  son 
cotrée  \es  signes  observés  se  résument  comme  il  suit:  douleur 
5;>ontaoéedans  l'hypochondre  droit,  s'cxagérant  sous  rinfluence 
de  /a  marche  et  de  la  pression,  tout  à  fait  insupportable  quand 
on  explore  les  régions  profondes  ;  elle  présente  son  maximum 
DQ  peu  au-dessus  et  en  dehors  du  point  d'inter  ection  du  bord 
eiterne  du  muscle  grand  droit  du  côté  droit  et  de  la  matité 
hépati<jue;  elle  rayonne  dans  un  espace  de  10  à  12  centimètres, 
mais  n  atteint  pas  la  région  caecale.  Le  rythme  respiratoire  est 
très  rapide,  et  présente  cette  particularité,  qu'il  est  presque 
coQsiamment  synchrone  avec  les  bruits  cardiaques,  de  sorte  que 
l'on  entend,  en  plaçant  le  stéthoscope  sur  le  deuxième  espace 
intercostal  ou  rians  la  région  avoisinante,  un  premier  temps 
constitué  par  le  bruit  inspiratoire  du  poumon  et  le  premier 
bruit  cardiaque,  un  second  temps  constitué  par  l'expiration  et 
le  bruit  diastolique.  La  respiration  est  du  reste  saccadée,  de 
sorte  que  Ton  entend  deux  ou  trois  saccades  inspira  toi  res  pré- 
cédant le  premier  bruit  cardiaque  ;  le  phénomène  d'ausculta- 
tion observé  semble  donc  bien  constituer  le  signe  décrit  sous 
le  nom  d'inspiration  saccadée  rythmique  du  cœur.  La  percus- 
sion et  l'auscultation  des  sommets  pulmonaires  donnent  des 
renseignements  douteux,  un'  début  de  tuberculose  parait  à 
craindre,  mais  il  est  impossible  d'être  tout  à  fait  affirmatif.  La 
constipation  est  habituelle,  le  malade  mange  peu  et  vomit  après 
ses  repas;  Tétat  général  est  assez  bon;  pas  d'amaigrissement 
prononcé;  pas  d'ascite  ;  pas  de  ballonnement  du  ventre,  pas  de 
tameur  iotra-abdominale,  perceptible  à  la  palpation. 

M'nxke  de  la  maladie.  —  Les  symptômes  se  modifient  peu 
durant  les  premiers  jours  qui  suivent  Tentrée  à  Thôpital,  mais 
leur  gravite  et  leur  intensité  s'accroissent  de  plus  en  plus  les 
semaines  suivantes  ;  la  douleur  devient  très  pénible  et  confine 
le  malade  définitivement  au  lit  ;  les  selles  de  plus  en  plus 
rares  sont  obtenues  difficilement  une  fois  ou  deux  par  semaine 
à  Taide  de  purgatifs  et  de  lavements  ;  les  vomissements  sont 
constants  et  suivent  de  près  les  repas,  mais  ne  sont  jamais 
verdâlres;  le  lait  lui-même  est  incomplètement  supporté;  des 
hêraorrlioîdes  apparaissent,  la  région  stomacale  se  ballonne 
légèrement;  point  d'ascite;  point  de  faciès  abdominal  ni  de 
I  teint  jaunâtre.  L'expiration  ne  tarde  pas  à  se  montrer  rude  et 
prolongée  au  sommet  droit,  où  la  percussion  révèle  à  la  fin  du 
mois  (foctobre  de  la  submatité;  aes  sueurs  profuses^  quelques 
apparitions  de  fièvre,  permettent  en  outre  de  devenir  affirma- 
tif  au  point  de  vue  ae  la  tuberculose,  Tamaigrissement  est 
modéré.  Au  mois  de  décembre,  tous  ces  signes  s'accentuent, 
la  fièvre  devient  continue,  avec  exacerbât  ions  vespérales  allant 
à  3î)*^,  l'état  général  commence  à  devenir  alarmant. 

Diagnostic.  —  Si  le  diagnostic  précis  de  la  lésion  abdomi- 
nale en  cause  est  difficile,  si  de  nombreuses  hypothèses  sont 
possibles,  certains  faits  restent  acquis  : 

1»  Tétiologie  semble  très  nette,  c'est  bien  le  traumatisme  oui 
a  été  la  cause  occasionnelle  sinon  efficiente  de  Tapparition  des 
accidents,  et  ceux-ci  sont  certainement  localisés; 

2*  (Juelle  que  soit  l'affection  abdominale  en  cause,  phlegmon 

Srofond,  tumeur,  péritonite  tuberculeuse  ou  enkystée,  lésion 
e  rintestin,  lésion  du  caecum,  de  la  vésicule  biliaire,  du  pan- 
créas ou  du  rein,  kyste  hydatique  du  foie,  lésion  des  vaisseaux 
profonds,  etc.,  il  y  a  un  diagnostic  symptomatique  qui  n'est  pas 
douteux  ;  le  sujet  est  atteint  d'occlusion  partielle  des  voies  di- 


gestives,  siégeant  dans  les  parties  les  plus  élevées  du  tube  in- 
testinal, vers  les  régions  pyiorique  ouduodénale; 

3"  On  peut  affirmer  en  raison  du  rythme  respiratoire  que  le 
diaphragme  est  intéressé  ; 

4°  La  tuberculose  pulmonaire,  dont  l'existence  n'est  plus 
douteuse,  est  consécutive  à  la  lésion  abdominale,  à  l'insuffi- 
sance de  l'alimentation,  résultat  forcé  des  vomissements  ;  le 
séjour  dans  un  milieu  confiné  et  peuplé  de  tuberculeux  a  pu 
du  reste  en  favoriser  l'évolution. 

Telles  sont  les  seules  conclusions  qu  il  soit  permis  de  formu- 
ler au  point  de  vue  du  diagnostic. 

Pronostic*  —  En  dehors  de  toute  considération  sur  la  nature 
véritable  de  la  lésion  abdominale  dont  la  détermination  exacte 
restait  douteuse;  en  tenant  compte  de  l'occlusion  intestinale 
qui  s'accentuait  chaque  jour,  de  l'apparition  des  signes  de 
tuberculose  pulmonaire,  de  l'état  général  qui  s'aggravait  à 
vue  d'œil,  le  pronostic  pouvait  être  considéré  dés  les  premiers 
jours  du  mois  de  décembre  1888,  comme  très  grave  et  même 
fatal  dans  un  délai  modérément  éloigné. 

Traitement.  —  Tous  les  révulsifs  locaux,  tous  les  moyens 
préconisés  contre  l'occlusion  intestinale,  ayant  été  successive- 
ment employés,  une  seule  ressource  thérapeutii|ue  subsistait  : 
celle  de  la  laparotomie  destinée  à  explorer  la  région,  fixer  le 
diagnostic  causal,  enfin  détruire,  si  on  le  rencontrait,  Tobstacle 
qui  s'opposait  à  la  circulation  des  matières  alimentaires.  Notre 
opinion  très  formelle  étant  que  le  malade  était  définitivement 
condamné  à  une  mort  prochaine,  si  l'on  n'intervenait  pas  chi- 
rur^içalement,  nous  fîmes  appel  à  notre  collègue  de  chirurgie 
M.  le  professeur  agrégé  Vautrin,  qui  partagea  notre  manière 
de  voir,  et  voulut  bien  pratiquer  l'opération  de  la  laparotomie, 
sans  attendre  une  période  où  l'extrême  gravité  de  l'état  général 
aurait  été  susceptible  d'en  compromettre  le  succès. 

Constatations  faites  dans  le  cours  de  l'opération  (U  dé- 
cembre 1888).  —  L'abdomen  étant  ouvert  sur  la  ligne  médiane 
dans  une  étendue  de  20  centimètres,  la  main  de  l  opérateur  va 
à  la  recherche  des  lésions  dans  la  région  douloureuse,  c'est-à- 
dire  dans  le  flanc  droit;  elle  ne  découvre  ni  foyer  purulent,  ni 
tumeur,  ni  bride  péritonéale  ;  le  rein  est  à  sa  place  et  sa  face 
antérieure  est  lisse  ;  les  recherches  dans  la  cavité  du  flanc  droit 
donnent  en  somme  un  résultat  négatif.  Mais  sur  le  péritoine 
pariétal,  dans  la  région  correspondant  au  siège  de  la  douleur, 
il  est  facile  de  sentir  une  plaque  de  péritonite  tuberculeuse  de 
la  largeur  de  la  paume  de  la  main  occupant  la  face  profonde 
de  la  paroi  abdominale. 

\jSl  main  de  l'opérateur  se  dirige  alors  du  côté  du  creux  épi- 
çastrique,  glisse  entre  l'estomac  et  le  lobe  gauche  du  foie 
d'une  part,  le  diaphragme  d  autre  part;  une  première  recherche 
ne  donnant  rien,  on  attire  doucement  en  dehors  la  partie  pyio- 
rique de  l'estomac,  qui  est  saine  ;  les  régions  proiondes  sous- 
épigastriques  sont  alors  explorées,  on  ne  trouve  rien,  le  pan- 
créas est  normal.  En  explorant  une  seconde  fois  la  cavité  du 
diaphragme,  on  finit  par  découvrir  une  bride  peu  épaisse,  de 
3  à  4  centimètres  de  longueur,  reliant  le  péritoine  diaphragma- 
tique  au  tube  digestif  en  un  point  qu'il  est  impossible  de  pré- 
ciser exactement.  Au  point  d'implantation  de  cette  bride  sur 
le  diaphragme,  le  péritoine  diaphragmatique  est  recouvert  daiis 
un  espace  large  comme  la  paume  de  la  main,  dun  semis  tuber- 
culeux abondant,  qui  est  très  nettement  perçu.  La  bride  est 
déchirée,  les  parties  remises  en  place  ;  après  nettoyage  complet, 
la  suture  de  la  paroi  abdominale  est  pratiquée.  Les  précau- 
tions antiseptiques  les  plus  rigoureuses  ont  été  prises. 

Suites  de  r opération.  —  Elles  sont  très  simples  ;  le  malade 
qui  avait  une  température  de  39*',5  quelques  jours  avant  l'opé- 
ration, conserve  un  peu  de  fièvre  jusqu'au  26  décembre,  mais 
les  exacerbations  vespérales  ne  dépassent  jamais  38'',2;  il 
absorbe  de  la  glace,  des  bouillons  glacés,  du  vin  de  canelle.  Le 
20  décembre  il  demande  à  manger,  il  n'a  plus  eu  un  seul  vomis- 
sement, il  rend  des  ffaz  par  l'anus  ;  le  23  il  mange  un  œuf,  le 
26  il  est  allé  à  la  selle,  le  27  il  mange  une  côtelette  et  la  sup- 
porte bien,  la  réunion  de  la  plaie  est  complète. 

Etat  du  malade  le  ib  janvier  lb89.  —  Les  résultats  ont  été 
aussi  favorables  que  possible,  le  malade  mange  de  très  bon 
appétit,  il  se  promène  toute  la  journée,  et  ne  songe  nullement 
à  garder  le  lit,  il  ne  vomit  plus,  il  a  des  selles  quotidiennes, 
il  ne  sent  plus  de  douleur  dans  l'abdomen,  il  engraisse  visible- 
ment; plus  de  fièvre,  plus  de  sueurs,  et  si  l'on  observe  encore 
au  sommet  droit  les  signes  d'une  induration  pulmonaire  mé- 
diocrement accentuée,  la  respiration  n'en  a  pas  moins  repris 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


8  Février  1889 


son  rythme  normal,  et  l*on  ne  perçoit  plus  le  signe  de  l'inspira- 
tion  saccadée  rythmique  du  cœur. 

Déductions.  —  Le  fait  précédent  confirme  divers  points 
de  doctrine  et  de  pratique  d'un  haut  intérêt  ;  peut-être 
éclaire-l-il  en  outre  une  question  nouvelle  et  très  obscure 
de  séméiologie  médicale. 

l""  Au  point  de  vue  doctrinal,  il  montre  une  fois  de  plus 
Tinfluence  directe  du  traumatisme  sur  l'apparition  des 
tubercules,  et  la  relation  est  ici  d'une  netteté  vraiment  re- 
marquable; de  plus  la  tuberculose  a  bien  certainement 
débuté  au  point  contas,  car  les  signes  observés  au  sommet 
des  poumons  au  moment  de  l'entrée  à  l'hôpital  étaient 
insignifiants,  tandis  que  les  symptômes  abdominaux  dataient 
déjà  d'assez  longtemps.  La  localisation  de  la  péritonite  et 
sa  non-extension  méritent  aussi  l'attention. 

i^  Au  point  de  vue  de  la  séméiologie  médicale,  nous 
voyons  que  l'inspiration  saccadée  rythmique  .du  cœur 
décrite  par  Grasset  au  Congrès  de  Toulouse  en  1887,  et 
qui  existait  chez  notre  malade,  avait  chez  lui  comme  expli- 
cation fort  simple,  la  coïncidence  d'une  inspiration  sacca- 
dée et  d'une  respiration  accélérée,  laquelle,  sous  l'in- 
fluence d'une  péritonite  tuberculeuse  diapnragrnatique,  était 
devenue  synchrone  aux  battements  du  cœur.  En  considérant 
que  sur  les  douze  cas  rapportés  par  Grasset,  sept  fois  il 
s'agissait  de  tuberculeux  avérés,  n  est-on  pas  en  droit  de 
se  demander  si  le  phénomène  si  obscur  jusqu'à  présent  de 
l'inspiration  saccadée  rythmique  du  cœur  ne  pourrait  pas 
s'expliauer,  au  moins  dans  certains  cas,  par  cette  coïnci- 
dence d'une  inspiration  saccadée  et  d'une  lésion  diaphrag- 
matique?  Que  celle-ci  porte  sur  la  face  supérieure  (plèvre) 
ou  sur  la  face  inférieure  (péritoine),  elle  peut  évidemment 
accélérer  le  rythme  respiratoire  (c'est  là  le  caractère  géné- 
ral des  lésions  diapbragmatiques)  au  point  de  le  rendre 
synchrone  aux  battements  du  cœur? 

3"  Au  point  de  vue  pratique,  il  n'est  guère  de  faits  plus 
susceptibles  d'établir  la  nécessité  de  la  laparotomie  tant 
pour  éclairer  les  diagnostics  insolubles,  dans  les  maladies 
graves  de  la  cavité  abdominale  (laparotomie  exploratrice) 
(|ue  pour  assurer  la  guérison  de  certaines  occlusions 
intestinales  partielles  ou  totales  Haparotoroie  curative). 
Ces  occlusions  peuvent  être  considérées  comme  presaue 
toujours  incurables  parles  moyens  médicaux,  tandis  qu'elles 
sont  fort  aisément  supprimées  quand  il  ne  s'agit  que  de 
simples  brides  péritonéates,  comme  celle  dont  notre  malade 
était  porteur,  circonstance  que  l'on  est  souvent  en  droit 
d'espérer.  En  ouvrant  l'abdomen,  on  a  donc  la  perspective 
d'un  résultat  complètement  favorable;  le  risque  est  mé- 
diocre quand  on  intervient  assez  tôt,  et  Ton  doit  être 
encouragé  dans  cette  voie  par  la  quasi-certitude  d'une 
issue  fatale,  si  la  maladie  est  abandonnée  à  elle-même. 

Enfin  dans  le  cas  que  nous  venous  de  rapporter,  non 
seulement  le  processus  tuberculeux  n'a  pas  été  précipité 
dans  son  évolution  par  l'intervention  chirurgicale,  mais  H 
a  été  manifestement  enrayé,  probablement  sous  l'influence 
des  lavages  antiseptiques. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Aeadémle  des  •eiences. 

Sur  la  virulence  des  cultures  du  bacille  cholérique  et 
r action  que  le  -salol  exerce  sur  cette  virulence^  par  M.  W. 
Lœwentiial.  —  L'auteur  croit  devoir  présenter  quelques 
observations,  à  propos  de  la  communication  faite  à  l'Acadé- 
mie, par  M.  Hueppe,  le  14janvier(voy.  p.  60).  L'historique 
de  la  préconisation  dû  salol  contre  le  choléra  lui  paraît 
pouvoir  se  résumer  comme  il  suit  : 

«  M.  Hueppe,  en  prenant  part  à  la  discussion  sur  la  pro- 
phylaxie et  le  traitement  du  choléra,  au  Congrès  de  Méde- 


cine interne  à  Wiesbaden,  le  11  avril  1888,  dit  incidem- 
ment <c  qu'il  faudrait  essayer  des  remèdes  qui  traversent 
«  l'estomac  et  ne  se  décomposent  que  dans  Tinteslin,  tels 
«  que  le  tribromophénol,  le  salicylate  de  bismuth  ou  le 
«  salol  "h;  il  ajoute  immédiatement:  c  Je  ne  veux  nulle- 
€  ment  prétendre  que  ces  remèdes  soient  des  spécifiques; 
(  j'aurais  simplement  voulu  laisser  entrevoir  le  chemia  à 
«  prendre  pour  arriver  à  une  thérapie  étiologique( FerÂa». 
€  dlungeUy  p.  205).  » 

«  M.  Sahli  fut  le  premier  à  essayer  le  salol  en  thérapeu- 
tique, mais  c'était  comme  succédané  du  salicylate  de  soude 
dans  les  affections  rhumatismales,  et  notamment  dans  le 
rhumatisme  articulaire  (Correspondenzblattfûr  Schweizer 
Aerzte,  n°'  12  et  13  de  1886).  En  même  temps,  M.  Sahli 
recommanda  d'essayer  le  salol  dans  un  grand  nombre  de 
maladies,  le  choléra  entre  autres.... 

<  Il  est  inutile,  dit  en  terminant  M.  Lœwenthal,  d'in- 
sister sur  la  différence  entre  ces  recommandations  et  la 
démonstration  expérimentale  de  ma  proposition,  qui  part 
d'un  point  de  vue  nouveau,  à  savoir  l'influence  du  suc  pan- 
créatique sur  le  bacille  du  choléra. 

<(  M.  Hueppe  révoque  en  doute  cette  influence;  il  se 
demande  si  ce  n'est  pas  la  vie  anaérobie,  que  le  bacille  est 
supposé  mener  dans  ma  pâte,  qui  rend  toxiques  les  cultures. 
Cette  supposition  me  parait  peu  fondée.  Les  cultures,  dans 
une  pâte  de  même  consistance,  ne  sont  pas  toxiques  si  la 
pâte  ne  contient  pas  de  pancréas;  d'autre  part,  les  cultures 
au  bouillon  pancréatisé  sont  toxiques^  tandis  que  les  cultu- 
res au  bouillon  ordinaire  ne  le  sont  pas.  Il  est  donc  évident 
que  la  question  d'aérobiose  ou  d'auaérobiose,  tout  impor- 
tante qu'elle  puisse  être  dans  d'autres  circonstances,  n'a 
rien  à  voir  dans  la  toxicité  de  mes  cultures.  > 

{Séance  du  28  janvier.) 

Passage  du  bacille  de  Koch  dans  le  pus  de  séton  de 
sujets  tuberculeux.  Application  au  diagnostic  de  la  tuber- 
culose bovine  par  V inoculation  au  cobaye  du  pus  de  séton, 
par  M.  F.  Pëugh.  —  Plusieurs  séries  d'expériences  ont 
démontré  à  l'auteur  que  le  pus  de  séton  d'une  vache  atteinte 
de  tuberculose  transmet  cette  maladie  au  cobaye.  Dès  lors, 
dans  les  cas  douteux,  il  est  possible  d'établir,  d'une  ma- 
nière certaine,  le  diagnostic  de  cette  affection  et  d'appli- 
Îuer  rationnellement  les  mesures  sanitaires  prescrites  par 
e  décret  du  28  juillet  1888,  pour  lès  bétes  bovines  tuber- 
culeuses. 

Résumant  ensuite  ses  expériences,  l'auteur  arrive  à  la 
conclusion  suivante  : 

4C  J'estime  donc  que,  dans  le  cas  de  suspicion  de  tuber- 
culose, l'inoculation  du  pus  de  séton  au  cobaye  permet 
d'établir  sûrement  le  diagnostic,  et  d'appliquer  ainsi,  avec 
parfaite  connaissance  de  cause,  des  mesures  de  police  sani- 
taire. »  (Séance  du  28  janvier.) 


Ammdémd9  4e  médeelBe. 

SÉANCE  DU  5  FÉVRIER   1889.  — •  PRÉSIDENCE 
DE  M.   MAURICE  PERRIN. 

M.  le  docteur  Fontan  (de  Toulon)  prie  FAcadéniie  d'accepter  le  dépôt  d'un  Pli 
cacheté.  —  [Accepté.) 

M.  le  docteur  Staze  envoie  le  relevé  des  vaccinations  et  revaccinations  qu'il  i 
pratiquées  au  Havre  en  1888.  — M.  H  docteur  Girard  adresse  un  mcmoire  sur  lu 
variole  et  la  vaeeine  au  Sénégal. 

M.  le  docteur  Margutt  el  M.  lo  docteur  Tuf  fier  envoieot  des  ouvrages  pour  le 
concours  du  Prix  L^borie  en  1889. 

M.  le  docteur  Millard  (de  New- York)  se  porte  candidat  au  titre  de  correspoo- 
dant  étranifer  dans  la  division  de  médecine. 

ÎIL.  Riche  fait  hommage  d'un  ouvrage  sur  VArt  de  V  essayeur  qu'il  vient  de  publivr 
avec  M.  Gélis. 

M.  Le  Roy  de  Méricourt  présente  un  mémoire  imprimé  de  M.  le  doclenr  Maurel 
(de  Toulouse)  sur  le  traitement  de  la  pleurésie  par  le  régime  lacté. 

M.  Larrty  fait  don  de  plusieor a  coUectlons  de  jonrnuvx  de  scieoce  et  de  méde- 


8  Févribb  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRORGIE 


—  N'8-- 


95 


eine,  ainsi  que  d'un  exemplaire  de  «on  rapport  à  l'in&titut  sur  les  Iravatus  de 
si.rtutique  adre$Ȏ*  pour  le  eoncoura  de  1888. 

M.  Rochard  présente  un  Rapport  manuscrit  do  M.  lo  docteur  CanoUe  sur  une 
épidémie  de  variole  observde  à  «Nossi-Bé  en  1886-1837  et  sur  les  vaceinatiom 
fraiiqtiées  dans  cette  colonie. 

M.  Constantin  Pûul  dépose  un  travail  de  MM.  les  docteurs  Kalindero  et  Baben 
;dc  Bucharest;  sur  la  maladie  d'Àdditon. 

U.  de  ViUien  présente  plusieurs  ouvrages  de  M.  le  docteur  Verrier  sur 
Vkygiène  de  Venfanee. 

Allaitement  par  le  nez.  —  M.  Ta rmVr  ayant  présenté 
un  mémoire  de  M.  le  docteur  Saint-Philippe  (de  Bordeaux) 
dans  lequel  se  trouve  relaté  le  fait  d  un  enfant  atteint 
du  muguet,  qui  ne  pouvait  être  alimenté  ni  par  la  bouche^ 
ni  par  une  gaveuse,  on  recourut  à  Tinlroduction  du  lail  par 
les  fosses  nasales  et  le  succès  fut  complet.  A  ce  propos, 
M.  Hervieux  fait  remarquer  que  M.  le  docteur  Henriette  a 
indiqué  ce  moyen  il  y  a  déjà  longtemps.  M.  Tarnier  ajoute 
que  ce  procédé  a  été  signalé  autrefois  à  Lorain  par  un 
médecin  étranger  qui  suivait  son  service.  H.Brouardel  con- 
tinue le  fait  dont  il  a  été  lui-même  témoin  ;  un  enfant 
atteint  de  pneumonie  fut  également  alimenté  de  cette  façon 
avec  succès. 

Strophantus. — Revenant,  à  roccasion  du  procès-verbal, 
sur  la  discussion  concernant  l'emploi  du  strophantus  dans 
les  maladies  de  cœur,  M.  Germain  Sée  explique  la  confusion 
qui  lui  a  été  reprochée  à  propos  du  mémoire  de  Fraser  cité 
par  lui.  Il  ajoute  que  les  faits  contre  ce  médicament  s*accu- 
mulenttous  les  jours,  si  l'on  en  juge  par  les  déclarations 
qu  il  reçoit  en  ce  moment  de  divers  côtés  dans  ce  sens. 

Eaux  minérales.  —  Sur  des  rapports  de  M.  Constantin 
Paul,  TAcadémie  émet  des  avis  favorables  pour  la  source 
Fontdevie  à  Coren  (Cantal)  et  pour  la  source  Saint-Janvier  à 
Marcols  (Ardèche). 

Thérapi:utique  du  choléra.  —  Les  bacilles  du  choléra, 
après  s*étre  développés  et  multipliés  en  grand  nombre  dans 
)  intestin,  ne  franchissent  pas  les  limites  de  la  cavité  intes- 
linale  ;  ils  infiltrent  dans  une  certaine  épaisseur  la 
muqueuse  autour  des  glandes,  mais  ils  ne  paraissent  pas 
aller  plus  loin,  ni  pénétrer  dans  le  sang  et  la  lymphe.  Le 
poison  qu'ils  sécrètent  est  seul  absorbé  et  c'est  ce  poison 
qui  jusqu'à  plus  ample  informé  est  le  seul  agent  des  phéno- 
mènes généraux  graves  ou  mortels  du  choléra.  Si  l'on 
pouvait  arrêter  la  multiplication  des  bacilles  dans  Tintestin, 
on  supprimerait  par  cela  même  la  fabrication  des  poisons 
chimiques  absorbables  et  l'on  préviendrait  l'attaque  cholé- 
riforme.  H.  Lœwen  est  arrivé  à  ce  résultat  de  tuer  les 
bacilles  de  Koch,  de  supprimer  immédiatement  leur  vitalité 
et  leur  développement  ultérieur  avec  une  substance  inoffen- 
$ive  pour  l'homme  et  les  animaux,  le  salol.  M.  Cornil  rend 
compte  des  recherches  et  des  expériences  que  l'auteur  a 
failesà  ce  sujet,  en  cultivant  les  bacilles  cholériques  dans 
une  pâte  leur  rendant  leur  propriété  toxigène  et  ensuite  en 
essayant  de  démontrer  l'action  curative  du  salol  sur  des 
animaux  infectés  par  les  bacilles-virgules  et  manifestement 
malades. 

Intoxication  par  les  poêles  mobiles.  —  M.  Lancereaux 
relate  plusieurs  cas  d'empoisonnement  oxycarboné  par  des 
poêles  mobiles,  même  placés  dans  des  pièces  plus  ou  moins 
voisines  de  celles  qui  servaient  à  l'habitation.  Il  appelle 
{attention  sur  les  phénomènes  parfois  inaperçus  de  l'empoi- 
sonnement oxycarDoné,  et  celle  des  pouvoirs  publics  sur  les 
dangers  du  chauffage  par  les  poêles  à  combustion  lente, 
qui,  par  raison  d'économie,  se  trouvent  aujourd'hui  dans  la 
plupart  de  nos  habitations.  Aussi  propose-t-il  l'adoption  des 
mesures  ci-après  :  1'  n'autoriser  la  vente  des  poêles  qu'à  la 
condition  que  le  tirage  soit  suffisant  pour  transformer  tout 
le  carbone  en  acide  carbonique  et  s'opposer  ainsi  à  la  for- 
mation de  l'oxyde  de  carbone  ;  2*  n'autoriser  l'ajustement 
d'un  tuyau  d'un  poêle  mobile  à  une  cheminée  quelconque 
qu'à  la  condition  que  cette  cheminée  ait  un  tirage  conve- 


nable et  suffisant  pour  le  dégagement  facile  des  vapeurs  ; 
3**  exiger,  avant  la  pose  d'un  poêle,  l'examen  des  cheminées 
voisines  de  façon  à  éviter  le  refoulement  ou  la  filtration  des 
gaz  d'une  cheminée  dans  une  autre  et  à  préserver  les  inté- 
ressés ou  leurs  voisins  de  l'empoisonnement  oxvcarboné  à 
distance  ;  4**  prévenir  le  public  du  danger  qu'il  court  en 
laissant  séjourner  la  nuit  un  poêle  à  combustion  lente  dans 
une  chambre  où  l'on  couche  ou  même  dans  une  chambre 
voisine. 

H.  firou(7rd^/ appuie  la  proposition  de  M.  Lancereaux;  il 
fait,  en  outre,  observer  (|ue  l'intoxication  oxycarbonée  peut 
se  produire  même  en  plein  air  ou  dans  une  pièce  assez  aérée, 
contrairement  à  l'opinion  généralement  répandue. 

Le  globule  sanguin  se  charge  de  ce  gaz  et  le  collecte  en 
quelque  sorte,  ainsi  que  le  montre  nettement  l'examen 
spectroscopique. 

M.  Armand  Gautier  signale  divers  cas  de  cette  intoxi- 
cation par  des  poêles  mobiles,  des  chauffrettes  dans  les 
voitures  publiques,  d'autant  plus  qu'il  a  été  prouvé  que  ce 
gaz,  même  à  la  dose  d'un  demi-dix  millième  dans  l'air,  suf- 
fit à  détruire  la  huitième  partie  de  la  quantité  totale  du 
sang.  Le  spectroscope  ne  suffit  pas  toujours  à  reconnaître 
la  présence  de  ce  gaz  ;  on  y  parvient  plus  sûrement  par  la 
méthode  de  saturation.  — M.  Ollivier  ajoute  qu'on  constate 
fréquemment  de  la  glycosurie  chez  les  personnes  intoxi- 
quées par  l'oxyde  de  carbone.  —  M.  le  Président  renvoie 
cette  discussion  à  une  séance  ultérieure. 

Hygiène  de  l'enfance.  —  M.  le  docteur  jR.  Blache  com* 
munique  la  statistique  générale  du  service  de  protection  de 
l'enfance  dans  le  département  de  la  Seine  pendant  l'année 
1887  ;  il  insiste  sur  les  excellents  résultats  obtenus  grâce 
à  l'intervention  de  plus  en  plus  fréquente  des  médecins 
inspecteurs.  La  mortalité  sur  les  enfants  surveillés  qui  était 
de  9,72  pour  100  en  1882  n'a  pas  cessé  de  s'abaisser  depuis 
cette  époque;  elle  a  été  en  1887  de  7,37  pour  100. 

Néphrorrhaphie.  —  m.  le  docteur  Terrillon  commu- 
nique un  cas  heureux  de  néphrorraphie  pratiquée  dans  la 
région  lombaire  gauche  chez  une  femme  ue  quarante-deux 
ans,  pour  un  rein  flottant  hypertrophié  et  très  douloureux. 

Rétrécissement  de  l'urèthre.  —  H.  le  docteur  Lavaux 
préconise  la  dilatation  rapide  dans  le  traitement  des  rétré- 
cissements uréthraux. 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  12  février  est  fixé  ainsi 
u'il  suit  :  1"*  Communication  de  M.  Hayem  sur  la  genèse 
e  la  fièvre  ;  2^  Discussion  sur  le  tétanos.  —  Inscrits  : 
MM.  Nocard,  Trasbot,  Verneuil,  Leblanc;  S""  Communica- 
tion de  M.  Lagneau  sur  la  mortalité  des  soldats  et  marins 
dans  les  colonies. 


a; 


Société   de  eklrtirifrle. 

SÉANCE   DU  30  JANVIER  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  M.   LE   DENTU. 

Sature  de  la  rotule  :  MM.  Klrmiuon.  Delene,  Luoas-Ghampioniilère, 
Deeprès.  —  Hyet6ropexie  :  M.  Terrier.  —  Tumeur  de  la  queue  du 
souroU  :  M.  Larger.  —  Extirpation  de  l'astragale  et  du  aoapholde 
pour  pied  bot  :  M.  Lebeo  (Rapporteur  :  M.  Sohwarta;  Disousaion  : 
MM.  Lucas-Championnière,  Berger,  Quènu.  Le  Dentu).  —  Plaie 
pénétrante  de  l'abdomen  par  armes  à  feu  :  MM.  Berger.  Nélaton. 
—  Fraoture  du  oràne  :  M.  Reolus.  ~  Modification  de  l'amputation 
de  Chopart  :  M.  Chaput. 

M.  Kirmisson  présente  le  malade  dont  il  a  parlé  dans  la 
dernière  séance  et  auquel  il  a  fait  la  suture  de  la  rotule. 
Le  rapprochement  n'a  pu  se  faire  qu'après  avoir  enlevé  un 
petit  rragment  interméaiaire.  Le  malade  marche  très  conve- 
nablement quoique  avec  un  peu  de  raideur. 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


8  Février  1889 


î 


M.  Delens  a  eu  roccasion  de  faire  celle  sulure  pour  une 
fraclure  datant  de  trois  mois.  L'opération  se  fit  sans  diffi- 
cultés, la  guérison  sans  accidents,  mais  le  résultat  fut 
médiocre. 

M.  Lucas-Championnière  a  eu  à  traiter  une  fracture  de 
rotule  par  la  simple  extension  et  la  compression  et  a  obtenu 
un  résultat  apparent  très  bon;  une  chute  ayant  amené  la 
rupture  du  cal,  la  sulure  fut  faite,  mais  avec  de  réelles 
diriicultés.  Chez  un  second  malade  la  sulure  fut  pratiquée 
dix-sept  jours  après  raceidenl  et  chez  un  troisième  deux 
jours  après;  dans  ces  deux  derniers  cas  l  intervention  fut 
bien  plus  facile  et  la  guérison  plus  complète  et  plus  rapide. 
D'où  M.  Charapionnière  conclut  qu'il  faut  inlervenir  de 
très  bonne  heure  afin  d'enlever  les  fragments  osseux,  les 
caillots,  les  lambeaux  de  synoviale,  etc.,  qui  empochent 
la  réunion.  C'est  le  traitement  de  choix  chez  les  sujets 
jeunes. 

M.  Després  rappelle  encore  qu'il  a  envoyé  en  1884  à  la 
Société  trois  malades  ayant  un  cal  osseux  (ce  qui  fut  vérifié 

ar  l'autopsie  dans  un  cas)  et  traités  par  Tancienne  méthode. 

«a  compression  et  l'élévation  du  membre,  le  pied  étant 
suspendu  à  i  mètre  au-dessus  du  plan  sur  lequel  est  cou- 
ché le  malade,  permettent  au  blessé  de  marcher  au  bout 
de  cinquante  jours.  M.  Després  accorde  que  la  suture  est 
cependant  le  seul  procédé  qui  reste  pour  les  fractures 
itératives. 

M.  Kirmisson  ajoute  qu'il  a  été  étonné  de  la  quantité 
de  tissus  interposés,  fongosités  synoviales,  caillots,  tissus 
fibreux  qu'il  a  dû  enlever  entre  les  fragments.  Il  pense 
aussi  que  pour  les  fractures  itératives,  la  suture  est  la  mé- 
thode de  choix. 

—  M.  Terrier  lit  une  observation  d'hystéropexie  pour 
prolapsus  utérin  avec  hypertrophie  de  l'organe.  La  trompe 
gauche  malade  fut  enlevée  et  l'utérus  fixe  par  trois  fils  de 
catgut.  Il  y  a  encore  un  peu  de  cystocèle,  mais  l'utérus  reste 
maintenu  à  4  centimètres  de  la  vulve. 

—  M.  Larger  communique  un  cas  de  tumeur  de  la  queue 
du  sourcil  tendant  à  prouver  qu'à  côté  des  kystes  dermoïdes 

3u'on  trouve  dans  cotte  région,  il  y  a  aussi  des  tumeurs 
'origine  exclusivement  traumalique  et  de  structure  toute 
différente.  Développée  sous  une  cicatrice  de  la  queue  du 
sourcil  et  examinée  par  M.  Réitérer,  la  tumeur  s'est 
montrée  formée  de  tissu  conjonclif  sans  papilles,  sans  poils, 
sans  matière  sébacée. 

—  M.  Schwartz  lit  un  rapport  sur  un  mémoire  de  M.  Le- 
bcc  concernant  l'extirpation  de  l'astragale  et  du  scaphoïde 
chez  une  jeune  fille  pour  pied  bot  varus  équin  avec  enrou- 
lement de  la  planle  au  pied.  On  dut  compléter  l'opération 
par  la  section  sous-cutanée  du  tendon  d'Achille  et  du  liga- 
ment plantaire,  et  actuellement  la  malade  marche  d'une 
façon  très  satisfaisante. 

M.  Lucas-Championnière  pense  que  la  tarsotomie  pos- 
térieure est  une  opération  excellente  chez  les  sujets  encore 
jeunes  ;  elle  est  d'ailleurs  d'une  grande  simplicité,  ne  né- 
cessite pas  une  immobilisation  régulière  et  ne  demande  un 
appareil  solide  que  quand  les  malades  se  mettent  à 
marcher. 

M.  Berger  professe  la  même  opinion  au  sujet  de  l'opé- 
ration, mais  pense  qu'il  est  des  cas  où  elle  est  insuffisante, 
lorsque  l'enroulement  du  pied  l'emporte  sur  l'équinisme. 

M.  Quénu  croit,  comme  M.  Championnière,  que  l'immo- 
bilisation absolue  n'est  pas  1res  utile  et  peut  parfois  être 
gênante  ;  il  y  a  trois  semaines,  après  une  extirpation  de 
l'astragale,  il  a  vu  l'appareil  plâlré  boucher  le  drain  et 
donner  lieu  à  un  peu  de  rétention  de  pus. 

M.  Schwartz  reconnaît  également  l'innocuité  de  l'abla- 
tion de  cette  partie  du   tarse,   mais  préfère  un  appareil 


plâtré  restant  en  place  à  la  condition  de  mettre  dans  la 
plaie  des  drains  très  courts. 

M.  Le  Dentu  a  enlevé  chez  un  malade  l'astragale,  une 
partie  du  calcanéum,  le  cuboïde  et  une  partie  du  scaphoïde, 
et  a  obtenu  un  excellent  résultat. 

—  M.  Berger  rapporte  une  observation  de  plaie  pénélranle 
de  Tabdomen  par  balle  de  revolver  de  6  millimètres.  Li 
malade  fut  opérée  moins  de  onze  heures  après  l'acciileiil; 
l'épiploon  était  perforé;  l'intestin  grcle  prés  de  la  valvulo 
iléo-cœcale  portait  deux  perf(»ralions  qui  avaient  détruit 
une  grande  partie  de  sa  circonférence;  au  tiers  supérieur 
deux  autres  perforations  permettaient  le  passage  du  doijrl  ; 
le  côlon  transverse  était  également  troué  en  deux  endroits. 
La  malade  mourut  quatre  heures  après  l'opération,  qui  en 
avait  duré  trois.  A  Taulopsie  on  ne  trouva  pas  d'autres 
lésions;  les  sutures  étaient  parfaitement  étanches.  L'ope- 
ration  a  été  faite  dans  des  conditions  en  apparence  des  plus 
favorables  et  néanmoins  la  péritonite  septique  a  été  hMée 
par  rintervenlion. 

Il  y  a  quinze  jour?,  chez  une  jeune  femme  ayant  reçu 
dans  le  ventre  un  projectile  de  7  millimètres,  M.  Berger 
préféra  l'expectation.  La  malade  avait  eu  un  vomissement 
de  sang  noir,  la  région  du  foie  était  extrêmement  doulou- 
reuse; la  situation  fut  loin  d'être  rassurante  pendant  quatre 
jours.  A  l'heure  actuelle  la  malade  mange,  ne  souffre  plus 
et  peut  être  considérée  comme  guérie.  M.  Berger  ne 
renonce  pas  ;i  l'intervention  opératoire,  mais  attend 
toujours  depuis  deux  ans  un  cas  suivi  de  succès. 

M.  ^élaton  lit  trois  observations  de  plaies  de  l'inleslin 
l'une  par  coup  de  couteau,  les  deux  autres  par  baltes  de 
revolver.  Dans  la  première  le  malade  guérit  après  suture 
faite  grâce  à  un  large  débridement;  dans  la  seconde  la  mort 
eut  lieu  au  bout  de  trois  jours  et  dans  la  troisième,  le  len- 
demain, une  des  sutures  faites  pour  les  sept  perforations 
ayant  laissé  filtrer  des  matières.  Dans  ce  dernier  cas, 
M.  Kélaton  a  vu  l'intestin  rouge  en  état  de  péritonite  déjà 
trois  heures  après  l'accident.  Entre  les  deux  pratiques 
extrêmes,  intervention  dans  tous  les  cas  ou  aoslentioa 
systématique,  ilfiiut  choisir;  le  parti  intermédiaire  qui  con- 
siste à  opérer  quand  la  péritonite  est  manifeste,  n'est  pas 
pratique  selon  M.  Nélaton. 

—  M.  Beclus  présente  un  malade  qui,  à  la  suite  d'une 
chule  sur  le  crâne,  resta  plusieurs  jours  dans  le  coma  el 
eut  des  attaques  épileptiformes;  quatre  fragments  de  la 
région  temporale  représentant  une  surface  de  !24  cenli- 
mèlres  carrés  furent  enlevés,  le  sinus  latéral  fut  ouvert  el 
comprimé  par  un  tampon  de  gaze;  la  connaissance  revint  le 
quatorzième  jour  et  le  dix-huitième  tout  était  réuni. 

—  M.  Chaput  présente  un  malade  auquel,  pour  un  mal 

Eerforant  de  l'avant-pied,  il  pratiqua  une  amputation  de 
hopart  modifiée  à  l'aide  d'un  procédé  nouveau  et  qui  a 
remédié  au  renversement  du  moignon. 

P.    VlLLEMlN. 


Société  de  biologie. 

SÉANCE  DU  2  FÉVRIER  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  H.  DROWN-SÉQUARD. 
Mécanisme  de  la  fièvre  dans  la  maladie  pyocyanique:  MM.  Charrln 
et  Ruffer.  —  Sur  les  procèdes  de  dosage  de  l'oxygène  du  sang: 
M  Lambliog.  -^  Sur  le  temps  de  réaction  chez  les  hystériques  et 
chez  les  èpUeptiques:  M.  Fèré.  —Inoculation  au  lapin  du  charbon 
symptomatique  :  M.  Roger.  —  Morphine  et  cocaïne  :  M.  Chouppe- 
—  Influence  des  mouvements  respiratoires  sur  le  cœur: 
M-  Brown-Séquard.  —  Action  du  chlorure  d'èthylène  sur  la 
cornée  :  M.  R.  Dubois. 

M.  Charrin  a  essayé  de  déterminer  avec  M.  Bupr  It^ 
mécanisme  de  l'élévation  de  température  qui  suit  rniocii- 


8  Févuier  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  ^  N«  6  —       97 


Jation  aux  lapins  du  bacille  pyocyanique.  Les  auteurs  ont  vu 
que  la  fièvre  se  développe  sous  Tinfluence  des  produits 
solubles  des  cultures  absolument  privées  de  tout  germe 
comme  sous  l'influence  du  microbe  lui-même.  Cette  fièvre 
parait  être  en  rapport  avec  ractivilédes  éléments  cellulaires 
(le  Torganisme  nui  luttent  contre  les  microbes;  mais  elle  ne 
dépend  pas  absolument  de  cette  cause,  et,  dans  le  mécanisme 
de  cetle  hyperthermie,  un  rôle  doit  être  laissé  à  Taction  des 
substances  chimiques  proprement  diles,  puisque  les  produits 
solubles  des  cultures  ont  la  même  influence  sur  la  tempé- 
rature. 

—  M.  Gley  présente  une  note  de  M.  Lambling  (de  Lille) 
sur  la  cause  des  difl'érences  trouvées  dans  Toxygène  du  sang, 
suivant  qu'on  Texlrail  au  moyen  de  la  pompe  à  mercure  ou 
qu'on  le  dose  par  le  procédé  de  Schulzemberger.  M.  Lambling 
montre  que  ces  écarts  tiennent  à  ce  que  le  sang,  abandonné 
dans  le  vide  de  la  pompe  à  GO  ou  70  degrés,  consomme  lui- 
mîMiie  une  partie  de  son  oxygène,  mais  cet  oxygène  sert 
â  To^ydalion  de  principes  organiques  autres  que  les 
matières  colorantes. 

—  M.  Féré  a  étudié,  au  moyen  de  Tappareil  que  M.  d'Ar- 
sonval  a  antérieurement  présenté  à  la  Société,  la  difTérence 
da  temps  de  réaction,  pour  diverses  sensations,  chez  les 
hystériques  et  les  épileptiques. 

—  M.  Roger^  poursuivant  ses  recherches  sur  Tinfluence 
des  associations  microbiennes,  a  réussi  à  inoculer  le 
charbon  syraptomatique  au  lapin  en  associant  au  charbon 
le  bacillus  prodigiosus.  L'expérience  a  réussi  d'une  façon 
constante. 

M.  yocard  croît  que  ces  expériences  sont  du  même  ordre 
que  celles  qu'il  a  faites  avec  M.  Roux  sur  l'augmentation 
de  virulence  du  charbon  par  l'acide  lactique.  Par  des  injec- 
tions préalables  d'acide  lactique  ils  ont  pu  en  efl'et  donner 
le  charbon  à  des  lapins;  c'est  que  par  ce  moyen  on  diminue 
la  résistance  de  la  fibre  muscuUire.  D'autres  substances 
qui  agissent  sur  le  muscle  comme  l'acide  lactique  ont  le 
même  effet.  Or  les  cultures  de  bacillus  prodigiosus 
donnent  naissance  à  une  certaine  quantité  de  trimé- 
thylamine. 

--  M.  CAoupp^  a  noté,  dans  les  observations  de  cocaînisme 
chronique  présentées  par  H.Magnandansla  dernière  séance 
de  la  Société,  que  les  malades  dont  il  s'agissait  ont  pu 
supporter  d'emblée  des  doses  énormes  de  cocaïne  ;  il 
attribue  ce  fait  à  ce  que  ces  malades  étaient  des  morphino- 
manes. 11  a  eu  efl'ectivement  l'occasion  de  voir  un  sujet  qui 
s  était  adonné  à  la  cocaïne  et  dont  les  accès  de  cocaînisme 
étaient  arrêtés  par  l'injection  de  3  à  5  centigrammes  de 
morphine. 

—  M.  Rrown-Séquard  rappelle  qu'il  a  vu  autrefois  qu'à 
chaque  mouvement  respiratoire,  à  la  fin  de  l'inspiration, 
chez  les  animaux  â  thorax  ouvert,  le  cœur  s'arrête  un 
instant.  Il  a  récemment  observé  le  même  fait  sur  des  chiens 
et  des  lapins  à  l'état  normal,  mais  respinint  un  mélange 
d'acide  carbonique  et  d'oxygène;  les  inspirations  sont  très 
profondes  et,  à  chacune  d'elles,  lo  cœur  s'arrêlc.  Quelquefois 
même  il  a  pu  constater,  au  cours  de  ces  expériences,  que 
TelTort  expiratoire  inhibait  aussi  le  cœur  dans  ces  con- 
ditions. 

—  M.  Gley  dépose  une  note  de  M.  /?.  Dubois  sur  l'action 
du  chlorure  d'élhylène  sur  la  cornée,  dans  laquelle 
M.  Dubois  décrit  les  modifications  des  cellules  épithéiiales 
de  la  membrane  de  Descemet  qui  se  produisent  sous  celte 
influence. 


Soclolë  de  thérapcntlqae. 

SÉANCE  DU  23  JANVlEn  1889.   —  PRÉSIDENCE  DE  M.  FEUNET. 

Du  sulfonal  :  M.  Bouloumië.  —  Traitement  thermal  de  la  graTeUe 
urique  :  M.  Dorand-Fardel  (Dlsoussion  :  MM.  G.  Paul,  Dujardln- 
Beaumetz,  H.  Huchard). 

M.  Bouloumié  adresse  une  lettre  dans  laquelle  il  fait 
savoir  que,  sur  deux  essais  qu'il  a  faits  du  sulfonal,  il  a 
constaté  chez  l'un  des  deux  malades,  à  la  dose  de  i"',50,  les 
malaises  au  réveil  qui  ont  déjà  été  signalés. 

M.  C.  Paul  est  d'avis  qu'il  vaut  mieux  donner  en  deux 
prises  la  dose  de  P'^bO,  à  quelques  heures  d'intervalle. 

—  M.  Durand'Fardel  donne  lecture  d'une  note  sur  le 
traitement  thermal  de  la  gravelle  urique.  La  goutte  et  la 
gravelle  urique  sont  le  fait  du  même  trouble  de  ralentisse- 
ment ou  d'anomalie  de  nutrition,  mais  la  goutte  est  plus 
essentiellement  diathésique;  la  gravelle  est  plutôt  une  ano- 
malie qui  peut  être  transitoire  :  on  guérit  la  gravelle,  on 
ne  guérit  pas  la  goutte.  Le  traitement  de  la  gravelle  con- 
siste à  favoriser  l'issue  des  concrétions  déjà  formées  et  à 
prévenir  la  formation  de  concrétions  nouvelles.  Deux  sortes 
d'eaux  minérales  peuvent  remplir  ce  but  :  les  bicarbonatées 
sodiques  telles  que  Vichy  et  Vais,  dont  on  peut  rapprocher 
Fougues;  les  sulfatées  calciques  bicarbonatées,  telles  que 
le  groupe  des  Vosges  :  Contrexévilley  Vittel,  Martigny,  dont 
se  rapprochentégalement  Capvern  ou  la  Preste.  Enfin  on  peut 
utiliser  Evian,  qui  est  une  eau  indéterminéCé  Les  eaux  de 
Contrexéville,  froides  et  peu  minéralisées,  agissent  surtout 
par  lavage  ;  on  les  prend  à  la  dose  de  dix  à  douze  verres 
dans  la  matinée.  Elles  servent  surtout  à  modifier  les  sur- 
faces qu'elles  lavent.  Elles  sont  indiquées  lorsqu'il  y  a  une 
souffrance  rénale  habituelle  ou  continue  et  que  l'on  sup- 
pose un  embarras  rénal  par  infarctus  urique;  l'élat  d'irri- 
tabilité des  voies  urinaires  les  contre-indiquent.  —  Les 
eaux  de  Vichy  à  température  et  minéralisation  élevée,  se 
donnent  à  moindre  dose;  elles  agissent  sur  la  diathèse 
elle-même:  goutte, diabète,  obésité,  diathèse  urique.  Elles 
sont  d'autant  meilleures  dans  la  goutte,  que  celle-ci  est 
régulière  ;  dans  le  diabète,  qu'il  n'y  a  pas  de  cachexie  ;  dans 
l'obésité,  qu'elle  n'est  pas  périviscérale.  Il  ne  faut  pas 
d'ailleurs  compter  obtenir  la  guérison  complète,  mais  une 
amélioration,  très  notable.  La  colique  néphrétique  est  une 
indication,  s'il  n'y  a  pas  de  signes  d'accumulation  de  gra- 
viers dans  les  bassinets,  ou  de  pyélite;  la  contre-indication 
est  formelle  avec  les  phénomènes  inverses,  ou  l'irritabilité 
rénale.  La  source  des  Célestins,  plus  spécialisée  pour  les 
voies  urinaires,  e&t  précisément  plus  aangereuse  dans  le 
cas  où  existe  une  lésion  véritable  dans  un  point  de  cet 
appareil.  Souvent,  à  Vichy,  on  voit  de  gros  calculs  s'éli- 
miner sans  crise  néphréliq[ue.  Les  calculs  ne  sont  pas  modi- 
fiés, mais  ce  sont  les  surtaces  muqueuses  ;  leur  formation 
nouvelle  est  entravée.  —  Les  eaux  de  Fougues  sont  inter- 
médiaires comme  degré  d'action  à  Vichy  et  à  Contrexéville  ; 
elles  sont  bien  tolérées  pour  les  voies  digestives.  La  Freste 
à  une  action  résolutive  analogue  à  celle  de  Contrexéville  ou 
de  Fougues,  Joint  une  action  sédative  manifeste.  Evian 
peut  agir  par  lavage,  mais  surtout  peut-être  par  l'hydrothé- 
rapie et  les  excellentes  conditions  climatériques.  En 
résumé;  Vichy  est  indiqué  comme  traitement  de  la  gravelle 
urique  diathésique;  s'il  y  a  irritabilité  rénale  qui  conlre- 
indique  Vichy,  on  choisira  Fougues,  ou  Contrexéville,  ou 
Capvern  pour  obtenir  une  action  résolutive  des  catarrhes. 
Evian  devra  être  préféré  lorsqu'on  désirera  utiliser  le  inini- 

.  mum  d'action  médicamenteuse. 

—  M.  C.  Paul  mentionne  les  bons  effets  des  Eaux- 
Chaudes,  désulfurées  à  l'air  libre,  dans  les  cas  de  gravelle 
urique.  Il  faut  distinguer  la  petite  gravelle  et  la  grosse  gra- 
velle. La  première  se  dissout  par  l'usage  des  eaux  minérales 


-  N*  6  -         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


8  Février  1889 


appropriées  ;  dans  la  seconde,  on  n'obtient  que  ia  désagré- 
gation de  la  gangue  muqueuse  et  gluante  qui  englobait  les 
concrétions.  Aussi,  en  pareil  cas,  la  pierre  dans  la  vessie 
devienl-elle  plus  irritante  pour  la  muqueuse  vésicale 
débarrassée  elle-même  du  mucus  qui  ia  recouvrait.  Le  fait 
est  très  connuà  Contrexéville.  Il  signale  en  outre  deux  médi- 
cations souvent  fort  utiles  pour  combattre  la  gravelle 
urique  :  le  phosphate  de  potasse  et  de  soude,  en  pilules  de 
25  centigrammes  de  chacun,  qui  amène  rapidement  Téli- 
mination  des  gros  graviers  douloureux  ;  et  l'eau  oxyazo- 
tique  donnée  en  boisson  le  matin  à  la  dose  de  500  grammes, 
pour  dissoudre  la  gravelle  urique. 

Il  cite  un  cas  de  gravelle  urique  considérable  survenu 
chez  un  diabétique,  après  une  poussée  congeslive  hépa- 
tique très  intense,  et  qui  a  rapidement  disparu  sous  l'action 
de  l'eau  oxyazotique. 

M.  Dujardin-Beaumelz  demande  à  M.  Durand-Fardel  ce 
qu'il  pense  des  eaux  azotées  en  pareil  cas,  et  quel  parallèle 
on  peut  établir  entre  l'action  du  traitement  médicamen- 
teux par  la  lilhine  et  les  balsamiques,  et  celle  des  eaux 
minérales. 

M.  Durand'Fardel  sait  que  les  Eaux-Chaudes  et  les 
sources  douces  de  Luchon  sont  bien  tolérées  par  les  sujets 
ayant  de  l'irritabilité  vésicale,  mais  il  ignore  leur  action 
directe  sur  la  gravelle  urique.  Il  ne  saurait  d'îiilleurs 
admettre  la  dissolution  de  la  petite  gravelle  sous  l'action 
d'une  eau  minérale  quelconque;  il  y  a  seulement  arrêt  de 
production.  Il  n'a  aucun  renseignement  sur  l'action  des 
eaux  azotées  en  pareil  cas.  Enfln,  si  le  traitement  médica- 
menteux peut  suffire  chez  un  graveleux  accidentel,  il  faut 
le  traitement  thermal  contre  la  diathèse  chez  ceux  qui  font 
des  concrétions. 

M.  H.  Huchard  cite  un  cas  dans  lequel  les  eaux  de  Vichy 
ont  amené  l'expulsion  facile  d'un  gros  calcul  chez  une 
femme  arthritique  présentant  des  hématuries  rebelles.  Mais 
elles  ont  paru  agir  moins  efficacement  contre  la  diathèse 
elle-même  qui  a  continué  à  se  révéler  par  des  troubles 
multiples.  —  D'autre  part,  bien  que  Tantipyrine  «  ferme  le 
rein  »  ainsi  qu'on  l'a  (lit,  et  que  l'on  recherche  au  contraire 
les  diurétiques  pour  les  graveleux,  il  a  vu  l'antipyrine  non 
seulement  calmer  les  douleurs  néphrétiques,  mais  amener 
au  bout  de  quelaue  temps  la  diminution,  puis  la  disparition 
de  la  gravelle.  Il  se  contente  de  signaler  ce  fait  en  appa- 
rence paradoxal. 

M.  Durand'Fardel  fait  observer  que  l'on  ne  peut  s'at- 
tendre à  ce  que  le  traitement  de  Vichy  guérisse  la  diathèse  ; 
peut-on  jamais  arriver  à  un  pareil  résultat?  Mais  il  la 
modifie  souvent  avantageusement  et  amène,  en  effet,  assez 
fréquemment  l'expulsion  indolore  de  gros  calculs  :  c'est  ce 
qui  a  eu  lieu  chez  la  malade  de  M.  Huchard. 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures  trois  quarts. 

André  Petit. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

THÉRAPEUTIQUE. 

De  l^aellon  phyulologlque  du  bornéol,  par  M.  StOCKMANN.  — 
Dans  ce  mémoire,  l'auteur  étudie  comparativement  le  camphre 
de  Bornéo,  le  camphre  N'gai  et  un  produit  isomère  retiré  de  l'es- 
sence de  térébenthine,  le  bornéol  ;  en  un  mot,  les  propriétés 
physiologiques  du  groupe  des  camphres.  Administrées  à  la  gre- 
nouille, au  lapin,  au  chat  et  au  cobaye,  ces  substances  provo- 
quent des  phénomènes  paralytiques.  Chez  les  mammifères,  on 
observe  d*abord  des  convulsions  épileptiformcs  ;  puis  des  acci* 


dents  comparables  à  ceux  d*une  intoxication  alcoolique.  Les 
lapins  ne  sont  pas  atteints  de  convulsions. 

Les  battements  du  cœur  diminuent  de  fréquence,  mais  leur 
amplitude  est  augmentée  ainsi  que  la  pression  artérielle.  Il 
existe  de  plus  une  notable  dilatation  des  vaisseaux,  du  ralen- 
tissement de  la  respiration,  enfin  de  la  glycosurie. 

M.  Stockmann  conclut  de  ces  faits  que  les  substances  de  ce 
groupe  ont  des  affinités  puissantes  avec  les  alcools,  et  que  leurs 
propriétés  convulsi vantes  augmentent  à  mesure  que  le  nombre 
des  atomes  d'hydrogène  est  moins  considérable.  Ce  sont  des 
agents  stimulants  du  système  nerveux  et  du  cœur  à  la  raanièn' 
des  alcools.  Enûn,  le  bornéol  possède  des  propriétés  moins  irri- 
tantes que  le  camphre.  {Journ.  of  physy  2iO(ki  1888.) 

Eipériooee»  sar  raellon  diurétique  dr«  «el»  de  nierenrp, 

par  MM.  Roseniieim  et  Silva.  —  Le  premier  de  ces  observa- 
teurs isolait  le  rein  gauche  de  chiens  de  forte  taille,  introduisail 
des  canules  de  verre  dans  les  vaisseaux  et  l'uretère,  et  injec- 
tait dans  l'artère  des  solutions  d'oxyde  mercurique  dans  leau 
chargée  de  5  pour  100  d'asparagine.  La  solution  étail-elle  faible? 
Pas  de  modification  de  la  vitesse  d'écoulement  du  sang,  ni  de 
l'énergie  sécrétoire  du  rein. 

Avec  une  solution  forte,  correspondant  à  trois  doses  de  calonipl 
de  20 centigrammes  administrées  pendant  trois  jours,  la  diunse 
était  augmentée  dans  le  rapport  de  dix-sept  fois,  mais  diminuait 
dans  l'espace  de  dix  minutes.  La  quantité  de  sang  écoulé  par 
la  vessie  pendant  ce  même  temps  était  accrue,  de  sorte  qu'on 
peut  expliquer  ces  phénomènes  diurétiques  par  l'irrilation  de 
l'épithélium.  (Zeits.  f.  klïn,  Med.,  1888,  Bd.  14.) 

M.  Silva  attribue  les  effets  diurétiques  des  mercuriaux  chez 
les  cardiaques  aux  causes  suivantes  :  !•  une  hyperglycémie 
artillcielle  et  la  dilatation  des  vaisseaux  rénaux  par  irritation 
des  canaliculi  coniorti;  ^^  la  dilatation  des  vaisseaux  rénaux 
chez  les  hydropiques  :  cette  dilatation  facilitant  TafAux  du  sang 
dans  l'artère  rénale  et  conséquemment  augmentant  la  vitesse  de 
l'écoulement  dans  la  vessie.  Ce  sont  là  des  indications  favorables 
à  Taccroisscment  de  la  diurèse. 

Pour  cette  môme  raison,  la  sécrétion  urinaire  augmenterait 
chez  les  fébricitants  quand  les  vaisseaux  rénaux  sont  en  dilata- 
tion. De  là,  sans  nul  doute,  l'impuissance  des  mercuriaux  comme 
diurétiques  chez  ces  derniers,  puisqu'ils  ne  peuvent  pas  provo- 
quer une  dilatation  existant  déjà  en  vertu  du  processus  fébrile. 
{Central  /.  klin.  Med.,  i888^  n°  19.) 


BIBLIOGRAPHIE 

Etudes  sur  les  maladies  du  foie  i  Cancer  (épithé' 
Home),  Sarcome,  Mëlauomes,  Kystes  non  paraNl- 
falres,   Angiomes,   par   MM.   Y.    HaNOT   et  A.   GlLBEIlT. 

Avec  30  figures  en  chromotypographie   et  7  figures  en 
noir.  —  Paris,  1888.  Asselin  èi  Houzeau. 

Cet  ouvrage  représenle  le  premier  volume  d'une  série 
d'études  sur  les  principales  questions  de  la  pathologie 
hépatique  :  il  est  exclusivement  consacré  à  l'histoire  des 
néoplasies  du  foie. 

On  peut  dire  qu'il  se  décompose,  envisagé  dans  son 
ensemble,  en  deux  parties  distinctes  :  une  intéressante 
et  très  complète  étude  du  cancer  du  foie,  et  un  gioupe  de 
chapitres,  forcément  plus  brefs,  consacrés  à  la  description 
de  néoplasmes  rares  observés  au  niveau  du  foie  :  le  sar- 
come, les  tumeurs  mélaniques,  les  kystes  non  parasitaires 
et  les  angiomes. 

Les  documents  fournis  par  les  auteurs  sur  ces  diverses 
lésions  hépatiques  sont  d*autant  plus  précieux  que  leut' 
étude  a  été,  en  général,  fort  négligée,  ou  même  complète- 
ment passée  sous  silence  dans  les  monographies  antérieures 
ou  dans  les  traités  didactiques. 

La  sarcomatose  hépatique  primitive  n'est  élablicjus((tn^' 


8  FÉVRIER  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       _    N«  6  — 


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qae  sur  un  trop  petit  nombre  d^observations,  dont  quelques- 
unes  assez  peu  péremptoires,  pour  qu'il  soit  possible  de  lui 
consacrer  une  description  bien  topique;  mais  il  en  est  au- 
trement du  sarcome  secondaire,  dans  ses  diverses  Tormes  : 
fuso-sarcorae,  globo-sarcome,  lympho-sarcome,  chondro- 
sarcome,  iéio*myo-sarcome,  etc.  Leur  symptomatologie 
rappelle  d*ailleurs  de  très  près  celle  du  cancer  secon- 
daire, si  Toifi  excepte  Tàge  ordinairement  peu  avancé  des 
sujets,  les  particularités  inhérentes  au  siège  du  néoplasme 
prirailif,  et  le  long  intervalle  entre  Tapparilion  de  celui-ci 
et  la  métastase  au  niveau  du  foie. 

Lamélanose  pathologique  (-par  opposition  à  la  mélanose 
de  patréfaction)  se  divise  en  fausse  mélanose  hématique 
dans  laquelle  la  matière  colorante  est  Thématine  du  sang 
altérée,  et  en  mélanose  vraie  ou  mélaninique  avec  grains 
de  pigment  constitués  par  la  mélanine.  A  la  première  se 
rapportent  le  foie  pigmenté  palustre  et  sans  doute  le  foie 
du  diabète  bronzé  ;  à  la  seconae  appartiennent  les  néoplasies 
mélaniqaes  ou  mélanomes  qui.  se  répartissent  en  trois 
mlèlés:  mélanomes  simples,  mélano- sarcomes,  et  mélano- 
épiibéliomts.  Elles  sont  robjet  d'une  complète  description 
densemble,  analomique  et  clinique,  fixant  l'histoire  de  ce 
groupe  de  néoplasies  du  foie  consécutives  à  des  mélano- 
mes développés  dans  l'œil  ou  au  niveau  de  la  peau. 

Enfin,  les  kystes  non  parasitaires  :  kystes  simples,  séreux 
ou  biliaires,  si  souvent  coexistant  avec  la  dégénérescence 
kystique  du  rein,  et  les  angiomes  du  foie  terminent  la 
liste  des  néoplasies  rares  étudiées  par  MM.  Ilanot  et  Gil- 
bert, qui  donnent  de  ces  derniers  une  interprétation  patho- 
géniqae  dilférente  de  celle  de  Virchow  et  très  voisine  de 
I  l'opinion  émise  par  Chervinsky.  Pour  eux,  Tabsence  de 
néoformation  vasculaire  et  d'hépatite  interstitielle,  et  la 
ressemblance  de  ces  angiomes  acquis  avec  les  plaques  con- 
gestives  du  foie,  autorisent  à  les  considérer  comme  des 
zones  de  congestion  excessive,  irrémédiable,  nettement 
limitée,  avec  élargissement  excessif  des  capillaires  nor- 
maux et  tassement  des  éléments  interposés;  déplus,  il  se 
produira  un  certain  degré  de  néoformation  conjonctive  et 
I  des  communications,  par  usure  ou  rupture,  entre  les 
I  lacunes  vasculaires.  Ce  sont,  en  résumé,  de  véritables 
angiectasies  caverneuses. 

Tels  sont,  brièvement  analysés,  les  divers  sujets  qui 
composent  cette  seconde  partie  de  l'ouvrage;  nous  avons 
tenu  à  endoner  une  idée  succincte,  nous  réservant  d'insis- 
ter plus  particulièrement  sur  les  importants  chapitres  con- 
sacrés à  l'étude  anatomique  et  clinique  du  cancer  du  foie. 

Le  cancer  du  foie  présente  deux  variétés  :  le  cancer  pri- 
mitif et  le  cancer  secondaire.  Cette  dernière  est  depuis 
longtemps  bien  connue  et  décrite  avec  soin  dans  tous  les 
ouvrages  classiques,  aussi  nous  semblerait-il  supperflu  de 
nous  y  arrêter  longuement;  signalons  seulement  les  inté- 
ressants paragraphes  consacrés  à  l'histogenèse  et  à  la 
palhogénie,  par  embolie  intracapillaire,  des  nodules  carci- 
nomateux  développés  secondairement  dans  le  foie.  L'étude 
microscopique  du  cancer  secondaire  montre  au'il  appar- 
tient, suivant  les  cas,  à  divers  types  :  épithéiiome  pavi- 
menteux,  absolument  exceptionnel*;  épithéliome  cylindrique 
avec  stroma  alvéolaire  ou  tubulé  sur  lequel  s'implantent 
perpendiculairement  les  cellules  cylindriques;  enfin  épi- 
tbéiiomes  glandulaires  conservant  d'une  façon  générale 
leur  forme  originelle  et  présentant  les  dispositions  soit 
alvéolaire,  soit  tubulée  de  leur  stroma  conjonctif. 

Le  cancer  primitif,  moins  bien  connu  jusqu'ici,  et  dont 
l'existence  même  était  mise  en  doute  il  y  a  peu  de  temps 
encore  par  quelques-uns,  a  été  l'objet,  de  la  part  de 
MM.  Hanot  et  Gilbert,  d'une  étude  approfondie  qui  a  mis 
définitivement  en  pleine  lumière  ce  chapitre  important 
<le  la  pathologie  hépatique. 

Le  cancer  primitif  affecte  trois  formes  anatomiques  diffé- 
rentes d'aspect  :  le  cancer  massif,  le  cancer  nodulaire  et  le 


cancer  avec  cirrhose.  Le  cancer  massif  a  été  déjà  fort  bien 
décrit  par  H.  Gilbert  dans  sa  thèse  inaugurale,  et  l'analyse 

3ui  en  a  été  donnée  à  Tépoque  dans  ce  journal  nous  permet 
e  ne  pas  insister.  Il  s'agit  alors  d'un  gros  foie,  non  dé- 
formé, non  bosselé,  renfermant  une  masse  néoplasique 
volumineuse,  lardacée,  siégeant  plus  souvent  dans  le  lobe 
droit  et  pouvant  affecter  la  disposition  dite  en  amande. 
Assez  souvent,  il  existe  quelques  noyaux  plus  petits  dans 
le  reste  du  parenchyme.  Presque  jamais  on  ne  constate 
d'ascite  ou  d'ictère  ;  la  rate  est  grosse. 

Le  cancer  nodulaire  présente  un  aspect  assez  semblable 
au  cancer  secondaire;  mêmes  nodosités  hérissant  le  foie 
augmenté  de  volume  et  déformé,  même  variabilité  de 
forme  et  de  dimension  de  ces  nodosités,  même  dépression 
centrale  sur  quelques-unes  :  périhépatite  et  ascite  à  peu 
près  constantes. 

Enfin  le  cancer  avec  ciiThose,  sur  lequel  l'accord  n'est 
peut-être  pas  encore  fait  d'une  façon  délinilive,  est  essen- 
tiellement constitué  par  la  coexistence  de  lésions  cirrho- 
tiques  et  de  lésions  cancéreuses  :  nodules  cancéreux  par- 
semant un  foie  cirrhose,  mamelonné,  et  d'ordinaire  peu 
augmenté  de  volume.  Est-ce  un  cancer  hépatique  ?  MM.  Hanot 
et  Gilbert  n'hésitent  pas  à  le  considérer  comme  tel,  et  à 
l'assimiler  entièrement  aux  autres  formes  du  cancer  du 
foie.  On  sait  que  c'est  à  cette  lésion  que  Sabourin  a  donné 
le  nom  d*adénome,  et  qu'un  certain  nombre  d'auteurs  se 
sont  ralliés  à  son  opinion.  Nous  ne  voulons  pas  reprendre 
ici  cette  intéressante  discussion,  fort  brillamment  résumée 
par  M.  Dreyfas-Brisac  dans  une  récente  revue  critique 
(voy.  le  n*  du  14  décembre  1888);  nous  nous  contenterons 
de  rappeler  que,  pour  Lancereaux,  la  sclérose  hépatique 
serait  consécutive  à  l'infiltration  adénomateuse;  pourBris- 
saud  et  Sabourin,  la  cirrhose  est  primitive,  l'adénome  n'en 
est  qu'une  complication,  comme  elle  d'ordre  inflammatoire 
et  non  spécifique,  maispouvantseiransformer  en  néoplasme 
infectant  :  c'est  une  sorte  d* avant-marche  (Schûppel)  du 
cancer  ;  pour  Hanot  et  Gilbert,  la  cirrhose  et  l'aclénome 
évoluent  simultanément,  l'agent  irritatif  agissant  à  la  fois 
sur  le  tissu  conjonctif  et  l'élément  épithélial.  Il  s'agit  donc 
d'une  hépatite  épithcliale  amenant  la  formation  d'un  épi- 
théliome; ce  qui  ramène,  comme  le  fait  fort  justement 
observer  Dreyfus-Brisac,  vers  l'opinion,  si  dénigrée 
depuis,  de  Portai  et  de  Broussais  sur  l'origine  inflam- 
matoire des  processus  cancéreux.  Il  s'agit,  d'ailleurs,  d'une 
forme  de  cancer  hépatique  un  peu  différente  dans  son 
aspect  et  en  particulier  dans  ses  allures  :  au  lieu  de  la 
propagation  par  le  système  lymphatique,  c'est  l'envahisse- 
ment du  système  veineux  qui  sert  à  la  propagation  du  néo- 
plasme. 

Nous  voudrions  nous  arrêter  sur  l'intéressante  étude  his- 
togénique  du  cancer  primitif  du  foie,  si  bien  exposée  parles 
auteurs,  mais  nous  ne  saurions  rendre  cette  analyse  plus 
longue,  bien  qu'il  s'agisse  d'un  des  points  les  plusimportants 
de  l'ouvrage  :  ils  montrent  que  le  cancer  du  foie  est  un 
épithéliome  parenchymateux  à  forme  alvéolaire  ou  trabé- 
culaire.  Bien  que  chacune  de  ces  variétés  histologiques  ne 
réponde  pas  d'une  façon  absolue  à  une  forme  anatomique, 
cependant  on  peut  dire  qu'en  général  les  cancers  massif 
et  nodulaire  sont  des  épithéliomes  alvéolaires,  tandis  que 
le  cancer  avec  cirrhose  est  constitué  par  l'épilhéliome 
trabéculaire.  Enfin,  Texamen  histologique  des  coupes 
montre  nettement  que  le  processus  de  multiplication  cel- 
lulaire n'est  pas  limité  aui  points  manifestement  atteints 
par  le  cancer  ;  très  souvent  le  foie  est  lésé  dans  sa  presque 
totalité  et  les  nodules  cancéreux  visibles  à  l'œil  nu  ne 
correspondent  qu'à  «  des  maxima  de  lésion  ». 

Ajoutons  que  les  descriptions  cliniques  fort  soignées  et 
les  nombreuses  observations  inédites  jointes  au  texte 
seront  fort  appréciées  des  médecins  qui  prendront  connais- 
sance de  cet  important  ouvrage.  André  Petit, 


100 


N"  6 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         8  Février  iggO 


VARIETES 

Concours  d*agi\éoation  de  médecine.  —  Voici  la  suite  des 
questions  que  les  candidats  ont  eu  à  traiter  : 

M.  Royer:  Troubles  du  système  nerveux  dans  les  maladies  du 
cœur. 

M.  Brault:  Des  crises  daos  les  maladies  aiguës. 

M.  Chantemesse  :  De  la  désinfection  comme  moyen  prophy- 
lactique des  maladies  transmissibles. 

M.  Jeannel  :  Pathogénie  de  la  suppuration. 

M.  Âubry  :  De  la  cachexie  cardiac|ue. 

M.  Marie  :  De  l'influence  éliologique  du  froid  dans  les  ma- 
ladies. 

M.  Roque  :  De  la  thrombose. 

M.  Colin  :  Transmission  des  maladies  contagieuses  dans  le 
mariage. 

M.  Letulle  :  De  Térysipèle  à  répétition. 

M   Grenier  :  De  Fictcrc  dans  les  maladies  infectieuses. 

Association  médicale  mutuelle.  —  L'assemblée  générale  de 
TAssociation  fondée  par  M.  le  docteur  Gallet  Lagoguey  aura  lieu 
le  dimanche  10  février,  dans  le  grand  amphithéâtre  de  la 
Faculté  de  médecine,  à  trois  heures  très  précises. 

Ordre  du  jour  :  1'  Vote  pour  Tadmission  déûnitive  des 
confrères  provisoirement  admis  et  prooosés  àTunanimité  par  le 
Conseil;  ^"^  Allocution  du  président;  ô"*  Rapport  du  secrétaire 
général;  i**  Rapport  du  trésorier;  Approbation  des  comptes; 
5"*  Election  du  bureau.  (Messieurs  les  membres  honoraires  sont 
éligibles  à  toutes  les  fonclions). 

iV.  B.  —  Ainsi  qu'il  a  été  décidé  à  la  dernière  Assemblée 
générale,  le  trésorier  sera,  de  deux  heures  et  demie  à  trois 
heures,  à  la  disposition  dos  associés  qui  Touront  faire  des  ver- 
sements anticipes. 

Asile  Sainte-Annb.  —  A  partir  du  6  février,  M.  le  docteur 
Rouillard,  chef  de  clinique  de  la  Faculté,  médecin-adjoint  des 
asiles  d'aliénés  de  la  Seine,  fera  des  conférences  cliniques  sur 
les  maladies  mentales,  dans  les  pavillons  de  la  clinique  à  1  asile 
Sainte-Anne,  tous  les  mercredis  à  quatre  heures  de  l'après- 
midi. 

ÉCOLE  d'Alger.  —  Par  décret,  en  date  du  31  décembre  1888, 
l'Ecole  préparatoire  de  médecine  et  de  pharmacie  d'Alger  est 
transformée  en  Ecole  de  plein  exercice. 


Souscription  Ducuenne  (de  Boulogne). 

Cinquième  liste. 

MM.  de  Watteville,  rédacteur  du  Brain, 

à  Londres 1 00  fr.  i 

Féréol 50  > 

Duguet 20  » 

Sanchez  Roledo 20  » 

J.-W.  iNunn  (de  Londres) 25  » 

Total 2Ï5  r 

Montant  des  listes  précédentes.  2490  > 

Total  général..  2705  fr.  > 


Académie  royale  de  médecine  de  Belgique.  —  Programme 
des  concours  1888-1889.  —  l'»  Etablir  et  discuter  les  moves  de 
diagnostic  difl*érentiel  des  tumeurs  du  ventre.  Prix  :  600  francs. 

—  Clôlure  du  concours  :  15  mars  1889. 

2"  Faire  Télude  de  Térysipèle  charbonneux  ou  rouget  du  porc, 
au  point  de  vue  de  ses  causes,  de  ses  manifestations,  de  ses 
lésions,  de  sa  prophylaxie  el  de  son  traitement;  établir  éven- 
tuellement ses  rapports  avec  les  affections  charbonneuses,  bac- 
téridiennes  et  bactériennes.  Prix  :  600  francs.  —  Clôture  du 
concours  :  15  mars  1889. 

3"  Faire  connaître,  en  s'appnyant  sur  des  recherches  person- 
nelles et  inédites,  une  mélhode  exacte  el  facilement  réalisable 
pour  le  dosage  des  alcaloïdes  dans  les  substances  médicamen- 
teuses et  dans  les  préparations  pharmaceutiques.  Prix  :  bOO  francs. 

—  Clôture  du  concours  :  15  décembre  1889. 


A"  Déterminer  par  de  nouvelles  recherches  le  mode  de  for- 
mation des  globules  rouges  et  blancs  du  sang.  Prix  :  5u0  fran^. 
—  Clôture  du  concours  :  15  décembre  1890. 
•  5"  Prix  fondé  par  le  docteur  da  Costa  Alvarenga.  —  Ain 
termes  du  testament  de  M.  Alvarenga,  c  l'intérêt  capilal  coa- 
slituera  un  prix  annuel  qui  sera  appelé  :  Prix  d'Akaremjn, 
de  Piauhy  (Brésil). Ce  prix  sera  décerné,  à  raniversaire  dudée*^ 
du  fondateur,  à  Fauteur  du  meilleur  mémoire  ou  ouvrage  ioédii 
(dont  le  sujet  sera  au  choix  de  Fauteur)  sur  n'importe  quelle 
branche  de  la  médecine,  lequel  ouvrage  sera  jugé  digoe  de 
récompense,  après  que  Ton  aura  institué  un  concours  auQuei 
et  procédé  à  Texamen  des  travaux  envoyés  selon  les  règles  ara< 
démiques.  Si  aucun  des  ouvrages  n'était  digne  d'être  rècom- 

Çensé,  la  valeur  du  prix  serait  ajoutée  au  capilal.  >  Pm: 
00  francs.  —  Clôture  du  concours  :  15  décembre  1889. 

Conditions  du  concours,  —  Les  membres  titulaires  et  W 
membres  honoraires  de  l'Académie  ne  peuvent  point  prendre 
part  aux  concours. 

Les  mémoires,  lisiblement  écrits  en  latin,  en  français  ou  eu 
flamand,  doivent  être  adressés,  francs  de  port,  an  secrétaire  do 
l'Académie,  à  Bruxelles. 

Sont  exclus  des  concours  :  !•  le  mémoire  qui  ne  remflil|i3* 
les  conditions  précitées;  â^*  celui  dont  Fauteur  s'est  fait  w 
naître  directement  ou  indirectement;  3*  celui  qui  est  publié,  «n 
tout  ou  en  partie,  ou  présenté  à  un  autre  corps  savant. 

L'Académie  exige  la  plus  grande  exactitude  dans  les  citations, 
ainsi  que  la  mention  de  1  édition  et  de  la  page  du  texte  ori{riii<i' 
Le  mémoire  de  concours  et  le  pli  cacheté  dans  leuuel  le  nom  «t 
l'adresse  de  lauteur  sont  indiqués  doivent  porter  la  même  l'i  • 
graphe.  Le  pli  annexé  à  un  travail  couronné  est  ouvert  par  Ir 
président  en  séance  publitjue.  Lorsque  l'Académie  naccorJf 
Qu'une  récompense  à  un  mémoire  de  concours,  le  pli  oui  Vf^i 
joint  n'est  ouvert  qu'à  la  demande  de  l'auteur.  Cette  demaml' 
doit  être  faite  dans  le  délai  de  six  mois.  Après  rexpiraiion  k 
ce  délai,  la  récompense  n'est  plus  accordée.  Le  manusctii  t>a 
voyé  au  concours  ne  peut  pas  être  réclamé  ;  il  est  déposé  aui 
archives  de  la  Compagnie.  Toutefois  l'auteur  peut,  après  h\>'' 
clamât  ion  du  résultat  du  concours,  faire  prendre  copie  «le  ^î 
travail. 

L'Académie  accorde  gratuitement  à  Fauteur  du  niéipoirt 
dont  elle  a  ordonné  Fimpression  cinquante  exemplaires  lire^  s 
part  et  lui  laisse  la  faculté  d'en  obtenir  un  plus  grand  Donibr: 
a  ses  frais. 

NÉCROLOGIB.  ~  M.  le  docteur  Peulevé  Victor  vient  !• 
mourir  à  Amiens.  Ancien  interne  des  hôpitaux,  il  se  fil  remarf  ^ 
par  son  dévouement  pendant  l'épidémie  cholérique  de  \0'>''^ 
il  devint  chirurgien  en  chef  de  FHôlel-Dieu  et  professeur t: 
pathologie  externe  à  FEcole  secondaire. 


Mortalité  a  Paris  (4«  semaine,  du  20  au  2»')  ja"*";^ 
1889.  —  Population  :  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  li 
—  Variole,  5.  —  Rougeole,  49.  —  Scarlatine.  4.  -  <>f  "^ 
luche,  13.  —  Diphthérie,  croup,  43.  —  Choléra,  0.  -  l'I»"''''; 
pulmonaire,  188.  —  Autres  tuberculoses,  10.  —  Tumeur  i 
cancéreuses,  29  ;  autres,  5.  —  Méningite,  26.  -7  Cojij'cj 
tion  et  hémorrhagies  cérébrales,  63.  —  Paralysie,  i  7 
Ramollissement  cérébral,  11.  —  Maladies  organiques  du  cœur,  »' 
-—  Bronchite  aiguë,  39.  —  Bronchite  chronique,  43.  —  Broncti& 

Kneumonie,  41.  —  Pneumonie,  63.  —  Gastro-entérite:  sein,  j 
iberon,  34.  —  Autres  diarrhées,  6.  —  Fièvre  et  péritonite  m 
pérales,  3.  —  Autres  affections  puerpérales,  2.  —  Débilite  f^j 
génitale,  33.  —  Sénilité,  43.  —  Suicides,  8.  —  Aulrei^im>rt] 
violentes,  6.  —  Autres  causes  de  mort,  177.  —  ^*"'^ 
inconnues,  19.  —  Total  :  lOiO. 


OUVRAGES  DEPOSES  AU  BUREAU  DU  JOURNAL 

Guide  pratique  de  petite  chirurgie,  par  M.  le  docteur  Michel  Gan^rolitl'C.  1"^'  ' 
d'une  Icllrc  do  M.  le  professeur  iLéoii  Tripler.  1  vol.  iii-l2  de  IW  !«}.'''*•  ^^ 
4  planches  hors  Icxic.  Paris.  0.  Doiu. 

Vhygiine  du  vélocipédiste,  par  U.  le  docteur  P.  Tîsslê.  I  joli  t(i\ame  in-J\^ 
390  pages  et  40  ligures,  cartonné  avecfcrs  spéciaux  Paris,  0-  I^oi"-      *'  "' 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 


i8i68.  —  MoTTBROZ.  —  Imprimerie»  réuoios.  A,  nie  Mignofli  -.  ''*'^'* 


8  Kéviuek  1889  GAZETTK  HEBDOMAMIKK  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIKUKGIE  —  N"  6  -    10( 

SUPPLÉMENT  THÉRAPEUTIQUE 

DE    LA 

GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE   ET   DE  CIIIUUHGIE 


TIIëUAPEUTIUUE 

D«  l'eniplot  da  I««c(aeortaiii. 

Par  M.  le  docteur  Dklmis. 

M  est  un  cerlain  nombre  de  médicaments  qu'un  engoue- 
utcut  un  peu  irréfléchi  a  fait  négliger  pour  les  alcaloïdes, 
/e<  i^/ucosides  et  les  produits  dérivés  du  goudron  dont  la 
«îniuie  a  récemment  enrichi  la  thérapeutique.  Le  premier 
liiument  d'enthousiasme  passé,  la  plupart  des  praticiens 
<iiiit  sagement  revenus  aux  préparations  qui^  depuis 
longtemps,  avaient  fait  leurs  preuves*  Au  nombre  de  ces 
dernières  se  trouve  le  Sirop  de  lactucarium  d*Âubergier,  si 
ellicace  contre  les  rhumes,  les  bronchites,  les  toux  nerveuses 
ei  spasmodiques,  qui  tiennent  à  l'irritabilité  de  l'arbre 
(rachéo-broncbique. 

Le  médecin,  heureusement  pour  lui  et  pour  l'humanité, 
n'est  pas  uniquement  appelé  à  soigner  des  maladies  graves 
où  la  vie  est  immédiatement  en  péril  et  où  son  intervention 
(luit  être  énergique;  il  est  souvent  consulté  pour  des  indis- 
positions légères  qu'il  doit  empêcher  de  s'aggraver,  ou  bien 
il  doit  remédier  à  un  symptôme  morbide,  peu  dangereux 
par  lui-même,  mais  susceptible  d'exaspérer  la  maladie 
principale. 

Qu'un  enfant,  au  moment  de  l'évolution  dentaire,  soit  pris 
d'une  ces  toux  quinleuses  à  caractère  laryngé,  \b  premier 
devoir  du  médecin  sera  de  calmer  ces  quintes  sous  peine  de 
les  voir  dégénérer  en  véritable  bronchite  et  même  d'ouvrir 
la  porte  au  bacille  de  la  pneumonie.  Qu  un  phthisique  pris 
de  toux  opiniâtre  vomisse  ce  qu'il  vient  de  manger,  que 
le  repos  de  ses  nuits  soit  troublé  par  la  violence  même  des 
quintes,  et  la  maladie  principale  en  recevra  un  fameux  coup 
de  fouet. 

Et  les  arthritiques,  les  asthmatiques,  les  emphysémateux, 
les  cardiaques,  combien  leur  affection  n'est-elle  pas 
a<,'gravée  par  la  fatigue  de  la  toux,  que  le  médecin  doit 
combattre  de  prime  abord  ! 

Pour  des  syndromes  aussi  complexes  que  la  toux  et  l'in- 
somnie que  tant  de  causes  peuvent  provoquer,  les  médi- 
caments simples,  univoques,  ne  conviennent  pas  ou  doivent 
être  employés  à  des  doses  énormes.  Sans  vouloir  contester 
la  su|>ériorité  fréquente  des  alcaloïdes  sur  les  extraits,  il  est 
cependant  un  grand  nombre  de  cas  où  ces  derniers  sont  à 
juste  titre  préférés  par  les  praticiens.  C'est  ce  qui  fait  que 
Ion  emploie  les  préparations  de  digitale  plutôt  que  les 
diiîitalines,  que  la  méco-narcéine,  dont  M.  Labordc  entre- 
tenait  dernièrement  l'Académie  de  médecine,  est  bien  plus 
active  que  la  narcéine presque  inerte;  enfin,  pour  parler  du 
dernier  venu  dans  cette  série,  que  l'extrait  de  strophantus 
nspire  plus  de  confiance  que  la  strophantine  (1). 

Ui  buciiuoy,  Académie  de  médecine,  soaacc  du  8  janvier  1880. 


La  même  raison  explique  la  supériorité  du  Sirop  de 
lactucarium  d'Aubergier,  malgré  la  quantité  très  faible 
d'opium  qu'il  contient  et  qui  serait  absolument  inefficace  si 
elle  était  employée  seule.  Le  savant  et  persévérant  doyen  de 
la  Faculté  des  sciences  de  Clermont  qui,  à  force  de  recher- 
ches et  d'essais,  est  parvenu  à  cultiver  en  grand  dans  les 
plaines  de  la  Limagne  la  laitue  vireuse  {Lactuca  virosa 
altissima),  a  passé  une  partie  de  son  existence  à  démontrer 
les  propriétés  calmantes  et  adoucissantes  de  cette  plante. 
L'Académie  de  médecine  finit  par  se  rendre  à  l'évidence  et 
approuva  celte  préparation  qui  fut  inscrite  au  Codex 
de  1862.  Bien  rares,  on  le  sait,  sont  les  formules  pharma- 
ceutiques qui  ont  obtenu  cette  suprême  consécration. 

Mais  il  est  nécessaire  que  le  Lactucarium  soit  préparé 
avec  des  précautions  spéciales  très  minutieuses  qui  ne  sont 
nullement  observées  pour  le  Lactucarium  du  commerce  que 
l'on  cherche  à  obtenir  avant  tout  à  bon  marché  (1).  Il  est 
indispensable  de  conserver  dans  le  suc  du  Lactucarium 
tous  les  principes  correctifs  qui  exaltent  les  propriétés  de 
l'opium  tout  en  diminuant  ses  efl*ets  irritants.  Aussi  le  Sirop 
d'Aubergier  possède-t-il  les  propriétés  caïman*  es  et  sédatives 
de  l'opium,  sans  provoquer  aucun  des  symptômes  de  con- 
gestion cérébrale,  de  constipation  ou  d'inappétence,  ce 
qui  lui  permet  d'être  parfaitement  toléré  par  tous  les  tem*^ 
péraments. 

Ainsi  que  le  disait,  un  jour,  un  de  nos  maîtres  en  théra- 
peutique, le  docteur  Jules  Simon,  médecin  de  l'hôpital  des 
Enfants,  c'est  un  excellent  médicament  de  la  coqueluche  et 
du  faux  croup  des  enfants.  Employé  au  début  des  rhumes,  il 
fait  cesser  toute  irritation  et  fait  merveille  comme  calmant 
nocturne,  là  où  les  opiacés  eux-mêmes  échouent  ou  pro- 
duisent mauvais  effet,  ainsi  que  l'ont  démontré  les  expé*- 
riences  (2)  de  H.  Deschamps  d'Aval  Ion  et  de  Debout. 

En  somme,  c'est  une  excellente  préparation  que  les  pra- 
ticiens ont  eu  raison  de  continuer  à  prescrire  en  dépit  de 
l'avalanche  des  nouveautés  thérapeutiques,  parce  qu'elle 
agit  selon  les  préceptes  de  l'ancienne  médecine,  citOy  tuto 
et  jucunde. 

(1)  Le  Lactucarium,  obtenu  par  incUion  dc«  tigea  do  la  lactuca  virosa 
altittima,  revient  à  300  francs  lo  kilogrammo.  Le  Lactucarium  du  cumincrcu, 
|irci>aro  à  cliiiud  avec  toute  la  laitue  ordinaire,  coûte  âO  francs,  mais  est  cumplc- 
tomenl  inerte. 

(i)  Compcndinm  de  hoschaïups  («l'Avallon),  p.  3ii,  ul  Matière  médicale  el  thé- 
rapeutique de  MoHcliurdnl,  p.  70. 

(Gazelle  dea  héintaax*) 


102 


N"  6  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


8   FÉVRIEII   i8»<.l 


THÉRAPEUTIQUE 


IMaladlcci  du  cceiir. 


Les  alTections  cardiaques  comptent  parmi  les  plus  nom- 
breuses et  les  plus  graves  maladies  de  notre  époque.  Les 
excès,  les  passions,  la  lutte  pour  la  vie  dans  les  villes,  les 
intempéries,  les  fatigues  du  travail  pénible  dans  les  cam*- 
pagnes,  les  font  naître  et  se  développer  chacjue  jour  de  plus 
en  plus.  Il  est  facile,  en  parcourant  les  bôpilaux,  de  recon- 
naître celte  vérité. 

Malheureusement,  nos  ressources  thérapeutic|ues  ne  sui- 
vent pas  la  même  progression,  el  c'est  à  peine  si  le  médecin 
arrive  aujourd'hui  à  calmer  les  douleurs  de  la  lente  agonie 
du  cardiaque.  La  digitale  a  toujours  été  jusqu'à  présent  le 
cheval  de  bataille  dans  ce  genre  de  maladies,  mais  c'est 
une  arme  à  deux  tranchants  qu'il  faut  employer  avec  dis- 
cernement, car  elle  est  dangereuse,  a  dit  M.  Fernel  à  la 
Société  de  thérapeutique,  lorsqu'elle  est  administrée  hors 
de  propos  ou  sans  mesure.  Ses  indications  en  sont  bornées 
et  passagères,  et  on  comprend  la  désolation  de  l'homme  de 
l'art,  obligé  de  rester  l'arme  au  bras,  spectateur  inactif  des 
soulfrances  qu'il  ne  peut  ni  prévenir,  ni  arrêter  dans  une 
évolution  parfois  si  longue,  qu'elle  fait  du  malade  un  véri- 
table martyr. 

Cela  explique  aussi  pourquoi  la  thérapeutique  ne  se  lasse 
pas  de  demandera  la  matière  médicale  des  ressources  nou- 
velles contre  les  affections  cardiaques.  Aussi,  il  y  a  deux 
ans,  avait-on  salué  avec  enthousiasme  la  révélation  du  pro- 
fesseur G.  Sée  sur  les  vertus  diurétiques  et  sédatives  du 
muguet,  mais  les  aveux  de  M.  Moutard-Martin,  de  M.  Fer- 
rand  et  de  la  plupart  des  docteurs  qui  l'ont  employé  ont 
empêché  le  Convallaria  maialis  de  remplir  la  lacune  pro- 
fonde qui  existe  dans  le  traitement  des  maladies  de  cœur  à 
la  période  où  la  digitale  est  inutile  ou  dangereuse. 

Dernièrement  M.  G.  Sée  vient  de  faire  à  l'Académie  une 
importante  communication  sur  les  propriétés  de  la  slro- 
^  phantine  dont  il  exalte  avec  enthousiasme  la  puissance  et 
qu'il  emploie  à  la  dose  d'un  à  deux  cinquièmes  de  milli- 
gramme, ce  qui  indique  assez  l'activité  de  ce  médicament. 
Jusqu'ici  les  praticiens,  M.  Bucquoy  entre  autres,  ne  se 
servaient  que  du  strophantus  dont  ils  obtenaient  des  effets 
remarquables,  et  dans  cette  même  séance  de  l'Académie, 
un  savant  académicien,  répondant  à  M.  G.  Sée,  établit  les 
raisons  qui  doivent  faire  préférer  le  strophantus. 

Il  y  a,  dit-il.  actuellement  cinq  variétés  de  strophantine 
el  mênio  une  slrophantidine,  toutes  nocives  au  plus  haut 
degré,  mais  plus  ou  moins.  A  laquelle  accorder  la  préfé- 
rence? l^eur  prescription  peut  donner  lieu  à  dos  erreurs 
fatales.  11  se  passe  donc  ici  ce  qui  a  déjà  lieu  pour  les 
variétés  de  digitaline,  tandis  que  le  strophantus  est  un  bon 
médicament  presque  su|3érieuràla  digitale,  d'après  l'hono- 
rable académicien.  Mais  ici  encore,  poursuit-il,  on  se 
trouve  dans  un  certain  embarras;  il  existe  plusieurs  espèces 
de  teintures,  il  y  a  la  teinture  au  cinquième,  au  dixième, 
au  vingtième;  il  y  a  aussi  l'extrait  de  strophantus!  N'est-il 
pas  préférable,  pour  éviter  des  erreurs  dangereuses,  d'em- 
jiloycr  la  poudre  de  strophantus  au  lieu  des  teintures  varia- 
oies  et  de  la  strophantine,  de  même  nu'on  emploie  la  digi- 
tale au  lieu  de  la  teinture  et  de  la  digitaline?  S'il  est  un 
point  sur  lequel  tout  le  monde  est  d'accord,  c'est  celui-ci  : 
que  la  poudre  de  digitale  a  une  action  complexe  bien  plus 
efûcace  que  la  digitaline!!  Il  en  est  de  même  pour  la  pou- 
dre de  strophantus  qui  met  les  praticiens  à  l'abri  d'erreurs 
faciles  dans  la  prescription  d'un  alcaloïde  qui  agit  si  puis- 
samment à  si  petites  doses. 

La  poudre  de  strophantus  est  une  des  bases  de  la  compo- 
sition des  dragées  toni-cardiaques  Le  Brun,  chacune  d'elles 


en  contient  un  centigramme,  et  le  praticien,  en  les  em- 
ployant à  doses  progressives  et  en  débutant  par  trois  dragées 
par  jour,  n'a  point  d'erreurs  à  redouter. 

Les  dragées  Le  Brun  contiennent  encore  deux  aulro> 
éléments  de  succès,  la  caféine  et  l'iodoforme. 

D'après  le  docteur  Huchard,  la  caféine  est  sujjérieurc  ;i 
la  digitale  par  sa  rapidité  d'action,  car  elle  produit  rapide- 
ment la  diurèse  en  douze  ou  vingt-quatre  heures,  de  plus 
elle  ne  fatigue  pas  l'estomac,  elle  ne  s'emmagasine  poiiii, 
tant  elle  s'élimine  rapidement  ;auand  la  digitale  est  impuis- 
sante ou  nuisible,  par  exemple  dans  le  cas  de  dégéné- 
rescence graisseuse  et  quand  i'asystolie  se  complique  d'un 
véritable  état  cardioplégique,  la  caféine  peut  dans  ces  con- 
ditions rendre  de  réels  services. 

Le  docteur  Henri  Huchard  conclut  en  disant  que  la  caféine 
est  un  médicament  cardiaque;  Gubler,  lui,  la  re;;ardait 
comme  «  un  diurétique  idéal  aussi  efficace  qu'inolTensil  ». 

Le  professeur  Lépine,  de  Lyon,  et  le  docteur  (lirard, 
dans  sa  thèse  remarquable,  disent  que  la  caféine  à  iost^ 
thérapeutique  détermine  la  diminution  de  fréquenco  du 
pouls,  l'augmentation  de  la  tension  artérielle  et  de  la  séné 
lion  urinairc,  enfin  (ju'elle  rend  les  plus  grands  servies 
dans  le  traitement  des  maladies  du  cœur  arrivées  à  leur 
dernière  période  (rétrécissement  et  insuffisance  mitrale, 
tricuspidienne,  athéromes  de  la  mitrale,  etc.). 

Mais  dans  presque  toutes  les  maladies  du  cœur,  il  y  a 
des  symptômes  qui  fatiguent  horriblement  les  malades;  la 
dyspnée,  les  étouffemenls,  la  toux,  la  fièvre,  les  vertiges, 
l'insomnie,  oui  accompagnent  presque  infailliblemenl  les 
lésions  valvnlaires  et  des  orifices.  En  outre,  la  plupart  des 
maladies  du  cœur  sont  compliquées  d'athéromasie  due  à 
l'usage  des  vins  presque  tous  alcoolisés  aujourd'hui.  Il  nous 
restait  à  les  amoindrir  et  à  les  faire  disparaître  el  pour  y 
parvenir  l'iodoforme  procure  la  ressource  la  plus  précieuM* 
par  ses  verlus  résolutives. 

D'après  M.  Testa,  Viodo forme  agit  très  favorablenieni 
dans  les  cas  de  lésions  organiques  du  cœur  et  dissipe  raj'- 
ment  tous  les  troubles  fonctionnels  symptomatiqucs  d'uuc 
lésion  des  valvules  ou  des  orifices. 

L'iodoforme  agirait  d'une  part  en  combattant  les  dégéné- 
rescences ou  les  tendances  à  la  dégénérescence  scléreuse, 
d'autre  part  en  ralentissant  les  contractions  cardiaques,  ce 
qui  permet  au  cœur  de  mieux  se  vider  de  son  contenu. 

Grâce  à  ces  trois  agents  puissants,  les  dragées  toni-car- 
diaques procurent  une  sédation  rapide  sur  les  cardiaquei^ 
les  plus  gravement  atteints. 

Lorsque  l'œdème  est  extrême,  les  selles  rares,  ou  iJi 
miction  insuffisante,  les  purgatifs  drastiques,  m  denv 
verres  à  bordeaux  le  matin  de  Royale  honaroise,  soulajieni 
beaucoup  le  malade  et  facilitent  l'action  des  dragées  loni- 
cardiaques^  qui  agissent  alors  plus  promptemenl. 

Au  résumé,  ralentissement  et  régularisation  des  baU»'- 
nients  du  cœur,  disparition  de  la  toux,  de  la  dyspnée,  nc> 
concrétions  scléreuses,  tonification  des  fibres  cardiaques, 
diurèse  abondante  et  prompte,  possibilité  de  continuer  sans 
danger  une  médication  bienfaisante,  tels  sont  les  avantai^es 
que  les  dragées  toni-cardiaques  de  Le  Brun  présentent  sur 
la  digitale  et  qu'on  constate  avec  un  ou  deux  flacons,  si  o» 
augmente  hardiment  la  dose  jusqu'à  ce  que  la  diure^c 
s'établisse. 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant 


18iG8.  —  lioiTEROZ,  Imprimeries  réunies,  ▲,  lue  Mignon,  î.  P*"*' 


Trente-sixième  année 


W  7 


15  Février  1880 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CBIRIRGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDilS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M«  LB  D'  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 
liM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  G.  DIEULAFOT,  DRETFUS-BRISAC,  FRARCOIS-FRARCK,  A.  HÊROCQUE,  A.J.  lARTIH,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ee  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lireboullr,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


S^OHMAIRB.  —  Bulletin.  Académie  de  médecine.  —  THénAPBUTlQUE.  Les 
miiitaWoQ»  thérapeutiques  des  mercuriaux  comme  diurétiques.  —  CONTRIBU- 
TiO!«$  PHARIACSUTIQUKS.  Les  Uvemcnts  narcotiques.  —  Rbvub  des  couns'BT 
i)a  amifiUKS.  Hospice  de  la  Salpôtrièro  :  M.  le  professeur  Charcol.  —  Tra- 
VACX  ORiciNAVX.  Patlioloçic  générale  :  Nouveaux  faits  confirmant  l'origine 
ri}ttine  du  tétanos.  —  SOCIETES  savantes.  Acadômie  de  médecine.  >-  Société 
is«JicaIt)  des  bàpiUux.  —  Société  de  cliirargte.  —  Société  de  biologio.  ~ 
Bibliographie.  De  réliologie  de  la  pUthisio  pulmonaire  et  laryngée.  —  VAniÉ- 
T!^'*.  Reforme  de  Toxamcn  d'aptitude  des  roddccins-roajors  de  rarmée.—  Concours 
d'agrégation  de  médecine  et  do  cliirurgie. 


BULLETIN 

Paris,  13  février  1889. 
Académie  de  médecine  :  Le  tétanos.  —  L'origine  do  la 

fièvre.  —  La  mortalité  dans  l'armée  et  la  Ootte. 

La  discussion  de  l'étiologie  du  tétanos  est  rouverte  devant 
]  Académie  et  nous  publions  aujourd'hui  un  nouveau  tra- 
rdil  de  M.  Verneuil  à  l'appui  des  considérations  qu'il  dé- 
fend avec  tant  de  conviction  et  d'énergie.  Hier,  dans  un 
Iticellent  discours,  aussi  net  et  concis  dans  la  forme  que 
riche  d'observations  personnelles  et  d'expérience  clinique, 
k.  Nocard  est  venu  affimer  à  son  tour  que  le  tétanos  était 
vae  maladie  infectieuse  et  inoculable,  par  conséquent 
^raiismissible  d'un  animal  à  un  autre  ou  de  l'animal  à 
Ihomme  par  contact  médiat.  Pas  plus  que  M.  Leblanc, 
H.  Nocard  n'admet  la  contagion  directe.  Comme  lui,  il  croit 
fi  rinfluence  de  causes  générales  et  de  prédispositions  in- 
dividuelles. Mais  ce  sont  là  des  arguments  que  M.  Verneuil 
ne  contredit  point.  Il  en  est  de  même  pour  toutes  les  ma- 
ladies infectieuses.  Il  faut  un  certain  degré  de  réceptivité 
individuelle  pour  qu'un  virus,  quel  qu'il  soit,  puisse  se 
ilf'ielopper  dans  l'organisme.  Il  faut  souvent  qu'une  in- 
luence  extérieure,  déprimante  comme  le  surmenage  ou 
ictive  comme  le  refroidissement,  vienne  mettre  cet  orga- 
Qisme  en  état  de[réceplivité,  pour  que  la  maladie  se'déclare. 
Cela  ne  veut  point  dire  d'ailleurs  que  celle-ci  n'est  pas 
provoquée  soit  par  un  microbe  spécifique,  soit  plus  souvent 
encore  par  les  produits  de  sécrétion  de  ce  microbe.  M.  Le- 
klauc,  dont  la  grande  expérience  apportait  au  débat  toute 
loe  série  d'observations  très  intéressantes  à  examiner,  a 
en\isagé  la  question  du  tétanos  au  point  de  vue  de  la  con- 
tagiosité telle  qu'on  l'admettait  jadis.  Jamais,  a-t-il  dit,  on 
ke  voit  un  cheval  transmettre  à  son  voisin  la  maladie  dont 
il  est  atteint.  M.  Trasbot,  qui  sans  doute  parlera  mardi  pro- 
èfiâin  dans  le  même  sens,  avait  déjà  devant  la  Société  de 
Uiérapeulique  (voy.  Gazette  hebdomadaire,  1888,  p.  774), 
I  «•  Siais,  T.  XXVI. 


insisté  dans  le  même  sens.  Mais  n'en  est-il  pas  de  même  pour 
le  charbon  ;  ne  faut-il  pas  que  la  bacléridie  charbonneuse  ait 
passé  par  le  sol  pour  transmettre  la  maladie  à  tout  un  trou- 
peau? N'en  est-il  pas  également  ainsi  pour  la  fièvre 
typhoïde  ?  Et  n'en  faut-il  pas  conclure  que  si  la  contagion 
médiate,  c'est-à-dire  Tinoculation  des  produits  virulents, 
réussit  dans  un  grand  nombre  de  cas,  ce  n'est  point  à  dire 
pour  cela  que  la  maladie  ainsi  inoculable  soi;  directement 
contagieuse. 

Quant  à  l'influence  des  causes  extérieures  sur  la  propa- 
gation du  tétanos,  elle  est  considérable  et  M.  Nocard  a  bien 
eu  raison  de  rappeler  qu'il  en  est  de  même  pour  la  pneu- 
monie... et  beaucoup  d'autres  maladies  aujourd'hui  recon- 
nues pour  être  microbiennes.  Cela  ne  veut  pas  dire  toute- 
fois qu'il  faille  nier  l'existence  ou  l'influence  du  microbe. 
La  guérison  du  tétanos  par  une  amputation  secondaire 
semble  bien  prouver  qu'il  existe,  qu'il  reste  localisé  dans 
les  tissus  où  il  a  été  inoculé  et  que  ses  produits  de  sécré- 
tion vont  se  porter  un  peu  partout  et  déterminer  la'maïadie. 

Après  un  assez  long  débat,  que  l'intervention  de  M.Trélat 
a  fait  résoudre  conformément  au  règlement  de  l'Académie 
et  aux  intérêts  scientifiques  que  celle-ci  a  pour  mission  de 
protéger  et  de  défendre,  il  a  été  décidé  que  M.  Hayem  ferait 
mardi  prochain  un  rapport  sur  le  travail  qu'il  venait  de 
présenter  au  nom  de  sou  élève  M.  Roussy.  Il  convient  d'es- 
pérer que,  durant  cette  semaine,  M.  Roussy  se  décidera  à 
faire  connaître  la  source  ou  la  nature  du  produit  pyrétogène 
qu'il  a  découvert.  On  ne  peut  discuter  devant  une  Académie 
ni  sur  un  remède  secret  ni  sur  les  résultats  d'un  procédé  de 
laboratoire  que  son  auteur  ne  divulgue  pas.  Il  nous  semble 
que  si  M.  ^Roussy  prétend  garder  secrets  ses  procédés  de 
recherche,  M.  Hayem  ferait  mieux  de  ne  pas  lire  de  rapport 
à  ce  sujet.  Les  plis  cachetés  existent  pour  assurer  la  prio- 
rité de  découvertes  encore  trop  peu  précises  pour  pouvoir 
être  officiellement  divulguées. 

—  L'important  travail  de  M.  Lagneau  sur  la  mortalité 
comparative  des  marins  et  des  soldats  français  dans  les 
diverses  colonies  comble  une  lacune  qui  avait  été  signalée 
depuis  longtemps,  notamment  par  nos  confrères  de  la 
marine.  Il  a  toujours  semblé  que  les  administrations  publi- 
ques redoutaient  les  investigations  des  démographes  et 
qu'elles  fuyaient  la  lumière  ;  cependant  il  n'en  est  pas  une 
qui  n'y  ait  puisé  des  renseignements  utiles  et  qui  n'ait  eu 
finalement  à  s'en  féliciter.  M.  Lagneau,  avec  une  patience 
et  une  érudition  qu'on  ne  saurait  trop  reconnaître,  a  fait  à 
lui  seul  ce  travail  considérable  que  l'administration  n'avait 

7 


102    —  N»  7  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         45  Février  1889 


pas  encore  osé  tenter.  Les  résultats  qu'il  en  a  tirés  montrent 
les  immenses  services  rendus  à  Thygiène  coloniale  par  le 
corps  de  santé  dans  les  diverses  contrées  où  la  France  a 
planté  son  drapeau;  ils  montrent  aussi  sur  quels  points 
particuliers  ces  efforts,  dévoués  et  autorisés,  devront  por- 
ter. A  ces  divers  titres,  cette  communication  aura  un  grand 
retentissement. 


THÉRAPEUTIQUE 

Les  indications  thérapeutiques  des    mercnrlaux 
comme  diurétiques. 

On  n'a  pas  oublié  —  c'est  de  l'histoire  contemporaine  — 
l'étonnement  que  causa  le  mémoire  où,  dans  les  Deutsche 
Archiv,  fur  klinische  Medic,  de  1886,  Ernst  Jendrassik 
annonçait  aux  thérapeutes  la  puissance  diurétique  du 
calomel. 

On  s'étonna,  mais  bien  à  tort  ;  il  ne  s'agissait  ni  d'une 
révélation,  ni  d'une  découverte  originale,  mais  seulement 
d'une  restitution.  Le  hasard  de  l'expérimentation  clinique 
venait,  en  effet,  de  rendre  au  calomel  une  vertu  que  nos 
anciens,  sans  pouvoir  en  donner  raison,  attribuaient  à 
diverses  préparations  mercurielles. 

Paracelse,  J.  Frank,  Boerhave,  Hoffmann,  étaient  de 
ceux-là.  Plus  près  de  nous,  à  la  page  408  de  son  Traité  de 
médecine  pratique,  Vierre  Franck  n'avait-il  pas  écrit  une 
phrase  que  les  modernes  inventeurs  de  cette  ancienne 
médication  liront,  je  pense,  avec  intérêt  et  dans  laquelle  il 
précisait  les  indications  de  son  emploi  diurétique  en  disant: 
€  On  a  vu  une  petite  quantité  de  mercure  doux  dissiper, 
par  un  flux  abondant  d'urine,  une  ascite  compliquée  d'ana- 
sarque.  y>  Il  ajoutait  encore  :  «  Par  l'addition  au  calomelas, 
d'une  petite  quantité  d'opium,  on  prévient  l'effet  purgatifs; 
il  remarquait  ainsi,  comme  d'autres  l'ont  fait  depuis,  que  cette 
action  diurétique  du  calomel  est  indépendante  de  son  action 
purgative. 

Vint  Stokes.  Plus  affirmatif  encore,  il  recommandait 
chaleureusement  le  calomel  contre  n  l'anasarque,  accom- 
pagnant l'affaiblissement  du  cœur  et  sa  dilatation  i>  et  en 
attribuait  l'action  thérapeutique,  non  pas  au  ptyalisme,  non 
pas  à  un  effet  spécifique  du  mercure,  mais  bien  à  ses  pro- 
priétés diurétiques. 

Ces  citations  suffisent.  Je  rappelle  seulement  que  Saharjin 
a  fort  opportunément  insisté  sur  la  méthode  du  médecin 
anglais  dans  le  n**  1  du  Centralblatt  fur  die  gesammte 
Thérapie  de  1886.  Je  rappelle  encore  que  M.  Longuet  a 
aussi  insisté  l'un  des  premiers  sur  ce  point  d'histoire,  et 
je  passe  outre  pour  me  placer  au  point  de  vue,  le  seul  d'ail- 
leurs intéressant  ici,  des  indications  thérapeutiques,  de 
la  physiologie  et  de  la  posologie  des  mercuriaux  comme 
diurétiques  contre  les  hydropisies. 

1 

Revenons  donc,  dans  le  présent,  à  la  première  observa- 
tion de  Jendrassik.  On  l'a  souvent  reproduite  :  elle  est 
classique  ;  je  l'abrège. 

Nous  sommes  à  la  clinique  de  M»  Wagner,  à  Buda-Pest, 
en  présence  d'un  hydropique.  Son  anasarque  est  considé- 
rable. D'où  vient-elle?  De  troubles  circulatoires.  A  quelle 
cause  attribuer  ces  derniers  ?  M.  Jendrassik  l'ignore.  Il 


pense  cependant  à  la  syphilis.  C'est  d'intuition;  il  Tavouc; 
ce  n'est  pas  un  diagnostic  ferme.  Et  puis  quand  on  hésile 
c'est  si  commode,  la  syphilis...  et  parfois  si  réel  I 

Il  prescrit  donc  le  calomel,  non  pas  le  calomel  seul,  mais 
une  préparation  purgative  fort  classique,  un  mélange  de 
calomel  et  de  jalap  à  petites  doses.  Deux  jours  se  passent,  le 
malade  urine  abondamment  et  l'œdème  disparait. 

Encouragé  par  ce  résultat  inattendu,  M.  Jendrassik  entr& 
prend  des  essais  systématiques,  sur  sept  cardiaques.  L'étal 
général  de  ces  malades  est  grave;  ils  accusent  des  troubles 
respiratoires,  de  l'asystolie,  de  l'hydropisie,  de  rœdèmc  des 
membres  inférieurs  et  de  l'oligurie.  Leur  cœur  et  leurs 
vaisseaux  ont  résisté  à  la  digitale.  Même  impuissance  de  la 
caféine.  H.  Jendrassik  administre  le  calomel,  et  voici  que, 
le  surlendemain,  c'est-à-dire  après  quatre  ou  cinq  doses 
quotidiennes  de  chacune  20  centigrammes,  la  diurèse 
augmente  et  rapidement  s'élève  à  7,  8  et  même  9  litres  par 
vingt-quatre  heures. 

Il  est  vrai  que  cette  diurèse  s'atténue  bientôt  en  raison 
directe  de  la  résolution  de  l'anasarque,  que  cette  action 
diurétique  s'épuise,  et  qu'après  un  temps  plus  ou  moin^ 
long  et  la  cessation  du  calomel,  les  hydropisies  récidivent, 
H.  Jendrassik  revient  à  la  préparation  mercurielle:  mêmes 
effets  thérapeutiques.  Bref,  ce  que  Stokes  avait  écrit  avani 
lui,  M.  Jendrassik  le  voyait  à  son  tour. 

Le  calomel  posséderait  donc  des  vertus  diurétiques  et  les 
seuls  inconvénients  de  son  emploi  seraient  ceux  du  mercu^ 
rialisme commençant:  la  saveur  métallique,  le  ptyalisme, 
la  stomatite  et  parfois  la  diarrhée.  Le  thérapeutiste  hongrois 
l'affirme  :  c'est  sa  conclusion. 

D'autres  observateurs,  dont  le  nombre  est  aujourd'hui  fori 
grand,  ont  reconnu  et  étudié  ces  vertus.  Ils  les  ont  vanléei 
avec  une  admiration  parfois  enthousiaste,  et  actuellement| 
après  un  long  oubli,  ils  proposent  de  rendre  au  mercure  ni 
rang  élevé  dans  l'arsenal  assez  pauvre  de  la  médication 
diurétique. 

Après  les  observations  de  M.  Jendrassik,  celles  (h 
M.  Stiller.  Dans  le  Wiener  medicinische  Wochenschrifl 
de  1886,  cet  observateur  n'hésitait  pas  à  proclamer  la  palS' 
sance  hydragogue  du  calomel,  ce  qui  était  assez  classique,  ei 
à  célébrer  —  ce  qui  l'était  moins  —  sa  supériorité  sur  \\ 
digitale. 

A  cet  effet,  il  énumérait  ses  essais  et  ses  succès.  Ceux-c 
sont  aussi  nombreux  que  ceux-là.  Quatorze  cardiaques  ingc 
rent  du  calomel  ;  tous  urinent  abondamment  du  troisiètm 
au  quatrième  jour.  Pas  un  seul  revers  !  De  telles  victoire 
ne  sont-elles  pas  inaccoutumées,  avec  les  meilleurs  agent 
de  la  matière  médicale  ? 

Même  satisfaction  de  la  part  de  M.  Mendelsohn  {Deui 
medicin,  Woch,^  1886,  iV  45).  Il  afûrme  celte  souveraini 
puissance  diurétique  du  calomel  à  laquelle  aucun  de  se 
malades  n'a  pu  résister.  C'est  plus  qu'une  victoire,  c'est  ui 
triomphe  ! 

£n  février  1887,  Nothnagel  dépose  à  son  tour  en  faveur  d< 
cette  médication.  Du hautdesachaire  magistrale,  il  proclama 
son  efficacité  contre  les  hydropisies  réfractairesàladigitale,i 
la  caféine  et  au  salicylate  de  soude.  De  plus  —  fait  noté  pal 
Stokes  —  il  déclare,  lui  aussi,  que  l'action  diurétique  dt 
calomel  n'est  pas  immédiate,  qu'elle  se  fait  parfois  attende 
et  qu'elle  peut  manquer,  malgré  l'ingeslioa  régulière  d( 
doses  convenables  durant  plusieurs  jours. 

Il  remarque  aussi,  toujours  après  Stokes,  dont  on  onblii 
souvent  de  citer  le  nom,  que  cette  infidélité  est  éphémère 


15  Février  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N»  7  —      103 


Le  calomel  a  échoué  une  première  fois.  Est-ce  un  motif  d'en 
fesser  l'usage  ?  Non  ;  il  faut  répéter  la  prescription.  Un 
premier  échec  ne  doit  pas  rebuter  le  Ihérapeulisle  et  faire 
abandonner  le  médicament.  Le  médecin  anglais  l'avait  dit;  le 
médecin  viennois  le  répète  :  «  Il  faut  y  revenir  à  plusieurs 
reprises,  ^ 

M.  Nothnagel  rapporte  Thistoire  de  deux  malades. 
C'est  peu,  ce  serait  même  très  insuffisant.  Voici  heureuse- 
ment M.  Rosenstein  qui  présente  seize  cas  de  cardiopa- 
thie, traités  par  le  calomel.  C'est  mieux. 

Treize  fois,  déclarait-il  le  7  mars  1887  à  la  Société  de 
mdecine  interne  de  Berlin,  il  a  par  cette  méthode  provoqué 
f  une  polyurie  paroxysmale  :»,  après  l'échec  de  la  digitale 
et  Fadministration  inutile  de  la  caféine.  Trois  fois  seule- 
ment Taclion  diurétique  ne  se  produisit  pas.  Voilà  des 
rêsnllats  un  peu  différents  de  ceux  annoncés  par  Jendrassik, 
)Iendelsohn  et  Stiller.  Ils  auraient  été  de  nature  à  modérer 
l'aotesiasme,  si  le  même  observateur  ne  les  avait  exa- 
gérés en  proclamant  à  tort  l'utilité  fort  contestable  du 
calomel  dans  huit  cas  de  néphrite.  Onze  fois  cependant  il 
avait  observé,  avouait-il,  des  stomatites  et  des  diarrhées  pro- 
foses  justiciables  seulement  de  l'opium. 

Quelques  jours  après,  le23  mars,  devant  la  même  Société, 
M.  Leyden  apportait  à  son  tour  un  contingent  de  preuves 
cliniques  sur  la  valeur  de  cette  médication.  Son  témoignage 
était  plus  réservé.  Dans  trois  cas  de  cirrhose  hépatique  avec 
ascite,  une  seule  fois  l'ascite  cédait  à  l'action  diurétique 
du  calomel.  Dans  quatre  cas  de  cardiopathie  avec  asysto- 
lie,  H.  Leyden  avait  été  plus  fortuné  et  avait  obtenu  quatre 
fois  la  disparition  de  l'hydropisie.  Son  collègue,  M.  Bast, 
n'avait  pas  été  moins  heureux  chez  un  cardiaque  artério-sclé- 
reux  et  hydropique.  Enfin,  même  succès  dans  une  série 
de  neuf  cardiopathies  où  M.|  Biro  employa  cette  médica- 
tion. 

Cependant  voici  un  autre  témoignage.  Il  est  moins  opti- 
miste. M.  Furbringer  l'a  professé  devant  la  même  Société 
berlinoise  :  c  J'ai  bien,  répondait-il  à  ses  collègues,  obtenu 
nne  abondante  diurèse  par  l'administration  du  calomel, 
mais  cette  action  diurétique  est  éphémère.  Elle  cesse 
prompiement,  et  —  aveu  de  franchise  —  il  n'existe  pas  un 
seul  cas  dans  lequel  je  puisse  me  vanter  d'avoir  pu,  par 
cette  inédicatioUf  prolonger  pendant  un  instant  la  vie  d'un 
ml  malade.  > 

MM.Fraenkel  et  Drasche  (de  Vienne)  ne  formulent-ils  pas 
les  mêmes  réserves,  et  ne  donnent-ils  pas  à  entendre  que, 
si  le  calomel  échoue,  on  ignore  la  t^ause  de  l'échec,  et  que, 
s'il  réussit,  on  ne  peut  donner  la  raison  de  son  succès  ?  Au 
demeurant,  jusqu'à  présent,  il  n'y  a  pas  eu  de  l'autre  côté 
du  Rhin  cet  accord  unanime  des  observateurs,  dont,  tout 
dernièrement,  on  nous  affirmait  l'existence. 

Tout  récemment,  d'autres  travaux  ont  été  publiés  dans  le 
but  de  préciser  la  question:  tels  ceux  de  Schwass  (Berliner 
klinische  Woch.,  17  septembre  1888)  ;  de  Wladislas 
Bieganski  et  de  Stinlzing  {Deut.  Arch.  fiir  klin.  Med., 
Bd  43, 1887);  d'Ignajteff  {Petersburger  med.  Woch,,n^'  44, 
^888);  tel  surtout  celui  de  M.  Terray  {Wien.  med,  Press, 
1888,  n"  50),  se  plaçant  au  point  de  vue  plus  général 
dû  traitement  des  hydropisies  de  causes  diverses  par  ce 
médicament.  A  son  avis,  qui  de  jour  en  jour  devient  celui  de 
la  majorité  des  médecins  allemands,  le  calomel  rend  des 
services  contre  l'hydropisie  des  cardiaques.  Par  contre,  ces 
tertus  sont  moins  fidèles  et  moins  précieuses,  pour  com- 
battre les  anasarques  d'origine  rénale.  Il  n'est  pas  seul  à  le 


déclarer;  on  va  le  voir;  les  médecins  italiens  partagent 
cette  opinion. 

Passons  en  Italie.  Là  aussi  l'action  diurétique  du  calomel 
a  une  histoire.  Dès  1887,  à  la  réunion  de  l'Association 
médicale  italienne,  H.  Silva  et  M.  Balestreri  (de  Gênes) 
reconnaissaient  les  propriétés  diurétiques  de  ce  médica- 
ment. De  plus,  à  la  page  38  des  Annali  universali  di  medi^ 
cina  de  cette  même  année,  M.  Brugnatelli  leur  rendait  un 
chaleureux  hommage,  mais  —  circonstance  à  noter, — men- 
tionnait dans  l'observation  qu'il  publiait  l'association  du 
sel  mercuriel  avec  le  jalap.  Ces  résultats  thérapeutiques  se 
partageaient  donc  entre  l'agent  purgatif  et  le  médicament 
diurétique  ;  on  se  demande  auquel  des  deux  le  succès 
appartient.  Est-ce  à  l'émonction  intestinale  ou  bien  à 
l'éraonction  rénale  que  l'on  doit  l'attribuer? 

Sous  ces  réserves,  ces  trois  observateurs  raisonnent 
en  cliniciens  avisés  et  adoptent  une  opinion  moyenne. 
Pour  eux  le  calomel  est  un  diurétique  de  choix  chez  les 
cardiaques  et  tout  au  plus  un  diurétique  de  nécessité  che2 
les  rénaux  ! 

En  Hollande,  semblables  essais.  Dans  le  service  de  cli« 
nique  de  M.  Pel,  à  l'Université  d'Amsterdam,  M.  Meyzes 
administre  le  calomel  à  vingt-sept  cardiaques,  et  obtient  des 
résultats  favorables,  mais  inconstants.  Chez  ces  malades,  il 
existait  de  l'asystolie,  de  la  myocardile  graisseuse  et  des 
lésions  valvulaires  anciennes. 

En  Angleterre,  les  tentatives  ont  été  moins  nombreuses 
ou  plus  discrètes.  Malgré  le  nom  de  Stokes  attaché  à  cette 
médication,  il  semble  que  ses  compatriotes  ont  résisté  à 
cet  enthousiasme  contagieux.  Une  communication  de 
H.  Talfour  Jones  au  Congrès  de  1888  de  TAssociation 
médicale  britannique  s'y  rapporte.  Elle  a  pour  objet  un  cas 
d'ascite  hépatique  traité  par  le  calomel.  C'est  un  fait  à  rap« 
prêcher  de  ceux  dont  Obolenski  (de  Moscou)  a  publié 
l'histoire  en  1885  ;  ce  n'est  pas  un  document  décisif. 

Revenons  en  France.  Il  est  temps.  Malgré  la  prudence  de 
nos  compatriotes  à  l'égard  de  cette  médication,  rappelons, 
puisqu'on  a  omis  de  citer  son  nom  et  son  travail,  que 
M.  Lannois,  l'un  des  premiers,  sinon  le  premier  parmi 
nous,  la  signalait  dans  le  Lyon  médical  de  1886,  au 
retour  d'un  voyage  en  Autriche  et  d'une  visite  à  la  clinique 
de  Wagner.  Depuis,  avec  des  fortunes  variables,  elle  a  été 
essayée  dans  les  hôpitaux  de  Paris.  M.  H.  Huchard  en  fait 
usage  sans  résultats  décisifs  jusqu'à  présent  (Rertte  générale 
de  clinique  et  de  thérapeutique,  1889  n*»  6),  et  M.  A.  Mathieu 
a  conseillé  tout  récemment  de  la  mettre  à  Fessai  {Gaiette 
des  hôpitaux,  1889,  p.  53).  Quand  à  M.  G.  Sée,  il  se  déclare 
plus  satisfait  et  dans  l'une  de  ses  dernières  Leçons  il  en 
proclame  les  mérites,  après  ces  observateurs  de  nationalités 
si  diverses,  après  Collins,  après  Masius,  après  Snyers  et 
après  d'autres  encore. 

J'arrête  ici  cette  énumération.  Elle  est  incomplète,  je  le 
sais,  et  cependant  elle  me  paraît  suffisante  pour  dégager 
une  première  conclusion  pratique,  à  savoir  :  que  l'action 
diurétique  du  calomel,  observée  par  Stokes  et  quelques 
thérapeulistes  d'autrefois,  n'est  pas  une  illusion  thérapeu- 
tique. Loin  de  là;  elle  peut  même,  mais  exceptionnellement 
et  à  défaut  d'autres,  devenir,  entre  des  mains  expérimen- 
tées, une  ressource  suprême  de  la  médication  hydragogue. 

II 
Essayons  au  moyen  de  ces  documents  d'en  dégager  les 
indications. 


104 


N«  7  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  15  Février  1889 


Après  les  premiers  succès  de  Jendrassik  et  de  ses  émules, 
les  expérimenlaleurs  se  disaient,  ceux  d'Allemagne  surtout  : 
le  calomel  serait-il  donc  le  médicament  de  toutes  les 
hydropisies?  On  le  prescrivit  donc  contre  les  épanchements 
pleuraux,  lesascites  d'origine  hépatique,  les  ascites  rénales, 
comme  on  venait  de  l'ordonner  contre  les  anasarques  des 
cardiopathies. 

Or  les  épanchements  pleuraux  lui  résistent;  Rosenstein 
Ta  montré.  Heureusement  que  contre  eux  le  clinicien 
dispose  d'autres  ressources,  et,  comme  je  le  rappelais 
récemment  à  cette  place,  d'un  diurétique  plus  usuel  et 
mieux  maniable,  le  lait  (Gazette  hebdomadairey  1888). 

Les  ascilesde  la  cirrhose  hépatique  cèdent-elles  à  l'action 
diurétique  du  calomel?  Non  pour  les  uns,  qui,  avec  Rosens- 
tein et  Schwass,  en  considèrent  l'emploi  comme  inutile  ; 
«  quelquefois  pour  Leyden,  Talfour  Jones,  Obolenski  et 
M.  Lannois;  rarement,  sinon  jamais,  pour  d'autres.  Bref, 
la  question  est  en  suspens  ;  il  y  a  désaccord  entre  les 
observateurs. 

Ils  ne  s'entendent  pas  mieux  quand  il  s'agit  de  le 
prescrire  contre  les  ascites  d'origine  rénale.  Silva,  Bales- 
treri  et  Brugnatelli  en  condamnent  l'administration  aux 
individus  porteurs  de  néphrites  et  de  glomérulo-néphrîtes  ; 
mais  Rosenstein,  qui  le  redoute  moins.  Ta  vu  dans  quatre 
cas  sur  huit,  provoquer  une  favorable  diurèse. 

Restent  les  hydropisies  cardiaques.  Ici,  on  s'entend  mieux. 
C'est  contre  elles  que  l'on  en  fait  le  plus  fréquent  usage. 
Au  total,  les  observations  publiées  par  Jendrassik,  Leyden, 
Bast,  Rosenstein,  Nothnagel,  Brugnatelli  et  Ignatjeff,  sont 
au  nombre  de  79,  et,  dans  les  79  cas,  on  a  constaté  — 
série  singulièrement  heureuse,  —  la  résolution  de  Thydropi- 
sie  et  le  soulagement  de  l'asystolie. 

En  vérité,  voilà  des  succès  bien  différents  de  ceux  de 
Stintzing  qui,  sur  19  cas  d'hydropisies  traitées  par  le 
calomel,  mentionne  11  succès  et  8  insuccès  (Cent,  fur 
klin.  Med.,  8  septembre  1888).  Ils  diffèrent  aussi  des 
résultats  obtenus  par  M.  G,  Sée.  Dans  une  série  de  six  car- 
diaques soumis  à  cette  médication,  trois  seulement,  dit-il, 
furent  amendés;  bref,  ne  méconnaissons  pas  l'action  diuré- 
tique du  calomel,  mentionnons  les  chiffres  allemands,  mais 
avouons  qu'en  bonne  clinique  et  avec  une  sage  prudence,  il 
faut  mettre  une  sourdine  à  tant  d'enthousiasme. 

Un  autre  enseignement  se  dégage  de  ces  faits.  Il  est  pra- 
tique d'en  tenir  compte,  car  il  donne  la  clef  de  la  plupart 
des  succès  et  des  revers  obtenus. 

Cet  enseignement,  quel  est-il?  Je  veux  parler  de  l'in- 
tégrité relative  des  éléments  glandulaires  du  foie  et  du  rein 
des  malades  qui  sont  dociles  à  l'action  diurétique  du  calo- 
mel. Cette  dernière  se  manifeste  plus  souvent  chez  les 
bydropiques  en  puissance  de  cardiopathies  que  chez  ceux 
dont  Tascite  est  secondaire  à  des  lésions  hépatiques  ou  ré- 
nales. J'en  appelle  aux  documents  que  je  viens  d'énumérer. 
Parmi  les  auteurs,  les  uns  repoussent  son  emploi  dans  la 
cirrhose,  et  les  autres — c'est  le  plus  grand  nombre  — vont 
plus  loin  et  le  condamnent  dans  le  cours  des  néphrites  et 
des  glomérulo-néphrites.  En  d'autres  termes,  je  conclus, 
dès  à  présent,  que,  s'il  y  a  lieu  parfois  de  prescrire  le  calo- 
mel aux  cardiaques,  atteints  d'hydropisie,  il  y  a  presque 
toujours  contre-indication  de  l'administrer  aux  hépatiques 
et  aux  rénaux. 

La  physiologie  motive-t-elle  cette  conclusion  ?  Essayons 
de  le  prouver. 


III 

Quelle  est  l'interprétation  physiologique  de  l'action  diu- 
rétique des  mercuriaux  et  en  particulier  du  calomel? 
Notons  d'abord  l'absence  d'effets  diurétiques  appréciables 
sur  les  individus  en  état  de  santé.  Autrement  on  ne  s'ex- 
pliquerait pas  que  cette  action  ait  pu  échapper  des  siècles 
durant  à  Tatlention  des  cliniciens  qui  chaque  jour  pres- 
crivent le  mercure  aux  syphilitiques. 

Dans  certains  états  morbides,  il  en  est  tout  autrement  : 
à  preuve  l'utilité,  anciennement  reconnue,  de  préparer 
et  d'augmenter  les  effets  diurétiques  de  la  scille  et  de  la 
digitale  par  l'association  d'un  composé  mercurieU 

Or  quels  sont  les  phénomènes  physiologiques  qui  sui- 
vent l'administration  du  calomel?  On  observe  une  augmen- 
tation de  la  diurèse,  vers  le  deuxième  ou  le  troisième 
jour  après  l'ingestion  des  premières  doses.  Cette  augmen- 
tation est  considérable  :  les  urines  s'élèvent  de  trois  ou 
quatre  cents  centimètres  cubes  par  vingt-quatre  heures 
à  trois,  quatre  et  même  cinq  et  six  mille. 

Cette  c  polyurie  paroxysmale  >  n'est  pas  immédiate,  et  la 
raison  de  ce  retard  se  trouve  dans  la  lenteur  de  l'absorp- 
tion intestinale  du  composé  mercuriel.  De  plus,  cette  aug- 
mentation de  la  diurèse  persiste  pendant  trois,  six,  huit  et 
parfois  dix  jours,  puis  s'atténue  et  finalement  le  chiffre 
de  l'urine,  même  quand  on  continue  l'administration  du 
médicament,  se  rapproche  du  chiffre  normal  et  graduelle- 
ment l'atteint.  En  d'autres  termes,  les  faits  cliniques  le 
prouvent  :  l'action  diurétique  n'est  pas  proportionnelle  à  la 
quantité  de  calomel  ingéré;  elle  est  plutôt  en  rapport  avec 
l'étendue  de  l'hydropisie. 

S'accompagne-t-elle  de  modifications  qualitatives  de 
l'urine?  D'après  Terray,  ce  liquide  perdrait  de  son  poids 
spécifique  :  c'est  une  modification  de  médiocre  importance, 
puisque,  en  augmentant  d'abondance,  l'urine,  on  le  sait, 
est  toujours  moins  concentrée. 

Cependant  elle  devient  plus  riche  en  éléments  solides 
(Talfour  Jones)  et  en  chlorures,  plus  pauvre  en  albumine, 
quand,  —  cela  s'entend,  —  il  existe  de  ralbuminurie,  enfin, 
plus  riche  en  urée.  Ce  dernier  phénomène  a  été  conslalé 
par  maints  observateurs,  entre  autres  par.Lewins  (The  med. 
Record,  1867,  p.  405)  après  l'ingestion  du  calomel  comme 
purgatif,  et  par  Burrow  (The  med.  Times  and  6aJ.,  1850, 
t.  II,  p.  53),  après  des  frictions  mercurielles. 

Ce  dernier  phénomène  présente  une  incontestable  im- 
portance physiologique  et  clinique.  Je  le  retiens  donc  : 
car  il  peut  donner,  sinon  la  raison,  du  moins  une  interpré- 
tation de  l'action  diurétique  des  sels  de  mercure  et  des 
indications  ou  des  contre-indications  de  leur  emploi. 

Deux  théories  prétendent  expliquer  leur  action.  L'une, 
Ia  théorie  rénale,  professée  d'abord  par  Furbringer:  elle 
consiste  à  dire  :  les  sels  de  mercure  font  uriner  en  vertu 
d'une  action  élective  sur  l'épithélium  rénal.  Est-ce  là  une 
interprétation  physiologique?  On  la  motive  bien  par  l'ana- 
lyse chimique  dévoilant  la  présence  du  mercure  dans  les 
urines  des  individus  ingérant  les  sels  de  ce  métal,  ou 
par  une  irritation  exercée  sur  le  rein  à  la  manière  de 
celle  des  médicaments  dits  rénaux.  Une  action  élective, 
soit.  Il  conviendrait  de  s'expliquer  et  de  ne  pas  répéter 
Molière  en  déclarant  que  le  mercure-  fait  uriner...  quia 
hahet  proprietatem  diureticam.  En  vérité,  ce  serait  trop 
commode. 
Proclamer  la  théorie  de  Taction  élective  du  mercure  sur 


15  Février  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DÉ  CHIRURGIE 


—  N»  7  —    105 


le  rein,  c'est  affirmer  un  fait;  ce  n*est  pas  le  prouver;  c'est 
encore  moins  rinlerpréler, 

L'autre  théorie,  la  théorie  hépatique,  s'efforce  d'être 
plus  physiologique  et  plus  clinique.  A  défaut  d'autres,  ce 
sont  des  qualités. 

Le  mercure,  dit-elle,  agit  sur  le  foie,  en  augmentant 
l'activité  de  ses  éléments,  la  production  du  glycogène  et 
celle  de  l'urée.  De  plus,  elle  le  prouve  et  avec  M.  Silva 
{Centrait,  f.  klin.  Med.j  1888,  n«  19,  p.  346),  invo- 
que d'une  part  l'existence  du  sucre  en  excès  dans  le  sang 
des  animaux  ingérant  le  calomel  depuis  plusieurs  jours, 
d'autre  part,  le  rapport  de  causalité  démontré  par  Noël 
Palon  entre  l'exagération  de  la  sécrétion  biliaire,  la  des- 
truction des  globules  rouges  et  l'augmentation  de  la  pro- 
duction de  l'urée. 

N'est-ce  pas  d'ailleurs  un  fait  de  connaissance  banale 
que  la  provocation  de  la  diurèse  par  l'urée  accumulée 
dans  le  sang  ?  D'où  la  dilatation  des  vaisseaux  du  rein  ; 
d'où  /'irritation  des  éléments  sécréteurs  de  cet  organe, 
constatée  par  l'autopsie  des  animaux  observés  par  M.  Silva; 
d'où,  enfin,  ces  néphrites,  ces  glomérulo-néphrites,  ces 
allérations  profondes  du  parenchyme  rénal  produites 
expérimentalement,  démontrées,  il  y  a  longtemps  déjà,  par 
H.  Hénocque  et  d'autres  (Société  de  biologie,  1878)  après 
des  intoxications  hydrargyriques  et  explicables  tout  à  la  fois 
par  l'émonction  rénale  d'une  partie  du  mercure  ingéré  et 
par  celle  de  l'urée  en  excès  dans  le  sang. 

Ce  sont  là,  m'objecte-t-on,  des  considérations  très  phi- 
losophiques et  peu  pratiques.  Non,  soyons  indulgent  :  leur 
adaptation  à  la  clinique  et  à  la  théi-apeutique  donne  faison 
des  conti-e-indications,  des  insuccès  et  des  inconvénients 
des  sels  mercuriels  inconsidérément  administrés  contre 
l*anasarque  de  cause  hépatique  ou  rénale. 

Dans  les  cirrhoses  du ''foie  la  destruction  des  éléments 
nobles  ferme  la  glande,  ralentit  la  sécrétion  biliaire  et 
diminue  la  production  de  l'urée  :  de  là,  dans  ces  cas,  l'im- 
puissance des  sels  de  mercure  comme  médicament  hépa- 
tique et  l'absence  si  fréquente  d'effets  diurétiques. 

Dans  les  hydropisies  consécutives  aux  néphrites  étendues 
et  avancées,  la  même  interprétation  ne  justifie-t-elle  pas 
encore  la  variabilité  des  résultats  thérapeutiques?  Les  sels 
de  mercure  augmentent  bien,  alors,  la  sécrétion  biliaire  et 
la  production  de  l'urée;  cette  dernière  s'accumule  bien 
encore  dans  le  sang,  mais  l'obstacle  à  TeiTet  thérapeutique 
vient  du  rein  dont  les  éléments  glandulaires,  détruits  ou 
altérés,  ne  répondent  plus  à  l'action  irritante  de  l'urée. 
Bref,  c'est  le  rein  qui  est  fermé  et  c'est  lui  qui  fait  obstacle 
à  l'action  diurétique  des  sels  de  mercure. 

Après  cela  il  devient  aisé  de  répondre  à  ceux  qui  se 
demandent  quelle  place  on  doit  donner  aux  mercuriaux 
dans  la  hiérarchie  des  médicaments  diurétiques?  Inutile  de 
trop  s'attarder  à  celte  question  ;  mieux  vaut  reconnaître  les 
lacunes  des  classifications  les  plus  récentes  des  diurétiques, 
admettre  la  nécessité  de  les  réviser,  et  de  créer  un  groupe 
nouveau  entre  celui  des  diurétiques  cardio-vasculairesy 
agissant  sur  le  cœur,  les  vaisseaux  ou  la  masse  du  sang 
el  celui  des  diurétiques  rénaux  vrais,  dont  l'action  se 
localise  sur  le  rein.  Là  du  moins  il  y  aurait  place  pour  les 
médicaments  qui,  cholalogues  par  vocation,  deviennent 
des  diurétiques  par  occasion.  Ce  sont,  qu'on  me  par- 
donne l'expression,  des  diurétiques  hépatiques.  Comme  les 
autres  sels  de  mercure,  le  calomel  est  de  ceux-là. 

J'ajoute  que  les  notions  vulgaires  sur  les  propriétés  des 


mercuriaux  permettaient  de  prévoir  les  inconvénients  de  ces 
sels  comme  diurétiques.  Aussi  les  avocats  les  plus  convain- 
cus de  leur  emploi  reconnaissent  ces  dangers:  ici  ptyalismé; 
là  coliques  et  diarrhées.  Ces  inconvénients  sont  bien 
connus,  on  les  redoute  el  on  les  prévient.  On  sait  que  le 
chlorate  de  potasse  et  l'antisepsie  buccale  agissent  contre  le 
premier,  on  sait  aussi  que  l'opium  combat  les  secondes. 
C'est  classique  :  je  passe  oulre. 

IV 

Quel  est  le  moment,  et  quel  est  le  mode  d'administra- 
tion du  calomel  aux  hydropiques?  Sur  ce  point,  pas  de 
désaccord. 

Il  convient  de  ne  pas  établir  d'emblée  ce  traitement.  Son 
heure  est  celle  où  les  autres  agents  diurétiques,  scille, 
digitale,  spartéine,  convallaria,  strophantus ,  indurés, 
caféine  et  surtout  régime  lacté,  sont  en  défaut  ou  cessent 
d'agir.  La  médication  mercurielle  des  hydropisies  est  donc 
seulement  celle  des  grands  jours  el  des  graves  nécessités. 

Elle  peut  cependant  rendre  des  services  dans  des  circon- 
stances moins  solennelles.  Stokes  le  pensait  aussi  ;  d'autreâ 
aujourd'hui,  pensent  encore  de  môme.  Ils  prescrivent  le 
calomel  dès  le  début  des  hydropisies,  mais  en  les  associant 
aux  autres  diurétiques,  digitale,  scille  ou  strophantus,  dont 
le  sel  mercuriel  favorise  l'action.  Au  lit  du  malade  on  tire 
donc  un  double  parti  de  l'action  diurétique  des  mercuriaux, 
soit  comme  agents  principaux  de  la  médication  diurétique 
{Méthode  de  Stokes  renouvelée  par  Jendrassîk),  soit  comme 
agents  auxiliaires  des  divers  diurétiques  {Méthode  mixte). 

Les  observations  de  Stokes  et  les  faits  signalés  par  les 
autres  cliniciens  démontrent  bien  qu'il  n'est  pas  indifférent 
de  débuter  par  l'une  ou  par  l'autre  de  ces  méthodes.  En 
voici  la  preuve.  On  prescrit  un  sel  mercuriel  ;  la  diurèse 
se  produit,  Thydropisie  disparaît.  Quelque  temps  se  passe 
et  voici  que*,  chez  le  même  malade,  on  veut  combattre  le 
retour  des  accidents  par  l'emploi  des  diurétiques  clas- 
siques. Vaine  tentative:  ces  médicaments  n'agissent  plus; 
et  pour  obtenir  un  nouvel  effet  diurétique,  on  doit  de  nou- 
veau faire  appel  aux  sels  de  mercure,  dont  l'action  ne 
s'épuise  pas. 

En  effet,  tous  les  travaux  modernes  le  prouvent,  le  calo- 
mel s'administre  aisément  à  plusieurs  reprises,  et  continue 
d'agir  encore  après  les  premiers  succès. 

Ce  n'est  pas  touf  ;  autre  circonstance  à  noter.  On  ne  doit 
pas  se  rebuter  après  un  échec  initial.  L'action  diurétique 
manque  après  les  premières  doses  de  sel  mercuriel,  soit  ; 
on  attend  quelques  jours,  puis  on  revient  à  son  admi- 
nistration et  souvent  on  obtient  alors  le  résultat  positif  que 
l'on  avait  cherché  inutilement. 

Au  reste,  la  posologie  de  cette  médication  est  des  plus 
simples.  Elle  consiste  à  faire  ingérer  quotidiennement 
aux  malades  trois  ou  quatre  prises  de  15  à  20  centi- 
grammes de  calomel.  M.  Jendrassik  prescrit  les  doses  les 
plus  élevées  sans  crainte  du  mercurialisme.  D'autres,  par 
prudence,  adoptent  les  doses  les  plus  petites;  mais  tous 
s'entendent  pour  suspendre  la  médication  après  deux, 
trois  ou  quatre  jours  et  dès  que  la  polyurie  s'établit. 
M.  Terray  va,  il  est  vrai,  plus  loin  :  il  attend  les  pre- 
mières manifestations  de  Tinloxication  mercurielle  :  sto- 
matite et  diarrhée. 

Se  produit-il  des  effets  purgatifs  sous  l'influence  du 
calomel?  Dans  ce  cas,  et  cela  s'explique,  l'action  diurétique 
est  faible  ;  mais  cet  accident  ne  fait  pas  obstacle  au  succès 


106    —  N*  7 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  15  Février  1889 


final.  On  le  comprend  aisément,  Taclion  purgative  étant 
au  même  titre  que  l'action  diurétique  l'un  des  moyens  de 
la  médication  hydragogue.  Quelques  thérapeutistes,  entre 
autres,  M.  Brugnatelli,  regardent  la  diarrhée  comme  un 
avantage.  Ils  la  cherchent  et  volontairement  la  sollici- 
tent par  l'association  du  jalap  au  calomel. 

La  propriété  de  provoquer  la  diurèse  chez  les  hydro- 
piques est-elle  un  privilège  appartenant  en  propre  au 
calomel,  ou  bien  une  vertu  commune  au  mercure  et  à  ses 
composés?  Ici,  il  existe  une  lacune  dans  l'histoire  théra- 
peutique de  ce  métal  et  de  ses  sels.  Naguère  Burrow  avait 
utilisé  l'action  diurétique  des  frictions  mercurielles  contre 
l'ascite  de  la  cirrhose  hépatique.  Depuis,  M.  Rosenstein 
n'a  pu  obtenir  le  même  succès  contre  les  hydropisies  cardia- 
ques. Que  conclure  de  résultats  aussi  contradictoires? 

Le  dernier  de  ces  observateurs  a  essayé  le  sublimé  sur 
six  hydropiques.  Une  fois  l'action  diurétique  parut  réelle  ; 
une  autre  fois  elle  fut  douteuse  et  quatre  fois  elle  manqua. 
En  outre  les  effets  de  l'iodure  jaune  et  du  chlorure  de 
mercure  ont  été  analogues,  de  sorte  que,  sans  préjuger 
le  résultat  d'essais  ultérieurs,  on  doit  admettre  provi- 
soirement la  supériorité  du  calomel  sur  les  autres  mer- 
curiaux  en  raison  de  la  facilité  de  son  maniement,  de 
l'aisance  de  son  administration  et  de  la  faiblesse  relative 
de  sa  toxicité. 

En  résumé,  voici  ma  conclusion  :  l'action  diurétique  du 
calomel  peut  rendre  des  services  contre  les  hydropisies  des 
cardiopathes;  mais  après  et  malgré  l'échec  des  autres  diu- 
rétiques;—  elle  manque  souvent  et  son  emploi  n'est  pas 
sans  danger  dans  la  cirrhose  et  dans  les  néphrites  avec 
anasarque. 

Est-ce  à  dire,  avec  ceux  qui  l'ont  en  vain  prescrit  contre 
ces  dernières  hydropisies,  que  ce  sel  agit  plus  volontiers 
sur  les  individus  en  puissance  de  cardiopathies  et  jouerait 
le  rôle  d'un  médicament  cardiaque?  Non  «assurément, 
car  il  ne  modifie  ni  l'énergie,  ni  le  rythme  du  cœur. 
Si  pendant  la  durée  de  son  action  thérapeutique,  on  voit 
bien,  il  est  vrai,  le  pouls  se  régulariser,  ce  phénomène 
secondaire  est  en  rapport  avec  la  résolution  de  l'hydropisie 
et  non  pas  avec  une  modification  de  la  motilité  cardiaque, 
par  l'agent  médicamenteux. 

On  ne  doit  donc  pas  demander  à  cette  médication  plus 
qu'elle  ne  peut  donner.  C'est  pourquoi  je  termine  en  répé- 
tant ce  que  j'ai  déjà  écrit  plus  haut  :  le  calomel  est  un 
médicament  de  nécessité  contre  les  hydropisies  cardiaques; 
ce  n'est  pas  un  médicament  de  choix  et  en  rappelant  ce 
qu'un  ancien  médecin,  Lentin,  disait  judicieusement  du 
mercure  :  Ubi  omnia  alia  remédia  fatescunt,  menu- 
rius  sanai, 

Ch.  Eloy. 


CONTRIBUTIONS  PHARMACEUTIQUES 

liCS  lavements  nareoilqnea. 

On  a  souvent  l'occasion  de  prescrire  des  lavements  des- 
tinés à  procurer  aux  malades  un  sommeil  calme  et  suffi- 
samment prolongé.  On  administre  dans  ce  but  le  laudanum, 
le  chloral,  etc.  Il  est  préférable  de  remplacer  le  laudanum 
par  la  teinture  d'opium  qui  ne  renferme  pas  de  narcotine 
et  calme  davantage.  Huit  à  dix  gouttes  de  teinture  d'opium 
suffisent  à  faire   supporter   les  lavements    d'hydrate  de 


chloral  parfois  irritants,  même  lorsqu'ils  sont  pris  dans  du 
lait.  Mais  il  vaut  mieux  encore  administrer  le  chloral 
(2  grammes),  le  sulfonal  (même  dose)  ou  l'hypnone  (dix  ou 
vingt  gouttes),  en  les  associant  à  la  gomme  et  à  l'huile  d'a- 
mandes douces.  Yoici  la  formule  que  nous  recommandons  : 

Hypnone X  à  XX  gouttes. 

Gomme  en  poudre 3  grammes. 

Huile  d'amandes  douces.  5       — 

Eau 150      — 

Pour  un  lavement. 

Mélangez  dans  un  mortier  l'huile  et  la  gomme,  ajoutez 
l'hypnone,  puis  l'eau,  petit  à  petit,  en  battant  continuelle- 
ment. Au  bout  de  cinq  (minutes  Témulsion  est  parfaite.  On 
peut  remplacer  l'hypnone  par  1  ou  2  grammes  de  chloral 
ou  de  sulfonal.  Ces  corps  introduits  dans  cette  émulsion 
sont  moins  irritants  pour  la  muqueuse/cctale. 

Pierre  Vicier. 

^ 

REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

HOSPICE   DE  LA  SÂLPÊTRIÈRE  :  H.  LE  PROFESSEUR  CnARCOT. 

Chorée  molle.  —  Le  8  décembre  il  vient  à  la  consul- 
tation externe  une  femme  paraisssant  atteinte  d'une  hémi- 
plégie gauche  qui  ne  serait  autre  chose  qu'une  hémichorée 
molle  consécutive  à  une  hémichorée  ordinaire.  Il  est  bon 
de  rappeler  à  cette  occasion  que  la  chorée  molle  n'est  pas 
autre*chose  que  la  chorée  ordinaire  modifiée.  Il  n'est  pas 
absolument  rare,  chez  les  enfants  choréiques  surtout,  de 
voir  survenir  brusquement  une  paralysie  qui  peut  atteindre 
les  quatre  membres,  la  moitié  du  corps  ou  un  membre 
seulement.  Cette  paralysie  est  complète,  ne  s'accompagne 
pas  de  troubles  de  la  sensibilité  et  a  pour  caractère  con- 
stant (comme  l'hémiplégie  hystérique  du  reste)  de  ne  pas 
présenter  de  déviation  de  la  face. 

C'est  là  un  grand  point  pour  le  diagnostic  de  ces  troubles 
passagers  avec  l'hémiplégie  organique  vulgaire.  M.  Charcot 
croit  cependant  avoir  vu  une  fois,  au  temps  où  on  ne  con- 
naissait pas  encore  l'bémispasme  glosso-labié,  la  face 
prise  dans  une  hémiplégie  choréique. 

Hémiplégie  faciale.  —  Vient  ensuite  un  homme  atteint 
d'une  hémiplégie  faciale  à  type  périphérique.  H.  Charcot 
indique,  à  propos  de  ce  malade,  la  manière  de  faire  le  dia- 
gnostic du  siège  de  la  lésion.  Il  suit  le  facial  dans  son 
trajet  depuis  Técorce  jusqu'au  trou  stylo-mastoïdien,  insiste 
sur  les  paralysies  d  origine  protubérantielle,  montre  les 
effets  concomitants  produits  par  la  destruction  en  tout  ou 
en  partie  du  facial  et  du  faisceau  pyramidal  son  voisin  et 
indique  les  symptômes  résultant  de  cette  division  et  capa- 
bles d'éclairer  le  diagnostic.  En  procédant  par  exclusion 
on  arrive  à  penser  que  le  malade  a  une  paralysie  faciale 
d'origine  auriculaire. 

Amyotrophïe  articulaire.  —  Il  y  a  six  semaines  un  ou- 
vrier est  pris  sans  cause  appréciable  de  douleurs  dans 
l'épaule.  Au  bout  de  quatre  jours  ces  douleurs  sont  si 
vives  qu'il  interrompt  son  travail.  L'arthrite  cède,  mais  on 
constate  bientôt  une  atrophie  énorme  du  deltoïde  et  égale- 
ment une  atrophie  de  tous  les  muscles  du  bras  et  de 
l'avant-bras.  Les  réflexes  sont  forts.  Il  s'agit  véritablement 
là  de  l'amyotrophie  d'origine  articulaire.  Conformément  à 
la  règle,  I  extenseur  de  la  jointure  (deltoïde)  est  le  muscle 
le  premier  et  le  plus  atteint.  En  six  semaines  il  a  donc  pu 
survenir  une  atrophie  aussi  considérable  du  fait  seul  de 


i5  FÉVRIER  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  NM  —    107 


l'arlhrite.  Ces  faits  justifient  la  théorie  de  Yuipian  basée 
sur  le  retentissement  spinal  de  la  souffrance  articulaire; 
théorie  que  M.  Charcot  a  faite  sienne  par  le  développe- 
oieiU  et  les  preuves  cliniques  c|u'il  lui  a  donnés. 

Le  professeur  rappelle  le  fait  d'un  malade  qui  pris  de 
plusieurs  jointures  successivement  eut  du  retentissement 
spinal  avec  exaltation  réflexe  tels  qu'un  médecin  des 
hôpitaux  crut  avoir  affaire  à  une  double  paraplégie  (supé- 
rieure et  inférieure)  spasmodique  ayant  produit  aes  désor- 
dres articulaires.  (Leçon  du  8  décembre.) 

ÂTAxiE  ET  HYSTÉRIE  CHEZ  LE  MÊME  SUJET.  —  Fort  heu- 
reusement pour  les  nosographes  il  n'y  a  pas  d'hybrides  en 
pathologie;  malgré  une  intrication  d'apparence  indéchif- 
frable, il  est  toujours  possible  au  clinicien  de  faire  la  part 
des  maladies  distinctes  réunies  par  hasard  chez  un  même 
sujet.  M.  Charcot,  le  H  décembre  1888,  montre  à  son 
cours  une  femme,  du  reste  entachée  d*hérédité  nerveuse 
dès  Tenfance,  qui  présente  réunis  le  tabès  et  l'hystérie.  Le 
professeur  attire  I  attention  sur  les  troubles  oculaires  pro- 
duits dans  le  présent  cas  par  les  deux  affections;  chacune 
imprimant  aux  symptômes  son  cachet  particulier. 

Du  fait  de  son  tabès  la  malade  a  du  myosis  et  le  signe 
d'Argyli  Robertson  ;  du  fait  de  l'hystérie  elle  a  un  beau 
rétrécissement  du  champ  visuel  avec  transposition  du 
rouge.M.  Charcol  établit  la  différence  qu'il  y  a  entre  l'achro- 
matopsie  hystérique  et  l'achromatopsie  tabétique.  La  pre- 
mière (que  présente  la  malade)  consiste  en  un  rétrécisse- 
ment concentrique  régulier  du  champ  visuel,  rétrécisse- 
ment qui  atteint  naturellement  et  fait  disparaître  progres- 
sivement le  bleu,  le  jaune,  le  rouge,  le  vert,  le  violet. 
Parfois  le  cercle  du  rouge  est  rejeté  au  centre  par  une 
transposition  assez  fréquente. 

L'achromatopsie  tabétique  consiste  en  un  rétrécissement 
irrégulier  allant  du  centre  à  la  périphérie  et  non  de  la 
périphérie  au  centre  et  atteignant  les  cercles  des  couleurs 
(sans  transposition  du  rouge)  en  sens  inverse  de  l'achro- 
matopsie hystérique.  Rien  que  par  l'examen  des  yeux  on 
peut  donc,  chez  cette  malade,  faire  le  diagnostic  de  tabès 
et  d'hystérie.  L'analyse  clinique  ne  fait  qu'aider  à  consta- 
ter le  dualisme  pathologique. 

SCLÉROSB  EN    PLAQUES   ET   HYSTÉRIE.    —  Une  jcuno    fille 

du  service  de  la  clinique  est  atteinte  de  ces  deux  affections. 
Du  côté  des  yeux  elle  présente  du  fait  de  la  sclérose  en 
plaques  : 

1'  Une  paralysie  associée  des  yeux  (cause  de  diplopies 
transitoires)  ;  du  vague  dans  le  regard  ; 

^  Du  nysiagmus  ; 

3' Une  sorte  de  myosis  différant  du  myosis  tabétique 
en  ce  qu'il  s'agit  dans  l'espèce'  d'un  myosis  sthénique 
d'une  véritable  convulsion  ; 

4'  y.ûe  décoloration  spéciale  de  la  papille  (cause  d'am* 
l^lyopie,  de  cécités  plus  ou  moins  passagères)  absolument 
différente  de  la  papille  nacrée  des  labétiques.  C'est  une 
décoloration  spéciale  du  nerf  optiaue  qui  amène  rarement 
une  cécité  incurable.  Il  s'agit  là  d  une  maladie  inflamma- 
toire, d'une  véritable  névrite.  La  fatalité  est  moindre  que 
dans  l'atrophie  papillaire  du  tabès.  Dans  ce  cas  l'achroma- 
topsie de  la  sclérose  en  plaques  se  traduil  fonctionnelle- 
nient,  comme  celle  de  l'ataxie,  par  une  disparition  du  bleu 
et  du  jaune.  Du  fait  de  l'hystérie  nous  trouvons  le  rétré- 
cissement concentrique  habituel  avec  transposition  du 
l'OQge,  nous  avons  donc  une  espèce  de  fusion  sans  confu- 
sion, cependant  des  troubles  oculaires  dus  à  la  névrite 
optique  de  la  sclérose  en  plaques  et  du  rétrécissement 
concentrique  avec  achroraatopsie  et  transposition  du  rouge 
de  l'hystérie.  (Leçon  du  il  décembre  1888.) 

Folie  du  doute.  —  Il  faut  continuer  à  donner  ce  nom 
aux  troubles  mentaux  ajipartenant  à  cette  catégorie,  bien 


que  tous  les  malades  ne  présentent  pas  la  folie  du  doute 
à  nroprement  parler.  M.  Cnarcot  présente  à  sa  leçon  une 
collection  curieuse  de  bouts  d'allumettes,  de  feuilles,  de 

Seaux  d'oranges,  de  cailloux,  de  morceaux  de  viande, 
'os,  etc.,  etc.  La  malade  qui  collectionne  ces  objets  dé- 
goûtants est  une  commerçante  des  plus  intelligentes,  mer- 
veilleusement organisée  pour  les  affaires.  Les  collection- 
neurs, les  onomatomanes,  les  scrupuleux  de  toute  nature, 
les  arythmonomanes,  les  mysophobes,  les  métallophobes, 
constituent  un  grand  groupe  naturel  auquel  on  a  donné  le 
nom  assez  impropre  de  dégénérés.  Malgré  le  correctif  de 
supérieur  appliqué  à  certains  de  ces  dégénéHSy  le  terme 
est  mauvais.  Ces  malades  sont  avant  tout  des  héréditaires. 

Tabès  et  maladie  de  Basedow.  —  A  une  des  der- 
nières séances  de  la  Société  médicale  des  hôpitaux  M.  Barié 
a  présenté  un  malade  atteint  de  maladie  de  Basedow  et  de 
taoès.  Loin  de  considérer  les  deux  maladies  comme  deux 
affections  juxtaposées  et  sans  autre  lien  entre  elles  que  le 
lien  de  la  famille  neuro-pathologique,  M.  Barié  a  voulu 
voir  dans  les  troubles  buloaires  de  Basedow,  des  signes 
d'une  propagation  au  bulbe  de  la  sclérose  des  cordons  pos- 
térieurs. M.  Charcot,  à  l'appui  de  l'opinion  contraire  à 
celle  de  M.  Barié  et  soutenue  par  H.  Joffroy  à  la  Société 
des  hôpitaux,  montre  un  malade  atteint  de  tabès  et  de 
maladie  de  Basedow  ;  chez  cet  homme  c'est  la  maladie  de 
Basedow  qui  a  commencé.  On  serait  donc  mal  venu  à  dire 
que  c'est  le  tabès,  venu  plusieurs  années  après,  qui  s'est 
propagé  au  bulbe. 

Le  professeur  montre  ensuite  un  autre  tabétique  atteint 
en  même  temps  de  paralysie  générale  progressive.  S'agit-il 
donc  d'une  propagation  cle  la  lésion  spinale  au  cerveau  ou 
de  la  lésion  cérébrale  à  la  moelle....  On  peut  le  soutenir, 
mais  la  vérité  est  que  la  série  est  la  même.  On  peut  avoir 
le  tabès  seul,  ou  le  tabès  avec  la  paralysie  générale,  ou  le 
tabès  avec  une  des  formes  de  l'aliénation  mentale,  surtout 
la  mélancolie.  (Leçon  du  21  décembre  1888.) 

P.  B. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

PatholOfcle  f^énérale. 

Nouveaux  faits  confirmant  l'origine  équine  du  tétanos, 
par  M.  le  professeur  Verneuil, 

Je  ne  puis  que  me  réjouir  de  l'activité  avec  laquelle  on 
poursuit  les  recherches  sur  la  nature  et  les  origines  du 
tétanos.  Les  communications  se  multiplient  dans  les  Sociétés 
savantes  et  dans  la  presse  et  à  en  juger  par  les  progrès  que 
la  question  a  faits  depuis  le  temps  relativement  court  où 
elle  a  été  nettement  posée,  on  peut  espérer  oue  la  lu- 
mière ne  tardera  pas  beaucoup  à  se  faire  sur  les  points 
principaux. 

Je  crois  d*abord  que  la  nature  infectieuse  et  parasitaire 
n'est  plus  guère  contestée,  mais  je  reconnais  que  l'origine 
animale  et  l'origine  tellurique  se  disputent  encore  (comme 
cela  est  juste  d'ailleurs)  la  priorité.  Je  compte  reprendre 
cette  question  le  plus  tôt  possible  devant  l'Académie  de 
médecine  et  exposer  de  nouveau  la  théorie  que  j'ai  déjà 
formulée  dans  ma  conférence  du  mois  de  janvier  dernier; 
mais  en  attendant,  pour  entretenir  le  zèle  de  mes  bienveil- 
lants collaborateurs  et  provoquer  de  nouvelles  adhésions, 
j'emprunterai  les  colonnes  de  la  Gazette  hebdomadaire 
qui  se  sont  si  souvent  ouvertes  déjà,  pour  publier  d'intéres- 
santes observations  inédites,  bien  favorables  à  mon  hypo- 
thèse. 

Yoiei  d'abord  un  fait  modèle,  par  sa  netteté  et  sa  puis- 
sance démonstrative.  Je  le  dois  à  l'obligeance  de  M.  le 


108    —  N*  7 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  15  Février  1889 


docteur  Peltier,  médecin  aîde-major  au  25«  de  ligne,  à 
Cherbourg  ;  il  a  été  recueilli  aux  environs  de  Rennes. 

Obs.  I. —  Tentative  de  castration  faite  sur  l'homme  par  un 
castreur  de  chevaux.  Tétanos  au  cinquième  jour.  Mort  le 
lendemain,  —  M...,  menuisier,  âgé  de  quarante-deux  ou  qua- 
rante-trois ans,  est  mort  il  y  a  quinze  jours  de  tétanos  suraigu. 
Le  décès  à  peine  connu,  la  rumeur  publique  affirme  que  cet 
homme  s'est  fait  opérer  ou  plulôt  mutiler  peu  de  temps  aupa- 
ravant par  un  individu  dont  la  seule  profession  est  de  castrer 
les  jeunes  animaux,  en  particulier  les  chevaux. 

La  justice  s'émeut  de  ces  rumeurs  et  je  suis  requis,  en  l'ab- 
sence du  confrère  civil,  pour  aller  constater  ce  qu'il  pouvait 
y  avoir  de  fondé  dans  ces  bruits. 

Palpant  les  bourses  des  deux  côtés  en  môme  temps,  je  trouve 
les  deux  testicules  en  place,  mais  à  la  partie  postéro-infériéure 
du  scrotum,  du  côté  gauche,  je  constate  la  présence  d'une 
plaie  peu  étendue,  dont  les  lèvres  sont  renversées  en  dedans 
de  manière  à  former  un  petit  infundibulum  à  roriOce  duquel  se 
trouve  un  bourdonnet  de  charpie  imprégné  de  pus  et  maintenu 
par  un  suspeusoir.  Il  n'y  avait  pas  eu  castration,  mais  vrai- 
semblablement intervention  quelconque,  la  plaie  n'étant  pas 
un  simple  trajet. 

Le  hongreur  que  désignait  la  rumeur  publique  est  interrogé 
et  il  ne  fait  aucune  difficulté  d'avouer  que,  cédant  aux  sollicita- 
tions réitérées  de  M...,  il  avait,  le  17  novembre,  consenti, 
moyennant  5  francs,  à  lui  faire  cette  opération.  M...,  espèce  de 
maniaque  au  cerveau  mal  équilibré,  voulait  même  qu'on  lui 
enleva  les  deux  testicules  dont  il  souffrait,  disait-il.  Le  hon- 
greur  décrivait  avec  complaisance  l'opération  pratiquée  : 
u  s'était  servi  pour  cela  de  ses  instruments  ordinaires  ;  ayant 
incisé  les  bourses,  il  avait  fait  sortir,  disait-il,  le  testicule, 
appliqué  un  fil  ciré  et  coupé  net  avec  son  canif.  Il  ne  s'était 
pas  produit  d'hémorrhagie,  et  l'opération  n'ayant  pas  eu  de 
suites  fâcheuses,  les  deux  compères  étaient  allés,  aussitôt 
après,  prendre  un  café  au  cabaret  voisin.  L'opéré  continua  les 
jours  suivants  de  vaquer  à  ses  occupations  habituelles  comme 
si  de  rien  n'était.  Le  21,  qvatre  jours  après,  dans  l'après-midi, 
voulant  fumer  un  cigare,  il  s'aperçoit  qu'il  a  quelque  difficulté 
à  en  couper  le  bout  avec  ses  dents  ;  il  se  met  au  ht  seulement 
dans  la  soirée  et  meurt  brusquement  le  lendemain  22,  à  six 
heures  du  soir,  après  avoir  présenté  les  symptômes  caractéris- 
tiques du  tétanos. 

Avis  télégraphique  est  envoyé  au  parquet,  qui  se  rend  dans 
l'endroit  avec  un  médecin  chargé  de  pratic|uer  l'autopsie. 

Prolongeant  en  haut  et  eu  bas  l'incision  existante  pour 
ouvrir  les  bourses,  on  trouve  un  foyer  dans  lequel  les  tissus 
sont  dilacérés  et  imprégnés  de  pus.  La  partie  inférieure  du 
testicule  a  été  sectionnée;  la  surface  de  section  est  recouverte 
d'un  exsudât  fibrineux  grisâtre;  le  parenchyme  de  la  glande  est 
infiltré  de  pus  dans  une  certaine  profondeur  ;  les  éléments  du 
cordon,  dans  la  partie  extra-inguinale,  sont  agglutinés  entre 
eux  et  difficiles  à  dissocier.  Pas  de  péritonite  ;  tous  les  viscères 
abdominaux  sont  parfaitement  sains.  Congestion  pulmonaire, 
caillot  volumineux  dans  le  cœur  droit.  Veines  et  sinus  de  la 
dure-mère  distendus  par  du  sang  noir,  iie  tissu  cérébral  est 
ferme,  ne  présente  pas  d'altérations  visibles  à  l'œil  nu,  le 
niqueté  est  peut-être  un  peu  plus  marqué  qu'à  l'état  normal. 
Rien  dans  les  pédoncules  ni  dans  le  bulbe. 

«  Je  n'ai,  cher  maître,  que  ce  seul  fait  à  vous  présenter.  Il 
est  au  moins  authentique  :  i'ai  vu  moi-même  le  malade 
avant  sa  mort;  le  trismus,  ropisthotonos  avec  redouble- 
ments convulsifs  très  marqués  ne  permettent  pas  le 
moindre  doute  sur  le  diagnostic;  j*ai  assisté  à  l'autopsie, 
qui  démontrait  qu'une  plaie  avait  été  faite  au  scrotum, 
intéressant  le  cordon  et  le  testicule  ;  enfin  j'étais  présent  à 
l'interrogatoire  de  l'homme  qui  avait  fait  cette  opération  et 
dont  la  profession,  comme  l'indique  son  enseigne  d'ailleurs, 
est  affranchisseur  de  chevaux. 

e  Quant  à  l'assertion  de  cet  homme  qui  prétendait  avoir 
extirpé  complètement  le  testicule,  elle  s'explique  parce 
fait  que  M...  devait  être  atteint  d'un  varicocèle  volumineux 
et  douloureux  (il  prenait  tous  les  jours  deux  bains  de  siège 
froids  par  ordonnance  de  médecin  cl  portait  un  suspensoir; 
de  plus  il  avait  déclaré  à  son  opérateur  que  la  "partie 
gauche  se  gonflait  parfois  considérablement,  descendant 


Sresque  jusqu'à  mi-cuisse).  Après  incision  des  enveloppes 
es  bourses,  le  paauet  variq\ieux  faisant  hernie  aura  été 
pris  pour  le  testicule  par  l'empirique,  qui  aura  tiré  dessus 
et  fait  une  ligature  en  masse. 

€  J'ajouterai  que  l'individu  qui  fait  l'objet  de  cette  obser- 
vation n'était  nullement  alcoolique  mais  sujet  à  des  crises 
nerveuses  de  nature  indéterminée  qui  le  rendaient  malade 
parfois  plusieurs  jours  de  suite. 

«  Il  eût  été  certainement  fort  important  de  savoir  si  le 
hongreur  avait  soigné  antérieurement  des  chevaux  léU- 
niques,  mais  on  n'a  pas  songé  à  prendre  ce  renseignement. 

(  Recevez,  cher  maître,  etc.,  etc. 
c  3  décembre  1888.  » 

Le  fait  peut  je  crois  se  passer  de  commentaire,  car  il 
faudrait  plus  que  du  scepticisme  pour  ne  pas  voir  ici  Tori- 
gine  équine  et  la  contagion  médiate  par  l'homme  ou  se< 
instruments. 

La  lettre  suivante  m'a  été  adressée  le  39  juillet  dernier 
par  M.  le  docteur  Justin  Carié,  médecin  en  chef  dcTh^- 
pital  espagnol  de  Buenos-Ayres. 

Vénéré  confrère, 

J'ai  été  vivement  frappé  de  l'exposition  que  vous  avez  faili» 
sur  la  nature  du  tétanos  dans  votre  conférence  à  rAssociatioii 
française.  En  rassemblant  mes  souvenirs,  j'ai  reconnu  la  juv 
tesse  de  votre  hypothèse,  qui  sera,  je  crois,  oientôt  admise  par 
tous...  Je  ne  saurais  faire  ici  avec  la  ri^eur  scientifique  né- 
cessaire le  récit  des  faits  aue  j'ai  autrefois  rencontrés,  mais  je 
me  promets,  à  l'avenir,  a'examiner  à  ce  point  de  vue  les  ras 
nouveaux  ;  le  suivant,  tout  récemment  observé  avec  M.  le  doc- 
teur Carrera,  semble  tout  à  fait  confirmalif. 

Obs.  II.  —  Plaie  du  sourcil  avec  la  mèche  d'un  fouet. 
Tétanos  au  huitième  jour;  mort  rapide.  —  C.  J...,  quarani<»- 
quatre  ans,  charretier,  bonne  santé  habituelle,  se  fait,  en  fouet- 
tant son  chevaly  une  petite  blessure  au-dessusdu  sourcil  gauchf» 
au  niveau  du  trou  sus-orbitaire.  Le  lendemain,  œdème  considé- 
rable de  la  paupière  supérieure,  puis  petit  abcès  qu'on  ouvre 
et  d'où  sort  un  peu  de  pus  de  bonne  nature.  Pansement  avec  la 
glycérine  phéniquée.  Deux  jours  après,  cicatrisation  complète 
et  disparition  de  l'œdème  ;  tout  semblait  fini  au  bout  du  cin- 
quième ^our. 

Trois  jours  plus  tard,  c'est-à-dire  au  huitième  jour  de  racri- 
dent,  le  blessé  se  plaint  d'un  froid  qui  f  empêche  d'ouvrir  In 
bouche.  Le  médecin  diagnostiaue  un  trismus  tétanique  et  pres- 
crit le  chloral  à  haute  dose  et  la  pilocarpine. 

Le  lendemain,  M.  Carié  constate  le  trismus  absolu,  la  contrac- 
ture des  muscles  du  pharynx  et  du  larynx,  et  des  accès  violents  de 
suffocation.  Injections  de  morphine  et  de  cocaïne  et  lavement 
de  chloral.  A  onze  heures  la  contracture  cède,  la  respiration  se 
rétablit;  mais  deux  heures  plus  tard  les  accidents  reparaissent 
et  le  malade  succombe  après  une  demi-heure  d'une  lutte 
horrible. 

M.  Carié  fait  ressortir  avec  raison  les  points  suivants  : 
la  profession  de    charretier;  l'instrument  vulnéranl,  lei 
fouet,  lequel  venait  précisément  d'être  en  contact  avec  le 
cheval  ;  la  marche  suraiguô  ;  la  terminaison  rapide  ;  la 
limitation  de  la  contracture   aux  muscles  de  la  face,  du 
larynx,  du  pharynx   et  de    la   respiration:   ceux  de  la| 
nuque,  du  dos*  de  l'abdomen,  et  des  membres  n'ayant  pas 
été  atteints.  A  quoi  j'ajouterai  à  mon  tour  que  la  termi- 
naison a  été  1res  rapide  précisément  à  cause  de  l'envahis- 1 
sèment  en  auelque  sorte  primitif  des  muscles  dé  la  déglu- 
tition et  de  la  respiration.  I 

Le  même  agent  vulnérant,  c'est-à-dire  la  mèche  de  fouet 
frappant  la  même  région  dans  les  mêmes  circonstaiices,  se 
retrouve  dans  les  deux  observations  suivantes,  que  j'extrais 
de  Texcellente  thèse  de  M.  le  docteur  d'Oliveiro  Luzès  (D. 

ObS.  m.  —  Cocher,  vingt  et  un  ans;  fouettant  ses  chevanv, 
la  mèche   du  fouet  frappa  l'œil  gauche  ;  plaie  conlusc  de  la  , 
cornée. 

(1)  0  TtlnnOt  thèse  soutenue  à  IJsb  jnno  dans  le  cuui*ant  do  tSHJ?,  p.  9*- 


i5  Février  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N*  7 


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Cinq  jours  après,  premiers  svraptômesd'un  tétanos  qui  guérit 
par  le  bromure  de  potassium,  Je  sulfate  de  soude  et  le  séné  en 
lavement. 

D'  Ântonib  Da  Silva  Oleiro. 

Obs.  IV.  —  Blessure  grave  de  Vœil  gauche  par  la  mèche 
d'un  fouet.  Tétanos  au  9«  jour;  guérison  (D*^  Luzès,  obs. 
personnelle.  Thèse,  p.  95).  —  F...,  trente-quatre  ans,  charre- 
tier, forte  constitution,  bonne  santé,  entre  à  Thôpital  le  31  dé- 
cembre, service  de  clinique  du  professeur  Oliveira  Feijâo. 

En  fouettant  son  cheval,  il  se  frappe  Fœil  gauche  avec  la 
mèche  du  fouet  ;  il  en  résulta  une  hémorrbagie  abondante,  la 
perle  de  la  vue  et  au  bout  de  deux  jours  Télimination  du  globe 
oculaire. 

Traitement  par  les  lotions  avec  Tarnica  et  le  sulfate  d'atropine. 

Le  9  janvier,  dans  la  nuit,  difficulté  pour  ouvrir  la  bouche  et 
pour  mastiquer,  déviation  de  la  commissure  buccale  droite. 

Le  10,  tremblements  dans  tout  le  corps  augmentés,  par  la 
lumière  et  le  bruit. 

Le  1 1,1e  patient  est  transféré  à  la  salle  San  Carlos  où  M.  Luzès 
lui-même  constate  :  fflobe  de  rœil  cncavé,  contracture  des 
muscles  de  la  face,  douleurs  de  la  nuque,  pouls  fréqueut,  110; 
température»  39  degrés;  tétanos  conûrmé. 

Traitement  par  1  hydrate  de  chloral,  guérison  complète  le 
9  AHrier. 

Voici  encore  un  autre  fait  du  même  genre,  dans  lequel 
le  tétanos  et  la  blessure  eurent  pour  intermédiaire  une 
panophthalmie. 

Obs.  V.  —  Un  jeune  garçon  de  dix-neuf  ans  reçoit  dans  rœil 
gauche  un  coup  de  fouet.  Deux  jours  et  demi  après,  panophthal- 
mie. Huit  jours  après  la  blessure,  trismus;  au  neuvième  jour, 
contraciures  des  membres,  puis  paralysie  partielle  du  moteur 
oculaire  commun  de  Toeil  gauche;  au  onzième  jour,  opisthoto- 
nos  avec  contractions  ioniques  et  classiques  des  membres.  Délire 
et  mort  au  quatorzième  jour. 

Le  malade  avait  présenté  en  même  temps  des  phénomènes 
(J'ophthalmie  sympathique  à  gauche.  A  Tautopsie,  pas  de  mé- 
ningite. Quelques  ecchymoses  dans  le  péricarde  viscéral,  Thy- 
perlrophie  de  la  rate  et  des  ganglions  mésentériques,  la  colo- 
ration foncée,  laquée,  du  sang  dans  les  grosses  veines,  font 
conclure  à  l'existence  d*une  maladie  infectieuse.  Lésions  di- 
verses des  cellules  du  bulbe  et  de  la  moelle  épinière  (Becker, 
Arckiv.  fur  Psychiatrie,  1872,  vol.  XII,  fasc.  I,  p.  250-251). 

J'ai  déjà  signalé,  dans  mon  long  ménioire  inséré  dans 
la  Revue  de  chirurgie^  la  mèche  du  fouet  comme  un  dan- 
gereux agent  vulnérant  et  cité  d'assez  nombreux  faits  à 
rappui. 

Je  ti'ouve  encore  dans  la  thèse  de  M.  Luzès,  p.  94,  un 
cas  de  tétanos  par  morsure  de  cheval,  à  ajouter  aux  nom- 
breux faits  de  même  ordre  que  la  science  possède  déjà, 
il  s*agissait  d'un  charretier  de  vingt-deux  ans,  blessé  au 
petit  doigt  de  la  main  droite  le  30  mars.  Entré  à  Thôpital 
le  même  jour,  il  fut  pris  le  3  avril  d*un  tétanos  auquel  il 
succomba. 

H.  le  docteur  Legrip,  ({ui  exerce  depuis  de  longues  années 
à  Chatou,  a  observé  trois  cas  de  tétanos,  dont  Tun  chez  un 
menuisier  à  la  suite  d'une  morsure  de  cheval  (1). 

M.  le  docteur  Germain  (de  Château-Thierry),  qui  m*a 
jadis  fourni  des  documents,  vient  de  m'en  envoyer  un 
nouveau. 

Au  mois  de  juillet  dernier  :  Un  boucher  possédant  plusieurs 
chevaux  pour  son  commerce  se  pique  à  la  main  avec  une 
esquille  osseuse  et  meurt  du  tétanos. 

M.  le  docteur  Nègre,  exerçant  acluellemenl  à  Saint- 
Mandé  a  observé  autrefois  à  Rodez  le  fait  suivant  : 

lue  femme  de  charretier,  âgée  de  quarante  ans,  tenant  une 
auberge  et  soignant  elle-même  tous  les  jours  ses  chevaux,  se 

(1)  Dans  lo3  deux  aulref  cas,  il  «'ad^issaii  d'un  ciiltivalour  qui  tombant  sur  la 
(ac«  dans  um  cliainp,  se  fit  uno  lar^  écorchura  au  nex  et  au  front  ;  il  guérit  en 
qaaire  »einaines  ;  puis  d'un  tonnelier  qui,  atteint  do  brûlures  multiples,  succomba 
iîin  rapidement.  Ces  cas  étant  loiatains,  H.  Legrip  n'a  pu  me  donner  de  détails 
plas  précis. 


fait  à  la  main  droite  une  légère  blessure  qui  ne  Tempêche  pas 
de  continuer  à  panser  ses  animaux.  Quelques  jours  après, 
elle  est  prise  d'un  tétanos  subaigu  dont  elle  est  soignée  et 
guérie  par  le  docteur  Albespy  (de  Rodez). 

L'observation  suivante  m'a  été  communiquée  par  M.Paul 
Berger,  chirurgien  de  l'hôpital  Lariboisière. 

Obs.  VI.  —  Maréchal-ferrant  de  Sceaux,  se  fait  le  14  août 
1888,  à  neuf  heures  du  soir,  une  plaie  profonde  à  la  face  dor- 
sale de  la  main,  en  brisant  un  carreau  ue  verre  ;  hémorrbagie 
artérielle  arrêtée  par  la  charpie  et  le  perchlorure  de  fer,  pas  de 
phénomènes  inflammatoires  ;  bains  et  pansements  phéniqués  à 
partir  du  16. 

Le  âO  août,  le  blessé,  se  sentant  mal  à  l'aise,  va  à  Thôpital 
Cochin  ;  on  le  panse  à  Tiodoforme.  En  rentrant  chez  lui,  il  res- 
sent du  trismus  et  de  la  raideur  des  muscles  de  la  nuque  et  du 
dos  ;  aussitôt,  lavement  de  chloral  et  injection  de  morphine. 

Le  21,  aggravation  et  extension  de  la  contracture,  sauf  aux 
membres  ;  point  de  convulsions  ;  pouls,  respiration,  température 
à  rétat  normal. 

Chloral  et  morphine  à  hautes  doses  sans  succès,  la  contrac- 
ture se  généralise,  convulsions  et  accès  d*asphyxie. 

Le  23,  malgré  le  sommeil  chloralique,  le  patient  est  courbé 
en  arc  ;  le  moindre  attouchement  provoque  une  suspension  pro- 
longée des  mouvements  du  diaphragme,  contracture  dcrœ- 
sophage,  crise  violente  consécutive  a  Fessai  du  cathélérisme 
œsophagien  ;  température,  40  degrés  ;  pouls  variant  de  60  à 
140  pulsations. 

Mort  dans  la  nuit  suivante. 

Le  malade  avait  ferré  des  chevaux  le  jour  même  où  il  s'était 
blessé. 

J*ai  cité  déjà  des  faits  analogues  dans  mes  publications 
antérieures;  ceux  que  je  relate  ici  sont  inédits,  sauf  un, 
et  me  sont  parvenus  dans  ces  derniers  temps,  ce  qui  démon- 
trerait, soit  dit  en  passant,  qu'ils  ne  sont  point  rares. 

Je  voudrais  qu  ils  fussent  pris  en  considération  par 
quelques  personnes  qui,  un  peu  à  la  légère  et  sans  paraître 
bien  au  courant  de  la  Question,  déclarent  simplement  que 
la  provenance  équine  au  tétanos  humain  est  certainement 
inadmissible  ;  puis  par  ceux  encore  qui  croient  plutôt  à  la 
provenance  telluri^ue.  C'est  même  pour  ces  derniers  que 
j'écris  aujourd'hui  cette  note,  en  leur  faisant  remarquer 
que  chez  aucun  des  malades  cités  plus  haut  les  blessures 
n'ont  été  en  rapport  avec  la  terre. 

Je  terminerai  par  la  relation  de  trois  faits  précieux.  Les 
deux  premiers  établissent  de  la  façon  la  plus  nette  la  con- 
tagion équino-humaine  directe.  Je  les  dois  à  M.  le  docteur 
Santallier,  médecin  de  la  marine  à  Saint-Denis  (Ue  de  la 
Réunion). 

Obs.  VII.  —  Un  mulet  laissé  à  Técurie,  &  cause  d'un  accident 
survenu  pendant  la  ferrure,  se  blesse  à  l'épaule  en  faisant  des 
efforts  pour  s'échapper. 

Un  Indien,  B...,  palefrenier,  chargé  de  le  panser,  en  hachant 
des  herbes  pour  couvrir  la  plaie,  se  blesse  lui-môme  à  la  main, 
mais  continue  son  service  sans  s'en  préoccuper. 

La  semaine  suivante,  le  mulet  est  emporte  par  le  tétanos. 

Dix  jours  plus  tard,  le  palefrenier  est  pris  lui-même  de  tétanos 
et  succombe. 

Ceci  se  passait  en  1887,  dans  la  banlieue  de  Saint-Denis,  dans 
un  établissement  de  vidange  où  il  y  avait  environ  quarante 
mulets  et  de  nombreux  coolies. 

Quelques  temps  après,  à  Saint-Pierre,  dans  un  autre  établis- 
sement de  vidange  appartenant  au  même  propriétaire,  un 
incendie  éclate;  un  mulet  assez  profondément  olessé  et  gardé  à 
l'écurie  est  pris  de  tétanos  et  eu  meurt. 

Quelques  jours  après,  son  palefrenier,  oui  lui-même  avait  été 
légèrement  brûlé,  est  pris  de  trismus  et  o  opisthotonos. 

Un  médecin  appelé  aussitôt  institue  le  traitement  et  parvient 
à  sauver  le  malacie. 

Qu'en  diront  ceux  qui  avancent  ^u'on  n'a  jamais  vu  les 
gens  soignant  les  chevaux  tétaniques  être  atteints  eux- 
mêmes  de  cette  maladie? 

Enfin  le  fait  suivant,  unique  à  ma  connaissance,  montre 


110    —  N*  7  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DÉ  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  15  FÉVRreR  1889 


comment  un  cheval  non  tétanique,  —  mais  certainement 
tétanifère  suivant  moi,  —  peut  servir  d'intermédiaire  entre 
un  homme  récemment  blessé  devenant  tétanique  et  un 
cheval  antérieurement  affecté  de  tétanos. 
Je  le  dois  à  M.  le  docteur  Tapie. 

Obs.  VllI.  —  Le  16  octobre  1887,  à  Auch,  un  sous-lieutenant 
de  chasseurs,  en  promenade,  tombe  de  son  cheval,  la  main  gauche 

Srise  sous  le  piea  de  ranimai.  Le  chaton  de  la  bague  portée  au 
oigt  annulaire  coupe  les  parties  molles  et  ouvre  les  gaines  ten- 
dineuses. 

Dix  minutes  plus  lard,  la  main  était  plongée  dans  une  solu- 
tion de  sublimé  puis  recouverte  d'un  pansement  antiseptique 
bien  fait. 

Les  jours  suivants  la  blessure  a  bonne  apparence  et  suppure 
à  peine.  Cependant,  vers  le  douzième  jour,  Irismus  et  raideur 
du  cou. 

Le  lendemain,  Topistliolonos  et  les  convulsions  conûrment  le 
diagnostic. 

Le  malade  traité  par  la  chaleur,  Tobscurilé,  le  repos  absolu 
et  le  chloral  à  la  dose  de  12  grammes  par  jour,  se  rétablit. 

Le  vétérinaire  du  régiment  apprit  à  M.  le  docteur  Tapie 

Sue  dans  Tëcurie  occupée  par  le   cheval  du  lieutenant, 
eux  chevaux  avaient  été  atteints  de  tétanos   trois  mois 
auparavant  ;  ils  avaient  guéri. 

L'année  précédente,  dans  le  même  régiment,  on  avait 
observé  un  cas  de  tétanos  humain. 

N'est-il  pas  logique  d  admettre  que  le  cheval  du  lieute- 
nant, bien  sain  en  apparence,  portait  sur  lui,  à  Tétat  latent 
et  sans  en  être  incommodé,  les  germes  tétaniques  pris  dans 
l'écurie  contaminée  huit  mois  auparavant  et  les  transmettait 
à  son  maître  à  l'occasion  d'une  légère  blessure,  et  malgré 
un  traitement  antiseptique  local  très  précoce. 

On  voudra  bien  me  rendre  cette  justice  que  si,  ayant 
émis  une  hypothèse,  je  cherche  de  mon  mieux  à  la  faire 
prévaloir,  je  me  fais  un  devoir  de  l'appuyer  sur  des  faits 
aussi  nombreux  et  aussi  précis  que  possible. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Académie  de  médeelne. 

SÉANCE  DU   12  FÉVRIER   1889.   —  PRÉSIDENCE 
DE   H.   MAURICE  PERRIN. 

M.  le  docteur  Motait  (d'Angers)  se  porte  candidat  au  titre  de  correspondant 
national  dans  la  première  division  {Anatomie)  et  M.  le  docteur  Félix  (de 
Bruxelles),  candidat  au  titre  de  correspondant  étranger  dans  la  deuxième  division 
{Chirurgie). 

MM.  les  docteurs  Prieur  (à  Gap)  et  Huguenari,  médecin-major  de  2*  classe  au 
6*  régiment  de  hussards,  envoient  les  relovés  des  vaccinatUmt  et  revaccinationt 
qu'ils  ont  pratiquées  en  1888. 

M.  le  docteur  Ripault  adresse  un  mémoire  sur  les  dangert  des  purgatifs  vrais 
dans  les  maladies  infectieuses, 

M.  le  docteur  J.  Comby  envoie  une  Notice  sur  le  professeur  Boyer  et  invite 
l'Académie  à  souscrire  au  monument  qui  doit  être  érigé  h  sa  mémoire  à  Uxerche 
(Corrèze). 

M.  Roehard  présente  un  volume  sur  l'hygiène  de  la  vue,  par  MM.  les  docteurs 
Calezowshi  et  Kop/f, 

M.  Larrey  dépose  un  ouvrage  de  M.  le  docteur  de  Séré  sur  la  virilité  et  Vdge 
critique  de  l'homme  et  de  la  femme  et  fait  don  de  plusieurs  collections  de  recueils 
scientiflques  et  d'hygiène. 

M.  il.  Robin  présente  le  premier  numéro  de  la  Revue  des  Pyrénées  et  de  la 
France  méridionale,  publiée  par  MM.  Sacaze  et  F.  Garrigou. 

M.  A.  Gautier  dépoie  un  mémoire  de  M.  Œchsner  de  Coninck  sur  les  acides 
oxybenseilque  et  bcMoîque, 

Tétanos.  —  La  discussion  sur  l'éliologie  du  tétanos, 
soulevée  au  mois  d'octobre  dernier  par  M.  Verneuil,  reprend 
par  un  discours  de  M.  Nocard.  Pour  lui,  les  faits  expéri- 
mentaux sont  venus  si  complètement  confirmer  les  données 
de  la  clinique  qu'il  n'est  plus  possible  de  contester  l'inocu- 
labilité  du  tétanos  traumatique;  car,  dans  tous  les  cas  où 


l'on  connaît  le  traumatisme  d'où  procède  le  tétanos,  il  suffit 
d'inoculer  le  pus  de  la  plaie,  les  bourgeons  charnus  ou 
même  les  tissus  de  la  cicatrice,  pour  rendre  tétaniques  la 
plupart  des  animaux  aptes  à  contracter  la  maladie.  Or,  le 
tétanos  spontané  ne  diffère  pas  du  tétanos  traumatique, 
quant  à  ses  symptômes,  à  sa  marche  et  à  ses  modes  de 
terminaison,  d'où  il  est  permis  de  conclure  que  l'un  el 
l'autre  ont  une  cause  identique;  ce  qui  les  distingue  seule- 
ment, c'est  que  dans  un  cas  Ton  connaît  et  dans  l'autre  on 
ignore  la  porte  d'entrée  du  contage.  Il  est,  il  est  vrai,  plus 
difficile  d'interpréter  le  rôle  indiscutable  du  froid  dans  bon 
nombre  de  cas  de  tétanos,  mais  il  est  ici  permis  d'admettre 
que  le  bacille  tétanigène  existe  dans  l'organisme  comme  le 
pneumocoque  dans  celui  des  pneumoni()ues,  préalablement 
au  coup  de  froid,  qu'il  est  resté  inoffensif  tant  que  leur  santé 
a  été  parfaite  et  que  la  perturbation  résultant  du  refroidis- 
sement en  a  tout  à  coup  permis  la  diffusion  et  la  prolifé* 
ration. 

Comme  M.  A.  Guérin,  M.  Nocard  ne  croit  pas  que  le 
tétanos  soit  transmissible  par  l'air,  d'autant  qu  il  ne  sau- 
rait donner  au  mot  infection  la  signification  restreinte 
qu'on  lui  accordait  autrefois.  Si  le  pansement  de  Lister  est 
impuissant  à  prévenir  cette  affection,  ce  n'est  pas  parce 
qu  elle  ne  proviendrait  pas  d'un  agent  infectieux,  mais  plu- 
tôt parce  que  le  contage  tétanique  possède  une  extrême  ré- 
sistance aux  causes  naturelles  de  destruction,  ainsi  que 
M.  Nocart  en  fournit  de  nombreux  exemples.  Dans  les  cas 
de  tétanos  chirurgical  ce  sont  surtout  les  instruments  da 
chirurgien  qui  portent  le  contage  sur  la  plaie  opératoire; 
d'où  l'indication  très  nette  de  les  aseptiser  par  le  flambage 
ou  par  rimmersion  dans  un  bain  d  huile  chauffé  au  delà 
de  120  degrés  centigrades.  Depuis  1882,  M,  Nocard  a  fait 
17  autopsies  complètes  de  chevaux  tétaniques;  à  part  l'aug- 
mentation notable  et  constante  du  liquide  céphalo-rachi- 
dien, il  n'a  rien  constaté  d'anormal  ;  l'inoculation  de  tous 
les  produits  supposés  infectieux,  notamment  de  la  sub- 
stance nerveuse,  a  toujours  été  négative,  sauf  une  fois. 
Le  contage  tétanioue  semble  donc  rester  confiné  au  voisi- 
nage de  la  plaie  a'où  procède  la  maladie,  de  même  que 
dans  la  diphthérie  le  microbe  pathogène  n'existe  nulle 
part  ailleurs  que  dans  la  fausse  membrane.  Enfin,  la  gra- 
vité du  tétanos  paraît  être  en  raison  inverse  de  la  durée 
de  son  incubation  ;  mortel  lorsqu'il  apparaît  du  septième 
au  huitième  jour,  il  guérirait  lorsqu'il  survient  du  vingtième 
au  vingt-cinquième  jour,  si  bien  que  le  médecin  trouve- 
rait dans  la  date  de  l'accident  un  élément  précieux  pour 
établir  son  pronostic. 

Dans  un  long  et  important  mémoire,  M.  Leblanc  cri- 
tique les  diverses  observations  d'origine  équine  du  tétanos, 
communiquées  par  MM.  Verneuil  et  Ricochon.  II  /ail 
remarquer  que  aans  ces  cas  les  personnes  blessées  n'avaient 
été  en  contact  qu'avec  des  chevaux  sains  ou  avec  des  bœufs, 
des  moutons  ou  des  porcs  ;  il  ne  peut  admettre  en  principe 
qu'un  animal  puisse  transmettre  à  l'homme  une  maladie 

3u'il  n'a  pas.  Examinant,  par  contre,  les  faits  si  nombreux 
e  la  pratique  vétérinaire,  il  estime  (|ue  dans  cette  ques- 
tion on  doit  tenir]  compte  de  la  prédisposition;  le  germe 
n'agit  que  sur  le  sujet  prédisposé  et  ce  germe,  s'il  existe, 
réside  dans  le  sol.  Il  ne  croit  pas  à  l'infection,  encore 
moins  à  la  contagion  du  cheval  au  cheval  et  du  cheval  à 
rhomme.  Si  l'infection  était  la  seule  cause  du  tétanos, 
l'autopsie  devrait  donner  des  résultats  positifs  et  elle  a 
échoué  dans  des  cas  nombreux.  Aussi  attendlra-t-il  des 

(preuves  nouvelles  avant  de  se  convertir  à  la  doctrine  de 
'infection,  cause  unique  du  tétanos. 

M.  Verneuil  craint  que  M.  Leblanc  n'ait  examiné  qu'une 
partie  des  observations  qu'il  a  présentées  el  qui  sont  plus 
nombreuses  que  celles  dont  il  vient  de  parier.  Il  se  réserve 
de  répondre  en  détail  mardi  prochain,  en  faisant  l'expose 
de  sa  doctrine  à  l'égard  du  tétanos. 


15  Février  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*7—    IH 


Patbogénie  de  la  FtÈVRE.  —  M.  Hayem  communique 
un  mémoire  dans  lequel  M.  le  docleur  Roussy  rend  compte 
d  expériences  qui  lui  ont  permis  d'isoler  d'un  micro-orga- 
nisme une  substance  chimique  à  laquelle  il  donne  le  nom 
de  pyrétogénine  et  qui,  inoculée  à  raison  d'un  demi-milli- 
gramme par  kilogramme  d'animal,  détermine,  chez  le  chien 
tout  au  moins,  un  accès  de  fièvre  intense.  D'où  il  conclut 
que  la  fièvre  observée  dans  les  différentes  maladies  est 
causée  par  une  substance  chimique  identique  ou  sem- 
blable à  celle-ci.  De  même  il  existerait  des  substances  ana- 
logues, qui  auraient  des  propriétés  frigorigènes. 

Ce  mémoire  sera  discuté  par  l'Académie,  lorsque 
M.  Hayem  aura  donné  lecture  du  rapport  qu'il  est  chargé 
de  faire. 

Mortalité  militaire  aux  colonies.  —  M.  Gustave 
Lagneau  présente  un  tableau  comparatif  delà  mortalité  des 
marins  et  des  soldats  français  dans  les  colonies.  Après  avoir 
rappelé  que  nos  jeunes  gens  de  vingt  à  trente  ans,  en  géné- 
ral, onl  une  mortalité  annuelle  de  8  à  10  sur  iOOO,  il  mon- 
tre d'abord  que  les  militaires  à  l'intérieur,  en  France,  bien 
que  soumis  à  l'élimination  de  tous  les  infirmes  et  débiles 

Sardes  exemptions,  dispenses  et  réformes,  qui  déchargent 
e  nombreux  décès  l'obituaire  de  l'armée,  présentent  une 
mortalité  au  moins  égale,  de  9  à  11  sur  1000,  par  suite 
principalemeut  de  Tencombrement  humain  de  la  caserne. 

Passant  à  l'Algérie,  il  rappelle  que  la  mortalité,  de  77 
sur  lOX)  de  1837  à  1848,  est  descendue  actuellement  à  la 
proportion  d'environ  11  à  12  sur  1000,  peu  différente  de 
telle  de  l'armée  à  l'intérieur. 

Pareillement,  mais  plus  rapidement  la  mortalité  de  nos 
soldats,  de  61  sur  1000  en  Tunisie  en  1881,  serait  actuelle- 
ment descendue  à  12  sur  iOOO. 

La  mortalité  de  nos  militaires  est  remarquablement  faible 
dans  nos  possessions  océaniennes,  de  8  à  9  sur  1000  à 
Tahiti,  à  la  Nouvelle-Calédonie. 

Bien  que  la  mortalité  ait  considérablement  diminué  aux 
Antilles  françaises,  où  de  91  sur  1000  d'effectif,  d'un 
onzième,  de  1819  à  1855,  elle  serait  arrivée  à  n'être  guère 
ordinairement  qu'environ  deux  fois  plus  forte  qu'en  France, 
elle  s'élève  bien  davantage  lorsque  sévit  la  fièvre  jaune. 

Quoique  beaucoup  moindre  pour  les  militaires  que  pour 
les  colons  cultivant  le  sol,  la  mortalité  à  la  Guyane  s'est 
montrée  énorme  lors  d'épidémies  de  fièvre  jaune,  qui  ont 
fait  périr  jusqu'à  237  hommes  sur  1000  comme  en  1855, 
près  d'un  quart  de  l'effectif. 

Dans  les  Indes  françaises,  à  Pondichéry,  la  mortalité 
serait  d'environ  37  sur  1000. 

Dans  la  Cocbinchine,  la  mortalité  considérable  durant 
les  premières  années  de  l'occupation,  de  115  sur  1000  en 
1861,  soit  de  plus  d'un  neuvième  de  l'effectif,  serait  pro- 
gressivement descendue  à  n'être  guère  que  le  double  qu'en 
France.  Mais,  pour  cette  colonie,  comme  pour  toute  autre, 
on  ne  peut  exactement  déterminer  la  mortalité  réelle  due 
au  séjour  colonial,  par  suite  du  rapatriement  de  nombreux 
malades,  dont  un  certain  nombre  succombent  ultérieure- 
ment. 

Vu  la  diversité  plus  grande  des  saisons,  le  Tonkin  serait 
plus  salubre.  Mais  par  suite  de  leur  nombre  insuffisant,  les 
soldats  fatigués  seraient  parfois  fortement  éprouvés.  De 
1882  à  1885,  leur  mortalité  annuelle  aurait  été  d'environ 
40  sur  1000.  Mais,  en  1885,  à  partir  d'août,  durant  quelques 
mois,  le  choléra  fit  périr  96  sur  1000  de  l'effectif.. 

A  la  Réunion,  la  mortalité  de  nos  soldats  et  marins  serait 
modérément  élevée,  si  dans  ses  hôpitaux  ne  venaient  mourir 
les  malades  de  Madagascar  et  des  îles  voisines.  Aussi  la 
mortalité  ordinaire  de  29  à  30  sur  1000  s'élève-t-elle  de  70 
à  113  sur  1000  lors  de  certaines  expéditions  dans  les  Iles 
Madecasses. 

Parmi  nos  colonies  les  plus  insalubres,  le  Sénégal  sem- 


ble le  plus  redoutable.  La  mortalité  moyenne  de  148 
sur  1000  de  1832  à  1837,  a  diminué  de  moitié,  et  est  ac- 
tuellement de  73  sur  1000,  çrâce  à  la  moindre  durée  du 
séjour  et  au  rapatriement  rapide  de  150  malades  sur  1000 
d'effectif,  malades  qui  trop  souvent  succombent  ou  restent 
valétudinaires.  Dans  cette  colonie,  les  épidémies  de  fièvre 
jaune  font  périr  parfois  plus  de  la  moitié  des  Européens  ; 
en  1830,  en  1859,  en  1878,  il  succomba  573,  610  et  526 
malades  sur  1000  Européens. 

Pour  atténuer  la  morbidité  et  la  mortalité  de  nos  troupes 
coloniales,  non  seulement  de  plus  en  plus  on  abrège  leur 
temps  de  séjour;  on  les  envoie  dans  des  sanatoria  à  des 
altitudes  plus  ou  moins  grandes,  dans  des  îles  assainies  par 
les  brises  de  mer  ;  on  rapatrie  promptement  les  convales- 
cents et  les  malades  transportables  ;  mais  il  faut  surtout  de 
plus  en  plus  substituer  les  troupes  indigènes  tout  accli- 
matées, aux  troupes  européennes,  dont  l'acclimatement  est 
si  difficile.  Des  volontaires  doivent  seuls  fournir  au  recru- 
tement des  cadres  et  de  quelques  rares  corps  spéciaux. 

En  se  créant  des  colonies,  la  France,  non  seulement 
accroît  son  importance  politique  et  ses  relations  commer- 
ciales, mais  aussi  favorise  notre  émigration,  nui  en  offrant^ 
à  nos  nationaux,  de  larges  débouchés,  de  nombreux  moyens 
d'existence  et  de  richesse,  augmente  le  bien-être  général  et 
accroît  notre  natalité,  actuellement  si  restreinte.  Mais, 
ainsi  que  le  font  d'autres  nations,  ainsi  que  le  fait  l'Angle- 
terre, la  France  doit  publier  les  documents  statistiques 
relatifs  à  la  morbidité  et  à  la  mortalité  de  nos  marins,  de 
nos  troupes  coloniales.  La  nation  qui  fournit  les  hommes, 
les  Parlements  qui  décident  de  la  prise  de  possession  de 
telle  ou  telle  contrée,  doivent  connaître  la  dîme  mortuaire 
de  chaque  campagne,  de  chaque  occupation  territoriale. 
Dans  notre  pays,  plus  riche  que  populeux,  il  importe  que 
l'évaluation  précise  du  nombre  ues  malades  et  des  morts 

[lermette  d'appliquer  constamment  les  mesures  hygiéniques 
es  plus  propres  à  en  restreindre  les  proportions.  Il  importe 
aussi  que  la  mission  périlleuse  de  nos  troupes  coloniales 
étant  mieux  appréciée,  on  sache  récompenser  nos  soldats, 
nos  marins  proportionnellement  aux  dangers  uu'ils  courent 
pour  étendre  et  maintenir  au  loin  l'autorité  de  la  France. 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  19  février  1889  est 
fixé  ainsi  qu'il  suit  :  1°  Rapport  de  M.  Hayem  sur  un  mé- 
moire de  M.  le  docteur  Roussy  concernant  la  pathogénie  de 
la  fièvre  ;  2''  Communication  de  M.  Guyon  sur  la  néphror- 
raphie  ;  S**  Discussion  sur  le  tétanos.  Inscrits  :  MM.  Ver- 
neuil,  Trasbot  ;  4''  Lecture  de  M.  le  docteur  Pinard  sur  une 
observation  de  laparatomie  dans  un  cas  de  grossesse  extra- 
utérine. 


Soel^lé   médleAle  des  hôpitaux. 

SÉANCE   DU  8   FÉVRIER   1889.  —  PRÉSIDENCE   DE 
M.    CADET  DE   GASSICOURT. 

Réformes  hygiéniques  dans  les  serv^ioes  hospitaUers  :  K.  MiUard 
(Dltousaion  :  MM.  Rendu.  LaUler).  —  Du  strophantos  dans  les 
maladies  du  oœur:  M.  Buoquoy.  —  Rapports  du  goitre  ezophthal- 
mique  et  de  l'atazie  :  BCM.  Féréol,  BaUet  (Disoussion  :  MM.  Re- 
nault, OUivier,  DumontpaUier,  E.  Labbé).  —  Donations  A  la 
Société). 

A  l'occasion  du  procès-verbal  de  la  précédente  séance, 
M.  Millard  fait  savoir  qu'il  a  appuyé  auprès  de  l'adminis- 
tration les  justes  réclamations  formulées  par  ses  collègues 
Cour  l'exécution  de  réformes  hygiéniques  dans  les  hôpitaux 
rousseau  et  des  Enfants-Malades.  L'administration  fait 
preuve  depuis  longtemps  déjà  des  meilleures  intentions  en 
vue  des  améliorations  de  cette  nature  ;  elle  a  été  déjà  saisie, 
l'an  dernier,  d*un  projet  d'organisation  de  l'antisepsie 
médicale,  et  sur  les  instances  de  M.  Grancher,  formulées 
dans  une  lettre  dont  M.  Millard  donne  lecture,  elle  a  voté 


il2    —  N»  7  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  15  Février  1889 


une  sorarae  de  27924  francs,  destinée  aux  réformes  récla- 
mées dans  cette  lettre,  et  à  Tinstallation  d'une  étuve  à 
vapeur  humide  sous  pression  du  système  Geneste  et 
Herscher.  Une  seconde  aécision,  toute  récente,  a  destiné  à 
des  réformes  semblables  la  somme  de  500000  francs,  pro- 
venant du  ministère  de  l'Intérieur  et  prélevée  sur  la  rede- 
vance des  paris  mutuels  aux  courses  de  chevaux.  Sur  le 
rapport  de  M.  de  Salverle,  les  crédits  suivants  ont  été 
votés:  180000  francs  pour  envoi  à  titre  d'essai  d'enfants 
scrofuleux  dans  les  stations  thermales  ou  maritimes; 
120  000  francs  pour  remplacement  des  étuves  à  désinfection 
par  le  nouveau  système;  200000  francs  pour  l'amélioration 
du  mobilier  des  services  non  seulement  de  chirurgie,  mais 
de  médecine  et  d'accouchements. 

H.  Rendu  reconnaît  le  bon  vouloir  de  l'administration, 
mais  il  fait  observer  que  tant  qu'on  mettra  vingt  malades 
dans  une  salle  où  dix  seulement  peuvent  respirer,  tant  que 
les  services  seront  encombrés  de  brancards,  on  ne  pourra 
réaliser  une  bonne  hygiène  et  une  désinfection  suffisante. 

M.  Lailler  pense   qu'il    vaudrait    mieux   répartir   les 
•  200000  francs  votés  sur  certains  services  spéciaux  et  non 
sur  la  masse,  car  alors  on  n'arrivera  qu'à  des  avantages 
insignifiants  pour  chacun  d'eux. 

M.  Millard  répond  que  telle  est  en  effet  l'intention  de 
M.  Monod,  directeur  au  ministère  de  Tlntérieur.  Peut-être 
la  Société  des  hôpitaux  pourra-l-elle,  en  temps  opportun, 
émettre  un  vœu  à  ce  sujet. 

—  M.  Bucquoy  offre  son  travail  sur  le  slrophantus  dans 
les  maladies  du  cœur.  Il  fait  savoir  à  ce  propos  que  l'admi- 
nistration, sur  l'avis  formel  du  pharmacien  en  chef  des 
hôpitaux,  a  décidé  qu'elle  ne  délivrerait  pas  de  strophantus. 
Les  motifs  allégués  ne  sauraient  être  valables  puisaue  le 
strophantus  du  commerce,  abondant  sur  le  marché  de 
Londres,  est  bien  spécifié  comme  graines  du  strophantus 
Kombé,  que  son  prix  de  revient  est  loin  d'être  excessif,  et 
que  ce  n'est  plus  un  médicament  à  l'essai,  mais  au'il  est 
employé  régulièrement  dans  toutes  les  capitales  de  I  Europe 
et  aux  Etats-Unis.  H.  Bucquoy  propose  à  ses  collègues  de 
faire  un  certain  nombre  de  bons  pour  des  pilules  d'extrait 
de  strophantus,  destinées  à  leurs  services  respectifs  ;  il 
espère  que  l'on  pourra  ainsi  forcer  la  maiu  à  l'adminis- 
tration. 

—  M.  Féréol  ne  veut  pas  entrer  dans  la  discussion  des 
rapports  du  goitre  exophthalmique  et  de  l'ataxie;  mais  il 
tient  à  remercier  M.  Barié  d'avoir  rappelé  que,  dès  1874, 
il  avait  signalé  le  tremblement  comme  un  des  symptômes 
de  la  maladie  de  Graves.  11  relate  une  observation  de  goitre 
exophthalmique  développé  chez  un  homme  de  cinquante 
ans  et  dont  la  guérison  a  été  complète  sous  l'influence 
de  l'iode  intus  et  extra.  Il  rappelle  aue,  si  la  guérison  de 
la  maladie  de  Graves  n'est  pas  rare  chez  les  jeunes  sujets, 
par  contre  elle  est  exceptionnelle  chez  les  gens  âgés,  qui 
succombent  d'ordinaire  soit  à  une  cachexie  profonde,  soit 
à  une  affection  organique  du  cœur,  ou  à  une  sorte  de  con- 
somption hyperpyrétique  spéciale. 

M.  Ballet  reconnaît  la  coexistence  indéniable,  signalée 
par  H.  Barié,  du  goitre  exophthalmi(|ue  et  de  l'ataxie,  mais 
li  ne  saurait  admettre,  comme  lui,  que  la  maladie  de 
Basedow  soit  la  conséquence  des  lésions  tabétiques  du 
bulbe.  M.  Barié  admet  sans  doute  la  maladie  de  Basedow, 
névrose,  dont  la  réalité  ne  saurait  être  niée  en  présence  de 
son  étiologie  par  émotion  morale,  de  la  brusquerie  de  son 
apparition,  de  ses  rémissions,  de  sa  guérison  et  de  ses  réci- 
dives possibles.  La  discussion  ne  saurait  s'engager  sur  ce 
point,  mais  sur  celui  de  savoir  si  des  lésions  tabétiques 
bulbaires  peuvent  engendrer  la  maladie  de  Basedow.  A  pro- 
pos du  malade  présenté,  en  1874,  devant  la  Société,  par 


M.  Féréol,  M.  Ballet  lui-même,  cherchant  l'explication  des 
phénomènes  de  tremblement,  d'hémiparésie  avec  hyperes- 
thésie  à  droite  et  hémianesthésie  du  côté  opposé,  avait 

[lensé  à  l'existence  d'une  lésion  bulbaire;  mais,  depuis  lors, 
es  notions  acquises  en  neurologie  ont  modifié  son  opinion,' 
et  il  n'est  pas  douteux  qu'il  s'agissait  de  Thystérie  associée, 
chez  ce  malade,  au  soitre  exophthalmique.  Dans  les  cas 
analogues  à  ceux  de  M.  Barié,  on  peut  émettre  deux  hypo- 
thèses.  La  première,  admise  par  M.  Joffroy  et  par  M.  Ballet, 
mais  que  repousse  M.  Barié,  est  celle  de  la  coexistence  de 
l'ataxie  et  de  la  maladie  de  Graves.  Il  ne  s'agit  pas,  d'ail- 
leurs, d'une  coïncidence  fortuite;  elle  résulte  (l'une  lare 
originelle,  ordinairement  héréditaire,  prédisposant  certains 
individus  à  l'éclosion  de  différentes  affections  nerveuses. 
Les  exemples  de  ce  fait  abondent  :  coexistence  de  plusieurs 
délires,  de  l'hystérie  et  des  vésanies,  des  vésanies  et  de  la 
chorée,de  l'hystérie  et  du  goitre  exophthalmique,  de  Tataxie 
et  de  la  neurasthénie.  C'est  presque  une  loi  de  la  patholo- 
gie nerveuse;  donc,  rien  de  surprenant  à  Tassociation  de 
l'ataxie  et  de  la  maladie  de  Basedow,  manifestations  d'une 
même  cause  :  l'hérédité  nerveuse.  La  seconde  hypothèse, 
celle  de  H.  Barié,  parait,  par  contre,  inadmissible.  Il  fau- 
drait admettre  que  les  lésions  tabétiques  ont  intéressé  le 
noyau  bulbaire  du  pneumogastriaue;  mais,  lorsque  ce 
noyau  dégénère,  dans  la  sclérose  latérale  amyotrophiçiue, 
par  exemple,  on  observe  bien  de  la  tachycardie,  mais  il 
s'agit  alors  d'un  trouble  ultime,  sans  apparition  des  autres 
signes  de  la  maladie  de  Basedow.  En  terminant,  M.  Ballet 
rappelle  que  M.  Joffroy  admet  qu'au  cours  de  l'ataxie,  on 
peut  observer  une  tachycardie,  sans  qu'on  doive  la  reprd  r 
comme  indiquant  la  coexistence  de  la  maladie  de  Graves. 
Sur  quels  arguments  cfiniques  s'appuie-t-il  pour  différen- 
cier la  tachycardie  de  Basedow  de  celle  qu'il  rattache  direc- 
tement au  tabès?  —  En  résumé  :  l'association  possible  de 
la  maladie  de  Graves  et  du  tabès  est  chose  bien  établie. 
L'hypothèse  d'une  lésion  bulbaire  dépendant  de  l'extension 
du  processus  tabétique  ne  paraît  pas  admissible.  Il  faut 
voir,  dans  les  faits  de  ce  genre,  avec  MM.  Charcot  et  Joffroy. 
un  exemple  de  ces  associations  d'affections  nerveuses  qui 
ne  sont  pas  rares  chez  les  héréditaires  et  les  dégénérés. 

M.  Renault  rapporte  un  cas  de  goitre  exophthalmique 
très  net,  avec  exophthalmie,  goitre  médiocre,  et  tachycar- 
die, dans  lequel  tous  les  accidents  disparurent  après  un 
accouchement  à  terme. 

M.  Ollivier  a  observé,  chez  un  ataxique,  une  hyperhydrose 
et  une  séborrhée  ayant  disparu  au  bout  de  quelques  mois 
alors  que  les  symptômes  du  tabès  continuaient  à  évoluer. 
Ces  accidents  paraissent  relever  d'un  trouble  du  sympathi- 
que et  démontrer,  en  particulier,  l'influence  du  système  ner- 
veux sur  la  sécrétion  sébacée. 

M.  Ballet  rappelle  qu'on  observe  assez  fréquemment  des 
troubles  de  même  ordre  chez  les  ataxiques  :  crises  de  diar- 
rhée passagère,  poussées  de  rougeur  éphémère  à  la  peau. 
Il  a  vu,  une  fois,  une  sialorrhée  assez  intense. 

M.  DuMontpallier  est  surpris  d'entendre  parler  de  la^ 
guérison  du  goitre  exophthalmique  ;  il  n'en  connaît  aucune' 
observation,  et  n*en  a  jamais  eu  d'exemple  parmi  les  nom- 
breux goitres  qu'il  a  rencontrés. 

M.  Ballet  répond  que  les  cas  de  guérison  ne  sont  pas  rares 
si  l'on  envisage  non  pas  seulement  les  faits  de  goitre  exoph- 
thalmique typiques,  mais  les  formes  frustes.  Dans  les  cas 
les  plus  caractérisés  la  guérison  est  encore  possible,  bien 

au'el  le  soit  relativement  rare.  lien  rapporte  unexemplei 
es  plus  concluants.  Bien  des  observations  probantes  ont 
été  recueillies  à  la  Salpétrière  après  l'emploi  des  courants 
électriques  et  surtout  aes  courants  continus. 

M.  E.  Labbé  avait  cru  jusqu'ici  que  le  goitre  exophthal- 
mique ne  guérissait  pas.  Il  a  observé,  pour  sa  part,  plu-i 


13  Févbier  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N-  7  —    H3 


sieurs  fois  l'association  de  la  maladie  de  Basedow  et  de 

FaUxie. 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  quart. 

André  Petit. 

~  Suite  de  la  liste  des  donations  a  la  Société  : 
MM.  Baillai^er,  50  francs;  Charcot,  100  francs;  Duraont- 
pallier,  500  francs  ;  [Grancber,  1000  francs  ;  Bourdon, 
■iO francs:  Labric,  500  francs;  Lereboullet,  100  francs; 
R.  Moulard-Marlin,  100  francs;  Hallopeau,  100  francs; 
£.  Labbé,  200  francs;  Ilayem,  100  francs;  Ferrand, 
liJO francs;  Gouraud,  50  francs;  Monteils  (membre  corres- 
pondant à  Mende,  Lozère),  100  francs  ;  Hutinel,  100  francs. 


Soeléi^  de  chirargle. 

SÉANCE  DU    6   FÉVRIER  1889.    —    PRÉSIDENCE  DE 
M.    LE   DENTU. 

Kyste  dermolde  de  la  Joue  :  K.  Lannelongue.  —  Plaie  pénétrante 
de  l'abdomen  :  M.  Baadon  (Rapporteur:  M.  Ohauvel.  Diaousslon  : 
XM.  Kirmlsaon,  Terrier,  Quènu,  Berger,  Peyrot).  —  Anèvrysme 
de  la  soos-daviére  :  K.  VlUadarèe  (Rapporteur  :  K.  Nèlaton.  Dis- 
ausion  :  MM.  Terrier,  Kirmiason,  Marc  8èe.  Vemeuil).  —  Myômes 
otëriBa  pédicules  douloureux  :  M.  TerriUon  (Diecusaion  :  MM.  Des^ 
prëa,  Routier.  Terrier).  —  Laparotomie  exploratrioe  :  M.  Dupon- 
ehel.  —  Amputation  de  Lisfrano  :  M.  ChauTel. 

M.  Lannelongue  dépose  une  autre  observation  de  kyste 
dermolde  de  la  joue  à  ajouter  à  celles  qu'il  a  communiquées 
récemment.  Il  existait  depuis  la  naissance  une  petite  tache 
éreclile  précisément  là  où  se  montra  la  tumeur. 

—  M.  Chauvel  donne  lecture  de  deux  observations  de 
plaies  pénétrantes  de  Tabdomen  par  armes  à  feu,  suivies 
deguérison  sans  intervention,  par  M.  Baudon  (de  Nice). 
H.  Chauvel  a  fait  le  relevé  des  cas  de  laparotomie  faits 
pour  les  accidents  de  ce  genre  et  a  constaté  qu'en  Amérique 
du  moins,  la  proportion  des  succès  va  en  augmentant.  Si 
l'on  est  moins  heureux  en  France,  cela  tient  à  ce  qu'on 
opère  trop  tard. 

M.  KirmissoTty  au  sujet  du  cas  que  M.  Berger  a  rapporté 
dans  la  dernière  séance,  rappelle  que  tout  le  monde  est 
d'accord  en  ce  qui  concerne  les  plaies  de  l'estomac,  qu'elles 
guérissent  spontanément  dans  la  plupart  des  cas  et  qu'il 
faut  en  faire  une  classe  à  part.  Le  pronostic  est  bien  diiïé* 
rent  pour  les  blessures  de  l'intestin  grêle,  et  si  en  Amé- 
rique on  obtient  la  guérison  dans  un  tiers  des  cas,  c'est 
que  les  chirurgiens  les  opèrent  tous  et  très  promptement. 

M.  Terrier  pense  qu'il  faut  ouvrir  l'abdomen  quel  que 
soitle  viscère  atteint.  Si  les  Américains  réussissent,  cela 
tienlàccque  les  blessés  sont  transportés  très  rapidement 
et  trouvent  à  l'hôpital  un  chirurgien  assistant  qui  opère 
dès  leur  entrée.  En  France  l'intervention  la  plus  hâtive 
ne  peut  pas  se  faire  avant  six  ou  huit  heures. 

M.  (fuénti,  appelé  une  demi-heure  après  l'accident  auprès 
d'une  malade  qui  avait  une  plaie  de  l'estomac,  n'intervint 
point  quoiqu'il  fût  dans  de  bonnes  conditions.  Malgré  le 
iraiiemcnt  médical,  la  malade  mourut  de  péritonite  au 
cinquième  jour.  Pour  H.  Quénu,  il  ne  faut  pas  être  demi- 
interventionniste;  la  règle  est  d'agir  toutae  suite  ou  pas 
du  tout. 

;    M.  Berger  fait  remarquer  que  s'il  est  facile  de  trouver  et 

!  de  suturer  la  plaie  de  la  face  antérieure  de  l'estomac,  celle 

^ela  face  postérieure  se  cache  si  bien  dans  l'épiploon  qu'il 

^st  parfois  impossible  de  la  rencontrer  même  à  l'autopsie. 

M.  Peyrot  raconte  l'histoire  d'une  laparotomie  faite 
^eize heures  environ  après  le  coup  de  feu;  des  perforations 
(ioubles  de  l'estomac,  du  côlon  transverse  et  du  duodénum 


furent  facilement  trouvées  et  suturées  ;  le  projectile  entouré 
de  fragments  de  vêtement  était  logé  derrière  le  duodénum. 
Le  malade  mourut  vers  le  quatrième  jour. 

—  M.  Nélaton  lit  un  rapport  sur  une  observation  d'ané- 
vrysme  de  l'artère  sous-cfavière  traité  par  les  courants 
continus  et  guéri  en  cinquante-cinq  jours  par  M.  Villada- 
rès.  L'interprétation  de  celte  cure  est  assez  difficile  à 
donner  à  cause  des  lacunes  que  renferme  l'observation. 

M.  Terrier.  Comme  on  a  simultanément  traité  le  ma- 
lade qui  était  syphilitique  par  l'iodure  de  potassium,  il  n'y 
a  pas  à  chercher  ailleurs  que  dans  son  influence  la  cause 
de  la  guérison.  D'ailleurs  les  anévrysmes  en  général  même 
chez  les  sujets  non  syphilitiques  s'améliorent  copeidérable- 
ment  par  les  iodures  et  surtout  par  l'iodure  de  sodium. 

il,  Kirmisson  rappelle  que  récemment  M.  Jaccoud  a 
réuni  une  douzaine  d'observations  d'amélioration  d'ané- 
vrysmes  de  l'aorte  sous  l'influence  des  iodures,  et  M.  Marc 
Sée  que  l'Académie  a  adopté  la  môme  opinion  sans  con- 
teste. 

M.  Verneuil  pense  que  les  chirurgiens  ne  profitent  pas 
assez  de  cette  méthode  qui  appartient  à  Bouillaud. 

—  M.  Terrillon  lit  un  mémoire  sur  l'extirpation  des 
mvômes  utérins  pédicules  douloureux.  Ce  n'est  pas  le 
volume  de  ces  tumeurs  qui  est  la  cause  de  l'intervention 
opératoire,  c'est  d'une  part  la  douleur  spontanée,  exagérée 
par  la  pression,  la  station  debout,  la  marche,  douleur  tou- 
jours vive  et  que  le  décubilus  dorsal  seul  soulage;  d*autre 
part  ce  sont  des  troubles  intestinaux,  nausées,  crampes 
douloureuses,  vomissements,  tous  symptômes  attribués 
presque  toujours  à  une  maladie  d'estomac.  Quoique  ces 
librômes  sous-séreux  coïncident  le  plus  ordinairement  avec 
des  fibromes  interstitiels  ou  avec  des  tumeurs  semblables 
faisant  saillie  sous  la  muqueuse  dans  la  cavité  utérine, 
M.  Terrillon  s'est  contenté  dans  les  quatre  cas  qu'il  a 
opérés  d'enlever  la  tumeur  pédiculée  et  les  douleurs  ont 
complètement  cessé.  Il  attribue  ces  vives  soufl'rances  à  des 
adhérences  entre  le  grand  épiploon  et  ces  tumeurs  ma- 
melonnées, irrégulières,  flottant  dans  de  larges  limites  ' 
dans  l'abdomen  ;  quant  aux  adhérences,  elles  seraient 
provoquées  par  des  poussées  de  péritonite  partielle, 
comme  la  clinique  a  permis  de  l'observer  dans  un  cas. 

H.  Després  ne  s'explique  pas  que  des  malades  conser- 
vant des  fibromes  interstitiels  après  ablation  des  pédicules 
ne  souffrent  plus. 

M.  Routier  a  enlevé  un  corps  fibreux  de  2  kilogrammes 
et  demi  flottant  à  côté  d'un  utérus  énorme;  grâce  à  la  cas- 
tration faite  simultanément  la  malade  a  guéri. 

M.  Terrier  croit  que  si  les  adhérences  épiploiques  sont 
l'origine  des  douleurs,  il  y  a  aussi  les  inflammations  des 
annexes  à  invoquer  comme  cause  dans  presque  tous  les 
cas. 

M.  Terrillon  n'a  envisagé  que  les  fibromes  pédicules 
douloureux  par  eux-mêmes,  sensibles  à  la  pression  et  indé- 
pendamment de  toute  autre  tumeur  de  l'utérus. 

—  M.  Duponchel  présente  un  malade  atteint  de  troubles 
digestifs  variés  à  la  suite  d'un  coup  de  pied  de  cheval  sur 
l'abdomen.  Des  plaques  de  péritonite  tuherculeuse  furent 
reconnues  par  une  laparotomie  exploratrice  et  depuis 
l'opération  le  malade  est  complètement  rétabli. 

—  M.  Chauvel  montre 'un  malade  auquel  il  a  pratiaué 
une  amputation  de  Lisfranc  avec  un  lambeau  plantaire  plus 
long  que  celui  qui  est  conseillé  dans  les  livres  classiques. 

M.  Delens  a  fait  une  opération  semblable  selon  la  mé- 
thode classique  et  a  obtenu  un  très  bon  résultat. 

—  M.  Horteloup  présente  un  nouveau  modèle  de  sonde 


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N-  7 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


15  Février  1880 


dans  lequel  est  supprimé  le  cul-de-sac  qui  existe  entre 
Tœil  de  la  sonde  et  son  extrémité.  Cette  modification  en 
rend  le  nettoyage  facile  et  Tantisepsie  plus  parfaite. 

P.    ViLLEMIN. 


Société  4e  biologie. 

SÉANCE  DU  9  FÉVRIER  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE   M.   BROWN-SÉQUARD. 

Sur  la  crampe  des  èorivalns  :  M.  Fëré.  —  Sur  la  structure  de  la 
glande  pinèale  :  BCM.  Mathias-Duval  et  Kalt.  —  Les  sauterelles  en 
Algérie  :  M.  Kûnckel  d'Herculals.  —  Influence  de  la  respiration 
sur  les  contractions  cardiaques  :  K.  Broi^m-Sèquard.  —  Des  mi- 
crobes de  l'estomac  :  M.  Abelous.  —  Dosage  de  l'acide  benzoïque 
et  de  l'acide  salicylique  :  M.  Oesohner  de  Goninck.  —  Sur  l'estomac 
du  cachalot  :  MM.  Beauregard  et  Pouchet.  —  A  propos  d'une  alté- 
ration des  ongles  :  M.  Chouppe.  —  Effet  de  l'excitation  du  bout 
périphérique  du  nerf  vague  sur  la  respiration  :  M.  Laulanié. 

M.  Féré  a  observé  un  cas  de  crampe  des  écrivains  survenu 
à  la  suite  d*émotions  répétées  chez  un  musicien  (un  flû- 
tiste) ;  il  y  eut  d'abord  impotence  fonctionnelle  des  doigts 
qui  s'appliquent  sur  la  flûte,  puis  crampe  des  muscles 
antagonistes.  Conformément  à  la  théorie  d'après  laquelle 
cette  afl'ection  dépend  surtout  d*un  épuisement  général, 
M.  Féré  la  traita  avec  succès  par  le  massage  et  par  la  sur- 
alimentation. 

—  M.  Kalt  a  étudié  avec  M.  Mathias-Duval  la  structure 
chez  Torvet  et  chez  différents  oiseaux  de  la  glande  pinéale, 
qu'il  faut,  comme  on  sait,  considérer  comme  un  troisième 
œil;  elle  diffère  sur  certains  points  chez  ces  animaux  et 
chez  les  mammifères. 

—  M.  Kûnckel  d'Herculais  a  étudié  les  sauterelles  qui 
Tannée  dernière  ont  envahi  l'Algérie;  ces  sauterelles 
n'appartiennent  pas,  comme  on  l'avait  cru,  à  l'espèce 
Acridium  peregrinum;  M.  Kûnckel  d'Herculais  a  d'abord 
déterminé  cette  nouvelle  espèce,  puis  ses  conditions  de  vie, 
les  conditions  dans  lesquelles  les  œufs  sont  pondus,  etc. 
Toutes  ces  recherches  n  ont  pas  été  inutiles  à  la  détermina- 
tion des  meilleurs  procédés  à  employer  pour  la  destruc- 
tion des  criquets. 

—  M.  Broum-Séquard  a  continué  ses  expériences,  dont 
il  a  parlé  dans  la  dernière  séance,  relatives  à  l'influence 
inhibitoire  des  mouvements  respiratoires,  particulière- 
ment de  l'inspiration,  sur  les  contractions  cardiaques  ;  il 
présente  des  tracés  qui  montrent  bien  cette  influence. 

—  M.  Abelous  (de  Montpellier)  fait  une  communication 
sur  les  microbes  de  l'estomac;  il  en  a  déterminé  seize 
espèces  Qu'il  a  cultivée  en  différents  milieux  :  les  uns  agis- 
sent sur  les  substances  hydrocarbonées,  les  autres  sur  les 
aliments  azotés;  il  en  a  retrouvé  plusieurs  espèces  dans 
les  matières  fécales  ;  d'autres  espèces  doivent  se  retrouver 
dans  la  salive. 

—  M.  Quinquaud  mésenie  un  Iravail  de  M.  Oeschner  de 
Coninck  sur  une  méthode  de  dosage  de  l'acide  benzoïque 
et  de  Tacide  salicylique,  quand  ils  se  trouvent  en  même 
solution. 

—  M.  Beauregard  fait  en  son  nom  et  au  nom  de  M.  Pou- 
chety  une  description  sommaire  de  l'estomac  du  cachalot, 
estomac  proprement  dit,  jabot,  sac  duodénal. 

—  M.  Chouppe  a  observé,  à  la  suite  d*inbection, 
une  altération  trophique  de  l'ongle  du  médius  qui,  au  bout 
de  (luelque  temps,  fut  suivie  d'une  altération  semblable  se 
produisant  au  médius  de  l'autre  main. 

—  M.  Chauveau  présente  une  note  de  N.  Laulanié  sur 
l'arrêt  de  la  respiration  causé  par  l'excitation  du  bout  péri- 
phérique du  nerf  pneumogastrique. 


BIBLIOGRAPHIE 

De  l'éllologle  de  la  phthlale  pulmonaire  el  laryng^ée  ei 
de  leur  Iraltemenl  h  toute*  leo  pértodeo  de  la  maladie, 

par  H.  le  docteur  Libermann  ,  ancien  médecin  principal 
de  l'armée.  —  Paris,  1888,  G.  Masson. 

Ainsi  que  le  dit  l'auteur  de  ce  Iravail,  il  peut  paraître 
hardi,  en  présence  de  la  doctrine  microbienne  qui  domine 
actuellement  la  pathologie,  d'avancer  sur  la  phthisie  pul- 
monaire une  théorie  nouvelle  où  le  microbe  ne  joue  aucun 
rôle.  Ce  n'est  pas  que  M.  Libermann  nie  l'existence  du 
bacille  de  Koch.  Ce  bacille,  il  l'a  vu,  dit-il,  non  seulement 
dans  les  crachats  des  phthisiques,  mais  aussi  dans  ceux  de 
la  bronchite  simple  et  de  la  pneumonie  catarrhale,  et  pour 
cette  raison  même  il  le  regarde  comme  le  produit  et  non 
comme  la  cause  de  la  tuberculose.  Celle^^i  ne  serait,  selon 
lui,  que  le  terrain  propice  au  développement  du  micro- 
organisme. Tout  autre  et  non  microbienne  est  pour 
H.  Libermann  l'origine  de  la  phthisie  pulmonaire.  Ayant 
remarqué  que  presque  tous  les  phthisiques  présentent,  dès 
le  début  de  leur  mal  ou  même  avant,  une  altération  de  la 
voix,  il  a  été  porté  à  examiner  le  larynx  de  ses  tuberculeux, 
et  chez  tous  il  a  trouvé  une  paralysie  d'une  des  cordes 
vocales  ou  même  des  deux.  Ces  altérations  vocales  ne  pou- 
vant, dans  sa  pensée,  se  rattacher  qu'à  une  lésion  du  nerf 
pneumogastrique,  il  s'est  mis  à  étudier  l'état  de  ce  nerf 
chez  les  phthisiques,  et  de  ses  recherches  analomiquesila 
déduit  les  conclusions  que  voici  : 

Le  nerf  pneumogastrique,  toujours  enflammé  chez  lis 
phthisiques,  passe  dans  ses  altérations  par  quatre  phases 
ou  degrés  successifs  qui  sont  :  la  congestion,  Texsudation 
séreuse,  la  prolifération  du  tissu  conjonctif  et  enfin  Tintil- 
tration  graisseuse  du  nerf.  A  chacun  de  ces  degrés  corres- 

f tondrait  une  lésion'plus  ou  moins  avancée  du  poumon  ou  du 
arynx.  Au  premier  degré  répondraient  les  troubles  de  l;i 
voix  et  la  paralysie  des  cordes  vocales,  signes  précurseurs 
de  la  tuberculose  à  venir;  au  second,  l'apparition  des  gra- 
nulations grises  du  larynx  ou  du  poumon  ;  au  troisième,  les 
troubles  fonctionnels  du  poumon  et  l'hémoptysie;  au  qua- 
trième, l'infiltration  caséeuse  du  parenchyme  pulmonaire  et 
les  altérations  profondes  de  la  muqueuse  laryngée.  Déplus 
la  lésion  du  poumon  siégerait  toujours  du  même  côté  que  la 

tiaralysie  de  la  corde  vocale.  Enfin,  toutes  les  lésion? 
aryngo-pulmonaires  seraient  d'ordre  trophique  et  la  con- 
séquence d'une  inflammation  à  frigore  du  nerf  pneumo- 
gastrique. 

Voilà  assurément  une  théorie  aussi  nouvelle  qu'inat- 
tendue, aussi  simple  qu'originale,  mais  qui,  nous  le  crai- 
gnons fort,  trouvera  bien  des  incrédules  et  soulèvera  plu^i 
d'une  objection.  On  se  demandera  surtout  si  la  tuberculose' 
des  organes  autres  nue  le  larynx  et  le  poumon,  n'est  pas»j 
elle  aussi,  la  suite  d  une  névrfte.  Ce  point,  que  l'auteura] 
laissé  dans  l'ombre,  aurait  mérité  d'être  élucidé  par  liii| 
dans  l'intérêt  même  de  sa  doctrine.  Mais  nous  ne  prétendons 
ici  ni  critiquer  ni  louer  l'œuvre  de  M.  Libermann.  iNous 
nous  bornons  à  l'analyser  et  nous  laissons  le  soin  de  la 
juger  aux  médecins  des  hôpitaux,  mieux  placés  que  "oaJ 
pour  contrôler  sur  le  cadavre  les  recherches  anatonio- 
pathologiques  de  l'auteur,  et  sur  les  malades  le  Irailcmeflt 
qu'il  préconise  contre  la  phthisie  pulmonaire.  Ce  traitenieflt 
aussi  original  et  aussi  inattendu  que  la  théorie  dont  u 
découle,  vise  exclusivement  l'inflammation  du  pnemno* 
gastrique.  Pour  décongestionner  ce  nerf,  il  suffirait  de 
l'électriser  deux  fois  par  jour,  dans  son  parcours  cervical,  » 
l'aide  de  courants  continus.  M.  Libermann  dit  avoir  w^ 
avorter  par  ce  moyen  des  phthisies  pulmonaires  coinnu^n- 
çantes  et  ne  se  traduisant  encore  que  par  des  signes  ration-* 
nels,  tels  que  la  paralysie  de  la  corde  vocale  et  les  héniopti' 


15  FÉVRIER  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N*  7  —    115 


sies.  Ce  traitement  préviendrait  même  l'éclosion  de  la 
tuberculose  chez  les  sujets  héréditairement  prédisposés.  Il 
serait  donc  à  la  fois  curatif  et  prophylactique.  Quant  à  la 
phthisie  confirmée  avec  productions  caséeuses,  les  courants 
ToUaîques  n'ont  pas  de  prise  sur  elle  et  le  traitement  des 
sTmptdmes  lui  est  seul  applicable.  Nous  ne  suivrons  pas 
i.  Libermann  dans  Texposé  du  traitement  symptomatique 
qu'il  a  adopté.  Qu'il  nous  suffise  d*avoir  résumé  et  mis  en 
relief  ce  que  le  mémoire  de  notre  excellent  confrère  et  ami 
offre  de  neuf  et  d'original. 

V.  WlDAL. 


VARIÉTÉS 

RÉFORME  DE   l'EXAMEN   D'APTITUDE  DES  MÉDECINS-MAJORS 
DE  l'armée. 

Une  eicellente  mesure  vient  d'être  prise  par  la  direction  du 
semce  de  santé.  L'examen  d'aptitude  des  médecins  de  Tarmée, 

aa  lieu  d'être  subi  au  siège  de  chacun  des  grands  commande- 
meals  mililaires  et  jugé  par  les  directeurs  régionaux  du  service 
de  santé,  sera  désormais  confié  à  un  jury  spécial.  De  plus,  cet 
eiamen  sera  facultatif  pour  les  médecins-majors  de  l"  classe. 
lien  résultera,  nous  aimons  à  l'espérer,  que  cet  examen  pourra 
devenir  un  peu  plus  sérieux  que  par  le  passé,  el  conférer  dès 
ioFS  un  titre  sérieux  à  ceux  qui  l'auront  mérité.  Nous  ne  souhai- 
tons plus  qu'une  chose,  c'est  que  Ton  revienne  aussi,  au  moins 
pour  les  médecins-majors  de  1"  classe,  à  la  division  du  concours 
en  concours  de  médecine  et  concours  de  chirurgie.  Il  serait 
vraiment  déplorable  d'emf>écher  à  partir  de  ce  grade  une  spé- 
cialisation nécessaire.  Voici  les  principaux  passages  de  la  note 
ministérielle. 

L'examen  d'aptitude  institué  par  les  décisions  des  26  avril  et 
aimai  1883  restera  facultatif,  sans  condition  d^ancienneté,  pour 
les  médecins-majors  de  l'*  classe,  el  obligatoire  pour  les  méde- 
cins et  pharmaciens-maiors  de  S'^  classe  appartenant  à  la  moitié 
la  plus  ancienne  du  caare. 

Les  professeurs  agrégés  du  Yal-de-Grâce,  les  répétiteurs  de 
TEcolede  Lyon,  ainsi  que  les  médecins  ayant  précédemment 
satisfait  aux  épreuves  de  Tancien  concours  pour  le  service  hos- 
pitalier, en  seront  seuls  dispensés. 

Les  médecins-majors  de  v^  classe,  les  médecins  et  pharma- 
ciens-majors de  ^  classe  ne  pourront  être  proposés  pour  le  jg^rade 
supérieur,  sauf  en  campagne,  qu'autant  qu'ils  auront  subi  avec 
succès  Teiamen  d'aptitude  qui  comprendra  les  épreuves  déter- 
minées par  la  circulaire  du  il  mai  1883. 

Toutefois,  pour  la  quatrième  épreuve,  les  candidats  pourront 
être  interroges  non  seulement  sur  les  lois,  décrets,  instructions 
et  règlements  énoncés  par  ladite  circulaire,  mais  sur  toutes  les 
dispositions  nouvelles  ayant  un  caractère  général  ou  concernant 
spécialement  le  service  de  santé. 

Le  jury  d'examen  est  composé  de  trois  membres,  savoir  : 

Pour  les  médecins  :  le  médecin  inspecteur  général,  ou  un 
médecin-inspecteur,  président  ;  deux  médecins  principaux,  dont 
QQ  professeur  du  Val-de-Grâce. 

Pour  les  pharmaciens:  le  pharmacien  inspecteur,  président; 
OQ  médecin  principal  ;  le  pharmacien  professeur  au  Val-de- 
(iràce. 

Le  ministre  désigne  les  présidents  et  choisit  les  membres  des 
jurvs  sur  une  liste  présentée  par  le  comité  technique  de  santé. 

L'épreuve  écrite  est  éliminatoire  : 
.  La  composition  est  faite  par  les  candidats  partout  le  même 
jour,  à  la  même  heure  et  au  lieu  de  leur  résidence. 

Le  sujet  de  cette  composition,  choisi  par  le  jury,  est  envoyé 
aux  directeurs  du  service  de  santé  de  chaque  corps  d'armée,  sous 
autant  de  plis  cachetés  qu'il  y  a  de  garnisons  possédant  des  can- 
didats. Le  directeur  provoque  les  ordres  nécessaires  pour  que 
ceux-ci  soient  convoqués  et  réunis  à  l'heure  et  au  jour  fixés  et 
fait  parvenir  les  plis  cachetés,  par  Tintermédiaire  du  comman- 
Qement,  aux  commandants  d*armes. 

La  décision  du  jury  est  notifiée  par  le  ministre  (7*  direc- 
tion) aux  candidats.  Ceux  qui  ont  été  déclarés  admissibles  sont 
ÇOQvoqués  à  Paris  (hôpital  du  Yal-de-Gràce)  où  ils  subissent  les 
«preuves  définitives. 

, L'ordre  dans  lequel  les  candidats  sont  appelés  à  subir  les 

'ipreuves  définitives,    ainsi  que    les   questions  auxquelles    ils 


doivent  répondre,  sont  déterminés  par  le  sort.  Le  nombre  des 

questions  mises  dans  l'urne  est  toujours  double  de  celui  des 

candidats. 
Les  épreuves  sont  notées  de  0  à  20  par  chaque  membre  du 

jury- 
La  moyenne  des  notes  ainsi  obtenues  à  chaque  épreuve  est 

multipliée  par  les   coefficients   suivants  :   1"»   épreuve  :  coeffi- 

cienl,12;  2"  épreuve:  coefficient,  15;  3«  épreuve:  coefficient,  10; 

4*  épreuve  ;  coefficient,  8. 
L  admissibilité  exige  un  minimum  de  132  points. 
Nul  candidat  n'est  admis  s'il  n'a  obtenu  495  points  au  moins 

pour  l'ensemble  des  épreuves. 


Concours  d'agrégation  de  chirurgie.  —  Le  jury  se  trouve 
constitué  de  la  manière  suivante  :  président,  M.  Verneuil;  juges 
titulaires,  MM.  Trélat,  Le  Fort,  Duplay,  Tarnier,  Ollier  (de 
Lyon),  Lannelonguc  (de  Bordeaux),  Dubreuil  (de  Montpellier), 
Gaulard  (de  Lille);  juges  suppléants:  MM.  Panas,  Reclus,  Budio, 
Pinard. 

Les  candidats  sont,  d'après  l'ordre  de  la  Faculté  pour  laquelle 
il  se  sont  fait  inscrire  : 

Paris.  —  Chirurgie  :  MM.  Baretle,  Bazy,  Beurnier,  Broca, 
Castex,  Clado,  Hartmann,  Marchant,  Ménard,  Michaux,  Nélatoh^ 
Phocas,  Picqué,  Pollosson,  Ricard,  Rochard,  Routier,  Truffier, 
Verchère,  Villar  et  Walther.  — -  Accouchements  :  MM.  Auvard, 
Bar,  Boissard,  Bonnaire,  Bureau,  Doléris,  Lêpage,  Olivier, 
Planchard,  Potocki,  Tissier. 

Lyon.  —  Chirurgie:  MM.  Gangolphe,  Genevey-Montaz,  Rochet, 
Vallas. 

Lille.  —  Chirurgie:  MM.  Carpentier,  Coppens.  —  Accouche* 
ments  :  M.  Turgard. 

Bordeaux.  —  Chirurgie  :  M.  Courlin.  —  Accouchements  : 
MM.  Chambrelent,  Rivière. 

Montpellier.  —  Chirurgie  :  MM.  Ester,  Février. 

Concours  d'agrégation  (Médecine).— -Les  dernières  questions 
orales  ont  été  les  suivantes  :  MM.  Balzer  :  Du  collapsus.  — 
Davezac:  Des  agents  pyrétoeènes.  —  Gilbert:  De  la  vaccination 
antivariolique.  — Babinski  :  Des  réactions  cellulaires  en  présence 
des  microbes  pathogènes. 

Concours  du  Bureau  central.  —  Un  concours  pour  la  nomi- 
nation à  deux  places  de  chirurgien  du  Bureau  central  s'ouvrira 
le  25  mars  à  midi. 

Le  registre  d'inscription  des  candidats  sera  ouvert  le  lundi 
25  février  et  sera  clos  le  lundi  11  mars  à  deux  heures. 

—  Un  concours  pour  la  nomination  à  une  place  d'accoucheur 
du  Bureau  central  sera  ouvert  le  lundi  6  mai  a  midi.  Le  registre 
d'inscription  sera  ouvert  le  lundi  i*'  avril  et  clos  le  mercredi  17 
à  trois  heures. 

Médecine.  —  Ont  été  désignés  pour  faire  partie  du  jury  du 
prochain  concours  du  Bureau  central  {Médecine),  sous  réserve 
des  changements  qui  pourraient  ultérieurement  se  produire  : 
MM.  Dreyfus-Brisac,  Potain,  Gombault  (de  Beaujon),  Desnos, 
Dujardin-Beaumelz,  Labadie-Lagrave,  Richet. 


Association  générau:  des  médecins  de  France.  —  L'Assem- 
blée générale  de  l'Association  qui  devait  avoir  lieu  le  dimanche 
28  avril  est  reportée,  à  cause  de  l'Exposition  universelle,  au 
dimanche  12  mai. 

Association  générale  des  ^  médecins  de  France  {Séance 
annuelle  de  la  Société  centrale).  —  Le  3  février  dernier  se 
réunissaient,  sous  la  présidence  de  M.  Lannelongue,  les  membres 
de  la  Société  centrale.  Dans  un  discours  très  applaudi,  le  président 
a  fait  ressortir  le  rôle  moralisateur  de  la  Société  et  la  satisfaction 
que,  les  premiers,  en  éprouvent  ceux  qui  ont  la  mission  de 
répartir  pour  le  mieux  les  économies  communes.  €  Notre  nombre 
augmente,  a-t-il  dit,  nos  ressources  augmentent  plus  rapidement 
encore,  mais  l'Association  générale  des  médecins  de  France  est 
une  œuvre  à  laquelle  nous  devons  tous  chercher  à  imprimer  une 
impulsion  continue.  » 

Après  M.  Lannelongue,  M.  Piogey,  secrétaire,  a  rendu  compte 
des  actes  de  la  Société.  Le  nombre  des  pensionnaires  s^st 
élevé  de  80  à  100.  Les  ressources  de  la  Société  augmentées^ 
grâce  aux  legs  de  MM.  Roth  et  Bell,  lui  permettent  de  venir  en 
aide  à  un  plus  grand  nombre  d'infortunés. 


116    —  N*  7  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  15  Févrikh  1889 


M.  Drun,  trésorier,  annoDCQ  qu'il  a  touché  le  legs  de 
i50000  francs  fait  par  H.  Roth.  Il  y  a  actuellement,  ajoute-t-il, 
826  sociétaires,  dont  185  versent  une  cotisation  supérieure  à  la 
cotisation  réglementaire  et  yariant  de  15  à  1000  francs,  sans 
compter  les  35  cotisations  perpétuées  par  des  membres  décédés. 
6850  francs  ont  été  distribués  en  secours  à  53  personnes  ;  c'est 

Feu,  mais  la  plupart  de  ces  personnes  étaient  étrangères  à 
Association.  La  Société  centrale  a  fourni  une  contribution 
volontaire  de  2000  francs  à  la  caisse  de  pensions  de  retraites  de 
FAssociation. 

La  Société  centrale  est  donc  dans  une  situation  financière 
cxcellenle  ;  elle  possède  61 U2  fr.  43  de  fonds  disponibles; 
1844  francs  de  rente  française  p6ur  cotisations  perpétuées,  et 
sa  participation  au  fonds  commum  de  l'Association  générale,  ce 
qui  lui  a  permis  de  faire  allouer  deux  pensions,  chacune  de 
600  francs,  à  deux  sociétaires  âgés  et  infirmes  et  d'en  réclamer 
deux  autres  lors  de  la  prochaine  assemblée  générale. 

Au  cours  de  la  séance,  M.  le  docteur  Bucquoy  a  été  élu,  à 
l'unanimité  des  membres  présents,  vice-président  de  la  Société, 
en  remplacement  de  M.  Le  Roy  de  Méricourt,  démissionnaire,  et 
à  la  On  de  la  séance  ont  été  élus  membres  de  la  Commission 
administrative:  MM.  les  docteurs  Jules  Besnier,  Bonin,  Bourot, 
Diday,  Raymond  Durand-Fardel,  Hervé  de  Lavaur,  Gustave 
Lefèvre,  Moreau  (de  Tours),  Ozenne,  Paul  Reynier,  Turner  et 
Voelker. 

Association  médicale  mutuelle  de  la  Seine.  —  Cette  Asso- 
ciation, fondée  par  M.  le  docteur  Lagoguey,  a  tenu  dimanche 
dernier,  dans  le  grand  amphithéâtre  de  la  Faculté  de  médecine, 
sa  deuxième  assemblée  générale  annuelle. 

L'effectif  de  la  Société  qui  était,  l'année  dernière,  de 
76  membres,  avec  un  capital  de  6721  francs,  s'est  élevé  à 
147  membres,  avec  un  capital  de  15800  francs.  Le  nombre  des 
membres  honoraires  a  augmenté  dans  des  proportions  notables, 
et  parmi  eux,  on  compte  six  professeurs  de  la  taculté. 

L'Association  est  donc  moralement  et  matériellement  très 
prospère.  Le  rapport  du  trésorier,  M.  Fissiaux,  est  concluant  à 
cet  égard.  Les  recettes,  pendant  ces  deux  premières  années,  se 
sont  élevées  à  20259  francs;  les  dépenses  a  4902  fr.  75  ;  parmi 
ces  dernières,  figurent  surtout  329  lournées  de  maladies,  répar- 
ties entre  plusieurs  confrères.  Il  reste  en  caisse  près  de 
16000  francs  sans  compter  les  recettes  courantes. 

Société  protectrice  de  l'enfance.  —  L'Assemblée  générale 
de  la  Société  aura  lieu  dans  le  grand  amphithéâtre  de  la  Sorbonne, 
rue  de  la  Sorbonne,  15,  le  dimanche  17  février  1889,  à  deux 
heures  précises,  sous  la  présidence  d'honneur  de  M.  Rousse,  de 
TAcadémte  française. 

Ordre  du  jour:  1°  la  protection  de  l'enfance,  par  M.  le  docteur 
Marjolin;  2*"  compte  rendu  moral  et  financier,  par  M.  le  docteur 
Bladie  ;  3**  rapport  sur  les  mémoires  pour  la  question  de  prix, 
par  M.  le  docteur  Fauvelle  ;  4°  rapport  sur  les  récompenses 
décernées  aux  médecins-inspecteurs,  par  M.  le  docteur  Beclère  ; 
5'^  rapport  sur  les  récompenses  accordées  aux  mères-nourrices, 
par  M.  Mansais,  référendaire  au  sceau  de  France. 


liA  HÉPRESSION  DES  REMÈDES  SECRETS.  —  On  annOnce  que,  sur 
une  Commission  rogatoire  de  M.  Guillot,  juge  d'instruction,  des 
flacons  contenant  des  drogues  diverses  devant  guérir  les  mala- 
dies les  plus  secrètes  ont  été  saisis  et  que  les  médecins  dont  les 
noms  figurent  sur  les  étiquettes  de  ces  flacons,  seront  poursuivis 
pour  exercice  illégal  de  la  médecine  s'ils  ne  peuvent  justifier  du 
titre  de  docteur. 

Il  serait  à  désirer  que  Ton  pût  saisir  de  même  les  nombreux 
médicaments  secrets  qui  sont  vendus  en  si  grand  nombre,  grâce 
aux  réclames  de  prospectus  aussi  insinuants  que  mensongers 
N'est-ce  pas  commettre  le  délit  d'escroquerie  ou  celui  de  trom- 
perie sur  la  qualité  de  la  marchandise  vendue  que  d'abuser  aussi 
audacieusement  de  la  crédulité  publique?  On  peut  et  Ton  doit 
autoriser  les  spécialités  pharmaceutiques.  Il  faudrait  pouvoir 
poursuivre  les  médicaments  secrets. 

Banquet  offert  a  M.  Diday.  —  Le  31  janvier  dernier  les 
membres  de  la  Société  nationale  de  médecine  de  Lyon  se  sont 
réunis  pour  ofl'rir  un  banquet  à  leur  ancien  secrétaire  fi[énéral 
M.  Diday.  De  nombreux  toasts  ont  été  portés  au  médecin  de  l'An- 
tiquaille, au  publiciste  éminent,  au  secrétaire  général,  qui  a 
bien  mérité  de  la  science  et  de  la  médecine  lyonnaise. 


CREATION  D  un  FONDS  D'ENCOURAGBMENT  POUR  LES  ETUDES 
SUR  LA  GUÉRISON  DB  LA  TUBERCULOSE. 

Vivfïi-cinquième  liste, 

M-«  Raymond 500  fr. 

Direction  générale  des  bains  de  mer  de  Monaco.  300 
Société  de  médecine  vétérinaire  pratique  à  Paris  •        200 

M.  le  professeur  Lannelongne 200 

M.  le  professeur  Ghauveau 100 

M.  le  professeur  Nocard 100 

M.Verneuil 100 

Conseil  général  de  l'Oise 59î)       15 

Commune  de  Nogent-sur-Marne 100 

—  .  de  Beaume-la-Rollande 06       70 

—  de  Lanthenay 53       (m 

—  de  Doulaincourt 50 

—  d'Haulmont 49       40 

—  deHam 40 

—  de  Verneuil 37 

—  de  Varcddc 31 

—  de  Carvin 25 

—  d'Avallon 25 

—  du  Perreux 20 

—  de  Sainte-Geneviève-des-Bois 20 

—  de  Vaux 14 

—  de  Sainte-Preuve 10 

—  d'Escosse 10 

—  de  Champagnole ^Û 

—  de  Quessy ^ 

—  de  Guercny 5 

—  de  Boran 1 

Total 2.671  fr.  iXl 

Montant  des  listes  précédentes. . .      74.656      8i 

Total  général..      77.328  fr.  Ti 


Société  médicale  des  hôpitaux  (séance  du  vendredi  22  février 
1889).  —  Ordre  du  jour  :  A  l'occasion  du  procès-verbal: 
M.  Sevestre  :  Mode  de  transmission  des  maladies.  —  M.  de 
Beurmann  :  Un  cas  de  mort  par  tétanie  dans  le  cours  d'une  dila- 
tation de  l'estomac.  —  M.  Huchard  ;  Sur  un  nouveau  syndrome 
cardiaque  :  l'embryocardie.  —  BI.  Debove  :  Présentation  de 
malade. 


NÉCROLOGIE.  —  Le  docteur  Jules  lïonnoral,  ancien  interne  des 
hôpitaux  de  Lyon,  médecin  des  hôpitaux  de  Vienne,  vient  de 
succomber  aux  suites  d'un  empoisonnement  septique.  Notre 
confrère  venait  d'opérer  un  enfant  atteint  du  croup,  il  se  blessa 
avec  le  bistouri  dont  il  venait  de  se  servir.  Une  lymphangite  des 
plus  graves  se  déclara  aussitôt.  Le  docteur  J.  Honnorat  emporte 
en  mourant  l'estime  et  les  regrets  de  tous  ses  collègues. 


Mortalité  a  Paris  (5''  semaine,  du  27  janvier  au  2  février 
1889.  —  Population  :  2^60945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  IS.  l 

—  Variole,  3.  —  Rougeole.  39.  —  Scarlatine,  4.  —  Coque- 
luche, 6.  —  Diphlhérie,  croup,  5i.  —  Choléra,  0.  —  Phthisie 
pulmonaire,  190.  —  Autres  tuberculoses,  23.  —  Tumeurs:, 
cancéreuses,  50  ;  autres,  3.  —  Méningite,  40.  -;-  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  58,  —  Paralysie,  10.  — 
Ramollissement  cérébral,  9.  —  Maladies  organiques  du  cœur,  ni. 

—  Bronchite  aiguë,  29.  —  Bronchite  chronique,  o2.  —  Broncho-  | 
pneumonie,  63.  --  Pneumonie,  62.—  Gastro-entérite:  sein,  IK 
biberon,  35.  —  Autres  diarrhées,  1 .  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 2.  —  Autres  affections  puerpérales,  1.  —  Débilité  con-  j 
génitale,  18.  —  Sénilité,  29.  —  Suicides,    9.  —  Autres  morts  | 
violentes,   16.  —   Autres   causes   de    mort,  196.  —   Causes 
inconnues,  1 4.  —  Total  :  1 1 1 1 .  j 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 

18384.  —  MOTTEROZ.  —  Iiupriiuorios  réuniof,  A.  rue  Iliguoo»  i$  I^^"^* 


Trente-sixième  année 


N-8 


22  Février  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CflIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 
M.  LB  D'  L.  LBREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  8.  DIEULAFOY,  DBEYFUS-BRISAC,  FRAHCOIS-FRARCK,  A.  NEROCQUE.  A.  J.  IARTIR.  A.  PETIT.  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  eonoeme  la  rédaction  à  M.  Liriboullet,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence} 


SOMMAIRE.  —  BULLITIN.  —  DéiiOGRAPUiE.  Da  degré  de  fréquence  des  prin- 
ci|4lei  causes  de  mort  à  Paris  pendaat  V»nnée  1888.  »  Travaux  originaux. 
hllKi(«;tc  générale  :  Sur  le  rôle  des  poisons  d'origine  microbienne  dans  les 
mjiidki  intectieuêes.  —  Séméiologie  :  Note  sur  l'exploration  manuelle  du  rein. 
-RtvuK  DBS  COURS  BT  DIS  CLINIQUES.  HApital  de  la  Charité  :  M.  le  profcs- 
}t-]ir  Pouln.  —  SociBTés  SAVANTBS.  Académie  des  sciences.  —  Académie  de 
niédecioe.  —  Société  do  chirurgie.  —  Société  de  biologie.  "  Société  de  théra- 
pt^ytMfue.—  BiBLiooRAPHlB.  Anaiomie  des  centres  nerveux.  —  Études  thcrapeu- 
ti()HC>  el  bactériologiques  sur  le  furoncle  de  Toreille.  — Traité  d'iiystérotomic.  — 
Treiiê  pratique  de  baictériologie.  —  VARlirés. 


BULLETIN 

Paris,  20  février  1889. 
Acndémie  de  médecine  :  Képhrorrhaphle.  —  Trépanallcn 

dans  on  ea«  dVpUepaie.  —  Société  dcs  hôpitaux  :  Lc« 

■sladica  coatagleuac*. 

La  discussion  sur  le  tétanos  a  été  continuée  par  M.  Tras- 
boletM.  Vemeuil.  Nous  attendrons  que  M.  Verneuil  ait 
complété  la  réponse  qu'il  a  commencée  hier  pour  résumer 
les  arguments  développés  de  part  et  d'autre. 

Dans  cette  même  séance  deux  communications  chirur- 
gicales, du  plus  haut  intérêt  ont  été  faites  à  l'Académie. 
M.  le  professeur  Guyon  a  magistralement  exposé  les  motifs 
qui  doivent  faire  préférer  la  néphrorrhaphie  à  la  néphrec- 
lomie,  précisé  le  mode  opératoire  de  la  fixation  du  rein  et 
donné  à  l'appui  de  ces  considérations  cliniques  deux  obser- 
vations d'ectopie  douloureuse  du  rein  traitées  avec  succès 
par  la  néphrorrhaphie. 

L'observation  communiquée  à  l'Académie  par  M.  Péan, 
en  son  nom  et  au  nom  de  MM.  Gilbert  Ballet  et  Gélineau, 
aura  le  plus  grand  et  le  plus  légitime  retentissement.  Elle 
prouve  en  effet  avec  quelle  précision,  quelle  certitude  les 
élèves  de  M.  Charcot  peuvent  aujourd'hui,  de  la  doctrine 
des  localisations  cérébrales,  déduire  les  applications  pra- 
tiques si  bien  indiquées  autrefois  par  H.  J.  Lucas-Champion- 
"ière.  X'est-ce  pas  en  s'appuyant  sur  tous  ces  travaux  que 
H.  Gilbert  Ballet  a  pu ,  avec  une  sûreté  diagnostique 
vraiment  admirable,  marquer  sur  la  boite  crânienne  le  point 
précis  où  devait  être  appliquée  une  rondelle  de  trépan  ?  Et 
ne  convient-il  pas  de  louer  aussi  le  docteur  Gélineau  qui  a 
^u reconnaître  par  les  caractères  de  son  aura  intiale  l'épi- 
l^psie  partielle  dont  était  atteint  le  malade  et,  par  consé- 
<)uenl  la  cause  pathologique  de  ses  accès  ?  Après  avoir 
rendu  pleine  et  entière  justice  à  Thabilelé  opératoire  du 
•'liirurgien  qui  a  mené  à  si  bonne  fin  une  opération  des 
l'Ius  délicates,  ne  convient-îls  pas,  avec  M.  Péan,  qui  l'a 
to lui-même  et  en  excellents  termes,  de  proclamer  haute- 
1*  Stâii,  T.  IX VI. 


ment  qu'en  France,  aussi  bien  qu'en  Angleterre,  la  doctrine 
des  localisations  cérébrales  a  rendu  les  plus  grands  services. 

—  Nous  devons  également  appeler  l'attention  de  nos 
lecteurs  sur  l'important  travail  qu'a  bien  voulu  nous  donner 
M.  le  professeur  Bouchard  (p.  120)  et  qui  résume  si  nette- 
ment ses  remarquables  découvertes  sur  le  rôle  des  poisons 
d'origine  microbienne. 

—  La  Société  médicale  des  hôpitaux  va  commencer,  à 
l'occasion  de  la  communication  qui  lui  a  été  faite  par  M.  Mil- 
lard  (voy.  p.  111),  une  discussion  qui  sera  des  plus  intéres- 
santes et  des  plus  utiles  si  des  conclusions  tant  soit  peu 
précises  en  peuvent  être  déduites.  Tout  en  reconnaissant, 
en  effet,  l'immense  service  que  rendrait  à  l'hygiène  hospi- 
talière l'adoption  de  toutes  les  mesures  dont  M.  Grancher  a 
si  nettement  précisé  Tutilité;  tout  en  constatant  les  résul- 
tats si  remarquables  qu'a  déjà  obtenus  M.  Sevestre,  nous 
devons  cependant  affirmer  encore  la  nécessité  de  bien  con- 
naître, alors  qu'il  s'agit  de  maladies  infectieuses,  le  mode 
suivant  sur  lequel  se  fait  la  contagion  et  la  durée  de  celle-ci. 
Ce  sont  là  des  questions  sur  lesquelles,  dans  sa  lettre  à 
l'administration  de  l'assistance  publique,  M.  Grancher 
appelle  l'attention  des  cliniciens  ;  ce  sont  celles  qui  devront 
être  sérieusement  discutées  devant  la  Société  des  hôpitaux. 

Or,  si  Ton  se  place  non  pas  seulement  au  point  de  vue 
de  l'hygiène  hospitalière  mais  au  point  de  vue  de  la 
pratique  médicale,  il  faut  bien  avouer  que  ces  diverses 
questions  sont  loin  d'être  définitivement  résolues.  Parmi 
les  maladies  de  l'enfance,  la  rougeole  et  la  diphthérie,  nous 
dit  M.  Grancher,  sont  les  plus  contagieuses  et  au  point  de 
vue  de  la  mortalité  les  plus  redoutables.  La  scarlatine,  la 
varicelle,  la  fièvre  typhoïde,  la  coqueluche,  etc.,  peuvent 
être  contractées  dans  les  salles  mais  le  sont  rarement. 
Admettons-le  pour  l'hôpital.  En  est-il  de  même  en  ville? 
Au  point  de  vue  de  la  contagiosité,  la  rougeole  qui  se  trans- 
met avant  que  l'éruption  se  soit  manifestée,  c'est-à-dire 
alors  que,  le  plus  souvent,  elle  est  encore  méconnue,  qui 
dès  lors  en  dix  à  douze  jours  frappe  tous  les  enfants  d'une 
même  famille,  est  évidemment  des  plus  contagieuses.  Dès 
qu'un  enfant  rubéolique  se  trouve  atteint,  il  est  presque 
toujours  trop  tard  pour  lisoler  et  préserver  ses  frères  et 
sœurs;  mais  le  germe  contagieux  est-il  aussi  persistant, 
aussi  tenace  que  celui  de  la  scarlatine?  Peut-il  rester 
adhérent  à  un  lit,  à  une  chambre?  Est-il  nécessaire  de 
désinfecter  longuement  et  minutieusement  les  appartements 
où  l'on  a  traité  un  rubéolique?  Faut-il  pendant  quarante 
jours  interdire  à  celui-ci  la  vie  commune;  et  les  règlements 

8 


118    -~  N»  8 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  22  Février  1889 


qui  rempêchent  de  reprendre  ses  éludes  ne  sont-ils  point  à 
cet  égard  trop  rigoureux?  En  ce  qui  concerne  la  scarlatine, 
les  conditions  ne  sont-elles  point  tout  à  fait  différentes? 
La  maladie  est-elle  contagieuse  dès  l'apparition  des  pre- 
miers symptômes  (vomissements  et  lièvre)  ou  même  dès 
que  l'éruption  s'est  manifestée?  Ne  peut-on  pas  espérer, 
par  un  isolement  rigoureux,  préserver,  dans  un-même  appar- 
tement, plusieurs  enfants  qui  cependant  n'eussent  pas 
échappé  à  la  contamination  rubéolique?  Par  contre  ne  faut- 
il  pas  isoler  très  longtemps,  peut-être  même  plus  de  qua- 
rante jours,  l'enfant  atteint  de  scarlatine?  Ne  sait-on  pas 
que  le  germe  de  cette  maladie  reste  attaché  avec  une  téna- 
cité désolante  aux  meubles,  aux  tentures,  à  la  literie?  Les 
prescriptions  universitaires  et  les  règlements  sanitaires 
imposant  la  désinfection  ne  doivent-ils  pas  être  infiniment 
plus  sévères  quand  il  s'agit  de  la  scarlatine  que  lorsqu'on  a 
affaire  à  la  rougeole?  Et  pour  la  coqueluche?  A  quelle  date 
commence  le  danger  de  transmissibilité  de  la  maladie? 
N'est-ce  point  dès  le  début,  avant  même  que  la  toux  ne 
présente  ses  caractères  spécifiques?  N'est-ce  point  long- 
temps encore  après  que  la  période  aiguë  de  la  maladie  a 
cessé?  Contentons-nous  de  poser  aujourd'hui  toutes  ces 
questions.  Si  elles  pouvaient  être  discutées  par  les  savants 
expérimentés  qui,  à  la  Société  des  hôpitaux,  ont  toute  auto- 
rité pour  les  résoudre,  les  médecins  praticiens  auraient 
grand  intérêt  à  écouter  leurs  avis  et  à  suivre  leurs  conseils. 

—  Cette  élude  de  la  contagiosité  des  maladies  épidé- 
miques  a  de  nombreux  points  de  contact  avec  celle  qui  a 
pour  objet  l'évaluation  numérique  des  décès  que  courent  à 
Paris  les  maladies  contagieuses.  Aussi  avons-nous  pensé 
rendre  service  à  nos  lecteurs  en  demandant  à  notre  distin- 
gué confrère,  M.  le  docteur  Jacques  Bertillon,  l'article 
quon  lira  ci-dessous.  Les  bulletins  statistiques  que  nous 
publions  chaque  semaine,  s'ils  permettent  de  connaître 
avec  précision  le  mouvement  des  maladies  épidémiques,  ne 
peuvent  en  effet  faire  apprécier  les  résultats  que  donnent  au 
point  de  vue  de  la  mortalité  les  progrès  de  l'hygiène  ou  de 
la  thérapeutique.  Il  faut,  pour  y  arriver,  additionner  tous 
les  chiffres  que  nous  donne  si  exactement  M.  Derlillon  et 
les  comparer  aux  chiffres  des  années  précédentes.  C'est  ce 
travail  qu'a  bien  voulu  établir  pour  nous  le  savant  et  zélé 
directeur  de  la  Statistique  municipale. 

On  remarquera,  dans  les  tableaux  dressés  par  M.  Bertil- 
lon, l'atténuation  si  notable  du  chiffre  des  décès  occasion- 
nés par  la  fièvre  typhoïde.  C'est  le  résultat  le  plus  impor- 
tant à  signaler.  On  verra  de  plus  qu'à  tous  les  points  de  vue 
—  nous  ne  parlons  que  des  maladies  épidémiques  —  l'an- 
née 1888  a  été  bien  partagée.  Les  décès  par  rougeole, 
variole,  scarlatine  et  coqueluche,  ont  été  inférieurs  à  ceux 
des  années  précédentes.  On  lira  aussi  avec  un  vif  intérêt 
ce  qui  nous  est  démontré  au  sujet  de  l'état  sanitaire  de  la 
presqu'île  de  Gennevilliers. 


DÉMOGRAPHIE 


Du  degré  de  fréquence  de«  prlnclpaleii  cnuacs  de  uiort 
&  Parla  pendant  Tannée  1888. 

L'année  1888  s'est  fait  surtout  remarquer  par  la  rareté 
relative  de  la  fièvre  typhoïde  et  de  la  rougeole.  La  plupart 
des  autres  maladies  ont  eu  une  fréquence  à  peu  près  nor- 
male. 

La  fièvre  typhoïde  n'avait  jamais  été  si  rare  à  Paris  de- 


puis que  la  statistique  parisienne  est  publiée  régulière- 
ment, c'est-à-dire  depuis  vingt-quatre  ans.  On  verra  par  la 
lecture  de  la  colonne  2  de  noire  tableau  II,  que  jusqu'en 
1879,  cette  fièvre  conservait*  une  fréquence  voisine  de 
50  décès  annuels  pour  100000  habitants  (sauf  le  siège  el 
l'épidémie  de  1876).  En  1880,  cette  fréquence  double  brus- 
quement; pendant  cinq  ans  de  suite  la  fièvre  typhoïde  con- 
serve cette  fréquence  exagérée;  enfin,  dans  les  quatre 
dernières  années,  elle  a  diminué  peu  à  peu  ;  le  chiffre  de 
1887  est  analogue  à  ceux  d'autrefois  et  celui  de  1888  est 
plus  favorable  encore. 

Comme  toujours  (1),  la  fréquence  de  la  fièvre  typhoïde  a 
été  au  minimum  en  juin  (45  décès  pendant  ce  mois);  elle 
s'est  relevée  à  partir  de  septembre. 

TABLEAU  I.  —  Ville  de  Paris.  —  Sur  100000  habitants, 
combien  de  décès  causés  par  chaque  maladie? 

MALADIES  CAUSES  DE  OÉCÈS.  t89I.  188^. 

Fièvre  typhoïde Cl  33 

Variole 17  11 

Rougeole 72  -10 

Scarlatine..   iO  8 

Coqueluche 19  12 

Diphthérie  et  croup 70  77 

Erysipèle 9  7 

Autres  maladies  épidémiques 1  1 

Phthisie  pulmonaire 4i6  i30 

Autres  tuberculoses 55  «Vî 

Tumeurs  cancéreuses 99  102 

Méningite  simple 78  7i 

Congestion  et  hémorrhagie  cérébrales.  105  110 

Rarooliissemeut  cérébral !22  25 

Maladies  organiques  du  cœur 133  13i 

Bronchite  aiguë 59  63 

Bronchite  chronique 85  85 

Pneumonie  et  broncho-pneumonie 190  18i 

Castro  entérite  (de  0  à  5  ans) 168  167 

Diarrhée  (plus  de  5  ans) 11  10 

Affections  puerpérales 1i  11 

Débilité  congénitale 53  58 

Sénilité 62  08 

Suicide 38  35 

Autres  causes  de  décès 458  iO! 

Total  des  décès  pour  100000  habitants.     ^2335        ' 2-200 

Comme  toujours,  le  quartier  le  plus  frappé  a  été  le  Gros^ 
Caillou  (environ  70  décès  pour  100  000  habitants),  où  sd 
trouvent  plusieurs  casernes.  Parmi  les  quartiers  éprouvés, 
il  faut  citer  les  Quinze-Vingts  (06  décès  pour  100000  habi^ 
lants)  (2).  * 

Variole.  —  Cette  maladie  est  extrêmement  irréguliérfi 
dans  ses  apparitions,  ainsi  qu'on  le  verra  par  la  colonne  ii 
de  notre  tableau  II.  L'exemple  de  TAIlemagne  prouve 
qu'on  peut  la  supprimer  entièrement  par  Tobligation  de  la 
vaccine  et  de  la  revaccine.  Sa  fréquence  en  1888  a  M 
faible,  étant  donnés  les  chiffres  ordinairement  observés  à 

(1)  De  l'augmenta  lion  de  frèqueiice  deg  principala  maladies  épidémiquet  à 
Paru  et  de  leura  saisons  d'élection  (1805-1883),  par  Jacques  Ucrlilloo  (Annitaire 
statistique  de  Paris  1883  et  Congres  d'Iiygicnc  de  la  Uayo). 

(â)  Conformément  à  un  usage  qui  s'est  per|icuic  de  1805  à  1880,  nous  ne  comp' 
tons  pas  dans  le  nombre  des  décès  parisiens  les  décès  d'individus  dom  ciii<--< 
dans  la  banlieue,  et  qui  ne  sont  venus  à  Paris  que  pour  se  faire  soi^^.ier  à  j'iiôpilil 
de  maladies  onntractëcs  dans  leurs  communes.  Nous  sommes  obligé  d'agir  aimi 
pour  pouvoir  comparer  les  chiffres  qui  précèdent  1880  et  ceux  qui  siiivciil  idin 
date.  Mais  il  faut  compter  autrement  lorsque  Ton  compare  la  mortalité  de  lnûi 
k  colle  des  villes  étrangères  (Décision  du  Congrès  de  Budapest).  Les  chiffres  que 
nous  citons  sont  toujours  rapportés  à  100  000  habitants  (et  pour  la  banlieue  à  lOOOfl 
seulement).  Ces  chifl'res  ne  sont  encofii  à  présent  que  provisoires,  mais  ils  ne  dif- 
fcroront  vraiseml)lablemont  pas  des  chiffres  déliuitifs. 


îî  Février  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N»  8 


119 


Paris.  Conirairement  aux  autres  maladies  épidémiques,  la 
Tariole  n*a  pas  de  saison  d'éleclion.  En  1888,  elle  a  été  plus 
fréquente  pendant  les  six  premiers  mois  de  Tannée  que 
pendant  les  six  derniers. 

Le  quartier  le  plus  frappé  a  été  la  Villette  (58  pour 
100000  habitants). 

TABLEAU  II.  —  Pour  iOOOOO  habitants,  combien  de  décès 
par  chacune  des  maladies  indiquées  f 


iT«iES. 

TYPHOÏDE. 

VABMLE. 

ROUOBOLE. 

SCAnLATINB. 

GOQUBLUCUB*   DIPIITHÉRII 

M.  l. 

Col.  2. 

Col.  3. 

Col.  4. 

Col.  5. 

Col.  6.           Col.  7. 

1805.. 

6i 

42 

19 

8 

12             53 

m,. 

53 

32 

45 

4 

.   10             45 

m:.. 

48 

17 

34 

4 

11             36 

m.. 

51 

33 

34 

7 

12             41 

m... 

5i 

36 

27 

14 

7             41 

\ni.. 

\'3i 

531 

42 

12 

12             27 

ix:i.. 

243    • 

149 

32 

14 

14             30 

M71.. 

54 

5 

31 

7 

10             62 

m... 

55 

0,9 

30 

5 

4             64 

i87i... 

43 

2 

33 

4 

13             53 

1875... 

53 

13 

34 

4 

15             67 

18711... 

102 

19 

44 

7 

10             79 

1877... 

6i 

7 

33 

5 

26           121 

1S78... 

40 

4 

32 

3 

13             93 

18711... 

53 

43 

43 

4 

13             84 

\m... 

92 

99 

44 

16 

24             94 

18X1... 

87 

44 

40 

20 

22             99 

iHXi... 

143 

28 

45 

7 

9           100 

1883... 

88 

20 

49 

4 

30             84 

ISHI... 

67 

3 

G7 

7 

20             86 

1x85. . . 

5Î) 

8 

68 

6 

12             73 

ISSIJ... 

42 

9 

54 

18 

25             67 

1887... 

61 

17 

72 

10 

19             70 

\m. . . 

33 

11 

40 

8 

12             77 

Rougeole,  —  Cette  maladie  a  nolablement  augmenté  de 
fréquence  depuis  18G5;  après  s^ôlre  maintenue  jusqu'en 
1878 aune  proportion  voisine  de  33  décès  pour  100000  ha- 
bitants, elle  s'est  élevée  bien  au  delà  pendant  les  neuf 
années  suivantes.  Elle  est  revenue  à  40  pendant  Tannée 
dernière. 

La  rougeole  est  une  maladie  très  régulièrement  saison- 
nière; toujours  son  maximum  se  rencontre  vers  juin  et  son 
mininium  en  octobre.  En  1888,  le  maximum  a  été  un  peu 
relardé  (juillet,  90  décès;  et  août,  90  décès);  son  minimum 
aéiécomme  toujours  en  octobre  (42  décès).  Sa  fréquence 
a  beaucoup  augmenté  en  décembre. 

On  peut  dire  que  la  fréquence  de  la  rougeole  dans  les 
diiTérents  quartiers  de  Paris  se  proportionne  exactement 
au  degré  d'aisance  de  la  population.  Aussi  les  quartiers  du 
centre  sont  presque  tous  épargnés  ;  les  seuls  parmi  eux  qui 
aient  été  atteints  sont  les  quartiers  relativement  peu  aisés  de 
la  Sorbonne  (dont  la  partie  inférieure  est  très  misérable),  de 
Saini-Avoie,  Saint-Merri  et  Saint-Gervais.  Parmi  les  fau- 
bourgs, les  plus  frappés  sont  les  plus  pauvres,  la  Gare 
(l:i4  décès  pour  100000  habitants),  la  Maison-Blanche 
(155  décès  pour  100000  habitants),  et  enfin  Charonne 
(in  décès  pour  100000  habitants). 

Scarîatitie.  —  Cette  fièvre,  toujours  rare  à  Paris,  a  pré- 
senté cette  année  un  chiffre  moyen  (8  décès  pour  100  000  ha- 

tîlauts). 

Coqueluche.  —  L'augmentation  de  la  coqueluche  dans 
'^t's  dernières  années  n'a  pas  été  progressive  comme  celle  de 


la  diphthérie,  ni  brusque  comme  cellede  la  fièvre  typhoïde; 
elle  s'est  manifestée  par  des  poussées  épidémiques  plus 
fréquentes  (colonne  6  du  tableau  II).  En  1887  et  surtout  en 
1888.  elle  est  revenue  aux  proportions  qu'elle  avait  ordi- 
nairement avant  1876. 

Diphthérie. —  Cette  maladie  augmente  très  régulièrement 
de  fréquence  à  Paris  depuis  vingt^qualre  ans  (colonne  7  du 
tableau  II).  On  peut  résumer  les  chiffres  de  la  colonne  7 
de  notre  tableau  II  de  la  façon  suivante  :  pour  100  000^  ha- 
bitants, il  ya  eu  à  Paris  : 

En  1865-67 ib  décos  |)ar  diphlhérle. 

En  1868-69  cl  1872-78 64  — 

En  1879  82 99  — 

En  1883-88 76  -- 

Malgré  cet  accroissement  incessant,  .la  diphthérie  est 
moins  redoutable  à  Paris  que  dans  la  plupart  des  villes 
allemandes,  mais  les  villes  anglaises  en  sont  beaucoup 
moins  atteintes. 

En  1888,  la  fréquence  de  la  diphtérie  (77)  a  été  à  peu 
près  double  de  ce  qu'elle  était  il  y  a  vingt  ans  ;  mais  ce 
chiffre,  qui  aurait  seml^é  naguère  considérable,  doit  être 
aujourd'hui  regardé  comme  moyen. 

La  diphtérie  est  assez  régulièrement  saisonnière.  Fré-» 
qucnte  en  février,  mars  et  avril,  elle  décroît  jusqu'en  août, 
septembre  et  octobre  où  se  trouve  son  minimum.  C'est  pré- 
cisément ce  qui  est  arrivé  en  1888  (février,  203  décès; 
mars,  178;  avril,  182;  mai,  184...  août,  99;  septembre,  70). 

De  même  que  la  rougeole,  la  diphthérie  est  rare  dans  les 
quartiers  riches,  fréquente  dans  les  quartiers  pauvres.  Des 
quarante  quartiers  du  centre,  le  seul  qui  soit  frappé  par  la 
diphthérie  est  le  Gros-Caillou  (environ  133  décès  pour 
100000  habitants),  tandis  que  presque  tous  les  quartiers 
de  la  périphérie  (quartiers  pauvres)  sont  sérieusement 
atteints.  Nous  citerons  notamment:  Picpus  (131);  Necker 
(140);  Grenelle,  (164);  Javel  (171);  et  enfin  les  faubourgs 
les  plus  pauvres  de  Paris  :  la  Salpêlrière  (118)  ;  la  Gare 
(151);  les  Carrières  d'Amérique  (181),  et  Charonne  (145 
décès  pour  100000  habitants). 

Nous  n'insisterons  pas  sur  les  autres  causes  de  mort  dont 
la  fréquence  ne  varie  guère  d'une  année  à  l'autre.  Elles  ont 
été  en  1888  ce  qu'elles  sont  à  peu  près  chaque  année.  On 
rem'arquera  la  fréquence  sans  cesse  croissante  du  suicide, 
qui  a  fait  l'année  dernière  plus  de  victimes  que  la  fièvre 
typhoïde. 

État  srinitaire  de  la  plaine  de  Gennevilliers  irriguée 
à  Veau  d'égout.  —  L'enquête  sanitaire  que  le  Préfet  de  la 
Seine,  sur  ma  proposition,  a  prescrite  dans  toutes  les  corn- 
munes  du  département  de  la  Seine,  m'a  permis  de  pour- 
suivre les  recherches  que  j'avais  entreprises  Tannée  der- 
nière (Revue  scientifique  du  3  mars  1888)  sur  l'état  sani- 
taire de  Gennevilliers  et  autres  lieux  arrosés  à  l'eau  d'é- 
gout. 

La  plaine  irriguée  (étendue  irriguée,  600  hectares)  se 
trouve  située  dans  la  presqu'île  de  Gennevilliers  formée  au 
nord  de  Paris  par  une  boucle  de  la  Seine.  La  petite  ville 
de  Gennevilliers  est  située  au  milieu  de  ce  vaste  champ 
d'irrigation,  et  les  villes  d'Asnières  et  de  Colombes  y  sont 
enclavées  par  leur  côté  est  et  leur  cùté  nord.  La  totalité  de 
la  plaine  reçoit  en  moyenne,  par  jour,  85000  mètres  cubes 
d'eau  d'égout  (sur  300000  mètres  cubes  que  produit  la 
ville  de  Paris).  La  plaine  irriguée  est  entièrement  drainée; 


120    —  W  8 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  2^2  Février  1889 


la  quantité  d*eau  qui  sort  des  drains  est  incomplètement 
connue  (les  compteurs  trouvent  18000  mètres  cubes  d*eau 
par  jour).  Cette  eau  est  aussi  limpide  que  l'eau  de  roche. 
On  sait  combien  a  été  discutée  Tinfluence  des  irrigations 
sur  l'état  sanitaire.  Notre  tableau  III  montre  que  celte 
influence  est  nulle.  Les  maladies  épidémiques  (1)  ne  sont 
ni  plus  rares  ni  plus  fréquentes  dans  la  plaine  irriguée 
qu'elles  ne  le  sont  dans  le  reste  de  l'arrondissement  de 
Saint-Denis.  La  rougeole  y  est  même  plus  rare.  D'autres 
maladies  (et  notamment  la  pneumonie)  sont  plus  rares  à 
Gennevilliers  qae  dans  les  autres  communes  du  nord  de 
Paris  et  en  somme  la  mortalité  y  est  plus  faible.  Il  va 
de  soi  que  ces  heureux  résultats  ne  viennent  pas  des 
irrigations,  mais  seulement  de  ce  que  Gennevilliers, 
Asnières,  Colombes  ne  sont  pas  habités  par  une  popula- 
tion vouée  à  la  grande  industrie,  comme  le  sont  Saint- 
Denis,  Clichy,  etc. 

TABLEAU  UL  — Sur  10000  habitantSy  combien  de  décès 
causés  par  chaque  maladie? 


MALADIES  CAUSES  DB  MORT. 

Fièvre  typhoïde 

Variole 

Rougeole 

Scarlatine 

Coqueluche 

Diphthérie 

Phthisie  et  autres  tuberculoses. 

Tumeurs  (cancer,  etc.) 

Méningite  simple 

Apoplexie   cérébrale,  paralysie, 

ramollissement 

Maladies  organiques  du  cœur... 
Pneumonie  et  bronchite  aigué. . 

Bronchite  chronique 

Diarrhée  (athrepsie,  etc.) 

Fièvre  et  péritonite  puerpérales. 
Autres  maladies  puerpérales. . . 

Débilité  congénitale 

Sénilité 

Suicide 

Aulres  morts  violentes 

Autres  causes  de  mort 

Causes  inconnues 

Total  des  décès  pour  10  000  hah.  iÔÔ"      257        !2i)2       "^ 

Tel  est  renseignement  qui  ressort  de  ce  tableau.  Il 
ressort  avec  la  même  netteté  des  chiffres  relatifs  aux 
années  1885  et  1886.  Ce  qui  fait  leur  intérêt,  c'est  leur 
monotonie  ;  les  mêmes  chiffres  se  retrouvent  à  chaque 
colonne,  montrant  ainsi  qu'ils  ne  sont  en  rien  influencés 
par   les  irrigations. 

Peut-être  répondra-t-on  que  Peau  d'égout  ne  contamine 
pas  Pair  (parfaitement  inodore,  soit  dit  par  parenthèse)  de 
la  région  irriguée,  mais  qu'elle  souille  les  légumes  qu'elle 
arrose;  que  ce  sont  ces  légumes  que  Ton  doit  mettre. en 
suspicion  légitime;  que  ces  herbes  transportées  à  Paris 
pour  y  être  vendues,  peuvent  porter  sur  elles  quelque  mi- 
crobe malfaisant  et  donner  la  fièvre  typhoïde  à  ceux  qui 

(i)  Naturellement  les  individus  domiciliés  dans  les  communes  suburbsincs,  mais 
morU  à  Paris,  ont  été  comptés  comme  s'ils  étaient  morts  à  leur  dmoicilc. 


GENNKVILLIKRS 

AUTIIES  COMMUNES  DE 

ASMÈRES 

l'arronoissement 

COLOMBES. 

DE  SAINT-OBNIS. 

Total:  33 302  hab. 

Total  • 

31i8iOhab. 

■ —      ^ 

^-^ — 

■ —  -  ""^^ 

,        g— ^ 

1887. 

1889. 

1887, 

1888. 

7 

7 

7 

6 

i 

1 

i 

3 

3 

3 

9 

5 

1 

2 

1 

1 

1 

1 

3 

2 

U 

13 

10 

12 

51 

46 

52 

5i 

y 

H 

9 

13 

4 

11 

13 

10 

23 

23 

21 

21 

12 

17 

U 

U 

n 

20 

30 

35 

9 

10 

10 

9 

20 

20 

32 

33 

2 

2 

2 

1 

> 

> 

2 

1 

7 

l 

G 

7 

11 

8 

9 

10 

6 

i 

5 

A 

5 

5 

4 

4 

37 

48 

II 

45 

1 

1 

2 

2 

les  mangent;  que  là  seulement  est  le  danger,  et  que  su 
ce  danger  nos  chiffres  ne  nous  fournissent  aucune  lumière 
Mais  je  pense  que  le  lieu  du  monde  où  Ton  mange  1 
plus  de  légumes  de  Gennevilliers  doit  être  Gennevillier 
lui-même;  si  donc  ces  légumes  étaient  dangereux,  no 
chiffres  nous  en  auraient  dit  quelque  chose  ;  or  ils  ne  nou 
montrent  rien  de  pareil. 

Jacques  Bertillon. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

'    PailiolOfcle  générale. 

Sur  le  rôle   des  poisons  d'origine  microbienne  danî 

LES  MALADIES   INFECTIEUSES,   par  M.    Ch.    BOUCHARU. 

M.  Hayem  a  lu  à  l'Académie  de  médecine,  dans  la 
séance  du  12  février  dernier,  une  note  de  M.  Koussy  dont 
les  conclusions  figurent  au  Bulletin.  Les  règlements  de 
TAcadémie  s'opposant  à  ce  que  la  discussion  s'engage  sur 
les  travaux  d'un  savant  étranger  à  cette  compagnie  tant 
qu'ils  n'ont  pas  été  l'objet  d'un  rapport,  et,  d'autre  part,  le 
rapport  qui  devait  être  lu  dans  la  séance  du  19  février 
ayant  été  ajourné,  je  me  décide  à  publier  les  réflexions 
qui  m'ont  été  suggérées  par  la  lecture  faite  par  M.  Ifayein. 
Les  faits  qui  y  sont  relatés  intéressent  cette  conception 
nouvelle  de  la  virulence  d'après  laquelle  les  agents  pallio* 
gènes  des, maladies  infectieuses  seraient  nuisibles  surtout 
par  les  matières  chimiques  qu'ils  sécrètent.  A  vrai  dire  la 
conception  n'est  pas  nouvelle;  elle  a  provoqué  des  recher- 
ches déjà  anciennes  qui  la  rendaient  vraisemblable  ;  mai< 
sa  démonstration  expérimentale  définitive  est  de  dale 
récente. 

Les  faits  de  M.  Roussy  n'ont  trait  qu'à  un  côté  spécial 
et  restreint  de  la  virulence,  à  l'état  fébrile.  Quand  les  pro- 
messes de  cette  communication  seront  réalisées,  ces  faits 
prendront   place  à  la  suite  de  ceux  qui  établissent  déjà 

aue,  dans  certaines  maladies  infectieuses,  la  fièvre  est  pro- 
uite  par  des  matières  pyrétogèneSy  comme  on  disait  il  y 
a  plus  d'un  quart  de  siècle,  sécrétées  par  les  microbes 
pathogènes.  Quand  enfin  M.  Iloussy  aura  établi  que  la  sub- 
stance dont  il  parle  est  un  corps  chimiquement  défini,  il 
aura  le  mérite  d'avoir  isole  le  premier  l'un  de  ces  corps 
qui  n'ont  encore  été  étudiés  que  physiologiquemenl  cl  qui 
donnent  aux  produits  de  sécrétion  de  certains  microbes 
leur  propriété  pyrétogène.  Malheureusement  cetle  substance 
n'est  pas  encore  définie;  et  plus  malheureusement  encore 
on  se  refuse  à  nous  dire  par  quel  microbe  elle  est  fabri- 
quée. 

Sans  m'arrêter  à  une  question  de  procédure,  je  ne  veux , 
voir  dans  celte  communication  que  les  promesses  dont  la 
réalisation  très  désirable  ne  peut  manquer  de  nous  être 
apportée  prochainement  par  M.  UouSsSy  et  à  son  très  grand  ' 
honneur.  Us  m'offrent  Toccasion  que  je  saisis  d'exposer  les 
résultats  de  recherches  poursuivies  dans  la  même  direc-  î 
tion  soit  par  moi,  soit  par  quelques-uns  de  mes  collabo- 
râleurs.  | 

Celte  question   de  Tintoxication   par   les  matières  cbi- 
miques  solubes  résultant  de  la  vie  des  microbes  a  eu  deux  | 
phases  distinctes  :  l'une  concerne  la   septicité,  Taulre  la  i 
virulence  proprement  dite.  Entre  les  deux   la  distinction 
n'est  pas  fondamentale,  plusieurs  microbes  des  pulréfac-  j 
tiens  étant  capables  de  s'élever  à  la  dignité  de  virus. 

Quand  Gaspard  produisait  la  maladie  et  la  mort  par  Tin-  1 
jection  des  matières  putrides,  il  ne  concevait  comme  pos-  ' 
sible  et  ne  discernait  que  l'intoxication  là  où  d'autres,  ijlus 
tard,  n'ont  voulu  voir  que  l'infection.  Il  a  fallu  deux  tiers  | 


îi  Février  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N<»  8  —    121 


(le  siècle  pour  élucider  celle  question  qui,  po«ée  en  182:2,  a 
récuses  derniers  développements  en  décembre  1887,  dans 
ua  mémorable  travail  de  MM.  Roux  et  Chamberland.  Les 
malières  putrides,  débarrassées  de  tout  microbe,  tuent  par 
iiuoiication  ;  parmi  les  microbes  des  putréfactions,  les  uns 
peuvent  être  sans  danger  introduits  dans  le  corps  des  ani- 
maux vivants,  d'autres  sont  capables  de  détruire  la  matière 
ïivanle  comme  la  matière  morte  ;  mais  ces  derniers  ne  pro- 
duisent la  maladie  et  la  mort  que  parce  qu'ils  sécrètent 
dans  l'économie  vivante  les  mêmes  poisons  qu'ils  fabri- 
quaient dans  la  matière  morte. 

Pour  les  maladies  virulentes  proprement  dites,  la  question 
s'est  posée  dans  les  mêmes  termes. 

Le  15  avril  1878,  M.  Toussaint  formule,  à  titre  de  pure 
hypothèse  et  sans  preuve,  l'idée  que  la  bactérodie  charbon- 
neuse secrète  une  matière  loxinue,  soluble,  phlogogène. 

Le  iO  novembre  1879,  M.  Cnauveau  invoque  la  même 
\^k  pour  expliquer  des  faits  constatés  expérimentalement  : 
le  (liarbon  qui  tue  nos  moutons  indigènes  rend  seulement 
nialades  les  moutons  algériens;  M.  Chauveau  pense  que  ce 
malaise  éprouvé  par  les  moutons  algériens  est  dû  à  un  poi- 
son soluble  fabriqué  par  les  bacléridies. 

llfallait  vérifier  expérimentalement  celte  hypothèse.  C'est 
ee qu'avaient  fait  déjà,  en  1878,  et  avecun  résultat  négatif, 
)iM.  Tiegel  et  Zahn  qui,  injectant  la  culture  charbonneuse 
lillréc  constatèrent  qu'ils  ne  provoquaient  aucun  trouble 
morbide. 

Le  3  mai  1880,  M.  Pasteur  fournît  le  premier  document 
e\périmental  favorable  à  cette  théorie  :  il  injecte  à  une  poule 
l'exlrail  de  120  centimètres  cubes  de  culture  filtrée  du 
choléra  des  poules,  l'animal  reste  pelotonné  et  somnolent 
comme  les  poules  inoculées  avec  le  virus.  Ces  symptômes, 
à  vrai  dire,  ne  sont  pas  bien  spéciaux  ;  l'expérience  prouve 
au  moins  que  l'extrait  de  la  culture  d'un  microbe  pathogène 
peut  élre  toxique. 

Le  20  novembre  1880,  M.  Chauveau  reproduit  avec  plus 
de  fermeté  son  hypothèse  en  vue  d'expliquer  les  phéno- 
mènes morbides  graves  provoqués  chez  des  moutons  réfrac- 
taires  par  l'injection  de  15  à  70  centimètres  cubes  de  sang 
charbonneux  renfermant  jusqu'à  deux  cent  milliards  de 
bactéridies. 

L*idée  que  la  virulence  consiste  en  une  intoxication  par 
des  poisons  que  sécréteraient  les  microbes  se  faisait  vrai- 
î^emblable  mais  ne  s'imposait  pas  encore. 

En  novembre  1884,  j'ai  démontré  que  si  l'on  injecte  dans 
les  veines  du  lapin  l'urine  de  l'homme  cholérique  filtrée 
ou  cbautTée,  on  produit,  indépendamment  des  phénomènes 
propres  à  l'injection  de  l'urine  normale,  certains  effets  spé- 
ciaux singulièrement  analogues  aux  symptômes  cholériques: 
cyanose  des  muqueuses,  hypothermie  considérable,  crampes 
des  membres  postérieurs,  diarrhée  d'abord  stercorale,  puis 
blanchi'ilre  et  rougeâtre  avec  desquamation  de  Tépilhélium 
intestinal,  absence  de  bile  dans  l'intestin  et  distension  de 
la  vésicule,  albuminurie  progressivement  croissante  abou- 
tissant à  l'anurie,  enfin  la  mort  après  trois  ou  quatre  jours 
de  maladie.  Ce  n'était  pas  le  choléra,  c'était  une  mtoxication 
à  son  image.  Le  poison  cholérique  était  démontré  ;  il  était 
sécrété  par  le  microbe  palhogène  ou  par  les  cellules 
humaines  aux  prises  avec  ce  microbe.  Je  posai  l'alternative 
sans  la  trancher  auand  je  communiquai  ces  faits  au  Congrès 
de  l'Association  trançaise  pour  l'avancement  des  Siences, 
tenu  à  Grenoble  en  septembre  1885. 

Parmi  les  alcaloïdes  fabriqués  parles  microbes,  il  en  est 
un  que  M.  Briegera  extrait  en  1885de  la  culture  du  bacille 
d'Eberth:  c'est  la  typho-toxine  qui  produit  une  intoxication 
dont  quelques  caractères  rappellent  certains  symptômes  ou 
accidents  de  la  fièvre  typhoïde  de  Thomme.  Il  n'est  pas 
démontré  que  cette  substance  soit  le  vrai  ou  le  seul  poison 
lyphique,  mais  il  y  avait  dans  celte  constatation  une  raison 
de  plus  de  soupçonner  que  dans  les  maladies  infectieuses 


certains  phénomènes  morbides  sont  d'ordre  toxique  et  que 
le  poison  est  sécrété  dans  le  corps  de  l'individu  malade  par 
le  microbe  pathogène. 

La  démonstration  expérimentale  de  la  réalité  de  cette 
opinion  a  était  faite  d'une  manière  définitive  par  M.  Char- 
rin,  dans  mon  laboratoire.  M.  Charrin  avait  établi  que  si 
l'on  inocule  au  lapin  le  bacille  pyocyanique  de  manière  à 
ne  pas  produire  une  mort  rapide,  soit  qu'on  ait  conféré  à 
l'animal  un  certain  degré  d'immunité  par  une  vaccination 
antérieure,  soit  qu'on  choisisse  un  microbe  peu  virulent, 
soit  qu'on  injecte  la  culture  de  ce  microbe  en  petite  quan- 
tité, soit  enfin  qu'on  l'introduise  sous  la  peau  et  non  dans 
les  veines,  on  produit  la  fièvre,  la  diarrhée,  l'albuminurie, 
l'amaigrissement,  une  monoplégie  ou  une  paraplégie  spas- 
modique  sans  lésions  anatomiques  nerveuses  ou  muscu- 
laires, la  paralysie  vésicale  et  la  mort,  tout  cela  évoluant 
en  un  temps  qui  peut  varier  de  quinze  jours  à  plusieurs  mois. 

Dans  une  note  publiée  le  24  octobre  1887,  M.  Charrin  a 
montré  que  ces  symptômes,  y  compris  les  paralysies  spas- 
modiques,  peuvent  être  provoqués  chez  le  lapin  par  l'injec- 
tion de  cultures  pyocyaniques  débarrassées  de  tout  microbe 
par  le  filtre  ou  la  chaleur. 

Ces  poisons  morbides  que  le  bacille  pyocyanique  fabrique 
ainsi  in  vitro,  il  les  sécrète  aussi  dans  le  corps  des  ani- 
maux inoculés.  Je  l'ai  démontré  le  4  juin  1888,  en  recueil- 
lant les  urines  des  animaux  atteints  de  la  maladie  pyocya- 
niaue  et  en  injectant  ces  urines  dépourvues  de  tout  microbe 
à  des  animaux  sains.  J'ai  reproduit  ainsi  les  symptômes 
caractéristiques  de  la  maladie  pyocyanique  y  compris  les 
paralysies  spasmodiaues. 

Mes  injections  d  urines  cholériques  avaient  démontré 
deux  choses  :  elles  établissaient  l'existence  de  poisons  mor- 
bides dans  certaines  maladies  infectieuses,  poisons  aux- 
quels sont  dus  les  principaux  symptômes  de  ces  maladies; 
elles  prouvaient  de  plus  que  l'économie  est  capable  de  se 
débarrasser  de  ces  poisons,  qu'elle  les  élimine  par  les 
émonctoires,  spécialement  par  les  reins.  Mes  injections 
d'urines  pyocyaniques  prouvaient  que  ces  poisons  morbides 
éliminés  par  les  urines  étaient  d'origine  microbienne, 
fabriqués  dans  l'organisme  animal  infecté  comme  ils  le 
sont  m  vitro, 

MM.  Charrin  et  Armand  Rûffer  ont  apporté  un  surcroît 
de  preuves  à  cette  manière  de  voir,  dans  une  communica- 
tion en  date  du  13  octobre  1888.  Ils  injectent  à  un  lapin 
sain  la  culture  chauffée  et  filtrée  du  bacille  pyocyanique, 
recueillent  ses  urines  et  les  injectent  à  un  autre  animal 
sain;  ils  voient  se  développer  chez  ce  dernier  animal  les 
symptômes  de  la  maladie  pyocyanique  et  en  particulier 
une  monoplégie  spasmodique. 

La  réalité  de  Texistence  de  poisons  morbides  fabriqués 
par  les  microbes  que  M.  Charrin  avait  démontrée  pour  la 
maladie  pyocyanique  en  octobre  1887,  a  été  prouvée  égale-* 
ment  par  MM.  Roux  et  Chamberland  pour  la  gangrène  ga- 
zeuse en  décembre  1887;  par  MM.  Cnantemesse  et  Widal 
Cour  la  fièvre  typhoïde  en  février  1888  ;  par  MM.  Roux  et 
ersin  pour  la  diphthérie  en  décembre  1888.  J'avais  moi- 
même,  au  commencement  de  cette  même  année,  démontré 
que  si  les  cultures  charbonneuses  semblent  n'être  pas 
toxiques,  il  y  a  dans  la  sérosité  de  l'œdème  charbonneux, 
une  matière  éminemment  vénéneuse. 

A  ne  considérer  que  l'état  fébrile,  élément  important 
mais  contingent  de  la  virulence,  et  qui  est  seul  visé  dans  la 
note  de  M.  Roussy,  on  soupçonnait  depuis  longtemps  qu'il 
pouvait  être  produit,  dans  les  maladies  infectieuses,  par  des 
substances  solubles,  et,  à  ce  point  de  vue,  0.  Weber,  dès 
1864,  avait  déjà  distingué  les  matières  pyrétogènes  des 
matières  phlogogènes.  La  réalité  de  cette  hypothèse  a  été 
surabondamment  démontrée  par  M.  Chauveau,  dans  ses 
injections  de  matières  putrides  stérilisées. 


122 


N»  8  - 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  22  Février  1880 


Ces  expériences,  à  ia  vérité,  ne  prouvaient  pas  que  cette 
matière  soluble  pyrétogène  fut  d'origine  microbienne,  car 
les  extraits  des  tissus  d'animaux  sains,  non  putrides,  peu- 
vent provoauer  la  fièvre.  Le  ferment  soluble  de  la  coagula- 
tion, introduit  dans  les  veines,  peut  élever  la  température 
jusqu'à  44  degrés,  et  MM.  Charrin  et  Armand  Rûffer  ont 
établi  que  le  bouillon  ordinaire,  non  altéré,  introduit  dans 
les  veines  ou  sous  la  peau,  produit  un  accès  fébrile  avec 
élévation  thermique  de  2  degrés,  dont  l'évolution  totale 
peut  varier  de  huit  à  douze  heures.  Il  y  a  des  substances 
d'origine  végétale,  des  alcaloïdes  en  particulier,  qui  pro- 
duisent la  fièvre  :  la  vératrine,  la  cocaïne,  par  exemple. 

Le  même  effet  a  été  obtenu  avec  des  alcaloïdes  d'origine 
putride.  C'est  ce  qu'a  vu  M.  Brieger,  à  la  suite  de  l'injection 
de  la  mydaléine.  Mais,  comme  cette  substance  a  été  extraite 
non  de  cultures  pures  mais  de  tissus  animaux  putréfiés,  on 
pourrait  peut-être,  à  la  rigueur,  prétendre  que  son  origine 
microbienne  n'est  pas  absolument  démontrée.  Les  expé- 
riences faites  dans  mon  laboratoire,  par  MM.  Charrin  et 
Armand  Rûffer,  communiquées  le  1"  février  1889,  démon- 
trent d'une  manière  décisive  qu'un  microbe  pathogène, 
même  cultivé  dans  un  milieu  inerte,  produit  des  substances 
qui,  injectées  à  l'animal  sain,  donnent  lieu  à  un  état  fébrile 
cyclique,  avec  élévation  thermique  de  2%5,  avec  acmé  au 
bout  de  trois  heures,  et  avec  une  durée  totale  qui  peut 
atteindre  et  dépasser  quarante-huit  heures.  C'est  avec  la 
culture  stérilisée,  chauffée  et  filtrée  du  bacille  pyocyanique 
que  ces  résultats  ont  été  obtenus. 

Nous  avons  la  pensée,  mes  collaborateurs  et  moi,  que  les 
choses  se  passent  de  la  même  façon  dans  la  pathologie 
humaine  ;  que  les  poisons  pyrétogènes  peuvent  être  sécrétés 
dans  le  cours  de  certaines  maladies  infectieuses,  et  qu'ils 
peuvent  s'éliminer  par  les  urines  comme  les  autres  poisons 
normaux  ou  pathologiques.  En  effet,  tandis  que  les  urines 
normales,  comme  je  l'ai  établi,  sont  hypothermisantes, 
MM.  Charrin  et  Armand  Rûffer  ont  reconnu  que  l'injection 
de  Turine  des  animaux  pyocyaniqucs  provoque  la  fièvre,  et 
la  même  constatation  *a  été  faite  avec  l'urine  d'un  malade 
atteint  de  pneumonie  tuberculeuse. 


Sémélologle. 

Note  sur  l'exploration  manuelle  du  rein, 
par  M.  le  docteur  Franlz  Glénard. 

Les  résultats  que  l'on  peut  obtenir,  grâce  à  l'exploration 
manuelle  du  rein,  sont,  de  jour  en  jour,  plus  appréciés, 
non  seulement  en  médecine,  mais  encore  en  chirurgie. 
Dans  l'une  de  ses  dernières  cliniques  {Gaz.  Iiebd.y  p.  88), 
M.  le  professeur  Guyon  qui,  depuis  plus  de  vingt  ans, 
a  fait  connaître  et  perfectionné  les  procédés  d'exploration 
destinés  à  déterminer  la  sensibilité  du  rein,  ses  varia- 
tions de  volume,  sa  mobilité,  ses  déplacements,  etc.,  a 
bien  voulu  parler  de  mes  recherches  à  cet  égard.  Je 
me  considère  dès  lors  comme  autorisé  à  préciser  encore 
ce  que  j'ai  désigné  sous  le  nom  àepalpation  néphroleptique 
et  à  appeler  l'attention  des  lecteurs  de  la  Gazette  hebdoma- 
daire sur  les  résultats  que  peut  donner  cette  palpation. 
Comme  il  arrive  souvent  que  1  on  me  cite  parmi  ceux  qui  se 
contentent  de  l'exploration  du  rein  à  I  aide  d'une  seule 
main,  je  crois  devoir  tout  d'abord  reproduire  ici  la  des- 
cription que  j*ai  souvent  donnée  de  l'exploration  néphro- 
leptique. «:  J'élreins  (1)  largement  et  solidement  de  la  main 
gauche,  —  pour  la  recherche  du  rein  droit,  —  pouce  en 

(1)  F.  Glénard,  A  propo*  d'un  eaê  de  neuraslh'sie  gastrique  {entéronéphropiote 
traumaVque).  Diagnostic  de  Ventéroptose.  Conférence  clinique  faite  à  l'HôlcI- 
Dicu  de  Lyon  le  8  mars  1887.  Province  médicale,  18  avril  1837  el  n"  suivants. 


avant,  médius  en  arrière,  la  zone  des  parties  molles  immé- 
diatement sous-jacente  au  rebord  costal.  Les  doigts  forment 
ainsi  un  anneau  étroit,  qui  sera  complété  à  sa  partie  interne 
en  arrière  par  la  colonne  vertébrale,  en  avant  j)ar  la  main 
droite;  celle-ci  déprime  en  effet  la  paroi  antérieure  dans  le 
prolongement  de  l'extrémité  du  pouce  gauche,  oui  se  trouve 
à  la  hauteur  et  au-dessous  de  l'extrémité  de  la  neuvième 
côte  droite...,  la  main  droite  étant  chargée  surtout  de 
déprimer,  le  pouce  gauche  surtout  chargé  de  palper.  C'est 
à  ce  pouce  gauche  que  doit  être  dévolu  le  rôle  intelligent... 
Lorque  la  néphroptose  parait  avoir  atteint  la  limite  infé- 
rieure de  son  incursion,  —  sous  l'influence  d'une  forie 
inspiration,  on  augmente  brusquement  la  constriciion 
exercée  à  travers  les  tissus  par  les  doigts,  en  rapprochant  le 
plus  possible  l'une  de  l'autre  les  extrémités  du  médius  ot  du 
ponce  gauche.  Pendant  ce  temps  la  main  droite  veille  à  ce 
que  la  ptôse  ne  soit  pas  déviée  vers  la  ligne  médiane  et 
n'échappe  ainsi  à  la  pression  ou  à  la  préhension  de  la  inaiu 
gauche.  :» 

Sur  un  sujet  à  ventre  un  peu  gros,  la  manœuvre  que 
je  viens  d'indiquer  peut,  il  faut  en  convenir,  devenir  infi- 
dèle, mais  c'est  à  la  condition  que  ce  ventre  soit  non  seulement 
gros,  mais  tendu;  car  si  le  ventre,  tout  en  étant  gros  est  en 
môme  temps  flasquç  et  dépressible,  le  pincement  de  Glé- 
nardj  comme  dit  M.  le  professeur  Guyon,  est  encore  réali- 
sable. Il  n'est  réellement  infidèle  que  si  le  ventre  est  gros 
et  tendu.  Or,  dans  des  cas  pareils,  aucun  procédé  ne  peut 
éclairer  la  mobilité  du  rein. 

Je  n'ai  d'ailleurs  jamais  prétendu  sentir  rexlrérailé  infé- 
rieure du  rein  passer  et  repasser  dans  l'anneau  vivant  que 
forme  la  main.  Bien  au  contraire,  je  me  suis  exprimé  de  la 
manière  suivante,  relativement  au  premier  degré  que  je 
propose  d'admettre  dans  la  mobilité  du  rein  (néphroptose): 
<ic  II  est  évident,  ai-je  dit,  que  ce  diagnostic  du  premier 
degré  ou  pointe  de  néphroptose  serait  contesté  par  tout 
médecin  qui  serait  appelé  à  le  contrôler  sans  avoir  déjà, 
par  devers  lui,  une  grande  expérience  de  la  palpation  du 
rein  mobile.  Car,  dans  ce  cas,  on  ne  sent  que  le  pôle  infé- 
rieur du  rein.  Il  ne  s'agit  plus  ni  de  capture,  ni  ae  sillon; 
c'est  à  la  fln  du  temps  d'affût,  au  moment  où  Ton  espère 
saisir  la  ptôse,  que  l'on  sent  profondément  un  corps  orbe. 
lisse,  dur,  du  volume  d'une  noix,  qui,  sous  l'influence  de  la 
pression  brusque,  exercée  par  les  extrémités  du  médius  et 
du  pouce  gauche  (pour  le  rein  droit),  saute  comme  une  bille 
et  s  échappe  en  haut,  en  laissant  aux  doigts  une  sensation 
analogue  à  celle  qu'ils  éprouvent  lorsqu'ils  viennent  de 
projeter  par  pression  un  noyau  de  cerise.  Telle  est  pour  moi 
ta  pointe  de  néphroptose  ou  néphroptose  du  premier  degré, 
car  on  ne  peut  atteindre  le  rein  à  tétat  normal.  » 

La  preuve  que  telle  est  bien  ma  manière  de  voir,  c'est  que 
j'ai  publié  la  statistique  suivante  :  sur  une  série  de  950  ma- 
lades, atteints  de  troubles  divers  des  fonctions  digestives  el 
chez  lesquels  j'ai  cherché  délibérément  la  mobilité  du 
rein  par  le  procédé  que  je  recommande,  j'ai  trouvé  145  as 
de  rein  mobile  à  divers  degrés  et,  sur  ces  145  cas,  62  cas 
seulement  des  premier  et  deuxième  degrés  réunis,  -;  l6 
deuxième  degré  de  néphroptose  se  distinguant  du  premier, 
parce  que  l'on  peut  retenir  «  capturer  »,  entre  les  doigts,  le 
rein  que  vient  d'abaisser  l'inspiration,  tandis  qu'au  premier 
degré  il  est  si  peu  abaissé  qu'il  glisse  en  haut  sans  pouvoir 
être  retenu;  se  distinguant  du  troisième  degré,  parce  que 
dans  celui-ci  on  peut  pincer  Thypochondre  au-dessus  du 
rein  et  déprimer  un  sillon  entre  le  rein  et  le  foie.  En 
somme,  je  n'ai  pu  déceler  nettement  ces  deux  premiers 
degrés  de  mobilité  (néphroptose)  du  rein,  que  62  fois  sur 
950  malades  (1).  Cette  faible  proportion  des  cas  dans 
lesquels  on  l'observe,  les  degrés  insensibles  que  Ton  note 

(1)  Celle  statistique  acqaiorl  une  singulière  valeur  do  ce  fait  que,  «ur  une 
seconde  série  de  4i3  malades,  j'ai  trouvé  G7  cas  de  néphroptose  et,  sur  r<V'* 
07  cas,  non  seulement  la  même  proportion   relativement  au  sexo,  m.iis  la  mémù 


ii  Février  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N'»  8 


123 


en  clinique  entre  la  mobilité  légère  (néphroptose  du 
premier  degré)  dans  un  cas  et  la  mobilité  extrême 
inéphroptose  du  quatrième  degré);  dans  un  autre  cas, 
eiiGn,  les  traits  manifestes  de  parenté  que  Ton  observe  dans 
rallure  du  syndrome  (entéroptose)  chez  les  divers  malades, 
présentant  des  degrés  variés  de  néphroptose,  autorisent  à 
dire,  d'abord  que  c'est  bien  le  rein  que  l'on  fait  c  sauter  » 
lorsqu'on  atteint  cette  petite  tumeur  mobile,  et  ensuite  que, 
paisqu*il  est  atteint  par  les  doigts,  c'est  qu'il  a  une  mobilité 
anormale  et  qu'il  est  déjà  proiabé;  sinon,  on  ne  l'atteindrait 
pas,  ce  qui  est  la  règle,  ainsi  que  je  m'en  suis  assuré  chez 
les  sujets  bien  portants,  quelque  maigre  et  flasque  que  soit 
leur  abdomen. 

Tels  sont  les  seuls  points  au  sujet  desquels  j'ai  cru  devoir 
insister  dans  cette  courte  note.  lis  se  rapportent  à  des 
faits  cliniques  aisés  à  vérifier  et  qui,  en  raison  de  Timpor- 
tance  qui  s'attache  aujourd'hui  aux  recherches  de  ce  genre, 
me  paraissaient  devoir  être  rappelés. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

HOPITAL   DE   LA   CHARITÉ.  —  M.   LE    PROFESSEUR    POTAIN. 
Traliemeni  dea  ttenlaa. 

Après  avoir  insisté  sur  les  difficultés  que  présente  parfois 
le  diagnostic  de  l'helminthiase  et  sur  la  nécessité  de  n'insti- 
tuer une  médication  que  lorsque  Ton  a  reconnu  la  nature  du 
ver  intestinal  qu'il  faut  combattre,  M.  Potain  examine 
quelle  est  la  valeur  des  différents  txnicides.  Les  uns,  dit-il, 
agissent  par  traumatisme  sur  le  ver.  Ce  sont  les  poudres  de 
fer,  d'élain,  de  zinc,  de  charbon. 

II  en  estd'autres  qui  sont  des  poisons  chimiques,  depuis 
le  pétrole  et  la  noix  vomique,  jusqu'au  cyanure  de  potas- 
sium, que  M.  Peter  a  indiqué  comme  ayant,  par  hasard, 
guéri  un  Américain. 

Dans  une  autre  classe,  il  faut  ranger  les  stupéfiants  tels 
que  l'acide  carbonique,  Téther,  l'alcool.  Dans  quelques  cas, 
on  a  vu  le  parasite  rendu  à  la  suite  d'une  forte  absorption 
de  liquides  alcooliques.  Mais  ce  sont  là  des  exceptions.  Les 
médicaments  tsenicides  sont  en  général  des  spécifiques.  En- 
core la  plupart  d'entre  eux  donnent-ils  des  résultats  médio- 
cres. Trois  des  principaux  appartiennent  à  la  matière  médicale 
exotique.  C'est  d'abord  le  Mucenna,  sorte  d'acacia  dont  on 
donne  l'écorce  en  poudre  et  qui  serait  très  utile  en  Afrique  ; 
en  France,  les  résultats  sont  beaucoup  moins  beaux,  et  on  n'a 
guère  à  enregistrer  que  des  revers.  Vient  ensuite  le  kamala, 
qui  provient  du  fruit  d'une  euphorbiacéc  de  l'Inde;  on  en 
administre  12  grammes  dans  un  purgatif  huileux.  Jadis  en 

pruporlion  relativement  aux  degrës  de  la  népliroptose.  Je  ne  m'attendais  vmimenl 

l»as  à  une  aussi  exacte  confirmation  : 

Proportions  relative»  à  la  fréquence,  à  la  répartition,  tuivant  Us  axes  et  au 

degré  de  la  néphroptose  {rein  mobile)   dans  les    affections  chroniques  de 

VapparcU  digestif  observées  à  Vicl^y. 

Séri«>  I:  950  ca«  observés,  145  népliroploscs,  15,2  pour  100. 

Série  II  :  423  cas  observés,  67  néphroptoics,  13.4. 

Proportion  des  néphroptoses  relative  au  sexe. 
Série  I:  145  nëphroptoses,  198  femmes,  88,S  pour  100. 
Série  11  :  G7  néphroptoses,  5'J  femmes,  88,0  pour  100. 

Proportion  des  néphroptoses  relatives  au  degré. 

Série  I:  145  néphroptORes,  47  premier  et  deuxième  degrés,  2i  pour  100. 

St'rie  II:  67  néphroptoses,  21  premier  et  deuxième  degrés,  31  pour  100. 

Oa  pcui  donc  considérer  comme  exactes  (au  moins  pour  lu  clinique  de  Vichy  où 
e-^  observations  ont  été  relevées)  les  proportions  suivantes,  basées  sur  l'examen 
de  1373  malades  (077  hommes,  606  femmes). 

Sar  100  malades,  il  y  a  14  cas  de  néphroptose  (rein  mobile). 

Sur  100  cas  de  néphroptose,  il  y  a  88  femmes  et  12  hommes. 

Sur  100  cas  do  néphroptose,  il  y  a  32,5  cas  de  néphroptose  dos  premier  et 
deuxième  degrés. 


o(leur  de  sainteté,  ce  médicament  est  aujourd'hui  délaissé. 
Vient  enfin  le  kousso  qui,  pendant  quelque  temps,  a  été  à 
peu  près  le  seul  médicament  prescrit  en  France.  On  fait 
macérer  puis  infuser  les  fleurs  de  cet  arbrisseau  à  la  dose 
de  20  grammes,  et  on  avale  le  mélange.  L'activité  des  fleurs 
mâles  et  femelles  difl'ère  ;  telle  est  là  peut-être  la  cause  de 
la  variabilité  des  résultats  obtenus.  La  préparation  est 
d'ailleurs  nauséeuse.  On  a  alors  essayé  de  granuler  le  mé- 
dicament, mais  il  faut  avaler  48  grammes  de  ces  granules 
pour  ne  prendre  que  16  grammes  de  fleurs.  Sur  737  cas, 
Bérenger-Féraud  n'a  relevé  que  07  succès,  soit  1  pour  10. 
En  Abyssinie,  le  kousso  est  très  employé,  mais  ce  n'est 
pas  pour  se  guérir  du  parasite  qu'on  l'emploie.  Les  Abys- 
siniens se  contentent  d'en  évacuer  une  partie.  Le  ver  se 
régénère  peu  à  peu  et  sa  présence  provoque  des  contrac- 
tions intestinales  favorables  contre  la  constipation  qui 
est,  chez  eux,  endémique.  Parmi  les  médicaments  tirés 
de  plantes  indigènes,  il  faut  citer,  en  première  ligne, 
la  fougère  mâle.  Son  rhizome  renferme  une  huile  volalile 
qui  s'emploie  sous  forme  de  poudre  ou  d'extrait  élhéré.  On 
prescrit  d'ordinaire  4  grammes  de  poudre  en  suspension 
dans  une  potion.  Trousseau  donnait  à  la  fois  l'extrait  et  la 

rioudre  et  terminait  par  trois  gouttes  d'huile  de  croton  : 
'application  du  traitement  était  difficile. 

Il  faut  préférer  les  capsules  contenant  de  l'extrait  éthéré 
etducalomel;  mais  pour  réussir  il  faut  en  avaler  16  au 
moins,  ce  qui  complique  le  traitement.  De  plus,  il  est 
certain  que  si  certaines  plantes  sont  actives,  comme  celles 
que  l'on  recueille  dans  les  Vosges,  il  en  est  d'autres  qui 
restent  inactives,  par  exemple  celles  de  Normandie. 

La  graine  de  courge  vient  ensuite.  On  doit  employer  les 
graines  du  potiron  commun,  les  autres  sont  inactives  ou 
mal  connues.  La  partie  utile  serait  le  péri«perme  qui  ren- 
ferme une  sorte  de  résine  verdàtre;  cependant  quelques 
médecins  ou  eu  moins  de  succès  avec  ce  pcrisperme.  il  faut 
donc  mieux  employer  les  graines,  mais  après  les  avoir 
mondées  ;  50  à  60  grammes  de  graines  bien  mondées 
représenteront  140  grammes  de  semences  entières.  On  pilera 
en  pâte  et  on  administrera  le  médicament  soit  sous  forme 
d'êlectuaire,  soit,  ce  qui  est  mieux,  en  émulsion  dans  du 
lait.  Ensuite,  on  fera  prendre  un  purgatif  quelconque. 
Bérenger-Féraud  a  relevé  20  succès  sur  349  cas,  soit 
4  pour  100.  Mais  peut-être  les  résultats  seraient-ils  plus 
brillants  si  l'on  avait  soin  de  noter  la  provenance  des 
graines. 

La  racine  de  grenadier,  déjà  employée  par  les  anciens 
Romains,  est  l'un  des  médicaments  to^nifuges  les  plus 
recommandés  dans  ces  derniers  temps.  On  emploie  l'écorce 
de  la  racine  et  celle  des  branches  en  rejetant  les  rameaux 
de  l'année.  Quand  elle  est  fraîche,  celte  écorce  est  très 
active  ;  elle  s'altère,  du  reste,  assez  facilement.  Cette  alté- 
ration spontanée  se  remarque  pour  la  plupart  des  ta^ni- 
fuges^  et  c'est  une  des  raisons  pour  lesquelles  il  vaut  mieux 
choisir  ceux  qui  proviennent  de  plantes  indigènes.  Le 
kamala,  le  kousso,  par  exemple,  deviennent  inactifs  au  bout 
d'un  an  et  demi  à  deux  ans. 

Pour  le  grenadier,  on  se  sert  de  la  poudre,  de  l'infusion, 
de  l'extrait.  Il  faut  prescrire  60  grammes  de  poudre,  prépa- 
ration désagréable  et  peu  efficace.  L'infusion  est  plus  utile 
et  se  fait  avec  60  grammes  d'écorce  fraîche  ou  sèche.  L'état 
de  dessication  importe  peu  parce  que,  s'il  y  a  moins  de  sub- 
stance active,  il  y  a  moins  d'eau  ;  par  contre,  il  ne  faut 
jamais  employer  d'écorce  vieillie.  On  met  les  60  grammes 
d'écorce  dans  750  grammes  d'eau  que  l'on  fait  bouillir,  on 
laisse  macérer  vingt-quatre  heures,  puis  on  évapore  à 
500  grammes.  On  termine  le  traitement  en  donnant  un 
purgatif  approprié  à  l'état  des  voies  digestives  du  malade. 
Bérenger-Féraud,  sur  832  cas,  a  relevé  50  pour  100  de 
succès.  L'extrait  donne  des  résultats  médiocres.  On  pour- 
rait essayer  de  l'administrer  en  cachets  et  de  Aiire  boire 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  22  Févbier  1889 


ensuite  au  malade  une  certaine  quantité  d'eau;  car  celte 
dilution  a  pour  objet  de  faciliter  et  de  rendre  plus  rapide 
l'évacuation  du  médicament  dans  l'intestin  où  il  agît  et 
d'empêcher  son  absorption  dans  l'estomac. 

Le  principe  actif  de  la  racine  de  grenadier  est  la  pelletié- 
rine.  C'est  un  alcaloïde  liquide  qui  peut  former  un  sulfate 
solide.  Le  sulfate  de  pelletiérine  devient  actif  quand  il  est 
associé  au  tannin,  qui  le  rend  cependant  beaucoup  moins 
soluble  ;  la  nature  exacte  du  corps  qui  se  forme  alors  n'est 
pas  bien  établie.  Mais  grâce  à  cette  préparation  on  a  obtenu 
G5  et  même,  dans  ces  derniers  temps,  79  pour  100  de  suc- 
cès. Au  début,  on  donnait  0,70  centigrammes  ;  actuelle- 
ment, on  a  reconnu  que  0,30  sont  suffisants.  Une  dose  forte 
est  loin,  en  effet,  d'être  inoffensive.  La  racine  de  grenadier 
cause  des  vertiges,  des  palpitations,  de  l'angoisse  prêcor- 
diale,  des  nausées,  des  vomissements,  de  la  faiblesse  géné- 
rale, des  crampes  dans  les  membres  inférieurs.  Quelquefois 
il  y  a  des  accidents  persistants,  de  la  paralysie  tenace  des 
muscles  intestinaux.  De  là  la  nécessité  d'administrer  des 
purgatifs  assez  énergiques  et  d'attendre  quelque  temps 
avant  de  recommencer  le  traitement. 

Quel  que  soit  l'anthelminthique  choisi,  un  certain  nom- 
bre de  précautions  sont  à  prendre.  L'animal  doit  être 
expulsé  pendant  l'engourdissemenL  Un  purgatif  prescrit  la 
veille  a  des  inconvénients,  car  il  est  d'observation  que,^  quand 
le  tc^Buia  est  irrité,  il  se  cramponne  davantage.  On  se  bor- 
nera donc  à  ordonner  la  diète  lactée  dès  la  veille  et  un  lave- 
ment purgatif  pour  vider  le  gros  intestin.  L'anthelminthique 
sera  donné  en  deux  fois  à  une  demi-heure  d'intervalle  et  le 
malade  restera  au  lit  pour  éviter,  autant  qiie  possible,  les 
étourdissements  et  les  nausées.  La  nature  du  purgatif  est  à 
peu  près  indifférente,  mais  celui-ci  devra  être  donné  après 
un  intervalle  ni  trop  long,  ni  trop  court.  On  le  fera  prendre 
quand  certains  mouvements  dans  l'abdomen  indiqueront 
que  le  ver  se  détache,  c'est-à-rdire  une  demi-heure  à  trois 
quarts  d'heure  après  l'administration  du  spécifique.  Quand 
on  le  donne  trop  tôt,  le  spécifique  n'a  pas  le  temps  d'agir  ; 

3uand  on  le  donne  trop  tard,  le  ver  est  sorti  de  son  engour- 
issement.  Il  faut  bien  recommander  au  malade  de  se  placer 
au-dessus  d'un  vase  plein  d'eau  pour  rendre  le  parasite,  de 
ne  pas  tirer  sur  l'animal,  s'il  sort  peu  à  peu,  au  lieu  de 
tomoer  en  bloc.  S'il  tarde  à  sortir,  on  recourra  à  un  lave- 
ment purgatif.  Si  on  échoue,  il  faut  attendre  pour  agir  que 
le  tœnia  ait  donné  de  nouvelles  preuves  de  sa  présence. 

A  l'occasion  de  celte  leçon,  déjà  résumée  dans  VUnion 
médicale,  M.  le  docteur  Giquel  nous  adresse  la  lettre  sui- 
vante : 

Dans  une  leçon  faite  récemment  à  la  Charité  sur  le  traite- 
ment des  tœnia,  M.  le  docteur  Potain  passe  en  revue  les  diffé- 
rents médicaments  qui  ont  été  essayés  pour  nous  débarrasser 
de  ces  hôtes  incommodes  et  parfois  dangereux.  Il  y  en  a  cin- 
quante, parmi  lesquels  un  petit  nombre  seulement  est  destiné 
à  rester  dans  la  thérapeutique. 

Le  mucenna  est  inerte  lorsqu'il  arrive  en  France. 

Le  karoala  réussit  peu. 

Le  kousso  est  nauséeux  et  tellement  répugnant  que  beau- 
coup de  malades  ne  peuvent  le  supporter.  Toléré  il  ne  donne 
guère  plus  d'un  dixième  de  succès. 

L'extrait  éthéré  de  fougère  mâle  est  infidèle  dans  son  action. 

La  racine  de  grenadier  est  active  à  Tétat  frais,  mais  lorsqu'elle 
a  été  conservée  pendant  quelque  temps  dans  nos  pharmacies, 
elle  est  une  arme  insuffisante  pour  expulser  fennemi. 

Le  sulfate  de  pelletiérine  associé  au  tannin  est  d'un  prix  élevé 
et  parait,  dans  certains  cas,  aussi  dangereux  pour  l'homme  que 
pour  rhelminthe. 

tieste  la  graine  de  courge  dont  on  fait  une  pâte  qui,  préparée 
la  veille  a  fermenté  pour  le  lendemain  et  a  pris  un  goût  de 
souris  devant  lequel  yai  vu  reculer  des  hommes  résolus. 

En  face  de  ces  inconvénients  nombreux  des  tsenifuges  admi- 
nistrés par  les  vieux  procédés,  et  après  avoir  éprouvé  plusieur*' 
insuccès,  le  praticien  peut  se  trouver  embarrassé.  Quel  médi- 


cament devra-t-il  proposer  à  un  malade  ennuyé  de  tentatives 
infructueuses?  Quelle  forme  donnerat-il  à  ce  médicament? 
Devra-t-il  attendre  pour  agir  que  le  ver  reformé  laisse  échapper 
des  anneaux?  L'observation  suivante  répond  à  ces  question. 

A...,  âgé  de  vingt-deux  ans,  est  atteint  depuis  trois  ans  de 
tœnia  médiocanellata  dont  il  a  vainement  essayé  de  se  déhar- 
rasser  en  employant  plusieurs  ttenifuges  et  en  particulier  le 
kousso  et  la  graine  ae  courge.  Désireux  de  chasser  son  hel- 
minthe et  fatigué  des  drogues  indigestes  et  des  purgations  qu'il 
avait  prises  jusqu'alors,  il  employa,  d'après  mes  conseils,  peu 
de  temps  après  une  tentative  dont  le  résultat  avait  été  rort 
incomplet,  le  procédé  suivant  :  Chaque  matin,  on  lui  apportait 
du  marché,  des  graines  fraîches  de  citrouille  ;  il  en  roettail  dans 
sa  f)oche  une  poignée  et  fréquemment,  dans  la  journée,  il  man- 
geait sans  compter  un  certam  nombre  de  ces  graines  préalable- 
ment décortiquées  à  l'aide  de  ses  ongles.  Pendant  près  de  quinze 
jours  il  rendit  à  chaque  selle  des  fragments  plus  ou  moins  longs 
de  taenia  et  des  cucuruitins  isolés.  Pendant  la  troisième  semaine 
de  son  traitement,  rien  de  suspect  n'apparaissaul  dans  les 
garderobes,  il  s'en  tint  là.  Plusieurs  années  ont  passé  depuis 
ce  moment  et  la  fi^uérisou  est  bien  acquise. 

Le  patient  se  loue  beaucoup  de  ce  mode  de  traitement  qui 
a  donné  un  résultat  vainement  recherché  auparavant,  san^ 
qu'il  ait  eu  l'ennui  de  prendre  de  nouvelles  purgations  et  d'in- 
terrompre le  cours  de  ses  occupations.  Le  seul  inconvénient 
qu'il  ait  ressenti  de  cette  absorption  prolongée  de  la  graine  de 
courge  a  consisté  en  un  peu  de  pesanteur  d  estomac  lorsque  la 
quantité  prise  en  un  jour  a  été  trop  considérable. 

De  cette  observation  on  peut  conclure:  1<>  Que  la  graine  de 
courge  est  un  médicament  efficace  autant  qu'innolTensif; 

i2<'  Qu'elle  peut  donner  un  résultat  complet  sans  le  secours 
des  purgatifs  ; 

3"  Qu  il  n'est  pas  nécessaire  d'attendre,  pour  l'adminislrer 
utilement,  que  le  ver  soit  pourvu  d'un  ^rand  nombre  d'anneaux; 

4**  Enfin,  et  c'est  là  le  point  le  plus  important,  que  lorsqu'on 
n'est  pas  parvenu  à  expulser  un  taenia  avec  des  doses  massives 
de  médicament  et  pour  ainsi  dire  par  surprise,  on  peut  avoir 
raison  de  Tentozoaire  par  un  empoisonnement  chronique. 

D'  Giquel  (de  Vannes). 


Nous  n'ajouterons  que  quelques  mots  à  la  lettre  de  notre 
honoré  confrère.  Dans  une  série  d'articles  publiés  en  187G 
(Gaz.  hebdomadaire^  p.  451  et  suiv.)  nous  avons  déjà  indi- 
qué les  avantages  et  les  inconvénients  des  différents  tœni- 
cides  et  montré  tout  à  la  fois  et  les  dangers  que  présente 
souvent  l'administration  du  kousso  et  les  heureux  effets  que 
peuvent  produire  les  graines  de  courge.  Nous  rappelions  à 
ce  sujet  les  observations  d'Archambault  et  les  recherches 
chimiques  de  Heckel  et  de  Vigier.  Hais,  dans  cet  article, 
nous  insistions  surtout  sur  la  nécessité  de  n'employer 
jamais  que  de  bons  médicaments.  La  recommandation 
paraît  banale.  El  le  a  cependant  son  im  portance .  Si  Ton  échoue 
si  souvent,  en  effet,  avec  l'extrait  éthéré  de  fougère  mâle 
où  avec  Técorce  de  racine  de  grenadier,  c'est  que  Ton 
emploie  trop  souvent  des  produits  anciens  ou  mal  préparés. 
Il  en  est  de  ces  médicaments  spécifiques  comme  de  la  digi- 
tale et  de  l'aconit.  Les  résultats  qu  ils  produisent  sont  en 
raison  directe  du  soin  que  l'on  a  mis  à  récolter  et  à  conserver 
la  matière  première,  à  préparer  et  à  administrer  le  médica- 
ment composé.  D'autre  part,  les  différents  helminthes 
nécessitent  chacun  une  médication  différente;  c'est  pourquoi 
il  importe,  comme  Ta  fait  remarquer  M.  Potain,  de  préciser 
le  diagnostic,  avant  d'agir  et,  pour  agir  efficacement,  de  se 
procurer  des  médicaments  bien  recueillis  et  bien  préparés. 

L.  L. 


a  Février  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N»  8  —      125 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Académie  de«  Selenccs. 

Nouvelles  uecherches  démontrant  qie  la  toxicité 

DE    L*AIR    expiré  NE   DÉPEND   PAS   DE    L* ACIDE    CARBONIQUE, 

par  MM.  Brown-Séquard  el  d'Arsonval.  —  L'air  qui  sort 
du  poumon  de  l*bommeou  des  mammifères  domestiques  est 
uQ  air  toxique.  Le  poison  qu*il  contient  peut  tuer  les  ani- 
maux douze  ou  vingt-quatre  heures  après  son  injection  sous- 
cutanée,  stomacale  ou  abdominale.  La  toxicité  de  Tair 
expiré  n'est  pas  due  à  la  présence  de  microbes.  Soumis  à 
une  température  de  100  degrés  en  vases  clos,  le  liquide 
provenant  do  la  condensation  des  vapeurs,  sortant  avec  Tair 
aliuosphériquey  est  aussi  meurtrier  que  lorsqu'on  remploie 
sans  avoir  été  chauffé.  MM.  Brown-Séquard  et  d'Arsonval, 
a^rès  avoir  vérifié  à  diverses  reprises  cette  toxicité  du  poi- 
âoQ  pulmonaire,  se  sont  préoccupés  de  démontrer  que 
/'acide  carbonique  n'est  pour  rien  dans  cette  toxicité,  ils 
oDt  employé,  dans  ce  but,  un  appareil  spécial  composé  d'une 
série  de  vases  métalliques  ou  étuve^  dans  lesquels  une 
trompe  aspirante  fait  passer  un  courant  d'air  continu  qui 
les  parcourt  successivement.  Il  en  résulte  qu'un  animal 
placé  dans  l'étuve  par  laquelle  entre  l'air  extérieur  respire 
de  l'air  pur,  alors  que  tous  les  autres  animaux,  soumis  à 
l'expérience  dans  les  autres  étuves,  respirent  de  l'air  de 
plus  en  plus  vicié.  Il  va  sans  dire  que  le  dermer  animal, 
c'est-à-dire  celui  dont  l'étuve  avoisine  le  plus  la  trompe 
aspirante,  respire  l'air  ayant  passé  par  les  précédentes 
étuves  et  que  celui  de  la  deuxième  étuve  ne  respire  que 
Tair  de  la  première. 

Les  étuves  sont  faites  de  telle  sorte  que  les  excréments, 
tant  solides  que  liquides,  expulsés  par  les  animaux,  ne  peu- 
vent y  séjourner,  non  plus  que  les  débris  alimentaires. 
De  jeunes  lapins  de  cinq  à  sept  semaines,    mis  dans 

;  huit  vases  de  cette  sorte,  y  sont  morts  très  rapidement, 

I  excepté  ceux  qui  étaient  dans  le  premier  et  le  second,  en 
appelant  premier  le  vase  par  lequel  l'air  entre  dans  l'appa- 
reil. La  mort  a  eu  lieu  quelquefois  pour  le  lapin  des  aeux 
derniers  vases,  et  même  pour  celui  du  sixième,  au  bout  de 
deux  ou  trois  jours.  Quelques  lapins  ont  cependant  résisté 
quatre,  cinq  ou  six  jours  dans  les  deux  dernières  étuves. 
Bien  qu'un  peu  plus  tardive,  en  général,  la  mort  a  eu  lieu 
en  une  semaine  dans  le  quatrième  vase,  et  à  peine  quelques 
jours  plus  tard  dans  le  troisième.  Les  lapins  des  cages  i 
el  :î  ont  survécu  très  longtemps  et  ne  sont  morts  que  par 
!=:uite  d'un  accident,  le  second  animal  montrant  cependant 

I  que  sa  santé  était  alors  très  altérée. 

Lorsqu'on  retirait  un  lapin  mourant  de  l'une  des  cages 
3,  4,  5, 6,  7  ou  8,  il  revenait,  en  général,  à  la  vie  et  mènie 
â  la  santé,  mais  après  un  temps  assez  long  (de  cinq  à  dix 

'   ou  douze  jours). 

'  La  quantité  d'acide  carbonique,  qui  était  très  inférieure 
à  I  pour  100  dans  la  cage  2,  n'a  guère  été  au-dessus  de  2 
ou  3  pour  100,  en  général,  dans  les  étuves  de  0  à  8.  Avec 
une  plus  grande  vitesse  du  courant  d'air,  il  y  a  eu  parfois 
encore  moins  d'acide  carbonique  dans  les  dernières  cages. 
Il  fallait  cependant  démontrer  que  l'acide  carbonique 
n'était  pour  rien  dans  ces  intoxications  successives.  Or,  bien 
que  MM.  Brown-Séquard  et  d'Arsonval  aient  déjà,  à  diverses 
reprises,  démontré  aue  l'acide  carbonique  pur  (non  chargé 
de  vapeurs  d'acide  cnlorhydrlque)  peut  être  inhalé  en  pro- 
portion notable  dans  l'air  atmosphérique  par  l'homme,  le 
chien,  le  lapin  et  d'autres  mammifères  ;  bien  qu'ils  aient 
pu  respirer  pendant  plus  d'une  ou  deux  heures  de  l'air 
contenant  30  pour  100  de  CO^sans  en  être  incommodés 
d  une  façon  man|uée,  et  surtout  sans  effet  durable.  Il  leur 
fallait,  pour  prouver  la  toxicité  du  poison  pulmonaire, 
donner  des  preuves  plus  acceptables  par  tout  le  monde* 


L'absorption  de  l'acide  carbonique  par  un  alcali  n'était 
point  applicable.  Les  alcalis  absorbent,  en  effet,  le  poison 
pulmonaire  et  purifient  l'air  qui  passe  à  travers  leurs  solu- 
tions. 

«  Pour  arriver  à  notre  but,  disent  les  auteurs,  nous  avons 
employé  un  moyen  très  simple,  qui  a  consisté  à  ajouter  à  notre 
appareil  deux  autres  étuves  semblables  aux  précédentes, 
mais  séparées  des  six  premières  par  un  large  cylindre  en 
verre  rempli  de  perles  en  verre  imprégnées  d'acide  sulfuri- 
que  concentré.  L'air  sortant  de  la  cage  6  passe  dans  l'inté- 
rieur de  ce  cylindre  et,  après  avoir  été  soumis  à  l'influence 
de  l'acide  sulfurique,  se  rend  dans  l'une  des  cages  addition- 
nelles et  de  là  dans  l'autre,  d'où  il  sort  attiré  par  la  trompe 
aspirante.  Or,  l'acide  sulfurique  s'empare  du  poison  pulmo- 
naire et  des  substances  organiques  (quelles  qu'elles  soient) 
qui  proviennent  des  six  premières  cages,  tandis  que  l'acide 
carbonique  passe  librement.  L'air  arrivant  dans  les  deux 
nouvelles  étuves  est  donc  de  l'air  privé  du  poison  pulmo- 
naire, mais  chargé  d'acide  carbonique.  Or,  cet  air  ne  lue 
ftas  et  nous  avons  par  là,  à  la  fois,  une  preuve  nouvelle  de 
'innocuité  de  l'acide  carboni(|ue  et  de  la  toxicité  du  poison 
pulmonaire. 

«  La  mort,  dans  ces  expériences,  a  lieu  comme  dans  les 
cas  d'injection  de  liquide  pulmonaire  dans  le  sang  ou  sous 
la  peau.  Les  symptômes  qu'on  observe  sont  les  suivants  :  la 
respiration  est  ralentie  ;  le  cœur  est  activé  ;  la  température 
s'abaisse  lentement,  mais,  à  la  fin,  considérablement;  de 
la  diarrhée  survient  très  vite  et  dure  tant  que  vit  l'animal. 
La  mort  a  lieu  sans  agonie  ou  tout  au  moins  sans  convul- 
sions. L'attitude  du  cadavre  montre  qu'il  n'y  a  pas  eu  de 
lutte  ;  il  repose  sur  ses  pattes  repliées  et  sur  son  ventre  et 
son  thorax,  comme  dans  le  sommeil.  L'autopsie  fait  voir 
que  l'animal  est  mort  avec  ce  ({ue  l'un  de  nous  a  appelé 
arrêt  des  échanges  entre  les  tissus  et  le  sang.  Il  y  a  du 
sang  rougeàtre,  au  lieu  du  sang  noir  qu'on  trouve  dans  les 
morts  ordinaires,  dans  le  ventricule  droit;  le  sang,  plus 
abondant  que  dans  ces  derniers  cas  dans  le  ventricule  gau- 
che, y  est  rosé.  L'aorte  el  la  veine  cave  contiennent  bien 
plus  de  sang  qu'à  l'ordinaire  et  la  couleur  de  ce  liquide  est 
d'un  rouge  beaucoup  moins  noirâtre  que  dans  la  mort  après 
agonie.  La  vessie  et  le  rectum  ne  se  sont  pas  vidés.  Les 
poumons  sont  d'un  rouge  plus  ou  moins  tendre.  Ils  contien- 
nent des  ecchymoses  et  des  foyers  d'inflammation,  comme 
chez  les  animaux  tués  par  une  injection  da  liquide  pulmo- 
naire dans  les  bronches.  Ils  sont  aussi  emphysémateux.  Le 
foie,  les  reins  et  les  autres  viscères  abdominaux  sont  con- 
gestionnés. Il  y  a  assez  souvent  des  hémorragies  dans  l'in- 
testin, et  quelquefois  dans  le  péricarde. 

€  On  se  demandera  si  c'est  bien  à  un  poison  venant  des 
poumons  qu'est  due  la  mort  des  animaux  dans  ces  expé- 
riences :  la  réponse  est  facile  à  donner.  Les  symptômes  et 
l'état  des  organes  qu'on  observe  après  la  mort  se  retrouvent 
dans  les  cas  de  ces  individus  comme  dans  ceux  des  animaux 
tués  par  une  injection  de  poison  pulmonaire  dans  le  sang  ou 
sous  la  peau.  Qu'il  y  ait  dans  l'air  confiné  d'autres  causes 
capables  d'altérer  la  santé  que  le  poison  provenant  des 
poumons,  nous  ne  voulons  pas  le  nier  ;  mais  il  nous  sem- 
ble, par  la  raison  que  nous  venons  de  donner,  que  c'est 
surtout,  sinon  exclusivement,  à  ce  poison  que  la  mort  est 
due,  dans  notre  expérience,  après  la  respiration  d'air  con- 
finé, pendant  quelques  jours.  » 

Des  abcès  spirillaires  ;  par  MM.  Ar,  Verneuil  et 
Clado,  —  Poursuivant  une  série  de  recherches  entreprises 
dans  le  but  de  préciser  le  rôle  des  nombreux  microbes  que 
l'on  peut  rencontrer  dans  le  pus  des  abcès,  MM.  Verneuil 
et  Clado  se  sont  préoccupés  d'examiner  au  point  de  vue 
bactériologique  le  contenu  des  abcès  en  communication 
indirecte  avec  la  cavité  buccale  ;  il  leur  semblait  possible, 
a  priori^  que  les  microbes  de  la  salive  s'engageant  dans  les 


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N«  8  - 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  22  Février  1889 


vaisseaux  lymphatiques  pussent  parvenir  jusqu'aux  gan- 
glions et  se  mélanger  au  pus  des  adénites  cervicales.  Or,  ces 
prévisions  se  sont  pleinement  réalisées  dans  deux  cas  dont 
ils  communiquent  l'observation. 

La  présence  dans  le  pus  des  ganglions  sous-maxillaîres 
de  spirilles  de  la  salive  semble  prouver  que  les  microbes 
de  la  salive,  et  surtout  les  spirilles,  possèdent  à  un 
très  haut  degré  les  propriétés  phlogogène  et  pyrogène,  sans 
compter  la  tendance  à  produire  des  phlegmons  sepliques 
et  gangreneux.  Les  adénites  aiguës  du  triangle  sous-clavi- 
culaire,  de  l'aisselle,  du  pli  de  l'aine  sont,  en  effet,  incom- 
parablement plus  bénignes.  Mais  ce  n'est  point  seulement 
dans  le  système  lympalhique  et  dans  lès  ganglions  que  la 

fiénétration  des  fluides  buccaux  cause  de  grands  désordres; 
e  tissu  conjonctifpeut  être  aussi  gravement  atteint.  On 
peut  observer  des  panaris  et  des  phlegmons  dus  à  Tauto- 
inoculation  de  produits  extraits  des  dents  cariées  ou  de  leur 
voisinage.  Tout  porte  à  croire  que  ces  accidents  sont  dus  à 
des  microbes  pathogènes  et  très  probablement  à  des  spi- 
rilles. 


Académie  de  mèdeelne. 

SÉANCE  DU   19  FÉVRIER  1889.   —  PRÉSIDENCE 
DE  M.   MAURICE  PERRIN. 

M.  le  docteur  Poncei  (de  Cluhy)  se  porte  candidat  au  titre  de  correspon  Jant 
national  dans  la  division  de  chirurgie. 

M.  le  docteur  Crouzat  envoie  un  PU  eacheti  rcnrermant  une  note  sur  une 
sonde  dilatatrice^  à  double  courant,  pour  injectiont  inlra-utérinet. 

M.  Moulé  cnvoiâ  une  brochure  sur  let  tarcoaporidiei. 

^la.FUury  (à  Bour|;es)  et  Founé  (à  AIbi)  adressent  des  rapports  sur  leurs 
scrvicei  départementaux  des  enfants  assistes  et  de  la  protection  des  enfants  du 
premier  âg^e  en  1887. 

M.  le  docteur  J.  Boeckel  envoie  un  ouvrjge  sur  la  résection  du  genou. 

MM.  les  docteurs  Weill,  médecin  principal  de  2*  classe,  et  Cliquet,  médecin- 
major  de  2*  classe,  adressent  une  Note  manuscrite  sur  une  épidémie  de  fièvre 
typhoïde  dans  la  garni«on  de  Reims. 

M.  le  docteur  A^nau/,  médecin-major  de  2*  classe,  envoie  le  compte  rendu  des 
vaccinations  et  revaccinations  qu'il  a  faites  en  1888  au  5*  chasseurs  d'Afrique. 

M.  Léon  Colin  présente  le  Traité  des  maladies  des  pays  chauds,  do  MM.  les 
docteurs  Kelsch  et  Kiener, 

M.  Goubaux  dépose  un  Traité  des  maladies  parasitaires  non  microbiennes  des 
animaux  domestiques,  par  M.  Neumann  (à  l'oulouse). 

M.  Riche  présente  une  brochure  de  M.  Zune  sur  l'analyse  des  eaux  potables. 

M.  Tarnier  dépose  des  Leçons  de  gynécologie  opératoire,  par  MM.  les  docteurs 
Vulliel  et  Lutaud. 

M.  Hérard  présente,  au  nom  de  M.  le  docteur  Garcin,  une  Étude  sur  la  valeur 
du  traitement  de  la  tuberculose  pulmonaire  par  les  inhalations  d'acide  fluor-- 
hydrique. 

M.  Dujardin-Deaumetz  dépose  un  nouveau  modèle  de  siphon,  imaginé  par 
MM.  Ferrand  et  Gœttl  afin  d'empêcher  le  liquide  d'ctre  en  contact  avec  le 
méul  et,  de  la  part  de  M.  Douliot,  des  échantillons  de  biscuit  préparé  avec  de  la 
fromentine. 

Mortalité  militaire  aux  colonies.  —  M.  Rochardy  à 
ronos  de  la  communication  faite  à  la  dernière  séance  par 
'.  Lagneau,  fait  observer  que  le  chiffre  réel  de  la  mortalité 
parmi  les  troupes  de  Tinfanlerie  de  marine  est  de 
44  pour  100.  Il  appuie  les  remarques  faites  par  M.  Lagneau 
en  faveur  des  mesures  propres  à  diminuer  cette  mortalité. 

Ablation  d'une  tumeur  cérébrale  dans  un  cas  d'épi- 
LEPSiE,  GuÉRisoN.  —  M.  Péun,  OU  SOU  nom  et  au  nom  de 
MM.  les  docteurs  Gilbert  Ballet  et  Gélineau,  communique 
une  observation  d'épilepsie  parlielle  chez  un  homme  de 
vingt-huit  ans,  qui  paraissait  due  à  Texistence  d'une  tumeur 
cérébrale  siégeant  au  voisinage  des  centres  moteurs  du 
membre  inférieur  droit.  Une  couronne  de  trépan  fut  appli- 
quée, après  avoir  bien  délimité  la  région  ;  la  tumeur  fut 
enlevée  par  morcellement  et  la  plaie  suturée,  puis  traitée 
antisepliquement.  Les  accidents  ont  disparu  depuis  celte 
époque,  soit  depuis  deux  mois  et  demi. 

Néphrorraphie.  —  A  propos  de  deux  cas  dans  lesquels  il 
a  pratiqué  avec  succès  la  néphrorraphie,  M.  Guyon  fait 
connaître  les  raisons  pour  lesquelles  il  a  fait  choix  de  cette 


opération  de  préférence  à  la  néphrectomie  ;  il  insiste  sur  Tin- 
discutable  utilité  de  la  conservation  d'un  organe  sain  et  la 
bénignité  relative  des  néph  recto  mi  es  secondaires;  d'ailleurs, 
dans  la  pyonéphrose,  la  mortalité  de  ces  dernières  est  de 
30  pour  100,  tandis  que  celle  des  néphrectomies  primitives 
est  de  40  pour  lUO.  L'ablation  du  rein  ne  doit  être  qu'une 
opération  de  nécessité;  sa  fixité  est  l'opération  de  choix; 
c'est  à  elle  qu'il  est  rationnel  de  recourir  tout  d'abord  dans 
les  cas  où  la  mobilité  rénale  détermine  des  accidents  non 
justifiables  du  traitement  médical  ou  des  appareils. 

Il  fiiut  remarquer,  d'autre  part,  que  les  succès  durables 
appartiennent  tous  aux  opérateurs  qui  ont  suturé  direclemenl 
le  rein  en  passant  à  travers  sa  substance.  Considérant  le  peu 
de  résistance  de  sa  capsule  propre,  la  friabilité  de  son  tissu, 
M.  Guyon,  dans  les  deux  cas  précités,  a  passé  les  fils  pro- 
fondément et  non  sous  la  capsule,  en  ne  comprenant  qu'une 
même  épaisseur  de  tissu  rénal.  Aucun  accident  n'en  est 
résulté;  les  urines  n'ont  jamais  été  teintées  ni  diminuées 
dans  leur  quantité  ;  il  n'y  a  eu  aucune  douleur.  Il  a  cru 
également  nécessaire  de  multiplier  les  points,  de  ri^partir 
les  attaches  nouvelles  du  rein  sur  les  deux  lèvres  profondes 
de  la  plaie,  de  superposera  la  suture  de  fixation  une  sulure 
de  soutien  et  pour  que  la  soudure  réno-pariétale  se  fit  en  toute 
sécurité,  il  a  pensé  que  la  suspension  de  l'organe  à  la  der- 
nière côte  était  nécessaire.  Ce  sont  là  les  conditions  de  la 
réussite.  Il  s'était  enûn  demandé  s'il  ne  serait  pas  néces- 
saire d'aviver  le  rein  pour  assurer  sa  fixation  ;  il  est  mainte- 
nant disposé  à  croire  qu'il  suffit  de  mettre  bien  à  nu  la 
surface  à  fixer. 

Tétanos.  —  M.  Trasbot  ne  croît  pas  qu'il  soit  possible 
d'invoquer  l'action  des  instruments  tranchants  comme  agents 
de  production  du  tétanos;  il  signale  de  nombreux  faits  où 
il  n  a  pu  en  être  ainsi.  Il  admet  l'incurabilité  de  celte  affec- 
tion, mais  il  ne  croit  pas  à  son  origine  équine. 

M.  Verneuil  commence  une  communication  sur  ce  sujet. 
Elle  sera  résumée  lorsqu'elle  sera  achevée,  à  la  prochaine 
séance. 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  26  février  est  ainsi 
fixé:  1°  rapport  de  M.  Cornil  sur  un  travail  de  M.  Babès; 
2°  suite  de  la  discussion  sur  le  tétanos  (inscrit  :  M.  Verneuil^ 
3"  lectures  par  M.  Fort  sur  le  traitement  des  rétrécisse- 
ments de  1  urèthre  par  l'électrolyse  linéaire  ;  par  M.  le 
docteur  Pinard  sur  la  laparotomie  dans  un  cas  de  grossesse 
extra-utérine;  par  M.  Fredet  sur  les  accidents  à  la  suite  des 
morsures  de  vipères. 


SoctéCë   de   chlrarf^le. 

SÉANCE   DU  13  FÉVRIER   1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE   M.    LE   DENTU. 

Plaies  pénétrantes  de  l'abdomen  :  M.  Reclus.  Discussion  :  BCM.  Ter- 
rier, Klrmisaon,  Perler.  Berger.  Lucas-Champlonnière.  Trèlat 
—  Résection  totale  de  la  clavicule  :  M.  Després.  Discussion  : 
MM.  Segond.  Marchand,  Polaillon.  —  Anomalie  de  l'annulaire  : 
M.  Tachard. 

M.  Reclus  fait  une  communication  au  sujet  des  plaies  péné- 
trantes de  l'abdomen  par  armes  à  feu.  Il  est  une  formule^qui 
résume  son  opinion  :  s'abstenir  sous  le  couvert  d'un  traite- 
ment médical  et  n'intervenir  que  lorsque  les  phénomènes  de 
péritonite  éclatent.  Entre  l'abstention  absolue  et  Tinterven- 
tion  syslématicjue  il  y  a  place  pour  une  pratique  intermé- 
diaire. Tout  l'intérêt  de  la  discussion  porte  sur  le  problème 
suivant:  l'oblitération  spontanée  de  la  plaie  intestinale  peut- 
elle  se  produire  assez  souvent  pour  que  le  chirurgien  puisse 
faire  fond  sur  elle  ou  bien  est-ce  une  curiosité  patholog^ique 
rare  et  sur  laquelle  il  n'est  pas  permis  décompter?  D'abord 
M.  Reclus  admet  que  perforation  de  l'intestin  et  pénétra- 


a  FÉVRIER  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N«  8  —    127 


(ion  abdominales  sont  synonymes  et  coexistent  toujours. 
Lorsqu'il  y  a  hématémëse.  melèna,  issue  de  gaz  ou  de  ma- 
tières par*  la  plaie,  les  adversaires  de  sa  doctrine  préten- 
dent que  ces  symptômes  sont  dus  à  des  plaies  de  Testomac 
ou  (lu  gros  intestin,  lesquelles  guérissent  spontanément 
d'ordinaire,  tandis  que  les  plaies  de  Tintestin  grêle  ne 
guérissent  pas.  Il  faudrait  admettre,  si  l'on  se  base  sur  la 
situation  de  rorifice  d'entrée  du  projectile,  nue  la  balle  ne 
dévie  jamais  et  ensuite  qu'il  n'y  a  jamais  qu  un  seul  viscère 
allelnl.  Or,  dans  l'immense  majorité  des  cas,  les  plaies  sont 
multiples  et  l'intestin  grêle  est  presque  toujours  blessé. 
Dansées  conditions,  sur  114  cas  de  blessures  de  l'intestin 
par  armes  à  feu  relevés  dans  divers  auteurs,  il  y  eut  94  gué- 
risons  et  ^0  morts,  soit  une  léthalité  d'environ  20  pour  1()0. 
Dans  sa  statistique  personnelle  M.  Relcus  compte  une  gué- 
rison  sur  cinq  cas.  Enfin  il  cite  un  exemple  de  plaie  de  l'in- 
testin par  coup  de  couteau,  où  trois  perforations  étaient 
déjà  oblitérées  par  des  adhérences  agglutinatives.  Ce  sont 
^u^loQl  les  manipulations  que  l'on  fait  subir  à  l'intestin  par 
la  laparatomie  qui  aggravent  le  pronostic  et  donnent  des 
résullals  déplorables. 

M.  Terrier  ne  peut  pas  admettre  les  propositions  de 
H.  Reclos.  Une  ouverture  de  la  paroi  abdominale  n'en- 
iraine  pas  une  ouverture  intestinale.  Quand  celle-ci  existe, 
quel  que  soit  l'organe  lésé,  il  faut  intervenir  et  faire  des 
«sutures,  car  une  quantité  infinitésimale  de  matière  sufiit 
pour  donner  lieu  à  une  péritonite  septique.  Si  les  insuccès 
sont  si  nombreux,  cela  tient  à  ce  qu'on  n'a  rien  de  prêt 
dans  les  hôpitaux  parisiens.  On  ne  peut  juger  la  question  à 
riieure  actuelle. 

M.  Kirmisson.  Etant  donnée  une  plaie  de  Tépigastre  ou 
des  flancs  on  est  en  droit  de  supposer  une  plaie  de  l'esto- 
mac ou  du  gros  intestin,  tandis  que  dans  toute  plaie  de  la 
région  périombilicale,  fatalement  l'intestin  grêle  est  lésé. 

M.  Périer  a  soigné  un  malade  ayant  reçu  un  coup  de 
fOQteau  dans  le  ventre  et  auquel  il  signa  son  exeat  au  bout 
de  douze  jours,  persuadé  qu'il  n'avait  pas  eu  de  perforation 
intestinale.  Quelque  temps  après  il  fut  ramassé  dans  la  rue 
et  mourut  de  péritonite  suraiguë  en  huit  heures.  M.  Brouar- 
dti,  qui  fit  l'autopsie,  trouva  deux  anses  perforées. 

M.  Berger  cite  un  cas  d'un  médecin  russe,  Constantin 
Koibin,  où  l'issue  par  la  plaie  de  matière  liquide  jaunâtre 
ne  permettait  pas  de  douter  d'une  blessure  de  l'intestin 
grêle.  Le  malade  refusa  l'opération  et  guérit  en  cinquante 

jours. 

M.  LucaS'Champiomiière  ne  peut  accepter  qu'il  y  ait 
plaie  de  l  intestin  toutes  les  fois  qu'il  y  a  un  trou  par  coup 
de  fea  sur  le  ventre. 

M.  TrélaU  II  n'est  pas  exact  de  dire  que  des  matières 
liquides  sortant  par  une  plaie  proviennent  de  l'intestin 
grêle:  le  cœcum  en  fournit  de  semblables.  L'opinion  uni- 
voque  de  tous  les  chirurgiens  est  que  l'ouverture  de  l'intes- 
tin dans  la  cavité  péritonéale  met  le  blessé  dans  une  situa- 
tion des  plus  graves.  Enfin  il  n'y  a  pas  que  les  conditions 
de  matériel  qui  soient  insuffisantes  dans  les  hôpitaux; 
celles  du  personnel  le  sont  également. 

M.  Recltis.  Le  simple  aperçu  de  la  plaie  de  la  paroi 
abdominale  doit  suffire  comme  indication  aux  laparato- 
inistes,  puisque  s'ils  attendaient  un  autre  signe  de  perlora- 
lioa  ils  opéreraient  trop  tard.  Un  bouchon  septique  n'in- 
fele  pas  fatalement  tout  le  péritoine  ;  il  peut  faire  naître 
des  adhérences  qui  limitent  l'envahissement  et  c'est  pré- 
cisément parce  qu'il  y  a  un  grand  nombre  de  cas  où  la 
nature  empêche  cette  affusion  qu'il  est  préférable  de  s'ab- 
slenir. 

M.  Terrier.  M.  Reclus  croit  que  la  laparatomie  aggrave 


la  situation;  M.  Terrier  pense  au  contraire  qu'il  faut  faire 
tous  ses  efforts  pour  fermer  toutes  les  plaies. 

—  M.  Després  présente  une  pièce  résultant  de  l'ablation 
totale  de  la  clavicule  pour  un  ostéosarcome  chez  une  jeune 
fille  de  quatorze  ans.  Il  a  employé  le  procédé  de  Chassai- 
gnac,  qui  consiste  à  scier  l'os  en  son  milieu  et  à  détacher 
successivement  chaque  moitié. 

M.  Segond  a  enlevé  une  clavicule  passée  pour  ainsi  dire 
tout  entière  à  Télat  d'ostéosarcome  en  faisant  basculer  l'os 
de  dehors  en  dedans.  La  tumeur  examinée  au  laboratoire 
de  M.  Trélat  fut  qualifiée  de  cancer  de  la  clavicule.  Le 
malade  mourut  au  neuvième  jour,  guéri  de  sa  plaie  opéra- 
toire, mais  avec  un  énorme  cancer  primitif  du  rein  gauche. 

M.  Marchand  a  enlevé  la  presque  totalité  de  la  clavicule 
pour  une  tumeur  que  l'histologie  montra  être  du  carcinome. 
Le  malade  guéri  succomba  par  la  suite  à  une  hématémèse 
foudroyante  dont  un  cancer  de  l'estomac  devait  être  l'ori* 
gine. 

U.Polailloîi  a  publié  dans  les  bulletins  de  la  Société  de 
chirurgie  un  cas  d'ablation  de  la  clavicule  pour  ostéosar* 
corne.  Le  malade  mourut  pour  ostéosarcome  du  fémur. 

M.  Després  pense  qu'il  faut  enlever  la  totalité  de  l'os  et 
que  l'opération  est  singulièrement  facilitée  par  la  section 
préalable  en  son  milieu. 

—  M.  Tachard  lit  une  observation  d'anomalie  congéni- 
tale de  l'annulaire  consistant  en  une  simple  hypertrophie 
graisseuse  déformant  le  doigt  et  empêchant  ses  fonctions. 

Paul  V1L1.EMIN. 


SoeléCé   de  fetoloi^le. 

SÉANCE   DU   16  FÉVRIER  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE   M.   BROWN-SÉQUARD. 

Présentation  d'ouvrage  :  M.  Malassas.  -^  Des  variations  de  l'hémo- 
globine ohez  les  hystériques  et  les  épileptiques  :  M.  FérÂ.  —  De 
l'état  mental  aux  approches  de  la  mort  :  M.  Féré.  —  Procédé 
d'étude  pour  les  phénomènes  vaso-moteurs  :  M.  Gley.  —  Sur  la 
sorUe  des  globules  polaires  de  l'œuf  :  M.  Oiard.  —  Troubles  tro- 
phiques  consécutifs  à.  la  section  du  trijumeau  :  M.  Laborde.  -- 
De  la  présence  dans  le  sang  des  substances  vaccinantes  :  M.  Char- 
rin.  —  Influence  des  hautes  pressions  sur  les  phénomènes  de 
putréfaction  :  M.  Regnard. 

M.  Malassez  présente,  de  la  part  de  MM.  Kelsch  et  Kiener^ 
un  ouvrage  intitulé  :  Traité  des  maladies  des  pays  chauds. 

—  M.  Féré  a  étudié,  au  moyen  des  procédés  hématoscopi- 
ques  de  M.  Hénocque,  la  durée  du  temps  de  réduction  de 
Toxvhémoglobine  chez  les  hystériques  et  chez  les  épilep- 
tiques. Il  a  constaté  l'existence  chez  les  hystériques  de  dif- 
férences latérales  notables  :  ainsi  du  côté  aneslhésié  le 
temps  de  réduction  est  plus  long.  Les  excitations  périphé- 
riques, les  émotions,  le  sommeil  font  varier  ce  temps  dans 
des  limites  assez  étendues.  Chez  les  épileptiques,  il  a  vu  à 
la  suite  des  accès  eu  série  diminuer  1  oxyhémoglobine. 

—  M.  FéJ'é  rapporte  quelques  faits  intéressants  concer- 
nant l'ékat  mental  aux  approches  de  la  mort. 

—  M.  Gley  décrit  un  procédé  permettant  la  destruction 
complète  de  la  moelle,  sans  hémorrhagie,  chez  les  mam- 
mifères. Grâce  à  l'emploi  de  ce  procédé,  il  a  pu  étudier  dif- 
férents phénomènes  vaso-moteurs  indépendamment  de 
toute  influence  nerveuse  d'origine  centrale  :  c'est  ainsi 
que  dans  ces  conditions  la  strophantine  produit  encore  une 
vaso-constriction  générale  très  nette.  De  cette  façon  il  est 
donc  facile  de  séparer  dans  la  production  des  actions  vaso- 
motrices  ce  qui  revient  au  système  nerveux  bulbaire  et  aux 
centres  médullaires  des  variations  d'origine  exclusivement 


128    —  N-  8  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        22  Février  1889 


périphérique.  M.  Gley  a  entrepris  également  au  moyen  de 
ce  procédé  de  vérifier  sur  les  mammifères  les  expériences 
bien  connues  d'Huizinga  sur  la  grenouille  sur  le  rôle 
réflexe  des  ganglions  sympathiques. 

—  M.  Giard  étudie  la  signification  du  phénomène  que 
Ton  décrit  sous  le  nom  de  sortie  des  globules  polaires.  Il 
s'attache  à  montrer  que  ce  fait,  auquel  on  a  donné  surtout 
jusqu  ici  une  explication  physiologique,  peut  recevoir  une 
explication  morphologique;  il  le  considère  comme  repré- 
sentant chez  tous  les  métazoaires,  en  vertu  des  rapports  qui 
unissent  Tontogénie  à  la  pliylogénie,  le  stade  de  proto- 
zoaire. 

—  M.  Laborde  présente  un  lapin  chez  lequel,  à  la  suite 
de  la  section  intra-crânienne  du  trijumeau,  sont  survenus 
des  troubles  trophi<iues  de  rœil  qui  ont  manifestement 
débuté  par  la  profondeur  et  un  développement  des  plus 
exagérés  des  dents. 

—  M.  Charrin  a  trouvé  dans  le  sang  des  lapins  inoculés 
avec  le  bacille  pyocyanique  les  substances  vaccinantes 
contre  la  maladie  elle-même;  mais  elles  ne  font  sans  doute 
que  traverser  ce  milieu,  car  elles  sont  moins  actives  que 
les  matières  solubles  sécrétées  par  les  microbes,  il  en  faut 
une  bien  plus  grande  quantité  pour  vacciner.  Ainsi  d'ailleurs 
le  bacille  lui-même  séjourne  peu  dans  le  sang. 

—  M.  flegfWrtrd  a  soumis  des  morceaux  de  viande  à  une 
pression  de  600  atmosphères  et  a  vu  que  la  putréfaction  ne 
se  produisait  pas,  même  au  bout  de  quarante  jours.  On  ne 
peut  cependant  conclure  de  cette  expérience  que  les  corps 
qui  tombent  au  fond  de  la  mer  ne  se  putréfient  pas,  car 
nous  ne  savons  s'il  n'existe  pas  dans  les  grands  fonds  des 
microbes  qui,  habitués  a  cette  vie  sous  haute  pression,  ne 
peuvent  produire  la  putréfaction. 


Société  de  thérapeutique. 

SÉANCE  DU  13  FÉVRIER  1889.  —  PRÉSIDENCE  DE 
M.  FERNET. 

Appareil  pour  lavage  de  la  vessie  sanv  sonde  :  M.  Duran  (d'Am> 
boise)  (Discussion:  MM.  G.  Paul,  Dujardin-Beaumets).  —  NouveUe 
préparation  d'huile  grise  pour  injections  hypodermiques:  M.  P. 
Vigler  (Discussion:  MM.  Mayet.  Boymond). 

VL. Duran  (d'Amboise)  présente  un  appareil  qu'il  a  inventé 
pour  pratiquer  le  lavage  de  la  vessie  sans  sonde  ;  c'est  une 
sorte  d'irrigateur  donnant,  sous  une  pression  réglable  à 
volonté,  un  jet  mince  de  liquide  à  l'extrémité  d'une  canule 
uréthrale  en  gomme.  Un  robinet  permet  de  suspendre  ou 
de  rétablir  Técoulement.  L'auteur  en  a  obtenu  sur  lui-même 
d'excellents  effets  et  a  même  pu  déterminer  des  contrac- 
tions vésicales  suffisantes  pour  amener  Texpulsion  de 
graviers. 

M.  C  Paul  rappelle  que  M.  BertoUe  a  cherche,  il  y  a  une 
vingtaine  d'années,  à  pratiquer  le  lavage  de  la  vessie  sans 
sonde;  depuis  loi's,  on  a  inventé  dans  ce  but  un  certain 
nombre  d'appareils  qui  ont  tous  été  successivement  délaissés. 
Il  demande  en  quoi  l'appareil  de  M.  Duran  (d'Amboise)  est 
supérieur  à  l'irrigateur  ordinaire. 

M.  Duran  répond  que  l'irrigateur  est  difficile  à  nettoyer 
et  que,  de  plus,  il  développe  une  pression  invariable  qu'on 
ne  peut  réglera  volonté,  ce  qui  est  un  gros  inconvénient  en 
présence  d'une  tolérance  vésicale  absolument  variable  d'un 
sujet  à  l'autre. 

M.  Dujardifi'Beaumetz  rappelle,  comme  M.  C.  Paul,  que 
des  tentatives  assez  nombreuses  dans  cette  voie  se  sont  suc- 
cédé sans  obtenir  un  grand  succès.  D'ailleurs  M.  Guyon  et 
les  autres  chirurgiens  s'occupant  spécialement  des  voies 
urinaires  paraissent  avoir  définitivement  repoussé  la  mé- 


thode comme  offrant  des  inconvénients  graves,  et  en  parti- 
culier celui  de  ne  pas  laisser  apprécier  la  résistance  de  lu 
vessie  dont  on  juge  mieux  avec  la  seringue  adaptée  à  une 
sonde.  On  doit  donc  se  montrer  très  circonspect  en  pareil 
cas,  lorsque  l'on  voit  les  maîtres  les  plus  compétents  recou, 
rir  à  d'autres  procédés. 

—  M.  P.  Vigier  fait  connaître  un  nouveau  mode  de  pré- 
paration  de  l'huile  grise  pour  injections  hypodermiques 
mercurielles.  (Voy.  le  n°  du  1''  février,  p.  69.) 

M.  M ajf et  demdinAe  s'il  n'y  a  pas  inconvénient  pour  des 
injections  hypodermiques  à  employer  de  l'onguent  mercu- 
riel  qui  présente  toujours  un  certain  degré  de  rancilé. 
puisque  l'on  se  sert  de  graisse  légèrement  rance  afin 
d'étemdre  plus  facilement  le  mercure. 

M.  Viqier  n'a  rien  à  craindre  de  semblable  car  il 
n'emploie  pas  de  graisse  rance  et  se  sert  d'onguent  mcrcu- 
riel  très  frais.  On  éteint  rapidement  le  mercure  dans  la 
graisse  fraîche  en  utilisant  la  teinture  éthérée  de  benjoin. 

M.  Boymond  croit  qu'on  a  proposé,  en  Allemagne,  pour 
la  préparation  de  l'huile  grise,  d'éteindie  directement  le 
mercure  dans  la  vaseline  au  moyen  de  la  teinture  éthérée 
de  benjoin. 

M.  P.  Vigier  a  essayé  ce  procédé,  qui  est  de  Neisser  (de 
Breslau),  mais  il  doit  déclarer  qu'il  n'a  pas  réussi. 

—  Congrès  de  thérapeutique. — M.  Dujardin-Beaumelz 
annonce  à  la  Société  que  le  Congrès  se  réunira  du  T' au 
5  août.  Les  séances  auront  lieu  le  matin  et  le  soir.  Le> 
questions  proposées  sont  :  l*"  antithermiques  et  analgési- 
ques ;!2°  toniques  du  cœur;  3°  parasiticides  des  microbes 
pathogènes  ;  4°  nouvelles  drogues  végétales. 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie. 

André  Petit. 


Soelété  anatomlqae. 

SÉANCE   DU   25  JANVIER   1889.    -—   PRÉSIDENCE 
DE  M.   CORNIL. 

M.  Darier:  Note  sur  un  kyste  épidermique  de  la  paume 
du  pouce. 

—  M.  Louis  Wickham  présente  un  anévrysme  de  ïaovle 
ayant  perforé  le  sternum. 

—  M.  /.  Reboul  décrit  une  artropalhie  tabétique  du 
genou.  Les  lésions  des  nerfs  sont  nulles. 

—  U.G.Poupinel  présente  une  tumeur  kystique  maliyne 
de  l  ovaire  où  l'épithéliome  s'associe  au  kyste  dermoïde. 

—  M.  H.  Delagènière  communique  un  fiiit  de  cureradi^ 
cale  d'une  cystocèle  inguinale. 

—  M.  Chipault  fait  voir  une   hernie  para-inguinale 
étranglée. 

—  M.  Girode  relate  un  fait  i'adéno-épithéliome  du  rehh 
associé  à  de  la  néphrite  interstitielle  par  arlério-sclérose. 


SÉANCE  DU  1''  FÉVRIER  1889.  —  PRÉSIDENCE  DE 
M.  LETULLE. 

MM.  Hartmann  et  Mordret  :  Note  sur  Vanatomie  dn 
premier  cunéiforme. 

—  M.  Buscarlet  communique  un  cas  de  kyste  muquenx 
intra-musculaire. 


ii  Février  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  8  —    129 


—  M.  Lejars  fait  voir  un  kyste  synovial  du  poignet 
en^aînanl  l'artère  radiale. 

—  M.  Terrillon  fait  une  communication  sur  une  salpingo- 
ovarite  tuberculeuse  ayant  simulé  ce  qu'on  appelle 
phlegmon  du  ligament  large. 

— a,  Chaput  décvii  une  amputation  intra-calcanéenne 

horizontale. 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1889.  —  PRÉSIDENCE  DE  M.  GORNIL. 

M.  Lyot  montre  une  salpingite  suppurée  coïncidant  avec 
QQ  kyste  de  Tovaire. 

—  M.  Tissier  fait  voir  une  pièce  de  ramollissement  du 
(cneau  chez  une  femme  atteinte  dechorée  sénile. 

—  M.  Chipault  présente  un  lipome  calcifié  de  la  cuisse. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

CHrnURGlE 

BécMiTett  dn  eaMeer,  par  M.  KosNiG  (de  Gœttingue).  —  Dans 
Fêtât  actuel  de  la  science,  il  ne  saurait  être  question  d'assurer  une 
rure  radicale  du  cancer,  si  Ton  prend  le  mot  au  pied  de  la  lettre. 
'  Mais  on  doit  se  trouver  heureux  si,  à  Taidc  d'une  opération  qui 
n'est  pas  trop  meurtrière,  on  oblient  plusieurs  années  de  survie 
sans  récidive.  Ainsi  on  doit  se  déclarer  relativement  satisfait  par 
\ablaiion  du  sein  avec  curage  de  raissellc  ;  Kœnig  obtient  en- 
viron iO  pour  100  de  guérisons  temporaires,  datant  de  trois  ans  au 
moins.  Mais  Fimminence  de  la  récidive  est  toujours  à  redouter. 
ùrli's,  plus  de  la  moitié  des  repullulations  ont  lieu  avant  la  fin 
lia  premier  semestre,  puis  un  tiers  avant  la  fin  de  Tannée.  Mais  il 
va  environ  15  pour  100  de  récidives  tardives,  pouvant  avoir  lieu 
au  bout  de  quatre  ans  ;  une  femme,  restée  indemne  pendant  dix: 
ans  et  demi,  a  été  prise  à  ce  moment  d'une  récidive  ganglion- 
naire sus-claviculaire,  à  marche  très  rapide.  Quelquefois  il  arrive 
des  récidives  tardives  dans  la  cicatrice:  au  bout  de  cinq  ans  dans 
un  cas  des  Kœnig.  Dans  un  fait  de  Rosenbach,  une  femme  a  eu 
un  noyau  dans  la  cicatrice  au  bout  de  huit  ans;  extirpation; 
!  mrme  accident  quatre  ans  après.  Sans  doute  il  s'agit  de  greffes 
I  (faites  pendant  Topération),  qui  sommeillent  plus  ou  moins 
longtemps. 

En  est-on  là  pour  le  rectum?  Kœnig  ne  le  pense  pas.  Il  con- 
lesle  d'abord  d'abord  la  bénignité  des  extirpations,  malgré  Bar- 
(ienheuer.  En  défalquant  même  les  décès  trop  rapides  où  l'opé- 
ration n'est  peut-être  pasdirectement  en  cause  (?), il  reste  à  Kœnig 
^i,5pourlOO  de  mortalité  ;  et  16  pour  100  aumoins  s'il  s'en  tient 
aux  dix  dernières  années,  avec  une  bonne  antisepsie.  D'autre 
part,  les  survivants  ont  pour  la  plupart  une  incontinence  dégoù- 
^nle,  sont  exposés  à  une  atrésie  grave  du  nouvel  anus.  La  coloto- 
mie  est  donc,  la  plupart  du  temps,  préférable  jusqu'à  nouvel 
onlre.  Elle  permet  aux  malades  de  vivre  quelquefois  deux 
ans,  deux  ans  et  demi  sans  souffrir;  la  malpropreté  de  l'anus 
p^t moindre;  les  risques  opératoires  sont  nuls.  (Ueber  die  PfO' 
gnose  der  Carcinome  nach  chirurgischcn  Eingriffen.mit  be- 
pondérer  Beriichsichtigung  derCarcinoma  recli  in  Arc^.  f  klin. 
C/iir.,1888,  t.  XXXVII,p.  461.) 

I  lleère  Ivbereuleux  de  U  langue  ;  ablation  )  mort  le  scp- 
Uème  Jour   do    tubercnlofie    nilllalre  algnSy    par    M.    F.-G. 

;  ^HEPEARD(de  Montréal).  — L'opération  a  été  faite  sur  le  diagnostic 
erroné  d'épilhélioraa.  Erreur  difficile  à  éviter  sur  un  homme  de 

I  soixante-quatre  ans,  chez  lequel  les  antécédents  héréditaires  et 
personnels  étaient  nuls,  pour  une  ulcération  à  base  dure,  s'ac- 
compagnant  d'engorgement  des  ganglions  sous-maxillaires. 
1^'aulopsie  seule  a  rectifié  le  diagnostic.  {A  case  of  excision 
^^ftongue^followed  bydeath  from  acute  miliary  tuberculosis, 
iûAnn,  of  Surg.j  1888,  t.  VIII,  p.  368.) 


Anévrypme  de  raxlllalre;  llg;ature  de  la  iions-claYlère,  par 

M.  G. -A.  WniGHT. —  Homme  de  quarante-neuf  ans,  syphilitique. 
Le  résultat  a  d'abord  été  bon.  Mais  deux  mois  après  le  malade 
mourut  de  t  maladie  aortique  >.  L'autopsie  n'a  pu  porter  que  sur 
la  région  thoracique.  Le  sac  est  plein  de  caillots  solides  et  stra- 
tifiés à  la  périphérie,  un  peu  moins  au  centre.  Il  adhère  inti- 
mement aux  nerfs  du  plexus  brachial  (point  important  si  l'on  se 
place  au  point  de  vue  de  Textirpation  du  sac).  {Ligatur  of  sub- 
clavian  artet^  for  axillary  aneurmis,  in  Afin,  of  Sutg.,  1888, 
t.  VIII,  p.  362.) 

Corp«  éCranserit  artieulafrcs,  par  M.  0.  VœlkeR  (de  Bruns- 
wick). —  Observation  d'un  homme  qui,  dans  un  mouvement  de 
maniement  d'arme,  reçut  un  choc  violent  sur  le  condyle  interne 
du  fémur  gauche;  douleur  syncopale.  La  semaine  suivante,  gon- 
flement articulaire,  hydarthrose.  Soupçonnantun  corps  étranger, 
Vœlker  fit  Tarthrotoraie  et  ne  trouva  absolument  rien  jusqu'au 
moment  où  son  ongle  fut  un  peu  arrêté  par  une  légère  rainure 
du  condyle  fémoral  interne.  Il  fit  un  peu  pénétrer  son  ongle, 
pour  bien  constater  ce  dont  il  s'agissait,  et,  à  son  grand  étonne- 
ment,  vit  sauter  de  là  le  corps  étrauger  tant  cherché,  long  de 
25  millimètres,  large  de  22,  épais  de  11.  Lavage,  suture,  drai- 
nage. Guérison.  C'est  un  cas  indiscutable  de  corps  étranger  par 
traumatisme  d'une  articulation  préalablement  saine.  Cela  con- 
corde bien  avec  les  expériences  cadavériques  de  Kragelund 
(Copenhague,  1886);  cet  auteur,  par  des  chocs  intenses  sur  le 
condyle  fémoral  interne,  parvient  à  en  isoler  des  fragments  sen- 
siblement biconvexes,  qui  ne  sont  pas,  il  est  vrai,  détachés 
complètement  du  corps,  mais  sont  faciles  à  arracher  ensuite 
au  tire-fonds.  Sur  le  vivant,  l'isolement  complet  se  fait 
ensuite  par  un  processus  d'ostéite  raréfiante.  Pour  Kœnig 
{Deutsch,  Zeitschr.  f,  Chir.,  t.  XXVIl),  le  trauma  se  borne  à 
causer  des  troubles  nutritifs  et  de  là  une  c  osléo-chondrite  dis- 
séquante 1,  qui  libère  un  fragment  osseux.  Vœlker  ne  le  pense 
pas,  et  il  admet  même,  allant  plus  loin  que  Kragelund,  que  h 
violence  initiale  peut  à  elle  seule  provoquer  la  séparation  com- 
plète. {Beitrag  zur  Frage  von  der  Enstehung  der  krorpelig-kno- 
chernen  Gelebkmduse,  in  Arch.  f.klin.  Chir.,  1888,  t.  XXX Vil, 
p.  782.) 

Greffes  de  maqneusea,  par  M.  A.  WdilLFLEU  (de  Graz).  — -  Si 
Ton  veut  parer  aux  rétrécissements  cicatriciels,  le  seul  moyeu 
radical  consiste  à  remplacer  la  surface  cicatricielle  par  une  sur- 
face muqueuse.  Pour  cela  la  greffe  est  souvent  le  seul  procédé 
possible.  Mais  elle  n'a  pas  donné  jusqu'à  présent  de  bien  bons 
résultats.  Il  y  a  seulement  eu  quelques  expériences  de  Czerny, 
quelques  faits  heureux  de  Stellwag  pour  guérir  le  symblépharon. 
Wœlfier  a  d'abord  cherché  à  éviter  la  récidive  dans  les  rétrécis- 
sements de  l'urètiire,  où  il  faut  extirper  le  périnée  fistuleux.  11  a  en 
premier  lieu  essayé  de  transplanter  de  petits  morceaux  de  conjonc* 
tive  de  lapin  et  a  échoué  ;  de  môme  avec  des  petits  morceaux  de 
muqueuse  humaine  ;  mais  il  a  réussi  en  taillant  des  lambeaux 
comme  ceux  que  Thicrsch  emploie  pour  les  greffes  épidermiques; 
ils  sont  constitués  par  des  lanières  minces,  larges  de  1  à  2  cen- 
timètres. Cela  est  facile  à  découper,  avec  un  rasoir,  à  la  surface 
d'un  utérus  en  prolapsus.  Ces  lanières  sont  appliquées  suri  a  sur- 
face granuleuse,  mais  ne  sont  pas  suturées.  Des  essais  heureux 
ont  été  faits  en  transplantant  ainsi  à  la  surface  d'ulcères  de 
jambe  bien  bourgeonnants  des  lambeaux  de  muqueuses  diverses 
de  lapin,  de  grenouille.  Les  observations  cliniques  portent  sur 
trois  excisions  du  périnée  calleux  et  fistuleux;  deux  blépharo- 
plastics;  une  rhinoplastie  ;  une  geno-plaslie.  {Ueber  die  Technik 
und  den  Werlh  von  Schleimhautûbertragunyenf  in  Arch.  f 
klin.  Chir.,  1888,  t.  XXXVII,  p.  709.) 


130    —  N*  8 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  22  Février  1889 


BIBLIOGRAPHIE 

Aoatomte    des    centres    nerveux.   —  Leçons    professées 

par  M.  le  docteur  Ludwig  Edinger.  Traduit  de  l'alle- 
manâ  par  M.  Siraud,  externe  des  hôpitaux  de  Lyon. 
Avec  122  figures  intercalées  dans  le  texte.  Paris,  1889. 
J.-B.  Baillière  et  fils. 

Nous  sommes  heureux  d'avoir  à  signaler  cet  ouvrage,  qui 
permettra  au  public  médical  français  de  prendre  connais- 
sance des  intéressantes  leçons  professées  en  Allemagne  par 
Ëdinger,  sur  Tanatomie  du  système  nerveux.  Nous  devons 
nous  efforcer  de  nous  tenir  au  courant  des  travaux  parus  à 
l'étranger,  ne  fût-ce  que  pour  ne  pas  encourir  le  reproche 
si  bien  mérité  par  nos  voisins  de  1  autre  côté  du  Rhin,  qui 
professent  un  dédain  affecté  pour  les  publications  du  corps 
médical  français.  Aussi,  devons-nous  faire  d*autant  meil- 
leur accueil  aux  leçons  d'Edinger  que,  sans  parler  de  leur 
très  réel  mérite,  elles  font  une  juste  mention  tles  recher- 
ches entreprises  en  France  par  Gratiolet,  Luys,  Charcot, 
Bouchard,  Brissaud,  Ballet,  Ferré,  etc.  Le  fait  est  assez 
rare  pour  mériter  d'être  signalé. 

Cet  ouvrage  renferme  dix  leçons,  dont  la  première  est 
consacrée  à  la  description  des  méthodes  aaoptées  dans 
l'étude  des  centres  nerveux  :  coupes  minces  en  série,  de 
Stilling;  observation  du  développement  de  l'enveloppe 
médullaire,  de  Flechsig;  examen  histologique  de  coupes  ou 
de  dissociations. 

Dans  la  seconde  leçon  l'auteur  étudie  les  formes  et  les  rap- 

[lorts  généraux  du  cerveau,  prenant  comme  point  de  départ 
e  développement  de  l'encéphale  chez  Temoryon.  Procédé 
rationnel  qu'il  suit,  d'ailleurs,  dans  les  diverses  parties  de  son 
ouvrage,  mettant  amplement  à  profit  les  notions  précieuses 
fournies  par  l'embryogénie  et  l'anatomie  comparée.  Dans 
les  leçons  suivantes,  il  décrit  avec  un  soin  minutieux  la 
constitution  des  différents  centres  gris  de  l'encéphale,  et 
des  multiples  faisceaux  blancs  qui  les  relient  entre  eux,  ou 
les  rattachent  à  Taxe  médullaire,  indiquant  chemin  faisant 
les  renseignements  que  Tanatomiste  peut  puiser  dans  la 
physiologie  expérimentale  et  la  pathologie. 

Enfin,  les  trois  dernières  leçons  renferment  la  descrip- 
tion de  la  moalle  allongée,  du  cordon  médullaire,  des 
racines  des  nerfs  périphériques,  et  des  ganglions  spinaux. 

Nous  ne  pouvons  évidemment  résumer  une  semblable 
étude  analomique;  quil  nous  suffise  de  dire  que,  grâce  à 
la  précision  du  style  et  à  la  netteté  des  nombreuses  figures, 
demi-schématiques  pour  la  plupart,  la  lecture  en  est  assez 
attachante  pour  compenser  ce  que  le  sujet  peut  offrir  par 
lui-même  d'aridité  inévitable. 

Nous  adressons  au  traducteur  de  sincères  félicitations 
pour  avoir  su  mènera  bien  une  tache  qui  n'était  pas  sans 
difficultés  :  nous  avons  conscience  qu'il  a  fait  œuvre  utile 
et  nous  pensons  que  tous  ceux  qui  liront  son  livre  seront  de 
notre  avis. 

André  Petit. 


ÉiudcB     CliérapeiaCiqnea      et    bactérlologlqars     sur    le 
faronele  de  rorellle,  par  M.  Ic  docteur  LœwENBERG.  — 

Parisj  1888. 

Dans  celte  nouvelle  publication,  notre  distingué  confrère 
confirme  les  résultats  que  lui  avaient  donné  des  recherches 
commencées  il  y  a  bientôt  dix  ans,  sur  le  furoncle  de 
l'oreille  et  la  furonculose  générale.  Qu'il  résulte  de  Fac- 
tion Anstaphylococcus  albus,  comme  l'a  trouvé  Al*  Lœtven- 
berg,  du  staphylococcus  aureus,  ainsi  que  l'admettent 
d'autres  observateurs,  le  furoncle  est  une  maladie  micro- 


bienne, qui  naît  et  se  propage  par  contagion.  On  comprend 
ainsi  l'apparition  successive  de  clous  dans  le  voisina^jc 
d'un  premier,  leur  extension  par  inoculation,  par  grattage 
îi  des  parties  éloignées.  Peut-être,  chez  certaines  personnes, 
une  constitution  spéciale  des  tissus,  des  humeurs,  favorise 
leur  multiplication.  Bien  qu'il  en  soit,  c'est  par  les  anti- 
septiques seuls  qu'il  faut  les  combattre,  et  la  solution 
saturée  ou  mieux  sursaturée  d'acide  borique  dans  l'alcool 
absolu,  est  le  topique  qui,  au  moins  pour  l'oreille,  remplit 
je  mieux  ce  but.  Judicieusement  employé,  c'est-à-dire  en 
bains  auriculaires  de  dix  à  quinze  minutes  de  durée,  la  télc 
inclinée  latéralement  pour  rendre  le  conduit  auditif  ver- 
tical, il  amène  d'autant  plus  rapidement  que  la  tumeur  est 
moins  avancée,  l'avortement  du  furoncle.  Notre  confrère 
insiste  sur  les  difficultés  et  les  dangers  de  l'incision  dans 
ce  canal  contourné  et  rétréci;  il  trace  au  praticien  le  dia- 
gnostic entre  l'otite  moyenne  aiguë  et  le  furoncle  profond 
du  conduit  auditif,  et  montre  l'importance  de  s'opposera 
l'auto-contagion  qui  donne  à  l'affection  une  durée  parfoi5 
interminable. 

J.C. 


Traite  d'hyaCérotomlo  et  d'hystéreeCoBite  par  la  vole 
vaifinaie,  par  M.  le  docleur  Laurent  Secheyron,  ancien 
interne  des  hôpitaux  de  Paris,  professeur  suppléant  à 

I  Ecole  de  médecine  de  Toulouse,  précédé  d'une  préHice 
de  M.  Péan,  chirurgien  de  l'hôpital  Saint-Louis,  membre 
de  l'Académie  de  médecine,  avec  figures  et  tableaux  dans 
le  texte.  —  Paris,  1889,  0.  Doin. 

M.  L.  Secheyron  est  digne  de  bien  des  éloges  pour  le 
labeur  considérable  dont  il  vient  de  faire  preuve.  Il  esta 
peine  sorti  de  l'internat  depuis  un  an,  docteur  du  début  de 
cette  année,  que  le  voici  à  la  tête  d'un  Traité  d'Iiystéro- 
tomie  et  d'hystérectomie  par  la  voie  vaginale  !  Ce  volume, 
de  plus  de  huit  cents  pages,  réunit  avec  soin  les  matériaux 
publiés  sur  ce  point;  il  établit  des  statistiques  nombreuses. 
Cela  est  fait  avec  compétence,  car  depuis  plusieurs  années 
déjà  M.  Secheyron  étudie  la  gynécologie  avec  prédilection. 

II  est  bien  certain,  cependant,  qu'il  n'aurait  guère  pu 
nous  fournir  déjà  des  données  et  des  appréciations  exclu- 
sivement personnelles  sur  ces  interventions  si  graves  et  si 
délicates  dont  il  décrit  dans  son  traité  les  indications  el  le 
manuel  opératoire.  Il  a  été  guidé  dans  ses  études  par  un 
chirurgien  passé  maître  dans  l'art  des  interventions  gynéco- 
logiques. Nous  trouvons  en  effet  ici  le  reflet  fidèle  de  la 

F  pratique  de  M.  Péan,  l'analyse  complète  de  ses  travaux, 
'exposé  de  ses  procédés. 

Nous  ne  croyons  pas  devoir  indiquer  tous  les  points 
étudiés  par  M.  Secheyron  :  ce  serait  passer  toute  la  chi- 
rurgie utérine  en  revue;  tous  les  cas  où  Tutérus  est  incisi' 
ou  excisé,  où  l'on  fait  par  conséquent  l'hystérolomie  ou 
l'hystérectomie. 

Disons  seulement  qu'avec  M.  Péan,  l'auteur  se  déclare 
partisan  de  l'hystérectomie  totale  pour  cancer  utérin  des 
que  le  diagnostic  est  posé;  qu'il  nous  ftiit  connaître  deux 
observations  où  M.  Péan  a  enlevé  la  matrice  pour  parer  a 
des  accidents  graves  de  phlegmasie  péri-utérine.  Pour  le 
resle,  nous  ne  nous  arrêterons  que  sur  le  traitement  des 
myomes  utérins. 

Là,  M.  Péan  est,  en  principe,  opposé  à  la  castration 
ovarienne,  moins  efficace  qu'on  ne  le  prétend  et,  de  pli/S 
cause"  de  stérilité.  M.  Secheyron  insiste  sur  ce  dernier 
argument,  sur  c  le  respect  que  l'on  doit  au  don  précieux  m' 
la  maternilé  ».  Or,  l'ablation  des  myomes  par  le  vajji» 
«  conserve  à  la  femme  son  plus  noble  attribut  j».  Cette  ablalio" 
se  fait,  après  débridemenl  du  col,  et  au  besoin  du  corps  lu' 
l'utérus,  pour  les  myomes  interstitiels  du  corps  aussi  bieu 
que  pour  ceux  du  col.  Si  la  tumeur  est  voluniincuse.it' 


îi  FÉVRIER  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  8  —    131 


morcellement  permet  d'en  venir  à  bout.  Ces  interventions, 
pemiaiU  longtemps  proscrites,  se  font  aujourd'hui  sans 
hémorrhagic  grâce  à  l'emploi  des  pinces  hémostatiques. 
Sur  quarante  opérations,  trois  morts  seulement  sont  enre- 
gistrées :  le  résultat  est  beau. Il  serait  meilleur  encore  si 
Ton  se  décidait  toujours  à  attaquer  le  néoplasme  de  bonne 
heure. 

Dans  cette  énucléation  avec  ou  sans  morcellement,  tout 
comme  dans  l'hystérectomie  vaginale,  l'hémostase  par  la 
pince  joue  un  rôle  considérable,  et  il  est  naturel  que  Ton 
Irouve  dans  ce  livre  toutes  les  polémiques  de  priorité  sou- 
levées par  cette  méthode  chirurgicale  si  précieuse.  M.  Péan 
les  indique  dans  la  préface;  M.  Sccheyron  y  revient  à  plu- 
sieurs reprises  dans  le  courant  du  livre.  L'élève  semble 
même  avoir  tendance  à  exagérer  la  parole  du  maître.  Il 
pense  que  €  les  pinces  ont  le  mérite  de  servir  à  ménager  le 
sang  avant  et  pendant  l'opération  ».  Nous  croyons  que  peu 
de  vaisseaux  saignent  avant  l'opération  et  qu'il  ne  faut  pas 
èlreplus  royaliste  que  le  roi. 

A.  B. 


TniUé   pratlqoe    de    finctérlologfle ,    par    M.    E.    MaCÉ. 

Paris,  J.-B.  Baillière,  1889. 

L'étude  de  la  bactériologie  doit  faire  maintenant  partie 
des  éludes  médicales  et  il  n'est  plus  permis  à  un  médecin 
instruit  d'ignorer  les  éléments  de  cette  jeune  science  qui 
a  déjà  apporté  à  la  médecine  un  si  lumineux  appui. 

A  côté  des  importants  traités  de  Cornil  et  Babès,  Van 
Ermenghem,  Crookshank,  etc.,  il  restait  une  place  pour  un 
livre  plus  élémentaire  et,  tout  à  la  fois,  pratique.  C'est  ce 
qu'a  compris  H.  Macé  et  tel  est  le  but  et  l'intérêt  de  son 
Traité  pratique  de  bactériologie. 

Ce  livre  qui  est  destiné  à  devenir  un  vade-mecum  du 
laboratoire  renferme  en  même  temps  des  notions  suffisantes 
pour  ceux  qui  veulent  seulement  se  faire  une  idée  de  l'état 
actuel  de  la  bactériologie  et  trouver  des  indications  relatives 
à  la  plupart  des  micro-organismes  isolés  et  étudiés  jusqu'à 
ce  jour. 

C'est  en  effet  l'histoire  des  bactéries  qui  occupe  la  plus 
large  place  dans  le  traité  et,  avant  d'aborder  cette  partie 
descriptive,  l'auteur  a  voulu  familiariser  le  lecteur  avec  la 
morphologie  et  Jla  biologie  de  ces  infiniment  petits  en  choi- 
>i^saot  ses  exemples  parmi  les  espèces  les  plus  inféres- 
sanles,  soit  par  suite  de  leur  rôle  en  pathologie,  soit  en 
raison  de  la  facilité  que  l'on  a  de  se  les  procurer. 

Après  quelques  pages  d'historique  et  des  considérations 
surforigine  des  bactéries  et  leur  place  parmi  les  êtres 
Vivants,  pages  dont  la  lecture  est  pleine  d'intérêt,  M.  Macé 
passe  en  revue  les  caractères  des  bactéries,  leurs  fonctions, 
i'aclion  de  divers  agents  sur  ces  micro-organismes,  et  l'ac- 
tion de  ces  micro-organismes  sur  les  différents  milieux. 

L'élude  des  différents  procédés  permettant  d'isoler  et  de 
cultiver  les  bactéries  ainsi  que  les  méthodes  spéciales 
d'examen  microscopique  font  l'objet  des  chapitres  suivants. 
lians  toute  cette  partie,  le  livre  de  M.  Macé  se  montre  un 
excellent  manuel  de  laboratoire.  La  composition  des  divers 
milieux  de  culture,  les  soins  relatifs  à  leur  préparation, 
les  méthodes  employées  pour  obtenir  leur  stérilisation  ; 
les  nombreux  procédés  de  culture,  en  vases  fermés,  sur 
plaques,  sont  exposés  avec  détails  et  permettent  au  lecteur 
désireux  d'aborder  le  côté  pratique  de  ces  si  intéressantes 
recherches,  de  s'initier  peu  à  peu  aux  méthodes  utilisées  et 
reconnues  comme  les  meilleures.  Cette  première  partie, 
toute  pratique,  se  termine  par  un  résumé  du  manuel  opé- 
ratoire permettant  de  rechercher  les  bactéries  dans  les 
liquides  et  dans  les  tissus. 

La  seconde  partie  forme  le  cAté  plutôt  descriptif  et  théo- 
rique du  traité  :  elle  renferme  la  classification  et  la  des- 


cription des  espèces  que  l'auteur  divise  en  trois  familles  : 
1**  CoccACÉEs  comprenant  les  genres  micrococcus,  sarcina^ 
leuconostoCy  ascococcus;  i°  Bactériacées  com|)renant  les 
genres  bacillus,  spirillum^  leptothrix,  cladothrix;  3"  Beg- 
GiATOACÉES  renfermant  seulement  les  genres  beggiatoa 
et  crenothrix. 

Des  tableaux  récapitulatifs  placés  à  la  suite  des  genres 
les  plus  riches  en  espèces  permettent  une  détermination 
plus  facile  et  plus  rapide.  L  auteur  a  seulement  le  tort  de 
ne  pas  assez  mettre  en  garde  contre  les*  modifications  quel- 
quefois très  profondes  que  le  moindre  changement  dans  la 
constitution  du  milieu  de  culture  imprime  aux  caractères 
les  plus  saillants  des  cultures  des  micro-organismes  :  c'est 
là,  les  bactériologues  le  savent  bien,  un  écueil  considérable 
et  que  l'on  ne  parvient  pas  toujours  à  franchir  malgré  toute 
la  patience  et  la  persévérance  qui  doivent  être  1  apanage 
de  ceux  qui  se  livrent  aux  études  microbiologiques. 

Pour  terminer  ce  Traité  pratique  M.  Macé  expose  dans 
les  derniers  chapitres  l'état  de  nos  connaissances  sur  les 
bactéries  de  l'air,  de  l'eau,  du  sol  et  du  corps  humain, 
ainsi  que  les  procédés  usités  pour  ce  genre  de  recherches. 

Eu  résumé,  l'avantage  de  ce  livre  consiste  essentiellement 
en  ce  qu'il  est  clair  et  pratique. 

Gabriel  Pouchet. 


VARIÉTÉS 

Société  protectrice  de  u'enfance.  —  La  séance  annuelle  de 
la  Société  s'est  tenue  dimanche  dernier  17  février  dans  le  grand 
amphithéâtre  de  la  Sorbonne.  Ne  pouvant,  faute  de  place,  ana- 
lyser ici  les  rapports  lus  à  rassemblée  générale  par  M.  le  doc- 
teur Blache,  qui  a  écrit  le  compte  rendu  moral  et  financier  de 
la  Société,  et  par  les  médecins  dévoués  qui  ont  signalé  les 
œuvres  ou  les  mérites  de  ses  lauréats,  nous  tenons  au  moins  à 
dire  quelques  mots  du  discours  de  M.  Marjolin. 

Comme  toutes  les  fois  qu'il  prend  la  parole,  dans  ces  réunions 
d*une  Société  qui  lui  doit  tout,  le  président  n^anoint  voulu  parler 
des  services  qu'il  a  déjà  rendus  et  qu'il  rendra  aurant  de  longues 
années  encore  à  la  protection  de  Tenfance.  Il  s'est  appliqué  à 
montrer  combien  trop  souvent  encore  on  néglige  les  devoirs 
qu^imposent  la  loi  Roussel  et  les  instructions  du  ministère^ 

t  La  cause  de  tout  ce  mal,  a-t-il  ajouté,  puisque  notre  devoir 
est  de  dire  la  vérité,  provient  de  notre  propre  insouciance  et  des 
mutations  continuelles  dans  le  personnel  administratif.  Les 
rapports  succèdent  aux  enauôtes,  s'accumulent  dans  les  bureaux, 
et  les  réclamations  les  plus  pressantes  restant  sans  eflet,  le 
danger  persiste,  s'aggrave,  le  pays  continue  à  souifrir  et  à  se 
dépeupler. 

f  En  présence  d'une  pareille  situation,  faut-il  se  décourager  et 
tout  abandonner?  Ne  devons-nous  pas,  au  contraire,  combattre 
énergiquement  et  chercher  le  moyen  le  plus  puissant,  le  plus 
efficace  pour  conjurer  le  mal? 

cl/Etat  ne  pouvant  suflirc  à  tout  et  n'étant  pas  toujours  assez 
secondé,  il  faut  donc  revenir  à  la  source  inépuisable,  à  la  charité, 
et  faire  un  appel  à  tous  les  cœurs  de  bonne  volonté,  et,  si  grave 
que  soil  la  situation,  ne  jamais  désespérer,  i 

Aprèi  cet  appel  qui,  nous  aimons  à  l'espérer,  sera  entendu. 
M.  Marjolin  aborde  la  question  du  surmenage  intellectuel  et, 
parlant  surtout  de  l'éducation  des  filles,  critique  avec  autant  de 
lincsse  que  de  bons  sens  l'extension  abusive  des  programmes. 

€  En  donnant  à  notre  époque  une  extension  aussi  grande  aux 
programmes  des  études  des  sciences  naturelles,  n'est-on  pas  allé 
un  peu  trop  loin  pour  des  intelligences  aussi  jeunes  ?  et  de 
toutes  ces  notions  superficielles  accumulées  en  si  peu  de  temps, 
qu'en  restera-t-il  plus  tard  ?  Des  idées  inexactes,  confuses  et 
rien  de  plus.  Pour  moi,  j'en  suis  persuadé  et  je  ne  suis 
pas  seul  a  avoir  cette  conviction,  que  toutes  ces  sciences  ne 
sont  pas  indispensables  pour  faire  do  la  jeune  fille  une  bonne 
mère  de  famille,  dirigeant  bien  sa  maison  et  faisant  le  charme 
de  son  intérieur.  Que  ce  soit  dans  la  mansarde  de  l'ouvrier  ou 
dans  le  salon  le  plus  opulent,  la  femme  qui  a  été  bien  élevée, 
suivant  sa  position,  n'a  rien  à  envier  à  ces  encyclopédistes  de 


i32    —  N»  8  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  22  Février  1889 


renconlre,  à  ces  prétendues  savantes,  car  elle  sera  toujours 
respectée,  admirée  et  utile  à  son  pays,  n'importe  dans  quelle 
situation,  i 

On  ne  saurait  mieux  dire  et  ce  qu'il  convient  de  regretter 
c'est  qu'il  ne  soit  point  possible  de  reproduire  tout  ce  discours, 
si  bien  pensé,  si  bien  écrit. 


Concours  d'agrégation.  —  Par  arrêté  du  ministre  de 
l'instruction  publique  et  des  beaux-arls,  en  date  du  19  février 
1889,  l'ouverture  du  concours  pour  dix  places  d'agrégés  des 
Facultés  de  médecine  (section  de  chirurgie  et  accoucheraenis), 
précédemment  fixée  au  l^mars  1889,  est  ajournée  au  jeudi  7  du 
môme  mois. 

Faculté  de  médecine.  —  Le  prix  Lacaze  (phthisie  pulmo- 
naire), d'une  valeur  de  10000  francs,  a  été  décerné  à  M.  le 
docteur  Malassez,  directeur  du  laboratoire  d'histoire  au  Collège 
de  France,  pour  ses  travaux  sur  la  tuberculose. 

Écoles  de  médecine.  —  Par  arrêtés  du  ministre  de  l'instruc- 
tion publique  et  des  beaux-arts,  en  date  du  19  février  1889,  des 
concours  s  ouvriront  : 

1*  Le  4  novembre  1889,  devant  la  Faculté  mixte  de  médecine 
et  de  pharmacie  Lyon,  pour  l'emploi  de  suppléant  des  chaires  de 
pathoWie  et  de  clinique  chirurgicales  et  cte  clinique  obstétri- 
cale à  l'Ecole  préparatoire  de  médecine  et  de  pharmacie  de 
Grenoble  ; 

2**  Le  5  novembre  i889,  devant  la  Faculté  mixte  de  médecine 
et  de  pharmacie  de  Bordeaux,  pour  l'emploi  de  suppléant  des 
chaires  de  phathologie  et  de  clinique  ctiirurgicales  et  de  cli- 
nique obstétricale  à  l'Ecole  de  médecine  et  de  pharmacie  de 
Limoges  ; 

3^  Le  6  novembre  1889,  devant  la  Faculté  de  médecine  de 
Paris,  pour  l'emploi  de  suppléant  des  chaires  de  patholo^e  et 
de  clinique  chirurgicales  et  de  clinique  obstétricale  à  l%cole 
préparatoire  de  médecine  et  de  pharmacie  de  Rennes  ; 

4"  Le  G  novembre  1889,  devant  la  Faculté  mixte  de  médecine 
et  de  pharmacie  de  Lyon,  pour  l'emploi  de  suppléant  des  chaires 
d  anatomie  et  de  physiologie  à  l'Ecole  préparatoire  de  médecine 
et  de  pharmacie  de  Dijon. 

Les  redstres  d'inscription  seront  clos  un  mois  avant  l'ouver- 
ture desaits  concours. 

Concours  du  Bureau  central.  —  Les  candidats  du  concours 
ui  doit  s'ouvrir  le  27  février  pour  la  nomination  à  trois  places 
c  médecins  des  hôpilaux  de  F^aris  sont  au  nombre  deÔG;  ce 
sont  MM.  les  docteurs  Achard,  Babinski,  Barbe,  Barthélémy, 
Bédlère,  Bélin,  Blocq,  Bourcy,  Bourdel,  Druchet,  Capitan,  Cayla, 
Charrin,  Cliéron,  Dalché,  Darier,  De  Gennes,  Delpeuch, 
Descharaps,  Despréaux,  Dreyfous,  Dubief,  Dullocq,  Duplaix, 
Durand- l^ardel,  Florand,  Galliard,  Gallois,  Cauchois,  Gilles  de  la 
Touretle,  Giraudcau,  Girode,  Havagc,  Ilirtz  (Hippolyte), 
Ilischniann,  Jeanselme,  Launois,  Lebreton,  Leduc,  Le  uendre, 
Lormoyez,  Leroux,  Liandier,Marfan,  Mathieu,  Martin  de  Gimard, 
Martinet,  Ménétrier,  Molcnes  (dej,  Morci-Lavallée,  Œltinger, 
Petit,  Polgucre,  Poupon,  Queyrat,  Raymond,  lUbail,  Richardière, 
Robert,  Rogerj^  Sapelier,  Siredey,  Thibierge,  Thoinot,  Variol  et 
Weber. 

Le  jury  définitif  se  compose  de  MM.  les  docteurs  Desnos, 
Dreyfus-Brisac,  Dujardin-Beaumetz,  Ferrand,  Labadie-Lagrave, 
Lacombe  et  B.  Anger. 

Hôpital  du  Midi.  —  M.  Humbert,  agrégé  à  la  Faculté,  chirur- 
gien de  rhopital  du  Midi,  commencera  des  leçons  sur  les  mala- 
dies vénériennes  et  les  maladies  des  organes  génitourinaircs, 
le  mardi  26  février,  à  neuf  heures  et  demie,  et  les  continuera  les 
vendredis  et  mardis  suivants  ù  la  même  heure. 


3 


ÉCOLE  DE  médecine  MILITAIRE  DE  Lyon.  ^  Ont  été  nommés  à 
la  suite  du  concours  qui  vient  de  se  terminer  au  Val-de-Gràce  : 

M,  Cahier,  médecin-major  de  2°  classe,  répétiteur  d'anatomie 
normale  et  patholoo^ique. 

M.  Brousses,  médecin-major  de  2*  classe,  répétiteur  de  patho- 
logie externe  et  de  clinique  chirurgicale. 

M.  Catrin,  médecin-major  de  2«  classe,  répétiteur  de  physio- 
logie et  d'histologie. 


M.  Lemoine,  médecin-major  de  2*  classe,  répétiteur  de  patho- 
logie interne  et  de  clinique  médicale. 

CONGUÈs  DE  1889.  —  Le  ministre  du  commerce  vient  de 
former  comme  suit  les  comités  d^organisation  des  Congrès 
internationaux  de  médecine  mentale  et  de  psychologie  physiolo- 
gique qui  auront  lieu  à  Paris  pendant  l'Exposition  universelle 
de  1889  : 

Congrès  de  médecine  mentale  :  MM.  les  docteurs  Bail, 
Blanche,  Charpentier,  Cotard,  Falret,  Garnier,  Magnan,  Motet, 
Ritti  et  Voisin. 

Congrès  de  psychologie  physiologique  :  MM.  Brissaud, 
Charcot,  Ferran,  Gley,  Magnan,  Marillier,  Ochorowicz,  Biboi, 
Ch.  Richet,  Ruault,  SuUy-Prudhomme  et  Taine. 

Congrès  des  Sociétés  savantes  françaises  en  1880.  —  Le 
Congrès  des  Sociétés  savantes  de  Paris  et  des  départements 
s'ouvrira,  au  ministère  de  l'instruction  publique,  le  11  juin  1889. 

Les  journées  des  il,  12,  13  et  U  seront  consacrées  aux 
travaux  du  Congrès. 

La  séance  générale  aura  lieu,  le  15  juin,  dans  le  grand  amphi- 
théâtre de  la  Sorbonne. 

Congrès  international  de  thérapeutique  en  1889.  —  le 
Congrès  international  de  thérapeutique  oui  se  tiendra  à  Paris, 
en  1889,  du  l^*"  au  5  août,  se  divisera  en  aeux  sections:  l'une  de 
matière  médicale  et  de  pharmacologie,  l'autre  de  thérapeutique 
proprement  dite. 

Les  questions  proposées  pour  les  discussions  générales  sont 
les  suivantes:  des  antilhermiques  analgésiques;  des  tonique? 
du  cœur;  des  parasiticides  des  microbes  pathogènes  ;des  nou- 
velles drogues  d'origine  végétale. 


Mortalité    a    Paris     (6"     semaine,    du   3  au   9  février 
1889.  —  Population  :  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  Il 

—  Variole,  1.  —  Rougeole,  30.  —  Scarlatine,  3.  —  Coque- 
luche, 9.  —  Diphthérie,  croup,  36.  —  Choléra,  0.  —  Phthisie 
pulmonaire,  203.  —  Autres  tuberculoses,  21.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  33  ;  autres,  1.  —  Méningite,  42.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  54.  —  Paralysie,  6.  — 
Ramollissement  cérébral,  8.  —  Maladies  organiques  du  cœur,  5 i. 

—  Bronchite  aiguë,  33.  —  Bronchite  chronique,  46.  —  Broncho- 
pneumonie,  25.  —  Pneumonie,  72.  —  Gaslro-ebtérite:  sein,  8; 
biberon,  39.  —  Autres  diarrhées,  5.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 4.  —  Autres  affections  puerpérales,  0.  —  Débilité  con- 
génitale, 26.  —  Sénilité,  26.  —  Suicides,  12.  —  Autres  morts 
violentes,  17.  —  Autres  causes  de  mort,  165.  —  Causes 
inconnues,  16.  —  Total  :  1013. 


OUVRAGES  DÉPOSÉS  AU  BUREAU  DU  JOURNAL 

leçon»  de  clinique  chirurgicale,  profcsâduH  à  la  S.il{idtrièrc,  par  M.  \c  dodi^t^r 
0.  Territlon,  comprenant  les  nouvelles  jipplica lions  de  la  clûrur^'io  aux  alli'c- 
tions  de  l'abdomen  et  des  or^^aucs  génitaux  de  I»  femme,  i  beau  vulutuu  iu->'' 
de  520  pages  avec  figures  dans  le  texte.  Paris,  0.  Doiu.  *l'  ^^^ 

Dictionnaire  de  Ihèrapeutiquf,  de  matiirc  médicale,  de  phannac(»l«»},'io,  de 
toxicologie  ot  des  eaux  minérale::,  par  ÎA.  le  docteur  Dujardin-Bcnumrt/,  ax'i' 
de  nombreuses  figures  dans  le  texte.  *  forts  volumes  in-4»  de  000  jiagc:<ch.ifiiii 
Paris,  0.  Ooin.  IW  fr- 

Traité  d'hyitirolomie  et  d'hystérectomie  par  la  voie  7-aginale,  par  M.  k  dtxMi  nr 
Laurent  Secheyron,  précédée  d'une  préface  de  M  Pôan.  1  beau  volume  }îr.in<l 
iu-8°   de  8i5    pages  avec  figures  et   tableaux  dans  le  texte.  Paris,  C  !><»•"• 

lifr. 

DulLtin  delà  phthisie  pulmonaire,  nar  MM.  les  docteurs  A.  Fillcau  ot  Pdif, 
30  année,  n»  5.  Juin  18S8.  1  vol.  in-8«  de  90  jiages.  Paris,  0.  Doin.  '»  f^- 

Les  névrosée  et  le  pessimisme,  conférence  faite  au  palais  des  Facultés  do  Clcrniooi- 
Ferrand,  le  4  mars  1880,  par  M.  le  docteur  A.  Deschamps.  1  vol.  ii»-l-  '^'' 
40  pages.  Paris,  0.  Doin.  ^  "' 

Les  criminels,  caractères  physiques  cl  psychologiques,  par  M  le  docteur  A.Corro 
avec  43  figures  dans  le  texte  {Bibliothèque  des  actualités  médicales  et  scyn- 
tiflques).  1  vol.  in-12  de  41i  pages.  Paris,  0.  Doin.  ^  '^' 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 


48437.  —  MOTTBROZ.  —  imprimeries  réaniea,  A,  rue  Mignon,  i,  P*"'* 


ii  FÉVKiEM  1889  GAZETTE  HËBDOMADAIUE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHlRUnCIE         —  N»  8  —      VJ^i 


SUPPLÉMENT  THÉRAPEUTIQUE 


UE    LA 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  GHIKUKGIE 


THERAPEUTIQUE 

Peries  da  doeteor  ClerCan. 

Approbation  de  l'Académie  de  médecine  de  Paris, 

Priuiitivement  appH(][uée  à  Téther,  la  découverte  du 
docteur  Clertan  a  permis  d'emprisonner  ce  corps  si  volatil 
cl  de  Je  porter  dans  Testomac  à  dose  fixe  et  sans  aucune 
perte.  Le  même  procédé  a  été  appliqué  à  la  plupart  des 
cvubslances^  liquides  ou  solides,  dont  la  volatilité,  la  saveur 
OQ  Todeur  reudaient  l'administration  difficile. 

MM.  les  Médecins  pourront  ainsi  prescrire,  sans  aucun 
désagrément  pour  le  malade,  Modoforme^  la  Créosote^  la 
yalèrianey  le  Castoreum^  VAssa-fcetida,  tous  les  .Sels  de 
Quininey  Stilfate,  Bisulfate^  Chlorhydrate^  Bromhydratey 
Ydlérianaley  Salicylate,  Lactate,  etc.,  VEssence  de  Téré- 
benthine, l2L  Mixture  deDurande,  les  Gouttes  ou  Liqueur 
dHoffmann^  VEssence  de  Santal,  et  les  substances  nou- 
vellemenl  introduites  dans  la  Thérapeutiuue,  telles  que  le 
Terpinoly  le  Gaiacoly  etc.,  etc.,  auxquelles  ce  mode  de 
préparation  pourra  s'appliJuer  avec  avantage. 

Ces  substances  et  les  perles  de  nom  correspondant  peu- 
vent être  partagées  en  séries  suivant  leurs  propriétés  et 
leurs  applications  : 

i""  SÉRIE.  —   MALADIES  D£    l'APPAREIL    RBSPlRATOIUfc:. 

n.  Perles  de  Créosote  de  Clertan.  —  5  centigrammes  par 
pcple.  Dose  moyenne,  i  par  jour. 

b.  Pales  dfi  Gatacol  de  Clertan  —  5  centigrammes  par 
perle.  Dose  moyenne,  i  par  jour. 

('.  Perles  d'iodoforme  de  Clertan.  —  5  centigrammes  par 
perle.  Dose  moyenne,  4  par  jour. 

(/.  Perles  de  Terpinol  de  Clertan,  —  30  centigrammes  par 
perle.  Dose  moyenne,  4  par  jour. 

2«  SÉRIE.  —  LITHIASE   BILLVIRE. 

n.  Perles  de  Durande  de  Clertan  (Éther,  2  p.;  Ess.  de  ter., 
op.;  ensemble,  20  centigrammes).  Dos^,  6  à  10  par  jour. 

b.  Perles  de  Chloroforme  de  Clertan,  —  45  centigrammes 
pur  perle.  Dose,  i  par  jour.  (Vomissements,  hoquets,    mal  de 

mer.) 

3"  SÉRIE.  —   MÉDICATION   ANTISPASMODIQUE. 

n.  Perles  d'Élher  de  Clertan.  —20  centifframmes  par  perle. 
Dose,  4  à  10  par  jour.  (Migraines,  céphalées  rebelles,  accès 
d'asthme,  crampes  d'estomac,  tiendances  à  la  syncope.) 

b.  Perles  d  Hoffmann  de  Clertan  <Éther,  1  p.;  alcool,  2  p.; 
ensemble  20  centigrammes).  Dose,  4  à  10  par  jour.  (Mômes 
indications  que  pour  les  perles  d  Êlher,  et  plus  particulière- 
nieiit  nausées,  digestions  douloureuses,  indigestions,  vomisse- 
raenls.) 

c.  Perles  de  Valériane  de  C/<?r<a«.  —  20centifframmesde  lein- 
lure  éthéréc.  Dose,  4  à  10  par  jour.  (Vertiges,  etourdissements, 
palpitations  nerveuses.) 

'/.  Perles  d'Assa-fœtida  de  Clertan.  —  20  centigrammes  de 
leinlure  élhérée.  Dose,  4  à  10  par  jour.  (Spasmes,  suffocation, 
Houle  hystérique,  œsophagisme,  chlorose.) 

c.  Perles  de  Castoreum  de  Clertan»—-  20  centigramme  de  tein- 
ture élhérée.  Dose,  4  à  10  par  jour.  (Dysménorrhée,  coliques  de 
la  menstruation,  gonflemenls  du  ventre.) 


f.  Perles  d'Apiol  de  Clertan. 
indications.) 


5  centigrammes.    (Même 


g.  Perles  d'Essence  de  Térébenthine.ile  Clertan.  —  20  centi- 
grammes. Dose,  4  ù  10  par  jour.  (Migraines,  névralgies  faciales, 
scialique,  lumbago.) 

4*"  SÉRIE.   —  MÉDICATION   aUIMQUE  OU   FKBRiFUr.E. 

a.  Perles  de  Bromhydrate  de  quinine  de  Clertan  y  à  10  cen- 
tigrammes de  sel  chimiquement  pur. 

b.  Perles  de  Chlorht/draie  de  quinine  de  Clertan,  à  10  cen- 
tigrammes de  sel  chimiquement  pur. 

c.  Perles  de  Sulfate  de  quinine  de  Clertany  u  10  centi- 
grammes de  sel  chimiquement  pur. 

d.  Perles  de  Bisulfate  de  quinine  de  Clertan,  u  1 0  centi- 
grammes de  sel  chimiquement  pur . 

e.  Perles  de  Valérianate  de  quinine  de  Clerlan,  à  10  centi- 
grammes de  sel  chimiquement  pur. 

f.  Perles  de  Salicylate  de  quinine  de  Clertan,  à  10  centi- 
grammes de  sel  chimiquement  pur. 

g.  Perles  de  Lactate  de  quinine  de  Clertan,  ù  10  centi- 
grammes de  sel  chimiquement  pur. 

5«  SÉRIE.  —   MÉDICATION    HYPNOTIQUE. 

•     a.  Perles  d'hypnone  de  Clertan,  à  10  centigrammes.  Dose, 
2  à  4  par  jour. 

6*  SÉRIE.   —  MÉDICATION    BALSAMIQUE. 

a.  Perles  de  Santal  de  Clertan,  à  30  centigrammes.  Dose, 
2  à  12  par  jour. 

D'une  manière  générale,  les  Perles  du  docteur  Clertan 
contiennent  cinq  gouttes  de  médicament  liquide  ou  10 cen- 
tigrammes de  médicament  solide. 

Les  Perles  du  docteur  Clertan  sont  très  promptemeni 
dissoutes  dans  l'estomac  :  peu  d'instants  après  l'ingestion 
d'une  perle  d'éther,  par  exemple,  l'ascension  de  vapeurs 
témoigne  de  la  rupture  de  l'envelojipc. 

Par  leur  volume,  leur  aspect  .bnlhint,  les  préparations 
du  docteur  Clertan  représentent  bien  exactement  des  sortes 
de  perles  :  la  transparence  et  la  minceur  de  la  couche 
gélatineuse  permet  cte  voir  le  médicament  en  nature  et  de 
s'assurer  ainsi  de  son  état  de  conservation. 

En  prescrivant,  sous  le  nom  du  docteur  Clertan  et  avec 
la  garantie  de  son  cachet,  les  divers  médicaments  énunié- 
rés  ci-dessus,  MM.  les  Médecins  sont  assurés  d'avoir  des 
préparations  pures  et  rigoureusement  dosées. 

Tous  les  produits  inclus  sont  ou  fabriqués  de  toutes 
pièces  ou  analysés  à  notre  laboratoire. 

La  Maison  L.  Freue,  19,  rue  Jacob,  Paris,  fro^vié- 
taire  de  la  marque  et  des  procédés  du  docteur  Clertan,  a 
mérité  les  plus  hautes  récompenses,  Médailles  d*or  uni- 
ques, décernées  aux  produits  pharmaceutipues  aux  Expo- 
sitions universelles  de  Paris  (1878)  et  de  Tétranger,  Ams- 
terdam (1883),  Sydney  (1888). 

Les  préparations  du  docteur  Clertan  sont  recommandées 
en  plusieurs  endroits  du  Traité  de  thérapeutique  de  Trous- 
seau et  Pidoux,  notamment  p.  289  et  p.  614,  t.  II,  7*  édit. 

8.. 


134     -^  JN-  S  ^        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  22  Févrieu  188U 


L'Eau  antlapoplectlqae  Wolasniaim. 

Dans  le  nombre,  malheureusement  trop  grand,  de  maladies  funestes 
«lui  menacent  l'organisme  humain  le  coup  on  l'attaque  d'apoplexie  se 
trouve  en  première  ligne.  L*apoplcxie  frappe  soudainement  le  riche 
aussi  bien  que  le  pauvre  indigent  à  la  misérable  existence  duquel 
Tapoplexie  vient  mettre  ainsi  un  terme  rapide  et  ordinairement  désiré. 
L'âge  moyen  de  l'homme,  qui  est  si  robuste,  n'est  pas  plus  à  l'abri  des 
coups  d'apoplexie  que  la  vieillesse  qui,  courbée  sous  le  poids  des 
années,  s'achemine  déjà  vers  lu  fin  de  l'existence. 

Soudain  comme  l'éclair  qui  atteint  et  brise  l'urbrc  (|ui  s'élance 
majestueux  dans  les  airs,  l'apoplexie  fait  aussi  un  décliirement  dans 
l'organisme  de  riionimc  en  y  laissant  des  traces  qui  ne  s'effacent  presque 
jamais  cntiërcmeiil  :  ce  qui  est  très  naturel,  du  reste,  si  l'on  songe  que 
cette  explosion  de  maladie  qui  s'appelle  «  coup  d'apoplexie  »  frappe 
le  cerveau  de  l'homme  et  que  le  cerveau  est  l'organe  central  de  la  vie 
cl  de  l'activité  animale. 

Et  maintenant  tAchons  de  répondre  avantluutàla  question  :  Qu'est-ce 
ijue  le  coup  d'apoplexie? 

Le  coup  ou  l'attaque  d'apoplexie  n'est  qu'un  déchirement  d'un  vais- 
seau sanguin  dans  le  cerveau,  ce  qtii  produit  une  extra vasatiou  du 
sang  dans  la  substance  cérébrale  ou  bien  entre  les  méninges  du 
cerveau. 

Le  commencement  et  lu  marche  d'une  attaque  se  manifestent  de 
différentes  manières,  selon  la  grandeur  du  vaisseau  déchiré  et  selon  le 
lieu  cl  la  quantité  de  sang  qui  s*extravase,  aussi  bien  que  selon  la 
cause  plus  ou  moins  dangereuse  de  ce  phénomène. 

Il  y  a  assez  souvent  des  symptômes  précurseurs  qui  annoncent  pou 
ainsi  dire  plusieurs  jours,  quelquefois  même  plusieurs  semaines 
d'avance,  la  catastrophe  apoplectique  qui  va  nous  frapper  :  tels  que, 
la  pesanteur  ou  bien  les  douleurs  de  tête  avec  une  sensibilité  exagérée 
(le  tous  les  sens,  rélincellement  et  le  papillotage  devant  les  yeux,  le 
bourdonnement  d'oreilles,  le  fourmillement,  les  soubresauts,  l'exal- 
tation et  l'incohérence  d'esprit,  les  idées  délirantes,  l'afTaiblissement  de 
la  mémoire,  etc. 

Un  âge  avancé  contribue  particulièrement  à  l'état  morbide  des  parois 
vasculaires  en  les  rendant  plus  friables;  à  cctàge  les  fibres  élastiques 
s'atrophient,  elles  sont  substituées  par  une  masse  friable,  calcaire,  qui 
entrave  le  jeu  rythmique  des  vaisseaux  (dilatation  et  contraction). 

Et  maintenant  si  nous  avons  réussi  dans  ce  qui  précède  à  faire 
comprendre  aux  non-initiés  sans  le  scalpel  de  l'anatomiste,  la  loupe 
du  physiologiste  et  l'analyse  du  chimiste,  l'essence  pathologique  de 
l'attaque  d'apoplexie,  nous  dirons  quelques  mots,  d'une  manière  tout 
à  fait  objective,  sur  le  remède  préservatif  ou  curatif  qui,  comme  l'indique 
le  titre  de  cet  article,  s'appelle  Eau  a7iUapopUc tique  Weismiann. 

L'assurance  de  M.  Weissmann  que  le  principe  de  son  remède  a  pour 
but  principal  d'obtenir  une  influence  vivifiante  sur  le  système  nerveux, 
grâce  à  la  faculté  de  résorption  de  l'organe  cutané  qui  est  si  riche  en 
nerfs,  nous  sommes  obligés  d'admettre  qu'avec  ce  nouveau  remède  l'in- 
venteur a  trouvé  le  vrai  moyen  pour  combattre  efficacement  cet  ennemi 
si  cruel  de  l'organisme  humain,  qui  s'appelle  apoplexie.  La  malignité 
de  la  maladie  du  cerveau,  de  cet  organe  très  important  qui  n'est 
jamais  de  véritable  rcpoi  pendant  la  vie,  impose  à  tout  philanthrope 
et  particulièrement  au  médecin  le  devoir  inévitable  de  tenir  compte 
de  chaque  rayon  de  lumière  qui  nous  soit  fourni  par  un  remède  curatif 
et  préventif,  trouvé  par  les  efforts  combinés  de  la  science  .et  de  l'expé- 
rience, pour  combattre  un  ennemi  si  dangereux  de  notre  santé. 

Le  mélange  d'essences  extractives  qu'on  nous  recommande  sous  le 
nom  d'eau  antiapoplectique,  comme  remède  préventif  et  curatif  contre 
les  accès  d'apoplexie,  d'après  les  déclarations  qu'un  en  a  obtenues 
depuis  Tespace  de  temps  assez  court  qu'on  l'emploie  et  qui  se  basent 
sur  l'expérience  (les  nombreuses  attestations  des  médecins  et  des 
malades  sont  là  pour  le  prouver),  est  certainement  digne  de  figurer 
parmi  les  remèdes  qu'on  a  mis  en  vogue  tout  récemment  pour  soulager 
et  guérir  les  infirmités  des  organes  humains. 

La  science  vient  donc  de  s'enrichir  d'un  nouveau  produit  appelé  à 
rendre  les  plus  signalés  services  comme  moyen  préventif  des  afl'eclions 
nerveuses  :  congestions  cérébrales,  paralysies,  migraine  rebelle  et 
autres  accidents  comécuiïîs.  L'Eau  antiapoplectique  du  docicixr  Romain- 
Weissmann  a  reçu  partout  un  chaleureux  accueil.  Son  emploi,  basé 
sur  le  système  de  la  résorption  cutanée,  est  d'une  indiscutable  valeur. 
Cette  préparation,  d'une  odeur  agréable,  extraite  des  produits  végétaux, 
agit  par  l'intenn^iaire  des  pores  de  la  peau,  elle  est  donc  d'un  emploi 
facile.  M.  Lexaire,  pharmacien  de  1"  classe,  n"  U,  rue  de  Grammont, 
à  Paris,  qui  prépare  ce  produit  hygiénique  avec  le  plus  grand  soin, 
enverra  franco  la  brochure  à  tous  les  membres  du  corps  médical  qui 
lui  en  feront  la  demande. 


THÉRAPEUTIQUE 
La  llévellle. 

La  Réveille,  célèbre  source  des  Bénédictins  de  Clunv, 
à  Sauxillanges  (Puy-de-Dôme),  approuvée  par  rAcadéinie 
de  médecine,  autorisée  par  TÉlal,  ferrugineuse,  bicarbo- 
natée, chlorurée-sodique,  gazeuse. 

Analyse  : 

Acide    carbonique \  ,<I75 

Bicarbonate  de  soude 2,545 

Bicarbonate  de  magnésie ^ . . .  0,230 

Bicarbonate  de  fer 0,107 

Carbonate  de  chaux 0,314 

Sulfate  de  potasse 0,00fi 

Chlorure  de  sodium 0,005 

Elle  est,  de  toutes  les  eaux  minérales,  la  plus  normale- 
ment minéralisée  et  la  plus  agréable  à  boire,  tonique, 
reconstituante,  apéritive  et  digestive. 

Prescrite  avec  succès  contre  chlorose,  anémie,  dyspep- 
sies, goutte,  diabète,  albuminurie,  fièvres  intenniltenles. 
ainsi  que  contre  les  affections  du  foie  et  des  voies  uri- 
naires. 

Dans  Tétat  ordinaire  de  santé,  elle  réveille  l'appétit  cl 
fortifie  tous  les  organes. 

Un  ou  deux  verres  eu  mangeant  ou  en  dehors  des  repas, 
coupée  avec  du  vin  ou  un  sirop  quelconque. 

S'adresser  au  régisseur,  à  Sauxillanges  (Puy-de-Dôme), 
ou  Maison  d'Esebeck,  rue  Jean-Jacques-Rousseau,  Paris. 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 


18^68.  —  MoTTBROZ,  Iiuprinicriui  réunies,  A«  rue  Miguou,  2,  Pari?. 


Trente- SIXIÈME  année 


N»  9 


i"  Mabs  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDEC[NE  ET  DE  CHIRURGIE 

PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LK  D'  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chep 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  6.  DIEULAFOY.  DREYFUS-BRISAC,  FRANCOiS-FRANCK,  A.  HENOCQUE,  A.J.  MARTIN,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  U  rédactiim  à  M.  Leeiboullet,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOÏVAIRB.  —  Bulletin.  —  Pathologib  CENÉnALE.  Théorie  nerveuse  du 
pKînaiis.  —  Revue  DES  cours  et  des  climiqubs.  CliDiquo  du  Val-de-Grâco  : 
M.  le  professeur  Cbauvel.  —  Hôpital  Sainlo-Annc  :  M.  le  professeur  Bail.  — 

-  Travaux  ORIGINAUX.  Clinique  médicale  :  De  la  syrinçomyélie.—  Odonto- 
h'iK  :  La  maladie  de  Fauchai-d.  —  Sociétés  savantes.  Académie  des  sciences. 
-.Veadcmie  de  médeeioo.—  Société  médicale  des  hôpitaux.  —  Société  docUi- 
ntrgie.  —  Société  de  biologie.  —Société  analomiqnc.  — Revue  des  journaux. 
Chirurgie.  —  Travaux  à  consulter.  —  Bibliographie.  Traité  pratique  d'antî- 
«psic  appliquée  à  la  thérapeutique  et  à  l'hygiène.  —  La  circonvolution  de  Broca. 

-  VARiérés.  Création  d'un  laboratoire  do  physiologie  pathologique. 


BULLETIN 

Paris,  27  février  1889. 

Académie  de  médecine  :  L'oH^ne  du  tétanos.  —  Aca- 
démie des  sciences  :  L'atténuatioM  des  vims.  -^  Société 

médicale  des   hôpital^  :  hem   maladies  eontaglease*. 

La  discussion  sur  les  origines  du  tétanos  s'est  continuée 
par  une  nouvelle  communication  de  M.  Verneuil,  qui  n'a 
pu  terminer  cependant  Ténumération  des  faits  et  des  argu- 
ments venant  à  l'appui  de  sa  doclrine.  Celle-ci  paraît  dès 
aujourd'hui  pouvoir  se  résumer  de  la  manière  suivante  :  Le 
lêlanos  est  une  maladie  infeclieuse;  tous  les  chirurgiens  et 
la  plupart  des  vétérinaires  sont  d'accord  sur  ce  point.  In- 
fectieuse, la  maladie  est  en  même  temps  inoculable;  de 
nombreuses  observations  démontrent  la  transmission  par 
les  objets  ou  les  instruments  qui  ont  touché  un  tétanique. 
Plusieurs  vivisections  pratiquées  sur  les  animaux  prouvent 
que  l'inoculation  expérimentale  est  possible.  Il  existe  donc 
lin  virus.  Celui-ci  a  été  isolé  et  cultivé.  S'il  n'agit  pas  direc- 
leincnl  sur  les  centres  nerveux,  il  exerce  son  influence  par 
rinterraédiaire  des  plomaïnes  qu'il  sécrète.  Quant  à  l'ori- 
gine première  de   ce  microbe,   elle  reste  encore  un  peu 
obscure.  D'assez    nombreuses  observations   tendent  à  dé- 
montrer qu'il  se  trouve  le  plus  souvent  mélangé  à  des  pro- 
duits ayant  été  en  contact  avec  divers  animaux  ou  ayant 
reçu  leur  déjection.  La  terre,  la  paille,  les  harnais  des  che- 
vaux seraient  le  plus  fréquemment  les  agents  qui  transmet- 
leiU  le  tétanos.  C'est  là  une  hypothèse  séduisante.  Ce  n'est 
encore  pourtant  qu'une  hypothèse  et  l'on  doit  attendre  pour 
conclure  la  fin  de  l'argumentation  de  M.  Verneuil. 

'XY Académie  des  sciences  une  question  des  plus  impor- 
tantes a  été  soulevée  par  M.  Chauveau.  Il  s'agit,  en  effet, 
dans  sa  communication  que  nous  résumons  plus  loin  (p.  UO), 
non  seulement  de  Tatlénuation  des  virus  et  des  procédés  à 
mettre  en  usage  pour  l'obtenir,  mais  encore  et  surtout  de 
ce  fait  qu'un  microbe  pathogène  ^  soumis  à  l'action  de 
«•  StaiB,  T.  XXVI. 


l'oxygène  sous  pression,  peut  perdre  toutes  ses  propriétés 
virulentes,  c'est-à-dire  devenir  ei  rester  iiidéfiniment  inof- 
fensif tout  en   conservant  son  individualité   propre,   tout 
en  continuant  à  conférer  l'immunité  que  donne  l'inocu- 
lation d'un  virus.  En  d'autres  termes,  un  microbe  virulent 
peut  perdre   toutes  ses  propriétés  nocives  et  devenir  un 
vaccin,  préservant  de  la  maladie  qu'il  conférait  primiti- 
vement, alors  cependant  que  ses  caractères  extérieurs  n'ont 
pas  changé.  D'autres  procédés  physico-chimiques  pourront- 
ils  rendre  à  ce  microbe  devenu  inoffensif  la  propriété  viru- 
lente qui  lui  est  ainsi  enlevée?  Tout  tend  à  le  faire  croire, 
et,  dans  sa  réponse  à  M.  Chauveau,  —  réponse  qui  ne  figure 
pas  dans  les  Comptes  Rendus  et  que,  par  conséquent,  nous 
ne  pouvons  citer  in  extenso,  —  M.  Bouchard  a  promis  de  le 
démontrer. En  résumé, a-t-il  dit,  les  microbes  sontdesétres 
vivants  ayant  non  seulement  des  fonctions  essentielles  qui 
ne  se  modifient  pas,  mais  susceptibles  aussi  d'avoir  des 
ïoDCiions  accessoires  au  nombre  desquelles  est  la  virulence, 
fonctions  accessoires  qui  peuvent  être  supprimées  alors  que 
les  premières  persistent.  De  sorte  que,  pour  employer  le 
langage  barbare,  qui  s'introduit  peu  à  peu  en  microbiologie, 
un  microbe  pathogène  peut  devenir  saprogène  et  recouvrer 
ensuite  sa  virulence.  Nous  aurons  à  revenir  sur  cette  ques- 
tion si,  comme  nous  l'espérons,  elle  suscite  devant  l'Aca- 
démie des  sciences  ou  devant  l'Académie  de  médecine  une 
discussion  plus  étendue.  Bornons  nous  à  faire  remarquer 
de  suite  que  les  recherches  de  M.  Chauveau  confirment  ce 
que  les  observations  les  plus  récentes  ont  établi  au  sujet  de 
l'action  des  microbes.  Ce  sont  les  produits  sécrétés  et  éla- 
borés dans  Torganisnie,  lorsque  se  fait  sentir  l'action  patho- 
gène des   microbes,    qui    sont  surtout  à  considérer.   Les 
microbes  peuvent  vivre  dans  l'organisme,  s'y  développer, 
s'y  multiplier  sans  être  nécessairement  malfaisants.  Ce  sont 
leurs  sécrétions  qui  sont  nocives.  Que,  par  suite  d'une  action 
physico-chimique  qui  s'exerce  sur  le  microbe  lui-même  ou 
par  une  modification  apportée  aux  tissus  ou  aux  liquides 
dans  lesquels  vivra  et  évoluera  cet  organisme,  on  rende 
inoffensifs  les  produits  qui  résultent  de  la  vie  du  microbe  et 
tout  aussitôt  cesseront  les  accidents.  Ce  ne  sont  point  dès 
lor$  l'aspect  extérieur  ou  le  nombre  des  microbes  qui  permet- 
tront toujours  de  juger  la  gravité  d'une  maladie  déterminée. 
Le  problème  est  plus  complexe.  II  est  loin  d'ailleurs  d'être 
résolu. 

—  La  discussion  qui  s'est  ouverte  devant  la  Société  des 
hôpitaux  et  à  laquelle  n'ont  encore  pris  part  que  MM.  Se- 
vestre  et  Grancher  n'a  porté  que  sur  le   mode  de  conta- 


134    —  N*  9  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


1<'  Mars  1889 


giosité  de  la  rougeole.  Il  est  démontré  que  la  maladie  est 
très  contagieuse  dès  ses  premiers  jours,  c'est-à-dire  avant 
que  l'éruption  se  soit  manifestée,  avant  même  qiie  Ton 
puisse  observer  dans  la  gorge  l'exanthème  caractéristique. 
M.  Sevestre  en  conclut  que  le  germe  contagieux  se  propage 
par  l'intermédiaire  de  l'air  expiré;  M.  Graucher  pense,  au 
contraire,  qu'il  ne  se  transmet  que  par  les  objets  (linges, 
vêtements,  etc.)  sur  lesquels  le  mucus  nasal  ou  bronchique, 
les  larmes,  auront  été  déposés.  Ce  que  l'on  voit  dans  la 
pratique  semble  bien  donner  raison  à  Thypothèse  émise 
par  M.  Sevestre.  Un  enfant,  qui  cinq  ou  six  jours  plus  tard 
seulement  sera  atteint  de  Téruption  rubéolique,  vient 
assister  à  une  matinée.  C'est  un  enfant  de  deux  ou  trois 
aus,  qui  porté  sur  les  bras  de  sa  bonne  n'a  aucun  contact 
direct  avec  ceux  qui  l'entourent.  D'ailleurs,  pendant  les 
quelques  heures  passées  dans  un  salon  surchauiïé  et  où  l'air 
reste  confiné,  c'est  à  peine  s'il  a  toussé  ou  éternué  une  seule 
fois.  Et  cependant  dix  ou  douze  jours  plus  tard  le  nombre 
est  grand  de  ceux  qui,  à  celte  matinée^  ont  pris  la  rougeole. 
Que  cet  enfant  présente  les  prodromes  de  la  scarlatine, 
que  deux  heures  à  peine,  après  avoir  été  en  contact 
avecd'autres  enfants  il  soit  pris  de  vomissements, de  fièvre  et 
d'angine,  que  le  lendemain  matin  il  soit  couvert  de  l'exan- 
thème scarlatineux,  il  n'aura  cependant  communiqué  la 
maladie  à  aucun  de  ceux  qui  l'auront  vu,  touché,  embrassé. 
N'en  faut-il  pas  conclure  que  la  prophylaxie  de  la  rougeole 
est  à  peu  près  impossible,  tandis  que  celles  de  la  scarla- 
tine, de  la  coqueluche  et  surtout  de  la  diphtérie  sont  des 
plus  faciles.  C'est  sur  la  durée  de  la  contagiosité  et  sur  les 
moyens  à  conseiller  pour  s'assurer  qu'une  maladie  éruptive 
n'est  plus  contagieuse  que  nous  voudrions  voir  porter  sur- 
tout la  discussion. 


PATHOLOGIE  GÉNÉRALE 

Tliéorle  nerve«ae  da  psoriasis. 

On  prétend  que  lorsque  les  médecins  hésitent  sur  la 
nature  d'une  maladie,  ils  ont  toujours  la  ressource  de  dire  : 
«  C'est  nerveux,  i^  A  ce  compte,  il  y  a  longtemps  qu'ils 
auraient  dû  dire  du  psoriasis  :  c'est  nerveux  ;  car  tout  ce  qu'on 
sait  de  cette  dermatose,  abstraction  faite  de  ses  caractères 
anatomo-cliniques,  se  réduit  à  presque  rien.  Il  est  démontré 
qu'elle  n'est  pas  contagieuse,  et  il  est  généralement  admis, 
quoi  qu'en  pense  Hébra,  qu'elle  se  manifeste  de  préférence 
chez  les  arthritiques.  Voilà  tout. 

Cependant,  on  a  remarqué  encore  que  la  disposition 
interne,  —  arthritique  ou  autre,  le  nom  importe  peu,  — 
qui  préside  aux  rechutes  ou  aux  attaques  réitérées  du  pso- 
riasis, est  parfois  sollicitée  par  des  influences  acciden- 
telles servant  de  causes  provocatrices  :  tels  sont  les 
fatigues,  les  traumatismes,  les  émotions,  les  chagrins,  la 
frayeur.  La  frayeur,  voilà  déjà  un  facteur  étiologique  qui 
peut  faire  soupçonner  le  rôle  pathogénique  du  système 
nerveux,  sans  préjudice  de  l'influence  diathésique.  Mais 
certains  faits  d'un  autre  ordre  permettent  de  préciser  mieux 
l'origine  nerveuse  du  psoriasis,  en  assignant  à  cette  derma- 
tose les  attributs  essentiels  d'une  véritable  tropho- névrose. 
Il  s'agit  là  d'une  doctrine  toute  nouvelle,  peut-être  un  peu 
hardie  et,  à  coup  sûr,  imprévue.  Eu  tout  cas,  on  ne  peut 
méconnaître  qu'elle  ait  été  brillamment  soutenue  par  un 
élève  de  rhôpital  Saint-Louis,  M.  Bourdillon,  dans  une 


thèse  récompensée,  il  y  a  quelques  jours,  par  la  Faculté 
Le  professeur  Pournier  a  consacré  aussi  une  de  ses  dei 
nîères  leçons  à  ce  sujet  d'actualité.  Il  a  exposé,  avec  I 
talent  qu'on  lui  connaît,  les  arguments  qui  plaident  pot 
ou  contre  la  théorie  de  la  tropho-névrose;  sans  prendi 
parti  d'une  façon  irrévocable,  il  ne  dissimule  pas  que  ceti 
théorie  le  séduit  et  que,  faute  de  mieux,  il  serait  ass( 
disposé  à  l'accueillir,  à  l'exclusion  de  toutes  les  autres. 

I 

En  premier  lieu,  quelles  preuves  avons-nous  que  le  psc 
riasis  n'est  pas  une  détermination  cutanée  de  provenanc 
nerveuse?  Est-il  d'origine  toxique?  Nullement.  Et,  le  fût-il 
rhypothèse  n'en  serait  que  plus  vraisemblable.  Appartient 
il  en  propre  à  un  âge,  à  un  sexe,  à  une  race,  à  un  cliinal 
  un  tempérament,  à  une  classe  sociale?  Pas  davantage 
Inventaire  fait  de  toutes  les  causes  auxquelles  on  a  vouli 
le  rapporter,  nous  sommes  amené,  comme  Hebra,  à  éliini 
ner  tout;  ou,  du  moins,  pas  absolument  tout,  puisqu 
Hébra  exclut  jusqu'à  la  diathèse,  €  notre  vieille  marolb 
française  »  ;  or,  la  diathèse  nous  reste,  et  nous  y  tenons 
Aujourd'hui,  pour  le  plus  grand  nombre  des  médecin: 
français,  le  psoriasis  n'est  que  la  manifestation  extérieun 
d'une  maladie  générale  ou  d'une  prédisposition  niorbidi 
appelée,  par  Bazin,  la  diathèse  dartreuse,  variété  ou  subdi- 
vision de  l'arthritis. 

La  notion  du  parasitisme  dans  les  maladies  a  causé  toul 
d'abord  un  grave  préjudice  à  la  doctrine  des  diathèses.  Ce 
fut,  pour  la  première  fois,  le  jour  où  l'inoculation  efficace 
de  Yacarvki  scabiei  démontra  que  la  gale  n'est  pas  la  consé- 
quence d'un  vice  du  sang.  Le  bacille  de  Koch  devait,  plus 
tard,  compromettre  du  même  coup  deux  diathèses  :  la 
scrofuleuse  et  la  tuberculeuse.  On  pouvait  croire,  dès  lors, 
que  toutes  nos  dermatoses  diathésiques,  y  compris  le  pso- 
riasis, allaient  successivement  y  passer.  Mais  les  conli- 
nuateurs  de  Bazin  prétendent,  sans  doute  avec  raison,  que 
le  parasitisme,  loin  de  ruiner  la  doctrine  française,  ne  sert 
qu'à  la  corroborer.  Certainement,  la  diathèse  ne  suffit  plus 
pour  créer  des  dermatoses  de  toutes  pièces,  mais  le  terrain 
est  aussi  indispensable  que  la  graine.  Il  viendra  une 
époque  où  l'étude  chimique  du  terrain  diathésique  four- 
nira, sur  ce  point,  des  données  bien  plus  intéressantes  et 
bien  plus  décisives  que  toute  la  morphologie  bactérienne. 

En  attendant,  il  reste  à  compléter  la  liste  des  parasites 
dermatophytiques,  et,  pour  n'en  citer  qu'un,  le  champignon 
du  psoriasis  est  encore  à  découvrir.  Les  recherches  de 
Lang,  de  Wolfl*,  d'Ecklund,  n'ont  rien  tenu  de  ce  qu'elles 
avaient  promis.  Vépidermophyton  et  le  lepocolla  repens 
n'ont  pas   sitôt  vu  la  lumière  qu'ils  rentrent  déjà  dans 
l'ombre.  Ce  sont  des  parasites  sans  importance  et  ne  tirant 
point  à  conséquence.  Leurs  propres  auteurs  les  renient.  Les 
choses  en  sont  là!  Bref,  dans  l'état  actuel  de  nos  connais- 
sances, il  n'est  pas  un  témoignage  sérieux  qu'on  puisse 
invoquer  en  faveur  de  la  docirine  parasitaire  du  psoriasis; 
et,  à  moins  de  ressusciter  pour  lui  seul  la  c  spontanéité 
morbide  :»,  on  ne  sait  vraiment  pas  à  quelle  cause  les  ratta- 
cher. 

D'autre  part,  trouve-t-on  dans  ses  caractères  histolo- 
giques  un  argument  qui  fasse  évincer  de  prime  abord 
l'hypothèse  d'une  dystrophie  nerveuse?  Nullement,  car,  si 
les  modifications  épidermiques  très  simples  dans  lesquelles 
il  se  résume  ont  permis  d'admettre  l'intervention  d'un 


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N*  é  —    135 


a^ent  parasitaire,  ces  mêmes  modifications  peuvent  être 
aUribuées  tout  aussi  justement  à  une  irritation  des  filets 
nerveux  derrao-épiderraiques.  Beaucoup  de  formes  érup- 
lives,  depuis  Férythème  jusqu'à  la  vésicule,  relèvent, 
saivaiil  les  circonstances,  de  l'un  ou  l'autre  de  ces  deux 
ordres  de  causes.  Il  est  invraisemblable  que  le  psoriasis 
soil,  sous  ce  rapport,  une  espèce  exceptionnelle.  Envisagée 
30  seal  point  de  vue  de  sa  structure  microscopique,  une 
plaqué  de  psoriasis  se  réduit  toujours  à  un  trouble  de  la 
production  de  l'éléidine.  C'est  une  exagération  du  travail 
de  kéralinisation,  combinée  avec  une  élimination  insuffl- 
ante des  produits  kéralinisés  :  c'est  la  parakératose  de 
Rohioson,  Auspilz,  H.  v.  Hebra. 

Les  mêmes  altérations  sont  vulgaires,  sinon  dans  leurs 
manifestations  extérieures,  du  moins  dans  l'intimité  de 
\m  processus,  à  la  suite  des  lésions  nerveuses  les  plus 
dherjes.  Ainsi,  rien  n'est  plus  commun  que  devoir,  après 
uflc  lésion  accidentelle  ou  spontanée  des  nerfs  périphé- 
riques, Tépiderme  s'épaissir  et  se  détacher,  tantôt  en  larges 
plaques  écailleuses,  tantôt  en  petites  lamelles  furfuracées, 
dans  le  territoire  plus  ou  moins  circonscrit  où  se  distri- 
buent tes  nerfs  malades.  Existe-t-il  donc  une  si  grande 
différence  entre  ce  mode  de  desquamation  de  l'épiderme 
épaissi  et  l'exfoliation  du  psoriasis?  L'histologie,  en  tous 
cas,  serait  souvent  bien  empêchée  de  caractériser  la  diffé- 
rence en  question.  Donc,  a  priori  et  théoriquement,  rien 
ne  s'oppose  à  ce  que  le  psoriasis  résulte  d'un  trouble  Iro- 
phique  du  système  nerveux. 

II 

Un  second  ordre  d'arguments  permet  de  serrer  la  ques- 
tion de  plus  près.  Nous  venons  de  dire,  et  il  est  notoire, 
que  le  psoriasis  succède  fréquemment  à  des  causes  exclusi- 
vement morales.  Certains  sujets,  sous  l'influence  d'une 
émotion,  d'un  chagrin,  ont  des  attaques  de  psoriasis,  comme 
d'autres  ont  des  attaques  d'hystérie  ou  d'angine  de  poitrine. 
(|r,  le  relevé  minutieux  des  antécédents  morbides  chez  les 
psoriasiqnes  démontre  que  ces  malades  sont,  pour  la  plupart, 
d'un  tempérament  nerveux  ;  pour  parler  plus  exactement  et 
plus  explicitement,  ils  sont  ou  ont  été,  à  un  moment 
donné,  atteints  de  quelque  phénomène  névropathique  bien 
caractérisé.  Et  si,  par  hasard,  ils  sont  indemnes  de  toute 
lare  nerveuse  personnelle,  on  retrouve,  en  cherchant  bien, 
les  symptômes  d'un  état  névropathique,  quelles  qu'en  soient 
les  manifestations,  chez  leurs  ascendants  directs  uu  parmi 
leurs  collatéraux  les  plus  proches.  Ce  sont,  comme  on  dit 
aujourd'hui,  des  membres  de  la  «  famille  névropathique  ». 
Il  n'est  donc  pas  surprenant  qu'une  dermatose  d'ordre 
ncryeux  se  produise  sur  de  tels  sujets.  Nous  y  reviendrons, 
d'ailleurs,  dans  un  instant. 

Voici,  maintenant,  une  autre  série  d'arguments.  C'est  un 
fait  remarqué  de  longue  date  (alors  môme  que  la  discussion 
actuelle  n'était  ni  soulevée  ni  prévue)  que  le  psoriasis  est 
très  fréquemment  symétrique.  Il  a  une  tendance  marquée 
à  la  bilaléralité  et  il  envahit,  le  plus  souvent,  des  parties 
similaires.  Cela  ne  peut  être  un  simple  effet  du  hasard.  La 
symétrie  des  éruptions,  en  général,  est  certainement  un 
résultat  voulu  par  la  cause  éloignée  et,  il  faut  l'avouer, 
encore  obscure,  qui  préside  à  leur  distribution.  Comment 
se  soustraire  à  l'hypothèse  que  la  cause  dont  il  s'agit  — 
lésion  ou  trouble  fonctionnel  —  réside  dans  un  appareil 
tout  préparé  pour  la  systématisation  des  localisations  mor- 


bides? Comment,  cette  hypothèse  une  fois  admise,  hésiter 
sur  l'organe  qui  commande  la  répartition  symétrique  des 
éléments  éruptifs?  Quel  autre  organe  que  l'axe  médullaire 
possède  cette  faculté  de  coordination? 

Il  est,  d'ailleurs,  une  forme  toute  particulière  de  psoria- 
sis qui  atteste  l'intervention  des  centres  spinaux.  C'est  celle 
qu'on  a  désignée,  à  très  juste  titre,  sous  le  nom  de  psoria-- 
sis  douloureux.  L'éruption,  dans  la  forme  dont  il  s'agit, 
n'est  certainement  qu'un  symptôme  accessoire,  presque 
indifférent.  Ce  qui  domine,  c'est  Virritation  spinale,  dans 
le  sens  le  plus  large  qu'on  attribue  à  ce  terme.  Les  douleurs 
occupent  de  préférence  les  jointures.  Elles  sont  provoquées 
par  la  pression  la  plus  légère.  Tout  le  tégument  qui  les 
avoisine  est  hyperesthésié.  Évidemment,  il  s'agît  là  plutôt 
d'une  arthralgie  que  d'autre  chose;  mais  il  est  impossible 
de  ne  pas  tenir  compte  aussi  de  quelques  phénomènes 
accessoires  qui  complètent  le  tableau  clinique  :  les  mêmes 
malades,  en  effet,  sont  sujets  à  des  névralgies  de  siège  et 
d'intensité  variables,  névralgies  le  plus  souvent  intercos- 
tales ou  sciatiques,  à  des  myalgies,  à  des  engourdissements 
ou  à  des  fourmillements  des  extrémités,  à  des  contractures 
musculaires  ordinairement  transitoires,  parfois  cependant 
permanentes,  à  des  spasmes  plus  ou  moins  complexes, 
enfin,  et  surtout,  à  l'exagération  constante  des  réflexes 
tendineux.  Les  articulations,  cependant,  ne  renferment  pas 
de  liquide,  et  les  douleurs  dont  elles  sont  le  siège  n'ont  pas 
la  mobilité  qu'on  observe  dans  le  rhumatisme  proprement 
dit,  et,  en  particulier,  dans  le  rhumatisme  aigu  ou  subaigu. 

m 

Il  nous  faut  parler  maintenant  d'une  autre  variété  d'ar- 
thropathies  douloureuses  dont  la  parenté  avec  le  psoriasis 
parait  établie  sur  des  fails  d'une  authenticité  clinique  encore 
plus  irréfutable.  C'est  dans  l'histoire  de  ces  faits  que 
M.  Bourdillon  pense  avoir  trouvé  les  preuves  les  plus  con- 
vaincantes en  faveur  de  la  nouvelle  doctrine.'  Nous  serons 
bref. 

Si  la  coexistence  des  arthropathies  avec  le  psoriasis  est 
connue  depuis  longtemps,  si  elle  a  été  signalée  par  nombre 
d'auteurs,  notamment  par  Alibert,  Gibert,  Cazenave,  Dever- 
gie,  Bazin,  etc.,  il  importe  d'insister,  plus  que  ne  l'ont  fait 
tous  ces  maîtres,  sur  la  chronicité  des  localisations  articu- 
laires chez  les  malades  atteints  de  psoriasis  chronique.  Ce 
qui,  d'une  façon  générale,  est  peut-être  encore  plus  frap- 
pant que  ce  rapport,  c'est  la  coïncidence  des  exacerbalions 
arthropathiques  avec  les  exacerbations  de  l'éruption.  Enfin, 
soit  dans  la  forme  chronique  progressive,  soit  dans  la  forme 
chronique  à  paroxysmes  successifs,  les  arthropathies  en 
question  ont  encore  ce  caractère  essentiel,  qu'elles  n'aban- 
donnent jamais  leur  localisation  première.  Donc,  nul  espoir 
de  guérison  complète.  Il  faut  dire  d'ailleurs  que  l'impo- 
tence fonctionnelle  qui  résulte,  à  la  longue,  du  progrès  du 
mal,  s'explique  ici  par  l'ensemble  bien  connu  des  altéra- 
tions ostéo-fibreuses  qui  constituent  les  rhumatismes  défor- 
mants :  distorsions,  ankyloses,  atrophies  musculaires,  etc. 

Si  les  lésions,  d'abord  localisées  sur  deux  ou  quatre  join- 
tures symétriques,  empirent  constamment  sans  manifester 
la  moindre  tendance  à  rétrocéder,  cela  n'implique  pas  que 
d'autres  articulations  ne  puissent  être  prises  à  leur  tour  ; 
bien  au  contraire.  Comme  dans  le  rhumatisme  noueux,  la 
généralisation  est  chose  commune.  Mais  alors  chaque  nou- 
velle arthrite  parcourra  les  mêmes  phases  que  les  pre- 


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mières.  Même  destinée,  même  aggravation  fatale.  Sous  ce 
rapport  et  à  première  vue,  les  arthropathies  des  psoriasi- 
ques  ne  diffèrent  donc  pas  beaucoup  de  celles  que  nous  pré- 
sentent si  fréquemment,  dans  les  asiles  d'incurables,  les 
vieux  rhumatisants  et  surtout  les  vieilles  rhumatisantes. 

Pendant  ce  temps,  l'éruption  psoriasique  fait,  de  son 
côté,  des  progrès  en  surface  et  en  épaisseur  ;  elle  se  trans- 
forme, même  au  point  de  devenir  méconnaissable.  Elle  se 
généralise,  tout  en  conservant  son  caractère  fondamental, 
qui  est  la  symétrie,  et  arrive  parfois  à  envahir  la  totalité  du 
tégument.  Désormais  ce  n'est  plus  un  psoriasis  ;  c'est  une 
véritable  dermatite  exfoliatrice,  dont  les  débris  jonchent  à 
profusion  le  lit  du  patient.  Ajoutons,  pour  compléter  le 
tableau,  qu'on  observe  assez  souvent  des  troubles  de  sécré- 
tion tels  que  la  suppression  des  sueurs  ou  leur  apparition 
sur  un  point  limité,  et  le  développement  exagéré  des  poils 
»ur  un  ou  plusieurs  segments  des  membres.  Inutile  d'in- 
sister sur  l'importance  de  ces  derniers  phénomènes  dont 
l'interprétation  pathogénique  ne  comporte  aucune  hésita- 
tion. 

Les  psoriasiques  arlhropathiques  sont  parmi  ces  malades 
inguérissables  qui  ont,  comme  on  dit,  la  vie  dure.  Amaigris, 
décharnés,  cachectiques,  condamnés  à  l'immobilité  à  per- 
pétuité, ils  ne  succombent,  le  plus  ordinairement,  qu'à  une 
maladie  intercurrente,  à  la  pneumonie  par  exemple,  la 
maladie  «  terminale  »  entre  toutes. 

IV 

Dans  ce  qui  précède  peut-on  trouver  les  éléments  d'une 
théorie  pathogénique  rationnelle?  —  Tout  d'abord,  si 
rien  ne  s'oppose  à  considérer  le  psoriasis  comme  un  trouble 
trophique  de  l'épiderroe  et  les  arthropathies  comme  des 
troubles  trophiques  des  jointures,  la  coïncidence  de  ces 
deux  déterminations  dystrophiques  n'a  rien  non  plus  qui 
doive  surprendre.  Malheureusement  les  recherches  micro- 
scopiques de  Leloir^  Vidal,  Kopp  n'ont  pas  permis,  du  moins 
jusqu'à  ce  jour,  de  découvrir  dans  les  filets  nerveux 
recueillis  au-dessous  des  plaques  psoriasiques,  la  moindre 
altération  comparable,  de  près  ou  de  loin,  à  celles  qu'on  a 
constatées  dans  tant  d'autres  dermatoses.  D'autre  part,  les 
arthropathies  dont  il  s'agit  n'ont  pas  cessé  d'être  confondues 
avec  celles  du  rhumatisme  chronique  déformant.  —  Voilà 
donc  deux  objections  qui  ne  sont  pas  sans  valeur. 

Pourtant,  eu  ce  qui  concerne  la  première,  on  peut  faire 
valoir  que  tous  les  troubles  trophiques  de  la  peau  ne  sont 
pas  nécessairement  commandés  par  des  lésions  anatomi- 
ques  des  nerfs.  Si  l'on  veut  être  édifié  sur  ce  point,  il  suffit 
de  lire  les  observations  très  démonstratives  que  M.  Leloir  a 
récemment  réunies  sous  le  titre  de  dermatoses  par  choc 
moral.  Le  psoriasis  mérite  de  figurer  dans  ce  groupe  :  les 
cas  auxquels  nous  avons  fait  allusion  plus  haut  en  font  foi. 

La  seconde  objection  a  aussi  ses  côtés  faibles.  En  premier 
lieu,  personne  n'ignore  que  la  symétrie  des  localisations 
articulaires  rhumatismales  avait  suggéré  à  de  nombreux 
auteurs  et  déjà  depuis  plus  de  cinquante  ans,  l'hypothèse 
que  le  rhumatisme  (aigu  ou  chronique)  est  sous  la  dépen- 
dance d'un  trouble  matériel  ou  fonctionnel  de  la  moelle 
épinière.  La  précocité  des  atrophies  musculaires  périphé- 
riques dans  le  rhumatisme  chronique  n'a  fait  que  confirmer 
cette  manière  de  voir,  toutefois  sans  la  consacrer  définiti- 
vement. M.  Charcot  qui,  le  premier  peut-être,  a  plaidé 
énergiquement  (à  une  époque  où  il  y  avait  quelque  mérite 


à  le  faire)  en  faveur  de  l'origine  trophique  de  certaines 
lésions  cutanées,  a  été  le  premier  aussi  à  insister  sur  les 
étroites  connexions  des  atrophies  musculaires  avec  les 
arthropathies  rhumatismales. 

Puis,  il  faut  bien  —  car  on  ne  saurait  trop  y  revenir  — 
attribuer  aux  circonstances  étiologiques  l'importiioce 
qu'elles  méritent.  La  famille  névropathique  est  proche 
parente  de  la  famille  arthritique.  Dans  l'une  et  l'autre  les 
manifestations  morbides  sont  comme  les  rameaux  de  deux 
arbresqui  s'entrelacent  :  «  Les  deux  arbres,  dit  M.  Charcot, 
sont  voisins,  ils  communiquent  par  leurs  racines  et  ont  des 
relations  tellement  intimes  qu'on  peut  se  demander  quel- 
quefois si  ce  n'est  pas  le  même  arbre.  > 

A  cet  égard  les  observations  de  la  thèse  de  M.  Bourdillon 
sont  pleines  d'enseignements.  Qu'on  en  juge  par  une  seule. 
Un  homme  de  cinquante  et  un  ans  est  atteint  d'un  psoriasis 
encore  discret  combiné  avec  des  arthropathies  déformantes 
localisées  à  la  main.  Ce  malade,  qui  n'eut  sa  première 
attaque  de  psoriasis  qu'à  l'âge  de  quarante-neuf  ans,  avait 
été  depuis  son  enfance  affligé  de  tous  les  accidents  de  fhys- 
téro-neurasthénie  au  grand  complet.  On  l'avait  même  soigné 
en  1866  pour  une  (c  maladie  de  la  moelle  épinière  >.  Voici 
maintenant  ce  qu'on  a  pu  savoir  sur  sa  famille  :  père  très 
nerveux,  violent,  sujet  à  des  emportements,  mort  d'une 
attaque  d'apoplexie  ;  mère,  encore  vivante,  âgée  de  quatre* 
vingts  ans,  autrefois  grande  hystérique  (elle  eut,  à  l'époque 
de  la  ménopause,  jusqu'à  cinq  crises  convulsives  par  jour); 
frère  maniaque,  suicidé  à  trente  et  un  ans;  deux  nièces, 
l'une  arriérée,  l'autre  âgée  de  dix-huit  ans  et  encore  atteinte 
d'incontinence  d'urine. 

Les  renseignements  dont  il  s'agit  ne  sont  pas  de  ceux 
auxquels  on  attachait  jusqu'à  présent  une  grande  valeur 
lorsqu'on  se  trouvait  en  présence  d'un  cas  de  psoriasis. 
D'autre  part  il  est  évident  que  les  malades  ne  sont  jamais 
disposés  à  les  fournir  spontanément.  A  l'hôpital,  on  a  plus 
de  peine  aussi  à  les  obtenir  parce  que  les  sujets  sont  moins 
au  courant  de  leur  généalogie  pathologique.  Il  faut  insister 
cependant,  faire  appel  à  des  souvenirs  quelquefois  assez 
lointains.  Et  quand  on  s'en  donne  la  peine,  ainsi  que  l'a 
fait  M.  Bourdillon,  on  arrive  à  des  résultats  toujours  trèà 
significatifs. 


Faut-il  conclure  maintenant,  de  cet  exposé  des  faits,  que 
tous  les  psoriasis  sont  des  trophonévroses  ?  —  Ce  sérail 
assurémeut  prématuré.  Il  suffit  de  savoir  que  beaucoup  de 
psoriasis  et  en  particulier  les  psoriasis  douloureux  sont  une 
manifestation  cutanée  de  névropalhie.  Et  le  rhumatisme 
chronique,  dira-l-on  ?  Est-il  donc,  lui  aussi,  toujours  un 
trouble  trophique  d'origine  spinale?  L'ancienne  hypothèse 
de  Milchell  serait-elle  près  de  recevoir  sa  confirmation (l)j 
A  cela  M.  Bourdillon  répond  d'une  façon  évasive.  Mais  il 
paraît  ressortir  de  son  travail  que  les  arthropathies  psoria- 
siques, malgré  leur  ressemblance  frappante  avec  celles  de 
la  maladie  de  Landré  Beauvais,  en  diffèrent  par  certaines 
particularités  que  nous  allons  énumérer  brièvement. 

D'abord,  et  c'est  là  le  point  important,  on  les  observerait 
chezles  hommes  beaucoup plussouventquechezlesfemmes. 
Puis,  on  constate,  chez  les  psoriasiques,  que  les  articu- 
lations des  doigts  sont  ordinairement  les  dernières  frap- 
pées, juste  l'inverse  de  ce  qui  se  passe  chez  les  rhumatisant? 

(i)  Conférences  Pilrcsi  et  VaUIard  :  Névrite*  périphiriquet  dans  le  rhuinA- 
tiime  chronique  {Revue  dt  méiecinc,  1887,  n*  7). 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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chroniques.  Les  nouures  propremeni  dites  font  souvent 
défaut.  Elles  semblent  même  devoir  être  considérées  comme 
très  rares  dans  la  forme  généralisée.  Au  lieu  d*un  gonfle- 
Qieoldes  petites  épiphyses,  on  observerait  plutôt  une  dimi- 
nution de  la  substance  osseuse  au  niveau  des  interlignes 
articulaires.  Cette  raréfaction  du  tissu  osseux  n'a-t-elie  pas 
quelque  analogie  avec  celle  qui  caractérise  les  arthropathies 
du  tabès  ?  Notons  encore  que  Tinclinaison  des  doigts  vers 
le  bord  cubital,  qui  est  un  signe  commun  du  rhumatisme 
noueux,  est  rare  chez  les  psoriasiques  ;  ceux-ci  présente- 
raient plutôt  le  phénomène  inverse.  Enfin,  ces  malades  ont 
mm  souvent  la  déformation  du  pied  en  varus  ou  en  valgus 
qu'une  simple  extension  rectiligne  avec  exagération  de  la 
voùle  plantaire. 

Voilà,  en  résumé,  des  constatations  cliniques  fort  inté- 
ressantes. Les  faits  sont  là,  c'est  la  chose  importante.  Du 
jouroù  ils  auront  suffisamment  éveillé  l'attention,  nous  les 
T<!rrons,  sans  doute,  se  multiplier.  Pour  le  moment,  les 
i^rpothëses  pathogéniques  sont  inutiles.  Cependant  nous 
enregistrons  celle  de  M.  Bourdillon;  elle  est  ingénieuse- 
ment présentée  ;  elle  a  surtout,  quel  que  soit  son  avenir, 
le  grand  mérite  de  s'appuyer  sur  des  observations  bien 
recueillies  et  complètes. 

E.  Brissaud. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

CLINIQUE  DU  VAL-DE*GRACE  :    M.   LE  PROFESSEUR    GHAUVEL. 
ilYOPIE  CONGÉNITALE  AVEC  ASTIGMATISME.  —  M.  Chauvel 

présente  deux  jeunes  soldats  atteints  d'une  diminution 
considérable  de  la  vision,  sans  correction  marquée  par  les 
verres.  Ces  hommes,  cultivateurs,  sans  antécédents  héré- 
dilaires,  n'ont  jamais  vu  de  loin  ;  dès  leur  enfance  l'am- 
blyopie  était  aussi  prononcée  qu'aujourd'hui.  Ils  n'ont  pas 
soutiert  des  veux  et  l'on  ne  constate  à  l'examen  aucune 
lésion  des  liémisphères  extérieurs.  Impossible  de  tirer 
aucun  renseignement  des  méthodes  subjectives  d'explora- 
tion, tant  en  raison  de  la  faiblesse  de  la  vue  que  du  peu 
d'intelligence  ou  de  bonne  volonté  des  sujets. 

Le  professeur  insiste  sur  la  nécessité  dans  ces  conditione 
frexplorations  objectives  complètes.  Il  montre  que  gràcs 
à  la  kératoscopie  et  à  l'angioscopie,  grâce  à  l'emploi 
•iesophlalmoraètres,  on  peut  affirmer  :  1°  qu'il  existe  une 
myopie  de  6  dioptries  environ  ;  2'  qu'un  astigmatisme  cor- 
née» de  3  à  4  dioptries  vient  compliquer  la  situation  et 
rendre  compte  des  difficultés  de  la  correction,  sinon  de 
son  impossioilité.  M.  Chauvel  insiste  enfin  sur  l'absence 
presque  complète  des  lésions  staphylomateuses  caractéri- 
stiques de  la  myopie  forte,  contrairement  à  l'opinion  géné- 
rale en  ce  qui  concerne  ces  amétropies  congénitales. 

Choroïdite  maculaïre  congénitale.  —  En  présentant 
un  jeune  soldat  atteint  de  cette  lésion  de  la  choroïde  à 
i'œil  droit,  M.  Chauvel  insiste  sur  la  fréquence  relative- 
menigrandede  cette  cause d'amblyopie.  Il  en  observe  chaque 
année  2  ou  3  cas  environ  sur  1500  sujets.  Remontant 
probablement  jusqu'à  la  vie  intra-utérine,  cette  affection 
localisée  à  la  membrane  vasculaire  ne  se  traduit  que  par 
iamblyopie  plus  ou  moins  prononcée  qu'elle  entraîne.  Elle 
nesaufait  échappera  un  examen  ophtalmoscopique  sérieux, 
^J,  ses  variétés  comme  étendue,  comme  forme  sont  con- 
sidérables. Il  n'a  pu  jusqu'ici  retrouver  la  cause  première 
<le  cette  choroïdite,  mais  elle  ne  saurait  être  rapportée  à  la 
syphilis  héréditaire. 


hôpital  sainte^anne  :  m.  le  professeur  ball. 

Les  mélancoliques.  —  Les  troubles  symptomatiques  que 
présentent  les  mélancoliques  sont  nombreux  et  variés  :  le 
mélancolique  respire  mal;  sa  respiration  est  insuffisante 
soit  en  nombre  soit  en  qualité  ;  le  rythme  en  est  saccadé, 
irrégulier;  le  rapport  entre  le  nombre  des  inspirations  et 
celui  des  pulsations  se  trouve  troublé  ;  une  inspiration  cor- 
respond à  cinq  ou  six  pulsations;  il  y  a  défaut  d'oxydation, 
de  combustion,  dû  à  un  trouble  circulatoire  et  à  un  abais- 
sement de  température. 

Au  point  de  vue  de  la  digestion,  on  constate  qu'en  géné- 
ral les  mélancoliques  refusent  les  aliments  ;  sans  le  secours 
de  la  sonde  ils  mourraient  de  faim.  Souvent  il  y  a 
anorexie,  répugnance  pour  les  aliments;  il  peut  aussi 
arriver  que  leur  refus  tienne  à  des  idées  délirantes;  dans 
ces  cas  ils  craignent  d'être  empoisonnés;  enfin  leur  absti- 
nence systématique  peut  encore  être  due  à  des  hallucina- 
tions de  l'ouie,  des  voix  leur  commandent  de  ne  pas  manger, 
leur  salut  ou  ceux  des  leurs  se  trouvent  ensuite  compromis. 
Il  y  a  des  mélancoliques  qui  refusent  de  manger  simplement 
par  amour-propre;  ils  ont  dit  qu'ils  ne  le  feraient  pas,  ils 
veulent  maintenir  leur  dire. 

C'est  là  un  point  de  contraste  entre  le  maniaque  et  le 
mélancolique  :  tandis  que  ce  dernier  se  maintiendrait 
volontiers  dans  le  jeûne,  le  premier,  au  contraire,  en  proie 
à  une  faim  canine  se  lance  gloutonnement  sur  les  aliments. 

La  constipation  opiniâtre  qui  existe  chez  les  mélanco- 
liques fait  qu'on  les  airait  atteints  de  paralysie  de  l'intestin. 

Chez  les  mélancolioues  l'appareil  digestif  est  troublé 
dans  son  ensemble.  L  amaigrissement  notable  qu'ils  pré- 
sentent s'explique  surtout  par  une  raison  d'ordre  cérébral  ; 
troublé  dans  ses  fonctions,  le  cerveau  oublie  de  réveilller 
l'appétit  qui  s'endort. 

Le  mélancolique  ne  dort  jamais,  le  cerveau  mal  irrigué 
n'a  plus  la  turgescence  vitale  nécessaire  pour  que  le 
sommeil  s'ensuive.  D'ordinaire  il  a  la  bouche  sèche,  con- 
trairement au  maniaque;  il  transpire  encore  moins;  la 
peau  est  sèche,  rugueuse,  fendillée.  Les  urines  sont  rares, 
peu  abondantes  et  fortement  chargées  de  principes  extrac- 
tifs.  Par  une  sorte  d'anesthésie  il  peut  garder  longtemps 
ses  urines.  Le  mélancolique  vide  rarement  sa  vessie.  Dans 
ses  urines  on  a  signalé  un  excès  d'acide  urique,  d'urates 
alcalins  et  de  phosphates.  On  peut  encore  y  rencontrer  du 
sucre  et  parfois  un  excès  de  ptomalnes. 

Dans  ces  derniers  temps  des  auteurs  qui  ont  repris  l'ex- 
périence du  vernissage  des  animaux  sont  arrivés  à  la  con- 
clusion que  leur  mort  était  due  à  la  rétention  par  l'écono- 
mie d'un  poison  spécial  (ptomalne)  non  déterminé.  Le 
tirofesseur  Ball,  en  se  basant  sur  la  rareté  de  sueurs  che2 
es  mélancoliques,  croit  q^ue  chez  beaucoup  d'entre  eux 
sinon  chez  tous  il  y  aurait  lieu  de  tenir  compte  de  l'exis- 
tence d'un  poison  de  nature   animale. 

En  dehors  des  troubles  cités,  les  mélancoliques  pré- 
sentent encore  des  troubles  de  la  motilité.  Souvent  ils  ne 
veulent  pas  quitter  leur  lit.  Loin  d'être  exclusif  comme 
certains  auteurs,  le  professeur  Ball  est  d'avis  qu'il  y  a 
des  cas  où  on  doit  respecter  cette  torpeur,  tandis  que  dans 
d'autres  cas  il  faut  chercher  à  la  vaincre. 

Le  plus  généralement  muets,  quand  on  parvient  à  vaincre 
leur  silence,  leur  voix  presque  éteinte  est  faible,  basse, 
caverneuse;  cela  dépend,  en  dehors  d'autres  causes,  d'une 
parésie  des  tenseurs  des  cordes  vocales. 

Le  trouble  de  la  sensibilité  que  l'on  constate  le  plus 
souvent  chez  les  mélancoliques  est  l'anesthésie  ;  c'est  ainsi 
que  l'on  a  vu  des  mélancoliques  se  brûler  sans  laisser  voir 
aucune  manifestation  qui  fît  croire  qu'ils  sentaient  ;  de 
même  on  en  a  vu  dans  la  neige  qui  ne  semblaient  rien 
éprouver.  C'est  encore  par  l'anesthésie  que  l'on  explique 


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!•'  Mars  1889 


les  mutilations  auxquelles  ils  se  livrent  si  Tréquemment. 
Les  hallucinations  de  Touie  sont  terrifiantes  ou  délirantes. 
On  observe  aussi  des  sensations  morbides  du  c6té  de  la 
peau,  des  troubles  de  Todorat  ou  bien  du  goût,  des  troubles 
génitaux,  etc. 

Les  troubles  de  la  vue  sont  rares  chez  les  mélancoliques 
à  moins  toutefois  qu*ils  s'agisse  par  exemple  de  la  lipéma- 
nie  alcoolique  ou  encore  la  mélancolie  hystérique. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Cllolqne  miédlcale* 

Db  la  syrinoomyélib.  Communication  faite  à  la  Société 
médicale  des  hôpitaux,  dans  la  séance  du  ^2  février  1889, 
par  M.  le  docteur  Debove,  agrégé  de  la  Faculté,  médecin 
de  l'hôpital  Andral. 

Il  y  a  peu  d'années  la  syringomyélie  était  une  simple 
curiosité  anatomique  et  son  diagnostic  semblait  impossible. 
Aujourd'hui,  grâce  aux  travaux  publiés  à  l'étranger  par 
Fr.  Schultze  (1),  Kahler  (2),  Rolh  (3),  Bernhardt  (4),  etc., 
nous  pouvons,  dans  la  majorité  des  cas,  la  reconnaître  du 
vivant  même  du  malade.  Ses  symptômes,  si  caractéristiques 
cependant,  sont  si  peu  connus  en  France  qu'il  m'a  paru 
intéressant  de  vous  présenter  un  malade  qui  est  un  type  de 
ce  genre  d'affection. 

Je  disque  la  syringomyélie  a  été  peu  étudiée  en  France  ; 
cependant  M.  le  docteur  Morvan  (5)  (de  Lannilis)  a  décrit 
sous  le  nom  de  parésie  analgésique  ou  paréso-analgésie 
des  extrémités  supérieures,  une  maladie  identifiée  à  la 
syringomyélie  par  A.  Broca  (6),  Bernhardt  et  Roth. 
MM.  Monod  et  Reboul  (7)  croient,  au  contraire,  qu'il  s'agit 
d'une  affection  nerveuse  périphérique  et  dans  une  autopsie 
récente,  sur  un  malade  soigné  par  Mqrvan  même,  ils  n'ont 
trouvé  aucune  lésion  médullaire  (communication  verbale). 
La  question  de  l'identité  ou  non  des  deux  maladies  n'est  pas 
encore  tranchée,  mais  l'autopsie  de  MM.  Monod  et  Reboul 
nous  fait  penser  qu'elle  le  sera  dans  le  sens  de  la  non-iden- 
tité. 

Permettez-moi,  avant  de  présenter  mon  malade,  de  rap- 

Seler  les  lésions  et  symptômes  d'une  maladie  dont  les 
étails  peuvent  ne  pas  être  présents  à  l'esprit  de  plusieurs 
d'entre  vous.  Anatomiqueuient,  la  syringomyélie  est  carac- 
térisée par  une  destruction  de  la  substance  grise  de  la 
moelle  épinière,  destruction  plus  ou  moins  étendue  dans  le 
sens  transversal  et  dans  le  sens  longitudinal.  Les  cordons 
de  substance  blanche  sont  alors  plus  ou  moins  lésés.  S'agit- 
il  d'une  affection  ayant  pourpoint  de  départ  le  canal  central, 
ou  d'une  gliomatose,  c'est-à-dire  d'une  inflammation  des- 
tructive de  la  nevroglie;  les  deux  opinions  ont  été  soute- 
nues, et  en  l'absence  de  toute  autopsie  récente  je  me  gar- 
derai bien  d'avoir  un  avis. 

La  syringomyélie  est  surtout  caractérisée  par  des  troubles 
de  la  sensibilité  à  la  douleur  et  à  la  température,  alors  que 
la  sensibilité  au  tact  est  presque  indemne,  et  par  des  trou- 
bles trophiques  intéressant  divers  tissus,  muscles,  os,  etc. 
Notre  malade  présente  à  un  haut  degré  ces  divers  symp- 
tômes. Chez  lui,  la  sensibilité  de  la  douleur  a  disparu  des 
pieds  à  la  tête.  On  peut,  en  toute  région,  pincer,  irriter  la 

Feaii,  même  violemment,  le  malade  sent  bien  le  pincement, 
irritation,  mais  ne  perçoit  aucune  douleur. 

(1)  Schultze.  ZeiUchrift  fur  kliniichèiMedicin.  Bd  XIII.  Hilfl  Ù. 

(2)  Kahler,  Ueber   dU  Diaffnoie  der  Syringo'hyeUe.  Prâper  medicin.  Wochen- 
tthrift.  S.  63, 188H. 

(3)  Rotlt,  Gliomatote  médullaire  (Arckivet  de  neurolofie,  1887.  Vol.  ii  et 
suivants. 

(4)  Bembardl,  Centralblatt  fur  Nervenheitkunde,  1887,  n«  i,  ei  1889,  n»  2. 

(5)  Morvan,  Gaz.  hek.,  1886.  n»33  et  suiv.;  1887,  n«  41. 

(6)  A.  Broca,  Ga%.  heb.,  1888,  n«  39. 

(7)  Moood  et  Reboul«  Archivée  glniraiu  de  médecine,  1888. 


La  thermoanesthésie  est  moins  étendue.  Elle  est  com- 
plète pour  toute  la  partie  des  membres  inférieurs  située 
au-dessous  d'un  plan  perpendiculaire  au  tiers  moyen  de  la 
cuisse,  et  pour  la  partie  des  membres  supérieurs  située  au- 
dessous  d'un  plan  passant  par  l'insertion  humérale  du  del- 
toïde. La  thermoanesthésie  est  beaucoup  moins  nrononcée 
à  ta  racine  des  membres,  au  tronc  et  au  cou,  elle  n'existe 
pas  à  la  tète.  Les  muqueuses  oculaires  et  buccale  sont  sen- 
sibles à  la  chaleur  et  le  malade  sait  parfaitement  si  sa  soupe 
est  trop  chaude.  Cette  thermoanesthésie  a  donné  lieu  à  un 
accident  le  jour  même  de  l'entrée  à  l'hôpital.  Le  malade  se 
plaignant  d'une  sensation  subjective  de  froid,  on  lui  mit  aux 
pieds  une  boule  trop  chaude  qui  le  brûla  à  son  insu. 
Aujourd'hui,  au  bout  d'un  mois,  ces  brûlures  ne  sont  pas 
encore  cicatrisées,  moins  à  cause  de  leur  profondeur  qu'à 
cause  des  troubles  trophiques  dépendant  de  la  lésion  du 
système  nerveux. 

Malgré  ce  trouble  profond  de  la  sensibilité  à  la  chaleur 
et  à  la  douleur,  la  sensibilité  tactile  est  conservée  sur  toute 
l'étendue  du  tégument,  je  ne  dirai  pas  qu'elle  est  intacte, 
mais  elle  ne  s'éloigne  guère  de  la  normale. 

Les  organes  des  sens  spéciaux  ne  présentent  rien  d'ano- 
mal. 

J'arrive  maintenant  aux  troubles  trophiques.  Le  plu> 
caractéristique  est  une  atrophie  musculaire  de  la  main  el 
de  l'avant-bras  droit,  affectant  le  type  Duchenne-Aran.  L'é- 
minence  hypothénar  n'existe  plus,  le  relief  de  réminence 
thénar  est  notablement  diminué,  les  muscles  interosseus 
ont  en  grande  partie  disparu.  L'atrophie  de  l'avant-bras 
parait  surtout  porter  sur  I  extenseur  commun  des  doigts.  Il 
résulte  de  ces  diverses  atrophies  une  déformation  de  la  main, 
une  griffe,  amenant  la  flexion  permanente  des  trois  derniers 
doigts;  ils  se  laissent  d'ailleurs  facilement  redresser,  car  il 
n'y  a  pas  de  contracture.  Le  bras  de  ce  côté  est  normal,  le 
deltoïde  correspondant  est  un  neu  atrophié. 

La  main  gauche  est  le  siège  aune  atrophie  non  douteuse, 
beaucoun  moins  prononcée  quà  droite,  n'amenant  pas  en- 
core de  aéformation  notable  et  permettant  tous  les  mouve- 
ments. Le  bras,  l'avant-bras,  l'épaule  de  ce  côté  sont  à  peu 
près  normaux,  il  en  est  de  même  des  muscles  du  tronc  et  de 
ta  tête. 

Aux  membres  inférieurs,  les  muscles  du  mollet  et  le  tri- 
ceps crural  du  côté  gauche  sont  un  peu  moins  volunnineui 
que  les  congénères  du  côté  opposé.  Mais  ces  atrophies  ne 
suffisent  pas  à  expliquer  la  faiblesse  du  malade  qui  ne  sau- 
rait marcher  quelques  centaines  de  mètres. 

Il  existe  encore  ici  un  autre  trouble  trophique,  c'est  une 
scoliose  prononcée  de  la  région  dorso-lombaire.  Sa  con- 
cavité est  tournée  à  droite  ;  il  existe  une  courbure  de  com- 
pensation à  la  région  dorsale. 

Nous  n'avons  pas  observé  d'autres  troubles  trophiques 
fréquemment  relevés  en   pareille  circonstance,  tels  que 
affections  osseuses  (panaris),  cutanées  (eczémas  rebelles), 
ou  sous-cutanées  (phlegmons)  etc.  Hais  depuis  peu  de  temps  > 
est  survenu  un  phénomène  qui  peut  également  être  rap- 
porté à  un  trouble  trophique.  L'urine  est  abondante  et  légè- 1 
rement  trouble,  elle  contient  des  globules  de  pus,  et  pour 
qui  connaît  la  signification  de  la  cystite  dans  les  myélites,  1 
il  y  a  là  une  lésion  dont  il  faut  tenir  grand  compte  au  point 
de  vue  du  pronostic.  j 

Les  réflexes  papillaires  pharyngés,  crémastériens  sont  I 
conservés.  Les  réflexes  tendineux  sont  abolis  aux  membres 
supérieurs.  Aux  membres  inférieurs,  le  réflexe  rotuJien  a 
disparu  à  gauche,  il  est  exagéré  à  droite.  Cet  état  contra- 
dictoire semble  indiquer  qu'à  la  région  lombaire  droite,  la 
lésion  s'est  étendue  au  cordon  latéral,  tandis  que  du  côté 
opposé  elle  s'est  étendue  au  cordon  postérieur.  De  inénie 
l'atrophie  du  membre  supérieur  droit  indiquait  que  h 
substance  grise  intéressait  une  partie  de  la  corne  antérieure 
droite  du  renflement  cervical. 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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Voilà  à  peu  près  tous  les  phénomènes  présentés  par  notre 
malade,  il  ne  me  reste  plus  guère  qu'à  énuraéreraes  signes 
négaïifs.  Il  n'y  a  pas  et  il  n'y  a  jamais  eu  de  douleurs,  con- 
Ifairement  à  ce  qui  a  été  observé  chez  nombre  de  ces  mala- 
des, nous  trouvons  tout  au  plus  à  noter  des  sensations 
subjectives  du  froid.  Nous  n'avons  constaté  aucun  trouble 
des  organes  internes.  Le  malade  est  assez  triste,  mais  son 
état  cérébral  est  suffisamment  expliqué  par  la  longueur  et 
la  gravité  de  son  mal. 

Etant  donné  cet  ensemble  de  symptômes,  je  ïïb  crois  pas 
qu'on  puisse  contester  le  diagnostic.  Les  troubles  de  la  sen- 
sibilité à  la  douleur  et  à  la  température,  l'atrophie  muscu* 
laire  et  la  scoliose  sont  si  caractéristiques  qu'il  n'est  guère 
possible  de  nier  la  syringomyélie. 

Contrairement  à  1  usage,  j  ai  commencé  par  décrire  l'état 
icluel  sans  indiquer  ni  l'époque,  ni  le  début  des  accidents, 
parce  qu'il  y  a  là  matière  à  discussion. 

Suivant  le  malade,  ses  accidents  auraient  débuté  il  y  a 
cinq  ans;  suivant  moi,  ce  début  remonterait  à  une  vingtaine 
d'années.  Il  y  a  cinq  ans,  apparut  l'atrophie  musculaire. 
Vers  la  même  époque,  le  malade  se  fit,  en  se  chauffant  les 
jambes,  une  brûlure  étendue  sans  percevoir  la  moindre 
douleur;  mais  une  circonstance  nous  permet  de  reconnaître 
que  Tanesthcsie  existait  déjà  il  y  a  neuf  mois.  A  cette 
époque,  notre  homme  fit  une  chute  sur  le  genou  ;  cette 
articulation  se  tuméfia  considérablement  et  nécessita  l'entrée 
àrhôpital(ârthropathie d'origine  médullaire?);  on  appliqua 
des  ventouses  scarifiées;  or,  ni  la  chute,  ni  la  lésion  articu- 
laire, ni  les  ventouses  scarifiées  n'ont  provoqué  de  douleur, 
il  y  aurait  donc  de  l'analgésie  à  Tinsu  du  malade.  Cette 
ignorance  ne  nous  étonnera  pas,  si  nous  nous  reportons  aux 
mêmes  obénomènes  observés  chez  les  hystériques.  Ils  (les 
recherches  contemporaines  nous  autorisent  à  dire  aussi  bien 
ilsque  elles)  ne  s'aperçoivent  pour  ainsi  dire  jamais  qu'ils 
sont  anesthésiques  et  c'est  l'exploration  médicale  qui  le 
leur  révèle. 

Quoique  j'ignore  à  quelle  époque  est  survenue  l'anes- 
tbésieje  suis  tenté  de  faire  remonter  le  début  des  accidents 
actuels  à  une  fièvre  typhoïde  très  grave  survenue  à  l'âge 
de  quinze  ans.  Le  relevé  de  nombreuses  observations  nous 
apprend  en  effet  que  la  syringomyélie  survient  à  la  suite  de 
maladies  infectieuses.  Or,  deux  ans  après  la  fièvre  typhoïde, 
la  scoliose  était  déjà  très  prononcée.  Etant  donné  la  fré- 
ouence  de  la  scoliose  dans  la  syringomyélie,  nous  sommes 
Uen  porté  à  la  considérer  comme  le  premier  accident  par 
lequel  s'est  traduit  cette  maladie. 


Odonlologfle. 

La  MALADIE  DE  Fauchard,  par  M.  le  docteur  Th.  David. 

Les  alvéoles  dentaires  sont  le  siège  d'une  maladie  sur  la 
dénomination,  l'étiologie  et  la  nature  de  laquelle  les  auteurs 
dissertent  depuis  plus  d'un  siècle  et  demi,  sans  que  la 
question  ait  fait  grand  progrès  à  cet  égard. 

Cette  maladie  survient  chez  les  adultes  vers  quarante  ou 
cinquante  ans,  chez  des  sujets  atteints  d'une  afl'ection  géné- 
rale (goutte,  diabète,  rhumatisme. ••)  ou  d'une  afl'ection 
locale  avec  retentissement  sur  l'étal  général  (maladie  de 
cœur  ou  du  foie...),  et  chez  beaucoup  de  femmes  à  la  méno- 
pause. Elle  est  caractérisée  par  une  inflammation  intra- 
alvéolaire  chronique,  accompagnée  d'une  suppuration 
abondante.  Commençant  au  niveau  du  bord  libre  de  la 
gencive,  elle  s'étend  de  proche  en  proche,  très  lentement, 
jusqu'au  fond  de  l'alvéole,  qui  se  résorbe,  au  fur  et  à 
^esure,en  dénudant  peu  à  peu  la  dent  jusqu'à  ce  que  celle-ci, 
ébranlée,  déchaussée  progressivement,  tombe  en  quelque 
Me  d'elle-même,  sans  présenter  de  lésion  apparente. 

Suivant  que  les  auteurs  ont  été  frappés  par  l'un  de  ces 
symptômes  plus  particulièrement  que  par  les  autres,  ils  ont 


donné  son  nom  à  la  maladie.  D'où  les  termes  de  suppura^ 
lion  conjointe  des  alvéoles  et  des  gencives  (Jourdain), 
dissolution  des  alvéoles  suivie  d'ébranlement  et  de  la 
chute  desdents  (Saucerotte),  pyorrhée  inter-alvéolo^ntaire 
(Toirac),  suppuration  des  gencives  (Désirabode),  gingivite 
expulsive  (Marchai,  de  Caivi),  ostéopériostite  aïvéolo^ 
dentaire  (Magitot),  rhumatisme,  goutte  dentaire^  gingi-* 
vite  arthrodentaire ,  arthrite  alvéolaire^  etc....;  on  en 
pourrait  encore  citer  bien  d'autres,  et  chaque  année  en  voit 
apparaître  de  nouveaux. 

Les  opinions  relatives  à  la  nature  de  la  maladie  sont 
tout  aussi  diverses,  et  ne  prêtent  pas  moins  le  flanc  aux 
objections. 

1°  Pour  les  uns,  la  maladie  serait  essentiellement  gingi- 
vale, d'où  la  désignation  de  gingivite;  or,  l'inflammation 
gingivale  n'est  qu  un  épiphénomène  faisant  souvent  défaut 
autour  de  dents  qui,  néanmoins,  s'ébranlent  et  tombent  ; 

J!"  Pour  d'autres,  l'inflammation  et  la  destruction  du 
ligament  ou  périoste  inter-alvéolo-dentaire  seraient  les 
lésions  principales,  entraînant  accessoirement  l'altération 
du  cément,  de  l'alvéole,  de  la  fi;encive,  d'où  lé  terme  d'os- 
téo-périostite  ;  or,  souvent,  il  n  y  a  pas  trace  d Inflammation 
intra-alvéolaire  ; 

S""  Enfin,  l'affection  consisterait  essentiellement  dans  une 
lésion  des  procès  alvéolaires,  qui  se  résorberaient  ou  s'éli- 
mineraient en  suppuration  ;  accessoirement,  le  périoste  et 
la  gencive  entreraient  en  cause. 

Mêmes  variétés  d'opinion  au  ^oint  de  vue  étiologique. 

i°  La  maladie  serait  d'ordre  local  :  action  du  tartre,  irri- 
tants divers,  anomalies  dentaires,  action  de  l'acide  lactique 
provenant  de  le  décomposition  du  sucre  chez  les  diabé- 
tiques, présence  de  parasites...; 

2"  Suivant  la  plupart  des  auteurs,  elle  serait  d'ordre 
général  :  manifestation  locale  d'un  état  constitutionnel, 
répercussion  d*une  maladie  générale  éloignée,  scorbut, 
goutte,  rhumatisme,  arthritisme,  diabète... 

Pour  nous,  d'après  l'analyse  des  auteurs  et  l'appréciation 
des  faits,  cette  maladie  ne  survient  que  chez  aes  sujets 
atteints  de  troubles  graves,  passagers  ou  durables  de  la 
nutrition.  La  guérison  de  l'état  général  entraîne  souvent 
celle  de  la  bouche,  et,  (l'autre  part,  avec  la  persistance  de 
cet  état,  Tantisepsie  la  plus  parfaite  tous  en  le  retardant 
n'arrête  pas  le  déchaussement  progressif  des  dents.  Si  les 
micro-organismes  étaient  la  cause  réelle  de  la  maladie, 
pourquoi  ne  l'observerait-on  pas  dans  les  bouches  sales,  où 
par  la  multiplicité  des  caries,  la  présence  de  fistules,  de 
gingivites,  de  périostites  se  trouvent  réalisées  les  plus  par- 
faites conditions  de  culture  microbienne? 

Au  sujet  de  sa  nature,  la  maladie  nous  parait  consister 
essentiellement  dans  une  {^5ton  osseuse;  telle  était  l'opi- 
nion de  Bourdet,  Piorry,  Gosselin...  Les  procès  alvéolaires 
s'atrophient,  se  résorbent  comme  le  tissu  osseux  en  général, 
comme  le  col  du  fémur  chez  les  vieillards.  Des  conditions 
topographiques  particulières  exposent  cette  ostéite  raré- 
fiante à  l'air,  au  milieu  buccal,  à  l'action  des  nombreux 
riarasites  qui  s'y  trouvent  et  font  qu'elle  s'accompagne  de 
ésions  gingivales  et  périostales  auxquelles  est  due  la  sup- 
puration intra-alvéolaire. 

Le  traitement  local  aussi  nécessaire  que  le  traitement 
général,  doit  avoir  précisément  pour  but  de  remédier  à  ces 
conditions  :  destruction  de  la  gencive  décollée,  lavages 
fréquents  pour  entretenir  aseptiques  les  interstices  dentaires 
et  les  culs-de-sac  gingivaux.  Méthodiquement  suivi,  il  peut 
retarder  pendant  longtemps  la  chute  des  dents.  Il  peut  même 
aboutir  à  un  arrêt  complet  du  processus,  si,  spontanénient 
ou  par  un  traitement  général  approprié,  l'état  constitution- 
nel est  lui-même  guéri. 

Telle  est  notre  manière  de  voir  au  sujet  des  causes  et  de 
la  nature  de  cette  maladie.  Mais,  bien  qu'elle  soit  confirmée 
par  les  faits  que  nous  observons  chaque  jour  et  surtout  par 


140    —  N'  9  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


l'^''  Mars  1889 


les  résultats  thérapeutiques  qui  en  découlent,  nous  sommes 
aussi  embarrassé  que  nos  devanciers  pour  trouver  une 
dénomination  qui  ne  soit  sujette  à  aucune  critique. 

Plutôt  que  d'en  proposer  une  que  de  nouvelles  recherches 
viendraient  encore  renverser,  nous  nous  sommes  demandé 
s'il  ne  valait  pas  mieux,  suivant  un  usage  assez  générale- 
ment adopté  aujourd'hui,  lui  donner  le  nom  du  médecin 
qui,  le  premier,  en  a  tracé  une  bonne  description  clinique. 

En  1/28,  Fauchard  décrivait  ainsi  celte  maladie  : 

«  Il  est  encore  une  espèce  de  scorbut  de  laquelle  je 
pense  qu'aucun  auteur  n'a  encore  pris  le  souci  de  parler, 
et  qui,  sans  intéresser  les  autres  parties  du  corps,  attaque 
les  gencives,  les  alvéoles  et  les  dents...  On  la  reconnaît  par 
un  pus  blanc  et  un  peu  gluant  que  l'on  fait  sortir  des  gen- 
cives, en  appuyant  le  doigt  un  peu  fortement...  Ce  pus  sort 
souvent  d'entre  la  gencive  et  le  corps  de  l'alvéole,  et,  quel- 
quefois, d'entre  l'alvéole  et  la  racine  de  la  dent  :  ce  qui 
arri\e  plus  fréquemment  à  la  partie  extérieure  des  mâchoires 
qu'à  leur  partie  intérieure,  et  plutôt  aux  dents  incisives  et 
aux  canines  de  la  mâchoire  inférieure  qu'à  celle  de  la  supé- 
rieure. »  (Fauchard.  Le  clmu7*gien  dentiste,  V'  édit.  Paris, 
1728,  t.  I,  p.  275.) 

On  n'a  guère  ajouté  depuis  lors  à  celte  description.  Aussi 
proposons-nous  de  donner  à  la  maladie  dont  il  s'agit  le 
nom  de  notre  compatriote  Fauchard,  le  père  de  la  chirurgie 
dentaire,  de  préférence  à  celui  de  Rigg  qu'on  a  proposé  en 
Amérique,  du  nom  d'un  auteur  contemporain.  Celte  déno- 
mination a  l'avantage  de  ne  rien  préjuger,  et  l'accord  se 
fera  plus  facilement  sur  elle  que  sur  toute  autre  de  celles 
qui  ont  été  proposées  jusqu'ici. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Académie  des  acIenceM. 

Sur  les  propriétés  vaccinales  de  microbes  ci-devant 
pathogènes,  transformés  en  microdes  simplement  sapro- 
gènes,  destitués  de  toutes  propriétés  virulentes,  par 
M.  A.  Cliauveau.  —  Dans  celle  note  M.  Chauveau  se  pro- 
pose de  résoudre  diverses  questions. 

^k.La  perte  complète  de  toute  virulence  dans  les  microbes 
infectieux  peut-elle  être  considérée  comme  un  indice  de 
transformation  spécifique?  —  On  connaît,  dit-il,  l'étroite 
parenté  qui  existe  enlre  les  microbes  pathogènes  et  ceux 
que,  par  une  extension  légitime,  quoique  peu  grammaticale, 
on  peut  comprendre  sous  la  désignation  de  microbes 
saprogènes.  Cette  parenté  a,  tout  naturellement,  suscité 
l'hypothèse  qu'il  n'y  a  entre  ces  deux  sortes  d'organismes 
aucune  ligne  de  démarcation  tranchée,  et  qu'ils  peuvent  se 
transformer  les  uns  dans  les  autres.  On  a  même  cherché 
à  réaliser  ces  transformations,  à  rendre  bénin,  c'est-à-dire 
impropre  à  ses  manifestations  virulentes  habituelles,  tel 
microbe  éminemment  malin,  et  à  rendre  malin,  c'est- 
à-dire  nettement  virulent,  tel  microbe  saprogène  habi- 
tuellement impropre  à  toute  influence  physiologique  mal- 
faisante quand,  au  lieu  d'être  cultivé  dans  les  milieux 
extérieurs,  il  est  implanté  dans  l'organisme  animal. 

«  11  est  bien  certain  que  la  virulence  de  certains  agents 
pathogènes  s'atténue  ou  s'exalte,  suivant  les  conditions  de  la 
culture  à  laquelle  on  soumet  ces  agents.  Parfois  même 
cette  virulence  s'éteint  absolument,  du  moins  en  apparence, 
sans  que  la  végètabilité  du  microbe  ait  subi  une  sensible 
atteinte.  A  la  vérité,  la  récupération  de  la  virulence  tota- 
lement perdue  ne  semble  pas  aussi  facile  à  obtenir,  ni,  a 
fortiori^  l'attribution,  de  toutes  pièces,  de  cette  propriété 
à  des  microbes  purement  saprogène  à  l'origine.  Mais  le 
succès  de  l'opération  inverse  n'en  est  pas  amoindri  dans  ses 
conséquences.  Il  autorise  à  se  demander  si  vraiment  on 
transforme  spécifiquement  les  microbes  pathogènes  qu'on 


prive  de  toute  aptitude  virulente,  en  leur  conservant  leur 
aptitude  à  vôgéler.  » 

Pour  inlerpréter  ce  résultat,  M.  Chauveau  a  choisi,  parmi 
les  faits  de  transformation  dont  il  est  possible  de  tirer  parti, 
ceux  qui  concernent  le  microbe  de  Davaine,  c'est-à-dire  le 
bacillus  anthracis. 

Il  l'a  cultivé  pendant  quatre  et  cinq  générations  succes- 
sives sous  pression  d'air  augmenté  (9  atomosobères)  et  a 
obtenu  ainsi  des  races  de  bacilles  anthracisdont  la  virulence 
était  considérablement  atténuée. 

Soumettant  une  seconde  fois  ces  cultures  à  l'action  de 
l'oxygène  sous  pression,  il  a  obtenu  pour  les  uns  une  atté- 
nuation très  rapide,  allant  jusqu'à  la  perte  absolue  de  la 
virulence,  et  pour  les  autres  upe  atténuation  moins  ariivc, 
mais  qui  aboutissait  cependant  aussi  à  la  déchéance  com- 
plète au  point  de  vue  de  l'aptitude  virulente,  et  cela  sans 
que  la  forme  ou  l'aptitude  prolifique  des  éléments  micro- 
biens aient  été  modifiées.  Après  comme  avant,  €  c'est  bien 
toujours  le  môme  microbe;  seulement  il  n'est  plus  patho- 
gène :  il  est  devenu  neutre  ou  indifférent,  c'est-à-dire 
impropre  aux  fermentations  physiologiques  de  nature  infec- 
tieuse. C'est  un  microbe  qui  semble  être  maintenanl  sim- 
plement saprogène  ;  il  ne  parait  plus  pouvoir  s'attaquer  à  la 
matière  vivante,  et  peut  être  considéré  comme  étant  aple  a 
vivre,  à  se  développer  seulement  dans  les  milieux  exté- 
rieurs, comme  les  microbes  des  fermentations  communes.» 

Mais  ce  microbe,  s'il  n'est  plus  infectieux,  reste  cependani 
apte  à  conférer  l'immunité.  Ce  n'est  plus  un  virus  actif,  c'eslî 
un  virus-vaccin.  -  ! 

M.  Chauveau  croit  pouvoir  tirer  de  ses  expériences  les 
conclusions  suivantes  :  «  Le  microbe  charbonneux,  tota- 
lement privé  de  sa  virulence,  n'est  pas  devenu  un  simple 
microbe  saprogène  apte  seulement  aux  fermentations  com- 
munes qui  se  passent  en  dehors  des  milieux  vivants.  Il  a 
conservé  un  des  attributs  les  plus  précieux  qui  dénotent  la 
nature  infectieuse  du  microbe  pathogène.  Donc  il  n'a  pas 
été  transformé  spécifiquement;  cet  agent  appartient  encore 
à  la  souche  d'où  il  est  issu;  il  reste  toujours  microbe  patho- 
gène. C'est  au  moins  la  conclusion  qui  s'impose  aclnei- 
lement.  Naturellement,  je  ne  peux  rien  préjuger  au  sujet 
des  métamorphoses  ultérieures  qu'il  sera  peut-être  possible 
d'imprimer  encore  au  bacillus  anthracis,  en  continuant  de: 
le  soumettre  à  l'action  de  l'oxygène  comprimé,  ou  par  tout 
autre  moyen.  Mais,  dans  l'état  actuel  où  j'ai  mis  le  microbe, 
sa  transformation  n'est  qu'apparente.  Au  fond,  tout  destitue 
qu'il  soit  de  sa  fonction  virulente,  il  n'a  pas  été  privé  de 
l'aptitude  à  la  récupérer.  C'est  ce  que  je  ferai  ressortir  dans 
les  développements  que  j'ai  encore  à  donner.  > 

Sur  l'apparition  rapide  de  l'oxyhémoglobine  dans  la 
bile  et  sur  quelques  caractères  spectroscopiques  nor- 
MAUX DE  CE  LIQUIDE,  par  MM.  Ë.  Wertueimer  et  Ë.  Mëyer. 
—  D'une  nouvelle  série  de  recherches  les  auteurs  de  celte 
note  déduisent  les  conclusions  suivantes.  Il  ont  observé  : 
«  1"  Le  passage  rapide  de  l'oxyhémoglobine  dans  la  bile, 
chez  des  animaux,  ou  intoxiqués  par  des  agents  destruc- 
teurs des  hématies,  ou  morts  de  froid,  ou  artificiellement 
refroidis;  2*  la  formation  dans  ce  liquide,  chez  les  mêmes 
animaux,  d'un  dérivé  de  l'hémoglobine,  dont  les  propriétés 
optiques  sont  celles  de  la  méthémoglobine,  mais  qui  diffère 
de  celle-ci  par  la  façon  dont  il  se  comporte  à  l'égard  des 
réactifs;  3'  la  présence  de  ce  même  corps  (cholomélhémo- 
globine)  dans  la  bile  normale  des  jeunes  chiens;  4*  la  pré- 
sence, dans  la  bile  des  chiens  de  tout  âge,  de  bandes  dont 
les  caractères  sont  ceux  des  bandes  de  bilicyanine.  » 

—  M.  Berthelot  a  été  élu  secrétaire  perpétuel  en  rem- 
placement de  41.  Pasteur  nommé  secrétaire  perpétuel 
honoraire. 


1*'  Mars  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  9  —    141 


Aeadéfliie  de  médeelBe. 

SÉANCE  DU  26  FÉVRIER   1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  H.   MAURICE   PERRIN. 

U  correspondance  comprend  :  4*  une  étude  9ur  300  eai  de  fièvre  tearlatine 
iàitnit  à  l'hôpital  militaire  de  Saint-QuenHa,  par  M.  le  doclear  Fonsard. 
mftttTin  militaire;  â*  on  méinoire  »ur  Ut  revaccinatiwM  pratiquée»  à  l'école 
i(n{ant%  de  troupe  de$  Andelys,  {tar  M.  le  docteur  Dupeyron;  3*  un  rapport  sur 
d<>s  vaceinationt  pratiquées  en  1883  dans  le  district  d'Aumale,  par  M.  le  docteur 
(jsU>lbou;  4**  un  mémoire  sur  la  moriidUé  et  la  mùrtalité  enfantines  dans  la 
circonscription  médicale  do  Retin.  par  M.  le  docteur  Séjoiirnet  (de  Revin);  5*^  un 
rtppôrttur  Amélie  les-Bains,  par  M.  Lamarque, stagiaire  de  l'Académie;  6«  une 
Ifitre  de  M.  le  docteur  Scjournet  (do  Revin),  qui  se  porte  candidat  au  titre  de 
r»rrc>pondant  national. 

M.  Dujardin-Beaumetx  présente  n^  mémoire  du  docteur  Clémente  Ferreirt  sur 
iMptlttdisme  che%  les  enfants  (renvoyé  à  la  Commission  pour  le  concours  du 
Prit  tiodardj. 

M.  Tarnier  présente  un  mémoire  de  M.  Quelrcl  sur  l'histoire  de  la  Maternité 
it  MsrteiUe. 

U.  FtHmier  oflre  à  l'Académie  ses  leçons  sur  la  syphilis  vaeeinale  recueillies 
|4r  le  docteur  PorUlier. 

M.  Mdal  présente  une  thèse  de  M.  Sénnme  sur  la  syphilis  et  grossesse,  étude 
<i.  !i<,yi>liilis  pust-coiiceptionnelle,  et  une  thèse  de  M.  Impers  sur  les  relations  de 
Ui^philis awec  Timpaludisme. 

H.  Uboulbéne  fait  faommaffe  à  l'Académie  de  son  Étude  sur  l'ancienne  Âca- 
•JcBiie  de  Paris. 

De  la  NÉCESSITÉ  DE  LA  VACCINATION  ET  DE  LA  REVACCINA- 
TIO>  POUR  FAIRE  PARTIE  D'UNE  SOCIÉTÉ  DE  SECOURS  MUTUELS. 

—  M.  Hervieux  lit  un  rapport  au  sujet  des  questions  sou- 
mises à  l'Académie  par  ladhambreconsullalive  des  Sociétés 
de  secours  mutuels  sur  la  nécessité  d'exiger  la  vaccination 
e(  la  revaccination  avant  l'admission  dans  ces  Sociétés. 

Voici  les  conclusions  de  ce  rapport  : 

i"  Il  est  désirable,  dans  Tintérêt  individuel  aussi  bien  que 
dans  l'intérêt  général,  que  tout  individu  qui  se  présente 
pour  être  admis  dans  une  Société  de  secours  mutuels  n'y 
soii  reçu  qu'autant  qu'il  aura  été  antérieurement  vacciné; 

2"  Il  est  désirable  que,  hors  le  temps  d'épidémie,  toute 
Société  de  secours  mutuels  puisse  exiger  de  ses  membres 
qu'ils  soient  soumis  à  la  revaccinalion  après  un  délai  de  dix 
ans;  en  temps  d'épidémie,  on  ne  devra  pas  attendre  l'expi- 
ralion  de  ce  délai; 

3°  Si  la  jraccination  ou  la  revaccination  avaient  échoué, 
Topération  pourra,  comme  dans  l'armée,  être  répétée  jusqu'à 
réussite  ; 

4"  La  source  vaccinale  et  le  mode  de  vaccination  impor- 
tent peu,  pourvu  que  le  vaccin  soit  irréprochable  et  le 
résultat  satisfaisant. 

Les  conclusions  de  ce  rapport  sont  adoptées. 

Médecins  français  en  Orient.  —  M.  Le  Roy  de 
Méricoiirt  lit  un  rapport  au  sujet  d'une  lettre  de  M.  Lionel 
Radiguel,  ancien  gérant  du  consulat  de  France  à  Canton. 
Celte  lettre  constate  la  moindre  résistance  des  indigènes  de 
rExlréme-Orient  à  la  médecine  européenne  et  le  triomphe 
prochain  de  celle-ci,  si  l'on  venait  à  former  des  médecins 
instruits  pour  les  Ecoles  de  médecine  d'Orient.  Ces 
missionnaires  relèveraient  le  prestige  de  la  France. 

De  la  MALADIE  d'Addison.  —  M.  Cornil  lit,  de  la  part  de 
NN.  Babès  et  Kalindero,  un  travail  intitulé  :  Notes  sur  un 
cas  de  maladie  d'Addison  avec  lésions  médullaires.  Entre 
autres  lésions,  telles  que  tuberculose  de  la  capsule  surré- 
nale, les  auteurs  ont  constaté  une  sclérose  de  la  moelle, 
portant  sur  les  cordons  postérieurs  et  sur  les  racines  rachi- 
diennes. 

Les  origines  du  tétanos.  —  M.  Yerneuil^  dans  sa 
nouvelle  communication  sur  le  tétanos,  insiste  d'abord 
sur  les  observations  qui  tendent  à  prouver  la  transmis- 
sion dite  intra-humame,  c'est-à-dire  celle  qui  se  fait  de 
Thomme  à  Thomme,  qui,  si  elle  est  rare  chez  l'adulte, 
parait  de  nature  à  expliquer  le  tétanos  des  nouveau-nés 
qui  cause  parfois  de  si  grands  ravages.  Cinq  faits  nouveaux 


cités  par  M.  Verneuil  semblent  démontrer  ce  mode  de 
contagion* 

Répondant  à  M.  Guérin,  M.  Vemeuil  affirme  de  nouveau 
l'inoculabilité  du  tétanos  et  rappelle  ce  que  les  recherches 
de  divers  expérimentateurs  et  les  observations  de  MM.  Ni- 
colaier  et  Rosenbach  ont  appris  à  cet  égard.  Le  tétanos 
paraît  dû  à  un  microbe  et  aux  plomaines  que  sécrète  celui- 
ci.  S'il  est  vrai  que  le  pansement  ouaté  ou  le  pansement  de 
Lister  ne  préservent  pas  toujours  le  blessé,  cela  ne  pro- 
vient-il point  de  ce  que  l'instrument  qui  a  déterminé  la 
blessure  était  déjà  infecté  par  le  virus  tétanique  et  que 

[lar  conséauent  l'infection  se  trouvait  produite  avant  que 
es  méthoaesde  pansement  antiseptique  aient  été  instituées. 
La  transmission  du  tétanos  semble  se  faire  exclusivement 
par  contagion.  Celle  ci  est  directe  ou  indirecte.  La  conta- 
gion immédiate  ou  directe  n'a  pas  été  prouvée  encore  par 
des  faits  scientifiquement  indiscutables;  la  contagion 
indirecte  est  bien  établie  dans  la  plupart  des  cas  où  l'on  a 
suffisamment  étudié  les  faits. 

L'agent  de  la  contagion  est  un  microbe.  Celui-ci  se  trans- 
met par  la  terre,  par  le  contact  avec  un  cheval  ou  avec 
divers  animaux.  La  terre,  comme  a^ent  de  transmission, 
est  bien  indiquée  dans  une  observation  de  M.  Larger.  Le 
tétanos  peut  atteindre  aussi  d'autres  solipèdes,  tels  que  le 
mulet,  l'âne,  le  bœuf,  la  chèvre;  le  chien  le  contracte,  mais 
rarement.  A  leur  tour,  ces  animaux  peuvent  infecter 
l'homme.  Plusieurs  observations  que  cite  M.  Verneuil 
viennent  à  l'appui  de  cette  opinion. 

La  contagion  peut  être  immédiate  ou  médiate.  Dans  la 
contagion  médiate  les  intermédiaires  sont  plus  ou  moins 
nombreux,  ce  sont  les  brides,  les  selles,  les  harnais,  la  terre 
ou  s'est  étendu  l'animal  malade,  où  ses  excréments  ont  servi 
d'engrais,  enfin  ces  engrais  eux-mêmes.  Donc  le  tétanos 
devra  frapper  surtout  les  palefreniers,  les  cochers,  les 
laboureurs  qui  cultivent  les  terres  fumées  avec  la  paille 
ayant  servi  aux  animaux  malades.  En  un  mot  tous  ceux  qui 
ont  eu  un  contact  direct  avec  les  produits  venus  d'animaux 
malades. 

M.  Verneuil  cite  plusieurs  observations  qui  confirment 
ces  faits  et  la  suite  de  la  discussion  est  remise  à  la  prochaine 
séance* 


Soei^té  médieale  des  MpItawK. 

SÉANCE  DU  22  FÉVRIER   1889.  —  PRÉSIDENCE   DE 
M.    CADET  DE   GASSICOXJRT. 

▲  propos  des  relatâona  du  goitre  ezophthalxnique  et  du  tabès  : 
M.  Bariè.  —  De  la  contagion  de  la  rougeole  et  de  l'antisepsie  dans 
les  hôpitaux  d'enfants  :  MM.  Semestre,  Oranoher.  —  tJn  cas  de 
s3rringo*my611e  (Présentation  de  malade)  :  M.  Debove.— Autre  cas 
semblable  (Présentation  de  malade)  :  M.  Dèjerlne.  —  Présentation 
d'instrument  :  M.  Baiser. 

H.  Barié  répondant  à  l'argumentation  de  M.  Ballet  dans 
la  séance  précédente,  cite  deux  nécropsies  de  goitre  exoph- 
thalmique  où  l'on  a  pu  constater  la  congestion  manifeste  de 
la  zone  bulbo-protuDérantielle.  D'ailleurs,  tous  les  symp- 
tômes plaident  en  faveur  d'une  perturbation  morbide  de 
cette  zone,  et  en  particulier  les  phénomènes  de  paralysie 
de  la  septième  paire  observée  par  Potain.  Il  reconnaît  avec 
M.  Ballet  l'influence  de  l'hérédité  nerveuse,  mais  ne  voit 
pas  en  quoi  elle  s'oppose  au  développement  d'une  lésion 
bulbo-protubéraniielle  d'origine  tabétique  et  donnant  le 
syndrome  de  Basedow.  Quelle  est  cette  lésion?  s'agit-il 
d'une  simple  congestion  ?  M.  Barié  parait  même  disposé 
à  admettre  qu'il  peut  n'exister  au  niveau  du  bulbe  que  des 
troubles  fonctionnels.  Enfin,  contrairement  à  M.  Joffroy  oui 
a  montré  le  goitre  précédant  le  tabès,  M.  Barié  rappelle 


us 


N'  9 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


l*'  Mars  1889 


que  chez  son  malade  c'est  le  tabès  qui  a  précédé  le  goitre  de 
longtemps. 

M.  Guyot  cite  un  cas  de  guérison  d'un  goitre  exophthal- 
raique,  datant  de  trois  ans,  avec  la  teinture  de  veratrum 
viride. 

—  M,  Sevestre  rappelle  que  Ton  a  cm  longtemps  la  rou- 
geole contagieuse,  surtout  pendant  et  après  l'éruption,  tan- 
dis qu'une  observation  plus  rigoureuse  montre  que  la  conta- 
gion s*opère  surtout  dès  le  début  de  l'affection,  pendant  la 
fiériode  prééruptive  ou  les  premiers  jours  de  l'éruption.  Dès 
ors,  contrairement  à  l'opinion  de  M.  Grancher  qui  admet 
la  contagion  seulement  par  contact  direct  ou  indirect, 
M.  Sevestre  pense  que  la  contagion  se  fait  par  l'air  expiré 
dans  lequel  le  germe  se  trouve  répandu  à  courte  distance, 
principalement  par  la  toux  et  les  éternuements.  11  doit,  en 
effet,  provenir  des  voies  respiratoires,  puisque  la  contagion 
a  lieu  avant  toute  éruption  cutanée.  La  contagion  ne  s'opère 
qu'à  petite  distance,  quelques  mètres  au  plus  ;  on  voit  les 
enfants  couchés  à  côté  d'un  rubéoleux  être  contaminés, 
mais  non  ceux  qui  sont  placés  à  l'autre  bout  de  la  salle, 
lorsque  celle-ci  offre  une  certaine  étendue.  D'autre  pari  le 
germe  de  la  rougeole  meurt  vile  ;  si  Ton  place  des  enfants 
sains  dans  une  salle  quittée  peu  d'heures  auparavant  par 
des  rubéoleux,  jamais  il  n'y  a  de  contamination  ;  il  semole 
donc  peu  probable  que  le  contage  {)uisse  être  transporté  à 
distance  par  les  personnes  ou  les  objets  ayant  approché  les 
malades.  Tout  autres  sont  les  conditions  de  propagation  de 
la  diphthérie  :  le  contage  médiat  paraît  le  plus  fréquent, 
ainsi  que  le  prouvent  de  nombreux  faits  bien  observes  ;  en 
outre,  le  germe  offre  une  vitalité  très  longue  :  deux  ans  dans 
un  cas  très  démonstratif.  Il  résulte  de  ces  notions  que  pour 
circonscrire  une  épidémie  de  rougeole  il  faut  isoler  les 
malades  dès  les  premiers  symptômes  qui,  malhe^ureuse- 
ment,  n'ont  rien  de  caractéristique.  Aussi,  convient-il  d'isoler 
les  enfants  qui  ont  été  en  rapport  avec  un  autre  enfant,, 
reconnu  quelques  jours  après  atteint  de  rougeole.  On  pourra, 

[lar  surcroît  de  précaution,  désinfecter  à  Tétuve  la  literie, 
es  vêtements,  etc.,  et  faire  prendre  aux  petits  convales- 
cents un  bain  de  sublimé  avant  de  les  rendre  à  la  vie  com- 
mune. Pour  la  diphthérie  lisolement  est  insuffisant  ;  la 
désinfection  rigoureuse  de  tous  les  objets  souillés  s'impose. 

M.  Grancher  ^^i  d'accord  avec  M.  Sevestre  sur  la  question 
de  contagiosité  de  la  rougeole  avant  l'éruption  et  au  début 
de  celle-ci,  et  aussi  sur  le  fait  de  la  courte  vitalité  du  con- 
tage, bien  que  la  limite  de  quelques  heures  lui  semble  trop 
restreinte.  En  tout  cas,  il  est  exact  que  le  transport  du 
germe  par  une  tierce  personne  restée  indemne,  est  un  fait 
exceptionnel.  La  vitalité  du  germe  diphthéritique  est,  par 
contre,  bien  plus  prolongée,  puisque  dans  un  cas  observé 
par  M.  Worms,  elle  paraît  avoir  été  de  (|uatre  ans.  Mais  il 
ne  peut  accepter  la  contamination  de  l'air  expiré  :  les  expé- 
riences de  Strauss  montrent  l'absence  de  tout  germe  dans 
l'air  sortant  des  poumons,  et,  d'ailleurs,  comment  les  ger- 
mes, englués  dans  un  liauide  muqueux,  seraient-ils  entraî- 
nés en  suspension  dans  I  atmosphère  ?  L'air  est  souillé,  c'est 
possible,  mais  indirectement  :  les  liquides  renfermant  les 
germes  et  déposés  sur  le  mouchoir  ou  tout  autre  objet  s'y 
dessèchent  puis  se  mélangent  à  l'atmosphère  sous  forme  de 
poussières  nocives.  C'est  ainsi  que  la  contagion  par  l'air  se 
produit.  Tout  ce  qu'on  peut  dire  aujourd'hui,  c'est  que  l'air 
autour  d'un  rubéoleux  ou  d'un  diphthéritique  peut  être 
dangereux.  Si  la  contamination  directe  de  l'air  expiré  était 
réelle,  nos  procédés  actuels  de  désinfection  et  de  prophy- 
laxie seraient  absolument  impuissants.  Je  crois,  en  effet, 
avoir  démontré  que  Tisolement,  tel  qu'il  nous  est  permis  de 
le  pratiquer,  n'a  diminué  ni  la  morbidité  ni  la  mortalité  de 
la  rougeole  dans  nos  hôpitaux.  Cette  dernière,  en  parti- 
culier, a  paru  plutôt  augmentée  parle  fait  de  l'accumulation 
des  malades  dans  un  local  insuffisant  et  la  fréquence  plus 


grande,  qui  en  résulte,  des  broncho-pneumonies.  Certes, 
l'isolement  parfait  au  moyen  d'un  lazaret  bien  établi,  tel 

aue  le  propose  M.  Sevestre,  aurait  des  conséquences  toutes 
ifférentes.   Il   faut  reconnaître  aue  l'isolement  est,  dès 
aujourd'hui,  plus  efficacement  réalisé  pour  la  diphthérie. 

H.  Sevestre  n'a  admis  la  contamination  directe  de  l'air 
expiré  que  comme  une  hypothèse  expliquant  la  contagion  à 
la  période  prééruptive  alors  qu'il  existe  seulement  des  lésions 
au  niveau  des  voies  respiratoires  et  de  la  gorge.  Tout  en 
maintenant  la  contagion  par  l'air  atmosphérique,  il  ne 
repousse  pas  la  propagation  par  le  contact  direct.  Dans  les 
salles  où  sont  placés  des  enfants  trop  jeunes  pour  marcher 
la  contagion  ne  s'opère  que  sur  les  lits  voisins  du  malade; 
pourquoi,  s'il  s'agissait  d'un  transport  médiat,  ne  verrait- 
on  pas  des  cas  à  plus  grande"  distance.  Il  est  évident, 
d'ailleurs,  que  l'isolement  ne  peut  être  efficace  que  s'il  est 
complet  et  porte  également  sur  les  enfants  devenus  ^usp^cfi 

f»ar  suite  oe  relations  antérieures  avec  un  malade.  Le 
ait  de  la  multiplication  des  accidents  de  broncho-pneu- 
monie par  suite  ae  l'encombrement  des  salles  d'isolement 
ne  saurait  être  discuté. 

M.  Grancher  ne  conteste  pas  que  le  germe  de  la  rou- 
geole existe  dans  le  mucus  nasal  et  bronchique,  mais  il 
ne  souille  l'atmosphère  qu'après  s'être  desséché  à  la  surface 
des  objets  environnant  le  malade.  La  contagion  s'opérant 
sur  les  lits  voisins  du  malade  ne  prouve  pas  la  transmission 
par  l'air  expiré  ;  celle-ci  peut  fort  bien  se  produire  de  façon 
médiate  par  les  objets  ou  par  le  personnel  médical  :  les 
faits  semblent  démonstratifs. 

—  {La  discussion  de  cette  question  reste  à  Vordre  du 
jour.) 

—  M.  Debove  présente  un  malade  atteint  de  syringo- 
myélie  et  donne  lecture  de  l'observation,  la  première  pu- 
bliée en  France  (voy.  p.  38). 

—  M.  Déjerine  présente  un  malade  atteint  de  la  même 
affection  et  dont  l'histoire  est  tout  analogue  (sera  publié). 

—  M.  Balzer  présente  un  appareil  destiné  à  empêcher 
la  pénétration  des  poussières  dans  le  poumon  après  la 
trachéotomie,  par  filtration  de  l'air  à  travers  une  ouate  anti- 
septique. 

—  La  séance  est  lavée  à  cinq  heures  et  quart. 

André  Petit. 


Soelélé  de  chirurgie. 

SÉANCE   DU  21    FÉVRIER   1889.   —    PRÉSIDENCE  DE 
M.    LE   DENTU. 

KystOB  dennoldea  :  MM.  Masw,  Chavasse  (Rapporteur  :  M.  Kirml»- 
8on  ;  discussion  :  MM.  Lannelongue,  Quènu).  —  Entérectomie  pour 
hernie  étranglée  :  M.  Martinet  (Rapporteur  :  M.  Th.  Anger).  — 
Extirpation  d'anèTrysme  artèrio-^eiaeuz  :  M.  Trèlat  (Dlaoussion: 
M.  Reolna).  —  Désinfection  des  instruments  (Disoussion  ;  MM.  Ter- 
rier» TerrUlon,  Lucas-Championnière,  Perler).  —  Hyperostose 
fémorale;  flexion  du  genou  :  M.  Lannelongue.  —  Torticolis  : 
M.  Kirmisson. 

M.  Kirmiison  lit  un  rapport  sur  des  observations  de 
kystes  dermoides  adressées  par  MM.  Masse  (de  Bordeaux) 
et  Chavasse.  Le  premier  des  faits  de  M.  Masse  est  relatif 
à  une  tumeur  sacro-»coccygienne  qui,  chez  un  jeune  honiine 
de  vingt  ans,  devint  douloureuse  et  grosse  à  la  suite  d'une 
chute.  L'incision  a  donné  issue  à  un  liquide  huileux,  mais 
il  n'y  a  pas  eu  d'examen  histologique  de  la  paroi.  Le 
diagnostic  n'est  donc  pas  certain.  Il  Test,  au  contraire,  daus 
la  deuxième  observation  :  kyste  du  cou  siégeant  entre  Tangle 
de  la  mâchoire  et  Tos  hyoïde.  L'e.\amen  histologique  a  été 
démonstratif.  De  même  encore,  vu  l'existence  d*un  revête- 
ment épitbélial  pavimenteux  et  malgré  l'absence  de  poiUi 


i"  Mars  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  9  —    143 


dans  l'observation  de  M.  Chavasse.  Le  kyste  était  sou8<- 
hjoldien  médian. 

yi.  Lannelongue  fait  observer  que  la  présence  des  poils 
n'est  pas  constante  dans  les  kystes  dermoldes.  Il  considère 
le  ras  de  M.  Chavasse  comme  un  kvste  mucolde,  terme 
préférable,  malgré  M.  Quénu,  à  celui  de  kyste  dermoïde 
mnqueux,  le  terme  dermoïde  impliquant  l'idée  de  peau. 

M.  Quénu  persiste  à  croire  qu'on  peut  sans  inconvénient 
employer  le  mot  derme  dans  son  sens  bistoloffique  le  plus 
élendu,  appelant  ainsi  la  couche  sous-épithéliale  et  de  la 
peau  et  des  muqueuses.  On  dirait  dès  lors  kyste  dermoïde 
cutané  et  kyste  dermoïde  muqueux. 

—  M.  Th.  Anger.  Rapport  sur  une  observation  de 
M.  Martinet  :  Hernie  crurale  étranglée  depuis  quatre 
jours,  anse  gangrenée,  résection  intestinale,  guérison,  La 
plaie  extérieure  n'a  pas  été  réuni,  quoique  l'intestin  ait 
elê  suturée  et  réduit.  Pendant  l'opération,  en  effet,  il  s'était 
fcoulè  un  liquide  fécaloïde.  La  guérison  fut  retardée  par 
dm  abcès  de  la  cuisse. 

—  M.  Trélat  relate  une  opération  d*extirpation  d'un 
iinnrysme  artério-veineux  poplité.  Le  malade  va  très  bien  : 
il  se  plaint  seulement  d'un  léger  œdème  du  pied  lorsqu'il  a 
marché  quelque  temps  (voy.  Gazette,  1889,  p.  62). 

H.  Reclus  admet  avec  M.  Trélat  que  l'extirpation  est 
parfois  indiquée.  Mais  il  pense  que  Kmcision  peut  donner 
uo  bon  résultai  lorsque  la  poche  est  molle  et  peut  revenir 
sur  elle-même,  comme  dans  le  cas  qu'il  a  opéré  avec 
M.  Verneuil. 

—M.  r(>rrt>f  communique  sastatistique  pourl'année  1889, 
Les  accidents  sepliques  sont  encore  en  voie  de  décroissance, 
ce  (]ui  semble  tenir,  en  partie  au  moins,  à  l'emploi  du  sté- 
rilisateur de  Poupinel.  Les  instruments  sont  ainsi  portés  à 

M  degrés. 

M.  TerriUon  pense  que  la  stérilisation  par  l'eau  bouil- 
lante est  suffisante. 

M.  LucnS'Championnière  n'a  recours  à  aucun  de  ces 
moyens.  Il  s'en  tient  aux  règles  primitives  de  la  méthode 
antiseptique  el  n'a  pas  à  s'en  plaindre. 

H.  Périer  met  ses  instruments  dans  le  naphthol  camphré, 
les  autres  antiseptiques  ayant  l'inconvénient  d'altérer  les 
tranchants. 

M.  Terrier  reconnaît  que  la  méthode  antiseptique 
ancienne  suffit  la  plupart  du  temps.  Hais  la  stérilisation  des 
iii<lrumenls  par  l'étuve  est  une  tien  petite  complication,  et 
en  pareil  cas   il   vaut   mieux  pécher  par  excès  que  par 

défaut. 

—  M.  Lannelongue  a  observé  un  enfant  chez  lequel,  à  la 
suite  d'une  ostéomyélite,  il  existait  une  flexion  au  genou 
pfir  hyper ostose  fémorale.  Le  redressement  a  été  obtenu, 
sans  opération  sanglante,  par  un  appareil  à  extension. 

—  yi.Kirmisson  rapporte  un  fait  de  guérison  de  torticolis 
par  section  à  ciel  ouvert  du  chef  claviculaire  du  sterno- 
masloïdien. 


SÉANCE  DU    13  FÉVRIER   1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  M.   CORNIL, 

^>  Hartmann  fait  une  communication  sur  Vanatomie  du 
^mdénum  et  les  hernies  rétro-péritonéales, 

—  H.  Poirier  établit  expérimeotaleraent  la  théorie  d'un 
^(ngt  à  ressort  articulaire. 


—  M.  Nicolle  relate  un  fait  d'urémie  à  forme  cérébrale 
chez  une  femme  atteinte  de  ramollissement  ancien. 

—  M.  6.  Marchant  fait  voir  un  kyste  dentifère  du  sinus 
maxillaire  ayant  simulé  un  sarcome. 

—  M.  Valude  montre  une  balle  de  revolver  enchâssée 
dans  la  sclérotique  non  perforée. 

—  M.  Caussade  présente  un  tubercule  du  mésocéphale 
qui  a  causé  de  l'hémiplégie  alterne  et  du  nystagmus. 


Soelélé  de  âilolQ^le. 

SÉANCE   DU  23  FÉVRIER    1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE   M.    DUCLAUX,   VICE-PRÉSIDENT. 

De  la  gestation  eztra-ut^rine  :  M.  Xiataste.  >•  RÔU  des  miorobea 
dans  certaines  fermentations  :  M.  Herzen.  —  Procède  d'atténua- 
tion de  la  taberculose:  MM.  Héricourt  et  Richet.  —  Les  glandes  A 
▼enin  des  poissons  :  M.  Bottard.  —  Recherche  de  l^urobiUne  dans 
la  bile  :  M.  IVinter.  —  Digestion  et  assimilation  de  la  lactose  % 
MM.  Boorquelot  et  Troisier.  -•  Sur  l'asaimUation  de  la  lactose: 
M.   Dastre.  —    Développement   de   l'èvent  ches   les  oétodontes: 

•  M.  Pouohet.  —  Comparaison  entre  la  digitaline,  la  spartèine  et  la 
stropbantine  :  M.  Laborde.  —  Altérations  du  fond  de  l'osil  dans 
r hémiatrophie  faciale  :  M.  Kalt.  —  Élection  d'un  membre 
titulaire. 

M.  Lataste  a  entrepris  plusieurs  séries  d'expériences  sur 
le  développement,  dans  l'abdomen  de  souris  mâles,  d'ovules 
fournis  par  des  femelles  fécondées,  dans  le  but  de  déter- 
miner jusqu'à  quel  stade  le  produit  de  la  conception  est 
susceptible  de  continuer  son  évolution  en  dehors  de  l'utérus. 
Ces  expériences  lui  ont  déjà  fourni  quelques  résultats  inté- 
ressants au  point  de  vue  de  la  théorie  de  la  gestation  extra- 
utérine. 

—  M.  Dttdau»  dépose  une  note  de  M.  Herzen  (de  Lau- 
sanne) sur  le  rôle  des  mierobes  dans  certaines  fermen- 
tations. 

—  M.  Ch.  Richet  a  étudié  avec  M.  Héricourt  les  effets  de 
la  transfusion  péritonéale  du  sang  de  chien  sur  des  lapins 
préalablement  inoculés  avec  des  cultures  tuberculeuses.  11 
parait  y  avoir  là  un  procédé  d'atténuation  de  la  tuberculose; 
car  non  seulement  parmi  les  animaux  transfusés,  après  ino- 
culation, il  en  meurt  très  peu,  comparativement  au  nombre 
des  animaux  témoins  qui  succombent,  mais,  de  plus,  les 
phénomènes  mêmes  de  l'inoculation  sont  moins  graves:  le 
poids  des  lapins  ne  baisse  pas,  leur  température  n'augmente 
pas,  etc.,  alors  que  les  témoins  maigrissent  très  rapidement 
et  ont  la  fièvre. 

—  M.  Guignard  présente  une  note  de  M.  Bottard  (du 
Havre)  sur  les  glandes  à  venin  des  poissons  ;  l'auteur  a 
étudié  avec  soin  ces  glandes  dans  vingt-cinq  ou  trente 
espèces,  tant  indigènes  qu'exotiques. 

—  M.  Gréhant  dépose  une  note  de  M.  Winter,  concernant 
un  procédé  de  recherche  de  l'urobiline  dans  la  bile. 

—  H.  Bourquelot  a  recherché  avec  M.  Troisier  comment 
s'assimile  le  sucre  de  lait.  Il  rappelle  que  M.  Dastre  a 
montré  que  ce  sucre  n'est  pas  assimilable  à  l'état  naturel. 
Quel  est  donc  l'agent  de  sa  décomposition  en  glucose  et 
galactose?  Or,  on  ne  peut  trouver,  et,  en  fait,  on  n'a  trouvé 
aucun  suc  digestif  qui  décompose  la  lactose.  Etant  donnée 
celte  difficulté,  MM.  Bourquelot  et  Troisier  se  sont  demandé 
si  on  ne  pouvait  pas  résoudre  la  question  par  une  voie  indi- 
recte, par  exemple  en  soumettant  au  régime  lacté  un 
glycosurique»  puisqu'on  peut  admettre  qu'un  glycosurique 
digère,  mais  n'assimile  pas  le  sucre.  Or,  ils  ont  vu  chez  un 
diabétique  que  la  totalité  de  la  lactose  passe  dans  les  urines 
et,  en  isolant  la  matière  sucrée  trouvée  dans  les  urines,  ils 
ont  reconnu  que  c'est  bien  du  glucose. 


144    —  N*  9  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  1«  Mars  1889 


—  M.  Dastre  rappelle  qu'il  a  étudié  depuis  1878  le  rôle 
physiologique  de  la  lactose  ;  il  a  trouvé  ce  sucre  dans  les 
urines  en  petite  quantité,  et  il  s'agissait  bien  d'un  sucre  non 
fermentescible.  D'autres  expériences  ont  amené  leur  auteur 
à  penser  que  c'est  le  suc  intestinal  qui  transforme  la  lactose 
en  glucose  et  galactose,  et  cependant  les  chimistes  admettent 
que  l'invertine  n'agit  pas  sur  le  sucre  de  lait. 

M.  Pouchet  fait  une  communication  sur  le  dévelo|)pe- 

ment  de  l'évent  chez  les  cétodonles;  il  a  eu  l'occasion  d  élur 
dier  un  petit  embryon  de  cachalot;  c'est  d'après  cet  embryon 
qu'il  fait  sa  description. 

—  M.  Laborde  montre  par  un  exemple  que  l'emploi  thé- 
rapeutique des  substances  médicamenteuses  et  toxiques 
dépend  de  l'expérimentation  physiologique  qui  peut  en 
fournir  toutes  les  indications;  l'exemple  qu'il  donne  est 
tiré  des  efforts  comparatifs  sur  le  cœur  et  sur  les  vaisseaux 
de  la  digitaline  et  de  *a  strophanline. 

—  M.  KaltSL  observé  un  cas  d'hcmiatrophie  faciale  avec 
altérations  du  fond  de  l'œil;  il  décrit  ces  altérations.  Or 
rhémialrophie  est  considérée  comme  une  affection  déçen- 
dant  du  nerf  trijumeau.  Les  allérations  de  l'œil  dont  il  s  agit 
sont  donc  des  troubles  trophiques  dus  à  la  lésion  de  ce  nerf. 

—  M.  Netter  est  élu  membre  titulaire  de  la  Société. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

CHIRURGIE 

'  Traitcmeii*  do  «oitre,  par  M.  RuDOLF  Trzebicky.  —  L'uuteur 
expose  la  pratique  de  Mikulicz,  dont  ropération,  publiée  en 
1885,  a,  parait-il,  été  mal  comprise  par  quelques  auteurs  (Wœl- 
fler,  Obalinski).  Cette  opération  consiste  à  mettre  à  nu  un  lobe 
du  corps  thyroïde  par  une  incision  soit  médiane,  soit  paral- 
lèle au  bord  antérieur  du  sterno-mastoïdien  ;  à  lier  les  vais- 
seaux de  la  corne  supérieure,  à  libérer  le  lobe  avec  un 
instrument  mousse,  en  coupant  les  vaisseaux  entre  deux 
ligatures,  à  sectionner  Tisthme  d'abord  lié,  et  enfin  à  jeter 
une  ligature  en  masse  sur  la  corne  postérieure,  de  façon  à  lais- 
ser au  fond  de  la  plaie  environ  gros  comme  une  châtaigne  de 
thyroïde.  On  est  bien  sûr  de  ne  pas  léser  ainsi  le  nerf  récurrent; 
en  fait,  cela  est  démontré  par  les  vingt-trois  observations 
de  Fauteur.  La  ligature  en  masse  n'occasionne  aucune  nécrose, 
et  la  réunion  immédiate  est  la  règle.  On  a  objecté  qu'il  ne  res- 
tait pas  assez  de  thyroïde  pour  parer  à  la  cachexie  strumi prive 
si  ropération  était  bilatérale  ;  les  faits  démontrent  qu'il  n'y  a 
pas  ici  un  seul  cas  de  cachexie.  Or  sur  sept  ablations  totales, 
Mikulicz  avait  enregisié  quatre  myxœdèmes  opératoires.  Enfin, 
la  partie  replante  n*est  pas  la  source  d'une  récidive.  Les  ma- 
lades sont  pour  la  plupart  suivis  pendant  au  moins  un  an. 
Si  l'on  ne  tient  pas  compte  de  ce  procédé  spécial,  Mikulicz  a  fait 
en  cinq  ans  quarante-deux  opérations  pour  goitre  avec  un  seul 
décès.  {Weiieî-e  Erfahrungen  uber  die  Résection  der  Kropf es 
nach  Mikulicz,  in  Arch.  f.  klin.  Chir.,  1888,  t.  XXXVII,  p.  498.) 

Amputation  Interaeapnlo-tlioraelqiie,  par  M.  G.  AdELMANN. — 
Ce  travail  résume  en  somme  le  mémoire  de  M.  Berger,  auquel 
il  ajoute  dix-neuf  observations,  les  unes  publiées  depuis,  les 
autres  antérieures.  Deux  observations  in  extenso  de  Poggi  et  de 
Reyher  terminent  cette  note.  Celle  de  Reyher  est  inédile.  {Die 
operative  Entfetmung  dcr  knochernen  Bi^stgurtels,  in  Arch, 
f.  klin.  Chir,,  1888,  t.  XXX VII,  p.  681.) 

Constrietlon  des  mâeboires,  par  M.  KuESTER.  —  Dans  ces  der- 
nières années,  depuis  les  travaux  de  Kœnig  surtout  (1878),  on 
a  étudié  avec  soin  la  part  de  Tankylose  temporo-maxil- 
laire  parmi  les  constrictions  permanent<^s  des  mâchoires. 
L'arthrite  causale  est  d'origine  maxillaire  (fracture,  ostéomyé- 
lites), temporale  (otite8  moyennes  suppurées),  ou  directement 


articulaire  (arthrites  infectieuses  diverses,  arthrite  sèche).  Dans 
ces  cas,  Kœnig  a  bien  fait  voir  que  le  vrai  traitement  consiste 
dans  la  résection  articulaire.  Cela  avait  d'ailleurs  été  dit  depuis 
longtemps  par  Paget,  Ch.  Heath,  Humphry,  0.  Weher.  Boltini, 
mais  la  vulgarisation  réelle  semble  ne  dater  que  de  ces  der- 
nières années,  Kùster  apporte  quatre  observations.  Il  y  in- 
siste sur  l'atrophie  du  maxillaire  ankylosé.  On  ne  saurait  pour 
cela  invoquer  la  seule  immobilité,  car  l'atrophie  est  ordinaire- 
ment asymétrique  et  maximum  le  plus  souvent  du  côté  où  la 
jointure  est  atteinte.  {Veber  Ankylosé  der  Kiefergelenke$,  in 
Arch.  f.  klin.  Chir.,  t.  XXXVII,  p.  723.) 

Pleurésie  purulente  des  eurunts,  par  M.  A.-K.  Steele.—  Le 
traitement  de  cette  pleurésie  est  plus  efficace  que  celui  de  la 
pleurésie  purulente  de  l'adulte.  La  ponction  aspiratrice  répétép 
peut  suffire  à  la  guérison,  mais  l'incision  franche,  avec  drainage, 
est  le  procédé  de  choix.  Il  faut  parfois,  pour  bien  drainer,  pra- 
tiquer la  résection  sous-périostée  d'une  côte,  mais  la  thoraco- 
plastie  n'est  indiquée  qu'exceptionnellement.  {Surgical  ireat- 
ment  ofempyema  in  children,  in  The  journ.  of  ihe  American 
médical  Association^  1888,  t.  XI,  p.  688.) 

Hydroeèle  ebyleuse  ;  éléphuntlusto  du  «erotuni  ;   fliairo  da 

«ans,  par  M.  W.-M.  MâStin. —  L^observation  personnelle^  de 
l'auteur  a  trait  à  une  hydrocèle  chyleuse  dont  le  porteur  pré- 
sentait la  fîlaire  dans  le  sang.  A  ce  propos,  Mastin  étudie  l'his- 
toire de  la  filaire  du  sang  en  Amérique.  Il  montre  son  lien  avec 
la  chylurie,  l'éléphantiasis  (du  scrotum  surtout),  rhydrocèle 
chyleuse.  Bibliographie  étendue,  mais  où  il  n'est  pas  fait  men- 
tion du  travail  de  Le  Dentu,  spécial  à  ce  même  point  de  1  hydro- 
cèle chyleuse.  {The  history  of  the  filaria  sanguinis  homi- 
nis,  etc.,  in  Annals  ofSurgery,  1888,  t.  VIII,  p.  321.)     A.  B. 


Travaux  ik  consulter. 

Des  injections  d'acide  osmique  dans  le  rhumatisme  .<hl'>- 
CULAIRE,  par  M.  Grinevitsk.1.  —  Il  y  a  deux  ans,  le  mérae  obser 
vateur  publiait  des  cas  de  guérison  de  myalgie  rhumatismale 
par  les  injections  sous-cutanées  d'acide  osmique.  Il  prescrivait 
alors  trois  à  six  gouttes  de  la  solution  au  centième  de  cette  sub- 
stance dans  les  cas  de  névralgie.  Actuellement,  et  Tobservation 
qu'il  publie  justifie  cette  pratique,  il  emploie  le  contenu  tout 
entier  d'une  seringue  de  Pravaz  de  cette  même  solution  ainsi 
titrée  et  l'injecte  dans  l'épaisseur  du  tissu  musculaire,  en  pré- 
férant les  doses  élevées,  parce  qu'elles  permettent  de  ne  pas 
multiplier  les  piqûres  et  parce  que  leur  action  est  plus  prompte 
et  plus  certaine. 

Les  succès  ont  été  obtenus  aussi  bien  contre  le  rhumatisme 
aigu  que  contre  le  rhumatisme  chronique  et  après  deux  injec- 
tions. Rarement  il  a  été  obligé  de  porter  leur  nombre  jusqu'à 
six,  et  de  plus,  autre  avantage,  il  n'aurait  pas  observé  de  récidives. 
{Russkaia  meditzina,  1888,  n»  28.) 

Des  injections  sous-cutanéks  de  quinine  contre  la  coqlf- 
LUCHE,  par  M.  B.  Fervers.— Depuis  les  travaux  de  Bing  en  i88S, 
on  a  souvent  essayé  le  traitement  de  cette  affection  par  la  qui- 
nine, et  Ungar  (de  Bonne)  admet,  avec  le  premier  de  ces  obser- 
vateurs, que  ce  traitement  abrège  la  durée  de  la  maladie  el 
diminue  son  intensité. 

Cependant,  il  reconnaît  avec  son  élève,  M.  Fervers,  la  difli- 
culté  de  prescrire  des  doses  élevées  de  ce  médicament,  même 
sous  la  forme  de  tannate,  qui  a  été  recommandée  dans  ces  der- 
niers temps  :  c'est  pourquoi  il  adopte  la  méthode  des  injeclionî^ 
sous-cutanées  avec  la  solution  de  phénate  de  quinine  dans  par- 
ties égales  d'eau  ou  de  la  solution  au  trois-dixième  d'élliyl- 
sulfate  de  quinine.  Le  seul  inconvénient  de  ce  mode  d'adminis- 
tration de  la  quinine  serait  parfois  de  provoquer  la  formation 
d'abcès;  aussi,  on  ne  doit  l'employer  que  dans  les  cas  où  il  ^^^ 
impossible  d'administrer  le  médicament  par  la  voie  stomacale. 
{Jakrb,  f.  KinderheiL,  Bd  XXVIIl-,  n«  9, 1888.) 


1«^  Mars  4889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  9  —    145 


Du    TRAITEMENT     DE    LA.    PLEURÉSIE     PAR    LE    SALICYLATE    DE 

SOUDE  ET  LE  sAi.OL,  par  M.  J.  Drzewibcki.  —  L'année  der- 
oière,  le  joarnal  Medicyna,  dans  ses  numéros  i5  et  46,  publiait 
UDC  série  de  cas  de  pleurésie  traités  avec  succès  par  le  salicy- 
Ute  de  soude.  Sous  Tinfluence  de  ce  sel,  on  avait  vu  la  maladie 
sauénuer  dans  les  vingt-quatre  heures,  la  douleur  diminuer,  la 
température  s*abaisser  et  la  diurèse  augmenter.  Des  guérisons 
complètes  étaient  ainsi  obtenues  dans  l'espace  de  deux  septé- 
naires. 

Encouragé  par  ces  résultats,  M.  Drsewiecki  a  essayé  le  salol 
daos  UQ  cas  de  pleurésie  et  conclut  favorablement  à  la  substitu- 
lion  du  salol  au  saiicylate  de  soude  dans  le  traitement.  11  rap- 
pille  les  avantages  bien  connus  de  ce  sel  et  la  tolérance  de  Tor- 
g;iDi$Qie  pour  ses  doses  élevées,  mais  ajoute  qu'on  n'en  obtient 
(leffeU  curatifs  qu'à  la  condition  de  le  prescrire  aux  pleuréti- 
ques  par  larges  doses.  Au  demeurant,  cette  médication  n'est  indi- 
quée, est-il  besoin  de  le  noter,  que  contre  les  pleurésies  fran- 
chement rhumatismales.  {TheN,  y.  med.  Record,  l5aoùtl888.) 

bl  TRAITEMENT  DE  LA  PHTHISIE  PULMONAIRE  PAR  U  CRÉOSOTE, 

par  M.  Van  der  Veoet.  -^  L'auteur,  dans  ce  mémoire,  s'inspire 
•le  la  pratique  de  son  maître,  M.  Verstraeten  (de  Gand),  pour 
recommander  quelques  préparations  de  créosote  destinées  à  rem- 
placer l'huile  de  foie  de  morue  créosotée  et  à  vaincre  l'intolé- 
raDce  ou  la  répugnance  des  malades. 

Il  propose  Thuile  d'amandes  douces,  additionnée  de  créo- 
sote par  parties  égales,  à  la  dose  de  cinq  à  dix  gouttes  dans 
'jO  grammes  de  lait,  en  répétant  cette  dose  trois  à  quatre  fois 
chaque  jour. 

11  formule  aussi  une  mixture  contenant  6  grammes  de  créo- 
>ole  pour  8  grammes  de  noix  vomique,  à  raison  de  huit  à  dix 
gouttes  dans  deux  cuillerées  d*eau  sucrée  avant  les  repas.  On 
doit  répéter  cette  dose  trois  à  cinq  fois  chaque  jour. 

Cette  préparation  stimulerait  les  fonctions  digestives,  ferait 
disparaître  leurs  perturbations  et,  en  même  temps,  par  son 
action  germicide,  elle  agirait  favorablement  et  rapidement  sur 
les  lésions  pulmonaires.  (Bull,  de  la  Société  de  médecine  de 
(;'w/,juillet1888,  p.  133.) 

De  ia  terpine  dans  les  maladies  du  poumon,  par  M.  Cam- 
JiA.NX.  —  Vingt-cinq  cas  d'affection  des  voies  respiratoires 
traitées  par  la  terpine,  telle  est  la  statistique  que  l'auteur 
produit  en  faveur  de  remploi  de  ce  médicament,  qu'il  prescri- 
vait sous  la  forme  pilulaire,  à  raison  de  8  grains  par  jour.  Dix- 
neuf  fois  il  s'agissait  de  bronchites,  une  fois  d*emphysème,  une 
fois  de  pleurésie  et  quatre  fois  de  tuberculose  pulmonaire. 
Vingt-quatre  heures  après  l'administration  du  médicament,  il 
observait,  sauf  dans  un  cas,  une  diminution  de  l'expectoration  et 
(le  la  toux.  Dans  six  cas,  la  dyspepsie  s'atténuait;  dans  neuf  cas, 
il  y  avait  augmentation  quantitative  des  urines;  enfin,  quelques 
malades  accusaient  une  augmentation  de  l'appétit.  Au  demeu- 
rant, la  terpine  lui  paraît  mériter  les  éloges  dont  il  a  été  l'oh- 
\^i(TkeS.  Y,  Record,  30  juin  1888.) 

Des  fumigations  mercurielles  dans  la  diphthérie  laryn- 
gée, par  M.  Corbin.  —  Le  procédé  que  Fauteur  recom- 
mande est  le  suivant.  On  dispose  dans  la  chambre  à  coucher 
<ie  l'enfant  une  sorte  de  tente  sous  laquelle  on  peut  faire 
séjourner  ce  dernier.  Puis  on  volatilise,  au  moyen  de  la  cha- 
l<^ur  d'une  lampe  à  alcool,  une  dose  de  3  à  4  grammes  d'oxyde 
noir  de  mercure,  et  on  fait  demeurer  le  malade  pendant  vingt 
niinutes dans  cette  atmosphère  chargée  de  vapeurs  mercurielles. 
Ces  vaporisations  sont  répétées  toutes  les  deux  heures.  M.  Cor- 
bin déclare  en  avoir  obtenu  des  résultats  fort  heureux  et  n'avoir 
noté,  sous  l'influence  de  cette  médication,  ni  diarrhée,  ni  sali- 
galion.  {Rev,  mens,  des  malad.  de  Venfance,  août  1888.) 

Dl*  TRAiTEMENT  DES  ULCÉRATIONS  TUBERCULEUSES   PAR  L'ACIDE 

SAUCYLiuuE,  par  M.  P.  Henrijean.  —  Les  trois  observa- 
tions qui  font  l'objet  de  cette  note  sont  celles  d'ulcérations 
luberculeuses  du  visage  que  la  pusillanimité  des  malades  empê- 


chait de  traiter  par  raclage.  M.  Henrijean  fit  usage  de  l'emplâtre 
salicylique  et  obtint  la  guérison  dans  l'espace  de  deux  à  trois 
semaines. 

Le  pansement  était  pratiqué  au  moyen  de  langfuettes  d*un 
emplâtre  titré  à  20  pour  100  de  la  substance  antiseptique,  que 
l'on  recouvrait  d'une  couche  de  bandelettes  d'un  emplâtre  à 
l'oxyde  de  zinc  pour  réaliser  une  occlusion  plus  parfaite  des 
plaies  ulcéreuses.  {Annales  de  la  Société  médico-chirurgicale 
de  Liège^  août  et  sept.  1888,  p.  53.) 

De  l'emploi  du  calomel  a  hautes  doses  dans  la  pneumonie, 
par  M.  le  docteur  J.  Me  Manns.  —  Le  traitement  proposé  par 
Tauteur  consiste  à  faire  ingérer  une  dose  massive  de  30  à 
60  grammes  de  calomel  avant  le  troisième  jour  de  la  maladie. 
Plus  tard  on  peut  prescrire  une  dose  moins  élevée.  M.  Me  Manns 
prétend  provoquer  ainsi  une  crise  favorable,  caractérisée  par  la 
diminution  de  fréquence  du  pouls,  l'abaissement  de  la  tempéra- 
ture ,  la  régularisation  du  rythme  respiratoire  et  l'abolition  de 
la  douleur  de  côté.  Sous  cette  influence,  il  ne  redoute  pas  les 
troubles  gastro-intestinaux,  c  qui  consistent  seulement,  ajoute- 
t-il,  dans  l'augmentation  temporaire  des  selles  ».  {The  New- 
York  med.  Record,  8  sept.  1888,  p.  260.) 


BIBLIOGRAPHIE 


Traité   iMratiqnc  d^antlsepale  appll^aé«  h  la  th^rapea- 

tique  et  *  Tiiysièiie  {médeciney  chirurgie,  obstétrique), 
par  M  H.  les  docteurs  Legendre,  Barette,  LepagEp 
3'  partie:  Antisepsie  chirurgicale  par  M.  le  docteur 
Barette  ;  4*  partie  :  Antisepsie  obstétricale,  par  H.  le 
docteur  Lepage  (1  vol.  de  500  pages).  Paris,  1888. 
G.  Steinheil. 

Ce  livre  est  le  second  volume  du  traité  d'antisepsie  appli- 
quée à  la  thérapeutique  et  à  Thygième,  dont  nous  avons 
fait  connaître  précédemment  le  plan  général,  et  ia  partie 
consacrée  à  l'antisepsie  médicale  par  le  docteur  Legendre. 

^ette  analyse  nous  permettra  d'être  plus  bref  aujourd'hui 
en  signalant  au  public  médical  le  volume  qui  vient'  com- 
pléter l'ensemble  de  l'ouvrage.  D'ailleurs,  sans  vouloir 
diminuer  le  mérite  qu'ont  eu  MM.  Barette  et  Lepage  à  com- 
poser un  second  volume  digne  en  tous  points  du  premier, 
nous  ne  pouvons  nous  dispenser  de  faire  remarquer  que 
leur  tâche  était  évidemment  moins  lourde,  les  progrès  de 
l'antisepsie  en  chirurgie  et  en  obstétrique  étant  établis 
de[)uis  plus  longtemps,  sur  des  bases  mieux  connues  et  plus 
solides.  Quoi  qu'il  en  soit,  nous  n'avons  à  leur  adresser  que 
des  félicitations  pour  l'excellente  monographie  qu'ils  ont 
composée  et  dans  laquelle  se.trouvent  réunis  tous  les  pré- 
ceptes de  la  méthode  antiseptiaue  à  laquelle  la  chirurgie  et 
l'obstétrique  sont  redevables  des  brillants  succès  que  nous 
enregistrons  chaque  jour. 

Après  un  intéressant  préambule  consacré  aux  principes 
fondamentaux  de  l'antisepsie  chirurgicale,  M.  Barette  étu- 
die les  procédés  d'antisepsie  physique  et  d'antisepsie  chi- 
mique :  parmi  les  premiers  se  rangent  l'emploi  de  la  cha- 
leur, l'étuvage,  le  flambage,  le  pansement  à  l'abri  de  l'air, 
le  drainage,  la  suture  des  plaies,  la  compression,  etc.;  les 
seconds  comprennent  l'usage  des  substances  microbicides, 
le  spray,  les  pansements  humides,  ou  les  pansements  secs. 
Mais  la'plupartde  ces  substances  antiseptiques  sont  toxiques 
et  l'auteur  passe  en  revue  les  accidents  locaux  ou  les  phé- 
nomènes d'empoisonnement  qui  peuvent  être  la  conséquence 
de  leur  emploi  intempestif  ou  mal  dirigé. 

Passant  ensuite  à  I  application  des  préceptes  généraux,  il 
décrit  successivement  le  pansement  des  plaies  exposées  ou 
des  plaies  cavitaires,  la  mise  en  pratique  de  l'antisepsie 
dans  les  affections  des  tissus  et  des  systèmes,  dans  les 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


1«  Mars  4889 


grandes  blessures  par  armes  à  feu,  dans  les  grandes  opéra- 
tions sur  les  membres,  dans  la  chirurgie  du  crâne  et  de  la 
face,  du  tronc,  de  Tabdomen  et  de  l'appareil  génito-urinaire. 
Signalons  à  ce  propos  les  intéressants  chapitres  qui  ont  trait 
à  la  gynécologie  opératoire,  cette  branche  trop  longtemps 
délaissée  chez  nous  de  la  chirurgie,  mais  dont  les  récents 

(progrès  ont  été  considérables  grâce  à  l'emploi,  judicieux  de 
a  méthode  antiseptique  rigoureuse. 

Enfin,  M.  Barette  fait,  ajuste  titre,  de  minutieuses  recom- 
mandations au  sujet  de  l'hygiène  du  malade,  de  l'opérateur, 
des  locaux  et  de  la  literie,  insistant  comme  il  convient  sur 
la  désinfection  rigoureuse  dès  instruments  et  des  mains  du 
chirurgien  ou  de  ses  aides.  C'est,  en  effet,  trop  souvent 
l'opérateur  ou  ceux  qui  l'assistent  qui  apportent  l'agent 
septique  et  le  déposent  dans  la  plaie  :  négliger  sur  ce  point 
spécial  la  moindre  précaution  pouvant  compromettre  l'asepsie 
absolue  serait  commettre  une  lourde  faute,  engageant  gra- 
vement la  responsabilité  professionnelle. 
.  Nous  retrouvons  les  mêmes  préceptes  et  des  règles  pra- 
tiques tout  analogues  dans  les  chapitres  dus  à  la  plume  de 
M.  Lepage  et  relatifs  à  l'antisepsie  en  obstétrique.  L'accou- 
chée est  une  blessée,  n'eût-elle  que  la  plaie  placentaire  ;  à 
plus  forte  raison  lorsqu'il  vient  s'y  ajouter  quelque  déchi- 
rure du  col,  du  vagin  ou  de  la  valve.  Elle  est  exposée  à  des 
souillures  au  moment  de  la  parturition,  à  l'introduction  des 
germes  par  les  interventions  opératoires,  par  le  simple 
toucher,  vaginal;  elle  est  en  imminence  d'infection  par 
suite  de  l'involution  puerpérale  elle-même.  Enfin  multiples 
âont  les  causes  acciaentelles  oui  peuvent  amener  la  conta- 
mination, soit  à  l'occasion  de  l'accouchement  normal  et  de 
la  délivrance,  soit  au  moment  de  l'avortement,  de  l'accou- 
chement prématuré  artificiel,  etc. 

'  Antisepsie  et  hygiène  minutieuse  pendant  la  grossesse, 
au  moment  de  l'accouchement  et  durant  les  suites  de 
couches,  tel  est  le  but  auquel  doivent  tendre  tous  les  efforts 
de  l'accoucheur.  Enfin,  antisepsie  thérapeutique  intensive, 
persévérante,  lorsqu'on  assiste  à  des  accidents  puerpéraux 
septicémiques,  telle  est  la  règle  à  suivre  et  grâce  à  laquelle 
bien  des  femmes  échapperont  encore  à  une  mort  mena- 
çante. 

Nous  conseillons  aux  praticiens  la  lecture  attentive  des 
chapitres  consacrés  à  l'antisepsie  du  nouveau-né,  à  l'anti- 
sepsie et  à  l'hygiène  de  l'allaileraent,  et  aux  préceptes  qui 
doivent  présider  à  la  construction,  à  la  direction  et  à  l'en- 
tretien des  maternités.  Nous  ne  saurions  insister  davanlaçe, 
mais  nous  tenons  à  rappeler,  en  terminant,  combien  les 
statistiques  sont  encourageantes,  puisqu'elles  nous  montrent 
que  les  épidémies  de  fièvre  puerpérale,  que  celte  effroyable 
mortalité  des  femmes  en  couches  ont  disparu  depuis  que  l'on 

a  mis  en  œuvre  les  procédés  de  la  méthode  antiseptique. 

• 

André  Petit. 


La  circonvolution  de  Broca,  Étude  de  morphologie  céré- 
brale, par  M.  Georges  Hervé.  —  Paris,  1888,  Lecrosnier 
et  Babé. 

Il  y  a  quelques  semaines  seulement,  au  Congrès  de 
Glasgow,  le  docteur  Mac-Ewen,  dans  une  communication 
des  plus  intéressantes  sur  la  chirurgie  cérébrale,  procla- 
mait Broca  le  premier  des  localisaleurs,  et  montrait  quelle 
avait  été  l'importance  de  la  découverte  du  savant  français. 
Nous  ne  pouvons  donc  qu'applaudir  à  l'idée  qu'a  eue  le 
docteur  Hervé  en  écrivant  une  monographie  sur  la  Broca*s 
Circonvolution,  comme  l'appellent  nos  voisins. 

En  ce  point  limité  du  cerveau  réside,  pour  Broca,  la 
faculté  particulière  d'exprimer  les  idées  par  l'articulation 
des  mots;  en  un  mol,  la  faculté  coordinatrice  du  langage 
articulé.  Dans  cette  circonvolution  siège  une  faculté,  c'est- 


à-dire  une  fonction  nerveuse  de  nature  supérieure,  mais 
inséparable  de  la  matière  en  laquelle  gll  sa  cause  efficiente. 
Comme  toute  faculté  a  une  mémoire  propre,  non  solidaire 
des  mémoires  adjointes  aux  autres  facultés,  on  peut  dire 
que  la  troisième  circonvolution  est  l'organe  de  celle  mé- 
moire, qui  n'est  autre  que  la  mémoire  du  mécanisme  roin- 
plic|ué  de  l'articulation.  Plus  tard,  Charcot  attribue  à  la 
troisième  frontale  la  garde  de  la  mémoire  motrice  des  mou. 
Enfin,  il  montre  que  la  fonction  du  lanpge  n'est  pas  une, 
et  qu'elle  représente  la  collaboration  de  plusieurs  sens  et 
de  plusieurs  centres  cérébraux  à  la  fois  solidaires  et  indé- 
pendants. 

M.  Hervé  tente  une  étude  morphologique  de  la  circonvo- 
lution de  Broca,  il  veut  montrer  son  autonomie,  montrer 
qu'elle  est  indépendante  au  point  de  vue  circulatoire, 
comme  au  point  de  vue  de  la  fonction,  comme  au  point  de 
vue  anatomique,  puisque  Betz  a  prouvé  que  les  cellules  de 
la  circonvolution  de  Broca  ont  une  structure  spéciale. 

Transformiste  convaincu,  M.  Hervé  va  chercher,  dans  les 
espèces  inférieures,  l'ébauche  de  la  circonvolution,  siège 
du  langage  articulé.  Mais,  avant  de  se  livrer  à  cette  étude, 
il  veut  examiner  la  circonvolution  de  Broca  chez  l'homme 
d'après  le  cerveau  schématique,  s'appuyanl  sur  celte  règle 
immuable  de  la  morphologie  :  la  description  du  type  pré- 
cède celle  des  variétés. 

La  découverte  de  la  troisième  circonvolution  frontale 
remonte  aux  travaux  de  Gratiolet  (1854),  qui  en  fait  un 
organe  cérébral  distinct  et  indépendant.  Broca,  en  1861, 
admet  l'existence  de  centres  nerveux  indépendants. 

Malgré  la  ruine  de  l'école  phrénologique,  il  affirme  l'au- 
tonomie du  langage  articulé  et  du  centre  qui  y  préside. 

Nous  ne  pouvons  qu'admirer  la  précision  descriptive  dont 
fait  preuve  M.  Hervé.  Dans  cette  minutieuse  description  de  la 
circonvolution,  nous  relevons  le  point  qui,  pour  Broca. 
représentait  le  siège  de  la  mémoire  motrice  des  mots. 

Ce  centre  se  trouve  inscrit  dans  un  espace  quadrilatère 
haut  de  i  à  4  centimètres,  large  de  25  à  35  millimètres, 
compris  entre  la  branche  ascendante  de  la  scissure  de  Syl- 
vins,  la  scissure  de  Rolande,  le  deuxième  sillon  fi*ontal  et 
la  scissure  de  Sylvius.  C'est  en  langage  courant  le  pied  de 
la  troisième  circonvolution.  Ce  pied,  qui  s'appuie  sur  l'ex- 
trémité inférieure  de  la  frontale  ascendante  et,  naturelle- 
ment, de  la  pariétale  ascendante,  explique,  quand  la  lésion 
qui  l'atteint  diffuse  un  peu,  de  l'aphémie  d'abord,  une 
monoplégie  associée  de  la  face  ensuite. 

Après  avoir  décrit  la  circonvolution,  Hervé  montre  qu'elle 
se  termine  très  en  avant,  sur  le  lobe  orbitaire,  en  un  point 
qu'on  appelle  le  pâle  frontal. 

L'auteur  nous  montre  ensuite  les  connexions  de  la  troi- 
sième circonvolution  frontale  avec  le  lobule  de  l'insula, 
la  troisième  temporale,  l'extrémité  antérieure  du  centre 
ovale  (faisceau  pédiculo-frontal  de  Charcot  et  Pitres,  de 
Boyer.  Brissaud,  etc.). 

Après  un  long  chapitre,  consacré  aux  primates,  Hervé 
conclut  que  le  type  cérébral  primitif  desdits  primates  est 
un  type  à  deux  et  non  à  trois  étages  frontaux.  La  circonvo- 
lution de  Broca  n'apparaît  que  chez  les  anthropoides;  elle 
se  forme  par  dédounlement  du  deuxième  étage  frontal  pri- 
mitif. Conclusion  :  Cette  circonvolution  constitue,  chez  les 
anthropoïdes  et  chez  l'homme,  une  quatrième  circonvolu- 
tion frontale. 

L'étude  du  développement  de  la  région  sylvienne  est  faite 
magistralement.  Nous  connaissons  peu  de  traités  d'embryo- 
logie où  les  choses  soient  exposées  d'une  façon  plus  claire 
et  plus  précise.  On  peut  suivre  pas  à  pas,  chez  le  fœtus 
humain,  le  développement  de  la  circonvolution  de  Broca. 

De  toutes  les  circonvolutions  du  cerveau,  la  circonvolu- 
tion de  Broca  est  celle  qui  échappe  le  plus  complètement 
aux  influences  somatiques,  et  qui  se  trouve  le  plus  intime- 
ment liée  à  la  fonction  spéciale  dont  elle  est  l'instrument. 


i"  Mars  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  9  —      147 


Manouvrier,  qui  a  fait  de  longues  recherches  sur  Tindépen- 
daiice  relaCive  des  circonvolutions  frontales  et  de  la  troi- 
sième frontale  en  particulier,  par  rapport  à  la  taille,  a 
apporté  de  nombreux  faits  à  l'appui  de  cette  affirmation. 

Ce  point  admis,  Hervé  nous  montre,  chez  des  sourds- 
muets,  des  atrophies  (Broca,  Broadbeut,  Rudinger)  attei- 
gnant en  partie  ou  en  totalité  la  troisième  circonvolution 
frontale,  ou  bien  les  communications  qui  existent  entre 
rinsula,  la  première  temporale  (centre  auditif)  et  le  centre 
da  langage  articulé* 

Il  en  est  de  même  pour  les  idiots,  bien  que  l'idiotie  ne 
constitue  pas,  anatomiquement  parlant,  Un  aroupe  un... 
Cbe2  des  microcéphales,  on  a  constaté  Tabsence  de  la 
branche  antérieure  de  Sylvius  et  de  la  circonvolution  de 
Broca.  Il  est  bon  de  savoir  que,  si  tous  les  gens  qui  n'ont 
pas  de  circonvolution  de  Broca  parlent  peu  ou  mal,  la  réci- 
proque n'est  pas  vraie.  Bien  des  individus  parlant  mal  avaient 
une  (roisième  frontale  intacte. 

Les  imbéciles  ont  leur  troisième  frontale  présente.  On  se 
rappelle  que,  chez  eux,  tout  est  faiblement  développé,  mais 
i/ae  rien  ne  manque. 

Le^  criminels  ne  présentent  pas  d'anomalies  de  disposi- 
tion dignes  d'être  signalées.  Pour  ce  qui  est  des  races  dites 
inférieures,  on  ne  Ifouve  rien  de  bien  caractéristique. 

Enfin,  pour  terminer  cette  analyse,  disons  que,  d'après 
Hervé,  chez  les  intellectuels  (Gratiolet),  le  volume,  le  plis- 
sement en  un  mot,  la  complexité  morphologique  de  la  cir- 

I  coDvolution  est  toujours  proportionnelle  à  sa  puissance. 

I    II  est  donc  hors  de  doute  qu'il  existe  un  rapport  entre  le 

I  déTeloppement  de  la  fonction  et  celui  de  l'organe  charsé  de 
desservir  cette  fonction.  Ce  fait,  admis  pour  une  des  Tocar 
lisalions  les  plus  importantes,  ne  peut-il  pas  être  étendu 

I  à  toutes  les  autres? 

Paul  Berbez. 


Sur  une  forme  végétante  et  atrophique  de  pemphigus 
lODiQUE,  par  M.  Hallopeau. 

Obserfation  d'un  très  grand  intérêt,  uniqu»^  dans  la  littéra- 
ture médicale,  et  où  l'auteur  a  moutré  une  jurande  sagacité  cli- 
nique. 11  s'agit  d*un  malade  qui  portail  à  la  tace  et  sur  les  mem- 
bres supérieurs  surtout  des  dépressions  cicatricielles  que 
sormontent  ou  entourent  des  croûtes  et  des  végétations  conay- 
lomateuses.  Le  nez  est  très  déformé  par  une  cicatrice  dont  l'as- 
pect est  comme  vernissé.  La  cornée  gauche  est  staphylomateuse 
elen  partie  transformée  en  une  cicatrice  opaque  et  vasculaire 
&}ant  amené  une  cécité  presque  complète.  Toutes  ces  lésions 
mi  d'origine  récente,  selon  le  malade,  et  ont  succédé  à  une 
éniplioQ  huileuse. 

Comme  il  a  eu  il  y  a  vingt  ans  un  chancre  induré,  faut-il  le 

I  i'egarder  comme  une   manifestation  anormale   de  la  syphilis? 

Faui-ii  les  considérer  comme  produites  par  un  lupus  ancien? 

Oabien  a-t-on  affaire  à  un  pemphigus  végétant  de  Neumann? 

Eo  raison  de  la  syphilis  ancienne,  on  lit  prendre  au  malade 
1  gramme  d'iodure  de  potassium  par  jour.  Quatre  jours  après,  se 
produisit,  avec  une  lièvre  iiltenso,  une  éruption  de  bulles,  sui- 
vies de  croûtes  et  de  cicatrices.  A  six  reprises,  l'administration 
<ie  1  iodure  de  potassium  fut  suivie,  a  bref  délai  (^  ou  3 
joars)  des  mêmes  phénomènes,  et  de  plus,  sur  des  bulles  ré- 
(eotes^  on  constata  le  développement  de  végétations  semblables 
auï  premières.  U  fut  donc  hors  de  doute  que  bulles,  cicatrices, 
YégéiatioDs  étaieni  produites  par  la  même  cause,  le  médi- 
cament. 

Celte  observation  montre  que  Tiodisme  comme  le  mercuria- 
'^smc  peut  donner  lieu  à  des  accidents  graves,  et  que  les  érup- 
l'ons  iodiques  peuvent  laisser  des  cicatrices  indélébiles  et 
^fQener  la  cécité.  L'action  palhoffénélique  de  Tiodure  de  potas- 
sium ne  s'exerce  qu'à  courte  échéance,  mais  Tidiosyucrasie , 
fomme  chez  le  malade  observé,  peut  ne  se  développer  que  tar- 
divement, car  Fenquéte  faite  à  son  sujet  a  prouvé  que  pendant 
"^«longues  années  il  avait  fait  abus  de  fiodurede  potassium. 
[Annales  de  dermatologie  et  de  syphiliograpkxe,  1888.) 


Psoriasis  et  arthropathies,  par  M.  Rourdillon. 

L'auteur  a  fait,  dans  sa  thèse  inaugurale,  une  étude  intéres- 
sante de  ce  point  de  pathologie.  La  rencontre  du  psoriasis  avec 
des  troubles  articulaires  est  assez  fréquente  ;  le  plus  souvent  la 
dermatose  précède  Farthropathie,  et  cette  complication  s'observe 
principalement  chez  les  névropathes.  Sous  l'influence  d'une 
cause  accidentelle,  telle  qu'un  refroidissement,  on  voit  appa- 
raître chez  les  sujets  atteints  de  psoriasis,  des  névralgies,  des 
douleurs  musculaires,  des  troubles  articulaires,  depuisla  simple 
arthralgie  jusqu'aux  arthropathies  proprement  dites.  Ces  ar- 
thropathies sont  quelquefois  généralisées  et  envahissent  un 
grand  nombre  de  jointures  —  les  petites  articulations  surtout — 
avec  rougeur,  ffonflement  et  état  fébrile.  Les  poussées  se  succè- 
dent ensuite  plus  ou  moins  nombreuses.  Quand  les  arthropa- 
thies sont  localisées  à  un  petit  nombre  de  jointures,  rélémenl 
fluxionnaire  semble  céder  la  place  à  l'élément  douleur. 

Quelquefois  des  ostéophytes  se  produisent  autour  des  articu- 
lations; des  brides  fibreuses  surviennent  et  quelquefois  de  vé- 
ritables ankyloscs  s'établissent.  U  est  remarquable  de  constater 
qu'il  n'y  a  ordinairement  pas  de  complications  cardiaques.  Le 
psoriasis  ne  présente  aucun  caractère  particulier  permettant  de 
prévoir  des  troubles  articulaires,  11  parait  être  de  nature  tro- 
phonévrotique  et  non  parasitaire;  c'est  à  cette  origine  nerveuse 
qu'il  faut  également  rapporter  les  troubles  du  côté  des  articula- 
tions. L'emploi  de  baitis  prolongés  (de  quatre  à  douze  heures) 
à  35  degrés,  recommandés  par  M.  Besnier,  constitue  le  moyen 
le  plus  puissant  contre  les  déterminations  cutanées  et  articu- 
laires. 


VARIÉTÉS 

Création  d'uiN  laboratoire  de  puysiologie  pathologique 
a  l*éc0le  des  hautes  études,  dirigé  par  m.  le  docteur 
François-Franck. 

C'est  avec  la  plus  vive  satisfaction  que  tous  ceux  qui  s'in- 
téressent aux  progrès  de  la  science  française  apprendront 
la  création  de  ce  nouveau  laboratoire.  La  physiologie  patho- 
logique est  née  en  France.  C'est  dans  notre  pays  qu'elle  a 
compté  ses  plus  illustres  représentants  :  Hagendie,  Claude 
BernardJYulpian,}pour  ne  parler  que  de  ceux  qui  sont  morts. 

Elle  aôit  être  considérée  comme  la  base  scientifique  de 
la  médecine,  et,  à  une  époque  oti  les  incessants  et  légitimes 
progrés  de  la  microbiologie  la  menacent  d'une  concurrence 
redoutable,  il  importait  de  lui  maintenir  une  place  dans 
renseignement  ofliciel. 

Or,  à  la  Faculté  de  médecine,  la  physiologie  pathologique 
ne  peut  être  enseignée  sans  que  la  préoccupation  d'en 
déduire  immédiatement  des  applications  pratiques  ne 
vienne  en  arrêter  Tessor.  Plus  libre  de  se  consacrer  à  la 
science  pure,  le  professeur  du  Collège  de  France  peut 
étudier  les  questions  de  ce  genre  à  un  point  de  vue  plus 
élevé,  plus  général.  C'est  ce  qu'a  bien  compris  le  Directeur 
de  l'enseignement  supérieur  lorsque,  cédant  aux  sollici- 
tations de  savants  qui  s'appelaient  Marey,  Brown-Séquard, 
Charcot,  Potain,etc.,etc.,il  se  décida  à  instituer  un  nouveau 
laboratoire  à  l'Ecole  des  hautes  études,  en  le  rattachant  à  la 
chaire  d'Histoire  naturelle  des  corps  organisés  du  Collège 
de  France,  chaire  dont  M.  Marey  est  le  titulaireetM.  François- 
Franck  le  suppléant.  Pour  diriger  ce  nouveau  laboratoire,  il 
fallait  non  seulement  un  physiologiste  érudit,  bien  au  cou- 
rant de  toutes  les  recherches  modernes,  un  expérimentateur 
habile  et  exercé;  ilfallaitencoreetsurtoulun  médecin  ayant 
beaucoup  vu,  ayant  bien  vu,  pouvant  discuter  avec  sagacité 
les  problèmes  que  l'observation  médicale  vient  poser  à  la 

r physiologie.  Toutes  ces  expériences  acquises,  toutes  ces  qua- 
ités  médicales,  M.  Liard  les  a  trouvées  réunies  chess  notre 
ami  et  collaborateur  M.  François-Franck.  Il  nous  sera  per- 
mis, après  les  maîtres  éminentsqui  ont  provoqué  sa  nomi- 


148    —  N^  9  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


f  Mars  1889 


nation,  de  signaler  celle-ci  comme  un  juste  hommage  rendu 
à  des  travaux  estimés  de  tous,  à  des  services  universitaires 
des  plus  méritoires. 


Concours  d'agrégation  de  médecine.  —  Ce  concours  s*est 
terminé  par  les  nominations  suivantes  : 

Faculté  de  Paris  :  MM.  Ghantemesse,  Marie,  Gilbert,  Letulle, 
Netter. 

Faculté  de  Bordeaux:  M.Ménard. 

Faculté  de  Lille:  M.  Combemale. 

Faculté  de  Lvon;M.  Koque. 

Faculté  de  Montpellier:  M.  Sarda. 

Faculté  de  médecine  de  Paris.  —  Les  cours  et  les  confé- 
rences de  la  Faculté  de  médecine  de  Paris  seront  suspendus  le 
lundi  i  et  le  mardi  5  mars.  Ils  reprendront  le  mercredi  6. 

Faculté  de  médecine  de  Lille.  —  Par  arrêté  ministériel,  en 
date  du 21  février  1889,  un  concours  s'ouvrira  le  5  novembre  1889, 
à  la  Faculté  de  médecine  de  Lille,  pour  l'emploi  de  suppléant 
des  chaires  de  pathologie  et  de  clinique  médicales  à  l'Ecole  de 
médecine  d'Amiens. 


Ecole  de  médecine  d'Alger* 
nommé  directeur  de  l'Ecole. 


M.  le  professeur  Texier  est 


Corps  de  santé  militaire.  —  Ont  été  nommés  : 

Au  grade  de  médecin  principal  de  deuxième  classe: 
M.  Viry,  sous-directeur  de  l'Ecole  de  Lyon. 

Au  grade  de  médecin-major  de  première  classe:  MM.fioilard, 
Vautrin  et  Gerbault. 

Augrade  de  médecin-major  de  deuxième  classe:  MM.  Desprez, 
Ferra,  Cassel,  Bernard. 

Corps  de  santé  de  la  marine.  —  A  été  nommé  médecin  de 
2*  classe,  M.  Lardy,  médecin  auxiliaire. 

Asile  Sainte-Anne.  —  A  la  suite  du  concours  ouvert  à  l'asile 
Sainte-Anne,  le  10  décembre  1888,  sont  nommés  dans  les  asiles 
publics  d'aliénés  de  la  Seine  : 

1"  Internes  titulaires  en  médecine  :  MM.  Roubinowitch, 
fiéchet,  Berbez,  Rieder,  Marie,  Blin,  Bernard  et  Rave; 

2*  Internes  provisoires  en  médecine:  MM.  Guérin,  Vigoureux, 
Barazer  el  Targowla. 


Prix  de  la  Société  médico-psychologique  pkoposés 
POUR  1890.  —  Pria?  Aubanel  (2400  francs).  —  Question  ;  Des 
difficultés  du  diagnostic  différentiel  de  la  paralysie  générale 
avec  les  diverses  formes  de  la  folie. 

Prix  Belhomme  (1000  francs).  —  Question  :  De  Vétat  mental 
et  du  délire  chez  les  idiots  et  les  imbéciles. 

Prix  Esquirol.  —  Ce  prix,  de  la  valeur  de  200  francs,  plus  les 
œuvres  d'Esquirol,  sçra  décerné  au  meilleur  mémoire  manuscrit 
sur  un  point  de  pathologie  mentale. 

Prix  Moreau  {de  Tours).  —  Ce  prix,  de  la  valeur  de 
200  francs,  sera  décerné  au  meilleur  mémoire  manuscrit  ou 
imprimé,  ou  bien  à  la  meilleure  des  thèses  inaugurales  soute- 
nues en  18^8  et  1889  dans  les  Facultés  de  médecine  de  France, 
sur  un  sujet  de  pathologie  mentale  et  nerveuse. 

Nota.  —  Les  mémoires  manuscrits  ou  imprimes,  ainsi  que  les 
thèses,  devront  être  déposés  le  31  décembre  1889,  chez  M.  le 
docteur  Ant.  Rilti,  médecin  de  la  maison  nationale  de  Charenton, 
secrétaire  général  de  la  Société.  Les  mémoires  manuscrits  seront 
accompagnés  d'un  pli  cacheté  avec  devise,  indiquant  les  noms  et 
adresses  des  auteurs. 


Société  médicale  des  hôpitaux  ^séance  du  vendredi  8  mars). 
—  Ordre  du  jour:  Discussion  sur  le  mode  de  transmission  des 
maladies  infectieuses  dans  les  hôpitaux  d'enfants,  et  des  mesures 
à  prendre  pour  éviter  la  contagion.  —  M.  Comby:  De  la  trans- 
mission des  maladies  par  les  consultations  externes.  —  M.  de 
Beurmann  :  Un  cas  de  mort  par  tétanie  dans  le  cours  d'une  dila- 
tation de  l'estomac.  —  M.  Huchard:  Sur  un  nouveau  syndrome 
des  maladies  du  cœur:  Tembryocardie.  —  M.  Hayem:  Hémoglo- 
binurie.  —  M.  Gérin-Roze:  Noie  sur  un  cas  de  rage  inutilement 
traité  par  les  inoculations  à  l'institut  Pasteur. 


Souscription  Duchenne  (de  Boulogne). 
Sixième  liste. 

MM.  les  D"  Danion 50  fr.  > 

L.  Labbé 40  • 

Ch.  Mauriac 20  » 

Guermonprez  (de  Lille) 10  i 

Bernhardt  (de  Berlin),  10  maxcks.  12  3i 

Kirmisson 20  > 

M.  le  D^  Clermont  avait  souscrit  50  francs 
et  a  été  par  erreur  porté  comme 
n'ayant  versé  que  W  francs,  reste 

donc 30  1 

Total 182  âT 

Montant  des  listes  précédentes.  2705  fr.    > 

Total  général.  .  2887  W 


NÉCROLOGIE.  —  La  Faculté  de  médecine  de  Lyon  vient  de 
perdre  Tun  de  ses  maîtres  les  plus  estimés,  le  corps  médical 
français  l'un  de  ceux  qui  ont  le  plus  honoré  notre  profes- 
sion. Le  professeur  B.  Teissier  avait  depuis  plusieurs  années 
demandé  l'honorariat  et  la  cruelle  maladie  à  laquelle  il  vieDt 
de  succomber  Tavait  contraint  de  cesser  ses  fonctions  de 
médecin  d'hôpital.  Mais  nul  de  ceux  qui  ont  suivi  son  en>ei- 

§nement  ou  c^ui  ont  eu  recours  à  ses  soins  si  éclairés  et  si 
évoués  n'oubliera  jcamais  les  services  éminents  qu'il  a  rendus  à 
la  science  et  à  la  pratique  médicales.  Us  s'associeront  tous  aa 
deuil  de  son  fils,  le  professeur  J.  Teissier. 

M.  B.  Teissier  était  associé  national  de  l'Académie  de  méde- 
cine, professeur  honoraire  de  la  Faculté  de  Lyon,  président  de 
l'Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de  cette  ville. 

—  Le  professeur  Moitessier  qui  vient  de  mourir  à  Montpellier 
à  Tàge  de  cinquante-six  ans  et  après  quelques  jours  de  maladie 
était,  lui  aussi,  une  intelligence  d'élite,  un  caractère  droit  et 
ferme,  un  savant  laborieux  et  modeste,  dont  la  vie  a  été  pure  de 
toute  défaillance.  Docteur  es  sciences  et  docteur  en  médecine, 
successivement  professeur  à  Clermont,  à  Cluny,  enlln  à  Mont- 
pellier, ancien  doyen  de  la  Faculté  de  médecine  et  membre  du 
Conseil  supérieur  de  l'instruction  publique,  Moitessier  a  mérité 
par  son  travail  infatigable  les  succès  de  son  enseignement  et  sa 
probité  scientifique  les  hautes  distinctions  qu'il  avait  obtenues, 
dur  sa  tombe  son  collègue  et  ami  le  professeur  Engel  a  rendu  à 
sa  mémoire  un  hommage  éloquent  et  mérité. 

—  M.  le  docteur  Antoine  .Mougeot  est  décédé  à  Bruyères 
(Vosges)  à  Fàge  de  soixante-quatorze  ans.  Mycologue  dislinpé, 

Eralicien  très  répandu,  le  docteur  Mougeot  était  chevalier  de  I«î 
égion  d'honnneur  et  ancien  président  du  Conseil  général  des 
Vosges.  On  annonce  aussi  la  mort  de  MM.  les  docteurs  Claude  (dv 
Nomény),  Jacques  (de  Sains),  Masseloux  (de  Clussais),  Pasraret, 
élève  du  service  de  santé  militaire;  Régnier  (de  Blaye),  Simon 

Sde  Caen),  Truchol  (de  Lyon),  Contran  (de  Viviers),  Hamel  idc 
)ogent-le-Hotrou),  Connétable  (de  Pierrefonds),  Peytral  (médecin 
militaire  en  retraite). 

Mortalité  a  Paris  (7«  semaine,  du  10  au  i6  ft^vrier 
1889.  —  Population:  22609^  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  il 

—  Variole,  1.  —  Rougeole,  35.  —  Scarlatine,  3.  —  Coque- 
luche, iO.  —  Diphthérie,  croup,  41.  —  Choléra,  0.  —  Phlhistf 
pulmonaire,  190.  —  Autres  tuberculoses,  26.  —  Tumeurs; 
cancéreuses,  42  ;  autres,  9.  —  Méningite,  42.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  38.  —  Paralysie,  iT).  - 
Ramollissement  cérébral,  6.  -—  Maladies  organiques  du  cœur, ô» 

—  Bronchite  aiguë,  21.  —  Bronchite  chronique,  49.  —  Bronchoj 
pneumonie,  33.  —  Pneumonie,  56.  —  Gastro-entérite:  sein,  o\ 
biberon,  38.  —  Autres  diarrhées,  3.  —  Fièvre  et  péritonite  pue^ 
pérales,  2.  —  Autres  affections  puerpérales,  1.  —  Débilité  co^ 
génitale,  26.  —  Sénilité,  40.  —  Suicides,  15.  —  Autres  mortt 
violentes,  8.  —  Autres  causes  de  mort,  188.  —  Causil 
inconnues,  8.  —  Total  :  1037.  ' 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 

iSSJâ  bit.  —  MoTTBROZ.  —  Imprimeries  réunie*,  A.  rue  Mignon,  î,  f'»'"''-  ' 


TaKRTE-SIXliMB  ANNÉE 


N»  10 


8  Mabs  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 
M.  Li  D*  L.  LEREBOÏÏLLBT,  Rédacteur  kn  chbp 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  8.  DIEULAFOY.  DREYFUS-BRISAC,  FRANÇOIS-FRANCK,  A.  HËNGCOUE,  A.^.  lANTIN,  A.  PETIT,  P.  NECLUS 

Àdreiser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  LirebOïïllkt,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOVIIAIRB.  —  Bulletin.  —  ThiSrapeutique.  Des  indicaliuDB  do  l'antisef^sie 
il»  la  pnetimonie.  *- Travaux  originaux.  Pathologie  externe  :  Mécanisme  des 
/uations  du  sternum.— Clinique  médicale  :  Sur  un  cas  de  syringooiyëlie  ((^liome 
rentnl  de  la  moelle  épinière.  *-  SociÉTés  savantes.  Académie  des  sciences.  — 
Académie  de  médecine.— Société  de  chirurgie.  —  Société  de  biologie.— Société 
aiuiomiqae.  — Rbvub  dbs  JOURNAUX.  Thérapeutique.  —  Bibliograpbib.  Traité 
do  pilper  abdominal  au  point  de  vue  obstétrical  et  de  la  version  par  manœuvres 
externe».  —  VARiéT^.  Nécrologie  :  M.  Legouest.  —  Service  de  vaccine  de 
l'Académie  de  médecine. 


BULLETIN 

Paris,  6  mars  1889. 

Académie  de  médecijie  :  Décès  de  M.  liS^oarat.  —  Acadé- 
mie des  sciences  :  Propriétés  virulentes  et  vsceinalea 
des  microbes  pathogènes»  —  Service  départemental 
de  la  vaccine  dans  le  Gard. 

Après  avoir  annoncé  à  ses  collègues  la  mort  de  M.  Le- 
gouest, M.  le  Président  de  TÂcadémie  de  médecine  a  levé 
la  .séance  en  signe  de  deuil.  M.  Maurice  Perrin  ne  pouvait,  à 
cette  occasion,  que  rappeler  en  quelques  mots  que  nous 
reproduisons  plus  loin  (p.  160)  les  services  éminents  de 
l'ancien  professeur  du  Val-de-Grâce,  de  Tancien  inspecteur 
général  du  service  de  santé  de  l'armée.  M.  Legouest  a,  en 
flTel,  exprimé  le  désir  formel  qu'aucun  discours  ne  fut  pro- 
noncé sur  sa  tombe.  Mais  nous  devons  à  sa  mémoire  Thom- 
mage  de  la  respectueuse  estime  et  de  la  gratitude  que  lui 
gardent  tous  ses  anciens  élèves.  Aussi  avons-nous  demandé 
à  Tun  de  ceux  qu'il  avait  le  plus  aimé  de  résumer  (voy. 
P- 163)  les  titres  scientifiques  de  notre  regretté  maître. 

—  En  commentant  dans  notre  précédent  numéro  (p.  133) 
la  première  communication  faite  à  V Académie  des  sciences 
par  M.  Chauveau,  nous  avions  cru  comprendre  que  le  savant 
académicien  se  ralliait  à  la  doctrine  que  défend  M.  Bou- 
chard et  considérait  dès  lors  les  propriétés  virulentes  et 
vaccinales  des  microbes  pathogènes  comme  dues  à  la  sécré- 
tion de  produits  différents.  Cette  doctrine  n'est-elle  pas 
i^éduisante,  en  effet  ?  La  plupart  des  nouvelles  recherches 
ne  tendent-elles  point  à  démontrer  que  la  propriété  viru- 
lente dépend  non  seulement  de  la  présence  d'un  microbe 
morphologiquement  déterminé,  mais  avant  tout  et  surtout 
des  matières  sécrétées  par  cet  agent  infectieux  ?  La  mé- 
thode dite  de  l'atténuation  des  virus  ne  semble-t-elle  pas 
de  nature  à  prouver  que  Ton  peut  arrêter  la  sécrétion  de 
fes  matières  virulentes,  c'est-à-dire  rendre  le  microbe 
infécond  ?  Et,  dès  l'instant  que  ce  microbe  non  virulent 
î-  Stwi,  T.  XXVI. 


continue  à  conférer  l'immunité,  n'est-il  point  assez  naturel 
de  supposer  qu'il  secrète  un  produit  nouveau,  c'est-à-dire 
un  vaccin,  différent  du  virus,  mais  capable  d'enrayer  ulté- 
rieurement l'action  nocive  qu'exercerait  celui-ci  s'il  était 
injecté  avant  toute  inoculation  vaccinale? 

Telle  n'est  point  cependant  la  conclusion  à  laquelle 
arrive  M.  Chauveau.  Ses  expériences  lui  ont  prouvé  qu'il 
est  possible  d'obtenir  avec  certains  microbes  pathogènes, 
doués  de  toute  leur  virulence  mais  inoculés  en  très  petite 
quantité,  les  mêmes  effets,  bénins  au  point  de  vue  infectieux, 
très  actifs  au  point  de  vue  vaccinal,  que  ceux  obtenus  avec 
les  mêmes  microbes  préalablement  atténués.  S'il  est  facile  de 
comprendre  que  l'atténuation  rende  le  microbe  impropre  à 
fabriquer  la  matière  virulente  en  proportion  suffisante  pour 
produire  l'infection,  tout  en  le  laissant  apte  à  sécréter  la 
matière  vaccinale  en  quantité  considérable,  on  ne  peut,  selon 
M.  Chauveau,  expliquer  par  là  l'inocuité  de  l'inoculation 
d'un  petit  nombre  de  microbes  et,  en  même  temps,  l'immu- 
nité vaccinale  due  à  cette  inoculation.  Ou  du  moins  ces 
expériences  ne  peuvent  être  comprises  que  si  l'on  consi- 
dère la  vaccination  comme  exclusivement  due  à  la  sécrétion 
en  très  petites  proportions  de  la  matière  virulente.  La 
matière  vaccinale  ne  serait  donc  plus  une  sécrétion  distincte 
de  la  matière  virulente.*  La  propriété  vaccinale,  dit  en  effet 
M.  Chauveau,  peut  agir  à  tous  les  degrés  ;  il  n'y  a  pas  de 
limites  pour  ainsi  dire  à  son  action  miuima  ;  la  propriété 
infectieuse,  au  contraire,  doit  être  très  développée  pour 
déterminer  soit  une  maladie  accessible  à  nos  moyens  d'explo- 
rations soit  la  mort,  i^ 

Nous  n'avons  pas  à  discuter  ici  les  opinions  émises  par 
des  savants  dont  l'autorité  en  microbiologie  est  indiscutée. 
Il  nous  sera  permis  cependant  d'affirmer  une  fois  de  plus 
que  ces  problèmes  de  physiologie  pathologique  générale 
sont  loin  d'être  résolus.  Ce  qui  jadis  caractérisait  le  virtis^ 
c'était  précisément  son  extrême  activité  indépendante  de  la 
quantité  de  la  matière  inoculée.  La  rapidité  avec  laquelle 
agissent  les  microbes  du  choléra,  de  la  fièvre  jaune,  du 
typhus,  etc.,  etc.,  semble  bien  encore  démontrer  que,  dans 
certains  cas,  alors  que  les  recherches  les  plus  minutieuses 
ne  découvrent  point  les  microbes  infectieux  ou  n'en  rencon- 
trent qu'un  très  petit  nombre,  la  mort  se  trouve  amenée 
par  une  sorte  d'intoxication  aiguë  analogue  à  celle  que  déter- 
minent les  poisons  chimiques.  D'autre  part,  il  est  non  moins 
difficile  d'admettre  que,  dans  un  milieu  favorable,  les 
microbes  inoculés  —  en  si  petit  nombre  qu'on  le  suppose  — 
ne  puissent  se  multiplier  et  déterminer  dès  lors  une  mala- 
die infectieuse.  La  doctrine  qui  tend  à  admettre  que  la 

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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


8  Mars  1889 


matière  vaccinale  diffère  de  la  matière  virulente  reste  donc 
très  séduisante.  L'exemple  de  la  vaccine  comparée  à  la 
variole  parait  la  confirmer.  Attendons  dès  lors  de  nouvelles 
expériences  pour  nous  éclairer  définitivement  à  cet  égard 
et  applaudissons  surtout  à  celles  que  vient  de  faire  con- 
naître M.  Chauveau  (voy.  p.  159)  et  qui  montrent  que  l'on 
peut  par  des  expériences  physico-chimiques  successivement 
retirer  et  redonner  la  propriété  virulente  à  des  microbes 
pathogènes  qui,  par  conséquent,  restent,  non  seulement  au 
point  de  vue  morphologique,  mais  surtout  au  point  de  vue 
de  leur  organisation  et  de  leur  vie,  toujours  semblables  à 
eux-mêmes. 

—  On  sait  que  des  efforts  sont  tentés  de  tous  côtés  pour 
étendre  la  pratique  de  la  vaccination;  nous  avons  eu 
maintes  fois  l'occasion  d'en  parlera  cette  place.  En  France, 
l'armée  possède  aujourd'hui  un  service  de  vaccination  des 
plus  complets,  dans  tous  les  corps  d'armée  ;  mais  pour  la 
jpopulation  civile,  il  est  loin  d'en  être  ainsi.  Malgré  les 
appels  réitérés  de  l'Académie  de  médecine  et  des  Sociétés 
d'hygiène,  le  Parlement  et  les  conseils  généraux  des  dépar- 
tements ont  souvent  assez  mal  accueilli  les  propositions 
qui  leur  ont  été  faites  à  cet  effet.  Cependant  les  instituts 
vaccinaux  commencent  à  se  multiplier  et  le  jour  ne  tardera 
peut-être  pas  où  cette  excellente  mesure  pourra  être,  grâce 
à  eux,  assez  généralisée  pour  ne  laisser  en  dehors  d'elle 
qu'une  faible  partie  de  la  population.  A  ce  titre  l'initiative 
prise  par  M.  Grimanelli,  préfet  du  Gard,  nous  parait  digne 
des  plus  grands  encouragements;  car  l'organisation  admi- 
nistrative qu'il  vient  de  créer  pour  assurer  le  service  gratuit 
de  la  vaccine  dans  son  département  tient  compte,  dans  la 
mesure  légitime,  de  tous  les  intérêts  en  cause,  ainsi  qu'il 
est  facile  d'en  juger  d'après  les  renseignements  suivants 
qu'il  nous  a  été  flonné  de  recueillir. 

M.  le  préfet  du  Gard  a  institué  dans  ce  département,  à 
partir  de  cette  année  et  après  s'être  éclairé  des  avis  du  Con- 
seil central  d'hygiène  publique  et  de  salubrité,  un  service 
gratuit  de  vaccination  et  de  revaccination  par  vaccin  de  gé- 
nisse. Ce  sont  les  médecins  inspecteurs  des  enfants  du  pre- 
mier âge  qui  sont  chargés  de  ce  service  pour  les  communes, 
à  de  rares  exceptions  près,  de  leurs  circonscriptions  res- 
pectives. Les  conseils  municipaux  de  la  très  grande  majo- 
rité des  communes  du  département  ont  d'ores  et  déjà  voté 
au  budget  de  1889  les  ressources  nécessaires,  d'après  les 
bases  suivantes  :  0  fr.  50  par  vaccination  ou  revaccination  ; 
indemnité  de  parcours  calculée  à  raison  de  1  franc  par  ki- 
lomètre de  distance  de  la  résidence  du  médecin  inspecteur 
à  la  commune  intéressée.  Quant  au  prix  du  vaccin,  qui  est 
fourni  par  l'Institut  vaccinal  de  Marseille,  il  est  payé  sur  un 
crédit  ouvert  au  budget  départemental  pour  la  propagation 
de  la  vaccine. 

Tous  les  ans,  au  printemps  et  en  automne,  ainsi  qu'au 
moment  de  chaque  éclosion  d'épidémie  variolique,  les  maires 
sont  tenus  d'avertir  le  public,  par  voie  d'affiches,  delà  néces- 
sité de  faire  vacciner  les  nouveau-nés  et  de  revacciner  les 
personnes  qui  n'aurait  pas  subi  cette  opération  depuis  sept  à 
huit  ans;  ils  provoqueront  de  la  part  des  médecins  l'indi- 
cation approximative  du  nombre  des  personnes  à  vacciner 
et  en  informeront  la  préfecture  qui  fera  venir  de  l'Institut 
vaccinal  de  Marseille  ou  de  Montpellier  la  quantité  de  vac- 
cin nécessaire  ;  le  public  sera  prévenu  des  jours,  de  l'heure 
et  du  local  où  aura  lieu  la  séance  de  vaccination  gratuite. 

L'effet  de  préservation  de  la  vaccine  ne  durant  qu'une 


huitaine  d'années,  ce  sera  donc  le  1/8  de  la  population  qui 
devra  être  vacciné  chaque  année.  Si,  au  lieu  de  prendre  le 
1/8  pour  base  de  l'évaluation  du  nombre  des  personnes  à 
vacciner,  on  abaisse  la  proportion  jusqu'à  .1/10,  c'est-à- 
dire  jusqu'au  minimum,  on  voit  que,  dans  cette  organisa- 
tion, pour  une  commune  de  1000  habitants,  par  exemple, 
éloignée  de  10  kilomètres  de  la  résidence  du  médecin 
vaccinaleur,  celui-ci  recevra  d'abord  10  francs  d'indemnité 
de  déplacement,  plus  50  francs  de  rétribution  pour  le  i/lo 
de  1000  ou  100  X  0  fr.  50,  soit  au  total  60  francs. 


THÉRAPEUTIQUE 

De«  indlcatlona  de  l'autUepaie  dans  I*  pneamonle. 

Existe-t-il  une  médication  antiseptique  de  la  pneumonie? 
Quelle  est-elle?  Que  vaut-elle?  Ces  trois  questions  intéres 
sent  le  thérapeute  désireux  d'utiliser  les  travaux  modernes 
sur  la  palhogénie  de  cette  affection. 

I 

Tout  récemment  encore,  il  était  d'argumentation  banale 
et  de  critique  commode,  d'énumérer  les  vicissitudes  des 
idées  médicales  sur  la  nature  et  le  traitement  de  la  pneu- 
monie. 

On  l'a  bien  souvent  écrit,  et,  hier  même,  un  auteur  que 
l'on  dit  classique  le  répétait  une  fois  de  plus  :  c  la  théra- 
peutique courante  aime  à -se  mettre  d'accord  avec  les  opi- 
nions régnantes  :».  Telle  théorie,  telle  médication. 

Vraiment,  formuler  cette  remarque,  est  faire  un  eiîorl 
d'érudition  des  plus  modestes;  ne  consiste-t-elle  pas  à 
répéter  à  des  gens  qui  ne  l'ignorent  pas,  que  Bouiliaud 
saignait  coup  sur  coup  les  pneumoniques;  que  Broussais 
était  plus  sanguinaire  encore;  que  Grisolle  aimait  Témé- 
tique  et  que  Béhier  prescrivait  volontiers  l'alcool?  C'esl 
banal. 

On  ajoute,  suivant  l'usage,  que,  plus  avisés,  d'autres 
médecins  préfèrent  l'expectation  :  Quid  in  pneutnoniaf 
Expectatio  simplex  :  c'esi  une  formule  !  Ils  attendent;  Taf- 
feclion  suit  son  cours.  Ne  faut-il  pas  qu'elle  se  termine?  11 
s'agit  d'une  maladie  cyclique.  Et  bien  des  fois,  on  doit 
l'avouer,  l'expectation  réussit,  et  la  pneumonie  guérit. 

Elle  guérit,  soit;  mais  c'est  bien  là  une  medicatio 
pigrorum. 

Naguère  cette  méthode  s'excusait  par  l'incertitude  des 
cliniciens  sur  la  nature  de  la  maladie  :  dans  le  doute  on 
s'abstenait.  Autre  temps,  autre  thérapeutique;  el  aujour- 
d'hui, fût-elle  bien  armée,  comme  Hippocrate  la  voulait, 
l'expectation  ne  peut  plus  rester  le  dernier  mot  de  la  méde- 
cine, contre  la  pneumonie. 

En  effet,  voici  que  l'on  s'entend  volontiers  sur  son  ori- 
gine microbienne.  Eberth,  Fraenkel,  Sternberg,  Sanger, 
Weischelbaum,  Netter,  Talamon,  Koch,  Matricy,  Salvioliet 
Zasteim,  ont  fait  connaître  la  morphologie  de  son  microbe. 
Ils  l'ont  trouvé  dans  l'exsudat  alvéolaire  des  pneumoniques, 
dans  les  capillaires  de  leurs  poumons,  dans  les  crachats 
qu'ils  expectorent  :  ils  l'ont  trouvé  dans  leurs  reins  et 
peut-être  ailleurs  encore.  On  l'a  cultivé,  puis  avec  le  produit 
de  ces  cultures  fertiles,  Afanassiewet  d'autres  ont  provoqué 
des  pneumonies  expérimentales.  Bref,  la  pneumonie 
franche  a  perdu  le  rang  élevé  qu'on  lui  donnait  dans  la 
hiérarchie  des  phlegmasies.  Elle  est  devenue  une  inflani- 


8  Mars  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  NMO  —    151 


mation  spécifique  ou  plutôt  une  maladie  infectieuse.  Dès 
lors  pourquoi  la  soustraire  indéfiniment  aux  lois  de  la 
médication  parasiticide? 

Il  est  vrai  que,  malgré  ces  découvertes,  le  débat  n'est 
pas  encore  clos  :  il  reste  à  déterminer  les  conditions  de 
l'organisme  qui  favorisent  le  développpement  et  la  pullula- 
tionde  l'agent  infectieux.  Ici  on  s'entend  moins. 

Les  uns,  disciples  de  l'école  traditionnelle,  Jurgensen, 
Cohniieim,  Leitchtensteim,  Heidenhaim  (en  Allemagne), 
Bernheim  et  Grasset  (en  France),  considèrent  l'invasion  de 
tout  l'organisme  comme  primitive  ;  adoptent  la  théorie  de 
la  ûèvre  pneumonique,  la  confirment  au  moyen  des  plus 
récentes  données  de  la  microbiologie  et  renouvellent  ainsi 
la  doctrine  de  Huxbam  et  de  Fr.  Hoffmann.  N'est-ce  pas 
aossi  préparer  Tadoption  d'un  traitement  germicide  contre 
celte  affection? 

Par  contre  l'école  anatomique  possède  toujours  des  parti- 
sans. Dévoués  à  l'histoire  plutôt  qu'à  la  médecine  expéri- 
mentale, ils  discutent  ou  mettent  en  doute  l'action  patho- 
gène du  microbe.  Quelques-uns  même,  de  conviction 
inébranlable,  coulinuent  à  professer  la  théorie  démodée 
des  deux  pneumonies.  Tune  franche  et  l'autre  infectieuse. 
El  cependant,  moins  fidèles  aux  traditions  thérapeutiques 
de  leurs  devanciers,  voici  qu'ils  discutent  la  valeur  des 
médications  systématiques  :  les  antiph logistiques  contre  la 
congestion  pulmonaire  initiale  et  les  phénomènes  réaction- 
nels  avec  la  révulsion  et  les  soustractions  sanguines  locales 
comme  moyens,  la  médication  chimiatrique  contre  l'hjpe* 
rioosepar  l'emploi  des  saignées  défilétives,  ou  enfin  le  trai* 
lement  par  les  agents  contre-simulants  dans  l'intention  de 
modérer  le  stimulus,  cette  force  mystérieuse,  si  commode  à 
invoquer  depuis  Brown  et  Rasori.  Inutile  de  s'arrêter  à 
rinlransigeance  de  ces  localisateurs  convaincus.  Les  résul- 
tais cliniques  et  expérimentaux  sont  là.  Ce  n'est  pas  un 
système  philosophique  qui  prévaudra  contre  la  brutalité 
des  faits  t 

Voici  une  troisième  doctrine  :  cette  opinion  est  moyenne; 
ses  avocats  sont  des  séclectiques.  Ils  admettent,  disent* 
ils,  Tunité  pathogénique  des  pneumonies. 

Affection  parasitaire  et  microbienne,  la  pneumonie  e.st, 
ajoutent-ils,  théoriquement  comparable  aux  autres  maladies 
parasitaires  et  microbiennes.  11  y  a  une  diphthérie  localisée 
aux  amygdales  ou  au  larynx;  il  y  a  aussi  une  diphthérie 
toxique  foudroyante.  De  même,  il  existe  une  pneumonie 
localisée  au  poumon  ;  c'est  une  inflammation  spécifique  de 
cet  organe,  c'est  la  pneumonie  franche  de  nos  devanciers. 
11  existe  de  plus  une  pneumonie  infectieuse  ou  plutôt  c  infec- 
tante ),  selon  l'expression  de  M.  G.  Sée. 

Bref,  ne  sont-ce  pas  là  des  modalités  habituelles  aux 
affections  parasitaires  et  infectieuses? 

En  vérité,  il  est  temps  de  conclure  :  à  maladie  micro-» 
bienne,  c'est  un  traitement  germicide  qui  convient. 

El  cependant,  avouons-le,  cette  notion  n'est  pas  encore 
complète.  Quel  rôle  attribuer  au  microbe  pathogène  dans  la 
provocation  des  lésions  viscérales  de  Tinfeclion  pneumo- 
nique? 

Quelle  est  l'influence  pathogène  des  matières  toxiques 
produites  par  le  pneumocoque  ou  par  les  tissus  dont  sa 
présence  modifie  les  activités  trophiques? 

Au  point  de  vue  pratique  la  question  à  débattre  est  donc 
celle-ci:lamédition  pathogénique  de  la  pneumonie  devrait- 
elle  être  simplement  microbicide,   ou  bien,  ne  doit-elle 

pas  élre  tout  à  la  fois  antiparasUaire  et  antiseptique? 


L'anatomie  pathologique  et  la  médecine  expérimentale 
justifient-elles  cette  prémisse?  Oui,  car,  au  cours  de  l'iU'^ 
fection  pneumonique,  la  plupart  des  organes  sont  l'habitat 
du  microbe  pathogène,  auquel  on  donne  le  nom  de  Fraen- 
kel,  et  qui  —  on  doit  le  rappeler  —  mérite  celui  plus  illustre 
de  Pasteur,  qui  le  premier  le  découvrit  dans  la  salive  d'un 
enfant.  Oui,  d'après  les  observations  aujourd'hui  indiscu- 
tables de  péricardite  (Dassier  et  Ménétrier)  et  d'endocardite 
à  pneumocoques  (Roustan,  Heyer,  Gulliver,  Jaccoud,  Netter, 
Besançon,  Weischelbaum) ;  oui  encore,  en  présence  des 
mœurs  ubiquitaires  de  ce  microbe  dont  on  a  signalé  la 
présence  dans  certaines  méningites  (Immermann,  Inglesis, 
Willich,  Keller,  Homolle),  dans  des  pleurésies,  des  périto- 
nites (Crespel),  des  otites,  des  laryngites,  des  pharyngites  et 
des  néphrites.  La  découverte  de  la  nature  spécifique  de  ces 
lésions  viscérales  et  de  ces  inflammations  locales  impose 
donc  des  devoirs  nouveaux  au  clinicien. 

Cependant  je  m'empresse  de  l'ajouter,  ces  lésions  ne 
sont  pas  tout  dans  le  processus  de  l'infection  pneumonique 
localisée  ou  généralisée.  Les  phénomènes  généraux  de  la 
pneumonie  et  certaines  complications  ont  vraisemblable- 
ment pour  cause  l'absorption  de  substances  toxiques  par  les 
tissus. 

Qu'on  justifie  cette  hypothèse,  et  l'effort  thérapeutique 
consistera  aussi  dans  la  neutralisation  de  ces  poisons.  Or  voici 
des  expériences  de  MM.  Serafini  et  Locatello.  Ils  adminis- 
trent aux  animaux  les  produits  des  cultures  de  pneumo- 
coques. Or,  malgré  la  destruction  de  tous  les  micro-orga- 
nismes qu'ils  contenaient,  et  malgré  leur  stérilisation,  ces 
liquides  provoquent  des  phénomènes  fébriles.  Ils  sont  donc 
toxiques. 

Puis,  expérience  de  contrôle,  le  second  de  ces  observa- 
teurs saigne  un  pneumonique,  stérilise  le  liquide  sanguin^ 
l'injecte  aux  animaux  et  provoque  encore  les  mêmes  phé^ 
nomènes  fébriles. 

Plus  tard,  autre  vérification  expérimentale  ;  on  pratique 
cet  essai  avec  le  sang  des  mêmes  pneumoniques,  définiti- 
vement guéris  et  les  résultats  obtenus  sont  négatifs. 

Autre  considération.  Elle  est  relative  à  l'étiologie  des 
troubles  cardiaques  chez  les  pneumoniques.  Les  uns  ont 
pour  origine  l'obstacle  circulatoire  intrapulmonaire  par 
la  diminution  du  champ  respiratoire  et  l'amoiodrissement 
de  l'appel  du  sang  durant  les  mouvements  respiratoires.  Ce 
sont  les  cardiopathies  mécaniques  des  pneumoniques. 

Les  autres  ont  pour  cause  anatomique  l'altération 
trophique  des  fibres  myocardiques.  On  les  a  volontiers  attri- 
bués à  l'état  fébrile  et  à  l'élévation  thermique.  L'origine 
en  est  ailleurs,  comme  M.  Mairigliano  le  déclarait  à  ses 
collègues  du  récent  et  premier  Congrès  de  la  Société  ita- 
lienne de  médecine  interne.  On  la  trouve  dans  la  présence 
dans  le  sang  de  principes  toxiques  agissant  sur  les  fibres 
myocardiques  :  à  preuve,  ces  pneumonies  peu  étendues 
dans  lesquelles  les  troubles  cardiaques  se  manifestent  vers 
le  quatrième  ou  le  cinquième  jour  et  en  l'absence  de  toute 
fatigue  cardiaque  pour  vaincre  l'obstacle  pulmonaire. 

Exisle-t-il  une  preuve  expérimentale  de  cette  opinion? 
L'observateur  italien  la  donne  en  injectant  sous  la  peau  de 
la  tortue  le  sang  stérilisé  de  pneumoniques  et  en  provoquant 
ainsi  des  perturbations  cardiaques  indéniables.  Puis,  expé- 
rience de  contrôle,  il  remplace  ce  liquide  par  le  sang  égale- 
ment stérilisé  des  mêmes  individus  en  guérison  confirmée 
et  ne  provoque  plus  aucun  trouble  cardiaque. 

Voici  un  autre  fait  sur  lequel  l'opinion  est  plus  unanime  : 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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l'examen  du  sang  avec  les  réactifs  microbiques  y  démontre 
la  rareté  des  micro-organismes.  C'est,  a-t-on  dit  avec 
quelque  vraisemblance,  que  les  conditions  de  milieu  ne 
sont  pas  favorables  au  développement  bacillaire.  C'est  aussi 
que  les  globules  blancs  semblent  être  leurs  antagonistes  ou 
plutôt  leurs  phagocites,  suivant  l'expression  de  M.  Melchni- 
koff.  Faut-il  motiver  par  ces  remarques,  quelque  objec- 
tion contre  la  théorie  de  la  septicémie  pneumonique?  Je 
ne  le  pense  pas;  mieux  vaut  soupçonner  ici,  comme  dans 
la  diphthérie,  l'action  de  produits  toxiques  chimiquement 
mal  déterminés,  mais  physiologiquement  démontrés,  et  à 
côté  de  V endocardite  microbienne  des  pneumoniques,  don- 
ner place  à  une  myocardite  toxique  des  pneumoniques. 

Naguère,  on  s'en  souvient,  Gurgensen  avait  noté  les  alté- 
rations des  fibres  myocardiques  dans  19  cas  sur  19.  Il  est 
vrai  aussi  que  Hamburger  mettait  ces  lésions  en  doute. 
Soit  ;  c'est  un  conflit  d'opinions;  ce  n'est  pas  une  démons- 
tration et  ce  désaccord  ne  rend  pas  moins  urgente  la  médi- 
cation antiseptique  de  la  pneumonie. 

Enfin,  l'anatomie  pathologique  fournit  des  arguments 
d'analogie.  Dans  la  pneumonie,  il  existe  des  altérations  des 
ganglions  bronchiques.  Eh  bien,  les  ganglions  cervicaux 
ne  sont-ils  pas  altérés  dans  la  diphthérie  pharyngée?  Il 
existe  aussi  dans  la  pneumonie  des  congestions  hépatiques 
et  spléniqnes.  Ne  sont-ce  pas  là  phénomènes  communs  à 
toutes  les  maladies  infectieuses?  Il  existe  encore  chez  ces 
mêmes  pneumoniques,  à  côté  de  néphrites  nettement  carac- 
térisées, des  congestions  rénales  :  autres  lésions  viscérales 
habituelles  dans  ces  dernières  maladies.  Sont-elles  dues  à 
l'action  de  présence  du  pneumocoque  traversant  l'émonc- 
toire  rénal  ou  bien  à  l'action  destructice  des  matières 
toxiques  véhiculées  par  le  sang?  Je  trouve  réponse  à  cette 
question  dans  les  leçons  de  M.  Bouchard.  D'après  les 
essais  urotoxiques,  l'urine  des  pneumoniques  présente  un 
coefficient  de  toxicité  supérieur  à  celui  de  Turine  normale. 
Ce  n'est  pas  tout;  les  symptômes  de  cette  intoxication  expé- 
rimentale diffèrent.  Injectée  sous  la  peau,  l'urine  normale 
provoque,  on  le  sait,  le  myosis  et  l'abaissement  thermique^ 
Administrée  aux  animaux  de  même  espèce  et  de  poids  équi- 
valent, l'urine  des  pneumoniques  provoque,  à  la  dose  de 
22  centimètres  cubes  par  kilogramme,  dès  convulsions 
toniques  et  la  mort. 

II 

En  s*appuyant  sur  ces  faits,  le  thérapeute  formulera-t-il  une 
médication  directement  antiparasitaire  de  la  pneumonie? 
Théoriquement,  oui,  il  en  a  le  devoir;  pratiquement,  non; 
car  à  cette  heure,  il  ne  dispose,  ni  d'un  agent  spécifique 
contre  le  pneumonique,  ni  de  médicaments  directement 
neutralisateurs  des  substances  toxiques  qui  interviennent 
dans  de  l'infection  pneumonique. 

Est-ce  un  motif  pour  désarmer,  s'en  tenir  aux  affirma- 
tions des  abstentionnistes  et  proclamer  l'inutilité  de  tout 
effort  thérapeutique?  Sans  nul  doute,  on  le  sait,  l'infection 
pneumonique  suit  une  marche  uniforme.  Les  travaux  clas- 
siques de  Wunderlich  et  de  Traube  en  ont  défini  le  type 
régulier  et  cyclique;  au  début,  un  frisson  et  une  ascension 
de  la  température  à  40  degrés;  entre  le  cinquième  et  le 
septième  jour,  la  crise;  après  le  huitième  jour,  la  défer- 
vescence.  C'est  doctrine  renouvelée  d'Hippocrate  et  de  la 
théorie  des  jours  impairs.  C'est  aussi,  comme  on  l'a  dit,  le 
système  thérapeutique  de  la  résignation,  consistant  à  faire 
fond,  d'une  part,  sur  la  résistance  de  l'organisme,  que  le 


clinicien  le  plus  expérimenté  ne  peut  mesurer  et  d'autre 
part,  sur  les  facteurs  mobiles,  variables  et  le  plus  souvent 
inconnus  qui  augmentent  ou  atténuent  l'intensité  de 
l'infection. 

En  1849,  l'expectation  donnait  une  mortalité  de  74  chez 
les  pneumoniques  soignés  par  Diehl  ;  en  1849,  cette  morta- 
lité était  de  23,4 pour  100  parmi  les  malades  de  Wunderlich. 
Sont-ce  là  des  statistiques  concluantes?  Au  moyen  de  ces 
arguments  contradictoires  tirés  de  larithmétique,  on  a  bien 
souvent  condamné  tour  à  tour  les  diverses  médications.  Il 
est  donc  plus  juste  de  répéter  avec  M.  Laboulbène  :  <  Il  faut 
traiter  celte  affection  comme  une  fièvre  spécifique.  > 

Quels  sont  les  moyens  dont  l'antisepsie  médicale  dis- 
pose pour  combattre  «  celte  fièvre  spécifique?  » 

L'indication  thérapeutique  idéale  serait  de  réaliser  la 
rapide  destruction  de  l'agent  infectieux  dans  son  foyer  pul- 
monaire initial.  Des  tentatives  ont  été  faites  dans  ce  but. 

A  l'instar  des  essais  antérieurs  de  Mosler,  Pepper  et 
Fraenkel,  sur  des  foyers  bacillaires  intrapulmonaires,  on 
s'est  adressé  aux  injections  intraparenchymaieuses,  et 
M.  Lépine,  le  premier  parmi  nos  compatciotes,  a  essayé  de 
réaliser  ainsi  Vantisepsie  locale  chez  les  pneumoniques. 
La  méthode  qu'il  communiquait,  le  10  août  1885,  à  TAca- 
demie  des  sciences,  consistait  à  pratiquer  une  série  d'injec- 
tions (quatre  ou  cinq),  sur  les  limites  de  la  zone  d'hépati- 
sation,  à  circonscrire  ainsi  la  lésion  et  à  en  prévenir 
l'extension.  Le  sublimé  en  solution  au  30  ou  40  millième 
lui  parut  d'abord  l'antiseptique  de  choix^  car  son  adminis- 
tration, était  suivie  de  la  disparition  des  râles  crépitants  et 
du  souffle,  d'un  silence  des  bruits  respiratoires  anormaux, 
d'une  défervescence  précoce  et  d'un  rapide  amendement  de 
l'état  général.  Cependant,  en  expérimentateur  bien  avisé, 
notre  savant  confrère  lyonnais  cherchait  un  antiseptique 
moinsirritant.il  s'adressa  à  Tiodure  de  sodium,  et  à  la 
page  1105  de  la  Revue  de  médecine  de  l'année  1885,  signala, 
dans  un  cas  de  pneumonie  des  vieillards,  la  résolution  des 
symptômes  objectifs  et  subjectifs,  après  une  double  injection 
de  4  grammes  de  ce  sel  en  solution  dans  60  centimètres 
cubes  d'eau. 

Malgré  ces  succès,  la  méthode  des  injections  intraparen- 
chymateuses  semble  déjà  dans  l'oubli.  Les  pusillanimes 
déclarent  l'opération  c  effrayante  »,  quand  l'expérience 
démontre  son  innocuité;  les  prudents  hésitent  à  la  pres- 
crire pour  ce  motif  que  les  cas  où  l'on  en  a  fait  usage  sont 
encore  peu  nombreux.  Ce  sont  des  arguments  de  timidité 
et  il  y  aurait  lieu  de  passer  outre,  si,  pour  une  autre 
raison,  on  n'était  pas  fondé  à  contester  la  valeur  des  résul- 
tats obtenus.  Je  m'explique  :  l'antisepsie  ainsi  localisée 
permet  bien  de  combattre  l'agent  parasitaire  dans  le  foyer 
où  il  pullule,  c'est  un  avantage;  par  contre,  elle  ne  permet 
pas,  indication  plus  urgente  encore,  de  lutter  contre  l'in- 
fection et  de  mettre  l'organisme  en  résistance. 

A  cet  effet  il  faudrait  obtenir  Vantisepsie  du  milieu  inlé- 
rieur  chez  les  pneumoniques.  Cet  objectif  n'est  guère  réa- 
lisable avec  les  ressources  thérapeutiques  actuelles.  On  a 
prescrit  le  calomel  et  on  a  voulu  ainsi  pratiquer  la  mercu- 
rialisation  des  pneumoniques.  Ce  fut  sans  succès.  On  a 
conseillé  l'iodure  de  potassium  à  l'intérieur;  mais  cet 
iodisme  thérapeutique  n'a  pas  procuré  de  résultats  plus 
constants. 

Co:is.dérera-t-on  pour  cela  l'antisepsie  dans  la  pneumonie 
commeune  médication  impuissante?  Non,  ce  jugement  serait 

téméraire  et  il  ne  faut  pas  lui  demander  plus  qu'elle  ne 


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peut  donner  en  ce  moment.  On  la  veut  faire  offensite  :  or, 
à  cette  heure,  avec  les  moyens  insuffisants  dont  elle  dispose 
elle  doit  surtout  être  défensive. 

III 

Le  danger,  on  Ta  vu  plus  haut,  n'existe  pas  seulement 
dans  une  émigration  des  microbes  lors  de  leurs  foyers  pul- 
monaires ;  il  vient  encore  de  raccumulation  des  substances 
toxiques  dans  les  tissus  et  de  leur  véhicuiation  à  travers 
l'organisme.  Cette  hypothèse,  objec.te-t-on,  est  un  retour 
à  la  vieille  doctrine  de  la  matière  peccante  et  aux  idées 
de  l'humorisme.  Qu'importe?  Il  s'agit  de  faits  expérimen- 
taux et  non  d'une  théorie.  Acceptons  les  faits,  tout  en 
avouant  que  l'arsenal  thérapeutique  actuel  est  dépourvu  de 
médicaments  susceptibles  de  neutraliser  ces  poisons,  et 
dispose  d'une  seule  ressource  :  celle  d'en  prévenir  l'ac- 
cumulation dans  les  tissus.  Ce  rôle  thérapeutique  appar- 
tient aux  soustractions  sanguines  et  aux  médicaments 
éliminateurSy  qui,  à  ce  point  de  vue,  sont  des  agents  de  la 
médication  antiseptique. 

Faut-il  ouvrir  une  discussion  nouvelle  sur  l'opportunité 
des  soustractions  sanguines  dans  la  pneumonie?  Non, 
certes.  Gomme  moyen  antiphlogistique  local,  c'est  cause 
entendue  :  les  émissions  sanguines  ont  été  condamnées. 

Sont-elles  également  condamnables  au  point  de  vue  anti- 
septique? Oui,  disent  leurs  adversaires,  car  elles  sont 
inutiles.  Elles  diminuent  la  masse  du  sang?  Oui.  Elles 
atténuent  la  proportion  relative  des  pneumocoques  dans 
l'organisme?  Oui,  sans  doute,  mais  quel  inutile  résultat  ! 
Ce  qu'il  faudrait,  ce  serait  les  atteindre  tous.  On  complète 
ce  réquisitoire  en  ajoutant  que,  bien  loin  de  favoriser  l'éli- 
mination de  ces  agents,  elle  la, retarde,  en  mettant  l'orga- 
nisme dans  la  nécessité  de  consacrer  toutes  ses  activités 
trophiques  à  la  réparation  des  pertes  d'hémoglobine,  en 
diminuant  la  richesse  du  sang  en  hétnaties,  enfin,  en  modi- 
fiant profondément  les  conditions  de  la  circulation  pulmo- 
naire. 

Non,  répondent  les  partisans  de  la  saignée  antiseptique, 
et,  pour  légitimer  leur  opinion,  ils  analysent  les  faits  cli- 
niques. Dans  douze  cas  où  la  pneumonie  était  de  gravité 
moyenne,  Marigliano  a  prescrit,  vers  le  quatrième  ou  le 
cinquième  jour,  une  saignée  de  100  à  300  centimètres 
cubes,  et  l'a  répétée  deux  ou  trois  fois.  Tous  les  malades 
guérirent.  Cette  saignée  ne  modifia  ni  Tétat  local,  ni  la 
température,  mais  diminua  la  fréquence  du  pouls,  accrut 
sa  plénitude,  améliora  sa  courbe  sphygmographique,  aug- 
menta la  pression  artérielle  et  rendit  la  diurèse  plus 
abondante.  L'amélioration  des  troubles  circulatoires  dura 
onze  ou  douze  heures,  et  l'augmentation  de  la  diurèse 
pendant  un  jour  et  demi   ou  deux  jours. 

Est-ce  là  un  résultat  clinique  négatif?  Le  soulagement 
du  cœur,  l'atténuation  de  l'infection  septique  ;  voilà  une 
intervention  thérapeutique  de  quelque  efficacité,  dùt-elle 
permettre  un  jour  durant  ou  même  seulement  pendant 
quelques  heures,  de  suspendre  la  marche  d'une  maladie  à 
évolution  rapide. 

Reste  à  déterminer  le  moment  opportun  de  leur  emploi. 
Est-ce  au  début?  Non;  mais  vers  le  troisième  et  le  qua- 
trième jour,  où,  pour  ainsi  parler,  s'ouvre  la  période  sep- 
tique de  la  maladie.  A  ce  moment  leur  heure  vient  de 
sonner. 

li'êmonction  glandulaire  assure  par  une  voie  plus  directe 
l'élimination  de  ces  substances  toxiques,  le  coefficient  uro- 


toxique  de  l'urine  des  pneumoniques  le  prouve  bien,  puisque 
spontanément  l'organisme  choisit  la  voie  rénale  pour  assu- 
rer sa  propre  dépuration.  Voilà,  ce  semble,  une  réhabili- 
tation des  boissons  aqueuses  dans  le  régime  diététique  de 
ces  malades  et  une  justification  de  l'administration  du 
lait  à  titre  d'éliminateur  et  de  médicament  hydragogue. 

L'émonction  cutanée  ne  possède  pas  une  moindre  im- 
portance. Il  y  a  beau  temps  que  Franck  insistait  sur  la 
valeur  des  crises  sudorales  comme  un  signe  de  résolution 
de  la  maladie.  Ce  savant  observateur  devançait  donc  les 
essais  récents  de  Queirolo  sur  le  rôle  antiseptique  de 
l'émonction  cutanée  chez  les  pneumoniques.  De  là  pour  le 
clinicien  bien  avisé  l'indication  de  solliciter  la  diaphorèse 
et  d'en  faire  son  utile  auxiliaire  thérapeutique. 

En  résumé,  les  ressources  de  l'antisepsie  directe  contre 
la  pneumonie  sont  peu  nombreuses  et  dans  cette  indigence 
le  thérapeute  trouve  dans  la  diurèse  et  la  diaphorèse  des 
moyens  auxiliaires  d'antisepsie. 

lY 

Ce  sont,  il  est  vrai,  des  ressources  de  modeste  puissance 
et  pour  les  coiiipléter,  on  cherchera  donc  ailleurs  d'autres 
moyens  de  s'assurer  la  victoire.  Où  les  trouver?  Dans  l'aug- 
mentation de  la  résistance  de  l'organisme;  en  d'autres 
termes,  dans  l'antipyrèse  contre  la  fièvre  et  dans  les  médi- 
caments cardiaques  contre  le  coUapsus. 

Comment  traiter  la  fièvre  dés  pneumoniques  ?  Par  l'abs- 
tention, au  témoignage  de  quelques-uns,  et  ces  avocats  de 
l'expectation  justifient  leur  opinion  en  rappelant  que  ce 
mouvement  fébrile  présente  rarement  des  allures  mena- 
çantes. Il  y  a  bien  parfois  une  élévation  et  des  oscilla- 
tions thermiques  assez  grandes;  mais,  ajoutent-ils,  l'obser- 
vation clinique  enregistre  la  guérison  de  pneumoniques  & 
température  élevée. 

On  a  dit  aussi,  affirmation  téméraire,  que  la  fièvre  a  son 
utilité,  comme  si  le  pneumocoque  s'accommodait  mal 
des  températures  élevées.  Enfin,  troisième  objection,  oh  a 
prétendu  non  moins  témérairement,  je  pense,  que  l'usage 
des  médications  antihyperlhermiques  prolongeait  la  durée 
de  la  maladie* 

Que  ces  assertions  servent  d'excuse  aux  abstentionnistes, 
soit!  Elles  ne  feront  pas  oublier  cependant  que  l'état 
fébrile  diminue  la  résistance  de  l'organisme,  et  que  l'hy- 
perthermie  affaiblit  celle  du  cœur.  CM  Aïoiifs  légitiment 
suffisamment  l'emploi  des  médicamenfS*  antipyrétiques  et 
des  agents  de  réfrigération. 

Je  ne  m'arrête  pas  à  l'administration  des  médicaments 
antithermiqueSy  l'antipyrine  ou  la  quinine,  par  la  voie  sto- 
macale avec  Liebermeister,  Jurgensen  et  la  majorité  des 
cliniciens,  ou  bien  par  la  méthode  hypodermique  avec 
Gerhardt  et  quelques  autres.  Mais  je  constate  que  les 
résultats  thérapeutiques  obtenus  sont  en  rapport  avec  les 
vertus  antihyperlhermiques  de  ces  médicaments  plutôt 
qu'avec  leurs  propriétés  antizymasiques,  et,  qu'au  point  de 
vue  antiseptique,  ils  interviennent  donc  indirectement 
comme  des  modificateurs  de  la  nutrition  et  non  pas  à  titre 
de  parasiticides.  A  ce  titre,  ils  sont  aussi  les  auxiliaires  du 
traitement  antiseptique. 

J'en  trouve  la  preuve  dans  l'action  thérapeutique  ana- 
logue exercée  par  l'emploi  des  réfrigérants.  La  balnéation 
répond  donc,  elle  aussi,  au  programme  de  la  médication 
antiseptique. 

Qu'on  adopte,  en  effet,  les  bains  progressivement  refroi- 


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dis,  de  30  à  20  degrés,  et  continués  durant  quinze  ou  vingt 
minutes,  ou  bien  que  plus  timidement  on  prescrive  les 
bains  chauds  permanents  de  Reiss,  peu  importe;  les  ré- 
sultats antithermiques  sont  équivalents.  Avec  Tantipyrine 
on  augmente  la  déperdition  de  calorique  à  la  périphérie; 
avec  la  balnéation  on  soustrait  ce  calorique  en  excès  ;  les 
procédés  diffèrent,  les  résultats  sont  analogues  ;  les  scru- 
pules des  cliniciens  varient  seuls. 

La  réfrigération  locale  par  les  cataplasmes,  les  demi- 
bains  de  la  méthode  de  Winternitz,  la  vessie  de  glace  en 
permanence  de  Riegel  ou  le  tube  de  Lister,  ne  diminue 
pas  la  température  ;  ses  avantages  sont  contestables  et  ses 
dangers  moins  imaginaires,  car  elle  provoque  l'ischémie 
cutanée  et  peut  conduire  aux  congestions  viscérales.  Ce 
sont  des  petits  moyens  sans  grands  effets  thérapeutiques. 

J'en  reviens  à  labalnéation:  les  méfaits  qu'on  lui  attribue 
sont  bien  connus  :  augmentation  de  l'induration  pulmo- 
naire; au  début,  congestion  pulmonaire  par  ischémie  de 
delà  peau;  plus  tard,  congestion  cutanée  de  retour  par 
ischémie  viscérale.  Quelques-uns,  avec  Oscar  Fraentzel, 
l'accusent  de  conduire  les  pneumoniques  au  tombeau  et 
dans  leur  sévérité  pour  la  médication  qui  fut  si  chère  à 
Jurgensen,  affirment  même  que,  si  des  pneumoniques 
guérissent  après  cette  médication,  c'est  malgré  les  bains  et 
non  pas  par  les  bains. 

Soyons  moins  enthousiastes  que  Jurgensen  et  moins 
sceptiques  que  Fraentzel,  mais,  avec  Hippocrate,  reconnais- 
sons à  la  balnéation  des  pneumoniques  quelques  verlus 
physiologiques  et  thérapeutiques  :  celles  de  tempérer  la 
fièvre,  de  modérer  la  température  et  de  tonifier  tout  à  la 
fois  le  cœur  et  le  système  nerveux,  résultats  importants  au 
point  de  .vue  de  l'antisepsie  générale.  Réservons-les  pour 
les  cas  graves,  où  elle  sera  avec  la  saignée  une  médica- 
tion de  nécessité,  qui,  selon  les  paroles  du  père  de  la  mé- 
decine, c  convient  généralement  dans  la  pneumonie  plus 
encore  que  dans  les  fièvres  ardentes  :». 

J'en  arrive  à  l'autre  danger  auquel  les  pneumoniques 
sont  exposés.  C'est  le  péril  cardiaque.  La  médication  anti- 
septique a  pour  devoir  de  le  conjurer.  Le  régime  diététique 
est  l'arme  la  plus  puissante  pour  prévenir  et  pour  combattre 
tout  affaiblissement  de  la  résistance  de  lorganisme.  D'où 
l'obligation  d'éviter  la  diète  absolue  et  de  prescrire  des 
aliments  promptement  assimilables,  les  œufs  et  le  lait  et 
d'administrer  éventuellement  l'alcool  à  doses  répétées. 

Puis,  inutile  d'insister,  dans  les  cas  de  faiblesse  myocar- 
dique,  de  collapsus  menaçant,  d'œdème  ou  de  congestions 
pulmonaires,  on  conseillera  les  médicaments  cardiaques, 
comme  la  digitale  contre  l'insuffisance  cardiaque  et  les 
agents  cardio-vasculaires,  tels  que  le  strophantus,  et  sur- 
tout la  caféine  ou  les  iodures. 

J'arrête  ici  cette  enquête  thérapeutique  et  je  conclus. 

L'antisepsie  médicale  dans  la  pneumonie  ne  mérite  donc 
pas-  les  reproches  que  Ton  a  formulés  contre  les  autres 
médications  de  la  pneumonie.  Radicale  en  principe,  elle 
est  opportuniste  dans  ses  moyens.  Ses  ressources  sont 
incomplètes  :  elle  ne  dispose  pas  encore  de  médicaments  né  • 
crophytiques  contre  le  pneumocoque  ;  elle  ne  dispose  pas  non 
plus  d'agents  neutralisateurs  des  substances  septiques  que 
le  microbe  produit  ;  mais  fidèle  aux  traditions  classiques, 
elle  s'efforce  de  satisfaire  à  deux  indications  capitales  : 
d'abord  empêcher  l'agent  pathogène  d'émigrer  hors  do  son 
foyer  pulmonaire  :  c'est  le  but  sinon  le  résultat  des  essais 
d'antisepsie  locale;  ensuite^  mettre  l'organisme  en  état  de 


défense  contre  cet  agent  et  de  résistance  contre  l'intoxica- 
tion septique  :  c'est  le  rôle  de  Vantisppsie  générale,  qui, 
provisoirement  et  à  défaut  d'autres,  possède  pour  ressources 
le  régime  diététique,  l'antipyrèseet  les  médicaments  cardio- 
vasculaires. 

C'est  peu,  dira-t-on;  oui,  j'en  conviens;  mais  c'est  drjà 
assez  pour  faire  plus,  et  mieux,  que  par  rabstention, 
l'expectation  simple  ou  les  méthodes  de  résignation. 

Ch.  Eloy. 


TUAVALX  OBlGiiNADX 

Patholoi^e  externe. 

Mécanis>ie  des  luxations  du  sternum,   par  M.  le 
professeur  Servier. 

Il  ne  s'agit,  dans  cette  courte  étude,  que  des  luxa- 
tions du  sternum  par  cause  indirecte.  Ces  luxations  son! 
très  rares.  La  littérature  médicale  en  renferme  dix-huit  à 
vingt  exemples.  Elles  sont  déterminées  par  le  déplacement 
de  la  seconde  pièce  du  sternum  sur  la  première.  Dans  tous 
les  faits  connus  on  remarque  une  luxation  en  avant,  c'est- 
à-dire  que  la  deuxième  pièce  du  sternum  est  portée  en  avant, 
et  non  en  arrière,  de  la  première,  qu'elle  vient  faire  saillie 
en  dehors  du  thorax  et  non  dans  la  cavité  thoracique.  Il 
n'est  pas  question  ici  des  luxations  de  l'appendice  xipholde. 

Cela  posé  nous  nous  demandons  quel  est  le  mécanisme 
de  cette  luxation,  quelle  direction  doivent  suivre  les  forces 
appliquées  sur  un  point  du  corps  plus  ou  moins  éloigné 
du  sternum  pour  venir  aboutir  à  cet  os,  et  le  pousser  en 
avant,  comme  elles  le  font. 

Les  anciens,  quelques  modernes,  ont  présenté  diverses 
explications  qui,  je  dois  le  dire,  sont  une  exposition  des 
faits,  et  non  la  démonstration  de  leur  enchaînement;  inu- 
tile de  nous  y  arrêter.  Maisonneuve  a  indiqué  une  théorie 
qui  est  restée,  et  qui  est  généralement  acceptée  {Arch. 
gén.  de  méd.  et  chir.,  t.  XIV,  p.  240,  1842;  et  Clinique 
chirurg.,  t.  I,  p.  475,  1863).  Il  suppose  que  le  sternum 
est  pris  entre  deux  forces,  agissant  en  sens  contraire  sur 
chacune  de  ses  extrémités.  Cet  os  serait  maintenu  {\\t  à 
son  bout  supérieur  par  les  articulations  du  sternum,  des 
clavicules  et  des  deux  premières  côtes,  et  le  bout  inférieur 
serait  poussé  en  h.iut  par  l'action  des  côtes  transmettant  la 
force  produite  par  une  chute  sur  le  dos  ou  sur  les  pieds. 
Le  sternum  s'incurverait,  et  céderait  dans  le  point  le  moins 
résistant,  l'articulation  de  ses  première  et  deuxième 
pièces. 

Cette  théorie  ne  me  semble  pas  satisfaire  complètement 
Tesprit.  Que  Textrémité  supérieure  du  sternum  soit  soli- 
dement fixée,  la  chose  est  sûre,  mais  que  l'extrémité  infé- 
rieure soit  poussée  de  bas  en  haut  par  le  mouvement  im- 
primé aux  côtes,  je  le  comprends  mal. 

II  m'a  paru  que  la  question  pouvait  recevoir  une  solution 
différente,  qui  se  rapproche  par  quelques  côtés  de  celle 
fournie  par  Maisonneuve,  mais  nui  s  en  éloigne  par  d'autres. 
Je  crois,  et  j'espère  pouvoir  le  démontrer,  que  les  luxations  i 
en  avant  de  la  deuxième  pièce  du  sternum  sur  la  première, 
sont  déterminées  par  l'action  des  côtes  tendant  à  porter  le  , 
sternum,  non  pas  en  haut,  dans  le  sens  de  sa  longueur,   ' 
mais  précisément  en  avant,  dans  le  sens  de  son  épaisseur, 
la  direction  des  forces  étant  perpendiculaire,  et  non  parai-   j 
lèle,  à  l'axe  du  corps. 

Dans  Tétude  des  observations  de  luxation  du  sternum 
un  fait  nous  frappe  par  sa  constance  ;  je  veux  dire  que  Tou    j 
reconnaît  toujours  que  ces  luxations  se  produisent  après 
une  chute,  une  précipitation  sur  le  dos,  ou  après  une  près-   i 


8  Mars  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N«  10 


155 


sioQ  exercée  sur  le  dos  par  des  agents  d'un  poids  considé- 
rable, une  pierre,  un  éooulemeni  de  terrain,  la  roue  d*une 
voiture  pesamment  chargée.  J'insiste,  sur  le  dos,  et  non  sur 
une  autre  partie  du  corps.  Yoilà  un  point  à  noter,  une 
observation  à  retenir. 

La  question  peut  donc  se  poser  ainsi  :  comment,  et  par 
quel  moyen,  une  force  appliquée  sur  le  dos  d'un  sujet  se 
propage-t-elle  au  sternum  ?  Pour  y  trouver  une  réponse  il 
fallait  faire  des  expériences  d'amphithéâtre. 

Le  thorax  d'un  sujet  étant  largement  dépouillé  de  la 
peau  et  des  muscles  dans  sa  partie  antérieure,  le  ster- 
num a  été  enlevé,  en  coupant  les  cartilages  au  ras  de  cet 
os.  De  fortes  épingles  ont  été  solidement  implantées  dans 
les  extrémités  de  ces  cartilages,  perpendiculairement  à 
leur  longueur;  puis,  de  minces  bandes  de  papier  ont  été 
allachées  à  leurs  tètes,  reliant  entre  elles  les  épingles 
correspondantes  à  gauche  et  à  droite.  Ainsi,  une  bande  de 
papier  fixée  à  l'épingle  de  la  troisième  côte  gauche  allait 
saltacher,  bien  tirée,  à  l'épingle  de  la  troisième  côte 
droite,  faisant  comme  un  petit  pont  au-dessus  du  vide 
laissé  par  Tenlèvement  du  sternum  ;  de  même  pour  les 
épingles  des  quatrièmes,  cinquièmes  et  sixièmes  côtes.  Les 
cooses  ainsi  disposées,  le  cadavre  a  été  mis  dans  la  posi- 
tion assise  sur  la  table  de  pierre,  puis  on  l'a  laissé  lour- 
dement retomber  en  arrière,  son  dos  frappant  la  table.  On 
simulait  ainsi  une  chute  sur  le  dos. 

Si  dans  ces  mouvements  ainsi  imprimés  les  côtes  cor- 
respondantes s'écartaient  les  unes  des  autres  entraînées  à 
droite  et  à  gauche  par  l'impulsion  reçue,  il  est  sûr  que  les 
fragiles  bandes  de  papier  devaient  être  déchirées,  tirées 
en  sens  opposés  par  leurs  points  d'attache  ;  mais  si,  au 
contraire,  les  extrémités  des  côtes  étaient  poussées  les 
unes  vers  les  autres,  tendaient  à  se  rapprocher,  ces  bandes 
ne  seraient  pas  déchirées,  seraient  même  légèrement  plis- 
sées.  Eh  bien  1  c'est  ce  second  fait  qui  se  produit  ;  c'est  celui 
que  nous  avons  observé. 

Nous  devons  donc  reconnaître  que  dans  les  chutes  ou 
pressions  sur  le  dos,  le  thorax  ne  s'aplatit  pas,  ne  s'étale 
pâs  à  gauche  et  à  droite,  comme  le  ferait  un  cylindre  de 
plomb,  de  matière  molie,  mais  plutôt  qu'il  se  redresse,  si 
je  puis  me  servir  de  ce  mot,  que  les  côtes  sont  poussées  par 
un  raouveraent  en  avant,  mouvement  arrêté  par  leur  arc- 
boutemenl  sur  le  sternum. 

Il  m'a  semblé  que  cette  expérience  cadavérique  rendait 
compte  du  mécanisme  de  la  luxation  en  avant  de  la  seconde 
pièce  du  sternum  sur  la  première. 

Supposons,  en  effet,  une  force  puissante  appliquée  sur 
le  lies  (l'un  sujet,  elle  va  suivre  une  direction  donnée  jus- 
qu  à  ce  qu'elle  s'épuise  sur  un  obstacle  ;  dans  le  cas  présent 
elle  sait  les  côtes,  et  les  pousse  en  avant  ;  mais  elle  ren- 
contre un  obstacle,  c'est  le  sternum.  Cet  os  est  donc  pris 
entre  deux  forces  agissant  en  sens  opposé,  il  est  serré 
comme  par  les  mors  d'un  étau,  entre  les  côtes  du  côté 
droit  et  celles  du  côté  gauche.  Si  sa  puissance  de  résis- 
tance se  trouve  supérieure  à  colle  de  l'agression  il  sortira 
(le  la  lutte  indemne,  ou  plus  ou  moins  contus;  mais  si  l'at- 
taque est  trop  violente  il  faudra  bien  qu'il  cède  par  quelque 
côté  et,  naturellement,  ce  sera  sur  le  point  le  plus  faible. 
Or,  un  des  points  faibles  du  sternum,  surtout  chez  certains 
sujets,  c'est  l'articulation  de  sa  seconde  pièce  avec  la  pre- 
mière. Celle-ci  est  très  solidement  fixée,  les  côtes  qui 
viennent  y  aboutir  sont  assez  courtes,  reçoivent  donc  des 
violences  extérieures  une  impulsion  de  moyenne  intensité, 
mais  la  deuxième  pièce  est  bien  moins  solidement  encastrée 
et  doit  supporter  tout  entier  le  choc  apporté  par  les  côtes 
qui  s'insèrent  sur  elle;  il  arrive  donc  qu'elle  est  enlevée 
de  ses  attaches  déchirées,  et  plus  ou  moins  largement 
déplacée. 

Remarquons  que  l'expérimentation  sur  le  cadavre  con- 
corde avec  l'observation  de  la  clinique;  toutes  deux  se  cor- 


roborent mutuellement.  La  clinique  nous  montre  ces  luxa- 
tions résultant  de  l'application  d'une  force,  d'une  violence, 
sur  le  dos,  et  l'expérience  reproduit,  dans  des  limites  plus 
resserrées,  les  faits  observés  sur  le  blessé. 

Nous  pensons  donc  que  les  luxations  du  sternum,  de 
cause  indirecte,  sont  déterminées  par  l'impulsion  des  côtes, 
dont  les  extrémités,  tendant  à  se  rapprocher  les  unes  des 
autres,  pressent  violemment  entre  elles  la  deuxième  partie 
de  cet  os,  et  arrivent  à  la  projeter  en  avant  quand  le  mou- 
vement qui  les  anime  est  produit  par  une  force  suffisante. 

On  pourrait  presque  comparer  ce  qui  se  passe  alors  à  la 
projection  d'un  noyau  de  cerise  serré  entre  deux  doigts. 

J'ajoute  que  la  même  théorie  peut  s'appliquer  à  la  plu- 

[tart  des  fractures  du  sternum  par  cause  indirecte.  Dans 
'un  comme  dans  l'autre  cas  le  sternum  est  attaqué  de  la 
môme  façon,  par  le  même  procédé,  seulement,  suivant  les 
circonstances  individuelles  et  extérieures,  il  succombe  sur 
un  point  ou  sur  un  autre  de  son  étendue,  celui  où  sa  résis- 
tance est  moindre.  Quelquefois  le  point  le  moins  solide  est 
l'articulation  elle-même,  alors  il  y  a  luxation;  d'autres  fois 
Tarticulation  résiste,  mais  une  portion  de  l'os,  plus  faible, 
est  entamée  à  sa  place,  alors  il  y  a  fracture. 


Gllniqae  médicale* 

Sur  un  cas  de  syringomyélie  (gliome  central  de  la 
MOELLE  épinière).  Communication  faite  à  la  Société 
médicale  des  hôpitaux  dans  la  séance  du  22  février 
1889,  par  M.  le  docteur  J.  Déjerine,  professeur  agrégé, 
médecin  de  Thospice  de  Bicètre. 

Comme  M.  Debove,  notre  collègue,  vient  de  vous  l'indi- 
quer, la  syringomyélie  est  une  affection  encore  très  peu 
connue  chez  nous.  Aujourd'hui,  elle  ne  doit  plus  être 
reléguée  dans  les  traités  des  maladies  du  système  nerveux 
au  chapitre  des  «  curiosités  pathologiques  »  dont  le  dia- 
gnostic n'est  possible  que  sur  la  table  d'autopsie.  Sa  symp- 
tomatologie  est,  en  effet,  tout  à  fait  caractéristique  et  on 
peut  aujourd'hui,  au  moins  dans  la  grande  majorité  des 
cas,  en  porter  très  sûrement  le  diagnostic  pendant  la  vie. 

Le  malade  que  M.  Debove  vient  de  vous  montrer  en  est 
un  exemple  très  net,  et  celui  que  je  vous  présente  actuel- 
lement, est  non  moins  démonstratif.  Il  s'agit  d'un  homme 
de  soixante-quatre  ans,  à  Bicêtre  depuis  vingt  ans,  et  chez 
lequel  le  début  de  là  syringomyélie  remonte  à  l'année 
1849. 

Obs.  —  Paralysie  atrophique  des  membres  supérieurs  {type 
Aran-Duchenne)  ayant  débuté  à  l'âge  de  vingt-cinq  ans,  chez 
un  homme  de  soixante-quatre  ans  ;  contractions  fibrilaires  ; 
scoliose;  intégrité  de  la  sensibilité  tactile  sur  toute  la  sur- 
face du  corps;  analgésie  marquée  de  toute  la  moitié  supé- 
rieure  du  tronc,  des  membres  supérieurs  et  de  la  moitié  droite 
de  la  face;  thermo-anesthésie  très  prononcée  dans  les  mémea 
régions;  abolition  du  réflexe  olecranien;  exagération  du 
réflexe patellaire  ;  intégrité  des  sens  spéciaux;  pas  de  troubles 
trophiques  cutanés;  état  lisse  de  la  peau  des  membres  supé- 
rieurs ;  gonflement  léger  des  extrémités  inférieures  du  radius 
et  du  cubitus;  exosiose  du  cubital  gauche;  modifications  de 
la  sécrétion  sudorale;  réaction  de  dégénérescence  dans 
quelques  muscles;  marche  extrêmement  lente  de  ^affection. 
—  Le  nommé  G...,  (Frédéric),  âgé  de  soixante-quatre  ans,  à 
Bicêtre  depuis  1868,  entre  le  12  janvier  1888  à  l'infirmerie, 
dans  le  service  du  docteur  Déjerine,  salle  Bichat,  lit  n®6. 

Antécédents  héréditaires.  —  l.e  malade  est  né  à  Paris,  son 
père  et  sa  mère  sont  nés  en  Picardie.  Père  mort  à  soixante-six 
ans  d'un  eczéma?  Mère  morte  à  cinquante-sept  ans  du  choléra. 
Huit  enfants  dans  la  famille  :  deux  morts  en  bas  âge  ;  trois 
encore  survivants.  Pas  trace  d'atrophie  musculaire  dans  les 
ascendants  et  collatéraux  du  malade.  Pas  de  maladies  ner- 
veuses dans  la  famille. 

Antécédents  personnels,  —  Rougeole  vers  l'Age  de  huit  ans. 


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8  Mars  1889 


Pas  d'autres  maladies.  Pas  de  maladies  vénériennes.  En  1848, 
à  l'âge  de  vingt-quatre  ans,  douleurs  violentes  dans  la  tête, 
ayant  duré  plus  d'une  année.  En  1849,  début  de  raffection  par 
de  la  faiblesse  des  bras;  il  alla  consulter  Louis  à  THôtel-Dieu, 
où  il  fit  un  séjour  de  deux  mois  (traité  par  la  noix  vomique), 
puis  à  la  Charité,  chez  Briquet,  enfin  chez  Horteloup.  —  Il  fut 
examiné  à  cette  époque  (1852)  par  Duchenne  (de  Boulogne),  soit 
dans  ces  derniers  services,  soit  à  sa  clinique.  Au  bout  de  deux 
ans  (1852)  il  ne  pouvait  presque  plus  travailler. 

A  partir  de  cette  époque,  TafTection  paraît  rester  stationnaire 
pendant  vingt  ans,  en  tous  cas  si  elle  a  progressé  c'est  d'une 
façon  très  lente. 

Depuis  son  entrée  à  Bicêtre  (à  quarante-quatre  ans),  Talfec- 
tion  a  un  peu  progressé.  Elle  semble  surtout  avoir  subi  une 
aggravation,  après  deux  ans  de  séjour  à  Bicôtre,  car  le  malade, 
qui  pouvait  jusqu'alors  se  servir  de  ses  mains  pour  couper  son 
pain  et  pour  manger,  a  remarqué  qu'à  partir  ae  Tâffe  de  cin- 

Suante  ans  cela  lui  était  plus  difficile.  Jamais  il  n'a  éprouvé  de 
ouleurs  dans  les  membres  inférieurs,  la  poitrine  ou  la  nuque. 

£f a t  actutf^  (janvier  1888).  —  Homme  de  petite  taille,  pa- 
raissant bien  portant  et  présentant  les  déformations  suivantes  : 
Le  malade  est  très  voûté,  la  colonne  cervicale  et  dorsale  supé- 
rieure sont  fortement  incurvées  en  avant,  la  tête  est  enfoncée 
entre  les  épaules,  le  menton  fortement  rapproché  du  sternum. 
—  Les  moignons  des  deux  épaules  sont  portés  en  avant,  et 
contribuent  à  donner  à  la  partie  supérieure  de  la  poitrine  une 
forme  de  carène,  déformation  qui  est  due  bien  plus  à  une 
saillie  en  avant  des  épaules  et  des  clavicules,  qu'à  un  enfonce- 
ment véritable  du  sternum.  Les  creux  sus-claviculaires  sont  très 
profonds  surtout  à  gauche.  Les  régions  mammaires  envahies 
par  la  graisse  simulent  des  seins  de  femme.  A  la  réeion  posté- 
rieure du  tronc,  entre  la  courbure  exagérée  et  générale  de  la 
colonne  cervico-dorsale,  il. existe  une  saillie  très  prononcée  des 
dernières  vertèbres  cervicales,  sans  gibosité  toutefois.  Scoliose 
de  la  colonne  dorsale,  à  convexité  latérale  droite,  s'accompa- 
enant  d'uoe  déformation  latérale  du  thorax  qui  bombe  en  arrière 
cans  sa  moitié  droite  postérieure. 

Topographie  de  l'atrophie»  —  L'atrophie  paraît  de  prime 
abord  moins  prononcée  qu'elle  n'est  en  réalité,  masquée  qu'elle 
est  par  une  adipose  sous-cutanée  assez  notable. 

Les  deltoïdes  sont  diminués  de  volume  surtout  à  gauche,  leur 
segment  postérieur  est  plus  pris  que  les  autres.  Les  sus  et  sous 
épineux  sont  diminués  de  volume  surtout  à  gauche.  L'angle 
supérieur  de  l'omoplate  remonté  des  deux  côtés  vient  faire 
saillie  à  la  partie  postérieure  du  triangle  sus-claviculaire.  Les 
grands  pectoraux^  si  l'on  ne  tient  compte  que  du  volume  de  la 
région,  paraissent  peu  touchés  ;   ils  sont  en  réalité  très  atro- 

Shiés,  et  la  palpation  permet  de  constater  qu'il  existe  surtout 
e  l'adipose.  Le  biceps  et  le  triceps  droits  sont  fortement  atro- 
phiés et  ont  une  force  peu  considérable. 

A  l'avant-bras  droit,  le  groupe  externe  est  notablement  dimi- 
nué, le  long  supinateur  est  réduit  de  volume,  les  radiaux  éga- 
lement. Il  en  est  de  même  du  groupe  cubital  (fléchisseurs),  qui 
est  très  réduit.  Les  extenseurs  sont  relativement  conservés. 

La  main  droite  n'est  pas  déformée,  pas  de  griffe,  toutefois 
légère  inclinaison  de  la  main  sur  le  bord  cubital.  Le  pouce,  dont 
la  première  phalange  est  en  hyperextension  sur  le  métacarpien, 
est  rapproché  du  deuxième  métacarpien  sans  main  simienne 
toutefois.  L'éminence  tA^ar,  en  particulier  le  court  abducteur, 
est  notablement  diminuée  de  volume.  Les  interosseux  et  l'émi- 
nence hypothénar  ne  paraissent  pas  atrophiés. 

Sur  le  cubital,  à  la  réunion  du  tiers  supérieur  avec  les  deux 
tiers  inférieurs,  hyperostose  du  volume  d'un  œuf  de  pigeon  à 
^rand  axe  longitudinal,  existant  depuis  l'année  1852,  et  diagnos- 
tiqué non  syphilitique  par  Ricord. 

Motilitè  du  membre  supérieur  droit.  —  L'abduction  et  l'élé- 
vation du  bras  sont  très  faibles;  le  malade  ne  peut  porter  sa 
main  sur  sa  tête,  mais  il  peut  porter  le  pouce  à  sa  bouche. 
L'extension,  la  flexion  de  Tavant-oras  se  font  d'une  façon  limi- 
tée ;  quant  à  la  flexion  des  doigts  sur  la  paume  de  la  main,  elle 
est  absolument  impossible.  L'index  seul  exécute  un  mouvement 
de  flexion  des  phalangines  et  phalangettes  sur  la  première  pha- 
lange. Ceci  explique  pourquoi  il  n'y  a  pas  de  griff'e,  et  pourauoi 
à  l'état  de  repos  les  doigts  du  malade  sont  toujours  dans  1  ex- 
tension. Les  mouvements  des  interosseux  sont  en  partie  con- 
servés. L'extension  des  deux  dernières  phalanges  est  possible, 
mais  les  mouvements  d'ab  et  d'adduction  sont  très  limités. 

Membre  supérieur  gauche,  —  L'abduction,  l'élévation,  la  rota- 


tion, s'exécutent  faiblement  comme  à  droite  ;  l'adduction,  au 
contraire  (arand  pectoral),  se  fait  très  bien  et  avec  assez  de 
force  des  deux  côtés.  Le  biceps,  le  triceps  sont  notablement 
moins  pris  qu'à  droite,  le  long  supinateur  est  aussi  atrophié 
qu'à  droite,  les  radiaux  moins.  Le  groupe  cubital  (fléchisseurs) 
un  peu  plus  atrophié  qu'à  droite.  Les  extenseurs  sont  assez 
conservés. 

La  main  présente  la  même  attitude  qu'à  droite  ;  toutefois 
l'apparence  simienne  est  beaucoup  plus  accentuée,  le  pouce  est 
sur  le  même  plan  que  les  autres  métacarpiens  ;  l'atropnie  porte 
sur  tous  les  muscles  de  l'éminence  thénar.  Vadducteur  est  tou- 
tefois un  peu  moins  pris  que  les  autres.  Whypothénar  est  dimi- 
nué de  volume.  Les  intérosseux  paraissent  peu  touchés; il  nj 
a  pas  de  griffe. 

Les  phalanges  des  doigts,  principalement  la  première  pha- 
lange de  l'index  des  deux  côtés,  sont  un  peu  augmentées  de  vo- 
lume. L'articulation  phalango-phalanginienne  de  l'index  gauche, 
présente  une  augmentation  de  volume  des  surfaces  articulaires, 
avec  possibilité  d'hyperextension,  comme  s'il  y  avait  altération 
de  la  surface  articulaire. 

La  force  musculaire  du  biceps  et  du  triceps  est  assez  grande. 
L'extension  du  poignet  et  des  doigts  se  fait  assez  bien  (conser- 
vation des  extenseurs  et  des  interosseux).  La  flexion  du  pouce 
et  des  deuiC  premiers  doigts  est  absolument  impossible,  le  ma- 
lade ne  peut  leur  imprimer  le  moindre  mouvement  sur  la  paurae 
de  la  main,  il  peut  au  contraire  fléchir  les  deuxième  et  troisième 
phalanges  des  deux  derniers  doigts. 

Les  trapèzes  sont  diminués  de  volume,  le  malade  peut  cepen- 
dant élever  les  épaules.  Le  sus  et  le  sous-épineuœ  gauches  sont 
S  lus  atrophiés  qu'à  droite.  Lorsqu'on  tient  élevé  en  avant  les 
eux  bras  du  malade,  l'omoplate  gauche  se  tient  écarté  du  tronc 
(atrophie  du  rhomboïde)  ;  rien  de  semblable  à  droite. 

Contractions  fibrillaires  très  nettes,  dès  que  le  malade  est 
exposé  à  l'air,  dans  le  deltoïde,  le  triceps  et  le  biceps  des  deux 
côtés.  Conservation  du  sens  musculaire  et  de  la  notion  de  po<;i- 
tion  des  membres.  Pas  de  réflexe  olécranien.  Pas  de  signe  de 
Romberg. 

Face,  —  Intégrité  complète  comme  motilitè,  expression  de  la 
physionomie,  etc.  Les  pupilles  sont  normales  et  reagissent  à  la 
lumière  et  à  l'accommodation.  Langue,  voûte  du  palais,  masti- 
cateurs normaux  ;  les  mouvements  de  diduclion  sont  seuls  un  pia 
difficiles. 

Membres  inférieurs.  —  Pas  trace  d'atrophie  musculaire,  pas 
de  contracture,  le  malade  marche  facilement  comme  à  Tetat 
normal.  Force  musculaire  très  développée.  Réflexe  patellairc 
très  exagéré  ;  à  droite,  tendance  à  la  production  du  phénomène 
du  pied.  Pas  de  contractions  fibrillaires  dans  les  muscles  des 
jambes.  Réflexes  plantaires  normaux. 

Sensibilité.— Tout  au  début  de  son  afl'ection,  en  1848,  le  ma- 
lade avait  remarqué  que  sa  sensibilité  était  troublée.  A  cette 
époque,  il  était  garde  national  mobile  ;  il  lui  arriva  souvent,  en 
portant  des  gamelles  de  bouillon  très  chaudes,  d'avoir  des  phlyc- 
tènes  de  brûlure  dans  les  mains,  sans  s'en  rendre  compte.  Il 
présente  aujourd'hui  les  mêmes  troubles  de  la  sensibilité  qu'à 
cette  époque,  et  il  assure  qu'ils  n'ont  augmenté  que  d'une  façon 
fort  minrme. 

Sensibilité  tactile,  absolument  noiynale  au  tronc,  à  la  fare, 
aux  membres  supérieurs. 

Sensibilité  à  la  douleur  altérée  au  niveau  des  mains,  avant- 
bras,  bras,  épauleSy  partie  supérieure  du  tronc  en  avant  et  en 
arrière,  jusqu'à  une  ligne  circulaire  passant  au-dessous  des 
mamelons.  Dans  toute  cette  étendue  (voy.  le  schéma),  la  sensi- 
bilité à  la  douleur  est  très  altérée:  une  piqûre  d'épingle  même 
intense  n'est  pas  perçue  en  tant  que  douleur,  il  sembre  au  ma- 
lade qu'on  le  touche  ;  tout  au  plus,  parfois,  peut-il  dire  qu'on 
le  pique.  On  peut  traverser  la  peau  dans  la  région  correspon- 
dante, sans  que  le  malade  accuse  de  douleur. 

A  la  face,  la  sensibilité  tactile  est  normale,  mais  il  existe  de 
Vanalgésie  de  toute  la  moitié  droite  de  la  tête.  Lorsqu'on  pro- 
mène une  pointe  d  aiguille  de  droite  à  gauche,  le  malade  accuse 
une  sensation  de  douleur  dès  que  l'on  approche  de  la  ligne 
médiane.  Pas  de  retard  dans  la  transmission. 

Sensibilité  thermique  très  altérée.  £n  touchant  avec  un  flacon 
rempli  de  glace  différentes  parties  du  corps,  on  observe  les  par- 
ticularités suivantes:  sur  toute  la  peau  de  la  face,  de  la  nuque, 
du  cou,  des  membres  supérieurs,  épaules,  bras,  avant-bras,  i 
mains,  face  (palmaire  et  dorsale),  cest  à  peine  si  le  malade 
accuse  une  sensation  de  froid.  Par  contre,  les  membres  inf^- 


8  Mars  i889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  NMO  —    157 


rieurs,  tout  ]*abdomen  et  toute  la  partie  du  troue,  située  au- 
dessus  d*une  ligne  circulaire  passant  par  les  mamelons,  sont 
sensibles  au  froid  comme  à  Télat  normal. 

Les  troubles  de  la  sensibilité  à  la  chaleur  sont  très  pro- 
noncés dans  ces  mêmes  régions.  Le  malade  ne  fait  pas  la  diffé- 
rence de  la  température  entre  30  et  50  degrés,  tout  lui  paraît 
également  froid.  Dans  la  moitié  gauche  de  la  face  seulement,  la 
sensibilité  à  la  chaleur  est  conservée  et  une  différence  de  tem- 
pérature (35  degrés  —  4i  degrés)  est  nettement  perçue. 

En  employant  une  eau  à  85  degrés  et  en  appliquant  la  bou- 
leille  à  Vextrérailé  des  doigts,  le  malade  accuse  au  bout  de 
ijurlques  secondes,  une  sensation  de  chaleur  assez  vive.  Mais 
sur  tout  le  reste  de  l'étendue  de  la  surface  cutanée  précédem- 
ment mentionnée,  Teau  à  85  degrés  maintenue  sur  la  peau, 


aussi  longtemps  que  Ton  veut,  ne  produit  aucune  sensation  de 
chaleur. 

En  d  autres  termes,  à  part  l'extrémité  des  doigts  et  un  peu  la 
paume  de  la  main,  le  malade  n'accuse  qu'une  sensation  de 
contact,  quelle  que  soit  l'élévation  de  la  tem(>érature  de  Teau 
appliquée  sur  la  peau  du  malade  dans  les  régions  ombrées  du 
schéma.  C'est  à  peine  si  une  application  (Teau  à  85  degrés 
produit  à  la  longue  une  sensation  de  chaleur  du  reste  fort  sup- 

Eortable.  On  comprend  donc  aisément  que  le  malade  puisse  se 
rùler  sans  en  avoir  conscience.  (Voy.  les  schémas.) 
Le  malade  ne  présente  pas  de  troubles  trophiques  cutanés,  à 
part  un  état  lisse  de  la  peau  des  doigts.  Les  ongles  sont  intacts, 
mais  les  doigts  présentent  un  peu  1  aspect  en  massue.  Les  bras 
et  les  avant-bras  se  cyanosent  peu  au  contact  de  l'air.  En  injec- 


Topographie  de  l'analgésie  et  de  la  thcrnioancstluîsio  chez  Gav... 


tant  sous  la  peau  du  bras  droit  2  centigrammes  de  pilocarpine, 
iu  sueur  ne  se  produit  qu'au  bout  de  douze  minutes,  et  elle  est 
beaucoup  plus  abondante  dans  les  points  correspondants  aux 
zones  d  analgésie  et  de  thermoanesthésie  que  sur  les  autres 
points  du  corps. 

Courants  galvaniques.  —  Appareils  de  Gaiffe, 


CALVANOH&TRB  APÉRIODIQUI 


Droit. 


Trapèie... 

Deltoïde.. 

Biceps . . . 
Triceps  . . 


PFC.  à  23- 
NFC.  =  0 
PFC.  à  11' 
NFC.  =  0, 

12»«  NFC.>PFC. 

45-  NFC.>PFC 


tortes  contractions 
fortes  contractions 


Extenseurs  des  doigts,  it^  NFC.>PFC. 
léchisseurs  de  l'avant-bras.  25»*  p^^^O 

Examen  électrique.  —  Appareil    à 


Gauche. 

â^28^^C.>PFC. 

à  là"»  NFC.=PFC. 

à  IS»*  NFC.>PFC. 
à  15«»  NFOPFC. 
à    7»«  NFOPFC. 


chariot    de    Dubois- 


Reymond,  modiûé  par  Gaiffe.  Minimum  d'excitation,  10'',5  d'é- 
carlement  des  bobines. 

MEMDRB  SUPER.  GAUCHE      MIMBRB  SUPÉR.  DROIT 

Cent,  d'écart.  Cent,  d'écart, 

des  bobines.  des  bobines. 

Grand  pectoral 0  0 

Deltoïde 9,5  8,5 

Biceps 10  8 

Triceps 9,5  9 

Extenseurs  des  doigts..      10,5  9,5 

Radiaux 9,5  9,5 

Long  supinateur 9,5  9,5 

Féchisseurs  des  doigts..        0  0 

Thénar 0  0 

Interosseux 0  0 

Trapèze 9,5  8,5 

Sus-épineux 8  5 

Sous-épineux 0  0 

Diminution  très  grande  de  la  sensibilité  électrique.  La  sensi- 
bilité électrique  au  pinceau  est  presque  éteinte  dans  tous  les 


158    —  N«  iO  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  HÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


'8  Mars  1889 


fioints  correspondant  à.  Tanesthésie  thermique  et  douloureuse. 
Voy.  les  schémas,) 

Il  existe  donc,  en  résumé,  une  perte  complète  de  la  contrac- 
tililé  faradique  et  galvanique  des  muscles  de  la  main  et  des 
fléchisseurs  des  doigts,  du  sous-épineux  et  du  grand  pectoral, 
avec  réaction  de  dégénérescence  dans  les  muscles  trapèze  et 
deltoïde  droits. 
La  sensibilité  électrique  est  très  diminuée. 

Messieurs,  la  syringomyélie,  comme  vous  pouvez  le  voir 
par  les  symptômes  présentés  par  ce  malade,  se  traduit  par 
un  cortège  symptomalique  tout  à  fait  caracléristiaue,  per- 
mettant d'en  faire  le  diagnostic  pendant  la  vie.  Elle  ne  doit 
en  effet  élre  considérée,  ni  comme  une  affection  cxceplion- 
nelle,  ni  comme  une  curiosité  anatorao-palhologique.  L'af- 
fection n'est  pas  rare,  car  M""  Baumler,  dans  une  thèse  ré- 
cente {Thèse  de  Zurich^  1887),  a  pu  en  réunir  plus  de  cent 
observations,  dont  deux  personnelles.  Ces  observations  se 
décomposent  en  :  soixante-six  observations  avec  autopsie,  de 
malades  ayant  présenté  pendant  la  vie  une  symptomatolo- 
gie  médullaire,  en  vingt-cinq  observations  purement  anato- 
miques  et  en  dix  cas  purement  cliniques.  A  ces  observations 
il  fai(t  ajouter  les  cas  récents  de  Roth  et  de  Schuize.  Je  veux 
bien  que,  parmi  ces  cas,  ils  s'en  trouve  quelques-uns  qui 
n'aient  pas  toute  la  valeur  désirable,  mais  le  nombre  des  cas 
bien  observés  n'en  est  pas  moins  assez  considérable  pour 
nous  permettre  dès  aujourd'hui  d'en  établir  une  histoire 
clinique.  Notre  malade  peut,  à  cet  égard,  être  considéré 
comme  un  cas  absolument  typique. 

S'il  est  vrai  que  dans  quelques  cas,  lasyringomyélie  évolue 
sans  aucun  syndrome  clinique  médullaire,  dans  la  majorité 
des  cas,  au  contraire,  sasymtomatologie  est  caractéristique, 
et  se  manifeste  surtout  par  deux  ordres  de  symptômes  :  une 
atrophie  musculaire  débutant  et  surtout  localisée  aux 
petits  muscles  des  mains,  et  des  troubles  sensitif s  spéciaux, 
intéressant  la  setisibilité  thermique  et  douloureuse.  La 
fréquence  de  ces  deux  ordres  de  symptômes  explique  pour- 
quoi tant  de  cas  de  syringomyélie  oni  été  publiés  sous  la 
rubrique  :  «  Atrophie  musculaire  progressive  »  ou  c  Atro- 
phie musculaire  s'accompagnant  de  troubles  sensitifs  i> 
(Gull,  Mcher,  Lock'hart-clarke,  Charcot.  Joffroy,  Hallopeau, 
Westphal,  Roth,  Kabler  et  Pick,  Schullz,  Frend,  etc.). 

Généralement,  en  effet,  Taffeclion  débute  par  une  atro- 
phie lente,  progressive,  le  plus  souvent  bilatérale  des  petits 
muscles  de  la  main,  donnant  à  celle-ci  l'aspect  de  la  main 
simienne  ou  de  la  main  en  griffe,  bref  l'aspect  du  type  Aran- 
Duchenne,  de  l'atrophie  nmsculaire  progressive.  De  là 
l'atrophie  s'étend  aux  muscles  des  avant-bras,  des  bras,  des 
épaules,  du  tronc.  Presque  en  même  temps  apparaissent 
des  troubles  sensitifs  :  analgésie  et  Ihermo-anesthésie  plus 
ou  moins  étendues,  envahissant  d'habitude  le3.  membres 
supérieurs,  la  tète,  quelquefois  les  membres  inférieurs,  et 
s'accompagnant  d'une  intégrité,  le  plus  souvent  complète, 
quclqueiais  relative,  de  la  sensibilité  au  contact  et  du  sens 
musculaire.  Si  dans  un  certain  nombre  d'observations,  les 
Iroubles  de  la  sensibilité  ne  sont  pas  notés,  cela  peut  très 
bien  tenir  au  fait  que  ces  troubles  veulent  être  cherchés 
avec  soin,  étant  donné  l'intégrité  ordinairement  complète  de 
la  sensibilité  tactile.  Ces  deux  ordres  de  symptômes,  atro- 
phie musculaire  des  mains  et  paresthésies  des  membres 
supérieurs  de  la  face,  correspondent  assez  exactement,  au 
siège  (le  prédilection  de  la  syringomyélie,  dans  la  région 
cervicale  inférieure  et  dorsale  supérieure,  intéressant  la 
substance  grise  centrale  de  la  moelle  et  envahissant  les 
cornes  antérieures. 

Mais  pdur  peu  que  la  lésion  évolue,  pour  peu  qu'elle 
envahisse  soit  la  substance  blanche  soit  les  cornes  posté- 
rieures, soit  le  faisceau  pyramidal,  on  voit  se  surajoutera 
ce  syndrome  clinique,  les  symptômes  d'une  paralysie  spas- 
modique  (Strunipell),  d'une  sclérose  latérale  amyotro- 
phique  (Schultze,  KahleretPick),  d'une  hémilésion  médul- 


laire (Schultze),  voire  même  des  symptômes  bulbaires  :  i| 
n'est  pas  rare,  en  effet,  de  voir  la  syringomyélie  affecter  un€ 
marche  ascendante,  et  intéresser  la  racine  ascendante  de  la 
cinquième  paire,  les  noyaux  des  nerfs  vague  et  hypoglosse^ 
A  ces  symptômes,  s'ajoutent  assez  souvent  des  troubles 
trophiques  cutanés  ou  autres;  on  a  signalé  des  hyperkéra* 
tinisations,  l'étal  lisse  de  la  peau,  l'hyperhydrosis',  des  frac 
tures  spontanées,  l'amincissement  des  os,  le  gonflement  dej 
epiphyses,  des  lésions  articulaires,  des  panaris  avec  pert^ 
des  phalanges,  etc  ,  etc. 

Lorsque  l'affection  est  simple,  que  la  substance  blanchtj 
n'est  pas  envahie,  le  diagnostic  de  la  syringomyélie  estd'or* 
dinaire  facile. 

Elle  se  distingue  de  l'atrophie  musculaire  progressive  e< 
de  la  myopathie  strophique  progressive  par  ses  trouble^ 
sensitifs;  ae  la  sclérose  latérale  amyotrophique,  par  s;i 
marche  beaucoup  plus  lente  et  encore  par  ses  troubles  sen^ 
sitifs.  Ces  mêmes  troubles  et  l'apparition  beaucoup  plu^ 
tardive  de  la  paralysie spasmodique  aes  membres  inférieur^ 
la  distinguent  des  myélites  cervicales  et  dorso-cervicales^ 
La  pachyméningite  cervicale  hypertrophique,  se  distin^'Ut! 
par  ses  douleurs,  la  raideur  de  la  nuque,  ses  contraclures, 
par  le  mode  de  développement  de  la  paralysie  atrophique  e| 
l'attitude  spéciale  des  mains. 

Restent  les  névrites  périphériques.  Les  névrites  satura 
nines,  alcooliques,  arsenicales  ne  présentent  généralement 
ni  cette  localisation,  ni  ces  troubles  sensitifs  si  spéciaux,  \\i 
se  développent  en  outre  beaucoup  plus  rapidement.  Du  reste^ 
le  diagnostic  est  facile,  étant  donné  l'évolution,  la  marchtj 
et  surtout  la  connaissance  de  la  cause  de  l'affection.  Ce^ 
mêmes  particularités  s'appliquent  aux  névrites  survenant 
au  cours  ou  dans  la  convalescence  des  maladies  infectieusesi 
Parmi  les  névrites  infectieuses,  nous  signalerons  surtout  Id 
névrite  lépreuse. 

Dans  la  lèpre  anesthésique,  en  effet  (lèpre  nerveuse  sys^ 
tématisée  de  Leloir),  on  peut  observer  un  tableau  clinique 
très  analogue  à  celui  de  la  syringomyélie.  On  peut  observer 
une  atrophie  musculaire  d'origine  lépreuse  revêtant  le  type 
Aran-Duchenne,  s'accompagnant  du  fait  de  la  lèpre  de 
troubles  sensitifs,  et  l'on  sait  que  l'analgésie  comme  iaj 
thermo-aneslhésie  sont  des  symptômes  fréquents,  sinonj 
communs,  de  la  lèpre  nerveuse,  si  nous  y  ajoutons  les  troubles! 
trophiques  de  cette  affection,  les  mutilations  fréquentes,  un 
voit  combien  ce  tableau  se  rapproche  de  celui  de  la  syrin- 
gomyélie. Je  n'en  veux  pour  preuve  que  les  deux  belleâ 
observations  rapportées  par  M.  Leloir,  dans  son  reraar^ 
quable  Traité  de  la  lèpre  (XL  et  XLl,  p.  10-2  et  160).  N'étai^ 
en  effet  la  notion  de  la  marche  de  l'affection,  n'étaient  les 
manifestations  antérieures  de  la  lèpre  tuberculeuse,  nVtailj 
enfin  la  notion  étiologique  spéciale  à  la  lèpre,  l'erreur  dej 
diagnostic  serait  inévitable  comme  dans  les  faits  rapportés 
par  Langhans  et  Rosenbach. 

Quant  à  l'anatomie  pathologique  de  cette  affection,  elle 
est  aujourd'hui  parfoitemont  connue.  La  syringomyélie,  en 
effet,  n'est  autre  chose  qu'une  gliomatose  médullaire,  avec 
foyers  lacunaires  consécutifs.  Cette  gliomatose  se  dével'  pp? 
dans  le  centre  de  la  moelle  épinière,  autour  du  canal 
central,  et  pousse  parfois  des  prolongements  du  côtt^  des 
faisceaux  blancs.  Tôt  ou  tard,  il  se  forme  au  sein  de  ce  tissu 
de  nouvelle  formation,  des  lacunes  de  volume  variable, 
lacunes  qui  trompèrent  autrefois  les  anatomo-pathologistes, 
qui  les  prirent  pour  le  canal  central  de  la  moelle  dilaté, 
c'est  là  du  reste  une  interprétation  qui  ne  saurait  plus  ère 
soutenue  aujourd'hui,  car  ces  lacunes  ne  contiennent  pas 
d'épithélium.  La  façon  dont  se  forment  ces  lacunes  (qui 
pénètrent  parfois  dans  le  canal*  central),  n'est  pas  encore 
complètement  élucidée.  On  ne  saurait  toutefois  y  voir  le 
résultat  d'une  endartérite  oblitérante,  amenant  le  ramollis- 
sement du  tissu,  car,  ainsi  que  le  fait  remarquer  Schultze, 
dans  la  sclérose  en  plaques,  où   l'endartérite  va  souvent 


g  Mars  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  iO  —    159 


jusqu'à  l'oblitération  complète,  on  n'observe  pas  ces  forma- 
tions lacunaires.  Dans  la  myélite  chronique,  ces  mêmes 
lacunes  ne  s'observent  pas  davantage.  Du  reste,  la  syringo- 
myélie  ne  relève  pas  d'nn  processus  myélite,  mais  bien  d'un 
processus  de  nouvelle  formation,  d'une  néoplasie  glioma- 
leusedela  moelle  épinière. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Académie  des  Belencea. 

Les  microbes  ci-devant  pathogènes,  n'ayant  conservé, 
E>  apparence,  que  la  propriété  de  végéter  en  dehors 

DES  MILIEUX  VIVANTS,  PEUVENT-ILS  RÉCUPÉRER  LEURS  PRO- 
PRIÉTÉS INFECTIEUSES  PRIMITIVES,  par  M.  A.  Chauveau,  — 
Cvolinuânl  ses  recherches,  M.  Chauveau  établit  d'abord 
qu'il  est  facile,  comme  Ta  montré  M.  Pasteur,  de  restituer 
m  activité  à  la  virulence  amoindrie  du  bacille  charbon- 
oeai.  Il  suffit  pour  cela  que  le  microbe  atténué  puisse 
encore  tuer  les  sujets  appartenant  aux  catégories  d'animaux 
particulièrement  impressionnables  au  charbon,  comme  les 
cobayes  d'un  jour  et  les  souris.  Après  un  certain  nombre  de 
passages  du  microbe  sur  ces  animaux,  puis  sur  d'autres 
moins  sensibles,  on  arrive  sûrement  à  reconstiluer  un  virus 
tuaolle  mouton  et  le  lapin,  tout  aussi  bien  que  le  bacille 
qui  n'a  pas  traversé  une  phase  d'atténuation.  Mais,  quand  il 
sagilde  cultures  devenues  absolument  incapables  de  mani- 
fester leur  virulence,  par  l'inoculation  aux  animaux,  quels 
qu'ils  soient,  comment  s'assurer  que  cette  virulence  dispa- 
roen  est  pourtant  pas  une  virulence  détruite  et  qu'on  peut 
lui  restituer  sa  puissance  ? 

11  fallait  se  rabattre  sur  l'exploitation  de  moyens  spéciaux 
de  culture  in  vitro  pour  arriver  à  la  révivification  cher- 
chée. 

Après  une  série  d'expériences,  M.  Chauveau  est  arrivé 
lUKoncIusions  suivantes  : 

1'  La  reconstitution  de  la  virulence  disparue,  dans  les  races 
^f  Bacillus  anthracis  destituées/ en  apparence,  de  toute  pro> 
priété  infectieuse,  parait  tout  aussi  facile  et  tout  aussi  sûre  que 
l'fMitation  de  la  virulence  simplement  diminuée,  dans  les  races 
atténuées  de  M.  Pasteur; 

^  Celle  reconstitution  de  la  virulence  disparue  ne  peut  être 
(lemaudée  qu'aux  moyens  de  culture  in  vitro; 

'i'  La  nature  du  'bouillon  employé  comme  milieu  nutritif 
jt^ae  le  principal  rôle  dans  les  cultures  destinées  à  rappeler  la 
virulence  :  le  sang  frais  doit  entrer  dans  la  composition  de  ce 
b«)Qillon.  Le  sang  de  cobaye  a  été  seul  essayé.  Il  esl  probable, 
maison  ne  saurait  raffirmer,  que  celui  d  autres  espèces  se  com- 
porterait à  peu  près  de  la  même  manière  ; 

i*  Il  esl  prouvé  que  l'anaérobiose  imparfaite  favorise  l'action 
recon^ituaule  exercée  par  le  sang  ajouté  au  bouillon  ; 

•V  l'ne  cerlainc  pauvreté  du  bouillon  en  matières  nutritives 
«si également  favorable  à  cette  inlluence  reconstituante  du  sang. 

Discutant  ensuite  la  théorie  relative  à  la  disparition  et  à 
la  réapparilion  de  la  virulence,  M.  Chauveau  (voy.  au  Pre- 
mier Paris,  p.  149)  n'admet  point,  avec  iM.  Bouchard,  qu'il 
s'agisse  là  de  deux  produits  différents,  venant  d'un  même 
microbe  pathogène,  le  premier  (le  virus)  pouvant  dispa- 
raître par  l'atténuation  nue  provoque  l'action  de  Toxygône 
sous  pression,  le  second  (le  naccin)  conservant  ses  pro- 
priétés préàervalrices.  Pour  l'auteur,  il  s'agit,  au  contraire, 
dtine diminution  réelle  de  la  virulence  du  microbe  palho- 
^>^iie,  celui-ci  sécrétant  en  moins  grande  quantité  des  pro- 
duits qui,  s'ils  sont  suflisants  pour  impressionner  l'orga- 
m^ine,  sans  l'altérer  trop  profondément,  agissent  comme 
vîipcins  et  confèrent  l'immunité.  Ce  qui  tend  à  prouver  que 
ces  produits  vaccinogènes  ne  différent  pas  essentiellement 
'l'^s  produits  virulents,  c'est  que  l'inoculation  d'une  très 
l^liU  quantité  de  microbes  doués  de  toute  leur  virulence 


agit  de  même  en  conférant  l'immunité  sans  provoquer  la 
maladie. 

«  On  peut  donc,  dans  ce  cas,  dit  M.  Chauveau,  s'expli- 
quer les  effets  produits  par  l'inoculation  du  microbe  patho- 
gène sans  avoir  besoin  de  faire  inlervenir  une  substance 
vaccinale  distincte  de  la  matière  infectieuse.  Or,  ce  qui  est 
plausible  pour  l'explication  des  effets  produits  par  de  minir 
mes  quantités  d'agents  nettement  virulents  peut  bien  l'être 
aussi  pour  l'explication  des  effets  que  déterminent  les  agents 
dont  la  virulence  a  été  atténuée  ou  a  même  complètement 
disparu.  Les  deux  cas  peuvent  être  réunis,  au  moins  provi- 
soirement, dans  une  seule  et  même  interprétation. 

€  J'ajoute  que  Texplication  inverse  s'applique  exactement 
à  la  réapparition  de  l'activité  virulente.  Ce  n'est  pas  la 
sécrétion  d'une  matière  nouvelle,  le  poison  infectieux,  qui 
s'aioute  alors  à  la  sécrétion  persistante  d'une  matière  vacci- 
nale, supposée  indépendante.  Le  microbe  n'avait  pas  com- 
plètement perdu  la  propriété  de  produire  ledit  poison 
infectieux  ;  il  le  fabriquait  seulement  en  quantité  trop  petite 
ou  avec  une  activité  trop  faible  pour  déterminer  autre  chose 
que  l'infection  rudimentaire,  cause  de  l'immunité.  Avec  la 
reviviscence  des  cukures,  le  poison  créé  par  le  microbe 
devient  graduellement  plus  énergique  ou  plus  abondant,  et 
acquiert  ainsi  la  puissance  nécessaire  pour  manifester  ses 
effets  toxiques  habituels.  > 

(  Il  résulte  de  tout  ce  oui  précède,  dit  en  terminant 
M.  Chauveau,  que  les  microoes  pathogènes,  en  perdant  ou 
en  récupérant  la  propriété  infectieuse,  ne  subissent  pas  à 
proprement  parler  de  transformation  spécifique.  Ces  méta- 
morphoses physiologiques  ne  sont  que  l'extension  d'un  cas 
général  bien  connu  des  botanistes,  à  savoir  que  les  condi- 
tions de  culture  peuvent  modifier,  non  seulement  la  forme, 
mais  encore  et  surtout  les  fonctions  des  végétaux.  L'exem- 
ple actuel  ne  diffère  pas,  au  fond,  de  ceux  qui  sont  présentés 
par  un  certain  nombre  de  saprophytes  non  palliogènes,  et 
dont  il  faut  chercher  les  types  les  plus  intéressants  dans  les 
curieux  autant  qu'importants  travaux  de  M.  Pasteur  sur  les 
levures,  i» 

Et  l'auteur  en  conclut  que,  dans  la  plupart  des  maladies 
infectieuses,  on  arrivera  par  inoculations  à  doses  copieuses 
et  réitérées  de  liquides  devenus  non  virulents,  par  atténua- 
tion propensive,  à  conférer  l'immunité  sans  créer  aucun 
danger. 

Du  MÉCANISME  DE  LA  MOIIT  DES  LAPINS  TRANSFUSÉS  AVEC 

LE  SANG  DE  CHIEN,  par  M.  G.  Haycm.  —  Ainsi  que  l'ont  vu 
MM.  J.  Héricourt  et  Ch.  Richet,  lorsqu'on  injecte  directe- 
ment dans  les  vaisseaux  du  lapin  une  petite  quantité  de  sang 
de  chien,  l'animal  transfusé  ne  tarde  pas  à  succomber.  Que 
l'on  emploie  du  sangcomplet  ou  du  sangdéfibriné,  le  résultat 
est  le  même.  Le  sérum  possède  également  les  mêmes  pro-- 
priétés  nocives. 

Relalivement  à  leur  puissance  toxique,  ces  trois  liquides 
semblent  pouvoir  élre  placés  dans  l'ordre  suivant,  en  allant 
du  plus  actif  au  moins  actif:  sang  défibriné,  sang  coropleti 
sérum.  Mais,  comme  les  différences  dans  l'intensité  des 
effets  sont  peu  accusées,  il  faudrait  multiplier  encore  les 
expériences  pour  pouvoir  fixer  ce  point  d'une  manière 
rigoureuse,  d'autant  que  la  résistance  des  animaux  pour  un 
même  liquide  varie  dans  une  certaine  mesure.  Quoi  qu'il 
en  soit,  il  suffit  d'une  dose  de  5  à  7  centimètres  cubes  de 
sang  défibriné  de  chien  par  kilogramme  de  lapin  pour  en- 
traîner la  mort  rapide  des  animaux  mis  en  expérience. 

M.  Hayem,  qui  à  diverses  reprises  a  déjà  étudié  l'histoire 
anatomo-pathologique  des  concrétions  sanguines  intra-vas- 
culaires,  énumère  les  symptômes  et  les  lésions  que  produi- 
sent ces  injections.  Il  en  conclut  que  la  mort  des  animaux 
par  asphyxie  est  la  conséquence  de  l'arrêt  du  sang  dans  le 
cœur  droit.  Ceux-ci  meurent  comme  si  on  leur  avait  jeté 
une  ligature  sur  l'artère  pulmonaire. 


160 


N»  10 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


8  Mars  1889 


La  cause  de  ce  genre  particulier  de  coagulation  est  due  à 
la  dissolution  rapide  des  hématies  du  lapin  dans  le  sérum 
du  chien. 

La  transfusion  du  sang  de  chien  au  lapin  a  pour  consé- 
quence une  destruction  massive  de  globules  rouges  et  la 
mise  en  liberté,  dans  le  sang  du  transfusé,  d'une  quantité 
d'hémoglobine  proportionnelle  à  la  dose  du  sang  injecté. 

Or,  Naunyn  a  démontré,  en  1873,  que  le  lapin  peut  suc- 
comber rapidement  par  formation  de  thromboses  massives 
lorsqu'on  lui  injecte  dans  les  vaisseaux  du  sang  dissous  ou 
même  une  dissolution  d'hémoglobine  cristallisée. 

Les  expériences  qui  viennent  d'être  rapportées  prouvent 
que  le  même  résultat  peut  être  obtenu,  peut-être  même 
avec  plus  de  régularité  et  de  constance,  à  l'aide  de  la  trans- 
fusion d'un  sang  ou  d'un  sérum  étranger,  exerçant  une 
action  dissolvante  extrêmement  intense  sur  les  hématies  du 
sang  du  transfusé. 

Dans  ces  dernières  années,  Wooldridge  a  pu  produire 
chez  le  lapin  des  thromboses  veineuses  en  injectant  dans  les 
vaisseaux  de  cet  animal  une  solution  d'une  matière  alburoi- 
noïde  qu'il  relire  particulièrement  du  thymus  du  veau  et 
qu'il  désigne  sôus  le  nom  de  fibrinogène  des  tissus. 

Dans  Tétat  actuel  de  nos  connaissances,  on  peut  donc  dire 
que  les  globules  rouges  du  sang,  ainsi  que  les  éléments 
anatomiques  de  divers  organes,  renferment  des  matières 
albuminoîdes  impures,  ayant  la  propriété  de  provoquer  la 

frise  en  masse  du  sang  vivant.  Il  est  remarquable  que  dans 
es  transfusions  faites  avec  le  sang  de  chien  l'action  coagu- 
latrice  s'exerce  d'une  manière  toute  spéciale  au  niveau  des 
cavités  droites  du  cœur. 

Ces  expériences  rapprochées  des  recherches  antérieures 
de  M.  Hayem,  éclairent  d'un  jour  nouveau  la  pathogénie 
des  thromboses  et  des  embolies  d'origine  dyscrasique  en 
montrant  q^ue  les  transfusions  de  sang  et  de  sérum  peuvent 
donner  naissance  aux  deux  variétés  de  concrétions  san- 
guines intra-vasculaires  que  M.  Hayem  a  nommées  concré^ 
tions  par  précipitation  les  grumeleuses  produisant  des 
embolies  et  des  infarctus  hémorrhagiques  ;  les  massives  ou 
thrombosiq^ues  capables  de  déterminer  rapidement  la  mort 
par  asphyxie. 


Académie  de  médeetne. 

SÉANCE  DU  5  MARS  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  M.   MAURICE  PERRIN. 

Après  le  dépouillement  de  la  correspondance,  M.  le  pré- 
sident prononce  les  paroles  suivantes  : 

«  Ce  n'est  pas  sans  une  vive  émotion  que  j'ai  la  douleur 
d'annoncer  à  l'Académie  la  mort  de  mon  collègue  et  ami 
M.  Legouest,  premier  inspecteur  général  du  service  de  santé 
de  l'armée. 

€  Malgré  les  soins  aussi  éclairés  (jue  dévoués  dont  il  était 
entouré,  il  a  succombé  ce  matin  à  six  heures  et  demie. 

<!  Un  article  formel  de  son  testament  nous  interdît  de 
parler  sur  sa  tombe,  mais  au'il  soit  permis  néanmoins  au 
président  de  l'Académie  d  adresser  un  suprême  adieu  au 
collègue  éminent  qui  a  dirigé  ses  travaux  avec  autant  de 
distinction  que  d'autorité  pendant  l'année  1881,  à  l'homme 
de  haute  valeur  qui,  dans  sa  carrière  militaire  et  acadé- 
mique, s'est  toujours  distingué  par  l'élévation  de  son  esprit, 
la  sûreté  de  son  jugement,  la  loyauté  et  la  fermeté  de  son 
caractère. 

«  Il  nous  laisse  l'impérissable  souvenir  de  ce  que  doit  être 
la  dignité  médicale. 

(  En  signe  de  deuil  je  lève  la  séance.  » 


Soelétë   de   ehlrarg^le. 

SÉANCE   DU  27  FÉVRIER   1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE   M.   LE   DENTU. 

ImpulssaDce  guërle  par  la  oure  radicale  d'un  varioooèle  :  M.  R.  J| 
min  (M.  Segond,  rapporteur.  Discussion  :  BiM.  Berger.  Terril 
ChamplonnlÀre.  Quënu,  Horteloup.  Reclus.  Le  Dentu).  —  Rèsecti^ 
du  genou:  M.  Defontaine.  (M.  Chauvel.  rapporteur.  Discussioi 
MM.  Ghampionnière,  Routier).  —  Striction  de  la  verge  par  u^ 
ficelle.  M.  Le  Dentn.  ^  Résection  du  pied  par  le  procède  WUul 
miroff-Mikulics.  M.  Berger.  —  Fracture  du  coude.  M.  Routier. 

M.  Segond  lit  un  rapport  sur  un  fait  de  M.  Jamin  :  in 
puissance  dm  à  un  varicocèle;  cure  radicale  du  varicd 
cèle;  guérison.  Le  diagnostic  de  la  cause  a  été  porté  par< 
que  l'érection  était  possible  dans  le  décubitus  dorsal;  mai 
ne  pouvant  rester  en  arrêt  dans  une  autre  attitude,  le  ma 
lade  était  impropre  au  coït.  La  puissance  fut  récupéré^ 
dans  toutes  les  positions,  par  le  port  d'un  appareil  spécial 
suspenseur  et  compresseur  :  mais  cet  accoutrement  n  eti 

£as  été  sans  quelque  ridicule  pendant  les  ébats  amoureu] 
[.  Jamin  fit  donc  la  cure  radicale  du  varicocèle  par  I 
résection  du  scrotum  associée  à  la  résection  des  \eini 
(procédé  de  M.Guyon).  Après  de  simples  velléités,  la  verg 
récupéra  en  quelques  semaines  une  rigidité  satisfaisante 
et,  après  une  courle  période  de  tâtonnements,  le  malad 
put  enfin  connaître,  dans  leur  intégrité,  les  plaisirs  inhé 
rents  à  son  sexe.  M.  Segond,  après  avoir  rappelé  quelque 
cas  analogues,  dus  surtout  à  Vidal  (de  Cassis),  insiste  su 
les  procédés  opératoires  et  conclut  que  Ton  ne  saurait  étr 
partisan  exclusif  de  la  résection  veineuse  ou  de  rexcisioj 
du  sci'otum,  ou  de  leur  association.  Souvent  pourtaol 
comme  l'a  bien  vu  Henry  (de  New-York),  la  résection  dj 
scrotum  suffit. 


MM.  Berger  et  Terrier  pensent  que  les  troubles  _ 
siques  observés  quelquefois  en  cas  de  varicocèle  sont  sur 
tout  d'origine  hypochondriaque  et  qu'alors  ils  peuvent  ces 
ser  sous  l'influence  morale  d'une  opération  quelconque 
M.  Terrier  ajoute  qu'à  New- York  Keen  opère  par  la  ligatur 
sous-cutanée  des  veines  variqueuses.  Il  pense  que  les  in 
terventions  atteignant  les  veines  n'ont  actuellement  aucun 
gravité. 

M.  Ghampionnière  a  vu  des  récidives  après  les  ligature 
veineuses.  Il  est  partisan  de  la  résection  scrotale,  depui 
longtemps  d'ailleurs  préconisée  nar  Dionis,  et  anaiogu 
dans  son  action  à  l'anneau  de  Nélaton.  La  douleur  es 
peut-être  un  facteur  important  de  l'impuissance. 

M.  Quénu  ne  croit  pas  que  la  pathogénie  de  l'impuissanc 
soit  aussi  claire  qu  on  le  dit.  Il  serait  bon  d'examiné 
les  nerfs  du  cordon. 

M.  Horteloup  n'a  pas  noté  de  récidive  chez  les  malade 
qu'il  a  opérés  en  associant  l'excision  du  scrotum  à  la  résec< 
tion  des  veines  postérieui^es. 

M.  Reclus  pense  avec  M.  Segond  que  le  procédé  de  Henrj 
a  beaucoup  d'avenir.  Après  la  résection  des  veines,  il  ^ 
observé  une  fois  l'atrophie  du  testicule. 

M,  Le  Dentu  est  d'avis  que  l'on  doit  être  éclectique. 
Toutes  les  opérations  sont  bonnes  :  cela  dépend  des  cas. 

M.  Segond  constate  que  Texcision  simple  du  scrotums 
des  partisans  :  et  elle  en  gagnera  encore.  Quoi  qu'on  en  discj 
les  opérations  sur  les  veines  sont  plus  aléatoires.  Un  fois  n 
a  eu  des  accidents  de  phlébite,  qui  n'ont  fait,  il  est  vrai,  que 
retarder  la  guérison. 

M.  Terrier  maintient  ses  préférences  pour  la  réseclioa 
des  veines.  L'atrophie  du  testicule  tient,  à  son  sens,  à  ce 

Îue  Ton  a  coupé  Tartère  spermalique.  La  phlébite  provienj 
'un  défaut  d  antisepsie.  Donc,  fautes  opératoires  el  nui 
point  vice  du  procédé. 


g  Mars  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  10 


161 


—  }l.  Le  Deniu  relaie  trois  observations  d'uréthroplastie 
beureuse  pour  des  sections  incomplètes  de  la  verge,  dues  à 
une  striction  par  une  ficelle. 

—  M.  ChauveL  Rapport  sur  un  travail  de  M.  Defontaine 
(duCreiizot)  :  suppression  du  drainage  dans  la  résection 
du  genm.  Ce  travail  est  basé  sur  deux  opérations  heu- 
reuses, pour  tumeur  blanche.  Il  y  a  eu  un  soupçon  de  sup- 
puration. M.  Defontaine  n*a  enlevé  que  peu  d'épaisseur  des 
trois  os  et  a  fait  ainsi  une  résection  intra-capsulaire. 

M.  Championnière  ne  voit  pas  quel  intérêt  il  y  a  à  sup- 
primer le  drainage  qui  dans  l'espèce  n'allonge  pas  le  traite- 
ment et  est  une  grande  sécurité.  En  outre,  pour  dépasser 
le  mal  et  se  mettre  à  l'abri  des  récidives,  il  faut  presque 
loujours  dépasser  largement  les  limites  de  la  capsule. 
M.  Routier  appuie  ce  dernier  avis. 

-M.  Berger  présente  un  malade  auquel  il  a  fait  la  ré- 
veclion  du  pied  connue  sous  le  nom  d'opération  de  Wladi- 
i^irûff'Mikulics  (ablation  du  tarse  postérieur,  suture  de 
l\iunl-pied  aux  os  de  la  jambe  et  marche  sur  les  orteils, 
redressés  à  angle  droit  sur  les  métatarsiens).  Le  résultat  est 
bon. 

N.  Routier  présente  un  malade  atteint  de  fracture  du 
(oui^  guérie  avec  des  mouvements  normaux  de  la  jointure. 


Hoeléié  de  bloloi^le. 

SÉANCE   DU  2  MARS   1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE    M.    DUCLAUX,   VICE-PRÉSIDENT. 

Sor  le  mode  de  préparation  des  subatanoes  employées  en  thtoa- 
peatiqne  oculaire  :  M.  G-alezoTnrski.  —  De  la  sclérose  oèrëbrale  : 
H.  ChasUn.  —  Procède  de  dosage  du  fer  :  M.  Lapicque. 

M.  Galezowsky  a  reconnu  que  l'action  de  différentes 
substances  employées  dans  la  thérapeutique  oculaire,  atro- 
pine, duboisine,  cocaïne,  etc.,  varie  beaucoup  suivant  le 
mode  de  préparation  de  ces  substances  ;  de  plus,  toutes  ces 
préparations  s'altèrent  plus  ou  moins  avec  le  temps.  Il  a 
trouvé  le  moyen  de  remédier  à  ces  inconvénients  en  fai- 
sant préparer  ces  divers  alcaloïdes  exclusivement  avec 
Facide  borique  :  ils  se  conservent  alors  très  bien  et  les 
solutions  ont  une  action  constamment  identique;  il  faut 
sealement  en  .employer  une  quantité  un  peu  plus  forte. 

—  M.  Chaslin,  en  faisant  une  étude  anatomo-palholo- 
gique  minutieuse  de  plusieurs  cerveaux  d'épileptiques,Y  a 
trouvé  des  lésions  très  nettes  de  sclérose  atrophique.  Ces 
lésions  se  ramènent  en  somme  à  des  altérations  de  la 
névrogiie.  11  conclut  de  ces  faits  que  beaucoup  des  lésions 
décrites  sous  le  nom  de  sclérose  cérébrale  ne  doivent  être 
dues  qu*à  la  prolifération  de  la  névrogiie. 

—  M.  Lapicque  décrit  un  procédé  simple  et  rapide  de 
dosai^e  du  fer  dans  le  sang,  applicable  à  quelques  grammes 
de  substance.  La  destruction  aes  matières  organiques  s*ob- 
lient  par  Taction  combinée  de  Tacide  sulfurique  et  de 
I  acide  azotique  à  chaud  ;  on  évalue  ensuite  au  moyen  du 
foloriraètre  de  Duboscq  la  coloration  rouge  développée  par 
ia<Jdition  de  sulfocyanate  d'ammoniaque.  Il  résulte  des 
dosages  de  contrôle  effectués  par  M.  Lapicque  que  l'erreur 
tnasima  est  de  2  pour  100  à  peine. 


Société  Miatoiiilqiie. 

SÉANCE    DU    22    FÉVRIER    1889.     —    PRÉSIDENCE    DE 
H.  CORNIL. 

—  M.  Paul  Bezançon  communique  un  fait  d'an^- 
ffîfmc  aortique  ouvert  dans  le  péritoine  et  accompagné 
«  hmorrhagie  cérébrale. 


—  M.  Martin  Durr  fait  voir  un  kyste  hydatique  du 
cœur. 

—  M.  Hartmann  étudie  le  mécanisme  de  la  torsion  de 
l'intestin. 

—  M.  G.  Marchant  démontre,  avec  pièces  à  Tappui,  les 
indications  de  la  résection  dans  Vostéomyélite  aiguë  et 
chronique  des  adolescents. 


BEVnE  DES  JOURNAUX 

THÉRAPEUTIQUE 

Dv  traUemonf  do  la  ptaital^ie  par  lea  liiJ«elloB«  laCraparea* 
ehymafeaiieii  de  eréosocc^  par  M.  le  docteur  Stachiewicz. — C'est 
la  méthode  de  Rosenbuch  dont  notre  confrère  russe  a  fait  usage, 
sans  en  obtenir  les  résultats  annoncés  par  son  inventeur.  11  a 
constaté  Taugmenlation  de  la  toux  et  des  crachats,  mais  sans 
abaissement  de  la  température.  De  plus,  il  attribue  cette  exa- 
gération des  phénomènes  locaux  à  Tirritation  inflammatoire 
purulente  par  la  créosote. 

Les  injections  pulmonaires  interstitielles  de  créosote  sont 
donc  contre-indiquées  si  le  phtliisique  est  prédisposé  aux 
hémoplysies  et  dans  les  cas  d'infiltrations  tuberculeuses,  car  il  y 
a  danger  de  tuberculose  miliairc  et  de  destruction  du  tissu 
pulmonaire.  Au  siège  de  l'injection,  il  se  produit  une  destruc- 
tion de  ce  tissu,  et  cette  destruction,  quand  elle  est  située  sur 
les  limites  des  zones  d*infiltration  tuberculeuse,  peut  être  favo- 
rable à  l'élimination  des  foyers  morbides  et  à  leur  limitation. 
C'est  pourquoi  l'emploi  de  cette  médication  n'est  pas  justifiable 
quand  les  zones  d'infiltration  sont  très  peu  étendues,  car,  dans 
ce  cas,  l'inflammation  secondaire  peut  favoriser  l'envahissement 
des  régions  encore  saines  ou  produire  d'inutiles  destructions  de 
tissu. 

La  technique  de  cette  opération  consiste  dans  l'emploi  d'ai- 
guilles assez  fortes,  longues  de  5  à  7  centimètres  et  mesurant 
en  épaisseur  1  millimètre  à  1  millimètre  1/2.  Aussitôt  après 
Topéralion,  M.  Stachiewicz  recommande  aux  malades  l'observa- 
tion  d'un  repos  absolu  et  i  application  d'un  sac  rempli  de  glace 
sur  la  région  correspondant  à  celle  où  l'injection  a  été  pratiquée. 
{Przg,  Lekarski,  1888,  n»  21.) 

Do  riBQoeneo  doa  agonta  aatlpyréilqfiCfl  sur  réllmlnaltoa 
de«  0iibt(anee«  asotéon,  par  MM.  MUNEO  KUMA.GAWA.  —  Cet 
important  mémoire  est  le  résumé  de  nombreuses  observations 
et  se  termine  par  des  conclusions  que  nous  allons  résumer. 

Le  benzoate  de  soude  a  été  administré  par  doses  physiolo- 
giques à  des  chiens  dont  lalimentation  était  copieuse.  L'aug- 
mentation des  matières  azotées  dans  les  urines  variait  entre  2  à 
5  et  19  à  20  pour  100;  elle  augmentait  quand  l'animal  était 
mal  nourri.  De  plus,  une  moitié  du  benzoate  de  soude  était  éli- 
minée en  nature  et  l'autre  à  l'état  d'acide  hippurique. 

Wacide  benzoique  pur  produisait  une  élévation  semblable 
du  chiffre  des  substances  azotées  dans  les  urines.  Son  action 
antiseptique  sur  le  tube  digestif  était  considérable  et  l'urine 
éliminée  ne  contenait  plus  qu'un  sixième  des  bactéries  qu'elle 
renfermait  normalement. 

Le  salicylate  de  soude  augmentait  la  quantité  des  matières 
azotées  de  l'urine  dans  le  rapport  de  10,G  à  13,4>  au  minimum 
et  de  19,8  à  21,3  pour  100  au  maximum;  celle  de  l'acide  urique 
dans  le  rapport  de  31  à  ^8,6  au  minimum  et  57  à  74,4  pour  100 
au  maximum;  celle  des  sulfates  dans  les  proportions  de  7,2  à 
13,7  et  de  18,6  à  26,9;  enfin  celle  de  Tacide  sulfurique  pur  dans 
les  rapports  de  10,6  à  19,6  et  de  28,5  à  38,9  pour  100.  L'action 
microbicide  de  l'acide  salicylique  dans  le  tube  digestif  est  peu 
marquée,  probablement  à  cause  de  son  absorption  rapide. 

Le  salol  augmente  considérablement  le  chiffre  des  matières 
azotées  dans  les  urines.  Ce  chiffre  s'élève  de  19  à  41  pour  100.  Son 


162    —  NMO  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


8  Mars  1889 


action  antiseptique  sur  le  tube  intestinal  n'est  pas  nettement 
manifestée. 

Vantifébrine  ne  modifie  pas  Tel imi  nation  des  substances  azo- 
tées quand  on  l'administre  à  faibles  doses.  A  celles  de  4  à 
6  grammes  par  jour,  elle  l'augmente  de  30,8  «^  3.*», 7  et  de  77,7  à 
78,8  pour  100.  Son  absorption  est  rapide,  son  élimination  com- 
plote dans  l'espace  de  vingt-quatre  heures  et  son  action  anti- 
septique sur  le  canal  alimentaire  très  puissante.  Le  nombre  des 
microbes  de  Turine  est  diminué  dans  la  proportion  de  II 
sur  37. 

Ij  antipyrine  n'a  pas  une  action  aussi  constante  :  dans  un  cas 
elle  ne  modifiait  pas  le  chiffre  des  matières  azotées  contenues 
dans  l'urine,  dans  une  autre  expérience  elle  l'augmentait  dans 
la  proportion  de  6:2,6  pour  100. 

Le  sulfate  de  thalline  possède  une  action  semblable.  La 
quantité  des  matières  azotées  contenues  dans  l'urine  s'éioTait, 
éous  son  influence,  dans  le  rapport  de  6,6  et  de  26,8  pour  100. 
Enfin  son  élimination  à  l'état  de  sulfate  était  rapide.  (  Kirc/iow's 
Archiv  ,  Bd.  1  et  3,  hefl  I,  p.  134.) 

De  l''Ae(l«B  ée  la  dlsUale  mur  la  leiapéralare  n«rinale  et 
ëie  8»    valeur   antillieriiilqae   dans   la   fièvre  typhoïde,    par 

M.  J.  Leidy.  —  De  ses  nombreuses  expériences  cliniques  et  phy- 
siologiques l'auteur  conclut  qu'à  l'état  normal  la  digitale  abaisse 
la  température  de  1  degré  à1  degré  1/2,  et  que  cet  abaissement 
persiste  un  ou  deux  jours  après  qu'on  a  cessé  l'ingestion  du 
médicament.  Chez  les  typhoïsants,  elle  diminue  la  fréquence  du 
pouls,  le  nombre  des  respirations  et  la  température;  ces  trois 
phénomènes  sont  en  rapport  les  uns  avec  les  autres. 

Les  indi'  ations  de  son  emploi  sont  les  symptômes  de  faiblesse 
cardiaque,  surtout  quand  ils  accompagnent  l'adynamie.  Par 
contre,  elle  est  contre-indiquée  quand  le  pouls  est  fort  et  bon- 
dissant. 

M.  Leidy  préfère  la  teinture  dans  la  fièvre  typhoïde  et  l'infu- 
sion s'il  existe  une  affection  chronique  du  cœur.  De  plus,  il 
n'hésite  pas,  s'il  [y  a  intolérance  stomacale,  à  l'administrer  pur 
la  voie  hypodermique  et  note  des  succès  quand  on  l'associe  à 
l'eau  froide  et  à  la  quinine.  {The  Therapeatic  Gaz,,  p.  661, 
octobre  1888.) 

Au  tralteoient  dc«  épanehement*  pleuréllqaen  réeenta  par 
lea  parsatiffl  saiiitii,  par  M.  le  docteur  BiACKiE  Smith.  —  Pour 
donner  raison  de  celte  médication ^  on  déclare  que  les  évacua- 
tions alvines  abondantes  ont  pour  effet  de  concentrer  le  liquide 
sanguin  .et  de  favoriser  l'absorption  :  c'est  là  un  des  motifs  pour 
lesquels  on  recommande  la  médication  hydragogue.  De  plus,  on 
invoque  encore  un  exemple  :  la  disparition  des  épanchements 
séreux  après  les  abondantes  évacuations  du  choléra. 
.  M.  Blaikie  Smith  utilise  systématiquement  ces  données  phy- 
siologiques et  cliniques  pour  le  traitement  des  épanchements 
de  la  plèvre.  A  cet  effet,  il  prescrit  chaque  jour  deux  doses  de 
8  grammes  de  sulfate  de  magnésie  en  solution  dans  une  quantité 
aussi  petite  que  possible  d'eau  tiède.  11  préfère  le  sulfate  de 
magnésie  aux  autres  purgatifs  salins  en  raison  même  de  son 
énergie. 

L'épanchemenl  diminue,  îijoute-t-il,  graduellement  en  raison 
directe  de  l'abondance  de  la  diarrhée.  La  diarrhée  n'augmente 
pas,  il  est  vrai,  mais  dans  l'espèce,  la  perte  de  liquides  par  Tin- 
testin  donne  raison  de  sa  raréfaction.  Au  demeurant,  cette  pra- 
tique n'est  qu'une  application  de  la  médication  hydragogue.  (The 
Brit.  mcd.  Journal,  13  octobre  1888,  p.  809.) 

Da  ealomel  eomme  dinréllqnr,  par  MM.  JonES  et  SCHWASS. 
—  Dans  un  cas  de  cirrhose  hépatique,  M.  Jones  a  prescrit  le 
ealomel  à  la  dose  de  3  et  5  grains  par  jour.  Dès  le  second  jour, 
il  notait  l'augmenlalioii  de  la  diurèse  et  la  persistance  de  cette 
augmentation  durant  cinq  jours  après  la  cessation  du  médica- 
ment. Douze  jours  plus  tard,  il  répétait  avec  un  semblable  succès  la 
même  médication,  et  put  ainsi  dans  l'espace  de  vingt  cinq  jours 


amener  la  guérison  de  l'ascite.  M.  Jones  conclut  à  l'utilité  d  as 
socier  le  ealomel  avec  la  digitale  et  la  scille.  Il  termine  enfin, 
en  adoptant  la  théorie,  soutenue  par  M.  Paton,  de  Taction  du 
mercure  sur  les  éléments  figurés  du  sang  se  traduisant  par  l'aug- 
mentation de  la  quantité  d'urée.  La  présence  de  cette  dernière 
en  excès  dans  le  sang  serait  l'origine  de  la  diurèse  provoquée 
parle  ealomel.  (Brit,  med.  Journal,  22  septembre  1888.) 

M.  Schwas  vient  aussi  de  recommander  l'association  du  calomd 
à  la  digitale  et  se  fonde  pour  célébrer  les  mérites  de  celte  médi- 
cation sur  les  essais  qui  ont  été  poursuivis  depuis  deux  années 
dans  le  service  de  Senator  (de  Berlin).  Cette  association  aurait 
pour  effet  de  prolonger  l'action  diurétique  de  la  digitale  t\k 
la  scille.  {Berlin,  klin.  Wochens.,  1888,  n«  38.) 


i 


BIBLIOGDAPBIE 

Traité  da    palper    abdominal  aa  point   de  vne  ob«(é< 
trlcal  et    de    la    version    par    n&aaeenvrea  extcmct. 

)ar  A.  Pinard.   2*   édition   très  augmentée.  —  Paris;. 
Sleinheil,  4889.  In-8*  de  392  pages  avec  37  figures. 

Ceux  de  nos  lecteurs  qu'intéressent  les  choses  de  Tac- 
couchcment  connaissrnl  à  fond  la  première  édition  de  ce 
livre  qui  a  si  profoniément  nfiodifié,  en  moins  de  dix  an^ 
les  conditions  du  diagnostic  et  de  la  pratique  obstétricale, 
et  initié  an  palper  et  à  la  version  par  manœuvres  externes 
toute  la  jeune  école  française.  Je  ne  ferai  donc  qu'en  si- 
gnaler ici  les  remaniements  les  plus  importants. 

S'appuyant  sur  des  recherches  poursuivies  sans  relâche 
depuis  1878,  et  en  particulier  sur  les  résultats  que  luiâ 
donnés  Texamen  minutieux  et  quotidien  des  remmesgrosse? 
dans  un  service  où  il  en  passe  plus  de  deux  mille  paraii.j 
M.  Pinard  confirme  et  étaye  de  précieuses  statistiques  se5 
idées  d*anlan  sur  les  lois  de  Taccommodation  pendant  la 
grossesse.  Il  insiste  à  nouveau  sur  ce  fait,  si  capital  \)m 
le  praticien,  qu'il  n'a  ja»nais  rencontré  que  les  présenta^ 
tiens  consacrées  par  M""^  Lachapelle;  et  ces!  en  vaiu  qu'u» 
chercherait  d^ns  son  livre  ces  présentations  du  dos,  de 
Tabdomen,  etc.,  ^ue  voudraient  réhabiliter  à  Vhem 
actuelle  quelques  élèves  attardés  de  H"*  Boivin.  Il  inaiu^ 
tient,  au  même  titre,  ce  qu'il  a  écrit  en  1878  sur  le  non^ 
engagement  du  siège  pendant  la  grossesse,  et  sur  les  pr(H 
senlations  de  la  face  qu'il  considère  comme  secondaires  t\ 
produites  par  le  travail,  n'ayant  encore  pu  constater  par  U 
palper  (seul  procède  d'exploration  raisonnablement  applu 
cable  à  ce  genre  de  recherches)  une  de  ces  présenlalioiii 
primitives  que  diagnostiquaient  si  aisément,  parle  lourlierj 
Naegele,  Spiegelberg  et  Valenta.  M.  Pinard  nous  indiqr 
enfin  ce  que  nous  devons  penser  de  certaines  allituai 
fœtales  bizarres  fréquemment  notées,  dans  la  grosses! 
gémellaire,  par  d'autres  observateurs  au  cours  d'une  pi 
tique  notablement  plus  restreinte. 

Dans  la  seconde  partie  de  son  Traité,  celle  qui  a  >o 
les  remaniements  les  plus  marqués,  l'auteur  aborde,  dai 
une  série  de  chapitres  que  nous  ne  saurions  trop  recon 
mander  à  l'atteniion  non  seulement  des  accoucheurs  ma 
encore  des  chirurgiens,  les  applications  du  palper  au  diî 
gnostic  de  la  grossesse,  dans  les  cas  où  le  fœtus  est  moi 
le  liquide  amniotique  en  quantité  exagérée,  l'œuf  dégénéï 
ou  ectopique,  les  fœtus  multiples.  De  nombreuses  observai 
tiens,  choisies  parmi  les  plus  intéressantes  de  la  praliqi 
hospitalière  de  M.  Pinard,  fixeront  dans  l'esprit  du  lecteil 
les  points  les  plus  importants  afférents  à  ces  délicalU 
questions.  Viennent  ensuite  le  palper  dans  la  délivrai)^ 
normale  et  anormale  et  dans  l'hydrocéphalie,  sur  lesque 
je  ne  puis  insister  ici,  et  ses  applications  nouvelles  à  1 
mensuration  in  utero  de  la  tète  fœtale. 

Ce  dernier  chapitre  est  un  des  plus  importants  de  i'oal 
vrage,  le  palper  mensuraleur,  comme  Pappello  M.  I*"'ar 


g  Mars  1889 


&À^ETTË  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


--  NMO  —    tea 


nous  paraissant  appelé  à  doubler  la  puissance  de  Taccou- 
chenient  prématuré  artiflciel  dans  le  traitement  des  rétré- 
cissements du  bassin.. 

Depuis  longtemps  les  accoucheurs  avaient,  grâce  à 
H.  larnier,  un  bon  moyen  (que  vient  de  perfectionner 
H.  €hampetler  ^e  -  Ribes)  de  provoquer  l'accouchement 
pn^maturé;  mais  c  était  une  question  à  la  fois  fort  simple 
et  fort  difGcile  à  résoudre  que  de  savoir  à  quel  moment 
on  V  devait  avoir  recours. 

C*étail  une  question  fort  simple  :  car,  d'après  l'enseigne- 
ment classique,  il  suffisait  de  déterminer  par  la  pelvimé- 
trie  digitale  l'étendue  du  diamètre  antéro-postérieur  mini- 
niuin  ou  diamètre  utile.  Si  le  bassin  mesurait  9,  on  laissait 
là  femme  aller  à  terme,  à  moins  au'un  ou  des  accouche- 
ments antérieurs  n^èussent  montré  les  dangers  de  Texpec- 
(aiioii;  si  le  bassin  mesurait  8  l/:2,  on  faisait  accoucher  la 
femme  à  huit  mois  et  demi;  8,  à  huit  mois,  etc.  On  pous- 
sait la  précision  jusqu'à  fixer  un  mois  d'avance  la  date 
à  raccouchement  provoqué.  En  théorie  c'était  parfait. 

En  pratique  la  question  se  révélait  bien  plus  com- 
plexe. Dans  nombre  de  cas  il  était  impossible  de  détermi- 
ner avec  précision  :  1*  l'étendue  du  diamètre  utile  ;  2^  l'âge 
exact  de  la  grossesse.  D'autre  part  on  négligeait  un  fadeur 
capital  :  le  volume  de  l'enfant.  El  l'on  voyait  alors  trop 
souvent  ceci  :  ou  l'on  attendait  trop  longtemps  et  l'accou- 
diemenl  ne  pouvait  se  terminer  qu'après  une  application 
k  forceps  laborieuse  entraînant  la  mort  de  I  enfant  ou 
après  une  basiotripsie  ;  ou  bien  Ton  intervenait  trop  tôt 
et  Ton  séparait  de  la  mère,  avant  le  temps  nécessaire,  un 
fiplus  insuffisamment  développé  qui  succombait  de  faiblesse 
congénitale.  La  couveuse  avait  en  partie  remédié  à  ce 
second  écueil.  Mais  le  premier  restait  toujours  avec  son 
lerribie  aléa.  M.  Pinard  montre  comment,  par  le  palper 
mensuraleur,  on  peut  apprécier,  ce  qui  seul  importe,  les 
dimensions  respectives  de  la  tète  du  fœtus  et  de  l'anneau 
pelvien  qu'elle  doit  traverser;  il  nous  a,  par  sa  pratique, 
fait  constater  à  maintes  reprises  les  immenses  avantages 
de  cette  méthode  sur  l'ancienne,  en  diminuant  dans  des 
proportions  étonnantes  le  nombre  des  cas  nécessitant  l'em- 
ploi du  forceps  ou  du  basiolribe  dans  les  rétrécissements 
du  bassin. 

On  trouvera  dans  la  troisième  partie  du  Traité,  plus 
nettement  formulés  que  dans  la  première  édition,  les 
indications,  les  contre-indications  et  le  manuel  opératoire 
de  la  version  par  manœuvres  externes.  L'auteur  prouve, 
Chiffres  en  main,  qu'il  a  atteint  le  but  qu'il  s'était  pro- 
posé en  supprimant  de  sa  pratique  les  {^ésentations 
vicieuses.  * 

Dans  un  appendice  est  exposée  la  méthode  employée 
par  M.  Pinard  pour  réduire  en  présentations  du  sommet  les 
présentations  de  la  face. 

Je  souhaite,  pour  ceux  qui  liront  cette  analyse  trop  courte 
à  mon  gré,  qu'elle  les  engage  à  méditer  ce  livre  tout 
d'observation  personnelle,  où  l'auteur  a  mis  le  meilleur 
de  lui-même  et  dont  il  aurait  pu  dire,  comme  jadis  Mau- 
riceau  :  «  Vous  pourrez  vous  fier  au  chemin  qu'il  vous 
nionire,  puisque  pour  vous  y  conduire,  je  vous  fais  un 
fidèle  récit  de  tout  ce  que  j'ai  remarqué  de  plus  particu- 
lier avec  un  assez  heureux  succès.  » 

H.  Varnier. 


VARIÉTÉS 

NÉCROLOGIE  :  M.  LEGOUEST. 

M.  Legouest  a  succombé  mardi  dernier,  5  mars,  aux 
cuites  d'un  phlegmon  septique  de  la  région  sus-hyoïdienne 
dont  il  avait  été  atteint  dans  les  derniers  jours  de  l'année 
dernière.  L'Académie  de  médecine,  dont  il  avait  été  le  pré- 


sident en  1881,  et  la  médecine  militaire  ressentiront  vive- 
ment sa  perte.  Bien  que  depuis  près  de  quatre  ans  il 
n'appartint  plus  au  cadre  d'activité,  l'ancien  et  le  premier 
médecin  inspecteur  général  de  l'armée  ne  s'était  pas  désin- 
téressé de  l'avenir  de  ce  corps  de  santé  dont  il  avait  été 
pendant  plus  de  dix  ans  le  chef  hiérarchique  en  môme 
temps  que  le  chef  scientifique  incontesté  et  le  guide,  dans 
la  lutte  toujours  renaissante  pour  la  revendication  de  ses 
droits.  Disciple  de  Bégin,  à  qui  il  a  dédié  son  œuvre  prin- 
cipale, il  se  servit  de  l'autorité  que  lui  assuraient  ses  longs 
services,  sa  valeur  morale,  sa  situation  scientifique,  pour 
conduire  la  médecine  militaire  à  l'autonomie  qu'elle  pos- 
sède aujourd'hui. 

Né  à  Metz/ le  1*"^  mai  1820,  dans  cette  pépinière  de  méde- 
cins d'armée,  la  Lorraine,  qu'il  devait  voir  un  jour  arracher 
à  la  France,  Legouest  entra  de  bonne  heure  dans  la  méde- 
cine militaire.  Ses  débuts  n'y  furent  pas  brillants,  si  l'on  en 
juge  par  son  avancement;  il  avait  trente-trois  ans  quand, 
après  quelques  années  d'Algérie,  il  fut  nommé  major  au 
2°  chasseurs.  Mais  le  concours  le  fait  agrégé  de  chirurgie  h 
l'Ecole  du  Val--de-Grâce.  Bégin  et  Michel  Lévy  ont  compris 
sa  valeur,  et  ses  travaux,  dont  il  a  recueilli  les  matériaux 
dans  les  hôpitaux  de  Constantinople,  commencent  sa  répu- 
tation scientifique  et  lui  ouvrent  les  portes  de  la  Société 
de  chirurgie.  (Mémoires  sur  les  congélations,  les  amputa- 
tions du  pied,  etc.)  En  Italie,  le  corps  d'armée  dont  il  est 
le  médecin  en  chef  ne  prend  qu'une  part  minime  à  la  lutte. 
Professeur  de  clinique  chirurgicale  et  de  blessures  de  guerre 
au  Val-de-Grâce,  Legouest  s'y  montra  à  la  hauteur  de  sa 
situation.  Exigeant  pour  ses  subordonnés  auxquels  il  de- 
mande l'exactitude  et  le  zèle,  il  sait  reconnaître  et  apprécier 
le  travail  dont  on  fait  preuve;  et  pour  ses  malacfes  il  ne 
redoute  ni  ses  peines  ni  son  temps.  Sous  une  apparence 
froide,  il  cache  une  sensibilité  bienveillante  pour  ceux  qui 
l'approchent  ;  comme  chef  il  semble  parfois  un  peu  sé- 
vère, mais  il  est  juste,  compensation  hautement  appréciée 
de  tous.  C'est  pendant  son  professorat  au  Val-de-Gràce  que 
M.  Legouest  publia-son  Traité  de  chirurgie  d'armée  (iS^S), 
la  quatrième  édition  de  sdi  Médecine  opératoire  de  Sédillot. 
œuvres  considérables,  où  se  révèle  la  sûreté  de  son  juge- 
ment et  l'étendue  de  ses  connaissances. 

L'Académie  de  médecine  lui  ouvre  ses  portes,  la  guerre 
de  1870  le  fait  inspecteur  du  service  de  santé.  Ses  forces, 
un  moment  affaiblies  par  une  maladie  grave  de  l'cslomac, 
lui  sont  revenues  au  moment  où  s'ouvre  devant  l'Académie 
le  grand  débat  sur  les  rapports  de  la  médecine  et  de  la 
pharmacie  militaires.  Legouest  en  porte  vaillamment  le 
poids,  et  son  éloquent  plaidoyer,  s'il  ne  parvient  pas  à 
entraîner  la  majorité,  fait  ressortir  la  haute  valeur  et  l'in- 
telligence élevée  du  président  du  Conseil  de  santé  des 
armées.  L'une  et  l'autre  lui  sont  nécessaires  pour  continuer 
les  luttes  engagées  contre  l'intendance,  pour  défendre  dans 
les  Commissions  du  Sénat,  de  la  Chambre,  auprès  des 
ministres  qui  se  succèdent,  les  intérêts  de  la  médecine 
militaire.  Enfin  la  loi  de  1882  consacre  le  principe  de  l'au- 
tonomie du  corps  de  santé,  et  grâce  à  l'énergie  du  baron 
H.  Larrey,  ancien  médecin  inspecteur,  l'inspectorat  général 
est  maintenu.  C'est  à  M.  Legouest  qu'est  donnée  pour  la 
première  fois  cette  situation  élevée,  oui  fait  de  lui  le  chef, 
au  moins  hiérarchique,  du  service  ae  santé  de  l'armée. 
Il  conserva  trois  ans  ses  hautes  fonctions,  poursuivant 
jusqu'à  son  dernier  jour  la  mission  qu'il  avait  faite  sienne: 
maintenir  la  médecine  militaire  dans  la  voie  du  travail,  de 
labeur  scientifique  où  Michel  Lévy  l'avait  depuis  vingt  ans 
engagée  et  où  l'avaient  suivi  la  considération  des  chefs 
militaires  et  l'estime  des  confrères  civils. 

M.  Legouest  réunissait  en  lui  les  qualités  qui  font  le  vrai 
chef  de  corps:  valeur  incontestée,  jugement  sûr,  impartia- 
lité. Sa  haute  stature,  la  dignité  de  sa  tenue  comme  celle 
de  sa  vie,  ses  traits  accentués  et  énergiques  en  imposaient 


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N«  10  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


8  Mars  1889 


à  tous.  Nous  ne  pouvons  dans  cette  courte  notice  apprécier 
ses  travaux  scientifiques,  pas  plus  que  la  part  importante 
qu'il  a  prise  aux  discussions  de  la  Société  de  chirurgie,  dont 
il  fut  le  secrétaire  général,  à  celles  de  l'Académie  où  il 
siégea  vingt  ans.  Il  fut  pour  moi  un  ami  après  avoir  été  un 
maître;  il  restera  dans  mon  esprit  comme  le  type  de  ces 
hommes  accomplis,  dont  le  souvenir  entraîne  le  regret  de 
ne  pouvoir  être  ce  qu'ils  ont  été. 

J.  Chauvel. 

—  Nous  avons  aussi  le  regret  d'annoncer  la  mort  de  MM.  les 
docteurs  Lallemenl,  professeur  d'anatomie  à  la  Faculté  de  méde- 
cine de  Nancy,  fondateur  du  Bureau  d'hygiène  de  celte  ville; 
Perroud,  professeur  adjoint,  chargé  de  la  clinique^des  enfants  à 
la  Faculté  de  médecine  de  Lyon  ;  Dhamelincourt,  de  Boyelles  ; 
de  la  Tourette,  de  Saint-fieorges-sur-Loire  ;  Labrousse,  de 
Ribérac  ;  Veilh,  médecin  d'arrondissement  à  Wissembourg. 

Service  de  vaccine  de  l'Académie  de  médecine.  ~  Grâce  à 

une  allocation  spontanément  accordée  par  M.   le  directeur  de 

l'Assistance  et  de  rHygiène  publiques  au  ministère  de  Tinlérieur, 

l'Académie  a  pu  faire  construire  sur  une  partie  du  jardin  qui 

OHge  le  boulevard  Saint-Germain,  une  vacherie  à  trois  élables, 

Sourvue  d'une  salle  de  vaccination  pour  les  animaux.  A  partir 
'hier?  mars,  les  vaccinations  animales  se  feront  avec  du  vaccin 
recueilli  sur  des  génisses  provenant  du  service  de  la  vaccine  de 
l'Académie.  A  dater  de  ce  jour,  les  médecins  et  sages-femmes 
peuvent  recevoir  gratuitement  soit  du  vaccin  humain  soit  du 
vaccin  animal,  en  s*adressant  directement  à  TAcadémie  ou  au 
ministère  de  rintérieur  par  l'intermédiaire  des  maires  de  leur 
localité. 

Institut  Pasteur.  —  M.  Duclaux  commeucera  le  mardi 
19  mars  à  deux  heures  et  demie,  à  l'Institut  Pasteur,  25,  rue 
Dutot,  le  cours  officiel  de  chimie  biologique  qu'il  faisait  les 
années  précédentes  à  la  Sorbonne.  Les  personnes  qui  désirent 
suivre  ce  cours  peuvent  se  procurer  des  cartes  au  secrétariat 
de  la  Faculté  des  sciences  à  la  Sorbonne. 

M.  Roux  commencera,  le  vendredi  15  mars,  un  cours  pratique 
de  micro-biologie.  Les  personnes  qui  désirent  suivre  ce  cours 
doivent  se  faire  inscrire  à  l'économat  de  l'Institut  Pasteur, 
25,  rue  Dutot.  Le  droit  d'inscription  est  de  50  francs.  En  s'in- 
scrivant  les  élèves  recevront  une  notice  donnant  les  indications 
nécessaires. 

Faculté  de  médecine  de  Paris.  —  Par  décret,  la  chaire 
d'accouchements,  maladies  des  femmes  et  des  enfants,  prend  le 
titre  de  clinique  obstétricale.  M.  Tarnier,  professeur  d'accou- 
chements, maladies  des  femmes  et  des  enfants,  est  nommé 
professeur  de  clinique  obstétricale. 


École  de  médecine  d'Angers.  —  Un  concours  s'ouvrira,  le 


Un  concours  s'ouvrira,  le  18  novembre  1889,  devant  l'École 
supérieure  de  pharmacie  de  Paris,  pour^l'emploi  de  suppléant 
de  la  chaire  d'histoire  naturelle,  à  l'Ecole  de  médecine  d'Angers. 

École  de  médecine  de  Limoges.  —  Le  concours  qui  devait 
s'ouvrir,  le  5  novembre  1889,  devant  la  Faculté  de  médecine 
de  Bordeaux,  pour  l'emploi  de  suppléant  des  chaires  de  patho- 
logie et  clinique  chirurgicales  et  de  clinique  obstétricale  à 
l'Ecole  de  médecine  de  Limoges,  n'aura  pas  lieu. 

École  de  médecine  de  Marseille.  —M.  Domergue,  suppléant 
des  chaires  de  pharmacie  et  de  matière  médicale  est  chargé,  en 
outre,  d'un  cours  de  pharmacie  jusqu'à  la  fin  de  l'année  sco-* 
laire  1888-1889. 

Bureau  central  (Médecine).  —La  première  épreuve  d'admis- 
sibilité du  concours  pour  trois  places  de  médecin  du  Bureau 
central,  a  eu  lieu  le  mercredi  27  février.  —  Le  sujet  était  :  De 
la  sclérose  du  cœur, 

CUNIQUE    OPHTHALMOLOGIQUE     DES    QuiNZE-VlNGTS.    —   M.    le 

docteur  Abadie  a  donné  sa  démission  de  médecin  de  la  clinique 
des  Quinze-Vingts  pour  reprendre  la  direct  ion  de  sa  clinique  par- 
ticulière. M.  le  docteur  Cnevallereau,  médecin  suppléant  de  la 


clinique  nationale  ophthalmologique  des  Quinze-Vingts,  à  et 
nommé  médecin  titulaire,  en  remplacement  de  M.  le  docleq 
Ch.  Abadie. 

Un  concours  sera  institué  pour  la  place  devenue  vacante  d 
médecin  suppléant. 

^  ÉCOLE  DU  SERVICE  DE  SANTÉ  MILITAIRE  A  LYON.  —  Par  déct 

sion  du  ministre  de  la  guerre,  l'Ecole  du  service  de  santé  miij 
taire  s'ouvrira  le  9  mars  1889. 

Elle  recevra  :  1»  les  élèves  ayant  concouru  avec  quatre  et  hu^ 
inscriptions  et  nommés  élèves  du  service  de  santé  militaire  1^ 
14  octobre  1888  ;  S*»  les  élèves  actuellement  en  deuxième  ou  troi 
sième  années  d'études,  et  nommés  élèves  en  1887,  qui  en  on 
fait  la  demande.  Les  élèves  admis  entreront  à  l'Ecole  les  9  e 
10  mars  1889. 

Concours  pour  l'admission  a  l'École  du  service  de  saxti 
MILITAIRE  en  1889.  —  Un  concours  s'ouvrira,  le  8  août  \m 
pour  l'admission  à  l'École  du  service  de  santé  militaire. 

Les  étudiants  de  quatre  à  douze  inscriptions  valables  pour  ii 
doctorat  sont  admis  à  concourir  en  1889  pour  entrer  à  1  Ecole; 
ceux  de  seize  inscriptions  pourront  concourir  pour  des  eraploii 
d'élèves  du  service  de  santé  militaire,  mais  ne  seront  pas  admii 
à  l'Ecole.  Ils  recevront  une  indemnité  de  100  francs  par  moisi 

fartir  de  leur  admission  et  devront  être  reçus  docteurs  avant  li 
•"^  février  de  l'année  oui  suivra  leur  admission. 

Nul  ne  peut  être  admis  au  concours  s'il  n'a  préalahlemenl 
jusliûé  qu'il  a  eu,  au  l»»^  janvier  de  Tannée  du  concours  :  Moinj 
de  vin^t-deux  ans,  pour  les  élèves  concourant  pour  entrer  e^ 
quatrième  division  (quatre  inscriptions)  ;  moins  de  vingt-lroij 
ans,  pour  les  élèves  concourant  pour  entrer  en  troisième  di?i^ 
sion  (huit  inscriptions)  ;  moins  cle  vingt-quatre  ans,  pour  Ici 
élèves  concourant  pour  entrer  en  deuxième  division  (douze  in^ 
scriptions)  ;  moins  de  vingt-cinq  ans,''pour  les  élèves  coacouran| 
à  seize  inscriptions. 

Néanmoins,  les  militaires  ayant  quatre  inscriptions  et  kséi 
de  plus  de  vingt-deux  ans,  qui  auront  accompli  au  l*"^  juiîle 
six  mois  de  service  réel  et  effectif,  sont  autorisés  à  concourir^ 
pourvu  qu'ils  n'aient  pas  dépassé  l'âge  de  vingt-cinq  ans  à  cetW 
même  date  et  qu'ils  soient  encore  sous  les  drapeaux  au  momeol 
du  commencement  des  épreuves  ; 

L'épreuve  écrite  aura  lieu  dans  les  villes  suivantes  :  AlgerJ 
Amiens,  Angers,  Arras,  Besançon,  Bordeaux,  Caen,  Clerroonli 
Ferrand,  Dijon,  Grenoble,  Lille,  Limoges,  Lyon,  Monlpeilier,i 
Nancy,  Nantes,  Paris,  Poitiers,  Reims,  Rennes,  Rouen,  Toulouscj 
Tours. 

Les  épreuves  orales  auront  lieu  pendant  le  mois  de  septembre: 
à  Paris  (le  2),  à  Lille  (le  6),  à  Nancy  (le  10),  à  Lyon  (le  ii),  à 
Montpellier  (le  19;,  à  Bordeaux  (le  23),  à  Rennes  (le  27).  ! 

Le  registre  d'inscription  sera  ouvert  du  l""  au  25  juillpl  dan^ 
les  préfectures  de  ehacjue  département.  Les  demandes  M 
bourses  devront  y  être  déposées  pendant  la  même  période  pa* 
les  parents  ou  tuteurs  des  candidats.  | 

Hospice  de  la  Salpêtrière.  —  M.  le  docteur  Auguste  Voi.slfl 
reprendra  ses  conférences  cliniques  sur  les  maladies  mentales  el 
nerveuses,  le  dimanche  10  mars,  à  neuf  heures  et  demie  ai 
matin,  et  les  continuera  les  dimanches  suivants,  à  la  mém^ 
heure. 

Mortalité  a  Paris  (8*^  semaine,  du  17  au  23  février 
1889.  —  Population  :  2260945  habiUnts).  —  Fièvre  typhoïde,  15. 

—  Variole,  1.  —  Rougeole,  46.  —  Scarlatine,  4.  —  Coque- 
luche, 12.  —  Diphthérie,  croup,  45.  —  Choléra,  0.  —  Phlhî^l« 
pulmonaire,  16».  —  Autres  tuberculoses,  25.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  36;  autres,  6.  —Méningite,  31.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  45.  —  Paralysie,  2.  — 
Ramollissement  cérébral,  5.  —  Maladies  organiques  du  cœur,  57. 

—  Rronchite  aiguë,  42.  —  Bronchite  chronique,  57.  —  Broncho- 
pneumonie, 28.  —  Pneumonie,  70.  —  Gastro-entérite:  sein,11; 
biberon,  49.  —  Autres  diarrhées,  3.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 6.  —  Autres  aifeclions  puerpérales,  0.  —  Débilité  con- 
génitale, 26.  —  Sénilité,  44.  —  Suicides,  13.  —  Autres  morts 
violentes,  9.  —  Autres  causes  de  mort,  192.  —  Causes 
inconnues,  16.  —  Total  :  1061. 

G.  Masson,  Propriétaire-Gérant 

18555.  —  MOTTlROZ.  —  Imprimeries  réunies,  ▲,  roo  Mignon,  8.  Paris. 


TBEHTE-SIXliXB  ÀMNiE 


tlMl 


15  Mabs  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 

PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION. 

M.  LB  D'  L.  USREBOULLET,  Rédacteur  kn  chef 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  6.  DIEULAFOY.  DREYFUS-BRISAC,  FRANÇOIS-FRANCK.  A.  HÊNOCQUE.  A.nl.  RARTIN,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adretier  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  A  M.  Lbreboullet,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


&OVIAIRB.  —  BULLiTiN.  —  Clinique  ciiiRunGiCALB.  Do  la  cystoscupio  ou 
ea^s'opic  vi^irale.  — GoHTniBUTiONâ  PiixRHAGBUTiQUES.  Des  injections  liypo- 
é'riDiiinef  de  laclato  do  quinine.  —  Trav\ux  originaux.  Clioiquo  médicale  : 
NMTclle  contribniion  à  l'ctudc  do  I'h6mo*^lobinuric  paroxystique.  —  Pathologie 
aicnte  :  Note  sur  le  mal  des  confiseurs.  -^  Sociérés  SAVAKTSft.  Académie  des 
sàtaces.  —  Académie  de  médecine.  —  Soclélé  médicale  des  hôpitaux.—  Société 
•Je  ilicnpeo  tique.  —  Ri  VUS  DIS  JOURNAUX.  Médecine.  —  Bidliooraphib.  Un 
nsd'arUinipalbic  labclique  suppuréc.  —  La  fuhcchcz  les  enfants. — VAniÉTKâ* 
U^concouri  d'agrégation.  —  Nécrologie  :  Cliarlcs  Martins. 


BnUETIN 

Paris,  13  mars  1889. 

kndémie  des  sciences:  Im  vaceinatlon  de  la  norve.  — 
Société  médicale  des  hôpitaux  :  La  traasnilsalon  des 
maladtes  eoiita|plea«ea. 

En  terminant  l'un  des  chapitres  de  son  beau  livre  sur  la 
laberculose,  notre  maître^  M.  Villemin  s'exprimait  ainsi  : 
i  En  résumé  il  n'existe  pas  de  maladies  dans  le  cadre  no- 
^olugique  qui  aient  entre  elles  des  analogies  plus  nom- 
breuses et  plus  évidentes  que  la  tuberculose  et  la  morve. 
Elles  se  touchent  par  tous  les  côtés  de  leur  histoire  jusqu'à 
se  confondre  en  plusieurs  points.  Frappé  d'un  pareil  rap- 
prochement, nous  ne  pouvons  nous  empêcher  de  les  considé- 
rer comme  des  espèces  voisines  d'un  même  genre...  »  Nous 
avons  tenu  à  citer  ces  paroles,  que  l'avenir  a  pleinement 
justifiées,  au  moment  de  signaler  l'importante  communica- 
tion que  M. le  professeur  I.  Strausvientde  faire  à  l'Académie 
<les  sciences.  En  raison  des  étroites  parentés  étiolologiques 
el analomiques  qui  unissent  la  morve  aux  deux  grandes 
maladies  virulentes  humaines,  la  tuberculose  et  la  syphilis, 
loul  ce  qui  concerne  l'infection  morveuse  doit,  en  effet,  in- 
léresser  le  médecin.  Or  jusqu'à  ce  jour  la  morve  avait  été 
considérée  comme  le  type  des  maladies  virulentes  pour  les- 
quelles il  n'existe  pas  d'i  mmunilé  dérivant  d'une  première 
atteinte.  Saint-Cyr,  le  professeur  de  l'i^cole  vétérinaire  de 
Lyon,  à  qui  la  science  vétérinaire  doit,  en  ce  qui  concerne 
la  morve,  tant  de  progrès  utiles,  assimilait  celte  maladie 
à  la  syphilis,  et  plusieurs  vétérinaires  à  son  exemple 
ont  pensé  qu'elle  ne  pouvait  être  contractée  qu'une  seule 
fois  comme  la  syphilis  chez  l'homme.  Toutefois  cette  vue 
théorique  ne  répondait  pas  aux  faits  expérimentaux  qui 
Uiontrenl  que  la  morve  est  pour  ainsi  dire  indéfiniment 
réinoculable  au  cheval  et  au  chien. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'idée  d'une  vaccination  possible  par 
inoculation  préventive  paraissait  devoir  être  écartée  à  priori. 
Les  recherches  de  M.  I.  Straus  ouvrent  à  cet  égard  une  voie 
«•  StaiE,  T,  XXVI. 


nouvelle.  Notre  savant  ami  a  eu,  en  effet,  l'idée  ingénieuse 
de  s'adresser  non  à  l'âne,  au  cheval,  ou  au  cobaye  dont  la 
réceptivité  morveuse  est  très  intense,  mais  bien  au  chîen, 
qui  ne  contracte  que  très  difficilement  la  maladie  et  chez 
qui  les  inoculations  sous-cutanées  ne  donnent  naissance 
qu'à  un  ulcère  local  caractéristique  qui  se  cicatrise  rapide- 
ment. Ainsi  qu'on  le  verra  dans  la  note  que  nous  reprodui- 
sons ci-dessous  (p.  176),  M.  Straus  a  procédé  par  injection 
intra-veineuse  et  obtenu  ainsi,  en  introduisant  dans  la 
veine  saphène  des  quantités  notables  du  bouillon  de  cul- 
ture, des  accidents  de  morve  suraigué  généralisée,  à  loca- 
lisations tégumentaires  et  viscérales  et  rapidement  mortelle. 
Celte  injection  étant  faite  à  dose  plus  faible  détermine  une 
maladie  atténuée,  et  les  animaux  ainsi  inoculés  restent 
ensuite  et  longtemps  réfractaires  à  l'injection  intra-veineuse 
de  liquides  très  virulents  même  à  dose  massive. 

Voici  l'un  des  résultats  expérimentaux.  Il  démontre,  au 
moins  pour  le  chien,  car  malheureusement  les  mêmes  effets 
n'ont  pu  encore  être  obtenus  sur  les  solipèdes,  que  l'on  peut 
arriver,  dans  les  cas  de  morve,  à  produire  l'immunité  par 
un  procédé  à  peu  près  semblable  à  celui  qui  la  détermine, 
alors  qu'il  s'agit  d'autres  maladies  virulentes  comme  le 
charbon.  Peut-être  parviendra-t-on,  en  modifiant  les  pro- 
cédés d'inoculation  imaginés  par  M.  Straus,  à  vacciner  de 
même  les  chevaux  et  les  ânes. 

Une  deuxième  conclusion  à  déduire  de  ces  expériences 
nous  parait  plus  intéressante  encore  à  signaler.  La  morve 
du  chien,  déterminée  par  injections  intra-vasculaires  de  cul- 
tures du  bacille  de  la  morve,  est  peut-être  le  plus  bel 
exemple  des  différences  d'effets  que  l'on  peut  obtenir  en 
inoculant  des  quantités  variables  de  substances  virulentes. 
Ces  expériences  répondent  dès  lors  avec  une  netteté  presque 
schématique  à  la  question  que  nous  postons  il  y  a  huit 
jours  au  sujet  des  expériences  de  M.  Chauveau.  De  grandes 
doses  de  matière  virulente  tuent  ;  de  petites  doses  rendent 
malade  et  confèrent  l'immunité.  La  vaccination,  qui  résulte 
de  cette  inoculation  d'un  virus  non  atténué  mais  inoculé 
en  petites  proportions,  est  l'une  des  plus  solides  que  l'on 
connaisse.  On  peut,' après  la  vaccination,  injecter  dans  la 
veine  des  quantités  véritablement  formidables  de  culture 
virulente  (cent  fois,  mille  fois  plus  consi  lérable  que  la 
quantité  qui  tuerait  infailliblement  un  chien  non  préparé) 
sans  provoquer  aucun  désordre  appréciable. 

Grâce  à  cette  élude  de  la  morve  chez  un  animal  à  faible 
réceptivité,  M.  Straus  a  donc  réussi  à  démontrer  que  la 
morve,  elle  aussi,  obéit  à  la  loi  de  l'immunité. 

Cette  découverte  aura,  nul  ne  saurait  le  nier,  une  impor- 

11 


166 


N-  H  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


i6  Mars  1889 


tance  capitale  au  point  de  vue  de  la  pathologie  générale.  La 
morve,  nous  l'avons  rappelé  plus  haut,  se  rapproche  de  la 
tuberculose.  Or  il  est  des  animaux  très  réfractaires  à  cette 
maladie  (les  moutons,  les  chèvres,  par  exemple).  Ne  pour- 
rait-on chercher  à  obtenir  sur  ces  animaux  des  résultats  à 
peu  près  semblables  à  ceux  que  vient  de  nous  faire  con- 
naître M.I.Straus?  Et,  si  Ton  y  arrivait,  ne  serait-il  pas  pos- 
sible de  chercher  peu  à  peu  les  procédés  et  les  méthodes 
qui  permettent  d'atténuer  suffisamment  le  virus  tubercu- 
leux de  façon  à  créer  un  vaccin  inoculable  aux  espèces  à 
réceptivité  plus  active?  Nous  ne  voulons  pour  aujourd'hui 
que  poser  ces  questions.  Il  nous  suffira  de  les  avoir  indi- 
quées pour  bien  faire  comprendre  toute  la  portée  scienti- 
fique des  expériences  dues  à  M.  le  professeur  Straus. 

—  A  l'Académie  de  médecine  nous  ne  pouvons  que  men- 
tionner la  suite  des  communications  de  M.  Yerneuil  sur 
l'étiologie  du  tétanos.  Nous  résumerons  l'ensemble  de  ce 
vaste  travail  quand  la  discussion  sera  terminée.  Nous  atten- 
dons aussi  pour  parler  de  la  communication  de  M.  Roussy 
que  la  Commission  nommée  pour  examiner  son  mémoire  ait 
fait  un  rapport.  Il  serait  impossible  d'examiner,  sans  les 
analyser  longuement,  les  nombreuses  conclusions  de 
l'auteur. 

—  La  très  intéressante  communication  qui  vient  d*élre 
faite  à  la  Société  médicale  des  hôpitaux   par  H.   Cadet 
de  Gassicourt  apporte  à   la  doctrine    de  la  contagiosité 
des  maladies  de  l'enfance  un  argument  statistique  des 
plus  précieux.  Il  en  résulte,  en  effet,  que,  dans  l'immense 
majorité  des  cas,  ce  ne    sont  ni   les  médecins,   ni  les 
élèves,  ni  les  infirmiers  qui  transmettent  la  maladie  des 
salles  d'isolement  aux  salles  communes.  Les  cas  intérieurs 
sont  toujours  ou  presque  toujours  dus  à  l'introduction  dans 
l'hôpital  d'un  malade  qui  y  séjourne,  qui  se  trouve  pendant 
un   temps    appréciable   en   contact   avec   ses  voisins  et 
qui  leur  donne  ainsi  la  rougeole  ou  la  scarlatine  dont  il  est 
atteint  lui-même.  Il  importe  de  faire  ressortir  cette  conclu- 
sion. Elle  démontre,  en  effet,  que  les  méthodes  de  pro- 
phylaxie individuelle—  indispensables  lorsqu'il  s'agit  de  la 
septicémie  chirurgicale  ou  puerpérale    et   peut-être   de 
diphthérie  —  sont  bien  moins  utiles,  lorsque  Ton  a  affaire 
à  des  rubéoliques  ou  à  des  scarlatineux,  que  les  mesures 
d'isolement  rigoureux  et  de  surveillance  intelligente  et  atten- 
tive. On  ne  manquera  point,  en  effet,  de  retenir  des  statis- 
tiques présentées  par  M.  Cadet  de  Gassicourt  le  fait  sur  lequel 
nous  voulons  surtout  insister.  Il  existe  à  l'hôpital  Trousseau 
des  salles  de  médecine,  des  salles  de  chirurgie,  et  des  salles 
consacrées  au  traitement  des  teigneux.  Les  médecins,  les 
élèves,  les  gens  de  service  sont  appelés  dans  ces  diverses 
salles;  mais  les  malades  venus  du  dehors  ne  sont  admis  dans 
les  salles  de  teigneux  que  lorsqu'ils  sont  atteints  de  cette 
affection  parasitaire.  Or,  dans  les  salles  de  teigneux,  on  n'a 
observé  en  4888  aucun  cas  intérieur  de  rougeolo,  de  scarla- 
tine, de  diphthérie  ou  de  coqueluche.  Ceux-ci,  au  contraire, 
ont  été  très  fréquents  dans  les  salles  de  chirurgie,  plus 
fréquents  même  que  dans  les  salles  de  médecine,  et  cela 
sans  doute  d'une  part  parce  que  la  surveillance  y  est  moins 
attentive  au  point  de  vue  de  l'existence  possible  d'une 
maladie  éruptive  et  d'autre  part  en  raison  de  ce  que,  débi- 
lités par  une  maladie  chirurgicale  chronique,  les  jeunes 
malades  sont  plus  aptes  à  gagner  la  fièvre  éruptive  qui  leur 
est  apportée  du  dehors. 

Il  convient  donc  de  s'associer  sans  réserves  aux  proposi- 


tions développées  par  M.  Cadet  de  Gassicourt  etdecouclun 
avec  lui  et  avec  M.  Seveslre,  que  le  seul  moyen  de  diminue 
dans  les  hôpitaux  d'enfants  le  nombre  des  cas  intérieui 
serait  d'exercer  une  surveillance  plus  sévère  sur  les  entrauli 
d'avoir  des  salles  et  des  chambres  d'isolement,  de  pouvoii 
lorsqu'il  s'agit  de  malades  alités,  évacuer  tout  de  suite  dans  I 
service  d'isolement  non  seulement  l'enfant  qui  a  apport 
dans  la  salle  commune  un  germe  de  maladie,  mais  encor 
ses  voisins  immédiats,  et  enfin  de  pratiquer  la  désinfeclio 
avec  soin. 

Toutes  cessjilles,  toutes  ces  chambres  d'isolement  seront 
elles  faciles  à  obtenir  dans  les  hôpitaux  d'enfants  ?  Nou 
n'avons  pas  à  résoudre  cette  question  ;  mais,  avant  méin 
qu'elle  soit  abordée,  ne  serait-il  point  nécessaire  de  régie 
menter  le  service  des  consultations  externes  ?  C'est,  en  elfH 
cette  promiscuité  si  dangereuse  de  malades  attendant  io.i 
guement  le  moment  où  ils  seront  admis  à  l'hôpital  qui  1 
plus  souvent  propage  les  maladies  contagieuses.  M.  Olii 
vier  et  M.  Comby  ont  indiqué  le  remède  qu'appelle  uu< 
organisation  encore  bien  défectueuse.  Nous  faisons  des  vœu 
pour  que  leurs  protestations  soient  écoutées.  Mais  nou 
voudrions  plus  encore.  En  ville,  dans  les  cités  ouvricre.<i 
dans  les  logements  où  tant  d'enfants  se  trouvent  en  conUr 
journalier,  rien,  absolument  rien  n*est  tenté  pourempcchei 
la  propagation  des  maladies  les  plus  redoutables,  la  dipli 
thériepar  exemple.  Nous  pouvons  citer  à  ce  sujet  un  fait  de 
plus  navrants.  Dans  une  de  ces  grandes  maisons  où  les  rné 
nages  d'ouvriers  vivent  pressés  les  uns  contre  les  autreà 
un  malade  atteint  de  diphthérie  est  soigné  à  domicile  peaj 
dant  dix  jours,  pais  évacué  à  l'hôpital  Saint-Antoine  où  ij 
meurt.  Atteinte  quinze  jours  plus  tard  delà  mémo  maladie 
la  femme  de  ce  malheureux  succombe  à  son  tour.  Les  scel 
lés  sont  apposés  sur  l'appartement  qu'ils  occupaient.  Pen- 
dant quinze  jours,  sans  qu'aucune  mesure  de  désinfection 
ait  été  prise,  le  logement  reste  clos,  renfermant  les  lil$, 
les  vêtements  de  ces  malades.  Après  quinze  jours  on  iévo 
les  scellés,  on  fait  un  inventaire  et  le  mobilier  tout  entief 
est  envoyé  à  l'Hôtel  des  ventes  où  il  est  vendu.  Dans  l'inter- 
valle un  voisin  a  été  à  son  tour  atteint  de  diphthérie  et  a 
succombé;  un  enfant  est  actuellement  malade.  Combioii 
d'autres  victimes  auront  faites  ce  linge,  cette  literie  irapn*- 
gnés  de  germes  diphthériliques,  non  lavés,  non  désinfectêsi! 
Vraiment,  aujourd'hui  que  l'on  commence  à  se  préoccuper 
de  ces  questions  de  prophylaxie,  il  serait  temps  d'intenc-^ 
nin  et  d'insister  énergiquement  pour  armer  la  police  sani- 
taire de  pouvoirs  plus  étendus  et  surtout  pour  faire  exécuter 
avec  plus  d'énergie  les  règlements  en  vigueur. 


CLINIQUE  CHIRURGICALE 

De  la  cystoscople  on  eiido«co|ile  Yéalralc. 

En  1807,  Bozzini  (de  Francfort-sur-Ie-Mein)  décrivil, 
sans  aucun  succès  d'ailleurs,  un  appareil  qui  permettait, 
disait-il,  d'éclairer  les  cavités  du  corps  humain.  Cette 
machine  inefficace  fut  bientôt  rejointe  dans  foubli  par  le 
spéculum  urélhro-vésical  que  Ségalas  inventa  en  18^6. 

Désormeaux,  en  1853,  pensa  avoir  plus  de  succès.  Son 
instrument  souleva  bien  des  controverses,  mais  il  resta,  en 
somme,  la  base  des  endoscopes  construits  par  Gruise  (de 
Dublin),  Fûrstenheim,  Stein,  Grûnfeld.  Le  principe  ii^' 
varie  pas  :  un  tube  reciligne  étant  introduit  dans  l'urèthre, 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  NMl  —    167^ 


oD  y  projette  un  faisceau  lumineux,  tandis  qu'on  regarde, 
par  le  même  oriGce,  la  surface  ainsi  éclairée. 

Les  connaissances  de  physique  les  plus  élémentaires  font 
comprendre  immédiatement  que  Ton  ne  saurait  avoir  de  la 
sorfe  que  des  vues  bien  imparfaites.  Que  de  rayons  doivent  se 
perdre,  à  l'aller  et  au  retour,  en  cheminant  dans  ce  défilé 
$i  long  et  si  étroit  !  Et  puis,  on  n'a  sous  Toeil  qu'une  surface 
bien  étroite,  et  pour  se  faire  une  idée  de  ce  que  peut  être  la 
hce  interne  de  la  vessie,  le  chirurgien  doit  se  livrer  à  un 
travail  de  mosaïste,  sujet  à  bien  des  erreurs. 

Les  choses  en  étaient  là  lorsque,  en  1876,  M.  Nitze  com- 
mença ses  recherches,  fondées  sur  des  principes  optiques 
essentiellement  différents  de  ceux  que  l'on  avait  appliqués 
jusqu'alors.  D'étape  en  étape,  ce  savant  ingénieux  a  peu  à 
peu  inventé,  modifié,  perfectionné  ses  instruments  et  Ton 
Be saurait  méconnaître  que,  grâce  à  lui,  la  cystoseopie  a  fait 
depuis  une  dizaine  d'années  des  progrès  considérables.  Nul 
te  qu'elle  ne  soit  appelée  à  rendre  en  clinique  des  ser- 
rires  importants.  Aussi  avons-nous  tenu  à  mettre  nos 
lecleors  au  courant  de  la  technique  générale  de  ce  mode 
d'exploration.  Quelques  figures,  envoyées  par  M.  Nitze,  nous 
Ml  élé  prêtées  par  la  rédaction  des  Annales  des  maladies 


des  organes  génito-urinaires.  Elles  aideront  beaucoup  à  la 
clarté  d'une  description  souvent  un  peu  sèche  (1). 

I 

Nitze,  avons-nous  dit,  a  établi  ses  instruments  sur  des 
principes  nouveaux.  Il  a  pensé,  d'abord,  que  le  seul  moyen 
d'éclairer  d'un  coup  toute  la  surface  interne  de  la  vessie 
était  d'introduire  la  source  lumineuse  dans  la  cavité  vésicale 
elle-même,  distendue  par  un  liquide  transparent. 

Cette  idée  est  réalisable  aujourd'hui  que  les  électriciens 
nous  fournissent-dos -lampes  assez  petites  pour  être  conte- 
nues dans  une  sonde  n°  20  ou  n''  21.  L'éclairage  alfait  bien 
avec  les  lampes  à  fil  de  platine  ;  mais  réchauffement  était 
tel  qu'un  courant  d'eau  fraîche  devait  constamment  assurer 
la  réfrigération  de  la  vessie.  Outre  la  complication  d'un 
semblable  appareil,  il  va  sans  dire  qu'une  bonne  partie  du^ 
tube  uréthral  étant  ainsi  remplie,  il  restait  bien  peu  de^ 
place  aux  rayons  visuels.  La  lampe  Edison,  s  échauffant  très 
peu,  a  enfin  permis  de  résoudre  le  problème.  Elle  a  encore 
l'avantage  d'être  mise  en  action  par  une  simple  pile  à 
l'acide  chromique,  mélangé  d'acide  sulfuriquc. 


Fl6.  1.—  r.ysU^copc  n»  I. 


Une  semblable  source  lumineuse  étant  au  bec  d'une  sonde 
^  petite  courbure,  si  l'on  a  fait  une  fenêtre  au  talon  de 
rinslrument,  dans  l'axe  du  tube  uréthral,  on  peut  regarder 
sans  peine  la  partie  de  surface  vésicale  située  sur  le  prolonge- 
ment de  cet  axe.  De  même,  la  fenêtre  étant  faite  en  un  point 
quelconque  de  la  partie  intravésicale,  si  on  la  garnit  d*un 
prisme  à  réfraction  totale  convenablement  orienté.  Mais, 
ni  Tétroitesse  et  la  longueur  du  tube,  le  champ  visuel  ainsi 
obtenu  est  singulièrement  étroit,  et  l'on  retombe  dans  le 
Second  inconvénient  des  anciens  endoscopes. 

Ici  intenient  le  second  principe  nouveau  :  à  l'aide  d'un 
appareil  optique  convergent,  condenser  une  large  surface  vé- 
sicale en  une  petite  image  réelle  ne  dépassant  pas  les  dimen- 
sions du  tube  endoscopique.  L'appareil  est  formé  de  plusieurs 
Jenliiles,  combinées  de  telle  sorte  que  l'image  se  fait  près  du 
pavillon  de  la  sonde,  et  là  elle  est  examinée  à  la  loupe.  Nous 
ne  croyons  pas  devoir  insister  davantage  sur  les  lois  d'optique 
'ionl  l'inventeur  a  eu  à  tenir  compte.  Ceux  qui  sont  quelque 
peu  familiarisés  avec  les  mystères  du  plan  focal  et  du  plan 
pnncipal  comprendront  sans  peine  comment  fonctionne  le 
sfslème  de  lentilles  montré  par  la  figure  1  et  nous  ne  voulons 
pas  importuner  ceux  qui-  n*ont  cure  de  la  théorie  et  de  la 
physique. 

Comment  donc  est  construit  un  cystoscope  ?  car  il  faut 
•^'re  cystoseopie,  et  non  endoscopie,  ce  dernier  vocable 
^'appliquant  à  l'inspection  de  toute  cavité. 


Un  cystoscope  est  une  sonde  qui  a,  à  peu  près,  la  forme 
et  les  dimensions  d'un  lilholritcur.  Le  calibre  est  du  n*"  20 
à  21  pour  l'adulte;  du  n"  16  pour  les  enfants. 

Le  bec  se  termine  par  une  vis  femelle  dans  laquelle  va 
être  fixé  le  bout  de  sonde,  constitué  par  la  lampe,  entourée 
d'une  coque  d'argent,  coque  percée  d'une  fenêtre  par 
laquelle  émergent  les  rayons  éclairanls.  Dans  la  sonde  est 
un  fil  conducteur,  et  le  métal  de  l'instrument  lui-même  sert 
de  conducteur  au  second  pôle.  Un  coup  dœil  sur  la  figure 
fait  comprendre  comment  le  contact  s'établit  lorsque  la 
lampe  est  vissée;  comment,  d'autre  part,  rien  n'est  plus 
simple  que  de  changer  une  lampe  dont  le  charbon  est  usé, 
ce  qui,  entre  les  mains  de  Nitze,  a  Heu  à  peu  près  tous  les 
six  mois. 

Le  prisme  est  enchâssé  dans  une  fenêtre,  dont  la  position 
varie  suivant  le  modèle  de  l'instrument.  Dans  ce  que  Nit/c 
appelle  cystoscope  n"*  1,  elle  est  située  à  la  face  supérieure 
de  l'extrémité  vésicale  de  la  partie  reclilîgne,  en  deçà  du 
coude  par  conséquent.  Dans  d'autres,  elle  est  percée  entre  le 
coude  et  la  lampe,  soit  en  arrière  (cystoscope  n*  2),  soit  en 
avant  (cystoscope  n'  3). 

Dans  les  trois  instruments,  la  fenêtre  de  la  lampe 
regarde  dans  le  môme  sens  que  la  fenêtre  du  prisme. 

(1)  Aprde  une  B4Îrie  de  pubticaUons  préalables.  M.  Nh  te  rient  de  faire  paraître 
uD  traité  didactique,  Lekrbuch  der  Kyttotcopici  ihre  Technik  vnd  kliniiche 
Bêdeutung,  Wiesbaden,  i.  F.  Bergniann,  1899. 


168    —  N«  11  — 


GAZETTE  HEBDOMilDAIRE  DE  HËAECtNE  Et  DE  CHIRURGIE 


15  Mars  1889 


II 

Pour  que  la  cystoscopie  soil  possible,  il  faut  réaliser  trois 
conditions:  Furètbre  doit  se  laisser  franchir  ;  la  vessie  doit 
supporter  une  injection  ;  le  liquide  injecté  doit  rester  assez 
transparent  pour  permettre  une  vision  distincte  des  objels 
qu'il  sépare  de  la  lampe.  Dans  certains  cas,  ces  circonstances 
favorables  existent,  et  Ton  n'a  aucune  manœuvre  spéciale  à 
faire  pour  tourner  une  difficulté.  Partons  donc  de  ce  cas 
simple  pour  indiquer  les  rès:les  principales  de  la  cysto- 
scopie. 

Le  sujet  est  placé  sur  le  dos,  le  bassin  élevé,  les  cuisses 
fléchies  et  écartées,  dans  la  position  dite  de  la  taille.  Le 
chloroforme  est  inutile.  Les  précautions  antiseptiques  seront 
rigoureuses,  surtout  lorsque  le  sujet  n*a  pas  de  cystite.  Tous 
les  instruments  sont  lubrifiés  à  la  glycérine,  l'huile  et  les 
diverses  graisses  ayant  l'inconvénient  de  ternir  et  la  lampe 
et  le  prisme,  tandis  que  la  glycérine,  restée  adhérente  au 
verre,  se  dissout  vite  dans  le  liquide  intravésical. 

Premier  temps.  -Èvsicner  la  vessie,  car  la  couleur  jaune 
de  l'urine  est  une  condition  optique  défectueuse  pour  le 
milieu  transparent  où  la  lampe  doit  rayonner. 

Deuxième  temps.  —  Laver  avec  soin  l'urèthre  pour  éviter 
qu'un  reste  de  mucus  ne  vienne  adhérer  aux  verres  et  les 
obscurcir.  Pour  cela,  laver  d'abord  l'urèthre  antérieur,  puis 
l'urèthre  postérieur  et  enfin  la  vessie,  en  laissant  ensuite  le 
malade  pisser  ce  liquide,  ce  qui  lavera  une  fois  de  plus 
l'urèthre. 

Troisième  temps.  —  Cocaïniser  l'urèthre  antérieur,  puis 
le  postérieur,  puis  la  vessie.  Cela  n'est  pas  indispensable 
dans  les  cas  ordinaires,  mais  la  précaution  est  bonne,  car 
elle  évite  au  patient  toute  sensation  désagréable.  Nitze 
injecte  dans  la  vessie  50  centimètres  cubes  de  solution  à 
2  pour  100. 

Qtiatrième  temps.  —  Injecter  dans  la  vessie  150  centi- 
mètres cubes  d'une  solution  antiseptique  incolore.  Faire 
l'injection  avec  une  seringue  et  non  avec  un  irrigateur,  de 
façon  à  bien  apprécier  les  résistances. 

Cinquième  temps.  —  Injecter  dans  la  vessie  une  petite 
bulle  d'air  qui,  surnageant  au  point  le  plus  élevé  de  la  vessie 
(paroi  antéro-supérieure),  servira  de  point  de  repère. 

Sixième  temps.  —  Introduire  le  cystoscope,  ce  qui,  vu  la 
courbure  et  le  diamètre  (n""  20  ou  21  ;  16  pour  les  enfants), 
n'a  rien  de  bien  spécial. 

Septième  temps.  —  Manœuvrer  dans  la  vessie  et  regarder. 
Il  n'y  a  pas  besoin  d'apprendre  à  y  voir,  comme  pour 
l'oplithalmoscopie.  Mais  il  Hiut  savoir  s'orienter  et  inter- 
préter ce  qu'on  voit;  or  cette  éducation  est  assez  longue.  Il  y 
a,  en  effet,  peu  de  points  de  repère  pour  se  diriger  :  le  tri- 
gone  est  à  peu  près  le  seul,  et  artiliciçllemcnt  on  y  joint  la 
bulle  d'air.  En  outre,  l'image  est  assez  déformée,  surtout 
quand  on  regarde  les  parties  inférieures,  parce  que  les 
dimensions  sont  d'autant  plus  grandes  que  l'objet  est  plus 
près  du  prisme.  Enfin,  les  déplacements  de  ces  images 
pendant  les  déplacements  de  l'instrument  ne  sont  bien 
interprétés  que  si  l'on  a  une  connaissance  exacte  des  pro- 
priétés optiques  de  l'appareil  ;  si  on  se  souvient  toujours  bien 
pendant  la  manœuvre  dans  quel  sens  le  prisme  est  incliné 
sur  la  région  examinée  et  à  quelle  distance  il  en  est.  L'édu- 
cation s'acquerra  soit  dans  une  vessie  artificielle,  soit  sur 
le  cadavre,  soit,  mieux  encore,  dans  la  vessie  normale  d'un 
vivant.  Nitze  dit  avoir  (ait  supportera  un  patient  bien  poilant 


deux  heures  d'examen:  c'est  beaucoup,  malgré  la  cocalni 
pour  un  individu  qui  n'en  retirera  aucun  bénéfice. 

Dans  la  vessie,  le  cystoscope  n^'l  étanl  introduit,  on  i 
meut  à  peu  près  comme  avec  un  lithotriteur,  en  faisant  d 
mouvements  d'avant  en  arrière  et  de  rotation  ;  en  changea 
Taxe  de  ces  mouvements  par  des  déplacements  du  pavilh 
dans  le  sens  transversal  ou  dans  le  sens  vertical.  Il  ne  fat 
jamais  laisserla  lampe  au  contact  de  la  paroi,  qu'on  pourn 
-brûler;  on  reconnaît  ce  contact  à  un  obscurcissement  rou^ 
total  ou  partiel,  du  champ  visuel,  la  paroi  déprimée  pari 
bec  formant  capuchon  et  venant  empiéter  plus  ou  moins  d 
le  champ  lumineux  du  prisme. 

Pour  explorer  méthodiquement  la  vessie  avec  le  cystoscoj 
n°  I,  Nitze  conseille  les  cinq  mouvements  suivants:  l'^tourni 
l'instrument  de  façon  que  le  bec  fasse  avec  la  verticale  i 
angle  de  22  degrés  et  demi  à  droite;  puis,  élevant  un  p( 
le  pavillon,  pousser  la  sonde  jusqu'au  contact  de  la  par 
postérieure  et  alors  élever  peu  à  peu  le  pavillon  pourqt 
peu  à  peu  le  bec,  s^abaissant  et  se  rapprochant  de  rh( 
rizontale,  longe  le  plus  possible  la  paroi  postérieure 
2"  tourner  le  cystoscope  de  45  degrés  à  gauche  en  élevant! 
pavillon,  et  retirer  l'instrument,  doucement  au  contact  d 
bas-fond,  pour  conduire  le  coude  au  col  de  la  vessie;  3'  uri 
fois  là,  tourner  encore  le  bec  de  45  degrés  à  gauche  et  ii 
placer  le  pavillon  vers  la  gauche,  puis  pousser  pour  prends 
à  nouveau  le  contact  de  la  paroi  postérieure  ;  4"  déplacer  I 
pavillon  vers  la  droite,  tout  en  tournant  le  bec  de  135  degré 
à  droite,  et  retirer  l'instrument  pour  revenir  au  col  ;  5**  enfii 
abaisser  le  pavillon  et  enfoncer  dans  la  vessie  le  bec,  qu 
regarde  alors  en  bas  et  en  arrière.  Ce  dernier  temps  est  I 
plus  difficile.  De  sa  perfection  dépend  la  vue  complète  oi 
incomplète  du  bas-fond  avec  le  cystoscope  n''  1.  Si  cette  vul 
reste  incomplète,  alors  on  aura  recours  au  n*"  2,  puis  ai 
n'3. 

Dans  tous  ces  mouvements  on  se  guide  sur  un  boulot 
placé  à  l'extrémité  supérieure  du  diamètre  vertical  du 
pavillon.  La  position  de  ce  bouton  est  toujours  semblable 
à  celle  du  bec  de  la  sonde.  En  outre,  on  a  par  l'image 
endoscopique  quelques  points  de  repère. 

L'aspect  du  col,  d'abord,  est  important.  Il  forme  dans  le 
bas  de  l'image  une  courbe  à  concavité  supérieure,  ordi- 
nairement unie,  rarement  rendue  dentelée  par  des  pli^ 
radiés.  Si  on  fait  revenir  ce  prisme  en  partie  dans  l'urèthre, 
cette  ligne  du  col  est  remplacée  par  une  ombre  rougeâlre, 
l'angle  qui  empiète  sur  le  prisme  étant  rendu  diaphane 
par  l'éclairage  intravésical.  Si  on  pousse,  au  contraire, 
l'instrument,  la  ligne  du  col  se  rétrécit,  puis  disparait,  et 
bientôt  apparaît  la  bulle  d'air,  reconnaissable  à  sa  forme, 
à  ses  reflets,  à  sa  mobilité.  Elle  jalonne  le  point  culminant. 

A  la  face  inférieure,  enfin,  se  voient  les  élevures  sur  les- 
quelles s'ouvrent  les  uretères,  élevures  très  variables 
toujours  vues  de  près  et  par  conséquent  grossies.  Elles  en 
imposeraient  donc  sans  peine  pour  une  tumeur,  n'était 
l'orifice  de  leur  sommet.  Ces  élevures,  observées  pendant 
quelque  temps,  subissent  des  mouvements,  puis  brusque- 
ment on  a  la  sensation  d'un  jet  liquide  clair  (mais  non 
pas  jaune)  s'élevant  vers  le  prisme  :  c'est  l'écoulemeni, 
saccadé,  de  l'urine  dans  la  vessie. 


III 

Tout  ne  va  pas  toujours  avec  une  semblable  simplicité, 
et  dans  la  pratique  on  aura  souvent    à  triompher  d'un 


15  Mabs  1889 


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—  N*  H  —    1G9 


obsUcIe,  tenant  à  Télat  de  l'urèlbre,  de  la  vessie  ou  du 
Diilieu  transparent. 
Ainsi  rhyperirophie  de  la  prostate  allonge  Turèthre  : 
mesure  à  prendre  à  Tavance,  de  façon  à  choisir  un  instru- 
ment long  en  conséquence.  Et  puis  ces  prostates  saignent 
facilement,  et  il  n'est  pas  rare  de  constater,  une  fois  dans  la 
Te^^sie,  que  les  surfaces  transparentes  du  cystoscope  sont 
ûbscurcies  d'une  pellicule  sanguine  ramassée  au  pas- 
sage, pour  peu  qu'on  ait  hésité  sur  la  route  à  suivre  :  on 
iQradonc  soin  de  frayer  le  chemin  à  Tavance.  Enfin  on  ne 
manœuvre  pas  toujours  en  toute  liberté  dans  ces  vessies 
dont  le  col  est  surélevé  et  le  bas-fond  spacieux  :  c'est  alors 
surloul  que  les  cystoscopes  n**'  2  et  3  sont  utiles. 

Il  va  sans  dire  qu'un  rétrécissement  de  Furèlbre  sera 
au  préalable  dilaté  par  les  moyens  appropriés.  Un  rétrécis- 
sement du  méat  n'empêche  pas  l'examen  séance  tenante, 
miisil  faut  le  traiter  par  la  divulsion  et  non  par  l'incision, 
rafle  sang  salirait  le  verre  du  prisme  et  celui  de  la  lampe. 
Uaisles  cas  ne  sont  pas  rares  où  la  vessie  ne  tolère  pas 
150  grammes  de  liquidé;  certes  iOO  grammes,  60  grammes 
iDéme  suffisent,  mais  encore  ne  peut-on  quelquefois  rien 
inlrodaire,  ou  à  peu  près.  Nitze  établit  alors  plusieurs  caté- 
gories. 

Dans  Tune,  il  range  les  vessies  dont  les  pareis  sont 
calleuses,  cicatricielles,  infiltrées  d'exsudat  inflammatoire  ; 
alors,  rien  à  faire  :  à  vouloir  triompher  de  l'obstacle,  on 
s'exposerait  à  la  rupture  de  la  vessie. 

Dans  une  autre,  U  s'agit  d'un  spasme  réflexe  par  dou- 
leur. Pour  les  spasmes  légers^  on  peut  souvent  réussir  à 
Taide  d'une  injection  sous-cutanée  de  morphine;  la  cocaïne 
a  peu  (l'efTicacité.  On  aura  encore  la  précaution  de  n'in- 
jecter que  peu  de  liquide  pour  laver  la  vessie  ;  de  ne  pousser 
qoe  peu  à  peu  l'injection  définitive,  habituant  ainsi  peu  à 
peu  la  vessie  à  la  distension.  —  Dans  les  cas  intenses^  le 
malade  sera  soumis  pendant  quelques  jours  au  repos  au  lit, 
m  suppositoires  morphines,  aux  balsamiques  (au  santal 
sorlout);  si  les  phénomènes  inflammatoires  persistent,  on 
fera  des  injections  faiblement  astringentes  ou  des  instilla- 
tions argentiques;  les  phénomènes  inflammatoires  une  fois 
un  peu  éteints,  on  soumettra  la  vessie  à  des  séances  de 
dilatation  progressive.  Avec  ces  moyens,  on  arrivera  le  plus 
souvent  à  éviter  le  chloroforme,  qui,  en  tout  cas,  est  d'ail- 
leurs souverain.  Nitze  n'y  a  eu  recours  que  trois  fois,  dont 
deux  sur  la  demande  expresse  de  malades  pusillanimes. 
Dans  ces  conditions  on  peut  agir,  car  la  rupture  n'est  pas  b. 
craindre.    " 

Dans  la  troisième  catégorie,  enfin,  la^vessie,  tolérante  au 
début,  s'irrite  pendant  les  injections  préparatoires,  devient 
rebelle  à  la  cocaïne,  expulse  son  contenu  entre  l'urèthre  et 
1^  sunde.  C'est  ce  qui  a  lieu  si  l'opérateur,  sentant  au 
pislon  une  résistance  légère,  veut  triompher  de  l'obstacle  par 
la  force  :  c'est  aller  au-devant  d'une  défaite  certaine.  Pour 
vaincre,  il  faut  reculer  d'abord  pour  revenir  à  la  charge  avec 
douceur,  après  s'être  bien  assuré  que  le  bec  n'est  pas  au  con- 
taclducol,  région  qui,  dans  les  vessies,  ne  supporte  pas  la 
inoindre  violence.  En  môme  temps,  un  aide  comprime 
î'u/èthre  autour  de  la  sonde,  pour  empocher  le  liquide, 
"éjecté  lentement,  de  s'écouler  au  fur  et  à  mesure.  Au 
reste,  presque  toujours,  la  morphine  a  raison  de  ces  diffî- 

Les  exsndats  inflammatoires  peuvent  troubler  la  transpa* 
^^nce  du  milieu  :  c'est  afl*aire  de  lavages.  De  même  pour  le 
^%  lorsque  l'Iiémorrhagie  est  légère.  L'hémorrhagie, 


d'ailleurs,  est  fort  importante,  car  c'est  surtout  les  tumeurs 
qu'elle  complique,  et  c'est  surtout  pour  les  tumeurs  que  la 
cystoscopie  est  précieuse.  Il  est  vrai  qu'on  peut  en  grande 
partie  l'éviter  si  on  a  soin,  pendant  les  manœuvres  prépara- 
toires, de  ne  jamais  laisser  la  vessie  se  mettre  à  sec  :  c'est 
à  ce  moment,  en  efl'et,  qu'elle  saigne.  Dans  certains  cas,  on 
aura  avantage  à  se  garder  de  tout  lavage  et  à  utiliser  comme 
milieu  transparent,  si  elle  est  assez  limpide,  l'urine  qu'on 
aura  laissé  s'accumuler.  En  semblable  occurrence,  on  n'in- 
troduira même  pas  une  sonde  pour  porter  la  cocaïne  dans 
la  vessie.  La  solution  sera  poussée  par  une  simple  injec* 
tion  uréthrale  forcée.  Enfin,  une  fois  dans  la  vessie,  on  fera 
aussi  peu  de  manœuvres  que  possible,  et  l'on  n'aura  pas 
recours  aux  cinq  mouvements  de  l'exploration  méthodique. 
On  inspectera  immédiatement  le  siège  de  prédilection,  c'est- 
à-dire  la  face  inférieure. 

Quelquefois  enfin,  le  malade  vient  consulter  à  l'occasion 
même  d'un  pissement  de  sang  :  l'examen  n'est  possible 
qu'après  ce^sîition  dfi.la,  période  hématurique. 

IV 

pécrire  les  particularités  des  images  endoscopiques  des 
cystites,  des  vessies  à  colonne,  de  la  tuberculose,  des  cal- 
culs, des  tumeurs,  nous  entraînerait  trop  loin  et  n'aurait 
que  peu  d'utilité.  Aussi  bien  les  figures  que  nous  reprodui- 
sons ici  fournissent-elles  des  renseignements  sur  ce  que 
l'on  peut  voir  dans  les  cas  les  plus  importants  :  les  calculs 
et  surtout  les  tumeurs.  La  figure  2  représente  un  calcul 
associé  à  une  hypertrophie  prostatique.  Les  figures  3,  4,  5 
et  6  sont  des  images  de  tumeurs. 

Passons  donc  sous  silence  ces  descriptions  minutieuses, 
et,  avant  de  terminer,  demandons-nous  quels  services  on 
est  en  droit  d'attendre  de  la  cystoscopie. 


Fio.  2.  —  Pierre  pho«phaliquo,  avec  hypertrophie  de  la  proslale. 

D'après  Nitze,  de  toutes  les  manières  d'interroger  et  d'ex- 
plorer les  malades  atteints  de  troubles  urinaires,  la  taille 
hypogaslrique  exploratrice  peut  seule  donner  des  résultats 
plus  précis  que  ceux  de  l'endoscopie.  Or,  c'est  toujours  une 
opération  sérieuse. 

Peut-être  l'inventeur  exagère-t-il  un  peu  l'importance 
qu'il  y  a  à  constater  de  visu  un  corps  étranger,  un  cal- 
cul, la  rougeur  ou  l'ulcération  d'une  cystite.  Mais  il  reste 
deux  conditions  où  la  cystoscopie  est  appelée  à  jouer 
un  rôle  de  premier  ordre.  Elle  sera  une  ressource  des 
plus  précieuses  pour  établir  le  diagnostic  précoce  des 


470    —  N*  11  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  i)E  MÉDECIME  ET  DE  CHIRURGIE 


i5  Mars  1889 


tumeurs.  Et  d'autre  part,  si  l'on  se  souvient,  que  Ton 
peut  voir  Turine  sortir  des  uretères,  n'a-t-on  pas  là  un 
moyen  de  déterminer  si  cette  urine  est  claire  ou  trouble; 
d'avoir  ainsi  des  données  exactes  sur  Tétat  respectif  des 


Fie.  3. 


deux  reins  :  données  du  plus  haut  intérêt  pour  qui  veut 
aborder  la  chirurgie  rénale. 
Ce  n'est  pas  lout,  et  la  thérapeutique  sera  peut-être  rede- 


Pl6.  4. 


vable  de  quelques  progrès  à  l'endoscopie.  Ainsi,  on  a  pré- 
tendu —  à  tdrt  probablement  —  que  les  récidives  des  cal- 
culs sont  fréquentes  après  la  litholapaxie.  Dans  ce  débat, 


Fia.  5. 


les  partisans  de  la  taille  révoquent  en  doute  les  résultats 
négatifs  de  l'exploration  faite,  par  le  simple  cathétérisme, 
avant  de  renvoyer  les  malades  comme  guéris  :  ils  devront, 
sans]  doute,  s'incliner  devant  les  constatations  indéniables 


de  la  cystoscopie.  Enfin,  d'après  Nitze,  pour  les  tumeul 
petites,  polypiformes,  on  peut  reconnaître  avec  exactituc 
comment  s'implante  le  néoplasme,  que  l'on  va  ensui 
saisir  et  arracher  avec  un  instrument  approprié.  Puis,  grâi 


FiO.  fi. 

au  cysloscope,  on  peut  vérifier  si  la  besogne  est  bien  fait^ 
La  cystoscopie  aurait  donc,  sœur  de  la  laryngoscopie,  cré 
une  méthode  chirurgicale  nouvelle:  l'extraction  destumeui^ 
de  la  vessie  par  les  voies  naturelles,  car  on  ne  peut  décora 
du  nom  de  méthode  les  quelques  tentatives  de  ce  genr 
faites  jusqu'à  présent  au  hasard.  Certes  ce  procédé  ni 
revendique  que  les  petites  tumeurs  polypeuses;  il  laisse  H 
autres  à  la  taille  hypogastrique.  Mais  il  prétend  délrônei 
les  ablations  par  la  voie  périnéale,  déjà  condamnée  commj 
voie  d'exploration. 

Tel  est  le  résumé  des  principales  idées  de  M.  Nitze.  Noui 
avons  cru  devoir,  en  le  faisant,  insister  sur  les  données  ai 
technique  opératoire  et  nous  abstenir  de  toute  appréciation 
critique.  II  faut  le  temps  pour  que  chaque  chirurgien  puisse 
éclairer  sa  religion  sur  la  valeur  exacte  de  l'endoscopie 
dans  les  diverses  maladies  de  la  vessie. 

Depuis  quelque  temps,  H.  Guyon  s'est  attaché  à  cett^ 
étude  et  l'an  prochain  nous  espérons  voir  paraître  une  ihèsé 
importante,  due  à  l'un  de  ses  élèves  les  plus  distingués, 
Alors  il  sera  possible  de  porter  un  jugement  dont  on  peu! 
prévoir,  d'ailleurs,  que  quelques  points  seront  sûremenl 
favorables. 

A.  Broca. 


CONTRIBUTIONS  PHARMACEUTIQUES 

Des  Injeetlons   hypodermlqaes  de  la«ta(e  de  qolnlne. 

Il  y  a  quelques  années  nous  avons  démontré,  à  cette  place 
même,  la  supériorité  du  lactate  de  quinine  sur  les  autres 
sels  analogues,  lorsqu'il  s'agit  d'injections  sous-cutauées. 

La  grande  solubilité  du  lactate  de  quinine  (1  gramme  de 
sel  pour  4  d'eau  distillée),  ensuite  sa  richesse  en  alcaloïde 
(78  pour  100)  devaient  faire  préférer  ce  sel  à  tout  autre. 
Cependant  la  pratique  des  injections  sousH^utanées  de  lac- 
tate de  quinine  ne  s'est  pas  répandue  et  nous  avons  reçu  de 
nombreuses  plaintes  de  nos  confrères  sur  les  produits  que 
leur  livrait  le  commerce.  Longtemps  nous  avons  cherché 
la  raison  de  cet  insuccès;  aujourd'hui  que  nous  l'avons 
trouvée,  nous  nous  empressons  de  la  faire  connaître)  afin 


15  Mars  i889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  11  —    171 


dViablir  définitivement  une  formulé  scientifique  pour  les 
injeelions  hypodermiques  de  quinine. 

Il  existe  une  anomalie  singulière  dans  la  solubilité  du 
lactate  de  quinine  :  dès  que  ce  sel  est  cristallisé,  il  ne  se 
dissout  plus  que  dans  dix  fois  son  poids  d'eau;  tandis  que 
la  dissolution  au  quart  qui  n'a  pas  encore  fourni  de  cristaux 
se  conserve  indéfiniment  à  ce  titre.  De  là  les  résultats  con- 
tradictoires des  praticiens. 

Si  le  pharmacien  achetait  du  lactatede  quinine  très  blanc 
et  bien  cristallisé,  il  lui  était  impossible  d'exécuter  notre 
formule,  4 d'eau  pour  1  de  sel.  Il  ne  fallait  pas  songer  à 
acidifier  la  solution;  car  chacun  sait  que  les  injections 
doivent  toujours  être  neutres.  Aussi  que  de  mécomptes! 
Seuls,  pouvaient  s'en  tirer,  ceux  qui  fabriquaient  eux- 
aiéme  leur  solution  de  toutes  pièces. 

C'est  à  ce  dernier  parti  que  mes  confrères  doivent  se 
nllier,  et,  en  leur  simplifiant  la  besogne,  j'espère  les  encou- 
n^er  dans  cette  voie.  Nous  possédons  deux  moyens  de  pré- 
parer le  lactate  de  quinine,  l'un  par  double  décomposition, 
l'autre  par  précipitation ~dc  la  quinine  du  sulfate,  et  sa 
dissolution  dans  l'acide  lactique.  C'est  à  ce  dernier  procédé 
que  je  donne  la  préférence.  Voici  le  premier:  Quand  on 
traite  le  lactate  de  baryte  par  le  sulfate  acide  de  quinine, 
il  se  fait  du  sulfate  [de  baryte  insoluble,  et  du  lactate  de 
quinine  en  solution;  mais  cette  solution  est  acide,  et  il  est 
nécessaire  de  la  saturer,  au  bain-marie,  avec  de  la  quinine 
précipitée.  Il  est  indispensable  d'opérer  au  bain-marie  si 
Fon  veut  obtenir  une  solution  a  peu  près  incolore.  Car  si 
pour  une  cause  ou  une  autre  elle  est  de  couleur  rousse,  le 
charbon  animal  ne  la  décolore  plus.  J'ai  remarqué  en  outre 
qu'elle  ne  conservait  pas  facilement  son  titre  et  avait  une 
forte  tendance  à  cristalliser. 

J'ai  donc  abandonné  ce  procédé  pour  le  suivant,  qui  d'ail- 
leurs est  fondé  sur  celui  du  Codex. 

Pr. :  Sulfate  de  quinine 2|9%65 

Eau  distillée 4009^00 

Acide  sulfurique  dilué  au  1 0* â59%00 

Dissolvez  et  précipitez  par  : 

Ammoniaque  en  excès 209',00 

Lavez  la  quinine  obtenue,  délayez-la  dans  un  mortier 
avec  quantité  suffisante  d'acide  lactique  (environ  5  gram- 
mes); ajoutez  100  grammes  d'eau  distillée  à  80  degrés  — 
cette  température  est  nécessaire  pour  clarifier  la  solution  ;  -~ 
chauffez  au  bain-marie  dans  une  capsule  tarée,  jusqu'à 
réduction  à  iO<}  grammes.  Laissez  refroidir,  filtrez  et  con- 
servez dans  un  flacon  bouché  à  l'émeri. 

Cette  solution  contient  exactement  1  gramme  de  lactate 
tle  quinine  par  5  grammes,  ou  20  centigrammes  par  seringue 
de  Pravaz  calculés  d'après  les  équivalents.  Comme  précau- 
tions antiseptiques,  il  est  bon  de  n'employer  que  des  usten- 
siles lavés  et  flambés  à  l'alcool  à  95  degrés. 

Pierre  Vicier. 

,  4^ 

TRAVAUX  OlUGIiNAUX 

CUoIqoo  mMleale* 

Nouvelle  coNininuTiON  a  l'étude  de  l'hémoglobinurie 
PAROXYSTIQUE.  — Communication  faite  à  la  Société  médi- 
cale des  hôpitaux,  dans  la  séance  du  8  avril  1889,  par 
M.  G.  Hayem,  médecin  de  l'hôpital  Saint-Antoine. 

Permettez-moi  de  revenir  sur  un  sujet  dont  j'ai  déjà  eu 
Toccasion  de  vou^  entretenir  plusieurs  fois. 


Vous  vous  rappelez,  sans  doute,  l'observation  d'hémoglo* 
binurie paroxystique  queH.  Millardvous  a  communiquée  le 
13  avril  1888  et  vous  n'avez  pas  oublié  que  notre  distingué 
et  obligeant  collègue  ayant  bien  voulu  m'adresser  sa  ma- 
lade, je  suis  venu  vous  rendre  compte  à  mon  tour  des  phé- 
nomènes pathologiques  qu'elle  présentait  à  cette  époque 
(l3juilleH888). 

Comme  il  m'avait  été  impossible,  même  en  exposant  la 
malade  à  un  refroidissement  assez  prolongé,  de  provoquer 
chez  elle  un  accès  d'hémoglobinurie,  j'ai  dû  faire  des  ré- 
serves sur  le  diagnostic  porté  par  H.  Millard*  Mais  nous 
étions  à  la  fin  du  printemps  et  le  froid  extérieur  n'était  pas 
assez  vif  pour  faire  éclater  les  crises  caractéristiques. 

Le  19  décembre  dernier  (1888),  la  malade,  que  nous  n'a- 
vions plus  revue  depuis  Tété,  venait  nous  retrouvera  l'hô- 
pital Saint-Antoine  par  une  température  au-dessous  de 
zéro  et  après  avoir  fait  une  assez  longue  course.  Elle 
rendait  une  urine  vin  de  Malaga  absolument  pathognomo- 
nique.  Iln'y  avait  plus  à  hésiter:  le  diagnostic  de  M.  Mil- 
lard était  parfaitement  fondé;  il  s'agissait  bien  de  cette 
singulière  affection  connue  sous  le  nom  (ïhémoglobinurie 
paroxystique. 

Depuis  le  20  décembre  la  malade  est  dans  mon  service,  et, 
après  l'avoir  soumise  à  un  examen  détaillé,  je  crois  devoir 
vous  rendre  compte  de  mes  observations. 

Elle  est  sujette  à  deux  sortes  d'accès,  dont  les  caractères 
varient  suivant  l'intensité  et  la  durée  du  refroidissement  de 
la  surface  cutanée. 

En  tout  temps,  elle  est  d'une  excessive  sensibilité  au 
froid.  Mais  lorsaue  la  température  extérieure  est  de  8  à 
10  degrés  au-dessus  de  zéro,  elle  peut  rester  à  l'air 
assez  longtemps  sans  éprouver  d'autre  inconvénient  qu'une 
crise  d'albuminurie  paroxystique,  accompagnée  ou  non 
d'une  très  légère  hématurie.  Ce  sont  là  les  accès  dont  nous 
avions  déjà  été  témoins,  M.  Millard  et  moi,  les  seuls  qui 
surviennent  au  moment  des  saisons  intermédiaires,  au 
printemps  et  à  l'automne. 

Lorsque,  au  contraire,  la  température  extérieure  est  plus 
basse,  voisine  de  zéro,  les  grands  accès  d'hémoglobi- 
nurie se  déclarent,  au  bout  d'une  heure  à  une  heure  et  de- 
mie d'exposition  à  l'air.  La  malade  est  alors  condamnée  à 
un  repos  complet;  elle  est  frileuse  et  a  froid  quand  elle 
sort  de  son  lit  pour  se  promener  dans  les  salles  ou  aller  au 
salon.  S'aventure-t-elle  au  dehors,  une  course  de  quelques 
minutes  suffit  pour  amener  un  léger  accès. 

Les  grandes  crises,  celles  dans  lesquelles  les  urines  de- 
viennent aussi  foncées  que  du  jus  de  pruneaux,  ressemblent 
à  un  violent  accès  de  lièvre  intermittente.  Elles  sont  fort 
pénibles  et  se  caractérisent  particulièrement  par  une  cya- 
nose avec  état  grippé  d^  la  face,  une  teinte  livide  des  extré- 
mités, un  pouls  petit  presque  insensible,  un  refroidisse- 
ment très  appréciable  de  toute  la  surface  du  corps,  un  fris- 
sonnement général  allant  jusqu'au  claquement  des  dents  et 
au  resserrement  des  mâchoires.  En  même  temps  la  malade 
éprouve  un  sentiment  de  défaillance,  de  malaise  indéfinis- 
sable ;  elle  se  plaint  de  cardialgie  et  d'une  douleur  profonde 
dans  le  flanc  gauche,  dans  la  région  rénale  et  splénique. 
La  température  rectale  s'élève  alors  momentanément  jus- 
qu'à 39%6,  mais  la  rate  n'est  pas  tuméfiée. 

Remise  dans  un  lit  chaud,  elle  se  rétablit  lentement  et 
ressent  pendant  environ  quarante-huit  heures  un  peu  de 
fatigue  et  de  courbature. 

Mon  attention  devait  se  porter  d'une  manière  toute  spé- 
ciale sur  l'état  du  sang  et  des  urines. 

Je  puis  vous  donner  aujourd'hui  des  renseignements  pré- 
cis sur  les  caractères  présentés  par  ces  deux  liquides. 

Le  sang  laisse  sourdre,  après  la  coagulation,  un  sérum 
rouge-cerise  laqué,  assez  foncé.  Ce  phénomène,  qui  existait 
déjà  pendant  le  premier  séjour  que  fit  la  malade  dans  mon 
service,  est,  en  ce  moment,  plus  prononcé.  Hais,  de  même 


172 


K*  11  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


i5  Mads  1889 


qu*à  celte  époque,  il  se  produit  d'une  manière  constante, 
aussi  bien  en  dehors  des  crises  que  pendant  leur  cours.  En 
général,  la  coloration  du  sérum  est  plus  prononcée  dans 
cette  dernière  circonstance  ;  cependant  une  des  prises  de 
sang  faites  en  dehors  des  accès  a  laissé  se  former  un  sérum 
tout  aussi  teinté,  sinon  plus,  qu'au  moment  de  Taccès  pré- 
cédent. Cette  constatation  a  été  efTectuée  par  juxtaposition  de 
deux  tubes  de  sérum  de  même  calibre  et  d'une  manière  très 
précise. 

Lors  de  mes  premiers  examens,  en  été,  j'avais  vu  que  la 
première  goutte  de  sérum  exsudé  par  le  caillot  avait  une 
coloration  normale,  que  l'hémogiobinurie  se  dissolvait  un 
peu  plus  tard  pendant  l'achèvement  de  la  rétraction  du  coa- 
gulum. 

Dans  le  cours  de  mes  récents  examens,  je  me  suis  assuré 
plusieurs  fois  que  le  sérum  est  actuellement  teinté  dès  le 
début  de  sa  séparation. 

En  même  temps,  j'ai  été  témoin  d'un  fait  nouveau  qui  me 
parait  avoir  une  grande  importance. 

Lorsqu'on  pratique  la  petite  prise  de  sang  qui  sort  à 
l'examen  du  sérum  au  moment  où  l'accès  est  à  son  apogée, 
le  sang  se  coagule  rapidement,  peut-être  plus  nipidement 
qu'à  l'état  normal,  puis  déjà  au  bout  de  trois  quarts  d'heure 
(dans  une  chambre  dont  la  température  est  de  16  à  17  de- 
grès)  le  caillot  laisse  transsuder  du  sérum.  Mais  au  bout 
de  peu  de  temps  (le  sang  a  été  revu  quatre  heures  plus 
tara),  on  trouve  le  caillot  complètement  redissous.  Le  sang 
contenu  dans  la  petite  éprouvette  est  nettement  séparé  en 
deux  couches  d  épaisseur  à  peu  près  égale,  Tinférieure 
formée  par  les  globules  rouges,  précipités  et  lassés,  la  supé- 
rieure constituée  par  le  sérum  rouge-cerise. 

Dès  qu'on  agite  l'éprouvette,  les  deux  couches  se  mélan- 
gent et  l'on  constate  que  le  sang  est  absolument  liquide, 
sans  trace  de  grumeaux.  Il  restedéfmitivement  dans  cet  état 
jusqu'à  putrétaction.  Cet  essai  a  été  fait  deux  fois,  mais, 
comme  on  ne  s'attendait  pas  la  première  fois  à  un  tel  résul  • 
tat,  le  sang  n'avait  été  revu  que  le  lendemain  et  on  avait 
cru  qu'il  était  resté  liquide.  On  s'est  assuré  la  seconde  fois 
qu'il  se  coagule,  mais  pour  se  redissoudre  ensuite  avec  une 
extrême  rapidité  (au  plus  en  quatre  heures). 

Quand  la  prise  de  sang  est  faite  un  peu  plus  tard,  alors 
que  la  malade  commence  à  se  réchauffer,  le  sang  se  coagule 
un  peu  plus  lentement  et  il  parait  d'abord  se  comporter 
normalement.  Le  lendemain,  on  retrouve  comme  d'ordi- 
naire, un  caillot  cruori^ue,  rétracté,  baignant  dans  du 
sérum  ;  mais  à  peine  agite-t-on  l'éprouvette  que  ce  caillot 
tombe  en  deliquium,  en  présentant  quelques  grumeaux,  qui 
ne  tardent  pas,  au  bout  de  quelques  heures,  à  se  désagréger 
entièrement. 

Cependant,  en  dehors  des  crises  d'hémoglobinurie,  le 
caillot  ne  présente  rien  d'anormal  ;  il  est  persistant  et  se 
comporte  comme  celui  de  toute  saignée. 

Cette  redissolution  du  caillot  sanguin  est  un  fait  évidem- 
ment très  intéressant.  Je  ne  crois  pas  qu'il  ait  été  signalé 
chez  l'homme  en  dehors  de  l'hémogiobinurie,  mais  il  sem- 
ble bien  que  M.  le  docteur  Salle  Tait  déjà  noté  dans  cette 
maladie.  Je  lis,  en  effet,  dans  son  intéressante  communi- 
cation du  13  avril  1888:  c  La  coagulation  du  sang  est  très 
rapide,  mais  reste  incomplète;  le  caillot  est  mon,  friable, 
se  liquéfie  facilement.  »  Chez  ma  malade,  le  caillot  parait 
d'abord  avoir  une  consistance  normale  ;  ce  n'est  que  pen- 
dant la  séparation  du  sérum  qu'il  se  désagrège  et  se 
liquéfie. 

Pour  compléter  l'étude  du  sang,  j'ai  pratiqué  à  diverses 
reprises  l'examen  de  ce  liquide  dans  la  cellule  à  rigole. 

Au  moment  où  la  préparation  vient  d'être  exécutée,  le 
sang  paraît  tout  à  fait  normal.  Mais,  au  bout  de  quelques 
minutes  on  voit  se  former  des  globules  sphériques,  qui 
perdent  peu  à  peu  leur  hémoglobine  et  se  transforment 
d'abord  en  chlorocytes^  puis  en  achromacytes.  Ce  processus 


de  dissolution  globulaire  ne  porte  que  sur  une  faible  partit 
des  éléments  colorés  et  l'on  peut  conserver  pendant  plu 
sieurs  heures  la  préparation  sans  qu'il  se  généralise.  Oi 
observe,  à  cet  éeard,  les  mêmes  particularités  dans  le  san; 
pris  en  dehors  des  accès  que  dans  le  sang  recueilli  au  mo- 
ment même  des  crises. 

Relativement  aux  urines,  j'ai  peu  de  chose  à  ajouter  i 
mes  descriptions  antérieures. 

Lorsque  au  moment  des  accès,  on  examine  les  première] 
gouttes  d'urine  excrétée,  en  ayant  soin  de  les  retirer  à  l'aida 
d'une  sonde,  on  y  trouve  un  petit  nombre  de  globules  rou- 
ges, tandis  que  dans  les  urines  rendues  ultérieurement,  il 
est  impossible  de  constater  autre  chose  que  de  l'hémoglo- 
bine  parfaitement  dissoute,  sans  traces  de  stromas  globu- 
laires. Ces  premières  urines  renferment,  aussi  bien  ^ue  les 
suivantes,  une  proportion  sensible  de  méthémoglobine.  La 
transformation  de  1  hémoglobine  en  méthémoglobine  a  donc 
lieu  avant  l'arrivée  de  l'urine  dans  la  vessie. 

La  présence  de  celle  matière  dans  l'urine  fraîche,  que 
j'ai  déjà  constatée  chez  le  malade  de  M.  Mesnet,  ainsi  que 
dans  le  cas  d'hémoglobinurie  rhumatismale  dont  je  vous 
ai  communiqué  l'observation,  parait  donc  être  un  des  carac- 
tères constants  de  l'hémogiobinurie  observée  chez  Thorome. 
Ce  caractère  appartient  à  la  fois  à  la  forme  dite  paroxystique 
et  à  la  forme  symptomatique. 

Examinons  maintenant  ce  que  l'on  peut  induire  de  ces 
nouvelles  observations  relativement  à  la  nature  de  l'hémo* 
globinurio  paroxystique. 

Vous  savez  que  la  plupart  des  médecins  qui  se  sont 
occupés  de  cette  maladie  considèrent  la  décharge  d'hémo- 
globine par  les  urines  comme  la  conséquence  de  la  dissolu* 
lion  de  l'hémoglobine  dans  le  plasma,  c'est-à-dire  de  Thc- 
nioglobinhémie. 

Mes  premières  recherches  personnelles  m'ont  conduit,  au 
contraire,  àregarder  la  formatipnd'un  sérum  coloré  comme 
un  processus  en  quelque  sorte  étranger  au  sang  circulant 
et  se  produisant  uniquement  in  vitro  pendant  le  cours  de 
la  rétraction  du  coagulum. 

Les  faits  que  je  viens  de  décrire  brièvement,  loin  de  me 
pousser  à  abandonner  cette  opinion,  me  paraissent  de 
nature  à  la  fortifier. 

Voici  les  divers  motifs  pour  lesquels  je  ne  puis  admettre 
la  dissolution  de  l'hémoglobine  dans  le  sang  des  vaisseaux. 

Si  cette  dissolution  existait,  elle  serait  constante,  puisque 
le  sérum  est  coloré  dans  l'intervalle  des  accès  de  même  que 
pendant  leur  cours. 

Voyons  donc  ce  qui  se  passe  lorsqu'il  existe  de  l'hémoglo- 
bine dans  le  sang.  C'est  une  question  facile  à  étudier  à 
Taidede  l'expérimentation  chez  les  animaux. 

Le  procédé  le  plus  simple,  celui  que  j'ai  employé  maintes 
fois,  pour  provoquer  rhémoglobinhéinie,  consiste  à  injecter 
dans  le  sang  une  certaine  quantité  d'eau  distillée.  Lorsqu'on 
veut  pousser  Texpérience  assez  loin  pour  provoquer  immé- 
diatement un  accès  d'hémoglobinurie,  il  faut  injecter  une 
(juantité  d'eau  vraiment  considérable.  Il  est  nécessaire,  en 
effet,  d'employer  une  dose  presque  deux  fois  égaie  à  la 
masse  totale  du  sang.  Mais  avec  des  doses  plus  faibles,  on 
obtient,  sans  produire  à  coup  sur  de  rhémoglobinurie,  uno 
hémoglobinhémie  se  traduisant  par  la  production  d'un 
sérum  rouge-cerise  laqué,  analogue  à  celui  des  malades 
atteints  d'hémoglobinurie  paroxystique. 

Cet  état  du  sérum  dure  un  temps  qui  varie  un  peu  avec  la 
quantité  d'eau  injectée;  mais  il  est  toujours  passager;  ii 
disparaît  en  moyenne  en  quarante-huit  heures.  L'hémoglo- 
bine libérée  des  hématies  est  donc  assez  rapidement  éli- 
minée du  plasma,  soit  parce  qu'elle  est  reprise  par  cer- 
taines sécrétions,  en  particulier  par  la  sécrétion  biliaire, 
soit  parce  qu'elle  est  détruite  dans  l'organisme.  Il  faudrait, 
pour  qu'il  y  eut' constamment  dans  le  sang  de  l'hémoglo- 


15  Mars  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N«  11  —    173 


!  bioe  dissoule,  que  le  processus  de  dissolulion  des  héma- 
(les  fût  sans  cesse  en  activité.  . 

ETidemment  il  en  résulterait  une  usure  très  exagérée  des 
globules  rouges,  état  qui  se  traduirait  au  bout  de  peu  de 
temps  par  une  anémie  à  marche  progressive. 

Or,  qa*observe-t-on  sous  ce  rapport  chez  les  malades? 
L'anémie  est  simplement  proportionnelle  aux  décharges 
d'hémoglobine  par  les  urines,  décharges  qui  équivalent 
aune  certaine  perte  de  sang.  Il  suffit  que  les  malades 
évitent  les  crises  en  restant* dans  une  atmosphère  chaude 
poar  qu'il  n*y  ait  pas  de  déglobulisation  appréciable  ou 
Diëme  pour  que  le  sang  se  répare  facilement  lorsque  des 
accès  antérieurs  ont  déterminé  un  certain  degré  d'anémie. 
En  vérité,  la  vie  serait-elle  longtemps  possible  si  le 
plasma  avait  la  propriété  de  dissoudre  une  certaine  propor- 
tion de  globules  rouges  par  un  processus  toujours  en  éveil 
et  renouvelant  la  provision  de  matière  colorante  solubilisée 
aa  far  et  à  mesure  de  sa  disparition? 
Jarrive  à  un  autre  genre  d'argumentation.  Pour  qu'on 
plt  expliquer  Thémoglobinurie  par  rhémoglobinhémie, 
il  faudrait  qu'il  y  eût  une  différence  nettement  accusée 
entre  la  coloration  du  sérum  pendant  les  accès  et  dans  leur 
iiitetralle. 

Cette  différence  est  faible  et  même  inconstante,  puisque, 
dans  un  de  nos  examens,  le  sérum  s'est  montré  plus  coloré 
en  dehors  de  la  crise  que  pendant  son  cours. 

A  ces  divers  raisonnements  vient  s'ajouter  —  ce  qui  vaut 
mieux  —  une  preuve  directe.  Elle  nous  est  fournie  par  le 
(ail  nettement  constaté  de  la  dissolution  d'un  certain 
nombre  de  globules  rouges  dans  le  sang  pur  examiné  au 
microscope.  Cet  examen  permet  en  quelque  sorte  de  sur- 
prendre le  procédé  qui  conduit  à  la  production  du  sérum 
coloré. 

Mais,  si  le  sang  de  notre  malade  n'est  pas  hémoglobinhé- 
ffliqae,  il  est  à  coup  sûr  altéré. 

Cette  altération  ne  portant  pas  sur  les  éléments  anato- 
miques,  il  est  logique  d'admettre  qu'elle  atteint  le  plasma 
et  doit  être  de  nature  chimique.  Elle  s'est  d'ailleurs  tra- 
duite à  nous,  dans  les  recherches  précédemment  exposées, 
par  un  phénomène  bien  particulier,  c'est-à-dire  par  la 
redissolulion  rapide  du  caillot  sanguin.  Ce  dernier  fait 
semble  incliquer  que  la  modification  du  sang  se  fait  surtout 
sentir  sur  les  matières  albuminoldes  qui  concourent  à  la 
formation  de  la  fibrine.  Elle  augmente  certainement  au 
moment  des  accès,  puisque  c'est  alors  seulement  que  le 
caillot  présente  cette  propriété  singulière  de  se  désagréger; 
mais  elle  doit  exister  à  un  certain  degré  dans  leur  intervalle 
et  ce  degré  d'altération  doit  suffire  pour  que  le  sérum  acquière 
des  propriétés  dissolvantes.  C'est  la  seule  manière  de  com- 
prendre la  fausse  hémoglobinhémie  qui  s'est  produite  inva- 
riablement à  la  suite  de  toutes  nos  prises  de  sang. 
Voici,  en  effet,  ce  qui  doit  se  passer. 
Le  plasma  du  sang  circulant,  tout  en  étant  altéré,  ne  dis- 
sout pas  les  globules  rouges.  Mais,  dès  que  le  sang  est  sorti 
des  vaisseaux,  le  plasma  fournit  pendant  la  coagulation  un 
sérum  qui  est  anomal  et  qui  attaque  un  certain  nombre 
d'hématies  pour  en  faire  transsuder  l'hémoglobine.  Dès  que 
ce  sérum  a  acauis  de  nouvelles  qualités  physiques  par  suite 
de  cette  dissolution,  il  devient  de  nouveau  propre  à  con- 
server les  hématies,  le  processus  s'arrête.  Et,  en  effet,  j'ai 
pu  garder  au  laboratoire  pendant  plusieurs  jours  le  sérum 
laqué  au  contact  de  la  masse  globulaire  sans  lui  voir  prendre 
une  coloration  plus  intense.  Les  globules  rouges  qui  ont 
échappé  dès  l'abord  à  son  action  dissolvante  sont  définiti- 
vement respectés. 

Je  ne  pense  pas  que  cette  altération  évidente  du  sang  soit 
»a  cause  de  la  transformation  partielle  de  l'hémoglobine 
nriDaire  en  méthémoglobine.  En  effet,  non  seulement  on 
ûe  trouve  pas  trace  de  méthémogl jbine  dans  le  sérum  san- 
E^io,  mais  encore  chez  la  malade  rhumatisante  qui  avait  un 

.     SOPPLÉUflTT»  . 


sérum  tout  à  fait  normal  au  moment  de  sa  crise,  l'urine 
hémoglobique  renfermait  néanmoins  une  certaine  propor- 
tion de  méthémoglobine. 

Il  y  a  là  cependant  un  fait  un'  peu  particulier,  car  chez 
des  animaux  rendus  hémoglobinuriques  par  injection  d'eau 
dans  les  veines,  l'urine  n'a  pas  les  mêmes  caractères  :  je 
n'y  ai  jamais  trouvé  à  l'état  frais  la  moindre  trace  de  méthé- 
moglobine. 

On  pouvait  se  demander  si  l'altération  du  sang  des 
malades  hémoglobinuriques  n'était  pas  le  résultat  d'un  pro- 
cessus microbique.  J'ai  prié  mon  ancien  interne,  M.  Lesage, 
dont  vous  connaissez  la  compétence  spéciale,  de  faire  au 
moment  d'un  accès  des  cultures  du  sang  et  des  urines  de 
la  malade.  Ces  essais  sont  restés  infructueux.  Ce  résultat 
négatif  ne  tranche  évidemment  pas  la  question  d'une 
manière  certaine,  car  les  germes  de^  bien  des  maladies 
microbiennes  nous  échappent  encore,  par  suite  sans  doute 
de  l'insuffisance  de  la  technique  actuellement  employée  en 
bactériologie.  Je  tenais  cependant  à  vous  le  signaler. 

Il  me  serait  impossible  d'aller  plus  loin,  pour  le  moment, 
dans  l'analyse  des  conditions  qui  donnent  naissance  à  l'hé- 
moglobinurie  paroxystique.  Je  crois  avoir  été  très  précis 
dans  ma  réfutation  de  l'hypothèse  le  plus  généralement 
admise  jusqu'à  présent. 

Mais,  dans  l'état  actuel,  fort  sommaire,  de  nos  connais- 
sances sur  les  modifications  chimiques  du  sang,  je  ne  sau- 
rais me  prononcer  sur  la  nature  de  l'altération  de  ce  liquide 
dans  l'hémoglobinurie  paroxystique. 

Cela  dit,  touchant  l'état  du  sang  et  des  urines,  il  est  bien 
entendu  que  je  maintiens  l'opinion  que  j'ai  exprimée,  dans 
une  précédente  communication,  sur  la  participation  que 
prennent  les  reins  eux-mêmes  dans  les  altérations  présen- 
tées par  les  urines. 

Au  moment  où  éclatent  les  violentes  perturbations  vaso- 
motrices,  qui  se  traduisent  par  le  rétrécissement  des  artères 
périphériques,  la  cyanose  et  le  refroidissement  des  tégu- 
ments, le  sang  se  porte  en  abondance  dans  les  organes  inter- 
nes et  notamment  dans  le  parenchyme  rénal.  La  fluxion  des 
reins  se  juge,  en  quelque  sorte,  tantôt  par  une  simple 
poussée  d  albuminurie,  tantôt  par  une  décharge  d'hémo- 
globine dissoute,  et  il  est  probable  que  cette  inconstance 
dans  la  solution  de  la  crise  dépend  non  seulement  de  l'in- 
tensité de  la  congestion,  mais  aussi  du  degré  plus  ou  moins 
mar(|ué  de  l'altération  indéniable  du  sang. 

Celte  altération  est  peut-être  de  nature  à  augmenter  sous 
l'influence  du  refroidissement  de  la  surface  du  corps.  Peut- 
être  aussi  produit-elle  la  dissolution  d'un  certain  nombre 
de  globules  rouges  lorsque  le  sang  e«t  en  stagnation  dans 
le  réseau  ou  siège  la  congestion.  Hais  j'ai  hâte  de  m'arrêter 
dans  l'énoncé  des  hypothèses  qui  pourraient  être  proposées 
pour  expliquer  la  transsudation  de  l'hémoglobine  au 
niveau  des  reins. 

Qu'il  me  suffise  d'avoir  montré  que  le  processus  de  l'hé- 
moglobinurie paroxystique  est  plus  complexe  qu'on  ne  Fa 
dit  et  que  le  problème  soulevé  par  cette  intéressante  maladie 
est  encore  incomplètement  résolu. 


Pathologie  exterae. 

Note  sur  le  mal  des  confiseurs  (onyxis  et  péri-onyxis 
professionnelles),  par  M.  le  docteur  Albertin,  prosec- 
teur à  la  Faculté  de  médecine  de  Lyon. 

Le  23  janvier  1881,  M.  le  professeur  Poucet  envoyait  à 
l'Académie  de  médecine  un  pli  cacheté  contenant  une  com- 
munication sur  une  variété  d'onyxis  propre  aux  confiseurs, 

11. 


iU    —  NMl 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


15  Mars  1880 


affection  non  décrite  jusqu'à  ce  jour  et  dont  la  description 
était  basée  sur  quatre  observations  personnelles. 

En  janvier  1889,  ayant  eu  Toccasion  d*observer  cinq 
malades  atteints  de  cette  affection,  nous  les  avons  présentés 
à  M.  Poncet,  qui  a  bien  voulu  nous  permettre  de  réunir  ses 
documents  à  nos  observations  pour  écrire  la  note  que  nous 
publions  aujourd'hui. 

Des  neuf  observations  que  nous  avons  réunies,  nous  n'en 

Emblierons  ici  que  deux,  une  première  donnant  à  M.  le  pro- 
èsseur  Poncet  la  priorité  de  la  description  ;  une  seconde, 
qjiii  nous  est  personnelle  et  représente  un  cas  type  de  l'affec- 
tion observée  par  M.  Poncet.  Les  autres  observations,  avec 
planches  démonstratives,  seront  ultérieurement  reproduites 
(iaus  une  thèse  actuellement  à  l'étude. 

Disons  tout  d'abord  que  l'affection  que  nous  allons  étudier 
peut  se  définir  :  Onyxis  et  péri-onyxis  professionnelles 
chez  les  confiseurs.  Ceci  dit  pour  fixer  le  lecteur  sur  la 
nature  et  le  siège  de  la  lésion,  voici  la  première  observation 
de  H.  Poncet: 

Obs.  I  (de  M.  le  professeur  Pi)ncet  en  janvier  1880).  —  Tard..., 
confiseur  à  Lyon,  trente-sept  ans,  marié  depuis  deux  ans  et 
demi.  Père  âgé  de  soixanle-sept  ans.  Mère  morte  à  l'âge  de 
cinquante- trois  ans.  Un  frère  âgé  de  trente-huit  ans  très  bien 
portant.  Sœur  morte  à  Tàge  de  dix-sept  ans  d'affection  non 
déterminée  à  forme  aiguë.  Pas  d'antécédents  syphilitiques,  ni 
dnrtreux.  Le  malade  n'a  jamais  eu  aucune  éruption. 

Il  est  entré  comme  apprenti  confiseur  à  Tâge  de  seize  ans  et 
demi,  au  mois  de  novembre  1860. 

En  1864,  il  a  eu  à  faire  la  préparation  des  marrons  glacés 
pendant  un  mois  et  demi. 

Les  principales  manipulations  sont:  1"  la  décortication,  après 
macération  dans  Teau  chaude;  2*  le  blanchiment  à  Teau  bouil- 
lante; 3"  le  séchage,  suivi  de  la  macération  dans  le  sirop  de 
sucre. 

Au  bout  de  quinze  jours  de  ce  travail,  le  malade  a  éprouvé 
des  démangeaisons  aux  extrémités  des  doigts,  surtout  à  la  main 
droite.  Puis  sont  survenues  des  douleurs  progressives  qui  cepen- 
dant n'empêchaient  pas  le  malade  de  travailler.  En  même  temps 
le  malade  a  observé  de  la  roug^eur  et  du  gonflement  siégeant  soit 
au  niveau  du  bourrelet  lunulaire,  soit  sur  les  parties  latérales  de 
la  sertissure  unguéale.  A  ce  moment  tous  les  doigts  de  la  main 
droite  présentaient  quelques-unes  de  ces  modifications  eLparmi 
eux  le  médius  et  Tannulaire  étaient  les  plus  atteints.  Le  malade 
continuant  à  travailler,  les  lésions  s'aggravèrent.  11  vit  survenir 
de  petits  abcès  sur  les  parties  latérales  du  bourrelet  péri- 
unguéal,  donnant  issue  à  une  gouttelette  de  pus.  Trois  semaines 
après  le  début  de  Taffeclion,  cet  ouvrier  ne  pouvait  plus  tremper 
les  mains  dans  les  solutions  de  sucre.  Sur  certams  doigts,  il 
n'existait  aue  de  la  rougeur  et  du  gonflement  sans  abcès,  surtout 
si  le  malaae  cessait  de  travailler. 

A  chaque  reprise  du  travail,  poussées  inflammatoires  plus  ou 
moins  aiguës  avec  ou  sans  abcès. 

L'ongle  devint  alors  malade,  se  brisant  facilement  à  son  extré- 
mité libre,  présentant  des  craquelures,  des  irrégularités  sur  sa 
face  dorsale.  Au  début,  l'ongle  prend  une  coloration  noirâtre  au 
voisinage  du  bord  libre  et  sur  les  parties  latérales  ;  cette  colo- 
ration noirâtre  empiète  progressivement  et  longle  devient  noir 
dans  sa  totalité  lorsque  la  lésion  est  en  pleine  évolution. 

Le  début  se  fait  ordinairement  par  de  petites  crevasses  dans 
la  région  péri-unguéale,  mais  quelquefois  aussi  on  voit  d'emblée 
apparaître  un  jjeu  d'œdème  inflammatoire  sur  tout  le  pourtour 
de  l'ongle.  Peu  a  peu  Tongle  prend  un  aspect  écailleux,  bossue, 
une  teinte  gris  sale  noirâtre.  Après  deux  à  trois  mois,  l'ongle 
tombe  par  morceaux. 

En  1864,  les  deux  ongles  tombés  sont  ceux  du  médius  et  de 
l'annulaire,  la  chute  complète  de  l'ongle  n'est  arrivée  au'au  bout 
d'un  an.  Les  ongles  repoussent  peu  à  peu.  En  1865,  le  malade 
constate  une  poussée  mflamraatoire  analogue  à  tous  les  doigts 
de  la  main  gauche,  mais  à  un  degré  beaucoup  plus  atténué  que 
la  poussée  qui  a  eu  lieu  précédemment  à  la  mam  droite. 

En  1866,  le  malade  prépare  des  fruits  confits  ;  il  observe  une 
nouvelle  poussée  inflammatoire  toujours  plus  marquée  pour  le 
médius  et  l'annulaire  droit,  ce  qui  s'explique  facilement  par  ce 
fait  que  la  main  droite  plonge  constamment  dans  les  bassins. 
Les  ongles  du  médius  et  de  l'annulaire,  tombés  en  1865,  se 
morcèlent,  mais  il  n'y  a  pas  de  chute  complète. 


De  1867  à  1871,  M.T...  fait  son  service  militaire.  Pendant  celle 
période  les  lésions  unguéales  et  pérî-unguéales  se  réparent  et 
disj>araisscnt  complètement.  Les  ongles  reprennent  leur  aspr-cl 
normal. 

En  1871,  campagne  de  Prusse,  Metz,  Strasbourg.  Le  malade 
reste  six  mois  à  l'hôpital  pour  une  pleurésie.  Il  revient  el  prend 
le  métier  de  confiseur.  Le  3  octoore  1871,  il  a  une  poussée 
d*eczémades  mains,  de  la  face  et  du  cuir  chevelu.  Cette  éruption 
réapparaît  par  intervalles,  puis  s'atténue.  C'est  seulement  lorsi}ue 
le  malade  se  livre  à  la  préfiaration  des  fruits  qu'il  observe  de 
nouvelles  poussées  inflammaluires  dans  la  région  unguéale.  En 
septembre  1880,  à  la  suite  d'une  lésion  très  accusée  de  l'annu- 
laire droit,  la  chute  de  l'ongle  de  ce  doigt  s'est  produite.  Depuis, 
le  malade  a  été  perdu  de  vue. 

Voici  maintenant  notre  observation  prise  en  janvier  1889; 
ayant  vu  les  dessins  de  M.  Poncet,  reproduisant  les  doi^'is 
des  confiseurs  atteints  d'onyxis,  nous  avons  pu  tout  de  suite 
établir  à  quelle  variété  d'affection  nous  avions  afl'airc  à  pre- 
mière inspection  du  malade  : 

Obs.  V  (recueillie  par  M.  le  docteur  Alherlin  en  janvier  1889i. 
—  Dur...  (Joseph),  quarante  ans,  ouvrier  confiseur  (atelier  Buard), 
de  Lyon,  rue  Montesquieu,  116.  Ce  malade  a  été  examinée 
4  janvier  1889.  Il  n'a  jamais  présenté  aucune  éruption,  aucune, 
affection  cutanée  autre  que  celle  que  nous  aurons  à  examiner. 
Pas  de  syphilis.  Autrefois  pâtissier,  il  exerce  la  professioa 
d'ouvrier  contiseur  depuis  sept  ans. 

L'affection  actuelle  a  débuté  il  y  a  un  an  et  demi  par  le 
médius  droit.  Depuis,  elle  a  envahi  tous  les  doigts  de  la  main 
droite,  à  l'exception  du  petit  doigt,  qui  ne  présente  pas  de 
modification  bien  appréciable.  Les  doigts  de  la  main  gauche  pré- 
sentent quelques  lésions  très  peu  marquées, aue  nous  décrirons 
cependant,  car  elles  représentent  le  stade  de  aébut  de  l'alfectioD 
qui  est  arrivée  sur  la  main  droite  à  son  complet  développeiueni. 

Depuis  trois  ans  environ,  le  malade,  dans  rexercice  de  sa  pro- 
fession, est  occupé  à  la  manipulation  des  fruits  (prunes,  abricots, 
poires,  pèches,  cerises,  marrons,  chinois,  oranges,  noix,  mira- 
Delles,  etc.,  etc.).  Les  différentes  opérations  sont  le  blan- 
cliiment  à  l'eau  bouillante,  la  cuisson  des  fruits  et  la  macération 
dans  le  sirop  de  sucre.  L'ouvrier  plonge  à  tous  moments  la  main 
soit  dans  l'eau,  soit  dans  le  sirop  où  macèrent  les  fruits.  Li  pré- 

ftaration  des  prunes,  au  dire  du  malade,  est  celle  qui  occasionne 
es  cuissons  les  plus  vives  et  provoque  les  poussées  les  plus 
aiguës  de  dactylite.  Lorsque  le  malade  cesse  de  travailler,  les 
accidents  s'atténuent  d'une  façon  très  notable. 

Actuellement,  l'affection  occupe  le  pouce,  le  médius  et  l'annu- 
laire droit  ;  les  lésions  sont  beaucoup  plus  accusées  sur  le 
médius  où  elles  ont  d'ailleurs  débuté.  On  peut  prendre  la 
description  de  l'extrémité  du  médius  malade  comme  type  dn 
doigt  atteint  de  mal  des  confiseurs  en  pleine  évolution.  Aussi  le 
décrirons-nous  avec  beaucoup  de  détails. 

Médius  droit.  Région  péri-unguéale.  —  La  région  pén- 
unguéale  est  le  siège  d'une  tumétaclion  marquée  formant  une 
sorte  de  bourrelet  en  croissant.  Cette  tuméfaction  correspond  à 
la  région  occupée  par  la  matrice  de  l'ongle  et  se  forme  en  grande 
partie  aux  dépens  du  manteau  de  l'ongle.  Les  tissus  à  ce  niveau 
sont  le  siège  d'un  œdème  dur,  douloureux  à  la  pression.  Ce 
bourrelet  a  environ  i/2  centimètre  d'épaisseur.  A  son  niveau,  la 
peau  présente  une  coloration  rose  vif  caractéristique. 

Sur  le  bord  libre  du  bourrelet  et  sur  sa  face  dorsale,  l'cpi- 
derme  est  légèrement  épaissi,  se  fendille  et  desquame  par  petites 
plaques.  Sur  les  parties  latérales  de  l'ongle  le  bourrelet  existe, 
mats  s'amincit  comme  les  cornes  d'un  croissant  et  on  trouve  là 
de  petites  productions  épidermiques  cornées  se  détachant  par 
fragments. 

Ce  bourrelet  péri-unguéal  est  mobile  sur  la  racine  de  Tongle, 
qui  est  déchaussée  soit  sur  les  parties  latérales,  soit  au  niveau 
de  la  matrice.  Il  existe  entre  la  face  profonde  du  bourrelet  et  le 
dos  de  la  racine  de  l'ongle  un  espace  libre  le  plus  souvent  rempli 
de  liquide  sécrété  par  les  tissus  enflammés  et  dont  la  présence 
explique  la  mobilité  des  tissus  péri-unguéaux  sur  l'ongle.  La 
douleur  à  la  pression  est  plus  marquée  sur  les  parties  latérales 
des  extrémités  digitales. 

Médius  droit.  Ongle.  —  L'ongle  est  déchaussé,  relativement 
isolé  des  tissus  péri-unguéaux.  H  est  modiOé  soit  dans  sa  forme,  soit 
dans  sa  structure.  On  note  un  épaississement  notable  avec  une 
irrégularité  très  apparente  de  la  race  dorsale,  oui  est  écailleuse» 
bossuée.  La  moitié  de  Tonglei  située  du  côté  du  bord  libre,  est 


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craquelée,  ptésenle  des  points  épaissis  saiIJants,  d'aalres  usés, 
casses.  On  trouve  au  niveau  du  bord  libre  de  véritables 
produflious  cornées,  noirâtres,  à  strates  superposés,  rappelant 
I ongle  de  ronycogriffone.  En  plusieurs  points,  vers  le  bord 
libre,  rongle  est  noir  et  présente  en  outre  une  teinte  générale 
grisâtre. 

Aspect  général  de  V extrémité  du  médius,— Outre  les  lésions 
oDgaéales  signalées  et  la  présence  du  bourrelet  péri-unguéal,  il 
faut  noter  lelargissement  de  rextréraité  du  doigt,  qui  lui  donne 
la  forme  en  spatule.  Cette  déformation  est  due  a  la  tuméfaction 
du  dernier  segnrtentde  rextrémité  digitale. 

En  janvier  1888,  à  la  suite  d'une  violente  poussée  inflamma- 
toire, le  malade  a  observé  une  chute  de  Tongle  du  médius. 

Annulaire  droit.  Hégion  péri  ungué aie,  — Le  bourrelet  péri- 
oDgnéal  est  aussi  très  maraué  sur  ce  doigt.  Il  n*est  cependant 
survenu  qu'après  celui  que  ion  trouve  sur  le  médius.  11  offre 
les  mêmes  caractères  que  nous  avons  signalés  pour  ce  dernier 
doi^t  et  occupe  aussi  la  demi-ellipse  qui  correspond  aux  attaches 
périphériques  de  TonglcGc  bourrelet  a  environ  1  centimètre  1/2 
de  largeur  à  sa  partie  moyenne  et  fait  une  saillie  très  marquée 
wtoixT  de  Tongle.  Il  est  douloureux  à  la  pression. 

Annulaire  droit.  Ongle,  —  L'ong-le  présente  une  série  d'iné- 
g&lilés,  de  dépressions  et  de  saillies  avec  des  craquelures.  Le 
Jiurd  libre  est  usé  et  à  ce  niveau  Tongle  présente  un  léger 
épaississement  moins  marqué  cependant  que  sur  le  médius. 
Le  bourrelet  péri-unguéal  est  extrêmement  mobile  sur  la  face 
dorsale  de  la  racine  de  Tongle.  Il  existe  un  léger  suintement 
entre  ces  deux  surfaces. 

L'extrémité  de  Fannulaire  offre  nettement  la  déformation  en 
spatule.  La  pression  est  très  douloureuse  sur  les  parties  latérales, 
UD  peu  moins  sur  la  région  dorsale  oh  cepenaant  le  bourrelet 
s'étend  jusqu'au  niveau  des  plis  dorsaux  oui  correspondent  à 
Tarliculation  phalangino-phalanget tienne.  Il  n'y  a  pas  eu  de 
chute  de  Tongle  à  ce  doigt.  11  faut  remarquer  que  les  deux  doigts 
atteints  sont  les  plus  longs.  En  faisant  passer  une  ligne  par 
l'exlrémité  de  Tindex  et  du  petit  doigt,  on  voit  que  le  dernier 
segment  de  Tannulaire  et  du  médius  est  situé  au-dessus  de  cette 
ligne.  Lorsque  Touvrier  plonge  la  main  droite  incurvée  en 
forme  de  cuiller  dans  les  bassines,  ce  sont  ces  deux  doigts  qui 
sont  les  plus  exposés  aux  frottements  par  leur  face  dorsale  et 
qui  buttent  contre  le  fond  de  la  bassine  par  leur  extrémité;  ces 
lails  nous  expliquent  la  prédominance  des  lésions  sur  le  médius 
et  l'annulaire. 

Pouce  droit.  Tissus  péri-unguéaux.  —  Ce  doigt  est  aussi 
atteint,  ce  qui  s'explique  par  le  travail  considérable  imposé  à  ce 
doigt  dans  les  mouvements  d'opposition.  Le  bourrelet  péri- 
unguéal  présente  les  mêmes  caractères  que  ceux  que  nous  avons 
signalés  plus  haut.  Le  décollement  entre  la  face  profonde  de  ce 
bourrelet  et  le  dos  de  la  racine  de  Tongle  est  très  accusé.  On 
retrouve  à  la  surface  du  bourrelet  les  mêmes  débris  épidermi- 
ques  et  de  nombreuses  éraillures  sur  la  sertissure  épidermique 
péri-unguéal  e. 

Vongle  est  le  siège  d'altérations  très  marquées  ;  la  face  dorsale 
est  rugueuse,  dépolie.  Les  bords  latéraux  présentent  des  cas- 
sures, un  décollement  assez  profond  pour  aue  des  corps  étran- 
gers logés  sous  l'ongle  lui  donnent  une  coloration  noirâtre.  La 
pression  sur  les  parties  latérales  est  douloureuse.  La  forme  eu 
spatule  est  moins  accusée  que  pour  les  autres  doigts  malades. 

Les  symptômes  subjectifs  sont  surtout  des  phénomènes  dou- 
loureux. 11  se  produit  une  cuisson  très  vive  au  moment  où 
l'ouvrier  se  met  au  travail;  peu  à  peu  les  douleurs  s'émoussent 
el  l'ouvrier  continue  ses  manipulations  sans  trop  souffrir.  Les 
extrémités  des  doigts  malades  sont  très  sensibles  aux  heurts. 
Le  malade  éprouve  souvent  des  douleurs  nocturnes,  caractérisées 
par  des  picotements  dans  le  bout  des  doigts;  elles  sont  quelque- 
fois assez  fortes  pour  gêner  le  sommeil  vers  deux  à  trois  heures 
du  matin. 

Ces  lésions  subissent  une  exacerbation  au  moment  de  la  pré- 
paration des  fruits  en  juin,  juillet,  décembre  et  janvier,  époque 
de  la  préparation  des  oranges,  chinois,  etc. 

Vindex  et  le  petit  doigt  présentent  un  bourrelet  très  peu 
accusé. 

L'èpiderme  est  crevassé,  desquame  par  places  à  ce  niveau. 
Les  ongles  sont  usés  à  leur  bord  libre,  légèrement  dépolis  sur 
leur  face  dorsale. 

la  main  gauche  ne  présente  pas  les  lésions  spéciales  décrites 
pour  la  main  droite.    . 


Ces  deux  observations  nous  permettent  de  tracer  en 
quelques  lignes  rhisloire  pathologique  de  TaiTection. 

Certaines  conditions  étiologiques  président  à  Tapparition 
des  lésions.  Il  faut  incriminer  les  différentes  manipulations 
nécessaires  pour  la  préparation  des  fruits  confits  et  des 
marrons  glacés,  c'est-à-dire  le  blanchiment  des  fruits  à 
l'eau  alternativement  bouillante  et  froide,  la  cuisson  et  la 
macération  dans  le  sirop  de  sucre.  L'ouvrier  plonge  à  tous 
moments  la  main  droite  dans  les  bassines  où  se  trouvent  les 
fruits  avec  leurs  sucs  ou  les  sirops.  Plusieurs  causes  peuvent 
être  invoquées  : 

!•  La  température  des  liquides  employés  alternative- 
ment chauds  ou  froids  dans  le  blanchiment  des  fruits  ou  les 
sirops  ; 

2^  La  7iature  des  liquides.  Le  liquide  qui  a  servi  au 
blanchiment  des  fruits  contient  des  acides,  malique,  tar- 
trique  et  citrique;  il  rougit  le  papier  de  tournesol.  L'eau 
de  châtaignes  contient  beaucoup  de  tanin.  Les  sirops  doi- 
vent leur  action  au  sucre  ;  rappelons  son  action  sur  les 
dents.  On  peut  admettre  avec  Remy  el  Broca  que  l'impré- 
gnation des  tissus  par  le  sucre  amène  la  mortification  des 
éléments  anatomiques; 

3°  Les  manipulations.  La  macération  continue,  les  frot- 
tements répétés  irritent  les  tissus  péri-unguéaux,  modifient 
les  ongles. 

Dans  chaque  atelier  de  confiserie,  un  ou  trois  ouvriers, 
selon  l'importance  de  la  fabrication,  sont  occupés  à  la  prépa- 
ration des  fruits  confits  et  marrons.  Tous  ces  ouvriers  pré- 
sentent plus  ou  moins  les  lésions  que  nous  avons  signalées. 

Nous  ne  ferons  que  résumer  la  symptomatologie  de  cette 
affection,  la  lecture  des  observations  prises  avec  détails  sera 
plus  instructive. 

Le  début  se  fait  ordinairement  sur  les  parties  latérales  de 
l'ongle  où  l'on  note  du  déchaussement  et  des  érosions  de  la 
sertissure  péri-unguéale.  On  note  un  peu  de  rougeur,  un 
gonflement  léger,  une  douleur  modérée.  L'ongle  devient 
dépoli,  noirâtre. 

Lorsque  les  lésions  sont  en  évolution  avancée,  on  note 
du  côté  des  tissus  péri-unguéaux  :  un  bourrelet  en  crois- 
sant péri-unguéal  à  la  racine  de  l'ongle.  Ce  bourrelet  est 
coloré  en  rose  plus  ou  moins  vif  et  des  éraillures  de  l'èpi- 
derme. L'ongle  est  déchaussé,  le  bourrelet  est  mobile  sur 
la  racine  de  l'ongle.  L'ongle  est  dépoli,  rugueux,  écailleux, 
bossue.  On  y  remarque  des  cassures  sur  le  bord  libre  et 
une  teinte  noirâtre.  On  observe  fréquemment  la  chute  de 
l'ongle  par  fragments,  jamais  en  bloc. 

L'extrémité  du  doigt  malade  présente  la  déformation  en 
spatule.  L'ongle  qui  repousse  est  inégal,  déformé. 

Lorsque  les  lésions  sont  très  accusées,  les  malades  éprou- 
vent une  douleur  assez  vive  au  début  de  la  journée,  mais  il 
est  rare  qu'ils  interrompent  leur  travail.  La  cessation  de 
leurs  occupations  amène  la  disparition  des  lésions,  mais 
après  un  temps  excessivement  long,  et  l'extrémité  digitale 
conserve  plus  ou  moins  marquée  la  forme  en  spatule. 

Nous  bornerons  là  l'exposé  des  caractères  principaux  de 
cette  affection  que  M.  le  professeur  Poncet  appelle  mal  des 
confiseurs.  On  a  pu  voir  combien  Tétude  de  ces  lésions, 
onyxis  ou  péri-onyxis  professionnelles ,  peut  présenter 
d'intérêt  au  point  de  vue  de  la  clinique,  de  I  hygiène  ou  de 
la  médecine  légale. 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  HÉOECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


15  Mars  1889 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Académie  des  selences. 

Effets  généraux   des  substances  produites  par  le 

BAGILLUS      HEHINECROBIOPHILUS      DANS       LES      MILIEUX     DE 
CULTURE  NATURELS  ET  ARTIFICIELS,  par  M.  S.  ArLOING. 

€  Si  Ton  injecte  dans  le  testicule  bistourné  d'un  bélier 
0«%5  d'une  culture  du  BacHim  heminecrobiophilus,  on  observe 
une  destruction  plus  ou  moins  rai)ide  et  plus  ou  moins  complète 
de  Torgane.  Celui-ci  est  converti  tantôt  en  une  masse  semi- 
lluide,  roussâtre,  mêlée  de  gaz,  tantôt  en  uue  matière  jaunâtre 
d'aspect  caséeux.  La  transformation  s'opère  au  dedans  d'une 
albuginée  épaissie  et  œdémateuse,  et  elle  s'accompagne  de  phé- 
nomènes généraux  de  résorplion.  Les  vaisseaux  du  cordon  testi- 
cuiaire  sont  bien  oblitérés;  mais  l'organe,  exsangue  dans  sa  pro- 
fondeur, se  greffe  soit  sur  la  face  interne  des  enveloppes 
scrotales,  soit  sur  le  tissu  conjonctif  de  la  région  inguinale  et 
des  vaisseaux  sanguins,  ne  tardant  pas  à  se  répandre  à  sa 
surface,  à  la  façon  des  vaisseaux  omphalomésentériques  sur  la 
vésicule  ombilicale.  Ces  vaisseaux  absorbent  continuellement 
une  partie  des  matières  solubles  fabriquées  par  les  microbes 
dans  le  milieu  de  culture  naturel  où  ils  évxïluent. 

c  II  en  résulte  des  phénomènes  d'intoxication  parfois  assez 
graves  pour  donner  la  mort  en  deux  ou  trois  jours.  Le  plus 
souvent,  les  animaux  survivent,  mais  ils  sont  tristes,  sans 
appétit,  restent  presque  toujours  couchés,  languissent  et  perdent 
leur  laine  çà  et  là,  spontanément  ou  à  la  moindre  traction.  On 
peut  rendre  très  rapidement  ces  malades  à  la  santé;  il  suffit 
pour  cela  de  pratiquer  Tablation  du  testicule  nécrobiosé. 

c  On  remarquera  aue  cette  expérience  réalise  aussi  complète- 
ment que  possible  le  type  d'une  vaccination  par  les  produits 
solubles  de  la  vie  microbienne  sécrétés  dans  le  cours  d'une 
maladie  virulente.  Ainsi,  le  microbe  végète  en  abondance  dans 
une  poche  accidentelle  qui  fait  partie  intégrante  de  l'organisme  ; 
il  fabrique  sur  place  des  matières  toxiques  qui  passent  dans  le 
sang,  comme  en  témoi^ent  les  symptômes  généraux  que  nous 
avons  signalés.   On  laisse   ces    poisons   solubles  se  déverser 

Ëendant  quinze  à  vingt  jours  dans  le  système  circulatoire. 
Infin,  à  un  moment  donné,  on  supprime  toute  communication 
entre  le  foyer  de  culture  et  l'organisme,  et  l'animal  revient 
promplement  à  la  santé. 

c  Malgré  ces  conditions  éminemment  favorables  à  la  production 
de  l'immunité,  nous  ne  1  avons  pas  obtenue  dans  nos  expériences. 
En  effet,  si  l'on  bistoiirne  le  second  testicule,  après  TaDlation  du 
testicule  malade,  et  qu'on  injecte  à  son  intérieur  le  Bacillus 
hetninecrobiophiius,  on  constate  qu'il  est  détruit  aussi  rapide- 
ment que  le  premier.  L'imprégnation  du  testicule  sain  par  les 
produits  solubles  du  bacille  en  question  pendant  quinze  à  vingt 
jours  ne  lui  a  donc  pas  communiqué  l'état  de  vacciné.  » 

Si  l'on  injecte  dans  les  veines  le  suc  stérilisé  et  filtré  d'un 
testicule  réduit  en  pulpe  par  l'action  du  microbe  ou  le  bouillon 
des  cultures  à  sa  sortie  du  filtre  en  porcelaine,  on  trouble  gra- 
vement toutes  les  fonctions  de  l'organisme. 

Le  bouillon  de  culture  renferme  des  substances  pyrétiques  et 
nauséeuses. 

Le  liquide  qui  s'est  formé  dans  le  testicule  bistourné  déter- 
mine des  effets  semblables  à  ceux  du  bouillon  de  culture,  mais 
sa  puissance  toxique  est  neuf  à  dix  fois  moins  grande. 

c  Conclusions.  —  !•  Le  Bacillus  heminecrobiophilus  ne 
confère  pas  l'immunité;  2*»  les  produits  solubles  qu'il  fabrique 
peuvent  donner  la  mort  s'ils  s'accumulent  dans  le  sang;  3*  ces 
produits,  pyrétiques  et  yomitifs,  sont  plus  actifs  quand  ils  se 
sont  formes  dans  le  bouillon  de  culture  que  dans  un  organe 
nécrobiosé;  4°  ils  doivent  surtout  ces  propriétés  à  des  substances 
précipitables  par  l'alcool.  > 

Sur  LA  VACCINATION  CONTRE  LA  MORVE,  par  M.  J.  Straus. 
La  morve  est  considérée  comme  une  des  maladies  virulentes 
pour  lesquelles  il  n'existe  pas  d'immunité  dérivant  d'une  pre- 
mière atteinte.  Les  expériences  que  je  vais  exposer  montrent 
?[ue  cette  manière  de  voir  n'est  pas  conforme  à  la  réalité  des 
àits. 

On  sait  que  le  chien  est  un  animal  à  faible  réceptivité  morveuse. 
Lorsque,  par  scarification  ou  par  incision,  on  insère  des  produits 
morveux  dans  la  peau  d'un  chien,  on  détermine  un  ulcéra  local 


caractéristique,  qui  'se  cicatrise  spontanément  au  bout  d'un 
mois  à  six  semaines.  Ce  n'est  qu'exceptionnellement  que  l'on  a  pu 
ainsi  produire  des  lésions  morveuses  disséminées  et  la  mort  (I). 
Dans  mes  expériences,  j'ai  procédé  autrement;  j'ai  introduit 
directement,  par  injection  intra-veineuse,  dans  la  circulaiiou 
générale  du  cnien,  des  cultures  pures,  virulentes,  du  bacille  de 
la  morve.  Dans  ces  expériences,  plusieurs  éventualités  se'pré- 
sentèrent. 

Lorsque  la  culture  injectée  dans  la  veine  sapliène  était  en 
Quantité  notable  (1  à  2  centimètres  cubes  de  culture  dans  du 
DOutUon),  l'animal  présentait  au  bout  de  auelques  jours  une 
fièvre  intense  et  un  amaigrissement  extrême;  la  peau  se  couvrait 
de  nodosités  siégeant  dans  l'épaisseur  du  derme  et  qui  ne  tar- 
datent  pas  à  s'ulcérer,  en  donnant  l'écoulement  séro- sanguino- 
lent, oleiforme,  propre  aux\ulcères  morveux.  La  mort  survenait 
dans  un  espace  de  temps]  variant  de  trois  à  six  jours.  A  l'au- 
topsie, le  foie,  la  rate,  plus  rarement  et  à  un  moindre  degré  le 
poumon  étaient  parsemés  de  fines  granulations  morveuses.  Les 
ensemencements  faits  avec  le  suc  de  ces  granulations  ainsi 
au'avec  le  sang  du  cœur  donnaient  des  cultures  pures  du  bacille 
Qc  la  morve.  Celte  première  série  d'expériences  montre  donc 
que  par  l'inoculation  intra-veineuse^  à  dose  massive,  d'une  cul- 
ture virulente  de  morve,  on  détermine  chez  le  chien,  une  morve 
suraiguë,  généralisée,  à  localisations  tégumentaires  et  viscé- 
rales, mortelle. 

Si  Ton  injecte  dans  la  veine  la  môme  culture,  mais  à  dose 
plus  faible,  on  détermine  uni  état  général  moins  grave,  une 
éruption  cutanée  morveuse  moins  abondante  et  l'animal  récupère 
plus  ou  moins  vite  la  santé.^C'est  là  un  nouveau  et  bel  exemple 
du  fait  mis  en  évidence  par  M.  Chauveau  :  la  proportionnalité 
qui  existe,  dans  certaines  maladies,  entre  la  dose  du  virus  et  les 
effets  développés  par  ce  virus. 

Chez  les  cniens  ayant  ainsi  subi  une  première  atteinte  de 
morve  généralisée,  on  peut  ensuite,  plusieurs  semaines  et 
plusieurs  mois  après  la  guérisou,  réinjecter  dans  la  veine  des 
cultures  virulentes,  à  des  doses  excessivement  fortes  et  qui 
seraient  infailliblement  mortelles  pour  un  animal  non  préparé. 
Souvent  on  ne  provoque  ainsi  aucun  phénomène,  local,  ai 
général,  parfois  un  mouvement  fébrile  passager,  plus  rarement 
une  nouvelle  poussée,  très  discrète,  d'éruption  morveuse.  De 
semblables  injections  par  la  voie  veineuse  ont  pu  être  prati- 
quées trois,  quatre  fois  de  suite,  à  un  mois  d'intervalle  chaque 
fois,  avec  des  quantités  véritablement  formidables  de  culture 
virulente,  sans  provoquer  aucun  accident  appréciable. 

Ces  faits  montrent  donc  qu'une  première  atteinte  de  monre 
aiguë,  supportée  par  le  chien  à  la  suite  de  l'injection  intra-vei- 
neuse d'une  culture  du  bacille  de  la  morve,  met  cet  animal  à 
l'abri  d'une  réinfection  ultérieure. 

Toutefois,  si  l'immunité  ainsi  conférée  au  chien  à  l'égard  deN 
injections  intra-vaineuses  du  virus  est  complète  et  absolue,  on 
ne  lui  confère  cependant  pas  ainsi  la  même  immunité,  au  même 
degré,  à  l'égard  de  l'inoculation  du  virus  sur  la  peau.  Si  l'on 
soumet  des  chiens,  rendus  absolument  réfractaires  à  l'inocula- 
tion intra-veineuse,  à  des  scarifications  morveuses  sur  la  peau 
du  front,  on  peut  encore  provoquer  chez  eux  l'apparition  de 
l'ulcère  caractéristique.  Mais  cet  ulcère  est  toujours  remarqua- 
blement petit  et  guérit  avec  une  grande  rapidité. 

11  est  inutile  d  insister  sur  la  portée  de  ces  faits  au  point  de 
vue  de  la  pathologie  générale.  La  morve  était  jusou'ici  consi- 
dérée comme  le  type  d'une  maladie  virulente  ne  donnant  pas 
l'immunité.l  En  choisissant  un  animal  à  faible  réceptivité,  tel 
que  le  chien,  nous  avons  réussi  à  démontrer  aue  la  morve,  elle 
aussi,  rentre  dans  le  cadre  des  maladies  pour  lesquelles  l'immu- 
nité peut  être  créée. 

J'ai  été  naturellement  conduit  à  étendre  ces  expériences  aux 
animaux  à  grande  réceptivité  morveuse,  aux  solipédes,  pour 
lesquels  une  pareille  vaccination   trouverait   une  application 

Sratique  évidente.  Au  lieu  de  cultures  virulentes,  j'ai  employé 
es  cultures  âgées  et  ayant  subi,  par  le  fait  de  l'âge,  une  mode 
atténuation.  Des  quantités,  d'abord  très  faibles,  puis  fi^raauelle- 
ment  croissantes  de  ces  cultures  ont  été  injectées,  a  diverses 
reprises,  dans  la  veine  d'un  âne,  sans  déterminer  d'accidents 

{i)  On  doit  à  M.lGaUier  cette  conslaUtion  intéressante  que  le  cliien  peut  être 
réilioculë  sur  la  peau,  avec  succès,  k  diverses  reprises,  mais  que  les  lésiooi  toot 
moins  étendues  dans  les  inocàlatlons  successives.  (Compte  rendu  de  l'AcadéwU 
det  teieneet,  1881.  t.  XGII.  p.  303.) 


15  Mars  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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appréciables  (1).  Nais  cet  animal,  soumis  ensuite  à  l'épreuve 
d  aoe  injection  sous-cutanée  d'une  culture  ?i  mien  te,  succomba 
à  une  morve  aiguë,  caractéristique.  Le  résultat  ne  doit  pas 
décourager  et  je  poursuis  les  expériences  dans  cette  ilireclion. 


SÉANCE  DU  12  MARS  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  M.  MAURICE  PERRIN. 

V.  iedocicur  Laennec  (Uo  Nnites)  se  porlo  randiJat  au  tilro  de  correspondant 
lutiooal  daiu  Ja  division  de  médecine. 

MM.  les  docteurs  Bertrand  [de  Toulon)  et  Dutard  (do  GliAtillon-sur-Lolrc) 
eBTuieot  àûs.PUt  cachfU»  donl  le  dépôt  ect  accepté. 

M.  \ioltt,  médecin  m  La  ViileJieu-du-Clain  (Nièvre),  adresse  un  mêmoini 
iakpriffl«  sur  an  mode  parlieulier  de  traitement  de  la  euette  miliaire, 

MM.  les'doeteuni  Toumeux  (à  Thiel,  Allier),  DuMau,  directeur  de  l'asile 
pablic  d'aiicaés  d'Armentières  (Nord)  et  Blayae^  médecin-inspecteur  des  ocqIos 
i#hri:^, envoient  les  relevés  des  vaeeinalUme  ei  revaeciiiationM  qu'ils  ont  prali- 
qwt)  «a  1888  et  au  commencement  de  1889. 

M.  le  docienr  Bonnet  (d'Auray)  adresse  un  mémoire  manuscrit  sur  Vateœlieme 
.iules  jeiuu<  femmee  riehet  et  bien  éUvéee  dee  campagne»  bretonne». 

M.  Firéoi  présente  plusieurs  mémoires  de  M.  le  docteur  Henrot  sur  Yhygiine 
le  la  vtllt  de  Reim»,  à  l'appui  de  sa  candidature  au  tilro  de  correspondant 
jiiiunal  dans  la  division  de  médecine. 

M.  Kmett  Beenter  déposo  une  observation  de  lèpre,  améliorée  par  l'huile  de 
tUuUnoogra,  faite  et  réiigde  par  M.  le  docteur  Mariy  (do  Saint-Ccrni», 
UaUl,. 

M.  Cornil  fait  homma]^  do  ses  Leçon»  »ur  Vanalomie  pathologique  de» 
viiTxUi,  de»  »atpingile»  et  de»  cancer»  de  Vutéru»,  recueillies  par  M.  Laffitte 
tl  M.  le  docteur  Toupet. 

M.  Buequoy  dépose,  au  nom  do  M.  le  docteur  Niepee  (d'Allcvard),  deux  obscr- 
DtioM  d'atphyxie  incomplète  par  le»  badigeonnage»  du  pharynx  avec  la 
cxùUe  et  une  Étude  clinique  de»  eaux  tulfureuee»  d'Àllevard  et  de  »e»  »alle» 
iiHhaletion. 

M.  Rochûrd  dépose  un  rapport  do  M.  le  docteur  Aubert,  médecin-major  de 
i"  classe,  sur  Ira  vaccination»  et  les  revaccination»  pratiquées  au  23*  régiment 
dlnfantcrie. 

M.  Gariel  présente  une  Note  »ur  un  »y»tème  d'avertit»eur  de  t'atphyxie  par 
i'txiMe  de  carbone,  imaginé  par  M.  Racine. 

H.  Dujardin-BeaumetM  présente  un  malade  atteint  do  rétréciuement  de 
tttùpKage,  0|téré  ttvec  succès  par  MM.  les  docteurs  Fort  et  Brochin  a  l'aide  du 
f>roccdé  é'clectrolyso  uréthralo  découvert  par  lo  premier. 

Commissions  de  prix  pour  1889.  —  Prix  de  VAcad^- 
mi>.  —  MM.  Marey,  Luys,  François-Franck. 

Prix  Alvarenga.  —  MM.  Peler,  Besnier,  Robin. 

Prix  Barbier.  —  MM.  Villemin,  Le  Roy  de  Méricouit, 
Nocard. 

PrixBuignet.  —  MM.  Schûlzenberger,  Java!,  d'Arson- 
val. 

Prix  Capuron.  —  MM.  Tarnier,  Guéniot,  Budin. 

Prix  Civrievjs.  —  MM.  Polain,  Bouchard,  Damascliino. 

Prix  Daudet.  — ÎHyi.  Ranvier,  Charpentier,  Fourniej'. 

Prix  Desportes.  —  MM.  Laboulbène,  Hayem,  Vidal. 

Prix  Godard.  —  MM.  Le  Fort  (Léon),  Labbé,  Lanno- 
loQgue. 

Prix  Huguier.  —  MM.  Richel,  Cusco,  Siredey. 

Prix  de  l'Hygiène  de  rfin/aucf.—  MM.  Lagneau,  Vallin, 
Charpentier,  Roussel,  Roger,  de  Villiers. 

Prix  Laborie.  —  MM.  Larrey,  Trélat,  Verneuil. 

Prix  Laval.  —MM.  Hérard,  Jaccoud,  Moulard-Marlin. 

Prix  Louis.  —  MM.  Paul,  Dujardin-Beaumelz,  Féréol. 

Prix  Meynot.  MM.  Perrin,  Duplay,  Panas. 

Prix  Monbinne,  —  Colin  (Léon),  Bucquoy,  Leblanc. 

Prix  Portai.  —  MM.  Empîs,  Lancereaux,  Cornil. 

Pria?  Pourat.  —  MM.  Polaillon,  Duval,  Laborde. 

Prix  Yemois.  —  MM.  Brouardel,  Trasbot,  Proust. 

,  Onyxis  des  confiseurs.  —  Dans  un  pli  cacheté,  dont 
louverlure  est  faite  sur  sa  demande  et  qui  date  du 
^janvier  1881,  M.  le  docleur  Poncet  (de  Lyon)  a  signalé 
Inexistence,  chez  les  confiseurs,  d'une  variété  d'onyxis  dâe 
lu  contact  prolongé  des  mains  dans  des  solutions  sucrées. 

'')  Cos  cultures  étaient  injectées  p:t  td^mo  temps  dans  le  périt  lino  do  cobayes 
^' le»  faisaient  régulièrement  périr  de  It  monre. 


En  particulier,  tous  les  ouvriers  employés  à  la  fabrication 
des  marrons  glacés  en  sont  atteints  à  des  degrés  divers. 
L'affection  débute  par  les  parties  latérales  pour  s*étendre  à 
tout  le  derme  péri-unguéal  ;  elle  est  caractérisée  au  début 
par  de  la  rougeur,  du  gonflement  du  derme,  par  des  altéra- 
tions de  Tonale  qui  s'effrite,  devient  cassant  et  prend  une 
teinte  gris  noirâtre.  Après  un  certain  temps  la  lésion  inflam- 
matoire gagne  en  étendue,  en  profondeur;  la  peau  s*ulcérc 
et  forme  un  bourrelet  rouge,  oedémateux,  parfois  très  dou- 
loureux au  toucher,  à  la  pression,  puis  Tongle  se  déchausse 
et  tombe.  Les  deux  doigts  les  premiers  atteints  sont  le 
médius  et  l'annulaire  ;  chez  quelques  ouvriers  la  lésion 
occupe  tous  les  doigts.  Les  extrémités  digitales  ont  alors 
une  forme  spéciale;  elles  sont  en  spatule;  celte  déformation 
devient  caractéristique  et  durable. 

Eaux  minérales.  —  Sur  le  rapport  de  H.  Constantin 
Panly  l'Académie  émet  un  avis  favoraole  en  ce  qui  concerne 
les  demandes  d'autorisation  pour  les  sources  Reignier, 
Saint-Antoine  et  Lavergne  à  Saint-Yorre  (Allier)  et  Rosas  à 
Juvinas  (Ardèche). 

Tétanos.  —  M.  Verneuil  continue  la  discussion  sur  la 
palhogénîe  du  tétanos  (voy.  l'avant-dernière  séance).  Après 
s'être  efforce  d'établir  que  le  fumier  pur,  c'est-à-dire  à  peu 
près  exclusivement  composé  de  plantes  fourragères  ou  autres, 
imprégnées  d'excrela  équins,  peut  renfermer  le  virus 
tétanique,  il  déclare  qu'il  en  est  de  mémedu  fumier  répandu 
en  couche  mince  à  la  surface  du  sol  ou  mélangé  avec  la  terre 
en  proportion  plus  ou  moins  grande.  Pour  preuves  il  donne  : 
l' le  danger  spécial  des  blessures  mises  en  contact  avec  les 
couches  superficielles  du  sol  des  écuries,  des  cours  de  fermes 
ou  d'auberges,  des  endroits  où  les  chevaux  s'arrêtent,  des 
routes  fréquentées  par  les  bestiaux  ou  les  voitures,  ou  même 
simplement  souillées  par  la  terre  fumée;  2^ l'extrême  facilité 
avec  laquelle -on  rend  les  animaux  tétaniques  en  leur  iiic- 
culant  la  terre  recueillie  précisément  dans  les  points  qui 
viennent  d'être  énoncés,  ou  tout  uniment  dans  les  champs 
fertilisés  par  les  «engrais  animaux. 

A  ce  sujet  M.  Verneuil  présente  un  gi*and  nombre  d'ob- 
servations de  tétanos,  tendant  à  prouver  la  virulence  de  la 
terre  ;  il  les  groupe  en  trois  catégories  :  la  première  est 
celle  des  blessures  de  cause  et  de  nature  diverses,  siégeant 
sur  des  parties  du  corps  en  contact  fréquent,  inmédiat  ou 
médiat  avec  la  terre;  la  seconde  comprend  les  plaies  de  na- 
ture et  de  siège  divers,  .«mouillées  par  la  terre  au  moment  de 
leur  production  ou  peu  de  temps  après  et,  la  troisième,  les 
blessures  causées  par  des  agents  vulnérants  traînant  sur  la 
terre  ou  servant  à  la  culture.  Il  reproduit  ensuite  les  preuves 
expérimentales  de  celte  virulence  de  la  terre,  d'après  les 
nombreux  travaux  déjà  publiés  à  ce  sujet.  La  contagion  par 
l'eau,  l'air^  les  poussières  est  encore  à  l'étude  ;  mais  les 
faits  recueillis  jusqu'ici  sont  tout  au  moins  en  faveur  de  la 
transmissibilité  du  tétanos  par  la  voie  atmosphérique  lors- 
que l'air  est  chargé  de  poussières  servant  de  véhicule  aux 
germes  tétaniques.  —  M.  Verneuil  achèvera  sa  communica- 
tion dans  la  prochaine  séance. 

Pathogénie  de  la  fièvre.  —  M.  le  docteur  Roussy, 
chef  du  laboratoire  de  thérapeutique  expérimentale  à  la 
Faculté  de  médecine  de  Paris,  lit  un  mémoire  étendu  sur 
les  recherches  cliniques  et  expérimentales  qu'il  a  faites  sur 
la  pathogénie  de  la  lièvre  depuis  plusieurs  années  et  sur  la 
théorie  générale  qu'il  en  a  déduite  sur  la  nature  et  les  rôles 
physiologique  et  pathogène  des  diastases  ou  ferments  solu- 
Dles.  Parmi  les  substances  élaborées  par  les  cellules  de  la 
levure  réduites  à  l'autophagie,  il  a  isolé  la  plus  active, 
celle  atii  influence  le  plus  les  processus  de  la  calorification 
animale:  la  pyrétogénine,  coTknme  il  l'appelle,  est  une 
substance  exclusivement  organique,  spéciale  et  azotée,  blan- 
che granuleuse,  homogène,  facilement  volatile,  répandant 
une  odeur  de  levure  ;  quelques  dixièmes  de  milligramme 


178 


N-  H 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


15  Mars  1889 


par  kilogramme  d'animal  déterminant  rapidement,  chez  le 
chien,  Taccès  de  fièvre  la  plus  intense  et  la  plus  typique; 
cet  accès  décrit  son  évolution  en  neuf  ou  dix  heures  et  en 
trois  phases  au  cours,  desquelles  se  déroulent  tous  les  trou- 
bles lonctionnels  qui  caractérisent  Taccès  de  fièvre  palu- 
déenne. M.  Roussy  en  décrit  les  propriétés  physiaues  et 
chimiques;  il  démontre  Qu'elle  se  comporte  absolument 
comme  une  diastase  singulièrement  énergique.  —  (Le  mé- 
moire de  M.  Roussy  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  commis- 
sion composée  de  MM.  Sckutzenberger,  Armand  Gautier 
et  Hayem.) 

Grossesse  extra-utérine.  —  Les  deux  observations 
communiquées  par  M.  le  docteur  Pinard  ont  trait^à  des 
laparatomies  pratiqués  dans  des  cas  de  grossesse  exlra-ulé- 
rine,  des  plus  difficile  àdiagnostic|uer.  Elles  montrent  les 
avantages  du  manuel  opératoire  suivi  :  suture  du  kyste  à  la 

Earoi  et  abandon^  avec  antisepsie^  du  placenta  ;  enfin,  les 
énéfices  que  l'on  peut  et  doit  retirer  en  i;iisant  usage  pour 
obtenir  celte  antisepsie  de  la  solution  aqueuse  et  saturée 
de  naphtol.  —  (Le  mémoire  de  M.  Pinard  est  renvoyé  à 
l'examen  d'une  commission  composée  deMM.(2&  Villiers, 
Guéniot  et  Polaillon.) 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  19  mars  1889  est  fixé 
ainsi  qu'il  suit  : 

1"  Communication  de  M.  Proust  sur  un  cas  d'aïnhum.  — 
2*  Communications  de  MM.  Dujardin-Beaumetz  et  Nocard 
sur  la  statistique  de  la  rage.  —  3"*  Suite  de  la  discussion  sur 
le  tétanos  (Inscrit:  M.  Verneuil).  —  4"  Lecture  de  M.  le 
docteur  Fredet  sur  les  accidents  consécutifs  aux  morsures 
de  vipère. 


Société  médleiae  ëe«  h6plUMBX. 

SÉANCE  DU  8  MARS  1889.    —    PRÉSIDENCE 
M.   CADET  DE   GASSIGOURT. 


DE 


A  propos  de  la  Byrinoo-myëlle  :  M.  Hallôpeau  (Discussion  :  M.  D6- 
jerine).  —  De  l'inoculation  de  la  rougeole  :  M.  Laboulbène.  — 
Période  contagieuse  de  la  rougeole  :  M.  X.  Ctouraud  (Discussion  : 
M.  Bevestre).  —  Transmission  des  maladies  par  les  consultations 
externes  :  M.  Comby.  —  De  la  transmission  des  maladies  infec- 
tieuses dans  les  hôpitaux  d'enfants  :  M.  Cadet  de  Oassleourt  (Dis- 
cussion :  M.  Serestre).  —  Un  cas  de  guârison  de  goitre  exopli- 
tbalmique  :  M.  Gërin-Bose.  —  Hèmoglobinurie  paroxystique  : 
M.  Hayem.  —  Un  cas  de  rage  inutilement  traité  à  l'Institut  Pas- 
teur :  M.  Gërin-Roze. 

M.  Hallôpeau  Si  fnbViéj  il  y  a  vingt  ans,  un  travail  sur  une 
aflection  médullaire  qu'il  a  appelée  sclérose  diffuse  péri- 
épendymaire  et  qui  semble  se  rapporter  au  type  décrit  en 
Allemagne,  et  étudié  par  MM.  Debove  et  Déjerine  sous  le 
nom  desyringo'-myélie;  il  s*agissait,  en  effet,  cliaiquement 
de  troubles  de  la  sensibilité  et  d'amyotrophies,  et  anatomi- 
aueiuent  de  la  formation  d'une  cavité  centrale  entourée 
d*une  épaisse  couche  de  tissu  scléreux.  Il  maintient  la  dé- 
nomination qu'il  a  adoptée  pour  définir  ce  processus  d'in- 
flammation chronique  autour  du  canal  central,  accompagné 
de  Iraclus  irradiant  dans  la  substance  grise  et  les  cordons 
blancs  et  d'épaississement  des  tuniaues  vasculaires.  Il  ne 
s'agissait  pas  d'une  néoplasie,et  d'ailleurs  la  localisation  en 
anneau  autour  du  canal  central,  sans  nodosités,  concorde  peu 
avec  les  allures  d'un  néoplasme  glioinateux.  M.  Joffroy  a 
lui-même  admis  la  nature  inflammatoire  de  cette  lésion. 
Quant  à  la  cavité  centrale,  elle  ne  résultait  pas  d'un  proces- 
sus lacunaire  mais  d'une  dilatation  évidente  du  canal  épen- 
dymaire revêtu  presque  partout  de  son  épithélium. 

M.  Déjerine  ne  conteste  nullement  le  cas  de  M.  Hallô- 
peau, mais  est  d'avis  (|ue  Texistence  d'un  gliome  est  établie, 
dans  la  syringo-myélie,  par  les  recherches  histologiaues  des 
auteurs  allemands.  Sur  une  pièce  anatoroique  qui  lui  a  été 


remise  par  M.  Barth,  la  nature  néoplasique  de  la  lésioi 
périépendymaire  est  manifeste  :  le  néoplasme  est  pourains 
dire  énuciéable  en  bien  des  points.  Ce  ne  pourrait  être  h 
fait  d'un  processus  inflammatoire.  D'autre  part  le  diagno<^ 
tic  basé  sur  les  amyotrophies  et  la  thermo-anesthcsie  ave< 
conservation  de  la  sensibilité  tactile  est  aujourd'hui  de: 
mieux  établis. 

—  M.  LaôoM/ôène rappelle  les  inoculations  de  sang  rubêo 
lique  pratiquées  par  Home,  en  1758,  et  celles  de  larmes  ei 
de  sécrétions  nasales  provenant  de  morbilleux  pratiquées 
en  1822,  par  Speranzza.  Ces  inoculations  ont  été  positives 
et  suivies  constamment,  au  bout  de  huit  à  dix  jours,  d'une 
rougeole  bénigne.  Peut-être  celte  méthode  d'inoculations 
pourrait-elle  rendre  des  services  et  mettre  à  l'abri  des 
formes  graves. 

—  M.  Gouraud  a  été  appelé  à  se  prononcer  plusieurs 
fuis,  en  sa  qualité  de  médecin  du  collège  Stanislas,  sui 
l'époque  à  laquelle  les  jeunes  collégiens  atteints  de  rou- 
geole peuvent  rentrer  au  milieu  de  leurs  camarades,  il  a  dû 
se  conformer  à  la  circulaire  ministérielle,  inspirée  par  une 
décision  de  l'Académie,  et  qui  prescrit  une  quarantaine  de 
vingt-cinq  jours  en  pareil  cas.  Mais  s'il  est  vrai,  comme 
l'ont  dit  à  la  séance  précédente  MM.  Sevestre  et  Grancher, 
que  la  rougeole  cesse  d'être  contagieuse  à  la  fin  de  la  pé- 
riode d'éruption,  un  isolement  aussi  prolongé  est  inutile  et 
ne  peut  que  porter  préjudice  aux  études.  La  Société  ne 
pourrait-elle  voter  des  conclusions  sur  lesquelles  le  méde- 
cin pourrait  s'appuyer  en  pareil  cas. 

M.  Sevestre,  qui  est  médecin  du  collège  Chaptal,  établis- 
sement indépendant  de  l'Université, n'hésite  pas  à  autoriser 
la  rentrée  aes  élèves  atteints  de  rougeole  dès  qu'ils  sont 
guéris,  et,  par  suite,  bien  souvent  avant  le  vingt-cinquième 
jour. 

— ;M.  Comby  est  d'avis  que  la  promiscuité  à  la  consulta- 
tion des  hôpitaux  est  une  cause  puissante  de  contagion,  et 
pense  que  le  service  de  sélection  précédemment  réclamé 
par  M,  Ollivier  pourrait  être  fait  chaque  jour  par  Tinterne 
du  service  auquel  incombe  ce  jour-là  la  consultation.'Poinl 
n'est  besoin  d'un  interne  ou  d'un  médecin  spécial.  Celte 
sélection  sera  plus  facile  et  plus  efficace  quand  on  possé- 
dera des  salles  d'attente  spéciales  pour  la  plupart  des  ma- 
ladies contagieuses.  Il  a  établi  des  mesures  de  scleclion 
analogues  au  dispensaire  de  la  Société  philanthropique  et 
en  a  obtenu  d'excellents  résultats. 

—  M.  Cadet  de  Gassicourt,  en  se  basant  sur  la  statistique 
de  l'hôpital  Trousseau  pour  l'année  1888,  établit  :  ^  que  la 
cause  des  cas  intérieurs  n'est  ni  dans  la  proximité  des  salles 
d'isolement,  ni  dans  le  transport  par  les  gens  de  service; 
2»  que  cette  cause  est  limportation  dans  les  salles  com- 
munes de  malades  venus  du  dehors  et  porteurs  de  maladies 
infectieuses  non  reconnues.  En  effet,  en  se  bornant  à 
l'étude  de  la  rougeole,  de  la  scarlatine  et  de  la  diphthérie, 
on  voit  que  les  cas  intérieurs  ont  été  plutôt  plus  nombreux 
pour  les  services  éloignés  des  salles  tVisolement  que  pour 
les  services  rapprochés,  et  en  particulier  plus  nombreux 
dans  les  services  de  chirurgie  complètement  distincts. 
Ainsi  le  pourcentage  par  rapport  au  nombre  des  ïiis  a 
donné  :  cas  intérieurs  : 

Rougeole.  Médecine  :  370  lits.  76  cas,  20  pour  100. 
Chirurgie  :  96  lits,'  34  cas,  35  pour  100. 

Scarlatine.  Médecine  :  376  lits,  9  cas,  2,i5  jpour  100- 
Chirurgie  :  96  lits,  20  cas,  11,40  pour  100. 

Diphthérie.  Médecine  :  376  lits,  62  cas,  16,80  pour  100- 
Chirurgie  :  96  lits,  10  cas,  20,80  pour  100.   | 
En  total  :  cas  intérieurs  en  médecine,  39  pour  iOO; 

en  chirurgie,  67  pour  100,      , 


15  MiRS  1989 


GAZETTE  HEBDOHâMIRE  DE  HÉDECINB  BT  DE  CHIRURGIE 


—  »•  H  ~    179 


La  raison  de  ces  résultats  en  apparence  paradoxaux  con- 
siste dans  ce  fait  que  les  malades  placés  dans  les  services 
de  chirurgie  sont  soumis  à  un  examen  médical  moins 
complet  et  moins  sévère,  de  telle  façon  qu'ils  séjournent 
plas  longtemps  dans  les  salles  avantd*ètre  évacués  lorsqu'ils 
sont  atteints  d'une  maladie  infectieuse;  ils  sont  ainsi  Toc- 
casion  d'une  contamination  plus  multipliée.  Le  nombre  do 
cas  inlérieurs  plus  grand  pour  les  salles  de  médecine  éloi- 
gnées des  salles  d'isolement,  montre  bien  également  que 
c'est  par  l'importation  du  dehors  et  non  par  transmission 
venant  du  service  d'isolement  que  la  contagion  s'opère. 
D'ailleurs,  la  plupart  des  cas  inlérieurs  se  sont  toujours 
montrés  après  l'introduction  dans  les  salles  communes 
d'une  maladie  infectieuse  méconnue.  Dans  les  salles  de 
teigneux  où  cette  importation  ne  s'est  pas  réalisée,  aucun  cas 
intérieur  ne  s'est  produit.  D'autre  part,  pour  la  diphthérie, 
les  cas  intérieurs  n'ont  pas  toujours  été  pins  nombreux  dans 
chacun  des  services  de  médecine  pendant  les  quatre  mois 
durant  lesquels  chaque  médecin  est  chargé  à  tour  de  rôle 
da  pavillon  des  diphlhéritiques.  De  ces  faits,  et  de  quelques 
autres  analogues,  M.  Cadet  de  Gassicourt  conclut  que  si 
risolement,  préconisé  paf  M.  Sevesire,  est  une  prudente 
mesure,  elle  est  insuffisante;  il  faut  y  joindre,  comme  le 
veut  M.  Grancher,  l'antisepsie  à  chaque  lit,  h  désinfection 
de  tous  les  objets  contaminés,  et  surtout  il  faut  organiser 
des  chambres  séparées  pour  placer  les  cas  douteux  lors  de 
leur  entrée  à  1  hôpital,  et  des  salles  de  rechange  pour 
évacuer  les  malades  des  salles  communes,  devenus  suspects 
par  l'apparition  au  milieu  d'eux  d'un  cas  intérieur. 

—  M.  Gérin-Roze  rapporte  une  observation  de  guérison 
d'un  goitre  exophthalmique  ayant  débuté  à  trente-six  ans 
chez  une  femme,  et  s'étanl  accompagné  de  troubles  digestifs 
graves.  Bien  des  modes  de  traitement  restèrent  d'abord 
inefficaces,  puis  la  guérison  se  montra  après  l'habitation  à  la 
campagne.  La  malade  s'est  mariée,  a  eu  un  enfant,  et  la 
guérison  ne  s'est  pas  démentie. 

—  M.  Hayem  lit  une  nouvelle  note  sur  l'hémoglobinurie 
paroxystique,  (Voy.  p.  171.) 

—  M.  Gérin-Roze  publie  un  cas  de  rage  inutilement 
traita  par  les  inoculations  à  e Institut  Pasteur.  Il  s'agit 
d  une  jeune  fille  de  seize  ans,  mordue,  le  7  janvier,  à  la  joue 
gauche  par  un  chien  enragé.  Elle  fut  soumise  aux  inocula- 
tions seize  heures  après  la  morsure,  et  reçut  chaque  jour 
jualre  injections,  du  9  au  i:^  février,  puis  une  injection  par 
jour  jusqu'au  28.  Elle  éprouva  les  premiers  malaises  le 
1"  février,  fut  amenée  à  l'hôpital  Lariboisière  le  7,  et 
succomba,  après  avoir  présenté  des  symptômes  manifestes 
de  rage  (cris,  convulsion,  spasme  pharyngien,  hyperes- 
^".f  ®»  etc.),  le  9  février,  environ  quatorze  heures  après  le 
début  des  acddents  convulsifs.  Un  petit  garçon,  mordu  la 
veille  par  le  même  chien,  a  été  inoculé  également  à  l'Institut 
rasleur,  trente-six  heures  après  la  morsure  qui  siégeait  à 
1  index;  jusqu'ici  il  ne  présente  aucun  phénomène  alarmant. 
Jl.  uénn-Roze  fait  remarquer  que  si  le  vaccin  a  étépré^ 
paré  avec  tout  le  sain  ifnaginaUCy  on  devra  reconnaître 
que,  même  dans  les  meilleures  conditions  (morsure  unique, 
sans  délabrement;  début  du  traitement  avant  vingt-quatre 
neures),  il  est  des  sujets  réfractaires  à  une  méthode  qui 
avait  donné  tant  d'espérances. 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  quart. 

André  Petit. 


Société  de  thérajieiitlqae. 

SÉANCE  DU  27   FÉVRIER    1889.—  PRÉSIDENCE  DE 
M.   FERïiET. 

Traitement  des  ulcérations  tuberculeuses  par  le  naphtol  oami^rè  : 
M.  Femet  (Disoutsion  :  MU.  C.  Paul,  Buoquoy,  GreUety).  —  Trai-, 
tement  de  la  coqueluche  par  l'antipyrine  :  M.  Oabousquet-Labor- 
derie  (Discussion  :  M.  Femet).  ~  Du  traite  i:ent  tërëbentliinè  : 
M.  Brèmond. 

M.  Fernety  connaissant  les  tons  résultats  obtenus  en 
chirurgie,  par  M.  Périer,  de  l'emploi  du  naphtol  camphré 
(naphtol,  1  partie;  camphre,  2  parties), a  songé  à  utiliser  ce 
topique  dans  un  cas  de  diphthérie  et  dans  deux  cas  d'ulcé- 
rations tuberculeuses  buccales.  Les  fausses  membranes 
diphlhéritiques,  sous  Tiufluence  de  deux  badigeonnages  par 
jour,  disparurent  rapidement;  mais  il  subsiste  peut-être  quel- 
que doute  sur  l'exactitude  du  diagnostic,  plusieurs  personnes 
de  Téntourage  de  la  malade  ayant  présenté  après  elle  des 
accidents  d'angine  manifestement  herpétique.  —  Le  pre- 
mier malade  tuberculeux  était  un  homme  adulte  atteint  de 
phthisie  pulmonaire  et  d'une  ulcération  linguale;  celle-ci, 
qui  résistait  au  thermocautère  enaployé  à  diverses  reprises, 
lut  notablement  modifiée  par  le  topique,  mais  la  mort  sur- 
vint avant  sa  disparition  «ompléte,  du  fait  des  lésions  pul- 
monaires. L'autre  observalion,  plus  probante,  est  celle  d  une 
jeune  fille  de  dix-sept  ans,  soignée  antérieurement  par  la 
cautérisation  ignée  pour  un  lupus  de  la  gorçe.  La  cicatri- 
sation avait  été  obtenue;  mais,  il  y  a  dix-huit  mois,  Tulcé- 
ralion  reparut,  et  il  vint  s'y  joindre  une  ulcération  tuber- 
culeuse envahissante  de  la  base  de  la  langue  et  de  l'isthme 
du  gosier.  L'acide  acétique  au  1/10%  préconisé  par  Bering, 
n'ayant  pu  enrayer  les  accidents,  M.  Femet  pratiqua  chaque 
jour  un  badigeonnage  au  naphtol  camphré,  précédé  d'une 
application  de  solution  de  cocaïne  pour  calmer  les  vives 
douleurs  ressenties  par  la  malade;  l'amélioration  a  été  sur- 
prenante, et,  en  un  mois,  la  guérison  presque  complète  a 
été  obtenue.  Il  est  évident  qu'un  fait  isolé  ne  peut  être 
sufiisammenl  démonstratif;  mais  il  est  certain  que  le  naphtol 
camphré,  employé  comme  topique,  paraît  appelé  à  rendre  les 
plus  grands  services  dans  le  traitement  des  accidents  locaux 
qui  signalent  parfois  le  début  de  la  tuberculose. 

M.  C.  Paul  traite  actuellement  une  ulcération  linguale, 
chez  un  malade  de  son  service,  par  le  même  procédé.  En 
quinze  jours  il  a  obtenu  une  grande  amélioration. 

M.  Bucquoy  a  retiré  de  bons  effets,  en  pareil  cas,  du 
lopique  suivant  :  glycérine,  30  grammes;  acide  phénique, 
20  centigrammes. 

M.  GreUety  rappelle  qu'à  l'hôpital  Saint-Louis  on  recom- 
mande surtout  pour  les  cas  analogues  l'acide  lactique  ;  mais 
son  application  est  très  douloureuse,  quelquefois  même  en 
dépit  de  la  cocaïne. 

—  }ll,Dubousquet-Laborder%e  emploie,  depuis  deux  ans, 
l'antipyrine  contre  la  coqueluche.  Il  avait  en  vue  tout  d'a- 
bord de  combattre  l'élément  nerveux,  et  a  pu  se  convaincre 
que  le  médicament  agit  également  contre  le  catarrhe  et  la 
spécificité  qui  constituent  les  deux  autres  éléments  de  la 
maladie.  Sur  94  cas, il  a  obtenu 71  améliorations  notables; 
la  durée  de  l'affection  a  été  diminuée  et  l'intensité  ainsi  que 
le  nombre  des  quintes  rapidement  atténués.  Jamais  il  n'a 
reconnu  aucun  inconvénient  à  ce  mode  de  traitement;  dans 
aucun  cas  il  n'y  a  eu  d'action  sur  la  fonction  urinaire.  Chez 
deux  malades  s'est  produite  une  éruption  cutanée  passa- 
gère; rarement  les  troubles  gastriqiues  ont  obligé  à  sus- 
pendre le  traitement,  et,  d'ailleurs,  rimpureté  du  médica- 
ment a  paru  dans  ces  cas  devoir  être  incriminée.  Il  a 
prescrit  rantipyrine  à  la  dose  de  30 centigrammes  à  1  gramme 
pour  les  enfants  d'un  à  trois  ans,  et  à  la  dose  de  2  à 


180    -  N»  44  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE!PE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


15  Mabs  1889 


4  grammes  au-dessus  de  trois  ans.  En  faisant  dissoudre 
Tantipyrine  dans  l'eau  de  Vais  ou  de  Vichy  et  ajoutant  un 
sirop  quelconque  on  la  fait  accepter  très  facilement  par  les 
enfants  les  plus  délicats.  Elle  est,  d'ailleurs,  très  bien  sup- 
portée par  les  petits  malades. 

M.  Fernet  est  surpris  que  Ton  n'observe  pas  la  diminution 
de  la  sécrétion  urinaire  signalée  chez  les  adultes,  même  en 
l'absence  de  toute  altération  rénale. 

M.  Dubousqtiet'Laborderie  n'a  jamais  constaté  rien  de 
semblable,  bien  qu'il  ait  recueilli  soigneusement  les  urines 
dan^  une  dizaine  de  cas. 

—  H.  Brémond  lit  une  note  sur  de  nouvelles  recherches 
sur  l'influence  du  traitement  térébenthine  sur  la  richesse 
du  sang  en  oxyhémoglobine  chez  les  anémiques,  et  sur 
l'activité  de  la  réduction  de  cette  substance. 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures  trois  quarts. 

André  Petit. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

MÉDECINE. 

»«  la  Béphrito  eovséeadvo  à  la  varicelle,  par  M.  UnGER.  — 
L'auteur  a  observé  sept  cas  de  varicelle,  suivie  de  néphrite  du 
sixième  au  douzième  jour  de  Féruption.  L*urine  contenait  plus 
ou  moins  d'albumine,  avec  des  cellules  épithéliales  du  rein,  des 
cylindres  épithéliaux  et  des  leucocytes.  Peu  de  symptômes  géné- 
raux. Une  fois  cependant,  la  fièvre  fut  élevée  (^,b),  et  en  outre, 
il  y  eut  des  douleurs  rénales,  de  l'œdème  de  la  face  et  des  pieds, 
des  Vomissements  et  de  la  dyspnée  ;  la  convalescence  fut  longue, 
li'aùteur  considère  ces  néphrites  comme  étant  de'  nature 
catarrhale,desquamative,  déterminées  par  une  irritation  spécifique 
du  virus  de  la  varicelle.  Elles  peuvent  devenir  parenchyroateuses 
chez  les  sujets  dont  la  nutrition  est  affaiblie.  Il  est  indiqué 
d*examiner  les  urines  dans  la  varicelle,  car  fréquemment  cet 
examen  sera  positif.  {Wiener  medicinische  Presse,  7  octobre 
1888.) 

»ésiofe«tt4»«  des  vele«  r«apira|laira«,  par  M.  le  professeur 
EiCHHORST.  —  Les  inhalations  térébenthinées  recommandées  par 
Skoda  dans  les  bronchites  putrides  et  la  gangrène  pulmonaire 
sont  rarement  supportées  par  les  malades  à  cause  des  douleurs 
de  tête  et  des  vertiges  qu'elles  provoquent.  L*auteur  a  expéri- 
menté le  myrlol,  sous  forme  •  de  capsules  gélatineuses  de 
15  centigrammes,  et  a  été  frappé  par  la  rapidité  de  son  action. 
Une  heure  après  l'absorption  d  une  capsule  on  en  trouve  Todeur 
dans  Tair  expiré.  L'auteur  rapporte  l'observation  de  quatre 
malades,  épuisés  par  une  expectoration  fétide,  au  point  qu'il  a 
fallu  les  isoler,  et  chez  qui  la  désinfection  des  voies  respiratoires 
a  été  rapidement  obtenue.  11  convient  de  prescrire  deux 
capsules  toutes  les  deux  heures.  Chez  un  tuberculeux,  malgré 
Tusage  du  myrtol,  le  nombre  des  bacilles  a  augmenté  de  plus  en 
plus  dans  les  crachats.  Ce  médicament  est  donc  sans  action  sur 
leur  développement  et  leur  extension.  {Wiener  medicinische 
Presse,  14  octobre  1888  ) 

»o  raeloa  antipyrétique  de  la  ptiénaeétlae,  par  M.  Armin 
HuBER.  —  L'auteur  rend  compte  des  expérimentations  faites 
dans  le  service  de  M.  Eichhorst,  avec  la  phénacctine,  substance 
sans  odeur  ni  saveur,  insoluble  dans  l'eau  et  le  vin.  Prescrite  à 
la  dose  de  1  gramme  par  jour,  et  en  une  fois,  elle  abaisse  la 
température  au  bout  d*une  heure  ;  son  action  est  annoncée  par 
une  forte  transpiration;  rabaissement  de  la  température  persiste 
de  cinq  à  sept  heures,  et  chez  les  tuberculeux  toute  la  journée. 
Ni  collapsus,  ni  vomissements.  Elle  a  été  employée  avec  succès 
dans  toutes  les  affections  fébriles:  tuberculose,  fièvre  typhoïde, 
rhumatisme  articulaire,  pneumonie,  endocardite  ulcéreuse.  Dans 


ceHains  cas  elle  a  produit  l'apyresie  vainement  cherchée  par 
Tantipyrine,  à  laquelle  elle  est  préférable  dans  beaucoup  de 
circonstances.  {Corresp'ondenz-Blatt  fur  Schweizer  Aerzte^ 
n«  18.) 

KiaBlbème  preToqaé  par  le  aaiffeaal,  par  M.  EngELMANN.— 
Il  s'agit  d'une  malade  atteinte  de  métrite  chronique  et  do 
dysménorrhée  qui,  après,  avoir  fait  longtemps  usage  de  chloral 
contre  l'insomnie,  prit  un  soir  2  grammes  de  sulfonal.  Le 
sommeil  ne  fut  pas  obtenu,  mais  le  lendemain  elle  eut  la  poitrine 
couverte  d'une  éruption  scarlatiniforme,  accompagnée  de  vives 
démangeaisons.  Vers  la  fin  de  la  journée,  1  éruption  avait  disparu 
de  la  poitrine  pour  occuper  les  deux  bras.  Elle  pâlit  le  troisième 
jour  pour  disparaître  graduellement.  {SHunchener  medicinische 
Wochensclirifty  n*  il.) 

»e  raatipyriae  daaii  la  laryngite  «IrMalevae,  par  M.  Mox- 
tagu-Percival.  —  L  auteur  recommande  de  donner  aux  enfants 
10  centigrammes  d'antipyrine  toutes  les  heures;  les  troubles 
respiratoires  ne  tardent  pas  à  se  calmer,  et  les  enfants  à  s'en- 
dormir. Une  seule  fois,  il  fut  obligé  d*élever  la  dose  à  25  centi- 
grammes pour  couper  un  accès.  {Lancet,  17  novembre  1887.) 

0ar  on  eas ««latexieaUen  parle aolfenal,  par  M.Bornemann. 
—  Il  s'agit  d'un  morphinomane  chez  qui  on  essaya  de  remplacer 
la  morphine  par  le  sulfonal  pour  procurer  du  sommeil.  On  pres- 
crivit ce  dernier  h  des  doses  progressives  de  2,  3  et  i  grammes, 
avec  addition  ou  non  de  petites  injections  de  morphine.  Le 
sommeil  ne  fut  pas  obtenu,  mais  le  malade  fut  pris  de  tituba- 
tion  comme  un  homme  ivre.  Même  incoordination  des  mouve- 
ments des  membres  supérieurs;  le  malade  ne  pouvait  tenir  un 
verre  pour  boire.  L'ataxie  des  membres  fut  telle  qu'il  dut  rester 
couché;  il  avait  en  outre  de  ladiplopie  et  des  troubles  psychiques 
qui  lui  faisaient  croire  qu'il  avait  deux  tètes,  et  deux  bras  du  côlc 
droit.  Aucun  trouble  respiratoire  ou  circulatoire,  ni  des  sécré- 
tions. Ces  phénomènes  ataxiques  ne  disparurent  que  six  jours 
après  la  suppression  du  médicament.  Cette  ataxie  est  d'origine 
centrale,  et  d'après  les  expériences  de  Kast,  a  son  point  de  départ 
dans  récorce  grise  du  cerveau.  {Deutsche  medicinische  Zeitung^ 
n»  95.) 

.  ee  la  valeur  de  la  eaeelMiHve  en  tkéra^ealNiae  et  •■ 
hyci^ne,  par  MM.  Thomas  Stevenson  et  L.-C.  Woolridge.  — 
C'est  surtout  au  point  de  vue  de  son  utilisation  en  hygiène  que 
les  auteurs  ont  expérimenté,  laissant  de  côté  la  question  de  la 
toxicité  de  cette  substance  qui  a  été  étudiée  auparavant.  Néan- 
moins, ils  proclament  sa  non-toxicité  après  avoir  alimenté  dos 
chiens  avec  cette  substance.  Ils  ont  plutôt  cherché  à  déter- 
miner son  influence  sur  les  fermentations,  constatant  que  par 
son  mélange  au  centième  avec  la  fibrine,  elle  n*en  retarde  pas  la 
digestion  par  la  pepsine;  mais  que  20  centièmes  de  saccharine 
ralentissent  les  phénomènes  de  peptonisation.  Ils  ont  noté  que 
la  fermentation  urinaire  était  retardée. 

Pour  contrôler  ces  expériences  tu  vitro,  il  fallait  administrer  la 
saccharine  en  mélange  avec  les  aliments.  A  cet  effet,  ils  ont 
nourri  deux  chiens  de  même  poids  avec  une  même  ration  de 
viande;  l'un  ingérait  simultanément  de  la  saccharine,  l'autre 
recevait  la  viande  seule.  Cinq  heures  après  le  repas  on  sacrifiait 
ces  animaux  et  on  constatait  la  chymification  de  30  pour  100  des 
aliments  chez  celui  qui  avait  ingéré  la  saccharine.  Ce  chiffre 
était  de  33  pour  100  pour  l'animal  ayant  ingéré  la  viande  seule. 
La  saccharine  employée  était  la  saccharine  soluble  dont  le  pou- 
voir sucrant  est  supérieur  à  celui  de  la  saccharine  pure  du 
commerce.  Ces  expériences  tendraient  à  prouver  que  l'usage 
modéré  et  que  les  doses  minimes  de  ce  médicament  sont  sans 
inconvénient.  {The  Lancet,  p.  938, 17  novembre  1888.) 


15  Mars  18S9 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N»  11  —    181 


BIBLIOGRAPHIE 

Iseas  d'arihropatbie  taMtIqae  sapparée  (Contribution 

à  réiadc  dé  Tarthropathie  des  ataxiques),  par  A.  HossÊ, 
chargé  de  cours  clinique  à  la  Faculté  de  Montpellier. 

Chacun  sait  combien  sont  rares  les  cas  de  suppuration 
dans  les  arthropathies  tabétiques...  Aussi,  qnand  une 
semblable  lésion  est  constatée,  remet-on  sur  le  tapis  h 
fameuse  question  de  l'entité  nosologique  de  rarthropathic, 
el  cherche-t-on  à  voir  daus  ces  manifestations  si  fréquentes 
du  tabès  autre  chose  qu'un  trouble  trophique  imputable  à 
la  sclérose  des  cordons  postérieurs. 

H.  Hossé,  à  propos  d  un  cas  de  suppuration  de  l'articu- 
lation du  coude  chez  un  tabétique,  a  rait  à  la  Société  de 
médecine  et  de  chirurgie  pratiques  de  Montpellier  la  com- 
inttoication  la  plus  intéressante  et  la  plus  remarquable. 
les  idées  du  savant  médecin  de  Montpellier  nous  sont 
trop  chères  pour  que  nous  ne  cherchions  pas  à  donner 
aux  lecleuns  de  la  Gazette  hebdomadaire  un  compte 
rendu  aussi  fidèle  que  possible  de  cette  importante  com- 
munication. 

Sans  rapporter  ici  Tobservation  même  résumée  du 
malade,  nous  dirons  qu'il  s'agissait  d'un  sujet  arrivé  à  la 
période  cachectique  d'un  tabès  dont  le  début  rtimontait  à 
plus  de  vingt  ans,  encore  torturé  par  des  crises  doulou- 
reuses intenses  de  la  nature  de  celles  qui  se  montrent  aux 
premières  périodes  de  l'ataxie.  Un  jour,  au  déclin  d*unc 
crise  prolongée,  le  malade  se  plaint  du  coude  droit  qui,  du 
soir  au  matin,  est  devenu  énorme. 

A  l'examen  :  KYdarthrose  considérable,  laxité  anormale 
des  surfaces  articulaires,  craquements  faisant  admettre 
l'existence  probable  d'arthroptiytes  mobiles.  Aucune  réac- 
tion pendant  douze  jours,  exploration  peu  douloureuse  et 
relativement  facile.  Au  bout  de  douze  jours,  pneumonie, 
fièvre,  état  ^^néral  grave.  On  redoute  la  suppuration  de 
rarlhropatbie*  Mprt  en  quelques  jours.  A  Tautopsie,  sup- 
puration et  lésions  multiples  caractérisées  par  des  lésions 
destructives  des  ligaments  et  cartilages  articulaires,  et  en 
même  temps  par  des  lésions  osseuses  à  type  prolifératif 
dont  M.  Mossé  toute  d'établir  la  nature  et  la  palhogénie. 

Tautcur  commence  à  établir  le  diagnostic  nosologique 
des  lésions  articulaires  observées  chez  son  malade. 

Il  s'agit  bien  d'une  arthropathie  imputable  au  tabès  :  le 
mode  d  apparition  et  l'évolution  des  symptômes  ont  donné  à 
Tarthropathie  une  physionomie  spéciale  telle  que  la  fixée 
M.  Charcot.  M.  Mossé  ajoute  même  deux  remarques  très 
ioléressantes  :  L'arthropathie  s'est  montrée  à  la  fin  d'une 
cme  de  douleurs  fulgurantes  intenses  prolongées.  Enfin, 
le«  Umns  ostéo-articulaires  existaient  au  coude  avant 
h  tuméfaction  pathognomoniaue. 

Le  diagnostic  positif  établi,  H.  Mossé  attribue  avec  beau- 
coup de  raisons*  au  mauvais  état  général,  créé  par  la 
pneumonie,  la  suppuration  qui  a  envahi  l'articulation;  il 
repousse  l'idée  d'une  arthrite  simplement  infectieuse  ou 
d'une  arthrite  sèche  suppurée.  Ces  deux  points  acquis, 
hauteur  aborde  la  question  encore  si  controversée  de  la 
nature  et  des  formes  de  l'arthropathic  tabétique. 

On  sait  (]uc  deux  opinions  ont  cours  sur  la  nature  de  ces 
arthropathies.  Pour  les  partisans  de  la  première,  Tarthro- 
palliic  des  ataxiques  n'est  qu'une  arthrite  déformante 
chronique  tout  au  plus  modifiée  dans  son  aspect  par  le 
labes;  c'est  la  manière  de  voir,  défendue  parla  plupart  des 
médecins  allemands  cl  acceptée  en  partie  en  Angleterre. 

La  seconde  opinion  est  celle  du  professeur  Charcot. 
*>olre  maître  l'a  défendue  avec  tant  d'éclat  dans  ses  leçons 
.^^  dans  ses  écrits,  que  nombre  de  médecins  ctran- 
pi^,  Hulchinson-Macnamapa,  Barwell-Buzzard  en  Angle- 
^•^rrc-,  Rottcr,  Sonnenbourg,  Bernhardl    en   Allemagne, 


sont  aujourd'hui  gagnés  à  l'opinion  du  chef  de  l'école  fran- 
çaise. 

Parmi  les  médecins  qui  n'acceptent  pas  complètement 
les  idées  de  M.  Charcot,  tous  ou  presque  tous  tombent 
d'accord  que  cette  complication  de  1  ataxie  se  sépare,  par 
son  allure  clinique,  de  l'arthrite  déformante.  La  contesta- 
tion résulte  de  Tétude  des  lésions  anatomiques. 

Pour  les  cas  de  M.  Charcot,  caractérisés  par  la  disloca- 
tion, Vathrophie'des  extrémités  articulaires  :  pas  de  doute. 
Ces  lésions  sont  complètement  différentes  des  lésions  de 
l'arthrite  déformante.    . 

Malheureusement  on  a  trouvé  chez  des  tabétiques  (obs. 
de  Panne,  Soc.  anal.,  février  1886)  des  lésions  rappelant 
assez  exactement  l'aspect  de   l'arthrite  sèche  ordinaire  : 

f  réductions  osseuses,  ecchondroses,  arthrophites,  anky- 
ose,  etc. 

Entre  ces  deux  types  extrêmes  (type  atrophique  do 
M.  Charcot)  et  le  dernier  (type  hypertrophique)  il  y  a 
une  foule  d'intermédiaires  se  présentant  parfois  chez  le 
même  malade,  parfois  même  sur  le  même  os.  Comment 
expliquer  cette  coexistence  de  lésions  qui  paraissent  appar- 
tenir à  deux  maladies  si  différentes? 

Le  plus  simplement  du  monde,  pour  M.  Mossé,  si  l'on 
veut  admettre  ses  propositions  : 

L'arthropathic  tabétique  {Joints  CharcoVs  disease^ 
maladie  de  Charcot)  est  une  entité  pathologique  résultant 
d  un  trouble  trophique  d'origine  spéciale  ou  nerveuse  ;  à  ce 
point  de  vue,  elle  mérite  d'être  rapprochée  des  autres 
coinplicitions  d  ordre  trophique  observées  chez  les  ataxi- 
ques. 

Les  lésions  macroscopiques  se  rattachent  à  trois  types  :' 

a.  Le  type  classique  ou  atrophique.  Atrophie,  usure, 
disparition  d'une  partie  plus  ou  moins  considérable  des 
surfaces  articulaires  des  ligaments  :  fractures,  luxa- 
tions, etc. 

b.  Le  type  hypertrophique.  Augmentation  de  volume  des 
épiphyses,  stalactites  osseuses,  etc. 

c.  Type  mixte.  Coexistence  des  lésions  prolifératives  et 
destructives  à  des  degrés  divers.  Ce  dernier  type  est  peut- 
être  le  plus  fréquent.  Celui  décrit  par  M.  Charcot  est  le 
plus  caractéristique. 

Paul  Berdez. 


La  folle  ehes  les  eAfants,  par  le  docteur   Paul  MoBEAU 

(de  Tours),  membre  de  la  Société  médico-psychologique. 
i  vol.  in-13  de  la  Bibliothèque  scientifique  contempo- 
raine.  —  Paris,  1888.  J.-B.  Baillière  et  lils. 

Les  manigraphes  du  commencement  du  siècle  ne  s'arrê- 
tent guère  à  l'étude  de  la  folie  chez  les  enfants.  La  vérité 
est  qu'ils  y  croyaient  peu  ou  qu*ils  l'avaient  rarement  obser- 
vée. Esquirol  résumait  son  opinion  sur  le  sujet  dans  la 
phrase  suivante  :  c  L'enfance  e.st  à  l'abri  de  la  folie,  à  moins 
qu'en  naissant  l'enfant  n'apporte  quelque  vice  de  confor- 
mation, ou  que  des  convulsions  ne  le  jettent  dans  l'imbéci- 
lité  ou  l'idiotie.  >  Ce  que  l'illustre  médecin  de  Charenton 
enseignait  au  nom  de  la  clinique,  Broussais  le  confirmait 
en  s'appuyant  sur  l'observation  physiologique,  c  Les  en- 
fants, écrit-il  en  1828  {De  l'irritation  et  de  la  folie. 
l'*>  édit.  p.  335),  sont  peu  susceptibles  des  folies  par  causes 
morales,  parce  que  les  impressions  sont  moins  durables 
chez  eux  que  chez  les  adultes;  mais  l'intensité  de  ces  im- 
pressions peut  suppléer  à  leur  durée  :  d'ailleurs,  il  est 
quelques  enfants  qu'un  développement  prématuré  de  l'en- 
céphale rend  susceptibles  d'une  mélancolie  capable  de  les 
conduire  aux  aliénations  mentales.  > 

Depuis,  en  y  regardant  de  plus  près,  on  a  constaté  que  la 
folie^  sans  être  très  fréquente  chez  les  enfants,  n'était  pas 
aussi  rare  que  le  pensaient  ces  observateurs.  Avec  le  temps, 


182    —  N*  H  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  HÊDEGINfi  ET  DE  CHIRURGIE 


15  Haas  1880 


des  faits  cliniques  nombreux  —  quelques-uns  même  extra- 
ordinaires—  se  sont  accumulés,  et  il  a  fallu  se  rendre  à 
Téndence  :  les  enfants  ne  deviennent  pas  seulement  imbé- 
ciles ou  idiols,  ils  sont  sujets,  dans  certaines  conditions 
étiologiqnes,  à  devenir  aliénés  ;  ils  sont  €  susceptibles  > 
des  formes  de  folie  les  plus  variées,  comme  les  adultes. 

Les  nombreux  travaux  qui,  en  France  comme  à  Tétran- 
ger,  ont  mis  cette  vérité  bors  de  doute,  ont  été  admirable- 
meut  résumés  et  condensés  dans  Touvrage  quo  vient  de 
publier  M.  Paul  Horeau  (de  Tours).  L'intéressante  mono- 
graphie dont  il  a  enrichi  la  €  Bibliothèque  scientiOquo 
contemporaine  »  est  divisée  en  trois  parties.  Après  un 
court  historique,  Tauteur  aborde  Tétude  des  c;vuses  de  la 
folie  chez  les  enfants  :  il  les  divise  en  causes  morales  et 
causos  physiques.  Une  objection  se  présente  naturel lement 
à  Tesprit,  lorsqu'on  lit  le  paragraphe  consacré  à  Tétude  des 
causes  morales  générales.  L'hérédité  peut-elle  être  consi- 
dérée comme  une  cause  morale?  N'est-elle  pas  la  cause 
physique  par  excellence,  celle  dont  dépendent  toutes  les 
autres,  et  en  particulier  le  tempérament  que  M.  Moreau  (de 
Tours)  classe  dans  la  catégorie  des  causes  physiques  géné- 
rales? En  sa  qualité  de  cause  prédisposante,  l'hérédité 
joue  le  rôle  principal  dans  Tétude  de  l'étiologie  de  la  folie 
chez  les  enfants  et,  à  ce  point  de  vue,  elle  doit  être  consi- 
dérée comme  la  cause  primordiale,  et  ne  pas  être  confondue 
avec  des  causes  morales  générales,  telles  que  l'imitation, 
l'influence  des  mœurs,  l'éducation,  etc. 

Après  l'hérédité,  les  causes  qui  jouent  le  plus  grand  rôle 
dans  la  production  de  la  folie  chez  les  enfants  sont  certes 
celles  que  notre  auteur  a  décrites  sous  le  titre  de  €  causes 
physiques  dépendant  de  l'individu  >.  Il  s'asit  surtout  de 
certaines  affections  aiguës,  la  miéningite,  I  hydrocéphalie 
aiguë,  la  scarlatine,  la  fièvre  typhoïde,  les  fièvres  intermit- 
tentes ;  puis  les  traumatisnies,  les  vers  intestinaux,  les  vices 
de  conformation  du  crâne,  etc. 

Dans  la  deuxième  partie,  consacrée  à  l'étude  des  formes, 
l'auteur  étudie  d'abord  les  formes  purement  nerveuses  :  les 
convulsions»  l'éclampsie,  les  tics,  etc.  Le  chapitre  suivant 
est  sans  contredit  le  plus  intéressant  :  il  étudie  les  formes 
purement  psychiques.  On  y  peut  suivre  la  description  de 
tous  les  troubles  intellectuels  et  moraux  qui  atteignent 
Tcnfançe,  depuis  les  simples  terreurs  nocturnes  jusqu'à 
ridiotie  la  plus  complète  et  au  crétinisme,  en  passant  par 
la  manie,  la  mélancolie,  la  folie  à  double  forme,  les  folies 
hystérique,  épileptique,  choréique,  etc.  Celte  lecture  est 
rendue  plus  intéressante  par  les  nombreux  faits  cliniques 
—  personnels  ou  empruntés  aux  auteurs  —  dont  M.  Moreau 
(de  Tours)  a  illustré  ses  descriptions. 

La  dernière  partie  traite  du  diagnostic,  du  pronostic,  des 
conséquences  médico-légales,  et  se  termine  par  un  chapitre 
intitulé:  Sfiins  et/mesures  de  protection*  L'auteur  donne 
en  quelques  pages  certaines  règles  prophylacli(^ues  pour 
«  lutter  avec  avantage  contre  les  prédispositions  lâcheuses 
qui  planent  sur  certains  individus  et  qui  en  quelque  sorte 
président  à  leur  destinée  morale  et  intellectuelle.  Fortifier 
le  corps  tout  en  imprimant  une  saine  direction  aux  facultés 
psychiques,  telle  est  la  loi  qui  prime  toutes  les  autres.  ^ 

Nous  terminerons  sur  cette  phrase  l'analyse  d'un  livre 
qui  mérite  d'être  lu,  non  seulement  par  les  médecins  alié- 
nistes,  mais  surtout  par  les  praticiens.  Ils  y  puiseront  des 
renseignements  et  des  conseils  qui  leur  seront  d'un  fré- 
quent secours  dans  leur  clientèle. 

Anl.  RiTTi. 


Études  sua  l'uystiîrië  infantile,  par  M.  Clopatt. 

Travail  publié  en  Finlande,  mais  dont  les  éléments  ont  élô 
en  majeure  partie  recueillis  dans  tes  services  de  MM.  Charcot, 
Bourneville  et  Grancher.  Il  comprend  Tanalyse  de  272  obser^ 
rations  d'hystérie  infantile.  C*esl  de  sept  à  treize  ans  qu'elle  se 


.montre  le  plus  souvent;  le  nombre  des  Glles  atteintes  est 

S  eu  prés  double  de  celui  des  garçons.  Chez  un  grand  nombij 
e  petits  malades  on  trouve  des  tares  nerveuses  chez  la 
ascendants.  Le  déhut  de  la  maladie  est  souvent  amené  paruq 
émotion,  une  frayeur;  l'imitation  joue  aussi  un  grand  ri4 
sous  ce  rapport.  On  Ta  vue  survenir  à  la  suite  de  maladie 
fébriles  aiguës,  et  à  la  suite  de  traumatismes,  chez  des  sujet 
alteinls  de  la  c  diathèse  des  contractures». 

M.  Charcot  a  fait  connaître  un  cas  d'hystérie  à  la  suite  en 
séances  de  spiritisme,  et  un  autre  chez  un  collégien  qui  (•qi 
des  attaques  convulsives  après  avoir  été  hypnotisé  par  drua 
de  ses  camarades.  Dans  la  description  que  aonne  l'autour  di 
Tenfant  hvstcrique,  nous  relevons  la  phrase  suivante  emprnih 
tée  h  M.  Jules  Simon  et  qui  en  est  pour  ainsi  dire  le  résumé: 
c  Les  jeunes  hystériques  pratiquent  volontiers  le  mensonge, 
et  jouent  d'instinct  la  comédie.  >  —  L'auteur  étudie  ensuae| 
les  troubles  de  la  sensibihté,  de  la  motilité,  du  système  vaso- 
moteur  et  des  sécrétions  chez  l'enfant.  A  propos  des  zones 
hystérogènes  il  montre  que  le  testicule  chez  les  jeunes  garçons 
joue  le  même  rôle  que  l'ovaire  chez  les  jeunes  filles,  pour 
provoquer  ou  interrompre  les  attaques.  A  propos  du  diagnostrt 
il  rappelle  que  M.  Charcot  a  employé  le  bromure  de  potassiuRi' 
pour  la  distinguer  de  l'épilepsie;  par  des  doses  croissantes  f\\ 
prolongées,  les  crises  épileptiques  sont  éloignées,  tandis  qu'elles; 
sont  sans  action  sur  les  attaques  d'hystérie.  Le  pronostic  est  en 
général  favorable  chez  l'enfant  ;  il  importe  d'Isoler  le  malade  iltfi 
son  entourage  habituel.  La  suggestion  hypnotique  a  pu  êirr| 
employée  avec  avantage  dans  la  forme  couvulslve.  L'Iijdrolhè 
rapie  et  réieclricilé,  statique  ou  farad Ique  sont  d  une'  grande 
utilité.  L'^application  de  la  glace  et  la  compression  sur  les  zones 
hystérogènes,  ovarienne  et  testiculaire  arrêtent  les  attaque». 
11  importe  de  ne  pas  recourir  à  un  traitement  actif  des  con- 
tractures, sous  peine  d'aggraver  le  spasme  musculaire. 

L'année  médicale  (1887),  publiée  sous  la  direetion  de  M.  le  doc- 
teur BoURNEviLLB.  —-  Paris,  1888,  Lecrosnier  et  Bahé. 

Vannée  médicale  pour  i887,  publiée  sous  la  direction  dt" 
M.  Bourneville,  a  paru  vers  la  do  de  Tannée  dernière.  Ce  nou- 
veau volume  a  été  accueilli  avec^la  même  faveur  que  ses  aines 
car  il  remplit  bien  son  but  qui  est  de  résumer  les  progrb 
accomplis  pendant  Tannée  dans  les  sciences  médicales,  c  Les 
lumières  grandissantes  des  doctrines  microbiennes  >  jellent 
chaque  jour  des  clartés  nouvelles  sur  Tétiologie  des  maladies 
infectieuses,  et  les  recherches  faites  sous  l'influence  de  ces 
doctrines  ont  été  des  plus  fructueuses  cette  année.  On  trouve 
dans  ce  volume  le  résumé  des  études  récentes  sur  le  bacille  do 
la  lièvre  typhoïde,  de  la  diarrhée  des  enfants,  sur  la  transfni:>si- 
bilité  infectieuse  du  tétanos,  sur  le  microbe  pathogène  de  h 
fièvTe  jaune,  etc.;  il  n'est  pas  sans  utilité  de  trouver  réunis,  eu 
quelques  pages  écrites  avec  clarté,  tous  ces  importants  ira- 
vaux.  On  y  trouve  aussi  l'analyse  oes  leçons  de  M.  le  profes- 
seur Charcot  sur  Taphasie,  les  amyotrophies,  Thysléric  cIh'z 
Thomme,  etc.  Nous  aurions  bien  des  chapitres  inléressanls  à 
signaler  encore,  tels  que  le  suhstauliel  article  Sur  Jes  progrès 
de  ToplUlialmologic,  mais  nous  ne  pouvons  noros  jélendre  davan- 
tage sur  ce  livre  qui  (jar  su  nature  même  échappe  à  Tnimlvsr, 
et  qui  sera  lu  avec  fruit  par  tous  ceux  qui  suivent  avec  intcnl 
le  développement  des  connaissances  médicales.  ^ 

En.  W. 


V.\KIÉTÉS 

i.ES  coNcouns  d'acrécation. 

Lorsque  parut,  il  y  a  deux  ans,  la  décision  qui  inodiiiail 
le  statut  de  l'agrégation,  nous  avons  longuement  exposé  !»'> 
motifs  qui  nous  faisaient  craindre  que  les  réformes  annon- 
cées ne  fussent  point  de  nature  à  rendre  meilleur  le  recru- 
tement des  professeurs  de  nos  Facultés.  Les  impressions qu  a 
laissées  le  concours  d'agrégation  de  médecine  et  les  inci- 
dents qui  marquent  le  début  du  concours  iTagrégalion  ne 
chirurgie  semblent  prouver  que  nos  craintes  étaient  mal- 
heureusement justifiées. 

Personne  n'ignore  plus  aujourd'hui  que  des  dissentiment^ 
profonds  entre  les  membres  du  jury  d'agrégation  de  médc- 


13  Mars  iS89 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  HÉDECmE  BT  DE  CHIRURGIE 


N'  Il  —    t83 


eine  ont  provoqué  des  discussions  assez  vives  et  vont  sans 
doute  motiver  de  divers  côtés  soit  des  rapports  officiels,  soit 
des  propositions  officieuses  destinées  à  faire  changer  une 
fois  encore  le  programme  de  ce  concours.  Nous  n'avons  pas 
àinsisterdès  à  présent  sur  ces  ({ucstions  qui  ne  seront  que 
trop  débattues  dans  un  prochain  avenir.  Mais  nous  devons 
dire  tout  notre  sentiment  au  sujet  de  la  mesure  que  vient  de 
prendre  le  juiT  d'agrégation  de  chirurgie  et  qui  a  déjà  donné 
lieu  non  seulement  à  des  protestations  mais  même  à  des 
lettres  ministérielles  presque  comminatoires.  Pour  bien 
faire  comprendre  la  pensée  qui  a  dicté  cette  mesure,  il  nous 
parait  utile  de  reproduire  encore  les  arguments  que  nous 
avons  tant  de  fois  déjàopposés  aux  dernières  réformes. 

Le  concours  d'agrégation,  disions-nous,  a  pour  but  de 
sassurerque  les  candidats  au  titre  de  professeur  sont  ins- 
Iruils,  aptes  à  renseignement  public  et  au  rôle  d'examina- 
tear  qu'ils  auront  à  remplir,  enfin  pourvus  de  litres  scien- 
tifiques démontrant  tout  à  la  fois  leur  intelligence  et  leur 
activité.  L'épreuve  de  trois  quarts  d'heure  après  trois  heures 
(/e  préparation  peut  servir  à  démontrer  que  les  candidats 
sâTent  bien  faire  une  leçon  publique,  elle  démontrera  de 
plus,  si  cette  leçon  est  pré{)arée  sans  le  secours  de  notes  ou 
de  livres,  qu'ils  sont  instruits  et  dès  lors  en  état  de  bien  faire 
passer  les  examens  qui  constitueront  une  bonne  partie  de 
leur  lâche  universitaire.  En  modifiant  cette  énreuve  et 
en  posant  en  principe  que  c  le  candidat  pourra  s  aider  des 
ouvrages  désignés  par  le  jury  »,  le  Conseil  supérieur  de 
rinslracUon  publique  est  allé  à  rencontre  du  sentiment 

fresque  unanime  des  professeurs  de  nos  Facultés. 
eux-ci,  lorsqu'ils  ont  eu  à  réglementer  le  concours 
d'agré^tion  de  médecine,  ont  habilement  tourné  la  diffl- 
culte,  lis  ont  choisi  le  tex»**  '*e  la  plupart  des  questions 
tirées  au  sort,  de  telle  façon  que  celles-ci  ne  pussent  se 
trouver  traitées  in  extenso  dans  aucun  des  ouvrages  de  mé- 
decine mis  à  la  disposition  d^s  candidats.  Et  cependant,  il 
a  été  reconnu  que,  jadis  tr^<«  ^v*illantes,  ces  leçons  avaient 
été  moins  bonnes  celte  *?  -'^e  que  dans  les  concours 
précédents. 

Le  jury  du  concours  de  chirurgie  a  été  plus  radical. 
Désireux  de  faire  traiter  par  les  candidats  des  sujets  pra- 
tiques, développés  dans  la  plupart  des  ouvrages  de  chi- 
rurgie, il  s'est  dit  qu'un  chirurgien  qui  ne  saurait,  sans  le 
secours  de  livres,  parler  sur  les  fistules  pyo-stercorales,  les 
blessures  de  la  vessie  ou  les  pseudarthroses,  ne  serait  point 
digne  du  titre  d'agrégé,  et  il  n'a  voulu,  dès  lors,  mettre  à  la 
disposition  des  candidats  que  des  ouvrages  leur  permettant 
de  retrouver  rapidement,  soit,  à  propos  d'une  tumeur,  un 
d;tail  de  structure  hislologique,  ou  bien,  à  propos  d'une 
rt'gion,  quelques  données  analomiques  précises. 

Nous  n'irons  point  jusqu'à  soutenir,  quelques-uns  des 
ouvrages  choisis  semblent  prouver  le  contraire,  que  le  jury 
n  ait  pas  voulu  affirmer  surtout  son  désir  de  protester  contre 
l6  règlement  qui  lui  était  imposé.  Mais  cette  (irotestation 
Çit  légale;  elle  ne  saurait,  quoi  qu'on  en  dise,  faire  annuler 
J6s  premières  épreuves  du  concours.  Elle  aura  peut-être 
pour  résultat  d'appelerl'attention  du  ministère  sur  la  néces- 
sité d^abroger  un  règlement  que  la  plupart  des  Facultés 
avaient  condamné  et  qui  leur  a  été  Imposé  par  le  Conseil 
supérieur  de  l'Instruction  publique.  Quant  aux  autres 
épreuves  du  concours  d'agrégation,  nous  aimons  à  espérer 
^l^  elles  seront  modifiées  à  leur  tour.  Ce  qui  vient  de  se 
passer  prouve  jusqu'à  l'évidence  qu'il  faut  aviser  rapide- 
ijsnl  à  une  réforme  plus  complète  de  tous  ces  concours. 
j'ous  aurons  prochainement  l'occasion  de  discuter  plus 
'oûguement  cette  question,  qui  intéresse  à  un  si  haut  degré 
^<>"  seulement  l'avenir  de  notre  enseignement  supérieur, 
J^ais  encore  la  réputation  de  loyauté  et  de  justice  qui  ne 
devrait  jamais  manquer  à  nos  concours. 


NÉCnOLOGlE  :   CHARLES   MARTINS. 

Charles  Martins,  qui  vient  de  mourir  à  Paris,  après  avoir 
été  l'une  des  gloires  de  l'Ecole  de  Montpellier,  était  un  de 
ces  hommes  éminenls  dont  la  vaste  intelligence  sait  com- 
prendre l'utilité  de  connaissances  encyclopédiques,  et  qui 
deviennent  de  plus  en  plus  rares  aujourd'hui  au'une  spé- 
cialisation hâtive  et  exagérée  détourne  les  médecins  des 
études  de  philosophie  médicale  et  de  médecine  compara- 
tive. Ses  travaux  scientifiques,  ses  voyages,  son  talent  de 
professeur  et  d'écrivain  lui  avaient  créé  une  situation  excep- 
tionnelle. Il  recevait  à  Montpellier,  dans  cet  admirable  Jar- 
din des  plantes,  qu'il  avait  presque  créé,  l'élite  des  savants 
européens,  avec  lesquels  il  était  en  relations  suivies.  Tous 
ceux  qui  l'y  ont  connu  gardent  à  sa  mémoire  le  plus  respec- 
tueux souvenir. 

Charles-Frédéric  Martins  est  né  à  Paris  le  6  février  1806. 
Successivement  interne  à  Bicêlre,  à  la  Pitié  et  à  Saint- 
Louis,  premier  prix  de  l'Ecole  pratique  en  1833  et  docteur 
en  médecine  en  1834,  il  ne  tarda  point  à  s'adonner  plus 
spécialement  aux  études  d'histoire  naturelle.  Reçu  agrégé 
en '1839,  il  suppléa  Achille  Richard  à  la  Faculté  de  méde- 
cine et  Constant  Prévôt  à  la  Sorbonne.  Quelques  années 
plus  tard  (1851)  s'ouvrait  un  concours  pour  la  place  de  pro- 
fesseur d'histoire  naturelle  à  la  Faculté  de  médecine  de 
Montpellier.  Martins  y  fut  reçu  et  se  préoccupa  dès  lors  de 
faire  profiter  ses  élèves,  dont  plusieurs  devinrent  des  maî- 
tres incontestés,  des  connaissances  étendues  qu'il  acquérait 
par  ses  recherches  personnelles,  ses  voyages  d'exploration, 
ses  travaux  de  laboratoire.  Les  relations  de  ses  voyages  au 
Spitzberg  et  eu  Laponie,  de  son  ascension  scientifique  au 
Mont-Blanc  avec  Bravais  (1844),  de  ses  excursions  dans  les 
Alpes  et  les  Pyrénées,  en  Asie  Mineure  et  en  Algérie,  sont 
justement  célèbres.  Il  serait  difficile  de  mentionner,  même 
par  leurs  titres,  tous  les  mémoires  insérés  par  Chartes  Mar- 
tins dans  les  Annales  des  sciences  naturelles,  les  Annales 
de  physique  et  de  chimie^  les  Bulletins  des  Sociétés  géolo- 
gique, botanique  et  météorologique,  V Annuaire  météoro- 
logique, fondé  par  lui  en  1849,  avec  Ilaegens  et  Bérigny, 
les  Mémoires  de  V Académie  des  sciences  de  Montpellier, 
la  Bibliothèque  universelle  de  Genève,  la  Revue  des  Deux 
Mondes',  etc.  Nous  ne  citerons  donc  ici  que  ses  principaux 
ouvrages;  mais  nous  devons  une  mention  toute  spéciale  à 
l'Introduction  qu'il  rédigea  en  tête  des  Œuvres  philoso- 
phiques de  Lamarck,  et  aux  différents  articles  dans  lesquels 
il  étudia  avec  tant  de  sagacité  la  doctrine  de  Darwin. 

Charles  Martins  était  correspondant  de  l'Institut  (Acadé- 
mie des  sciences)  depuis  1803;  associé  national  de  l'Acadé- 
mie de  médecine,  membre  de  la  Société  géologi(juc  de 
Londres,  officier  de  la  Légion  d'honneur,  etc.  Voici  ses 
principales  publications  : 

Sur  les  principes  de  laméthode  naturelle  appliquée  à  la  clas- 
sification des  maladies  de  la  peau  (Thèse  de  i^iris,  1834)  ;  (JEit- 
vres  d'histoire  naturelle  {\H*dl)  traduites  de  Gœthe  ;  Causes 
générales  des  syphilides  (1838)  ;  Du  microscope  et  de  son  ap- 
plication à  Vétude  des  êtres  organisés  (lî^39);  Essai  sur  la 
topographie  du  Mont  Ventoux  (1838)  ;  Observations  sur  les 
Glaciers  du  Spitzberg  comparés  à  ceux  de  la  Suisse  (1840)  ; 
Voyage  botanique  en  Norvège  (18H)  ;  Délimitation  des  régions 
végétales  sur  les  montagnes  du  continent  européen  (1811)  ; 
De  la  vitesse  du  son  entre  deux  statians  également  ou  inéga- 
lement élevées  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  avec  Bravais 
(i8i5);  Le  Jardin  des  plantes  de  Montpellier  (185i);  Sur  la 
température  des  oiseaux  palmipèdes  du  nord  de  l'Europe 
(1856);  Nouvelle  comparaison  des  membres  pelviens  et  thora- 
ciques  déduites  de  la  torsion  de  l  humérus  (1857)  ;  Du  Spitz- 
berg au  Sahara {\H6b)  ]  Aignes-Mortes,son  passé,  son  présenty 
son  avenir  (1875)  ;  ïiilroduction  du  Conrs  complet  de  Météoro- 
logie de  Kaemlz  (1843);  Deux  éditions  annotées  des  Eléments 
de  botanique  de  A.  Richard,  etc.,  etc. 

—  Nous  avons  aussi  le  regret  d'annoncer  la  mort  de  M»  le 


184    —  N*  11 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRDRGIE 


15  Mars  1889 


docteur  Marsoo,  médecin  consultant  à  Salies*de-Bearn  et  de 
MM.  les  docteurs  Desclaux  (de  Tonneins),  Serré  (de  Bapaume), 
Larmoyer  (de  Gharleville),  Sauzè  (de  la  Mothe-Saint-Héraye). 


GO^rCOURS  D*AGRÊGATION  DB  CHIRURGIE  ET  D'ACCOUCHEMENTS.  — 

La  première  épreuve  de  ce  concours,  épreuve  orale  de  trois 
Quarts  d'heure  après  trois  heures  de  préparation,  a  commencé  le 
8  mars  1889;  elle  se  continuera  tous  les  jours  dans  Tordre 
suivant,  les  samedis  et  les  dimanches  exceptes  : 

Chirurgie.  —  Vendredi  8  :  MM.  Marchand,  Bazy,  Broca.  — 
Lundi  11:  MM.  Carpentier,  Gastex,  Nélaton.  —  Mardi  12: 
MM.  Poliosson,  Goppens,  Villar.  —  Mercredi  13:  MM.  Watther, 
Yallas,  Genevey-Montaz.  —  Jeudi  14  :  BIM.  Glado,  Février, 
Gourtin.  —  Vendredi  15:  MM.  Barelte,  Gangolphe,  Rochet.  — 
Lundi  18:  MM.  Tufaer,  Ricard,  Picqué.  —  Mardi  19:  MM.  Rou- 
tier. Verchère,  Phocas.  —  Mercredi  20:  MM.  Hartmann,  Ménard, 
Rochard.  —  Jeudi  21  :  MM.  Michaux,  Estor. 

Accouchements.  —  Vendredi  22  :  MM.  lissier,  Bonnaire, 
Rivière.  —  Lundi  25:  MM.  Auvard,  Chambrelent,  Turgard.  — 
BIardi26:  BiM.  Bureau,  Doissard,  Bar. 

MM.  Beurnier,  Doléris,  Lepage,  Olivier,  Planchard  et  Potocki 
se  sont  retirés  du  concours. 

Les  questions  données  jusqu'à  ce  jour  sont:  1^  fistules  pyo- 
stercorales;  2'  plaies- de  la  vessie:  3"  du  retard  et  de  l'absence 
de  la  formation  du  cal. 

HÔPITAUX  DE  Paris.  —  Les  candidats  du  concours  qui  doit 
s'ouvrir  le  25  de  ce  mois  pour  la  nomination  à  deux  places  de 
chirurgien  des  hôpitaux  de  Paris, sont:  MM.  les  docteurs  Barelte, 
Rournier,  Broca,  Laslex,  Glado,  Goudray,  Garnier,  Guinard,  Halle, 
Hartmann,  JuUien,  Lejars,  Ménard,  Ozenne,  Petit- Vendol, 
Phocas,  Poirier,  Remy,  Ricard,   Rochard,  Verchère  et  Walther. 

Le  iury,  tiré  au  sort  hier  matin,  se  compose  provisoirement 
de  MM.  Blum,  Desormeaux,  Kirmisson,  Alarchand,  Panas,  Péan 
et  Jaccoud. 

GONGOURS  POUR  L'ADMISSION  DE  MÉDECINS  ET  CHIRURGIENS- 
ADJOINTS  A  Saint-Lazare.  —  Ge  concours  s*est  ouvert  le  12  mars. 
Sont  admis  à  concourir  : 

1"  Pour  les  places  de  médecins:  MM.  Barthélémy,  Brivois, 
Buret,  Brette,  Feulard,  Gillet,  Lannelongue,  de  Molcnes-Mahon, 
Reuss  et  M"«  Edwards. 

2^  Pour  les  places  de  chirurgiens  :  MM.  Baudier,  Fournel, 
Gundelach,  Jullien,  Ozenne,  Verchère  et  Wickam. 

Le  jury  médical  est  composé  de  MM.  Balzer,  fiudin,  Fournier, 
Hallopeau,  Lancereauz,  Le  Pileur  et  Quinouaud. 

Le  jury  chirurgical  est  composé  de  MM.  Ghéron,  Horteloup, 
Humbert,  Lannelongue,  Pinard,  Terrillon  et  Vidal. 

Faculté  de  médecine  de  Lyon.  —  M.  Lortet,  professeur  d'his- 
toire naturelle,  est  maintenu,  pour  trois  ans,  en  qualité  de 
doyen  de  ladite  Faculté. 

Faculté  de  médecine  de  Lille.  —  Par  décret,  en  date  du 

8  mars  1889,  M.  Lambling,  agrégé,  est  nommé  professeur  ai 
chimie  organique. 

Êcoi.B  DE  médecine  d'Amirns.  —  M.  Kayser  (Marie-Louis- 
Nupoléon)  est  nommé  chef  de  clinique  obstétricale  et  gyné- 
cologie.   

GORPS  DE  SANTÉ  DE  LA  MARINE.  —  Par  décret,  en  date  du 

9  mars  1889,  ont  été  promus  : 

Au  grade  de  médecin  principal:  M.  Gauvin. 
Au  grade  de  médecin  de  V  classe  :    MM.  David,  Aubry, 
Mestayer,  Torel,  Legrand  et  Gauthier. 


SociiâTÉ  MÉDICALE  DRS  HÔPITAUX  (séance  du  vendredi  22  mars). 

—  Ordre  du  jour  :  }].  de  Reurmann  :  Un  cas  de  mort  par 
tétanie  dans  le  cours  d'une  dilatation  de  rrslomac— M.  Huchard  : 
Sur  un  nouveau  syndrome  des  maladies  du  cœur:  Tembryocardie. 

—  Discuss'on  sur  la  transmission  des  maladies  infectieuses  dans 
les  hôpitaux  (M.  Richard).  —  M.  Debove:  Présentation  d'instru- 
ment. —  M.  Fernet:  Sur  une  petite  épidémie  d'entérite  choléri- 
forme. 


Souscription  Duchenne  (de  Boulogne). 


MM.  Paul  Richer 

Variot 

Balzer 

Hippolyte  Martin. 

Hamy 

Babinski . 


Septième  liste. 


20  fr. 

25 

20 

20 

50 

25 


Raymond 25 

Dejérine 20 

Dumontpallier 20 

Daslre 10 

Jules  Voisin 25 

Richelot 20 

Routier 10 

Mathias-Duval 20 

Laboulbène 20 

Maygrier 20 

Gadet  de  Gassicourt 20 

Gilles  de  la  Tourctte 10 

Bouchard 20 

Blondeau 20 

Hérard 20 

Huchard 10 


Total 

Montant  des  listes  précédentes. 

Total  général.. 


i50  fr.  > 

2887       3i 

3337  fr.  31 


A  cette  liste,  nous  sommes  heureux  de  pouvoir  ajouter,  en  h 
signalant  tout  spécialement  comme  un  touchant  hommage  rcndi 
à  Ta  mémoire  de  Duchenne  (de  Boulogne),  la  souscription  de 
internes  des  hôpitaux  de  Lyon,  adressée  à  M.  le  professcai 
Gharcot  par  M.  Eug.  Loison,  doyen  des  internes  des  hôpitaux  d< 
Lyon. 

Voici  les  noms  des  souscripteurs  qui  ont  adressé  une  somme 
de  70  francs. 

MM.  Adenol,  Audry,  Berthet,  Bonnet,  Bret,  Brosse t, 
Ghabatier,  Chaintre,  Gourmont,  Guilleret, 
Dolard,  Dor,  Duchesoeau ,  Durnerin, 
Fayard,  Lacroix,  Loison,  Michon,  Mollard, 
Orcel,  Péchadre,  Pic,  Proby,  Rossigneux, 
Sigaud,  Tellier,  Tournier,  internes  des 
hôpitaux. 

MM.Bouchet,    Ferroud,    Levrat,    Ollicr,    Sales, 

Stourrae,  internes  suppléants 70  fr.  » 


Total  général..    3iU7  Ir.  3i 


Mortalité  a  Paris  (9"  semaine,  du  2i  février  au  2  mr* 
1889.  —  Population  :  2260945  habiUnts).  —  Fièvre  typhoïde,  16 

—  Variole,  6.  —  Rougeole,  31.  —  Scarlatine,  7.  —  Coque 
luche,  2.  —  Diphthérie,  croup,  37.  —  Gholéra,  0.  —  Phthisif 
pulmonaire,  18*.  —  Autres  tuberculoses,  25.  —  Tumeurs; 
cancéreuses,  41  ;  autres,  8.  —  Méningite,  34.  —  Congés- 
tion  et  hémorrhagies  cérébrales,  54.  —  Paralysie,  II.  - 
Ramollissement  cérébral,  8.  —  Malad  ies  or^niques  du  cœur,  50, 

—  Bronchite  aigué,  35.  —  Bronchite  chronique,  55.  —  Droncho- 
pneumonie,  34.  —  Pneumonie,  58.  —  Gastro-entérite:  sein,  10; 
biberon,  45.—  Autres  diarrhées,  4.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales,  5.  —  Autres  affections  puerpérales,  4.  —  Débilité  con^ 
génitale,  23.  —  Sénilité,  34.  —  Suicides,  13.  —  Autres  mortt 
violentes,  6.  —  Autres  causes  de  mort,  173.  —  Causci 
inconnues,  11.  —  Total  :  1 027. 


OUVRAGES  DÉPOSÉS  AU  BUREAU  DU  JOURNAL 

Alm^'iaeh^annuaire  des  médecitu  et  pharmaeieni  de  France  pour  IsSlt  l  ^^ 

de  750  fMigca  in-8«  jcsiis.  Parii,  Alcan-Lévy.  J 

Brochd  :  Pari*,  o  fr.  ;  doparlcmcnts.  2  fr.  W 

Cartonne  :  Var'».  è  fr.  50  ;  dcparlciiic  iK.  3  fr*] 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 


1851)3.  —  MoTTBROï.  —  Imprimeries  réuiiioi,4,  rao  MifoeOi  8,  P«r»«- 


15  Mars  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         —  N»  H  —    185 


SUPPLÉMENT  THÉRAPEUTIQUE 


DE    LA 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE   ET  DE  CHIRURGIE 


CHIMIE  ET  PHARMACOLOGIE 

hem  alvAloIdca  de  l'halle  de  foie  de  monie. 

MM.  Â.  Gautier  et  Moargues  viennent  de  reprendre 
Tétude  chimique  de  Thuile  de  foie  de  morue.  A  la  suite 
de  divers  essais  de  préparation,  ils  sont  arrivés  à  en  retirer 
six  alcaloïdes  (leucomalnes).  Leur  travail,  communiqué  à 
l'Âcadéoiie  des  sciences,  a  plus  particulièrement  porté  sur 
l'huile  brune  ou  fauve,  c'est-à-dire  sur  Thuile  que  Ton 
reconnaît  généralement  comme  la  plus  active. 

Le  procédé  de  préparation  consiste  à  épuiser  Thuile  de 
(oie  de  morue  par  soit  volume  d'alcool  à  33  degrés,  conte- 
nant 4  grammes  d'acide  oxalique  par  litre.  Les  liquides 
d'extraction  sont  presque  saturés  par  de  la  chaux,  filtrés  et 
disiillés  à  45  degrés  dans  le  vide.  On  les  met  à  digérer  sur 
du  carbonate  de  chaux,  puis  on  les  évapore  à  sec  dans  le 
ride  :  le  résidu  est  repris  par  de  l'alcool  à  90, degrés,  dis* 
tillé  dans  le  vide,  repris  par  de  l'eau,  sursaturé  de  potasse 
el  finalement  repris  par  de  Téther.  Il  se  charge  des  alca- 
loïdes qu'on  précipite  par  l'acide  oxalique  en  solution 
éthérée.  On  obtient  ainsi  un  mélange  de  0,350  à  0,500  d'al- 
caloïdes secs  par  kilogramme  d'huile  de  foie  de  morue. 

Le  mélange  des  bases  soumis  à  la  distillation  fractionnée 
se  sépare  en  deux  parties  : 

1*  Bases  volatiles  (butylamine,  amylamine,  hexylamine, 
dihydrolutidine)  ; 

2*  Bases  fixes  (aselline,  morrhuine),  accompagnées  d  un 
acide  répondant  à  la  formule  G^H^^AzO^,  l'acide  guadinique, 
à  la  fois  acide  et  base. 

Les  trois  premières  de  ces  bases  sont  déjà  connues,  les 
antres  sont  nouvelles.  L'hydrolutidine  appartient  à  la  famille 
des  bases  hydropiridiques. 

C'est  un  liquide  incolore,  un  peu  huileux,  très  caustique, 
d'une  odeur  vive,  peu  soluble  dans  l'eau,  bouillant  à 
1^9  degrés,  ses  sels  sont  amers.  Son  chlorhydrate  cristallise 
ainsi  que  le  sulfate. 

La  dihydrolutidine  est  modérément  vénéneuse.  A  faible 
dose,  elle  diminue  la  sensibilité  générale.  Dans  un  prochain 


travail,  les  auteurs  se  proposent  de  faire  connaître  l'aselline 
et  la  morrhuine. 

L'huile  de  foie  de  morue  doit-elle  une  partie  de  son 
action  aux  alcaloïdes  ci-dessus?  La  question  resté  pen- 
dante. 

Déjà  en  1885,  M.  Ghapoteaut,  supposant  que  l'huile  de 
morue  devait  son  action  à  des  principes  particuliers,  a  pro-* 
posé  sous  le  nom  demorrhuoi,  le  produit  obtenu  en  épuisant 
l'huile  de  foie  de  morue  par  de  l'alcool  et  en  distillant 
le  liquide  alcoolique  :  il  obtenait  ainsi  une  substance  ren- 
fermant les  principes  actifs  de  l'huile  (le  morrhuoi)  et 
douée  de  propriétés  thérapeutiques  remarquables  {BuU. 
thér.y  1885). 

Ce  remède  est  bien  toléré  et  absorbé  et  son  action  anli  - 
dénutritive  le  rapproche  de  l'action  médicatrice  de  l'huile 
de  foie  de  morue  (Germain  Sée,  Du  régime  alimentaire). 

A  la  dose  de  2  à  4  capsules  chez  les  enfants  ;  de  8  à 
10  chez  les  adultes,  le  morrhuoi  augmente  l'appétit,  fait 
disparaître  les  troubles  digestifs.  Ghez  les  tuberculeux  au 
premier  degré,  elle  calme  la  toux,  ranime  Tappétit,  aug- 
mente les  forces. 

Il  serait  intéressant  de  rechercher  dans  ce  produit  les 
alcaloïdes  de  MM.  Gautier  et  Mourgues. 


F.  W. 


(Extrait  de  la  Tribune  médicale.) 


186    —  N<»  11  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


15  Mars  1889 


THÉRAPEUTIQUE 

lia  Digitale. 

La  séance  du  22  janvier  de  TAcadémie  de  médecine  a 
été  animée  par  une  discussion  que  M.  Germain  Sée  a  sou- 
levée au  sujet  de  l'emploi  médicinal  du  strophantus  et  de 
la  strophanline.  La  doctrine  que  le  savant  professeur  a  sou- 
tenue, très  scientifique  et  très  séduisante,  invoque  une 
opinion  d'un  de  nos  plus  illustres  expérimentateurs  ;  et  il 
Ta  résumée  dans  une  phrase  très  bien  frappée  :  «  Ce  sera, 
dit-il,  l'honneur  de  la  médecine  moderne  et  de  la  chimie 
biologique  de  substituer,  selon  la  grande  idée  de  Cl.  Ber- 
nard, partout  et  toujours,  aux  plantes  sauvages  et  aux 
médicaments  empiriques  en  général,  les  principes  chimi- 
ques rigoureusement  déterminés.  >  Si  cette  phrase  est 
l'expression  d'un  vœu,  c'est  parfait;  mais,  si  elle  a  la  pré- 
tention d'offrir  une  doctrine  actuelle  et  absolue,  elle 
renferme  deux  mots,  «  partout  et  toujours  »,  qui  sont  de 
trop. 

11  est  très  vrai,  nous  nous  empressons  de  le  reconnaître, 
que  la  tendance  à  laquelle  la  phrase  de  M.  Germain  Sée 
applaudit  avec  tant  de  raison,  existe,  et  que  nous  devons 
réunir  nos  efforts  pour  lui  faire  la  voie  de  plus  en  plus 
large.  Mais  la  science  n'est  pas  encore  allée  jusque-là  que 
toutes  les  plantes  qui  jouent  un  rôle  dans  la  matière  médi- 
cale aient  répondu  aux  investigations  de  la  chimie  ;  et  il  s'en 
faut  de  beaucoup,  malgré  l'affirmation  très  respectable  de 
M.  le  professeur  Germain  Sée,  que  les  alcaloïdes  retirés  d'une 
plante  soient  toujours  supérieurs,  comme  agents  thérapeu- 
tiques, à  la  plante  elle-même  avec  la  réunion  de  tous  ses 
principes.  Souvent  même,  on  le  sait,  les  effets  produits  par 
les  alcaloïdes  offrent,  avec  les  résultats  obtenus  par  l'emploi 
de  la  plante  mère,  une  différence  telle,  qu'on  ne  saurait 
hésiter  à  recourir  à  cette  dernière. 

Prenons  pour  exemple  la  digitale,  notre  diurétique  le 
plus  sûr,  l'agent  le  plus  efficace  de  la  médication  anti- 
pyrétique, dont  les  propriétés  ont  été  confirmées  par  trente 
années  d'expérimentation.  Si  Ton  pose  cette  question  : 
Doit-on  préférer,  dans  la  pratique  médicale,  les  alcaloïdes 
delà  digitale  à  la  plante  mère?  un  de  nos  thérapeutistes 
les  plus  compétents,  M.  le  docteur  Dujardin-Beaumelz,  va 
nous  répondre  :  c  Dans  l'état  actuel  de  la  science,  vu  la 
complexité  chimique  de  ces  composés  et  leur  action  physio- 
logique  variable,  il  vaut  mieux,  en  attendant,  conseiller 
l'usage  de  la  plante  mère.  » 

La  réponse  est  catégorique.  Pourtant,  les  alcaloïdes  de 
la  digitale  ont  été,  sinon  trouvés,  du  moins  cherchés  et 
étudiés  avec  le  plus  grand  soin  par  de  savants  chimistes 
et  médecins.  Mais  la  digitaline  soluble  dans  l'eau  et  l'alcool, 
la  digitaline  amorphe  et  insoluble,  et  la  digitaline  cristal- 
lisée, ne  sont,  d'après  Schmiedeberg,  que  des  mélanges  de 
principes  préexistant  dans  la  plante  ou  des  corps  de  décom- 
position ;  il  ne  reconnaît  comme  principes  chimiques  purs 
que  les  quatre  corps  suivants  :  la  digitonine,  la  digitaline, 
la  digitaléine  et  la  digitoxine,  dont  les  trois  premiers  au- 
raient, d'après  Hoppe,  des  propriétés  qui  les  rapprocheraient 
de  la  plante  mère,  et  dont  le  quatrième,  de  six  à  dix  fois 
plus  actif,  n'est  pas  d'un  emploi  sans  danger.  Il  résulte  de 
là  que  la  plante  mère  se  trouve  logiquement  et  nécessaire- 
ment attachée  à  la  pratique  médicale  dans  un  rang  incon- 


testablement supérieur  à  celui  des  agents  tirés  de  son  sein, 
jusqu'au  moment  où  la  science,  isolant  ceux-ci  nettement, 
pourra  différencier  chimiquement  les  propriétés  diverses 
dont  la  plante  jouit  et  qui,  aujourd'hui,  peuvent  être 
considérées  comme  concourant  à  l'effet  principal  pour 
lequel  elle  a  été  surtout  étudiée,  à  savoir  les  effets  sur  le 
cœur. 

Or  ces  considérations  ont  une  grande  importance.  En 
effet,  l'agent  thérapeutique  adopté,  c'est-à-dire  la  plante 
mère,  est  un  corps  très  composé,  dont  les  éléments  ont 
des  propriétés  chimiques  et  physiologiques  diverses;  et  il 
importe  de  choisir  le  mode  de  préparation  qui  doit  donner 
de  la  manière  la  plus  certaine  tout  l'ensemble  de  ces  élé- 
ments réunis  et  combinés.  Labélonye,  dont  le  mode  de 
préparation  a  été  adopté  dans  la  dertiière  édition  du 
Codex,  se  plaçant  précisément  à  ce  point  de  vue,  a  repoussé 
la  méthode  de  l'infusion  aqueuse  prolongée,  qu'on  mil 
considérée  comme  donnant  le  meilleur  produit  pour  l'usage 
médical,  et  il  a  démontré  que  la  plante  doit  être  traitée 
par  l'alcool  hydraté  à  22  degrés,  qui,  dissolvant  l'huile 
volatile,  la  résine  et  les  principes  amers,  fournit  un  extrait 
hydro-alcoolique,  qui,  préparé  dans  le  vide,  présente  asso- 
ciées toutes  les  propriétés  de  la  plante. 

Le  rapport  lu  à  l'Académie  de  médecine  le  23  janvier 
1872,  par  M.  Buignet,  a  mis  hors  de  contestation  que  la 
solution  hydro-alcoolique  de  digitale  doit  être  la  base  des 
préparations  digitaliques;  et  c'est  d'après  ce  principe  quei 
Labélonye  a  créé  le  sirop  de  digitale,  dont  les  effets 
consunts  démontrent  qu'il  possède  réellement  toutes 
les  propriétés  de  la  digitale,  produisant  chez  les  hydro- 
piques et  les  cardiaques  des  effets  franchement  diurétiques, 
se  montrant  éminemment  utile  dans  plusieurs  affections 
des  voies  respiratoires,  asthme,  coqueluche,  hydropisie  de 
poitrine,  etc.,  déterminant  le  ralentissement  du  pouls,  cal- 
mant les  palpitations  en  rendant  les  battements  du  cœur 
plus  fermes  et  plus  réguliers,  etc.;  en  un  mot,  donnant 
tous  les  résultats  propres  à  la  digitale  elle-même. 

Pour  appuyer  ce  que  nous  venons  de  dire  sur  la  préfé- 
rence à  donner  à  la  plante  mère,  dans  l'application  médi- 
cale de  la  digitale,  citons  ici  le  passage  suivant  que  nous 
lisons  dans  le  Dictionnaire  de  M.  Dujardin-Beaumelz: 
(  Dans  les  maladies  du  cœur  s'accompagnant  d'une  exsu- 
dation aqueuse  abondante,  suite  de  la  stase  du  sang  dans 
le  système  veineux,  la  digitale  fait  disparaître  cette  sUse 
et  aide  à  la  résorption  des  exsudats  séreux  en  régulari- 
sant les  fonctions  du  cœur  et  la  distribution  du  sang  »,  ce 
qui  révèle  évidemment  une  action  aussi  complète  que  pro- 
fonde. 


(Extrait  de  l'Union  médicale.) 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 


18596. 


—  MoTTBROZ.  —  Imprimerie»  réunies,  A,  nie  Mignon,  %  P»n5. 


TRgNTK-SlXIÉlfR  ANMÊB 


NM9 


n  Mars  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LK  D'  L.  UREBOÏÏIXET,  RiDACTKUR  in  chkf 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  B.  OIEULAFBT,  DBETFUS-BRISAC,  FBABCOIS.FBARCI.  A.  NEROCOUE,  A.J.  ■ABTIH,  A.  PETIT,  P.  BECLUS 

Adresser  tout  ee  qui  eoneeroe  U  ridMtUm  A  M.  Lkiiboullet,  ii,  rue  de  Lille  (ayant  le  mardi  de  préférence) 


S<)M1IAIR8.  —  Bulletin.  Académie  de  mcileciae  :  La  prophylaxie  de  la  rage. 
-CURIQUI  MÉDICALB.  Des  pleurésie*  mélapneurooniques.  ~  GoNTRiBUTlONfl 
MVRMACCUTIQUBS.  Sur  la  conservalion  des  solutions  pour  injections  hypo<ier- 
oiqucs.  —  Ri  vus  DBS  cours  et  dis  cliniques.  Hospice  de  la  Salpétrièro  : 
M. le  professeur  Clmrcot.  —  Travaux  originaux.  Anatomie  :  Sur  l'emploi  des 
ftto.<ilimes  pour  U  consenration  des  cadavres.  •—  Hygiène  infantile  :  Du  pesage 
a^thodtquc  dea  nourrissons.—  SociiTéfl  savantes.  Académie  de  médecine.  — 
Société  de  chirurgie.  —  Société  do  biologie.  —  Société  de  thérapeutique.  — 
RivDi  DIS  journaux.  Chirurgie.  —  Travaux  à  consulter.  —  Bibliographie. 
Pictioanairo  de  Ihcrapculiquc.  —  De  la  mensuration  des  os  longs  des  membres. 
-  Variétés.  Inauguration  de  l'Écoto  du  service  do  santé  militaire  de  Lyon." 


BULLETIN 

Paris,  20  mars  1889. 
Xvaiémie  de  médecine  :  L«  prophylaxie  ée  la  raige. 

Encore  une  fois  rAcadémie  vient  d'appeler  TaUention 
des  pouvoirs  publics  sur  la  nécessité  d'exécuter  les  près- 
friptionsde  la  loi  à'i'égard  des  chiens  enragés  ou  suspects 
de  rage.  Cette  nouvelle  manifestation  du  sentiment  unanime 
des  corps  savants  et  des  conseils  autorisés  a-t-elle  plus  de 
chance  d'être  favorablement  accueillie  que  celles  qui  l'ont 
précédée  en  si  grand  nombre?  Il  est  à  craindre  que  non. 
Car,  cette  année,  la  grande  préoccupation  administrative  en 
France  est  celle  du  renouvellement  électoral  de  la  Chambre 
des  députés  et  bien  audacieux,  bien  imprudent  serait  le 
parti  politique  qui  oserait  assumer  la  responsabilité  de 
telles  mesures.  C*est  là,  il  faut  bien  le  reconnaître,  le 
motif  impérieux,  sinon  le  plus  excusable,  qui  fera  que  dans 
un  an,  sur  de  nouvelles  et  éloquentes  communications  de 
MM.Dujardin-Beaumelz  et  Nocard,  l'Académie  pourra  com- 
me aujourd'hui,  affîrmer  d'une  part  que  la  loi  du  21  juillet 
iH81  peut,  pourvu  qu'on  l'applique,  diminuer  la  propor- 
tion si  considérable  des  cas  de  rage,  et  exprimer  le  vœu, 
d'autre  part,  qu'elle  soit  régulièrement  et  rigoureusement 
exécutée.  H  nous  souvient  que,  l'année  dernière,  dans  une 
des  grandes  villes  de  France,  l'un  des  maires  qui  ont  rendu 
le  plus  de  services  à  leur  cité  et  qui  ont  le  plus  manifeste- 
ment accru  la  vie  moyenne  de  leurs  concitoyens  par  des 
mesures  d'hygiène  habilement  prises,  ne  réussit  qu'à  grand' 
peine  à  être  réélu,  parce  qu'il  avait  obligé  ses  administrés 
à  tenir  leurs  chiens  en  laisse  et  muselés;  nombre  de  ses 
électeurs  avaient  même  trouvé  spirituel  de  remplacer  son 
nom  sur  les  bulletins  de  vote  par  celui  d' c  Azor  >  !  N'a-t-on 
pas  vu  réceroment  un  préfet  de  police  chansonné  sur  les 
lliéàtres  et  dans  tous  les  carrefours  sous  le  pseudonyme  de 
*  Canicide  >  pour  avoir,  en  faisant  exécuter  la  loi  pendant 
^ix  semaines  seulement,  abaissé  considérablement  le  chiffre 
«•  StaiE,  T.  wn. 


des  cas  de  rage,  à  telle  enseigne  que  l'Institut  Pasteur  avait 
vu  sa  clientèle  habituelle  presque  aussitôt  diminuée.  Tout 
cela  est  connu  ;  personne  n'ignore  que  de  telles  mesures 
ont  supprimé  la  rage  dans  plusieurs  pays  étrangers  et  Ton 
n'en  persiste  pas  moins  à  s'efforcer  de  cacher  les  chiens 
enragés  ou  suspects,  à  ne  les  abattre  qu'au  dernier  moment 
et  à  se  refuser  à  prendre  les  précautions  les  plus  indispen- 
sables. Faut-il  attendre  que  l'éducation  publique  soit  faite 
ou  vaut-il  mieux  avoir  le  courage  de  braver  les  récrimina- 
tions? Le  choix  n'est  pas  douteux;  mais  nous  ne  savons 
s'il  ne  conviendrait  pas  aussi  de  faire  largement  usage  de 
l'article  du  Code  qui  permet  de  demander  réparation  du 
préjudice  causé,  lorsqu'un  chien  enragé  a  causé  la  mort  ou 
des  blessures,  par  suite  de  négligence  dans  l'application  de  la 
loi  ou  même  par  absence  complète  d'exécution  de  celle-ci. 
Ces  réflexions  que  nous  suggèrent  les  communications  de 
MM.  Dujardin-Beaumetz  et  Nocard  nous  paraissent  d'au- 
tant plus  plausibles  que  les  résultats  obtenus  par  les 
inoculations  pastoriennes  se  confirment  de  plus  en  plus. 
La  statistique  présentée  par  H.  Dujardin-Beaumetz  pour  le 
département  de  la  Seine  ne  laisse  plus  aucun  doute  à  cet 
égard:  les  années  se  suivent  et  la  mortalité  chez  les  person- 
nes traitées  à  l'Institut  Pasteur  continue  à  ne  pas  dépasser 
1,  â  pour  100,  tandis  qu'elle  est  de  14  à  16  pour  100  lorsque 
ce  traitement  n'a  pu  être  appliqué.  On  n'en  peut  que  déplo- 
rer davantage  l'incroyable  indifférence  du  public  et  de 
l'administration  à  l'égard  des  mesures  préventives  que  la  loi 
a  si  sagement  édictées.  Aussi  resterait-il  à  savoir  comment 
on  pourrait  parvenir  à  pratiquer  la  vaccination  préalable  des 
chiens  eux-mêmes  et  c'est  la  réflexion  que  plus  d'un  mem- 
bre de  l'Académie  n'a  pas  manqué  de  faire,  tout  en  s'asso- 
ciant  au  vœu  qui  lui  était  soumis.  La  question  d'argent  est 
ici  sans  importance,  puisque  cette  mesure  ne  pourrait 
qu'augmenter  faiblement  la  taxe  déjà  établie  et  qu'elle  serait 
facilétnent  soldée  par  le  budget  municipal  pour  les  chiens 
appartenant  à  des  malheureux  et  pour  les  chiens  dits  de 
garde,  dont  les  propriétaires  sont  exemptés  de  tout  impôt. 


CLINIQUE  MEDICALE 

Dca  plenréalea  métapBeamoaiqiicsf. 

I 

Dans  la  pneumonie  franche,  la  plèvre  est  le  plus  souvent 
touchée  par  le  processus  inflammatoire;  nul  ne  l'ignore. 
Hais  parmi  les  diverses  modalités  de  la  pleurite  d'origine 

is 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


iî  Mars  1889 


pneumonique,  deux  seulement  jusque  dans  ces  dernières 
années  avaient  attiré  Tattention.  L'une,  caractérisée  par  la 
production  de  fausses  membranes  fines  à  la  surface  du 
poumon  hépatisé,  sans  exsudation  liquide  notable,  n'offre 
qu'unintérêtanatomique;  l'autre,  s'affîrmant  par  la  formation 
d'un  épanchement  plus  ou  moins  abondant  qui  évolue  pari 
passu  avec  l'affection  pulmonaire,  donne  lieu  à  la  sympto- 
matologie  classique  de  la  pleuro-pneumonie.  Dans  les  deux 
cas,  la  lésion  pleurale  reste  au  second  plan  et  ne  présente 
qu'une  importance  secondaire  au  point  de  vue  du  pronostic 
et  même  de  la  thérapeutique. 

Dans  le  même  ordre  d'idées,  on  pourrait  signaler  un  fait 
peu  connu,  ce  semble;  c'est  que  souvent,  aa  début  de  la 
pneumonie,  il  se  produit  dans  la  plèvre  une  exsudation  puru- 
lente très  peu  abondante,  dont  l'examen  physique  permet 
de  soupçonner  et  la  ponction  exploratrice  d'affirmer 
l'existence.  C'est  d'ailleurs  un  phénomène  sans  grande 
signification  clinique;  car, d'une  part,  il  s'observe  aussi  bien 
dans  les  formes  bénignes  que  dans  les  formes  graves  de  la 
pneumonie,  plus  souvent  peut-être  dans  les  formes  franche- 
ment inflammatoires,  et,  d'auire  part,  il  disparaît  au  bout 
d'un  ou  deux  jours. 

Bien  plus  importants  à  tous  égards,  mais  beaucoup  moins 
connus  du  grand  public  médical  sont  les  cas  où  la  pleurésie 
domine  à  un  moment  donné  la  scène  morbide,  qu'elle  ait 
débuté  à  une  période  avancée  de  la  pneumonie  pour  conti- 
nuer son  évolution  après  la  crise  pneumonique  ou  que, 
constituant  en  quelque  sorte  une  rechute,  elle  n'ait  apparu 
qu'après  la  défervescence  de  la  maladie  primitivç.  C'est  à 
ces  diverses  formes  de  pleurésie  qu'on  a  donné  la  dénomi- 
nation de  métapneumoniques,  dénomination  que,  d'ailleurs, 
il  ne  faudrait  pas  prendre  au  sens  strictement  étymologique. 
Signalées  en  premier  lieu  par  Woillez,  puis  étudiées  par 
divers  auteurs,  notamment  en  Allemagne,  elles  viennent  de 
fournir  matière  aux  recherches  de  Troisier  et  de  Netter. 
Les  mémoires  de  nos  collègues  ont  été  communiqués  à  la 
Société  médicale  des  hôpitaux  dans  la  même  séance 
(23  janvier).  Coïncidence  heureuse,  car  la  question  a  été 
ainsi  étudiée  à  deux  points  de  vue  différents,  puisque  l'un 
de  ces  travaux  concerne  les  pleurésies  séro-fibrineuses  et 
l'autre  les  pleurésies  purulentes. 

II 

La  note  de  Troisier  ayant  été  publiée  ici  même  in  extensOy 
nous  ne  reviendrions  pas  sur  les  idées  qui. y  sont  émises, 
n'étaient  certaines  réflexions  qu'elle  nous  suggère. 

Dans  la  pleurésie  métapneumonique,  il  y  a,  dit  Troisier, 
succession  de  deux  actes  morbides,  le  premier  pulmonaire, 
le  second  pleural.  Rien  n'est  plus  vrai;  mais  on  pourrait 
généraliser  cette  idée,  car  il  n'y  a  pas  de  pleurésie  primitive, 
et  toute  lésion  pleurale  d'origine  non  traumatique  suppose 
une  atteinte  préalable  du  poumon,  sous  forme  de  phlegœa- 
sie  ou  de  congestion.  Que  de  fois  par  exemple  à  l'hypérémie 
pulmonaire  se  superpose  un  épanchement  pleural.  C'est 
ainsi  notamment  qu'évolue  la  pleurésie  a  frigore  que 
certains  auteurs  cherchent  si  malencontreusement  à  rayer 
du  cadre  nosologique  et  qui,  pour  nous,  est  toujours  consé- 
cutive à  une  congestion  pulmonaire,  d'abondance  variable, 
souvent  assez  peu  accusée  pour  passer  inaperçue  à  un  exa- 
men superficiel. 

Dans  ces  cas,  inflammation  ou  congestion  pulmonaire 
d'un  côté,  pleurésie  de  l'autre,  reconnaissent  une  même 
cause  morbide,  coup    de  froid,  infections  diverses,  etc. 


D'autres  fois  c'est  par  contiguïté  de  tissu  que  la  lésion  se 
propage  du  viscère  à  la  séreuse  qui  la  tapisse. 

D'autre  part,  la  pathogénie  de  certains  épanchetnenis 
post-pneumoniques  est  passible  d'une  interprétation  que 
Rendu  a  signalée  à  la  Société  médicale  des  hôpitaux,  en 
invoquant  l'autorité  de  notre  maître  commun  Gubler.  Nous 
avons,  en  effet,  appris  de  Gubler  et  nous  avons  maintes  fois 
montré  à  nos  élèves  que,  dans  les  phlegmasies,  la  crise 
s'affirme  très  souvent  par  une  poussée  œdémateuse  dans 
les  régions  voisines  du  territoire  phlogosé  :  tel  l'œdèrae 
révélateur  de  la  collection  de  pus  dans  un  phlegmon,  telle 
la  fluxion  dentaire  au  moment  où  a  lieu  la  détente  dans 
l'inflammation  périostique.  Pour  en  revenir  à  la  pneumonie 
franche,  la  crise  s'accompagne  d'habitude  d'une  poussée  œdé- 
mateuse, soit  dans  les  parties  de  poumon  voisines  du  foyer 
pneumonique,  soit  dans  la  cavité  pleurale.  Rien  n*est  plus 
fréquent  que  ces  épanchements  critiques,  d'aspect  très 
variable,  suivant  le  nombre  de  leucocytes  qu'ils  renferment. 
D'ordinaire  très  peu  abondants,  ils  demandent  à  être  recher-j 
chés;  souvent,  à  défaut  de  caractères  cliniques  biennels, 
ils  ne  peuvent  être  reconnus  que  par  la  ponction  exploran 
trice.  Et  encore  celle-ci  doit-elle  être  faite  au  moment! 
opportun,  car  cet  œdème  pleural  n'a  qu'une  durée  éphé- 
mère, pour  disparaître  sans  laisser  de  traces. 

A  ces  deux  variétés  d'épanchemenis  métapneumoniques, 
exsudais  séro-tibrineux  inflammatoires,  œdèmes  critiques,  il 
faut  en  ajouter  une  troisième,  la  plus  intéressante  au  point 
de  vue  clinique,  celle  des  empyèmes,  étudiée  par  Netler 
dans  son  remarquable  mémoire  que  nous  allons  rapidement 
analyser. 

III 

Woillez  qui,  comme  nous  l'avons  dit",  a  le  premier  étudié] 
les  pleurésies  métapneumoniques,  insistait  sur  la  tendance 
à  la  suppuration  et  la  haute  gravité  de  ces  c  pneumo-pleu- 
résies  ».  Sur  le  premier  point,  Woillez  a  cause  gagnée,  car, 
de  l'avis  de  tous,  l'épanchement  présente  le  plus  souvent  le 
caractère  purulent.  Hais  en  ce  qui  concerne  le  pronostic  de 
Tempyème  métapneumonique,  l'opinion  du  médecin  français 
a  été  infirmée  par  tous  les  auteurs  qui,  après  lui,  se  sont 
occupés  de  cette  question. 

L'empyème  métapneumonique  peut  se  produire  soit  au 
cours,  soit,  plus  fréquemment,  dans  la  période  de  conva- 
lescence de  la  pneumonie.  Dans  le  premier  cas,  la  compli- 
cation pleurale  influence  la  crise  pneumonique  qui  se  fait 
lentement  par  iysis  et  la  défervescence  est  bientôt  inter- 
rompue par  des  réascensions  thermiques  tributaires  de  la 
pleurésie.  Dans  le  second  cas,  c'est  le  retour  de  la  fièvre 
qui  annonce  l'entrée  en  scène  de  l'affection  pleurale. 

Celle-ci  affecte  d'habitude  une  allure  insidieuse,  sans 
phénomènes  hectiques  bien  accusés,  malgré  la  purulence  de 
l'épanchement  dès  le  début;  elle  est  tantôt  généralisée, 
tantôt  limitée  à  une  partie  de  la  plèvre,  au  sommet,  entre 
les  lobes,  souvent  nettement  enkystée. 

L'épanchement  constitué,  l'affection  conserve  son  carac- 
tère insidieux,  avec  réaction  générale  faible;  parfois  le  pus 
se  résorbe  peu  à  peu;  plus  souvent  il  se  produit  une  fistule 
pleuro-bronchique  qui  lui  donne  issue.  L'apparition  de 
vomiques  est,  en  fait,  beaucoup  plus  commune  dans  celte 
variété  d'empyème  que  dans  les  auti^s,  puisqu'on  V^ 
signalée  dans  le  quart  des  cas  environ.  Que  la  vomique  soit 
ou  non  suivie  de  pneumo-thorax  circonscrit,  il  peut  arriver 
que  la  sécrétion  pleurale  se  tarisse  progressivement,  sans 


îi  Mars  4889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N'  12  —    187 


opéralion.  D*autre  part^  on  a  vu  la  guérison  survenir  à  la 
suite  d'une  ou  de  plusieurs  ponctions;  néanmoins,  dans  la 
majorité  des  cas,  il  a  fallu  recourir  à  une  intervention  plus 
radicale. 

La  thoracotomie  antiseptique  et  la  costotomie  ont 
d'ailleurs  donné  d'excellents  résultats  dans  rempyème 
mélapneumouique,  ainsi  que  cela  découle  de  la  statistique 
deNetter,  qui  porte  sur  160  opérations  faites  par  six  chi- 
rorgiens  pour  diverses  variétés  d'empyëme.  Sur  43  empyèmes 
métapneumoniques,  il  n*y  eut  qu'une  mort,  tandis  que  sur 
117  pleurésies  purulentes  non  consécutives  à  une  pneumonie, 
la  terminaison  fut  fatale  dans  29  cas. 

On  conçoit  dès  lors  que,  contrairement  à  l'opinion  de 
Wuillez,  la  pleurésie  mëtapneumonique  ait  un  pronostic 
relativement  favorable;  et,  en  effet,  sur  316  observations, 
Nelter  ne  relève  que  49  décès,  dont  un  tiers  au  moins 
incombait,  non  à  la  pleurésie  elle-même,  mais  à  l'infection 
paeumonique,  ou  à  des  complications,  telles  qu'une  péri- 
eardite. 

Résultats  d'autant  plus  intéressants  qu'ils  viennent  à 
Teoeontre  d'une  conception  patliogénique  qui,  à  priori, 
pourrait  paraître  très  vraisemblable.  On  serait  en  droit  de 
supposer  que  la  pleurésie  purulente  frappe  de  préférence 
les  pneumoniques  surmenés,  débilités,  affaiblis  par  Tàge 
ou  la  misère;  la  bénignité  relative  de  l'affection  plaide  déjà 
contre  cette  interprétation  qu'infirment  avec  plus  de  net- 
teté encore  les  données  étiologiques.  Elles  nous  apprennent 
en  effet  que  Tempyème  métapneumonique  est  rare  chez 
le  vieillard,  plus  fréquent  dans  l'âge  adulte,  plus  commun 
encore  dans  l'enfance.  Les  286  observations  réunies  par 
Netter  se  décomposent  de  la  manière  suivante  :  93  cas  avant 
dix  ans,  62  de  dix  à  vingt  ans,  66  de  vingt  à  trente  ans, 
%  de  trente  à  quarante  ans,  23  de  quarante  à  cinquante 
ans,  6  seulement  au-dessus  de  cinquante  ans. 

D'un  autre  côté,  la  statistique  prouve  que  Tempyème 
métapneumonique  apparaît  par  séries  au  cours  de  certaines 
épidémies  étendues  et  graves  de  pneumonie.  Ainsi  dans  la 
thèse  de  Robert  (Paris,  1881)  est  relatée  l'bistoire  de  sept 
malades,  tous  frappés  en  janvier  et  février  1880,  à  une 
époque  où  la  mortalité  pneumonique  à  Paris  s'éleva  au 
double  du  chiffre  moyen. 

On  voit  qu'à  tous  égards,  étiologie,  séméiologie,  pronostic, 
sans  parler  de  certaines  particularités  anatomiques  de 
moindre  importance,  la  pleurésie  métapneumonique  se 
dislingue  nettement  des  autres  variétés  d'empyèmes,  diffé- 
rences dont  l'examen  bactériologique  donne  aux  yeux  de 
Netler  l'explication.  En  effet,  après  une  série  d'auteurs  tels 
que  Friedlander,  Talamoo^  Gornil  et  Babës,  Fraenkel,ila 
constaté  dans  cinq  cas  que  l'exsudat  purulent  renfermait 
une  seule  espèce  de  micro-organismes,  le  pneumocoque  de 
Fraenkel.  Si  donc  la  pleurésie  métapneuiiionique  diffère 
des  autres  empyèmes,  c'est  qu'elle  n'est  pas  due  aux 
microbes  habituels  de  la  suppuration,  qu'elle  est  d'origine 
pneuraococcique  ;  si  elle  est  relativement  bénigne,  c'est  que 
l'activité  pathogène  de  ce  microbe  s'éteint  rapidement; 
enfin,  si  elle  a  parfois  une  terminaison  fatale,  c'est  sans 
doute  qu'au  pneumocoque  se  sont  joints  dans  l'exsudat  les 
organismes  pyogènes  vulgaires. 

De  ces  vues  incontestablement  séduisantes  et  qu'on  peut 
provisoirement  adopter,  quoiqu'elles  ne  s'étayent  que  sur 
"»  petit  nombre  de  faits  bien  étudies,  Nelter  conclut  que 
l'exameu  bactériologique  complet  (cultures  comprises) 
fournit  des  indications  précieuses  au  point  de  vue  du  pro- 


nostic et  de  la  thérapeutique.  Du  pronostic,  car  lorsque  dans 
un  exsudât  purulent  on  ne.  trouve  pas  d'autre  micro-orga- 
nisme que  le  pneumocoque,  on  doit  espérer  une  issue 
favorable  de  la  maladie  ;  de  la  thérapeutique  aussi,  car  dans 
ces  cas  de  simple^  ponctions  suffisent  souvent  et  la  pieu  • 
rotomie  est  rarement  indiquée. 

Il  faut,  croyons-nous,  une  foi  bien  robuste  dans  les 
données  fournies  par  la  bactériologie  pour  se  rallier  à  ces 
conclusions.  Comme  le  dit  fort  bien  Comby,  dans  le 
Bulletin  du  Progrès  médical  consacré  à  cette  question 
(26  janvier  1889),  il  ne  manque  pas  de  faits  qui  prouvent 
que  la  présence  du  pneumocoque  dans  un  épanchement 
pleurétique  n'est  pas  aussi  rassurante  que  l'affirme  Nelter. 
Que  dans  les  pleurésies  circonscrites  où  la  guérison  spon- 
tanée par  résorption  du  pus  ou  par  vomique  est  fréquente, 
on  temporise  surtout  lorsqu'on  a  quelque  raison  de 
soupçonner  l'existence  d'une  fistule  pleuro-bronchique,  rien 
de  plus  légitime.  Mais  que  dans  les  pleurésies  totales  ou  un 
retard  de  quelques  jours  peut  avoir  les  plus  fâcheuses  con- 
séquences, alors  qu'une  ponction  n'a  pas  produit  de  détente, 
on  attende  pour  donner  largement  issue  au  pus  que  l'en- 
quête  bactériologique  ait  été  faite,  et  même  qu'on  attache  à 
celle-ci  une  entière  confiance,  nous  ne  saurions  y  souscrire. 
Une  telle  abstention  nous  semble  d'autant  moins  justifiée 
que,  comme  nous  l'avons  vu,  l'intervention  radicale  donne 
dans  ces  cas  les  plus  brillants  résultats. 

L.  D.-B. 


CONTRIBUTIONS  PHARMACEUTIQUES 

Hur  la  coDservation  des  «olutlona  pour  Inlectlons 
hypodermlquea. 

Deux  inconvénients  assez  sérieux  peuvent  empêcher  le 
médecin  de  se  servir  des  solutions  qu'il  a  fait  préparer  pour 
injections  hypodermiques.  Le  flacon  conservé  pendant  queU 
ques  semaines  dans  une  armoire  est  si  bien  bouché  à 
l'émeri  que  l'on  n'arrive  plus  à  l'ouvrir.  Quand,  après  maints 
efforts,  on  y  parvient,  la  solution  se  trouve  hors  d'état  de 
servir,  elle  est  envahie  par  de  nombreuses  colonies  de  micro- 
organismes. Comment  remédier  à  ces  inconvénients  ? 

Une  précaution  des  plus  simples,  lorsque  l'on  demande  à 
son  pharmacien  un  médicament  qui  doit  être  conservé  dans 
un  flacon  bouché  à  l'émeri,  permet  d'empêcher  le  bouchon 
d'adhérer  au  goulot  du  flacon.  Cette  précaution  consiste 
à  faire  enduire  le  bouchon  d'une  petite  quantité  de  paraffine 
que  l'on  renouvellera  au  besoin  de  temps  à  autre. 

Pour  éviter  la  rapide  décomposition  des  solutions,  il 
importe  de  se  servir  d'eau  chimiquement  pure,  filtrée  sur 
un  filtre  de  porcelaine  que  l'on  nettoiera  fréquemment  et  non 
sur  un  filtre  de  papier  qui  est  presque  toujours  impur.  Si 
l'on  n'a  pas  de  filtre  de  porcelaine,  il  conviendra  de  se 
servir  d'eau  distillée  bouillie  ou  d'eau  de  laurier-cerise.^ 

Pierre  Vigieu. 


188    -  N-  12  -        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


22  Mars  1889 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

HOSPICE   DE   LA  SALPÊTRIÈRE. — PROFESSEUR:    M.   CIIARCOT. 

Vertige  de  Ménière  chez  un  goutteux.  —  Un  ancien 
maréchal  ferrant  de  Tannée,  après  avoir  eu  des  accès  classi- 
ques de  goutte  au  lieu  d^élection,  après  avoir  été  atteint  de 
paralysie  faciale,  est  pris  brusquement  après  un  voyage  au 
chemin  de  fer  d'un  vertige  affreux  avec  sifflements  intenses 
dans  Toreille  et  tendance  à  tomber  à  gauche.  Le  vertige  dure 
trois  heures,  de  huit  heures  à  onze  heures  du  matin.  On  a 
emporté  chez  lui  le  malade,  toujours  nauséeux,  vertigineux 
et  entraîné  vers  la  gauche.  Pendant  quinze  jours  cet  homme 
est  en  proie  à  des  accès  de  vertige,  il  est  repris  de  sa  para- 
lysie faciale,  vraisemblablement  due  à  un  retour  d*otite. 
Cette  hémiplégie  faciale,  du  reste,  a  disparu  aujourd'hui. 

Dans  Tespèce,  les  exacerbations  vertigmeuses  constituent 
un  vertige  aigu  greffé  sur  un  état  vertigineux  chronique. 

M.  Charcot  fait  remarquer  chez  ce  sujet:  la  goutte,  deux 
paralysies  faciales,  dues  à  une  otite  vraisemblablement 
goutteuse,  une  démarche  bien  caractéristique  ayant  pour 
but  d'éviter  les  altitudes  capables  d'éveiller  le  vertige. 

A  propos  de  ce  malade,  le  professeur  dit  qu'il  ne  connaît 
pas  Véptlepsie  auriculaire,  mais  qu'il  connaît  le  vertige 
auriculaire  tel  qu'il  se  présente  chez  ce  malade;  un  des 
caractères  distinctifs  de  ce  vertige  c'est  l'absence  de  perte 
de  connaissance;  parfois  le  vertige  est  si  brusque  qu'on  peut 
tomber  et  se  blesser,  mais  la  conscience  n'est  jamais  perdue 
complètement  comme  dans  l'épllepsie. 

On  peut  donc  recoi^naître  trois  espèces  de  vertige  auri- 
culaire : 

l"*  Le  vertige  aigu;  2°  le  yertige  constant  ou  chronique; 
3**  le  vertige  mixte  ou  combinaison  des  deux  précédents. 

Le  traitement  consiste  essentiellement  en  sulfate  de  qui- 
nine de  75  centigrammes  à  1  gramme  par  jour,  etc. 

Le  vertige  aigu  disparaît  facilement;  il  n'en  est  pas  de 
même  du  vertige  chronique.  On  ne  doit  pas  se  laisser  décou- 
rager par  l'exacerbation  momentanée  des  symptômes. 

La  surdité  qui  suit  parfois  le  traitement  par  le  sulfate  de 
quinine  ou  le  salicylate  de  soude  est  liée,  comme  cela  a 
été  prouvé  par  les  expériences  sur  les  animaux,  à  des  inflam- 
mations hémorrhagiques  de  l'oreille. 

Maladie  de  Baseddw.  —  Le  malade  qui  fait  le  sujet  de 
la  leçon  d'aujourd'hui  est  un  homme  amaigri,  débilité,  qui, 
à  la  suite  de  chagrins,  s'est  mis  à  trembler;  il  s'agit  dans 
l'espèce  d'un  tremblement  menu  et  serré  qui  agite  avec  le 
même  rythme  tous  les  muscles  du  corps.  Ce  tremblement, 
bien  étudié  par  M.  Marie  dans  sa  thèse,  ressemble  un  peu 
à  celui  d'un  homme  qui  grelotte  de  froid. 

Le  malade  a  de  la  tachycardie,  il  a  de  120  à  130  pulsa- 
tions. Sa  température  est  de  37  à  38  degrés.  Il  a  de 
rexophthalmie,  mais  pas  de  goitre,  des  sueurs  abondantes 
(ressemblance  avec  la  tuberculose)  et  (autre  ressemblance 
avec  la  même  maladie),  une  diarrhée  abondante. 

Point  nouveau,  —  Le  malade  prétend  que  plusieurs  fois 
il  est  tombé  en  marchant,  sans  verliges  et  sans  perte  de 
connaissance;  il  s'est  passé  chez  lui  ce  qui  se  passe  parfois 
chez  les  tabétiques,  les  jambes  se  sont  dérobées  sous  le 
poids  du  corps  sans  qu'il  y  ait  eu  (comme  dans  le  tabès)  de 
douleur  fulgurante  accompagnant  la  chute. 

H.  Charcot  considère  ces  défaillances  comme  le  début 
(Tune  paralysie  spéciale  à  la  maladie  de  Basedow,  Les 
réflexes  sont  faibles,  la  paraplégie  est  esquissée  ;  il  s'agit 
dans  l'espèce  d'une  sorte  de  parésie  des  membres  inférieurs. 

M.  Charcot  montre  à  sa  leçon  une  femme  atteinte  de 
maladie  de  Basedow  et  s'attache  à  montrer  à  quel  point  il 
est  facile  (grâce  à  la  température  élevée,  aux  sueurs,  à  la 
toux?  aux  selles),  de  confondre  l'affection  avec  la  tubercu- 
lose. Dans  une  thèse  soutenue  à  Lyon  et  faite  sous  l'inspi- 


ration du  professeur  Renaud,  il  est  prouvé  que  l'élévation 
de  température  est  constante  dans  la  maladie  de  Basedow, 
mais  que  malgré  les  apparences,  la  tuberculose  n'arrive 
pas. 

La  seconde  malade,  comme  le  premier,  a  aussi  eu  à  diffé- 
rentes reprises  de  l'effondrement  des  membres  inférieurs. 

A  propos  d'une  jeune  fille  atteinte  en  môme  temps  de 
goitre  exophthalmique  et  d'hystérie,  le  professeur  fait 
remarquer  les  rapports  étroits  et  la  coïncidence  fréquente 
de  ces  deux  névroses. 

On  peut  en  somme  résumer  facilement  en  un  tableau  les 
symptômes  de  la  série  de  Basedow  : 

Premier  ordre.  —  Symptômes  cardinaux. 
Tachycardie  (asystolie),  goitre,  exophthalmie,  tremblement, 
Deuxièvib  ordrb.  —  Symptômes  secondaires. 

a.  Digestifs.  —  Vomissements,  diarrhées  spéciales,  boulimies, 

fringales,  ictère. 

b.  Respiratoires.  —  Toux,  respiration   fréquente,  symp*ônies 

d*angor  pectoris. 

c.  Moteurs.  —-  Paralysies,  signes  de  Graefe,  impossibilité  de  la 

convergence  (Môbius),  convulsions,  crises  épileptiformes. 

d.  Psychiques.  —  (Etat  mental  spécial). 

e.  Cutanés.   —    Urticaire,    pigmentation,     vitiligo,     sueurs, 

chaleurs,  diminution  de  la  résistance  électrique. 

f.  Urinaires.  —  Polyurie,  albuminurie,  glycosurie, 
ff.  Génitaux,  —  Impuissance,  troubles  menstruels. 

n.  Généraux.  —  Anémie  profonde,  cachexie,  œdème,  asystolie 
finale. 

(Leçon  du  ii  janvier  1889.) 

Mutisme  hystérique. — Les  caractères  de  celte  singulière 
manifestation  de  l'hystérie  sont  aujourd'hui  assez  tranches 
pour  que  la  confusion  avec  les  aphasies  organiques  soil 
difficile.  Quand  on  voit  un  malade  ne  pouvoir  profêrcr 
aucun  son  avec  son  larynx,  ni  même  parler  à  voix  basse, 
mais  écrire  rapidement  ce  qu'il  ne  peut  exprimer  avec  la 
parole,  on  doit  déjà  penser  à  l'hystérie. 

La  malade  présentée  au  cours  ne  peut  proférer  aucun 
bruit  laryngé,  elle  n'a  ni  cécité,  ni  surdité  verbale,  ni  agra- 
phic.  C'est  une  victime  de  l'hypnotisation  foraine  et  son 
histoire  fort  curieuse  du  reste  a  été  publiée  par  M.  Séglas 
dans  les  Annales  médico-psychiques  ae  janvier,  t.  IX. 

M.  Charcot  étudie  ensuite,  avec  examen  clinique  à  l'appui, 
la  neurasthénie  des  ouvriers,  il  montre  que  dans  un  cas  la 
neurasthénie  s'est  unie  d'une  façon  intime  à  l'hystérie.  La 
fréquence  de  la  neurasthénie  et  de  l'hystérie  s'affirme  tous 
les  jours  dans  la  classe  ouvrière.  Il  ne  s'agit  plus  ici  du 
surmenage  intellectuel.  Nous  n'avons  plus  affaire  à  des 
collégiens,  ni  à  des  négociants  de  Boston  ou  à  des  ingénieurs  j 
ou  des  polytechniciens,  ce  sont  des  ouvriers,  dont  l'un  voit 
son  fils  tomber  d'un  toit  et  se  briser  dans  la  cour  à  ses  pieds, 
dont  l'autre  est  tombé  à  l'eau  en  péchant  à  lépervier,elc.,  i 
et  qui  à  la  suite  de  ces  divers  accidents  tomoent  dans  le 
marasme,  ont  un  sommeil  peuplé  de  cauchemars  où  ils 
voient  des  animaux,  des  reptiles,  des  serpents,  ne  mangent 
plus,  ne  peuvent  plus  ni  travailler,  ni  fixer  leur  attention 
sur  rien  ;  enfin  sont  pris  de  ces  symptômes  objectifs  si  carac- 
téristiques :  l'amaigrissement ,  l'aspect  mélancolique 
auxquels  se  joignent  les  céphalées  spéciales,  les  douleurs 
sacrées,  les  frémissements  musculaires,  les  faiblesses  des 
membres  inférieurs,  tous  phénomènes  capables  de  faire 
croire  à  l'existence  d'une  maladie  organique.  (Leçon  du 
28  janvier  1889.) 

Crises  gastriques  du  tabes.  —  Malgré  les  nombreuses 
descriptions  données  de  cet  aspect  spécial  du  tabes,  il  est 
encore  un  grand  nombre  de  médecins  qui  ne  reconnaissent 
pas  la  crise  gastrique  nhand  elle  se  présente  à  l'état  isolé  ou 
au  début  de  la  malaaie.  M.  Charcot  rappelle  que  c'est  lui 
qui  a  dénommé  l'afleclion  :  crise  gastrique,  dans  le  Mouve- 
ment médical  de  187i. 


32  Mars  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N*  12  —    189 


Gull  en  1858  avait  reconnu  la  liaison  qui  unissait  les 
crises  gastriques  à  cerlaines  affections  spéciales  et  Duchenne 
(de  Boulogne),  lui,  niait  toute  connexion  entre  les  deux 
phénomènes. 

Le  professeur  rappelle  qu'on  peut  avoir  des  crises  gastri- 
ques dix  ans,  quinze  ans  avant  d'être  ataxigue,  que  dans 
ces  crises  on  a  pres(]ue  toujours  des  vomissements  alimen- 
taires, que  le  vomissement  marc  de  café  est  rare,  que  le 
vomissement  glaireux,  riche  en  acide  chlorhydrique,  est  la 
règle. 

Les  malades  sont  en  pareil  cas  dans  un  état  spécial, 
soporeux,  inertes,  froids,  les  traits  tirés  comme  dans  le 
choléra.  Tout  cela  cesse  comme  par  enchantement.  Il  y  a 
un  passage  brusque  d'une  douleur  épouvantable  à  un 
immense  bien-être;  le  malade  dont  l'estomac  ne  tolérait 
pas  une  cuillerée  d'eau  se  met  à  manger  avec  voracité  des 
mels  que  cet  estomac  digère  fort  bien.  La  périodicité  est  la 
régie  dans  le  retour  des  crises  gastriques.  Ces  crises  sont 
sccompagnées  de  crises  laryngées,  vésicales.  Parfois  le 
vomissement  a  lieu  sans  douleurs.  Quelquefois  il  n'y  a  pas 
de  vomissements. 

Tous  ces  symptômes  ont  leur  raison  d'être  dans  des 
lésions  du  nerf  vague,  du  pneumo-gastrique,  du  gloeeo- 
pharyngien. 

Leyden  a  prétendu  qu'il  a  observé  des  crises  en  tout 
semblables  aux  crises  gastriques  de  l'ataxie  chez  des  gens 
qai  ne  sont  jamais  devenus  tabétiques.  Cette  affirmation  laisse 
rêveur  quand  on  relève  dans  l'histoire  clinique  de  ces 
singuliers  gastralgîques,  des  paraplégies,  de  la  diplopie  et 
de  la  gêne  dans  les  mouvements,  des  douleurs  à  type 
fulgurant,  etc. 

On  sera  bien  aidé  dans  l'établissement  de  son  diagnostic 
par  la  concomitance  de  crises  ou  de  vertiges  laryngés  avec 
ou  sans  convulsions  épileptiformes  ou  apoplectiformes. 
(Leçon  du  49  février  1889.) 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Anatoiiile. 


Sur  l'emploi  des  fluosilicates  pour  la  conservation 
DES  CADAVRES,  par  M.  A.  Nicolas,  agrégé,  cbef  des 
travaux  anatomiques  à  la  Faculté  de  médecine  de  Nancy. 

L'injection  des  cadavres  destinés  soit  aux  dissections, 
soil  aux  exercices  de  médecine  opératoire,  présente  des 
avantages  qu'aucun  anatomiste  ne  songe  à  mettre  en  doute. 
Outre  que  l'emploi  des  solutions  conservatrices  permet,  à 
cerlaines  époques,  de  mettre  en  réserve  les  sujets  qui 
aulrement  ne  pourraient  être  utilisés  convenablement,  il  y 
a  tout  intérêt  à  livrer  aux  étudiants  des  pièces  qu'ils  peuvent 
disséquer  et  étudier  à  fond,  pour  ainsi  dire  à  loisir,  sans 
avoir  à  redouter  les  nombreux  inconvénients  de  la  putré- 
faction. Aussi  l'injection  des  cadavres  est-elle  pratiquée 
aujourd'hui  couramment  dans  la  plupart  des  amphithéâtres 
(le  dissection,  en  France  et  à  l'étranger. 

Les  mélanges  qui  ont  été  préconisés  sont  très  nombreux; 
inutile  de  les  énumérer.  Les  meilleurs  sont  incontestable- 
nient  :  la  glycérine  phénico-boriquée  ^Laskowsky),  la  gly- 
cérine boratée  (Beaunis-Bouchara),  la  liqueur  de  Le  Prieur, 
et  ce  sont  ceux-là  que  nous  employonsjournellement  depuis 
plusieurs  années  à  la  Faculté  de  médecine  de  Nancy.  Ces 
liquides  nous  ont  toujours  donné  d'excellents  résultats  ;  ils 
assurent  la  conservation  des  pièces  de  la  manière  la  plus 
satisfaisante;  leur  odeur,  si  ce  n'est  celle  de  la  liqueur  de 
Le  Prieur,  est  insignifiante  et  n'incommode  jamais.  Leurs 
seuls  inconvénients  sont  :  1*"  leur  préparation  qui,  quoique 
peu  compliquée,  exige  cependant  un  certain  matériel  et  un 
personnel  soigneux;  2*  surtout  leur  prix  relativement  très 


élevé.  J'ai  cherché  alors  s'il  n'existerait  pas  quelque  sub- 
stance moins  coûteuse  et  d'un  maniement  facile  qui  puisse 
remplir  les  conditions  exigées  pour  une  bonne  injection 
conservatrice,  et,  songeant  aux  propriétés  antiseptiques  des 
composés  du  fluor,  je  me  suis  arrêlé  aux  fluosilicates. 

Je  crois  que  personne  n'a  pensé  à  utiliser  ces  sels  pour 
la  conservation  des  cadavres  et  c'est  il  y  a  quelques  jours 
seulement  que  j'ai  eu  connaissance  des  essais  faits  par 
W.  Thompson,  Mayo-Robson  (cités  tous  deux  dans  le  n**  du 
15  janvier  1889  du  Journal  de  pharmacie  et  de  chimie), 
et  C.  Berens  {Annuaire  de  thérapeutique,  8  novembre  1 888) 
au  point  de  vue  de  l'antisepsie  chirurgicale.  Dès  la  fîn 
de  1887,  j'avais  commencé  des  expériences  qui,  quoique 
très  incomplètes,  m'avaient  cependant  donné  des  résultats 
fort  encourageants;  aussi  me  suis-je  décidé  à  les  reprendre 
cet  hiver.  Sans  être  en  mesure  de  me  prononcer  d'une 
façon  absolument  définitive  sur  la  valeur  de  ces  substances 
au  point  de  vue  spécial  qui  m'occupe,  et  sans  vouloir  don- 
ner une  formule,  j'ai  cru  cependant  utile  d'attirer  dès 
maintenant  sur  elles  Tattention  des  analomistes. 

J'ai  expérimenté  avec  les  fluosilicates  de  zinc(ZnFl*SiFl*), 
de  magnésie  (MgFl*SiFl*)  et  de  soude  (2NaFlSiFl*).  Les 
deux  premiers  sont  très  solubles  dans  l'eau  et  Ton  peut  en 
faire  rapidement,  à  froid,  des  solutions  de  30-40  pour  100; 
le  dernier  l'est  très  peu,  une  solution  à  chaud  de  0,5  pour  100 
est  saturée.  J'ai  injecté  alors  des  sujets  entiers  ou  des 
membres  isolés  :  1"*  soit  avec  des  solutions  aqueuses  dont 
la  concentration  variait  de  40  à  15  pour  100  pour  les  fluo- 
silicates deZn  et  de  Mg,  et  atteignait  0,5  pour  100  quand 
il  s'agissait  du  fluosilicate  de  Na;  ^  soit  avec  des  solutions 
aqueuses  glycérinées  dans  la  proportion  de  1/4  de  glycé- 
rine pour  3/4  d'eau  avec  10, 5  et  2  pour  100  de  fluosilicate  ; 
3^  soit  enfin  avec  des  solutions  aqueuses  de  chlorure  de 
calcium  ordinaire  (D  =  HOO)  renfermant  de  1  à  2  pour  100 
de  sel. 

Je  possède  des  pièces  injectées  depuis  plus  de  six  se- 
maines et  qui  sont  dans  un  état  de  conservation  excellent. 
Pratiquement  cette  durée  est  suffisante,  mais  rien  ne  me 
fait  prévoir  qu'elle  ne  puisse  être  infiniment  plus  longue. 
Quelques-unes  ont  été  disséquées  au  bout  d  un  mois  et 
voici  ce  que  j'ai  pu  observer. 

En  règle  générale  les  muscles  sont  un  peu  décolorés, 
comme  cela  arrive  d'ailleurs  avec  n'importe  lequel  des 
liquides  connus,  mais  ils  le  sont  beaucoup  moins  avec  les 
solutions  glycérinées  ou  chlorurées  qu'avec  les  solutions 
purement  aqueuses  (en  tous  cas,  au  moins  pour  les  exer- 
cices de  médecine  opératoire,  ou  pour  les  sujets  réservés 
aux  autopsies  médico-légales,  le  fait  n'a  qu'une  médiocre 
importance).  Les  nerfs  deviennent  durs  et  blanchissent;  les 
centres  nerveux  se  ratatinent  à  peine,  acquièrent  une  con- 
sistance assez  ferme  et  conservent  lesteintesblancheou  grise, 
qu'ils  ont  à  l'état  frais.  Le  sang  est  coagulé  dans  les  vais- 
seaux. D'autre  part,  la  pièce  n'exhale  aucune  odeur  et  le 
liquide  qui  l'imprègne  n  attaque  nullement  les  instruments  ; 
il  n'exerce  pas  non  plus  la  moindre  action  sur  les  mains  de 
celui  qui  dissèque  ;  mis  en  contact  avec  des  coupures  il  ne 
provoque  aucune  sensation  douloureuse. 

Les  avantages  qui  résulteraient  de  l'emploi  de  ces  sels 
pourraient  donc  se  résumer  ainsi  : 

1"  Une  conservation  des  pièces  largement  suffisante  à  tous 
les  points  de  vue  pour  les  besoins  ordinaires; 

2*  L'absence  aosolue  d'odeur  et  d'action  sur  tout  ce  qui 
peut  se  trouver  en  contact  avec  les  tissus  imprégnés  de  leur 
solution  ; 

3°  Leur  maniement  facile,  puisqu'il  suffit  de  les  garder 
dans  un  sac  de  grosse  toile(leur  inaltérabilité  étant  absolue) 
ou  un  baril,  et,  de  les  faire  fondre  au  moment  de  s'en  ser- 
vir, dans  de  l'eau  de  fontaine  ; 

4"  Leur  prix,  qui  est  très  modique.  Sans  vouloir  détailler 
ici  un  tarif  de  produits  chimiques,  je  me  contenterai  de 


190    ^  NM2  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


22  Habs  1889 


faire  observer  qu^actuellement  un  litre  de  glycérine  phénicb- 
boriquée  coûte  au  moins  2  francs,  ce  qui  fait  qu'une  injec- 
tion (à  raison  de  4  à  5  litres  par  cadavre  en  moyenne) 
revient  à  8  ou  10  francs.  Or  le  kilogramme  de  fluosilicate 
de  zinc,  par  exemple  (acheté  en  gros),  revient  au  plus  à 
3  francs.  Une  solution  purement  aqueuse  à  15  pour  100 
peut  suffire  dans  la  majorité  des  cas,  ce  qui  fait  un  total 
de  2  fr.  25  au  maximum  par  cadavre.  Je  crois  cependant, 
et  jusqu'à  plus  ample  informé,  qu'il  est  préférable  d'em- 
ployer de  l'eau  additionnée  de  glycérine  ou  de  chlorure  de 
calcium  (dont  le  prix  est  insignifiant)  surtout  dans  les 
cas  où  la  nièce,  dépouillée  de  la  peau,  doit  rester  très  long- 
temps à  l'air.  Dans  ce  cas  la  quantité  de  fluosilicate  peut 
être  de  10  pour  100  ou  même  moindre  encore.  Le  litre 
de  liquide  coûterait  alors  48  centimes  et  l'injection  totale 
2  fr.  40. 

Il  résulte  de  ce  qui  précède  que,  à  mon  avis,  l'emploi 
des  fluosilicates  pour  la  conservation  des  cadavres  pa- 
rait devoir  rendre  de  grands  services.  Je  ne  veux  pas 
encore  tirer  de  conclusions  d'expériences  dont  le  temps 
seul  pourra  consacrer  la  valeur.  Je  me  propose  de  les  conti- 
nuer activement,  en  les  variant  pour  pouvoir  arriver  à  une 
formule  convenable  et  je  ne  saurais  trop  engager  les  ana- 
tomistesà  tenter  quelques  recherches  dans  ce  sens. 


Wijgiéne  Infantile. 

Note  sur  le  pesage  méthodique  des  nourrissons, 
par  M.  le  docteur  A.  Coriveaud  (de  Blaye). 

Tous  les  médecins  oui  s'occupent  des  maladies  de  l'en- 
fance reconnaissent  1  utilité  des  pesées  méthodiques  des 
nourrissons.  Depuis  les  travaux  de  Natfaalis  Guillot,  de 
Bouchaud,  d'Odier,  de  Blache  et  d'H.  Blot,  qui  ont  vulga- 
risé les  données  de  cette  pratique,  on  connaît  les  bases  scien- 
tifiques sur  lesquelles  elle  repose.  On  sait  qu'un  «  enfant 
qui  prend  suffisamment  de  lait,  ainsi  que  le  ait  Tarnier(l), 
qui  digère  bien,  dont  les  garde-robes  sont  d'un  beau 
jaune  clair,  homogènes  et  sans  odeur,  de  la  consistance 
d'une  bouillie  épaisse  »,  s'accroît  rapidement,  et  très  régu- 
lièrement. Les  pesées  comparatives  ae  Bouchaud,  Bowditch, 
Albrecht,  Fleischmann,  Biedert^  bien  que  variant  un  peu 
dans  leurs  maxima,  nous  fournissent  une  base  d'apprécia- 
tion suffisamment  solide,  en  fixant  aux  environs  de  25  à 
30  grammes  le  coefficient  d'augmentation  quotidien  d'un 
enfant  depuis  la  première  semame  jusqu'à  la  fin  du  troi- 
sième mois.  L'habitude  peut  bien  nous  permettre,  au  moyen 
du  tact  et  de  la  vue,  de  nous  rendre  un  compte  à  peu  près 
exact  de  la  marche  de  cet  accroissement  normal,  mais 
outre  l'intérêt  de  curiosité  qui  peut  nous  pousser  à  préciser 
par  le  calcul  ces  perceptions  sensorielles,  il  est  telles  cir- 
constances où  la  pesée,  au  moyen  d'une  balance,  s'impose 
absolument.  Comment,  par  exemple,  affirmer  péremptoire- 
ment et  prouver  à  des  gens  intéressés  à  ne  pas  le  voir,  ce 
fait  ^u'un  enfant  dépérit  lentement  au  sein  d'une  nourrice  ? 
La  situation  devient  tout  particulièrement  délicate,  lorsque 
la  nourrice  est  la  mère  elle-même.  Quel  praticien  n'a  été 
le  témoin  de  l'un  de  ces  drames  intimes  où  la  vie  d'un 
pauvre  bébé  est  compromise  par  l'amour  trop  aveugle  d'une 
mère  illusionnée  sur  les  qualités  ou  la  Quantité  de  son  lait? 
Le  service  de  la  protection  des  enfants  au  premier  âge  pose, 
pour  ainsi  dire  journellement,  à  nos  collègues  les  méde- 
cins-inspecteurs, ce  problème  sous  une  forme  ou  sous  une 
autre.  Ici,  c'est  une  nourrice  trop  jeune  et  dont  la  sécrétion 
lactée  tarit  après  un  allaitement  heureux  de  trois  ou  quatre 
mois.  Là,  c'est  une  jeune  femme  qui  devient  enceinte  pen- 
dant sa  lactation.  Celle-ci  a  pris  un  nourrisson,  en  cachette, 
sans  certificat,  et  prétend  l'alimenter  d'un  lait  vieux  de 

(1)  Phi/siologie  et  hygiène  de  la  première  enfance,  p.  55. 


deux  ans  et  plus.  Celle-là  est  anémiaue,  scrofuleuse,  phthi- 
sique,  ou  bieu  elle  est  à  peine  convalescente  d'une  maladie 
grave;  cette  autre  a  subi  des  chagrins  prolongés,  etc.,  toutes 
causes  qui,  malgré  leur  diversité,  aboutissent  au  même 
résultat:  la  diminution  de  quantité  ou  l'altération  de  qua- 
lité du  lait.  Le  médecin-inspecteur  constate  le  fait,  mais 
comment  démontrer  à  ces  femmes  d'esprit  inculte,  et  chez 
lesc|uelles  la  rapacité  éteint  tout  sentiment,  qu'elles  sont  en 
train  de  commettre  un  homicide  par  omission  ?  Ceux  de  nos 
confrères  qui  ont  eu  à  intervenir  dans  ces  litiges  savent  à 

Îuelles  difficultés  on  se  heurte  et  quels  ennuis  on  se  crée, 
es  arguments  les  plus  démonstratifs,  les  objurgations  les 
plus  pressantes,  les  conseils  les  plus  doucement  insinués, 
ne  sauraient  faire  impression  en  pareille  occurence.  Il  faut 
fournir  une  preuve  irrécusable  ae  l'assertion  émise,  c  Ce 
nourrisson  est  maigre,  il  ne  profite  pas  »,  le  médecin 
l'affirme,  mais  la  nourrice  en  doute,  et  l'entourage  intéressé 
le  nie.  Les  parents  eux-mêmes,  chose  incroyable,  se 
rangent  très  souvent  du  côté  de  la  nourrice,  et  le  médecin 
parti,  conseillent  à  celle-ci,  si  elle  n'a  pas  assez  de  lait,  de 
faire  manger  l'enfant. 

Une  assez  longue  expérience  de  tous  ces  faits  m'avait  dès 
longtemps  convaincu  qu'une  série  de  pesées  bien  exécutées 
était  le  seul  argument  décisif  à  opposer  à  ces  dénégations. 
Chargé  depuis  quinze  ans  de  l'inspection  médicale  d'une  im- 

Fortante  circonscriplion,  j'ai  eu  à  maintes  et  maintes  reprises 
occasion  d'intervenir  dans  des  différenils  dont  la  solution  se 
juge  par  la  vie  d'un  nouveau-né,  et  toujours,  j'ai  réussi, 
sinon  à  convaincre  les  plus  récalcitrants,  du  moins  à  leur 
fermer  la  bouche,  en  pesant  devant  eux  un  nourrisson  que 
j'estimais  en  détresse  alimentaire.  Mais  je  m'étais  souvent 
trouvé  embarrassé  par  le  manque  d'un  instrument  commode 
et  toujours  à  portée  pour  effectuer  cette  pesée;  on  ne  trouve 
pas  dans  toutes  les  maisons  de  balances  à  plateau  et  il  n'est 
pas  toujours  possible  d'en  faire  apporter  une  d'un  magasin 
voisin.  D'autre  part,  l'examen  que  j'avais  fait  des  divers 
pèse-bébés  en  usage  m'avait  convaincu  qu'aucun  d'eux  ne 
répondait  à  tous  les  besoins  de  la  pratique.  Ceux  qui  sont 

[portatifs,  comme  lepeson  de  Blot,  ou  la  règle  de  Lesnier,ont 
e  grave  défaut  de  n'être  pas  suffisamment  justes.  Les 
autres,  comme  celui  de  Bouchut,  sont  d'un  maniement 
difficile,  coûtent  très  cher  et  nécessitent  une  installation 
spéciale.  Je  me  hasardai  alors  à  imaginer  un  modèle,  qui 
fût  en  même  temps  solide,  portatif,  très  juste,  et  maniable 
par  n'importe  quelle  main.  Grâce  à  l'ingéniosité  de  l'un  de 
nos  amis,  architecte  de  profession,  et  artiste  par  goût,  qui 


fixa  de  son  habile  crayon  l'idée  que  j'avais  conçue,  j'ai  fait 
construire  par  M.  Aubry,  la  petite  romaine  dont  le  dessin  re- 
produit ci-contre  peut  m'épargner  une  longue  description. 
C'est,  ainsi  qu'on  peut  le  voir,  une  romaine,  roaisune  romaine 
qu'il  faut  se  représenter  renversée,  puisque,  au  lieu  de  la 
suspendre,  on  la  fixe  au  moyen  d'un  écrou  sur  le  rebord 
d'une  table  ou  d'un  meuble  quelconque.  C'est  en  outre  une 
romaine  très  perfectionnée,  car  :  4*  elle  est  équilibrée  à  0, 


îi  Mars  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DK  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N»  12  —    191 


c*est-à-dire  qu'on  peut  peser  avec  elle  un  objet  de  n'importe 
qael  poids,  depuis  1  gramme;  S'^elle  est  sensible,  une  Fois 
chargée,  à  des  différences  de  1  à  2  grammes. 

La  pesée  s^effectue  avec  une  extrême  rapidité  et  une  grande 
précision,  grâce  au  jeu  de  deux  contrepoids,  dont  l'un,  qui 
indique  les  kilogrammes,  glisse  sur  le  bras  de  levier  infé- 
rieur, et  l'autre,  qui  marque  les  gram  mes,  progresse  au  moyen 
d'an  pas  de  vis  sur  le  levier  supérieur.  Rien  n'est  plus 
simple  que  de  lire  le  poids  de  l'enfant  lorsqu'on  sait  aue 
chaque  tour  de  la  virole  supérieure  correspond  à  une  diné- 
reacede  10  grammes,  les  kilogrammes  étant  inscrits  avec 
les  divisions  de  100,  50  et  25  grammes  sur  la  tige  supé- 
rieure. 

Les  nombreux  services  que  m'a  déjà  rendus  ce  petit 
instrument  et'  aussi  la  persuasion  où  je  suis  qu'il  pourrait 
en  rendre  de  semblables  entre  les  mains  de  tous  les  prati- 
ciens, dans  les  Maternités  et  dans  les  familles,  m'ont  fait 
sarmonter  le  sentiment  de  réserve  qu'on  éprouve  toujours  à 
préconiser  une  invention  qui  vous  est  personnelle.  Je  me 
iKirne  donc  toat  simplement  à  prier  mes  confrères  de  voir 
si  ce  pèse-bébés  leur  parait  répondre  aux  indications  les 
plus  urgentes,  si,  grâce  à  celte  nouvelle  balance,  ils  éprou- 
veront moins  d'ennuies  qu'avec  les  balances  à  plateau  dont 
ils  font  d'ordinaire  usage.  Je  crois  cette  romaine  juste,  d'un 
maniement  commode,  portative  et  très  sensible.  Le  croyant, 
je  n'éprouve  aucun  scrupule  à  le  dire.  L'expérience  prou- 
vera si  je  me  suis  trompé. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Académie  do  méde«liie« 

SÉANCK  DU  19  MARS  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  M.   MAURICE  PERRIN. 

V.  le  docteur  ledouble,  professeur  k  l'École  de  médecine  de  Tours,  se  porte 
candidat  au  titre  de  correspondant  national  dans  la  divisioa  do  chirurgie. 

M.  le  docteur  Leewel,  médecin^inajor  de  1**  classe  au  67*  de  ligne,  et  M.  le 
docteur  Bouuloup,  médecin  de  colonisation  à  Charon  (Algérie),  cnToient  dos 
rapports  sur  les  raeeinatioru  et  revaeeinatiom  qu'ils  ont  pratiquées  en  1888. 

M.  le  docteur  f^iuarf,  médecin-major  de  1'*  classe  au  87*  de  ligno,  adr<*sse 
ua  mémoire  manaacrit  sur  Yipidémiê  qui  a  régné  à  la  eaterne  Saint-HHaire 
en  1888-18%). 

M.  Brouûr^l  présente,  au  nom  de  M.  le  docteur  Coiombê,  le  compte  rendu  de 
la  première  année  de  foacUonnement  du  dUpemaire  de  LUieux. 

M.  Moutard-Martin  dépose  un  ouvrage  de  M.  le  docteur  Monin  fur  l'hygiène 
du  travail. 

M.  Rocl^ard  présente  un  mémoire  manuscrit  de  M.  le  docteur  Bertrand,  pro- 
re»seori  r École  de  médecine  navale  do  Toulon,  sur  la  prétenee  de  itaphylO" 
eoutti  albi  et  aurei  danê  le  pus  d'un  abcès  du  foie  d'origine  dysentérique. 

U.  F^r^ol  dépose:  f*  au  nom  do  M.  le  docteur  A.  Tardieu,  une  brochure  sur 
\^  traitement  de  Vasthme  au  Mont-Dore ;  %^  do  la  part  de  MM.  loi  docteurs 
lnnu,  Pinard  et  Jouffroy,  une  observation  à'atropMe  musculaire  des  quatre 
mnbru,  survenue  pendant  la  grossesse  et  consécutivement  à  des  vomissements 
iwoercibUs. 

M.  de  Viltiers  pi^sento  an  travail  de  M.  le  docteur  Bertherand  sur  Vhygiène  de 
HtnfaiMt  elgérienme. 

V.  Durond-Fardel  fait  hommage  d'un  mémoire  sur  le  traitement  thermal  de  la 
sravtlU  urique. 

M.  Vidal  dépose  une  tbfcse  soutenue  à  Lille  par  M.  le  docteur  Brunelle  sur  les 
aiénùpathies  syphilitiques  anormales, 

M.  Foumier  présente  ua  nécessaire  pour  la  réfrigération  par  le  chlorure  de 
vUthyU,  imaginé  par  MM.  Brasse  et  Ylasto. 

Éloge  de  Ch.  Robin.  —  M.  Sappey  donne  lecture  du 
discours  qu'il  a  prononcé  à  Tinauguration  du  monument 
élevé  à  la  mémoire  de  Ch,  Robin  par  ses  compatriotes,  à 
Bourg  (Ain). 

Morsure  de  la  vipère. — M,  le  docteur  Fr^ete^  (de  Royat), 
à  propos  de  onze  cas  de  morsure  de  vipère  (ju'il  a  eu  Toccasion 
(l'observer,  expose  les  dangers  de  cet  accident.  Pour  lui,  la 
morsure  de  la  vipère  est  en  France  une  cause  de  mort  plus 
fréquente  pour  l'nomme  qu'on  ne  le  croit  généralement;  elle 
esl  des  plus  dangereuses  pour  les  enfants.  La  gravité  de  la 
morsure  dépend  du  siège  ou  mieux  de  l'importance  des 


vaisseaux  atteints,  de  Tàge  du  blessé  et  de  la  quantité  de 
venin  infecté.  Quand  elle  n'est  pas  mortelle,  elle  peut 
causer  des  accidents  généraux  d'une  gravité  variable  et  com- 
promettre la  santé  pour  un  temps  plus  ou  moins  long.  Ce 
genre  d'accidents,  observé  principalement  au  printemps, 
frappe  plus  spécialement  les  gens  de  nos  campagnes  qui 
sont  mordus  souvent  pendant  leur  sommeil.  Le  traitement 
de  la  morsure  doit  être  immédiat  et  l'on  devrait  vulgariser 
les  premiers  soins  à  donner,  tels  que  la  succion»  la  ligature 
du  membre  blessé  et  la  cautérisation  avec  un  caustique 
énergique.  La  vipère  devrait  être  rangée  parmi  les  animaux 
les  plus  nuisibles  et  une  prime  devrait  être  instituée  par  les 
départements  ou  les  communes  pour  sa  destruction.  —  (Le 
mémoire  de  M.  Fredet  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Com- 
mission composée  de  MM.  Larrey^  Laboulbène  et  Le  Roy  de 
Méricourt.) 

Rage.  —  Dans  le  rapport  qu'il  a  présenté  au  Conseil 
d'hygiène  de  la  Seine  et  uont  il  donne  lecture  à  l'Académie, 
M.  Oujardin-Beaumetz  constate  qu'il  y  a  eu  en  1888,  dans 
le  département  de  la  Seine,  19  décès  dûs  à  la  rage.  Ces  décès 
ont  été  causés  4  fois  par  un  chat  et  15  fois  par  un  chien  ; 
dans  deux  cas,  il  n'v  a  pas  eu  de  morsure  et  c'est  par  le 
seul  contact  de  la  langue  avec  les  parties  dénudées  du 
derme  que  la  maladie  a  été  inoculée.  M.  Dujardin-Beaumetz 
fait  à  ce  propos  observer  que  ce  sont  les  parties  découvertes, 
notamment  les  mains,  qui  ont  été  le  plus  fréquemment 
mordues.  Il  insiste  sur  les  difficultés  du  diagnostic  dans 
certains  cas  et  sur  les  erreurs  qui  peuvent  être  commises  si 
on  s'en  rapporte  exclusivement  à  la  feuille  de  décès;  c'est 
ainsi  que  dans  4  de  ces  19  cas  on  avait  diagnostiqué  le 
tétanos,  l'angine  suffocante,  le  diabète  et  la  folie  :  trois  fois 
l'inoculation  du  bulbe  à  des  animaux  a  permis  a'établir  le 
diagnostic  réel.  Quant  au  traitement  pastorien,  il  n'a  fourni 
qu'une  mortalité  de  1,14  pour  100  en  1887  et  1,19  en  1888, 
tandis  que  parmi  les  personnes  mordues  et  qui  n'ont  pas  été 
traitées,  la  mortalité  a  été,  pendant  ces  mêmes  années,  de 
15^0  pour  100  en  1887  et  de  13,33  en  1888. 

D'autre  part,  le  nombre  des  cas  de  rage  tant  chez  les  ani- 
maux que  chez  l'homme  ne  cesse  de  croître  à  Paris,  bien  que 
la  loi  prescrive,  lorsqu'un  cas  de  rage  a  été  constaté  dans 
une  commune,  d'interdire  pendant  six  semaines  au  moins  la 
circulation  des  chiens  autrement  que  tenus  en  laisse.  Le 
préfet  de  police  n'a  appliqué  qu'une  fois  l'année  dernière 
cette  prescription  de  la  loi  et  aussitôt  la  rage  a  diminué  ;  il 
y  a  lieu  d'en  demander  énergiquement  l'exécution  perma- 
nente. 

Ces  observations  sont  confirmées  par  M.  Nocard.  Il  a  pu 
constater  qu'on  1887  on  a  reconnu  en  France  2567  chiens 
enragés  et  encore  ce  chiffre  est-il  très  inférieur  à  la  réalité, 
de  50  pour  100  d'après  le  dire  des  vétérinaires  sanitaires. 
Par  contre,  on  n'en  a  compté  que  427  dans  tout  l'Empire 
allemand,  20  en  Bavière,  4  en  Suisse,  1  dans  le  grand-duché 
de  Bade  et  pas  un  seul  dans  le  Wurtemberg  I  C'est  que  la 
police  sanitaire  de  la  rage  canine  est  soigneusement  mise  en 
pratique.  Or  elle  comporte  trois  mesures  :  la  déclaration 
des  animaux  enragés,  1  abatage  immédiat  des  chiens  mordus 
et  l'abatage  des  chiens  errants  sans  collier  portant  l'adresse 
de  leur  maître.  En  France,  chacun  cherche  à  éluder  le  plus 
possible  ces  prescriptions  et  l'autorité  a  la  faiblesse  de  ne 
pas  en  exiger  l'exécution.  A  Paris,  il  y  a  quelques  années, 
dans  le  Yar  et  le  Loiret  l'année  dernière,  l'aciministration 
s'est  montrée  rigoureuse  et  aussitôt  les  cas  de  rage  ont 
diminué.  Rien  ne  serait  pourtant  plus  facile  que  de  suppri- 
mer la  rage,  si  l'on  savait  vouloir  I  C'est  pourquoi  M.  Nocard 
s'associe  au  vœu  proposé  par  M.  Dujardin-Beaumetz,  vœu  que 
l'Académie  adopte  à  l'unanimité,  après  Quelques  observa- 
tions de  M.  Laborde  sur  l'insuffisance  de  la  réglementation 
actuelle.  Ce  vœu  est  le  suivant:  c  L'Académie  demande  que 
le  gouvernement  applique  avec  rigueur  toutes  les  mesures 


192    —  N*  12 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


22  Mars  1889 


propres  à  diminuer  le  nombre  des  chiens  errants  et  en  parti- 
culier celles  que  lui  confère  la  loi  du  21  juillet  1881.  i» 

Tétanos.  —  M.  Vemeuil  continue  la  lecture  de  son  mé- 
moire sur  Tétiologie  du  tétanos  (voy.  les  numéros  précé- 
dents). Après  avoir  établi,  par  de  nombreux  faits,  les  trois 
provenances  ordinaires  du  tétanos,  il  montre  que,  dans  la 
grande  majorité  des  cas,  il  est  possible,  un  tétanique  étant 
donné,  de  remonter  à  Tune  de  ces  provenances  et  de  con- 
stater, directe  ou  indirecte,  Tune  des  contagions,  inter-hu- 
maine,  équino-humaine,  telluro-humaine.  On  constate 
même  dans  une  foule  de  cas  la  réunion  de  plusieurs  de  ces 
causes  d'infection,  dont  une  seule  suffirait  pour  expliquer 
la  transmission  du  mal  ;  souvent  aussi.  Ton  ne  découvre 
(|[U*une  provenance  unique.  Mais,  s'il  en  est  ainsi,  à  quel 
titre  et  de  quel  droit  placer  au  premier  rang  la  provenance 
équine  plutôt  aue  la  provenance  telluri^ue  et  rejeter  au 
troisième  rang  la  provenance  humaine,  ainsi  qu'il  convient 
aujourd'hui  de  le  faire  ?  H.  Verneuil  rappelle  à  ce  sujet 
qu'afin  de  soumettre  l'idée  de  la  provenance  équine  du 
tétanos  de  l'homme  au  contrôle  du  raisonnement  et  des  faits, 
il  a  dressé  un  questionnaire  qui  lui  a  permis  de  recevoir 
un  grand  nombre  de  réponses  plus  ou  moins  précises  ;  en 
recueillant,  en  outre,  toutes  les  observations  jusqu'ici  pu- 
bliées, il  est  parvenu  à  réunir  environ  quatre  cent  cinquante 
cas,  oui  lui  fournissent  trois  arguments  majeurs  favorables 
à  sa  thèse.  Ces  arguments  sont  tirés  :  l''  des  professions 
exercées  par  les  tétaniques  ;  ^  des  circonstances  montrant 
comment,  avant  ou  après  l'accident,  les  blessures  avaient 
pu  être  soumises  à  la  contagion  ;  3""  enfin,  de  la  distribution 
géographique  du  tétanos  équin  et  humain. 

Or,  la  plus  grande  partie  (58  pour  100)  des  cas  de  tétanos 
s'observe  chez  des  individus  se  trouvant  en  contact  habituel 
avec  des  chevaux;  dans  l'armée,  ils  sont  plus  fréquents 
dans  Tartillerie  et  la  cavalerie  aue  dans  l'infanterie;  vien- 
nent ensuite  les  artisans  occupés  à  travailler  la  terre,  qui 
sont  bien  moins  souvent  frappés  par  cette  affection; 
d'ailleurs,  il  est  expérimentalement  prouvé  que  la  virulence 
de  la  terre  dépend  manifestement  de  son  mélange  avec  les 
excrétions  du  cheval. 

Si  le  relevé  des  professions  est  plus  favorable  à  la  pro- 
venance équine  qu'à  la  provenance  tellurique,  l'examen  des 
cas  où  sont  suffisamment  indiqués  les  genres,  qualités  et 
propriétés  de  l'agent  vulnérant  ainsi  que  les  modes  possibles 
de  contagion  contemporaine  ou  ultérieure  des  plaies,  dé- 
pose dans  le  même  sens  ;  en  d'autres  termes,  si  l'on  réunit 
dans  une  colonne  les  blessures  où  la  terre  n'a  que  peu  de 
chose  ou  même  rien  à  voir,  le  cheval  agissant  directement 
ou  par  ses  accessoires,  morsures,  coups  de  pied,  chutes, 
écrasements,  harnais,  fouets,  voitures,  fumiers,  écuries, 
etc.,  et  dans  une  autre  les  blessures  où  la  terre,  y  compris 
même  la  terre  cultivée,  intervient  seule  comme  agent  de 
contamination,  la  première  série  est  beaucoup  plus  consi- 
dérable que  l'autre.  —  (M.  Verneuil  continuera  sa  commu- 
nication dans  la  prochaine  séance.) 

Ablation  totale  de  l'humérus.  —  M.  Polaillon  pré- 
sente un  homme  chez  lequel  il  a  enlevé  tout  Thumérus 
gauche  pour  une  ostéomyélite  datant  de  trente  ans.  Ce  cas 
se  résume  comme  il  suit  :  Un  coup  de  feu  à  l'humérus,  pro- 
venant d'une  balle  autrichienne  reçue  à  Solférino,  en  1859, 
a  déterminé  une  ostéomyélite  partielle  qui,  au  bout  d'un 
an,  s'est  guérie  ou  plutôt  a  cessé  de  se  manifester  par  des 
troubles  morbides.  Pendant  dix-sept  ans  les  termes  de  l'os- 
téomyélite sont  restés  à  l'état  latent  et  le  blessé  a  pu  se 
croire  à  l'abri  de  tout  accident.  Il  n'eu  fut  rien  ;  après  cette 
longue  période  de  torpeur,  l'ostéomyélite  s'est  réveillée  tout 
à  coup;  elle  s'est  généralisée  dans  toute  la  longueur  de 
l'humérus,  produisit  pendant  douze  années  des  poussées 
inflammatoires  intermittentes  et,  en  définitive,  a  nécessité 
l'ablation  totale  de  l'os  envahi.  Aujourd'hui  la  guérison  est 


parfaite  et,  lorsqu'on  redonne  de  la  rigidité  au  membre  en 
le  fixant  avec  un  tuteur  ou  un  brassard,  les  mouvements  de 
l'épaule  et  surtout  du  coude  redeviennent  possibles;  les 
fonctions  de  l'avant-bras  et  de  la  main  sont  toutes  con- 


—  L'Académie  se  réunit  ensuite  en  comité  secret,  afin 
d'entendre  la  lecture  d'un  rapport  de  M.  Féréol  sur  les 
candidats  au  titre  de  correspondant  national  dans  la  pre- 
mière division  (Médecine).  La  liste  de  présentation  est  la 
suivante  :  l""  M.  Duclos  ^de  Tours)  ;  i""  H.  Fabre  (de  Corn- 
mentry);  3*  M.  Henrot  (de  Reims);  4"  ex  œquo  MM.  Bol- 
tKutuit  (de  Plombières),  Niepce  (d'Allevard),  Viliard  (de 
Marseille).  L'élection  pour  deux  places  aura  lieu  mardi 
prochain. 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  26  mars  est  fixé  ainsi 
qu'il  suit  :  l""  Communication  de  M.  Proust  sur  un  cas  d'aiu- 
hum  ;  â*"  Discussion  sur  le  tétanos  (Inscrit  :  M.  Verneuil)  ; 
3"  Discussion  sur  les  poêles  mobiles  (Inscrits  :  MM.  A.  Gau- 
tiery  Laborde,  Le  Roy  de  Méricourt^  Oujardin-Beaumetz, 
Léon  Colin,  Èrouarael  et  Lancereaux). 


Soeiétë  de  ehlrarsie. 

SÉANCE  DU   13  MARS  1889.   —  PRÉSIDENCE  DE 
M.   LE  DENTU. 

Eau  chaude  dans  le  traitement  des  tractares  artionlalres  :  M.  Da- 
rand  (M.  Ghauvel.  rapportaor).  — Balle  déformée  an  oontaotd'an 
os  :  M.  Orlpat  (M.  Ghauvel.  rapporteur).  —  Rupture  traumatlque 
de  l'urettoe  :  M.  Chaput  (M.  TUlanz,  rapporteur).  —  Gholècysto- 
tomla  :  M.  Latouctae  (M.  TerriUon,  rapporteur)  ;  disoussion  :  MM. 
Terrier,  Jalaguier.  —  Opération  césarienne  :  M.  Bouilly  (Dlsciu- 
sion  :  MM.  Ouéniot,  Marchand). 

M.  Chauvel  lit  un  rapport  sur  un  travail  de  M.  Durand, 
Notre  confrère  de  l'armée  traite  les  entorses  et  les  fractures 
juxta-articulaires  (extrémité  inférieure  du  radius  et  du 
péroné)  par  des  bains  d*eau  à  45  et  50  degrés.  Il  préfère  ce 
traitement  à  la  compression  et  au  massage.  C'est  possible, 
mais  non  démontré. 

—  M.  Chauvel  montre  une  balle  déformée,  extraite  en 
1870  par  M.  Gripat  (d'Angers)  au  contact  du  fémur  et  à  re 
propos  soutient  la  doctrine,  qu'il  a  déjà  défendue  à  plusieui-s 
reprises:  les  projectiles  se  déforment  par  compression  el 
non  par  fusion. 

—  M.  filiaux.  Rapport  sur  une  observation  de  M.  Cha- 
put:  Rupture  de  Furetère,  par  coup  de  pied  de  cheval.  Il 
existait  une  tumeur  lombo-iliaque,  d'où  la  ponction  explo- 
ratrice fit  sortir  un  liquide  rosé.  En  l'absence  de  diagnostic 
précis,  M.  Chaput  fit  une  incision  iliaque  et  chercha  à  aller, 
en  décollant  le  péritoine,  à  la  recherche  du  foyer  morbide. 
Involontairement  il  ouvrit  la  séreuse,  et  se  trouva  bientôt 
dans  une  cavité  qu'il  ne  tarda  pas  à  reconnaître  pour  le 
caecum. Cet  intestin,  ainsi  ouvert  par  mégarde,  fut  suturé, 
et  M.  Chaput  put  alors,  décollant  le  péritoine,  aborder  la 
collection  liquide.  L'odeur  lui  fit  reconnaître  la  nature  uri- 
neuse  du  contenu,  et  le  diagnostic  fut  ainsi  posé.  Le  malade 
guérit  avec  une  fistule  ùrinaire  el  une  fistu\|  stercorale.  La 
première  conduisit  à  la  néphrectomie  ;  après  quoi  la  seconde 
guérit  sans  peine. 

—  M.  Terrillon  rend  compte  d'une  observation  de 
M.  Latouche  (d'Autun)  :  Cholécystotomie  pour  cholécystite 
suppurée  calculeuse  (80  calculs).  Mort  lente  par  phéno- 
mènes hépatiques.  L'opérée  était  une  femme  de  quarante- 
deux  ans,  portant,  tout  entière  à  droite  de  la  ligne  médiane, 
une  tumeur  hépatique,  fluctuante,  qui  fut  prise  pour  uu 
kyste  hydatique.  La  ponction,  montrant  un  pus  bilieux,  rec- 
tifia le  diagnostic.  Tout  sembla  aller  bien,  d'abord,  après  la 
cholécystotomie  ;  puis  survinrent,  à  partir  de  la  sixième 


n  Mars  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  12 


193 


semaine,  des  accidents  apyrétiques,  auxquels  la  malade  suc- 
comba en  deux  mois  et  cfemi.  Ces  accidents  sont  probable- 
ment d*ordre  hépatique  :  probablement,  car  Tautopsie  ne 
put  être  pratiquée.  A  ce  propos,  M.  Terrillon  rappelle  des 
observations  analogues,  publiées  par  H.  Terrier,  par  lui- 
même.  Il  ajoute  la  relation  de  deux  opérations  récentes  et 
insiste  sur  le  développement  en  arrière  de  la  tumeur,  qui 
lie  dépasse  pas  la  ligne  médiane  ;  sur  Tabsence  de  phéno- 
mènes réactiounels  préalables,  quoique  la  vésicule  lût  très 
adhérente  aux  organes  voisins.  Un  de  ses  opérés  est  un 
garçon  de  quinze  ans,  chez  qui  il  A'y  avait  pas  de  calculs, 
mais  une  incrustation  de  la  paroi  par  des  grains  calcaires. 

H.  Terrier.  L'histoire  des  lésions  chirurgicales  des  voies 
biliaires  est  tout  entière  à  faire.  Il  faut  établir  des  divisions 
parmi  ces  faits  très  complexes.  Le  résultat  opératoire  peut 
être  bon  lorsque  la  vésicule  seule  est  oblitérée  —  avec  ou 
sans  calculs — et  que  le  reste  des  voies  biliaires  est  en  bon 
état.  La  vésicule  peut  être  impunément  détruite  et  l'opéré 
Tit  comme  un  solipède.  Si  le  col  de  la  vésicule  est  encore 
perméable,  on  aura  fatalement  une  fistule  plus  ou  moins 
persistante.  Le  résultat  sera  satisfaisant  si  le  foie  n'est  pas 
malade  ;  mais  la  question  change  quand  le  parenchyme  est 
désorganisé  et  à  cela  la  chirurgie  ne  peut  rien.  Elle  ne  peut 
même  pas  expliquer  le  mécanisme  exact  de  la  mort,  et  le 
désaccord  des  médecins  eux-mêmes,  sur  ce  point,  l'en 
excuse. 

ï.  Jalaguier  communique  une  observation  de  cholécys- 
totomie  qui  sembla  d'abord  favorable,  mais  depuis  la 
malade  est  atteinte  de  lésions  tuberculeuses  graves. 

—  M.  Bouilly  fait  connaître  une  opération  césarienne 
heureuse  et  pour  la  mère  et  pour  l'enrant.  L'opération  date 
dWil  1887  et  elle  a  eu  pour  sujet  une  rachitique  qui  avait 
déjà  dû  subir  antérieurement  une  basiotripsie ,  et  qui, 
malgré  les  recommandations  qu'on  lui  avait  faites  à  cette 
époque,  ne  vint  pas  consulter  dès  le  début  de  sa  nouvelle 
grossesse.  Elhe  voulait  avoir  un  enfant  vivant  et  se  soumit 
de  propos  délibéré  à  l'opération  césarienne,  avant  le  début 
du  travail,  mais  à  terme.  Dès  la  paroi  abdominale  incisée, 
le  globe  utérin  fit  hernie,  et  H.  Bouilly  fit  sortir  l'enfant 
parone  fente  longue  de  16  centimètres.  Après  lavage  à  l'eau 
bouillie  de  la  cavité  utérine  et  deux  piqûres  d'ergotine  à  la 
cuisse,  Tutérus,  un  peu  rétracté,  fut  suturé  avec  dix  fils 
d'argent,  prenant  presque  toute  l'épaisseur  de  la  paroi,  et 
dix-huit  points  superficiels.  Les  fils  d'argent  ont  été  aban- 
donnés et  la  malade  n'en  a  nul  souci  depuis.  Avant  de 
refermer  le  ventre,  M.  Douilly  y  a  mis  une  li«^ature  bien 
serrée  sur  chaque  trompe,  pourassurer  la  stérilité  future. 
I^'est  évidemment  moins  dangereux  que  de  compliquer 
l'opération  par  une  castration  ou  par  une  hystérectomie  sus- 
vaginale. 

H.  Guéniot  voit  avec  plaisir  que  M.  Bouilly  s'est  bien 
trouvé  d'avoir  incisé  l'utérus  hors  du  ventre,  comme  il  l'a 
conseillé  depuis  lonj^temps;  il  continue  à  soutenir  que 
moins  l'incision  utérine  est  longue,  moins  l'hémorrhagie 
esta  craindre  ;  or  1^  à  13  centimètres  de  long  suffisent  pour 
donner  passage  à  l'enfant.  On  a  dit  que  cette  boutonnière 
pourrait  élranglej  l'enfant  :  c'est  au  moins  douteux.  En  cas 
d  hémorrhagie,  l'ergotine  met  une  demi-heure  à  trois  quarts 
d'heure  pour  agir;  le  mieux  ne  serait-il  donc  pas  de  faire 
une  piqûre  quelques  minutes  avant  de  commencer  l'opé- 
ration? 

M.  Marchand  a  publié  une  observation  d'opération  césa- 
nenne  indiquée  par  un  cancer  du  col  de  l'utérus.  La  malade 
«si  morte  au  troisième  jour,  deux  des  sutures  (au  catgut) 
^vant  laissé  envahir  le  péritoine  par  des  substances  septi- 
ques  d'origine  intra-utérine. 

M.  Bouilly  croit  qu'on  peut  aujourd'hui  redouter  moins 
»  hémorrhagie  :  une  striction  élastique  temporaire  est  facile 


à  établir  au  bas  du  globe  utérin  lorsqu'on  se  voit  débordé 
par  le  sang.  Pendant  ce  temps,  l'eau  chaude  et  l'ergot 
pourront  agir.  Le  point  le  plus  intéressant  de  l'opération 
actuelle  est  que  M.  Bouilly  a  cru  pouvoir,  grâce  aux 
méthodes  modernes,  entreprendre  de  parti  pris,  avant  le 
début  du  travail,  une  opération  qui  jusqu'ici  n'était  souvent 
faite  que  quand  on  avait  la  main  forcée,  et  avait  de  ce  chef, 
une  gravité  souvent  accrue. 

A.  BnocA. 


«•clé<é  de  feloloffle. 

SÉANCE  DU  9  MARS    1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE   M.    DUCLAUX,   VICE-PRÉSIDENT. 

TaberooloM  sooglàiqne  :  K.  Vooard.  —  Développement  de  l'inullne 
dans  oertainee  plantes  :  M.  Daniel.  —  De  la  végétation  dans 
roboourité  :  M.  Jumelle.  —  Aotion  de  quelques  convulslvants  sur 
le  oarolnus  mcenas  :  M.  de  Varigny.  —  Transmission  au  fmtus  de 
rinfeotion  pneumonique  :  M.  Netter.  —  Sur  les  phénomènes  phy- 
siologiques de  l'hlbemation  :  M.  R.  Dubois.  —  Aotion  du  bacUle 
pyooyanique  sur  des  snimaux  atteints  de  lésions  nerveuses  : 
MM.  Charrin  et  Ruffer.  —  Cellules  épithéUales  cillées  dans  une 
tumeur  de  TomblUo  :  M.  Toumeux.  —  ÉpithéUum  de  la  vésicule 
ombilicale  ohes  l'embryon  humain  :  M.  Tourneux.  — Squelette  du 
cachalot  mêle  et  du  cachalot  femelle  ;  MK.  Pouchet  et  Beau- 
regard. 

M.  Nocard  a  étudié  un  cas  de  tuberculose  zoogléiquc. 
Le  jetage,  exempt  de  bacilles  de  Koch,  d'une  vache  sus- 
pecte de  phthisie,  inoculé  à  des  cobayes,  a  déterminé  chez 
ces  animaux  des  lésions  tuberculeuses  du  foie  et  de  la  rate; 
et  l'examen  de  ces  productions  tuberculiformes  a  fait  re- 
connaître la  présence  d'un  grand  nombre  de  zooglées.  Des 
tubes  de  gélatine  et  de  gélose  ensemencés  ont  donné  des 
cultures  abondantes;  celles-ci,  à  l'état  frais,  semblaient 
renfermer  deux  organismes,  un  microcoque  et  un  court 
bacille;  mais  en  réalité  il  n'y  avait  là  que  deux  formes  d'un 
seul  et  même  microbe.  L'inoculation  de  ces  cultures  au 
cobaye  et  au  lapin  a  toujours  produit  des  résultats  iden- 
tiques :  une  tuberculisation  très  marquée  du  foie,  de  la 
rate,  des  poumons,  et  la  mort. 

—  M.  Bonnier  dépose  une  note  de  M.  Daniel  sur  la  pré- 
sence de  l'inuline  dans  les  canitules  d'un  certain  nombre 
de  plantes,  de  la  famille  des  Composées. 

—  M.  Bonnier  dépose  une  note  de  M.  Jumelle  relative  à 
la  végétation  dans  l'obscurité. 

—  M.  Dtfr/aua;  présente  une  note  de  M.  de  Varigny  con- 
cernant l'action  de  quelques  substances  convulsivantes, 
strychnine,  brucine,  picrotoxine,  sur  des  crabes  ;  c'est  la 
picrotoxine  qui  seule  s  est  montrée  convulsivante. 

—  H.  Netter  a  observé  un  cas  très  net,  selon  lui,  de 
transmission  intra-utérine  de  la  pneumonie  et  de  l'infec- 
tion pneumonique  chez  l'homme.  Il  s'agit  d'une  femme 
enceinte  de  sept  mois  et  demi  et  atteinte  d'une  pneumonie 
grave;  le  dixième  jour  elle  accoucha,  l'enfant  vécut  cinq 
jours.  A  l'autopsie,  on  trouva  une  pneumonie  franche  du 
poumon  droit,  avec  pleurésie  fibrineuse,  péricardite,  mé- 
ningite cérébro-spinale  et  otite.  L'examen  bactériologique 
démontra  la  présence  dans  le  poumon  et  dans  le  sang  de 
pneumocoques. 

—  H.  Duclaux  présente  une  note  de  M.  R.  Dubois  sur 
la  physiologie  de  l'hibernation. 

—  M.  Charrin  a  étudié  avec  M.  Ruffer  l'action  du  ba- 
cille pyocyanique  sur  des  animaux  qui  avaient  préalable- 
ment subi  des  lésions  nerveuses  (section  d'un  nerf  sciatique). 
Chez  ces  animaux  l'affection  locale,  résultant  de  l'inocula- 
tion faite  à  la  partie  postérieure  de  chaque  cuisse,  est  beau- 
coup plus  grave  du  côté  où  le  sciatique  a  été  sectionné,  les 
lésions  sont  plus  étendues,  et  la  mort  survient  plus  facile- 


194    —  NM2  - 


GAZETTE  HEBDOMADAraE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  22  Mars  1889 


ment  que  ehez  les  animaux  témoins.  Les  auteurs  poursui* 
vent  d  ailleurs  ces  intéressantes  recherches. 

—  M.  Beauregard  dépose  une  note  de  M.  Tourneux  (de 
Lille),  sur  la  présence  de  cellules  épithéliales  ciliées  dans 
une  tumeur  de  Tombilic  chez  Tadulte. 

—  M.  Beauregard  présente  une  autre  note  de  M.  Tour- 
neux sur  répilhélium  de  la  vésicule  ombilicale  chez  Tem- 
bryon  humain. 

—  M.  Beauregard  fait,  en  son  nom  et  au  nom  de  M.  Pou- 
cA^f,  une  communication  sur  le  squelettedu  cachalot  femelle 
comparé  au  squelette  du  cachalot  mâle.  La  femelle  est 
beaucoup  plus  petite  aue  le  mâle,  et  les  vertèbres  surtout 
présentent  plusieurs  clifTérences  importantes. 


SÉANCE  DU   16  MARS   1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE    H.    DUCLAUX,   VICE-PRÉSIDENT. 

AltèrationB  des  globules  rouges  à  la  suite  des  aooès  d'épUepsie  : 
M.  Fèrè.  —  Tuberculose  soogléique  :  M.  Gourmont.  ^  Action  de 
la  levure  de  bière  sur  les  produits  secondair«6  de  la  fermenta - 
^cn  :  K.  Duclausc.  —  Action  de  la  oinchonine  et  do  ses  dérivés 
sur  les  crabes  :  MM.  Langlols  et  de  Vartgny.  —  Les  parasites  de 
la  oaxle  dentaire  :  MM.  Galippe  et  Vignal.  —  RotaUon  de  la  tète 
chef  le  foBtus  :  M.  Bndin. 

M.  Féré  a  constaté  des  altérations  notables  des  globules 
rouges  à  la  suite  des  attaques  d'épilepsie  ;  si  on  examine  le 
sang  une  heure  el  demie  après  Taccôs  environ,  ou  voit  que 
les  globules  sont  devenus  sphériques.  Dés  le  lendemain,  en 
général,  ils  ont  repris  leur  aspect  normal.  En  même  temps 
le  nombre  des  globulins  a  beaucoup  augmenté.  On  sait  que 
ce  dernier  fait  se  constate  aussi  après  les  saignées,  après  la 
menstruation  ou  une  grave  maladie. 

—  M.  Straus  présente  une  note  de  M.  Courmont  (de 
Lyon)  sur  un  cas  de  tuberculose  zoogléique  observé  chez 
une  vache  ;  le  bacille  inoculé  à  des  cobaves  a  déterminé  des 
lésions  spéciales  évoluant  avec  une  rapidité  très  grande. 

—  M.  Duclaux  a  constaté  autrefois  que  le  sucre,  au  con- 
tact de  l'air,  à  la  lumière,  peut  subir  une  dislocation  chi- 
mique et  donner  de  l'alcool,  sans  l'intervention  de  la 
levure.  Inversement,  on  peut  se  demander  si  dans  toutes 
les  circonstances, l'alcool,  résultant  de  l'action  de  la  levure 
i'ur  les  solutions  sucrées,  reste  bien  à  l'état  de  produit 
ultime  et  définitif,  de  même  que  la  cellule  animale  ne  peut 
plus  agir  sur  l'urée.  Or»  M.  Duclaux  a  noté  des  conditions 
où  la  levure,  quand  le  sucre  lui  manque,  agit  sur  Talcool 
qu  elle  a  antérieurement  formé  :  surtout  il  a  vu  qu'elle  agit 
sur  les  produits  secondaires  de  la  fermentation  alcoolique, 
la  glycérine,  l'acide  succinique,  et  qu  elle  peut  les  détruire 
un  les  transformant  en  eau  et  acide  carbonique. 

—  M.  ÏMuglois  a  étudié  avec  H.  de  Vartgny  l'action  de 
la  cinchonine  et  de  ses  dérivés  sur  les  crabes.  Les  convul- 
sions sont  bien  moins  marauées  que  sur  les  mammifères; 
dans  quelques  rares  cas  seulement  on  observe  un  véritable 
tétanos  I  aordinaire,  tout  se  borne  à  quelques  mouvements 
convulsifs,  suivis  parfois  d'un  court  accès  de  convulsions 
cloniques.  L'action  des  dérivés  diffère  aussi  chez  ces  ani- 
maux et  chez  les  mammifères.  Alors  que  chez  ces  derniers 
c'est  la  cinchonigine  qui  est  particulièrement  toxique,  sur 
les  crabes  c'est  la  cinchonifine  qui  est  la  plus  active. 

—  M.  Galippe,  dans  des  recherches  faites  en  commun 
avec  M,  Yignaty  a  trouvé  dans  la  carie  dentaire  trois  mi- 
crobes différents  ;  la  présence  de  ces  microbes  a  été  constatée 
dans  lescanalicules  de  la  dentine.  Les  auteurs  ont  égale^ 
ment  trouvé  dans  la  pulpe  différents  parasites,  le  bactérium 
terme,  un  microbe  qui  forme  de  l'acide  lactique  et  le  sta- 
phylococcus  pyogenes  aureus.  M.  Galippe  montre  combien 
ces  actions  microbiologiaues  s'accordent  avec  ce  aue  nous 
savons  de  l'évolution  de  la  carie,  cliniquement  parlant. 


—  M.  Budin  a  vu  qu'il  est  possible,  dans  certains  cas  de 

Srésentation  vicieuse  (enfant  eu  position  occipilo-sacrée), 
'imprimer  à  la  tête  fœtale,  de  façon  à  la  dégager,  un  mou- 
vement de  rotation  d'arrière  en  avant  très  étendu.  Ce  fait 
tient,  d'après  lui,  moins  à  lalaxité  de  l'articulation  occipito- 
atloldienne  qu'à  la  très  grande  laxité  de  tous  les  téguments 
des  vertèbres  cervicales  et  même  dorsales. 


Soelélé  de  thérapewtlqae. 

SÈAI^CE   DU   13  HÂRS    1889.   —  PRÉSIDENCE   DE 
M.   FERNET. 

Bèaotit  de  l'aoidltè  chlorbydrique  du  suo  gastrique  :  M.  Kugler.  • 
Strophantus  du  aabon  :  M.  Blondel  (Discussion  :  M.  GatUlon). 

M.  Kugler  donne  lecture  d'une  note  dans  laquelle  il  passe 
en  revue  les  divers  réactifs  oui  ont  été  proposés  ou  sont 
employés  pour  la  recherche  de  l'acide  chtorhydrique  libre 
dans  le  suc  gastrique.  Ces  réactifs,  bien  connus  de  tous, 
sont  :  le  violet  de  méthyle  employé  pour  la  première  fois  par 
Laborde,la  tropœoline,  le  réactif  de  Mosler,la  phlorogluciiio 
vanilline  de  Gunzbourp:,  le  vert  malachite,  le  vert  brillant 
de  Lépine,  le  réactif  d'Uffelmann,  le  rouge  du  Congo,  enfin 
une  solution  de  sucre  et  de  résorcine  qui  vire  au  rouge 
pourpre  par  l'acide  chlorhydrique. 

M.  Blondel  a  reçu  du  gouverneur  du  Gabon,  M.  Ballay, 
un  envoi  direct  d'importants  échantillons  de  strophantus  ei 
de  quelques  autres  fruits  analogues  qu'il  présente  à  la 
Société.  Outre  des  graines  et  des  fruits  entiers  du  stro- 

Shantus    glabre,    décortiqués   comme    ceux    du   kombé, 
I.  Blondel  a  reçu    un    certain    nombre    d'autres  fruits 
beaucoup    plus   longs   (1    mètre)  et  qui  n'appartiennent 
évidemment  pas  aux  strophantus.  Les  graines  sont  surmon- 
tées d'une  touffe  de  poils  roux,  brillants,  solides,  tandis 
que  les  graines  des  strophantus  présentent,  à  l'une  des 
extrémités,  une  hampe  avec  des  poils  soyeux  blancs  s^insé- 
rant  sur  une  plus  ou  moins  grande  longueur,  et,  en  outre, 
à  l'autre  extrémité,  un   petit  bouquet  de  poils  en  partie 
recourbés.  En  outre,  l'aspect  de  la  graine  elle-même  est 
différent,  la  texture  histologique  de  son  tégument  complète- 
ment dissemblable  ;  enfin  cette  graine  est  dépourvue  de 
l'amertume  si  caractéristique  des  graines  de  strophantus. 
H.  Blondel  rappelle  que  cette  espèce,  à  laquelle  il  a  donné 
provisoirement  le  nom  de  strophantus  glabre  du  Gabon,  est 
celle  qui  est  arrivée  la  première  en  France,  il  y  a  vingt 
ans,  qui  a  été  dénommée  inexactement  alors  Strophantus 
hiBpiduSf  nom  sous  lequel  ont  été  faites  les  expériences  de 
Polaillon  et  Carville  et  les  recherches  de  Hardy  et  Gallois. 
En  réalité,  comme  Ta  .montré  M.  Blondel  dans  un  précé- 
dent mémoire,  le  strophantus  hispidus  vraien  est  toutàfail 
différent,  extérieurement  et  anatomiquement. D'ailleurs  celte 
forme  ne  se  trouve  pas  dans  le  commerce  où  l'on  ne  ren- 
contre actuellement  que  le  kombé  et  Vhispidus,  ce  dernier 
à  graines  brunes  et  à  fruits  entiers,  le  premier  à  graines 
vertes  et  à  fruit  décortiqué.  Sur   un  échantillon  intact, 
pourvu  de  son  parenchyme,  M.  Blondel   montre  que  la 
surface  des  fruits  du  Strophantus  hispidu,s  otfre  de  petites 
taches    remplacées   par  des  stries   dans   le  strophantus 
kombé.  Ces  deux  strophantus  ne  sont  pour  lui  que  deux 
variétés  d'une  même  espèce;  on  les  retrouve,  empiétant  Tune 
sur  l'autre,  vers  le  centre  de  l'Afrique.  —  D'après  le  gou- 
verneur du  Gabon,  la  difficulté  que  l'on  éprouve  à  se  pro- 
curer du  strophantus  et  le  prix  élevé  de  ce  produit  viennent 
du  grand  nombre  de  demandes  qui  ont  été  adressées  au 
Gabon  et  qui  ont  appris  aux  indigènes  la  valeur  que  les 
Européens  attachent  à  ces  fruits.  Aussi,  les  vendent-ils  fort 
cher  et  se  livrent-ils  à  une  recherche  active  de  la  plante;  i 
mais  la  récolte  est  faite  sans  aucune  précaution,  les  stro-  , 
phantussont  détruits  et  deviennent  de  plus  en  plus  rares.  | 


îl  Mars  i889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRIIRGIB 


—  N-  12 


195 


Les  indigènes,  par  vantardise,  sans  doute,  prétendent  que 
jusqu^ici  les  blancs  ne  connaissent  pas  Tinée  véritable.  Le 
strophantus,  comme  tous  les  poisons  employés  parles  indi- 
gènes, doit  posséder  son  contrepoison;  mais  on  n'a  encore  à 
cet  égard  aucun  renseignement  certain.  On  a  indiqué  comme 
telle  l'écorce  fraîche  de  baobab  que  les  sauvages  placent 
sous  la  peau  des  animaux  tués  par  les  flèches  empoisonnées 
autour  de  la  blessure,  afin  de  pouvoir  manger  la  chair  de 
ces  animaux  sans  danger. 

M.  Catillon  affirme  que  la  difficulté  de  se  procurer 
des  graines  de  strophantus  résulte  surtout  de  la  rareté 
du  produit  et  du  mauvais  vouloir  des  indigènes.  — 
Il  rappelle  qu'il  a  déjà  dit,  il  y  a  environ  dix-huit  mois, 

I  que  le  Strophantus  hispidus  ne  fournit  pas  de  strophan- 
tiae  cristallisée,  quel  que  soit  le  procédé  de  préparation 
que  Toa  emploie.  C'est  ce  qui  expliaue  que  les  Anglais,  qui 
se  sont  servis  de  Strophantus  hUpiaus  ne  parlent  jamais  que 
de  slrophantine  amorphe.  II  est  très  fréquent  de  recevoir 
des  envois  de  graines  avariées,  surtout  lorsque  les  fruits  du 
strophantus  n'ont  pas  été  soigneusement  dépouillés  de  leur 

,  parenchyme.  Il  a  eu  occasion  d'analyser  comparativement 
des  graines  saines  de  strophantus  kombé  et  des  eraines  de 

1  même  espèce  noirâtres,  plates,  vides  provenant  d  un  mémo 
envoi;  or  il  a  été  fort  surpris  d'obtenir  avec  ces  dernières 

I  identiquement  la  même  quantité  de  strophantine  cristallisée. 

j  II  ne  s  agissait  pas,  d'ailleurs,  de  graines  attaquées  par  des 
insectes,  qui  respectent  le  principe  actif  et  ne  se  nourrissent 
que  de  la  partie  inerte;  on  sait,  en  effet,  qu'en  pareil  cas, 
les  cantharides,  par  exemple,  renferment  pour  un  même 

I  poids  une  proportion  plus  grande  de  cantharidine. 

André  Petit. 


Société  Miatoiiilqae. 


SÉANCES  DU  !•'  ET  DU  8  MARS  <889. 
M.  CORNIL. 


PRÉSIDENCE  DE 


M.  Cornil  présente  un  ulcère  de  Vestomac  adhérent  à  la 
paroi  abdominale,  d'où  une  tumeur  ayant  fait  croire  à  un 

cancer. 

—  M.  Matton  fait  voir  des  tubercules  massifs  du  eer- 
reau. 

—  M.  £.  Willemin  montre  une  pyêlonéphrite  suppurée 
avec  examen  bactériologique  par  M.  Cornil. 

—  M.  Y.  Carlier  présente  une  petite  tumeur  tendineuse, 
qu'il  a  enlevée  au  fléchisseur  du  médius  sur  une  femme 
atteinte  de  doigt  à  ressort. 

—  H.  A.  Pilliet  communique  Vexamen  histologique 
fun  endothéliome  de  la  dure-mère. 

—  H.  A.  Pilliet  décrit  des  dilatations  bronchiques 
mpnUaires  du  sommet  chez  une  femme  de  quatre-vingt- 
un  ans, 

—  H.  Potherat  montre  un  goitre  intra-thoraeiqu^  rétro^ 
aortique,  sans  tumeur  cervicale. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

CHIRURGIE 

FrMtarea  «■  0râ«0.  M^êtiWÊB  «o  I»  néiilMséa  oMyeiui*,  par 
M.  Bronner.  —  Deux  observations  sont  relatives  à  des  fractures 
avec  plaie  et  avec  hémorrhagie  externe.  Dans  Tune,  les  phéno- 
mènes cérébraux  étaient  nuls  ;  le  tamponnement  à  la  gaze  iodo- 
formée  vint  à  bout  de  Thémorrhagie  ;  guérison.  Dans  l'autre, 
après  enlèvement  des  esquilles,  Tartère  a  été  liée.  Les  accidents 
<le  compression  cérébrale  ont  cessé  par  l'évacuation  de  Tépan- 


chement  intra-crànien  que  n*avait  pas  empêché  Thémorrhagie 
externe.  Dans  la  troisième  observation,  il  s*agtt  d'une  fracture 
sans  plaie.  Les  accidents  cérébraux  ont  débuté  cinq  heures  après 
le  trauma.  Trépanation,  évacuation  du  sangy  ligature  du  vais- 
seau.  Le  malade  est  mort  au  septième  jour  de  pneumonie  lobu- 
laire.  Les  phénomènes  de  compression  cérébrale  avaient  cessé. 
Aucune  suppuration  de  la  plaie  crânienne.  {Ein  Beitrag  zur 
Kasuistik  bei  Schàdelfrakturund  Ruptur  derArt.  men.  med,^ 
in  Korr,  Bl,  f.  Schweizer.  Aerzte,  1888,  n»  12), 

perforaiiMs  laiMMoiiiM.  — <  M.  Macrie  (de  Milwaukee)  a 
employé  l'insufflation  de  l'intestin  à  l'hydrogène  pour  diagnos- 
tiquer une  perforationde  l'intestin  par  coup  de  feu.  Laparotomie  ; 
suture  des  plaies  (de  Tintestin,  de  l'estomac  et  du  mésentère). 
Mort  en  trente-quatre  heures  de  péritonite  septiqne*  A  l'autopsie, 
on  a  constaté  que  le  tube  gastro-intestinal  était  bien  fermé.  Mais 
il  y  avait  un  broiement  de  la  queue  du  pancréas  et  une  hémor- 
rhagie péri-rénale  à  gauche. 

M.  Taylor  (de  Philadelphie),  dans  un  cas  de  fistule  fécale  de 
la  paroi  abominale  latérale,  se  demandait  si  elle  communiquait 
avec  l'intestin  grêle  ou  le  célon.  Il  a  constaté,  par  l'insufflation 
rectale,  que  le  gaz  sortait  par  la  plaie  avant  la  production  du 
bruit  caractéristique  de  la  valvule  iléo-cœcale.  L'incision  explo- 
ratrice conduisit  sur  un  cancer  inopérable  du  côlon  descendant, 
(Med.  News,  9  juin  1888,  diaprés  Centr,  f.  CAir.,  1888,  p.  973.) 

Adteéreneea  ^érltoaéiile*  à  la  «vile  de*  lii^iirol«mle«,  par 

M.  Thadeus  von  Dembowski.  —  Depuis  que  la  laparotomie  est 
vulgarisée,  on  a  constaté  que  quelques  malades  présentent,  à 
échéance  variable,  des  accidents  d'occlusion  intestinale,  dus  & 
des  brides  péritonéales,  reliquats  de  l'opération  première. 
Dembowski  a  recherché  expérimentalement  dans  quelles  condi- 
tions on  s'expose  à  ces  brides  ou  au  contraire  on  les  évite.  Il 
conclut  contre  les  ligatures  trop  nombreuses  ;  contre  les  cauté- 
risations au  thermocautère  des  surface  saignantes.  L'adhérence 
du  grand  épiploon  à  la  cicatrice  du  péritoine  pariétal  est  con- 
stante. {Ueber  die  Ursachen  der  peritonealen  Adhàsionen  nack 
chirurgischen  Eingriffen^  mit  RUcksicht  auf  die  Frags  der 
lleus  nach  Laparotomieny  in  Arch*  f.  klin.  Chir.f  1888, 
t.  XXXVII,  p.  745.) 

Fr««iare  ûu  r«ehi«^  par  M.  Sbvereanu  (de  Bucharcst).  — 
Garçon  de  seize  ans,  ayant  été  frappé  au  dos  par  une  balle  de 
revolver,  à  trois  doigts  à  gauche  de  la  ligne  épineuse,  à  1  centi- 
mètre en  dedans  du  bord  interne  de  l'omoplate.  Aucun  signe  de 
lésion  intra-thoracique.  Abstention.  Mais  au  troisième  jour,  la 
fièvre  s'allume  avec  un  peu  de  contracture  de  la  nuque,  paralysie 
des  membres  inférieurs,  rétention  d'urine  et  constipation.  Ces 
symptômes  s'aggravant,  au  huitième  jour  après  l'accident,  le 
trajet  a  été  débridé  et  du  pus  s'est  écoulé.  La  balle  a  été  trouvée 
à  l'aide  de  l'appareil  de  Trouvé,  dans  l'arc  postérieur,  brisé,  de 
la  deuxième  dorsale.  Extraction.  Guérison.  {Arch.f.  klin.  Chir.f 
1888,  t.  XXXVII,  p.  664.) 

périioBiten  pwr  ^rrforatioB,  par  M,  G.  F.  Stbinth AU— Rela- 
tion de  trois  opérations  malheureuses,  faites  par  Gzerny  (deux 
ulcères  perforants  de  l'estomac  ;  une  perforation  de  l'appendice 
vermiculaire).  A  ce  propos,  Steinthal  réunit  vingt  autres  obser* 
valions,  déjà  publiées,  avec  huit  guérisons.  {Ueber  die  chirur- 
gische  Behandlung  der  ulcerôsen  Magen-  und  Darmperfo- 
rationenj  in  Arch,  /.  klin.  Chir.,  1888,  t.  XXXVII,  p.  850.) 

€«ii«er  ûu  Mlii.  éryalpèle  iM^enlé,  par  M.  U  FfiILCHENFELD. 
—  L'inoculation  a  été  faite  par  Fehieisen  et  elle  a  été  mortelle. 
Examen  histologique  du  néoplasme.  Quelques  renseignements 
sur  les  tumeurs  guéries  sous  l'influence  d'un  érysipèle  ;  sur  plu- 
sieurs statistiques  de  survie  moyenne  après  extirpation  de  la 
mamelle.  (Erysipelimpfung  bei  inoperabelem  Mammacarci- 
nom  mit  letalem  Ausgang,  in  Arch.  f.  klin.  Chir.j  1888, 
t.  XXXVU,  p.  834.) 

I.az«M«a  de  l«  mâchoire  ea  arrière,  par  M.  Thiem.  —  L'au- 
teur se  fonde   sur  quatre  observations  personnelles    qu'il  a 


196    —  NM2  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


22  Mars  1889 


recueillies  en  deux  ans  et  sur  un  fait  que  lui  a  communiqué 
M.  Siemon.  Donc,  c'est  plus  fréquent  qu'on  ne  le  croit,  mais 
probablement  la  confusion  avec  les  constrictions  temporaires  des 
m&choires  est  fréquente.  Thiem  rappelle  d'abord  les  luxations 
congénitales  en  arrière  vues  par  J.  Guérin,  par  Smith  ;  renfon- 
cement de  la  paroi  antérieure  du  conduit  auditif  externe  (Bau- 
drimont,  Schwartze).  Mais,  malgré  une  observation  de  Crocker 
King  (1855),  on  nie,  en  général,  la  luxation  proprement  dite  en 
arrière.  Anatomiqnement,  par  Texamen  du  squelette  de  la  ré- 
gion, Thiem  conclut  cependant  que  cette  luxation  est  possible  ; 
qu'il  y  a  une  place  oii  le  condylc  peut  se  loger  entre  le  tuber- 
cule du  tym panai  en  avant,  l'apophyse  mastoîde  en  arrière  et 
l'apophyse  styloïde  en  dedans.  Cette  c  fosse  tympanico-stylo- 
mastoîdienne  >  est  très  petite  chez  l'homme,  mais  elle  est  spa- 
cieuse chez  la  femme.  Aussi  la  luxation  en  arrière  n'a-t-elle  été 
observée  que  chez  la  femme.  Il  faut  tenir  compte,  en  outre,  de 
la  direction  différente  de  l'angle  maxillaire  suivant  les  Âges,  cet 
angle  étant  à  peu  près  nul  chez  les  enfants  et  les  vieillards,  l'ar- 
cade alvéolo-dentaire  n'existant  pas  encore  ou  peu.  Les  muscles 
masséter  et  ptérygoTdien  interne  deviennent  alors  purement  élé- 
vateurs et  perdent  leur  action  de  prépulsion,  tandis  que  le  tem- 
poral reste  toujours'  an^si  éniergiqiiement  rétro-puh^r.  C'est 
pour  cela  que  la  luxation  ordinaire,  en  avant,  est  exceptionnelle 
et  chez  l'enfant  et  chez  le  vieillard.  Les  observations  de  Thiem 
concernent  de  vieilles  femmes.  Le  déplacement  a  lieu,  non  par 
l'acte  d^ouvrir  la  bouche,  mais  par  celui  de  la  refermer.  La  mâ- 
choire inférieure  est  au  contact  de  la  supérieure  et  elle  est  un 
peu  refoulée  en  arrière.  Le  condyle  est  juste  devant  la  mastoîde. 
La  réduction  se  fait  par  ouverture  brusque  de  la  bouche.  La 
luxation  s'est  produite  trois  fois  par  le  bâillement  ;  une  fois  elle 
a  été  causée  par  un  médecin  qui,  pour  voir  la  gorge,  a  exercé 
une  traction  énergique  sur  l'abaisse-langue,  brusquement 
saisi  lors  de  la  luxation  par  la  mâchoire  inférieure  venant  au 
contact  de  la  supérieure.  {Ueber  Verrenkungen  des  Unlerkie- 
fer$  nach  hinten,  in  Arch.  f.  klin.  Chir.,  1888,  t.  XXXVII, 
p.  526.) 

Mlero-orsABlMnea  ei  «opporalloa,  par  MM.  KreiboHV  et 
RosENBACH.  —  Malgré  les  expériences  de  Rosenbach  et  Orth- 
roann,  de  Councilmann,  de  Passet,  de  Brewing,  la  plupart  des 
auteurs  nient  que,  sans  le  concours  des  microbes,  les  irrita- 
lions  chimiques  et  mécaniques  puissent  engendrer  du  pus 
(Strauss,  Klemperer,  Scheuerlen,  Knapp).  Klemperer  pense  que 
les  expériences  de  ses  contradicteurs  n'ont  pas  été  faites  avec 
une  asepsie  suffisante.  Aussi  Rosenbach  a-t-il  repris  la  question 
avec  Kreibohm,  et  leur  travail  a  été  prêt  en  même  temps  que 
celui  de  Grawitz  et  de  Bary  :  pour  les  uns  comme  pour  les  autres, 
les  irritations  chimiques  peuvent  causer  la  suppuration.  L'espèce 
animale  choisie  a,  d'ailleufs,  de  l'importance.  Ainsi,  une  injec- 
tion de  térébenthine  se  résorbe  chez  le  lapin  et  suppure  chez  le 
chien.  Cela  dépend  aussi  du  degré  de  concentration  des  ^b- 
stances.  Ces  expériences  sont  faites  avec  une  asepsie  absolue,  et 
d'ailleurs,  il  est  facile  de  s'assurer,  par  des  cultures,  que  le  pus 
ainsi  produit  est  stérile.  En  somme,  la  suppuration  est  un  mode 
de  réaction  de  l'organisme  contre  des  irritations  diverses,  et  ce 
n'est  pas  un  symptôme  pathognomonique  d'une  infection  micro- 
bienne {Kann  Eiterung  ohne  Mittheilung  vonMikroorganismen 
durchiodte  Stoffe  entstehen?  in  Arch.  f.  klin.  Chir.,  1888, 
t.  XXXVII,  p.  736.) 

M.  Alphonse  Nathan  a  étudié  la  même  question  sous  la  direc- 
tion de  Pehleisen.  Il  conclut  qu'après  les  injections  d'ammonia- 
que, de  nitrate  d'argent,  de  térébenthine,  la  suppuration  n'est 
pas  constante,  et  quand  elle  a  lieu  les  cultures  sur  plaques 
démontrent  toujours  que  le  pus  contient  des  micro-organismes. 
(Zur  Aetiologie  der  Eiterung,  in  ibid.y  p.  875.) 

A.  B. 


TrttTanx  h  consulter. 

De  l'hydraugyrib  suraigue  et  de  son  traitement  par  l 
SOUFRE,  par  M.  le  docteur  A.  Luton.  ~  A  propos  des  accident 
causés  par  les  injections  sous-cutanées  d'huile  grise,  M.  A.  Lu 
ton  recommande,  pour  combattre  la  stomatite  niercurielle  et  le 
intoxications  mercurielles  aiguës,  l'emploi  du  soufre  sublimr. 

A  cet  effet,  il  fait  préparer  un  électuaire  de  soufre  et  de  mie 
au  cinquième  et  le  donne  â  raison  de  deux  cuillerées  à  caf 
combles,  chaque  jour  à  jeun.  Le  soufre,  de  l'avis  de  M.  Luton 
serait  le  spécifique  de  l'hydrargyrie  au  même  litre  que  le  mer 
cure  est  celui  de  la  syphilis.  Il  serait  donc  supérieur  au  cblo 
rate  dépotasse.  (Union  médicale  du  Nord-Est^  15  octobre  1888. 

De  l'action  et  de  la  posologie  des  préparations  ferrucî 
NKDSEs,  par  M.  H.  Sghulz.— Des  expériences  furent  entreprise: 
sur  trois  individus  en  état  de  santé  et  au  moyen  d'une  solutior 
aqueuse  ki/i  pour  100  de  perchlorure  de  fer.  Pendant  la  pre 
miére  semaine,  on  en  administrait  trente  gouttes,  pendant  h 
seconde  soixante  gouttes  et  durant  la  troisième  quatre-vîii^t 
dix  gouttes.  Au  début  on  notait  des  troubles  digestifs,  do; 
symptômes  congestifs,  de  la  tachycardie  et  de  l'oppression.  Mai^ 
en  même  temps,  on  constata  pendant  toute  la  durée  des  expé- 
riences, un  bien-être  général,  l'augmentation  des  forces  et  la 
plus  grande  fréquence  du  pouls.  Une  fois  il  y  eut  de  racné  et 
de  la  conjonctivite.  La  cessation  du  médicament  fut  suivie  dn 
dépression  générale,  de  gène  stomacale,  de  troubles  de  rappélit 
et  d'irrégularités  de  la  défécation.  Enfin  on  nota  aussi  du  ver- 
tige chez  deux  des  individus  soumis  à  l'expérience.  £n  consé- 
quence, on  doit  admettre  que  le  fer  administré  à  petites  doses 
est  mieux  absorbé  que  quand  on  le  prescrit  à  doses  élevées. 
{Therap,  Monat/y  1888,  p.  11.) 

Du  DANGER  DE  LA  PARALDÉHYDE  DANS  l'EMPHYSÈME,  par  M.  H. 

Davy  Rolleston.  —  Deux  fois,  à  la  suite  de  radminislralion 
de  ce  médicament,  cet  observateur  a  observé  de  la  dyspnée  et 
du  collapsus,  de  sorte  qu'il  est  conduit  à  considérer  ces  phéno- 
mènes comme  comparables  à  l'action  sur  la  respiration  observée 
par  Wood  dans  les  expériences  où  il  administrait  la  panildé- 
hyde  aux  animaux.  C'est  ainsi  que  chez  le  lapin  cette  substance 
provoque  le  sommeil,  une  diminution  graduelle  de  la  respira- 
tion et  la  mort  par  asphyxie  et  sans  convulsions.  D'après  M.  Quin- 
quaud,  ces  phénomènes  s'accompagnent  d'un  abaissement 
thermique,  d'une  diminution  de  l'acide  carbonique,  et  comme 
M.  Ménocque  l'a  montré,  de  la  réduction  de  l'hémoglobine 
Dans  l'emphysème,  ajoute  M.  Rolleston,  le  sang  chargé  d'acide 
carbonique  stimule  moins  vivement  les  centres  respiratoires  : 
c'est  donc  pour  cette  cause  qu'il  faut  redouter  l'action  de  la 
paraldéhyde  et  à  cette  action  qu'on  doit  attribuer  les  accidents 
observés.  (T/itf  Practitioner,  novembre  1888,  p.  339.) 

Une  éruption  cutanée  causée  par  le  sulfonal,  par  M.  Ma\- 
Engelman.  —  La  malade,  soignée  pour  une  métrite  chronique, 
était  atteinte  d'insomnie  rebelle  au  chloral.  On  lui  administra,  à 
litre  d'hypnotique,  une  dose  quotidienne  de  2  grammes  de 
sulfonal  pendant  sept  jours.  A  ce  moment  on  constata  sur  les 
côtés  de  la  poitrine  une  éruption  scarlatiniforme  et  papuleuse 
accompagnée  de  prurit.  Cet  exanthème  s'étendit  symétrique- 
ment sur  la  face  interne  des  deux  bras  et  à  l'épigastre.  Trois 
jours  après  sa  coloration  rouge  pâlissait  et  le  lendemain  la  peaa 
avait  repris  son  aspect  normal. 

Avec  lasser,  on  doit  vraisemblablement  attribuer  de  tels  exan- 
thèmes à  un  trouble  de  l'innervation  vaso-motrice.  Leur  dispo- 
sition symétrique  tend  à  supposer  que  l'action  du  médicament 
s'exerce  sur  les  centres  mômes  de  cette  innervation.  {Munch. 
med.  Woch,,  10  octobre  1888.) 

Du  traitement  des  douleurs  dysménorrhéiques  par  l'anti- 
PYRiNE,  par  M.  Windelschmdit.  —  C'est  sous  forme  de  lave- 
ments contenant  un  gramme  et  demi  de  substance  active,  que 


(fi  observateur  Ta  prescrite  contre  les  coliques  menstruelles. 
loe demi-heure  après  son  administration  les  douleurs  diminuent 
et  cette  diminution  persiste  pendant  douze  heures.  Il  a  pu 
im  amener  leur  sédation,  huit  jours  durant,  chez  deux 
femmes  dysménorrhéiques.  Ces  effets  sont  accompagnés  de  ten- 
dances au  sommeil ,  et  parfois  aussi  de  sueurs  abondantes  avec 
diminution  de  la  diurèse.  Dans  le  but  d'éviter  le  collapsus, 
)  auteur  conseille  d*aaministrer  simultanément  des  toniques  et 
eu  particulier  des  alcooliques.  {Medicininch'Chir.Rund,^  \  sep- 
tembre 1888.) 

De  \Jl  valeur  des  inhalations  d'acide  fluoriiydriqub  contre 
L\  PHTHisiE  pulmonaire,  par  M.  le  docteur  Desplats.  —  Cet 
ûb>ervateor  en  a  fait  usage  sur  vingt-trois  malades  pendant  un 
temps  assez  long  pour  qu'on  puisse  en  juger  les  effets.  Ils 
^i^jûuraaient  chaque  jour  pendant  une  heure  ou  deux  dans  une 
cabine  ou  une  soufflerie  envoyait  700  à  1000  litres  d*air  chargé 
(les  Fapeurs  fluorhydriques.  A  part  des  accidents  bénins,  coryza, 
rëphalalgie,  étouffement,  vingt  et  un  les  tolérèrent  bien.  Il  y 
(<ii  parmi  eux  :  six  améliorations,  sept  aggravations  et  dix  insuc- 
cès; dans  treize  cas  Tappétit  augmentait;  sept  fois  les  sueurs 
iliminuèrent  ;  trois  fois  les  crachats  furent  plus  rares  et  six  fois 
le  pouls  augmenta.  On  le  voit,  ces  résultats  sont  médiocres  et 
confirment  les  résultats  négatifs  des  expériences  récentes  de 
XM.  Grancher  et  Chaulard  sur  Taction  stérilisante  de  Tacide 
fluorhvdrique.  {Journal  des  sciences  médicales  de  LHUy  p.  385, 
i6  octobre  1888.) 

Dg  LA  POSOLOGIE  DE  LA  COCAÏNE,  par  MM.  les  docteurs  Szunann 
et  Oblinski.  —  Chez  les  adultes  on  peut  prescrire  des  in- 
jections sous-coianées  aux  doses  de  3,  4  ou  au  maximum 
de  5  centigrammes  du  médicament  sans  provoquer  d'acci* 
dents.  Toutefois,  diaprés  Fauteur,  la  dose  de  6  centigrammes 
ne  doit  être  administrée  qu'à  des  individus  vigoureux.  Cepen- 
(laol  on  a  observé  des  individus  chez  lesquels  la  dose  a  été 
portée  jusqu*à  20  et  30  centigrammes;  mais  ces  individus 
t'Iaient  morphinomanes. 

Od  doit  prescrire  ce  médicament  avec  prudence  aux  cardio- 
pathes,  aux  individus  prédisposés  aux  congestions  cérébrales  et 
aui uévropathes.  A  ce  point  de  vue  Szumann  partage  lopinion 
de  A.  Fraenkel.  {Therap.  MonaL,  août  1888.) 

Toutefois,  selon  Oblinski,  ces  inconvénients  seraient  moindres 
quand,  pour  produire  Tanesthésie  générale,  on  combine  Faction 
de  la  cocaïne  avec  celle  du  chloroforme.  La  cocaïne  est,  écrit-il, 
UD  excitant  qui  prévient  les  dangers  de  la  paralysie  vasculaire 
causée  par  le  chloroforme  et  par  contre  ce  dernier  combat 
raoémie  vasculaire  produite  par  \h  cocBlae.  {Wien.med.  Woch,j 
IKS,  u»  15.)  ^ 


BIBLIOGRAPHIE 


DIciionoaIre  de  théf«|^atlqne»  de  matière  médleale, 
ée  pharmacologie»  de  toxlcoloi^le  et  dea  cavx  miné- 
rales, par  M.  Dujardin-Bkaumetz.  Paris,  0.  Doin, 
quatrième  et  dernier  volume,  18i9. 

Lorsque,  en  1882,  parut  la  première  livraison  de  cet 
important  ouvrage  (Ga;;.  AeW.,  1882,  p.  598),  nous  avons 
dit  tout  le  bien  qu'il  fallait  penser  d*un  dictionnaire  conçu 
sar  un  plan  aussi  vaste  et  dirigé  par  un  maître  aussi  expé- 
rimenté et  aussi  laborieux.  L'œuvre  est  aujourd'hui  termi- 
née. Ainsi  qu'il  fallait  le  prévoir,  le  nombre  de  ses  pa^es  a 
dépassé  quelque  peu  le  chiffre  annoncé  au  début;  mais  on 
ne  saurait  trop  louer  la  rapidité  avec  laquelle  l'auteur  a  su 
mener  à  bien  une  tâche  aussi  difficile.  A  côté  de  ses  Leçons 
de  clinique  thérapeutique  si  personnelles,  si  intéressantes 
à  étudier,  le  Dictionnaire  de  M.  Dujardin-Beaumetz  devra 
être  consulté  par  tous  ceux  qui  veulent  se  tenir  au  courant 
des  progrès  de  la  thérapeutique. 


Le  quatrième  volume,  le  seul  dont  nous  ayonsà  parler  Ici,  va 
de  la  lettre  0  à  la  lettre  Z,  et  contient  un  addenaum  de  près 
de  100  pages  consacré  à  l'étude  des  nouveaux  médicaments, 
tels  que  l'acétanilide,  Tautipyrine,  la  cocaïne,  le  strophan- 
tus,  etc.,  —  voire  même  la  médication  dite  suggestive  qui 
n'occupe  dans  cette  étude  des  médications  les  plus  récentes 
qu'une  place  bien  modeste  (une  colonne  et  demie)  et  au 
sujet  de  laquelle  des  réOexions  critiques  un  peu  plus  éten- 
dues n'auraient  pas  été  sans  intérêt. 

Cette  simple  énumération  suffit  à  montrer  tout  Tintérét  du 
volume.  Comme  dans  les  précédents  on  sera  frappé^  quelque- 
fois même  un  peu  troublé  par  le  nombre  des  renseignements 
fournis  au  sujet  de  chaque  médicament.  L'analysedes  innom- 
brables recherches  cliniques  ou  expérimentales  qui  ont  pour 
but  de  faire  mieux  connaître  les  propriétés  ou  le  mode  d'action 
d'une  substance  encombre  aujourd'hui  les  ouvrages  qui  ont 
la  prétention  de  tout  dire  ou  tout  au  moins  de  faire  preuve 
d'érudition  en  même  lemps  que.de  critique.  Hàtons-nous 
d'ajouter  que  des  résumés  précis  où  l'on  reconnaît  souvent 
la  plume  et  toujours  l'inspiration  du  maître  terminent  sou- 
vent les  chapitres  les  plus  touffus  et  permettent  au  lecteur 
de  de  faire  rapidement  uue  idée  plus  nette  de  ce  qui  doit 
être  retenu  et  regardé  comme  immédiatement  applicable. 

Il  nous  sera  bien  permis,  en  ce  moment  où  les  opinions 
sont  si  divisées  sur  ce  sujet,  de  montrer  qu'avec  la  plupart 
des  médecins  expérimentés,  qui  se  trouvent  chaque  jour 
aux  prises  avec  les  nécessités  de  la  clinique,  H.  Du- 
jardin-Beaumetz reconnaît  l'utilité  des  médicaments  com- 
filexes  et  proteste  contre  l'opinion  qui  tend  à  leur  substituer 
es  alcaloïdes.  A  propos  de  l'opium  brut  (p.  39)  :  c  nombre 
d  auteurs,  dit-il,  ont  conseillé  d'abandonner  l'opium  pour 
ses  alcaloïdes,  conclusion  peu  légitime,  car,  donnés  indivi- 
duellement, les  alcaloïdes  de  1  opium  ne  sauraient»  dans 
nombre  de  cas,  remplacer  leur  substance  mère,  i  L'étude 
qui  suit,  en  montrant  les  différences  d'action  de  la  mor- 
phine, de  la  codéine,  de  la  narcéine,  etc.,  etc.,  confirme 
et  complète  cette  pensée  si  juste. 

Nous  recommandons  aussi  particulièrement,  dans  ce 
volume,  la  lecture  des  chapitres  consacrés  à  l'étude  de  l'oxy- 
gène, des  peptones,  de  l'acide  phénique,  de  la  quinine  et 
des  quinquinas.  Nous  regretterons  cependant  que,  dans  les 
pages  consacrées  aux  sels  quiniques,  le  lactate  de  quinine 
ne  tienne  point  la  place  ^ue,  depuis  plusieurs  années,  nous 
nous  efforçons  de  lui  faire  obtenir.  On  sait  que  les  injec- 
tions sous-cutanées  de  lactate  de  quinine  sont  moins  dou- 
loureuses et  plus  efficaces  ^ue  celles  du  sulfate  ou  du 
bromhydrate.  A  diverses  reprises,  et  tout  récemment  encore 
notre  collaborateur,  M.  P.  Yigier,.a  montré  par  auels  pro- 
cédés on  pouvait  obtenir  pour  ces  injections  hypodermiques 
un  produit  tout  à  la  fois  inoffensif  et  efficace.  Depuis  bien  des 
années  nous  nous  servons  exclusivement,  au  grand  profit 
de  nos  malades,  du  lactate  neutre  de  quinine. 

Il  est  un  autre  médicament  en  faveur  duquel  nous  ne 
cesserons  aussi  d'élever  la  voix  malgré  le  discrédit  officiel 
dans  lequel  il  paraît  tombé.  Nous  voulons  parler  du  phos- 
phate de  potasse.  C'est,  dit  l'article  qui  lui  est  consacré, 
un  purgatif  cholagogue  qui  a,  en  même  temps,  des  pro- 
priétés catharliques  et  irritantes  de  nature  à  le  faire  reje- 
ter. Nous  crevons  pouvoir  affirmer  qu'à  la  dose  del  gramme 
environ  par  lour,  et  administré  dans  du  vin  de  quinquina 
ou  dans  du  sirop  d'écorces  d'oranges  amères,  le  phosphate 
de  potasse  est  un  reconstituant  des  plus  énergiques,  qu'il 
agit  sur  la  rénovation  des  globules  rouges  du  sang,  qu'il 
rend  les  plus  grands  services  dans  les  cas  où  les  prépara- 
lions  martiales  ne  peuvent  être  tolérées.  Nous  ne  doutons 
pas  que  les  médecins  qui  voudront  administrer  ce  médica- 
ment n'en  retirent  les  plus  grands  services. 

On  comprendra  que  nous  ne  puissions  suivre  par  cha- 
pitres un  ouvrage  de  cette  étendue,  ni  insister  sur  les 
réflexions  élogieuses  qu'il  suggère.  Nous  n'avons  eu  pour  but 


qne  de  montrer,  par  quelques  critiques,  avec  quel  intérêt  et 

Îuelie  attention  nous  avons  parcouru  ee  quatrième  volume, 
e  Dictionnaire  de  thérapeutique  de  M.  Dttjardtn-Beanmeti 
est,  nous  ne  craignons  pas  de  le  répéter,  l'œuvre  la  plus 
considérable,  la  plus  savante  et  la  plus  utile  qui  ait,  depuis 
de  longues  années,  été  écrite  à  propos  d'une  science  dé^ 
daignée  par  ceux-là  qui  ne  la  connaissent  pas.  Les  médecins 
praticiens  aussi  bien  que  les  physiologistes  et  les  cliniciens 
qui  reconnaissent,  au  contraire,  les  précieuses  acquisitions 
Qu'elle  a  faites  dans  ces  dernières  années,  sauront  rendre 

i'ustice  au  maître  éminent  qui  n'a  pas  reculé  devant  le 
abeur  aussi  ingrat  que  méritoire  d'établir  l'état  actuel 
de  nos  connaissances  en  thérapeutique. 

L.  Lereboullet. 


Hc  la   meMiariilloa    des   os   lonc«   des    membres,    par 

M.  E.  RoLLET  (Thèse  de  la  Faculté  de  médecine  de  Lyon). 
—  Lyon,  1888,  Slorck. 

M.  le  docteur  Etienne  Rollet  vient  d'étudier  la  mensura- 
tion des  os  longs  des  membres  dans  se^  rapports  avec  Tan- 
thropologie,  la  clinique  et  la  médecine  judiciaire. 

L'auteur  a  mesuré  à  la  Faculté  de  Lyon,  dans  le  labora- 
toire de  médecine  légale  du  professeur  Lacassagne,  avec  la 
planche  osléométrique  de  Broca,  les  os  longs  des  membres 
de  cent  sujets  (cinquante  hommes  et  cinquante  femmes)  ; 
l'âge  et  la  taille  sont  notés.  La  méthode  adoptée  étant  très 
rigoureuse,  on  peut  regarder  comme  très  précises  ces  men- 
surations faites  à  un  millimètre  près. 

M.  Etienne  Rollet  étudie  les  proportions  des  membres 
par  rapport  à  la  taille  et  en  cherchant  les  rapports  de  la 
longueur  moyenne  des  6s  aux  tailles  moyennes  extrêmes  ;  il 
constate  que^  chez  l'homme,  les  membres  sont  proportion- 
nellement plus  longs  dans  les  petites  tailles  que  dans  les 
grandes;  chez  la  femme,  le  membre  inférieur  est  plus  court, 
mais  le  membre  supérieur  plus  long.  Les  différences  pro- 

(^ortionnelles  sont  moindres  chez  la  femme  que  chez 
'homme.  La  race  noire  a  les  membres  plus  longs  que  la 
race  blanche,  surtout  parle  développement  du  tibia  et  du 
radius  :  la  différence  est  très  marquée  entre  les  femmes. 

M.  Eftienne  Rollet  consacre  un  chapitre  à  la  question  de 
l'asymétrie  des  membres,  qu'il  appelle  dissymétrie.  Les  os 
longs  des  membres  homologues  présentent  une  inégalité 
manifeste.  L'humérus  est,  93  fois  sur  100,  plus  long  à 
droite.  Il  en  est  à  peu  près  de  même  des  os  de  ravant-bras. 
Les  membres  supérieurs  ont  entre  eux  une  inégalité  de  lon- 
gueur 99  fois  sur  100.  La  différence  de  8  millimètres  en 
moyenne  atteint  parfois  14  et  22  millimètres  en  faveur  du 
côté  droit. 

L'inégalité  du  fémur  est  de  3  millimètres  en  moyenne, 
tantôt  en  faveur  du  côté  droit,  tantôt  en  faveur  du  côté  gau- 
che, parfois  elle  atteint  7  à  10  millimètres.  L'inégalité  est 
moins  fréquente  pour  le  tibia  et  surtout  pour  le  péroné  qui 
est  l'os  le  plus  symétrique. 

On  est  souvent  droitier  par  le  membre  supérieur  et  gau- 
cher par  le  membre  inférieur.  On  peut  être  gaucher  par  le 
memore  supérieur  et  droitier  par  le  membre  inférieur.  La 
dissymétrie  des  membres  est  aussi  marquée  chez  le  vieillard 
que  chez  l'adulte,  chez  la  femme  que  chez  l'homme  ;  elle 
n'existe  pas  encore  chez  le  fœtus  et  ne  commence  à  se  mon- 
trer que  dans  la  première  enfance.  Ce  sont  là  des  résultats 
dont  on  ne  saurait  assez  apprécier  l'importance. 

Dans  le  dernier  chapitre,  M.  Etienne  Rollet,  après  avoir 
discuté  les  applications  cliniques  de  ces  résultats,  aborde  le 
problème  de  la  détermination  de  la  taille  d'après  un  ou  plu- 
sieurs os  longs; 

C'est  un  des  sujets  des  plus  intéressants  en  anthropologie 
et  en  médecine  légale,  i^ous  possédons  des  féliiurs,  pai* 
exemple,  des  hommes  préhistoriques,  quelle  était  leur  sta- 


ture ?  En  médecine  légale  l'identité  du  cadavre  est  choa 
importante.  Actuellement,  on  se  base  sur  les  tableaux  d'Ol 
fila  assez  incomplets.  M.  Etienne  Rollet  donne  de  nouveau 
procédés  pour  déterminer  la  taille  d'après  les  os  longs  < 
arrive  à  des  résultats  très  satisfaisants. 

Pour  lui,  les  hommes  préhistoriques  auraient  une  taill 
moins  élevée  qu'on  ne  le  suppose  .généralement.  Ain^ 
rhomme  de  Cro-Magnon  aurait  mesuré  1",80,  et  non  l",9i 
comme  l'indiqueraient  les  tableaux  d'Orfila. 

M.  DcvAL. 


Travaux  d'obstétrique  du  docteur  Auvard,  3   volumes  in-^ 
Paris,  Lecrosnier  et  Babé,  i8«9. 

Des  trois  volumes  que  vient  de  faire  paraître  M.  AovaN 
le  premier  seulement  contient  la  réédition  de  travaux  et  d'ar 
ticles  déjà  publiés,  soit  dans  la  Gazette  kebdonuLdaire^  soit  du 
les  Archives  de  tocologie  ou  dans  différents  autres  recueils  4 
médecine.  Le  deuxième  et  le  troisième  volume  ne  renfernic/j 
que  des  travaux  inédits,  parmi  lesquels  nous  mentionnerons  de 
recherches  personnelles  sur  Textraction  de  la  tète  fœtale  e(  I 
mécanisme  de  la  sortie  des  épaules  (tète  première)  ;  sur  les  pH 
sentations  du  front  et  de  l'abdomen,  etc.;  une  étude  très  appn 
fondie  sur  les  rapports  de  Tadipose  et  de  la  puerpéralite  ;  ni 
travail,  qui  a  donne  lieu  à  bien  des  controverses,  sur  le  laoi 

Îionnement  iiitra-utérin,  etc.,  etc.  Toutes  les  recherches,  toule 
es  considérations  développées  par  Fauteur  s*appuient  sur  ui 
ffrand  nombre  d'observations  reproduites  in-extenso  dans  ce 
deux  volumes.  Le  chapitre  consacré  au  diagnostic  de  Yè^\vt 
de  Taccouchement  est  une  élude  très  minutieuse  de  tous  le 
documents  qui  peuvent  éclairer  cette  question  sî  difficile  i 
pourtant  si  importante  à  résoudre. 

Il  n*est  pas  besoin  d'insister  sur  la  somme  considérable  é 
travail  personnel  et  d^études  bibliographiques  que  représenlea 
ces  trois  volumes. 

Traitement   db  l'éclampsie  pcerpkralb,  par  M.  le  doclcu 
A.  AuvAHD.  —  Paris,  0.  Doin,  1889. 

Comme  Touvra^e  précédent,  celui-ci  ^  renferme  un  grani 
nombre  d*observations,  de  statistiques  et  d*indications  bibliogn 
phiques  sur  lesquelles  s'appuient  les  conclusions  de  l'auteur 
M.  Auvard,  après  avoir  étudie  dans  tous  leurs  détails  les  diverse 
méthodes  tnérapeuti<|ues  recommandées  dans  le  Iraitemen 
de  réclampsie  puerpérale,  en  arrive  à  conseiller  avant  toal  e 
surtout  le  régime  lacté  exclusif  qui  seul  peut  améliorer  ralburoi 
nurie  gravidiijue.  Si,  malgré  le  traitement  de  cette  albuminurie 
traitement  qui,  avec  le  régime  lacté,  doit  comprendre  parfois  le 
bains,  les  purgatifs,  les  diaphorétiques,  les  inhalations  uoxygènc 
—  et  aussi  riodure  de  potassium, — Téclampsie  se  déclarait,  cV»> 
à  Tanesthésie  chlororormiaue  ou  chloralique  qu*il  conviendrai 
d'avoir  recours.  Le  cbloral  a  hautes  doses,  en  lavement,  retard( 
ou  entrave  les  accès.  Le  chloroforme  les  arrête  quand  ils  son 
trop  violents.  L'accouchement  forcé  ne  sera  tenté  qu'en  cas  d* 
nécessité  absolue;  mais  Taccoucheur  devra,  dès  quela  dilatalior 
sara  eampléte,  ai^tiver  par  tous  les  moyens  possibles  rexpul 
sion  du  fœtus  letla  délivrance.  Les  autres  méthodes  ne  sont  qu< 
palliatives,  souvent  înefûcuces. 

Annuaire  de  thérapeutique.  —  Paris,  0.  Doin,  i888. 

Ce  nouvel  annuaire  est  précédé  d'une  intéressante  préface 
signée  par  M.  Dujardin-Beaumets,  et  résumant  les  progrh 
accomplis  pendant  Tannée  1888.  On  lira  avec  un  grand  prolit  ce 
que  dit  l'auteur  an  sujet  de  Tattipyrine,  de  Tacétanilide,  an 


une  table  alphabétique  des  matières,  pourront  être  retrouvées; 
mais  (|ui,  à  première  vue,  semblent  un  peu  éparscs  et  tr»»î^"; 
des  suiets  les  plus  divers.  Le  livre  est  uonc  un  recueil  de  lait* 
utiles  a  consulter,  et  résumant  à  peu  près  tout  ce  qui  a  para  dans 
te  courant  de  l'année. 


^  Mars  4889 


GAZETtE  HEBDOMADAIRB  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  12  —    IM 


Variétés 

INAUGURATION  DE   L'ÉCOLE   DU  SERVICE   DE   SANTÉ 
MILITAIRE  A  LYON. 

UinauguraUon  de  la  nouvelle  Ecole  du  service  de  santé 
militaire  a  fourni  Toccasion  à  son  directeur,  M.  Vallin,  d'ex- 
iiriDier,  en  excellents  termes,  comment  il  entend  exercer  les 
hautes  fonctions  qui  lui  ont  été  confiées.  Après  avoir  rappelé 
if  soavenir  de  l'École  de  Strasbourg,  où  il  avait  été  lui-même 
^;pétiteu^  de  médecine,  et  payé  une  dette  de  reconnaissance  à 
)a ville  f  qui  a  été  le  berceau  delà  médecine  militaire  française 
contemporaine  et  qui,  de  plus,  est  pour  quelques-uns  la  patrie 
regrettée  >,  Bl.  Vallin  a  donné  à  ses  élèves  les  conseils  sui- 
Taots  : 

c  Avant  tout,  vous  devez  respecter  et  faire  respecter  votre 
oaiforme  :  il  faut  que  vous  en  soyez  fiers.  Aussi  bien,  celui 
quon  vous  a  donné  est  martial,  élégant;  il  sied  bien  à  votre 
jeunesse  ;  il  vous  donnera  des  satisfactions  d'amour-propre, 
jMurru  que  vous  le  portiez  avec  une  correction  scrupuleuse. 
Hais,  ne  Toubliez  pas,  dés  que  vous  Taurez  revêtu,  vous  aurez 
Miquéune  partie  de  votre  liberté,  vous  ne  vous  appartiendrez 
plus;  vous  n'êtes  plus  un  inconnu  qui  se  perd  dans  la  foule  et 
dont  on  ne  connaît  ni  le  nom  ni  la  qualité;  vous  êtes  un  élève 
k  l'Ecole  du  service  de  santé  militaire,  qu'on  distingue  de  loin, 
>ur  qui  se  fixe  Tattention;  et,  si  par  malheur  un  jour  vous  vous 
compromettiez  un  instant,  ce  n'est  plus  vous  seul,  c*est  l'Ecole 
(oui  entière  que  vous  compromettriez  avec  vous. 

c  Vous  faites  vos  premiers  pas  dans  l'armée,  dans  une  carrière 
où  tous  ceux  qui  ont  Thonneur  de  porter  le  même  uniforme  se 
coQsidèrent,  jusqu'à  la  fin  de  leur  vie,  comme  solidaires  les  uns 
des  autres.  Cette  solidarité  est  une  force  que,  sans  doute,  vous 
D'arei  pas  encore  mesurée;  elle  est  le  stimulant  qui  suscite  les 
plus  hauts  faits  d'armes  et  les  plus  grands  dévoùments;  elle 
empêche  aussi  les  défaillances*  car  celui  qui  a  déshonoré  son 
uniforme  est  jug^é  et  renié  par  ses  pairs;  il  n'y  a  pas  de  châti- 
ment comparable  à  celai-li. 

c  Cette  justice,  vous  avez  le  droit  et  le  devoir  de  la  faire  vous- 
iBi^mes  entre  vous;  dans  cette  vie  en  commun  où  tout  se  passe 
au  grand  jour,  les  jeunes  gens  du  même  âge  se  connaissent 
bien  vile,  s'apprécient  et  se  jugent.  N'hésitez  pas  à  répudier  le 
ramarade  indigne  qui  vous  paraîtrait  capable  de  compromettre 
et  de  déshonorer  le  titre  d'élève  et,  plus  tard,  celui  de  médecin 
militaire;  c*est  un  devoir  que  vous  auriez  à  remplir  envers  le 
corps  auquel  vous  appartiendrez  bientôt. 

€  Cest  par  ce  respect  de  vous-même  et  par  cette  vigilance 
réciproque  que  vous  formerez  cet  esprit  de  corps  qui  fait  la 
iorce  et  te  prestige  de  l'Ecole  Polytecuniçiue,  de  Saint*Cyr,  de 
Siiumur,  de  la  Flèche,  du  Borda,  Ce  qui  a  fait  pendant  long- 
it^mps  notre  faiblesse,  ce  mii  a  retardé  notre  unité  et  notre 
autonomie,  c'est  l'absence  d'une  origine  commune,  c'est  Fab- 
sencc  d  une  Ëcole  du  service  de  sauté  militaire.  Cet  élément  de 
t-italité  est  maintenant  entre  vos  mains;  sachez  eu  profiler. 

«  Celte  Ecole  nous  a  été  rendue,  non  seulement  pour  créer 
i  esprit  de  corps  et  la  solidarité,  non  seulement  pour  vous  donner 
1  instruction  technique,  mais  encore  et  surtout  pour  vous  ensei- 
gner l'esprit  militaire,  la  discipline,  le  sentiment  de  la  hiérar- 
chie, ces  trois  granacs  choses  sans  lesquelles  il  n'y  a  pas 
d  armée  régulière  et  solide,  sans  lesquelles  le  corps  de  santé  n'a 
plus  de  raison  d'être,  car  les  médecins  militaires  pourraient  dès 
lors  être  remplacés  par  des  médecins  civils  empruntés  à  la 
réserve  ou  à  l'armée  territoriale. 

,  (  Messieurs  les  Elèves,  vous  n'êtes  ici  ni  des  soldats  ni  des 
étudiants  :  vous  êtes  des  élèves  officiers,  comme  à  l'Ecole  Poly- 
technique, comme  à  Saint-Cyr.  Inspirez-vous  de  ces  écoles  ; 
empruntez  à  leur  vie  intérieure  ce  qu'elles  ont  de  bon,  de  noble, 
de  généreux.  Vous  n'êtes  pas  gênés  par  des  traditions  trop 
anciennes,  où  se  sont  parfois  maintenues  des  pratiques  puériles 
ou  brutales.  Commencez  une  tradition  nouvelle;  soyez  de  votre 
•'geel  de  votre  temps;  respectez-vous  et  aimez-vous  les  uns  les 
autres;  formez  ici  de  ces  amitiés  durables  oui  font  le  charme  de 
«1  vie  et  qui  sont  si  précieuses  dans  l'armée.  Faites  honneur  à 

voire  uniforme,  non  seulement  dans  la  rue,  mais  dans  les  hôpi- 

laux  et  devant  vos  professeurs  en  robe  qui  vous  feront  subir 

^os  examens;  faites  honneur  à  la  ville  de  Lyon,  qui  s'est  imposée 

pour  vous  de  mnds  sacrifices  et  qui  est  ficre  de  vous  posséder; 

a  la  Facttlié,  dont  vous  augmenterez  l'éclat  et  dont  vous  appré- 


cierez tout  à  l'heure  les  immenses  ressourced;  à  celte  Ecole 
enfin»  sur  laqnelle  sont  fixés  en  ce  moment  les  yeux  de  tous  les 
médecins  de  l'armée,  dont  vous  serez  dans  quelques  années  les 
camarades  et  les  collègues. 

c  Messieurs,  dès  aujourd'hui  commence  votre  tâche;  je  me 
persuade  aue  le  régime  de  l'Ecole  ne  vous  paraîtra  pas  trop 
lourd.  Les  tacililés  de  travail,  les  encouragements  et  les  conseils 
ne  vous  feront  jamais  défaut.  Eu  ce  qui  me  concerne,  vous  me 
trouverez  toujours  à  la  fois  sévère  pour  le  service  et  bienveillant 
pour  les  personnes.  » 

Nous  avons  tenu  à  reproduire  te.vtuellement  ce  discours;  nous 
ne  doutons  pas  que  les  nouveaux  élèves  du  service  de  santé 
militaire  qui  l'ont  si  cordialement  applaudi  ne  rendent  sa  tâche 
facile  à  leur  éminent  directeur. 


Faculté  de  médecine  de  Paris.  —  Cours  de  pathologie  expé- 
rimentale et  comparée,  —  M.  le  professeur  Straus  a  commencé 
le  cours  de  pathologie  expérimentale  et  comparée  le  mercredi 
20  mars  1889,  à  cinq  heures  de  l'après-midi  et  le  continuera  les 
vendredis,  lundis  et  mercredis  suivants,  à  la  même  heure,  à 
l'amphithéâtre  du  laboratoire  de  pathologie  expérimentale 
<EoQle  pratique,  l"  étage). 

—  Cours  de  pathologie  chirurgicale.-— }AA^  professeur  Guyon 
commencera  le  cours  de  patholoffie  chirurgicale  le  lundi 
25  mars  1889,  à  trois  heures  de  I  après-midi  (grand  amphi- 
théâtre), et  le  continuera  les  mercredis,  vendredis  et  lundis 
suivants,  à  la  même  heure. 

—  Cours  de  thérapeutique  et  matière  médicale.  —  H.  le  pro- 
fesseur Hayem  commencera  le  cours  de  thérapeutique  et  matière 
médicale  le  lundi  25  mars  1889,  à  cinq  heures  de  l'après-midi 
(petit  amphithéâtre),  et  le  continuera  les  mercredis,  vendredis 
et  lundis  suivants,  â  la  même  heure. 

—  Cours  d'hygiène.  —  M.  le  professeur  Proust  commencera 
le  cours  d'hygiène  le  mardi  26  mars  1889,  à  quatre  heures  de 
l'après-midi  (grand  amphithéâtre),  et  le  continuera  les  jeudis, 
samedis  et  mardis  suivants,  â  la  même  heure. 

—  Cours  de  pathologie  et  thérapeutiques  générales.  —  M.  le 
professeur  Bouchard  commencera  le  cours  de  pathologie  et  thé- 
rapeutique générales  le  mardi  26  mars  1889,  à  cinq  heures  de 
l'après-midi  (petit  amphithâtre),  et  le  continuera  les  jeudis, 
samedis  et  mardis  suivants,  â  la  même  heure. 

-**  Cours  de  physMogie.  —  M.  le  professeur  Gh.  Richet  com- 
mencera le  cours  de  physiologie  le  samedi  30  mars  1889,  â  cinq 
heures  (grand  amph*ithéâtre  de  l'Ecole  pratique), et  le  continuera 
les  mardis,  jeudis  et  samedis  suivants,  â  la  même  heure. 

—  Cours  de  pathologie  interne.  —  M.  le  professeur  Damas- 
chino  commcucera  le  cours  de  pathologie  interne,  le  mardi 
2(j  mars  1889,  à  trois  heures  (grand  amphithéâtre),  et  le  conti- 
nuera tes  jeudis,  samedis  et  mardis  suivants  à  la  même  heure. 
—-  Objet  ciu  cours  :  c  Maladies  tuberculeuses  et  cancéreuses.  ï 

—  Cours  de  médecine  légale.  —  M.  le  professeur  Brouardel 
commencera  le  cours  de  médecine  légale,  le  lundi  25  mars  1889, 
à  quatre  heures  (grand  amphithéâtre),  et  le  continuera  les  ven- 
dredis et  lundis  suivants  à  la  môme  heure.  —  11  traitera  des 
blessures  et  des  intoxications  aiguës. 

—  Conférences  de  pathologie  interne.  —  M.  Hanot,  agrégé, 
commencera  ces  conférences  le  mardi  26  mars  1889,  à  quatre 
heures  de  l'après-midi  (petit  amphithéâtre),  et  les  continuera 
les  jeudis,  samedis  et  mardis  suivants,  à  la  même  lienre. 

—  Conférences  de  pathologie  infantile.  —  M.  Hutinel, 
agrégé,  commencera  les  conférences  ue  pathologie  infantile  le 
mardi  26  mars  1889,  â  trois  heures  de  l'après-midi  (petit 
amphithéâtre),  et  les  continuera  les  jeudis,  samedis  et  mardis 
suivants,  à  la  même  heure. 

—  Travaux  pratiques  d'histologie  (sous  la  direction  de 
M.  Rémy^  agrégé,  chef  des  travaux).  —  Les  travaux  pratiques 
d'histologie  du  semestre  d'été  commenceront  le  jeudi  21  mars 
1889  et  se  continueront  les  samedis,  mardis  et  jeudis  de 
chaque  semaine,  d'une  à  trois  heures  de  l'après-midi  (Ecole 
pratique,  15,  rue  de  TEcole-de-Médecine). 

Les  travaux  pratiques  d'histologie  sont  obligatoires,  pendant 


200 


N*  12  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDEGIflE  ET  DE  CHIRURGIE 


22  Mars  1889 


le  semestre  d'été,  pour  tous  les  élèves  de  seconde  année.  (Les 
étudiants  pour  rofuciat  ne  sont  pas  astreints  à  ces  travaux.) 

MM.  les  étudiants  seront  convoqués  individuellement  par  une 
lettre  spéciale. 


Faculté  de  médecine  de'.Montpellier.  —  M.  Irokerl,  agrégé, 
est  chargé  d'un  cours  de  pHysique. 

Faculté  de  médecine  de  Nancy.  —  M.  Zilgien,  ancien  aide 
d'analomie,  est  nommé  chef  des  travaux  d*anatomie  patholo- 
gi()ue  à  ladite  Faculté,  en  remplacement  de  M.  Ehrmann,  dé- 
loissionnaire. 

Faculté  de  médecine  de  Bordeaux.  —  M.  Amozan,  agrégé, 
est  chargé  d*un  cours  complémentaire  des  maladies  syphilitiques 
et  cutanées. 

ËCOLE  DE  médecine  d'Amiens.  —  M.  le  docteur  Mojilongret 
est  institué  suppléant  des  chaires  d'anatomie  et  de  physiologie. 

École  de  médecine  ds  Caen.  — -  M.  Guillet,  suppléant,  est 
chargé  d'un  cours  de  pathologie  externe  et  de  médecine  opéra- 
toire. 

École  de  médecine  de  Limoges.  —  M.  le  docteur  Delotti  est 
institué  suppléant  des  chaires  de  pathologie,  de  clinique  chirur- 
gicale et  de  clinique  obstétricale. 

École  de  médecine  de  Rouen.  —  M.  Gascard  est  institué 
suppléant  des  chaires  de  physique  et  de  chimie. 

Asiles  d'aliénés.  —  Par  arrêté  ministériel,  en  date  du  2  mars 
1889,  M.  le  docteur  Donnet,  directeur-médecin  de  Tasile  public 
d  aliénés  de  Vaucluse,  est  mis  en  disponibilité,  sur  sa  demande, 
et  remplacé  par  M.  le  docteur  Boudrie,  directeur-médecin  de 
Tasile  d'aliénés  de  Bassons  (Savoie). 

—  Les  concours  pour  les  places  de  médecins-adjoints  se  sont 
terminés  par  les  nominations  suivantes  : 

Région  de  Lille  :  M,  Journiac.  —  Région  de  Lyon  :  MM.  Chau- 
mier  et  iJarlhomeux.  —  Région  de  Nancy:  M.  Sizaret.  —  Région 
de  Paris  :  MM.  Sérieux,  Arnaud  et  Gombemale. 


Corps  de  santé  militaire.  —  Liste  des  médecins  oui  ont 
produit  les  meilleurs  travaux  scienti^aues  en  i9^,—  UM.  Dela- 
housse  :  Etiologie  de  la  fièvre  typhoïde.  Microbisme  et  leuco- 
maïsme.  —  Au^arde  :  Rapport  sur  l'épidémie  de  rougeole  qui  a 
sévi  sur  la  garnison  de  Rayonne  en  mai,  juin  et  juillet  1888.  — 
Camus  :  Exposé  de  Torganisation  des  lazarets  militaires  de  Sidi- 
Ferruch  et  de  Matifou,  en  1886-1887.  —  Eude  :  La  rougeole  et 
les  oreillons  au  90«  régiment  d'infanterie,  à  Chàleauroux, 
pendant  Thiver  1887-1888.  —  Geschwind  :  Recherches  sur  la 
fièvre  typhoïde  dans  la  garnison  de  Moslaganem.  Rôle  de  Teau 
d'alimentation.  —  Jeunehomme  :  L'étiologie  de  la  malaria, 
diaprés  les  observations  anciennes  et  modernes.  —  Lonçet  : 
Relation  d'une  épidémie  de  scarlatine  ayant  sévi  sur  la  garnison 
de  Givet,  avec  des  formes  et  des  complications  graves,  du 
26  septembre  18Ç7  au  11  mai  1888.  — Poulet:  De  Tostéo-périos- 
tite  rhumatismale  des  métatarsiens  au  3*  régiment  de  zouaves. 

—  Darde  :  De  l'emploi  de  l'eau  chaude  dans  le  traitement  des 
entorses  et  des  fractures  périarticulaires.  —  Duléry:  De  l'emploi 
de  l'iodoforme  pour  les  premiers  pansements  des  blessures  de 
guerre  et  dans  le  traitement  des  affections  tuberculeuses  locales. 

—  Escard  :  Accidents  consécutifs  à  la  morsure  d'une  vipère  k 
cornes;  traitement  parles  injections  hypodermiques  de  perman- 
ganate de  potasse;  guérison.  —  Lagrange:  La  pathologie  des 
Européens  a  Hué.  —  Mackiewicz  :  Essai  sur  la  valeur  des  indi- 
cations fournies  par  les  différents  périmètres  pour  iuj;er  de 
Taptitude  au  service  militaire.  —  Pauzat:  Rapport  sur  l'épidémie 
de  fièvre  typhoïde  quia  frappé  le  115*  d'infanterie, du  23  novem- 
bre 1887  au  3  février  1888.  —  De  Schuttelaere  :  Rapport  sur  le 
choléra  au  Tonkin.  —  Tartière:  Observation  d'un  cas  de  mutisme 
hystérique.  —  Dnpeyron:  Rapport  sur  les  vaccinations  et  les 
revaccinalions  pratiquées  au  143*  régiment  d'infanterie  pendant 
le  meis  de  décembre  1887.  —  Uublé  :  Mémoire  sur  les  vaccina- 
tions et  les  re vaccinations  pratiquées  en  1887;  résultats  compa- 
ratifs du  vaccin  humain  et  du  vaccin  de  génisse  conservé  et  con- 
sidérations sur  les  causes  qui  influencent  ces  résultats.  — 


Maubrac:  Plaies  de  la  veine  fémorale  par  armes  à  feu.  ~  LalTo 
gue  :  De  l'atrophie  testiculaire  consécutive  à  l'orchite  de 
oreillons;  symptômes  et  anatomie  pathologique. 

Congres  français  de  chirurgie  en  1889.  —  La  quatrièm 
session  du  Congrès  français  de  chirurgie  se  tiendra  du  7  a 
13  octobre  18Sd,  à  Paris,  sous  la  présidence  de  M.  le  baro 
Larrey. 

Les  questions  suivantes  sont  mises  à  Tordre  du  jour 
l' résultats  immédiats  et  éloignés  des  opérations  pratiquées  pou 
des  tuberculoses  locales;  2**  traitement  chirurgical  de  la  périio 
nite;  3"  traitement  des  anévrysmes  des  membres. 

Congrès  international  de  thérapeutique  et  dematierbne 
dicalb.  —  Ce  Congrès  aura  lieu  à  Paris,  du  1*^  au  5  août  188^, 
Thôtei  des  Sociétés  savantes,  28,  rue  Serpente.  Pourront  en  fsiir 
partie  tous  les  médecins,  pharmaciens  et  vétérinaires  qui  auroo 
envoyé  leur  adhésion  et  payé  la  cotisation  de  10  francs. 

Le  bureau  du  Comité  d'organisation  est  ainsi  composé 
MM.  Moutard-Martin,  président;  Dujardin-Reaumetz,  vice-pré 
sident;  Constantin  Paul,  secrétaire  général;  P.-G.  Bardet,  it 
crétaire  général  adjoint;  Labbé,  secrétaire  de  la  section l 
thérapeutique f  et  R.  Blondel,  secrétaire  de  la  section  dem- 
tiére  médicale. 

Le  Congrès  sera  divisé  en  deux  sections  :  l'une  de  tAerapfx 
tique^  l'autre  de  matière  médicale.  Chacune  des  deux  section' 

f>ourra  délibérer  à  part  dans  des  salles  séparées,  aux  séances  li* 
a  niatinée  consacrées  aux  questions  particulières  laissées  in 
choix  des  membres  du  congrès  ;  les  séances  du  jour  seront  coni 
munes  et  réservées  à  la  aiscusiou  des  questions  posées  park 
Comité  d'organisation  du  congrus. 

Première  question.  —  Des  antithermiques  analgésiques 
Chimie  et  pnarmacologie  de  ces  corps  ;  action  physioiogii]iK 
et  usages  thérapeutiques  ;  lois  oui  peuvent  permettre  d'établi; 
une  relation  entre  la  fonction  chimique  et  la  fonction  physiol' 
giaue.  (Rapporteur,  M.  Dujardin-Reaumetz.) 

Deuxième  question.  —  Des  antiseptiques  propres  à  chai}n< 
espèce  de  microbes  pathogènes  :  Valeur  proportionnent'  «H 
antiseptiques,  leur  action  spéciale  ;  étude  de  leur  moJ-^ 
d'absorption  et  des  meilleurs  procédés  d'administration.  {^^ 
porteur,  M.  Constantin  Paul.) 

Troisième  question.  —  Des  toniques  du  cœur  :  leur  nalnrv, 
leurs  actions  spéciales  ;  valeur  relative  des  plantes  pt  if^ 
leurs  principes  actifs,  alcaloïdes  et  glucosides.  (Rapporteur^ 
M.  Bucq^uoy.) 

(Quatrième  question.  —  Des  nouvelles  drogues  d'ori^^^^ 
végétale  récemment  introduites  dans  la  thérapeutique.  (M"] 
porteur.  M.  Planchon.) 

Cinquième  question.  ~  Unification  des  poids  et  mesa^'^ 
employés  dans  les  formules;  de  Vutilité  d'une  pharmacoyfi 
internationale.  (Rapporteur,  M.  Shaer,  de  Zurich.) 

Les  membres  du  Congrès  qui  comptent  faire  une  commune'  •• 
tion  sont  priés  d'en  annoncer  le  titre  au  secrétaire  du  romi!| 
avant  le  15  mai  prochain.  Les  communications  et  diseussioB^ 
seront  réunies  dans  un  volume  qui  sera  imprimé  paj  les  soinj 
du  comité  d'organisation  et  sera  adressé  à  chaque  adhérent.    1 

Une  exposition  de  drogues  simples  se  rapportant  aux  qnestioi» 
posées  par  le  Comité  aura  lieu  au  siège  au  cougrès  pendant i 
durée  de  la  session  ;  elle  sera  organisée  par  les  soins  dj 
MM.  Adrian  et  Blondel. 

On  est  prié  d'adresse  toutes  les  adhésions  et  communici»ti«J 
à  M.  le  docteur  Bardet,  secrétaire  gén  ;ral  adjoint  du  forn^ 
d'organisation,  119  bis,  rue  Notrc-Dame-des-Champs,  à  Paris,  i 


Nécrologie.  —  Nous  avons  le  regret  d'annoncer  le  déciV 
M.  le  docteur  Denucé,  doyen  honoraire  de  la  Faculté  de  m 
cine  de  Bordeaux,  associe  national  de  l'Académie,  auquel 
travaux  de  chirurgie  ont  valu  une  réputation  mériiée; 
MM.  les  docteurs  Bodereau,  médecin  en  chef  de  rhdpit^il  | 
Bïans;  Herbelin  (de  Nantes),  et  G.  Johnslon,  président  du  Kc 
and  Queen's  Collège  of  physician,  de  Dublin. 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 


i8038.  —  MOTTBROZ.  —  Imprimerioi  rëuniot.   A.  me  Migooo,  t  l**»»-' 


n  Mars  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE.  CHIRURGIE 


N»  12  —    20t 


SUPPLÉMENT  THÉRAPEUTIQUE 


DE    LA 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


Le  fiAlaeol. 

En  1887,  il  a  paru  dans  le  n""  20  du  Correspondenz-Blatt 
fur  Schweizer  Aerzte.  un  travail  du  docteur  Sahli  sur  le 
Gaîacol.  Ce  médecin  s  est  proposé  de  substituer  ce  corps  à 
la  créosote  dont  il  fait  partie  dans  la  proportion  de  60  à 
90  pour  100.  En  effet,  la  créosote  n*est  pas  une  espèce  chi- 
mique définie^  mais  un  mélange  de  plusieurs  composés 
appartenant  à  la  classe  des  phénols. 

En  1888,  M.  Fraentzel  (Therapeutische  Monatshefte] 
11"  4),  se  basant  sur  une  communication  personnelle  du  pro- 
fesseur Penzoldt,  qui  croit  que  le  Galacol  est  la  substance 
aclive  dans  la  créosote,  a  employé  le  Galacol  dans  plus  de 
douze  cas  de  tuberculose,  et  a  obtenu  les  mêmes  résultats 
qu'avec  la  créosote. 

Le  Gaîacol  se  prépare,  diaprés  le  procédé  de  Fischer,  par 
distillation  du  bois  de  hêtre  et  se  sépare  vers  200  degrés. 
Lesuroduits  recueillis  à  cette  température  sont  traités  par 
plusieurs^  réactifs  et  soumis  plusieurs  fois  à  des  distillations 
Iraclioanées. 

A  Tétat  pur,  le  Galacol  constitue  un  liquide  incolore, 
d'une  odeur  aromatique  agréable,  ce  qui  est  un  avantage 
sur  la  créosote. 

Fischer  a  indiqué  plusieurs  procédés  pour  s'assurer  de  la 
pureté  du  Galacol.  Un  de  ces  moyens  consiste  à  agiter 
i  centimèires  cubes  de  Galacol  avec  4  centimètres  cubes  de 
benzine  de  pétrole  à  la  température  de  20  degrés.  Si  le 
Galacol  est  pur,  il  se  sépare  rapidement  et  en  totalité.  Si  on 
a  affaire  à  du  Gaiacol  du  commerce  qui,  d'ajprès  Fischer,  ne 
renferme  quelquelois  que  35  pour  100  de  ualacol,  il  se  fait 
une  solution  claire  ;  rien  ne  se  sépare. 

Il  est  de  première  importance  de  s'assurer  d'un  produit 
bien  préparé,  parfaitement  pur  et  bien  conservé  ;  les  effets 
thérapeutiques  dépendent  évidemment  de  ces  conditions. 

L'action  thérapeutique  du  Galacol  est  très  voisine  de  celle 
de  la  créosote.  Sahli  a  expérimenté  sur  un  grand  nombre  de 
phlhisiques  et  a  vu  la  toux,  surtout  au  début  de  la  phthisie, 
promptement  calmée.  Quand  l'expectoration  est  pénible  et 
les  sécrétions  abondantes,  le  Galacol  fluidifie  les  mucosités 
et  les  diminue  progressivement. 

Le  Galacol  convient  à  tous  les  cas  de  phthisie  lente  qui 
exigent  un  long  traitement. 

Quand  le  Galacol  est  bien  supporté,  l'appétit  ne  tarde  pas 
à  se  relever  ainsi  que  l'état  général. 

C'est  un  médicament,  comme  la  créosote,  à  continuer 
pendant  des  semaines  et  des  mois. 

Tout  récemment,  un  médecin  des  hôpitaux  de  Paris  a  fait 
usage  de  ce  médicament  sous  forme  de  Perles  contenant 
chacune  5  centigrammes  de  Galacol  pur  en  solution  dans 
Thuile  de  £alne.  Ces  Perles  ont  été  préparées  sur  sa  demande 
suivant  le  procédé  du  docteur  Clertan,  par  la  maison 
L.  Frère.  Les  résultats  obtenus  seront  l'objet  d'un  travail 
ultérieur,  mais  déjà  nous  savons  qu'ils  confirment  de  tous 
points  les  travaux  des  médecins  étrangers. 

La  dose  usitée  de  Galacol  est  de  15  à  20  centigrammes 
par  jour  environ,  ce  qui  correspond  à  trois  ou  quatre  Perles; 
mais  il  peut  être  administré  à  des  doses  beaucoup  plus 
élevées. 


THÉRAPEUTIQUE 

Saltejlato  de  mcrcnre. 

Une  communication  du  docteur  Silva  Araujo  à  la  Société 
de  polyclinique  générale  de  Rio-de-Janeiro  a  appelé  l'atten- 
tion sur  cette  combinaison  hydrargyrique.  Cet  auteur  lui 
reconnaissait  de  sérieux  avantages  qu'il  résumait  ainsi  : 

1**  Le  salicyiate  de  mercure  est  facilement  supporté  par 
l'estomac;  il  n'occasionne  ni  les  gastralgies,  ni  les  enterai- 
gies  ou  coliques,  ni  la  diarrhée  qui  sont  fréquemment  l'effet 
des  autres  préparations  mercurielles,  sans  y  excepter  le  pro- 
toiodure  et  le  tannate  de  mercure  dont  il  a  été  fait  récem- 
ment un  si  large  emploi  ; 

2<'  Le  salicyiate  de  mercure  n'a  jamais  produit  la  stoma- 
tite mercurielle; 

3*"  A  l'intérieur  le  salicyiate  de  mercure  agit  avec  plus  de 
promptitude  qu'aucun  autre  des  sels  de  mercure  usités 
jusqu'à  ce  jour. 

A  la  suite  de  cette  publication  le  docteur  Cari  Szadek,  de 
Kiew,  a  administré  le  salicyiate  de  mercure  dans  vingt-cinq 
cas  de  syphilis. 

Les  observations  du  médecin  russe  confirment  entière- 
ment les  résultats  annoncés  par  le  docteur  Araujo,  de  Rio. 
Dans  aucun  cas  la  médication  n'a  occasionné  de  désordres 
des  organes  digestifs,  ni  stomatite,  ni  salivation  lorsque  la 
bouche  et  les  dents  étaient  en  bon  état. 

Plus  récemment,  le  professeur  Swimmer,  de  Budapest,  a 
demandé  à  la  maison  L*  Frère,  de  Paris,  de  lui  préparer, 
suivant  son  procédé  d'enrobage  et  d'impression,  des  pilules 
imprimées,  de  salicyiate  de  mercure,  à  la  dose  d'un  centi- 
gramme. Le  sel  lui-même  a  été  préparé  de  toutes  pièces  au 
laboratoire  de  cette  importante  maison* 

Le  professeur  de  Pest  donne  cinq  de  ces  pilules  par  jour, 
tandis  que  le  docteur  Silva  Araujo  a  formulé  des  pilules  de 
25  milligrammes  dont  il  donnait  trois  par  jour. 

Nous  pensons  que,  d'une  manière  générale,  la  dose  du 
professeur  hongrois  convient  mieux  pour  une  médication 
qui  doit  être  fractionnée  et  progressivement  croissante. 
D'ailleurs,  il  est  toujours  facile  d'augmenter  le  nombre  des 
pilules. 


11. 


30*    —  N*  12 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


22  Mars  1889 


THÉRAPEUTIQUE 
Caraetères  chimiques  de  la  peptone. 

Une  bonne  peplone,  pour  être  assimilable,  doit 
remplir  les  conditions  suivantes  : 

Emploi  de  viande  de  bœuf  de  première  qualité, 
sans  muscle  ni  graisse;  rejet  absolu  de  la  viande 
de  cheval,  avec  laquelle  on  baisse  le  prix. 

Digestion  de  cette  viande  de  bœuf  avec  la  pep- 
sine dialysée  pure,  jamais  par  les  acides  seuls. 

Après  la  digestion,  la  pcptone  obtenue  doit  être 
neutre,  ne  contenir  ni  glucose,  ajoutée  souvent 
pour  augmenter  la  densité  au  détriment  de  la 
quantité  de  viande  employée,  ni  phosphates  arti- 
ficiels, pour  augmenter  les  phosphates  naturels, 
ni  chlorure  de  sodium  ou  sel  marin  provenant 
de  l'emploi  de  Tacide  chlorhydrique  pour  la 
digestion  de  la  viande,  ni  tartrate  de  soude, 
quand  on  s'est  servi  d'acide  tartrique  dans  le 
môme  but. 

Une  solution  de  peptone  pure  doit  être  lim- 
pide et  ne  pas  précipiter  par  l'acide  azotique,  ce 
qui  est  la  conséquence  d'une  digestion  parfaite. 

La  peptone  Chapoteaut  remplit  exactement 
toutes  ces  indications  ;  c'est  à  sa  pureté,  à  sa 
régularité  de  préparation  et  d'action  qu'elle  doit 
d'être  la  seule  employée  dans  le  laboratoire  de 
M.  Pasteur  pour  les  opérations  si  délicates  de 
culture  des  organes  microscopiques,  et  dans  tous 
les  laboratoires  de  physiologie. 

Au  Ministère  de  la  Marine,  les  navires  qui  font 
le  service  de  la  Cochinchine  et  du  Tonkin  doi- 
vent être,  par  décision  ministérielle,  approvi- 
sionnés de  la  peptone  Chapoteaut^  car  c'est  le 
plus  puissant  moyen  de  nourrir  les  malades 
atteints  de  la  diarrhée,  du  choléra  ou  du  typhus; 
ce  traitement  est  de  beaucoup  plus  actif  que  le 
régime  lacté. 


La  peptone  Chapoteaut  est  employée  sous  les 
formes  Suivantes  : 

POUDRE  DE  PEPTONE   CHAPOTEAUT. 

Elle  représente  cinq  fois  son  poids  de  viande 
de  bœuf  et  s'emploie  dissoute  dans  du  thé,  du 
bouillon  ou  du  potage,  pour  augmenter  leur 
puissance  nutritive,  ou  dans  de  l'eau  tiède  pour 
lavements.  La  peptone  en  poudre  supprime  rem- 
ploi des  peptones  liquides,  sujettes  h  s'altérer  si 
elles  ne  contiennent  pas  soit  de  l'alcool,  soit  de 
la  glycérine. 

VIN   DE   PEPTONE  CHAPOTEAUT. 

Ce  vin  est  alimentaire  par  excellence;  il  est 
agréable  au  goût,  se  conserve  bien  et  contient, 
par  verre  à  bordeaux,  la  peplone  de  10  grammes 
de  viande  de  bœuf. 

Il  s'emploie  dans  tous  les  cas  où  il  est  néces- 
saire de  relever  et  de  soutenir  les  forces  des 
malades,  d'assurer  une  alimentation  et  une  diges- 
tion régulières. 

Dose  :  un  demi-verre  à  vin  de  Bordeaux  après 
les  repas. 


G«  MA8S0N,  Propriitair$*GéranU 

l.liM.    ,1.      .H4lUt      -Mil    n     '''HllTij   JIJ.     MIL      II.     ■'      '         "" 

—  MoTTEROZ.  —  Imprimeiiei  réunies,  A,  rue  Mignon,  %  Pari»- 


TRENTE-SIXliKE  ANNÉE 


NM3 


29  Mars  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D'  L.  USRSBOÏÏLLET,  Rédâctbur  sn  ghit 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  B.  DIEUUFOY,  DREYFU$-BRI$AC,  FRANCOIS-FRANCK,  A.  HÊIOCQUE.  h.4.  ■ARTIN,  A.  PETIT.  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ee  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lirkboollit,  Ai,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRE.  ^  BOLLCTIN.  ~  OBSTKTniQUB.  Céphalolribo  etbatjotribe.  —  CoM- 
niaimoNS  pharmaceutiquis.  Incompatibilité  du  salicjflate  de  soude  et  de 
lantipTrihc  (Ml  nature.  —  FoRHOLAlRR  thkrapeutiqub.  Du  traitement  de 
l'eaéina  de  la  ilentltion.  —  Traitcaient  local  antiseptique  do  l'crysipèle.  — 
Travaux  ORIGINAUX.  Médecine  opératoire  :  Xole  sur  un  appareil  à  llioracénièse. 
-  Sur  une  petite  épidémie  locale  ileçastro-cotcritc  ch'o'criforme.  —  Rttt?EDE8 

rOtRS   ET  DBS   CLINIQOBfl.    HApitsl    Saillt^LouIs.  •>  SOCIBTéS    8AVARTB8.    Aca- 

(iciuic  des  sciences.  »  Académie  de  médecine.  ~  Soricté  médicale  des  hôpitaux. 
-Société  de  chinir(,ne.  —Société  de  biologie.  — BidliograpHK.  Guide  pratique 
4e  (H!tite  chirurgie.  —  VARlirés. 


BULLETIN 

Paris,  27  mars  1889. 

Académie  de  médecine  :  Le  létaBos.  —  l-e»  poêien  mo- 
ules. —  Société  médicale  des  hôpitaux  :  !•«•  msdAdies 

érnpllvcii    eontuffleiMes.    —    IKoitwelle    ornanteAilon 
du  Val-dc-€Sr*ee. 

S'il  esl  vrai  qu'il  soil  possible  de  juger  la  valeur  d'une 
Ihêorie  scientifique  par  ses  applications  pratiques  et  s'il  est 
josle  de  reconnaître  que,  en  prophylaxie  aussi  bien  qu'en 
thérapeutique,  la  nature  des  maladies  peut  être  parfois 
reconnue  par  les  procédés  qui  servent  à  les  guérir,  les 
préceptes  prophylactiques  qui  terminent  le  travail  de 
M.  Verneuil  ne  trouveront  plus  de  contradicteurs.  En  ad- 
roeUant  même  qu'on  ne  considère  point  le  tétanos  comme 
une  maladie  infectieuse  transmissible  des  solipëdes  à 
l'homme,  et  tout  en  niant  son  origine  équine,  nul  ne  pourra 
se  refuser  à  considérer  comme  utiles  les  précautions  indi- 
quées pour  soustraire  les  blessés  à  une  contamination  au 
moins  possible.  L'isolement  des  tétaniques,  la  purifîca- 
tion  anliseptique  des  instruments  et  des  objets  qui  auront 
servi  à  les  panser,  le  nettoyage  des  plaies  suspectes,  les  pro- 
cédés conseillés  en  vue  d'empêcher  le  tétanos  du  cheval  de 
!^e  développer  après  la  castration  constituent  toute  une 
série  de  mesures  dont  l'utilité  est  indiscutable. 

L'immense  quantité  de  documents  analysés  par  M.  Ver- 
neuil, le  talent  avec  lequel  il  les  a  groupés  pour  en  déduire 
les  conclusions  théoriques  qu'on  lira  plus  loin  (p.  211)  don- 
nent à  cette  étude  sur  le  tétanos  une  importance  considé- 
rable. Il  paraît  impossible  que  de  nouvelles  recherches 
dirigées  dans  une  voie  si  magistralement  tracée  n'aboutis- 
sent pas  à  quelques  résultats  définitifs. 

La  discussion  sur  les  dangers  d'intoxication  oxycarbonée 
que  présentent  les  poêles  mobiles  s'est  brillamment  ouverte 
par  des  communications  de  MM.  Vallin,  Le  Roy  de  Méri- 
courl  et  Dujardin-Beaumetz.  Un  grand  nombre  d'orateurs 
Sont  inscrits  pour  les  séances  prochaines.  C'est  dire  que  la 

^•StWI,  TrXXVI. 


question  soulevée  par  M.  Lancereaux  est  difficile  à  résoudre  • 
ou  bien  que  les  inconvénients  à  signaler  sont  nombreux.'* 
Aussi  aimerait-on  à  voir,  s'il  est  possible,  les  débats  se 
préciser  et  s'ordonner.  Quelles  sont  les  questions  à  exa- 
miner ?  1^*  Les  poêles  à  combustion  lente,  tels  qu'ils  exis- 
tent aujourd'hui,  présentent-ils  des  inconvénients  graves  ?• 
3^  Les  intoxications  observées  sont-elles  réellement  dues 
au  fonctionnement  régulier  de  l'appareil  ou  à  des  fautes 
commises  dans  son  usage?  S"*  Ces  fautes  peuvent-elles  être 
évitées  ?  4*'  En  cas  de  réponse  affirmative,  comment  en 
informer  le  public  avec  une  précision  suffisante?  ô*"  Dans  le 
cas  contraire,  faut-il    résolument  proscrire  l'emploi  des 
poêles  à  combustion  lente,  ou  doit-on  laisser  payer  d'accidents 
dont  on  ignore  généralement  le  nombre  et  la  gravité,  les 
avantages  économiques  de  ce  nouveau  procédé  de  chauffage? 
Tels  sont  les  points  qui  seront  vraisemblablement  sou- 
levés ;  il  y  aurait  tout  intérêt  à  les  discuter  successivement, 
puisqu'ils  dérivent  les  uns  des  autres,  et  il  y  aurait  sans 
doute  des  inconvénients  à  les  confondre.  Ce  qui  domine,  en 
effet,  c'est  la  nature  et  l'étendue  du  danger  qu'offrent  les 
nombreux  poêles  à  combustion  lente  qui  se  disputent  la 
faveur  du  public  et  nous  souhaitons  que  des  expériences 
démonstratives  et  contradictoires  puissent  enfin  donner  des 
indications  nettes  et  précises  sur  ce  point  fondamental.  Il 
n'est  pas  douteux  que  la  combustion  y  soit  incomplète,  mal 
réglée  et  que  le  bénéfice  de  l'appareil  tienne  en  grande 
partie  à  ces  conditions  ;  quant  aux  dispositions  qu'ils  exigent 
poux  la  rapide  évacuation  des  gaz  produits,  le  tirage  éner- 
gique, rapide  et  efficace,  l'impossibilité  de  tout  retour  dans 
la  pièce,  il  est  bien  peu  de  cheminées  qui  les  assurent  dans 
nos  constructions  contemporaines.  Il  faut  aussi  songer  que 
le  bon  marché  de  ces  poêles  en  rend  l'usage  presque  indis- 
pensable, à  moins  qu'il  ne  doive  être  proscrit,  dans  les  loge- 
ments populaires,  où  il  est  souvent  matériellement  impos- 
sible de  changer  l'appareil  de  local  pendant  la  nuit  et  de 
prendre  des  précautions  convenables.  Si  donc,  nous  le  répé- 
tons, il  était  définitivement  prouvé  qu'il  y  a  un  réel  danger 
à  user  de  ces  appareils  et  qu'il  n'y  existe  aucun  remède 
faudrait-il    aller   jusqu'à    les    tolérer,  au  nom  de  cette 
liberté  du  suicide  que  les  économistes  de  l'école  aujour- 
d'hui dominante  considèrent  comme  la  règle  fondamentale 
en  matière  d'hygiène  des  habitations  privées?  La  discussion 
prochaine,  qui  n'a  été  ({u'amorcée  hier,  permettra,  sans 
doute,  de  conclure  sur  ces  divers  points. 

—  Sur  la  proposition  de  M.  Grancher,  une  commission, 
composée  de  tous  les  médecins  des  services  hospitaliers  où 

13 


202 


N*  13  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


29  Mars  1889 


sont  traitées  les  maladies  de  l'enfaace,  vient  d'êlre  appelée  à 
rédiger  un  rapport  dont  les  conclusions  devront  établir  ce 
que  nous  savons  au  sujet  du  mode  de  propagation  des  ma* 
ladies  éruptives,  ce  que  Ton  peut  tenter  pour  en  diminuer 
le  nombre  et  la  gravité.  Il  convient  d*applaudir  sans  réserves 
à  cette  décision  et  d'émettre  le  vœu  que  les  médecins  des 
services  d'enfants  tiennent  tous  à  honneur  de  donner  leur 
avis  et  de  s'entendre  pour  arriver  à  préciser  un  peu  la  ques- 
tion qui  vient  d'être  discutée  devant  la  Société  des  hôpi- 
taux. 

Gomme  Ta  si  bien  dit  M.  Grancher,  à  moins  de  discuter 
indéfiniment  des  questions  insolubles  et  de  demander  à 
l'administration  de  l'Assistance  publique  des  mesures  im- 
praticables, il  faut,  dans  toutes  ces  question  de  contagion, 
tenir  compte  de  ce  qui  paraît  démontré,  laisser  dans  l'om- 
bre ce  qui  n'est  que  probable  et  surtout  n'imposer  aux  mé- 
decins que  des  réformes  pratiques  et  vraiment  utiles.  À  ces 
divers  points  de  vue,  l'isolement  cellulaire  dont  a  parlé 
M.  Richai*d  est  une  de  ces  mesures  radicales  auxquelles  on 
ne  peut  songer  non  seulement  pour  les  malades  de  Thôpitai 
qui,  en  cas  d'épidémie,  sont  beaucoup  trop  nombreux,  mais 
même  pour  les  malades  de  la  ville.  Il  n'est  pas  un  médecin 
un  peu  expérimenté,  un  peu  au  courant  des  nécessités  de  la 
clientèle  privée,  qui  ne  sache  traiter  les  rubéoliques  et  éviter 
les  complications  qu'ils  présentent  parfois,  sans  recourir 
à  des  procédés  tout  à  fait  inapplicables.  Le  mot  antisepsie 
médicaleysi  souvent  prononcé  dans  cette  discussion,  équi- 
vaut pour  nous  au  mot  propreté.  Encore  ne  faudrait-il  point 
croire  que  la  propreté  d'un  rubéolique  exige  une  aération 
trop  souvent  suivie  de  refroidissements  graves.  Dans  l'épi- 
démie qui  sévit  en  ce  moment  encore  et  qui  a  rarement  été 
plus  intense  que  cette  année,  la  mortalité  par  rougeole,  au 
moins  dans  la  classe  aisée,  est  à  peu  près  nulle,  et  nous 
croyons  n'avancer  que  des  opinions  admises  par  tous  les 
médecins  d'enfants,  en  disant  qu'il  est  des  épidémies  béni- 
gnes et  des  épidémies  graves,  que  les  précautions  antisep* 
tiques  ne  sont  vraiment  utiles  que  dans  certains  cas  déter- 
minés et  excessivement  rares  en  ce  qui  concerne  la  rougeoie. 
Nous  ne  doutons  point  dès  lorsque  la  Commission  nommée 
par  la  Société  des  hôpitaux  ne  laisse  de  côté  ce  sujet,  un 
peu  étranger  aux  préoccupations  des  praticiens,  et  qu'elle  ne 
s'applique  surtout  à  préciser,  en  tenant  compte  des  diverses 
maladies  éruptives.  le  moment  où  commence  et  surtout 
celui  où  finit  le  danger  au  point  de  vue  de  la  contagion. 

En  ce  qui  concerne  la  rougeole,  la  question  parait  simple  ; 
elle  pourrait  être  facilement  résolue.  Il  semble  surabondam- 
ment démontré  que  la  rougeole  est  contagieuse  et  surtout 
contagieuse  dès  le  début  de  la  période  d'invasion,  c'est-à-dire 
pendant  les  quatre  ou  cinq  jours  qui  précèdent  l'apparition 
de  l'exanthème  et  pendant  toute  la  durée  de  celui-ci.  Or, 
que  se  passe-t-il  trop  souvent  ?  Un  enfant  est  atteint  de  rou- 
geole dans  une  famille  qui  compte  cinq  ou  six  frères  et 
sœurs.  On  isole  —  ou  Ton  prétend  isoler  —  le  malade,  afin 
de  préserver  ceux  qui  vivent  près  de  lui.  Ceux-ci  continuent 
à  sortir,  à  assister  à  des  cours,  à  se  mettre  en  contact  avec 
d'autres  enfants  ;  mais  ils  ont  gagné  la  maladie  avant  même 
que  le  médecin  ait  été  appelé  ;  et,  successivement  atteints 
après  dix,  quinze,  dix-huit  jours,  ils  transmettent  autour 
d'eux  le  germe  de  la  rougeole  qu'on  ne  reconnaît  que  le 
jour  où  il  est  trop  tard  pour  en  empêcher  la  propagation. 
Ne  diminuerait-on  pas  notablement  le  nombre  des  rubéoli- 
ques en  exigeant  que  les  écoles,  les  cours  publics,  les  mati- 
nées, etc.,  soient  interdits  à  tous  les  enfants  n'ayant  point 


encore  eu  la  rougeole,  mais  appartenant  à  une  famille  dans 
laquelle  se  trouvera  un  rubéolique  et  cela  pendant  les  vingt 
jours  qui  suivront  la  guérison  de  ce  rubéolique?  Ne  faudrait, 
il  pas,dans  les  internats,  isoler  tout  de  suite  à  rinfirmcrie  et 
les  y  garder  pendant  vingt  jours  le  rubéolique  et  ses  voisins 
immédiats? 

En  un  mot,  ne  devrait-on  pas  poser  en  principe  que 
toutes  les  fois  que  la  rougeole  a  frappé  un  enfant,  tous 
ceux  qui  ont  vécu  côte  à  côte  avec  lui  pendant  les  quatre  ou 
cinq  jours  qui  ont  précédé  l'éruption,  devront  être  consi- 
dérés comme  suspects  et  traités  en  conséquence?  Par 
conlre  n'esl-il  pas  exagéré  de  considérer  comme  contagieux 
et  devant  rester  isolés  les  enfants  dont  l'éruption  a  disparu 
depuis  huit  jours  ?  Un  ou  deux  bains  ne  suffiraient-ils  pas 
pour  les  purifier  et  la  durée  totale  de  l'isolement  pour  la 
rougeole  ne  devrait-elle  pas  être  limitée  à  dix  ou  douze 
jours  au  plus  après  l'apparition  de  Texanthème? 

Pour  la  coqueluche  et  surtout  pour  la  scarlatine,  la 
question  est  plus  diflicile  à  résoudre.  La  toux  reste  quinteuse 
dans  la  coqueluche  pendant  de  longues  semaines  et  cepen- 
dant la  maladie,  elle  aussi,  ne  se  transmet  guère  que  durant 
la  première  période  et  surtout  ne  se  transmet  que  par  un  con- 
tact immédiat  ou  prolongé.  Est-il  possible,  en  effet,  d'admelire 
que  le  seul  changement  d'air  suffira  à  guérir  une  maladie 
spécifique?  Et  si  l'on  pense  que  le  changement  d'air  na 
d'autre  effet  que  d'atténuer  les  crises  qui  s'observent  dans 
le  cours  d'une  affection  spasmodique,  on  reconnaîtra  qu  à 
partir  du  moment  où  le  changement  d'air  est  efficace,  c'esl- 
à-dire  trente  ou  quarante  jours  après  le  début  de  la  coque- 
luche, l'élément  infectieux  de  la  maladie  peut  être  considéré 
comme  ayant  fait  place  à  l'élément  purement  spasmodique. 
A  ce  moment  la  coqueluche  ne  doit  plus  être  contagieuse. 
Or,  si  l'on  peut  démontrer  —  et  nous  croyons  qu'on  peut  le 
faire  sans  danger  aucun  —  que  la  rougeole  n'est  plus  conta- 
gieuse huit  jours  après  que  l'éruption  a  disparu,  et  cela  en 
faisant  à  ce  moment  passer  les  malades  des  salles  d'isole- 
ment dans  les  salles  communes,  on  pourra  peut-être,  eu 
procédant  de  même,  démontrer  que,  malgré  la  persistance 
des  quintes  convulsives,  la  coqueluche  n'est  plus  contagieuse 
après  trente  ou  quarante  jours. 

Il  n'en  sera  pas  autrement  pour  la  scarlatine.  La  durée  de 
la  desquamation  n'est  pas  toujours  en  rapports  directs  avec 
la  durée  de  la  contagiosité  de  la  maladie.  Celle-ci  n*esl 
guère  transmissible  pendant  la  période  d'invasion  ;  elle  Test 
davantage  pendant  la  période  de  desquamation.  Mais  il  ne 
faudrait  pas  pour  ce  motif  condamner  à  l'isolement  un  ma- 
lade qui  pèlera  pendant  deux  ou  trois  mois  comme  nous  en 
avons  vudes  exemples.  A  ce  point  de  vue  également  il  y  aurait 
une  expérience  à  tenter  en  favorisant  la  rentrée  des  malades 
dans  les  salles  communes  après  trente  ou  quarante  jours 
et  un  ou  deux  bains  savonneux. 

Quant  à  la  diphthérie,  nous  pensons  que  l'on  se  mettra 
d'accord  pour  affirmer  que  la  maladie  n'est  contagieuse  que 
durant  le  développement  des  fausses  membranes  qui  la 
caractérisent.  Lorsque  l'angine  est  bien  guérie,  ce  qui  varie 
singulièrement  suivant  les  sujets  ;  lorsque  les  manifestations 
extérieures  de  la  maladie  ne  sont  plus  visibles,  celle-ci 
peut  être  considérée  comme  n'étant  plus  contagieuse;  mais, 
pour  la  diphthérie  surtout,  il  importe  de  bien  désinfecter 
tous  les  vêtements,  tous  les  instruments,  tous  les  meubles, 
rideaux,  tapis,  tentures,  etc.,  qui  ont  pu  recevoir  et  garder  les 
germes  infectieux. 

Après  la  discussion  f|ui  vient  d'occuper  plusieurs  séances 


Î9  Mars  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  W  13  —    203 


de  la  Société  des  hôpitaux  et  qui  aboutira,  nous  l'espérons, 
à  une  série  de  conclusions  précises,  nous  devons  nous 
borner  à  ces  quelques  réflexions.  Notre  but,  en  les  écrivant, 
e>t  surtout  de  bien  faire  comprendre  qu'il  y  a  quelque  chose 
à  tenter,  non  seulement  à  l'hôpital,  mais  encore  et  surtout 
en  dehors  de  l'hôpital,  pour  arriver  à  enrayer  le  développe- 
ment (les  maladies  contagieuses  de  l'enrance.  A  Tbôpital, 
I  encombrement,  la  malpropreté,  etc.,  etc.,  peuvent,  nous  le 
reconnaissons,  aggraver  la  maladie  et  donner  naissance  à 
un  plus  grand  nombre  de  cas  intérieurs.  Dans  le  milieu 
nosocoroial,  les  précautions  antiseptiques  sont  donc  néces- 
saires. Hors  de  l'hôpital,  ce  qu'il  faudrait,  c'est,  après  avoir 
bien  précisé  les  modes  de  contagion  et  la  durée  de  la 
maladie,  indiquer  et  au  besoin  imposer  les  mesures  né- 
cessaires pour  en  arrêter  la  propagation.  Ces  mesures 
semblent  assez  faciles  à  prescrire  et  les  familles  les 
accepteront  sans  grandes  difficultés  le  jour  où  elles  seront 
assurées  qu'elles  sont  imposées  partout,  dans  les  collèges, 
dans  les  écoles,  dans  toutes  les  agglomérations  d'enfants. 

—  Un  décret  publié  il  y  a  quelques  jours  dans  le  Journal 
mlitaire  officiel  modifie  en  certains  points  l'organisation 
(le  rÉcoIe  du  Val-de-Grâce.  Désormais,  l'hôpital  du  Val-de- 
Grâce,  sous  le  nom  éChôpital  (Tinstrtictiony  est  rattaché  à 
l  École  d'application  de  médecine  militaire  et  placé  sous  les 
ordres  immédiats  du  sous-directeur.  Cette  mesure,  depuis 
longtemps  réclamée  et  toujours  ajournée,  a  l'avantage  de 
mettre  le  personnel  enseignant  hors  de  l'autorité  collatérale 
du  directeur  du  service  de  santé  du  gouvernement  de  Paris, 
et  de  rendre  plus  faciles  les  rapports  journaliers  du  médecin 
chef  avec  son  supérieur  hiérarchique.  Nous  approuvons 
moins  le  maintien  au  Val-deGrâce  des  aides-majors  surveil- 
lants, promus  au  grade  de  médecin-major  de  S*" classe;  mais 
nous  regrettons  surtout  l'article  qui  autorise  le  directeur  à 
ronfler  au  major  de  l'école,  dont  les  fonctions  étaient 
jusqu'ici  purement  administratives,  un  service  d'hôpital  et 
même  des  conférences.  Dans  une  institution  où  tout  le  per- 
sonnel enseignant  est  arrivé  par  le  concours,  nous  consi- 
dérons comme  une  innovation  dangereuse  de  mettre  sur  le 
même  pied  que  les  agrégés,  voire  même  que  les  professeurs, 
un  fonctionnaire  qui  n'a  jamais  eu  à  faire  preuve  de  ses 
aptitudes  à  l'enseignement  ou  au  traitement  des  malades. 
Les  mesures  de  ce  genre,  prises  sans  le  conseil  ou  l'assen- 
timent de  ceux  qui  auraient  toute  autorité  pour  les  juger, 
sont  essentiellement  arbitraires.  Il  nous  eût  semblé  plus 
urgent  de  renforcer  l'enseignement  chirurgical,  que  la 
suppression  du  professeur  d'anatomie  laisse  grandement  en 
souffrance  depuis  plus  d'une  année,  et  de  rendre  au  corps 
enseignant  la  stabilité  qui  permet  seule  les  travaux  de 
longue  haleine. 


OBSTÉTRIQUE 

€épluilOtrlbe  «t  feastolrlbe. 

Lorsque,  le  fœtus  étant  vivant  et  se  présentant  par  le 
sommet,  le  forceps,  appliqué  régulièrement  et  par  suite 
solidement  sur  la  tête  au  détroit  supérieur  rétréci^  n'a  pu, 
•Malgré  des  tractions  soutenues  mais  sans  violence, 
triompher  de  l'obstacle  pelvien  ;  ou  bien  encore  quand  le 
f'^lus,  se  présentant  dans  les  mêmes  conditions,  est  mort  au 
moment  où  l'intervention  est  possible  ou  s'impose,  il  ne  reste 


au  médecin  élevé  à  l'école  française,  qu'une  ressource  pour 
terminer  l'accouchement  en  faisant  courir  à  la  mère  le 
moins  de  risques  possible  :  la  réduction  du  volume  de  la 
tète  fœtale  par  perforation  et  broiement. 

Deux  instruments  sont,  à  l'heure  actuelle,  employés  dans 
ce  but:  le  céphalotribe  et  le  basiotribe.  Malgré  les  immenses 
avantages  que  présente  celui-ci  comparé  à  celui-là,  c'est  mal- 
heureusement encore  au  céphalotribe  que  la  grande  majorité 
des  médecins  français  donnent  la  préférence.  Les  uns 
semblent  obéir  à  ce  penchant  de  l'esprit  qui,  comme  le  dit 
si  bien  Pajot,  nous  fait  plus  ou  moins  réfractaires  à  un 
moyen  nouveau  tombant  au  beau  milieu  de  notre  carrière 
et  d'une  position  déjà  faite.  Les  autres,  sans  parti  pris,  et 
c'est  le  plus  grand  nombre,  n*ont  eu  ni  l'occasion,  ni  le 
loisir  d'apprendre  à  connaître,  dans  les  mémoires  et  les 
journaux  spéciaux  (i),  les  avantages  du  basiotribe  sur  son 
aîné.  C'est  pour  ces  derniers  que  je  voudrais  examiner  ici  ce 
qu'était  naguère  (j'entends  au  point  de  vue  mécanique)  la 
céphalotripsie,  avec  Tinstrument  plus  ou  moins  modifié  de 
Baudelocque  neveu,  et  ce  qu'elle  est  devenue  avec  le  basio- 
tribe Tarnier. 

I 

L'idéal  sans  cesse  rêvé  et  poursuivi  depuis  1829  par  les 
accoucheurs  réduits  à  pratiquer  la  céphalotripsie  a  été  le 
suivant  :  broyer  la  tête  (voûte  et  base)  d'une  façon  suffisante 
pour  lui  permettre  de  franchir  le  rétrécissement  sans 
risques  pour  les  parties  molles;  conserver  sur  la  tête  broyée 
une  prise  suffisamment  solide  pour  Tentrainer  au  dehors 
sans  déraper;  réduire  autant  que  possible  la  durée  de  Tacte 
opératoire. 

Or,  dans  un  grand  nombre  de  cas,  même  dans  les  rétré- 
cissements moyens  qui  de  beaucoup  les  plus  communs  nous 
occuperont  d'abord,  le  céphalotribe  était,  de  l'avis  de  ceux* 
là  mêmes  qui  le  maniaient  avec  le  plus  d'habileté,  impuissant 
à  réaliser  ces  desiderata. 

Certes,  lorsqu'il  saisissait  bien  la  tête,  il  la  broyait  fort 
bien.  Mais  le  malheur  était  que  trop  souvent  il  la  saisissait 
mal  parce  que  non  engagée,  mobile,  elle  remontait  en 
fuyant  au-dessus  de  l'instrument,  ou  s'échappait  en  avant  ou 
en  arrière  des  cuillères,  à  la  façon  du  noyau  de  cerise  pressé 
entre  deux  doigts.  Un  aide  habile  peut,  il  est  vrai,  en  Tim- 
mobilisant  par  pression  au  travers  des  parois  abdominales, 
parer  dans  une  certaine  mesure  au  premier  de  ces  inconvé- 
nients; mais  il  est  trop  souvent  impuissant  à  empêcher  le 
glissement  horizontal.  La  tête  échappe  ainsi  à  l'action  du 
céphalotribe  qui  n*en  broie  qu'un  segment  (la  voûte)  et  non 
la  totalité. 

Lorsque,  ce  broiement  incomplet  terminé,  l'accoucheur 
cherche  à  engager  la  tète,  à  l'extraire  après  l'avoir  fait 
tourner,  il  n'y  peut  parvenir;  l'instrument  dérape.  «  Mal- 
heureusement, écrivait  M.  Tarnier  en  1865,  l'application  du 
céphalotribe  est  souvent  imparfaite,  et  malgré  toutes  les 
précautions,  le  céphalotribe  lâche  prise  et  glisse  sur  la 
tête  »  ;  et  plus  tard,  en  1876,  il  ajoutait  :  €  Tous  les  céphalo- 
tribes  connus  ont  Tinconvénient  de  lâcher  prise;  i 

Que  faire  alors?  Séance  tenante,  d'après  la  méthode  pré- 
conisée par  P.  Dubois,  on  réappliquait  l'instrument  une 
seconde  fois  pour  tâcher  de  compléter  le  broiement  et  de 
faire  une  prise  plus  solide;  mais  on  se  heurtait  alors  à  une 
difficulté  nouvelle  :  la  tendance  des  cuillères  à  se  réengager 

(1)  Bulklin  de  V Académie  de  médecine,  déconibro  1883;  Pinard,  Annales  de 
gynécologie,  novembre  i88(;  Bar,  Progrèt  médical,  d<kciubre  ISSi* 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


39  Mars  1889 


dans  leur  premier  sillon.  On  allait  ainsi  parfois  jusqu'à 
trois,  quatre,  six  interventions  successives.  Courbure  des 
cuillères  suivant  les  faces,  courbure  suivant  les  bords,  rugo- 
sités de  la  face  interne,  crochets,  fenêtres,  saillies  transver- 
sales, rien  n'y  faisait. 

Devant  Timpossibilité  d'entraîner  le  fœtus  avec  le  cépha- 
lotribe,  même  après  des  broiements  multiples,  on  avait  en 
avant-dernier  ressort  recours  au  cranioclaste,  bon  instrument 
d'extraction;  et,  si  l'on  échouait  encore,  à  la  version  con- 
seillée par  Tarnier  et  Bertin. 

II 

J'ai  dit  que  je  ne  parlais  pour  l'instant  que  des  rétrécis- 
sements moyens.  Il  me  suffirait  d'ouvrir  les  thèses  nom- 
breuses publiées  sur  la  céphalotripsie  pour  y  puiser  des 
observations  probantes;  je  citerai  seulement  quelques  faits 
récents. 

Dans  un  recueil  fort  intéressant  ayant  pour  titre  :  Der 
Kaiserschnitt  und  seine  Stellung  zur  kûnstlichen  Fruhge- 
burty  Wendung  und  Perforation  bei  engem  Becken  (1888)  et 
dans  lequel  Léopold  vient  de  publier  les  résultats  de  sa  pra- 
tique à  la  clinique  de  Dresde,  je  relève  les  quatre  observa- 
tions qui  suivent: 

Obs.  I.  — Sexipare,  à  terme  (premier  accouchement  spontané 
lent,  enfant  vivant;  deux  accouchements  terminés  par  le  forceps, 
enfants  vivants;  deux  terminés  parcraniotomie).  Conjugué  vrai  de 
8  centimètres;  enfant  vivant.  Perforation;  deux  applications  du 
céphalotribe  qui  glisse  deux  fois.  Extraction  facile  par  la  cranio* 
ciasie  d'une  fille  de  3710  grammes.  En  tout  quatre  opérations 
successives. 

Obs.  II.  —  Primipare.  Conjugué  vrai  de  7  centimètres.  Perfo- 
ration ;  deux  applications  du  cranioclaste  qui  glisse  deux  fois  ; 
une  application  de  céphalotribe  qui  dérape.  Extraction,  à  Taide 
du  doigt,  d  une  fille  de  2590  grammes. 

Obs.  III.  —  Primipare.  Bassin  normal.  Éclampsie.  Enfant 
vivant.  Tentative  infructueuse  de  forceps.  Deux  applications 
infructueuses  du  cranioclaste.  Céphalotripsie  également  infruc- 
tueuse. Extraction  d'une  fille  de  3300  grammes  à  la  suite  d'une 
nouvelle  cranioclasie. 

Obs.  IV. —  Secondipare  (premier  accouchement  terminé  par  le 
forceps.  Enfant  mort).  Conjugué  vrai  de  75  millimètres.  Version 
impossible.  Tentative  infructueuse  de  forceps.  Perforation. 
Application  du  cranioclaste  qui  dérape.  Céphalotribe  qui  dérape 
également.  Extraction  à  Taide  du  crochet  aigu  introduit  dans 
Torbite. 

Je  trouve  d'autre  part  sur  les  registres  de  la  Maternité  de 
Lariboisière  de  1882  à  1884  les  six  observations  suivantes, 
les  seules  où  l'on  ait  dû  avoir  recours  au  broiement  de  la 
tête: 

Ors.  I.  —  Primipare;  bassin  de  7  centimètres,  asymétrique. 
Enfant  mort  à  l'arrivée  à  la  Maternité  (pesant  3000  grammes). 
Craniotomie.  Deux  applications  du  céphalotribe  (M.  Pinard 
opérant). 

Obs.  II.  —  Primipare;  bassin  de  7  centimètres,  asymétrique. 
Enfant  mort  à  l'arrivée,  non  pesé.  Craniotomie.  Deux  applica- 
tions de  céphalotribe  (M.  Pinard  opérant). 

Obs.  III.  —  Primipare;  bassin  de  8  centimètres,  canaliculé. 
Enfant  mort  par  procidence  du  cordon  (pesant  4000  grammes). 
Craniotomie.  Quatre  applications  du  céphalotribe  (M.  Pinard 
opérant). 

Obs.  IV.  —  Tertipare.  Deux  accouchements  antérieurs  spon- 
tanés à  terme,  par  le  sommet  ;  premier  enfant  macéré,  deuxième 


vivant.  Bassin  de  8  centimètres,  canaliculé.  Enfant  mort  par  pro 
cidence  du  cordon  (pesant  3200  grammes).  Craniotomie.  l  oi 
application  du  céphalotribe  qui  ne  broie  que  la  voûte  et  dérape 
Extraction  à  Taide  du  cranioclaste. 

Obs.  V.  —  Secondipare  (c'est  la  femme  de  l'observation  ]} 
Enfant  mort  à  l'arrivée  (pesant  3000  grammes). Craniotomie;  un< 
application  infructueuse  du  céphalotribe  ;  cranioclasie  san 
succès  ;  deuxième  application  du  céphalotribe  (M.  Maygrie 
opérant). 

Obs. VI.  —Tertipare.  Rassin  de  87  millimètres.  Deux  accou- 
chements antérieurs  spontanés  (enfants  morts).  Présentation  d( 
la  face;  enfant  vivant  (pesant  2800  grammes).  Après  échec  du 
forceps,  craniotomie.  Trois  applications  du  céphalotribe 
(M.  Pinard  opérant). 

Une  observation  qui  remonte  à  quelques  mois,  tirée  dci 
mêmes  registres,  vient  encore  à  l'appui  de  ma  thèse;  je  la 
résume  brièvement  : 

Qbskrvation.  —  En  octobre  dernier  se  présentait  à  la  Ma(e^ 
nité  de  Lariboisière  une  femme  de  trente-cinq  ans,  arrivée  an 
terme  de  sa  neuvième  grossesse. 

Les  premier,  quatrième  et  septième  accouchements  ont  élc 
terminés  par  le  forceps,  les  trois  enfants  sont  nés  vivants  ;  les 
deuxième  et  cinquième  accouchements  ont  été  spontanés,  renfaul 
présentant  le  sommet;  les  troisième,  sixième,  huitième  grossesses 
ont  avorté  vers  trois  mois. 

Lorsque  cette  femme  arrive  à  Thôpilal,  à  neuf  heures  du  soir, 
il  y  a  dix-huit  heures  qu'elle  est  en  travail  et  huit  heures  que  la 
poche  des  eaux  est  rompue.  L*enfant,  encore  vivant,  mais  qui 
rend  son  méconium  et  dont  les  battements  cardiaques  sont  irré- 
guliers et  ralentis,  présente  Textrémité  céphalique  un  peu 
déQéchie  et  mobile  au-dessus  du  détroit  supérieur.  Un  médecin 
de  la  ville  a  fait  sans  succès  six  tentatives  d^applications  de 
forceps.  L'utérus  est  tétanisé.  Temp.,  38  degrés.  Pouls  rapide. 
Agitation. 

Le  bassin  ;nesure  97  millimètres  dans  son  diamètre  promoiUo- 
sous-pubien. 

Une  application  régulière  de  forceps,  faite  par  rinterne  do 
service,  n'ayant  pu  engager  la  tète,  M.  Pinard  est  mandé.  A  son 
arrivée,  Tenfant  ayant  succombé,  M.  Pinard  se  décide  à  réduire  le 
volume  de  la  tète  fœtale.  N'ayant  pas  de  basiotribe  sous  la  maiD, 
il  a  recours  au  céphalotribe.  Après  avoir  pratiqué  la  craniotomie, 
il  est  obligé  de  faire  successivement  «ix  applications  du  cépha- 
lotribe. Les  cinq  premières  fois,  la  tête,  très  mobile,  fuit  en 
avant  ou  en  arrière  des  cuillères,  malgré  tous  les  efforts  de  l'aide, 
et  échappe  au  broiement.  Ce  n'est  qu'à  la  sixième  tenlalive 
qu'elle  peut  être  solidement  saisie  du  front  à  Tocciput  et  broyée. 

Quelques  tractions  suffisent  alors  pour  extraire  facilement  un 
fœtus  de  2630  grammes.  Les  suites  de  couches  ont  été  normales; 
la  femme  a  quitté  la  Maternité  le  douzième  jour. 

Mais  enfin,  dans  les  faits  précédents,  avec  bien  de  la 
peine,  on  est  arrivé  au  but.  t  Quoi  qu'on  fasse  cependant, 
dit  M.  Tarnier,  il  n'est  pas  toujours  possible  d'extraire  la 
tête;  quelquefois  les  femmes  succombent  sans  avoir  été 
accouchées,  i  Un  confrère  de  province,  d'une  très  grande 
ville  de  province,  me  racontait  récemment  l'histoire  d'une 
femme  ayant  un  bassin  de  7  centimètres  et  demi,  qu'il  vit 
mourir  sans  être  accouchée  après  des  applications  réitérées  j 
du  céphalotribe.  Et  l'opérateur  est  un  accoucheur  et  un  pro- , 
fesseur  de  talent.  | 

Si  contre  de  tels  écueils  viennent  se  heurter  des  maîtres 
rompus  par  une  pratique  quotidienne  à  toutes  les  diffi-  j 
cultes  de  l'obstétrique  opératoire,  que  doit  être  la  cépha- 
lotripsie entre  les  mains  du  praticien  qui,  à  de  rares  | 
intervalles,  au  cours  dç  sa  carrière,  se  trouve  en  lace  de  cas 


20  Mans  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  NM3  —    205 


semblables?  Etcomment  s'étonner  des  désastres  qu'entraîne, 
par  crainte  du  cépbalotribe,  remploi  immodéré  du  forceps  et 
de  la?ersion,  voire  de  Topération  césarienne,  dans  des  cas 
où,  retirant  étant    mort,    ces    opérations    sont    contre- 

indiquées? 

III 

Dans  les  rétrécissements  extrêmes,  de  G  centimètres  et  au- 
dessous,  les  imperfections  du  céphalolribe  étaient  plus 
évidentes  encore* 

De  l'avis  unanime,  la  céphalotripsie  devenait  alors  «  une 
opération  excessivement  dangereuse,  assez  même  pour  qu'on 
ait  pa  dire,  non  sans  raison,  qu'elle  compromettait  la  vie 
de  la  femme  tout  autant  que  l'opération  césarienne,  et  cela 
sans  la  compensation  offerte  par  cette  der- 
nière, la  conservation  possible  et  parfois 
probable  de  la  vie  fœtale  ]»  (Pajot).  C'était  de 
plus  une  opération  très  difficile,  car  <  c'est 
justement  dans  cesrétrécissemenlsi  excessifs 
que  la  tète  restant  fort  élevée,  fuit  facile- 
ment devant  l'instrument  et  n'est  très  or- 
dinairement saisie  que  par  la  partie  la  plus 
accessible  de  la  voûte  3  (Pajot). 

Pour  parer  à  la  fois  à  ces  dangers  et  à  ces 
dirficultés,  le  professeur  Pajot  avait  imaginé 
sa  merveilleuse  méthode  de  céphalotripsie 
répétée  sans  tractions  qui  consistait  à  faire, 
à  deux,  trois  ou  quatre  heures  d'intervalle 
les  unes  des  autres,  deux  à  quatre  séances 
d'un,  deux  ou  trois  broiements  chacune^  et 
à  confier  à  la  nature  l'expulsion  de  la  tète 
ainsi  réduite*  C'était  là  un  grand  progrès, 
mais  qui  était  loin,  on  en  conviendra,  de 
réduire  au  minimum  l'acte  opératoire* 

J'en  ai  dit  assez,  je  pense,  pour  montrer 
eorobieu,  dans  ces  conditions,  était  justifié 
le  jugement  porté  jadis  par  M.  Tarnier  sur 
la  céphalotripsie: 

c  Indépendamment  des  difficultés  qui  com- 
pliquent cette  opération,   on  lui  reproche 
d'exiger  souvent  un   temps  fort  long,  des 
manœuvres  nombreuses,  de    causer  ainsi 
Tépuisement  des  femmes,  de  les  exposer  à 
des  inflammations  de  la  plus  haute  gravité, 
de  produire  quelquefois  des  violences  trau- 
roatiques  mortelles  ;  on  peut  encore  ajouter 
que  parmi  les  femmes  qui  guérissent,  quel- 
ques-unes ont  présenté  des  fistules  vésico-vaginales.  Que 
répondre  à  cela,  si  ce  n'est  que  personne  ne  conteste  la 
gravité   de  la    céphalotripsie;  d'ailleurs  comment  faire 
mieux?  > 

M.  Tarnier  a  répondu  lui-même  à  sa  question  en  imagi- 
nant en  1883  le  basiotribe. 

IV 

Cet  instrument  se  compose,  comme  le  montre  la  figure  ci- 
joinle'(rig.1),  de  trois  branches  d'inégale  longueur,  étagées, 
et  d'une  vis  d'écrasement.  Long  de  4i  centimètres,  il  mesure 
4  centimètres  d'un  côté  à  l'autre  quand  il  est  articulé  et 
serré. 

La  branche  médiane  (fig.  1  et  2  A),  la  plus  courte,  porte  un 
perforateur  alésoir  que  l'on  fait  pénétrer  dans  le  crâne  par 
un  mouvement  de  rotation  jusqu'à  ce  que  sa  pointe  soit  arrêtée 


par  la  résistance  de  la  base,  avec  laquelle  elle  devra  rester 
en  contact  jusqu'à  la  fin  de  l'opération. 

La  branche  gauche  (fig.  1  et  2  B),  analogue  à  la  branche 
gauche  d'un  forceps,  est  ensuite  appliquée  comme  s'il  s'agis* 
sait  du  forceps  et  articulée  avec  la  branche  médiane. 

Branche  médiane  et  branche  gauche  sont  alors  rappro- 
chées par  la  vis  d'écrasement  et  broient  une  moitié  de  la 
tète.  Un  petit  crochet  maintient  ces  deux  branches  rappro- 
chées pendant  qu'on  enlève  la  vis  d'écrasement. 

La  branche  droite  (fig.  1  et  2  C),  la  plus  longue  de  toutes, 
est  ensuite  appliquée  et  articulée  comme  la  branche  droite 
d'un  forceps,  et  la  vis  d'écrasement  (fig.  1  et  2  D),  mise  de 
nouveau  en  place  et  en  action,  rapproche  cette  branche  des 
deux  premières* 


La  tète  est  ainsi  écrasée  en  deux  broiements  successifs, 
moitié  par  moitié,  puis  l'on  procède  à  son  extraction.  Je  ne 
puis  décrire  ici  en  détail  le  manuel  opératoire  de  la  basio- 
tripsie.  Ceux  de  nos  lecteurs  qu'aura  convaincus  la  lecture 
de  cet  article,  trouveront  ce  manuel  exposé  tout  au 
long  dans  le  mémoire  publié  en  1885  par  mon  maître 
M.  Pinard  (1)  et  qui  renferme  en  outre  les  premiers  résul- 
tats cliniques  obtenus  à  l'aide  du  basiotribe. 

Les  avantages  du  basiotribe  sur  le  céphalotribe  sont,  au 
point  de  vue  théorique,  les  suivants: 

l*"  Le  perforateur  et  la  branche  gauche  forment  un  appareil 
de  fixation  empêchant  la  tête,  voûte  et  base,  d'échapper  par 
glissement  vertical  ou  horizontal  au  broiement  de  la  grande 
branche; 

(1)  Le  Boiiotribe  Tarnier»  In-S»  de  03  page»,  avec  11  figures  et  2  planches  en 
chromolithographie.  Paris,  Slcinheil,  1885. 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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2''  Lorsque  le  broiement  est  termiaé,  la  tète  est  solide- 
ment saisie  et  tout  dérapement  est  impossible. 

«  Le  maniement  de  cet  instrument,  concluait  M.  Tarnier 
(dans  une  note  lue  à  l'Académie  de  médecine  en  décembre 
1883),  est  d*ailleurs  analogue  à  celui  du  céphalotribe  et  du 
cranioclaste,  mais  il  leur  est  supérieur  et  offre,  comparati- 
vement, de  très  grands  avantages,  si  je  m'en  rapporte  aux 
expériences  cadavériques  que  j'ai  faites.  » 

La  clinique  est  ici  d'accord  avec  les  expériences  cadavé- 
riques. Je  reprends  en  eiïet  les  registres  de  la  Maternité  de 
Lariboisière  et  j'y  vois  ceci  : 

De  1884  à  1889,  il  a  été  pratiqué  dans  cet  établissement, 
par  M.  Pinard  ou  ses  élèves,  trente-deux  basiotripsies  pour 
des  rétrécissements  variés  du  bassin  (rétrécissement  mini- 
mum, 55  millimètres). 

Trente  fois  une  seule  application  du  basiotribe  a  suffi 
pour  permettre  l'extraction  immédiate,  et,  je  n'ai  pas  besoin 
de  le  dire,  sans  tractions  violentes. 

Deux  fois,  de  propos  délibéré,  pour  éviter  dans  les 
tractions  l'emploi  de  la  force,  et  alors  que  l'instrument 
tenait  solidement,  le  premier  broiement  a  été,  sans  retrait 
du  perforateur,  doublé  d'un  second,  immédiatement  suivi 
de  l'engagement  spontané  de  la  tète  réduite  au  maximum. 

Cette  statistique  démontre  d'une  façon  irréfutable  les 
immenses  avantages  du  basiotribe  sur  le  céphalotribe.  Le 
basiotribe  est  tout  ensemble  perforateur  parfait,  broyeur  et 
extracteur  excellent.  Il  réduit  au  minimum  la  durée  de 
l'acte  opératoire.  II  remplace,  sous  un  moindre  volume, 
dans  la  trousse  obstétricale,  trois  instruments  :  le  perfora- 
teur, le  céphalotribe  et  le  cranioclaste,  ce  qui  réduit  à  néant 
l'argument  tiré  contre  lui  de  son  prix  élevé. 

Grâce  à  lui,  l'extraction,  après  broiement,  de  la  tête  dans 
les  bassins  viciés,  est  devenue  une  des  opérations  les  plus 
simples  de  l'obstétrique,  non  pas  seulement  pour  les 
maîtres,  mais  pour  les  débutants  ;  et  nous  pouvons  dire 
hardiment,  pour  l'avoir  éprouvé  maintes  fois,  que  la  basio- 
tripsie  est  infiniment  moins  difficile  et  moins  troublante 
qu'une  application  de  forceps  au  détroit  supérieur  rétréci. 

H.  Varnier. 


CONTRIBUTIONS  PHARMACEUTIQUES 

loeompatlbllKé  du  «allejlate  de  «onde  et  de  l'natlpyrlne 
en  natare. 

On  associe  parfois,  dans  une  même  formule,  le  salicylate 
de  soude  et  l'antipyrine.  Bien  qu'il  convienne  de  toujours 
donner  ces  médicaments  l'un  après  l'autre  plutôt  que 
l'un  avec  l'autre,  cette  méthode  n'a  aucun  inconvénient, 
lorsqu'on  prescrit  une  solution  d'antipyrine  et  de  salicylate 
de  soude.  Tout  autre  serait  la  question  si  l'on  voulait  mé- 
langer dans  un  cachet  ou  un  paquet  ces  deux  médicaments. 
Ainsi  que  l'a  montré  récemment  à  la  Société  de  pharmacie 
notre  collègue  M.  Prudhomme,  ce  mélange  tache  bientôt 
le  papier  ;  il  se  forme  assez  rapidement  un  corps  huileux 
qui,  au  bout  de  vingt-quatre  heures,  transforme  le  mélange 
en  un  magma  pâteux  et  alcalin,  dont  la  décomposition  s'ac- 
croît de  jour  en  jour.  Il  est  donc  de  toute  nécessité  de  ne 
jamais  réunir  dans  un  cachet  l'antipyrine  et  le  salicylate  de 
soude.  Sans  rechercher  s'il  convient  d'associer  ces  deux 


médicaments  dans  une  même  solution,  je  crois  pouvoi 
affirmer  que  celle-ci  se  conservera  indéfiniment  et  gardera  I 
légère  acidité  que  possède  toujours  le  salicylate  de  soude. 

Pierre  Vicier. 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

Da  Iraltement  de  Veeméwnm  de  la  dentltlaa. 

Pour  M.  E.  Besnier,  l'eczéma  de  la  dentition  est  an  eczém.' 
réflexe  du  visage,  parfois  du  dos  de  la  main  et  du  poigne 
avec  sensibilité  gingivale  et  salivation. 

De  là  trois  indications  :  1**  calmer  le  prurit  gingival 
2"  combattre  Vinsomnie;  3"  guérir  F  état  local, 

!•  Pour  calmer  le  prurit  gingival^  attouchement  et  fric- 
tions fréquentes  des  gencives  avec  le  doigt  trempé  dans  uni 
solution  ainsi  formulée  : 

Hydrochlorate  de  cocaïne ,  0,05  centigrammes. 

Bromure  de  potassium 0,50  — 

Eau  distillée  )  «  -^  .^^^^^^ 

Glycérine       T* 10  grammes. 

2**  Pour  combattre  /'iw«omnt>,  faire  ingérer  par  cuille- 
rées à  soupe  d'heure  en  heure  la  potion  suivante  : 

Bromure  de  sodium 0,30  à  0,50  centigrammes. 

Sirop  de  fleurs  d'oranger 60  grammes. 

3*  Contre  l'état  local^  prescrire  des  onctions  avec  une 
pommade  contenant  : 

Oxyde  de  zinc 10  grammes. 

Vaseline 30       — 

H.  E.  Besnier  recommande  en  outre  de  recouvrir  les  ré- 
gions malades  d'un  masque  en  toile  de  caoutchouc  ou  en 
mousseline;  suivant  les  parties  atteintes,  on  peut  le  rem- 
placer par  une  feuille  de  makintosch. 


Traltemeot  loeal  aallseptl^ne  de  l'éryalpèle. 

Aux  injections  sous- cutanées  antiseptiques  on  a  essayé 
de  substituer  des  topiques  doués  des  mêmes  propriétés. 
Voici  le  traitement  recommandé  par  Nussbaum  : 

i**  Onctions  sur  les  surfaces  érysipélateuses  avec  une 
pommade  ainsi  formulée  : 


Icthyol     )  - 


Lanoline  S 


ââ 15  grammes. 


2<'  Enveloppement —  immédiatement  après  l'application  ' 
du  topique  —  avec  une  couche  d'ouate  salicylée.  | 

Ce  pansement  arrête  la  marche  de  l'érysipèle  et  diminue 
la  douleur  et  l'inflammation  cutanée  dans  l'espace  de  quel- 1 
ques  heures  à  deux  ou  trois  jours.  i 

Ch.  Éloy.         I 


39  Mars  1889 


GÂZBTTE  HEBDOMADAIRE  DE  HÉDECINB  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  18  —    207 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Hédeelne  opératoire. 

XoTE  SUR  UN  APPAREIL  A  THORACENTÈSE.  Communication 
faite  à  la  Société  médicale  des  hôpitaux  dans  la  séance 
du  22  mars  1889,  par  M.  le  docteur  M.  Debove,  agrégé 
de  la  Faculté,  médecin  de  Thôpital  Andral. 

Depuis  que  HH.  Potain  et  Dîeulafoy  ont  préconisé  les 
ponctions  aspiratrices,  d'innombrables  appareils  aspirateurs 
ont  été  proposés  et  il  vous  paraîtra  peut-être  inutile  d'en 
augmenter  la  liste.  J'ai  cependant  fait  construire  par  M.  Ga- 
lante un  modèle  qui  mejparait  d'un  emploi  commode;  j'en 
énumérerai  brièvement  les  avantages. 


I.  —  Voyons  d'abord  le  trocart  : 

1**  Il  est  entièrement  métallique,  tandis  que  les  autres 
trocarts  sont  munis  à  l'intérieur  d'une  petite  rondelle  de 
cuir,  ce  qui  ne  permet  pas  de  les  désinfecter  à  l'étuve  sans 
les  détériorer; 

2*  Il  est  muni  d'une  gaine  et  d'un  mandrin,  qui  repré- 
sentent une  sorte  de  trocart  plein,  transformé  en  trocart 
creux  par  un  simple  niouveinent  de  rotation,  et  cela  si 
commodément  gu'on  pourrait  opérer d*une  seule  main; 

3*  Il  est  muni  d'un  manche,  ce  qui  rend  son  maniement 
plus  facile. 

II.  —  Les  tubes  qui  relient  le  trocart  à  la  bouteille  et  à  la 
pompe  sont  de  simples  tubes  de  caoutchouc  non  munis  de 
robinets;  ces  tubes  s'adaptent  à  des  tétons,  et  l'appareil 


Trocarl  ol  sa  cannie.  —  Appareil  aspiratoiir. 


forme  un  tout  dont  les  diverses  parties  ne  sont  pas  suscep- 
tibles de  se  désunir  pendant  l'opération. 

ni.— La  pompe  est  seulement  aspirante.  J'ai  vu  nombre 
d'accidents  arriver  par  l'emploi  des  pompes  qui  peuvent 
servir  tout  à  la  fois  à  aspirer  et  à  refouler.  Trop  souvent 
des  opérateurs  ont  refoulé  le  liquide  qu'ils  voulaient  as- 
pirer. 

IV.  — Enfin  mon  appareil  présente  un  dernier  avantage  : 
u  est  notablement  meilleur  marché,  en  raison  même  de  sa 
simplicité,  que  ceux  existant  actuellement  dans  le  com- 
merce. 


Giialqtt«  mMIcale* 

Sur  une  petite  épidémie  locale  de  gastro-entérite 
GHOLÉRiFORME.  —  Communication  faite  à  la  Société  médi- 
cale des  hôpitaux  dans  la  séance  du  22  mars  1889,  par 
M.  Ch.  Fernet,  agrégé  à  la  Faculté,  médecin  de  l'hôpi- 
tal Beaujon. 

Le  iS  décembre  1888,  entrait  dans  mon  service  une  jeune 
femme  de  trente  ans  qui  présentait  des  symptômes  d'une 
gastro-entérite  dont  révolution  fut  bientôt  accompagnée  de 
phénomènes  cholériformes  à  marche  rapide,  et,  neuf  jours 
à  peine  après  son  entrée,  la  malade  succombait  à  une  com- 
plication  d'érysipèle. 

Comme  je  recherchais  quelle  pouvait  être  la  cause  de  la 
maladie,  et  au'à  défaut  d'une  intoxication  vraie,  volontaire 
ou  accidentelle,  je  me  demandais  s'il  n'y  avait  pas  lieu 


208 


N«  13  — 


CAZETTË  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CIIIRURC.IE 


29  Mars  1889 


l 


d'incriminer  l'eau  prise  en  boisson,  un  de  mes  externes, 
M.  Carlier,  aujourd'hui  interne  des  hôpitaux,  qui  habitait 
précisément  dans  le  voisinage  de  celte  malade,  m'apprit 
qu'à  sa  connaissance  plusieurs  cas  analogues  s'étaient  pré- 
sentés récemment  dans  un  groupe  limité  de  maisons,  si- 
tué dans  la  rue  Pergolèse  (quartier  de  l'avenue  du  Bois  de 
Boulogne),  où  habitait  la  malade  en  question.  Je  lui  de- 
mandai de  vouloir  bien  se  livrer  à  une  enquête  sur  ces 
faits,  et  il  put  ainsi  réunir  quatre  cas,  y  compris  le  nôtre, 

ui  s'étaient  développés  à  court  intervalle  de  temps  dans 

es  maisons  voisines  l'une  de  Fautre.  Voici  d'abord  les  ren- 
seignements que  j'ai  pu  obtenir  sur  les  cas  qui  .n*ont  pas 
été  soumis  à  mon  observation  : 

l*"  Le  10  octobre  1888,  une  femme  X...,  concierge  au 
n**  42  de  la  rue  Pergolèse,  tombe  malade  et  après  quelques 
jours  de  malaise,  est  prise  d'une  diarrhée  violente  et  de 
vomissements  répétés.  Transportée  à  l'hôpital  Beaujon  le 
15  octobre,  elle  est  placée  dans  le  service  ae  M.  Millard  et 
le  diagnostic  inscrit  est  celui  d'entérite  cholériforme  ;  la 
malade  reste  plusieurs  jours  dans  un  état  grave  avec  coUap- 
sus,  refroidissement  des  extrémités,  etc.;  néanmoins  elle 
va  mieux  au  bout  de  peu  de  temps  et  peut  sortir  de  l'hô- 
pital; mais  deux  mois  après  cette  maladie,  elle  conserve 
encore  une  grande  fatigue  et  une  faiblesse  générale. 

2»  Le  28  octobre  1888,  M.  Y...,  employé,  âgé  d'environ 
quarante  ans,  demeurant  38,  rue  Pergolèse,  est  pris  subi- 
tement dans  la  nuit  d'une  diarrhée  intense;  dans  la  jour- 
née suivante  il  a  des  garde-robes  répétées  qu'on  évalue  à 
quarante  au  moins  dans  les  vingt-quatre  heures,  avec  ex- 
pulsion de  matières  noirâtres;  en  même  temps  il  a  des 
vomissements  et  de  légères  crampes  dans  les  membres;  il 
reste  pendant  dix-huit  heures  sans  uriner.  La  période  aiguë 
de  la  maladie  dure  quatre  jours  entiers.  Le  médecin  de  la 
ville  appelé  à  soigner  ce  malade  diagnostique  cholérine  et 
emploie,  nous  dit-on,  une  médication  anti-diarrhéique  éner- 
gique. Le  malade  guérit,  mais  il  reste  une  semaine  en 
convalescence. 

3""  Le  troisième  cas  concerne  la  malade  de  mon  service 
dont  je  donnerai  tout  à  l'heure  l'observation  plus  détaillée. 
Elle  habitait  au  n""  48  de  la  rue  Pergolèse,  est  tombée 
malade  le  6  décembre  1888,  et  est  morte  le  21  du  même 
mois. 

4°  Une  dame  Z...,  demeurant  39,  rue  Pergolèse,  est  prise 
subitement  dans  la  nuit  du  9  au  10  décembre  de  douleurs 
abdominales  avec  vomissements,  diarrhée  et  expulsion  de 
matières  noirâtres.  On  lui  administre  du  sirop  thébaïque, 
du  laudanum,  du  bicarbonate  de  soude  et  du  sous-nitrate 
de  bismuth.  Les  accidents  cessent  bientôt  et  la  malade 
guérit. 

Relativement  à  l'eau  qui  peut  être  prise  en  boisson,  nous 
avons  appris  que  l'eau  distribuée  dans  la  rue  Pergolèse  est 
l'eau  de  la  Vanne  ;  nous  n'avons  pas  eu  connaissance  qu'on 
se  soit  servi  d'eau  de  puits  ni  d'eau  de  citerne;  mais  nous 
avons  su  qu'on  avait  creusé  des  fondations  dans  la  rue  vers 
le  milieu  du  mois  de  septembre  :  ces  travaux  avaient-ils  pu 
entraîner  quelaues  contaminations  de  l'eau?  Je  me  con- 
tente de  poser  la  question. 

Voici  maintenant  l'observation  de  la  malade  de  mon  ser- 
vice, résumée  d'après  les  noies  de  mon  externe  M.  Cartier 
et  aussi  celles  de  mon  interne  M.  Laffitle. 

Obs.  La  nommée  V...,  domestique  âgée  de  trente  ans,  entre  à 
Beaujon  (salle  Axenfeld,  n°  H)  le  42  décembre  1888.  Cette 
femme,  bien  portante  habituellement,  est  prise  le  6  décembre 
de  symptômes  qui  paraissent  d'abord  se  rapporter  à  une  bron- 
chite avec  fièvre  et  soif  vive.  Le  iO  décembre,  en  même  temps 
3ue  la  soif  augmente,  elle  commence  à  avoir  de  la  diarrhée  et 
es  vomissements.  Le  médecin  qui  la  soigne,  pensant  à  la  possi- 
bilité d'une  fièvre  typhoïde,  lui  conseille  de  se  faire  soigner  à 
l'hôpital. 
Vne  fois  à  l'hôpital,  la  malade  continue  à  se  plaindre  d*une 


soif  intense;  les  vomissements  persistent,  fréquents,  ils  sor 
verdâtres,  porracés,  survenant  sans  grands  eflbris;  la  diarrh^^ 
est  abondante,  aqueuse ,  mais  sans  grains  rizi formes.  Le  m; 
de  tête  dont  la  malade  avait  souffert  a  disparu;  il  y  a  un  peu  d 
sommeil  pendant  la  première  nuit.  Le  ventre  est  aplati,  pàlcu! 
et  indolent  à  la  pression;  on  ne  trouve  à  sa  surface  aucun 
tache  rosée  lenticulaire.  La  malade  ne  tousse  plus;  Texamen  d 
la  poitrine  est  négatif.  11  n*y  a  rien  au  cœur.  L'examen  de 
urines  révèle  Pexistencc  d'une  albuminurie  peu  «iccusée.  Il  n* 
a  pas  de  fièvre  :  la  température  est  normale  à  37  degrés  ;  1 
pouls  est  petit,  faible  à  80  pulsations. 

En  présence  de  cet  état,  la  fièvre  typhoïde  me  parait  bien  im 
probable»  mais  le  diagnostic  reste  en  suspens. 

Traitement  purement  svmptomatique  :  potion  laudanum  e 
bismuth,  potion  de  Todd,  lait  additionné  d  eau  de  chaux. 

14  décembre.  —  La  situation  reste  à  peu  près  la  même,  lei 
vomissements  ont  été  moins  répétés,  mais  la  diarrhée  a  ét4 
fréquente  pendant  la  nuit.  Le  soir,  la  température  fléchit,  ell< 
est  à  36  degrés. 

15  décembre.  —  Aujourd'hui  les  symptômes  cholériforme! 
s*accu$ent   nettement  :    Furine,    devenue   rare,  contient  une 

fraude  ({uantité  d'albumine;  il  n'y  a  pas  de  crampes,  mai* 
algidité  est  générnle  (température  35'',2),  le  pouls  est  fiii- 
forme,  il  y  a  de  la  cyanose  des  extrémités  et  la  peau  a  perdu  sa 
tonicité  :  les  plis  qu'on  y  détermine  entre  les  doigts  ne  s'effa- 
cent que  très  lentement;  la  voix  est  éteinte,  les  yeux  sout  creux 
et  cernés.  Les  vomissements  continuent  et  les  selles  sont  sé- 
reuses avec  des  grains  riziformes.  Un  échantillon  de  ces  garde- 
robes  est  envoyé  au  laboratoire  de  bactériologie  :  notre  cuUè^ui' 
Chantemesse  qui  les  a  examinées  n'y  a  trouvé  aue  des  carac- 
tères banals,  notamment  des  microbes  de  la  putréfaction. 

Au  traitement  antérieur,  j'ajoute  des  injections  sous-eutauêt>$ 
d'éther  et  du  vin  de  Champagne. 

16  décembre.  — Les  vomissements  et  la  diarrhée  ont  cessé; 
mais  l'état  général  reste  le  même  et  l'hypothermie  persiste;  la 
malade  est  dans  une  torpeur  profonde,  elle  refuse  toutes  k& 
boissons,  même  le  vin  de  Champagne,  et  je  suis  obligé  de  con- 
seiller de  les  lui  introduire  par  le  nez. 

17  décembre.  —  Depuis  deux  jours  il  n'y  a  [«lus  ni  vomisse- 
ments ni  diarrhée,  mais  Tanurie  est  complète  et  absolue;  if 
pouls  est  imperceptible  et  il  faut  ausculter  le  cœur  pour  con- 
stater qu'il  V  a  85  contractions  par  minute. 

J'essaye  oe  faire  sortir  la  malade  de  sa  prostration  en  prati- 
quant sur  le  tronc  et  les  membres  la  faraaisation  cutanée  avec 
lé  balai,  mais  cette  excitation  n'a  qu'une  action  momentanée. 

Dans  la  journée,  sur  mes  indications,  mon  interne,  M.  Laf- 
fitte,  fait  une  injection  intra-veineuse  d*eau  salée  suivant  la 
formule  d'Hayem  (10 grammes  de  chlorure  de  sodium,  5  grammes 
de  sulfate  de  soude  pour  1  litre  d'eau  à  38  degrés).  Cette  injec- 
tion est  bien  supportée  et  le  pouls  se  relève  aussitôt. 

18  décembre.  —  L'amélioration  survenue  hier  à  la  suite  «If 
l'injection  intra-veineuse  n'a  pas  persisté,  et  je  retrouve  la  ma- 
lade dans  le  même  état  de  prostration  inquiétante  que  les  jours 
précédents  ;  cependant  on  sent  un  peu  le  pouls  qui  est  régulier 
a  80.  11  y  a  eu  ce  matin  quelques  ^arde-robes  peu  abondantes, 
colorées  en  jaune  et  sans  grains  riEiformes.I/urine  est  revenue, 
en  petite  quantité.  La  malade  continue  à  refuser  les  boissons, 
alimentaires  et  les  remèdes  qu'on  veut  lui  donner;  ainsi  il  n'a 

f»as  été  possible  de  lui  faire  accepter  le  naphtol  que  je  voulais  ; 
ui  faire  prendre. 

Aussi  une  seconde   injection  d'eau  salée  est  décidée  pour  ; 
l'après-midi;  elle  est-  pratiquée  dans  les  mêmes  conditions  et 
donne  le  même  résultat  :  relèvement  du  pouls,  retour  partiel 
des  apparences  de  la  vitalité. 

19  décembre.  —  Je  constate  une  amélioration  nolable  :  la  | 
température  axillaire.  qui  était  descendue  à  3l*,6,  s'est  élevée 
d  un  degré  ;  la  température  rectale,  qui  était  les  deux  malins  , 
précédents  à  36  degrés,  atteint  maintenant  37%7;  le  pouls  est 

Serceptible,  et  depuis  hier  soir  on  a  pu  recueillir  500  grammes  , 
'une  urine  qui  contient  peu  d'albumine.  ' 

On  fait  prendre  à  la  malade  un  bouillon  additionné  de  pev-  , 
tone  qu'elle  ne  vomit  pas;  dans  la  journée  elle  prend  un  peu  de  | 
lait  et  du  vin  de  Champagne.  i 

29  décembre.—  La  malade  semblait  entrer  en  convalescence,  | 
elle  était  sortie  de  son  état  de  torpeur  et  Talgidilé  avait  cesse; 
la  peau  avait  repris  sa  consistance,  les  vomissemenis  s^éta/ent 
arrêtés  et  le  pouls  avait  gagné  de  la  force  ;  mais  ce  malin  nous 
voyons  apparaître  un  érysipèle  de  la  face,  qui  a  débuté  par  la 


20  Mars  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  NM3  —    209 


narine  droite  et  s^étend  déjà  sur  la  joue  ;  la  température  rec- 
ule moDle  à  39  degrés  et  le  pouls  est  ample.  Cette  complica- 
tiûu  me  fait  porter  un  pronostic  défavorable. 

Lérysipèle  s'étend  rapidement  dans  la  journée  au  côté  droit 
(le  la  face  et  envahit  aussi  Taile  gauche  du  nez  et  la  lèvre  supé- 
rieure. 

îi  décembre.  —  La  malade  meurt  à  neuf  heures  du  matin. 

A  Vaulopsie  on  trouve  les  lésions  d'une  entérite  très  étendue 
du  petit  et  du  gros  intestins:  la  muqueuse  est  par  places  rouge, 
congestionnée,  ecchymotique  ;  la  partie  inférieure  de  Tintestin 
grêle  et  le  gros  intestin  surtout  sont  très  congestionnés  et  pré- 
sentent un  piqueté  hémorrhagique  abondant.  En  aucun  point 
ou  oe  constate  de  saillie  glandulaire  ni  d'ulcération.  Le  cœur 
est  petit,  revenu  sur  lui-même,  ainsi  que  les  vaisseaux  arté- 
riels ou  veineux. 

Les  poumons  sont  normaux,  sauf  quelques  traces  d'emphy- 
sème; chose  singulière,  on  constate  de  remphysème  dans  le 
tissu  cellulaire  des  médiastins  :  la  cause  de  cette  lésion  n'a  pu 
être  déterminée. 

L'observation  précédente  ne  comporte  pas  de  longs  com- 
QiêDtaires  :  elle  ressemble,  en  effet,  à  beaucoup  d'autres 
observations  de  choléra  ou  de  gastro-entérite  cholériforme. 
L'érysipèle  terminal, qui  a  été  la  cause  déterminante  de  la 
mort,  n'est  pas  non  plus  une  complication  rare  dans  ces 
;  rircoustances  (il  est  vraisemblable  gue  ces  malades,  profon- 
dément déchus,  offrent  un  terrain  favorable  à  Tinvasion  du 
microbe  érysipélaleux),  et  alors  cet  érysipèle  esl  presque 
toujours  rapidement  funeste. 

Malgré  l'issue  fâcheuse  de  la  maladie,  je  pense  que  ce 
cas  peut  être  porlé  à  l'actif  de  la  pratique' des  injections 
intra-veineuses  :  il  est  admissible,  presque  probable  que  la 
malade  eût  gaéri  sans  la  complication  d'érysipèle,  et  je 
crois  pouvoir  dire  que  la  situation  était  désespérée  quand 
les  injections  ont  été  commencées. 

Il  resterait  à  déterminer  quelle  a  été  la  cause  de  la  ma- 
ladie chez  notre  malade  et  chez  les  trois  autres  personnes 
dont  j'ai  parlé  d'abord.  Sur  ce  point  je  n'ai  pas  de  données 
positives;  mais,  si  l'on  considère  qu'il  ne  paraît  pas  possible 
d'admettre,  soit  un  écart  de  régime  ou  une  indigestion,  soit 
une  intoxication  alimentaire  ou  médicamenteuse,  on  sera 
amené  à  soupçonner  que  l'ean  de  boisson  a  été  l'origine 
vraisemblable  de  ces  accidents.  Il  me  parait  avéré  que  la 
Compagnie  des  eaux  envoie  de  temps  en  temps  de  Teau  de 
Seine  au  lieu  d'eau  de  source  dans  certains  quartiers  ou 
groupes  de  maisons,  et  cela,  quel({uefois  au  moins,  sans  en 
prévenir  d'avance  les  habitants.  Ceux-ci  voient  alors  la 
bonne  eau  claire  et  transparente  remplacée  par  l'eau  sale 
et  jaunâtre  que  nous  connaissons  tous  comme  étant  celle 
qui  passe  sous  les  ponts  de  Paris.  J'en  ai  connu,  récemment 
encore,  plusieurs  exemples,  qui  ont  eu  des  conséquences 
moins  graves  assurément,  mais  cependant  fâcheuses.  N'y 
a-l-il  pas  là  un  abus  que  nous  avons  le  devoir  de  combattre 
en  en  signalant  avec  insistance  les  dangers? 

Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  interprétation,  le  fait  seul  de 
la  petite  épidémie,  circonscrite  dans  un  groupe  de  maisons 
bien  limité,  que  je  viens  de  rapporter,  m'a  paru  digne  de 
vous  être  communiqué* 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

Hôpital  Saint-Louis.  —  Réunions  cliniques  hebdoma- 
daires DES  MÉDECINS  DE  l'HÔPITAL  SaINT-LoUIS  (1). 

Lichen  ruber  plan  multiforme,  lichen  de  la  langue 
ET  DE  LA  CAVITÉ  BUCCALE.  —  Il  s'agit  d*une  femme,  âgée 
^e  cinquante-six  ans,  entrée  le  1"  février  1889  dans  le  sec- 

<1)  Voy.  la  Gaz.  hebd.  du  iS  jantier  1887,  a*  3.  Il  est  bien  entendu  que  aous  ne 
«i'iaiions,  et  scuknuent  par  extraits,  qu'un  résumé  des  principaux  cas  présentés. 
^  cotopie  rendu  détaiUé  de  ces  réunions  parait  dans  les  Annales  de  dermatologie 
'<  lU  suphitigraphie. 


vice  de  M.  le  docteur  Besniery  pour  une  éruption  prurigi- 
neuse dont  le  début  remonte  au  mois  de  novembre  1888. 
La  cause  accusée  par  la  malade  serait  la  répétition  d'émo- 
tions morales  et  pénibles.  L'éruption  oècupe  pres(}ue  la 
totalité  du  corps  à  l'exception  de  la  face  et  du  col.  Discrète 
sur  le  tronc,  elle  présente  un  maximum  régulier  à  la  région 
lombaire  dans  les  points  de  pression  des  vêtements.  Sur 
les  membres  elle  occupe  de  prérérence  le  sens  de  la  flexion  ; 
elle  est  surtout  marquée  aux  jambes.  Sur  les  avant-bras,  on 
constate  dans  toutes  leurs  variétés  et  leur  multiformité  des 
papules  plates,  simples  ou  conglomérées,  planes,  lisses, 
brillantes:  quelques-unes  présentent  au  centre  une  squame 
blanche  augmentant  par  le  grattage.  Aux  jambes  les  groupes 
de  papules  forment  des  plaques,  presque  complètement 
recouvertes  de  squames  qui  donnent  à  la  maladie  l'aspect 
d'un  psoriasis  vulgaire.  H.  Besnier  fait  remarquer  comoien 
le  diagnostic  avec  cette  dernière  dermatose  pourrait  être 
embarrassant.  Ce  qui  rend  ce  cas  particulièrement  intéres- 
sant, ce  sont  les  lésions  de  la  langue  et  de  la  bouche.  La 
langue  est  couverte  de  taches  légèrement  saillantes,  blanc 
d'argent,  isolées  ou  cohérentes,  irrégulières  de  forme, 
lisses  et  brillantes,  quelques-unes  déprimées  au  centre,  d'au- 
tres à  l'état  de  petites  papules  planes.  L'éruption  se  retrouve 
à  la  face  interne  des  joues  sous  forme  de  taches  blanches 
saillantes  dont  un  grand  nombre  sont  nettement  papuleuses 
et  de  cette  même  couleur  blanc  d'argent.  Il  n'y  en  a  pas  à 
la  voûte  palatine.  Quant  au  traitement  du  lichen  plan,  on 
obtient  de  bons  résultats  par  l'administration  de  1  arsenic; 
beaucoup  d'auteurs  pensent  qu'il  vaut  mieux  avoir  recours 
au  traitement  purement  externe.  La  multiplicité  des  lésions 
rend  souvent  I  application  de  celui-ci  bien  difficile. 

M.  Vidal  reconnaît  l'utilité  de  l'arsenic  dans  le  traitement 
du  lichen  plan;  il  l'a  dépendant  souvent  employé  seul  sans 
résultats  bien  brillants.  Par  contre,  le  traitement  externe 
seul  lui  a  procuré  de  beaux  succès  :  il  prescrit  les  bains 
vinaigrés  (1  à  2  litres  de  vinaigre  par  bain)  d'une  durée  de 
dix  minutes  environ,  et  des  applications  de  glycérolé  tar- 
trique  au  vingtième.  Sur  les  plaques  rebelles,  il  fait  appli- 
quer le  sparadrap  de  Vigo.  Sur  les  plaques  cornées  il 
emploie  d'abord  le  savon  de  potasse  et  les  cataplasmes, 
puis  le  sparadrap  d'huile  de  loie  de  morue.  (Séance  du 
jeudi  7  février  1889.) 

Trichorrexis  nodosa.  — m.  tia//op^au  présente  un  jeune 
homme  de  vingt-cinq  ans  atteint  de  cette  curieuse  afl'ection 
de  la  barbe.  Il  semble  qu'il  y  ait  sur  les  poils  des  grains  de 
poussière  au  niveau  desquels  le  poil  se  casse,  laissant  un 
moignon  terminé  par  une  sorte  cle  balai  très  court  et  gri- 
sâtre. Au  microscope,  le  poil  est  tuméfié  en  un  point  cir- 
conscrit, épaissi,  tandis  qu'au-dessus  et  au-dessous  de  ce 
point  il  ne  présente  aucune  lésion.  Il  n'y  a  pas  trace  de 
parasite*  —  M.  Besnier  croit  que  cette  affection  n'est  pas 
aussi  rare  qu'on  le  dit;  elle  passe  souvent  inaperçue,  on  la 
rencontre  chez  les  sujets  oui  portent  la  barbe  longue.  Les 
malades  s'aperçoivent  que  leurs  poils  se  cassent.  Il  a  remar- 
qué que  la  rupture  et  la  nodosité  qui  la  précède  siègent 
toujours  à  1  centimètre  au  moins  au-dessus  de  l'émergence 
du  poil.  On  ne  doit  pas  confondre  cette  affection  avec  la 
piedra^  maladie  parasitaire  récemment  étudiée  par  H.  Juhel 
Rénoy»  et  dans  laquelle  les  nodosités  sont  très  dures.  Le 
traitement  de  la  trichorrexis  nodosa  consiste  à  porter  assez 
longtemps  la  barbe  courte,  puis  à  appliquer  légèrement  au 
moyen  d  un  pinceau  très  nn  de  la  teinture  de  cantharide 
au  niveau  de  l'implantation  des  poils  malades.  (Séance  du 
jeudi  7  février  1889.) 

H.  F. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

A«adémle  des  seleBees. 

Sur  l'action  physiologique  et  thérapeutique  de  l'ortho- 
MÉTHYLACÉTANiLiDE,  par  MM.  Ditjardin'Beaumetz  et  G.  Bardet. 
^(  Un  grand  nombre  de  corps  de  la  série  aromatique  nous  ont 
été  apportés,  dans  le  courant  des  deux  dernières  années,  au 
laboratoire  de  thérapeutique  de  Thôpital  Cochin,  ce  qui  nous  a 
permis  d^entre prendre  un  travail  d'ensemble  sur  Taction  com- 
parée des  composés  de  celte  série  et  la  recherche  d'une  loi 
qui  établirait  cette  action  en  fonction  de  leur  composition  chi- 
miq^ue.  Parmi  ces  corps,  nous  avons  eu  l'occasion  d'étudier  un 
dérivé  de  la  benzine  désigné  sous  le  nom  d'exalgine  (de  il, 
hors,  et  éD.yoç,  douleur)  par  le  chimiste  qui  l'a  préparé,  M.  Bri- 
gonuet;  ce  composé,  en  raison  des  propriétés  physiologiques 
qu'il  possède,  nous  a  permis  de  faire  faire  un  pas  à  cette  étude 
générale. 

€  L'exalgine  est  chimiquement  l'orthométhylacétanilide,  ré- 
pondant à  la  formule  C°H**AzO  :  on  obtient  avec  l'acétanilide 
{rois  dérivés  méthylés,  occupant  les  positions  para,  ortho  et 
raéta;  c'est  donc  le  dérivé  ortho,  dont  le  point  de  fusion  est 
101" C.,  que  nous  avons  étudié.  Use  présente  en  aiguilles  ou  en 
larges  taolettes  blanches,  suivant  qu'il  a  été  obtenu  par  cris- 
tallisation ou  qu*il  s'est  pris  en  masse  après  distillation;  il  est 
peu  soluble  dans  l'eau  rroide,  plus  soluole  dans  l'eau  chaude, 
très  soluble  dans  l'eau  légèrement  alcoolisée* 

c  Administré  à  un  animal,  ce  corps  affit  énergiquement  sur 
Taxe  cérébro-spinal  et  entraine,  en  quelques  minutes,  la  mort 
d'un  lapin,  à  la  dose  de  O0%4G  par  kilogramme  du  poids  du 
corps  :  il  se  produit  alors  des  phénomènes  d'impulsion,  du 
tremblement  et  la  paralysie  des  muscles  respiratoires.  A  dose 
non  toxique,  la  sensibilité  à  la  douleur  disp^irait,  mais  la  sen- 
sibilité tactile  persiste;  on  note  un  abaissement  progressif  et 
notable  de  la  température. 

c  Comparés  à  ceux  de  l'antipyrine,  les  effets  physiologiques 
et  toxiques  de  ce  corps  se  ressemblent  beaucoup  ;  mais  cepen- 
dant l'orthométhylacétanilide,  ou  plus  simplement  exalgine, 
parait  agir  plus  nettement  sur  la  sensibilité  et  d'une  façon  moins 
active  sur  les  centres  thermogènes. 

<  Au  point  de  vue  thérapeutique,  on  obtient  de  Torthométhyl- 
acétanilide  des  effets  analgésiques  à  la  dose  de  09%25  à  O0%iO, 

Srise  en  une  seule  fois,  ou  de  Oo^iO  â  0»',75  prise  en  deux  fois 
ans  les  vingt-quatre  heures.  Cette  action  analgésique  est  très 
marquée  et  parait  supérieure  à  celle  de  l'antipyrine,  et  cela  dans 
toutes  les  formes  de  névralgies,  y  compris  les  névralgies  viscé- 
rales. Jusqu'à  présent,  nous  n'avons  pas  eu  à  constater,  dans 
l'emploi  de  ce  médicament,  l'irritation  gastro-intestinale,  le 
rash  et  la  cyanose  déjà  notés  dans  l'usage  de  l'antipyrine  ou  de 
l'acétanilide,  mais  une  seule  fois  un  léger  érythème. 

c  L'orthométhylacétanilide  s'élimine  par  les  urines,  elle  mo- 
difie la  sécrétion  urinaire  et  agit,  comme  les  antîtnermiques 
du  même  groupe,  dans  la  polyurie  diabétique,  en  diminuant  la 
quantité  do  sucre  et  la  quantité  journalière  des  urines. 

c  En  résumé,  l'orthométhylacétanilide,  ou  exalgine,  est  un 
puissant  analgésique^  qui  parait  supérieur,  à  ce  point  de  vue 
particulier,  à  l'antipyrine;  elle  est  de  plus  beaucoup  plus 
active,  puisqu'elle  agit  à  doses  moitié  moindres.  Si  Ton  com- 
pare ce  nouveau  produit  aux  autres  antilhermiques  analgésiques 
tirés  de  la  série  aromatique,  on  constate  que,  comme  ces  der- 
niers, l'exalgine  est  à  la  fois  antiseptique,  antithermique,  anal- 
Sésique,  mais  que  c*est  cette  dernière  propriété  qui  parait 
ominer  dans  ses  effets  thérapeutiaues. 

€  D'après  nos  recherches  sur  l'ensemble  de  ces  corps,  il 
semble  découler  une  loi  qui  permettrait  d'apprécier  à  priori  la 
dominante  des  trois  propriétés  physioJojj^iques  qui  caractérisent 
leur  action  :  effets  antiseptiques,  antithermiques  et  analgé- 
siques. 

€  Les  effets  antiseptiques  appartiendraient  surtout  aux  déri- 
vés hydratés  alcooliques  (phénol,  naphtol,  etc.). 

c  Les  propriétés  antithermiques  seraient  surtout  dominantes 
dans  les  dérivés  amidogénés  (acétanilide,  kairine,  thalline,  etc.). 

c  Enfin  les  propriétés  analgésiques  seraient  au  maximum 
dans  les  corps  amidogénés  où  1  on  a  substitué  à  1  atome  d'hy- 
drogène 1  molécule  d'un  radical  gras,  et  particulièrement  ae 
métnyle  (antipyrine  ou  dimêthyloxyquinizine,  acetphénéti- 
dines,  etc.);  le  corps  que  nous  venons  d'étudier,  exalgine  ou 
orthométhylacétanilide,  rentre  donc  dans  ce  dernier  groupe.  > 


Sur  les  kystes  dermoîdes  intra-craniens,  par  M.  Lanne- 
longue»  —  c  lia  rareté  de  cette  affection  n'a  pas  permis  jus- 
qu'ici  d'en  faire  un  examen  pathologique  approfondi,  d'ea 
aborder  la  pathogénie,  non  plus  que  d'en  établir  le  diagnostic 
elinique.  La  question  présente  cependant  une  grande  impor- 
tance ;  en  effet,  comme  eeç  kystes  sont  placés  loin  du  tégument 
externe  et  séparés  de  lui  par  une  épaisse  couche  osseuse,  l'élude 
de  leurs  relations  avec  la  peau  permet,  mieux  que  tout  autre 
kyste  de  même  nature,  de  confirmer  la  théorie  de  l'enclavement 
du  tégument  (loi  de  Verneuil)  on  celle  d  une  genèse  spontanée 
émise  par  Lebert. 

c  Tous  les  faits  publiés  antérieurement  sont  trop  incomplets 
pour  permettre  de  se  prononcer  dans  un  sens  ou  dans  un  autre; 
pourtant,  comme  il  n  y  est  signalé  aucune  connexion  avec  la 
peau,  il  semblerait  que  ce  silence  soit  une  condition  favorable 
a  l'opinion  de  Lebert  (hétéroplastie).  Il  n'en  est  rien  toutefois, 
comme  nous  avons  pu  nous  en  assurer  récemment,  dans  un  fait 
qui  sert  de  base  à  la  présente  communication. 

c  Ce  qu'on  savait  jusqu'ici  des  kystes  dermoîdes  intra-cràniens 
peut  être  résumé  brièvement. 

<  Ces  kystes  occupent,  sans  aucune  exception,  les  fosses  céré- 
belleuses et  plus  spécialement 'le  voisinage  du  pressoir  d'Iiéro- 
phile;  cina  fois  sur  six,  ils  étaient  situés  dans  Vangle  rentrant 
formé  par  la  tente  du  cervelet  et  la  dure-mère  des  fosses  cér/'- 
belieuses.  On  trouve  là  une  tumeur  médiane  et  symétrique,  va- 
riant du  volume  d'une  noix  à  celui  d'une  orange,  enchatonnce 
tantôt  entre  l'occipital  et  la  dure-mère  (kyste  exira-dure-mê' 
rien)y  tantôt  entre  celle-ci  et  la  substance  nerveuse.  En  se  déve- 
loppant, le  kyste  repousse  d'arrière  en  avant  les  deux  lobes  du 
cervelet,  comprime  cet  organe,  l'atrophie  et  l'amincit,  etc. 

€  La  compression  s'exerce  aussi  sur  la  protubérance,  le  bulbe, 
la  moelle  elle-même;  puis  sur  certains  vaisseaux,  les  sinus  crâ- 
niens en  particulier,  les  veines  encéphaliaues  ;  de  là,  comm** 
conséquence,  nne  hydropisie  ventriculaire,  l'œdème  cérébral  ou 
cérébelleux  et  même  l'hydrocéphalie. 

<  La  paroi  kystique  est  en  général  mince,  adhérente  à  la  dure- 
mère,  et  souvent  comme  fusionnée  avec  elle,  mais  non  avec  la 
substance  cérébrale,  qui  n'a  que  des  rapports  de  contiguïté.  Le 
contenu  se  compose  de  masses  épithéliales  et  sébacées  d'appa- 
rence caséeuse,  disposées  en  couches  stratifiées  contre  la  paroi, 
avec  des  cheveux  en  boucles,  en  touffes,  de  la  même  couleur 
que  ceux  du  sujet  ou  d'une  couleur  différente,  atteignant  jus- 
qu'à 2  pouces  de  long. 

c  Les  signes  n'ont  rien  de  pathognomon ique  ;  on  doit  chercher 
les  éléments  du  diagnostic  dans  le  groupement  des  symptômes 
et  dans  la  marche  particulière  des  accidents.  Le  jeune  âge  des 
sujets  (deux  ans  le  plus  jeune,  vingt  ans  le  plus  âgé)  est  un 
argument  en  faveur  du  kyste,  et  il  n'y  a  guère  que  la  syphilis 
héréditaire  ou  les  tubercules  de  la  moelle  allongée  qui  pour- 
raient donner  lieu  à  des  signes  comparables. 

<  L'observation  dont  on  va  lire  le  résumé  n'ajoute  guère  à  nos 
connaissances  cliniques  sur  les  kystes  dermoîdes  intra-cràniens, 
mais  elle  éclaire  singulièrement  leur  anatomie  pathologique  et 
leur  pathogénie. 

c  La  relation  directe  entre  le  kyste  et  le  tégument  externe  avait 

fm  être  soupçonnée  déjà  dans  un  cas  de  César  Hawkins;  en  effet, 
e  crâne  présentait  en  face  du  kyste  une  perforation  oblique  de 
haut  en  nas  et  d'avant  en  arrière,  pouvant  livrer  pîissap  à  uii 
stylet.  On  doit  voir  là  une  épreuve  que  l'ossification  était  restée 
incompK'te  à  cause  de  la  présence  du  kyste  et  non  par  suite 
d'une  usure  qu'il  aurait  produite. 

c  Mais  ce  fait  n'est  pas  suffisamment  démonstratif,  et,  sur  une 
pièce  anatomique  qui  nous  a  été  offerte  par  M.  Widal,  nou5 
avons  découvert,  par  la  dissection,  un  lien  de  continuité  assez 
épais  entre  la  peau  et  la  paroi  du  kyste  intra-crânien.  Voici  le 
résumé  de  ce  cas  : 

c  Kyête  dermoide  cérébelleux  médian  refoulant  le  cervelet 
et  le  bulbe.  —  De  la  paroi  du  kyste,  au  point  où  elle  se  confond 
avec  la  dnre«mère,  part  un  ligament  fibreux  qui  s'engage  dans 
l'occipital  par  un  petit  canal  osseux  à  bords  arrondis  et  dirigé 
de  bas  en  haut.  D  autre  part,  en  séparant  le  cuir  chevelu  de  la 
voûte  crânienne,  on  trouve  un  petit  pédicule,  plus  court  que  le 

Sremier,  et  qui,  né  de  la  face  profonde  du  cuir  chevelu,  s'engage 
ans  l'occipital  en  se  dirigeant  en  bas.  Bien  que  ces  deux  pédi- 
cules ne  soient  pas  exactement  au  même  niveau  et  ne  soient 
Seut-étre  pas  en  continuité  complète,  il  n'en  est  pas  moins  évi* 
ent  que  leur  conformation  semnlable  et  la  direction  identique 
•  de  leur  trajet  doivent  les  faire  considérer  comme  les  deux  par- 


29  Mars  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DS  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  NM3  —    211 


ties  d'un  même  iractus  ajant  été  primitivement  en  continuité, 
et  séparées  plus  tard  par  le  développement  du  squelette. 

f  Ce  fait  contient  tout  entière  la  pathogénie  des  kystes 
dermoîdes  intra-crâniens,  et  le  point  de  départ  du  kyste  dans  le 
tégument  externe  y  apparaît  avec  la  plus  grande  netteté.  11 
démontre  que,  malgré  la  présence  d'une  épaisse  couche  osseuse 
entre  la  paroi  du  kyste  et  le  tégument,  ces  deux  parties  sont 
réunies  1  une  à  l'autre  par  un  faisceau  fibreux,  indice  de  Ten-* 
clavetnent  d'une  portion  de  la  peau  du  crâne  pendant  la  vie 
intra-utérîne.  On  peut  donc  élargir  encore  la  proposition  de 
Veroeui!  et  poser  la  loi  suivante  :  Tout  kyste  dermdide  émane 
de  l'enclavement  ou  de  la  persistance  de  fectoderme  prove- 
nant d'une  fissure  embryonnaire, 

(  Il  reste  à  élucider  un  dernier  point,  celui  qui  a  trait  au 
siège  exclusif  de  ces  kystes  dans  les  fosses  postérieures  du  crâne. 
Tout  porte  à  penser  qu'il  se  fait  un  pli  tégumentaire  dans  les 
dépressions  qui  existent  normalement  entre  les  vésicules  céré* 
brates.  Qu  un  pincement  de  Tectoderme  se  produise  en  ce  point» 
et  l'ilol  enclavé,  qui  sera  le  futur  kyste^  se  trouvera  nécessaire- 
ment interposé  entre  le  cerveau  antérieur  et  le  postérieur.  La 
flexion  prononcée  que  présente  le  cerveau  de  Tembryon  à  ce 
/tiyeau  peut  contribuer  a  la  formation  du  pli  tégumentaire,  et  il 
I  n'est  pas  jusqu'au  développement  de  la  tente  du  cervelet  qui  ne 
paisse  entraîner  dans  la  profondeur  les  parties  enclavées. 

I  La  pathogénie  des  kystes  dermoîdes  intra-crâniens  offre  un 
iDtérét  a  autant  plus  grand  qu'elle  sert  à  éclairer  la  clinique  en 
moutrant  que  ces  tumeurs  ont  leur  siège  exclusif  dans  les  fosses 
cérébelleuses.  Cette  donnée  peut  à  son  tour  permettre  de  poser 
le  diagnostic  et  servira  peut-être  un  jour  de  guide  à  la  théra- 
peutique chirurgicale.  Le  seul  traitement  rationnel  doit  être,  en 
pflet,  la  trépanation  du  crâne  suivie  de  Textirpation  de  la 
tomenr;  comme  le  siège  de  ces  kystes  est  connu  et  que  Tinrio- 
cuite  relative  de  la  trépanation  est  établie  aujourd'hui,  on  peut 
tenter  cette  opération,  i 


Académie  de  médeetne. 

SÉANCE  DU  26  MARS  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  H.   MAURICE  PERRIN. 

M.  le  docteur  ttêlage,    mëdccln  de    colonLsalion  à  A'in-Besseni  (Algt^rio),' 
airesso  un  Rapport  sur  Ui  eaux  therruù-minéralet  d'Hajfimatn-M'tara. 

M.  le  docteur  Gailtard  (de  Parthcnay)  envoie  le  relevé  des  vaeeination»  qu'U 
8  jtraliquéei  en  1888. 

M.  Brunet,  vétérinaire,  envoie  un  méiQoiro  manuacrit  sur  la  méningite.  aiguS 
[ComniiMion  :  MM.  Bmjnt,  Leblanc  et  Tratbot), 

}l.  le  docteur  Kalindero  (de  Bucharcst)  se  porte  candidat  au  litre  de  corres- 
pondant étranger  dans  la  division  do  médecine. 

M.  Le  /toy  d«  Méricourt  prétenle  une  brochure  de  M.  le  docteur  Ad,  f(tc0l*i 
$nr  an  projet  de  It^ngue  scientifique  internationale, 

M.  ie  YUlien  dépose,  au  nom  de  M.  le  docteur  Bertherand  (d'Alger), 
l'observation  d'un  cas  d'àlnhum, 

M.  Constantin  Paul  o(n*e  un  mémoire  imprimé  sur  le  sulfonal,  nouveau 
iùinnirèro. 

M.  Larrey  présente  un  mémoire  do  M.  le  docteur  Lalogade  (d'Albi)  aur  la 
taccim. 

il.  Metnet  hïl  hommage  d'une  Étude  sur  les  troubles  fonctionnels  deg  sens  et 
du  îentibUitég  sur  l'hypnotisme. 

y.  Hervieux  offre,  de  la  part  do  M.  Pourquier  (de  Montpellier),  un  mémoire 
m  kt  accidents  qui  accompagnent  quelquefois  la  vaccination  animale. 

Décès  de  M.  Doxders,  —  M.  le  Président  fait  part  da 
décès  de  M.  le  professeur  Donders  (d'UlrechI),  correspondant 
étranger,  et  énumère  ^aelques-uns  des  litres  qui  ont  valu  à  ' 
cei  éroinent  physiologiste  une  si  juste  renommée. 

Élections.  —  Par  71  roix  sur  78  votants,  M.  le  docteur 
thiclos  (de  Tours)  est  élu  correspondant  national  dans  la 
première  division  (Médecine).  M.  Bottentuit  obtient  4  voix; 
MM.  Fahre  et  Henrot,  chacun  i  ;  plus  1  bulletin  blanc. 

L'élection  d'un  second  correspondant  national  donne  lieu 
à  deux  tours  de  scrutin:  1*  M.  Fabre  obtient  31  voix:  M.  Bot- 
tenluii,24;M. Henrot,  16;MM.Niepce  et  Laennec,  chacun  1  ; 
plus!  bulletin  blanc. 

2*  Par  38  voix  sur  60  votants,  M.  le  docteur  Fabre  (de 
Commentry)  est  élu  correspondant  national  dans  la  division 
de  médecine.  H.  Bottentuit  obtient  15  voix  et  M.  Henrot,  7. 


Tétanos.  —  M.  Verneuil  achève  la  lecture  de  son  rapport 
qu'il  termine  par  les  conclusions  suivantes: 

1°  Le  tétanos,  transmissible  entre  animaux  de  même 
espèce  ou  d'espèces  différentes,  l'est  également  de  l'homme 
à  l'homme,  de  l'homme  à  l'animal  et  réciproquement  de 
l'animal  à  l'homme, 

2''  Il  est  vraisemblable  que  plusieurs  animaux  domesti- 
ques sont  capables  d'infecter  1  homme,  mais  la  démonstra- 
tion suffisante  n'est  encore  faite  que  oour  les  soiipèdes. 

3**  La  contagion  s'eiïectue  du  cheval  tétanique  à  Thomme 
blessé^  directement  ou  indirectement;  elle  est  donc  immé- 
diate ou  médiate.  Le  second  procédé  estde  beaucoup  le  plus 
commun^ 

4**  Lesagents  intermédiaires  entre  ranimai  premièrement 
atteint  et  l'homme  infecté  plus  ou  moins  longtemps  après 
sont  extrêmement  variés  et  parfois  assez  multiples  pour 
qu'il  soit  souvent  malaisé  de  suivre  la  piste  du  microbe 
tétanique  ou  de  ses  germes. 

5'*  Deviendra  agent  tétanifére  possible  tout  objet,  de 
quelque  nature  qu'il  soit,  qui,  rois  en  contact  passager  ou 
prolongé  avec  un  cheval  tétanique,  en  recevra  le  dépôt  viru- 
lent, lui  donnera  asile  au  moins  temporaire  et  en  tout  cas 
ne  le  détruira  pas. 

Q""  Tout  objet  mis  à  son  tour  en  contact  avec  un  agent 
tétanifére  pourra  devenir  tétanifére  à  son  tour,  de  sorte  que 
le  cercle  d'infection  pourra  aller  en  s'agrandissant  sans 
cesse. 

7<»  Dans  ce  cercle  on  trouvera  des  corps  inanimés  et  des 
êtres  vivants  ayant  été  les  uns  et  les  autres  en  rapport  avec 
le  cheval  tétanique  ou  les  objets  souillés  par  lui.  Les 

[iremiers  naturellement  n'auront  point  à  souffrir  du  péril- 
eux  dépôt.  Il  pourra  en  être  de  même  pour  les  seconds, 
c'est-ft-dire  pour  les  hommes  et  les  chevaux  simplement 
tétanifères,  mais  avec  la  menace  constante  de  devenir  téta- 
niques par  auto-inoculation  Iraumatique  si  une  porte  d'entrée 
est  ouverte  au  virus. 

8*  L'homme  blessé  peut  donc  recevoir  le  tétanos  de  la 
plupart  des  objets  ambiants  mis  en  contact  avec  sa  blessure, 
mais  l'observation  et  les  recherches  expérimentales  démon- 
trent que  les  contacts  les  plus  dangereux,  et  de  beaucoup, 
sont  ceux  du  cheval  et  de  tout  ce  qui  en  dépend  et  lui 
appartient,  puis  de  la  terre  cultivée  et  de  quelques-uns  de 
ses  produits,  d'où  en  ce  qui  concerne  les  provenances  du 
tétanos,  la  querelle  entre  les  équinUtes  et  les  telluristes. 

9^  L'accord  serait  facile  si  Ton  voulait,  en  admettant  ces 
deux  provenances,  subordonner  l'une  à  l'autre  et  reconnaître 
que  SI  la  terre  possède  une  virulence  tétanigère  indéniable, 
elle  la  doit  à  sa  souillure  par  le  cheval  tétanique. 

lO""  Pour  soutenir  que  aans  la  double  virulence  du  cheval 
et  de  la  terre  la  priorité  appartient  à  l'animal,  on  peut, 
outre  la  comparaison  avec  d'autres  maladies  infectieuses,  le 
charbon,  par  exemple,  invoquer  trois  arguments  princi- 
paux :  a.  le  relevé  des  professions  démontrant  pour  le 
tétanos,  comme  pour  la  morve,  que  ceux-là  surtout  y  sont 
exposés  qui  sont  en  contact  habituel  avec  le  cheval  ;  b.  l'en- 
quête sur  la  nature  des  agents  vulnérants  et  sur  les  cir- 
constances précédant,  accompagnant  ou  suivant  les 
blessures,  d'où  résulte  que  celles-ci  sont  dans  un  grand 
nombre  de  cas  souillées  par  le  cheval  ou  la  terre  fumée  ; 
c.  la  distribution  topographi(j[ue  du  tétanos  équin  et  humain 
montrant  les  rapports  numériques  intimes  qui  existent  entre 
les  deux;  le  premier,  au  moins  sous  nos  climats,  étant  plus 
fréquent  que  le  second  en  un  lieu  donné;  le  second,  comme 
le  lait  a  été  constaté  déjà  pour  la  morve,  diminuant  et 
tendant  à  disparaître  là  où  le  premier  diminue  et  disparaît 
lui-même,  d'où  il  ressort  que  la  vraie  prophylaxie  du 
tétanos  humain  serait  entre  les  mains  des  vétérinaires. 

Il**  Si,  sur  100 cas  de  tétanos  humain  récemment  et  con- 
venablement observés,  on  recherche  la  provenance  d'après 
les  données  établies  plus.haut|  çn  constate  qiie  les  faits 


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29  Mars  1889 


conformes  à  la  théorie  équine  constituent  la  très  grande 
majorité  et  que  des  faits  négatifs  sont  trop  peu  nombreux 
pour  ébranler  sérieusement  la  doctrine. 

12^  L'admission  définitive  de  la  nature  infectieuse  et  de 
la  provenance  animale  du  tétanos  humain  entraînerait  cer- 
tainement des  conséquences  pratiaues  importantes.  Les  chi- 
rurgiens et  les  vétérinaires  d  abord  en  profiteraient  sans  nul 
doute,  mais  les  hygiénistes  devraient  s'en  préoccuper  éga- 
lement. 11  paraîtra  bon  peut-être  que  nous  réunissions 
nos  efforts  pour  obtenir  des  pouvoirs  publics  que  le  tétanos 
soitdésormais  rangé  parmi  les  maladiesvirulentes  auxquelles 
sont  applicables  certaines  dispositions  de  la  loi.  Si  donc, 
après  la  clôture  du  présent  débat,  l'Académie  se  trouvait 
suffisamment  éclairée,  ie  demanderai  ({u'une*  Commis- 
sion fût  instituée  dans  le  but  spécial  d'étudier  le  tétanos  non 
plus  comme  entité  pathologique,  mais  comme  maladie 
infectieuse  ressortissant  à  la  médecine  publique. 

Poêles  mobiles.  —  La  discussion  de  la  communication 
faite  à  la  séance  du  5  février  dernier  par  M.  Lancereaux, 
sur  l'empoisonnement  oxycarboné  par  les  poêles  mobiles  est 
ouverte  par  M.  Vallin.  Tout  en  reconnaissant  les  dangers 
auxquels  exposent  ces  appareils  de  chauffage,  principa- 
lement au  point  de  vue  des  intoxications  chroniques,  à 
petites  doses,  par  l'oxyde  de  carbone,  très  fréquentes  et  sou- 
vent méconnues,  il  estime  qu'on  ne  pourra  parvenir  à  en 
supprimer  l'emploi.  On  peut  affirmer  qu'il  n'j  a  pas  un 
poêle  moderne  dont  les  produits  de  combustion  ne  con- 
tiennent une  proportion  d'oxyde  de  carbone  beaucoup  plus 
forte  que  dans  une  cheminée  ordinaire;  mais  le  public 
apprécie  trop  le  bénéfice  économique  de  ces  appareils  pour 
au  on  songe  à  les  prohiber  tous  par  ordonnance  de  police, 
ëes  poêles  sont  surtout  dangereux  quand  ils  sont  mal  con- 
struits et  quand  on  ne  sait  pas  s'en  servir;  au  lieu  de  les 
supprimer  tous  en  bloc,  il  vaut  mieux  signaler  leurs  lacunes 
et  les  moyens  de  se  mettre  à  l'abri  di)  danger.  Pour  cela, 
il  y  a  lieu  de  laisser  arriver  sur  le  combustible  tout  le 
volume  d'air  nécessaire  pour  transformer  la  totalité  du 
carbone  en  acide  carbonique  et  savoir  perdre  la  quantité  de 
chaleur  nécessaire  pour  assurer  un  tirage  protecteur.  Il  faut 
engager  les  fabricants  à  supprimer  la  clef  permettant  de 
mettre  l'appareil  en  petite  marche  pendant  la  nuit,  et  aug- 
menter la  difficulté  de  sortie  du  gaz  de  la  combustion;  un 
autre  mode  de  fermeture  que  l'immersion  du  couvercle 
dans  du  sable  insuffisamment  renouvelé  et  sec  doit  être 
recherché  ;  une  position  oblique  doit  être  donnée  au  cylindre 
contenant  le  combustible  et  l'on  doit  rappeler  sans  cesse 
que  le  danger  augmente  avec  le  déplacement  fréquent  de 
ces  poêles;  enfin,  chaque  cheminée  à  laquelle  ils  sont 
susceptibles  de  s'adapter  doit  être  munie  d'un  tuyautage 
ûxe^  d'une  grande  hauteur  ;  il  est  indispensable  de  l'échauffer 
chaque  fois  par  un  feu  clair  et  rapide  pour  déterminer  le 
tirageavantd'yajusterl'appareil.  C'estaux  Conseils  d'hygiène 
qu'il  appartient  d'instruire  le  public  sur  l'importance  de 
ces  diverses  précautions  et  celui-ci  gagnerait  beaucoup  à 
imiter  l'exemple  suivi  par  certain  pays,  notamment  l'An- 
gleterre, où  des  médecins  sanitaires  spéciaux  assurent  la 
protection  sanitaire  des  habitations  moyennant  une  faible 
redevance  annuelle. 

M.  Le  Roy  de  Méricourt  est  aussi  d'avis  que,  s'il  est 
nécessaire  de  prévenir  le  public  contre  les  dangers  qu'of- 
frent les  poêles  mobiles,  il  n'y  a  pas  lieu,  par  contre,  de 
troscrire  absolument  un  mode  de  chauffage  des  locaux 
abités  qui  présente  incontestablement  de  réels  avantages, 
tels  que  Téconomie  d'argent  et  de  temps,  et  la  facilité 
d'obtenir  une  température  suffisante  pendant  l'hiver  dans 
toutes  les  habitations.  Assurément,  tout  poêle  à  combustion 
lente  peut,  à  un  moment  donné,  devenir  dangereux,  si  la 
marche  n'en  est  pas  surveillée  avec  soin;  les  accidents  rap- 
portés par  M.  Lancereaux  ne  laissent  aucun  doute  à  cet 


égard;  mais  il  faut  aussi  reconnaître  que  dans  ces  cas  les  con- 
ditions du  fonctionnement  régulieret  inoffensif  des  appareil! 
n'étaient  généralement  pas  remplies.  Tout  le  monde  sai 
qu'il  est  dangereux  de  uormir  dans  une  chambre  avec  ur 
poêle,  et  la  plupart  des  intoxications  observées  ont  eu  liei 
pendant  la  nuit!  D'ailleurs,  quand  on  compare  le  nombre 
des  accidents  à  la  quantité  si  considérable  de  ces  appareih 
en  usage,  on  voit  qu'ils  sont  relativement  rares.  Parmi  les 
précautions  à  prendre,  la  présence  de  la  plaque  régula- 
trice du  tirage  est  nécessaire  et  indispensable  ;  le  poêle  ne 
doit  être  placé  dans  une  cheminée  que  lorsqu'on  s'est  assur«^, 

Sar  un  assez  long  séjour  dans  un  appartement,  ifue  le  tirage 
e  cette  cheminée  se  fait,  avec  un  foyer  ordinaire,  dans 
d'excellentes  conditions  par  tous  les  temps.  Quant  à  la 
nécessité  de  ne  pas  laisser  séjourner,  la  nuit,  dans  une 
chambre  où  l'on  dort  ou  même  dans  une  chambre  voisine, 
un  poêle  mobile,  elle  doit  être  rigoureusement  admise,  à 
moins  que  la  chambre  voisine  n'en  soit  parfaitement  isolée 
par  une  porte  bien  close. 

De  recherches  analytiques  auxquelles  il  s'est  livré,  avec 
M.  le  docteur  G.  de  S^aint-Martiny  M.  Oujardin-Beaumet: 
conclut  que  les  analyses  publiées,  en  1880,  par  H.  Boutmy, 
sur  les  gaz  de  combustion  dans  les  poêles  mobiles,  ne  sau- 
raient être  considérées  comme  exactes. 

Dans  toutes  ces  analyses,  la  proportion  d'oxyde  de  car- 
bone avait  été  reconnue  double  de  celle  de  l'acide  carbo- 
nique produit,  tandis  que  MM.  de  Saint-Martin  et  Dujardin- 
Beaumetz  ont  trouvé  que  le  chiffre  de  l'oxyde  de  carbone  est 
toujours  inférieur  à  celui  de  l'acide  carbonique;  on  com- 

Î^rehd  ce  premier  résultat,  puisque,  si  l'on  veut  obtenir  d*un 
oyer  en  combustion  le  maximum  de  chaleur  qu'il  puisse 
produire,  il  est  nécessaire  de  réduire  à  son  minimum  la 
quantité  d'oxyde,  car  le  charbon  en  produisant  ce  gaz  déter- 
mine trois  fois  moins  de  calories  qu'en  se  transformant  en 
acide  carbonique.  En  petite  marche,  c'est  pendant  le  jour, 
c'est-à-dire  lorsqu'on  remue  la  grille  du  foyer,  que  la  quan- 
tité d'oxyde  de  c<arbone  produite  est  la  moindre;  c'est  au 
contraire,  pendant  la  nuit,  c'est-à-dire  quand  les  cendres 
ne  sont  pas  enlevées,  que  cette  production  est  la  plus  consi- 
dérable; alors  la  proportion  d'oxyde  de  carbone  produit  esl 
presque  égale  à  celle  de  l'acide  carboniaue  et  la  proportion 
entre  ces  deux  gaz  est  représentée  par  le  chiffre  de  0,985. 
En  grande  marche,  les  conditions  de  combustion  se 
modifient  complètement:  c'est  pendant  le  jour  et  pendanl 
que  l'on  remue  le  foyer  toutes  les  heures,  que  se  produit  la 
plus  grande  quantité  d'oxyde  de  carbone,  tandis  qu'au  con- 
traire cette  quantité  d'oxyde  de  carbone  est  à  son  minimum 
lorsQue  le  poêle  n'a  pas  été  remué  de  toute  la  nuit.  D'où  il 
résulte  que  si  pendant  le  jour  on  doit  faire  marcher  les 
poêles  mobiles  en  petite  marche  et  en  agitant  le  foyer  de 
temps  en  temps,  pendant  la  nuit  il  y  aurait  intérêt  à  les 
faire  marcher  en  grande  marche,  à  l'inverse  de  ce  qui  se 
fait  habituellement.  Enfin,  il  résulte  d'analyses  faites  sur  la 
combustion  des  houilles  maigres  vendues  sous  le  nom  d'an- 
thracite pour  l'usage  de  cet  appareil,  qu'elles  produisent 
une  quantité  d'oxyde  de  carbone  notablement  inférieure;! 
celle  produite  par  le  coke;  d'autre  part,  l'odeur  désagréable 
que  produit  ce  combustible  avertit  du  danger. 

—  L'orflre  du  jour  de  la  séance  du  2  avril  est  fixé  ainsi 

3u'il  suit:  l""  communication  de  M.  Proust  sur  un  cas 
'ainhum;  2""  discussion  sur  les  poêles  mobiles. — (Inscrits: 
MM.  Brouardel,  Laborde,  Léon  CoHUy  Armand  Gautier^ 
Vemeuil  et  Lancereaux,) 


^9  Mars  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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Soeiolé  Médleale  dea  bôpitenx. 

SÉANCE   DU  a  MARS   1889.  —   PRÉSIDENCE 
DE   M.  CADET   DE  6ASSIC0URT. 

A  propos  de  la  Byxingomyèlle  :  M.  Joffroy.  —  Appareil  à  thora- 
cantèse  :  M.  Debove.  —  Paralysie  agitante  ;  amélioration  par  les 
miroirs  rotatifs  :  M.  Lnys  (Discussion  :  MM.  Oauoher,  Joffroy).  — 
De  l'isolement  indiTiduel  dans  la  rougeole  :  M  Rtohard  (Disoos- 
slon  :  MM.  Oranoher.  Serestre,  <}«rln-Roze»  Cadet  de  Oassioonrt). 
Nomination  d'une  commission.  —  Gontraoture  mortelle  d'origine 
gastrique  :  M.  de  Bearmann  (Disoussion  :  M.  Hayem).  —  Petite 
épidémie  locale  de  gastro-entérite  cholériforme  :  M.  Femet.  — 
Appareil  ponr  injections  hypodermiques,  du  docteur  Gimbert  (de 
Canne)  ;  M.  liereboullet. 

M.  Jo/froy  pense  que  le  diagnostic  de  syringo-myélie 
est  moins  facile  et  moins  certain  que  ne  Ta  dit  M.  Déjerine 
dans  la  séance  précédente  ;  il  faut  encore  attendre  la  véri* 
gcation  anatomique  pour  affirnier  qu*il  s'agit  bien  d'une 
jsfélite  cavitaire  soupçonnée  pendant  la  vie.  En  outre,  on 
doit  compter  avec  les  cas  anormaux  ou  frustes  qui  ne  sont 
peut-être  pas  exceptionnels.  D'autre  part,  si  l'on  peut 
regarder  la  gliomatose  comme  Tune  des  causes  de  Ist  syrin- 
^^omyélie,  il  y  a  lieu  de  tenir  compte  des  faits  que  men- 
tionne H.  Joffroy,  et  qui  démontrent  que,  contrairement 
aai  assertions  de  HM.  Schultze  et  Déjerine,  les  cavités  carac- 
téristiques de  la  syringomyéiie  peuvent  avoir  Tinflammation 
comme  point  de  départ  et  se  développer  au  milieu  d'un 
foyer  de  myélite  chronique.  M.  Joffroy  a  observé  ces  lésions 
dans  deux  cas  de  pachyméningite  cervicale  hypertrophique. 

—  H.  Luys  présente,  en  son  nom  et  au  nom  de  M.  Gau- 
cher, un  maladie,  âgé  de  quarante-quatre  ans,  qui  lui  a  été 
amené  par  M,  Gaucher,  dans  le  service  duquel  il  était 
entré,  depuis  quelque  temps,  pour  des  accidents  remontant 
à  quatre  années.  Le  symptôme  le  plus  marqué  consistait 
dans  on  tremblement  des  membres  et  même  de  tout  le 
tronc,  exagéré  par  les  mouvements  (ce  qui  avait  fait  croire 
à  un  confrère  à  l'existence  d'une  sclérose  en  plaques)  et 
privant  le  malade  de  l'usage  de  ses. mains;  il  ne  pouvait 
plus  écrire,  ni  porter  les  aliments  à  sa  bouche.  L'aspect  du 
malade,  la  raideur  du  cou,  son  habilus  général  ne  pouvaient 
laisser  aucun  doute  sur  le  diagnostic  de  paralysie  agitante. 
Les  divers  moyens  de  traitement  habituels  ayant  échoué, 
M.  Luys  eut  recours  à  un  nouveau  procédé  de  thérapeu- 
tique hypnotique  par  l'emploi  de  miroirs  rotatifs,  sorte 
de  miroirs  à  alouettes.  Les  premiers  essais  n'amenèrent 
pas  lesommeily  et  produisirent  peu  de  résultats,  jusqu'à  la 
auilième  séance,  à  partir  de  laquelle  le  sommeil  hypno- 
tique, suivi  de  l'amélioration  des  symptômes  morbides,  s'ac- 
centua progressivement.  Aigourd'hui,^  1q  treipblement,  a 
presque  entièrement  disparu^  et  le  nialade  se  considère 
comme  guéri.  Cet  heureux  résultat  est  évidemment  amené 
pai'  Tinfluence,  encore  inconnue,  exercée  sur  les  yeux 
d'abord,  sur  le  système  nerveux  ensuite,  par  les  vibrations 
lumineuses.  Sous  leur  action  se  produit  un  sommeil  que 
Ton  peut  appeler  mécanique  et  qui  parait  doué  d'effets 
sédatifs  et  thérapeutiques  puissants. 

M.  Gaucher  avait  choisi  cet  individu  comme  aussi  peu 
suspect  que  possible  d'hystérie  et  de  simulation;  il  lui  a 
paru  aussi  honnête  que  borné.  Le  diagnostic  de  paralysie 
î^gilante  n'élail  pas  douteux,  et,  ce  qui  est  certain,  c'est 
^lue  Tamélioration  est  aujourd'hui  considérable.  C'est  une 
guérison  surprenante. 

M. /ojJVoyne  conteste  pas  le  fait;  mais  l'exactitude  du 
uiagnostic  lui  laisse  des  doutes,  puisque  l'on  a  pu  songer  à 
une  sclérose  en  plaques.  Quand  la  maladie  de  Parkinson 
fsl  nette,  personne  n'hésite.  Il  serait  bon  d'appliquer  le 
"^ème  traitement  à  des  cas  non  douteux. 

M.  Luys  est  d'avis  que  le  diagnostic  ne  pouvait  laisser 


d'hésitations  :  tout  l'aspect  du  malade  attestait  la  paralysie 
agitante.  Il  ajoute  que  l'on  abuse  un  peu  du  diagnostic  de 
sclérose  en  plaques,  La  vérification  anatomique  montre  que 
c'est  une  aflection  plus  rare  qu'on  ne  paraît  le  croire.  Pen- 
dant vingt  années  à  Bicétre  et  à  la  Salpêtrière,  il  en  a  con- 
staté seulement  quatre  cas  sur  la  table  d'amphithéâtre. 

M.  Gaucher  fait  remarquer  que  les  résultats  du  trai- 
tement n'en  seraient  pas  moins  surprenants,  qu'il  s'agisse 
d'une  paralysie  agitante  ou  d'une  sclérose  en  plaques. 

—  M.  Dèbove  présente  un  appareil  à  thoracentèse  con- 
struit sur  ses  indications  (voy.  p.  207). 

—  M.  Richard  lit  une  note  sur  Visolement  individuel  dans 
la  rougeole.  Du  double  rôle  qui  échoit  au  médecin,  pro- 
téger 1  individu  sain  contre  la  rougeole,  maladie  bénigne  en 
elle-même,  et  protéger  le  morbilleux  contre  les  infections 
secondaires,  le  second  lui  semble  devoir  attirer  surtout 
l'attention.  En  effet,  la  réceptivité  humaine  est  telle  pour 
la  rougeole  qu'il  est  presque  impossible  de  préserver  contre 
elle  :  tôt  ou  tard  on  est  contaminé.  D'autre  part,  le  morbil- 
leux constitue  un  terrain  éminemment  propre  à  l'introduc- 
tion et  au  développement  des  germes  et  des  infections  secon- 
daires graves:  ophlhalmies  purulentes,  gangrènes,  érysi- 
pèie,  broncho-pneumonies,  tuberculose,  diphthérie;  il  y  a 
donc  intérêt  majeur  aie  préserver  par  l'antisepsie  du  milieu 
dans  lequel  il  est  placé.  C'est  ce  que  démontrent  les  faits 
observés  dans  les  divers  hôpitaux,  et  ce  qu'ont  établi 
HH.  Sevestre  et  Grancher.  Les  résultats  qu'ils  ont  obtenus 
sont  des  plus  encourageants.  Mais  H.  Richard  est  d'avis  qu'il 
faut  agir  à  l'égard  du  rougeoleux  comme  pour  la  femme  en 
couches  :  isolement  individuel,  cellulaire,  prévenant  l'in- 
fection réciproque  secondaire,  et  prolongé  aussi  longtemps 
gue  dure  la  réceptivité  pour  les  germes  pathogènes,  soit 
jusqu'au  quatrième  jour  après  la  disparition  de  la  fièvre.  On 
supprimerait  ainsi  la  broncho-pneun^onie,  infection  sur- 
ajoutée et  non  détermination  morbilleuse,  dont  la  gravité 
est  extrême.  Enfin,  désinfection  et  antisepsie  rigoureuse  de 
la  cellule  elle-même  et  de  tous  les  objets  qu'elle  contient. 
Il  termine  en  disant,  avec  M.  Lucas-Championnière  : 
c  Plutôt  antisepsie  médicale  sans  isolement,  qu'isolement 
sans  antisepsie.  >  Le  mieux,  du  reste,  sera  encore  et  toujours 
l'antisepsie  avec  l'isolement  et  par  l'isolement. 

M.  Grancher  craint  que  si  l'on  s'engage  dans  celte  voie, 
excellente  à  coup  sûr  en  théorie,  on  ne  rende  bien  dirficile 
la  tâche  de  l'Administration.  Comment  réaliser  l'isolement 
individuel  avec  toutes  les  maladies  contagieuses  dont  nous 
sommes  entourés,  et  auxquelles  s'ajoute  à  bon  droit  la  bron« 
cho-pneumonie?  Enfin,  bien  des  points  sont  encore  obscurs 
dans  les  questions  de  pathogénie  ;  la  broncho-pneumonie, 
par  exemple,  nesemble-t-elle  pas  résulter  d'une  auto-in- 
fection au  cours  d'un  microbisme  latent  bucco-pharyngé  ? 
Doit-on  proposer  d'aussi  nombreuses  et  d'aussi  importantes 
réformes  sans  que  la  Société  ait  pu  formuler  une  opinion 
basée  sur  des  données  scientifiques,  admises  partons?  Il 
ne  serait  pas  sage  de  bâtir  sur  un  terrain,  encore  aussi  peu 
stable,  des  projets  de  cette  importance  ;  aussi,  doit-on  se 
contenter  d'un  minimum  de  demandes,  et  ne  réclamer  que 
des  réformes  pratiques  que  l'Administration  soit  en  mesure 
d'accorder  en  l'étatactuel.  M.  Grancher,  comme  M.  Sevestre, 
en  pratiquant  l'antisepsie  aussi  rigoureuse  que  possible, 
l'isolement,  l'aération,  toutes  choses  faciles  à  obtenir,  ont 
dès  maintenant  enregistré  des  résultats  encourageants.  Il 
ne  faut  pas  vouloir  demander  trop,  sous  peine  de  ne  rien 
obtenir. 

M.  Sevestre  esi  entièrement  de  cet  avis  ;  le  plan  de  M.  Ri- 
chard est  scientifiquement  excellent,  mais  impraticable,  du 
moins  actuellement.  Pour  sa  part,  avec  deux  salles  d'isole- 
ment bien  aérées  et  salles  de  rechange,  il  a  abaissé  de  40  ou 


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50  pour  100,  à  10  pour  100  la  mortalité  par  rougeole  aux 
Enfants-Assistés. 

M.  Richard  pense  que  si  Tauto-infection  par  microbisme 
latent  coinuiandait  la  pathogénie  de  la  hroncWpneumoDie 
daui^  la  rougeole,  les  faits  seraient  aussi  nombreux  en  ville 
qu'à  Thôpital.  La  fréquence  bien  plus  grande  à  l'hôpital 
montre  bien  Tinfeclion  des  salles  par  les  germes  de  cette 
maladie.  Aussi,  comme  concession  extrême,  accorderail-il 
de  placer  deux  malades  par  chambre,  mais  il  ne  saurait  aller 
au  delà,  dans  la  crainte  de  Tinfection  réciproque. 

M.  Sevestre  possède  des  salles  de  dix  malades  où  la  bron- 
cho-pneumonie est  absolument  exceptionnelle. 

M.  Grancher  est  d'avis  qu'il  faut,  au  moins,  ne  pas 
demander  toutes  les  réformes  à  la  fois  ;  on  peut,  dès  main- 
tenant, chercher  à  réaliser  l'antisepsie  et  l'aération,  en 
réservant  pour  une  époque  ultérieure  Tisolement  par  deux 
malades,  ou  même  1  isolement  individuel.  II  regrette  que 
tous  les  médecins  des  hôpitaux  d'enfants  ne  soient  pas  pré- 
sents à  la  séance  pour  apporter  leur  opinion  dans  le  débat, 
car  il  est  nécessaire  que  cette  discusssion  aboutisse  en  fin 
de  compte  à  des  résolutions  pratiques  soumise^  au  vote  de 
la  Société. 

M.  Gérxn^Roze  ne  croit  pas  qu'on  puisse  qualifier  de 
bénigne  la  rougeole,  ainsi  que  Ta  dit  M«  Richard;  la  mor- 
lalité  est  malheureusement  assez  élevée.  C'est  la  bronche* 
pneumonie,  il  est  vrai,  c|ui  constitue  le  péril  le  plus  mena- 
çant, mais  on  ne  saurait,  dès  maintenant,  affirni^r  qu'elle 
constitue  une  affection  distincte,  surajoutée.  Il  regarde, 
d'ailleurs,  comme  impossible  de  réaliser  actuellement  Tiso- 
lement  individuel. 

M.  Richard  2ià\X  que  la  rougeole  est  une  maladie  bénigne 
par  elle-même,  c'est-à-dire  lorsqu'elle  est  exempte  de  com- 
plications. 

M.  Cadet  de  Gassicourtj  désireux,  comme  M.  Grancher, 
de  voir  aboutir  la  discussion  à  des  résolutions  pratiques, 
propose  de  nommer  une  commission^  composée  de  tous  les 
médecins  des  hôpitaux  d'enfants,  qui  présentera  un  rapport 
dont  les  conclusions  seront  discutées  en  séance  générale  et 
soumises  au  vote  de  la  Société* 

(Cette  proposition  est  adoptée.) 

— M.  deBeurmann  lit  une  note  surun  cas  de  contracture 
mortelle  d'origine  gastrique.  (Sera  publié.) 

M.  Hayem  rappelle  que  le  malade  dont  il  a  rapporté  l'ob- 
servation avait  eu  deux  accès  de  tétanie  et  a  succombé  ulté- 
rieurement à  des  accidents  de  collapsus  algide  sans  diar- 
rhée. L'autopsie  a  révélé  une  fluxion  roésentérique  intense, 
telle  qu'on  l'observe  dans  Fétranglement  ou  les  déplace- 
menls  notables  d'organes  abdominaux.*  Sans  doute,  on  au- 
rait trouvé  des  lésions  analogues  chez  le  malade  de  M.  de 
Beurmann. 

—M.  Fernet  relate  une  petite  émdémiè  locale  de  gastro- 
entérite  cholériforme  (voy.  p.  207). 

—  M.  Lereboullet  présente,  au  nom  de  M.  Gméef^  (de 
Cannes),  un  appareil  pour  pratiquer  l'injection  hypoder- 
mique des  liquides  les  plus  divers,  voire  même  des  sub- 
stances les  plus  irritantes.  On  arrive  à  injecter  ainsi,  sans 
douleur,  et  sans  aucun  accident  consécutif,  jusqu'à  15  et 
20  grammes  d'huile  créosotée  au  quinzième,  lin  travail  de 
M.  Gimbert  sur  le  sujet  sera  publié  dans  la  Gazette  hebdo^ 
madaire. 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie. 

André  Petit. 


Sttslét^  4e  eblriirffhSé 

SÉANCE  DU  20  MARS   1889.   —  PRÉSIDENCE  DE 
M.   LE   DENTD. 

Luxation  da  l'èpanle  :  M.  La  Fort.  —  Tumaur  da  l'ombilic  :  M.  Coi 
lombe  (da  Llaiaox)  (M.  PolaUlon,  rapportaur).  —  Plaies  de 
l'abdoman:  M.  Michaux  (V.  Berger^  rapportaur)  (Discussion: 
MM.  M.  86a.  Raolua.  Chauvel,  Tarriar).  —  Opération  d'Alaxander: 
M.  Sohwarta  (Olaousaion:  XM.  Lucas- Championnièra,  Boollly, 
Qu6nu,  Segond,  Riohalot). 

M.  Le  Fort  présente  une  pièce  de  luxation  inlra- 
coracoïdienne  de  l'épaule.  La  tète  s'est  échappée  à  travers 
le  muscle  sous-scapulaire  déchiré. 

—  M.  Terrilion  dépose  les  observations  de  cholècyslO' 
tomie  dont  il  a  parlé  dans  la  dernière  séance.  M.  Jalaguier 
a  fait  ce  matin  même  Tautopsie  de  son  opérée,  morte  de 
tuberculose  pulmonaire.  Un  calcul  était  enclavé  dans  la 
partie  intrapancréatique  du  cholédoque.  Il  existait  nue 
cirrhose  biliaire  typique. 

--  M.  Polailton  a  résumé  Tan  dernier  une  observation 
du  tumeur  vasculaire  de  Vomhilic  adressée  par  M.  Colombe 
(de  Lisieux).  Dépourvue  d*examen  histologique,  cette  obser- 
vation ne  prouvait  rien.  Depuis^  la  malade  est  morte  d'une 
cirrhose  atrophiquè  du  foie,  et  l'autopsie  a  montré  que  la 
cause  des  hémorrhagies  était  la  rupture  d'une  dilatation 
ampuUaire  d*une  veine  porte  accessoire  du  ligament  falci- 
forme. 

— VL. Berger.  Rapport  sur  une  observation  de  U. Michaux: 
Plaie  non  pénétrante  de  Vabdomen.  Cette  plaie,  par  balle 
de  revolver,  semblait  bien  être  pénétrante;  M.Michaux 
explora  le  trajet,  et  trouva  la  balle  dans  la  paroi.  Il  pense 
que  cette  exploration  est  indiquée,  et  M.  Berger  est  de  son 
avis. 

A  ce  propos,  M.  Berger  revient  sur  une  observation  qu'il 
a  communiquée  il  y  a  quelque  temps.  11  s'agit  d'un  coup  de 
revolver  à  la  région  sus-ombiiicaie  avec  hématémèse. 
M.  Berger  av^it  diagnostiqué  une  plaie  de  Testomac.  La 
malade  était  en  v-oie  de  guérison  lorsque  M.  Berger  trouva 
dans  le  huitième  espace  intercostal  droit  une  tuméfaction  qui 
peu  à  peu  pointa,  et  dont  une  balle  fut  extraite.  Y  avait-il 
donc  plaie  de  l'estomac?  Puis  quelques  jours  après  des  pico- 
tements très  vifs  à  l'anus  indiquèrent  d'examiner  le  rectum; 
une  douille  de  cartouche  y  fut  trouvée.  Ce  fait  bizarre  reçut 
alors  l'explication  suivante:  voulant  se  luer,  la  femme  avait 
acheté  un  revolver  n**  9  et,  par  erreur,  elle  le  chargea  avec 
une  cartouche  n''7,  qui  disparut  dans  le  canon.  Elle  ne  put 
extraire  ce  projectile  et  alors  elle  mit  derrière  une  cartouche 
n"*  9.  Le  projectile  a  été  ainsi  constitué  par  la  balle  et  la 
douille  (le  la  cartouche  n^"  7.  Et  ainsi  s'expliqua  un  fait 
bizarre  signalé  par  le  médecin  qui  avait  donné  les  premiers 
soins;  une  balle  n""  9  avait  été  trouvée  dans  le  lit  de  la 
malade. 

M.  Marc  Sée  se  déclare  partisan  de  l'exploration  du  trajet. 
M.  Reclus  également,  et,  à  cet  effet,  il  recommande  surtout 
l'emploi  du  doigt.  Il  a  ainsi  trouvé  une  balle  de  revolver 
dans  la  paroi.  MM.  Chauvel  et  Terrier  sont  du  même  avis, 
mais  ils  s'étonnent  que  M.  Reclus  ait  pu  introduire  le  doigt 
sans  débridement  dans  une  plaie  par  balle  de  revolver. 
M.  Reclus  ajoute  qu'il  l'a  fait  sans  peine  ;  le  revolver  était 
de  calibre  n*  9. 

—  M.  Schwartzisdi  une  communication  sur dia?  opérations 
d'Alexander  qu'il  a  pratiquées  depuis  1888  pour  rétro- 
version, rétroflexion  et  prolapsus  simples.  Il  n  a  eu  aucun 
accident  et  a  eu  de  bons  résultats  définitifs  dans  les  cas  ou 
il  s'agissait  de  déviations  non  adhérentes.  Pour  le  prolapsus, 
il  faut  combiner  le  raccourcissement  des  ligaments  ronds 
à  des  opérations  plastiques  sur  le  périnée  et  le  vagin. 


Î9  Mars  1889 


GAZETTE  HEBOOMâDAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        —  N'  13  ~ 


M.  Lucas-Ckampionnièie  n'est  pas  converti  par  cette 
communication.  Il  est  certain  que  souvent,  Tutérus  redressé 
reste  en  place.  Mais  le  plus  souvent  après  un  temps  variable, 
les  douleurs  reparaissent.  Or,  c'est  là  l'important.  Il  ne  faut, 
en  somme,  considérer  cette  opération  que  comme  un  per- 
fectionnement des  pessaires.  Aussi  M.  Championniëre  a-t-il 
une  préférence  marquée  pour  rtijstéropeiie.  Pour  un  chi- 
runrien  antiseptique  ce  n  est  pas  plus  grave  ;  de  plus,  on 
peut  toujours  faire  le  redressement  complet,  tandis  que  les 
adhérences  un  peu  notables  y  sont  un  obstacle  dans  Topéra- 
(ion d'Alexander.  Ëntin,  on  peut  examiner  les  ovaires,  dont 
j  intlammatlon,  la  dégénérescence  kystique  sont  pour  beau- 
coup dans  les  phénomènes  douloureux;  s'ils  sont  malades, 
on  les  enlèvera  et  on  aura  fait  ainsi  une  opération  radicale. 

M.  Bouilly  appuie  cette  manière  de  voir,  M.  Qiiénu  égale- 
ment, et  il  cite  une  observation  où,  l'utérus  restant  parfaite- 
ment réduit  depuis  dix-sept  mois,  les  douleurs  ont  reparu 
depuis  quatorze  mois. 

M.  Second  connaît  un  succès  durable  pour  une  rétrodé- 
Tiation  facilement  réductible.  Pour  les  rétrodéviations  adhé- 
rentes, il  a  quatre  observations,  dont  deux  où  la  mobilisa- 
tion préalable  avait  été  faite  par  M.  Trélat  lui-même.  Or 
ces  femmes  n*ont  eu  que  trois  mois  de  bien-être,  en 
moyenne,  tout  au  plus.  Puis  la  déviation  et  les  souffrances 
oDlVeparu. 

H.  Schwartz  n'a  pas  prétendu  faire  de  l'opération 
d'Alexander  une  panacée.  Il  la  croit  bonne  pour  bien  des 
rétrodéviations  non  adhérentes.  C'est  donc  par  elle  qu'il 
[M  commencer^  quitte  à  ouvrir  le  ventre  si  les  accidents 

récidivent. 


Société  4e  Mologle. 

SÉANCE   DU  23  MARS   1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE   M.    DUCLAUX,   VICE-PRÉSIDENT. 

De  la  pression  «zerote  par  les  graines  qni  se  gonflent  dans  l'eau  : 
M  Orèhant.  —  FtfeU  respiratoires  rèsuiunt  de  l'excitation  du 
bout  inf6riear  du  nerf  vagne:  M.  François-Franok.  —  Transmis* 
ùon  de  la  monre  ohes  le  mouton  :  M.  Peuch.  —  Bar  les  glandes 
gastrlqaes:  M.  Montanet.  -r  Bar  une  affection  parasitaire  de  la 
peau:  M.  Darier.  —  Atrophie  des  n^rfs  optiqaes  dans  l'ataxie 
looomotrioe:  M.  Berger.  —  ttaelques  caractères  de  la  pyocyanlne: 
M.  Charrin.  -  -  EffeU  de  la  morsure  de  la  sarigue:  M.  Dugès.  — 
Échoaement  d'un  oètaoè  sur  les  côtes  de  France:  M.  Beauregard. 

H.  Grékant  a  déterminé  Teiïort  exercé  par  des  graines 
contenues  dans  un  vase  clos  et  qui  peuvent  s'imbiber 
deaii;  il  a  vu  par  exemple  qu'avec  des  pois  la  pression 
déployée  peut  aller  jusqu  à  huit  atmosphères. 

—  M.  François^Franck   a    étudié  depuis  un  certain 

nombre  d  années  les  effets  qui  résultent  de  l'excitation  du 
bout  inférieur  du  pneumogastrique.  Parmi  ces  effets  il  en 
est  qui  proviennent  de  la  mise  en  jeu  de  fliets  nerveux 
destinés  à  des  organes  déterminés  (effets  directs);  mais  il 
en  est  d'autres  aussi  qui  sout  de  nature  indirecte.  Entre  ces 
derniers,  M.  François- Franck  ne  veut  considérer  pour  le 
moment  que  les  effets  respiratoires.  Ces  troubles  respira- 
toires peuvent-ils  s'expliquer  par  les  troubles  circulatoires 
résultant  aussi  de  cette  môme  excitation  du  nerf  vague  ou 
sont-ils  attribuables  à  la  sensibilité  récurrente?  C'est  à 
cette  dernière  cause  que  les  ont  explicitement  rapportés 
Arloing  et  Tripier  en  187i.  En  1877,  M.  François-Franck  à 
S3Q  tour  a  observé  des  faits  analogues  et  s'est  rangé  à  la 
même  explication.  Depuis,  il  a  eu  l'occasion  d'en  poursuivre 
une  étude  détaillée  et  systématique. 
.  De  ces  recherches  il  résulte  que  l'excitation  du  bout 
inférieur  du  nerf  vague  donne  toujours  lieu  à  des  effets 
respiratoires.  Ceux-ci  sont  très  variables,  consistant  tantôt  en 
une  simple  accélération  des  mouvements,  tantôt  en  irrégu- 
larités diverses,  tantôt  en  des  troubles  profonds,  comme  un 


arrêt  plus  ou  moins  prolongé,  etc.  ;  bref,  ils  ne  peuvent 
être  ramenés  à  un  type  commun,  par  suite  ils  ne  peuvent 
avoir  la  même  et  constante  origine,  comme  M.  Laulanié  l'a 

E rétendu  dans  une  communication  récente  à  la  Société  de 
iologie  (février)  en  leur  assignant  toujours  pour  cause  les 
troubles  circulatoires  concomitants. 

Il  n'y  a  pas  non  plus  à  faire  intervenir  ici  l'excitation  des 
filets  nerveux  contenus  dans  le  tronc  du  pneumogastrique 
et  qui  vont  aux  bronches.  En  effet,  on  observe  ces  phéno- 
mènes respiratoires  chez  des  animaux  chez  lesauels  on  ne 
voit  pas  se  produire  le  spasme  bronchique  qui  traduit  la  con-- 
traction  des  muscles  de  Reissessen.  De  plus,  et  cet  argu- 
ment est  péremptoire,  les  troubles  de  la  respiration  dont  il 
s'agit  n'ont  plus  lieu  sur  un  animal  même  légèrement  anes- 
thésîé. 

D'autre  pail,  on  ne  peut  invoquer  les  modifications  dans 
la  circulation  pulmonaire,  d'origine  vaso-motrice,  puisque 
les  vaso-moteurs  du  poumon  ne  sont  pas  contenus,  on  le  sait 
bien  aujourd'hui,  dans  le  pneumogastrique. 

Enfin  ces  troubles  de  la  respiration  ne  sont  pas  dus  à 
l'arrêt  du  cœur  que  détermine  l'excitation  du  vague 
(dyspnée  anémique),  puisqu'ils  se  produisent  tout  aussi 
bien  quand  on  a  supprimé  au  moyen  d'une  atropinisalioh 
préalable  l'action  d'arrêt  du  pneumogastrique  sur  le  cœur. 

En  définitive,  M.  François-Frank  est  amené  à  conclure 
(^ue  ces  effeès  respiratoires  tiennent  uniquement  à  des  réac- 
tions sensibles,  dues  à  l'irritation  des  filets  sensilifs  récur- 
rents que  contient  le  nerf  vague.  Cette  interprétation  repose, 
du  reste,  sur  un  certain  nombre  de  faits  expérimentaux; 
ainsi  pendant  ces  excitations,  beaucoup  d'animaux  présen- 
tant des  réactions  manifestement  douloureuses;  de  plus,  ces 
troubles  respiratoires  ressemblent  de  tous  points  à  ceux  que 
détermine  1  irritation  d'un  nerf  sensible  quelconque;  d'autre 
part,  ils  sont  supprimés  par  l'anesthésie  préalable.  En 
terminant,  M.  François-Franck  signale  la  cause  d'erreur, 
d'ordre  technique,  dans  laquelle  sans  doute  est  tombé 
H.  Laulanié. 

—  M.  Chameau  dépose  une  note  de  M.  Peuch  sur  la 
transmission  directe  de  la  morve  du  mouton  au  mouton, 
que  l'on  n'avait  pu  encore  déterminer. 

—  M.  Chauveau  présente  une  note  de  H.  Montanet  (de 
Toulouse)  sur  la  dualité  fondamentale  des  cellules  des 
glandes  gastriques.  M.  Montanet  rapporte  de  nouveaux 
faits  à  l'appui  de  cette  opinion  qu'il  a  déjà  défendue. 

—  M.  Darier  a  observé  deux  cas  d'une  singulière  affec- 
tion cutanée  décrite  jusqu'à  présent  sous  des  noms  variés  et 
qui  est  en  réalité  une  maladie  parasitaire,  due  à  une  psoro- 
spermie.  Aussi  propose-t*il  de  l'appeler  psorospermose  de 
la  peau.  L'affection  siège  exclusivement  dans  les  follicules 
piteux  ;  elle  est  caractérisée  par  la  présence  dans  les  folli- 
cules pilo-sébacés  de  petites  élevures,  causées  par  des  corps 
rondsenveloppésd'unemembranegranuleuse,  contenus  dans 
une  cellule  épithéliale  ;  entre  ces  petits  grains,  on  voit  les 
cellules  épidermiques.  M.  Darier  montre  que  ces  corps  ne 
sont  ni  des  éléments  normaux,  ni  des  éléments  altérés  de 
l'épiderme;  il  s'agit  là  de  véritables  coccidies.  Ces  parasites 
se  trouvent  en  abondance  à  l'orifice  pileux  où  ils  forment 
une  masse  dure,  kératinisée.  Secondairement,  les  parois 
du  col  du  follicule  végètent. 

—  M.  Z>tt^>My  présente  une  note  de  M.  Berger  sur  l'atro- 
phie du  nert  optique  dans  l'ataxie  locomotrice. 

—  M.  Charrin  montre  quelques-unes  des  réactions  de 
la  substance  produite  par  le  bacille  pyocyanique,  ou  pyo- 
cyanine. 

—  M.  Beauregard  dépose  une  note  de  M.  Dugès  sur  quel- 
ques phénomènes  d'intoxication  dus  à  la  morsure  de  la 
sarigue. 

—  M.  Beauregard  rapporte  (juelques  détails  relatifs  à  un 
nouvel  éclioucnicnt  d'une  baleine  sur  nos  côtes. 


216    —  NM3  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


â9  Mars  1889 


BIBLIOGRAPHIE 

Cïiilde  pratlq««  de  petite  ehlrursle,  par  M.  Michel  Gan- 

GOLPHE,  chirurgien  en  chef  désigné  de  l'Hôtel-Dieu  de 
Lyon,  précédé  d'une  lettre  de  M.  le  professeur  Léon  Tri- 
pier. —  Paris,  0.  Doin,  1889. 

Chargé  par  l'administration  des  hôpitaux  de  Lyon  d'une 
série  de  conférences  sur  les  pansements,  à  Tusage  du  per- 
sonnel hospitalier,  M.  Gangolphe  a  eu  Theureuse  idée  de 
publier  ces  dix-neuf  leçons.  Rompant,  à  bon  droit,  avec  les 
usages  des  manuels  de  petite  chirurgie,  il  ne  s'astreint  pas  à 
décrire  tel  ou  tel  pansement.  Il  cherche  à  faire  comprendre 
ce  que  sont  Tasepsie  et  l'antisepsie,  comment  on  y  peut 
parvenir;  après  cela  viennent  les  indications  thérapeutiques 

firincipales  pour  les  cas  urgents  :  hémorrhagies,  syncope, 
ractures  simples  et  compliauées,  plaies  d'armes  à  feu.  Puis 
Tauteur  décrit  Tanesthésie,  le  traitement  des  brûlures  et  des 
gelures,  la  vaccination,  la  saignée,  l'application  des  sangsues 
et  des  ventouses,  les  injections  sous-cutanées,  la  révulsion, 
la  cautérisation,  le  cathétérisme.  La  fastidieuse  énumérat ion 
des  bandages  ne  trouve  point  ici  sa  place. 

En  somme,  guide  tout  à  fait  élémentaire,  destiné  surtout 
à  styler  des  infirmiers  instruits  que  M.  Léon  Tripier  vou- 
drait voir  attacher  à  chaque  service  chirurgical.      A.  B. 


VARIÉTÉS 

Corps  db  santé  militaire.  —  Par  décret  en  date  du  'ii  mars 
1889,  ont  été  promus: 

Au  grade  de  médecin-major  de  i"  claêsey  M.  Yvert,  raéde- 
ciu-major  de  2«  classe  à  récole  d'application  de  cavalerie  de 
Sauraur. 

Au  grade  de  médecin-major  de  2'  classe,  MM.  Mosimann  et 
Bcchard. 

Hôpital  Broussais.  —  L'hôpital  Broussais,  qui  ne  comprenait 
jusqu'ici  que  des  services  temporaires,  a  reçu  depuis  le  1*' janvier 
dernier  une  organisation  définitive  et  Fadministration  de 
l'Assistance  publique  a  décidé  qu'il  serait  ouvert  dans  cet  hôpital 
une  consultation  externe,  mais  sans  délivrance  de  médica- 
ments. 

Cette  consultation,  qui  aura  lieu  tous  les  jours,  sera  fuite 
allernalivement  par  les  deux  médecins  et  par  le  chirurgien  de 
rétablissement.  Toutefois,  l'hôpital  Broussais  devant  continuer  à 
recevoir  ses  malades  du  Bureau  central,  aucune  admission  ne 
pourra  élre  prononcée  à  la  suite  de  ces  consultations. 

Cours  libres.  —  M.  le  docteur  Dareste,  directeur  du  labora- 
toire de  tératologie,  commencera  ses  conférences  pratiques 
d\'nibr>'ogénie  normale  et  tératologique,  le  mardi  2  avril  à 
quatre  heures,  et  les  continuera  les  samedis  et  mardis  suivants 
il  la  même  heure,  au  laboratoire  de  tératologie.  —  Bâtiment  du 
Musée  Dupuylren. 

Cours  pratique  de  chimie  et  de  micrographie  médicales.  — 
M.  Lafon  recommencera,  le  8  avril  1889,  son  cours  pratique  de 
chimie  et  de  microscopique  médicales. 

Ce  cours  comprend  particulièrement  :  1°  l'étude  chimique 
et  microscopique,  au  point  de  vue  clinique,  des  urines,  des  cal- 
culs, des  kystes,  de  la  bile,  du  suc  gastrique  et  du  sang;  ^  la 
technique  microscopique,  applicable*  à  la  recherche  des 
microbes  pathogènes,  aux  helminthes  et  parasites  de  Thomme; 
3*"  l'examen  de  I  eau  potable,  du  vin,  du  lait  de  femme,  au 
point  de  vue  de  l'hygiène;  i*»  les  recherches  chimico-légales  et 
médico-légales  que  l'on  rencontre  le  plus  fréquemment  dans  la 
pratique  médicale.  —  S'inscrire  à  1  avance  de  trois  heures  à 
quatre  heures,  au  laboratoire,  7,  rue  des  Saints-Pères,  7. 

Clinique  des  maladies  du  larynx*  —  Le  docteur  Galmettes 
rouvrira  sa  cliniaue  des  maladies  de  l'oreille,  du  nez  et  du 
larynx,  le  mardi  2  avril  à  quatre  heures,  60,  rue  Sainl-André- 
deS'Arts.  Consultations  les  mardis,  jeudis,  samedis,  de  quatre  à 
six  heures. 


Nécrologie.  —  Le  professeur  Dénucé  (de  Bordeaux),  don 
nous  n'avons  pu  qu'annoncer  la  mort  dans  notre  dernier  numérc 
était,  comme  l'a  oien  dit  sur  sa  tombe  son  collègue  et  son  suc 
cesseur  M.  Pitres,  un  de  ces  maîtres  éminents  qui  pendant  pir 
de  quarante  ans  s'est  consacré  sans  trêve  ni  repos  à  ses  malade 
et  à  ses  élèves,  prodiguant  ses  forces  et  son  activité,  rcndac 
service  à  tous  ceux  qui  avaient  besoin  de  lui  et  jouissant  dan 
la  région  bordelaise  d'une  notoriété  telle  qu^aucun  chirurgiei 
de  province  n'en  a  peut-être  jamais  connu  de  pareille. 

Correspondant  de  la  Société  de  chirurgie,  associé  national  d( 
l'Académie  de  médecine,  membre  honoraire  d^un  grand  nombre 
de  Sociétés  savantes,  Dénucé  avait  communiqué  aux  Corapagoiei 

3ui  l'avaient  élu  un  grand  nombre  de  mémoires^  en  particulier 
es  travaux  estimés  sur  les  luxations  du  coude,  1  autoplastie,  les 
corps  étrangers  de  la  vessie,  les  anévrysmes,  les  fausses  articu- 
lations, les  formes  malignes  du  furoncle  et  de  l'anthrax,  Tinver- 
sîon  utérine,  etc.,  etc. 

Sur  sa  tombe  M.  Ouvré,  recteur  de  TAcadémie  ;  M.  Pitres, 
doyen  de  la  Faculté;  MM.  Labat,  Hameau,  Dubourg,  I^ijot,  etc., 
se  sont  faits  les  interprètes  des  regrets  qu'a  causés  sa  mort. 

—  On  annonce  aussi  la  mort  du  célèbre  ophtlialmologislc 
Donders,  qui  vient  de  succombera  LHrechtà  l'âge  de  soixante  el 
onze  ans. 

Né  à  Tilburg  le  27.  mai  1818,  Donders  avait  fait  ses 
études  à  l'Ëcole  médicale  militaire  d'Utrecht.  11  fui  nommi: 
médecin  militaire  à  l'hôpital  de  Haag,  puis  professeur  à  Tt  ni- 
versité  d'Utrecht  où,  depuis  1847,  il  proTessa  d'abord  la  physio- 
logie et  l'histologie,  puis  peu  après  l'ophthalmologie.  Sa  clini(|u<< 
des  maladies  des  yeux  et  son  laboratoire  de  physiologie  attirè- 
rent à  Utrecht  de  nombreux  élèves.  Le  savant  maître  hollandais 
a  publié  de  nombreux  mémoires  dans  les  Archives  d'ophikal- 
mologie  de  de  Graefe  et  dans  le  Recueil  des  travaux  du  Inho- 
ratoire  de  f Ecole  supérieure  d^Ulrecht.  On  lui  doit  au>>i 
plusieurs  ouvrages  importants,  traduits  en  français,  entre  autres 
une  Etude  sur  les  mouvements  des  yetix^nn  livre  sur  V Astig- 
matisme et  les  verres  cglindriques^  un  traité  des  Anomalies  de 
la  réfraction  de  /'o^tï.  Donders  était  correspondant  de  Tliistitut 
et  de  l'Académie  de  médecine. 


Mortalité     a    Paris    (10^    semaine,    du    3     au  0  Mi«r!« 
1889.  — Population -.2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  i». 

—  Variole,  3.  —  Rougeole,  34.  —  Scarlatine»  4.  —  Coque- 
luche, 4.  —  Diphthérie,  croup,  47.  —  Choléra,  0.  —  Phlhisie 
pulmonaire,  200.  —  Autres  tuberculoses,  20.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  45  ;  autres,  5.  —  Méningite,  39.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  60.  —  Paralysie,  7.  — 
Ramollissement  cérébral,  15.  —  Maladies  orjg^aniques  du  cœur,  7i. 

—  Rronchite  aiguë,  38.  —  Bronchite  chronique,  60.  —  Broncho- 
pneumonie, 30.  —  Pneumonie,  71.  —  Gastro-entérite:  sein,  IH; 
biberon,  34.  —  Autres  diarrhées,  7.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 5.  —  Autres  affections  puerpérales.  4.  —  Débilité  «on- 
génitale,  27.  —  Sénilité,  36.  —  Suicides,  f  5.  —  Autres  morls 
violentes,  9.  —  Autres  causes  de  mort,  181.  —  Causes 
inconnues,  15.  —  Total  :  1111. 

Mortalité    a    Paris    (11"    semaine,    du    10   au    16  mars 
1889.  — Population:  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  10. 

—  Variole,  5.  —  Rougeole,  33.  —  Scarlatine,  4.  —  Coque- 
luche, 7.  —  Diphthérie,  croup,  40.  —  Choléra,  0.  —  Phthisie 
pulmonaire,  201.  —  Autres  tuberculoses,  33.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  50;  autres,  4.  —  Méningite,  25.  --  Cong«îs- 
liou  et  hémorrhagies  cérébrales,  5Ï.  —  Paralysie,  .">.  -- 
Ramollissement  cérébral,  12.— Maladies  organiques  du  cœur,  i^> 

—  Bronchite-aigué,  42.  —  Bronchite  chronique,  45.  —  Bronclio- 

Eneumonie,  32.  —  Pneumonie,  88.  —  Gastro-entérite:  sein,  »; 
iberon,  28.  —  Autres  diarrhées,  3.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 5.  — Autres  affections  puerpérales,  5.  —  Débilité  con- 
génitale, 2».  —  Sénilité,  32.  —  Suicides,  11.  —  Autres  morts 
violentes,  13.  —  Autres  causes  de  mort,  217.  —  Causes 
incqnnues,  18.  —  Total:. 1100, 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 


18UU3.  —  HOTTKROZ.  *—  liiipriuicries  rëunioa,  A.,  inio  Miguua,  2,  l'an». 


Trerts*sixièhe  année 


W  14 


5  Avril  1899 


GAZETTE  HEBDOItlADAIBE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

H.  U  D'  II.  LERBBOULLST,  RiiiàCRUR  sn  chip 
HN,  P.  BUCHEZ.  E.  BRISSAUD,  8.  DIEUUFOY,  DREYFUS-BRISAC,  FRAMCOIS-FRAMCR,  R.  NEROCQUE,  R.^.  NRRTIR.  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Àdreuer  tout  ce  qui  concerne  le  rédaetUm  à  M.  Lkieboullit,  44»  rue  de  Lille  (enat  le  mardi  de  préférence) 


§dlllAlRB«  —  BULLBTIM.  ~  CLlNiat'B  «KDICALE.  Ç^ttscs  ot  pallio{;éiiie  do 
JarUJrioscIcrose.  —  FoHMULAlRK  THKîiapeutiûUK.  Du  trailomcnl  anlisculi'iuc 
delà  lyplililc.  —  RsVUE  d:-8  couns  et  des  cliniques.  H6pil«t  Sainl-Louis  : 
Kéttiiioàs  cliniques  hebdonadaires  des  médocios  de  l'bôpiul  Ssinl-Louis.  ~ 
Travaux  originaux.  Cliniqnc  tnciiicalc  :  Note  sur  un  cas  de  contraelurc  mor- 
lell*  d'orii^inc  gastrique.  —  Sociétés  savantes.  Actidémio  des  sciences.  — 
Aeadémie  de  médecine.  —  Société  de  chirurgie.  —  Société  de  llidrapculiquc.  — 
Bfvce  des  iOURS.xrx.  —  Bidlioorapbib.  La  moMO  do  Toiclimano.  —  Nouveaux 
clfarals  do  patlio'ogie  oiteroo.  —  Vaiii^tbs. 


BULLETIN 

Paris»  3  avril  1889. 
;  CMini4e|ftatliol4»0to  Kéaémlet  L'aBtlacpsIe  médicale. — 

I    Académie   de  médecine  :  L'avnimiii.  —  Le»  poète* 

I     aiebllc».  —  Exllrpaftloa  4*eaeéph«loc«le. 

On  a  souvent  prolesté  contre  Tinstitution  des  cours  théo- 
riques, et,  à  diverses  reprises,  on  a  prétendu  qu'une  Faculté 
de  médecine  ne  devrait  compter  parmi  ses  maîtres  que  des 
professeurs  de  clinique  et  des  directeur.*;  de  laboratoires.  La 
palhologie  générale  et  spéciale  s'apprendrait,   disait-on, 
dans  les  livres.  Nous  conseillons  à  ceux  qui  n'admettent 
qu'un  enseignement  pratique  et  des  leçons  de  choses  de  lire 
le  nouveau  volume  qui  contient  les  leçons  professées  pen* 
dant  Tannée  1887-1888  par  M.  Bouchard.  Une  œuvre  de 
celle  valeur  suffit  à  elle  seule  pour  justifier  l'enseign.  ment 
thé(4ique  —  puisque  c'est  le  mot  officiel  qui  le  caractérise. 
Sans  doute,  un  slavanl,  dont  Tesprit  philosophique  a!ine  à 
envisager  dans  leur  ensemble  les  problèmes  les  plus  nrdus 
de  la  palhologie,  aurait  toujours  trouvé  le  moyen  d'exposer 
ses  vues  personnelles.  Aurait-il  eu  le  temps  et  l'occasion 
d'écrire  lui-même  un  traité  {le  la  thérapeutique  antisep- 
tique des  maladies  ii^ctieuses?  S'il  n'y  avait  point  été  con- 
traint par  les   néce^ités  de   son   enseignement  officiel, 
M.  Bouchard  se  serait-il  appliqué  à  rédiger,  sous  la  forme 
si  séduisante  et  d'une  clarté  si  lumineuse  qu'il  a  su  donner 
à  ses  leçons  orales,  toute  cette  série  de  considérations  his* 
Viques  et  critiques  qui  expliquent  et  font  mieux  com- 
prendre les  découvertes  auxquelles  son  nom  restera  glo- 
rieusement attaché?  Ne  se  serait-il  pas  contenté  de  publier 
des  notes,  des  mémoires,  des  communications  aux  Sociétés 
savantes,  relatant  au  jour  le  jour  les  faits  nouveaux  que 
celle  série  de  leçons  met  si  nettement  en  relief?  Professeur 
de  pathologie  générale,  il  a  considéré  comme  un  devoir  de 
Irailer  in  extensOy   c'est-à-dire    en    la   développant   par 
^M'analyse  des  travaux    de   ses  contemporains,    l'une   des 
iiueslions  les  plus  importantes   qui   puissent  aujourd'hui 
V  stRiB.  T.  XXVI.  :  '  - 


préoccuper  le  médecin.  Nous  ne  craignons  pas  d'affirmer 
que  si  tous  les  maîtres  appelés  à  l'honneur  de  l'ensei- 
gnement officiel  s'appliquaient  à  publier  leurs  leçons 
publiques  avec  autant  de  zèle^  s'ils  y  apportaient  autant 
d'esprit  critique,  de  saine  érudition  et  de  vues  person- 
nelles, les  ouvrages  qui  mettraient  aux  mains  de  tous  le& 
médecins  ces  leçons  didactiques  feraient  le  plus  grand  hon- 
neur à  l'École  française. 

Nous  aurons,  sans  doute,  maintes  fois  l'occasion  de  parler 
du  nouveau^  livre  que  npus  devons  à  M.  le  professeur  Bou- 
cliard  (1).  Mais  nous  voudrions,  dès  aujourd'hui,  pour  en 
mieux  montrer  l'intérêt,  revenir  sur  un  sujet  que  nous  avons 
déjà  effleuré  à  cette  place  même  ;  nous  voulons  parler  du  rôle 
des  microbes  dans  la  pathogénie  des  maladies  infectieuses  et 
des  procédés  thérapeutiques  qui  permettent  de  réaliser  par* 
fois  ce  que  l'on  a  appelé  l'antisepsie  générale. 

Ce  mot  antisepsie  générale  n'a  pas  été  admis  sans  con- 
testation et  bien  des  médecins,  aujourd'hui  encore,  hésitent 
à  croire  qu'il  soit  possible  d'instituer  une  thérapeutique  eu 
tenant  compte  des  données  pathogédiques  fournies  par  ^ 
l'élude  microbiologique  des  maladies.  Us  persistent,  en 
effet,  à  penser  que,  dès  l'instant  qu'un  microbe  a  été 
découvert,  isolé  et  culllUi  et  qu'on  suppose  qu'il  est 
l'agent  principal  de  la  maladie  infectieuse,  tout  l'effort  thé«- 
rapeutique  de  ceux  qui  croient  à  l'antisepsie  médicale  doit, 
tendre  à  tuer  le  microbe,  à  agir  sur  sa  vitalité  à  l'aide  d'un 
parasiticide.  Et  c'est  en  se  plaçant  à  ce  point  de  vue  exclu-^ 
sif  que  les  adversaires  de  la  doctrine  jnicrobienne  affirment 
que  ce  qui  pourrait  tuer  le  parasite  détruira  plus  rapide- 
ment encore  la  cellule  nerveuse,  et  qu'ainsi  l'on  tuera  le 
malade  avant  d'avoir  atteint  le  microbe.  M.  Bouchard,  dans 
toutes  ses  leçons,  a  cherché,  comme  il  le  dit  lui-même,  à 
communiquer  à  ses  auditeurs  cette  discipline  de  l'esprit 
qui  fait  le  savant  et  non  l'empirique,  à  les  habituer  à  se 
rendre  compte  de  ce  qu'ils  peuvent  et  doivent  faire,  à  dis- 
cerner le  pourquoi  et  le  comment  de  leur  intervention,  et 
c'est  pourquoi  il  proteste  contre  cette^tendance  à  chercher 
une  recette,  une  formule,  au  lieu  de  préciser  des  indica- 
tions et  de  trouver  une  médication  utile.  C'est  pourquoi 
aussi  il  s'élève  aussi  énergiqucment  contre  les  assertions 
erronées  de  ceux  qui  considèrent  la  médication  antiseptique 
comme  exclusivement  microbicide;  cette  médication  est  le 
plus  souvent  complexe.  C'est  indirecleinent  que  l'antisepsie 
s'adresse  au  microbe;   mais  il  faut    lire   tous  les  cha- 

(!)  Thérapeutique  des  maladicM  infeetieutet  :  Antuepiie.  —  Cours  de  Patlio- 
logie  générale,  par  Ch.  Bouchard,  recueilli  et  publié. par  le  doclenr  P.  Le  Gendre. 
Paris,  F.  Savy,  188». 

u 


m   ^  N«  14  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


5  Avril  1889 


pitres  de  ce  beau  livre  poar  bien  comprendre  que  traiter 
une! maladie  infectieuse  n*est  »as  aussi  simple  que  d'admi- 
nistrer ntt  t)a  plusieurs*  parasiti  ci  des. 

M.  Bouchard  démontre  que  l'on  peut  souvent  amoindrir 
la  vitalité  d'un  microbe,  restreindre  sa  pulluiation,  changer 
sa  forme,  modifier  ses  fonctions,  exalter,  restreindre,  sup- 
primer, restaurer  sa  virulence  d'une  façon  passagère  ou 
durable,  mais  il  montre  aussi  que  l'on  n'a  pas  encore 
trouvé  tous  les  agents  capables,  après  leur  absorption, 
d'agir  assez  énergiquement  et  assez  rapidement  sur  les 
mipabe^  pathogènes  pour  les  luar  ou  les  rendre  immédia- 
tement inoffensifs.  Ajoutons  que  les  expériences  de  labora- 
toire ne  sont  pas  toujours  confirmées  par  l'expérimeutation 
clinique;  tel  ou  tel  agent  qui  peut,  in  vitro,  modifier  sen- 
siblement les  conditions  de  vitalité  du  microbe  n'est  pas 
facilement  absorbable.  Ce  sera  le  rôle,  ce  doit  être  le  but 
de  la  thérapeutique  expérimentale  de  déterminer  quels 
sont  les  médicaments  qui  peuvent  être  à  la  fois  microbi- 
cides  et  inoffensifs.  On  en  doit  plusieurs  déjà  à  M.  Bouiehard 
et  à  ses  élèves. 

En  attendant  c'est  l'organisme  vivant  qui,  par  son  fonction- 
nement normal,  arrive  à  détruire  les  microbes  pathogènes. 
Pourarriver  au  buta  atteindre  c'est  l'organismequ'il  faut  se- 
courir dans  cette  lutte.  Or  il  est  démontré  que  les  microbes 
sont  surtout  nuisibles  par  les  poisons  solubles  auxquels 
donne  naissance  leur  vie  au  sein  de  l'organisme  infecté. 
Ces  poisons,  nous  pouvons  obtenir  qu'ils  soient  retenus  ou 
détruits  par  le  foie,  brûlés  dans  le  sang,  éliminés  par  les 
reins.  De  là  découlent  une  série  de  médications  que  l'on 
peut  appeler  antiseptiques,  bien  qu'elles  n'agissent  qu'indi- 
rectement pour  réaliser  l'antisepsie  générale.  A  ces  moyens 
indirects  s'ajouteront  peut-être  un  jour  des  procédés  théra- 
peutiques plus  immédiatement  dirigés  en  vue  d'entraver  Ja 
puliulation  des  microbes  ou  de  modifier  leur  fonctionne- 
ment. Nous  verrons  prochainement,  en  revenant  sur  la  ques- 
tion des  vaccinations  préventives,  ce  que  l'on  peut  espérer 
à  ce-point  de  vue. 

Enfin,  et  c'est  ce  que  M.  Bouchard  a  si  bien  montré  dans 
nés  précédentes  leçons,  toutes  méthodes  hygiéniques  et 
ttiérapeuliques  qui  ont  pour  résultats  de  fortifier  l'orga- 
nisme et  de  combattre  les  diathèses  contribuent  aussi  à 
rendre  moins  facile  l'action  pathogène  des  micro-orga- 
nismes. Ceux-ci  nous  entourent,  nous  pénètrent  de  toutes 
parts.  Si  nous  résistons  à  leurs  attaques,  c'est  le  plus  sou- 
vent parce  que  l'état  de  santé  empêche  ou  entrave  notable- 
n^^ent  leur  germination.  Il  importe  d'ailleurs  de  ne  point  ou- 
blier que  si  la  maladie  est  le  résultat  des  causes  morbifiques 
qui  agissent  sur  l'organisme,  elle  est  aussi,  comme  le  dit  si 
bien  M.  Bouchard,  l'ensemble  des  actes  fonctionnels  qui 
réagissent  contre  ces  causes.  Or  ce  travail  de  réaction,  qui 
persiste  longtemps  après  que  la  cause  morbifique  a  cessé 
d'agir,  entretient  ces  pleurésies,  ces  pneumonies,  ces  lésions 
organiques  multiples  qui  constituent  l'un  des  plus  grands 
dangers  des  maladies  infectieuses;  c'est  lui  donc  que 
nous  avons  le  plus  souvent  à  combattre,  c'est  lui  qui  exige 
toutes  les  armes  de  la  thérapeutique,  et  qui  permet 
de  maintenir,  à  côté  de  la  thérapeutique  antiseptique 
directe,  l'ensemble  des  médications  traditionnelles  :  c  Sur- 
veillez le  microbe,  dit  M.  Bouchard,  mais  n'oubliez  pas 
l'organisme  et  ses  réactions.  Glorifiez  les  progrès  récents, 
mais  soyez  assurés  que  tout  ne  date  pas  d'hier,  et  qu'il  y  a 
encore  une  médecine.  >  On  voit,  par  ce  court  exposé,  dans 
quel  esprit  est  conçu  ce  livre.  Nous  aurons  à  montrer  pro- 


chainement quelles  applications  pratiques  on  peut  déduit 
de  ces  notions  générales. 

—  Qu'est-ce  que  l'aïnhum?  D'après  les  descriptions  fait( 
par  les  médecins  qui  l'ont  observée  au  Brésil,  la  maladi 
paraîtrait  analogue  à  la  lèprej  ou  bien  due  à  des  lésions  Irc 
phiques  encore  mal  définies,  ou  peut-être  congénitale.  L'ol 
servalion  très  remarquable  que  H.  Proust  vient  de  commu 
niquer  à  l'Académie  est  de  nature  à  faire  admettre  qu'i 
existe  parfois  des  malformations  congénitales,  débutan 
pendant  la  vie  intra-utérine,  évoluant  ensuite  plus  ou  moin 
tardivement  et  pouvant  donner  naissance  soit  aux  lésion 
de  l'ainhum,  soit  à  des  lésions  trophiques  de  diverse 
natures.  Malheureusement  l'anatomie  pathologique  de  toute 
ces  lésions  reste  encore  relativement  obscure.  Aussi  faul-i 
espérer  que  la  communication  de  M.  Proust  appellen 
l'attention  des  cliniciens  sur  les  faits  analogues.  Peut-étn 
arrivera-t-on,  s'ils  se  multiplient,  à  bien  définir  pathogéni- 
quement  une  maladie  des  plus  curieuses,  qui  parait  bieo. 
comme  le  croit  M.  Proust,  une  malformation  congénitale 

—  Les  intéressantes  communications  de  MM.  Brouardel 
Gabriel  Colin,  Laborde  et  Léon  Colin  sur  les  dangers  de^ 
poêles  dits  mobiles  confirment  de  tous  points  les  observa- 
tions que  nous  présentions,  il  y  a  huit  jours,  au  début  de 
cette  discussion,  qui  promet  d'être  à  la  fois  précise  et 
approfondie. 

Les  graves  inconvénients  de  ce  système  de  chauffage  ne 
sont  plus  niables;  voilà  que  l'on  va  même  jusqu'à  recon- 
naître que  leur  usage  ne  saurait  être  autorisé  dans  aucune 
habitation  collective.  Mais  on  le  permettrait  aux  particu- 
liers dans  l'espoir  que  ceux-ci  ne  manqueront  pas  de  se 
conformer  à  la  longue  énumération  de  précautions,  libellées 
avec  une  grande  compétence  et  une  vigilante  attention  par 
le  Conseil  d'hygiène  de  la  Seine,  sur  le  rapport  de  M.  Michel 
Lévy.  Si  ces  précautions  ne  sont  pas  prises,  le  danger  est 
incontesté;  or  elles  concernent  à  la  fois  l'entretien  de 
l'appareil  et  la  disposition  même  de  l'immeuble  où  celui-ci 
doit  être  placé.  Combien  d'immeubles  sont  susceptibles  de 
présenter  ces  dispositions,  tant  à  Paris  que  dans  la  France 
entière?  C'est  ce  qu'on  oublie  de  nous  dire.  Pour  peu  qu'on 
y  réfléchisse,  il  n'est  pas  difficile  de  reconnaître  que  l'in- 
struction nouvelle  demandée  à  l'administration  par  le  Con- 
seil d'hygiène  est  appelée  à  n'avoir  pas  *plus  d'action  ni 
d'efficacité  que  celles  qui  l'ont  précédée,  au  moins  pour  ce 
qui  concerne  les  habitations  actuelles. 

Les  poêles  mobiles,  pour  être  sans  danger,  exigent  donc, 
de  l'aveu  général,  un  aménagement  particulier  des  conduits 
de  fumée  qu'il  est  facile  d'indiquer  pour  les  constructions 
nouvelles  dans  l'autorisation  de  bâtir  demandée;  mais  il 
n'en  est  plus  de  même  pour  la  très  grande  majorité  des  mai- 
sons existantes,  et  c'est  ici  que  les  habitants  et  leurs  voisins 
courent  de  ce  fait  des  dangers  plus  ou  moins  directs.  La  | 
conséquence  logique  d'un  tel  état  de  choses  serait  la  pro- 
scription absolue  de  ces  appareils  ;  mais  le  Conseil  d'hy- 1 
giène  n'a  pas  voulu  être  aussi  radicale  el,  au  nom  de  la 
logique  condamner  définitivement  les  poêles  mobiles.  H  j 
est  à  craindre  que  les  circonstances  invoquées  pour  les  | 
défendre  n'atténuent  guère  les  conséquences  de  ce  système 
de  chauffage.  C'est  ce  qui  sera  prochainement  démontré  à  | 
la  tribune  de  l'Académie,  et  ce  que  nous  comptons  signaler 
ici  même  dans  huit  jours.  j 

—  M.  Périer  a  présenté  à  l'Académie  un  enfant  opéré 


:>  Avril  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  HM<  —    ii9 


avec  succès  d'une  volumineuse  méningo-encéphalocèle  qui, 
grJice  à  l'aspiration  préalable  du  liquide  et  à  la  méthode 
antiseptique,  a  pu  être  enlevée  sans  dangers  ni  compli- 
cations. 


CLINIQUE  MÉDICALE 

l'aniic*  et  palhogéale  de  rar(érlo«iieI«ro««  (1). 

Les  causes  de  rartério-sclérose  sont  de  cinq  oMres:  elles 
sont  d'abord  diathésiquesy  toxiques  ou  infectieuses.  Les 
premières  concernent  le  rhumatisme,  la  goutte,  Tarthrilis, 
la  syphilis,  rhérédité  ;  les  secondes,  Talcoolisme,  le  taba- 
gisme, le  saturnisme,  le  paludisme,  le  végétarisme;  les 
troisièmes  dérivent  de  maladies  aiguës  infectieuses,  fièvre 
typhoïde,  variole,  diphthérie,  etc. 

L'influence  de  Tàge  et  du  sexe  doit  aussi  être  étudiée, 
«(uoiqu'elle  ait  une  moindre  importance. —  Il  n'en  est  pas  de 
même  du  surmenage,  et  surtout  du  surmenage  moral  qui 
joue,  d'après  moi,  un  rôle  étiologique  de  premier  ordre. 

I 

I"  Causes  diathésiques.  —  C'est  le  rhumatisme  chro^ 
nique  qui  donne  lieu  le  plus  ordinairement  aux  indurations 
artérielles.  Quant  au  rhumatisme  aigu,  il  est  moins  souvent 
accompagné  ou  suivi  de  manifestations  artérielles.  Cependant 
Yoas  verrez  des  cas  où  des  malades  ayant  été  atteints  de 
plusieurs  attaques  de  rhumatisme  articulaire  franchement 
aigu» sont  devenus  artério-scléreux  à  la  longue;  et  tout  der« 
nièrement  encore,  je  voyais  un  homme  atteint  d'artério- 
sclérose du  cœur,  chez  lequel  on  ne  pouvait  noter  dans  ses 
antécédents  pathologiques  qu'une  série  de  rhumatismes 
articalaires  aigus. 

D'autres  fois  encore,  vous  ne  trouverez  dans  les  antécé- 
dents personnels  ou  héréditaires  des  malades,  que  des  mani- 
festations abarticulaires  de  la  diathèse  rhumatismale,  telles 
que  des  migraines,  des  névralgies  erratiques  et  très  rebelles, 
désaffections  cutanées  ou  des  attaques  d'asthme.  D'après 
Gueneau  de  Mussy,  la  lésion  artérielle  chez  les  arthritiques 
et  les  rhumatisants  commence  d'abord  le  plus  souvent  sur 
les  artères  fémorales  avant  d'atteindre  les  autres  vaisseaux 
périphériques,  t  Si  l'on  cherche,  dit-il,  dans  quelles  pro- 
portions les  manifestations  rhumatismales  ont  coïncidé  avec 
les  lésions  artérielles,  on  trouve  que  dans  140  cas,  on  les  a 
constatées  68  fois,  c'est-à-dire  chez  près  de  la  moitié  des 
malades.  »  Pour  le  même  auteur,  le  froid  et  Yhumidité 
joueraient  aussi  un  certain  rôle  étiologique.  c  Quand  on 
réfléchit,  ajoule-il,  au  rôle  dominateur  que  le  rhumatisme 
joue  dans  l'étiologie  des  maladies  du  cœur  dont  les  artères 
sont  une  annexe,  il  n'est  guère  permis  de  conserver  des 
doutes  sur  les  rapports  pathogéniques  qui  existent  entre  le 
rhumatisme  et  les  lésions  artérielles.  L'évolution  de  celles- 
ci  me  semble  moins  rapide  que  celle  des  lésions  cardiaques, 
ou  moins  apparente  à  ses  débuts;  mais  dans  le  rhumatisme 
du  cœur,  après  le  choc  de  la  maladie  aiguë,  l'organe  affecté 
peut  subir  une  modification  lente  qui  transforme  les  produits 
du  processus  inflammatoire,  et  soit  sous  l'action  persistante 
mais  latente  de  la  diathèse,  soit  sous  l'influence  des  troubles 
fonctionnels  qui  résultent  de  la  lésion  primitive,  les  altéra- 
it Kxlrait  d'un  volume  sous  presse  de  Leçont  de  thérapeutique  et  de  clinique 
^éiieaUt  tur  lei  maladUe  du  cœur,  par  M.  le  docteur  H.  Uuchurd  (1  voL  in-S» 
w  800  pages  environ.  Paris,  mai  1889). 


tiens  du  cœur  deviennent  très  souvent  plus  graves  et  piasi 
profondes.  ]i  Cette  opinion,  que  j'accepte  sans  réserve,  n'est 
pas  celle  de  Lancereaux,  qui,  opposant  les  altérations  viscé- 
rales observées  dans  le  rhumatisme  articulaire  aigu  et  cç 
quil  appelle  l'herpétis,  affirme  que  le  premier  affecte  le 
cœur  et  non  les  artères,  tandis  que  les  manifestations  arti** 
culaires  de  l'herpétis,  «  à  peu  près  sans'ieffet'sur  le  cœorj 
sont  presque  toujours  suivies,  sinon  accompagnées,  de 
lésions  généralisées  du  système  artériel  (1)  »1  > 

L'influence  de  la  diathèse  goutteuse  sur  le  développement 
de  l'artério-sclérose  et  de  Tathéroroe  artériel  est  si  biei) 
établie,  qu'il  me  semble  inutile  d'y  insister  davantage*  C'est 
ainsi  que  vous  voyez  chez  des  geutteux  héréditaires^  avant 
même  l'apparition  des  symptômes  articulaires,  se  développe^ 
lentement  les  lésions  de  l'artério-sclérose.  Celle-ci  dérive 
nettement  de  VarthritiSy  ce  tronc  commun  de  l'arbre 
pathologique,  dont  la  goutte  et  le  rhumatisme  sont  les  prin** 
cipales  branches.  C'est  ainsi,  sans  doute,  qu'il  faut  com-^ 
prendre  les  fait«  d'hérédité  de  la  ^cléiH>se  artérielle  que 
j'ai  observés  plusieurs  fois,  et  l'arthritis  souvent  méconnuj 
avec  ses  manifestations  plus  ou  moins  frustes  ou  larvées^ 
rend  compte  de  certaines  cardiopathies  héréditaires^  qui  ne 
sont  autre  chose  que  des  cardiopathies  artérielles» 

Le  rhumatisme  peut  être  héréditaire,  mais  les  affection^ 
cardiaques  qui  en  dépendent  (cardiopathies  vahulaires)  ne 
le  sont  pas.  Il  n'en  est  pas  de  même  de  l'artério-^sclérose 
généralisée  et  de  l'artério-sclérose  du  cceur  {ôardi&pathieè 
artérielles^  qui  sont  souvent  héréditaires^  alors  même 
qu'on  ne  peut  invoquer  cbe2  les  ascendants  l'influence  de 
l'arthritis,  de  la  goutte  ou  de  la  syphilis.  Void  un  des 
nombreux  exemples  d'hérédité  de  l'artério-sclérose  5 

M.  B...,  soixante  ans  (obs.  L),  ni  syphilitique,  ni  aicoo^ 
lique,  mais  ayant  autrefois  abusé  du  tabac,  ne  présente 
aucun  antécédent  héréditaire  de  goutte  ou  de  rhumatisme» 
Il  est  atteint  d'artério-sclérose  cardio-rénale  dont  led^but  a 
été  annoncé,  il  y  a  deux  ans,  par  une  bronchite  très  tenace 
qui  dure  encore,  et  qui  s'est  confirmée  depuis  trois  mois  par 
la  dyspnée  d'effort,  des  palpitations  nocturnes  très  douions 
reuses,  un  léger  bruit  de  galop,  des  battements  artériels  du 
cou,  le  retentissement  diastolique  de  l'aorte,  de  la  polla^ 
kiurie  nocturne  (sans  aucune  trace  d'albuminurie)^  etc.  Son 
frère  est  mort  d'angine  de  poitrine;  un  autre  frère,  d'une 
afleotion  cardiaque;  une  sœur,  d'hémiplégie;  son  père  mort 
accidentel  lemenl  à  cinquante  et  un  ans  ;  mère  morte 
d'apoplexie  cérébrale;  grand-père  maternel  mort  d'affection 
cardiaque  (œdème  des  membres  inférieurs,  etc.)  ;  grand'mèré 
maternelle,  d'un  cancer  au  sein  ;  grand-père  paternel, 
d'hydropisie  du  ventre;  grand'mèré  maternelle,  de  vieil* 
lesse  à  quatre-vingt-dix  ans.  Cet  homme  a  eu  trois 
enfants:  l'un  d'eux  a  succombé  vers  l'âge  de  deux  mois,  à 
une  entérite  ;  le  second  a  souffert  du  cœur  (palpitations, 
œdème  des  membres  inférieurs);  le  troisième  est  mort 
tuberculeux. 

Il  est  donc  démontré  pour  mot,  que  certaines  affections 
cardiaques  sont  directement  héréditaires  ;  du  reste,  les 
auteurs  anciens  avaient  autrefois  insisté  sur  cette  étiologie. 
Lancisi  raconte  que,  dans  une  irtêrae  famille,  l'aïeul,  le 
grand-père,  le  père  et  le  fils  ont  été  successivemenls  atteints 
d'anévrysme  du  cœur.  Âlbertini  parle  d'une  femme  déjà  fort 
âgée  qui  avait  eu  cinq  frères  morts  à  la  fleur  de  Tàge^  de 
maladies  du  cœur,  et  qui  elle-même  luttait  depuis  plus  de 

(i)  Traité  de  Vherpétitme,  par  Lancereaux,  1883,  p.  388. 


220    —  N»  14 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


5  AvHiL  1889 


trente  ans  contre  une  affection  semblable.  Corvisart  avait 
classé  lès  causes  des  cardiopathies  en  c  héréditaires,  innées 
ou  acquises  »;  et  Bouillaud,  après  avoir  affirmé  que  celle 
question  d'hérédité  ne  peut  élre  mise  en  doute,  s'exprime 
ainsi:  <  Mais  il  reste  à  déterminer  d'une  manière  plus  pré- 
cise qu'on  ne  l'a  fait  jusqu'ici,  quelles  sont,  parmi  ces 
maladies,  celles  dans  le  développement  desquelles  influe 
surtout  l'hérédité,  quelles  sont  les  limites  de  celte  influence, 
et  jusqu'à  quel  point  elle  peut  être  neutralisée  par  une  sage 
observation  des  lois  de  l'hygiène  (1).  »  Près  de  vingt  ans 
plus  tard,  en  1868,  cette  question  de  l'hérédité  des  maladies 
du  cœur  n'était  pas  résolue,  puisque  Maurice  Raynaud, 
reconnaissant  c  que  l'on  voit  des  parents  atteints  d^hyper- 
trophie  cardiaque,  donnant  le  jour  à  des  enfants  qui  pré- 
senteront la  même  affection  »,  s'empressait  d'ajouter  :  c  Ce 
qui  est  héréditaire,  ce  n'est  pas  l'hypertrophie  en  tant 
qu'hypertrophie,  c'est  la  diathèse  rhumatismale  (2).  » 

Or  Bouillaud,  en  disant  judicieusement  que  l'on  ne 
connaît  pas,  parmi  les  maladies  du  cœur,  c  celles  dans  le 
développement  desquelles  influe  surtout  l'hérédité  »,  a  posé 
nettement  les  termes  du  problème.  Je  le  résous  par  cette 
aflirmation  : 

Les  cardiopathies  valvulaires  ne  sont  pas  directement 
héréditaires.  Seules,  les  cardiopathies  vasculaires  se 
transmettent  par  hérédité. 

Mais  cette  question  de  l'hérédité  touche  encore  à  l'un  des 
points  les  plus  importants  de  la  pathologie  générale  :  il  vous 
arrivera  souvent,  en  effet,  de  constater  la  transmission 
d'une  maladie  organique  sous  forme  de  troubles  fonctionnels 
dans  le  même  organe  atteint  par  les  ascendants.  C'est  cette 
vérité  que  j'ai  autrefois  exprimée  dans  le  Traité  des 
n^ro«d«  (3):  parfois,  disais-je  alors,  l'hérédité  exerce  une 
influence  réelle  sur  la  fixalion  de  la  névrose  sur  un  organe 
ou  un  appareiL  Tel  malade,  par  exemple,  qui  présente  des 
symptômes  d'hystérie  gastrique,  a  eu  des  ascendants 
goutteux  ou  rhumatisants  qui  ont  souffert  de  l'estomac  sous 
forme  de  dyspepsie  simple,  de  gastralgie  ou  même  de 
cancer;  tel  autre  qui  se  plaint  de  palpitations,  de  syncopes 
répétées,  est  issu  d'une  mère  morte  d'une  affection  réelle 
du  cœur...  Ces  faits  prouvent  qu'à  c6lé  de  Y  hérédité  dans 
les  lésions,  il  faut  placer  Vhérédité  dans  les  organes. 

â""  Causes  toxiques.  —  Elles  sont  nombreuses  et  des 
moins  discutables.  Parmi  elles,  il  faut  citer  Valcoolismey  la 
syphilis,  le  saturnismey  Vimpaludisme  (4).  Gubler  avail 
pensé  (}ue  le  végétarisme,  c'est-à-dire  l'alimentation  plus 
ou  moins  végétale,  pouvait  élre  classée  parmi  les  causes  de 
l'athérome  ou  de  l'artério-sclérose  ;  mais  jusqu'ici  rien 
n'est  venu  démontrer  la  réalité  de  celte  assertion. 

Une  des  opinions  les  plus  controversées  est  celle  de 
l'influence  du  tabagisme.  Selon  moi,  elle  est  résolue 
dans  le  sens  de  l'aftirmative,  et  vous  verrez  fréquemment 
des  fumeurs  chez  lesquels  on  ne  peut  invoquer  aucune 
autre  cause  que  celle  de  l'intoxication  nicotique  pour 
expliquer  la  production  des  indurations  artérielles. 

(I)  Douillaod,  Traité  clinique  dêt  maladiet  du  cœur,  1. 1,  1811. 

{•î)  Maurice  Raynaud,  art.  CuiUn  du  Dictionnaire  de  médecine  et  de  chi- 
rurgie pratiquet.  Paris,  1868. 

{'à)  Axeofeld  ot  Huchardp  loc,  cil,  Voyci  aussi  la  thèse  do  uiou  éièvo  M.  Ueniau 
sur  l'hystérie  gastrique,  p.  10,  1883. 

(I)  Ces  diverses  causes  s  r  la  valeur  desquelles  quelques  auteurs  ont  émis  dos 
doutes,  au  sujet  de  l'alcoolisme  par  cxoniplo  (Laneereaux),  seront  étudiées  plus 
conip!èleuienl  dans  le»  Irçuns  sur  i'unginc  do  poitrine,  à  propos  du  leur 
oliulogic. 


3""  Causes  infectieuses.  —  Â  côté  des  diathèses  et  de: 
inloxicalions,  on  doit  placer  les  maladies  infectieuses.  Mais 
ici,  le  processus  anatomique,  au  lieu  d'être  lent,  progressil 
et  chronique,  est  au  contraire  aigu  et  rapide  ;  il  s'agii 
réellement  d'une  endartérite  aiguë,  comme  Hayem  Vî 
démontré  il  y  a  longtemps  déjà,  dès  1869,  pour  la  fiètn 
typhoïde.  Le  poison  typhique  porte  du  reste  son  action  sut 
le  système  artériel,  comme  le  prouve  la  fréquence  relative 
des  artérites  dans  cette  maladie  (Barié).  A  côté  d'elle,  il 
faut  placer  la  rartoie,  dont  j'ai  fait  connaître  avecM.  Desnos, 
dès  1870  (1),  l'influence  sur  le  développement  de  la  myo- 
cardite.  Plus  tard,  Brouardel  démontrait  que  les  varioles 
graves  déterminent  des  lésions  inflammatoires,  non  seule- 
ment sur  la  membrane  interne  du  cœur,  mais  aussi  sur  celle 
de  l'aorte. 

Dès  cette  époque,  la  question  de  l'influence  des  maladies 
infectieuses  sur  le  développement  ultérieur  d'affections  arté- 
rielles avait  été  nettement  posée,  comme  on  peut  le  voir  par 
ce  passage  :  c  II  existe  donc,  suivant  nous,  une  endocardite 
et  une  endartérite  varioleuses.  Elles  diffèrent  assez  dans 
leurs  lésions,  dans  leurs  signes  physiques  et  surtout  dans 
leur  marche,  pour  être  séparées  dans  les  descriptions  des 
complications  cardiaques  du  rhumatisme  et  de  la  pleuro- 
pneumonie.  Il  faudra  les  ranger  à  côté  des  lésions  identi- 
ques ou  analogues,  qui  surviennent  dans  les  maladies  infec- 
tieuses. Il  reste  à  déterminer  quelle  est  leur  part  d'influence 
sur  le  développement  ultérieur  des  affections  du  cœur  et  des 
artères  (i).  > 

Les  mêmes  lésions,  du  côté  de  Taorte  et  du  système 
artériel,  ont  encore  été  signalées  dans  la  diphlkérie,  dans  la 
scarlatine  (3),  et  nul  doute  qu'on  ne  les  trouve  plus  tard 
dans  d'autres  maladies  infectieuses  comme  Térysipèle,  dont 
on  a  reconnu  l'influence  sur  la  production  de  l'endocardite 
et  de  la  myocardite  (Jaccoud,  Sevestre,  etc.).  Dans  la  tuber- 
culose pulmonaire,  et  surtout  dans  la  phthisie  aiguë,  j  ai 
observé,  pour  ma  part,  deux  exemples  remarquables d'aorlilc 
el  d'endartérite  généralisée,  qui  s'étaient  développées  cer- 
tainement sous  l'influence  de  ces  affections. 

La  plupart  de  ces  maladies  infectieuses  sont  d'origine  mi- 
crobienne, il  en  résulte  que  les  scléroses  artérielles  qui  en 
dépendent,  peuvent  être  de  même  nature.  C'est  l'opinion 
qu'exprimait  Balzer,  en  1882  :  t  Les  scléroses,  disait-il,  aussi 
bien  que  les  autres  altérations  que  l'on  observe  dans  les 
maladies  infectieuses,  paraissent  déterminées  par  la  pré- 
sence, au  sein  des  tissus,  d'organismes  inférieurs  et  surtout 
de  microbes  de  diverses  espèces.  Le  nom  de  «scléroses  para- 
sitaires »  serait  donc  mieux  justifié  pour  les  désigner  (4).  > 

4°  Influence  du  surmenage.  —  Eu  dehors  des  dialbèses, 
des  intoxications  et  des  maladies  infectieuses,  il  est  une 
cause  à  laquelle  j'attache  la  plus  haute  importance,  c'est  le 

(1)  Desnos  et  Huchard,  De  la  myocardiie  varioUute  [Union  méd-  Paris,  i^'^ 
1871). 

(2)  Brouardel,  Études  sur  !a  variole.  Lésions  vasculaires  (cœur  cl  aorte)  (irrk. 
§én.  de  tnéd  ,  décoinbrc  i87i). 

(3)  Toul  deriiièremenl  MM.  Landouzy  et  A.  Sircdcy  ont  repris  cette  qu('»li«>n 
et  lui  ont  donné  d'intéressants  ddveloppoments.  Pour  eux,  les  lésions  de  ron<t-ir- 
tcrito  cardiaque  lyphoïdiqno  no  sont  pas  scttlemont  intéressantes  ii  éludipr  a» 
point  de  vue  de  leurs  conséquences  immédiates  (collapsus  et  morts  subites),  w^]* 
elles  doivent  être  envisagées  sous  le  rapport  de  leurs  couséqucnccs  plus  vloi- 
gnécs:  elles  peuvent  détenir,  plusieurs  années  après  la  maladie,  le  point  do  départ 
de  cardiopathies  ruelles,  elles  peuvent  aussi,  surtout  chex  les  individus  pré«li>«* 
posés  par  leurs  antécédents  arthritiques  ou  ncvropalhiques,  dcveuir  la  (^^^ 
d'une  endartérite  plus  généralisée  et  d'une  artériu-scléroso  étendue  à  (util  If 
système  artériel  {Revue  de  médecine,  1887  el  1888). 

(4)  Baiser,  art.  Sclérose  [Dicl.  de  méd.  et  chir.  pratiques,  188â)' 


5  Avril  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  KÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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n\ 


surmenage^  question  bien  débatlue  dans  ces  derniers  temps 
et  très  complexe,  comme  vous  allez  le  voir. 

Un  muscle  fatigué  est  un  muscle  intoxiqué  par  des  acides 
et  surtout  par  Tacide  lactique;  le  surmenage  aigu,  qui  jette 
dans  l'économie  une  quantité  considérable  de  matières 
extractives  et  de  déchets  de  désassimilation  des  tissus  insuf- 
fisamment éliminés  par  les  émonctoires  naturels,  porte  son 
action  nocive  sur  les  muscles  vasculaire  et  cardiaque.  Il 
s'agit  donc  ici  d'une  myocardite  aigUë  par  intoxication. 
->D*autres fois, c'est  par  le  mécanismede  l'effort  que  seront 
produites  certaines  affections  du  cœur,  admises  par  les  uns 
et  niées  par  les  autres,  et  qui  aboutissent  promptement  aux 
symptômes  du  cœur  forcé  chez  les  soldats  en  campagne.  — 
Enfin,  le  surmenage  peut  porter  son  action  non  seulement 
sur  le  myocarde,  mais  aussi  sur  le  système  artériel.  <  On 
observe  souvent  Tathérome,  chez  les  manouvriers,  les  cam- 
pagnards, les  hommes  de  peine,  chez  ceux  quic  ont  le  sang 
noir  ),  comme  disaient  les  praticiens  de  Venise,  en  compa- 
rant leurs  mains  veinées  de  bleu  aux  mains  calleuses  à 
grosses  veines  foncées  des  artisans  (I).  »  Mais  ici,  la  patho- 
génie  est  complexe,  et  l'on  ne  fait  pas  jouer  un  rôle  suffi* 
saot  à  l'alcoolisme  et  au  tabagisme. 

D'un  autre  côté,  l'influence  du  végétarisme,  c'est-à-dire 
de  l'alimentation  presque  exclusive  par  les  légumes  et  les 
fruits,  peut  aussi  être  invoquée.  A  ce  sujet,  Lacassagne, 
ayant  remarqué  que  Tathérome  est  rare  chez  les  animaux 
herbivores  et  qu'il  ne  survient  chez  les  végétaristes  qu'après 
de  grandes  fatigues  et  des  marches  forcées,  a  émis  la  théorie 
soivante:  le  travail  exagéré  augmente  la  proportion  d'acide 
carbonique  contenue  dans  le  sang,  ce  qui  détermine  la 
formation  exagérée  et  la  précipitation  de  carbonates  alcalins 
et  de  phosphates.  Dès  lors,  on  comprend  qu'un  régime 
exclusivement  végétal  jette  dans  l'économie  une  proportion 
plus  forte  de  principes  minéraux  et  favorise  ainsi  la  pro- 
duction de  l'athérome  (*2). 

La  plupart  des  auteurs  ont  du  reste  décrit  l'influence  du 
surmenage  sur  le  cœur,  et  Revilliod  a  bien  résumé  cette 
question  par  le  passage  suivant  : 

(  il  était  à  prévoir  que  le  centre  circulatoire  devait  res- 
sentir en  premier  lieu  les  effets  d'une  affection  produite  par 
une  suractivité  fonctionnelle  de  tout  l'organisme  et  subir 
des  troubles  nutritifs,  conséquence  naturelle  des  altérations 
du  liquide  nourricier.  Or,  nous  constatons,  en  effet,  que 
toute  fatigue  aboutit  au  cœur.  Par  les  hautes  fonctions  qui 
lui  sont  dévolues,  par  sa  riche  organisation  musculaire  et 
nerveuse,  dont  les  sources  dérivent  du  système  cérébro- 
spinal et  végétatif,  il  ressent  le  contre-coup  de  la  fatigue 
musculaire  comme  de  la  fatigue  morale.  Point  de  départ  et 
point  d'arrivée,  centre  lui-même  d'actes  réflexes  multiples, 
il  est  exposé  à  mille  causes  de  désordres  auxquels  ses  nerfs 
pondérateurs  ont  peine  à  suffire.  On  concevra  donc  sans 
iUfficulté,  comment,  malgré  toutes  les  précautions  prises 
par  la  nature,  ce  muscle  destiné  à  battre  soixante-dix  fois 
par  minute,  du  commencement  à  la  fin  de  l'existence,  puisse 
au  même  titre  que  tout  autre  muscle,  être  appelé  à  remplir 
une  tâche  excessive  et  subir  dans  certaines  circonstances 
les  phénomènes  de  la  fatigue,  ou  souffrir  par  action  à 
distance  d'un  état  de  fatigue  localisé  ou  généralisé  (3).  » 

(1)  Kcim,  De  la  fatigue  et  du  turmenage  au  point  de  vue  de  l'hygiène  et  de 
la  médecine  légale  (Thèse  inaugurale  de  Lyon,  décembre  1886).  Voyei  encore 
Gloj:  sur  le»  était  typhoUiquet  de  fatigue,  etc.  {Revue  générale  de  ehnique  et  de 
ihéra^utique,  1888> 

(2)  Lacaftjiagne  (Annales  d^hygiéne,  vol.  XLIX).      n 

(3)  neviiiiod.  De  la  faHgue  {Kémokre  de  la  Sceiété  médicale  de  Genève,  4880). 


Nous  voici  loin  de  l'artério-sclérose,  me  dir^-vous? 
Nullement.  Je  vous  fais  ces  citations  pour  vous  démontrer 
que,  si  les  auteurs  ont  judicieusement  inisisté  sur  le  surme- 
nage dans  ses  rapports  avec  les  affections  cardiaques,  ils  ont 
laissé  complètement  de  cô(é  le  surmenage  artériel  et  ses 
conséquences.  Si  Peter  a  pu  dire,  avec  raison,  que  «  le 
cœur  physique  est  doublé  d'un  cœur  moral  »,  voulant 
montrer  par  là  l'influence  indéniable  des  émotions  sur  les 
cardiopathies,  il  n'a  pas  montré  le  mode  pathogénique  des 
cardiopathies  artérielles  et  de  l'artério-sclérose.  Â  propos  de 
l'hypertrophie  du  ventricule  gauche,  il  a  dit,  avec  raison, 
qu'elle  c  est  la  maladie  des  organismes  usés  par  la  fatigue, 
les  passions  et  les  excès:  fatigue  de  la  vie  maritime,  de  la 
vie  guerrière,  de  la  vie  politique...  »  Mais  la  phrase  sui- 
vante, la  seule  que  je  puisse  invoquer  à  Tappui  de  la  thèse 
que  je  vais  développer,  ne  fait  qu'indiquer  la  participation 
du  système  artériel  aux  effets  du  surmenage  moral:  «  Ici, 
ajoute-t-il,  la  maladie  (l'hypertrophie  venlriculaire)  est 
cellek.des  c  viveurs  »  chez  lesquels  le  système  artériel  est 
constamment  tendu,  et  s'use  prématurément  par  excès  de 
tension  habituel  (1).  » 

On  a  souvent  discouru  au  sujet  de  l'influence  des  causes 
morales  sur  la  production  ou  l'aggravation  des  cardiopa- 
thies, et  cette  question  a  été  diversement  résolue  par  les 
médecins  pour  être  reléguée  ensuite  parmi  les  suppositions 
banales  du  vulgaire. 

Corvisart  plaçait  avec  grande  exagération  à  la  tète  des 
causes  des  cardiopathies  t  innées  »  l'influence  de  t  l'ima- 
gination de  la  mère  sur  le  fœtus  >  et  celle  des  passions  sur 
la  production  des  cardiopathies  c  acquises  >.  «  Si  quelqu'un 
pouvait  nier  de  bonne  foi,  disait-il,  ou  douter  seule- 
ment des  fatales  influences  physiques  des  passions  sur  le 
cœur,  qu'il  lui  suffise  de  savoir  qu'il  se  déchire  dans  un 
accès  de  colère  et  cause  la  mort  subite;  et  je  ne  suis  pas  le 
seul  médecin  qui  ait  pensé  que  ses  lésions  organiques  ont 
été  plus  fréquentes  dans  les  horribles  temps  de  la  Révolution 
que  dans  le  calme  ordinaire  de  l'ordre  social  (^).  >  Plus 
tard,  un  médecin  italien,  Schîna,  dans  une  longue  disserta- 
tion, se  rangeait  à  cette  opinion  (3)  que  Beau  devait  égale- 
ment accepter  (4).  Plus  tard  encore,  Leudet  se  montrait 
très  réservé  sur  cette  question,  tout  en  concluant  à  «  l'in* 
fluence  réelle  des  causes  morales  sur  les  affections  organi- 
ques du  cœur,  sans  pouvoir  toutefois  la  démontrer  d'une 
façon  certaine  (5)  ».  De  son  côté,  Claude  Bernard  aborde 
ainsi  la  question  : 

<  Lorsqu'on  dit  que  le  cœur  est  brisé  de  douleur,  il  se 
passe  dans  cet  organe  des  phénomènes  très  réels.  Le  cœur 
s'est  arrêté,  si  l'impression  douloureuse  a  été  trop  soudaine, 
et  il  en  est  résulté  une  syncope  avec  les  crises  nerveuses 
qui  en  sont  la  conséquence.  On  a  donc  bien  raison  d'user 
de  ménagements,  quand  il  s'agit  de  faire  connaître  à  quel- 
qu'un une  de  ces  nouvelles  terribles  qui  bouleversent  l'àme. 
Quand,  après  avoir  éprouvé  de  longues  angoisses,  on  dit 
qu'on  a  le  cœur  gros,  cela  répond  encore  à  des  conditions 
physiologiques  particulières;  nos  expériences  nous  ont 
montré,  en  effet,  que  des  excitations  d'une  intensité  gra- 
duellement croissante,  émoussent  ou  épuisent  la  sensibiliti; 

(1)  Peter,  loe.  cit.,  p.  309. 

(2)  CorvUart,  Essai  sur  les  maladies  et  les  lésions  organiques  du  cœur, 
3«  éd.  Paris.  iStS. 

(8)  Schina,  Arehivio  di  mid.  pratiea  univ.  Tnrino,  1834. 

(4)  Beau,  Traité  expérimental  et  clinique  d'auscultation,  p.  123,  4856. 

(5)  Leudet»  Influence  des  causes  morales  et  mécaniques  dans  la  production 
des  matadéêê  organiques  du  cœur  (Tbèie  d'agrégation,  Paria,  1853). 


322    ^  1(0  14  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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'du  cœar,  sans  en  arrêter  les  battements.  Les  impressions 
doalooreusas  prolongées,  devenues  incapables  d'arrêter  le 
oœar,  le  fatiguent  donc  sans  retarder  ses  battements,  pro- 
longent la  diastole,  et  font  éprouver  dans  toute  la  région 
iprécordiàle  un  sentiment  de  plénitude  ou  de  resserre- 
ment (1).  » 

]  Tout  cela  est  fort  bien;  mais  Cl.  Bernard,  pas  plus  que 
le^  auteurs  précédents  ou  suivants,  n*a  parlé  de  l'influence 
des  émotions  sur  le  système  artériel,  et  par  son  intermé- 
diaire sur  le  cœur.  Or,  comme  vous  le  verrez  plus  loin, 
c'est  par  ce  seul  mécanisme  que  j'arrive  à  la  conception  de 
l'artério-sclérose  déterminée  par  les  impressions  morales. 
.  '  Bernheim  (2),  dans  sa  relation  €  d'affections  cardiaques 
sans  lésions  valvulaires  »,  cite  plusieurs  observations  dans 
lesquelles  les  <  causes  morales  déprimantes  >  ont  certaine- 
ment dû  jouer  un  grand  rôle  dans  la  production  de  certaines 
cardiopathies.  Vous  pouvez  lire  à  ce  sujet  l'observation  VI 
de  son  livre,  où  vous  verrez  qu'une  femme  de  soixante- 
six  ans,  non  rhumatisante,  réduite  à  la  misère  après  de 
j^nds  revers  de  fortune,  éprouva  d'abord  de  violentes  pal- 
pitations cardiaques  auxquelles  succéda  une  dyspnée  crois- 
sante; puis,  survinrent  de  l'œdème  des  membres  inférieurs, 
une  hypertrophie  considérable  du  cœur,  la  dyspnée  de 
Cheyne-Stokes  et  des  troubles  graves  de  compensation  qui 
aboutirent  à  une  asystolie  mortelle.  A  l'autopsie,  on  trouva 
une  hypersarcose  ventriculaire  considérable,  des  plaques 
atbéroroateuses  de  l'aorte,  avec  intégrité  des  orifices  du 
i;œur«  LeTfiême  auteur  cite  encore  plusieurs  observations 
semblables  où  l'on  trouve  le  plus  souvent  la  mention  d'émo- 
jlions  violentes  ou  de  chagrins  répétés. 
.  Enfin,  Lamarre  (de  Saint^Germain)  et  Peter  ont  été  plus 
précis,  et  ils  ne  doutent  pas  de  l'influence  du  système  ner- 
veux sur  les  maladies  du  cœur  (3).  Nais  ils  n'indiquent 
pas  son  rôle  pathogénique,  ils  mentionnent  seulement 
l'aggravation,  par  les  causes  morales,  d'une  cardiopathie 
préexistante. 

D'après  ces  citations,  il  vous  est  difficile  de  vous  faire  une 
idée  exacte  sur  la  solution  de  cette  question,  et  cependant 
d'après  mon  expérience  personnelle,  j'estime  que  rien  n'est 
plus  simple.  Jusqu'alors  on  n'avait  pas  une  opinion  ferme  à 
ce  sujet  et  les  controverses  étaient  nombreuses  parce  qu'on 
n'avait  pas  formulé,  comme  je  l'ai  fait,  cette  distinction 
capitale  entre  les  cardiopathies  valvulaires  et  les  ca^rdio- 
pathies  vasculaires.  Pour  les  premières,  tout  le  monde 
doit  être  d'accord  :  elles  peuvent  être  aggravées,  mais  elles 
ne  sauraient  être  jamais  créées  de  toutes  pièces  par  les 
impressions  morales.  Il  n'en  est  pas  de  même  des  secondes. 
A  leur  sujet,  je  résous  la  question  par  l'affirmative,  et  je 
soutiens  que  les  émotions  senties  causes  les  plus  fréquentes 
du  développement  de  l'artério-sclérose  en  général  et  de 
l'artério-sclérose  du  cœur  en  particulier.  Rappelez-vous  ce 
que  ie  vous  ai  dit  dans  une  des  précédentes  leçons  au  sujet 
de  l'hypertension  artérielle  :  je  vous  ai  montré  tout  l'arbre 
circulatoire  en  état  de  contracture  sous  Tinfluencc  d'une 
émotion,  la  plus  légère  en  apparence;  or  cette  contracture 
vasculaire  est  un  facteur  important  de  Thyperlension  arté- 
rielle, et  cette  dernière,  comme  je  vous  l'ai  dit  et  prouvé, 
est  la  cause  première  de  l'artério-sclérose. 

(1)  Cl.  Bernard,  Conférence  sur  les  f  fonctions  du  cœur  et  ses  rapports  avec  le 
ccrvean  >  [Revue  da  conn  ieieniifiquêM,  1864-1865.  p.  314). 

(2)  BerMbeim,  Ufn9  âê  eêmique  méMtmle,  Paria,  i9n, 

i^  Uaam,   hâU  en  99ÊUme  ner^mt»  imu  ktê  wiëlééèêê  d»  tmme,  l»l. 
>-  Peter  (RapfMH  fii»  ee  méfaniiaK  BMUhn  ée  rÀtméémU  ée  mééêeimê,  imi. 


Ce  sont  là  des  idées  purement  théoriques,  direz-vous? 
Oui,  sans  doute,  si  elles  n'étaient  pas  confirmées  d'une 
façon  éclatante  par  l'observation  des  fait$.  Vous  admettez 
bien  l'influence  du  choc  traumafique  sur  l'aggravation  des 
afl'ections  cardiaques,  et  vous  ne  comprendriez  pas  que  le 
choc  ou  le  traumatùme  morale  répété  et  répercuté,  pût 
déterminer  à  la  longue  une  lésion  de  tout  le  système  cardio- 
vasculaire  ? 

Voyez  donc  cet  homme  sous  le  coup  d'une  violente  et 
d'une  triste  émotion  :  la  face  pâlit  et  se  couvre  de  sueur, 
les  extrémités  se  refroidissent,  le  pouls  est  petit,  faible  et 
misérable,  une  angoisse  indicible  étreint  le  cœur  dont  les 
battements,  précipités  et  tumultueux  d  abord,  peuvent  se 
suspendre  au  milieu  d'un  état  lipothymique  ou  syncopal. 
Niera- t-on,  dans  ces  cas,  l'existence  d'un  spasme  vasculaire, 
et  n'en  avez-vous  pas  vu  la  preuve  dans  l'expérience  de 
Mosso  à  l'aide  de  son  plétbysmographe?  Supposez  alors  des 
émotions  qui  se  répètent,  qui  se  perpétuent,  comme  vouseo 
voyez  dans  la  vie  agitée  des  hommes  politiques,  des  finan- 
ciers, des  ambitieux  ou  des  incompris,  et  alors  vous  com- 
prendrez poui^quoi  leur  système  artériel  en  état  d'hyper- 
tension permanente  devra  subir  à  la  longue  les  lésions  de 
l'artério-sclérose. 

Souvent,  des  malades  arrivent  à  vous  avec  tous  les  signes 
indéniables  d'une  cardiopathie.  Vous  en  cherchez  les  causes 
et  vous  ne  les  trouvez  pas  dans  les  antécédents  héréditaires 
ou  personnels  :  il  n'y  a  pas  de  tare  diathésique  parmi  les 
ascendants,  ni  rhumatisme,  ni  goutte;  ce  ne  sont  ni  des 
saturnins,  ni  des  alcooliques,  ni  des  impaludiqnes,  ni  des 
tabaglques.  Mais  alors,  interrogez-les  de  plus  près,  scrutez 
tous  les  incidents  de  leur  existence,  et  vous  verrez  que  le 
plus  souvent  leur  afi'ection  n'a  pas  d'autre  source  que  dans 
le  surmenage  moral  ou  intellectuel  d'une  vie  continuelle- 
ment tourmentée  par  les  ennuis,  par  les  émotions,  par  les 
malheurs  et  par  les  déceptions  de  toutes  sortes.  Ici  cestune 
malheureuse  mère  qui  voit  succomber  les  siens;  là  c'est 
un  financier  qui,  d'infortunes  en  infortunes,  tombe  dans  la 
ruine  la  plus  complète  ;  plus  loin,  c'est  l'homme  politique 
qui  se  lance  dans  la  voie  des  déceptions.  En  voici  un 
exemple  : 

Un  homme  de  cinquante-deux  ans,  riche  banquier 
dans  une  ville  importante,  maire  et  conseiller  général  de 
son  pays,  descend  dans  l'arène  politique;  il  est  grand  élec- 
teur de  son  pays,  il  combat  ses  adversaires  avec  une  vigueur 
inaccoutumée  par  la  plume  et  par  l'action  ;  puis,  l'heure 
des  déceptions  arrive  :  ses  candidats  sont  battus  par  le  parti 
adverse;  battu  lui-même,  il  ne  parvient  qu'à  grand'peineà 
rester  à  la  tète  de  l'administration  de  son  pays.  Alors,  les 
désastres  de  ses  finances  succèdent  aux  désastres  de  son  am- 
bition déçue;  le  visage  pâlit,  le  cœur  est  agité  par  de  folies 
palpitations,  le  pouls  est  serré,  petit  et  concentré,  et  le 
médecin  voit  évoluer  pas  à  pas,  jour  par  jour,  une  affection 
cardiaque  d'origine  artérielle.  Les  artères  tendues  et  résis- 
tantes d'abord  au  toucher  deviennent  dures  et  atbéroma- 
teuses,  l'aorte  se  dilate,  et  l'on  finit  par  constater  une  double 
lésion  de  l'orifice  aortique.  Chez  cet  homme,  on  ne  peut 
invoquer  aucune  cause  de  son  affection  ;  il  n'était  ni  syphi- 
litique, ni  alcoolique,  ni  goutteux,  ni  rhumatisant,  ni 
fumeur.  Seules,  les  émotions  de  cette  vie  tourmentée  et 
tumultueuse  avaient  agi  en  déterminant  un  double  surme* 
nage  :  celui  du  système  nerveux  et  celui  du  système  circu- 
latoire. Il  y  a  quelques  mois,  il  meurail  en  laissant  dass  sa 


5  Avril  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  ÎHR  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         —  NM4  —    223 


caisse  un  déficit  de  près  d'un  million  de  francs,  déficit  qu'il 
avait  soigneusement  caché  aux  siens. 

Qae  d'exemples  semblables  n'àurai-je  pas  à  vous  citer  à 
i*appui  de  la  thèse  que  je  défends  !  Les  émotions  agissent 
d'abord  sur  le  système  artériel,  et  c'est  par  lui,  c'est  par  son 
intermédiaire  que  le  cœur  est  atteint  dans  sa  substance 
contractile. 

Ici  donc,  les  émotions  ont  développé  d'abord  de  toutes 
pièces  une  cardiopathie  artérielle  et  en  ont  ensuite  préci- 
pité réchéance  fatale.  Mais,  dans  d'autres  cas,  elles  peuvent 
avoir  leur  retentissement  sur  des  cardiopathies  palvulaires 
préexistantes.  Voici,  à  ce  dernier  point  de  vue,  un  exemple 
que  j'emprunte  à  Peter  : 

c  J'ai  eu  l'occasion  de  voir  un  préfet  chez  lequel  une 
maladie  du  cœur  parcourut  en  moins  de  dix-huit  mois  toutes 
ses  phases,  depuis  l'endocardite  génératrice  jusqu'aux  infil- 
trations généralisées  et  terminales,  et  cela  dans  les  circon- 
stances que  voici  :  en  juillet  4868,  au  milieu  d'une  tournée 
de  revision,  ayanl  excessivement  chaud,  il  se  baigna  incon- 
sidérément dans  la  mer,  en  éprouva  un  malaise  immédiat, 
et  trois  jours  après,  sans  rhumatisme  articulaire  concomi- 
tant ou  antérieur,  le  matin  il  était  réveillé  par  une  angoisse 
considérable  avec  grande  agitation.  Son  médecin  constata 
une  endocardite  aigaé  et  à  peine  fébrile,  dont  l'origine 
Détait  guère  douteuse,  et  il  la  traita  en  conséquence. 
Nonobstant  une  médication  rationnelle,  le  malade,  restant 
tourmenté  pardes  palpitations,  vient  à  Paris  deux  mois  plus 
tard  consulter  Bouillaud  et  Barth  qui  tous  deux  reconnu- 
rent l'existence  d'une  affection  organique  du  cœur.  Vers  la 
fin  de  septembre,  je  le  vis  moi- même  et  lui  trouvai  un  bruit 
de  souffle  intense,  dur,  vers  la  pointe  du  cœur,  ayant  son 
maximum  d'intensité  un  peu  au-dessous  du  mamelon; 
c'était  là  l'indice  d'une  insuffisance  mitrale  bien  caracté- 
risée, et  tel  avait  été  le  diagnostic  de  Bouillaud  et  Barth. 
Le  cœur  était  déjà  un  peu  hypertrophié.  Le  malade,  homme 
très  vigoureux,  très  actif  et  très  remuant,  ne  se  plaignait 
que  de  palpitations  et  d'oppression;  cependant  les  bases 
pulmonaires  étaient  encore  intactes.  Je  conseillai,  indépen- 
damment d'une  médication  révulsive  locale  et  de  l'emploi 
de  Tiodure  de  potassium  associé  à  la  digitale  à  l'intérieur, 
de  modérer  l'existence  et  surtout  de  mettre  un  frein  à  celte 
politique  trop  militante.  Malheureusement,  l'année  suivante 
fut  celle  des  élections  générales  :  il  fallait  faire  échouer  le 
candidat  de  l'opposition,  homme  très  populaire  ;  le  préfet 
donna  fougueusement  de  sa  personne,  et  le  candidat  popu- 
laire ne  fut  pas  nommé.  Mais,  quatre  mois  plus  tard,  le 
fonctionnaire  mourait  infiltré  de  toutes  parts,  enseveli  dans 
son  triomphe.  «  Vous  m'avez  battu,  lui  avait  dit  après  son 
échec  le  candidat  évincé,  mais  vous  en  mourrez  !»  Et  la 
prédiction  s'était  réalisée.  » 

5*  Influence  de  Fâge.  —  L'influence  athéromigène  de  la 
vieillesse  n'est  plus  à  démontrer,  qu'il  s'agisse  de  la  vieil- 
lesse prématurée  des  goutteux,  des  alcooliques,  des  surme- 
nés, etc.,  ou  de  la  sénilité,  succédant  à  l'accumulation  des 
ans.  Mais  ces  deux  vieillesses  ne  se  ressemblent  pas  absolu- 
ment au  point  de  vue  de  Tanatomie  pathologique,  de  la  cli- 
nique et  de  leurs  causes  :  pour  la  première,  les  scléroses 
Viscérales  sont  fréquentes,  et  la  lésion  est  prédominante 
dans  les  petits  vaisseaux  ;  en  un  mot,  il  y  a  plus  d'artério- 
sclérose viscérale  que  d'athérome  artériel.  Pour  la  SMonde^ 
le  processus  se  localise  datantage  dans  les  gros  troncs  arté- 
riels, le  retentissement  viscéral  m^tm  accusé  ne  se  mani- 


feste souvent  que  par  l'atrophie  des  organes,  il  y  a  plus 
d'athérome  artériel  que  d'artério-sclérose  viscérale.  La 
marche  est  subaiguë  dans  l'une,  chronique  dans  l'autre. 
Dans  la  première,  les  agents  d'irritation  sont  à  peii  près 
connus  (acide  urique,  plomb,  alcool)  ;  mais  pour  la  seconde, 
il  n'est  pas  possible  de  voir  dans  la  composition  du  sang  de 
vieillards,  dans  la  quantité  moindre  d'oxygène  absorbé,  dans 
la  diminution  des  globules  sanguins  et  de  leur  hémoglo- 
bine, les  raisons  suffisantes  pour  expliquer  la  production  de 
la  sclérose  vasculaire.  Nous  vieillissons  tous  les  jours,  la 
sclérose  artérielle  est  la  c  rouille  de  la  vie  >,  et  c'est  ainsi 
qu'Hîppolyte  Martin  a  pu  trouver  chez  un  enfant  de  vingt- 
trois  mois,  au-dessus  de  l'orifice  de  l'artère  coronaire 
gauche,  un  point  d'athérome  aortique  ayant  un  millimètre 
de  diamètre;  c'est  ainsi  que,dèsràge  le  plus  tendre,  à  trois 
et  quatre  ans,  on  peut  constater  déjà  quelques  stries  athéro- 
mateuses  ;  on  cite  m^me  un  cas,  unique  en  son  genre, 
relatif  à  un  vaste  anévrysme  de  l'aorte  abdominale  d'un 
volume  tellement  considérable  qu'il  était  devenu  chez  un 
fœtus  la  principale  cause  de  dystoeie  (4).  Chez  un  enfant 
de  deux  mois,  Moutard-Martin  (^)  a  pu  constater  une  aortife 
chronique  avec  rétrécissement  de  l'aorte.  Hogdson  raconte 
que  S.  Young  a  enlevé  une  artère  temporale  absolument 
calcaire  sur  un  enfant  de  quinze  mois.  Portai  et  Scarpa 
auraient  encore  rencontré  des  cas  semblables.  Ândral  a  vu 
des  ossifications  aortiques  chezun  enfant  de  huit  anset  chez 
cinq  Ou  six  malades  âgés  de  moins  de  trente  ans.  H.  Roger 
et  Sanné  (3)  ont  rencontré  chacun  un  cas  d'anévrysme  de 
l'aorte  avec  lésions  athéromateuses  chez  deux  enfants  de 
dix  ans  et  de  treize  ans  et  demi.  Sur  55i  cas  d'anéVrysmes 
rassemblés  par  Crisp  (de  Londres),  cinq  appartenaient  à  des 
sujets  dont  l'âge  variait  de  quelques  jours  à  vingt  ans. 
Blache  a  constaté  c  une  dégénérescence  calcaire  considéra- 
ble de  l'endocarde  et  des  parois  artérielles  dans  toute  l'éten- 
due de  l'aorte  jusqu'aux  iliaques  (4)  ». 

J'ajoute  encore  que,  d'après  mes  observations,  la  méno- 
pause est  fréquemment  une  cause,  non  seulement  d'aortîte, 
mais  aussi  d'artério-sclérose. 

Cazalis  avait  donc  raison  de  dire  qu'on  a  l'âge  de  ses 
artères.  Nous  vieillissons  par  notre  système  artériel  et  cela 
se  comprend  aisément;  car,  ainsi  que  le  dit  H.  Martin, 
€  dans  l'air  que  nous  respirons,  dans  les  aliments  liquide^ 
ou  solides  que  nous  ingérons,  dans  les  gaz  et  les  liquides 
qui  arrivent  au  contact  de  nos  muqueuses,  etc.,  se  trouvent 
mille  particules,  quelle  que  soit  leur  nature,  qui,  une  fois 
introduites  dans  la  circulation,  doivent  agir  sur  la  paroi 
vasculaire  au  contact  de  laquelle  elles  sont  arrivées.  Il  n'est 
point  de  canal  destiné  à  alimenter  d'eau  une  ville,  aussi 
perméable  qu'il  soit  primitivement,  qui  ne  s'incruste  de 
sels,  de  corps  étrangers  et  dont  la  destruction  lente  de  la 
paroi  n'exige  un  jour  ou  l'autre  l'établissement  d'une  ca- 
nalisation nouvelle.  Il  en  serait  rapidement  de  môme  pour 
nos  artères  si  elles  étaient  des  conduits  inertes;  mais  toute- 
fois leur  résistance  vitale  a  des  limites.  Les  artériolès  et 
les  capillaires,  dont  la  paroi,  plus  délicate  et  plus  mobile, 
obéit  directement  à  l'influence  nerveuse  et  se  contracte 
brusquement  et  fréquemment  sur  le  sang  qu'elle  contient, 
sont  tout  particulièrement  lésés,  i 

(1)  Phœnomeaow  {Areh.  f.  gynxkologie,  4882). 

(2)  MouUrd-MarUn  {BuU.  dé  la  Soc.  anatomique,  <fif7».  f.  TfS). 

(3)  H.  Roger  {Soc.  méd.  det  hôpitaux);  Sanné.  De  Vanévrynne  de  l'am-te  et 
iê  VtUkiromaiie  oorltfM  (Revue  memiulU  des  maladiet  de  l'enfance»  4875, 

*(4):Blacbe,  Maladiee  du  eœur^^chex  let  enfanii  ff»»è»e  inaiig.,  P*rii,  f«(»).     ^ 


iU    -  NM4  -        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


5  AvniL  1889 


II 

Pathogénie.  —  Les  causes  de  rartério-sdérose  vous  sont 
suffisamirfent  connues;  il  s'agit  maintenant  de  savoir  com- 
ment elles  se  comportent  pour  la  produire.  Il  est  certain 
qu'elles  agissent  souvent  par  Tintermédiaire  du  sang  plus 
ou  moins  modifié  dans  sa  composition.  Mais  l'agent  de 
Virritation  n'est  pas  le  même  suivant  les  cas.  Le  sang  des 
■  goutteux,  des  saturnins  et  môme  des  alcooliques,  est  riche 
en  acide  urique;  chez  ces  deux  derniers,  la  présence  du 

-  plomb  ou  de  l'alcool  ne  doit  pas  être  élrangère  à  l'irrita- 

-  tion  des  parois  vasculaires,  et  pour  le  saturnisme,  il  a  été 
démontré  par  Malassez  que  les  globules  sanguins  sont 

;  moins  nombreux  et  plus  volumineux  qu'à  l'état  normal.  Le 
sang  des  rhumatisants  renfermerait^  d'après  Richardson, 
de  notables  proportions  d'acide  lactique,  ce  qui  est  loin 
.  d^étre  prouvé. 

Quant  à  la  théorie  parasitaire  du  rhumatisme,  elle  n'est 
pas  encore  démontrée,  malgré  les  travaux  de  Reckling- 
hausen,  de  Fleischauer,  d'Ebcrlh,  de  Kosters  et  de  Klebs. 
Pour  ce  dernier  le  parasite  serait  une  monadine^  de  sorte 
que  l'expression  de  rhumatisme  pourrait  être  remplacée 
par  celle  de  monadinie  (1). 

Mais,  si  les  agents  de  l'irritation  vasculaire  sont  variables, 
s'ils  no  sont  pas  encore  bien  démontrés  dans  les  différentes 
maladies  que  nous  venons  de  passer  en  revue,  on  peut 
pressentir  leur^mode  d'action,  et  pour  ma  part,  en  m'ap- 
puyant  sur  l'existence  du  spasme  artériel  qui  précède  tou- 
jours dans  les  petits  vaisseaux  la  production  de  la  sclérose, 
je  crois  qu'ils  se  comportent  tous  comme  des  poisons  ou 
.des  excitants  musculaires.  Le  fait  n'esl-il  pas  démontré 
.pour  l'alcool  et  le  plomb  qui  déterminent,  comme  chacun 
«ait,  un  état  de  rigidité  musculaire  du  cœur  et  des  vais- 
seaux? Du  reste,  Kusmaul,  Meyer  et  Hilzig  ont  nettement 
constaté  sous  l'influence  du  saturnisme,  la  diminution  du 
palibre  des  artérioles  et  l'épaississement  assez  rapide  de  la 
paroi  celluleuse.  C'est  là  un  fait  déjà  observé  par  les  au- 
teurs anciens,  et-  StoU  avait  remarqué  depuis  longtemps 
que  les  malades  présentaient  pendant  un  temps  plus  ou 
moins  long  après  des  caliques  saturnines,  une  dureté  et  une 
tension  anormales  de  tout  le  système  artériel.  Donc,  pour 
expliquer  la  fréquence  de  l'artério-sclérose  chez  les  satur- 
nins, il  n'est  pas  nécessaire  de  toujours  invoquer,  coin  me 
le  pense  Maurice  Raynaud,  l'usage  immodéré  du  vin  et  des 
liqueurs  (2). 

Jusqu'ici,  comme  l'a  fait  remarquer  H.  Martin,  il  ne 
B'agit  que  d'endartérite  consécutive  à  une  irritation  localCy 
d'une  endartérite  traumatique^  pour  ainsi  dire.  On  doit  se 
demander  encore  s'il  n'y  aurait  pas  une  endartérite  sponta- 
née d'origine  nerveuse.  Or  les  expériences  et  certaines 
observations  tendraient  à  prouver  son  existence,  et  je  ne 
serais  pas  étonné,  pour  ma  part,  de  croire  avec  Giovanni 
que  la  sclérose  artérielle  soit  le  résultat  de  perversions 
dans  le  fonctionnement  des  nerfs  vaso-moteurs.  Cet  ex- 
périmentateur a  pu  sectionner  à  plusieurs  reprises  chez 
les  chiens  à  travers  deux  espaces  intercostaux  les  cordons 
du  grand  sympalhiquc.  Après  avoir  sacrifié  ces  aniinaux, 
quelques  mois  ou  quelques  semaines  après,  il  a  toujours 
trouvé  à  l'autopsie  des  taches  jaunâtres  athéromateuses 

(!)  Klebs,  Areh.  f.  exp.  path.  med.  pharm.,  1875  et  1878  (cite  par  H.  Marlin). 
(2)  llAOrice  Raynaud,  arl.  Aatiîritb  du  Nouveau  dictionnaire  de  médecine  et 
de  chirurgie  pratiquée,  1865,  t.  III,  p.  224. 


disséminées  à  la  surface  interne  de  l'aorte  descendante  (1 1. 
Ce  même  auteur  cite  à  l'appui  de  son  opinion,  l'obser- 
vation suivante  :  chez  une  femme  de  cinquante  ans, 
atteinte  depuis  sa  jeui>e8se  d'une  névralgie  faciale  du  côté 
droit,  l'artère  temporale  et  ses  ramifications  étaient  volu- 
mineuses et  rigides,  tandis  que  celles  du  côté  opposé 
étaient  absoloment  normales. 

Avant  Giovanni,  Botkin  avait  fait,  en  1875,  la  remarque 
que  l'endartérite  se  développe  beaucoup  plus  dans  les  ar- 
tères siégeant  du  côté  même  où  l'on  observait  des  troubles 
vaso-moteurs  symptomatiques  d'une  lésion  unilatérale  du 
cerveau. 

J'ai  observé,  pour  ma  part,  un  fait  semblable  dans  un  cas 
de  névralgie  brachiale,  une  des  névralgies  les  plus  rebelles 
qui  existent.  Le  malade  souffrait  à  gauche  depuis  plu- 
sieurs années,  sans  qu'il  eût  été  possible  de  calmer  ses  vio- 
lentes douleurs.  Or  je  constatai  de  la  façon  la  plus  mani- 
feste que  toutes  les  artères  du  bras  et  dei'avanl-brasdece 
côté  étaient  devenues  dures,  flexueuseset  très  athéroma- 
teuses, tandis  que  celles  du  côté  droit  avaient  gardé  leurs 
caractères  normaux. 

Il  résulte  de  ces  faits  expérimentaux  et  cliniques  que 
l'endartérite  peut  être  produite  par  des  lésions  nerveuses. 
Si  l'existence  des  nerfs  trophiques  de  Samuel  a  été  con- 
testée par  divers  auteurs  et  notamment  par  Hermann 
Joseph  (2),  elle  a  été,  d'autre  part,  démontrée  par  les  nou- 
velles expériences  d'Eichhorst,  de  Grawitz,  de  Rosanoff,  de 
Wassilief  et  d'Hippolyte  Martin  (3).  Les  deux  premiers 
expérimentateurs,  après  la  section  des  pneumogastriques 
chez  des  oiseaux,  ont  pu  observer  une  altération  graisseuse 
très  manifeste  des  fibres  striées  du  myocarde,  altération 
qu'ils  ont  attribuée  à  une  action  directe  des  nerfs  sur  le 
muscle.  Le  dernier  auteur  a  répété  ces  expériences  et,  d'a- 
près la  topographie  des  lésions,  il  est  arrivé  à  cette  conclu- 
sion, qu'après  la  section  des  nerfs,  le  premier  phénomène 
constaté  est  l'altération  vasciilaire,  et  que  les  lésions  mus- 
culaires et  conjonctives  lui  sont  consécutives.  Cette  inter- 
prétation concorde  absolument  avec  les  données  de  l'ana- 
tomie  pathologique  qui  nous  ont  appris  la  subordination 
absolue  des  dégénérescences  musculaires  et  scléreuses  à 
l'endartérite  oblitérante.  Il  faut  donc  conclure  avec  Hippo- 
lyte  Marlin  que  les  centre  nerveux  n'exercent  pas  une  in- 
fluence irophique  directe  sur  les  tissus,  qu'ils  agissent  sur 
ces  derniers  seulement  par  l'intermédiaire  des  vaisseaux. 
On  a  donc  affaire  à  une  véritable  tropho-neurose  vascu- 
taire. 

Le  même  mécanisme  peut,  sans  doute,  être  invoqué  à  la 
suite  de  lésions  constatées  sur  les  nerfs  du  plexus  cardiaque 
et  les  ganglions  nerveux  du  cœur  dans  certaines  hyper- 
trophies de  cet  organe  (Putjalin  et  Uskow)  et  dans  les  ma- 
ladies infectieuses  comme  la  fièvre  typhoïde  et  la  pneu- 
monie (Ivanowsky,  WinogradofQ  (4). 

Ces  faits  ont  une  grande  importance;  ils  ne  doivent  pas 
vous  étonner  si  vous  réfléchissez  aux  nombreux  troubles 

(1)  Gtovunni,  Conlribuùotie  alla  patogenesi  delta  endarterita  (Ahn.  nniv-  rf» 
medicina,  février  1877). 

(3)  Hermann  (Joseph),  ReieherMi't  und  Duboii-RetfmonA  areh.,  1872. 

(3)  Hippolylo  Marlin,  Conndéraliont  gétUralet  tur  la  pathogénU  det  tclérous 
dystrophiqucM  eofisécutive»  à  l'endartiriU  oblitérante  progrettive  {Revue  if 
médecine,  4881);  Eichliorsl  {Centralb.f,  die  med.  Wiu.,  1879);  HtMnoff,  '»"** 
dû  Sainl-Pétersbourg,  1877;  WasaUief  {Zeitfch.  f.  kUn.  Med.,  1881).  Voy.  aus». 
la  thèse  inaugurale  de  SchneU  :  Léiiom  cardio-vatculttires  d'origUu  nervfusf, 
Paru,  1886.  ^     ..^ 

ik)  Putjalin,  Yirehow't  Arch.,   1883  ;  Uskow,   Ibid.,    1883  ;  Iwanowsk),  i*' 
Vanatomie  pathologique  du  typhuê  abdominal,  1876;  Wïno^éoÏÏ  {Congres  de  * 
Société  deê  médecin»  rutses,  1886). 


5  Avril  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  —  N°  U  —    itb 


vaso-molears  produits  par  les  névralgies;  et  si  vous  ad- 
mettez avec  moi  que  le  système  nerveux  joue  également  son 
rôle  dans  la  production  de  rartério-sclérose,  vous  compre- 
nez bien  pourquoi  les  causes  morales,  les  émotions  diverses, 
le  surmenage  intellectuel  et  moral  agissent  par  l'intermé- 
diaire des  vaisseaux,  comme  cela  est  ma  conviction,  dans  le 
développement  de  cette  maladie. 

Henri  Huchard, 

M(>docin  de  rtiôpilal  Birhat. 


FOBMULAIRE  THÉRAPEUnQDE 

Du  tr«lteHient  «Bllsepilqae  de  Ut  iyphlite. 

Les  indications  de  la  médication  sont  les  suivantes, 
d'après  M.  Bouchard  :  1"*  calmer  la  douleur;  i''  mettre  Tin- 
lestin  au  repos  et  réduire  les  fermentations  digeslives  au 
minimuin  ;  3^  assurer  Tasepsic  du  gros  intestin. 

Le  traitement  delà  typhlite  doit  donc  être:  sédatif,  dié- 
tétique et  antiseptique. 

1"  Pour  calmer  la  douleur,  on  emploiera  le  cataplasme 
classique,  les  onctions  mercurielles  belladonées  et  Tinjec- 
tjoa  hypodermique  de  morphine. 

^o  Pour  éviter  r encombrement  intestinal^  on  disposera 
du  régime  diététique  et  des  laxatifs. 

Comme  aliments  préférer  le  lait  coupé  d*une  eau  alca- 
line ou  additionné  de  jaunes  d'œufs;  éviter  les  substances 
solides  ou  aisément  fermentescibles. 

On  assure  la  liberté  du*ventre  par  des  laxatifs  doux  (eau 
sucrée  additionnée  d'une  cuillerée  de  magnésie  ou  bien  une 
cuillerée  à  dessert  d'huile  de  ricin),  et  en  évitant  les  pur- 
gatifs violents. 

3'  Pour  assurer  l'asepsie  intestinale^  M.  Bouchard 
pratique  des  irrigations  biquotidiennes  avec  un  litre  de  la 
solation  suivante  tiédie  à  38  degrés. 

Pr.  Eau iOOO  grammes. 

Borate  de  soude 5       — 

Teinture  de  benjoin  |  ^  g       

Alcool,  camphré         )  ^ 

Ch.   ÉLOY. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

Hôpital  Saint-Louis.  —  Réunions  cliniques  hebdoma- 

DAinES  DES  MÉDECINS  DE   l'HÔPITAL   SaINT-LoUIS. 

Lupus  érythémateux  de  la  bouche.  —  M.  Vidal  pré- 
sente une  malade  atteinte  de  cette  très  rare  variété  de 
lupus.  Celui-ci  se  présente  sous  forme  d'une  plaque  isolée 
sur  la  face  interne  de  la  joue  gauche;  il  j  a  en  même  temps 
du  lupus  érythémateux  de  la  face  interne  des  lèvres.  C'est 
la  seconde  fois  seulement  qu'il  voit  ainsi  une  plaque  isolée 
de  lupus  érythémateux  buccal.  Le  lupus  érythémateux  de  la 
bouche  se  montre  ordinairement  sur  les  lèvres  et  se  conti- 
nuant avec  une  lésion  semblable  de  la  surface  cutanée.  — 
^'Quinquaud  a  vu  un  lupus  érythémateux  débuter  par  la 
voûte  palatine.  —  M.  Lailler  n'a  jamais  observé  le  lupus 
érythémateux  de  la  cavité  buccale.  (Séance  du  jeudi  7  fé- 
vrier 1889.) 

Sclérodermie  en  plaques  du  cuir  chevelu.  —  M.  Four- 
nier  présente  une  jeune  fllle  de  vingt  ans  qui,  depuis  l'âge 
de  onze  ans,  présente  au  niveau  de  la  partie  moyenne  du 


pariétal  gauche  une  plaque  de  la  dimension  d'une  pièce  de 
cinq  francs  absolument  glabre.  De  cette  plaque^  part  une 
sorte  de  ruban  large  d'environ  â  centimètres  (|ui  traverse  le 
front  de  haut  en  bas  et  vient  aboutir  à  la  partie  moyenne  de 
l'arcade  sourcilliëre  gauche.  Au  niveau  de  la  lésion,  la  peau, 
légèrement  déprimée,  présente  un  aspect  jaunâtrp,  lisse  ; 
elle  est  dure,  violacée  sur  ses  bords.  Depuis  sept  ans,  nou- 
velle plaaue  rubanée  s'étendant  de  la  racine  du  nez  à  la 
bordure  des  cheveux.  Il  s'agit  d'une  variété  de  scléroder- 
mie  ou  morphée.  -*  M.  Besnier  estime  que  les  alopécies  de 
cette  sorte  ne  sont  pas  toujours  incurables;  il  soumet  les 
.  plaques  malades  à  un  massage  quotidien  et  donne  du  bro- 
mure de  potassium  k  hautes  doses  pour  lutter  contre  la 
disposition  névropathique  des  malades  atteints  de  scléro- 
dermie. (Séance  du  14  février.) 

Syphilide  tertiaire  circinée  superficielle.  —  On  a 
l'habitude  de  considérer  la  syphilis  tertiaire  comme  pro- 
duisant toujours  des  lésions  cutanées  profondes,  ordinaire- 
ment destructives.  A  l'appui  de  plusieurs  présentations  faites 
dans  les  séances  précédentes,  M.  Vidal  montre  un  malade 
âgé  ,^e  vingt-sept  ans,  syphilitique  depuis  onze  ans,  qui 
présente  sur  les  avant-bras,  les  coudes  et  sur  ta  partie 
interne  des  cuisses,  des  plaques  à  contour  circiné  à  bords  â 
peine  saillants,  de  coloration  rosée  et  légèrement  squa- 
meux et  qui  ont  débuté  il  y  a  seulement  trois  mois.  (Séance 
du  14  février.) 

Syphilis  héréditaire;  lésions  multiples.  -—  M.  Ten- 
neson  présente  un  jeune  malade  de  dix-huit  ans,  syphili- 
tique héréditaire  dont  voici  l'histoire  résumée.  Né  de  parents 
qui  avaient  contracté  la  syphilis  un  an  environ  avant  sa 
naissance,  l'enfant  vint  au  monde  sans  symptôme  app;irent 
de  syphilis;  faible  et  chétif,  il  n'a  marché  qu*à  cinq  ans. 
A  l'â^e  de  quatre  ans  et  demi,  un  testicule  fut  enlevé,  à 
l'hôpital  Sainte-Eugénie;  à  neuf  ans  et  demi,  à  la  suite  d'un 
coup,  développement  d'une  tumeur  frontale  également 
ouverte  à  Sainte-Eugénie,  mais  qui  se  transforma  en  ulcé- 
ration persistante.  De  neuf  ans  et  demi  à  quatorze  ans 
l'enfant  reste  à  Berck.  Aujourd'hui,  âgé  de  dix-huit  ans,  il 
en  parait  dix  ou  douze  au  plus  :  sa  taille  mesure  l^St),  les 
membres  sont  grêles;  la  verge  est  celle  d'un  enfant  de 
dix  ans,  le  testicule  gauche,  le  seul  restant,  est  gros  et  dur 
(sarcocèle  probable).  Opacité  de  la  cornée  à  droite;  tibias 
déformés  (en  lame  de  sabre)  :  beaucoup  de  dents  manquent, 
celles  qui  restent  sont  cariées  ou  mal  plantées,  nombreuses 
cicatrices  en  divers  points  du  corps.  Les  oreilles  sont  en 
bon  état. 

Il  s'agit  à  n'en  pas  douter  d'une  syphilis  héréditaire  à 
manifestations  multiples  remarquable  en  cela  surtout  qu'elle 
a  produit  chez  ce  sujet  un  degré  d'infantilisme  tout  â  fait 
exceptionnel.  (Séance  du  21  février  1889.) 

Sclérodermie  lardacée  en  plaques  de  la  face.  — 
Scléréhie  lardacée  d'alibert.  —  ChéloIde  d*addison, 
MORPHÉK  dlanche.  —  M.  Bcsnier  présente  une  jeune  fille 
de  douze  ans,  qui  a  vu  se  développer  il  y  a  treize  mois,  au 
niveau  du  cou,  une  plaque  de  sclérodermie  mesurant  6  cen- 
timètres sur  4.  Cette  plaaue  présente  tous  les  caractères 
habituels  des  plaaues  scléroaermiques,  et  ce  cas  mérite 
d'être  rapproché  ae  celui,  cité  plus  haut,  qu'a  présenté 
M.  Fournier.  (Séance  du  28  février  1889.) 

Épithélioma  SÉBACÉ.  —  M.  Vidal  présente  une  femme 
de  quarante-cinq  ans,  atteinte  depuis  dix  ou  douze  ans 
déjà  d'un  épithélioma  sébacé  siéceant  sur  le  côté  gauche 
du  nez.  Cette  variété  est  habituellement,  comme  dans  ce 
cas,  bénigne.  Il  n'y  a  pas  d'adénopathie  correspondante. 
Le  traitement  qu'il  emploie  est  le  raclage,  auquel  on  peut 
adjoindre  des  applications  d'une  solution  saturée  de  chlo- 
rate de  potasse.  (Séance  du  28  février  1889.) 

H.F, 


226 


H-  14  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


5  Ayril  1889 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

ClUil^ae  médlcttle. 

Note  sur  un  cas  de  contracture  mortelle  d'origine  gas- 
trique. Communication  faite  à  la  Société  médicale  des 
hôpitaux  dans  la  séance  du  22  mars  1889  par  H.  de 
Beurhann,  médecin  de  l'hôpital  de  Lourcine. 

Nous  avons  suivi  pendant  plusieurs  années  un  malade 
atteint  de  dilatation  de  l'estomac,  causée  et  entretenue  par 
(le  nombreuses  erreurs  de  régime  ;.  cette  affection  déter- 
mina après  une  série  d'accidents  de  diverse  nature  un 
accès  de  contracture  tétaniforme  qui  s'étendit  aux  muscles 
respiratoires  et  causa  la  mort  en  quelçiues  heures. 

Voici  l'histoire  de  ce  malade,  réduite  à  ses  traits  princi- 
paux : 

Obs.  Nous  avons  examiné  M.  R...  (Ferdinand)  pour  la  première 
fois  en  mars  1881,  il  avait  alors  trente-trois  ans  et  exerçait  la 
profession  de  coiffeur.  H  était  atteint  de  troubles  dyspeptiques 
assez  sérieux,  consistant  en  vomissement  piluiteux,  gonflement, 
malaises  et  vertiges  après  le  repas;  l'appétit  était  conservé  et 
même  vorace  ;  Taspect  général  était  assez  bon,  il  n'y  avait  pas 
d'amaigrissement  ni  oe  diminution  des  forces  appréciable. 
Après  un  traitement  dans  lequel  l'hygiène  alimentaire  et  la 
suppression  des  alcooliques  iouèrent  le  plus  grand  rôle,  il  y  eut 
une  amélioration  considérable. 

Au  mois  de  mai  188â,M.R...était  repris  des  mêmes  accidents. 
Il  avait  beaucoup  mai^i  et  avait  eu  à  plusieurs  reprises  des 
vomissements  alimentaires  abondants.  Son  foie  était  volumineux 
et  il  avait  un  peu  d'ictère.  La  suppression  des  aliments  indi- 
gestes et  l'emploi  des  purgatifs  n'ayant  amené  aucun  amende- 
ment des  symptômes  locaux,  le  malade  fut  mis  au  régime  lacté 
exclusif  et  réglé,  et  au  repos;  au  bout  de  quelques  semaines  il  se 
trouva  très  soulagé  et  put  reprendre  ses  occupations  habi- 
tuelles. 

Dans  le  courant  de  Tannée  1883,  M.  R...  fut  obligé  à  deux 
reprises  de  se  remettre  au  régime  lacté  qui  réussit  cnaq^ue  fois 
à  mire  disparaître  les  troubles  digestifs  dont  il  se  jplaignait,  puis 
je  le  perdis  de  vue  jusqu'au  mois  de  décembre  18o5. 

A  cette  époque,  la  nature  de  ses  occupations  avait  changé; 
de  coiffeur,  il  était  devenu  marchand  de  vins  au  détail  et  il 
n'avait  pas  manqué  de  succomber  aux  tentations  du  comptoir. 
Son  hygiène  alimentaire,  médiocre  autrefois,  était  devenue 
déplorable;  aussi  les  accidents  dont  il  souffrait  jadis  étaient-ils 
plus  accusés  que  jamais.  Je  constatai  sans  peine  les  signes  phy- 
siques d'une  dilatation  de  l'estomac  extrêmement  étendue.  Le 
cïapotage  stomacal  était  perçu  jusqu'à  trois  travers  de  doigt  au- 
dessus  du  pubis  le  matin  à  jeun  après  l'ingestion  d'un  seul 
verre  d'eau.  Le  malade  fut  mis  au  régime  lacté  exclusif  et  réglé 
qui  le  soulagea  encore  une  fois.  A  la  fin  du  mois  d'avril  son 
état  était  satisfaisant,  bien  que  la  limite  inférieure  de  l'estomac 
ne  fût  remontée  que  de  6  centimètres  environ. 

Au  mois  de  décembre,  une  nouvelle  rechute  fut  causée  par 
l'imprudence  du  malade,  qui  malgré  tous  les  conseils  ne  prenait 
pas  soin  de  manger  à  des  heures  régulières,  de  mastiquer 
exactement  ses  aliments,  d'éviter  ceux  qu'il  savait  lui  être  nui- 
sibles et  qui  avait  repris  ses  habitudes  d'intempérance.  Il  fut 
mis  au  régime  suivant  :  un  litre  de  lait  et  cinq  œufs  pris  en 
cinq  fois,  a  quatre  heures  d*intervalle,  et  comme  auparavant  se 
débarrassa  bientôt  des  accidents  les  plus  incommodes. 

Au  mois  d'avril  1887,  nouvelle  rechute;  R...  était  extrême- 
ment amaigri  ;  sa  langue  était  couverte  d'un  enduit  épais  et 
jaunâtre,  son  haleine  était  infecte*  11  pouvait  à  peine  rester 
debout  a  cause  des  sensations  de  vertige  qu'il  éprouvait  à 
chaque  instant.  Son  sommeil  était  troublé  par  de  vives  douleurs 
occupant  la  région  épigastrique  et  les  deux  côtés  de  la  base  de 
la  poitrine.  Le  malaoe  entendait  le  cïapotage  stomacal  en  mar- 
chant et  en  se  retournant  sur  son  lit;  l'estomac  descendait  à 
deux  travers  de  doigt  du  pubis  et  ne  revenait  sur  lui-même  ni 
après  les  vomissements  ni  après  une  abstinence  de  douze  heures. 
Je  conseillai  le  régime  qui  avait  déjà  souvent  réussi  et  je  com- 
battis la  constipation  par  les  lavements  laxatifs  répétés.  Au  bout 
de  peu  de  jours  R...  put  reprendre  ses  occupations. 

Le  17  aqùt,  nouvelle  crise,  caraotérlséé  Buitout  par  dM  ypéf^ 
tiges  «?ee  aensation  de  faiblesse  générale  et  une  sorte  d'engour- 


dissement et  de  fourmillement  des  mains  que  le  malade  n  ava 
pas  encore  signalés. 

Dans  la  nuit  du  25  au  26  août,  R...  était  pris  de  cramm 
douloureuses  occupant  les  bras  et  les  jambes  et  rappelant  k 
fourmillements  qu'il  avait  ressentis  les  jours  précédents;  mais 
ces  sensations  se  joignait  une  certaine  gêne  des  mouveroeni 
des  pieds  et  des  mains.  Bientôt  ces  douleurs  devenaient  de  pk 
en  plus  vives  et  de  plus  en  plus  étendues;  les  membres  se  rai 
dissaient,  les  mains  prenaient  l'attitude  classique  de  la  tétanie 
c'est-à-dire  que  les  doigts  étaient  allongés  et  serrés  les  un 
contre  les  autres  de  manière  à  former  une  sorte  de  cône,  le 
douleurs  étaient  constantes,  mais  il  y  avait  des  exacerhation 
pendant  lesquelles  elles  devenaient  assez  violentes  pour  arra 
cher  des  cris  au  malade,  elles  s'étendaient  alors  aux  membres 
tout  entiers.  La  pression  et  les  mouvements  communiqué* 
étaient  aussi  très  douloureux  au  niveau  les  parties  atteintes  d( 
contracture,  ils  faisaient  redoubler  les  douleurs  et  la  rifriditi 
musculaire.  La  sensibilité  était  intacte.  La  face  était  pâle  ei 
crispée;  la  respiration  était  rapide  et  superficielle  et  la  paroh 
entrecoupée.  Le  malade  avait  un  peu  vomi  pendant  la  nuit  ei 
l'estomac  ne  renfermait  qu*une  quantité  très  minime  de  liquide. 
11  n'y  avait  ni  élévation  de  la  température  ni  accélératloo 
notable  du  pouls. 

2  grammes  de  chloral  et  2  grammes  de  bromure  de  sodluai 
furent  absorbés  dans  l'espace  d'une  heure  sans  qrue  la  situation 
se  modifiât.  Les  crampes  douloureuses  se  suceéaaient  à  inter- 
valles de  plus  en  plus  rapprochés  ;  la  raideur  envahissait  peu  à 
peu  la  totalité  des  membres.  Tandis  que  les  doigts  restaient 
étendus  et  serrés  les  uns  contre  les  antres,  les  avant-bras  étaieot 
fléchis  sur  les  bras  et  ceux-ci  serrés  contre  la  poitrine,  les 
membres  inférieurs  ainsi  que  les  pieds  se  trouvaient  dans 
l'extension  forcée. 

Vers  une  heure  de  l'après-midi,  R...  commença  à  éprouver  une 
sensation  de  serrement  autour  de  la  poitrine  au  moment  de 
chaque  exacerhation  douloureuse  et  la  respiration  devint  difli- 
cile.  Une  injection  de  2  centigrammes  de  chlorhydrate  de  ^lo^ 
phine  fut  faite  sans  résultat  :  la  respiration  s'embarrassa  de  plui; 
en  plus  et  le  malade  succomba  dans  le  coma  à  cinq  heures  et 
demie.  La  durée  totale  de  la  crise  avait  été  de  treize  heures 
environ.  L'autopsie  ne  put  être  faite. 

Les  faits  analogues  à  celui  aue  nous  venons  de  rappor- 
ter sont  assez  rares,  bien  qu  ils  tendent  à  se  multiplier 
depuis  quelques  années.  M.  Kussmaul,  dans  son  mémoire 
sur  le  traitement  de  la  dilatation  de  restomac  au  moiien 
de  la  ponipe  stomacale^  a  signalé  pour  la  première  fois 
en  1869  cette  variété  de  contracture  consécutive  à  la  gas- 
trectasie  et  en  a  publié  trois  observations  (i). 

M.  Leven,  en  1869,  dans  son  Traité  des  maladies  de  f es- 
tomac en  a  rapporté  deux  cas  semblables  (3).  , 

M.  Gailliard  a  fait  au  congrès  de  Rouen  en  1883  une 
communication  sur  un  fait  du  même  genre,  recueilli  dans] 
le  service  de  M.  Hayem  (3). 

M.  Dujardin-Beaumetz  a  présenté  la  même  année  à  la| 
Société  médicale  des  hôpitaux,  en  son  nom  et  au  nom  de^ 
M.  Oettinger,  une  autre  ooservation  analogue  (4).  ,    I 

On  trouvera  dans  la  thèse  de  M.  Laprévotte  la  relation  i 
de  ces  sept  faits  auxquels  il  joint  une  observation  recueillie  I 
dans  le  service  de  M.  Hanot  (5).  1 

A  ces  huit  cas,  il  faut  ajouter  une  observation  del 
M.  Balzer  (6),  une  de  H.  Mathieu  (7),  une  de  H.  Gerhardt  (8)  i 
et   trois  faits  dont  M.   Bouchard   nous  a   dit  avoir  élé| 

(1)  Kusgmaul,  Uebêr  die  Behanilung  der  Magerurweiterung  âwrch  eine  tiau  \ 
Méthode  miUeUt  der  Magenpumpe  (Arch.  fUr  klin.  Hed„  Bd.  VI,  p.  V^,  l^'-  j 

(2)  Leven,  Traité  des  Mal.  de  l'eitofMC.  Paru,  DeUha^e.  1879. 

(3)  L.  Gailliird.  De  la  tétanie  d'origine  gastrique  {Assoe.  franc,  pour  l'avatic, 
des  sciences.  —  Congrèf  de  Rouen,  4883). 

(4)  BulL  de  ia  Sœ.  nid.  des  Hôpitaux,  octobre  1888.  et  Unis»  méd.  ;  Sur  »«.  I 
cas  de  diiataiian  ds  Vcsmmac  compliquée  de  Utanàe  §énéraliséa,  S9  jauri^r  ^  i 
3  février  1884.  | 

(5)  LiprévoUe,  Des  accidents  iétaniformes  dans  la  dilatation  de  Vettomac 
(Thèse  de  Paris,  4884.  n*  f86). 

(6)  BuU,  de  la  Soc,  clin,  de  Paris,  1885.  > 

(7)  llaihieu,  art.  Estomac,  paUiologie,  du  Dict.  eneycl.  des  se.  «■/< 
t.  XXJKYI,  r*  série,  p.  IMî. 

(H]  DUatation  de  l'estomaa  avec  t^taniq  ^iaU  de  mori  p«r  GerbardU 
(Bfflinef  klin.  WôehentehHft,  p.  74.  Jântier  1888.  —  Analyse  dans  «efu4  M 
H,  méd.,  année  4888. 1.  XKXll.  p.  Ml). 


5  Avril  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


-  MM*  —    227 


témoin  (i),  ce  qui  avec  notre  malade  donne  un  total  de 
quinze  faits  connus  depuis  1869.     ' 

La  coïncidence  de  la  dilatation  d'estomac  et  des  accidents 
lélaniformes  qui  peuvent  l'accompagner  reste  donc  assez 
rare  sans  être  exce[)tionnelle  et  il  est  probable  que  si 
l'attention  était  plus  vivement  attirée  sur  ce  point  les  obser- 
vations se  multiplieraient  encore.  En  tous  cas,  la  contrac- 
tare  localisée  aux  extrémités  ou  généralisée  mérite  de  tenir 
une  place  assez  importante  dans  la  symptomatologie  et  dans 
le  pronostic  de  la  gastrectasie. 

On  remarquera  que  notre  malade  avait  eu  huit  jours  avant 
la  crise  qui  l'emporta  et  à  plusieurs  reprises,  des  sensations 
d'engourdissement  et  de  fourmillement  des  extrémités, 
auxquelles  nous  n'avions  pas  cru  devoir  attribuer  grande 
importance.  Nous  avons  retrouvé  ees  sensations  qui  furent 
pour  lui  comme  les  prodromes  de  la  contraction  chez 
plusieurs  malades  que  nous  avons  examinés  depuis.  Ceux-ci, 
plus  heureux  ou  plus  prudents  que  lui,  se  soignèrent  régu- 
lièrement et  échappèrent  à  la  tétanie.  Peut-être  faudrait-il 
dans  une  étude  générale  tenir  compte  de  ces  accidents  très 
atténués  (][ui  seraient  à  la  contracture  grave  ce  une  les  sensa- 
tions vertigineuses,  si  fréquentes  chez  les  dilatés,  sont  au 
grand  vertige  avec  perte  de  connaissance. 

Quoi  qu'il  en  soit,  si  l'on  se  borne  à  l'examen  des  faits 
eonnus,  on  voit  que  les  accidents  tétaniformes  d'origine 
gastrique  sont  d'une  extrême  gravité.  Sur  les  douze  cas  que 
BOUS  avons  réunis,  il  y  a  eu  huit  morts,  et  un  des  trois 
malades  que  M.  Bouchard  nous  a  autorisé  à  citer  a 
également  succombé.  Plusieurs  de  ceux  qui  ont  été  guéris 
ont  eu  pendant  leurs  crises,  de  la  gêne  respiratoire^  de 
Toppressiou,  de  la  cyanose,  phénomènes  des  plus  sérieux 
puisqu'ils  indi(|uent  l'envahissement  des  muscles  respira- 
teurs et  l'imminence  de  l'asphyxie  qui  a  terminé  la  scène 
dans  les  cas  malheureux. 

La  tendance  de  la  contracture  d'origine  gastrique  à 
envahir  rapidement  les  muscles  du  tronc,  ne  permet  évi- 
demment pas  de  la  décrire  sous  le  nom  de  contracture  des 
e^s^trémitês  qui  est  donnée  en  général  aux  autres  formes  de 
la  tétanie.  Il  y  a  là  une  différence  de  localisation  et  de  gra- 
vité qui  implique  une  différence  de  nature.  Nous  ne  pensons 
pas  du  reste  que  personne  songe  aujourd'hui  à  faire  de  la 
tétanie  telle  que  Trousseau  l'a  décrite  une  véritable  entité 
morbide.  Ce  n'est  qu'une  complication  pouvant  survenir 
dans  le  cours  des  états  les  plus  divers  et  sous  l'influence  des 
causes  étiologiques  les  plus  variées.  Quelle  parité  établir 
entre  la  tétanie  bénigne  des  nourrices,  la  tétanie  épidé- 
mique  dans  laquelle  l'imitation  et  la  suggestion  semolent 
jouer  un  rôle  peut-être  prépondérant,  la  tétanie  consécutive 
àr«xtii^ation  du  corps  thyroïde,  récemment  étudiée  par  les 
fhirurgiens  allemancls,  et  les  accidents  qui  se  sont  produits 
i^hez  notre  malade  ?  L'incohérence  du  chapitre  étiologique 
des  travaux  consacrés  à  la  tétanie  nous  semble  démontrer 
que  le  seul  lien  qui  réunisse  des  faits  si  dissemblables  est 
ieur similitude  clinique.. Nous  pensons  donc  que  Ton  sera 
amené  à  démembrer  la  tétanie  et  à  préciser  les  différences 
Qui  séparent  ces  diverses  formes,  au  lieu  de  les  réunir  arti- 
uciellement  sous  une  dénomination  unique. 

Pour  que  la  valeur  des  différentes  sortes  de  contracture 
tétaniforme  pût  être  déterminée,  il  faudrait  que  leur  patho- 
génie fût  connue.  Pour  nous  borner  à  la  forme  gastrique, 
différentes  opinions  ont  été  émises  sur  le  mode  de  produc- 
tion de  ce  phénomène  sans  que  la  question  soit  encore 
résolue. 

D'après  M.  Kussmaul,  les  exhalations  de  liquide  quelque- 
fois SI  considérable,  qui  se  produisent  à  la  surface  de 
l'estomac  dilaté  après  les  vomissements  ou  après  les 
levages,  amèneraient  la  condensation  du  sang  et  piar  suite 
une  espèce  de  dessèchement  du  système  nerveux  et  des 


muscles  qui  serait  l'origine  des  accidents.  Ces  crises  se  pla- 
ceraient ainsi  à  côté  de  celles  que  l'on  voit  sui^ir  quelquefois 
dans  les  cas  de  diarrhée  cholériforme. 

Notre  observation  n'est  pas  favorable  à  cette  hypothèse 
puisque  R...  n'a  presque  jamais  vomi,  n'a  pas  eu  de  diar- 
rhée pendant  les  quelques  jours  qui  ont  précédé  l'appari- 
tion de  la  contracture  et  n'a  jamais  subi  de  lavage  de 
l'estomac.  Il  en  est  de  même  de  plusieurs  des  faits  que 
nous  avons  cités  et  en  particulier  de  celui  de  M.  Mathieu, 
dont  la  malade  ne  vomissait  pas  non  plus.  Nous  pensons 
donc  que  la  théorie  de  la  concentration  du  sang  aoit  être 
abandonnée. 

Celle  qui  invoque  comme  cause  de  la  contracture  une 
action  réflexe  ayant  pour  point  de  départ  une  irritation  des 
nerfs  sensitifs  contenus  dans  les  enveloppes  de  l'estomac, 
nous  semble  bien  difficile  à  admettre.  Des  accidents  de  ce 
genre  n'ont  jamais  été  signalés  ni  dans  le  cancer,  ni  danç 
l'ulcère  de  l'estomac,  ni  dans  le  cas  de  corps  étranger  vo- 
lumineux, blessant  les  parois  stomacales,  circonstances 
dans  lesquelles  les  terminaisons  nerveuses  de  la  muqueuse 
et  deia  musculeusesont  cependant  sollicitées  de  la  façon  la 
plus  directe. 

La  théorie  de  l'auto-intoxication  proposée  par  M.  Bou- 
chard nous  parait  bien  plus  vraisemblable.  Parmi  les  nom- 
breuses substances  toxiques  qui  se  développent  dans  un 
estomac  dont  le  contenu  est  le  siège  de  fermentations  con- 
tinuelles, il  peut  se  rencontrer  des  poisons  convulsivants, 
capables  de  donner  la  mort  à  doses  extrêmement  faibles, 
comme  ceux  dont  on  a  constaté  la  présence  dans  les  urines. 
Ce  sont  peut-être  ces  substances,  cjui,  absorbées  à  un  mor 
ment  donné  à  la  surface  du  tube  digestif  et  insuffisamment 
éliminées  parles  reins,  donnent  lieu  aux  accidents  tétani- 
formes dont  il  s'agit  de  fixer  la  pathogénie.  Pour  démon- 
trer la  réalité  de  cette  interprétation,  il  faudrait  extraire 
le  contenu  de  l'estomac  d'un  malade  atteint  de  contrac- 
ture et  voir  si,  injecté  dans  le  sang  d'un  animal,  il  repro- 
duirait les  mêmes  phénomènes.  Mallieureusemant  la 
marche  rapide  des  accidents  ne  nous  a  pas  permis  de  fairç 
cette  expérience. 

En  résumé,  notre  observation  vient  à  l'appui  de  la  des- 
cription clinique  de  M.  Kussmaul  et  contribue  à  fixer  lé 
type  de  contracture  lié  à  la  dilatation  de  l'estomac  qui  a 
été  indiqué  à  plusieurs  reprises  dans  ces  dernières  annéesl 

Elle  montre  que  cette  sorte  de  contracture  est  toujours 
très  grave  et  qu'elle  peut  être  précédée  de  phénomènes  pro- 
dromiques,  tels  que  les  engourdissements  et  les  fourmille- 
ments des  extrémités,  auxquels  on  devra  attribuer  une  im- 
portance considérable  à  cause  de  leur  valeur  prémonitoire. 

Enfin,  elle  nous  paraît  favorable  à  la  théorie  de  l'auto- 
intoxication  à  laquelle  nous  croyons  devoir  nous  rattacher 
en  attendant  qu'elle  soit  confirmée  par  l'expérience. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Aeadémie  des  sclenecs. 

Action  pathogène  d'un  microbe  trouvé  dans,  l'urine 
d'éclamptiques,  par  M.  Emile  Blanc,  --  Il  y  a  deux  ans, 
l'auteur  a  déjà  fait  quelques  recherches  à  ce  sujet.  Deux 
lapines  ont  été  inoculées  avec  un  microbe  isolé  des  urines 
d'une  éclamptique,  Tune  sous  les  méninges,  l'autre  dans  le 
sang.  La  première  lapine  a  succombé  en  présentant  des 
accidents  eonvulsifs;  la  seconde  a  eu  de  la  néphrite  infec- 
tieuse. 

Dans  de  nouvelles  expériences,  une  goutte  des  urines 
d'une  deuxième  éclamptique,  recueillies  avec  beaucoup  dç 
soin  (sonde  en  verre  plombée,  lavage  du  méai  avec  un 
tampon  de  cotoR  imprégné  de  sublimé»  ^U»),  a  été  ense*- 


us    —  NM4  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DI  CHIRURGIE 


5  Avril  1889 


mencée  dans  deux  lubes  de  gélatine  n"  0  eH  par  la  mélhode 
d'Esmarch.  Dès  le  lendemain,  de  nombreuses  colonies 
rondes,  blanc  bleuâtre,  s'étaient  développées,  offrant  toutes 
les  mêmes  caractères  et  contenant  le  même  micro-orga- 
nisme: une  culture  de  ce  bacille  fut  injectée  dans  la  veine 
auriculaire  d'une  lapine, qui  succomba  une  heure  plus  tard 
à  des  accidents  convulsifs. 

Une  seconde  lapine,  inoculée  avec  des  doses  fitibles  du 
même  bouillon  (une  à  deux  gonllcs),  n'eut  que  des  acci- 
dents locaux  (œdème  inflammatoire  dur,  suivi  de  gangrène) 
et  des  phénomènes  généraux  légers.  Avec  une  plus  grande 
quantité  de  bouillon  (1  ou  i  centimètres  cubes),  deux  autres 
lapines  gravides  furent  prises  d'accidents  convulsifs  graves 
et  succombèrent. 

Des  accidents  analogues  ont  été  observés  chez  la  chienne. 
D'autres  animaux  (femelle  de  cobaye,  rat)  succombèrent 
aussi  aux  injections  de  ces  cultures  de  microbes. 

En  résumé,  il  semble  résulter  de  ces  expériences  qu'il 
existe  chez  les  éclamptiques  un  microbe  pathogène  ayant 
une  action  convulsivante,  surtout  sur  les  femelles  d'animaux 

(gravides,  et  pouvant   aussi   déterminer  des  phénomènes 
ocaux  particuliers.  '  ^ 

De   la  transfusion  pêritonéale   et    de  r.\  toxicité 

VARIABLE  DU   SANG   DE   CHIEN  POUR  LE    LAPIN,    par   MM     J. 

Héricourt  et  CA.  Richet,  —  Le  sang  d'animaux  d'espèces 
différentes,  injecté  à  une  même  espèce  animale,  est  diffé- 
remment toxique.  Le  sang  de  chien  est  pour  les  lapins 
toxique  à  une  dose  de  40  grammes.  Le  sang  de  canard  est 
toxique  à  une  dose  voisine  de  7  grammes.  Le  sang  d'an- 
guille l'est  bien  plus  encore,  car  il  suffit  de  5  centigrammes 
pour  tuer  un  lapin  (A.  Hosso).  La  dose  toxique  de  sang  de 
chien,  non  plus  transfusé  dans  lé  péritoine,  mais  injecté 
dans  le  système  vasculaire  du  lapin,  est  de  5  grammes  seu* 
lementmayem). 

Chez  les  cobayes,  le  sang  de  chien  injecté  dans  le  péri- 
toine est  plus  toxique  que  chez  le  lapin.  Sur  25  transfu- 
sions péntonéales  de  sang  de  chien  à  des  cobayes,  la  mort 
est  survenue,  sauf  une  exception,  chaque  fois  que  la  dose  a 
dépassé  25  grammes  (par  kilogramme),  soit  avec  des  doses 
de  63,  51,  42,  38,  36,  33  grammes.  Il  y  a  même  eu  des 
morts  avec  des  doses  de  20  et  de  17  grammes. 

De  131  expériences  de  transfusion,  il  ressort  aue  la  dose 
de  sang  de  cnien  toxique  pour  le  lapin  est  variable. 

Ces  différences  sont  imputables  en  partie  à  la  variabilité 
des  lapins  transfusés  (résistance  organiçiue  variable, 
absorption  plus  ou  moins  rapide,  etc.).  Mais  c'est  surtout 
la  variabilité  du  chien  transfuseur  qui  est  en  jeu. 

En  suivant  la  courbe  des  poids  quotidiens,  on  voit  bien 
que  les  sangs  des  différents  chiens  sont  de  qualité  diffé- 
rente. En  général,  un  lapin  transfusé  perd  beaucoup  de  son 
Iioids  pendant  les  trois  ou  quatre  premiers  jours  qui  suivent 
a  transfusion,  et  il  lui  faut  près  de  huit  jours  pour  qu'il 
revienne  à  son  poids  primitif.  Mais,  avec  le  sang  de  certains 
chiens,  quelle  que  soit  la  dose  injectée,  le  retour  au  poids 
primitif  est  plus  lent,  et  dure  près  de  trois  semaines. 

Cette  variabilité  dans  les  qualités  toxiques  du  sang,  chez 
les  individus  de  même  espèce,  est  très  probablement 
d'origine  chimique,  quoique,  en  l'état  actuel,  la  chimie  ne 
puisse  en  donner  l'explication  adéquate.  Il  faut  admettre 
qu'il  y  a,  dans  le  sang,  des  ferments  solubles  toxiques, 
produits  en  quantités  variables,  soit  par  des  microbes  acci- 
dentels, soit  par  les  tissus  normaux. 

Ces  poisons  sont  partiellement  détruits  par  les  ferments 
digestifs  quand  ce  sang  est  ingéré  dans  Testomac.  Sur 
18  transfusions  stomacales  de  sang  de  chien  à  des  lapins, 
six  fois  la  dose  dépasssait  50  grammes.  Il  y  a  eu  deux 
morts  avec  des  doses  de  213  et  de  85  grammes.  Les  quatre 
autres  lapins  ont  survécu  aux  doses  de  70,  65,  58  et 
52  grammes,  chiffres  qui  sont  bien  supérieurs  aux  doses 
toxiques  du  sang  transfusé  dans  le  péritoine. 


Détermination  des  espèces  animales  aptes  a  con- 
tracter, PAR  CONTAGION'SPONTANÉE  ET  PAR  INOCULATION,  LA 
PNEUMO-ENTÉRITE  INFECTIEUSE,  CONSIDÉRÉE  JUSQU*A  PRÉSENT 

COMME  UNE  MALADIE  SPÉCIALE  DU  PORC,  par  M.  V.GalUer,- 
Chargé  par  H.  le  ministre  de  Tagriculture  d'aller  éludior 
dans  les  Basses-Alpes  une  épizootie  qui  sévissait  snr  hs 
moutons,  l'auteur  avait  déjà  reconnu  le  13  janvier  dernier 

3u*il  s*agissait  de  la  pneumo-entérite,  qui  avait  été  transmise 
u  porc  aux  animaux  de  Tespèce  ovine. 
Par  une  série  de  cultures  et  d'inoculations  il  esl  panena 
à  prouver  que  cette  hypothèse  est  bien  fondée.  Peut-être 
sera-t-il  même  permis  de  transmettre  la  maladie  de  Tespec^ 
bovines  aux  solipèdes. 

En  résumé  donc,  la  pneumo-entérite,  visée  par  le  déci-et 
du  28  juillet  1888  sur  la  police  sanitaire  comme  une 
maladie  qui  serait  spéciale  à  l  espèce  porcine,  est  transmis- 
sible  par  inoculation  et  par  rapports  directs  ou  indirect 
non  seulement  aux  petits  animaux  tels  que  le  cobaye,  le 
lapin,  les  oiseaux  de  basse-cour,  mais  encore  au  chien,  ao 
mouton,  à  la  chèvre  et  très  vraisemblablement  aux  animaui 
de  l'espèce  bovine.  Elle  est  beaucoup  plus  -grave  poarie 
mouton  et  pour  la  chèvre  que  pour  le  porc.  Il  esl  donc 
absolument  indiqué  de  prendre  des  mesures  pour  empêcher 
tous  rapports  entre  les  porcs  malades  et  les  autres  animaux. 
dans  les  fermes  où  sévit  cette  affection;  il  est  enfin  urgent 
d*étendre  aux  espèces  précipitées  les  mesures  applicabbà 
Fespèce  porcine  et  de  modiOer  en  conséquence  le  régime 
établi  par  le  décret  du  28  juillet. 


Aeadéaale  de  médecine. 

SÉANCE  DU  2  AVRIL    1889.    —  PRÉSIDENCE 
DE  M.   MAURICE  PERRIN. 

M.  le  docteur  Bouchacourt  (de  Lyon)  se  porto  candidat  «lu  titre  de  coirrif^i* 
dant  national  dans  la  <tl vision  de  chimrjpie. 

M.  Brothier  de  BoUiêre  oavoio  une  Etude  iur  la  destruction  des  vipèr<tct 
France.  —  (Commisiion  :  MM.  Lûrrey,  LatHmlbène  et  Le  Roy  de  MériceurL] 

M.  le  docteur  Pennetier  adresse  un  rapport  de  U.Bordeaux  eut  la  rage  dant'i 
Seine-Inférieure  en  1888. 

M.  le  docteur  Babtt  (de  Bncbarest)  se  porte  candidat  au  tUre  do  corresfMmti» 
étranger  dans  la  diviaion  de  médecine. 

M.  Lion  Colin  prdseole  uu  mémoire  de  M.  le  docteur  Kel»eh  sur  Vilistosit^* 
choléra. 

M.  Dujardin-Beaumetx  dépose  un  ouvrage  de  H.  Maxime  Du  Camp^^'* 
Croix-Bouge  en  France  et  le  compte  rendu  de  la  Société  d'Iiydrologie  pour  i^ 
par  M.  le  docteur  Leudet, 

M.  Marjolin  offre  V Annuaire-Bulletin  de  la  Société  inroteetrice  de  VenfMif 
pour  1889. 

M.  Conttantin  Paul  présente  un  travail  manuscrit  de  M.  le  àocteur Kali^^ 
(de  Bucliarest)  atir  les  variationt  det  globule»  tanguint  dahe  l'impalvdimi- 

M.  Oujardin-Beaumetz  dépote  un  étui  ihermomélrique  tfêeplique  inupoi'  p 
M.  le  docteur  Bailly  (de  Chambly). 

AiNHUM.  —  M.  Proust  communique  l'observation  d'an  c^ 
de  déformation  conjçénitale  rappelant  l'alnhum,  constalé^ 
chez  une  jeune  fille  âgée  de  vingt  ans.  Cette  obseryaliofl 
se  résume  comme  il  suit  :  malformations  et  lésions  inti^- 
utérines  diverses  chez  un  même  sujet  ;  amputations  dile^ 
spontanées,  pied  bot,  sjrndactylies,  slrictures  circulaires 
parallèles,  strictures  profondes  rappelant  Tainhum. 

A  cette  occasion  M.  Proust  fait  l'historique  des  Iravaoi 
publiés  surlaquestion  de  l'alnhumetil  en  commente  les  diver- 
ses conclusions.  On  a  voulu  en  faire  une  affection  :  i"*  spéciale 
aux  nègres;  2*"  frappant  exclusivement  les  adultes;  3*  can- 
tonnée absolument  au  cinquième  ou  au  quatrième  orteil 
Or,  ra!nhum  a  été  observé  chez  les  Micronésiens  e(  \[> 
Malgaches,  qui  n'appartiennent  pas  à  la  race  nègre,  pu^^ 
chez  les  Hindous;  enfin,  chez  les  Arabes;  il  peut  élre  coo- 
génital  et  il  n'est  pas  une  maladie  limitée  au  cinquième 
orteil,  puisqu'on  le  voit  aussi  à  la  main.  Il  faut  en  oalro 
remarquer  que  la  notion  du  temps  est  inconnue  de  beaucoup 
de  nègres,  qui  apportent  peu  d'attention  aux  modiGcations 


5  Avril  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


»  14 


2i9 


de  leur  organisme  ;  d*un  autre  côté,  la  séparation  d'une 
phalange  met  jusqu'à  vingt  ans  et  plus  à  se  compléter;  la 
légère  dépression,  premier  stade  de  la  maladie,  peut  exister 
aaniomentdela  naissance.  En  oulre,la  consanguinité,cause 
fion  contestée  de  difformités  congénitales,  est  presque  de 
règle  dans  les  unions  de  ces  peuplades  «antonnées  en  petit 
nombre  dans  des  îles  étroites  et  Ton  a  même  constaté  des 
cas  d'hérédité. 

La  malade  observée  par  M.  Proust  a,  dtpuis  sa  naissance, 
des  malformations  identiques  par  leur  a9|pecl  et  leur  méca- 
nisme à  celles  que  produit  Tainhum  ;  chez  elle  on  retrouve 
plusieurs  caractères  déjà  notés  dans  un  certain  nombre 
d'observations,  la  syndactjlie,  Talrophie  de  certaines  pha- 
langes, etc.  On  pourrait  obiecter  que  les  sillons  restent  sta- 
lionnaires  pour  repousser  1  assimilation  avec  l'alnhum  ;  mais 
11  est  bien  démontré  que  les  lésions  longtemps  stationnaires 
peuvent  ne  progresser  qu'à  un  certain  âge.  bn  outre,  on  n'a 
pas  encore  signalé  jusqu'ici  en  Europe  la  lésion  siégeant  au 
Diveau  d'un  orteil  avec  des  caractères  aussi  semblables  à 
cens  qui  ont  été  décrits  par  les  médecins  brésiliens  sous  le 
nom  d'aînbum*  Il  y  a  donc  lieu  de  se  demander  si  cette 
maladie  n'est  pas  une  anomalie  de  même  ordre  que  les 
déformations  congénitales,  fréquente  seulement  chez  les 
Degrés,  etc.,  parce  que  les  causes  de  malformations  et  en 
particulier  les  unions  consanguines  j  jouent  un  rôle  plus 
considérable.  Des  déformations  d'origine  fœtale  peuvent 
apparaître,  semble-t-il,  après  la  naissance.  D'où  la  parenté 
de  Talnbum  avec  les  déformations  congénitales  et  les  maia* 
dies  fœtales.  Tous  ces  cas  peuvent  être  considérés  comme  le 
résultat  d'une  maladie  du  fœtus,  maladie  débutant  d'ordi- 
naire et  évoluant  le  plus  souvent  dans  la  cavité  utérine  ou 
bien  n'apparaissant  qu'à  une  époaue  plus  éluignée.  Leur 
processus  commun  consiste  dans  la  production,  au  milieu 
de  dermes,  de  trousseaux  fibreux  à  disposition  annulaire. 

Eaux  minérales.  —  Sur  le  rapport  de  M.  Constantin 
Paul,  l'Académie  alloue  les  récompenses  suivantes  aux  sta- 
giaires auprès  des  eaux  minérales:  l*"  500 francs  à  H.  Bou- 
tarel  et  le  titre  de  lauréat  de  l'Académie  pour  un  rapport 
sur  les  eaux  de  Bourbonne;  2"  500  francs  à  M.  Lamarque  et 
le  titre  de  lauréat  de  l'Académie  pour  ses  rapports  sur  les 
eaux  de  la  Bourboule  et  d'Amélie-Ics-Bains. 

BACTÉniES  DE  L'uniNE.  —  M.  le  docteur  Doyen  (de 
Keims)  a  étudié,  au  point  de  vue  bactériologique,  les  urines 
des  cystites,  de  la  pyélo-néphrite  et  de  l'infection  urineuse. 
Il  y  a  trouvé  quatorze  espèces  de  micro-organismes,  dix 
bacilles  et  quatre  microco^ues,  dont  il  a  étudié  les  réactions. 
Les  bacilles  sont  :  b.  urinse  fertilis  ;  b,  major  ;  6.  clavi- 
formis  ;  b.  aerobius  ;  b.  striatus  ;  b.  mollis  ;  b,  tenuis  ; 
&.  pellocidus;  b,  diffluens;  b,  liquefaciens.  Aucun  de  ces 
bacilles  ne  se  colore  par  les  méthodes  de  Gram  et  de 
Wcigert.  Les  quatre  microcoques  sont:  m.  albus  urinœ; 
w.  major;  m,  albus  olearius  ;  m.  flavus  olearius.  —  (Le 
mémoire  de  M.  Doyen  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Com- 
mission, composée  de  MM.  Bouchard,  Guyon  et  CorniL) 

MÉMNGo-EiNCÉPHALOcÊLE.  —  M.  Ic  duclcur  Périer  pré- 
i^enle  un  enfant  âgé  de  deux  mois  et  demi,  sur  lequel  il  a 
excisé,  il  y  a  un  peu  plus  d'un  mois,  une  méningo-encé* 
phaloccle  volumineuse,  située  à  la  région  occipitale  sur  la 
ligne  médiane.  L'enfant  fut  chloroformé.  Deux  lambeaux 
latéraux,  sufGsanls  pour  recouvrir  la  plaie  après  l'excision, 
furent  taillés  aux  dépens  du  cuir  chevelu  du  pédicule,  puis 
disséqués  avec  soin;  le  liquide  céphalo-rachidien  contenu 
dans  la  poche  fut  évacué  par  aspiration,  le  pédicule  lié, 
puis  la  tumeur  excisée  avec  des  ciseaux;  les  lambeaux  cuta- 
nés furent  alors  rabattus  par-dessus  le  moignon  du  pédicule 
et  eufiu  suturés  sans  drainage. 

Il  va  de  soi  qu'une  antisepsie  rigoureuse  fut  pratiquée. 
l'a  réunion  de  la  plaie  est  parfaite  et  l'enfant  est  en  bonne 
santé. 


M.  Ranvier  trouva  dans  la  tumeur  enlevée,  indépendam- 
ment des  méninges,  une  portion  de  toile  choroïdienne,  des 
parties  de  substance  nerveuse  provenant  les  unes  du  cer- 
veau, les  autres  du  cervelet  et  une  masse  assez  volumineuse 
contenant  des  éléments  du  canal  deTépendyme.Ilse  propose 
de  faire  connaître  ultérieurement  les  résultats  de  l'étude 
anatomique  de  la  pièce. 

Poêles  mobiles.  — M.  Brouardely  reprenant  la  discus-^ 
sion  sur  les  poêles  mobiles,  précise  les  deux  inconvénients 
de  ce  système  de  chauffage,  à  savoir:  l""  l'aggravation  du 
péril  commun  à  tous  les  systèmes  de  chauffage  par  l'aug- 
mentation de  la  quantité  d*oxyde  de  carbone  produit;  i''  leur 
péril  propre  résultant  de  leur  mobilité.  Ci'est  pourquoi  il 
estime  que,  quels  que  soient  les  perfectionnements  appor-> 
tés  à  la  construction  de  ces  appareils,  quelles  que  soient 
les  conditions  de  construction  imposées  pour  les  habitations/ 
la  mobilité  des  poêles,  surtout  de  ceux  dont  la  combustion 
est  lente,  crée  des  dangers  qui  ont  déjà  fait  de  nombreuses 
victimes.  L'adjonction  à  ces  appareils  de  roulettes  ou  tous 
autres  procédés  facilitant  leur  déplacement,  doit  étreiniei'' 
dit.  Dans  tous  les  cas,  le  tirage  doit  être  garanti  par  des 
tuyaux  de  cheminée  d'une  section  utile  et  d'une  hauteur 
suftisauie,  complètement  étanches,  ne  présentant  aucune 
fissure  ou  communication  avec  les  appartements  contigus 
et  débouchant  au-dessus  des  fenêtres  voisines.  Il  est  utile 
que  ces  cheminées  ou  tuyaux  soient  munis  d'appareils  sen- 
sibles, indiquant  que  le  tirage  s'effectue  dans  le  sens  nor- 
mal. Ce  qui  domine  en  effet  la  question,  c'est  la  sécurité 
des  voisins,  ainsi  que  le  témoignent  la  plupart  des  cas 
d'intoxication  constatés. 

Pour  M.  Gabriel  Co/m,  ces  appareUs  sont  redoutables  à 
un  triple  point  de  vue  :  l"*  parce  que  le  coke  et  le  charbon 
de  terre  qui  les  alimentent,  dégagent  une  énorme  propor-^ 
tion  d'oxyde  de  carbone,  comme  on  peut  en  juger  par  l'^m^ 
pleur  des  flammes  bleuâtres  aux  forces  des  ateliers,  même 
lorsque  la  combustion  est  suractivée  par  l'insufflation  ; 
2«  en  raison  de  l'extrême  lenteur  delà  combustion, lenteur 
qui  a  pour  conséquence  inévitable,  avec  de  tels  combus-^ 
tibles,  de  porter  à  son  maximum  la  production  de  l'oxyde 
carboné;  3"  ils  le  sont  enfin  à  cause  de  l'insuffisance  du 
tirage,  duc  à  ce  que  la  colonne  d'air  et  de  gaz  échappés  du 
poêle  n'est  pas  ou  ne  se  maintient  pas  assez  échauffée  en  se 
déversant  dans  une  cheminée  ample  et  à  parois  froides, 
pour  s'élever  au  dehors.  Aussi  devait-on  graver  l'étiquette  : 
toxique,  sur  ces  poêles.  M.  G.  Colin  rend  compte  à  ce  sujet 
d'expériences  très  favorables  qu'il  a  faites  sur  lui  même  et 
avec  des  animaux  pendant  cet  hiver,  à  Taide  de  poêles  de 
fonte,  dont  le  tuyau  d'abouchement,  disposé  à  50  centimètres 
seulement  du  sol,  entre  dans  la  cheminée  par-dessous  la 
tablette  dès  que  le  tablier  est  relevé,  puis  monte  tout  à 
fait  dissimulé,  à  un  mètre  etdemi,  afin  de  donner  un  tirage 
suffisant. 

M.  Léon  Colin  signale  les  conclusions  auxquelles  vient 
d'arriver  sur  cette  question  le  €onseil  d'hygiène  de  la  Seine 
dans  sa  séance  d'il  y  a  huit  jours,  sur  le  rapport  de  M.  l'ingé- 
nieur Michel  Lévy.  Ces  conclusions  tendent  à  modifier  l'in- 
struclion  du  16  avril  1880  sur  le  mode  de  chauffage  des 
habitations,  eu  y  introduisant  des  affirmations  catégoriques 
au  sujet  du  danger  de  Temploi  des  poêles  mobiles  dans 
certaines  circonstances  déterminées,  puis  à  donner  une 
large  publicité  à  la  nouvelle  instruction  et  à  recueillir 
désormais  les  documents  statistiques  les  plus  complets  sur  les 
accidents  causés  par  les  appareils  de  chauffage  et  à  adresser, 
à  ce  point  de  vue,  une  circulaire  aux  commissaires  de  police 
et^aux  commissions  d'hygiène  des  divers  arrondissements. 

Aux  termes  de  l'avis  émis  par  le  Conseil,  on  ne  saurait 
trop  s'élever  contre  la  pratique  dangereuse  de  fermer  com- 
plètement la  clef  d'un  poêle  ou  la  trappe  intérieure  d'une 


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cheminée  qai  contient  encore  de  la  braise  allumée;  c'est  là 
une  des  causes  d'asphyxie  les  plus  communes;  on  con- 
serve, il  est  vrai,  la  chaleur  dans  la  chambre,  mais  c'est 
aux  dépens  de  la  santé  el  ouelquefois  de  la  vie.  Il  y  a  lieu 
de  proscrire  formellement  remploi  des  appareils  et  poêles 
économiques  à  faible  tirage,  dits  poêles  mobiles,  dans  les 
chambres  à  coucher  et  dans  les  pièces  adjacentes.  L'emploi 
de  ces  appareils  est  dangereux  dans  toutes  les  pièces  aans 
lesquelles  des  personnes  se  tiennent  d'une  façon  perma- 
nente, et  dont  la  ventilation  n'est  pas  largement  assu- 
rée par  des  orifices  constamment  et  directement  ouverts 
à  l'air  libre.  Dans  tous  les  cas,  le  tirage  doit  être  convena- 
blement garanti  par  des  tuvaux  ou  cheminées  d'une  section 
utile  et  d'une  hauteur  suifisante,  complètement  étanches, 
ne  présentant  aucune  fissure  ou  communication  avec  les 
appartements  contigus  et  débouchant  au-dessus  des  fenêtres 
voisines:  il  est  utile  que  ces  cheminées  ou  tuyaux  soient 
munis  d  appareils  sensibles,  indiquant  que  le  tirage  s'effec-» 
tue  dans  le  sens  normal.  Les  orifices  de  chargement  doivent 
être  clos  d'une  façon  hermétique  et  il  est  nécessaire  de  ven- 
tiler largement  le  local,  chaque  fois  qu'il  vient  d'être  pro» 
cédé  à  un  chai|;ement  de  combustible.  Toutes  ces  additions 
aux  instructions  antérieures  ont  leur  raison  d'être  ;  c'est 
aux  particuliers  qu'il  apj^artient  de  s'y  conformer  dans  leur 
domicile,  et  aux  administrations  de  les  imposer  dans  les 
logements  collectifs. 

M.  Laborde  continue  la  discussion  par  une  communi- 
cation qui  sera  analysée,  après  son  achèvement  dans  la 
prochaine  séance. 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  9  avril  est  fixé  ainsi 
qu'il  suit  :  1*  communication  de  M.  Panas  sur  remploi  de 
1  antipyrine  dans  le  diabète  j  2"*  communication  de  H .  Budin 
sur  la  pathogénie  de  certains  abcès  du  sein;  3"  suite  de  la 
discussion  sur  les  poêles  mobiles  (inscrits:  MM.  Armand 
Gautim^  Yerneuily  Lagneau  et  Lancereaux)  ;  A"*  lectures  : 
par  M.  le  docteur  Oombault^  sur  le  traitement  des  affec- 
tions dartreuses,  et  par  M.  le  docteur  Fortf  sur  le  traite- 
ment des  rétrécissements  de  l'urèthre  par  l'électrolyse 
linéaire. 


m^eîéié  de   «hlrsrgle. 

SÉANCE   DU  27   MARS   1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  M.   LE   DBNTU. 

Rèsootlon  de  la  olavloule  :  M.  Desprèa.—  Traitement  des  dèviatione 
utérines  :  MM.  Trèlat.  Boumy,  Biohelot.  Begond. 

M.  Després  présente  une  malade  à  laquelle  il  a  réséqué 
la  clavicule  et  fait  remarquer  le  retour  remarquable  des 
fonctions  du  membre.  Un  seul  mouvement  est  impossible  ; 
porter  la  main  derrière  la  nuque. 

—  M.  Trélat  reprend  la  discussion  sur  les  rétro-dévia- 
tions utérines  et  pense  que  l'opération  d'Alquîé-Alexander 
leur  est  parfaitement  applicable.  Mais  elle  ne  peut  rien  sur 
le  prolapsus,  auquel  il  faut  parer  par  l'amputation  du  col, 
par  la  colpo-périnéorrhaphie,  et  peut-être  par  l'hystéro- 

Sexie.  Encore  faut-il  établir  des  catéçories  parmi  les  rétro- 
évialions  :  mobiles,  résistantes,  adhérentes.  Le  raccour- 
cissement des  ligaments  ronds  est  efficace  contre  les  deux 
premières  variétés;  inefficace  contre  la  dernière.  De  plus, 
celle  opération  ne  peut  rien  contre  les  salpingites,  ovarites, 
périmétrites  concomitantes.  Dans  ces  cas,  donc,  on  a  des 
insuccès,  dus  non  pas  à  la  méthode,  mais  à  son  application 
intempestive.  Aussi  faut-il  traiter  opératoirement  les  dévia- 
tions aèsau'on  les  a  reconnues.  Mobiles,indolentes,  entend 
souvent  aies  respecter:  c'est  oublier  qu'abandonnées  à  elles- 
mêmes  elles  se  compliqueront  bien  souvent  d'accidents 
inflammatoires.  D'ailleurs,  l'opération  est  des  plus  béni^ 


gnes,  et  sur  quator/e  cas  M.  Trélat  a  eu  quatorze  réunion 
immédiates. 

M.  Bouilly  pense  aussi  qu'il  faut  distinguer  les  dévia 
tiens  simples  et  compliquées.  Pour  les  premières,  le  dépla 
cernent  est  tout,  et  souvent  ne  cause  aucun  inconvénient 
alors  il  n'y  a  rien  à  faire.  Ailleurs,  il  en  résulte  des  acci 
dents  (pesanteur  rectale,  douleurs  pendant  la  marche  oi 
la  station  assise;  dysménorrhée,  ménorrhagie  quelquefois) 
Alors  l'opération  d  Alexauder  réussit,  mais  un  pessaire  d 
Hodge  bien  apjpliqué  réussit  également.  Il  agit  en  disieii 
danl  le  fonddu  vagin,  devenu  trop  large  et  supplée  aux  iiga 
ments  utéro-sacrés.  Aussi  esl-il  non  de  commencer  parfoi: 
par  la  colporrhaphie.  Et  après  huit  à  dix  mois  de  port  di 

rtessaire,  on  arrive  assez  souvent  à  la  guérison  réelle.  Poui 
es  déviations  compliquées,  c'est  avant  tout  aux  accideiih 
inflammatoires  péri-utérins  qu'il  faut  s'adresser. 

M.  Richelot  a  fait  deux  opérations  d'Alexander.  Une  foii 
il  a  échoué,  car  le  ligament  rond,  graisseux  et  friable,  .s« 
rompait  à  la  traction.  La  malade  a  eu  pour  tout  bénéfice  la 
formation  de  deux  hernies  inguinales.  Dans  le  second  cas 
l'oj^ération  a  réussi,  mais  la  récidive  a  été  prompte.  Il  e>l 
vrai  que  la  déviation  est  engendrée  par  un  rayome  utëriii, 
que  dès  lors  on  dira  que  l'opération  d'Alexander  n*y  peul 
rien.  Mais  son  défaut  est  précisément  d'agir  à  l'aveuglo, 
tandis  que  l'hystéropexie  permet  de  savoir  au  juste  com- 
ment et  pourquoi  on  agit.  Pour  le  prolapsus  de  «éme,  où 
il  est  vrai  hystéropexie  et  raccourcissement  des  ligaments 
ronds  ne  sont  tous  deux  qu'un  adjuvant  des  opérations 
plastiques  sur  le  périnée  et  le  vagin. 

M.  Segond  relate  six  opérations  d'Alexander  :  deux  pour 
prolapsus,  résultats  éloignés  nuls;  une  pour  rétro-dévia- 
tion réductible,  résultat  bon;  une  pour  rétro-déviation 
résistante,  résultat  assez  bon;  deux  pour  rétro-déviation 
adhérente,  récidive  rapide. 

A.  Brocà. 


Soelété  de  théMipeua^pie. 

SÉANCE   DU   27   MARS    1889.  —  PRÉSIDENCE   DE   M.   FEIOLT. 

Xhi  pools  l«nt  aveo  attaques  èpilspUformes  st  synoopales  :  M.  E 
Huohard  (Disoussion  :  MM.  Fernat,  G.  Paol).  —  X>a  soUonal  : 
M.  Moatard-MarUn.  —  De  l'ezalgina  :  M.  Bardet. 

M.  H*  Huchard  donne  lecture  d'un  mémoire  sur  la  ma- 
ladie qui  a  reçu  le  nom  de  pouls  lent  permanent  arec 
attaques  syncopales  et  épileptif ormes,  A  cette  longue  dêno-i 
jnination,  on  substituerait  avec  avantage  celle  de  malcnlii 
de  Stokes-Adams,  rappelant  le  nom  des  auteurs  qui  Ton! 
les  premiers  bien  décrite  ;  d'ailleurs,  il  faut  bien  savoir  que| 
le  ralentissement  du  pouls,  en  pareil  cas,  n'est  pas  toujours 
permanent.  Il  s'agit  d'individus  qui,  avec  un  pouls  plus  oo: 
moins  lent,  présentent  tantôt  des  attaques  syncopales  â| 
répétition,  ce  qui  avait  faitadmettre  par  Stokes  et  Adams  la 
dégénérescence  graisseuse  du  cœur,  tantôt  des  accès  épi-j 
leptiformes,  et  finissent  par  succomber  après  un  lem(«| 
essentiellement  variable.  On  a  incriminé  une  lésion  bul- 
baire, mais  d'une  façon  trop  exclusive,  car  l'inftoence  du 
système  nerveux  et  du  myocarde  se  trouvent  réunies  el 
s  allient  même  parfois  à  celles  de  lésions  rénales.  En  uo 
mot,  il  s'agit  de  la  triple  détermination  bulbaire,  cardiaque 
el  rénale  d'une  maladie  plus  générale,  rartério-sclérosc. 
Du  reste,  on  voit  s'ajouter  aux  phénomènes  cardinaux  déjà 
indiqués,  tantôt  des  troubles  asystoliques  avec  œdème  des 
jambes,  tantôt  des  accidents  angineux,  dyspnéiques,  on  de 
simples  lipothymies;  enfin  les  malades  peuvent  mourir  par 
le  rein,  avec  îles  phénomènes   urémiques  dont  les  crises 
antécédentes   n'étaient   peut-être    qu'une    ébauche.  M.  J« 
Huchard  rapporte  l'observation  de  trois  malades  allcints  de 
l'afl'ection  de  Stokes-Adams.  Chez  l'un  d'eux  le  sulfate  de 


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quinine,  conseillé  par  H.  Charcot,  amena  TaggraYation 
rapide  des  crises  ;  en  effet,  à  la  première  période,  alors  qu'il 
sagit  d'anémie  bulbaire  avec  hypertension  artérielle  (ainsi 
que  le  démontre  le  retentissement  du  deuxième  bruit  aor- 
tique),  il  faut  recourir  aux  vaso-dilatateurs  et  non  pas  aux 
vaso-eonstricteurs.  Aussi  M.  H.  Huchard  a-t-il  employé  avec 
succès  la  trinitrine,  préférable  en  pareil  cas  à  l'iodure.  11 
prescrit,  trois,  quatre  et  cinq  fois  par  jour,  3  gouttes  d'une 
solution  alcoolique  de  trinitrine  au  centième;  au  moment 
des  crises  il  a  recours  au  nitrite  d'amyle.  Parfois  encore  il 
prescrit  des  injections  hypodermiques  de  trinitrine  d*après 
la  formule  :  eau  distillée,  10  grammes;  solution  alcoolique 
de  trinitrine  au  centième,^  gouttes.  1  gramme  renferme 
donc  4  gouttes  de  la  solution  de  trinitrine.  On  doit  injecter 
deux,  trois  ou  quatre  quarts  de  seringue  dans  les  vingt- 
quatre  heures. —  Plus  tard,  lorsque  les  malades  deviennent 
plus  ou  moins  brusquement  des  asystoliques,  lorsque  se 
montre  l'hypotension  artérielle  (révélée  par  l'accentuation 
du  deuxième  bruit  pulmonaire),  il  faut  alors  relever  la 
(ension  artérielle  au  moyen  de  la  caféine  à  hautes  doses. 
Enfin  le  régime  lacté  sera  suivi  surtout  lorsque  les  reins 
sont  intéressés. 

M.  Femet  n'est  pas  d'avis  d'adopter  la  dénomination  de 
maladie  de  Stokes^Adams,  car  ces  auteurs  ne  sont  peut-être 
pas  les  premiers  à  avoir  décrit  l'affection,  et  du  reste  ils  se 
iont  trompés  sur  sa  nature.  Si  l'on  voulait  consacrer  le  nom 
dan  auteur  (ce  qui.  a  souvent  des  inconvénients  d'ordres 
divers),  il  conviendrait  de  choisir  le  nom  d'Hutchinson, 
qui  a  fait  une  étude  exacte  et  complète  des  phénomènes. 
Dautre  part,  91.  Fernet,  s'il  reconnaît  pour  certains  cas 
l'origine  bulbo-eardio-rénale.  relevant  du  processus  artério- 
scléreax,ne  sa.uraît  admettre  la  même  pathogénie  pour  les 
faits  qui  se  sont  développés  rapidement  à  la  suite  d'un 
traumatisme,  d'une  fracture  du  rachis,  d'une  pachyménin- 
gîte  cervicale,  ou  pour  ceux  qui  paraissent  relever  d'une 
intoxication,  comme  à  la  suite  de  ta  diphthérie.  Il  semble 
donc  (ju'il  existe  plusieurs  formes  de  la  maladie  :  l'une 
dépendant  de  l'artério-sclérose,  une  autre  d'un  trauma- 
tisme, une  troisième  d'une  lésion  organique  bulbaire,  une 
dernière  enfin  d'origine  toxique.  On  conçoit,  par  suite,  que 
le  traitement  univoque  indiqué  par  M.  Huchard  ne  saurait 
être  appliqué  indistinctement  à  tous  les  cas;  il  deviendrait 
parfois  inutile,  et  peut-être  dangereux. 

M.  C.  Paul  rappelle  qu'assez  souvent,  à  la  période  ultime 
4es  aiïections  cardiaques  artérielles,  c'est  l'urémie  qui  do- 
mine la  scène  :  les  malades  meurent  comme  des  rénaux. 
La  dyspnée  et  la  mort  subite  appartiennent  en  pareil  cas  à 
l'urémie,  que  Ton  doit  toujours  s'efforcer  de  dépister  chez 
les  cardiaques  anuriques. 

M.  Huchard  ne  tient  pas  absolument  à  la  dénomination 
de  maladie  de  Stokes-Adams,  bien  qu'il  la  trouve  préférable 
et  justifiée,  ces  auteurs  ayant  les  premiers  bien  décrit  les 
phénomènes  clinice^es^  qui  est  le  principal  en  pareil  cas. 
il  est  convaincu,  d'ailleurs,  que  la  description  d*Hutchinson 
s'applique  à  une  autre  affection  :  maladie  du  système  ner- 
veux avec  paralysie  bulbaire,  soit  traumatique,  soit  toxique, 
comme  dans  la  diphthérie;  mais  il  ne  s'agit  pas  là  de  la 
maladie  de  Stokes-Adams,  de  l'artério-sclérose  bulbo- 
cardio-rénale,  avec  sa  note  cardiaque  manifeste,  ses 
œdèmes  intermittents.  Il  y  a  donc  deux  affections  absolu- 
ment distinctes  :  l""  maladie  artérielle  de  Stokes-Adams, 
2*  sjrndrome  de  paralysie  bulbaire.  —  Quant  à  l'urémie 
terminale  des  cardiaques  artériels,  il  a  été  un  des  premiers 
^  la  signaler  à  l'attention  des  observateurs.  Cependant  il  ne 
P^nse  pas  que  la  mort  subite  soit  un  accident  d'ordre 
urémique  ;  elle  est  le  fait  de  l'artério-sclérose  du  cœur. 

.—  H.  Moutard-Martin^  à  la  suite  de  la  communication 
faite  à  l'Académie  sur  le  sutfonal  par  M.  G.  Paul,  a  tenté  un 


nouvel  essai  sur  lui-même,  cette  fois  à  la  dose  de  2  grammes. 
Le  sommeil  a  été  obtenu  plus  rapidement,  au  bout  de  trois 
quarts  d'heure  environ;  mais,  au  réveil,  à  huit  heures  du 
matin,  lesphénomènesde  malaise  se  sont  montrés  plus  mar- 
qués <^ue  lors  des  essais  antérieurs  à  la  dose  de  1  gramme  : 
sensation  générale  pénible,  mal  de  tète,  torpeur  intellec- 
tuelle, faiblesse  des  jambes.  Ce  malaise  persiste  encore  en 
Eartie  à  cinq  heures  du  soir.  M.  Houtard-Hartin  préfère  de 
eaucoup  le  sommeil  produit  par  le  bromidia,  préparation 
américaine  qui  renferme,  pour  une  cuillerée  de  b  grammes  : 
1  gramme  de  chloral,  1  gramme  de  bromure  de  potassium, 

I  centigramme  d'extrait  de  jusquiame  et  1  centigramme 
d'extrait  de  chanvre  indieu.  Cette  dose,  dans  un  demi- 
verre  d'eau,  procure  un  sommeil  rapide,  avec  réveil  naturel 
exempt  de  tout  malaise. 

M.  C.  Paul  fait  observer  qu'il  faut  se  mettre  dans  les 
mêmes  conditions  si  l'on  veut  obtenir  des  effets  identiques. 

II  a  vu  le  sulfonal  donner  d'excellents  résultats  contre  l'in- 
somnie nerveuse;  mais  il  reconnaît  que,  chez  les  personnes 
souffrant  d'une  affection  des  voies  respiratoires,  emphysème 

Sar  exemple,  comme  M.  Moutard-Martin,  tuberculose, 
yspnée  d'origine  cardiaque,  les  effets  obtenus  sont  moins 
satisfaisants.  Il  vaut  mieux  prendre  la  dose  de  2  grammes 
en  deux  fois,  à  cinq  ou  six  heures  d'intervalle. 

M.  Blache  n'a  pas  obtenu  de  résultats  bien  satisfaisants 
du  sulfonal,  même  dans  le  cas  d'insomnie  nerveuse.  Le 
réveil  s'est  toujours  accompagné  de  malaises  plus  ou  moins 
marqués. 

—  M.  Bardet  présente  un  échantillon  d'exalgine  ou 
méthylacétanilide,  corps  solide,  blanc,  dérivé  méthylé  de 
la  benzine;  c'est  un  analgésique  à  la  dose  de  30  à  40  centi- 
grammes. 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie. 

André  Petit. 


BEVUE  DES  JOURNAUX 

ÉvaeaatloB  maBaelle  de  la  veanle,  par  M.  HeddACEU.<.  — 
Personne  jusqu'ici  n'a  eu  l'idée  d'employer  la  compression 
manuelle  à  l'évacuation  de  la  vessie.  Le  procédé  recommandé  par 
l'auteur  est  facile,  sur  et  peut  être  employé  des  deux  façons 
suivantes  : 

1^  Le  médecin,  faisant  face  au  malade,  applique  ses  mains  sur 
rhypogastre  de  cehii-ci,  les  pouces  croisés  sur  la  symphyse  des 
pubis,  Textrémité  libre  des  autres  doigts  repliée  sur  la  convexité 
de  la  tumeur  vésicale.  11  sufHt  d'exercer  une  compression  dans 
la  direction  du  col  de  la  vessie,  pour  en  voir  ainsi  le  volume 
s'amoindrir,  en  même  temps  que  l'urine  est  expulsée  par  un 
jet  souvent  énergique. 

2"  Dans  le  deuxième  procédé,  le  médecin  tourne  le  dos  au 
malade,  place  le  bord  cubital  de  chacune  de  ses  mains  le  long 
du  ligament  de  Poupart  correspondant,  et  avec  les  pouces  cette 
fois,  il  exerce  une  compression  sur  le  globe  vésical.  Ce  deuxième 
procédé  est  souvent  plus  pratique  que  le  premier. 

Cette  opération  est  indiquée  dans  les  mêmes  cas  que  le  cathé- 
térisme,  mais  elle  est  contre-indiquée  quand  la  vessie  est  très 
distendue,  quand  elle  est  douloureuse,  quand  les  parois  abdo- 
minales sont  très  adipeuses  et  dans  les  cas  de  grossesse.  Elle 
convient  surtout  dans  les  paralysies  vésicales  qui  accompagnent 
les  affections  de  la  moelle.  Elle  a  sur  le  cathétérisrae  l'avantage 
de  ne  pas  être  douloureuse,  de  pouvoir  être  faite  par  des 
personnes  étrangères  à  la  médecine  et  de  ne  pas  exposer, 
comme  la  soude,  à  des  fermentations  d'urine  dans  la  vessie. 
(Berliner  klinische  Wochenschrift,  22  octobre  1888.) 


232 


HM4 


&AZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


5  Avna  1889 


BIBLIOGRAPHIE 

La  maMo  do  Tcichnann,  exposée  d*a près  le  mémoire  et  les 
enseignements  de  Tauleur,  par  M.  le  docteur  F.  Lejars, 
prosecteur  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris.  —  Paris, 
C.  Steinheil,  1888. 

M.  Lejars  a  vu  qu'à  Vienne,  à  Prague  et  dans  d'autres 
écoles  encore,  on  fait  les  injections  vasculaires  sur  le 
cadavre  à  l'aide  de  masses  froides,  d'après  le  procédé  de 
teichmann,  professeur  à  Cracovie.  Tous  les  anatomistes 
comprendront  quels  avantages  considérables  une  sem- 
blable méthode  doit  avoir  sur  les  anciennes  masses  que 
l'on  devait  injecter  à  chaud. 

Il  faut  commencer  par  faire  un  mastic  dans  les  propor- 
tions suivantes,  la  masse  de  l'injection  rouge  (pour  artère) 
étant  donnée  avec  les  quantités  nécessaires  pour  un  cadavre 
entier;  la  masse  bleue  (pour  veine)  étant  donnée  en  pro- 
portions élémentaires  (car  on  ne  fait  guère  que  des  injec- 
tions veineuses  partielles,  et  chacun  réglera  les  injections 
à  sa  guise). 

1"  Mastic  rouge. 

Craie  pulvéri:»ée 500  grammes. 

Cinabre 100  grammes. 

Huile  de  lin 140  à  200  cenlimèlres  cubes. 

â"»  Mastic  bleu. 

Oxyde  de  zinc 15      grammes. 

Bleu  d'outre  mer 1      gramme. 

Huile  de  Jin 2  à  2,5  cenlimèlres  cubes. 

Ces  mastics,  mis  en  boule,  se  conservent  indéfinimenl 
sous  l'eau. 

Pour  s'en  servir,  on  le  délaye  dans  le  sulfure  de  carbone, 
dans  la  proportion  de  100  à  200  centimètres  cubes  pour  un 
cadavre^  suivant  le  degré  de  fluidité,  cl  par  conséquent  de 
pénétration,  que  l'on  veut  obtenir. 

L'injection  peut  être  poussée  avec  une  seringue  ordinaire, 
mais  il  faut  une  presssion  continue,  lente  et  assez  éner- 
gique. Le  meilleur  est  donc  d'avoir  une  seringue  où  le 
manche  du  piston  soit  vissé  dans  l'orifice  où  ordinairement 
il  glisse.  Cela,  en  outre,  expose  moins  aux  ruptures,  car  on 
exerce  une  poussée  graduée. 

L'injection  durcit  en  vingt-quafre  à  quarante-huit  heures 
pour  les  plus  gros  vaisseaux. 

Wonveaax  éléments  de  pathologie  exterae,  publiés  par 

le  professeur  A.  BoucHAnn  (de  Bordeaux)  ;  t.  II  :  Mala- 
dies des  régions^  fascicule  I,  avec  la  collaboration  de 
MM.  Piéchaud,  M.  Denucé  et  Princeteau. — Paris,  Asselia 
et  Houzeau,  1888. 

Il  nous  suffira  d'annoncer  ce  fascicule,  car  nous  avons 
déjà  parlé  deux  fois  de  cet  ouvrage;  constatons  seulement 
que  les  fascicules  se  suivent  avec  une  grande  rapidité. 

Celui  qui  vient  de  paraître  entame  Tétude  delà  chirurgie 
des  régions.  Il  étudie  les  maladies  de  la  tète  ou  rachis  de 
la  hce  et  du  cou.  Ces  dernières  ne  sont  pas  encore  tout  à 
fait  au  complet.  A.  Broga. 

♦ 

VARIÉTÉS 

Faculté  de  médecine  de  Paris.  —  La  chaire  de  clinique 
d'accouchements  de  la  Faculté  de  médecine  de  Paris  est 
déclarée  vacanle.  Un  délai  de  vingt  jours,  à  partir  du  30  mars, 
est  accordé  aux  candidats  pour  produire  leurs  litres. 

Cours  d'hyciène.  —  M.  le  professeur  Proust  a  commencé  son 
cours  le  jeudi  4  avril,  à  quatre  heures,  et  le  continuera  les 
samedis,  mardis  et  jeudis  suivants  dans  le  grand  amphithéâtre. 


Concours  de  Saint-Lazabe.  —  A  la  suite  du  concours  qu 
vient  d'avoir  lieu,  M.  le  docteur  Barthélémy,  ancien  chef  de  cli 
nique  à  Fhépital  Saint-Louis,  est  nommé  médecin  de  Tinfirmeri 
de  Saint-Lazare. 

Association  des  médecins  de  la  Seine.  —  L'assemblée  géni 
raie  de  l'Association  des  médecins  de  la  Seine,  fondée  par  Orlila 
aura  lieu  dimanche  prochain  7  avril,  à  deux  heures,  dans  1 
grand  amphithéâtre  de  la  Faculté  de  médecine. 

Ordre  au  jour:  IMeclure  du  compte  rendu  de  Texercice  18^ 
2*  élections  d'un  président,  de  deux  vice-présidents,  d'un  secr»- 
taire  général  ;  3<^  renouvellement  par  tirage  au  sort  de  la  Corn 
mission  générale. 

Les  sociétaires  oui,  par  suite  d'une  erreur  d\idrosse 
n'auraient  pas  reçu  ae  lettre,  sont  priés  de  considérer  le  présent 
avis  comme  une  convocation. 

Vaccinations  en  vue  de  l'Exposition.  —  L'ouverture  pro 
cbaine  de  l'Exposition  et  l'immigration  des  marchands  foraitu 
qu'elle  déterminera  nécessairement,  ont  attiré  rattentioii  dr 
M.  le  professeur  Proust,  qui  a  lu  et  fait  adopter,  par  le  Conseil 
d'hvgiène  de  la  Seine,  un  court  et  intéressant  rapport. 
M.  Proust,  après  avoir  signalé  des  cas  de  variole  introduite  par 
des  nomades  à  Mariffny-Marmande  et  à  Ghinon»  dans  Indre-el- 
Loire,  a  conclu  par  Tes  deux  résolutions  suivantes  :  l''  il  y  a  lieu 
de  vacciner  et  de  revacciner  tous  les  nomades,  mcircharulà 
forains,  baladins  et  saltimbanques  qui  vont  arriver  à  Paris  pour 
l'Exposition  universelle  ;  ^  aucune  installation  ne  pourra  être 
autorisée  sous  quelque  prétexte  que  ce  soit,  si  ces  individus  dc 
possèdent  pas  un  certiiicat  constatant  cette  vaccination  ou 
revaccination  récente. 


Société  médicale  des  hôpitaux  (séance  du  vendredi  iiavnl 
1889).  —  Ordre  du  jour:  M.  Grancher  :  A  roccasion  du  procès- 
verbal.  —  M.  Huchard:  Sur  un  nouveau  syndrome  des  maladies 
du  cœur:  Pembryocardie.  —  M.  Séglas:  Deux  cas  d'onoroalo- 
manie:  coexistence  chez  un  malade  de  Phystérie  et  d'une  variété 
spéciale  d'onomalomanie  (écholalie  mentale).  —  M.  Huchard: 
Les  emphysémateux  artériels.  —  M.  A.  Gombault:  Un  cas  de 
maladie  de  Morvan  :  eiamen  aualomique. 


Mortalité    a  Paris    Mi"    semaine,    du    17     au  !tô  mars 
1889.— Population:  2260945 habitant^.  —  Fièvre  typhoïde,!). 

—  Variole,  6.  —  Rougeole,  4G.  —  Scarlatine,  3.  —  Coque- 
luche, 5.  —  Dinhthérie,  croup,  45.  —  Choléra,  0.  —  Phthisie 
pulmonaire,  2 lu.  —  Autres  tuberculoses,  16.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  64;  autres,  7.  — Méningite,  42.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  62,  —  Paralysie,  9.  — 
Ramollissement  cérébral,  7.  —  Maladies  organiques  du  cœur, 00. 

—  Bronchite  aiguë,  31.  —  Bronchite  chronique,  61 .  —  Broncho- 
pneumonie, 41.  —  Pneumonie,  100. — Gastro-entérite:  seioJO: 
biberon,  28.  —  Autres  diarrhées,  4.  —  Fièvre  et  péritonite  puer-' 
pérales,  7.  —  Autres  affections  puerpérales,  0.  —  Débilité  coo« 
génitale,  24.  —  Sénilité,  28.  —  Suicides,  17.  —  Autres  mortlj 
violentes,  9.  —  Autres  causes  de  mort,  190.  —  Cause*' 
inconnues,  13.  —  Total  :  1160.  | 


ÛUVBAGES  OËPOSËS  AU  BUREAU  DU  JOURNAL 

Traité  de  pathologie  chirurgicale  tpéeiale,  |>ar  M.  le  profestciir  F.  Ka»ii)r.  <r»l«il 
do  rallemaod  d'après  la  4«  cidition,  par  M.  J.-M.  GenCe  (do  Genève,,  oumff 
précédé  d'une  introduction,  par  M.  Tcnrillon.  T.  II,  i"  faiciculc  1  vol.  in-^ 
avec  51  figures  intcrcalcos  dans  le  texte.  (II  paniil  un  (ascicule  tous  les  qii-KfS 
mois).  Paris,  E.  Locrusnicr  et  Babc.  "  ** 

Traité  élémentaire  d'hygiène  et  de  thérapeutique  de  VhyêtérU,  par  U.  le  docii»' 
G.  Tcrmci.  1  vol.  in-l.  Pari»,  E.  Lccroanicr  al  Babé.  ^  '^'i 

Traité  d^hUtotogie  pratique^  par  M.  J.  Renaut.  i*'  fascicule,  i  vol.  io-^  »«<^j 
iil  figures  dans  le  texte.  (L'ouvrage  complet  ^ora  publié  en  troi»  t*»emV'*à\ 
Paris,  E.  Lccrosnicr  et  Babé.  *  ' 

Itçont  tur  la  typhitis  vaccinale»  par  M.  le  professeur  Alfred  Fournicr,  •'c«^"'''|*.  j 
Ue.i  par  M.  le  docteur  P.  Portalicr.  1  vol.  in-8».  Paris,  E.  Locrosnicr  c(  Rjnt'- 1 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 


18793.  —  NoiTSROz.  —  Imprimeries  révniot,  A.  rue  liî|;Doa,  3.  P«r»- 


Trente-sixième  année 


N-  15 


12  Avril  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 

PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LB  D'  L.  LEREBOÏÏLLET,  Réoactkur  en  chef 

MM.  P.  BLACHEZ,  E.  BRISSAUD,  6.  DIEULAFOT,  DREYFUMRISAC,  FRANÇOIS-FRANCK,  A.  HÊNOCQUE,  A..J.  lARTIN.  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Likiboullet,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préféreuce) 


SOMMAIRE.  —  Bulletin.  Hyiîiknk.  —  Le  clviud'age  parle»  poêles  mobilou.— 
CoMKiBUTioNS  FHARMAiiRUTiQURi}.  Dcs  pominadc«  inucilngiiieuses.  —  Formu- 
laire tiiéhapbutiqub.  Du  traitement  du  prurit  sénile  {uir  les  composes  sali- 
ryliques.  —  Rbvub  DES  COURS  ET  DBS  CLiNiQCBS.  De  la  palpation  du  rein.  ~ 
Travaux  originaux.  Clinique  raédicalo  :  Sur  un  système  spécial  d'injection 
h)(H>dcrmique  do  certains  médicaments  irrifànls  ou  caustiques.  —  Sociétés 
sAVAKTBS.  Académie  des  sciences.  —  Académie  de  médecine.  —  Société  de 
rbinir^'ie.  —  Société  de  biologie.  —  Revue  des  jouhnaiix.  —  Bibliographie. 
Tniui  des  maladies  des  pays  chauds,  région  prétro-iropiciile.— VARIÉTÉS.  Nécro- 
lo^ne:  M.  ChcYreul-—  Association  générale  de  prévoyance  et  do  secours  mutuels 
<Jea  incdccins  de  France. 


BULLETIN 

Paris,  10  avril  1889. 
Académie  de    médecine  :  Trallcnien*  da  dUbète  aoerë. 

L'observation  de  deux'maiades,  atteints  de  diabète  sucré 
et  momentanément  guéris  sous  l'influence  de  Fantipyrine, 
a  soulevé  à  rÂcadéniie  une  courte  mais  très  inléressanle 
discussion.  En  rapportant  Ttiistoire  des  sujets  qu'il  a  pu 
opérer  de  la  cataracte  après  l'administration  de  l'antipyrine, 
.M.  P:mas  n'a  pas  manqué  de  faire  remarquer  que  le  sucre 
avait  reparu  dans  leurs  urines  de  deux  à  neuf  jours  après  la 
suppi*esi»ion  du  médicament.  C'est  bien  là  ce  qui  se  produit 
dans  l'immense  majorité  des  cas;  c'est  ce  que  M.  A.  Robin 
:i  nellemenl  mis  en  évidence  lorsqu'il  a  donné  le  résultat 
(l'ûbservalions  et  d'expériences  qu'il  poursuit  depuis  1887. 
Comme  HM.  G.  Sée,  Dujardin-Beaumelz  et  Panas,  comme 
tous  ceux  qui  ont  essayé  l'antipyrine  dans  le  traitement  du 
diubèle  sucré,  M.  A.  Robin  a  constaté  que  ce  médicament 
abaissait  notablement  et  rapidement  la  proportion  du  sucre 
lorsqu'il  était  prescrit  de  bonne  heure,  lorsqu'il  est  question 
d  un  diabète  peu  intense,  sans  amaigrissement  ni  azoturie, 
lorsque, enlin,  il  s'agit mome/ïtan^^menf  d'interrompre  1ère- 
[(ime  antidiabétique  et  de  le  remplacer  pour  quelques  jours 
par  une  médication  active.  L'antipyrine  peut  donc  devenir  une 
ressource  précieuse.  Elle  permet  de  suspendre  le  régime 
chez  les  diabétiques  qui  en  sont  fatigués,  et  cela  sans  que  la 
proportion  de  sucre  augmente  de  telle  sorte  qu'en  combi- 
nant le  régime  et  l'antipyrine,  associés  dans  une  sorte  de 
médication  alternante,  on  arrive  souvent  à  de  bons  résultats. 

U;\lons-nous  d'ajouter  qu'il  serait  inutile,  imprudent  et 
souvent  dangereux  de  continuer  longtemps  l'usage  de  l'an- 
tipyrine. M.  A.  Robin  déclare  qu'on  ne  saurait  dépasser  huit 
à  douze  jours  en  moyenne.  Ce  temps  écoulé,  il  faudra 
cesser  sou  usage  sous  peine  de  voir  s'installer  et  augmenter 
progressivement  une  albuminurie  transitoire,  il  est  vrai, 
Hiaisqui,  si  j'en  crois  deux  observations  personnelles,  peut 

î*  Still,  T.  iXVL 


durer  assez  longtemps.  D'autre  part,  l'antipyrine  ne  convient 
pas  aux  diabétiques  azoturiques  ou  phthisiques,  H.  G.  Sée 
l'affirme;  tous  les  observateurs  sont  d'accord  à  ce  point 
de  vue. 

Enfin,  et  c'est  là  une  remarque  sur  laquelle  il  convient 
aussi  d'insister,  s'il  est  des  malades  qui  supportent  bien 
l'antipyrine  et  chez  lesquels  ce  médicament  donne  des  ré- 
sultats favorables,  il  en  est  d'autres  qui  sont  réfractaires  à 
tous  les  points  de  vue,  c'est-à-dire  qui  ne  peuvent  digérer 
3  grammes  d'antipyrine,  alors  même  qu'on  additionne  le 
médicament  de  bicarbonate  de  soude  ou  d'eau  de  Vichy, 
qui  éprouvent  rapidement  de  la  gastralgie,  des  vertiges,  de 
la  pâleur  du  visage,  des  brûlures  avec  érythème  scarlatini- 
forme  aux  bras  et  à  la  face,  etc.,  etc.  Chez  ces  malades 
l'antipyrine  n'agit  ni  contre  la  migraine,  ni  contre  les  dou- 
leurs névralgiques.  Elle  n'influence  que  peu  la  glycosurie. 
Mais,  alors  même  que  la  proportion  de  sucre  diminuerait, 
l'intolérance  absolue  du  médicament  devra  faire  renoncera 
son  emploi. 

M.  A.  Robin  nous  donne  de  plus  un  moyen  déjuger  les 
efl'ets  de  l'antipyrine  en  mesurant  la  densité  des  urines. 
Lorsque,  au  fur  et  à  mesure  que  la  quantité  de  sucre 
s'abaisse,  la  densité  de  l'urine  diminue  ou  tout  au  moins 
reste  stationnaire,  l'antipyrine  a  un  effet  favorable.  Si,  la 
quantité  diminuant,  la  densité  tend  à  s'élever,  il  faut  immé- 
diatement cesser  l'antipyrine. 

Par  ce  court  résumé  de  la  discussion  académique,  on  voit 
tout  à  la  fois  quels  sont  les  avantages  de  l'antipyrine  et 
quels  sont  ses  dangei*s.  L'antipyrine  n'est  pas  un  spécifique 
du  diabète.  Comme  l'a  bien  dit  M.  J.  Worms,  il  existe  quel- 
ques autres  médicaments,  en  particulier  le  sulfate  de  qui- 
nine, qui  donnent  parfois  des  résultats  semblables.  Mais, 
de  plus,  le  diabète  est  un  trouble  général  de  la  santé,  un 
vice  de  la  nutrition  qui  ressortit  à  des  causes  diverses  et 
qui,  par  conséquent,  nécessite  dans  ses  formes  multiples 
des  médications  différentes.  Longue  serait  l'énumération  des 
agents  thérapeutiques  que  l'on  a  maintes  fois  cités  comme  de 
nature  à  guérir  les  diabétiques.  L'arsenic  si  souvent  vanté 
réussit,  je  crois  pouvoir  l'affirmer,  bien  plus  souvent  que 
l'antipyrine  et  peut  être  longtemps  prescrit  sans  causer  au- 
cun dommage,  sans  provoquer  l'intolérance.  L'opium  et  la 
valériane  abaissent  momentanément  la  glycosurie  et  pour 
un  temps  bien  plus  long  la  polyurie.  Le  bromure  de  potas- 
sium et  la  glycérine  conviennent  aux  diabètes  peu  intenses 
et  d'origine  nerveuse.  Ce  n'est  point  à  dire  pour  cela  que 
l'antipyrine  —  voire  même  l'exalgine  —  ne  puissent  rendre 
des  services.  Il  convient  de  les  prescrire,  comme  le  dit 

15 


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N-  i$- 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


12  Avril  1889 


M.  A.  Robin,  lorsqu'il  faut  suspendre  pendant  quelques 
jours  le  réginoe  toujours  utile  aux  diabétiques.  Il  convient 
d'associer  le  régime  et  les  autres  médications  à  remploi  de 
l'antipyrine.  Mais  il  ne  faut  point  croire  que  Tantipyrine 
convienne  à  tous  les  cas  de  diabète  et  guérisse  toujours. 

—  La  discussion  sur  les  poêles  mobiles  se  précise  de 
plus  en  plus.  Tous  les  orateurs  qui  ont  pris  hier  la  parole 
ont  été  d*accord  pour  reconnaître  les  dangers  de  ces  appa- 
reils, et  combien  leur  fonctionnement  estdélicat.  Tous  aussi 
ont  pris  soin  d'énumérer  les  précautions  à  prendre,  et,  en 
Tabsence  de  moyens  légaux  de  coercition,  ils  ont  émis  l'es- 
poir que  le  public^  mieux  informé,  ne  manquerait  pas  de  se 
conformer  à  des  conseils  aussi  autorisés.  Parmi  ceux-ci,  il 
en  est  malheureusement  quelques-uns  qui  sont  d'une  réa- 
lisation difficile,  puisqu'ils  mettent  eu  Jeu  non  seulement 
la  bonne  volonté  du  possesseur  de  l'appareil,  mais  encore  la 
surveillance  du  propriétaire  de  l'immeuble  ou  même  celle 
des  voisins.  D'autre  part,  la  législation  est  nulle  à  cet  eiïet, 
et  la  réglementation  insuffisante.  On  trouvera  plus  loin 
l'appréciation  des  difficultés  que  soulève  cette  question 
complexe.  L'Académie  ne  voudra  sans  doute  pas  les  laisser 
sans  solution. 


HYGIÈNE 

Le  chaaffaffe  par  les  poêles  mobiles. 

La  discussion  actuellement  rouverte  devant  l'Académie 
de  médecine  sur  les  avantages  ou  les  dangers  du  chauffage 
des  habitations  par  des  poêles  mobiles  soulève  un  certain 
nombre  de  questions  qui  intéressent  à  la  fois  les  médecins, 
les  ingénieurs,  les  architectes  et  surtout  le  public,  qui  est 
appelé  en  fin  de  compte  à  recueillir  les  bénéfices  ou  à  sup- 
porter les  inconvénients  des  modes  de  chauffage  qu'on  lui 
propose.  On  a  à  peu  près  rappelé  tout  ce  qu'il  y  avait  à  dire 
sur  la  nature  des  accidents  observés  à  la  suite  des  intoxica- 
tions oxycarbonées  produites  par  l'usage  imprudent  des 
poêles  mobiles,  ainsi  que  sur  les  précautions  à  prendre. 
Aussi  convient-il,  avant  de  prendre  une  décision  sur  cette 
difficile  question,  de  définir  les  conditions  nécessaires  et 
suffisantes  que  doit  remplir  un  système  de  chauffage  pour 
être  vraiment  efficace  tout  en  restant  salubre,  de  même 
qu'il  n'est  pas  sans  intérêt  de  rechercher  si  nos  habitations 
actuelles  se  prêtent  à  l'installation  et  au  fonctionnement 
d'un  tel  système. 

I 

Aux  termes  de  la  définition  très  complète  et  très  précise 
d'Arnould,  «  le  chauffage  doit  procurer  le  degré  de  tempé- 
rature le  plus  favorable  à  la  santé,  le  donner  d'une  façon 
continue  et  égale  dans  le  temps  et  dans  l'espace,  ne  pas 
altérer  les  propriétés  physiques  de  l'air,  spécialement 
l'hygrométricité,  ne  pas  y  introduire  d'impuretés,  n'exposer 
à  aucun  accident,  être  économique  j^.  Et  il  faut  surtout 
remarquer,  ainsi  que  l'enseigne  si  judicieusement  Emile 
Trélat,  que  dans  la  maison  de  grande  ville  aussi  bien  que 
dans  tous  les  autres  abris  clos,  <(  le  séjour  devient  malsain  : 
1''  par  le  seul  fait  d'une  occupation  continue  quand  on  n'a 
pas  pris  le  soin  d'y  installer  une  abondante  circulation  d'air 
pur -^2"   lort^que  les  matériaux  de  la  cunslruclidn   et  les 


meubles  qui  l'occupent  ne  sont  pas  pourvus  d'une  quan^ 
tité  convenable  de  calorique  ».  C'est  pourquoi  l'air  que  noa.^ 
respirons  doit  dans  tous  les  cas  rester  pur  et  aussi  frais  que 
possible. 

Nous  emprunterons  encore  à  Emile  Trélat,  celui  de  tous 
nos  sanitaires  qui  a  fait  faire  le  plus  de  progrès  à  celte 
partie  de  l'hygiène  des  habitations,  l'exposé  des  i'on>é- 
quences  qu'entraîne  cette  double  condition,  exposé  qui 
résume  ses  cours  du  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers  et  la 
longue  série  de  communications  et  de  conférences  quila 
faites  sur  ce  sujet  depuis  longtemps  déjà.  Lorsque  nous 
sommes  en  plein  air,  fuit-il  remarquer,  surtout  à  la  campagne, 
l'atmosphère  qui  nous  environne  se  nettoie  incessamment 
et  aussitôt  qu'elle  se  salit,  car  notre  corps  dépense  autour 
de  lui,  par  voie  de  rayonnement  calorifique,  une  partie  de 
la  chaleur  qu'il  produit  intérieurement  ;  ce  rayonnemeul 
calorifique,  jointà  la  température  des  gaz  expirés,  détermine 
un  courant  atmosphérique  ascendant  autour  des  i^diYidu^ 
et  dans  ce  courant  sont  emportés  l'acide  carbonique  et  la 
vapeur  d'eau  chargée  des  matériaux  organiques  exhalés. 
Aussi  est-il  indispensable,  lorsque  nous  occupons  de:^ 
habitations  closes,  d'y  assurer  artificiellement  le  renou- 
vellement de  l'air;  plus  les  communications  seront  ïmk^ 
avec  l'atmosphère  extérieure,  plus  elles  seront  actives,  plus 
il  y  aura  de  salubrité  à  l'intérieur.  Il  faut  aussi  que  ce^ 
communications  soient  aussi  immédiates  et  directes  que 
possible,  puisqu'il  faut  respirer  de  l'air  frais,  celui-ci  étrnt 
le  plus  favorable  à  la  santé.  Lavoisier  a,  en  effet,  démonlri' 
qu'à  26'',25  on  consomme  41  parties  d'oxygène,  tandis  quà 
12%55  ce  chiffre  s'élève  à  12,  d'où  il  résulte  qu'à  oxydation 
égale  des  poumons  ou  à  production  de  chaleur  égale,  il  faut 
que  le  même  individu  fasse  11  inspirations  si  l'air  esià 
26%25  et  12  s'il  est  à  12%5.  Ainsi,  sous  un  même  volume. 
l'air  chaud  contient  moins  d'oxygène  que  l'air  froid;  il esl 
donc  moins  efficace  à  la  respiration  ;  eu  outre,  plus  Tair  e^l 
chaud,  plus  il  peut  contenir  de  vapeur  d'eau  avant  des*' 
saturer;  plus  la  place  de  l'oxygène  y  est,  par  suite,  réduite 
Il  faut,  il  est  vrai,  compter  avec  les  conditions  climatêri- 
ques  au  milieu  desquelles  nous  vivons,  mais  elles  n'ont  p 
assez  d'influence  dans  nos  contrées  pour  que  ces  principe> 
n'en  doivent  pas  moins  régler  la  salubrité  de  nos  habi- 
tations. 

On  doit  aussi  songer,  suivant  un  axiome  bien  connu,  roai> 
difficilement  accepté,  que  le  meilleur  moyen  de  se  bien 
chauffer,  consiste  à  ne  pas  se  refroidir;  en  d'autres  termes, 
comme  on  l'a  dit,  si  une  maison  ne  se  refroidissait  pas  en 
hiver,  il  serait  superflu  de  la  chauffer;  or,  comme  abstrac- 
tion faite  de  la  ventilation  nécessaire,  les  seules  causes  de 
refroidissement  proviennent  de  l'enveloppe,  il  suflil  de 
donner  à  cette  enveloppe  autant  de  chaleur  que  les  influence^ 
extérieures  lui  en  prennent,  suivant  la  juste  remarque  de 
Somasco.  Il  ne  faudrait  donc  pas,  ou  le  moins  possible, 
élever  la  température  de  l'air  dans  la  maison,  maischaufler 
nos  murs,  nos  parquets,  maintenir  à  une  température  con- 
venable tout  le  matériel  qui  nous  environne,  restituer  arti- 
ficiellement aux  murailles  la  chaleur  qui  leur  manque  el 
avoir  à  notre  portée  un  foyer  brillant,  rayonnant  de 
chaleur  lumineuse,  ardente.  De  là,  pour  les  habitations 
particulières,  les  avantages  d'appareils  envoyant  aussiioi 
les  produits  de  la  combustion  au  dehors,  et  n'enlevant  que 
le  moins  possible  des  qualités  normales  de  Tair  qui  nou> 
entoure. 

Or,  commeut  nous  chauftuns-nous  d'ordinaire?  bui\ant 


Ik 


M  Avril  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N«  IS  —    235 


les  climats^  la  préférence  élait  jusqu'ici  donnée  soit  à  la 
cheminée,  soit  au  poêle  fixe.  Avec  le  premier  de  ces  appa- 
reils, il  convient  d'avoir  de  vastes  salles,  pourvues  de  foyers 
sans  cesse  alimentés  abondamment  et  de  se  garantir  contre 
les  courants  d*air  entre  les  fentes  de  la  porte,  des  fenêtres 
elTouverture  de  la  cheminée.  Si  le  foyer  ne  marche  pas,  la 
famée  est  refoulée  à  Fintérieur;  d'autres  fois  la  combustion 
adive  du  foyer  et  le  tirage  énergique  de  la  cheminée  font 
violemment  pénétrer  Tair  par  les  fissures  des  fentes  et 
de  la  porte,  de  façon  à  glacer  au  passage  les  personnes. 
Il  faut  «  des  soufflets  pour  faire  marcher  le  feu  »,  sinon  les 
habitants  risquent  tout  au  moins  des  rhumes  de  cerveau. 
Tout  autres  sont  les  inconvénients,  et  souvent  les  dangers, 
avec  Tusage  des  poêles,  lorsqu'ils  ne  sont  pas  accompagnes 
d'an  appareil  spécial  pour  renouveler  l'air  de  la  pièce 
habitée,  f  L'atmosphère  intérieure  se  corrompt,  la  tempé- 
rature s'élève,  la  respiration  devient  maladive,  parce  que, 
malgré  son  excitation,  elle  n'introduit  aux  poumons  que  de 
ialr  trop  pauvre  en  oxygène  ou  chargé  de  matériaux 
((Cliques.  Dans  un  tel  milieu  on  gagne  pour  le  moins  mal  à 
I  la  lèle.  »  Et  cependant  c'est  cette  solution  qui  tendrait  à 
'  l'emporter  si  les  progrès  de  l'éducation  publique  ne  parve- 
naient pas  à  en  faire  justice. 

Ce  qui  a  conduit  à  l'usage  des  poêles,  c'est  avant  tout  une 
question  d'économie  de  combustible.  Dans  les  pays  tout  à 
ÎAii  septentrionaux,  on  a  pu  en  tirer  parti  sans  nuire  d'une 
farontrop  flagrante  à  la  salubrité  des  habitations;  dans  ce 
but  on  les  a  connpiétés  par  des  introductions  d'air  spéciales 
pour  la  respiration  ;  on  s'est  ingénié  à  les  faire  chauffer  le 
plus  possible  par  rayonnement  et  ne  ventiler  que  par 
extraction  ;  on  a  usé  pour  leur  construclion  de  matériaux 
qui  leur  permettent  de  ne  pas  modifier  sensiblement  l'airdes 
appartements.  Mais  comme  les  poêles  simples,  en  tôle,  en 
fonte,  en  faïence  ou  en  briques  nécessitaient  encore  une 
dépense  assez  considérable  de  combustible,  on  a  poussé 
jusqu'à  la  dernière  limite,  jusqu'à  l'absurde,  serait-on 
presque  tenté  de  dire,  les  conséquences  des  idées  de  Péclet. 
Un  est  ainsi  peu  à  peu  parvenu  à  construire  tous  ces  appa- 
reils portatifs,  si  divers  et  si  variés,  sans  tuyau  ou  munis 
d'un  tuyau  très  court;  ils  sont  destinés,  il  est  vrai, 
comme  le  fait  observer  Arnould,  <  à  être  mis  en  corn- 
iimnication  avec  une  cheminée,  mais  dont  le  tirage  reste 
nul  si  la  cheminée  elle-même  tire  mal,  soit  par  défaut 
de  construction,  soit  parce  que  la  température  reste  basse 
dans  son  intérieur  >.  Péclet  avait  déjà  remarqué  qu'une 
bonne  cheminée  d'appartement,  envisagée  comme  appa- 
reil de  chauffage,  ne  rend  qu'un  effet  utile  de  5  ou 
^)  pour  100,  la  fumée  emportant  et  perdant  dans  Tatmo* 
sphère  les  95  centièmes  des  calories  produites  par  le  foyer. 
iVendre  ces  calories  au  travers  de  l'enveloppe  du  combus- 
tible, les  recueillir  et  les  amener  dans  le  local  à  chauffer, 
tel  était  le  problème;  tant  que  le  foyer  continuait  à  rayonner 
de  la  chaleur  lumineuse,  les  procédés  économiques  employés 
n'avaient  que  fort  peu  d'inconvénients;  mais  il  n'en  a  plus 
été  de  même  lorsqu'il  s'est  agi  d'appareils  €  ayant  pour 
rôle  unique  de  fournir  dans  le  lieu  habité  des  calories 
sombres  portées  par  l'air  ». 

C'est  à  l'époque  de  l'Exposition  universelle  de  Paris, 
en  1878,  que  la  vogue  du  poêle  mobile  a  commencé  à 
devenir  générale  en  France.  Peu  de  temps  après  cependant, 
"^es  dangers  ne  tardaient  pas  à  être  signalés,  car,  dès  le 
-8 janvier  1880,  iM.  Le  Roy  de  McricDurt  rapportait  à  la 


Société  de  médecine  publique  de  graves  accidents  dus  à 
son  usage;  l'attention  publique  fut  éveillée  dès  ce  moment 
sur  les  précautions  à  prendre.  On  n*en  a  pas  moins  constaté 
des  asphyxies  de  plus  en  plus  fréquentes  à  mesure  que  se 
multipliait  l'emploi  de  ces  appareils  et  malgré  des  reconi- 
mandations  expresses  très  souvent  renouvelées.  Aujourd'hui, 
et  il  suffit,  pour  s'en  convaincre,  de  suivre  la  discussion  de 
l'Académie  de  médecine,  discussion  que  nous  ne  voulons 
pas  reprendre  ici,  le  doute  n'est  plus  permis:  les  poêles 
mobiles  sont  dangereux.  Le  sont-ils  toujours?  Peut-on  se 
préserver,  de  ces  dangers,  par  des  précautions  et  une  sur- 
veillance convenable?  Ou  convient-il,  si  cela  est  impossible, 
d'aller  jusqu'à  en  demander  la  proscription  absolue?  Telles 
sont  les  seules  questions  sur  lesquelles  les  avis  divergent. 

II 

Les  conditions  exigées  pour  éviter  les  dangers  des  poêles 
mobiles  sont  de  deux  ordres  :  elles  tiennent,  d'une  part,  à 
la  marche  même  de  l'appareil,  à  ses  dispositions  essen- 
tielles; elles  dépendent,  d'autre  part,  du  milieu  dans  lequel 
ils  sont  placés.  Dès  1880,  M.  Du  Souich  faisait  ressortir,  dans 
un  rapport  soumis  à  l'approbation  du  Conseil  d'hygiène 
publique  et  de  salubrité  de  la  Seine,  que  les  avantages  éco- 
nomiques de  ces  appareils  sont  malheureusement  com- 
pensés par  les  inconvénient  suivants  :  1°  l'épaisseur  de  la 
couche  de  combustible  est  si  grande,  le  tirage  est  si  minime, 
que  la  plupart  produisent  une  grande  proportion  d'oxyde  de 
carbone;  les  produits  de  la  combustion  sont  donc  non  seu- 
ment  irrespirables  dans  l'espèce ,  mais,  en  outre,  ils  consti- 
tuent un  poison  d'une  extrême  activité,  dont  on  connaît  tous 
les  effets,  tantôt  insidieux,  tantôt  foudroyants.  2^  Le  tirage, 
intentionnellement  réduit  au  minimum,  exige  une  disposi- 
tion soignée  et  constamment  bien  entretenue  des  conduits 
et  cheminées  dans  lesquels  se  rendent  les  produits  de  la 
combustion;  il  faut  ordinairement  les  munir  de  clapets 
régulateurs  et  d'appareils  indicateurs,  d'un  fonctionnement 
assez  délicat  et  dont  les  intéressés  se  préoccupent  fort  peu 
en  général.  Dès  qu'une  cause  fortuite,  obstruction,  soleil, 
grand  vent,  en  trouble  le  fonctionnement,  le  tirage  se  ren- 
verse et  l'oxyde  de  carbone  se  déverse  dans  l'intérieur  des 
pièces  qu'il  s'agit  de  chauffer.  Le  même  accident  peut  se 
produire  quand  on  déplace  sans  précaution  un  appareil 
mobile  pour  le  greffer  sur  une  cheminée  encore  froide,  ou 
quand  une  cheminée  voisine,  dans  le  même  appartement, 
est  sous  le  régime  d'un  tirage  un  peu  énergique.  3'  Enfin, 
ces  appareils  sont  munis  d'un  couvercle  masquant  une 
ouverture  de  chargement  du  combustible  et  la  fermeture 
que  doit  procurer  ce  couvercle  est,  en  général,  loin  d'être 
hermétique;  il  y  a  là  encore  une  cause  de  dégagement  dan- 
gereux d'oxyde  de  carbone. 

L'expérience  n'a  que  trop  montré,  depuis,  combien  ces 
observations  étaient  justes.  Chacun  s'accorde  à  dire  que  le 
principal  inconvénient  des  poêles  mobiles  c'est  leur  mobi- 
lité, et  cela  non  seulement  pour  ceux  qui  s'en  servent, 
mais  encore  pour  les  voisins.  La  plupart  des  accidents 
observés  sont  dus,  en  effet,  à  la  présence  des  causes  de  dan- 
ger que  nous  venons  d'énumérer  ou  à  la  disposition  vicieuse 
des  conduits  de  cheminée,  par  l'intermédiaire  desquels  les 
voisins  reçoivent,  sans  pouvoir  s'en  préserver,  les  gaz  toxi- 
ques produits  par  le  poêle.  Les  orateurs  qui  ont  d«  jà  pris  la 
parole  à  l'Académie  en  ont  fourni  d'assez  nombreux  exem- 
ples. Ainsi  qu'un  de  nos  ingénieurs  sanitaires  les  plus  com- 


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GAZETTE  HEBDOMAi)AIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


i2  Avril  1889 


pélents  voulait  bien  nous  le  déclarer  récemment,  si  favo- 
rables que  puissent  être  les  conditions d'élablissementd'un 
corps  de  cheminée,  il  n'en  faudrait  pas  mpins,  à  cha- 
que déplacement  d'un  poêle  mobile,  procéder  à  une  vérifi- 
cation et  prendre  des  précautions  spéciales  si  on  veut  être 
sûr  du  tirage,  il  suffit  que  ces  précautions  quotidiennes  ne 
soient  pas  observées  rigoureusement  pour  que  l'existence 
des  voisins  soit  menacée,  sans  qu'ils  puissent  d'ailleurs  rien 
faire  pour  se  défendre  et  sans  qu'ils  se  doutent  même  du 
péril  qui  les  menace.  A  lui  seul  déjà  cet  argument  suffit 
pour  montrer  que  l'immobilité  des  appareils  s'impose.  La 
fixité  offre  les  meilleures  chances  d'échauffement  du  corps 
de  cheminée,  échauffement  qui  crée  la  dépression  néces- 
saire au  tirage  et  rend  inoffensif  le  dégagement  des  gaz 
oxy-carbonés.  Qu'on  ne  croie  pas,  d'autre  part,  que  Tétan- 
chéité  du  coffre  de  cheminée  dans  la  traversée  des  étages 
soit  facile  à  réaliser;  un  tassement,  un  clou  mal  planté  dans 
la  pose  du  parquet  ou  d'une  moulure  suffisent  pour  donner 
lieu  aux  fissures  par  où  s'insinuent  les  gaz.  Donc,  un  coffre 
de  cheminée  distinct,  établi  suivant  les  règlements  en  vi- 
gueur et  la  fixité  du  poêle,  ainsi  que  l'absence  de  toute 
ouverture  quelconque,  munie  ou  non  d'une  vénielle  auto- 
matique, telles  sont  les  premières  conditions  essentielles  et 
obligatoires  de  la  sécurité  de  chacun.  Sv  celhès-ci  peuvent 
être  à  la  rigueur,  et  grâce  aune  surveillance  continue,  réa- 
lisées dans  les  habitations  occupées  par  des  gens  aisés,  il 
n'en  est  plus  de  même  dans  les  logements  des  classes  moins 
fortunées  et  dans  ceux  des  pauvres  ;  or,  l'économie  de  ces 
appareils  en  rend  l'usage  encore  plus  tentant  pour  ces  der- 
niers. Aussi  ne  saurait-on  s'étonner  de  ces  accidents 
d'asphyxie  de  plus  en  plus  fréquents,  surtout  dans  les  mai- 
sons où  les  habitants  n'occupent  que  des  petits  logements 
et  dans  lesquelle*;  les  conduits  de  famée  abondent  dans  les 
murs  séparatifs.  Mais  combien  pjus  nombreux  encore  sont 
les  malaises  légers,  plus  ou  moins  prolpngés  et  répétés, 
ainsi  que  tous  les  désordres  de  l'anémie  due  ad  séjour,  for- 
cément prolongé  pour  certaines  classes  de  la  population  et 
non  les  moins  intéressantes,  dans  l'atmosphère  surchauffée, 
fade,  lourde  et  énervante  des  appartements  que  chauffent 
ces  appareils  ! 

Afin  de  remédier  à  un  tel  étal  de  choses,  le  Conseil  d'hy- 
giène de  la  Seine  vient,  sur  le  rapport  de  M.  Michel  Lévy,  donl 
M.  Léon  Colin  rappelait  les  conclusions  il  y  a  huit  jours  à 
l'Académie,  de  proposer  de  modifier,  dans  un  sens 
plus  restrictif,  les  conseils  insérés  dans  Tlnslniction  de 
1880,  et  de  dire  notamment  :  qu'il  y  a  lieu  de  proscrire  for- 
mellement l'emploi  des  poêles  mobiles  dans  les  chambres 
à  coucher  et  dans  les  pièces  adjacentes;  de  garantir  le  tirage 
par  des  tuyaux  ou  cheminées  d'une  section  utile  et  d'une 
hauteur  suffisante,  complètement  étanches,  ne  présentant 
aucune  fissure  ou  communication  avec  les  appartements 
contigus  et  débouchant  au-dessus  des  fenêtres  voisines  ;  les 
orifices  de  chargement  doivent  être  clos  d'une  façon  hermé- 
tique, et  il  est  nécessaire  de  ventiler  largement  le  local, 
chaque  fois  qu'il  vient  d'être  procédé  à  un  changement  de 
combustible,  etc.,  etc. 

in 

Ces  prescriptions  sont  des  plus  rationnelles;  mais  il  n'est 
malheureusement  pas  difficile  de  reconnaître  qu'avec  la 
plupart  des  systèmes  de  poêles  mobiles  actuellement  usi- 
tés, elles  sont  inexécutables  dans  leur  ensemble,  sinon  dans 
quelques-uns  de  leurs  détails;  et  l'on  conçoit  aisément  que 


M.  Léon  Colin,  après  les  avoir  énumérées,  ait  conclu  qu'il 
fallait  interdire  rigoureusement  l'emploi  de  ces  appareils 
dans  tous  les  établissements  collectifs,  dépendant  des  admi- 
nistrations publiques,  tels  que  les  écoles,  les  hôpitaux,  les 
casernes,  les  bureaux,  etc. 

Il  n'en  pourrait  être  de  même  dans  les  habitations 
particulières.  Pour  ceux-ci,  dans  l'état  actuel  de  notre 
législation,  qui  laisse  une  si  grande  latilude  aux  habitudes 
d'insalubrité  et  permet  aux  propriétaires  démettre,  en  quel- 
que sorte,  la  mort  en  location,  il  faut  s'attendre  à  n'obtenir 
aucune  mesure  préventive  efficace.  Un  jurisconsulte  admi- 
nistratif écrivait,  en  1880,  que«  l'industrie  du  fabricant  de 
poêles  est  affrantBie  de  toute  réglementation  légale,  d'au- 
tant que  ce  qui  se  passe  dans  son  magasin  même,  à  savoir 
la  mise  en  vente  et  la  vente  de  l'appareil  de  chauffage,  n'a 
rien  en  soi  de  compromettant  pour  la  salubrité;  les  incon- 
vénients du  poêle  mobile  ne  se  révèlent  que  plus  tard,  s'il 
en  est  fait  un  usage  imprudent,  et  cet  usage  a  lieu  dans 
des  emplacements  où  la  surveillance  de  l'autorité  n'a  pa:>;i 
s'exercer  J5>.  Il  n'y  a  rien  à  reprendre  à  ces  observations, 
dont  nous  avons  pu  récemment  apprécier  toute  la  correc- 
ttan  juridique;  c'est,  on  le  voit,  la  théorie  habituelle  de  la 
liberté  du  suicide  en  matière  d'hygiène  et  de  salubrité!  On 
objectera,  il  est  vrai,  que  Ton  peut,  au  moins  dans  les  mai- 
sons à  construire,  exiger  pour  les  conduits  de  fumée  djs 
dispositions  telles  que  les  appareils  de  chauffage,  quels 
qu'ils  soient,  offrent  le  moins  de  dangers  possible;  mais 
qui  peut  assurer  et  garantir  la  persistance  de  ces  dispositions 
toujours  sujettes  à  des  modifications  contre  lesquelles  ni 
la  loi  ni  la  jurisprudence  n'offrent  aucune  garantie,  et  ne 
voit-on  pas,  par  les  considérations  qui  précèdent,  que  les 
poêles  mobiles  sont  toujours,  toutes  choses  égales  d'ail- 
leurs, et,  quoi  qu'il  arrive,  les  plus  dangereux  des  appareils 
de  chauffage. 

Quoiqu'il  en  soit,  si  l'on  ne  peut  être  ici  que  très  circon- 
spect au  point  de  vue  de  la  réglementation,  puisqu'on  ne 
peut  uniquement  défendre,  par  exemple,  l'emploi  de  tel  ou 
tel  appareil  parcequ'il  dégage  de  l'oxyde  de  carbone,  atlendu 
que  beaucoup  d'autres  très  usités  en  produisent  aussi  et 
sans  inconvénient,  on  peut  néanmoins  prendre  certaines 
précautions  dont  une  des  plus  importantes  consiste  à  sup- 
primer la  clef  de  réglage  du  luyau  de  sortie  du  gaz,  comme 
le  voudrait  M.  Vallin.  Il  conviendrait,  en  tout  cas,-  de  dire  au 
public  de  se  méfier  des  poêles  dans  lesquels  les  gaz  se  dé- 
gagent au  travers  d'une  épaisse  couche  de  combustible,  de 
choisir  plutôt  les  appareils  dans  lesquels  l'airde  combustion 
Iraverse  simplement  une  faible  épaisseur  de  charbon  et  de 
toujours  préférer  un  feu  clair  et  vif  aune  combustion  lente. 
Ainsi,  on  a  non  seulement  une  moindre  proportion  d'oxjde 
de  carbone,  mais  la  production  d'acide  carbonique  ainsi 
obtenue  dégage  pour  une  même  quanUté  de  charbon  brûle 
plus  de  trois  fois  autant  de  chaleur  que  l'oxyde  de  carbone. 
En  admettant  même  qu'à  surface  de  chauffe  égale  c'est  plu- 
tôt la  cheminée  que  l'habitation  qui  profite  de  l'excédent  de 
chaleur  produit,  le  chauffage  de  la  cheminée  est  un  élément 
capital  de  sécurité. 

Il  est  d'ailleurs  des  poêles,  même  mobiles,  dont  le^ 
inventeurs  se  sont  rapprochés,  dans  ces  derniers  temps,  do 
ces  conditions  ;  ces  appareils  sont  assurément  plus  accep- 
tables, au  moins  pour  les  personnes  qui  peuvent  en  surveiller 

soigneusement  l'usage. Tandis  que,  pour  tous  les  poêles  mo- 
biles sansfoyer  apparent,  il  nous  paraît  impossible  d'obtenir, 
dans  la  très  grande  majorité  des  cas,  Tcwcntion  des  prescrip- 


H  Avril  i889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  NM5  —    237 


lions  si  nombreuses  exigées  par  ceux-là  mêmes  qui  sont 
d'avis  que  l'usage  en  soit  libéralement  toléré.  Quant  à  ceux 
qui  pensent  que  ces  prescriptions  sont  irréalisables  et  que 
c'est  aux  pouvoirs  publics  qu'il  appartient  de  veiller  à  ce 
i[iie  (les  procédés  de  chauffage  dangereux  ne  puissent  pas 
lire  mis  en  usage,  ils  doivent  reconnaître  tout  d*abord  que 
notre  législation  ne  renferme  aucune  disposition  qui  per- 
mette à  Tautorité  d'intervenir  efficacement;  cette  législa- 
tion est  tout  entière  à  faire.  La  loi  ne  permet  pas  la  vente 
d'une  substance  toxique  au  point  de  vue  alimentaire,  mais 
elle  ne  défend  pas  la  vente  d'un  appareil  qui  peut  déter- 
miner rintoxication  par  la  voie  atmosphérique.  Quant  à  la 
législation  sur  les  logements  insalubres,  on  connaît  assez 
son  insuffisance  et  son  incohérence  pour  être  certain  qu'elle 
ne  peut  prémunir  contre  les  accidents  dus  à  l'usage  d'ap- 
pareils de  chauffage  défectueux.  Reste  la  responsabilité  du 
propriétaire  de  Timmeuble,  dont  les  conduits  de  fumée 
son  en  mauvais  état,  ou  bien  l'exercice  du  droit  commun 
à  l'égard  d'un  préjudice  causé;  mais  comment  y  compter, 
alors  que  cette  responsabilité  est  partagée  par  le  possesseur 
lui-même  de  l'appareil  incriminé,  que  les  précautions 
reconnues  indispensables  sont  aussi  minutieuses  et  que 
rien,  dans  la  législation,  ne  permet  d'en  exiger  l'appli- 
cation ! 

Les  questions  que  soulève  l'usage  des  poêles  mobiles  sont, 
on  le  voit,  nombreuses  et  complexes.  Au  point  de  vue  de 
la  réglementation,  il  en  est  plusieurs,  et  des  plus  impor- 
lr.i)ts,  qui  sont  même  insolubles,  à  moins  de  demander  une 
léjrislation  spéciale  que  beaucoup  de  bons  esprits  ne  sont 
pas  loin  de  désirer  dans  l'intérêt  public.  Sinon,  il  y  a  lieu 
(le  multiplier  lesconseils,  quelle  que  soit  l'insuffisance  indis- 
< niable  de  leur  sanction,  et  de  proclamer  bien  haut  les 
dangers  auxquels  exposent  ceux  de  ces  appareils  qui  ne  fonc- 
tionnent économiquement  qu'aux  dépens  de  la  santé  de 
ceux  qui  s'en  servent  et  surtout  de  celle  des  voisins. 

A.-J.  Martin. 


CONTRIBUTIONS  PHARMACEUTIQUES 

Des  pommade»  muellagfineases. 

On  présente  aujourd'hui  comme  nouvelle  la  méthode 
thérapeutique  de  M.  le  professeur  Unna,  qui  consiste  à 
appliquer  sur  la  peau  des  enduits  gélatineux.  Or  il  est 
arrivé  très  fréquemment  à  tous  les  pharmaciens  de  recevoir 
(les  formules  qui,  si  elles  avaient  été  bien  comprises, 
auraient  fourni  des  produits  analogues.  Je  veux  parler  des 
tormulesde  pommades  contenant  de  la  gomme  adragante. 
Olles-ci  seraient  mucilagineuses  si  le  médecin  avait  le 
soin  d'ajouter  de  l'eau  à  sa  prescription  ou  encore  si,  voulant 
obéir  aux  indications  fournies  au  lieu  de  s'en  tenir  à  la 
lettre  de  la  formule  indiquée,  le  pharmacien,  sachant  que 
la  gomme  adragante  ne  fournit  du  mucilage  qu'avec  de  l'eau, 
prenait  sur  lui  d'ajouter  ce  liquide  à  sa  préparation. 

Pour  mieux  préciser  ma  pensée,  j'indiquerai  ici  une 
formule  de  ce  genre  : 

Vaseline 30  grammes. 

Glycérine  et  gomme  adragante,  ââ. . . .  5         — 

Oxyde  de  zinc i         — 

Teinture  de  benjoin  de  Siam XXX  gouttes. 


En  exécutant  cette  préparation  on  aura  une  pommade 
simple.  Si,  au  contraire,  on  y  ajoute  : 

Eau  distillée 10  grammes. 

on  aura  une  pommade  mucilagineuse  ou  gélatineuse 
analogue  à  celles  de  M.  Unna.  Toutefois  l'addition  de  cette 
eau  exige  certaines  précautions  sans  lesquelles  la  pommade 
manquerait  d'homogénéité.  II  faut  développer  le  mucilage 
dans  un  mortier  avec  l'eau,  la  gomme  et  ensuite  la  glycé- 
rine, et  le  mêler  à  la  pommade  d'oxyde  de  zinc  et  de  vaseline 
faite  dans  un  autre. 

On  obtient  ainsi  un  médicament  plus  adhérent  que  les 
pommades  ordinaires. 

Pierre  Vicier. 
♦ 

FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

Du  Grattement  da  prarlt  ■énile  par  les  eomponéii 
■alicyllqnes. 

Ces  substances  rendent  des  services  contre  le  prurit  dou- 
loureux des  vieillards  et  en  l'absence  de  dermatose.  M.  E. 
Besnier  les  recommande  dans  ces  cas.  Il  faut  noter  cepen- 
dant que  pour  obtenir  des  résultats  de  ce  traitement,  il  est 
avantageux  d'adopter  la  technique  suivante  : 

l"*  Conseiller  l'usage  des  bains  amidonnés  ou  d'eau  de 
son; 

2**  Lotionner  tous  les  soirs  la  surface  du  corps  avec  l'eau 
chauffée  à  40  degrés,  et  additionnée  de  deux  cuillerées  de 
la  solution  suivante  : 

Acide  phénique 4  grammes. 

Vinaigre  aromatique 200       — 

3"  Saupoudrer  ensuite  avec  le  mélange  suivant  : 

Salicylale  de  bismuth 40  grammes. 

Amidon ^>0        — 

Ou  bien  : 

Acide  salicyliquo  finement  pul- 
vérisé        10  grammes. 

Amidon *  90       — 

Dans  une  de  ses  leçons,  M.  Besnier  a  recommandé  d'ap- 
pliquer ces  poudres  par  de  légères  frictions  sur  la  peau  des 
régions  malades. 

Ch.   ÉLOY. 

♦ 

REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

De  la  palpatlon  da  retn. 

Dans  un  précédent  numéro  nous  avons  publié  une  cli- 
nique de  M.  le  professeur  Guyon  sur  l'exploration  manuelle 
du  rein  {Gaz.  hebd.,  1889,  p.  88).  Peu  après,  M.  Glénard 
(de  Lyon)  a  insisté  sur  sa  propre  méthode  (p.  122).  Aussi 
croyons-nous  utile  de  faire  connaître  à  nos  lecteurs  un 
article  récent  d'Israël  (de  Berlin)  sur  ce  point  aujourd'hui 
à  l'étude  (1).  Nous  nous  dispenserons  d'une  traduction  lit- 
térale, mais  nous  donnerons  plus  qu'une  simple  analyse. 

On  se  livre  aujourd'hui  sur  le  rein  à  des  interventions 
chirurgicales  auxquelles  on  n'aurait  même  pas  pensé  il  y  a 

{{)  Israël,  Ueber  Palpation  getunder  und  kranker  [NUren,  Vortrag  gehaUen 
am  15.  Dccember  1888  im  Verein  fiirHeilknnde,  in  extento  in  Berl.kUn.  Woch.» 
1889.  n»«  7  et  8.  p.  125  et  156. 


238    ^  NM5  -        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


12  Avril  1889 


dix  ans.  Pour  faire  des  progrès  dans  cette  voie,  il  ne  faut 
pas  s^absorber  dans  la  contemplation  des  résultats  acquis, 
mais  il  faut  chercher  avec  soin  la  cause  des  échecs,  encore 
trop  fréquents.  On  arrive  ainsi  à  constater  que  ces  revers  ne 
tiennent  ni  à  la  technique  opératoire  ni  aux  pansements. 
Leur  cause  est  dans  Tinsufrisance  de  nos  connaissances 
préalables  sur  Tétat  anatomique  exact  des  lésions.  L'avenir 
de  la  chirurgie  rénale  dépend  de  la  finesse  du  diagnostic. 
Or  à  ce  point  de  vue  la  palpation  est  une  méthode  des  plus 
précieuses. 

Aux  notions  classi(]^ues  sur  les  rapports  du  rein,  Israël 
ajoute  la  suivante  :  Si  on  élève  une  verticale  passant  par  le 
milieu  de  Parcade  do  Faliope,  le  rein  se  trouve  sur  cette 
ligne,  à  deux  doigts  au-dessous  du  rebord  costal.  C'est  là 
qu'il  faudra  déprimer  la  paroi  abdominale  pour  aller  à  la 
rencontre  de  la  face  antérieure  du  rein. 

i"  Le  rein  hypertrophié  est-il  accessible  à  la  palpation? 
C'est  une  question  fort  importante,  et  pour  déterminer  quel 
est  l'état  d'un  rein  quand  on  veut  intervenir  sur  Tautre,  et 
pour  reconnaître  certaines  lésions  qui  ne  s'accompagnent 
pas  d'augmentation  de  volume,  ainsi  que  cela  est  le  cas 
pour  quelques  calculs,  pour  quelques  tumeurs  au  début, 
ne  s'annonçant  encore  que  par  une  légère  proéminence.  Il 
serait  donc  important  de  pouvoir  palper  un  rein  peu  ou  pas 
hypertrophié  et  non  luxé. 

Cette  possibilité  exige  des  conditions  spéciales  :  peu  de 
graisse,  peu  de  tension  des  narois  abdominales,  soit  du  fait 
des  muscles,  soit  du  fait  de  l'intestin;  dimension  suffisante 
de  l'espace  entre  la  crête  iliaque  et  le  rebord  costal;  forte 
lordose  physiologique  dorso-lombaire,  car  alors  le  rein  est 

fierté  en  avant.  Celte  dernière  condition  est  réalisée  chez 
es  femmes  qui  ont  une  forte  inclinaison  du  bassin.  Il  faut 
vider  entièrement  l'intestin,  car  des  masses  fécales  dures 
situées  dans  le  côlon  peuvent  être  une  cause  d'erreur;  de 
plus,  on  diminue  ainsi  la  tension  abdominale.  Si  les 
muscles  résistent,  on  peut  user  du  chloroforme  ;  mais  on 
se  prive  ainsi  de  Taide  que  fournissent  les  profondes  respi- 
rations volontaires. 

Les  méthodes  de  palpation  sont  au  nombre  de  trois  :  la 
palpation  bimanuelle  dans  le  décubitus  dorsal  ;  le  ballotte- 
ment rénal  de  Guyon;  la  palpation  dans  le  décubitus  latéral. 

Pour  la  palpatfon  bimanuelle,  nous  renverrons  à  la  des- 
cription, plus  précise  aue  celle  d'Israël,  de  M.  Guyon.  Une 
diilérence  est  à  signaler  cependant  :  Israël  conseille  de 
placer  la  main  antérieure  un  peu  moins  près  de  la  ligne 
médiane,  la  pointe  du  médius  au  point  où  la  dixième  côte 
s'unit  au  rebord  costal.  Pour  le  ballottement  nous  n'avons 
rien  à  ajouter. 

Ces  deux  méthodes  sont  indispensables,  mais  pour  le  rein 
non  hypertrophié  et  non  déplacé  ne  donnent  des  résultats 
que  dans  des  cas  exceptionnels.  Alors  Israël  préconise  un 
troisième  procédé. 

Le  malade  est  dans  le  décubitus  latéral  sur  le  côté  non 
examiné,  position  où  les  muscles  sont  rel&chés  et  où  le  rein 
exploré  tend,  de  par  son  poids,  à  se  porter  en  bas  et  en 
avant.  Les  membres  inférieurs  sont  en  légère  flexion.  Le 

[»atient  respire  largement  la  bouche  ouverte.  Pour  explorer 
a  région  gauche,  le  chirurgien  se  place  à  la  droite  au  lit, 
la  face  tournée  vers  la  tête  du  malade.  Il  met  les  doigts  de 
la  main  droite  à  plat  sur  la  région  lombaire  gauche;  la  main 
gauche  sur  le  point  correspondant  de  la  paroi  abdominale 
antérieure,  de  façon  que  le  bout  de  l'index  et  du  médius  soit 
H  deux  doigts  |iu-dessous  du  point  de  réunion  des  neuvième 
et  dixième  cartilages  costaux.  Puis,  tandis  que  la  main 
droite  appuie  sur  la  région  lombaire,  on  fait  faire  aux  ma- 
lades des  inspirations  profondes  et  on  appuie  au  moment  où 
débute  l'expiralion.  On  appuie  doucement,  de  la  mainmise 
bien  à  plat,  en  même  temps  que  les  doigts  allongés  font 
de  légers  mouvements  de  flexion  dans  les  articulations 
métacarpo-phalangiennes.  Le  bout  des  doigts  arrive  ainsi 


[>eu  à  peu  au-dessus  de  l'extrémité  inférieure  du  rein, 
orsque  cet  organe  est  dans  la  position  la  plus  basse,  c'est* 
à-dire  à  la  fin  de  l'inspiration;  on  sent  l*oreane  sélevet 
pendant  l'expiration,  et  c*est  précisément  ce  léger  mouve^ 
ment  qui  permet  la  perception.  Une  fois  atteinte  de  la  sorttj 
l'extrémité  inférieure,  on  palpe  la  face  antérieure,  lorsque 
va  commencer  l'expiration,  car  c'est  alors  que  la  surface 
accessible  est  maxima.  Les  mouvements  d'ascension  et  de 
descente  font  sentir  avec  netteté  les  irrégularités  que  peut 
présenter  cette  surface. 

Israël  insiste  sur  les  mouvements  synchrones  à  ceux  dt' 
la  respiration.  Il  les  a  aussi  constatés  pendant  les  néphro- 
tomies.  Il  est  erroné,  par  conséquent,  de  les  considérer 
comme  caractéristiaues  des  tumeurs  du  foie  et  de  la  rate. 

Par  cette  méthode,  on  peut  palper  le  tiers  inférieur  ou 
même  la  moitié  d'un  rein  normal.  On  sent  alors  un  corp^; 
convexe,  lisse,  à  bords  mousses  (ce  qui  est  une  différence 
avec  le  foie  et  la  rate).  Si,  palpant  à  gauche,  nous  trouvons 
un  organe  à  bord  tranchant,  nous  saurons  que  c'est  la  rate; 
que  nous  palpons,  par  conséquent,  trop  superficielleinen( 
et  trop  latéralement.  Souvent,  à  droite  comme  à  gauche, 
nous  ne  saurons  exactement  ce  qui  appartient  au  foie  ou  à 
la  rate  et  ce  qui  dépend  du  rein  que  si  nous  réussissons 
ce  qui  est  le  plus  souvent  possible  —  à  introduire  le  bout 
des  doigts  entre  les  deux  organes  :  la  face  palmaire  touche 
le  rein, et  la  face  dorsale  sent  le  foie  ou  la  rate.  Pour  ces 
palpations  subtiles,  on  n'arrive  qu'avec  le  temps  à  une  ana^ 
lyse  exacte,  en  perfectionnant  peu  à  peu  cette  analyse,  par 
des  explorations  successives,  à  mesure  qu'on  enregistre  des 
sensations  nouvelles. 

Israél  rapporte  quelques  observations  où  il  a  eu  recours 
avec  succès  à  la  palpation  du  rein  sain.  Ainsi  chez  un  gar- 
çon de  quatorze  ans  auquel,  après  vérification  d'un  côté,  il 
a  extirpé  un  sarcome  rénal  du  côté  opposé.  Une  autre  fuis, 
on  lui  a  adressé  une  malade  qu'on  croyait  atteinte  de  rein 
flottant  :  il  a  senti  par  le  palper  le  rein  non  déplacé,  isolé 
de  la  tumeur,  et  une  incision  exploratrice  a  vérifié  qu'il 
s'agissait  d'un  lobe  flottant  du  foie. 

Voici  deux  faits  relatifs  à  des  inégalités  de  la  surface  an- 
térieuredu  rein  non  hypertrophié.  L'un  concerne  une  femme 
de  trente-cinq  ans,  maigre,  chez  laquelle  fut  sentie  une 
bosselure  dure  dans  l'extrémité  inférieure  du  rein  droit; 
la  dureté  fit  penser  à  un  calcul,  qui  fut  enlevé  par  la  né- 
phro-lithotomie.  La  malade  mourut  et  à  l'autopsie  il  fui 
reconnu  que  le  rein  n'avait  que  11  centimètres  de  long. 
L'autre  observation  est  bien  plus  importante.  Sur  un  homme 
de  vingt  et  un  ans,  atteint  d'hématuries  profuses,  Israël 
sentit  sur  le  rein  gauche  une  petite  élevure  qui  en  quatre 
semaines  acquit  le  volume  d'une  demi-cerise  :  cet  accrois- 
sement fit  diagnostiquer  un  cancer,  vérifié  après  néphrec- 
tomie.  Et,  vingt-deux  mois  après  cette  opération,  d'une 
grande  précocité,  il  n'y  a  pas  de  récidive. 

i°  Il  y  a  une  tumeur  manifeste.  En  pareil  cas,  deux 

Suestionsse  posent.  S'agit-il  du  rein?  Quelle  est  la  nature 
e  la  tumeur?  Le  mot  tumeur  est  pris  ici  dans  son  sens 
vulgaire,  de  grosseur  quelconque.  Israël  fait  abstraction  du 
rein  flottant  et  du  rein  en  fer  à  cheval. 

La  palpation  bimanuelle  prouve  que  la  tumeur  occupe  à 
la  fois  les  lombes  et  Tabdomen.  Mais  ce  mode  d'exploration 
est  sujet  à  des  erreurs.  Le  ballottement  rénal  de  Guyon  esl 
plus  significatif,  car  il  exige  un  contact  direct  de  la  tumeur 
avec  la  fosse  lombaire.  Mais  ce  symptôme  si  important  fait 
déftiut  pour  les  grosses  tumeurs  qui  remplissent  tout  l'ab- 
domen et  qui  dès  lors  sont  constamment  au  contact  de  la 
paroi  abdominale  antérieure.  Il  nécessite  en  effet  un  cer- 
tain écartement  entre  la  tumeur  et  la  paroi,  pour  que  la 
tumeur  puisse,  pour  ainsi  dire,  prendre  sa  course,  avant  de 
venir  choquer  la  paroi.  Or  le  diagnostic  des  grosses  tumeurs 
est  difficile.  La  palpation  dans  te  décubitus  latéral  devient 
alors  importante,   d'autant  plus  que  dans  cette  position 


\i  Avril  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


-  W  IS 


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Tarlion  de  la  pesanteur  agit,  écartant  la  tumeur  du  foie  ou 
de  la  rate,  en  sorte  que  l'on  peut  insinuer  les  doigts  entre 
ces  organes. 

Pour  déternniner  que  la  tumeur  est  rétro-péritonéale,  les 
connexions  avec  le  côlon  ascendant  à  droite,  le  côlon  descen- 
dant ;i  gauche,  ont  une  valeur  réelle.  Ordinairement,  en 
effet,  le  pli  du  méso-côlon  se  forme  sur  la  surface  anté- 
rieure du  rein,  et  les  tumeurs  rénales  se  développent  entre 
les  deux  feuillets  du  repli  séreux  dédoublé.  Dès  lors,  le 
côlon  est  appli(]ué  à  la  face  antérieure  de  la  tumeur.  Pour 
rette  constatation,  la  percussion  est  insuffisante;  mais  au 
palper  on  sent,  si  Tintestin  est  vide,  un  cordon  longitudi- 
nal, aplati,  qui  roule  sous  les  doigts.  On  peut  encore  s*assu- 
rerde  la  chose  en  insufflant  Tintestln  par  le  rectum.  Malgré 
quelques  exceptions  signalées  plus  loin,  quand  ce  symptôme 
existe,  il  est  important.  Mais  il  fait  assez  souvent  défaut,  à 
droite  surtout  ou  le  côlon,  qui  normalement  s'élève  peu  sur 
la  face  antérieure  du  rein,  est  souvent  refoulé  en  bas,  ou 
eu  bas  et  en  dedans.  On  peut  encore  signaler  la  forme 
rénale  que  conservent  souvent  les  tumeurs  du  rein. 

Tous  ces  symptômes  sont  précieux*  Mais  ils  sont  en  défaut 
pour  les  grosses  tumeurs  qui  remplissent  Tabdomen.  Alors 
le  ballottement  est  absent;  le  côlon  est  inaccessible,  dévié 
qu'il  est  en  dedans  ou. caché  dans  une  gouttière  du  néo- 
plasme; la  séparation  entre  la  tumeur  et  les  organes  voi- 
sins est  difficile  à  établir,  aussi  les  erreurs  de  diagnostic 
sont-elles  nombreuses. 

Avec  des  tumeurs  rétro-péritonéales,  d'abord;  tumeurs 
rares,  d*origine  obscure,  dont  les  signes  physiques  sont  en 
somme  ceux  des  tumeurs  du  rein  et  dont  le  diagnostic  n*est 
possible  que  si  on  trouve  à  côlé  le  rein  normal,  repoussé 
en  avant. 

Les  confusions  avec  les  tumeurs  de  Tovaire  sont  fré- 
quentes. Certes,  ces  tumeurs  sont  ordinairement  devant 
linteslin,  mais  ce  signe  peut  exister  dans  les  tumeurs  du 
rein;  et  d'autre  part  Tinverse  peut  avoir  lieu  lorsque  l'ovaire 
est  en  cause.  En  pareil  cas,  il  faut  chercher  avec  soin  les 
connexions  avec  les  organes  pelviens,  à  l'aide  d'un  loucher 
minutieux  du  vagin  et  du  rectum.  Israël  signale  une  parti- 
cularité spéciale  :  deux  fois  il  a  vu  des  kystes  de  l'ovaire  se 
rompre  pendant  l'exploration  et  s*afTaisser  sous  la  main  du 
chirurgien,  comme  certaines  hydronéphroses.  Mais  dans  le 
kyste  de  Tovaire  la  vessie  ne  se  remplit  pas  à  ce  moment, 
et  d'autre  part  on  constate  qu'il  vient  ae  se  produire  un 
épanchement  libre  dans  la  cavité  abdominale. 

l/intestin  peut  s'insinuer  entre  la  paroi  abdominale  an- 
térieure et  les  tumeurs  hépatiques  ou  biliaires.  Le  fait  est 
rare  mais  réel.  Ainsi  on  a  vu  une  anse  d'intestin  grêle 
prendre  en  travers,  en  avant,  le  col  d'une  vésicule  biliaire 
distendue,  et  on  a  conclu  dès  lors  à  une  hydronéphrose. 
I/exislence  d'une  zone  de  sonorité  entre  le  foie  et  la  tu- 
meur n'est  donc  pas  pathognomonique  d'une  tumeur  rétro- 
hépatique.  En  outre,  on  sent  parfois,  dans  les  hydropisies 
de  la  vésicule,  dans  les  kystes  hydatiques,  que  le  bord 
tranchant  du  foie  est  assez  "isolé  de  la  tumeur;  mais,  si  la 
tumeur  dépend  du  foie,  on  ne  peut  pas  insinuer  les  doigts 
entre  elle  et  la  face  inférieure  de  la  glande. 

Autre  cause  d'erreur.  Dans  les  tumeurs  volumineuses  de 
la  vésicule,  le  foie  subit  une  rotation  sur  son  axe  antéro- 
poslérieur,  et  le  lobe  droit  s'enfonce  profondément  dans  la 
région  lombaire.  Le  bord  tranchant  devient  oblique  en  haut 
et  à  gauche.  Une  pression  de  la  vésicule  se  transmet  au 
lobe  droit,  et  on  croit  facilement  à  une  tumeur  lombo- 
abdominale  :  l'absence  du  ballottement  a  alors  une  grande 
valeur. 

Pour  le  diagnostic  de  la  nature  de  la  tumeur  rénale,  la 
P^lpalion  donne  des  renseignements  moins  précieux.  Comme 
phénomènes  pathognomoniques,  mais  exceptionnels,  Israël 
signale  le  frémissement  hydatique;  la  collision  de  calculs 
multiples  (et  en  donne  une  observation  personnelle);  l'éva- 


cuation d'une  hydronéphrose  ou  d'une  pyonéphrose  sous 
l'influence  des  pressions  manuelles.  Mais  en  général  les 
signes  physiques  ne  méritent  pas  une  confiance  absolue.  La 
fluctuation  manque  dans  les  tumeurs  liquides  très  tendues 
et  existe  souvent  dans  les  sarcomes  médullaires  des  en*^ 
fants.  Les  tumeurs  liquides  sont  ordinairement^  lisses,  les 
cancers  étant  bosselés;  mais  l'inverse  est  possible,  et  l'on 
a  vu,  par  rétention,  des  calices  développés  inégalement 
former  des  inégalités,  moins  irréguliéres  il  est  vrai  et  de 
consistance  moins  variable  suivant  les  points. 

A.  B. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Clliil4«e  mëdlmle. 

Sur  un  système  spécial  d'injection  hypodermique  de 
certains  médicaments  irritants  ou  caustiques,  par 
M.  le  docteur  J.-L.  Gimbert  (de  Cannes). 

DE  LA  THÉRAPEUTIQUE  PAR  LA  MÉTHODE  HYPODERMIQUE  - 

La  thérapeutique  par  la  méthode  hypodermique  prend 
une  place  importante  dans  nos  traitements  modernes.  Ses 
conquêtes,*et  partant  ses  prétentions,  ont  encore  à  cette  heure 
des  bases  fragiles,  mais  on  entrevoit  une  période  prochaine 
dans  laquelle  nous  la  verrons  sinon  remplacer  la  plupart  des 
autres  méthodes,  tout  au  moins  les  compléter  quand  elles 
seront  insuffisantes. 

Cette  espérance  est  basée  sur  le  besoin  qu'éprouvent  des 
esprits  sérieux  de  donner  la  préférence  à  une  thérapeutique 
scientifique  dans  laquelle  l'absorption  des  solutions  médica- 
menteuses est  intégrale,  leur  action  rapide,  nette,  leur 
dosage  presque  absolu,  alors  que  la  méthode  intraveineuse 
ne  peut  être,  à  cause  de  ses  dangers,  qu'exceptionnellement 
appliquée  chez  l'homme;  que  la  méthode  des  inhalations 
reste  dans  le  vague;  enfin,  alors  que  la  méthode  classiaue 
reste  infidèle,  inégale,  mobile,  soit  en  raison  des  troubles 
existants  au  moment  de  l'intervention,  soit  encore  en  raison 
du  chemin  tortueux,  ou  des  milieux  chimiques  variés  que  le 
médicament  doit  traverser  avant  d'arriver  dans  les  veines 
sus-hépatiques. 

La  méthode  hypodermique  s'adresse  directement  à  un  • 
tissu  d'une  structure  assez  simple,  très  vasculaire,  et  à  peu 
de  chose  près  analogue  chez  tous  les  sujets.  C'est  le  cas  de 
dire  que  les  liquides  injectés  forment  un  bain  autour  des 
vaisseaux  absorbants  au  point  c^ue  l'endosmose  vers  le  cœur 
est  immédiate  s'il  n'y  a  pas  lésion  de  tissu. 

Une  de  ses  plus  grandes  fonctions,  l'absorption,  est  à 
notre  discrétion,  alors  même  que  l'estomac  ne  saurait  plus 
rendre  de  services;  elle  survit  aux  lésions  des  tissus  et  des 
organes,  à  leurs  troubles  fonctionnels,  elle  reste  biologi- 
quement  à  peu  près  la  même,  quelle  que  soit  la  nature  des 
maladies  générales,  excepté,  peut-être,  à  la  période  algide 
du  choléra  et  dans  les  grands  œdèmes  sous-cutanés.  D'après 
ces  avantages  que  résume  l'histoire  de  l'injection  hypoder- 
mique de  la  morphine,  on  peut  se  demander  pourquoi  cette 
méthode  n'est  pas  plus  générale  ;  cela  tiendrait,  selon  nous,  à 
ce  qu'on  n'a  pas  suffisamment  étudié  les  conditions  et  les 
procédés  qui  rendent  l'injection  pratique;  le  jour  où,  à  l'aide 
d'un  système  déterminé,  on  pourra  introduire  avec  sûreté  et 
facilité  sous  la  peau  nos  grands  médicaments,  la  méthode 
hypodermique  aura  triomphé  des  hésitations  actuelles,  elle 
sera  très  souvent  la  préférée. 

Préoccupé  de  l'importance  de  cette  lacune,  stimulé  par 
quelques  succès  notoires,  nous  avons  cherché  la  solution  du 
problème  que  nous  poserons  ainsi:  Trouver  les  procédés 
physiques  et  physiologiques  qui  permettront  aux  médica^ 
ments  sérieux^  irritants  ou  caustiques ^  d'être  bien  tolérés, 


240 


N*  16  ~ 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


12  Avril  1889 


entièrement  absorbés  par  la  peau  et  transportés  sans 
danger  dans  Véconomie. 

Nous  n'oserions  affirmer  que  nous  avons  trouvé  la  solution 
péremptoire  du  problème  pour  tous  les  médicaments  irri- 
tants, mais  nous  pensons  Tavoir  obtenue  pour  les  substances 
qui  nous  intéressaient  particulièrement,  et  comme  ces  der- 
nières sont  caustiques,  nous  sommes  autorisé  à  dire  que 
notre  système  pourra  très  probablement  s'appliquer  à  toutes 
les  injections  médicamenteuses  irritantes. 

D'après  un  relevé  minimum,  nous  avons  pratiaué  depuis 
trois  ans  1187  injections  variées  en  employant  alternative- 
ment la  technique  et  la  méthode  qu'on  trouve  dans  les 
trîivaux  de  Verneuil,  Germain  Sée,  Dujardin-Beaumetz, 
Bouchard,  Beurmann  et  Villejean,  Baizer,  Besnier, 
Scarenzio,Vitali,  Meunier,  Fillaut,  Petit,  etc.,  etc.,  et  celle 
que  nous  allons  exposer;  et  nous  espérons  démontrer  que 
celle-ci  réalise  un  progrès  dans  la  question.  Dans  cette  note 
la  médication  est  la  question  secondaire,  nous  la  réservons 
pour  une  prochaine  publication. 

Ce  que  nous  désirons  décrire  c'est  un  système  spécial 
d'injection  permettant  de  faire  tolérer  par  le  tissu  cellulaire 
^us-dermique  des  solutions  contenant  des  substances  très 
caustiques.  Ce  système  nous  a  permis  d'ailleurs  d'entre- 
prendre par  la  méthode  hypodermique  le  traitement  de 
certaines  maladies  chroniques  avec  des  résultats  très 
encourageants. 

DE    l'injection   HYPODERMIQUE   PROPREMENT   DITE 

De  la  médication.  —  Dans  l'étude  de  Tinjeclion  sous- 
cutanée  il  faut  examiner  la  méthode  et  la  médication.  La 
méthode  comprend  l'ensemble  des  actes  physiques  et 
physiologiques  à  l'aide  desquels  une  substance  est  introduite 
sous  la  peau  et  de  là  conduite  dans  le  ventricule  gauche. 

La  médication  est  l'application  des  propriétés  physiolo- 
giques et  thérapeutiques  d'une  substance  au  traitement 
d'une  maladie  déterminée,  elle  est  issue  d'une  théorie 
pathologique,  utilise  les  méthodes  thérapeutiaues  qui 
paraissent  préférables  sans  être  l'esclave  de  I  une  d'elles. 

L'injection  est  affaire  de  technique  chirurgicale  ou'un 
aide  peut  réaliser,  la  médication  est  sous  la  dépendance 
exclusive  du  médecin. 

Le  mercure  est  antisyphilitique,  quel  que  soit  son  mode  de 
pénétration  dans  l'économie.  La  créosote  est  antiseptique 
des  voies  respiratoires,  qu'elle  soit  absorbée  par  inhalation, 
par  injection  sous-cutanée  ou  par  la  muqueuse  gastro-intes- 
tinale. Il  en  est  de  même  pour  les  sels  de  quinine  et 
pour  beaucoup  d'autres  substances.  Néanmoins  la  médication 
peut  être  plus  efficace  suivant  que  l'on  donne  la  préférence 
à  une  des  méthodes  précitées.  L'injection  ne  donne  pas  de 
nouvelles    propriétés   aux    médicaments,  mais  elle  a   le 

touvoir  d'augmenter  la  puissance  de  certaines  d'entre  elles, 
a  morphine  par  hjpodermie  n'est-elle  pas  plus  analgé- 
siante  que  par  la  voie  gastrique?  La  créosote  en  injection 
s'élimine  avec  profusion  par  les  voies  respiratoires  de  la 
façon  la  plus  évidente,  une  égale  dose  absorbée  par 
l'estomac  s'élimine  à  l'état  de  diffusion  extrême  par  cet 
organe  et  passe  inaperçue  pour  le  goût  et  l'odorat.  Dans  le 
premier  cas,  ce  médicament  exerce  une  action  antiseptique 
et  cicatrisante  énergique,  apparente;  dans  le  second  cas, 
elle  passe  inaperçue.  Il  en  est  de  même  pour  tous  les 
balsamiques.  Par  cette  méthode  l'action  névroslhénique  des 
sels  de  quinine  sur  les  centres  nerveux  est  triple  de  ce 
qu'elle  pourrait  être  s'ils  passaient  par  le  tube  digestif.  De 
telle  façon  que  si  l'on  veut  obtenir  rapidement  l'antisepsie 
pulmonaire,  il  faudra  introduire  l'antiseptique  par  la  peau; 
de  même  on  injectera  ainsi  la  quinine  si  un  accès  perni- 
cieux est  imminent,  alors  qu'on  accordera  la  préférence  à 
l'injection  intraveineuse  si  l'on  désiie  injecter  une  grande 
quantité  d'eau  à  un  cholérique  arrivé  à  la  période 
asphyxique. 


Outillage  pour  les  injections  hypodermiques.  —  bans 
notre  système  nous  accordons  une  importance  considérable! 
à  l'outillage.  La  seringue  de  Pravaz  ne  répond  qu'exception- 
nellement à  nos  besoins.  Aussi  nous  l'avons  remplacée  le 
plus  souvent  par  une  seringue  en  argent  fin  de  5  centi- 
mètres cubes  de  capacité,  dans  laquelle  le  liquide  se  déplace 
en  tournant  le  piston  dont  la  tige  est  munie  d'un  pas  devis. 
La  seringue  à  piston  tournant  doit  être  préférée  à  toute 
autre.  Elle  permet  de  faire  pénétrer  sous  la  peau  par 
portions  infinitésimales  et  sans  secousses  5  centimètres 
cubes  de  liquide.  Celle  opération  est  insensible  si  l'opéra- 
teur est  adroit  et  patient. 

Injecteur  sous-cutané.  —  La  seringue  ne  répondant  qu'à 
un  nombre  limité  d'indications,  nous  avons  dû  faire 
construire  un  injecteur  spécial  pour  lequel  le  concours  de 
M.  Collin  a  été  des  plus  précieux. 

Il  suffit  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  le  dessin  qui  en  repré- 
sente la  coupe  verticale  pour  se  rendre  compte  tout  de  suite 
de  ses  dispositions  et  de  son  fonctionnement. 

L'ensemble  peut  être  décomposé  en  trois  portions:  une 
centrale,  deux  latérales.  La  première  est  constituée  par  un 
flacon  étroit  et  long,  en  cristal  épais,  jaugeant  120  centi- 
mètres cubes  environ  dans  lequel  s'engagent  deux  tubes  en 
argent  fin  d'inégale  longueur.  Sa  cavité  intérieure  présenle 


P,  Pompo  foulnnle;  A,  ajusiagfo;  TI,  tube  insufnateur;  A',  «jusUge;  R,  robinet  dr 
réserve;  1,  tiibc  lUÀlribiiarit  h  pression;  S,  tube  plongeur  (argent  ou  pUiioc;; 
3,  chambre  à  air  comprimé;  4,  liquide;  5,  graduation  ;  6,  rondelle  en  raoutrhonr; 
7,  plaques  où  sont  les  tubes;  8.  bouchon  métallique  vis^é;  A",  ajustage ;T T. 
tube  injecteur;  I,  index  tnios)>arent;  R',  robinet  de  distribution;  \,  aiguille. 

deux  chambres  virtuelles  :  une  inférieure  (n°  4),  recevant 
exactement  60  centimètres  cubes  de  liquide.  Une  échelle, 
divisée  en  centimètres  cubes  et  gravée  à  l'extérieur,  en  pré- 
cise les  limites  ; 

L'autre,  supérieure  (n""  3),  dans  laquelle  on  emmagasine 
de  l'air  comprimé  destiné  à  refouler  les  liquides  que  Ton 
injectera  (n**  4). 

Le  flacon  est  fixé  par  sa  base  à  un  disque  métalliaue  épais 
qui  lui  assure  la  stabilité,  son  goulot  est  fermé  nerméti- 

Juement   par    un    bouchon    complexe    qui    mérite   une 
escription. 

Si  on  examine  la  figure  ci-jointe,  on  remarque  les  parli- 
cularités  suivantes  :  un  disque  en  métal  (voy.  n"  7)  de  la 
dimension  du  goulot  et  muni  à  sa  base  inférieure  d'une 
plaque  de  caoutchouc  épais,  de  même  dimension,  est  forte- 
ment pressé  sur  l'orifice  par  une  capsule  métallique  (n"  8), 
qui  se  ihe  par  un  pas  de  vis  sur  une  bague  métallique 
entourant  le  goulot.  De  cette  façon  l'air  ne  peut  s'échappor 
par  le  bouchon. 

Les  tubes  métalliques  traversent  le  bouchon  en  se  soudant 
au  disque  obturateur  (n°  7). 

Le  u°  i  se  termine  dans  ta  chambre  à  air  et  se  continue 
au  dehors  avec  la  portion  latérale  droite  de  l'appareil,  qui 
n'est  autre  chose  qu'une  pompe  foulante  munie  d'un  long 
tube  insuffiateur  (Ti). 

Le  n'*  2  qui  plonge  jusqu'au  fond  du  flacon  s'ajustera  an 
dehors  à  l'aide  d'un  long  tube  en  caoutchouc  de  35  cenli- 


i^  AvBfL  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         —  N*  15  —    241 


mètres  avec  un  robinet  spécial  dit  de  distribution  qui  est 
la  pièce  importante  de  la  portion  latérale  gauche.  Ce 
robinet  est  long  de  7  à  8  centimètres  en  moyenne.  Le  pivot 
est  placé  à  une  extrémité  du  tube,  de  telle  façon  que  Tautre 
})ortion  est  très  longue,  celle-ci  s'engage  en  entier  dans  le 
bout  périphérique  du  caoutchouc  avec  lequel  se  forme  un 
cylindre  résistaut  servant  de  point  d*appui  à  l'opérateur. 
L'antre  extrémité  s'ajuste  avec  les  aiguilles,  tandis  que  le 
pivot  central  est  muni  à  Textérieur  d'une  manette,  permet- 
tant de  graduer  à  volonté  l'ouverture  du  robinet. 

Les  tubes  en  caoutchouc  sont  revêtus  d'une  chemise  de 
soie  destinée  à  les  rendre  inextensibles;  grâce  à  ces  détails, 
il  est  facile  de  comprendre  le  fonctionnement  de  l'appareil. 

Le  flacon  étant  chargé,  hermétiquement  clos,  les  tubes 
étant  bien  ajustés  avec  toutes  les  pièces,  la  pompe  P  pousse 
de  l'air  dans  la  chambresupérieure(n^  3),  celui-ci  comprime 
le  liquide  médicamenteux  qui  sort  par  le  tube  plongeur  et 
irrive  dans  le  robinet  R',  d'où  il  sortira  au  gré  de  l'opéra- 
(earpour  pénétrer  sous  la  peau. 

Léchelie  gravée  sur  le  récipient  permet  de  mesurer 
eiaclement  les  quantités  de  liquide  expulsées.  Il  importe  à 
cet  égard  de  remarquer  qu'en  raison  de  la  capillarité  et  de 
l'tpaisseur  du  cristal,  la  ligne  de  surface  parait  triple.  Il 
faut  fixer  les  yeux  sur  la  ligne  du  milieu  qui  est  plus  fon'^ée. 

L'injection  étant  terminée,  on  doit  démonter  en  entier 
Tappareil  et  laver  ou  vider  exactement  le  tube  injecteur. 

Let  instrument  nous  a  servi  pour  toutes  les  solutions  aue 
nous  avons  employées.  L'huile  a  l'inconvénient  de  ramollir 
le  caoutchouc,  il  sera  bon  d'avoir  des  tubes  de  (rechange. 
Avant  de  le  mettre  en  œuvre^  il  faudra  aseptiser  l'injecteur 
par  des  lavages  réitérés  et  antiseptiques. 

Les  aiguilles  que  nous  employons  sont  longues  et  d'un 
diamètre  double  de  celui  des  aiguilles  de  morphine  quand 
on  veut  injecter  des  huiles.  Elles  doivent  toujours  être  d'une 
propreté  absolue  et  bien  affilées. 

Cet  appareil  met  au  service  du  médecin  une  grande  quan- 
litéde  liquide.  Chargé  d'air  comprimé,  il  fonctionne  seul  ;  à 
IVide  du  robinet  on  peut  régler  l'injection  et  éviter  la  douleur. 
Enlin^grâccà  l'échelle  du  flacon,  il  est  facile  d'apprécier 
les  quantités  deliquide  injectées. 

Symptômes  locaux  de  Vinjection  en  général.  —  Nous 
avons  constitué  notre  système  par  l'étude  de  1  action  locale 
des  substances  suivantes  :  iodoforme,  iodol,  eucalyptol, 
antipvrine,  chloroforme,  élher,  bisulfate  de  quinine,  chlor- 
hydi-ate  neutre  de  quinine,  acide  phénique,  créosote  vraie. 

Voici  le  dénombrement  des  injections  faites  jusqu'en 
janvier  1889,  avec  ces  ditférents  agents,  sur  les  animaux 
d'abord,  sur  l'homme  malade  ensuite. 

Nous  signalerons  les  premières  pour  mémoire  pour  nous 
appesantir  surtout  sur  les  injections  thérapeutiques  que 
voici  : 

Injections  dModofornx' 50 

—  d'iodol 25 

d'eucalyptol 40 

d'antipyrine 50 

—  de  bisulfate  de  quinine 20 

-—  de  chlorhydrate  de  quinine i03 

—  d'acide  phénique 97 

—  de  créosote  vraie 150 

Total 1787 

Ce  nombre  paraîtra  considérable  tout  d'abord,  mais  je 
n*hésite  pas  à  dire  que  pour  constituer  une  médication 
discutée  pour  chaque  substance,  il  en  faudrait  le  triple. 
1  rois  substances  peuvent  être  considérées  par  nous  comme 
pouvant  réaliser  une  médication,  ce  sont  :  la  créosote,  les 
sels  de  quinine,  l'acide  phénique. 

En  groupant  ensemble  ces  injections,  on  reconnaît  sans 
peine  qu'elles  présentent  toutes  au  point  de  vue  local  des 
phénomènes  communs,  exceptionnellementdes  phénomènes 
spéciaux  ou  accidentels. 


Les  phénomènes  communs  dépendent  directement  du 
procédé,  ce  sont  : 

1"  La  douleur  causée  par  la  piqûre  ; 

2"  La  douleur  causée  par  l'injection  ; 

3**  La  douleur  causée  par  les  liquides; 

4"  La  douleur  causée  par  les  réactions  nerveuses  ; 

5°  Le  soulèvement  et  la  rétraction  de  la  peau; 

6*  L'absorption. 

Les  phénomènes  accidentels  seront  appréciés  plus  loin,  il 
importe  de  préciser  les  conditions  banales  de  l'injection  et 
de  les  atténuer  ou  les  faire  tourner  à  l'avantage  de  notre 
système. 

Douleur  causée  par  la  piqûre,  —  Dans  le  traitement 
des  maladies  chroniques  il  serait  difficile  d'appliquer  cou- 
ramment la  méthode  hypodermique  si  la  piqûre  devait  être 
douloureuse.  On  doit  donc  chercher  à  la  rendre,  sinon  com- 
plètement ou  toujours  nulle,  tout  au  moins  aussi  peu 
pénible  que  possible,  et  on  y  arrive  très  bien.  L'injection 
devant  être  considérée  comme  une  petite  opération,  on  fait 
allonger  le  malade  sur  un  lit  de  telle  manière  que  la  peau 
soit  très  relâchée.  Le  lieu  choisi,  on  prend  celle-ci  entre  le 

r^ouce  et  l'index  de  la  main  gauche  et  on  la  soulève.  C'est  à 
a  base  de  ce  pli  ainsi  formé  et  bien  tendu  par  l'auriculaire 
droit  que  l'on  enfonce  vivement  et  profondément  l'aiguille 
aseptisée  et  bien  affilée  qui  se  logera  ainsi  dans  un  espace 
vide.  Quand  on  opère  ainsi  et  que  l'on  est  adroit,  la  piqûre 
passe  le  plus  souvent  inaperçue.  On  peut  toujours  avec  un 
petit  stypage  insensibiliser  le  lieu  d'élection. 

Il  .existe  sur  le  corps  des  régions  sur  lesquelles  la  peau 
se  prête  particulièrement  à  cette  opération.  Nous  signalerons 
le  dos,  ses  parties  latérales  surtout,  la  région  pectorale  sus- 
mammaire  ou  sus-mammelonaire,  les  flancs,  l  épigastre,  les 
hypochondres,  les  régions  péri-ombilicale  et  fessière  externe, 
la  face  latérale  et  postérieure  du  bras,  la  face  externe  de  la 
cuisse.  L'aine,  le  cou,  la  mamelle,  doivent  être  respectés, 
moins  à  cause  de  la  douleur,  qu'à  cause  de  leur  trop  grande 
vascularité  et  de  la  mobilité  extrême  de  la  peau.  On  a  dit 

S|ue  h  gouttière  adipeuse,  située  entre  le  trochanter  et  la 
esse,  était  insensible.  Cela  n'a  que  peu  d'importance  quand 
il  s'agit  de  faire  un  grand  nombre  d'injections. 

(.4  suivre,) 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Académie  des  aelenccM. 


InFUENCB  des  ANESTHÉSlQrES  SUR    LA.   FORCE  DBS   MOUVEMENTS 

RESPIRATOIRES,  par  MM.  P.  Langlois  et  Ch.  Hichet.  —  c  Des 
recherches  déjà  anciennes  (Hutchinson,  Krahmer)  ont  montré 
que  l'homme  et  les  animaux  ne  peuvent  vaincre,  par  l'inspi- 
ration ou  Texpiration,  la  pression  d'une  colonne  liquide  offrant 
une  certaine  résistance.  Nous  avons  vérifié  ce  fait  et  constaté  que, 
d'une  manière  générale,  on  ne  peut  expirer  ni  inspirer  à  tra- 
vers une  colonne  de  mercure  de  100  millimètres  (1). 

c  1.  Nous  avons  institué  Texpérience  en  faisant  respirer  un 
chien  trachéotomisé  à  travers  une  soupape  de  Muller,  dont  la 
construction  a  été  légèrement  modifiée  pour  nous;  dans  chaque 
branche  de  la  soupape,  il  y  a  une  colonne  de  mercure  de  hau- 
teur variable.  Dans  ces  conditions,  un  chien  peut  respirer  quel- 
ques instants  quand  la  colonne  est  de  60  millimètres;  mais  c'est 
là  un  chiffre  extrême  et  Tanimal  s'asphyxie  rapidement.  Pour 
que  la  respiration  continue  et  pour  qu'elle  s  opère  avec  un 
rythme  régulier,  sans  asphyxie  menaçante,  il  faut  que  la  colonne 
mercurielle  n'ait  pas  une  hauteur  supérieure  à  !25  ou  35  milli- 
mètres. Alors  la  respiration  peut  s'établir  pendant  plusieurs 
heures.  Elle  est,  il  est  vrai,  très  laborieuse;  mais  il  n  y  a  pas 
danger  d'asphyxie. 

c  II.  Les  choses  ne  se  passent  pas  de  même  quand  l'animal  est 

(l)  Tous  nos  chiiTros  sont  exprimés  en  milliiiiôtr.'^s  do  mercure.  H  y  a  pour 
l'homme  des  différences  individuelles,  notaliK'^,  oscillant  entre  hO  millimèlros 
et  140  millimètres. 


242 


N«  15 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


12  Avril  1889 


soumis  à  l'aclion  du  chloroforme  ou  du  chloral.  Alors  une  pres- 
sion très  faible  empêche  la  respiration  :  une  pression  faibîe  (de 
10  millimètres)  asphyxie  un  chien  qui  est  profondément  chlo- 
ralisé,  alors  que  sur  un  chien  normal  elle  gêne  à  peine  les  mou- 
vements respiratoires. 

€  Quelques  expériences  ont  été  faites  avec  le  chloroforme  et 
la  plupart  avec  le  chloral.  Mais  les  deux  poisons,  quand  ils  sont 
donnés  à  forte  dose,  produisent  exactement  les  mêmes  effets.  Si 
nous  avons  de  préférence  employé  le  chloral,  c'est  qu'il  se  dose 
et  se  manie,  on  moins  chez  le  chien,  avec  une  facilité  plus 
grande  que  le  chloroforme.  Donc,  ce  que  nous  disons  du  chloral 
s'applique  aussi  au  chloroforme,  ainsi  que  nous  Tavons  direc- 
tement constaté. 

c  L'expérience  suivante,  que  nous  avons  répétée  nombre  de 
fois,  indique  bien  l'influence  des  anesthésiques  sur  la  force 
des  mouvements  respiratoires.  Un  chien,  profondément  chlora- 
lisé,  respire  ^  Tair  libre  régulièrement  et  rythmiquement  sans 
la  moindre  menace  d'asphyxie;  si  alors  on  le  fait  respirer  à  tra- 
vers une  colonne  de  iO  millimètres,  il  ne  franchit  pas  cet  obstacle 
et  s'asphyxie.  Quand  les  efforts  spontanés  de  respiration  ont 
cessé,  le  cœur  continuant  à  battre,  ou  enlève  la  pression  et  on 
fait  la  respiration  artificielle.  Au  bout  d'une  ou  deux  minutes, 
la  respiration  spontanée  revient.  Alors  on  rétablit  la  pression  de 
10  millimètres  et,  de  nouveau,  le  chien  s'asphyxie.  On  peut  ainsi 
recommencer,  avec  le  même  résultat,  deux  ou  trois  fois  de  suite 
la  même  expérience;  mais,  finalement,  les  effets  du  chloral  se 
dissipant,  le  chien  peut,  à  un  moment  donné,  franchir  la  colonne 
de  10  millimètres,  et  il  n'y  a  plus  d'asphyxie  possible  avec  celle 
faible  pression  que  si  on  lui  redonne  une  nouvelle  dose  de 
chloral. 

c  III.  Ce  n'est  pas  Teffort  inspiratoire  qui  est  paralysé  par 
l'action  toxique,  c'est  l'effort  expiratoire.  En  effet,  môme  profon- 
dément anesthésiés,  les  animaux  inspirent  quand  la  pression  à 
l'inspiration  est  de  15  millimètres,  ae'iO  millimètres  et  parfois 
de  "Ih  millimètres;  tandis  que,  si  la  pression  A  l'expiration  est 
seulement  de  10  millimètres,  cela  suffit  pour  amener  l'asphyxie. 

<  L'explication  est  simple  et  conforme  à  ce  que  nous  savons  de 
l'action  des  anesthésic^ues  et  du  mécanisme  respiratoire.  Les 
mouvements  d'inspiration  sont  toujours  actifs  ,  tandis  que  l'ex* 
piration  à  l'étal  normal  est  purement  passive,  duo  à  l'élasticité 
pulmonaire;  elle  a  lieu  mécaniquement  quand  l'effort  inspira- 
toire a  pris  fin,  sans  aucune  action  musculaire.  L'expiration 
n'est  active  que  dans  le  cas  d'une  expiration  volontaire  ou  d'une 
expiration  réflexe.  Or  les  mouvements  volontaires  et  les  mou- 
vements réflexes  sont  paralysés  par  les  anesthésiques.  Donc, 
sur  l'animal  anesthésié,  il  ne  peut  y  avoir  d'expiration  active; 
il  ne  reste  plus  qu'une  expiration  passive  due  à  l'élasticité  pul- 
monaire, laquelle  n'est  pas  assez  forte  pour  vaincre  une  colonne 
mercurielle  de  10  millimètres.  Si  l'inspiration  persiste,  c'est  que, 
tout  en  étant  toujours  un  phénomène  actif,  elle  n'est  ni  volon- 
taire ni  réflexe,  mais  automatique,  due  à  l'incitation  du  bulbe, 
qui  est  affaiblie,  mais  non  abolie  par  le  chloral. 

((.  Au  point  de  vue  chirurgical,  cela  entraîne  une  conséquence 
immédiate;  c'est  qu'il  faut,  dans  l'anesthésie  chloroformique, 
maintenir  les  voies  respiratoires  absolument  libres;  car  le 
plus  léger  obstacle  k  l'expiration,  presque  imperceptible  pour 
un  indidu  normal,  deviendra  infranchissable  pour  un  individu 
anesthésié.  II  nous  a  paru  que  les  chirurgiens  portaient  surtout 
leur  attention  sur  l'inspiration,  tandis  qu'ils  devraient,  suivant 
nous,  porter  surtout  leur  attention  sur  les  obstacles  à  l'expi- 
ralion,  obstacles  dont  le  principal  est,  comme  on  sait,  fa  base 
de  la  langue  au-dessus  de  l'oritice  glottique(l).  > 


AMdémte  die 

SÉANCK  DU  9   AVRIL    1889.    —  PRÉSIDENCE 
DE  M.  MAURICE  PERRIN. 

M.  le  docteur  Semmola  (de  Naples)  so  porto  candidat  au  titre  do  correspondaot 
étraiiffcr  dans  la  division  de  médecine. 

M.  Brutut,  vélërinairc,  cnvoio  un  mémoire  manuscrit  xur  la  mixture  aitriri' 
génie  et  escttarrotique  de  YiUatte  au  point  de  vue  de  la  médecine  humaine. 
(Commission  :  MM.  Uarly,  Traibot  et  PolaiUon,) 

M.  lo  docti-ur  Ba*in,  médecin  aide-major  de  1'*  classe  à  Sfax  et  M.  le  docteur 
Carrière,  mcMccin-ins|iecloitr  dos  enfants  du  premier  âge  à  Saint-Andrë-de-Val- 

(i)  Travail  du  Laboratoire  de  Physiologie  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris. 


borgne  (Gard),  adressent  dos  mémoires  manuscrits  sur  les  Vaccinations  et  U 
revaccinatione  qu'ilt  ont  pratiquéet  en  18S8-1889. 

M.  le  docteur  Delmas,  médecin-major  de  1'*  classe,  cl  M.  le  docttnir  Fithi 
(à  Nevers)  envoient  d«*s  mémoire*  sur  des  ipidémiet  de  fièvre  typhoUf. 

M.  Doularel,  slngiairo  aux  eaux  minérales,  airoiso  un  incnioiro  sur  Daje  et  té 
eaux  thermalet, 

M.  lo  docteur  Van  der  Stok  (do  Rijswljk,  Pays-Bas)  envole  un  ouvm;;*-,  < 
liollaniais.  sur lee  mariagn  contanguint. 

M  Dujardin-Beaumeti  présente:  i*  une  brorliure  de  M.  le  docteur  JL^rdt/ 
(de  Uambenilliors)  sur  le  service  de  la  vaccination  dane  le»  Votges,  ce  qu'il  ei 
ce  qu'il  devrait  être;  î^  un  mémoire  imprimé  de  M.  ledocteur  DobifSTtevtki  «ti 
Vinfluence  det  eaux  de  Marienbad  tur  la  nutrition  et  la  circulation. 

}A.  Larrey  dépose:  i**  au  nom  do  M.  le  docteur  Ifovand.  un  vohimr  <iir  I 
magnétiime  animal  (liypnotismc  et  suggestion);  i*  de  la  part  de  M.  le  A^tciru 
E.  Berger,  une  brochure  sur  Icm  troubles  oculaires  dms  le  labes  dorsal. 

M.  Marty  présente  un  mémoire  do  M.  Balland,  pharmac ion-major  de  ïa'iair 
sur  le  développement  du  grain  de  blé. 

M.  Ouéniot  ofTrc,  au  nom  de  M.  Léon  Lallfitiand,  une  brochure  sur  Vorganit,^ 
lion  du  travail  dans  les  prisons  cellulaires  belges. 

M.  Vemeuil  dépose  une  observation  de  prolapsus  rectal  et  utérin,  T^vuf-Ml 
par  M.  le  docteur  Jeannel  (de  Toulouse). 

M.  Magiiat  pn-sonte  une  Noto  de  M.  Suffit  sur  les  poêles  à  réserfùr  i 
combustile. 

Décès  de  M.  Chevreul.  —  M.  le  Président  annonce  Ir 
décès  de  M.  Chevreul  oui  appartenait  à  l'Académie  depuis 
1828  à  titre  d'associé  libre  ;  il  exprime  les  regrels  que 
cause  la  perte  de  cet  illustre  et  vénéré  savant. 

NÉPHRORRAPiriE.  —  M.  Comil  Ht  un  rapport  sur  une 
observation  de  M.  le  docteur  Terrillon  concernant  un  ca$ 
de  néphrorraphie  pratiquée  avec  succès  dans  la  région  lom- 
baire gauche  pour  un  rein  flottant  hypertrophié  et  tr6s  dou- 
loureux. Il  signale  comme  particularités  principales  :  Ma 
réussite  de  l'opéralion,  qui  a  montré  que  la  fixation  du  rein 
solidement  attaché  aux  aponévroses  profondes  do  la  région 
lombairt^  suffisait  pour  faire  disparaître  les  douleurs  vio- 
lentes dont  cet  organe  était  le  siège;  2"  le  fait  intéres>anl, 
et  indiquant  bien  la  nature  de  la  lésion  qui  succède  au 
déplacement  du  rein,  est  la  disparition  progressive  du  vo- 
lume excessif  de  Torgane.  Il  y  a  là  une  constatation  bien 
probante  qui  indique  combien  l'augmentation  do  volume 
est  sous  la  dépendance  du  changement  dans  la  position 
normale.  Ces  phénomènes  de  congestion  sont  probablement 
dus  au  ralentissement  ou  à  la  difficulté  de  la  circulation 
veineuse  du  rein  causés  par  les  tiraillements,  torsions  et 
coudures  de  la  veine  rénale  dans  les  déplacemonis  de 
l'organe. 

Antipyrine  contre  la  glycosurie.  —  De  deux  observa- 
tions de  diabète  lié  à  la  cataracte,  chez  un  homme  de 
trente-huit  ans  et  une  dame  de  soixante-treize  ans,  obser- 
vations dans  lesquelles  l'anlipyrine  fut  administrée  a\ec 
une  grande  attention,  M.  Panas  conclut  que  ce  médica- 
ment jouit  d'une  action  antiglycogène,  efficace  et  promple; 
il  réussit  là  où  ni  le  régime  ni  les  autres  raédicanienU 
préconisés  jusqu'ici  n'ont  pu  abaisser  le  taux  du  glycoso  au- 
dessous  d'une  quantité  donnée  ;  mis  pour  être  efiicace  au 
début  la  dose  journalière  de  3  grammes  semble  néces- 
saire; celte  action  se  fait  sentir  alors  même  qu'on  con- 
tinue à  accorder  aux  malades  une  proportion  modérée  de 
féculents. 

A  cette  occasion,  M.  Germain  Sée  expose  les  résultais  de 
ses  recherches  physiologiques,  thérapeutiques  et  chimiques 
sur  l'emploi  de  l'antipyrine  dans  le  traitement  du  diabète. 
S'appuyanl  sur  les  dix-huit  observations  qu'il  a  recueillies, 
il  déclare  que  l'on  obtient  par  ce  médicament  la  f^uévisoti 
souvent  complète  et  définitive  des  diabétiques  à  glycosurie 
de  80  à  100  grammes  par  litre;  ainsi  disparaissent  non  seule- 
ment les  quatre  phénomènes  cardinaux,  c'esl-à-dire  lascif, 
la  polyune,  la  glycosurie  et  l'azoturie,  mais  encore  tous 
autres  accidents  tels  que  les  diabétides  cutanées,  lesdiabé- 
lides  furonculeuses,  les  névrites  diabétiques.  Les  résultais 
s'obtiennent  même  pendant  une  alimentation  confortable, 
composée  de  beaucoup  de  viandes,  de  graisse  et  d'une  cer- 
taine quantité  de  féculents.  Par  contre,  les  effets  de  celle 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  NM5  -    243 


médicalion  sont  nuls  chez  des  diabétiques  primitivement 
amaigris  et  fortement  glycosuriques  (au  delà  de  150  gram- 
mes par  litre);  ils  sont  inutiles  ou  insignifiants  sur  les  dia- 
béloplithisqués. 

M.  Oujardin-Beaumetz^  rappelle  qu'il  y  a  un  an  il  a 
signalé  à  la  Société  de  thérapeutique  qu'à  la  dose  de  2  à  3 
grammes  par  jour  d'antipyrine  on  obtient  chez  les  diabé- 
liques  une  diminution  notable  dans  la  quantité  des  urines 
el  dans  celle  du  sucre  rendu  en  vingt-quatre  heures.  Les 
cas  graves  du  diabète  résistent,  il  est  vrai  à  cette  indication 
rommo  à  tout  autre  ;  il  faut  lui  associer  le  traitement 
hygii^nique  et  alimentaire  dans  le  cas  de  diabète  d'origine 
nerveuse;  mais  c'est  surtout  dans  les  diabètes  polyuriques 
qa*elle  réussit  parfaitement,  ainsi  d'ailleurs  que  tous  les 
aiilres  médicaments  du  groupe  des  antithermiques. 

Depuis  octobre  1887,  M.  Albert  Robin  traite  par  l'anli- 
pvrine  les  diabétiques  de  son  service  à  la  maison  de  re- 
traite des  Ménages.  Après  avoir  fait  connaître  quelaues- 
ooes  de  ses  observations,  il  exprime  l'avis  que  ce  iiiéaica- 
menlagit  énergiquement  sur  la  glycosurie,  mais  ne  guérit 
pas  le  diabète,  tout  en  exerçant  une  action  suspensive  des 
plQS  marquées  sur  les  symptômes  principaux  de  cette  affec- 
tion. La  dose  de  3  grammes  constitue  une  dose  moyenne 
dans  la  plupart  des  cas  et  il  y  a  lieu  de  la  diminuer  pour 
peu  que  de  l'albumine  se  montre  dans  les  urines.  Elle  doit 
être  administrée  à  une  certaine  distance  des  repas  par  doses 
d'un  gramme  à  quatre  heures  d^intervalle,  en  1  associant  au 
bicarbonate  de  soude  dans  la  proportion  de  deux  parties 
d'anlipyrine  pour  une  partie  de  ce  sel.  Il  faut  se  garder 
d'en  faire  un  médicament  d'habitude  et  d'en  prolonger 
l'emploi  plus  de  huit  à  douze  jours  en  moyenne.  Enfin, on  doit 
Tadministrer  au  début  du  traitement  d'un  diabétique, 
alors  qu'il  s'agit  de  modérer  sûrement  et  dans  un  bref 
délai  une  glycosurie  ou  une  polyurie  considérable  ;  elle 
permet  de  suspendre  le  régime  chez  les  diabétiques  qui  en 
sont  fatigués,  et  cela  sans  que  le  malade  perde  le  bénéfice  de 
la  contrainte  qu'il  a  imposée  à  son  estomac.  Elle  est  indi- 
quée quand  le  régime  longtemps  continué  et  bien  toléré  a 
donné  ses  maximums  d'effet  utile,  en  ce  sens  que  la  glyco- 
>urie  et  la  polyurie  sont  arrivées  à  un  point  fixe  au-dessous 
duquel  elles  ne  s'abaissent  plus.  Une  habile  combinaison 
du  régime  et  de  Tantipyrine,  associés  dans  une  sorte  de 
médication  alternante,  parait  être  actuellement  l'un  des 
meilleurs  traitements  du  diabète.  Ce  traitement  est  con- 
ire-indiqué  lorsque,  après  son  emploi,  le  sucre  ne  s'abaisse 
pas  rapidement  on  que  la  densité  de  l'urine  tarde  à  s'élever, 
)ien  que  la  quantité  diminue  ;  l'albuminurie  ne  constitue  pas 
une  contre-indication  absolue,  mais  explique  seulement  une 
question  de  dose  et  de  durée;  enfin,  quand  bien  même  la 
glycosurie  serait  favorablement  influencée,  il  faut  se  garder 
d'en  continuer  l'usage,  si  l'appétit  diminue  et  qu'il  se  montre 
en  même  temps  de  l'amaigrissement,  des  sensations  de  fai- 
blesse, de  la  pâleur  du  visage,  de  l'oppression,  etc. 

M.  Worms  a  signalé  il  y  a  dix  ans,  et  il  obtient  depuis,  les 
mêmes  effets  par  l'emploi  du  sulfate  de  quinine;  l'anti- 
pyrine  et  ses  congénères  ne  lui  ont  pas  donné  de  résultats 
plus  favorables. 

.  Poêles  mobiles.  —  M.  Laborde  achève  sa  communica- 
lion  sur  l'intoxication  oxycarbonée  par  les  poêles  mobiles. 
u  après  ses  recherches  au  point  de  vue  étiologique  et  patho- 
logique, l'intoxication  oxycarbonée  peut  résulter,  et  résulte 
fréquemment,  de  poêles  dits  mobiles,  avec  ou  sans  tuyaux; 
C6S  appareils  réalisent,  tant  par  les  matières  qui  les  con- 
stituent que  par  leur  fonctionnement  sujet  à  de  nombreuses 
défectuosités,  notamment  et  surtout  par  leur  propriété  de 
l^obilisaiion  et  de  déplacement  facultatifs,  les  conditions 
tes  plus  favorables  à  cette  intoxication  et  ses  dangers.  Il 
I  sûttH,  dans  l'atmosphère  respîrée,  de  la  présence  et  de 


1)1 


l'accumulation  de  l'oxyde  de  carbone  dans  des  proportions 
de  1/450*  ou  i  centimètre  cube  par  450  centimètres  cubes 
en  moyenne  pour  que  cette  atmosphère  devienne  dange- 
reuse pour  les  personnes.  La  modification  du  taux  de  la 
capacité  respiratoire  du  sang  ou  de  l'hémoglobine,  sous 
l'influence  de  l'oxyde  de  carbone,  constitue  le  sijîne  fonda- 
mental de  l'intoxication;  mais  les  accidents  mortels  peuvent 
se  produire  avant  même  que  l'hémoglobine  ait  été  saturée 
d'oxyde  de  carbone,  ainsi  qu'en  témoignent  les  recherches 
expérimentales  entreprises  sur  ce  sujet. 

Au  point  de  vue  thérapeutique  et  du  traitement  immé- 
diat de  Tintoxication,  M.  Laborde,  en  dehors  des  moyens 
médicaux  vulgaires,  aération,  flagellation,  excitants  de  toute 
sorte,  déplacement  du  malade  et  son  transfert  rapide  hors  de 
l'atmosphère  toxique,  recommande  la  transfusion  du  sang 
comme  le  moyen  vraiment  rationnel,  suggéré  parla  connais- 
sance du  mécanisme  physiologique  de  1  intoxication.  Pour 
être  efficace,  la  transfusion  doit  être  opérée  alors  que  les 
contractions  du  cœur,  quelque  ralenties  et  affaiblies  qu'elles 
soient,  ne  sont  pas  complètement  suspendues  et  que  les 
respirations  ne  sont  pas  arrivées  à  être  complètement  néga- 
tives et  agoniques;  soit  lorsqu'on  peut  encore  enregistrer 
et  compter  quatre  à  cinq  inspirations  à  la  minute  et  au  moins 
autant  de  contractions  cardia(^ues  dans  le  même  temps.  La 
déplétion  sanguine  et  la  respiration  artificielle,  employées 
respectivement  seules,  ne  peuvent  réussir  qu'à  la  condi- 
tion d'intervenir  à  une  période  beaucoup  moins  avancée  de 
l'intoxication.  La  saignée,  employée  simultanément  et  com- 
binée avec  la  transfusion,  semble  hâter  sensiblement  l'ac- 
tion de  celle-ci,  mais  elle  ne  paraît  pas  nécessaire  pour 
eu  assurer  les  effets.  La  transfusion  et  la  respiration  arti- 
ficielle associées  constituent  la  méthode  la  plus  puissante 
et  la  plus  efficace  du  traitement  immédiat  de  l'intoxication 
X  ycarbonée.  M.  Laborde,  enfin,  ne  croit  pas  qu'il  soit 
possible  de  proscrire  purement  et  simplement  les  poêles 
mobiles;  mais  il  trouve  qu'il  y  aurait  lieu  de  faire  étudier 
par  une  commission  de  l'Académie,  à  laquelle  seraient 
adjoints  des  hommes  de  compétence  notoire,  les  véri- 
tables causes  des  défectuosités  et  des  dangers  inhérents  aux 
divers  et  nombreux  systèmes  de  chauffage  actuellement 
usités. 

Avec  M.  Féréol,  il  alleu  de  reconnaître  les  inconvénients 
que  peuvent  présenter  les  poêles  mobiles,  si  on  n'en  sur- 
veille pas  soigneusement  tes  usages  j  mais  ils  ont  de  grands 
avantages  économiques  et  il  n'est  ni  sage  ni  raisonnable  de 
chercher  à  réglementer  outre  mesure  en  matière  d'hygiène. 
C'est  aux  particuliers  qu'il  appartient  de  prendre  d'eux- 
mêmes  les  précautions  nécessaires.  Aussi  approuve-t-il  les 
propositions  formulées  parle  Conseil  d'hygiène  de  la  Seine 
et  rapportées  il  y  a  huit  jours  par  M.  Léon  Colin.  Il  voudrait 
que  l'Académie  les  fit  suivre  des  conseils  suivants,  qu'il 
demande  à  substituer  aux  conclusions  proposées  par 
H.  Lancereaux  : 

l""  Ne  jamais  placer  de  poêle  mobile  dans  une  pièce  de 
petite  dimension,  surtout  si  les  fenêtres  sont  closes  hermé- 
tiquement et  |;arnies  d'épais  rideaux  ; 

2°  Ne  jamais  coucher  dans  une  chambre  immédiatement 
contiguê  à  celle  où  se  trouve  un  poêle  niobile  ;  il  faut  mé- 
nager toujours  une  chambre  ou  un  corridor  intermédiaire 
dans  lequel  la  ventilation  soit  bien  assurée; 

3*"  Au  moment  d'installer  un  poêle  mobile  dans  son  ap- 
partement, on  devra  en  donner  avis  au  propriétaire  de  l'im- 
meuble ; 

4"  Quant  au  choix  du  poêle,  on  devra  exclure  tout  appa- 
reil qui  n'offre  pas  une  double  enveloppe,  celui  qui  porte 
des  ouvertures  latérales  qualifiées  de  bouches  de  chaleur, 
celui  dont  le  foyer  est  ouvert  librement  ou  fermé  par  un 
simple  grillage  ; 

5"  On  vérifiera,  toujours  avec  le  plus  grand  soin,  si  le 


244    —  N*  15  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


12  AvniL  1880 


couvercle  est  bien  ajusté,  si  la  fermeture  est  exacte,  et  no- 
tamment sî  la  rainure  où  s'enfonce  le  couvercle  ne  contient 
aucun  morceau  de  coke  ou  de  charbon  ; 

6*  Pour  combustible  on  se  servira  de  houille  maigre  ou 
d'anthracite,  dont  Todeur  plus  forte  que  celle  du  coke  avertit 
qu'il  y  a  un  mauvais  fonctionnement  de  Tappareil  ; 

7"  On  devra  s'assurer  que  le  tuyau  de  dégagement  est  bien 
entré  dans  la  cheminée  et  on  baissera  le  tablier  jusqu'au 
contact  du  tuyau  de  sortie;  quand  on  introduit  ce  luyau 
dans  une  cheminée  où  il  n'y  a  pas  eu  de  feu  tout  récem- 
ment, il  est  indispensable  de  faire  flamber  dans  celte  che- 
minée un  feu  de  bois  sec  ou  quelques  vieux  papiers,  pour 
établir  le  courant  d'air  ascendant  ; 

8"  La  plaque  spéciale  de  fermeture  de  l'àtre  est  utile 
pour  accélérer  le  tirage  ; 

9"  Conformément  aux  expériences  de  MM.  Dujardin- 
Reaumetz  et  A.  Martin,  le  poêle  doit  être  mis  en  grande 
marche  pendant  la  nuit,  en  petite  marche  pendant  le  jour, 
à  la  condition  que  pendant  le  jour  on  agite  le  cendrier  ; 

10"  La  clef  du  poêle  ne  devra  jamais  diminuer  le  calibre 
du  tuyau  de  sortie  de  plus  de  la  moitié  ; 

il**  Il  faut  éviler  le  plus  possible  les  déplacements  du 
poêle,  et,  quand  on  opère  ce  déplacement,  il  iiiut  se  con- 
former rigoureusement  aux  préceptes  ci-dessus,  notamment 
en  ce  qui  concerne  l'introduction  du  tuyau  dans  la  che- 
minée, et  en  ce  qui  concerne  la  flambée  nécessaire  pour 
établir  le  courant  d'air  ascendant. 

M.  Lancereauxue  croit  pas  qu'on  puisse  mettre  trop  faci- 
lement en  jeu  la  responsabilité  du  propriétaire,  ainsi  qu'en 
témoigne  Texemple  d'un  procès  récent,  dans  lequel  on  avait 
voulu  rendre  celui-ci  responsable  des  fissures  de  la  che- 
minée par  lesquelles  les  gaz  avaient  pénétré  dans  la  pièce 
où  deux  ouvriers  étaient  morts;  le  propriétaire  a  objecté 
que  lorsqu'il  avait  acheté  la  maison,  elle  était  en  parfait 
état,  et  il  ne  pouvait  en  être  rendu  responsable. 

Il  est  cependant  tenu  d'entretenir  son  immeuble  en  bon 
état,  objecte  M.  Féréol. 

M.  Lagneau  estime,  lui  aussi,  que  si  ces  appareils  sont 
très  économiques,  ils  sont  parfois  dangereux,  même  pour 
les  personnes  habituées  à  s'en  servir  ;  une  femme  qui  avait 
été  chargée  de  les  vendre,  fut  trouvée  asphyxiée  dans  le 
petit  logement  où  le  soir  elle  rentrait  se  coucher.  De  1880 
à  1887,  durant  huit  années,  à  Paris  on  a  enregistré  1695 
décédés  par  asphyxie,  1040  hommes  et  655  femmes;  mais 
plus  des  cinq  sixièmes  de  ces  décès  ont  été  regardés  comme 
des  suicides  volontaires  ;  cette  proportion  d'hommes  as- 
phyxiés volontairement  semble  bien  considérable. 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  16  avril  est  fwé  ainsi 
qu'il  suit:  1"  Communication  de  M.  Budin  sur  la  patho- 
génie de  certains  abcès  du  sein  ;  2*"  Suite  de  la  discussion 
sur  les  poêles  mobiles  (Inscrits  :  MM.  Armand  Gautier, 
Verneuil  et  Lancereaux)  ;  3°  Lectures  :  par  M.  le  docteur 
Gombault  sur  le  traitement  des  afl'ections  dartreuses,  et 
par  M.  le  docteur  Fort,  sur  le  traitement  des  rétrécisse- 
ments de  l'urèthre  par  1  électrolyse  linéaire. 


Société  de  chirurgie. 

SÉANCE   DU  3   AVRIL   1889.    —   PRÉSIDENCE  DE 
H.    LE   DENTU. 

Déviations  utérines  :  MM.  Championniôre,  Terrier,  TerriUon.  Trëlat. 
—  Kystes  hydatlques  du  foie  et  de  la  rate  :  M.  Leprèvost  (M.  Se- 
gond,  rapporteur.  Discussion  :  MM.  TerriUon.  Terrier,  Champion- 
nière).  —  Suture  de  l'urèthre  :  M.  Kirmisson. 

M.  Chawpionnière  pense  qu'il  ne  faut  rien  faire  aux 
rétrodéviations  indolentes.  Lorsque  la  douleur  intervient, 
elle  peut  être  de  cause  exclusivement  mécanique,  et  le 


redressement  alors  est  indiqué;  mais  souvent  elle  a  pou 
cause  des  lésions  des  annexes,  et  le  redressement  n'y  peu 
rien.  Les  pessaires  sont  toujours  inutiles,  sinon  dangereux 

M.  Terrier  n'a  jamais  fait  l'opération  d'Alexander 
Lorsque  la  rélrodévialion  cause  de  la  douleur,  il  y  a  sou 
vent  de  la  mélrile,  et  l'on  a  de  bons  résultats  par  ladilala 
tion  et  le  curage  de  la  cavité  utérine.  Et  cetle  mélrile  es 
la  chose  importante,  car  c'est  d'elle  que  dépendent,  p.n 
infection  ascendanle,  les  salpingo-ovarites,  les  adhérencf! 
périlonéales.  —  C'est  pour  cela,  el  non  à  cause  du  simplt 
déplacement,  que  les  rétrodéviations  se  compliquent  plii: 
ou  moins  tôt  d'adhérences,  de  pelvipérilonite  tantôt  simpli- 
ment  adhésive,  tantôt  beaucoup  plus  sérieuse.  Une  fois  le? 
adhérences  établies,  le  raccourcissement  des  liganu'nts 
ronds  est  absolument  inefficace  :  la  seule  intervention 
rationnelle  est,  après  laparotomie,  l'ablation  des  annexes 
cl  l'hystéropexie.  Pour  les  rétrodéviations  non  «adhérentes, 
le  raccourcissement  des  ligaments  ronds  donnerait  peut- 
être  des  résultats;  mais  les  malades  qui  souffrent  en  de 
semblables  circonstances  sont  à  l'ordinaire  des  névropat/ies, 
et  l'on  peut  se  demander  s'il  ne  faut  pas  tenir  compte  de 
l'induence  morale  de  l'opération.  Ainsi,  une  malade  à  la<|uelle 
M.  Terrier  a  fait  Thystéropexie,  après  castration,  a  vu  repa- 
raître ses  douleurs  atroces  lorsque  furent  revenues  sp< 
n*gles,  qu'elle  s'attendait  à  ne  plus  avoir.  Le  trailemenl 
médical  ayant  échoué,  M.  Terrier  proposa  à  la  malade 
l'hyslérectomie  vaginale,  et,  sous  le  chloroforme,  lui  pl.in 
sur  le  col  utérin  trois  pinces  à  pression  :  depuis  la  inalad* 
est  persuadée  qu'elle  n'a  plus  d'utérus,  el  elle  no  souffiv 
plus. 

M.  TerriUon  a  pratiqué  cinq  fois  l'opération  d'Alqui- 
pour  des  cas  simples,  sans  mélrile  ni  adhérences.  Il  a  m 
trois  succès  et  deux  récidives.  Donc,  il  ne  faut  pas  m 
médire  pour  les  déviations  simples. 

M.  Trëlat  désire  constater  qu'il  a  été  le  premier  à  recon- 
naitre  que  les  résultais  sont  défectueux  quand  il  s'agit  dr 
déviations  adhérentes.  Mais  il  diffèie  d  avis  avec  M.  Teniti 
sur  les  déviations  mobiles  et  indolentes  :  il  faut  redresser. 
car,  par  le  processus  indiqué  par  M.  Terrier,  les  adhérence^ 
sont  a  peu  près  fatales,  il  faut  donc  intervenir  avant  l'étii' 
blissement  des  adhérences;  le  raccourcissement  des  lig> 
menls  ronds  est  alors  une  bonne  opération,  et  l'on  y  joint 
le  traitement  de  la  métrite.  Plus  tard,  on  devrait  s'adresser 
à  l'hystéropexie  avec  ou  sans  castration,  opération  beaucou;) 
plus  sérieuse.  MM.  Trélat  et  Terrier  ne  diffèrent  donc  pas 
d'îivis  sur  la  valeur  des  opérations  exécutées,  mais  sur  le 
moment  où  il  faut  intervenir  chez  une  femme  atteinte  de 
déviation. 

M.  Teirier  insiste  sur  les  idées  qu'il  a  émises,  et  ajoute 
que,  d'ailleurs,  à  son  sens,  les  rétrodéviations  sont  encore 
insuflisamment  connues.  Il  pense,  sans  pouvoir  être  tout  à 
fait  affirmatif,  que  les  rétroflexions  sont  plus  graves  qi»' 
les  rétroversions. 

—  M.  Second  lit  un  rapport  sur  deux  observations  d-^ 
M.  Leprèvost  (du  Havre),  concernant  deux  kystes  InjiUi' 
tiques^  Tun  du  foie,  l'autre  de  la  rate.  Le  kyste  hydaiique 
de  la  rate  a  été  observé  sur  une  femme  de  vingt-six  ans;  le 
diagnostic  a  été  confirmé  par  une  ponction  à  la  seringue  do 
Pravaz.  Douze  jours  après,  une  ponction  aspiratrice  nap" 
trouver  de  liquide,  mais  elle  a  causé  quelques  accidenls 
inflammatoires.  Ces  accidents  une  fois  passés,  la  tumeur 
avait  disparu,  et,  deux  mois  après,  la  guérison  s'était  main- 
tenue. M.  Leprèvost  attribue  cette  cure  à  la  ponction  avec 
la  seringue  de  Pravaz,  et  en  rapproche  les  observalions 
analogues  citées  par  Draine  pour  les  kystes  hydaliques  du 
foie.  M.  Segond  tend  à  invoquer  plutôt  I  inflammation  qui  a 
suivi  la  première  ponction,  inflammation  qui,  disent  Casa- 
nova et  Poulet,  est  plus  fréquente  après  la  ponction  des 


M  Avril  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  15  —    245 


kysips  de  la  raie  qu'après  celle  dos  kysles  du  foie  (proposi- 
lion  dont  doule  M.  Terrier).  Le  vrai  trailemenl  est  l'incision 
large,  comme  pour  le  foie,  et  c'est  à  elle  qu'a  eu  recours 
N.  Leprévost  pour  un  kysle  suppuré  du  foie.  La  poche 
lùvaut  pas  contracté  d'adhérences,  M.  Leprévost  a  essayé 
lie  la  suturer  à  la  paroi  avant  de  l'ouvrir;  mais,  vu  la  trans- 
mission des  mouvements  respiratoires,  il  a  échoué  et  il  a 
réussi  par  la  pratique  usuelle  :  suture  après  que  la  poche 
a  été  rendue  flasque  par  une  ponction  évacuatrice.  La 
malade  est  guérie,  mais  conserve  une  petite  iistule.  La 
fréquence  des  fistules  après  ces  opérations  mérite,  d  ailleurs, 
des  études  nouvelles.  Cette  observation  de  M.  Leprévost  ne 
saurait  soulever  de  discussion  :  l'ouverture  large  n'est  pas 
contestée  lorsque  le  kyste  est  suppuré.  Mais,  pour  les  kysles 
iiuo  suppures,  certains  auteurs,  les  médecins  surtout, 
semblent  préconiser  des  opérations  dites  bénignes  :  éva- 
cuation totale  et  lavage  antiseptique;  injection  d'une  sub- 
siance  toxique  pour  tuer  les  hvdatides  du  kyste  non  vidé. 
Or  M.  Segond  déclare  que,  malgré  leur  apparente  simpli- 
cilè,  ces  opérations  médicales  lui  font  peur;  que,  d'autre 
part,  ell^s  ne  s'appliquent  pas  indifféremment  à  tous  les 
as.  Ainsi  la  première  méthode  ne  saurait  convenir  aux 
poches  qui,  bourrées  de  vésicules,  ne  contiennent  que  peu 
de  liquide;  mais  on  peut  alors  essayer  la 'seconde.  En 
somme,  on  a  le  droit  de  tenter  les  interventions  simples, 
imiis  non  point  de  s'y  acharner.  Et  l'on  doit  ajouter  que, 
parfois,  les  guérisons  durent  moins  qu'on  ne  le  croit;  ainsi 
lu  malade  dont  M.  Segond  a  communiqué  l'observation  au 
(M'^vés  de  chirurgie,  est  portée  dans  les  observations  d'un 
chirurgien  comme  un  succès  de  la  ponction  simple.  —  Lors- 
<|uonse  décide  à  l'ouverture  large,  on  doit,  comme  l'a  fait 
M.  Leprévost,  opérer  en  un  seul  temps  et  non  en  deux, 
inaljjré  un  plaidoyer  récent  de  M.  Heydenreich  en  faveur 
de  la  méthode  de  Volkmann.  Mais,  dans  l'observation  de 
M.  Heydenreich,  il  a  fallu  trois  séances,  toutes  trois  avec 
chloroforme,  car  à  la  deuxième  il  a  été  constaté  que  les 
adhérences  n'étaient  pas  encore  établies. 

M.  Terrillon  appuie  ces  propositions  à  l'aide  de  ses 
observations  personnelles,  qu'il  divise  en  trois  catégories. 
Trois  fois,  le  kyste  a  guéri  après  la  ponction  évacuatrice 
simple;  deux  fois  après  l'évacuation  suivie  de  lavage  à  la 
liqueur  de  Van  Swieten.  Mais  ces  méthodes  échouent  quand 
il  y  a  beaucoup  de  vésicules  filles  et  dans  un  cas  de  ce 
genre  M.  Terrillon  a  dû  en  venir  à  l'incision  large. 

M.  Terrier  est  du  même  avis,  mais  pense  qu'il  est  bien 
difficile  de  diagnostiquer  ces  variétés;  de  savoir,  d'autre 
I>arl,  s'il  n'y  a  pas  des  kystes  multiples.  C'est  déjà  malaisé 
à  reconnaître  après  incision  large  du  ventre.  Quant  aux 
opérations  dites  médicales,  elles  nécessitent,  pour  être 
innocentes,  des  précautions  antiseptiques  d'une  minutie 
ex(réme, 

M.  Cliampionuière  insiste  sur  les  différences  qui  existent 
fiilre  les  divers  kystes  hydatiques  du  foie,  el  s'étonne  qu'on 
^onge  parfois  à  préconiser  une  méthode  toujours  la  même. 
Qn'ya-uil  dans  le  kyste?  Qu'y  a-t-il  autour  de  lui?  Souvent 
on  n'en  sait  rien,  el  c'est  pourquoi  il  est  bon  d'aller  y  voir 
i>uiant  qu'on  le  peut,  sans  se  dissimuler  d'ailleurs  que  la 
'î'parolomie  ne  permet  pas  de  tout  reconnaître.  Peut-être 
«itJ(lil-on  trop  de  la  métnode  de  Volkmann,  qui,  d'abord,  a 
(^'lé  un  grand  progrès  il  y  a  huit  à  dix  ans;  qui  aujourd  hui 
<?st  encore  utile  pour  les  kysles  inclus  dans  le  foie,  car  la 
^^ulure  est  alors  bien  pénible.  M.  Heydenreich  n'a  pas 
obtenu  d'adhérences  parce  qu'il  a  tamponné  la  plaie  à 
l'iodoforme.  Il  faut  user,  en  pareil  cas,  d'une  substance 
irnlanle^du  chlorure  de  zinc  surtout.  En  somme, M,  Cham- 
pionnière  est  partisan  de  l'incision  large  el  croit  que  l'on  a 
Çxagéré  les  bienfaits  de  la  ponction  simple  :  on  a  bien  dit, 
"  y  a  quelques  années,  que  les  kystes  du  para-ovarium 


guérissaient  ordinairement  par  la  ponction;  aujourd'hui,  à 
peu  près  tous  les  chirurgiens  sont  d'avis  de  les  enlever. 

—  M.  Kirmisson  lit  un  travail  sur  la  suture  primitive 
et  secondaire  de  Vurèthre  et  du  périnée  après  les  ruptures 
de  l'urèthre,  les  uréthrotomies  externes.  Cette  pratique, 
déjà  employée  par  MM.  Terrier,  Championnière,  Le  Dentu, 
donne  de  bons  résultats.  Il  a  eu  à  se  louer  de  la  suture  pri- 
mitive, en  étages,  après  une  uréthrolomie  externe  pour 
extraction  de  calculs  derrière  un  rétrécissement  qui  fut  en 
même  temps  soumis  à  l'uréthrotomie  interne.  Il  a  eu  un 
succès  par  la  suture  secondaire,  douze  jours  après  une  uré- 
throtomie  externe,  dans  un  périnée  fistuleux  et  induré; 
dans  un  autre  cas  du  même  genre,  il  a  échoué  sur  un  ma- 
lade atteint  de  pyélonéphrite  double. 

A.  Broc A. 


S«»eléié  de  blolo|;le. 

SÉANCE   DU   30  MARS  1889.   —  PRÉSIDENCE  DE   M.  DCCLAUX, 
VICE-PRÉSIDENT. 

Sur  l'inoculation  du  charbon  symptoma tique  au  lapin  :  M.  Roger. 
-  Structure  de  Vos  normal  :  M.  Zaohariades.  —  Lôsions  hépa- 
tiques dans  rèolampsie  :  M.  Pilliet.  —  Influence  des  inhalations 
d'oxygène  sur  le  rythme  respiratoire  chez  les  diphthèritiques  : 
M.  Langlois.  —  Toxicité  du  cyanure  d'èthyle  :  M.  Lapicque.  -  - 
Des  relations  entre  la  fonction  glycogënique  et  la  fonction  biliaire  : 
MM.  Art  hua  et  Dastre.  —  Sur  la  pression  exercée  par  les  graines 
qui  se  gonnent:  M.  Regnard.  —  De  la  surcharge  graisseuse  du 
cœur  chez  les  animaux  engraissés  :  M.  Regnard. 

M.  Roger  a  poursuivi  ses  recherches  relativement  aux 
conditions  dans  lesquelles  le  charbon  symptomatique  peut 
être  inoculé  au  lapin  ;  il  a  constaté  que  Tinjection  simul- 
tanée d'une  culture  de  charbon  avec  quelques  gouttes  d'une 
culture  de  staphytococcus  aureus  ou  de  proteus  vulgaris 
détermine  rapidement  la  mort  de  Tanimal;  révolution  de 
la  maladie  et  les  lésions  sont  celles  mêmes  du  charbon. 
D'autre  part,  on  arrive  aussi  à  tuer  un  lapin  en  injectant 
dans  le  muscle  un  mélange  de  culture  de  charbon  et  de  tri- 
méthylamine.  Ainsi  un  microbe  peut  se  développer  chez  un 
animal  qui  y  est  naturellement  réfractaire,  quand  on  fait 
subir  aux  tissus  dans  lesquels  on  Tintroduit  une  altération 
chimique. 

—  M.  Zachariadcs,  en  étudiant  comparativement  des 
coupes  d'os  frais  et  d'os  sec,  a  été  amené  à  constater  que 
la  grande  majorité  des  canalicules  osseux  contiennent,  à 
i'élat  frais,  des  prolongements  que  Ton  isole  aisément  par 
la  potasse  et  qui  se  colorent  par  le  bleu  de  quinoléine. 

—  M.  Laborde  présente  une  note  de  M.  Pilliet  sur  les 
lésions  hépatiques  dans  Téclampsie,  qu'il  y  ait  ou  non  ictère. 
Les  lésions  débutent  par  les  espaces  portes  et  sont  constituées 
d'abord  par  une  extravasation  sanguine  autour  des  espaces, 
puis  par  une  destruction  du  parenchyme  de  l'organe, 

—  M.  Laborde  dépose  une  note  de  M.  Langlois  sur  les 
variations  du  rylhme  respiratoire  chez  les  diphthèritiques 
sous  l'influence  des  inhalations  d'oxygène.  Le  fait  essentiel 
constaté  par  M.  Langlois  consiste  en  une  légère  accéléra- 
tion du  rythme  respiratoire  dès  le  début  et  tout  le  temps 
des  inhalations. 

—  M.  Lapicque  a  constaté,  contrairement  à  une  opinion 
qui  a  été  soutenue,  que  le  cyanure  d'èthyle  pur  est  toxique. 
La  dose  mortelle,  pour  le  lapin,  est  de  5  centigrammes  par 
kilogramme  d'animal;  mais  les  accidents  ne  se  produisent 
qu'avec  une  grande  lenteur.  Les  caractères  de  l'empoison- 
nement sont  ceux  de  l'empoisonnement  par  les  cyanures  en 
général. 

—  M.  Dastre  a  vu,  avec  M.  Àrthus,  au  moyen  d'une 
méthode  nouvelle  qui  consiste  à  déterminer  un  ictère  par- 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


12  Avril  1889 


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tiel,  et  qui  permet  par  suite  de  comparer  une  portion  du 
foie  ictérique  à  une  portion  saine  chez  le  même  animal, 
''u'il  y  a  constamment  dans  le  foie  ictérique  un  abaissement 
u  pouvoir  glycogénique. 

—  H.  Rêgnard^  à  propos  des  expériences  récemment 
présentées  à  la  Société  par  M.  Gréhant,  rapporte  une  expé- 
rience qu'il  a  faite  et  qui  montre  que  des  graines,  se  gon- 
flant d'eau  dans  une  enceinte  fermée,  amènent  une  diminu- 
tion de  volume  du  mélange  total;  il  n'y  a  donc  pas,  en 
réalité,  de  pression  exercée  par  ces  graines. 

—  M.  Reynard  a  trouvé  une  surcharge  graisseuse  du 
cœur  considérable  chez  les  animaux  engraissés  hâtivement. 


SÉANCE   DU   G  AVRIL   1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE   M.    DUCLAUX,   VICE-PRÉSIDENT. 

Sur  le  pouvoir  toxique  de  l'urine  dans  la  pneumonie  :  MM.  Gaume 
et  Roger.  —  Présentation  d'ouvrage  :  M.  Dastre.  —  Du  lavage  du 
sang  dans  les  maladies  infeotieuses  :  MM.  Dastre  et  Loye.^De  la 
présence  de  psorospermles  dans  les  tumeurs  èpithéliales  :  M.  Al* 
barran.  —  Appareil  pour  mesurer  le  gonflement  des  graines  : 
M.  Bonnier.  ^  Sur  la  cause  du  sommeil  hibernal  :  M.  Dubois.  >— 
XUfets  de  l'excitation  du  pneumogastrique  sur  le  diamètre  des 
bronches  :  M.  Ghauveau. 

M.  Roger  a  constaté  avec  H.  Gaum^  que  pendant  le  cours 
de  la  pneumonie  la  toxicité  des  urines  est  moins  grande 
que  chez  des  sujets  normaux  ;  cette  toxicité  diminue  au  fur 
et  à  mesure  que  la  maladie  progresse;  mais  vingt-quatre  ou 
quarante-huit  heures  avant  le  jour  ae  la  crise,  elle  aug- 
mente brusquement  et  dépasse  presque  toujours  la  toxicité 
normale.  Cependant  ce  n'est  pas  cette  soudaine  exagération 
du  pouvoir  toxique  des  urines  (|ui  peut  expliquer  la  guéri- 
son,  car  elle  n'a  pas  toujours  lieu  avant  la  crise. 

M.  Roger  a  en  outre  entrepris,  avec  M.  Gaume,  quelques 
essais  pour  déterminer  à  quelles  substances  est  due  cette 
toxicité. 

—  M.  Vnstre  ^résenie  un  volume  contenant  quelques-uns 
des  travaux  faits  pendant  Tannée  1888  au  laboratoire  de 
physiologie  de  la  Sorbonne. 

—  M.  Dastre  a  recherché  avec  M.  Loye  quelle  iniluence 
peut  exercer,  dans  les  maladies  infectieuses,  le  lavage  du 
sang,  pratiqué  conformément  aux  règles  qu'il  a  posées  dans 
un  travail  publié  l'année  dernière  dans  les  Archives  de 
physiologie^  ce  lavage  n'entraînant  que  les  substances  nui- 
sibles et  étrangères,  et  non  les  substances  constitutives  du 
sang.  Après  avoir  inoculé  à  des  lapins  des  cultures  de  char- 
bon, ou  de  morve,  ou  de  bacille  pyocyanique,  ou  de  la 
diphthérie,  les  auteurs  ont  soumis  un  certain  nombre  de 
ces  animaux,  les  autres  restant  comme  témoins,  au  lavage 
méthodique.  Cette  opération  a  eu  constamment  pour  résul- 
tat de  déterminer  la  mort  un  peu  plus  rapidement.  Il  se 

f»eut,  en  eiïet,  que  le  lavage  répande  dans  tout  lorganisme 
es  matières  toxiques  sécrétées  par  les  microbes  qui,  chez 
les  animaux  témoins,  ne  passent  que  peu  à  peu  et  moins 
vite  dans  le  torrent  circulatoire. 

—  M.  Albarran  rapporte  plusieurs  cas.de  tumeurs  èpi- 
théliales, en  narllculier  un  cas  de  tumeur  du  maxillaire 
inférieur  étudiée  avec  M.  Malassez,  dans  lesquelles  la  pré- 
sence de  psorospermies  a  été  nettement  constatée. 

—  M.  Bonnier  décrit  l'appareil  qui  lui  sert  à  démontrer 
le  gonflement  des  graines  dans  l'eau,  appareil  analogue  à 
celui  que  M.  Regnard  a  présenté  à  la  dernière  séance. 
Avec  cet  nppareil  on  constate  que  pour  beaucoup  de  graines, 
fèves,  orge,  maïs,  etc.,  le  mélange  se  contracte  d'abord, 
puis  survient  une  phase  de  dilatation. 

—  -  M.  Duclau,r  présente  une  note  de  M.  B.  Dubois  sur 
Us  causes  du  ;sbnimeil  hibernal.  M.  DuBiiis   s'attache  à  ' 


montrer  ^ue  ce  sommeil  ne  tient  pas  à  une  accumulatio 
de  produits  toxiques. 

—  M.  ChauveaUy  à  propos  de  la  communication  récent 
de  M.  François-Franck  sur  les  effets  respiratoires  de  l'ex 
citation  du  nerf  vague,  rappelle  des  expériences  qu'il 
faites  il  y  a  déjà  plusieurs  années  et  qui  montrent  bie 
l'insuffisance  des  procédés  manométriques  pour  constate 
l'action  du  pneumogastrique  sur  les  muscles  de  Reissesseii 
Le  procédé  employé  par  M.  François-Franck  et  don 
H.  Chauveau  s'était  servi  dans  les  expériences  qifil  rapporte 
est  bien  préférable  :  on  apprécie  simplement  la  durè( 
d'ampliation  du  thorax  d'après  la  courbe  fournie  par  ui 
tracé  pneumographique.  Par  exemple,  sur  un  chien  dont  oi 
a  coupé  la  moelle  et  sur  lequel  on  établit  la  respiratiot 
artificielle,  on  constate  que  la  section  des  deux  pneumo^ 
gastriques  ne  modifie  pas  le  tracé;  mais,  si  on  excite  h 
bout  inférieur  d'un  de  ces  nerfs,  on  voit  la  ligne  d'insulra- 
tion  diminuer  beaucoup  d'amplitude.  Ce  qui  s'explique 
aisément  en  raison  de  la  diminution  du  volume  total  du 
poumon  résultant  de  la  contraction  des  fibres  de  Reis>f> 
sen;  mais  cette  modification  ne  persiste  pas  longtemps. 


BEVUE  DES  JOURNAUX 

C«atrtMill«a  à  Pelade  du  Mlf^nal,  par  M.  ScHëNëY.  —  lu 
malade  atteint  d'angine  de  poitrine  prit  2  grammes  de  sulfonal. 
Non  seulement  il  n  obtint  pas  de  sommeil,  mais  il  y  eut  uur 
notable  aggravation  de  son  éiat.  I/auleur  recommaiule  de 
s  abstenir  de  ce  médicament  dans  Fangine  de  poitrine,  et  dans 
Tartério-sclérose  en  général.  (Therap,  Monatshefte,  n*  7,  WK' 

Ha    IralCemeal     de»    kélol4c0     |Mir    Im      r«0orcfliie,  pur 

M.  ANDEEn. —  Il  s'agit  d'une  femme  qui  portait  sur  le  doMln 
pied  une  vaste  cicatrice,  irrêguliiTe,  en  demi-relief,  et  tr(> 
douloureuse  au  point  qu  elle  ne  pouvait  se  cliausser,  ni  se  livrer 
à  ses  occupations  habituelles.  Après  avoir  épuisé  un  grand 
nombre  de  traitements,  elle  lit  usage  d'uue  pommade  à  la  rê^ur- 
cine,  contenant  1  pour  100  de  médicament.  Les  douleurs  dis|'. 
rurent  au  bout  de  quelques  jours  et  le  pied  recouvra  s'^ 
fonctions.  Le  professeur  Nussbaum  (de  Munich)  rccomniaudc 
également  remploi  de  la  résorcine  dans  le  traitement  de< 
kéloïdes.  (Cenimlblati  fiir  die  medicinischen  Wisscnschaflen, 
20  octobre  1888.) 


BIBLIOGRAPHIE 

Trallé  éem  maladtes   de»  paya  ahaada,   résion  prëiro* 

tropicale,  par  MM.  Kblsgh  et  KiENER.  1  vol.  de  900pai!e^ 
avec  6  planches  en  cbromolithographie  et  30  figures  ()aii> 
le  texte.  Paris,  1889,  J.-B.  Baillière  et  fils. 

Les  auteurs  de  ce  très  intéressant  ouvrage,  dont  la  corn 
pétence  en  pareille  matière  est  depuis  longtemps  établie 
par  les  études  anatomiques  et  cliniques  auxquelles  ils  ont 
pu  se  livrer  pendant  leur  séjour  prolongé  en  Algérie^  oh(| 
cru  devoir  se  limiter  à  la  description  des  trois  maladies 
communes  à  tous  les  pays  chauds  :  la  dysenterie,  riiépj 
tite  et  la  malaria.  Ils  considèrent,  d'ailleurs,  que  lesiu- 
fiuences  climalériques  et  hygiéniques  sont  impuissni)les,i 
par  elles-mêmes,  à  produire  ces  affections  qu'il  convient 
d'envisager  comme  des  «  maladies  ubiquilaires  qui  acquiè- 
rent seulement  dans  les  pays  chauds  une  fréquence  et  une, 
intensité  particulières  ».  Elles  sont  toujours  idenliqu<?sà 
elles-mêmes,  quelle  que  soit  la  diversité  de  leur  allure  et| 

6 résentent  constamment  un  caractère  manifeste  de  spéc'- 
cité.  i 

On  peut  regretter,  d'ailleurs,  que  Tétude  bactériolugMl"<J 
relative  aux  miirru-crganisnies  pathogènes  n'ait  pas  Irou'Oi 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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place  dans  l'œuvre  de  MM.  Kelsch  el  Kiener  ;  il  eûl  élé  in- 
téressant, à  plus  d'uD  titre,  de  connaître  les  résultats  de 
recherches  faites  dans  les  conditions  particulièrement  favo- 
rables où  ils  se  trouvaient  placés;  et,  même  négatifs,  ces 
résultais  auraient  apporté  une  importante  contribution  à 
des  questions  encore  litigieuses.  Les  considérations  d'hy- 
j;iène  et  de  prophylaxie  y  eussent  à  coup  sûr  gagné  en 
précision. 

iNous  ne  saurions  avoir  la  prétention  d'analyser  ici  ce 
volumineux  ouvrage  si  rempli  de  faits,  si  riche  en  docu- 
ments anatomiques  et  cliniques,  dont  quelques-uns,  du 
reste,  ont  été  déjà  Tobjet  de  publications  antérieures  de  la 
part  des  auteurs  ;  nous  ne  ferons  que  signaler  les  points  qui 
nous  ont  semblé  particulièrement  intéressants. 

D'une  façon  générale,  la  dysenterie  et  la  malaria  sont 
envisagéescomme«  maladies  populaires  ]»,  entités  morbides, 
uiodKiées  dans  leurs  allures  suivant  la  latitude,  et  recon- 
naissant deux  ordres  de  facteurs  étiolo^iques  constants  : 
Qu|rerme  pathogène  dont  l'existence  est  indéniable  si  elle 
nest  pas  objectivement  démontrée,  el  un  ensemble  de 
causes  secondes  dont  le  mode  d'action  et  l'importance 
Diéritent  d'attirer  l'attention  des  observateurs.  Ainsi,  le 
développement  et  la  propagation  de  la  maladie  relèvent  de 
la  contagion  ou  de  l'infection  ;  la  permanence  et  la  gravité 
des  endémies,  la  prolongation  et  la  léthalité  des  épidémies 
dépendent,  les  unes  des  influences  thermiques,  les  autres 
de  la  famine. 

A  Tétude  de  la  dysenterie  se  rattache  celle  dns  abcès  du 
fuie  :  et  cela  d'autant  plus  directement  que,  pour  les  au- 
teurs, il  ne  s'agit  pas  d'abcès  métastiques  ou  d'embolies 
sepliques  dans  le  réseau  porte,  mais  qu'ils  considèrent  la 
dysenterie  comme  la  cause  spécifique  de  l'abcès  du  foie  : 
c'est  en  un  mot  une  véritable  dysenterie  hépatique,  pou- 
vant dans  quelques  cas,  rares  il  est  vrai,  précéder  la  dysen- 
terie intestinale.  Cette  manière  de  voir  est  appuyée  sur 
l'anatomie  pathologique  qui  montre  la  plus  grande  simili- 
tude entre  le  processus  au  niveau  du  foie  et  au  niveau  de  la 
muqueuse  intestinale:  les  différences  de  détail  trouvent 
une  explication  suffisante  dans  la  différence  de  structure 
des  tissus.  Dans  le  foie,  comme  dans  l'intestin,  <c  un  proces- 
iius  de  nécrose  s'allie  à  l'élément  inflammatoire,  et  la  gan- 
grène secondaire  trouve  dans  l'abcès  ouvert  et  dans  l'ulcère 
intestinal  un  terrain  également  bien  préparé  >.  Cet  abcès, 
du  reste,  offre  comme  caractère  différentiel,  ainsi  aue  le 
montre  l'analyse  histologique,  de  n'avoir  cour  point  de  dé- 
part ni  les  vaisseaux,  ni  les  conduits  biliaires,  mais  d'inlé- 
l'esser  à  la  fois,  dès  le  début,  les  acini  et  les  espaces  con- 
jonctifs. 

Dans  un  intéressant  chapitre,  consacré  à  la  pyréto- 
iogie  des  pays  chauds,  les  auteurs  passent  successivement 
en  revue  les"  fièvres  infectieuses  mal  caractérisées  que  l'on 
a  \oulu  ranger,  à  tort,  sous  le  nom  de  fièvres  climalériques. 
<^e  sont  «les  pâles  représentants  de  Tune  ou  l'autre  des 
trois  grandes  pyrexies  »  qui  régnent  en  toute  région  sous 
les  tropiques;  aussi  peut-on  reconnaître,  par  une  élude 
attentive,  que  le  facteur  climatérique  n'a,  dans  leur  élio- 
'ogie,  qu'une  valeur  tout  à  fait  secondaire,  et  voit-on  leur 
nature  s'accuser  nettement  si  on  les  étudie  dans  leurs  rap- 
ports avec  l'endémie  régnante  €  dont  elles  copient  la  phy- 
sionomie, à  laquelle  elles  se  rattachent  par  des  formes  de 
transition,  et  dont  elles  suivent  en  général  l'évolution  épi- 
déniique  b. 

Eulin,  à  côté  de  ces  fièvres,  vient  se  ranger  la  typhoma- 
larienne,  l'un  des  types  des  fièvres  proportionnées  de  Torti, 
^l  qui  est  constituée  par  l'association,  l'enchrvélrement 
du  processus  typholdique  et  du  processus  palustre.  Nous 
sommes  peu  habitué*!,  en  France,  à  l'étude  de  ces  intéres- 
sants hybrides  dont  MM.  Kelsch  et  Kiener  mettent  très 
nettement  en  relief  les  allures  spéciales  :  association  des 
\vraptômes  particuliers  à  chacun  aeii  éléments  compôsaiil^, 


et  effacement  ou  aggravation  réciproque  de  leurs  manifes- 
tations propres,  anatomiques  et  cl  iniques.  Ce  sont  des  pages 
à  lire  et  à  méditer  ;  une  brève  analyse  ne  saurait  rendre 
compte  des  nombreux  aperçus  de  pathologie  générale 
qu'elles  renferment. 

L'ouvrage  de  MM.  Kelsch  et  Kiener  se  termine  par  une 
importante  monographie  de  la  malaria;  c'est  un  sujet  qui 
leur  est  familier  et  auquel  ils  ont  déjà  consacré  plusieurs 
publications  de  détail,  qui  sont  trop  connues  pour  que  nous 
ayons  à  les  rappeler.  Ils  adoptent  la  classification  de  l'in- 
toxication palustre  en  :  1°  intoxication  aiguë,  comprenant 
les  formes  solitaires  et  comitées;  les  premières  représen- 
tées par  les  fièvres  simples,  les  fièvres  bilieuse  et  gastrique, 
et  les  fièvres  solitaires  graves,  typhoïde  etadynamique;  les 
secondes  représentées  par  les  comitées  cérébrales,  les  co- 
mitées algides,  et  la  fièvre  bilieuse  bémoglobinurique; 
i'*  intoxication  chronique,  qui  comprend  les  hypérémics 
phlegmasiques,  la  cachexie  hydroémique  et  gangrène,  et  la 
cachexie  paludéenne  chronique. 

Cette  dernière  forme  du  paludisme  chronique  mérite  sur- 
tout de  nous  arrêter,  par  suite  des  considérations  impor- 
tantes dont  elle  a  élé  l'occasion  pour  les  auteurs  relative- 
ment à  la  formation  et  à  l'évolution  du  pigment  au  cours 
de  l'intoxication  palustre.  On  constate,  en  effet,  deux  variétés 
de  pigment,  l'un  spécifique  et  encore  inconnu  dans  sa  com- 

Kosition  chimique,  le  pigment  noir  ou  mélanémique;  l'autre 
anal,  résultant  de  toute  destruction  globulaire  quelle 
(|u'en  soit  la  cause,  et  renfermant  du  fer  plus  ou  moins 
intimement  combiné,  le  pigment  ocre.  Ce  dernier  prédo- 
mine et  s'accumule  dans  les  éléments  cellulaires  à  mesure 
que  l'intoxication,  plus  ancienne,  marche  vers  la  cachexie, 
à  laquelle  les  auteurs  donnent  le  nom  de  siderosis  pour 
rappeler  la  surcharge  ferrugineuse  des  organes.  Le  pigment 
mélanémique  est,  au  contraire,  propre  à  la  malaria  dans 
ses  formes  aiguës;  c'est  un  dérivé  de  l'hémoglobine,  carac- 
téristique de  la  destruction  globulaire  due  à  l'intoxication 
[»alustre.  Il  ne  siège  pas,  d'ailleurs,  dans  les  éléments  cel* 
ulaires,  mais  seulement  dans  les  vaisseaux  sanguins  et 
lymphatiques,  charrié  par  de  grandes  cellules  mélanifères 
ou,  en  moindre  proportion,  par  des  leucocytes  formant 
tbrombus  dans  les  réseaux  capillaires.  Peut-être  ce  pigment 
sprcifique  est-il  le  résultat  de  l'action  particulière  sur  les 
globules  sanguins  d'un  parasite  propre  à  la  malaria  :  des 
recherches  ultérieures  pourront  seules  élucider  ce  point 
délicat. 

Si  l'on  ajoute  à  cette  œuvre,  déjà  considérable,  les  cha- 
pitres qui  traitent  des  lésions  inflammatoires  viscérales, 
pneumonie,  hépatites  et  néphrites  palustres,  ainsi  qu'une 
judicieuse  étude  d'étiologie  et  de  thérapeutique*  générale, 
on  comprendra  quelle  abondance  de  documents,  quelle 
somme  de  travail,  de  recherches  et  d'études  persévérantes 
représente  ce  livre,  dont  nous  regrettons  de  n'avoir  pu 
donner  qu'une  idée  bien  faible  et  bien  incomplète. 

André  Petit. 


VARIÉTÉS 

Nécrologie  :  M.  Chevreul. 

L'Académie  des  Sciences,  le  Muséum  d'histoire  natu- 
relle, les  représentants  de  la  Société  d'agriculture,  de  la 
manufacture  des  Gobelins,  etc.,  etc.  ;  les  chimistes  les  plus 
éminents  qui  ont  si  souvent  affirmé  que  les  travaux  de 
M.  Chevreul  leur  servaient  de  modèle;  les  industriels  qui 
comptent  par  centaines  de  millions  les  bénéfices  dus  à  ses 
découvertes,  tous  les  hommes  de  science  et  d'étude  qui  ont 
entouré  de  leur  vénération  le  doyen  des  étudiants  français, 
sauront  rendre  a  sa  mémoire  un  légitime  hommage  d'ad- 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDEGINEET  DE  CHIRURGIE 


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miralion  et  de  respect.  L'Académie  de  médecine  voudra 
aussi  prendre  sa  part  du  deuil  de  la  science  française. 
H.  Chevreul  lui  appartenait  depuis  1823.  Il  avait  été  élu 
membre  libre,  au  scrutin  de  liste,  en  même  temps  que 
Thénard,  Arago,  Brongniart,  de  Blanville,  etc.;  et  s'il  n'as- 
sistait plus  à  ses  séances  depuis  de  longues  années,  il  n Sa- 
vait pu  se  désintéresser  complètement  des  études  afférentes 
H  la  médecine. 

Sans  doute  les  recherches  chimiques  sur  les  corps  gras 
d  origine  animale,  sur  les  teintures,  sur  la  loi  du  con- 
traste simultané  des  couleurs,  etc.,  etc.,  n'ont  guère  d'im- 
fiortance  qu'au  point  de  vue  scientifique  et  industriel.  Mais 
es  études  philosophiques  de  l'illustre  savant,  ses  Lettres  à 
M.  Villemain  sur  la  méthode  en  général;  ses  articles  du 
Dictionnaire  des  sciences  naturelles  ;  son  Histoire  des 
connaissances  chimiques  nous  touchent  d'assez  près.  Le 
Journal  des  Savants  a  publié  d'ailleurs  des  travaux  qui 
intéressent  plus  particulièrement  le  médecin.  11  nous  suf- 
fira de  citer  les  Considérations  sur  Vhistoire  de  la  partie 
de  la  médecine  qui  concerne  la  prescription  des  remèdes, 
pour  rappeler  que  M.  Chevreul  ne  dédaignait  pas  de  traiter 
quelques-unes  des  questions  qui  nous  préoccupent  le  plus. 
Il  méritait  donc  bien  VHommage  à  Chevreul,  qu'à  l'occa- 
sion de  son  centenaire  lui  adressaient  quelques-uns  des 
nôtres,  et  c'est  ajuste  titre  que  l'Académie  de  médecine 
s'honorait  de  le  compter  parmi  ses  membres  les  plus 
illustres. 

—  Nous  apprenons  aussi  la  mort  de  M.  le  docteur  Bricon,  di- 
recteur du  musée  de  Bicétre,  qui  fut,  pendant  plusieurs  années, 
le  secrétaire  de  la  rédaction  du  Progrès  médical  el  l'un  des 
collaboruleurs  les  plus  actifs  et  les  plus  zélés  de  M.  le  docteur 
Boiirneville;  de  MM.  les  docteurs  G.  André  (de  Marseille);  Ité- 
bufal  (de  Toulon);  Chaffard  (d'Auriol);  Gaillard  (de  Hessèges), 
et  de  M.  Nalivelle,  le  pharmacien  distingué  qui  découvrilla  digi- 
taline cristallisée. 


Association  gênéuai.e  de  r'nÉvoYANCE  et  de  secours  mutuels 
DKS  MÉDECINS  DE  FRANCE.  —  La  vingt-neuvièmc  assemblée  géné- 
rale aura  lieu  les  12  et  13  mai  prochain  dans  le  grand  amphi- 
théâtre de  l'Assistance  publique  (avenue  Victoria). 

Ordre  du  jour  de  la  séance  du  là  mai  1889;  la  séance  est 
ouverte  à  deux  heures: 

1"  Alloculion  du  président;  i**  exposé  de  la  situation  financière 
de  l'Association  générale,  par  M.  Brun,  trésorier;  3*  rapport  sur 
cet  exposé  et  sur  la  gestion  financière  du  trésorier,  par 
M.  Boulin,  membre  du  Conseil  général;  4^ compte  rendu  général 
sur  la  situation  et  les  actes  de  l'Association  générale,  pendant 
Patinée  1888,  par  Bl.  A.  Riant,  secrétaire  général;  5<^  première 
[Kirlie  du  rapport  de  M.  Passant  sur  les  pensions  viagères  à 
iu-coider  en  1889. 

A  sept  heures  précises,  le  banquet  (hôtel  Continental). 

Ordre  du  jour  de  la  séance  du  lundi  13  mai  1889;  la  séance 
sera  ouverte  à  deux  heures  : 

Première  partie,  —  1°  Vole  du  procès- verbal  de  la  dernière 
assemblée  générale  :  2°  approbation  aes  comptes  du  trésorier  par 
l'assemblée  générale  ;  3"  deuxième  partie  du  rapport  de 
iM.  l'assaut  sur  les  pensions  viagères  à  accorder  en  1889.  Discus- 
sion el  vole  des  propositions  ;  4"  élection  de  la  Commission 
chargée  d'examiner  et  déclasser  les  demandes  de  pensions  via- 
jjiTes  en  1890;  ,V  élection  d'un  membre  du  Conseil  de  l'Associa- 
lion,  en  remolacement  de  M.  Leroy  de  Méricourt,  démissionnaire; 
()'  renouvellement  partiel  du  (Jonseil  général.  Membres  du 
Conseil  à  renouveler  :  MM.  Lannclonguc,  Passant,  Hérard,  de 
Itanse,  Bancel,  Dufay,  arrivés  au  terme  de  leur  exercice  (les 
membres  du  Conseilsoiit  rééligiblcs). 

Deuxième  partie,  —  1  '  Kapporl  de  M.  Durand-Fardel  sur  le 
vœu  de  la  Société  de  lOrne  (r/'glemeulation  dej  vœux); 
:2°  rapport  de  M.  Bucquoy  sur  le  vœu  des  Sociélés  du  Rhône  el 
de  la  Marne  (mise  au  concours  de  toutes  les  places  de  médecin 
d'hôpital,  etc.);  3"  rapport  de  M.  Motet  sur  le  vœu  de  la  Société 
de  Laon,  Vervins,  Chàleîiu-Tierry  (assistance  dans  les  campa- 
Kues)  et  le  vœu  de  la  Société  de  Chàtillon-sur-Seine  (direction 
générale  de  la  santé  publique)  ;  V  propositions  et  vœux  soumis, 


1)ar  les  Sociétés  locales,  à  la  prise  en  considération  de  Tasseiii- 
)Ice  générale,  pour  être  Pobjet  de  rapports  en  1H90. 

RuREAU  CENTRAL.  —  La  première  épreuve  du  coucuurj»  esl 
terminée.  Les  trente-deux  candidats,  dont  les  noms  suivent,  ^uiii 
déclarés  admissibles  à  la  seconde  épreuve  (épreuve  clinique)  : 

MM.  Dreyfous,  Charria,  Thibierge,  Larmoyez,  Hirlz,  Peiii, 
Robert,  Variot,  Mathieu,  Galliard,  Siredey,  Ricnardière,  Marfau, 
Roger,  Delpeuch,  Gauchas,  Rabinski,  Leroux,  Duplaix,  Capitan, 
Giraudeau,  Lebreton,  Launois,  Bourcy,  Havage,  Octtinger. 
Gallois,  Dufloch,  Achard,  Durand-Fàrdel,  Le  Gendre  et  Weber. 

CoNCOUiis  d'agrégation  (chirurgie  et  accouchements).— ^m\ 
déclarés  admissibles,  par  ordre  alphabétique  : 

Chirurgie,  —  Paris:  MM.  Baretle,  Broca,  Nélalon,  Pic»jii'. 
Ricard  el  Tuftler.  —  Bordeaux:  MM.  Courlin,  Genevez-Montaz el 
Villar.  —  Lille  :  MM.  Coppens,  Février  et  Phocas.  -  bon: 
MM.  Gangolphe,  Pollosson  et  Rochet.  — Montpellier:  M.  E>lor. 

Accouchements,   —   Paris:  MM.  Auvard,   Rar,  Bonnuirê. 
Bordeaux  :  MM.  Chambrelent,  Rivière.  —  Lille  :  MM.  Bureau, 
Rurgard. 

Ce  concours  sera  suspendu  du  li  au  28  avril  à  l'occasion  i!«^ 
vacances  de  Pâques. 

École  de  médecine  de  Rouen.  —  M.  le  docteur  Leutlet  e>i 
nommé  suppléant  des  chaires  de  pathologie  et  de  cliuiqiK 
médicales. 

École  de  médecine  de  Nantes.  —  M.  Audrain,  suppîi'am,H 
chargé  d'un  cours  de  pharmacie. 

ÉCOLE  de  médecine  DE  BESANÇON.  —  Par  arrêté  minisUri^l 
en  date  du  3  avril  1889,  un  concours  s'ouvrira  le 5  novembre  \^^ 
à  la  Faculté  de  médecine  de  Mancy  pour  l'emploi  de  suppléant 
des  chaires  de  physique  et  de  chimie  à  celle  Ecole. 

Corps  db  santé  MiLrrAinË.  —  Prix  de  médecine  et  tic  ^ la- 
rurgie  d'armée  pour  1888.  —  M.  le  ministre  de  la  guerre  a 
décidé,  à  la  date  du  5  avril  1889,  sur  la  proposition  du  Comiif 
technic|ue  de  santé:  1*"  que  le  prix  annuel  de  médecine  lYAvmf 
sera  décerné,  à  la  suite  du  concours  de  188^,  à  M.  Cou^iUii. 
médecin-major  de  1*^*  classe  au  122*  régiment  d'infanlerie,  poar 
son  mémoire  intitulé:  De  la  fatigue  dans  ses  rapports  luif 
rétiologie  des  maladies  des  armées  en  paix  et  en  camoiuii^i 
2"  que  le  prix  annuel  de  chirurgie  sera  décerné  à  M.  forgue, 
médecin  aide-major  de  l»"*  classe  au  2»  régiment  du  génie,  puar, 
son  mémoire  ayant  pour  litre  :  Essai  critique  et  clinique  'M 
lésions  traumatiques  du  crâne. 

Ces  deux  prix  de  médecine  et  de  chirurgie  'consistent  rharuil 
en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  500  francs. 

Corps  de  santé  de  la  marine.  —  Sont  nommés  : 
Au  grade    de   médecin    auxiliaire    de   deuxième  cln^s-'- 
MM.  les  docteurs  Lefebvre  elGibrat. 

Infirmerie  de  Saint-Lazare.  —  Le  concours  pour  la  nomln-H 
lion  aux  places  de  chirurgiens  de  Sainl-Lazare  vient  de  se  l«r- 
miner  par  la  nomination  de  MM.  Juliien  et  Ve rc hère  coin nij 
chirurgiens  titulaires,  el  Ozenne  comme  chirurgien  >upplc<ir.H 


Mortalité    a  Paris    (13°    semaine,    du   2i    au  30  matf 
1889.  —  Population  :  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  11. 

—  Variole,  4.  —  Rougeole,  4U.  —  Scarlatine,  1.  —  Co«iue- 
luche,  6.  —  Diphthérie,  croup,  52.  —  Choléra,  0.  —  Philn^iï 
pulmonaire,  181.  —  Autres  tuberculoses,  23.  —  Tumeur>: 
cancéreuses,  35;  autres,  8.  —  Méningite,  42.  —  Con^'e^ 
tion  et  hémorrhagies  cérébrales,  41,  -r-  Paralysie,  '»,  - 
Ramollissement  cérébral,  11.  —  Maladies  organiques  du  cœur,  '«i 

—  Bronchite  aiguë,  34.  —  Bronchite  chronique,  43.  —  Drouclio- 

Eneumonie,  24.  —  Pneumonie,  74.  — Gaslro-entérile:  seio,l'»;j 
iberon,  40.  —  Autres  diarrhées,  5.  —  Fièvre  et  péritonite  put'^i 
pérales,  3.  —  Autres  affections  puerpérales,  2.  —  Débilité,  con- 
génitale, 26.  —  Sénilité,  33.  —  Suicides,  18.  —  Autres  niortf' 
violentes,  11.  —  Autres  causes  de  morl,  180.  —  Cau$<5| 
inconnues,  15.  —  Total  :  1054. 

G.  Masson,  Propriétaire-Gérant.     \ 

1883â.  —  MoTTiROZ.  ^  Imprimeries  réunies,  ▲,  rue  Mignon,  i,  Fir». 


a  Avril  <880 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N"  15  —    2» 


SUPPLÉMENT  THÉRAPEUTIQUE 


DE   LA 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


THERAPKUTIQUE 

Perles  du  doetear  Clertan. 

Approbation  de  l'Académie  de  médecine  de  Paris. 

PrinifUivement  appliquée  à  l'éther,  la  découverte  du 
doctei^r  Clertan  a  permis  d'emprisonner  ce  corps- si  volatil 
et  d^  le  porter  dans  Testomac  à  dose  flxe  et  sans  aucune 
|!er^.e.  Le  même  procédé  a  été  appliqué  à  la  plupart  des 
$Qbslances,  liquides  ou  solides,  dont  la  volatilité,  la  saveur 
ou  l'odeur  rendaient  Tadministralion  difficile. 

MM.  les  Médecins  pourront  ainsi  prescrire,  sans  aucun 
désagrément  pour  le  malade,  Ylodoforme,  la  Créosote^  la 
Yalériane,  le  Castoreum,  VAssa-fœtidaf  tous  les  Sels  de 
Owint'ne,  Sulfate,  Bisulfate,  Chlorhydrate,  Bromhydrate, 
Yiilérianate,  Salicylate,  Lactate,  etc.,  ÏEssence  de  Téré- 
bmthine,  Isi  Mixture  deDurande,  les  Gouttes  ou  Liqueur 
t Hoffmann,  Vkssence  de  Santal,  et  les  substances  nou- 
Tellement  introduites  dans  la.Thérapeutiuue,  telles  que  le 
Terpinol,  le  Gaiacol,  etc.,  etc.,  auxquelles  ce  mode  de 
préparation  pourra  s'appliquer  avec  avantage. 

Ces  substances  et  les  perles  de  nom  correspondant  peu- 
Tent  être  partagées  en  séries  suivant  leurs  propriétés  et 
leurs  applications  : 

1"  SÉRIE.  —  MALADIES  DE    L'APPAREIL    RESPIRATOIUE. 

a.  Perles  de  Créosote  de  Clertan.  —  5  centigrammes  par 
perle.  Dose  moyenne,  i  par  jour. 

b.  Perles  de  Gaiacol  de  Clertan.  —  5  centigrammes  par 
perle.  Dose  moyenne,  i  par  jour. 

f.  Perles  d'Iodoforme  de  Clertan.  —  5  centigrammes  par 
perle.  Dose  moyenne,  k  par  jour. 

rf.  Perks  de  Terpinol  de  Clertan.  —  30  centigrammes  par 
perle.  Dose  moyenne,  4  par  jour. 

2"  SÉRIE.   —  LITHIASE   BILIAIRE. 

fl.  Verks  de  Durande  de  Clertan  (Éther,  2  p.;  Ess.  de  ter., 
3  p.;  ensemble,  20  centigrammes).  Dose,  6  à  10  par  jour. 

b.  Perles  de  Chloroforme  de  Clertan.  —  45  centigrammes 
par  perle.  Dose,  à  par  jour.  (Vomissements,  hoquets,    mai  de 

mer.) 

3*  SÉRIE.  —  MÉDICATION  ANTISPASMODIQUE. 

a.  Perles  d'Éther  de  Clertan.  —  20  centigrammes  par  perle. 
Dose,  4  à  10  par  jour.  (Migraines,  céphalées  rebelles,  accès 
d'asthme,  crampes  d^estomac,  tendances  à  la  syncope.) 

6.  Perles  dHoffmann  de  Clertan  (Éther,  1  p.;  alcool,  2  p.; 
ensemble  20  centigrammes).  Dose,  li  à  10  par  jour.  (Mêmes 
indications  que  pour  les  perles  d'Etber,  et  plus  parliculière- 
"lent  nausées,  digestions  douloureuses,  indigestions,  vomisse- 
ments.) 

c.  Perles  de  Valériane  de  Clertan.— ^0  cenlifframmesde  tein- 
ture élhérée.  Dose,  4  à  10  par  jour.  (Vertiges,  etourdissements, 
Palpitations  nerveuses.) 

d'  Perles  d" Assa-fœtida  de  Clertan.  —  20  centigrammes  de 
temlure  élhérée.  Dose,  4  à  10  par  jour.  (Spasmes,  suffocation, 
l>oule  hystérique,  œsophagisme,  chlorose.) 

«.  P^rlei  de  Castoreum  de  Clertan.— t{ictu\\%;T2immts  detein- 
jttre  élhérée.  Dose,  4  à  10  par  jour.  (Dysménorrhée,  coliques  de 
la  menslruation,  gonflements  du  ventre.) 


f.  Perles  d'Apiol  do  Clertan.  —5  centigrammes.  (Mém^ 
indications.) 

g.  Perles  d'Essence  de  Térébenthine  de  Clertan.  — 20  centi- 
grammes. Dose,  i  à  10  par  jour.  (Migraines,  névralgies  faciales,' 
sciatiquc,  lumbago.)  .       ,    .     ' 

4*  SÉRIE.  —  MÉDICATION  QUINIQUE  OU  FÉBRIFÛGK.  '  J 

a.  Perles  de  Bromhijdrate  de  quinine  de  Clertan,  à  10  cen- 
tigrammes de  sel  chimiquement  p»r.   .  -    .    .  ^ 

b.  Perles  de  Chlorhydrate  de  quinine  de  Clertan,  k  f 6  côn4 
tigrammes  de  sel  chimiquement  pur. 

c.  Perles  de  Sulfate  de  quinine  de  Clertgnt  à  10  cenli- 
grarames  de  sel  chimiquement  pur.  ^ 

d'  Perles  de  Bisulfate  de  quinine  de  Clertan*  à  10  eenti: 
grammes  de  sel  chimiquement  pur. 

e.  Perles  de  Valérianate  de  quinine  de  Clertan,  à  10  centi- 
grammes de  sel  chimiquement  pur. 

f.  Perles  de  Salicylate  de  quinine  de  Clertan,  à  10  centi- 
grammes de  set  chimiquement  pur. 

g.  Perles  de  Lactate  de  quinine  de  Clertan^  à  10  Centi- 
grammes de  sel  chimiquement  pur. 

5"  SÉRIE.  —  MÉDICATION   HYPNOTIQUE. 

a.  Perles  d'hypnone  de  Clertan,  à  10  centigrammes.  Dose» 
2  à  4  par  jour. 

&"  SÉUIË.  —  MÉDICATION    BALSAMiaUE. 

a.  Perles  de  Santal  de  Clertan,  à  30  centigrammes.  Dose, 
2  à  12  par  jour. 

D'une  manière  générale,  les  Perles  du  docteur  Clerîaa 
contiennent  cinq  gouttes  de  médicament  liquide  bu  10  cen- 
tigrammes de  médicament  solide. 

Les  Perles  du  docteur  Clertan  sont  très  promplemenV 
dissoutes  dans  Testomac  :  peu  d'instants  après  ringestion^ 
d'une  perle  d'éther,  par  exemple,  Pascension  de  vapeurs* 
témoigne  de  la  rupture  de  renveloppe.  ^ 

Par  leur  volume,  leur  aspect  brillant,  les  préparatioosi 
du  docteur  Clertan  représentent  bien  exactemeat  des  sqrt^^. 
de  perles  :  la  transparence  et  la  minceur  de  la  coucbo 
gélatineuse  permet  ae  voir  le  médicament  en  nature  et  de 
s'assurer  ainsi  de  son  état  de  conservation. 

En  prescrivant,  sous  le  nom  du  docteur  Cïerlan  et  avec 
la  garantie  de  son  cachet,  les  divers  médicaments  éniiiti*é- 
rés  ci-dessus,  MM.  les  Médecins  sont  assurés  d'avoir  def^ 
préparations  pures  et  rigoureusement  dosées^  .  • 

Tou$  les  produits  inclus  sont  OU  fabrigués  de  toutou» 
pièces  ou  analysés  à  notre  laboratoire..  ■ ,       .  > 

La  Maison  L.  Frehe,  i9,  rue  Jacob,  ParU,  prop^-ijé- 
taire  de  la  marque  et  des  procédés  du  docteur  Clertan,  .^^ 
mérité  les  plus  hautes  récompenses.  Médailles  d'or  ûrii-^ 
çw^s,  décernées  aux  produits  pharmaceutiques  aux  Êxpd;^ 
sitions  universelles  de  Paris  (1878)  et  de  1* étranger,  Ams- 
terdam (1883),  Sydney  (1888).  ; 

Les  préparations  du  docteur  Clertan  sont  recbmirtarirfées 
en  plusieurs  endroits  du  Traité  de  thérapeutique xlëTvon^'^ 
seau  et  Pidoux,  notamment  p.  289  et  p.  614,  t.  II,  7*  ëdit.*' 


15. 


250 


«•  15  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


12  Avril  1889 


THÉRAPEUTIQUE 

Cas  très  grave  d'^ptlepale.  Gnëriaon  par  la  médication 
bromnrée. 

Pftr  M.  le  docteur  G.  Jamot. 

Il  y  a  une  vingtaine  d'années,  je  donnais  mes  soins  à  un 
jeune  épileptique,  donl  l'observalion  me  parut  intéressante. 
Une  heureuse  fortune  vient  de  me  remettre  en  présence  de 
ce  client,  qui  est  aujourd'hui  âgé  de  trente-cinq  ans,  marié 
et  père  de  deux  garçons. 

Nous  avons  pensé  qu'il  ne  serait  pas  sans  intérêt  de  com- 
pléter notre  première  observation  ;  elle  donne  la  mesure  de 
ce  qu'on  peut  attendre  de  la  médication  bromurée,  lorsqu'on 
s'adresse  à  une  bonne  préparation  et  qu'on  la  donne  avec 
persistance. 

Obs.  André  y...  n*avait  jamais  eu  de  convulsions  dans  son 
enfance,  et  jouissait  d'une  sant^  habituelle  excellente,  lorsque, 
vers  Tâge  de  onze  ans,  il  reçut  un  violent  coup  de  bâton  sur  la 
iéte.  Une  plaie  linéaire  de  4  centimètres  de  longueur  avait  donné 
lieu  à  une  perte  de  sang  peu  abondante,  et  la  cicatrisation  était 
complète  dans  les  quarante-huit  heures.  L'enfant  ne  s'était 
cependant,  pas  rétabli.  11  était  pâle,  triste,  distrait,  étonné, 
ahuri.  Dix-sept  jours  après  le  traumatisme  crânien,  à  huit  heures 
du  soir,  au  moment  où  il  montait  sur  son  lit,  il  poussa  un  cri, 
tomba  et  se  débattit  dans  une  crise  d'épilepsie.  On  le  recoucha, 
et,  sans  qu'il  ait  repris  tout  à  fait  connaissance,  il  eut  deux 
autres  attaques  dans  la  nuit  et  laissa  aller  sous  lui. 

Deux  mois  s'écoulèrent,  et  l'on  ne  songeait  déjà  plus  aux  acci- 
dents convulsifs  qui  avaient  été  attribués  aune  fausse  digestion, 
quand  survint  une  nouvelle  crise,  avec  morsure  de  la  langue, 
incontinence  d'urine,  stupeur  consécutive  et  perte  temporaire 
de  la  mémoire.  Le  traitement  de  Trousseau  par  la  belladone 
fut  institué,  mais  on  le  cessa  six  semaines  après,  car  ving-trois 
attaques  d'épilepsie  apparurent  dans  cet  intervalle!  A  partir  de 
ce  moment,  et  dans  l'espace  d'un  an,  on  recourut  tour  à  tour  au 
valérianate  d'ammoniaque,  aux  préparations  de  zinc,  aux  bains 
de  rivière,  au  galium  album,  à  la  teinture  de  digitale  et  à  des 
globules  homœopathiques  de  nux  vomica;  mais  l'état  de  la 
névrose  s'aggrava  constamment,  à  ce  point  que  la  mère  de  l'en- 
fant avait  pu  compter,  dans  le  cours  d'un  mois,  85  éblouis- 
sements  vertigineux,  il  petits  accès  et  17  grandes  attaques!  La 
raison  résistait  encore  à  toutes  ces  secousses;  mais  la  mémoire, 
la  gaieté  et  l'activité  se  perdaient  chaque  jour  davantage. 

Le  bromure  de  potassium  ferrugineux  fut  administré  en  vain, 
et  le  bromure  de  potassium,  prescrit  seul,  à  la  dose  de  1,  2  et 
3  grammes,  donné  en  solution,  provoqua  des  crampes  d'estomac, 
de  l'inappétence,  de  la  diarrhée  et  de  l'amaigrissement.  On  en 
cessa  l'usage  au  bout  de  trois  mois. 

Le  27  octobre  1870,  André  V...,  qui  n'avait  pas  quitté  son  Ht 
depuis  sept  mois,  afin  d'éviter  toute  chute  capable  de  déter- 
miner une  blessure  à  la  tète  ou  ailleurs,  et  qui  ne  suivait  plus 
de  traitement,  eut  un  si  grand  nombre  de  crises  convulsives  dans 
un  espace  de  huit  à  neuf  heures,  que  je  pratiquai  une  saignée 
du  bras,  et  que  j'annonçai  à  la  famille  des  phénomènes  asphyxi- 
ques  susceptibles  d'amener  la  mort  d'un  instant  à  l'autre.  Il 
n'en  fut  rien  heureusement.  Les  attaques  se  suspendirent  et 
cédèrent  la  place  à  un  état  de  résolution  complète  et  de  sommeil 


profond.  A  son  réveil,  le  malade  était  hébété,  égaré  etstupide;  s 
bouche  était  sanglante  et  sa  langue  était  littéralement  dentdt'^ 
aux  deux  bords  latéraux  et  à  la  pointe. 

Prié  d'intervenir  de  nouveau,  je  prescrivis  le  surlendemai 
une  cuillerée  à  soupe  de  sirop  de  Henry  Mure  au  bromure  d 
potassium  chimiquement  pur  et  aux  écorces  d'oranges  amt'rej 
et,  bien  que  ce  médicament  m'eût  déjà  réussi  contre  rhystéri 
et  la  chorée,  j'avoue  que  je  n'espérais  pas  beaucoup  cette  foi 
dans  sen  eflicacité.  Que  pouvais-je  bien  conseiller? 

A  ma  très  grande  satisfaction,  André  V...  se  ranima  pronip 
tement,  reprit  de  lappétit,  de  la  force  et  de  lembonpoiinj 
donnai,  au  bout  de  vingt-deux  jours,  deux  cuillerées  par  jou 
de  la  préparation  broraurée,  et  je  vis  cesser  les  grammes  attaques 
mais  persister  les  éblouissements  et  le  petit  mal  épilef)tiqae. 

En  mai  1871,  le  malade  n'avait  plus  d'éblouisseraen^3  depui 
deux  moiSj  c'est-à-dire  depuis  le  jour  où  le  sirop  de  broranr 
avait  été  porté  à  la  dose  de  trois  cuillerées  à  bouche  daus  1^ 
vingt-quatre  heures  —  ce  qui  représentait  6  grammes  de  pcU^ 
slum  —  et  j'insistai  cependant  pour  que  le  traitement  fût  (^ 
tinué  quand  même. 

Le  5  octobre,  sans  que  Ton  me  demandât  avis,  le  médicamen 
fut  supprimé. 

Le  3  novembre,  en  revenant  avec  son  pore  d^une  partie  dj 
chasse,  André  V...  eut  une  attaque  d'épilepsie  de  moyenne  inleiï 
silé.  Jefus  rappelé.  J'administrai  de  nouveau  la  préparation  bri^ 
murée  qui  avait  si  bien  réussi,  et,  depuis  treize  mois,  il  n'e^ 
plus  rien  survenu.  La  santé  physique  est  parfaite;  Tétat  deli 
raison  ne  laisse  rien  à  désirer,  et  la  mémoire  est  moins  intidHi 
que  par  le  passé. 

André  V...  a  maintenant  un  peu  plus  de  dix-neuf  ans. 

Là  se  terminait  notre  première  observation.  Depuis  celK 
époque,  André  V...  n'a  pas  eu  à  nouveau  de  grandes  attaques; 
il  a  eu  simplement  de  légers  troubles,  éblouissemenls,  daiij 
les  premiers  mois  de  son  mariage.  Mais,  se  souvenant  dj 
mes  recommandations,  il  a,  de  lui-même,  repris  le  sirop  a^ 
bromure  à  la  dose  de  deux  cuillerées  à  bouche,  par  jour, 
pendant  trois  mois.  Les  éblouissements  ont  disparu. 

Je  disais  en  terminant  ma  première  communication! 
c  Maintenant,  le  malade  est-il  guéri?  Tout  le  monde  lecroil 
et  le  dit.  Je  fais  cependant  des  réserves  ;  j'attends,  mais  mî 
sécurité  est  grande.  >  Aujourd'hui,  je  ne  pense  pas  raan^ 
quer  de  prudence  en  considérant  cette  observation  comnK 
un  cas  très  remarquable  de  l'action  bromurée. 

{Union  médicale.) 


G.  Masson,  l'yoprietatre-GerunL 


18832.  —  MOTTEHOZ.  —  ImpriuH'ïie»  r  lunitos.  A.  run  Mignoo,  i.  ï"*"""* 


Trente-sixième  ^année 


NM6 


19  Avril  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 

PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION  ^ 

M.  LB  D'  L.  LEREBOULLBT,  Rédacteur  en  chef 
MM.  F.  BUCHEZ.  E.  BRISSAUD,  6.  DIEULAFOY,  DREYFUS-BRISAC,  FRARCOIS-FRARCK,  A.  HËROCQUE.  A.^.  HARTIR,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

AdreMer  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lkrkboullbt,  44,  rue  de  Lille  (ayant  le  mardi  de  préférence) 


SOMHAIRB.  —  Bulletin.  ~  Cliniqur  cbiruroicalb.  Le  trépan  dans  les  frac- 
(aces  du  crâne.  —  FonMULAiRS  thkuapeutiqub.  Traitement  anlisepUque  de 
.n  .iîplithérie  par  la  quinoline.  —  Des  lopiqiies  antiseptiques  au  naphlol.  — 
Kkvue  d»$  cours  et  des  cliniques.  Hospice  de  la  Salpétrière  :  M.  le  pro- 
fesseur Charcul.  —  Travaux  originaux.  Clinique  médicale  :  Sur  un  système 
N{>cci4l  d'injection  liypodurmiquc  de  ecrtains  médicaments  irritants  ou  eau- 
«liq.ics.  —  Un  nouveau  syndrome  cardiaque  :  L'embryocardie  on  rythme  fœt»l 
(ici  bruits  du  cœur.  —  SociBTés  savantes.  Académie  des  sciences.  —  Aca- 
diniie  de  médecine.  ~  Société  médicale  des  hôpitaux.—  Société  de  chirurgie. 
-  Ke\te  DBS  JOURNAUX.  Médecine.  —  Bibliographie.  Leçons  sur  la  syphilis 
urcioalo.—  VARIÉTÉS. 


BULLETIN 

Paris,  17  avril  1889. 
I  Académie  de  médecine  :  Le»  poéic»  mobile».  —  ¥aeeiii«- 

tlon  aBilmale  et  vaccliiatloii  JennérleoBie. 

La  cûndamnation  si  formelle  que  rÂcadémie  vient  de 
prononcer  contre  les  poêles  mobiles  à  faible  tirage  était 
prévue  à  la  suite  de  la  remarquable  et  intéressante  discus- 
sion qui  a  occupé  quatre  séances.  L'annonce  seule  de  cette 
discussion  avait  permis  de  connaître  un  certain  nombre  de 
cas  d'asphyxie  dus  à  l'usage  de  ces  appareils;  l'énuméra- 
tion  faite  par  M.  Lancereaux  montre  que  ces  cas  se  multi- 
plient et  il  y  a  lieu  de  croire  qu'une  enquête  prolongée 
montrerait  combien  les  accidents  produits  par  un  tel  mode 
de  chauffage  sont  relativement  fréquents.  Et  comment  ne 
pas  le  croire,  lorsqu'on  prend  connaissance  des  analyses 
faites  avec  grand  soin  par  M.  de  Saint-Martin  et  commen- 
tées par  H.  Dujardin-Beaumetz?  c  Le  danger  des  poêles 
mobiles  dépend  moins  de  la  quantité  d'oxyde  de  carbone 
produite  que  des  conditions  où  se  fait  cette  production. 
Comme  le  faisait  très  judicieusement  remarquer  M.  Brouar- 
del,  dans  bien  des  foyers  de  cheminée  on  produit  une 
quantité  presque  égale  d^oxyde  de  carbone,  car  bien 
souvent  ces  foyers  fonctionnent  à  petite  marche,  mais 
grâce  à  la  disposition  de  la  cheminée,  cet  oxyde  de  car- 
bone est  comburé  et  entraîné  rapidement  au  dehors.  Il 
n'en  est  pas  de  même  avec  les  poêles  mobiles  ;  la  ferme- 
ture supérieure  n'est  jamais  hermétique  et  des  fissures 
dans  la  tôle  se  produisent  bien  vite.  De  plus,  cet  appareil 

-  et  c'est  là  un  des  points  les  plus  intéressants  des  expé- 
riences deM.  de  Saint-Martin  —  produit  toujours  de  l'acide 
carbonique,  même  lorsqu'il  marche  dans  les  conditions 
les  plus  normales.  L'insuffisance  d'échauffement  de  la  che- 
minée où  on  le  place  détermine  enfin  des  retours  de  gaz 
dans  la  pièce  habitée;  en  tout  état  de  cause,  et  ainsi  que 
Ta  rappelé  M.  Brouardel  avec  une  insistance  bien  justifiée, 
1&  diffusibilité  continue  de  l'oxyde  de  carbone  fait  que  ce 
î*  Stui,  T.  XXVL 


sont  le  plus  souvent  les  voisins  qui  ont  à  en  supporter  les 
conséquences,  sans  pouvoir  en  être  prévenus  assez  à  temps. 

Les  excellents  conseils  que  l'AÎcadémie  a  cru  devoir 
adresser  au  public  pour  obvier  le  plus  possible  aux  dangers 
des  poêles  mobiles,  conseils  que  l'on  trouve  plus  loin 
(p.  251),  sont  tels  qu'ils  équivalent  dans  la  pratique  à  la 
suppression  de  l'usage  de  ces  appareils  dans  la  majeure 
partie  des  cas;  ils  exigent,  en  effet,  une  telle  surveillance 
et  une  telle  attention  qu'ils  sont  déjà  difficiles  à  em- 
ployer dans  les  logements  luxueux  où  l'air  et  les  domes- 
tiques ne  manquent  pas  ;  à  plus  forte  raison,  ils  sont  inap- 
plicables dans  les  petits  ménages  et  les-  habitations  des 
classes  peu  aisées  où  les  conditions  de  construction  en  com- 
pliquent encore  la  mise  en  pratique.  Et  cependant  on  n'a 
pu  jusqu'ici  vanter,  dans  ce  mode  de  chauffage,  que  son 
économie  ;  c'est  le  véritable  chauffage  du  pauvre,  a-t-on 
dit  ;  comme  si  l'hygiène  pouvait  admettre  qu'il  faille  laisser 
empoisonner  les  malheureux  au  nom  de  l'économie  !  D'ail- 
leurs il  est  bien  d'autres  procédés  de  chauff'age,  qui  n'ont 
pas  ces  inconvénients  et  qui  ne  sont  guère  plus  coûteux,  qui 
restent  à  la  portée  des  petites  bourses. 

Que  vont  faire  les  pouvoirs  publics  en  présence  du  vœu 
que  l'Académie  a  décidé  de  leur  transmettre?  Ils  soot  in- 
vités à  agir,  à  faire  étudier  les  règles  qui  devront  être  for- 
mulées pour  remédier  aux  dangers  signalés.  Nous  avons 
montré  il  y  a  huit  jours  qu'eux  aussi  ils  ne  peuvent  que 
donner  des  conseils,  à  moins  d'obtenir  du  parlement  une 
législation  spéciale;  car  nos  lois  actuelles  de  police  sani- 
taire n'accordent  aucune  sanction  vraiment  efficace  à  une 
réglementation  quelconque,  si  tant  est  que  celle-ci  puisse 
avoir  d'autre  effet  que  d'augmenter  d'une  unité  le  nombre 
déjà  considérable  des  ordonnances  de  police.  Â  défaut  de 
ces  mesures,  les  particuliers  comprendront-ils  que  la  loi 
doit  être  surtout  utile  pour  vaincre  les  résistances  aveugles 
et  dangereuses  pour  autrui  et  que  le  meilleur  moyen  de 
sauvegarder  sa  santé  consiste  à  se  soumettre  aux  conseils 
désintéressés  des  hommes  de  science  et  à  suivre  les  avis 
autorisés  des  corps  compétents? 

—  Les  questions  relatives  à  la  pratique  des  vaccinations  et  ' 
des  revaccinations  sont  plus  que  jamais  discutées.  Les 
médecins  militaires  ont  reçu  des  instructions  spéciales  leur 
prescrivant  de  faire  usage  du  vaccin  animal,  de  préférence 
au  vaccin  d'enfant  ou  d'adulte,  leur  indiquant  toutes  les 
précautions  à  prendre  pour  obtenir,  grâce  à  la' vaccination, 
les  résultats  les  plus  favorables,  leur  enjoignant  de  revac- 
ciner, le  jour  de  leur  départ,  les  hommes  appelés  à  servir 

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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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momentanément  comme  réservistes  ou  territoriaux.  Dans 
plusieurs  chefs-lieux  de  corps  d'armée  des  Instituts  vacci- 
naux ont  été  créés  sur  le  modèle  de  celui  qui  fonctionne  au 
Val-de-Grâce.A  l'École  d'application  de  médecine  militaire 
un  enseignement  pratique  initiera  bientôt  non  seulement 
les  stagiaires,  mais  même  tous  les  médecins  de  l'armée  à  la 
pratique  des  vaccinations,  de  la  récolte  et  de  la  conservation 
du  vaccin.  On  ne  saurait  trop  louer  les  efforts  tentés  dans 
dans  ce  but  et  les  résultats  obtenus,  grâce  à  l'initiative 
des  chefs  médicaux  de  l'armée  et  au  dévouement  éclairé  de 
M.  le  professeur  agrégé  Vaillard.  Déjà  il  y  a  deux  ans 
pleine  et  entière  justice  leur  a  été  rendue  {Gaz.  hebd., 
1887,  p.  369). 

A  l'Académie  de  médecine  la  vaccination  animale  a  pris 
aussi  droit  de  cité.  Sous  l'habile  et  intelligente  direction  de 
M.  le  docteur  Hervieux,  et  grâce  à  l'initiative  et  à  l'activité 
du  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie,  un  service  de  vacci- 
nation par  la  génisse  a  été  institué.  Sans  doute,  le  récent 
rapport    de   M.   Hervieux    le   dit    expressément    (1),    ce 
service  n'est  point  encore  organisé  dans  des  conditions 
assez  indépendantes  pour  se  suffire  à  lui-même.  Tel  qu'il 
fonctionne  cependant,  il  constitue    déjà,   comme    on    Ta 
prouvé  récemment  (6rflZ0«^  hebdomadaire^  1888,  p.  418), 
un  sérieux  et  réel  progrès.   Dans  la  pratique  de  la  ville 
et    dans  la  plupart  des   hôpitaux  parisiens    on    se  sert 
presque   exclusivement    aujourd'hui    de    vaccin    animal, 
abondamment    fourni    par   un    spécialiste    aussi    expéri- 
menté   que    consciencieux.    Il    en    est    de    même   dans 
trois  grandes  villes  de  province  (Lyon,  Bordeaux,  Mont- 
pellier) où  des  Instituts  de  vaccine  ont  été  installés  avec 
autant  de  compétence  que  de  soins.  La  France  n'aurait  donc 
presque  rien  à  envier  à  l'Allemagne,  où  l'étude  de  la  vacci- 
nation est  devenue  obligatoire  pour  les  étudiants  en  méde- 
cine si,  parmi  les  médecins  praticiens,  il  n'en  était  encore 
un  trop  grand  nombre  qui  ne  croient  point  aux  avantages 
que  présente  le  vaccin  de  génisse  lorsque  la  vaccination  est 
bien  faite  et  qui  ignorent  les  inconvénients,  voire  même  les 
dangers,  d'une  vaccination  mal  faite,  quel  que  soit  d'ailleurs 
le  vaccin  employé.  Aussi  n'hésitons-nous  pas  à  nous  associer 
au  vœu  exprimé  récemment  par  M.  le  docteur  Richard  (2) 
qui,  dans  un  excellent  article,  vient  de  demander  qu'un 
enseignement  officiel,  analogue  à  celui  qui  se  donne  au 
Val-de-Grâce,  permette  à  tous  les  étudiants  et  à  tous  les 
praticiens  de  se  familiariser  avec  la  technique  de  la  vacci- 
nation. 

En  attendant  ce  nouveau  progrès,  nous  voudrions  signaler 
ici  deux  publications  qui.  aboutissant  cependant  à  des 
conclusions  un  peu  différentes,  méritent  d'être  lues.  Nous 
voulons  parler  du  livre  dans  lequel  M.  le  professeur 
Fournier  résume  ses  leçons  sur  la  syphilis  vaccinale  et  dont 
nous  apprécions  plus  loin  (p.  264)  la  partie  clinique,  et  du 
rapport  officiel  de  M.  le  docteur  Hervieux  déjà  communiqué 
à  l'Académie  {Gaz.  Iiebd.y  1888,  p.  682).  Voyons  d'abord 
quelles  sont  les  conclusions  communes  à  ces  deux  ouvrages. 
M.  Hervieux  rappelle  que  c'est  l'Académie  de  médecine 
qui,  par  l'organe  du  regretté  Depaul,  a  proclamé  l'excel- 
lence de  la  vaccination  animale  et  de  ses  elTels  locaux,  en 
même  temps  que  la  sécurité  qu'elle  donne  au  point  de  vue 

(1)  Rapport  général  présenté  à  M.  le  niinislrc  du  commerce  cl  tlo  l'induslrie 
pnr  l'Académio  de  niédecino  sur  les  vaccinations  cl  revaccinali'ins  pniliquccs  en 
Franco  et  dans  les  colonici  françaises  pendant  l'anoée  1887.  Paris,  Impnmcrio 
nationale,  1888. 

^2)  L'enseignement  de  la  lechnitjue  de  la  vaccination  (Hevtie  d'hygiène, 
188l^  p.  240). 


de  la  syphilis.  Il  insiste  sur  la  nécessité  d'accroître  et  de 
rendre  plus  utile  chaque  jour  l'Institut  de  vaccination 
animale  qu'il  a  créé.  Il  montre  la  facilité  de  se  procurer 
ainsi  de  grandes  quantités  de  vaccin,  d'obtenir  à  peu  de 
frais,  en  peu  de  temps  et  sans  grandes  peines,  le  plus  grand 
nombre  possible  de  résultats  utiles.  Il  insiste  sur  l'activité 
de  la  pulpe  vaccinale  qui  réussit  fréquemment  là  où  échouent 
les  vaccinations  faites  de  bras  à  bras.  De  son  côté, 
M.  Fournier  démontre  que  le  vaccin  animal  compte  moins 
d'échecs  que  le  vaccin  jennérien  et  que  l'immunité  conférée 
est  à  peu  près  aussi  certaine  dans  les  deux  cas.  Mais  il 
insiste  de  plus  et  surtout  sur  la  nécessité  de  rendre  ia 
vaccine  exemple  de  tous  dangers  et  prouve  que  les  garanties 
déduites  de  l'examen  préalable  des  vaccinifëres  sont  à  peu 
près  illusoires.  Un  enfant  en  état  de  syphilis  latente  peut 
transmettre  la  maladie  dont  il  est  atteint  et  celle-ci  reste  le 
plus  souvent  ignorée  du  médecin  vaccinateur. Seule  doncla 
vaccination  animale  permet  d'éviter  d'une  manière  tout  à  fait  j 
certaine  la  propagation  de  la  syphilis.  On  lira  avec  grandi 
intérêt  dans  le  livre  de  M.  Fournier  et  nous  indiquons  plus 
loin  (p.  264)  sur  quelles  considérations  cliniques  s'appuient 
ces  conclusions. 

D'un  autre  côté,  sans  nier  le  danger  de  la  transmission 
de  la  syphilis,  M.  Hervieux  montre  qu'elle  est  relativeraenl 
assez  rare,  puisque  depuis  la  découverte  de  ia  vaccine  on 
n'en  a  signalé  qu'un  assez  petit  nombre  de  cas.  Ceux-ci  snfli- 
raient  cependant  pour  motiver  la  conclusion  de  M.  Four- 
nier, et  autoriser  la  substitution  définitive  du  vaccin  ani- 
mal au  vaccin  jennérien,  si  M.  Hervieux  ne  rappelait  que  le 
vaccin  de  génisse  peut  lui  aussi  causer  des  accidents  et  que 
d'ailleurs  il  se  conserve  infiniment  moins  bien  que  le  vaccin 
humain.  «  Le  vaccin  humain  n'eût-il  d'autre  supériorité  sur 
le  vaccin  animal  que  celle  de  se  conserver  beaucoup  phis 
longtemps  et  de  ne  jamais    exposer  comme  ce  dernier, 
quand  il  s'altère,  au  danger  de  la  septicémie,  qu'il  nous 
faudrait  maintenir  à  la  vaccination  jennérienne  une  place 
honorable  dans  le  service  de  la  vaccine  à  l'Académie  »,  telle 
esi  la  conclusion  du  savant  directeur  de  la  vaccine.  Et  celle 
conclusion  s'appuie  sur  un  petit  nombre  d'observations  de 
nature  à  démontrer  que  le  vaccin  animal  peut  être  mélangé 
d'éléments  septiques  qui,  sous  l'influence  de  la  putréfac- 
tion, pourraient  donner  lieu  à  des  accidents  redoutables. 
Quelle  doit  être,  en  présence  de  ces  affirmations  contradic- 
toires en  apparence,  la  conduite  du  praticien?  Que  faul-il  lui 
conseiller?  Au  point  de  vue  du  choix  du  vaccin,  il  nous 
semble  que,  partout  où  il  existe  un  Institut  vaccinal,  dans 
toutes  les  villes  par  conséquent  où  l'on  peut  se  procurer  du 
vaccin  de  génisse  recueilli  avec  les  précautions  nécessaires 
et  fraîchement  mis  en  tubes,  le  doute  n'est  pas  possible.  H 
faudra  toujours  préférer  le  vaccin  animal  au  vaccin  jen- 
nérien et  pratiquer  la  vaccination  soit  de  génisse  à  bras, 
soit  H  Taide  de  pulpe  vaccinale  fraîche.  Alors  même  que 
l'on  n'aura  pas  sous  la  main  du  vaccin  de  génisse,  il  faudra 
préférer  la  vaccination  animale  à  la  vaccination  jennérienne 
toutes  les  fois  qu'il  sera  possible  de  se  faire  adresser  rapi- 
dement et  par  des  spécialistes  consciencieux  et  expérimentés 
des  tubes  renfermant  de  la  pulpe  vaccinale  récemment 
préparée.  Le  vaccin  d'enfant  ne  pourra  être  substitué  au 
vaccin  de  génisse  que  dans  les  cas  où  le  médecin  vaccinateur 
connaît  bien  et  depuis  longtemps  la  famille  du  sujet  sur 
lequel  il  recueillera  le  vaccin.  Encore  devra-l-il  avoir  soin 
de  prendre  toutes  les  précautions  antiseptiques  nécessaires 
pour  éviter,  s'il  pratique  plusieurs  vaccinations  successives, 


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que  sa  lancette  ne  puisse  être  souillée.  Mais,  lorsqu'il  s'agit 
d'envoyer  du  vaccin  à  de  grandes  dislances,  lorsque  Ton  ne 
peut  obtenir  du  vaccin  animal,  frais  et  bien  préparé^  il 
convient  de  préférer  le  vaccin  d'enfant  bien  recueilli  ou 
envoyé  sous  le  contrôle  de  l'Académie,  à  du  vaccin  de  génisse 
adultéré  par  des  éléments  septiques.  Cela  revient  à  dire 
qu'il  faut  se  méfier  de  la  pulpe  vaccinale  trop  longtemps 
conservée  dans  les  tubes,  où  elle  s'altère  alors  même  qu'ils 
sont  scellés  à  la  lampe,  et  qu'en  matière  de  vaccination 
comme  toutes  les  fois  qu'il  s'agit  de  pratiquer  une  opéra- 
lion,  fût-elle  des  plus  minimes,  les  précautions  les  plus 
minutieuses  doivent  être  prises  au  point  de  vue  de  l'anti- 
sepsie. Le  vaccin  jennérien  a  fait  ses  preuves  lorsqu'il  est 
recueilli  sur  un  enfant  sain  et  inoculé  avec  prudence.  Le 
vaccin  animal,  qui  jamais  ne  transmet  la  syphilis,  lui  est 
préférable.  Encore  faut-il  que  Ton  ne  se  serve  que  de 
palpe  vaccinale  fraîche  et  bien  préparée.  La  chose  est  facile 
à  Paris,  pratiquable  en  France,  aléatoire  et  peut-être  de 
oalure  à  décourager  les  vaccinateurs  lorsqu'il  s'agit  de  nos 
colonies  lointaines. 

Aussi  cherche-t-on  à  perfectionner  les  procédés  de  prépa- 
lioodu  vaccin  animal  de  manière  à  rendre  sa  conservation 
pins  facile  et  à  permettre  de  le  substituer  presque  partout 
%u  vaccin  jennérien.  On  y  arrivera  sans  doute.  Il  importait 
rependant  de  prémunir  les  médecins  contre  le  danger  que 
Ton  peut  courir  en  se  servant  de  vaccin  animal  ou  mal 
recueilli  ou  trop  ancien  ou  putréfié  par  la  chaleur. 


CLINIQUE  CHIRURGICALE 

Le  trépan  dans  les  fraciurcs  du  crAne. 

La  question  du  trépan,  si  vieille  et  toujours  si  contro- 
versée, reprend,  à  cette  heure,  un  regain  d'actualité  :  les 
comraanicationsde  Championnière  à  la  Société  de  chirurgie, 
les  travaux  de   Horsiey  et  les  recherches  de  Bergmann, 
sans  jeter  sur  le  sujet  un  jour  bien  nouveau,  ont  du  moins 
précisé  quelques  points,  et  maintenant  nous  savons  mieux 
que  jadis  quand  et  pourquoi  nous  Rêvons  intervenir  dans  les 
traumalismes  du  crâne.  Nous  désirons  résumer  aussi  briè- 
I  vement  que  possible  les  notions  courantes  à  propos  de  deux 
I  observations  personnelles  et  en  nous  appuyant  sur  un  mé- 
;  moire  encore  inédit  de  notre  ami  et  collaborateur,  le  docteur 
Forgues,  de  Montpellier. 

I 

De  l'aveu  de  tous,  l'abstention  est  de  rigueur  lorsque  la 
fracture  du  crâne  est  simple^  sans  plaie  extérieure,  sans 
déplacement  excessif  des  fragments  osseux,  sans  hémor- 
rhagies  profondes  et  sans  troubles  fonctionnels  du  cerveau. 
La  vieille  doctrine  du  trépan  préventif  est  ruinée  sans  retour 
et  l'on  tient  pour  juste  la  boutade  classique  de  Stromeyer  : 
«Pour  proposer  alors  la  trépanation,  il  faut  avoir  soi-même 
le  crâne  fêlé.  >  Dans  ces  cas  simples,  et  quoi  qu'on  en  ait 
dit  au  commencement  du  siècle,  la  guérison  survient  sans 
encombre.  Brun,  le  premier,  réunit  sept  faits  de  fracture  de 
la  base  où  la  cicatrisation  des  os  fut  démontrée  par  l'au- 
topsie ultérieure  et  Bergmann  a  pu  en  ajouter  vingt  analogues. 
Les  observations  purement  cliniques  foisonnent:  en  1872, 
Schwarlz  en  réunissait  quarante-neuf,  mais  il  n'est  pas  un 
de  nous  qui  ne  grossisse  ce  relevé;  Forgues,  à  une  même 
iiéaoce  du  conseil  de  réforme,  présentait  deux  blessés  qui 


de  leurs  fractures  de  la  base  ne  conservaient  qu'une  para- 
lysie faciale,  et  en  1887,  à  THôtel-Dieu,  nos  élèves  ont  vu 
trois  individus  qui,  après  une  chute  sur  la  tète  et  l'écoulé* 
ment  d'une  grande  abondance  de  liquide  céphalo-rachidien, 
ont,  au  bout  de  quelques  semaines,  quitté  l'hôpital  en  par- 
faite santé. 

Le  traitement  est  alors  des  plus  simples  :  le  blessé,  cou- 
ché la  tète  élevée,  est  maintenu  dans  les  conditions  du 
repos  cérébral  le  plus  complet  :  ni  heurt,  ni  mouvements, 
ni  bruit,  ni  visites  ;  Bergmann  insiste  sur  ce  point  avec 
juste  raison,  et  l'on  sait  que  lors  des  interminables  trans- 
ports des  évacués  de  Plewna  et  de  Kara-Zom,  on  ne  put 
retirer  des  wagons  un  seul  blessé  de  tète  qui  ne  fût  en  proie 
à  la  méningite  survenue  du  quatrième  au  sixième  jour  du 
fatigant  voyage.  Quelques  boissons  chaudes,  quelques 
gorgées  de  thé  au  rhum  jusqu'à  disparition  des  phénomènes 
syncopaux,  des  lotions  vinaigrées  sur  les  tempes,  même 
quelques  injections  d'éther,  puis,  lorsque  la  face  se  colore, 
que  le  pouls  se  relève  et  que  la  réaction  menace  de  devenir 
trop  intense,  de  la  glace  sur  la  tête,  des  sangsues  derrière 
les  oreilles,  des  sinapismes  sur  les  jambes  et  des  purgatifs 
constituent  toute  la  thérapeutique  indiquée  en  pareil  cas. 
Lorsqu'il  se  fait  parle  conduit  auditif  un  écoulement  séreux 
ou  sanguin,  les  lotions  au  sublimé,  les  insufflations  d'iodo- 
forme  et  d'acide  borique  s'opposent  à  la  stagnation  des 
liquides,  à  leur  infection  parles  germes  qui  pourrait  gagner 
la  cavité  crânienne  et  provoquer  la  méningite. 

Lorsque  la  fracture  s'accompagne  d'un  enfoncement 
osseux  même  assez  net  pour  être  reconnu  sous  les  téguments 
non  déchirés,  l'abstention  est  encore  recommandée  par  les 
chirurgiens  les  plus  sages.  Mettre  à  l'air  un  foyer  trauma- 
tique,  faire  d'une  fracture  fermée  une  fracture  ouverte, 
n'est  pas  chose  indifférente  même  sous  le  régime  de  l'anti- 
sepsie, et  Kœnig  déclare  :  «  Que  les  procédés  du  chirurgien 
le  plus  habile  sont  loin  d'offrir  la  même  garantie  que  la 
peau  intacte  ;  une  faute  commise  par  l'opérateur  suffît  pour 
entraîner  une  infection  de  la  plaie  qui  peut  être  fatale  au 
blessé.  >  D'ailleurs  ces  enfoncements  sont  très  souvent 
inoffensifs  :  Textor,  dans  son  mémoire  sur  l'inutilité  du  tré- 
pan dans  les  dépressions  de  la  voûte,  rapporte  douze  cas 
dont  sept  furent  suivis  d'autopsie;  les  brisures  de  la  table 
externe  et  de  la  table  interne  y  déprimaient  la  dure-mère  sans 
provoquer  le  moindre  trouble  des  fonctions  cérébrales. 
Bergmann  apporte  à  cette  opinion  le  poids  de  son  autorité  ; 
Volkmann,  Oré,  Corley,  Abernetny,  Langenbuck,  pour  ne 
parler  que  des  auteurs  les  plus  récents,  ont  cité  des  cas  où 
des  enfoncements  considérables  ont  été  silencieusement 
supportés  par  l'encéphale. 

Lorsque  la  fracture,  avec  ou  sans  enfoncement,  est  fermée, 
l'abstention  nous  parait  indiquée  encore,  même  si  des  acci- 
dents cérébraux  éclatent;  mais  il  faut  alors  qu'il  s'agisse 
de  symptômes  diffus,  le  coma,  Tinsensibilité  générale,  la 
stupeur,  ou  bien  le  délire,  l'agitation,  les  douleurs  vagues; 
ne  nous  prouvent-ils  pas  que  «  l'injure  traumatique  »  a  frappé 
l'encéphale  tout  entier  ?  Que  vaudrait  un  trou  au  crâne  contre 
ce  choc  cérébral  qui  s'explique  par  une  paralysie  réflexe, 
des  apoplexies  capillaires,  la  compression  d'une  nappe 
sanguine  sous-arachnoïdienne  ?  Que  pourrait  le  trépan 
contre  une  contusion  étendue  ?  D'autant  que  dans  ces  cas, 
l'autopsie  montre  souvent  la  mort  causée  par  des  lésions 
autres  que  celles  de  l'encéphale,  des  hémorrhagies  du  rachis, 
la  rupture  du  cœur  ou  de  la  rate  ?  Que  pourrait-il  encore 
contre  une  inflammation  généralisée,  une   méningo-encé- 


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GAZETTE  HEBDOMABAIRË  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


49  Avril  1889 


pbalite  diffuse  ?  L'irrigation  faite  par  le  Irou  que  laisserait 
i'exlraclion  d'une  ou  de  plusieurs  rondelles  osseuses, 
serait  vraiment  illusoire  :  il  faut  donc  s'abstenir  et  attendre. 
Enfin,  il  est  un  dernier  cas  où  Ton  s'abstient  encore,  bien 
qu'ici  la  fracture  soit  ouverte  et  qu'on  n'ait  plus,  pour  ne 
pas  intervenir,  la  crainte  d'infecter  le  foyer  traumatique  : 
c'est  lorsque  le  fracas  osseux  est  dii  à  un  projectile,  balle 
de  revolver  ou  de  fusil  de  guerrCj  éclat  d'obus  dont  les  frag- 
lyients  ont  labouré  la  substance  cérébrale.  Il  serait  vraiment 
insensé  d'agrandir  l'orifice  à  l'aide  du  trépan  ou  de  prati- 
quer des  contre-ouvertures  pour  chercher  à  l'aveugle,  dans 
la  masse  pulpeuse  de  l'encéphale,  les  corps  étrangers  dont 
on  ignore  le  trajet  el  la  situation  !  On  peul,  on  doit  régula- 
riser la  plaie,  enlever  les  fragments  osseux,  les  esquilles 
chevauchantes,  les  débris  à  fleur  de  crâne  el  surtout  désin- 
fecter le  foyer  par  des  lavages  antiseptiques.  Mais  vouloir 
tenter  plus  ne  serait-ce  pas  risquer  de  créer  des  fausses 
routes,  d'ouvrir  des  vaisseaux  et  de  provoquer  quelque  inflam- 
mation redoutable?  Les  lésions  sont  trop  profondes  et  leur 
siège  trop  ignoré  pour  que  le  trépan  permette  de  les 
atteindre. 

II 

Donc,  en  dehors  de  ces  traumatismes  par  projectiles, 
nous  avons  vu  que,  jusqu'ici,  l'abstention  était  commandée 
par  la  crainte  de  transformer  une  fracture  fermée  en  une 
fracture  ouverte;  malgré  la  sécurité  que  nous  donne  l'an- 
tisepsie et  les  barrières  qu'elle  oppose  à  l'infection,  on  est 
plus  tranquille,  la  protection  est  plus  efficace  lorsque  le 
foyer  est  recouvert  par  les  téguments  intacts.  Et  voilà  pour- 
quoi on  néglige  les  irrégularités  de  la  voûte,  les  esquilles, 
les  enfoncements,  lorsqu'ils  ne  se  traduisent  par  aucun 
trouble  fonctionnel.  Le  coma  ou  le  délire,  l'excitation  ou 
la  stupeur,  l'inflammation  n'ordonne  pas  non  plus  l'inter- 
vention par  le  trépan,  car  ces  symptômes  diffus  dérivent 
d'une  lésion  diffuse  ou  du  moins  trop  étendue  pour  que 
l'ablation  de  quelques  rondelles  d'os  permette  d'y  remé- 
dier. 

Lorsque  la  fracture  est  ouverte,  le  chirurgien  est  tenu  à 
moins  de  discrétion  et  son  intervention  est  souvent  néces- 
saire :  sous  les  téguments  déchirés,  sous  les  esquilles  pri- 
vées de  leur  périoste,  au  milieu  des  cail  lots  sanguins,  peuvent 
pénétrer  les  germes  extérieurs;  le  cuir  chevelu  est  une  des 
régions  les  moins  propres  de  l'économie,  et  les  plaies  qui 
l'atteignent  ont  la  plus  grande  chance  d'être  contaminées; 
aussi  taut-il  les  nettoyer,  régulariser  leur  surface,  déterger 
les  anfractuosités,  enlever  les  caillots,  les  esquilles  dépé- 
rioslées,  désinfecter  les  moindres  recoins  et  mettre  le 
foyer  traumatique  dans  les  meilleures  conditions  d'asepsie, 
pour  s'opposer  aux  inflammations  propagées,  à  laméningo- 
encéphalile,  la  plus  grave  des  complications  qui  puissent 
survenir.  Une  fois  qu'elle  s'est  déclarée,  on  n'arrête  plus  sa 
marche  ^t  la  mort  en  est  la  conséquence  presque  inévitable. 
Aussi,  dans  ces  cas  de  fractures  ouvertes,  ne  fera-t-on  pas 
les  choses  à  demi,  et  ces  enfoncements  qu'on  eût  négligés 
s'ils  eussent  été  recouverts  d'un  tégument  intact  seront 
redressés  avec  la  pince,  la  spatule,  l'élévatoire  ou  repoussés 
et  réduits  suivant  la  circonstance;  on  ne  craindra  même  pas 
de  recourir  au  trépan  pour  les  fragments  qui  refoulent  la 
dure-mère  et  la  substance  cérébrale.  Ne  peuvent-ils  pas 
cacher  des  caillots  sanguins,  des  <  espaces  morts:»  où  s'accu- 
mulent les  sérosités  et  qui  deviennent  des  milieux  de  culture 
pour  les  germes  infectieux?  Qu'on  ne  s'y  méprenne  pas  en 


effet,  on  veut  moins  combattre  la  compression  qu'assurer 
une  désinfection  minutieuse.  En  somme,  il  n'est  pas  ques- 
tion du  trépan  classique  et  correct,  mais  bien  d'une  opéra- 
tion qui  nettoie  une  plaie  anfractueuse;  un  foyer  de  frac- 
ture est  sous  l'œil  et  sous  la  main,  on  en  profite  pour  le 
régulariser  et  rien  de  plus. 

Il  faudrait  aller  plus  loin  peut-être,  et  ne  pas  admettre, 
sans  nouveau  contrôle,  l'assertion  si  catégorique  de  Berg- 
mann  sur  l'innocuité  des  compressions  du  cerveau  par  les 
défoncements  crâniens.  Certains  faits  semblent  démontrer 
l'heureux  résultat  du  relèvement  d'esquilles  chezdes  blessés 
privés  de  connaissance  :  le  malade  de  Cooper  jusqu'alors 
comateux  regarde,  se  redresse  et  parle  dès  qu'on  a  retiré  an 
fragment  osseux  qui  déprimait  la  dure-mère  ;  il  en  est  de 
même  chez  les  blessés  deLangenbeck,  Schweickhardt,  Zaggi 
et  Bluhm.  Un  enfant  de  quatre  ans  traité  par  Socin  est 
atteint  de  fracture  du  frontal  avec  dépression  très  marquée; 
on  extrait  les  esquilles,  on  évacue  le  sang  et  bientôt  l'opéré 
inanimé,  soporeux,  à  pouls  intermittent,à  respiration  super- 
ficielle, à  pupille  dilatée,  voit  disparaître  tous  ces  sym- 
ptômes, et  guérit.  Notre  malade  à  nous  reste  huit  jours 
sans  connaissance,  nous  enlevons  vingt-quatre  centimètres 
carrés  de  voûte  crânienne  brisée  dans  une  chute  et  l'intelli- 
gence renaît.  Ces  observations  sont  donc  encourageantes  et,  | 
dans  les  fractures  ouvertes,  les  symptômes  diffus  n'empê- 
cheront pas  d'intervenir;  en  assurant  l'asepsie  de  la  plaie 
on  pourra  voir,  par  surcroit,  certains  symptômes  inquiétants 
s'atténuer  et  disparaitce. 

Ces  régularisations  précoces  qui  assurent  l'asepsie  du  foyer 
traumatique  ont  eu  des  résultats  non  douteux.  On  sait, 
d'après  les  statistiques  de  Bluhm,  qu'avant  l'ère  nouvelle, 
la  mortalité  générale,  dans  les  fractures  compliquées  do 
crâne,  était  de  46  à  52  pour  100  ;  un  sur  deux  des  blessés 
était  emporté  par  la  méningo-encéphalite  ou  par  l'infec- 
tion purulente.  Il  n'en  est  plus  de  même  à  cette  heure,  et 
si  on  nous  dit  que,  à  la  clinique  de  Heidelberg,  ou  a  eu,  de 
1877  à  1884,  quatorze  guérisons  seulement  et  neuf  morts 
sur  vingt-trois  fractures,  nous  voyons  que,  en  réunissant  les 
relevés  de  Loser,  de  Wagner,  de  Busch,  de  Czerny,  d'Es- 
tlander,  de  Drevv,  de  Gortz  et  de  Schneider,  nous  arrivons 
à  un  total  de  cent  soixante-trois  interventions  primitives 
avec  relèvement,  extraction  d'esquilles  ou  trépanation  dans  | 
les  fractures  compliquées  de  la  voûte  ;  or  nous  ne  consta- 1 
tiens  que  huit  décès,  soit  une  proportion  de   moins  de  5  | 
pour  100.  Aussi  la  cause  nous  semble  entendue  et  nul  n'hé- 
sitera maintenant  à  régulariser  le  foyer  de  la  fracture  pour  | 
en  assurer  l'asepsie. 

Parfois  sous  les  lambeaux  du  cuir  chevelu  déchiré  un  jel 
artériel  s'échappe  du  foyer  de  la  fracture;  la  méningée 
moyenne  est  rompue  et  rhémorrhagie,si  elle  n'est  tariepar 
le  chirurgien,  menace  les  jours  du  malade.  Il  faut  écarter 
les  tissus,  enlever  les  caillots,  chercher  d'où  vient  le  sang. 
au  besoin  agrandir  la  plaie  avec  la  gouge  et  le  trépan,  et  lier 
l'artère,  ce  qui  est  souvent  fort  difficile  :  le  fil  dérape,  les  | 
parois  se  rompent  ;  aussi  les  pinces  à  demeure,  les  cautéri- 
sations au  ferrouge,  les  tampons  antiseptiques  au  fond  delà 
plaie  sont-ils  parfois  nécessaires;  ces  m oyens  mêmes  ne 
suffisent  pas  toujours  et  l'on  cite  des  cas  où  l'on  a  dû  re- 
courir, pour  étancher  le  sang,  à  la  ligature  de  la  carotide 
externe  ou  de  la  carotide  primitive. 

Le  même  accident,  la  rupture  de  la  méningée  moyenne, 
peut  se  faire  sous  les  téguments  intacts;  le  sang  s'accu- 
mule sous  le  crâne  et  provoque  des  phénomènes  redouta- 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         _  N-  16  —    253 


blés  de  compression.  Le  diagnostic  de  cette  complication 
des  fractures  de  la  yoûte  est  possible  et.  lorsque  chez  un 
blessé  frappé  à  la  réprion  temporale,  survient  après  une  ou 
plusieurs  heures  ou  même  un  jour  entier  une  paralysie 
localisée  h  un  bras  ou  à  une  jambe,  une  hémiplég  e,  puis 
(les  signes  de  compression  avec  coma,  stertor,  dilatation 
pupillaire  du  côté  opposé  à  la  paralysie,  ces  symptômes 
apparus  un  certain  temps  après  le  traumatisme  révèlent, 
à  un  observateur  attentif,  Texistence  de  la  déchirure  de 
la  méningée.  Mais  que  de  causes  d'erreur  peuvent  dérouter 
le  diagnostic  !  Le  caillot  énorme  et  très  étalé  ne  peut-il 
occasionner  des  troubles  fonctionnels  diffus? 

Il  y  aurait  intérêt  cependant  à  reconnaître  cette  rup- 
ture, car  on  peut  intervenir  avec  succès  quoi  que  semblent 
en  penser  Tillaux  et  notre  ami  Gérard-Marchand,  dont  les 
conclusions  pessimistes  ne  sont  pas  ratifiées  par  les  faits. 
Certainement  le  caillot  est  souvent  trop  étalé  sous  la 
Toûle  crânienne  pour  être  enlevé  par  les  trous  du  trépan  ; 
on  ne  sait  pas  toujours  où  le  sang  se  collecte,  en 
avant,  en  arrière,  à  la  base  ;  puis  la  ligature  de  Tar- 
ière, à  supposer  qu'on  ait  ouvert  le  foyer  au  bon  endroit, 
nest  pas  une  facile  entreprise.  II  faut  la  tenter  cepen- 
dant, et,  i\  l'exemple  de  Kronlein,  on  placera  la  pre- 
mière couronne  sur  une  ligne  horizontale  partant  du 
rebord  supérieur  de  Torbile,  à  3  ou  4  centimètres 
en  arrière  de  Tapophyse  orbitaire  du  frontal  ;  si  l'on 
ne  trouve  rien,  on  met  une  seconde  couronne  au  point  de 
rencontre  de  la  même  ligne  horizontale  avec  une  ligne 
verticale  élevée  immédiatement  en  arrière  de  Tapophyse 
mastoide.  On  ne  saurait  hésiter  si  Ton  en  croit  les  chiffres 
relevés  par  Wiesmann  :  sur  257  ruptures  de  la  méningée, 
ai  ont  été  traitées  par  Texpectation  avec  10  guérisons  et 
131  morts,  soit  une  léthalité  de  90  pour  100,  tandis  que 
sur  les  110  trépanés  74  ont  guéri  et  36  sont  moris,  ce  qui 
abaisse  la  léthalité  à  33  pour  100. 

III 

L'intervention  peut  être  commandée  encore  par  certains 
troubles  fonctionnels  immédiats  ou  tardifs  et  dont  l'étude, 
qui  date  des  vingt  dernières  années,  avait  soulevé  des  espé- 
rances dont  la  plupart  n'ont  pas  été  réalisées.  Ou  a  reconnu, 
sur  l'écorce  cérébrale,  l'existence  de  «  centres  moteurs  > 
dont  Texcilation  provoque  les  mouvements  de  groupes 
musculaires  particuliers,  et  déjà  l'analyse  expérimentale  a 
pu  (iélermiaer,  autour  de  la  scissure  Rolandique,  dans  les 
circonvolutions  ascendantes,  au  niveau  du  lobule  paracen- 
tral  et  dans  les  circonvolutions  frontales,  les  régions  qui 
commandent  aux  membres  inférieurs  et  supérieurs,  à  la 
face,  à  la  langue.  On  connaît  les  cartes  dressées  par  Char- 
cot,  Ferrier,  Hitzig,  qui,  il  est  vrai,  ont  le  tort  de  ne  pas 
être  absolument  concordantes. 

Ne  pouvait-on  pas  tirer  parti  de  ces  données,  pour  gui- 
der le  trépan  à  la  suite  de  certains  traumatismes  du  crâne? 
S*it  survient  une  hémiplégie,  ne  savait-on  pas  déjà  que 
les  fragments  de  la  boite  osseuse  ou  le  caillot  sanguin 
comprime  les  zones  motrices  du  côté  opposé  à  l'hémiplé- 
gie? Mieux  encore,  si  la  paralysie  est  limitée  au  bras,  à  la 
jambe,  à  un  groupe  musculaire  du  membre  supérieur  ou 
du  membre  inférieur,  sil  existe  une  contracture  isolée, 
des  convulsions  localisées  à  une  région,  de  l'aphasie,  ne 
peut-on  pas  en  conclure  que  le  territoire  psycho-moteur 
correspondant  est  atteint  et  n'est-il  pas  possible  d'ima- 


giner une  opération  qui  ouvre  le  crâne  en  ce  point  pour 
libérer  le  cerveau  du  caillot  sanguin  ou  du  fragment 
osseux  qui  le  comprime?  La  topographie  comparée  du 
crâne  et  de  l'encéphale  fut  bien  vite  établie,  et  Broca, 
Ferré  et  Ghampionnîère  nous  apprirent  en  quel  lieu  il  faut 
trépaner  pour  atteindre  les  centres  psycho-moteurs. 

Malheureusement  le  problème  est  plus  complexe  et  il 
faut  compter  avec  de  nombreuses  causes  d'erreur:  d'abord 
les  localisations  des  centres  ne  sont  pas  aussi  rigoureuse- 
ment déterminées  qu'il  serait  nécessaire,  et  les  auteurs  les 
plus  compétents  ne  leur  donnent  pas,  sur  les  circonvolu- 
tions, une  place  identique.  Puis  les  recherches  cliniques  de 
Bourdon,  de  Mallebay  et  de  Decaisne  nous  prouvent  qu'un 
même  symptôme,  la  monoplégie  brachiale  par  exemple, 
s'accompagne  de  lésions  cérébrales  qui,  loin  d'avoir  tou- 
jours un  siège  identique  sur  Técorce,  sont  disséminées  sur 
une  grande  étendu^.  Ne  faut-il  pas  d'ailleurs  tenir  compte 
de  la  commotion  cérébrale  concomitante  qui  obscurcit  le 
tableau  clinique  des  premières  heures  avec  ses  conditions 
si  variables  d'inhibition,  de  réflexe,  d'épuisement,  de  sup- 
pléance? N'y  a-t-il  pas  parfois  l'altération  surajoutée  des 
noyaux  ganglionnaires  cérébraux,  des  foyers  par  contre- 
coups, des  traumatismes  à  distance?  au  lieu  donc  de 
c  frapper  presque  à  coup  sûr  au  centre  de  la  zone  corticale 
atteinte  >,  on  serait  parfois  forcé  de  trépaner  toute  la 
portion  du  crâne  correspondante  à  la  région  motrice,  sur- 
face qui  d'après  les  plus  modestes  ne  mesure  pas  moins 
de  24  centimètres  carrés. 

On  a  bien  souvent  trépané  d'après  les  indications  four- 
nies par  les  doctrines  des  localisations  cérébrales,  mais 
les  observations  sont  clairsemées  où  le  succès  a  couronné 
l'entreprise.  Aussi,  dans  les  fractures  du  crâne,  ne  tient- 
on  qu'un  compte  secondaire  des  renseignements  douteux 
qu'elles  nous  donne,  et  lorsqu'il  existe  des  troubles  fonc- 
tionnels localisés — paralysie  ou  contracture,  — on  s'inquiète 
d'abord  du  foyer  traumatique,  de  ses  déformations,  et  c'est 
là  qu'on  porte  le  trépan.  Tant  mieux  s'il  y  a  concordance 
et  si  la  partie  déprimée  correspond  au  centre  psycho- 
moteur que  l'on  présume  atteint.  On  peut  môme  tricher 
un  peu,  et  si  possible,  incliner  la  couronne  vers  ce  centre, 
s'il  parait  voisin  ;  mais  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  l'on 
intervient  sur  l'enfoncement,  la  plaie,  la  cicatrice  et  nous 
agissons  à  peu  près  comme  au  temps  où  nous  ignorions 
les  localisations  cérébrales.  Si  donc,  dans  une  fracture 
fermée,  —  nous  avons  dit  la  pratique  courante  dans  les 
fractures  ouvertes  —  il  existe  des  symptômes  immédiats 
localisés,  persistant  et  s'aggravant  d'une  manière  progres- 
sive, on  est  autorisé  à  prendre  le  trépan  et  à  l'appliquer 
sur  le  foyer  même  de  la  fracture. 

Nous  pouvons  fournir,  à  1  appui,  une  observation  bien 
curieuse  ;  le  27  décembre,  un  cocher  de  trente  et  un  ans 
tombe  à  travers  des  châssis  vitrés  d'un  toit  sur  une  enclume; 
on  nous  Tamëne  sans  connaissance  et  nous  constatons, 
derrière  l'oreille  droite,  une  plaie  insignifiante  qui  recouvre 
une  vaste  fracture  esquilleuse.  Le  coma  dure  quatre  jours; 
au  cinquième,  commence  le  délire  ;  au  neuvième,  apparais- 
sent des  contractures  généralisées  avec  prédominance  du  côté 
gauche;  la  crise  ne  dure  que  quelques  instants,  mais  elle  se 
renouvelle  deux  fois  le  lendemain,  quatre  fois  le  surlen- 
demain et,  le  jour  suivant,  les  attaques  épilepliformes  se 
succèdent  sans  interruption.  Nous  intervenons  le  douzième 
jour  de  la  fracture  et,  après  avoir  circonscrit  un  grand 
lambeau  en  volet  qui  sectionne  les  tissus  jusqu'à  l'os,  nous 


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enlevons  quatre  esquilles  assez  étendues  pour  mesurer, 
lorsqu'on  les  remet  dans  leurs  rapports  réciproques,  un 
fragment  long  de  9  centimètres,  et  large  de  6,  qui  recouvre 
un  énorme  caillot  que  nous  détachons;  à  ce  moment  jaillit 
un  énorme  flot  de  sang  noir  qui  inonde  le  champ  opéra- 
toire :  le  sinus  latéral  est  ouvert;  nous  n'avons  que  le  temps 
de  Toblitérer  avant  la  syncope  mortelle,  d'abord  avec  le  doigt, 
puis  avec  un  tampon  de  tarlatane  imprégné  d'une  pommade 
antiseptique;  nous  lavons  la  plaie,  nous  suturons  la  peau, 
en  laissant  un  orifice  par  où  passe  l'extrémité  de  notre 
tampon  hémostatique. 

Dès  ce  moment  la  situation  s'améliore;  le  malade  a  bien 
une  crise  la  nuit  suivante  et,  pris  de  contracture,  veut  se 
jeter  hors  du  lit;  mais,  dès  le  lendemain,  il  reprend  la  con- 
naissance qu'il  avait  perdue  depuis  la  chute,  car  il  ignore  ses 
attaques  épileptiformes  et  son  opération  ;  au  quatrième  jour, 
il  réclame  sa  pipe  et  se  lève;  au  huitième,  nous  enlevons  le 
tampon  et  l'hémostase  est  parfaite;  au  neuvième,  les  fils  de 
suture  sont  supprimés  et  la  cicatrice,  absolument  correcte, 
est  soulevée  par  les  battements  encéphaliques.  L'irrégularité 
du  foyer,  la  compression  évidente  qu'exerçaient  les  frag* 
ments,  la  légère  prédominance  des  contractures  à  gauche, 
du  côté  opposé  à  la  fracture,  surtout  l'aggravation  des  sym- 
ptômes, la  multiplicité  toujours  croissante  des  crises,  nous 
ont  poussé   à  intervenir  et  le  succès  a  été  remarquable. 

Enfin  il  est  des  cas  où  les  accidents  sont  tardifs; 
des  esquilles  osseuses  provoquent  des  congestions  passa- 
gères, des  poussées  de  méningo-encépfaalite  ;  il  se  forme 
des  abcès,  rarement  entre  l'os  et  la  dure-mère  ;  plus 
souvent  sous  la  dure-mère  et  le  pus  peut  même  se  collecter 
en  plein  tissu  cérébral.  Dans  ces  deux  derniers  cas,  si  on  a 
eu  recours  au  trépan,  on  reconnaîtra, après  l'ablation  de  la 
rondelle  osseuse,  l'existence  de  la  collection  profonde,  à  la 
coloration  terne  de  la  dure-mère,  à  son  immobilité,  à 
l'absence  de  pulsation  cérébrale.  Le  bistouri  doit  être  plongé 
jusqu'au  fond  du  foyer,  mais  ce  sujet  a  été  trop  souvent 
traité  depuis  Dupuytren  pour  y  revenir  ici.  L'épilepsie  trau- 
matique  est  un  des  accidents  les  plus  souvent  observés. 
Championnière  a  publié  plusieurs  cas  de  guérisons  par 
l'application  du  trépan  sur  l'ancien  foyer  de  fracture  et  nous 
pouvons  y  ajouter  une  observation  personnelle  que  Féré 
d'ailleurs  a  déjà  publiée. 

Il  s'agit  d'un  sculpteur  de  trente-six  ans,  blessé  à  la  tète 
par  un  éclat  d'obus  ;  il  guérit  en  quelques  semaines  d'une 
fracture  grave,  mais  au  bout  de  sk  mois  il  eulun  premier 
accès  convulsif;  puis  les  crises  deviennent  plus  fréquentes 
et  il  en  a  bientôt  deux  par  mois.  On  ne  peut  loucher  la  cica- 
trice crânienne,  explorer  la  petite  fistule  qui  conduit 
jusqu'aux  esquilles,  effleurer  même  les  cheveux  sans  pro- 
voquer une  crise  immédiate.  Sur  la  demande  de  Féré  nous 
pratiquons  la  trépanation  ;  une  incision  de  25  centimètres 
libère  un  grand  lambeau  et  met  à  nu  le  foyer  de  la  fracture. 
Une  première  couronne  de  trépan  appliquée  près  de  la  bosse 
frontale  gauche,  en  un  pointqui  paraissait  rugueux,  n'enlève 
qu'une  rondelle  saine;  mais  une  rondelle  nouvelle, placée  à 
3  centimètres  en  arrière,  est  le  siège  d'une  saillie  évidente, 
d'une  hyperostose  que  nous  poursuivons  par  deux  nouvelles 
couronnes  de  trépan.  Dans  celte  opération  nous  ouvrons 
inopinément  le  sinus  longitudinal  supérieur  dont  nous 
tarissons  l'hémorrhagie  par  une  compression  prolongée; 
les  lambeaux  sont  rabattus,  suturés,  comprimés  par  un 
bandage  que  nous  enlevons  le  huitième  jour.  La  guérison 
était  complète  et,  depuis,  l'épilepsie  n'a  pas  reparu. 


Cet  exposé  fort  long,  quoique  fort  incomplet,  peut  s( 
résumer  en  quelques  courtes  propositions:  les  fractures  di 
crâne  sont  ouvertes  ou  fermées;  lorsqu'elles  sont  ouvertes 
les  soins  d'une  antisepsie  rigoureuse,  sauvegarde  contre  Tin 
vasion  d'une  méningo-encéphalite, exigent  une  régularisatioi 
de  la  plaie  et  l'on  en  profite  pour  relever  les  fragmcDl* 
défoncés,  enlever  les  esquilles  dépériostées,  extraire  les  corp< 
étrangers  accessibles  et  lier  les  vaisseaux  rompus.  Lorsqm 
la  fracture  est  fermée,  on  s'abstient  à  moins  qu'un  accident 
ne  force  à  intervenir  ;  on  n'agira  que  si  une  branche 
déchirée  de  la  méningée  menace  de  tuer  le  malade  par 
hémorrhagie,  ou  bien  encore  lorsque  apparaissent  (ie< 
troubles  fonctionnels  localisés,  immédiats  ou  tardifs,  para< 
lysie  croissante,  convulsions  répétées,  signes  de  poussées 
hypérémiques,  d'abcès  du  cerveau,  épilepsie  Iraumatique: 
le  trépan,  appliqué  au  niveau  de  l'ancien  foyer,  a  souvent 
alors  donné  de  merveilleux  résultats.  ^ 

Paul  Reclps. 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

Trallemeal  antlsepllqae  de  la  dlphthérle 
par  la  «|alnollne. 

En  raison  de  sa  puissance  antiputride,  M.  Domat  a  re- 
commandé cet  agent  contre  la  diphthérie  buccale  et  pha- 
ryngée.  On  peut  en  faire  usage  comme  désinfectant  locaKeii 
gargarisme  ou  en  badigeonnage. 

i*"  En  gargarisme,  on  emploiera  une  solution  alcoolique 
de  quinoline  —  l'alcool  facilitant  la  dissolution  de  ce  corps 
—  et  on  formulera  : 

Quinoline 0,60  centigramnns. 

Alcool  à  90  degrés 30  grammes. 

Eau  distillée  et  bouillie 300        — 

Essence  de  menthe I  goutte. 

2*'  En  badigeonnage  y  on  applique  avec  un  pinceau  asseï 
rude,  sur  les  surfaces  pseudo-membraneuses,  le  topique 
suivant  : 

(Juinoline i  gramme. 

Alcool  à  yO  degrés  )  ^  ^r 

Eau  distillée  ^ 25  grammes. 


Béa  toplqoea  antiseptique»  mu  aaphtol. 

On  peut  formuler  ce  corps  en  lotions,  collutoires,  injec- 
tions et  frictions  antiseptiques  et  désinfectantes.  On  l<j 
véhicule,  à  cet  effet,  dans  l'alcool  ou  dans  le  camphre. 

l'*  En  solutions.  —  La  solution  faible  a  pour  formule  i 

Naphtol  p 1  gramme.  I 

Alcool  à  60  degrés 1000  grammes. 

On  l'emploie  en  lotions  sur  les  régions  chargées  de  poiU 
que  l'on  veut  rendre  aseptiques. 
La  solution  forte  a  pour  composition  : 

Naphtol  p 10  à  15  grammes. 

Alcool  à  60  degrés iOOO        — 

Elle  sert  à  désinfecter  les  surfaces  cutanées  dénudées 

2'  En  injections.  —  La  solution  doit  être  prépara*  * 

chaud  et,  de  plus,  soumise  à  une  douce  température.  Avant 


19  Avril  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  NM6  —    255 


de  rinjecter  dans  les  cavités  séreuses  ou  dans  les  abcès,  il 
est  donc  prudent  de  faire  chauffer  préalablement  la  seringue. 
Voici  Tune  des  formules  proposées  : 

Naphtol  P 10  grammes. 

Alcool  à  *jO  degrés 80        — 

Eau 120        — 

3"  En  collutoire.  —  Pour  la  toilette  de  la  bouche,  on 
mélange  quelques  gouttes  de  la  solution  suivante  dans  une 
verrée  d'eau  : 


Eau  de  Botot. 
Naphtol  p.... 


60  grammes. 
0«%60 


i*  En  frictions,  —  Dans  ce  but,  on  fait  usage  du  naphtol 
caniphr^  Ce  dernier  s'obtient  en  triturant  jusqu'à  liqué- 
faction le  mélange  suivant  : 

Camphre  pulvérisé 2  parties. 

Naphtol  p  pulvérisé 1  partie. 

Ch.  Éloy. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

HOSPICE  DE  LA  SALPÉTRIÈRE.    —    PROFESSEUR  :  M.   CHARCOT. 

Abasie  trépidante.  —  M.  Charcot  montre  un  type  assez 
rare d'abasie.  Presque  toujours  Tabasie  ou  impossibilitéde 
marcher  va  avec  Tastasie  ou  impossibilité  de  se  tenir 
debout.  Chez  le  malade  qui  fait  le  sujet  de  la  leçon,  l'aslasie 
fait  défaut,  la  station  debout  est  possible;  ce  n'est  que  dans 
la  marche  que  les  troubles  du  mouvement  caractérisés  par 
(le  la  trépidation  se  produisent. 

Assis,  cet  homme,  qui  n'est  ni  paraplégique,  ni  ataxique, 
peut  faire  avec  ses  membres  inférieurs  tous  les  mouvements 
qu'il  veut;  debout,  il  n'oscille  ni  d'un  côté  ni  de  l'autre,  il 
peut  marcher  à  quatre  pattes>  sauter  sur  un  pied  seul  ou 
les  pieds  joints,  la  marche  normale  seule  est  impossible. 
Dans  la  dernière  leçon  on  a  porté  sur  ce  cas  le  pronostic  le 
plus  favorable  el  Tévénement  a  démontré  qu'on  avait  eu 
raison,  car  aujourd'hui  le  malade,  quand  il  s'observe,  ne 
pf*ut  plus  trépider  comme  il  le  faisait  autrefois.  La  trépi- 
dation ne  réparait  que  quand  on  le  pousse  ou  quand  il  se 
hâte  trop.  Le  professeur  rappelle  que  ces  troubles  singuliers 
de  la  marche  peuvent  et  doivent  être  rapprochés  des 
troubles  psychiques,  c'est  le  centre  cortical  de  la  marche 
qui  est  détraqué^  et  la  preuve  c'est  que  de  même  que  pour 
certaines  paralysies  psvchiques  le  malade  guérit  en  obser- 
vant et  en  imitaitl  un.  homme  qui  marche  devant  lui,  ravi- 
vant ainsi  l'image  motrice  du  mouvement  nécessaire  pour 
assurer  la  progression. 

La  manière  dont  cet  homme  a  été  atteint  de  son  abasie 
est  assez  curieuse  :  une  affection  des  membres  inférieurs 
nécessita  l'emprisonnement  des  deux  jambes  dans  des  en- 
traves; cette  immobilité,  péniblement  supportée,  devint 
pour  le  sujet  le  point  de  départ  d'une  auto-suggestion.  Une 
fois  délivré  de  ses  liens,  il  croyait  toujours  sentir  ses  jambes 
emprisonnées  dans  l'appareil  ;  dans  la  rue,  pressé  d'éviter 
quelqu'un  qui  allait  le  heurter,  il  fut  pris  de  sa  trépidation 
dans  le  mouvement  qu'il  fit  pour  ne  pas  recevoir  le 
choc. 

Ce  malade  a  été  intoxiqué  par  le  sulfure  de  carbone.  Aux 
moyens  suggestifs  ou  persuasifs  habituels,  on  a  joint  les 
toniques  ainsi  que  le  fer,  l'hydrothérapie,  etc. 

La  misère  agent  provocateur  de  l'hystérie.  —  M.  Char- 
col  montre  à  sa  leçon  deux  malheureux  sur  lesquels  la 
jalaliié  parait  s'être  acharnée;  tous  deux  sont  hystériques, 
hémianesthésiques,  l'un  est  hémiparétique.  Le  premier  de 


ces  hommes,  fils  de  gens  plus  ou  moins  anonymes,  a 
couché  dans  les  fours  à  plâtre  jusqu'à  vingt  ans,  s'est  en- 
gagé dans  la  marine,  s'est  feit  condamner  à  mort  pour  avoir 
jeté  un  officier  à  l'eau  dans  un  moment  d'oubli...  Gracié, 
pui§  envoyé  dans  les  disciplinaires,  il  s'échoue  en  Nouvelle- 
Calédonie,  revient  en  France,  dirige  une  ménagerie,  un 
établissement  de  décapité  parlant,  enfin,  exerçait  il  y  a 
peu  de  temps  la  profession  de  sauvage,  avalait  des  lapins 
crus,  etc. 

L'autre  malheureux,  fils  d'un  ramasseur  de  champignons, 
affreusement  ivrogne,  est  porteur  de  deux  pieds  bols,  bégaie 
affreusement  et  roucoule  des  chansons  sentimentales  dans 
les  cours;  il  ne  mange  pas  tous  les  jours,  mais  couche  à 
peu  près  régulièrement  dehors.  Ces  deux  faits  viennent 
à  l'appui  de  cette  idée  qui  ne  tardera  pas  à  être  une  vérité 
reconnue  de  tous,  c'est  que  l'hystérie  mâle  est  très 
fréquent;  c'est  que,  si  un  médecin  s'attachait  à  étudier  les 
dépôts  de  mendicité,  les  prisons  et  les  bagnes,  il  se  trou- 
verait en  présence  d'une  foule  d'hystériques  mâles.  C'est  là 
la  vraie  hystérie,  et  bientôt  on  dira  que  les  hommes  hysté- 
riques sont  plus,  nombreux  que  ne  le  sont  le?  femmes 
atteintes  de  la  même  affection. 

Paralysie  alcoolique  des  membres  inférieurs.  —  La 
paralysie  présente  les  caractères  suivants  :  Pieds  tombants. 
Paraplégie  absolue,  rétractions  tendineuses,  troubles  tro- 
phiques  caractérisés  par  de  la  peau  lisse  et  des  changements 
de  coloration  du  tégument,  de  l'atrophie  musculaire;  des 
dégénérations  électriques  des  muscles  ;  l'absence  de  réflexes 
tendineux  ;  de  la  dysesthésie,  une  hypereslhésie  vive  de  la 
peau,  des  masses  musculaires  et  même  des  tendons,  le  tout 
précédé  d'une  période  où  ont  dominé  les  douleurs  à  type 
fulgurant,  ainsi  qu'un  délire  spécial  dans  lequel  le  malade 
voyait  des  bêtes,  des  reptiles,  etc. 

Quand  on  saura  que  le  malade  avait  des  habitudes  alcoo- 
liques invétérées,  on  éliminera  tout  d'abord  la  paralysie 
infantile  et  enfin  dans  le  groupe  des  paralysies  toxiques  on 
écartera  le  béribéri,  l'arsenic  et  le  saturnkme  qui  atteint 
surtout  les  membres  supérieurs  et  on  portera  le  diagnostic 
de  paralysie  alcoolique. 

Les  rétractions  nbreuses  s'étant  produites,  il  faudra, 
comme  cela  se  passe  pour  certaines  contractures  hysté- 
riques, recourir  à  l'intervention  chirurgicale. 

Le  pronostic  de  ces  paraplégies  est  relativement  favorable, 
il  faut  savoir  cependant  que  parfois  la  vie  est  en  jeu,  et 
qu'au  lieu  de  se  limiter  à  la  périphérie,  la  maladie  peut 
attaquer  le  bulbe  (Broadbent)  et  tuer  en  peu  de  temps  par  le 
cœur  et  la  respiration. 

M.  Charcot  a  vu  lui-même  un  cas  semblable  chez  une 
jeune  Américaine.  (Leçon  du  12  mars  1889.) 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Cllniqoe  médleale. 

StJR     UN     SYSTÈME     SPÉCIAL   D'iNJECTION    HYPODERMIQUE   DE 
CERTAINS    MÉDICAMENTS    IRRITANTS    OU    CAUSTIQUES,    par 

M.  le  docteur  J.-L.  Gimbert  (de  Cannes). 
.  (Fin.  —  Voy.  le  numéro  15.) 

Douleur  causée  par  la  pénétration  des.  liquides.  — 
L'injection,  poussée  sans  méthode,  est  douloureuse  avec  le 
liquide  le  [)lus  anodin. 

L'eau  distillée,  l'huile,  la  vaseline  liquide  pénétrant 
brusquement  danç  le  tissu  cellulaire  sous-dermique, 
tiraillent  et  déchirent  les  fibres  cellulaires  ou  nerveuses. 

Cet  inconvénient  peut  éjre  évité.  11  suffit  pour  cela  d'in- 
jecter avec  une  extrême  lenteur  et  de  faire  sous  la  peau  une 
diffusion  plutôt  qu'une 'collection.  Notre  appareil  répond  à 


/ 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


19  Avril  1889 


cette  indication.  A  différentes  reprises  nous  ayons  fait  passer 
^însi  sous  la  peau  d'un  lapin  30,  40  et  50  grammes  d'eau 
sans  provoquer  de  contorsions.  Chez  l'homme,  nous  n'avons 
pas  dépassé  la  dose  de  15  grammes,  n'ayant  aucun  besoin 
d'injecter  davantage;  mais  on  pourrait  injecter  au  besoin  le 
triple  ou  le  quadruple  si  l'on  en  juge  par  l'innocuité  des 
épancbements  séreux.  En  revanche,  nous  avons  injecté 
jusqu'à  40  grammes  d'huile  sans  douleur,  de  sorte  que  si 
pour  faire  pénétrer  un  médicament,  il  faut  employer  une 
quantité  notable  de  vésicule,  il  est  inutile  d'être  arrêté  par 
la  crainte  de  la  douleur  que  pourrait  provoquer  une  injec- 
tion copieuse. 

Douleur  causée  par  les  médicaments.  —  Les  médica- 
ments irritants  injectés  purs  provoquent  de  vives  douleurs; 
mais, s'ils  sont  en  solution  faible,  la  peau  les  tolère  très  bien. 
Cette  douleur,  étant  donné  que  l'on  supprime  celle  que 
provoque  une  distension  rapide  des  tissus,  est  en  rapport 
direct  avec  le  degré  de  leur  concentration. 2  grammes  d*une 
solution  créosotée  à  50  pour  100  provoquent  des  douleurs 
quand  même.  15  grammes  d'huile  créosotée  au  quinzième, 
.contenant  la  même  quantité  de  créosote,  ne  réveilleront 
aucune  plainte.  15  grammes  d'eau  contenant  1  gramme  de 
bisulfate  de  quinine  ont  pu  passer  ainsi  chez  une  jeune  fille 
atteinte  d'accès  de  fièvres  rebelles.  Or  il  serait  difficile  de 
faire  passer  celte  dose  de  sel  avec  le  contenu  d'une  ou  de 
deux  seringues  de  Pravaz.  Nous  avons  obtenu  le  même 
résultat  avec  riodoforme,reucaIyptol,  et  de  notre  expérience 
^nous  pouvons  conclure  que  sur  un  sujet  banal  l'injection 
d'une  solution  caustique  étendue  ne  sera  pas  douloureuse, 
si  comme  précédemment  elle  est  faite  avec  une  extrême 
lenteur  et  si  la  solution  est  à  un  titre  s' adaptant  à  la  sensi- 
bilité et  à  la  fragilité  du  tissu  endermique. 

Voici  les  titres  de  quelques  solutions  particulièrement 
utilisées  par  nous  : 

Créosote  vraie \  gramme. 

Huile  d'olive  aseptisée 14        — 

lodol  ou  iodoforme 1  gramme. 

Huile  d'olive 29        — 

Acide  phénique  cristallisé. .   1  gramme. 

Huile  d'olive  ou  eau  faiblement  alcoolisée.. .     49        — 

Chlorhydrate  neutre  de  quinine 1  gramme. 

Eau  distillée  et  bouillie 9 

Antipyrine \  gramme. 

Eau  distillée 10        — 

Ces  titres  sontle  résultat  de  notre  expérience;  on  peut  les 
affaiblir,  mais  on  ne  doit  qu'exceptionnellement  les  forcer. 

Réactions  nerveuses,  —  Les  réactions  nerveuses  dépen- 
dent avant  tout  du  sujet.  A  ce  titre,  il  est  difficile  de  faire  des 
injections  lentes  chez  les  enfants  et  chez  les  névropathes  ; 
mais  elles  dépendent  aussi  de  quelques  particularités  de  la 
peau.  Si  on  opère  sur  la  région  pectorale  externe,  on  produit 
très  souvent  un  engourdissement  douloureux  du  bras  cor- 
respondant. Les  injections  dans  l'aisselle,  sur  la  limite 
externe  du  dos,  produisent  des  effets  semblables,  ainsi  que 
les  piqûres  du  bras  faites  dans  le  voisinage  des  gros  nerfs. 
Dans  l'aine,  on  réveille  souvent  des  douleurs  dans  le  cordon  ; 
dans  la  jambe,  il  survient  des  phénomènes  de  ce  genre 
quand  on  opère  en  avant  ou  en  arrière  de  la  cuisse.  Tous  ces 
phénomènes  sont  passagers;  ils  ne  sont  nullement  une 
contre-indication  à  l'emploi  de  la  méthode. 

Absorption,  —  L'absorption  doit  être  le  résultat  immédiat 
de  l'injection.  Elle  dépend  de  la  nature  et  de  la  quantité  du 
liquide,  de  la  région  et  de  la  puissance  absorbante  du  tissu, 
autrement  dit  du  sujet. 

Les  liquides  que  nous  avons  fait  absorber  sont  simples  ou 


composés.  Les  premiers  représentent  la  classe  des  véhi 
cules,  les  seconds  les  solutions  médicamenteuses. 

L'eau  distillée  et  bouillie  est  absorbée  à  très  haute  dos 
et  très  vite.  50  grammes  injectés  sous  la  peau  d'un  lapii 
adulte  disparaissent  en  trois  heures,  en  moyenne.  Che 
l'homme,  15  grammes  contenant  1  gramme  dechlorbydrat 
de  quinine  ont  disparu  en  vingt-quatre  heures,  si  on  ei 
juge  par  l'examen  direct  delà  peau.  L'eau  pure  est  ii 
meilleur  des  véhicules,  elle  ne  laisse  pas  de  trace  de  soi 
passage;  malheureusement  elle  ne  dissout  que  quelque 
médicaments  :  le  chlorhydrate  de  quinine,  l'antipyrine 
l'alcool,  etc. 

Vhuile  de  va^seline^  introduite  par  Meunier  dans  la  thé- 
rapeutique hypodermique  est  rapidement  absorbée,  maisn( 
connaissant  pas  les  limites  de  son  innocuité  nous  n'avom 

Sas  osé  faire  absorber  plus  de  5  grammes,  et  cela  ne  répon 
ait  pas  au  but  que  nous  poursuivions.  t 

L'huile  d'olive,  dissolvant  la  créosote,  l'acide  phénique. 
l'eucalyptol,  le  myrtol,  l'iodol,  l'iodoforme  est  après  Toau 
pure  le  meilleur  des  véhicules  jusqu'à  nouvel  ordre.  Elit 
doit  être  absolument  pure  ;  nul' n'ignore  qu'elle  conlienl 
des  substances  animales  d'origine  parasitaire  que  Texlrap- 
tion  industrielle  ne  cherche  pas  à  aétruire  (1).  11  faut  donc 
la  purifier  avec  soin.  Nous  employons  autant  que  possible 
des  huiles  vierges  et  neutres,  et  pour  prévenir  toute  altéra- 
tion nous  les  faisons  laver  plusieurs  lois  avec  de  Talrool 
à  90  degrés.  Après  celle  opération  qui  dure  plusieurs  jours, 
on  fait  bouillir  l'huile  décantée  au  bain-marie,  ralcool 
s'évapore  et  on  a  un  liquide  très  pur.  L'huile  ainsi  préparée 
ne  provoque  aucune  irritation  et  s'absorbe  parfaitement. 
même  à  des  doses  très  élevées  :  55  grammes  par  exemple. 

Cette  dose  fut  injectée  à  une  malade,  atteinte  de  tuber- 
culose bilatérale,  par  son  mari;  elle  fut  absorbée  en  si\ 
jours  et  fut  bienfaisante,  à  notre  grande  surprise.  Nous  ne 
conseillerions  pas  à  nos  malades  de  faire  de  pareilles  expé- 
riences; nous  trouvons  en  général  qu'il  suffit  de  faire  absor- 
ber 15  à  16  grammes  suivant  les  indications. 

Que  devient  le  liquide  en  présence  du  tissu  sous- 
dermique?  Il  s'émulsionne.  Bouchard  a  montré  à  son  cours 
de  1888,  un  lapin,  qui,  treize  mois  auparavant,  avait  rop 
en  sept  injections  sous-cutanées  le  tiers  de  son  poids  d'huile 
d'olive,  soit  610  grammes.  Au  moment  de  la  démonstration 
on  n'en  retrouve  plus  que  110  grammes;  500  gramme»^ 
avaient  été  absorbés  par  l'animal.  Le  liquide  recueilli  était 
laiteux,  chyliforme  d'aspect;  il  était  émulsîonné.  Nous 
ignorons  à  quoi  il  faut  attribuer  ce  phénomène,  mais  il  est. 
Des  cobayes  auxquels  nous  avons  fait  des  injections  de 
1  gramme  d'huile  simple  ou  d'huile  créosotée  au  trentième, 
ont  parfaitement  absorbé  ce  liquide  ;  mais  contrairement  an 
lapin  précédent,  ils  ont  succombé  à  des  embolies  graisseuses 
du  poumon  et  du  péritoine.  Ces  animaux  absorbent  donr 
l'huile  avec  des  tolérances  variables.  Dans  deux  abcès  que 
nous  avons  ouverts  au  huitième  jour,  nous  avons  retrouvé 
des  traces  d'huile  émulsionnée  chez  l'homme  (4). 

L'absorption  étant  un  fait  acquis,  bien  des  causes  peuvenl 
la  retarder  ou  l'activer.  On  peut  presque  préciser  le  momeni 
de  l'absorption  par  le  développement  du  goût  et  de  l'odeur 
de  certains  balsamiques  dans  la  gorge  et  dans  le  nez  après  | 
l'injection.  La  créosote,  l'eucalyptol  servent,  à  cet  égard, 
de  pierre  de  touche  pour  des  doses  déterminées.  i 

En  général,  rinfiltralion  est  plus  vite  absorbée  que  h  ' 
collection.  Dans  le  premier  cas,  le  liquide  est,  à  un  mo-  : 
ment  donné,  en  contact  avec  un  plus  grand  nombre  de  | 
capillaires.  Lorsque  le  tissu  cellulaire  est  très  lâche,  comme 
dans  l'aine,  l'aisselle,  le  ventre  de  la  femme  mère,  Tal)- 
sorplion  est  ralentie;  dans  ce  cas,   15  grammes  d'huile 
créosotée  au  1/15*  passent  inaperçus  pour  la  gorge  ou  la 

(1)  Les  olives  conlienacnt  un  grand  nombre  do  vers  qui  dévorent  la  l'uliw  ^' 
ddlrui»ent  souvent  les  récoUes  en  entier. 

(2)  Nous  reviendrons  plus  tard  sur  ces  faits  curieux. 


19  Avril  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N»  16  —    257 


piluitaire  ;  tandis  qu'une  égale  quantité,  pénétrant  par  le 
dos  ou  la  poitrine,  donne  le  goût  de  la  créosote  dans  la  gorge 
une  à  trois  minutes  après  le  début  de  l'injection. 

Chez  les  animaux,  2  à  3  grammes  d'huile  disparaissent  en 
Quatre  jours  au  maximum  (1).  Chez  l'homme,  15  grammes 
disparaissent,  en  moyenne,  en  vingt  ou  quarante  heures, 
suivant  le  lieu  d'élection;  50  grammes  sont  absorbés  après 
six  ou  huit  jours. 

Une  lenteur  exagérée  de  l'absorption  est  un  inconvénient, 
une  lenteur  raisonnable  a  une  grande  utilité.  L'injection 
est  un  réservoir  dans  lequel  les  vaisseaux  vont  pomper  les 
médicaments  ;  si  l'absorption  était  trop  rapide,  les  effets 
seraient  trop  violents  ou  trop  fugaces.  Dans  fétat  ordinaire, 
une  injection  de  15  grammes  d'huile  créosotée  déversera 
de  la  créosote  sur  les  bronches  pendant  deux  ou  trois  jours 
environ,  et  cette  dose  ainsi  graduellement  distribuée  se 
joindra  à  celle  qui  passant  dans  les  artères  reviendra  par 
les  capillaires  au  poumon  pour  y  exercer  une  nouvelle 
adion  topique.  Si  l'on  en  croit  le  témoignage  des  malades, 
l'artion  durerait  trois  jours.  Ces  considérations  nous  amènent 

I  à  faire  un  usage  discret  des  injections,  soit  qu'on  redoute 

i  rnccumulation  des  doses,  soit  que  leur  fréquence  soit  inu- 
tile. Mais  il  peut  arriver  que  l'absorption  soit  trop  rapide, 

!  c'est  qu'alors  on  a  injecté  une  petite  veine.  Ce  fait,  quelque 
rare  qu'il  soit,  peut  se  rencontrer  avec  toutes  l^s  injections. 
Nous  l'avons  vu  se  produire  il  y  a  quinze  ans  pour  la  mor- 
phine. Dans  ce  cas,  il  y  eut  des  vertiges  et  des  nausées 
avant  l'introduction  de  trois  gouttes  de  solution. 

Nous  croyons  l'avoir  constaté  pour  la  créosote.  Dès  les 
premières  gouttes  d'injection  dans  la  fesse,  un  malade  fut 
pris  de  dessèchement  instantané  de  la  gorge,  du  goût  de  la 
créosote  et  de  quintes  de  toux  sèche  durant  quelques  se- 
condes seulement;  nous  arrêtâmes  rof)éralion.  Avec  notre 
système,  de  pareils  troubles  sont  insignifiants;  mais,  si  l'in- 
jection était  rapide,  ils  pourraient  être  plus  sérieux  ;  il  suffit 
d'élre  prévenu  pour  les  éviter. 

Enfin  l'absorption  peut  être  trop  lente.  La  grande  quantité 
de  véhicule,  le  choix  d'une  région  peu  vivante,  la  vieillesse, 
rendent  l'absorption  lente.  Les  viédicaments  en  dissolution 
peuvent  modifier  l'absorption  de  Thuile  ou  de  tout  autre 
véhicule.  A  un  titre  faible,  ces  solutions  activent  la  circu- 
lation cellulaire,  Tosmo.^fe  suit  le  mouvement;  à  un  titre 
très  fort,  elles  produicent  une  action  caustique  sur  les 
tissus  périphériques,  qui  coagule  le  sang  des  capillaires  et 
rend  l'absorption  sinon  tout  à  fait  impossible,  dans  tous 
les  cas  très  lente. 

5  grammes  d'une  solution  huileuse  de  créosote  au  cin- 
quième produisent  une  induration  des  tissus  qui  est  un 
obstacle  à  l'endosmose.  Une  solution  au  même  titre  de 
bisulfate  de  quinine,  injectée  même  à  dose  moindre,  pro- 
(luit  le  même  phénomène;  "2  grammes  d'une  solution  hui- 
leuse, à  parties  égales,  de  créosote,  déterminent  une  eschare 
sous-cutanée  qui  emprisonne  pour  longtemps  l'injection. 
Nous  avons  produit  le  phénomène  à  volonté  chez  le  lapin. 
Ce  fait  a  une  très  grande  importance.  Pour  faire  un  do- 
page thérapeutique  sérieux,  il  faut  une  absorption  de  moyenne 
durée  et  complète.  Avec  une  solution  non  caustique  on  aura 
un  eiïet  de  toute  la  dose;  avec  une  solution  irritante  et 
caustique  on  n'aura  qu'une  absorption  très  minime  et  indé- 
finie, alors  même  qu'on  injecterait  de  très  grandes  doses 

I  de  médicament. 

! 

Phénomènes  accidentels.  —  Les  liquides  peuvent  pro- 
{iuire  une  irritation,  une  inflammation  suppurative,  une 
induration,  une  eschare,  une  ecchymose,  une  lymphangite. 
L'iiTilation  dépend  de  l'asepsie  insuffisante  des  liquides, 
de  leur  nature  et  du  degré  de  concentration  des  solutions 
médicamenteuses.  Elle  dure  peu  et  ne  provoque  aucune 
réaction  générale.   L'inflammation   est  rare;    elle  a  son 

(i)  Bouchard.  Coun  de  pathologie  générale,  i888. 


origine  dans  ïintroduction  de  microbes  ou  de  corps  étran- 
gers sons  la  peau.  Elle  peut  se  produire  avec  tous  les  mé- 
ilicaments  :  la  morphine,  la  quinine,  l'éther,  le  chlcroforme, 
la  créosote. 

Au  début  de  nos  études,  nous  avons  eu  sous  nos  yeux  deux 
abcès.  Le  premier  se  produisit  après  la  vingtième  injection 
de  5  grammes  d'huile  créosotée  au  cinquième.  Nous  injec- 
tions ce  jour-là  une  huile  nouvelle.  Après  enquête,  nous 
reconnûmes  que  cette  huile  était  fermentée.  Le  deuxième 
abcès  survint  à  la  suite  d'une  injection  de  granulations 
d'oxyde  de  cuivre.  A  cette  date,  nos  tubes  injecleurs  étaient 
en  cuivre  nickelé,  l'huile,  parfois  acide,  les  oxydait  ;  nous 
avions  cependant  la  précaution  d'amorcer  largement  notre 
robinet  sur  une  assiette  blanche.  Néanmoins,  du  cuivre 
pénétra  cette  fois  sous  la  peau,  et  nous  le  retrouvâmes 
après  l'ouverture  de  l'abcès.  Dés  ce  jour,  nous  avons 
employé  des  tubes  en  argent  fin  et  nous  n'avons  plus  eu  à 
déplorer  de  pareils  accrocs. 

La  lymphangite  se  manifeste  quelquefois  chez  des  sujets 
très  affaiblis.  Mais  ceux-ci  n'ont  plus  besoin  d'injections,  et 
du  reste  des  cataplasmes  de  fécule  de  pomme  de  terre  les 
calment.  Elle  peut  se  produire  lorsqu'on  se  sert  d'un 
appareil  laissé  au  repos  depuis  longtemps  et  que  l'on  utilise 
à  nouveau  sans  l'avoir  préalablement  lavé.  11  est  possible 
que  Quelques  poussières  de  caoutchouc  les  provoquent.  Il 
faut  donc  changer  souvent  ces  tubes  et  les  tenir  très  pro- 
prement. 

Uinduration  présente  deux  types  :  le  type  simple  et  le 
type  escharotique.  On  peut  les  déterminer  à  volonté  sur  les 
animaux  avec  des  solutions  diverses  de  créosote,  de  qui- 
nine, d'essence  de  cannelle  à  la  moitié,  au  cinquième. 
S5  centigrammes  de  bisulfate  de  quinine,  injectés  dans 
3  grammes  d'eau,  dans  la  cuisse  d'un  enfant  qui  asphyxiait, 

t réduisirent  une  induration  douloureuse  qui  dura  six  mois, 
'enfant  heureusement  fut  sauvé  d'une  mort  certaine.  Les 
solutions  au  cinquième  de  créosote,  d'eucalyptol,  forment 
également  des  indurations,  mais  elles  cessent  rapidement 
d'être  douloureuses,  bien  que  la  résorption  en  soit  lente. 
L'induration  escharotique  dépend  de  la  concentration  des 
solutions;  elle  est  résorbable,  mais  bien  lentement.  Dans 
tous  les  cas  sa  formation  est  très  douloureuse;  les  animaux 
se  débattent  et  se  plaignent. 

Vecchymose  sous-cutanée  est  un  phénomène  sans  valeur. 
Il  suffit  de  se  rappeler  l'innocuité  des  hémorrhagies  sous- 
cutanées  aseptiques  pour  être  rassuré  d'avance  sur  l'impor- 
tance très  minime  de  cet  accident. 

Vurticaire  a  son  origine  dans  la  piqûre.  Les  malades 
éprouvent  des  démangeaisons,  et  il  se  fait  un  érythème 
fugace  autour  du  relief  de  l'injection.  C'est  un  phénomène 
sans  valeur. 

Conclusions.  —  Grâce  à  un  outillage  spécial,  à  une 
application  nouvelle  des  propriétés  endosmotiques  du  tissu 
sous-dermique  et  à  une  méthode  opératoire  déterminée, 
nous  avons  créé  un  nouveau  système  d'injection  hypoder- 
mique des  substances  irritantes  ou  caustiques  signalées 
plus  haut. 

Ces  injections  n'ont  guère  d'analogie  avec  celles  que  l'on 
a  pratiquées  jusqu'à  ce  jour.  Dans  celles-ci  la  proportion 
de  véhicule  injectée  est  insignifiante  ;  l'action  irritante, 
caustique  ou  destructive  sur  le  tissu  cellulaire  a  est  la  règle 
si  l'on  emploie  une  dose  thérapeutique;  l'absorption  est 
difficile,  lente,  incomplète;  la  douleur  très  vive. 

Avec  notre  système,  la  douleur  est  insignifiante  ou  nulle, 
la  quantité  de  véhicule  injectée  relativement  considérable, 
la  dose  thérapeutique  du  médicament  à  la  discrétion  du 
médecin,  l'absorption  intégrale  et  rapide,  l'absence  de 
lésion  des  tissus  la  règle.  Par  conséquent,  nous  avons  créé 
un  progrès  sur  le  passé,  élargi  le  domaine  déjà  intéressant 
de  la  thérapeutique  sous-cutanée. 

Pour  ce  qui  concerne  les  substances  étudiées,  nous  espé- 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


19  Avril  1889 


rons  donc  avoir  résolu  le  problème  que  nous  nous  étions 
proposé,  à  savoir  :  Faire  tolérer  et  absorber  par  la  peau 
les  médicaments  iiritants  ou  caustiques. 

Après  avoir  établi  cette  base  de  la  méthode,  il  faudrait 
étudier  les  effets  physiologiques  des  médicaments  absorbés, 
en  déduire  les  conséquences  thérapeutiques  pour  la  tuber- 
culose, la  septicémie,  la  fièvre  intermittente,  les  troubles 
nutritifs  et  circulatoires;  il  faudrait  préciser  les  indications 
et  les  contre-indications  du  système  ou  de  la  médication 
par  ce  système,  etc.;  mais  ce  serait  dépasser  les  limites 
aune  simple  note.  Nous  donnerons  bientôt  de  plus  amples 
développements  sur  ces  différentes  questions. 


Un  nouveau  syndrome  cardiaque  :  L'embryocardie  ou 
RYTHME  FŒTAL  DES  BRUITS  DU  CŒUR.  Communication 
faite  à  la  Société  médicale  des  hôpitaux  dans  la  séance 
du  13  avril  1889,  par  M.  Henri  Huchard,  médecin  de 
l'hôpital  Bichat. 

11  va  plusieurs  mois,  mourait  dans  mon  service  de  l'hô- 
pital Bichat  une  malade  atteinte  d'une  fièvre  typhoïde  très 
grave.  Quatre  jours  auparavant,  elle  avait  présenté  ce 
syndrome  important  caractérisé  par  le  rythme  fœtal  des 
bruits  du  cœur,  auquel  j'ai  donné  le  nom  d'embryocardie. 
Le  pouls  était  fréquent,  à  140,  la  température  abaissée 
à  38'',5;  il  y  avait  des  congestions  viscérales  multiples,  des 

Ehénomènes  de  collapsus,  et  j'avais  pu  annoncer  la  mort  à 
rêve  échéance  en  m'appuyant  surtout  sur. la  constatation 
de  ce  rythme  particulier  des  bruits  du  cœur.  Mais  en  raison 
des  accidents  graves  de  collapsus  qui  l'accompagnaient,  la 
sévérité  du  pronostic  s'imposait  pour  ainsi  dire  d'elle- 
même.  Il  n'en  est  pas  de  même  d  autres  observations,  où 
le  syndrome  de  l'embryocardie  existant  pour  ainsi  dire  à 
l'état  isolé,  a  pu  me  servir  d'élément  sérieux  de  pronostic, 
comme  je  l'ai  démontré  il  y  a  un  an  dans  mes  leçons  sur 
«  la  tension  artérielle  dans  les  maladies  »  {Semaine  médi- 
calcy  9  mai  et  27  juin  1888). 

Je  citerai  à  ce  sujet  l'observation  d'une  jeune  fille  de 
quatorze  ans,  atteinte  d'une  fièvre  typhoïde  au  huitième 
Jour.  La  maladie  ne  paraissait  pas  grave  tout  d'abord,  la 
diarrhée  était  modérée  et  non  rétide,  la  langue  humide, 
Tétat  cérébral  satisfaisant,  mais  la  température  atteignait 
déjà  le  chiffre  de  40%5.  Nonobstant  cette  élévation  ther- 
mique, le  pronostic  paraissait  rassurant,  quand  j'appelai 
Tattention  de  deux  de  mes  confrères  sur  l'accélération  du 
pouls  battant  120  à  140  fois  par  minute,  —  ce  qui,  dans  la 
dothiénentérie,  est  plus  souvent  un  signe  de  gravité  que 
l'intensité  même  de  la  fièvre,  —  et  je  partis  très  préoccupé 
parce  que  j'avais  déjà  constaté  une  tendance  des  bruits  du 
cœur  à  prendre  le  caractère  fœtal.  Quatre  jours  après,  il  y 
eut  une  syncope,  et  le  lendemain,  quand  je  vins  revoir  la 
petite  malade,  les  accidents  lipothymiques  ne  s'étaient  pas 
reproduits,  le  calme  était  revenu,  et  l'on  était  loin  de 
s'attendre  à  un  dénouement  fatal.  Mais  le  pouls  était 
plus  fréquent  (à  144);  les  bruits  du  cœur  faibles  et  égaux 
en  intensité,  identiques  par  leur  timbre,  étaient  séparés 
l'un  de  l'autre  par  des  silences  d'une  égale  durée  ;  bref,  ils 
avaient  pris  nettement  le  caractère  fœtal.  M'appuyant  alors 
sur  la  valeur  pronostique  de  ce  dernier  signe,  j'annonçai  la 
mort  presque  certaine  et  prochaine  de  l'enfant.  Deux  jours 
après,  elle  succombait  au  milieu  de  symptômes  asphyxiques 
les  plus  prononcés,  comme  cela  survient  le  plus  souvent 
dans  ces  cas. 

Le  rythme  fœtal  des  bruits  du  cœur  a  été  indiqué  par 
Stokes  dans  quatre  observations  de  son  étude  si  remar- 
quable sur  c  l'état  du  cœur  dans  le  tvphus  ».  Voici  le  seul 
passage  où  le  célèbre  clinicien  irlandais  lui  fait  allusion  : 


c  L'extinction  de  l'un  ou  de  l'autre  bruit  cardiaque  n'a  pas 
lieu  ;  seulement  ils  sont  tousdeux  moins  forts  et  deviennent 
presaue  complètement  identiques.  Nous  avons  donné  à  cet 
état  le  nom  de  caractère  fœtal,  tiré  de  la  ressemblance 
étroite  qu'il  y  a  entre  ce  phénomène  et  les  bruits  du  cœur 
du  fœtus  pendant  la  gestation.  Cette  similitude  est  presque 
absolue,  lorsque  le  pouls  a  une  rapidité  de  125  à  140  pul- 
sations par  minute.  »  Gomme  on  le  voit,  Stokes  ne  se  doutait 
pas  de  la  valeur  diagnostique  et  pronostique  de  ce  syndrome. 
il  ignorait  sa  pathogénie,  il  n'avait  pas  vu  ses  rapports 
si  étroits  avec  l'abaissement  extrême  de  la  tension  arté- 
rielle, et  il  traitait  ses  malades  par  l'administration  du  vin  à 
haute  dose,  sans  connaître  ni  préciser  les  indications  théra- 
peutiques de  cet  état  morbide. 

On  n'en  parlait  plus,  et  ce  fut  seulement  en  1871,  que  dans 
nos  recherches  sur  la  myocardite  varioleuse,  M.  Desnos  et 
moi  avons  parfois  constaté  ce  rythme  fœtal  sur  nos  malades. 
Dans  ses  leçons  cliniques  sur  c  les  manifestations  car- 
diaaues  de  la  fièvre  typhoïde  »  (Progrès  médical,  1875), 
M.  Hayem,  qui  a  confirmé  la  plupart  de  nos  recherches  sur 
les  symptômes  de  la  myocardite  aiguë,  cite  deux  observa- 
tions où  ce  rythme  fœtal  est  simplement  mentionné.  Enfin, 
en  1885,  M.  Démange  rapporte  un  fait  sur  leouel  je  revien- 
drai plus  tard,  où  le  phénomène  de  l'erooryocardie  est 
signalé  sans'  aucun  commentaire.  Postérieurement  à  mes 
leçons  de  1888  sur  la  tension  artérielle,  d'autres  faits  ont 
été  cités  par  les  docteurs  Chevallier,  Guillot,  Latil,  et  réunis 
dans  la  thèse  dL'un  de  mes  internes,  M.  Gillet  (1). 

Tel  est  rhistoriciue  de  la  question.  Il  démontre  que, 
jusqu'à  mes  rechercnes  sur  ce  sujet,  aucun  auteur  n'a  song»' 
à  tirer  parti  de  ce  syndrome  pour  la  séméiotique  et  la  théra- 
peutique cardiaques. 

D'abord,  que  doit-on  entendre  par  le  mot  embrp- 
cardiei^yf 

Trois  éléments  importants  le  constituent  : 

1*  L'accélération  des  battements  du  cœur,  ou  tachy- 
cardie ; 

2^  L'égalisation,  ou  la  tendance  à  l'égalisation  en  durée 
des  deux  silences  ; 

3°  La  similitude  de  timbre  et  d'intensité  des  deux  bruits. 

A  ce  dernier  point  de  vue,  je  dois  rappeler  qu'à  TéUt 
normal,  le  premier  bruit  est  sourd  et  un  peu  prolongé, 
tandis  que  le  second  bruit  est  sec  et  légèrement  retentis- 
sant. Lorsque  ce  retentissement  est  exagéré,  il  devient  le 
retentissement  diastolique  de  l'aorte,  signe  d'une  hyper- 
tension artérielle.  Au  contraire,  l'affaiblissement  du  second 
bruit  veut  dire  :  abaissement  de  la  tension  artérielle. 
L'affaiblissement  du  premier  bruit,  que  Stokes  a  bien 
décrit  dans  le  typhus,  signifie  :  faiblesse  de  la  conlractilité 
cardiaque. 

Je  ne  m'étendrai  pas  sur  le  diagnostic  de  l'embryocardie. 
tout  en  insistant  sur  la  différence  capitale  qui  la  sépare  de 
la  tachycardie  simple.  En  effet,  dans  celle-ci,  en  suppo- 
sant même  que  l'accélération  cardiaque  soit  extrême  et 
qu'elle  atteigne  le  chiffre  de  200  battements,  comme  Kom- 
melaere  (de  Liège)  en  a  cité  quelques  exemples,  on  peut 
toujours  distinguer  le  grand  silence  du  petit  silence,  et  le> 
deux  bruits  ne  sont  pas  identiques.  En  un  mot,  la  tachycardie 
extrême  (160  à  200  pulsations)  peut  exister  sans  enibryo- 
cardie,  et  celle-ci  peut  se  montrer  avec  une  tachycardie 
modérée  (120  à  140  pulsations).  Donc,  les  deux  phénomènes 
ne  sont  pas  dépendants  l'un  de  l'autre,  on  commettrait  une 
grave  erreur  de  diagnostic  en  les  confondant,  et  le  svn- 
drome  de  l'embryocardie  ne  peut  exister  sans  la  réunion 
des  trois  éléments  symptomatiques  que  j'ai  énumérés. 

(1)  De  l'embryocardie  ou  rythme  fœtal  det  bruiu  du  cœur,  j*»r  M>  ^''l'^' 
(Thèse  ioauffurale.  Pari»,  1888). 

(2)  Le  mol  «  embryocardie  »  me  paraît  préférable  à  celui  de  cyétnatocariu 
(de  itûv|(ui,  fœtus,  et  ««p^ia,  cœur)  que  j'avais  d'abord  adopté. 


19  Avril  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         —  N»  16  —    259 


Ce  syndrome  répond  à  deux  états  anatomiques  : 

1«  À  un  état  de  dégénérescence  plus  ou  moins  avancée  du 
myocarde  ; 

i'  A  un  affaiblissement  extrême  de  la  tension  arlé- 
rielle. 

Or,  ces  deux  conditions  se  trouvent  réalisées,  surtout 
dans  la  dothiénentérie  où  Ton  observe  une  dégénérescence 
du  myocarde  consécutive  à  Tarlérite  lyphoïdique  où  j'ai 
constaté,  avec  d'autres  auteurs,  un  abaissement  considé- 
rable de  la  pression  artérielle.  C'est  là  ce  qui  explique  la 
fréquence  relative  de  Tembryocardie  dans  le  cours  Je  fièvres 
typhoïdes  graves. 

Mais  on  peut  encore  Tobserver  dans  d'autres  maladies, 
dans  les  scarlatines ,  les  pneumonies  infectieuses,  la 
diphlhérie,  dans  toutes  les  cachexies,  et  à  la  période  ultime 
de  Tasystolie  dans  les  maladies  du  cœur.  M.  Schwarlz, 
chirurgien  des  hôpitaux,  m'a  signalé  un  cas  d'embryocardie 
qu'il  a  observé  chez  une  malade  atteinte  de  kyste  de  Tovaire 
et  tombée  dans  la  cachexie  la  plus  prononcée.  Il  obtint  la 
guérison  de  cet  état  très  grave  par  l'emploi  d'une  médica- 
tion  que  j'ai  préconisée  dans  ces  cas,  et  que  j'exposerai  plus 
loin. 

Le  mode  de  production  de  l'embryocardie,  c'est-à-dire  sa 
I  pathogénie,  doit  recevoir,  d'après  moi,   l'explication  sui- 
vante: 

Si  l'on  admet  pour  le  cœur  un  nerf  frénaleur  (frein  ner- 
veux), on  doit  aussi  admettre  qu'il  existe  pour  cet  organe,  à 
la  périphérie  du  système  circulatoire,  un  autre  frein  (frein 
lasculaire)  représenté  par  lu  contractilité  artérielle.  Celle- 
ci  vient-elle  à  diminuer,  ou  même  à  presque  disparaître  par 
le  fait  delà  maladie?  Le  cœur  alors,  suivant  une  loi  de 
Marey  bien  connue,  bat  d'autant  plus  vite  que  les  résis- 
tances périphériques  sont  moindres;  livré  à  lui*raème,  il 
bat  à  la  dérive,  ses  contractions  s'affaiblissent,  se  rappro- 
chent et  se  précipitent,  et  les  symptômes  d'asphyxie  ou  de 
cyanose  se  produisent  avec  d'autant  plus  de  facilité  que  le 
moteur  central  a  une  fibre  plus  molle  et  plus  altérée. 

La  valeur  pronostique  de  ce  syndrome  est  grave  ;  souvent 
l'embryocardie  précède  de  quelques  jours  ou  de  quelques 
heures  les  accidents  de  collapsus  sur  la  nature  desquels  on 
a  tant  discuté  et  que  j'attribue  en  grande  partie  à  Taffaiblis- 
sement  extrême  de  la  tension  artérielle;  souvent  aussi  les 
malades  succombent  au  milieu  d'accidents  asphyxiques; 
enfin  presque  toujours  Tembryocardie  est  le  phénomène 
avant-coureur  de  la  mort  et  parfois  de  la  niorl  subite. 

Je  me  rappelle  à  ce  sujet  avoir  observé  il  y  a  sept  ans,  à 
l'hôpital  Tenon,  une  malade  qui,  dans  la  convalescence 
d'une  fièvre  typhoïde  de  moyenne  intensité,  conservait  tou- 
jours un  pouls  rapide  (120  à  440)  et  dont  les  bruits  du 
cœur  présentaient  le  caractère  fœtal.  J'étais  inquiet  sans 
doute,  mais  je  me  plaisais  à  espérer  la  guérison,  car  la  ma- 
lade était  en  pleine  convalescence  et  elle  n'avait  plus  de 
fièvre  depuis  une  douzaine  de  jours.  Par  la  suite,  elle  eut 
cependant  une  syncope  qui  devint  uour  moi  un  avertisse- 
ment d'unecertaine  gravité,  et  elle  finit  par  succomber  len- 
tement à  des  phénomènes  asphyxiques  au  vingtième  jour  de 
sa  convalescence. 

Puisque  l'embryocardie  est  liée  à  la  dégénérescence  du 
muscle  cardiaque  et  à  l'affaiblissement  de  la  tension  arté- 
rielle, les  indications  thérapeutiques  s'imposent. 

i"  Il  faut  relever  la  force  contractile  du  cœur; 

2**  Il  faut  relever  la  force  contractile  des  vaisseaux,  c'est- 
à-dire  augmenter  la  tension  artérielle. 

Pour  relever  la  force  contractile  du  cœur,  on  pense  natu- 
rellement à  la  digitale.  Or,  dans  ces  conditions,  elle  est  non 
seulement  inutile,  mais  elle  peut  être  nuisible  et  produire 
parfois  les  plus  déplorables  effets.  Comme  dans  tous  les  cas 


où  elle  s'adresse  à  un  myocarde  profondément  altéré,  on 
doit  donner  la  préférence  aux  injections  sous-cutanées  de 
caféine,  à  la  dose  de  4  à  10  par  jour,  chaque  injection  repré- 
sentait âO  à  25  centigrammes  de  caféine.  Je  répète  depuis 
six  ans,  que  celle-ci  agit  à  un  triple  titre  :  comme  tonique 
du  cœur,  comme  tonique  général  de  l'organisme  et  comme 
diurétique.  —  On  peut  encore  joindre  à  ces  injections, 
celles  d'éther. 

Pour  relever  la  force  contractile  des  vaisseaux,  il  faut  s'a- 
dresser aux  médicaments  vaso-constricteurs.  Or,  c'est  l'ergot 
de  seigle,  déjà  indiqué  par  Duboué  (de  Pau)  d'une  façon 
peut-être  trop  systématique,  qui  remplit  le  mieux  cette 
seconde  indication.  Hais  contrairement  à  sa  pratique,  je 
préfère  la  voie  sous-cutanée,  parce  que  l'absorption  du  médi- 
cament est  plus  rapide  et  plus  sûre.  On  doit  pratiquer 
ainsi  quatre  à  cinq  injections  d'ergotine  ou  d'ergotinine  par 
jour. 

M.  Démange  (de  Nancy)  a  rapporté  l'observation  d'une 
malade  atteinte  d'une  fièvre  typhoïde  extrêmement  grave 
avec  accidents  de  collapsus,  embryocardie,  etc.,  et  qui  dut 
une  guérison  presque  inespérée  à  1  emploi  de  plusieurs  in- 
jections d'ergotine  (Revue  de  médecine,  1885). 

Mais,  le  plus  souvent,  l'ergot  de  seigle  ne  suffit  pas,  parce 
que  ce  médicament  ne  remplit  qu'une  indication  thérapeu- 
tique, celte  de  combattre  les  symptômes  de  parésie  vascu- 
laire,  et  parce  qu'il  laisse  subsister  le  danger  de  la  parésie 
cardiaque.  Pour  le  combattre  et  l'écarter,  il  faut  jomdre  à 
l'ergotine  l'usage  de  la  caféine  dont  j'ai  recommandé  depuis 
six  ans  l'emploi  en  injections  hypodermiques  dans  tous  les 
états  adynamiques;  et  depuis  six  ans,  les  résultats  remar- 
quables, parfois  extraordinaires  que  j'ai  obtenus  à  l'aide  de 
cette  médication,  —  et  dont  quelques-uns  sont  consignés 
dans  la  thèse  de  M.  Gillet,  —  n'ont  fait  que  me  confirmer 
tous  les  jours  dans  mon  opinion  première. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Acadénale  des  seleaeea. 

Influence  qu'exerce  sur  la  maladie  charbonneuse  l'ino- 
culation DU  bacille  PYocvANiQUE,  par  M.  Ch.  Bouchard»  — 
On  a  déjà  fait  quelques  essais  de  traitement  de  la  maladie  char- 
bonneuse par  l'inoculation  d'autres  maladies  infectieuses. 
M.  Emmerich  a  traité  avec  succès  le  charbon  en  inoculant  après 
la  bactéridie  charbonneuse  le  streptocoque  de  Térysipele; 
M.  Pawlowsky  a  également  réussi  en  inoculant  le  pneumoco- 
que. 

J'ai  recherché  quelle  influence  pouvait  avoir  l'inoculation  du 
bacille  pyocyanique  sur  le  développement  et  révolution  du 
charbon  et  si  on  la  pratiquait  quelques  heures  après  l'inocula- 
tion de  la  bactéridie  charbonneuse.  Ces  expériences  ont  été  faites 
chez  le  lapin  et  chez  le  cobaye. 

J'ai  fait,  chez  le  lapin,  26'inoculations  de  la  bactéridie  char- 
bonneuse, puis  du  bacille  pyocyanique. 

Dans  17  inoculations  la  bactéridie  a  été  puisée  dans  une  cul- 
ture; 5  animaux  sont  morts  charbonneux,  2  sont  morts  sans 
charbon,  10  ont  guéri.  Dans  les  diverses  expériences  de  cette 
série,  11  lapine  témoins  inoculés  avec  les  mêmes  cultures  ont 
donné  11  morts  par  charbon. 

Dans  9  inoculations  la  bactéridie  a  été  puisée  dans  le  sang 
d'un  animal  mort  du  charbon;  1  animal  est  mort  charbonneux, 
6  sont  morts  non  charbonneux,  2  ont  guéri.  Dans  les  diverses 
expériences  de  cette  série,  9  lapins  témoins  inoculés  avec  les 
mêmes  sangs  ont  donné  9  morts  par  charbon. 

Kn  somme,  sur  26  inoculations  pratiquées  sur  le  lapin,  soit 
avec  les  cultures,  soit  avec  le  sang  charbonneux,  ii  y  a  eu 
5  morts  par  charbon,  8  morts  sans-^charbon  et  12  guérisons, 
tandis  que  20  témoins  ont  donné  20  morts  par  charbon. 

J'ai  fait,  chez  le  cobaye,  6  inoculations  de  la  bactéridie  char- 
bonneuse, puis  du  bacille  pyocyanique. 

Dans  3  inoculations,  la  bactéridie  a  été  puisée  dans  une  cul- 


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N-  16  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


19  Avril  1889 


lures  i  animal  est  mort  charbonneux,  2  sont  morts  sans  char- 
bon, il  n'y  a  pas  eu  de  guérison,  1  cobaye  témoin  inoculé  avec 
la  même  culture  est  mort  charbonneux. 

Dans  3  inoculations,  la  bactéridie  a  été  puisée  dans  le  sang 
d'un  animal  mort  du  charbon;  2  aniraux  sont  morts  charbon- 
neux, 1  est  mort  sans  charbon,  il  n'y  a   pas  eu  de  guérison, 

1  cobaye  témoin  inoculé  avec  le  même  sang  est  morl  charbon- 
neux. 

En  somme,  sur  0  inoculations  pratiquéi^s  sur  le  cobaye,  il  y 
a  eu  3  morts  par  charbon  et  3  morts  sans  charbon,  tandis  que 

2  témoins  ont  donnée  morts  par  charbon. 

Pour  tous  les  animaux,  lapins  et  cobayes,  déclarés  morts  sans 
charbon,  il  a  été  constaté  que  la  rate  n*était  pas  volumineuse, 
que  le  microscope  ne  faisait  pas  découvrir  de  bactéridies  dans 
le  sang,  que  ce  sang  ensemencé  ne  donnait  pas  la  culture  carac- 
téristique ei  que,  inoculé  à  des  animaux  sains,  il  ne  produisait 
pas  le  charbon. 

Je  dois  dire  que  les  animaux  guéris  n'avaient  pas  conquis  Tim- 
munité  et  que,  inoculés  plus  tard  avec  le  sang  charbonneux 
sans  adjonction  de  bacille  pyocyanique,  ils  sont  tous  morts  char- 
bonneux. 

MM.  Guignard  et  Charrin  ont  cherché  à  déterminer  les  condi- 
tions qui  font  que  rinoculation  du  bacille  pyocyanique  s'oppose 
partiellement  au  moins  au  développement  de'^la  maladie  que 
provoque  la  bactéridie  charbonneuse. 

Action  du  bacille  pyocyanique  sub  la  bactébidie  char- 
bonneuse, par  MM.  Charrin  et  L.  Guignard.  —  Les  expé- 
riences de  M.  Bouchard  relatées  ci-d  ssus  ont  montré  que  l'ino- 
culation du  bacille  pvocyanique  pouvait  influencer  le  développe- 
ment de  la  maladie  charbonneuse. 

Les  auteurs  de  celte  note  ont  cherché  à  pénétrer  le  méca- 
nisme de  celte  influence,  en  étudiant  d'abord  in  vitro  l'action 
du  microbe  du  pus  bleu  sur  celui  du  charbon.  Dans  ce  but,  ce 
microbe  a  élé  semé  dans  des  cultures  charbonneuses  en  pleine 
activité  virulente.  Les  réactions  caractéristiques  delà  pyocyanine 
n'ont  pas  tardé  à  apparaître,  et,  en  observant  ces  cultures  mixtes, 
les  auteurs  ont  suivi  les  modifications  que  peut  y  subir  la  bacté- 
ridie charbonneuse.  Ces  cultures  ont  été  inoculées  au  cobaye. 
Pour  tuer  cet  animal,  il  faut  des  doses  considérables  de  virus 
pyocvaniaue  (l''<^  et  davantage),  tandis  que  tes  doses  minimes  de 
charbon  (1  à  3  gouttes  de  culture)  sont  suffisantes  pour  amener 
la  mort.  Des  lors,  en  injectant  sous  la  peau  tout  au  plus  0<^S5, 
on  ne  peut  agir  que  par  la  bactéridie  charbonneuse. 

Pendant  les  six  premiers  jours  de  ces  cultures  mixies,  la  vi- 
rulence du  germe  charbonneux  ne  paraît  pas  modifiée  d'une 
façon  constante.  A  partir  du  huitième  jour,  cette  virulence  di- 
minue. Les  animaux  inoculés  succombent  au  charbon,  mais  la 
survie  augmente.  Alors  qu'une  culture  charbonneuse  de  même 
Age  et  indemne  de  tout  microbe  du  pus  bleu  tue  en  trois  ou 
quatre  jours,  la  culture  mixte  ne  cause  la  mort  qu'au  bout  de 
sept  à  huit  jours.  A  l'autopsie,  on  rencontre  habituellement 
dans  la  rate  de  lonffs  filaments,  minces,  granuleux,  que  Ton  a 
considérés  comme  Tes  signes  d'un  charbon  atténué.  Au  ving- 
tième jour  et  au  delà,  le  cobaye  se  montre  réfractaire,  quoique 
les  résultats  ne  soient  pas  absolument  constan  s.  11  est  aisé  de 
constater  qu'à  cette  date,  si  on  sème  la  bactéridie  ainsi  atténuée 
dans  du  bouillon  pur,  cette  bactéridie  reprend  sa  virulence. 

Parallèlement  à  ces  changements  de  virulence,  MM.  Charrin 
et  Guignard  ont  suivi  les  modifications  morphologiques  et  ils 
ont  constaté  les  chanc^ements  d'aspect  de  la  bucléridie  charbon- 
neuse survenus  sous  T'influence  de  l'inoculation  du  bacille  pyo- 
cyanique. 

Dans  une  seconde  série  d'expériences,  ils  ont  semé  du  charbon 
à  l'état  de  filaments  dans  des  produits  solubies  stérilisés  et  fil- 
trés du  bacille  pyocyanique.  On  observe  dans  ces  nouvelles 
conditions  des  modifications  de  morphologie  et  de  virulence  ab- 
solument comparables  aux  précédentes.  Si  l'on  reprend,  au  sein 
de  ces  milieux  artificiels,  les  germes  charbonneux  qui  y  vivent 
si  péniblement,  pour  les  porter  sur  des  milieux  favorables,  on 
assiste  encore  à  leur  régénération  rapide. 

Dans  une  troisième  série  d'expériences,  MM.  Charrin  et  L. 
Guignard  ont  du,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  Loye,  s'assurer  que 
les  produits  solubies  du  bacille  pyocyanique  n'agissaient  pas  sur 
l'hémoglobine  du  lapin.  De  plus,  les  globules  du  sang  ne  présen- 
tent pas  d  altération  apparente,  au  moins  après  six  jours,  quand 
on  les  conserve  dans  ces  mêmes  produits  solubies,  à  l'abri  de 
l'air. 

Pour  tous  ces  motifs,  ils  ont  été  amenés  à  conclure  que,  dans 


le  mécanisme  de  l'atténuation  du  microbe  du  charbon  par  le 
microbe  du  pus  bleu,  les  produits  fabriqués  par  ce  dernier  pou- 
vaient jouer  un  rôle.  Il  est  permis  de  supposer  que  ces  sub- 
stances chimiques,  dans  le  cas  particulier,  sont  plus  nocives 
pour  la  cellule  végétale  que  pour  certaines  cellules  animahs. 
L'inverse  se  produit  quand,  par  exemple,  on  régénère  le  charbon 
symptomatique  pari  acide  lactique. 

Toutefois,  ce  serait  exagérer  que  de  croire  l'action  des  pro- 
duits solubies  suffisante  à  elle  seule  pour  tout  expliquer.  Os 
riroduits  atténuent,  ils  ne  tuent  pas,  ou  du  moins  difficilement. 
1  est  possible  que  le  pha^ocytismc  profite  de  cette  atténuation 
pour  remporter  une  victoire  devenue  plus  facile.  II  est  probable 
aussi  que  d'autres  conditions  de  ce  mécanisme  nous  écliappent. 
Peut-on  pénétrer  plus  intimement  le  procédé  qu'emploie  le 
bacille  pyocyanique  pour  altérer  la  bactéridie  charbonneuse? 
Répondre  d  une  iaçon  complète  serait  chose  difficile.  Ce  que 
l'on  peut  dire,  c'est  que  le  microbe  du  pus  bleu,  pour  a^ir, 
parait  surtout  user  de  deux  ordres  de  moyens  principaux.  Il 
atténue  la  bactéridie  charbonneuse  en  sécrétant  des  substances 
nuisibles  pour  elle,  mais  il  l'atténue  également  en  épuisanl  les 
milieux  nutritifs.  La  démonstration  de  cet  épuisement  résulte  (!»• 
ce  fait  qu'il  suffit  d'ajouter  du  bouillon  pur  pour  rendn»  au 
germe  charbonneux  un  certain  degré  de  vitalité. 

De  l*identité  de  l'ébysipèle  et  de  la  lymphangite  Air.jK, 
par  MM.  Verneuil  et  Clado,  —  c  L'érysipèle  et  la  l^jmphangitr, 
disent  les  auteurs,  sont  deux  aiïections  voisines  qu'on  observe 
le  mieux  et  le  plus  souvent  à  la  surface  du  corp<(,  mais  sur  la 
nature  et  les  relations  desquelles  on  a  beaucoup  discuté  snn> 
être  parvenu  aujourd'hui  même  à  se  mettre  complètement  d'ac- 
cord. 

Les  uns,  en  effet,  n'en  font  qu'une  seule  et  même  maladie  ou 
tout  au  plus  deux  formes  de  la  même  maladie;  les  autres,  :ui 
contraire,  les  séparent  nettement,  accordant  toutefois  qu  elles 
peuvent  coexister  et  se  confondre. 

Les  unicisteSj  parmi  lesquels  nous  voulons  être  rangés,  invo- 
quent : 

1°  La  communauté  de  siège  analomique  :  la  lymphangite 
occupant  les  troncs  lyrapatiques,  et  l'érysipèle,  les  réseaux  du 
même  système;  l'une  et  l'autre  envahissant  également  les  gan- 
glions ; 

2"»  La  similitude  du  processus  pathologique  :  les  deux  affec- 
tions présentant  là  où  elles  sont  visibles  les  phénomènes  cardi- 
naux de  l'inflammation  franche  :  rougeur,  chaleur,  douleur, 
tuméfaction,  avec  tendance  à  la  suppuration; 

3°  Le  même  point  de  départ  dans  une  solution  de  continuid- 
des  surfaces  tégumentaires  ; 

4"  Le  même  début  symptomatique  :  frissons,  vomissements, 
élévation  brusque  de  la  température,  etc.,  avec  les  troubIt'N 
généraux  traduisant  une  intoxication  soudaine; 

5"  L'impossibilité  pour  le  clinicien  de  dire  dans  un  bon  nom- 
bre de  cas  s'il  s'agita  une  lymphangite,  d'un  érysipèle,  ou  d'une 
association  des  deux;  le  mal  ayant  commencé  tantôt  par  l'une, 
tantôt  par  l'autre. 

A  ces  arguments  si  nombreux  et  si  probants  nous  voulons 
îijouter  une  preuve  nouvelle,  tout  à  fait  décisive,  tirée  de  l'élud»' 
expérimentale  et  microbienne,  et  qui  nous  dispensera  d'exposer 
et  de  détruire  les  arguments  des  (/ua//5t^s.  > 

Tout  le  monde  sait  aujourd'hui  que  l'érysipèle  est  une  malalie 
infectieuse,  contagieuse,  inoculable,  ayant  pour  agent  uuiqne 
un  microbe  spécial,  découvert  d'abord  en  France  par  Nepveu, 
puis  en  Allemagne  par  Hueter,  très  facile  à  reconnaître,  à  isoler, 
a  cultiver,  à  transmettre  aux  animaux.  Les  cliniciens  unicislCN 
considèrent  également  la  lymphangite  comme  contagieuse, 
infectieuse,  transmissible,  et  par  conséquent  microbienne;  inai»; 
ils  n'en  ont  pas  fourni  la  preuve  péremploire,  n'ayant  pas  isole 
son  microbe  et  ne  l'ayant  pas  inocule  aux  animaux;  il"?  ont 
encore  moins  prouvé  son  identité  avec  le  microbe  érysipélaleux. 
C'est  à  ces  diverses  démonstrations  qu'est  destinée  la  note  pr«'- 
sentée à  l'Académie.  Après  avoir  rappelé  la  technique  qui  Pf '*'"*' 
d'isoler  et  de  cultiver,  puis  d'inoculer  le  microbe  de  réry>ip<|!p» 
les  auteurs  ont  recherché  si  la  lymphangite  pure,  c'esl-à-uire 
exempte  d'érysipèle,  ne  pourrait  fournir  des  microbes  sembla- 
bles. La  question  eût  été  difficile  à  résoudre  si  l'on  sélait 
adressé  à  la  lymphangite  réticulaire.  11  existe  heureusemenl. 
aux  membres  supérieurs  et  inférieurs,  une  variété  de  lympHao- 
gite  tout  à  fait  distincte  et  n'ayant  avec  lérysipèle  aucune 
ressemblance  clinique.  Siégeant  exclusivement  dans  les  ^ros 
vaisseaux  rectilignes,  elle  se  présente  sous  forme  de  cordons 


19  AVRIL  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N'  16  —    261 


cylindriques,  rampant  sous  la  peau  et  se  rendant  de  la  plaie 
dermique  aux  ganglions  inguinaux  ou  axillaires.  Appréciables 
nu  toucher  par  Teur  consistance  ferme  et  la  douleur  à  la  pres- 
.sion,  ils  sont  souvent  aussi  reconnaissables  à  la  vue,  en  raison 
tle  la  rougeur  linéaire,  étroite,  bien  limitée,  que  la  peau  offre 
sur  leur  Irajel. 

Comme  f  érysipèle,  cette  lymphangite  se  termine  de  deux 
maoïères  :  tantôt  par  résolution,  tantôt  par  suppuration. 

Cesl  en  étudiant  le  liquide  des  collections  purulentes  formées 
par  ces  lymphangites  que  MM.  Verneuil  et  Clado  sont  arrivés  à 
isoler  et  à  cultiver  un  microbe  identique  à  celui  de  Térysipèle. 
Dans  le  mémoire  communiqué  à  FAcadémie  des  sciences  ils 
publient  les  observations  des  malades  qui  leur  ont  fourni  le  pus 
nécessaire  aux  inoculations  et  ils  en  déduisent  les  conclusions 
suivantes  : 

l''  1/érysipèle  et  la  lymphangite  aiguë  iie  sont  uue  deux- 
formes  irûne  seule  et  même  maladie  contagieuse,  inlectieuse, 
parasitaire. 

t  Leur  agent  est  un  microbe  spécial,  facile  à  reconnaître,  à 
i>oler,  à  cultiver  et  à  inoculer  aux  animaux. 

3"  Ce  microbe,  découvert  et  décrit  dans  Férysipcle  seulement, 
ic  retrouve  dans  la  lymphangite  aiguë  avec  ses  caractères  et  ses 
propriétés  au  complet. 

i"  Il  établit  donc  définitivement  Tidentité  absolue  de  cause  et 
tlp  nature  de  deux  affections  considérées  comme  distinctes  par 
un  grand  nombre  d*auteurs. 

Nominations.  —  Dans  cette  môme  séance  du  8  avril,  TAca- 
ilêniie  a  nommé  les  commissions  de  prix,  chargées  déjuger  les 
,  concours  de  Tannée  1889.  Ont  été  élus  : 

I  PrixMège.  —  MM.  Bouchard,  Gharcot,  Brown-Séquard,  Marey 
;  «"l  Verneuil. 

I  Prix  Montyon  (physiologie  expérimentale).  —  MM.  Brown- 
Sêijuard,  Marey,  Chauveau,  Bouchard  et  Charcot. 

Prix  L.  La  Caze  (physiologie)  —  MM.  Chauveau,  Banvier 
r-lSappey  seront  adjoints  aux  membres  de  la  section  de  médecine 
el  chirurgie  pour  constituer  la  Commission. 

Prix  Mnrtin'Dnmouretie.  —  MM.  Bouchard,  Brown-Séquard, 
liharcot,  Verneuil  et  Chauveau. 

Prix  Pourat  (recherches  expérimentales  sur  la  contraction 
musculaire).  —  MM.  Marey,  Brown-Sé(juard,  Bouchard,  Banvier 
«*l  Charcot. 


A««déBde  de  médeelne. 

SÉANCK    DU   16   AVRIL    1889.    —   PRÉSIDENCE 
DE   M.    MAURICE   PERRIN. 

ii-  Haller  (de  Nancy)  se  porto  candidat  au  titre  de  correspondant  national  dans 
U  'iMatrlèiMo  division  ]phy»ique  et  chimie  médicales,  pharmacie). 

MM  les  docteurs  Rivet,  médecin-major  de  1"  classe,  et  Strœbel,  médecin-major 
de  >  cUs««,  envoient  un  Rapport  manuscrit  sur  les  vaceinationt  et  les  revacci- 
tM(t4m.t  qu'ils  ont  opérées  en  18'i8-1889  au  1.37'  régiment  d'infsinteric  à  Fontenay- 
le-OoBile  (Vendée). 

M.  le  docteur  Saussol  «dresse  tin  mémoire  sur  la  varioU  à  Montpellier  en  1887- 

mi 

M.  F''riol  offre,  au  nom  de  M.  Charcot,  les  sept  volumes  de  ses  Œuvres  et 
irr<cntc.  de  la  part  de  M.  le  docteur  Laranagne  (do  Lyon),  ses  divers  travaux  à 
l'ppai  de  sa  candidature  «a  titre  de  correspondant  national  dans  la  division  de 
wttlecinc 

M.  Laboulbine  dépose  la  Ihèse  inaugurale  de  M.  le  doclcur  Picard  sur 
^ydenham,  ta  vie  et  tet  œuvret, 

M.  Armand  Gautier  présente  la  dernière  partie  do  lu  Chimie  organique  do 
MM.  Wilm  el  Hanriot. 

M.  Joannè*  ChaliH  dépose  une  note  de  M.  le  doclour  Barthélémy  (de  Nantes) 
M<r  l.«  triitfment  de»  monuret  de  vipère»  par  le  hoang-nan. 

^■Uon  rjo/tn  présente  un  ouvrage  de  M.  le  docteur  Frior  (de  Nancy)  sur  le» 
tiianqe»  et  le»  eaux  ménagère»  au  point  de  vue  de  Va»»aini»»ement  des  habita- 
/■'ifliM  ritée». 

Abcès  du  sein.  —  M.  Budiîi  rapporte  onze  observations 
d'abcès  du  sein,  qui  lui  permettent  d'affirmer  que  la  galac- 
tophoriie-maslite,  admise  hypolhéliquement  par  beaucoup 
de  chirurgiens  et  rendue  extrêmement  probable  par  les 
découvertes  récentes  de  la  microbioloîîie,  est  bien  une 
réalité  clinique.  Pour  la  trouver,  il  faut  penser  à  son 
existence  et  savoir  comment  on  doit  procéder  pour  faire 
sortir  les  pus  par  les  canaux  galactophores.  Les  faits  qu'il  a 


observés  lui  permettent,  au  point  de  vue  pratique,  de  faire 
les  recommandations  suivantes:  l'enfant  ne  doit  pas  téter 
le  sein  atteint  de  galactophorite.  Pendant  Tallaitement,  il 
faut  éviter  de  mettre  les  mamelons  de  la  mère  en  contact 
avec  du  pus  venant  de  Tenfant,  lorsqu'il  y  a  ophthalmie 
purulente,  suppuration  du  côté  de  la  bouche,  etc.  L'éva- 
cuation complète  du  pus  par  des  pressions  répétées  peut 
suffire  pour  amener  la  guérison  de  la  galactophorite  et  de  la 
mastite,  puisque  sur  neuf  cas  M.  Budin  a  ooservé  huit  fois 
celle  guérison  sans  récidive  ni  complication. 

Poêles  mobiles.  —  La  discussion  sur  les  poêles  mobiles 
donne  lieu  tout  d'abord  à  un  échange  d'ohservalions  entre  ' 
MM.  Dujardin-Beaumetz  el  BrouardeL  Ils  sont  d'accord 
l'un  et  Tautre  pour  reconnaître  que  ce  mode  de  chauffage 
ne  renouvelle  pas  Fair  de  la  pièce  et,  n'échauffant  pas  le 
coffre  de  la  cheminée,  détermine,  plus  que  tout  autre,  le 
retour  du  gaz  de  la  combustion  dans  la  chambre  sans  la 
moindre  modification  dans  le  tirage.  M.  Dujardin-Beaumetz 
communique  de  nouvelles  analyses  pratiquées  par  M.  le 
docteur  de  Saint-Martin  et  desquelles  il  résulte  que  par  lui- 
même  le  poêle  mobile,  même  bien  dirigé,  est  une  cause  de 
dégagement  d'acide  carbonique;  en  outre,  sa  disposition  est 
telle  que  la  fermeture  supérieure  n'est  jamais  hermétique 
et  que  surtout  la  moindre  fissure  dans  la  tôle  permet  le 
passage  de  l'oxyde  de  carbone  dans  la  pièce.  M.  Brouardel 
montre  de  nouveau  combien  cet  appareil,  si  délicat,  pré- 
sente de  danger  non  seulement  pour  les  personnes  demeu- 
rant dans  la  pièce  où  il  se  trouve  placé,  mais  encore  et 
surtout  pour  les  voisins. 

Aprè^  avoir  communiaué  de  nouvelles  observations 
d'asphyxie  par  un  j)oêle  mobile,  constatées  par  M.  Verneuil j 
et  avoir  énuméré  plusieui  s  autres  cas  semblables.  M*  Lan- 
cereaux  résume  la  discussion  et  propose  à  l'adoption  de 
l'Académie  des  résolutions  qui  sont,  après  une  courte  dis- 
cussion sur  des  points  de  détail,  adoptées  dans  la  forme 
suivante,  sans  opposition  : 

l"*  Il  y  a  lieu  de  proscrire  formellement  l'emploi  des 
appareils  et  poêles  économiques  à  faible  tirage,  dans  les 
chambres  à  coucher  et  dans  les  pièces  adjacentes;  il  faut 
éviter  de  faire  usage  des  poêles  mobiles. 

2"  Le  tirage  d'un  poêle  à  combustion  lente  doit  être  con- 
venablement garanti  par  des  tuyaux  ou  cheminées  d'une 
section  et  d'une  hauteur  suffisantes,  complètement  étanches, 
ne  présentant  aucune  fissure  ou  communication  avec  les 
appartements  contigus  et  débouchant  au-dessus  des  fenêtres 
voisines.  Ces  cheminées  ou  tuyaux  seront  munis  d'appareils 
visibles,  indiquant  que  le  tirage  s'effectue  dans  le  sens 
normal. 

3^*  Il  est  nécessaire  de  se  tenir  en  garde,  principalement 
dans  le  cas  où  le  poêle  en  question  est  en  petite  marche, 
contre  les  perturnalions  atmosphériques  qui  pourraient 
venir  paralyser  le  tirage  et  même  déterminer  un  refoule- 
ment des  gaz  à  l'intérieur  de  la  pièce. 

4"*  Tout  poêle  à  combustion  lente  qui  présente  des  bouches 
de  chaleur  devra  être  rejeté,  car  celles-ci  suppriment  l'uti- 
lité de  la  chambre  de  sûreté,  constituée  par  le  cylindre 
creux  intérieur,  compris  entre  les  deux  enveloppes  de  tôle 
ou  de  fonte,  permettant  au  gaz  oxyde  de  carbone  de  s'é- 
chapper dans  l'appartement. 

5**  Les  orifices  de  chargement  d'un  poêle  à  combustion 
lente  doivent  être  clos  d'une  façon  hermétique  et  il  est 
nécessaire  de  ventiler  largement  le  local,  chaque  fois  qu'il 
vient  d'être  procédé  à  un  chargement  de  combustible. 

6°  L'emploi  de  cet  appareil  de  chauffage  est  dangereux 
dans  les  pièces  où  des  personnes  se  tiennent  d'une  façon 
permanente  el  dont  la  ventilation  n'est  pas  largement 
assurée  par  des  orifices  constamment  et  directement  ouverts 
à  l'air  libre  ;  il  doit  être  proscrit  dans  les  crèches,  les 
écoles,  les  lycées,  etc.,  dans  tous  les  établissements  publics. 


362 


N'  16  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


19  Avril  1889 


En  dernier  lieu,  l'Académie  croit  de  son  devoir  de 
signaler  à  Tattention  des  pouvoirs  publics  les  dangers  d6s 
poêles  à  combustion  lente  et  des  poêles  mobiles  en  particu- 
lier, tant  pour  ceux  qui  en  font  usage  que  pour  leurs  voisins. 
Elle  émet  le  vœu  que  l'administration  supérieure  veuille 
bien  faire  étudier  les  règles  à  prescrire  pour  y  remédier, 

AïNHUM.  —  M.  le  docteur  Legroux  présente  un  enfant  de 
dix  ans,  atteint  de  lésions  congénitales  d'aïnhum  siégeant  à 
la  cuisse  droite,  et  au  quatrième  orteil  gauche  (sillons 
d'étranglement);  à  la  main  droite,  amputation  de  Tindex  et 
du  médium,  dont  il  ne  reste  plus  que  la  première  phalange 
en  syndactylie.Âu  pied  gauche,  amputation  des  phalangines 
du  premier  et  du  deuxième  orteil,  ce  dernier  croisant  le 
gros  orteil  et  le  recouvrant  en  partie.  La  syndactylie  est 
incomplète  à  la  base  où  existe  un  canal  capable  de  recevoir 
un  mince  stylet. 

Électrolyse.  —  Lecture  est  faite  par  M.  le  docteur  Fort 
d'un  mémoire  sur  le  traitement  des  rétrécissements  de 
l'urèthre  par  Télectrolyse  linéaire,  à  l'aide  d'un  nouvel 
appareil.  —  (Renvoi  à  l'examen  de  MM.  A.  Guérin  et 
Cusco.) 

Constipation.  —  M.  le  docteur  Boisseau  du  Rocher 
communique  les  résultats  du  traitement  de  la  constipation 
d'après  la  méthode  suivante  :  administration  de  citrate 
effervescent,  galvanisation  de  l'intestin  pendant  la  digestion 
intestinale  et  électrisation  statique. 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  23  avril  esl  fixé  ainsi 
qu'il  suit:  l"*  discussion  sur  le  tétanos  (inscrits:  UHi.  Leblanc 
eiNocard)]  2"  lectures  :  par  M.  le  docteur  Chauvel,  sur 

Suatre  abcès  de  foie  traités  par  incision  directe;  par  M.  le 
octeur  Suarez^  sur  la  suture  de  la  cornée  dans  l'opération 
de  la  cataracte  ;  par  M.  le  docteur  Darier^  sur  la  psorosper- 
mose  cutanée. 


Société  médleale  d«s  h^^pltaux. 

SÉANCE   DU   12  AVRIL   1889.    —    PRÉSIDENCE     DE 
H.    CADET  DE    GASSIGOURT. 

Du  tremblement  hystérique  :  M.  Rendu.  —  De  la  Byrlngo-myèlle  : 
M.  Déjerlne.  —  A  propoe  de  la  tétanie  dans  la  dUatation  gastri- 
que :  M.  Dresrius-Brisao.  —  Douleurs  dentaires  d'origine  centrale 
guéries  par  les  miroirs  rotatifs  :  M.  Luys.  —  De  l'embryooardie  : 
M.  H.  Huohard.  —  Deux  cas  d*onomatomanie  :  M.  Séglas. 

M.  Rendu  serait  tenté  de  faii'e  quelques  réserves  au  sujet 
du  malade  présenté  dans  la  dernière  séance  par  M.  Luys 
comme  atteint  de  paralysie  agitante,  presque  entièrement 
guérie  par  l'action  des  miroirs  rotatifs.  Il  existe,  en  effet, 
un  certain  nombre  de  cas  dans  lesquels  un  tremblement 
rangé  tantôt  dans  la  sclérose  en  plaques,  tantôt  dans  la  para- 
lysie agitante,  parait  devoir  être  rapporté  à  Thystérie. 
Westphall  a  rapporté  des  faits  analogues,  il  y  a  sept  ou  huit 
ans  :  tremblement  pendant  plusieurs  années,  s'exagérant 
pendant  les  mouvements,  parole  lente,  scandée,  troubles 
oculaires  variés,  et,  en  fin  de  compte,  résultats  nécrosco- 
piques  absolument  négatifs.  Westphall  a  admis  l'existence, 
en  pareil  cas,  d'une  névrose,  d'une  sorte  de  pseudo-sclérose, 
copiant  les  allures  de  la  sclérose  en  plaques.  Un  cas  ana- 
logue, chez  un  syphilitique,  a  été  publié  dans  The  Brain 
il  y  a  quelques  années;  enfin,  M.  Rendu  en  a  observé  deux 
autres  exemples.  Le  premier  a  trait  à  un  homme  atteint 
d'un  tremblement  bizarre,  puis  d'une  hémiplégie,  à  la  suite 
d*un  ictus,  avec  exagération  des  réflexes  tendineux  et 
troubles  de  la  vue.  L'hystérie  mâle  était  alors  peu  connue 
et  ne  fut  |)as  diagnostiquée,  mais  la  guérison  parle  bromure 
de  potassium  et  les  douches  prouve  bien  qu'elle  était  en 
cause.  Actuellement^  M.  Rendu  a  dans  son  service  un  autre 


malade  présentant  un  tremblement  analogue  à  celui  de  la 
sclérose  en  plaques,  il  s'agit  d'un  hystérique  manifeste, 
avant  été  atteint,  alors  qu'il  était  aux  compagnies  de  disci- 
pline, d'attaques  apoplectiforme,  de  vertiges,  d'hémianes- 
thésie  de  la  face  et  de  tremblement.  Dans  d'autres  cas,  le 
tremblement  des  hystériques  peut  simuler  non  plus  la 
sclérose  en  plaques,  mais  la  paralysie  agitante,  comme  chez 
un  malade  que  Lasègue  crut  affecté  d'une  tumeur  cérébrale 
et  qui  est  un  hystérique,  ainsi  que  M.  Rendu  a  pu  s'en 
assurer  depuis,  ayant  eu  occasion  de  l'examiner  à  diverses 
reprises.  Les  douches  ont  amené  la  guérison.  Il  faut  donc 
tenir  compte  des  faits  de  cet  ordre,  de  ce  trembletnenl 
hystérique  non  encore  décrit,  surtout  lorsqu'il  s'agit  de  la 
guérison  si  surprenante  de  la  paralysie  agitante. 

M.  Luys  est  d'avis  qu'on  abuse  un  peu  du  diagnostic 
d'hystérie  mâle.  Quant  à  son  malade,  la  réunion  de  tous  les 
signes  de  la  paralysie  agitante  accompagnant  le  tremblement 
ne  pouvait  laisser  de  doute  sur  l'exactitude  du  diagnostic. 

—  M.  Déjerine  répond  aux  objections  qui  lui  ont  <^lé 
adi^essées  dans  la  dernière  séance  par  M.  Joffroy  àpropt^ 
de  la  syringo-myélie.  Il  fiiit  remarquer  que  les  cas  rapportés 

5ar  M.  Joffroy  n'offrant  pas  la  dissociation  spéciale  des 
ivers  modes  de  sensibilité,  ne  correspondent  pas  a  la 
syringo-myélie  telle  qu'elle  a  été  établie  dans  ces  aernières 
années.  Il  s'agit  de  myélites  cavitaires,  d'atrophies  muscu- 
laires plus  ou  moins  anomales  dans  leurs  allures,  mais  où 
la  sensibilité  n'était  pas  altérée^  Ces  fiits  ne  sauraient 
rentrer  dans  le  cadre  de  la  syringo-myélie  ;  et  celle-ci, 
caractérisée  surtout  par  les  perturbations  sensitives.  relève 
non  d'une  myélite  chronique,  mais  bien  d'un  gliome  central 
de  la  moelle. 

M.  Joffroy  ne  conteste  pas  l'importance  des  troubles  spé- 
ciaux de  la  sensibilité,  mais  ils  ne  sont  pas  pathognomo- 
niques;  on  peut,  en  effet,  trouver  les  lésions  anatomiques 
de  la  syringomyélie  chez  des  sujets  qui  ont  présenté  une 
abolition  complète  de  la  sensibilité  ou  même  qui  n'ont  eu 
aucun  trouble  sensitif. 

—  M.  DreyfuS'BrisaCy  dans  une  lettre  adressée  au  Pré- 
sident, rappelle  qu'il  a  publié,  en  1885,  dans  la  Gazettf 
hebdomadaire  y  une  observation  analogue  à  celle  de  M.  de 
Beurmann  relative  à  la  tétanie  au  cours  de  la  dilatation 
gastrique.  Les  fourmillements,  crampes,  secousses  muscu- 
laires, ébauche  de  la  crise  de  tétanie,  sont  très  fréquent^ 
en  pareil  cas;  mais  leur  pronostic  est  moins  grave  que  ne 
le  pense  M.  de  Beurmann.  Ils  doivent  attirer  Tattention 
sur  une  ectasie  gastrique  restée  méconnue.    • 

—  M.  Luys  rapporte  l'observation  d'un  homme  â?é  do 
trente-cinq  ans,  qui  présenta,  à  la  suite  d'une  fièvre  typhoïde 
grave,  des  douleurs  violentes  de  névralgie  dentaire,  d'ori- 
gine centrale,  rebelles  à  tous  les  traitements,  et  accompa- 
gnées de  troubles  de  la  parole,  d'inégalité  pupillaire,  de 
tremblement  et  d'affaiblissement  musculaire  faisant  songer 
à  un  début  de  paralysie  générale.  Tous  ces  accidents  ont 
disparu  assez  rapidenfîent  par  l'emploi  des  miroirs  rotatifs. 
Il  n'a  été  tenté  aucune  suggestion.  Ce  malade  parait  aujour- 
d'hui complètement  guéri. 

—  M.  Huchard  donne  lecture  d'un  mémoire  sur  IVw- 
bryocardie.  (Voy.  p.  258.) 

M.  B.  Labbé  fait  remarquer  que  le  néologisme  embryo- 
cardie  peut  paraître  impropre  pour  désigner  un  rythme 
cardiaque  analogue  à  celui  du  cœur  fœtal;  en  effet,  lors- 
qu'on perçoit  les  bruits  du  cœur  dans  la  grossesse,  il  ne 
s'agit  plus  d'un  embryon,  mais  d'un  fœtus.  Quant  à  la 
caféine,  aux  doses  élevées  préconisées  par  M.  Huchard,  nf 
pourrait-elle  avoir  des  inconvénients  chez  les  typhoïdiqiu'î'j 
par  exemple,  en  admettant  qu'elle  soit  absorbée*  en  totalité? 
D'autre  part  la  lenteur  d'action  du  médicament  peut  laisser 
en  pareil  cas  quelques  doutes  sur  son  efficacité. 


19  Avril  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  HÉDEGINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N*  16  —    263 


M.  Hallopeau  se  demande  si  l'indication  de  l'ergot  de 
seigle,  médicament  cardiaque,  est  bien  manifeste,  la  dimi- 
nution de  pression  artérielle  paraissant  corrélative  de  Taf- 
faiblissement  du  cœur.  Enfin  les  injections  de  caféine  à 
haute  dose  ne  menacent-elles  pas  les  téguments  d'accidents 
locaux  plus  ou  moins  sérieux? 

M.  H.  Huchari  répond  que  la  caféine,  pour  agir, doit  être 
employée  aux  doses  élevées  qu'il  a  indiquées  et  qui  sont 
sans  danger.  Quant  aux  accidents  locaux  dféterminés  par  les 
injections,  ils  sont  ordinairement  minimes  et  ne  sauraient 
être  mis  en  balance  avec  les  heureux  effets  du  médicament 
dans  les  cas  graves.  Enfin,  Tergotest  un  agent  de  la  médi- 
cation vasculaire,  qui  n'agit  que  secondairement  sur  le 
cœur;  or,  dans  bien  des  cas  de  fièvre  typhoïde,  la  parésie 
vascalaire  est  primitive  et  antérieure  à  l'affaiblissement 
cardiaque.  Ce  sont,  d'ailleurs,  deux  phénomènes  relative- 
ment indépendants. 

—  ^.Séglas  lit  un  mémoire  sur  deux  cas  (Tonoma- 
iomanie.  (Sera  publié,) 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  quart. 

André  Petit. 


CkKsIété  de  chirurgie. 

SÉANCE  DU    10  AVRIL  1889.   —  PRÉSIDENCE  DE 
M.    LE   DENTU. 

RètrodfeviaUons  uttelnea  :  MM.  BouiUy,  Terrier.  —  Kystes  hyda- 
tiqaes  du  foie  :  MM.  Qaènu,  Richelot.  TUiaax,  Monod,  Delens, 
BoaiUy.  Reolua,  Segond.  —  Descente  artlflctelle  des  testicules  : 
M.  Tulfier  (Kapporteur  :  M.  Champlonnière).^  Sature  de  la  vessie  : 

K.Pozzi. 

M.  Bouilly  pense,  comme  M,  Trélat,  que  toute  déviation 
utérine^  même  mobile  et  indolente,  est  une  menace;  qu'il 
faut  donc  pratiquer  le  redressement  aussi  précoce  que  pos- 
sible. Pour  les  déviations  simples,  l'opération  d*Alexander 
est  quelquefois  indiquée  ;  mais  surtout  on  a  trop  médit  des 
pessaires,  bons  lorsqu'ils  sont  bien  choisis  et  appliqués  avec 
soin.  M.  Pozzi  est  au  même  avis  et  a  vu  les  douleurs  gas- 
triques cesser  par  le  port  d'un  pessaire.  M.  Terrier,  cepen- 
dant, n'a  vu  que  peu  de  cas  où  le  pessaire  fût  indiqué.  Four 
riuiluence  du  rearessement  sur  les  douleurs,  il  reste  dans 
le  doute,  car  la  pathogénie  de  ces  douleurs  est  encore 
inconnue. 

—  M.  Quénu  relate  un  succès  de  l'incision  large,  après 
résection  partielle  de  la  huitième  et  de  la  neuvième  côte, 
pour  un  kyste  suppuré  de  la  rate  ouvert  dans  les  bronches. 

xV.  Richelot  communique  trois  résultats  heureux  de  l'in- 
cision large  pour  les  kystes  du  foie  et  considère  que  c'est 
la  méthode  de  choix,  quoique  l'injection  de  liqueur  de 
van  Swielen  donne  des  succès  pour  les  kystes  non  suppures 
et  uniloculaires.  Mais  le  diagnostic  exact  de  la  variété  et  de 
la  simplicité  est  bien  aléatoire.  Aussi  M.  Richelot  pense- 
t-il,  comme  en  1885,  que  l'incision  franche  reste  la 
méthode  de  choix.  Dans  un  des  cas  de  M.  Richelot,  la  poche 
ne  contenait  que  des  vésicules  filles  :  aussi  M.  Tillaux 
regrette- 1- il  qu*on  n'y  ait  pas  recherché  le  frémissement 
hydatique.  Dans  un  autre  de  ces  faits,  il  y  avait  de  la 
sonorilé  au-devant  de  la  tumeur.  Pawlik  a  donc  tort, 
fait  remarquer  M.  Pojze, de  considérer  ce  symptôme  comme 
pathognomonique  des  tumeurs  rénales. 

M.  Delena  pense  qu'on  doit  être  réservé  avant  de  porter 
un  succès  à  l'actif  de  la  ponction  simple.  Il  relate  un  cas 
où  la  récidive  eut  lieu  au  bout  de  six  ans.  M.  Bouilly  a 
opéré  ce  malade  quelque  temps  après  et,  par  Tincision,  l'a 
débarrassé  d'une  poche  énorme,  contenant  un  grand  nombre 
de  vésicules. 


M.  Monod  cite  trois  opérations.  Après  l'une  d'elles,  une 
seconde  poche  s'est  accrue  et  a  fait  périr  le  malade;  une 
autre  s'est  terminée  par  une  fistule  au  fond  de  laquelle,  au 
bout  de  cin^  mois,  H.  Monod  vient  d'extraire  une  petite 
masse  calcaire.  Le  troisième  opéré  a  guéri  sans  encombre. 

M.  Marchand  a  observé  l'an  dernier  un  homme  chez  qui, 
il  y  a  quarante  ans,  Roux  et  Blandin  avaient  diagnostiqué 
un  kyste  du  foie.  En  1888,  une  poche  a  pointé  vers  l'épi- 
gastre  et  a  été  incisée.  Issue  de  2  litres  de  liquide  collome; 
guérison  en  huit  mois. 

M.  Reclus  a  opéré  deux  kystes  suppures.  Dans  l'un,  préa- 
lablement traité  comme  pleurésie  purulente,  il  a  trouvé  un 
tube  de  caoutchouc  égaré.  L'autre  était  intra-hépatique  et 
la  suture  de  la  poche  à  la  paroi  a  été  très  difficile.  En  pareil 
cas,  la  méthode  de  Volkmann  semble  être  le  procédé  de 
choix. 

M.  Segond  insiste  sur  la  rareté  du  frémissement  hyda- 
tique;  sur  la  valeur  diagnostique  habituelle  de  la  sonorité 
pré-rénale.  Après  l'incision  large,  il  a  observé  deux  fistules 
sur  neuf  cas.  C'est  cependant  le  meilleur  traitement,  et 
pour  les  kystes  suppures  l'ouverture  en  un  temps  s'impose. 

—  M.  Lucas  Championnière  qui,  en  i887,  a  commu- 
niqué à  la  Société  un  fait  de  descente  artificielle  des  testi- 
culesy  suturés  au  fond  des  bourses,  sur  un  enfant  de  sept 
ans,  fait  un  rapport  sur  un  travail  de  M.  Tuffier  relatif  à 
cette  opération.  M.  Tuffier  fait  descendre  le  testicule  par 
des  tractions  et  une  sorte  de  massage  du  cordon,  et  il  le 
fwe  par  quelques  fils  de  catgut  traversant  l'albuginée.  Il 
est  vrai  que  ces  manœuvres  simples  ne  réussissent  à  provo- 
quer la  aescente  que  si  le  testicule  n'est  retenu  par  aucune 
adhérence  notable.  Or,  dans  ces  circonstances,  la  descente 
spontanée  tardive  n'est  pas  rare  :  il  ne  faut  donc  pas  opérer 
les  très  jeunes  enfants.  On  interviendra  s'il  existe  une 
hernie,  dont  on  fera  suivre  la  cure  radicale  de  cette  des- 
cente artificielle. 

—  M.  Pozzi  fait  connaître  un  cas  de  taille  hypogastrique 
pour  calcul,  avec  suture  complète  de  la  vessie.  Le  sujet 
était  un  vieillard  de  quatre-vingts  ans  et  il  a  guéri.  M.  Pozzi 
a  simplement  établi  un  drainage  pré-vésical  et  a  fait  faire 
le  cathétérisme  répété  toutes  les  trois  heures. 

—  M.  Th.  Anger  présente  un  malade  atteint  d'adéno- 
lymphocèle  de  faisselle, 

A.  Broca. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

MÊDBCINE. 

Ba  iraltemeat  «en  liéiiioMyBleB,  par  M.  Seiz.  —  L  auteur 
remet  en  relief  le  traitement  d'Hippocrate  par  la  ligature  des 
membres.  Les  veines  superficielles  étant  comprimées  pendant 
que  les  artères,  plus  profondes,  conservent  leur  calibre,  il  en 
résulte  dans  les  membres  liés  un  afflui  de  sang  considérable.  De 
là  une  diminution  de  la  quantité  du  sang  dans  la  circulation 
générale,  qui  a  pour  résultat  d'abaisser  la  pression  dans  le  ven- 
tricule gauche,  et  de  favoriser  la  formation  de  caillots  dans  les 
vaisseaux  déchirés.  A  Tauscultation,  on  constate  une  diminution 
de  rintensité  du  deuxième  ton  pulmonaire,  correspondant  à  un 
abaissement  de  la  pression  dans  la  petite  circulation.  Au  bout 
d'une  demi-heure  on  peut  lever  la  ligature,  sans  risquer  que  les 
caillots  formés  soient  entrainés.  L'auteur  donne  à  l'appui  de 
son  élude  des  tracés  sphygmographiques  et  conseille  de  se  servir 
de  sangles  en  tissu  de  soie, à  mailles  lâches.  {Deittsches  Archiv, 
fur  klin.  Med.,  t.  LXIl,  p.  6.) 


264    —  NM6  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


11»  Avril  1889 


BIBLIOGRAPHIE 

Lcçoua  mur   la   Myphlll»  iraecloale,  par  M.    le   profeSSeur 

Alfred  Fourmër,  recueillies  par  le  docteur  P.  Portauei\. 
—  Paris,  E.  Lecrosnier  et  Babé,  1889. 

Nous  avons  signalé  déjà  (p.  250)  la  conclusion  princi- 
pale de  ce  livre.  La  substitution  du  vaccin  animal  au  vaccin 
jennérien  est,  suivant  M.  Fournier,  le  seul  procédé  infail- 
lible de  rendre  inoffensives  la  vaccination  et  la  revaccination. 
Au  point  de  vue  de  la  syphilis  vaccinale  cette  conclusion  est 
inattaquable  et  nous  n  avons  plus  à  citer  les  arguments 
développés  en  faveur  de  la  vaccination  animale.  Ce  que 
nous  voudrions  surtout  faire  ressortir,  ce  sont  les  consiaé- 
rations  cliniques  développées  par  le  savant  professeur  pour 
faire  voir  comment  on  peut  reconnaître  la  syphilis  vaccinale 
et  la  distinguer  des  autres  lésions  qui  viennent  parfois 
compliquer  la  vaccination.  M.  Fournier  indique,  en  effet, 
avec  la  précision  et  la  clarté  qui  caractérisent  son  ensei- 
gnement, révolution  et  les  symptômes  initiaux  de  la 
syphilis  vaccinale.  Il  montre  que  si  parfois  Tinoculation  du 
vaccin  pris  sur  un  sujet  syphilitique  reste  inolfensive.  le 
plus  souvent  cependant  elle  transmet  la  syphilis.  Il  insiste 
sur  les  cas  dans  lesquels  la  vaccine  et  la  syphilis  évoluent 
simultanément  et  prouve,  par  des  exemples  cliniques,  que 
la  syphilis  vaccinale  se  comporte  comme  la  syphilis  vulgaire, 
c'est-à-dire  qu'elle  débute  par  un  chancre,  reconnaissable 
malgré  révolution  antérieure  ou  concomitante  des  lésions 
vaccinales,  s'accompagnant  d'induration,  sèche,  élastique, 
parcheminée;  quelquefois  d'ulcération  suppurative,  d'une 
durée  souvent  assez  longue  ;  d'adénopathie  caractéristique 
(bubon,  satellite  fidèle  du  chancre  syphilitique);  d'acci- 
dents secondaires  évoluant  dans  les  périodes  classiques  de 
l'infection  syphilitique. 

11  faut  lire  le  chapitre  consacré  à  l'étude  du  diagnostic 
pour  voir  avec  quelle  sûreté  clinique  le  professeur  Fournier 
apprend  à  distinguer  la  syphilis  vaccinale  de  la  vaccine 
ulcéreuse,  des  éruptions  secondaires  de  la  vaccine  et  aussi 
de  la  syphilis  oui  se  serait  gagnée  à  la  suite  de  l'inoculation 
vaccinale.  Il  n  est  point  néccî^saire  d'insister  pour  démon- 
trer l'importance  à  tous  les  points  de  vue  de  ce  diagnostic. 

Ce  que  dit  l'auteur  des  contagions  syphilitiques  pouvant 
provenir  de  la  pratiaue  même  de  la  vaccination,  c'est-à-dire 
de  la  transmission  ae  la  syphilis  quand  l'instrument  non 
suffisamment  nettoyé  est  porté  d'un  individu  syphilitique  à 
un  sujet  sain,  prouve  une  fois  de  plus  la  nécessité  d'un 
enseignement  technique  de  la  vaccination. 

Des  notes  et  pièces  justificatives  nombreuses  donnent  à 
ce  livre  une  importance  toute  spéciale.  On  ne  manquera 
pas  surtout  de  retenir  la  première  des  observations 
citées,  celle  que  l'on  doit  à  M.  M  illard  et  qui  prouve 
d'une  manière  si  tristement  convaincante  les  dangers  que 
présente  parfois  la  vaccination  jennérienne.  Un  enseigne- 
ment comme  celui  que  nous  donnent  les  leçons  de  M.  le  pro- 
fesseur Fournier  est  des  plus  profitables,  et  le  livre  qui  les 
contient  devra  être  consulté  par  tous  ceux  qui  voudront, 
dans  un  cas  de  diagnostic  difficile,  retrouver  une  série  de 
préceptes  autorisés  et  indiscutables  ou,  dans  les  discussions 

3u'ils  pourront  avoir  avec  les  fonctionnaires  administratifs, 
émontrer  l'utilité  de  l'institution  de  services  de  vaccine 
animale. 

L.  L. 


VABIÉTÉS 

Association  des  médecins  de  la  Seine.  —  L'Association  des 
médecins  de  la  Seine,  fondée  par  Orlila  en  1833  pour  venir  eu 
aide  aux  membres  malheureux  de  la  profession  médicale,  a  tenu 
dimanche  dernier  sa  cinquanle-sixièrae  assemblée  annuelle,  sous 
la  présidence  de  M.  Brouardel.  Dans  un  excellent  rapport,  souvent 


applaudi,  M.  Henri  Barth,  secrétaire  général  adjoint,  a  donn 
lecture  du  compte  rendu  du  dernier  exercice.  Les  recette»  d 
Tannée  ont  atteint  le  chiffre  de  59432  francs,  dont  18  i07  fourni 
par  les  cotisations,  8435  par  les  dons  et  legs,  et  le  rc.*»te  par  I 
revenu  des  fonds  placés.  Avec  ces  ressources,  TAssocialiou 
secouru  cinq  sociétaires,  cinquante-six  veuves  ou  familles  d 
sociétaires;  enfin,  vinet  autres  personnes  appartenant  au  cor]» 
médical  de  Paris  et  du  département.  Les  secours  distribuas  s 
sont  élevés  à  près  de  4300U  francs,  dépassant  de  25  pour  100  I 
moyenne  des  cina  dernières  années.  Une  somme  de  1:2  lîK)  franc 
a  été  portée  au  tonds  de  réserve.  1/avoir  total  de  TAssociaiioi 
dépasse  actuellement  un  million;  les  sociétaires  sont  au  nombr 
de  plus  de  huit  cents.  A  la  fin  de  la  séance  ont  eu  lieu  les  éler 
tiens  du  bureau;  ont  été  élus:  président,  M.  Brouardel  ;  vicr 
présidents, MM.  Blanche  et  Guyon;  secrétaire  général,  M.  Barlli 
secrétaire  général  honoraire,  M.  Orfila. 

Ajoutons  que  M.  Orfila,  que  l'état  de  sa  santé  oblige  tro) 
souvent  à  quitter  Paris,  a  résisté  aux  instances  de  ses  collèguej 
et  décliné  définitivement  les  fonctions  qu'il  avait  remplies  > 
longtemps  et  avec  un  dévouement  dont  TAssociation  desmédeciii» 
de  la  Seine  gardera  toujours  un  reconnaissant  souvenir.  Kn 
donnant  sa  démission,  M.  Orfila  avait  rendu  un  juste  homin»)!^ 
aux  services  déjà  rendus  par  M.  Barth,qui  le  suppléait  avrc  tant 
de  distinction  et  de  zèle.  L'assemblée  aes  membres  de  l'Asso- 
ciation ne  pouvait  placer  en  meilleures  mains  l'administration 
d'une  Société  si  bienfaisante  et  si  utile. 


Société  médicale  des  hôpitaux  (séance  du  vendredi  tO  avril 
1889).  —  Ordre  du  jour:  M.  Huchard:  Sur  un  cas  d^emphysémo 
sous-cutané  dans  le  cours  d'une  pneumonie  chez  un  enfant. 
M.  A.  Gombault:  Un  cas  de  maladie  de  Morvan:  Examen  analo- 
mique.  —  M.  Ballet:  Sur  quelques  troubles  réflexes  d'origine 
gastro-intestinale. 


Mortalité  a  Paris  (I4«    semaine,    du  31    mars  au  (y  avril 
1889.  — Population:  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  T. 

—  Variole,  3.  —  Bougeole,  52.  —  Scarlatine,  2.  —  Coque- 
luche, 14.  —  Diphthérie,  croup,  38.  —  Choléra,  0.  —  Phlhisic 
pulmonaire,  203.  —  Autres  tuberculoses,  21.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  48  ;  autres,  7.  —  Méningite,  36.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  46.  —  Paralvsie,  il.  - 
Hamollissement  cérébral,  9.  —  Maladies  organiques  du  cœur,  53. 

—  Bronchite  aiguë,  39.  —  Bronchite  chronique,  40.  — Broncho- 
pneumonie,  17.  —  Pneumonie,  65.  —  Gastro-entérite:  sein,  j<ï; 
biberon,  39.  —  Autres  diarrhées,  3.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 6.  — Autres  affections  puerpérales,  2.  —  Débilité  con- 
génitale, 15.  —  Sénilité,  25.  —  Suicides,  9.  —  Autres  morts 
violentes,  4.  —  Autres  causes  de  mort,  182.  -  Causes 
inconnues,  15.  —  Total:  1021. 


OUVRAGES  DËPOSeS  AU  BUREAU  DU  JOURNAL 

Traita  complet  d'ophthalmologie,  par  MM.  les  docteurti  L.  de  Weckor  et  B. 
Landolt.  An«U>iiiie  microscopique,  par  MM.  \e»  professeurs  A.  IwaiioiT, 
G.  Schwalbc  et  W.  Waldcyer.  Cet  ouvrage  remplace  la  3*  édition  du  Traité 
de  Wecker  (prix  Chiteuuvill.ird),  t.  IV,  3"  fascicule  (complétant  l'ouvrap')  : 
Maladif*  de  Vorlite  et  des  voies  lacrymales,  par  M.  L.  do  Wecker.  1  vol  iii-^ 
avec  41  figures  intercalées  dans  le  texte  (gratis  pour  les  souscripteurs)-  Pris 
du  tome  IV.  1  vol.  iii-8«  avec  240  figures  dans  le  texte.  20  fr. 

Prix  de  l'ouvrage  complet,  4  forts  volumes  in-8*»  raisin  avec  886  figures  inicrca- 
Iccs  dans  le  texte  et  i  planrlics.  Paris.  E.  Lecrosnier  et  Babé.  ^''''-  ; 

Maladies  des  poumons  et  du  système  vasculaire,  t.  V  des  œuvies  conipl>'te«.  p^r 
M.  J  -Charcot.  1  beau  vol.  in-8*  do  610  pjgcs  et  S  planches  en  chromo-litiio- 
graphie.  Paris,  bureaux  du  Progrès  médical.  O  fr. 

Nouveau  traitement  de  Vipilepsie,  sa  guérisùn  possible,  par  M.  le  docto'rr  ! 
Emile  Goubert.  1  vol.  iu-S'*.  Paris,  E.  Lecrosnier  et  Babé.  0  fr.  73 

Recherches  cliniques  et   thérapeutiques    sur  Vépilepsie.  l'hystérie  et  l'idiotU. 
compte  rendu  du  service  dos  épileptiques  et  des   enfants  idiols  et  arriérés  do  j 
Hicdlre  pendant  l'année    1887,  par   M.   Bournoville,   médecin   de  Birviro;p*f  I 
MM.  Sollicr,    Piiliet,  Raoult,  internes  du  service,  et   Bricon,  conservateur  d» 
Musée,  i  b«fau  vol.  in-8«  de  LX-â64  pages    avec  27  figure*  dans  ]o  texlo.  P""* 
bureaux  du  Progrès  médical.  ^  ^'-  , 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 

i8891.  —  MOTTBROZ.  —  Imprimeries  réunies,  A,  me  Mignon,  2,  P»"*. 


Trente-sixième  année 


N»  17 


26  Avril  i889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAI$$ANT  TOU$  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D*"  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  6.  DIEULAFOY,  DREYFUS-BRISAC,  FRANCOIS-FRANCK,  A.  HËNOCQUE,  A..J.  MARTIN,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  H.  Lerbboullet,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRE.  ^  Bulletin.  —  TiféR\PBUTiQUB.  Les  médicaiions  de  la  coque- 
luelie  au  coniincnceiDcnt  do  l'aoïiôo  1S88.  —  FoRMULAins  THÉhAPBUTiQUB.  Du 
tnitemcDt  du  croup  par  Tessence  de  térébenthine.  —  Quelques  formules  contre 
la  dyspepsie  des  enfants.  —  Rbvub  dbs  cours  BT  des  cliniques.  Clinique  de 
rhôpital  Necker   :  M.  le  professeur  Guyon.  Endoscopie  pour  tumeur  vésicale. 

—  Travaux  oniOlRAUX.   Clinique  médicale  :  Deux  cas  d'onomatomanie.  — 
SociBTés  9AVARTBS.  Académie   des  sciences.  —  Académie  de   médecine.  — 

-  Société  de  chirurgie.  —  Société  de  biologie.  —  Société  de  thérapeutique.  — 
Société  anatomique.—  Revue  des  journaux.  Thérapeutique.  —  Bibliooraphib. 

I     Traite  d'histologie.  —  Compte  rendu  du  service  chirurgical  de  l'hôpital  des 
I     EnfanU  k  Bucarest  (de  1874  à  1888).  —  Variétés. 


BULLETIN 

,  Paris,  U  avril  1889. 

Académie  de  médecine  :  Le  téianos. 

Pendant  que  la  discussion  sur  le  tétanos  se  continue 
devant  l'Académie  de  médecine,  à  l'étranger,  et  particuliè- 
rement en  Italie,  de  nouvelles  expériences  viennent  con- 
firmer les  conclusions  qui  peuvent  aujourd'hui  être  déduites 
des  considérations  développées  par  MM.  Yerneuil,  Leblanc 
et  Nocard.  C'est  ainsi  que  M.  Tizzoni  (de  Bologne)  a 
retrouvé,  isolé  et  cultivé  les  microbes  du  tétanos,  aussi 
bien  celui  de  Nicolaier  et  Rosenbach  que  d'autres  analo- 
gues. Mais,  et  c'est  là  le  point  essentiel  de  ses  observations, 
le  on  les  microbes  ainsi  isolés  ne  se  rencontrent  jamais 

;  ni  dans  le  sang,  ni  dans  le  système  nerveux,  ni  dans  la  rate. 
On  ne  les  recueille  que  dans  le  liquide  qui  provient 
directement  de  la  blessure  du  tétaniqiîe;  c'est  là  qu'il 
parait  se  localiser,  se  multiplier  et  sécréter  les  ptomaînes 
qui  infectent  l'organisme.  Toutefois  l'inoculation  de  ces 
microbes  est  toujours  féconde  ;  toujours  elle  donne  nais- 
sance au  tétanos.  Ces  faits  rapprochés  de  ceux  qu'ont  cités 
MM.  Verneuil  et  Nocard  prouvent  donc  l'existence  de 
microbes  tétanigènes  et  par  conséquent  la  nature  infec^ 
tieuse  du  tétanos.  H.  Sampiari  va  même  jusqu'à  soutenir 
que  le  tétanos  spontané  et  le  tétanos  chirurgical  ont  chacun 
leur  microbe  pathogène. 

M.  Leblanc  qui,  dans  le  discours  si  autorisé  qu'il  vient  de 
prononcer  devant  l'Académie,  s'est  placé  au  point  de  vue 
pratique,  reconnaît  lui  aussi  la  nature  infectieuse  limitée 
du  tétanos  et  même  son  origine  tellurique,  puisqu'il  admet 
l'influence  de  l'inoculation  de  tissus  altérés  ou  de  la  terre 
appartenant  à  des  régions  infectées.  Mais  M.  Leblanc 
affirme  énergiquement  Finiluence  des  prédispositions  indi- 
viduelles et  des  conditions  climatériques  ou  hygiéniques 
dans  lesquelles  se  sont  trouvés  les  animaux  atteints.  La 

I  ^  StWE,  T.  XXVI. 


prédisposition,  dit  M.  Leblanc,  joue  le  rôle  principal  dans 
la  genèse  du  tétanos.  Et,  dans  sa  réponse  à  M.  Verneuil, 
Je  savant  académicien  discute  les  observations  apportées  à 
l'appui  de  la  doctrine  de  la  contagion  et  explique  les  faits 
par  la  seule  influence  des  conditions  hygiéniques  ou  cli- 
matériques. Là  où  M.  Verneuil  incrimine  un  contact  direct 
ou  indirect  avec  le  cheval,  M.  Leblanc  ne  relève  que  des 
écuries  ou  étables  sales  et  mal  closes,  un  temps  froid  et 
humide,  la  pluie,  le  vent  ou  la  neige  fondue  pouvant  avoir 
une  influence  néfaste  sur  des  animaux  blessés,  opérés  ou 
simplement  fatigués.  En  un  mot  le  froid  et  l'humidité,  les 
émotions  violentes  et  même  la  fatigue  seraient,  d'après 
M.  Leblanc,  les  seules  causes  habituelles  du  tétanos. 

De  son  côté,  M.  Nocard  hésile  aussi  à  se  rallier  à  la  doc- 
trine de  l'origine  équine  du  tétanos.  Il  fait  remarquer  que 
l'inoculation  d'un  produit  quelconque,  prélevé  sur  un  cheval 
sain,  n'a  jamais  donné  le  tétanos  et  que,  par  conséquent, 
il  n'est  nullement  prouvé  que  le  contact  avec  les  chevaux 
non  tétaniques  puisse  transmettre  la  maladie.  L'action  téta- 
nigène  de  la  terre  cultivée,  tel  est  le  seul  fait  solidement 
établi.  Pourquoi  ne  point  s'y  tenir?  Pourquoi  surtout  vou- 
loir que  cette  action  soit  due  au  fumier  du  cheval  plutôt 
qu'à  celui  du  bœuf  ou  du  mouton? 

De  ces  deux  argumentations,  qui  s'appuient  tout  à  la  fois 
sur  une  longue  expérience  clinique  en  médecine  vétérinaire 
et  sur  une  connaissance  approfondie  de  toutes  les  re-* 
cherches  microbiennes  et  de  toutes  les  expériences  faites  ou 
à  faire  en  vue  ^e  rechercher  l'origine  du  tétanos,  il  convient 
donc  de  retenir  que  si  l'origine  équine  n'est  paâ  démontrée, 
l'origine  infectieuse  est  admise.  Bien  plus,  il  reste  acquis 
à  la  science  que  le  microbe  qui  produit  le  tétanos  se  ren- 
contre dans  la  terre  cultivée  et,  inoculé  à  une  plaie,  se 
localise  et  se  reproduit  dans  le  voisinage  de  celle-ci,  n'in- 
fectant l'organisme  que  par  l'intermédiaire  des  ptomaînes 
qu'il  sécrète.  L'influence  indéniable  des  prédispositions 
individuelles  et  des  conditions  hygiéniques  et  climatériques, 
si  bien  mise  en  relief  par  U.  Leblanc,  semble  démontrer 
que  le  microbe  tétanigène  n'a  pas,  comme  tant  d'autres,  la 
facilité  de  pénétration  et  de  germination  qui  transmet  si. 
rapidement  et  si  fatalement  certaines  maladies  contagieuses. 
C'est  un  microbe  somnolent  et  sédentaire  qui  a  besoin, 
pour  se  développer  et  sécréter  son  virus,  de  conditions 
toutes  spéciales  et  qui,  heureusement  pour  nous,parais$ent 
se  rencontrer  de  plus  en  plus  rarement  chez  l'homme. 
N'est-ce  point  aux  progrès  de  l'antisepsie  qu'on  le  doit? 


17 


â66    —  N»  17  —         GAZEtTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  Eï  DE  CHIRURGIE 


â6  Avril  1889 


THÉRAI'EUTIQIJE 

Les  ■ledteations  de  Im  eoqaeloche  aa   eomineneeiiicat 
de  l'année  i889. 

On  éprouve  toujours,  ilfautTavouer,  une  légitime  hésita- 
tion pour  formuler  un  traitement  de  la  coqueluche.  La 
maladie  est  vulgaire;  son  histoire,  comme  M.  Cadet  de 
Gassicourt  Ta  si  bien  dit,  «a  suscité  de  nombreux  travaux»; 
sa  thérapeutique  possède  en  principe,  sinon  en  fait,  de 
multiples  ressources;  et  cependant,  ici  comme  ailleurs,  le 
proverbe  paraît  bien  vrai  :  l'excès  de  richesse  est  un  em- 
barras. 

En  effet,  les  médicaments  nouveaux  ne  manquent  pas; 
des  spécifiques  ont  été  récemment  préconisés. 

On  les  recommande  un  jour;  on  les  abandonne  le  lende- 
main; leurs  insuccès  compensent  leurs  succès,  de  sorte 
qu'après  avoir  épuisé  leur  liste  toujours  inachevée,  le  pra- 
ticien prudent  hésite,  cela  se  comprend;  tous  nous  hésitons 
plus  ou  moins.  Dans  notre  incertitude  du  succès,  ne  nous 
demandons-nous  pas  ce  que  Ton  doit  faire  et  ce  que  l'on 
doit  ne  pas  faire  pour  combattre  la  coqueluche. 

Interviendra-t-on  activement?  Faut-il  plutôt  s'abstenir? 
En  un  mot,  quelle  valeur  attriber  aux  ressources  thérapeu- 
tiques les  plus  récentes  et  les  moins  infidèles  contre  une 
affection  dont  les  manifestations  sont  si  connues  et  la 
ténacité  si  désolante? 

I 

On  a  dit,  et  quelques-uns  disent  encore  :  «  Attendez, 
abstenez-vous,  abandonnez  la  coqueluche  à  elle-même  ;  c*est 
une  maladie  qu'on  ne  peut  guérir  ».  Puis,  en  manière 
d'excuse,  on  invoque,  ou  plutôt  on  interprète  le  témoignage 
de  Joseph  Franck,  condamnant  les  médications  intempes- 
tives, mais  non  pas,  cependant  comme  on  l'a  dità  tort,  toute 
intervention  thérapeutique. 

Inutile  de  s'arrêter  à  cette  conduite.  L'inaction  systéma- 
tique est  la  méthode  du  désespoir.  Le  thérapeutisle  qui  se 
condamne  à  l'observer,  ne  remplit  pas  tout  son  devoir  en 
présence  d'une  affection  qui  —  les  statistiques  si  précises 
de  M.  BertilloD  le  prouvent  —  tue  hebdomadairement  dix  à 
douze  enfants  à  Paris,  dont  la  mortalité  annuelle,  d'après 
les  évaluations  récentes  de  M.  Uffelmann,  dépasse 
10000  décès  en  Angleterre  et  12  000  en  Allemagne  et  dont 
la  morbidité  s'élèverait,  durant  le  même  espace  de  temps, 
à  240000  cas  dans  ce  dernier  pays. 

Intervenir:  tel  est  donc  l'avis  de  la  majorité  des  observa- 
teurs contemporains.  N'est-ce  pas  aussi  l'avis  des  malades 
ou  plutôt  de  leur  entourage?  D'ailleurs,  nous  ne  sommes 
pas  absolument  désarmés  contre  cette  maladie.  J'en  appelle 
donc  à  nouveau  à  Tautorité  de  M.  Cadet  de  Gassicourt  pour 
remarquer  qu'en  l'absence  d'un  traitement  propre  à  sus- 
pendre le  cours  de  l'affection,  il  existe  cependant  une  série 
de  moyens  permettant  de  soulager  le  malade,  de  prévenir 
les  complications  et  de  mettre  obstacle  à  la  propagation  de 
la  coqueluche.  C'est  déjà  beaucoup,  ce  semble. 

Dans  ces  deux  dernières  années,  l'abstention  n'a  pas 
trouvé  d'avocats.  On  semble  donc  s'entendre  sur  ce  point: 
il  faut  intervenir.  Comment,  à  l'heure  actuelle,  essaye-t-on 
de  le  faire  ? 

Les  formules  d*une  médication  rationnelle  de  la  coque- 
luche ne  font  pas  défaut.  L'espace  manque  pour  les  rappe- 
ler toutes.  Je  m'arrête  aux  suivantes  : 


Les  classiques  nous  apprennent  —  c'est  bien  entendu 
depuis  Trousseau  —  que  la  coqueluche  est  un  catarrhi 
spécilique  avec  névrose.  L'éminent  clinicien  disait 
catarrhe  pulmonaire;  d'autres  ont  dit:  catarrhe  laryngien 
d'autres,  plus  récemment,  ont  mis  en  cause  la  pituitaire. 

Localisation  de  la  maladie  dans  les  bronches,  le  laryoi 
ou  les  fosses  nasales?  Soit.  Théorie  bronchique,  lann- 
gée  ou  nasale?  Qu'importe  :  le  traitement  rationnel  de 
la  coqueluche  doit  répondre  à  deux  indications:  d'une  part, 
être  anticatarrhale  et  antispasmodigue ;  c'est  FindicatioD 
symptomatique;  d'autre  part,  être  antiparasitaire  et  anti- 
septique; c'est  l'indication  pathogénique,  puisque  —  chacun 
l'admet  plus  ou  moins  —  les  accidents  ont  pour  origine  ua 
agent  microbique. 

Les  derniers  essais  des  thérapeutistes  ont  eu  pour  objectif 
de  remplir  l'une  ou  bien  l'autre  de  ces  indications.  Ce  sont 
de  louables  efforts  ;  mais  ce  sont,  à  coup  sûr,  des  ellbrts 
incomplets,  puisque  —  il  y  aurait  naïveté  de  s'attarder  à  le 
démontrer  ~  la  meilleure  luédicaiiou  de  la  coqueluck 
serait  celle  qui  satisferait  à  toutes  deux.  Entrons  plus  avaot 
dans  l'examen  critique  de  ces  médications. 

II 

Dans  un  mémoire  très  intéressant,  publié,  le  H  mars  1888, 
par  la  Revue  générale  de  clinique  et  de  thérapeutique, 
H.  d'Heilly  a  insisté  une  fois  de  plus  sur  l'obligatiou  du 
praticien  de  ne  pas  omettre  au  proût  des  médications  systé* 
matiques  l'indication  classique  de  lutter  contre  l'élément 
catarrhal. 

Ce  catarrhe  trachéo-bronchique  initiai  avec  son  expeclch 
ration  précoce,  sa  toux  éclatante  et  violente,  et  malgré 
Tabsence  des  reprises  qui,  plus  tard,  la  caractériseront,  n'a 
pas  encore  cessé  de  motiver  l'emploi  des  vomitifs.  Ceux-ci, 
ajoute  M.  d'IIeilly,  sont  de  notion  vulgaire.  Leur  réputation, 
ajouterons-nous  aussi,  n'est  plus  à  faire;  l'administration 
de  l'ipécacuanha  conserve  donc  tous  ses  avantages.  Dref,  il 
faut  l'administrer  dès  le  début,  et  plus  tard  encore,  dans 
le  cours  de  la  maladie,  selon  le  précepte  formulé  par 
M.  Cadet  de  Gassicourt,  y  revenir  à  des  intervalles  irrégu- 
liers, «  chaque  fois  que  l'apparition  des  symptômes  de 
catarrhe  en  fera  reconnaître  l'utilité  ». 

Assurément  cette  pratique  n'est  pas  nouvelle,  et  aujour- 
d'hui encore,  comme  au  temps  où  Pierre  Franck  écrivait, 
on  n'a  pas  cessé  de  compter  avec  les  médecins  d'autrefois, 
Huxham,  Armstrong,  Fothergill,  Girtanner,  Lettsoin,  Under- 
vood,  sur  le  vomissement  pour  provoquer  une  secousse  qni 
débarrasse  le  poumon. 

Cette  action  mécanique  du  vomitif  est  temporaire  etînier- 
miltente.  Pour  obtenir  un  effet  plus  durable,  on  doit,  comme 
toujours,  s'adresser  aux  modifications  de  la  sécrétion  bron- 
chique et  aux  expectorants. 

A  cet  effet,  M.  Netter  (de  Nancy)  avait,  dans  ces  derniers 
temps,  conseillé  Toxyinel  scillitique.  Quotidiennement  il 
administrait,  dans  l'espace  d'une  heure,  quatre  ou  cinq 
cuillerées  à  café  de  cette  préparation  aux  coquelucheux  à^^és 
d'un  h  deux  ans;  six  à  sept  cuillerées  à  ceux  de  trois  ans, 
et  huit  à  dix  cuillerées  aux  adultes.  Le  lendemain,  répéti- 
tion des  mêmes  doses  à  la  même  heure.  Il  obtenait  ainsi, 
annonçait-il,  la  diminution  du  nombre  des  quintes  et 
l'abréviation  de  la  durée  de  la  maladie. 

Ces  résultats  étaient  encourageants  et,  pour  les  contrôler, 
M.  d'Heilly  a  scrupuleusement  observé  la  méthode  dans 
tous  ses  détails.  «  Chez  un  malade,  écrit-il,  coquelucheux 


^  Avril  1880 


GA^ÈtTÈ  iJÈBbÔMAÙAIRÈ  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHlktlRGIÈ  —  N«  17  —    267 


ancien  d^ailleurs,  les  quintes  devinrent  plus  rares,  mais  ce 
fut  un  succès  sans  lendemain.  > 

Que  de  fois,  d'ailleurs,  n'en  a-t-on  pas  obtenu  de  sem- 
blables, au  déclin  de  la  maladie  et  avec  les  agents  médica- 
menteui  les  plus  divers? 

L'emploi  de  la  grindelia  robusta  a-t-il  été  plus  heureux? 
La  résine  de  ce  végétal  de  la  famille  des  composées  possède 
la  réputation  de  calmer  les  accès  d'asthme  et  d'agir  sur  la 
muqueuse  dans  les  bronchites.  Celait  molif  pour  l'essayer 
dans  la  coqueluche.  M.  Bilhaut  l'a  donc  prescrit  dans  dix  cas 
de  coqueluche,  et  dix  fois,  parait-il,  il  eut  à  s'en  louer. 
Heureuse  fortune  thérapeutique,  un  peu  caduque  cependant, 
si  Ton  en  juge  par  les  débats  de  la  Société  de  thérapeutique 
du  mois  de  mars  1887,  le  témoignage  de  H.  Moutard-Martin 
et  les  essais  de  M.  Cadet  de  Gassicourt,  qui,  en  toute  fran- 
chise, considère  ce  médicament  comme  doué  d'une  faible 
action. 

Cette  appréciation  est  judicieuse.  On  le  voit,  il  n'y  a  pas 
dans  la  thérapeutique  anticatarrhale  de  la  coqueluche  de 
récentes  conquêtes  à  enregistrer,  et  les  vomitifs  classiques 
administrés  conservent  toujours  le  rang  qu'ils  ont  acquis 
defHiis  longtemps. 

III 

C'est  d*uQ  attire  côté  que  la  majorité  des  observateurs 
orientent  leurs  travaux.  Ils  recherchent,  en  effet,  des 
médicaments  antispaaaiodiques  dans  la  famille  desnervins 
etdesanesthésiques.  Ici, du  moins,  leurs  eflorts  ne  semblent 
fli  aussi  téméraires,  ni  aussi  infructueux. 

Néanmoins  la  belladone  H^a  pas  perdu  la  réputation  et  les 
vertus  que  Hufeland,  Raisin»  Miquel,  de  Neuerhauss.  Per- 
rolon,  et,  après  eux,  Trousseau  e(  Steiner  lui  attribuaient 
volontiers.  Certes  on  discute  moins  qu'autrefois  sur  son 
mode  d'administration  et  sa  posologie.  La  méthode  des 
doses  massives  a  perdu  du  terrain.  Au  lieu  de  prescrire 
Textrait  de  belladone  le  matin  à  jeun  et  en  une  seule  fois 
par  prise  quotidienne  de  5  m illigraioines  aux  enfants  ùgés 
(le  moins  de  quatre  ans  ou  de  1  ceq(igrauime  à  ceux  de 
quatre  ans  et  au-dessus,  ou  bien  le  sulfate  neutre  d'atropine 
à  raison  d'un  quart  de  milligramme  par  jour,  on  redoute 
plus  l'intolérance,  c'est-à-dire  l'empoisonnement. 

On  préfère,  avec  MM.  Cadet  de  Gassicourt,  d'Heilly, 
Descroizilles  et  la  plupart  des  médecins  d'enfants,  les 
doses  croissantes  et  fractionnées,  consistant  à  faire  ingérer, 
matin  et  soir^  une  demi-cuillerée  à  café  de  sirop  de  bella- 
done aux  enfants  de  quatre  ans;  une  cuillerée  à  café  à  ceux 
de  six  à  sept  ans,  ou  bien,  mais  plus  exceptionnellement,  le 
sulfate  neutre  d'atropine  en  solution  et  à  raison  de  1/4  à 
1  milligramme  par  jour,  en  divisant  cette  dose  —  cela  est 
bien  entendu  —  en  deux  ou  trois  prises  espacées. 

Nonobstant  ses  effets  et  ces  recommandations,  la  bella- 
done n'est  pas  un  sédatif  suffisamment  puissant  au  gré  de 
tous  les  observateurs.  Ils  ont  donc  pensé  au  haschich, 
associé  les  propriétés  hypnotiques  de  celui-ci  aux  vertus 
sédatives  de  celle-là,  et  préparé  une  solution  contenant 
i  grammes  d'extrait  de  cannabis  indica,  1  gramme  d'extrait 
de  belladone,  véhiculés  dans  10  grammes  d'alcool  et 
iO  grammes  de  glycérine. 

LeNorwégien  Wetlesen,  qui  a  donné  une  formule  de  cette 
préparation,  la  fait  ingérer  à  raison  de  5  gouttes  par  jour 
aux  coquelucheux  d'un  an;  de  6  gouttes  à  ceux  de  deux 
ans;  de  8  à  10  gouttes  à  ceux  de  deux  à  cinq  ans;  de 
40  à  1*2  gouttes  à  ceux  de  cinq  h  huit  ans,  et  de  li  à 


15  gouttes  entre  huit  et  douze  ans.  De  plus,  il  en  justifié 
l'efficacité  en  produisant  une  statistique  de  80  guérisons  sur 
100  cas  soumis  à  cette  médication.  Au  Congrès  des  natura- 
listes allemands,  M.  Yogel  conseillait  de  mettre  ce  remède 
à  l'essai.  En  effet,  un  essai  sérieux  et  sévère  ne  serait  pas 
inutile  pour  déterminer  la  part  de  succès  revenant  à  la 
belladone  dans  une  médication  où  l'on  ne  s'explique  guère 
l'action  thérapeutique  du  haschich,  après  en  avoir  étudié  les 
propriétés  physiologiques  (I)  et  surtout  hypnotiques. 

Un  autre  hypnotique,  dont  l'emploi  contre  la  coque- 
luche date  de  plus  loin,  le  chloral,  conserve  ses  par- 
tisans, témoin  M.  Solles,  qui,  à  la  page  86  du  Journal  de 
médecine  de  Bordeaux  de  l'année  1887,  en  signalait,  lui 
aussi,  les  heureux  effets  chez  un  enfant  de  vingt-trois  mois, 
à  la  dose  de  25  centigrammes  en  sirop,  et  chez  un  autre  de 
trois  ans,  à  la  dose  de  iO  centigrammes  en  lavement.  Il  est 
vrai  que  le  chloral  était  associé  à  l'acide  phénique,  de  sorte 
que  cette  médication  était,  en  principe  du  moins,  à  la  fois 
sédative  du  réflexe  trachéo^foronchique  et  antiseptique. 

Le  chloral,  le  chloroforme,  les  bromures,  la  morphine, 
la  narcéine,  les  opiacés,  conservent  leur  réputation  clas- 
sique, et,  en  1889,  continuent  toujours  à  vivre  sur  elle. 

Voici  la  cocaïne  et  l'anlipyrine.  On  les  a  recommandées, 
la  première  surtout  en  Angleterre  et  la  seconde  en  Alle-> 
magne:  ce  sont  des  médicaments  à  l'ordre  du  jour. 

Quelle  est  la  valeur  du  chlorhydrate  de  cocaïne  contre  la 
coqueluche?  Il  diminue  les  quintes  de  toux  et  les  vomisse- 
ments. MM.  d'Heilly,  Labric  et  Barbillon,  en  France,  Forster 
et  d'autres,  en  Angleterre,  ont  été  satisfaits  de  son  emploi, 
tout  en  recommandant  d'en  faire  usage  par  des  méthodes 
différentps. 

Ici,  en  effet,  on  préfère  les  applications  directes  d'un 
topique  cocaïne  sur  la  paroi  pharyngée,  ou  mieux,  selon  la 
recommandation  judicieuse  de  M.  Gouguenheim,  sur  l'orifice 
du  larynx  avec  un  pinceau  rude,  par  une  sorte  de  brossage. 

Là-bas,  de  l'autre  côté  de  la  Manche,  on  adopte  plus 
volontiers  les  inhalations  de  spray  cocaïne,  exclusivement 
employées  ou  alternées  avec  celles  du  spray  antiseptique, 
phénique,  salicylé,  résorciné. 

Ce  dernier  a  M.  Forster  pour  défenseur  {The  med.  Chro- 
nicle,  septembre  1887).  Toutes  les  deux  ou  trois  heures  il 
en  alterne  l'usage  avec  celui  du  spray  cocaïne.  Celui-ci, 
solution  aqueuse  de  cocaïne  à  2  ou  3  pour  100,  est  un  spray 
anesthésique  ;  le  second,  solution  résorcinée,  titrée  à  un 
deux-millième,  est  un  spray  parasilicide.  M.  Forster  a 
enregistré  vingt  succès  sur  vingt  cas:  quel  triomphe  théra- 
peutique? Auquel  de  ces  deux  médicaments  faut-il  attri- 
buer ces  glorieux  succès?  M.  Forster  a  omis  de  le  dire: 
c'est  regrettable.  Il  est  vrai  qu'il  omet  aussi  de  noter  les 
dangers  du  spray  cocaïne.  M.  Vogel  et  les  thérapeutistes 
allemands  les  redoutent:  c'est  une  crainte  salutaire. 

La  cocainisation  des  coquelucheux  par  la  voie  stomacale 
offrirait-elle  quelques  avanta'^es?  M.  Wintraub  le  croit, 
prescrit  des  potions  à  la  cocaïne  et  enregistre—  cela  va  sans 
dire  —  des  succès.  Notons-les  pour  mémoire  et  renonçons 
à  les  expliquer. 

L'anlipyrine  est,  en  ce  moment,  en  grande  faveur  à  titre 
de  sédatif.  Les  témoignages  de  nombreux  observateurs  lui 
sont  favorables,  à  preuve  ceux  de  M.  Genser  (à  la  Société  des 
médecins  de  Vienne,  le  7  avril  1888),  d'un  distingué  confrère 
d'Orléans,  M.  Geffrier  (à  la  page  49â  de  la  Revue  générale 


(1)  Ch.    f 
médiealei). 


y,    art.    H.\âr.Hir.u     {Dictionnairr   cieiiciopédique   dei  tcUnctê 


268    —JUm—         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  26  Avril  1889 


de  clinique  et  de  thérapeutique  de  1888),  de  M.  GuaiU 
(Riforma  medica,  1887),  deM.  Sonnenberg(rAerap.  Jl/ona^, 
1888,  n"  8),  de  M.  Griffits  {Therapeutic  Gazette,  1888),  et 
d'autres  encore,  parmi  lesquels  la  communicatioa  qu'un 
clinicien  justement  .  estimé,  M.  Rifaat,  adressait,  en 
avril  1888,  à  la  Société  de  médecine  de  Salonique,  et  une 
note  de  M.  Dubousquet-Laborderie  dans  le  Bulletin  de  thé- 
rapeutique du  15  mars  de  la  même  année. 

Dressons  la  statistique  de  ces  observations.  M.  Genser  a 
fait  ingérer  Tantipyrine  à  120  coquelucheux  ;  M.  Sonnenberg 
à  80;  M.  Guaita  à  10,  et  M.  Geffrier  à  5:  c'est  un  total 
de  215  cas,  dans  lesquels  un  bénéfice  thérapeutique  a  été 
réalisé.  Ce  sont  des  chiffres  bruts.  En  les  discutant,  on  voit 
que  la  médication  est  d'autant  plus  efficace  qu'on  l'instaure 
plus  tôt. 

Est-elle  instituée  dès  l'apparition  des  premières  quintes? 
L'amélioration  se  produit  au  bout  de  trois  à  cinq  jours 
et  la  guérison  entre  le  vingt  ou  vingt-cinquième  jour. 
Un  enfant,  traité  par  M.  le  docteur  Geffrier,  ingère  le 
médicament  le  17  mai;  il  était  atteint  de  dix-neuf  quintes 
par  jour;  le  21,  le  nombre  de  ces  dernières  descend  à  neuf; 
le  27,  c'est-à-dire  dix  jours  après  le  début  du  traitement, 
l'amélioration  était  définitive. 

L'instauration  du  traitement  est-elle  plus  tardive? 
Prescrit-on  Tantipyrine  après  l'établissement  de  la  période 
des  quintes?  Sans  doute  le  nombre  des  attaques  diminue 
encore  ;  l'expectoration  même,  d'après  M.  Sonnenberg, 
devient  plus  facile,  et  l'efficacité  du  remède  l'emporte  encore 
sur  celle  de  la  cocaïne,  de  la  quinine  et  de  l'acide  phénique. 
Cependant  l'action  du  médicament  est  moins  nette  et  l'abré- 
viation de  la  maladie  moins  rapide. 

C'est  donc  dès  les  symptômes  prémonitoires  qu'il 
convient  d'instituer  la  médication.  Les  observations  cli- 
niques ne  laissent  point  de  doute  à  cet  égard;  par  contre  ce 
serait  un  abus  d'interprétation  de  proclamer,  comme  on  l'a 
fait  trop  gratuitement,  la  souveraineté  thérapeutique  de  ce 
médicament  à  cette  période  de  la  maladie,,  et  la  possibilité 
par  son  emploi  (c  de  juguler  la  coqueluche  ou  de  la  trans- 
former en  un  catarrhe  simple  ». 

Quelles  sont  les  règles  pour  administrer  ce  remède  aux 
coquelucheux?  Éviter  les  doses  trop  élevées,  les  troubles 
digestifs,  toute  atteinte  à  la  nutrition  générale,  et,  nonobstant 
la  tolérance  bien  connue  des  enfants  pour  l'antipyrine, 
surveiller  et  prévenir  toute  menace  d'intoxication.  C'est 
pourquoi  la  posologie  consiste  à  prescrire  chaque  jour,  en 
la  divisant  en  trois  prises,  une  dose  d'antipyrine  d'autant  de 
décigrammes  que  l'enfant  a  d'années  (Genser)  et  d'autant 
de  centigrammes  qu'il  a  de  mois  (Sonnenberg),  de  faire 
ingérer  chaque  prise  après  l'un  des  repas  et  de  continuer  la 
médication  sans  modifier  les  doses,  malgré  l'atténuation  des 
quintes,  et  même  d'y  persister  pendant  deux  semaines  après 
leur  disparition. 

Parmi  les  médicaments  nervins,  l'antipyrine  est  la  der- 
nière en  date  dans  le  traitement  de  la  coqueluche:  elle  fait 
donc,  en  ce  moment,  merveille;  mais,  tout  en  tenant  compte 
de  ses  victoires,  on  ne  peut  oublier  que  d'autres  remèdes 
ont  eu,  eux  aussi,  une  renommée  aussi  retentissante  et  non 
moins  éphémère.  En  thérapeutique,  comme  ailleurs,  il  n'y 
a  pas  de  triomphe  sans  lendemain. 

IV 

Lutter  contre  le  spasme  et  diminuer  le  catarrhe  est  bien. 
Ne  serait-il  pas  plus  légitime  encore  de  combattre  l'agent 


virulent  d'où  vient  la  maladie?  La  réponse  serait  assuré- 
ment fort  aisée  si  les  travaux  sur  Torigine  microbienne  de 
la  coqueluche  avaient  pour  conclusion  pratique  la  décou- 
verte d'un  agent  franchement  parasiticide  et  nettement 
spécifique  contre  le  €  subtil  i^  bacillus  tU4)sis  convul- 
sivœ. 

Voici,  pour  parler  seulement  des  plus  récentes  recherches, 
celles  dont  M.  Afanassieff  a  fait  connaître  les  détails  dans  les 
n'»»  33  à  38  du  Vratch  de  1888.  Elles  établissent  exactement 
la  morphologie  de  ce  bacille,  les  procédés  pour  le  récoller, 
le  cultiver  et  l'ensemencer,  son  inoculabilité  aux  animaux 
et  même  la  production  expérimentale  de  broncho-pneumo- 
nies; tous  faits  importants  pour  la  pathogénie  de  la  coque- 
luche et  de  ses  complications.  Malheureusement,  elles  ne 
donnent  pas  de  notions  sur  la  résistance  de  ce  microbeaux 
agents  nécrophytîques  et  sur  les  moyens  d'entraver  sa  pullu- 
lation.  Malgré  cette  lacune  dans  l'histoire  de  la  coque- 
luche, les  cliniciens  avisés  s'efforcent  de  plus  en  plus  de 
réaliser,  les  uns  Vantisepsie  locale  sur  les  muqueuses 
laryngée  ou  nasale,  les  autres  moins  nombreux,  Vantisepsie 
générale. 

Il  y  a  quelques  mois,  à  cette  même  place  (1),  j'ai  donné 
l'énumération  critique  des  procédés  employés  pour  réaliser 
cet  objectif.  Inutile  d'y  insister,  sinon  pour  constater  que  les 
inhalations  d'acide  sulfureux,  les  pulvérisations  lérében- 
thinées,  les  vapeurs  de  thymol,  le  spray  phénique,  résorciné, 
ou  salicylé,  les  attouchements  laryngés  avec  la  résorciné  au 
centième,  préconisés  par  M.  Moncorvo  ou  avec  Ja  teinture 
d'iode,  que  M.  Labbé  recommandait  à  nouveau  devant  la 
Société  de  thérapeutique  en  1887,  conservent  toujours 
leurs  partisans. 

Cependant,  comme  on  l'a  vu,  le  4  mars  1888,  à  la  Société 
de  médecine  de  Bordeaux,  le  débat  n'est  pas  encore  clos. 
Tandis  que  M.  Davezac  signalait  la  guérison  des  coquelu- 
cheux en  quinze  jours  par  des  pulvérisations  d'eau  pliéni- 
quée  au  cinq  centième  et  que  MM.  Mauriac  et  Verdalle 
concluaient  à  l'efficacité  de  ce  traitement;  d'autres  clini- 
ciens, d'égal  mérite,  comme  M.  de  Saint-Philippe,  objectaieiil 
que  l'on  a  vu  la  coqueluche  guérir  par  les  simples  inhala- 
tions de  la  vapeur  d'eau. 

Faut-il  s'attarder  aux  insufflations  nasales  de  poudres 
médicamenteuses,  antiseptiques  et  peut-être  parasiticides 
contre  le  bacille  de  la  coqueluche?  Leurs  formules  varient; 
le  principe  est  le  même.  II  consiste  à  frapper  l'agent  patho- 
gène dans  son  foyer  nasal  avec  Michael  (de  Hambourg)  par 
un  mélange  à  parties  égales  de  quinine  et  de  benjoin  ;  avec 
Bacheni,  par  le  chlorhydrate  de  quinine,  additionné  d'un 
tiers  de  poudre  de  gomme  arabique  ;  avec  M.  Guerder,  par 
l'association  des  poudres  de  café  et  d'acide  borique,  et  sur- 
tout par  les  mélanges  plus  antiseptiques  encore,  recomman- 
dés par  M.  Moizard  et  M.  Cartaz,  c'est-à-dire,  ici  par  un 
mélange  d'une  partie  de  sulfate  de  quinine  avec  5  parties 
de  benjoin  et  5  parties  de  salicylale  de  bismuth,  qu^ 
M.  Berriat  {Thèse  de  Bordeaux,  1888)  remplace  volontiers 
par  le  salicylate  de  soude,  et  là,  par  une  poudre  composée 
d'un  tiers  de  benjoin  et  de  deux  tiers  de  sous-nitrate  de 
bismuth. 

Il  importe  au  succès  de  cette  médication  de  répéter  les 
insufflations  plusieurs  fois  dans  les  vingt-quatre  heures.  Sur 
ce  point  de  technique,  tous  les  observateurs  sont  d'accoru, 
mais  où  ils  s'accordent  moins,  c'est  dans  Tappréciation  des 

(1)  Ch.  Éloy,  De  Vantùeptie  dans  la  coqueluche  {Gazette  hebdomadaire,  i^- 


26  Avril  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        —  NM7  —    269 


résultats.  Hichael  annonçait  75  cas  de  guèrison  sur  100 
(le  son  côté,  M.  Moizard  a  obtenu  des  résultats  décisifs. 

Il  n'en  est  pas  toujours  ainsi.  J'ai  essayé  les  insufflations 
luisalcs  dans  le  cours  de  plusieurs  cas  de  coqueluche,  de 
gravité  moyenne,  et  j'ai  constaté,  comme  M.  d'Ueilly» 
comme  M.  Berriat,  et  comme  d'autres,  qu'à  côté  d'amélio- 
rations rapides,  il  fallait  enregistrer  des  insuccès  relatifs  et 
des  cas  où  les  quintes  diminuaient  d'intensité  sans  que  la 
durée  de  la  maladie  fût  abrégée. 

En  résumé,  malgré  les  insuccès,  il  y  a  lieu  d'essayer 
fes  méthodes  d'antisepsie,  et,  suivant  les  circonstances, 
d'adopter  Tune  ou  l'autre  :  badigeon  nages,  inhalations  et 
insuflOalions  parasiticides. 

Mais,  dit-on,  c'est  là  de  l'éclectisme  thérapeutique?  Oui, 
sansdoute,  et  cet  éclectisme  a  pour  cause  l'incertitude  même 
de  nos  connaissances  sur  l'habitat  préféré  du  bacille  de  la 
coqueluche. 

L'antisepsie  du  milieu  antérieur  pourrait,  elle  aussi, 
provoquer  les  mêmes  objections.  II  est  vrai  que  son  emploi 
est  moins  général,  bien  qu'en  principe  fort  nettement 
indiqué.  Au  reste,  même  diversité  d'opinions  dans  le  choix 
des  médicaments. 

M.  Schliep  administre  quotidiennement  aux  coquelucheux 
!  4grammes  d'essence  de  térébenthine;  d'autres  s'en  tiennent 
I  au  sirop  phéniqué;  d'autres  adoptent  la  benzine.  M.  Yogel 
I  préfère  le  calomel,  qu'il  donne  pendant  tout  le  cours  de  la 
I  maladie  à  raison  de  5  à  10  centigrammes  par  jour.  C'est, 
I  dit-il,  «  le  désinfectant  par  excellence  >  et  son  emploi, 
.  aiasi  continué,  réalise,  pourrait-il  ajouter,  une  sorte  de 
I  mercurialisation  méthodique  de  Torganisme  des  coque- 
;  lucheux. 

Enfin,  en  1889,  comme  auparavant,  la  médication  qui*- 

nique  reste  pour  M.  Bin2,  ses  élèves  et   ses  émules,  le 

premier  et  le  dernier  moyen  de  la  thérapeutique.  Inutile 

de  rappeler  les  avantages  du  tannate  de  quinine;  adminis^ 

tration  facile  et  dose  quotidienne  d'autant  de  décigrammes 

que  l'enfant  a  d'années.  Inutile  encore  de  rappeler  qu'avant 

(le  revenir  d  Allemagne,  cette  médication  était  adoptée  par 

les  médecins  français,  qui,  il  y  a  trente  ans,  conseillaient 

déjà  le  sulfate  de  quinine  par  doses  également  réfractées  de 

!  3, 4  ou  5  centigrammes  toutes  les  quatre  heures  et  suivant 

I  Tàge  des  petits  malades.  Inutile  enfin  de  dire  que  le  tanin  à 

!  Initérieur  avait  été  prescrit  par  Durr  en  1845  et  que  ses 

vertus  contre  la  coqueluche  n'avaient  pas  échappé  à  Geigel 

(deWurzbourg)  dès  4850? 

Il  faut  plutôt  noter  qu'à  l'heure  actuelle  les  avocats 
de  cette  médication  déjà  ancienne  n'ont  pu  encore  s'en- 
tendre. En  1887,  un  débat  de  la  Société  de  médecine  de 
Saionique  a  donné  la  mesure  de  ce  désaccord:  les  uns  attri^ 
buant,  avec  M.  Miraschi,  l'action  de  la  quinine  à  ses  vertus 
antiseptiques  ;  les  autres  invoquant  plutôt  ses  propriétés 
nervines. 

Même  désaccord,  d'ailleurs,  relativement  à  l'antipyrine. 
Sans  naïveté,  je  pense,  on  conviendra  donc  que  le  meilleur 
traitement  antiseptique  de  la  coqueluche  est  encore  à 
trouver. 

Restent  les  moyens  hygiéniques:  hygiène  préventive  par 
l'isolement  et  la  désinfection  ;  hygiène  curative  par  le 
régime  et  l'aération.  A  leur  sujet,  on  s'entend  mieux,  il  y 
aura  lieu  d'y  revenir  quelque  jour. 

En  fait,  il  est  temps  de  conclure  et  de  résumer  la  conduite 
à  tenir,  à  l'heure  actuelle,  pour  combattre  un  cas  de 
coqueluche? 


Pour  répondre  à  Yindicalion  pathogéniqtieyXel\e  que  la 
bactériologie  autorise  à  la  formuler,  le  traitement  de  la 
coqueluche  devrait  être  franchement  antisepliqtie.el4éci' 
dément  roicrobide.-  En  principe,  tout  ..le  monde  l'admet; 
en  pratique,  il  en  est  autrement. 

Par  contre,  l'arsenal  thérapeutique  renferme  des  res- 
sources plus  nombreuses  pour  satisfaire  à  Vindicatioîi 
fymptomatique.  C'est  elle  que  classiquement  on  continue 
d'observer.  Il  faut  donc,  suivant  les  phases  et  l'intensité  de 
la  maladie,  en  appeler  toujours  aux  vomitifs,-  aux  anti- 
catarrhaux  et  aux  sédatifs  anciens  ou  modernes.  C'est 
pourquoi,  en  plaçant  la  médication  symptomatique  qui  est 
de  nécessité,  avant  la  médication  pathcigénique  qui  est'  de 
choix,  je  n'ai  pas  entendu  mettre  la  charrue  devant  les  bœufs^ 
mais  prouver,  une  fois  de  plus,  qu'en  ce  moment,  ,1e  meil- 
leur des  traitements  de  la  coqueluche  ne  peut  être  et  n^est 
qu'un  traitement  de  transition. 

.     .  .       Ch.  Éi-OY. 


FORMULitIRE  THÉRAPEUTIQUE 

Da  traltemcni  dn  eronp  par  l'esaenee  de  <évél»enthiii^. 

On  emploie  depuis  plusieurs  années  les  propriétés  anti- 
parasitaires et  antiseptiques  des  inhalations  de  cette  sub- 
stance contre  le  croup.  En  Allemagne,  en  ce  moment,  on 
prescrit  volontiers  la  térébenthine  à  l'intérieur.  M.  Lewen- 
taner  a  récemment  obtenu  des  succès  par  la  méthode  sui- 
vante. '  i 

Elle  consiste  à  donner  l'essence  de  térébenthine  à  l'inT 
térieur  comme  antiseptique  général,  et  à  l'extérieur  comme 
antiseptique  local  : 

V  A  VintéiieuVy  faire  ingérer  à  l'enfant  une  cuillerée  à 
bouche  d'essence  de  térébenthine  chaque  jour: 

Dès  qu'une  amélioration,  par  l'expectoration  de  fausses 
membranes,  est  obtenue,  continuer  le  traitement  par  l'ad- 
ministration, toutes  les  deux  heures,  d'une,  cuillerée  4  café 
de  l'émulsion  suivante,  dont  la  formule  a  été  publiée  dans 
le  n""  8  du  Centralblatt  f.  klin.  Mediein  de  cette  année  : 

Essence  de  térébenthine 8  grammes. 

Huile  d'amandes  douces 10     *  — 

Mucilage  de  gomme  arabique.  100       — 

Sirop  simple 50       — 

Jaune  d'œuf. N*»  i. 

Eau  de  cannelle 80  grammes. 

f?  A  Vextérieur,  on  applique  autour  du  cou  des  com- 
presses d'eau  glacée  et  dans  la  chambre  on  vaporise,  en 
permanence,  sur  un  fourneau,  le  mélange  suivant,  qui 
offre  plus  d'une  analogie  avec  celui  que  M.  Huchard  et 
M.  Renou  recommandaient  récemment  : 

Essence  de  térébenthine. . .  J 

Teinture  d'Eucalyptus (  âa    5  grammes. 

Acide  phénique >  ) 

Alcool : 300  grammes, 

F.  s.  a.  pour  mélanger  à  i  litre  d'eau.  .  ^ 


QaeI<|Be«  forninles  contre  la  dyspepsie  des  enlanto. 

La  dyspepsie  des  enfants  est  parfois  la  manifestation 
précoce  d'un  état  névropathiquc.  M.  Jules  Simon  la  consi- 


270 


N*  17  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


26  Avril  1889 


dëre  comme  fréquente  chez  les  petites  filles  de  six  à  huit 
ans.  Son  traitement  doit  être  à  la  fois  tonique^  sédatif  et 
eupeptique. 

1*  Comme  tonique,  insister  sur  le  traitement  général  : 
hydrothérapie,  régime  diététique. 

2""  Comme  Èédatify  administrer,  avant  chaque  repas,  et 
dans  un  quart  de  verre  d'eau,  3  à  5  gouttes  d'une  mixture 
ainsi  préparée  : 

Teinture  de  b^aflôtte )  ~  in  «««.,»«^c 

Eliifir  parégorique |  aa  10  grammes. 

Après  le  repas,  M.  J.  Simon  prescrit  encore  un  paquet 
composé  de  : 

Codéine ; .  >        0^^002  à  (>ï',005  milligr. 

Magnésie . . . . J       ^    ^^  ^^^^. 

Pondre  d  yeux  d  écrevisses j  '  ^ 

Rhubarbe  O'%05 

Noix  romique. Oj%01 

3**  Comme  eupepiique^  on  recommande  l'administration 
avant  le  repas,  dans  quelques  gr.'vndes cuillerées  d'eau,  aux 
enfants  de  sept  ans,  d'une  cuillerée  à  café  de  la  teinture 
composée  suivante  : 

Teinture  de  èascârille 5  grammes. 

Teinture  de  rtiiibarbe . .  -. 10        — 

Teinture  d'écorce  d^oranges  araères.  "10       — 

Teinture  de  gentiane 20        — 

Teinture  de  noix  Tomique 5        — 

Cette  médication  a  pour  effet  de  combattre  Tatonie  des 
voies  digestives  et  de  stimuler  l'appétit. 

Ch.  Éloy. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

CLINIQUE   DE   ï/HÔP1TAL  NECKER  !    M.  LE  PROFESSEUR  GUYON. 
Endoscopie  poar  tvmenr  Yésicole. 

M.  le  professeur  Guyon  montre  la  vessie  et  les  reins  d'un 
homme  mort  d'hématurie  dans  son  service.  Les  rans  sont 
sains,  autant  du  moins  que  peuvent  l'être  les  reins  d'un 
vieillard;  peut-être  Texamen  microscopique  y  dévoilerait- 
il  un  peu  de  sclérose.  La  vessie  est  littéralement  remplie  de 
sang  coagulé,  sa  muqueuse  injectée,  et,  pour  toutes  lésions, 
on  voit  implantés  sur  sa  paroi  postérieure,  un  peu  en  arrière 
de  Torifice  urétérin  droit,  deux  petits  papillomes  gros 
comme  une  fève,  Tun  sessile,  l'autre  rattaché  à  la  paroi 
vésicale  par  un  pédicule  extrêmement  grêle. 

M.  Guyon  rappelle  en  quelques  mots  l'histoire  de  ce 
malade:  il  fut  pris  pour  la  première  fois  au  mois  dejuin  1888, 
c'est-à-dire  il  y  a  neuf  mois,  d'une  hématurie  abondante 
qui  dura  vingt-quatre  heures.  Cette  hématurie  ne  fut  pré- 
cédée ni  suivie  d'aucun  autre  phénomène  rénal  ou  vésical. 
Elle  se  renouvela  peu  après,  un  peu  plus  longue,  mais 
comme  la  première  fois  sans  aucune  autre  manifestation 
morbide.  Puis  survint  une  accalmie  de  quelque  durée,  avec 
de  légères  hémorrhagies,  surtout  marquées  à  la  fin  de  la 
miction.  Ce  dernier  caractère  devait  faire  penser  immédia- 
tement à  une  hématurie  d'origine  vésicale.  En  décembre,  la 
maladie  s'aggrave  ;  l'hémorrhagie  devient  plus  abondante  et 
presque  continue  et  le  malade  entre  à  Necker  le  mois 
suivant. 

L'examen  clinique  confirma  les  renseignements  fournis 


par  le  malade  :  la  vessie,  évncuée  avec  une  sonde,  saigm 
surtout  lorsque  Tévacuation  approche  de  sa  fin  ;  Thématurii 
est  donc  bien  vésicale.  Après  cet  examen  du  contenu  de  h 
vessie,  ce  n'est  pas  à  l'exploration  instrumentale  qu'on  doi 
recourir,  en  pareil  cas,  mais  à  l'exploration  manuelle 
c'est-à-dire  au  palper  abdominal  combiné  avec  le  touchei 
reclal.  Ici  ce  mode  d'examen  n'a  rien  révélé,  si  ce  n'es 
peut-être  un  peu  d'épaississement  de  la  paroi  postérieure  : 
droite,  mais  les  caractères  seuls  de  l'hématurie  étaient  suf- 
fisants pour  faire  soupçonner  un  néoplasme  de  la  vessie 
néoplasme  peu  étendu  et  de  nature  probablement  bénigne, 
en  raison  de  la  discrétion  des  symptômes. 

L'examen  endoscopique  était  naturellement  indiqué  ici; 
il  a  permis  de  reconnaître  très  nettement  deux  petites 
tumeurs  implantées  sur  la  paroi  vésicale;  mais,  si  les  résul- 
tats de  cet  examen  ont  été  excellents  pour  démontrer 
l'existence  et  le  volume  des  tumeurs,  il  a  induit  en  erreur 
au  sujet  de  leur  siège,  car  il  les  a  fait  voir  près  du  col  et  en 
réalité  elles  en  sont  loin. 

Cette  illusion  a  conduit  M.  Guyon  à  proposer  au  malatle 
une  intervention    plus    bénigne   qu'une   cystotomie  sus- 

Subieiine:  le  grattage  à  l'aide  d'un  instrument  spécial  intro- 
uit  par  la  voie  urétbrale.  Une  première  séance  de  raclage 
fut  faite,  à  la  suite  de  laquelle  les  hématuries  diminuèrent 
sensiblement.  Une  seconde  séance  devait  être  pratiquée 
auelque  temps  après,  mais  le  malade  ne  jugea  pas  à  propos 
ae  le  subir  et  quitta  l'hôpital. 

Il  revint  le  15  mars  avec  des  hématuries  véritablement 
énormes  et  succomba  quelques  jours  après  son  arrivée  dans 
un  état  d'anémie  extrême. 
On  sera  sans   doute   étonné  que   des    tumeurs  aussi 

Betites  aient  pu  causer  des  hématuries  mortelles.  Mais 
[.  Guyon  a  déjà  observé  un  certain  nombre  de  faits  ana- 
logues, où  l'hématurie  avait  amené  une  anémie  telle 
qu*un  malade  succomba  pendant  la  chloroformisation,  un 
autre  quelques  jours  après  l'intervention.  Quant  à  la  cause 
de  ces  hémorrhagies  si  redoutables,  il  ne  faut  point  la  cher- 
cher dan&  l'ulcération  de  la  tumeur;  ces  deux  papillome> 
ne  présentent  à  leur  surface  aucune  trace  d'ulcération: 
ce  n'est  noint  la  tumeur  qui  saigne,  c'est  toute  la  vessie, 
sous  l'inmience  de  ces  phénomènes  congeslifs  sur  lesquels 
M.  Guyon  a  déjà  tant  de  fois  attiré  1  attention  de  ceux 
qui  s'occupent  de  pathologie  urinaire.  Ici  l'aspect  de  la 
muqueuse  vésicale  au  moment  de  l'autopsie  aémontrail 
clairement  l'existence  de  cette  congestion.  Mais  ce  sur 
quoi  il  faut  surtout  insister,  c'est  que  l'hématurie  vésicale 
peut  à  elle  seule,  dégagée  de  tout  autre  symptôme,  éire 
une  indication  impérieuse  de  la  cystotomie.  Peu  importe 
aue  l'on  ne  sache  pas  exactement  quelle  est  la  nature  de 
I  affection.  L'hématurie  est  vésicale,  elle  est  dangereuse  par 
son  abondance,  il  faut  intervenir.  Ici  Ton.  voit  combiea 
l'excision  de  ces  deux  papillomes  eût  été  facile.  Si  l'abla- 
tion du  néoplasme  n'a  pas  été  faite  par  la  voie  hypogasti  ique. 
c'est  que  l'endoscope,  tout  en  donnant  les  renseignements 
les  plus  précieux  sur  l'existence  et  le  nombre  des  néo- 
plasmes, a  induit  en  erreur  sur  leur  siège.  Aussi  M.  Guyon 
avait-il  cru  mieux  faire  en  remplaçant  dans  ce  cas  paili- 
culier  l'intervention  sus-pubienne  par  une  intervention 
urétbrale,  ce  qui  prouve  que  le  mieux  est  quelquefois 
l'ennemi  du  bien.  (Séance  du  27  mars.) 

A.  Broca. 


36  Avril  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  NM7  —    271 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Cliaiqae  na^dleale» 

Deux  cas  d'onom atomanie  :  coexistence  chez  un  malade 

DE  l'hystérie  et  D'uNE  VARIÉTÉ  SPÉCIALE  D^ONOMATOMA- 

NIE  (ÉCHOLALiE  MENTALE).  Communication  faite  à  la  So- 
ciété médicale  des  hôpitaux,  dans  la  séance  du  12  avril 
1889,  par  M.  J.  Séglas,  médecin-adjoint  de  la  Salpé- 
trière 

J'ai  eu  l'occasion  de  recueillir  à  ma  consultation  externe 
de  la  Salpètrière  les  observations  de  deux  malades  qui  me 
paraissent  intéressantes  à  plusieurs  points  de  vue  et  dont, 
à  ce  titre,  je  viens  vous  faire  part  aujourd'hui.  La  première, 
qui  fait  le  fond  même  de  cette  communication,  est  celle  d'un 
malade  atteint  d'hystérie  et  présentant  en  outre  une  variété 
spéciale  (et  dont  je  ne  connais  pas  d'exemple)  de  ces  états 
morbides  groupés  par  Morel  (1)  sous  le  nom  de  délire 
émotify  par  Lasègue  (:2)  sous  le  nom  de  vertige  mentaly 
par.Westphal  (3),  Buccola  (4)  sous  le  nom  d'idées  fixes 
(obsessions  et  impulsions)  et  pliis  récemment  par  M.  Ma- 
gnan  (5)  sous  le  nom  de  syndromes  épisodiques  des  héré^ 
ditaires. 

Obs.  —  M.  A.  J...,  âgé  de  trente  et  un  ans,  se  présente  k  la 
ronsuitatioD  extrne  de  la  Salpètrière  le  là  décembre  1887. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père  :  mort  à  cinquante-quatre 
ans  d'une  hypertrophie  du  cœur;  était  variqueux  et  un  peu 
obèse.  Mère  :  soixante-trois  ans,  rhumatisante,  impressionnaole, 
irascible  ;  a  eu  depuis  Tâge  de  quinze  ans  jusqu'à  quarante  ans 
des  douleurs  dans  le  ventre  qui  lui  remontaient  dans  la  ))oitrine, 
puis  à  la  gorge  ;  elle  restait  environ  quatre  heures,  agitant  les 
oras,  mais  sans  perte  de  connaissance.  Ces  attaques  revi  naient 
tous  les  quinze  jours,  tous  les  mois.  Oncle  materne]  :  nerveux, 
impressionnable.  Tante  maternelle  :  également  nerveuse,  morte 
paralysée  à  quatre-vingt-deux  ans.  Grand-père  maternel  :  mort 
a  soixante-douze  ans  aune  maladie  de  foie.  Grand'mère  mater- 
nelle :  quatre-vingt-six  ans,  vive,  impressionnable,  colère, 
atteinte  de  rhumatisme  déformant.  Une  arrière-cousine,  suicide. 

Examen  du  malade.  —  S*est  élevé  rapidement  :  croup  à 
deux  ans  avec  convulsions  ;  fièvre  typhoïde  a  vingt-cinq  ans  avec 
délire;  fièvres  intermittentes  pendant  trois  ans,  disparues  de- 
puis cinq  ans.  Il  a  toujours  été  très  impressionnable. 

Depuis  deux  ans,  il  a  des  attaques  qui  se  présentent  aussi  bien 
le  jour  que  la  nuit.  Il  en  est  prévenu  par  quelque  chose  qui  le 
serre  au  ventre,  à  iVstomac,  puis  à  la  gorge  ;  il  éprouve  ensuite 
des  battements  dans  les  tempes  et  puis  il  perd  connaissance. 
Sa  femme  lui  aurait  dit  qu'alors  il  se  raidissait  comme  s'il  se 
détirait.  Il  n^aurait  pas  de  mouvements  cloniques;  cependant 
une  fois,  il  est  tombe  de  son  lit  :  pas  de  morsure  de  la  langue, 
pas  d'écume,  de  stertor,  de  miction  involontaire.  I^a  durée  de 
lattaque  est  très  variable,  de  quelques  minutes  à  plusieurs 
henres.Puisil  re^ientà  lui  complètement  tout  de  suite,  ne  dort  pas, 
n>st  pas  hébété,  et  se  remet  tout  de  suite  à  travailler  comme  de- 
^"anl;  il  est  seulement  un  peu  courbaturé.  Pas  d*amnésie.  Depuis 
deux  ans  il  n'a  eu  que  cinq  ou  six  de  ces  attaques.  La  sensibi- 
lité est  inégale  des  deux  côtés,  plus  accentuée  à  droite  quVi 
Çnuche  :  pas  de  trouble  du  sens  musculaire.  La  région  iliaque 
droite  est  très  sensible  à  la  pression,  de  même  les  deux  testi- 
cules et  la  pression  de  ces  organes  lui  répond  dans  le  ventre. 
Héflexe  pharyngien  à  peine  marque.  Pas  de  rétrécissement  du 
champ  visuel  ;  à  gauche  les  couleurs  sont  moins  bien  perçues 
et  une  fois  il  donna  le  violet  comme  bleu  et  le  rouge  comme 
orangé. 

.\  côté  de  ces  phénomènes  pathologiques,  L. . .  en  présente 
encore  d'autres  depuis  un  an,  et  qu'il  différencie  lui-même  de 
ses  attaques  et  même  de  leur  aura  prémonitoire.  C'est  comme 
un  malaise  général  avec  serrement  à  la  poitrine,  sentiment  de 

It)  Morel,  Délire  émotif  {Arch.  gén.  deméd.,  1867). 

(i)  Lafèfrue,  Vertige  mental  (Gomm.  à  l'Aeitd.  de  mëd.,  jnnvier  i876). 

(3)  Westphal,  Ueber  Zwangwntellungen  {Beriiner  klin.  Wochentch.,  1877, 
p.Cfi9). 

(4)  Buccola.  U  idée  fUte  {Riv.  Sp.  di  fren.,  1880). 

(5)  lltpun,  De  la  foUe  hérédUaire  {Joum.  dei  eotm.  m^.,  1885). 


défaillance,  puis  de  peur,  survenant  subitement  à  Toccasion 
d'un  mol  quelconque  prononcé  devant  lui.  Voici  la  description 
d  un  de  ces  vertiges,  comme  il  dît,  qui  s'est  passé  devant  nous. 
Tout  d'un  coup  L. . .  que  nous  interrogions  sur  ses  attaques,  ne 
répond  plus  :  les  yeux  deviennent  hagards,  fixes,  largement 
ouverts,  exprimant  l'angoisse  et  la  peur,  ils  s'injectent  un  peu, 
le  visage  rougit  légèrement.  Le  malade  ne  respire  plus,  se 
tient  la  poitrine  comme  s'il  étouffait.  Il  chancelle  ;  il  semble 
prêt  à  tomber.  Nous  lui  parlons,  pensant  qu'il  va  peut-être  avoir 
une  attaque.  Il  ne  répond  pas;  mais  il  entend  sûrement,  car  U 
fait  signe  que  ce  n'est  pas  une  attaque  qu'il  va  avoir.  On  lui 
offre  de  s'asseoir,  le  voyant  chanceler,  mais  il  refuse  et  reste 
debout.  Au  bout  d'une  à  deux  minutes  environ,  tout  disparaît. 
Il  nous  explique  alors  qne  tout  cela  est  survenu  à  propos  au  mot 
€  mot  >  que  nous  avions  prononcé  devant  lui.  Il  a  éprouvé  tout  de 
suite  une  sensation  d'étouffemeut,  d'angoisse  précordiale,  très 
pénible,  comme  si  son  cœur  s'arrêtait;  puis  de  la  faiblesse  des 
jambes,  et  un  sentiment  de  défaillance  imminente.  A  ce  mo- 
ment il  a  comme  un  brouillard  devant  les  yeux,  surtout  le 
fauche.  En  même  temps  il  a  une  inquiétude  morale,  une  sorte 
de  peur  vague,  mais  extrêmement  pénible,  comme  la  crainte 
d'un  malheur.  Il  étouffe,  il  sent  sa  tête  se  resserrer,  comme 
entourée  d'un  cercle,  une  pression  très  forte  sur  les  tempes; 
des  bouffées  de  chaleur  au  visage  et  puis  des  sueurs  froides  ; 
pas  de  sensation  de  tournoiement.  Pendant  tout  ce  temps,  le 
mot  qui  a  provoqué  la  crise  continue  à  résonner  dans  sa  tête 
comme  un  écho  lointain,  mais  sans  qu'il  le  perçoive  par  l'oreille, 
et  en  même  temps  il  a  nettement  dans  la  langue  la  sensation 
des  mouvements  nécessaires  pour  prononcer  ce  même  mot,  mais 
il  ne  l'articule  jamais.  Cela  lui  est  impossible,  dit-il.  Cette  sorte 
de  crise  le  prend  toujours  subitement,  à  l'occasion  de  n'importe 
quel  mot,  sans  qu'il  attache  à  ce  mot  aucune  signification  spé- 
ciale, et  sans  mi'il  y  pense  en  quoi  que  ce  soit  auparavant. 
Plusieurs  fois  (a  crise  est  survenue  provoquée  par  les  mots 
c  Mathieu,  porte,  mot,  Paris,  Versailles...  >  La  crise  arrive 
toujours  subitement,  il  est  tout  de  suite  complètement  dominé, 
incapable  de  faire  un  effort  pour  lutter  ou  sortir  de  cet  état, 
f  II  faut,  dit-il,  laisser  passer  la  crise,  i  Cela  est  quelque- 
fois très  rapide;  ce  que  nous  avons  vu  a  été  long,  dit-il.  Ces 
crises  le  prennent  environ  tous  les  huit  jours  et  plusieurs  fois 
par  jour.  Jamais  elles  ne  surviennent  sous  d'autres  causes.  Il  a 

Sarfaitement  conscience  de  son  état,  garde  un  souvenir  très  net 
es  phénomènes  pénibles  qu'il  ressent  et  en  redoute  le  retour. 
Notons  aussi  qu'il  est  très  sujet  au  vertige  d'altitude.  Bien  que 
peureux  et  très  impressionnable,  il  ne  présente  dans  la  sphère 
émotive  aucun  autre  symptôme  en  dehors  de  ce  que  nous  venons 
de  signaler. 

Il  boit  de  temps  en  temps.  Étant  soldat  il  buvait  parfois  de 
l'absinthe,  maintenant  il  ne  boit  que  du  vin  et  rarement,  dit-il. 
Il  dort  mal  en  général,  rêve  parfois  de  son  métier,  tremble  un 
peu  des  mains.  Il  a  parfois  aes  idées  noires,  et  est  en  général 
préoccupé  des  phénomènes  qu'il  ressent  depuis  deux  ans. 

Notons  enfin  que  le  crâne  est  un  peu  asymétrique;  la  voûte 
palatine  asymétrique,  très  profonde  et  très  étroite.  Pas  de  tics. 

Nous  pouvons  constater,  en  somme,  chez  ce  malade,  deux 
états  pathologiques  bien  distincts,  quoique  ayant  une 
origine  commune  dans  la  constitution  neuropathique  hérédi- 
taire du  sujet.  D'abord  ce  sont  des  accidents  hystériques 
très  simples  ;  nous  les  laisserons  de  côte  pour  ne  nous 
occuper  que  des  états  pseudo-vertigineux  qu'il  présente,  et 
dont  le  diagnostic  avec  les  troubles  hystériques  coexistants 
ne  peut  être  fait  que  par  un  examen  attentif  de  l'état  mental 
du  sujet.  On  verra  alors  que  ces  états  pseudo-vertigineux  ne 
sont  pas  de  Thystérie,  mais  des  phénomènes  d'angoisse  très 
accentués  survenant  à  l'occasion  d'un  mot  quelconque  pro- 
noncé devant  le  malade.  Cet  état  pathologique  rentre  dès 
lors  dans  le  cadre  de  l'onomatomanie  signalée  en  1885 
{Archives  de  neurologie)  par  MM.  Charcot  et  Magnan  et 
plus  spécialement  dans  cette  variété  qui  consiste  en  une 
impulsion  irrésistible  à  répéter  un  mot  obsédant  survenu 
spontanément  à  la  pensée  du  malade  ou  prononcé  devant 
lui.  Dans  ce  dernier  cas,  il  se  produit  ainsi  une  sorte  d'é- 
cholalie.  Mais  alors,  même  en  l'absence  de  renseignements, 
on  peut  faire  le  diagnostic  tout  de  suite  par  un  simple  examen 
objectif  quand  on  entend  le  malade  faire  Técho  et  qu'on 


272    —  N*  i7  - 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


26  Avril  1889 


voit  survenir  les  symptôme*  d'angoisse.  Chez  notre  hysté- 
rique, la  chose  est  plus  difficile  parce  qu'on  peut  être  tenté 
au  premier  abord  de  rapporter  à  l'hystérie  les  troubles 
émotifs  de  réaction  qui  sont  seuls  apparents,  tandis  que  le 
fait  qui  les  provoque  reste  absolument  subjectif,  puisqu'il  ne 
consiste  qu'en  des  phénomènes  d'audition  et  d'articulation 
mentales 

Quant  au  mécanisme  de  ces  phénomènes,  il  nous  semble 
qu'on  peut  l'expliquer  de  la  façon  suivante  : 

Le  mot  prononcé  devant  le  malade  réveille  chez  lui 
l'image  auditive  du  même  mot,  et  celle-ci  à  son  tour,  eu 
égard  aux  connexions  qui  existent  entre  les  différents  centres 
du  langage,  réveille  à  son  tour  l'image  motrice  d'articula- 
tion; mais  aucune  de  ces  deux  images  n'est  îissez  intense 
.  pour  s'extérioriser,  soit  sous  forme  de  perception  auditive, 
soit  sous  forme  de  parole  articulée.  Quoi  qu'il  en  soit,  elles 
s'imposent  au  sujet  d'une  façon  irrésistible  et  provoquent 
les  phénomènes  d'angoisse.  Dans  Técholalie  ordinaire  des 
onomatomanes,  nous  aurions  affaire  au  même  mécanisme, 
sauf  qu'alors  l'image  motrice  d'articulation  est  assez  forte 
pour  provoquer  l'articulation  du  mot  à  haute  voix.  Cette 
explication  me  semble  plus  rationnelle  que  Tinterprélation 
donnée  récemment  par  M.  P.  Garnier,  à  qui  c  il  semble 
qu'on  ait  là  (dans  l'écholalie)  un  arc  réflexe  spinal  ou 
bulbaire  »  (?)  (Arch,  gén.  de  méd.,  février  1889,  p.  U3). 
Si  le  cri  réflexe  peut  être  sous  la  dépendance  des  régions 
bulbo-protubérantielles,  l'écholalie  ou  articulation  d'un 
mot,  ne  pouvant  se  produire  sans  la  perception  auditive 
préalable  de  ce  mot  (qu'il  éveille  ou  non  une  idée),  suppose 
par  ce  seul  fait  l'intervention  des  centres  de  la  fonction  du 
langage  et  comme  telle  est  un  phénomène  absolument 
cortical. 

En  résumé,  nous  trouvons  chez  notre  malade  les  mêmes 
phénomènes  que  dans  l'écholalie  ordinaire  des  onomato- 
manes :  seulement  chez  lui  tout  se  passe  dans  le  domaine 
du  langage  intérieur.  C'est  (qu'on  nous  passe  le  mot)  un 
écholalique  mental. 

Ce  qu  il  y  a  encore  d'un  peu  particulier  chez  lui,  c'est  le 
début  subit,  instantané  de  la  crise  qui  paralyse  d'emblée  la 
volonté  et  rend  impossible,  même  un  instant,  tout  effort  de 
lutte,  puis  la  durée  1res  brève  de  celte  crise,  et  enfin  l'in- 
tensité des  phénomènes  émotifs,  surtout  lorsi^u'on  considère 
la  cause  si  faible  qui  les  produit  et  dont  l  action  ne  peut 
s'expliquer  que  par  la  prédisposition  neuropathiçjue  très 
évidente  du  sujet.  Sauf  ces  quelques  points  spéciaux,  ses 
crises  présentent  tous  les  caractères  assignés  par  Morel, 
Lasègue,  Westphal  et  par  M.  Magnan...  à  celles  des  malades 
à  idées  fixes,  des  délirants  émotifs:  idées  fixes,  obsessions 
ou  impulsions  irrésistibles,  anxiété  concomitante  provoquée 
par  la  violence  ou  le  contenu  de  l'idée  ou  par  le  non- 
accomplissement  de  l'acte  qu'elle  commande  (Westphal), 
conservation  de  la  conscience,  calme  relatif  consécutif  à  la 
crise.  Les  symptômes  de  l'angoisse  eux-mêmes,  pris  isolé- 
ment, présentent  le  même  tableau  clinique  que  ceux  que 
l'on  observe  par  exemple  chez  les  agoraphobes,  et  cela  en 
l'absence  de  toute  tare  hystérique. 

La  distinction  que  nous  venons  défaire  chez  ce  malade 
entre  les  phénomènes  d'hystérie  et  ceux  de  Tonomatomanie 
sera  rendue  plus  nette  encore  par  l'exposé  du  cas  suivant, 

Îui  nous  montre  comment  la  simple  articulation  mentale 
'un  mot,  lorsqu'elle  se  présente  suus  la  forme  d'impulsion 
irrésistible,  peut  amener  des  phénomènes  d'angoisse. 

Obs.  —  M"*  J...,  âgée  de  dix-huit  ans  et  demi,  se  présente  à 
la  consultation  externe  de  la  Salpètrière  le  18  décembre  1888. 

Antécédents,  —  Les  deux  grands-parents  maternels  sont 
morls  paralysés.  Le  père  est  alcoolique, 

La  malade  n'a  eu  aucune  maladie  antérieure;  rien  à  noter 
dans  Tenfance,  elle  n'a  parlé  qu'à  deux  ans;  réglée  à  douze  ans 
et  demi.  Aucun  stigmate  d'hystérie.  Toujours  peureuse  et 
impressionnable. 


La  maladie  actuelle  a  débuté  il  y  a  quatre  mois;  les  syraplômev 
qui  la  caractérisent,  quoique  étant  de  même  nature,  se  présen- 
tent sous  différents  aspects.  C'est  ainsi  que  Ton  peut  d'aborti 
constater  de  la  folie  du  doute  et  du  délire  du  toucher.  M"*  J... 
éprouve  toujours  le  besoin  irrésistible  de  vérifier  ce  «qu'elle  a 
fait.  Elle  ne  veut  pas  toucher  à  de$  bougies  ou  à  des  épingles, 
et  si  cela  lui  arrive,  il  faut  qu'elle  véritie  si  elle  a  mis  le  feu 
dans  les  endroits  où  elle  est  allée  avec  de  la  lumière  et  qu'elle 
compte  ses  épingles  pour  être  sûre  de  n'en  avoir  pas  laissé 
tomber  dans  un  endroit  ou  sur  des  objets  où  elles  pourraient 
faire  mal  à  quelqu'un.  Si  elle  ne  cède  pas  à  l'impulsion  ou  si 
elle  veut  dominer  sa  peur,  l'angoisse  se  produit. 

D'un  autre  côté,  depuis  quelque  temps,  il  lui  venait  à  Tidée 
des  mots  grossiers  ou  malveillants  qui  s'imposent  à  son  esprit,  H 
en  même  temps  elle  sent  des  mouvements  dans  sa  langue,  c  tout 
comme  si  elle  les  prononçait-,  mais  elle  ne  les  prononce  jamais 
même  à  voix  basse  >.  Cependant  elle  a  toujours  la  crainte  de  les 
prononcer  et  d'être  entendue,  aussi  fait-elle  tout  son  possible 
pour  arrêter  les  mouvements  de  la  langue.  Mais  tous  ses  efforts 
sont  vains  à  ce  point  de  vue  et  n'aboutissent  qu'à  des  phéno- 
mènes d'angoisse  :  constriction  précordiale,  bouffées  de  chaleur 
à  la  figure,  sentiment  de  peur  très  intense.  Quand  elle  laisse  les 
mouvements  de  la  langue  se  produire,  l'angoisse  est  à  peine 
marquée.  Mais  ensuite  elle  a  toujours  la  crainte  d'avoir  parlé, 
bien  qu'elle  dise  elte-méme  être  sûre  de  ne  jamais  prononcer 
aucun  mot,  même  à  voix  basse.  Aucun  phénomène  auditif,  pas 
même  d'audition  mentale. 

Cette  observation  peut  nous  servir,  comme  je  l'ai  dit  tout 
à  l'heure,  à  éclaircir  la  précédente.  En  ce  qui  concerne 
l'onomatomanie,  elle  n'en  diffère  qu'en  ce  que  la  malade 
n'est  pas  écholalique.  Au  lieu  d'être  entendu,  le  mot  vient 
de  lui-même  à  l'esprit  du  sujet.  Sauf  cela,  tout  est  commun 
entre  les  deux.  Wons  retrouvons  les  mêmes  phénomènes 
d'articulation  mentale  entraînant  également. des  symptômes 
d'angoisse^  moins  accentués,  il  est  vrai;  mais  il  faut  remar- 
quer qu'ici  l'obsession  ne.se  produit  pas  sous  forme  d'ictus 
et  que  la  volonté  de  la  malade  n'est  pas  annihilée  d'un  seul 
coup.  D'un  autre  côté,  comme  elle  n'a  aucun  signe  d'hystérie, 
il  ne  peut  y  avoir  le  moindre  doute  sur  la  cause  et  la  nature 
des  symptômes  d'angoisse  qu'elle  présente.  Aussi  en  coni- 
parant  ces  deux  cas  l'un  à  l'autre,  pensons-nous  avoir 
justifié  notre  opinion  de  la  coexistence  chez  notre  premier 
malade  de  deux  ordres  de  phénoniènes  morbides,  l'hystérie 
d'un  côté,  de  l'autre,  des  symptômes  d  angoisse  se  rattachant 
à  cette  variété  particulière  d'onomatomanie  que  nous  avons 
désignée  chez  lui  du  nom  d'écholalie  mentale. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Aeadémle  des  «elenees. 

Recherches    bactériologiques  sur    la    désinfection  des 

LOCAUX    PAR    les    SUBSTANCES  GAZEUSES,    ET  EN  PARTICULIER  PAR 

l'acide  sulfureux,  par  MM.  H.  Dubief  et  /.  BruhL  —  «  M.  le 
docteur  Dujardin-Beaumetz  nous  a  chargés  d'exécuter  ces  expé- 
riences, qui  ont  été  faites  au  laboratoire  de  bactériologie  de 
l'hôpital  Cochin. 

f  Mous  avons  supposé  un  local  débarrassé  de  ses  objets  mo- 
biliers, la  désinfection  des  lits,  linges,  rideaux  devant  toujours 
se  faire  parla  vapeur  surchautTée,  qui  est  le  meilleur  des  désin- 
fectants. 

€  Pour  débarrasser  l'atmosphère  et  les  parois  d'une  chambro 
des  germes  qu'elles  contiennent,  on  peut  employer  les  sub- 
stances gazeuses  et  les  liquides  finement  pulvérisés. 

c  Si  la  méthode  des  pulvérisations  permet  de  re  ourir  à  des 
substances  d'elfel  antiseptique  non  douteux,  telles  que  le  sublimé 
corrosif,  l'acide  phénique  en  solution  concentrée,  elle  a  l'incon- 
vénient grave  de  nécessiter  la  présence  de  l'opérateur.  Pour 
cette  raison,  nous  avons  étudié  spécialement  les  substances 
gazeuses  et,  d'abord,  l'acide  sulfureux. 

c  Nous  nous  sommes  posé  trois  questions  : 

<  1*»  L'acide  sulfureux  à  l'état  de  gaz  a-t-il  une  action  cer- 
taine sur  les  germes  en  général?  2' L'acide  sulfureux  a-t-il  une 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  NM7 


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?:erraes  pathogènes?  3"  Fixer  des  règles  pratiques, 
ions  aujourd  hui  nos  résultats  sur  la  première 


action  sur  les 

c  Mous  publ 
question. 

€  De  nombreuses  expériences  ont  déjà  été* entreprises  avant 
les  nôtres,  mais  la  plupart  du  temps  sur  des  cultures  in  vitro. 
Ce  procédé  est  défectueux  ;  toutefois,  nous  avons  tenu  à  repro- 
duire d^abord  les  essais  de  ceux  qui  nous  ont  précédés. 

♦  i'*  Action  de  facide  sut  fureiix  sur  les  cultures  de  bactéries. 
—  Un  certain  nombre  de  tubes  de  culture  sont  placés  à  18  degrés 
sous  une  cloche  où  circule  un  lent  courant  d'air;  cet  air  a  tra- 
versé un  récipient  dans  lequel  est  allumée  une  bougie  de  soufre, 
graduée,  qui  permet  de  connaître  la  quantité  d'acide  sulfureux 
produit.  Dans  ces  conditions,  toujours  les  cultures  ont  été  dé- 
truites en  employant  une  quantité  suffisante  de  gaz  sulfureux. 

c  (À'tte  métnoae  est  mauvaise  :  en  effet,  les  cultures  employées 
t'ontienuent  forcément  une  forte  proportion  d'eau  ;  Tacide  sulfu- 
reux s*y  dissout,  rend  le  milieu  aciae  et  impropre  à  la  culture. 

«  i"  Action  de  Vacide  sulfureux  sur  le  nombre  des  germes 
contenus  dans  l'air,  —  La  première  méthode  étant  çassible  de 
graves  objections,  nous  avons  eu  recours  à  la  numération  des 
bactéries  par  la  méthode  de  Miquel. 

c  Dans  une  chambre  hermétiquement  close,  on  recueillait» 
au  moyen  d'un  ballon  diluteur  de  Miquel,  les  germes  d'un  litre 
d'air;  ces  germes  étaient  répartis  dans  cinquante  ballons  de 
culture  contenant  du  bouillon  de  bœuf  stérilisé  et  alcalinisé, 
puis  des  quantités  variables  de  soufre  étaient  brûlées  dans  la 
chambre.  Après  viujgft-qualre  heures,  une  nouvelle  prise  d'air 
analogue  à  ta  première  était  opérée,  les  germes  étant  répartis 
dans  un  même  nombre  de  ballons  stériles. 

c  Le  nombre  des  germes  contenus  dans  l'atmosphère  de  la 
chambre  était  toujours  plus  faible  après  la  sulfuration  qu'avant; 
et  la  différence  était  d'autant  plus  sensible  que  l'humidité  de 
l'air  était  plus  grande. 

«  3*  Action  de  Vacide  sulfureux  sur  la  nature  des  çermes 
de  ratinosphne.  —  Â  Tétat  normal,  dans  le  milieu  ou  nous 
opérions,  les  bactéries,  les  microcoques  particulièrement,  étaient 
nombreux,  les  mucédinées  ne  venaient  qu'après.  Après  la  sul- 
furation, la  proportion  a  toujours  été  renversée. 

(  V  Vacide  sulfureux  gazeux  a-t-il  une  action  sur  les 
germes  à  Vètatsecj  —  Les  expériences  précédentes  ne  donnent 
de  conclusions  que  pour  les  spermes  en  suspension  dans  l'atmo- 
sphère :  pour  savoir  ce  que  deviennent  ceux  qui  sont  fixés  aux 
parois,  nous  avons  recueilli  sur  une  petite  bourre  de  coton  con- 
tenue dans  un  tube  de  verre  stérilisé  à  200  degrés  les  poussières 
d*uue  quantité  donnée  d'air.  Deux  prises  égales  étaient  faites 
simultanément.  L'une  des  bourres  était  immédiatement  répartie 
dans  une  petite  quantité  de  gélatine  nutritive  placée  dans  un 
petit  cristallisoir  plat  et  large  stérilisé.  La  seconde  bourre  était 
soumise  au  préalable  pendant  quarante-huit  heures  à  un  cou- 
rant de  gaz  sulfureux  pur  et  sec.  La  quantité  des  germes  qui  ont 
poussé  était  plus  faible  après  sulfuration  qu'avant. 

c  De  nos  expériences,  on  peut  tirer  les  conclusions  sui- 
vantes : 

«  1"  L'acide  sulfureux  gazeux  a  une  action  microbicide  évi- 
dente sur  les  germes  contenus  dans  l'air.  2^  Cette  action  se 
manifeste  surtout  ]ors<]ue  le  milieu  est  saturé  de  vapeur  d'eau. 
3*"  L'acide  sulfureux  agit  surtout  sur  les  germes  de  bactéries, 
i"*  L'acide  sulfureux  emplové  à  l'état  pur  peut  détruire,  lorsque 
son  action  est  prolongée,  aes  germes,  même  à  l'état  sec.  > 


Aeadénile  de  médeelne. 

SÉANCK  DU  23   AVRIL    1889.    —  PRÉSIDENCE 
DE  M.   MAURICE  PERRIN. 

M.  Ir  dortcur  BHgnUr  (à  Sar^tires,  CliarenU-Inférieuro)  prie  rAcadémie 
d'accepter  le  dépôt  d'un  PU  cacheté. 

M.  K.  Joly»  iDcdocin  à  Neufchritel  (Scinc-Taférioure),  envoie  un  mémoire 
manuscrit  sur  un  nouveau  procédé  de  contervation  du  vaccin. 

M.  le  docteur  Charbelie%  (a  Romans,  Drômc)  adresse  une  Note  uaBUserite  sur 
le  traUement  de  la  variole. 

If.  le  docteur  MaUevUU  {à  ManeiUe)  envoie  une  Noie  mannseriie  sur  Vhydro- 
phobie. 

U.le  Président  présente:  1*  au  nom  do  M.  le  docteur  Chauvel,  professeur  â 
récole  du  Val-de-Grice,  la  Notice  tur  Giraud'Teulon  lue  à  la  dernière  séance 
de  la  Société  de  chirurgie  et  rerticle  HypermAtropii,  extrait  du  Dietton- 
naire  ene^lopédiquc  deo  *eiencu  médietUet;  2*  de  la  part  de  M.  le  docteur 
C/MVdMe,  professeur  agrégé  au  Val-de-Gràce,  la  deuxième  édition  de  ses  Nouveaux 
iliment»  de  peUU  chirurgie 


M.  Moutard-Martin  dépose,  au  nom  de  M.  le  docteur  de  Pietra-Santa  et  do 
M.  JoUrain,  un  ouvrage  intitulé  :  Caravane  hydrologique  d^août  1688,  ttations 
mnéralet  et  tanitaircM  de  la  Suiêie  et  des  Vosges. 

M.L/on  CoHn  présente,  de  la  part  de  11.  le  docteur  AVi^î^r,  uiédcciu-chef  do 
l'hôpital  militaire  de  Versailles,  une  Note  manuscrite  sur  la  ventilation  des 
poêles  mobiles  à  combustion  lente  par  un  tirage  complémentaire  de  sûreté. 

Chloroforme  et  chlorure  de  méthylène.  ~  M.  /. 
Regnaudy  au  nom  de  M.  le  docteur  Villejean  et  au  sien, 
appelle  Tattention  sur  le  mélange  de  cbloroK>rme  et  d*alcooi 
Dfiéthylique  employé  par  certains  chirurgiens  anglais  et  par 
M.  Le  Fort  sous  le  nom  de  chlorure  de  méthylène  pour  pra* 
tiquer  Tanesthésie.  Ce  produit  mériterait  d*étre  expérimenté 
afin  de  savoir  si,  oui  ou  non,  on  peut  éviter,  grâce  à  iui,  les 
accidents  légers  qui  accompagnent  souvent  l'emploi  du 
chloroforme,  d'autant  au'il  est  inaltérable  et  d'un  prix 
moindre.  Quant  au  véritable  chlorure  de  méthylène,  CH^CIS 
les  expériences  faites  jusqu'ici  montrent  qu'il  convient 
d'être  encore  très  réservé  sur  son  action;  en  tout  cas,  il  est 
absolument  inaltérable  sous  l'influence  combinée  de  l'air  et 
de  la  lumière.  MM.  Regnaud  et  Villejean  en  tiennent  une 
certaine  quantité  à  la  disposition  des  chirurgiens. 

Cataracte.  —  H.  le  docteur  Suarez  de  Mendoza 
(d'Angers)  appelle  l'attention  sur  les  avantages  que  procure 
la  suture  de  la  cornée  dans  l'opération  de  la  cataracte.  Son 
procédé  permettrait  de  garantir  l'opérateur  contre  les  encla- 
vements iriens  en  amenant,  par  une  coaptation  complète  et 
stable  des  bords  de  la  section  cornéenne,  le  prompt  et 
définitif  rétablissement  de  la  chambre  antérieure.  Il  résulte 
des  huit  opérations  ainsi  pratiquées  et  des  expériences 
auxquelles  l'auteur  s'est  livré,  que  la  tolérance  de  la  cornée 
pour  les  (ils  est  extrême  et  qu'on  peut  laisser  ceux-ci  en 
place  de  cinq  à  dix  jours.  —  (Renvoi  à  une  Commission 
composée  de  MM.  Maurice  Perrin^  Panas  et  Duplay.) 

Tétanos.  —  Après  avoir  discuté  dans  un  travail  considé- 
rable et  très  étudié  les  divers  arguments  énumérés  par 
M.  Yerneuil  à  l'appui  de  sa  théorie  sur  l'origine  équine  et 
sur  l'origine  tellurique  du  tétanos  ^voy.  la  séance  du 
26  mars  1889),  M.  Leblanc  se  voit  obligé  de  déclarer  que 
l'origine  éauine  et  bovine  du  tétanos  n'est  pas  prouvée; 
si  dans  quelques  cas  son  origine  tellurique  est  probable, 
dans  le  plus  grand  nombre  elle  est  fort  contestable.  La 
contagion  par  l'eau,  par  l'air  et  par  les  poussières  n'est  pas 
admissible  et  on  n  est  pas  très  certain  de  la  nature  des 
germes  (microbes  ou  ptomalnes)  considérés  comme  cause 
unique  de  cette  maladie.  L'influence  de  la  prédisposition  est 
indéniable  et  elle  joue  le  rôle  principal  dans  la  genèse  du 
tétanos.  Expérimentalement  on  a  démontré  la  nature  infec- 
tieuse limitée  de  cette  affection  en  inoculant  des  tissus 
altérés  ou  de  la  terre  appartenant  à  des  régions  infectées  ; 
pratiquement  la  contagion,  qu'il  s'agisse  de  l'homme  ou  des 
animaux,  n'est  pas  prouvée.  Aussi  n'y  a-t-il  aucune  utilité  k 
placer  le  tétanos  au  nombre  des  maladies  contagieuses 
inscrites  dans  la  loi  du  21  juillet  1882. 

M.  Nocard  n'a  pas  été  convaincu  par  les  arguments 
accumulés  par  M.  Yerneuil  à  l'appui  de  sa  thèse,  parce 

!|u'on  peut  les  interpréter  autrement  que  lui  et  d'une 
àçon  qui  satisfait  mieux  l'esprit,  car  elle  est  plus  con- 
forme aux  données  expérimentales.  Sans  doute,  pour 
la  plupart  des  observations  se  rapportant  à  des  blessés 
qui  ont  été  en  contact  plus  ou  moins  direct  avec  des 
chevaux  tétaniques,  ce  que  Ton  sait  de  l'inoculabilité  des 
produits  de  la  plaie  d'où  a  procédé  le  tétanos  autorise  à 
admettre  la  possibilité  de  la  contagion  du  cheval  à 
l'homme.  Pour  tous  les  autres  faits  non  seulement  le 
cheval  incriminé  n'avait  pas  le  tétanos,  mais  encore  il 
n'avait  eu  aucun  rapport  avec  un  animal  tétanique  et  il  est 
inadmissible  que  le  cheval  sain  puisse,  en  tant  que  cheval, 
donner  cette  affection  ;  aucune  expérience  ne  le  démontre. 
Par  contre,  l'action  tétanigène  de  la  terre  cultivée  est  le 


274    -^  N»  17  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


96  Avril  1889 


seul  fait  solidement  établi  dans  cette  théorie.  Hais  pour- 

Îuoi  prétendre  que  cette  action  soit  plutôt  due  au  fumier 
u  cheval  qu*à  celui  du  bœuf  ou  du  mouton,  alors  que  le 
tétanos  est  beaucoup  plus  fréquent  à  la  campagne  que 
dans  les  grandes  villes  où  les  chevaux  sont  bien  plus  nom- 
breux? Que  Ton  compare  ce  qui  s'est  passé  au  fur  et  à 
mesure  (]u'on  a  mieux  étudié  la  septicémie  :  si  celle-ci 
est  relativement  fréquente  chez  le  cheval,  elle  est  à  peu 
près  complètement  inconnue  chez  le  bœuf,  et  cependant  le 
sang  de  cet  animal  devient  aussi  rapidement  septique  que 
celui  du  cheval  !  C'est  que  les  germes  du  vibrion  septique 
sont  extrêmement  répandus  partout  autour  de  nous  ;  ils 
existent  non  seulement  dans  les  terres  cultivées,  mais 
encore  à  la  surface  des  niantes,  dans  les  boues  et  dans  les 
poussières  des  villes,  aans  les  eaux  communes;  tous  les 
animaux  en  ingèrent  avec  les  aliments  et  les  boissons;  ils 
résistent  à  l'action  des  sucs  digestifs  et  sont  expulsés  avec 
les  excréments  sans  avoir  rien  perdu  de  leur  vitalité,  tout 
prêts  à  se  développer  lorsaue  les  conditions  du  milieu 
seront  devenues  favorables.  M.  Nocard  est  tout  disposé  à 
croire  qu'il  en  est  de  même  pour  le  microbe  du  tétanos; 
des  expériences  ont  été  déjà  faites  dans  ce  sens  par  Nico- 
laier  et  Rietsch  ;   elles  sont  à  compléter  et  il  se  déclare 


[»rét  à  le  tenter.    Jusque-là  on  ne  saurait  s'appuyer  sur 
es  hypothèses  actuelles  pour  demander  l'inscription  du 
tétanos  dans  la  loi  sur  la  police  sanitaire  des  animaux' 


domestiques. 

Il  n'est  cependant  douteux  pour  personne,  objecte  M.  Ver- 
neuil^  que  le  tétanos  est  une  maladie  infectieuse  ;  à  ce 
titre  il  doit  être  rangé  parmi  celles  auxc^uelles  la  loi  doit 
être  appliquée.  —  Cette  affection  ne  serait  pas  la  seule  qui 

tourrait  être  placée  dans  cette  catégorie,  fait  observer 
[.  Leblanc;  mais  les  difficultés  d'exécution  des  mesures 
prescrites  sont  déjà  tellement  grandes  pour  les  maladies 
inscrites  dans  la  loi  et  les  règlements  qu'on  ne  peut  tenter 
d'agir  de  mèniie  à  l'égard  du  tétanos.  —  Si  on  ne  l'ose  pas 
maintenant,  espérons  qu'on  l'osera  plus  tard,  ajoute  M.  Ver- 
neuil.  —  (La  aiscussion  continuera  mardi  prochain.) 

—  L'Académie  se  forme  ensuite  en  comité  secret,  afin 
d'entendre  la  lecture  d'un  rapport  de  M.  Bucquoy  sur  les 
candidats  au  titre  de  correspondant  étranger  dans  la  pre- 
mière division  (Médecine).  La  liste  de  présentation  est 
dressée  ainsi  quil  suit  :  l'*  M.  Warlomont(de  Bruxelles); 
S""  M.  Semmola(de  Naples);  'S""  ex  œquo  MM.  Rommelaere 
(de  Bruxelles)  et  Sydney-Ringer  (de  Londres). 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  30  avril  est  fixé  ainsi 
qu'il  suit  : 

1"  Rapport  de  M.  Oujardin-Beaumetz  sur  la  dénomina- 
tion des  nouveaux  médicaments;  2**  suite  de  la  discussion 
sur  le  tétanos  (inscrits  :  MM.  Trasbot,  Labordé,  Lagneàn 
et  Verneuil)  ;  3"  communication  de  M.  Worms  sur  la  forme 
lente  du  diabète  et  son  traitement. 


Soeiélé  de  clilr«rirft«* 

SÉANCE  DU  17  AVRIL  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  M.  HORTELOUP. 

Desoenta  artilloioUe    du  testlonle    eotoplè:  MM.  Monod,    Berger. 
ReoluB,  Qaënu,  Soh'wrarts,  Jalagaier,  Routier,  TerrUlon,  Segood, 
Trëlat,  Ghamplonnlère.  —  Sature  de  la  veesie  :  MM.  SohvirartK, 
Ghampionnière.    —   Apophyse  sua-ôpltroclilëenne  de  rhumèrue 
M.  Testut  (M.  Possl,  rapporteur). 

M.  Monod  a  l'an  dernier  suturé  le  testicule  au  scrotum 
chez  un  jeune  homme  de  dix-neuf  ans,  dont  le  testicule 
sortait  parfois,  mais  fuyait  avec  une  facilité  extrême.  La 
difficulté  fut  de  trouver  où  loger  la  glande  dans  le  scrotum 
atrophié;  il  fallut  lui  creuser  une  place  et  en  fin  de  compte 


elle  est  restée  à  la  racine  et  non  au  fond  des  bourse^. 
M.  Championnière  est  le  premier  en  France  à  avoir  pratiqué 
celte  opération,  mais,  sans  remonter  à  un  insuccès  déjà 
ancien  de  Chelius,  il  y  a  d'assez  nombreuses  observatioib 
étrangères  dues  à  Wood,Max  Schûller  (1881),  Nicoladoni 
(1884),  Belfied  (1887),  Hardy,  de  Manchester  (1888).  Mai 
Schiiller,  comme  M.  Championnière,  insiste  sûr  l'impor- 
tance de  bien  libérer  le  cordon  si  Ton  veut  mener  à  bien 
celte  descente,  souvent  difficile.  Dans  cette  question  théra- 
peutique, il  y  a  plusieurs  points  à  envisager.  Le  siège 
d'abord  est  important;  M.  Monod  laisse  de  côté  les  falu 
relatifs  à  l'ectopie  périnéale.  Pour  l'ectopie  inguinale  ou 
abdomino-iliaque,  l'opération  est  possible,  mais  enc4)re! 
faut-il  que  le  testicule  mette  au  moins  le  nez  à  la  fenêtre;! 
le  terme  de  crypiorchidie  employé  par  Max  Schiiller,  par 
M.  Championnière  est  donc  vicieux.  Il  faut  tenir  grand 
compte  de  l'âge,  savoir  que  les  migrations  tardives  sponta- 
nées ne  sont  pas  rares,  qu'elles  se  font  soit  pendant  la  pre- 
mière enfance,  soit  vers  la  puberté,  de  douze  à  seize  ans.j 
Puis,  chez  l'adulte,  il  est  inutile,  sauf  indications  spéciales, 
de  suturer  au  fond  des  bourses  une  glande  séminale  atteinte! 
d'une  atrophie  définitive.  C'est  donc  de  quinze  à  dix-neuf 
ans  qu'il  faut  opérer.  Lorsqu'il  y  a  hernie  concomitante,  lei 
bandage  donne  de  bons  résultats  si  on  neut  Tappliquerl 
entre  la  hernie  qu'il  maintient  en  haut  et  le  testicule  qu*il! 
refoule  en  bas.  Mais  ces  cas  favorables  ne  sont  pas  fréquents 
et  souvent  on  ne  peut  appliquer  un  bandage.  On  a  alors 
conseillé  de  laisser  la  hernie  descendre  avec  le  testicule,  de 
façon  à  la  réduire  plus  tard,  le  testicule  une  fois  suffisam- 
ment éloigné  de  l'anneau.  Ou  bien  on  a  dit  de  refouler  dans 
l'abdomen  avec  l'intestin  le  testicule  dont  on  fait  de  parti 
pris  le  sacrifice.  En  réalité,  dans  ces  circonstances,  il  faut 
faire  la  cure  radicale  de  la  hernie  et  la  descente  artificielle 
du  testicule. 

M.  B(?rgf«r  mentionne  un  travail  publié  l'an  dernier  par 
Wood  sur  la  cure  radicale  de  la  hernie  des  enfants.  Wood 
relate  quelques  cas  de  descente  artificielle  du  testicule  et 
insiste  sur  les  difficultés  qui  résultent  parfois  de  la  brièveté 
du  cordon  ;  il  a  alors  séparé  du  testicule  la  queue  de  l'épi- 
didymo  et  le  canal  déférent  et  a  eu,  en  les  déroulant,  un 
cordon  d'une  longueur  suffisante.  M.  Berger  admet,  en 
principe,  ce  que  M.  Monod  a  dit  des  migrations  tardives; 
mais  il  ajoute  qu'il  a  observé  quelques  enfants  chez  les- 
quels, après  avoir  espéré  cette  migration,  il  a  vu,  au  con- 
traire, l'organe  mâle  remonter  peu  à  peu,  et  définitive- 
ment, dans  le  trajet  inguinal.  M.  Berger,  enfin,  croit  l'effi- 
cacité du  bandage  en  fourche  bien  plus  fréquente  que  ne 
le  dit  M.  Monod. 

M.  Reclus  a  opéré  un  homme  adulte  porteur  d'une  eclopie 
bilatérale  douloureuse.  Il  a  suturé,  sans  incision  à  la  peaa, 
le  testicule  non  libéré  au  préalable  et  les  douleurs  ont  cessé, 
mais  la  descente  est  insuffisante  et  les  testicules  suturés 
tirent  fortement  de  chaque  côté  sur  le  scrotum  invaginé. 
Une  autre  fois,  faisant  une  cure  radicale,  M.  Reclus  a  mobi- 
lisé et  Ç\xé  au  fond  des  bourses  un  testicule  atrophié,  retenu 
à  l'anneau. 

M.  Quénu  cite  une  suture  du  testicule,  faite  au  cours 
d'une  cure  radicale.  Il  a  pris  dans  le  point  de  suture  la 
vaginale  au  niveau  de  la  aueue  de  l'épididyme,  car  en  ce 
point  la  séreuse  adhère  solidement  et  peut  fournir  un  point 
d'appui  à  la  suture.  Malgré  M.  Tuffier,  il  est  donc  inutile  de 
transpercer  l'albuginée. 

M.  Jalaguier  a  employé  le  même  procédé  dans  deux  cas, 
où  il  y  avait  hernie  concomitante.  Il  insiste  sur  l'échec  subi 
dans  ces  cas  par  le  massage  pour  faire  descendre  le  testi- 
cule, et  il  croit,  avec  M.  Championnière,  q^ue  M.  Tuffier  en 
a  exagéré  l'efficacité.  Il  a  constaté  une  fois  que  l'appare'/ 
suspenseur  des  bourses,  anormalement  situé,  faisait  obstacle 


26  Avril  4889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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à  la  descente  et  il  n'a  pu  loger  le  testicule  dans  le  scrotum 
qu'après  avoir  perforé  ce  plan  qui  barrait  le  chemin. 

M.  Schwartz  relaie  deux  opérations  heureuses  pour  des 
testicules  retenus  à  Tanneau  externe  et  accompagnés  l'un 
d'un  léger  varicocèle  ,  l'autre  d'une  hydrocèle  commu- 
nicante. 

M.  Routier  a  suturé  le  testicule  (par  la  vaginale)  dans 
uQ  cas  de  cure  radicale  de  hernie  chez  un  homme  de 
vingt-sept  ans  atteint  de  hernie  bilatérale,  avec  ectopie  à 
gauche.  Le  massage  avait  été  absolument  inefCcace.  Le 
résultat  thérapeutique  est  défectueux  :  le  testicule  est  resté 
atrophié  et  doulourciix. 

M.  Terrillon  insiste  sur  la  fréquence  des  descentes  tar- 
dives chez  Tenfant,  suHout  si  on  les  favorise  par  le  ban- 
dage en  fourche  et  par  les  massages.  D'autre  part,  chez 
l'adulte,  M.  Segond  préconise  la  castration  si  le  testicule 
ectopié  devient  douloureux  :  il  est  inutile  de  conserver 
cet  Gitane  voué  à  une  stérilité  définitive  et  spécialement 
prédisposé  aux  dégénérescences  malignes.  M.  Segond  a  tenu 
deux  fois  cette  conduite. 

M.  Trélat  a  fait  la  cure  radiale  h  un  homme  de  vingt- 
deux  ans  pour  une  hernie  scrotale  accompagnée  d'un 
diverticule  préabdominal.  C'est  ce  diverticule  qu'habitait 
le  testicule,  muni  d'un  long  cordon;  aussi  M.  Trélat  crut-il 
qu'en  le  logeant  dans  une  séreuse  scrotale  confectionnée 
aux  dépens  du  sac  il  resterait  en  bonne  position  sans  qu'il 
fut  besoin  de  le  suturer.  Or  il  n'a  pas  tardé  à  remonter 
près  de  l'anneau.  Le  cas  échéant,  M.  Trélat  suturerait  donc. 

M.  Lucas'Championnière  ne  s'occupe  que  des  cas  où  la 
hernie  n'exisie  pas  ou  n'est  qu'un  épiphénomène.  S'il  y  a 
hernie,  il  conseille  sans  doute  la  cure  r.'idicale,  mais  Ma 
sature  du  testicule  reste  cependant  au  premier  plan.  Pour 
les  jeunes  enfants,  il  est  de  l'avis  de  M.  Monod  et  laisse  à 
M.  Tutfler  la  responsabilité  des  opérations  sur  les  garçons 
de  deux  ans  et  demi  ;  il  constate  avec  plaisir  que  MM.  Ja- 
laguier  et  Routier  ont  échoué  par  le  massage  et  n'ont  pu 
qu'avec  peine  faire  la  libération  sanglante  du  testicule  ; 
malgré  M.  Tuffier  il  est  probable^  comme  le  prouvent  les 
faits  de  M.  Terrillon,  que  lorsque  le  massage  rend  la 
glande  accessible  il  suffira  le  plus  souvent,  à  lui  seul,  à  la 
cure  de  Tectopie.  On  ne  saurait  contester  que  la  suture  de 
la  vaginale  près  de  la  queue  de  l'épididyme  ne  puisse 
suffire,  mais  souvent  elle  est  impossible  et  dès  lors  un  des 
points  intéressants  du  mémoire  de  M.  Tuffier  est  précisé- 
ment d'avoir  montré  qu'on  peut  sans  crainte  transpercer 
i'albuginée.  M.  Championnière  ne  croit  pas  que  parmi  les 
observations  citées  par  M.  Monod  il  y  en  ail  une  aussi  com- 
plète que  la  sienne,  pour  laquelle  il  maintient  le  terme 
de  cryptorchidie.  il  ajoute  que  Tenfant  a  été  opéré  à  dix 
ans,  ayant  l'aspect  d'un  sujet  de  sept  ans  :  en  deux  ans 
Ce  garçon  a  pris  le  développement  physique  de  son  âge  et 
l'un  des  testicules  a  atteint  un  volume  normal. 

—  M«  Schwartz f  à  propos  de  l'observation  de  M.  Pozzi, 
communique  un  fait  de  suture  de  la  vessie  après  taille 
hypogastrique  pour  un  calcul  formé  autour  d'un  corps 
étranger  et  nou  compliqué  de  cystite.  Sonde  à  demeure; 
guérison,  malgré  quelques  jours  de  fistule  hypogastrique. 

H.  Championnière  avait  deux  fois  suturé  avec  succès  la 
vessie  blessée  au  cours  d'opération  de  cure  radicale  de 
hernie  lorsqu'il  fit  la  taille  hypogastrique,  en  mai  1888, 
pour  chercher  un  corps  étranger  que  la  sonde  ne  sentait 
pas,  mais  dont  le  malade  affirmait  la  présence.  La  vessie 
lut  trouvée  vide  et  saine  :  les  conditions  étaient  donc 
excellentes  pour  appliquer  la  suture  vésicale,  qui  fut  pra- 
tiquée avec  plein  succès.  Aucune  sonde  ne  fut  laissée  à 
demeure  et  le  malade  fut  sondé  une  fois,  la  nuit  qui  suivit 
I  opération.  Dès  le  lendemain  il  urinait  seul. 


—  M.  Pozzi  lit  un  rapport  sur  un  travail  de  M.  Testui 
(de  Lvon)  :  Vapophyse  sus-épitrochléenne  au  point  de 
vue  chiiMrgicaL  M.  Poulet  a  lu  en  1883  à  la  Société  un 
travail  sur  cette  apophyse,  qu'il  considère  comme  patho- 
logique. M.  Testut  montre  qu^elle  constitue  une  anomalie 
réversive,  et  qu'elle  a  une  importance  réelle  pour  les 
ligatures  artérielles  des  membres  supérieurs  à  cause  des 
anomalies  vasculaires  et  musculaires  dont  elle  s'accom- 
pagne souvent. 

A.  Broga. 


Soelél^  de  blolog^ie. 

SÉANCE   DU   13   AVRIL   1889.  —  PRÉSIDENCE  DE   M.  DUGLAUX, 
VICE-PRÉSIDENT. 

Sur  la  bourse  de  Loshka  :  H.  Oellô.  —  Exploration  des  monvements 
de  la  langue  :  M.  F6r6.  —  Des  urines  dans  les  maladies  aiguës  : 
M.  Bobin.  —  Rapports  entre  le  glyoogène  et  la  glycémie  : 
M.  Quinquaud.  —  Méthode  pour  apprécier  la  oontraoUon  bron* 
ohique  :  M.  François-Franck.  --  Des  glandes  mosohipares  du 
desman  des  Pyrénées:  If .  Trutat.  ->  tA  ▼entilation  pulmonaire 
otaes  les  animaux  hibernants  :  M.  Dubois.  —  De  1^  .respiration 
chez  les  sujets  entraînés  A  rezeroioe  musculaire  :  M.  Demeay.  — 
Psorospermose  folliculaire  Tégétante  :  M.  Darier.  -^  NouveUe 
forme  de  psorospermose  cutanée  :  M.  Darier.  —  Lampe  A  signaux  : 
M.  Regnard. 

ilL.Gellé  présente  une  préparation  du  pharynx  surlaquelle 
apparaît  très  nettement  la  oourse  de  Lushka,  sur  la  partie 
médiane  de  la  paroi  supéro-postérieure  du  pharynx. 

—  M.  Férèy  en  modifiant  le  sphygmomëtre  de  Bloch,  a  pu 
mesurer  la  résistance  à  la  pression  des  muscles  de  la  langue. 
Cette  exploration  directe  lui  a  permis  de  constater  que,  si 
l'on  n'a  pas  vu  jusqu'ici  de  troubles  moteurs  coïncidant  avec 
les  troubles  du  langage  articulé,  c'est  seulement  parce  qu'on 
n'était  pas  en  mesure  de  la  chercher.  Ainsi  il  ^a  constaté  une 
diminution  notable  de  la  résistance  de  ces  muscles  chez 
plusieurs  aphasiques  n'ayant  aucun  trouble  apparent  de  la 
mobilité  de  la  langue,  chez  plusieurs  épileptiaues  qui  pré- 
sentaient de  l'embarras  de  la  parole  à  la  suite  des 
accès,  etc. 

—  M.  A.  Dobin,  à  propos  de  la  récente  communication 
de  MM.  Gaume  et  Roger  sur  les  décharges  de  poisons  par 
les  urines  un  peu  avant  la  crise  dans  la  pneumonie, 
rappelle  que  depuis  1877  il  s'est  occupé  de  cette  question; 
il  a  particulièrement  montré,  à  propos  de  la  fièvre  typhoïde, 
que  la  défervescence  et  même  la  convalescence  sont  subor- 
données à  de  véritables  décharges  de  produits  toxiques. 

—  ^.Quinquau4y  en  soumettant  des  chiens  à  l'inanition 
jusqu'à  disparition  complète  du  glycogène  dans  le  foie,  a 
néanmoins  trouvé  chez  ces  animaux  une  certaine  quantité 
de  glucose  dans  le  sang.  Il  admet  par  suite  que  l'organisme 
peut  produire  du  sucre  sans  l'intermédiaire  de  la  substance 
glycogène. 

—  M.  François-Franck f  à  propos  de  la  communication 
de  M.  Chauveau,  relative  à  un  procédé  d'appréciation  de  la 
contraction  des  bronches,  revient  sur  les  faits  dont  il  a 
récemment  entretenu  la  Société;  il  s'attache  à  montrer  que 
les  troubles  respiratoires  qu'il  a  constatés  par  l'excitation 
du  bout  périphérique  d'un  nerf  vague,  résultent  de  phéno- 
mènes réflexes,  et  ne  tiennent  nullement  à  la  contraction 
des  fibres  de  Reissessen  ;  ce  dernier  phénomène  doit  être 
mis  absolument  hors  de  cause. 

—  M.  Pouchet  présente  une  note  de  M.  l'rutat  (de  Tou- 
louse) sur  Tanatomie  et  sur  la  structure  des  glandes  qui 
produisent  le  musc  chez  le  desman  des  Pyrénées. 

—  M.  Duclaux  présente  une  note  de  U.R.Dubois  relative 
à  la  ventilation  pulmonaire  chez  les  animaux  hibernants  (la 
marmotte). 


276    —  NM7  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


26  Avril  1889 


—  M:  Demeny  a  étudié,  au  moyen  de  divers  appareils 
qu'il  présente,  compas  Ihoracîque  enregistreur,  Inoraco- 
mèlre,  appareil  inscripleur  des  profils  et  spiromètre  enre- 
gistreur, —  les  rapports  qui  existent  entre  la  forme  du 
thorax  et  le  mécanisme  de  la  respiration  chez  les  sujets 
entraînés  à  Texercice  musculaire.  Ses  nombreuses  observa- 
tions Tout  conduit  à  établir  celte  loi,  à  savoir  que  le  rapport 
entre  la  capacité  vitale  de  ces  sujets  entraînés  et  leur  poids 
est  beaucoup  plus  élevé  que  chez  les  sujets  sédentaires. 

—  M.  Davier  propose  de  donner  le  nom,  conforme  à  son 
origine  et  à  son  développement,  de  psorospermose  follicu- 
laire  végétante  à  la  maladie  cutanée  qu  il  a  récemment 
étudiée. 

—  M.  Darier  montre  que  l'affection  chronique  du 
mamelon  et  de  Taréole,  à  peu  près  spéciale  au  sexe  féminin, 
et  qui  est  suivie  de  la  formation  d'un  cancer  du  sein,  affec- 
tion connue  sous  le  nom  de  maladie  de  Paget,  est  causée, 
comme  la  psorospermose  folliculaire  végétante,  par  des 
psorospermies  ou  coccidies,  mais  d'une  autre  espèce. 

—  M.  Regnard  présente  une  lampe  à  signaux,  qui  donne 
une  lumière  très  intense,  utilisant  l'éclair  produit  par  la 
combustion  subite  de  la  poudre  de  magnésium. 

—  M.  Duclaux  prononce  une  allocution  en  l'honneur  de 
la  mémoire  de  M.  Chevreul,  qui  était  membre  honoraire  de 
la  Société. 


SÉANCE   DU  20  AVRIL   1889. —  PRÉSIDENCE 
DE   M.   DUCLAUX,   VICE-PRÉSIDENT. 

Sur  la  quantité  d'air  minima  oompatible  avec  la  vie  :  MM.  Langlois 
et  Gh.  Riohet.—  Otite  chez  les  Jeunes  entants  :  M.  Netter.  ^  A.otion 
physiologique  delà  ooronilline  :  MM.  Qley  et  Schlagdenhautfen. 
—  Sur  l'œuf  de  la  lapine  :  M.  Toumeux  —Des  éléments  cellulalrea 
des  glandes  gastriques  :  M.  Montanet.  -^  Sur  la  pneumonie  conta- 
gieuse du  oheval  :  M.  Gadèao.  —  Action  de  Toxyde  de  carbone  : 
M.  Linossler. 

M.  Ch.  Richet  a  cherché  à  déterminer  avec  M.  Langlois 
jusqu'à  quel  taux  minimum  on  peut  réduire  la  quantité 
d'air  nécessaire  à  un  animal,  un  chien  par  exemple,  pour 
entretenir  sa  fonction  respiratoire  et  pour  qu'il  ne  succombe 
pas. 

—  M-  Netter,  dans  un  certain  nombre  d'autopsies  d'en- 
fants de  moins  de  deux  ans,  a  trouvé  chaque  fois  du  liquide 
dans  la  caisse  du  tympan,  et  ce  liquide  était  purulent;  ense- 
mencé, il  a  d'ailleurs  fourni  des  streptococci. 

—  M.  Gley  a  étudié,  avec  M.  Schlagdenhauffen  (de 
Nancy),  l'action  physiologi(jue  d'un  nouveau  glucoside,  la 
coronilline,  extrait  des  graines  de  coronille,  une  légumi- 
neuse  de  nos  contrées,  par  MM.  Schlagdenhauffen  etKeeb. 
La  coronilline  agit  d'une  façon  tout  à  fait  élective  sur  le 
cœur,  en  Taccéiérant  d'abord,  puis  le  ralentissant;  c'est 
cette  phase  de  ralentissement  qui  est  importante.  On  l'em- 
pêche de  se  produire  par  la  section  préalable  des  deux 
pneumogastriques  ou  au  bulbe  ou  par  l'atropinisation,  et 
Ton  n'observe  plus  alors  que  l'effet  vaso-constricteur  de  la 
substance,  vaso-constriction  qui  est  d'ailleurs  toujours  suivie 
d'une  diminution  notable  de  la  pression  intra-artérielle. 
Avec  2  milligrammes  sur  un  chien  de  10  kilogrammes,  le 
cœur  s'arrête. 

—  M.  Pouchet  dépose  une  note  de  M.  Toumeux  sur  les 
modifications  de  Tœuf  de  la  lapine  dans  son  passage  à  tra- 
vers la  trompe. 

—  M.  Chauveau  présente  une  note  de  M.  Montanet  (de 
Toulouse),  qui  poursuit  ses  recherches  sur  la  différenciation 
des  éléments  cellulaires  des  glandes  gastriques;  Tauteur  a 
constaté  que  les  deux  sortes  de  cellules  glandulaires  existent 
déjà  chez  le  fœtus. 


—  M.  Chauveau  présente  une  notedeM.  Cadéac,  rehlivo 
à  la  pneumonie  contagieuse  du  cheval.  L'agent  de  la  ma- 
ladie est  un  microcoque,  très  différent  d'ailleurs  du  pneu- 
mocoque de  l'homme,  qui  s'inocule  aisément  à  un  grand 
nombre  d'animaux,  particulièrement  aux  lapins;  il  se  mul- 
tiplie dans  le  sang,  mais  ne  détermine  que  des  phénomènes 
généraux,  et  non  la  pneumonie. 

—  M.  Chauveau  dépose  une  note  de  M.  Linossier  (de 
Lyon)  sur  les  effets  de  l'oxyde  de  carbone  sur  les  escargots, 
pour  lesquels  il  n'est  pas  complètement  inoffensif.  M.  Li- 
nossier  a  également  cherché  si  l  oxyde  de  carbone  est  toxique 
pour  les  graines;  il  l'est  extrêmement  peu,  c'est-à-dire 
qu'elles  s'y  développent  moins  bien  que  dans  un  gaz  inerte, 
comme  l'hydrogène  par  exemple. 

—  La  Société  ne  se  réunira  pas  le  samedi  â7  avril. 


Socléié  de  Ihérapentlqac. 

SÉANCE   DU   10  AVRIL    1889.  —  PRÉSIDENCE   DE   M.  FERNET. 

Du  traitement  antiseptique  local  de  la  diphthérla  :  M.  C  Paul 
(Discussion  :  MM.  Cadet  de  Oasaioourt,  Gr6quy,  Moutard-Martiii, 
£.  Lahbè).  —  Traitement  de  la  gale  par  le  savon  au  pétrole: 
M.  C.  Paul. 

M.  C.  Paul,  ayant  été  chargé  d'un  rapport  à  rAcadémie 
sur  les  divers  modes  de  traitement  de  la  dipbthérie,  a 
reconnu  que  presque  tous  les  auteurs  français  et  étrangers 
admettent  aujourd'hui  la  nature  microbienne  de  la  maladie, 
et  la  considèrent  comme  une  aiïection  locale  au  début,  se 
généralisant  plus  ou  moins  rapidement.  Aussi,  s*eiïorce-t-on 
de  combattre  énergiquement  les  premières  manifestalions 
locales  au  moyen  de  parasiticides  variés.  La  liste  en  est 
longue:  le  tanin  proposé  par  M.  Couzot;  les  vapeurs  phéni- 
quées  en  permanence,  mises  en  œuvre  par  M.  Renou;Ie 
chloral,  le  biiodure  de  mercure,  Tacide  borique,  elc; 
enfin,  Thuile  phéno-camphrée,  récemment  préconisée  par 
M.  Gaucher.  L'application  locale  de  ces  topiques  est  presque 
toujours  précédée  de  Tablalion  aussi  complète  que  possible 
des  fausses  membranes.  Les  statistiques  des  divers  auteurs 
donneraient  des  résultats  variables  mais  fort  encourageants, 

uisque     la    nioyenne    générale    des    succès    serait    de 

4,5  pour  100, 

H.  Cadet  de  Gassicourt  a  dû  progressivement  modifier 
son  opinion  au  sujet  de  la  diphthérie;  il  admet  aujourd'hui 

Sue  cette  affection  est  d'abord  locale  et  se  généralise  rapi- 
ement.  Par  suite,  il  faut  détruire  activement  les  fausses 
membranes  dès  le  début,  tout  en  évitant  les  moyens  violents 
qui  créent  des  plaies  étendues.  Il  emploie  dans  ce  but  les 
badigconnages  phéniqués  et  les  irrigations  à  l'acide  phé- 
nique,  mais  sans  avoir  acquis  une  confiance  absolue  dans 
l'efficacité  de  ce  moyen,  car  il  n'en  a  pas  obtenu  une  pro- 
portion de  succès  aussi  grande  que  celle  dont  on  vient  de 
parler.  Dans  bien  des  cas,  dits  hypertoxiques,  la  diffusion 
du  poison  soluble  est  si  rapide  que  tous  les  moyens  locaux 
échouent  fatalement. 

M.  Créquy  rappelle  que  Loiseau,  le  premier,  puis 
Trousseau,  conseillaient  le  traitement  local.  Loiseau  a 
recommandé  le  tanin,  et  c'est  à  ce  topique  que  M.  Créquy  a 
ordinairement  recours.  Il  ne  saurait  fournir  de  statistique 
précise,  car  il  faut  tenir  compte  de  la  difficulté  du  diagnostic 
dans  bien  des  cas  d'angine  avec  blanc. 

M.  Moutard-Martin  insiste  sur  la  fréquence  des  erreurs 
de  diagnostic  en  pareil  cas,  et  sur  la  consé(juence  de  ce  fait 
relativement  à  la  valeur  absolue  des  statistiques.  II  a  pQ 
constater  récemment,  chez  plusieurs  enfants,  l'existence 
d'une  simple  amygdalite  caséeuse  qui  a  été  prise  par  le 
médecin  traitant  pour  de  la  diphthérie  termmée  par  la 
guérison. 


26  AVRIL  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAlIlE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


^  Ji9  17.—    277 


M.  Cadet  de  Gassicourt  a  maintes  fois  observé  des  faits 
analogaes,  et  rappelle  (^ae,  d'autre  part,  bien  des  cas  de 
diphlhérie  bénigne  guérissent,  pour  ainsi  dire,  tout  seuls. 
Aussi  faut-il  se  défier  d*un  enthousiasme  trop  hàtif  pour  tel 
ou  tel  mode  de  traitement.  II  a  vu  dernièrement  un  enfant 
succomber  à  des  accidents  toxiques  trois  Jours  après  la 
disparition  des  fausses  membranes,  et  le  médecin  qui 
soignait  cet  enfant  est  resté  convaincu  que  la  mort  n*a  pas 
été  le  résultat  de  la  diphthérie;  que  penser  des  statistiques 
où  entrent  des  éléments  de  ce  genre? 

M.  £.  Labbé  redoute  les  topiques  caustiques»  et  la  produc- 
tion de  surfaces  dénudées  étendues  qui  entent  de  nouvelles 
portes  d'entrée.  IJi  se  sert  de  solutions  phéniquées  plus 
faibles  aue  celles  qui  ont  été  indiquées  par  H.  Gaucher,  ou 
encore  de  la  glycérine  baratée,  et  fait  de  fréquentes  irriga- 
tions avec  Teau  de  chaux.  Les  pulvérisations  phéniquées, 
instituées  trop  souvent  en  permanence,  amènent  parfois  des 
accidents  toxiques. 

—  M.  C.  Paul  s'est  servi  avec  avantage  pour  combattre 
la  gale  d'un  savon  au  pétrole.  Il  suffit  de  faire  sur  tout  le 
corps  quatre  savonnages  par  jour  pendant  un  ou  deux  jours^ 
avecle  savon  ainsi  formulé:  savon  ae  Marseille,  100  grammes; 
cire, 40 gramnoes;  pétrole, 50 grammes^alcool, 50 grammes. 
Ce  savon,  qui  contient  le  quart  de  son  poids  de  pétrole, 
n'est  pas  irritant,  s'émulsionne  bien  dans  Teau  chaude,  et 
permet  d*obtenir  la  guérison  d'une  façon  moins  brutale  que 
par  le  procédé  dit  de  la  frotte.  Il  rend  de  grands  services, 
surtout  chez  les  sujets  à  peau  fine  ou  les  individus  irri- 
tables. 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie. 

André  Petit. 


Société  ABalomiqve. 

SÉANCE    DU    15    MARS    1889. 

M.  Dudefoy  décrit  une  pièce  de  salpingite  tubercu- 
leuse. 

—  M.  Kirmisson  communique  un  examen  des  artères 
dans  un  cas  de  gangrène  sèche. 

—  M.  .4.  Pilliet  présente  une  thrombose  de  la  veine  mésa- 
raique  ayant  donné  lieu  à  des  symptômes  i' occlusion  intes-* 
linale. 

—  M.  J.  Ménard  expose  des  recherches  expérimentales 
sur  les  fractures  du  ruchis. 

—  M.  Caryophyllis  (^ii  voir  un  fibrolipome  du  cœur^ 


SÉANCES  DES  22  ET  29  MARS  1389. 

M.  Klippel  communique  un  fait  de  ramollissement  de 
la  couche  optique  avec  perte  du  sens  musculaire  dans  les 
membres  paralysés.- 

—  MM.  CA.  Féré  et  Lamy  étudient  la  physiologie  du 
pavillon  de  Voreille. 

—  M.  P.  lissier  relate  un  cas  de  chlorose  mortelle. 

—Vl.Delagénière  présente  une  hypertrophie  prostatique 
constituée  par  des  tumeurs  énucléables  des  lobes  latéraux. 

—M.  Létienne  fait  voir  un  ulcère  perforant  de  Testomac 
dont  Torigine  embolique  est  possible,  vu  la  coïncidence 
d'une  endocardite  végétante. 

—  M.  D,  Aigre  montre  un  cancer  de  la  tête  du  pancréas. 

—  M.  Thiéry  fait  une  communication  sur  le  choix  du 
procédé  opératoire  dans  la  création  d'un  anus  iliaque  arti- 
ficiel pour  cancer  du  rectum. 


SÉANCES  DES  5  ET  12  AVRIL  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  M.  CORNIL. 

M.  A.-F.  Guy  on  communique  un  fait  d'endocardite  infec- 
tieuse du  cœur  droit. 

—'  H.  Pilliet  décrit  une  dilatation  bronchique  du  som- 
met ayant  causé  la  mort  par  hémoptysie. 

—  M.  Minor  (de  Moscou)  adresse  une  note  sur  la  co/o- 
ration  de  la  graisse  dans  les  lésions  du  système  nerveux^ 
à  Taide  de  l'orcanette  et  de  la  chlorophylle. 

—  M.  Mantel  fait  voir  un  îcyste  fœtal  tubaire  extrait  au 
quatorzième  mois  par  la  laparotomie  et  ayant  évolué  jus- 
qu'à terme. 

—  a,  de  Lostalot  présente  un  kyste  de  l'ovaire  avec 
élongation  du  pédicule. 

—  M.  G.  Caussade  montre  une  tumeur  du  cervelet. 

~  M.  H.  Legrand  fait  une  communication  sur  un  cas  de 
porencéphalie. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

THÉRAPEUTIQUE. 

Un  MouviMiii  médleaneal  liypn^tl^oe  i  rnrallani,  par  M.  G. 

PoppÉ  (de  Bologne).  —  Cette  substance,  dont  Fauteur  a  donné 
la  monographie  à  la  Société  médico-chirurgicale  de  Bologne,  est 
un  composé  de  chloral  et  d'uréthane.  Il  Ta  fait  ingérer  aux  ani- 
maux et  il  Ta  prescrit  à  Thomme  avec  un  égal  succès  pour  pro- 
voquer le  sommeil.  Cette  substance  ne  modifierait  pas  les 
fonctions  cardio-vasculaires  et  n'altérerait  pas  qualitativement 
les  globules  sanguins. 

Il  serait  recommandable  contre  Tinsomnie  des  individus 
atteints  de  cardiopathies,  d'hystérie  et  de  névropathies.  Malgré 
ces  succès,  on  peut  estimer  utile  de  voir  ce  médicament  subir 
répreuve  du  contrôle  expérimental  et  clinique.  {Gazetta  degli 
Ospitali,  i  février  1889.) 

De  la  YAlenr  relative  «e  Peiriaai,  «e  la  atemilMe  et  «e  la 
eedéiae  eoatre  le  «laMte  mieré,  par  M.  T.-R.  Fraser. —  Les 
remarques  suivantes  ont  été  faites  sur  un  diabétique  successive- 
ment soumis  à  laction  de  Tun  ou  de  i*autre  de  ces  remèdes,  en 
même  temps  qu*au  régime  diététique. 

Sous  rinfluence  d  une  dose  quotidienne  de  codéine,  la  den- 
sité des  urines  s'abaissait.  A  raison  d'un  vingtième  ou  d'un 
dixième  de  grain,  elle  ne  produisait  pas  des  effets  plus  com- 
plets qu'à  la  dose  de  six  grains.  Enfin  quand  après  une  se- 
maine on  en  suspendait  remploi,  en  continuant  le  régime,  les 
modiiications  de  iurîne  persistaient. 

On  administrait  ensuite  un  demi-grain  d'opium  trois  fois  par  jour 
et  on  obtenait  une  diminution  considérable  de  l'urine,  du  sucre 
et  de  Turée.  Des  doses  deux  fois  plus  fortes  augmentaient  faible- 
ment cette  réduction.  Mais  l'addition  d'un  vingtième  de  grain 
djatropine  paraissait  augmenter  refflcacité  du  traitement. 

Une  dose  d'un  tiers  de  grain  de  morphine,  répétée  trois  fois 
par  jour,  diminuait  la  quantité  d'urine,  d'urée  et  de. sucre,  mais 
plus  faiblement  que  trois  grains  d'opium  et  surtout  que  quinze 
grains  de  codéine.  L'appétit  et  l'état  général  du  malade  paraissait 
plus  satisfaisant. 

Aux  doses  de  six  grains  par  jour,  la  codéine  produisait  de 
la  stupeur,  de  rapatliic,  du  vertige,  phénomènes  que  l'addition 
d'atropine  augmentait.  Dans  trois  autres  cas,  M.  Fraser  a 
constaté  encore  la  supériorité  de  la  morphine  sur  la  codéine, 
dans  le  traitement  du  diabète  sucré,  de  sorte  qu'il  n'hésite  pas 
à  considérer  le  dernier  alcaloïde  comme  inférieur  à  l'opium  et  à 
la  morphine,  confirmant  ainsi  l'opinion  défendue  récemment  par 
M.  Bruce.  {The  Brit.  med.  Journal,  19  janvier  1889.) 


278    —  N»  17  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


26  AvBiL  1889 


Ue  raetloB  «e«  métfieaiiieiit*  sur  le  «y»tèiii«  ntéro-^varlen 
pendant  la  menstrualien,  par  M.  LOMBB  ATTHILL.  —  Pour 
vérifier  l'opinion  vulgaire  d'après  laquelle  certains  médicaments 
modifieraient  le  flux  menstraèl,  Tauteur  a  fait  ingérer  pendant 
la  période  cataméniale  des  doses  médicinales  d'ergot,  de 
strychnine  et  de  quinine.  Aucune  modification  ne  fut  observée 
et  la  menstruation  demeura  normale. 

Les  purgatifs,  comme  Faloès,  ne  sont  pas  non  plus  des  emmé- 
nagogues.  11  en  est  de  même  du  permanganate  de  potasse,  qui  a 
été  parfois  recommandé  dans  ce  but. 

M.  Lombe  Atthill  admet  Tulilité  des  bromures  pour  diminuer 
la  congestion  utéro-ovarienne  indê pendante  de  lésions  anato- 
roiques  de  ces  organes.  Il  prescrit  leur  ingestion  pendant  les 
cinq  ou  six  jours  qui  précèdent  la  nenstrealÎMi  eià  la  éMe  de 
1  gramme  par  jour  enviroD,  Associés  à  Tergot,  ils  ne  sont  pus 
d'une  efficacité  plus  grande,  sauf  toutefois  dans  les  cas  de 
fibitHMi  BOTi  pédicules  de  l'utérus.  {Dublin  Journal  ofjnedical 
Science  y  décembre  1888.) 

De  la  ▼alcnr  iliérapeatiqne  en  lavage  stomacal  diea  lea 
nonrHMaas,  par  M.  H.  LÉO.  —  Ce  mémoire  reproduit  les  con- 
clusions de  la  note  dont  l'auteur  donnait  lecture  à  la  Société  de 
médecine  interne  en  novembre  dernier.  Il  a  employé  le  lavage 
de  l'estomac  sur  104  nourrissons  au  moyen  d'une  solution  de 
thymol  à  20  pour  100,  dans  la  dyspepsie  avec  diarrhée  ou  con- 
stipation, le  catarrhe  chronique  de  l'estomac,  la  diarrhée  simple 
et  le  choléra  infantile. 

Les  meilleurs  résultats  ont  été  obtenus  contre  la  première  et 
la  seconde  de  ces  affections.  Après  un  seul  lavage  on  obtenait 
souvent  la  guérison.  Ils  ont  été  moins  complets  quand  il  s'a- 
gissait de  la  diarrhée  et  du  choléra  infantile.  Il  fallait  alors 
combiner  l'emploi  des  lavages  avec  Tadministration  des  médi- 
cations classiques  par  l'opium  et  parlecalomel.  Au  demeurant, 
M.  Léo  explique  les  avantages  du  lavage  stomacal  dans  ces 
maladies  parce  qu'il  prévient  les  auto-intoxicalions  par  sta- 
gnation des  aliments  dans  l'estomac.  {Therap.  MonaU^  1889, 
n«  5.) 

De   la    créollne    4lan«  lc«  affeetiora   sastro-lntestlnale*, 

par  M.  HiLLËR.  —  Celle  substance,  de  composition  mal  déter- 
minée, pourrait  rendre,  d'après  l'auteur,  de  réels  services 
comme  antiseptique  des  voies  digestives.  Il  en  a  fait  usage 
contre  le  météorisme,  contre  le  catarrhe  intestinal  aigu  et 
chronique,  dans  la  gastrite  et  la  dilatation  stomacale  consécu- 
tive au  rétrécissement  pylorique.  A  cet  effet,  il  prescrit  les 
capsules  de  créoline  par  doses  quotidiennes  de  30  à  50  centi- 
grammes, en  trois  prises  :  chaque  prise  étant  ingérée  une  heure 
après  le  repas.  De  plus,  il  en  aurait  constaté  les  vertus  antihelmtn- 
thiques  dans  deux  cas  de  taenia  et  contre  les  oxyures  vermicu- 
laircs.  {Cent.  f.  klin,  Med.,  janvier  1^89.) 

Dn  Milleyiate  «e    merenre  eonCro    la  blennerriiavle,   par 

M.  ScHWiMMER.  —  Ce  traitement  antiseptique,  essayé  par  l'au- 
teur, a  pour  objet  de  remplacer  les  solutions  de  liqueur  de  Wan 
Swieten,  dont  on  connaît  les  propriétés  irritantes  par  le  sali- 
cylate  de  mercure  qui  serait  en  effet  tout  aussi  antiseptique 
sans  posséder  ces  inconvénients.  M.  Schwimmer  en  a  fait  usage 
contre  la  blennorrhagie  aiguë  en  injections  répétées  trois  foi5 
par  jour  et  contenant  chacune  1  centigramme  de  salicylate  mer* 
curiel  pour  100  grammes  d'eau  distillée.  Dans  la  blennorrhagie 
chronique,  le  titre  de  cette  solution  est  plus  élevé  et  M.  Schwim- 
mer prescrit  une  dose  de  5  centigrammes  de  salicylate  de 
mercure  pour  100  grammes  d'eau. 

Après  deux  ou  trois  jours  dans  la  forme  aigué  et  sept  ou  huit 
dans  la  forme  chronique,  l'écoulement  s'arrête.  S'il  reparait 
ensuite,  il  est  muqueux  et  rebelle  comme  après  les  autres  mé- 
dications. {Wien.  med.  Wochenschr.,  1889,  n«8.) 


é,  consulter. 


Du    TRAITEMENT  DES  FIÈVRES  PALUSTRES  PAR  l'ANTIPYRINE,  par 

M.  O.-S.  Pampoukis.  —  Les  indications  de  cette  médication  par 
l'antipyrine  n'ont  pas  pour  but  de  remplacer  la  quinine  dans  le 
traitement  des  fièvres  intermittentes,  mais  seulement  de  la  sup- 
pléer là  où  elle  est  en  défaut.  Cette  réputation  de  l'antipyrine 
la  fait  employer  actuellement  par  de  nombreux  médecins  greis, 
et  dans  ce  mémoire  M.  Pampoukis  rapporte  des  observations  fort 
intéressautes  empruntées  à  MM.  Tochis  (de  Thèbes),  Tselios  et 
Alexandre  Georgantopoulos.  Sous  l'influence  de  ce  médicament,| 
les  accès  de  fièvre  palustre  sont  coupés,  alor^  même  qu'il  est  ad- 
niotstrédimiiit  l'accès.  Il  les  préviendrait,  quand  on  le  faitingé* 
rer  avant  ces  derniers;  eaûit,  autre  avantage,  ses  vertus  antihy- 
perthermîqnes  permettraieat  da  diminiier  rapidement,  au 
moyen  d'injections  hypodermiques,  les  hanles  tempéralares 
des  fièvres  pernicieuses.  L'antifébrine  parait  aussi  provoquer  lesl 
mêmes  effets  apyrétiques,  mais  M.  Pampoukis  fait  renarqutr 
avec  raison  que  son  emploi  n'est  pas  exempt  d'inconvénients 
cheK  les  malades  atteints  de  fièvres  palustres.  {Gazette  médicaie 
de  V Algérie;  30  juin  1888.) 

De  ta  valeur  de  l'antifébrine  daxs  lk  traitement  de  lkh- 
LKPSIE,  par  M,  B.  Borosnyow.  —  Pour  vérifier  les  affirmations 
de  ceux  qui  recommandent  cette  substance  contre  le  mal  co- 
mitial,  M.  Borosnyow  a  traité  comparativement  neuf  épileptiques, 
six  hommes  et  trois  femmes  par  les  bromures  alcalins  et  par 
l'antifébrine.  Les  résultats  obtenus  ne  laissent  aucun  doute  sur 
l'impuissance  de  l'antifébrine  contre  l'épilepsie.  De  plus,  danger 
redoutable,  daiis  tous  les  cas,  l'auteur  a  noté  la  cyanose.  Il  con- 
clut donc  à  la  nécessité  de  renoncer  immédiatement  et  définitive- 1 
ment  à  l'emploi  de  l'antifébrine  contre  l'épilepsie.  Dans  ces  j 
essais  cliniques,  la  dose  de  bromure  variait  de  6  à  9  grammes 
par  jour,  etcelledefébrine  entre  25  centigrammes  et  S  grammes. 
{Centralh.  f.  Gesam.  Thérapie^  mars  1888.) 

De  QUELQUES  indications  do  sulfite  de  chaux,  par  M.  Morti- 
MER-WiLLSON.  —  C'est  au  même  titre  que  l'hydrogène  sulfuré 
que  ce  médicament  est  prescrit  par  Fauteur,  en  vertu  de  sa  | 
I  décomposition  par  les  sécrétions  gastro-intestinales  en  chaux 
et  en  acide  sulfhydrique  immédiatement  absorbé  par  le  sang. 
Les  récentes  applications  thérapeutiques  de  cet  acide  engagent 
à  recommander  le  sulfite  de  calcium  dans  les  affections  des  mu- 
queuses ou  des  glandes.  Il  posséderait,  croit-il,  une  sorte  d'ac- 
tion élective  pour  les  muqueuses  respiratoires  etgénito-urinaires.  j 
A  cet  effet,  M.  Willson  le  conseille  à  Tintérieur  contre  les  affec 
tions  bronchiques  et  à  l'extérieur  contre  la  leucorrhée,  Toîène,  j 
le  coryza,  la  vaginite,  et  en  particulier  la  vaginite  blennorrha- 
gique.  Au  demeurant,  c'est  un  antiseptique  dont  il  conviendrai! 
d'étudier  à  nouveau  les  vertus,  le  mode  d'élimination  et  la  puis- 
sance. {The  Therapeutic  Gaz.,  iojuin  1888,  p.  366.)  i 


BIBLIOGRAPHIE 

Traité  d^hiatoiofie,  par  H.  J.  Renaut.  1"  fascicule:  I^ 
milieu  intérieur  et  le  tissu  conjonctif  lâche  et  modelé. 
i  vol.  iii-8*  de  310  pages  avec  101  figures.  Paris,  1889.- 
Lecrosnier  et  Babé. 

Voici  un  livre  qu'allendaienl  avec  curiosité  ceux  qui  con- 
naissent les  recherches  que  Tauteur  a  poursuivies  depuis  vingl 
ans.  M.  Renaut  peut,  en  effet,  être  considéré  comme  le  lypeje 
plus  moderne  et  le  plus  accompli  du  professeur  d'histolopfi^' 
Continuant  la  méthodedesonéminentmaitreRanvier,iIs'est 
attaché  à  établir  Thistologie  sur  la  technique  la  plus  pré- 
cise, et  à  prendre  pour  base  de  Tanatomie  gcnêi-ale  h 
morphologiedesélémentsdémontréepardes  réactions  carac- 
téristiques. C'est  l'analomie  générale,  ramenée  à  rawaly"^^ 


Avril  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  «•  17  —    279 


rigoureuse,  remplaçant  les  doctrines  à  priori,  qui  ont  si 
longtemps  retardé  la  constitution  de  l'histologie  en  science 
bien  définie. 

H.  Renaut  est  un  observateur  patient  au  plus  haut  degré, 
attaché  à  la  technique  avec  passion,  n'acceptant  que  la 
démonstration  absolument  précise  par  la  préparation  spé- 
ciale conservée  et  probatoire  à  chat|ue  moment.  Il  pousse 
ces  qualités  jusqu'à  l'extrême  dans  l'exposé  de  ses  recher- 
ches, s'aide  aussi  de  dessins,  de  schéma,  qu'il  trace  avec 
habileté,  et  Ton  s'étonnerait  au  premier  abord  à  l'entendre 
exposer  avec  des  détails  d'une  minutie  extrême  ses  observa- 
lions  pei*sonneIles,  si  l'on  n'étaitentrainé  bientôt  par  la  clarté, 
la  netteté  de  ses  descriptions,  et  cette  conviction  qu'il  a 
paisée  dans  sa  méthode  avec  l'assurance  que  lui  donnent  ses 

irocédés.  Il  est  utile  en  effet  d'affirmer  que  Thistologie  s'est 
égagée  des  conceptions  théoriques;  la  théorie  plasmatique 
de  Virchow,  la  théorie  du  blastème  et  de  la  génération 
spontanée  des  éléments  ont  disparu,  et  il  ne  reste  plus 
maintenant  que  la  théorie  cellulaire  ou  plutôt  mono^cellu- 
hire,  qui  repose  sur  ce  fait  désormais  bien  démontré  que 
tout  organisme  naît  d'une  cellule  unique,  ({ui  est  le  germe 
ou  ovule  fécondé.  Il  y  a  un  élément  anatomique  primordial, 
la  cellule,  où  le  problème  de  la  vie  «  doit  en  dernière  analyse 
être  réellement  posé  )».  La  cellule  a  des  propriétés  ;  elle 
évolue,  fonctionne,  réagit  ;  elle  possède  non  seulement  une 
forme  qui  la  définit  analytiquement,  mais  aussi  des  pro- 
priétés que  M.  Renaut  désigne  sous  le  nom  de  potentialités. 
Le  néologisme  est  heureux  et  s'expliaue  facilement;  il  repré- 
sente la  totalité  de  l'énergie  dévetoppable  par  l'élément 
cellulaire.  Celle-ci  se  retrouve  aussi  bien  dans  l'amibe 
mono-cellulaire  que  dans  les  organismes  les  plus  déve- 
loppés, elle  peut  être  i amenée  à  quatre  «  potentialités  »,  la 
oQtrililé,  la  sensibilité,  la  motililé,  et  enfin'la  reproductilité 
comprenant  Vévolutilité  et  la  plasticité. 

Lélude  de  l'amibe,  celle  de  l'ovule  doit  commencer 
lanatomie  générale,  et  c'est  ainsi  qu'a  procédé  notre 
auteur.  Il  utilise  les  progrès  considérables  accomplis 
depuis  quelques  années  dans  la  connaissance  de  la  cellule 
primordiale,  de  l'ovule,  de  son  noyau,  de  son  «  filament 
nucléaire  »,  qui,  existant  dans  le  pronucléus  mâle  comme 
dans  le  pronucléus  femelle,  produit  par  sa  combinaison  le 
véritable  noyau  du  germe,  dont  le  filament  nucléaire  repré- 
sente l'union  réelle  des  deux  organismes  paternels. 
M.  Renaut,  dès  sa  préface,  nous  montre  comment  ces  données 
certaines  font  comprendre  l'hérédité.  La  substance  typique 
du  noyau  du  germe,  son  filament  pelotonné  ou  spirème, 
contient  réunies  dans  une  même  formation  une  série  de 
parcelles  maternelles  venues  les  unes  de  l'organisme 
paternel,  les  autres  de  l'organisme  maternel;  c'est  cette 
substance  ancestrale  qui  est  distribuée  à  tous  les  noyaux 
des  cellules  dé  I*ôrganisme  nouveau  et  qui  est  le  véritable 
substratum  anatomique  et  saisissable  de  l'hérédité,  la 
matière  héréditaire.  Mais  ce  n'est  encore  que  la  préface, 
un  exposé  général,  montrant  combien  sont  étendues  les 
applications  actuelles  de  Thislologie  même  réduite  aux 
notions  les  plus  simples  etlesplusstrictesde  la  morphologie. 
Nous  ne  nous  y  attarderons  pas,  car  nous  trouvons  dans 
l'introduction,  sous  une  forme  plus  concrète,  un  exposé 
remarauable  des  principes  fondamentaux  de  l'anatomie 
générale. 

Nous  ne  parlons  pas  des  définitions  des  éléments 
des  tissus  et  des  systèmes,  question  scolastique  qui  n'a  pas 
fait  de  grands  progrès  depuis  Bichat,  mais  des  descriptions 
générales  des  (  léments  anatomiques  cellulaires.  Tout  ce 
que  nous  savons  du  protoplasme,  du  noyau,  du  nucléole,  de 
]m  rôle  spécial  dans  la  nutrition,  l'évolution,  la  division 
•udirecle,  est  décrit  à  grands  traits,  mais  avec  la  plus  grande 
^litrlé,  ei  la  distinction  entre  les  substances  intercellulaires 
cl  les  éléments  cellulaires  apparaît  comme  conséquence 
naturelle  du  développement  embryonnaire. 


Ces  généralités  ne  sont  que  des  préliminaires,  et  ce 
fascicule  comprend  trois  chapitres  d'histologie  d'une  grande 
importance,  la  lymphe,  le  sang,  le  tissu  conjonctif,  lâche  ou 
diffus;  de  tels  sujets  ne  s'analysent  pas,  et  il  uous  suffit  de 
dire  que  l'on  trouve  sur  les  globules  blancs,  les  hémo- 
lymphes, les  globules  rouges  et  la  vie  du  sang,  toutes  les 
notions  acquises  dans  les  dernières  années,  et  enfin  que 
nous  ne  connaissons  pas  d'exposé  du  tissu  conjonctif  lâche 
plus  complet,  mieux  coordonné  où  plus  démonstratif,  grâce 
à  ses  remarquables  planches,  que  celui  qui  constitue  le 
troisième  chapitre. 

L'anatomie  générale  des  membranes  pleines  et  fenétrées, 
l'histologie  du  mésentère,  de  l'épiploon,  des  séreuses,  des 
tendons,  de  la  cornée,  et  les  questions  connexes  si  impor- 
tantes des  fonctions  des  endothéliums  et  de  leur  rôle  dans 
l'œdème,  l'inflammation,  l'absorption  des  graisses,  tels  sont 
les  sujets  d'étude  qui  terminent  ce  fascicule;  ils  nous  ga- 
rantissent Tinlérét  que  présenteront  les  fascicules  suivants 
et  nous  en  font  bien  vivement  désirer  la  publication  pro- 
chaine. 

A.  Hénogque. 

Compie  rendn  da  nervice  ehlrornical  de  l'hôpital  SeÊ 

EbImiIa,  *  Bncarest  (de  1874  à  1888),  par  M.  led#<feur 
Gr.  RoMNiciANO,  doyen  de  la  Faculté  de  médeeroe.  Buca- 
rest, Gobi.  1889. 

On  ne  saurait  tro|)  louer  les  ouvrages  semblables  à  celui- 
ci.  Le  savant  chirurgien  qui  depuis  treia»  ans  dirige  à  Buca- 
rest le  service  chirurgical  des  maladies  de  l'enfance  a 
relevé  personnellement  8144  observations  dont  il  nous 
donne  le  résumé.  Elles  se  rapportent  toutes  à  des  enfants 
ou  à  des  jeunes  gens  jus^'â  l'âge  de  seize  ans.  C'est,  on  le 
voit,  sur  un  grand  nombre  de  cas  bien  étudiés  que  l'auteur 
a  pu  baser  quelques  conclusions  précises.  Nous  nous  con- 
tenterons de  signaler  ce  qu'il  nous  dit  des  pansements  anti- 
septiques, de  l'utilité  des  pansements  humides  et  des 
inconvénients  qu'ils  présentent  parfois,  de  l'importance 
d'une  réunion  parfaite,  etc.,  etc.  On  lira  aussi  avec  fruit 
ce  qui  a  trait  aux  lésions  articulaires,  à  l'influence  de  l'im- 
mobilisation et  à  sa  durée  dans  les  cas  de  coxalgie,  aux 
résultats  obtenus  par  le  docteur  Romniciano  dans  des  cas 
relativement  graves. 

Un  compte  rendu  semblable  ne  peut  être  analysé  dans  ses 
détails,  d'autant  plus  que  l'auteur  s'est  montré  très  réservé 
dans  les  considérations  cliniques  sur  lesquelles  il  s'appuie. 
On  doit  se  borner  à  signaler  ce  qu'il  y  a  de  méritoire  à  faire 
connaître  le  résumé  d'une  longue  pratique,  ce  qu'il  y  a 
d'utile  à  recueillir  ainsi  toutes  ses  observations  et  à  mon- 
trer au  public  extra-médical,  aussi  bien  du'à  ses  confrères, 
le  soin  et  l'attention  avec  lesquels,  dans  les  hôpitaux  d'en- 
fants, on  se  préoccupe  du  traitement  et  du  bien-être  des 
malades. 


Hygiène  de  la  premièhe  EiNFAnce,  par  M.  le  docteur  Jules 
HouviER,  professeur  de  clinique  obstétricale  à  Beyrouth.  — 
Paris,  1889.0.  Doin. 

Si  M.  Bouvier  a  encouru  quelque  reproche,  ce  n'est  certes  pas 
celui  d'avoir  négligé  la  recherche  aes  origines  des  maladies 
chez  Tenfant.  Sous  ce  rapport  Tenfant  est  pris  ab  ovo,  et  même 
ante  ovum,  puisqu'une  partie  du  volume,  presque  un  cin- 
quième, est  consacrée  à  des  études  tout  à  fait  étrangères  au 
sujet,  telles  que  Tinfluence  des  alliances,  de  Page  des  parents, 
de  leurs  sautés  respectives,  de  leurs  habitudes  morbides  et 
même  de  la  consanguinité.  Plus  tard,  nous  voyons  apparaître 
un  traité  de  Thygiène  de  la  e^rossesse,  de  la  physiologie  des 
couches,  leurs  conséquences,  1  antisepsie  obstétricale.  Ce  n'est 
que  dans  la  deuxième  partie  que  l'on  commence  à  étudier  Ten- 
fant  lui-même,  et  c'est  évidemment  par  là  qu'on  aurait  dû 
débuter. 


280 


N»  rt 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


26  Avril  1889 


Cette  réserve  faite,  il  n'est  que  juste  de  rendre  hommage  à  la 
façon  consciencieuse  dont  Tauteur  a  étudié  toutes  les  questions 

aui  concernent  Tanatomie  et  la  physiologie  de  Tenfant.  Il  entre 
ans  les  plus  minutieux  détails  sur  tout  ce  qui  regarde  les 
soins  à  donner  à  Tenfant  aussitôt  après  la  naissance  et  dans  les 
premiers  mois  de  la  vie. 

La  troisième  partie  est  exclusivement  consacrée  à  Tétude  du  lait 
chez  la  femme,  et  chez  les  animaux  et  aux  modifications  qu'il 
peut  subir  sous  des  influences  physiologiques  ou  pathologiques. 
.'  L'allaitement  constitue  la  partie  principale  de  1  ouvrage.  C^est 
la  question  qui  domine  toute  Thygiène  de  Penfance  et  notre 
auteur  Ta  étudiée  avec  le  plus  grand  soin.  L'allaitement  par  la 
mère,  quand  il  est  possible,  constitue  pour  lui,  comme  pour  tous 
les  médecins  expérimentés,  la  méthode  par  excellence.  A  défaut 
de  la  mère  ou  d'une  bonne  nourrice  sur  lieu,  il  donne  à  l'allai- 
tement artificiel  la  préférence  sur  la  nourrice  à  distance,  ^oua 
partageons  cet  avis  et  nous  croyons  d'après  maintes  observations 
que  Fallaitemenl  artificiel  bien  conduit,  bien  surveillé,  peut 
fournir  d'excellents  résultats.  Pour  apprécier  la  valeur  compa- 
rative de  l'allaitement  artificiel  bien  pratiqué,  on  se  reportera 
aux  statistiques  établies  par  l'auteur,  tilles  sont  sin&^ulièrement 
encourageantes,  surtout  depuis  l'application  de  la  loi  Roussel. 
On  comprend,  dès  lors,  les  vœux  que  rorment  beaucoup  de  méde- 
cins, dont  nous  sommes,  pour  rétablissement  de  ce  que  M.  le 
professeur  Tarnier  désigne  sous  le  nom  de  fermes  d'allaitement. 
Ces  fondations  devraient  se  faire  à  la  campagne,  réunir  un  petit 
nombre  d'enfants,  être  organisées  de  manière  à  pouvoir  y  pra- 
tiquer l'isolement  des  enfants  malades,  et  munies  du  nombre  de 
vaches  ou  d'ânesses  nécessaires  à  la  fourniture  d'un  lait  de 
bonne  qualité.  Si  l'allaitement  artificiel  bien  conduit  réussit 
même  dans  les  villes,  quand  il  est  dirigé  par  une  personne 
intelligente  et  soigneuse,  on  comprend  quels  services  il  pourra 
rendre  à  ces  enfants  placés  dans  des  conditions  hygiéniques  bien 
autrement  favorables. 

Le  chapitre  de  la  syphilis  infantile  n'appartient  pas  à  pro- 
prement parler  à  l'hygiène,  mais  bien  a  la  pathologie  de 
l'enfance. 

Il  n'en  est  pas  de  même  du  sevrage  et  des  précautions  que 
cette  phase  critique  de  la  vie  infantile  impose  à  la  mère  en 
même  temps  qu'à  l'enfant. 

Un  dernier  chapitre,  consacré  à  la  mortalité  infantile  et  aux 
moyens  de  la  diminuer,  résume  toute  cette  étude  et  en  est, 
en  quelque  sorte,  la  légitime  conclusion.  L'ouvrage  gagnerait 
certainement  à  quelques  retouches  et  à  certains  remaniements 
que  nous  avons  indiqués.  Mais,  tel  qu'il  est,  on  ne  peut  trop  le 
recommander  à  tous  ceux  qu'intéresse  l'amélioratioii  du  sort  des 
jeunes  enfants  ainsi  que  les  progrès  réalisés  en  ces  derniers 
temps  dans  cette  branche  importante  de  la  médecine. 


VARIETES 

Banquet  annuel  db  l'internat.  >>  Le  banquet  des  internes 
eu  médecine  des  hôpitaux  de  Paris  aura  lieu  le  samedi  11  mai, 
à  sept  heures  et  demie,  dans  les  salons  du  Grand-Hôtel,  sous  la 
présidence  de  M.  le  professeur  Hardy. 

Le  prix  de  la  cotisation  (20  francs  pour  les  anciens  internes, 
16  pour  les  internes  en  exercice)  peut  être  remis  dans  les  hôpi- 
taux à  l'interne  en  médecine,  économe  de  la  salle  de  garde,  ou 
bien  à  l'un  des  commissaires  du  banquet,  MM.  Pîogey,  Bottentuit 
et  Tillot  (Emile). 

Concours  du  Bureau  central  d'accouchements.  —  Le  jury 
est  provisoirement  constitué  de  la  façon  suivante:  MM.  Guyon, 
Bouilly,  Terrillon,  Porak,  Bar,  Maygrier,  Danlos. 

Hôpital  des  Enfants-Malades.  —  M.  le  docteur  de  Saint* 
Germain,  chirurgien  de  l'hôpital,  reprendra  ses  conférences  sur 
la  chirurgie  des  enfants  et  l'orthopédie,  le  jeudi  2  mai,  à  neuf 
heures. 

Hôpital  de  la  Charité.  —  M.  le  docieur  Luys  reprendra  son 
cours  le  jeudi  9  mai  à  dix  heures,  dans  l'amphithéâtre  du 
premier  étage.  Ce  cours  aura  pour  objet  les  maladies  du 
système  nerveux  et  les  applications  thérapeutiques  de  l  hypno- 
tisme. Les  personnes  qui  désirent  y  assister  ne  seront  admises 
que  sur  la  présentatiou  d'une  carte  d'entrée.  On  est  prié  de 
s  inscrire  chez  le  concierge. 


Faculté  de  médecine  de  Nancy.  —  M.  Démange,  agrégé,  esi 
nommé  professeur  de  médecine  légale. 

Congrès  internationaux  d'ordre  médical.  ~  Soixante-neul 
Congrès  internationaux  seront  tenus  au  Champ  de  Mars,  au  coun 
de  1  Exposition  prochaine.  On  vient  de  fixer  définitivement  li 
date  et  la  durée  de  cinquante-quatre  d'entre  eux.  Voici  ceux  qui 
intéressent  les  médecins. 

Congrès  :  pour  l'étude  des  questions  relatives  à  ralcoolisnif, 
du  29  au  31  juillet;  d'assistance  publique,  du  28  juillet  a^ 
i  août;  de  chimie,  du  29  juillet  au  3  août;  de  thérapeutique,  dï 
1*''  au  5  août;  d'hygiène  et  de  démographie,  du  4  au  11  aoùt;d« 
dermatologie  et  de  syphiligraphie,  du  5  au  10  août;  de  médecin^ 
mentale,  du  5  an  10  août;  d'anthropologie  criminelle,  du  10  aq 
17  août;  dentaire,  du  1«^  au  7  septembre  ;  d'otologie.  et  de 
laryn^ologie,  du  16  au  21  septembre;  d'hydrologie  et  de  cl i mai 
tologie,  du  3  au  10  octobre. 

Corps  de  santé  de  la  marine.  —  Ont  été  promus  dans  l« 
corps  de  santé  de  la  marine  : 

Au  grade  de  médecin  m  chef:  M.  le  médecin  principal  Beann 
manoir.  j 

Au  grade  de  médecin  principal:  2«  tour  (choix),  M.  BriodH 
jonc  de  Tréglodé  ;  l*»-  tour  (ancien),  M.  Barrallier, 

Au  grade  de  médecin  de  première  classe:  3«  tour  (cboW) 
MM.  d'Estienne,  Geay  de  Convalette;  2*  tour  (ancien),  MM.  Las- 
sabatie,  Daliot;  1"  tour  (ancien),  MM.  Gorron,  Robert. 

Au  grade  de  médecin  de  deuxième  classe:  M.  Michoud, 
médecin  auxiliaire. 

Société  médico-psychologique.  —  La  Société  médico-psychoi 
logique  se  réunira,  en  séance  solennelle,  le  lundi  29  avril,  i 
quatre  heures,  rue  de  l'Abbaye,  3,  ' 

Orrfre  dtt/our;  ^  Rapport  sur  le  prix  Esquirol:  M.  Pichonj 
2»  Eloge  de  Dechambre  :  M.  Rilti. 


Souscription  Duchenne  (de  Boulogne).  , 

Huitième  liste.  i 

M.  le  docteur  Rendu , 20  fr.  i  . 

M.  le  docteur  Sixorsxy  (de  Kiew) 26      > 

MM.  les  élèves  de  l'Ecole  des  Beaux-Arts  (cours 

de  M.  le  professeur  Mathias  Ouval) 32      > 

ToUl 78  fr.  )  ' 

Montant  des  listes  précédentes.  3407      3i 

Total  général.  .  3485  fr.  3i 


Mortalité    a    Paris     (15*    semaine,    du    7    au    13  avril 
1889.  — Population:  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde, lîJ 

—  Variole,  4.  —  Rougeole,  31.  —  Scarlatine,  4.  —  Coque- 
luche, 12.  —  Diphthérie,  croup,  43.  —  Choléra,  0.  —  Phlhisifl 
pulmonaire,  197.  ^  Autres  tuberculoses,  20.  —  Tumeursi 
cancéreuses^  34  ;  autres,  7.  —  Méningite,  34.  —  Congés^ 
tion  et  hémorrhagies  cérébrales,  44.  —  Paralysie,  8.  jy 
Ramollissement  cérébral,  10. — Maladies  organiques  du  cœor,  ^'i 

—  Bronchite  aiguë,  32.  —  Bronchite  chronique,  49.  —  Bronchoi 
pneumonie.  24.  — Pneumonie,  61.  —  Gastro-entérite:  sein,  fi; 
biberon,  36.  —  Autres  diarrhées,  7.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 3.  — Autres  affections  puerpérales,  1.  —  Débililé  con- 
génitale, 31.  —  Sénilité,  29.  —  Suicides,  2t.  —  Autres  morls 
violentes,  3.  —  Autres  causes  de  mort,  175.  -  Cau?es 
inconnues,  15.  —  Total;  1010. 


OUVRAGES  DEPOSES  AU  BUREAU  DU  JOURNAL 

Det  manifetUUiont  ophthalmotcopique*  de  la  méningite  tuber^eute,  par  M.  I<| 
docteur  A.  Ducamp.  1  vol.  in-4».  Paris,  B.  Lecrosnicr  et  Babé.  2  fr.  " 

Recherches  cliniquet  tur  tes  anomalies  de  Vinstinct  sexuel,  par  M.  le  docteur 
Paul  Sérieux,  i  vol.  iii-8«.  Paris,  E.  Leerosnier  et  Babë.  -  "' 

De  la  virilité  et  l'Age  critique  che%  l'homme  et  la  femme,  paf  M.le  docteur  I/OUi.< 
de  Séré.  1  vol.  in-S*.  Paris,  E.  Lecrofoier  et  Babé.  '  ^^' 


G.  Masson,  PropHétaire-Gérant. 


4896a.  —  MoTTiRoa,  —  Imprimeries  réuniet,  A,  me  Uiffooa,  î,  P*"*- 


«6  Avril  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         _  N»  17  —    281 


SUPPLÉMENT  THÉRAPEUTIQUE 


DE    LA 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


THÉRAPEUTIQUE 

L'anémie,  la  chlorose,  la  chloro-anérnie  et  toutes  les 
Daladies  qui  ont  pour  cause  l'appauvrissement  du  sang, 
Baissent  du  triste  privilège  de  nous  faire  parcourir  constam- 
Dent  la  gamme  des  médications  de  toute  espèce.  Ce  n*est 
05  que  nous  ignorions  quels  sont  les  agents  qui  peuvent 
niluer  sur  ces  diathèsessi  persistantes,  mais  c'est  que  nous 
lésitons  sur  la  manière  de  les  employer  pour  produire  un 
Mlat  efficace.  Le  fer  est  l'agent  par  excellence  de  la 
^Dovation  du  sang;  mais  il  faut  d'abord  qu'il  soit  toléré, 
fuis  qu'il  soit  assimilé,  enfin  qu'il  apporte  dans  l'économie 
les  propriétés  fortifiantes  sans  faire  naître  cette  déplorable 
lafirmilé  qu'on  appelle  la  constipation.  Tous  les  chimistes 
|e  sont  mis  à  l'œuvre  pour  résoudre  le  problème,  et 
|flelques-uns  sont  arrivés  à  des  résultats  très  utiles.  Nous 
louions  rechercher  quelle  est,  dans  l'état  actuel  de  la 
Icience  pharmaceutique,  la  préparation  qui  a  le  mieux 
réussi. 

Les  pilules  de  Vallel  ont  joui  d'une  faveur  méritée  ; 
îllesonl  remplacé  avec  avantage  ces  affreuses  boissons  de 
itiuille  qui  étaient  répugnantes,  à  peu  près  inefficaces,  et 
îependanl  indigestes.  Elles  n'ont  pas  su  satisfaire  à  toutes 
les  exigences  du  programme  que  les  chercheurs  sérieux 
r'étaient  imposées  :  leur  usage  prolongé  amenait  presque 
toujours  la  constipation. 

Les  pilules  de  Blaud,  recommandables  à  certains  égards, 
l'ont  pas  davantage  échappé  au  môme  écueil.  Et  nul  ne 
taurait  nier  la  gravité  d'un  semblable  danger.  La  constipa- 
ion  est  une  des  plus  cruelles  souffrances  infligées  à  l'espèce 
mmaine  et  personne  n'ignore  que  ce  sont  précisément 
es  sujets  anémiques  et  chloro-anémiques  qui  sont  les  plus 
prédisposés  à  cette  terrible  affection. 

Beaucoup  d'autres  préparations  ont  été  produites,  qui  ont 
m  la  prétention  d'avoir  résolu  le  problème  ;  elles  ne  méri- 
^nlpas  même  d'être  citées;  elles  avaient  les  inconvénients 
les  produits  sérieux  sans  en  avoir  l'efficacité. 

En  1839,  MM.  Gélis  et  Conté  ont  présenté  à  l'Académie 
le  médecine  une  préparation  nouvelle,  soigneusement 
étudiée,  et  paraissant  répondre  à  tous  les  desiderata.  L'Aca- 
démie a  nommé  une  Commission  qu'elle  a  chargée 
l'examiner  le  nouveau  produit. 

Celte  Commission  était  composée  de  M.  Fouquier,  profes- 
seur à  la  Faculté  de  Paris;  de  M-  Bally,  président  de  l'Aca- 
démie, et  de  M.  Bouillaud,  également  professeur  à  l'École 


de  médecine.  Il  était  difficile  de  constituer  un  jury  plus 
compétent  et  plus  honorable. 

MM.  Fouquier  et  Bouillaud  se  sont  livrés  à  des  expé- 
riences nombreuses,  et  leur  verdict  ne  s'est  pas  fait  attendre. 
Sans  nier  le  mérite  relatif  des  préparations  déjà  connues 
que  nous  avons  citées  plus  haut,  ils  ont  déclaré  que  les 
dragées  de  Gélis  et  Conté  au  lactate  de  fer  étaient  supé- 
rieures à  ces  préparations  et  devaient  leur  être  préférées. 
A  l'appui  de  leur  opinion,  ils  ont  apporté  la  relation  d'obser- 
vations nombreuses  dans  lesquelles  ils  constataient  les 
résultats  très  satisfaisants  qu'ils  avaient  obtenus  de  l'emploi 
fait  par  eux-mêmes  de  la  médication  nouvelle.  Le  docteur 
Hardy,  chef  de  clinique  du  professeur  Fouquier,  est  venu 
appuyer  l'opinion  de  son  chef  de  ses  observations  person- 
nelles, et  les  services  des  professeurs  Andral,  Bouillaud,  de 
MM.  Bally,  Beau,  Nonat,  fournirent  bientôt  leur  contingent 
d'observations  aussi  concluantes. 

Sur  le  rapport  de  sa  Commission,  l'Académie  de  médecine 
a  voté  des  remerciements  à  MM.  Gélis  et  Conté  et  l'impres- 
sion dans  le  Bulletin  de  l'Académie  du  mémoire  qui  avait 
accompagné  la  présentation  de  leur  produit. 

La  supériorité  du  lactate  de  fer  sur  les  autres  prépara- 
tions martiales  a  été  de  ce  moment  reconnue.  Plus  tard,  elle 
fut  confirmée  par  les  nombreuses  expériences,  tant  physio- 
logiques que  pathologiques,  de  MM.  Claude  Bernard, 
Bareswil  et  Lemaire,  et  plus  tard  encore,  en  1858,  par  le 
rapport  d'une  nouvelle  Commission  de  l'Académie  de  méde- 
cine, composée  de  MM.  les  professeurs  Yelpeau,  Trousseau, 
Depaul,  Bouchardat  et  Boudet.  Les  expériences  qui  furent 
faites  alors,  en  présence  de  MM.  Robiquet,  Boudault  et 
Corvisart,  constatèrent  d'une  manière  irréfutable  les  avan- 
tages du  lactate  de  fer  au  point  de  vue  de  la  digestion  et  de 
l'assimilation. 

Il  est  donc  définitivement  acquis  que  les  dragées  de  Gélis 
et  Conté  sont  le  ferrugineux  le  plus  efficace,  et  qu'aucun  ne 
saurait  combattre  l'anémie,  la  chlorose,  la  chloro-anémie, 
avec  une  plus  grande  certitude  de  succès. 

{Union  médicale.) 


17. 


282    -  N«  17  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


i6  Avril  m 


TnÉRAPEUTIQUE 

Écad«  phjulologrlque  sur  la  dlgetilloii  ei  «ur  la 
naédlcatlon  chlorhydro-pepsique. 

La  transformation  des  matières  albuminoïdes  en  peptone 
par  la  pepsine  ne  peut  se  produire  qu'autant  que  l'action 
du  ferment  digestif  a  lieu  en  présence  d'un  acide.  La  nature 
de  cet  acide  adonné  lieu  à  de  nombreuses  discussions,  mais 
les  expériences  physiologiques  de  Prout,  Schmidl,  Mulder, 
Drinton,  Rouget,  etc.,  ne  laissent  aucun  doute  à  ce  sujet, 
c'est  à  l'acide  chlorhydrique  associé  à  la  pepsine  que  le  suc 
gastrique  doit  son  action  digeslive. 

Les  travaux  de  Caillot  (thèse  de  1886),  Bence-Jones  sem- 
blent prouver  que  cet  acide  provient  en  partie  du  chlorure 
de  sodium,  mais  qu'une  assez  grande  quantité  existe  à  l'état 
libre  dans  le  suc  gastrique.  Rabuteau  {Comptes  rendus  de 
r Académie  des  sciences)  a  nettement  démontré  que  le  suc 
gastrique  doit  son  acidité  à  l'acide  chlorhydrique  et  c'est  à 
MM.  Laborde,  Ch.  Ricliet  et  Schiffque  nous  devons  la  con- 
naissance de  la  combinaison  formée  par  cet  acide  avec  la 
pepsine  {acide  chlorhydro-pepsiqtie). 

C'est  à  partir  de  ce  moment  que  la  médication  chlorhy- 
dro-pepsique  a  pris  une  place  importante  dans  la  thérapeu- 
tique des  dyspepsies.  Basée  sur  ces  données  physiologiques, 
cette  médication,  qui  par  ses  éléments  actifs  rappelle  le 
suc  gastrique,  a  été  de  la  part  de  M.  Grez  l'objet  d'expé- 
riences nombreuses  et  de  perfectionnements  raisonnes. 

L'acte  digestif  se  réduit  à  deux  facteurs  essentiels,  des 
sécrétions  et  des  mouvements,  leurs  altérations  occasion- 
nent des  troubles  digestifs  qui  nécessitent  remploi  simul- 
tané des  ferments  et  des  amers,  ces  derniers  stimulant  la 
vitalité  de  l'appareil  digestif  favorisent  la  Peptogénie.  Cette 
théorie  de  la  Peptogénie  si  féconde  en  résultats  pratiques 
a  été  confirmée  par  les  recherches  de  Vulpian  et  Herzen, 
qui  ont  mis  en  lumière  l'efficacité  de  l'acide  chlorhydrique 
sur  la  production  des  éléments  peptogènes. 

L'expérience  clinique  est  venue  démontrer  que  la  médi- 
cation chlorhydro-pepsique  répond  parfaitement  aux  indi- 
cations thérapeutiques  des  dyspepsies,  et  les  nombreux 
succès  signalés  par  MM.  Ch.  Fremy,  le  professeur  Gubler, 
Iluchard,  Lucas  Championnicre,  etc.,  ne  laissent  aucun 
doute  sur  l'efficacité  de  VElixir  Grez  chlorhydro-pepsique 
dans  les  dyspepsies.  La  pepsine  chlorhydrique  agissant 
plus  sûrement  et  plus  rapidement  en  solution  que  sous  toute 
autre  forme,  les  praticiens  ont  donné  la  préférence  à 
VElixir  Qrez  qui  se  donne  à  la  dose  d'un  verre  à  liqueur 
à  chaque  repas  et  d'une  à  deux  cuillerées  à  dessert  aux 
enfants;  chez  les  dyspeptiques  qui  ne  supportent  pas  les 
préparations  alcooliques  on  peut  remplacer  l'élixir  par  deux 
ti  trois  pilules  Grez  chlorhydro-pepsiques. 


M.  le  docteur  Chéron,  le  savant  médecin  de  Saintl 
zare,  a  signalé  les  heureux  «iïets  de  cette  médication  [k^ 
combattre  les  vomissements  de  la  grossesse. 

MM.  Archambault  etBouchnt,  médecins  de  Thôpilald 
Enfants,  ont  expérimenté  VElixir  Grez  chez  des  enfan 
atteints  de  troubles  gastro -intestinaux.  Quelques  jours  i 
traitement  ont  suffi  pour  guérir  tous  ces  petits  malades. 

Dans  l'anorexie  si  fréquente  à  la  seconde  période  del 
phthisie,  MM.  Courtois  et  Angelo  ont  obtenu  d'excelli 
résultats  de  l'usage  des  préparations  chlorhydro-pe 
qui  stimulent  rapidement  l'appétit  des  malades  et  permel 
de  les  alimenter.  C'est  ce  qui  explique  l'efficacité  de  l'Eli. 
Grez  chez  lus  convalescents  et  chez  tous  les  malades  dii 
l'organisme  est  affaibli  par  défaut  d'assimilation. 

D»"  L.  Robert. 


Albumlnate  de  fer  aolnble. 

De  toutes  les  préparations  ferrugineuses  préconisées d; 
le  traitement  de  la  chloro-anémie,  i'albuminate  de  ferso 
ble  accueilli  avec  raison  par  les  médecins  des  hèpilaiii 
aujourd'hui  le  plus  universellement  employé. 

La  liqueur  de  Laprade  à  I'albuminate  de  fer  répond 
effet  physiologiquementà  la  constitution  du  globules! 
guin  et,  dans  les  cas  d'altération  de  cet  élément,  son  eiD| 
donne  des  résultats  sûrs  et  rapides.  —  Emploi  facile,  siii 
d'action,  guérison  assurée,  tels  sont  les  avantages  que 
les  observateurs  ont  unanimement  signalés  et  qui  justili 
le  succès  de  cette  préparation,  qui,  suivant  l'expressioû 
professeur  Gubler,  constitue  le  plus  assimilable  desfet 
gineux. 

(Extrait  iiMBulletin  de  thérapeutique'' 


G.  Masson,  Propriétaire-GéranU 

48832.  —  IIOTTIROZ.  —  Imprini  riei  réonie»,  ▲»  rue  MigsM,  %  P»^ 


TnENTK-SIXIÂMB  ANNÉE 


NM8 


3  Mai  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D'  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BLACHEZ.  E.  BRISSAUD.  G.  DIEULAFOY.  DREYFUS-BRISAC.  FRANÇOIS-FRANCK.  A.  HËNOCQUE,  A.-J.  MARTIN.  A.  PETIT.  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lereboullet,  ^,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


lOIIMAlRB.  —  BOLLSTIN.—  GUHIQUB  CHiRUROiCALB.  RésectioD  du  Uirso  par  le 
profédc  deWIadioiiroff-Mikulicz.  — FoRMULAiRB  thkhapbutiqub.  De  l'adminis- 
iratioD  de  quelques  pn^parations  de  belladone  dans  la  coqueluche.  —  Contri- 
ROTioNS  i>BARMACBUTiQUB9.  Formule  rationnelle  do  pommade  mocilavineBoet  ~ 

-  Revub  DBS  COURS  BT  DBS  CLINIQUBS.  Faculté  de  médecine.  Cours  de  patho- 
logie interne;  M.  le  professeur  Diculafoy  :  Syphilis  du  poumon  et  de  la  plèvre. 

-  Travaux  originaux.  Clinique  médicale  :  Sur  deux  cas  de  surmenage.  — 
SoGiBTBS  savants».  Académie  des  sciences.  -^  Académie  de  médecine.  — 
Société  médicale  des  hôpitaux.  —  Société  do  chirurgie.  —  Société  de  thérapeu- 
tique. —  Société  anatomique.—  Rbvub  dbs  journaux.  Thérapeutique.— Biblio- 
GRAPBiB.  Cours  de  soologie  médicale  destiné  aux  étudiants  en  médecine  et  en 
[iharmacie.  —  Causeries  scientifiques.  —  VARlérés.  Le  Dictionnaire  encyclopé- 
dique des  sciences  médicales. 


BULLETIN 


I 


Paris,  1*^  mai  1889. 


latoxlcatloa   nriaalre 
Lea  ntédtcantenta 


—  Aca- 


Académie  des  sciences 
demie  de  médecine  : 

Étlologie  dn  tétanos. 

'  M.  le  professeur  Guyon  vient  de  communiquera  l'Acadé- 
Iniie  des  sciences  le  résumé  des  recherches  qu'il  poursuit 
^11  vue  de  préciser  les  conditions  et  les  causes  de  Tinfection 
jorinaire.  On  lira  avec  le  plus  vif  intérêt  la  note  que  nous 
reproduisons  textuellement  plus  loin.  Les  nouvelles  re- 
cherches de  M.  Guyon  montrent  l'influence  de  la  réten- 
tion d  urine  sur  l'infection  de  l'appareil  urinaire;  elles 
prouvent  de  plus  que  cette  infection  est  toujours  due  à  une 
inlerrention  septique,  c'est-à-dire  à  l'inoculation  directe 
(le la  vessie  par  les  instruments;  mais,  en  même  temps, 
elles  démontrent  jusqu'à  l'évidence  que  l'introduction  des 
germes  reste  inofTensive  dans  une  vessie  parfaitement  saine 
^t  que  la  réceptivité  morbide  dépend  surtout  de  la  rétention 
(l'urine,  si  fréquente  et  si  grave  chez  les  prostatiques.  C'est 
dire  que  l'antisepsie  la  plus  rigoureuse  est  d'une  nécessité 
absolue  dans  le  traitement  de  ces  malades. 

—  Une  Commission  académique  avait  été  chargée  d'étudier 
'es  moyens  à  mettre  en  usage  pour  permettre  aux  indus- 
triels et  aux  pharmaciens  français  de  préparer  et  de  vendre 
les  produits  chimiques  auxquels  les  industriels  allemands 
j>«l  donné  un  nom  spécial.  Il  est  à  remarquer,  en  effet,  que 
1^  législation  française  est  ainsi  faite  que  le  nom  imaginé 
P"  un  pharmacien  pour  désigner  un  produit  quelconque 
peut  lui  servir  de  marque  de  fabrique,  alors  que  cependant 
îiucun  médicament  ne  peut  être  breveté.  Les  industriels 
^llemands  ont  dès  lors  émis  la  prétention  d'installer  en 
I  *''^"ce  des  fabriques  de  produits  chimiques  et  d'y  mono- 
!  2'  Stmi,  T.  XXVI. 


poliser  la  fabrication  des  médicaments  protégés  par  une 
marque  de  fabrique  spéciale. 

Ptsuf'  remédier  à  cet  abus,*  f»  fionnirission,  pnr  l'or- 
gane de  son  rapporteur  M.  Dujardin-Beaumetz,  appelle 
Tattenlion  des  pouvoirs  publics  sur  une  réforme  de  la 
législation  pharmaceutique;  mais,  en  attendant  que  ce 
vœu  soit  exaucé,  elle  déclare  que,  le  médecin,  ayant  inscrit 
sur  son  ordonnance  le  nom  vulgaire  d'un  médicament  (anti- 
pyrine,  anlifibrine,  sulfonal,  etc.),  le  pharmacien  est  en 
droit  de  délivrer  celui-ci  après  l'avoir  préparé  lui-même, 
mais  à  la  condition  de  le  désigner  sur  ses  registres  sous  sa 
dénomination  scientifique. 

Cet  avis  n'a  point  été  donné  sans  l'approbation  de  juristes 
expérimentés.  Nous  n'avons  donc  pas  à  en  affirmer  ici 
l'opportunité  et  Tintérét;  mais  nous  pouvons  exprimer  le 
vœu  qu'un  fabricant  de  produits  chimiques  français  se 
mette  à  préparer  en  grand  de  la  diméthyloxyquinizine  et  à 
la  vendre  sous  ce  nom  à  tous  nos  pharmaciens.  Si  le  pro- 
duit est  pur  et  toujours  semblable  à  lui-même,  s'il  se  pré- 
sente avec  la  garantie  d'un  chimiste  autorisé,  les  médecins 
et  les  pharmaciens  n'hésiteront  pas  à  le  préférer  aux  pré- 
parations si  souvent  falsifiées  qui  nous  viennent  d'Alle- 
magne et  nous  doutons  qu'après  l'avis  de  l'Académie  de 
médecine,  les  magistrats  français  prétendent,  en  cas  d'une 
action  judiciaire,  que  la  loi  ait  été  tournée. 

—  La  discussion  sur  le  tétanos  s'est  continuée  par  trois 
communications  :  l'une  de  M.  Trasbot  qui  reconnaît  la 
nature  infectieuse  etrinoculnbilité  du  tétanos,  mais  nie  son 
orine  équine  et  n'admet  pas  que  la  maladie  puisse  être 
classée  parmi  celles  qui  sont  justiciables  des  prescriptions 
de  la  loi  sanitaire  ;  la  seconde  de  M.  Laborde,  qui,  con- 
trairement à  ses  collègues,  croit  encore  à  l'influence 
exclusive  dans  certains  cas  du  traumatisme  nerveux  ;  enfin, 
la  troisième,  due  à  M.  Lagneau,  qui  étudie,  au  point  de 
vue  st'itistique,  la  distribution  géographique  des  cas  de 
tétanos  mortel  observés  à  Paris.  Il  serait  intéressant  d'éten- 
dre ces  recherches  et  de  voir  si  l'origine  tellurique  du 
tétanos  est  toujours  démontrée  et  si,  dans  tous  les  pays  où 
la  culture  est  étendue  et  où  les  animaux  domestiques  sont 
employés  journellement,  le  tétanos  est  plus  fréquent  que 
dans  les  régions  où  la  terre  ne  reçoit  et  ne  contient  que  peu 
de  germes.  Il  est  probable  queH.  Verneuil  répondra  encore 
à  ses  contradicteurs  et  que  la  discussion  sera  prochaine- 
ment close  sur  cet  intéressant  sujet. 


18 


282    —  N»  18  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


3  Mai  1889 


La 


CLINIQUE  CHIRURGICALE 

réscclloB    du    tarse    par    le   proeëdé 
de  Wladtmlroff-Mlkallec. 


11  y  a  quelques  semaines  M.  Berger  el  M.  Chaput  ont  pré- 
senté à  la  Société  de  chirurgie  des  malades  qui  avaient  subi 
avec  succès  une  résection  spéciale  du  pied  et  de  la  jambe, 
el  en  avaient  retiré  un  bénéfice  fonctionnel  considérable. 

Cette  résection,  peu  connue  en  France,  porte  le  nom  d'opé- 
ration de  Wladimiroff-Mikulicz.  Elle  a  en  effet  été  indiquée 
par  Wladimiroffen  1871,  mais  à  cette  époque  elle  était  restée 
tout  à  fait  inaperçue,  et  elle  ne  s'est  vulgarisée  que  depuis 
1881,  époque  à  laquelle  Mikulicz  l'a  inventée,  à  nouveau, 
sans  connaître  les  travaux  de  son  devancier.  Malgré  les  nom- 
breux inconvénients  qu'il  y  a  à  attribuer  le  nom  d'un  homme 
à  une  maladie  ou  à  une  opération,  nous  ne  croyons  pas,  dans 
l'espèce,  pouvoir  faire  autrement.  L'acte  chirurgical  dont 
nous  allons  parler  est  en  effet  trop  complexe  pour  que  Ton 
puisse  le  définir  d'un  mot. 

Le  principe  général  de  l'opération  est  le  suivant.  Du  côté 
du  pied  on  enlève  non  seulement  le  tarse  postérieur,  calca- 
néum  et  astragale,  mais  en  outre  plus  ou  moins  du  tarse 
antérieur,  cuboïde,  scaphoide,  cunéiformes.  Du  côté  du  tibia 
et  du  péroné,  ou  résèque  une  plus  ou  moins  grande  hauteur 
des  os.  Puis  les  métalarsiens  et  ce  qui  reste  du  larse  anté- 
rieur sont  mis  dans  le  prolongement  de  l'axe  des  os  de  la 
jambe  et  appliqués  par  leur  extrémité  postérieure,  ainsi 
devenue  supérieure,  contre  la  section  de  ces  os.  Il  en  résulte 
donc  un  pied  équin  artificiel,  et,  pour  permettre  la  marche, 
on  redresse  les  orteils  à  angle  droit  sur  le  dos  du  pied,  en 
hyperextension.  De  la  sorte  Topéré  appuie  dans  la  marche 
sur  les  régions  où  la  peau  est  habituée  à  supporter  des  pres- 
sions sur  les  articulations  métatarso-phalangiennes,  et  l'on 
comprend,  de  plus,  que  le  raccourcissement  puisse  être  léger 
ou  même  nul. 

Cette  opération  n'a  pas  été  souvent  pratiquée  à  Paris.  Elle 
est  plus  courante  en  Allemagne,  d'après  ce  que  M.  Schwarlz 
a  vu  dans  un  récent  voyage.  Peut-être  est-elle  appelée  à 
rendre  des  services  réels.  Aussi  croyons-nous  devoir  analyser 
ici  avec  quelques  détails  un  important  travail  communiqué 
par  M.  Berger  â  la  dernière  séance  de  la  Société  de  chirurgie, 
travail  qui  a  soulevé  une  discussion  assez  étendue. 

I 

Jusqu'à  présent,  la  plupart  des  opérateurs  ont  sacrifié 
hardiment  toutes  les  parties  molles  postérieures;  Tavant- 
pied  n'était  plus  relié  à  la  jambe  que  par  les  parties  molles 
antérieures,  formant  pont  entre  les  deux  segments  osseux. 
A  travers  une  semblable  brèche,  il  va  sans  dire  que  le  ma- 
nuel opératoire  ne  saurait  être  bien  compliqué. 

De  chaque  côté,  une  incision  longitudinale  est  faite  à  la 
jambe,  derrière  chacune  des  malléoles  dont  elle  dépasse  un 
peu  la  base  par  en  haut.  Ces  incisions  se  recourbent  sous  la 
pointe  de  la  malléole  correspondante  pour  devenir  horizon- 
tales sur  les  bords  du  pied  et  s'arrêter  en  avant  à  une  dis- 
tance variable,  en  moyenne  au  niveau  de  la  ligne  transver- 
sale passant  par  le  tubercule  du  scaphoide.  Puis  entre  les 
exirémités  de  ces  incisions,  on  coupe  transversalement  h 
fond,  perpendiculairement  au  squelette,  toutes  les  chairs  de 
la  plante  du  piedenbas,de  la  face  postérieure  de  la  jambe  en 
haut.  Cela  fait,  il  est  aisé  de  décoller  des  os  les  tendons. 


muscles,  vaisseaux  et  nerfs  de  la  face  dorsale.  Puis  on 
toute  facilité  pour  réséquer  les  parties  malades  du  tai-s* 
pour  scier  les  os  de  la  jambe  à  une  hauteur  variable,  e 
dépassant  largement  les  limites  du  mal. 

Une  fois  les  parties  osseuses  mises  bout  à  bout,  on  sutui 
la  section  jambière  des  parties  molles  à  la  section  plantain 
Le  pont  antérieur  forme  une  sorte  de  gros  pli,  qui,  peu 
peu,  se  rétracte  et  diminue,  de  façon  à  ne  plus  cansi 
aucune  gêne. 

L'opération  que  nous  venons  de  décrire  en  quelques  mo 
séduit  sans  doute  par  sa  facilité.  Mais  le  simple  raisonuf 
ment  lui  fait  découvrir  de  graves  défauts. 

Ce  procédé,  en  effet,  a  des  allures  barbares.  Il  va  à  l'en 
contre  des  principes  élémentaires  qui  guident  en  génêr; 
dans  le  manuel  opératoire  des  résections.  Il  détruit  tout  c 
que  l'on  a  coutume,  de  garder  avec  le  plus  de  soin.  L 
tendon  principal  de  la  région  est  le  tendon  d'Achille 
on  le  sectionne.  Les  vaisseaux  et  nerfs  les  plus  importaol 
sont  ceux  de  la  plante  du  pied  ;  eux  aussi  sont  coupés  et  I 
soin  d'assurer  la  vitalité  des  parties  est  désormais  dévolu 
la  seule  pédieuse  et  aux  nerfs,  insignifiants,  de  la  face  doi 
sale.  On  penserait  donc  que  la  gangène  de  l'avant-bras  dût  ètr 
fréquente;  en  effet  elle  a  été  observée  par  Sordina.  Il  Tau 
reconnaître  toutefois  qu'elle  est  rare,  d'une  rareté  qui  mém 
est  étonnante. 

Mais  il  est  fréquent  de  constater^  après  cicatrisation  de 
plaies,  que  le  pied  est  atteint  de  troubles  trophiques  asse. 
notables,  gène  sérieuse  pour  les  fonctions  du  membre.  Celi 
n'est  que  naturel,  puisque  le  nerf  tibial  postérieur  a  éti 
sacrifié.  K.  Roser,  frappé  par  cet  inconvénient,  a  cru  qu'il 
l'éviterait,  dans  une  certaine  mesure  au  moins,  en  assuran 
par  une  suture  exacte  la  juxtaposition  des  extrémités  ner- 
veuses. L'événement  a,  par  malheur,  démenti  ses  esp»- 
rances,  et  son  opéré  est  précisément  un  de  ceux  où  le  mern^ 
bre  n'a  point  recouvré  la  plénitude  de  la  vitalité. 

Il  est  des  circonstances  où  ces  sacrifices  sont  indispen- 
sables. Ainsi  nous  verrons  qu'une  des  indications  àTupéra' 
tion  de  AVIadimiroff  est  fournie  parles  lésions  traumatiquei 
du  talon  avec  fracas  osseux  et  destruction  des  parties  molles 
postérieures.  En  pareil  cas,  il  va  de  soi  qu'on  aura  recours 
au  procédé  que  nous  venons  de  résumer.  Mais  en  sera-l-il 
de  même  lorsque  l'on  se  trouvera  en  présence  d'une  fésioti 
qui  n'a  pas  altéré  la  région  postéro-plantaire? 

Pourquoi  ne  conserverait-on  pas  alors  les  parties  molip: 
postérieures?  On  craint  sans  doute,  vu  leur  épaisseur 
qu'après  juxtaposition  des  os,  elles  ne  forment  un  boiirrelel 
énorme  frottant  contre  le  soulier  et  gênant  à  un  haut  dejirt' 
les  fonctions  du  membre.  Le  résultat  immédiat  sembk 
justifier  cette  hypothèse,  et  l'on  pouvait  redouter  que  U 
rétraction  cicatricielle  fût  insuffisante  à  faire  disparaître  ce 
pli  volumineux.  M.  Berger,  cependant,  a  pensé  que  là  devait 
être  l'avenir,  et  les  chairs  postérieures  avaient  été  res- 
pectées avec  soin  sur  la  malade  qu'il  a  présentée  à  la  Sociét»' 
de  chirurgie.  11  n'en  était  résulté  aucun  inconvénient,  bien 
au  contraire  les  avantages  avaient  été  sérieux  au  double 
point  de  vue  de  l'innervation  et  de  la  vascularisalion. 

Reste  une  autre  objection  :  l'opération  doit  être  p\u^  àifti- 
cile.  La  chose  est  certaine,  mais  M.  Berger  a  prouvé  qu'on  peul. 
sans  trop  de  peine,  décortiquer  le  tarse  et  la  région  nialléo- 
laire  en  incisant  la  région  en  dehors,  sur  une  ligne  verticale 
rétro-malloolaire,  et  sur  une  ligne  horizontale  qui,  passant 
sous  la  pointe  de  la  malléole,  va  du  tendon  d'Achille  a  la 
tubérosité  du  cinquième  métatarsien.  Cette  incision,  avec  m' 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        ^  NM8  —    283 


légères  varian  tes,  est  classique  depu  is  longtemps  pour  aborder 
le  squelette  de  celle  région  ;  c*est,  comme  Ta  fait  remarquer 
M.  Polaillon,  celle  que  Hilton  préconisait  pour  Tablation 
du  calcanéum.  M.  Schwartz  a  vu,  il  y  a  peu  de  temps,  une 
jeune  fille  que  Kreitzky  avait  opérée  par  un  procédé  tout  à 
fait  analogue  à  celui  de  M.  Berger.  En  somme,  M.  Berger 
semble  avoir  démontré  que  Tincision  externe  peut  suffire 
pour  l'opération  de  Wladimiroff;  que  la  conservation  des 
parties  molles  postérieures  est  ainsi  assurée. 

M.  Chauvel  a  fait  observer,  toutefois,  que  la  malade  pré- 
sentée par  M.  Berger  était  une  femme,  à  pied  petit  ;  que  sur 
un  pied  d'adulte  mâle  et  vigoureux  le  jour  serait  sans  doute 
insuffisant  pour  bien  mettre  à  nu  le  squelette  en  dedans. 
Rien  n'empêcherait  alors  de  pratiquer  sur  la  malléole 
interne  une  incision  longitudinale,  qui  permettrait  de  par- 
faire avec  aisance  la  libération  osseuse.  C'est  ce  que  parais- 
sent avoir  fait  MM.  Jaboulay  et  Laguaitedans  une  opération 
récente  sur  laquelle  M.  Poncet  (de  Lyon)  a  donné  quelques 
renseignements  (1). 

Les  ablations  osseuses  une  fois  terminées,  la  plupart  des 
auteurs  mettent  simplement  les  os  restants  au  contact  et  ne 
suturent  que  les  parties  molles.  Le  membre  est  immédia- 
tement immobilisé  dans  un  appareil  plâtré,  qui,  selon  eux, 
assure  une  contention  suffisante.  M.  Berger  n'est  pas  de  cet 
avis.  Il  accorde  qu'une  fois  l'appareil  pl5\lré  appliqué,  la 
position  ne  saurait  plus  changer.  Mais  pendant  les  ma- 
nœuvres du  pansement  l'avant-pied  redressé  se  déplace 
facilement, des  parties  molles  tendent  à  s'interposer  entre  les 
surfaces  osseuses.  Aussi  M.  Berger  conseille-t-il  de  suturer 
les  os,  non  point  au  fil  d'argent,  mais  seulement  au  gros 
catgut,  pour  obtenir  une  juxtaposition  temporaire  mais 
précise  et  avoir  toute  sécurité  pendant  la  confection  d'un 
bon  appareil  contentif.  Les  cavités  formées  par  les  plis 
musculo-cutanés  sont  bourrées  d'iodoforme.  Le  pansement, 
compressif,  sera  laissé  en  place  aussi  longtemps  que  pos- 
sible; la  plupart  du  temps,  lorsqu'on  l'enlève,  la  consolida- 
lion  osseuse  est  à  peu  près  complètement  effectuée. 

Le  résultat  obtenu  n'est  sans  doute  pas  des  plus  beaux  au 
point  de  vue  esthétique,  et,  si  le  sujet  :i  quelque  coquet- 
terie, il  devra  porter  un  soulier  spécial  extérieurement 
semblable  à  celui  du  côté  opposé.  Aussi  va-t-il  sans  dire 
que,  toutes  les  fois  qu'elle  sera  possible,  la  résection  tibio- 
larsienne  sera  préférable  à  l'opération  de  Mikulicz.  De 
même  pour  l'amputation  ostéopîastique  intra-calcanéenne 
(le  Le  Fort  :  l'aspect  du  pied  n'est  pas  beaucoup  plus  gra- 
cieux, mais  il  est  indiscutable  que,  malgré  un  léger  raccour- 
cissement, la  marche  s'effectue  avec  plus  de  solidité. 

C'est  là  en  effet  qu'est  la  pierre  d'achoppement  de  l'opé- 
ration nouvelle. 

Certes  les  résultats  sont  fort  encourageants.  Dans 
une  thèse  soutenue  en  janvier  dernier  devant  la  Faculté 
île  Paris,  M.  Simon  a  réuni  3i  observations.  Vingt  fois, 
la  marche  est  bonne,  cl  chez  quatorze  malades  elle  est 
même  excellente  :  le  sujet  peut  monter  à  l'échelle, 
faire  de  longues  courses  sans  autre  appareil  qu'une  gaine 
de  cuir  serrant  le  cou-de-pied  et  qu'un  bàlon,  et  encore  en 
<^sl-il  qui  s'en  passent.  Malgré  les  protestations  de  M .  Després, 
te  n'est  pas  là  un  «  pied  de  gens  riches  »,  et  ces  résultats 
fonctionnels  sont  supérieurs  à  ceux  de  l'amputation  de 
jambe. 

>h  •^"  moiiu'fit  de  inollro  *ini>  ji|i'?m'  \ut\\s  rrcvouî»  l'arlirlo  ori^iii.il  do 
"M.  Jabouliy  ot  Laguailo.  Nous  imliquoroiis  procIiaiiieiiuMit  d^ns  une  annUsc  1rs 
«€tailè  upératûircfe  dn  procédé  iha  cou  juleur?. 


Mais  à  côté  de  ces  succès,  il  faut  faire  la  place  des  revers, 
dont  la  cause  principale  est  le  défaut  de  consolidation 
osseuse.  Un  léger  degré  de  mobilité  n'a  pas  de  grands  in- 
convénients: l'opéré  de  M.  Chaput  eu  est  la  preuve.  Mais 
trop  souvent  l'insuffisance  de  solidité  a  rendu  inutile  la 
colonne  de  sustentation  qu'on  avait  voulu  conserver;  elle  a 
contraint  Rose,  Rohmer  (de  Nancy)  à  recourir  à  Fampula- 
tion.  Il  faut  ajouter  que  dans  le  cas  de  Rohmer  il  y  avait, 
en  outre,  une  récidive  locale.  Là,  en  effet,  est  un  autre 
écueil,  mais  nous  ne  pourrons  le  signaler  qu'après  avoir 
résumé  en  quelques  mots  les  indications  de  l'opération  de 
Mikulicz. 

II 

Il  est  un  point  sur  lequel  tout  le  monde  est  d'accord  ;  la 
tarsectomie  de  Wladimiroff  est  absolument  indiquée  dans 
les  lésions  traumatiques  qui  détruisent  le  calcanéum,  la 
plante  du  pied,  la  région  postérieure  du  talon  :  on  en  con- 
çoit la  possibilité  par  un  éclat  d'obus,  par  exemple.  Dans 
ces  cas,  la  conservation  n'est  possible  qu'au  prix  do  cica- 
trices qui  constituent  une  infirmité  persistante.  Indication 
rare  d'ailleurs,  car  parmi  les  34  observations  connues  de 
M.  Berger,  une  seule  répond  à  celte  catégorie. 

On  y  a  eu  recours  pour  un  néoplasme:  la  récidive  a  été 
rapide  et  il  ne  semble  pas  que  cet  exemple  doive  être  suivi. 
En  somme,  la  plupart  des  malades  étaient  atteints  de  tu- 
meur blanche  du  pied,  et  ici  une  question  préalable  se  pose  : 
quelle  est  pour  ces  tumeurs  blanches,  comme  pour  celles 
du  poignet,  la  valeur  des  opérations  conservatrices  comparée 
à  celle  de  l'amputation? 

Une  distinction  absolue  est  à  établir  suivant  l'âge  du  sujet. 
M.  Poncet  y  a  insisté  avec  soin.  Chez  les  enfants,  la  conser- 
vation doit  être  la  règle.  On  se  contentera  presque  toujours 
des  grattages,  des  évidemenls,  des  résections  atypiques;  ces 
opérations  partielles  successives,  aidées  d'un  traitement 
médical  approprié,  conduiront  la  plupart  du  temps  à  la 
guérison. 

Il  n'en  va  plus  de  même  chez  l'adulte,  quoique  M.  Després 
prétende  guérir  9  fois  sur  10  parla  simple  compression 
(  ce  qu'on  appelle  des  ostéo-arthrites  tuberculeuses  y^.  En 
réalité,  dans  ces  parties  où  le  squelette  est  formé  d'os  petits, 
spongieux,àarticulations  multiples,  les  lésions  évoluentavec 
une  facilité  désespérante,  et  de  là  l'échec  ordinaire  des  trai- 
tements qui  donnent  pour  les  grandes  jointures  de  nombreux 
succès.  Aussi  il  y  a  quelques  années,  à  propos  d'un  mémoire 
de  M.  Robert,  l'avis  de  la  Société  de  chirurgie  avait-il  été  à 
peu  près  unanime  :  lorsque  la  révulsion  et  la  compression 
échouent,  c'est  à  l'amputation  qu'il  faut  s'adresser,  sans 
s'attardera  des  opérations  conservatrices  après  lesquelles 
la  récidive  esta  peu  près  constante.  Cette  opinion  est  restée 
celle  de  M.  Chauvel  ;  celle  de  M.  Segond  surtout,  qui  a  du 
amputer,  en  fin  de  compte,  tousses  malades  et,  à  l'hôpital 
de  la  Charité  plusieurs  de  ceux  du  professeur  Trélat. 

Mais  M.  Berger,  d'abord  partisan  de  cette  doctrine,  tend 
aujourd'hui  à  la  trouver  trop  radicale,  surtout  pour  les 
sujets  qui,  jeunes  encore,  ne  sont  cependant  plus  des  en- 
fants, ont  dix-huit,  vingt,  vingt-cinq  ans.  Une  des  causes 
de  récidive  est,  sans  contredit,  la  suppuration  du  foyer 
opératoire  :  la  tuberculose  s'installe  sans  peine  dans  ces 
tissus  enflammés.  A  mesure  que  l'antisepsie  s'est  perfection- 
née, on  a  donc  pu  étendre  davantage  le  champ  des  opéra- 
tions partielles  pour  les  tumeurs  blanches  du  poignet,  du 
-de-pied.  La  réunion  immédiate  évite  bien  des  repui lu- 
cou 


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lations  du  mal.  La  preuve  en  est  dans  la  statistique  sur 
laquelle  s'appuie  H.  Berger;  on  y  relève  huit  récidives  sur 
une  trentaine  d'opérations  de  Mikulicz  pratiquées  pour  ostéo- 
arthrites  tuberculeuses.  Le  chiffre  est  sérieux  mais  non 
point  excessif,  d'autant  plus  que  deux  de  ces  malades  gué- 
rirent après  une  petite  résection  complémentaire. 

Il  semble  donc  qu'on  doive  adopter  l'opinion  de  M.  Ber- 
ger. Pour  les  tumeurs  blanches  du  pied,  chez  l'adulte,  on 
est  en  droit  d*avoir  quelque  espoir  dans  les  opérations  con- 
servatrices, de  les  tenter  avant  d'en  venir  à  Tamputation. 
Mais  la  disposition  anatomique  des  parties  est  telle  qu'il 
est  bien  souvent  impossible  de  diagnostiquer  à  l'avance 
quellea  sont  les  limites  du  mal.  Dès  lors  la  conduite  du  chi- 
rurgien devra  être  la  suivante. 

Avant  d'entreprendre  l'opération,  on  aura  obtenu  que  le 
malade  se  soit  résigné  à  l'amputation  si  la  résection  est 
reconnue  impossible.  L'incision  externe  que  nous  avons 
décrite  sera  alors  tracée  et  on  examinera  avec  soin  quel  est 
l'état  du  squelette  mis  à  nu.  S'il  est  possible,  on  se  bornera 
à  la  résection  tibio-tarsienne  ou  à  l'amputation  ostéo-plas- 
tique  de  Le  Fort.  Si  le  calcanéum  est  atteint,  on  aura 
recours  à  l'opération  de  Mikulicz.  Mais  on  n'en  restera  là 
que  si  on  est  sûr  d'avoir  bien  dépassé  les  limites  du  mal,  et 
trop  souvent  les  os  de  la  jambe  réserveront  au  chirurgien 
des  surprises  désagréables.  Trop  souvent  on  sera  forcé  de 
faire  comme  M.  Prengueber  :  de  tenter  l'opération  de  Mi- 
kulicz et  de  terminer,  séance  tenante,  par  une  amputation 
de  jambe.  Mais  ce  n'est  pas  un  motif  pour  renoncer,  de  parti 
pris,  aux  avantages  possibles  de  la  chirurgie  conservatrice. 

Lorsque  la  résection  aura  été  menée  à  bien,  il  ne  faudra 
pas,  d'autre  part,  chanter  trop  tôt  victoire;  la  récidive  n'est 
pas  rare  et  parfois  l'amputation  n'aura  été  que  différée. 
C'est  encore  une  perspective  qu'il  faut  mettre  à  l'avance 
devant  les  yeux  du  patient,  en  lui  présentant  la  résection 
comme  une  chance  à  courir  pour  éviter  l'amputation. 
La  question  étant  ainsi  posée,  M.  Berger  a  raison  de  croire 
que  la  plupart  des  malades  accepteront  volontiers  une 
tentative  de  conservation. 

A.  Broc A. 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

Ile  l'admlalsCratKlii  de  quelques  prépArafloiia 
de  belladone  dans  la  caqaelnche. 

On  peut  administrer  la  belladone  pendant  la  période  ca- 
tarrhale,  pendant  la  phase  spasmodique  ou  au  déclin  de  la 
coqueluche. 

l""  Dans  Ia  période  catarrhaley  il  est  utile  de  l'associer  à 
d'autres  calmants.  M.  J.  Simon  recommande  la  formule 
suivante  : 

Teinture  de  belladone )  -.  v 

Teinture  de  racine  d'aconit,  j  ^  ^  ^^""*^'- 

Eau  de  laurier-cerise 10  grammes. 

Eau  de  lilleul 90       — 

Sirop  de  lactucarium 30       — 

A  faire  ingérer  par  cuillerée  toutes  les  trois  heures. 

i"  Dans  h  période  spasmodique  et  à  l'instar  de  Hufeland 
et  de  Trousseau  les  médecins  de  Vienne  prescrivent  volon- 
tiers la  poudre  de  belladone. 


Pour  les  petits  enfants,  Bamberger  conseillait  le  matii 
et  le  soir  l'un  des  paquets  suivants  : 

Poudre  de  racine  de  belladone.      Ofl'^,10 
Sucre  blanc •      5  grammes. 

A  diviser  en  dix  paquets. 

Aux  enfants  plus  âgés,  M.  Monti  fait  ingérer  deux  à  troi 
fois  par  jour  l'un  des  paquets  suivants  : 

Racine  de  belladone O^SlO 

Bicarbonate  de  soude j  âa  Igr  eu) 

Sucre  blanc  pulvérisé )  ' 

Divisez  en  dix  paquets  semblables. 

On  peut  encore,  avec  M.  Monti,  associer  la  belladone  à  la 
quinine  dans  une  poudre  composée,  dont  on  administrera 
deux  à  trois  paquets  par  jour  : 

Racine  de  belladone  pulvérisée.      O0^1O 

Sulfate  de  quinine O^^SO 

Sucre  blanc  pulvérisé 2  grammes. 

A  diviser  en  dix  paquets  semblables. 

La  teinture  de  belladone  s'administre  soit  en  nature, 
à  l'exemple  de  Bamberger  et  à  raison  de  II  à  XV  gouttes 
par  jour,  en  trois  ou  quatre  prises,  suivant  l'âge  des 
enfants  et  en  surveillant  l'état  de  la  pupille  et  les  phé- 
nomènes d'intoxication,  soit  dans  une  potion  ainsi  com- 


Teinture  de  belladone 11  à  VI  gouttes. 

Julep  gommeux 70  grammes. 

Prendre  une  cuillerée  à  café  toutes  les  deux  heures. 

Dans  les  formes  intenses,  M.  Ellis  conseille  Vextraitde 
belladone^  et  en  particulier  la  mixture  suivante  : 

Extrait  de  belladone 09%0f 

Bromure  de  potassium 09%05 

Sirop  de  pavot XV  gouttes. 

Eau 10  grammes. 

Pour  une  prise. 

Il  répète  au  besoin  cette  prise  jusqu'à  la  dose  élevée  de 
5  centigrammes  d'extrait  par  jour,  s'il  existe  de  la  lolé- 
rance  et  en  surveillant  très  attentivement  l'action  du  médi- 1 
cament.  ' 

3'  Dans  la  période  de  déclin,  il  y  a  lieu  encore  de  pres- 
crire ce  médicament,  d'après  M.  J.  Simon,  mais  en  l'asso- 
ciant aux  toniques  :  huile  de  foie  de  morue,  iodure  de  fer, 
quinquina,  etc. 

Ch.  Élov. 

4 I 

CONTRIBUTIONS  PHARMACEUTIQUES 

Formule  ratioimelle  de  pommade   mocllaglBeaae-      ' 

Aux  considérations  développées  récemment  dans  ce 
journal  (n»  du  ,12  avril)  au  sujet  des  pommades  mucilagi- 
neuses,  nous  croyons  devoir  ajouter  quelques  réflexions. 
Avec  notre  première  formule,  où  entrait  de  la  glycérine,  on 
obtenait  un  agent  qui  était  peu  favorable  à  l'absorption  des 
médicaments  par  la  peau.  D'autre  part  la  proportion  de 
gomme  adragante  y  était  trop  considérable.  Nous  nous 
sommes  efforcés  d  améliorer  ce    produit   et  nous   avons 


3  Mai  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         —  NM8  —    285 


reconnu   qu'en  ajoutant  à  la  préparation  un  centième  de 
poudre  de  savon,  on  obtient  un  mélange  parfait. 

Nous  recommandons  dès  lors  de  préférence  la  formule 
suivante  : 

Vaseline 30  grammes. 

Oxyde  de  zinc i       — 

Gomme  adragantc  pulvérisée. . .      2       — 

Eau  distillée 10       — 

Teinture  de  benjoin  de  Sîaro. . .  XXX  gouttes. 

Poudre  de  savon 08%40 

Faites  le  mélange  d'oxyde  de  zinc  et  de  vaseline  dans  un 
mortier,  et  ajoutez*le  petit  à  petit  au  mucilage  préparé 
dans  un  autre  ;  introduisez  la  poudre  de  savon  et  enfin  la 
teinture;  mêlez  soigneusement  et  conservez  dans  un  vase 

fermé. 

Pierre  Vicier. 

♦ 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

Faculté  de  médecine.  —  Cours  de  pathologie  interne  : 
M.  LE  professeur  Dieulafov. 

Sypiilliii  do  ponnioa  et  de  la  plèwre. 

(Lpçon<;  recueillies  par  le  docteur  Fernand   Widal,  interne 
des  hôpitaux.) 

Les  syphilides  du  larynx,  de  la  trachée  ou  des  bronches 
que  nous  avons  précédemment  étudiées,  ne  sont  pas,  il 
s'en  faut,  les  seules  manifestations  de  la  vérole  sur  les  voies 
respiratoires.  Le  poumon  peut  être  atteint  et  la  plèvre  n*est 
pas  toujours  épargnée.  C'est  cette  syphilis  du  poumon  et  de 
la  plèvre  que  je  vais  actuellement  étudier. 

En  France,  nombre  de  travaux  ont  été  publiés  sur  la 
matière.  Je  vous  citerai  surtout  la  thèse  de  Landrieux  (1872), 
les  leçons  de  H.  le  professeur  Fournier(6a2.  hebdom,,  1875, 
n"  48,  49,  51),  à  l'hôpital  de  Lourcine,  une  observation 
présentée  par  lui  à  TAcadémie  de  médecine  (19  novem- 
bre 1878),  les  thèses  de  Carlier  (1882)  et  de  Jacquin 
(1884),  les  leçons  publiées  Tan  passé  par  M.  Mauriac  (Gaz. 
des  hôp.,  1888),  une  clinique  récente  de  M.  Potain  (Gaz. 
de»  hôp.,  1888,  n"  137  et  142).  J'ai  moi-même  recueilli 
plusieurs  observations  de  syphilis  du  poumon  et  de  la 
plèvre;  tous  ces  documents  vont  être  utilisés  dans  le  cours 
de  mon  exposition. 

Je  dois  vous  mettre  tout  d'abord  en  garde  contre  une 
erreur  de  langage.  On  a  trop  souvent  le  tort  de  confondre 
les  termes  pneumopathie  syphilitique  et  phthisie  syphili- 
tique. Nombre  de  malades  atteints  de  syphilis  pulmonaire 
meurent  ou  guérissent  sans  devenir  des  phtjiisiques.  La 
phlhisie  doit  être  considérée  comme  une  complication  qui 
peut  manquer  au  cours  de  la  pneumopathie  syphilitique; 
elle  s'installe  d'après  un  processus  sur  lequel  j'aurai  à 
m'élendre  plus  tard. 

Anatomiouement,  la  syphilis  pulmonaire  se  manifeste 
sous  Tune  des  trois  formes  suivantes  : 

!•  Sous  forme  de  gommes.  —  Généralement  peu  nom- 
breuses et  peu  volumineuses,  leurs  dimensions  ne  dépassent 
Îu'exceptionnellement  celles  d'une  noisette,  d'une  noix  ou 
un  œuf  de  pigeon.  Elles  sont  entourées  d'une  coque 
fibreuse  très  résistante;  leur  centre  est  jaunâtre,  friable. 
dégénère  en  matière  caséeuse  et  laisse  des  cavités  après 
ramollissement  ; 

2"  Sott«  forme  de  sclérone  disséminée  (Fibroïd  lunas  des 
auteurs  anglais).  —  Je  vous  ferai  plus  loin  de  cette  lésion 
une  description  détaillée  ; 


3**  Sous  forme  de  sclérose  associée  à  des  gommes. 

Les  formes  cliniques  si  variées  de  la  syphilis  pulmonaire 
résultent  toutes  de  ces  lésions  isolées  ou  combinées  et  des 
lésions  analogues  des  bronches  leur  sont  souvent  associées^. 
Pour  la  clarté  et  la  rigueur  de  la  description  je  vous 
propose  la  classification  clinique  suivante  : 

1*"  Type  simulant  la  broncho-pneumonie  tuberculeuse 
aigué  ; 

2*"  Type  simulant  la  phthisie  tuberculeuse  vulgaire; 

3*"  Sclérose  syphilitique  broncho-pulmonaire  et  pleu- 
résie syphilitique; 

4'  Pneumopathie  syphilitique  combinée  à  une  tubercu- 
lose du  poumon  qui  lui  est  antérieure  ou  postérieure  ; 

5*  Syphilis  pulmonaire  héréditaire  précoce  ou  tardive. 

l""  Type  simulant  la  broncho-pneumonie  tuberculeuse 
aiguë.  —  Dans  certains  cas,  la  syphilis  du  poumon  offre  le 
tableau  presque  fidèle  de  la  phthisie  tuberculeuse  aiguë,  et, 
si  elle  présente  parfois  un  caractère  à  elle  particulier,  ce 
n'e^i  (|ue  lej'our  où  la  cause  de  la  maladie  étant  reconnue 
et  traitée,  on  assiste  à  une  amélioration  et  à  une  guérison 
parfois  surprenantes. 

En  voici  quelques  exemples  : 

Une  observation  recueillie  par  M.  Giraudeau  dans  le 
service  de  M.  Hayem  et  consignée  dans  la  thèse  de  Jacquin 
retrace  l'histoire  d'une  femme  de  trente-cinq  ans,  qui  à  son 
entrée  à  l'hôpital,  toussait,  grelottait  la  fièvre  depuis  huit 
jours  et  présentait  à  la  partie  moyenne  du  poumon  gauche, 
en  arrière,  une  matité  étendue  avec  exagération  des  vibra- 
tions thoraciques,  respiration  soufflante  et  râles  sous- 
crépitants.  Les  jours  suivants,  l'aggravation  fut  telle,  que 
le  souffle  devenait  bientôt  caverneux  et  mélangé  de  gar- 
gouillements, les  crachatsapparaissaientnummulaires,  striés 
de  sang,  et  au  bout  de  quatre  semaines  la  malade  amaigrie, 
couverte  la  nuit  de  sueurs  profuses,  toujours  fébricitante, 
avait  pris  tout  l'aspect  d'une  phthisique.  Alors  seulement, 
en  raison  de  l'hypertrophie  des  ganglions  occipitaux  et 
inguinaux,  en  raison  de  la  chute  des  cheveux,  en  raison 
encore  d'une  ulcération  siégeant  dans  le  cul-de-sac  vaginal 
droit  et  ressemblant  à  une  gomme  ulcérée,  on  songea  à 
l'origine  syphilitique  possible  de  la  pneumopathie  et  on 
administra  le  traitement  spécifique.  Après  six  semaines  de 
cette  thérapeutique,  la  malade  remise  sur  pieds  pouvait 
quitter  l'hôpital  :  l'appétit  était  revenu,  les  crachats  num- 
mulaires,  les  sueurs,  la  fièvre  avaient  disparu;  kla  place 
du  souffle  caverneux  et  du  gargouillement,  on  ne  percev^t 
plus  qu'une  respiration  rude  et  un  point  de  matité.  Quelq«iç^' 
temps  plus  tard,  cette  femme  revint  se  faire  soigner,  nôà 
pour  son  poumon,  mais  pour  une  nécrose  du  frontal  qui 
céda  au  même  traitement  aatisyphilitic^ue. 

Il  y  a  sept  ans  que  cette  femme,  qui  courait  à  une  mort 
certaine,  a  été  guérie  de  ces  accidents  pulmonaires  et  depuis 
cette  époaue  le  bon  état  de  sa  santé  ne  s'est  pas  démenti  ; 
M.  Girauaeau  Ta  rencontrée  ces  jours  derniers  très  bien 
portante. 

Aujourd'hui  même,  mon  collègue  M.  le  docteur  Raymond 
me  communiquait  l'observation  suivante  : 

Le  30  janvier  dernier,  entrait  dans  son  service  à  l'hôpital 
Saint-Antoine,  un  homme  de  trente  ans,  pris  brusquement 
depuis  cinq  jours  de  frissons,  de  toux,  de  fièvre  et  de 
dyspnée  et  qui  la  veille,  à  la  suite  d'une  quinte  de  toux,  avait 
été  pris  d'une  hémoptysie  assez  abondante  pour  qu'un 
demi-verre  de  sang  eut  été  expectoré.  Au  sommet  du  pou- 
mon gauche,  en  arrière,  on  percevait  de  la  matité,  des  cra- 
quements, une  respiration  rude  et  soufflante. 

Cet  homme,  atteint  depuis  cinq  jours  seulement  d'une 
affection  aigué  des  voies  respiratoires,  souffrait  déjà  depuis 
quinze  jours  d'une  céphalalgie  violente  à  exaspération  ves- 
pérale. Il  avouait  de  plus,  avoir  contracté  la  syphilis  en  1873, 
et  avoir  présenté  des  accidents  d'épilepsie  jacksonienne, 


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3  Mai  1889 


en  1879.  En  raison  de  ces  antécédents,  en  raison  de  l'ab- 
sence de  bacilles  de  la  luberculosc  dans  les  crachats, 
M.  Raymond  pense  à  une  pneumopathie  syphilitique  et 
ordonne  la  liqueur  de  Van  Swieten  qu'il  remplace  au  bout 
d'une  semaine  par  le  sirop  de  Giberl.  Or,  aix-huit  jours 
après  Tenlrée  à  Thôpital,  les  craquements  avaient  disparu, 
il  ne  restait  plus  à  gauche  qu'une  légère  submatité,  et  le 
malade  ayant  retrouvé  toutes  ses  forces  sortait  sur  sa 
demande. 

En  1881,  je  fus  appelé  auprès  d'un  malade  qui  toussait 
depuis  quelques  jours,  et  se  plaignailde  douleurs  thoraciques 
localisées  surtout  au  sommet  du  côté  gauche.  En  ce  point, 
je  constatai  du  souille  et  des  raies  de  congestion  pulmo- 
naire. Cet  homme,  jusque-là  de  constitution  robuste,  croyait 
à  une  grippe  et  demandait  un  vésicatoire  que  j'administrai 
en  même  temps  qu'une  potion  de  kermès,  sans  oser  encore 
préciser  mon  diagnostic. 

Les  jours  suivants,  la  dyspnée  devint  excessive,  les  cra- 
chats prirent  l'aspect  muco-purulenl  et  nummulaire,  l'ap- 
pétit disparut,  l'amaigrissement  fil  des  progrès  rapides,  les 
râles  du  début  se  transformèrent  en  gargouillements,  et  en 

frésence  de  celte  aggravation  des  symptômes  je  pensai,  je 
avoue,  à  une  tuberculose  pulmonaire  aiguë.  Inciaemment, 
le  malade  me  confia  que  depuis  quelc(ues  jours  il  souffrait 
du  testicule  gauche.  J'examinai  ce  testicule,  je  pensai  immé- 
diatement à  la  syphilis,  le  malade  me  répondit  avoir  con- 
tracté un  chancre  induré  dix  ans  auparavant.  Celle  révéla- 
tion fut  pour  moi  un  trait  de  lumière;  la  syphilis  ne 
pouvait-elle  pas  être  à  la  fois  cause  de  la  lésion  du  poumon 
et  de  la  lésion  du  testicule?  Je  prescrivis  l'iodure  do  potas- 
sium à  haute  dose  et  je  priai  M.  le  professeur  Fournier  de 
venir  voir  le  malade.  M.  Fournier,  en  apprenant  l'histoire 
complète  du  malade,  n'hésita  pas  à  porter  le  diagnostic 
orchite  et  pneumopathie  syphiliti(]ues;  il  ajouta  des  frictions 
mercurielles  à  l'iodure  de  potassium  déjà  prescrit.  La  scène 
changea  si  brusquement  (]ue  déjà  les  nuits  suivantes  la 
dyspnée  avait  disparu.  Quinze  jours  après  le  début  de  ce 
traitement,  l'état  général  était  devenu  excellent,  et  comme 
signe  local,  il  restait  seulement  au  sommet  du  côté  gauche 
une  légère  submatité  qui  finit  elle-même  par  disparaître. 
J'ai  toujours  suivi  ce  malade,  que  j*ai  traité  depuis  cette 
époque  pour  un  panaris  syphilitique,  mais  il  ne  s'est  plus 
jamais  plaint  d'accident  pulmonaire. 

Voici  maintenant  un  cas  de  pneumopathie  syphilitique  à 
marche  aiguë,  suivi  de  mort.  Le  malade  avait  été  observé 
par  M.  Cuffer,  et  l'autopsie  fut  pratiquée  avec  le  plus  grand 
soin  par  M.  Rémy  (thèse  Jacqum,  ods.  II).  Cette  observa- 
tion est  donc  intéressante  en  raison  des  renseignements 
anatomo-pathologiques  qu'elle  peut  nous  fournir. 

Un  homme,  en  proie  depuis  quelques  jours  à  une  dyspnée 
violente,  entre,  en  188i,  à  Thôpital  de  la  Charité  dans  le 
service  de  M.  Cuffer,  qui  constate  à  la  partie  moyenne  du 
poumon  droit  des  râles  sous-crépitants  et  de  la  matité.  En 
scrutant  les  antécédents  de  ce  malade,  on  y  découvre  des 
accidents  syphilitiques  manifestes,  et  comme  on  hésitait  sur 
le  diagnostic,  il  présenta  des  symptômes  généraux  graves  et 
mourut  très  rapidement. 

A  l'autopsie,  on  ne  trouva  pas  le  moindre  tubercule, 
mais  seulement  une  lésion  pulmonaire  présentant  à  l'œil 
)iu  la  forme  d'une  nodosité  jaunâtre  du  volume  d'une  petite 
noix. 

A  l'examen  microscopique  M.  Rémy  fil  les  constatations 
suivantes  : 

«  La  tumeur  est  constituée  par  un  certain  nombre  de 
noyaux  de  broncho-pneumonie  à  divers  états  (catarrhal, 
fibrineux  ctcaséeux).  Il  n'existe  pas  d'eneapsulement  bien 
net  par  une  zone  de  tissu  fibreux  comme  dans  les  gommes 
§ur  toute  l'étendue  de  la  lésion.  Cependant,  en  quelques 
points,  cet  enc^psulemenl  existe;  mais  il  n'est  pas  formé 


par  du  tissu  de  nouvelle  formation,  il  est  constitué  par  la 
cloison  du  lobule.  On  ne  trouve  pas  une  artère  comme 
centre  de  lésions;  celles-ci  sont  plutôt  groupées  autour  des 
bronches  comme  dans  la  broncho-pneumonie.  L'ensemble 
total  est  formé  par  plusieurs  petits  amas  d'apparence  ca- 
séeuse  entourés  de  zones  plus  vivantes.  L'amas  caséeux  est 
constitué  par  des  alvéoles  pulmonaires  remplies  de  cellules 
dont  la  forme  est  impossible  à  délimiter  et  qui  semblentétre 
en  dégénérescence  graisseuse.  L'enveloppe  de  chaque  amas 
caséeux  est  constituée,  tantôt  par  une  cloison  fibreuse  inter- 
lobulaire  épaissie,  tantôt  par  des  alvéoles  remplies  de 
leucocytes  et  présentant  des  parois  épaissies.  On  constate, 
en  outre,  que,  dans  le  voisinage  et  dans  l'épaisseur  des 
bronches,  des  vaisseaux  ou  des  cloisons  interlobulaires,  il 
existe  des  amas  de  jeune  cellules  qui  révèlent  leur  état 
phlegmasique.  Jt 

Ces  recherches  histologiques  que  je  vous  ai  rapportées  en 
détail,  semblent  démontrer  que  dans  les  pneumopathie> 
syphilitiques  aiguës,  le  processus  commence  par  une  bron- 
cho-pneumonie à  forme  bâtarde  avec  diffusion  parenchy- 
mateuse  engainant  la  bronche,  l'alvéole,  pour  aboutir  en 
quel(]ues  jours  à  une  caséification  des  tissus  envahis.  La 
.syphilis  tertiaire  détermine  alors  un  véritable  phagédénisme 
rapide  du  poumon,  comme  on  peut  la  voir  déterminer 
ailleurs  un  phagédénisme  rapide  du  voile  du  palais  ou  du 
larynx. 

Messieurs,  il  en  est  de  celte  forme  de  la  syphilis  pulmo- 
naire, comme  de  toutes  les  autres,  vous  n  arriverez  à  la 
diagnostiquer  que  si  vous  y  avez  pensé. 

On  a  dit,  je  le  sais,  que  la  pneumopathie  syphilitique 
s'installait,  sans  fièvre,  .sans  anorexie,  sans  perte  de  force, 
sans  aucun  phénomène  d'hecticité.  Cela  peut  être  vrai  pour 
un  certain  nombre  de  cas  à  marche  lente,  mais  non  pour  les 
formes  aiguës  ;  c'est  là  ce  qui  fait  l'extrême  difficulté  du 
diagnostic.  Rappelez-vous  la  plupart  des  observations  que  je 
viens  de  vous  citer  et  dites-moi  si  des  malades  se  présentant 
avec  des  signes  de  caverne  pulmonaire,  expectorant  des  cra- 
chats nummulaires,  tourmentés  par  des  sueurs  nocturnes 
et  courant  à  une  consomption  rapide,  le  tout,  évoluant  eu 
quelques  semaines,  n'avaient  pas  grande  chance  d'être  pris 
pour  des  gens  atteints  de  phthisie  aiguë? 

La  dyspnée  est  souvent  intense,  hors  de  proportion  avec 
la  lésion,  mais  ce  symptôme  ne  suffit  pas  à  mettre  sur  la 
voie  du  diagnostic. 

Les  signes  physiques  sont  ceux  de  la  tuberculose  pulmo- 
naire, avec  cette  différence,  qu'ils  empruntent  en  général 
à  leur  localisation  un  caractère  particulier.  La  lésion 
est  très  souvent  localisée,  vers  la  partie  moyenne  du  pou- 
mon,surtout  du  côté  droit,  au  niveau  des  troisième  et  qua- 
trième espaces  intercostaux.  Cette  topographie  toute  spéciale 
est  importante  à  connaître  ;  elle  seule  peut  faire  penser  à  la 
syphilis,  mais  elle  n'est  pas  constante  :  dans  l'observation 
de  M.  Raym^id  et  dans  celle  qui  m'est  personnelle,  la 
lésion  siégeait  au  sommet  du  côté  gauche. 

Un  stigmate  spécifique  apparaissant  au  niveau  du  tibia, 
de  la  clavicule,  du  testicule  ou  d'un  autre  organe,  l'absence 

fdusieurs  fois  constatée  de  bacilles  de  la  tuberculose  dans 
es  crachats,  sont  autant  de  signes  confirmatifs  du  diagnos- 
tié  :  pneumopathie  syphilitique  aiguë. 

En  un  mol,  s'il  n'existe  pas  de  symptôme  palhogno- 
monique  de  la  broncho-pneumoniç  syphilitique  aigué,  1  t^n- 
semble  du  complexus  symplomatique  peut  être  assez  carac- 
téristique pour  permettre  un  diagnostic  de  probabilité.  Alors 
n'hésitez  pas,  administrez  avec  conviction  l'iodure  d<' 
potassium  et  le  mercure,  il  y  va  du  salut  de  voire  malade. 
Cette  forme  de  pneumopathie  syphilitique  mérite  toute 
votre  attention,  car  si  elle  est  de  beaucoup  la  plus  rare, 
n'oubliez  pas  qu'elle  peut  être  de  beaucoup  la  plus  grave. 

{A  suivre,) 


3  Mai  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  NM8  —    287 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Gllalqne  médteale» 

SoR  DEUX  CAS  DE  SURMENAGE,  par  M.  le  docteuF  G.  Colle- 
ville,  médecin  de  rHôlel-Dieu  de  Reims. 

I.  L'élîologie  des  néphrites  est  encore  relativement  obscure 
et  leurs  rapports  avec  les  aulo-inloxicalions,  dues  au  surme- 
nage, semblent  se  préciser  toutes  les  fois  que  Ton  étudie 
avec  attention  les  faits  dans  lesquels  il  est  impossible  d'in- 
voquer une  cause  pathogénique  nettement  définie.  C'est 
pourquoi  il  nous  a  semblé  intéressant  de  faire  connaître, 
dans  tous  ses  détails,  l'observation  suivante.  L'interpré- 
tation qu'on  pourra  donner  aux  accidents  constatés  chez 
notre  malade,  différera  peut-être  en  quelques  points  de 
la  nôtre.  Celle-ci  nous  a  paru  cependant  assez  satisfaisante 
et  conforme  aux  idées  que  l'on  se  fait  aujourd'hui  de  la 
pathogénie  des  néphrites  : 

Obs.  1.  Néphrite  par  auto-intoxication,— -h...,  âgé  de  vingt- 
deux  ans.  Fils  unique.  Tempérament  lymphatique. 

Antécédents  héréditaires.  —  Grands-parents  ont  vécu  vieux. 
Père  très  bien  portant.  Mère  sujette  à  des  douleurs  vagues,  de 
nature  peut-être  rhumatismale,  ne  s'est  jamais  alitée  pour  ce 
motif. 

Antécédents  personnels,  —  Aucune  affection  habituelle  à 
Fenfance.  H  a  séjourné  pendant  treize  ans  dans  une  habitation 
humide.  Il  a  eu  de  temps  en  temps  des  douleurs  dans  la  conli- 
nuilé  des  membres  avec  localisation  aux  genoux  et  aux  coudes; 
il  a  toujours  pu  néanmoins  continuer  ses  occupations  sans  inter- 
ruption. A  signaler  également  des  névralgies  dentaires  et  des 
céphalalgies.  Tous  ces  malaises  ont  été  ressentis  seulement 
depuis  sept  ans;  il  y  en  a  huit  que  ses  parents  et  lui  ont  quitté 
le  domicile  auquel  il  est  fait  allusion  plus  haut.  Pas  de  maladies 
vénériennes;  pas  d'alcoolisme. 

Commémoratifs.  —  Sa  profe  sion  de  €  clerc  d'huissier  »  To- 
bligeait  à  fournir  de  longues  courses  à  pied  dans  les  environs  de 
la  ville.  Presque  tous  les  jours,  il  faisait  une  moyenne  de  12  à 
l  i  kilomètres,  avec  une  vitesse  de  6  à  8  kilomètres  par  heure.  11 
revenait  de  ces  expéditions  tout  couvert  de  sueurs  et  se  remet- 
tait au  travail  dans  son  bureau  sans  prendre  la  précaution  de 
s'essuyer  ou  de  sécher.  Suivaul  les  circonstances,  il  lui  arrivait 
de  rentrer  avec  les  vêtements  mouillés  par  la  pluie;  notamment 
une  certaine  fête  du  U  juillet,  où,  étant  de  planton  pendant 
des  exercices  de  tir,  il  reçut  une  pluie  orageuse  sur  le  dos;  à 
son  retour,  il  ne  se  changea  pas.  Dans  ces  circonstances,  il  était 
pris  de  frissons  plus  ou  moins  prolongés  et  finissait  par  se 
remettre  sans  éprouver  d'autres  symptômes. 

Dans  les  premiers  temps  de  ces  marches  forcées,  il  n'accusait 
rien  de  particulier.  Mais,  plus  tard,  il  commença  à  ressentir  un 
peu  de  fatigue  et  de  la  dirainutiou.de  rappélit:  ces  troubles 
n'étaient  d'ailleurs  que  passagers.  A  la  fin  de  l'année  1885.  ils 
s'accentuèrent.  J.'anorexie  notamment  persistait  pendant 
plusieurs  jours  avec  une  intensité  variable,  sans  vomissements, 
ni  douleurs  stomacales  ;  entre  temps,  de  la  constipation.  Pas  de 
douleurs  rénales,  ni  d'essoufflement. 

Année  1886.— Les  troubles  digestifs  deviennent  plus  graves. 
La  céphalalgie  est  moins  fréquente  qu'au  début.  Langueur 
générale  très  marquée  et  endolorissement  dans  les  menjbres. 
Langue  couverte  souvent  d'un  enduit  blanchâtre  assez  épais  ; 
haleine  fétide  ;  anorexie  absolue.  Sensibilité  au  niveau  des 
masses  musculaires;  urines  troubles,  non  sanglantes. 

Tous  les  vingt  jours,  il  était  pris  de  vomissements  incessants, 
faits  sans  effort,  d'abord  alimentaires,  ensuite  bilieux;  puis 
enfin,  muqueux.  Ceux-ci  coïncidaient  avec  ses  crises. 

Crises.  —  Elles  éclataient  tous  les  quinze  jours  pendant  le 
premier  trimestre  de  cette  année,  coïncidant  avec  les  longues 
marches  dont  il  est  parlé  plus  haut.  Un  ou  deux  jours  aupara- 
vant, il  ressentait  quelques  douleurs  rénales  :  les  urines  deve- 
naient rouges;  ensuite,  survenaient  une  céphalalgie  persistante 
i;t  une  lassitude  générale.  Apparition  alors  des  vomissements 

sus-mentionnés  pendant  une  période  de  huit  à  dix  jours,  avec 

impossibilité  absolue  de  prendre  quoi  que  ce  soit  comme  ali- 


mentation; à  la  fin,  il  éprouvait  une  sensation  de  brûlure  au 
creux  épigastrique  avec  des  p^rosis.  Constipation  persistante. 
Un  peu  de  bouffissure  aux  paupières  et  à  la  région  péri-malléo- 
laire.  Ptyalisme  assez  marque.  La  vue,  qui  est  un  peu  faible 
d'habitude,  se  brouillait  à  ce  moment,  il  perdait  un  peu  la  vision 
distincte  du  contour  des  objets.  Battements  cardiaques  pénibles 
et  fréquents,  avec  sensation  de  constriction  précordiale  et  d'es- 
soufflement facile.  Vers  la  fin  de  sa  crise,  les  urines  reprenaient 
leur  couleur  normale;  elles  devenaient  très  abondantes  et  très 
claires. 

Dans  l'intervalle  de  ces  crises,  le  jeune  D...  ne  ressentait 
qu'un  peu  de  lassitude,  qui  disparaissait  rapidement.  L'estomac 
redevenait  bon;  il  digérait  très  bien;  le  retour  à  la  santé  parais- 
sait être  complet. 

Ayant  eu  l'occasion  d'examiner  le  malade  à  diverses  reprises, 
à  la  fin  de  l'année  1886,  voici  ce  que  nous  avons  constaté  de 
particulier. 

Au  moment  des  crises,  lorsqu'il  est  en  pleine  période  de 
vomissements,  nous  avons  noté  tous  les  signes  indiscutables  de 
dilatation  du  cœur  droit.  Dans  le  creux  épigastrique,  bruit  de 
galop  droit  très  net,  coïncidant  avec  un  renforcement  très 
marqué  du  second  bruit  de  l'artère  pulmonaire  au  niveau  du 
deuxième  espace  intercostal  gauche  ;  pouls  fréquent,  mou  et 
dépressible,  indiquant  bien  la  faiblesse  de  la  tension  dans  le 
système  artériel.  La  mensuration,  pratiquée  plusieurs  fois,  a 
donné  comme  maxima  les  limites  suivantes:  la  pointe  battait  à 
6  centimètres  du  rebord  gauche  du  sternum  ;  les  dimensions 
du  cœur  étaient,  pour  le  boni  droit,  de  U  centimètres  et  pour 
la  projection,  au  niveau  du  bord  gauche  stermal,  de  12  centi- 
mètres. Les  pupilles  ne  paraissaient  pas  être  sensiblement 
dilatées  ;  pas  de  pouls  veineux  ;  dyspnée  très  marquée.  Les 
urines,  rares  et  riches  en  sédiments  uratiques,  contenaient  un 

fïrécipité  albumineux  assez  abondant  pour  apparaître  rapidement 
orsqu'on  en  pratiquait  la  recherche  à  l'aide  de  la  chaleur  ou  de 
l'acide.  Examinées  au  microscope,  on  ne  trouvait  pas  de  cylindres 
épithéliaux  ni  hyalins,  mais  bien  des  cristaux  d'oxalale  de  chaux 
et  d'acide  urique.  L'œdème  des  paupières  était  presque  contes- 
table. Lorsque  avec  le  repos  et  le  régime  lacté  était  revenu  le 
retour  à  l'état  normal,  précédé  d'une  crise  urinaire,  les  urines 
ne  contenaient  plus  d'albumine  (même  avec  le  réactif  de  Tanret); 
les  signes  de  dilatation  du  cœur  droit  disparaissaient  complè- 
tement ainsi  que  les  troubles  digestifs;  il  pouvait  manger  de 
tout  sans  sentir  qu'il  avait  un  estomac. 

Dans  l'intervalle  de  ses  crises,  nous  avons  examiné  ses  urines. 
Lorsque  vaquant  à  ses  occupations,  il  était  resté  à  son  bureau 
tonte  la  journée,  on  ne  trouvait  d'albumine  à  aucun  moment. 
Lorsqu'il  allait  en  dehors  de  la  ville,  tout  en  fournissant  des 
courses  moins  longues  qu'autrefois  et  en  prenant  les  précautions 
hygiéniques  nécessaires,  il  avait  des  crises  analogues  à  celles  qui 
viennent  d'être  décrites,  mais  bien  atténuées  dans  leur  intensité 
et  dans  leur  durée  (deux  à  trois  jours,  au  lieu  de  dix)  :  il  payait 
d'ailleurs  par  un  redoublement  en  intensité  de  crise,  tout  oubli 
de  précautions. 

Mais,  lorsqu'il  avait  fait  quelques  courses  assez  éloignées 
dans  la  ville,  l'examen  des  urines  devenait  intéressant  :  un  peu 
de  lassitude  survenait  à  ce  moment. 

L'urine  du  lendemain  matin  ne  contenait  pas  d'albumine  :  on 
en  voyait  un  très  léger  nuage  dans  celle  qui  était  émise  après 
le  déjeuner;  le  soir,  il  n'y  en  avait  pas.  C'était  après  sa  course, 
naturellement,  qu'on  pouvait  en  constater  une  certaine  quantité 
appréciable. 

Le  procédé  ordinaire  pour  la  recherche  d'albumine  pouvant 
induire  en  erreur,  nous  avons  eu  recours  aux  manipulations 
suivantes  recommandées  par  les  auteurs.  Mélanger  l'unne  avec 
un  sixième  de  son  volume  d'une  solution  saturée  de  sulfate  de 
soude  et  aciduler  avec  de  Tacide  acétique. 

La  légère  couche  albumineuse,  obtenue  après  le  repas,  ne 
peut  pas  être  de  la  peptone,  puisque  l'on  sait  que  celte  variété 
d'albumine,  précipitable  par  le  tanin,  le  reactif  de  Tanret, 
l'acide  picrique,  etc.,  ne  l'est  ni  par  la  chaleur,  ni  par  l'acide 
nitrique  ou  acétique. 

Le  traitement  institué  a  consisté  surtout  dans  le  repos,  les 

Précautions  pour  éviter  le  froid,  le  régime  lacté  au  moment  de 
imminence  des  crises  ;  du  fer  et  des  ioniques  dans  l'intervalle. 
Nous  n'avons  revu  notre  malade  qu'à  la  fin  de  l'année  1888. 
Il  nous  a  dit  avoir  suivi  nos  recommandations  aussi  exactement 
que  possible.  Détail  intéressant  :  il  a  noté  sur  des  almanachs 
ses  jours  de  crises  pendant  les  années  1887  et  1888.  Ces  crises 
ne  sont  plus  provoquées  par  des  courses  ou  par  des  écarts 


288    —  N«  18 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


3  Mai  1889 


d'hyj:iène,  puisqu'il  reste  à  son  bureau  toute  la  journée  ;  elles 
surviennent  spontanément. 

Tableau  des  crises. 

Année  1887.  —  Janvier,  r. . . .  (du  15  au  19). 

—  Février (du  8  au  17). 

—  Mars (du  6  au  17). 

—  Avril (du  9  au  16)) 

—  Mai (du  8  au  20). 

—  Juin (        »        ). 

—  Juillet (du  20  au  28). 

—  Août (du  24  au  31). 

—  Septembre ...  (du  f*^  au  16  et  du  28  au  30). 

—  Octobre (        >        ). 

—  Novembre. ...  (du  1"  au  7). 

—  Décembre. ...  (du  16  au  22). 
Année  1888.  —  Janvier (        i        ). 

—  Février (du  !•' au  3). 

—  Mars (        »        ). 

~  Avril (du  21  au  25). 

—  Mai (du  8  au  11). 

—  Juin (du  11  au  14). 

—  Juillet (31). 

—  Août (du  l"'  au  3). 

—  Septembre . . .  (du  2  au  8). 

—  Octobre (        »        ) 

—  Novembre....  (du  5  au  9  et  du  19  au  25). 

—  Décembre —  (        >        ). 

Année  1889.  —  Janvier (du  4  au  6  et  du  U  au  20). 

11  est  facile,  à  Tinspection  de  ce  tableau,  de  noter  : 

1*»  A  re.tception  des  deux  mois  de  juin  et  d'octobre  (année  1887), 
où  il  n'y  a  pas  eu  de  crises,  celles-ci  sont  survenues  mensuel- 
lement et  ont  duré  pendant  une  période  de  onze  à  douze  jours. 
A  remarquer  également  qu'en  mai  et  en  septembre,  les  crises 
survenaient  à  la  fin  du  mois,  ce  qui  explique  leur  absence  dans 
le  cours  de  juin  et  d'octobre  ; 

2°  Qu'il  y  a  eu  une  amélioration  en  1888  ;  puisque  nous  avons 
eu  ç[uatre  mois  sans  crises  et  que  la  durée  a  varié  de  deux  à 
six  jours. 

3*'  On  peut  dire  que  D...  avait  en  moyenne,  tous  les  mois,  une 
crise  pendant  laquelle  s'opérait  une  décharge  d'uréides  amassés, 
mal  oxydés,  sans  aucune  autre  cause  spéciale  que  leur  accumu- 
lation même  dans  l'économie. 

Noos  revoyons  notre  jetme  homme,  à  la  (in  de  l'année  1888, 
dans  l'intervalle  d'une  de  ces  crises,  dans  le  courant  de 
décembre. 

Depuis  trois  ou  quatre  mois,  il  est  obligé  de  se  réveiller  dans 
le  courant  de  la  nuit  pour  uriner  :  il  se  plaint  de  crispations 
dans  les  doigts,  de  fourmillements  dans  les  jambes  ;  il  sent  que 
sa  crise  va  lui  revenir.  L'urine  examinée  pendant  cette  période 
intercalaire  est  maintenant  claire,  mousseuse  et  fortement  albn- 
mineuse.  L'aspect  général  est  meilleur.  11  raconte  que,  depuis 
de  longs  mois,  ses  crises  ne  marquent  plus  que  par  les  signes 
suivants  :  quelques  vomissements  ;  des  urines  rouges  et  rares  ; 
de  la  céphalée  ;  plus  d'angoisse  ni  de  troubles  du  côté  du  cœur 
droit.  Par  contre,  son  cœur  gauche  est  hypertrophié:  la  pointe 
est  descendue  verticalement  et  non  transversalement  dans  le 
sixième  espace  intercostal  ;  on  perçoit  très  nettement  le  bruit 
de  galop  avec  accentuation  du  second  bruit  aortique  et  le  pouls 
de  Traube.  Aucune  douleur  rénale. 

Obligé  de  satisfaire  à  la  loi  de  recrutement,  il  avait  été  malade 
cinq  jours  avant  son  départ.  Arrivé  à  son  régiment,  il  ne  ressentit 
rien  pendant  huit  jours.  Les  mouvements  militaires  et  les  exer- 
cices provoouèrent  une  seconde  crise  du  19  au  25  novembre. 
Il  revient  à  Reims,  envoyé  en  congé  pendant  six  mois,  pour  être 
examiné  et  réformé  au  besoin.  Il  entre  à  l'hôpital  militaire, 
dans  le  service  *de  M.  Weil  et  de  M.  Cliquet.  Ces  messieurs 
assistent  à  une  seconde  crise  analogue  à  celle  qu'il  éprouvait 
et  ne  trouvent  rien  de  spécial  à  ajouter,  si  ce  n  est  qu'il  pré- 
sente de  l'albuminurie  permanente,  parfaitement  rétractile  et 
des  cylindres  hyalins  et  épithéliaux. 

Prolitant  d'un  intervalle  entre  les  crises  et  au  milieu  de  la 
période  intercalaire,  nous  prions  Dr.  de  se  soumettre  au  régime 
exclusif  du  bouillon  et  de  la  viande  pendant  Quelques  jours. 
Voici  le  résultat  de  cette  petite  expérience  du  oO  janvier  1889 
au  2  février. 

1"  jour.  —  Rien.  ' 


2*  jour.  —  Le  soir  :  malaise,  inappétence.  | 

3*  jour.  —  Le  soir  :  nausées  ;  le  bouillon  n'a  pas  été  digéré  ; 
malaise  ;  urine  de  couleur  foncée. 

4*  jour.  —  Le  matin  :  nausées,  vomissements  pituiteux  el 
bilieux  ;  urines  claires  :  albumine  en  grande  quantité. 

Légère  diarrhée  à  partir  du  second  jour. 

Dr.  étant  admis  pour  la  réforme,  est  retourné  chez  ses  parents  : 
il  doit  revenir  de  temps  en  temps  nous  montrer  son  urine  et 
nous  exposer  son  état  de  santé.  Nous  n'avons  pas  encore  eu 
l'occasion  de  le  revoir  depuis  ce  moment. 

Remarques.  —  Il  nous  semble  intéressant  de  faire  res- 
sortir plusieurs  points  de  cette  observation. 

l*"  Elle  nous  otTre  à  étudier  successivement  plusieurs  des 
formes  cliniques  du  surmenage.  La  simple  courbature 
ouvre  la  scène.  Ensuite  survient  le  type  rhumatoïde  (sensi- 
bilité des  masses  musculaires,  endolorissement  des  mem- 
bres, état  saburral  et  trouble  des  voies  digostives).  Tel  est 
le  pseudo-rhumatisme  du  surmenage  qualifié  à  tort  d'infec- 
tieux au  point  de  vue  microbiologique,  comme  le  fait 
remarquer  avec  juste  raison  notre  maître  Dreyfus-Brisac 
dans  son  article  de  la  Gazette  hebdomadaire  de  Tannée  1888 
(n»  28). 

Enfin,  éclatent  de  véritables  crises  d'albuminurie  inter- 
mittente dont  Tétiologie  clinique  est  peu  connue,  alors  que 
la  physiologie  du  surmenage  est  déjà  riche  en  faits  acquis. 

Ecartons  d'abord  toute  idée  d'albutninurie  cyclique,  telle 
que  l'entendent  Pavy  et  Dubreuilh.  En  effet,  cette  variété 
d'albuminurie  se  produit,  sauf  quelques  rares  exceptions, 
à  peu  près  quotidiennement  avec  des  caractères  identiques. 
Chez  notre  malade,  rien  de  semblable,  puisque  la  fatigue 
de  la  marche  seulement  semble  créer  l'alouminurie  de 
toutes  pièces. 

Nous  ne  dirons  pas  avec  d'autres  auteurs  que  cette  albu- 
minurie est  l'exagération  d'un  phénomène  normal;  puisque, 
après  le  repos  prolongé,  on  ne  peut  déceler  la  moindre 
trace  d'albumine  même  avec  des  réactifs  les  plus  sensibles. 
Johnson  voit  dans  toute  albuminurie  intermittente  un  élat 
pathologique,  une  né[)hrite  latente.  L'auteur  anglais  pose 
en  principe  qu'en  fouillant  bien  dans  les  antécédents,  on 
trouve  une  néphrite  aiguë  :  aussi  apporte-t-il  une  grande 
réserve  dans  le  pronostic.  En  pratique,  la  question  est  diffi- 
cile à  résoudre;  car,  au  point  de  vue  symptomatologique. 
on  sait  combien  sont  nombreuses  les  ressemblances  cli- 
niques entre  la  congestion  rénale  active  et  la  néphrite  aiguë. 
La  présence  des  cylindres  urinaires  est  la  seule  preuve  que 
Pélément  noble  du  parenchyme  est  touché.  Or,  avant  1887, 
nous  n'avons  jamais  pu  constater  l'existence  de  ces  éléments 
morphologiques.  La  fatigue  crée  d'ailleurs  une  hypérémie 
fonctionnelle  des  reins,  laquelle  hypérémie,  par  sa  répéti- 
tion, peut  créer  d'abord  une  phlegmasie limitée,  capable  de 
s'étendre  progressivement  surtout  si  l'on  suppose  un  locus 
minoris  resistantiœ  dans  l'épithélium  rénal,  doué  d'une 
perméabilité  spéciale,  comme  dans  les  expériences  de  Capi- 
tan,  Germent  et  de  Chateaubourg.  La  physiologie  du  sur- 
menage va  nous  fournir  les  éléments  de  notre  réponse. 
Qu'il  nous  soit  permis  de  rappeler  le  plus  brièvement  pos- 
sible ce  qui  a  cours  dans  la  science  sur  ce  point. 

Béclard  définit  sous  le  nom  de  c  fatigue  musculaire  »  la 
limite  au  delà  de  laquelle  un  muscle  ne  peut  accomplir  son 
action  dans  toute  sa  plénitude.  Le  muscle  qui  se  fatigue, 
consomme  en  quelque  sorte  sa  propre  substance.  Non  seu- 
lement les  déchets  de  son  activité  s'accumulent  dans  son 
tissu,  mais  encore  il  y  a  diminution  par  consommation 
exagérée  de  l'oxygène  nécessaire  aux  actions  chimioues 
inséparables  de  l'activité  musculaire.  La  preuve  en  est  dans 
le  rétablissement  de  l'excitabilité  musculaire  par  une 
injection  de  sang  oxygéné.  Donc,  insuffisance  d'oxydation, 
augmentation  des  sulfates  et  des  phosphates,  et  accumu- 
lation des  déchets,  tel  est  le  bilan  chimique  de  la  fatigue 
musculaire. 


3  Mai  1889 


GÂZEnE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  18  —    289 


Peu  nous  importent,  pour  le  moment,  les  théories  mises 
en  avant  pour  expliquer  la  fatigue.  Qu'avec  Ranke  on  en 
accuse  Tacide  lactique  et  la  créatine;  qu'avec  Herniann 
ce  soit  Vinogène  qui  se  transforme  comme  le  glycogène  en 
acide  carbonique  et  en  acide  lactique;  qu'avec  Challon 
ce  soit  au  contraire  la  créatine  et  la  créatinine;  qu'enfin, 
avec  les  physiologistes,  ce  soit  l'acide,  lactique  de  quelque 
origine  qu'il  vienne.  Cette  dernière  hypothèse  a  inspiré  à 
Prayer(d'Iéna)  l'idée  de  faire  des  injections  de  laclate  de 
soude  pour  produire  des  symptômes  de  surmenage  ;  puis  ces 
expériences  ont  été  reprises  par  Keim,  dans  le  but  pratique  de 
montrer  les  avantages  de  la  térébenthine  chaque  fois  qu'on 
doit  s'exposer  à  une  certaine  fatigue  :  la  térébenthine, 
d'après  le  professeur  Lacassagne,  augmentant,  par  l'ozone 
qu'elle  contient,  les  oxydations  des  matières  extractives 
qui  encombrent  la  circulation  et  qui  s'éliminent,  par  les 
reins,  les  muqueuses  et  la  peau. 

Étudions  de  plus  près  la  nature  des  déchets  musculaires. 
D'après  le  professeur  Gautier,  les  leucomaînes  musculaires 
sont  en  minime  proportion  dans  les  urines;  elles  sont 
brûlées  dans  le  torrent  circulatoire.  Que  cette  oxydation 
se  ralentisse  et  ces  alcaloïdes  accompliront  leur  travail  des- 
tructeur dans  l'économie.  A  côté  de  celles-ci,  ajoute 
M.  Gautier,  des  substances  azotées  non  alcaloldiques  sont 
douées  d'une  activité  bien  plus  grande;  ces  substances  azo- 
tées et  oxydables,  dites  extractives,  bien  autrement  impor- 
tantes en  quantité,  sont  des  poisons  beaucoup  plus  actifs 
sur  réconomie.  L'organisme  doit  se  débarrasser  de  ces 
matériaux  toxiques  au  plus  tôt  pour  conserver  la  santé  nui 
K  n'est  que  l'équilibre  instable  entre  le  bien  et  le  mal  > 
(Peler). 

Ordinairement,  l'organisme  s'en  débarrasse  facilement  par 
les  émonctoires  naturels  dans  les  reins  et  dans  le  foie. 
Qu'à  un  moment  donné  ces  organes  soient  altérés  ou  que 
leur  aptitude  éliminatoire  soit  moindre,  il  y  aura  accumu- 
lation de  ces  produits  toxiques  qui  ne  tarderont  pas  à  infec- 
ter le  Seing.  Nous  aurons  ainsi  ce  que  uns  nomment  l'urémie; 
d'autres,  la  cholémie;  Jaccoud,  la  créatinémie  et  Révilliod, 
l'eslractihérnie.  Or,  nous  le  disions  plus  haut,  dans  la 
fatigue  musculaire,  il  y  a  insuffisance  d'oxydation  et  pro- 
duction exagérée  des  matières  extractives. 

Invoquons  maintenant  les  expériences  physiologic[ues. 
Deux  mots  sur  les  faits  si  connus  de  la  toxicité  des  urines. 
Pour  le  professeur  Douchard,  les  urines  à  l'état  de  veille  sont 
au  moins  deux  fois  plus  toxiques  que  pendant  le  sommeil. 
11  en  est  ainsi  parce  que,  à  l'état  de  veille,  nos  organes 
produisent  incessamment  des  déchets  de  désassimilation 
du  sang  passant  dans  les  urines  sans  avoir  eu  le  temps  de 
s'oxyder  jusqu'au  dernier  terme;  tandis  que,  pendant  le 
sommeil,  la  vie  organique  étant  moins  active,  les  déchets 
sont  en  moins  grande  quantité  et  plus  facilement  combinés 
en  s'ajoutant  à  ceux  produits  pendant  l'état  de  veille.  En 
cas  de  surmenage,  que  devient  la  toxicité  urinaire?  L'urine 
des  courbaturés  (Bouchard)  est  éminemment  toxique,  puis- 
qu'elle tue  à  la  dose  de  12  centimètres  cubes  par  kilo- 
gramme d'animal,  alors  qu'il  faut  45  centimètres  cubes 
pour  obtenir  le  même  résultat  avec  les  urines  normales.  La 
question  a  fait  un  pas  de  plus,  depuis  la  thèse  de  Rendon 
(1888).  Il  ne  s'agit  plus  seulement  de  l'accumulation  des 
déchets  et  du  défaut  d'oxydation,  de  la  possibilité  hypothé- 
tique (Keim)  d'une  toxicité  spéciale  plus  grande  de  ces 
mêmes  excréta;  il  faut  encore  voir  comment  les  reins  se 
comportent  vis-à-vis  de  ces  déchets. 

La  réponse  se  trouve  en  partie  dans  les  expériences  si 
curieuses  de  Gaucher,  consignées  dans  la  Revue  de  méde- 
cine (10  novembre  1888). 

L'urée,  terme  ultime  de  l'oxydation  des  matières  azotées, 
est  dialysable  et  toxique  à  des  doses  si  élevées  qu'on  ne  les 
rencontre  pas  dans  l'économie  humaine  (360  grammes  à  la 
fois,  Bouchard).  Les  autres  substances  albuminoldes  d'oxy- 


dation inférieure  qui  subissent  incessamment  des  dédou- 
blements et  des  transformations  diverses,  sont  très  toxiques 
jusciu'à  ce  qu'elles  soient  suffisamment  oxydées  pour  devenir 
de  1  urée.  Que  ces  transformations  soient  arrêtées  par  in- 
suffisance de  combustion  ou  par  combustion  trop  rapide,  la 
néphrite  épithéliale  en  résulte.  En  injectant  sous  la  peau  des 
cobayes  de  la  tyrosine,  de  la  leucine,  de  la  créatine,  créa- 
tinine,  xanthine,  hypoxantine,  Gaucher  montre  que  les 
poisons  animaux  agissent  sur  les  reins  comme  les  poisons 
végétaux  et  minéraux.  Cuffer  avait  déjà  produit  de  la  dyspnée 
urémique  avec  des  injections  de  créatine. 

Conclusion.  —  Si  donc,  au  début  de  notre  observation, 
au  moment  de  la  période  rhumatolde,  on  pouvait  penser  à 
une  simple  fluxion  rénale;  rapidement,  par  la  nature  irri- 
tante des  excréta  sur  l'épithélium  rénal,  la  néphrite  paren- 
chjfmateuse  est  intervenue.  Elle  a  d'abord  été  assez  res- 
treinte en  étendue  pour  que  la  desquamation  des  cylindres 
ait  pu  échapper  à  nos  recherches  microscopiques.  Nous 
en  avons  trouvé  en  1888,  et  nous  en  aurions  vu  assurément 
en  1887,  s'il  nous  avait  été  donné  d'observer  notre  malade. 
Nous  n'en  voulons  pour  preuve  que  la  marche  même  de 
l'affection,  aboutissant  nettement  au  mal  de  Bright  et  don- 
nant complètement  raison,  pour  ce  cas,  à  la  théorie  de 
Johson. 

^  Autres  particularités  intéressantes  à  relever. 

Voilà  un  jeune  homme  qui,  tous  les  mois,  comme  on  peut 
s'en  rendre  compte  à  l'inspection  du  tableau,  a  une  véri- 
table crise  extractihémique,  pour  me  servir  de  l'expression 
de  Révilliod.  L'estomac  se  charge  d'exonérer  l'économie  de 
ces  produits  qui  ne  peuvent  s'éliminer  complètement  par 
les  urines  au  jour  le  jour;  il  semble  que  ce  qui  reste, 
s'ajoute  quotidiennement,  pour  se  décharger  sous  forme  de 
crise  gastrique,  La  polyurie  vient  terminer  la  scène  ;  lorsaue 
le  malade  en  est  sorti,  il  redevient  bien  portant  jusqu  au 
mois  suivant  :  nous  regrettons  de  n'avoir  pu  doser  l'urée. 
Il  n'est  pas  jusqu'à  l'expérience  du  bouillon  qui  ne  nous 
paraisse  concluante.  N'est-on  pas  autorisé  à  penser  que  ces 
règles  urémiques  et  que  ce  bouillon  (déclaré  ajuste  raison, 

Ear  M.  Bouchard,  comme  une  solution  toxique)  montrent 
ien  la  manière  dont  le  surmenage  a  créé  de  toutes  pièces 
cette  néphrite,  répétant  mensuellement  pour  ainsi  dire  le 
mécanisme  étiologique  de  cette  affection. 

Arrivé  à  la  fin  de  ces  considérations  trop  longues,  nous 
chercherons  à  justifier  l'intérêt  que  nous  croyons  devoir 
rattacher  à  notre  observation  par  l'absence  de  documents 
cliniaues  humains  sur  ce  point  du  surmenage,  au  moins 
dans  les  ouvrages  qu'il  nous  a  été  possible  de  consulter. 

C'est  en  1878  que  parait  la  thèse  d'agrégation  de  Garrieu, 
de  Montpellier.  C'est  la  première  monographie  qui  étudie 
l'influence  de  la  fatigue  sur  l'économie,  comme  cause 
exclusive  de  maladie. 

Révilliod,  en  1880,  lit  à  la  Société  médicale  de  Genève 
un  mémoire  sur  la  c  fatigue  »,  mémoire  resté  célèbre  à  juste 
titre,  étudiant  deux  formes  cliniques  du  surmenage,  «  la 
forme  typhoïde  »  et  «  la  forme  cardiaque  ».  Le  professeur 
Boucharu,  dans  son  livre  sur  les  auto-intoxications,  dit  peu 
de  chose  sur  le  surmenage.  Le  professeur  Peter  dans  ses 
cliniques  et  dans  diverses  communications  à  l'Académie, 
insiste  sans  cesse  sur  ce  qu'il  appelle  c  l'autotyphisation  ». 
Keim  (thèse  de  Lyon,  1886,  sur  le  surmenage  et  la  fatigue, 
au  point  de  vue  de  l'hygiène  et  de  la  médecine  légale) 
n'aborde  la  question  qu'au  point  de  vue  théorique  :  aucune 
observation  clinique  dans  cet  intéressant  opuscule.  Rendon 
(thèse  de  Paris,  1888,  sur  les  fièvres  de  surmenage)  étudie 
comme  son  maître  Peter,  Tétat  typhoïde  du  surmenage. 
Pour  terminer  cette  rapide  bibliographie,  mentionnons  les 
communications  si  intéressantes  de  MH.  Gautier  et  Peter 
à  l'Académie  de  médecine  en  1888. 

(J  suivre.) 


290    — NM8  -         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


3  Mai  1889 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Académie  des  scleiiecs. 

Note  sur  les  conditions  de  réceptivité  de  l'appareil  uiii- 
NAiRE  A  l'invasion  MICROBIENNE,  par  le  professeur  Guyon.  — 
L'intervention  des   micro-organismes    dans    les  modificalions 

Sathologiques  des  urines,  depuis  longtemps  démontrée  par 
[.  Pasteur,  parait  avoir  un  rôle  non  moins  décisif  dans  la  pro- 
duction des  accidents  auxquels  succombent  les  malades  atteints 
d'affection  des  voies  urinaires. 

11  est  intéressant  de  rechercher  dans  quelles  conditions  s'exerce 
cette  influence.  La  cliniaue  et  Texpérimentation  fournissent  des 
résultats  qui  sont  en  ^ariaite  concordance.  L*observation  montre 
chaque  jour  des  différences  considérables  dans  l'aptitude  pour 
l'affection  ;  l'expérimentation  les  confirme.  Celte  aptitude  dépend 
de  conditions  multiples.  Les  différentes  parties  de  l'appareil 
urinaire  ne  subissent  l'infection  qu'à  la  suite  d'une  approbation 
préalable  qui  les  met  en  état  de  réceptivité. 

La  rétention  d'urine,  les  lésions  trauma tiques  ou  sponianées 
de  Turèthre,  de  la  vessie,  des  uretères  et  des  reins,  en  d'autres 
termes  tout  ce  qui  modifie  la  nutrition  et  le  fonctionnement 
normal  de  ces  organes,  fournissent  les  conditions  voulues  pour 
cette  appropriation. 

A  ces  conditions  intrinsèques  d'ordre  pathologique  qui  créent 
la  prédisposition  morbide,  s'ajoute  nécessairement  l'action  diffé- 
rente des  diverses  variétés  de  micro-organismes.  Chacune  de 
ces  conditions  réclame  des  recherches  que  je  continue  à  pour- 
suivre. 

Je  me  borne  aujourd'hui  à  indiquer  les  résultats  que  m'a 
donnés  l'étude  du  rôle  pathogénique  de  la  rétention  d'urine. 
Les  notions  positives  qu'elle  fournit  permettent  de  poser  dans 
leur  généralité  les  termes  principaux  de  la  question. 

On  sait  que  nombre  de  malaaes  se  sondent  ou  sont  sondés 
dans  les  conditions  les  mieux  faites  pour  permettre  l'inocula- 
tion. Souvent  il  n'en  résulte  aucun  accident  apparent;  chez 
beaucoup,  de  longues  années  se  passent  sans  autres  inconvé- 
nients que  ceux  d'une  inoculation  localisée  à  la  vessie.  Chez 
d'autres,  l'infection  rapide  de  l'appareil  urinaire  tout  entier 
est  la  conséquence  prochaine,  presque  immédiate  dans  bien  des 
cas,  d'un  cathétérisme  pratique  sans  précautions  antiseptiques. 

La  forme  de  rétention  que  j'ai  <!écrite  autrefois  sous  la  déno- 
mination de  rétention  d'urme  incomplète  avec  distension,  fournit 
au  plus  haut  degré  les  conditions  de  réceptivité  que  je  viens 
d'indiquer. 

Dans  ces  cas,  que  l'étude  clinique  n'avait  pas  séparés  du 
groupe  nombreux  des  rétentions,  j'ai  fait  voir  quelle  pouvait 
être  l'influence  de  la  tension  de  la  vessie  sur  l'état  analomique 
et  fonctionnel  des  reins  et  à  quel  degré  les  troubles  qui  en 
résultent  retentissent  sur  Fappareil  digestif.  Ces  malades  qui 
ont  la  vessie  distendue  à  l'extrême  rendent  cependant  une  quan- 
tité exagérée  d'urine,  leur  nutrition  se  trounle  profondément, 
ils  prennent  à  un  degré  plus  ou  moins  grand  l'aspect  que  déter- 
minent les  lésions  organiques,  ils  offrent  tes  caractères  de  cet 
état  complexe  que  j'appelle  cachexie  urinaire  ou,  du  moins,  de 
l'une  de  ces  formes,  de  la  forme  non  septique. 

Dans  ces  cas,  en  effet,  l'évolution  morbide  s'accomplit  à  l'état 
aseptique.  Malgré  la  gravité,  malgré  la  complexité  des  lésions, 
maigre  Ja  longue  durée,  les  urines  sont  d'une  limpidité  par- 
faite; elles  ne  contiennent  aucun  micro-organisme,  elles  ne 
cultivent  pas;  le  malade  estapj^rétique. 

Qu'une  intervention  soit  jugée  nécessaire,  que  le  cathétérisme 
soit  fait  sans  les  précautions  rigoureuses  qui  empêchent  l'intro- 
duction des  germes,  la  suppuration  s'établit  du  jour  au  lende- 
main, s'étend  rapidement  a  tout  l'arbre  urinaire,  la  vie  est 
gravement  nienacée:  il  y  a  souvent  élévation  de  la  température. 

Les  conditions  présentées  par  ces  malades  peuvent  se  résumer 
ainsi  :  stase  de  I  urine,  troubles  de  la  nutrition  locale  et  de  la 
nutrition  générale. 

Stase  de  Turine  dans  la  vessie  oui  se  débarrasse  seulement  de 
son  trop-plein,  stase  dans  les  uretères  dont  l'irrigation  continue 
de  l'état  normal  est  arrêtée  par  l'énorme  distension  de  la  vessie, 
stase  dans  les  réservoirs  et  jusque  dans  les  canalicules  excré- 
teurs du  rein,  eux  aussi  envahis  par  la  dilatation  pathologique 
de  tout  l'appareil. 

Troubles  de  la  nutrition  locale  dus  aux  lésions  interstitielles, 
jk  l'artério-sclérose  et  mi  raleQiisseiiient  ^e  U  circulation  qui 


entretient  un  état  congestif  permanent.  Troubles  généraux  dus 
à  la  perturbation  des  actes  digestifs. 

I/état  pathologique,  indépendamment  des  lésions  qu'il  pro- 
voque, a  donc  créé  un  milieu  stable  aui,  par  cela  même,  favorise 
la  culture,  culture  que  pourra  rendre  particulièrement  acliv»* 
l'exhalation  sanguine  provoquée  par  l'abaissement  trop  subit  de 
la  tension,  lorsque  l'évacuation  artificielle  n'est  pas  conduilr 
suivant  des  règles  précises. 

Tout  est  donc  prêt  alors  pour  que  la  multiplication  de  l'agenl 
infectieux  s'accomplisse,  tout  assure  la  propagation  aux  uretèn  > 
et  aux  reins. 

Dans  la  rétention  aiguë  complète,  l'urgente  nécessité  de  l'in- 
tervention modifie  grandement  les  conditions  de  réceptiviié. 
Elle  varie  néanmoins  suivant  ses  variétés.  La  rétention  tlos 
rélrécis  ne  saurait  être  comparée  à  celle  des  prostatiques.  Les 
premiers  sont  des  sujets  jeunes  à  vessie  fortement  musclée;  les 
seconds  sont  plus  ou  moins  âgés,  toujours  athéromateux,  leurs 
tissus  sous  le  coup  de  troubles  de  la  nutrition.  Chez  les  uns  e( 
les  autres  cependant,  à  moins  de  lésions  surajoutées,  de  trauma* 
tismes  par  exemple,  l'infection,  lorsqu'elle  se  produit,  se  localiM- 
d'abord  à  la  vessie.  Il  est  fort  rare  qu'elle  soil  durable  chez  Ipv 
rétrécis.  La  stase  de  l'urine  a  bientôt  complètement  cessé.  Au>>i 
voit-on  par  exemple  l'état  ammoniacal  le  plus  prononcé,  tl»s 
accidents  fébriles  graves  disparaître  d'eux-mêmes,  par  le  seul 
fait  du  rétablissement  intégral  de  la  miction.  Chez  les  prosta- 
tiques, l'inoculation  de  la  vessie  persiste  habituellement,  mai^ 
elle  ne  s'étend  que  plus  ou  moins  tardivement  aux  uretères  cl 
aux  reins.  Elle  en  prend  d'autant  moins  possession  que  révacii.i- 
tion  artificielle  sera  mieux  assurée. 

Le  râle  de  la  rétention  qu'affirme  la  clinique  est  égaleiiieiit 
démontré  par  l'expérimentation. 

J'ai  introduit  dans  la  vessie  du  lapin  et  du  cobaye  des  culturrs 
pures  de  microbes  pathogènes  pour  les  animaux  et  pourriiomin»', 
staphylococcus  aureus,  slreptococcus  pyogenes,  bactérie  scep- 
tique de  Clado,  étudiée  par  Albarran  et  Halle  sous  le  nom  ilf 
bacterium  pyogenes.  Vingt-quatre  ou  trente-six  heures  apn'> 
l'inoculation,  on  ne  retrouvait  plus  dans  les  urines  les  micro)i<'> 
injectés,  et  chez  les  animaux  sacrifiés  la  vessie,  et  tout  l'appa- 
reil urinaire  étaient  indemnes  de  lésions. 

Pour  arriver  à  ce  que  la  vessie  reste  habitée  pendant  quelques 
jours,  et  pour  obtenir  un  léger  degré  de  cystite,  il  faut  employer 
des  doses  massives  d'organismes  très  virulents  (1  cenlmièlre 
cube  et  demi  de  culture  sur  bouillon  chaque  fois).  11  faut  \cs 
répéter  à  plusieurs  reprises  et  même  alors  les  organismes  ne 
dépassent  pas  la  vessie,  les  voies  urinaires  supérieures  resleni 
inaemnes. 

Dans  une  autre  série  d'expériences,  i'ai  déterminé  chez  le 
lapin  et  le  cobaye  des  rétentions  simples  par  ligature  de  )i 
verge.  Les  animaux  sont  morts  spontanément  par  rupture  de  la 
vessie  ou  ont  été  sacrifiés  de  vingt-quatre  à  trente-six  heures 
après  la  ligature.  On  observe  la  tension  de  la  vessie,  de  iKs 
riches  arborisations  vésicales,  quelques  ecchymoses,  la  dilatation 
des  uretères  et  leur  tension,  la  congestion  rénale  surtout  nuir-j 
quée  au  niveau  de  la  voûte  suspyramidale.  A  Texamen  baclê- 
riologique,  on  ne  trouve,  par  les  procédés  de  culture,  aucuoi 
micro-organisme.  ' 

En  injectant  des  cultures  de  microbes  pyogenes,  en  mèiii<| 
temps  qu'on  pratique  la  ligature  de  la  verge,  on  observe  le  goa«l 
flement  œdémateux  et  le  dépoli  de  la  muqueuse,  pour  peu  qu0j 
le  lien  reste  en  place  six  à  douze  heures.  Lorsque  cette  ré(ea«| 
tion  est  trop  temporaire,  l'expérience  est  négative.  Si  la  li^^- 
ture  de  la  verge  est  prolongée  pendant  vingt-quatre  heures,  elj 
mieux  encore  si  elle  reste  en  place  jusqu'à  la  mort  de  l'aniniii!, 
la  cystite  est  constante.  Dans  deux  expériences,  les  mirroMi 
injectés  se  trouvaient  non  seulement  dans  la  vessie  mais  jusque! 
dans  l'urine  des  bassinets.  ^        1 

L'ensemble  de  ces  faits  démontre  que  la  rétention  d'urine I 
favorise  l'infection  de  l'appareil  urinaire  en  rendant  efi^ecti>e 
l'inoculation  microbienne.  La  réceptivité  de  cet  appareil  est  e» 
raison  même  du  degré  et  de  la  durée  de  la  rétention.  Les 
lésions  qu'elle  détermine,  aussi  bien  dans  la  forme  aiguë  quf 
dans  la  forme  lente,  favorisent  l'action  des  agents  palhogèii«'!»i 
elles  rendent  plus  durables  et  plus  graves  les  effets  de  1  infec- 
tion. 

L'étude  clinique  et  expérimentale  de  la  rétention  fournil 
encore  une  démonstration  non  moins  importante.  Elle  pronve 
que  l'infection  reconnaît  le  plus  ordinairement  pour  cause  1 1"0; 
culation  directe  de  la  vessie  par  les  instruments. 


3  Mai  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        -.  NM8  —    291 


î/évolution  asepticfue  des  rétentions  lentes  abandonnées  à 
fllfs-mêmes,  rinfection  fatale  à  la  suite  d^une  intervention  sep- 
tique,  la  facilité  avec  laquelle  Tétat  aseptique  peut  être  maintenu 
«Ml  recourant  uniquement  à  Tantisepsie  chirurgicale,  sont  parti- 
rulièrement  démonstratives. 

Chez  ces  malades  à  réaction  si  sensible,  de  même  que  dans 
l'état  normal,  Turèthre  ne  livre  pas  passade  aux  germes;  ils  ne 
pénètrent  dans  la  vessie  que  s'ils  y  sont  directement  introduits. 

Pour  le  démontrer  expérimentalement,  j'ai  déterminé  la  réten- 
tion d'urine  en  sectionnant  la  moelle  chez  deux  lapins.  L'un  des 
animaux  reçut  dans  la  vessie  une  injection  d'un  demi-centimètre 
ful)t»de  culture  sur  bouillon  du  bactérium  pyogones;  l'autre  ne 
fut  point  injecté.  Ces  deux  animaux  sont  morts  après  quarante 
»'t  quarante-huit  heures.  Tous  deux  avaient  la  vessie  énormé- 
ment distendue;  celui  qui  avait  reçu  l'injection  microbienne 
aATiit  de  la  cystite  œdémateuse,  les  urines  de  l'autre  étaient  asep- 
tiques. 

(IVst  donc  à  Tantisepsie  locale  qu'il  appartiendra  presque 
toujours  de  mettre  sûrement  l'appareil  urinaire  à  l'abri  de  l'in- 
fcf'tion.  Mais  c'est  des  lésions  préexistant  à  l'introduction  des 
germes  et  en  particulier  de  la  rétention  d'urine  que  dépend  la 
n''(vpti?ité. 

(Séance  du  29  avril  1889.) 


Aesdémle  de  médeelne* 

SÉANCE  DU  30  AVRIL    1889.    —  PRÉSIDENCE 
DE   M.   MAURICE  PERRIN. 

M.  le  docteur  MarêeiUo  onvoio  un  mémoiio  sur  les  eondUiont  elimatologiques 
tt  les  maladiei  régnantes  à  Zamihar.  (Commission  :  MM.  Rochard,  Lion  Colin 
et  Le  Roy  de  Mirieouri.) 

M.  Salomon  prie  l'Académie  d'accepter  le  dépôt  d'un  Pli  cacheté.  •> 
lAccepté.) 

U.  le  docteur  Delohel  envoie  un  rapport  manuscrit  sur  une  épidémie  de  roU" 
geoîf.  et  de  scarlatine  à  Noyon  {Oise). 

y.  le  docteur  Lafforgue,  aide-major  au  107*  d'infanterie,  adresse  un  mémoire 
maiioscril  sur  une  épidémie  de  fièvre  typhoïde  dans  la  région  d'Àngouléme  et  ses 
eaïuei. 

U.  le  docteur  Bayard,  médecin  major  de  f*  classe,  envoie  un  rapport  manus- 
crit »w  les  vaccinations  et  les  rewaccinations  opérées  au  S*  régiment  étranger  a 
Sdida  (Algérie)  en  1888-1880. 

a.  Bergeron  fait  lioiimiage,  au  nom  de  M.  le  docteur  Lereboullet,  du  dernier 
faKieule  du  Dictionnaire  encyclopédique  des  sciences  médicales. 

M.  Féréol  présente  une  brochure  de  M.  le  docteur  Lalesqus  sur  Arcaehon, 

M.  Panas  dépose  on  mémoire  sur  la  méthode  antiseptique  che%  les  anciens, 
pu  M.  le  docteur  Anagnoslakis  (d'Athènes). 

M.  Trilal  présente,  de  la  part  de  M.  le  docteur  Homniciano,  le  Compte  rendu 
de  ton  iervice  chirurgical  à  VhôpUal  des  enfants  de  Bueharest,  de  1874  à  1884. 

Elections.  —  MM.  les  docteurs  Warlomont  (de 
Bruxelles)  et  S^mmota  (deNaples)sont  élus  correspondants 
étrangers  dans  la  division  de  médecine. 

Dénomination  des  nouveaux  médicaments.  —  En  pré- 
sence de  la  difficulté  qu*éprouvenl  les  praticiens  à  transcrire 
sur  leurs  ordonnances  les  noms  scientifiques  des  nouveaux 
médicaments  tirés,  presque  tous,  de  la  série  aromatique,  ils 
se  bornent  à  les  distinguer  sous  rappellation  qui  leur  a  été 
donnée  par  les  fabricants.  Or,  ceux-ci,  qui  sont  pour  la 
plupart  des  étrangers,  prétendent  imposer  leurs  produits 
lorsqu'ils  sont  formulés  avec  une  dénomination  qui  consti- 
tuerait leur  marque  ^e  fabrique  et  qu'ils  ont  fait  breveter, 
si  bien  qu  il  devient  impossible  aux  industriels  français  de 
vendre  et  fabriquer  des  médicaments  tels  que  Tantipyrine, 
Tanalgésine,  Tantifébrine,  la  phénacétine,  le  sulfonal,  etc. 
Une  commission  de  l'Académie,  dont  M.  Dujardin-Beiumetz 
est  le  rapporteur,  s'est  occupée  de  cet  état  de  choses.  Après 
examen  de  l'état  actuel  de  noire  législation,  elle  a  émis 
l'avis  qu'en  atttendantune  réforme  urgente  de  la  législation 
de  la  pharmacie,  il  y  avait  lieu  de  recommander  aux  prati- 
ciens la  ligne  de  conduite  suivante: 

K  Conformément  à  la  doctrine  qui  sépare  la  question 
scientifique  de  la  question  commerciale,  le  médecin  peut, 
dans  ses  ordonnances,  prescrire  le  médicament  sous  son 
nom  vulgaire  et  Iç  pharmacien  peut  le  foi|rriir  et  le  désigner 


snr  ses  registres  sous  la  synonymie  scientifique.  »  —  Cette 
conclusion  est  adoptée  par  l'Académie,  à  l'unanimité  moins 
une  voix. 

Mastite  aiguë.  —  M.  le  docteur  /.  Bœckel  (de  Strasbourg) 
communique  une  observation  de  guérison  radicale  en  huit 
jours  sans  drainage,  sous  le  pansement  permanent,  dans  un 
cas  de  mastite  parenchymateuse  aiguë,  grâce  à  l'évidemenl 
méthodique  du  sein.  —  (Commission:  MM.  Léon  Labbé  et 
Budin.) 

Tétanos.  —  Reprenant  la  discjussion  sur  le  tétanos, 
W.  Trasbot  rend  compte  des  résultats  de  plusieurs  séries 
d'expériences,  résultats  aux  termes  desquels,  chez  les  ani- 
maux morts  du  tétanos,  le  tissu  d^une  plaie  contient  quel- 
quefois, mais  non  toujours,  le  germe  de  la  maladie.  Si, 
après  avoir  constaté  que  l'activité  de  l'agent  tétanigène 
s  éteint  par  son  passage  dans  certains  organismes,  il  se  con- 
servait au  contraire  dans  celui  du  cheval,  et  s'il  se  propa- 
geait chez  lui  comme  celui  de  la  morve,  par  exemple,  indé- 
finiment, on  serait  en  droit  de  penser  qu'il  représente  plus 
particulièrement  son  terrain  de  pullulation.  Maia  jusqu'à 
présent  rien  de  semblable  n'a  été  constaté.  Ceux  qui  ont 
inoculé  le  tétanos  au  cheval  n'ont  pu  le  reproduire  que 
jusqu'à  la  troisième  génération. 

D'autre  part,  ce  germe  peut  être  inoculé  à  des  lapins  dans 
un  bon  nombre  de  cas;  il  s'épuise  par  un  seul,  deux  ou 
trois  passages.  Il  semble  en  résulter  que  son  inoculation  est 
plus  difficile  à  réaliser  sur  le  cheval  que  sur  le  lapin,  ce 
qui,  on  le  comprend,  est  loin  de  montrer  une  prédisposition 
spéciale  chez  le  premier.  Aussi  M.  Trasbot  ne  voit-ii,  ni 
dans  les  faits  d'observation  clinique,  ni  dans  ceux  qui  ont 
été  acquis  par  l'expérimentation, une  raison  valable  de  con- 
sidérer le  tétanos  comme  étant  d'origine  équine.  Il  n'en  voit 
pas  non  plus  qui  empêchent  d'admettre  que  l'homme  puisse 
trouver  le  germe  de  la  maladie  dans  le  milieu  où  il  vit, 
aussi  bien  que  le  cheval,  le  bœuf,  le  mouton,  le  chien  et 
certains  oiseaux,  et  être  infecté  par  ce  germe  lorsqu'il  est 
refïoidi,  souffrant,  blessé,  etc.,  en  un  mot,  quand  il  subit 
l'influence  de  toutes  ces  causes  auxquelles  ceux  qui  sont 
venus  avant  nous  attribuaient  le  cléveloppement  de  la 
maladie.  Rien  ne  prouve  non  plus  que  l'action  secondaire 
de  ces  diverses  conditions  n'est  pas  nécessaire  ou  au  moins 
favorable  à  l'apparition  du  mal.  Peut-être  serait-il  sage  de 
ne  pas  répudier  immédiatement  ces  opinions  anciennes, 
mais  de  rechercher  auparavant  si  elles  ne  peuvent  être 
éclaircies  par  les  découvertes  nouvelles. 

Quant  à  la  contagiosité  du  tétanos,  lorsqu'on  constate 
qu'il  n'y  en  a  eu  que  six  cas  à  l'Ecole  d'Alfort,dans  le  service 
chirurgical  de  M.  Trasbot  à  Alfort  pendant  dix-sept  ans,  où 
plus  de  30000  chevaux  ont  été  opérés  pendant  ce  temps,  il 
est  difficile  d'admettre  qu'elle  se  fasse  bien  facilement;  de 
plus,  aucun  élève  de  la  même  Ecole  n'a  été  atteint  de  cette 
affection  ;  il  n'y  a  donc  pas  lieu  d'inscrire  le  tétanos  au 
nombre  des  maladies  pour  lesquelles  la  législation  sanitaire 
puisse  être  d'ores  et  déjà  applicable. 

M.  Laborde  montre  que  la  détermination  du  tétanos  peut 
être  subordonnée  à  deux  ordres  de  conditions  étiologiques 
et  pathogéniques  :  l""  conditions  mécaniques  ou  physiques, 
auxquelles  ressortissent  très  probablement  les  cas  de  trau- 
matisme accidentel,  tels  qu'un  clou  implanté  dans  le  pied 
d'un  cheval  et  provoquant  le  tétanos  par  voie  réflexe; 
2^  conditions  d'ordre  chimique  ou  toxique,  dans  lesquelles 
rentreraient  les  cas  de  tétanos  par  intoxication  microbienne, 
soit  que  le  poison  agisse  localement  à  la  porte  d'entrée 
et  conséquemment  par  le  mécanisme  réflexe,  soit  qu'il  se 
répande  par  voie  d'absorption  dans  l'organisme  et  qu'il 
exerce  directement  son  action  sur  les  centres  excito-mo- 
teurs.  Cette  distinction  aurait  dû  précéder  toute  discussion 
sur  la  pathogénie  du  tétanos,  car  l'origine  microbienne  ne 
saurait  être  ici  seule  et  exclusivement  invoquée,  à  suppo^ 


292    -.  NM8  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


3  Mai  1889 


ser  même  que  son  intervention  et  son  vàh  soient,  en  ce  cas, 
incontestablement  et  définitivement  démontrés. 

Bien  que  dans  un  Quart  environ  des  cas  de  tétanos  les 
malades  guérissent,  M.  L.  Lagneau  a  constaté  aue,  durant 
les  neuf  dernières  années,  dans  le  département  ae  la  Seine, 
le  tétanos  a  fait  périr  une  moyenne  annuelle  d'environ 
trente-quatre  personnes.  Dans  ce  nombre,  les  femmes 
entrent  pour  près  d'un  quart.  II  semble  difficile  d'admettre 
l'étiologie  équine  de  la  maladie  pour  la  plupart  de  ces 
femmes. 

Le  tétanos  est  exceptionnel  dans  la  plupart  des  arrondis- 
sements de  Paris.  Cependant,  deux  ou  trois  décès  téta- 
niques ont  lieu  presque  chaque  année  dans  les  arrondisse- 
ments des  Gobelins,  de  Montmartre  et  de  Ménilmontanl. 
Les  tétaniques  sont  plus  nombreux  dans  la  banlieue,  en 
dehors  de  Paris,  particulièrement  dans  la  partie  est  de 
l'arrondissement  ae  Sceaux,  et  dans  l'arrondissement  de 
Saint-Denis,  où  M.  Leblanc  a  signalé  de  nombreux  cas  de 
tétanos  équins. 

Dans  certaines  localités  on  a  constaté  plusieurs  décès  téta- 
niques. Quelles  .relations  avaient  existé  entre  ces  téta- 
niques? 

Orthopédie.  —  M.  le  docteur  Jean-Baptiste  Reynier 
appelle  l'attention  sur  le  traitement  de  la  scoliose  commune 
par  des  plans  bi-inclinés  et  U  décubitus. 

Eaux  minérales.  —  M.  le  docteur  P.  Rodet  lit  un  travail 
relatif  à  l'action  des  eaux  de  Viltel  sur  la  nutrition  et  à 
leurs  indications  dans  les  maladies  par  ralentissement  de  la 
nutrition. 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  7  mai  est  fixé  ainsi 

Îu^il  suit  :  i^  Suite  de  la  discussion  sur  le  tétanos  (inscrits  : 
[M.  Goubatix,  Verneuil)\  2*"  Communication  de  M.  Worms 
sur  la  forme  lente  du  diabète  et  sou  traitement;  3°  Lec- 
tures :  par  M.  le  docteur  Chauvel,  sur  quatre  abcès  du  foie 
traités  par  incision  directe,  et  par  M.  le  docteur  Darier^  sur 
la  psorospermie  cutanée. 


Société   médleole  de«  h6pltAWK. 

SÉANCE   DU  26  AVRIL  1889.    —  PRÉSIDENCE  DE  M.  CAPET 
DE   GASSIGOURT. 

A  propos  de  l'embryooardle  :  M.  H.  Huchard.  ~  Emphysème  sous- 
oatanè  dans  le  cours  d'une  pneumonie  franche  :  M.  H.  Huchard. 
—  Lésions  du  système  nerveux  dans  la  maladie  de  Morvan  : 
M.  Gombault  (Discussion  :  M.  Debove).  —  Elections. 

A  l'occasion  du  procès-verbal,  M.  H.  Hucknrdy  répondant 
à  Tobjection  de  M.  B.  Labbé,  maintient  l'exactitude  du 
terme  embryocardie  en  s'appuyant  sur  ce  fait  que  le  punc- 
tum  saliens,  rudiment  du  cœur,  offre  une  apparition  pré- 
coce et  se  montre  chez  l'embryon  longtemps  avant  que 
celui-ci  mérite  le  nom  de  fœtus. 

—  M.  H.  Huchard  rapporte  un  cas  d'emphvsème  sous- 
cutané  chez  un  enfant  de  cinq  ans^  au  cours  d'une  pneu- 
monie  franche.  Cet  enfant  n'avait  jamais  eu  d'emphysème 
pulmonaire  et  n'avait  jamais  présenté,  pendant  l'évolution 
de  sa  pneumonie,  de  violentes  ouintes  de  toux  pouvant 
amener  la  rupture  de  quelque  alvéole  dn  poumon,  il  fut 
néanmoins  atteint  d'un  emphysème  sous-cutané  envahissant 
progressivement  le  cou,  la  face,  la  partie  supéro-antérieure 
du  thorax,  puis  la  région  dorsale,  Tépigastre  et  les  hypo- 
chondres.  L'évolution  de  l'affection  pulmonaire  présenta 
quelques  particularités  dignes  d'attirer  l'attention  :  alter- 
nances des  signes  stéthoscopiques  à  droite  et  à  gauche, 
irrégularités  dans  l'ensemble  de  la  courbe  thermique  et 
dans  les  allures  de  la  fièvre  pour  une  même  journée,  enfin 


apparition,  pendant  la  période  de  défervescence,  d'une 
pneumonie  congestive  du  côté  droit.  On  peut  trouver  l'expli- 
cation  de  ces  anomalies  dans  l'existence  d'une  intoxication 
palustre  antérieure,  opinion  qui  fut  confirmée  par  M.  Cadet 
de  Gassicourt  et  M.  Bergeron,  appelés  en  consultation. 
Aussi  les  préparations  de  quinine,  employées  dès  le  début, 
furent-elles  administrées  à  des  doses  élevées.  On  eut  re- 
cours, à  partir  du  dixième  jour,  aux  injections  hypoder- 
mimies  df'après  la  formule  indiquée  par  MM.  Villejean  et 
de  Beurmann  :  acide  chlorhydrique  pur,  de  densité  =  i043, 
et  chlorhydrate  neutre  de  quinine,  âa  5  grammes.  Ces  in- 
jections furent  très  bien  supportées  et  l'amélioration  pro- 
gressive des  accidents  pneumoniques,  ainsi  que  la  résorption 
de  l'emphysème  sous-cutané,  aboutirent  à  la  guérison  défi- 
nitive. -  L'emphysème  sous-cutané  est  assez  fréquent  dans 
les  lésions  laryngées  profondes,  dans  les  affections  accom- 

[lagnées  de  toux  quinteuse,  violente,  comme  la  coqueluche, 
'adénopalhie  trachéo-bronchique,  la  tuberculose,  le  croup, 
l'emphysème  pulmonaire,  etc.  Chez  le  petit  malade,  rien 
de  semolable;  et,  si  l'on  rapproche  cette  observation  des 
quatre  autres  analogues,  seules  connues  jusqu'ici,  d'ennpliv- 
sème  sous-cutané  survenant,  chez  des  enfants,  au  cours 
d'une  pneumonie  franche,  on  peut  songer  que  la  délica- 
tesse des  parois  vésiculaires  dans  le  jeune  âge  joue  un  rôle 
d'importance  majeure  dans  la  pathogénie  de  cet  accident. 

—  M.  Gombault  donne  lecture  des  recherches  nécro- 
scopiques  qu  il  a  pratiquées  chez  une  femme  atteinte  de 
maladie  de  Morvan  et  qui  a  succombé  à  des  accidents  d'in- 
fection purulente.  {Sera  publié.) 

M.  Debove  fait  remarquer  que  les  intéressantes  re- 
cherches histologiques  de  M.  Gombault  établissent  la  non- 
identité  de  la  maladie  de  Morvan  et  de  la  syringo-myélie, 
et  montrent  que  la  maladie  de  Moi*van  parait  relever  d'une 
myélite.  Il  a  été  frappé  de  ce  fait  que  les  lésions  scléreuses 
médullaires  offrent,  par  leur  localisation,  une  évidente 
analogie  avec  celles  du  labes  dorsal,  alors  que  rien  dans  les 
allures  cliniques  de  la  maladie  de  Morvan  iie  rappelle  la 
symptomatologie  de  l'ataxie  locomotrice. 

M.  Gombault  fait  remarquer  qu'il  n'y  a  là  qu'une  ana- 
logie apparente,  les  lésions  différant  essentiellement  dans 
leur  degré  d'évolution.  Il  s'agit  de  simple  épaississemeni 
des  traclus  vasculaires,  d'une  légère  sclérose  diffusée  entre 
les  éléments  nerveux,  mais  non  d'une  sclérose  massive, 
comme  dans  le  tabès  dorsal.  Il  faut  d'ailleurs  tenir  grand 
compte  de  la  disproportion  manifeste  entre  ces  altérations 
médullaires  peu  intenses,  malgré  l'ancienneté  del'afferiion, 
et  les  lésions  si  considérables  des  nerfs  périphériques. 

Élections.  —  A  l'unanimité  des  suffrages  exprimés,  sont 
nommés  :  membre  honoraire,  M.  H.  Queneau  de  Munsy: 
membres  titulaires,  MM.  Antony  ei  Burlureatix. 

—  A  cinq  henres  la  Société  se  forme  en  comité  secret. 

André  Petit. 


Société   de   chlrorf^le. 

SÉANCE  DU  24  AVRIL  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  M.   HORTELOUP. 

Effets  produits  sur  rorelUa  par  la  détonation  des  armes  à  feo  • 
BC  Nimier  (M.  GhauTel,  rapporteur).  —  Opération  de  IVladlmlroff- 
BElkuUos  :  M.  Berger  (Dlsoussion  :  MM.  Begond.  Chauvel,  Ponc«t 
(de  Lyon),  Bohivarts,  Prengrueber,  Després,  PolalUon). 

M.  Chauvel  lit  un  rapport  sur  un  travail  où  M.  Nimier 
étudie  les  effets  produits  sur  l'oreille  par  la  délonation 
des  annes  à  feu.  M.  Mimier  fait  observer  que  le  bruit  de 
la  détonation  est  très  complexe  ;  qu'il  est  composé  d'élé- 
ments multiples:  l**  les  vibrations  du  canon  de  l'arme; 


3  Mai  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DÉ  CHIRURGIE 


—  N*  18 


293 


±*  la  transmission  aux  parties  voisines,  telles  que  raffut  par 
exemple;  3""  les  vibrations  du  projectile  lui-même;  4*"  les 
ondes  aériennes  dues  à  la  déflagration  de  la  poudre  et  au 
passage  du  projectile.  De  là  des  vibrations  très  intenses, 
qui  causent  assez  souvent  des  désordres  sérieux  de  l'oreille  : 
perte  de  la  perception  de  certains  sons,  faussement  de  cer- 
tains autres,  rupture  du  tympan  même.  Les  coups. répétés 
sont  moins  bien  supportés.  Les  lésions  préalables  de  l'oreille 
sont  une  prédisposition  fâcheuse.  Les  accidents  sont  moins 
à  craindre  lorsque  les  servants,  au  moment  de  la  détona- 
tion, regardent  vers  l'avant  de  la  pièce  et  s'ils  ouvrent  la 
bouche. 

—  M.  Berger^  à  propos  d'une  présentation  de  M.  Chaput, 
fait  une  communication  sur  Vopération  de  Wladimiroff- 
Mikulicz.  Cette  communication  et  les  principaux  points  de 
la  discussion  qui  Ta  suivie  sont  résumés  plus  haut  (voy. 
p.  282). 

A.  Broca. 


Soelélé  die  tliér«peotlqiie. 

SÉANCE   DU  24  AVRIL    1889.  —  PRÉSIDENCE  DE   M.  FERNET. 

Du  vertige  gastrique  :  M.  Bovet.  —  Du  traitement  de  la  diphthérie  : 
M.  Guelpa  (Diaonasion  :  MM.  Cr6quy.  E.  Labbè.  Moutard-Martin. 
Daboua<iuet-Laborderie). 

M.  Bovel  donne  lecture  d'une  note  sur  le  veriige  gas- 
trique considéré  comme  étant  d'origine  toxique.  (Renvoyé 
à  une  commission  composée  de  MM.  Moutard-Martin,  Rou- 
gon  et  Yvon,  rapporteur.) 

—  M.  Guelpa  lit  un  travail  intitulé  :  Pourquoi  la  même 
médication,  dlaas  la  diphthérie,  donne-t-elle  des  résultats 
différents  entre  les  mains  des  divers  médecins  qui  l'em- 
ploient? Il  montre  que  l'on  ne  peut  expliquer  ce  fait  par  le 
caractère  bénin  ou  malin  des  diverses  épidémies,  ou  des 
différentes  périodes  d'une  même  épidémie,  puisque  des 
résultats  dissemblables  ont  été  obtenus  par  des  observateurs 
ayant  recours  aux  mêmes  médicaments,  à  la  même  époque, 
dans  des  conditions  en  apparence  identiques.  Passant 
ensuite  en  revue  les  divers  médicaments  antiseptiques  pré- 
conisés en  badigeonnages,  pulvérisations,  gargarismes,  irri- 
gations dans  la  gorge,  il  établit  que  tous  ont  donné  des 
succès  lorsqu'ils  sont  bien  employés, avec  conviction  et  sans 
relâche,  c'est-à-dire  qu'il  faut  faire  les  irrigations,  pulvé- 
risations; badigeonnages,  etc.,  à  de  courts  intervalles,  jour 
et  nuit.  C'est  là  le  secret  des  succès  obtenus  par  les  uns 
et  des  insuccès  obtenus  par  d'autres,  qui  adoptent  une 
mélhode  moins  rigoureuse.  II  regarde  comme  funeste  le 
précepte  posé  par  H.  Cadet  de  Gassicourt,  de  respecter  le 
sommeil  des  malades  ;  pendant  ce  temps,  les  micro-orga- 
nismes pullulent,  les  poisons  solubles  s'accumulent  et 
sont  absorbés,  et  le  diphthéritique  subit  l'intoxication.  Il  con- 
sidère, d'ailleurs,  comme  un  mauvais  procédé  les  badigeon- 
nages violents,  les  traumatismes  de  la  gorge,  à  Taide  de 
substances  caustiques,  les  arrachements  de  fausses  mem- 
branes créant  des  plaies  de  la  muqueuse  et  des  portes 
d'entrée  aux  principes  toxiques.  Si  le  traitement  préconisé 
par  M.  Gaucher  donne  des  succès,  ce  n'est  pas  aux  badi- 
geonnages caustiques  ^u'il  en  est  redevable,  mais  bien  aux 
fréquentes  et  larges  irrigations  antiseptiques  pratiquées 
dans  les  intervalles.  Que  l'on  emploie  d'ailleurs  la  résor- 
cine,  le  bicarbonate  de  soude,  le  borax,  l'acide  phéuique, 
le  sublimé,  le  jus  de  citron,  l'eau  perchlorurée,  etc.,  c'est 
la  répétition  de  l'action  antiseptique,  la  lutte  incessante, 
;  jour  et  nuit,  qui  donnera  la  victoire.  Il  faudra  faire  des 
irrigations,  des  pulvérisations,  dès  le  début,  dans  la  gorge, 
j  dans  les  fosses  nasales  et,  si  besoin  est,  dans  le  larynx  et  la 
!  trachée,  après  la  trachéotomie.  Celle-ci  devra  être  prati- 


quée le  plus  tôt  possible  ;  elle  n'aggrave  en  rien,  par  elle- 
même,  la  maladie,  et  prévient,  au  contraire,  les  accidents 
asphyxi^ues,  tout  en  permettant  de  combattre  localement 
l'extehsion  des  fausses  membranes  dans  le  larynx  et  la 
trachée.  En  résumé,  le  traitement  de  la  diphthérie  devra 
être  ainsi  formulé  :  placer  le  malade  dans  une  atmosphère 
humide  de  âO  à  ii  degrés;  entretenir  dans  la  chambre,  sur 
des  réchauds,  une  évaporation  constante  d'une  solution 
phéniquée;  donner,  au  début,  un  vomitif,  puis  des  purga- 
tifs légers,  pour  activer  l'élimination  des  principes  toxiques 
par  la  voie  intestinale;  prescrire  le  sulfate  de  quinine,  s'il 
y  a  de  la  fièvre  ;  faire  dans  le  nez  et  la  gorge  de  larges 
irrigations,  toutes  les  demi-heures  ou  même  tous  les  Quarts 
d'heure,  jour  et  nuit^  avec  une  solution  phéniquée  ou 
mieux  avec  une  solution  de  perchlorure  de  fer,  à  2  ou 
5  pour  1000.  Enfin,  si  les  fosses  nasales  sont  rendues  imper- 
méables par  les  membranes,  les  désobstruer  au  mo^en  d'un 
ramonage,  ou  même,  en  cas  de  nécessité,  pratiquer  la 
trépanation  de  l'antre  d'Hyginore  pour  permettre  les  irri- 
gations. Quant  à  l'alimentation,  M.  Guelpa,  contrairement 
aux  préceptes  généralement  adoptés,  la  regarde  comme 
dangereuse  si  elle  est  trop  substantielle,  et  conseille  de 
n'employer  que  les  substances  liquides. 

M.  Créquy  a  vu  employer  par  Baron  et  Barthez  le  bicar- 
bonate de  soude,  et  croit  qu'il  a  été  abandonné  ajuste  titre, 
car  il  n'a  pas  donné  de  résultats  bien  satisfaisants.  Il 
signale  l'inconvénient  que  peuvent  présenter  les  réchauds 
à  évaporation  dont  parle  M.  Guelpa,  ceux-ci  répandant  une 
proportion  notable  d'oxyde  de  carnone  dans  la  chambre. 

M.  E.  Labbé  a  déjà  préconisé  à  diverses  reprises  un  trai- 
tement tout  analogue  à  celui  que  formule  M.  Guelpa,  et  il 
en  retire  constamment  d'heureux  effets.  Il  pense  égale- 
ment que  les  cautérisations  énergiques,  les  raclages  de  la 
gorge  ne  sont  pas  sans  danger,  car  ils  dénudent  le  chorion 
muqueux  et  favorisent  l'absorption  des  produits  toxiques. 
Quant  au  perchlorure  de  fer,  il  masque  les  productions 
diphthéritiques  plutôt  qu'il  ne  les  détruit  ;  en  effet,  il  a  l'in- 
convénient de  colorer  toute  la  gorire  en  noir  et  de  rendre 
l'appréciation  des  lésions  plus  difficile.  D'autre  part,  le 
sublimé,  dont  parle  M.  Guelpa,  lui  parait  un  moyen  dan- 
gereux, bien  capable  de  produire  des  accidents  toxiques 
graves  s'il  est  employé  aussi  largement  iour  et  nuit;  on  ne 
peut  prévoir  quelle  quantité  sera  absorbée  par  le  malade, 
et,  par  suite,  c'est  une  substance  à  rejeter.  Il  s'associe  du 
reste  pleinement  au  précepte  de  continuer  sans  relâche  le 
traitement  pendant  la  nuit,  sans  chercher  à  respecter  le 
sommeil  des  malades  :  agir  autrement  serait  s'exposer  à 
l'insuccès.  Mais  il  ne  saurait  admettre  l'évaporation  et  la 
pulvérisation  continues  d'une  solution  phéniquée  dans  la 
chambre  du  malade;  certes  il  est  utile  de  stériliser  autant 
que  possible  l'atmosphère,  mais  il  faut  aussi  redouter  les 
accidents  graves  d'empoisonnement  par  l'acide  phénique 
dont  il  a  observé  plusieurs  exemples  en  pareil  cas.  Enfin  il 
croit  nécessaire  d  alimenter  le  malade,  et  pour  cela  de  lui 
donner  du  lait,  qui  agit  en  même  temps  comme  diurétique, 
et  de  l'alcool  pour  soutenir  ses  forces. 

M.  Guelpa  n'a  parlé  du  sublimé  que  d'après  les  auteurs 
qui  l'ont  préconisé,  mais  il  ne  l'a  point  essayé  lui-même 
et  n'a  formulé  aucune  dose  à  cet  égard.  Il  pense  que  pour 
éviter  l'intoxication  phéniquée  il  suffit  de  surveiller  les 
urines  du  malade;  on  cessera  le  médicament  dès  que  la 
réaction  caractéristique  apparaîtra  dans  Turine.  Il  croit 
que  la  fièvre  est  une  contre-indication  à  l'alimentation. 

M.  Moutard-Martin  demande  à  M.  Guelpa  de  suppri- 
mer dans  son  mémoire  ce  qui  a  trait  au  sublimé  :  il  y  a  là 
uu  danger  grave.  On  ne  saurait  engager  les  praticiens  à 
essayer  cet  antiseptique  sans  avoir  auparavant  formulé  les 
doses  et  vérifié  son  innocuité  qui  semble  plus  que  dou- 
teuse. 


294    —  N-  18  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


3  Mai  1889 


M.  E.  Labbé  fait  remarquer  que  la  fièvre  nesaurail  em- 

Récher  d'alimenter  le  malade,  si  on  a  recours  au  lait. 
Tagit-on  pas  ainsi  chez  les  typholdiques?  D'autre  part,  si 
l'on  se  borne  à  surveiller  les  urines  des  malades  plongés 
dans  une  atmosphère  phéniquée,  on  s^expose  à  ne  recon- 
naître l'intoxication  que  lorsqu'il  sera  trop  tard  pour  en 
conjurer  les  redoutables  effets.  Pour  lui,  il  préfère  les  irri- 
gations au  borax,  à  l'acide  borique  ou  au  bicarbonate  de 
soude. 

M.  Dubousquet  Laborderie  fait  observer  que,  dans  le 
traitement  de  M.  Gaucher,  dont  il  a  obtenu  d'excellents 
résultats,  la  cautérisation  antiseptique  de  la  muqueuse  dé- 
nudée empêche  l'absorption  et  prévient  la  reproduction 
de  la  fausse  membrane.  D^  les  premières  cautérisations  la 
fièvre  tombe  rapidement.  D'ailleurs,  dans  certains  cas  où 
existent  des  fausses  membranes  épaisses,  infiltrées,  les 
irrigations  ne  peuvent  suffire  à  les  faire  disparaître  ;  il  faut 
alors  les  enlever  mécaniquement  et  faire  une  cautérisation 
antiseptique. 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie. 

André  Petit. 


Société  anatooiiqae. 

SÉANCES   DES   19   ET  26   AVRIL  1889.- 
DE  M.   GORNIL. 


PRÉSIDENCE 


M.  TMercelin  communique  un  cas  de  tuberculose  géni- 
tale primitive  ^  consécutive  à  un  avortement. 

—  M.  P.  Thiéry  relate  une  observation  de  kystes  hyda- 
tiques  du  foie  et  de  l'abdomen. 

—  M.  H.  Legrand  étudie  les  lésions  histologiques  des 
viscères  dans  Vintoxication  hydrargyrique  aiguë  consé- 
cutive à  des  injections  au  sublimé  après  un  accouchement. 

—  a.  Bouisson  fait  une  communication  sur  un  cas  de 
charbon  interne,  intestinal,  avec  examen  bactériologique. 

—  M.  P.  Poirier  montre  des  fibro-chondromes  bran- 
chiaux du  cou. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

THÉRAPEUTIQUE. 

De   la  valeur  du  nltrlie   d^élhyle    comme    eapnéiqnc,  par 

M.  Leech.  —  Ce  nitrite  ne  possède  pas  une  action  aussi  rapide 
que  le  nitrite  d'amyle;  par  contre,  ses  propriétés  se  rapprochent 
de  celles  de  la  nitro-glycérine.  Gomme  les  autres  médicaments 
de  ce  groupe,  c*est  un  diurétique  et  un  diaphorétique  incon- 
stant. Néanmoins  il  peut  rendre  de  réels  services  contre  les 
affections  cardio-vasculaires  avec  hypertension  et  en  particu- 
lier contre  les  attaques  d*angine  de  poitrine,  qu'il  prévient  ou 
arrête  à  la  manière  de  la  nilro-glycérine.  Même  efficacité  con- 
tre la  dyspnée  des  cardiaques,  où  il  existe  du  spasme  bronchi- 
que et  où  il  relève  le  pouls. 

Fraser  a  montré  les  bénéfices  que  Ton  peut  en  retirer  contre 
la  dyspnée  de  Tasthme  et  des  affections  bronchiques,  k  la  dose 
quotidienne  de  cinquante  à  quatre-vingt-dix  gouttes  d'une 
solution  alcoolique  aux  trois  centièmes  et  la  rapidité  du  soulage- 
ment qui  se  produit  dans  l'espace  d'une  demi-heure  à  une 
heure. 

Cette  solution  est  moins  désagréable  et  plus  stable  que  la 
solution  alcoolique  d'élher  nitreux.  Sa  conservation  est  dura- 
ble. Enfin,  M.  Leech  attribuait  même  une  partie  des  vertus  de 
réther  nitrique  aux  traces  d'élher  nitreux  qu'il  contient.  {Tke 
med,  Chronicle,  octobre  1888,  p.  177.) 


TrallemeBl  «e  l'eeséma  ei  «n  p«orf«sl«  par  l*aatlirart 
Mne,  par  M.  Bronson.  —  Les  essais  cliniques  de  Tauteuravaien 
pour  but  de  vérifier  Tefficacité  du  traitement  de  Bechreiid 
sur  des  malades  de  l'hôpital  de  la  Charité  de  New-York.  1 
appliquait  sur  les  plaques  de  psoriasis  la  vaseline  additionnel 
de  10  pour  100  d'anthrarobine,  et  sur  les  autres  plaques  un* 
pommade  à  la  chrysarobine.  Dès  la  première  semaine,  les  pU 
ques  traitées  par  l'anthrarobine  s'étaient  améliorées,  de  sort 
que  l'on  peut  considérer  Faction  thérapeutique  de  la  premii  r 
de  ces  substances  comme  plus  rapide  que  celle  de  la  seconde 

Même  action  favorable  dans  Teczéma.  Cependant  on  doil 
d'après  l'auteur,  employer  dans  ce  cas  le  traitement  avec  pré 
caution,  pour  éviter  une  irritation  trop  \ive.  {Journal  of  eu 
and  Genito-uri.  Diseuses,  novembre  i888.) 

Ba    Mtrophaaémi    eoatre    le    goitre    exopbtlialnilqac,   {i.i 

M.  le  docteur  R.  Brow£R.  —  En  raison  de  l'indigence  de  la  thé 
rapeutique  contre  celte  alTectioa,  notre  confrère  américain  ; 
prescrit  le  strophantus  dans  trois  cas  de  maladie  de  Graves.  Dani 
l'un,  il  s'agissait  d'un  individu,  âgé  de  vingt  et  un  ans,  donib 
guérison  fut  obtenue  après  quatre  semaines  de  mc(iic<ilioi 
strophantinienne  :  la  maladie  durait  depuis  trois  mois  et  li 
dose  du  médicament  fut  croissante  en  commençant  par  deui 
gouttes  cluique  jour  et  en  augmentant  jusqu'à  dix  goutt*  s  d< 
teinture.  On  observa  le  ralentissement  et  la  régularisation  di 
pouls,  enfin  la  disparition  de  la  tumeur  thyroïdienne. 

Les  deux  autres  malades  furent  améliorés.  Il  est  vrai  qu< 
simultanément  ils  furent  bien  soumis  à  un  régime  hygiéniqo< 
sévère,  et  que  de  plus  on  fît  usage  de  la  galvanisation  de 
branches  cervicales  du  sympathique.  {Journal  of  amer,  med 
AssoCy  1888,  n"  18.) 

De  i^emylel  de  TaeMe  eamybarl^ae  eanlre  leii  laflaMMi- 
Uons  eatarrhaieii,  par  M.  le  docteur  Max  Niessel.  —  On  sait 
que  Reichert  et  Furbringer  recommandent  cette  substance  cod 
tre  les  inflammations  des  muqueuses.  M.  Max  Niessel  eu  a  lail 
usage  sous  forme  de  badigeonnages,  de  gargarismes,  de  pul 
vérisations  et  d'inhalations.  C'est  ainsi  qu'il  admet  refficacilc 
des  fumigations  de  deux  grammes  d'acide  camphorique  daraat 
la  nuit,  pour  diminuer  les  sueurs  des  phthisiques. 

Les  préparations  liquides  s'obtiennent  en  additionnant  !'<(* 
cide  camphorique,  de  bicarbonate  de  soude,  à  5  pour  liX>, 
jusqu'à  dissolution  de  cet  acide  et  cessation  du  dégagement 
d'acide  carbonique.  Elles  rendent  des  services  sous  forme  d( 
badigeonnages  hebdomadaires  contre  la  laryngite  ou  la  rbiniit 
catarrhales. 

M.  Niessel  attribue  aux  inhalations  une  certaine  utilité  con 
tre  la  phthisie.  Elles  diminueraient  l'irritation  et  faciliteraienl 
l'expectoration.  L'action  thérapeutique  de  l'acide  camphoriqo< 
en  gargarisme  est  plus  douteuse.  {Ueut,  med.  Woch.,  4  oclo 
brc  1888.) 

De  radeaMlne  daas  le  traliemeal  «les  affeetlaa*  «In  «•«^ 

par  M.  Thomas  Oliver.  —  Ce  glucoside,  qui  est  un  médicameoi 
diurétique  et  un  tonique  du  cœur,  rend,  d'après  cet  observateur 
des  services  dans  les  cas  d'iti  suffisance  mi  traie  ou  aortique 
Sous  son  influence,  il  a  vu  la  dyspnée,  les  palpitations  et  lei 
douleurs  précordiales  s'atténuer. 

Il  en  a  fait  usage  dans  dix  cas  de  cardiopathies  chez  des  rha^ 
matisants,  et  a  constaté  ses  propriétés  eupnéiques  et  cardi» 
ques,  mais  sans  observer  une  augmentation  de  la  diurèse 
11  considère  donc  Padonidine  comme  un  diurétique  peu  puis* 
sant,  plus  utile  pour  tonifier  le  cœur,  restaurer  la  lensnj 
artérielle  et  amener  une  sudation  comparable  à  celle  (|"«  |J 
belladone  produit  sur  l'organe  central  de  la  circulation.  ^^* 
donc  le  médicîiment  de  l'insuffîsance  aortique.  {The  Loncn\ 
p.  10  12,  U  novembre  1888.) 

Da  myrtol   eemme   dcMlareclane'  deN  vêles  rc»plr»t»''**1 

par  M.  EiCHHORBT.  —  Déjà  recommandée  comme  aiiticalarrhll 


3  Mai  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N»  Ift 


295 


dans  les  bronchites,  cette  huile  essentielle  peut  être  administrée 
en  capsules.  Vue  heure  après  l'ingestion  de  Tune  de  ces  der- 
nières, on  constate  que  Tair  expiré  exhale  Todeur  du  myrtol, 
et  que  celte  odeur  persiste  pendant  vingt-quatre  à  qua- 
rante-huit heures.  Dans  les  cas  de  bronchites  fétides  ou  de 
jrangrène  pulmonaire,  il  y  aurait  donc  indication  à  prescrire 
deux  de  ces  capsules  toutes  les  deux  heures,  chaque  capsule 
contenant  15  centigrammes  de  substance  active. 

M.  Ëichhorst  en  aurait,  de  plus,  obtenu  les  meilleurs  résul- 
tats pour  modérer  rexpectoration  des  phthisiques,  tout  en  consta- 
tant que  le  myrtol  ne  possède  aucune  action  nécropby tique 
contre  le  bacille  de  la  tuberculose.  {Wiener,  tned.  pressy 
1888,  i\o  i±) 


BIBLIOGRAPHIE 

Couris  de  BOolo§^le  médicale  destiné  aux  étadlants  en 
médecine  et  en  pharmacie,   rédigé  d'après  les  leçOllS 

de  M.  L.  Roule,  par  M.  A.  Suis.  Edition  revue  par  le  pro- 
fesseur et  précédée  d'une  préface  de  M.  G.  Moquin- 
Tandon,  avec  420  figures  dans  le  texte.  —  Toulouse, 
Ed.  Privot;  Paris,  0.  Berlhier,  petit  in-8%  1889. 

Voici  un  livre  vraiment  original;  de  plus,  c'est  un  livre 
savant,  qui  fait  le  plus  grand  honneur  à  son  aateur.  La 
morphologie  générale  des  animaux,  quoique  traitée  briève- 
ment, est  exposée  avec  netteté.  La  morphologie  spéciale  et 
la  classification  occupent  la  plus  grande  partie  de  l'ouvrage; 
des  figures  schématiques  ou  demi-schématiques,  intéres- 
santes et  très  compréhensibles,  quoique  mal  gravées,  faci- 
litent singulièrement  la  lecture  du  texte.  Dans  ses  tendances 
générales,  M.  Roule  est  évolutionniste  ;  sa  classification 
repose  sur  l'embryogénie  et  sur  d'autres  caractères  peut-être 
discutables;  mais,  telle  qu'elle  est,  elle  constitue  un  effort 
digne  d'intérêt  et  donne  une  idée  suffisamment  nette  de 
l'état  actuel  de  la  science  en  taxonomie  animale.  Des 
tableaux  d'une  disposition  spéciale  très  heureuse 
permettent  de  saisir  d'un  coup  d'œil  les  relations  des 
divers  groupes  entre  eux.  c  II  est  permis,  dit  l'auteur,  de  les 
considérer  comme  des  tableaux  phylogénétiques,  c'est- 
à-dire  montrant  l'évolution  suivie  dans  ie  temps  par  les 
animaux;  mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  nous  ne  pouvons 
encore  préciser  avec  certitude  les  rapports  de  certains 
groupes  avec  les  autres  types  du  monde  animal.  Ces  tableaux 
phylogénétiques  ne  sont  donc  exacts  qu'en  partie,  et  il  ne 
faut  pas  leur  accorder  une  importance  qui  leur  manque.  :» 
Nous  louons  la  sage  réserve  de  l'auteur,  car  pour  ne  parler 
que  d'un  de  ces  tableaux,  celui  qui  résume  la  classification 
générale,  il  ne  nous  montre  nullement  les  relations  qui 
paraissent  exister  entre  certains  annélides  et  certains 
arthropodes  par  leurs  larves,  ni  celles  qui  permettent  de 
rapprocher  à  certains  égards  les  échinodermes  des  vers  ; 
mais  ce  n'est  pas  là  une  critique,  car  nous  faisons  allusion 
à  des  questions  litigeuses  et  controversées,  qui  ne  peuvent 
dés  lors  fournir  des  arguments  indiscutables. 

M.  Roule  ne  donne  que  les  caraclères  des  grands  groupes; 
il  ne  mentionne  que  rarement  les  familles  et  les  genres  et 
plus  rarement  encore  les  espèces.  Cependant,  en  consultant 
la  table,  en  feuilletant  attentivement  le  livre  et  en  consul- 
tant certains  tableaux  synoptiques,  on  peut  arriver  à  savoir 
à  quel  groupe  appartient  tel  animal,  dont  la  connaissance 
importe  au  médecin  ou  au  pharmacien.  Mais  on  ne  trouvera 
guère  plus  ;  en  effet,  l'ouvrage  est  surtout  théorique  et  ne  peut 
avoir  la  prétention  de  rendre  les  services  spéciaux  de  celui  de 
M.  Blanchard,  par  exemple.  Nous  le  croyons  insuffisant 
pour  la  préparation  aux  examens  des  Ecoles  de  médecine  et 
de  pharmacie;  ainsi,  pour  ne  donner  qu'un  exemple,  la 
description  des  bothriocéphaleset  des  ténias  n'occupe  guère 
que  quatre  pages.  Est-ce  à  dire  que  cet  ouvrage  n'est  pas 


appelé  à  rendre  des  services?  Certes,  il  en  rendra  même  à 
l'étudiant  en  médecine  ou  en  pharmacie,  mais  aprèsque  celui- 
ci  aura  passé  son  examen  de  doctoral  ou  son  examen  proba- 
toire, et  dans  le  cas  où  il  aura  l'intention  de  pousser  plus 
loin  ses  études  d'histoire  naturelle.  En  d'autres  termes, 
c'est  surtout  aux  candidats  à  la  licence  que  l'étude  du  livre 
de  M.  Roule  sera  utile;  ce  sera  pour  eux  uu  manuel  pré- 
cieux. 

Notre  critique  ne  porte  donc  nullement  sur  le  fond  du 
livre,  que  nous  déclarons  excellent  et  dont  nous  faisons  sin- 
cèrement compliment  à  l'auteur. 

L.  Hahn. 


Causeries  scientifiques.  — Découvertes  et  inventions;  urogrùs 
de  la  science,  etc.  —  Tome  XXVII,  année  1887-1888,  pai» 
Henri  de  Parville.  —  Paris,  J.  Rothschild,  éditeur. 

Nous  avons  déjà,  à  diverses  reprises,  signalé  tout  rintérôt  que 
présentent  ces  causeries  qui  passent  en  revue  tous  les  événe- 
ments scientifiques  un  peu  importants,  mettent  en  relief  tou3  les 
progrès  accomplis  dans  toutes  les  branches  des  connaissances 
humaines,  et  indiquent  aux  chercheurs  la  voie  à  suivre  pour 

6 régresser  encore.  Initiateur  et  vulgarisateur,  critique  et  érudît, 
[.  de  Parville  est  encore  et  surtout  l'un  des  écrivains  scienti- 
fiques qui  manient  le  mieux  la  langue  française  et  qui  à  la  clarté 
du  style  savent  toujours  joindre  1  élégance  de  Texpression. 

Nous  ne  ferons  que  citer,  dans  ce  nouveau  volume,  les  prin- 
cipaux articles  relatifs  aux  sciences  médicales.  Nous  y  trouvons 
toute  une  série  d'études  sur  Thypnotisme,  la  suggestion,  l'ac- 
tion des  médicaments  à  distance,  la  clinique  électro-thérapique 
de  la  Salpétriore,  sur  les  principaux  médicaments  dont  Tusage 
s'est  récemment  répandu,  tels  que  le  salol  et  Tiodoi,  Tacide  car- 
bonique, la  narcéine,  les  injections  gazeuses  sur  les  maladies 
microbiennes,  les  inoculations  antirabiques,  sur  la  statistique 
médicale,  etc.,  etc.  On  voit  que  si  les  astronomes,  les  physi- 
ciens, les  chimistes,  les  ingénieurs,  les  naturaliste?,  etc.,  tien- 
nent tous  à  garder  ce  répertoire  des  inventions  et  des  décou- 
vertes modernes,  les  médecins  eux-mêmes  y  trouveront  toujours 
un  résumé  aussi  exact  que  précis  des  communications  faites  aux 
sociétés  savantes,  et  de  découvertes,  sinon  définitivement  con- 
lirmécs,  du  moins  dignes  de  provoquer  la  controverse. 

Le  Sinus  uho-génital.  —  Son  développement.  —  Ses  anoma- 
lies, par  le  D'  R.-A.  Issaurat,  membre  de  la  Société  d'an- 
thropologie. Paris,  0.  Doin,  1888. 

Cette  thèse  inaugurale  a  été  faite  sous  Tinspiration  de  M.  le 
professeur  Mathias-Duval.  Elle  n'est  point  fondée  sur  des  re- 
cherches originales  modifinut  les  notions  classiques,  mais  elle 
réunit  et  groupe  d'assez  nombreux  faits  d*anatomie  comparée  et 
de  tératologie,  aussi  bien  chez  l'homme  que  chez  la  femme. 
C'est  donc  un  travail  qui  sera  assez  souvent  utile  à  consulter. 


VARIÉTÉS 

Le  «  Dictionnaire  encyclopédique  des  sciences 
médicales  ».  —  Les  lecteurs  de  la  Gazette  hebdomadaire 
seront  heureux  d'apprendre  que  le  Dictionnaire  encyclo- 
pédique des  sciences  médicales^  commencé  en  1864  par 
le  regretté  directeur  de  ce  journal,  est  aujourd'hui  com- 
plètement terminé.  Les  trois  derniers  volumes  de  cette 
importante  publication  seront  mis  en  vente  cette  semaine. 
En  présentant  à  l'Académie  de  médecine  le  centième  volume 
du  Dictionnaire  encyclopédique,  M.  le  Secrétaire  perpétuel 
a  bien  voulu,  en  termes  dont  nous  lui  sommes  profondément 
reconnaissants,  rendre  un  nouvel  hommage  à  la  mémoire 
de  Dechambre,  et  remercier  les  nombreux  collaborateurs 
qui  ont  aidé  le  rédacteur  en  chef  de  la  Gazette  hebdoma- 
daire à  tenir  les  engagements  de  son  vénéré  maître  en 
terminant,  dans  les  délais  voulus,  Tœuvre  à  laquelle  il  avait 
consacré  les  vingt  dernières  années  de  sa  vie. 


296    —  NM8  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


3  Mai  1889 


LiSTK  DES  PRIX  DE   LA  FACULTÉ    DE   MÉDECINE   DE  PARIS    POUR 

l'année  1887-1888.  —  1»  Prix  Barbier.  —  Douze  appareils  ou 
instruments  ont  été  présentés.  La  Faculté  a  décidé  :  1**  qu'une 
somme  de  5(M)  francs  serait  attribuée,  à  titre  d'encouragement, 
à  M.  le  docteur  Auvard,  pour  ses  divers  instruments  ;  2*|  que  la 
somme  de  i500  francs,  reliquat  du  prix,  serait  accordée  à  la 
bibliothèque  de  la  Faculté. 

2"»  Prix  Châteauvillard.  —  Quatre  ouvrages  ont  été  présen- 
tés. Le  prix  est  partagé  ainsi  qu'il  suit  :  1"  1000  francs  à  M.  le 
docteur  Gilles  de  laTourette,  pour  son  ouvrage  intitulé  :  L Hyp- 
notisme; 2"  500  francs  à  M.  le  docteur  Petit,  pour  son  ouvrage 
intitulé  :  Œuvres  complètes  de  Jean  Méry;  3**  500  francs  à 
M.  le  docteur  Blondel,  pour  son  ouvrage  intitulé  :  les  Strophan- 
tus  du  commerce. 

3**  Prix  Corvisart.  —  Le  prix,  qui  consiste  en  une  médaille 
dor  et  400  francs,  a  été  décerné  à  M.  Morau,  externe  des  hôpi- 
taux. La  Faculté  a  décidé  que  le  sujet  du  concours,  pour  l'année 
1889,  serait  :  Complications  du  rhumatisme  articulaire  aigu, 

4°  Prix  Montyon.  —  Le  prix  n'a  pas  été  décerné  cette  année 
faute  de  concurrents. 

5*»  Prix  Jeunesse  (Hygiène).  —  Cinq  ouvrages  ont  été  pré- 
sentés. Le  prix  a  été  partagé  également  entre  les  deux  concur- 
rents, savoir  :  750  francs  à  M.  le  docteur  Â.-J.  Martin,  pour  son 
Etude  sur  la  création  du  Musée  d'hygiène  y  et  son  mémoire 
sur  la  Désinfection  des  chiffons  ;  —  750  francs  à  M.  le  docteur 
Thoinot,  pour  ses  manuscrits  :  Etude  sur  la  fièvre  typhoïde; 
Etude  sur  la  généralisation  de  la  progression  de  la  diphthé- 
rie;  Etude  critique  sur  quelques  points  de  la  suette  miliaire. 

6*  Prix  Lacaze  (Phthisie).  —  La  Faculté  a  décidé  que  le  prix, 
d'une  valeur  de  1  i  500  francs,  serait  décerné  à  M.  le  docteur  Ma- 
lassez,  pour  ses  travaux  sur  la  tuberculose. 

7'»  Thèses  récompensées  : 

Médailles  d'argent. — MM.  Berlioz,  Blocq,  Bourdillon,  Demou- 
lin,  Fugairon,  Guérard,  Guillet,  Marty,  Potocki,  Vassaux. 

Médailles  de  bronze.  —  MM.  Bt*cavin,  Bossclut,  Colin,  Fou- 
bert,  Hervé,  Joubin,  Labruhe,Leiars,  Lejpage  (Gabriel),  Marage, 
Marguet,  Martin  de  Gimard,  Monprout,  Pavlidés,  Polguère, 
Patein,  Pozzi,  Raymond,  Riocreux,  Riomme,  Secheyrou,  Yarnier, 
Yersin. 

Mentions  honorables.  —  MM.  Belin,  Boisvert,  Budor,  Deme- 
lin,  Dubar,  Dumont,  Durel,  Ëngelbach,  Evrain,  Girode,  Guèmes, 
Jeanselme,  Jeanton,  Jouliard^  Lancial,  Leflaive,  Le  Page 
(Charles),  Luquet,  Ninovici,  Mirassou-Nouqué,  Nivière,  Odrio- 
zola,  Perez,  Rendon,  Roulland,  Stint-Hilaire,  Semelaigne, 
M""  Sollier,  Vanneufville,  Villemin,  Wissard,  Ywanovitch. 


Faculté  de  médecine  de  Paris.  —  Par  décision  de  la  Com- 
mission scolaire,  en  date  du  12  avril  1889,  MM.  les  candidals 
ajournés  avant  le  9  juin  1889  sont  informés  que  :  i^  les  épreuves 
pratiques  seront  renouvelées  dans  la  dernière  quinzaine  de  juin 
|à  partir  du  17  juin)  ;  2°  les  épreuves  orales  seront  renouvelées: 
ajiartir  du  17  juin  pour  les  candidats  ayant  échoué  avant  le 
lo  mai  ;  à  partir  du  1"  juillet  pour  ceux  qui  ont  échoué  après  le 
15  mai  et  avant  le  9  juin. 

—  La  seconde  série  des  travaux  pratiques  d'histologie  du 
semestre  d'été,  commencera  le  mardi  dOavril.  MM.  les  étudiants 
de  deuxième  année  sont  convoqués  individuellement  par  une 
lettre  spécia'e. 

Faculté  de  médecine  de  Bordeaux.  —  M.  Hondot.  affrété, 
est  chargé  d*un  cours  complémentaire  de  clinique  médicale  des 
maladies  des  enfants. 

HÔPITAL  CociiiN.  —  M.  le  docteur  Dujardin-Beaumelz  commen- 
cera ses  conférences  de  clinique  thérapeutique,  le  l*^**  mai,  à  dix 
heures,  à  rhôpital  Cochin,  et  les  continuera  les  mercredis 
suivants,  à  la  même  heure.  Il  traitera  cette  année  des  nouveaux 
médicaments  et  des  nouvelles  médications. 

Le  lundi,  M.  le  docteur  Bardet  traitera  de  la  photographie 
appliquée  à  la  médecine  ;  M.  le  docteur  Dubief,  des  microbes 
pathogènes,  et  M.  Ëgasso,  des  connaissances  pharmaceutiques 
indispensables  au  médecin. 

Le  vendredi,  M.  Alcindor  s'occupera  du  parasitisme  au  point 
de  vue  thérapeutique,  et  M.  Courtois-Suffit,  de  la  séméiologie 
de  quelques  affections  du  système  nerveux. 


Congrès  d'hygiène  et  de  démographie.  —  Le  Congrès  inter- 
national d'hygiène  se  tiendra,  du  4  au  il  août  1889,  à  la  Facult<> 
de  médecine. 

Questions  proposées  par  le  Comité  d'organisation.  — 
P  Mesures  d'ordre  législatif,  administratif  et  médical  prise> 
dans  les  divers  pays  pour  la  protection  de  la  santé  et  de  la  vie  do 
la  première  enfance.  Rapporteurs:  MM.  Landouzy  et  H.  Napias. 

2<*  De  l'enlèvement  et  de  l'utilisation  des  détritus  solides 
(fumiers,  boues,  gadoues,  débris  de  cuisine,  etc.)  dans  les  villes 
et  dans  les  campagnes.  Rapporteurs:  MM.  du  Mesnil  et  Journel. 

3°  Régime  et  distribution  de  la  température  dans  l'habitation. 
Rapporteurs:  MM.  Emile  Trélat  etSomasco. 

4**  Action  du  sol  sur  les  germes  pathogènes.  Rapporteurs: 
MM.  Grancher  et  Richard. 

5<*  Protection  des  cours  d'eau  et  des  nappes  soulerraine> 
contre  la  pollution  par  les  résidus  industriels.  Rapporteurs: 
MM.  J.  Arnould  et  A.-J.  Martin. 

6°  De  l'assainissement  des  ports.  Rapporteur:  M.  A.  Proust. 

7**  Accidents  causés  par  les  substances  alimentaires  d'origino 
animale  contenant  des  alcaloïdes  toxiques.  Rapporteurs:  MM.]'. 
Brouardel,  Pouchet  et  Loye. 

8**  De  la  statistique  des  causes  de  décès  dans  les  villes.  Rap- 
porteur: M.  J.  Berlillon. 

Congrès  international  de  médecine  mentale.  —  Question.^ 
posées  par  le  Comité  d'organisation  :  i*^  Pathologie  mentait'. 
Obsessions  avec  conscience  (intellectuelles,  émotives  et  instinc- 
tives). Rapporteur:  M.  J.  Falret. 

2<>  Législation.  Législation  comparée  sur  le  placement  des 
aliénés  dans  les  établissements  spéciaux,  publics  et  privés. 
Rapporteur:  M.  B.  Bail. 

ô'*  Médecine  légale.  De  la  responsabilité  des  alcoolisés.  Rap- 
porteur: M.  Motet. 

Société  médicale  des  hôpitaux  (séance  du  vendredi  10  niaii. 
—  Ordre  du  jour:  M.  Comby  :  Rapport  i.ur  les  mesures  à 
prendre  pour  combattre  la  transmission  des  maladies  conta- 
gieuses dans  les  hôpitaux  d'enfants.  —  M.  Ballet:  Sur  quelques 
troubles  réflexes  d'origine  gastro-intestinale.  —  M.  A.  Renault; 
Note  pour  servir  à  l'histoire  de  la  pneumonie  infectieuse. 


Avis.  —  Le  poste  de  médecin  sanitaire  de  France  à  Suez  est 
vacant.  Le  traitement  est  de  iOOOO  francs.  Pour  tous  renseigne- 
ments s'adresser  à  MM.  les  professeurs  Brouardel  ou  Proust,  à 
Paris. 


Mortalité    a    Paris     (1G*    semaine,  du    14  au    20  avril 
1889.  —  Population:  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,?. 

—  Variole,  7.  —  Rougeole,  29.  —  Scarlatine,  2.  —  Coque- 
luche, iO.  —  Diphthérie,  croup,  31.  —  Choléra,  0.  —  Phthisie 
pulmonaire,  20S.  —  Autres  tuberculoses,  25.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  38  ;  autres,  7.  —  Méningite,  46.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  45.  —  Paralysie,  5.  — 
Ramollissement  cérébral,  6. —  Maladies  organiques  du  cœur,  31i. 

—  Bronchite  aiguë,  25.  —  Bronchite  chronique,  39.  —  Broncho- 
pneumonie,  25.  —  Pneumonie,  63.  —  Gastro-entérite:  sein,  0; 
biberon»  36.  —  Autres  diarrhées,  6.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 3.  —Autres  affections  puerpérales,  3.  —  Débilite  con- 
génitale, 28.  —  Sénilité,  31.  —  Suicides,  11.  —Autres  morts 
violentes,  4.  —  Autres  causes  de  mort,  186.  —  Causes 
inconnues,  6.  —  Total:  972. 


OUVRAfiES  DÉPOSES  AU  BUREAU  DU  JOURNAL 

Gkimie  inorganique  et  organique,  botanique  et  zoologie,  notes  servant  à  U  pré- 
paration de  l'oxamen  du  premier  doctorat,  recueillies  et  publiées  par  M.  le 
docteur  L.-N.  Worthlnglon.  4  vol.  in-8«.  Pari»,  0.  Bcrthier.  t^'  ^'* 

Thérapeutique,  ligaturée  de»  artères,  trachéotomie  et  largngotomie,  notes  serrant 
à  la  préparation  de  l'examen  du  quatrième  doctorat,  recueillies  et  publiées  par 
M.  le  docteur  L.-N.  Worlhinglon.  4  vol.  in-»".  Paris,  0.  Berthier.  *<^''" 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 


41)005.  —  MOTTBROZ.  —  Imprimeries  niunies,  A.  me  Mignon,  2.  P«">- 


r-      y^Ty. 


3  Mm  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        —  NM8  —     297 


SUPPLÉMENT  THÉRAPEUT1QU.E 


DB    LA 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  llT  DE  CHIRURGIE 


THÉRAPEUTIQUE 

De  Itt  Cré<«#tc, 

La  créosote  découverte  en  1830,  par  Reichembach,  fut 
tout  d'abord  l'objet  d'un  certain  engouement  bientôt 
suivi  d'un  abandon  à  peu  près  complet. 

La  difGculté  que  les  médecins  éprouvèrent  à  obtenir  de 
la  créosote  vraie  fut  probablement  la  cause  de  cet  oubli. 
En  eOiet,  le  plus  généralement,  au  lieu  de  l'extraire  du 
goudron  de  hêtre,  ou  simplement  du  goudron  de  bois,  on 
l'obtient  par  distillation  des  huiles  lourdes  de  houille,  et 
on  livre  au  commerce  un  mélange  impur  d'acide  phénique 
qui  souvent  ne  renferme  pas  trace  de  créosote. 

La  créosote  n'a  pris  la  place  importante  qu'elle  occupe 
actuellement  dans  la  thérapeutique  qu'à  partir  des  tra- 
vaux des  docteurs  Bouchard  et  Gimbert  {Gazette  hebdo- 
madaire, 1877). 

Le  professeur  Bouchard  avait  soumis  93  phthisiques  à  la 
médication  créosotée.  La  dose  initiale  était  de  40  centi- 
grammes par  jour;  elle  fut  continuée,  pour  la  plupart  des 
malades,  sans  variation,  pendant  toute  la  durée  de  la  cure  ; 
dans  quelques  cas,  elle  fut  élevée  à  60  ou  80  centigrammes 
et  même  1  gramme.  Sur  ces  93  malades,  54  ont  bénéficié 
de  ce  traitement  et  35  parurent  définitivement  guéris. 

Un  grand  nombre  de  praticiens  adoptèrent  cette  médica- 
tion et  confirmèrent  ces  résultats,  non  seulement  en  France, 
mais  aussi  à  Tétranger.  Pick  à  Coblentz,  J.  Sommerbrodt 
et  Prœnliel,  à  Berlin,  l'appliquèrent  sur  une  large  échelle. 
Ces  deux  derniers  ont  publié,  en  1887,  les  résultats  de 
leur  eipérienoe  personnelle. 

J.  Sommerbrodt  a  soumis  à  la  créosote  tous  les  tuber**- 
culeux  qui  se  sont  présentés  à  lui  depuis  neuf  ans,  et, 
spécialiste  très  recherché,  il  n'en  évalue  pas  le  chitTre  à 
moins  de  5000.  Il  emploie  de  préférence  des  capsules  de 
gélatine  contenant  chacune  5  centigrammes  de  créosote, 
parce  que  ce  mode  d'administration  est  plus  pratique,  plus 
agréable  et  plus  économique. 

Il  en  fait  prendre  progressivement  une  le  premier  jour, 
deux  le  second,  trois  par  jour  jusqu'à  la  fin  de  la  pre- 
mière semaine,  à  raison  d'une  aussitôt  après  le  repas,  dans 
une  cuillerée  d'eau  ;  la  deuxième  semaine,  il  en  prescrit  4, 
la  troisième  semaine,  5,  et  6  la  quatrième. 

Le  malade  continue  à  prendre  6  capsules  par  jour  pen- 
dant une  durée  de  plwieurs  mois.  Un  grand  nombre  de 
malades  ont  pris  ainsi  sans  interruption  de  600  à  1200  cap- 
sules, et  l'un  d'eux  est  aUé  jusqu'à  2000. 


Ce  sont  à  peu  près  les  mêmes  prescriptions  que  celles 
des  médecins  français.  Les  effets  constatés  ont  également 
été  les  mêmes  que  ceux  annoncés  par  le  professeur 
Bouchard. 

Les  effets  du  traitement  sont  surtout  apparents  et  rapides 
dans  les  tuberculoses  au  début,  dans  le  catarrhe  du  sommet 
avec  induration. 

Au  bout  de  huit  à  quinze  jours,  quelquefois  plus  tôt,  on 
obtient  une  diminution  de  l'expectoration,  puis  secondai- 
rement de  la  toux.  Après  quelques  jours,  la  fièvre  diminue 
ou  cesse,  l'appétit,  les  farces  et  l'embonpoint  ne  tardent 
pas  à  revenir.  Il  n'est  pas  rare  de  voir  les  sueurs  se  sup- 
primer après  trois  semaines  de  traitement. 

Ces  effets  remarquables  de  la  créosote  dans  les  affec- 
tions de  poitrine  pouvaient  être  pressentis  d'après  son 
origine,  étant  données  les  propriétés  reconnues  du  goudron 
médicinal,  qui  renferme  25  pour  100  de  créosote. 

La  créosote,  qui  a  donné  de  si  beaux  succès  dans  laphthi- 
sie,  donne  des  guérisous  plus  rapides  et  plus  parfaites  dans 
des  affections  moins  graves,  telles  que  le  catarrhe  pul* 
monaire  et  la  bronchite  chronique. 

D'après  Bouchard  (de  Paris),  la  créosote  aurait  une  action 
élective  sur  la  lésion  pulmonaire.  De  son  côté,  Sommer- 
brodt (de  Berlin)  est  convaincu  que  la  créosote  possède 
une  action  spécifique  véritable. 

Ces  expérimentateurs  ont  employé  la  créosote  à  l'exclu- 
sion de  tout  autre  médicament  dans  le  but  de  mieux  juger 
de  ses  propriétés. 

Ce  qui  a  été  dit  ci-dessus  démontre  l'importance  qu'il  y 
a  à  s'assurer  de  la  pureté  de  la  préparation  dont  on  se 
sert.  A  Paris,  dans  les  hôpitaux,  une  des  préparations  de 
créosote  souvent  employée,  est  celle  qui  est  connue  sous  le 
nom  de  «  Perles  de  créosote  de  Clertan  ». 

Les  perles  du  docteur  Clertan  contiennent,  chacune, 
5  centigrammes  de  créosote,  sous  une  enveloppe  mince 
et  transparente,  d'une  solubilité  parfaite. 

Les  perles  du  docteur  Clertan  sont  hautement  appréciées 
par  les  médecins  de  tous  les  pays,  pour  la  perfection  de 
leur  fabrication  et  la  pureté  des  produits  qu'elles  renfer- 
ment. 

(Extrait  du  Bulletin  médical.) 


18.. 


—  N«  18  — 


GAZETTB  HEBDOMADAIRE  DB  MÉDECINE  ET  DE  CHIRORGIE 


'3  Mai  1889 


THÉRAPEUTIQUE 

Perle*  da  docteur  ClerUrn. 

Approbation  de  F  Académie  de  médecine  de  Paris. 

Primitivement  appliquée  à  Téther,  la  découverte  du 
docteur  Clertan  a  permis  d'emprisonner  ce  corps  si  volatil 
et  de  le  porter  dans  l'estomac  à  dose  fixe  et  sans  aucune 
perte.  Le  même  procédé  a  été  appliqué  à  la  plupart  des 
substances,  liquides  ou  solides,  dont  la  volatilité,  la  saveur 
ou  l'odeur  rendaient  l'administration  difficile. 

HH.  les  Médecins  pourront  ainsi  proscrire,  sans  aucun 
désagrément  pour  le  malade,  VIodoforme,  la  Créosote^  la 
VaUrianey  le  Castoretim,  VAssa-fœtida^  tous  les  Sels  de 
Quinine^  Sulfate,  Bisulfate,  Chlorhydrate^  Bromhydrate, 
Valérianate,  Salicylate,  Lactate,  etc.,  VEssence  de  Téré- 
benthine, la  Mixture  de  Durande,  les  Gouttes  ou  Liqueur 
d'Hoffmann,  VEssence  de  Santal,  et  les  substances  nou- 
vellement, introduites  dans  la  Thérapeutique,  telles  que  le 
Terpinolj  le  Gatacol,  etc.,  etc.,  auxquelles  ce  mode  de 
préparation  pourra  s'appliquer  avec  avantage. 

Ces  substances  et  les  perles  de  nom  correspondant  peu- 
vent être  partagées  eu  séries  suivant  leurs  propriétés  et 
leurs  applicaUons: 

!'•  SÉRIE.  —  MAUDIES  D£  L'APPAREIL  RESPIRATOIRE. 

a.  Perles  de  Créosote  de  Clertan.  —  5  centigraniines  par 
perle.  Dose  moyenne,  à  par  jour. 

b.  Perles  de  Gaiacol  de  Clertan.  —  5  centigrammes  par 
perle.  Dose  moyenne,  4  par  jour. 

c.  Perles  d'iodoforme  de  Clertan.  —  5  centigrammes  par 
perle.  Dose  moyenne,  4  par  jour. 

d.  Perles  de  Terpinol  de  Clertan.  —  30  centigrammes  par 
perle.  Dose  moyenne,  4  par  jour. 

2"  SÉRIE.  —  LITHIASE  BILIAIRE. 

a.  Perles  du  Durande  de  Clertan  (Éther,  S  p.;  Ess.  de  1er., 
3  p.;  ensemble,  20  centigrammes).  Dose,  6  à  10  par  jour. 

b.  Perles  de  Chloroforme  de  Clertan,  —  45  centigrammes 
par  perle.  Dose,  4  par  jour.  (Vomissements^  hoquets,  mal  de 
mer.) 

Z^  SÉRl^  —  MÉDICATION  ANTISPASMODIQUE. 

a.  Perles  d^Éther  de  Clertan.  —  20  centigrammes  par  perle. 
Dose,  4  à  10  par  jour.  (Migraines,  .céphalées  rebelles,  accès 
d'asthxae,  crampes  d'estomac,  tendances  à  la  syncope.) 

b.  Perles  d'Hoffmann  de  Clertan  (Éther,  1  p.;  alcool,  2  p.; 
ensemble  20  centigrammes).  Dose,  4  à  10  par  jour.  (Mêmes 
indications  que  pOur  les  perles  d'Éther,  et  plus  particulière- 
ment nausées,  digestions  douloureuses,  indigestions,  vomisse- 
ments.) 

c.  Perles  de  Valériane  de  Clertan.  —  20  centigrammes  de  tein- 
ture éthérée.  Dose,  4  à  10  par  jour.  (Vertiges,  élourdissemenls, 
palpitations  nerveuses.) 

d.  Perles  d'Assa-fœtida  de  Clertan.  —  20  centigrammes  de 
teinture  éthèrée.  Dose,  4  à  10  par  jour.  (Spasmes,  sufi'ocation, 
boule  hystérique,  œsophagisme,  chlorose.) 

e.  Perles  de  Castoreum  de  Clertan,  —  20  centigrammes  de 
teinture  éthérée.  Dose,  4  à  10  par  jour.  (Dysménorrhée,  coliques 
de  la  menstruation,  gonflements  du  ventre.) 

/.  Perles  d'Apiol  de  Clertan.  —  5  centigrammes»  (Mêmes 
indications.) 


g.  Perles  d'Essence  de  Térébenthine  de  Clertan.—  20  centi- 
grammes. Dose,  4  à  10  par  jour.  (Migraines,  névralgies  faciales 
sciatique,  lumbago.) 

4«   SÉRIE.   —  MÉDICATION    aUINIQUE  OU   KÉBRIFUGB. 

a.  Perles  de  Bromhydrate  de  quinine  de  Clertan,  à  10  cen- 
tigrammes de  sel  chimiquement  pur. 

b.  Perles  de  Bromhydrate  de  quinine  de  Clertan,  à  10  cen- 
tigrammes de  sel  chimiquement  pur, 

c.  Perles  de  Sulfate  de  quinine  de  Clertan,  à  10  centi- 
grammes de  sel  chimiquement  pur. 

d.  Perles  de  Bisulfate  de  quinine  de  Clertan,  à  10  centi- 
grammes de  sel  chimiquement  pur.. 

e.  Perles  de  Valérianate  de  quinine  de  Clertan,  à  10  centi- 
grammes de  5^/  chimiquement  pur. 

f.  Perles  de  Salicylate  de  quinine  de  Clertan,  à  10  centi- 
grammes de  sel  chimiquement  pur. 

g.  Perles  de  Laotate  de  quinine  de>  Clertan^  à  10  centi- 
grammes de  sel  chimiquement  pur. 

5*  SÉRIE.  —  MÉDICATION  HYPNOTIQUE. 

a.  Perles  d'hypnone  de  Clertan,  à  10  centigrammes.  Dose, 
2  à  4  par  jour. 

6«  SÉRIE.  —  MÉDICATION  BALSAMÏUUE. 

a.  Perles  de  Santal  de  Clertan,  à  30  centigrammes.  Dose, 
2  à  12  par  jour. 

D'une  manière  générale,  les  Perles  du  docteur  Clertan 
contiennent  cinq  gouttes  de  médicament  liquide  ou  10  cen- 
tigrammes de  médicament  solide. 

Les  Perles  du  docteur  Clertan  sont  1res  promptement 
dissoutes  dans  Testomac  :  peu  d'instants  après  riagestion 
d'une  perle  d'éther,  par  exemple,  l'ascension  de  vapeurs 
témoigne  de  la  rupture  de  Tenveloppe. 

Par  leur  volume,  leur  aspect  brillant,  les  préparations  du 
docteur  Clertan  représentent  bien  exactement  des  sortes 
de  perles  :  la  transparence  et  la  minceur  de  la  couche  géla- 
tineuse permet  de  voir  le  médicament  en  nature  et  de  s'as- 
surer ainsi  de  son  état  de  conservation. 

En  prescrivant,  sous  le  nom  du  docteur  Clertan  et  avec 
la  garantie  de  son  cachet,  les  divers  médicaments  énuraérés 
ci-dessus,  MM.  les  Médecins  sont  assurés  d'avoir  des  prépa- 
rations pures  et  rigoureusement  dosées. 

Tous  les  produits  inclus  sout  ou  fabriqués  de  toutes 
•pièces  ou  analysés  à  notre  laboratoire^ 

La  Maison  L.  Fkeee,  19,  rue  Jacob,  Paris,  propriétaire 
de  la  marque  et  des  procédés  du  docteur  Clertan,  a  mérité 
les  plus  hautes  récompenses.  Médailles  d'or  uniques,  décer- 
nées aux  produits  pharmaceutiques  aux  Expositions  unt- 
i'^rse/fes  de  Paris(1878)  et  de  l'étranger,  Amsterdam  (1883), 
Sydney  (1888). 

Les  préparations  du  docteur  Clertan  sont  recommandées 
en  plusieurs  endroits  du  Traité  dethérapeutiqmde  Trous- 
seau et  Pidoux,  notamment  p.  289  et  p.  &U,  t.  II,  7'  édit. 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 


1883i.  —  MOTTBaos.  —  liDprkHri««  fëmilec,  A,  tue  Mlffoo»,  2.  Pftais» 


Trehte-sixi&iib  àknée 


«•  19 


10  Mai  1889 


GAZETTE  nEBDOMADAlRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 

PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D'  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  G.  DIEUUFOY.  DREYFUS-BRISAC.  FRANCOIS-FRANCK,  A.  HËNOCQUE,  A.-J.  MARTIN,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lereboullet,  H,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRB.  —  BuLLirrN.  —  Gliniqub  «éDiCALB.  Nouveaux  ël<^ont8  de 
din^noslic  différentiel  entre  le  cancer  et  l'ulcèro  do  l'esloniAC.  Hy{>oazoluric 
uncér<*u8c.  —FORMULAIRE  THéRAPBUTiQUB.  De  l'admiDitlration  de  la  créosote 
à  riniûrieuK  >-  Rlvi*B  DF.s  COURS  ET  DES  CLINIQUES.  FacuUé  de  inédeclne. 
Cuurs  d«  (Nithologie  interne;  M.  le  professeur  DieuiaCoy  ;  Sypbili;»  du  |kh^kmi 
el  de  U  plèvre.  —  Travaux  originaux.  Clinique  médicale  :  Sur  deux  cas 
de  sunnroafe.  —  Un  cas  de  iniiladto  de  Morvan,  suivi  d'uutoptie.  —  Sociétés 
SAVANTES.  Acadétnie  do  médcLino.  —  Société  do  chirurgie.  —  Société  de  bio- 
logie.— Bibliographie.  Surgirai  bac  le:  îolog>-.  —Traité  d'osléologic  comparée. 
—  Variétés.  —  Fkl'illeton.  Élofe  do  A.  Dcchambre. 


BULLETIN 

Paris,  8  mai  1889. 
Académie  de  médecine  :  Le  tétémom. 

La  discussion  soulevée  devant  FAcadémie,  par  le  rapport 
de  M.  Verneuil  sur  les  observations  de  HM.  P.  Berger  et 
lUchelot,  n'aura  élé  ni  sans  intérêt  ni  sans  utilité.  On  a  pu 
en  suivre,  ici  même,  les  diverses  phases,  et  à  plusieurs 
reprises  nous  en  avons  fait  ressortir  les  seules  conclusions 
qu  ou  en  puisse  aujourd'hui  déduire.  Les  nouvelles  obser- 
vations présentées  par  M.  Verneuil  et  les  remarques  de 
M.  Goubaux  ne  nous  semblent  pas  de  nature  k  les  modifier. 

Ainsi  que  lavait  dit  M.  A.  (luérin,  aussitôt  après  la  lec- 
ture du  rapport  de  M.  Verneuil,  il  reste  démontré  que  le 
tétanos  est  inoculable  et  que,  par  conséquent,  sa  contagion 
ne  peut  être  contestée  en  principe;  mais,  d'autre  part,  les 
faits  positifs  invoqués  pour  prouver  la  contagiosité  du  té- 
tanos sont  très  rares;  le  plus  souvent  même  ils  peuvent 


être  interprétés  d'une  autre  manière.  Enfin  ce  que  Ton 
savait  jusqu'à  présent  du  mode  de  genèse  et  de  propagation 
de  la  maladie  n'explique  pas  comment  ont  pu  se  dévelgjgper 
fret  g'rànUës  épidémies  jâMis  observées  sur  l«  armées  en 
campagne.  Ces  épidémies  ne  peuvent  être  comprises  que 
si  Ton  admet  la  contagion.  De  leur  côté,  presque  tous  les 
orateurs  qui  ont  pris  part  à  la  discussion' académique,  en 
particulier  MM.  Nocard,  Trasbot,  Leblanc,  admettent  aussi 
que  le  tétanos  est  une  maladie  infectieuse,  inoculable.  Si 
quelques-uns  d'entre  eux  contestent  encore  la  valeur  des 
recherches  entreprises  pour  isoler  et  cultiver  le  microbe 
pathogène,  ou  du  moins  s'ils  hésitent  à  voir  dans  ce  microbe 
un  agent  infectieux  dont  le  rôle  reste  prépondérant; 
d'autres,  et  à  leur  tète  M.  Nocard,  démontrent,  avec  l'auto- 
rité que  donnent  leurs  recherches  personnelles  et  une 
connaissance  approfondie  de  tout  ce  qui  a  trait  aux  études 
microbiologiques,  non  seulement  que  le  microbe  du  tétanos 
existe,  mais  encore  qu'il  agit  surtout,  sinon  exclusivement, 
par  les  ptomaïnes  qu'il  sécrète  dans  le  foyer  même  de  lu 
plaie  d'inoculation. 

Reste  il  est  vrai,  au  point  de  vue  clinique,  l'influence 
indéniable  des  conditions  extérieures  dans  lesquelles  se 
sont  trouvés  les  sujets  atteints  de  tétanos  et  celle  non  moins 
évidente  des  prédispositions  individuelles,  en  ce  qui  con- 
cerne l'espèce  humaine.  Toutefois,  comme  l'a  si  bien  dit 
M.  Ve;*neuil,  jamais  on  ne  provoquera,  jamais  on  ne  déter- 
minera le  tétanos  en  réunissant,  voire  même  en  rendant 
plus  intenses  dans  leurs  effets,  ces  causes  prédisposantes 
ou  ces  conditions  climatériques,  atmosphériques,  etc.,  qui 


FEUILLETON 

Ëloi^e  de  A.   Deebambre 

par    M.  le  docteur   A.    RiTii  (1) 

Messieurs,  notre  siècle  a  vu  des  médecins  qui,  sans  titre 
ufiiciel  ni  attache  a  aucun  corps  constitué,  surent  acquérir, 
Krâce  à  leur  savoir  et  à  leur  talent,  une  autorité  légitime  :  leurs 
appréciations  étaient  impatiemment  attendues,  leurs  critiques 
redoutées  et  leurs  conseils  fréquerameut  suivis.  Ces  médecins 
«'étaient  des  journalistes;  ils  se  nommaient  Jules  Guérin,  Amédée 
Latour,  Peisse,  Dechumhre,  Brochin:  tous  esprits  supérieurs  et 
écrivains  d'un  rare  mérite,  également  passionnés  pour  la  propa- 
gation de  la  vérité  scientilique  et  la  défense  des  droits  profes- 
sionnels. 

(t;  Nous  sommes  heureux  de  pouvoir  mettre  sous  les  yeux  des  lecteurs  de  la 
ilaieite  luldomadaire  l'éloquent  hommage  que  M.  le  docteur  llilti  vi»'at  do 
rendre  à  la  mcrooiro  de  Dbchambro,  duns  la  derniërc  «éaiiec  de  la  Société 
Dtédico-piycbolugique.  la  R. 

2-  SéUS,  t.  UVI. 


Le  premier  —  le  maître  —  fonda  la  Gazette  médicale  de 
Paris,  dans  laquelle  les  autres  tirent -leurs  premières  armes. 
Savant  de  premier  ordre,  mais  tempérament  agressif,  il  aimait 
la  lutte  et  la  recherchait;  il  se  jetait  volontiers  en  pleine  mêlée, 
frappant  d'estoc  et  de  taille,  ne  concédant  jamais  rien,  sûr,  en 
agissant  ainsi,  de  faire  taire  ses  adversaires  et  de  rester  maître 
fin  champ  de  bataille. 

Intelligence  de  moindre  envergure,  mais  nature  plus  souple, 
Amédée  Latour  était  admirablement  doué  pour  faire  valoir  les 
idées  des  autres  Pendant  près  d'un  demi-siècie,  il  a  mis  sa 
plume  si  vive  et  si  alerte  au  service  des  causes  les  plus  diverses, 
dont  la  plupart  excellentes  ;  mais  ce  qu'il  a  dépensé  d'esprit, 
de  verve  et  de  sensibilité,  pour  fonder  et  développer  TAsso- 
ciation  générale  des  médecins  de  France,  ceux-là  seuls  le  savent 
qui  ont  pris  la  peine  de  feuilleter  la  collection  de  VUnion 
médicale, 

Brochin,  Dechambre  et  Peisse  étaient,  à  des  degrés  et  à  des 
titres  divers,  des  philosophes,  c|ue  Je  soujci  consistant  des  idées 
général  s'éloignait  de  l'empirisme  pur.  Pour  eux,  l'étude  de  la 
^médecine  était  moins  un  but  qu*un  moyen,  celui  d'augmenter  la 

19 


298    —  N«  19 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  !ET  DE  CHIRURGIE 


(10  Mai  1880^ 


contribuent  cependant  à  rendre  si  efficace  et  si  nocive  Tin- 
troduction  du  virus  dans  l'organisme. 

M.  Goubaux  a  cité  à  ce  point  de  vue  des  faits  bien  instruc- 
tifs. A  la  ferme  de  Vîncennes,  il  y  a  vingt-cinq  ans,  on  fit 
châtrer  33  béliers  par  un  vétérinaire;  ces  33  béliers  suc- 
combèrent au  tétanos.  Il  en  restait  28.  Après  avoir  attendu 
quelque  temps,  M.  Goubaux  opéra  ces  23  béliers,  et  pas  un 
d'eux  ne  fut  atteint  de  tétanos.  Au  lieu  d'expliquer  la  mort 
des  premiers  par  Tinfluence  d'un  vent  un  peu  frais  et  d'un 
air  plus  ou  moins  chargé  d'électricité,  n'est-il  pas  infini- 
ment plus  rationnel  d'admettre  que  le  premier  vétérinaire 
a  contaminé  tous  les  animaux  qu'il  a  opérés,  et  cela  sans 
doute  à  l'aide  de  ses  instruments? 

Il  ne  nous  parait  point  nécessaire  d'insister  davantage.  Le 
tétanos  étant  une  maladie  infectieuse,  sa  transmissibilité 
ne  peut  être  niée.  Elle  existe  au  même  titre  que  celle  de  la 
tuberculose  et  de  la  fièvre  typhoïde.  Ces  maladies,  dont  on 
reconnaît  aujourd'hui  la  nature  microbienne,  ne  sont, 
elles  aussi,  que  très  peu  contagieuses.  C'est  en  vain  que  nous 
avons  recherché,  pour  répondre  à  l'enquête  entreprise  il  y  a 
quelques  années  par  la  Société  médicale  des  hôpitaux,  des 
observations  positives  démontrant  la  contagiosité  de  la 
phthisie.  Il  en  à  été  de  même  quand  nous  avons  dépouillé 
nos  observations  de  fièvre  typhoïde.  Et,  cependant,  d'autres 
médecins  ont  été  plus  heureux.  Il  en  sera  de  même  sans 
aucun  doute  pour  le  tétanos.  Déjà  M.  Verneuil  et  M.  Nocard 
ont  cité  à  cet  égard  des  faits  positifs  en  assez  grand  nombre 
pour  entraîner  la  conviction  de  tous  les  esprits  non  prévenus. 

Résumons  donc  cette  longue  enquête  en  répétant  ce  que 
nous  avions  dit  il  y  a  deux  mois  :  Le  tétanos  parait  être  une 
maladie  infectieuse,  inoculable,  transmissible  des  animaux  à 
l'homme,  et,  réciproquement,  par  les  objets  et  les  instru- 
ments qui  ont  touché  un  tétanique.  Le  virus  qui  détermine 
la  maladie  est  sécrété  par  un  microbe  spécial  qui  a  été 
inoculé  et  cultivé.  Quant  à  l'origine  première  de  ce  microbe, 
elle  reste  encore  obscure.  D'assez  nombreuses  observations 
tendent  à  démontrer  qu'il  se  trouve  le  plus  souvent  mélangé 
à  des  produits  ayant  été  en  contact  avec  divers  animaux  ou 
ayant  reçu  leurs  déjections.  La  terre,  la  paille,  etc.,  seraient 
le  plus  fréquemment  ces  agents  de  transmission.  Il  en  serait 
donc  du  tétanos  comme  d'un  grand  nombre  d'autres  mala- 
dies infectieuses.  Le  germe  morbide  se  régénérerait  et 
prendrait  plus  d'intensité  en  passant  par  le  sol. 

Quel  que  puisse  être  l'avenir  de  cette  doctrine,  il  faut 
reconnaître  que  les  considérations  prophylactiques  qui  en 


découlent  sont  à  la  portée  de  tous,  et  que  leur  utilité  ne 
trouve  aucun  contradicteur.  Si,  en  les  appliquant  avec  la 
rigueur  qui  caractérise  aujourd'huilesméthodes  d'antisepsie, 
on  arrive  à  restreindre,  ou  même  à  faire  disparaître  le  téta- 
nos chirurgical,  comme  on  a  vu  disparaître  le  tétanos  dii 
rhumatismal,  on  ne  niera  plus  l'immense  service  qu'aura 
rendu  H.  Verneuil  en  appelant  sur  ce  sujet  l'attention  et  la 
sollicitude  des  vétérinaires  et  des  chirurgiens. 


CLINIQUE  MÉDICALE 

Clinique  médicale  de  l'Hôtel-Dieu-Saint-Éloi,  i»k 
Montpellier.  (Service  de  M.  le  professeur  Grasset). 

IVouveaax  éléments  dé  dtai^nostle  différentiel  entre 
le  eaneer  et  Tnleère  de  l*estoniae.  Dypoiisoturlr 
eaneéreuse. 

Le  diagnostic  différentiel  entre  le  cancer  et  Tulcèrc  dt' 
l'estomac  est  quelquefois  entouré  des  plus  grandes  difficultés. 
On  ne  trouve,  en  effet,  dans  les  traités  classiques,  aucun 
signe  franchement  pathognomonique  qui  affirme  neltemenl, 
dans  un  cas  donné,  l'existence  de  l'une  ou  l'autre  affection; 
les  auteurs  se  bornent  à  énumérer  un  ensemble  de  carac- 
tères, dont  la  réunion  plus  ou  moins  complète  chez  un  sujet 
fera  plus  du  moins  pencher  la  balance  d'un  côté  ou  de 
l'autre.  En  faveur  du  cancer,  on  fera  valoir  l'âge  avancé  du 
malade,  la  localisation  de  la  douleur  au  creux  épigastriquc, 
la  manifestation  tardive  des  vogiissements  après  l'ingestion 
des  aliments,  la  coloration  noirâtre  des  hématémèses,  la 
dilatation  stomacale,  la  présence  d'une  tumeur  ou  d'une 
induration  dans  la  région  de  l'épigastre,  la  cachexie  jaune- 
paille,  la  production  de  l'œdème  blanc  douloureux,  la 
marche  rapide  et  régulièrement  progressive  de  la  maladie. 
L'ulcère  bénéficiera  du  syndrome  suivant  :  jeunesse  du 
sujet,  irradiation  de  la  douleur  épigastrique  à  la  colonne 
vertébrale,  vomissements  précoces,  teinte  rutilante  de> 
hématémèses,  absence  de  dilatation,  d'induration  épigas- 
trique, de  cachexie  spéciale,  marche  variable  de  l'affection 
et  rémissions  fréquentes  au  cours  de  son  évolution. 

Malheureusement  il  est  nombre  de  cas  dans  lesquels  une 
partie  des  signes  spéciaux  qui  viennent  d'être  énumérés  font 
défaut,  ou  encore  dans  lesquels  on  observe  le  décevant 
mélange  des  symptômes  propres  à  chacune  des  deux  affec- 
tions. Un  sujet  atteint  d'ulcère  stomacal,  qui  se  trouvait 


somme  des  connaissances  scientifiques,  seul  terrain  solide  sur 
lequel  puissent  s'édifier  les  plus  hautes  spéculations.  De  tels 
esprits  accueillirent  avec  faveur  la  création  de  la  Société  médico- 
psychologique,  qui  devait  se  consacrer  à  Tétude  de  la  nature 
numaine  sous  ses  multiples  aspects.  Tous  trois  s  y  firent  inscrire 
comme  membres  fondateurs  et  prirent  une  part  active  à  ses 
travaux. 

Nommé,  dès  le  premier  jour,  secrétaire  général,  Dechambre 
eut  la  délicate  mission  de  guider  les  premiers  pas,  nécessaire- 
ment un  peu  timides,  de  notre  Compagnie,  qui  depuis  a  pris  une 
extension  que  ses  débuts  ne  permettaient  guère  de  prévoir.  Gela 
seul  suffit  pour  que  nous  honorions  sa  mémoire  ;  mais  les 
services  signalés  qu'il  a  rendus  à  la  médecine  ne  sauraient  nous 
laisser  indifférents.  C'est  pour  moi  une  tâche  bien  douce  de 
vous  les  rappeler  et  de  rendre  ainsi  un  dernier  et  solennel 
hommage  à  ce  savant  distingué,  d'un  esprit  si  juste  et  si  péné- 
trant, à  ce  moraliste  fin  et  délicat,  qui  a  bien  voulu  m'honorer 
de  son  amitié.     •     , , 

M.  Ritti  raconte  ensuite  les  premièreh  années  dr  i.i  \ie  de 


Dechambre.  Comme  il  veut  bien  le  dire,  cet  exposé  historique 
est  emprunté  en  grande  partie  à  la  notice  qui  a  paru  ici 
même  (1). 

Nous  ne  citerons  donc  que  quelques  extraits  de  cette  première 
partie: 

L'histoire,  dit-on,  ne  se  répète  jamais.  On  serait  plutôt  porte 
à  dire  qu'elle  est  une  imitation,  lorsqu'on  suit  les  diverses  étapes 
scientifiques  de  l'hospice  de  la  Salpètrière.  A  cela,  rien  de  sur- 
prenant. Les  sujets  de  recherche  y  sont  toujours  les  mêmes;  lf> 
observateurs  seuls  changent,  qui  contribuent  tous,  chacun  seJoo 

(1)  L.  Lcri'bouUcl,  A.  Dechambre.  ta  vie  et  tet  œuvres.  Paris,  18»î7.CV?i 
assurément  la  biographie  la  plu*  complète  et  la  plus  exacte  qui  ait  tHé  publiée  sur 
Docharabre;  nous  croyons  même  qu'il  est  difficile  de  faire  mieux.  Notrr  «vanl 
ami,  Al.  Lercboullet,  a  épuisé  le  sujet;  nous  devons  ajouter  qu'il  l'a  irjiic.  n<"> 
seulement  en  érudit,  mais  en  homme  de  cœur.  Le  portrait  qu'il  a  trace  du  niaiir« 
restera.  Venant  après  lui,  notre  t;\chc  devenait  plus  facile:  nous  n'avions  M"' 
puiâcr  dans  les  rensciçnomcnts  si  nombreux  qu'il  nous  fournissait-  iN"?"*  '" 
ùxottir  largement  profilé,  et,  si  cet  Éloge  a  quelque  \dlenr,  il  le  devra  turtt'ui  a 
cette  collaboration.  A.  Ritti. 


10  Mai  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE^CHIRURGIE 


N»  19  —    299 


réceminenl  dans  nos  salles,  a  présenté,  à  quelques  mois 
(i*inlerva]le,  un  vomissement  de  sang  noir  et  une  hématé- 
mèse  rutilante.  On  a  vu,  d'un  autre  côté,  la  sclérose  hyper- 
trophique,  si  fréquente  aux  abords  de  Tulcère,  être  con- 
fondue avec  une  induration  spécifique.  Enfin  Faspect 
anémique  du  malade  épuisé  par  des  hémorrbagies  tenant  à 
la  présence  d'un  ulcus  peut  être  fort  difficile  à  distinguer  de 
ta  (T  cachexie  par  intoxication  j»  du  cancéreux.  Inutile  d'in- 
sislersur  les  caractèresde  la  douleur,  Tépoque  des  vomisse- 
ments, la  présence  des  oedèmes,  la  dnrée  de  la  maladie,  qui 
ne  fournissent  bien  souvent  que  des  données  équivoques. 

D'ailleurs,  sans  pénétrer  plus  avant  dans  la  critique  des 
signes  différentiels  fournis  par  la  plupart  des  classiques 
(sous  toutes  réserves,  il  faut  l'avouer),  il  suffit,  pour  se  con- 
vaincre de  leur  insuffisance,  de  jeter  les  yeux  sur  les  per- 
fectionnements incessants  que  la  clinique  moderne  cherche 
à  leur  apporter,  et  de  passer  en  revue  les  procédés  nouveaux 
tendant  à  faciliter  la  solution  du  problème. 

£n  1880,  M.  Troisier  observe  V envahissement  des 
tjanglions  sus-claviculaires  dans  trois  cas  de  cancer 
de  Testomao,  en  fait  part  à  la  Société  médicale  des  hôpi- 
taux (1),  et  insiste  sur  l'importance  diagnostique  de  ce 
symptôme.  En  1888  (2),  il  revient  sur  le  même  sujet;  tout 
récomment  enfin  (3),  il  vient  de  publier  une  intéressante 
étude  sur  Tadénopathie  sus-claviculaire  dans  les  cancers  de 
labdomen.  L'infection  ganglionnaire  à  distance,  si  on 
Tobservait  à  tout  coup,  aurait  une  importance  considérable 
au  point  de  vue  de  la  diagnose  ;  malheureusement  l'in- 
constance du  phénomène  lui  enlève  beaucoup  de  sa 
valeur. 

M.  Hayem  (4),  en  1887,  et,  après  lui,  H.  Georges  Alexandre, 
dans  sa  thèse  (5),  révèlent  un  nouveau  caractère  des  tumeurs 
inalignes  en  général,  dont  l'application  peut  être  faite  au 
cancer  de  Testomac:  il  s'agit  d'une  leucocytose  qui  accom- 
pagnerait d'habitude  les  néoplasmes  malins  et  porterait, 
dans  certains  cas,  au  chiffre  de  21000  par  millimètre  cube 
U'  nombre  des  globules  blancs  du  sang,  dont  la  moyenne 
physiologique  ne  dépasse  jamais  9009.  Pareille  constatation, 
émanant  d'un  maître  dont  les  affirmations  reposent  toujours 
sur  des  faits  nombreux  et  précis,  a  une  valeur  incontestable. 

ri)  Troisier,  Bull,  de  la  Soc.  méd.  des  hôp,,  »cance  du  8  octobre  1886. 
{?'  Troisier,  ibid.,  séance  dn  14  décembre  1888. 
(31  Troisier,  Àrch.  gén.  de  méd.,  février-mars  1889. 

(\)  Uayum,  BuU.  de  la  Soc.  de  biologie,  séances  du  30  avril  et  du  7  mai  1887. 
:>}  .\lexaiidre,  De  la  leueocytote  dans  les  cancers  et  de  la  nature  du  cancer, 
riie^.'  de  Taris,  1887. 


Mais  la  méthode  ne  s'applique  pas  à  tous  les  cas,  M.  Hayem 
le  déclare  lui-même;  pour  que  l'examen  du  sang  ait  une 
signification  diagnostique,  il  faut  que  la  tumeur  ne  soit  pas 
ulcérée.  De  plus,  ces  recherches  nécessitent  un  outillage  et 
des  manipulations  qui  ne  sont  pas  à  la  portée  de  tout  prati- 
cien. Aussi  le  procédé,  tout  en  méritant  une  considération 
particulière  dans  les  services  hospitaliers  auxquels  est 
annexé  un  laboratoire,  paraît  devoir  difficilement  entrer 
dans  la  pratique  courante. 

Une  autre  méthode  d'investigation,  signalée  il  y  a  trois 
ans  et  aujourd'hui  à  peu  près  universellement  répandue, 
consiste  dans  l'examen  chimique  du  suc  gastrique  et  la 
recherche  de  Vacide  rhlorhydriqtie  libre. 

On  sait  que,  normalement,  le  contenu  de  l'estomac  en 
état  de  vacuité  est  acidifié  par  l'acide  lactique;  demi-heure 
environ  après  l'ingestion  des  aliments,  une  certaine  quantité 
d'acide  chlorhydrîque  commence  à  se  mélanger  à  l'acide 
lactique;  au  bout  d'une  heure,  on  ne  trouve  plus  que  de 
l'acide  chlorhydrique.  Ce  dernier  peut  être  facilement  décelé 
dans  les  vomissements,  grâce  à  une  série  de  réactifs:  violet 
de  méthyle,  violet  de  gentiane,  rouge  du  Congo,  orangé 
Poirier,  vert  brillant  (Lépine),  fluoroglycîne  vanilline 
(G.  Sée),  papiers  réactifs,  etc. 

Or,  dans  le  cancer  de  l'estomac,  il  se  produirait  dans  le 
fonctionnement  de  l'organe  une  perturbation  telle  que 
l'acide  chlorhydrique  ne  serait  plus  sécrété.  L'absence  des 
réactions  que  nous  venons  d'indiquer  permettrait  de 
constater,  à  un  moment  donné  de  la  digestion  stomacale, 
qu'il  a  complètement  disparu  du  suc  gastrique.  Un  pareil 
trouble  de  nutrition  ferait  entièrement  défaut  dans  l'ulcère 
où  la  composition  du  suc  gastrique  est  normale. 

Pour  beaucoup  d'auteurs  [Van  den  Velden,  Debove(l), 
Jaccoud  (2),  Dieulafoy  (3),  G.  Sée  (4),  C.  Paul  (5), 
Lannois  (6)],  le  critérium  fourni  par  l'étude  chimique  des 
sécrétions  stomacales  est  d'une  certitude  presque  absolue, 
moyennant  certaines  précautions  prises  avant  de  pratiquer 
l'examen  (repas  d'épreuve,  etc.).  Et  cependant,  à  mesure 
que  les  recherches  se  multiplient,  des  résultats  contradic- 
toires sont  obtenus  et  publiés.  M.  Lépine  (7)  refuse  à  ce 

(I)  Dcbovo,  Soc.  méd.  des  hôp.,  décembre  1886. 

(i)  Jaccoud,  Leçons  cliniques,  1887*1888,  p.  SiC. 

(3)  Dieulafoy,  Semaine  médicale,  1888,  p.  3. 

(i)  G.  Sée,  Académie  de  médecine,  fcancc  du  17  janvier  1888. 

(5)  C.  Paul,  ibid,  21  février  1888. 

(6)  Lannois,  Revue  d/e  médecine,  mai  1887. 

(7)  Lépine,  Soc.  méd.  des  hôp.,  février  1887. 


son  inclination  et  son  pouvoir,  à  l'augmentation  du  capital  scien- 
lilique  déjà  Hccumulé.  Parmi  ces  sujets  de  recherche,  toujouw 
renaissants,  il  est  curieux  de  trouver,  à  plus  d'un  demi-siècle  de 
distance,  ce  qu'on  appelle  aujourd'hui  Thypnotisme  et  qui  portait 
autrefois  le  nom  de  magnétisme  animal.  A  Têpoque  où  Kostan, 
Ksquirol  et  son  élève  Georget  s'en  occupèrent,  on  peut  dire  que 
la  question  n'était  pas  mûre  ;  elle  n'était  surtout  pas  dégagée  de 
cette  compromission  charlatanesque  qui  lui  a  nui  si  longtemps 
auprès  des  corps  savants.  Ils  firent  cependant  de  leur  mieux 
pour  extraire  la  vérité  scientifique  des  multiples  singularités  de 
cr  phénomène  aux  allures  si  mystérieuses;  ils  poussèrent  même 
plus  loin  leurs  expériences:  ils  essayèrent  les  effets  du  magné- 
lism«»  sur  le  traitement  de  la  folie. 

Déjà  en  1813,  puis  en  1816,  Esquirol  avait  fait  avec  le  brahmane 
Faria  quelques  tent-itives  de  ce  genre  sur  onze  femmes  aliénées,  " 
inaniaques  et  monomaniaques;  mais  elles  n'eureni  aucun  résultat. 
l  lie  seule  de  ces  malades,  éminemment  hystérique,  céda  à  l'in- 
Ihiencr  magnétique;  mais  son  délire  n'éprouva  pas  de  change- 
ment. Le  magnétisme  ne  produisit  aucun  efl'et  sur  les  dix  autres 
aliénées.  Le  grand  ajiéniste  ajoute  qu'il  répéta  plusieurs  fois, 


avec  divers  magnétiseurs,  ces  inémes  essais,  sans  obtenir  plus 
de  succès  (1). 

Interne  d'Esquirol,  Georget  assista  aux  expériences  de  1816. 
Doué  d^une  merveilleuse  activité  d'esprit  et  plus  excité  que  rebuté 
par  les  diificultés,  il  reprit  les  expériences  de  magnétisme 
animal,  t  sans  enthousiasme,  dès  le  premier  abord  >,  comme  il 
Favoue  lui-même.  Après  avoir  longuement  c  vu,  observé,  expé- 
rimenté 1,  il  passa  «  de  l'incrédulité,  ou  plutôt  de  Tignorance,  à 
la  croyance,  a  la  connaissance  des  faits  »,  selon  ses  propres 
paroles.  Mais  de  la  croyance  à  la  crédulité,  il  n'y  a,  en  pareille 
matière,  qu'un  très  petit  pas  à  franchir,  et  Georget,  on  peut  le 
dire,  l'a  sauté.  Il  lui  a  suffi  de  rencontrer  un  jour  une  certaine 
hysléro-épileptique,.atteinte  de  somnambulisme  magnétique  qui 
lui  donnât  des  indications — un  peu  fantaisistes,  il  faut  l'avouer  — 
sur  le  jour  et  l'heure  de  ses  attaques,  sur  le  traitement  à  lui 
faire  suivre  et  mémo  sur  saguérison  radicale  prochaine.  Georget, 
émerveillé,  en  conclut  que  €  celte  personne  lui  a  otfert  des  phé- 
nomènes fort  étonnants  de  prévision  et  de  clairvoyance^  telle- 

(1)  E&quiiult  Des  maladies  mentales.  Kdii.  bcib'e,  I.  î,  p.  78. 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


10  Mm  1889 


signe  toute  créance.  Rosenheim  trouve  l'acide  chlorhydrique 
en  excès  dans  un  cas  de  cancer  où  la  muqueuse  n'était  pas 
atteinte;  par  contre,  cet  acide  fait  défaut  dans  un  cas 
d'atrophie  non  cancéreuse  de  l'organe.  Ewald  et  Litten 
constatent  son  absence  dans  certaines  névroses  de  l'estomac, 
Schœffer  dans  la  dilatation  stomacale  d'origine  non  spéci- 
fique. 

Si  la  méthode  précédente  eût  donné  une  absolue  certi- 
tude, si  l'on  avait  pu  affirmer,  d'après  les  résultats  de 
l'examen,  l'existence  d'un  ulcère  ou  d'un  cancer,  point 
n'eût  été  besoin  de  rechercher  de  nouveaux  procédés  :  la 
seule  analyse  du  suc  gastrique  eût  suffi  dans  tous  les  cas,  et 
personne  n'aurait  songé  à  reprocher  à  la  méthode  ses  légers 
inconvénients.  Mais  du  moment  que  des  doutes  s'élèvent  sur 
l'exactitude  des  données  fournies  par  l'étude  du  contenu 
stomacal,  il  est  permis  de  faire  ressortir  ces  inconvénients, 
et  eu  particulier  de  présenter  une  objection  pratique,  un 
peu  sentimentale  peut-être,  mais  qui  paraît  justifiée  par  les 
faits. 

Un  cancéreux  ne  vomit  pas  toujours  et  présente  quelque- 
fois, relativement  à  ce  symptôme,  des  périodes  d'accalmie. 
Yomirait-il  habituellement,  les  vomissements  peuvent  se 
produire  à  une  autre  heure  que  celle  à  laquelle  l'examen 
des  évacuations  serait  le  plus  favorable.  Enfin,  la  qualité  des 
ingesta  peut  être  de  nature  à  altérer  la  réaction  cherchée. 
Telles  sont  les  idées  qui  ont  conduit  les  expérimentateurs  à 
imaginer  le  déjeuner  ou  dîner  d'essai,  qui  consiste  dans 
l'administration  d'une  certaine  catégorie  d'aliments  destinés 
à  être  retirés  artificiellement  au  bout  d'un  temps  déterminé. 
Or,  cette  évacuation  artificielle,  à  laquelle  certains  malades 
se  soumettent  sans  peine,  n'est  acceptée  par  d*autres 
qu'avec  hésitation  et  provoque  chez  quelques-uns  une 
impression  des  plus  pénibles  (témoin  le  sujet  de  l'observa- 
tion que  nous  allons  rapporter,  qui  a  refusé  absolument 
de  tenter  l'expérience).  Garder  des  doutes  après  un  examen 
pratiqué  dans  ces  conditions,  c'est  asseoir  une  désolante 
incertitude  sur  une  expérimentation  un  peu  cruelle. 

Une  dernière  méthode  dont  l'application  est  facile  et 
dont  la  réalisation  n'est  pas  de  nature  à  troubler  la  quié- 
tude du  patient,  a  été  proposée,  il  y  a  quelques  années, 
par  M.  le  professeurKommelaere(i)  (de  Bruxelles);  elle  a 
été  contrôlée  et  diversement  appréciée  par  plusieurs  sa- 
li) Rommclaere,  Recherchée  iur  l'origine  de  Vurée.  Bruxellei,  1880  ;  Du 
diagnoatie  du  cancer  {Ann.  de  l'Univ,  libre  de  Druxellet,  t.  lU,  1883)  ;  Du 
rapport  de  Va»oturie  et  de  ValimenUtion  à  Vétat  narblde,  Bruxelles,  1886. 


vants,  entre  autres  MM.  Dujardin-Beaumelz  (1),  Robin  vit^ 
Grégoire  (3),  Deschamps  (4),  Kirmisson  (5),  Thiriar  (Hj^ 
Henrijean  et  Prost(7)  (de  Bruxelles).  Celte  méthode,  su( 
laquelle  nous  comptons  publier  prochainement  un  travail 
d'ensemble  et  à  laquelle  un  grand  nombre  de  faits  d'ordre 
chirurgical  et  médical  nous  permettent  d'accorder  cerlaioti 
créance,  repose  sur  la  constatation  suivante,  formulée  en  cej 
termes  par  M.  Rommelaere  :  c  L'observation  nous  a  permis 
de  conlater  que,  dans  les  tumeurs  de  mauvaise  nature,  quel 
que  soit  leur  siège,  quelle  que  soit  leur  aspect  morpbol(h 
gique,  le  chiffre  de  l'urée  uriiiaire  descend  graduellemebl 
et  finit  par  rester  inférieur  à  13  grammes  par  vingt-qualni 
heures.»  U  suffit  donc,  lorsqu'on  souçonne  l'existence duoe 
tumeur  maligne,  de  rechercher,  à  l'aide  du  classique  proi 
cédé  d'Ësbach,  le  chiffre  de  l'urée  quotidiennement  excrétée; 
l'examen  doit  porter  sur  h  quantité  totale  des  urines  H 
être  répété,  pour  éviter  toute  cause  d'erreur,  pendant  pki 
sieurs  jours  consécutifs. 

Mous  n'avons  pas  l'intention,  dans  cette  courte  étudej 
d'apprécier  la  théorie  de  M.  Rommelaere  sur  la  malignité 
morbide  en  général  ;  pour  lui,  toute  tumeur  est  indifférent 
à  l'origine;  elle  ne  devient  bénigne  ou  maligne  que  si  Télal 
général  de  l'organisme  la  fait  telle,  f  La  malignité  morbidti 
désignée  sous  la  dénomination  clinique  cancer  est  le  résul- 
tat de  la  viciation  de  la  nutrition  organique,  la  réalité  de 
cette  viciation  étant  établie  par  l'hypoazoturie.  »  Une  telle 
conception  nous  parait  discutable  et  contraire  dans  bien  de< 
cas  aux  données  de  la  clinique;  il  est  difficile  déconsidé- 
rer un  carcinome  stomacal  comme  une  tumeur  indifférente 
à  son  origine,  ayant  évolué  dans  le  sens  de  la  malignité 
grâce  aux  aptitudes  morbides  spéciales  du  sujet.  Avec  notre 
maître,  M.  le  professeur  Kiener,  nous  croyons  à  la  spéciii* 
cité  des  néoplasmes  et  considérons  la  viciation  de  la  nutri- 
tion organique,  coexistant  avec  le  cancer  et  se  traduisant 
par  rhypoazoturie,  comme  Veffèt  et  non  la  cause  de  la  nature 
maligne  de  la  tumeur. 

(1)  Dujardin-Beaumetz.  Soc.  méd.  de»  hôp.,  1881-1885. 

(2)  Robin,  Oa»,  tnéd.  de  Paria,  iHU,  p.  385. 

(3)  Gréi^oire,  Variationt  de  l'urée  dant  le  catteer.  Tlic^o  de  Parii»,  i((^- 
nM5. 

(4)  Deschainps.  Diagnottic  et  traitement  du  cancer  de  Vatomac.  Tlic^e  i^ 
Pari*,  1884,  n»  78. 

(5)  KirmisMo,  Compte  rtndu  du  Congre»  de  chirurgie  de  1885,  p.  1G6. 

(G)  Thiriar,  Compte  rendu  du  Congrès  de  clUrurgie  de  1H86,  p.  50  ;  Comidéra- 
tion»  pratiquée»  »ur  le»  affection»  chirurgicale»  du  rein  et  la  néphrecl9m\' 
(Hev.  de  chir.,  1888). 

(7)  Henrijean  el  Prost,  Étude  de»  urine»  pathologique»  (DulL  de  l'Ac.  ny.  àt 
méd.  de  Belgique,  18H6,  p.  1K>U). 


nient  que,  dans  aucun  ouvrage  de  magnétisme,  il  n'a  rencontré 
rien  de  plus  extraordinaire  (1).  » 

Les  erreurs  des  grands  esprits  sont  des  leçons  de  modestie  et 
d*indulgence.  A  la  distance  où  nous  sommes,  la  méprise  de 
Georgel  se  perd  au  milieu  des  vérités  dont  il  s'est  fait  le  défen- 
seur; elle  ne  saurait  en  rien  diminuer  notre  admiration  pour  ses 
talents  el  son  mérite,  il  avait  trente-trois  ans  à  peine,  lorsqu'il 
mourut,  et  déjà  il  s'était  élevé  au  premier  rang  par  ses  travaux 
sur  la  folie  et  la  physiologie  du  système  nerveux,  el  aussi  par 
sa  vigoureuse  campagne  en  faveur  de  rirresponsabilité  pénale 
des  aliénés. 

Lorsque  Dechambre  arriva  à  la  Salpétrière,  on  n'y  avait  pas 
perdu  le  souvenir  des  expériences  de  Georget;  on  s'y  montrait 
même  les  sujets  qui  lui  avaient  servi  pour  ses  rectierches.  Deux 
étaient  même  célèbres:  Pétronille  et  Manoury,  veuve  Brouillard, 
dite  Braguette  ;  —leurs  poms  ont  passé  à  la  postérité.  Notre  jeune 
interne  trouva  l'occasion  excellente  de  contrôler  les  ptiénomènes 
extraordinaires  dont   on  .s'entretenait  autour  de   lui.  Avec  le 

(1)  De  la  physiologie  du  sy»tème  nerveu:v  et  »j}écialement  du  cerveau. 
Paris,  1821,  t.  1,  p.â6d  (noie)  et  C.  II,  p.  404. 


concours  de  ses  amis  H.  Roger,  Diday,  Peisse  et  quelques  autre», 
il  entreprit  une  série  d'expériences,  s'entourant  soigneusement 
de  toutes  les  précautions  voulues  pour  déjouer  les  supercherie.^ 
des  prétendues  somnambules.  Aussi,  à  la  grande  surprise  de» 
jeunes  expérimentateurs,  aucune  des  merveilles  annoncées  ne 
se  reproduisit;  le  charme  semblait  rompu:  une  léger*;  brise  do 
scepticisme  avait  sufû  pour  tout  l'aire  évaporer,  et  la  double  vue. 
et  même  la  découverte  des  maladies  par  rimposition  des  mai05 
sur  les  organes. 

Decliambre  rendit  compte  de  ces  résultats  dans  une  lettre 
oubliée  dans  la  Gazette  médicale  de  Paris  du  1 1  septembre  1^3.'). 
te  feuilleton  d'un  jeune  homme  de  vingt-trois  ans,  écrit  dan? 
une  langue  excellente,  est  plein  d'une  fine  et  piquante  ironie; 
dans  une  série  de  scènes  dialoguées,  formant  autant  de  petii's 
tableaux  de  genre,  on  assislc  aux  expériences  :  on  voit  w 
malheureuse  somnambule  s'ingénier  afin  de  conserver  son  bon 
renom  de  lucidité;  malgré  tous  ses  efforts,  elle  fail  le  contraire 
de  ce  qui  lui  est  suggéré;  aussi,  fatiguée  de  la  lutte,  iionieiised»' 
son  insuccès,  elle  s  avoue  vaincue  et  disparait,  jurant  sans  douus 
c  mais  un  peu  tard,  qu'on  ne  V\  prendrait  plus.  * 


10  Mai  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  H*  19  —    301 


Sans  remonter  jusqu'à  Torigine  de  la  malignité  morbide, 
il  est  indispensable  de  dire  ici,  pour  répondre  à  un  certain 
nombre  d'objections  qui  ont  été  faites  à  H.  Romraelaere  sur 
le  bien-fondé  de  sa  méthode,  qu'il  semble  exister  un  rap- 
port direct  entre  la  mauvaise  nature  d'un  néoplasme  et  la 
diminution  de  l'urée.  Des  hommes  éminents  ont  attribué 
rhypoazoturie  cancéreuse  à  la  cachexie  du  sujet  et  à  la 
diminution  des  ingesta  qui  l'accompagne.  Cette  pathogénie 
exclusive  nous  parait  infirmée  par  des  faits  nombreux,  et 
les  observations  qui  vont  être  rapportées  viennent  à  Tappui 
de  cette  manière  de  voir.  Pour  M.  Rommelaere  et  pour 
nous,  l'explication  est  la  suivante  :  à  l'état  normal,  le 
degré  de  l'azoturie  est  adéquat  au  régime  alimentaire  ; 
un  sujet  qui  ingère  beaucoup  de  matières  albuminoldes 
émet  beaucoup  d'urée;  un  petit  mangeur  en  rend  peu. 
Mais,  dans  certains  états  morbides,  en  particulier  dans  le 
cancer,  il  existe  un  trouble  de  la  nutrition  (cause  ou  effet, 
peu  importe  pour  le  moment),  tel  que  l'assimilation  des 
matières  azotées,  quelle  que  soit  l'abondance  des  ingesta, 
se  fait  mal,  en  sorte  que  la  quantité  d'azote  excrété  n'est 
nullement  parallèle  à  la  quantité  d'azote  introduit  dans  le 
lube  digestif. 

De  là  à  dire  que  chez  le  cancéreux  l'azoturie  n'est  nulle- 
ment influencée  par  l'alimentation,  il  y  a  loin  :  un  cancéreux 
qui  mange  beaucoup  rend  plus  d'urée  qu'un  cancéreux  qui 
ne  se  nourrit  pas,  mais  il  en  rend  moins  qu'un  homme  sain 
suumis  au  même  régime;  il  en  rend  d'autant  moins  que  la 
maladie  est  plus  avancée. 

Hâtons-nous  d'ajouter  maintenant,  pour  ne  point  paraître 
attribuer  exclusivement  au  cancer  une  action  spéciale  sur 
la  nutrition  et  ses  déchets,  que  les  tumeurs  malignes  ne 
sont  point  seules  à  provoquer  l'hypoazoturie,  même  portée 
à  des  limites  extrêmes  :  l'inanition,  une  tuberculose  avan- 
cée, les  lésions  du  parenchyme  rénal,  certains  troubles 
hépatiques,  divers  accidents  nerveux,  l'ascite,  etc.,  peuvent 
s'accompagner  d'une  diminution  notable  de  l'urée. 

Les  données  précédentes  sont  applicables  au  sujet  qui 
nous  occupe.  Lorsqu'on  hésite  à  porter  le  diagnostic  d'ul- 
eêre  ou  de  cancer  de  l'estomac,  le  dosage  de  l'urée  peut 
rournir  d'utiles  enseignements  :  le  cancer  provoquera  une 
hTpoazoturie  d'autant  plus  marquée  qu'à  l'influence  parti- 
culière de  la  tumeur  maligne  sur  la  nutrition  viendra 
s'ajuuler  l'altération  spéciale  des  voies  digestives,  avec  les 
troubles  mécaniques  et  chimiques  qui  l'accompagnent;  — 
l'ulcère,  au  contraire,  ofl'rira  un  taux  normal  de  l'urée. 


Cette  opposition  entre  les  deux  types  morbides,  relative- 
ment à  la  quantité  des  déchets  azotés  quotidiens,  fournit  à 
H.  Rommelaere,  à  l'appui  de  sa  théorie ,  une  espèce  sur 
laquelle  il  s'étend  avec  détail  dans  ses  travaux. 

Si  l'on  se  place  au  point  de  vue  de  la  clinique,  l'hypoazo- 
turie par  elle-même  n'est  pas  l'indice  positif  de  l'existence 
d'une  tumeur  maligne;  en  effet,  elle  peut  être  sous  la 
dépendance,  non  seulement  d'un  cancer,  mais  encore  des 
divers  états  morbides  qui  ont  été  énumérés  plus  haut 
(tuberculose,  néphrite,  inanition,  etc.).  Mais,  par  contre,  la 
conservation  du  taux  normal  de  l'urée,  incompatible  avec 
l'existence  d'un  cancer,  surtout  à  une  période  avancée  de  la 
maladie,  témoigne  d'une  façon  presque  certaine  qu'il  s'agit 
d'un  ulcère  stomacal. 

La  connaissance  de  ces  faits  a  permis,  dans  le  cas  sui- 
vant, de  porter  un  diagnostic  exact  qui  a  été  confirmé  par 
l'autopsie.  Voici  l'histoire  du  malade,  résumée  d'après  les 
notes  qui  nous  ont  été  remises  par  M.  Franceschi,  élève  du 
service  : 

Il  s'agit  d'un  homme  de  trente-sept  ans,  indemne  d'héré- 
dité cancéreuse,  sobre  dans  ses  habitudes,  qui  fut  pris 
brusquement,  en  octobre  1888,  au  cours  d'une  santé  par- 
faite, d'une  douleur  fixe  au  niveau  des  dernières  fausses 
côtes  droites  ;  cette  douleur  s*irradia  peu  à  peu  en  avant 
et  en  arrière,  en  sorte  qu'au  bout  de  quelques  jours  le 
sujet  se  trouva  comme  enserré  dans  un  demi-cercle  doulou- 
reux qui  embrassait  toute  la  partie  inférieure  droite  du 
thorax.  L'acuité  de  la  douleur  était  telle  que  la  moindre 
exploration,  les  pressions  les  plus  modérées,  le  plus  léger 
effleurement  déterminaient  un  malaise  considérable  et  pro- 
voquaient de  pénibles  vomissements.  Ces  derniers  se  pro- 
duisaient aussi  spontanément  :  filants  et  muqueux  à  l'origine, 
ils  ne  survenaient  guère  au  début  qu'une  fois  par  jour,  à 
des  intervalles  très  variables  après  les  repas.  Plus  tard  ils 
augmentèrent  de  fréquence  et  s'accompagnèrent  d'héma- 
témèses  à  sang  noir,  une  fois  même  de  méisena.  Avec  cela, 
l'appétit  se  maintenait  satisfaisant;  les  aliments,  même  en 
quantité  assez  abondante,  n'exagéraient  pas  la  douleur, 
mais  les  forces  déclinaient  peu  à  peu. 

Traité  quelque  temps  à  l'hôpital  de  Cette,  Iç  malade  pré- 
sente, dans  le  courant  de  novembre,  une  période  d'accalmie  ; 
puis  des  douleurs  reviennent  plus  vives  et  le  malade  entre, 
le  10  décembre,  à  l'hôpital  Saint-Eloi  de  Montpellier,  où 
il  occupe  le  n""  1  de  la  salle  Saint-Lazare. 
I      Au  début  de  janvier,  quand  le  roulement  de  l'internat 


Les  mêmes  qualités  de  composition  et  de  style  se  retrouvent 
dans  une  seconde  lettre  publiée  dans  le  numéro  du  fi  avril  1837 
du  même  journal.  Il  s*agit  cette  fois  de  somnambules  eitra- 
iucidps,  de  celles  qui  diagnostiquent  les  maladies  avec  plus  de 
!iùreté  que  le  meilleur  des  cliniciens,  et  dont  la  thérapeutioue  est 
plus  riche  par  son  extraordinaire  fantaisie  que  par  la  variété  des 
iiidinuions.  Dechambre  nous  fait  assister  à  deux  de  ces  consul- 
Ulions  extra-médicales.  C'est  certes  la  plus  amusante  comédie 
de  mœurs  que  de  voir  opérer  gravement  Céline  —  ainsi  s'appelle 
lune  des  somnambules  —  magnétisée  non  moins  gravement  par 
nn  médecin  (1),  c  bien  jeune  alors,  mais  qui,  heureusement  puur 
la  philosophie  médicale,  s'est  voué  depuis  à  des  travaux  plus 
'^éneux  >  ;  puis  d'entendre  les  dissertations  cliniaues  de  Colette, 
Tautre  somnambule,  endormie  par  sa  tante  à  l'aide  de  passes 
"magnétiques  des  plus  énergiques.  Il  y  a  là  des  scènes  dialo- 
guées,  prises  sur  le  vif,  à  uire  croire  que  l'auteur  assistait,  le 
carnet  à  la  main,  derrière  un  rideau. 

Ces  deux  feuilletons  eurent  le  plus  vif  succès;  ils  le  méri- 

'i)  le  docteur  FoisMC. 


taient.  En  les  relisant  aujourd'hui,  on  ne  peut  s'empêcher  de 

f>enser  aux  Lettrei  provinciales.  Pascal  devait  être  un  des 
ivres  de  chevet  du  jeune  journaliste;  l'imitation  du  grand  ècn- 
vain  lui  avait  porté  bonheur.  Mais  ce  n'était  là  que  les  moments 
de  récréation  de  cet  esprit  si  actif;  le  meilleur  de  son  temps  était 
consacré  à  perfectionner  ses  études  cliniques,  à  aiguiser  sou 
sens  d'observation,  à  réunir  enfîn  de  nombreux  documents  pour 
de  sérieuses  publications 

Dechambre  ne  resta  pas  longtemps  un  journaliste  en  dispo- 
nibilité, c  Un  homme  entre  tous  clairvoyant,  sagace,  libéral, 
homme  d'ailleurs  avec  qui  l'on  a  justement  pu  dire,  dans  les 
deux  acceptions  du  mot,  que  le  commerce  était  sûr  »,  l'éditeur 
Victor  Masson  vint  lui  proposer  la  rédaction  en  chef  d'un  nou- 
veau journal  de  médecine.  11  accepta  avec  empressement; 
le  plus  beau  de  ses  rêves  se  réalisait  :  avoir  un  journal  à  soi, 
où  Ton  à  ses  coudées  franches,  où  l'on  peut  dépenser  sans 
compter  celle  ardeur  généreuse  pour  le  vrai  et  le  bien  que 
rien  n'a  pu  éteindre,  où  Ton  apporte  à  la  défense  des  intérêts 
scientifiques  et    professionnels    cette    expérience    chèrement 


302 


N*  19  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


10  Mai  1889 


nous  appelle  dans  le  service  de  notre  cher  maître,  M.  le 
professeur  Grasset,  nous  trouvons  le  malade  dans  Tétat  sui- 
vant :  il  est  pâle,  faible,  amaigri,  le  faciès  soudranl,  et 
n'olTre  pas  de  teinte  subictérique  spéciale  ;  il  présente  depuis 
quelque  jours  des  vomissements  noir3  et  des  selles  noirâtres 
très  abondantes.  La  douleur  en  demi-ceinture  droite  persiste 
dans  toute  son  intensité  et  n'a  pu  être  modifiée  ni  par  Teau 
chloroformée,  ni  par  l'absorption  quotidienne  de  10  centi- 
grammes de  chlorhydrate  de  cocaïne.  L'hypéresthésie  est 
telle  dans  la  région  épigastrique,  la  moindre  pression  pro- 
voque des  crises  douloureuses  si  effrayantes  qu'il  a  été  impos- 
sible de  pratiquer  un  examen  local  suffisant  pour  porter  un 
diagnostic.  Tout  au  plus  a-t-on  pu  constater  que  le  foie  pré- 
sente, au  voisinage  de  son  bord  libre  et  à  la  partie  externe 
de  lobe  droit,  en  dehors  de  la  vésicule  biliaire,  une  petite 
tumeur  mamelonnée;  il  n'existe  pas  de  ballonnement  de 
Tépigastre.  L'examen  minutieux  de  la  région  sus-clavi- 
culaire  ne  révèle  aucune  adénopathie. 

Malgré  l'emploi  de  toniques  et  d'astringents  de  tous 
ordres,  l'administration  du  régime  lacté  absolu,  les  hémor- 
rhagies  continuent  par  en  haut  et  par  en  bas;  le  8  janvier, 
il  survient  de  la  paralysie  vésicale,  des  selles  involon- 
taires; le  pouls  acquiert  une  fréquence  exessive,  devient 
filiforme,  et  le  malade  meurt  à  peu  près  exsangue  le 
10  janvier. 

Quelles  présomptions  pouvait-on  légitimement  déduire 
des  phénomènes  observés,  en  l'absence  d'investigations 
locales  suffisantes?  on  se  trouvait  en  présence  d'une  affection 
^;tomacale  se  traduisant  par  des  douleurs  excessives  et  con- 
tinues à  Tépigastre,  des  vomissements  fréquents,  des  héma- 
témèses  noires  et  abondanies,  une  évolution  ayant  abouti 
on  trois  mois  à  la  mort  dans  la  cachexie.  Evidemment  de 
pareils  symptômes  affirmaient  l'existence  d'un  ulcère  ou 
d'un  cancer;  mais  il  était  impossible,  par  les  seules  consta- 
tations symptomatiques,  de  différencier  nettement  l'une  et 
l'autre  affection.  L'absence  de  teint  jaune-paille,  de  gan- 
glions sus-claviculaires,  d'hérédilé  cancéreuse,  l'âge  relati- 
vement peu  avancé  du  sujet,  etc.,  étaient  un  bien  minime 
appoint  en  faveur  de  l'ulcère  ;  au  contraire,  la  coloration 
noire  des  hématémèses,  la  rapidité  de  l'évolution  morbide, 
et  surtout  l'existence  d'une  tumeur  du  foie  concomitante 
(à  laquelle  on  pouvait  rapporter  les  douleurs  en  demi-cein- 
ture éprouvées  par  le  malade)  accumulaient  les  probabi- 
lités du  côté  du  cancer. 

Et  pourtantce  fut  le  diagnostic  d'ulcërequil'emporta.  C'est 


que  l'examen  de  Turine,  pratiqué  à  diverses  reprises,  aval 
toujours  révélé  un  chiffre  d'urée  normal  ;  ravanl-veille  «li 
sa  mort,  le  malade  rendait  1600 grammes  d'urinesclairese 
ambrées  renfermant  27fl',2  d'urée.  Ce  cachectique ,  ai 
moment  de  mourir  de  sa  lésion  stomacale ,  assimilai 
encore  le  lait  qu*il  ingérait  en  abondance,  il  pouvait  e 
transformer  les  albuminoldes  et  les  amener  à  leur  tennt 
ultime  d'oxydation.  Si  la  loi  de  Rommelaere  était  exarte 
le  cancer  devait  être  mis  hors  de  cause;  on  se  trouvait  ei 
présence  d'un  ulcère. 

De  fait,  l'autopsie  confirmait  le  diagnostic  :  à  l'ouvertun 
de  l'abdomen,  pas  trace  de  péritonite  ni  d'engorgem^a 
ganglionnaire.  Une  incision  pratiquée  le  long  de  la  graixl 
courbure  de^Festomac  permettait  de  constater,  au  voisin.!; 
du  pylore  et  sur  la  paroi  postéro-supérieure  de  reslora<i: 
une  vaste  ulcération,  parfaitement  elliptique,  offrant  G  cenli 
mètres  dediamètre  transversal  et  4  centimètres  de  dianulr 
vertical,  à  bords  taillés  à  pic  et  profonds  de  3  ou  4milli 
mètres,  à  fond  grisâtre  et  uni;  tout  autour,  la  paroi  stoma 
cale  était  épaissie  et  mesurait  un  demi-centimètre  (répii: 
seur.  Au  niveau  de  l'ulcération,  l'estomac  était  adhérei 
au  foie  sur  une  surface  de  1  centimère  carré  environ,  i 
au  pancréas  dans  une  étendue  beaucoup  plus  coiisidénbk 

Le  foie  était  volumineux,  pesait  18i0  grammes,  elpi 
sentait,  à  la  partie  antéro-externe  de  son  lobe  droit,  m 
tumeur  grosse  comme  une  orange  qui  faisait  saillie  à  la  lii 
supérieure  et  à  la  face  inférieure  de  l'organe.  La  surf,ii 
en  était  blanchâtre  et  cicatricielle;  c'était  bien  l'aspe^ 
d'une  grosse  nodosité  cancéreuse  et  la  consistance  è  i 
tumeur  justifiait  cette  présomption.  Mais,  à  la  coupe.)! 
se  trouvait  en  présence...  d'un  kyste  hydatique  maliil* 
culaire  dont  certaines  loges,  grosses  comme  des  noisili>^ 
étaient  occupées  par  une  collection  liquide  entourée  del 
membrane  germinalive  ;  d'autres,  du  volume  d'une  ii>ii 
renfermaient  un  certain  nombre  de  petites  vésicules  seaM 
daires. 

Voici  donc  un  cas  dans  lequel,  l'examen  local  étant  resl 
impossible  par  l'hypéresthésie  du  sujet,  l'ulcère  ol  lecaiM 
se  partageaient  les  incertitudes.  La  balance  pouvait  :»  H 
droit  pencher  du  côté  de  la  tumeur  maligne  par  suite  de| 
cachexie  rapide  et  de  la  coexistence  d'une  tumeur  fié? 
tique;  mais  le  diagnostic  d'ulcère,  affirmé  par  la  constat 
tion  du  chiffre  normal  de  l'urée,  est  vérifié  par  Vaniop* 

A  côté  de  ce  fait  où  l'absence  d'hypoazoturie  a  s^a 
permis  d'asseoir  le  diagnostic,  nous  signalerons  le  ra>  i 


acquise  dans  les  luttes  les  plus  diverses.  N'était-ce  pas  un  pro- 
gramme bien  noble  et  bien  ambitieux?  Et  cependant  il  fat 
rempli,  grâce  à  lassociation  de  deux  esprits  d'élite,  faits  pour 
s'entendre,  c  En  fondant  ensemble  la  Gazette  hebdomaire, 
dit  avec  raison  M.  le  docteur  Diday(l),Dechamhre  etMasson  s'é- 
taient mutuellement  devinés,  pressentis  jusqu'au  bout,  et  —  de 
la  part  de  l'éditeur,  de  père  en  fils  —  ces  deux  pures  et  vives 
forces  alliées  convergeant  toujours  en  ligne  droite  vers  le  but 
le  plus  élevé,  ont  imprimé  au  journalisme  médical  un  triple 
caractère  d'utilité,  de  dignité,  de  moralité  dont  la  science,  l'en- 
seignement, la  profession  n'ont  pas  cessé  et  ne  cesseront  pas 
sitôt  de  bénéficier,  i 

Le  premier  numéro  de  la  Gazette  hebdomaire  parut  le 
7  octobre  1853.  Depuis  ce  jour  jusqu'à  la  veille  de  sa  mort,  pen- 
dant plus  de  trente  ans,  Dechambre  appliqua  les  idées  qui  lui 


(1)  r.yon  médirnl.  18«fl.  p.  m. 


faits  tels  qu'ils  sont  ne  suffisent  pas  à  constituer  scicntif^-* 
ment  la  plupart  des  parties  qui  composent  le  domaiiu'  li' 
médecine;  il  faut  ouvrir  de  nouvelles  voies  à  robservatiou; 
importe  peu  que  les  observations  particulières  soient  1"' 
longues  ou  plus  courtes,  mais  il  importe  surtout  de  les  recu" 
à  la  lumière  d'idées  générales  ;  un  contrôle  rigoureux  doitfB 
exercé  sur  les  prétendus  faits  qui  se  produisent  jourin'llt''"'* 
dans  le  domaine  public  :  le  journalisme  médical  critôin'^ 
donc  un  besoin  de  l'époque  (l).i  I 

La  collection  de  ]i  Gazette  n'est  que  le  long'  commentaire i| 
ce  vœu  de  jeune  homme.  Dechambre  était  adrairablenif  ut  r 
paré  pour  le  mettre  en  action  ;  ses  connaissances  étendue.; 
vaste  érudition,  ses  qualités  de  style,  donnent  à  tous  ses  arii  *i 
la  solidité  en  même  temps  que  le  charme.  Personne  miou\  i' 
lui  n'avait  approfondi  l'histoire  de  la  médecine;  il  avait  «m.;  j 
en  philosophe  les  nombreuses  doctrines  qui  se  sont  siuf 
depuis  Hippocrale  et,  à  propos  de  discussions  méraora!)it*>. 'm 
prouvé  que  s'il   savait  les  apprécier  historiquement,  il  "'*  ^ 

{{)  Examina t fur  médical,  1841,  p.  2. 


iO  Mai  i889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N»  19  —    303 


deux  malades,  actuellement  traités  dans  le  service  de  la 
clinique  pour  des  ulcères  de  l'estomac  dont  ils  présentent 
le  syndrome  au  grand  complet,  et  qui  rendent  quotidienne- 
ment âS^'jO  et  23»%4  d'urée  (moyenne  de  vingt  et  douze  ana- 
lyses consécutives). 

Nous  pouvons  conclure,  en  résumé  :  dans  les  cas  où  les 
symptômes  classiques  sont  insufûsanls  à  établir  le  diagnostic 
différentiel  du  cancer  et  de  l'ulcère  de  l'estomac,  il  faut, 
sans  négliger  les  autres  procédés  d'investigation  récemment 
indiqués  (adénopathie  sus-claviculaire  ,  leucocytose  ,  re- 
cherche de  l'acide  chlorhydrique  libre),  accorder  au  chiffre 
de  l'azoturie  quotidienne  une  importance  diagnostique  toute 
spéciale. 

G.  Rauzier, 

Interne  des  hdpitaiix. 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

De  l'admlnlvtratlOB  de  la  créosote  h  l'intértenr. 

On  connaît  la  répugnance  des  malades  pour  cette  sub- 
stance et  la  difficulté  de  la  leur  faire  ingérer  en  capsules. 
Voici  quelques  préparations,  sur  l'utilité  desquelles  M.  Ke- 
ferslew  a  récemment  insisté,  bien  qu'elles  ne  soient  pas 
absolument  nouvelles. 

1"*  Capsules  créosotées.  ^  Leur  formule  usuelle  est  la 
suivante  : 

Créosote 0i%03 

Baume  de  Tolu 08^02 

Pour  une  capsule.  Trois  par  jour. 

2"  Émulsion  créosotée.  —  Destinée  à  remplacer  l'huile 
de  foie  de  morue  créosotée,  cette  préparation  est  ainsi 
formulée  : 

Huile  d'amandes  douces 150  grammes. 

Créosote  de  hêtre 8        — 

Faire  une  solution,,  à  laquelle  on  ajoutera: 

Gomme  arabique 120  grammes. 

Eau  distillée  de  menthe 500       — 

Administrer  à  raison  de  deux  à  cinq  cuillerées  à  soupe 
quotidiennement. 
3*  GouHes  créosotées.  —  La  mixture  recommandée  sous 


ce  nom  se  prescrit  à  raison  de  L  à  XL  gouttes  par  jour  dans 
un  vin  d'Espagne  : 

Créosote *  4  grammes.    * 

Teinture  de  cannelle iO        — 

4*  Pilules  créosotées.  —  Utiles  surtout  dans  les  cas  où 
il  existe  de  la  toux  et  de  la  diarrhée,  ces  pilules  sont  com- 
posées de  : 

Créosote 2  grammes. 

Acétate  de  plomb O0%!f5 

Extrait  d'opium 0«S20 

Sirop  de  sucre i  ~ 

Gomme  arabique S     ^ 

Pour  100  pilules. 

On  les  administre  à  raison  de  quatre  à  cinq,  trois  fois  par 
jour. 

5"  Potion  créosotée.  — Cette  potion  s'administre  à  raison 
de  deux  grandes  cuillerées  par  jour  et  contient  : 

Créosote  de  hêtre 1  gramme. 

Alcool 20       — 

Sirop  de  cannelle 130        — 

On  peut  toutes  les  semaines  en  augmenter  la  dose  jusqu'à 
cinq  cuillerées. 

Ch.  ÉLOY. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

Faculté  de  médecine.  —  Cours  de  pathologie  interne  : 
M.  LE  professeur  Dieulafoy. 

SyphtIIft  en  ponmon  et  de  1»  plèvre. 

(Leçons  recueillies  par  le  docteur  Fernand  Widal,  interne 
des  hôpitaux.) 

(Suite.  —  Voy.  le  n»  18.) 

2"  Type  simtdant  la  phthisie  tuberculeuse  vulgaire.— 
C'est  la  forme  la  plus  fréquente  et  je  ne  saurais  mieux 
vous  la  faire  connaître  qu'en  vous  citant  encore  quelques 
observations. 

En  novembre  1878,  M.  Fournier  (1)  rapportait  devant 
l'Académie  de   médecine    l'histoire  d'une  femme  jeune 

{1)  a.  Fournier,  Phagédiniin^e  tertiaire  du  pied;  Phthisie  syphilitique  simu- 
lant la  phthisie  commune,  trailemeni  spécifique;  guérison  {Académie  de 
médecine,  10  novoinbrn  1878). 


laissait  pas  dominer  par  elles.  S'il  admirait  les  anciens,  s*il 
admettait  la  tradition,  ce  n'était  point  par  soumission  aveugle,  il 
aiiriait  trop  le  libre  examen;  mais  il  était  convaincu  que  Famour 
passionné  du  progrès  n'exclut  pas  le  respect  des  ancêtres  et 
que  les  plus  granos  génies  se  sont  honorés  en  reconnaissant  ce 
qu'ils  devaient  à  leurs  prédécesseurs. 

Si  on  voulait  représenter  une  allégorie  du  journalisme  médical, 
on  pourrait  emprunter  aux  Homains  la  figure  d'un  de  leurs 
dieux,  lé  dieu  de  la  paix,  aux  deux  faces  adossées  Tune  à 
l'autre  :  celle  qui  est  en  arrière  contemple  le  passé;  celle  qui 
regarde  en  avant  cherche  à  scruter  l'avenir.  Ce  n'est  qu'en  se 
plaçant  entre  ces  deux  points  de  vue  opposés  qjue  l'écrivain  et  le 
penseur  peuvent  juger  sainement  les  questions,  générales  ou 
spéciales,  qui  s'agitent  autour  d'eux. 

<  L'histoire,  a  dit  un  philosophe  (Diderot),  est  le  flambeau  de 
la  vie  et  Pocil  de  l*avenir.  >  Dechambre  s'est  servi  de  ce  flambeau 
pour  éclairer  les  jeunes  générations  médicales.  Dans  son  ardent 
amour  du  progrès,  il  s'efforça  de  faire  entrer  la  médecine  dans 
les  voies  nouvelles,  en  aidant  aux  transformations  si  profondes 
qui  se  sont  produites  et  dans  les  méthodes  et  dans  l'enseigne- 


ment. Les  discussions  des  Académies  et  des  Sociétés  savantes, 
les  livres  nouveaux,  tout  ce  qui  se  disait  et  se  publiait  lui  don- 
nait l'occasion  de  développer  les  idées  qui  lui  paraissaient  justes 
et  progressives.  On  goûtait  ses  articles,  non  seulement  pour  le 
style  d'une  clarté  et  d'une  précision  si  caractéristiques,  mais 
aussi  pour  leur  extrême  bon  sens,  cette  c  puissance  de  bien 
juger  et  distinguer  le  vrai  d'avec  le  faux  ».  Il  était  rare  qu'on 
ne  fût  pas  de  son  avis  et  qu'on  ne  se  rendit  à  ses  ap.préciations. 

Dès  le  premier  jour,  il  s'entoura  d'une  phalange  de  jeunes 
savants,  les  choisissant  dans  toutes  les  branches  de  la  méde- 
cine, parmi  ceux  qui  avaient  déjà  marqué  dans  les  concours  ou 
qui  avaient  su  se  mettre  en  vue  par  quelque  travail  original. 
C'était  là  une  source  intarissable  ou  le  rédacteur  en  chef  venait 
puiser  au  fur  et  à  mesure  des  besoins  du  journal.  Il  serait  trop 
long  de  citer  ici  les  noms;  j'en  pourrais  passer,  et  des  meilleurs, 
parmi  ceux  qui,  depuis  un  quart  de  siècle,  ont  acquis  dans  la 
science  une  juste  renommée. 

Dechambre  donna  toujours,  dans  sa  Gazette  hebdomadaire, 
une  place  importante  à  la  médecine  mentale  ;  il  aimait  l'étude 
si  attachante  des  problèmes  qu'elle  soulève,  et  s'il  ne. lui  consa- 


304    —  NM9  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRDRGIE 


10  Mai  1889 


encore,  qui  était  venue  lui  demander  ses  soins  à  Thôpilal 
de  Lourcine  pour  un  énorme  ulcère  phagédénique,  occupant 
toute  l'extrémité  du  pied,  de  la  face  plantaire  à  la  portion 
antérieure  du  métatarse  et  ayant  déterminé  à  ce  niveau  des 
mutilations  considérables.  La  nature  syphilitiqae  de  cette 
altération  étant  attestée  par  des  antécédents  non  douteux 
(plaques  muqueuses,  éruptions  cutanées,  ganglions  cervi- 
caux,céphalalgie  nocturne,  chute  abondante  des  cheveux), 
M.  Fournier  ordonne  les  frictions  mercurielles  et  Tiodure 
de  potassium. 

Cette  malade  avait  en  outre  un  aspect  cachectique  ;  sa 
physionomie  était  celle  d'une  phthisique,  si  bien  que  Ton 
soupçonnait  chez  elle  tout  d'abord  une  tuberculose  pul- 
monaire. 

«  Cette  présomption,  déduite  de  Thabitus  extérieur, 
disait  M.  Fournier,  trouvait  immédiatement  un  appoint 
formel  dans  certains  troubles  accusés  par  la  malade  qui 
disait  tousser,  et  tousser  avec  quintes  intenses  depuis  plu- 
sieurs mois,  qui  expectorait  en  abondance  des  crachats  verts 
et  purulents,  qui  souffrait  d'oppression,  d'anhélation,  avec 
noints  de  côté  fréquents,  qui,  de  plus,  se  plaignait  d'accès 
rébriles  et  de  sueurs  nocturnes  profuses,  qui  ne  mangeait 
plus,  qui  ne  digérait  plus,  etc.,  etc. 

«  L'examen  physique  du  thorax  achevait  de  diriger  le 
diagnostic  dans  le  même  sens.  La  percussion  et  l'ausculta- 
tion, en  effet,  nous  révélaient  ceci  :  au  sommet  gauche  (là 
seulement,  il  est  vrai,  le  reste  des  poumons  paraissant  in- 
demne), raatité  assez  étendue,  soit  en  avant,  soit  en  arrière, 
et  matité  bien  nette,  bien  accentuée,  avec  perte  absolue 
d'élasticité  sous  le  doigt;  —  au  même  niveau,  souffle  rude, 
intense,  et  véritablement  caverneux  ;  en  plus,  râles  caver- 
neux, gargouillement  à  grosses  bulles  après  la  toux. 

«(  En  résumé,  troubles  généraux,  troubles  fonctionnels 
locaux,  signes  physiques,  tout  concordait  à  accuser  la 
phthisie  pulmonaire.  » 

Bien  que  l'idée  d'une  affection  pulmonaire  d'origine 
syphilitique  soit  venue  à  l'esprit  de  M.  Foîirnier,  bien  qu'il 
ait  discuté  avec  ses  élèves  la  possibilité  d'une  caverne 
gommeuse,  ce  maître  éminent  crut  devoir  s'en  tenir  au 
diagnostic  le  plus  simple  et  le  plus  probable,  à  celui  de 
phthisie  tuberculeuse.  —  L'évolution  ultérieure  ne  devait 
pas  lui  donner  raison. 

Cette  malade  c  dont  on  eût  escompté  les  jours  à  brève 
échance  »  se  prit  soudainement  à  mieux  aller,  l'appétit  lui 
revint,  ses  forces  se  relevèrent,  si  bien  que  lorsqu'elle 
quitta  rhôpital  après  un  séjour  de  quatre  mois,  cette  femme 
était  grosse  et  grasse,  absolument  bien  portante,  ayant  repris 
toutes  ses  forces,  toute  sa  santé  première. 

Ce  n'est  pas  tout.  Les  lésions  locales  et  les  troubles  fonc- 
tionnels   s'étaient  amendés  en   même  temps  que  l'état 


général.  L'oppression,  les  points  de  côté  s'étaient  dissipés 
et  les  bruits  d'auscultation  s'étaient  réduits  à  quelques 
craquements  ou  quelques  râles  sous-crépitants  disséinin^'s. 

Lorsque  M.  Fournier  revit  la  malade  après  plusieurs 
mois,  «  il  fallait  véritablement  une  auscultation  mmulieusc 
pour  retrouver  des  indices  minimes  de  la  lésion,  à  savoir: 
tout  au  plus,  un  léger  degré  de  rudesse  relative  de  la  reh- 
piration  avec  quelques  très  rares  craquements  secs,  per- 
ceptibles seulement  après  la  toux.  » 

A  quelle  intervention  providentielle  la  malade  devait- 
elle  cette  résurrection  miraculeuse,  si  ce  n'est  à  la  médi- 
cation iodurée  et  mercurielle  instituée  en  raison  de  l'ulcère 
phagédénique  du  pied  qui  par  fou  apparition  avait  sauvé  la 
vie  du  malade?  On  avait  fait  ainsi  la  thérapeutique  du 
poumon  sans  le  savoir.  La  guérison  simulUmée  de  l'ulcéra- 
tion  du  pied  et  de  la  caverne  pulmonaire  à  la  suite  do 
traitement  spécifique  témoignaient  delà  nature  syphilitiqu<> 
de  l'une  et  l'autre  lésion. 

M.  Landrieux,  dans  sa  thèse,  a  rapporté  une  observation 
non  moins  instructive  recueillie  dans  le  service  de  Gfibler  : 

Un  homme  de  trente-cinq  à  quarante  ans,  toussant  cl 
crachant  depuis  un  an  déjà,  entre  à  l'hôpital  Beaujon,  (laii> 
un  état  de  cachexie  profonde  avec*^atité,  gargouilleineiils 
et  souffle  aux  deux  sommets.  On  s'était  déjà  arrêté  au 
diagnostic  de  phthisie  pulmonaire  arrivée  à  la  troisième 
période,  lorsque  Gûbler,  découvrant  le  malade,  aperçut  sur 
la  crête  d'un  tibia  une  exostose  dont  le  développement  avaii 
été  contemporain  des  premiers  accidents  pulmonaires.  Le 
malade,  interrogé,  répondit  avoir  contracté  un  chancre 
induré  quelques  années  auparavant. 

En  présence  de  ces  constatations  et  de  cet  aveu,  Gùbier 

rirescrivit  immédiatement  la  liqueur  de  Van  Swieten  el 
'iodure  de  potassium.  Le  résultat  de  cette  thérapeutique 
anlisyphilitique  fut  le  suivant  : 

«  Tous  les  accidents  cessèrent  avec  une  rapidité  surpre- 
nante :  la  toux,  l'expectoration  diminuèrent  peu  à  peu. 
puis  disparurent  complètement,  les  signes  physiques 
s'amendèrent  parallèlement;  le  malade  reprit  ses  force> 
avec  de  l'embonpoint,  et  trois  mois  environ  après  son  entrée, 
il  quittait  l'hôpital.  L'amélioration  ne  fut  pas  momentanée, 
car,  six  mois  après,  Gûbler  revit  le  malade  el  put  constater 
que  sa  santé  ne  laissait  aucunement  à  désirer.  > 

Voici  maintenant  une  observation  qui  m'est  personnelle: 
Il  y  a  quatre  ans,  on  venait  me  demander  de  voir  un  jeune 
homme  condamné  comme  phthisique  et  décider  s'il  pouvait 
encore  passer  dans  le  Midi  les  quelques  semaines  qui  lui 
restaient  à  vivre.  Je  me  rendis  auprès  du  malade,  mais,  dè> 
que  j'eus  pénétré  dans  sa  chambre  il  me  regarda  d'un  œil 
significatif.   Il  venait  de    me   reconnaître,  comme  je  le 


crait  pas  tout  le  temps  qu^il  aurait  désiré,  c'est  que  d*autres 
soins  Tcn  détournaient.  Mais  il  se  souvenait  qu'il  était  membre 
de  In  Société  médico-psychologique  ;  parmi  ses  collègues,  il  trou- 
vait des  écrivains  compétents  pour  exposer  dans  son  journal  les 
questions  si  délicates  de  psychologie  morbide.  Il  choisit  ainsi 
successivement  notre  vénéré  maître,  M.  Delasiauve,  puis  Morel, 
Lin  as,  d'autres  encore. 

S'il  laissait  liberté  entière  à  ses  collaborateurs,  qui,  sous 
son  habile  direciion,  se  mettaient  vite  au  ton  bienséant  de  la 
maison,  il  se  réservait  de  traiter  certains  points  particulière- 
ment délicats,  ceux  qui  ont  trait  à  la  déontologie  médicale.  En 
ce  qui  concerne  la  médecine  mentale,  on  n'a  pas  oublié  le 
remarquable  article  qu'il  écrivit  à  propos  de  la  discussion  sur 
le  divorce  ella  folie,  qui  eut  lieu  en  1881  à  l'Académie  de  mé- 
decine. 

La  question  avait  été  portée  à  la  tribune  de  cette  Compagnie 
par  M.  lilanche.  Notre  éminent  collègue,  se  plaçant  au  point  Je 
vue  clinique  et  aussi  à  celui  de  Tmlérèt  des  malades,  se  posa  en 
adversaire  décidé  de  la  dissolution  du  raariaçe  dans  les  cas 
d'aliénation  mentale  d'un  des  deux  conjoints,  la  folie  fiU-elle 


même  reconnue  comme  absolument  incurable  par  une  com- 
mission de  médecins.  Notre  savant  confrère,  M.  Luys,  se  con- 
stitua, on  s'en  souvient,  le  champion  de  la  thèse  opuosée,  en 
s'appuyant  sur  des  preuves  anatorao-cliniques  et  sur  des  argu- 
ments de  sentiment  qui  avaient  trait  non  à  l'aliéné  lui-nu^mc, 
mais  à  son  conjoint  sain  d'esprit. 

Dechainbre  {Gazette  hebdomadaire,  n'^  du  2  juin  1882),  aban- 
donnant le  côté  médical  de  la  question,  la  transporta  du  domaine 
de  la  biologie  pure  dans  les  légions  plus  élevées  de  la  morale 
sociale.  Laissant  c  ces  disputes  d'asile  el  d'amphithéâtre  ^  il 
posa  hardiment  les  principes  suivants  :  c  Eu  soi,  dans  son 
essence  même,  celte  invasion  de  la  pathologie  dans  le  contrat 
de  mariage  est  anormale  et  subversive.  Jusqu'ici  la  loi  ne  s*e>t 
enquise  de  la  maladie  de  ses  justiciables  qu'à  leur  profil,  pour 
les  décharger  de  devoirs  onéreux,  ou  pour  les  soustraire  a 
l'aclion  pénale.  Rien  de  plus  juste  ni  de  plus  moral  :  devant 
la  puissance  publique,  l'infirmité  est  un  malheur,  un  objet  tie 
conimiscralion  et  de  respect.  Et  voilà  qu'on  lui  demande  de  l^ 
traiter  en  réprouvée.  Et  cela  pour  le  plus  grand  bien  du  conjoint 
ou  de  la  conjointe  qui,  peut-être,  aura  par  sa  dissipation,  par 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        —  N-  i9 


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reconnaissais  moi-même,  pour  èlre  venu  me  consuller 
quelque  lemps  auparavant  au  sujet  d*unesyphilide  ulcéreuse 
qu*it  poiiait  alors  au  bras,  au  coude  et  à  Tavant-bras.  Je 
me  rappelais,  en  outre,  qu'il  uravait  confié  être  syphilitique 
depuis  dix  ans.  Aussi,  en  présence  de  cet  homme  dys- 
pnéique,  qui  avait  des  hémoptysies  et  des  crachats  nummu- 
la ires,  qui  portail  au  niveau  de  l'angle  inférieur  de  Tonao- 
plate  du  côté  droit  une  caverne  grosse  comme  le  poing 
accusée  par  du  souffle  amphorique  et  du  gargouillement, 
je  ne  me  laissais  pas  surprendre  par  les  apparences,  je 
soupçonnai  la  syphilis,  et  je  prescrivis  le  traitement  anti- 
syphilitique  consistant  en  frictions  mercurielles  et  en  iodure 
de  potassium  dont  j'élevais  la  dose  jusqu'à  10  grammes  p«ir 
jour.  Je  dis  au  père  que  j*espérais  le  voir  partir  bientôt  avec 
son  fils  bien  portant. 

La  métamorphose  fut  complète  en  quelques  semaines.  En 
même  temps  que  le  malade  revenait  à  la  vie,  les  signes 
physiques  disparaissaient.  Je  me  contenterai  de  vous  dire 
que  quinze  jours  après  ma  première  visite  le  malade  venait 
me  voir  dans  mon  cabinet,  et  qu'au  bout  de  trois  semaines, 
il  partait  pour  le  Midi,  presque  guéri. 

(iette  phthisie  syphilitique  à  marche  lente  est  le  plus 
souvent  le  résultat  de  gommes  du  poumon  qui  ont  fini  par 
s'ulcérer.  La  structure  générale  de  ces  gommes  est  celle  de 
toutes  les  tumeurs  de  ce  genre,  mais  je  dois  vous  signaler 
on  outre  les  altérations  des  alvéoles  pulmonaires.  Ils 
sent  remplis  d'un  exsudât  inflammatoire  dont  le  contenu, 
d'après  Porter  (l),  peut  varier  comme  il  suit.  On  trouve  : 

i**  Des  globules  sanguins,  des  leucocytes,  des  cellules 
cndothéliales  desquamées,  des  fibrilles  de  fibrine  sem- 
blables à  celles  que  l'on  trouve  dans  la  deuxième  période 
de  la  pneumonie  lobaire; 

2**  Des  cellules  rondes  décolorées  comme  dans  l'hépati- 
sation  grise; 

3^  Des  cellules  cndothéliales  Yolumineuses  arrondies; 

4»  Une  substance  granuleuse  qui  ne  peut  se  colorer  et 
qui  résulte  évidemment  d'un  processus  dégénératif. 

Chacun  de  ces  quatre  aspects  peut  se  voir  dans  des 
alvéoles  voisins  les  uns  des  autres,  aussi'  semble-t-il  que 
dans  chaaue  alvéole  pulmonaire  le  processus  évolue  d'une 
manière  uistincte. 

\ous  avez  pu  voir  que  les  symptômes  de  cette  forme  de 
la  syphilis  pulmonaire  présentent  une  grande  analogie  avec 
ceux  de  la  première  variété  que  je  vous  ai  décrite. 

Le  début  comme  dans  la  phthisie  tuberculeuse  vulgaire 
est  souvent  marqué  par  des  signes  de  bronchite,  des  dou- 

M)  W.-H.  Porter,  ObtervatUmt  tur  let  rap/torlt  de  la  phthitie  et  de  la  pneu- 
monie iSew-Yorkmed.  Jour».,  V  aoiU  1885,  p.  192). 


leurs  disséminées  dans  le  thorax,  de  la  dyspnée  parfois 
excessive,  augmentant  surtout  le  soir,  pour  atteindre  son 
maximum  vers  le  milieu  de  la  nuit.  Si  le  syphilitique  pul- 
monaire devient  moins  rapidement  un  phthisique  que  le 
tuberculeux,  si  tout  en  expectorant  des  fibres  élastiques, 
voire  même  des  fraglhents  de  gomme,  il  peut  conserver 

fiendant  un  certain  temps  une  bonne  santé  apparente,  il  ne 
aut  cependant  pas  exagérer  cette  idée  de  Jiazin,  que  le 
syphilitique  est  toujours  un  «  caverneux  bien  portant  ». 

Les  hémoptysies sonlfréquentes  mais rarementabondantes; 
le  malade  ne  rend  le  plus  souvent  q^ue  des  crachats  héino- 
pto1(|ues.  Dans  une  observation  de  m.  Lancereaux,  Thémo- 
ptysie  avait  été  cependant  assez  copieuse,  pour  qu'un  litre 
de  sang  fût  expectoré.  Dans  une  observation  recueillie  dans 
mon  service  à  Thôpital  Saint-Antoine  par  le  docteur 
Dernheim  et  consignée  dans  la  thèse  de  Jacquin,  la  quantité 
de  sang  rendu  avait  atteint  la  valeur  de  deux  verres. 

Les  signes  physiques  sont  localisés  le  plus  souvent  à 
droite,  à  la  partie  moyenne  du  poumon  et  en  dehors  du  bile, 
comme  dans  les  pneumopathies  à  marche  aiguë.  Le  foyer 
des  bruits  d'auscultation  est  donc  localisé  au  niveau  de 
l'épine  de  l'omoplate  en  arrière  et  au  niveau  des  troisième 
et  quatrième  espaces  intercostaux  en  avanL  A  cette  règle 
il  y  a  des  exceptions,  vous  en  trouvez  la  preuve  dans  l'ob- 
servation de  M.  Fournier  et  dans  celle  de  Gûbler. 

Quel  que  soit  le  mode  de  début  de  cette  pneumopathie 
syphilitique,  alors  même  (]ue  le  malade  est  resté  pendant 
un  certain  temps  un  phthisique  à  peu  près  bien  portant,  tôt 
ou  tard  les  troubles  fonctionnels  apparaissent,  les  crachats 
deviennent  nummulaires,  la  fièvre  s'allume  le  soir,  les  sueurs 
sont  profuses  la  nuit,  l'amaigrissement  fait  des  progrès 
rapides,  et,  si  le  traitement  n'intervient  pas  à  temps,  le 
malade  meurt  en  pleine  consomption,  comme  meurt  un 
phthisique  tuberculeux. 

De  cette  phthisie  syphilitique,  il  nous  reste  à  chercher  la 
cause. 

Messieurs,  nous  comprenons  facilement  comment  des 
gommes,  s'étant  développées  dans  le  poumon  d'un  syphili- 
tique arrivé  à  la  période  tertiaire  de  sa  maladie,  finissent 
après  ramollissement  par  laisser  des  cavernes;  nous  com- 
prenons encore  que  le  malade  puisse  devenir  cachectique 
par  le  fait  du  développement  simultané  de  lésions  spéci- 
fiques ou  de  dégénérescences  amyloides  dans  les  autres 
pavencbymes,  mais  nous  comprenons  plus  difficilement 
comment  la  syphilis  peut  faire  du  malade  un  phthisique.  Il 
n'est  pas  dans  les  allures  de  la  syphilis  tertiaire  de  déter- 
miner la  fièvre  hectique  aveciOdegrés  de  température  et  la 
consomption  rapide  avec  sueurs  nocturnes  et  ongles  hippo- 
cratiques.  Les  clécouverles  microbiologiques  récentes  sem- 
blent simplifier  le  problème,  et  pour  moi  la  fièvre  hectique 


son   ÎDConduite,  par  Tadultère,  provoqué  la  folie  du  pauvre 
divorcé  sans  le  savoir!  » 

Il  sait  bien  qu'en  parlant  ainsi,  il  se  fera  classer  parmi  ceux 
qu'on  appelle  \es  sentimentaux  ;  mais  qu'importe!  Comment 
d'ailleurs  s'y  prendre  c  pour  ne  l'être  point  dans  une  question 

aui  met  en  jeu  le  sentiment  le  plus  universel  et  le  plus  respecté 
ans  les  lemps  anciens  comme  dans  les  modernes  :  celui  de  la 
famille.  > 

(Jn  des  arguments  invoqués  en  faveur  du  divorce  dans  les 
cas  de  folie  incurable,  c'est  que  cette  terrible  alfeclion  ne  sau- 
rait èlre  comparée  à  d'autres  maladies  non  moins  incurables; 
hechambre  v  répond  en  terminant  son  article  :  t  Un  fou,  dit-on, 
est  bien  diflfèrent  d'un  phthisique  ou  d'un  cancéreux;  il  n'a  plus 
sa  personnalité  psychique.  C'est  incontestable,  et  quand  nous 
prenons  les  intérêts  de  l'aliéné,  nous  n'oublions  pas  qu'il  a 
perdu  la  raison.  La  conséquence  brutale,  c'est  que,  en  lui,  le 
conjoint  ne  perd  pas  grand'chose.  Peu  à  peu,  raliéiié  devient 
insensible  à  lu  sollicitude  des.sieus;  il  finit  même  par  ne  plus 
les  reconnaître.  Mettons,  si  vous  voulez,  qu'il  ne  les  reconnaît 
phis  dès  le  premier  jour  :  la  thèse  reste  la  même.   C'est  un 


spectacle  cruel,  révoltant  pour  un  sentimental^  que  celui  d'un 
malheureux,  —  victime  peut-être,  nous  l'avons  déjà  dit,  de 
l'union  conjugale,  —  dont  la  vie  physique  et  la  vie  inlellecluelle 
achèvent  de  se  dissoudre  dans  un  coin  d'asile,  pendant  que 
l'épouse  étale,  dans  une  existence  nouvelle,  la  fortune  qui  lui  a 
été  gagnée;  pendant  que,  possédée  par  l'autre  époux  à  qui  il 
faut  plaire,  riche  de  nouveaux  enfants  qu'il  faut  élever  et 
îimuser,  elle  est  amenée  par  la  fone  des  choses  à  délaisser 
entièrement,  à  oublier  celui  qui  n'a  jamais  eu  d'autre  pensée 
que  celle  de  l'aimer  et  de  l'enrichir.  Qu'on  en  pense  ce  qu'on 
voudra,  oui,  encore  une  fois,  nous  sommes  sensible  à  ce  genre 
d'infortune.  > 
C'est  ainsi  que  ce  juste  et  ce  sage  comprenait  ces  questions 

Î{ui  agitent  et  troublent  notre  époque.  £n  démontrant  par  un 
ait  particulier,  que  toute  législation,  si  elle  doit  s'appuyer  sur 
la  science,  ne  doit  pas  oublier  le  point  de  vue  moral,  Uecliambre 
a  rendu  un  grand  service  et  qui  fut  très  apprécié.  Cet  article, 
si  judicieux  et  si  honnête,  fit  le  tour  de  la  presse  el  il  ne  fut 
pas  sans  exercer  une  heureuse  influence  sur  les  décisions  de 
nos  légistateurs. 


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N*  19  - 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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n'esl  pas  plus  le  fait  de  la  syphilis  qu'elle  n'est  le  fait  de  la 
tuberculose  chez  le  phlhisique  vulgaire;  elle  est  le  résultat 
d'infections  secondaires  dont  la  genèse  est  facile  à  saisir. 
La  syphilis  crée  dans  le  poumon  une  ulcération,  une  caverne 
dans  laquelle  s'engouffre  à  chaque  inspiration  un  grand 
nontbre  de  micro-organismes  répandus  dans  l'atmosphère. 
Quelques-uns  de  ces  microbes,  trouvant  dans  l'excavation 

rulmonaire  un  terrain  favorable  à  leur  développement  et  à 
exaltation  de  leur  virulence,  s'y  multiplient,  en  détermi- 
nant ainsi  la  suppuration  de  la  caverne  ou  des  fermenta- 
tions nue  l'on  peut  considérer  comme  le  résultat  d'infections 
secondaires.  Ce  sont  ces  infections  secondaires,  je  le  répète, 
qui  par  le  même  mécanisme  déterminent  la  phthisie  du 
tuberculeux.  La  microbiologie  nous  fournit  à  cet  égard  des 
résultats  positifs.  En  même  temps  qu'il  découvrait  sur  les 
parois  des  cavernes  tuberculeuses  le  bacille  qui  porte  son 
nom,  Koch,  vous  le  savez,  y  a  trouvé  des  parasites  étran- 
gers développés  secondairement. 

Parfois  l'infection  secondaire  développée  sur  la  caverne  du 
syphilitique  est  d'ordre  moins  banal.  Ce  sont  les  microbes 
de  la  gangrène  ou  les  bacilles  de  la  tuberculose  qui  sont 
venus  germer  sur  la  lésion  syphilitique  et  aident  le  malade 
à  mourir  par  gangrène  ou  par  tuberculose  pulmonaire. 

(A  suivre). 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Clialqae  médicale* 

Sun  DEUX  CAS  DE  SURMENAGE,  par  H.  le  docteur  G.  Colle- 
ville,  médecin  de  l'Hôtel-Dieu  de  Reims. 

(Suite.  —  Voyez  le  numéro  18.) 

II.  L'observation  qui  suit  n'est  plus  relative  à  un  cas  de 
néphrite.  Il  s'agit  ici  de  l'athérome  précoce  que  peut  en- 
gendrer de  toutes  pièces  le  surmenage  physiaue  et  des 
désordres  qui  en  résultent  dans  une  partie  quelconque  de 
l'arbre  circulatoire  artériel. 

Obs.  —  Surmenage,  athérome,  affection  bulbaire  {noyaux 
des  pneumogastriques).  —  Jac...,  ouvrier  de  filature  à  Sains 
(Nord),  quarante  ans.  Constitution  vigoureuse. 

Antécédents  héréditaires,  —  Mère  morte  du  choléra  en  1855. 
Père  mort  de  vieillesse  à  quatre-vingt-cinq  ans.  Fils  unique. 
Aucune  tare  héréditaire  parmi  les  collatéraux. 

Antécédents  personnels.  —  Il  a  eu  la  variole  en  1870,  il  eu 
porte  encore  des  cicatrices  sur  le  visage.  A  la  suite  d'un  trau- 
matisme, il  eut  une  kérato-conjonctivite  qui  se  termina  par  une 
taie  sur  la  cornée  gauche,  empiétant  un  peu  en  bas  sur  le 
champ   papillaire,  mais  ne  gênant  pas   beaucoup  Taccès  des 


rayons  visuels.  Pas  de  syphilis  ni  de  rhumatisme.  Aucune  trace 
d^alcoolisme.  Il  s'est  toujours  très  bien  porté.  On  remployait 
comme  manouvrier  aux  plus  rudes  labeurs  pendant  huit  à  dix 
heures  par  jour.  Lorsqu'il  ne  trouvait  pas  d'ouvrage,  il  allait  en 
chercher  à  une  quinzaine  ou  vingtaine  de  lieues  qu'il  par- 
courait en  Tespace  d'une  journée.  Ces  courses  forcées  se  soni 
répétées  très  souvent  dans  ces  derniers  temps  ;  il  n'a  jamais 
accusé  la  moindre  lassitude  ni  le  moindre  trouble  rénal  ou 
digestif.  (Nous  ferons  remarquer  qu'il  s'agit  dans  ce  second  ras 
d'un  homme  fait  et  non  d'un  jeune  homme  encore  en  voie  de 
croissance  comme  Dr.  .) 

Symptômes  actuels.  —  Il  est  venu  de  la  vallée  de  la  Meuse  à 
Reims  à  pied  (voyage  :  deux  jours).  Le  dimanche  i  mars,  peu 
de  temps  après  son  arrivée,  il  s'est  senti  faible.  11  est  entré 
dans  une  buvette  pour  se  reposer  et  prendre  du  sirop.  A  peine 
assis,  il  est  tombé  sans  connaissance  :  on  la  conduit  de  là  à 
l'Hôtel-Dieu,  salle  Saint-Nicolas,  n^  15. 

5  mars.  —  Le  lendemain  matin,  lorsque  nous  voyons  le  ma- 
lade, nous  constatons  chez  lui  un  état  d'abattement  très  marqué. 
La  perte  de  connaissance  avait  duré  de  quatre  heures  du  soir 
jusque  vers  deux  ou  trois  heures  du  matin.  D'après  les  rensei- 
gnements recueillis,  il  n'avait  eu  ni  agitation,  ni  stertor,  ni 
morsure  de  la  langue.  Jac...  lient  tout  le  temps  les  paupières 
baissées.  Il  répond  lentement  mais  nettement  aux  questions  qui 
lui  sont  posées,  comme  le  ferait  un  homme  à  moitié  éveillé. 
Les  pupilles  sont  contractiles;  les  yeux  suivent  parfaitement  les 
objets  dans  toutes  leurs  excursions.  Le  grattage  sur  la  paroi 
abdominale  provoque  une  dilatation  pupiflaire  très  notable.  U 
langue  n'est  nullement  déviée  ;  pas  dTe  paralysie  faciale.  Pas  de 
troubles  de  sensibilité  en  général  ni  de  motilité  au  niveau  des 
membres  ou  de  la  poitrine.  Abattement  profond.  Pas  de  trou- 
bles des  réservoirs,  «'ayant  pas  uriné  depuis  la  veille,  on  le 
sonde  et  Ton  obtient  une  urine  un  peu  foncée  en  couleur,  raaii 
ni  albumineuse  ni  sucrée.  Constipation. 

Appareil  respiratoire.  —  Respiration  très  fréquente  et  très 
superficielle  comme  chez  les  malades  atteints  de  péritonite 
aiguë  avec  battement  des  ailes  du  nez  et  mise  en  activité  des 
muscles  inspirateurs  auxiliaires.  A  la  percussion,  submatité 
légère  dans  les  fosses  sus  et  sous-épineuses  droites.  On  entend 
à  peine  le  murmure  vésiculaire  par  suite  de  la  ipeXiie  quantité 
d'air  qui  pénètre  dans  les  poumons  ;  pas  de  bruits  anormaux. 
Resp.,  68. 

Appareil  circulatoire.  —  Le  cœur  contraste  par  la  lenteur 
de  ses  battements  avec  la  fréquence  dans  le  nombre  des  respi- 
rations. Pouls,  60.  Pas  de  dilatation  ni  d'hypertrophie  ventricu- 
laire;  aucun  bruit  anormal.  Le  pouls  radial  est  dur  et  tendu, 
athéromateux  ;  pas  de  bruit  clangoreux  au  niveau  de  l'aorte; 
la  sous-clavière  n'est  pas  accessible  aux  doigts  plongeant  dans 
le  creux  sus-claviculaire.  Léper  gérontoxon  ;  le  front  et  les  doigts 
ont  un  peu  l'aspect  lisse  de  la  peau  des  vieillards.  Température, 
38  degrés  le  matin  et  37%7  le  soir. 

6  mars.  —  Temp.,  37%3  le  matin  et  37%7  le  soir.  Pouls,  60. 
Resp.,  84. 

L  abattement  est  plus  marqué.  Mouvements  spasmodique> 
incessants  de  la  lèvre  inférieure  ;  le  malade  accuse  de  l'oppres- 
sion et  de  la  douleur  derrière  le  sternum.  L'auscultation  fait 


Avec  un  tel  souci  de  la  morale,  on  ne  s'étonnera  pas  que 
Dechambre  eut  le  soin  le  plus  jaloux  de  la  dignité  de  sa  pro- 
fession. Il  redoutait  par-dessus  tout  le  reprocne  de  mercanti- 
lisme auquel  n'échappe  pas  même  le  journalisme  médical.  Ce 
n'est  que  dans  ces  dernières  années  qu'il  voulut  condescendre 
à  la  publication  d'annonces  sur  la  couverture  de  la  Gazette; 
mais  jamais  il  n'accepta  d'insérer,  sous  quelque  forme  que  ce 
soit,  une  réclame  quelconque  dans  le  corps  du  journal. 

Un  jour,  un  fabricant  de  spécialités  pharmaceutiques  vint 
dans  son  cabinet  pour  lui  apporter  un  de  ses  articles  pompeu- 
sement intitulés  :  Thérapeutique,  qui,  sous  une  apparence 
scientifiaue,  prônent  un  médicament  nouveau  et  se  terminent 
invariablement  par  le  nom  et  l'adresse  d'un  pharmacien. 
Dechanibre  parcourait  le  manuscrit,  lorsqu'il  vit  son  interlocu- 
teur glisser  timidement  quelaues  billets  de  banque  sur  le  coin 
de  son  bureau.  11  se  demanda  s'il  fallait  rire  ou  se  fâcher  de 
l'aventure.  Il  prit  le  parti  d'en  rire  :  il  éconduisit  poliment  ce 
solliciteur  au  portefeuille  si  bien  garni,  en  lui  faisant  com- 
prendre qu'il  s  était  trompé  d'adresse  et  qu'en  frappant  à  la 
porte   de  tel  autre  journal   de  médecine,  son  or  et  sa  prose 


seraient  reçus  avec  empressement.  Le  marchand  d'orviétan, 
d'abord  surpris  de  ce.  refus,  dut  ensuite  sourire  d'un  pareil 
désintéressement.  En  etîet,  pourquoi  ne  pas  faire  comme  tout  le 
monde?  C'est  justement  ce  qui  distinguait  Dechambre;  il  sem- 
blait avoir  pris  pour  maxime  de  sa  vie  ce  conseil  de  la  marquise 
de  Lambert  à  sa  fille:  c  11  faut  être,  dit-on,  comme  les  autres; 
ce  comme  s'étend  bien  loin.  Ayez  une  émulation  plus  noble  : 
ne  souffrez  pas  que  personne  ait  plus  d'honneur,  dfe  probité  et 
de  droiture  que  vous.  > 

(A  suivre.) 


Hospice  des  Enfants  assistés.  —  M.  le  docteur  Sevestre 
commencera  le  vendredi  17  mai,  à  neuf  heures  et  demie»  ses 
conférences  de  clinique  infantiles  et  les  continuera  les  ven- 
dredis suivants  à  la  même  heure. 


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GAZETTE  HEBDOHÂBAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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entendre  comme  un  bruit  de  scie  aux  deux  temps  de  la  respi- 
ration; bruit  anormal  di\  au  frottement  des  deux  plèvres.  Trai- 
lement  :  ventouses  scarifiées  sur  le  côté  droit  de  la  poitrine. 

7  mars.  —  Temp.  malin,  37%5  ;  36*,8  le  soir.  Resp.,  36. 
Pouls,  GO. 

Ossalion  des  spasmes  de  la  lèvre  inférieure.  Disparition  de 
Tangoisse  rétro-stemale,  de  la  submatité  à  droite  ;  mouvements 
respiratoires  bien  moins  fréquents.  Le  murmure  vésiculaire  est 
encore  obscur.  Jac...  revenu  complètement  de  son  abattement 
demande  à  manger. 

8  mars.  —  Temp.  le  matin,  38  degrés  ;  le  soir  SS'^jS.  Resp.,  28. 
Pouls,  76. 

Accentuation  de  Tamélioration.  Le  malade  est  sorti  complète- 
ment de  sa  prostration.  Lavement  purgatif. 

9  mars.—  Temp.  le  malin,  38%4;  le  soir,  37%5.  Resp.,  28. 
Pouls,  52. 

Le  rauJade  se  plaint  de  lassitude  et  de  faiblesse  générales. 
L>xplor:Uion  des  pneumogastriques  est  absolument  négalive 
soit  au  niveau  du  plexus  (^'^  espace  intercostal  gauche),  soit 
sur  le  irajet  cervical  de  ce  nerl',  soit  enfin  par  la  pression  des 
apophyses  épineuses  au  niveau  de  la  colonne  cervicale.  Il  n*a 
Jamais  fait  de  chute  et  ne  se  souvient  d*aucun  traumatisme 
portant  sur  le  rachis.  Il  a  toujours  pu  faire  les  courses  ou  les 
travaux  les  plus  fatigants  sans  éprouver  en  aucun  moment  de 
réimpression. 

10  mars.  ^  Respiration,  24;  pouls,  48.  Température,  matin, 
3?',2  ;  soir,  37«>,3. 

1 1  mars.  —  Respiration,  20  ;  pouls,  56.  Température,  matin, 
.37-,2;soir,  37M. 

12  ma  s.  —  Kespiration,2i;  pouls,  55.  Température,  matin, 
37  degrés;  soir,  37  degrés.  —  Trois  capsules  ae  térébenthine. 

13  mars.  —  Respiration,  20  ;  pouls,  5b.  Température,  matin, 
37",8  ;  soir,  37*»,8.  —  Trois  capsules  de  térébenthine.  2  litres 
7< M)  grammes  d*urine  claire;  rien  d'anormal. 

14  mars.  —  Respiration,  24;  pouls,  6%.  Température,  matin, 
37^,5  ;  soir,  37«,3.  —  Trois  capsules  de  térébenthine.  2  litres 
500  grammes  d'urine  claire. 

ir>  mars.  —  Respiration,  20;  pouls,  60.  Température,  matin, 
:17",4;  soir,  36%7.  — Trois  capsules  de  térébenthine.  2  litres 
l(H)  grammes  d'urine  claire. 

I(>  mars.  —  Respiration,  20;  pouls,  72.  Température,  matin, 
;{7",l  ;  soir,  37*',7.  —  Suppression  de  la  térébenthine. 

17  mars.  —  Respiration,  20;  pouls,  60.  Température,  matin, 
'i8",2;  soir,  37^,5.  —  2  litres  650  grammes  d*unne  claire. 

18  mars.  —  Respiration,  20  ;  pouls,  60.  Température,  matin, 
ii7*,5;  soir,  36',8.  —  2  litres  500  grammes  d'urine  claire. 

19  mars.  —  Respiration,  20;  pouls,  72.  Température,  matin, 
37'\5;  soir,  37  degrés.  —  i  litre  400  grammes  d'urine  claire; 
légère  diarrhée. 

20  mars.  —  Respiration,  20;  pouls,  68.  Température,  matin, 
37  degrés;  soir^  37  degrés.  -—  2  litres  iOO  grammes  d'urine 
claire.  Suppression  de  la  diarrhée. 

21  mars.  —  Respiration,  i8;  pouls,  70.  Température,  matin, 
37  degrés;  soir,  37  degrés.  —  i  litre  500  grammes  d'urine  claire. 

Le  malade  est  sorti  du  service  le  25  mars  avec  une  moyenne 
de  1  litre  500  d'urine  depuis  le  21,  resp.  18  et  pouls  72.  11  com- 
mençait à  recouvrer  des  forces;  mais  il  était  encore  incapable 
d^iUer  sans  s'appuyer  sur  une  canne  jusqu'au  bout  de  la  salle. 

Réflexions.  —  Cette  seconde  observation  nous  paraît 
présenter  les  points  intéressants  suivants  : 

P  Jac...  est  pur  de  toute  intoxication  autre  que  celle  que 
produisent  chez  les  ouvriers  la  fatigue  du  travail,  les 
longues  courses  et  la  misère  physiologique.  Ici,  pas  d'aï- 
roolisme  ni  de  ces  tares  habituelles  à  ceux  qui  viennent 
journellement  solder  leur  alhérome  dans  les  lits  d*hô- 
pilai. 

2^*  Il  a  eu  un  ictus  à  la  suite  duquel  sont  survenus  les 
symptômes  classiques  d'excitation  des  nerfs  vagues  au 
point  de  vue  de  la  respiration  et  de  la  circulation.  Celte 
excitation,  se  traduisant  pendant  quelque  temps  parle  pouls 
lent  permanent  et  la  fréquence  dans  les  mouvements  respi- 
ratoires, se  localise  au  niveau  des  noyaux  bulbaires  des 
pneumogastriques.  C'est  un  de  ces  cas  de  dissociation  dans 
les  lésions  nerveuses,  tels  que  la  clinique,  plus  ^ue  la 
physiologie  expérimentale,  nous  en  offre  quelquefois  des 


exemples.  Ici,  ni  traumatisme  de  la  région  cervicale,  ni 
dégénérescence  graisseuse  du  cœur  ou  tumeur  sur  le  trajet 
des  pneunriogastriques.  Les  commémoralifs  de  l'observation 
en  font  foi.  Jamais  Jac...  n'a  ressenti  la  moindre  douleur 
ni  la  moindre  oppression  au  plus  fort  de  ses  fatigues, 
avant  Ticlas  qui  l'a  amené  à  l'hôpital.  Nous  ajouterons 
enfin  que  le  nerf,  interrogé  avec  le  doigt,  n'a  manifesté 
aucun  signe  d'irritation  en  un  point  quelconque  de  son 
trajet.  L'oppression  des  premiers  jours  tenait  si  bien  à  la 
fréquence  dans  les  mouvements  respiratoires,  qu'elles  ont 
disparu  ensemble.  Nous  n'avons  pas  trouvé  dans  Kothna- 
gel  de  cas  semblable  au  nôtre.  Il  a  dii  se  produire  vrai- 
semblablement un  arrêt  momentané  de  la  circulation  céré- 
brale suivi  d'une  excitation  circulatoire  au  niveau  des 
branches  vasculaires  irriguant  les  noyaux  des  nerfs  vagues 
jusqu'au  retour  complet  et  progressif  de  l'équilibre  de 
cette  circulation. 

3*  C'est  bien  là  le  produit  de  la  fatigue;  car,  le  malade 
qui  avait  fait  pendant  deux  jours  bien  des  lieues  sans  rien 
ressentir,  éprouvait  même  en  quittant  notre  service, 
après  un  certain  repos  forcé,  une  lassitude  encore  très 
marquée. 

4"  La  question  devient  plus  délicate,  si  nous  cherchons 
à  pénétrer  plus  avant  dans  l'étiologie  et  le  mécanisme  de 
ce  qui  s'est  passé  chez  notre  malade.  Je  cite,  à  titre  de 
simple  hypotnèse  possible,  la  production  dans  le  sang 
d'un  poison  particulier  agissant  sur  le  bulbe,  sous  l'in» 
iluence  du  surmenage.  Il  y  a  eu  ischémie  cérébrale,  ceci 
est  un  fait  incontestable.  Parmi  les  substances  retenues 
dans  le  sang  de  ce  fatigué,  il  y  aurait-il  comme  pour  les 
paralysies  pneumoniques  (d'après  Rosenstein)  un  poison 
agissant  sur  les  nerfs  vaso-moteurs  cérébraux?  Cette  expli- 
cation est  bien  problématique  au  moins  avec  le  peu  de 
connaissances  que  nous  avons  sur  les  données  de  la  question, 
la  réaction  cérénrale  étant  circonscrite.  Il  nous  semble  (^ue 
M.  Huchard,  dans  son  article  sur  les  causes  de  l'artério- 
sclérose, nous  fournit  Quelques  cléments  de  la  réponse. 

Laissons  de  côté  l'influence  du  végétarisme,  ayant  oublié 
de  demander,  à  Jac...  s'il  était  végétariste. 

A  côté  des  cœuj:s  forcés  et  de  l'action  du  surmenage 
sur  le  myocarde,  il  faut  compter  avec  le  système  artériel. 
Keim  étudie  l'athcrome  chez  les  manouvriers  qui  ont  le 
sang  noir,  comme  l'on  disait  à  Venise.  Notre  malade  avait 
de  l'athérome  incontestable  ;  son  arc  séniie  de  la  cornée, 
l'état  lisse  de  sa  peau  en  certaines  régions  et  surtout  la 
dureté  des  artères  radiales,  en  l'absence  de  toute  hvper- 
trophie  ventriculaire,  en  sont  le  témoignage.  Quoi  d^élon- 
nant  alors  que  les  déchets  de  désassimilation  insuffisam- 
ment éliminés,  portant  souvent  leur  action  nocive  sur  les 
muscles  vasculaires,  n'aient  un  beau  jour,  avec  ou  sans 
caillot  obstructeur,  déterminé  une  contracture  capable  de 
suspendre  momentanément  la  circulation  vasculaire  en  un 
point  quelconque  de  l'arbre  artériel  ?  L'équilibre  rompu 
pour  quelques  heures  reviendrait  progressivement  à  Tétat 
normal,  même  au  prix  d'une  excitation  dans  la  circulation 
collatérale,  jusqu'à  l'élimination  complète  de  tout  ce  qui 
est  nocif. 

Quelle  gue  soit  l'explication  qu'on  adopte,  le  fait  nous  a 
paru  aussi  inléressant  à  signaler  que  le  premier  cas.  La 
question  de  surmenage,  pour  être  élucidée,  a  besoin  de  faits 
cliniques  venant  confirmer  et  corroborer  les  résultats  çhy- 
siologico-chimîques.  C'est  dans  ce  but  que  nous  publions 
ces  deux  observations  sortant  du  cadre  habituel  aes  auto- 
typhisations  et  du  surmenage  cardiaque  bien  connu  des 
auteurs. 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


10  Mai  1889 


Cllniqne  médicale 

Un  cas  de  maladie  de  Horvan  (panaris  analgésique) 
SUIVI  D* autopsie,  par  M.  le  docteur  Puouff  (de  Morlaix). 
Examen  anatomique  par  MM.  Gombault,  médecin  de 
rhospice  d*lvry  et  Reboul,  interne  des  hôpitaux.  — Com- 
munication faite  à  la  Société  médicale  des  hôpitaux  dans 
la  séance  du  26  avril  1889. 

Dçns  la  séance  du  2*2  février,  au  cours  d*une  communi- 
cation relative  à  un  cas  de  syringomyélic,  H.  le  docteur 
Debove  (Société  médicale  des  hôpitaux,  22  février  1889)  a 
fait  allusion  à  une  autopsie  pratiquée  récemment  chez  un 
sujet  atteint  de  maladie  de  Morvan  (paréso-anulgésie  des 
extrémités  supérieures);  nous  venons  soumettre  à  lu  Société 
le  résultat  de  cette  autopsie.  Nous  avons  pensé  que  sa  rela- 
tion pouvait  présenter  quelque  intérêt,  parce  que,  pour  la 
première  fois,  il  est  donné,  dans  un  cas  de  ce  genre,  de 
mettre  l'examen  nécroscopique  en  regard  de  l'histoire  cli- 
nique. 

En  effet,  si  la  forme  morbide  décrite  par  M.  le  docleur 
Morvan  a  dbnné  lieu  à  des  travaux  cliniques  importants 
(Roger  de  Spéville,  thèse  de  Paris,  juillet  1888),  on  a  dû 
jusqu'ici  se  contenter  d'hypothèses  quant  au  siège  précis  et 
à  l'étendue  des  lésions  qui  lui  correspondent.  La  seule 
constatation  anatomique  qui  ait  été  pratiquée  (Honod  et 
Reboul,  Arch.  de  méd.y  mai  1888)  a  porté  sur  un  doigt 
atteint  de  panaris  et  amputé  pour  cette  raison.  Elle  a  montré 
une  lésion  profonde  des  nerfs  de  ce  doigt,  mais  n'a  pu  ren- 
seigner en  aucune  façon  sur  l'état  du  reste  du  système  ner- 
veux, en  particulier  sur  l'étendue  en  hauteur  de  la  névrite, 
et  sur  l'existence  ou  sur  l'absence  de  lésions  concomitantes 
de  la  moelle  épinière. 

L'existence  d'une  névrite  périphérique  a  donc  seule  été 
démontrée  jusqu'ici,  et  cela  dans  un  seul  cas.  Toutefois,  en 
se  fondant  sur  des  considérations  diverses,  concernant  sur- 
tout l'évolution  de  la  maladie,  la  symétrie  des  lésions,  la 
coexistence  de  troubles  trophiques  autres  que  le  panaris,  la 
déviation  fréquente  de  la*  colonne  vertébrale,  la  nature  des 
désordres  sensitifs  (thermo-anesthésie  ptécoce  et  prédomi- 
nante^, certains  auteurs  ont  admis  à  titre  d'hypothèse  là 
prob.'iuililé  d'une  lésion  médullaire. 

Parmi  ces  auteurs,  les  uns,  et  M.  le  docteur  Morvan  est, 
croyons-nous,  du  nombre,  se  sont  contentés  de  dire  que  la 
moelle  devait  être  atteinte,  les  autres  ont  cru  pouvoir  aller 
plus  loin  et  spécilier  la  localisation  et  la  forme  anatomique 
de  la  lésion  probable.  Ils  ont  cru,  ainsi  que  M.  Dehove  l'in- 
dique dans  sa  note,  pouvoir  rattacher  les  cas  de  maladie  de 
Morvan  à  la  syringomyélie. 

L'exposé  des  lésions  que  nous  avons  constatées  pourra, 
non  trancher  la  question,  mais  fournir  aux  débats  certaines 
données  positives. 

La  première  partie  de  cette  observation  a  été  publiée 
dans  la  Gazette  hebdomadaire  (1887,  p.  249)  par  M.  le  doc- 
teur Prouff. 

Obs.  —  Catherine  Poupon  (de  Plougasnou),  cinquante-six  ans, 
célibataire,  nous  consulte,  en  juillet  1886,  pour  un  panaris  de  la 
deuxièraft  phalange  de  l'annulaire  droit.  A  première  vue,  l'atlen- 
lion  est  sollicitée  par  laspect  de  ses  deux  mains  mutilées,  et 
ridée  d'une  paréso-analgésie  de  Morvan  se  présente  immédiate- 
ment à  Tesprit.  En  eflel,  ù  la  main  droite,  le  pouce  a  perdu  sa 
deuxième  phalange  ;  l'index  et  le  médius,  leurs  deux  dernières 
phalanges;  l'annulaire  est  intact,  mais  la  deuxième  phalange  est 
pliée  à  angle  droit  sur  la  première;  le  petit  doigt  est  intact 
aussi,  mais  toutes  les  phalanges  sont  repliées  les  unes  snr  les 
autres. 

A  la  main  gauche,  le  pouce  a  perdu  Tongle,  remplacé  par  une 
petite  corne  en  forme  de  virgule  ;  Tindex,  sa  troisième  phalange  ; 
le  médius  et  l'annulaire  ont  perdu  l'ongle;  le  petit  doigt  est 
intact,  mais,  comme  les  autres  doigts  de  cette  main,  il  est  replié 


en  dedans.  A  Tune  comme  à  l'autre  main,  l'extension  volontaire 
ou  forcée  est  impossible.  On  se  sent  arrêté  par  la  rigidité  de  la 
peau  autant  que  par  les  tendons. 

Peau.  —  A  la  paume,  la  peau  est  calleuse,  presque  cornée  et 
présente,  }\  plusieurs  plis  articulaires,  des  lrace«  de  crevasses 
profondes. 

A  la  face  dorsale,  la  peau  est  assez  souple,  mais  très  tendup 
sur  des  moignons  épais.  La  position  déclive  ou  le  froid  y  (Itvo- 
loppent  rapidement  une  teinte  cyanotique. 

Sensibilité,  —  La  sensibilité  à  la  piqûre  est  abolie  aux  deux 
avant-bras,  jusqu'à  5  ou  6  centimètres  au  coude.  Abolie  aussi  la 
sensibilité  thermique.  Catherine  Poupon  joue  impunément  aver 
le  feu  et  Teau  bouillante.  F^e  froid  cyanose  les  mains,  mais  n'rst 
pas  senti. 

Mobilité,  —  En  revanche,  il  y  a  eu  à  plusieurs  reprises  des 
douleurs  spontanées  sur  lesquelles  nous  reviendrons.  Lemcmlm' 
droit  est  très  musclé  dans  toutes  ses  parties  et  de  force  peu 
commune. 

Catherine  Poupon  est  droitière.  Le  gauche  est  encore  bien 
musclé,  bien  qu'inférieur  de  2  ou  3  centimètres  au  bras  droit. 
La  vigueur  est  pour  le  moins  ordinaire;  mais  les  éminencos 
thénar  et  hypothenar  et  les  interosseux  sont  fortement  atrophit>. 
Aux  membres  inférieurs,  la  motililé  et  la  sensibilité  seul 
intactes. 

Ainsi  donc,  voilà  une  femme  qui  est  analgésique  aux  deux 
membres  supérieurs  et  qui  a  eu  les  deux  mains  rongées  par  des 
panaris  successifs.  Elle  n*a  pas  eu  de  paralysie  musculaire,  il 
est  vrai,  ni  d'atrophie  d'ailleurs,  que  dans  la  main  gauche;  mais. 
malgré  celte  particularité  intéressante,  le  diagnostic  s'impose, 
et  M.  Morvan,  à  qui  nous  avons  eu  la  lionne  fortune  de  la  mon- 
trer. Ta,  sans  hésiter,  reconnue  pour  l'un  de  ses  cas  de  paréso- 
analgésie.  Comment  se  sont  développés  chez  Catherine  Poupon, 
ces  troubles  sensitifs  et  trophiques? 

Dans  les  ascendants,  on  ne  trouve  ni  fous,  ni  paralytiques. 
Elle  a  eu  deux  frères  et  deux  sœurs  bien  portants,  dont  ruovii 
encore.  Elle-même  a  été  d'une  bonne  santé  habituelle  et  encore 
d'une  vigueur  plus  qu'ordinaire. 

Vers  1  âge  de  douze  ans,  une  scoliose  gauche  s'est  établie  peu 
à  peu  sans  douleur,  sans  aucun  accident.  C'est  à  cette  même 
époque  que,  la  première  fois,  l'annulaire  droit  a  été  pris  de 
panaris  de  la  pulpe. 

A  vingt  ans,  ce  fut  le  tour  de  l'index  et  du  médius  droit 
ensemble,  («elte  fois  le  mal  dura  dix  mois;  Tamputalion  du 
poignet  fut  proposée  et  refusée.  Chaoundes  deux  perdit  sesdeuv 
dernières  phalanges  et  la  guérisonse  fit. 

A  vingt-trois  ans,  le  (:ouce  droit  perdit  sa  dernière  phalange 
à  la  suite  d'un  nouveau  panaris,  et,  depuis  lors,  est  reslr 
rétracté, 

A  quarante  ans,  la  main  gauche  se  prend,  les  trois  doigts  du 
milieu  successivement.  L'index  y  a  laissé  sa  dernière  phalange: 
les  deux  autres  ont  eu  des  panaris  de  la  pulpe.  Tous  les  trois, 
après  fusées  dégaines,  sont  rétractés  dans  la  paume  delà  main. 

A  cinquante-cinq  ans,  panaris  du  pouce  gaucfie,  traînée  plile<;- 
moneuse  jusqu'à  l'avant-bras.  Pouce  et  petit  doigt  restent 
rétractés. 

A  cinquante-six  ans,  panaris  osseux  de  l'auriculaire,  et  c'est  À 
ce  moment  que,  pour  la  première  fois,  nous  voyons  Catherine 
Poupon.  Remarquons  que  jamais  elle  n'a  subi  aucun  trauma- 
tisme. Nous  avons  dit  que  les  deux  membres  supérieurs  étaient 
analgésic|ues  jusqu'au  coude;  et,  en  effet,  nous  avons  pu  inciser 
le  panaris,  exploiter  l'os  dénudé,  sans  que  la  malade  acru<^e 
aucune  douleur.  Cuérison  normale  avec  élimination  des  deu\ 
extrémités  de  la  deuxième  phalange. 

L'évolution  de  chacun  de  ces  panaris,  au  contraire,  a  été  très 
douloureuse  et  franchement  fébrile.  Dans  l'intervalle  même  des 
panaris,  Catherine  Poupon  a  souffert  de  l'épaule  et  du  bras  droits, 
tort  peu  du  côté  gauche.  Nous  allons  en  voir  la  raison. 

En  examinant  notre  malade  avec  nous,  en  octobre  188(1, 
M.  Morvan  remarqua  qu'elle  avait  l'articulation  scapulo-humérale 
droite  atteinte  dartlirite  sèche,  caractérisée  par  un  gonllenient 
notable  de  la  région,  l'existence  d'hydarthrose  et  de  rranue- 
ments  articulaires  et  le  peu  d'étendue  des  mouvements  volon- 
taires ou  imprimés.  Fait  remarquable,  le  deltoïde  et  les  autres 
muscles  péri-articulaires  ne  sont  nullement  atrophiés.  Les  don- 
leurs  du  bras  peuvent  être  attribuées  à  cette  arthrite. 

M.  Morvan  fit  encore  sur  cette  malade  une  remar(]ue.  Le  sens 
musculaire  était  aboli  au  bras  droit  et  très  diminué  au  bras 
gauche,  car  Catherine  Poupon,  les  yeux  fermés,  ne  peut  aver  sa 


10  Mai  i889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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main  retrouver  sou  autre  main  ai  une  partie  quelconçiue  qu'on 
lui  indiquait.  La  nuit,  elle  est  incapable  de  shabiller  sans 
lumière. 

—  Au  mois  de  mai  1888,  la  femme  Poupon  se  présente  a  la 
consultation  de  M.  le  docteur  Prouli',  à  Morlaix,  pour  un  panaris 
de  riudex  droit  avec  fusée  purulente  dans  la  paume  de  la  main. 
M.  If  docteur  Prou iï  fait  admettre  cette  malade  à  Thôpital  de 
Morlaix,  où  on  ne  tarde  pas  à  constater  des  phénomènes  d'infec- 
tion purulente,  à  laquelle  la  femme  Poupon  succombe  le  iO  juin. 

<îrâce  à  l'obligeante  intervention  de  Al.  le  docteur  Morvan  et 
de  M.  le  docteur  Prouiï,  l*autopsie  a  pu  être  faite.  Les  pièces 
recueillies  à  Morlaix  ont  été  examinées  par  M.  le  docteur  Gom- 
hault  et  M.  Reboul,  dans  le  laboratoire  de  M.  le  professeur 
Corn  il. 

(A  suivre.) 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

MmméémUm  die  BiédeelBe. 

SÉANCE  DU   7    MAI    1889.    — -   PRÉSIDENCE 
DE  M.   MAURICE  PERRIN. 

M.  Lalioulbène  dépose,  au  aom  do  M.  le  docteur  Chavemac,  une  UUtoire  de 
l'IniversUé  d'.Mx-en-l*rovence. 

M.  Duj >rdin-Beattmet*  offre  son  ouvrage  nur  V hygiène  prophylacAque. 

M.  Javal  pnUeote  une  Étude  médicale  cl  pratique  surfit  lunetteê  et  letpinee' 
iu%,  p.ir  M.  le  docteur  George  J.  BuU. 

M.  Budiu  &il  liumni:«go  de  tes  Leçons  de  clinique  obstétricale, 

U.Léon  Colin  dépose  un  rapport  manuscrit  de  M.  le  docteur  Cattédtbat,  médecin- 
iiujor  de  2*  classe,  sur  les  vaccinatùmt  et  les  revaecinatiom  à  TarriTée  de  la 
classe  1888  dans  le  15"  corps  d'arait)e. 

H.  Rochard  prcsenlo,  au  nom  de  M.  lo  docteur  Auherl,  médecin-major  de 
l'*  classe,  un  mémoire  manuscrit  sur  une  épidémie  de  fièvre  typhoïde  à  Bourg 
en  l»»-i889. 

M.  Ttllaux  oflVe  la  seconde  partie  du  tome  11  de  son  Traité  de  chirurgie 
clinique. 

M.  Leblanc  dépose  nno  note  manuscrito  de  M.  Cagny  sur  la  vaccination 
animale. 

Abcès  du  foie.  —  M.  le  docteur  Chauvely  professeur  à 
rEcole  du  Val-de-Grâce,  lit  une  note  sur  quatre  abcès  du  foie 
ouverts  au  bistouri  avec  des  remarques  sur  Topporlunité  de 
rintervention  et  sur  ses  conditions.  De  ces  quatre  faits  deux 
se  sont  terminés  par  la  guérison,  deux  par  la  mort,  due  à  la 
présence  d'autres  collections  purulentes  dans  le  foie,  et 
surtout  à  l'étiil  cachectique  avancé  dans  lequel  se  trouvaient 
les  malades  au  moment  de  Tintervenlion.  Tous  avaient  con- 
tracté dans  les  colonies  la  dysenterie  et  la  fièvre.  L'affection 
remontait  à  plusieurs  mois  quand  on  soupçonna  Thépatile 
suppurée  et  qu'une  ponction  exploratrice  en  vint  confirmer 
Texistence.  Dans  deux  cas  l'abcès  siégeait  à  droite,  dans  les 
deux  autres  cas  il  occupait  le  lobe  gauche  ;  ces  derniers 
furent  suivis  de  mort.  L'incision  faite  au  bistouri  ne  pré- 
senta pas  de  difficultés  sérieuses;  elle  correspondait  au  siège 
du  gonHement,  au  point  de  ponction  du  trocart.  M.  ChauVel 
conclut: 

l*"  L'ouverture  immédiate,  directe,  au  bistouri  des  abcès 
du  foie,  ne  présente  pas  de  dangers  au  poitit  de  vue  de  la 
péritonite,  si  elle  est  pratiauée  antiseptiquement. 

±  L'ouverlure  doit  être  large,  conauire  directement  dans 
le  foyer.  En  raison  du  relèvement  du  foie  après  l'évacuation 
du  liquide,  il  est  bon  de  la  faire  aussi  haut  que  possible; 
si  elle  se  rétrécit  par  le  rapprochement  des  côtes,  la  résec- 
tion de  relles-oi  peut  être  indiquée. 

^'^  Il  est  inutile  et  peut-être  dangereux  de  suturer  le  foie 
à  la  plaie  pariétale. 

4*^  L'ouverture  large  doit  être  faite  hàlivement,  et  des 
ponctions  exploratrices  sont  nettement  indiquées  sitôt 
qu*on  soupçonne  du  pus. 

ô"*  Il  est  presque  toujours  impossible  de  reconnaître 
l'existence  d'autres  abcès  assez  sûrement  pour  rejeter  toute 
intervention.  Dans  ces  conditions  fâcheuses,  l'incision  largo 
du  foyer  principal  fait  disparaître  une  des  sources  de  la 
fièvre^  elle  favorise  louverlure  des  foyers  secondaires  dans 


la  cavité  devenue  vide.  Si  elle  n'arrête  pas  la  marche  de 
Taffection,  elle  n*exerce  sur  son  cours  aucune  influence 
nuisible. 

6''  Les  abcès  du  lobe  gauche  paraissent  plus  graves,  tant  en 
raison  de  la  péricardile  par  propagation,  que  de  la  proba- 
bilité d'autres  collections  dans  le  volumineux  lobe  droit.-  - 
(Cette  note  est  renvoyée  à  l'examen  d'une  Commission  com- 
posée de  MM.  filiaux  ei  Rochard.) 

Tétanos.  —  M.  Verneuil  répond  aux  objections  qui 
lui  ont  été  faites  dans  les  séances  précédentes  à  sa  théorie 
sur  l'origine  équino-tellurique  du  tétanos.  Il  s'ofTorce 
surtout  de  réfuter  l'argumentation  de  M.  Leblanc,  dont  le 
séparent  à  la  fois  ses  doctrines  médicales  et  la  manière  d'in- 
terpréter les  faits  eux-mêmes.  Par  contre,  avec  M.  Nocard, 
il  admet  comme  démontrées  la  nature  spécifique,  infectieuse 
et  virulente  de  la  maladie  et  sa  transmissibilité  de  l'homme 
aux  animaux  et  des  animaux  entre  eux  par  inoculation  ;  le 
tétanos  n'a  qu'une  cause  réelle,  le  virus  tétanique,  indépen- 
dant, distinct,  que  rien  ne  peut  créer,  sans  lequel  I  affection 
ne  saurait  apparaître  et  dont  à  son  tour  la  maladie  atteste 
absolument  la  présence  alors  même  que  la  provenance  reste- 
rail  tout  à  fait  inconnue.  Sans  rejeter  l'influence,  exception- 
nelle d'ailleurs,  des  causes  banales:  froid,  chaud,  sécheresse, 
humidité,  émotions,  excès,  fatigue,  malpropreté,  etc., 
dont  nos  pères  reproduisaient  invariablement  la  liste  mono- 
tone à  propos  de  chaque  maladie  infectieuse,  M.  Verneuil 
estime  que  toutes  ces  causes,  isolées  ou  réunies,  sont 
impuissantes  à  produire  un  seul  cas  de  tétanos  si  le  virus 
tétanique  est  absent.  L'homme  ne  pouvant  créer  ce  virus,  il 
doit  nécessairement  le  recevoir  des  objets  animés  ou  non 
qui  l'entourent;  parmi  ces  objets  se  trouvent  la  terre  cul- 
tivée, puis  les  animaux,  l'homme  en  tête,  les  animaux 
domestiques,  le  cheval  entre  autres.  D'autre  pari, il  faut  con- 
sidérer le  cheval  tétanifere  comme  un  animal  malsain,  qui 
néanmoins  et  pour  cela  n'est  pas  malade,  toUt  comme  le 
médecin  qui  transmet  une  maladie  infectieuse  à  son  client. 
M.  Verneuil  accumule  les  preuves  à  l'appui  de  sa  manière 
de  voir  :  sa  conception  de  la  triple  provenance  du  tétanos, 
fût-elle  erronée,  lui  parait  n'avoir  aucun  inconvénient  en 
pratique;  en  faisant  tout  dériver  du  cheval,  on  n'en  prend 
pas  moins  des  précautions  contre  l'homme,  la  terre  et  en 
général  tous  les  objets  qu'on  soupçonne  contaminables  et 
contaminés.  Si  l'on  n'a  peur  que  de  la  terre  et  qu'on  méprise 
les  autres  sources  de  danger,  on  risque  par  cet  opiinisme  de 
négliger  la  plupart  des  mesures  prophylactiques  que 
H.  Verneuil  énumérait  dans  un  précédent  discours  et  qui 
diminueraient  certainement  le  péril  jusqu'au  jour  où  Ton 
aura  trouvé  le  moyen  de  détruire  le  microbe  tétanique  lui- 
même. 

M.  Leblanc,  rappelle  H.  Verneuil,  fait  jouer  à  la  pré- 
disposition un  rôle  primordial  dans l'étiologie  du  tétanos; 
pour  lui,  cette  prédisposition  est  presque  tout,  le  virus 
tétanique  presque  rien  ;  pour  un  peu  on  pourrait  s'en  passer. 
Or,  la  proposition  doit  être  absolument  renversée,  car  on 
voit  tous  les  jours  le  virus  infecter  des  sujets  chez  lesquels 
on  ne  peut  découvrir  aucune  prédisposition,  tandis  qu'on  ne 
constate  jamais  la  réunion  complète  de  toutes  les  causes 
prédispo.<$antes  produire  le  tétanos,  si  le  virus  tétanique  fait 
défaut.  En  un  mot,  ce  virus  est  nécessaire,  ta  prédispo- 
sition n'étant  (|ue  contingente.  Du  reste  M.  Lebl.inc  ne  dit 
pas  à  quels  signes  il  reconnaît  la  prédisposition.  Passant^ 
ensuite  rapidement  en  revue  les  observations  présentées  par 
MM.Trasbot,Lagneauet  Laborde,  M.  Verneuil  maintient  les 
conclusions  qu'il  a  précédemment  lues. 

M.  Goubaux  n'est  pas  d'accord  avec  M.  Verneuil  sur 
Forigine  du  tétanos,  car  il  pense  qu'en  dehors  des  causes 
invoquées  par  celui-ci,  il  en  est  beaucoup  d'autres  dont  il 
n*a  pas  piirlé.  En  effet,  M.  Goubaux  a  fait  lui-même  un 
grand  nombre  d'autopsies  d'animaux  tétaniques;  il  s'est 


3iô 


N«  49 


ÔAZEtTE  itE^BDOMADAIRE  DE  HÉDEGINE  ET  DE  CHIRURGIE 


10  Mai  1889 


blessé  très  souvent  avec  les  instruments  ou  avec  des 
esquilles  osseuses  et  jamais  il  n'a  contracté  le  tétanos. 
Depuis  1763  jusqu'à  nos  jours,  un  seul  élève  est  mort  de 
tétanos  à  l'Ecole  d'Alforl.  D'autre  part,M.Trasbot  a  recueilli 
soixante  observations  de  tétanos;  tous  les  animaux  atteints 
ont  été  autopsiés  par  les  élèves  et  pas  un  de  ceux-ci  n'a  con- 
tracté le  tétanos  ;  enfin,  il  n'a  iamais  vu  un  seul  cas  de 
contagion  du  tétanos  à  l'hôpital,  et  cependant,  dès  qu'un 
cheval  était  mort  de  cette  affection  dans  une  stalle,  on  le 
remplaçait  par  un  autre  cheval  atteint  d'une  maladie  quel* 
conque.  Si  un  grand  nombre  de  chevaux  tétaniques  avaient 
des  plaies,  surtout  au  pied,  il  en  a  vu  d'autres  chez  lesquels 
le  tétanos  s'était  développé,  bien  qu'ils  n'eussent  aucune 

Klaie  ;  on  invoquait  alors  le  froid,  l'insolation,  etc. 
'ailleurs,  dans  l'opération  du  foucttage  qui  se  fuit  au  moyen 
d'un  bout  de  fouet  noué  plusieurs  fois  sur  le  cordon,  il 
arrive  fréquemment  que  les  moulons  se  relèvent  de  leur  lit 
de  paille  avec  le  trismus;  on  ne  peut  pas  dire  qu'il  y  a  là 
contagion.  A  la  ferme  de  Vincennes,  il  y  a  vingt-cinq  ans 
environ,  on  fit  châtrer  33  béliers  par  un  vétérinaire;  ces 
33  béliers  moururent  du  tétanos.  Il  en  restait  28  qu'on  pria 
-M.  (ioubâux  d'opérer;  il  s'y  refusa  tout  d'abord,  parce  qu'il 
avait  remarqué  un  certain  vent  frais  et  un  état  atmosphé- 
rique particulier  qui  ne  lui  paraissaient  pas  favorables.  Il  fit 
la  castration  quelques  jours  après,  et  pas  un  des  béliers  ne 
mourut.    On    ne    peut    ici    invoquer   Torigine    équine, 

ruisque,  dans  cette  ferme,  il  n'y  avait  pas  de  chevaux. 
I  a  vu  d'autres  personnes,  il  est  vrai,  qui  sont  mortes  de 
tétanos  après  avoir  été  en  rapport  avec  des  chevaux  ou  des 
voitures;  par  exemple,  un  élève  de  l'Ecole  polytechnique 
qui,  en  descendant  de  l'impériale  d'une  diligence,  s'était 
enfoncé  un  clou  dans  le  pied  et  mourut  du  tétanos  quelques 
jours  après.  Ce  n'est  pas  l'origine  équine  qu'il  faut  faire 
intervenir  ici,  mais  bien  plutôt  l'existence  d'une  plaie  dans 
une  partie  excessivement  sensible  comme  la  plante  du  pied. 
En  somme,  il  est  absolument  de  l'avis  de  M.  Leblanc  et  il 
ne  peut  admettre  que  le  tétanos  chez  les  animaux  domes- 
tiques soit  exclusivement  le  résultat  de  l'action  tellurique  et 
de  la  contagion  équine. 

M.  Verneuil  croit  n'avoir  pas  besoin  de  répondre  à 
M.  Goubaux,  puisque  celui-ci  déclare  être  absolument  de 
l'avis  de  H.  Leblanc,  avec  qui  il  vient  de  déclarer  être 
tout  à  fait  en  désaccord.  Il  fait  seulement  remarauer  que 
M.  Goubaux  a  cité  des  observations  qui  sont  complètement 
en  faveur  de  sa  doctrine. 

—  L'Académie  se  forme  ensuite  en  comité  secret  afin 
d'entendre  la  lecture  d'un  rapport  de  M.  Cartel  sur  les  can- 
didats au  titre  de  correspondant  national  dans  la  quatrième 
division  {Physique  et  chimie  médicales,  pharmacie),  La 
liste  de  présentation  est  établie  comme  il  suit:  1*  M.Balland; 
±  M.  Ha  lier  ;  3»  M.  Soubeiran;  4»  ex  œquo,  MM.  Fleury, 
Lacour-Eymard  et  Merget. 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  14  mai  est  fixé  ainsi 
u'il  suit:  Communication  de  M.  Worms  sur  la  forme  lente 
u  diabète  et  son  traitement. 


3 


Soeiëié  de  chirurgie. 

SÉANCE  DU    1"   MAI   1889.   —  PRÉSIDENCE  DE 
M.   LE  DENTU. 

tlèsection  du  pied  :  M.  Ollier.  —  Bappression  da  drainage  :  M.  Jules 
Bœokel  (de  Strasbourg).  Discussion  :  MM.  Segond,.01Uer,  QuAnu, 
Reclus.  Berger,  M.  8ée. 

M.  pilier  ne  pense  pas  que  les  indication  de  Vopération 
fh  MikuUcz  soient  fréquentes  dans  les  tumeurs  blanches. 
Il  lelale  une  observation  d'extirpation  sous-périoslée  du 


calcanéum  et  de  Tastragale  suivie  de  régénération  partielle 
du  calcanéum. 

—  M.  /.  Bœckel  (de  Strasbourg)  est  partisan  de  la  suft- 
pression  du  drainage  des  plaies,  il  qualifie  même  le  drai- 
nage d'erreur  chirurgicale  lorsque  les  tissus  réunis  sont 
sains.  Il  cite  trente-trois  opérations  faites  depuis  un  an  saiK 
drainage,  sans  aucun  acciclent  (cures  radicales  de  hernii>. 
ablation  de  ganglions,  amputation  du  sein,  amputations,  etc. ). 
Au  début,  il  a  mis  dans  un  des  angles  de  la  plaie  un  crayon 
fusible  à  Tiodoforme,  depuis  il  y  a  renoncé.  Parmi  ces  opè- 
rations  nous  relevons  dix  résections  du  genou.  Dans  toiitoela. 
pas  une  goutte  de  pus.  Et  cependant,  ajoute  M.  Bœckel,  rien 
de  pins  défectueux,  de  plus  antique  que  la  salle  d'opéni- 
tiens  de  Thôpital  civil  de  Strasbourg. Cette  installation,  tout 
à  fait  rudimentaire,  démontre  qu'un  chirurgien  soigneux 
peut  assurer  ranlisepsie  dans  n'importe  quel  local,  a\er 
n'importe  quelles  substances  et  n'importe  quels  fils  à  li^'a- 
ture.  M.  Bœckel  fait  d'ailleurs  aussi  peu  de  ligatures  que 
possible  et  il  proscrit  les  éponges.  Il  insiste  sur  ce  qu'oui 
de  ridicule  ù  ses  yeux  les  excès  minutieux  de  ranlisepsio 
pré-opératoire. 

M.  Segond  admire  les  résultats  de  M.  Bœckel,  et  rappeili- 
que  naguère  encore  M.  Trélat  montrait  à  la  Société  qu'avec 
une  plaie  aseptique  et  bien  affrontée  le  drainage  est  inutile. 
Mais  M.  Segond  continue  à  considérer  le  drainage  comme 
une  conquête  importante  de  la  chirurgie  et  non  comme 
une  erreur.  Il  ne  faut  dire  ni  toujours,  ni  jamais  :  comme 

ftour  les  laparotomies,  le  drainage  a  des  indications  dai^ 
a  chirurgie  courante.  M.  Segond  est  le  premier  à  sVn 
passer  dans  bon  nombre  de  cas  et  il  cite  à  cet  égard  quel- 
ques observations  fort  nettes,  mais  il  persiste  à  croire  que 
souvent  on  s'exposerait  à  des  déboires  si  l'on  refusai! 
d'user  d'un  drainage  de  sûreté,  très  peu  durable  :  c'e>t 
même  ce  que  M.  Championnière  érige  en  principe,  et  il  ii';» 
pas  à  s'en  plaindre.  Une  des  conditions  les  plus  importante^ 
de  la  réunion  sans  drainage  des  tissus  sains  et  asepliqueN 
est  d'exercer  sur  la  région  une  compression  exacte  et  pro- 
longée, ce  qui  n'est  pas  toujours  possible. 

M.  Ollier  est  partisan  en  principe  de  la  suppression  du 
drainage  après  la  résection  du  genou.  Mais  en  pratique  il 
croit  nue  c  est  souvent  impossible  à  réaliser.  Son  désaccord 
avec  M.  Bœckel  vient  probablement  en  partie  de  ce  qu'il 
opère  lorsque  les  lésions  sont  plus  avancées,  lorsque  la  tu- 
meur blanche  a  suppuré  :  dans  ces  cas,  le  drainage  e^l  in- 
dispensable. M.  Ollier  est  partisan  des  drains  rêsorbabieN 
en  os  décalcifié;  quelquefois  il  écarte  un  angle  de  la  plaie 
avec  un  faisceau  de  fils  de  catgut.  Il  assure  de  la  sorte  un 
drainage  temporaire.  Pour  les  plaies  aseptiques,  on  penl 
faire  la  réunion  totale  :  ainsi  pour  les  résections  orlh(»p<'- 
diques,  tout  comme  pour  les  fractures  compliquées  bion 
antiseptisées. 

M*  Quénu  s'associe  aux  réserves  de  MM.  Segond  el 
Ollier.  Il  ajoute  qu'à  ses  yeux  l'antisepsie  pré-opératoire  par 
les  pansements  de  la  région  à  opérer  et  la  stérilisation  des 
instruments  ont  une  grande  importance.  Il  pense  que  les 
éponges  sont  bonnes  si  elles  sont  bien  préparées;  que  le 
lavage  fréquent  de  la  plaie  pendant  l'opération  est  une 
mauvaise  pratique. 

M.  Reclus  depuis  i888  a  presque  toujours  évité  le  drai- 
nage, pour  les  opérations  les  plus  variées,  il  a  vu  quelqu»- 
fois  des  rétentions  de  sang,  de  sérosité,  voire  de  pus,  m'^^ 
il  n'a  jamais  eu  à  déplorer  les  accidents  d'inflammation 
diffuse  contre  lesquels  on  préconise  le  drainage  de  sùrel;*. 
M.  Reclus  remplit  d'ailleurs  la  plaie  d'une  pommade  nnli- 
septique  à  la  vaseline  additionnée  d'acide  bori([ur,  d  iodo- 
forme,  d'antipyrine.  L'antipyrine  est  fort  utile  comme 
analgésique,  car  elle  rend  indolente  la  compi'ession  de  la 
plaie,  et  la  compression  est  indispensable  :  un  léger  ama> 


10  Mai  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  Et  DE  ClIfhUhGIÈ 


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de  sérosité,  et  les  roicrocoques  oubliés  s'y  cultivent.  C*est 
préciséuient  pour  cela  qu'au  sein,  par  exemple,  une  com- 
pression énergique  sur  le  thorax  étant  pénible  à  supporter, 
le  drainage  est  peut-être  avantageux.  Aussi  M.  Reclus,  tout 
en  agissant  à  peu  près  comme  M.  Bœckeï,  ne  saurait-il 
désapprouver  M.  Segond.  La  différence  n'est  pas  bien  graaide 
entre  les  résultats  des  deux  pratiques  et  il  convient  d'ajou- 
lerque  la  meilleure  antisepsie  est  celle  à  laquelle  on  est 
le  plus  habitué. 

M.  Berger  admet  en  principe  la  suppression  du  drainage, 
et  avoue  qu'il  draine  encore  beaucoup,  par  un  reste  de  pré- 
jugés sans  doute.  Pour  les  cures  radicales,  pour  beaucoup 
d'extirpations  de  tumeurs,  il  ne  draine  plus.  Mais  pour  les 
résections  du  genou  il  partage  les  idées  de  M.  Ollier.  Pour 
les  ablations  (Tu  sein  avec  évidementde  l'aisselle,  le  drai- 
nage est  bon  :  c'est  un  inconvénient  léger,  qui  met  à  l'abri 
de  gros  inconvénients  possibles. 

JI.  ^farc  SéesL  depuis  six  à  sept  ans  la  même  tendance 
que  M.  Bœckel.  Il  croit  fort  utile  d'assurer  un  affrontement 
exact  en  roulant  une  bande  élastique  autour  du  pansement  : 
c'est  le  seul  moyen  pour  oblenir  une  compression  égale  et 
permanente.  M.  Sée  proscrit  les  grands  lavages  des  plaies 
pendant  les  opérations.  Avant  d'affronter  les  surfaces,  il  y 
msnffle  de  la  poudre  de  bismuth. 

M.  Bceckel  reconnaît  avoir  un  peu  exagéré  sa  pensée 
quand  il  a  traité  le  drainage  d'erreur  chirurgicale.  Il  pense 
seulement  que  le  drainage  est  le  plus  souvent  inutile,  et 
constale  dès  lors  qu'il  n'est  pas  en  contradiction  avec  les 
orateurs  précédents.  Il  a  essayé  les  drains  résorbables  de 
Neuber  et  en  a  été  mécontent.  Il  répond  à  M.  Quénu  qu'il 
mainlient  son  dire  pour  les  appareils  compliqués  destinés  à 
stériliser  les  instruments,  mais  que  ses  critiques  de  l'anti- 
sepsie pré-opératoire  ne  visent  pas  la  désinfection  préalable 
et  prolongée  de  la  région  à  opérer.  Elles  s'adressent  seule- 
ment à  quelques  chirurgiens  qui,  par  exemple,  ne  sauraient 
opérer  s'ils  n'avaient  pris,  juste  auparavant,  un  bain  anti- 
septique. 

A.  BnocA. 


Soetél^  de  felolog^le. 

SÉANCE   DU  4  MAI  1889.  —  PRÉSIDENCE  DE 
M.    BnoWN-SÉQUARD. 

Action  ihèrapeatique  de  la  pyrodine  :  M.  G.  Lemoine.  —  Transmis- 
sion de  la  toberculose  :  M.  Sanchez  Toledo.  —  Sur  la  toxicité  des 
urines  de  la  pneamonie  :  MM.  Gaume  et  Roger.  -*  Nouvelle  mé- 
thode pour  la  reoherohe  des  matières  oolorantes  :  M.  d'Arsonval. 
—  Nouveau  spectrophotomètre  :  M.  d'Arsonval.  —  Influence  du 
milieu  sur  le  développement  d'une  espèce  de  m  Palœmon.»  : 
M.  Giard.  —  Présentation  d'appareils  :  M.  Malassez.  —  Sur  une 
cause  d'immunité  contre  la  maladie  pyocyanique  :  M.  Charrln. 

M.  Gley  jirésente  une  note  de  H.  G.  Lemoine  (de  Lille) 
sur  l'emploi  thérapeutique  de  la  pyrodine.  Il  résulte  des 
recherches,  de  M.  Lemoine»  faites  surtout  sur  des  malades 
tuberculeux,  ({ue  cette  substance  constitue  un  antither- 
mique très  puissant  et  un  analgésique  non  moins  puissant, 
à  faible  dose.  A  forte  dose,  elle  peut  déterminer  des  acci- 
dents assez  graves. 

—  M.  Sanchez  Toledo  a  cherché  à  voir  dans  de  nom- 
breuses expériences  sur  des  cobayes  si  la  tuberculose  se 
transmet  de  la  mère  au  fœtus.  On  sait  que  Baumgarten  a  cru 
pouvoir  ramener  à  ce  fnit,  donl  il  aurait  constaté  la  réalité, 
rinfluence  de  l'hérédité  dans  la  tuberculose.  Les  expé- 
riences de  H.  Sanchez  Toledo  montrent  que  ce  passage  du 
,  bacille  à  travers  le  placenta  n'a  effectivement  pas  lieu. 

'  —  M.  Roger,  à  propos  du  procès- verbal,  s'attache  à  prou- 
I  ver  que  les  expériences  qu'il  a  faites  avec  M.  Gaume  sur  la 
toxicité  des  urines  dans  la  pneumonie  sont  en  réalité  très 


différentes  de  celles  de  M.  A.  Robin  et  de  celles  de  M.  Lé- 
pine. 

—  M.  d'Arsonval  expose  une  nouvelle  méthode  qu'il  a 
imaginée  pour  la  recherche  et  le  dosage  des  matières  colo- 
rantes, comme  l'hémoglobine,  par  exemple,  au  moyen  de 
procédés  opiiques.  Le  procédé  consiste  essentiellement  à 
obtenir  la  photographie  du  spectre  des  matières  colorantes: 
M.  d'Arsonval  a  remarqué  que  la  plaque  photographique 
révèle  des  colorations  nui  sont  invisibles  pour  l'œil,  comme, 
par  exemple,  des  bandes  d'absorption  dans  la  région  ultra- 
violette. 

—  M.  d'Arsonval  présente  le  modèle  définitif  du  spectro- 
photomètre qu'il  a  décrit  l'année  dernière. 

—  M.  Giard  a  constaté  que  les  œufs  d'une  espèce  de  cre- 
vette très  analogue  au  palœmon  vnrians  sont  à  Wimereux 
beaucoup  plus  petits,  mais  beaucoup  plus  nombreux  que  sur 
les  côtes  de  la  Méditerranée  ou  dans  d'autres  lieux,  et  il 
trouve  la  raison  de  ce  fait  dans  la  moindre  salure  de  l'eau. 

-;-  M.  Malassez  présente  un  système  d'objectif  donnant 
des  images  droites  et  dont  le  foyer  peut  être  à  volonté  al  longé, 
et  présente  eu  second  lieu  un  nouveau  pied  porte-loupe. 

—  HL.  Charrin  montre  que  l'inoculation  de  la  maladie 
pyocyanique  au  cobaye  ne  détermine  qu'une  lésion  cutanée 
assez  insignifiante.  Mais  celte  lésion  n'est  purement  locale 
qu'en  apparence.  Car  si,  après  qu'on  a  produit  deux  ou  trois 
ulcérations  successives  de  ce  genre,  on  veut  déterminer  une 
nouvelle  inoculation,  on  ne  réussit  pas.  L'étal  général  de 
l'animal  a  donc  été  modifié  et  il  s'est  produit  une  véritable 
immunité. 


BIBLIOGRAPHIE 

Sarffleal   bactertology,  par  M.  NiCHOLAS  SeNN,  professeur 

de  pathologie  chirurgicale  à  «  Rush  médical  collège  i>, 
Chicago.  —  Lea  Brothers  and  C^  Philadelphia,  1889. 

«  Depuis  ({uelques  années,  la  bactériologie  a  révolutionné 
la  pathologie  chirurgicale  Toutes  les  complications  des 
plaies  et  presque  toutes  les  lésions  inflammatoires  aiguës  et 
chroniques  que  le  chirurgien  doit  traiter  sont  causées  par  des 
micro-organismes.  »  Aussi  M.  Senn  a-t-il  cru  utile  d'expo- 
ser en  un  traité  didactique  les  faits  principaux,  grossiers 
pour  ainsi  dire,  que  le  chirurgien  a  besoin  de  connaître  s'il 
veut  s'élever  un  tant  soit  peu  au-dessus  des  vulgarités  de 
la  pratique  pure  et  simple.  Nous  sommes  heureux  de  con- 
stater l'apparition  de  ce  livre,  écrit  au  point  de  vue  spécial 
qui  intéresse  les  chirurgiens. 

Les  premiers  chapitres  sont  consacrés  à  l'étude  des  pro- 
blèmes généraux  que  soulèvent  aujourd'hui  les  recherches 
bactériologiques.  L'auteur  aborde  d'abord  la  question  de  la 
transmission  héréditaire  des  maladies  microbiennes,  et, 
laissant  de  cùlé  la  transmission  d'un  état  général  tel  que  les 
microbes  trouvent  un  terrain  favorable  à  leur  culture,  s'at- 
tache surtout  à  l'exposé  des  faits  qui  prouvent  que  les 
micro-organismes  peuvent  passer  de  la  mère  au  fœtus  à 
travers  le  placenta.  Puis  vient  l'histoire  des  sources  de 
l'infection,  puis  celle  des  causes  qui  localisent  cette  infec- 
tion, et  dans  ce  dernier  chapitre  les  types  considérés  sont 
avant  tout  l'ostéomyélite  aiguë  et  la  tuberculose  osléo- 
articulaire,  cette  dernière  donnant  lieu  à  des  considérations 
sur  les  auto-inoculations  traumaliques  ;  mais  aussi  l'orga- 
nisme se  défend,  détruit  et  élimine  les  microbes  qui  l'en- 
vahissent :  de  là  Tétude  de  la  phagocytose,  de  l'élimination 
par  les  reins.  Enfin  ces  généralités  se  terminent  par  un 
aperçu  sur  l'antagonisme  qui  existe  entre  certaines  variétés 
de  uiino-organisme. 


312    —  N*  19  —        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


40  Mai  im 


Nous  entrons  après  cela  dans  la  description  des  cas  par- 
ticuliers :  inflammation, suppuration, gangrène,  septicémie, 
pyohémie,  érvsipèle,  tétanos,  tuberculose,  charbon,  acti- 
nomycose,  blennorrhagie,  syphilis.  A  propos  de  tous  ces 
processus  ou  maladies,  sont  indiquées  les  propriétés  biolo- 
giques et  pathogènes  principales  du  ou  des  microbes  qui 
entrent  en  jeu.  L'ouvrage  se  termine  par  un  chapitre  sur 
Torigine  microbienne  des  tumeurs. 

En  somme,  traité  élémentaire  et  clair,  contenant  le 
résumé  de  faits  nombreux  et  appuyé  sur  une  bibliographie 
dont  les  indications  ont  une  précision  qui  inspire  la  con- 
fiance. Nous  dirons  encore  que  M.  Senn  a  eu  soin  de  dresser 
une  table  analytique  des  matières  et  des  auteurs,  d*où  une 
grande  facilité  de  recherches. 


Traité    d'osiécto^ie    comparée,    par    MM.    G.    POUCHËT, 

professeur  d'anatomie  comparée  au  Muséum  et  H.  Beau- 
regard,  aide  naturaliste  de  la  chaire,  avec  331  flgures 
dans  le  texte.  Paris,  G.  Masson,  1889. 

Il  existait  déjà  des  traités  d*ostéoIogie  comparée,  mais 
aucun  d'eux  ne  s'étendait  sur  toute  la  série  des  vertébrés. 
Ils  s'attachaient  tous  à  la*  description  plus  ou  moins  précise 
d'un  certain  nombre  de  types.  Mais  l'étudiant  se  trouvait 
ainsi  mal  guidé  lorsque,  désireux  de  connaître  Tanatomie 
comparée,  il  se  dirigeait  vers  les  galeries  d'ostéologie  du 
Muséum.  Aujourd'hui,  il  sera  pourvu  d'un  rade  mecum.  Ce 
livre  est  en  eflet  un  résumé  des  caractères  ostéologiqnes 
principaux  de  tous  les.  groupes  de  vertébrés  :  c'est  dire  que 
pour  chacun  de  ces  groupes  la  description  est  forcément 
très  brève.  Mais  elle  est  amplement  suffisante  pour  que 
l'élève  puisse  s'y  reconnaître  en  examinant  les  os  mis  à  sa 
disposition  ;  et  cela  d'aulant  plus  qu'à  l'ouvrage  sont  an- 
nexées de  nombreuses  figures,  intercalées  dans  le  texte. 
C'est  donc  là  un  traité  qui  est  appelé  à  rendre  de  grands 
services. 

Il  est  certain  que  l'analvse  d'un  tel  livre  est  absolument 
impossible  à  faire  ;  et  que  dès  lors  nous  devons  nous  bornera 
dire  dans  quel  sens  il  a  té  conçu.  Nous  ajouterons  seu  le- 
ment  que  les  auteurs  ont  cru  devoir  procéder  du  connu  à 
l'inconnu;  partir  d'une  description  assez  détaillée  du  sque- 
lette humain  pour  descendre  peu  à  peu  dans  la  série  des 
vertébrés.  Et  pour  terminer  nous  dirons  combien  ceux  qui 
s'intéressent  aux  choses  de  l'anatomie  comparée  seront 
reconnaissants  à  MM.  Pouchet  et  Beauregard  de  n'avoir 
point  reculé  devant  un  aussi  grand  labeur. 

A.  Broca. 


VARIETES 

Concours  d'agrêcîation  d'anatomik  et  physiologie.  —  Ce 
concours  commencera  le  mercredi  15  mai  1889  à  quatre  heures 
du  soir  Le  jury  se  compose  de  :  1"  Juges  titulaires:  MM.  Ma- 
Ihias-Duval,  président;  Parabeuf,  Charles  Richel,  Français- 
Franck,  Pnulel  (de  Monlpcllier),  Tourneus  (de  Lille),  Moral 
(de  Lyon); 

2°  juges  suppléante:  MM.  Slraus,  Poirier,  Remy  el  Reynier. 

Les  candidats  de  la  section  d'anatomic  sont  au  nombre  de 
trois,  tous  trois  pour  la  Faculté  de  Paris.  Ce  sont  MM.  Guinard, 
Uelierer  et  Variot. 

Les  candidats  de  la  section  de  physiologie  sont  au  nombre  de 
neuf  Ce  sont:  \°  pour  la  Faculté  de  Paris  :Uyi.  Crosnier  de 
Varignv,  filey,  Langlois,  Pages;  2»  pour  la  Faculté  deMoupH- 
/«>r:  MM.  Abelous  et  Lapeyrc;  3"  pour  la  Faculté  deBordcdur: 
M.  Hédon;  4"  pour  la  Faculté  de  Lille:  M.  Meyer;  5"  pour  la 
Faculté  de  Lyon:  M.  Viallélôni 


Concours  d'agrégation  de  physique,  chimie  et  pharmacie.  - 
Ce  concours  s'ouvrira  le  mercredi  15  mai  1889  à  midi. 

Le  jury  se  compose  des  professeurs  et  agrégés  dont  les  iiuiu^ 
suivent: 

!•  Juges  titulaires:  MM.  Gavarret,  président;  Gariel,.\rmai)ii 
Gautier,  Re^nauld,  Ën^el  (de  Montpellier),  Charpentier  (i< 
Nancy),  Figuier  (de  Bordeaux); 

2<>  Juges  suppléants:  MM.  Proust,  Hanriot,  Gabriel  Pouchei. 
Villejean. 

Concours  pour  le  Bureau  central  {Médecine).  —  Oui  èi» 
déclarés  admissibles  aux  épreuves  définitives  les  div  candidat^ 
dont  les  noms  suivent:  MM.  Dreyfous,  André  Petit,  Richardurr. 
Marfan,  Robert,  Variot,  Galliard,  Duplaix ,  Giraudeau  h 
Lermoyez. 

LÉGION  d'honneur.  —  Par  décret  en  date  du  i  mai  suut 
promus  OU  nommés  au  grade  de  commandeur  :  M.M.  les  do - 
téurs  Gaujot,  médecin  inspecteur,  directeur  de  FÉcole  d'appli- 
cation de  médecine  militaire;  Frilley,  médecin  principal  lie 
1"  classe;  Duplouy,  directeur  du  service  de  sftnlé  de  la  marin.- 
à  Rochefort. 

Au  grade  d'officier:  MM.  les  docteurs  Delahousse,  Boisseau, 
Debousseaux,  médecins  principaux  de  1^»  classe  ;  Lortal,  Jarol», 
médecin  principal  de  1"  classe  en  retraite;  Bouchard,  mêlecin- 
n)ajor  de  Tarmée  territoriale;  Weber,  Willigens,  médecins-ma- 
jors de  1"»  classe;  Friocourt,  Dupont,  Gués,  médecins  en  cheî 
de  la  marine. 

Au  grade  de  chevalier  :  MM.  les  docteurs  Moizard,  médecin 
des  hôpitaux  de  Paris,  chef  du  service  médical  de  rExposiiimi: 
Tibal,  Baillif,  Ocana,  Michaudj  Roberl,  Sauveroche.  Lœwtl, 
Audet,  Strauss,  Doubre,  Danlin,  Bouire,  (iourlol,  Villedan. 
médecins-majors;  L'héritier  de  Chazelle,  médecin  aide-major; 
Isaac,  ancien  médecin  militaire;  Viffuier,  Paulus,  méderins  de 
la  gendarmerie;  Bertrand,  Grios,  Hercouet,  Grisolle,  n«'iia/r. 
Galibert,  Canolle,  Bohéas,  Baril,  Quédec,  Bafaelli,  médecins  d» 
la  marine;  Clos  et  Treille,  médecins  de  Farmée  territoriale. 

Souscription  Chevueml.  — -  Le  Conseil  municipal  de  la  vill. 
d'Angers  vient  de  décider  qu'une  souscription  nationale  sérail 
ouverte  en  vue  d'élever  sur  une  des  places  publiques  d'Angers 
une  statue  à  la  mémoire  de  M.  Chevreul. 

SouscniPTiON  Auzoux. —  La  Société  des  sciences,  agriculture, 
arts  et  belles-lettres  du  département  de  l'Eure  a  pris  Finiliatiw 
d'une  souscription  pour  élever  un  buste  à  la  mémoire  d'Auious, 
l'inventeur  de  Vanatomie  clastique.  Les  souscriptions  peuvent 
élre  adressées  à  MM.  Maxime  Buisson,  rue  de  la  Petité-(>ité. à 
Evreux;  docteur  Taurin,  3,  rue  Perronnet,  à  Paris  ;  docteur 
Baudré,  au  Neubourg. 

Asile  Sainte-Anne.  —  M.  le  professeur  Bail  reprendra  \c 
cours  de  cliuiaue  des  maladies  mentales  à  lasile  Sainte-Anne 
le  dimanche  12  mai  à  dix  heures  du  matin,  et  le  continuera  li> 
dimanches  et  jeudis  suivants  à  la  même  heure. 

—  M.  le  docteur  Rouillard,  chef  de  clinique,  médecin  adjonl 
de  l'asile  Sainte-Anne,  fera  des  conférences  cliniques  les  mer- 
credis à  quatre  heures  de  l'après-midi. 


Mortalité    a    Paiiis     (17*   semaine,  du   i\   au    '21  avril 
1889.  — Population:  22(>09i5  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  10. 

—  Variole,  5.  —  Rougeole,  li.  —-  Scarlatine,  2.  -—  Coque- 
luche, 14.  —  Diphthérie,  croup,  37.  —  Choléra,  0.'--  Phlhisie 
pulmonaire,  218.  —  Autres  tuberculoses,  2i.  —  Tumeurs, 
cancéreuses,  i\  ;  autres,  1.  --  Méningite,  37.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  46.  —  Paralysie,  i>  - 
Hamollissemeut  cérébral,  13.— Maladies  organiques  du  cœur,.')^. 

—  Bronchite  aiguë,  25.  —  Bronchite  chronii|ue,  18.  —  Broncho- 
pneumonie, 32.  —  Pneumonie,  71.  —  Gastro-entérite:  sein,  1-; 
biberon,  il.  —  Autres  diarrhées, 5.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 4.  — Autres  affections  puerpérales,  1.  -—  Débilité  con- 
génitale, 27.  —  Sénilité,  24.  —  Suicides,  26.  —  Autres  nior/s 
violentes,  13.  —  Autres  causes  de  mort,  193.  —  <''«»'*^'' 
inconnues,  15.  —  Total:  1055. 


G.  Masson,  PropriHnirC'Gérant- 
i90(U.  ~  MOTTBROi.  ^  ImpWmèrici  rcuaiet,  ▲,  rue  M^non,  â.  l'>'^» 


TnENTB-SIXlâMB  ANNÉE 


N*20 


17  Mai  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 
M.  LB  D'  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BUCHEZ.  E.  BRISSAUD,  6.  DIEUUFOY.  DREYFUS-BRISAC,  FRANCOIS.FRANCK.  A.  HËNOCQUE,  A..J.  MARTIN.  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lereboullet,  ii,  nie  de  Lille  (avant  le  mardi  île  préférence) 


SOMlf  AIRE.  —  BULLITIN.  —  FORNULAini  THBHAPBUTIQUB.  Du  traîteiDOiit  de 
ri n continence  nocturne  urinnire  par  le  rhua  aromaticus.  >-  Rbvub  des  cours 
BT  OBS  cLtMiQUBS.  Pacultë  de  médecine.  Cours  de  pathologie  interne;  M.  le 
professeur  Dieolafoj  :  SyphiHs  du  poumon  et  de  la  plèvre.  —  Travaux  ori> 
CINAUX.  Clinique  nu^dicale  :  Un  cas  de  maladie  de  Morvan,  suivi  d'autopsie. 
—  SociBTés  SAVAKTBS.  Académie  des  sciences.  ~-  Académie  de  médecine.  — 
Société  médicale  des  hôpitaux.  —  Société  de  chirurgie.  —  Rbvub  obl  jour- 
naux. Travaux  à  cousulter.  —  Bibliograph».  Lunettes  et  pince-nez.  —  Va- 
riétés. Concours  d'admission  à  l'école  de  sanlé  militaire  en  1889.— FEUILLETON. 
Éloge  de  A.  Dechambre. 


^  BULLETIN 

Paris,  15  mai  1889. 

Académie  de  médecine  :  Du  diabète  h  évotatUn  lente  et 
de  aon  traitement.  —  De  la  réaiection  de  la  hanche 
«lane  lea  eae.  de  coxalgie  enppurée.  —  Société  médicale 
des  hôpitaux  :  ^rophylmuîe  dee  maladies  eontaglenees 

dans  lee  h^pitanx  d*enfant«.  —  Association  générale 
des  fnédecins  de  France  :  Séanee  annuelle. 

La  discussion  qui  s'est  élevée  récemment  devant  TAca- 
demie  (voy.  Gazette  hebdomadaire^  p.  233)  au  sujet  du 
Irailemenl  du  diabèle  sucré  par  l'antipyrine,  a  sug- 
géré à  M.  Jules  Worms  l'idée  de  faire  connaître  ses  obser- 
vations personnelles  et  d'insister  sur  la  nécessité  de  ne 
pas  confondre,  les  uns  avec  les  autres,  sous  une  même 
dénomination  exclusivement  symptomatique,  des  états  mor- 
bides essentiellement  différents.  Dès  le  début  de  ses  consi- 
dérations sur  le  diabète  sucré  à  marche  lente,  M.  J.  Worms 
fait  remarquer,  en  effet,  que  l'étude  expérimentale  des 


conditions  physiologiques  dans  lesquelles  le  sucre  peut 
apparaître  accidentellement  dans  l'urine  n'éclaire  que  peu 
le  pronostic  de  la  maladie  connue  sous'le  nom  de  diabète 
sucré  et  qu'il  convient  dès  lors  de  faire  appel  à  l'observa- 
tion et  à  l'expérimentation  cliniques  pour  juger  et  classer 
les  médications  vraiment  utiles. 

Se  plaçant  à  ce  point  de  vue  et  analysant  dans  leurs  détails 
essentiels  les  41  observations  de  malades  qu'il  a  pu  suivre, 
depuis  vingt-cinq  ans,  dans  tout  le  cours  de  leur  affection, 
M.  J.  Worms  étudie  avec  la  plus  minutieuse  attention  les 
antécédents  héréditaires,  le  mode  de  début,  l'évolution 
clinique,  les  accidents  qu'il  a  observés.  Il  arrive  ainsi 
à  pouvoir  affirmer  que  les  symptômes  considérés  d'or- 
dinaire comme  pathognomoniques  de  l'état  diabétique, 
c'est-à-dire  l'exagération  de  la  soif  et  de  la  faim  ainsi 
que  l'augmentation  notable  de  la  quantité  d'urine  émise 
dans  les  vingt-quatre  heures,  ne  s'observent  pas  toujours, 
surtout  au  début,  en  même  temps  que  le  sucre  appa- 
raît dans  les  urines;  il  .fait  remarquer  avec  non  moins  de 
raison  que  la  proportion  du  glycose  constaté  à  l'analyse 
importe  moins  encore  que  sa  persistance.  Lorsque,  malgré 
la  rigueur  du  régime  et  l'administration  successive  des 
médicaments  les  plus  divers,  on  n'arrive  pas  à  faire  dis- 
paraître le  sucre  et  surtout  lorsqu'on  ne  parvient  pas  a 
diminuer,  au  moins  accidentellement,  sa  proportion,  il  faut 
en  conclure  que  la  maladie  est  grave  et  que  les  complica- 
tions du  diabète  sont  toujours  à  redouter. 

Dans  l'une  de  ses  observations,  prise  avec  beaucoup  de 
soin  et  d'attention,  M.  J.  Worms  démontre  aussi  une  fois 


FEUILLETON 

Élof^e  de  A.   Deehambre. 

Par  N.  le  docteur  A.  Ritti. 
(Fin.  —  Voyez  le  numéro  19.) 

En  186i,  deux  éditeurs  aux  grandes  initiatives,  Asselin  et 
Victor  Masson,  décidèrent  la  publication  d'un  Dictionnaire 
encyclopëdiaue  des  sciences  médicales;  ils  en  contièrent  la 
direction  à  Uechambre  et  à  Raige-Delorme.  Au  bout  de  deux 
volumes,  ce  dernier  se  retira;  Dechambre  resta  seul  à  la  léte 
de  cette  œuvre  monumentale,  c  qui  fut  comme  le  couronne- 
ment de  sa  vie  et  qui  restera  rhonneur  de  sa  mémoire  >. 

Il  en  conçut  le  plan  sur  Téchelle  là  plus  vaste;  car  il  s'agis- 
sait de  parcourir  tout  le  cycle  des  connaissances  médicales, 
dans  leur  plus  large  acception  :  ce  qui  explique  la  place  impor- 
tante donnée  aux  sciences  dites  accessoires,  telles  que  la  phy- 
sique, la  chimie,  la  botanique  et  la  zoologie,  et  à  celles  que 
«•  Staii,  T.  XXVI. 


j'appellerai  volontiers  dérivées,  comme  l'anthropologie ,  la  géo- 
graphie médicale,  Phygiène  et  la  démographie,  sans  oublier 
rhistoire,  la  biographie  et  la  bibliographie.  L'immensité  et  la 
variété  de  ce  programme  n'étaient  pas  faites  pour  effrayer 
Dechambre;  mais  il  ne  s'illusionnait  pas  sur  les  difficultés 
d'exécution.  Il  possédait  heureusement  toutes  les  qualités  néces- 
saires pour  mener  à  bien  une  part*ille  entreprise  :  l'opiniâtre 
ténacité,  la  patience  persévérante,  le  savoir  multiple,  et  sur- 
tout une  grande  facilité  de  travail. 

On  se  fait  difficilement  une  idée  de  la  lâche  à  remplir,  rien 
que  pour  l'établissement  de  la  table  des  matières  d'une  encyclo- 
pédie. Et  cependant  c'est  par  elle  qu'il  faut  commencer.  Aucun 
terme,  ancien  ou  nouveau,  ne  doit  être  oublié,  si  l'on  veut  être 
complet.  Et  être  complet,  n'est-ce  pas  la  qualité  maltresse  d'un 
tel  ouvrage? 

Littré  raconte  quelque  part  comment  il  fit  son  Dictionnaire 
de  la  langue  française  (l).  Dans  ce  récit  d'une  exquise  bon- 

(1)  Btudei  et  glanuret,  pour  faire  suite  à  VHietoire  de  la  langue  françaiee, 
Pari^  iSSO. 

20 


3d4    —  N«  20  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


17  Mai  1889 


de  plus  —  car  des  fails  analogues  ont  été  cités  à  diverses 
reprises,  en  particulier  par  M.  le  docteur  Farge  (d'Angers), 
par  M.  le  docteur  Duhorame,  etc.  —  qu'il  convient,  pour 
juger  l'état  d'un  diabétique,  de  pratiquer  des  analyses 
excessivement  fréquentes  de  ses  urines.  D'un  jour  à  l'autre, 
voire  même  dans  une  seule  journée,  on  peut  constater  les 
variations  l^  plus  extrêmes  dans  la  proportion  du  gljcose 
éliminé  par  les  urines.  Et  ce  n'est  pas  seulement  sur  les 
malades  atteints  de  diabète  aigu,  rapide,  à  oscillations 
extrêmes,  que  s'observent  ces  changements  si  considérables, 
qui  font  tomber,  dans  une  même  journée,  la  proportion  du 
sucre  urinaire  de  50  et  60  grammes  à  2  grammes.  Les 
diabétiques  vrais,  ceux  dont  la  maladie  est  lente  et  relati- 
vement bénigne,  présentent  eux  aussi  ces  variations  consi- 
dérables dans  la  proportion  du  sucre  éliminé. 

Il  en  est  de  même  du  rapport  qui  semblerait  devoir  exis- 
ter entre  la  quantité  du  sucre  et  celle  de  l'urée  que  rendent 
les  malades.  Comme  la  plupart  de  ceux  qui  ont  étudié 
cette  question,  M.  .UWorms  a  reconnu  qu'il  n'existe  aucun 
parallélisme  entre  la  glycosurie  et  Tazoturie  du  diabétique. 

Mais  nous  n'avons  pas  à  insister  ici  sur  les  considéra- 
tions théoriques  abordées  à  diverses  reprises  au  cours  de  ce 
savant  travail.  Celui-ci,  essentiellement  pratique,  a  eu  surtout 
pour  but  de  montrer  que  les  médications  les  plus  diverses 
[jeuvent  convenir  aux  diabétiques.  H  ne  faut  pas  s'efforcer 
de  trop  combattre  la  glycosurie,  qui,  suivant  une  pittoresque 
expression  de  M.  Bouchard,  «  est  la  sauvegarde  du  diabé- 
tique ».  Il  convient  de  rechercher  avant  tout  et  surtout  à 
relever  le  taux  de  la  nutrition,  à  prévenir  les  déperditions 
qui  seraient  la  conséquence  inévitable  de  l'exagération 
avec  laquelle  se  produisent  chez  le  diabétique  le  sucre  et 
surtout  l'urée.  M.  J.  Worms  pense  qu'à  ce  point  de  vue 
l'adjonction  du  sulfate  de  quinine  au  régime  alimentaire 
formulé  par  Bouchardat  répond  aux  indications  principales 
du  traitement.  Celui-ci  doit  varier  suivant  les  formes  de  la 
maladie  et  même  suivant  les  malades.  Pour  le  diabète 
sucré,  comme  pour  toutes  les  maladies  par  ralentissement 
de  la  nutrition,  il  ne  saurait  exister  de  spécifique,  de  médi- 
cation exclusive. 

—  Au  début  de  la  séance,  M.  le  professeur  Ollier  (de 
Lyon)  avait  fait  une  importante  communication  relative  aux 
résultats  que  donnent  les  résections  de  la  hanche  dans  les 
cas  de  coxalgie  suppurée.  Les  résultats  définitifs  de  cette 
opération  ne  peuvent  être  jugés  qu'après  trois  années.  Si,  à 


ce  moment,  on  interroge  longuement  les  opérés;  si  Ton 
tient  compte  des  efforts  qu'ils  ont  à  exécuter  pour  la  marché 
pour  la  station  debout,  etc.,  on  arrive,  dit  M.  Ollier,  à  celle 
conclusion  que  l'ankylose  osseuse  est  souvent  préférable  à 
une  néarthrose  mobile. 

—  La  Société  médicale  des  hôpitaux  a  entendu  dans  sa 
dernière  séance  la  lecture  d'un  rapport  rédigé  par  M.  le 
docteur  Comby  au  nom  de  la  Commission  chargée  d'étudier 
les  mesures  à  prendre  pour  combattre  la  transmission 
des  maladies  contagieuses  dans  les  hôpitaux  d'enfants.  Le 
titre  seul  de  ce  rapport  indique  nettement  que  la  Commis- 
sion a  voulu  limiter  son  mandai  à  l'étude  pratique  des 
procédés  à  mettre  en  usage  pour  améliorer  l'hygiène  des 
hôpitaux  consacrés  aux  maladies  de  l'enfance.  Toutes  les 
considérations  relatives  aux  modes  divers  aussi  bien  qu'à 
la  durée  de  la  contagion  de  ces  maladies  ont  été  systé- 
matiquement écartées.  Les  conclusions  que  nous  repro- 
duisons plus  loin  (p.  34S)  ne  répondent  donc  point  aoi 
questions  posées  par  M.  Gouraud  et  par  divers  autres 
de  ses  collègues  qui  auraient  désiré  voir  la  Société  des 
hôpitaux  s'efforcer  de  résoudre  quelques-uns  des  problème> 
qui  se  posent  journellement  aux  médecins  appelés  à  traiter 
les  maladies  de  l'enfance.  Mais,  ces  réserves  faites,  il  con- 
vient de  louer  la  lucidité  avec  laquelle  M.  le  docteur 
Comby  a  résumé  les  débats  dont  nous  avons  rendu  compte 
et  le  talent  avec  lequel  il  a  exposé  les  idées  défendues  par 
ses  collègues  de  la  Commission.  ^ 

La  Société  médicale  des  hôpitaux^  se  préoccupant  sur- 
tout de  diminuer  la  mortalité  que  causent  dans  les  hôpi-' 
taux  d'enfants  les  cas  intérieurs,  adopte  dans  leur  en- 
semble les  propositions  qui  lui  ont  été  soumises  par  M.  Se- 
vestre  d'abord,  dont  l'intéressante  communication  a  été  le 
point  de  départ  de  la  discussion,  par  M.  Grancher  ensuite, 
dont  on  connaît  la  lettre-programme  si  remarquable  à 
tant  d'égards.  Après  avoir  affirmé  que  la  mortalité  dans 
les  hôpitaux  d'enfants  parait  due  aux  contagions  diverse< 
et  multiples  que  détermine  et  qu'entretient  l'absence  de 
mesures  de  désinfection  suffisamment  énergiques  (en 
particulier  la  désinfection  par  l'éluve  de  MM.  Genesle 
et  Herscher),  elle  reconnaît,  avec  M.  Cadet  de  Gassicourt, 
que  la  morbidité  dépend  surtout  de  l'importation  des 
maladies  venues  du  dehors  par  suite  de  l'admissiou, 
dans  les  salles  communes  ou  dans  les  salles  de  consulta- 
tion, d'enfants  dont  la  maladie  a  été  méconnue. 


homie  et  d'une  modestie  touchante,  Tillustre  penseur  nous  fait 
assister  aux  préparatifs  et  aux  progrès  de  son  œuvre.  Il  avait 
adopté  un  système  de  fiches,  consacrées  chacune  à  un  mot,  et 
sur  laquelle  étaient  inscrits  successivement  tous  les  renseigne- 
ments relatifs  à  ce  mot,  qu'il  trouvait  ou  qu'on  voulait  bien  lui 
faire  parvenir.  Je  vois  encore,  sur  une  table  proche  de  celle  sur 
laquelle  il  travaillait,  celte  énorme  caisse  contenant  par  ordre 
alphabétique  des  milliers  et  des  milliers  de  cartons  blancs^ 
recouverts  de  son  écriture  un  peu  archaïque.  Lorsqu'on  lui 
apportait  un  terme  nouvellement  usité  —  il  aimait  beaucoup, 
cet  excellent  maître,  cette  collaboration  volontaire,  venant  sur- 
tout de  jeunes  gens  —  il  prenait  une  liche,  Ty  inscrivait,  éta- 
blissait son  étymologie,  en  donnait  la  définition;  puis  elle  allait 
trouver  sa  place  dans  la  caisse  à  côté  de  ses  aînées. 

On  trouvait  dans  le  cabinet  de  Dechambre  une  caisse  sem- 
blable :  c'était  la  table  des  matières  de  son  Encyclopédie, 
Chacun  des  petits  cartons  contenait,  écrits  de  sa  main,  outre  le 
mol,  sujet  de  Tarticle,  le  nombre  de  paffes  qui  devaient  lui 
être  consacrées,  le  nom  de  son  auteur  et  la  aate  à  laquelle  celui- 
ci  devrait  s'exécuter.   Sur  ces   petits    cartons,  se  lisaient  4es 


noms  les  plus  illustres  de  la  médecine,  à  côté  de  ceux  de  per- 
sonnalités plus  modestes.  Tous  tenaient  à  honneur  de  collaborer, 
sous  la  direction  d'un  chef  estimé  et  aimé,  à  une  œuvre  aussi 
éminemment  utile. 

Ce  s^^stème  de  fiches,  outre  cette  incontestable  ulililé  admi- 
nistrative, en  présente  une  non  moindre  pour  ce  qui  concerne 
les  renvois.  Ces  renvois  sont,  on  le  sait,  la  grande  préoccupa- 
tion, recueil  aussi  de  tous  les  auteurs  de  dictionnaires.  ('^1 
écueil,  d^AIembert  et  Diderot  le  connaissaient  déjà  et  ils  se- 
taient  appliqués  à  Téviter,  sachant  très  bien  que  de  renvoi  en 
renvoi  on  finit  souvent  par  l'omission.  Et,  selon  la  sage  parohj 
de  Diderot  (1),  c  il  vaut  encore  mieux  qu'un  article  soit  nul 
•fait  (lue  de  n'être  point  fait.  lUen  ne  chagrine  tant  un  lecteur 
que  ae  ne  pas  trouver  le  mot  qu'il  cherche,  j»  Comme  de  cou- 
tume, mettant  l'ovemple  à  côté  du  précepte,  il  raconte  lauct- 
dote  suivante  :  «  \]\\  honnête  homme  acheté  un  ouvage  auquel 
j'ai  collaboré  (il  s'agit  du  Dictionnaire  de  médecine  de  .Iaiu<*>)  - 

(()  An.   Kmcvclopêdie,  iii   (Euvres  compléter,   pulil*ëâ«  par  i.  Awi»Jl  e»  *  • 
Touni.ux,  Varli,  1S76.  l.  XIV,  p.  «ili  el  suiv. 


17  Mai  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        -^  N*  20  —    315 


A  ce  double  point  de  vue,  la  Commission  a  recherché 
d'une  pari  les  moyens  propres  à  assurer,  dans  les  meilleures 
conditions  possibles,  Thygiène  hospitalière  et  la  propreté 
du  personnel  qui  doit  être  en  contact  journalier  avec  les 
malades  hospitalisés,  d'autre  part  les  conseils  à  donner  à 
l'Administration  pour  obtenir  d*elle  que  l'isolement  des 
enfants  atteints  de  maladies  contagieuses  soit  fait  dans 
tes  conditions  les  plus  pratiques  et  les  moins  onéreuses. 

Sur  la  demande  de  M.  Ollivier,  elle  a  reconnu  la 
nécessité  de  réformer  le  service  des  consultations  externes 
en  demandant  à  un  interne  spécialement  chargé  de  ce 
service,  de  faire  la  sélection  des  enfants  et  de  diriger  sur 
les  pavillons  d'isolement,  ou  sur  de  petites  salles  dis- 
tinctes des  salles  d'altente,  tous  ceux  qui  seraient  sus- 
pects. Elle  a  reconnu  comme  tout  aussi  urgent  d'annexer 
aux  pavillons  d'isolement  de  la  diphthérie  des  chambres  à 
lit  unique  destinées  aux  cas  de  diphthérie  compliqués  de 
rougeole,  de  scarlatine,  de  coqueluche,  etc.  Enfîn  elle  a 
adopté  toute  une  série  de  mesures  ayant  pour  but  d'assurer 
la  propreté  du  personnel  (élèves,  surveillantes,  infir- 
mières, etc.),  et  du  matériel  (lits,  linges,  rideaux,  etc.), 
dans  les  salles  d'isolement.  L'obligation  imposée  aux  méde- 
cins et  aux  élèves  de  se  soumettre  à  une  antisepsie  rigou- 
reuse après  avoir  quitté  l'amphithéâtre  d'autopsie  ou  au 
sortir  d'un  pavillon  d'isolement  consacré  à  la  diphthérie 
(on  en  sera  dispensé,  nous  l'espérons,  quand  on  quittera  le 
pavillon  de  la  rougeole)  est  une  excellente  mesure.  Il  en 
est  de  même  de  toutes  celles  qui  ont  pour  objet  la 
suppression  des  rideaux  et  la  création  de  pavillons  d'iso- 
lement et  de  rechange.  C'est  pourquoi  nous  reproduisons 
inextemo  au  compte  rendu  de  la  Société  (p.  320)  les  con- 
clusions de  l'excellent  rapport  de  M.  Comby  qui  pourront 
être  adoptées  par  les  administrations  hospitalières  en  pro- 
vince aussi  bien  qu'à  Paris. 

—  La  trentième  réunion  de  V Association  générale  de 
prévoyance  et  de  secours  mutuels  des  médecins  de  France 
s'est  tenue,  sous  la  présidence  de  M.  le  docteur  H.  Roger, 
les  12  et  13  mai  derniers.  Nous  aurions  voulu  pouvoir 
analyser,  avec  les  détails  qu'ils  comportent,  tous  les  rapports 
présentés  à  cette  assemblée  et  publier  m  extenso  le  discours, 
•^i  plein  d'esprit,  d'éloquence  et  de  charme,  prononcé  par  le 
président  général  de  l'Association.  Malheureusement  pour 
nous,  l'encombrement  des  colonnes  de  la  Gazette  nous 
interdit  un  compte  rendu  détaillé;  heureusement  pour  nos 


lecteurs,  ils  appartiennent  presque  tous —  nous  aimons  à 
l'espérer  -—  à  notre  grande  fédération  médicale  ;  beaucoup 
d'entre  eux  assistaient  à  la  séance  et  tous  les  autres  tien- 
dront à  lire,  dans  l'Annuaire,  ce  qui  a  pu  être  réalisé 
jusqu'à  ce  jour  par  l'Association  des  médecins  de  France. 

Il  est  cependant  dans  le  discours  de  H.  H.  Roger  tout  un 
passage  que  nous  ne  pouvons  ne  pas  citer  ici.  C'est  celui 
où,  après  avoir  rendu  un  hommage  de  gratitude  à  la  mé- 
moire de  ceux  qui  ont  enrichi  l'Association  par  leurs  géné- 
reuses offrandes,  le  Président  général  rend  compte  de  la 
situation  financière  de  l'œuvre. 

c  Notre  incomparable  trésorier,  dit  à  ce  sujet  M.  Roger,  qui 
depuis  trente  ans  veut  bien  rester  inamovible,  est  satisfait  et 
justement  fier  de  la  prospérité  financière  de  l'Association  :  tout 
à  l'heure  il  montrera  la  plénitude  de  ses  caisses,  la  progression 
incessante  des  recettes,  et  le  budget  de  notre  république  médi- 
cale toujours  en  excédent,  comme  à  Salente,  de  fabuleuse  mé- 
moire, d'où  Tcspoir  fondé  que  notre  avoir  total  atteindra  bientôt 
deux  millions  et  demi.  M.  le  docteur  Passant  vous  donnera  aus^ 
la  bonne  nouvelle  que  la  Commission  des  pensions  a  pu,  cette 
année  encore,  n'écarter  aucune  demande,  et  elle  proposera 
demain,  au  vote  de  l'Assemblée,  toutes  les  pensions  réclamées 
par  les  Sociétés  locales  :  le  nombre  en  sera  demain  de  quatre- 
vingt-cinq»  qui  représentent  un  capital  d'environ  douze  cent 
mille  francs.  Merveilleuse  puissance  de  Téconomie  et  de  la 
bienfaisance  confraternelle;  payer  des  cotisations  annuelles  de 
douze  francs  et  s'en  faire  cinquante  mille  livres  de  rente  ! 

c  11  convient  cependant  de  ne  pas  se  faire  trop  illusion  sur  une 
opulence  plus  apparente  peut-être  que  réelle  :  notre  organisa- 
tion même  ne  permet  guère  Taccumulation  de  richesses  per- 
manentes; notre  Société  en  participation  fonctionne  très  ditîé- 
remmenl  des  autres  ;  les  actionnaires  les  plus  humbles  sont 
seuls  à  toucher  des  dividendes;  les  bénéfices  leur  sont  par- 
tagés au  prorata  de  leurs  souffrances  ;  les  administrateurs  fai- 
sant emploi  des  ressources  disponibles  ne  mettent  presque 
rien  à  la  réserve,  et,  tout  le  long  des  jours  sombres,  le  trésor 
s'écoule,  s'épuise  en  bienfaits. 

c  Certes,  TAssociation  a  beaucoup,  mais  il  lui  manque  da- 
vantage. Pour  qu'elle  soit  constamment  en  mesure  de  tenir 
envers  ses  sociétaires  des  engagements  imprescriptibles,  il  lui 
faut  travailler  incessamment  à  grossir  la  fortune  de  la  com- 
munauté ;  il  lui  faut  posséder  des  ressources  toujours  supé- 
rieures aux  besoins,  de  manière  à  fournir  aux  Sociétés  locales 
défaillantes  un  appui  plus  efficace,  et  surtout  à  élever  le  nombre 
et  la  valeur  des  pensions  viagères,  pensions  qui  sont  à  la  fois, 
pour  les  dignes  titulaires,  une  retraite  et  un  diplôme 
d'honneur.  > 

Il  nous  semble  difficile  de  mieux  caractériser  le  rôle  de 


il  était  tourmenté  par  des  crampes,  et  il  n'eut  rien  de  plus 
pressé  que  de  lire  l'article  Crampe:  il  trouve  ce  mot,  mais 
avec  un  renvoi  à  Convulsion  ;  il  recourt  à  Convulsion,  d'où  il 
est  renvoyé  à  Muscle,  d'où  il  est  renvoyé  à  Spasme,  où  il  ne 
trouve  rien  sur  la  Crampe.  Voilà,  je  l'avoue,  ajoule-t-il,  une 
faute  bien  ridicule  ;  et  je  ne  doute  point  que  nous  ne  l'ayons 
commise  vingt  fois  dans  V Encyclopédie,  » 

L'œuvre  de  Dechambre  tombe-t-elle  aussi  souvent  dans  le 
péché  d'omission,  et  risque-t-on,  en  la  feuilletant,  de  courir  la 
mésaventure  de  F  c  honnête  homme  >  dont  parle  Diderot?  J'en 
doute  fort,  surtout  pour  toutes  les  grandes  questions,  qui  sont 
magistralement  traitées  et  constituent  des  monographies  ^ 
dont  la  science  et  l'érudition  sont  au-dessus  de  toute  critique, 
•le  ne  dis  pas  que  si  quelque  esprit  chagrin  se  metUiit  à  éplu- 
cher les  cent  volumes  du  Dictionnaire,  il  ne  trouverait  pas  de- 
ci,  delà,  quelque  oubli,  quelque  erreur  à  signaler  ;  mais  je  suis 
convaincu  gu'il  ne  relèverait  que  des  fautes  vénielles,  ne  dimi- 
nuant en  rien  la  magistrale  grandeur  de  l'ensemble. 

Une  critic(ue  plus  juste,  et  qu'on  n'a  pas  manqué  de  faire  à 
y  Encyclopédie  des  sciences  medicnles,  cest  que,  dans  l'espace 


de  vingt-cinq  ans  qu'a  nécessité  sa  publication,  la  science  a 
progressé,  des  découvertes  importantes  ont  été  faites,  des  idées 
nouvelles  ont  été  jetées  dans  la  circulation  ;  par  suite,  les 
articles  des  premiers  volumes  semblent  être  oe  la  science 
ancienne  lorsqu'on  les  compare  à  ceux  des  volumes  plus  récents. 
A  cet  inconvénient,  Dechambre  a  su  heureusement  parer,  grâce 
à  la  riche  synonymie  médicale.  Je  n'en  citerai  qu'un  exeniple  : 
Axenfeld  a  doimé,  en  1868,  une  excellente  monographie  de 
l'ataxie  locomotrice  qui  résume  admirablement  la  science  du 
moment.  En  vingt  ans,  une  question  de  cette  importance,  qu'une 
nuée  d'observateurs  s'acharne  à  élucider,  subit  une  transfor- 
mation presque  complète.  Le  lecteur  du  D/cttonnaiVé'  n'en  perd 
rien,  un  heureux  hasard  voulant  que  cette  douloureuse  maladie' 
de  la  moelle  porte  aussi  le  nom  de  tabès  dorsalis» 

De  nombreux  faits  analogues  pourraient  être  cités  :  ils  dé- 
montrent avec  quel  soin  vigilant  Dechambre  se  tenait  au 
courant  de  la  science,  il  n'avait  pas  d'ambitiou  plus  élevée 
que  de  faire  de  son  œuvre  une  représentation  exacte  des  con- 
naissances médicales  de  la  fin  de  ce  siècle,  et  pour  y  arriver, 
il  travaillait  sans  cesse,  il  travaillait  toujours,  sans  se  lasser  ni 


316    ^  N«  2Ô  —        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


n  Mai  1889 


rassemblée  générale,  de  répondre  plus  dignement  à  ceux 
qui  cherchent  à  établir  une  distinction  entre  les  secours 
accordés  par  l'Association  et  les  pensions  de  droit  que  don- 
neraient d'autres  Sociétés.  Nous  aurons  à  revenir  prochai- 
nement sur  cette  question.  Bornons-nous  à  répéter  avec 
M.  H.  Roger  que  les  pensions  de  retraite  accordées  aux 
déshérités  de  notre  profession  sont  aussi  honorables  pour 
ceux  qui  les  reçoivent  que  pour  la  Société  de  secours  qui  les 
accorde.  C'est  la  main  d'un  confrère  qui  les  reçoit;  ce  sont 
des  confrères  qui  les  offrent. 

Mais,  pour  pouvoir  secourir  toutes  les  infortunes  immé- 
ritées et  donner  à  ceux  qui  ont  besoin  des  pensions  suffi- 
santes,  il  faut  être  riche. 

c  Pour  les  Associations  telles  que  la  nôtre,  dit  encore 
M.  H.  Roger,  le  superflu  est  chose  nécessaire  ;  on  Ta  dit  avec 
raison,  les  Sociétés  de  bienfaisance  ne  sont  jamais  vraiment 
riches,  en  regard  de  l'accroissemcnl  plus  rapide  des  misères  à 
soulager,  c  Les  afl*aires  de  la  charité  ne  vont  jamais  bien;  elle 
est  réleruelle  pauvresse  :  à  peine  a-l-elle  réussi  à  se  garnir  les 
mains  que  le  malheur  les  vide.  > 

c  Donnons  donc,  chers  associés,  donnons  sans  cesse  ni  relâche 
à  la  communauté,  dans  notre  lédéralion  confraternelle  tous  les 
membres  sont  solidaires,  et  le  bien  que  nous  faisons  à  autrui 
nous  le  faisons  à  nous-mêmes.  Il  ne  suffit  pas  d^avoir  constitué 
la  famille  médicale,  il  faut  pourvoir  à  son  existence. 

c  11  faut  que  TAssociation  soit  grande  et  puissante  par  le 
nombre,  par  la  richesse,  par  la  concorde  et  Tunion  intime  entre 
ses  membres  égaux,  en  même  temps  qu'elle  forcera,  par  les 
services  rendus,  l'estime  et  la  reconnaissance  publiques. 

€  Le  moyen  de  gagner  ces  avantages  est  très  simple,  la  recelte 
infaillible  je  la  retrouve  dans  l'Evangile,  vieux  formulaire  de 
thérapeutique  morale:  c  Soyons-nous  de  bons  et  vrais  frères; 
aimons-nous,  c'est  la  douce  loi;  sachons  aimer, c'est  la  meilleure 
science.  > 

Est-il  besoin  d'ajouter  que  ce  discours  a  été  souvent  in- 
terrompu par  d'unanimes  applaudissements.  Ceux-ci  ont 
redoublé  lorsque,  après  le  rapport  de  M.  Passant,  M.  H.  Roger 
a  tenu  à  rappeler  Téminent  service  rendu  à  l'association 
par  l'un  de  ses  conseillers  les  plus  dévoués  et  les  plus 
actifs.  Ami  du  docteur  Roth,  M.  Passant  l'avait  déter- 
miné à  faire  de  sa  fortune  le  plus  généreux  usage,  à  léguer 
à  l'Association  générale  des  médecins  de  France,  une 
somme  de  150000  francs.  M.  le  président  H.  Roger  a  su, 
en  termes  aussi  éloquents  que  délicatement  exprimés, 
rendre  hommage  au  donateur  et  à  celui  qui  avait  inspiré 
cette  charitable  pensée.  Si  M.  le  Président  de  l'Association 


générale  sait  rajeunir  et  rendre  plus  parfaites  chaque  année 
les  allocutions  qu'il  adresse  à  ses  confrères,  ceux-ci  éprou- 
ventquelque  embarras  à  trouver  une  formule  nouvelle  pour 
rendre  hommage  à  ce  maître  de  la  parole.  Ils  ne  peuvent 
que  répéter  à  leur  vénéré  président  les  sentiments  de  gra- 
titude et  de  respect  qu^inspirent  à  tous  ses  confrères  son 
dévouement  à  l'œuvre  qu'il  dirige  avec  une  si  paternelle 
autorité,  avec  une  dignité  si  parfaite. 

A  M.  H.  Roger  succédait  M.  le  docteur  Brun,  le  trésorier 
modèle,  dont  le  compte  rendu  signale  l'accroissement  des 
sociétaires  (plus  de  trois  cents  nouveaux  membres  en  1888) 
et  la  prospérité  financière  de  l'Association,  qui  possède  au- 
jourd'hui 1  364603  francs  non  compris  les  rentes  consti- 
tuées et  les  nues  propriétés,  non  plus  que  l'avoir  des  socié- 
tés locales  des  déparlements  qu'on  peut  élever  à  environ 
un  million  de  francs.  C'est  avec  ces  ressources  que  la  caisse 
des  pensions  fournit  en  ce  moment  soixante-dix  pensions  de 
600  francs  et  qu'elle  va,  pour  l'exercice  4889,  en  assurer 
quinze  nouvelles. 

Ainsi  quatre-vingt-cinq  sociétaires  malades,  infirmes  ou 
nécessiteux  auront  été  dans  le  courant  de  l'année  prochaine 
secourus  par  l'Association  générale. 

Le  très  remarquable  rapport  de  M.  le  docteur  Riant  nous 
montre  que  si  l'Association  est  une  œuvre  de  charité,  elle 
est  aussi  une  œuvre  de  solidarité  et  de  moralité  pi'ofession- 
nelles.  Nous  lui  devons  plus  qu'une  simple  mention  et, 
dans  notre  prochain  numéro,  nous  en  analyserons  les  prin- 
cipaux passages.  Disons  seulement  ici  que  les  applaudisse- 
ments souvent  répétés  de  l'assemblée  ont  remercié  le 
secrétaire  général  de  l'Association  du  zèle  et  du  talent  dont 
il  a  su  faire  preuve. 

M.  le  docteur  Passant,  rapporteur  de  la  commission  des 
pensions  viagères,  venait  de  rendre,  comme  nous  l'avons 
dit,  un  éminent  service  à  l'Association  dont  il  est  un  des 
membres  les  plus  justement  estimés.  Son  rapport,  après 
avoir  énuméré  les  infortunes  que  l'Association  est  appelée 
à  secourir,  se  termine  par  un  appel  que  nous  devons  repro- 
duire. 

€  En  résumé,  a  dit  M.  Passant,  l'année  1888,  entre  toutes,  a 
été  excellente  pour  TAssocialion,  puisque,  ayant  beaucoup  reçu, 
elle  a  beaucoup  donné.  Quand  elle  aura  recueilli  le  legs  impor- 
tant du  docteur  Belle,  je  pourrai  dire,  avec  M.  Horteloup,  que 
notre  dévoué  et  incomparable  trésorier,  M.  Brun,  pourra  regarder 
avec  fierté  la  grande  œuvre  dont  il  aura,  par  sa  merveilleuse 
gestion,  assuré  la  fortune.  C'est  à  nous  qui  savons  la  part  ini- 


désespérer.  Le  chemin  dans  lequel  il  s'était  volontairement 
engagé  était  rude  ;  il  le  suivait  allègrement  el  avec  confiance, 
car  il  en  connaissait  le  but,  celui  d'être  utile  à  ses  contempo- 
rains et  aux  générations  futures. 

c  Le  momeul  le  plus  glorieux  pour  un  ouvrage  de  cette  nature, 
écrit  Diderot  en  parlant  de  sou  Encyclopédie,  ce  serait  celui 
qui  succéderait  immédiatement  à  quelque  grande  révolution 
qui  aurait  suspendu  les  progrés  des  sciences,  interrompu  les 
travaux  des  arts,  et  renlongé  dans  les  ténèbres  une  partie  de 
notre  hémisphère.  Quelle  reconnaissance  la  génération  qui  vien- 
drait après  ces  temps  de  trouble  ne  porterait-elle  pas  aux 
hommes  qui  les  auraient  redoutés  de  loin,  et  qui  en  auraient 
prévenu  le  ravage,  en  mettant  à  l'abri  les  connaissances  des 
siècles  passés  1  > 

Peu  s  en  fallut  que  ces  mélancoliques  paroles  du  philosophe 
nedevinssent.il  y  a  dix-huitans,  une  triste  réalité.  Lue  fureur 
incendiaire  s  était  emparée  d'une  insurrection  en  déroule;  elle 
n'épargnait  rien,  ni  musées,  ni  bibliothèques,  ni  habitations 
privées.  Decbambre  eut  Tinexprimable  douleur  de  voir  consu- 
mer par  les  flammes  tout  ce  qu'il  possédait.  De  la  quantité   de 


matériaux  qu'il  avait  accumulés  depuis  dix  ans,  des  nombreux 
manuscrits  de  ses  collaborateurs,  il  ne  restait  plus  qu'un  amas 
de  cendres.  Tout  était  à  recommencer. 

Ou  a  beau  être  stoïcien  et. s'être  même  répété  à  satiété,  avec 
Lucrèce,  qu'il  est  doux  de  contempler  des  calmes  hauteurs  de 
la  philosophie  les  luttes  et  les  erreurs  de  la  pauvre  humanilé; 
lorsque  pareil  malheur  vous  arrive,  il  faut  du  temps  pour  s'en 
consoler.  Dcchambre,  qui  avait  l'âme  forte  et  le  caractère  élevé, 
eut  bientôt  fait  de  surmonter  cette  période  d'affaissement,  suite 
naturel  de  tout  choc  moral  ;  il  se  remit  k  l'œuvre  avec  une 
ardeur  nouvelle  et,  au  bout  de  peu  de  temps,  il  put  reprendre 
la  publication  de  son  Dictionnaire  au  point  où  de  douloureux 
événements  l'avaient  interrompue.  Diriger  une  telle  œuvre  jusoue 
dans  SCS  moindres  détails,  revoir  les  manuscrits,  corriger  les 
épreuves,  surveiller  la  mise  en  pages,  exciter  le  Eèle  de  ses 
collaborateurs  en  entretenant  avec  chacun  d'eux  une  corres- 
pondance assidue,  tel  fut,  jusqu'aux  derniers  jours  de  sa  vie, 
le  labeur  de  Dechambre.  On  se  demande  comment  il  faisait  pour 
y  suffire  et  pour  rédiger  encore  une  quantité  innombrable  d'ar- 
ticles dont  plusieurs  ont  une  importance  capitale. 


17  Mai  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N-  20  —    317 


monse  qu'il  a  prise  à  Tidée  de  la  création  de  celte  caisse  des 
pensions  viagères,   Ténergie  avec  laquelle   il  la  défendue  au 
milieu  des  difficultés  de  tout  genre,  de  lui  exprimer  ici  toute 
notre  reconnaissance,  et   nous  le   faisons  de  grand  cœur.  Son 
rêve,  que  nous  caressons  aussi,  est  que,  dans  un  avenir  pro- 
chain, le  taux  des  pensions  soit  élevé  de  600  à  lâOO  francs.  Cet 
âge  d'or  n*est  peut-être  pas  très  éloigné  de  nous  !  Pour  achever 
TœuTre  si   bien  commencée   de  notre   ministre  des  finances 
modèle,  unissons-nous  tous,  grands  et  petits,  dans  un  même  élan 
de  mutualité   et  de  solidarité  !   Sociétaires  modestes   qui   ne 
pouvez  nous  aider  de  votre  bourse,  aidez-nous  de  votre  parole, 
faites  de  la  propagande  et  amenez^nous  de  nouveaux  adhérents; 
praticiens  dont  le  succès  a  récompensé  le  travail,  donnez  large- 
ment à  notre  caisse  et  surtout  ne  négligez   pas  de  perpétuer 
votre  cotisation  ;  et  vous,  médecins  riches,  imitez  les  docteurs 
Roth  et  Belle,  pensez  à  vos  confrères  déshérités  et  dites-vous 
qu'en  leur  léguant  une  partie  de  cette  fortune  qu'il  faut  néces- 
sairement laisser  ici-bas,  vous  n'assurerez  pas  seulement  votre 
nom  contre  Toubli,  mais  vous  emporterez  avec  vous  la  saine 
jouissance  qu'apporte  toujours  avec  lui  un  devoir  généreuse- 
ment accompli.  > 

Dans  notre  prochain  numéro  nous  résumerons  le  rapport 
général  de  H.  le  docteur  Riant  et  nous  exposerons  les 
diverses  questions  qui  ont  été  l'objet  de  rapports  spéciaux 
el  les  votes  qui  en  ont  été  la  conséquence. 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

Da  traitement  de  rineonllnence  noetarne  arinaire 
des  enfanta  pi|r  le  rhna  aromatleua. 

Employée,  mais  exceptionnellement  par  Trousseau, 
Fécorce  de  ce  végétal  a  été  recommandée  récemment  par 
MM.  Max,  Guinon,  Burwensch,  Descroizilles  et  d'autres 
médecins  d'enfants  en.  France  et  à  l'étranger,  parfois  avec 
des  résultats  appréciables. 

1*»  Teinture  d'écorce  de  rhus  aromaticus  (Max).  —  Elle 
est  obtenue  par  la  macération  de  200  grammes  d'écorce 
dans  800  grammes  d'alcool. 

Dose  :  XX  à  L  gouttes  par  jour  :  en  dilution  dans  l'eau. 

2®  Teinture  de  feuilles  de  rhus  aromaticus  (Descroi- 
zilles). —  Préparée  par  déplacement  avec  20<)  grammes  de 
feuilles  pour  800  grammes  d'alcool  à  80  degrés. 

Dose  :  XV  à  LX  gouttes  par  jour  ingérées  en  une  ou 
plusieurs  fois  et  véhiculées  dans  l'eau. 

Ch.  Éloy. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

Facitltê  de  médecine.  —  Cours  de  pathologie  interne  : 
m.  le  professeur  dieulafov. 

Syphilifl  du  ponmon  et  de  la  plèvre. 

(Leçons  recueillies  par  le  docteur  Fernand  Widal,  interne 
des  hôpitaux.) 

(Suite.  —  Voyez  les  n»«  18  et  19.) 

3*  Type  simulant  la  scléivse  pleuro-broncho-pulmo- 
naire,  —  Dans  cette  forme,  la  lésion  est  constituée  par 
une  hypertrophie  du  tissu  conjonctif  qui  forme  le  slroma 
du  poumon,  lin  véritable  lissu  de  sclérose  est  ainsi  répandu 
et  disséminé  dans  tout  le  parenchyme.  Cette  cirrhose  put- 
monaire  syphilitique^  qui  cliniquement  revêt  le  plus 
souvent  l'aspect  de  la  broncho-pneumonie  chronique  vul- 
gaire, présente,  en  général,  les  altérations  anatomiques 
suivantes  : 

Dans  un  lobe  du  poumon  apparaît  un  bloc  gris  rougeàtre, 
dur,  criant  sous  le  scapel,  parsemé  de  bronchectasies 
ampullaires  ou  sacciformes,  recouvert  d'une  plèvre  très 
épaissie  et  avoisinée  par  des  lésions  de  périostite  intercos- 
tale. 

Parfois  le  poumon  est  raviné  à  sa  surface  par  des  sillons 
qui  irradient  à  la  façon  des  cicatrices  que  Ton  observe  sur 
le  foie  des  syphilitiques;  il  est  encore  segmenté  dans  sa 

Erofondeur  par  de  larges  bandes  de  sclérose  ayant  l'aspect 
lanc  nacré  des  tendons. 

La  lésion  peut  offrir  un  mode  d*agencement  très  variable  : 

Elle  peut  être  purement  scléreusey  sans  nodules  caséeux 
ou  gommeux  apparents. 

Elle  peut  être  scléro-gommeuse.  On  découvre  alors  sur 
les  bronches  ou  autour  d'elles,  ou  dans  le  tissu  sclérosé 
péri-lobulaire.,  des  gommes  parfois  si  petites  qu'on  ne  sau- 
rait dire  alors  si  ce  sont  des  granulations  tuberculeuses  ou 
des  gomùies  microscopiques. 

Elle  peut  revêtir  une  forme  analogue  à  une  pneumo- 
pathie  des  nouveau-nés  syphilitiques,  que  nous  aurons  h 
étudier  plus  tard  sous  le  nom  de  pneumonie  blanche. 

Le  processus  de  cette  sclérose  pulmonaire  et  son  histo- 
genèse présentent  quelques  particularités  intéressantes. 

La  lésion  débute  le  plus  souvent  autour  des  bronches  de 
moyen  calibre,  au  niveau  même  du  hile,  d'où  elle  semble 
irradier  dans  le  parenchyme  pulmonaire.  Le  tissu  de  nou- 
velle formation  forme  ainsi  un  manchon  fibreux,  parfois 
chondroide  autour  des  bronches  et  des  artérioles  qui  les 
accompagnent.  Il  entoure  enfin   l'alvéole,  puis  le  lobule 

Eulmonaire  lui-même,  et  constitue,  par  sa  répartition,  une 
roncho-pnoumonie  véritable. 


Au  directeur  incombait  la  tâche  délicate  de  présenter  la  nou- 
velle œuvre  au  public.  11  le  fit  dans  une  Introduction,  écrite 
en  un  style  simple  et  mesuré,  où,  après  avoir  fait  Thistoire  dos 
lexiques  et  des  dictionnaires  publiés  depuis  Tinvcnlion  de 
rimprimerie,  el  avant  de  faire  connaître  le  plan  de  VEncyclo^ 
pedie,  il  jette  un  coup  d'œil,  c  non  pas  précisément  sur  Tctat 
présent  de  la  médecine,  mais  plutôt,  pour  employer  une 
expression  d'outre-lihin,  sur  son  devenir;  en  un  mot  il  examine 
bniwemcnt  d'où  elle  vient  et  où  elle  va.  > 

Quelles  directions  suivent  les  sciences  médicales  ?  Elles 
sont,  dit  excellemment  llechambrc,  engagées  dans  dfs  voies 
neuves  ;  voies  d'expérimentation  et  de  pénétrante  analyse,  où 
elh^";  semblent  se  précipiter  chaque  jour  avec  plus  d'arilenr,  el 
d'où  elles  ont  rapporté  déjà  un  bagage  considérable  de  notions 

f^récieuses.  t^es  notions,  sorties  do  l'analyse,  ont  permis,  par 
eur  précision  et  leur  caractère  d'évidence,  de  constituer  nombre 
de  synthèses  partielles  qui  ont  éclairé  d'un  jour  magnifique 
certaines  parties,  naguère  profondément  obscures,  de  la  phy- 
siologie et  de  la  pathologie  (pour  ne  rappeler  que  ce  (|ui  nous 
touche  le  plus).  Avec  raccroissemeut  des  faits,  Taccroissement 


des  termes  ;  avec  la  révolution  des  choses,  la  révolution  des 
mots.  La  langue  médicale  a  subi  un  remaniement  tel  que,  sur 
beaucoup  de  points,  elle  nVst  plus  intelligible  à  ceux  qui  ont 
dormi  une  quinzaine  d'années.  Nous  voyons,  on  second  lieu, 
toutes  les  branches  de  la  science  médicale  en  corrélation 
étroite,  ou,  pour  emprunter  à  la  philosophie  un  mot  heureux, 
dans  un  état  forcé  a  interdépendance,  en  même  temps  que 
chacune  d'elles  se  développe  dans  une  direction  particulière  ; 
semblable  à  ces  fleurs  appelées  dictines,  qui  vivent  séparées, 
mais  qui,  à  de  certains  moments,  se  rapprochei  t  pour  se 
féconder.  » 

Des  nombreuses  monographies  quMi  a  données  dans  son  Dic- 
tionnaire, \\  faut  spécialement  citer  les  articles  suivants: 
Anatnmic  des  beaux-arts,  Asthénie,  Déterminisme,  Eléments 
morbides.  Songes,  et  enfin  Déontologie,  Ce  dernier  fut  très 
vivement  goûté  dès  son  apparition.  Tous  les  amis  de  l'auteur, 
tous  ses  collaborateurs,  tous  ceux  enfin,  qu'avaient  impres- 
sionnés ces  pages  d'un  sens  droit,  d'une  fine  observation  et 
d'une  saine  morale,  l'engagèrent  vivement  à  leur  donner  le 
développement  du  livre.  11  résista    d'abord   à  ces   amicales 


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La  prolifération  conjonctive  exerce  une  action  déformante 
sur  les  bronchioles,  qui  peuvent  être  dilatées  ou  diminuées 
de  volume.  Quant  aux  alvéoles,  elles  sont  lassées  les  unes 
contre  les  autres,  et  leur  épithélium  desc|uamé  est  gonflé, 
trouble  et  souvent  en  dégénérescence  graisseuse. 

D'après  Porler,  le  tissu  conjonctif  nouvellement  formé 
présente,  dans  sa  texture,  les  variations  suivantes  : 

1°  C'est  du  lissu  fibreux,  blanchâtre,  ne  renfermant  que 
fort  peu  d'éléments  embryonnaires; 

2"  C'est  un  tissu  moins  dense  que  le  précédent,  farci  de 
nombreux  petits  éléments  arrondis  et  présentant,  en  d'autres 
points,  des  éléments  fusiformes; 

3""  Le  tissu  renferme  des  éléments  nucléaires  ressemblant 
tout  à  fait  à  des  éléments  de  sarcome  globo-cellulaire; 

4''  Il  offre,  au  microscope,  un  aspect  granuleux,  comme 
s'il  subissait  un  processus  dégénératif. 

On  n'observe  presque  jainats  de  pigmentation  du  tissu, 
ce  qui  prouve  bien  qu'il  ne  s'agit  pas  de  pnenmokoniose. 
Malgré  cela,  sans  une  périostite  saillante  à  la  surface  d'un 
os,  sans  une  lésion  gommeuse  farcissant  un  parenchyme, 
vous  n'arriverez  jamais  à  reconnaître  anatomiquement  la 
nature  de  cette  cirrhose  pulmonaire,  qui  n'a  en  elle  rien  de 
spécifique. 

Si  la  lésion  est  difficile  à  reconnaître  pour  ranatomo- 
palhologiste,  elle  est  plus  malaisée  encore  à  dépister  pour 
le  clinicien. 

On  diagnostique  bien  une  broncho-pneumonie  chronique 
aux  signes  que  le  malade  porte  depuis  des  mois,  quelque- 
fois même  depuis  des  années;  plus  tard,  si  des  crachats 
abondants  et  fétides  apparaissent,  en  même  temps  que  s'in- 
stallent des  gargouillements  et  du  souffle  caverneux,  on 
reconnaît  aisément  une  dilatation  des  bronches.  Ce  diagnostic 
estfacilitéd'ailleurspar  la  connaissance  des  antécédents  pul- 
monaires et  par  l'absence  de  bacilles  de  Koch  dans  les  cra- 
chats. Un  médecin  soucieux  des  signes  d'auscultation  arrive 
donc  à  poser  un  diagnostic  anatomique  précis,  et  dit  :  broncho- 
pneumonie  chronique,  état  fibroïde  du  poumon,  dilatation 
des  bronches.  Mais  ce  qui  lui  échappe,  c'est  l'origine  de 
cette  pneumopathie;  il  ne  trouve,  pour  l'expliquer,  ni 
rougeole,  ni  coqueluche,  ni  diphthérie,  ni  fièvre  typhoïde 
antérieure,  et  sans  l'apparition  d'une  lésion  spécifique  du 
larynx,  de  la  peau,  d  un  os,  d'un  parenchyme,  la  nature 
syphilitique  de  la  lésion  passerait  inaperçue. 

Celte  broncho-pneumonie,  dont  la  marche  est  en  général 
lente,  peut,  par  exception,  procéder  par  poussées  aiguës. 
Elle  est  susceptible  d'être  améliorée  rapidement  par  le 
traitement  anti-syphilitique. 

(A  suivre.) 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

GUoIqne  médlcttle. 

Un  cas  de  maladie  de  Morvan  (panaris  analgésique) 
SUIVI  d'autopsie,  par  m.  le  docteur  Piiouff  (de  Morlaix). 
Examen  anatomique  par  MM.  Gombault,  médecin  de 
l'hospice  d'Ivry  et  Reboul,  interne  des  hôpitaux.— Com- 
munication faite  à  la  Société  médicale  des  hôpitaux  dans 
la  séance  du  26  avril  1889. 

(Fin.  —  Voyez  le  numéro  10.) 

Autopsie  le  12  juin.  —  Cœur  gras,  très  gros. 

Poumons  fortement  congeslionnés,  surtout  aux  bases.  Quelques 
adhérences  pleurales  aux  sommets. 

[{aie  volumineuse  diffluente. 

Foie  augmenté  de  volume,  gros. 

Heins  congestionnés,  gros.  Abcès  périnéphrétique,  volumineux 
à  droite. 

Utérus,  renferme  plusieurs  fibrorayomes  et  un  polype  pédicule 
implanté  sur  la  partie  moyenne  du  canal  cervical. 

Cerveau  congestionné.  Pas  de  traces  d^hémorrhagies  ou  de 
ramollissement. 

Dure-mère  épaisse,  très  adhérente  à  la  voûte  crânienne. 

Sur  los  plexus  choroïdes  des  deux  ventricules  latéraux,  petile 
tumeur  ovoïde,  dure. 

Déviations  considérables  de  la  colonne  vertébrale:  scoliose  à 
convexité  gauche  très  prononcée.  Courbures  de  compensation 
latérales  et  antéro-postùrieures,  très  accentuées;  ces  déforma- 
tions rendent  fort  difficile  Textraction  de  la  moelle.  En  plusieurs 
Ï joints,  on  est  obligé  d'abandonner  le  marteau  pour  se  servir  de 
a  scie  et  de  cisailles.  Infiltration  sangftinolente  entre  les 
méninges  et  le  canal  rachidien,  particulièrement  dans  la  région 
dorsale. 

La  moelle  est  recueillie  ainsi  que  les  ganglions  rachidiens  delà 
région  cervico-dorsale.  La  moelle  est  plongée  dans  la  liaueur  de 
Muller;  quant  aux  ganglions,  les  uns  sont  mis  dans  le  même 
liquide,  les  autres  sont  placés  dans  une  solution  diacide  osinique 
au  100». 

Examen  kistologique,  —  A.  Nerfs  périphériques.  —  i.  Nerf 
médian.  —  Le  nerf  médian  a  été  examine  au  niveau  des  doigL< 
(collatéraux),  au  poignet,  à  la  partie  supérieure  de  lavant-bras 
et  au  niveau  du  plexus  brachial.  D'une  façon  générale,  les 
lésions  sont  d'autant  plus  prononcées  que  Ton  se  rapproche  de 
la  périphérie. 

nésullat  des  dissociations.  Nerfs  collatéraux  des  doigts.  H 
n'y  a  plus  de  tubes  nerveux  normaux.  Les  quelques  tubes  qui  se 
colorent  par  Pacide  osmique  présentent  simplement  des  boules 
noires  de  distance  en  distance.  Le  reste  du  nerf  est  représenté 
par  des  faisceaux  conjonctifs  complètement  dépourvus  de  rayéiioe 
et  présentant  d'assez  nombreux  noyaux  longitudinaux. 

Au  poignet,  la  lésion  est  encore  très  accentuée:  les  libres 
colorées  en  noir  sont  rares  et  dans  toutes  celles-ci  la  myéline 
est  fragmentée. 


instances  ;  mais  convaincu  à  la  fin  (ju'il  y  avait  un  service  à 
rendre  à  ses  confrères,  il  céda  et  écrivit  ce  volume,  petit  par 
le  format,  mais  riche  par  son  contenu  —  multa  paucis  —  qu'il 
intitula  simplement  Le  Médecin ,  en  lui  donnant  pour  épigraphe 
celte  noble  et  fière  devise  :  Obliquam  fuge,  ama  reciam. 

A  l'enseignement  de  ses  devoirs,  Thomme  préfère  générale- 
ment l'affirmation  de  ses  droits.  Dechambre  se  garde  bien  de 
flatter  cette  faiblesse  de  notre  nature.  Le  médecin  —  il  le 
prouve  surabondamment  —  a  beaucoup  moins  de  droits  à 
revendiquer  qu'il  n'a  de  devoirs  à  remplir.  Il  ne  s'agit  pas 
seulement  de  ces  obligations  légales  qu'il  ne  saurait  enfreindre 
impunément,  mais  aussi  et  surtout  de  cet  ensemble  de  qualités 
morales  qui  ennoblissent  notre  profession,  l'élèvent  au-dessus 
de  toutes  les  autres  et  lui  amènent  l'estime.  Mais,  selon  les 
paroles  du  maître,  c  la  première  condition  pour  que  la  dignité 
médicale  soit  respectée,  c'est  que  le  médecin  lui-même  en  soit 
pénétré  plus  que  personne.  Quand  il   se  sera  dit  que  son  im- 

Ï sortance  dans  la  société,  découlant  du  bien  qu'il  est  appelé  à 
aire,  ne  doit  être  employée  qu'à  faire  le  bien  en  réalite,  et  ne 
doit  pas  dégénérer  en  une  force  abusive  dont  les  malades  aient 


à  souffrir,  il  aura  posé  la  grande  règle  de  toute  sa  conduite, 
f  Là  où  est  l'amour  des  hommes  est  aussi  l'amour  de  l'art), 
est-il  écrit  excellemment  dans  les  Préceptes  d*Hippocrate.  > 

Le  médecin  se  trouve  constamment  en  face  de  situations  dif- 
ficiles, délicates,  où  sa  réputation,  son  honneur  même  peuvent 
être  mis  en  jeu.  Dans  ces  moments  d'hésitations  et  d  incerti- 
tudes, plus  frénuents  qu'on  ne  l'avoue,  n'est-on  pas  heureux  de 
trouver  un  guide  sûr  et  éclairé,  qui  écarte  des  voies  obIique> 
et  mène  dans  le  droit  chemin?  Pour  remplir  ce  rôle  élevé, 
personne  plus  que  Dechambre  ne  possédait  l'autorité  morale 
nécessaire,  c  cette  grande  autorité  que  seule  peut  conférer  une 
existence  digne  de  l'estime  et  du  respect  de  tons.  Il  fallait 
toujours  avoir  été  honnête.  >  Il  fallait  aussi  une  connaissance 
approfondie  de  la  nature  humaine,  une  observation  aussi  pers- 
picace que  bienveillante,  mais  ne  se  laissant  jamais  tromper 
par  ce  qu'on  a  appelé  avec  raison  les  sophismes  du  cœur.  Gtucc 
a  ces  qualités,  Dechambre  était  un  c  directeur»  incoropanible; 
il  c  était  devenu  l'arbitre  suprême  et  respecté  de  toutes  ws 
dissensions  déontologiques  >.  Son  livre,  dont  on  peut  dire  q»'' 
est  rhomme  lui-même,  est  une  sorte  de  casuistique  médicale 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        —  N«  20  —    319 


A  la  partie  supérieure  de  Tavant-bras,  les  fibres  nerveuses 
colorées  en  noir  sont  plus  abondantes  ;  un  certain  nombre 
d>ntre  elles  présentent  les  caractères  de  Tétat  normal. 

Au  niveau  du  plexus,  les  lésions,  si  elles  existent,  sont  très 
légères. 

Le  nerf  médian  est  considérablement  hypertrophié  à  la  main 
et  au  poignet.  Cette  augmentation  de  volume  va  en  diminuant 
en  s'éloignant  de  Textrémité. 

Etude  des  coupes  transversales.  Sur  des  coupes  transver- 
sales f>ratiquées  aux  différentes  régions  indiquées,  on  constate 
les  lésions  suivantes  :  au  doigt,  le  tissu  conjonctif  interfascicu- 
laire  est  beaucoup  plus  dense  et  dépourvu  de  graisse.  Les 
vaisseaux  qu'il  contient  sont  épaissis.  La  gaine  lamelleuse  a 
triplé  de  volume  au  moins;  les  faisceaux  qu'elle  limite  sont 
petits  et  contiennent  à  peine  un  ou  devDi  points  noirs  indiquant 
la  présence  de  tubes  pourvus  de  myéline. 

Au  poignet,  Taugmentation  considérable  de  volume  des  nerfs 
tient  surtout  à  la  grande  quantité  de  tissu  conjonctif  inter- 
fasciculaire  qu'il  renferme.  Ce  tissu  est  dense,  presque  fibreux 
et  contient  de  rares  pelotons  adipeux;  les  vaisseaux  au'il  ren- 
ferme sont  épaissis,  leur  cavité  rétrécie.  La  gaine  lamelleuse  est 
très  épaissie,  les  faisceaux  nerveux,  petits,  ne  renferment  que 
Irt's  peu  de  fibres  à  myéline.  Sur  certains  points,  le  mode  de 
groupement  des  fibres  nerveuses  ou  des  faisceaux  conjonctifs  qui 
les  remplacent  est  complètement  modifié  :  les  tubes  nerveux 
forment  de  très  petits  faisceaux  arrondis,  séparés  par  des  tractus 
conjonctifs  denses.  I^es  gaines  lamelleuses  ne  sont  plus  visibles. 
I/aspect  du  nerf  rappelle  celui  que  présentent  sur  les  coupes  les 
névroraes  d'amputation.  Dans  toute  cette  partie  du  nerf,  les 
arti^res  sont  profondément  altérées,  la  paroi  est  épaisse,  la  cavité 
rétrécie.  [^a  lésion  est  beaucoup  plus  prononcée  sur  les  vaisseaux 
intrafascîculaires;  sur  nombre  d'entre  eux,  la  paroi  épaissie  a 
subi  une  dégénérescence  hyaline  et  souvent  la  cavité  est  com- 
plètement oblitérée.  A  la  partie  supérieure  de  l'avant-bras,  on 
constate  les  mêmes  modifications,  mais  moins  prononcées  :  les 
faisceaux  nerveux  sont  toujours  petits,  les  gaines  lamelleuses 
épaissies,  le  tissu  conjonctif  interfasciculaire  dense. 

Au  niveau  du  plexus,  le  mode  d  arrangement  du  nerf  rappelle 
celui  d'un  nerf  normal.  On  constate  cependant  que  les  cylindres- 
axes,  colorés  par  le  carmin,  sont  beaucoup  moins  nombreux 
qu'à  l'état  normal. 

2.  Nerf  cubital.  —  Le  nerf  cubital,  examiné  de  la  môme 
façon,  montre  des  lésions  analogues,  mais  beaucoup  moins  pro- 
noncées. 

3.  Nerf  êciatique poplité interne,  —Examiné  sur  des  coupes 
transversales,  ne  présente  pas  de  lésions. 

IL  Racines  rachidiennes.  —  1.  Gangliom  rachidiens.—  Les 
cellules  nerveuses  sont  normales  et  nombreuses.  Le  tissu  con- 
jonctif n'a  pas  augmenté  en  quantité. 

2.  Racines  rachidiennes,  —  A  l'aide  des  dissociations,  on  n'a 
trouvé  de  modification  que  dans  les  racines  antérieures  cervi- 
cales qui  renferment  un  certain  nombre  de  fibres  privées  de 
myéline.  Sur  des  coupes  transversales,  on  constate  qu'a  la  région 
lombaire  les  racines  antérieures  sont  normales,  tandis  que  les 
racines  postérieures,  un  grand  nombre  de  fibres,  ne  présentent 
pas  de  cylindres-axes  colorés. 


C.  Moelle  épinière.  —  En  raison  de  nombreuses  courbures  de 
la  colonne  vertébrale,  l'extraction  de  la  moelle  épinière  a  pré- 
senté de  grandes  difficultés.  Aussi,  sur  bien  des  points,  l'organe 
a-t-il  été  atteint  par  le  marteau  et  plus  ou  moins  écrasé.  Cepen- 
dant il  a  été  extrait  complètement,  durci  en  masse  et  a  pu,  après 
inclusion  dans  le  collodion,  être  coupé  et  examiné  dans  toutes 
ses  parties.  Si  donc  l'examen  a  été  malaisé,  il  a  été  complet,  et, 
si  certains  détails  n'ont  pu  être  absolument  élucides,  nous 
pouvons  être  affirmatifs  quant  à  la  présence  ou  à  l'absence  des 
lésions  importantes. 

Du  reste,  un  premier  examen  par  dissociation  a  été  pratiqué 
presque  à  l'état  frais  (après  deux  jours  de  macération  dans  le 
bichromate  de  potasse).  Cet  examen  a  porté  sur  les  différentes 
régions  et  plus  spécialement  sur  les  parties  effondrées.  Il  a  été 
négatif  en  ce  sens  qu'il  n'a  révélé  l'existence  ni  de  corps  granu- 
leux, ni  de  cellules  araignées  ;  il  a  montré,  de  plus,  que  le 
détritus  des  parties  contuses  était  formé  principalement  par  la 
substance  des  tubes  nerveux,  à  savoir  par  des  boyaux  de  myéline 
et  des  fragments  de  cylindres-axes. 

Il  existe  cependant  des  lésions  de  la  moelle,  ainsi  ique  le 
montre  l'étude  des  coupes  transversales. 

1.  Région  cervicale  supérieure.  —  Un  tractus  scléreux  peu 
compact,  mais  très  net,  occupe  le  cordon  de  GolL  Toutes  les 
autres  régions  sont  saines.  Seuls  les  tractus  périvasculaires  y 
sont  élargis.  La  pie-mère  est  épaissie. 

2.  Renflement  cervicaL  —  Epaississement  de  la  pie-mère  et 
des  tractus  périvasculaires.  Les  sillons  médians  antérieur  et 
postérieur,  surtout  ce  dernier,  sont  occupés  par  une  large  bande 
fibreuse  renfermant  des  vaisseaux  à  cavité  rétrécie,  presque 
oblitérée.  Toute  la  zone  corticale  de  la  moelle  est  légèrement 
sclérosée,  les  cordons  latéraux  sont  sains,  à  part  l'élargissement 
des  tractus  périvasculaires.  Les  cornes  antérieures  ont  leur 
volume  normal,  les  cellules  nerveuses  y  sont  nombreuses  et  très 
volumineuses  ;  quelques-unes  d'entre  elles  sont  arrondies,  privées 
de  prolongements  et  de  noyaux,  leur  protoplasma  est  homogène, 
réfringent,  non  granuleux.  Les  cornes  postérieures  sont  petites. 
Uniformément  rouges,  leur  tissu  est  dense,  scléreux.  Les  filets 
radiculaires  qui  les  traversent  d'habitude  ne  sont  pas  visibles. 
Le  cordon  de  Goll  est  manifestement  sclérosé  Les  zones  radicu- 
laires postérieures  renferment  beaucoup  de  tissu  interstitiel;  ce 
tissu  est  surtout  abondant  autour  des  vaisseaux  dont  les  parois 
sont  très  épaisses,  la  cavité  rétrécie,  parfois  oblitérée,  mais  il  est 
aussi  plus  abondant  que  de  coutume  dans  l'intervalle  des  tubes. 
Toutefois,  il  ne  s'agit  piis  d'une  sclérose  avec  rétraction.  Le  canal 
central  est  très  volumineux,  complètement  rempli  de  petites 
cellules.  La  substance  grise  centrale  épaisse  renferme  beaucoup 
plus  de  fibrilles  conjonctives,  beaucoup  moins  de  tubes  nerveux 
qu'à  l'état  normal.  Sur  beaucoup  de  coupes,  on  -constate  un 
effondrement  de  la  région  centrale  qui  est  réduite  en  détritus; 
souvent  cette  région  centrale  est  occupée  par  une  cavité  émettant 
en  arrière,  de  chaque  côté,  un  prolongement  qui  suit  la  direction 
de  la  corne  postérieure.  Un  certain  nombre  de  fissures  partent 
en  rayonnant  dans  tous  les  sens  des  différents  points  de  cette 
cavité  et  de  ses  prolongements;  mais  on  peut  s  assurer  que  la 
cavité  n'est  pas  préformée  dans  la  moelle,  qu'elle  résulte  des 

I  manipulations,  qu'elle  est  le  résultat  du  départ  des  détritus  qui 


qu'on  ne  consulte  jamais  en  vain.  Tous  les  cas  de  conscience 
professionnels,  depuis  les  plus  simples  jusqu'aux  plus  complexes, 
y  trouvent  une  solution,  toujours  dictée  par  le  bon  sens, 
i'bonneur  et  la  justice,  qu'il  s'agisse  du  devoir  du  médecin 
vis-à-vis  de  lui-même  ou  de  ses  relations  avec  ses  clients  et 
ses  confrères.  Tout  jeune  docteur,  en  quittant  les  bancs  de 
l'Ecole,  devrait  se  munir,  comme  d'un  talisman,  de  ce  code  des 
devoirs  et  des  droits  de  notre  profession.  N'est-ce  pas  le  plus 
bel  éloge  à  faire  de  l'œuvre  de  notre  regretté  collègue  ? 

De  si  importants  travaux  faits  concurremment  ne  se  mènent 
point,  on  peut  le  penser,  sans  une  existence  d'une  invariable 
régularité.  Littré,  ce  bénédictin  laïque,  travaillait  habituelle- 
ment de  nuit;  il  se  mettait  à  l'ouvrage  vers  sept  heures  du 
soir,  après  un  frugal  repas,  et,  pendant  plus  de  vingt  ans,  il 
ne  s'est  jamais  couché  avant  trois  heures  du  matin.  Dechambre, 
lui,  se  levait  lorsque  Littré  se  couchait.  Dés  l'aube,  en  été,  et 
bien  avant  l'aube,  en  hiver,  il  était  à  sa  table  de  travail.  C'est 
durant  ces  premières  heures  du  jour,  dont  le  calme  est  si 
propre  à  la  méditation,  qu'il  écrivait  ses  articles  du  journal  et 
du  Dictionnaire,  La  journée  était  occupée  par  la  clientèle,  les 


devoirs  académiques,  les  recherches;  quelques-unes  de  ses 
soirées  étaient  données  au  monde,  à  des  amis,  à  des  élèves, 
heureux  de  le  posséder,  mais  il  se  retirait  toujours  à  une 
heure  déterminée,  qu'on  ne  pouvait  lui  faire  passer.  Une  de 
ses  soirées  était  consacrée  à  son  excellent  ami  Brochm  ;  c'était 
celle  du  mercredi.  Après  avoir  donné  le  bon  à  tirer  du  numéro 
de  la  Gazette,  il  se  rencontrait  avec  lui  dans  un  restaurant  du 
quartier  du  Luxembourg.  C'étaient  deux  esprits  faits  pour  s'en- 
tendre, deux  natures  qui,  en  se  rencontrant,  devaient  se  lier 
d'une  amitié  que  le  temps  et  les  circonstances  ne  parvinrent 
ni  à  interrompre,  ni  à  refroidir.  N'ont-elles  pas  rjuelque  chose 
de  touchant  ces  agapes  fraternelles,  réunissant  périodiquement 
ces  deux  amis  nue  les  exigences  d'une  vie  occupée  tenaient 
séparés  l'un  de  l  autre  ? 

Tous  ceux  qui  ont  connu  Dechambre,  et  qui  l'ont  approché, 
n'oublieront  jamais  son  abord  réservé,  presque  froid,  sa  figure 
impassible  à  la  bouche  railleuse,  aux  yeux  vifs,  brillants  der- 
rière les  lunettes.  Mais,  lorsqu'on  avait  le  bonheur  d'entrer 
dans  son  intimité,  on  n'était  pas  peu  surpris  de  trouver,  sous 
cette  froideur  et  cette  réserve,  le  cœur  le  plus  chaud,  l'intelli- 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


17  Mai  1889 


Tencombraient  ;  on  peut  facilement,  du  reste,  constater  directe- 
ment ce  départ.  Les  bords  des  différentes  pertes  de  substance 
sont  irréguliers,  déchiquetés;  ils  sont  formes  par  la  substance 
nerveuse;  nulle  part  on  ne  constate  de  membrane  limitante.  Le 
détritus,  quand  on  peut  le  conserver  sur  la  préparation,  est 
formé  par  un  mçlangede  tubes  nerveux  et  de  tractus  conjonctifs, 
surtout  des  tractus  périvasculaires. 

3.  Région  dorsale.  —  Le  cordon  postérieur  est  légèrement 
sclérosé  ainsi  que  la  zone  corticale.  Pie-mère  épaissie.  Les 
tractus  vasculaires  qui  sillonnent  la  coupe  sont  iibreux  et  épais. 
Le  maximum  de  la  lésion  se  rencontre  dans  les  cordons  posté- 
rieurs. 

4.  Renfletnent  lombaire.  —  Sclérose  très  légère  des  cordons 
postérieurs.  La  substance  de  la  corne  ooslêrieure  est  dense.  Les 
fibres  nerveuses  y  sont  rares.  Les  cellules  des  cornes  antérieures 
sont  nombreuses  et  normales. 

Le  bulbe  rachidicn  est  absolument  sain. 

Ainsi  qu'on  a  pu  le  voir,  notre  observation  rentre  bien 
dans  la  catégorie  des  faits  qui  ont  été  groupés  par  H.  le 
docteur  Morvansous  la  dénomination  de  panaris  analgésique 
ou  paréso-analgésie  des  niembres  supérieurs.  Nous  pouvons 
du  reste,  à  cet  égard,  invoquer  l'autorité  de  M.  Morvan  qui, 
à  plusieurs  reprises,  a  examiné  la  malade. 

Jl  s'agit  d'une  femme  chez  laquelle,  à  l'âge  de  douze  ans, 
en  même  temps  que  s'établissait  une  scoliose,  se  montrait 
un  premier  panaris.  Puis,  à  des  intervalles  variables,  les 
panaris  se  sont  succédé,  produisant  sur  les  doigts  des  deux 
mains  des  mutilations  profondes.  Il  faut  joindre  à  ces 
premiers  symptômes  l'existence  de  troubles  trophiques 
portant  sur  la  peau  des  mains  et  sur  les  muscles  des  émi* 
nences  thénar  ;  des  troubles  de  la  sensibilité  (analgésie, 
thermo-anesthésie),  occupant  les  mains  et  les  avant-bras;  la 

Berte  de  la  notion  de  position  dans  les  membres  supérieurs, 
m  doit  noter  enfin  fa  marche  progressive  des  accidents, 
leur  localisation  exclusive  aux  membres  supérieurs,  l'évo- 
lution très  lente  de  la  maladie  qui  n'a,  somme  toute,  amené 
la  mort  qu'accidentellement,  par  le  fait  d'un  complication, 
l'infection  purulente  survenue  à  la  suite  de  l'un  des 
panaris. 

Au  point  de  vue  anatomique,  le  fait  le  plus  important  est 
assurément:  l""  la  coexistence  de  lésions  portant  à  la  fois  sur 
les  nerfs  périphériques  et  sur  la  moelle  épinière;  2""  d'autre 
part,  la  prédominance  très  marquée,  sinon  la  présence 
exclusive  de  ces  lésions  dans  le  renflement  cervical  de  la 
moelle  et  dans  les  nerfs  des  membres  supérieurs,  c'est-à- 
dire  dans  les  parties  du  système  nerveux  correspondant  aux 
régions  où  les  symptômes  ont  été  plus  précoces  et  plus 
marqués. 

La  lésion  des  nerfs  consiste  dans  une  production  exubé- 
rante de  tissu  conjonctif  s' accompagnant  de  la  dégénéres- 
cence, et  en  fin  de  compte  de  la  disparition  d'un  grand 


nombre  de  tubes  nerveux.  Elle  se  distribue  de  telle  façon 
que,  présentant  son  maximum  de  développement  à  la  péri- 
phérie, elle  s'atténue  progressivement  au  fur  et  à  mesure 
qu'on  se  rapproche  de  la  racine  du  membre  offrant  ainsi  le 
mode  de  disposition  assigné  à  la  névrite  ascendante. 

Le  résultai  des  constatations  faites  à  propos  du  premier 
cas,  à  savoir  l'existence  d'une  névrite  périphérique,  se 
trouve  donc  confirmé.  Nous  sommes,  de  plus,  rensei^né> 
sur  le  mode  de  distribution  de  cette  névrite.  Elle  esi 
beaucoup  plus  prononcée  dans  le  nerf  correspondant  aux 
parties  les  plus  malades,  mais,  de  plus,  elle  est  loin  d'at- 
teindre les  troncs  nerveux.  Sur  toute  leur  étendue,  môme 
au  niveau  du  nerf  le  plus  altéré,  elle  reste  cantonnée  à  hi 
périphérie. 

Dans  la  moelle  épinière,  il  s'agit  d'un  développement 
anormal  de  tissu  interstitiel  occupant  le  cordon  postérieur, 
les  cornes  postérieures  et  probablement  aussi  la  sabsiance 
grise  centrale.  Cette  sclérose  s'accompagne  d'un  épaississe- 
ment  des  parois  vasculaires,  pouvant  aller  sur  certaiib 

roints  jusqu'à  l'oblitération  presque  complète  des  vaisseaux. 
1  est  certain  que  la  production  de  tissu  conjonctif  n'affecle 
nulle  part  le  mode  de  disposition  d'une  tumeur  isolée  uu 
isolable.  Il  y  a  partout  mélange  intime  des  deux  subsUinco> 
nerveuse  et  conjonctive.  La  question  de  savoir  s'il  n'existait 
pas  au  sein  de  la  substance  grise  centrale  des  cavités  acci- 
dentelles, analogues  à  celles  qui  caractérisent  la  syringo- 
myélie,  est  plus  difficile  à  juger  d'une  façon  définitive,  parce 
que  la  moelle  a  été,  sur  bien  des  points,  contusionnée 
pendant  les  manœuvres  nécessitées  par  l'extraction.  On 
peut  cependant  se  prononcer  contre  l'existence  d'une  syriii- 
êomyélie,  en  tenant  compte  des  considérations  suivantes. 
Les  déformations  constatées  sont  identiques,  comme  moile 
de  disposition,  à  celles  qui  résultent  du  coup  de  marteau. 
Les  cavités  ne  sont  nulle  part  limitées  par  une  membrane, 
ni  même  par  une  condensation  manifeste  du  tissu  conjonctil. 
Enfin,  le  contenu  des  cavités  est  formé  par  des  débris  de 
tubes  nerveux  nettement  reconnaissables. 

Du  reste,  la  lésion  dans  la  moelle  est  prédominante  au 
niveau  du  renflement  cervical,  mais  elle  n'est  pas  limitée  au 
renflement.  L'épaississement  des  parois  vasculaires  et  du 
tissu  interstitiel  se  retrouve  jusque  dans  la  région  lombaire, 
moins  prononcé,  il  est  vrai,  mais  toujours  plus  marqué  nu 
niveau  des  parties  postérieures  de  la  moelle.  L'épaissis- 
sement de  la  pie-mère  est,  d'autre  part,  uniforme  et  géné- 
ralisé à  toute  la  longueur  de  l'organe. 

Nous  ne  nous  croyons  pas  autorisés  à  trancher  la  question 
de  savoir  si  la  lésion  médullaire  a  déterminé  celle  des  nerfs 
périphériques,  ou  si,  au  contraire,  elle  n'est  pas  la  consé- 
quence de  celte  dernière.  Le  fait  de  la  double  localisation 
nous  parait,  pour  le  moment,  devoir  être  seul  retenu.  Il  y  a 


gence  la  plus  enthousiaste  ;  on  se  donnait  alors  tout  entier.  Il 
excitait  des  affections  respectueuses,  des  amitiés  fidèles,  dont 
à  défaut  de  famille—  Dechambre  ne  s'était  jamais  marié  —  il 
sentait  tout  le  prix.  Pour  nous,  les  jeunes,  il  y  avait  comme 
de  la  vénération  dans  les  sentiments  qu'il  nous  inspirait.  £t 
c'était  justice  ;  n'était-il  pas  pour  nous  Fimage  vivante  de 
rhonnèteté  et  de  la  probité  médicales,  dans  leur  acception  la 
plus  élevée? 

Ce  qui  donnait  encore  plus  d'agrément  et  de  charme  à  son 
commerce,  c'était  la  variété  de  sa  culture  intellectuelle.  D'une 
érudition  très  étendue,  il  avait  un  goût  particulier  pour  l'art 
et  la  littérature  de  la  Grèce  et  de  Rome.  11  excellait  particu- 
lièrement à  traiter  ces  questions  médicales  qui  sont  sur  les 
confins  de  l'archéolofi^ie  et  de  l'histoire.  Les  juges  les  plus 
compétents  ont  favoraulement  accueilli  sa  savante  Elude  sur  le 
caractère  de  la  figure  d'Alexandre  le  Grand  et  de  celle  de 
Zenon,  et  ont  aporécié  les  recherches  qu'il  a  publiées,  en 
collaboration  avec  M.  Gharcot,  sur  Quelaues  marbres  antiques 
concernant  des  études  anatomiques.  On  n'a  pas  oublié  non 
plus  ses  mémoires  sur  la  Maladie  de  François  /*%  sur  le  Ser- 


vice de  santé  militaire  chez  les  Romains,  sur  le  Pansement 
chez  les  anciens,  sur  d'autres  points  historiques  encore,  qui 
tous,  portent  la  marque  d'un  sons  critique  très  juste,  mis  nu 
service  d'une  érudition  de  bon  aloi. 

Comme  tous  les  esprits  élevés,  Dechambre  avait  une  prédi- 
lection pour  la  poésie  ;  avec  Voltaire,  il  pensait  que  <  si  elle 
occupe  un  si  haut  rang  parmi  les  beaux-arts  >,  c'est  qu'elle  est 
c  la  musique  de  l'àme,  et  surtout  des  âmes  grandes  et  sen- 
sibles >.  Poète  à  ses  heures,  rompu  aux  mille  difficultés  de  h 
versification,  il  a  écrit  un  ^rand  nombre  de  petits  poèmes,  de> 
fables,  des  nouvelles.  Les  pièces  qu'il  a  publiées,  VOde  à  Bichdi, 
un  Episode  de  la  vie  médicale^  les  Commandements  du  méde- 
cin, d'autres  encore,  prouvent  une  fois  de  plus,  après  Haller, 
après  Littré,  que  c  le  positivisme  des  sciences  naturelles  n'ex- 
clut pas  l'inspiration  poétique  i. 

Dechambre  avait  gardé  de  sa  jeunesse  un  goût  très  vif  pou^ 
le  théâtre.  Il  en  parlait  volontiers  et  les  jugements,  pleins 
d'aperçus  ingénieux,  qu'il  portait  sur  l'art  dramatique  contem- 
porain, montraient  qu'il  était  bien  au  courant  de  cette  partie 
si  riche  et  si  variée  de  notre  littérature.  Rien  de  ce  qui  con- 


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lieu  de  faire  remarquer  toutefois  qu'il  y  a  disproportion 
entre  l'inlensilé  des  deux  lésions,  celle  des  nerfs  étant 
extrêmement  prononcée,  grossière  en  quelque  sorte,  celle 
de  la  moelle  étant,  non  pas  douteuse,  mais  beaucouD  moins 
marquée.  Nous  pensons  qu'il  ne  s'agit  pas  là  d  un  fait 
exceptionnel,  que  des  affections  très  diverses  présentent 
avec  la  maladie  de  Morvan  celte  ressemblance,  qu'elles  sont 
caractérisées,  au  point  de  vue  clinique,  par  des  troubles  de  la 
sensibilité  et  de  la  nutrition  auxquels  correspond  une  double 
localisation  anatomique,  très  marquée  dans  les  nerfs  péri- 
phériques, moins  accentuée,  mais  indiscutable  au  niveau 
des  régions  postérieures  de  la  moelle. 


Sjphtltoil^raphle. 

Folie  et  paralysie  générale  syphilitiques,  par  M.  Charles 
Mauriac,  médecin  de  l'hôpital  du  Midi. 

Il  n'exisie  pas  une  seule  détermination  de  la  syphilis  sur 
le  cerveau  qui  ne  porte  une  atteinte  plus  ou  moins  sérieuse 
et  durable  aux  facultés  psychiques. 

Les  cas  où  elles  sont  très  peu  touchées,  à  peine,  ou 
même  pas  du  tout,  en  apparence  du  moins,  sont  exception- 
nels. Tôt  ou  tard  l'intelligence  est  englobée  dans  le  pro- 
cessus comme  tout  le  reste. 

Par  contre,  elle  n'est  que  fort  rarement  attaquée  seule, 
d'emblée  et  sans  qu'aucun  autre  phénomène  nerveux,  para- 
lytique ou  convulsif,  entre  en  scène,  et  vienne  attester  la 
matérialité  de  la  lésion.  —  Elle  ne  s'envole  pas  pour  long- 
temps, en  toute  liberté  et  à  tire-d'aile,  dans  les  espaces 
illimités  de  la  folie.  Ses  perversions,  même  les  plus  déga- 
gées du  complexus  habituel  des  cérébrosyphiloses,  ont  en 
elles  quelque  chose  qui  contrarie  leur  essor,*  rend  leur 
allure  équivoque  et  lourde,  comprime  ou  étouffe  leur  libre 
expansion  et  empêche  leur  fantaisie  délirante  de  s'égarer 
un  peu  partout,  ou  bien  de  se  systématiser  constamment 
dans  telle  ou  telle  direction.  Ce  qu'elles  pourraient  avoir 
par  hasard  d'imaginatif,  de  fantasque,  je  dirais  presque 
d*exquis,  de  subtil  ou  d'effréné  en  leur  divagation,  comme 
les  grandes  vésanies,  retombe  bientôt  dans  le  terre  à  terre 
et  la  platitude  de  cette  déchéance  psychique,  ou  Tidéation 
de  plus  en  plus  raréfiée  et  appesantie  s'embourbe  aux  bas- 
fonds  de  l'ineptie,  de  l'incohérence,  de  l'abrutissement  qui 
précèdent  son  extinction  définitive. 

Lorsque  le  virus  syphilitique  attaque  l'intelligence,  il 
laisse  toujours  sur  un  point  quelconque  de  l'encéphale  des 
traces  matérielles  de  son  action.  Il  n'agit  pas  d'une  façon 
mystérieuse  et  virtuelle.  11  ne  donne  pas  lieu  directement 


et  sans  aucun  intermédiaire  à  des  folie$  essentielles. 
Aussi  les  aliénistes  français  ont-ils  eu  grandement  raison 
de  rejeter  hors  du  domaine  de  la  folie  proprement  dite  ces 

rseudo-folies  syphilitiques  qu'on  a  tenté  souvent,  surtout  à 
'étranger,  d'y  faire  entrer  par  force.  En  admettant  que 
toutes  lés  formes  si  variées  du  désordre  mental  puissent 
être  l'expression  presque  unique  et  quelquefois  primitive 
de  certaines  cérébrosyphiloses  extraordinaires,  il  se  pro- 
duira infailliblement  tôt  ou  tard  deux  circonstances  de  na- 
ture à  révéler  leur  origine  :  la  première,  c'est  l'association 
pathognomonique  d'autres  troubles  encéphaliques  dont  la 
provenancene  laisse  aucun  doute;  la  seconde,  c'est  l'alté- 
ration du  type  qui  ne  conserve  jamais  pendant  toute  l'évolu- 
tion la  netteté  qu'il  présente  dans  la  folie  pure. 

Presque  toujours  l'affection  mentale  n  est  qu'un  acces- 
soire de  l'encêphalopathie  syphilitique,  une  décadence  qui 
tantôt  marche  parallèlement  à  celle  des  autres  fonctions 
nerveuses  avec  calme  et  continuité,  tantôt  se  détache  vio- 
lemment sur  ce  fond  sombre  par  des  éclairs  de  délire,  de 
manie,  de  mélancolie,  de  lypémanie,  mais  qui  loin  de  do- 
miner l'ensemble  lui  est  ou  lui  devient  tôt  ou  tard  subor- 
donnée. 

N'a-t-on  pas  singulièrement  exagéré  depuis  quelques 
années  la  fréquence  des  psychosyphiloses?  Voit-on  beau- 
coup de  cérébropathes  syphilitiques  chez  lesquels  les  con- 
ceptions délirantes  soient  constamment  orientées  en  une 
direction  fixe  et  invariable?  Sans  doute  quelques-uns  de 
ces  malades  tombent  dans  la  mélancolie,  l'hypochondrie, 
et  vont  même  jusqu'à  l'exaltation  extrême  des  idées  et  à  la 
fureur  des  actes.  Hais  bientôt  l'hébétude,  l'abrutissement, 
l'absurdité,  la  bizarrerie,  l'incohérence  submergent  l'exci- 
tation, et  tous  ces  phénomènes  de  folie  finissent  par  se 
noyer  dans  l'état  mental  du  ramollissement. 

Et  puis,  les  manies  vraies  qui  surviennent  chez  un  syphi- 
litique sont-elles  forcément  une  émanation  de  sa  maladie? 
La  syphilis  ne  pourrait-elle  pas,  là  comme  dans  beaucoup 
d'autres  états  morbides,  ne  jouer  que  le  rôle  de  cause  inci- 
tatrice? 

Eh  bien,  c'est  ce  qu'elle  fait  probablement  dans  une 
grande  maladie,  la  paralysie  générale,  dont  on  a  eu  le  tort 
de  la  rendre  trop  souvent  responsable.  Que  chez  les  sujets 
prédisposés  elle  en  provoque  le  développement  au  même 
titre  que  les  causes  communes  débilitantes  ou  perturba- 
trices, on  est  en  droit  de  l'admettre  dans  une  certaine 
limite.  Mais  que  son  action  pathogénique  sur  le  cerveau 
aille  jusqu'à  créer  de  toutes  pièces  la  vraie  paralysie  géné- 
rale, celle  qui  possède  cette  physionomie  si  typique  qu'ont 
découverte  et  décrite  fiayle  et  Calmeil,  voilà  ce  que  l'im- 
mense majorité  des  syphiliographes  et  des  aliénistes  se 
refuse  à  admettre. 


cerne  Thumanité,  aimait-il  à  répéter  après  Bacon,  ne  doit  être 
étranger  au  médecin.  Mais  les  meilleures  productions  de  ce 
temps  lui  paraissaient  inférieures  à  celles  du  dix-septième 
siècle,  il  avait  conservé  son  amour  de  jeunesse  pour  nos  grands 
tragiques  qu'il  avait  entendu  interpréter  par  Hachel;  il  en 
savait  par  cœur  les  plus  beaux  passages  et  c'était  un  charme  de 
IVntendre  dire  queUiue  tirade  de  Bérénice  avec  les  inflexions 
de  voix  de  la  grande  tragédienne  :  on  saisissait  mieux  les 
nuances  délicates  des  sentiments  exprimés  dans  les  vers  exquis 
de  Racine. 

c  Si  le  bonheur  qu'on  cherche  est  le  prix  du  vrai  sage  >,  selon 
la  parole  de  Voltaire,  Dechambre  a  dû  être  un  homme  heureux. 
Vrai  sage,  en  effet,  il  Tétait.  Modéré  dans  ses  désirs  et  ses  am- 
bitions, il  mettait  bien  au-dessus  des  distinctions  et  des 
honneurs  qui  étaient  venus  à  lui,  ces  satisfactions  intimes  que 
procure  le  devoir  accompli,  ces  jouissances  profondes  que  donne 
liî  travail  intellectuel.  Heureux,  il  l'était  ;  car  il  voyait  prospérer 
les  œuvres  auxiiuelles  il  avait  consacré  le  meilleur  de  son 
temps,  le  meilleur  de  lui-même;  il  se  voirait  entouré  d'amis 
anciens  ou  nouveaux,  vieux  ou  jeunes,  qui  avaient  tous  pour 


lui  une  affectueuse  déférence  :  se  sentir  estimé  et  aimé  de 
ceux  que  soi-même  on  aime  et  on  estime,  n'est-ce  pas  là  un 
élément  du  bonheur? 

Le  5  avril  1885,  les  collaborateurs  de  Dechambre  se  réuni- 
rent et  décidèrent  de  faire  exécuter  son  buste,  comme  un  hom- 
mage affectueux  de  leur  admiration  et  de  leur  respect.  Une 
souscription  fut  ouverte  :  ses  listes  se  couvrirent  rapidement; 
on  y  trouve  les  noms  les  plus  illustres  du  corps  médical,  en 
même  temps  que  ceux  de  tous  les  amis  de  notre  collègue. 

Dechambre  se  montra  très  sensible  à  cette  touchante  mani- 
festation :  il  en  ressentit  aussi  un  juste  sentiment  de  fierté. 
Nous  attendions  avec  impatience  la  date  fixée  par  lui  de  la  fêle 

Sui  devait  rassembler  tous  ceux  qui  l'avaient  connu  et  aimé, 
uelques  jours  à  peine  nous  en  séparaient,  lorsque  le  20  dé- 
cembre 1885,  il  fut  frappé  d'apoplexie.  Les  soins  les  plus  intel- 
ligents et  les  plus  assidus  ne  purent  enrayer  le  mal,  il  était 
sans  remède. 

€  Sentant  sa  mort  prochaine  >,  Dechambre  voulut  remplir 
un  dernier  devoir.  De  ses  deux  œuvres,  la  première,  la  Gazette 
kebdomadairej  était  en  pleine  prospérité,  la  seconde,  le  Diction- 


322    -  If  20  - 


GAZETTB  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


17  Mai  i889 


La  syphilis  donne  Heu,  ainsi  (|ue  je  Tai  dit  depuis  long- 
temps, à  des  paralysies  généralisées  entremêlées  de  cer- 
tains états  psychiques  variables  et  flottants,  plutôt  qu'à 
cette  cérébropathie  si  arrêtée  dans  ses  lignes,  si  persistante 
dans  ses  tendances,  si  concrète  et  si  constamment  identique 
à  elle-même  dans  toutes  ses  lésions,  qu'on  désigne  sous  le 
nom  de  paralysie  générale.  —  Cette  entité  morbide  peut  être 
simulée  par  quelques  cérébropathies spécifiques;  mais  elle 
conserve  toujours  son  autonomie,  et  le  virus  syphilitique, 
de  quelque  façon  qu'il  s'y  prenne  pour  attaquer  le  cerveau, 
ne  peut  pas  la  lui  enlever.  Il  est  possible  que  dans  l'innom- 
branle  variété  de  ses  combinaisons  il  se  rapproche  d'elle 
fortuitement.  Arrîve-t-il  jamais  à  la  création  parfaite 
et  intégrale  du  type  dans  toute  sa  pureté? 

Xorsque  l'envahissement  progressif  des  centres  nerveux 
par  la  syphilis  a  diminué,  anéanti  ou  bouleversé  toutes  les 
activités  nerveuses  dans  leur  synergie  fonctionnelle,  n'im- 

Eorte  quels  désordres  névropathiques  peuvent  se  rencontrer, 
'est  un  chaos  surprenant  de  symptômes  paralytiques,  psy- 
chiques, sensoriaux,  auquel  rien  ne  manque,  sauf  la  coor- 
dination phénoménale,  la  systématisation  de  tels  ou  tels 
accidents  dont  la  prédominance  marque  certaines  maladies 
d'une  empreinte  inefiaçable.  La  folie,  la  paralysie  générale, 
l'ataxie  locomotrice  progressive  ne  sont  pas,  dans  leur  type 
pur  et  immuable,  des  enfants  légitimes  de  la  syphilis.  Ce 
qu'elle  produit  dans  ce  genre-là,  ce  sont  des  états  morbides 
bâtards.  Ils  se  rapprochent  sans  doute  quelquefois  beau- 
coup de  ces  affections;  ils  leur  ressemblent  par  moments 
d'une  façon  surprenante;  mais  regardez-^  de  près  :  tôt  ou 
tard  vous  verrez  apparaître  les  signes  différentiels  qui  les 
distinguent  et  dissipent  une  confusion  momentanée. 

Première  partie.  —  Folie  syphilitique. 

Les  troubles  psychiques  produits  par  la  syphilis  sont  si 
variés,  si  nombreux  et  entremêlés  dans  un  complexus  si 
inextricable,  qu'il  est  difficile  de  les  classer.  Les  uns  se 
développent  lentement  et  d'une  façon  continue,  sous  la 
forme  d'une  diminution  des  facultés  intellectuelles, 
d'une  dépression  mentale  progressive,  qui  aboutit  à  l'hébé- 
tude et  à  l'abrutissement.  D'autres  plus  soudains  dans  leur 
début,  plus  vifs,  plus  intenses,  plus  vibrants,  jettent  tout 
de  suite  le  cerveau  dans  Texaltation  et  le  conduisent  par 
étapes  rapides  aux  délires  aigus  de  la  folie. 

A.  Les  premiers  sont  de  beaucoup  les  plus  communs 
et  les  plus  authentiques.  Ce  sont  ces  phénomènes  de  dé- 
pression intellectuelle  et  morale  qu'on  rencontre  dans 
presque  toutes  les  cérébropathies.  L'affaissement  des 
facultés  psychiques,  même  lorsqu'il  devient  prédominant 


et  occupe  la  première  place  au  milieu  des  autres  symptômes 
Tterveux,  ne  s'accompagne  point  de  perversion  mentale, 
d'incohérence  et  de  aélire.  Les  idées  sont  rares,  lentes, 
paresseuses,  alourdies  et  semblent  se  dégager  péniblement 
d'un  cerveau  devenu  incapable  d'une  conception  suivie.  La, 
mémoire (1),  qui  de  toutes  les  facultés  est  dans  les  cérébro-j 
pathies  spécifiques,  quelle  qu'en  soit  la  forme,  la  première 
et  la  plus  profondément  atteinte,  ne  peut  plus  réunir  ces 
ébauches  d'idées.  Il  en  résulte  pour  les  paroles  et  pour  )e$ 
actes,  des  oublis,  des  maladresses,-  des  lacunes,  de  Final- 
tention,  etc.,  qui  constituent  une  véritable  déchéance  in- 
tellectuelle dont  le  patient  a  conscience  quand  elle  est 
faible,  mais  à  laquelle  il  s'accoutume  et  qui  finit,  à  mesure 
c[u'elle  s'accentue,  par  lui  enlever  peu  à  peu,  même  la  notion 
intime  de  son  moi  et  des  changements  profonds  qui  s*} 
produisent.. Parallèlement  à  ces  troubles  psychiques  se  dé- 
veloppent des  troubles  moraux,  dans  une  gamme  qui,  poor 
être  tranquille,  n'en  est  pas  moins  très  frappante.  Concen- 
tration, taciturnité,  indifférence  pour  soi-même  et  pour  les 
siens,  misanthropie,  alternatives  de  paresse  ou  d'aj^itation 
sans  motifs,  avec  d]es.  impatiences  ou  des  colères  hors  de 
propos  :  c'est  là  ce  qli^on  observe  habituellement. 

Accentuez  le  degré  de  cette  première  série  de  phénomènes 
psychiques;  exagérez,  par  exemple,  l'agitation,  les  bizar- 
reries, les  balourdises,  les  contresens,  les  bévues  dans  les 
paroles  et  dans  les  actes,  et  vous  aurez  une  sorte  d'état 
vésanique  vague,  généralisé,  sans  tendance  monomaniaque, 
avec  un  fond  d'incohénBnt^^çalme  et  permanent,  sur  lequel 
apparaissent  parfois  çà  et  là,  tremblottent  et  s'éloignent 
comme  d'éphémères  phosphorescences,  quelques  échappées 

(1)  L'affaibliMement  de  la  mëmoire  est  un  phénomène  capital  dont  j'ai  pluMeo^ 
fois,  dans  roos  études  sur  los  encéphalopathies  syphilitiques,  fait  rossortir  luttU> 
l'importanoe.  Il  est  souvent  très  précoce  et,  à  lui  seul,  on  l'ab^enro  do  tuiil  autr- 
symptôme,  il  doit  faire  craindre  ches  m\  syphilitique,  l'invasion  probable  et  pro- 
chaine d'une  cf3rébropathie.  Aussi  mërite>l-il  d'i^lre  recherché  et  étudie'  avec  k 
plus  grand  soin. 

D'ordinaire,  la  mémoire  s'alTaiblit  peu  à  peu.  Parfois  elle  revient  brusqiiciiieoi; 
c'est  comme  une  lumière  qui  se  ranime,  vive,  éphémère,  inattendue;  puis  elle 
rentre  dans  son  demi«jour  ou  dans  ses  ténèbres.  Il  y  a  là  des  alternative!!  de  niim 
et  plus  mal,  vraiment  singulières  et  inexplicables  comme  dans  l'spbssie.  (Iiaqic 
attaque  de  cérébropathie  est  un  coup  pour  In  mémoire  et  précipite  los  propre»  it 
Vatnnitie.  L'abolition  instantanée,  absolue,  conpe  court  dans  certains  gi>  a  li 
diminution  progressive  ou  hésitante. 

La  mémoire  peut  faire  défaut  pour  certains  faits,  les  plus  récents,  par  exeinpk, 
et  les  plus  personnels,  tandis  qu'elle  reste  intacte  pour  des  événements  anci^*!!»  «i 
indifféritnts.  Toutes  ces  particularités  no  sont  point  exclusivement  propres  à  U 
syphilose  cérébrale;  elles  s'observent  dans  les  cérébropathies  de  n'import<*  i|ucllo 
provenance.  Dans  toutes,  quels  qu'on  soit  le  siège  et  la  natare,  il  est  mre  que  h 
mémoire  ne  soit  pas  atteinte.  Comment  s'en  étonner?  N'est-ce  pas  la  faCMllé  li 
plus  générale,  la  faculté  maitresse?  Sans  elle  que  deviendraient  les  aulrc«?Eilt> 
paraît  avoir  ses  racines  dans  chacune  des  parties  de  la  masse  encrphaliquc.  U 
cerveau  do  tous  les  animaux  en  est  doué,  même  celui  des  plus  obtu«  et  de4  )ilu!> 
bas  placés  dans  i'éclieilo  des  êtres,  sur  les  confms  du  monde  végétal.  Ne  semble' 
t -elle  pas  projeter  quelque  vague  lueur  d'iuielligcnce  sur  irs  instincts  ob«ror9  et 
primordiaux  de  la  matière  organique  animée  du  moindre  souffle  de  vie? 


naire  encyclopédique^  n'étnit  pas  encore  terminé.  Pour  conti- 
nuer l'une  et  compléter  Tautre,  il  lui  fallait  un  digue  succes- 
seur. Il  voulut  Tindiquer  lui-môme.  Son  choix  tomba  sur  M.  ie 
docteur  Lereboullet,  qui,  depuis  plus  de  douze  ans,  vivait  dans 
rintimité  du  maître.  Ces  relations  de  tous  les  instants  lui 
avaient  permis  d'apprécier  les  mérites  de  ce  médecin  distingué, 
ses  connaissances  étendues,  son  aptitude  au  travail  et  ses  qua- 
lités d'écrivain.  En  lui  transmettant  son  héritage  intellectuel, 
il  savait  le  léguer  à  des  mains  pieuses  qui  ne  le   laisseraient 

Eas  dépérir.  Peu  d'heures  après  avoiracconipH  cet  acte  suprême, 
lechambre  s'éteignit.  C'était  le  4  janvier   1886;   huit  jours  à 
peine  le  séparaient  de  sa  soixante-quatorzième  année.^ 

Je  n'oublierai  jamais  cette  sombre  et  froide  joiirnée  de 
janvier,  où  nous  conduisîmes  à  sa  dernière  demeure  le  maître 
regretté.  Je  vois  encore  devant  sa  tombe  plusieurs  générations 
d'amis,  qui,  tous,  étaient  envahis  d'une  tristesse  douloureuse  à 
la  pensée  qu'ils  ne  le  reverraient  plus.  C'est  la  poitrine  oppressée 
et  les  yeux  pleins  de  larmes  qu'ils  s'éloignèrent,  les  discours 
prononcés,  du  lieu  de  son  éternel  repos. 
Mais   Dechambre  n'est  pas  mort  tout  entier;  la  meilleure 


partie  de  lui-même  n'est  pas  descendue  dans  son  tombeau.  La 
mémoire  de  ses  belles  et  nobles  qualités  de  cœur  et  d'esprit 
sera  conservée  par  tous  ceux  qui  l'ont  connu  ;  et,  lorsque  à  leur 
tour  ils  auront  disparu,  la  médecine,  à  laquelle  il  a  rendu  Jt" 
si  éminents  services,  se  souviendra  encore  de  lui. 


Corps  db  santé  militaire.  —  Sont  nommés: 

Au  grade  de  médecin-major  de  première  classe:  M.  Dupo»- 

chel,  professeur  ag^régé  à  l'Ecole  d  application  de  médeciiif  d 

de  pharmacie  militaires  à  Paris. 
Au  grade  de  médecin-major  de  deuxième  classe:  MM.  Kayna'. 

Carlier,  Lepagnez,  Basin,    Salebert,    Boucher,  Debrie,  Tayat' 

médecins  aides-majors. 

Septième  session  de  la  Société  française  d'ophthalmolocie 
EN  1889.  —  La  septième  session  de  la  Société  française  d  opli- 
thalmologie  se  tiendra  à  Paris  du  8  au  12  août  prochain. 


17  Mai  1889 


GAZETTE  HrEBDOHADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  20  —    323 


(l'une  aberration  plus  vive,  mais  que  n'interrompent  point, 
hnisqueraent  ou  peu  à  peu,  ni  un  délire  véhément^  ni  une 
folie  systématisée  dans  tel  ou  tel  sens. 

Ycilà  les  troubles  pschiques  que  présentent  la  plupart 
de  ces  cérébrosyphiloses.  Ils  sont  continus  et  progres- 
sifs dans  leur  ensemble,  et  ils  aboutissent  fatalement,  si 
on  n'intervient  pas  et  même  trop  souvent  malgré  la  médi- 
cation spéciOque,  à  une  décadence  intellectuelle  et  morale' 
complète,  irrémédiable,  définitive.  Cependant  il  y  a  des 
moments  d'accalmie  spontanée  chez  quelques-uns  de  ces 
psychopathes,  une  sorte  d'intermittence  ou  plutôt  de  rémit- 
lence,  comme  on  Tobserve,  mais  peut-être  pas  autant,  dans 
les  autres  troubles  nerveux  concomitants.  La  raison  et  la 
déraison  s'entre-choquent;  le  cerveau,  dans  un  accès  de 
lucidité,  se  ressaisit  en  tout  ou  en  partie.  La  divagation 
cesse,  la  mémoire  revient,  le  jugement  se  corrige,  etc. 
Espoir  décevant  I  L'hébétude  et  Tincohérence  ne  tardent  pas 
à  reprendre  le  dessus;  et  qu'il  y  ait  des  saccades  ou  de  la 
permanence  dans  le  trouble  mental,  l'intelligence  n'en 
marche  pas  moins  fatalement  à  la  démence  qui  est  le 
dernier  terme  de  tous  les  processus  psychopathiques  de  la 
syphilis. 

*  Avant  d'y  arriver,  ce  trouble  mental  qui  déprime  et 
désaccorde  tout  à  la  fois  les  facultés  intellectuelles  et  mo- 
rales, sans  bruit,  à  la  sourdine,  en  rompant  sur  tous  les 
points  l'harmonie,  l'enchaînement  des  idées,  des  paroles, 
des  actes,  des  sentiments  dans  les  plus  petites  comme  dans 
les  plus  grandes  choses,  quitte  pariois  son  allure  calme,  et 
s'engage  timidement  dans  une  monomanie  systématique  ou 
bien  s'y  élance  d'un  bond.  L'hypochondrie,  la  lypémanie,  la 
mélancolie,  certaines  idées  fixes  sans  fondement,  quelques 
tendances  au  suicide,  telles  sont  les  formes  de  délire  plus 
ou  moins  aigu  qui,  de  temps  en  temps,  mais  dans  des  cas 
très  exceptionnels,  viennent  rompre  1  uniformité  et  la  mo- 
notonie du  processus  habituel. 

Cette  forme  de  psychosyphilose  est  ordinairement  pré- 
cédée, accompagnée  et  surtout  suivie,  même  quand  elle  est 
prédominante,  d'un  ou  de  plusieurs  symptômes  paralytiques 
ou  convulsifs  qui  forment  un  syndrome,  variable  dans  ses 
éléments  mais  toujours  caractéristique,  dont  elle  est  le 
point  culminant.  Elle  se  dégage  quelquefois  des  associations 
qui  avaient  signalé  son  début  et  reste  la  seule  expression 
phénoménale  de  la  cérébropathie.  C'est  ce  qui  était  arrivé 
dans  le  cas  suivant  :  on  me  conduisit,  en  1888,  un  jeune 
homme  dont  l'aspect  florissant  et  calme  n'annonçait  rien 
de  cérébral.  Il  me  déclara  qu'il  n'avait  jamais  été  malade 
et  répondit  très  posément  et  sans  le  moindre  embarras  à 
toutes  mes  questions,  dans  un  sens  négatif.  Ces  assertions 
toujours  répétées  sur  le  même  ton  et  d'une  façon  un  peu 
niaise  me  nrent  bientôt  voir  que  j'avais  affaire  à  un  psycho- 
pathe et  il  ne  me  fut  pas  difficile  de  çlécouvrir  la  prove- 
nance de  son  affection  cérébrale,  car  sa  peau  était  encore 
tachetée  par  les  macules  d'une  syphilide  papulo-tubercu- 
leuse  contluente.  La  personne  qui  l'accompagnait  me  dit  nue 
cet  homme  était  tombé  dans  un  état  mental  qui  le  rendait 
incapable  de  gérer  ses  affaires  et  qu'il  avait  eu  six  mois  au- 
paravant une  attaque  d'aphasie  et  d'hémiplégie  droite.  II 
neii  restait  aucune  trace. 

(A  suivre.) 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Académie  dea  «elence*. 

M.  le  professeur  Verneuil  a  bien  voulu  offrir  à  l'Académie 
des  sciences  le  dernier  fascicule  du  Dictionnaire  encyclo- 
pédiqtteeits^iYe  cette  présentation  dans  les  termes  suivants  : 
<  J'ai  l'honneur  de  déposer  sur  le  bureau  de  l'Académie  un 
volume  dont  l'apparition  fei*a  époque  dans  les  annales  biblio- 
I  graphiques  de  ce  siècle.  Je  veux  parler  du  dernier  fascicule 


du  Dictionnaire  encyclopédique  des  sciences  médicales. 
Cet  ouvrage  ne  comprend  pas  moins  de  deux  cents  fasci- 
cules du  format  et  des  dimensions  de  celui-ci. 

(  La  publication  a  commencéle24  juin  1864,  elle  vient  de 
finir  le  20  avril  dernier,  elle  représente  un  travail  gigan- 
tesque et  jamais  monument  scientifiaue  pareil  n'avait  été 
élevé  en  l'honneur  des  connaissances  oiologiques. 

f  Le  premier  directeur  de  l'œuvre,  leregrettéDechambre, 
n'a  pas  eu  le  bonheur  de  la  voir  achevée,  mais  grâce  à 
M.  le  docteur  Lereboullet,  continuateur  de  son  œuvre,  et  à 
MM.  Georges  Masson,  Asselin  et  Houzeau,  éditeurs,  dont  le 
dévouement  à  la  science  est  si  connu,  Tédifice  est  terminé, 
attestant  la  puissante  productivité  des  ouvriers  français.  > 

Nouvelles  expériences  sur  l*accroissement  des  os  longs 

APRÈS  l'ablation  D*UN    DES  CARTILAGES  DE  CONJUGAISON   ET  SUR 

l'hypehplasie  compensatrice  par  le  cartilage  CONSERVÉ,  par 
M.  Ollier.  —  D'anciennes  expériences  faites  par  M.  Ollier  et 
relatives  à  rablalioii  des  cartilages  de  conjugaison  des  os  longs 
ont  démontré  ^ue  Tarrét  de  Taccroissement  longitudinal  était 
absolu  et  définitif  après  Tablalion  des  deux  cartilages,  et  pro- 
poriioimel  à  Timportance  physiologique  du  cartilage  conservé 
dans  le  cas  où  un  seul  de  ces  organes  avait  été  détruit  ou 
enlevé. 

Ces  deux  propositions  expérimentales  ont  été  confirmées  par 
rétude  des  ostéites  spontanées  et  les  résultats  des  résections 
sur  rhorame.  Mais  à  diverses  reprises  des  faits  contradictoires 
en  apparence  avaient  fait  supposer  qu'il  n'en  était  pas  toujours 
ainsi. 

Ayant  observé,  après  une  résection  totale  du  coude,  un  hu- 
mérus un  peu  plus  long  que  Thumérus  du  côté  sain  et  ne  pou- 
vant attribuer  cet  excès  d  accroissement  à  une  reproduction 
exubérante  de  la  partie  enlevée  (la  masse  des  parties  néofor- 
mées étant  moins  haute  que  la  masse  réséquée),  Tauteur  en  a 
conclu,  après  expérimentation,  qu'un  fait  nouveau  permettait 
de  donner  une  explication  des  exceptions  à  la  rè^le  posée. 

Ce  fait  nouveau,  c'est  Thyperplasie  compensatrice  qui  se  pro- 
duit dans  le  cartilage  de  conjugaison  restant  après  la  résection 
uUra*épiphysaire  d  une  extrémité  de  Tos.  <  Pour  le  démontrer, 
nous  avons  eu  recours,  dit  M.  Ollier,  au  procédé  du  clou  médian, 
c'est-à-dire  implanté  au  milieu  de  la  longueur  de  1  os,  sur  de 
jeunes  animaux,  auxquels  nous  pratiquons  ensuite  une  résection 
ultra-épiphysaire.  Dans  ce  but,  nous  implantons,  le  même  jour, 
au  milieu  de  l'humérus  (nous  prendrons  aujourd'hui  cet  os  seul, 
par  exemple)  et  sur  chaque  membre,  un  clou  de  plomb  solide- 
ment fixé,  et  nous  pratiquons  ensuite,  d'un  côté  seulement,  la 
résection  de  l'extrémité  cubitale.  Nous  laissons  vivre  l'animal 
un  temps  suffisant  pour  que  le  squelette  ait  notablement  grandi 
(deux,  trois,  quatre  mois  selon  1  espèce),  et,  à  l'autopsie,  nous 
constatons  que  le  clou  se  trouve  sensiblement  plus  éloigné  de 
l'extrémité  supérieure  que  du  bout  inférieur  de  l'os.  Gomme  il 
ne  peut  y  avoir  ici  d'accroissement  interstitiel  et  que  le  carti- 
lage de  conjugaison  est  le  seul  organe  de  l'accroissement  longi- 
tudinal, il  n'y  avait  qu'une  conclusion  à  tirer  de  cette  expé- 
rience :  c'est  que  le  cartilage  de  conjugaison  conservé  avait 
éprouvé  une  suractivité  végétative  et  que  cette  hyperplasie  pou- 
vait être  un  élément  précieux  pour  diminuer  les  déficits  résul- 
tant directement  de  la  résection. 

c  Cette  hyperplasie  compensatrice  peut  être  portée  assez  loin 
pour  diminuer  d'une  manière  très  sensible,  en  dehors  de  toute 
reproduction  osseuse,  le  déficit  résultant  d'une  résection  ultra- 
épiphysaire.  Pour  rhumcrus,  par  exemple,  elle  peut  représenter 
le  quart  et  même  le  tiers  de  l'accroissement  physiologique 
pendant  la  durée  de  l'expérience  et  augmenter  de  â  centimètres 
et  3  centimètres  un  os  qui  normalement  n'aurait  dû  s'allonger 
que  de  8  ou  9  centimètres  par  l'extrémité  conservée. 

€  Mais  cette  hyperplasie  compensatrice  n'est  pas  constante. 
Outre  qu'il  s'agit  là  d'un  phénomène  de  réaction  qui  pourra 
varier  beaucoup  chez  Thomme,  d'un  sujet  à  un  autre,  elle  est 
subordonnée  à  d'autres  conditions  plus  facilement  calculables 
qu'il  importe  de  déterminer  pour  les  explications  chirurgicales 
et  pour  rinterprétation  rationnelle  des  difTormités  consécutives 
aux  lésions  spontanées  survenues  dans  l'enfance.  Elle  ne  se 
produit  d'une  manière  sensible  que  lorsque  le  membre  reprend 
ses  usages  après  la  résection.  Le  stimulus  du  fonctionnement 
physiologique  lui  est  indispensable  ;  sans  cela,  il  s'atrophie 
dans  son  ensemble.  L'activité  végétative  du  cartilage  s'arrête 


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N*  20  - 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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bientôt,  malgré  nne  excitation  momentanée,  et  finalement  le 
membre  envahi  par  les  troubles  trophiques  dans  tous  ses  tissus 
se  tient  en  arrière  du  membre  sain  et  reste  d'autant  plus  court 
que  l'inactivité  fonctionnelle  persiste  plus  longtemps. 

€  Nous  avons  déjà  fait  connaître  1  allongement  anormal  des 
segments  du  membre  situés  au-dessus  et  au-dessous  d'une  par- 
tie réséquée.  Après  la  résection  du  poignet,  l'humérus  du  côté 
opéré  s'allonge  plus  que  celui  du  côté  sain  ;  après  la  résection 
de  l'épaule,  les  os  de  Tavant-bras  du  même  côté  sont  plus  longs 

Sue  ceux  du  côté  sain.  Frappé  par  l'aspect  de  ces  os,  allongés, 
est  vrai,  mais  plus  minces,  plus  droits,  plus  légers  et  plus 
fragiles  que  les  os  sains  du  côte  opposé,  nous  avions  donné  le 
nom  d'atrophique  à  cet  allongement  anormal.  Nous  retrouvons 
la  même  structure  dans  les  os  qui  ont  subi  l'hyperplasie  com- 
pensatrice après  une  résection;  mais,  lorsque  le  membre  re- 
prend ses  fonctions,  ils  acquièrent  une  solidité  assez  grande 
pour  les  usages  auxquels  ils  sont  destinés. 

c  Nous  avons  véritié  l'hyperplasie  compensatrice  après  les  di- 
verses résections,  mais  elle  varie  d'un  os  à  l'autre,  et,  pour  un 
même  os,  elle  se  produit  très  inégalement  sur  chacune  de  ses 
extrémités.  Elle  se  produit  surtout  sur  le  cartilage  qui  prend 
normalement  la  plus  grande  part  à  l'accroissement  longitudinal 
de  Tos;  et,  comme  1  inégalité  peut  être  très  grande  entre  les 
deux  cartilages  d'un  même  os,  on  doit  s'attendre  à  de  grandes 
différences  après  les  diverses  résections  ;  à  l'état  normal  le  car- 
tilage fertile  fournit  pour  certains  os  les  deux  tiers,  les  trois 
quarts  et  même  les  cinq  sixièmes  de  l'accroissement  total  (pro- 
portion très  variable,  du  reste,  suivant  les  divers  animaux), 
t'est  ce  même  cartilage  qui  présentera  principalement  l'hyper* 
plasie  compensatrice  après  une  résection;  le  cartilage  accessoire 
ou  à  fécondité  limitée  restant  relativement  stérile.  Ce  sont  les 
parties  les  plus  actives  pbysiologiquement  oui  subissent  le  plus 
efficacement  les  effets  «les  irritations  accidentelles  ou  trauma- 
tiques.  A  une  suractivité  physiologique  répond  une  excitabilité 
plus  grande. 

c  Par  exemple,  si  le  cartilage  supérieur  de  l'humérus  reprend 
une  nouvelle  énergie  après  la  résection  de  l'extrémité  inférieure 
de  cet  os,  il  n'en  est  pas  de  même  pour  le  cartilage  inférieur 
après  la  résection  de  1  extrémité  opposée.  On  obtient,  après  la 
resection  du  coude,  une  hyperplasie  compensatrice  relative- 
ment considérable;  la  résection  de  l'épaule  laissera  presque 
indifférent  le  cartilage  inférieur  de  l'os  et  rien  ne  viendra  com- 
penser d'une  manière  appréciable  le  déficit  dû  à  l'ablation  du 
cartilage  fécond. 

c  Nous  nous  bornons  aujourd'hui  à  énoncer  le  fait;  dans  une 
prochaine  communication,  nousl'étudierons  dans  les  différentes 
résections.  Ce  qu'il  nous  paraît  important  de  démontrer,  c'est  le 
fait  général  de  la  suractivité  végétative  ou  de  l'hyperplasie  du 
cartilage  conservé,  ce  fait  n'ayant  jamais  été  établi  et  ne  parais- 
sant pas  même  avoir  été  soupçonné.  L'examen  simple  des  os 
ayant  autrefois  subi  une  résection  ne  pouvait  y  conduire,  car  il 
est  impossible  de  se  rendre  compte  de  la  part  aue  les  diverses 
parties  d'un  os  ont  prise  à  son  accroissement.  La  présence  de 

f joints  de  repère  fixes  et  invariables,  placés  simultanément  sur 
es  os  analogues  dans  les  deux  membres,  était  absolument 
indispensable  pour  constater  l'hyperplasie  compensatrice  et  en 
déterminer  le  aegré. 

c  Indépendamment  de  son  intérêt  physiologique,  ce  fait  nous 
permet  de  mieux  nous  rendre  compte  chez  1  homme  de  l'arrêt 
de  développement  et  du  raccourcissement  définitif  qui  suivent 
les  résections  et  les  diverses  mutilations  du  squelette;  il  nous 
montre  surtout  que  les  conséquences  de  l'ablation  d'un  carti- 
lage de  conjugaison  peuvent,  dans  certaines  conditions,  être 
sensiblement  atténuées.  Jusqu'ici  nous  n'avions  vu  que  la  per- 
sistance dans  l'os  d'une  irritation  chronique  (foyer  d'ostéite, 
corps  étranger,  séquestre  incarcéré),  comme  moyen  d'activer 
l'accroissement  longitudinal  dans  un  os  réséqué.  Nos  nouvelles 
expériences  prouvent  que  cette  hyperplasie  pourra  s'opérer  sans 
foyers  d'inflammation  appréciable,  par  le  fait  seul  de  l'irritation 
indirecte  produite  par  le  traumatisme  opératoire  quand  le 
membre  pourra  recouvrer  son  activité  fonctionnelle. 

c  L'arrêt  d'accroissement  consécutif  à  l'ablation  d'un  cartilage 
de  conjugaison  ne  représentera  donc  pas  exactement  la  hauteur 
de  la  colonne  osseuse  qui  aurait  fourni  normalement  ces  carti- 
lages; il  sera  diminué  par  l'hyperplasie  du  cartilage  restant.  La 
Sravité  du  pronostic  porté  sur  certaines  résections  pratiquées 
ans  l'enfance  doit  être,  par  cela  môme,  un  peu  atténuée,  toutes 
les  fois  que  l'on  pourra  ootenir  un  membre  capable  de  fonction- 
ner activement.  > 


De  Lk  I.OCO.MOTION  DANS  i/ataxie  LOCOMOTRICE,  par  MM.  Ik- 
meny  et  Quénu.  —  Le  travail  des  auteurs  se  rapporte  à  scpi 
malades  dont  six  appartenaient  au  service  de  M.  Dujardin- 
Beaumetz,  ils  ont  donné  les  résultats  suivants  : 

i**  Étude  par  les  procédés  photochronograpkiques.  Trajec- 
toire de  la  nanche.  —  Dans  la  marche  normale,  la  trajecioin' 
de  la  hanche  pendant  l'appui  est  franchement  convexe;  daû.< 
l'ataxie,  elle  se  rapproche  de  l'horizontale  ;  les  images  sucrer- 
sives  sont  condensées,  rapprochées,  ce  qui  indique  uu  raleotis- 
sèment  sensible  de  la  vitesse. 

Au  début  du  lever,  la  trajectoire  de  la  hanche  présente  uoe 
élévation  brusque,  puis  une  dépression  oui  ne  se  rencontre 
jamais  dans  les  tracés  normaux;  enfin  elle  est  surbaissée  au 
moment  de  l'appui. 

La  trajectoire  du  genoUy  pendant  l'appui,  se  rapproche  plus 
de  l'horizontale  que  dans  l'état  normal;  mais  le  vrai  caractère 
chez  fataxique,  c  est  que,  un  peu  avant  le  poser  du  pied,  la 
trajectoire  du  eenou  s*élève  fortement  et  tardivement  pour 
s'abaisser  tout  a'un  coup.  Il  y  a  là  une  sorte  de  chute  brusque 
des  plus  remarquables,  que  nous  retrouvons  du  reste  dans  la 
trajectoire  des  différentes  articulations  du  membre  inférieur. 

La  trajectoire  de  l'articulation  tibio-tarsienne  ne  préseuie 
rien  de  bien  spécial  au  moment  du  lever;  il  n'en  est  pas  lït 
même  dans  le  moment  qui  précède  l'appui  :  d'abord  plus  élevée 
que  dans  la  marche  normale,  elle  s'abaisse  presque  verticale- 
ment en  présentant  une  boucle  dont  le  dernier  élément  a  uo 
sens  rétrograde  et  sort  quelquefois  du  plan  normal  d'oscillation 
de  la  jambe. 

Trajectoires  de  la  tête  et  de  Vépaule,  —  Les  pas  étant  petits, 
on  ne  constate  que  de  petites  oscillations  verticales  du  tronc  H 
une  déformation  peu  apparente  de  la  trajectoire  de  la  tète.  Le 
balancement  du  tronc  en  avant  et  en  arrière  est  assez  sensible: 
les  déformations  de  la  trajectoire  de  l'épaule  tiennent  à  unr 
légère  torsion  du  tronc  autour  de  son  axe. 

Mouvements  des  segments.  —  Pendant  la  période  d'appui  du 
viedy  les  mouvements  du  membre  inférieur  diffèrent  peu  d^ 
rétat  normal,  si  ce  n'est  par  leur  étendue.  Le  déroulemenl  lie 
ce  membre  dans  la  marche  est  de  50  à  60  degrés  :  27  degrê> 
environ  pour  l'angle  du  poser,  et  30  degrés  pour  l'angle  du  lever 
dans  la  marche,  au  rythme  60. 

Chez  l'ataxtque,  ces  chiffres  sont  moindres  :  l'angle  du  poser  esl 
environ  de  17  degrés,  l'angle  du  lever  de  20  à  25  degrés,  ce  qui 
fait  un  déroulement  total  de  37  à  42  degrés  environ;  la  lon- 
gueur du  pas  est  donc  diminuée. 

Le  mouvement  des  segments  du  membre  inférieur  est  à  peu 
près  le  mouvement  normal  :  dans  celui-ci,  en  effet,  la  cuisse, 
au  moment  de  l'appui,  se  fléchit  en  même  temps  que  la  jambe 
et  s'étend  avant  celle-ci;  puis  les  deux  segments  s  étendent, et 
avant  le  lever  la  flexion  de  la  jambe  précède  l'extension  de  h 
cuisse. 

Chez  l'ataxique,  la  jambe  se  fléchit  au  moment  du  poser,  pen- 
dant que  la  cuisse  continue  le  mouvement  d'extension  violent 
que  nous  décrirons  plus  loin;  la  jambe  s'étend  ensuite  peodani 
un  temps  court,  reste  étendue,  puis  se  fléchit  légèrement,  alors 
que  la  cuisse  continue  à  s'étenare  jusqu'à  la  fin  de  l'appui. 

La  durée  de  l'appui  du  pied  est  plus  lons^ue  que  celle  du 
lever  d'une  quantité  qui  mesure  le  temps  du  double  "'""' 


Cette  durée  est  plus  êrande  uu'à  l'état  normal.  Aussi  le  nia> 
lade  précipite-t-il  l'oscillation  ae  son  membre  inférieur  pen- 
dant le  lever,  circonstance  qui  ajoute  encore  à  la  brusquerie  de 
sa  démarche. 

La  pkase  de  lever  du  pied  est  celle  qui  se  différencie  le  plus 
de  la  marche  normale.  C  est  dans  cette  phase  que  se  manifestent 
les  troubles  causés  par  l'action  désordonnée  des  muscles  du 
membre  inférieur.  Ainsi,  au  début  du  lever  il  y  a,  comme  à 
l'état  normal,  flexion  de  la  cuisse  sur  le  tronc  et  de  la  jambe  sur 
la  cuisse;  mais,  dans  l'ataxie,  la  flexion  de  la  iambc  se  pro- 
longe et  surtout  se  fait  plus  vivement  que  dans  l'état  normal,  la 
flexion  de  la  jambe  est  suivie  immédiatement  d'une  extension 
brusque  qui  retentit  sur  la  cuisse  et  diminue  un  peu  la  vitesse 
de  flexion  de  celle-ci.  Cette  extension  île  la  jambe,  qui  avait  gra- 
duellement diminué  d'intensité,  subit  encore  un  léger  accroisî't'- 
ment  avant  le  poser  du  pied.  Voici  enfin  ce  qui  a  trait  ù  la 
phase  qui  précède  le  poser. 

Dans  la  marche  normale,  la  cuisse  s'étend  un  peu  avant  [p 
poser  du  pied,  mais  elle  se  fléchit  ensuite,  pendant  que  la 
jambe  continue  son  extension,  puis,  au  moment  du  poser  du 
pied,  elle  accentue  sa  flexion  en  même  temps  que  la  cuisse  se 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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nérhit.  Le  pied  se  pose  Jonc  sans  forec,  et  en  n'ayant  qu'une 
très  faible  utesse  horizontale. 

Chez  Tataxique,  la  caisse,  qui  avait  cessé  de  se  fléchir,  s'étend 
brusquement,  et,  par  le  mouvement  simultané  d  extension  de 
la  jambe  et  de  la  cuisse,  le  pied  se  pose  à  terre  en  frappant  le 
sol  presque  verticalement,  quelquefois  même  en  rétrogradant. 
Ce  dernier  mouvement  d'extension  de  )a  cuisse  peut  être  accom- 
pagné d'une  légère  abduction. 

z*  Étude  par  les  tracés  dynamographiques.  —  Le  dynamo- 
graphe donne  des  tracés  tout  a  fait  caractéristiques.  A  l'état  nor- 
mal, le  tracé  présente  deux  maxima  séparés  par  un  minimum  ;  on 
a  donc  successivement  :  une  ascension,  une  légère  descente,  une 
autre  ascension  et  enfin  une  descente  plus  brusque  que  la 
montée. 

Chez  lataxique,  la  montée  est  plus  lente;  elle  se  fait  en  deux 
ou  plusieurs  temps.  En  outre,  la  ligne  de  plateau,  au  lieu  de 
présenter  un  léger  minimum  (ce  qui  donne  sur  le  tracé  une 
courbe  à  concavité  supérieure),  se  maintient  près  de  la  ligne  du 
poids  et  présenté  une  série  d'oscillations.  Ces  oscillations  très 
caractéristiques  se  manifestent  encore  quand  le  sujet  se  tient 
debout  sur  la  planche  du  dynamomètre. 

Dans  une  autre  forme,  la  montée  est  brusque,  verticale,  puis 
)a  courbe  descend  immédiatement.  Cela  se  présente  dans  les  cas 
où  le  choc  du  pied  sur  le  sol  est  très  violent.  Cette  descente  est 
suivie  de  deux  ou  trois  maxima,  puis  l'instrument  revient  à  zéro 
comme  dans  la  marche  normale. 

Dans  linterurélation  de  ces  anomalies,  il  faut  se  rappeler  que 
les  inflexions  de  la  courbe  du  dynamographe  n'ont  aucune  rela- 
tion avec  les  inflexions  de  la  trajectoire  de  la  tête,  ni  même  avec 
la  hauteur  d'élévation  du  corps  au-dessus  du  sol  ;  la  pression 
normale  du  pied  dépend  uniquement  de  la  variation  de  vitesse 
du  mouvement  vertical  du  centre  de  gravité. 


Aeadéatle  d«  Biédeelne. 

SÉANCK  DU   14  MAI    1889.    —  PRÉSIDENCE 
DE   M.   MAURICE   PERRIN. 

M.  le  docteur  Gayet  so  porto  candidat  au  titre  de  correapondanl  nnlional  dans 
la  division  de  chirargic. 

H.  le  docteur  Fickot  envoie  un  Rapport  manuscrit  êur  leg  épidémiet  dan»  la 
Sifvrc  en  I88îJ. 

M.  le  docteur  Jfuf in,  médecin  principal  de  2"  classe,  médecin  cliîfde  l'Iiôpital 
thortiial  militaire  de  Bourbonnc-lcs-Bains,  adresse  lo  rapport  d'ensemble  sur  ce 
service  en  1887. 

M.  Brouardel  dépose:  1"  au  nom  de  M.  le  docteur  Zoérot  Pacha,  une  Notice 
sur  Us  travaux  de  Vlntlitut  antirabique  de  CoMtantxnople  en  1885-1889;  2»  de 
Il  part  de  M.  Bordas,  un  mémoire  i^ur  les  oreillo'is  et  Us  causes  de  leur  con- 
tagion. 

M.  Rochard  présente  un  cornet  A  chloroforme,  conslniit  sur  les  jndicationf  de 
M.  le  docteur  Carof,  ancien  cliirui^ion  de  la  marine,  médecin  de  l'hospice  civil 
de  Brest. 

M.  Larrey  dépose  un  ouvrage  de  M.  le  docteur  Berger  (Emile),  sur  Vanatomie 
normaU  et  pathologique  de  l'œil. 

M.  Dujardin-Beaumet*  présente,  au  nom  do  M.  GautreUt,  un  ouvrage  sur  Uê 
urines. 

H.  Cueneau  de  Mussy  dépose  un  ouvragu  de  M.  le  docteur  Riant  sur  U  surme- 
nage inteUectuel  et  Us  exercices  physiques, 

il.  Peur  présente  deux  brochures  do  M.  lo  docteur  Tartivel  sur  l'hydrothérapie 
et  sur  la  douche. 

M.  Le  Hoy  de  Méricourt  dépose  un  uiéuiuirc  de  M.  le  docteur  Maurel  sur  la 
sléthographie  normaU. 

U.  Verneuil  présente,  au  nom  do  M.  le  docteur  Le  Dentu,  un  ouvrage  sur  les 
affections  ehirurgicaUs  des  reins,  des  uretères  et  des  capsules  surrénales. 

SkRVICE  DE  LA  VACCINE    ANIMALE   A  L' ACADÉMIE.  —  M.  Ic 

Secrétaire  perpétuel  informe  l'Académie  que,  grAce  à  Tin- 
lervention  de  M.  Henri  Monod,  directeur  de  l'Assistance  et 
de  rhygiène  publiques,  M.  le  ministre  de  Tintérieur  lui  a 
alloué  une  première  somme  de  10000  francs  pour  la  con- 
struction d'une  étable  et  l'organisation  matérielle  du  service 
de  la  vaccine  animale,  plus  une  autre  somme  de  10000  francs 
pour  assurer  ce  service  pendant  toute  l'année. 

Élections.  —MM.  Balland  et  Soubeiran  sont  élus  cor- 
respondanls  nationaux  dans  la  division  de  physique  et 
chimie  médicales  et  pharmacie.  A  la  première  élection, 
M.  Balland  est  élu  par  29  voix  contre  z6  à  M.  Soubeiran, 


sur  55  votants.  A  la  seconde,  M.  Soubeiran  est  élu  par 
52  voix  contre  2  à  M.  Haller,  sur  54  votants. 

Eaux  minérales.  —  M.  Constantin  Paul  lit,  sur  des 
demandes  en  autorisation  pour  les  sources  Saint-Jean  à 
Brignancourt  et  du  Rey  à  Rémoncourt,  des  rapports  dont  les 
conclusions  favorables  sont  adoptées  par  l'Académie. 

Résection  de  la  hanche  en  cas  de  coxalgie  suppurée. 
—  Il  y  a  près  de  trente  ans,  en  1860,  une  mémorable  dis- 
cussion eut  lieu  devant  TAcadémie  à  l'occasion  du  rapport 
de  Gosselin  sur  le  mémoire  de  M.  Léon  Le  Fort,  relatif  aux 
résultats  obtenus  à  l'étranger  pour  la  résection  de  la 
hanche.  De  la  discussion  ne  purent  malheureusement  surgir 
que  des  opinions  basées  sur  des  vues  théoriques;  personne 
encore  en  France  n'avait  tenté  cette  opération  ou  du  moins 
n'avait  obtenu  de  succès.  Bien  qu'elle  eût  été  proposée  près 
d'un  siècle  auparavant  par  un  chirurgien  de  Bourg-en- 
Bresse,  Vermandois,  et  eût  été  l'occasion  de  recherches 
expérimentales  importantes,  parmi  lesquelles  il  faut  citer 
celles  deChaussier,  on  ne  pouvait  citer  que  l'opération  de 
Roux,  pratiquée  en  1^847  et  suivie  d*insuccès.  Aujourd'hui, 
la  question  est  changée,  et,  bien  que  la  résection  de  la 
hanche  n'ait  pas  donné  lieu  à  des  séries  d'opérations 
comparables  par  le  nombre  à  celles  qui  nous  viennent  de 
l'étranger,  il  n'est  guère  de  chirurgien  qui  n'ait  au  moins 
une  petite  expérience  personnelle  sur  la  question. 

Pour  sa  part,  M.  Ollier  a  pratiqué  peu  de  résections  de  la 
hanche,  relativement  au  nombre  de  coxalgies  suppurées 
qu'il  a  eu  à  traiter  depuis  1860,  car  il  a  fait  sa  cinquantième 
résection  le  mois  dernier;  mais  ces  faits  forment  cependant 
un  ensemble  considérable  quand  on  les  compare  aux  obser- 
vations isolées  ou  aux  autres  séries  qui  ont  été  publiées  dans 
notre  pays,  ils  se  rapportent  surtout  pour  une  bonne  partie 
à  des  cas  déjà  anciens  et  par  cela  même  ayant  toute  leur 
valeur  démonstrative  au  point  de  vue  des  résultats  définitifs 
de  cette  opération.  C'est  pour  ce  dernier  motif  qu'il  expose 
devant  l'Académie  les  résultats  qu'ils  ont  produits.  Dans 
cette  résection,  plus  que  pour  les  opérations  analogues  pra- 
tiquées sur  les  autres  articulations,  le  temps  rst  indispen- 
sable pour  apprécier  les  résultats.  Aussi  M.  Ollier  ne  parle- 
t-il  que  des  résections  ayant  au  moins  trois  ans  de  date,  ce 
laps  de  temps  lui  paraissant  nécessaire  pour  juger,  ou  du 
moins  faire  prévoir  le  résultat  définitif;  il^fait  cette  restric- 
tion parce  que,  chez  les  enfants  surtout,  il  peut  s'opérer 
tardivement  et  durant  toute  la  période  de  croissance,  des 
changements  qui  aggraveront  plus  souvent  qu'ils  n'amélio- 
reront le  résultat  orthopédique  de  l'opération.  Il  peut  se 
faire  en  effet  des  inflexions  du  membre,  que  l'emploi  pro- 
longé des  appareils  préviendra  sans  doute,  mais  qui  s'accen- 
tueront de  plus  en  plus  si  l'on  abandonne  le  malade  à  lui- 
même. 

En  résumé,  les  conclusions  auxr|uelles  M.  Ollier  était 
arrivé,  en  1881,  relativement  à  l'utilité  de  l'ankylose,  après 
la  résection  de  la  hanche  pour  coxalgie,  ont  été  confirmées 
par  une  nouvelle  expérience  de  huit  années.  Tout  en  admet- 
tant que  l'on  pourra,  dans  certaines  résections  traumatiques 
ou  pathologiques  précoces,  arriver  à  la  reconstitution  d'une 
néarlhrose  sur  le  type  de  l'arliculation  primitive  par  la 
technique  opératoire,  basée  sur  l'expérimentation,  il  consi- 
dère que  l'ankylose  après  la  résection  de  la  hanche  pour 
coxalgie  suppurée  est  la  terminaison  qui  donnera  au 
membre  le  summum  d'utilité  pour  une  vie  entière. 

Quand  le  fémur  est  ankylosé  dans  une  position  favorable, 
avec  abduction  et  flexion  légères  pour  la  majorités  des  cas, 
la  position  devant  changer  avec  le  degré  de  raccourcisse- 
ment du  membre,  les  opérés  peuvent  se  livrer  aux  travaux 
les  plus  fatigants,  devenir  des  marcheurs  infatigables  et 
boiter  à  peine  et  même  pas  du  tout  quand  ils  marchent 
lentement  sur  un  sol  uni.  Une  fois  l'ankylose  effectuée,  les 
déplacements  secondaires  ne  sont  plus  possibles  et  l'on  n'a 


326    —  N*  20  -         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


17  Mai  1889 


pas  à  craindre  ces  récidives  des  foyers  tuberculeux  ou 
inflammatoires  qui  surviennent  si  souvent  dans  les  cas  de 
néarlhroses  mobiles.  Ils  ne  peuvent  pas  s'asseoir  aussi 
commodément  sans  doute  aue  les  sujets  dont  le  fémur  est 
resté  mobile  sur  le  bassin.  Mais,  pour  la  plupart  des  condi- 
tions sociales,  la  facilité  de  s'asseoir  est  une  faible  compen- 
sation de  la  difficulté  de  marcher.  Qu'on  .recherche  une 
articulation  mobile  chez  les  femmes  destinées  à  mener  une 
vie  sédentaire  et  qui  n'auront  pas  besoin  de  gagner  leur  vie 
par  leur  travail,  on  le  comprendra  parfaitement,  mais  on 
ne  doit  pasxshercher  cette  terminaison  chez  les  sujets  qui 
sont  obligés  de  se  livrer  à  une  vie  active. 

En  se  plaçant  au  point  de  vue  de  l'intérêt  réel  du  malade, 
il  faut  donc  délibérément  chercher  l'ankylose  dans  la 
majorité  des  cas  qui,  à  l'heure  actuelle,  sont  considérés 
comme  indiquant  la  nécessité  de  la  résection  de  la  hanche. 
11  en  serait  autrement  si  l'on  adoptait  la  résection  précoce 
de  la  hanche  dans  tous  les  cas  de  coxalgie,  si  l'on  retran- 
chait systématiquement  la  tête  du  fémur  dès  qu'on  soupçonne 
ou  qu'on  constate  un  abcès  autour  de  l'articulation  ;  mais 
uous  repoussons  cette  manière  d'agir  et  nous  considérons 
que  la  majorité  des  coxalgies  suppurées  de  l'enfance  peuvent 
encore  guérir  par  des  opérations  plus  simples  que  la  résec- 
tion (ouverture  antiseptique  des  foyers,  injection  îodo- 
formée,  drainage,  etc.).  Certaines  formes  nécessitent  cepen- 
dant une  résection  hâtive,  et  c'est  alors  qu'on  devra 
combiner  le  manuel  opératoire  pour  obtenir  une  néarthrose 
mobile.  Daiis  ce  but,  on  devra-soigneusement  conserver  tous 
les  muscles,  en  respectant  les  nerfs  qui  les  animent  et 
modifier  les  anciennes  incisions  de  résection  dans  le  sens 
indiqué. 

Diabète.  —  M.  Worms  fait  une  communication  sur  la 
forme  lente  du  diabète  et  son  traitement  (vov.  au  Premier- 
Paris,  p.  313). 

Galvanocaustique,— Il  y  a  plusieursannées,  MM.FawcA^r 
et  Morin  ont  imaginé  l'appareil  galvanocaustique  le  plus 
généralement  employé;  M.  le  docteur  Faucher  présente  un 
nouvel  appareil,  modifié  de  telle  sorte  que  l'intensité  du 
courant  puisse  se  régler  avec  une  extrême  facilité. 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  H  mai  est  fixé  ainsi 
qu'il  suit:  1"  rapport  de  M.  Trasbot  sur  la  rage  tanacétique  ; 
2"  discussion  sur  le  traitement  du  diabète  (inscrit:  M.  Du- 
jardin-Beaumetz)  ;3''eoii\municsiiion  de  M,  G.Séesurun 
nouveau  diurétique  ;  4°  lectures  par  des  personnes  étran- 
gères à  l'Académie:  par  MM.  Legroux,  sur  un  cas  de  com- 
munication inlervenlriculaire;  Terrilloriy  sur  les  résultats 
opératoires  et  éloignés  de  cinquante  laparotomies;  Darier, 
sur  la  psorospermose  cutanée. 


Société  médleale  des  hôplianx. 

SÉANCE   DU   10  MAI  1889.    —  PRÉSIDENCE   DE  M.   CADEt 
DE   GASSICOURT. 

8tatistl(iue  avec  notes  sur  la  fièvre  typhoïde  :  H.  Sorel.  —  Mrophie 
musculaire  à  marche  rapide  au  cours  d'une  grossesse  :  H.  Desnos. 
—  Gangrène  du  pouoe  par  immersion  phèniquèe  :  M.  Monod.  — 
Rapport  sur  les  mesures  à  prendre  pour  prévenir  la  contagion 
dans  les  hôpitauat  d'enfants  :  Rapport  par  M.  Comby.  —  Hystérie 
et  onomatomanie.  Quelques  troubles  réflexes  d'origine  gastro- 
intesUnale  :  M.  G.  Ballet. 

M.  Sorel  adresse  h  la  Société,  par  l'intermédiaire  de 
H.  Lereboullet,  un  travail  intitulé  :  Statistique  avec  notes 
cliniques  sur  la  fièvre  typhoïde,  (Sera  publié.) 

—  M.  Desnos  offre,  en  son  nom  et  au  nom  de  MM.  Pinard  et 
Joffroy,  la  note  qu'il  a  lue  devant  TAcadémie  de  médecine 
dans  la  séance  du  30  novembre  1888,  sur  un  cas  d'atrophie 
musculaire  des  quatre  membres  à  marche  rapide,  surve- 


nue pendant  laarossêsse  et  consécutivement  à  des  vomisse^ 
ments  incoercibles.  On  peut  hésiter,  dans  ce  cas,  comme 
diagnostic  anatomi^ue,  entre  une  myélite  des  cornes  anté- 
rieures et  une  névrite  parenchymateuse  généralisée.  (Vov. 
Gazette  hebdom.,  n°  AS,  p.  765.) 

—  M.  Ch.  Monod  présente  une  jeune  fille  atteinte  df 
gangrène  sèche  du  pouce  droit,  résultant  de  bains  phéni- 
qués  prolongés,  auxquels  elle  eut  recours  à  la  suite  d'une 
profonde  coupure  de  l'extrémité  du  doigt.  L'immersion  du 
doigt  dans  une  solution  phéniquée  de  titre  inconnu  n'a  éléj 
nullement  douloureuse;  elle  fut  répétée  pendant  quinze 
jours,  et  durant  un  auart  d'heure  chaque  jour.  Cette  ma- 
lade a  été  présentée  déjà  devant  la  Société  de  chirurgie,  cl 
plusieurs  des  membres  de  cette  Société  ont  dit  avoir  ooservt' 
des  cas  semblables. 

M.  Legroux  a  vu  dernièrement  une  escharification  ana-| 
logue  chez  un  jeune  enfant  pansé  avec  une  compresse  phé- 
niquée à  la  suite  d'une  morsure,  non  pénétrante,  faite  par  un 
chien  inconnu. 

M.  Monod  a  vu  encore  une  eschare  semblable,  à  la  fesa*, 
chez  une  femme  qui  s'était  assise  sur  un  vase  de  nuit  lavé 
avec  une  solution  phéniquée.  Il  ajoute  que,  chez  sa  malade, 
on  constate  une  tendance  aux  phénomènes  d'asphyxie  locale 
sjrmétriflue  des  mains,  et  que  cette  jeune  fille  a  tous  les 
hivers  des  engelures  persistantes.  Il  semble  donc  exister 
chez  elle  une  circulation  périphérique  quelque  peu  défec- 
tueuse. 

—  M.  Comby f  au  nom  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Cadet  de  Gassicourt,  Grancher,  Sevestre,  Labric,  Jules 
Simon,  Descroizilles,  Ollivier,  d'Heilly,  Legroux,  HutineL 
et  Comby,  rapporteur,  donne  lecture  du  rapport  dont  on 
trouvera  au  Bulletin  (voy.  p.  313)  l'analyse.  En  voici  les 
conclusions  :  l"*  pour  prévenir  les  dangers  de  contamination 
par  les  consultations  hospitalières,  un  interne  spécial  sera 
chargé  de  faire  la  sélection  des  enfants  avant  leur  entrée 
dans  la  salle  d'attente  commune;  il  aura  pour  mission  de 
recevoir  d'urgence,  dans  les  pavillons  d'isolement,  les 
enfants  atteints  de  maladies  contagieuses  et  de  diriger  dans 
des  salles  distinctes  de  la  salle  d'attente  commune  les  con- 
tagieux qui  ne  viennent  que  pour  la  consultation  ;  2'  des 
chambres  d'isolement,  en  nombre  suffisant  pour  recevoir  les 
cas  douteux,  seront  construites  dans  chaque  hôpital 
d'enfants  ;  3°  les  pavillons  d'isolement  de  la  diphthérie 
devront  être  pourvus  de  chambres  à  lit  unique,  en  nombre 
suffisant,  pour  les  cas  de  diphthérie  associée  à  d'autres 
maladies  contagieuses.  Ces  chambres,  quoique  annexées  au 
pavillon,  devront  être  suffisamment  isolées  ;  4"*  chaque 
hôpital  d'enfants  doit  être  pourvu  au  moins  de  trois  pavillons 
d'isolement  pour  la  diphthérie,  rougeole,  scarlatine  et  d'un 
quatrième  pavillon  dit  de  rechange;  b"*  1  administration  est 
invitée  à  remplacer  les  grandes  salles  par  des  salles  de  six  à 
huit  lits,  dans  la  construction  des  pavillons  futurs;  6Me 
personnel  de  chaque  pavillon  devra  être  isolé  des  autres 
personnels  dans  la  mesure  du  possible;  7^  le  personnel 
nospitalier  (infirmiers  et  infirmières)  et  le  personnel 
médical  (élèves)  seront  augmentés  suivant  les  nécessités  du 
service  et  conformément  à  l'avis  des  médecins;  8"  Thôpilal 
Trousseau  sera  pourvu  dans  le  plus  bref  délai  d'une  étuve 
à  vapeur  sous  pression  semblable  à  celle  qui  a  été  installée 
et  qui  fonctionne  dans  les  deux  autres  hôpitaux  d'enfants; 
9°  tous  les  vêtements,  toute  la  literie,  tous  lesobjets(y  compris 
les  jouets)  qui  auront  pu  être  souillés  par  des  enfanti' 
atteints  ou  soupçonnés  de  maladies  contagieuses  seront 
désinfectés  par  1  étuve;  seront  également  passés  à  l'étuveles 
vêtements  et  couvertures  qui  sei-vent  au  transoorl  des 
enfiints  suspects  à  l'hôpital;  il  en  sera  de  même ues vête- 
ments de  tous  les  enfants,  quels  qu'ils  soient^  qui  entrent  à 
l'hôpital,  même  pour  une  affection  chirurgicale;  10"  aux 


17  Mai  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  20  —    327 


(lavi lions  d'isolement  seront  annexés  des  vestiaires,  indé- 
pendants des  salles,  avec  blouses  pour  les  élèves^  lavabos, 
et  substances  antiseptiques;  il*'  les  mêmes  mesures  seront 
applicables  aux  salles  communes  ;  ii"  tous  les  rideaux,  non 
seulement  des  lits,  mais  aussi  des  fenêtres,  seront  supprimés 
dans  les  pavillons  d'isolement  et  remplacés  par  des  stores 
extérieurs;  i'S"  Tamphithéâtre  d'autopsie  de  chaque  hôpital 
d'enfants  sera  considéré  comme  un  pavillon  d'isolement;  il 
sera  pourvu  de  blouses,  de  manches  imperméables,  d'eau 
chaude  et  froide,  et  de  tout  ce  qui  est  nécessaire  pour  le 
nettoyage  aseptique  des  mains;  iV  la  Société  médicale  des 
hôpitaux  émet  le  vœu  que  la  somme  de  200000  francs, 
destinée  parle  Conseil  de  sui*veillance  à  l'amélioration  du 
mobilier  des  services  hospitaliers,  soit  intégralement  attri- 
buée aux  hôpitaux  d'enfants. — (Ces  conclusions  seront  dis- 
cutées et  soumises  au  vote  dans  la  prochaine  séance.) 

—  M.  G.  Ballet,  à  propos  de  la  communication  de 
M.  Séglas  sur  Fonomatomanie  associée  à  l'hystérie,  signale 
ce  fait  que,  chez  certains  individus,  la  crise  nystérique  peut 
succéder  immédiatement  à  Taccès  d'onomatomanie  et  être 
provocfuée  par  l'anxiété  qui  accompagne  cet  accès.  On 
conçoit  les  difficultés  du  diagnostic  en  pareil  cas. 

—  Contrairement  aux  assertions  de  M.  de  Beurmann, 
dans  sa  note  lue  à  l'avant-dernière  séance,  sur  la  tétanie  au 
cours  de  la  dilatation  gastrique,  M.  Ballet  ne  pense  pas  que 
les  accidents  spasmodiques  relevant  des  troubles  gastro- 
intestinaux comportent  un  pronostic  presque  constamment 
grave.  Il  rapporte  trois  observations  dans  lesquelles  des 
phénomènes  de  fourmillements,  de  contracture,  d'héini- 
chorée  ne  sauraient,  à  coup  sûr,  reconnaître  d'autre  origine 
que  les  troubles  et  les  lésions  gastriques  offerts  nar  ces 

^malades:  la  terminaison  a  toujours  été  favorable.  Quant  à 
la  pathogénie  de  ces  accidents,  au  lieu  d'admettre  exclusi- 
vement  comme  M.  de  Beurmann,  l'auto-intoxication, 
M.  Ballet  démontre  qu'il  faut  faire  la  part  presque  exclusive 
à  l'action  réflexe.  Il  a  vu,  en  effet,  apparaître  les  accidents 
spasmodiques  chez  ses  malades  après  un  examen  de  la  région 
{gastrique  un  peu  prolongé,  ou  à  la  suile  d'une  pression 
soutenue  de  la  région  gauche  de  l'abdomen.  L'autoxication 
peut,  d'ailleurs,  jouer  le  rôle  de  cause  prédisposante,  de 
même  que  l'alcoolisme  ou  toute  tare  nerveuse  héréditaire, 
en  rendant  le  système  nerveux  plus  susceptible  de  réagir 
sous  l'influence  des  irritations  périphériques. 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures. 

André  Petit. 


Aoelété  de  chlrarf^le. 

SÉANCE  DU  8  MAI  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  M.  LE  DENTU. 

Discussion  sur  le  drainage  :  MM.  Nicaise,  Luoas-Ghampionnière, 
Desprès.  Kirmtsson,  Terrier,  Maro  Bée.  —  Résection  ostèoplas- 
tique  du  pied  :  M.  Oilier.  —  Oangréne  du  pouoe  :  M.  Monod.  -  - 
Calculs  du  rein  :  M.  Monod. 

M.  Nicaise  pense  que  la  question  du  drainage  est 
connexe  de  celle  du  lavage  des  plaies.  Pour  le  lavage,  il 
y  a  en  somme  deux  systèmes  :  Lister  lave  fort  peu  et  Volk- 
mann  lave  beaucoup.  Pendant  longtemps  M.  Nicaise  a  agi 
comme  Volkmann.  Mais  il  a  remarqué  qu'alors  l'exsuda- 
tion est  considérable  et  que  la  cicatrisation  est  plus  lente. 
Aussi  depuis  1886  fait-il  le  moins  de  lavages  possible. 
L'exsudation  est  ainsi  légère  et  dès  lors  le  drainage  devient 

'  moins  utile.  M.  Nicaise  cependant  ne  le  supprime  pas  volon- 
tiers, il  se  borne  à  ne   le   faire  durer  que  très    peu  de 

I  lemps.  C'est  une  grande  sécurilc,  car  le  drain  empêche 

I  toute  stagnation  d'une  sérosité   qui  suppure  facilement. 

1  On  objecte  que  par  celte  méthode  on  est  obligé  de  renou- 


veler le  pansement  pour  enlever  le  drain.  L'inconvénient 
est  minime.  Et  même  H.  Nicaise  doute,  pour  les  amputa- 
tions surtout,  qu'il  soit  bon  de  ne  pas  surveiller  du  tout 
la  cicatrisation  de  la  plaie. 

M.  LucaS'Championnière  est  absolument  partisan  du 
drainage,  qui  donne  une  grande  sécurité  et  qui  ne  retarde 
certainement  pas  la  guénson.  De  plus  il  semble  éviter  des 
douleurs  post-opératoires  dues  à  la  tension  que  détermine 
la  sérosité  accumulée.  On  dit  que  le  drain  oblige  à  faire  un 
pansement  précoce  :  mais  ne  doit-on  pas  défaire  le  panse- 
ment pour  enlever  les  fils  de  suture?  M.  Championnière 
se  déclare  en  outre  l'adversaire  des  grands  lavages  des 
plaies  opératoires.  Quant  aux  laparotomies,  les  lavages  du 
péritoine  (dont  on  abuse)  ont  certainement  des  indications 
et  alors  le  drainage  est  utile. 

M.  liespréSy  tout  en  reconnaissant  que  sa  chirurgie  diffère 
de  celle  de  ses  contemporains,  considère  le  drainage 
comme  indispensable  dans  les  opérations  graves,  dans 
celles  surtout  où  l'on  a  à  craindre  les  fusées  purulentes. 

M.  Kùmisson  a  cherché  il  y   a    quelque  temps  à  se 

rasser  du  drainage  et  il  n'a  pas  toujours  eu  k  s'en  léliciter. 
1  cite  trois  cas  ou  un  épanchement  abondant  de  sérosité 
s'est  formé  sous  la  cicatrice.  La  compression  en  a  eu 
raison,  mais  la  guérison  a  été  retardée.  Il  faut  reconnaître 
toutefois  que  la  réunion  sans  drainage  est  bonne  pour  les 
tissus  sains,  pour  les  plaies  dont  l'affrontement  peut  être 
parfait,  dont  l'étendue  n'est  pas  trop  grande. 

M.  Terrier  ne  croit  pas  qu'on  puisse  se  déclarer  en  prin- 
cipe partisan  ou  adversaire  du  drainage.  11  faut  agir  sui- 
vant les  indications  et  le  point  principal  est  de  bien  savoir 
si  la  plaie  est  ou  non  septique.  Il  est  de  toute  nécessité 
de  drainer  une  plaie  infectée,  mais  c'est  inutile  pour  une 
plaie  aseptique,  même  très  étendue  :  un  épanchement  de 
sérosité  pourra  se  former,  mais  il  ne  suppurera  certaine- 
ment pas  s'il  n'est  pas  infecté. 

U.MarcSée  insiste  sur  les  épanchements  séreux,  dont 
la  cause  est  avant  tout  un  défaut  de  compression.  On  les 
évite  par  un  application  soignée  de  la  bande  de  caoutchouc 
autour  du  pansement. 

—  M.  Oilier  revient  sur  les  opérations  ostéoplastiques 
du  pied.  Pour  des  lésions  tuberculeuses  ou  pour  des 
ostéites  aiguës  il  a  fait  huit  fois  l'ablation  du  calcanéum 
et  de  l'astragale,  avec  plus  ou  moins  du  tarse  antérieur. 
Trois  malades  ont  dû  être  amputés,  mais  les  cinq  autres 
marchent  fort  bien.  D'autre  part,  lorsque  les  lésions 
osseuses  sont  limitées  et  lorsque  les  parties  molles  sont 
peu  envahies,  on  a  de  bons  résultats  par  des  opérations 
partielles,  surtout  si  les  sujets  sont  jeunes.  L'âge  en  effet 
est  un  facteur  des  plus  importants. 

—  M.  Monod  relate  un  cas  de  gangrène  du  pouce  par 
immersion  dans  une  solution  concentrée  d'acide  phénique. 

—  M.  Monod  présente  des  calculs  rénaux  extraits  par 
la  néphrotomie. 


HEVUE  DES  JOURNAUX 


iL    cou 


■lier. 


De  l'ichtyol  dans  la  nbprite  chronique,  par  M.  Blittews- 
DORF.  —  Le  cas  qui  fait  l'objet  de  cette  note  est  celui  ô'um*. 
jeune  fille  atteinte  de  néphrite  chronique  depuis  huit  mois.  Elle 
avait  de  Tascite,  de  l'œdème  facial,  de  l'albuminurie  et  de  Taraé- 
norrhée.  M.  Blittersdorf  employa  inutilement  diverses  médica- 
tions avant  d'essayer  des  pilules  d'ichtyol  à  la  dose  quotidienne 
de  i  gramme  et  sous  la  forme  de  solfo-ichlyolate  de  soude.  Ce 
médicament  provoqua  une  diurèse  abondante,  la  réduction  de 
l'albuminurie  et  une  amélioration  telle  que  la  malade  put  re- 


3^28    —  N»  20  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  i7  Mai  1889 


prendre  l'exercice  de  sa  profession.  L'auteur  avait  été  conduit  à 
cet  essai,  par  analogie  avec  les  succès  de  Tichtyol  contre 
d'autres  affections  avec  hypérémie.  {Terap.  Monaf  .Juillet  1888.) 


BIBLIOGRAPHIE 

Lnnettcs  et  plnce-ucs,  Élude  médicale  et  pratique,  par 
M,  G.-J.  Bull,  avec  une  introduction  de  M.  £•  Javal, 
membre  de  TAcadémie  de  médecine.  —  Paris,  G.  Masson, 
1889. 

Collaborateur  de  M.  Javal  au  laboratoire  d'oplithalmolo- 
gie  de  la  Sorbonne,  M.  Bull  a  l'honneur  en  même  temps 
aue  l'avantage  de  voir  son  livre  présenté  au  public  par 
1  éminent  académicien.  On  sait  la  part  considérable  qu'a 
prise  M.  Javal  aux  progrès  de  l'optométrie,  à  l'étude  de 
l'astigmatisme.  Grâce  à  ses  travaux,  nous  pouvons  aujour- 
d'hui, en  quelques  secondes,  mesurer  objectivement  aussi 
bien  que  subjectivement  ce  vice  de  réfraction  si  commun  ; 
nous  pouvons  déterminer  les  verres  cylindriques  appelés  à 
le  corriger. 

Déterminer,  prescrire  les  verres  correcleurs,  en  surveil- 
ler l'exécution  et  en  vérifier  la  justesse,  est  œuvre  de  Toph- 
thalmologiste  ;  mais  il  est  impossible  pour  le  praticien  de 
.suivre  toujours  ses  malades  et  de  s'assurer  qu'ils  font  de 
leurs  lunettes  un  emploi  judicieux.  Le  livre  de  M.  Bull  est 
destiné  à  leur  servir  de  guide,  et  sous  ce  rapport  il  peut 
rendre  les  plus  grands  services.  Combien  de  personnes  qui, 
munies  de  verres  excellents,  cessent  de  les  porter  dès  les 
premiers  jours,  parce  qu'elles  rapportant  à  l'insuffisance 
de  leurs  lunettes  des  troubles  visuels  résultant  de  la  ma- 
nière défectueuse  dont  elles  en  font  usage. 

L'ouvrage  de  M.  Bull  comprend,  en  outre  d'un  exposé 
sommaire  de  l'œil  et  de  la  réfutction  normale  et  patholo- 
gique, six  chapitres  consacrés  :  à  la  forme  des  surfaces  des 
verres,  à  la  matière  des  verres,  à  leur  numérotage,  à  leur 
situation  par  rapport  aux  yeux,  aux  montures,  et  cnfln  à 
l'accoutumance  et  aux  conditions  spéciales  que  nécessitent 
les  différents  âges.  Signalons  quelques  remarques  très 
judicieuses  :  la  préférence  donnée  aux  verres  à  vitres  sur  le 
cristal  de  roche  habituellement  mal  vérifié;  Tinfluence  de 
l'imagination  sur  le  bon  effet  des  verres  colorés,  la  fatigue 
qui  résulte  des  verres  mal  placés,  la  nécessité  d'avoir  deux 
verres  du  même  poids. 

Malgré  la  mode,  plus  forte  que  le  bon  sens,  notre  con- 
frère n'hésite  pas  à  donner  aux  lunettes  la  supériorité 
qu'elles  méritent.  Quel  que  soit  le  pince-nez  choisi,  il  est 
bien  rare  qu'il  maintienne  les  verres  avec  fixité  dans  la 
situation  convenable.  M.  Bull  a  essayé  de  consti*uire,  avec 
l'assisUince  de  la  Société  des  lunetiers,  un  lorgnon  exempt 
des  défauts  habituels.  Souhaitons  que  ce  modèle  réalise 
les  avantages  espérés.  Longtemps  encore,  sans  doute,  mal- 
gré les  conseils  des  médecins  compétents,  les  gens  iront 
.chez  le  lunetier  avant  d'aller  chez  l'oculiste,  et  tentés  par 
le  bon  marché,  ils  feront  empiète  de  ces  verres  de  rebut, 
à  monture  détestable,  dont  le  moindre  défaut  est  de  ne 
rendre  aucun  service.  Mais  il  n'aura  pas  dépendu  de  notre 
confrère  que  pareille  coutume  soit  abandonnée;  aussi  sou- 
haitons-nous que  son  livre  si  simple,  si  clair,  auquel  l'édi- 
teur a  su  donner  un  aspect  attrayant  et  une  impression  de 
lecture  facile,  soit  bientôt  dans  toutes  les  mains. 

J.  Chauvkl. 


VABIÉTÉS 


M*. 


Concours  d'admission  a  l'Ecole  de  santé  militaire  en  io^.  . 
-  Le  ministre  de  la  guerre  a  fixé  ainsi  qu'il  suit,  le  nombre  des 


candidats  à  admettre  cette  année  à  l'emploi  d'élève  du  servir** 
de  santé  militaire  : 

Candidats  à  16  inscriptions,  3. 

Cano'idats  à  l!2  inscriptions,  5. 

Candidats  à  8  inscriptions,  30. 

Candidats  â  i  inscriptions,  45. 

Les  élèves  à  16  inscriptions  n'entreront  nas  à  l'École  d»- 
Lyon,  lis  recevront  une  indemnité  de  100  francs  par  mois,  à 
partir  de  leur  admission,  et  devront  être  reçus  docteurs  avaiil 
le  1«^  février  1890,  époque  à  laquelle  ils  seront  admis,  comme 
stagiaires,  à  l'Ecole  d  application  du  Val-de-Grâce.  Les  élcve> 
des  trois  autres  catégories  entreront  à  l'Ecoie  de  Lyon  à  une 
date  qui  leur  sera  notifiée  en  même  temps  que  leur  nomination. 

On  se  rappelle  que,  pour  lu  dernière  fois  cette  année,  le> 
candidats  à  16  et  ù  Vl  inscriptions  sont  admis  au  concours,  et 
C|ue,  pour  la  dernière  fois,  en  1S90,  le  concours  sera  ouvert  au\ 
élèves  à  8  inscriptions,  l'Ecole  ne  devant  plus,  dès  1891,  rece- 
voir que  des  étudiants  pourvus  de  4 .  inscriptions  et  ayant  subi 
avec  succès  le  premier  examen  de  doctoral. 

Conférences  climqces  des  hôpitaux  du  Midi  kt  de  LoruciNE. 

—  Imitant  l'exemple  donné  par  les  médecins  de  Saint-Loui^. 
MM.  Mauriac,  Du  Castel,  Balzer,  de  Beurmann,  Humberl  H 
Pozzi,  médecins  et  chirurgiens  des  hôpitaux  du  Midi  et  de 
Lou reine,  se  réuniront  tous  les  mercredis  pour  faire  des  confé- 
rences publiques  sur  les  malades  les  plus  intéressants  do  leurs 
services. 

La  première  conférence  aura  lieu  à  Phôpifal  du  Midi,  If 
mercredi  15  mai,  à  neuf  heures  et  demie;  la  deuxième,  le  mer- 
credi ft  mai,  à  Thôpital  de  Lourcine;  la  troisième,  le  mer- 
credi 29,  à  rhdpital  du  Midi,  et  tous  les  mercredis  suivaut^, 
alternativement,  à  l'hôpital  de  Lourcine  et  à  l'hôpital  du  Midi. 

CONFÉRENCKS     CLINIQUES      SUR      LES     MALADIES     DES    ENFANT> 

{hôpital  Trousseau)  —  Le  docteur  Legroux,  professeur  agrcg/' 
de  la  Faculté,  médecin  de  Thôpilal  Trousseau,  a  repris  ses  con 
férencesle  mercredi  15  mai  1889,  à  trois  heures  et  demie  du 
soir,  et  les  continuera  tous  les  mercredis  suivants  à  la  même 
heure. 

Les  élèves  seront  exercés  à  resamcn  des  malades  et  discul»- 
rout  les  questions  de  diagnostic,  de  pronostic  et  de  tratteineiK. 

COUKS  LIBRES.  —  M.  Lafou,  chimiste,  commencera  le  23  mai 
un  cours  pratique  de  chimie,  bactériologie  et  microscopie  médi- 
cales. —  S'inscrire,  à  Tavance,  de  trois  à  quatre  heures,  au 
laboratoire,  rue  des  Saints-Pères,  7. 

Société  obstétricale  et  gtnécologioue  dk  Paris.  —  I-» 
Société,  dans  sa  séance  du  9  mars  1889,  a  déclaré  la  vacance 
dans  une  place  de  membre  titulaire.  Aux  termes  des  statuts,  lt'> 
candidats  sont  tenus  de  faire  acte  de  candidature,  par  une  com- 
munication écrite  ou  orale  faite  en  séance  publique. 

La  prochaine  séance  aura  lieu  le  jeudi  13  juin  à  trois  heures  | 
et  demie,  au  siège  de  ta  Société,  48,  me  Serpente. 

Société  médicale  des  hôpitaux  (séance  du  vendredi  2i  mai).| 

—  Ordre  du  jour  :  Discussion  sur  le  rapport  de  M.  Comby 
(mesures  à  prendre  pour  combattre  la  transmission  des  mala- 
dies contagieuses  dans  les  hôpitaux  d'enfants).  —  M.  Renault: 
Note  pour  servir  à  l'histoire  de  la  pneumonie  infectieuse. 

Mortalité  a  Paris  (18«  semaine,  du  28  avril  au  l  mai' 
1889.  — Population:  22609i5  habitants).   —  Fièvre  typhoïde, 7. 

—  Variole,  3.  —  Rougeole,  31.  —  Scarlatine,  1.  —  Coque- 1 
luche,  7.  —  Diphlhérie,  croup,  43.  —  Choléra,  0.  —  Phthisic 
pulmonaire,  211.  —  Autres  tuberculoses,  25.  —  Tumeurs:! 
cancéreuses,  33;  autres,  5.  —  Méningite,  41.  —  Congés- 1 
tion  et  hémorrhagies  cérébrales,  35.  —  Paralysie,  10.  — 
Ramollissement  cérébral,  14.— Maladies  organiques  du  cœur,  ii'.  i 

—  Bronchite  aiguë,  2G.  —  Bronchite  chronique,  39.  —  Broncho- 
pneumonie,  22.  —  Pneumonie,  75.  —  Gastro-entérite:  sein,  i'^i , 
biberon,  38.  —  Autres  diarrhées,  5.  —  Fièvre  et  péritonite  puer*  | 
pérales,  0.  —Autres  affections  puerpérales,  1.  —  Débilité  con- 
génitale, 31.  —  Sénilité,  23.  —  Suicides,  17.  —Autres  morli 
violentes,  11.  — Autres  causes  de  mort,  162.  —  Causes  I 
inconnues,  0.  —  Total:  984.  \ 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 


49110.  —  UOTTSROZ.  —  Imprimeries  réunies,  A.  ruê  Mignon,  î,  P«ri«. 


-■ — «m'  -^j    ' 
17  Mai  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         —  N*  20  —    339 


SUPPLÉMENT  THÉRAPEUTIQUE 


DE    LA 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


THÉKAPEUTIOUE 

Perleii  du  docCcnr  Clerian. 

Approbation  de  V Académie  de  médecine  de  Paris. 

Primitivement  appliquée  à  Téllier,  la  découverle  du 
docteur  Clertan  a  permis  d'emprisonner  ce  corps  si  volatil 
et  de  le  porter  dans  Testomac  à  dose  fixe  et  sans  aucune 
perle.  Le  même  procédé  a  été  appliqué  à  la  plupart  des 
substances,  liquides  ou  solides,  dont  la  volatilité,  la  saveur 
ou  l'odeur  rendaient  l'administration  difficile. 

MM.  les  Médecins  pourront  ainsi  prescrire,  sans  aucun 
désagrément  pour  le  malade,  Ylodoforme,  la  Créosote,  la 
Valériane^  le  Castoreum,  VAssa-fœtida,  tous  les  Sels  de 
Quinine,  Sulfate,  Bisulfate,  Chlorhydrate,  Bt'omhydrale, 
Valérianate,  Salicylate,  Lactate,  etc.,  YEssence  de  Téré- 
benthine,  la  Mixture  de  Durande,  les  Gouttes  ou  Liqueur 
d'Hoffmann,  VEssence  de  Santal,  et  les  substances  nou- 
vellement introduites  dans  la  Thérapeutique,  telles  que  le 
Terpinolj  le  Gaiacol,  etc.,  etc.,  auxquelles  ce  mode  de  pré- 
paration pourra  s'appliquer  avec  avantage. 

Ces  substances  et  les  perles  de  nom  correspondant  peu- 
vent être  partagées  en  séries  suivant  leurs  propriétés  et 
leurs  applications  : 

!"•  SÉRIE.  —  MALADIES  DE  l'APPAREIL  RESPIRATOIRE. 


5  centigrammes  par 

—  5  centigrammes  par 

—  5  centigrammes  par 


a.  Perles  de  Créoxote  de  Clertan. 
perle.  Dose  moyenne,  A  par  jour. 

b.  Perles  de  Gaïacol  de  Clertan. 
perle.  Dose  moyenne,  4  par  jour. 

c.  Perles  dlodoforme  de  Clertan 
perle.  Dose  moyenne,  i  par  jour. 

d.  Perles  de  Terpinol  de  Clertan.  —  30  centigrammes  par 
perle.  Dose  moyenne,  i  par  jour. 

2«  SÉRIE.  —  LITHIASE    BILIAIRE. 

o.  Perles  de  Durande  de  Clertan  (Éther,  2  p.;  Ess.  de  ter., 
:i  p.:  ensemble,  20  centigrammes).  Dose,  6  à  10  par  jour. 

6.  Perles  de  Chloroforme  de  Clertan.  —  ih  centigrammes 
par  perle.  Dose,  4  par  jour.  (Vomissements,  hoquets,  mal  de 
mer.) 

3«  SÉRIE.   —  MÉDICATION  ANTISPASMODIQUE. 

a.  Perles  d'Éther  de  Clertan.— "2,0  centigrammes  par  perle. 
Dose,  4  à  10  par  jour.  (Migraines,  céphalées  rebelles,  accès 
d*asthme,  crampes  d'estomac,  tendances  à  la  syncope.) 
6.  Perles  d'Hoffmann  de  Clertan  (Ether,  i  p.;  alcool,  2  p.  ; 
I  ensemble  20 .  enligrammes).  Dose,  4  à  lÔ  par  jour.   (Mêmes 
I  indications  que  pour  les  perles  d'Ether,  et  plus  particulière- 
ment nausées,  oigestions  douloureuses,  indigestions,  vomisse- 
ments.) 

c.  Perles  de  Valériane  de  Clertan.  —  20  centigrammes  de 
teinture  éthérée.  Dose,  4  à  10  par  jour.  (Vertiges,  étourdisse- 
menls,  palpitations  nerveuses.) 

d.  Perles  d'Assa-fœtida  de  Clertan  —  20  centigrammes  de 
teinture  éthérée.  Dose,  4  à  10  par  jour.  (Spasmes,  suffocation, 
boule  hystérique,  œsophagisme,  chlorose.) 

e.  Perles  de  Castoréum  de  Clertan.  —  20  centigrammes  de 
teinture  éthérée.  Dose,  4  à  10  par  jour.  (Dysménorrhée,  coliques 
•le  la  menstruation,  gonflements  du  ventre.) 


f.  Perles  d'Apiol  de  Clertan.  —  5  centigrammes.  (Même 
indications.) 

g.  Perles  d'Essence  de  térébenthine  de  Clertan.  —  20  centi- 
grammes. Dose,  4  à  10  par  jour.  (Migraines,  névralgies  faciales, 
scialique,  lumbago.) 

i"  SÉRIE.  —  MÉDICATION  QUINIQUE  OU  FÉBRIFUGE. 

a.  Perles  de  Bromhydrate  de  quinine  de  Clerian,  à  10  cen- 
tigrammes de  sel  chimiquement  pur. 

b.  Perles  de  Chlorhydrate  de  quinine  de  Clertan,  à  10  cen- 
tigrammes de  sel  chimiquement  pur. 

c.  Perles  de  Sulfate  de  quinine  de  Clertan,  à  10  centi- 
grammes de  sel  chimiquement  pur. 

d.  Perles  de  Bisulfate  de  quinine  de  Clertan,  à  10  centi- 
grammes de  sel  chimiquement  pur. 

e.  Perdes  de  Valerianate  de  quinine  de  Clertan,  à  10  centi- 
grammes de  sel  chimiquement  pur. 

f.  Perle*  de  Salicylate  de  quinine  de  Clertan,  à  10  centi- 
grammes de  sel  chimiquement  pur. 

g.  Perles  de  Lactate  de  quinine  de  Clertan,  à  10  centi- 
grammes de  sel  chimiquement  pur. 

5«  SÉRIE.  —  MÉDICATION   HYPNOTIQUE. 

a.  Perles  d'hypnone  de  Clertan,  à  10  centigrammes.  Dose, 
2  à  4  par  jour. 

6"  SÉRIE.  —  MÉDICATION   BALSAMIQUE. 

rt.  Perles  de  Santal  de  Clertan,  à  30  centigrammes.  Dose, 
2  à  12  par  jour. 

D'une  manière  générale,  les  Perles  du  docteur  Clertan 
contiennent  cinq  gouttes  de  médicament  liquide  ou  10  cen- 
tigrammes de  médicament  solide. 

Les  Perles  du  docteur  Clertan  sont  très  promptemenl 
dissoutes  dans  l'estomac  :  peu  d'instants  après  l'ingestion 
d'une  perle  d'éther,  par  exemple,  l'ascension  de  vapeurs 
témoigne  de  la  rupture  de  l'enveloppe. 

Par  leur  volume,  leur  aspect  brillant,  les  préparations  du 
docteur  Clertan  représentent  bien  exactement  des  sortes 
de  perles  :  la  transparence  et  la  minceur  de  la  couche  géla- 
tineuse permet  de  voir  le  médicament  en  nature  et  de 
s'assurer  ainsi  de  son  étal  de  conservation» 

En  prescrivant,  sous  le  nom  du  docteur  Clertan  et  avec 
la  garantie  de  son  cachet,  les  divers  médicaments  énumé- 
rés  ci-dessus,  MM.  les  Médecins  sont  assurés  d'avoir  des 
préparations  pures  et  rigoureusement  dosées. 

Tous  les  produits  inclus  sont  ou  fabriqués  de  toutes 
pièces  ou  analysés  à  notre  laboratoire. 

La  Maison  L.  Frère»  19,  rue  Jacob,  Paris,  proprié- 
taire de  la  maraue  et  des  procédés  du  docteur  Clertan,  a 
mérité  les  plus  hautes  récompenses,  Médailles  d'or  unt- 
ques,  décernées  aux  produits  pharmaceutiques  aux  Expo- 
sitions universelles  ae  Paris  (1878)  et  de  1  étranger,  Am- 
sterdam (1883),  Sydney  (1888). 

Les  préparations  du  docteur  Clertan  sont  recommandées 
en  pl\  irs  endroits  du  Traité  de  ilUrapeutique  de  Trous- 
se?jyh       doux,  notamment  p.  280  et  p.  6U,  t.  II,  V  édit. 


20.. 


330    —  N^  20  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


11  Mai  1880 


Nouveau  traliemcnt  de  la  consllpatton  et  de  Fanémle. 

Une  des  affections  contre  lesquelles  l'expérience  des  praticiens 
vient  échouer  le  plus  fréquemment  est  sans  contredit  la  constipa- 
tion. Le  régime  joue  un  rôle  important  dans  le  traitement  de  cette 
maladie,  mais  il  arrive  souvent  qu'il  ne  suffit  pas.  Les  malades 
se  laissent  alors  facilement  aller  à  abuser  des  purgatifs  et  en 
particulier  des  drastiques,  aloès,  coloquintes,  etc....  ;  mais  les 
moyens  qu'ils  employent  finissent  par  irriter  les  organes  de  la 
digestion;  leur  action  s'épuise,  et  la  constipation  qui  semblait 
guérie  reparaît  plus  intense  et  plus  grave  que  jamais. 

Les  efforts  du  médecin  doivent  tendre  à  mettre  les  malades 
en  garde  contre  Tabus  de  tels  remèdes  et  à  faire  adopter  ceux 
qui  procurent  les  résultats  les  plus  satisfaisants,  tout  en  n'expo- 
sant pas  aux  mêmes  dangers. 

Parmi  ces  derniers,  le  plus  efficace  est  certainement  la 
Cascara  Sagrada,  ou  écorce  du  Rhamnus  Purshiana,  qui,  expé- 
rimentée d'abord  en  Amérique,  son  pays  d'origine,  puis  dans  les 
hôpitaux  de  Paris,  est  considérée  aujourd'hui  comme  le  véritable 
spécifique  de  la  constipation  chronique. 

M.  Demaxière,  pharmacien  à  Paris,  après  avoir  étudie  la 
Gascara  Sagrada  au  point  de  vue  chimique  cl  micrographique, 
arriva  à  conclure  que  pour  obtenir  de  ce  précieux  remède  toul 
l'effet  qu'on  peut  eu  attendre,  il  fallait  l'administrer  à  Tétat 
naturel,  sans  avoir  recours  aux  préparations  telles  que  l'extmit 
ou  la  teinture,  mais  la  poudre  était  d'un  goût  très  désagréable, 
il  prépara  donc  des  dragées  avec  cette  poudre,  et  obtint  ainsi  un 
médicament  d'une  efficacité  certaine  et  facile  à  prendre,  même 
pour  les  malades  les  plus  exigeants.  Les  Dragées  Demaziere  a  la 
Cascara  Sagrada  contiennent  12  centigrammes  et  demi  de 
poudre  par  dragée.  La  dose  ordinaire  est  de  deux  dragées  le 
matin  au  réveil,  et  deux  le  soir  au  moment  du  dernier  repas  ou 
avant  de  se  coucher.  Si  la  constipation  résiste  à  cette  dose,  on 
peut  augmenter  celle-ci  sans  inconvénient,  pour  la  diminuer 
ensuite  progressivement,  jusqu'à  ce  que  les  selles  paraissent  se 
produire  d'une  façon  spontanée  et  sans  le  concours  d  aucun 

médicameul.  .,,,/,  c        j« 

Les  remarquables  effets  obtenus  à  l'aide  de  la  Cascara  Sagrada 
dans  les  cas  de  constipation,  conduisirent  naturellement 
M.  Demaziere  à  utiliser  ce  précieux  remède  non  seulement  dans 
les  cas  où  la  constipation  est  une  affection  naturelle  du  malade, 
mais  encore  dans  ceux  également  nombreux  où  elle  est  la  con- 
séquence de  l'absorption  d'un  médicament  quelconque,  du  fer  en 
particulier.  11  prépara  donc  des  dragées  daus  lesquelles  1  lodure 
de  fer  est  associé  à  la  Cascara.  Ce  nouveau  produit  a  1  avantage 
de  réunir  tout  à  la  fois  les  propriétés  du  fer  et  de  I  iode,  et  de  ne 
jamais  occasionner  de  constipation.  De  plus,  la  Uscara  Sagrada 
avant  une  action  stimulante  manifeste,  non  seulement  sur 
l'intestin,  mais  encore  sur  l'estomac  ;  ces  dragées  sont  digérées  et 
absorbées  avec  la  plus  grande  facilité.  m.^^.^n 

Les  Dragées  Demazim  à  Viodure  de  fer  et  a  la  Cascaia 
constituent  donc  le  remède  le  plus  énergique  contre  1  anémie  et 
la  chlorose.  La  dose  moyenne  est  de  deux  dragées  par  jour  pour 
les  enfants,  et  de  quatre  pour  les  adultes,  prises  en  deux  fois 
au  moment  des  deux  principaux  repas,  mais  celte  dose  peu 
varier  suivant  les  tempérament  et  d'après  les  circonstances  dont 

*%t£favriiTus  grand  soin,  les  dragées  Demaziere  à  la 
CasZ:s:graïa  et  celfes  à  Tiodure  ^e  ^er  «t  à  la  Cascara  cm 
toujours  donné  les  meilleurs  résultats.  Expérimentées  dans  les 
hôTtaux  dePari^  adoptées  par  un  grand  "O'"»^^^/-^  "Î^Jf/:"^ 
deFranc"e  et  de  Fétfanger,  elles  ont  pleinement  confarmé  les 
observations  qui  avaient  été  recueillies  en  Amérique. 

Du  reste,  afin  que  chaque  médecin  puisse  se  convaincre  de  Ja 
valeur  de  ces  deux  produits,  M.  Demaziere,  P>^armacien^^^^ 
ï"  classe,  ancien  interne  des  hôpitaux  de  Pans,  aureat  de  1  Ecole 
le  pharmacl  (médaille  d'or),  membre  de  la  Société  de  medecnre 
w^^Jiaueenvoe  franco  des  échantillons  de  ses  Dragées  aqui- 
Sriurr^^^^^^^     la  demande,  71 ,  avenue  de  Villiers,  à  Pans. 


THÉRAPEUTIQUE 

I 

HomérlABa,  thé  peetoral  russe. 

Parmi  les  maladies  dont  rhumanité  est  affligée,  ce  sont 
assurément  les  maladies  des  voies  respiratoires  :  la  bron- 
chite, la  tuberculose,  la  phthisie  pulmonaire  caséeuse,  qui 
apportent  le  plus  grand  tribut  à  la  mortalité.  Et,  en  effet, 
nous  voyons  dans  les  relevés  de  statistiques  que  ces  affections 
comptent  pour  un  cinquième  dans  le  nombre  des  décès. 

L'expérience  acquise  jusqu'à  présent,  les  recherches 
microscopiques  et  les  nouvelles  théories  microbiennes  n'ont 
guère  avancé  le  traitement  desdites  maladies  et  les  progrès 
dans  leur  guérison  sont  bien  peu  sensibles. 

Nous  voulons  parler  ici  d'une  plante  cultivée  dans  !es 
provinces  méridionales  de  la  Russie  et  dont  l'efficacité,  dans 
le  traitement  de  ces  maladies,  consacrée  par  une  longue 
expérience  populaire,  est  incontestable. 

Cette  plante,  dont  les  propriétés  curatives  étaient  tenues 
secrètes  par  plusieurs  familles  russes,  n'est  pas  encore 
bien  connue  en  Europe  et  elle  appartient  à  la  famille  des 
Polygonées  (Polygonum  Hovieri).  C'est  un  savant  ru?se, 
d'Odessa,  M.  Tchinaîeff,  qui  lui  a  donné  le  nom  de  <  Homé- 

riana  ». 

S'il  est  à  présumer  que  les  générations  futures  trouvent 
un  remède  infaillible  contre  ces  nlaux,  il  est  incontestable, 
et  l'expérience  l'a  déjà  prouvé,  que  pour  le  moment  nous 
n'avons  sous  la  main  aucun  remède  aussi  efficace  que  la 
plante  Homériana  pour  combattre  les  affections  catarrhales 
du  larynx,  de  la  trachée,  des  bronches,  le  début  de  la 
tuberculose. 

A  la  suite  d'analyses  faites  à  Rio-de-Janeiro  par  la  JunU 
Central  de  la  Hygiène  publica,  et  à  Padoue  par  M.  le  pro- 
fesseur François  Ciolto,  de  l'Institut  de  chimie,  il  résuile 
que  cette  plante  contient  une  huile  verdâtre,  insaponifiable: 
principe  actif  du  remède. 

Il  y  a  ici  à  faire  remarquer  que  si  les  Polygonées  sont 
très  répandues  dans  toute  l'Europe,  il  n'y  a,  par  conire, 
qu'une  seule  espèce,  celle  qui  croît  dans  le  midi  de  la 
Russie,  laquelle  possède  une  vertu  médicatrice,  due  uni- 
quement à  la  qualité  du  sol. 

L'Homériana  agit  directement  sur  le  bacille,  soit  en 
détruisant  sa  vitalité,  soit  en  rendant  le  tissu  pulmonaire 
impropre  à  son  développement. 

Le  docteur  Lascoff,de  Kieff  (Russie),  a  expérimenté  celle 
plante  en  particulier  dans  la  bronchite  et  dans  la  tuber- 
culose. .  . 

Aussi,  croyons-nous  que  l'Horaériana  est  digne  d  attirer 
Tattention  des  membres  du  corps  médical. 


G.  Masfon,  Propriétaire-Gérant. 


48832, 


—  MOTTBROZ.  —  Imprimorics  réunies.  A.  rue  Mignon  2,  Par»*- 


TRENTE-SIXiâlIR  ANNÉE 


W  21 


24  Mai  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D'  L.  LEREBDULLET,  Rédacteur  en  chef 

MM.  P.  BUCNEZ,  E.  BRISSAUO,  G.  DIEULAFOV.  OREVFUS^BRISAC,  FRANCOIS-FRANCK,  A.  HËNOCQUE,  A.-J.  MARTIN,  A.  PETIT.  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lerebodllet,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRB.  —  BULLBTIN.  — Pathologib'gbnkrale.  Des  microbes  accidentel- 
lement pathogènes.  ~  Formulairb  thérapbutiqub.  De  l'emploi  de  la  caféine 
dans  la  plear^ie  sëro-flbrineuao  aiguë.  ~  Rbvvb  des  cours  et  des  cliniques. 
Faculté  de  médecine.  Cours  de  pathologie  interne  ;  M.  le  professeur  Dieulafoy  : 
Syphilis  du  poumon  et  de  la  plèvre.  —  Travaux  originaux.  Syphlliographie  : 
FoUe  et  pamlyaie  générale  sypUHUquet*  ~  Correspondance.  Trait«nent  de 
riiypobémlo  intertropicale.  ->  SoGlBrés  savantes.  Académie  des  sciences.  — 
Académie  de  médecine.  —  Société  de  biologie.  —  Revue  des  journaux. 
—  B1BLIO6RAPBIB.  Du  délire  ches  les  dégénérés.— VARiériÊa.  Concours  d'agré- 
gation. —  Concours  du  Bureau  central. 


BULLETIN 

Paris,  ï^  mai  1889. 

Académie  de  médecine  :  Le  diabète.  —  Communiea- 

ttoos  dlveraen,    —  Amioelatloii  générale  éem  aiéde^- 
clas  de  Franee. 

Lorsqu'on  aborde  devant  TAcadémie  un  sujet  de  pra- 
tique médicale  aussi  important  que  Tétude  du  diabète 
sucré,  il  est  naturel  que  les  médecins  qui  ont  recueilli  de 
nombreuses  observations  fassent  profiter  de  leur  expé- 
rience et  leurs  collègues  et  le  public.  On  devait  donc 
s'attendre  à  ce  que  la  communication  de  M.  Jules 
Worms  fût  le  point  de  départ  d'une  discussion  sérieuse. 
MM.  Dujardin-Beaumetz  et  G.  Sée,  qui  l'ont  commencée, 
ont  apporté  dans  le  débat  quelques  notions  pratiques 
utiles  à  rappeler.  C'est  tout  d'abord  la  classification  des  cas 
observés  en  forme  grave,  forme  moyenne,  forme  bénigne. 
Tout  le  monde  est  d'accord  pour  reconnaître  que  la  propor- 
tion de  sucre  n'indique  pas  nécessairement  la  gravité  de 
la  maladie.  Si  Ton  obtient  la  disparition  ou  tout  au  moins 
l'atténuation  rapide  de  la  quantité  de  sucre  rendu  dans 
les  vingt-quatre  heures,  on  peut  affirmer  que  l'on  a  affaire 
à  un  diabète  léger  ou  moyen.  Si  l'influence  du  régime  et 
du  traitement  sont  nuls  ou  à  peu  près  et  si  la  quantité  de 
sucre  reste  invariable,  la  maladie  devra  être  considérée 
comme  sérieuse  alors.  nuÈnxe  que  la  proportion  de  sucre 
éliminé  reste  peu  considérable.  Il  importe  donc  de  ne  pas 
s'effrayer  outre  mesure  des  chiffres  fournis  par  une  pre- 
mière analyse.  Il  importe  surtout  au  contraire  de  suivre 
attentivement  le  malade  et,  comme  l'a  recommandé 
M.  Worms,  de  faire  de  très  nombreuses  analyses  pour 
arriver  à  juger  exactement  la  marche  de  la  maladie.  Au 
point  de  vue  du  traitement,  H.  Diijardin-Beaumetz  a  juste- 
ment insisté  sur  l'importance  du  régime  et  tracé  à  cet  égard 
des  règles  hygiéniques  très  précises.  La  suppression  des 
aliments  sucrés,  la  prescription  rationnelle  des  corps  gras, 
de  charcuterie,  de  thé,  de  café,  etc.,  etc.,  sont  très  utiles. 

2«  SÉRIE,  T.  XXVI. 


Les  exercices  physiques  rendent  de  signalés  services.  Quant 
aux  médicaments,  M.  Dujardin-Beaumetz  recommande 
tous  ceux  qui  ont  une  action  élective  sur  les  parties  supé- 
rieures de  la  moelle  et  du  bulbe  et  M.  G,  Sée  insiste 
encore  sur  les  effets  avantageux  de  l'antipyrine.  Nous 
devons  renvoyer  au  Bulletin  ceux  qu'intéressera  l'élude 
de  ces  considérations  thérapeutiques. 

Nous  ferons  remarquer  cependant  qu'en  condamnant 
absolument  le  lait,  les  savants  qui  jusqu'àcejouront  pris  la 
parole  devant  l'Académie  n'ont  pas  tenu  compte  de  ces  cas, 
trop  fréquents  encore,  où  la  glycosurie  chez  le  diabétique 
s'accompagne  d'albuminurie  et  chez  lesquels  on  voit  peu  à 
peu  la  proportion  d'albumine  s'élever  progressivement. 
Dans  ces  circonstances  le  lait,  voire  même  le  régime  lacté 
exclusif,  peut,  momentanément  au  moins,  rendre  les  plus 
grands  services.  Nous  aurons  à  revenir  sur  ce  sujet  lorsque 
l'étude  de  la  pathogénie  du  diabète,  commencée  par  M.  G.  Sée 
aura  été  discutée  devant  l'Académie. 

Nous  recevons,  sur  ce  même  sujet,  de  M.  le  docteur 
Farge,  ancien  directeur  et  professeur  de  l'École  de  méde- 
cine d'Angers,  une  lettre  dont  nous  extrayons  les  passages 
suivants  : 

Vous  m'avez  fait  l'honneur  de  citer  mon  nom  à  propos  de 
rintércssante  communication  de  M.  le  docteur  J.  Worms  à  l'Aca- 
démie; je  vous  envoie  donc  le  mémoire  que  j'ai  publié  en  1883 
sur  le  même  sujet.  Ne  croyez  pas,  je  vous  prie,  qu'en  le  met- 
tant sous  vos  yeux,  je  songe  à  une  réclamation  de  priorité;  je 
veux  simplement  apporter  mon  appoint  aux  quelques  observa- 
tions du  savant  académicien,  sur  les  variations  quotidiennes 
et  diurnes  du  sucre  chez  un  même  diabétique. 
Voici  dès  lors  le  résumé  de  mes  observations  : 
l**  Dans  quarante-deux  analyses  s'appliquant  à  dix  malades, 
je  trouve  par  comparaison  des  urines  du  matin  et  du  soir  ou, 
comme  on  Ta  dit,  du  sang  et  de  la  digestion  : 

Matin.  Soir. 

Moyenne 20,00  Moyenne 32,68 

Maximum ii,4  Maximum 66,66 

Minimum 4,00  Minimum 12,00 

Mais  ce  qui  m'a  paru  intéressant  et  inattendu,  c'est  que,  le 
p^us  souvent,  le  minimum  diurne  se  rencontre  dans  la  première 
urine  qui  suit  le  repas.  La  distance  du  repas  ne  vient  qu'en 
seconde  ligne  ;  car,  selon  la  remarque  de  Faick  que  j'ai  vérifiée 
neuf  fois  sur  dix,  tandis  que  l'homme  sain  urine  dans  la  demi- 
heure  qui  suit  le.  repas  et  souvent  plusieurs  fois  dans  la  pre- 
mière heure,  chez  le  diabétique  la  première  miction  se  fait 
I  attendre,  en  moyenne,  une  heure  et  demie  et  plus. 

«1 


830 


N'21  - 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINEPT  DE  CHIRURGIE 


î*  Mai  1889 


Le  résultat  des  quarante-quatre  analyses  de  dix  malades  m'a 
donné  le  tableau  comparatif  suivant  : 


■HM« 

ORN-SITÉ 

GLYCOSB 

DB.HSITÉ 

GLYGOSE 

Noms. 

post 
pran- 
dium. 

post 

praD- 

dium. 

diges- 
live. 

dige»- 
tive. 

OBSERVATIONS. 

Tt.  . 

1025 
1017 
1018 
1015 
1022 

12,00 
6,50 

4,50 

5,?0 

25,50 

1025 
1025 
1023 
1024 
1027 

20,00 

20,56 
14,50 
1^,11 
28,50 

Bl... 

1024 
1020 

11,60 
11,76 

1027 
1023 

19,00 
12,50 

lr«aii.,4h.l/2;2%2h.1/2, 
=  7  h. 

LL.. 

1015 

0,0 

1018 

5,5 

De.  . 

1018 
1025 

12,50 
20,00 

1019 
1037 

50,00 
35,00 

Six  heures  d'écart. 
Huit  à  neuf  heures. 

1\A. . 

1020 

0,0 

1020 

6,5 

CM, . 

1024 

26,6 

1023 

26,6 

Mb.. 

1032 
1026 
1033 
1033 
1026 
1030 

11,50 
11,76 
15,30 
15,75 
15,50 
16,16 

1033 
1035 
1036 
1036 
1032 
10.. 

16,16 
22,00 
20,00 
20,00 
22,00 
18,18 

1  heure  et  2  heures  1/2. 

Re.  . 

1020 
1018 
1025 
1020 

6,6 

0,0 

2i,5 

1022 
1020 
1017 
1020 

12,5 
6,50 

11,50 
8,5 

Exercice. 

On  y  voit  que  le  glycose  des  urines  po$t  prnndium  va  de  0  à  26 
et  celui  des  urines  de  la  digestion  de  5,5  à  50  ;  et  Técart  de 
deux  analyses,  à  quelques  heures  de  distance,  chez  le  même 
malade,  dans  ces  conditions,  ne  descend  pas  au-dessous  de  5 
et  s'élève  jusqu'à  37,50. 

Aux  dix  malades  recensés  en  1883,  je  pourrais  ajouter  un  dia- 
bétique gras,  sans  boulimie  ni  polydipsie,  que  j'observe  en  ce 
moment. 

Urines  du  matin. 

5  mai 33,33 

11  mai 40,00 

18  mai 3,50 

Urines  du  19  mai, 

1®  Une  heure  et  demie  après  le  repas,      6,50 
2*  Quatre  heures  après  le  repas 13,33 

Le  malade  prend  des  alcalins  et  suit  le  régime  Bouchardat. 

D"-  Fahge. 

Nous  devons  nous  borner  à  citer  aujourd'hui  ces  extraits 
de  la  lettre  que  veut  bien  nous  écrire  notre  distingué  con- 
frère. Si,  comme  nous  l'espérons,  la  discussion  soulevée 
par  M.  le  docteur  J.  Worms  se  continue  devant  TAcadémie, 
nous  aurons  l'occasion  de  citer  encore  cet  intéressant 
travail. 

—  Nous  devons  signaler  aussi  une  nouvelle  et  impor- 
tante lecture  de  M.  01  lier  sur  la  résection  du  genou  et  une 
très  intéressante  observation  de  communication  congénitale 
des  deux  cœurs,  due  à  MM.  Legroux  et  Dupré.  Utilisant  les 
caractères  si  précis  du  souffle  systolique  palhognomonique 
de  rinocclusion  du  septum  lueidum  ei  décrit  par  M r  H. 


Roger,  MM.  Legroux  et  Dupré  ont  pu,  en  Tabsence  de 
cyanose  et  de  modification  du  pouls,  aflinner  le  diagnostir 
et  démontrer  une  fois  de  plus  la  valeur  séméiologique  du 
soufffe  de  H.  Roger, 


Aasoelailon  géoërale   des  médceln»  de  France. 

(Suite.) 

Le  rapport  de  M.  le  docteur  Riant  est  l'un  des  meilleurs 
qu'il  nous  ait  été  donné  d'entendre  depuis  que  nous  suivons 
les  séances  de  l'Association  générale.  Non  seulement  il 
exprime  en  termes  élevés  les  sentiments  de  regrels  qu'ins- 
pire la  mort  de  quelques-uns  des  membres  les  plus  émineuts 
de  l'Association,  mais  encore  et  surtout  il  fait  ressortir  avec 
une  lucidité  parfaite  le  rôle  tout  à  la  fois  bienfaisant  et 
moralisateur  qu'elle  peut  remplir. 

M.  Riant  rappelle  les  bienfaits  que  la  Société  qu'il  admi- 
nistre a  dispensés  autour  d'elle  (un  capital  de  H  i  7 180  franrs 
a  été  aiïecté  à  ce  service  des  pensions  viagères).  11  loue  en 
excellents  termes  l'activité  des  Sociétés  locales  et  envoie  un 
juste  tribut  de  gratitude  à  la  Société  du  Haut-Rhin  français 
qui,  grc^ce  à  l'initiative  et  au  dévouement  de  H.  le  docteur 
Marquez,  a  pu  se  reconstituer  à  Belfort.  Il  montre  ensuite 
quelle  a  pu  être  l'utilité  de  l'Association  soit  lorsqu'elle 
a  eu  à  combattre  l'exercice  illégal  de  la  médecine  malgré 
la  mauvaise  volonté  évidente  et  notoire  de  certains  magis- 
trats, soit  alors  qu'elle  luttait  pour  relever  le  taux  de  la 
rémunération  allouée  aux  médecins  des  Sociétés  de  secoure 
mutuels  ou  encore,  dans  les  cas  trop  nombreux  où  il 
convenait  de  défendre  les  droits  de  médecins  auxquels  on 
contestait,  en  matière  de  succession,  de  légitimes  honoraires; 
en  résumé  toutes  les  fois  qu'il  s'agît  d'intervenir  pour 
défendre  les  intérêts  professionnels. 

Il  est,  à  ce  point  de  vue,  tout  un  passage  de  ce  rapport 
qu'il  convient  de  citer  textuellement. 

L'innovation  dont  je  vais  parlei^maintenant,  dit  M.  le  docteor 
Riant,  montre  bien  que,  suivant  Texpression  du  président  de  la 
même  Société,  nos  confrères  c  n'ont  pas  seulement  mis  la  main, 
mais  le  cœur,  dans  les  affaires  qu'ils  ont  entreprises,  et  dans 
toutes  celles  qui  leur  ont  été  signalées,  toutes  les  fois  que  Fin- 
térêt  particulier  des  médecins  s'est  trouvé  lié  à  Tintérét  général 
de  la  corporation. 

c  C'est  pour  resserrer  les  liens  qui  unissent  les  membres  de 
l'Association  que  la  Société  de  la  Haute-Garonne  a  vivement 
souhaité  de  voir  s'acclimater  dans  son  ressort  VCEuvre  d'as^ii- 
tance  médicale  mutuelle ^  fondée  par  M.  le  docteur  Lagoguey,et 
qu'elle  a  donné  toute  sa  collaboration  à  la  constitution  d'une 
nouvelle  Société.  »  Les  statuts  approuvés  viennent  de  nous  être 
transmis. 

Vous  allez  voir  la  même  pensée  et  les  mêmes  tentatives  de 
réalisation  se  produire  ailleurs. 

Et,  après  avoir  cité  plusieurs  propositions  analogues, 
M.  Riant  ajoute: 

Ce  n'est  donc  plus  de  la  théorie,  Messieurs,  nous  sommes 
déjà  en  présence  d'études  et  de  faits  ;  quelques  Sociétés  locales 
expérimentent  ou  se  préparent  à  expérimenter  l'assistance  en 
cas  de  maladie. 

Il  y  a  là  un  trait  d'union  entre  l'Association  et  une  (Euvre 
d'assistance  d'un  caractère  éminemment  utile.  Pour  cette  forme 
de  collaboration,  il  n'est  pas  besoin  de  surfaire  les  ressources 
dont  l'AsBociation  a  réellement  la  possession  ou  la  libre  dispo- 
Bition» 


U  Mm  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  21  —    331 


Kn  outre,  ce  n'est  certainement  pas  une  mauvaise  manière 
d'apprécier  les  conditions,  les  difficultés,  les  résultats  d'une 
(l'uvre  de  ce  genre  que  d'en  faire  ainsi  des  essais  partiels.  Une 
Société  locale  est  mieux  placée  pour  reconnaître  la  légitimité 
lies  indemnités  réclamées  et  en  déterminer  le  taux,  variable 
suivant  les  localités  ou  les  situations  ;  pour  surveiller  le  fonc- 
tioimement  de  Fassistance  donnée;  elle  connaît  ses  malades, 
elle  les  a  sous  la  main  ;  le  lien  confraternel  est  fortifié  par  des 
relations  plus  fréquentes.  Les  résultats  sont-ils  encourageants, 
1  exemple  sera  bientôt  imité  par  d'autres  Sociétés,  empressées 
de  voir  fonctionner  chez  elles  un  nouveau  service,  qui  aura  déjà 
fait  ses  preuves  dans  une  autre  partie  de  l'Association. 

Ainsi,  j'ai  le  droit  de  le  dire,  l'assistance  matérielle  est  partout 
«•Il  voie  de  progrès,  dans  notre  Œuvre.  Il  en  est  de  même,  on  va 
l«»  voir,  de  l'assistanco  morale. 

On  ne  saurait  trop  louer  H.  Riant  d'avoir  laissé  aux 
Sociétés  locales  et  surtout  au  temps  et  à  l'expérience  le 
soin  de  juger  la  valeur  et  le  mode  de  fonctionnement  des 
Associations  de  secours  en  cas  de  maladie.  La  question  est 
très  grave  et  surtout  complexe.  L'Association  générale 
risquerait  de  sombrer  si  elle  modifiait  ses  statuts  en  vue 
d*alteindre  des  résultats  illusoires.  Uassistance,  en  cas  de 
maladie,  est  l'une  des  mesures  les  plus  utiles  dont  on 
puisse  poursuivre  la  réalisation;  Vassurance  contre  la  ma- 
ladie est  au  contraire  presque  irréalisable.  L'Association 
générale  veut  et  doit  rester  une  Société  de  secours.  Les 
pensions  de  droit  et  les  assurances  obligatoires  ne  sau- 
raient donc  être  étudiées  que  par  les  Sociétés  locales,  seules 
en  mesure  de  surveiller  directement  l'emploi  des  fonds 
dont  elles  disposeraient  h  cet  égard. 

Concluons  donc,  avec  M.  Riant,  que: 

Le  salut  n'est  point  dans  de  chimériques  illusions.  Il  est  dans 
l'union  qui  assure  la  dignité,  rindépendance  du  corps  médical; 
il  est  dans  la  concorde  et  la  fraternelle  bienveillance,  s*em- 
[iressant  de  venir  en  aide  aux  confrères  malheureux,  prenant  la 
défiMise  des  droits  et  des  intérêts  de  tous;  il  est  dans  l'empres- 
sement à  étudier  sans  parti  pris,  sans  défiance,  les  améliorations 
signalées  par  l'impatience  du  mieux.  Le  salut!  il  est  dans  cette 
solidarité,  qui  ne  divise  pas  ses  efforts,  et  marche  sans  bruit, 
mais  sans  hésitation,  vers  Taffranchissement  matériel  et  moral 
de  la  profession;  il  est  dans  l'Association,  dans  ce  qu'elle  a  fait 
jusqu'ici,  et  dans  ce  qu'elle  saura  faire  encore, 

—  Dans  la  séance  du  lundi  6  mai,  après  les  élections  qui 
ont  appelé  à  faire  partie  du  Conseil  général  MM.  Lanne- 
longue,  Passant,  Hérard,  de  Ranse,  Bancel,  Dufay  et  Lere- 
bouUet,  et  de  la  Commission  des  pensions  MM.  Passant, 
Richelol,  Thomas,  Worms,  Motet  et  Bucquoy,  l'Assem- 
blée a  discuté  les  rapports  présentés  par  divers  membres 
du  Conseil  général.  Après  avoir  adopté,  avec  une  légère 
modification,  les  conclusions  d'un  rapport  de  M.  Durand- 
Fardei  sur  la  réglementation  des  vœux^  elle  a  entendu 
le  rapport  de  M.  Bucquoy,  relatif  à  la  nomination  des  places 
de  médecin  d'hèpibil.  Avec  une  grande  force  de  dialectique 
et  des  arguments  irréfutables,  le  savant  médecin  de  THôteU 
Dieu  a  démontré  la  néces.sité  du  concours  pour  les  hôpitaux 
des  villes  d'une  certaine  importance.  Et  l'Assemblée  a  volé 
les  deux  propositions  suivantes  qui  résument  cette  opinion  : 

l**  La  mise  au  concours  de  toutes  les  places  de  médecins  et 
de  chirurgiens  dans  les  hôpitaux  est  le  mode  de  recrutement  le 
plus  juste  et  le  plus  favorable  à  l'intérêt  des  malades;  il  y  a 
donc  lieu  d'en  demander  Tapplication  toutes  les  fois  qu'elle  sera 
possible  ; 

2"  Les  droits  conférés  par  la  loi  auJt  Commissions  hospitalières 


s'opposent  à  Tadoption  du  vœu  de  la  Société  de  la  Marne  (1). 
Toutefois  l'Association  générale  croit  que  les  Sociétés  locales 
peuvent  et  doivent  user  de  leur  influence  auprès  de  ces  Commis- 
sions pour  qu'il  soit  tenu  compte,  quel  que  soit  le  mode  de 
nomination,  des  droits  acquis  par  les  médecins  adjoints. 

Enfin,  M.  Motel  a  fait  adopter  par  l'Association  un  projet 
de  vœu  qui  résume  les  conclusions  du  remarquable  rapport 
lu  devant  le  Conseil  supérieur  de  l'Assistance  publique  par 
noire  collaborateur  M.  Dreyfus-Brisac.  Les  conclusions 
d'un  travail  relatif  à  l'assistance  médicale  dans  les  campa- 
gnes ne  pouvaient  différer  de  celles  qui  ont  été  si  fortement 
motivées  dans  cet  important  rapport. 

Voici  les  vœux  dont  la  prise  en  considération  a  été  votée: 

1"  Vœu  de  la  Société  de  VAvcyron  tendant  à  obtenir  le  plus 
tôt  possible  une  réforme  de  la  loi  de  1811,  concernant  les 
honoraires  à  attribuer  aux  médecins  pour  les  opérations  médico- 
légales  ; 

^'^  Vœu  de  la  Société  locale  de  la  Gironde,  qui,  convaincue 
des  avantages  que  procurerait  au  corps  médical  la  création  d'une 
caisse  d'assurance  mutuelle  contre  la  maladie,  émet  le  vœu  que 
le  Conseil  général  de  Paris  veuille  bien  mettre  la  question  à 
l'étude  le  plus  tôt  possible; 

3®  Vœu  de  la  Société  de  l'Oise  demandant  qu'il  soit  fait  une 
étude  approndie  des  voies  et  moyens  qui  permettraient  de  déli- 
vrer aux  membres  de  l'Association,  une  indemnité  en  cas  de 
maladie; 

4»  Vœu  de  la  Société  de  la  Haute-Vienne  demandant  que 
renseignement  de  la  déontologie  soit  donné  dans  les  Écoles  de 
médecine. 


PATHOLOGIE  GÉNÉRALE 

Dca  mlerobes  aeeldentelleiiieni  pathon^èiieii. 

I 

Nombre  de  travaux  récents  semblent  démontrer  qu'on 
peut,  dans  une  certaine  mesure,  modifier  la  plupart  des 
fonctions  des  microbes.  Parmi  ces  fonctions,  il  en  est  une 
qui,  par  son  importance,  domine  toute  l'histoire  de  la  bac- 
tériologie, c'est  la  virulence.  Aussi  divise-t-on  souvent  les 
microbes  en  deux  groupes,  suivant  qu'ils  végètent  sur  des 
matières  mortes  ou  se  développent  dans  des  organismes 
vivants,  suivant  qu'ils  déterminent  des  fermentations  ou  des 
maladies,  en  un  mot,  suivant  qu'ils  sont  saprophytes  ou 
pathogènes. 

Celle  distinction  est  passible  de  bien  des  critiques. 
Comme  l'a  fait  remarquer  M.  Bouchard,  la  virulence  est 
une  propriété  contingente,  dont  un  microbe  peut  se  revélir 
ou  .se  dépouiller,  suivant  un  certain  nombre  de  circon- 
stances, dont  quelques-unes  sont  aujourd'hui  assez  bien 
connues. 

Il  est  des  cas  oïl  un  microbe  pathogène  perd  sa  viru» 
lence;  il  s'atténue  au  point  de  ne  plus  posséder  aucune 
action  nocive  vis-à-vis  des  animaux  qu'auparavant  il  faisait 
silremenl  périr.  Le  charbon  nous  offre  un  exemple  bien 
connu  de  ces  atténuations.  Tout  récemment  M.  Chauveau 
a  montré  qu'on  peut  rendre  la  bactéridie  charbonneuse 
absolument  inoffensive;  mais  elle  conserve  encore  des  pro- 
priétés vaccinantes,  qui  représentent  en  quelque  sorte  le 
dernier  terme  de  la  virulence,  et  doivent  empêcher  de 

(t)  Par  rort^.infî  do  M.  Langlof,  cette  Société  demandait  que,  quel  que  soit  le 
mode  de  trnilcnient  ado|»t<^,  il  AU  tenu  compte  des  droits  acquis  par  les  médecins 
Adjoints. 


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GAZETTE  HEBDOKADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


24  Mai  1889 


regarder  cet  agent,  même  atténué,  comme  absolument 
indifférent  pour  l'organisme.  Si  la  démonstration  n'est  pas 
complète  pour  le  charbon,  elle  est  indiscutable  pour  d'autres 
microbes,  particulièrement  pour  celui  de  la  morve.  Suivant 
la  remarque  de  M.  Bouchard,  le  bacille  morveux  peut 
perdre  toutes  ses  fonctions  virulentes  et  végéter  à  l'état  de 
simple  agent  chromogène,  formant  sur  la  pomme  de  terre 
une  couche  de  coloration  brunâtre. 

Réciproquement,  on  voit,  dans  certaines  conditions,  s'ac- 
croître la  puissance  morbifique  d'un  microbe;  c'est  ce  qu'on 
obtient,  par  exemple,  par  des  passages  successifs  à  travers 
l'organisme  des  animaux.  On  peut  donc,  jusqu'à  un  certain 
point,  faire  l'éducation  des  microbes,  exalter  ou  diminuer 
leur  virulence;  on  peut  même  voir  un  microbe  indifférent 
devenir  accidentellement  pathogène,  déterminer  des  phé- 
nomènes souvent  fort  graves,  et  même  amener  la  mort  chez 
des  animaux  sur  lesquels  il  reste  habituellement  sans 
action.  Quelques  travaux  ont  permis  de  déterminer  cer- 
taines conditions  qui  donnent  aux  bactéries  une  virulence 
accidentelle. 

II 

Dans  une  note  récente,  M.  Arloiug  a  décrit  un  microbe 
dont  l'histoire  présente,  pour  notre  sujet,  le  plus  vif  intérêt. 
C'est  un  bacille,  trouvé  accidentellement  au  centre  d'un 
ganglion  caséeux;  il  se  cultive  facilement,  mais  son  inocu- 
lation reste  négative  quand  on  l'introduit  dans  des  tissus 
sains;  il  se  développe  au  contraire  si  on  le  place  dans  un 
organe  privé  de  circulation,  et  partiellement  nécrobiosé, 
dans  le  testicule  bistourné  par  exemple.  C'est  pour  rappeler 
l'importance  de  l'ai  tération  préalable  du  tissu  que  H.  Arloing 
a  donné  à  son  microbe  le  nom  de  Bacillm  heminecrobiO'- 
philus. 

Il  est  à  peine  utile  d'insister  sur  l'intérêt  que  présente 
cette  expérience.  Voilà  un  exemple  saisissant  qui  montre 
qu'un  agent  de  la  putréfaction  peut  devenir  pathogène 
quand  il  tombe  dans  un  organe  malade. 

Dans  le  même  ordre  d'idées,  nous  pouvons  citer  quelques 
expériences  dues  à  M.  Bouchard.  En  injectant  à  des  lapins, 
dans  le  tissu  cellulaire  sous-cutané,  des  liquides  fermen- 
tescibles,  par  exemple  du  lait,  un  mélange  de  sucre  et  de 
peptone,  on  peut  voir  les  animaux  succomber  rapidement. 
Quelquefois  la  mort  s'explique  facilement  par  la  présence 
dans  le  liquide  introduit  d'un  microbe  pathogène,  et  parti- 
culièrement d'un  agent  septicémique.  Ailleurs  le  foyer  est 
putréfié;  il  exhale  une  odeur  fétide,  mais  il  ne  renferme 
que  des  saprophytes;  si  on  les  inocule  directement  ou  après 
culture,  à  d'autres  lapins,  il  ne  survient  aucun  accident. 
Le  premier  lapin  n'a  donc  succombé  que  parce  que  les 
microbes  ont  déterminé,  dans  les  liquides  injectés,  des 
fermentations  putrides  dont  les  produits  ont  pénétré  dans 
l'organisme  et  ont  amené  une  véritable  intoxication.  Il  est 
bon  de  remarquer  que  ces  expériences  ne  s'éloignent  pas 
autant  qu'on  pourrait  le  croire  des  conditions  cliniques;  on 
sait,  en  effet,  que  les  épanchements  qui,  dans  certaines 
maladies,  envahissent  le  tissu  cellulaire  ou  les  séreuses, 
sont  constitués  par  des  liquides  également  propres  au  déve- 
loppement de  micro-organismes,  qui  pourraient  ainsi 
devenir  accidentellement  pathogènes. 

Quelquefois,  par  son  passage  à  travers  l'organisme  ani- 
mal, un  microbe  inoffensif  peut  acquérir  momentanément 
des  propriétés  virulentes;  nous  en  avons  récemment  observé 
un  exemple  fort  démonstratif  :  une  certaine  quantité  de 


macération  de  viandes  pourries  fut  divisée  en  deux  parties 
égales;  une  des  portions  fut  stérilisée,  et  chaque  liquide  fut 
injecté  sous  la  peau  d'un  cobaye;  les  deux  animaux  mou- 
rurent. Dans  l'œdème  du  cobaye  qui  avait  reçu  le  liquide 
non  stérilisé,  se  trouvait  un  microcoque,  qui  se  développa 
facilement  sur  la  gélatine  en  liquéfiant  ce  milieu;  une  pre- 
mière culture  servit  à  inoculer  un  cobaye,  qui  succomba 
à  la  maladie;  mais  le  liquide  recueilli  sur  ce  deuxième 
animal  donna  des  cultures  dont  le  microbe  avait  perdu  toute 
action  nocive.  Ainsi,  ce  microbe  n'avait  acquis  que  d^uue 
façon  passagère  des  propriétés  pathogènes;  la  virulence 
n'avait  été  que  transitoire. 

Il  est  des  cas  où,  à  la  suite  de  passages  successifs,  un 
microbe  finit  par  devenir  virulent  d'un  façon  permaneute. 
Buchner  a  essayé  de  donner  à  cette  idée,  déjà  soutenue  par 
Nsegeli,  une  preuve  expérimentale.  11  a  prétendu  que  Ion 
pouvait  transformer  le  Bacillus  subtilis,  organisme  inof 
fensif  qui  se  développe  dans  les  infusions  de  foin,  en  un 
agent  virulent  bien  connu,  la  bactéridie  charbonneuse. 
Malheureusement  les  expériences  ultérieures  devaient  rui- 
ner cette  conception,  et  démontrer  l'erreur  dans  laquelle 
était  tombé  ce  savant.  Wissokowitsch  a  pu  introduire  des 
quantités  considérables  de  B.  subtilis  dans  le  sang  du  lapin, 
du  cobaye  ou  du  chien  ;  les  bacilles  se  localisent  dans  les 
oi^anes  et  ne  tardent  pas  à  disparaître.  Au  bout  de  vin^l- 
quatre  heures,  on  ne  les  retrouve  plus,  sauf  si  l'on  a  intro- 
duit des  spores.  Dans  ce  dernier  cas,  après  deux  mois,  on 
peut  démontrer  l'existence  du  parasite  qui  a  végété  sans 
produire  de  troubles  appréciables. 

Il  semble  donc  que  tous  les  microbes  ne  sont  pas  égale- 
ment aptes  à  devenir  accidentellement  pathogènes;  il  en 
est  qui  périssent  rapidement  dans  le  corps  des  animaux, 
mais  il  en  est  d'autres  qui,  déjà  virulents  pour  certaines 
espèces,  peuvent  par  l'éducation  acquérir  des  propriétés 
nocives  pour  des  êtres  qui  semblaient  complètement  rê- 
fractaires  à  leur  action.  Nous  arrivons  ainsi  à  un  nouvel 
ordre  de  faits  dont  nous  allons  aborder  l'histoire. 


III 


Un  microbe  qui  n'est  pas  pathogène  pour  une  espèce  peut 
le  devenir  quand  on  change  certaines  des  conditions  vitales 
de  l'organisme  envahi.  La  poule  ne  prend  pas  le  charbon; 
qu'on  la  refroidisse,  comme  l'a  fait  M.  Pasteur,  et  elle  con- 
tracte lamaladie.  Réciproquement,  en  réchauffant  la  gre- 
nouille, on  triomphe  de  sa  résistance  contre  la  bactéridie 
charbonneuse  et  le  bacille  du  charbon  symptomatiquo.  Ici 
l'immunité  des  animaux  était  due  à  ce  que  la  température 
de  leur  corps  n'était  pas  favorable  au  développement  de 
l'agent  pathogène  ;  l'explication  du  phénomène  est  donc 
assez  simple. 

L'histoire  du  charbon  symptomatique  va  nous  fournir 
d'autres  exemples  non  moins  curieux.  L'agent  de  celle 
maladie  peut  être  atténué  par  la  chaleur  au  point  de  ne 
plus  agir  sur  le  cobaye;  mais,  si  on  inocule  ce  virus  atténue 
avec  un  peu  d'acide  lactique,  comme  l'ont  fait  MM.  Arloing 
et  Goroevin,  on  voit  se  développer  la  maladie.  Le  rnéme 
procédé  permet  de  triompher  de  Timmunité  des  espèces; 
ainsi  le  lapin,  qui  est  réfractaire  au  charbon  symptoma- 
tique, peut  succomber  à  cette  infection  si,  en  même  ternpï» 
que  le  virus,  on  dépose  dans  les  muscles  une  certaine qua»* 
tité  d'acide  lactique.  MM.  Nocard  et  Roux,  à  qui  nous  de- 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  21  —    833 


vons  cette  dernière  expérience,  ont  montré  que  Tacide 
lactique  ne  modifie  en  rien  le  virus  lui-même;  il  agit  en 
altérant  les  muscles  et  en  diminuant  leur  résistance  contre 
Tagent  envahisseur.  Le  niùmc  eiïet  sera  obtenu  en  injec- 
tant diverses  substances  chimiques  irritantes  ou  en  altérant 
les  muscles  par  le  traumatisme;  dans  tous  les  cas,  l'expé- 
rience est  comparable  à  celle  de  H.  Cbauveau,  qui,  inocu- 
lant le  bacille  de  la  septicémie  gangreneuse  dans  les  veines, 
le  voit  se  développer  dans  le  testicule  altéré  par  le  bistour- 
nage. 

Ce  que  font  les  agents  chimiques,  les  microbes  peuvent 
le  faire  également,  grâce  aux  substances  nocives  qu*ils 
sécrètent.  Nous  avons  montré  que  le  charbon  symptoma- 
tique  se  développe  chez  le  lapin,  quand  on  injecte  en 
même  temps  un  microbe  pyogène,  comme  le  staphylococcus 
ou  le  proteus  vulgaris.  Il  y  a  plus,  on  peut  associer  le  ba- 
cille du  charbon  symptomatique  à  un  autre  microbe,  le 
prodigioëuSy  qui,  pris  isolément,  semble  inoffensif  pour  le 
lapin  ;  mais,  si  on  inocule  le  virus  charbonneux  dans  une 
cuisse,  et  qu'on  introduise  les  produits  de  sécrétion  dix  pro- 
digiosus  soit  au  même  point,  soit  en  un  endroit  éloigné, 
cx)mme  Taisselle,  soit  même  dans  les  Teines,  on  verra  l'ani- 
mal succomber  avec  d'énormes  tumeurs  charbonneuses; 
dans  ce  dernier  cas,  le  microbe  auxiliaire  a  agi  en  amenant 
dans  l'état  général  du  lapin  des  troubles  morbides,  que 
Tobservation  la  plus  attentive  ne  peut  déceler  et  qui  sont 
suffisants  néanmoins  pour  permettre  le  développement  d'un 
microbe  chez  un  animal  naturellement  réfractaire. 

La  résistance  du  lapin  au  charbon  symptomatique,  dont 
on  peut  triompher  si  facilement  par  les  associations  micro- 
biennes, cette  résistance,  disons-nous,  peut  être  artificielle- 
ment renforcée  ;  il  suffit  pour  cela  de  pratiquer  au  préalable 
une  injection  intraveineuse  de  sérosité  charbonneuse;  dès 
lors  l'immunité  du  lapin  est  pour  ainsi  dire  absolue  et  le 
mélange  des  deux  microbes  ne  produira  aucun  trouble  ou 
amènera  tout  au  plus  une  lésion  locale  non  mortelle.  On 
voit  par  ces  exemples  à  quel  point  on  peut  expérimentale- 
ment faire  varier  la  résistance  d'un  animal  à  un  agent  pa- 
thogène déterminé. 

Mais  reprenons  l'exemple  de  tout  à  l'heure;  supposons 
un  lapin  ayant  succombé  au  charbon  symptomatique,  mé- 
langé à  de  l'acide  lactique  ;  si,  comme  l'ont  fait  MM.  Nocard 
et  Roux,  on  inocule  la  sérosité  de  ce  lapin  à  un  deuxième 
animal,  celui-ci  contractera  la  maladie;  un  troisième  lapin 
pourra  succomber  encore  ;  mais  le  quatrième  terme  de  la 
série  résistera;  dans  ce  cas,  l'exaltation  de  la  virulence 
n'est  que  passagère;  et  le  microbe  qui  était  devenu  acciden- 
tellement pathogène  pour  le  lapin,  n'a  pas  tardé  à  perdre 
de  nouveau  ses  propriétés  nocives. 

De  nombreuses  expériences,  dues  à  M.  Pasteur,  démon- 
trent que  par  des  passages  successifs  à  travers  les  orga- 
nismes animaux,  certains  microbes  voient  augmenter  ou 
diminuer  leur  action  pathogène,  d'une  façon  permanente. 
Ainsi  le  bacille  du  rouget  du  porc  s'exalte  notablement 
quand  on  l'inocule  au  pigeon;  inoculé  au  lapin,  ce  même 
microbe  devient  de  plus  en  plus  nocif  pour  cet  animal,  mais 
en  même  temps  il  s'atténue  pour  le  porc,  chez  lequel  il  ne 
détermine  plus  qu'une  lésion  locale,  curable  et  conférant 
limmunilé.  Ainsi  un  même  procédé  expérimental  permet 
d'augmenter  la  virulence  pour  une  espèce  et  de  la  dimi- 
nuer pour  une  autre.  Les  expériences  sur  la  rage  pour- 
raient nous  fournir  des  exemples  analogues;  mais  il  est 
inutile  d'insister  sur  ces  faits  qui  sont  bien  connus  et  dé- 


montrent qu'on  peut  presque  à  volonté  graduer  la  virulence 
de  certains  microbes. 

IV 

Nous  avons  déjà  cité  plusieurs  exemples  qui  démontrent 
qu'un  microbe  peut  sembler  inoffensif  jusqu'au  jour  où  l'on 
trouve  une  espèce  sensible  à  son  action.  MM.  Arloing, 
Cornevin  et  Thomas  nous  rapportent  qu'au  début  de  leurs 
recherches  sur  le  charbon  symptomatique,  ils  avaient 
essayé  inutilement  de  transmettre  la  maladie  ;  ils  opéraient 
sur  le  lapin.  Il  leur  a  suffi  de  changer  d'espèce  et  de 
s'adresser  au  cobaye  pour  obtenir  des  résultats  positifs. 

Le  Bacillus  prodigiosus  a  toujours  été  regardé  comme 
un  agent  chromogène,  absolument  dénué  de  virulence;  or 
nous  avons  reconnu  que  ce  microbe  est  pathogène  pour  la 
souris  blanche;  il  suffit  d'injecter  une  goutte  de  culture 
dans  la  cavité  abdominale,  pour  amener  la  mort  en  moins 
de  vingt-quatre  heures;  la  maladie  évolue  comme  une 
septicémie  et  le  microbe  se  retrouve  dans  le  sang,  les 
viscères  et  les  tissus.  Cet  exemple  vient  encore  prouver 
combien  sont  artificielles  les  classifications  des  microbes 
basées  sur  une  seule  de  leurs  propriétés,  puisque  ce  pré- 
tendu saprophyte  est  en  réalité  très  virulent»  au  moins  pour 
une  espèce  animale;  il  peut  même  dans  quelques  cir- 
constances devenir  pathogène  pour  d'autres  animaux  ;  ainsi 
tout  le  monde  sait  qu'on  peut,  sans  inconvénient  pour  l'ani- 
mal, injecter  une  grande  quantité  de  culture  sous  la  peau 
ou  dans  les  muscles  d'un  lapin  ;  mais  qu'on  introduise  en 
même  temps  un  peu  d'essence  de  térébenthine,  comme 
l'ont  fait  MM.  Grawitz  et  de  Bary,  on  verra  se  produire  un 
abcès.  Voilà  donc  un  microbe,  qui  est  devenu  accidentelle- 
ment pyogène,  grâce  à  l'action  synergique  d'une  substance, 
incapable  aussi  d'amener  à  elle  seule  la  suppuration. 

Il  est  beaucoup  de  microbes  qui  paraissent  dénués  de 
propriétés  nocives  et  qu'on  serait  tenté  de  rejeter  du  groupe 
des  agents  morbifiques,  jusqu'au  jour  où  une  expérimen- 
tation plus  complète  fait  reconnaître  que  ces  micro-orga- 
nismes sont  pathogènes  ou  indifférents,  suivant  la  voie  par 
laquelle  on  les  introduit.  L'exemple  le  plus  saisissant  nous 
est  fourni  par  l'histoire  de  la  gangrène  gazeuse  et  du  charbon 
symptomatique  ;  les  agents  de  ces  deux  maladies  peuvent 
être  impunément  injectés  dans  tes  veines  ou  dans  la 
trachée  ;  déposés  sous  la  peau  ou  dans  les  muscles,  ils 
amènent  rapidement  la  mort.  M.  Gamaléia  a  donné  une 
démonstration  comparable  pour  l'agent  de  la  gastro-entérite 
cholérique  des  oiseaux,  le  vibrio  Metschnikovù  Ce  microbe 
reste  sans  action  quand  on  l'introduit  sous  la  peau,  dans  l'es 
muscles  ou  dans  le  tube  digestif;  mais,  si  on  l'injecte  dans  le 
poumon,  soit  à  travers  les  parois  thoraciques,  soit  directe- 
ment dans  la  trachée,  on  voit  l'animal  succomber  rapide- 
ment et  on  trouve  à  l'autopsie  les  lésions  manifestes  de  la 
gastro-entérite  cholérique. 

Nous  pourrions  facilement  multiplier  les  exemples  qui 
démontrent  l'importance  de  la  porte  d'entrée  dans  le  déve- 
loppement de  l'infection  ;  mais  ce  serait  nous  éloigner  de 
notre  sujet  et  l'étude  de  ces  faits  est  trop  importante  pour 
être  écourtée  ;  nous  y  reviendrons  du  reste  dans  un  autre 
article. 

Dans  certains  cas,  les  microbes  ne  sont  pathogènes  que 
lorsqu'ils  sont  introduits  à  haute  dose.  Cette  assertion 
aurait  pu  paraître  étrange,  il  y  a  quelques  années  ;  on 
opposait  alors  l'intoxication  à  l'infection  ;  on  montrait  que 
dans  le  premier  cas  les  symptômes  sont  en  rapport  direct 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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avec  la  dose  introduite,  tandis  que  dans  la  deuxième,  le 
développement  se  fait  alors  même  qu'on  dépose  dans  l'éco- 
nomie une  quantité  de  virus  pour  ainsi  dire  impondérable; 
Il  ne  faudrait  pourtant  pas  exagérer  le  fait  et  supposer  que 
toutes  les  maladies  infectieuses  peuvent,  comme  le  charbon, 
se  développer  quand  on  a  injecté  à  un  animal  un  seul 
microbe.  Dans  la  plupart  des  cas,  la  quantité  de  virus  qu'on 
introduit  n'est  pas  un  facteur  négligeable  ;  dans  notre 
article  sur  le  mécanisme  de  la  suppuration,  nous  avons  cité 
quelques  chiffres  qui  montrent  l'importance  du  nombre  des 
microbes  dans  la  genèse  des  accidents  morbides.  Nous 
pourrions  facilement  rapporter  d'autres  exemples. 
M.  Chauveau  a  reconnu  que  les  moutons  algériens,  natu- 
rellement réfractaires  au  charbon,  contractent  cette  maladie 
quand  on  leur  injecte  sous  la  peau  de  grandes  quantités  de 
culture.  W.  Cheyne  a  montré  de  même  que  les  bacilles  de 
la  septicémie  des  souris,  le  tétragénus,  les  microbes  de  la 
septicémie  salivaire,  du  choléra  des  poules,  inoculés  au 
cobaye  peuvent,  suivant  les  doses,  ne  produire  aucun 
trouble,  causer  une  lésion  locale  ou  amener  la  mort  sans 
lésion  locale.  M.  Bouchard  a  obtenu  des  résultats  analogues 
avec  le  bacille  pyocyanique  et  il  a  montré  de  plus  que  les 
symptômes  et  particulièrement  la  fièvre  sont  également  en 
rapport  avec  le  nombre  des  microbes  introduits. 


Les  faits  que  nous  avons  étudiés  nous  ont  montré  qu'un 
microbe  peut  être  ou  non  pathogène  suivant  l'animal  sur 
lequel  on  opère,  la  voie  par  laquelle  on  l'introduit,  la  quan- 
tité de  virus  qu'on  injecte,  etc.  Nous  avons  vu  de  plus  que, 
par  des  passages  successifs  à  travers  l'organisme  des  animaux, 
une  bactérie  peut  acquérir  des  propriétés  nocives  pour  des 
êtres  qui  semblaient  réfractaires  à  son  action  ;  dans  d'autres 
cas  un  microbe  inoffensif  peut  amener  des  troubles  fort 
graves  et  même  mortels  en  tombant  dans  un  organisme  déjà 
malade  ou  dans  un  tissu  préalablement  altéré.  S'il  en  est 
ainsi,  on  conçoit  facilement  qu'un  saprophyte  qui,  acciden- 
tellement, se  sera  développé  chez  un  animal,  puisse  s'élever 
au  rang  d'agent  pathogène  :  ainsi  peuvent  se  créer  les 
maladies  nouvelles. 

Celte  remarque  nous  ramène  aux  idées  que  nous  expo- 
sions en  commençant  cet  article.  Si  la  virulence  n'est 
qu'une  fonction  contingente  et  surajoutée,  on  serait  tenté 
de  supposer,  avec  H.  Bouchard,  que  tous  les  microbes 
n'étaient  à  l'origine  que  des  saprophytes,  c  Dès  lors  nos 
tentatives  d'atténuation  de  ces  êtres  auraient  pour  effet  de 
les  ramener  à  l'espèce  originelle.  Le  type  saprophytique 
ayant  été  accidentellement  élevé  à  la  dignité  de  virus,  l'atté- 
nuation de  la  virulence  serait  le  retour  pur  et  simple  au 
suprophytisme.  >  Cette  conception  si  séduisante  ne  trouve- 
t-elle  pas  de  nombreux  points  d'appui  dans  les  exemples  que 
nous  avons  cités?  La  plupart  des  agents  pathogènes  sont 
facultativement  saprophytes,  puisqu'ils  peuvent  se  déve- 
lopper sur  des  substances  privées  de  vie.  On  peut  même 
dire  que  c'est  là  leur  vrai  milieu  d'existence  :  la  bactéridie 
charbonneuse,  par  exemple,  cet  agent  virulent  par  excel- 
lence, n'arrive  à  son  complet  développement  et  ne  donne 
des  spores  qu'en  dehors  de  l'organisme.  Il  est  vrai  qu'il  est 
certains  microbes  que  nous  n'arrivons  pas  à  cultiver  et  que 
jusqu'ici  nous  n'avons  jamais  retrouvés  en  dehors  de 
l'animal.  On  pourrait  même,  envisageant  la  question  à  un 
point  de  vue  plus  général,  faire  remarquer  que  certains 


parasites  animaux  doivent,  pour  accomplir  leur  évolution 
complète,  rencontrer  un  autre  animal  dans  lequel  ils  se 
développent;  tel  est,  par  exemple,  le  cas  du  t^nia.  Mais  de 
ce  que  nous  n'avons  pas  observé  en  dehors  de  l'organisme 
toute  l'évolution  d'un  parasite,  faut-il  conclure  que  cette 
évolution  ne  pourrait  avoir  lieu?  Peut-être  qu'un  jour,  en 
modifiant  certaines  conditions  de  culture,  pourrons-nous 
obtenir  artificiellement  toutes  les  formes  que  jusqu'ici  nou^ 
n'avons  pu  reproduire.  Comme  le  fait  justement  renian|uer 
de  Bary,  ce  serait  une  expérience  intéressante  et  instructive 
que  celle  qui  ferait  développer  un  taenia  à  partir  de  Toeuf, 
à  l'aide  d'une  solution  nutritive.  Pour  reveniraux  microbes, 
nous  voyons,  par  l'expérience  de  tous  les  jours,  que 
tel  agent,  qui  était  considéré  comme  exclusivement  patho- 
gène, peut  devenir  saprophyte,  quand  on  lui  offre  un  terrain 
mieux  approprié  à  ses  besoins;  tel  est  le  cas  du  bacille  de  U 
tuberculose,  que  l'on  cultive  facilement,  à  la  condition 
d'ajouter  aux  milieux  usités  couramment  en  bactériologie, 
une  certaine  quantité  de  glycérine.  On  peut  donc  espérer 
qu'à  mesure  que  se  perfectionnera  la  technique,  on  verra 
diminuer  et  disparaître  le  nombre  des  êtres  exclusivement 
parasites. 

Il  existe  enfin  un  dernier  argument  qui  tend  à  faire  con- 
fondre les  microbes  saprophytes  et  pathogènes.  Les  notion^ 
plus  exactes  que  nous  avons  acquises  dans  ces  dernières 
années  sur  la  virulence,  nous  montrent  que,  parmi  les  wm- 
dilioiis  multiples  qui  rendent  un  microbe  dangereux  pour 
l'animal,  il  faut  placer  en  première  ligne  la  sécrétion  de 
substances  nocives,  alcaloïdes  ou  ferments  ;  c'est  donc 
toujours  par  le  même  mécanisme  qu'agissent  les  microbes, 
que  leur  action  se  porte  sur  la  matière  vivante  ou  la  matière 
morte.  Dès  lors  la  division  des  microbes  d'après  leur  aclion 
sur  les  animaux  parait  absolument  artificielle,  comme 
toutes  les  divisions  basées  sur  un  seul  caractère.  Un  microbt* 
inoffensif  peut  devenir  pathogène,  d'abord  d'une  façon 
accidentelle,  plus  tard  d'une  façon  permanente,  jusqu'an 
jour  où  par  divers  procédés  naturels  ou  expérimentaux,  il 
s'atténue  de  nouveau  et  retombe  dans  le  groupe  des  sapro- 
phytes dont  il  était  momentanément  sorti. 

G. -II.  Roger. 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

De  remploi  de  la  eaftéine  daae  la  plearéele 
■éro-0brineaee  al|piC. 

La  médication  hydragogue  conserve  toujours  ses  druil^ 
contre  les  épanchements  séreux  de  la  pleurésie.  A  côté  du 
régime  lacté,  dont  les  indications  sont  formelles  au  déclio 
de  la  période  fébrile,  la  caféine  trouve  aussi  ses  indi- 
cations. 

Ce  traitement  consiste  donc  à  provoquer  la  diurèse  : 

1*  Par  le  régime  lacté; 

2"  Par  l'administration  quotidienne  d'une  potion  que  l'or» 
peut  ainsi  formuler  : 

Caféine 1  à  2  grammes. 

Renzoate  de  soude 1  à  !2       — 

Sirop  de  stigmates  ;de  maïs.  }  ^  ^^ 

Eau  distillée  de  laitue j  a*^  '5        — 

Cette  potion  est  ingérée  par  grandes  cuillerées  de  deux 
en  deux  heures.  On  pourrait  encore  faire  usage  de  la  ^ok 


\ 


U  Mai  18S9 


GAZETTE  HEBDQMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  21  —    335 


tion  suivante  de  caféiae,  indiquée  par  M.  Hucbard  qui  Ta 
administrée  souvent  dans  ia  tisane  de  café  noir  : 

Caféine Ifl^SO 

Benzoate  de  soude l8^D0 

Eau  distillée 100  grammes. 

A  prendre  dans  les  vingt-quatre  heures. 

Ch.  Éloy. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

Faculté  de  médecine.  —  Cours  de  pathologie  interne 
M.  LE  professeur  Dieulafoy. 

Syphilis  du  poHiiioii  ei  de  la  plèvre. 

(Leçons  recueillies  par  le  docteur  Fernand  Widal,  interne 
des  hôpitaux.) 

(Suite.  — Voyez  les  n"  18, 19  et  20.) 

Syphilis  pleurale.  —  A  l'histoire  du  syphilome  fibroïde 
du  poumon  se  rattache  celle  encore  peu  connue  du  syphi- 
lome pleural. 

Je  n'ai  pu  retrouver  qu'un  petit  nombre  d'observations 
de  pleurésie  syphilitique,  et  cependant  je  n'ose  pas  dire  que 
les  cas  en  sont  rares;  ils  sont,  je  crois,  souvent  méconnus, 
iaute  d'être  recherchés  et,  en  cela,  je  suis  d'accord  avec 
.M.  Mauriac,  qui  écrivait  récemment  :  «  On  voit  souvent  la 
pleurésie  et  cette  pleurésie  s'accompagne  d'épancliement.  » 

Les  lésions  sypnilitiques  de  la  plèvre  peuvent  être  ran- 
irées  dans  l'une  des  deux  catégories  suivantes  :  ou  bien  la 
lésion  pleurale  est  un  épiphénomène,  une  complication 
analomique  de  la  lésion  pulmonaire. 

Ou  bien  la  pleurésie  s'accompagne  d'épanchement  abon- 
dant; elle  est  lésion  dominante  et  mérite  bien,  dans  ce  cas, 
le  nom  de  pleurésie  syphilitique. 

  titre  d  épiphomène,  vous  trouverez  la  pleurésie  décrite 
accidentellement  dans  les  observations  de  syphilis  tertiaire 
(lu  poumon  et  des  bronches  rapportées  par  les  auteurs.  C'est 
ainsi  que  vous  la  trouverez  décrite  dans  deux  observations 
de  la  thèse  de  Cartier.  Dans  Tune  (la  septième),  il  est  dit, 
par  hasard,  que  la  plèvre,  d'un  côté,  contenait  5()0  grammes 
d'un  liquide  jaune  clair,  que  son  feuillet  viscéral  présentait 
des  fausses  membranes  récentes,  très  faciles  à  déchirer, 
que  son  feuillet  pariétal  et  diaphragmatique  était  également 
enflammé. 

Voici  maintenant  une  observation  de  pleurésie  syphili- 
tique, avec  grand  épanchement;  elle  est  due  à  M..6alzer, 
et  se  trouve  consignée  dans  la  thèse  de  Jacquin. 

Un  homme  de  trente-deux  ans  se  présente  à  l'hôpital 
avec  un  ensemble  de  troubles  fonctionnels  et  de  signes 
physiques  qui  font  diagnostiquer  une  pneumonie  caséeuse 
du  côté  droit.  Après  un  mois  de  séjour,  éclate  une  pleurésie 
droite  avec  épanchement  abondant.  On  diagnostique  alors 
une  pleurésie  tuberculeuse  compliquant  la  tuberculose  du 
poumon;  mais,  au  bout  de  quatre  jours,  le  malade  meurt, 
el,  à  l'autopsie,  on  trouve  un  foie  syphilitique  parsemé  de 
gommes  et  segmenté  de  cicatrices,  un  poumon  droit  égale- 
ment farci  de  gommes,  dont  la  plus  volumineuse  venait 
enieurer  la  plèvre.  Toutes  ces  productions  gommeuses, 
examinées  au  point  de  vue  microbiologique,  ne  contenaient 
pas  le  moindre  bacille  de  la  tuberculose. 
,  Les  lésions  de  la  plèvre  droite  étaient  assez  caractéris- 
tiques pour  que  je  vous  les  rapporte  dans  tous  leurs  détails. 

«  Dans  la  plèvre  droite  existe  un  épanchement  beau- 
coup plus  considérable  que  l'exploration  physique  ne  l'au- 
rait fait  supposer.  Il  y  a  environ  2   litres  de  sérosité 


louche  et  sanguinolente.  Les  plèvres  pariétale  et  viscé- 
rale sont  considérablement  épaissies  dans  toute  retendue 
de  l'épanchement.  Elles  montrent  un  revêtement  fibreux 
continu^  partout  d'une  épaisseur  de  1  ou  2  millimètres, 
acquérant  même,  à  la  base  du  poumon,  une  épaisseur  de 
près  d'un  centimètre.  En  plusieurs  endroits,  celte  coque 
libreuse  est  coiffée  de  fausses  membranes  fibrineuses.  Dans 
les  points  où  l'épaississement  fibreux  est  le  plus  considé- 
rable, on  trouve,  sur  la  coupe  de  la  plèvre,  des  niasses 
dures,  jaunâtres,  caséeuses,  de  la  grosseur  d'un  pois  ou 
d'un  grain  de  mil.  » 

N'est-elle  pas  suffisamment  démonstrative,  cette  obser- 
vation de  pleurésie  syphilitique,  dont  l'épanchement  était 
assez  abondant  pour  atteindre  la  valeur  de  z  litres  de  liquide 
sanguinolent? 

J'ai  observé  moi-méine  un  cas  de  pleurésie  syphilitique, 
que  j'ai  guéri  par  le  traitement  spécifique. 

En  1883,  je  fus  appelé,  quai  de  la  Râpée,  pour  donner 
mes  soins  à  un  homme  en  proie  à  une  dyspnée  terrible, 
qui,  depuis  un  an,  se  renouvelait  chez  lui  par  poussées 
plus  ou  moins  aiguës  ;  on  avait  diagnostiqué  une  broncho- 
pneumonie tuberculeuse.  Au  premier  examen  nue  je  fis 
de  cet  homme  dyspnéique,  je  reconnus  imméaiatement 
les  signes  d'un  épancnement  que  j'évaluais  à  800  ou 
1000  grammes  environ.  Cette  quantité  de  liquide  était  bien 
loin  de  m'expliquer  la  dyspnée  dont  souffrait  ce  malade,  et 
je  remis  la  thoracentèse  au  lendemain.  Je  ne  pus  retirer, 
par  cette  opération,  que  650  grammes  d'un  liquide  légère- 
ment rosé  ;  le  malade  n'éprouva  d'ailleurs  aucun  soulage- 
ment, et  ne  fut  pas  plus  amélioré  que  ne  l'est,  par  la 
thoracentèse,  un  homme  porteur  d'un  cancer  pleural.  Je 
cherchais  toujours  à  saisir  la  cause  de  tout  ce  processus 
pulmonaire,  lorsque  le  malade,  pressé  de  questions,  finit 
par  me  confier  qu'il  avait  eu  jadis  la  syphilis.  Cet  aveu 
devait  lui  rendre  la  vie.  Je  me  hâtai,  en  effet,  d'adminis- 
trer le  mercure  et  l'iodure  de  potassium  à  forte  dose,  et  la 
dyspnée  s'amenda  si  rapidement  qu'au  bout  de  quelques 
semaines,  la  respiration  était  devenue  normale.  Lors  de 
mes  dernières  visites,  il  ne  restait  plus  trace  de  pleu- 
résie. —  Dans  ce  cas  encore,  la  nature  syphilitique  des 
accidents  pleuro-pulmonaires  avait  été  démontrée  par  l'ac- 
tion  bienfaisante  de  la  thérapeutique  spécifique. 

Messieurs,  il  existe,  vous  le  voyez,  une  pleurésie  syphi- 
litique tertiaire.  Je  ne  dis  pas  qu'elle  existe  à  l'état  isolé. 


ulcérée  du  poumon,  vous  percevez  des  frottements  à  l'aus- 


cultation, ce  nouveau  symptôme  ne  devra  pas  changer 
votre  première  manière  de  voir;  n'oubliez  pas  que  la  pleu- 
résie se  développe  au  voisinage  d'une  caverne  syphilitique, 
aussi  bien  qu'autour  d'une  caverne  tuberculeuse. 

(A  suivre.) 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Syphllloffraphle. 

Folie  et  paralysie  générale  syphilitiques,  parM.  Charles 
Mauriac,  médecin  de  l'hôpital  du  Midi. 

(Suite.  —  Voyez  le  n»  20.) 

B.  Les  perturbations  psychiques  qui  méritent  à  quelque 
titre  le  nom  de  folie  syphilitique  sont  beaucoup  moins 
nombreuses  que  les  précédentes.  Plus  brusques  et  plus 
rapides  dans  leur  invasion,  elles  se  caractérisent  par  de 


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U  Mai  1889 


ï 


Texcitation  cérébrale  et  du  délire.  Peuvent-elles  reproduire, 
comme  on  Ta  dit,  toutes  les  formes  de  Taliénalion  mentale 
commune?  Sans  doute,  dans  une  certaine  mesure,  mais  à 
Tétat  d'ébauche  et  avec  quelques  nuances  délicates  qu'il  est 
possible  de  saisir,  avec  des  coïncidences  symptomatiques 
u'on  finit  par  découvrir  et  qui  sont  une  vraie  révélation, 
ià,  comme  dans  d'autres  cas,  l'important  est  de  se  tenir 
sur  ses  gardes  et  d'être  bien  pénétré  de  cette  idée  qu'un 
trouble  mental  qui  fait  dire  d'une  personne  jusque-là  sensée, 
qu'elle  devient  folle,  peut  parfaitement  dépendre  de  la 
syphilis  et  rien. que  d'elle.  D'un  autre  côté,  on  ne  doit  pas 
oublier  que  la  folie  pure  peut,  s'emparer  d'un  syphilitique 
sans  participer  en  rien  de  la  maladie  constitutionnelle.  Le 
fait  suivant  en  est  une  preuve  évidente  :  un  de  nos  aliénistes 
les  plus. autorisés  fut  consulté  pour  une  malade  atteinte 
de  syphilis  secondaire,  et  en  même  temps. d'une  ipanie 
qu'on  croyait  syphilitique.  11  n'en  jugea  pas  ainsi  et  con- 
seilla de  différer  le  traitement  de  là  syphilis  jusqu'à  la  gué- 
rison  de  l'accès  de  folie  dont  il  estima  la  durée  probable  à 
six  semaines.  Trois  semaines  après,  la  folie  était  spon- 
tanément guérie  et  le  traitement  spécifique  fut  alors 
institué. 

Ce  qui  domine  dans  les  troubles  vésaniques  tributaires  de 
la  syphilis,  c'est  ordinairement  un  délire  simple,  comme  on 
en  voit  dans  la  fièvre,  la  méningite,  les  encéphalites 
aiguës,  etc.  :  excitation  permanente  ou  alternant  avec  de  la 
somnolence,  loquacité,  divagation,  impatiences,  insomnie, 
extravagance  sous  tous  ses  modes  dans  les  propos  et  dans 
les  actes,  accès  de  fureur.  C'est  là  un  état  aigu,  violent, 
subît,  ayant  le  caractère  d'un  accident.  —  D'autres  fois  le 
trouble  mental  sous  ses  apparences  modérées  a  quelque 
chose  de  plus  profond,  de  plus  constitutionnel  et  semble 
pénétrer  plus  avant  dans  le  domaine  de  la  véritable  aliéna- 
tion mentale  :  instabilité,  incoordination  dans  les  idées, 
dans  les  projets,  flot  tumultueux  de  paroles  irréfléchies, 
actes  empreints  d'insouciance  ou  d'une  déraison  qui  s'ac- 
croche à  tout  et  ne  se  fixe  obstinément  sur  aucun  sujet, 
exaltation,  irritabilité  hors  de  propos  et  pour  des  causes 
insignifiantes,  ébullition  intellectuelle  à  contresens  et  sté- 
rile ou  idiote,  avec  tous  les  mauvais  effets  d'un  caractère 
qui  a  subi  la  même  perturbation  que  l'entendement. 

Enfin  le  trouble  mental,  dans  d'autres  cas,  n'a  plus  seule- 
ment un  pied  dans  la  folie;  il  y  est  en  plein,  si  l'on  en  juge 
ar  les  modes  que  prend  alors  la  perversion  intellectuelle. 
le  n'est  plus  seulement  du  délire  aigu  et  de  l'extravagance 
mitigée,  mais  un  ensemble  de  perturbations  intellectuelles 
et  morales  comme  dans  la  manie,  avec  égarement,  incohé- 
rence, hallucinations,  emportements,  vociférations,  accès  de 
fureur  dangereux,  etc.,  et  cette  insomnie  persistante,  opi- 
niâtre, invincible,  qu'on  rencontre  si  fréquemment  dans 
toutes  les  cérébropathies  syphilitiques  et  surtout  dans  les 
psychosyphiloses.  Eh  bien,  même  à  ce  degré  et  en  ne  tenant 
compte  que  des  phénomènes  vésaniques,  un  aliéniste  ne 
s'y  trompera  pas.  il  trouvera  dans  cet  état-là  moins  de  vio- 
lence, de  continuité,  d'essor  délirant,  et  surtout  de  systé- 
matisation que  dans  la  folie  vraie.  II  est  extrêmement  rare 
que  la  folie  syphilitique  s'endigue  dans  une  modalité  pré- 
cise et  toujours  prédominante.  Sans  doute  dans  quelques 
cas,  les  hallucinations,  par  exemple,  la  lypémanie,  la  mono- 
manie, avec  délire  de  persécution  occupent  le  premier 
plan;  mais  elles  ne  font  qu'apparaître  sur  la  scène.  Leur 
monologue  ne  tarde  pas  à  baisser  de  ton,  et  à  se  confondre 
avec  cette  divagation  générale  qui  n'a  rien  de  fixe  et  qui  se 
traîne  plutôt  qu'elle  ne  s'envole  d'un  sujet  à  un  autre,  avant 
de  s'anéantir  dans  la  démence  des  phases  ultimes. 

Si  les  divers  types  ou  degrés  de  perturbations  psychicjues 
dont  je  viens  de  aonner  les  traits  les  plus  saillants,  n'étaient 
ni  précédés,  ni  accompagnés,  ni  suivis  d'autres  manifesta- 
tions cérébrales  d'un  ordre  plus  matériel  ;  s'ils  survenaient 


E; 


d'emblée,  isolément  et  se  perpétuaient  sans  fin  dans  leur 
solitude,  il  serait  sans  doute  fort  malaisé  de  les  rattachera 
leur  cause  diathésique.  Mais  en  est-il  ainsi?  Non.  Combien 
de  fois  au  contraire  ne  trouve-t-on  pas  soit  dans  le  passé, 
soit  dans  l'état  aclueldu  patient,  des  associations  phéno- 
ménales qui  sont  comme  un  trait  d'union  entre  sa  psychose 
et  sa  syphilis.  Et  s'il  n'y  a  rien  ni  dans  les  comniémoralifs, 
ni  dans  le  présent  qui  puisse  nous  guider  et  nous  éclairer, 
soyez  sûrs  que  bientôt  la  cérébropathie  perdra  son  caractère 
exclusivement  psychique  pour  devenir  polymorphe,  comme 
toutes  les  déterminations  de  la  syphilis  sur  l'encôphale. 
Les  phénomènes  nerveux  qui  précèdent  le  plus  habituelle- 
ment ces  troubles  psychiques,  à  une  époque  plus  pu  moins 
éloignée  de  leur  invasion,  consistent  en  céphalées  violenles^ 
en  diplopie  avec  ou  sans  strabisme  et  ptosis,  en  crises  plus 
ou  moins  répétées  d'épilepsie  ou  d^aphasie,  en  vertiges, 
ictus  apoplectiforines,  paralysies  partielles  ou  hémiplé- 
gies, etc. — D'autres  fois  aucun  intervalle  ne  les  sépare,  et  il 
y  a  concomitance,  enchevêtrement,  contemporanéité,  c'est- 
à-dire  association  plus  ou  moins  étroite  de  tous  les  éléments 
symptomatiques  pour  former  un  ensemble,  un  complexusné- 
vropathique  dont  il  serait  difficile  de  méconnaître  la  signi- 
fication et  la  provenance. . 

Il  faut  tenir  pour  des  faits  d'une  rareté  extrême  ceux  dans 
lesquels  la  psychose  syphilitique,  sous  sa  forme  la  plus 
accentuée  et  la  plus  maniaque,  s'empare  instantanément 
d'un  cerveau  raisonnable  et  exempt  jusque-là  de  toute  alté- 
ration apparente.  Je  n'en  ai  vu  qu'un  cas,  chez  un  jeune 
officier  qui,  à  son  retour  d'Afrique,  fut  pris  subitement  et 
sans  cause  d'un  délire  incoordonné,  violent,  opiniâtre, 
continu,  sans  aucun  autre  trouble  d'ordre  cérébral.  Il  eût 
été  incapable  de  me  donner  un  renseignement  quelconque 
sur  son  état  antérieur.  Mais  son  frère  qui  me  l'avait  con- 
duit, m'apprit  qu'une  syphilis  assez  forte,  contractée  quatre 
ou  cinq  ans  auparavant,  ne  devait  pas  être  étrangère  à  cet 
événement  inattendu,  et  qu'il  n'y  avait  en  dehors  d'elle 
aucune  circonstance  qui  pût  l'expliquer.  Je  fus  de  cet  avis, 
et  je  le  traitai  par  l'iodure  et  l'hydrargyre  pendant  quelques 
jours,  mais  pas  assez  longtemps  pour  voir  l'effet  de  la 
médication  spécifique.  On  fut  ooligé  de  l'interner  dans  un 
asile  d'aliénés  (i). 

Voilà  les  cas  qu'il  est  réellement  difficile  de  diagnosti- 
quer, surtout  lorsque  la  syphilis  remonte  dans  un  passé  très 
lointain,  qu'elle  est  silencieuse  depuis  longtemps,  qu'il 
n'existe  aucune  coïncidence  spécifique  en  dehors  du  système 
nerveux,  et  ^ue  tous  les  phénomènes  qui  constituent  la 
psychose,  délire,  mélancolie,  manie,  toutes  ces  incohérences 
d'idées  et  d'actes  ressemblent  à  peu  près  exactement  à  ceux 
qu'on  rencontre  dans  la  folie  commune.  L'embarras  sera 
encore  plus  grand  si  le  sujet  présente  une  prédisposition 
héréditaire  aux  vésanies.  Sfais  dans  ce  dernier  cas,  s'il  est 
bien  avéré  qu'il  est  syphilitique,  les  présomptions  étiolo- 
giques  pencheront  vers  la  maladie  constitutionnelle,  car 
elle  frappe  de  préférence  les  cerveaux  des  sujets  issus  de 
cérébrop^thes. 

Au  point  de  vue  pratique,  et  sans  nous  égarer  dans 
des  subtilités  inutiles,  posons  comme  une  règle  générale 
que  ce  fait  aujourd'hui  bien  établi  d'un  rapport  de  causa- 
lité entre  la  syphilis  et  certaines  formes  de  vésanies, 
impose  au  médecin  le  devoir  de  recourir  à  la  médication 
spécifique,  dans  les  cas  où  il  ne  peut  rester  aucun  doute 
sur  l'existence  d'une  infection  spécifique  antérieure.  Peu 

(I)  Un  des  cas  les  plus  saisissants  de  ce  genre,  est  celui  que  If.  Fovrfiîcr 
rapporte  d'après  11.  Rayer.  11  s'agissait  d'un  lioromc  politique  bien  connu  qui  fot 
pris  tout  ù  coup,  en  sortant  de  la  Cliambre  où  il  venait  de  soutenir  avec  'on 
talent  iiabilucl  une  importante  disc.ission,  d'une  violente  crise  d'hallocinatio». 
puis  d'une  vdritabio  attaque  de  folie.  M.  Rayer,  suspectant  la  syphilis.  "•*'^ 
un  traitement  spécifique,  et  les  phénomènes  s'atténuèrent  presque  insts 
Guérison  rapide  ol  complète  qui  ne  .se  démentit  point  pendant  plus' 
—  Cependant  plus  tard»  nouvelle  criic  d'accidents  cérébraux  spcciû 
fois  emportèrent  le  patient. 


U  Mai  188d 


GAZETTE  HEBDOM ADAtRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N-  âl  —    337 


importe  que  la  phénoménalité  psychique  emprunte  le 
masque  de  la  folie  vraie;  du  moment  que  vous  ne  pouvez 
lui  découvrir  ni  lui  assigner  d*autre  cause  probable  que 
la  syphilis,  hàtez-vous  d'administrer  Tiodure  et  l'hydrar- 
gyre.  Le  succès  dans  maintes  circonstances  équivoques  a 
justifié  et  justifiera  encore  cette  sage  pratique. 

Quelles  sont  les  lésions  syphilomateuses,  qui  donnent 
lieu  aux  cérébropathies  avec  prédominance  psychique? 
Présentent-elles  dans  leur  forme,  dans  leur  nature,  dans 
leur  distribution,  quel(]ues  particularités  caractéristiques? 
Méningites  plus  ou  moins  circonscrites,  avec  ou  sans  foyer 
^ommeux,  f)ériencéphalites,  sclérose  cérébrale,  artério- 
sclérose, lésions  d*ordre  commun  plutôt  que  spécifiques, 
c'est-à-dire  prédominance  de  la  dégénérescence  scléreuse 
sur  rinfiltration  purement  gommeuse;  distribution  irrégu- 
licre  de  ces  lésions  sur  les  deux  côtés,  mais  avec  une  accen- 
lunlion  beaucoup  plus  accusée  sur  les  lobes  frontaux  : 
(ois  sont  les  désordres  matériels  qu'on  a  rencontrés.  Il  faut 
les  prendre  en  bloc  et  renoncer  à  établir  entre  chacun 
d'eux  et  chacun  des  troubles  psychiques  qu'ils  suscitent 
une  corrélation  pathogénique  satisfaisante.  Nos  connais- 
sances sur  les  localisations  cérébrales  n'ont  pas  encore  été 
poussées  jusqu'à  ce  point. 

Le  processus  des  cérébrosyphiloses  psychiques,  s'il  n'est 
pas  enrayé  par  le  traitement,  ce  qui  est  loin  d'être  rare, 
aboutit  fatalement  à  la  déchéance  et  à  l'extinction  plus  ou 
moins  complète  des  facultés  intellectuelles  et  morales.  Il 
traverse  de  nombreuses  péripéties  avant  d'en  arriver  là,  et 
quelquefois  une  mort  plus  ou  moins  rapide  par  le  cerveau 
Tempéche  d'aboutir  au  terme  extrême  de  son  évolution. 
D'ordinaire  cette  évolution  est  assez  lente.  Il  lui  faut  plu- 
sieurs mois,  un  ou  deux  ans  pour  se  compléter. 

Que  la  psychosjpbilose,  je  ne  saurais  trop  le  répéter,  ait 
débuté  par  l'excilation  ou  la  déoression,  c'e:>t  toujours 
cette  dernière  qui  finit  par  prendre  le  dessus,  de  même 
que  la  paralysie  absorbe  les  convulsions.  Les  délires 
aigus,  les  hallucinations,  les  manies  et  roonomanies,  ne 
sont  que  transitoires.  A  la  longue  et  quelquefois  très  rapi- 
dement, l'idéalité  vésanique  devient  lourde,  languissante 
et  obscure;  elle  est  remplacée  par  l'apathie,  l'hébétude, 
l'imbécillité,  l'abrutissement  et  la  démence.  Cette  méta- 
morphose inéluctable  quand  on  ne  guérit  pas,  celle 
marche  forcée  vers  une  même  terminaison  commune  et  la 
même  i)our  toutes  leurs  variétés,  voilà  un  des  grands  traits 
de  physionomie  dans  les  psychosyphiloses.  Aussi  le  processus 
est-il,  dans  les  cas  douteux,  un  élément  capital  du  dia- 
gnostic. —  Hais,  dans  cette  marche,  il  y  a  des  intermit- 
tences, des  rémittences,  des  arrêts,  des  retours  offensifs, 
des  recrudescences,  en  un  mot  les  péripéties  si  multiples 
et  si  variées  que  présente  toute  affection  spécifique  de 
l'encéphale. 

Y  a-t-il  des  psychosyphiloses  susceptibles  de  se  terminer 
spontanément  par  la  guérison?  C'est  fort  douteux.  Tout  au 
plus  seraient-ce  celles  (jui  sont  et  qui  restent  à  l'état  d'é- 
nauche  et  qu'on  pourrait  appeler  frustes^  à  cause  de  l'in- 
décision, au  vague  et  de  la  bénignité  des  phénomènes. 
Certains  états  névropathiques  de  la  période  secondaire  sont 
de  ce  nombre.  Quelques  pathologistes  qui  semblent  se  com- 
plaire à  exagérer  l'action  de  la  syphilis  sur  le  cerveau, 
croient  à  l'existence  fréquente  de  vésanies  spécifiques  pen- 
dant cette  phase  de  la  maladie  constitutionnelle.  C'est 
une  erreur  de  diagnostic  et  de  pathogénie.  Il  est  possible 
qu'alors  l'ébranlement  produit  par  Finvasion  du  virus  dans 
loul  l'organisme  imprime  au  système  nerveux  et  en  particu- 
1  lier  au  cerveau,  des  troubles  qui  simulent  la  folie.  Il  est 
possible  aussi  qu'il  suscite,  comme  cause  occasionnelle,  de 
érilables  accès  de  folie  chez  ceux  qui  y  sont  prédisposés 
ir  leurs  antécédents  héréditaires  ou  par  d'autres  circon- 


stances étioloçiques,  etc.;  mais  il  y  a  loin  de  là  à  une 
classe  particulière  de  vésanies  propres  à  celte  étape  du 
processus. 

La  médication  ioduro-mercurielle,  employée  de  bonne 
heure  et  avec  énergie,  peut  guérir  certaines  cérébropathies. 
Celles  qui  se  montrent  le  plus  réfractaires  à  son  influence 
curalive  sont  précisément  les  psychosyphiloses.  Les  délires 
passagers,  toutes  les  formes  légères  de  l'excitation  dans  ses 
modalités  aiguës  et  accidentelles,  tous  ces  troubles  qui 
semblent  produits  par  des  fusées  transitoires  d'hypérémie 
autour  des  principaux  foyers  morbides,  cèdent  assez  aisé- 
ment aux  deux  spécifiques.  Il  en  est  autrement  des  psycho- 
syphiloses dans  lesquelles  prédominent  constamment  les 
symptômes  de  dépression,  a'hébétude,  d'incohérence  inlel- 
lectuelle  et  morale.  Celles-là  procèdent  immédiatement  de 
syphilomes  installés  à  demeure  dans  les  méninges  et  dans 
le  cerveau.  Trop  souvent  elles  résistent  à  tous  les  moyens 
thérapeutiques  aue  nous  dirigeons  contre  elles. 

Aussi  sont-elles  d'une  gravité  très  grande,  car  elles 
aboutissent  la  plupart  du  temps  à  des  infirmités  psychiques 
absolument  incurables.  Au  plus  faible  degré,  l'intelligence 
perd  ce  qu'il  y  a  de  plus  délicat  en  elle,  de  plus  ^\ïïi  ce  qui 
constitue  pour  ainsi  dire  sa  floraison  de  luxe.  Sans  se 
perdre,  elle  n'est  plus  semblable  à  elle-même  ;  elle  tombe 
de  la  distinction  dans  la  vulgarité.  A  un  degré  plus  avancé, 
une  profonde  débilité  s'en  empare,  l'étiolé,  la  flélril, 
diminue  ou  éteint  presque  ses  qualités  fondamentales  :  la 
mémoire,  le  jugement,  Taltention  ;  détend  ou  détraque  le 
ressort  moral,  émousse  et  pervertit  les  sentiments,  etc.  Ce 
n'est  pas  tout  à  fait  la  décadence  complète.  Ces  simples 
d'esprit  ont  encore  quelques  lueurs  dans  Tenlendeinent. 
Mais  voici  venir  une  perturbation  plus  grande,  unie  à  un 
affaiblissement  plus  radical  :  l'inertie,  l'absence  de  toute 
spontanéité,  la  stupeur,  la  rareté  des  pensées  et  des 
paroles,  l 'hébétude,  Vidiotie  avec  ou  sans  incohérence,  etc., 
tels  sont  les  principaux  éléments  de  cette  déplorable  dé- 
gradation intellectuelle  et  morale. 

Tout  ce  qui  précède  démontre  clairement  combien  sont 
dangereuses  les  psychopathies  syphilitiques,  c  Je  suis  per- 
suadé, dit  H.  le  docteur  Buzzard,  qu'il  existe  un  grand 
nombre  de  sujets,  qui,  à  la  période  moyenne  de  la  vie, 
deviennent  des  invalides  chroniques  de  rmtelligencey  par 
lé  fait  de  la  syphilis  du  cerveau,  t 

Dans  la  plupart  des  cas,  la  vie  n'est  pas  menacée  d'une 
façon  immédiate  et  prochaine.  Pourtant  il  y  en  a  qui,  tout 
à  coup,  deviennent  tragiques,  car  au  bout  de  quelques 
semaines  et  même  de  quelques  jours,  une  attaque  de 
coma  mortel  emporte  les  malades. 

11  est  donc  impérieusement  indiqué  d'agir  vite  et  avec 
vigueur,  de  diriger  contre  toutes  les  psychopathies  spéci- 
fiques, dès  leur  apparition  et  plus  tard,  tous  les  moYciis 
curatifs  que  nous  fournit  la  médication  spécifique.  Dans 
la  période  initiale,  ils  peuvent  sauver  la  situation  ;  dans  la 
période  d'état,  ils  la  sauvent  rarement  d'une  façon  com- 
plète; une  amélioration  relative  est  tout  ce  qu'on  obtient. 

Plus  tard,  quand  les  symptômes  ne  sont  pas  l'expression 
d*un  syphilome  qui  évolue,  mais  celle  d'une  lésion  qui  a 
définitivement  détruit  quelques-uns  des  foyers  du  cerveau, 
quand  ils  sont  devenus  des  infirmités,  il  est  inutile  de 
s  acharner  contre  eux.  Ce  serait  peine  perdue.  Le  mercure 
et  riodure  n'ont  plus  sur  de  pareils  états  aucune  act'on 
curative. 

{A  suivre.) 


338.    —  N-  ?1  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


24  Mai  i889 


CORRESPONDANCE 

AU    COMITÉ    DE   RÉDACTION    D£    LA    €   GAZETTE    HEBDOMADAIRE  > 

Trallcmeiii    de    rhypohéiiile    Intertropicale 
(Opilaçad). 

Le  traitement  de  rhypoliérn'e  iiilertropicale  est  encore  à 
IV'tude  parmi  les  médecins  brésiliens.  Quelle  que  soit  la  théorie 
adoptée  sur  la  cause  de  celte  maladie  interlropicale,  le  traite- 
ment en  a  varié  à  Tinfini.  (Cependant,  jusqu'à  présent,  la  mé<li- 
calion  qui  a  surtout  été  préconisée,  consiste  dans  Tadministra- 
tion  du  latex  de  la  Gamelleira  {Ficus  (ioliaria  Mart.)  et  du 
Jaracalia  {Carica  dodecaphylla  Velleto).  Le  latex  de  ces  plantes, 
employé  comme  vermicide  ou  vermifuge,  passe  pour  avoir  la 
propriété  de  tuer  ou  d'expulser  Tankylostome  duoilénal,  c'est-à- 
dire  le  parasite  intestinal  de  VOptlaçad.  On  recommande  en 
même  temps  les  préparations  ferrugineuses  comme  devant  ser- 
vir à  régénérer  le  sang.  Le  plus  grand  nombre  des  médecins  qui 
exercent  dans  les  pays  chauds,  où  règne  celle  maladie,  s'ap- 
pliquent à  remplir  ces  indications. 

Pour  les  réaliser,  M.  P.  Peckolt,  de  Rio-de-Janciro,  a  décou- 
vert la  doléarine,  qu'il  considère  comme  le  principe  actif  du 
Ficus  doliaria,  et  il  déclare  que  cette  préparation  est  beaucoup 
plus  avantageuse  que  le  latex  pur. 

La  réunion  de  la  doléarine  et  du  fer,  d'après  la  formule  de 
M.  P.  Peckolt,  connue  au  Brésil  sous  le  nom  de  D  oie  urina  e 
ferro  Peckolt,  est  le  remède  le  plus  connu  et  le  plus  souvent 
préconisé  dans  ce  pays  contre  l'hypohémie  interlropicale. 

En  ce  qui  me  concerne,  appelé  a  exercer  depuis  environ  cinq 
ans  dans  une  région  très  éprouvée  par  celte  terrible  maladie, 
j'ai  prêté  une  grande  attention  aux  altérations  morbides,  déter- 
minées par  le  progrès  de  l'hypohémie,  en  cherchant  toujours  le 
meilleur  moyen  d'en  combattre  les  eifets. 

Le  foie  m'a  paru  être  l'organe  qui  vient  à  souffrir  le  plus  tôt. 
L'en&^orgement  du  foie  et  la  pâleur  de  lu  peau  sont  les  symptômes 

aui,  Tes  premiers,  frappent  1  attention  du  médecin.  Il  me  semble 
onc  que  l'indication  première  ne  saurait  être  autre  que  de 
combattre  cette  altération  morbide  du  foie  En  commençant  par 
celle  indication  que  je  considère  comme  capitale,  j'ai  établi  dans 
les  termes  suivants  la  méthode  de  traitement  de  lOpilaçad. 
Première  indication:  dégorger  le  foie. 

Prescription  n®  i. 

Calomel 0,05  centigrammes. 

Podophyllin i  ,01  à  0,02  — 

Belladone  (extrait) 0,01  à  Ofii  — 

Savon  amygdalin 0,10  — 

Faites  une  pilule  n"  i. 

A  prendre  une  pilule  le  matin,  et  l'autre  le  soir  au  coucher. 
Seconde  indication.  En  reconnaissant  l'insuffisance  du  remède 
de  M.  Peckolt  seul,  je  l'associe  à  d'autres  vermifuges. 
Prescription  n"  2. 

Dolearina  e  ferro  Peckolt. . .  ^. . . .  '10  grammes. 

Mousse  de  Corse 

Kousso y  .«;     , 

Rhubarbe .^    *       ~ 

Ecorce  de  racine  de  grenadier...     ; 

Mêlez.  A  prendre  quatre  à  cinq  cuillerées  à  café  pendant  la 
journée. 

Cette  formule  pourra  être  modifiée  par  l'addition  d'autres 
vermifuges  connus  en  thérapeutique. 

Je  fais  en  même  temps  prendre  au  malade  la  pariétaire 
{Purietaria  officinalis)^  la  périparoba  (Piper  umbellatum), 
l'herva  toslaô  {boerhacia  hirsuta)  sous  forme  d'infusion. 

De  temps  à  autre  je  fais  interrompre  l'usage  de  la  médication 
vermifuge  pour  prescrire  de  nouveau  les  pilules  de  calomel, 
belladone,  etc. 

Si  je  crois  reconnallre  en  même  temps  une  complication 
paludéenne,  je  conseille  aussi  les  sels  de  quinine. 

En  suivant  strictement  cette  méthode  de  traitement,  j'ai 
obtenu  de  très  merveilleuses  et  durables  guérisons  dans  l'espace 
de  trois  à  qualremois  (six  mois  au  maximum),  ce  qu'on  n'obtient 
•que  rarement  par  le  remède  exclusif  de  M.  P.  Peckolt. 

D^  J.-P.  CURSINO  DE  MOURA. 
raubalc  (province  do  Saiiit-Paulo,  Brésil),  lo  6  avril  i88U* 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Académie  des  seieM«es. 

De  la  chirurgie  conservatrice  du  pied  et  de  l'abla- 
tion   PRÉALABLE     DE    l'aSTRAGALE     DANS    LES    RÉSECTIO^^ 

tibio-tarsiennes  pour  ostéo-arthrite  suppurée,  par 
M.  Ollier,  —  La  fréquence  des  récidives  après  les  opéra- 
tions conservatrices  tentées  sur  le  coa-de-pied,  la  difficulté 
d'amener  à  une  guérison  complète  et  définitive  la  plaie 
occasionnée  par  la  résection  de  Tarticulation  tibio-tarsieniie, 
alteinte  de  carie  ou  de  tuberculose  osseuse,  ont  semblé 
donner  raison  jusqu'ici  aui  opérateurs  (}ui  considéraienl 
l'amputation  du  pied,  dans  cette  articulation  ou  au-dessus 
des  malléoles,  comme  le  parti  le  plus  sage  et  le  plus 
rationnel. 

Tel  n'est  pas  l'avis  de  M.  Ollier  qui,  étudiant  les  con- 
ditions dans  lesquelles  on  pratique  d'ordinaire  les  résec- 
tions, leur  préfère  la  méthode  qu'il  résume  dans  les  termes 
suivants  : 

Nous  commençons  par  où  nos  devanciers  finissaient,  et  uoib 
agissons  ainsi  dans  un  triple  but: 

Nous  enlevons  d'abord  1  astragale,  qui  est  souvent  le  point  (]<• 
départ  de  l'affection  et  çiui,  dans  les  anciennes  ostéo-arlhriles, 
est  toujours  assez  altéré  pour  Caire  craindre  une  récidive  pro- 
chaine, si  on  le  laisse  dans  la  plaie. 

En  second  lieu,  nous  conservons  le  plus  possible  de  la  mor- 
taise tibiale,  afin  d'avoir  de  meilleures  conditions  de  solidllé 
pour  la  néarfhrose  que  nous  voulons  établir.  Une  simple  abra- 
sion ou  un  évidement  de  la  face  interne  des  malléoles  cl  du 
plateau  tibial  permet  de  conserver  la  charpente  extérieure  da 
giD^lyme  futur. 

Et  enfin,  nous  tenons  avant  tout  à  nous  procurer,  dès  le  com- 
mencement de  l'opération,  tout  le  jour  nécessaire  pour  recher- 
cher les  altérations  osseuses,  et  le  plus  d'espace  possible  pour 
fouiller  avec  sécurité  les  recoins  les  plus  caches.  GrAce  à  l'espace 
libre  que  laisse  l'ablation  de  l'aslragale,  nous  voyons  immédia- 
tement dans  quel  sens  nous  devons  diriger  nos  recherches  H 
dans  quelles  limites  nous  pouvons  agir. 

Cette  méthode,  dont  le  but  essentiel  est  de  sacrifier  nu 
os  dont  le  pied  peut  parfaitement  se  passer  plutôt  que  Ici 
extrémités  tibio-péroaières,  qu'il  est  plus  difficile  de  faire 
reconstituer  dans  de  bonnes  conditions,  malgré  la  régnit- 
ralion  des  malléoles,  s'applique  à  toutes  les  résections  du 
pied. 

àSuivent  une  série  de  considérations  relatives  à  la  régé- 
nération osseuse  et  aux  résultats  obtenus  à  l'aide  de  celle 
opération  pratiquée  depuis  dix  ans  par  M.  Ollier  et  loiijour? 
suivie  de  succès. 

«  Il  faut  donc  ne  pas  se  hâter,  dit-il  eu  terminan(,de  pra- 
tiquer l'amputation  du  pied  dans  les  ostéo-arthrites  suppu- 
rées  du  cou-de-pied  et  des  autres  arliculalions  larsieniies. 
Quoique  entourées  de  plus  d'obstacles  qu'au  membre  supé- 
rieur, les  opérations  conservatrices  réussiront  tout  aussi 
bien  dans  les  ostéopathies  du  pied,  toutes  les  fois  qu*ou  le» 
appliquera  dans  les  conditions  locales  et  générales  prourcs 
à  favoriser  leur  succès.  Ce  sont  des  opérations  applicables 
surtout  aux  jeunes  sujets,  jusqu'à  Tùge  de  vingt-cinq  i 
trente  ans,  lorsqu'il  s'agit  de  ces  ostéo-arthrites  spontame^ 
que  nous  rapportons  aujourd'hui  à  la  tuberculose.  11  n'y  a 
pas  de  règle  absolue  à  cet  égard;  mais  plus  tard  l'ampu- 
talion  est,  d'une  manière  générale,  préférable  chez  les 
luberculeux,  et  il  ne  faut  pas  hésiter  à  y  recourir  s'ils  sont 
menacés  d'infection  générale  ou  déjà  atteints  d'un  commeii- 
cement  d'altération  viscérale. 

«  En  résumé,  l'ablation  de  l'astragale,  suivie  de  l'abrasion 
ou  de  la  résection  des  articulations  limitantes,  permet  de 
couserver  le  pied  avec  sa  forme  à  peu  près  normale  et  son 
aptitude  fonctionnelle  pour  l'exercice  d'une  vie  active.  Us 
résultats  nous  paraissent  dus  au  changement  dans  1  idée 


24  Mai  188d 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        —  N*  21  —    339 


directrice  et  la  technique  de  la  résection  tibio-tarsienne. 
L'ablation  de  Tastragale  permet  de  conserver  plus  complè- 
tement les  extrémités  libiale  et  péronière,  qui  sont  les 
parties  les  plus  essentielles  pour  la  solidité  du  pied,  et 
.surtout  elle  crée  une  voie  large  pour  explorer  le  champ 
opératoire  et  découvrir  les  germes  morbides  qui  nous 
échappaient  autrefois.  D*autre  part,  le  perfectionnement  de 
la  techuique  opératoire  permet  de  faire  les  ablations 
osseuses  les  plus  complexes  et  les  plus  étendues  sans  sacri- 
fier aucun  des  organes  (tendon,  muscle,  nerf,  ligament), 
qui  seront  utiles  pour  la  reconstitution  du  pied  sur  son  type 
primitif.  > 

Sur  une   auto-intoxication   d'origine  rénale,  avec 
élévation  de  la  température  et  dyspnée,  par  m.   r. 


On  sait  qu'un  chien  bien  portant,  à  (|ui  on  a  lié  aseptiquement 
les  deux  uretères,  succunîbe,  en  trois  jours  environ,  avec  un 
abaissement  de  la  température  centrale  et  quelques  troubles 
gastro-inteslinaux.  Si,  au  lieu  de  se  borner  à  interrompre  la 
perméabilité  des  uretères,  on  introduit  dans  leur  intérieur  une 
canule  communiquant  avec  un  réservoir  renfermant  de  Teau 
stérilisée,  à  laquelle  on  a  ajouté  du  chlorure  de  sodium  dans  la 
proportion  de  0,7  pour  lUO,  et  suffisamment  élevé  pour  q^iie 
iVroalement  de  Turine  ne  puisse  avoir  lieu,  et  qu'au  contraire 
une  petite  quantité  de  la  solution  saline  pénètre  dans  les  reins 
(ce  dont  on  est  informé  par  rabaissement  du  liquide  dans  le 
réservoir);  dans  ces  conditions,  dis-je,  différentes,  comme  ou 
voit,  de  celles  nui  sont  créées  par  la  ligature  des  uretères,  on 
assiste  à  un  tableau  symptomalique  bien  différent  : 

Le  chien  ne  vomit  pas  et  n'a  pas  de  diarrhée,  mais  il  écume; 
puis  sa  température  centrale  et  périphérique  s'élève  progressi- 
vement et,  a  peu  près  en  même  temps,  la  respiration  revêt  un 
type  expirateur,  spéc'i9L\\  elle  se  ralentit  d*abord,  puis  s'accélère 
beaucoup  et  devient  très  bruyante;  parfois  il  y  a  de  petits  sou- 
bresauts des  pattes.  Cependant  la  température  centrale  continue 
à  s'élever  et  lanimaK  en  peu  d'heures,  succombe  avec  une  tem- 
pérature qui  varie  de  iO  à  42  degrés  centigrades.  Alors  qu'elle 
a  commencé  à  monter  à  un  chiffre  élevé,  on  ne  peut  guère  empé- 
chi  r  la  terminaison  fatale,  même  en  se  hâtant  de  laisser  couler 
l'urine. 

On  ne  peut  admettre  que  les  accidents  soient  dus  à  la  simple 
pénétration  de  Teau,  car  on  peut  infuser  dans  les  veines  d'un 
Hiien  une  quantité  d'eau  salée  stérilisée  beaucoup  plus  consi- 
dérable sans  provoquer  de  fièvre  ni  de  trouble  bien  sensible. 
Mais  on  comprend  que,  pénétrant  par  les  voies  urinaires  et 
lavant,  en  quelque  sorte,  le  rein,  avant  d'entrer  dans  la  circu- 
lation, elle  se  charge  des  sucs  interstitiels  de  l'organe  et 
ac(juiére  ajnsi  une  action  thermogène^  dyspnéogène,  etc.  Cette 
iichon  topique  des  sucs  interstitiels  du  rein  est  prouvée  par 
IVxpérience  suivante. 

J'ai  sacrifié  un  chien  sain  par  héraorrhagie;  j'ai  aussitôt  broyé 
ses  reins  dans  de  l'eau  stérilisée  et,  après  filtration,  injecté  le 
liquide  tiède  dans  les  veines  d'un  chien  un  peu  plus  petit.  Au 
i>oul  de  ijuatre  heures,  la  température  centrale  s'élait  élevée  à 
10«,1  et  il  était  survenu  de  l'oppression,  de  Técunuî  et  de  l'agi- 
lalioii,  c'est-à-dire  des  symptômes  semblables  à  ceux  des  chiens 
soumis  à  une  contre-pression  urinaire. 

Ainsi  le  rein  sain  renferme  des  principes  ihermogène, 
dyspnéogène  (l),  etc. 


Académie  de  médeelne. 

SÉANCE  DU  21*  MAI    1889.    —  PRÉSIDENCE 
DE   M.   MAURICE   PERRIN. 

M.  le  diroctear  (le  rAisistaocé  publique  do  Paris  infornio  que  1c  Conseil  général 
('•}  la  Scioo  vient  de  dôcidor  d'allouer  h  l'Acadcmio  uiio  8ubTPiiiion  aonuello  de 
-'^'K)  francs  pour  fournir  du  vaccin  animal  en  pulpe  au  service  des  enfants  assiilcs 
de  ce  dcpariement. 

MM.  les  docteurs  Coif/Ur  (du  l»»y),  Commenge  et   Morer,  niédecin-niajor  de 

(I)  J'adaiets  volontiers  rexistence  de  ^  plusieurs  principes  toxiques,  l'un  thor- 
"logéne,  l'autre  dyspaéogone,  etc.,  parce  que.  dans  les  nombreuses  expcionccs 
lue  j'ai  faiies,  j'ai  vu  tantôt  rhyperllicrmio  et  tantôt  l'oppression  entrer  In  prc- 
««icrcçn  scène,  ou  |>t'êdeniincr  pcndunt  tout  le  Cours  dos  accidents. 


3*  classe  au  i52*  d'Infanterie,  envoient  des  rapports  sur  lei  vaccinationt  et 
revaccina  liom  qu'ils  ont  pratiqué  a  en  1888. 

M.  Oujardin-Beaumetz  dépose  une  brochure  sur  la  goutte  par  M.  le  docteur 
Maximin  Legrand,  et  un  mémoire  imprime  de  M.  le  docteur  Jfofitn  sur  la  tante 
par  l'exercice. 

M.  Lai oulbène  dépose  deux  mémoires  manuscrits  de  M.  le  docteur  Moura  sur 
la  phytiùlogie  de»  regiêtrei  de  la  voix. 

M.  Laneereaux  présente  une  étude  d'hygihie  domettique  tur  let  eabineU 
d'aisance*.  |>ar  M.  le  docteur  Zavitiiano  (de  Conslantiuopic). 

M.  Comtantin  Paul  dépose  une  brochure  de  M.  le  docteur  Danjoy  sur  la  cure 
du  diabète  à  La  Bourboule  et  un  Guide  pratique  des  pesages  pendant  Us  deux 
premières  antiées,  avec  un  Atlas,  par  M.  le  docteur  SutHs,  de  La  CbapvlMa- 
Ri'ine  'Seine-et-Marne). 

M.  Duplay  présente  une  brochure  de  M.  le  docteur  Golay  (de  Genève),  inli- 
lulée  :  Conseils  aux  jeunes  mères. 

Communication  intercardiaque  congénitale.  —  îl.  le 
docteur  A.  Letjroux  lit,  au  nom  de  M.  Ernest  Dupré  el  au 
sien,  une  observation  de  communication  congénitale  des 
deux  cœurs,  par  inocclusiou  du  septum  interventriculairc. 
Cette  malformation  cardiaque  a  été  reconnue  pendant  la  vie 
et  vérifiée  après  la  mort,  chez  un  jeune  garçon  de 
quatre  ans  et  demi.  La  lésion  était  simple,  sans  rétrécis- 
sement de  Tarière  pulmonaire,  sans  cyanose,  et  elle  a  été 
diagnostiquée  par  l'auscultation  seule,  qui  a  permis  de 
constater  le  souffle  interveniriculaire  syslolique,  classique, 
dont  les  caractères  pathognomoniques  ont  été  formulés  par 
M.  H.  Roger  il  y  a  dix  ans.  La  nécropsie  a  pleinement  con- 
firmé le  diagnostic  de  MM.  Legroux  et  E.  Dupré,  qui  pro- 
posent de  dénommer  «  souffle  de  Roger  >  le  signe  révélateur 
de  cette  anomalie  cardiaque. 

Résection  du  genou.  —  M.  (Hlier  fait  tout  d'abord 
observer  avec  quelle  lenteur  les  chirurgiens  français  ont 
accepté  la  résection  du  genou  ;  elle  esl  même  encore 
repoussée  par  la  grande  majorité  d'entre  aux,  par  crainte 
d'une  mortalité  considérable,  de  résultats  imparfaits  au 
point  de  vue  orthopédique  et  de  défaut  d'union  osseuse. 
Mais,  si  la  mortalité  étaitsi  énorme  en  eflelque  M.  Ollier  en 
avait  une  autrefois  de  75  pour  100  chez  ses  opérés,  elle  n'a 
plus  été  que  de  9  pour  luOdès  qu'il  a  pratiqué  l'antisepsie. 
Depuis  1880  il  a  fait  32  fois  la  résection  du  genou;  trois 
opérés  sont  morts,  l'un  de  choc  et  deux  de  granulie.  Il  faut 
d  ailleurs  établira  cet  égard  deux  catégories  de  faits,  suivant 
que  les  articulations  sont  suppuréeset  infectées  ou  qu'elles 
ne  sont  pas  suppurées  ou  du  moins  non  ouvertes. 

Depuis  que  la  mortalité  a  diminué  par  le  fait  de  l'anti- 
sepsie, d'autres  causes  ont  cependant  empêché  la  difl'usion 
de  la  résection  du  genou,  à  savoir  la  longueur  de  l'opération, 
les  accidents  immédiats,  la  difficulté  de  diriger  le  traitement 
consécutif,  les  pansements  fréquents,  leurs  inconvénients, 
le  déplacement  des  fragments,  la  fréquence  de  la  pseudar- 
throse.  C*est  pour  cela  que  depuis  de  longues  années 
M.  Ollier  s'est  attaché  à  trouver  un  pansement  qui  n'ait  pas 
besoin  d'être  renouvelé  souvent;  il  ne  l'a  trouvé  qu'avec 
riodoforme.  (Iràce  à  ce  pansement,  le  traitement  postopéra- 
toire, si  long,  si  pénible  autrefois,  est  devenu  aussi  facile 
que  celui  d'une  simple  fracture  de  cuisse. 

Passant  ensuite  à  l'examen  critique  des  modes  de  panse- 
ment proposés,  M.  Ollier  est  d'avis  que  la  suppression  du 
drainage  est  un  idéal  qu'il  faut  poursuivre  et  qui  est  réali- 
sable pour  certaines  résections  orthopédiques  ou  trauma- 
tiques  (sur  des  régions  non  infectées),  mais  contre  lequel  il 
faut  mettre  en  garde  les  esprits  trop  confiants.  Il  a  toujours 
drainé  dans  les  osléo-arlhrites  chroniques  tuberculeuses 
du  genou  el  il  croit  qu'il  drainera  toujours,  ne  serait-ce  que 
par  prudence.  Avec  des  drains  on  a  tonte  sécurité  cl  ils 
n'ont  pas  d'inconvénients  sérieux  puisqu'on  peut  les  laisser 
soixante-dix  jours  en  place.  Que  signifient  deux  gouttes 
de  pus  qu'on  trouve  sur  leur  trajet,  si  la  plaie  a  suivi  une 
marche  aseplique?  Et  cependant  il  faut  tout  combiner  dans 
les  résections  du  genou  pour  ne  pas  avoir  une  seule  goutte 
de  pus,  l'infection  de  la  plaie  interosseuse  pouvant,  sinon 


340    —  N«  21  -         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


24  Mai  1889 


faire  échouer  l'opération,  du  moias  retarder  son  succès  de 
plusieurs  mois. 

Quant  à  la  suture,  M.  Ollier  s'en  déclare  toujours  partisan, 
bien  que  le  pansement  unique  semble  indiquer  qu'elle 
n'est  plus  nécessaire;  mais  il  admet  toujours  l'hypothèse  de 
la  nécessité  de  renouveler  le  pansement,  et  alors  il  vaut 
mieux  avoir  les  os  suturés,  d  autant  plus  que  la  présence 
d'un  corps  étranger  aseptique  entrelient  une  irritation  pro- 
ductive, féconde  au  point  de  vue  de  l'ossiOcation.  La  conso- 
lidation exige  un  temps  toujours  long  et  il  est  nécessaire  de 
faire  porter  des  bandages  jusqu'à  la  synarthrose  complète. 

Passant  ensuite  à  l'examen  des  résultats  orthopédiques  et 
fonctionnels,  il  estime  qu'il  convient  de  toujours  chercher 
Tankylose  et  de  ne  pas  se  laisser  détourner  par  quelques 
exemples,  qu'on  cite  de  loin  en  loin,  de  néarthroses  mobiles 
fonctionnant  bien.  Ce  n'est  qu'un  pis-aller  dont  on  pourra 
se  contenter,  mais  dont  il  n'y  a  pas  lieu  de  se  féliciter.  Et 
cependant  l'ankylose  est-elle  le  dernier  mot  du  progrès  chi- 
rurgical? Sans  doute,  chez  les  animaux,  on  parvient  à 
reproduire  les  condyles  du  tibia  et  du  fémur  et  à  constituer 
une  articulation  intermédiaire;  ce  n'est  que  par  les  avive- 
ments  des  condyles  à  l'aide  de  résectioins  superficielles, 
qu'on  pourra  chez  les  jeunes  sujets  chercher  à  obtenir  une 
articulation  mobile  à  la  condition  de  conserver  tout  l'appa- 
reil ligamenteux  et  musculaire. 

On  ne  pratique  pas  assez  la  résection  du  genou;  depuis 
l'antisepsie,  M.  Ollier  ne  s'est  jamais  repenti  d'avoir  réséqué 
et  il  a  eu  plus  d'une  fois  le  regret  de  ne  l'avoir  pas  fait. 
La  résection  est  indiquée  non  seulement  dans  les  ostéo- 
arthrites  suppurées,  qui  bientôt  exigeraient  l'amputation  du 
membre,  mais  elle  est  indiquée  aussi  dans  ces  ostéo- 
arthrites  qui  ne  finissent  pas  et  ne  peuvent  aboutir.  Elle  est 
rationnelle  au  double  point  de  vue  de  l'indication  vitale  et 
de  l'indication  orthopédique  dans  les  ostéo-arthrites  avec 
déformation,  avec  flexion  du  genou,  qu'on  ne  peut  redresser^ 
Ce  n'est  p^s  seulement  avec  l'amputation  de  la  cuisse  que 
la  résection  du  genou  doit  être  mise  en  parallèle,  c'est 
surtout  avec  l'expectation.  On  ne  saurait  trop  s'élever  contre 
la  résection  dans  les  cas  qui  peuvent  guérir  par  l'immobi- 
lisation, le  temps  et  la  patience,  et  ce  qui  pourrait  faire  rat- 
tacher à  l'expectation,  c'est  que  le  résultat  orthopédique  de 
la  résection  ne  sera  jamais  meilleur  que  celui  d'une  articu- 
lation naturellement  ankylosée  en  position  rectiligne.  Mais 
faut-il  persister  indéfiniment  dans  l'expectation?  Est-il  sage, 
est-il  rationnel  d'exposer  pendant  plusieurs  années  à  toutes 
les  chances  d'aggravation  locale  et  d'infection  tuberculeuse 
générales  un  malade  qui  peut  guérir  en  trois  mois  par  la 
résection?  Avec  l'antisepsie  la  question  est  complètement 
changée;  la  réserve  d'hier  serait  une  faute  aujourd'hui;  s'y 
maintenir,  ce  serait  faire  preuve  d'aveuglement  systématique 
et  nier  le  progrès. 

Diabète.  —  Discutant  la  communication  faite  à  la  der- 
nière séance  par  M.  Worins  sur  la  forme  lente  du  diabète 
et  son  traitement,  M.  Dujardin-Beaumetz  fait  remarquer 
qu'il  y  a  toujours  un  certain  inconvénient  à  conclure  pour 
une  maladie  aussi  complexe  que  le  diabète,  en  se  basant 
exclusivement  sur  un  nombre  restreint  d'observations, 
quelque  rigoureuses  et  prolongées  qu'elles  aient  été.  Ainsi, 
parmi  les  41  malades  dont  a  parlé  M.  Worms,  il  n'en  est 
que  4  chez  lesquels  il  a  observé  une  soif  exagérée,  9  ayant 
présenté  de  la  polyurie  et  2  seulement  qui  avaient  un  appétit 
exagéré;  ce  sont  là  cependant  des  symptômes  généralement 
considérés  comme  caractéristiques  chez  le  plus  grand 
nombre  des  diabétiques.  D'autre  part,  M.  Worms  attribue 
une  longévité  assez  grande  à  la  iorme  lente  du  diabète;  il 
n'en  faut  pas  moins  remarquer  que  dès  qu'un  homme  est 
devenu  diabétique,  sa  nutrition  est  entravée  et  il  se  trouve 
dans  des  conditions  d'infériorité  vitale  incontestables. 

M.  Dujardin-Beaumetz  persiste  à  croire  que  le  diabète  est 


une  maladie  lotius  substantiœ  qui  peut  revêtir  les  formes 
les  plus  complexes,  mais  qui  n'en  constitue  pas  moins  une 
maladie  propre;  elle  revêt  trois  formes:  la  forme  bénigne 
et  légère,  la  forme  lente  et  moyenne  d'intensité,  et  la  forme 
grave.  Si  par  l'examen  clinique  il  n'est  pas  toujours  com- 
mode d'établir  une  séparation  bien  nette,  sauf  peut-èlre 
pour  les  formes  graves,  on  peut  néanmoins  l'établir  très 
facilement  par  le  résultat  que  fournit  le  régime  alimentaire 
spécial  rigoureusement  suivi.  La  quantité  de  sucre  émise  ne 
peut  assurément  servir  de  critérium;  c'est  bien  plutôt  la 
rapide  disparition  du  sucre  sous  l'influence  du  régime  ali- 
mentaire qu'il  faut  envisager;  aussi  les  diabétiques  léger» 
sont-ils  ceux  chez  lesquels  celui-ci  amène,  lorsqu'il  est 
rigoureusement  suivi,  la  disparition  du  sucre  en  très  peu  de 
jours,  tandis  que  chez  les  diabétiques  de  moyenne  intensité 
on  ne  parvient  jamais,  quel  que  soit  le  traitement,  à  faire 
disparaître  totalement  le  sucre;  enfin,  les  diabétiques  graves 
sont  ceux  dont  on  fait  à  peine  varier  la  quantité  très  élevée 
du  sucre,  malgré  la  rigueur  du  traitement. 

C'est  donc,  dans  la  plupart  des  cas,  celte  rigueur  da 
régime  alimentaire  qu'il  importe  d'obtenir.  Que  doit  être  ce 
régime  ?  Il  faut  en  proscrire  le  lait,  ne  permettre  les 
pommes  de  terre  cuites  à  l'eau  qu'à  la  dose  maximade 
100  grammes  par  jour,  alimenter  à  l'aide  de  pain  de  gluten 
ou  mieux  de  pain  de  soja  et  user  surtout  d'aliments  gra.s 
conserves  de  poisson  à  l'huile,  caviar,  charcuterie.  Il  est  utile 
d'user  modérément  de  la  saccharine  (10  centigrammes  par 
jour)  pour  sucrer  le  café,  le  thé  ;  éviter  l'alcool  et  les 
boissons  alcooliaues.  Quant  à  l'emploi  de  médicaments,  Tas- 
sociation  des  sels  de  lithine  aux  préparations  arsenicales 
rend  de  réels  services  dans  bien  des  cas;  le  sulfate  de  qui- 
nine, recommandé  par  M.  Worms,  agit  utilement  sans  doule 
sur  l'axe  cérébro-spinal  ;  de  même,  le  bromure  et  certains 
médicaments  antitbermiques,lels  que  le  méthyl  acétanilide 
ou  exalgine.  L'exercice  musculaire  est  enfin  l'une  des 
parties  les  plus  importantes  du  traitement  du  diabète. 

M.  Germain  Sée  rend  compte  de  ses  recherches  sur  la 
glycogénie  normale;  il  les  résume  de  la  manière  suivante: 

l**  Les  urines  contiennent  normalement  du  glycose,  mais 
en  quantité  si  minime  qu'elle  ne  peut  pas  être  décelée  par 
les  réactifs  ordinaires  tels  que  la  fermentation,  le  polaii- 
mètre,  et  même  la  liqueur  de  Fehling,  qui  n'agit  que  quand 
il  y  a  0,05  de  sucre  pour  100. 

2°  Un  nouveau  réactif,  la  phénylhydrazine,  y  démontre  le 
sucre  quand  il  n'y  aurait  que  0,033  milligramme  pour  100; 
or  cette  réation  se  retrouve  14  fois  sur  Ai  cas  ou  16  à 
17  pour  100  chez  les  individus  réputés  sains. 

3*  Mais  ce  réactif  n'a  de  valeur  que  si  en  même  temps 
l'individu  examiné  peut  perdre  impunément  10')  grammes 
de  substance  amylacée  (pain  blanc);  s'il  ne  rend  pas  plus 
de  sucre,  ce  n'est  pas  un  diabétique  et  inversement. 

4»  Dans  l'état  normal,  le  sucre  ne  reparaît  dans  les  urines 
nue  quand  il  dépasse  250  grammes  pour  le  sucre  de  canne, 
200  grammes  pour  le  sucre  de  lait;  chez  le  diabétique,  la 
moindre  quantité  de  ces  sucres  se  retrouve  dans  les  urines 
et  augmente  le  chiffre  pathologique  préexistant.  Dans  tous 
les  cas,  les  sucres  à  forte  dose  agissent  en  même  temps 
comme  diurétiques. 

5°  Outre  le  sucre  qui  n'existe  pas  toujours  normalement, 
nous  avons  trouvé  par  divers  réactifs  le  chlorure  de 
benzoyle,  l'a  naphtol,  le  furfurol,  des  quantités  constantes 
d'hydrates  de  carbone,  semblables  au  groupe  des  dextrines 
et  voisins  du  groupe  glycose.  Leur  transformation  en  ce 
dernier  groupe  est  possible. 

Dès  lors  s'explique  la  facilité  de  l'établissement  de  h 
glycosurie,  ce  quon  n'avait  pas  soupçonné  avant  nos 
recherches. 

6'  La  formation  du  glycose  est  aussi  un  phénomène 
normal  qui  résulte  de  la  transformation  de  lu  matière  glyco- 


U  Mai  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        —  «•  21  --    341 


^ène  du  foie  en  sucre  de  raisin.  Or,  cette  matière  glycogène 
se  développe,  non  seulement  aux  dépens  des  substances 
amylo -sucrées  introduites  avec  les  aliments,  mais  aussi  aui 
dépens  des  albuminates,provenantdu  dehors  ou  du  dedans; 
c'est  la  découverte  de  Cl.  Bernard,  confirmée  par  Séegen, 
et  tous  les  physiologistes  modernes. 

l''  S*il  en  est  ainsi,  si  le  sucre  dans  les  urines  est 
normal,  si  la  matière  glycogène  dans  le  foie  et  j'ajoute  dans 
les  muscles  est  normale,  la  glycosurie  ne  sera  qu'une 
exagération  de  la  genèse  normale^ 

8**  D'une  autre  part,  de  la  glycosurie  normale  à  cause  per- 
manente au  diabète,  il  n'y  a  qu'un  pas;  les  deux  états  déri- 
vent de  la  physiologie  et  s*enchalnent. 

9*  Aussi  le  diabète  n'a-t-il  pas  d'espèces  distinctes;  il 
est  un,  toujours  le  même,  et  ne  varie  que  par  et  dans  ses 
conditions  de  développement  chez  les  riches  et  les  pauvres, 
chez  les  adultes  et  les  enfants  ;  l^s  pauvres  et  les  enfants 
ont  un  diabète  de  misère,  les  autres  de  luxe. 

lO"  L'origine  du  diabète  est  dans  la  circulation  activée 
du  foie  de  par  le  système  vaso-moteur  de  cet  organe,  lec^uel 
système  est  sous  Tinfluence  directe  ou  réflexe  d'une  irrita- 
tion de  la  moelle  allongée  (Cl.  Bernard)  et  de  presque  tons 
les  centres  nerveux.  La  suractivité  du  foie  entraine  une 
néoformation  de  nature  glycogène  ou  une  transformation 
rapide,  exagérée  de  cette  substance  en  sucre. 

Il"*  Il  n'y  a  donc  qu'une  seule  espèce  de  diabète,  c'est 
Thyperglucogénie  (avec  ou  sans  azoturie),  et  la  plupart  du 
temps  d'origine  nerveuse.  La  quantité  de  sucre  ainsi  for- 
mé fait  fonction  de  diurétique  et  entraîne  au  dehors  le  sucre 
préexistant. 

M*  Le  diabète  peut  aussi  avoir  pour  cause  l'hypergenèse 
de  la  matière  glycogène  dans  les  muscles. 

13"  Les  médicaments  qui  enrayent  l'hypergenèse  ner- 
veuse du  sucre  sont  les  seuls  qui  soient  antidiabétiques; 
Vantipyrine  agit  dans  ce  sens  de  la  manière  la  plus  évi- 
dente. 

M.  Albert  Robin  j  tout  en  se  réservant  de  prendre  la  parole 
sur  ce  sujet  dans  la  prochaine  séance,  fait  dès  maintenant 
observer  que  plusieurs  faits  confirment  les  preuves  d'ordre 
chimique  rapportées  par  M.  Germain  Sée  sur  la  présence 
des  matières  ternaires  dans  l'urine  normale  :  c'est  ainsi 
que  M.  Boutreçky  a  récemment  montré  que  la  réduction  de 
ta  liqueur  de  Fehling  pouvait  être  obtenue  même  dans 
celle-ci,  que  H.  Quinquaud  a  établi,  il  y  a  quelques  jours, 
que  l'urine  renferme  normalement  du  sucre  et  qu'enfin  on 
on  a  constaté  chez  tous  les  diabétiques  les  matières  ter- 
naires de  l'urine. 

-^  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  38  mai  est  fixé  ainsi 
qu'il  suit:  1"*  rapport  de  M.  Trasbotsurh  rage  lanacétique; 
^^  suite  de  la  discussion  sur  le  traitement  du  diabète  (in- 
scrits :  MM.  -4.  Robiriy  W^orms)\  3*  communication  de  M.  6. 
Sée  sur  un  nouveau  diurétique. 


Société  de  biologie. 

SÉANCE   DU    11    MAI    1889.  --   PRÉSIDENCE 
DE    M.   BROWN-SÉQUARD. 

Action  du  pneumogastrique  sur  le  oœur  antenlë  de  la  grenouille  : 
H.  Dourdoufl.  —  Disparition  de  Tanesibésie  de  cause  organique  : 
H.  Brown-Sèquard.  —  Rôle  glandulaire  des  procès  oiUaires  : 
M.  Micatl.  ~  Sur  l'absorption  de  Teau  par  les  graines:  M.  Ghrèbant. 
-*  De  rëpilepsie  provoquée  par  l'exoltation  de  la  dure-mére: 
M.  Dupny.  —  De  l'bypobèmatose  :  M.  Maurel. 

En  anémiant  des  grenouilles  par  la  section  de  l'aorte  ou 
de  la  veine  inférieure,  M.  Dourdoufi  a  vu  l'excitation 
<)u  pneumogastrique,  dans  ces  conditions,  exagérer  la  fré- 
quence des  battements  du  cœur,  loin  de  la  diminuer.  Ce 


résultat  est  donc  absolument  contraire  à  celui  qu'a  obtenu 
M.  Laulanié  à  la  suite  de  la  section  de  la  pointe  du  cœur; 
dans  ce  cas,  en  effet,  la  puissance  d*arrêt  du  nerf  vague  est 
augmentée.  M.  Dourdoufi  pense,  étant  donnée  la  pré- 
sence de  filets  modérateurs  et  accélérateurs  dans  le  tronc 
du  pneumogastrique  chez  la  grenouille,  que,  dans  l'expé- 
rience qu'il  a  réalisée,  Texcitabilité  des  accélérateurs  est 
beaucoup  augmentée. 

—  M.  Brown-Séquard  rapporte  un  certain  nombre  de 
faits  qui  montrent  que  Tanesthésie,  due  à  une  lésion  orga- 
nique (tumeur  du  pédoncule  cérébral,  par  exemple),  peut 
disparaître  subitement  sous  l'influence  d'une  ou  deux 
séances  d'électrisation.  D'autre  part,  dans  plusieurs  cas  où 
l'autopsie  fut  faite  par  la  suite,  on  constata  que  la  lésion 
existait  toujours.  M.  BrownSéquard  se  croit  donc  en  droit 
de  conclure  de  ces  faits  que  la  perte  de  fonction  dont  il 
s'agissait  dans  tous  ces  cas  ne  dépendait  pas  d'une  destruc- 
tion de  conducteurs  nerveux,  mais  d'une  simple  irritation 
dynamique. 

—  M.  Malassez  présente  une  note  de  M.  Nicati  sur  la 
fonction  glandulaire  des  procès  ciliaires.  L'auteur,  au 
moyen  dlnjections  de  matières  colorantes  dans  le  péritoine, 
a  pu  déterminer  au  bout  de  combien  de  temps  ces  matières 
apparaissent  dans  les  yeux.  Il  a  également  cherché  à 
évaluer  la  surface  de  sécrétion  représentée  par  les  procès 
ciliaires  qui  sont  recouverts  d'un  épithélium  sécrétoire. 

—  H.  Duffuy  a  répété  sur  le  chien  une  expérience  qu'il 
avait  déjà  faite  sur  le  lapin;  il  avait  vu  sur  cet  animal  que, 
si  on  sectionne  la  dure-mère,  il  survient  une  paralysie  du 
même  côté;  et,  en  sectionnant  la  dure-mère  du  côté  opposé, 
la  paralysie  disparait.  On  obtient  chez  le  chien  les  mêmes 
effets.  De  plus,  il  a  vu  que,  chez  des  chiens  profondément 
chloroformés,  l'excitation  de  la  même  membrane  peut 
déterminer  un  accès  d'épilepsie,  alors  que  l'excitation 
directe  dugyrus  sigmolde  n'a  plus  aucun  effet.  Il  se  demande 
si,  dans  ce  cas,  on  n'excite  pas  d'autres  filets  nerveux  que 
les  nerfs  sensibles  de  la  dure-mère  qui  doivent  être  anes- 
thésiés. 

—  M.  Laborde  présente  une  note  de  M.  Maurel^  relative 
aux  troubles  divers  produits  par  l'insuffisance  des  échanges 
entre  le  sang  et  les  tissus;  l'auteur  propose  d'appeler  cet 
ensemble  de  symptômes  hypohématose. 


SÉANCE   DU   18   MAI  1889.  —  PRÉSIDENCE  DE 
M.   BROW'N-SÉQUARD. 

Bar  le  pancréas  des  poissons  :  M.  X^guesse.  *-  I<e  nerf  exoito-sft- 
orètenr  de  la  parotide  :  M.  Moussu.  —  De  la  capacité  Titale  obes 
les  épileptiques  :  MM.  Férè  et  Perrucbet.  —  La  glycosarle  phy- 
siologique :  M.  Quinquaud.  ->  Sur  un  parasite  des  limaces  :  M.  M6- 
gnin.  —  Sur  le  spectre  d'absorption  donné  par  le  sang  :  M.  d'Ar- 
sonTsl.  —  Sur  le  dosage  de  la  potasse  dans  les  Uquides  organiques  : 
M.  A.  Robin. 

M.  Laguesse  a  étudié  le  développement  du  pancréas  chez 
la  truite.  Il  résulte  de  ses  recherches  que  cet  organe  se 
développe  chez  les  poissons  comme  chez  les  mammifères, 
mais  qu  à  un  moment  donné  il  subit  un  arrêt.  Au  point  de 
vue  de  la  structure,  il  est  bien  développé,  mais  il  ne  con- 
stitue pas  une  glande  bien  délimitée,  mais  des  portions 
glandulaires  disséminées  le  long  du  tube  digestif. 

—  M.  Moussu  décrit  le  nerf  excito-sécréteur  de  la  paro- 
tide qu'il  a  pu  isoler  et  disséquer,  de  façon  à  en  détermi- 
ner exactement  le  trajet,  chez  le  bœuf,  le  cheval,  le  mou- 
ton, le  porc.  Les  dispositions  varient  plus  ou  moins  chez 
ces  divers  animaux. 

—  M.  Féré  a  mesuré  avec  M.  Perruchet  la  circonférence 
thoracique  et  la  capacité  vitale  ciicz  les  épileptiques.  11 
signale  la  fréquence  de  la  phthisie  chez  ces  malades. 


334    -  N*  24  - 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


2i  Mai  1889 


avec  la  dose  introdaile,  tandis  que  dans  la  deuxième,  le 
développement  se  fait  alors  même  qu'on  dépose  dans  l'éco- 
nomie une  quantité  de  virus  pour  ainsi  dire  impondérable: 
Il  ne  faudrait  pourtant  pas  exagérer  le  fait  et  supposer  que 
toutes  les  maladies  infectieuses  peuvent,  comme  le  charbon, 
se  développer  quand  on  a  injecté  à  un  animal  un  seul 
microbe.  Dans  la  plupart  des  cas.  la  quantité  de  virus  qu'on 
introduit  n'est  pas  un  fadeur  négligeable  ;  dans  notre 
article  sur  le  mécanisme  de  la  suppuration,  nous  avons  cité 
quelques  chiffres  qui  montrent  l'importance  du  nombre  des 
microbes  dans  la  genèse  des  accidents  morbides.  Nous 
pourrions  facilement  rapporter  d'autres  exemples. 
M.  Chauveau  a  reconnu  que  les  moutons  algériens,  natu- 
rellement réfractaires  au  charbon,  contractent  cette  maladie 
quand  on  leur  injecte  sous  la  peau  de  grandes  quantités  de 
culture.  W.  Cheyne  a  montré  de  même  que  les  bacilles  de 
la  septicémie  des  souris,  le  tétragénus,  les  microbes  de  la 
septicémie  salivaire,  du  choléra  des  poules,  inoculés  au 
cobaye  peuvent,  suivant  les  doses,  ne  produire  aucun 
trouble,  causer  une  lésion  locale  ou  amener  la  mort  sans 
lésion  locale.  M.  Bouchard  a  obtenu  des  résultats  analogues 
avec  le  bacille  pyocyanique  et  il  a  montré  de  plus  que  les 
symptômes  et  particulièrement  la  fièvre  sont  également  en 
rapport  avec  le  nombre  des  microbes  introduits. 


Les  laits  que  nous  avons  étudiés  nous  ont  montré  qu'un 
microbe  peut  être  ou  non  pathogène  suivant  l'animal  sur 
lequel  on  opère,  la  voie  par  laquelle  on  l'introduit,  la  quan- 
tité de  virus  qu'on  injecte,  etc.  Nous  avons  vu  de  plus  que, 
par  des  passages  successifs  à  travers  l'organisme  des  animaux, 
une  bactérie  peut  acquérir  des  propriétés  nocives  pour  des 
êtres  qui  semblaient  réfractaires  à  son  action  ;  dans  d'autres 
cas  un  microbe  inoffensif  peut  amener  des  troubles  fort 
graves  et  même  mortels  en  tombant  dans  un  organisme  déjà 
malade  ou  dans  un  tissu  préalablement  altéré.  S'il  en  est 
ainsi,  on  conçoit  facilement  qu'un  saprophyte  qui,  acciden- 
tellement, se  sera  développé  chez  un  animal,  puisse  s'élever 
au  rang  d'agent  pathogène  :  ainsi  peuvent  se  créer  les 
maladies  nouvelles. 

Celte  remarque  nous  ramène  aux  idées  que  nous  expo- 
sions en  commençant  cet  article.  Si  la  virulence  n'est 
qu'une  fonction  contingente  et  surajoutée,  on  serait  tenté 
de  supposer,  avec  H.  Bouchard,  que  tous  les  microbes 
n'étaient  à  l'origine  que  des  saprophytes.  €  Dès  lors  nos 
tentatives  d'atténuation  de  ces  êtres  auraient  pour  effet  de 
les  ramener  à  l'espèce  originelle.  Le  type  saprophytique 
ayant  été  accidentellement  élevé  à  la  dignité  de  virus,  l'atté- 
nuation de  la  virulence  serait  le  retour  pur  et  simple  au 
saprophytisme.  >  Cette  conception  si  séduisante  ne  trouve- 
t-elle  pas  de  nombreux  points  d'appui  dans  les  exemples  que 
nous  avons  cités?  La  plupart  des  agents  pathogènes  sont 
facultativement  saprophytes,  puisqu'ils  peuvent  se  déve- 
lopper sur  des  substances  privées  de  vie.  On  peut  même 
dire  que  c'est  là  leur  vrai  milieu  d'existence  :  la  bactéridie 
charbonneuse,  par  exemple,  cet  agent  virulent  par  excel- 
lence, n'arrive  à  son  complet  développement  et  ne  donne 
des  spores  qu'en  dehors  de  l'organisme.  Il  est  vrai  qu'il  est 
certains  microbes  que  nous  n'arrivons  pas  à  cultiver  et  que 
jusqu'ici  nous  n'avons  jamais  retrouvés  en  dehors  de 
l'animal.  On  pourrait  même,  envisageant  la  question  à  un 
point  de  vue  plus  général,  faire  remarquer  que  certains 


parasites  animaux  doivent,  pour  accomplir  leur  évolution 
complète,  rencontrer  un  autre  animal  dans  lequel  ils  se 
développent;  tel  est,  par  exemple,  le  cas  du  L'enta.  Mais  de 
ce  que  nous  n'avons  pas  observé  en  dehors  de  l'organisme 
toute  l'évolution  d'un  parasite,  faut-il  conclure  que  celle 
évolution  ne  pourrait  avoir  lieu?  Peut-être  qu'un  jour,  en 
modifiant  certaines  conditions  de  culture,  pourrons-nou^: 
obtenir  artificiellement  toutes  les  formes  que  jusqu'ici  nous 
n'avons  pu  reproduire.  Comme  le  fait  justement  remarquer 
de  Hary,  ce  serait  une  expérience  intéressante  et  instructive 
que  celle  qui  ferait  développer  un  Isenia  à  partir  de  l'œuf, 
à  l'aide  d'une  solution  nutritive.  Pour  revenir  aux  microbes, 
nous  voyons,  par  l'expérience  de  tous  les  jours,  que 
tel  agent,  qui  était  considéré  comme  exclusivement  patho- 
gène, peut  devenir  saprophyte,  quand  on  lui  offre  un  terrain 
mieux  approprié  à  ses  besoins;  tel  est  le  cas  du  bacille  de  la 
tuberculose,  que  l'on  cultive  facilement,  à  la  condition 
d'ajouter  aux  milieux  usités  couramment  en  bactériologie, 
une  certaine  quantité  de  glycérine.  On  peut  donc  espérer 
qu'à  mesure  que  se  perfectionnera  la  technique,  on  verra 
diminuer  et  disparaître  le  nombre  des  êtres  exclusivement 
parasites. 

Il  existe  enfin  un  dernier  argument  qui  tend  à  faire  con- 
fondre les  microbes  saprophytes  et  pathogènes.  Les  nolion* 
plus  exactes  que  nous  avons  acquises  dans  ces  dernière? 
années  sur  la  virulence,  nous  montrent  que,  parmi  les  con- 
ditions multiples  qui  rendent  un  microbe  dangereux  pour 
l'animal,  il  faut  placer  en  première  ligne  la  sécrétion  de 
substances  nocives,  alcaloïdes  ou  ferments  ;  c'est  doiir 
toujours  par  le  même  mécanisme  qu'agissent  les  microbes, 
que  leur  action  se  porte  sur  la  matière  vivante  ou  la  matière 
morte.  Dès  lors  la  division  des  microbes  d'après  leur  action 
sur  les  animaux  parait  absolument  artificielle,  comme 
toutes  les  divisions  basées  sur  un  seul  caractère.  Un  microbf 
inoffensif  peut  devenir  pathogène,  d'abord  d'une  façon 
accidentelle,  plus  tard  d'une  façon  permanente,  jusqu'au 
jour  où  par  divers  procédés  naturels  ou  expérimentaux,  il 
s'atténue  de  nouveau  et  retombe  dans  le  groupe  des  sapro- 
phytes dont  il  était  momentanément  sorti. 

G. -II.  Roger. 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

De  Teiaploi  de  la  caféine  dans  la  plenrésle 
•éro-flbrlnenae  algaS. 

La  médication  hydragogue  conserve  toujours  ses  druil;^ 
contre  les  épanchements  séreux  de  la  pleurésie.  A  côté  du 
régime  lacté,  dont  les  indications  sont  formelles  au  déclin 
de  la  période  fébrile,  la  caféine  trouve  aussi  ses  indi- 
cations. 

Ce  traitement  consiste  donc  à  provoquer  la  diurèse  : 

!•  Par  le  régime  lacté; 

2"  Par  l'administration  quotidienne  d'une  potion  que  Von 
peut  ainsi  formuler  : 


Caféine 

Bcnzoate  de  soude 

Sirop  de  stigmates  ;de  maïs. 
Eau  distillée  de  laitue* 


i  à  2  grammes. 
1  a  4        — 


aa  io         — 


Cette  potion  est  ingérée  par  grandes  cuillerées  de  deux 
en  dm\  heures.  On  pourrait  encore  faire  usage  de  la  solu- 


U  Haï  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  21 


335 


lion  suivante  de  caféine,  indiquée  par  M.  Huchard  qui  Va 
administrée  souvent  dans  la  tisane  de  café  noir  : 

(laféine l9%50 

Henzoate  de  soude i9%50 

Eau  distillée 100  grammes. 

A  prendre  dans  les  vingt-quatre  heures. 

Ch.  Éloy. 


BEVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

Faculté  de  médecine.  —  Cours  de  pathologie  interne 
m.  le  professeur  dieulafoy. 

Syphilis  du  pomnoM  et  de  la  plèvre. 

(Leçons  recueillies  par  le  docteur  Fernand  Widal,  interne 
des  hôpitaux.) 

(Suile.  — Voyez  les  n"  18, 19  et  20.) 

Syphilis  pleurale,  —  A  l'histoire  du  syphilome  fibroïde 
du  poumon  se  rattache  celle  encore  peu  connue  du  syphi- 
lome  pleural. 

Je  n'ai  pu  retrouver  qu'un  petit  nombre  d'observations 
de  pleurésie  syphilitique,  et  cependant  je  n'ose  pas  dire  que 
les  cas  en  sont  rares;  ils  sont,  je  crois,  souvent  méconnus, 
faute  d'être  recherchés  et,  en  cela,  je  suis  d'accord  avec 
M.  Mauriac,  qui  écrivait  récemment  :  <  On  voit  souvent  la 
pleurésie  et  celte  pleurésie  s'accompagne  d'épanchement.  » 

Les  lésions  syphilitiques  de  la  plèvre  peuvent  être  ran- 
gées dans  l'une  des  deux  catégories  suivantes  :  ou  bien  la 
lésion  pleurale  est  un  épiphénomène,  une  complication 
analomique  de  la  lésion  pulmonaire. 

Ou  bien  la  pleurésie  s'accompagne  d'épanchement  abon- 
dant; elle  est  lésion  dominante  et  mérite  bien,  dans  ce  cas, 
le  nom  de  pleurésie  syphilitique. 

A  titre  d  épiphomène,  vous  trouverez  la  pleurésie  décrite 
accidentellement  dans  les  observations  de  syphilis  tertiaire 
du  poumon  et  des  bronches  rapportées  par  les  auteurs.  C'est 
ainsi  que  vous  la  trouverez  décrite  dans  deux  observations 
de  la  thèse  de  Carlier.  Dans  Tune  (la  septième),  il  est  dit, 
par  hasard,  que  la  plèvre,  d'un  côté,  contenait  5()0  grammes 
d'un  liquide  jaune  clair,  que  son  feuillet  viscéral  présenlait 
des  fausses  membranes  récentes,  très  faciles  à  déchirer, 
(jue  son  feuillet  pariétal  et  diaphragmatique  était  également 
enDammé. 

Voici  maintenant  une  observation  de  pleurésie  syphili- 
tique, avec  grand  épanchement;  elle  est  due  à  M..Balzer, 
et  se  trouve  consignée  dans  la  thèse  de  Jacquin. 

Un  homme  de  trente-deux  ans  se  présente  à  l'hôpital 
avec  un  ensemble  de  troubles  fonctionnels  et  de  signes 
physiques  qui  font  diagnostiquer  une  pneumonie  caséeuse 
du  côté  droit.  Après  un  mois  de  séjour,  éclate  une  pleurésie 
droite  avec  épanchement  abondant.  On  diagnostique  alors 
une  pleurésie  tuberculeuse  compliquant  la  tuberculose  du 
poumon  ;  mais,  au  bout  de  quatre  jours,  le  malade  meurt, 
et,  à  l'autopsie,  on  trouve  un  foie  syphilitique  parsemé  de 
gommes  et  segmenté  de  cicatrices,  un  poumon  droit  égale- 
ment farci  de  gommes,  dont  la  plus  volumineuse  venait 
effleurer  la  plèvre.  Toutes  ces  productions  gommeuses, 
examinées  au  point  de  vue  microbiologique,  ne  contenaient 
pas  le  moindre  bacille  de  la  tuberculose. 

Les  lésions  de  la  plèvre  droite  étaient  assez  caractéris- 
tiques pour  que  je  vous  les  rapporte  dans  tous  leurs  détails. 
«  Dans  la  plèvre  droite  existe  un  épanchement  beau- 
\  coup  plus  considérable  que  l'exploration  physique  ne  l'au- 
'  ^lait  lait  supposer.  Il  y  a  environ   2   htres  de  sérosité 


louche  et  sanguinolente.  Les  plèvres  pariétale  et  viscé- 
rale^ sont  considérablement  épaissies  dans  toute  retendue 
de  l'épanchement.  Elles  montrent  un  revêtement  fibreux 
continu,  partout  d'une  épaisseur  de  1  ou  2  millimètres, 
acquérant  même,  à  la  base  du  poumon,  une  épaisseur  de 
prés  d'un  centimètre.  En  plusieurs  endroits,  celte  coque 
fibreuse  est  coiffée  de  fausses  membranes  fibrineuses.  Dans 
les  points  où  l'épaississement  fibreux  est  le  plus  considé- 
rable, on  trouve,  sur  la  coupe  de  la  plèvre,  des  masses 
dures,  jaunâtres,  caséeuses,  de  la  grosseur  d'un  pois  ou 
d'un  grain  de  mil.  » 

N'est-elle  pas  suffisamment  démonstrative,  cette  obser- 
vation de  pleurésie  syphilitique,  dont  Ténanchement  était 
assez  abondant  pour  atteindre  la  valeur  de  ^  litres  de  liquide 
sanguinolent? 

J'ai  observé  moi-même  un  cas  de  pleurésie  syphilitique, 
que  j'ai  guéri  par  le  traitement  spécifique. 

En  1883,  je  fus  appelé,  quai  de  la  Râpée,  pour  donner 
mes  soins  à  un  homme  en  proie  à  une  dyspnée  terrible, 
qui,  depuis  un  an,  se  renouvelait  chez  lui  par  poussées 
plus  ou  moins  aiguës  ;  on  avait  diagnostiqué  une  broncho- 
pneumonie tuberculeuse.  Au  premier  examen  nue  je  fis 
de  cet  homme  dyspnéique,  je  reconnus  immédiatement 
les  signes  d'un  épanchement  que  j'évaluais  à  800  ou 
1000  grammes  environ.  Cette  quantité  de  liquide  était  bien 
loin  de  m'expliquer  la  dyspnée  dont  souffrait  ce  malade,  et 
je  remis  la  Inoracentèse  au  lendemain.  Je  ne  pus  retirer, 
par  cette  opération,  que  650  grammes  d'un  liquide  légère- 
ment rosé  ;  le  malade  n'éprouva  d'ailleurs  aucun  soulage- 
ment, et  ne  fut  pas  plus  amélioré  que  ne  l'est,  par  la 
thoracentèse,  un  nomme  porteur  d'un  cancer  pleural.  Je 
cherchais  toujours  à  saisir  la  cause  de  tout  ce  processus 
pulmonaire,  lorsque  le  malade,  pressé  de  questions,  finit 
par  me  confier  qu'il  avait  eu  jadis  la  syphilis.  Cet  aveu 
devait  lui  rendre  la  vie.  Je  me  hâtai,  en  effet,  d'adminis- 
trer le  mercure  et  l'iodure  de  potassium  à  forte  dose,  et  la 
dyspnée  s'amenda  si  rapidement  qu'au  bout  de  quelques 
semaines,  la  respiration  était  devenue  normale.  Lors  de 
mes  dernières  visites,  il  ne  restait  plus  trace  de  pleu- 
résie. —  Dans  ce  cas  encore,  la  nature  syphilitique  des 
accidents  pleuro-pulroonaires  avait  été  démontrée  par  l'ac- 
tion bienfaisante  de  la  thérapeutique  spécifique. 


Messieurs,  il  existe,  vous  le  voyez,  une  pleurésie  syphi- 
litic|ue  tertiaire.  Je  ne  dis  pas  qu'elle  existe  à  l'état  isolé, 
mais  je  soutiens  qu'elle  accompagne^  plus  fréquemment 
qu'on  ne  le  pense,  les  lésions  pulmonaires  syphilitiques. 

Si,  après  avoir  diagnostiqué  chez  un  malade  une  gomme 
ulcérée  du  poumon,  vous  percevez  des  frottements  à  l'aus- 
cultation, ce  nouveau  svmptôme  ne  devra  pas  changer 
votre  première  manière  de  voir;  n'oubliez  pas  que  la  pleu- 
résie se  développe  au  voisinage  d'une  caverne  syphilitique, 
aussi  bien  qu'autour  d'une  caverne  tuberculeuse. 

(A  suivre.) 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

STphlllographte. 

Folie  et  paralysie  générale  syphilitiques,  parM.  Charles 
Mauriac,  médecin  de  l'hôpital  du  Midi. 

(Suile.  —  Voyez  le  n«  20.) 

B.  Les  perturbations  psychiques  qui  méritent  à  quelque 
titre  le  nom  de  folie  syphilitique  sont  beaucoup  moins 
nombreuses  que  les  précédentes.  Plus  brusques  et  plus 
rapides  dans  leur  invasion,  elles  se  caractérisent  par  de 


336    —  N*  21  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


ii  Mai  1889 


Texcitation  cérébrale  et  du  délire.  Peuvent-elles  reproduire, 
comme  on  Ta  dit,  toutes  les  formes  de  Taliénation  mentale 
commune?  Sans  doute,  dans  une  certaine  mesure,  mais  à 
l'état  d'ébauche  et  avec  quelques  nuances  délicates  qu'il  est 
possible  de  saisir,  avec  des  coïncidences  symptomaticjues 

Iu'on  finit  par  découvrir  et  qui  sont  une  vraie  révélation, 
rà,  comme  dans  d'autres  cas,  l'important  est  de  se  tenir 
sur  ses  gardes  et  d'être  bien  pénétré  de  celte  idée  qu'un 
trouble  mental  qui  fait  dire  d'une  personne  jusque-là  sensée, 
qu'elle  devient  folle,  peut  parfaitement  dépendre  de  la 
syphilis  et  rien. que  d'elle.  D'un  autre  côté,  on  ne  doit  pas 
oublier  que  la  folie  pure  peut,  s'emparer  d'un  syphilitique 
sans  participer  en  rien  de  la  maladie  constitutionnelle.  Le 
fait  suivant  en  est  une  preuve  évidente  :  un  de  nos  aliénistes 
les  plus. autorisés  fut  consulté  pour  une  malade  atteinte 
de  syphilis  secondaire,  et  en  même  temps. d'une  manie 
qu'on  croyait  syphilitique.  Il  n'en  jugea  pas  ainsi  et  con- 
seilla de  différer  le  traitement  de  la  syphilis  jusqu'à  la  gué- 
rison  de  l'accès  de  folie  dont  il  estima  la  durée  probable  à 
six  semaines.  Trois  semaines  après,  la  folie  était  spon- 
tanément guérie  et  le  traitement  spécifique  fut  alors 
institué. 

Ce  qui  domine  dans  les  troubles  vésaniques  tributaires  de 
la  syphilis,  c'est  ordinairement  Un  délire  simple,  comme  on 
en  voit  dans  la  fièvre,  la  méningite,  les  encéphalites 
aiguës,  etc.  :  excitation  permanente  ou  alternant  avec  de  la 
somnolence,  loquacité,  divagation,  impatiences,  insomnie, 
extravagance  sous  tous  ses  modes  dans  les  propos  et  dans 
les  actes,  accès  de  fureur.  C'est  là  un  état  aigu,  violent, 
subit,  ayant  le  caractère  d'un  accident.  —  D'autres  fois  le 
trouble  mental  sous  ses  apparences  modérées  a  quelque 
chose  de  plus  profond,  de  plus  constitutionnel  et  semble 
pénétrer  plus  avant  dans  le  domaine  de  la  véritable  aliéna- 
tion mentale  :  instabilité,  incoordination  dans  les  idées, 
dans  les  projets,  flot  tumultueux  de  paroles  irréfléchies, 
actes  empreints  d'insouciance  ou  d'une  déraison  qui  s'ac- 
croche à  tout  et  ne  se  fixe  obstinément  sur  aucun  sujet, 
exaltation,  irritabilité  hors  de  propos  et  pour  des  causes 
insignifiantes,  ébullition  intellectuelle  à  contresens  et  sté- 
rile ou  idiote,  avec  tous  les  mauvais  effets  d'un  caractère 
qui  a  subi  la  même  perturbation  que  l'entendement. 

Enfin  le  trouble  mental,  dans  d'autres  cas,  n'a  plus  seule- 
ment un  pied  dans  la  folie;  il  y  est  en  plein,  si  l'on  en  juge 
Ear  les  modes  que  prend  alors  la  perversion  intellectuelle, 
e  n'est  plus  seulement  du  délire  aigu  et  de  l'extravagance 
mitigée,  mais  un  ensemble  de  perturbations  intellectuelles 
et  morales  comme  dans  la  manie,  avec  égarement,  incohé- 
rence, hallucinations,  emportements,  vociférations,  accès  de 
fureur  dangereux,  etc.,  et  cette  insomnie  persistante,  opi- 
niâtre, invincible,  qu'on  rencontre  si  fréquemment  dans 
toutes  les  cérébropathies  sy|ihilitiques  et  surtout  dans  les 
psychosyphiloses.  Eh  bien,  même  à  ce  degré  et  en  ne  tenant 
compte  que  des  phénomènes  vésaniques,  un  aliéniste  ne 
s'y  trompera  pas.  Il  trouvera  dans  cet  état-là  moins  de  vio- 
lence, de  continuité,  d'essor  délirant,  et  surtout  de  systé- 
matisation que  dans  la  folie  vraie.  Il  est  extrêmement  rare 
que  la  folie  syphilitique  s'endigue  dans  une  modalité  pré- 
cise et  toujours  prédominante.  Sans  doute  dans  quelques 
cas,  les  hallucinations,  par  exemple,  la  lypémanie,  la  mono- 
manie, avec  délire  de  persécution  occupent  le  premier 
plan;  mais  elles  ne  font  qu'apparaître  sur  la  scène.  Leur 
monologue  ne  tarde  pas  à  baisser  de  ton,  et  à  se  confondre 
avec  cette  divagation  générale  qui  n'a  rien  de  fixe  et  qui  se 
traîne  plutôt  qu'elle  ne  s'envole  d'un  sujet  à  un  autre,  avant 
de  s'anéantir  dans  la  démence  des  phases  ultimes. 

Si  les  divers  types  ou  degrés  de  perturbations  psychiques 
dont  je  viens  de  aonner  les  traits  les  plus  saillants,  n'étaient 
ni  précédés,  ni  accompagnés,  ni  suivis  d'autres  manifesta- 
tions cérébrales  d'un  ordre  plus  matériel  ;  s'ils  survenaient 


d'emblée,  isolément  et  se  perpétuaient  sans  fin  dans  leur 
solitude,  il  serait  sans  doute  fort  malaisé  de  les  rattacher  à 
leur  cause  diathésique.  Mais  en  est-il  ainsi?  Non.  Combien 
de  fois  au  contraire  ne  trouve-t-on  pas  soit  dans  le  passé, 
soit  dans  l'état  actuel  du  patient,  des  associations  phéno- 
ménales qui  sont  comme  un  trait  d'union  entre  sa  psychose 
et  sa  syphilis.  Et  s'il  n'y  a  rien  ni  dans  les  comraémoralifs, 
ni  dans  le  présent  qui  puisse  nous  guider  et  nous  éclairer, 
soyez  sûrs  que  bientôt  la  cérébropathie  perdra  son  caractère 
exclusivement  psychique  pour  devenir  polymorphe,  comme 
toutes  les  déterminations  de  la  syphilis  sur  l'encôpbalè. 
Les  phénomènes  nerveux  qui  précèdent  le  plus  habituelle- 
ment ces  troubles  psychiques,  à  une  époque  plus  pu  moins 
éloignée  de  leur  invasion,  consistent  en  céj)halées  violentes, 
en  diplopie  avec  ou  sans  strabisme  et  ptosis,  en  crises  plus 
ou  moins  répétées  d'épilepsie  ou  d'aphasie,  en  vertiges, 
ictus  apoplectiformes,  paralysies  partielles  ou  hémiplé- 
gies, etc. — D'autres  fois  aucun  intervalle  ne  les  sépare,  el  il 
y  a  concomitance,  enchevêtrement,  contemporanéilé,  c'est- 
à-dire  association  plus  ou  moins  étroite  de  tous  les  éléments 
symptomatiques  pour  former  un  ensemble,  un  coroplexusné- 
vro(^thique  dont  il  serait  difficile  de  méconnaître  la  signi- 
fication et  la  provenance. . 

Il  faut  tenir  pour  des  faits  d'une  rareté  extrême  ceux  dans 
lesquels  la  psychose  syphilitique,  sous  sa  forme  la  plus 
accentuée  et  la  plus  maniaque,  s'empare  instantanément 
d'un  cerveau  raisonnable  et  exempt  jusque-là  de  toute  alté- 
ration apparente.  Je  n'en  ai  vu  qu'un  cas,  chez  un  jeune 
officier  qui,  à  son  retour  d'Afrique,  fut  pris  subitement  et 
sans  cause  d'un  délire  incoordonné,  violent,  opiniâtre, 
continu,  sans  aucun  autre  trouble  d'ordre  cérébral.  Il  eùl 
été  incapable  de  me  donner  un  renseignement  quelconque 
sur  son  état  antérieur.  Mais  son  frère  qui  me  I  avait  con- 
duit, m'apprit  qu'une  syphilis  assez  forte,  contractée  quatre 
ou  cinq  ans  auparavant,  ne  devait  pas  être  étrangère  à  cet 
événement  inattendu,  et  qu'il  n'y  avait  en  dehors  d'elle 
aucune  circonstance  qui  pût  l'expliquer.  Je  fus  de  cet  avis, 
et  je  le  traitai  par  l'iodure  et  l'hydrargyre  pendant  quelques 
jours,  mais  pas  assez  longtemps  pour  voir  l'effet  de  la 
médication  spécifique.  On  fut  obligé  de  l'interner  dans  un 
asile  d'aliénés  (1). 

Voilà  les  cas  qu'il  est  réellement  difficile  de  diagnosti- 
quer, surtout  lorsque  la  syphilis  remonte  dans  un  passé  très 
lointain,  qu'elle  est  silencieuse  depuis  longtemps,  qu'il 
n'existe  aucune  coïncidence  spécifique  en  dehors  du  système 
nerveux,  et  ^ue  tous  les  phénomènes  qui  constituent  la 

Ssychose,  délire,  mélancolie,  manie,  toutes  ces  incohérences 
'idées  et  d'actes  ressemblent  à  peu  près  exactement  à  ceux 
qu'on  rencontre  dans  la  folie  commune.  L'embarras  sera 
encore  plus  grand  si  le  sujet  présente  une  prédisposition 
héréditaire  aux  vésanies.'  Mais  dans  ce  dernier  cas,  s'il  est 
bien  avéré  qu'il  est  syphilitique,  les  présomptions  étiolo- 
giques  pencheront  vers  la  maladie  constitutionnelle,  car 
elle  frappe  de  préférence  les  cerveaux  des  sujets  issus  de 
cérébropathes. 

Au  point  de  vue  pratique,  et  sans  nous  égarer  dans 
des  subtilités  inutiles,  posons  comme  une  règle  générale 
que  ce  fait  aujourd'hui  bien  établi  d'un  rapport  de  causa- 
lité entre  la  syphilis  et  certaines  formes  de  vésanies, 
impose  au  médecin  le  devoir  de  recourir  à  la  médication 
spécifique,  dans  les  cas  où  il  ne  peut  rester  aucun  doute 
sur  l'existence  d'une  infection  spécifique  antérieure.  Peu 

(1)  Un  des  cas  les  plus  saisissants  de  ce  çenre,  est  celui  que  M.  Fournier 
rapporte  d'après  li.  Rayer.  Il  s'agissait  d'un  liororoc  politique  bien  connu  qui  fat 
pris  tout  à  coup,  en  sortant  de  la  Ciiambre  où  il  venait  de  souienir  avec  «on 
talent  habituel  une  iniportanlo  discussion,  d'une  violente  crise  d'hallucination, 
puis  d'une  véritable  attaque  de  folie.  M.  Rayer,  suspectant  la  syphilis,  proscrivit 
un  traitement  spécifique,  et  les  phénomènes  s'atténuèrent  presque  instantanément. 
Guérison  rapide  et  complète  qoi  oc  se  démenUt  point  pendant  plusieurs  anaées. 
—  Cependant  plus  tard,  nouvelle  cri»e  d'accidents  cérébraux  spécifiques  qui  ci>ite 
fois  emportèrent  le  patient. 


U  Mai  188d 


GAZETTE  HEBDOM ADAtRE  DE  HÉDECIME  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N-  âl  —    337 


importe  que  la  phénoraénalilé  psychique  emprunte  le 
masque  de  la  folie  ?raie  ;  du  moment  que  vous  ne  pouvez 
lui  découvrir  ni  lui  assigner  d*autre  cause  probable  que 
la  syphilis,  hâtez-vous  d'administrer  Tiodure  et  l'hydrar- 
gyre.  Le  succès  dans  maintes  circonstances  équivoques  a 
jQstifié  et  justifiera  encore  cette  sage  pratique. 

Quelles  sont  les  lésions  syphilomateuses,  qui  donnent 
lieu  aux  cérébropathies  avec  prédominance  psychique? 
Présentent-elles  dans  leur  forme,  dans  leur  nature,  dans 
leur  distribution,  quel(|ues  particularités  caractéristiques? 
Méningites  plus  ou  moins  circonscrites,  avec  ou  sans  foyer 
gommeux,  périencéphalites,  sclérose  cérébrale,  artério- 
sclérose, lésions  d*ordre  commun  plutôt  que  spécifiques, 
r'est-à-dire  prédominance  de  la  dégénérescence  scléreuse 
sui  l'infiltration  purement  gommeuse;  distribution  irrégu- 
lîcre  de  ces  lésions  sur  les  deux  côtés,  mais  avec  uneaccen- 
Ination  beaucoup  plus  accusée  sur  les  lobes  frontaux  : 
(cls  sont  les  désordres  matériels  qu'on  a  rencontrés.  Il  faut 
les  prendre  en  bloc  et  renoncer  à  établir  entre  chacun 
(Feux  et  chacun  des  troubles  psychiques  qu'ils  suscitent 
une  corrélation  pathogénique  satisfaisante.  Nos  connais- 
sances sur  les  localisations  cérébrales  n*ont  pas  encore  été 
poussées  jusqu'à  ce  point. 

Le  processus  des  cérébrosyphiloses  psychiques,  s'il  n'est 
pas  enrayé  par  le  traitement,  ce  qui  est  loin  d'être  rare, 
aboutit  fatalement  à  la  déchéance  et  à  l'extinction  plus  ou 
moins  complète  des  facultés  intellectuelles  et  morales.  Il 
traverse  de  nombreuses  péripéties  avant  d'en  arriver  là,  et 
quelquefois  une  mort  plus  ou  moins  rapide  par  le  cerveau 
Tempèche  d'aboutir  au  terme  extrême  de  son  évolution, 
û  ordinaire  cette  évolution  est  assez  lente.  Il  lui  faut  plu- 
sieurs mois,  un  ou  deux  ans  pour  se  compléter. 

Que  la  psychosjpbilose,  je  ne  saurais  trop  le  répéter,  ait 
débuté  par  Texcilation  ou  la  dénression,  c'e:>t  toujours 
cette  dernière  qui  finit  par  prendre  le  dessus,  de  même 
que  la  paralysie  absorbe  les  convulsions.  Les  délires 
aigus,  les  hallucinations,  les  manies  et  roonomanies,  ne 
sont  que  transitoires.  A  la  longue  et  quelquefois  très  rapi- 
dement, l'idéalité  vésanique  devient  lourde,  languissante 
et  obscure;  elle  est  remplacée  par  l'apathie,  l'hébétude, 
l'imbécillité,  l'abrutissement  et  la  démence.  Cette  méta- 
morphose inéluctable  quand  on  ne  guérit  pas,  celte 
marche  forcée  vers  une  même  terminaison  commune  et  la 
même  foxxv  toutes  leurs  variétés,  voilà  un  des  grands  traits 
de  physionomie  dans  les  psychosyphiloses.  Aussi  le  processus 
est-il,  dans  les  cas  douteux,  un  élément  capital  du  dia- 
gnostic. —  Hais,  dans  cette  marche,  il  y  a  des  intermit- 
tences, des  rémittences,  des  arrêts,  des  retours  offensifs, 
des  recrudescences,  en  un  mot  les  péripéties  si  multiples 
et  si  variées   que  présente  toute  affection   spécifique  de 


Ya-t-il  des  psychosyphiloses  susceptibles  de  se  terminer 
spontanément  par  la  guérison?  C'est  fort  douteux.  Tout  au 
plus  seraient-ce  celles  (}ui  sont  et  qui  restent  à  l'état  d'é- 
bauche et  (lu'on  pourrait  appeler  frustes^  à  cause  de  l'in- 
décision, au  vague  et  de  la  bénignité  des  phénomènes. 
Certains  états  névropathiques  de  la  période  secondaire  sont 
de  ce  nombre.  Quelques  pathologistes  qui  semblent  se  com- 
plaire à  exagérer  l'action  de  la  syphilis  sur  le  cerveau, 
croient  à  l'existence  fréquente  de  vésanies  spécifiques  pen- 
dant cette  phase  de  la  maladie  constitutionnelle.  C'est 
une  erreur  de  diagnostic  et  de  pathogénie.  Il  est  possible 
qu'alors  l'ébranlement  produit  par  l'invasion  du  virus  dans 
tout  l'organisme  imprime  au  système  nerveux  et  en  particu- 

I  lier  au  cerveau,  des  troubles  qui  simulent  la  folie.  Il  est 
possible  aussi  qu'il  suscite,  comme  cause  occasionnelle,  de 

.  véritables  accès  de  folie  chez  ceux  qui  y  sont  prédisposés 
par  leurs  antécédents  héréditaires  ou  par  d'autres  circon- 


stances étiologiques,  etc.;  mais  il  y  a  loin  de  là  à  une 
classe  particulière  de  vésanies  propres  à  cette  étape  du 
processus. 

La  médication  ioduro-mercurielle,  employée  de  bonne 
heure  et  avec  énergie,  peut  guérir  certaines  cérébropathies. 
Celles  qui  se  montrent  le  plus  réfractaires  à  son  influence 
curative  sont  précisément  les  psychosyphiloses.  Les  délires 
passagers,  toutes  les  formes  légères  de  l'excitation  dans  ses 
modalités  aiguës  et  accidentelles,  tous  ces  troubles  qui 
semblent  produits  par  des  fusées  transitoires  d'hypérémie 
autour  des  principaux  foyers  morbides,  cèdent  assez  aisé- 
ment aux  deux  spécifiques.  Il  en  est  autrement  des  psycho- 
syphiloses dans  lesquelles  prédominent  constamment  les 
symptômes  de  dépression,  ahébétude,  d'incohérence  intel- 
lectuelle et  morale.  Celles-là  procèdent  immédiatement  de 
syphilomes  installés  à  demeure  dans  les  méninges  et  dans 
le  cerveau.  Trop  souvent  elles  résistent  à  tous  les  moyens 
thérapeutiques  aue  nous  dirigeons  contre  elles. 

Aussi  sont-elles  d'une  gravité  très  grande,  car  elles 
aboutissent  la  plupart  du  temps  à  des  infirmités  psychiques 
absolument  incurables.  Au  plus  faible  degré,  l'intelligence 
perd  ce  qu'il  y  a  de  plus  délicat  en  elle,  de  plus  fin,  ce  qui 
constitue  pour  ainsi  dire  sa  floraison  de  luxe.  Sans  se 
perdre,  elle  n'est  plus  semblable  à  elle-même  ;  elle  tombe 
de  la  distinction  dans  la  vulgarité.  A  un  degré  plus  avancé, 
une  profonde  débilité  s'en  empare,  l'étiolé,  la  flétrit, 
diminue  ou  éteint  presque  ses  qualités  fondamentales  :  la 
mémoire,  le  jugement,  l'attention  ;  détend  ou  détraque  le 
ressort  moral,  émousse  et  pervertit  les  sentiments,  etc.  Ce 
n'est  pas  tout  à  fait  la  décadence  complète.  Ces  simples 
d'esprit  ont  encore  quelques  lueurs  dans  Tentenderoent. 
Mais  voici  venir  une  perturbation  plus  grande,  unie  à  un 
affaiblissement  plus  radical  :  l'inertie,  l'absence  de  toute 
spontanéité,  la  stupeur,  la  rareté  des  pensées  et  des 
paroles,  l'hébétude,  l'idiotie  avec  ou  sans  incohérence,  etc., 
tels  sont  les  principaux  éléments  de  cette  déplorable  dé- 
gradation intellectuelle  et  morale. 

Tout  ce  qui  précède  démontre  clairement  combien  sont 
dangereuses  les  psychopathies  syphilitic|ues.  «  Je  suis  per- 
suadé, dit  H.  le  docteur  Buzzard,  qu'il  existe  un  grand 
nombre  de  sujets,  qui,  à  la  période  moyenne  de  la  vie, 
deviennent  des  incalides  chroniques  de  l* intelligence,  par 
lé  fait  de  la  syphilis  du  cerveau,  t 

Dans  la  plupart  des  cas,  la  vie  n'est  pas  menacée  d'une 
façon  immédiate  et  prochaine.  Pourtant  il  y  en  a  qui,  tout 
à  coup,  deviennent  tragiques,  car  au  bout  de  quelques 
semaines  et  même  de  quelques  jours,  une  attaque  de 
coma  mortel  emporte  les  malades. 

11  est  donc  impérieusement  indiqué  d'agir  vite  et  avec 
vigueur,  de  diriger  contre  toutes  les  psychopathies  spéci- 
fiques, dès  leur  apparition  et  plus  tard,  tous  les  moyens 
curatifs  que  nous  fournit  la  médication  spécifique.  Dans 
la  période  initiale,  ils  peuvent  sauver  la  situation  ;  dans  la 
période  d'état,  ils  la  sauvent  rarement  d'une  façon  com- 
plète; une  amélioration  relative  est  tout  ce  qu'on  obtient. 

Plus  tard,  quand  les  symptômes  ne  sont  pas  l'expression 
d'un  syphilome  qui  évolue,  mais  celle  d'une  lésion  qui  a 
définitivement  détruit  quelques-uns  des  foyers  du  cerveau, 
quand  ils  sont  devenus  des  infirmités,  il  est  inutile  de 
s  acharner  contre  eux.  Ce  serait  peine  perdue.  Le  mercure 
et  l'iodure  n'ont  plus  sur  de  pareils  états  aucune  act'on 
curative. 

{A  suivre,) 


346    —  N*  22  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


31  Mai  1889 


lignes  toutes  les  observations  d'aînhum.  Elles  paraissent 
calquées  les  unes  sur  les  autres;  elles  se  ressemblent  à  tel 
point  qu'il  nous  suffira  de  donner  comme  type,  pour  ne  plus 
y  revenir,  le  cas  que  nous  communique  José  Pereira  Gui- 
maraès.  Le  nègre  brésilien  —  dont  le  moule  offert  à  la 
Société  de  chirurgie  a  été  donné  par  elle  au  musée  de  Saint- 
Louis —  était  âgé  de  vingt-cinq  ans  ;  sa  maladie  avait  débuté 
cinq  ans  auparavant,  frappant  du  même  coup  le  cinquième 
orteil  des  deux  pieds;  mais  la  marche  du  sillon  constricteur 
ne  fut  pas  la  même,  et  très  lente  à  gauche,  elle  est  au  con- 
traire rapide  à  droite  où  le  petit  doigt,  augmenté  de  volume, 
globuleux,  écarté  du  quatrième  orteil,  est  un  peu  tordu  sur 
lui-même  de  dedans  en  dehors.  La  rainure  ulcéreuse,  qui 
entame  les  tissus  du  bord  interne  vers  le  bord  externe,  est 
très  profonde  et  donne  lieu  à  une  sécrétion  purulente.  L'or- 
teil est  très  mobile  et  sa  contusion  provoque  des  douleurs 
vives  irradiées  vers  le  nerf  saphàoe  externe.  Et  ce  sont  là 
toutes  les  lésions  ;  on  ne  trouve,  en  aucun  autre  point  du 
corps,  aucune  altération  physique  ou  fonctionnelle. 

Notre  nègre  raconte  que  son  père  a  perdu  le  cinquième 
orteil  des  deux  pieds  et  le  mal  aurait  eu,  dans  ce  cas  encore, 
une  évolution  analogue  à  celle  à  laquelle  on  assiste  main- 
tenant :  sillon  d'abord  peu  profond  à  la  partie  interne  et 
inférieure  du  pli  digito-plantaire;  des  ulcérations  recou- 
vertes de  croûtes  y  apparaissent  et  se  cicatrisent,  mais  la 
rainure  se  creuse  de  plus  en  plus  jusqu'à  ce  que  le  pédicule 
aminci  permette  à  l'orteil  de  s'engager  sous  le  pied  pen- 
dant la  progression  ;  les  douleurs  sont  alors  très  vives  ;  le  pa- 
tient ne  peut  plus  marcher  et  réclame  une  amputation  que 
pratique  le  docteur  Guimaraès  ;  la  section  ne  donne  pas  de 
sang,  les  collatérales  étant  atrophiées.  Les  suites  de  Topé- 
ration  furent  des  plus  simples;  la  cicatrisation  complète 
en  quelques  jours  permettait  au  malade  de  quitter  Thôpital. 

AvecDa  Silva  Lima  et  Guimaraès,  l'ainhum  restait  un  cas 
e  cantonné  dans  le  petit  orteil  d'une  race  »  —  pour  me  ser- 
vir d*une  expression  de  Fontan,  —  lorsque  le  docteur  Collas 
put  observer  à  Pondichéry  la  même  affection  sur  des  sujets 
de  race  hindoue.  La  localisation  du  petit  orteil  était  la 
même,  le  sillon  constricteur  présentait  le  même  aspect; 
le  doigt,  la  même  forme  globuleuse  ;  la  seule  différence 
entre  les  faits  de  Collas  et  ceux  de  Da  Silva  Lima,  c'est  que 
le  premier  n'a  jamais  constaté  la  résorption  spontanée  de 
l'os  dans  le  pédicule,  au-dessous  de  la  dépression  annulaire; 
la  tige  osseuse  était  très  amincie  et  tout  au  plus  du  dia- 
mètre d'un  stylet  explorateur,  mais  d'une  dureté  si  grande 
que  sous  les  ciseaux  de  trousse  €  il  éclatait  au  lieu  d'être 
coupé  >.  Cette  particularité  suffit  d'autant  moins  pour  écar- 
ter les  observations  de  Collas  que  plus  tard  Eugène  Rochard 
et  Quêtant  ont  publié  trois  casd'alnhum  chez  des  Hindous, 
absolument  identiques  à  ceux  de  Da  Silva  Lima  :  la  pha- 
lange était  aussi  résorbée. 

L'assertion  primitive  de  Da  Silva  Lima  était  donc  trop 
absolue,  et  dans  un  second  mémoire  publié  en  1881,  cet 
auteur  tient  pour  légitimes  les  observations  recueillies  par 
Collas  à  Pondichéry.  Mais  il  fait  remarquer  que,  dans 
ce  cas  comme  dans  celui  de  Corre  recueilli  à  Nossi-bé, 
le  mal  s'est  développé  sur  des  individus  de  couleur.  Et 
cette  remarque  est  importante,  car  tout  à  coup  la  question 
de  Tainhum  a  changé  de  face  et  après  une  note  de  Lanne- 
longue  à  l'Académie  de  médecine,  deux  petits  mémoires  de 
Guyot,  un  travail  d'ensemble  de  Fontan  publié  dans  les 
Archives  de  médecinenavaley  ei^aîonlersii  même,  après  une 
série  d'articles  écrits  par  nous  dans  la  Gazette  hebdoma^ 


daire,  on  se  demande  si  l'ainhum  ne  frappe  que  les  noirs 
et  si  l'affection,  fréquente  au  Brésil  et  sur  la  côte  occiden- 
taie  de  l'Afrique,  n'existe  pas  en  Europe  avec  les  mêmes 
caractères,  mais  décrite  sous  un  autre  nom.  Guyot,  Fontan, 
nous-même,  avons  répondu  par  l'affirmative.  M.  Proust, 
cette  année  même,  s'est  rallié  à  cette  opinion,  ainsi  que 
Vidal  et  Leloir  dans  un  livre  encore  inédit. 

L'ainhum  européen  ne  serait  autre  que  les  malformations 
connues  sous  le  nom  d'amputation  congénitale  ou  sponta- 
née. On  constate  parfois  chez  les  nouveau-nés  l'existence 
d'un  moignon  résultant  de  la  section  d'un  orteil,  d'un  doi|;t, 
d'une  jambe,  d'une  cuisse  même,  et  parfois  on  a  trouTé 
dans  le  délivre  la  partie  d'organe  séparée  pendant  la  vie 
intra-utérine.  Mais  l'amputation  n'est  pas  toujours  consom- 
mée et,  dans  certains  cas,  à  côté  du  membre  incomplet,  il 
existe  un  sillon  de  profondeur  variable  qui  étrangle  un 
doigt,  un  orteil,  une  partie  quelconque  d^un  bras  ou  d'une 
jambe.  Ajoutons  que  ces  rainures  circulaires  sont  rarement 
les  seules  malformations  qui  affligent  le  petit  sujet  et^  le 
plus  souvent,  elles  coïncident  avec  un  spina  bifida,  un  pied 
bot,  et  surtout  unesyndactylie.  Les  nombreuses  observations 
que  nous  avons  colligées  sont  bien  remarquables  à  cet  égard 
et  nous  n'en  avons  pas  rencontré  une  seule  où  la  stricture 
fût  l'unique  lésion. 

II 

Pourassimilerdeuxlésions,aupremlerabord  si  dissembla- 
bles, on  a  commencé  par  invoquer  l'anatomie  pathologique  et 
la  pathogénie.  L'anatomie  pathologique,  cependant,  ne  plaide 
guère  en  faveur  de  l'identité  ;  les  examens  de  Wucherer  et 
Da  Silva  Lima,  ceux  de  Cornil,  de  Corre,  d'Eugène  Rochard 
et  Bonnafy,  qui  se  rapportent  à  des  cas  indiscutables 
d'aînhum,  nous  montrent,  dans  le  petit  orteil,  une  dispa- 
rition de  la  phalange,  une  résorption  presque  complète  de 
la  phalangine  et  une  diminution  de  volume  de  la  phalan- 
gette. Le  tissu  osseux,  les  tendons,  les  ligaments,  sont  rem- 
placés par  d'abondantes  masses  graisseuses,  ce  qui  a  fait 
comparer  à  des  lipomes  les  orteils  atteints  d'aînhum. 
Nous  n'insistons  pas,  car  dans  tous  les  examens  les  lésions 
sont  identiques.  Dans  le  cas  de  Despetis  étudié  par  Ester, 
le  sillon  à  stricture  est  succinctement  et  obscurément  décrit, 
mais  on  démêle  dans  ce  texte  peu  clair  que  la  couche 
cornée  de  l'épiderme  est  fort  épaissie  ;  le  corps  de  Malpighi 
est  atrophié  et  le  derme,  sans  papilles,  recouvre  les  trous- 
seaux fibreux  qui  constituent  le  pédicule;  ces  trousseaux 
ont  une  direction  antéro-postérieure. 

L'examen  de  Rochard  et  Bonnafy,  qui  date  de  1883,  est 
plus  précis;  il  concorde  d'ailleurs  avec  celui  de  Despetis; 
on  note  la  même  résorption  de  la  phalange  et  de  la  pha- 
langine, la  même  néoformation  de  tissu  graisseux;  h' 
pédicule  présente  la  même  constitution,  et,  si  nous  en 
croyons  la  figure  annexée  au  texte,  nous  voyons  un  épidémie 
très  épaissi,  un  derme  à  peu  près  normal,  mais  avec  des 
papilles  effacées;  à  la  place  de  l'os,  on  trouve  un  faisceau 
fibreux  résistant,  à  direction  antéro-postérieure.  Kous 
allons  voir  que  les  altérations  des  amputations  congénitales 
sont  fort  différentes.  Les  recherches  d'ailleurs  n'ont  encore 
porté  que  sur  le  sillon  constricteur  ;  les  parties  sous- 
jacentes,  celles  qui  dans  l'ainhum  se  caractérisent  par  des 
atrophies  osseuses  et  des  substitutions  graisseuses,  n'ont 
pas  été  étudiées  dans  les  amputations  congénitales.  Força 
nous  est  donc  de  ne  parler  que  la  dépresion  annulaire* 

En  1883,  Suchard  a  examiné  une  bride  congénitale  qu6 


31  Mai  i889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


-  N«  22  —    347 


nous  lui  avons  remise.  Elle  étreignait  la  jambe  d'une  fillette 
de  sept  mois  ;  nous  l'avions  enlevée  par  une  opéralion,  la  pre- 
mière de  ce  genre,  croyons-nous.  Au-dessus  et  au-dessous  du 
sillon  constricteur,  Suchard  n*a  constaté  aucune  lésion  de  la 
peau  souple  et  bien  nourrie;  les  glandes  y  sont  intactes  et 
les  papilles  normales.  Au  niveau  du  sillon,  Tépiderme  est 
sain,  mais  le  derme  a  subi  d'importantes' modifications;  il 
n'y  a  plus,  dans  son  épaisseur,  d'alvéoles  pleins  de  graisse; 
à  leur  place,  on  trouve  la  trame  serrée  d'un  tissu  fibreux 
néoformé,  dont  les  faisceaux,  perpendiculaires  à  l'axe  du 
membre,  constituent  en  ce  point  un  tractus  d'une  épaisseur 
considérable.  Ces  lésions  sont  identiques  à  celles  que 
Suchard  avait  déjà  constatées  d'après  les  pièces  fournies 
par  Guyot.  Je  sais  bien  que  ces  pièces  sont  étiquetées 
f  alnhum  »,  mais  à  tort,  selon  nous,  et  nous  démontrerons 
sans  peine  qu'il  s'agit  là  d'amputations  congénitales 
observées  chez  des  individus  de  race  colorée. 

Les  différences  sautent  aux  yeux:  dans  l'ainhum,  nous 
trouvons,  sans  parler  de  la  dégénérescence  graisseuse  de 
l'orteil  et  de  la  résorption  des  os  sous-jacents  à  la 
slricture,  un  épaississement  remarquable  de  la  couche 
cornée  de  l'épiderme  qui,  en  certain  point,  forme  un  véri- 
table durillon,  puis  une  atrophie  de  la  couche  muqueuse  de 
Malpighi,  un  affaissement  des  papilles,  un  amincissement 
du  derme  ;  enfin,  au-dessous  de  la  peau,  un  trousseau 
fibreux,  à  direction  anléro-poslérieure,et  qui  s'est  substitué 
à  l'os  résorbé.  Dans  les  amputations  congénitales,  l'épiderme 
estnorinal,  il  n'a  subi  aucun  épaississement  de  la  lame  cornée, 
aucune  atrophie  de  la  couche  muqueuse;  le  derme,  au  lieu 
d'être  aminci,  est  au  contraire  considérablement  hyper- 
trophié, envahi  qu'il  est  par  des  faisceaux  fibreux,  disposés 
en  demi-cercle  et  tendus  transversalement,  par  conséquent 
perpendiculaires  à  l'axe  du  doigt;  ce  tissu  fibreux  diffère 
donc  de  celui  de  l'ainhum  par  son  siège  dans  le  derme 
et  non  plus  dans  les  couches  sous-cutanées,  par  sa  direction 
transversale  et  non  plus  antéro-postérieure,  par  ses  eflets, 
puisque  Tun  laisse  l'os  intact  et  l'autre  se  substitue  au  sque- 
lette de  l'orteil. 

Les  arguments  tirés  de  la  pathogénie  nous  paraissent 
moins  sérieux  encore;  on  ne  sait  rien  sur  les  causes  qui 
président  au  développement  de  l'ainhum.  Pereira  Guimaraès 
veut  y  voir  une  gangrène  particulière  due  au  spasme,  non 
démontré  d'ailleurs,  des  vaisseaux  qui  se  rendent  à  l'orteil; 
Collas  croit  à  une  manifestation  de  la  lèpre  amputante,  mais 
la  masse  des  observations  lui  donne  tort.  Dupouy  invoque 
une  altération  trophique  et  il  appuie  celte  hypothèse  c  sur 
des  douleurs  assez  vives  ressenties  dans  la  région  lombaire 
par  deux  malades  atteints  d'aînhum  t^.  On  voit  le  vague  de 
ces  hypothèses;  aussi  l'imagination  peut  se  donner  libre 
carrière  et  certains  auteurs  n'y  ont  pas  manqué;  ils  ont 
déclaré  tout  d'abord  que  l'ainhum  était  une  affection  d'ori- 
gine nerveuse,  puis  ils  ont  décrété  qu'il  en  était  de  même 
des  amputations  congénitales,  dont  on  a  fait  une  sclé- 
rodermie  annulaire.  Nous  n'oserions  y  contredire,  mais 
celte  théorie  nerveuse  des  amputations  congénitales  est 
tout  entière  à  prouver,  tandis  que  la  théorie  mécanique 
compte  déjà  en  sa  faveur  nombre  d'observations  péremptoires, 
et  depuis  le  célèbre  travail  de  Montgomery,  on  a  multiplié 
les  exemples  où  l'on  a  pu  démontrer,  pièces  en  main, 
l'existence  des  adhérences  vicieuses,  d'une  bride  fibreuse 
partant  de  l'œuf  et  cause  indiscutable  des  sillons  creusés 
sur  les  doigts,  les  orteils  ou  les  membres.  Lannelongue, 
en  1883,  en  a  fait  publier  quelques  cas  nouveaux  et  remar- 


quables. Aussi  dirons-nous  qu'assimiler  l'ainhum  aux  am- 
putations spontanées  en  s'appuyant  sur  l'anatomie  patho- 
logique et  sur  la  pathogénie,  c'est  bâtir  une  hypothèse  sur 
une  erreur  et  sur  une  autre  hypothèse. 

III 

Si  l'anatomie  pathologique  et  la  pathogénie  font  défaut 
aux  unicistes,  sont-ils  plus  heureux  avec  la  clinique? 
Guyot  et  Fontan  ont  publié  de  nombreuses  observations  qui 
nous  avaient  séduit  tout  d'abord.  Nous  avions  cru  y  voir,  avec 
leur  auteur,  des  étapes  successives  qui  semblaient  conduire 
de  l'aïnhum  aux  amputations  congénitales.  Mais  ces  obser- 
vations, nous  les  avons  toute  relues,  et  nous  partageons 
maintenant  l'avis  d'Eugène  Rochard  qui,  lors  de  leur  publi- 
cation, protesta  contre  l'étiquette  qu'on  leur  donnait  et  les 
conclusions  que  l'on  en  tirait.  Pour  lui  alors,  comme  pour 
nous  à  cette  heure,  les  cas  de  Guyot  et  de  Fontan  sont  des 
observations  banales  d'amputation  spontanée  et  il  n'en  est 
pas  une,  si  on  l'examine  avec  soin,  qui  s'écarte  du  type 
ordinaire  des  exérèses  congénitales. 

Prenons  en  effet  les  caractères  cardinaux  de  l'ainhum  et 
des  amputations  congénitales.  En  premier  lieu  l'aïnhum 
n'atteint  que  les  adultes  et  les  amputations  spontanées  sont 
congénitales  par  définition  même.  Dans  les  soixante  ou 
quatre-vingts  observations  que  nous  avons  colligées  dans 
les  mémoires  de  Da  Silva  Lima,  de  Pereira  Guimaraès, 
dans  la  thèse  de  Despetis,  de  Brédian,  dans  les  Archives 
de  médecine  navale^  nous  ne  trouvons  pas  un  seul  cas  o\ï 
le  malade  atteint  d'aînhum  ait  moins  de  douze  ans.  Depuis 
1869  les  faits  s'accumulent  et  cette  loi  ne  compte  pas 
encore  une  seule  exception.  Au  contraire  le  syndrome 
décrit  sous  le  nom  d'amputation  spontanée  est  toujours 
çongénitiiL  11  ne  se  trouve  ni  dans  Guyot,  ni  dans  Fontan, 
un  seul  fait  qui  contredise  notre  assertion;  il  y  a  bien  la 
fameuse  obseiTation  de  TArabe  Saïeb,  où  des  lésions  mul- 
tiples, des  amputations  et  des  striclures  auraient  apparu 
après  la  naissance,  mais  les  commémoralifs  y  sont  vraiment 
trop  obscurs  et  trop  contradictoires.  Le  malade  n'attribue- 
l-il  pas  les  mutilations  du  pied  et  de  la  main  à  des  blessures 
de  guerre  reçues  lorsqu'il  avait  quinze  ans?  Aussi  pouvons- 
nous  conclure  qu'on  n'a  jamais  vu  l'amputation  isolée  du 
cinquième  et  du  quatrième  orteil  seuls  survenir  avant  la 
puberté;  jamais  on  n'a  vu  les  malformations  multiples 
des  amputations  spontanées  apparaître  après  la  naissance. 

L'aïnhum  est  exceptionnel  chez  la  femme.  Ce  deuxième 
caractère  ressort  de  tous  les  faits  publiés  par  les  médecins 
brésiliens  et  par  les  chirurgiens  de  marine,  tandis  que  rien 
de  semblable  n'a  été  noté  pour  les  amputations  spontanées 
qui  atteignent  indistinctement  les  deux  sexes,  et  les  trois 
cas  que  nous  avons  vus  frappaient  desfillettes.  Le  troisième 
caractère,  l'aïnhum  ne  se  montre  que  dans  les  races  colo- 
rées, caractère  qui  constitue  le  fond  même  du  débat,  a 
triomphé  de  tous  les  assauts.  Qui,  en  France  ou  en  Europe, 
a  publié  depuis  1867  un  seul  cas  où  l'amputation  congé- 
nitale, notre  aïnhum  occidental,  s'il  fallait  en  croire  Fontan, 
ail  apparu  après  la  puberté  et  se  soit  borné  à  frapper  le 
cinquième  et  le  quatrième  orteil  comme  chez  le  nègre? 
Personne  à  notre  connaissance;  les  brides  annulaires 
étreignent  les  doigts  de  la  main,  la  jambe,  la  cuisse  et 
même  les  pieds,  mais  jamais  isolément  les  deux  orteils 
de  l'aïnhum.  Ces  mêmes  observations  sont  valables  pour 
démontrer  l'exactitude  du  quatrième  caractère  différentiel  : 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


31  Mai  1880 


le  siège  exclusif  de  raïnhum  aux  deux  derniers  orteils  et 
les  lésions  disséminées  des  amputations  congénitales. 

Enfin,  il  n'est  pas  jusqu'à  la  marche  de  l'exérèse 
spontanée  qui  n'ait  dans  les  deux  cas  une  allure  diffé- 
rente :  dès  qu'un  orteil  est  frappé  d'aïnhum,  le  mal  marche 
d'un  pas  inégal  peut-être  et  très  souvent  fort  lent  vers  une 
amputation  fatale,  et,  si  l'ulcéralion  met  parfois  dix  ans  à 
détacher  l'orteil,  le  résultat  du  moins  en  est  toujours  assuré. 
Dans  les  malformations  congénitales  au  contraire  le  sillon 
constricteur  a  la  plus  grande  tendance  à  rester  stalionnaire 
et  je  ne  sache  pas  qu'il  existe  un  cas  publié  où  le  chi- 
rurgien ail  assisté  lui-même  à  l'amputation  spontanée. 
Dans  l'une  des  observations  de  Lannelongue,les  parents 
disent  que  les  trois  premiers  orteils,  étranglés  h  la  nais- 
sance, tombent  successivement  dans  la  première  quinzaine 
de  la  vie  extérieure;  dans  un  fait  de  M.  ïréiat  le  malade 
affirme  que  vers  sept  ou  huit  ans  il  perdit  deux  orteils  du 
pied  droit.  Dans  un  cas  de  Menzel  l'amputation  du  médius 
eut  lieu  à  quarante-quatre  ans,  mais  à  la  suite  d'une  frac- 
ture de  l'os,  et  ce  fut  le  chirurgien  qui  pratiqua  l'exérèse^ 
Enfin,  dans  un  fait  de  Guyot,  une  femme  de  Panaupa, 
atteinte  des  multiples  lésions  des  malformations  congéni- 
tales, prétendit  que  son  médius  était  tombé  spontanément, 
il  y  avait  environ  quatre  années  de  cel^. 

Et  voilà  tous  les  cas  que  nous  avons  recueillis  d'ampu- 
tations survenues  après  la  naissance  chez  des  individus 
atteints  de  sillons  constricteurs  d'origine  congénitale.  Ou 
voit  leur  extrême  rareté  opposée  à  la  grande  fréquence  des 
exérèses  spontanées  dans  l'aînhum.  Il  n'y  a  donc  pas  une 
seule  des  affirmations  de  Guyot  et  Fontan  qui  résiste  à 
l'analyse;  leurs  prétendues  observations  d'aïnhum  sont 
des  faits  ordinaires  d'amputation  congénitale;  aussi  leur 
plaidoyer,  habile  et  subtil,  rappelle-t-il  un  peu  le  procédé 
employé  il  y  a  quelque  cinquante  ans  pour  assimiler  à 
une  poire  la  tête  de  Louis-Philippe.  Les  deux  extrêmes, 
la  poire  et  la  tête  du  roi,  étaient  parfaitement  ressemblants, 
mais  la  longue  série  des  intermédiaires  imaginés  par  le 
carricaturisle  pour  arriver  d'un  type  à  l'autre  n'existait  pas 
plus  dans  la  nature  que  les  prétendus  faits  d'aïnhum 
européens. 

N'oublions  pas  d'ailleurs  que  nos  savants  confrères  du 
Hrésil  ont  lu  nos  travaux  et  connaissent  toutes  nos  hypo- 
thèses :  depuis  48G7  ils  ont  continué  leurs  recherches  j  ils 
ont  pu  contrôler  nos  assertions;  or  les  nombreuses  publica- 
tions de  Pereira  Guimaraès,  l'observation  qu'il  vient  de 
nous  envoyer,  les  divers  mémoires  de  Da  Silva  Lima 
concluent  tous  à  l'entité  morbide  de  l'aînhum,  affection 
du  cinquième  et  du  quatrième  orteil  des  nègres  adultes. 
Aussi  la  conclusion  s'impose  et  à  cette  heure  nous  croyons, 
avec  nos  confrères  du  Brésil,  avec  le  professeur  Trélat  qui 
combattit  l'identité  dès  le  premier  moment,  avec  Eugène 
Rochard,  qui,  il  y  a  six  ans,  mena  résolument  la  bataille, 
qu'on  ne  saurait  ranger  dans  un  même  cadre  deux  affections 
qui  diffèrent  à  tant  de  points  de  vue;  l'aînhum  et  les  ampu- 
tations congénitales  sont  deux  lésions  absolument  dissem- 
blables. Paul  Reclus. 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

Ile  In  créoaote  dans  In  dyspcpale  llatalcnlc* 

A  titre  d'antiseptique,  cette  substance  a  été  recommandée 
pour  diminuer  les  fermentations.  A  cet  effet,  il  est  utile  de 


l'associer  à  un  sel  alcalin.  M.  Pepper  a  donné  la  formule 
de  l'émulsion  suivante  : 

Créosote  pure  de  hêtre X  gouttes. 

Bicarbonate  de  soude 8  grammes. 

Gomme  pulvérisée q.  s. 

Eau 150  grammes. 

Administrer  une  cuillerée  à  café  une  heure  après  le  npa^. 

Existe-t-il  de  l'atonie  stomacale  et  de  l'insuffisance  de 
sécrétion  du  suc  gastrique?  On  peut  prescrire  ringes!ion, 
une  heure  après  le  repas,  d'une  des  prises  suivantes  : 

Pepsine i  grammes. 

Créosote X  gouttes. 

Sous-carbonale  de  bismuth...»        4  grammes. 

M.  s.  a.  cl  divisez  en  trente  paquets,  que  Ton  enveloppira 
au  besoin  dans  un  cachet  ou  dans  une  capsule  gélatineuse. 

Ch.  Éloy. 

♦ 

REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

Faculté  de  médecine.  —  Cours  de  pathologie  interne 
M.  LE  professeur  Dieulâfoy. 

filyphillM  da  ponmon  et  de  la  plèvre. 

(ficçons  recueillies  par  le  docteur  Fernand  Widal,  iiileni»' 
des  hôpitaux.) 

(Suite.  — Voyez  les  n"  18, 19,  20  et -21.) 

4»  Pneumopathie  syphilitique  combinée  à  une  tuber- 
culose du  poumon  qui  lui  est  antérieure  ou  postérienre.- 
II  est  des  cas  encore  assez  nombreux  où  la  syphilis  du  pou- 
mon est  combinée  à  la  tuberculose  du  même  organe.  Celle 
association  tuberculo-syphilitique,  suivant  rexpressiori  de 
M.  Potain,  peut  se  faire  de  deux  façons  différentes  : 

a.  La  syphilis  survient  chez  un  tuberculeux  avéré,  - 
La  vérole  aggrave  toujours  la  tuberculose  en  conlribuaiilà 
Fanémie  et  à  la  débilitation  déjà  existante  de  Torganisme 
et  en  nécessitant  un  traitement  dont  l'application  mal  diri- 
gée peut  avoir  les  effets  les  plus  funestes  sur  Téconomie. 

Dans  une  clinique  de  M.  Polain  que  j  ai  déjà  eu  rocra- 
sion  de  vous  citer,  vous  trouverez  un  bel  exemple  de 
tuberculose  pulmonaire  aggravée  par  Tinlervention  de  la 
syphilis. 

b.  La  tuberculose  apparaît  chez  un  syphilitique. - 
C'est  seulement  à  la  période  tertiaire  de  la  syphilis  que  la 
tuberculose  fait  en  général  son  apparition.  Je  vous  ai  mon- 
tré dans  mes  précédentes  leçons  comment  une  syphilide 
laryngée  ulcérée  pouvait  déterminer  la  fixation  du  oacille 
de  Koch,  dans  la  profondeur  de  la  muqueuse  ;  c'est  par 
un  procédé  analogue  que  chez  un  individu  sain  et  vigou- 
reux, exempt  de  tout  antécédent  tuberculeux,  une  syphilide 
tertiaire  du  poumon  peut  devenir  prétexte  à  réclosion  de 
tubercules  dans  cet  organe.  Voilà  qui  vous  explique  pour- 
quoi, après  avoir  longtemps  cherché  en  vain  le  bacille  de 
Koch  dans  les  crachats  de  malades  porteurs  de  gommes 
pulmonaires,  vous  pourrez  finir  par  le  rencontrer  un  jour. 
Si,  dans  un  même  poumon,  le  tubercule  s'unit  ainsi  au 
syphilome,  ne  croyez  pas  qu'il  existe  un  état  anatomique 
hybride,  combinaison  de  ces  deux  lésions,  sous  forme  de 
scrofulate  de  vérole,  comme  disait  Ricord.  La  lésion  syphi- 
litique et  la  lésion  tuberculeuse  naissent,  se  développe»^ 
évoluent  côte  à  côte,  mais  séparément    et  chacune  pour 
leur  compte.  Vous  en  trouverez  la  preuve  dans  le  rapport 
que  M.  Potain  a  fait  d'une  autopsie  où  il  rencontra  des 
tubercules  disséminés  autour  d'un   bloc    de  pneumonie 
blanche  syphilitique. 


3t  Mai  i889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        —  N*  22  —    319 


Ce  que  je  viens  de  vous  dire  des  rapports  de  la  tubercu- 
lose et  de  la  syphilis  pulmonaire  nous  permet  de  para- 
phraser le  viel  adage  de  Niemeyer  et  de  dire  <  que  le  plus 
grand  danger  pour  un  phthisique  syphilitique  est  de  devenir 
tuberculeux  >. 

ïf  Syphilis  pulmonaire  héréditaire  précoce  ou  tardive. 
—  J'arrive  à  la  grande  question  de  Thérédo-Syphilis. 

La  syphilis  héréditaire  du  poumon  est  précoce  ou  tardive. 

Précoce,  elle  n'est  plus  à  démontrer  aujourd'hui.  C'est 
celle  que  Ton  rencontre  chez  les  mort-nés  et  chez  les  en- 
fants qui  ont  vécu  quelques  mois  :  elle  n'a  guère  qu'un 
intérêt  anatomo-pathologique. 

Depaul  avait  déjà  observé  chez  le  fœtus  syphilitique  por- 
teur d'altérations  cutanées  ou  viscérales  cette  lésion  du 
poumon  que  Virchow  devait  étudier  plus  tard  sous  le  nom 
de  pneumonia  alba. 

Cette  pneumonie  blanche,  bien  décrite  encore  par  Parrot 
en  1877  et  plus  lard  en  4879  par  M.  Cornil  chez  les  enfants 
morts  au  cinquième,  sixième  ou  septième  mois,  caractérise 
lu  cachexie  syphilitique  du  nouveau-né,  au  même  titre  que 
le  foie  silex  de  Gûbler.  Elle  est  bien  nommée  pneumonie 
blanche,  car  son  tissu  est  blanc  ou  grisâtre. 

La  lésion  est  tantôt  disséminée,  sous  forme  lobulaire, 
tantôt  confluente  sous  forme  pseudo-lobaire.  Les  nodules 
hépalisés  sont  lisses,  durs,  denses»  crient  sous  le  scalpel  et 
tombent  au  fond  de  l'eau. 

Les  désordres  histologiques  peuvent  se  résumer  en  trois 
mots  :  épaississement  des  |)arois  des  bronchioles  et  des 
alvéoles,  lésions  de  pneumonie  épithéliale  et  desquamative 
dans  l'intérieur  même  des  alvéoles  dont  les  cellules  sont 
tombées  en  dégénérescence  granulo-graisseuse. 

Tardive^  la  syphilis  héréditaire  du  poumon  est  moins 
'bien  connue,  mais  aussi  beaucoup  plus  intéressante.  Elle 
existe  comme  celle  du  larynx  dont  M.  Fournier  a  pu  réunir 
une  dizaine  de  cas.  La  localisation  pulmonaire  est  peut-être 
moins  fréquente,  puisque  en  1886,  sur  un  total  de  deux 
cent  douze  cas  relatifs  à  divers  accidents  de  syphilis  héré- 
ditaire tardive,  M.  Fournier,  dans  son  livre  sur  la  syphilis 
yréditaire  tardive,  n'avait  pu  réunir  que  cinq  observations 
de  phlhisie  hérédo-syphilitique.  On  peut  déjà  la  voir  sur- 
venir quelques  mois  après  la  naissance,  mais  elle  apparaît 
le  plus  souvent  vers  la  sixième  ou  septième  année,  quel- 
quelois  dans  la  vingtième  et  peut-être  même  dans  la  qua- 
rantième année  (un  cas  de  Lancereaux).  C'est  donc  le  plus 
souvent  un  accident  de  la  seconde  enfance,  de  la  jeunesse 
et  quelquefois  même  de  l'âge  mûr. 

Messieurs,  je  ne  vous  dirai  rien  des  lésions  scléro-gom- 
meuses  de  la  syphilis  pulmonaire  héréditaire  tardive.  Elles 
sont  calquées  sur  celles  de  la  syphilis  acquise;  j'éviterai 
donc  les  répétitions  en  ne  vous  les  décrivant  pas. 

Je  me  bornerai  à  vous  ciler  un  certain  nombre  d'observa- 
tions, vous  prouvant  que  des  gommes  pulmonaires  peuvent 
se  développer  chez  des  sujets  de  la  seconde  enfance,  uni- 
quement parce  qu'ils  sont  issus  de  parents  syphilitiques. 

M.  Fournier,  dans  son  livre  déjà  cité,  a  rapporté  l'his- 
toire d'un  enfant  de  sept  ans  qui,  atteint  de  lésions  hérédo- 
syphilitiques,  mourut  par  hasard  d'une  maladie  aiguë 
intercurrente.  A  l'autopsie  il  trouva  trois  petites  gommes 
pulmonaires  qui,  pendant  la  vie,  n'avaient  donné  lieu  à 
aucun  trouble  morbide. 

M.  Lannelongue  et  M.  Lancereaux  ont  observé  chacun  un 
cas  analogue.  La  constatation  de  gommes  pulmonaires 
faite  par  eux  chez  les  hérédo-syphililiques  fut  une  surprise 
d'autopsie. 

Dans  le  livre  de  M.  Fournier  vous  trouverez  encore  une 
observation  du  docteur  Latly  ayant  trait  à  une  fillette  de 
huit  ans  manifestement  hérédo-syphilitique  et  sœur  de 
plusieurs  enfants  également  infectés  de  syphilis  hérédi- 


taire. Cette  petite  malade  fut  prise  d'une  pneumopathie 
ayant  tous  les  symptômes  de  la  gangrène  pulmonaire;  elle 
éliminait  ses  produits  gommeux  par  des  crachats  couleur 
lie  de  vin  et  d'une  horrible  fétidité.  L'enfant  guérit  et 
l'évacuation  de  ses  gommes  fut  suivie  d'un  retrait  énorme 
de  l'une  des  moitiés  du  thorax, 

{A  suivre,) 


HÔTEL-DIEH.  —  SERVICE  DE   M.  LE  DOCTEUR   KIRMISSON 


Rll« 


iielpfl. 


Le  traitement  du  pied  bot  congénital  a  de  tout  temps 
attiré  l'attention  des  chirurgiens,  qui,  par  toutes  les  mé- 
thodes de  traitement,  se  sont  efforcés  de  remédier  à  cette 
terrible  difformité.  Aussi  les  procédés  se  sont-ils  multipliés 
en  suivant  en  quelque  sorte  l'évolution  pathogénique  de 
celte  affection.  Comme  l'a  fait  remarquer,  dans  deux  ré- 
centes leçons,  H.  Kirmisson,  chargé  (lu  cours  de  clinique 
chirurgicale  de  l'Hôtel-Dieu,  les  orthopédistes  anciens  met- 
taient tout  sur  le  compte  des  tendons  et  la  ténotomie  était 
alors  la  seule  opération  en  faveur.  Plus  récemment,  ce  sont 
les  os  qui  ont  été  incriminés  et  les  tarsectomies,  les  tarso- 
tomies  antérieures  ou  postérieures  se  sont  répandues  dans 
la  pratique  chirurgicale,  peut-être  au  détriment  des  procé- 
dés orthopédiques,  et  sans  donner  toujours  le  résuljtat  qu'on 
en  attendait.  11  est  bien  certain  qu'il  existe  des  déforma- 
tions osseuses,  et  notamment  une  inclinaison  du  col  de 
l'astragale  avec  saillie  de  la  tête  de  cet  os  qui  nécessitent 
une  résection  osseuse;  mais  dans  bien  des  cas,  et  particu- 
lièrement chez  les  enfants,  cette  déformation  n'est  pas  assez 
caractérisée  pour  empêcher  le  redressement,  et  ce  sont  les 
parties  molles  de  la  partie  interne  du  pied  qui  opposent  le 
plus  grand  obstacle  à  la  réduction.  Si  on  examine  la  face 
plantaire  d'un  tout  jeune  sujet  atteint  de  pied  bot  varus 
équin,  on  voit  au  niveau  de  l'articulation  de  I  astragale  avec 
le  scapholde  un  sillon  angulaire  et  profond  qui  dénote  des 
adhérences  entre  les  parties  profondes  et  les  parties  super- 
ficielles; si  on  fait  alors  des  manœuvres  pour  mettre  le  pied 
dans  la  rectitude,  on  voit  tous  les  tissus  du  bord  plantaire 
se  tendre  et  pâlir  sous  les  tractions  comme  s'ils  étaient 
prêts  à  se  rompre.  Peau,  tissu  cellulaire,  aponévrose  plan- 
taire, ligaments  sont  soudés,  adhérents  entre  eux  et  formant 
un  faisceau  de  parties  rétractées  qui  maintient  le  pied  dans 
son  attitude  vicieuse. 

M.  Kirmisson  s'est  attaché  à  faire  ressortir  ce  point  par- 
ticulier et  l'a  démontré  sur  trois  petits  malades  traités  dans 
son  sei*vice.  Il  a  même  insisté  sur  l'efficacité  du  massage 
et  des  manipulations  qui  permettent  de  ne  pas  avoir  recours 
à  une  opération  sanglante  quand  il  s'agit  d'un  enfant  qui 
vous  est  amené  immédiatement  après  sa  naissance.  Les 
manœuvres  de  redressement  commencées  dès  la  fin  du 
premier  mois,  combinées  avec  le  port  de  petites  gouttières  en 
gutta-percha,  suffisent  pour  amener  en  dix  ou  douze  se- 
maines une  amélioration  considérable  ainsi  que  cela  est 
arrivé  pour  le  premier  enfant,  qui,  atteint  d'un  varus 
équin  double  très  prononcé,  avait  au  bout  de  deux  mois  de 
traitement  le  pied  presque  dans  l'axe  de  la  jambe.  Mais 
chez  un  enfant  plus  âgé,  qui  a  fait  des  tentatives  de  marche, 
chez  lequel  le  poids  du  corps  de  l'enfant  a  augmenté  la 
difformité,  et  dont  les  tissus  sont  beaucoup  moins  souples, 
les  manipulations  ne  peuvent  suffire.  Force  est  alors  de 
recourir  à  une  opération  sanglante,  qui  devra  être  propor- 
tionnée à  rétendue  de  la  déformation.  Il  faudra,  dans  cer- 
tains cas,  pratiquer  une  ou  plusieurs  ténotomies;  dans 
d'autres,  faire  suivre  ces  sections  tendineuses  d'une  résec- 
tion osseuse,  ou  mieux  d'une  opération  ayant  pour  but,  tout 
en  coupant  les  parties  molles,  d'ouvrir  parla  même  incision 


350 


N*  22  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


31  Mai  1889 


une  articulation  qui  permettra  par  l'écarlement  des  sur- 
faces articulaires  de  remettre  le  pied  dans  une  bonne 
altitude.  C'est  ce  qu'a  réalisé  un  élève  de  Sayre,  le  docteur 
Phelps,  dans  une  opération  que  nous  décrirons  tout  à 
riieure  et  qui  a  déjà  été  pratiquée  quatre  fois  par  M.  Kir- 
misson  avec  les  meilleurs  résultats. 

II  s'agissait  dans  ces  différentes  observations  de  pieds 
bots  congénitaux  (difformité  dont  nous  voulons  seule- 
ment nous  occuper  pour  le  moment)  oui  avaient  subi, 
à  Texception  d'un  seul,  l'extirpation  de  Tastragale.  Cette 
ablation  osseuse  avait,  il  faut  le  dire,  donné  chez  ces  jeunes 
enfants  des  résultats  très  médiocres,  ce  qui  tient  à  deux 
causes  principales  qui  ont  été  mises  en  relief  par  M.  Kirmis- 
son  dans  plusieurs  leçons,  et  qui  sont  les  suivantes  :  la  non- 
efficacité  d'une  opération  quelconque  dans  la  cure  d'une 
difformité,  si  l'intervention  n'est  pas  suivie  d'un  traitement 
méthodique  par  les  appareils  et  la  non-utilité  de  l'extirpa- 
tion complète  de  l'astragale  dans  les  pieds  bols  varus 
équins  congénitaux. 

L'opération  de  Phelps  est  surtout  connue  depuis  le  con- 
grès de  Copenhague  (1884)  dans  lequel  son  auteur  en  a 
présenté  dix-huit  observations.  Elle  a  fait  fortune  en  Amé- 
rique, en  Allemagne,  et  à  Copenhague  où  Lévy  a  obtenu 
neuf  succès;  mais  elle  n'avait  pas  encore  été  pratiquée  en 
France  ou  du  moins  il  n'y  en  a  pas  encore  eu  avant  celle 
du  docteur  Kirmisson  une  seule  observation  de  publiée.  Elle 
a  pour  but  de  sectionner  à  ciel  ouvert  les  parties  molles  et 
d'ouvrir  l'articulation  astragalo-scaphoïdienne.  Pour  arri- 
ver à  ce  résultat,  on  pratique  au  niveau  de  l'interligne  arti- 
culaire cité  plus  haut  et  correspondant  à  la  coudure  angu- 
laire du  pieu  et  à  un  sillon  très  prononcé  chez  les  jeunes 
sujets,  une  incision  verticale  de  3  à  4  centimètres  qui  a 
l'étendue  de  toute  l'épaisseur  au  bord  interne  du  pied.  Le 
bistouri  coupe  successivement  la  peau,  l'aponévrose  plan- 
taire, les  tendons  des  jambiers  et  les  ligaments  de  l'articu- 
lation astragalo-scaphoïdienne.  Cette  section  se  pratique 
facilement,  sans  déterminer  d'hémorrhagie,  si  ce  n'est  un 
écoulement  sanguin  insignifiant  par  une  très  petite  collaté- 
rale de  la  plantaire  interne.  Cela  fait,  on  redresse  le  pied 
qui  se  laisse  aisément  replacer  dans  une  bonne  attitude. 

Phelps  n'est  du  reste  pas  exclusif  et  dans  les  cas  extrêmes 
où  celte  incision  ne  pourrait  suffire,  il  recommande,  comme 
l'a  fait  une  fois  M.  Kirmisson,  de  pratiquer  une  tarsectomie 
externe,  d'enlever  un  coin  du  massif  osseux  du  côté  opposé  ; 
ce  qui  permet  alors  aux  surfaces  articulaires  de  l'astragale 
et  du  scaphoïde  de  se  séparer  par  leurs  bords  internes  en 
bâillant  et  au  pied  de  se  remettre  dans  son  axe  antéro- 

fiostérieur.  Cette  pratique  est  tout  à  fait  exceptionnelle  et 
e  simple  écartement  en  forme  de  coin  (jue  permettent  l'in- 
cision verticale  et  l'ouverture  de  l'articulation  astragalo- 
scaphoïdienne  doit  suffire  dans  presque  tous  les  cas. 

On  tamponne  alors  la  plaie  avec  de  la  gaze  iodoformée  et 
on  applique  un  appareil  plâtré  bien  fait,  maintenant  le  pied 
dans  la  rectitude  pour  redresser  définitivement  l'attitude 
vicieuse.  Il  est  bien  entendu  que  l'équinisme,  s'il  existe, 
devra  être  corrigé  par  la  section  sous-cutanée  du  tendon 
d'Achille. 

Les  suites  de  cette  opération  sont  absolument  simples, 
tellement  simples  même  que  l'enfant  peut  quitter  l'hôpital 
dans  les  bras  de  sa  mère  pour  retourner  chez  lui  et  même 
partir  pour  la  province* comme  il  nous  a  été  possible  de  le 
constater. 

Au  bout  de  vingt  jours  ou  un  mois,  on  enlève  la  gouttière 
plâtrée  avec  le  premier  pansement,  et  l'on  trouve  la  plaie 
complètement  ou  à  peu  près  cicatrisée,  le  pied  étant  dans 
une  attitude  parfaite.  L'espace  libre  laissé  par  l'écarte- 
ment  des  surfaces  articulaires  s'est  comblé  et  il  sera  inté- 
ressant de  voir  la  transformation  que  subiront  plus  tard  ces 
tissus  de  nouvelle  formation,  et  de  constater  s'il  y  a  de  ce 
côté  une  production  soit  cartilagineuse,  soit  osseuse. 


Dans  les  quatre  opérations  pratiquées  par  M.  Kirmisson 
les  suites  ont  toujours  été  extrêmement  simples.  L'enfan 
n'a  pas  souffert  un  seul  moment.  Ajoutons  que  nous  avon 
suivi  les  petits  malades,  dont  l'un  est  encore  dans  le  servie 
en  observation,  et  qui  a  été  opéré  le  19  février  1889,  il  y 
par  consé(juent  plus  de  trois  mois.  Nous  avons  revu  il  v 
quelques  jours  un  autre  petit  garçon  opéré  le  7  mars.  Ce 
ueux  enfants  ont  aujourd'hui  le  pied  dans  une  atlitud 
parfaite. 

Eugène  Rochard, 

Chef  de  clinique  ckirurficale. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Syphlliographle. 

Folie  et  paralysie  générale  syphilitiques, parM.Charlei 
Mauriac,  médecin  de  l'hôpital  du  Midi. 

(Fin.  —  Voyez  les  n«»  20  et  21.) 
Deuxième  partie.  —  Paralysie  générale  syphilitique. 

Au  milieu  de  la  multiplicité  innombrable  des  phéoo- 
mènes  que  la  syphilis  fait  naître  quand  elle  s'empare  do 
cerveau,  peut-il  se  produire  quelquefois  des  combinaison^ 
plus  ou  moins  fortuites,  présentant  la  physionomie,  les 
allures,  la  marche,  la  terminaison  de  cette  grande  maladie 
nerveuse  qu'on  désigne  sous  le  nom  de  paralysie  généraUl 

Ou  bien  la  syphilis  est-elle  capable  de  créer  par  elle-même, 
directement,  sans  le  secours  d  aucune  autre  influence  élio- 
logique,  à  l'aide  des  seules  lésions  oui  lui  sont  propres, 
une  entité  morbide  absolument  semblable  à  la  paralysie 
générale? 

Entre  la  paralysie  générale  d'origine  syphilitique, 
si  tant  est  qu'il  existe  réellement  un  syndrome  qui  mérite 
ce  nom,  et  la  paralysie  générale  vraie,  exempte  de  loute 
teinte  spécifique,  y  a-t-il  une  telle  identité  de  manifestations 
phénoménales  et  de  lésions  anatomiques,  que  les  deux 
aflections  n'en  doivent  faire  qu'une,  Qu'elles  ne  pré- 
sentent entre  elles  d'autre  différence  que  leur  étiologie?    , 

Telles  sont,  dans  le  domaine  des  cérébropalbies,  les^ 
questions  qu'on  agite,  qu'on  discute,  qu'on  tente  de  ré- 
soudre (1).  ' 

En  1878,  dans  mon  Mémoire  sur  les  affections  syfh\l\-\ 
tiques  précoces  du  système  nerveux^  j'avais  abordé  cal 
problème,  et  je  m'étais  formellement  prononcé  contre  l'aki 
sorption  par  la  syphilis  du  type  classique  de  la  paralysie] 
générale.  Ma  conviction  dans  ce  sens  n  a  fait  que  s'accen^ 
tuer.  Je  maintiens,  aujourd'hui  comme  alors,  que  in 
syndromes  plus  ou  moins  analogues  à  cette  maladie,  m 
l'action  syphilitique  a  fait  naître  par  des  désordres  méning(H 
encéphaliques  n'émanant  que  d'elle,  sont  trompeurs;  qu'il! 
ne  nous  en  donnent  qu'une  fausse  image,  etquel'aulonomià 
de  la  vraie  paralysie  générale,  si  accentuée  dans  sesgrandc8| 
lignes,  si  précise  dans  ses  détails,  si  saisissante  dans  soBi 
ensemble,  n'a  été  ni  détruite  ni  même  entamée  par  la  raH 
ladie  constitutionnelle.  Qu'on  ne  s'étonne  pas  toutefois  quiH 
y  ail  eu  méprise  sur  ce  point  capital  de  pathologie  nerveuse.i 
Plusieurs  causes  ont  contribué  à  la  produire.  La  prenîière,| 
c'est  qu'il  n'est  pas  impossible  (jue  la  paralysie  général«| 
vraie  se  développe  chez  des  syphilitiques,  sans  que  l'infectioo 
ancienne  ou  récente  y  soit  pour  rien;  il  en  est  alors  d'ella 
comme  de  ces  vésanies  pures,  dégagées  de  toute  spécificité, 
qui  surviennent  parfois  dans  les  mêmes  conditions.  U 
seconde,  c'est  que  le  syndrome  pseudo-paralytique,  q^^^  est 
exclusivement  l'œuvre  de  la  syphilis,  arrive  dans  quelques 

(1)  Cette  question  a  été  mise  au  concours  par  l'Acadôniio  de  médecine.  »• 
docteur  E.  jjfesnct,  rapporteur  de  la  Commission,  a  fait  sur  les  mémoire"  r 
scotés  un  remarquable  travaU  intitulé  :  happort»  de  la  paralt/iie  générale  e( 
la  syphiliM  cérébrale,  lu  à  rAcadémie  de  médecine  le  13  octobre  i^* 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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qu'il  est  permis  de  s'y  tromper,  surtout  lorsqu'on  n'en  voit 
que  certaines  phases,  et  qu  on  ne  l'embrasse  pas  dans  la 
totalité  de  son  évolution.  La  troisième,  c'est  que  l'impulsion 


si  puissante  donnée  par  les  recherches  modernes  à  l'étude 
des  cérébropatbies  syphilitiques,  a  peut-être  dépassé  son 
but;  elle  a  créé  des  palhologistes  trop  fervents,  que  leur 
zèle  emporte  au  delà  de  la  clinique  positive  et  de  l'interpré- 
tation raisonnable.  Ils  ont  rêvé  et  poursuivi  à  outrance  la 
conquête  du  cerveau  par  la  syphilis. 

D'autres  palhologistes,  qui  étaient  nombreux  autrefois, 
mais  le  deviennent  de  moins  en  moins,  tombèrent  dans  un 
excès  contraire  ;  ils  passaient  sous  silence  la  syphilis  dans 
Téliologie  de  la  paralysie  générale,  ou  bien  ils  ne  faisaient 
quela  mentionner  et,  visiblement,  la  regardaient  comme  une 
quantité  insignifiante  et  négligeable.  I^ous  ferons  tous  nos 
efforts  pour  rester  sur  ce  terrain  scabreux  dans  la  juste 
mesure  qui  répond  à  la  réalité  des  faits. 

Fréquence.—  Il  est  évident  tout  d'abord  que  si  la  syphilis 
jouait  dans  l'étiologie  de  la  paralysie  générale  le  rôle  pré- 
pondérant qu'on  lui  attribue,  on  devrait  la  trouver  chez  la 
plupart  de  ceux  qui  sont  atteints  de  cette  dernière  alTection. 
Celle  fréquence  serait  une  preuve  qui,  sans  être  absolu- 
ment convaincante,  attesterait  cependant  l'existence  de 
relations  plus  ou  moins  étroites  entre  ces  deux  maladies. 
Enesl-il  ainsi?  D'après  M.  le  professeur  Fournier,  qui  a 
écrit  des  pages  excellentes  sur  la  pseudo-paralysie  générale 
Sjfphiiitique,  s'il  est  avéré  que  la  syphilis  aboutit  parfois  à 
ta  paralysie  générale,  elle  ne  le  fait  [)as  d'une  façon  qui 
soit  assez  habituelle  pour  devenir  significative,  pour  attes- 
ter par  évidence  numérique  un  rapport  de  causalité. 

Les  statistiques  allemandes  nous  fournissent  les  résultats 
les  plus  différents  au  sujet  de  la  proportion  des  paralytiques 
généraux  atteints  de  syphilis.  Cette  proportion  varie  entre 
12  et  78  pour  100.  Il  en  est  de  même  dans  les  documents 
recueillis  en  Angleterre,  en  Amérique  et  en  Danemark. 

En  France  on  a  trouvé  que  cette  proportion  était  peu  élevée, 
qu'elle  oscillait  entre  4  minimum  ei9  maximum.  Que  con- 
clure de  ces  chiffres?  nous  nous  bornerons  à  dire  comme 
M.  Mesnet  et  avec  un  des  auteurs  dont  il  analyse  le  mémoire 
dans  son  rapport,  que  la  syphilis  est  assez  fréquente  chez 
les  paralytiques  généraux. 

Êtiologie.  —  Ce  résultat  un  peu  vague  étant  admis,  qu'en 
conclurons-nous?  Quel  rôle  en  faut-il  déduire  pour  la 
syphilis,  dans  l'étiologie  de  la  paralysie  générale?  La  met- 
trons-nous sur  la  même  ligne  que  l'hérédité  nerveuse,  le 
surmenage,  l'alcool,  les  excès  cérébraux  ou  autres,  Tépui- 
sement  nerveux  quelle  qu'en  soit  la  cause,  et  tant  d'in- 
fluences nocives  d'ordre  commun,  qui  sont  les  causes 
acceptées  de  cette  affection?  Lui  attribuerons-nous,  au 
contraire,  un  rôle  capital  et  tout  à  fait  en  dehors  de 
son  action  dépressive  ou  anémiante,  etc.,  un  rôle  toutspéci' 
fi(jue?  Les  facteurs  généralement  reconnus  ne  seraient-ils 
alors  que  de  second  ordre,  et  incapables  d'arriver  à  pro- 
duire la  paralysie  générale,  sans  la  puissante  intervention  du 
virus  syphilitique?  Ce  virus,  à  lui  seul,  ou  secondé  par 
d'autres  influences  vulgaires,  serait-il  la  cause  suprême  de 
la  maladie?  Eh  bien,  non;  celte  manière  de  voir  est  insou- 
tenable. S'il  se  produisait  semblable  paralysie  générale,  par 
cette  intervention  5in^  qud  non.  mystérieuse  et  inexplicable 
du  virus,  où  en  seraient  l'unité,  l'autonomie  de  cette  affec- 
tion dans  ce  qu'elle  a  de  légitime  et  devrai?  Elle  flotterait 
à  la  merci  de  la  première  syphilis  venue.  Mais  ce  n'est  pas 
ainsi  que  les  choses  se  passent.  La  syphilis  réalise  sans  systé- 
matisation préméditée,  et  comme  par  un  ieu  tout  à  fait 
exceptionnel  du  hasard,  un  ensemble  de  trouoles  psychiques 
et  moteurs  qui  se  combinent  à  certains  moments' de  ma- 
nière à  faire  illusion,  mais  qui  ne  reproduisent  que  sous 


forme  d'ébauche  imparfaite  et  à  gros  traits  la  physionomie 
si  complexe  et  si  caractéristique  de  la  vraie  paralysie  gêné* 
raie. 

Le  rang  numérique  qu'occupe  la  pseudo-paralysie  géné- 
rale syphilitique  parmi  les  autres  formes  des  cérébrosyphi* 
loses,  est  fort  peu  élevé.  Elle  est  beaucoup  moins  fréquente 
que  les  formes  hémiplégiques,  aphasiques  et  coiivulsives.  En 
m'en  rapportant  à  mon  expérience  personnelle,  je  trouve 
qu'on  la  rencontre  nettement  formulée,  quarante  fois  moins 
souvent,  à  peu  près,  que  le  syndrome  aphasie  avec  hémi- 
plégie droite.  Peut-être  cette  proportion  est-elle  encore  trop 
forte. 

Sur  la  quantité  innombrable  desyphilis  oui  se  contractent, 
il  n'y  en  a  qu'un  nombre  relativement  rort  restreint  qui 
aboutissent  au  tertiarisme  et  aux  déterminations  viscérales. 
Mettons  le  cinquième,  et  c'est  certainement  là  le  maximum. 
Sur  ce  cinquième,  combien  se  produira-t-il  de  cérébrosy- 
philoses,  et  parmi  ces  cérébrosyphiloses,  combien  de 
pseudo-paralysies  générales  spécifiques?  Sans  fixer  de 
chiffres,  il  n'est  pas  difficile  de  les  pressentir  extraordi- 
nairement  faibles,  surtout  si  on  les  met  en  regard  du 
nombre  immense  des  paralysies  générales  vraies  qui  en- 
combrent les  asiles  d'aliénés. 

Comment  dès  lors  ne  pas  être,  à  priori,  choqué  par  l'as- 
sertion des  palhologistes  qui  accordent  à  la  syphilis  une 
prédominance  marquée  dans  l'étiologie  de  cette  maladie? 
Comment  ne  pas  repousser  avec  énergie  Tétranffe  affirma- 
tion de  ceux  qui,  comme  M.  Kjelberg,  prétendent  que  la 
paralysie  générale  progressive  ne  se  développe  jamais  dans 
un  organisme  complètement  indemne  de  syphilis,  soit 
héréditaire,  soit  acquise? 

Anatomie  pathologique.  —  Pour  bien  montrer  les  ana- 
logies et  les  aifférences  qui  existent  entre  la  paralysie  géné- 
rale vraie  et  la  pseudo-paralysie  générale  des  syphiliticfues, 
il  faut  mettre  en  regard  et  comparer  les  lésions  encéphaliques 
qui  leur  sont  propres.  Ce  qui  caractérise  les  lésions  qui 
produisent  la  paralysie  générale  vraie,  c'est  la  diffusion 
uniforme;  aussi  l'a-t-on  nommée  périencéphalite  diffuse. 
Dans  les  cérébrosyphiloses,  il  se  forme  des  foyers  plutôt  que 
des  désordres  régulièrement  étalés  et  continus.  La  dissémi- 
nation est  un  de  leurs  principaux  caractères.  Elle  se  fait  çà 
et  là,  au  centre,  à  la  périphérie,  dans  les  noyaux,  sur 
l'écorce,  sur  les  méninges,  aux  racines  ou  sur  le  trajet  des 
paires  crâniennes,  d'un  côté  ou  de  l'autre,  etc.,  sans  se 
soumettre  à  aucune  systématisation,  si  ce  n'est  à  une  pré- 
dominance marquée  pour  les  lobes  antérieurs. 

Nous  voilà  loin  de  la  diffusion  uniforme  si  particulière- 
ment remarquable  dans  la  paralysie  générale.  Eh  bien, 
quand  les  cérébrosyphiloses  s'incarnent  plus  ou  moins  exac- 
tement en  ce  type,  quelles  sont  les  lésions  qui  suscitent  et 
qui  expliquent  cette  modalité  symptomalique  exception- 
nelle? Elles  se  rapprochent  à  un  certain  degré,  de  celles 
qui  appartiennent  à  la  périencéphalite.  Toutefois  les  mé- 
ninges y  sont  plus  épaissies,  plus  hyperplasiées,  plus 
durcies  par  la  sclérose.  Au-dessous,  le  cerveau  leur  adhère 
et  présente  à  divers  degrés  les  infiltrations  embryonnaires, 
les  dégénérescences  fibreuses  qui  l'atrophient  et  étouffent 
ses  éléments  actifs.  Les  foyers  sont  en  général  peu  accusés. 
L'élément  scléreux,  si  répandu  dans  toutes  sortes  de  lésions, 
et  qui  par  lui-même  n'a  rien  de  spécifique,  l'emporte  sur 
l'élément  gommeux  qui  s'y  rencontre  rarement.  Enfin,  dans 
les  deux  maladies,  ce  sont  les  deux  lobes  frontaux  qui 
sont  les  plus  atteints.  La  syphilis  surtout,  par  sa  symphyse 
méningo-cérébrale,  les  étreint  et  les  étouffe. 

Telles  sont  les  analogies.  Quant  aux  différences,  elles 
consistent  précisément  dans  l'absence  d'une  diffusion  aussi 
uniforme,*  aussi  concertée  que  dans  la  périencéphalite 
diffuse.  De  plus,  la  sclérose  prédomine  beaucoup  plus  dans 
les  méninges  que  dans  le  cerveau  chez  les  syphilitiques, 


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tandis  que  c'est  le  contraire  chez  les  paralytiques  généraux. 
Nous  ne  connaissons  pas  encore  assez  par  le  menu  et  dans 
tous  ses  détails  Tanatomie  pathologique  de  la  fausse  para- 
lysie générale  syphilitique  pour  pousser  plus  loin  le  paral- 
lèle. Un  pareille  pénurie  ne  prouve-t-elle  pas  la  rareté  de 
celle  forme  des  cérébrosyphiloses? 

Essayons  cependant  de  rapprocher  et  de  comparer  plus 
étroitement  les  lésions  propres  à  chacune  de  ces  affec- 
tions. Dans  la  paralysie  générale  typique,  les  lésions 
occupent  toute  retendue  des  centres  nerveux  et  non  pas  seu- 
lement les  méninges  et  Tencéphale,  comme  on  Tavait  cru 
tout  d'abord.  Voici  quelles  sont  ces  lésions  :  épaississement 
et  adhérence  des  méninges  au  crâne  et  au  cerveau,  surtout 
au  niveau  des  lobes  frontaux.  Atrophie  des  circonvolutions. 
Augmentation  de  la  cavité  des  ventricules  qui  sont  hérissés 
de  granulations  sclérosiques.  Diminution  de  volume  du  cer- 
veau. La  sclérose  interstitielle  diffuse  qui  l'envahit  dans 
toute  son  épaisseur  part  d'un  côté  d'une  des  méninges  et 
d'un  autre  côté  de  la  surface  épendymaire  des  ventricules. 
La  phlegmasie  débute  probablement  par  la  paroi  des  petits 
vaisseaux  et  par  la  névroglie.  —  La  périencéphalite,  l'encé- 
phalite interstitielle,  l'épendymile  sont  représentées  dans 
la  moelle  par  des  lésions  analogues  :  myélite  diffuse  périé- 
pendymaire  et  périphérique,  et  méningite  chronique.  Bien 
que  plus  prononcé  au  cerveau,  le  processus  sclérosique  très 
systématisé  et  toujours  identique  à  lui-même  frappe  donc 
tout  le  centre  nerveux  et  devient  cérébro-médullaire. 

Dans  les  cas  de  cérébrosyphiloses  simulant  plus  ou  moins 
bien  la  paralysie  générale,  on  a  noté  une  grande  variété  de 
lésions:  altérations  osseuses,  et  surtout  diverses  formes  de  la 
pachyméningite.  Toutefois  Mendel  a  trouvé  que  sur  cin- 
quante-sept cas,  dix  fois  la  dure-mère  n'était  pas  touchée.  Les 
altérations  de  l'arachnoide  et  de  la  pie-mère  ont  élé  les  plus 
fréquemment  observées,  avec  prédominance  dans  les  régions 
frontales  et  pariétales.  —  On  a  noté  aussi  l'hydropisie  de 
l'arachnoide  et  de  celle  des  ventricules  avec  leur  dilatation. 

Atrophie  du  cerveau  et  en  particulier  des  lobes  frontaux, 
avec  prolifération  nucléaire  extraordinaire.  Sclérose  de 
toute  la  masse  cérébrale  avec  diminution  et  disparition  des 
éléments  nobles  du  cerveau.  —  Altérations  vasculaires  : 
MM.  Esmarck  et  Jelsen  en  trouvèrent  chez  un  vieux  syphi- 
litique devenu  paralytique  général;  Tarière  cérébrale  pos- 
térieure et  la  oasilaire  étaient  athéroniateuses,  les  nerfs 
moteurs  oculaires  communs  des  deux  côtés,  noueux,  triplés 
de  volume  et  transformés  en  une  masse  lardacée.  —  Le  tri- 
jumeau droit  et  l'oculaire  externe  étaient  le  siège  d'une 
altération  analogue.  MM.  Binswanger,  Arnd,  Schûle,  con- 
statèrent la  sclérose  des  petits  vaisseaux  artériels. 

M.  Schullz  trouva  chez  un  paralytique  général  arrivé  à  la 
quinzième  année  de  sa  syphilis,  uneartériosyphilose  typique 
de  presque  toutes  les  artères  de  la  base  de  l'encéphale.  On  a 
également  signalé  des  anévrysmes  fusiformes  multiples. 

€  En  somme,  dit  M.  Rumpf,  à  qui  j'emprunte  ces  détails, 
les  altérations  vasculaires  semblent  être  les  plus  fréquentes 
lésions  de  la  paralysie  générale  syphilitique,  bien  que  leur 
développement  soit  extrêmement  variable  dans  quelques 
cas.  j>  —  A  l'appui  de  cette  proposition,  l'auteur  rapporte 
trois  observations  personnelles.  En  voici  deux  :  à  la  qua- 
torzième année  de  la  syphilis,  chez  un  homme  de  quarante- 
trois  ans,  troubles  de  la  vue,  diplopie,  mauxde  tête;  puis  le 
malade  devint  léger,  prodigue,  se  mita  boire,  eut  du  délire 
furieux,  du  délire  des  grandeurs  et  mourut.  On  trouva  une 
méningite  de  la  convexité,  un  thrombus  de  la  basilaire  avec 
obturation  de  la  cérébrale  postérieure  gauche  ;  atrophie  des 
deux  nerfs  optiques,  ventricules  un  peu  dilatés,  petite 
tumeur  du  volume  d'un  pois  à  la  partie  moyenne  du  corps 
strié,  contenant  des  bacilles  de  la  syphilis  (?).  —  Au  bout  de 
cinq  ans  de  syphilis,  chez  un  officier  exempt  d'antécédents 
nerveux,  troubles  psvchiques  graves,  puis  délire  furieux, 
hallucinations,  tremblement  fibrillairéde  la  langue,  (roubles 


caractéristiques  de  la  parole,  accèsconvulsifs,  mort.— Apart 
une  légère  altération  de  l'artère  basilaire  et  une  adhérence 
entre  la  pie  mère  de  la  convexité  et  la  substance  corticale, 
l'examen  macroscopi()ue  donna  peu  de  renseignemenls. 
A  l'examen  microscopique,  on  trouva  des  lésions  de  Técorce 
cérébrale  dans  les  lobes  frontaux  :  induration,  crevasses, 
fissures  qui  lui  donnaient  un  aspect  poreux  ;  épaississement 
avec  rétrécissement  des  petits  vaisseaux  de  la  pie-mère  qui 
se  tamisent  dans  l'écore;  infiltration  de  noyaux  répandue  en 
partie  dans  le  tissu  conjonctif  et  dans  les  gaines  advealices 
élargies  qui  entourent  les  artérioles. 

Ainsi,  il  est  incontestable  qu'il  existe  une  certaine  ana- 
logie entre  les  lésions  de  la  paralysie  générale  vraie  et 
celles  de  la  paralysie  générale  syphilitique.  Toutes  les  deux 
sont  fondamentalement  constituées  par  de  la  sclérose  encé- 
phalique et  méningitique.  Mais  sa  diffusion  est  répartie 
d'une  façon  incomparablement  plus  régulière  dans  la  pre- 
mière que  dans  la  seconde  affection.  —  Dans  la  syphilose 
pseudo-paralytique,  les  artères  sont  peut-être  plus  pro- 
fondément lésées  et  elles  le  sont  sans  aucune  systématisation. 
Les  lobes  frontaux  sont  les  plus  touchés  dans  les  deux  ma- 
ladies. 

N'est-il  pas  étonnant  qu'on  trouve  si  peu  de  tissu  gommeax 
dans  la  paralysie  générale  syphilitique?  Les  lésions  pa- 
raissent être*  tout  à  fait  d'ordre  commun  et  sans  spéciûcilé. 

Description  clinique.  —  Nous  sommes  beaucoup  mieux 
renseignés  sur  ses  symptômes.  Parmi  eux  domine  l'excita- 
tion cérébrale.  Sans  doute  elle  est  grande,  extraordinaire 
quelquefois,  poussée  jusqu'à  l'extravagance  la  plus  com- 
plète ;  mais  elle  ne  s'envole  jamais  aussi  loin  que  la  folie 
des  paralytiques  généraux.  On  dirait  qu'elle  est  retenue  au 
sol,  non  point  par  la  raison  assurément,  mais  plutôt  par 
un  lest  d'idiotie,  d'abrutissement,  de  démence  prématurée. 
En  outre,  cette  excitation  reste  vague,  sans  continuité,  sms 
but  déterminé.  Elle  n'entre  pas  en  plein  dans  la  roodalit>^ 
si  caractéristique  et  si  étonnante  de  la  vraie  paralysie  géné- 
rale. Elle  ne  devient  que  rarement  ou  que  par  éclairs  de 
la  mégalomanie.  Le  délire  ambitieux,  le  délire  des  «gran- 
deurs, du  moins  dans  ce  qu'il  a  de  grandiose  et  d'ébloui^- 
sant,  n'est  pas  son  fait.  Elle  est  plus  étriquée,  plus  arare, 
moins  royalement  prodigue  dans  ses  conceptions  délirantes. 
Le  délire  de  la  satisfaction  n'a  pas  non  plus  chez  elle 
la  même  amplitude.  Le  mot  y  est  moins  absorbant,  plus 
réservé,  plus  timide.  Il  ne  plane  pas  aussi  haut;  il  nesV- 
lance  pas  d'une  fougue  aussi  folle  ni  avec  une  aussi  absolue 
certitude  du  succès  et  du  triomphe  dans  les  gigantesques 
aventures  imaginaires  ou  se  complaît  l'idéation  démesuré- 
ment emphatique  de  la  vraie  paralysie  générale,  etc.,  etc. 

Les  désordres  de  la  locomotion  sont  loin  d'être  aussi  pro- 
noncés et  aussi  spéciaux  dans  la  cérébrosyphilose  pseudo- 
paralytique  que  dans  cette  dernière.  Ils  n'arrivent  jamais 
au  même  degré  et  au  même  ensemble  d'ataxie  motrice, 
réglée,  systématisée.  Prenons,  par  exemple,  parmi  eux  le 
tremblement  qui  occupe  une  place  si  importante,  dans  la 
phénoménalité  des  fous  paralytiques.  Il  consiste  en  une 
trémulance,  un  mouvement  fibrillaire  et  vermiculairedes 
lèvres,  de  la  supérieure  surtout  et  de  la  langue.  Il  fs' 
presque  pathognomonique.  On  ne  le  trouve  ni  sous  celte 
forme,  ni  au  même  degré  chez  les  svphilitiques;  il  f»»^ 
même  parfois  complètement  défaut.  Celui  des  inains  e>l 
plus  fréquent,  sans  atteindre  la  même  intensité,  ni  surtout 
la  même  régularité  que  dans  la  paralysie  générale. 

Pendant  ses  premières  périodes  et  même  plus  lard,  ia 
périencéphalite  diffuse  ne  détermine  d'autres  troubles  de  la 
motilité  que  des  désordres  dans  la  coordination  motnce. 
H  n'y  a  pas  paralysie  proprement  dite.  La  puissance  mus- 
culaire, loin  d'être  abolie,  conserve  toute  sa  force,  mais  elle 
ne  sait  pas  aller  droit  au  but.  Elle  manque  de  précision, 
elle  est  incoordonnée.  Ce  n'est  qu'ultérieurement,  qua"^ 


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les  lésions  encéphaliques  ont  progressé  et  se  sont  compli- 
quées d'altéi-ations  spinales,  que  la  moiililé  diminue 
d'énergie,  s'affaisse  et  transforme  son  ataxie  initiale  en  une 
parésie  et  une  paralysie  progressive  et  terminale. 

Les  choses  se  passent  tout  autrement  dans  la  pseudo- 
paralysie générale  syphilitique.  Les  troubles  moteurs  y  sont 
surtout  d*ordre  paralytique.  Et  ce  qu'il  y  a  de  bien  plus 
remarquable  et  de  plus  distinctif,  c'est  que  des  parésies  et 
des  paralysies  bien  réelles,  et  habituellement  parlielles  et 
non  généralisées,  se  montrent,  non  pas  seulement  dans  le 
décours  de  Taffection  ou  pendant  ses  phases  ultimes,  mais 
dans  la  période  initiale,  même  avant  elle  et  alors  que  la 
cérébrosyphilose  n'a  pas  encore  pris  la  physionomie  et  les 
allures  de  la  paralysie  générale.  Ce  fait  qu'une  paralysie 
oculaire,  une  monoplégie,  une  hémiplégie  faciale,  une 
hémiplégie  de  Tun  ou  de  l'autre  côté,  sont  communes  ou 
imminentes  pendant  toute  la  durée  de  la  pseudo-paralysie, 
et  à  n'importe  quel  moment,  me  parait  avoir  une  haute 
siguifi  cation. 

Parmi  les  paralysies  partielles  qui  précèdent  ou  accom- 
pagnent en  pareil  cas  les  troubles  psychiques,  les  paralysies 
de  la  troisième  paire  et  l'hémiplégie  droite  ou  gauche  sont 
de  beaucoup  les  plus  fréquentes.  Mais  ce  n'est  pas  avec 
elles  seulement  que  s'associe  la  psychose  spécifique.  Les 
attaques  brusques  de  congestion,  les  crises  épileptiformes 
se  joignent  au  cortège  de  ces  phénomènes  cérébropathiques 
qui  altèrent  à  chaque  instant  le  type  et  montrent  ce  qu'il  a 
d'artificiel  et  de  fortuitement  combiné,  plutôt  que  de  con- 
certé avec  suite  et  régularité. 

Dans  les  deux  affections  le  processus  diffère  encore  plus 
que  les  symptômes  isolés  ou  réunis.  Du  côté  de  la  psychose 
syphilitique,  l'imprévu  s'oppose  à  toute  évolution  régulière; 
il  est  impossible  de  prévoir  la  succession  des  phénomènes 
et  de  leur  assigner  un  terme.  On  est  toujours  sur  Je  qui-vive. 
Certains  désordres  se  produisent  à  l'improviste  et  à  contre- 
temps ;  d'autres  au  contraire  disparaissent,  mais  momenta- 
nément et  pour  revenir  plus  tard  on  ne  sait  quand.  Rien 
de  fixe  ni  de  calculable.  Des  sauts,  des  écarts,  des  surprises, 
une  grande  ataxie  dans  la  marche  générale  encore  plus  que 
dans' chacun  des  symptômes,  un  complexus  beaucoup  plus 
grand  dans  la  phénoménalité,  voilà  ce  qu'on  observe.  Com- 
parez ce  processus  désordonné  à  l'évolution  continue  et 
mesurable  en  sa  progression  régulière  de  la  vraie  paralysie 
générale.  Ici  du  moins  vous  savez  toujours  où  en  sont  les 
choses.  Vous  pouvez  déterminer  le  début,  circonscrire  les 
périodes,  supputer  leur  durée,  assigner  un  terme  plus  ou 
moins  probable  à  tel  ou  tel  phénomène,  prévoir  sa  dispari- 
tion et  son  remplacement  par  un  autre,  juger  de  la  marche 
dans  ses  détails  et  dans  son  ensemble;  en  un  mot  vous 
rendre  d'avance  un  compte  à  peu  près  exact  de  l'affection 
à  tous  ses  moments. 

L'état  général  n'est  pas  aussi  compromis  que  pourraient 
le  faire  supposer  le  nombre  et  la  gravité  des  troubles 
nerveux.  Qu  il  s'agisse  d'une  paralysie  générale  vraie  ou 
sypliilitique,  les  malades  conservent  pendant  des  mois  et 
des  années  une  santé  matérielle  presque  parfaite.  Ce  con- 
traste entre  le  physique  et  le  moral  est  peut-être  plus  frap- 
pant dans  la  première  que  dans  la  seconde. 

Si  dans  cette  dernière  on  trouve  parfois,  à  la  longue,  la 
détérioration  particulière  qui  constitue  la  cachexie  spéci- 
Hque  propre  aux  profondes  viscéropathies  syphilitiques,  en 
revanche  nous  avons  contre  tons  ces  désordres  la  ressource 
du  traitement  spécifique.  Il  est  consolant  de  savoir  que, 
contrairement  à  la  vraie  paralysie  générale  qui  est  absolu* 
ment  incurable,  la  pseudo-paralysie  syphilitique  peut  être 
guérie.  Je  ne  dis  pas  que  cela  ait  lieu  dans  tous  les  cas  ; 
malheureusement  il  s'en  faut  de  beaucoup.  Mais  ce  qu'on 
est  en  droit  d'espérer,  et  ce  qu'on  obtient  presque  toujours, 
c'est  une  grande  amélioration.  Il  y  a  des  cas  où  le  mercure 
et  l'iodure  ont  réellement  ressuscité  des  malades.  Gr&ce  à 


eux,  la  cachexie,  les  désordres  psychiques  ou  moteurs^  les 
convulsions,  les  ictus  apopiectiformes  ont  été  réprimés 
dans  ce  qu'ils  avaient  de  plus  dangereux.  Sans  doute  il 
est  rare  que  les  malades  sortent  parfaitement  indemnes 
d'une  aussi  grave  détermination.  Il  leur  en  reste,  dans  la 
grande  majorité  des  cas,  des  infirmités  incurables;  ils  sont 
menacés  par  des  retours  offensifs.  Hais  enfin  ils  vivent  ; 
leur  existence  peut  même  se  prolonger  très  longtemps  et 
leurs  jours  ne  sont  pas  comptés  comme  ceux  des  paraly- 
tiques généraux.  Le  pronostic  est  donc  très  différent  dans 
les  deux  cas. 

Pour  terminer  ce  parallèle  et  montrer  que  la  paralysie 
générale  des  syphilitiques  ne  doit  pas  être  confondue  avec 
la  paralysie  générale  vraie,  mais  que  cependant  elle  la 
simule  quelquefois  au  point  de  rendre  le  diagnostic  très 
difficile,  je  vais  résumer  un  cas  que  j'ai  observé. 

M.  X...,  âgé  de  trente  ans,  étudiant  en  médecine,  con- 
tracta la  syphilis  en  1877  et  n'eut  comme  accidents  consé- 
cutifs que  de  la  roséole  et  des  plaques  muqueuses.  Traite- 
ment énergique  à  cette  époque  et  depuis,  presque  ininter- 
rompu pendant  sept  années.  Rien  cependant  d'extraordi- 
naire jusqu'en  1883.  Il  se  produisit  alors  une  mydriase  du 
côté  gauche;  elle  guérit  rapidement.  On  crut  qu'une  affec- 
tion spécifique  de  la  moelle  allait  se  déclarer  ;  il  n'en 
fut  rien,  et  c'est  le  cerveau  qui  commença  à  se  prendre 
insensiblement.  Impossible  d  incriminer  une  cause  autre 

3ue  la  syphilis,  car  le  sujet  n'était  ni  alcoolioue,  ni 
ébauché,  ni  rhumatisant.  —  Diminution  graduelle  des 
facultés  intellectuelles,  impossibilité  de  travailler  et  do 
passer  ses  examens.  Ses  idées  devinrent  confuses,  fixes  ou 
très  mobiles  et  presque  toujours  enfantines  et  ridicules.  Ce 
processus  psyrhopathi«|uesefit  très  lentement.  Il  s'accentua 
surtout  en  août  et  en  septembre  1887  (dixième  année  de  la 
syphilis).  Il  se  produisit  alors  un  peu  d'embarras  de  la 
parole,  qui  était  insensible  le  matin  et  ne  devenait  sérieux 
que  dans  la  journée  ou  sous  l'influence  d'une  émotion  un 
peu  vive. 

En  février  1888,  attaque  de  congestion  cérébrale  avec 
affai.ssement  musculaire  et  sans  perte  de  connaissance, 
mais  suivie  de  délire,  d'agitation,  de  paralysie  de  l'avant- 
bras  du  côté  gauche,  d'incertitude  dans  la  marche  et  même 
d'impossibilité  de  marcher.  La  crise  dura  trois  jours.  Elle 
était  survenue  en  pleine  santé,  si  bien  qu'on  croyait  tout 
fini. 

Quand  on  me  conduisit  le  malade,  deux  semaines  après, 
la  paralysie  avit  complètement  disparu,  mais  les  mains 
étaient  fort  maladroites.  11  marchait  très  bien  et  faisait  des 
courses  de  8  à  10  kilomètres.  Jamais  de  convulsions.  Ce 
qui  était  atteint  chez  lui  c'était  l'intelligence.  L'encéphalo- 
pathie  avait  une  forme  essentiellement  psychique  :  enfan- 
tillages, idées  fixes,  extravagantes,  conceptions  délirantes, 
suivies  d'actes  déraisonnables,  affaiblissement  considérable 
de  la  mémoire  et  accès  de  colère,  humeur  sombre.  M.  X... 
bredouillait,  parlait  à  tort  à  travers,  radotait,  revenait  sans 
cesse  sur  les  mêmes  idées,  et  avait  la  physionomie  d'un 
idiot,  d'un  hébété,  d'un  individu  à  moitié  ivre.  Force  mus- 
culaire et  sensibilité  intiictes  et  égales  des  deux  côtés. 
Écriture  assez  bonne,  meilleure  que  n'aurait  pu  le  faire 
supposer  l'état  cérébral. 

J  instituai  un  traitement  spécifique  énergique.  Ce  traite- 
ment fut  mal  suivi  à  cause  d'une  diarrhée  très  forte. 
Néanmoins,  trois  semaines  après,  amélioration  très  grande 
surtout  du  côté  de  la  mémoire.  Difficulté  de  la  parole  un 
peu  moindre.  Idées  toujours  puériles.  —  Plus  d'accès  extra- 
vagants. Pleurs  sans  cause,  mais  humeur  moins  noire  et 
gaie.  Rien  du  côté  du  mouvement  ni  de  la  sensibilité. 
Santé  générale  très  bonne.  Même  traitement. 

Je  perdis  M.  X...  de  vue  pendant  six  mois.  Quand  il 
revint  à  ma  consultation,  je  le  trouvai  dans  une  disposition 


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31  Mai  1889 


d'esprit  optimiste  qui  se  réfléchissait  sur  sa  figure  toujours 
souriante.  Il  avait  l'air  enchanté  de  lui-même  et  se  décla- 
rait complètement  guéri.  Et,  en  effet,  il  causait,  lisait, 
écrivait,  se  souvenait  presque  aussi  bien  que  si  son  cerveau 
n'eût  jamais  été  malade.  Mais  sa  parole  restait  un  peu 
hésitante  et  il  y  avait  (|uelque  chose  de  traînant  et  de 
puéril  dans  sa  prononciation,  —  Force  musculaire  très 
considérable  lui  permettant  des  exercices  gymnastiques 
compliqués  et  des  courses  énormes.  —  Écriture  excellente, 
rédaction  parfaite  de  certains  cours  qu'il  suivait,  etc.  Tout 
cela  aurait  pu  faire  croire  à  une  guérison  complète  ;  mais 
un  sourire  un  peu  niais  restait  stéréotypé  sur  les  lèvres. 
De  temps  en  temps  un  propos  enfantin  se  faisait  jour  et  les 
idées  d  une  nature  un  peu  trop  ambitieuse  pointaient  çà  et 
là,  etc.  Aucune  crise  congestive  depuis  celle  de  février. 

Eh  bien,  que  pensez-vous  de  ce  fait?  Est-ce  la  fausse 
paralysie  générale  syphilitique  ou  la  paralysie  générale 
vraie?  —  Y  aurait-il  entre  nous  quelque  divergence  d'opi- 
nion sur  le  diagnostic,  ou  bien  sommes-nous  d'accord?... 
Oui^  sans  aucun  doute,  du  moins  sur  le  traitement. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

AMidémIe  de  médeeliie. 

SÉANGIi:  OU  28  MAI   1889.   —  PRÉSIDENCE 
DE  H.   MAURICE  PERRIN. 

M.  le  docteur  Séjouvnet  (do  Revin,  ArdeoQos)  envoie  uqo  note  manusorile  sur 
une  infraetian  fréquente  A  la  loi  liouitel. 

M.  le  docteur  Commenge  adresto  uno  brochure  sur  Ut  atiomaliei  vaeeinëlet. 

M.  Bergeron  présonle  un  ouvraifo  iniUuIé  :  L'auvre  de  Davaine. 

M.  Léon  Le  Fort  dépose  la  douzième  partie  de  la  0'  ddiiion  du  Manuel  de  méde- 
cine opératoire  de  Malgaigne. 

M.  Riche  préaento»  de  la  part  de  M.  Lajoux,  un  volume  intitulé  :  Heeherche*  et 
doeumenu  du  laboratoire  municipal  de  Reimt. 

M.  Peter  dépose  un  travail  de  M.  le  docteur  La  Terre  (de  Rome)  sur  le  traite- 
ment de4  fibromet  utérint  par  l'électrolyte. 

OvARO-SALPiNGiTES.  —  M,  le  docteur  Terrillon  commu- 
nique la  statistique  et  les  observations  de  cinquante  ovaro- 
salpingites  qu'il  a  traitées  par  la  laparotomie. 

D'après  lui,  les  salpingites  simples,  catarrhales,  avec 
adhérenceset  épaississementdes  parois  de  la  trompe,  le  plus 
souvent  d'origine  blennorrhagique  ou  ayant  succédé  à  des 
fausses  couches,  donnent  des  résultats  presque  constamment 
excellents.  Souvent  même  l'ablation  d'un  seul  côté,  qui  est 
le  plus  malade,  surtout  dans  les  cas  anciens,  produit  des 
guérisons  rapides  et  durables.  Les  salpingites  hémorrha- 
giques  laissent  assez  souvent  après  elles  des  troubles  variés, 
soit  à  cause  de  leur  volume  qui  entraine  des  désordres  opé- 
ratoires étendus,  soit  à  cause  de  leur  durée,  car  elles  datent 
ordinairement  de  plusieurs  années. 

Quant  aux  salpingites  muco-purulentes  et  surtout  puru- 
lentes, ce  sont  elles  qui  sont  les  plus  dangereuses.  Cepen- 
dant, quand  elles  sont  volumineuses  et  qu'on  ne  peut  les 
enlever,  le  drainage  par  la  laparotomie  donne  de  bons  résul- 
tats, puisque  cinquante  malades  ainsi  traitées  ont  guéri.  Les 
autres,  plus  petites,  qu'on  est  obligé  d'enlever,  sont  graves, 
car  leur  rupture  dans  le  péritoine  n'est  pas  rare  au  moment 
de  l'ablation  ;  c'est  ainsi  que  M.  Terrillon  a  perdu  deux 
malades.  Cependant  il  croit  qu'avec  des  lavages  abondants 
et  le  drainage  profond  du  péritoine,  on  pourra  éviter  ces 
accidents.  Deux  cas  récents,  opérés  dans  ces  conditions  à  la 
Salpétrière,  lui  ont  montré  que  ces  opérations  sont  moins 
dangereuses  qu'on  ne  pouvait  le  penser  tout  d'abord.  Par 
contre,  les  salpingites  tuberculeuses  sont  celles  qui  donnent 
les  résultats  les  moins  encourageants,  surtout  à  cause  des 
difficultés  opératoires  qu'on  rencontre  toujours  pour  les 
enlever  en  totalité.  Tantôt  il  a  pu  enlever  les  deux  annexes, 


tantôt  un  seul  côté  a  pu  être  opéré.  Une  de  ses  opérées  est 
morte,  mais  il  a  obtenu  des  améliorations  très  manifestes  de 
ses  autres  malades  et  il  croit  que  dans  l'avenir  il  ne  faudn 
pas  hésiter  à  faire  bénéficier  ces  malades  de  l'intervention 
chirurgicale,  quand  elle  est  anatomiquement  bien  nettement 
indiauée,  car  on  peut  espérer  souvent  obtenir  de  bons 
résultats,  même  dans  les  cas  compliqués  d'autres  tubercu- 
loses localisées.  —  (Le  mém*oire  de  M.  le  docteur  Terrillon 
est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Verneuil,  Duplay  et  Comil.) 

Croup.  —  M.  le  docteur  L.  Cohen  lit  un  mémoire  sur  le 
croup  diphthérique,  considéré  comme  une  manifestation 
herpétique  du  larynx  et  son  traitement. 

Rage  tanagétique.  —  Les  expériences  de  M.  le  docteur 
Peyraud  (de  Libourne)  sur  la  rage  tanacélique  donnent 
lieu  à  un  rapport  de  M.  Trasbot,  dont  les  conclusions  sont 
les  suivantes  : 

L'essence  de  tanaisie  injectée  dans  les  veines  à  certaines 
doses,  produit  chez  les  lapins  une  intoxication  dont  les 
symptômes  se  rapprochent  ae  ceux  de  la  rage.  La  solution 
de  ctiloral  à  10  pour  100,  mélangée  avant  les  inoculations 
au  virus  rabique,  parait  en  diminuer  et  même  en  détruire 
les  propriétés  virulentes. 

L  essence  de  tanaisie  injectée  autour  du  point  où  une 
inoculation  rabique  a  été  pratiquée,  semble  avoir  empêché 
le  développement  de  la  rage  sur  un  certain  nombre  u  ani- 
maux U  sur  6),  tandis  que  chez  les  animaux  témoins,  ino- 
culés aans  les  mêmes  conditions,  1  sur  6  seulement  a  sur- 
vécu. Quoique  ces  chiffres  soient  insuffisants  pour  affinuer 
une  immunité  ac(|uise  par  les  injections  d'essence  de 
tanaisie  contre  les  inoculations  rabiaues,  ils  n'en  constituent 
pas  moins  un  témoignage  favoraole  dans  une  certaine 
mesure  aux  opinions  soutenues  par  M.  Peyraud.  Aussi 
serait-il  à  désirer  que  des  expériences  reprises  sur  un  ijIhs 
grand  nombre  d'animaux  vinssent  confirmer  ces  premiers 
résultats. 

Pour  les  injections  de  chloral  faites  après  inoculation  sur 
six  animaui,  il  n'y  a  eu  que  deux  survivants,  tandis  que  sur 
les  six  animaux  témoins,  un  seul  a  survécu.  Quant  à  la 
valeur  préventive  des  injections  d'essence  de  tanaisie  pour 
s'opposer  au  développement  de  la  rage  inoculée  après  les 
injections,  elles  ont  fourni  des  résultats  encore  moins 
importants.  Après  ces  injections,  les  animaux  inoculés  dans 
la  chambre  antérieure  de  l'œil  avec  du  virus  rabique  ont 
donné  les  résultats  suivants:  sur  neuf  animaux,  deux  seu- 
lement ont  été  préservés;  quatre  sont  morts  de  la  rage  et 
trois  de  mort  accidentelle.  Toutefois,  tous  les  témoins 
iuoculésde  la  même  façon  ont  succombé. 

Ce  sont  là  des  chiffres  qui  montrent  combien  il  est  né- 
cessaire d'étudier  à  nouveau  cette  influence  de  l'essence 
de  tanaisie  dans  le  traitement  de  la  rage  chez  les  animaux. 

Diabète.  —  M.  Albert  Robin  présente,  dans  un  mémoire 
considérable,  des  considérations  de  chimie  biologique  appli- 
quée à  la  thérapeutique  du  diabète.  Il  conclut  ainsi  qu'il 
suit  : 

!•  Les  modifications  que  les  lois  de  l'échange  subissent 
dans  les  maladies  éclairent  la  pathogénie  de  celles-ci  et 
deviennent  la  source  d'indications  thérapeutiques  certaines. 
La  connaissance  des  effets  produits  sur  les  échanges  nor- 
maux par  un  médicament  permet  de  pressentir,  avant  tout 
emploi,  ses  réelles  applications  thérapeutiques.  Il  y  a  lieu 
de  reviser,  à  ce  double  point  de  vue,  la  physiologie  des 
maladies  et  celle  des  médicaments.  Cette  élude  faite,  la 
thérapeutique  entrera  dans  une  voie  nouvelle  ;  elle  pourra 
revendiquer  le  titre  de  rationnelle  et  répudier  définitive-  j 
ment  les  tâtonnements  du  passé. 

2*  La  chimie  biologique  démontre  qu'il  y  a  chez  le 
diabétique,  non  seulement  une  exagération  de  tous  les  actes 
de  la  nutrition  générale,  mais  encore  une  suractivité  spé- 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         —  N«  22  —    355 


ciale  de  certains  organes  au  premier  rang  desquels  figu- 
reiil  le  foie  et  le  système  nerveux.  Le  fait  indéniable  de 
la  suractivité  de  la  nutrition  générale  et  de  la  cellule 
hépatique  commandée  par  une  excitation  nerveuse  directe 
ou  réflexe,  doit  donc  être  le  pivot  de  la  thérapeutique  du 
diabète.  On  peut  affirmer  d'avance  que  tout  médicament 
qui  ralentit,  par  un  procédé  quelconque,  les  excitations 
générales  et  celles  du  système  nerveux  diminuera  à  coup 
sûr  la  glycosurie.  Mais  un  médicament  n'aura  chance  de 
réussir  dans  le  diabète  que  s'il  retarde  les  excitations 
générales  par  l'intermédiaire  de  son  action  primitive  sur 
le  système  nerveux  et  s'il  n'exerce  pas  sur  les  fonctions  de 
re  système  une  action  suspensive  trop  énergique.  Les 
moyens  thérapeutiques  oui  accélèrent  la  dénutrition  doivent 
être  écartés  à  priori.  Il  est  démontré  soit  cliniquement, 
soit  expérimentalement  qu'ils  n'ont  donné  aucun  résultat 
favorable. 

3'  Par  conséquent,  les  indications  thérapeutiques  du 
diabète  peuvent  être  formulées  ainsi  :  a.  Soustraire  à  l'or- 
ganisme, par  un  régime  approprié,  les  matériaux  de  pro- 
duction du  sucre  et  priver  la  cellule  hépatique  de  ses 
excitants  fonctionnels;  b.  Ralentir  la  désassimilation  géné- 
rale et  la  formation  de  glycogène  à  l'aide  de  moyens  thé- 
rapeutiques qui  diminuent  les  actes  chimiques  de  la  vie 
organique  par  l'intermédiaire  de  leur  action  primitive 
sur  le  système  nerveux. 

—  L'Académie  se  forme  ensuite  en  comité  secret,  afin 
d'entendre  la  lecture  d'un  rapport  de  M.  Hérard  sur  les 
candidats  au  titre  d'associé  national.  La  liste  de  présenta- 
tion est  la  suivante  :  1**  (médecine  vétérinaire)  M.  Lafosse 
(de  Toulouse), 2* (chirurgie)  M.  Sirus-Pirondi  (de Marseille), 
;l' (médecine)  MM.  Raimbert  (de  Chàteaudun)  et  Willemin 
(de  Vichy),  4*  (chirurgie)  M.  Hergott  (de  Nancy)  et  Azam 
(de  Bordeaux). 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  4  juin  est  fixé  ainsi 
qu'il  suit  :  1°  Suite  de  la  discussion  sur  le  diabète  (Inscrits  : 
MM.  Oujardin-Beaumetz,  Worms)  ;  2"  Communication  de 
M.  Germain  Sée  sur  un  nouveau  diurétique  ;  S**  Lectures 
par  MM.  les  docteurs  Berger  et  Bouloumté. 


SMt^lé  médieale  dos  hôplianx. 

SÉANCE  DU  24  MAI  1889.   —  PRÉSIDENCE  DE  M.  CADET 
DE   GASSICOURT. 

La  Société  procède  à  la  discussion  des  conclusions  du 
rapport  de  la  Commission  chargée  d'étudier  les  mesures  à 
prendre  pour  combattre  la  transmission  des  maladies  conta- 
gieuses dans  les  hôpitaux  d'enfants.  (Yoy.  le  numéro  du 
17  mai  1889,  p.  326.) 

La  conclusion  I,  d'abord  adoptée,  est  ensuite  mise  de 
nouveau  en  discussion  et  renvoyée  à  la  Commission  pour  en 
modifier  Ja  rédaction. 

Les  conclusions  II  et  III  sont  adoptées. 

La  conclusion  IV  est  renvoyée  à  la  Commission  pour 
adjonction  de  la  coqueluche  au  nombre  des  maladies  émi- 
nemment contagieuses  nécessitant  l'isolement  dans  un  pa- 
villon spéciaL 

La  conclusion  Y  est  adoptée  sous  la  forme  suivante,  pro- 
posée par  M.  Richard  :  a  Dans  la  construction  des  pavillons 
futurs,  l'Administration  est  invitée  k  remplacer  les  grandes 
salles  par  des  petites  ;  en  aucun  cas  la  contenance  de  ces 
salles  ne  pourra  excéder  six  k  huit  lits.  » 

--  La  suite  de  la  discussion  est  renvoyée  à  la  prochaine 

séance. 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures. 


Boelét^  de  chirurgie. 

SÉANCE  DU  15  MAI  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  M.  LE  DENTU. 

.Oangrtaes  et  brûlures  par  raoide  phènlque  :  M.  Luoas-Champlon- 
nlère.  —  Renversement  du  nez  en  bas  pour  enlever  les  tumeurs 
des  fosses  nasales  :  M.  OUler  (Oisoussion  :  M.  Trëlat).  —  Section 
extemporanèe  de  l'éperon  dans  l'anus  contre  nature  :  H.  RI- 
chelot.  —  Ablation  des  myomes  utérins  {|ar  la  voie  vaginale  : 
M.  TerriUon  (Discussion  :  M.  BouUly). 

M.  LucaS'Championnière  a  observé  un  cas  de  gangrène 
digitale  et  un  cas  de  brûlure  consécutivement  à  lapplica" 
tion  de  solutions  phéniquées  trop  cencentrées.  Ces  acci- 
dents tiennent  parfois,  en  partie,  à  une  susceptibilité  spé- 
ciale de  la  peau.  Peut-être  sont-ils  plus  fréauents  lorsque 
les  applications  caustiques  ont  lieu  sur  des  plaies  par  écra- 
sement, particulièrement  prédisposées  à  la  gangrène. 

—  M.  Ollier  présente  un  malade  auquel  il  a  fait  Yostéo-- 
tomie  bilatéral  et  verticale  du  nez  avec  renversement  de 
cet  organe  en  bas  pour  Fablation  d'une  tuîneur  des  fosses 
nasales,  tumeur  qui  est  probablement  un  kyste  congénital 
apnt  envahi  à  un  moment  donné  l'orbite,  d'où  une  inci- 
sion pratiquée  par  M.  Le  Fort,  puis  une  autre  par  M.  Re- 
clus. À  l'aide  de  cette  opération  préliminaire — que  M.  Ollier 
préconise  depuis  1875  pour  1  ablation  des  polypes  naso- 
pharyngiens  —  on  a  une  voie  fort  large  pour  aoorder  les 
fosses  nasales.  De  plus,  le  nez  une  fois  suturé,  la  difformité 
est  très  légère. 

M.  Trélaty  pour  les  tumeurs  qui  n'occupent  qu'une  des 
fosses  nasales,  préfère  l'incision  unilatérale  de  Desprez  (de 
Saint-Quentin).  Les  parties  molles  une  fois  divisées,  on 
abat  ce  qu'on  veut  de  la  paroi  osseuse  externe  des  fosses 
nasales  et  Ton  a  autant  de  jour  qu'on  en  a  besoin.  Au  point 
de  vue  plastique,  le  résultat  définitif  est  meilleur  que  par 
l'abaissement  du  nez  en  totalité. 

—  M.  Richelot  fait  une  communication  sur  la  section 
extemporanèe  de  t éperon  dans  la  cure  de  Vanus  contre 
nature.  Cette  opération  a  été  pratiquée  autrefois,  avec  de 
très  mauvais  résultats.  L'entérotomie  de  Dupuytren  a  été 
un  progrès  considérable.  Mais  son  application  est  doulou- 
reuse ;  quel(^uefois  dangereuse,  par  pincement  d'une  anse 
au  delà  de  Teperon,  ou  par  épanchement  de  matières  ster- 
corales  dans  le  péritoine,  des  adhérences  ne  s'étant  pas 
établies.  Aussi  certains  auteurs,  en  Allemagne  surtout,  se 
déclarent-ils  partisans  de  la  laparotomie  suivie  d'enlérecto- 
mie  et  d'entérorraphie  circulaire.  Mais,  quoi  qu'on  en  dise, 
c'est  une  méthode  assez  périlleuse.  M.  Richelot  a  eu  à  soi- 
gner un  homme  un  peu  aliéné,  qui  à  chaque  instant  arra- 
chait son  pansement  :  il  eût  sans  nul  doute  arraché  l'en- 
térotome;  la  laparotomie  eût  été  bien  aléatoire.  Aussi 
l'éperon  a-t-il  été  sectionné  à  l'instrument  tranchant,  entre 
deux  pinces  hémostatiques  préalablement  placées,  et  en 
dedans  desquelles  les  lèvres  de  l'incision  ont  été  suturées 
deux  à  deux,  à  la  soie.  Trois  semaines  après,  l'oriflce  cutané 
a  été  fermé.  Il  a  persisté  une  petite  fistule,  due  sans  doute 
à  l'indocilité  du  malade,  et  on  n'a  pas  pu  s'en  occuper  da- 
vantage, car  il  a  fallu  évacuer  le  patient  sur  un  asile 
d'aliénés. 

—  M.  Gouguenheim  présente  un  malade  au(^uel  il  a 

i pratiqué  la  dilatation  d'un  rétrécissement  syphilitigue  du 
atT/nx  à  l'aide  des  sondes  graduéesde  Schrœtter  (de  Vienne). 
Le  cathétérisme  se  fait  par  la  bouche,  et  la  sonde  est  laissée 
en  place  au  plus  pendant  une  heure.  Le  malade  avait  été 
tracbéotomisé  il  j  [a  cinq  ans  [par  M.  Richelot,  et  depuis 
cette  époque  il  avait  été  impossible  de  jamais  fermer  1  ori- 
fice de  la  canule.  La  dilatation  avec  la  pince  de  Fauvel,  les 
débridements  au  galvanocautère  avaient  échoué.  Aujour- 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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d'hui  la  canule  est  peu  près  constamment  fermée  depuis 
trois  mois. 

M.  Lucas-Chatnpionnière  suit  depuis  quatre  ans  un  ma- 
lade auquel  il  a  d'abord  refait,  par  une  série  d'opérations 
plastiques,  un  conduit  laryngien,  le  larynx  ayant  été  écrasé 
par  une  courroie  de  transmission.  Puis  cette  voie  cicatri- 
cielle a  été  dilatée  à  l'aide  de  calhéters  de  Beniqué  en 
étain,  fort  commodes  à  cause  de  leur  malléabilité.  A  un 
calibre  déterminé,  M.  Championière  a  fait  fabriquer  quel- 

3ues  cathéters  du  volume  voulu.  Les  premiers  essais  de 
ilatation  ont  été  assez  pénibles;  ils  causaient  de  la  suffo- 
cation. Aujourd'hui  le  malade,  bien  habitué,  se  sonde  lui- 
même.  Il  porte  une  canule  spéciale,  à  cheminée,  et  se 
trouve  en  bon  état. 

H.  Dcxprés  lui  aussi  a  eu  par  la  dilatation  de  bas  en  haut, 
avec  les  beniqués,  deux  succès  temporaires  pour  des  rétré- 
cissements «dits  »  syphilitiques,  ayant  d'abord  nécessité  la 
trachéotomie.  Mais  la  récidive  est  constante  et  on  ne  peut 
pas  enlever  avec  sécurité  la  canule. 

M.  Chauvel  a  eu  deux  échecs  par  la  pince  de  Fauvel. 

M.  Gouguenheim  répond  à  M.  Després  qu'il  a  vu  à  Vienne 
des  malades  que  M.  Schrœtter,  à  leur  grand  contentement, 
a  débarrassés  de  leur  canule. 

—  M.  Terrillon  fait  une  communication  sur  Vnblation 
par  la  voie  vaginale  des  fibromes  utérins  à  implantation 
large.  L'opération  se  fait,  en  une  séance,  après  dilatation 
oudiscisiun  du  col.  Puis  la  tumeur  est  enlevée  par  mor- 
cellement. Cette  méthode  est  celle  de  Baker-Brown,  de 
Péan.  M.  Terrillon  y  a  eu  recours  cinq  fois,  avec  d'excel- 
lents résultats  ;  il  morcelle  la  tumeur  par  écrasement,  à 
l'aide  d'une  forte  pince.  L'opération  est  indiquée  pour  les 
fibromes  qui  font  saillie  vers  la  cavité  utérine  et  ()ui  déter- 
minent des  accidents  hémorrhagiques  et  douloureux,  ou 
septiques.  Deux  des  malades  de  M.  Terrillon  perdaient  en 
grande  quantité  une  sérosité  un  peu  sanguinolente  dont  la 
rétention  causait  de  temps  à  autre  des  crises  fort  sérieuses. 
Lorsque  des  accidents  existent,  il  est  indiqué  de  dilater  le 
col  utérin  et  de  bien  se  rendre  compte  si  la  tumeur  est 
accessible  par  la  cavité  utérine;  et  même  deux  fois,  l'abla- 
tion ayant  été  impossible,  la  dilatation  du  col  a  fait  cesser 
les  accidents. 

M.  Bouilly  appuie  l'opinion  de  M.  Terrillon  :  c'est  nne 
onération  efficace  et  bénigne.  Sur  cinq  malades,  toutefois, 
M.  Bouilly  en  a  perdu  une.  Mais  il  s'agissait  d'une  tumeur 
énorme,  déjà  enlevée  en  partie  en  une  première  séance  que 
rhémorrhagie  avait  contraint  d'interrompre;  la  deuxième 
séance  a  fait  succomber  en  vingt-quatre  heui*es,  dans  le 
choc,  celte  femme  épuisée.  La  guérison  des  quatre  autres 
a  été  prompte.  Sur  l'une  d'elles,  le  fibrome  était  putréfié  et 
M.  Bouilly  a  eu  soin  de  désinfecter  d'abord  la  région  par 
des  lavages  antiseptiques.  Une  autre  avait  subi  la  castra- 
tion, mais  les  hémorrhagies  avaient  reparu  au  bout  d'un 
an.  M.  Bouilly  fait  le  morcellement  par  sections  cunéi- 
formes aux  ciseaux  et  non  par  écrasement.  L'hémorrhagie 
est  en  général  fort  légère. 


SÉANCE  DU  22  MAI  1889.  —  PRÉSIDENCE  DE 
H.  LE  DENTU. 

Traitement  des  fibromes  utérins  :  MK.  Ouèniot,  Begond,  Poszi, 
Desprës.  —  Amputations  congénitales  et  ainhum  :  11 .  Pereira  y 
Ooimaraes  (Rapporteur  :  M.  Reoias  ;  discussion  :  MK  Trélat,  Lan- 
nelongue).  —  Qastrotomie  pour  corps  étranger  :  M.  Terrier  (Dis- 
cussion :  MM.  Ollier.  Lannelongue). 

M.  Guôniot  parle  du  traitement  des  polypes  de  l'utérus. 
Il  s'attache  surtout  à  démontrer  que  souvent  la  vascularité 
de  ces  tumeurs  est  beaucoup  plus  grande  qu'on  ne  le  dit  ; 
que  le  morcellement  est  dès  lors  aisément  dangereux.  Il 


faut  sectionner  le  pédicule  au  serre-nœud.  M.  Despré\ 
maintient  que  le  vrai  polype  fibreux  n'est  que  peu  vasm- 
lairc.  Bevenant  sur  le  point  spécial  dont  s'est  occupa 
M.  Terrillon,  il  montre  que  cette  opération  a  été  faite  autre- 
fois par  Huguier  pour  les  fibromes  du  col,  par  Amassai  et 
Maisonneuve  pour  ceux  du  corps,  mais  que  la  fréquence  de 
la  perforation  de  l'utérus  par  ces  manœuvres  y  a  laii 
renoncer. 

M.  Segond  a  fiiit,  en  s'appuyant  sur  des  faits  plus  mo- 
dernes, quelques  restrictions  dans  le  même  sens.  Les  surrê> 
de  MM.  Terrillon  et  Bouilly  démontrent  que  l'opéralinn 
discutée  est  souvent  bonne,  et  M.  Segond  a  aussi  eu  parfois 
à  s'en  louer.  Mais  il  ne  faut  pas  se  dissimuler  les  danirers 
immédiats  d'une  intervention  certainement  faite  un  peu  à 
l'aveugle  :  il  existe  un  assez  grand  nombre  de  cas  de  moit<. 
Il  serait  donc  bon  qu'on  précisât  les  indications  ;  qu'on  in- 
diquât la  manière  de  reconnaître  si  la  masse  à  énucléer  eM 
séparée  de  la  surface  péritonéale  par  une  coque  utérine 
sutïlsamment  épaisse.  Or  c'est  précisément  ce  qui  est  lai^^c 
dans  l'oinbre,  en  particulier  dans  la  thèse  de  M.  Sccbevroii. 

M.  P«2;:t  appuie  l'opinion  de  M.  Segond  et  conseille  de 
ne  pas  trop  se  laisser  tenter  par  la  voie  vaginale  pourlouipx 
les  grosses  tumeurs  faisant  saillie  du  côté  de  la  cavité  nié- 
rinc. 

—  M.  Reclus  lit  un  rapport  sur  une  observation  (Va'inhmn 
adressée  par  M.  José  Pereira  y  Guimaraes  II  conclut  à  la 
non-identité  de  l'ainhum  et  des  amputations  congénitaks 
(voy.  p.  345). 

M.  Trélat  a  déjà  fait  valoir,  il  y  a  huit  ans,  les  argummil^ 
plaidant  contre  cette  identification  d'une  maladie  congéni- 
tale, à  manifestations  multiples  et  variées  et  d'une  maladie 
non  congénitale, à  siégea  peu  près  constant,  frappant  à  peu 
près  exclusivement  le  nègre.  M.  Reclus  vient  de  faire  h 
démonstration. 

M.  Lannelongue,  an  1881,  a  soutenu  l'identité  :  il  recon- 
naît son  erreur,  comme  il  l'a  déjà  fait  d'ailleurs,  dans  la 
thèse  de  son  élève  Druillet  sur  1  ectrodactylie.  Mais  peut- 
être  ne  faui-il  pas,  pour  les  amputations  congénitales,  exa- 
gérer la  constance  des  strictions  par  un  lien  extérieur;  car 
sans  cela  il  faudrait  admettre  que  le  processus  par  lequid 
font  défaut  des  métatarsiens  ou  des  métacarpiens  est  lou* 
jours  différent  de  celui  qui  cause  l'ectrodactylie.  Cet  argu- 
ment, développé  autrefois  par  Broca,  a  une  grande  valeur. 

—  M.  Terrier  présente  un  malade  auquel  il  a  extrait,  par 
la  gastrotomie^  une  fourchette  logée  dans  l'estoraac  et 
sentie  par  la  palpation  à  i'épigastre.  Ce  fait  banal  n'a  d'in- 
térêt qu'au   point  de  vue   du    manuel  opératoire.  Jusqu'à 

Rrés^nt,  on  a  toujours  fait  une  incision  latérale  gauche. 
I.  Terrier  a  eu  recours  h  une  incision  médiane  sus-ombi- 
licale, non  pas  seulement  parce  que  le  corps  étranger  faisait 
saillie  à  I'épigastre,  mais  parce  que,  le  corps  étranger 
n'étant  souvent  pas  senti,  la  laparotomie  doit  souvent  être 
avant  tout  exploratrice.  Or  l'incision  médiane  permet  seule 
de  s'y  bien  reconnaître  et  de  s'assurer  que  le  corps  dutlélil 
est  bien  dans  l'estomac. 

M.  Ollier  a  vu  deux  malades  qui  ont  refusé  ropéralion 
et  chez  lesquels  le  corps  étranger  était  senti  à  gauche.  C'ft 
donc  à  gauche  qu'il  se  proposait  d'inciser,  après  avoir, 
d'autre  part,  expérimenté  sur  le  cadavre  la  voie  médiane. 
M.  Po/ai7/o»  a  observé  un  malade  sur  lequel  on  ne  sentait 
rien  au  palper;  mais  la  fourchette  était  en  fer  et  l'aiguille 
aimantée  a  permis  d'affirmer  son  existence  dans  l'estomac 
et  de  penser  qu'elle  y  était  transversale.  Dans  ces  conditions,  , 
il  fallait  logiquement  inciser  â  gauche,  et  la  fourchittene  I 
fut  sentie  qu'une  fois  le  doigt  introduit  dans  Tesloniac 
ouvert. 

M.  Terrier  trouve  précisément  là  un  argument  contre 


;il  Mai  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         -.  N»  22  —    357 


rincision  latérale  dans  les  cas  où  le  diagnostic  n*est  pas 
assure  par  le  palper  et  où  la  fourchette  n'étant  pas  en  ter, 
raiguille  aimantée  n'est  d'aucun  secours.  Par  Tincision 
médiane,  on  saisit  ù  volonté  l'estomac  entre  deux  doigts  et 
il  est  impossible  de  ne  pas  déterminer  s'il  contient  ou  non 
une  fourchette, 

A.  Broga. 


Société  de  biologie. 

SÉANCE   DU    25   MAI    1889.  •—   PRÉSIDENCE 
DE    M.   BROWN-SÉQUARD. 

Accidents  produits  par  la  lumière  èleotrique  :  M  Fèré.  —  Modifi- 
cations de  la  pression  artèrieUe  chez  les  èpileptiques  :  M.  Fèré.— 
Sur  la  dualité  des  hémisphères  oèrèbrauz  ;  M.  Dupuy.  —  Êpilepsie 
par  irritation  de  la  dure-mère  M-  Dupuy.  —  filet  Inhibitoire 
des  injections  sous-cutanées  de  chloroforme  :  M.  Dupuy. 

M.  Féré  a  eu  l'occasion  d  observer  chez  une  jeune  femme, 
névropathe  d*ailleurs,  une  série  d  accidents  produits  par  la 
lumière  électrique  :  nausées,  céphalée,  et  surtout  troubles 
notables  du  côté  de  l'appareil  visuel,  tels  qu'insensibilité 
de  la  cornée,  de  la  conjoiiclive,  des  paupières,  et  amblyo- 
|)ic  qui  persista  pendant  quelque  temps,  ainsi  d'ailleurs  que 
les  autres  phénomènes. 

--  M.  Féré  a  étudié,  à  l'aide  du  sphygmomètre  de  Uloch, 
les  modifications  de  la  pression  artérielle  chez  les  épilep- 
li(|ues  :  pendant  l'aura,  la  pression  s'élève  beaucoup;  lors- 
que les  convulsions  ont  pris  fin,  il  y  a  au  contraire  abais- 
sement de  la  pression.  On  observe  les  mêmes  phénomènes 
dans  les  simples  accès  d'excitation  psychique.  Si,  au  mo- 
ment d'un  de  ces  derniers,  on -produit  au  moyen  de  la  ven- 
louse  de  Juiiod  ou  d*un  bain  sinapisé,  une  vaso-dilatation 
fousidérable,  l'excitation  psychique  s'atténue  plus  ou  moins 
rapidement  et  disparaît  pour  un  temps  plus  ou  moins  long. 

—  M.  Dupuy  a  observé  une  jeune  fille  qui  peut  faire 
mouvoir  simultanément  ses  deux  yeux  dans  deux  plans  dif- 
féreiils;  cependant  la  perception  n'a  lieu  qu'avec  un  seul 
u'il.  11  y  a  plusieurs  années,  il  avait  observé  toute  une  fa- 
mille dont  les  enfants  étaient  ambidextres;  chez  ces  enfants, 
quand  une  main  exécutait  un  mouvement,  l'autre  main 
pvéculait  le  même  mouvement.  De  ces  faits  et  d'autres  faits 
analogues,  M.  Dupuy  conclut  qu'il  y  a  deux  cerveaux  qui 
)ieuvent  fonctionner  simultanément  ou  se  remplacer  com- 
ulêlement.  Chez  un  individu  donné,  ainsi  que  le  soutient 
il.Brown-Séquard,  à  un  moment  donné,  il  n'y  a  en  exercice 
qu'un  seul  centre  de  perception. 

—  M.  Dupuy  a  répété  sur  des  chiens  les  expériences 
qu'il  avait  réalisées  sur  des  lapins  et  qui  consistent  à  déter- 
miner des  accès  d'épilepsie  par  simple  irritation  de  la  dure- 
mère;  quand  l\inimal  a  été  préalablement  chloroformé,  on 
obtient  néanmoins  le  même  résultat.  De  plus,  M.  Dupuy  a 
éludié  comparativement  le  temps  perdu  de  la  réaction  après 
Texciialion  de  la  dure-mère  ou  après  celle  de  l'écorce  céré- 
luale;  ce  temps  perdu  est  plus  long  dans  le  premier  cas. 

—  M.  Dupuy  a  constaté  depuis  assez  longtemps*  l'effet 
inhibitoire  qui  résulte  de  l'iniection  sous-cutanée  (dans  la 
profondeur  des  muscles)  de  quelques  gouttes  de  chloro- 
forme :  par  ce  moyen  les  douleurs  dues  à  des  névrites  dis- 
paraissent immédiatement. 


Société  de  tliérapen tique. 

SÉANCE  DU  8  MAI    1889.  —  PRÉSIDENCE  DE   M.  FERNET. 

Du  traitement  delà  diphthèrte  :  MU.  QoldBOhmidt  (de  Strasbourg). 
Cadet  de  OaaBicourt,  G.  Paul,  Hallopeau,  VIgier.  E.  Labbé. 

La  vSociété  a  reçu  une   lettre  de  M.  Goldschmidt  (de 
Mrasbourg)  dans  laquelle  l'auteur  déclare  avoir  obtenu 


d'excellents  résultats  du  perchlorure  de  fer  contre  la 
diphthérie.  Il  l'administre  à  l'intérieur  :  une  cuillerée  à 
café  d'une  solution  à  5  pour  100  de  perchlorure  à  30  de- 
grés, toutes  les  deux  heures,  jour  et  nuit.  Cinq  minutes 
après,  il  donne  un  peu  de  bouillon  et  de  lait.  Lors  de 
dtphthérie  nasale,  il  lait  des  irrigations  dans  le  nez. 

H.  Cadet  de  Gassicourl^  répondant  aux  attaques  directes 
formulées  par  M.  Guelpa  dans  la  précédente  séance,  dé- 
clare qu'il  admet  toute  la  valeur  des  découvertes  et  des 
expériences  récentes  au  sujet  de  la  nature  parasitaire  de 
la  diphthérie,  mais  qu'il  n*en  croit  pas  moins  indispen- 
sable de  s'occuper  du  terrain  sur  lequel  évolue  le  microbe, 
c'est-à-dire  de  soutenir  et  de  relever  l'état  général  des 
malades.  Certes  il  admet  depuis  longtemps  que  la  diph- 
thérie est,  au  début,  une  affection  locale,  et  qu'il  est  utile 
de  la  combattre  localement,  mais  il  ne  faut  pas  pour  cela 
déprimer  les  forces  du  sujet;  il  faut  éviter  (le  troubler  les 
fonctions  digestives  et  de  supprimer  le  sommeil.  D'ailleurs 
les  enfants,  en  pareil  cas,  ne  dorment  pas  si  profondément 
(|u'on  ne  puisse  faire  trois  ou  quatre  badigeonnnges  ou 
irrigations  pendant  la  nuit  sans  être  obligé  de  les  réveiller. 
Enfin,  si  le  traitement  local  est  excellent,  du  moins  ne 
possédons-nous  pas  encore,  en  dépit  des  assertions  enthou- 
siastes de  M.  Guelpa,  un  agent  topique  infaillible  :  on  ne 
peut  que  chercher  à  faire  de  son  mieux,  en  attendant  qu'il 
soit  découvert.  D'autre  part,  on  a  le  droit  d'être  surpris  du 
grand  nombre  de  diphthériques  que  rencontrent  certains 
médecinsà  médication  exclusive  et  merveilleuse,  guérissant 
dans  tous  les  cas.  N'y  a-l-il  pas  de  leur  part  quelque  illu- 
sion, bien  involontaire  sans  doute,  et  quelque  tendance  à 
voir  partout  de  la  diphthérie.  M.  Combv,  qui  voit  environ 

fiar  au  7000  malades  au  dispensaire  d'Enfants  dont  il  est 
e  médecin,  ne  rencontre  sur  ce  nombre  que  8  ou  10  cas 
de  diphthérie.  Comment  expliquer  les  chiffres  donnés  par 
certains  praticiens?  —  Quant  à  la  trépnnation  de  l'antre 
d'Highmore  proposée  par  M.  Guelpa  pour  arriver  dans 
quelques  cas*  à  faire  des  irrigations  nasales,  elle  est  inac- 
ceptable; et  quant  à  la  trachéotomie,  elle  reste,  quoi  qu'il 
en  dise,  une  opération  sérieuse  que  l'on  doit  réserver 
comme  suprême  ressource. 

M.  C.  Paul  est  entièrement  d'avis  que  le  traitement 
topique  local,  employé  énergiquement  dès  le  début, 
constitue  la  meilleure  chance  de  succès.  Pour  enle- 
ver les  fausses  membranes  avant  de  procéder  à  l'applica- 
tion du  topique  antiseptique,  il  a  d  ordinaire  recours  à 
l'emploi  du  doigt  enveloppé  d'un  linge  un  peu  rude  :  c'est 
encore  le  meilleur  instrument  en  pareil  cas. 

M.  Cadet  de  Gassicourt  s'est  servi,  pour  combattre  loca- 
lement la  diphthérie,  du  naphtol  camphré,  mais  les  mem- 
branes se  reproduisent  assez  nipidement.  Avec  l'acide  sali- 
cyiique  dans  la  glycérine  (1  gramme  pour  9  grammes)  la 
reproduction  est  moins  hâtive  et  la  nouvelle  fausse  mem- 
brane est  très  mince.  Jusqu'ici,  c'est  encore  la  mixture 
nhéniquée  préconisée  par  M.  Gaucher  qui  lui  a  paru  donner 
les  meilleurs  résultats.  Il  pratique  d'ailleurs  toutes  les 
heures  de  grandes  irrigations.  Enfin  il  évite  autant  que  pos- 
sible de  produire  des  éraillurcs  de  la  muqueuse  en  badi- 
geonnant la  gorge. 

M.  Hallopeau  a  employé,  il  y  a  une  dizaine  d'années, 
dans  un  service  d'enfants  dont  il  était  alors  charge,  une 
solution  d'acide  salicylique  dans  l'eau,  laglycérine  et  l'alcool; 
il  en  a  obtenu  de  bons  effets. 

M.  Ft^t^rfait  remarquer  qu'en  ajoutant  de  l'eau  à  l'alcool 
on  précipite  facilement  une  portion  de  l'acide  salicylique 
dissous;  la  glycérine  semble  un  meilleur  véhicule. 

M.  Boymond  rappelle  qu'on  augmente  le  degré  de  solu- 
bilité en  ajoutant  du  benzoate  de  soude. 

M.  E.  Labbé  objecte  qu'il  se  fait  alors  une  décomposition 


358    -  N*  22  -         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


31  Mai  1889 


da  sel  de  soude  donnant  lieu  à  du  salicylale  de  soude 
dont  les  effets  ne  sont  sans  doute  pas  identiques  à  ceux  de 
l'acide  salicylique.  La  nécessité  de  faire  disparaître  les 
fausses  membranes  diphlhéritiques  et  de  combattre  locale- 
ment le  germe  morbide  ne  doit  pas  cependant  conduire  le 
médecin  à  pratiquer  des  écorcliures,  de  véritables  plaies 
de  la  muqueuse.  Enfin  l'alimentation  bien  dirigée  est 
essentiellepour  soutenir  les  forces  du  malade,  et  le  sommeil 
doit  être  respecté  dans  la  mesure  compatible  avec  la  mise 
en  œuvre  d'un  traitement  actif  et  efficace. 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie. 

André  Petit. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

Sttr  nii  cft«   de  trftB«|ilftiitft<loii  de  peau  eftrelnomAteufle, 

par  M.  Hahn.  —  Chez  une  femme  atteinte  d'un  cancer  du  sein 
ea  cuirasse,  on  excisa  un  fragment  de  peau  malade,  qui  fut 
transplante  par  le  procédé  de  Reverdin  en  une  région  saine  ; 
inversement  on  ferma  avec  un  lambeau  sain  la  plaie  ainsi  pro- 
duite. La  cicatrisation  fut  obtenue  sous  un  pansement  iodoformé. 
Deux  mois  plus  tard,  quand  la  malade  mourut,  on  constata, 
d'une  part,  Teuvahissement  du  cancer  dans  les  greffes  saines,  et 
d  autre  part,  la  propagation  aux  tissus  voisins  des  greffes  cancé- 
reuses. De  là  le  conseil  d'éviter,  dans  l'ablation  de  ces  tumeurs, 
de  toucher  les  parties  saines  avec  des  tissus  malades,  et  de  ne 
pas  se  servir  pour  la  réunion  de  la  plaie  des  instruments  qui  ont 
servi  à  Texlirpalion  proprement  dite.  {Berliner  klinischc 
Wockcnschrift,  n»21, 1888.) 

De  Is  preMyldxie  de*  flèvreii  rAla^CvcA  P*r  1*  «alalae,  par 

M.  Graeser.  —  Après  Schweinfurlh,  en  Afrique,  Hertz  à  Ams- 
terdam, et  d'autres  encore,  l'auteur  a  eu  l'occasion,  dans  ses 
voyages  dans  l'Extrême-Orient,  d'expérimenter  le  pouvoir  pro- 
phylactique de  la  quinine,  et  d'en  constater  l'efficacité.  Tandjouk- 
Priok,  port  de  Batavia,  a  une  telle  réputation  d'insalubrité  que 
pendant  longtemps  les  bâtiments  ont  refusé  d'y  entrer,  bien  que 
ce  port  fût  le  seul  de  Java  où  on  pût  aborder  à  quai.  C'est  là 
que  l'auteur  a  fait  prendre  à  l'équipage  dont  il  était  le  médecin, 
pendant  quinze  jours  environ,  des  doses  journalières  de  quinine 
de  50  centigrammes  ou  de  1  gramme  dans  du  genièvre.  Les  cas 
de  fièvre  palustre  diminuèrent  d'un  tiers,  et  présentèrent  moins 
de  gravité  que  précédemment,  ainsi  qu'on  a  pu  le  constater  en 
consultant  les  registres  du  bord.  Celte  influence  prophylactique 
fut  constatée  dans  cinq  voyages. 

Plus  récemment,  le  docteur  Buwalda,  médecin  du  vaisseau 
hollandais  le  Conrarly  a  fait  distribuer  à  l'équipage  de  la  qui- 
nine pendant  son  séjour  à  Tandjouk-Priok,  dans  le  moment  le 
plus  malsain  de  l'année.  Chez  tous  ceux  qui  ont  pris  le  médi- 
cament, il  n'y  eut  ni  accès  de  fièvre  ni  intumescence  de  la  rate; 
deux  officiers  seulement,  qui  n'avaient  pas  voulu  prendre  de  qui- 
nine, furent  atteints  d'accès  violents. 

Les  pâtres  de  la  Sardaigne,  quand  ils  descendent  dans  la 
plaine,  prennent  de  la  quinine  pour  se  préserver  de  la  fièvre. 
Il  n'y  a  pas  bien  longtemps  que  Eichhorst.a  écrit  :  c  L'usage  pro- 
phylactique de  la  quinine  est  sans  utilité;  on  a  vu  des  ouvriers 
des  fabriques  de  quinine  être  atteints  des  fièvres  palustres.  > 
De  nombreuses  observations  tendent  à  prouver  que  cette  opi- 
nion n'est  pas  justifiée;  on  ne  peut  prétendre  que  les  ouvriers 
qui  respirent  des  poussières  de  quinine  en  prennent  à  dose 
thérapeutique.  11  serait  utile  que  de  nouvelles  recherches  soient 
entreprises  sur  ce  point  pour  déterminer  à  quelle  dose  et  pen- 
dant combien  de  temps  il  faut  prendre  de  la  quinine  pour  être 
préservé  des  fièvres  palustres.  (Berliner  klinische  Wochens- 
chrift,  n«"  42  et  53,  1888.) 

Du  trsitemeiit  de  rérysli^le  par  l'sleeel,  par  M.  BehrenO. 
—  Parmi  les  substances  qui  tuent  le  coccus  de  l'érysipèle,  il 


faut  ranger  l'alcool  absolu  à  90  degrés.  L'auteur  a  fait  à  ce  sujc 
des  expériences  cliniques  sur  des  malades  d'une  prison  d< 
femmes  où  les  érysipèles  sont  très  fréquents.  Il  a  constaté  Tutl^ 
lité  de  l'alcool  même  dans  des  cas  très  graves  qui  ont  été  ainsi 
rapidement  guéris.  Dans  l'érysipèle  de  la  face  dès  que  la  rou 
geur,  l'induration  et  la  douleur  se  sont  montrées,  et  avant  l'appa 
rition  de  symptômes  généraux  il  a  fait  faire  trois  fois  par  joui 
des  lotions  énergiques  avec  de  l'alcool  absolu  à  90  degrés;  l(>> 
lotions  dépassaient  même  un  peu  les  limites  de  la  rougeur.  Lt^ 
phénomènes  locaux  se  sont  immédiatement  arrêtés,  et  en  moins 
de  trois  à  cinq  jours  ont  disparu,  sans  réaction  générale. 

Chez  une  dame  sujette  à  de  fréquentes  rechutes  d'un  érysipMf 
du  membre  inférieur,  il  employa  avec  le  même  succès  ce  trai- 
tement, qui  fut  continué  après  guérison,  au  point  de  vue  pro- 
phylactique. L'iintenr  recommande  ce  traitement  qu'il  considère 
comme  absolument  certain.  (Berliner  klinische  Wochenschrift, 
28  janvier  1889.) 


BIBLIOGRAPHIE 

OBavres  complètea  de  J.  M.  Chareot.  Tome  V  :  M 

dies  des  poumons  et  du  système  vasculaire.  —  Paris, 
aux  Bureaux  du  Progrès  médical  et  chez  Lecrosnier  et 
Babé,  1888. 

^Depuis  (lue  M.  Charcot  est  devenu  le  chef  respecté  de 
l'École  de  la  Salpétrière,  depuis  que  ses  immortels  travaux 
ont  fondé  sur  des  assises  nouvelles  Tétude  des  maladies  du 
système  nerveux  et  révélé  au  monde  savant  un  si  grand 
nombre  de  faits  et  d'observations  inoubliables,  on  pourrait 
ne  plus  se  souvenir  que  le  maître  de  la  neuro-patholo;;ie 
contemporaine  a  été,  pendant  plusieurs  années,  l'un  de> 
plus  éminents  parmi  nos  professeurs  de  médecine  générait' 
et  nos  anatomo-pathologistes. 

Aussi  doit-on  savoir  gré  à  l'un  de  ses  élèves  les  plus 
fidèles,  notre  confrère  M.  Bourneville,  d'avoir  songé  à 
réunir,  après  ses  Leçons  sur  les  maladies  du  système  ncr- 
veuXy  qui  font  le  sujet  des  quatre  premiers  volumes  de 
cette  importante  collection,  tous  les  travaux  de  M.  Charcot 
relatifs  aux  maladies  du  foie  et  des  voies  biliaires,  des  reins, 
des  poumons  et  du  svstème  vasculaire,  aux  maladies  de< 
vieillards,  etc.,  etc.  Plusieurs  de  ces  leçons  ont  déjà  été 
publiées  et  les  noms  des  premiers  élèves  qui  les  ont  rédi- 
gées sont  ceux  de  maîtres  auiourd'hui  célèbres.  C'est  une 
raison  de  plus  pour  aue  tous  les  savants  français  et  étran- 
gers, tous  ceux  qui  s  intéressent  au  mouvement  scientifique 
contemporain  et  cherchent  à  s'instruire  en  recourant  aui 
sources  originales,  tiennent  à  consulter  et  à  relire  souvcnl 
ces  volumes  si  riches  de  faits,  si  suggestifs.  Comme  le  dit 
bien  H.  Bourneville.  dans  la  préface  de  ce  cinquième 
volume,  l'histoire,  elle  aussi,  est  riche  en  enseignements. 

Une  semblable  publication  prouve  jusqu'à  l'évidence 
combien  les  éludes  de  médecine  générale  sont  utiles,  je 
dirais  volontiers  nécessaires  au  développement  de  resprilj 
scientifique.  Certes,  il  arrive  un  jour  où  la  spéciali- 
sation s  impose  en  quelque  sorte  et  où,  pour  devenir, 
chef  d'Ecole,  il  est  nécessaire  de  demeurer  dans  le  ménicl 
hôpital  ou  dans  le  même  laboratoire  et  d'y  perfectionner 
journellement  ses  installations  scientifiques  et  ses  moyens 
d'étude.  Et  cependant  qui  songerait  encore,  après  avoir 
consulté  ces  leçons  sur  les  maladies  des  poumons,  à  re- 
gretter que  M.  Charcot  ait  donné  plusieurs  années  de  sa  vie, 
à  l'élude  et  à  l'enseignement  de  l'anatomie  pathologique.  H 
suffirait  de  relire  sa  première  leçon  sur  les  rapports  dc! 
l'iinatomie  pathologique  avec  la  clinique  (elle  date  de  187")' 
pour  se  rendre  compte  des  services  rendus  à  plusieurs^ 
générations  médicales  par  cette  manière  large  et  compr^^'l 
hensiye  de  relier  l'anatomie  pathologique  à  la  clinique. 

Félicitons-nous  donc  de  pouvoir  recommander  à  nos  lec-i 


31  Mai  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N*  22  —    359 


leurs  Télude  d'un  ouvrage  dans  lequel  se  retrouvent  tant 
de  notions  demeurées  classiques  sur  les  pneumonies  chro-- 
niques,  lespneumokonioses  ou  la  phthisie  pulmonaire.  Sans 
doute,  la  science  a  marché  depuis  douze  ans;  les  théories 
anciennes  se  sont  modifiées  depuis  que  les  découvertes 
microbiologiques  ont  éclairé  non  seulement  l'étiologie, 
mais  encore  la  pathogénie  d'un  grand  nombre  de  lésions. 
Mais  les  faits  bien  observés  demeurent  inattaquables  et  nous 
n'aurions  point  de  peine  à  faire  voir  que,  malgré  les  ho- 
rizons que  nous  ont  ouverts  les  nouvelles  doctrines,  le  plus 
grand  nombre  des  démonstrations  que  contiennent  ces 
leçons  d'anatomie  pathologique  restent  des  plus  probantes 
au  point  de  vue  clinique. 

Après  les  maladies  de  l'appareil  pulmonaire  viennent  les 
leçons  sur  les  altérations  du  sang  (leucocylhémie  et  mêla- 
némie)  et  sur  les  maladies  du  système  vasculaire  (embolies, 
thromboses,  endocardites,  etc.).  C'est  dans  cette  partie  de 
l'ouvrage  que  se  trouvent  les  études  de  M.  Cbarcot  sur  la 
claudication  intermittente  et  sur  les  endocardites  infec- 
tieuses. Elles  sont  trop  connues;  elles  ont  été  trop  souvent 
louées  pour  que  nous  ayons  besoin  d'insister. 

Le  sixième  volume  renferme  les  leçons  sur  les  maladies 
du  foie,  des  voies  biliaires  et  des  reins;  le  septième,  les 
leçons  sur  les  maladies  des  vieillards  et  les  maladies  chro- 
niques. Et  ce  monument  scientifique,  qui  résume  les  pre- 
mières études  de  M.  Charcol,  se  complétera  bientôt  de  ses 
nouvelles  recherches  sur  les  maladies  du  système  nerveux, 
de  cet  ensemble  de  découvertes  qui,  déjà  en  nombre 
plus  que  suffisant  pour  marquer  sa  place  à  la  tète  des  sa- 
vants contemporams,  accroissent  encore  chaque  jour  le 
domaine  de  nos  connaissances  et  affirment,  par  Tinfluence 

u'elles  exercent  sur  le  mouvement  scientifique,  l'autorité 

u  maître  qui  les  inspire. 

L.  L* 


Manuel  pratique  de  la  gardb-'Malade  et  de  l'infibmière, 
publié  par  M.  le  docteur  BourNeville.  Paris,  aux  bureaux 
du  Progrès  médical,  ii,  rue  des  Carmes,  1889.  —  5  vol. 
Prix  :  7  fr.  50. 

Sous  ce  titre  général,  M.  Bourneville  vient  de  réunir  en  une 
mèrae  collection  les  différente  volumes  qui,  parvenus  pour  la 
plupart  à  trois  ou  quatre  éditions  successives,  servent  h  l'ensei- 
gnement professionnel  des  écoles  d'infirmiers  et  d'infirmières. 
De  ces  voluines,  le  premier,  consacré  à  Fanatomie  et  à  la  phy- 
siologie, a  été  rédigé  par  MM.  Duret  et  Regnard.  Dans  sa  qua- 
trième édition  il  se  trouve  illustré  de  cinq  nouvelles  figures 
dues  à  M.  le  docteur  P.  Uicher.  Le  tome  II,  qui  traite  de  Tadmi- 
nislration  et  de  la  comptabilité  hospitalières,  a  été  écrit  par 
M.  Pinon.  Il  se  termine  par  un  appendice  contenant  le  nom 
des  médecins,  des  savants,  des  bienfaiteurs  de  l'Assistance 
publique,  etc.,  qui  ont  été  substitués  dans  ces  derniers  temps  aux 
noms  anciens  inscrits  à  la  porte  des  salles  de  malades. 

Le  troisième  volume  :  Pansements,  parvenu  lui  aussi  ù  sa 
quatrième  édition,  a  été  complété  par  M.  le  docteur  Pctit-Vendol. 
H  renferme  des  notions  relatives  non  seulement  aux  pansements 
proprement  dits,  mais  encore  à  la  petite  chirurgie,  au  transport 
des  blessés,  à  Phydro thérapie,  à  la  mesure  de  la  température 
dans  les  maladies,  à  Pexamen  des  malades,  à  Pensevelissement 
des  morts,  etc. 

Le  quatrième  volume  est  relatif  aux  soins  h  donner  aux 
femmes  en  couches,  aux  aliénés.  U  est  accompagné  d'un  petit 
dictionnaire  qui  ne  saurait  être  loué  sans  quelques  réserves,  mais 
<]ui,  dans  son  ensemble,  peut  rendre  des  services  réels  aux 
infirmiers  auxquels  il  est  destiné. 

Enfin  le  cinquième  volume  rédigé,  par  M.  Solfier,  a  trait  à 
riiygiène  hospitalière  et  se  trouve  rédigé  sous  forme  de  leçons 
didactiques. 

Dire  que  les  principaux  collaborateurs  de  M.  Bourneville 
s'appellent  Blondeau,  de  Boyer,  Brissaud.  Budin,  Duret,  Kéraval, 
Maunoury,  Blonod,  Poirier,  Petil-Vendol,  Pinon,  Regnard,  Se- 
vestre.  Sol  lier  et  Yvon,  n'est-ce  point  affirmer  avec  quel  soin 
d*exactitude  ont  été  rédigés  ces  cinq  volumes  d'une  œuvre 
vraiment  utile? 


Documents  pour  servir  a  l'histoire  anatomique  et  chimique 
DU  segment  inférieur  de  l'utérus  pendant  la  grossesse, 
l'accouchement  et  les  suites  de  couches,  par  le  M.  doc- 
teur L.-A.  Dbmeun,  ancien  interne  des  hôpitaux.  —  Thèse  de 
Paris,  1888.  Alex.  Goccoz. 

Il  résulte  de  cette  étude  que  le  segment  inférieur  de  l'utérus, 
pendant  la  grossesse,  le  travail  et  les  suites  de  couches,  con- 
stitue une  région  spéciale  qui  a  son  anatomie,  sa  physiologie  et 
sa  pathologie  propres.  Ainsi,  pendant  la  grossesse,  les  adhé- 
rences de  la  vessie  à  l'utérus  se  relâchent  tellement  qu'elles 
n'existent  pour  ainsi  dire  plus;  durant  la  gestation  et  après  la 
délivrance,  le  cul-de-sac  vesico -utérin  descend  très  bas  sur  la 
face  antérieure  de  l'utérus,  quelquefois  même  jusque  sur  le 
vagin.  On  voit,  d'autre  part,  vers  la  limite  du  tiers  inférieur  de 
la  face  antérieure  de  Futérus,  un  repli  séreux  transversal,  s'ef- 
lilant  vers  les  ligaments  ronds,  et  qui  prend  naissance  quinze 
jours  à  trois  semaines  après  Paccouchement,  par  suite  de  Pin- 
voltttion  plus  lente  pour  la  séreuse  oue  pour  le  tissu  muscu- 
laire. —  Pendant  la  parturition,  ({uanu  il  existe  un  obstacle  à 
l'expulsion  du  fœtus,  le  segment  inférieur  de  Pu térus  augmente 
de  hauteur  en  même  temps  que  ses  parois  s'amincissent  :  le 
segment  Inférieur,  dans  son  ensemble  ou  seulement  une  de  ses 

f)arois,  peut  fournir  à  cette  distension.  Dans  le  premier  cas 
'utérus  prend  la  forme  en  sablier,  avec  étranglement  au  niveau 
de  Panneau  de  Bandl,  situé  plus  ou  moins  haut  au-dessus  du 
pubis,  suivant  le  de&[ré  de  distension.  Dans  le  second  cas, 
rutérus  est' incliné  et  Panneau  obliquement  dirigé  par  rapport 
au  plan  du  détroit  supérieur*  Cette  distension  prépare  la  rup- 
ture de  Putérus,  aussi  commande-t-elle  à  Paccoucheur  les  plus 
grandes  précautions;  enfin,  comme  elle  a  pour  résultat  de  con- 
stituer au  corps  de  Putérus,  après  Paccoucnement,  un  pédicule 
creux  et  flasque,  sans  tonicité,  elle  peut  être  Porigine  d'acci- 
dents tels  que  Phémorrhagie,  Penchatonnement  du  placenta,  la 
déviation  ou  l'inversion  utérine. 


VARIÉTÉS 

Société  de  protection  des  victimes  du  devoir  médical.  — 
Cette  Association  vient  de  se  constituer  définitivement  et  a  voté 
tout  aussitôt  une  subvention  de  500  francs,  destinée  à  venir  en 
aide  à  M"*  Mérandon,  veuve  d'un  médecin  qui,  après  avoir  suc- 
combé à  une  diphthérie  contractée  en  soignant  un  enfant  pauvre, 
Pa  laissée  elle-même  dans  une  grande  détresse.  Le  trésorier  de  la 
Société  de  protection  des  victimes  du  devoir  médical  a  été  auto- 
risé à  acquitter  les  dettes  de  M'"*  veuve  Mérandon,  à  lui  acheter 
un  mobilier  et  à  pourvoir  à  ses  besoins  les  plus  pressants.  La 
Société  s'efforcera  de  lui  faire  obtenir  un  emploi  en  rapport  avec 
son  âge,  ses  aptitudes  et  sa  santé. 

Association  de  la  presse  médicale  (Statuts), 

Article  premier.  —  Il  est  établi  à  Paris,  sous  le  bénéfice  de  la 
loi  de  1884,  un  syndicat  professionnel  sous  la  dénomination  de 
Association  de  la  presse  médicale. 

Art.  2.  —  Cette  Association  a  pour  but  et  pour  objet  Pétudc 
et  la  sauvegarde  des  intérêts  de  la  presse  médicale. 

Art.  3,  —  Elle  comprend  des  membres  fondateurs  et  des 
membres  titulaires,  jouissant  exactement  les  uns  et  les  autres 
des  mêmes  droits. 

Art.  4.  —  Sont  membres  fondateurs  les  signataires  des  présents 
statuts. 

Art.  5.  —  Pour  faire  partie  de  l'Association  comme  membre 
titulaire,  il  faut:  1®  être  docteur  en  médecine;  2"  être  proprié- 
taire, directeur,  rédacteur  en  chef  d'un  journal  de  médecine  ou 
délégué  en  vertu  d'un  pouvoir  régulier;  3®  être  présenté  par 
deux  membres  de  PAssociation  ;  4°  être  élu  en  assemblée,  a  la 
majorité  des  membres  de  l'Association,  sur  les  conclusions  d*un 
rapport  qui  est  confié  à  un  membre  autre  que  les  deux  parrains; 
les  membres  absents  peuvent  voter  par  correspondance  ou  par 
procuration. 

Art.  6.  —  Chaque  journal  ne  peut  avoir  qu'un  seul  représeu- 
tant  au  sein  de  l'Association. 

Art*  7.  —•  L'Association  est  administrée  et  représentée  en 
toute  occasion  par  trois  syndics  élus  par  elle  et  renouvelables 
par  tiers  tous  les  ans.  Le  sort  désignera  les  deux  sortants  pour 


360    —  N*  22  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


3i  Mai  1889 


la  première  période  triennale.  Les  syndics  sortants  sont  rééli- 
gibles- 

Art.  8.  —  L'Association  a  pour  siège  social  la  résidence  de  1  un 
des  syndics. 

Art.  9.  —  Les  membres  de  FAssocialion  payent  une  cotisation 
annuelle  de  30  francs,  réduite  à  15  francs  pour  les  membres  de 
province.  .  ,,  , 

Art.  iO.  —  L'Association  se  réunit  trimestriellement  le 
deuxième  vendredi  de  février,  mai,  août  el  novembre,  et  celte 
réunion  est  suivie  d  un  banquet  confraternel  dont  les  cotisations 
servent  à  couvrir  les  frais. 

En  dehors  de  ces  réunions  statutaires,  TAssocialion  peut  se 
réunir  extraordinairement  sur  la  convocation  des  syndics. 

Paris,  le  21  fcvrier  1880. 

Ont  signé,  el  sont  pur  conséquent  membres  fondateurs  de 
TAssociation  : 

MM.  Auvard  {Archives  de  tocologie)  ;  Bardet  {Les  nouveaux 
remèdes);  Hottentuit  {France  médicale);  Boucliut  {Paris  médi- 
cal) ;  Bourneville  {Proijrès  médical)  ;  Cadet  de  Gassicourt 
{Revue  mensuelle  des  maladies  de  f enfance);  Cézilly  {Concours 
médical);  Ch^rcoi  (Archives  de  neurologir^);  CornW  {Journal 
des  connaissances  médicales  pratiques  et  de  pharmacologie); 
Doiér'ïs  {Archives  nouvelles  d  obstétrique  et  de  gynécologie); 
Dujardiu-Beaumetz  {Bulletin  getieral  de  thérapeutique)  ;  Duplay 
{Archives  générales  de  médecine)  ;  Galezowski  {Recueil 
d'ophihalmologie)  ;  Gouguenheim  {Annales  des  maladies  de 
Voreille  et  du  /ar^na:)  ;  Huchard  (Revue  générale  de  clinique 
et  de  thérapeutique)  ;  Joffroy  {Archives  de  médecine  expéri- 
mentale et  d^anatomie  pathologique);  Laborde  {Tribune  médi- 
cale); Landouzy  {Revue  mensuelle  de  médecine);  l.ereboullet 
{Gazette,  hebdomadaire  de  médecine  et  de  chirurgie);  Le  Sourd 
{Gazetfe  des  hôpitaux)  ;  Lucas-Charapionniêre  (Journal  de 
médecine  et  de  chirurgie  pratiques)  ;  A.-J.  Martin  {Reiue 
dliygiene  et  de  police  sanitaire)  ;  Mary-Durand  {Courrier 
médical)  ;  De  Maurans  {Semaine  médicale)  ;  Nicaise  {Revue  men- 
suelle de  chirurgie);  V&ntus  {Archives  d'ophthalmologie);  Pren- 
grut'ber  {Bulletin  médical);  De  Hanse  {Gazette  médicale  de 
Pans);  Uichelol  {Union  médicale)  ;  Ch.  Richet  {Revue  scien- 
tifique). 

Les  trois  syndics  élus  sont  MM.  Cézilly,  Cornil  et  De  Ransc. 

La  confbaternité  médicale  et  la  politique  intransigeante. 
— -  La  Bcrtiner  klinische  Wochenschrift,  à  laquelle  nous 
empruntons  si  souvent  des  Revues  dé  journaux  et  des  Coinptes 
rendus  de  CongrèSy  dont  les  lecteurs  français  savent  apprécier 
l'inlérôl,  vient  de  prouver  une  fois  de  plus  que  son  rédacteur  en 
chef,  le  professeur  Ewald,  sait  et  prétend  toujours  défendre  les 
intérêts  scic.ntiques  et  professionnels.  Dans  son  numéro  du 
:20  mai  dernier,  ce  journal  proleste  en  effet  contre  une  décision 
prise  en  vue  de  conseiller  aux  médecins  allemands  c  de  s'abstenir 
de  prendre  part  aux  Congrès  scientifiques  qui  se  réuniront  celle 
année  à  Paris  à  Toccasion  de  TExposition  universelle  ».  Cette 
décision  avait  été  votée,  à  une  faible  majorité, sur  la  proposition 
du  médecin  en  chef,  docteur  Wasserfubr,  par  le  Cercle  où  se 
réunissent  les  médecins  de  réserve  de  Tarniée  allemande.  Le 
professeur  Ewald  proteste,  au  nom  de  la  liberlé  individuelle,  en 
faisant  remarquer  qu'il  est  toujours  mauvais  de  mêler  la  poli- 
tique aux  questions  de  science  pure.  Nous  n'avons  pas  à  insister 
sur  rimporlance  et  ropportunité  de  cette  déclaration  qui  émane 
d'un  des  plus  éminents  médecins  de  TAIlemagne. 

Concours  du  Bureau  central  (Chirurgie).  —  Ce  concours 
vient  de  se  terminer  par  la  nomination  de  MM.  Ricard  et  Poirrier. 

Corps  de  santé  de  la  mar;në.  —  A  été  nommé  : 
Au  grade  de  médecin    de  deuxième  classe:  M.  Masurel, 
médecin  auxiliaire  de  deuxième  classe,  docteur  en  médecine. 

Faculté  de  médecine  de  Lille.  —  M.Combemale,  agrégé,  est 
appelé  à  l'exercice  à  partir  du  16  mai  188li.  M.  Combemale  est 
nommé,  en  outre,  pour  une  période  de  trois  ans,  à  partir  du 
1()  mai  1889,  chef  au  laboratoire  des  cliniques  de  ladite  Faculté. 

^  Faculté  de  médecine  de  Lyon.  —  M.  Adenot  (Claude-Jacques- 
Élienne),  délégué  dans  les  fonctions  d'aide  d'anatomie,  est 
nommé,  pour  une  période  de  trois  ans,  à  partir  du  4  mai  1889, 
aide  d'auatomie  a  ladite  Faculté. 


École  de  médecine  de  Dijon.  —  M.  Cottin,  docteur  en  méde 
ciue,  est  institué  chef  des  travaux  analomiques  et  physiologiques 

ÉCOLE  DE  médecine  DE  TOULOUSE.  —  Un  congé  est  acconié 
sur  sa  demande,  à  M.  Labat,  professeur  de  clinique  obstéiricah 
el  gynécologie. 

M.  Secheyron,  suppléant,  est  chargé  du  cours  de  clini(ju< 
obstétricale  et  gynécologie. 

Hospices  de  Grenoble.  —  Le  concours  pour  une  place  M 
médecin  vient  de  se  terminer  par  la  nomination  de  M.  le  docteui 
Deschamps. 

Hôpital  Saint-Louis.  —  M.  le  professeur  Alfred  Fournitr 
reprendra  son  cours  de  clinique  des  maladies  cutanées  et  syphi- 
litiques, à  l'hôpital  Saint-Louis,  le  vendredi  31  mai,  à  neu( 
heures  et  demie,  et  le  continueira  les  mardis  et  vendredi?! 
suivants,  à  la  même  heure. 

Hôpital  du  Midi.  —  M.  le  docteur  Charles  Mauriac  reprendra 
ses  leçons  cliniques  le  samedi  i«"^  juin,  à  neuf  heures  et  demi? 
du  matin,  el  les  continuera  les  samedis  suivants,  à  la  morne 
heure.  Elles  seront  consacrées  au  traitement  des  yiahidia 
vénériennes» 

NÉCROLOGIE.  —  Nous  avons  le  regret  d'annoncer  la  mort  do 
M.  le  docteur  Duprat,  qui  fut  tout  à  la  fois  littérateur,  musirioii. 
explorateur,  hygiéniste  et  noédecin  distingué;  il  vient  de  sur- 
comber  à  Tâge  de  soixante-cinq  ans;  de  MM.  les  docteurs  Filleul 
et  Trinité  (de  Rouen).  —  De  Vienne,  on  annonce  la  mort  du  pro- 
fesseur Breisky,  l'un  des  g;ynécologues  les  plus  célèbres  de 
f  Autriche,  ancien  professeur  à  Salzbourg,  Berne  et  Prague. 


Mortalité    a     Paris    (-20-     semaine,  du   12    au    18  mai 
1889.  — Population:  2jjp09i5  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  Il 

—  Variole,  2.  —  Rougeole,  17.  —  Scarlatine,  6.  —  Coque- 
luche, 6.  —  Diphthérie,  croup,  i2.  —  Choléra,  0.  ~  Phlhisio 
pulmonaire,  210.  —  Autres  tuberculoses,  27.  —  Tunieur>: 
cancéreuses,  47;  autres,  3.  ~  Méningite,  37.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  43.  —  Paralysie,  2.  — 
Ramollissement  cérébral,  12. — Maladies  organiques  du  cœur,  5i 

—  Bronchite  aiguë,  21.  —  Bronchite  chronique,  31.  —  Broncho- 
pneumonie,  23.  —  Pneumonie,  43.  —  Gastro-entérite:  sein,  1^. 
biberon,  36.  —  Autres  diarrhées,  6.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 4.  —Autres  affections  puerpérales,  4.  —  Débilité  con- 
génitale, 19.  —  Sénilité,  21.  —  Suicides,  16.  —Autres  raorls 
violentes,  10.  —  Autres  causes  de  mort,  146.  —  Causes 
inconnues,  11.  —  Total:  921. 


OUVRAGES  DÉPOSES  AU  BUREAU  DU  JOURNAL 

Le  iurmenage  inteUectuel  et  les  exercicet  phytiqutt  [Bibliothèque  ieUnlifiiuf 
contemporaine),  p^r  M.  le  doclour  A.  Rianl.  l  voL  in-lC  de  312  pages.  Vh'h. 
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J.-B.  BaiUièrc  et  fiU. 


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Traité  des  maladies  des  pays  chauds,  région  prûtropicjle,  par  MM.  Ic:«  doitour* 
A.  Kolscli  cl  P.-L.  Kiencr,  mcdecins  principaux  de  rannco.  1  fort  vol.  panJ 
iii-8*  avec  30  figures  et  6  planche»  ciironiolillioirraiiliice».  Pari*,  J.-B  bai.liir« 
cl  fils.  H  fr. 

Traité  de  physiologie  humaine,  par  MM.  Ic«  professeurs  Viauli  et  Jo'yci  ^^^ 
Bordeaux),  avec  la  cotlaboration  de  M.  J.  Bcrgonic.  agrégé  à  la  méuiu  VacuUe- 
i  fori  vol.  grand  in-8»  do  920  pages  avec  400  figures  dans  le  icxtc  T'"'*' 
0.  Ooin.  Hifr- 

Traité  de  dentisterie  opératoire,  par  M.  le  doclcur  E.  Andricw.  1  roi  in-H'  âc 
630  pages  avec  400  figures  dans  le  toxle.  Paris,  0.  Doin,  **  ^'' 

Annuaire  de  thérapeutique,  1"  année,  J88S,  précédé  dune  inlroduclion  surk» 
progrès  de  la  llicrapeulique  en  1888,  par  M.  le  docteur  Dujardin-BcauiiicK. 
1  vol.  in-18  cartonné  do  400  page».  Paris,  0.  Doin.  -  ^^' 

Hygiène  de  la  première  enfance,  par  M.  le  docteur  Jules  Bouvier.  1  vol.  m-S'tk 
6i0  p^iges.  Paris,  0.  Doin.  ^  if 

Traitement  de  Véclampsie  puerpérale  {Bibliothèque  obstétricale),  par  M.  le  do'"J''J''' 
A.  Auvard.  1  vol.  in-li  do  iOO  pages.  Paris,  0.  Doin. 


3fr. 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 


lUâ23.  —  MOTTIROZ.  —  Imprimeries  réunies,  ▲,  rue  Mignon,  2,  Vsn*. 


Trente-sixième  annSe 


N»  23 


7  Juin  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 

PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D''  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 

MM.  P.  BLACHEZ.  E.  BRISSAUD,  G.  DIEUUFOY.  DREYFUS.BRtSAC.  FRANÇOIS.FRANCK,  A.  HENOCQUE,  A.g.  MARTIN,  A.  PETIT.  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lereboullet,  H,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOHIIAIRB.  —  BOLLKTIN.  —  THÉRAPBOTIQUE.  Dc8  indications  et  du  mode 
d'administration  de  l'antipyrine  cliet  les  diabétiques.  —  Contributions  phah- 
NAGKUTiauKs.  Polion  au  baume  de  Tolu.—  Rkvub  des  cours  et  des  cliniques. 
Farutté  de  médecine.  Cours  de  pathologie  interne;  M.  le  professeur  Dieulafoy: 
Syphilis  du  poumon  et  de  la  plèvre.  —Travaux  originaux.  Clinique  médicale  : 
Kecherches  sur  l'action  thérapeutique  de  la  coronille  dans  les  affections  car- 
diaques. —  Correspondance.  Ainhum  —  Sociétés  savantes.  Académie  des 
sciences.  —  Académie  de  médecine.  —  Société  de  chirurifie.  —  Société  do 
bioloj^e.  —  Société  de  thérapeutique.  —  Revue  des  journaux.  Chirurgie.  — 
Bibliographie.  Leçons  de  clinique  obstétricale.  —  Variétés. 


BULLETIN 

Paris,  6  juin  1889. 

Académie  de  médecine  :  Patlioséale  et  tMrApeatIqae 
an  diabète  ■aerë.  —  Société  de  biologie  :  Inflaence 
des  i^landes  sar  le  ajsième  nerveiuc. 

Dans  ses  remarquables  leçons  sur  les  Maladies  par  ralen- 
tissement de  la  nutrition,  M.  Bouchard,  parlant  des  méthodes 
thérapeutiques  et  de  leur  application  au  traitement  du 
diabète,  écrivait  en  1882  :  «  La  médecine  ne  peut  plus 
marchera  l'aventure  et,  quelque  dédain  qu'on  ait  pour  les 
systèmes,  on  cherche  de  plus  en  plus  à  sortir  de  Tempi- 
risme.  Il  faut  qu'on  possède  une  conception  doctrinale 
d'une  maladie  si  l'on  veut  aborder  son  traitement...  Tant 
vaut  la  pathologie  générale  d'un  médecin  ou  d'une  époque, 
t^mt  vaut  la  pratique  de  ce  médecin  ou  de  cette  époque. 
C'est  avec  Tempirisme  que  Ton  fait  la  pathologie;  la  thé- 
rapeutique se  fait  avec  les  systèmes,  l'observation  restant 
toujours  comme  contrôle  et  comme  juge.  »  Et,  après  avoir 
établi  par  des  considérations  étiologiques  et  cliniques  que 
le  diabète  était  dû  à  un  défaut  d'utilisation  du  sucre  par 
les  tissus,  M.  Bouchard  affirmait  qu'il  faut  c  activer  les 
mutations  nutritives  pour  prévenir  la  maladie,  pour  em- 
pêcher les  rechutes,  pour  modérer  l'intensité  du  mal,  pour 
le  faire  disparaître  >. 

Tous  nos  lecteurs  connaissent  d'ailleurs  la  doctrine  de 
l'êminent  maître.  Elle  peut  se  résumer  dans  les  termes 
suivants  : 

Le  sucre  qui  existe  dans  le  sang  a  pour  origine  la  trans- 
formation normale  du  glycogène  hépatique.  Celui-ci  est  un 
produit  d'assimilation  de  la  cellule  hépatique  ;  c'est  dans 
celte  cellule  que  s'opère  la  transformation  de  la  matière 
glycogène  en  sucre  et  cette  transformation  ne  'se  fait 
pas,  comme  l'avait  pensé  Cl.  Bernard,  par  fermentation, 
mais  bien  par  désassimilalion.  Introduit  dans  le  sang,  le 
sucre  se  détruit  en  partie  par  oxydation;  mais,  en  plus 
forte  proportion,  il  est  utilisé  par  les  tissus  qui  se  l'assi- 
'wilent.  Cette  grande  quantité  du  sucre  qui  disparaît  sans 
2*  Série,  T.  XXVi. 


être  éliminée  est  donc  utilisée  dans  nos  tissus.  Mais 
lorsque,  sous  une  influence  quelconque,  ces  tissus  de- 
viennent inaptes  à  assimiler  le  sucre,  l'hyperglycémie  et  à 
sa  suite  la  glycosurie  deviennent  la  conséquence  de  ce  ralen- 
tissement de  la  nutrition  interstitielle. 

Nous  n'avons  pas  à  rappeler  les  considérations  d'ordre 
clinique  qui  établissent  les  relations  existant  entre  la 
goutte,  le  rhumatisme,  la  lithiase  biliaire,  la  gravelle, 
l'obésité,  maladies  caractérisées  par  le  défaut  de  combus- 
tion des  matières  azotées,  delacholeslérine  ou  de  la  graisse, 
et  le  diabète  causé  par  la  non-assimilation  du  sucre. 

Voyons  quelles  sont  les  considérations  thérapeutiques 
où  conduit  cette  doctrine.  Pour  accélérer  les  mutations 
nutritives,  c'est-à-dire  pour  rendre  plus  difficile  l'invasion 
des  maladies  que  nous  venons  de  citer,  M.  Bouchard 
conseille  dès  l'enfance  toutes  les  méthodes  de  thérapeu- 
tique hygiénique  ayant  pour  but  d'activer  le  fonctionne- 
ment cutané  et  de  stimuler  le  système  nerveux.  Il  prescrit 
donc  la  vie  au  grand  air,  les  frictions  sèches  ou  alcoolisées,  les 
bains  salés,  alcalins,  sulfureux,  le  massage,  l'hydrothé- 
rapie, le  séjour  au  bord  de  la  mer  ou  à  certaines  altitudes; 
il  recommande  d'activer  les  fonctions  du  foie  par  l'usage 
répété  des  sels  neutres,  de  l'iode  et  des  iodures^  etc.,  etc. 
Hàtons-nous  de  faire  remarquer  que  le§  exercices  physiques 
ne  sont  conseillés  que  lorsqu'il  n'y  a  point  d'azoturie,  qu'ils 
doivent  être  progressifs  et  progressivement  adaptés  à  la 
résistance  organique  du  sujet.  Viennent  ensuite  les  pres- 
criptions relatives  au  régime  et  enfin  certains  médicaments 
parmi  lesquels  il  convient  de  citer  les  alcalins  et  l'opium, 
la  valériane  et  l'arsenic  paraissant  devoir  être  réservés  aux 
cas  où  l'azoturie  vient  compliquer  le  diabète. 

Aujourd'hui,  se  plaçant  aussi  sur  le  terrain  de  la  patho- 
génie  du  diabète,  M.  A.  Robin  affirme,  à  son  tour,  que 
€  l'avenir  de  la  thérapeutique  est  tout  entier  dans  l'atten- 
tive comparaison  entre  la  physiologie  du  malade  et  celle  du 
médicament  ».  Comme  M.  Bouchard,  il  prétend  déduire  de 
l'étude  du  trouble  nutritif,  qui  caractérise  la  maladie,  l'en- 
semble des  moyens  thérapeutiques  capables  de  l'enrayer  ou 
de  la  guérir.  Et  cependant  sa  doctrine  est  toute  différente. 
Elle  paraît  absolument  opposée  à  celle  de  M.  Bouchard. 

M.  A.  Robin  s'efforce,  en  effet,  de  démontrer  que  le 
diabète  est  dû  à  une  accélération  de  la  nutrition,  par 
suite  de  laquelle  tous  les  actes  chimiques  sont  accrus. 
S'appuyant  sur  une  série  de  recherches  et  d'analyses  chi- 
miques très  détaillées  il  affirme  que  la  désassimilation 
des  diabétiques  est  augmentée  et  que  leurs  oxydations 
sont  exagérées.  Il  pense  que  le  diabétique  consomme  plus 

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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


7  Juin  1889 


de  matières  azotées  que  riiomme  bien  portant,  qu'il  brûle 
mieux,  qu'il  utilise  mieux  ces  matériaux  de  désassimilation 
qu*un  organisme  normal  ;  il  déclare  qu'il  en  est  de  même 
pour  les  matériaux  ternaires,  pour  le  soufre,  pour  le  phos- 
phore ;  en  un  mot  il  arrive  à  cette  conclusion  qu'il  y  a 
suractivité  de  tous  les  actes  chimiques  de  la  nutrition  et  en 
particulier  suractivité  chimique  dans  la  nutrition  du  foie 
et  du  système  nerveux. 

On  voit,  par  ce  court  résumé,  que  se  plaçant,  au  point  de 
vue  de  Texpérimentation  physiologique,  c'est-à-dire  de 
l'analyse  chimique  des  produits  excrétés  par  le  diabétique, 
M.  A.  Robin  considère  le  diabète  comme  une  maladie  par 
accélération  de  la  nutrition.  Nous  devons  nous  borner  à 
signaler  à  l'attention  des  savants,  qui  peuvent  appeler  à 
leur  aide  toutes  les  ressources  d'un  laboratoire  chimique, 
ces  conclusions  nouvelles.  On  ne  saurait  attendre  de  nous 
une  discussion  d'analyses  et  de  chiffres  qui  ne  pourraient 
être  contestés  que  par  des  analyses  contradictoires  ou  des 
chiffres  dilférents. 

Nous  devons  faire  remarquer  cependant  qu'au  point  de 
vue  pratique,  ces  conclusions  ne  sauraient  troubler  les 
clinicieâs  et  leur  faire  considérer  les  préceptes  hygiéniques 
et  les  méthodes  thérapeutiques  conseillées  jusqu'à  ce  jour 
comme  dangereuses  ou  nuisibles.  Si,  en  effet,  M.  A.  Robin 
a  bien  insisté  pour  démontrer  qu'il  ne  confondait  point 
les  phénomènes  d'oxydation  avec  ceux  de  la  désassimilation 
des  tissus  ;  s'il  s'est  efforcé  de  prouver  que  l'exagération 
des  oxydations  coïncidait  chez  les  diabétiques  avec  l'aug- 
mentation de  la  désassimilation,  rien  dans  ses  préceptes 
thérapeutiques  n'infirme  ce  que  nous  sommes  habitués  à 
considérer  comme  vraiment  utile.  Bien  plus,  en  affirmant 
que  la  suractivité  de  la  nutrition  du  foie  est  caractérisée 
par  l'augmentation  de  la  genèse  de  l'urée,  M.  Robin  ajoute  : 
«  Le  diabète  est  l'une  des  maladies  dans  laquelle  on  éli- 
mine la  plus  grande  quantité  d'urée.  »  Or  nous  persistonsà 
penser,  ainsi  que  nous  le  disions  récemment,  que  l'azoturie 
n'est  nullement    la  conséquence  nécessaire   du  diabète, 
qu'elle  n'a  aucune  corrélation  directe  avec  la  glycosurie. 
L'augmentation  dans  l'excrétion  de  l'urée  ne  peut  donc  être 
considérée  comme  un  argument  en  faveur  de  la  doctrine  de 
l'accélération  de  la  nutrition  chez  les  diabétiques.  Mais, 
nous  le  répétons,  il  n'est  point  possible,  sans  expériences 
personnelles,  d'infirmer  celles  de  M.  A.  Robin.  Les  argu- 
ments qui  lui  ont  été  opposés  dans  la  dernière  séance  ne 
sauraient,  ainsi  qu'il  a  eu  raison  de  le  dire,  prévaloir  contre 
des  faits  et,  lorsque,  en  médecine,  une  doctrine  est  juste  et 
vraie,  les  conséquences  thérapeutiques  qui  en  découlent 
sont  définitivement  acceptables.  Or  l'utilité  des  alcalins,  de 
l'arsenic,  des  opiacés,  de  la  belladone  associée  à  l'opium 
(méthode  de  Villemin),  du  sulfate  de  quinine  (J.  Worms); 
enfin  et  surtout  du  régime  et  des  méthodes  de  thérapeu- 
tique hygiéniques,  comme  l'exercice  modéré  et  les  excitants 
du  système  nerveux  périphérique,  sont  prouvés  tout  à  la  fois 
par  les  deux  théories  et  par  la  pratique.  Bornons-nous  donc, 
pour  le  moment,  à  retenir  ces  dernières  conclusions  théra- 
peutiques.  La  question  soulevée  par  M.  Robin   est  trop 
grave  ;  elle  touche  de  trop  près  à  la  conception  des  maladies 
diathésiques  les  plus  fréquentes  (la  goutte,  par  exemple), 
pour  qu'elle  ne  provoque  pas  un  jour  ou  l'autre  de  nouvelles 
discussions,  soit  devant  l'Académie,  soit  dans  la  presse  mé- 
dicale. 

—  M-  Brown-Séquard  a  fait  samedi  dernier  à  la  Société 


de  biologie,  uniquement  pour  prendre  date,  une  commu- 
nication sur  des  effets  extrêmement  remarquables  qu'il  a 
observés  chez  lui-même,  à  la  suite  d'injections  sous-cuta- 
nées d'un  liquide  provenant  du  broiement  de  testicules  frais 
de  cobaye  ou  de  chien,  avec  l'addition  d'un  peu  d'eau.  Ce< 
effets  sont  tels  que  M.  Brown-Séquard  n'hésite  pas  à  décla- 
rer  que  pour  lui  ils  équivalent  à  un  rajeunissement  de 
nombre  d'années.  Il  importe  de  dire  que  le  savant  Prési- 
dent  de  la  Société  de  biologie  est  âgé  de  soixante-douze 
ans  :  il  est  né  le  8  avril  1817.  Depuis  plus  de  dix  ans  sa 
vigueur  générale  avait  notablement  diminue.  Il  lui  fallait 
s'asseoir  après  une  demi-heure  de  travail  debout,  au  labo- 
ratoire, d'où  il  ne  sortait  jamais  qu'épuisé  après  deux,  trois 
ou  quatre  heures  de  travail  assis.  Au  grand  étonnement  de 
tous  ses  assistants  il  a  pu  travailler  plusieurs  heures  et 
même  plus  de  trois  heures  et  quart,  sans  ressentir  le  besoin 
de  s'asseoir  à  partir  du  lendemain  de  la  seconde  injection 
qu'il  s'e?l  f;iite. 

D'autres  preuves  d'augmentation  de  vigueur  sont  données 
par  M.  Brown-Séquard  :  la  vessie  et  le  gros  intestin  ont 
gagné  notablement  en  force.  Le  jet  de  l'urine,  mesure  avec 
soin  après  le  déjeuner,  pendant  une  dizaine  de  jours  avant 
la  première  injection,  était  inférieur,  quant  à  la  distance  da 
point  d'arrivée  dans  la  cuvette  d'un  water-closet,  d'au 
moins  un  quart  de  ce  qu'il  est  devenu  après  les  deux  pre- 
mières injections.  Nous  n'avons  pas  besoin  de  dire  que  ces 
expériences  ont  été  faites  dans  des  conditions  qui  en  assu- 
rent la  valeur  :  similarité  des  aliments  et  de  la  boisson, 
quanta  leur  quantité  et  leur  espèce.  Mais  l'intestin  a  fourni 
au  savant  expérimentateur  une  preuve  plus  grande  encore. 
Depuis  de  nombreuses  années  il  était  obligé,  comme  nombre 
de  vieillards,  de  venir  en  aide  mécaniquement  à  l'action  do 
rectum.  Il  n'a  plus  besoin  maintenant  de  cette  assistance, 
l'expulsion,  même  de  matières  plus  grosses  que  dans  les 
dernières  années,  se  faisant  sans  difficulté. 

Au  dynamomètre  il  a  constaté  aussi  une  augmentation 
incontestable  de  la  puissance  des  membres.  A  l'avant-bras. 
en  particulier,  la  moyenne  des  essais  postérieurs  aui 
deux  premières  injections  est  supérieure  de  6  à  7  kilo- 
grammes à  la  moyenne  antérieure. 

Bien  qu'il  soit  soumis  maintenant  à  de  plus  grandet; 
causes  de  fatigues  qu'autrefois,  au  laboratoire,  M.  Brown- 
Séquard  n'est  plus  oblige,  comme  il  l'était  constamment 
depuis  dix  ans,  de  se  coucher,  après  le  repas  qu'il  prenait 
hâtivement,  en  revenant  de  son  travail  d'expérimentateur. 
De  plus  il  affirmequele  travail  intellectuel  lui  est  devenu 
plus  facile  et  qu'il  a  regagné  à  cet  égard  tout  ce  qu'il 
avait  perdu  depuis  de  nombreuses  années.  A  d'autres 
égards  encore,  des  forces  non  perdues,  mais  diminuées,  se 
sont  notablement  améliorées. 

Ces  effets  si  remarquables  ont  été  obtenus,  comme  nous 
l'avons  dit,  par  l'emploi  d'un  procédé  que  nous  décrirons 
après  avoir  dit  ce  qui  y  a  conduit  le  professeur  du  Coliègi' 
de  Franco. 

Tout  le  monde  sait  que  les  eunuques,  ou  au  moins  ceux 
qui  dans  l'enfance  ont  été  privés  de  leurs  testicules  p:ir 
ablation  de  cet  organe,  et  non  par  écrasement,  sont  faible.^ 
physiquement,  moralement  et  intellectuellement.  On  sait 
aussi  quelle  faiblesse  existe  chez  les  hommes,  même  jeunes 
et  naturellement  vigoureux,  qui  abusent  de  la  puissance 
sexuelle.  Ces  faits  et  d'autres  encore  ont  conduit  depuis 
longtemps  M.  Brown-Séquard  à  croire  et  à  enseigner  —  t'c 
qu'il  a  lait  dans  son  cours  à  l'École  de  médecine,  en  1861)  — 


7  JiriN  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         ^  «•  23  -    363 


que  8*il  était  possible  d'injecter  sans  danger  du  sperme 
dans  les  veines  des  vieillards  du  sexe  masculin,  on  pour- 
rait obtenir  chez  eux  des  manifestations  de  rajeunissement. 
Guidé  par  celte  idée,  il  a  fait  chez  une  douzaine  de  vieux 
chiens,  en  1875,  des  expériences,  dans  lesquelles  il  a  essayé 
vainement,  excepté  une  fois,  de  réunir  des  cobayes  entiers 
ou  des  parties  de  rxibaye  à  ces  chiens.  Le  succès  obtenu 
dans  un  cas  a  donné  une  confirmation  aux  vues  de  Tauteur; 
mais  le  procédé  expérimental  était  tel  qu'il  ne  pouvait  en 
être  question  pour  un  essai  chez  l'homme. 

Depuis  quelques  années  un  autre  mode  de  recherche  est 
venu  à  l'esprit  de  M.  Brown-Séquard  et  c'est  celui  qu'il  a 
employé  sur  sa  propre  personne  dans  ces  derniers  temps. 
Voici  en  quoi  il  consiste  :  on  place  une  ligature  sur  le  hile 
vasculo-nerveux  d'un  testicule  de  cobaye  ou  de  chien,  et 
après  avoir  coupé  ce  hile  au-dessus  de  la  ligature,  on  extirpe 
le  testicule  tout  entier.  On  broie  ensuite  toule  la  masse  re- 
tirée :  glande,  vaisseaux  sanguins  et  membranes;  on  y 
ajoute  de  3  à  5  centimètres  cubes  d'eau  distillée,  puis  on 
jeUe  le  tout  sur  un  filtre.  Le  liquide  ainsi  obtenu  est  en 
partie  employé  immédiatement  en  injection  sous-cutanée 
et  le  reste  conservé  dans  un  vase  entouré  de  glace,  pour  des 
injections  subséquentes.  Jusqu'à  présent  huit  injections  ont 
été  faites,  six  aux  membres  inférieurs,  deux  à  l'avant-bras 
gauche.  Ces  injections  ont  été  faites  le  15,  le  16,  le  17, 
le  !24,  Je  29  et  le  20  mai  dernier.  La  quantité  moyenne  de 
liquide  pour  une  injection  a  été  d'environ  un  centimètre 
I  cube.  Les  trois  premières  injections  ont  été  faites  avec  du 
liquide  obtenu  d'un  chien,  les  autres  avec  du  liquide  pro- 
venant de  plusieurs  cobayes  très  jeunes  ou  adultes.  Il 
semble  certain  que  le  liquide  obtenu  du  testicule  d'un  chien 
a  été  plus  efficace  que  celui  des  cobayes.  Cependant  c'est 
le  lendemain  de  l'emploi  du  liquide  obtenu  d'un  très 
jeune  cobaye  que  M.  Brown-Séquard  a  constaté  le  maximum 
d'effets  favorables. 

Nous  n'avons  guère  besoin  de  dire  qu'avant  de  faire  des 
expériences  de  ce  genre  sur  sa  propre  personne,  le  savant 
professeur  avait  fait  de  nombreux  essais  sur  des  animaux, 
surtout  pour  s'assurer  s'il  y  avait  du  danger  à  injecter  sous 
la  peau  le  liquide  spécial  qu'il  voulait  étudier.  L'innocuité 
étant,  en  apparence,  démontrée,  l'expérimentateur  a  cru  pou- 
voir impunément  se  faire  les  injections  sous-cutanées  dont 
nousavons  parlé.  Il  se  trompait  à  certains  égards.  Cinq  injec- 
tions sur  huit  ont  donné  lieu  à  des  douleurs  prolongées  (de 
cinq  à  douze  ou  quinze  heures)  d'une  excessive  intensité  et 
'A  un  gonflement  inflammatoire  érylhémateux.  Deux  des 
parties  ayant  reçu  des  injections  sont  encore  un  peu  doulou- 
reuses aujourd'hui  dix  jours  pour  Tune,  cinq  jours  pour 
Tautre  après  l'injection. 

H.  Brown-Séquard  termine  sa  communication  en  faisant 
remarquer  qu'on  expliquera  peut-être  par  un  effet  d'ima- 
gination ce  qu'il  croit  avoir  observé  sur  lui-même.  D  autres 
physiologistes,  d'un  âge  avancé,  répéteront,  il  l'espère,  ses 
expériences  et  l'on  saura  bientôt  si  c'est  à  une  idiosyncrasie 
spéciale  ou  à  une  sorte  de  suggestion  sans  hypnotisation 
qu'il  faut  attribuer  l'augmentation  de  vigueur  des  centres 
nerveux  et  surtout  de  la  moelle  épinière,  qu'il  a  constatée, 
ou  si  elle  est  due,  comme  il  le  croit,  à  une  influence  exer- 
cée par  le  liquide  injecté. 

Nombre  de  particularités  sont  à  étudier  pour  résoudre 
les  grandes  questions  liées  à  ces  intéressantes  recherches. 
M.  Brown-Séquard  en  fera  l'objet  de  communications  ulté- 
rieures à  la  Société  de  biologie. 


THÉKAPEUTIQUE 

Indications  et  dn   mode  d*adinlnlstmtlon 
de  l'antlpyrlne  ehes  les  dlnbétlcines. 


La  médication  antipyrique  du  diabète  date  d'hier.  Elle 
a  déjà  ses  chaleureux  avocats;  elle  compte  des  succès;  elle 
motive  aussi  des  controverses.  Quelle  est  sa  valeur?  Quand 
et  comment  doit-on  la  prescrire? 

Autant  de  questions  sur  lesquelles  le  praticien  demande 
de  la  lumière  et  qui  méritent  l'attention  du  thérapeutiste. 

I 

L'histoire  clinique  de  cette  médication  est  fort  courte  : 
elle  remonte  à  deux  ans. 

En  1887,  un  médecin  suisse,  M.  Gonner,  annonçait,  dans 
la  Correspondenz-Blatt  fur  Schweizer  Aerzte,  qu'il  avait 
prescrit  Tantipyrine,  à  la  dose  quotidienne  de  3  grammes, 
à  un  diabétique  de  soixante  ans  dont  la  glycosurie  était 
rebelle  aux  médications  classiques.  Ce  sont  là  des  condi- 
tions fort  vulgaires  dans  la  pratique.  En  trois  jours,  le  sucre 
disparut  de  l'urine  et,  dix  jours  après,  la  guérison  se  con- 
firmait. L'antipyrine  avait  donc  été  efficace  là  où  les  autres 
traitements  échouaient.  Elle  avait  agi  à  la  manière  d'un 
médicament  antiglycosurigue.  Du  moins  M.  Gonner  le 
disait.  Fallait-il  conclure  en  hâte  et  déclarer  qu'elle  est 
un  médicament  antidiabétique?  C'est  ce  que  tout  à  l'heure 
il  conviendra  de  discuter. 

Dans  Tordre  chronologique,  le  second  fait  appartient  à 
l'un  de  nos  compatriotes,  M.  H.  Huchard.  Le  13  février 
1888,  ce  dernier  donnait  connaissance  à  la  Société  médico- 
pratique  d'une  observation,  la  première  en  France,  de 
polyurie  améliorée  en  quelques  jours  par  l'antipyrine  à 
hautes  doses.  La  malade,  une  femme  devenue  paraplégique 
dans  le  cours  du  mal  de  Pott,  polydipsique  et  polyurique, 
expulsait  28  à  30  litres  d'urine  par  jour.  Une  dose  quoti- 
dienne d'antipyrine  de  3  à  8  grammes  réduisit  cette  quan- 
tité à  6  ou  7  litres.  Ici  la  glycosurie  manquait,  la  polyurie 
existait  seule,  et  H.  Huchard  élait  amené  à  conclure  que 
l'antipyrine  peut  rendre  des  services  contre  la  polyurie 
nerveuse.  La  conclusion  était  judicieuse  ;  d'ailleurs  à  cette 
même  époque,  le  16  février  1889,  dans  la  Revue  générale 
de  clinique  et  de  thérapeutique^  je  développais  de  mon  côté 
les  arguments  cliniques  et  physiologiques  qui  motivent  cette 
opinion.  Est-ce  à  dire  cependant  que  l'antipyrine  serait  le 
médicament  des  polyuriesfLsL  question  mérite  examen. 

Entre  temps,  le  même  observateur,  continuant  ses  essais, 
administrait  l'antipyrine  à  un  diabétique,  obtenait  un  succès 
et  prenait  date,  en  l'annonçant  à  la  Société  de  thérapeu- 
tique, en  mars  1888.  Puis,  —  l'exemple  thérapeutique 
est,  paralt-il,  contagieux,  —  M.  Dujardin-Beaumetz  confir- 
mait à  son  tour  les  remarques  de  son  collègue  de  l'hôpital 
Bichat  en  annonçant,  dans  la  séance  du  28  mars  1888  de 
la  môme  Société,  des  succès  équivalents.  C'était  une  sanc- 
tion très  opportune  des  essais  de  M.  Gonner  en  Suisse  et 
des  résultats  obtenus  par  M.  H.  Huchard  en  France.  Dès 
lors,  l'attention  fut  attirée  sur  l'action  de  l'antipyrine  contrô- 
les deux  symptômes  cardinaux  du  diabète  :  la  glycosurie  et 
la  polyurie. 

Tels  sont,  si  je  ne  me  trompe,  les  premiers  faits  signalés 
dans  la  littérature  médictle.  Ils  étaient  donc  encore  peu 
nombreux  en  avril  1888:   le  traitement  antipyrinique  du 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


7  Juin  1889 


diabète  resta,  dès  lors,  quelque  peu  dans  roubli.Tout  récem- 
ment néanmoins,  pendant  un  court  instant,  il  a  obtenu  les 
honneurs  de  la  tribune  académique,  car  c'est  seulement 
le  9  avril  dernier  que  MM.  A.  Robin,  Panas  et  G.  Sée 
prirent  jour  devant  cette  savante  Compagnie  pour  déposer 
leur  témoignage  en  faveur  de  la  médication  et  du  médi- 
cament. 

M.  A.  Robin  a  mentionné  ses  heureux  essais  sur  quatre 
diabétiques  de  THospice  des  ménages;  MM.  Panas  et  Féréol 
ont  signalé  la  guérison  de  la  glycosurie  de  deux  diabétiques 
en  instance  d'opération  de  cataracte.  Enfin,  surpassant  ses 
collègues  par  le  nombre  de  ses  observations,  M.  G.  Sée  a 
déclaré  quatorze  succès  dans  une  série  de  dix-huit  cas 
empruntés  à  sa  pratique  urbaine  ou  hospitalière. 

Les  initiateurs  dé  celle  médication  avouaient  modeste- 
ment des  succès;  M.  G.  Sée  annonçait  des  triomphes.  Ces 
succès  et  triomphes  suffisent-ils  pour  établir  définitivement 
la  légitimité  de  ce  nouveau  traitement?  Il  n'est  pas  indis- 
cret de  le  chercher. 

Au  total,  voici  vingt-sept  observations  dans  la  plupart 
desquelles  on  a  invoqué  l'efficacité  du  médicament.  Par 
leurs  détails,  ces  observations  sont  d'une  monotone  confor- 
mité. Dans  toutes,  il  s'est  agi  de  diabétiques  anciens,  poly- 
dipsiques,  polyphagiques,  parfois  azoluriques  ou  albumi- 
nuriques.  Les  uns  avaient  une  glycosurie  de  gravité 
moyenne;  les  autres  étaient  hyperglycosuriques;  d'autres 
enfin,  moins  nombreux,  étaient  des  diabétiques  tubercu- 
leux. On  leur  administrait  une  dose  quotidienne  de  3  à 
4  grammes  d'antipyrine  et,  après  quelques  jours,  le  sucre 
urinaire  se  réduisait  de  moitié,  des  deux  tiers  ou  des  trois 
quarts.  Continuait-on  l'anlipyrinisation  pendant  un,  deux 
ou  trois  septénaires?  La  réduction  était  le  plus  souvent 
totale. 

Cesvariationsdecomposilionchimiquedesurinesn'étaient 
pas  les  seules.  Un  des  faits  si  minutieusement  rapportés  par 
M.  H.  Huchard  démontre,  avec  chiffres  à  l'appui,  l'abaisse- 
ment de  la  quantité  de  l'urée.  Ces  chiffres  sont  démonstra- 
tifs. Le  iO  mars  1888,  avant  tout  traitement,  un  diabétique 
élimine,  dans  les  vingt-quatre  heures,  10  litres  et  demi 
d'urine  et  753  grammes  de  sucre,  —  il  est,  inutile  de  le 
dire,  hyperglycosurique  —  et  96«%32  d'urée.  Le  30  mars, 
après  une  antipyrinisation  de  sept  jours,  il  n'expulse  plus 
que  6  litres  d'urine,  53  grammes  de  sucre  et  34  grammes 
et  demi  d'urée.  Voilà  certes  des  chiffres  bien  démonstra- 
tifs :  ils  établissent  la  diminution  de  la  polyuric,  la  réduc- 
tion de  la  quantité  de  sucre  urinaire,  l'abaissement  du 
chiffre  de  l'urée. 

L'anlipyrinisation  de  certains  diabétiques  modifie  donc  la 
composition  chimique  de  leurs  urines.  Et  cette  modification 
est  comparable  à  celles  que  MM.  Wilzkowski,  Lépine,  Uns- 
bach,  Engel,  A.  Robin,  cl  tout  dernièrement  M.  Cazeneuve 
{Société  de  médecine  de  Lyon,  29  avril  1889)  ont  notées 
pendant  l'antipyrinisation  de  l'homme  sain  et  dans  diverses 
circonstances  pathologiques  ou  expérimentales.  Ces  auteui*s 
en  ont  conclu  à  un  ralentissement  de  l'activité  des  échanges 
nutritifs,  comme  M.  Arduin  l'indiquait  déjà  en  1884,  en 
manière  de  conclusion,  après  les  expériences  de  MM.  A.  Hé- 
nocque  ot  H.  Huchard. 

Cette  action  suspensive  de  l'anlipyrine  sur  les  échanges 
nutritifs  s'exerce-t-elle  également  sur  la  polyphagie  et  la 
poIydipsie?M.  Robin  le  déclare,  confirmant  ainsi  les  con- 
clusions de  ses  prédécesseurs.  Le  malade  dont  M.  Huchard 
a  publié  l'histoire  clinique  ingérait  9  litres  de  boisson  par 


vingt-quatre  heures,  avant  toute  médication.  L'inslilulion 
de  celle-ci  diminua  en  effet  la  soif;  l'ingestion  des  boissons 
était  réduite  à  6,  à  4  et  même  à  3  litres  par  jour. 

Au  demeurant,  l'anlipyrine  atténue  la  polyurie,  c'est 
un  fait;  elle  diminue  la  glycosurie,  c'est  un  autre  fait; elle 
modère  la  polyphagie  et  la  polydipsie;  en  d'autres  termes, 
elle  combat  les  quatre  symptômes  dominateurs  du  diabéle 
sucré.  Ce  sont  des  faits;  on  les  constate.  L'action  du 
médicament  et  de  la  médication  peut,  dès  l'abord,  selon 
l'expression  de  M.  A.  Robin,  paraître  prodigieuse.  «  D'en- 
thousiasme, ajoule-t-il,  op  serait  tenté  d'en  faire  comme  le 
médicament  spécial  du  diabète.  » 

Il  n'en  est  rien  cependant,  et  dussé-je  me  répéter,  je 
reproduis  ce  que  j'écrivais  dans  la  Revue  générale  de  cli- 
nique et  de  thérapeutique  :  c  N'y  a-t-il  pas  —  on  le  sait 
assez  — diabète  et  diabète,  ou  plutôt  diabétique  et  diabé- 
tique? On  est  glycosurique  par  le  foie  ;  on  l'est  aussi  par  ie 
pancréas;  on  le  devient  par  les  nerfsetàdes  manifeslations 
morbides  si  diverses  par  leur  origine,  une  médication 
unique  ne  saurait  répondre.  >  —  D'ailleurs  n'existe-t-il  pas 
des  diabétiques  avec  glycosurie  modérée  et  des  diabétiques 
hyperglycosuriques  ;  des  diabétiques  sains  et,  comme  on  h 
dit,  des  diabétiques  €  décadents  »  avec  albuminurie,  mt 
amaigrissement  extrême,  ou  bien  encore  en  puissance  de 
tuberculose  pulmonaire?  Il  y  aurait  donc  naïveté  d'in- 
sister sur  la  variabilité  du  pronostic  thérapeutique  en  pré- 
sence de  ces  formes  morbides  si  diverses. 

H 

Trêve  donc  aux  enthousiasmes.  Ici,  comme  ailleurs, 
remploi  de  l'anlipyrine  comporte  des  indications  et  de> 
contre-indications.  Quelles  sont-elles? 

£n  premier  lieu,  plaçons-nous  en  présence  d'un  diabé- 
tique dont  la  glycosurie  modérée  se  traduit  quotidiennement 
par  un  coefficient  de  28  à  50  grammes  de  sucre.  Ce  diabé- 
tique est  en  outre  polyurique  et  expulse  journellement  à 
6  litres  d'urine.  De  plus,  cela  va  sans  dire,  il  est  polypha- 
gique,  polydipsique,  parfois  azoturique.  Son  état  de  santé 
semble  relativement  satisfaisant  :  c'est  un  petit  diabétiijue. 
Qu'on  lui  administre  l'anlipyrine,  ce  médicament  diminuera 
sa  soif,  sa  polyphagie  et  finalement  sa  polyurie,  mais  à  la 
condition  d'observer  simultanément  un  traitement  hygié 
nique. 

Dans  ces  formes,  l'anlipyrine  obtient  des  résultats  écla- 
tants, nombreux,  mais  non  constants,  et  peut  vaincre  le^ 
complications  du  diabète  :  anthrax,  diabétides  cutanées, 
altérations  oculaires,  névralgies  et  névrites. 

En  second  lieu,  voici  un  malade  hyperglycosurique.  H 
expulse  chaque  jour  80  ou  100  grammes  de  sucre  urinaire; 
c'est  un  grand  diabétique,  Conserve-t-il  un  embonpoint  re- 
latif? Alors  l'anlipyrine  pourra  lui  rendre  des  services  et 
donner  au  régime  hygiénique  le  temps  de  restaurer  la  nu- 
trition retardante.  L'anlipyrinisation  seule  serait  ici  une 
erreur  thérapeutique  :  associée  au  régime,  elle  peut,  sinon 
assurer  la  victoire,  du  moins  empêcher  une  défaite. 

Par  contre,  l'amaigrissement  existe-t-il?  Dans  l'affirma- 
tive, le  succès  sera  plus  indécis,  surloul  si  le  diabétique, 
un  amaigri  d'emblée,  selon  l'expression  de  M.  (i.  Sée,  a  été 
dès  le  début  en  profonde  dénutrition.  Y  a-t-il  lieu  de  pra- 
tiquer son  antipyrinisation?  Peut-être  ;  mais  à  titre  d'essai. 
C'est  une  médication  dont  on  tentera  les  hasards,  mais  eo 
la  considérant  seulement  comme  l'auxiliaire  du  régime  dié« 
télique. 


7  Juin  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  —  «•  »  —    365 


A  quelques  nuances  près,  Topinion  des  thérapeuHstes 
varie  donc  peu  sur  les  services  de  Tantipyrinisalion  des  dia- 
bétiques, petits,  moyens  ou  grands,  quand  ces  malades  sont 
exempts  de  toute  complications.  Celles-ci  existent-elles? 
Se- trouve-t-on  en  présence  d'un  diabète  compliqué  d'albu- 
minurie ou  de  tuberculose?  Que  faire?  Il  y  a  désaccord 
entre  les  observateurs. 

Le  diabétique  est  albuminurique  :  lui  conseil lera-t-on 
ringestion  de  Tantipyrine?  Quand  même,  répondent  les 
uns,  dans  leur  enthousiasme.  Non,  d*aprës  les  autres;  et 
ceux-ci  sont  des  prudents. 

La  thérapeutique  comme  l'histoire  est  un  perpétuel 
recommencement  :  Hippocrate  dit  :  oui;  Galien  dit  :  non. 
Ici  on  affirme  que  Tantipyrine  provoque  l'albuminurie.  Là  on 
déclare  que  ces  albuminuries  secondaires  ne  sont  pas  d'ori- 
gine médicamenteuse,  et  le  fussent-elles,  ajoute-t-on,  elles 
seraient  passagères  et  conséquemment  de  médiocre  gravité. 
Que  conclure  de  déclarations  aussi  formelles  et  aussi  con- 
tradictoires? Dans  cet  extrême  embarras,  on  propose  au 
praticien  avisé  de  restreindre  la  dose  d'antipyrine  et  la 
durée  de  son  administration.  C'est  une  ressource  que  la 
sagesse  de  Salomon  n'aurait  peut-être  pas  désavouée.  On 
espère  ainsi  ménager  le  rein  et  prévenir  l'albuminurie, 
tout  en  combattant  la  glycosurie. 

Soit,  il  reste  néanmoins  à  savoir  si,  par  cette  manœuvre 
thérapeutique  à  double  action,  on  conjure  tout  péril  et  on 
peut  espérer  le  succès.  Ce  doute  n'est  pas  illégitime.  Par- 
tageons-le et  souvenons-nous  du  témoignage  de  M.  A.  Robin 
lui-même,  reconnaissant  que  Tantipyrine  est  une  arme  à 
deux  tranchants,  dont  il  serait  imprudent  de  se  servir  dans 
tous  les  cas. 

Cet  aveu  est  sage  ;  qu'on  ne  l'oublie  pas,  avant  d'admi- 
nistrer Fantipyrine  aux  diabétiques  en  instance  ou  en 
puissance  d'albuminurie. 

La  même  indication  cxiste-t-elle  quand  il  s'agit  du 
diabète  compliqué  de  tuberculose?  V emploi  de  l'anlipyrine 
possède  son  utilité  contre  quelques  accidents  de  la  tubercu- 
lose pulmonaire:  on  le  sait  bien.  On  vient  d'apprécier  sa 
puissance  contre  le  diabète  simple;  c'est  vrai.  Cependant 
les  bénéfices  de  son  emploi  sont  plus  douteux,  quand  la 
tuberculose  se  développe  sur  le  terrain  diabétique. 

Ici  je  n'insiste  pas;  les  faits  sont  nets,  et  les  observations 
de  M.  G.  Sée  confirment  nettement  une  opinion  univer- 
sellement admise.  L'antipyrine  raréfie  bien  le  sucre  uri- 
naire.  atténue  la  fièvre,  modère  la  soif.  C  st  un  avantage, 
mais  la  tuberculose  continue  sa  marche,  évolue,  et, 
malgré  le  médicament  et  le  thérapeutiste,  conduit  le  diabé- 
tique à  l'échéance  fatale.  L'antipyrinisation  des  diabétiques 
tuberculeux  est  une  médication  de  temporisation;  rien  de 
plus,  rien  de  moins.  Est-elle  exempte  de  tout  inconvénient? 
On  le  pense,  on  l'espère  :  il  resterait  à  faire  la  preuve  de 
cette  innocuité. 

Au  reste,  il  faut  l'avouer,  les  indications  de  l'antipyrine 
dan«  le  diabète  ne  possèdent  pas  une  précision  suffisante 
pour  affirmer  d'emblée  leur  urgence  absolue  ou  leur  impuis- 
sance, et  un  essai  infructueux  ne  doit  pas  faire  abandonner 
toute  tentative  ultérieure. 

Où  donc  trouver  des  renseignements  sur  l'opportunité  de 
cette  médication?  On  les  cherche,  et  on  a  cru  les  trouver 
dans  Texamen  quotidien  des  urines  et  les  rapports  du 
chiffre  du  sucre  avec  la  densité  de  l'urine,  en  un  mot,  dans 
les  travaux  de  MM.  Lépine,  Cazeneuve  (de  Lyon)  et 
A.  Robin. 


Y  a-t-il  diminution  simultanée  du  sucre  et  de  la  densité 
des  urines?  L'administration  de  l'antipyrine  est  opportune; 
il  faut  la  continuer.  Existe-1-il  une  diminution  de  la  glyco- 
surie sans  changement  de  la  densité  du  liquide  urinaire? 
On  peut  encore  espérer  dans  Teffieacité  de  l'antipyrine, 
mais  la  surveillance  du  clinicien  doit  redoubler  :  c'est 
l'heure  de  la  prudence  thérapeutique.  * 

Troisième  circonstance  :  celle-là  est  défavorable  :  l'anti- 
pyrine atténue  la  glycosurie,  mais  simultanément  augmente 
la  densité  de  l'urine.  Le  liquide  semble  se  concentrer  et  le 
rein  en  quelque  sorte  se  fermer.  Inutile  d'insister  :  il  y  a 
danger  de  continuer  la  médication.  Sans  retard  on  la  sup- 
primera ;  à  tout  prix  il  ne  faut  pas  c  fermer  le  rein  >. 

Enfin,  autre  contre-indication,  motivée  par  les  lésions 
anatomiques  du  rein  :  il  existe  de  la  néphrite  interstitielle. 
Prescrira-t-on  l'antipyrine?  Quelques  observateurs  n'hési- 
tent pas  à  le  faire.  Leur  dévouement  à  l'antipyrine  est,  on 
le  sait,  sans  limite;  ils  passent  outre  à  l'altération  du  filtre 
rénal,  et  se  consolent  facilement  de  l'augmentation  de  la 
néphrite,  en  déclarant  qu'elle  est  passagère.  C'est  fort  aisé, 
mais  insuffisant  pour  infirmer  des  faits  cliniques,  témoin  le 
suivant,  emprunté  encore  à  M.  H.  Huchard.  Une  femme 
artério-scléreuse  et  rénale  —  elle  avait  une  néphrite  inter- 
stitielle légère  —  ingère  la  faible  dose  de  4  grammes  d'anti-» 
pyrine  par  jour,  accuse  bientôt  une  diminution  de  sa 
polyurie,  mais  bientôt  aussi  éprouve  des  accès  de  dyspnée 
cardiaque. 

Toute  autre  démonstration  serait  supertlue  :  de  tels  faits 
cliniques  sont  suffisamment  démonstratifs  pour  inspirer 
une  sage  réserve  et  restreindre  l'emploi  de  l'antipyrine 
chez  les  rénaux,  fussent-ils  polyuriques  ou  glycosuriques  à 
l'excès. 

111 

Ces  considérations  ne  sont  pas  purement  spéculatives  en 
raison  de  l'élévation  des  doses  d'antipyrine  que  l'on  admi- 
nistre à  ces  malades.  Il  y  a  lieu  en  effet  de  tenir  compte  de  la 
possibilité  de  phénomènes  toxiques  :  coloration  pâle  des  tégu- 
ments, bouffissure  de  la  face  et  des  paupières,  sensation  de 
faiblesse,  vertiges,  perturbations  gastriques,  menace  de 
collapsus,  troubles  dyspnéiques  et  autres,  et  de  les  prévenir 
par  une  surveillance  attentive.  C'est  donc  un  traitement 
dont  la  légitimité  est  en  rapport  direct  avec  la  vigilance  du 
thérapeutiste.  Cela  dit,  on  comprend  que  la  posologie 
et  les  méthodes  d'administration  du  médicament  ne  sont 
pas  indifférentes. 

De  ces  méthodes  la  première  en  date,  en  France  du 
moins,  consiste  dans  1  ingestion  quotidienne  de  4  à 
6  grammes  d'antipyrine  pendant  un  septénaire  et  dans 
l'association  de  ce  remède  à  une  dosé  égale  de  bicarbonate 
de  soude.  En  deux  mots,  c'est  une  médication  mixte^  fai- 
sant appel  aux  propriétés  nervines  de  l'antipyrine  et  aux 
vertus  eutrophiques  des  alcalins.  Elle  consiste  tout  à  la  fois 
dans  l'antipyrinisation  et  l'alcalinisatioa  du  diabétique.  On 
la  prescrit  durant  sept  jours;  puis,  pendant  le  septénaire 
suivant,  on  suspend  tout  médicament  et  on  s'en  tient  au 
régime,  pour  revenir,  après  une  semaine  de  repos,  aux  deux 
agents  médicamenteux. 

Une  autre  méthode,  c'est  la  médication  antipgrinique inté- 
grale^ ses  avocats  administrent  l'antipyrine  seule;  ils  per- 
mettent au  malade  antipyrinisé  l'usage  de  pommes  de  terre 
cuites  à  l'eau,  de  la  mie  de  pain,  et  d'autres  aliments  habi- 
uellement  défendus.   Ils  atténuent  ainsi  les  rigueurs  du 


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7  JoiN  1889 


régime  carno-graisseux,  demandânl  à  Tantipyrine  de  rendre 
rorganisiDe  tolérant  pour  un  diététique  traditionnellement 
et  systématiquement  imposé  aux  diabétiques. 

De  ces  deux  méthodes,  il  faut  adopter  la  première,  con- 
seiller l'association  de  l'aiilipyrine  au  bicarbonate  de 
soude.  Chaque  prise  contiendra  1  gramme  d'antipyrine  pour 
2  grammes  du  sel  alcalin  et  sera  administrée  quatre  fois  par 
jour,  une  heure  avant  ou  après  les  repas  et  durant  huit  à 
douze  jours;  puis  on  suspendra  le  traitement;  ce  sera  une 
période  de  repos  nécessaire  pour  éviter  Talbuminurie  et 
les  accidents  toxiques.  Cette  période  de  repos  doit  se  prolon- 
ger jusqu'au  jour  où,  le  sucre  urinaire  augmentant  de  nou- 
veau, il  y  a  urgence  de  le  réduire  par  une  nouvelle  antipy- 
rinisation  du  malade. 

Ce  n'est  pas  tout.  Il  y  a  des  malades  rebelles  à  l'antipyrine. 
On  la  leur  prescrit  pendant  une  semaine:  le  sucre  ne 
diminue  pas;  que  faire?  Continuer  le  traitement?  Non. 
Mieux  vaut  alors  suspendre  Taniipyrine,  comme  le  conseille 
M.  Robin,  revenir  aux  traitements  classiques  et,  plus  tard, 
répéter  les  tentatives  d'antipyrinisation. 

On  le  voit,  par  sa  posologie  et  son  administration,  la 
médication  antipyrinique  ne  doit  être  et  ne  peut  être,  à 
moins  de  courir  au-devant  des  échecs  ou  desaccidents,  qu'une 
médication  de  tâtonnement.  Elle  ne  saurait  d'ailleurs,  j'en 
appelleautémoignageacadémique  de  M.Dujardin-Beaumetz, 
dispenser  du  régime  diététique:  autre  preuve  de  l'action  de 
l'antipyrine,  non  pas  sur  le  diabète,  mais  bien  sur  la  glyco- 
surie et  la  polyurie,  éléments  pathologiques,  qui  très  pro- 
bablement sont  d'origine  nerveuse  dans  les  cas  où  la 
médication  les  modifie. 

Au  reste,  tenons-nous-en  aux  faits  seulemenl.  On  a  dit: 
l'antipyrine  atténue  le  diabète  parce  que,  médicament 
d'épargne,  elle  diminue  l'activité  des  échanges  et  le  ralentis- 
sement de  la  nutrition  chez  les  diabétiques.  Cette  explica- 
tion doctrinale  recule  la  difficulté,  mais  ne  la  résout  pas. 

On  a  dit  aussi:  l'antipyrine  modifie  l'activité  des  centres 
nerveux  :  c'est  un  nervin.  On  ne  saurait  méconnaître,  en 
effet,  que,  insérée  à  doses  nervines,  c'est-à-dire  à  doses 
élevées,  l'antipyrine  agit  sur  les  nerfs.  La  thèse  de 
M.  Arduin  l'a  établi  depuis  six  ans;  H.  Girard  l'a  montré 
dans  la  Revue  médicale  de  la  Suisse  Romande  du 
15  novembre  1887;  et  moi-même  j'ai  rappelé  naguère  ses 
vertus  modificatrices  de  l'excitabilité  médullaire. 

Est-ce  à  d'autres  titres  qu'elle  réprime  la  polyurie  ou 
diminue  la  glycosurie?  Cette  opinion  parait  vraisemblable. 
Ce  mode  d'action  est-il  le  seul?  On  ne  saurait  l'affirmer. 
L'antipyrine  agit  encore  sur  les  éléments  du  sang  et  sur  le 
foie,  dont  les  cellules  étaient  altérées  dans  les  expériences 
de  Vera  Ivanoff  (thèse  de  Bâle,  1887).  Ce  ne  sont  pas  là,  je 
pense,  des  faits  négligeables  au  point  de  vue  de  la  thérapeu- 
tique et  de  la  clinique  et  la  théorie  du  diabète  d'origine 
hépatique  s'accommoderait  donc  aussi  de  ses  succès? 

Mais  qu'il  soit  médicament  nervin,  pancréatique,  hépa- 
tique ou  autre;  peu  importe,  laissons  la  discussion  de 
ces  questions  théoriques  aux  doctrinaires  des  diverses 
écoles;  restons  sur  les  faits  et  constatons  les  succès  réels 
et  aujourd'hui  encourageants  de  cette  médication;  qui 
d'origine  étrangère  par  droit  de  naissance  est  devenue  fran- 
çaise et  bien  française  par  adoption. 

J'aurais  pu  m'arrêter  aux  théories,  discuter  les  opinions, 
chercher  si  l'antipyrine  soulage  les  diabétiques  en  sa  qua- 
lité d'agent  npodificateur  de  la  nutrition,  en  appeler  à 
Benecke,  en    Allemagne,  à   Bence  Jones,  à  Cantani,  à 


M.  Bouchard  ;  chercher  si  l'on  est  diabétique,  parce  que 
l'organisme  ne  brûle  pas  assez  de  glycose  ou  parce  qu'il  en 
produit  trop.  A  quoi  bon?  Enregistrer  les  faits  cliniques;  au 
point  de  vue  pratique  cela  suffit. 

Depuis  Rollot,  au  commencement  du  siècle,  jusqu'au 
mémoire  de  M.  Esbach,  en  188G,  on  a  compté  vingl-si\ 
théories  pathogéniques  du  diabète  sucré.  En  1889,  on 
pourrait  sans  doute  en  énumérer  vingt-huit  ou  vingt-neuf. 
Est-il  donc  nécessaire  d'en  édifier  encore  une  autre  qui 
serait  la  trentième?  La  polyurie  et  la  glycosurie,  d'origine 
nerveuse,  ne  sont  plus  à  démontrer;  l'antipyrine,  selon 
l'expression  d'un  de  ses  premiers  avocats,  est  un  médica- 
ment bulbaire,  témoin  d'une  part  les  succès  de  celle-ci 
contre  la  maladie  de  Graves,  Huchard,  Arduin,  du 
Cazal,  Gauthier  (de  Charolles);  témoin  ses  vertus  dolori- 
fuges  (1)  ;  témoin,  d'autre  part,  comme  M.  Brouardel  l'a  écril 
judicieusement,  <  le  rôle  capital  de  la  lésion  nerveuse  qui 
est  si  bien  le  point  de  départ  que  le  diabète  sucré  se 
transforme  parfois  en  diabète  insipide.  » 

Essayés  d'abord  contre  la  polyurie,  préconisés  aujourd  liui 
contre  la  glycosurie,  les  services  que  l'antipyrine  rend  dans 
le  traitement  du  diabète  sont  donc  bieu  ceux  que  d'autre.^ 
médicaments  moins  nouveaux,  mais  tout  aussi  nervins,  oui 
pu  rendre  et  rendent  encore.  M.  Worms  le  rappelait  der- 
nièrement à  ses  collègues  de  l'Académie.  Ne  trouvez-vous 
pas  que  la  remarque  était  opportune?  Il  ne  faudrait  pas,  en 
effet,  que  l'antipyrine  fit  oublier  la  quinine  dans  le  traite- 
ment du  diabète  de  forme  nerveuse.  Il  est  désirable  de  le 
rappeler,  de  temps  en  temps,  à  une  époque  où  le  triomphe 
éphémère  de  certains  remèdes  nouveaux  fait  oublier  les 
médicaments  depuis  longtemps  éprouvés. 

J'ai  lieu  de  croire  qu'au  prochain  Congrès  interna- 
tional de  thérapeutique  où  l'antipyrine  et  ses  rivales  tien- 
dront, parait-il,  une  grande  place  dans  l'ordre  du  jour,  il 
se  trouvera  des  orateurs  pour  développer  ce  vœu  et  des 
congressistes  pour  l'adopter.  Ce  sera  fort  utile  pour  le 
bien  des  malades  et  dans  l'intérêt  de  la  vérité. 

Ch.  ÉLOT. 


CONTRIBOTIONS  PHARMACEUTIQUES 

Potion  an  baume  de  Toln. 

Le  sirop  de  Tolu  du  Codex,  préparé  par  une  digestion  du 
baume  dans  l'eau  distillée,  ne  contient  que  les  parties  de 
ce  baume  solubles  dans  l'eau,  c'est-à-dire  les  acides  cinoa- 
mique  et  benzolque  et  de  l'huile  essentielle  aromatique.  La 
partie  résineuse  du  baume  reste  intacte  et  n'est  pas  em- 
ployée en  pharmacie.  Le  sirop  de  Tolu  doit  donc  être  consi- 
déré comme  un  sirop  saturé  d'acides  dont  la  valeur  anti- 
septique est  connue,  et  aromatisé  au  Tolu. 

L'acide  cinnamique  forme  la  presque  totalité  des  acides 
contenus  dans  le  baume  de  Tolu,  il  est  moins  solubledan> 
l'eau  que  l'acide  benzolque  ;  mais,  comme  ce  dernier,  il 
jouit  de  la  propriété  de  transformer  l'acide  urique  dans  les 
urines  en  acide  hippurique  beaucoup  plus  soluble.  Chaque 
cuillerée  à  soupe  de  sirop  de  Tolu  contient  0,045  environ 
d'acide  cinnamo-benzoîque,  quantité  à  laquelle,  à  tort,  on 
n'a  jamais  prêté  la  moindre  attention.  Des  auteurs  s»nl 

(1)  Cli.  Éloy.  Dêi  antiihermUiuft  comme  inédicameiUa  fiervitu  {Gai.  hfbi. 
2  septembre  1887). 


7  Juin  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  23.—    367 


allés  jusqu'à  proposer  des  proportions  de  baume  dix  fois 
moindres  que  celles  exigées  par  le  Codex, 

Il  faut  bien  avouer  que  l'action  médicamenteuse  du 
baume  en  nature,  soit  sur  les  bronches,  soit  sur  les  reins, 
est  bien  supérieure  à  celle  du  sirop;  et  Ton  ne  s*explique 
pas  pourquoi  il  est  si  peu  usité.  Bien  que  la  forme  pilulaire 
soit  ici  la  plus  avantageuse,  la  potion  émulsionnée  peut, 
dans  certains  cas,  trouver  son  emploi.  Et  c'est  justement 
pour  mettre,  dans  ces  sortes  de  préparations,  l'uniformité 
qui  leur  manque,  que  nous  donnons  la  formule  suivante 
avec  son  mode  opératoire  : 

Baume  de  Tolu 4  grammes. 

Gomme  pulvérisée 10       — 

£au  de  fleurs  d'oranger 10       — 

Sirop  de  laurier-cerise 30        — 

Eau 100        — 

Mettez  la  gomme  dans  un  mortier  avec  un  peu  d'eau , 
développez  le  mucilage,  ajoutez  le  sirop,  puis,  petit  à  petit, 
25  grammes  de  teinti\re  de  Tolu  du  Codex,  et  enGn  l'eau. 
On  obtient  ainsi  une  émulsion  dont  chaque  cuillerée  à  soupe 
contient  50  centigrammes  de  baume  de  Tolu.  On  peut 
diminuer  de  moitié  la  quantité  d'alcool  en  dissolvant  à 
chaud  les  5  grammes  de  Tolu  dans  10  grammes  d'alcool  à 
80  degrés.  Dans  ce  dernier  cas,  l'émulsion  terminée  doit 
être  passée  à  travers  un  blanchet. 

Pierre  Vicier, 
♦ 

REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

Faculté  de  médecine.  —  Cours  de  pathologie  interne 
M.  le  professeur  Dieulafoy. 

Syphilis  du  poumon  et  de  la  plèvre. 

(Leçons  recueillies  par  le  docteur  Fernand  Widal,  interne 
des  hôpitaux.) 

(Fin.  — Voyez  les  n"  18, 19,  20, 21  et  22.) 

MM.  Dubousquet-Laborderie  et  Ernest  Gaucher  ont 
rapporté  dans  la  Revue  de  médecine  pour  1884,  Thistoire 
intéressante  d'une  fillette  de  huit  ans  et  demi  qui  s'était 
présentée  à  eux  avec  tous  les  signes  d'une  caverne  pulmo- 
naire localisée  au  sommet  du  côté  droit  et  tout  l'aspect 
d'une  phlhisique  arrivée  à  la  dernière  période.  Ces  deux 
médecins  soupçonnèrent  pourtant  la  nature  syphilitique  de 
la  pneumopatnie  en  raison  des  altérations  caractéristiques 
de  syphilis  héréditaire  inscrites  sur  les  dents  de  cet  enfant, 
en  raison  encore  d'une  tumeur  développée  au  niveau  du 
sternum,  tumeur  qui  prise  d'abord  pour  un  abcès  fut  considé- 
rée ensuite  comme  une  gomme  à  cause  de  la  nature  de  son 
contenu.  Le  soupçon  se  changea  en  certitude  lorsque  le 
père  vint  un  jour  consulter  par  hasard  pour  une  onyxis 
syphilitique  d'un  des  doigts  de  la  main  gauche  et  avoua, 
après  interrogatoire,  avoir  contracté  un  chancre  induré 
douze  ans  auparavant.  On  prescrivit  immédiatement  les 
frictions  mercarielles  et  l'ioaure  de  potassium.  Le  traite- 
ment devait  promplement  donner  raison  au  diagnostic. 
L'amélioration  fut  si  rapide  ({u'au  bout  d'un  mois  on  ne 
trouvait  plus  au  sommet  droit  qu'une  respiration  un  peu 
soufflante.  Au  bout  de  deux  mois  Tenfant  était  complète- 
ment rétablie  et  dix  mois  après  la  première  constatation  des 
accidents,  la  guérison  ne  s'était  pas  démentie. 

J'ai  observé  moi-même  un  cas  de  syphilis  pulmonaire 
héréditaire  tardive  dans  les  circonstances  que  voici  :  je  fus 
appelé,  en  1884,  dans  une  famille  russe,  pour  donner  mes 


soins  à  un  jeune  enfant  de  quatorze  ou  quinze  mois,  dont 
j'avais  autrefois  soigné  le  père  pour  la  syphilis.  Mon  petit 
malade,  après  avoir  souffert  successivement  de  troubles 
oculaires,  de  suppuration  de  l'oreille  et  de  périostite 
double  des  deux  poignets,  fut  reconduit  en  Russie  par  ses 
parents.  Deux  ans  plus  tard,  le  père  revenait  à  Paris  pour 
m'amener  son  fils  qu'il  croyait  cette  fois  voué  à  une  mort 
certaine.  L'enfant  portait  tous  les  signes  d'une  caverne 
à  la  f.ar!i  mjyenne  de  l'un  des  poumons  et  présentait  tout 
l'aspect  d'un  phthisique. Connaissant  la  syphilis  du  père,  je 
n'hésitai  pas  et  je  diagnostiquai  une  pneumopathie  syphili- 
tique héréditaire;  j'instituai  le  traitement  spécifique  et 
je  donnai  l'espoir  d'une  guérison  prochaine.  Mes  pré- 
visions se  réalisèrent,  car  déjà  après  quelques  jours  les 
transpirations  s'étaient  arrêtées,  1  appétit  était  revenu,  les 
signes  stéthoscopiques  s'étaient  amendés  et  au  bout  de  quel- 

Ïues  semaines  il  ne  restait  plus  signe  de  la  pneumopathie. 
ul  doute  que  si  cet  enfant  eut  été  vu  par  un  médecin 
ignorant  la  syphilis  du  père,  il  eût  été  traité  comme  tuber- 
culeux et  cette  erreur  lui  aurait  coûté  la  vie. 

Je  pourrais  vous  citer  encore  une  observation  de  syphilis 
pulmonaire  prise  dans  mon  service,  en  1886,  par  M.  Le- 
grand,  alors  mon  interne,  mais  dans  ce  cas  je  ne  saurais 
vous  dire  si  la  pneumopathie  relevait  de  la  syphilis  acquise 
ou  de  la  syphilis  héréditaire;  jugez  plutôt: 

Un  homme  était  entré  à  l'hôpital  Saint-Antoine  avec  de 
la  toux,  des  hémoptysies  et  tous  les  signes  rationnels  de  la 
phthisie  pulmonaire  tuberculeuse.  Nous  fûmes  cependant 
arrêtés  dans  notre  diagnostic  par  la  localisation  bizarre  de 
la  lésion  à  la  partie  moyenne  du  poumon,  par  l'absence  de 
bacilles  dans  les  crachats  et  enfin  par  la  constatation  de 
dents  tvpiques  d'Hutchinson. 

Fouillant  alors  le  passé  de  notre  malade,  nous  trouvâmes 
chez  lui  des  stigmates  de  syphilis  dont  la  filiation  chrono- 
logique était  bien  faite  pour  nous  surprendre.  Cet  homme, 
quelques  années  auparavant,  avait  souffert  de  gommes  du 
tibia,  constatées  par  H.  le  docteur  Barbe;  mais,  chose  éton- 
nante, il  avait  contracté  ensuite  un  chancre  induré  de  la 
verge  dont  il  portait  la  cicatrice  depuis  seize  mois  seule- 
ment. Notre  malade  avait  donc  eu  successivement  deux 
syphilis  :  une  première  héréditaire  (les  déformations  den- 
tal resetlesgommes  des  membres  inférieurs  le  témoignaient); 
une  seconde,  acquise  (le  chancre  induré  de  date  relative- 
ment récente  en  était  une  preuve  suffisante). 

C'était  plus  qu'il  n'en  fallait  pour  administrer  l'iodure  de 
potassium  et  le  mercure,  qui  amenèrent  la  guérison  à  brève 
échéance.  Mais  je  ne  saurai  jamais  si  cette  thérapeutique 
bienfaisante  a  guéri  une  pneumopathie  syphilitique  acquise 
ou  une  pneumopathie  héréditaire. 

Je  vous  ai  prouvé,  par  un  nombre  de  faits  suffisants, 
l'existence  de  la  syphilis  pulmonaire  héréditaire  tardive  et 
je  vous  ai  montré  qu'on  la  diagnostiquait  souvent  en  la 
guérissant.  Aussi  chez  l'enfant  ne  craignez  jamais  de  lasoup- 
çonner,  cette  syphilis  héréditaire  tardive;  elle  est  plus  fré- 
quente que  vous  ne  croyez  et  souvent  on  passe  à  côté  d'elle 
parce  quon  n'y  pense  pas  suffisamment.  Pour  moi, 
nombre  de  bébés  que  l'on  dit  lymphatiques  ou  scrofuleuz, 
parce  qu'ils  ont  des  conjonctivites  qui  ne  guérissent  pas, 
des  coryzas  qui  ne  tarissent  plus  ou  des  rhumes  qui  ne 
s'éteignent  pas,  sont  des  syphilitiques  héréditaires.  Si, 
chez  ces  petits  malades,  le  sirop  de  raifort,  le  sirop  iodo- 
tannique,  le  sirop  d'iodure  de  fer  font  parfois  merveille, 
c'est  surtout,jecrois,gràceàriodequoique  en  faible  quantité, 
que  contiennent  ces  préparations.  Unissez  la  médication 
mercurielle  à  la  médication  iodurée  et  vous  verrez  souvent 
disparaître  avec  une  rapidité  plus  surprenante  encore  et  la 
conjonctivite  et  le  coryza  et  la  bronchite.  Si,  ces  enfants 
dits  lymphatiques  à  cinq  ans,  deviennent  tuberculeux'  à 


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7  Juin  ig89 


quinze  ans,  ne  dites  pas  que  la  scrofule  a  parcouru  ses 
étapes  pour  aboutir  à  la  tuberculose.  Je  pense  que  la  filia- 
tion pathogénique  est  tout  autre  et  que  les  lésions  syphi- 
litiques du  jeune  âge  ont  alors  ouvert  la  porte  au  bacille  de 
Kbch. 

Je  résume  cette  longue  histoire  de  la  syphilis  pulmo- 
naire, en  tirant  quelques  conclusions  pratiques,  les  sui- 
vantes : 

L'époque  d'apparition  est  celle  des  accidents  tertiaires 
viscéraux.  Mais,  si  la  pneumopalhie  survient  souvent  dans 
le  cours  de  la  quinzième,  dix-huitième  ou  vingtième  année 
de  l'infection,  il  faut  savoir  qu'elle  peut  exceptionnellement 
survenir  au  cours  de  la  première  année  (observation  de 
M.  Polain,  de  M.  Mauriac). 

Variable  dans  son  allure,  la  syphilis  du  poumon  revêt 
l'aspect,  soit  de  la  broncho-pneumonie  aiguë,  soit  de  la  tu- 
berculose chronique  commune,  soit  de  la  broncho-pneumo- 
nie chronique  :  il  n'est  pas  de  maladie  du  poumon  qu'elle 
ne  puisse  simuler. 

Variable  dans  sa  durée,  son  évolution  peut  être  rapide  et 
se  faire  en  quelques  jours  ou  quelques  semaines;  elle  peut 
être  lente  et  se  faire  en  deux,  Irois,  quatre  et  cinq  ans. 

Il  y  a  pour  le  syphilitique  pulmonaire,  deux  façons  de 
mourir  :  la  cachexie  ou  la  phlhisie.  Cachectique,  il  meurt 
sans  fièvre  avec  de  l'albuminurie  et  des  œdèmes  généra- 
lisés. Il  tombe  alors  frappé  par  la  syphilis  et  rien  que  par  la 
svphilis  qui  a  louché  tous  ses  organes,  en  y  déterminant  soit 
des  lésions  spécifiques,  soit  la  dégénérescence  amyloïde. 
Phthisique,  il  s'éteint  dans  la  consomption  avec  sueurs 
nocturnes,  ongles  hippocratiques  et  fièvre  hectique.  Il 
meurt  alors  du  fait  de  ses  lésions  pulmonaires  et  rien  que 
par  elles.  Sur  la  localisation  syphilitique  sont  venues  so 
greffer  des  infections  secondaires,  quelquefois  même  la 
tuberculose. 

Le  diagnostic  de  la  svphilis  pulmonaire  est  entouré,  en 
général,  des  plus  grandes  difficultés  en  raison  de  la  plura- 
lité de  ses  formes,  en  raison  aussi  de  ce  fait  que  pas  un  seul 
signe,  par  sa  présence  ou  son  absence,  ne  permet  d  affirmer 
la  pneumopalhie  syphilitique.  Chez  un  phthisique  tubercu- 
leux à  la  période  des  cavernes,  on  doit  toujours  trou- 
ver, le  bacille  de  Koch  dans  les  crachats,  aussi  je  ne 
puis  trop  vous  conseiller  d'en  pratiquer  toujours  Texa- 
men  bactériologique,  mais  n'oubliez  pas  que  tubercules  et 
syphilomes  peuvent  se  développer  simultanément  dans  le 
même  ppumon  et  alors  tout  conspire  pour  égarer  votre  dia- 
gnostic, les  troubles  fonctionnels,  comme  les  signes  phy- 
siques,  comme  l'examen  bactériologique.  Sans  un  hasard 
heureux,  amenant  le  développement  d'une  gomme  appa- 
rente sur  le  testicule,  la  peau,  le  frontal  ou  le  sternum,  la 
nature  de  la  pneumopathie  passerait  le  plus  souvent  ina- 
perçue. Or,  c'est  un  devoir  pour  vou€  d'aller  au-devant  de  ce 
hasard.  Malgré  l'immense  supériorité  de  fréquence  de  la 
phlhisie  tuberculeuse  par  rapport  à  la  phthisie  syphilitique, 
scrutez  les  antécédents  personnels  de  vos  malades,  scrutez 
même  leurs  antécédents  héréditaires,  si  ce  sont  des  en- 
fants ou  des  adolescents,  voire  même  des  adultes  n'ayant 
pas  atteint  la  trentaine  et  si  vous  dépistez  quelques  stig- 
mates de  syphilis,  n'hésitez  pas  à  instituer  le  traitement 
spécifique. 

Ordonnez  le  sirop  de  Gibert,  le  protoiodure  de  mercure, 
la  liqueur  de  Van  Swieten,  ou  mieux  encore  prescrivez 
la  médication  mixte  et  en  même  temps  que  les  frictions 
d'onguent  napolitain  à  la  dose  de  3,  5  et  6  grammes  admi- 
nistrez 5,  G,  8  jusqu'à  12  grammes  d'iodure  de  potassium 
par  joui,  doses  que  j'ai  l'habitude  de  prescrire  dans  mon 
service. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Clinique  médicale. 

Recherches  sun  l'action  thérapeutique  de  la  coromlle 
DANS  LES  affections  CARDIAQUES,  par  M.  le  docteur 
Spillmann,  professeur  de  clinique  médicale,  et  M.  le 
docteur  Haushalter,  chef  de  clinique  à  la  Faculté  de 
Nancy. 

Étudiant  dans  ces  dernières  années  sur  les  animaux, 
l'action  physiologique  des  extraits  de  la  coronille  (Coronilia 
scorpioides)y  M.  le  professeur  SchlagdenhaufTen,  directeur 
de  l'Ecole  de  pharmacie  de  Nancy,  et  M.  Reeb,  de 
Strasbourg,  furent  frappés  de  leur  influence  sur  la  con- 
tractilité  du  cœur  et  sur  la  tension  sanguine.  Persuadé  que 
les  substances  retirées  de  la  plante  étaient  capables  de 
produire  dans  les  aiïections  cardiaques  un  effet  bienfaisant, 
en  stimulant  la  tonicité  du  myocarde,  M.  Schlagdenhauiïen 
nous  demanda  d'entreprendre  dans  notre  service  l'étude  de 
la  coronille.  Nous  devons  ajouter  cependant  qu'en  1886, 
M.  Cardot  (i),  exposant  dans  sa  Vhèse  les  résultats  de 
recherches  entreprises  déjà  sur  l'instigation  de  M.  Schla<;- 
denhauflen,  avait  commencé  l'étude  thérapeutique  de  la 
coronille  en  indiquant  les  effets  constatés  par  lui,  chez  quatre 
malades  atteints  d'affection  cardiaque,  auxquels  il  avait 
administré  de  Texlrait  alcoolique  de  coronille. 

Dans  ces  quatre  cas,  qui  concernent  des  malades  en  état 
d'asystolie  plus  ou  moins  prononcé,  M.  Cardot  donna  l'extrait 
de  coronille  à  des  doses  variant  entre  40  centigrammes 
et  l3',10;  chaque  fois  il  nota  une  augmentation  de  ladiurèse, 
une  diminution  de  l'œdème  et  de  l'oppression,  mais  chaque 
fois  aussi  de  la  diarrhée  et  des  vomissements;  dans  deui 
cas  même,  il  se  produisit  après  fingestion  du  médicament 
des  phénomènes  nerveux  assez  effrayants,  tels  que  vertiges, 
dilatation  des  pupilles,  fourmillements  dans  les  membres; 
aussi  M.  Cardot  conseillait-il  de  ne  pas  dépasser  chei 
l'homme  la  dose  de  i  gramme  d'extrait. 

D'autre  part,  MM.  Schlagdenhauffen  et  Cardot  avaient 
déduit  de  leurs  expériences  sur  les  animaux,  que  l'extrait 
de  coronille  en  injection  intraveineuse  est  toxique  à  la  dose 
de  0«',(X)5parkilogrammed'animal,ce  qui  équivaudrait  à  une 
dose  toxique  de  O'^.SO  pour  un  homme  de  60  kilogrammes; 
pour  toutes  ces  raisons,  nous  crûmes  prudent  de  commencer 
nos  expériences  en  usant  de  doses  faibles,  pour  n'avoir  à 
redouter  aucun  effet  toxique:  nous  administrâmes  au  début 
l'extrait  alcoolique  de  coronille  à  la  dose  de  O^^OI  par  vingt- 
quatre  heures. 

Récemment  MM.  Schlagdenhauffen  et  Reeb  ont  isolé  de 
la  coronille  un  glucoside,  qui  semble  être  le  principe 
réellement  actif,  la  coronilline,  et  qui  jouit  à  peu  près  des 
mêmes  propriétés  physiologiques  que  l'extrait  ;  il  résulte 
des  expériences  faites  par  eux  que  la  dose  toxique  de  coro- 
nilline en  injection  intravasculaire  est  de  moins  de  i  milli- 
gramme par  kilogramme  d'animal  ;  d'après  ce  chiffre,  la 
dose  toxique  pour  riiomme  de  60  kilogrammes  serait  environ 
de  0«',0r);  nous  fondant  sur  ce  fîiit,  nous  commençâmes  par 
limiter  à  O^^OOS  la  dose  de  coronilline  administrée  en  vingt- 
quatre  heures  aux  malades  en  expérience. 

Mais  nous  nous  aperçûmes  bientôt  qu'à  la  dose  de  0«V)1 
l'extrait  de  coronille,  et  à  la  dose  de  O^^OOS  la  coronilline, 
ne  produisaient  sur  l'homme  aucune  action  appréciable; 
augmentant  progressivement,  dans  une  série  de  cas,  la 
quantité  de  médicament,  nous  finîmes  par  constater  que 
l'extrait  de  coronille  ne  commençait  à  être  efficace  qu'à  la 
dose  de  0«%40-0«%50  environ,  et  la  coronilline  à  la  dose 
de  09%20  à  09'",30;  dépassant  graduellement  celte  dose,  nous 

(!)  Cardot,  Recherchet  expérimentaltt  tur  l'extrait  de  coronilia  tcorpioidi9. 
Thèse  do  Nancy,  1880. 


Juin  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        ~  N*  23  —    369 


arrivâmésà  obtenir  le  maximum  d  action  avec  1«%50  d'extrait 
de  coronille  et  0«'^,60  de  coronilline,  sans  avoir  du  reste  à 
constater  les  accidents  nerveux  observés  par  M.  Cardol. 

De  ces  premiers  faits,  nous  pouvons  légitimement  conclure: 
1*"  que  l'extrait  df,  coronille,  expérimenté  par  M.  Cardot, 
n*était  probablement  pas  absolument  identique  à  celui  sur 
lequel  ont  porté  nos  expériences  et  qu'il  contenait  des 
produits  quelconques,  capables  de  provoquer  les  svmptômes 
nerveux  constatés;  2""  que  le  pouvoir  toxique  de  1  extrait  de 
coronille  et  de  la  coronilline  introduits  dans  Torganisme 
animal,  par  injection  veineuse,  est  bien  supérieur  au 
pouvoir  toxique  des  mêmes  produits  introduits  par  voie 
stomacale  chez  l'homme;  cette  différence  de  toxicité  dépend 
sans  doute  de  modifications  subies  dans  le  tube  digestif  par 
le  principe  actif. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  faits,  dont  l'explication  est  à 
donner,  il  nous  reste  à  exposer  les  résultats  obtenus  par 
l'administration  de  l'extrait  de  coronille  et  de  coronilline  à 
la  dose  reconnue  active  ;  nous  nous  dispenserons  de  relater 
les  cas  assez  nombreux  dans  lesquels,  au  début,  nous  avons 
expérimenté  par  tâtonnement  des  doses  plus  faibles. 

L'extrait  de  coronille  fut  administré,  soit  sous  la  forme 
pilulaire,  soit  en  cachet,  soit,  le  plus  souvent,  en  potion; 
toutes  ces  préparations  nous  ont  été  fournies  par  M.  le  pro- 
fesseur Scnlagdenhauffen  ;  l'extrait  de  coronille  et  la  coro- 
nilline ont  une  amertume  des  plus  désagréables,  que  ne 
parviennent  pas  à  masquer  complètement  les  sirops  auxquels 
on  les  incorpore. 

La  coronille,  d'après  les  expériences  premières  de 
MM.  Schlagdenhauflfen,  Reeb  et  Cardot,  et  d'après  des  expé- 
riences renouvelées  tout  récemment  par  MM.  Schlagden- 
haulTen  et  Gley  {Société  de  biologie,  séance  du  20  avril  1889), 
agissant  tout  particulièrement  sur  le  myocarde,  pour 
accroître  l'énergie  de  sa  contractilité,  nous  la  prescrivîmes 
constamment  aux  malades  atteints  pour  une  cause  ou  une 
autre  d'asystolie  h  ses  divers  degrés;  dans  neuf  cas  nous 
avons  donné  l'extrait  de  coronille  à  la  dose  supposée  active, 
la  coronilline  dans  huit  cas. 

Sur  ces  dix-sept  cas,  huit  fois,  c'est-à-dire  dans  la  nioitié 
des  cas  à  peu  près,  l'extrait  de  coronille  ou  la  coronilline 
ont  eu  une  action  efficace,  et  ont  amendé,  en  partie  au 
moins,  les  symptômes  de  l'asystolie  ;  deux  fois,  ils  ont 
produit  une  amélioration  minime;  sept  fois  leur  effet  théra- 
peutique a  été  nul. 

Nous  commencerons  par  résumer  succinctement  les 
observations,  dans  lesquelles  l'extrait  de  coronille  et  la 
coronilline  ont  produit  un  effet  utile  (1). 

Obs.  I.  Myocardite  granulo^groiàseuse  d* origine  alcoolique. 
—  Homme,  cinquanle-deux  ans,  commissionnaire,  alcoolisé | 
myocardite  granulo-graisseuse  :  bruits  du  cœur  sourds,  choc 
diffus,  pouls  petit,  mou,  régulier,  œdème  des  membres  inté- 
rieurs, urines  rares. 

Le  G  février.  —  Urines,  200  centimètres  cubes.  Coronilline, 
\o  centigrammes. 

Le  7.  —  Urines,  800  c.  c.  Coronilline,  30  centigrammes. 

Le  8.  —  Urines,  tOOOc.  c.  Coronilline,  30  centigrammes. 

Le  9.  —  Urines, 2000  c.  c.  Coronilline,  30  centigrammes. 

Dos  lors  rœdème  disparaît,  le  pouls  est  renforcé,  les  urines  se 
maintiennent  entre  1500  et  2000  c.  c,  et  le  malade  sort  consi- 
dérablement amélioré. 

Obs.  il  Insuffisance  mitrale  avec  rétrécissement. —Homme, 
trente-quatre  ans,  voiturier,  a  subi  il  y  a  trois  ans  une  atteinte 
de  rhumatisme  articulaire  aigu  ;  entré  à  l'hôpital  le  il  novem- 
bre 1887  avec  les  symptômes  d'une  insuffisance  mitrale  avec 
réirécissement  imparfaitement  compensés;  à  plusieurs  reprises 
il  est  soumis  au  traitement  par  la  digitale. 

Kn  avril  1889,  étant  en  asystolie  avec  cyanose,  œdème  des 
membres  inférieurs,  congestion  pulmonaire,  pouls  petit,  mais 

(1)  Nous  teoon»  à  remercier  M.  le  docteur  Fistië  de  l'obligeance  qu'il  a  mise  à 
recHeillir  pendant  les  vacancoa  d'automne  de  1888  les  obsenralions  des  malades 
auxquels  nous  administrions  la  coronille. 


régulier,  urines  rares  (500-600  c.  c.)  ;  on  lui  administre  de 
l'extrait  de  coronille  en  potion,  à  la  dose  de  30,  50  et  80  centi- 
grammes; la  respiration  devient  plus  facile,  les  urines  augmen- 
tent (2000  c.  c). 

Le  22  février  1889.  —  Orthopnée, cyanose, dilatation  des  veines 
du  cou,  œdème  pulmonaire,  congestion  hépatique,  pouls  filiforme 
et  régulier;  urines  rares,  800  c.  c.  Coronilline,  15  centigrammes. 

Le  23.  —  Urines,  1500  c.  c.  Le  pouls,  toujours  petit, 
est  plus  fort  que  la  veille;  la  cyanose  est  moindre.  Coronilline, 
30  centigrammes. 

Le  24.  —  Urines,  2000  c.  c.  Le  malade  se  trouve  mieux, 
dort  bien  la  nuit,  a  eu  un  peu  de  diarrhée  à  la  suite  de  sa 
potion.  Coronilline,  45  centigrammes. 

Le  25.  —  Urines,  15(X)  c.  c.  Le  chiffre  des  urines  se 
maintient  pendant  deux  jours  aux  environs  de  1500  c.  c,  puis 
il  tombe  a  800-1000  c.  c.  ;  les  symptômes  de  stase  veineuse, 
légèrement  amendés  par  la  coronilline,  reparaissent. 

Le  9  mars.  —  Orthopnée,  cyanose,  pouls  filiforme,  œdème  ; 
urines,  800  c.  c.  Coronilline,  dO  centigrammes. 

Le  10.  —  Urines,  15(K)  c.  c.  ;  Tœdème  a  un  peu  diminué; 
le  malade  a  eu  dix  selles  diarrhéiques.  Coronilline,  30  centi- 
grammes. 

Le  11.  —  Urines,  1500  c,  c.  Mêmes  symptômes. 

Le  20.  —  Une  nouvelle  potion,  avec  50  centigrammes  de 
coronilline,  est  administrée  ;  elle  reste  sans  effet,  comme  du 
reste  la  digitale,  qui  est  prescrite  quelques  jours  après. 

Obs.  IIL  Myocardite.  Hypertrophie  du  cœur.  Artériosclérose 
généralisée.  —  Homme,  soixante  ans,  artério-scléreux,  arthri- 
tique, alcoolisé,  atteint  d* hypertrophie  du  cœur,  entre  le 
28  février  avec  les  symptômes  de  dégénérescence  graisseuse  du 
myocarde;  pouls  lent,  régulier,  œdème,  cyanose,  dilatation  des 
veines  du  cou,  bruits  du  cœur  sourds,  état  de  suodélire,  urines 
foncées  et  sédimenleuses,  10(X)  c.  c. 

Le  1"  mars.  —  Urines,  1000  c.  c.  Coronilline,  30  centi- 
grammes. 

Le  2.  —  Urines,  3000  c.  c.  Le  malade  respire  mieux.  Coro- 
nilline, 30  centigrammes. 

Le  3.  —  Urines,  2000  c.  c.  Coronilline,  30  centigrammes. 

Le  4.  —  Urines,  1200  c.  c. 

Le  5.  —  Urines,  1500  c.  c.  Coronilline,  30  centigrammes. 

Durant  Tadministration  de  la  coronilline,  la  dyspnée  a  un  peu 
diminué,  mais  Tœdème  et  la  cyanose  ne  se  sont  guère 
modifiés. 


CoronjHina 
^OB         orso  o»jO 


Coromlline 
0^30  orso  o^to^ 


Trace  i.  —  Action  de  la  coronilline  sur  la  diurèse    (obs.  III 

Jusqu'au  9  mars,  les  urines  se  maintiennent  aux  environs  de 
1200  c.  c. 

Le  9.  —  Urines,  1200  c.  c.  Coronilline,  30  centigrammes. 

Le  10.  —  Urines,  1800  c.  c.  Coronilline,  50  centi- 
grammes. 

Le  11.  —  Urines,  2600  c.  c.  Coronilline,  60  centi- 
grammes. 

Le  12.  —  Urines,  2600  c.  c. 

La  coronilline  est  supprimée. 

L'œdème  restant  toujours  le  même,  et  le  malade  se  plaignant 
de  dyspnée  et  d'insomnie, on  prescrit  les  13,  14  et  15,  une  potion 
avec  50  centigrammes  d*herbe  de  digitale;  en  trois  jours,  les 
urines  tombent  à  800  c.  c,  pour  remonter  le  16  et  le  17,  à 
2400  c.  c,  en  même  temps  que  Tœdème  diminue  un  peu. 

Les  18,19.  —  Les  urines  retombent  au  chiffre  de  lOOO  c.  c, 
Tœdème  augmente  ;  la  cyanose,  la  stase  nul  mon  aire  augmentent. 

Le  20.  —  Urines,  1000  c.  c.  Coronilline,  50  centi- 
grammes. 

Le  21.  —  Le  malade,  après  avoir  pris  sa  potion,  a  eu  des 
vomissements  et  de  la  diarrhée. 

Urines,  2000  c.  c. 

Le  22.  —  Urines,  2600  c.  c.  Coronilline,  50  centi- 
grammes. 


370 


N*  23  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


7  Jdin  1889 


Le  23.  —  Urines,  3200  c.  c.  Le  pouls  est  régulier,  assez 
ample,  mais  l'œdème  persiste  avec  la  dyspnée,  rinsomnie  et  le 
snbdélire. 

Le  24.  —  Urines,  2400  c.  c.  Le  malade  est  actuellement 
encore  en  observation. 

Obs.  IV,  Myocardite  granulo-graisseusc  alcoolique.  -- 
llonimo,  cinquante-neuf  ans,  voiturier  alcoolisé,  entre  à  Thôpital 
le  18  novembre  1887  en  état  d'asystolie;  jusqu'en  avril  1888,  son 
état  est  amélioré  plusieurs  fois  par  la  digitale  et  le  strophantus 

Le  12  avril,  le  malade  étant  en  état  complet  d'asystolie,  on 
administre  une  potion  avec  2  centigrammes  d'extrait  de  coronille  ; 
du  12  au  29  avril,  la  coronille  est  administrée  à  des  doses  variant 
de  2 à  10  centigrammes,  sans  qu'il  y  ait  d'amélioration  notable; 
tout  au  plus,  le  malade  prétend-il,  après  avoir  pris  le  médica- 
ment, respirer  un  peu  mieux. 

Le  29.  —  Extrait  de  coronille,  50  centigrammes. 

Le  30.  —  Le  malade  a  dormi  un  peu  mieux,  la  respiration  est 
plus  facile,  mais  Tœdème  persiste;  le  pouls  est  irrégulier,  les 
urines  toujours  rares, 500  centimètres  cubes.  Extrait  de  coronille, 
80  centigrammes. 

Le  1'"'"  mai.  —  Pas  de  dyspnée  ;  pouls  plus  régulier,  égal, 
œdème  un  peu  moindre.  Urines,  1000  c.  c. 

Les  3,  4, 5.  —  Le  malade  prend  1  gramme  d'extrait  de  coro- 
nille; la  respiration  est  plus  facile,  les  urines  assez  abondantes, 
1000-1200  c.  c,  le  pouls  plus  régulier,  mais  l'œdème  et  la 
cyanose  persistent  en  jg^rande  partie. 

Le  malade  succombe  bientôt  dans  un  accès  d'asystolie  sur 
lequel  les  médicaments  cardiaques  n'ont  plus  aucun  effet. 

Obs.  V.  Insuffisance  mitrale  avec  rétrécissement.  —  Homme, 
trente-sept  ans,  sujet  à  des  bronchites  et  à  de  l'oppression 
depuis  plusieurs  années,  entré  en  février  1888,  avec  symptômes 
d'asystolie,  liés  à  une  insuffisance  mitrale  avec  rétrécissement; 
à  plusieurs  reprises  son  état  est  amélioré  par  la  digitale  ou  le 
strophantus. 

Le  16  avril.  —  Le  malade  étant  cyanose,  œdématié,  en  orlho- 
pnée,  avec  pouls  filiforme,  presque  incomptable,  on  prescrit  une 
potion  avec  2  centigrammes  d'extrait  de  coronille,  qui  est  vomie 
presque  immédiatement. 

Le  17.  —  Extrait  de  coronille,  10  centigrammes. 

Le  18.  —  Pas  d'amélioration,  urines  rares,  200  c.  c. 

Le  29.  —  La  dose  de  coronille  est  portée  à  50  centigrammes. 

Le  30.  —  Respiration  plus  facile,  moins  de  palpitations,  pouls 
plus  régulier.  Extrait  de  coronille,  50  centigrammes. 

Le  l'"*  mai.  —  Pouls  régulier  (72)  ;  urines,  500  c.  c.  Pas  de 
coronille. 

Le  2.  —  Pouls  irrégulier,  petit,  dyspnée.  Extrait  de  coronille, 
80  centigrammes. 

Le  3. —  Pouls  plus  régulier,  respiration  plus  facile;  urines, 
600  c.  c.  Extrait  de  coronille,  80  centigrammes. 

Le  4.  — Mêmes  symptômes  d'amélioration.  Coronille, 80  centi- 
grammes. 

Le  5.  —  Extrait  de  coronille,  90  centigrammes. 

Le  6.  —  Urines,  900  c.  c;  respiration  moins  difficile,  pouls 
assez  régulier  (92),  œdème  toujours  persistant. 

Le  malade  succombe  à  quelques  jours  de  là  dans  une  recru- 
descence d'asystolie. 

Obs.  VI.  Hypertrophie  du  cœur.  Myocardite.  —  Femme,  cin- 
quante-deux ans,  entrée  le  21  juin  1888.  Dyspnée  d'efibrt  depuis 
quelques  années;  depuis  six  mois,  œdème  des  membres  infé- 
rieurs. A  son  entrée  :  orthopnée,  cyanose,  dilatation  des  veines 
du  cou,  œdème  des  membres  inférieurs,  pouls  petit,  irrégulier, 
inégal;  bruits  du  cœur  sourds,  hypertrophie  du  cœur  gauche, 
dédoublement  du  premier  bruit,  insomnie. 

Le  22  juin.  —  Urines,  500  c.  c.  Extrait  de  coronille, 
1  gramme. 

Le  23.  —  L'œdème  a  diminué,  la  dyspnée  s'est  amendée  ; 
pouls  régulier  (100).  Urines,  1500  c.  c. 

Le  24.  —  Extrait  de  coronille,  1  gramme. 

Le  25.  —  Urines,  1500  c.  c.  La  coronille  est  suspendue. 

Le  28.  —  L'œdème  a  reparu;  pouls  filiforme,  dyspnée,  œdème 
pulmonaire,  urines  rares. 

On  {prescrit  les  I's2, 3  août,  une  infusion  avec  50  centigrammes 
de  digitale. 

Amélioration  passagère  avec  augmentation  de  la  diurèse, 
1250  c.  c. 

Le  6.  —  Les  symptômes  d'asystolie  reparaissent. 


Le  7  et  le  8.  —  l9',50  d'extrait  de  coronille.  Aucune  amélio- 
ration. 
Le  malade  succombe  le  12. 

Obs.  VJL  Insuffisance  mitrale.  —  Homme,  cinquante-sept 
ans,  entre  le  2  juillet  1888  avec  les  symptômes  suivants,  remon- 
tant à  un  mois  :  cyanose,  congestion  du  foie,  dilatation  dt^ 
veines  du  cou,  œdème,  pouls  ir régulier,  iné|pl  ;  urines  rares, 
500  c.  c.  Souffle  systolique  mitral.  Extrait  de  coronille, 
1  gramme. 

Le  3  juillet.  —  Cyanose  un  peu  moindre.  Urines,  1000  c.  c. 
Extrait  de  coronille,  1  gramme. 

Le  4.  —  Respiration  moins  pénible,  moins  de  cyanose,  pouls 
régulier,  assez  ample.  Urines,  1500  c.  c.  Extrait  de  coronille, 
1  gramme. 

Le  5.  —  Urines,  1250  c.  c. 

Le  6.  —  Dypsnée  interne,  cyanose,  œdème.  Urines,  750  c.  c. 
Coronille,  19^50. 

Le  8.  —  Dyspnée  moindre,  pouls  régulier.  Urines,  1250  r.  r. 
Extrait  de  coronille,  l^^oO. 

Le  9.  —  La  dyspnée  persiste,  Tasystolie  fait  des  progn^ 
jusqu'au  15;  on  administre  le  15,  le  16  et  le  17  une  infusion  av<*f 
40  centigrammes  d'herbe  de  digitale  ;  la  digitale  n  a  aucune 
action  efficace  sur  l'asystolie  et  le  malade  succombe  le  20. 

Obs.  VI II.  Myocardite.  Artériosclérose  généralisée.  - 
Homme,  soixante-dix-neuf  ans,  asvstolie  depuis  uuatre  mois. 
Entré  à  l'hôpital  en  avril  188i:  œdème,  dilatation  des  veines  du 
cou,  pouls  petit,  irrégulier,  choc  du  cœur  diffus,  bruits  sourds, 
dyspnée,  urines  rares. 

Le  24  avril.  —  25  centigrammes  de  eoranille. 

Le  25.  —  Même  état  de  l'asystolie;  25  centigrammes  de  coro- 
nille. 

L'asystolie  s'aggravant  toujours,  on  prescrit  30  centigrammes 
de  digitale;  le  pouls  se  régularise,  l'œdème  disparaît,  la  diurèse 
atteint  4  litres. 


^000 

Entrait  de 

coronille  IfSO 

tKtrftii  de  coronille  If  90 

3000 

T 

\ 

^ 

7000 

y 

f 

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vj 

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Tracé  II.  —  AcUon  de  l'extraH  de  coronille  aur  la  diurèse  (oba.  VIII). 

Sorti  de  Thôpital,  le  malade  y  rentre  en  asystolie  le  11  juillf^t, 
avec  un  pouls  filiforme,  de  la  cyanose,  de  la  congestion  du  foie, 
des  urines  très  rares,  300  centimètres  cubes. 

Le  12  juillet.  —  Coronille,  1  gramme. 

Le  13.  —  Urines,  2500  c.  c.  Pouls  plus  ample,  plus  régulier, 
moins  de  dyspnée.  Coronille,  1f'^50. 

Le  14.  —  Urines,  2500  c.  c.  Coronille,  l''%50. 

Le  15.  --  Urines,  2000  c.  c.  Coronille,  l'i',50. 

Le  16.  —  Urines,  4000  c.  c.  Coronille,  1"^50. 

Le  17.  —  L'œdème  a  presque  complètement  disparu.  Le  poiih 
est  plus  régulier  et  ample;  le  malade  dort  la  nuit  et  respira» 
mieux.  Un  peu  de  diarrhée. 

Les  17,  18,  19,20,  21,  22.  -  On  supprime  la  coronille,  les 
urines  tombant  à  1000-1500  c.  c;  l'œdème,  la  dyspnée,  repa- 
raissent, avec  l'irrégularité  accentuée  du  pouls. 

Le  23.  —  Extrait  de  coronille,  1  gramme. 

Le  24.  —  Urines,  3000  c.  c.  L'œdème  diminue,  le  pouls  se 
ralentit,  la  dyspnée  diminue.  Coronille,  1('%70. 

Le  25.  —  Urines,  2200  c.  c.  Coronille,  1»%50. 

Les  jours  suivants,  la  coronille  est  supprimée,  la  diurèse 
diminue,  les  signes  de  Tasystolie  reparaissent. 

Le  30.  —  Coronille,  1fl%70. 

Le  31.  —  Urines,  3000  c.  c.  L'œdème  diminue,  le  pouls  se 
ralentit  (de  110  à  80).  Coronille,  1fl'-,70. 

Le  1"  août.  —  Urines,  2250  c.  c.  Coronille,  19%70. 

Le  2.  —  Urines,  2500  c.  c. 

Le  malade  quitte  l'hôpital  et  est  perdu  de  vue. 

(A  suivre.) 


7  JiTiN  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  23  —    371 


CORRESPONDANCE 

A  M.  LE  DOCTEUR  IlECLUS,  RÉDACTEUR  DE  LA  C    GAZETTE 
HEBDOMADAIRE  ». 

Je  viens  de  lire  avec  un  très  grand  plaisir  larticlc  que  vous 
avez  donné  à  la  Gazette  hebdomadaire  sur  un  cas  d^aïnhum. 
Permettez-moi  de  vous  en  remercier.  Je  goûte  beaucoup,  en 
tout  temps,  rélégante  clarté  de  vos  revues  de  clinique  chirur- 
gicale; mais,  cette  fois,  par  une  faiblesse  que  vous  voudrez  bien 
comprendre  et  excuser,  j*ai  été  doublement  heureux,  puisque 
vous  êtes  venu  soutenir,  à  peu  de  chose  près,  la  doctrine  que  je 
m^étais  permis  d'avancer,  avec  moins  de  preuves  et  beaucoup 
moins  de  talent,  dans  un  article  publié  par  fa  Gazette  hebdoma- 
daire, le  "È  décembre  1885.  Vous  aviez  alors  pris  parti  contre 
nous;  votre  article  d*aujourd'hui  est,  par  conséquent,  un  acte  de 
sincérité  scientifique  qui  vous  tionore  grandement.  Vous  avez 
définitivement  établi,  je  crois,  que  les  faits  d'amputations  spon- 
tanées et  de  strictures  annulaires  plus  ou  moins  complètes  qu'on 
rolève  de  temps  à  autre,  ne  sont  pas  des  cas  d'aînhum  et  que 
cette  bizarre  affection  n'a  été  véritablement  observée  jusqu  ici 
que  sur  des  sujets  de  race  colorée. 

A  l'époque  où  j'écrivais,  elle  n'avait  même  jamais  été  vue 
que  sur  les  nègres,  car  j'avais  tort  de  ne  pas  repousser  net- 
tement tous  les  faits  de  Guyot  et  ie  persiste  à  croire  qu'on  ne 
doit  pas  tenir  compte  des  prétenoues  observations  de  Collas.  Je 
viens  de  relire  sa  note  {Archives  de  médecine  navale,  t.  VlU, 
p.  357-368),  écrite  deux  mois  après  la  publication  (même  recueil, 
même  volume)  du  mémoire  original  de  Da  Silva.  Faites  de 
même  quand  vous  aurez  une  minute  à  perdre,  en  vous  souvenant 
que  Collas  avait  quitté  l'Inde  trois  ou  quatre  ans  au  moins  avant 
la  pr<*mière  description  de  Tainhum.  Qu'importe  d'ailleurs 
aujourd'hui?  La  pièce  pathologique  recueillie  à  Pondichéry  par 
Quétand  et  remise  à  Eugène  Uocbard,  a  tranché  la  question  en 
ce  qui  concerne  les  Hindous. 

Après  votre  article,  il  ne  reste  plus  aux  contradicteurs  de  votre 
thèse  qu'à  nous  présenter  un  cas  d'ainhum  vrai  avec  les  carac- 
tères SI  nets  que  vous  avez  retracés  et  provenant  d'un  sujet  de 
race  blanche.  Alors  seulement  on  pourra  de  nouveau  reprendre 
la  question  qui,  pour  nous,  semble  désormais  jugée. 

Veuillez  agréer,  etc. 

E.  ROCHEFORT, 
Miiiiecin  principal  do  la  marine  en  retraite. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Acadéoile  diea  aelenees. 

Détermination  exacte  de  la  quantité  d'eau  contenue 
DANS  LE  SANG,  par  MM.  Gréhantei  Quinguaud,  — Résumé 
d'expériences  ayant  pour  objet  de  préciser  les  conditions 
dans  lesquelles  l'eau  peut  augmenter  dans  le  sang  et  la 
proportion  d'eau  contenue  dans  le  sang  artériel  et  dans  le 
sang  veineux. 

Les  auteurs  ont  trouvé  moins  d'eau  dans  le  sang  veineux 
que  dans  le  sang  artériel,  ce  qui  peut  s'expliquer  en  admet- 
tant qu'une  portion  de  l'eau  du  sang  artériel  pénètre  dans 
les  vaisseaux  lymphatiques. 

Dosage  de  l'urée  dams  le  sang  et  dans  les  muscles, 
par  MM.  Gréliant  et  Quinquaud.  —  La  question  du  lieu 
de  formation  de  l'urée  est  loin  d'être  résolue. 

On  a  signalé  dans  les  muscles  des  traces  d'urée  :  les 
muscles  humains,  dit  Gorup-Besanez,  ceux  des  mammi- 
fères et  même  ceux  des  principaux  animaux,  à  l'exception 
de  ceux  des  Plagiostomes,  ne  contiennent  généralement 
pas  d'urée.  Pour  étudier  ce  lieu  de  formation,  les  auteurs 
ont  comparé  lar  quantité  d'urée  contenue  dans  un  certain 
poids  de  muscle  à  celle  que  l'on  trouve  dans  un  poids  égal 
de  sang  artériel  traité  par  l'alcool  par  le  procédé  Gréhant. 

De  leurs  expériences  ils  concluent  que  rurée  parait  se 
former  dans  les  miLscles. 

D'après  leurs  analyses,  51  grammes  de  muscles  de  raie 


renferment  1  gramme  d'urée,  c'est-à-dire  cinquante  fois 
plus  que  ceux  des  mammifères,  tandis  c[ue  le  sang  pris  dans 
le  cœur  a  paru  en  renfermer  une  quantité  plus  faible. 


Aead^mle  de  médeelne. 

SÉANCE  DU  4  JUIN     1889.   —  PRÉSIDENCE 
DE   M.   MAURICE   PERRIN. 

M.  le  minifllrc  do  l'inh^riour  transmet  un  rapport  do  M.  Saueliire  sur  le  urviee 
de  la  vaccine  au  Havre  en  1888. 

M.  hs  doclour  Marly  envoie  la  relation  d'une  épidémie  de  varioU  à  SaUeM- 
d^Aude  en  4888. 

M.  le  docteur  J.  Monard  adresse  une  brochure  sur  le  traitement  aux  eaux 
d^AiX'lei-Baint. 

M.  ÀUio(,  mcJpcîn  à  Ncung-sur-Beuvron  (Loir-et-Clier)  et  M.  le  docteur  iVarJeh 
(de  Sniyrne)  envoient  des  Plis  cachetée  dont  le  dépôt  est  accepté. 

M.  le  docteur  Gibier  adresse  une  note  sur  la  fièvre  jaune  en  Floride. 

M.  Féréolhll  liomniaf^e,  de  la  part  de  M}i.Charcot  et  PatU  Richer,  d'un  ouvrage 
sur  lei  difformet  et  let  maladet  dam  l'art. 

M.  Brouardcl  dépose  le  compte  rendu  des  opérations  du  service  munici|ial  do 
vaccine  de  Lyon  depuis  sa  fondation  jusqucs  et  y  compris  l'année  1888. 

M.  Liboulbène  présente  une  tlièso  de  M.  le  doclour  Larrieu  sur  Gui  Patin,  sa 
vie,  soii  œuvre  et  sa  tlicrapeullque. 

M.  Proutt  dépose  un  mémoire  de  M.  lo  docteur  Malibran  sur  l'atonie  intetli^ 
nale  et  tee  eomplieationt. 

M.  l^on  Colin  présente  :  1*  do  la  part  de  M.  le  docteur  Rouire,  médecin-major 
de  2*  classe,  chef  du  service  du  19«  escadron  du  train  des  équipages,  un  rapport 
manuscrit  sur  let  vaceinatiom  et  let  revaceinationt  qu'il  a  pratiquées  en  1888- 
1889;  2*  au  nom  de  M.  le  docteur  L.  CoUin,  médecin-mi^or  de  3*  classe,  un 
rapport  manuscrit  sur  Ut  vaccinations  et  revaccinationt  des  troupes  du  gouver- 
nement militaire  de  Paris. 

M.  Constantin  Paul  dépose  une  brochure  de  M.  le  docteur  Lavielle  sur  lo 
traitement  thennal  du  rhumatisme  chronique. 

Élections.  —  M.  Lafosse  (de  Toulouse)  est  élu  associé 
national  par  30  voix  sur  35  volants,  contre  3  à  M.  Hergott, 
1  à  M.  Sirus-Pirondi  et  1  à  M.  Willemin. 

M.  Stru«-PiroH(fi  (de  Marseille)  est  également  élu  associé 
national,  par  32  voix  sur  46  votants,  contre  8  à  H.  Hergott, 
3  à  M.  Willemin,  1  à  M.  Azam,  1  à  M.  Raimbert  et  1  bulletin 
nul. 

Eaux  minérales.  —  M.  Constantin  Paul  lit  plusieurs 
rapports  sur  des  demandes  en  autorisation  pour  des  sources 
d'eaux  minérales. 

Démographie.  —  M.  le  docteur  Henri  Benrot,  maire  de 
la  ville  de  Reims,  présente  un  album,  dressé  en  vue  de 
l'Exposition,  et  qui  renferme  près  de  deux  cents  tracés  gra- 
phiques concernant  les  divers  services  d'assistance  et 
d'hygiène  de  cette  ville.  Il  insiste  sur  les  avantages  qu'une 
pareille  œuvre,  si  elle  était  entreprise  dans  toutes  les  com- 
munes de  France,  pourrait  procurer  au  point  de  vue  de  la 
salubrité  générale  et  des  progrès  de  rii;^giène  publique.  Il 
montre,  par  plusieurs  exemples,  les  sacrifices  et  les  efforts 
faits  depuis  quelques  années  à  Reims  pour  en  assurer  la  salu- 
brité, en  ce  qui  concerne  l'amenée  d'eau  potable,  la  propreté 
de  la  voie  publique,  l'évacuation  des  immondices  et  des 
matières  usées,  ainsi  que  sur  leur  épuration  par  le  sol.  Il 
prouve  enfin  quel  rôle  et  quelle  importance  ont  les  statis- 
tiques démographiques  sur  le  développement  et  le  perfec- 
tionnement de  1  hygiène  sociale.  —  (Le  mémoire  de 
M.IIenrotest  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  com- 
posée de  MM.  Brouardel  et  Proust.) 

Diabète.  —  M.  Worms,  répondant  aux  objections  nui  lui 
ont  été  faites  dans  la  dernière  séance,  se  félicite  tout  d  abord 
d'avoir  provoqué  cette  discussion,  car  le  diabète  se  présente 
aujourd  hui  avec  une  fréquence  alarmante,  par  suite  sans 
doute  de  l'intensité  croissante  de  l'activité  intellectuelle. 
M.  Dujardin-Beaumetz  s'est  étonné  de  la  rareté  relative,  chez 
les  malades  de  M.  Worms,  des  trois  phénomènes  classiques  : 
polydipsie,  polyurie,  polyphagie;  or  ces  personnes,  lorsque 
celui-ci  les  a  vues  pour  la  première  fois,  n'avaient  jamais 
fait  analyser  leur  urine;  comme  elles  se  plaignaient  de 


372    —  N*  23 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


7  Juin  «89 


froubles  divers  dans  leur  santé,  il  a  été  amené  à  pratiquer 
cette  analyse.  Il  a  donc  pu  surprendre  le  diabète  à  l'état  nais- 
sant. De  là  cette  notion  précieuse  de  Texistence  d'une  période 
initiale  du  diabète  où  la  glycosurie  est  latente,  où  elle  passe 
le  plus  souvent  inaperçue  parce  que  la  soif  et  la  polyurie 

3ui  raccompagneront  plus  tard  font  encore  totalement 
éf'aut.  Le  fait  est  d'une  importance  capitale,  puisque  la 
découverte  du  Jdiabète  à  la  période  initiale  a  permis 
d'instituer  utilement  le  traitement  et  de  maintenir  les 
malades  dans  un  état  relativement  favorable,  à  l'abri  d'acci- 
dents redoutables.  Mais  il  y  a  des  diabétiques  qui,  même  à 
un  stade  plus  avancé,  n'ont  ni  polyurie,  ni  polydipsie,  ni 
polyphagie.  Tous  les  auteurs  ont  noté  ce  fait.  Une  première 
conséquence  importante  est  que  la  recherche  du  sucre  doit 
être  faite  à  l'occasion  de  n'importe  quel  trouble  de  santé. 
Les  statistiques  de  M.  Worms  démontrent,  malgré  les 
réserves  de  M.  Dujardin-Beaumetz,  que  les  diabétiques, 
traités  îivec  prudence,  peuvent  atteindre  un  âge  très  avancé. 
M.  G.  Sée  considère  comme  unique  dans  la  science  la  gué- 
rison  d'un  cas  de  coma  diabétique  observé  par  M.  Worms  ; 
cependant  Frerichs  en  cite  trois;  Stradelmann  ('1887)  en  a 

SUDiié  un  ;  Stockvis  considère  la  mortalité  générale  du  coma 
iabétique  comme  étant  de  56  pour  100.  La  cause  du  coma 
doit-elle  être  attribuée  à  l'acétone  ou  à  l'acide  oxybulyrique  B  ? 
C'est  une  question  en  suspens.  Il  importe  de  mettre  entre  les 
mains  des  médecins,  pour  l'analyse  de  l'urine,  un  réactif 

[pratique,  simple  et  sufiisamment  précis.  M.  Worms  a  donné 
a  préférence  à  la  liqueur  de  Fenling.  Le  chlorhydrate  de 
phénylhydrazine,  le  naphtol,  etc.,  le  thymol,  le  papier  de 
xylidine,  sont  des  réactifs  encore  incertains;  ils  ne  peuvent 
être  d'ailleurs  utilisés  que  dans  les  laboratoires. 

Sur  le  terrain  de  la  théorie  du  diabète,  M.  Worms 
se  trouve  en  complet  désaccord  avec  ses  collègues, 
MM.  G.  Sée  et  Robin;  il  pense  que  toutes  les  théories  pro- 
posées sont  encore  problématiques.  Au  contraire,  il  a 
constaté  par  la  seule  observation  clinique  qu'il  existait  dans 
le  diabète  une  période  latente,  pendant  laquelle  le  traite- 
ment avait  une  véritable'efficacité;  que  plus  tard  la  maladie 
confirmée  se  révélait  parfois  par  des  névralgies  symétriques  ; 
qu'il  pouvait  y  avoir  d'une  heure  à  l'autre  des  oscillations 
énormes daAs  les  quantités  de  sucre  éliminés;  que  le  sulfate 
de  quinine  était  un  médicament  utile  aux  diabétiques,  et 
que  si  son  action  physiologique  est  inconnue,  on  aurait 
cependant  tort  d'en  repousser  l'emploi.  La  doctrine  de 
rhyperplycogénèse  serait,  d'après  M.  Robin,  la  seule  vraie  ; 
à  côté  d'elle,  la  seule  théorie  qui  lui  dispute  la  faveur  des 
savants  est  celle  du  ralentissement  de  la  nutrition.  Or 
Frerichs,  M.  Charcot,  n'acceptent  aucune  de  ces  deux 
théories,  ni  aucune  autre?  N'y  a-t-il  pas  des  médecins  qui 
ont  choisi  des  théories  intermédiaires  ou  absolument  difié- 
rentes?  M.  Bouchard  en  a  énuméré  et  discuté  vingt-sept. 
Faut-il  donc  placer  le  médecin  dans  la  nécessité  de  choisir 
une  théorie  et  de  conformer  à  ce  choix  toute  sa  thérapeu- 
tique? Une  telle  thérapeutique  est  peut  être  rationnelle, 
mais  elle  n'est  pas  applicable.  M.  Robin  condamne,  par 
exemple,  l'oxygène.  Cependant  M.  Worms  et  beaucoup  de 
médecins  en  ont  fait  usage  sans  avoir  eu  à  le  regretter. 
D'ailleurs,  M.  Robin  s'accorde  avec  tous  les  médecins 
modernes  sur  la  nécessité  de  prohiber  les  aliments  hydro- 
carbures; cette  règle,  universellement  acceptée,  est  pourtant 
née  de  l'empirisme.  Rollo,  après  son  admirable  découverte, 
avait  cru  nécessaire  de  la  justifier  par  une  théorie  qui  paraî- 
trait enfantine  aujourd'hui  ;  la  théorie  a  disparu  et  la 
méthode  est  restée. 

Quant  à  lui,  M.  Worms,  pour  un  grand  nombre  de  motifs 
basés  sur  des  observations  cliniques,  déclare  ne  pas  pouvoir 
partager  l'avis  de  ses  confrères,  qui  considèrent  la  théorie 
de  l'hyperglycogénèse  comme  irréfutable  et  même  comme 
assez  suffisamment  établie  pour  que  la  médecine  puisse  en 
retirer  des  avantages  certains.  En  attendant  cette  certitude 


théorique,  le  médecin  doit  s'en  tenir  à  la  certitude  clinique 
qui  est  absolue. 

Au  point  de  vue  du  traitement,  M.  Worms  avait  dévetoppt^ 
précédemment  les  résultats  de  son  expérience  au  sujet  des 
bons  effets  du  sulfate  de  quinine  administré  à  petite  dose^uinis 
d'une  façon  presque  continue.  Les  fonctions  digestives'ne  sont 

i^as  troublées  sous  l'influence  de  ce  médicament  et  c'est  le  fait 
e  plus  important,  comme  Dupuytren  l'avait  déjà  fait  remar- 
quer. Aussi  faut-il  écarter  les  substances  qui  peuvent  dimi- 
nuer l'appétit  et  se  méfier  de  celles  qui  abaissent  rapidement 
la  quantité  de  sucre.  Claude  Bernard  l'indiquait  déjà  à 

Eropos  du  traitement  par  la  teinture  d'iode  préconisé  par 
ugol;  cette  médication  avait  eu  pour  résultat  d'abaisser 
considérablement,  dans  plusieurs  cas,  le  chiffre  du  sucre, 
par  suite,  dit  Claude  Bernard,  d'une  perturbation  organique, 
violente  et  subite,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  une  gué- 
rison  ni  un  commencement  de  guérison,  mais  qu'il  faut 
éviter  tout  au  contraire.  L'antipyrine  a  été  proposée  et  son 
action  physiologique  est  encore  peu  connue.  D'un  côté, 
M.  Robin  la  considérant  comme  enrayant  la  dénutrition 
azotée,  paraissait  d'abord  enclin  à  en  user  largement  dans 
le  traitement  du  diabète;  il  semble  du  reste  en  être  moins 
partisan.  D'un  autre  côté,  M.  Cazeneuve  soutient  qu'elle 
augmente  au  contraire  la  dénutrition  azotée.  Ce  qui  esi 
incontestable,  c'est  qu'en  dehors  de  l'albuminurie  qu'elle 

(provoque  souvent,  l'antipyrine  n'exerce  pas  une  influence 
avoraole  sur  l'appétit  ni  sur  les  fonctions  digestivos. 

Mais  il  faut  conclure:  en  présence  du  pour  et  du  contre 
qui  caractérisent  les  théories  sur  la  pathogénie  du  diabèle 
et  qui  se  disputent  la  possession  de  la  vérité,  M.  Worms 
renouvelle  l'opinion  que  le  médecin  peut,  sans  le  moindre 
inconvénient,  rester  en  dehors  du  débat  qui  se  poursuivra 
pendant  longtemps  encore  entre  les  physiologistes  et  les  chi- 
mistes. Il  serait  regrettable  de  voir  disparaître  la  méthode 
d'observation  devant  une  méthode  nouvelle,  qui  n'a  de  la 
rigueur  scientifique  que  l'apparence  et  qui,  appliquée  à  la 
médecine,  n'est  que  la  méthode  des  illusions. 

M.  Germain  Sée  ne  saurait  admettre  les  objections  for- 
mulées par  M.  Worms  ;  il  insiste  sur  la  contradiction  com- 
mise par  celui-ci,  qui  rejette  toute  théorie  à  l'égard  de  la 
pathogénie  du  diabète,  croit  qu'il  convient  de  s'en  passer 
et  néanmoins  en  propose  une  nouvelle.  Il  revendique  hau- 
tement les  droits  de  la  clinique  physiologique  et  ne  croit 
pas  que  la  médecine  doive  désormais  s*appuyer  unique- 
ment sur  l'observation,  mais  bien  plutôt  qu'elle  a  tout  inléiêt 
à  y  joindre  Texpérimentation.  D'ailleurs  il  ne  saurait 
admettre  la  théorie  de  M.  Worms,  que  détruisent,  suivant 
lui,  tous  les  faits  observés  et  il  déclare  que  la  théorie  pro- 
posée par  Claude  Bernard  et  qu'il  a  reprise  reste  la  seule 
vraie.  —  M.  Laftord^  s'étonne  que  l'on  puisse  être  médecin, 
soigner  l'homme  malade,  sans  connaître  les  fonctions  nor- 
males de  l'organisme;  il  n'est  pas  de  meilleur  guide  que 
la  physiologie  expérimentale  pour  éclairer  les  mystères  de 
la  pathologie.  —  Quant  à  M.  Albert  Robin,  comme  il  n*a 
cherché  à  ébaucher  aucune  théorie,  mais  uniquement  à  rap- 
porter des  faits  que  chacun  peut  reproduire  ou  contrôler, 
il  ne  saurait  entrer  dans  la  discussion  de  la  théorie  pro- 
posée par  M.  Worms.  D'autre  part,  il  ne  croit  pas  que  les 
suggestions  de  la  chimie  de  cabinet  puissent  aétruire  les 
démonstrations  et  les  preuves  accumulées  par  la  chimie 
de  laboratoire.  11  maintient  en  conséquence  toute  l'exac- 
titude des  recherches  de  chimie  physiologique  qu'il  a  com- 
muniquées il  y  a  huit  jours. 

M.  Dujardin-Beaumetz  s'étonne,  puisque  M.  Albert 
Robin  a  prétendu  que  le  diabète  est  déterminé  par  une 
suractivité  des  phénomènes  de  la  nutrition,  que  cette  ma- 
ladie soit  surtout  commune  chez  les  vieillards  et  que 
l'exercice  soit  un  des  meilleurs  adjuvants  de  son  traite- 
ment. —  M.  Albert  Robin  répond  qu'il  ignore  pourquoi  le 


7  Juin  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         —  N*»  23  —    373 


diabète  atteint  plus  particulièrement  les  vieillards  ;  quant 
à  lexercice,  on  sait  que  le  mouvement  modéré  n'augmente 
pas  lés  oxydations  et  les  désassimilations. 

Incidemment  M.  Germain  Sée  estime  que  les  meilleurs 
médicaments  contre  cette  affection  sont  ceux  dits  d'épargne, 
tels  que  Tantypirine,  le  sulfate  de  quinine,  etc.,  qui  empê- 
chent la  dénutrition.  Cette  opinion  est  également  celle  de 
M.  Albert  Robin. 

—  L'ordredujourdelaséancedull  juin  est  fixé  ainsi  qu'il 
suit:  l""  Communication  de  M.  Germain  Sée  sur  un  nouveau 
diurétique  ;  2*  Lectures  par  des  personnes  étrangères  à  l'A- 
cadémie :  présentation  de  malade,  par  M.  le  docteur  P. 
Berger;  sur  l'arlbrilisme,  par  M.  le  docteur  Bouloumié  ; 
sur  le  traitement  local  de  l'endométrite  chronique,  par 
M.  le  docteur  Dumontpallier. 


Hoeïéié  de  chirurgie. 

SÉANCE  DU  29  MAI   1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE   M.    LE   DENTU. 

Traitement  dee  myomes  utârins  :  MM.  TerrUlon,  Ghempionniëre 
Terrier,  Possi.  —  Nèphreotomie  :  M.  Poisson  (de  Nantes)  (Rap- 
porteur: M.  Terrier).  —  Arthrodèse  pour  pied  bot  acquis  :  M.  De- 
fontaine  (Discussion  :  MM.  Routier.  Sch'wartz,  Terrier).  —  Ova- 
riototomie  :  M.  TerriUon  (Discussion  :  M.  Terrier). 

M.  Terrillon  tient  avant  tout  à  mettre  hors  de  cause  les 
polypes  fibreux  utérins,  dont  on  a  parlé  à  tort  dans  la  dis- 
cussion. Pour  les  myomes  interstitiels,  il  en  est  certaine- 
ment qui  sont  justiciables  de  la  laparotomie,  mais  alors 
rintervention  est  plus  grave  et  on  aurait  tort  de  trop  res- 
treindre les  indications  de  la  voie  vaginale. 

M.  LucaS'Championnière  pense  en  effet  que  les  deux 
méthodes  ont  leurs  indications.  Il  ajoute  d'autre  part  que 
le  morcellement  par  la  voie  vaginale  est  une  opération  an- 
cienne, que  tous  les  chirurgiens  ont  pratiquée  et  pratiquent. 
Il  insiste  sur  le  peu  de  sang  fourni  par  le  fibrome  lui-même. 
Dans  les  ablations  de  polypes,  c'est  par  les  contacts  avec  la 
muqueuse  que  Ton  provoque  des  hémorrhagies,  au  moment 
où  1  on  manœuvre  pour  placer  Técraseur  ou  le  serre-nœud. 
Il  faut  aller  vile,  avec  les  ciseaux.  Après  toutes  ces  opéra- 
tions, M.  Championnière  se  borne  aujourd'hui  à  un  simple 
tamponnement  antiseptique  du  vagin. 

M.  Terrier  préfère,  en  principe,  voir  ce  ou'il  fait.  Il  s'est 
plusieurs  fois  bien  trouvé  de  Ténucléation  au  myome  après 
laparotomie  et  incision  de  l'utérus  sur  la  tumeur.  Puis  la 
cavité  ainsi  créée  est  affrontée  par  des  sutures,  si  la  chose 
est  possible.  Si  la  cavité  est  trop  vaste,  ou  si  elle  a  été  in- 
fectée par  un  myome  suppuré,  elle  est  suturée  à  la  plaie 
pariétale  et  drainée. 

M.  Pozzi,  qui  ne  se  déclare  pas  advei*$aire  résolu  de  la 
voie  vaginale,  parle  dans  le  même  sens,  et  ajoute  de  plus 
que  rhystérectomie  supra-vaginale  s'est  beaucoup  améliorée. 

—  M.  Terrier  fait  un  rapport  sur  une  observation  de 
M.  Poisson  (de  Nantes)  :  Néphrectomie  lombaire  pour 
rein  suppuré.  Le  malade  a  guéri  sans  encombre.  La  patho- 
génie de  ce  cas  est  discutable  :  le  malade  en  effet  avait  un 
rôtrérissement  de  l'urèlhre  consécutif  à  une  blennorrhagie 
lors  de  laquelle  il  avait  été  circoncis,  et  il  est  bien  possible 
que  l'infection  ascendante  date  de  l'époque  de  la  blennor- 
rhagie. 

—  M.  Defontaine  fait  une  communication  sur  deux  cas 
(V arthrodèse  pour  pied  bot  paralytique.  Dans  ces  cas  où 
le  pied  est  ballant,  où  les  lésions  osseuses  sont  minimes  et 
où,  le  redressement  étant  facile, la  contention  seule  est  dif- 
lit'ile,  il  a  pensé  que  l'on  pourrait,  après  arthrotomie,  abra- 
ser  les  cartilages  de  la  tibio-tarsienne  et  obtenir  ainsi  une 


ankylose  à  angle  droit  du  pied  dévié.  Il  a  réussi  dans  deux 
cas  de  varus  équin  consécutif  à  la  paralysie  infantile. 

H.  Routier  conteste  l'opportunité  de  cette  intervention. 
Il  pense  que  dans  ces  cas  on  arrive  à  des  résultats  suffi- 
sants si  par  le  massage  et  l'éleclrisation  on  s'occupe  avec 
persistance  de  la  régénération  musculaire. 

M.  Schwartz  pense  qu'il  en  est  ainsi  lorsque  la  paralysie 
n'est  pas  trop  ancienne,  mais  qu'à  un  moment  elle  devient 
incurable  et  qu'alors  l'arthrodèse  est  indiquée. 

M.  Terrier  insiste  sur  ces  conditions  et  ajoute  qu'il  y  a 
peu  de  temps  il  a  conclu,  dans  un  cas  de  ce  genre,  contre 
une  arthrodèse  que  proposait  M.  Reverdin(de  Genève).  Il  a 
surtout  été  déterminé  par  l'état  de  fortune  de  la  malade, 
fort  riche,  ayant  équipage  et  pouvant  en  outre  dans  ces 
conditions  porter  un  appareil  soigné.  Mais  aujourd'hui, 
même  dans  ces  circonstances,  il  croit  qu'il  adopterait  l'opé- 
ration. 

M.  Defontaine  répond  à  M.  Routier  gu'au  bout  de  quel- 
ques années  il  a  peu  foi  à  la  régénération  musculaire. 

—  M.  Terrillon  communique  Sdi  troisième  série  de  trente- 
cinq  ovariotomies,  avec  une  seule  mort,  par  épuisement. 
Dans  vingt-sept  de  ces  kystes  il  y  avait  des  adhérences  sé- 
rieuses et  quatre  fois  il  fallut  faire  l'ovariotomie  incom- 
plète. M.  Terrillon  signale  en  particulier  un  cas  où  la 
guérison  a  eu  lieu  malgré  une  paralysie  intestinale  qui  a 
duré  plus  de  huit  jours.  Dans  ce  cas,  il  s'agissait  d'un  kyste 
très  volumineux,  rompu  dans  l'abdomen,  et  l'incision  allait 
presque  de  l'appendice  xiphoide  au  pubis.  Pendant  l'opé- 
ration les  anses,  enduites  de  liquide  visqueux,  se  précipi- 
tèrent au  dehors  à  l'improviste  et  M.  Terrillon,  pris  au 
dépourvu,  les  rentra  avec  une  serviette  sèche,  propre  mais 
non  aseptique.  Il  rappelle  que  dans  deux  cas  analogues  OIs- 
hausen  a  également  noté  pendant  l'opération  la  procidence 
de  l'intestin,  et  qu'il  attribue  la  paralysie  ultérieure  à  ce 
contact  avec  l'air. 

M.  Terrier  n'admet  pas  cette  théorie.  Il  pense  que  les 
accidents  paralytiques  sont  dus  à  une  péritonite  légère, 
facile  à  concevoir  dans  le  cas  de  M.  Terrillon.  MM.  Terrier 
et  Terrillon  ont  coutume  aujourd'hui  de  donner  aux  ma- 
lades avant  l'opération  du  naphlol  à  l'intérieur  et  s'en 
trouvent  fort  bien. 


Soelété  Û€>  blolo^e. 

SÉANCE   DU   1*'  JUIN   1889.   —  PRÉSIDENCE  DE 
M.   BROWN-SÊQUARD. 

Présentation  d'ouvrages  :  M.  Brown-Bèquard.  —  Sur  la  glande  des 
prooès  oiUaires  :  M.  Nicati.  —  Affeotiona  uloèreuses  ches  le  ohat  : 
MM  Cadiot.  OUbert  et  Roger.  —  Sur  les  corps  réducteurs  des 
urines  :  M.  Qaube.  —  Influence  du  sang  veineux  des  testicules 
sur  la  puissance  musculaire  :  M.  Brown-Sèquard.  —  Anesthtoie 
ches  la  grenouiUe  :  M.  Reboul. 

M.  Brown-Séquard  fait  hommage  à  la  Société  de  l'article 
Inhibition  qu'il  vient  de  publier  dans  le  Dictionnaire  en- 
cyclopédique des  sciences  médicales. 

—  M.  Dumontpallier  dépose  une  nouvelle  note  de  M.  Ni- 
cati (de  Marseille)  sur  la  glande  des  procès  ciliaires. 

—  M.  Roger  a  étudié  avec  MM.  Cadiot  et  Gilbert  les 
affections  ulcéreuses  que  l'on  trouve  sur  la  lèvre  du  chat. 
Il  s'agit  là  d'une  lésion  considérée  généralement  comme 
étant  de  la  nature  des  épithéliomes;  les  auteurs  ont  reconnu 
qu'on  avait  réuni  sous  ce  chef  plusieurs  maladies  diffé- 
rentes dont  quelques-unes  peuvent  être  inoculées. 

—  M.  A.  Robin  présente  une  note  de  M.  Gaube  (du  Gers) 
sur  la  présence  de  différents  corps  réducteurs  dans  les 


374 


N*»  23  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHinURGIE 


7  Juin  1889 


urines.  H.  Gaube  a  particulièrement  étudié  ces  corps  dans 
les  urines  des  enfants.  Il  a  reconnu  et  caractérisé  une 
aldéhyde,  une  combinaison  de  Tacide  lactique  avec  Tacitie 
phosphorique,  combinaison  qui  se  rencontre  dans  les  cas 
d'acétonémie,  d'autres  fois  un  mélange  d'acide  urique  avec 
Facide  phosphorique,  enfin  dans  d'autres  cas  de  la  lactose. 

^  M.  Brown-Séquard  fait  une  communication  que  Ton 
trouvera  au  Premier-Paris  (p.  302) 

—  M.  Morat  présente,  de  la  part  de  M.  Reboul  (de 
Lyon),  une  note  relatant  des  expériences  des^juelles  il  ré- 
sulte que  les  grenouilles  placées  dans  un  gaz  inerte  s'anes- 
thésient  assez  rapidement  (par  privation  d'oxygène)  :  la 
marche  de  cette  anesthésie  est  analogue  à  celle  de  l'anes- 
thésie  ordinaire  ;  elle  peut  durer  assez  longtemps  suivant  la 
température  du  milieu  extérieur. 


Soetéié  do  thérapeuilqoe. 

SÉANCE   DU   S2  MAI    1880.  —  PRÉSIDENCE  DE   M.  FERNET. 

Du  traitement  de  la  dJphthèxie  :  MM.  Quelpa,  Ci^uy,  Cadet  de 
Oaaalooort.  —  Injections  de  cafMne  dans  les  états  adynamiqaea  : 
M.  H.  Hucbard. 

M.  Guelpay  répondant  à  Targumentation  qui  lui  a  été 
opposée  par  M.  Cadet  de  Gassicourt,  affirme  de  nouveau 
les  heureux  effets  de  sa  méthode  de  traitement,  et  répète 
que  l'intervention  tardive,  l'emploi  des  caustiques,  et  Tin- 
terruplion  du  traitement  pendant  la  nuit  sont  trois  prin- 
cipes thérapeutiques  funestes  et  qu'il  faut  absolument  con- 
damner. Il  persiste  à  regarder  la  trachéotomie  comme  une 
opération  sans  danger,  qu'il  faut  pratiquer  dès  qu'on  a  reconnu 
Tenvahissement  du  larynx;  il  trouve  d'ailleurs  justifiée  la 
trépanation  de  l'antre  d'Highmore,  pourpratiquer  les  lavages 
des  cavités  nasales  dans  les  cas  dont  il  a  parlé.  Enfin  il 
fait  remarquer  qu'il  ne  proscrit  que  l'alimentation  solide; 
il  donne  des  aliments  liquides  ou  semi-liquides  en  quantité 
inversement  proportionnelle  à  l'élévation  de  la  courbe  ther- 
mique. 

D'autre  part,  tout  en  admettant  que  parfois  on  a  pu  dia- 
gnostiquer indûment  la  diphthérie,  il  ne  saurait  regarder 
comme  vraie  la  proportion  de  huit  à  dix  cas  sur  sept  mille 
malades,  donnée  par  M.  Comby.  Les  statistiques  générales 
de  mortalité  sont  là  pour  combattre  des  chiffres  sem- 
blables. 

M.  Créquy  ne  saurait  regarder  la  trachéotomie  comme 
une  opération  absolument  bénigne  :  on  a  trop  souvent  des 
accidents  graves,  tantôt  au  moment  de  l'opération,  tantôt 
comme  complications  consécutives. 

M.  Cadet  de  Gassicourt  ne  peut  que  maintenir  les  opi- 
nions qu'il  a  émises,  aussi  bien  que  H.  Guelpa  maintient 
les  siennes.  L'observation  des  malades  sera  le  meilleur 
juge. 

—  M.  Huchard  lit  une  note  sur  les  injections  de  caféine 
dans  les  états  adynamiques.  Il  rapporte  plusieurs  obser- 
vations de  pneumonie,  de  fièvre  typhoïde,  dans  lesquelles 
Tadministrationdela  caféine  à  haute  dose  (:2  à3  grammes), 
en  injections  sous-cutanées,  a  été  tout  au  moins  absolument 
innocente  et  a,  d'après  lui,  amené  la  guérison  des  malades. 
Ses  expériences  lui  ont  démontré  que  l'aclion  de  la  caféine 
porte  surtout  et  primitivement  sur  le  système  nerveux, 
tandis  que  la  digitale  agit  d'abord  sur  le  cœur.  Peut-être, 
comme  le  veut  Semniola,  la  caféine  est-elle  surtout  un  mé- 
dicament bulbaire. 

La  formule  des  injections  employées  par  M.  Huchard 
est  la  suivante  :  eau  distillée,  6  grammes;  caféine, 
^  grammes;  benzoate  de  soude,  3  grammes  (chaque 
seringue  renferme  "10  centigrammes  de  caféine).  Injecter 


6  à  10  seringues  par  jour.  On  peut  aussi  recourir  h  la 
formule  suivante  qui  renferme  environ  40  centigrammes 
de  caféine  pour  chaque  seringue  :  eau  distillée.  5  grammes; 
caféine,  4  grammes  ;  salicylale  de  soude,  3»%10. 

Enfin,  M.  Huchard  proteste  contre  la  manière  dont  les 
auteurs  allemands  comprennent  l'honnêteté  scientifique,  et 
négligent  absolument  de  citer  les  travaux  français  anlc- 
rieurs  aux  leurs  sur  le  sujet. 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie. 


KEVUE  DES  JOURNAUX 

CmRURGIE 

Tralieflieiil  oi^éralolre  de  l^hyportrai^hto  ^oalatl^ne,  par 

M.  Fr.-S.  Watson  (de  Boston).  —  I^s  procédés  sont  nombreux 
pour  laprostatotoraie  uréthrale  ou  périnéale;  pour  la  prostalec- 
tomie  périnéale  ou  sus-pubienne.  L*anatomie  palhologiqu(> 
enseigne,  malgré  Guyon,  que  les  dispositions  anatomiques  sont 
telles  qu'une  opération  chirurgicale  peut  arriver  à  un  résultat 
sérieux.  Elle  prouve  eu  outre  que  dans  les  deux  tiers  des  rasia 
voie  périnéale  est  la  bonne.  Les  statistiques  démontrent  que 
ces  interventions  radicales  sont  moins  graves  que  les  opérations 
palliatives  (drainage  sus-pubien  ou  périnéal).  Aussi,  lorsque  le 
traitement  simple  est  insuffisant  et  lorsque  survient  la  rétention, 
Watson  est  pour  la  proslatectomie.  Il  rapporte,  il  est  vrai,  deu\ 
observations  peu  encourageantes.  {The  operative  treatmentof 
the  hypertrophied  prostata,  in  Ann,  of  Surg.>^  1889,  t.  IX, 

p.i) 

Scl«tlqa«  et  «e^liMie,  par  M.  HuGO  ScHUEDEL.  —  L'histoire  des 
déviations  rachidiennes  liées  à  la  sciatique  est  récente.  £He 
remonte  aux  observations  publiées  en  1886  par  Albert  (de 
Vienne),  puis  par  Nicoladoni.  Plus  récemment,  à  Tinstigatiou  de 
Charcot,  Babinski  en  a  fait  une  étude  approfondie.  Schûdel  nous 
fait  connaître  des  observations  recueillies  dans  le  service  de 
Kocher  et  il  émet  la  théorie  suivante,  très  différente  de  celles 
qui  ont  été  précédemment  soutenues.  Dansia  plupart  des  cas  (mais 
non  dans  tous)  il  y  a  névralgie  concomitante  du  plexus  lombaire 
et  du  plexus  sacré.  Les  filets  sensitifs  des  nerfs  musculaires 
participent  à  la  névralgie  et  dés  lors  la  contraction  des  muscles 
du  bassin  devient  douloureuse  (la  cause  de  cette  douleur  e^t 
peut-être  aussi  dans  les  nerfs  cutanés  qui  traversent  ces 
muscles).  Mais,  si  la  eontraction  est  douloureuse,  la  distension 
passive  ne  l'est  pas,  au  contraire.  Aussi  le  malade  prend-il, 
instinctivement,  la  position  qui  réalise  cette  distension;  de  là, 
des  attitudes  vicieuses  du  membre  inférieur,  du  bassin,  du 
rachis.  La  douleur  à  la  contraction  existe  dans  les  inflamma- 
tions, dans  le  rhumatisme,  mais  la  distension,  elle  aussi,  est 
douloureuse.  Aussi  n'y  a-t-il  pas  alors  de  déviations  analogues. 
Kocher  a  eu  de  bons  résultats  thérapeutiques  par  Télongation 
sanghtnte  du  sciatique.  {Ueber  Ischias  scoliotica,  in  .Irr/i.  f- 
klin.  Chir,y  1888,  t.  XXXVIII,  p.  i.) 


*  commlter. 


Des  effets  et  des  indications  tuéhapeutiques  de  l'antu'Y- 

RINE    DANS    LES    AFFECTIONS  DE   l'ŒIL,   par  M.  CrANDCLÊJIEXT.  - 

Les  douleurs  oculaires  et  plus  spécialement  les  douleurs  péri- 
oculaires  cèdent  rapidement  à  ce  médicament.  De  plus,  (Ct> 
injections  semblent  exercer  une  influence  favorable  sur  I»? 
inflammations  oculaires  accompagnées  de  douleurs  ciliaires. 

M.  Grandclément  en  a  observé  de  bous  effets  contre  les  kéra- 
tites, riritis^  rirido-chloroïdite  glaucomateuse  cl  rhéméralo- 
pie.  Par  contre,  cette  action  a  été  moins  décisive  dans  les  c^i> 
de  scléro-choroïdite  et  les  opacités  do  Thumeur  vitrée.  Entin» 
dans  ces  nombreux  essais,  il  faisait  usage  d'une  solution  m\sW 


7  Juin  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  23  —    375 


(rautipyrine  et  de  cocaïne  saas  avoir  à  enregistrer  un  seul  acci- 
dent, ou  bien  tout  au  plus  des  indurations  locales  qui  disparais* 
sent  spontanément  après  huit  ou  dix  jours,  sans  jamais  a))ou tir  à 
la  suppuration.  11  pratiquait  ces  injections  dans  la  région  tempo- 
rale. (Lyon  médical^  20  mai  1888.) 

1)0  TRAITEMENT    DES   DOULEUItS     DENTAIRES     PAR    LE    RHAMNUS 

KRANGULA,  par  M.  V.-P.  Gretchinski.  —  L'écorce  de  la  racine 
de  ce  végétal  possède  en  Russie  une  réputation  populaire  sous 
forme  de  gargarisme  pour  le  traitement  des  odontalgies. 
M.  Gretchinski  a  constaté  par  des  essais  cliniques  répé'és  que 
le  rliamnus  frangula  diminue  la  sensibilité  douloureuse  dans 
les  cas  d'inflammation  de  la  pulpe  et  d'abcès  dentaires.  Des 
infusions  de  cette  écorce  possèdent  même  à  un  moindre  degré 
des  propriétés  analogues»  celles  des  décoctions  dont  la  formule 
serait  la  suivante  :  écorce  de  rhamnus  frangula,  100  grammes; 
eau,  %00  grammes*;  eau-de-vie,  10  grammes.  On  doit  prolonger 
la  décoction  pendant  une  demi-heure. 

Ces  vertus  sont  sans  nul  doute  dépendantes  de  la  richesse 
(le  cette  substance  en  acide  tannique.  En  efl*et,  comme  Texpé- 
rience  Ta  prouvé,  les  gargarismes  astringents  au  tanin  ont  la 
propriété  de  diminuer  les  douleurs  buccales  d'origine  inflam- 
matoire. (Tke  London  med.  Record,  juin  1888,  p.  !291.) 


BIBLIOGRAPHIE 

Ledits   de  ellBiqne  obatétrlcalo,  par  M.  P.  BuDIN,  1  VOK 

in-8"  de  xx-475  pages,  avec  116  fiffures  dans  le  texte 
dont  81  tirées  en  couleur,  —  Paris,  0.  Doin,  1889. 

Chargé,  comme  agrégé,  de  diriger  la  clinique  d'accou- 
chements de  la  Faculté  pendant  l'année  scolaire  1887- 
1888,  M.  Budin  publie  aujourd'hui  un  certain  nombre  des 
leçons  qu'il  a  faites  à  cette  occasion.  Persuadé  que  rien  ne 
peut  remplacer  un  enseignement  essentiellement  pratique 
et  encouragé  par  l'es  excellents  résultats  qu'il  avait  déjà 
oblenus  dans  son  service  de  la  Charité,  notre  savant  con- 
frère a  organisé  de  la  même  manière,  en  y  ajoutant  des 
moniteurs,  son  enseignement  à  la  Faculté:  la  première 
leçon  expose  en  détail  la  façon  dont  il  a  procédé  ;  tous  les 
accouchements  ont  pu  être  utilisés  pendant  l'année  entière; 
la  consultation  des  femmes  enceintes,  faite  avec  soin  par  le 
chefde  clinique  et  les  étudiants,  a  été  une  source  considéi*able 
d'enseignement.  M.  Budin,  s'appuyant  sur  des  chiffres, 
ajoute  à  cette  leçon  l'exposé  des  résultats  qu'il  a  obtenus  ; 
!205  élèves  en  médecine  ont  pu  ainsi  pratiquer  des  accou- 
chements dont  ils  ont  rédigé  les  observations. 

Les  hasards  de  la  clinique  ont  fourni  les  sujets  qui  ont 
été  traités.  Nous  devons  citer  les  hémorrhoides  pendant  la 
grossesse  et  les  suites  de  couches,  les  hémorrhagies  internes 
de  l'utérus  gravide,  l'administration  du  chloroforme  en 
obstétrique,  l'application  du  forceps  sur  la  tête  arrêtée  au 
niveau  du  plancher  périnéal,  la  délivrance  artificielle,  la 
conduite  à  tenir  dans  les  présentations  de  l'épaule,  Tem- 
bryotomie,  le  passage  de  la  tête  dernière  à  travers  le  détroit 
supérieur  rétréci,  etc. 

I^armi  les  procédés  d'exploration  qui  ont  le  plus  d'im- 
portance, mais  dont  on  s'est  le  moins  occupé  peut-être, 
pendant  les  vingt  dernières  années,  il  faut  citer  le  toucher 
.vaginal.  L'auscultation  d'abord,  le  palper  abdoroinaL  plus 
tard  ont  fait  l'objet  de  nombreux  mémoires;  au  moment  de 
rarcouchement  le  toucher  reprend  toute  sa  valeur.  M.  Bu- 
din a  placé  l'une  à  côté  de  l'autre  quatre  leçons,  qu'il  avait 
eu  l'occasion  de  faire  sur  ce  sujet  :  il  décrit  les  modifica- 
tions du  col  et  de  l'orifice  utérin  pejidanl  le  travail,  les 
caractères  fournis  par  chacune  des  présentations,  les  dévia- 
tions, les  procidences,  les  tumeurs  qui  peuvent  être  des 
causes  d'erreurs  de  diagnostic;  il  étudie  aussi  l'exploration 


de  l'excavation  pelvienne  et  montre  comment  on  peut 
arriver  à  faire  le  diagnostic  des  différentes  viciations  du 
bassin. 

Les  soins  à  donner  aux  enfants  nés  en  état  de  faiblesse 
congénitale  sont  exposés  en  détail;  il  en  est  de  même  de 
l'importance  des  pesées  pour  apprécier  les  modifications 
qui  surviennent  dans  l'état  de  santé  des  enlants.  A  propos 
des  difficultés  de  l'allaitement,  la  Gazette  hebdomadaire 
du.l7  février  1888  a  publié  un  travail  de  M.  Auvard  sur  une 
téterelle  ingénieuse  :  M.  Budin  a  employé  cet  appareil  et  l'a 
étudié  avec  soin;  il  montre  les  avantages  qu  il  offre,  les 
quelques  inconvénients  qu'il  présente  et  combien  il  est  facile 
d'y  porter  remède  en  modifiant  la  forme  de  l'instrument, 
tout  en  conservant  son  principe  essentiel  :  l'aspiration  du  lait 
fait  par  la  mère  elle-même. 

Parmi  les  sujets  personnels,  originaux,  étudiés  par 
M.  Budin,  nous  citerons  :  l'emploi  du  naphtol  comme  adju- 
vant aux  cautérisations  de  nitrate  d'argent,  dans  le  traite- 
ment de  l'ophlhalmie  purulente,  le  rétrécissement  du  dia- 
mètre bisciatique  dans  certains  bassins  cyphotiques,  la 
galactophoro-mastile  et  la  grossesse  gémellaire.  En  1882, 
M.  Budin  avait  montré  que  dans  la  grossesse  gémellaire,  les 
deux  fœtus  se  placent,  l'un  par  rapport  à  l'autre,  dans  des 
situations  qui  le  plus  habituellement  peuvent  être  déter- 
minées :  on  peut  distinguer  trois  variétés  :  dans  la  première 
les  fœtus  se  placent  l'un  à  côté  de  l'autre,  l'un  occupe  la 
moitié  droite,  l'autre  la  moitié  gauche  de  l'utérus;  dans  la 
deuxième,  les  fœtus  sont  placés  l'un  au-dessus  de  l'autre, 
ils  sont  superposés;  l'un  occupe  le  fond  de  l'utérus,  l'autre 
le  segment  inférieur;  dans  la  troisième,  ils  sont  placés  l'un 
au-devant  de  l'autre,  l'un  occupe  la  moitié  antérieure, 
l'autre  la  moitié  postérieure  de  la  cavité  utérine.  Plusieurs 
faits  observés  à  la  clinique  ont  permis  de  donner  aux  élèves 
la  preuve  que  ces  diverses  dispositions  existent  réellement 
et  sont  indiscutables.  Aujourd'hui,  du  reste,  les  faits  de  ce 
genre  qui  appartiennent  aux  deux  dernières  variétés  et  qui 
ont  été  publiés  en  France  ou  à  l'étranger,  sont  au  nombre 
de  vingt-deux. 

Nous  terminerons  en  appelant  l'attention  sur  la  façon 
dont  le  livre  a  été  conçu  et  édité  :  rien  n'éclaire  un  ouvrage 
d'obstétrique  et  rien  n'en  facilite  la  lecture  comme  les 
figures.  Pour  rendre  ses  démonstrations  plus  saisissantes, 
M.  Budin  avait  l'habitude  de  faire  au  tableau  des  dessins 
schématiques  avec  des  crayons  de  couleur  :  ces  dessins  ont 
été  reproduits  au  milieu  même  du,  texte;  ils  permettent 
dès  lors  de  comprendre  plus  aisément  des  descriptions  qui 
nécessiteraient  sans  cela  une  plus  grande  attention  de  la 
part  du  lecteur. 

Ces  quelques  détails  suffisent  à  donner  une  idée  précise 
d'un  livre  didactique  qui  se  recommande  par  lui-même 
à  l'attention  de  tous  les  médecins  et  qui  fait  le  plus  grand 
honneur  à  celui  ^ui  l'a  écrit,  résumant  avec  tant  de  talent, 
pour  rendre  service  à  tous  les  accoucheurs,  les  leçons  qui 
ont  été  si  utiles  à  ses  élèves  de  la  Faculté  de  Paris. 

L.  L. 


VARIÉTÉS 

Faculté  de  médecinb  de  Paris.  —  Un  concours,  pour  les 
emplois  vacants  de  deux  chefs  de  clinique  médicale  et  a'un  chef 
de  clinique  des  maladies  du  système  nerveux,  s'ouvrira  le  mer- 
credi 26  juin,  a  neuf  heures  du  matin.    - 

CoNCOUHS  DU  PR0SECT0BAT.--Le  jury  de  ce  concours  est  défi- 
nitivement constitué  comme  suit  :  MM.  Verneuil,  président  ; 
Trélat,  Le  Fort,  Poirier  et  Reynier. 

Les  candidats  sont:  MM.  Calot,  Dagron,  Regnauld,  Rioffcl, 
Legueu,  Thiéry,  Lyot,  Jonnesco,  Pfender. 


376    —  N-  23 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


7  Juin  1880 


AiDKS  d'anatomie  db  la  Faculté.  —  Le  concours  de  Tadjuvat 
est  terminé  par  la  nomination  de  MM.  Faure,  Mauclaire,  Chi- 
pault,  Noguezy  Delagenière,  Roques. 

Cliniooeophthalmologique  DBS  Quinze-Vingts. — Un  concours 
pour  Tadmissibililé  à  remploi  de  médecin-adjoint  de  lacHnic|ue 
ophthalmologique  des  Quinze-Vingts  aura  lieu  dans  la  première 
quinzaine  du  mois  d'août  prochain. 

Le  jury  de  ce  concours  est  composé  de  MM.  Maurice  Perrin, 
président;  Panas,  Gariel,  Chauvel  et  Trousseau. 

Hôpitaux  de  Paris.  —  M.  Tarnier,  nommé  professeur  de  cli- 
nique obstétricale,  vient  de  donner,  en  raison  de  ses  nouvelles 
fonctions,  sa  démission  de  chirurgien  de  la  Maternité. 

En  raison  de  Timportance  des  fonctions  confiées  au  chirurgien 
de  la  Maternité,  M.  le  directeur  de  TAssistance  publique  a  décidé 
de  déroger  par  exception  au  nouveau  règlement  qui  interdit 
toute  mutation  pendant  Tannée,  dans  le  personnel  des  médecins 
et  chirurgiens  des  hôpitaux,  et  aès  lors  M.  Tarnier  sera  remplacé 
le  plus  tôt  possible  à  la  Maternité. 

Faculté  de  médecine  de  Lyon.  —  M.  Perret,  agrégé,  est  main- 
tenu, jusqu'à  la  tin  de  Tannée  scolaire  1888-1889,  dans  les 
fonctions  ae  chargé  du  cours  de  cliniiiue  annexe  des  maladies 
des  enfants. 

ÉCOLE  DE  médecine  DE  NANTES.  —  M.  Bellouard  (Victor-Joseph- 
Marie)  est  institué  chef  de  cliniaue  chirurgicale,  en  remplace- 
ment de  M.  Josso,  dont  le  temps  d'exercice  est  expiré. 

Hôpitaux  de  Bordeaux.  —  Le  concours  pour  deux  places  de 
chirurgien-adjoint  vient  de  se  terminer  par  la  nomination  de 
MM.  Denucé  et  Lagrange,  agrégés. 

Concours  pour  les  hôpitaux  de  Grenoble.  —  Le  concours 
pour  une  place  de  médecin  des  hôpitaux  de  Grenoble  qui  s'est 
ouvert  le  20  mai  vient  de  se  terminer  par  la  nomination  de 
M.  le  docteur  Deschamp. 

Concours  a  l'École  de  médecine  navale  de  Toulon.  —  Un 
concours  pour  Temploi  de  professeur  d'accouchements,  maladies 
des  femmes  et  des  enfants,  à  TEcoIe  de  médecine  navale  de 
Toulon,  sera  ouvert,  dans  ce  port,  le  12  aoât  prochain. 

Congres  international  d'anthropologie  criminelle  de  1889. 
—  Ce  Congrès,  qui  doit  se  réunir  à  Paris  du  10  au  17  août  de 
cette  année,  fait  suite  à  une  première  session  qui  s'est  tenue  à 
Rome  en  1885  et  où  ont  été  posés,  pour  la  première  fois,  les  pro- 
blèmes que  soulèvent  les  études  des  conditions  anatomic^ues, 
physiques,  psychologiques  ou  sociales  que  déterminent  le  crime, 
les  questions  de  la  responsabilité  morale  et  toutes  les  applica- 
tions judiciaires  et  médico-légales  de  la  biologie  et  de  la  socio- 
logie criminelles. 

Le  Comité  d'organisation  vient  d'arrêter  que  les  principales 
questions  seront  les  suivantes  : 

Dernières  découvertes  de  V anthropologie  criminelle^  par  le 
professeur  Cesare  Lombroso  (de  Turin). 

Caractères  anatomiques  des  criminels^  par  le  docteur 
Manouvrier  (de  Paris). 

L'atavisme  chez  les  criminels,  par  le  docteur  Bordier  (de 
Paris). 

L'enfance  des  criminels  et  la  prédisposition  au  crime,  par 
les  docteurs  Taverni  (de  Rome)  et  Magnan  (de  Paris). 

Les  conditions  qui  déterminent  le  crime,  par  le  professeur 
Ferri,  député  au  parlement  italien. 

Classification  des  criminels  par  f  anthropologie  juridique, 
par  le  baron  Garofalo,  procureur  du  roi,  à  Naples. 

La  libération  conditionnelle,  par  le  docteur  Semai,  de  Mons 
(Belgique). 

La  criminalité  dans  ses  rapports  avec  V ethnographie,  par 
le  docteur  Taladriz  (de  Madrid). 

La  responsabilité  morale,  par  M.  Tarde,  juge  d'instruction  à 
Sarlat  (Dordogne). 

Le  système  cellulaire,  par  le  professeur  Van  Hamel  (d'Ams- 
terdam). 

Le  crime  politique,  par  Favocat  Laschi  (de  Rome). 

L'anthropométrie  juridique,  par  M.  Alphonse  Bertillon  (de 
Paris),  etc. 

Les  personnes  qui  désireraient  prendre  part  à  ce  0)ngrès  sont 
priées  de  s'adresser  au  secrétariat  général  chez  M.  le  docteur 


Magitot,  membre  de  TAcadémie  de  médecine,  rue  des  Saints- 
Pères,  8,  à  Paris,  où  elles  trouveront  tous  les  renseignements, 
programmes,  statuts  et  conditions  d*admission. 

Congrès  international  d'hydrologie  et  de  climatologie.  — 
Un  Congrès  international  d'hydrologie  et  de  climatologie  se  tien- 
dra à  Paris,  du  3  au  10  octobre  prochain.  . 

Inspectorat  médical  des  eaux  minérales.  —  Le  ministre  de 
l'intérieur  vient  de  supprimer  l'inspectorat  dans  les  vingt-neuf 
stations  suivantes  : 

Vichy  (Allier);  Gréoux  (Basses-Alpes);  Cransac  (Aveyroni; 
Chaudes-Aigaes  (Cantal);  Montbrun  (Drôme);  Euzet  (Gard); 
Bagnères-de-Luchon  et  Éncausse  (Haute-Garonne)  ;  Barbotan  pi 
Casléra-Verduzeau  (Gers);  Avène  (Hérault);  AUevard  (Isère); 
Dax,  Gamarde  et  Préchacq  (Landes);  Sail-les-Bains,  Sail-sous- 
Couzan,  Saint-Alban  et  Saint-Galmier  (Loire);  Miers  (Lot); 
Bourbonne  (Haute-Marne)  ;  Pougues  (Nièvre)  ;  La  Bourboule  et 
Le  Mont-Dore  (Puy-de-Dôme);  Eaux-Bonnes,  Les  Eaux-Chaudes 
et  Saint-Christan  (Basses-Pyrénées);  Bourbon -Lancv  (Saône-el- 
f^oire);  Forges-les-Eaux  (Seine-Inférieure);  La  noche-Posa} 
(Vienne). 

Dans  ces  vingt-neuf  stations,  ou  bien  il  n'y  avait  pas  d*inspec- 
leur  actuellement  en  fonctions,  ou  bien  le  service  des  indigent> 
est  assuré  par  Tengagement  collectif  de  tous  les  médecins. 

Exposition  universelle.— -Sont  nommés  membre  du  jurj'  Aes 
récompenses  de  TExposition  universelle  : 

Pour  la  classe  14  (médecine  et  chirurgie)  :  MM.  les  docteun) 
Badin  (de  Toulouse),  Berger,  Magitot,  Trélat,  Verneuil  et 
M.  CoHin. 

Pour  la  classe  64  (hygiène  et  assistance)  :  MM.  les  docteurs 
Brouardel,  Lemardeley,  A.-J.  Martin,  Napias,  Proust,  Th. 
Roussel  et  MM.  Bechmann,  Jéramec,  H.  Monod  et  Nicolas. 

Le  derniiî:r  médecin  de  Balzac.  —  On  nous  demande,  et  nous 
serions  très  heureux  que  Tun  de  nos  lecteurs  pût  nous  fournir  ce 
renseignement,  si  Nacquart.  qui  mourut  en  1853,  quelques 
semaines  après  avoir  été  élu  président  de  TAcadémie,  a  lai>sé 
quelques  descendants  et  si  ceux-ci  ont  gardé  les  souvenirs  et  les 
manuscrits  que  Balzac  a  dû  laisser  à  son  savant  et  dévoup 
médecin. 

Poste  médical.  —  On  demande  un  médecin,  docteur  de  h 
Faculté  de  médecine  de  Paris,  pour  occuper  à  Madagascar  an 
poste  médical  auquel  sont  attachés  des  appointements  lises 
sérieux.  S'adresser  pour  les  renseignements  à  M.  le  docteur 
Bernheim,  tS,  boulevard  Saint-Martin,  et  3,  rue  Meslay,  à 
Paris. 


Société  médicale  des  hôpitaux  (séance  du  vendredi  li  juin 
1889).  —  Ordre  du  jour  :  M.  Renault:  Note  pour  servir  à  l'his- 
toire de  la  pneumonie  infectieuse.  —  M.  Kelsch:  Présentation 
de  pièce  anatoraique.  —  M.  Juhel-Rénoy  :  Traitement  des  kystes 
hyctatiçiues  du  foie.  —  M.  d'Heilly  :  Présentation  de  malade: 
Syphilis  héréditaire  tardive. 


Mortalité    a     Paris    (21*    semaine,  du   19   au   ib  mai 
1889.  — Population:  22609tô  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  tO. 

—  Variole,  3.  —  Rougeole,  23.  —  Scarlatine,  6.  —  Coque- 
luche, 5.  —  Diphlhérie,  croup,  43.  —  Choléra,  0.  —  Phlhisic 
pulmonaire,  228.  —  Autres  tuberculoses,  33.  —  Tumeurs: 
cancéreuses.  48;  autres,  5.  —  Méningite,  40.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  44.  —  Parai vsie,  6.  — 
Ramollissement  cérébral,  11  .—Maladies  organiques  du  cœur,  i^- 

—  Bronchite  aiguë,  33,  —  Bronchite  chronique, 33.  —Broncho- 
pneumonie,  16.  —  Pneumonie,  58.  —  Gastro-entérite:  sein,  9; 
biberon,  49.  —  Autres  diarrhées,  6.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 1.  — Autres  affections  puerpérales,  2.  —  Débilité  con- 
génitale, 33.  —  Sénilité,  21.  —  Suicides,  24.  —  Autres  morU 
violentes,  5.  —  Autres  causes  de  mort,  165.  —  Causes 
inconnues,  9.  —  Total:  1015. 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 

19288.  —  MOTTBROZ.  —  Imprimeries  réunies,  A,  me  Mignon,  S,  P«"i. 


Trente-sixième  année 


N»  24 


14  Juin  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 

PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS. 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 
M.  LE  D'  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  6.  DIEUUFOY,  DREYFUSBRISAC.  FRANCOIS.FRANCK.  A.  HËNOCQUE,  A.J.  MARTIN,  A.  PETIT.  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Leheboullet,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRE.  —  Bulletin.  —  FonMULAiRB  thébapeutique.  De  l'administra tion 
de  la  créosote  aux  plithisiques.  —  Revue  des  cours  ET  DES  cliniques.  Réunions 
cliniques  hebdomadaires  des  médecins  do  l'hôpitil  Saint-Louis.  *-  Travaux 
ORIGINAUX.  Clinique  médicale  :  Recherches  sur  l'action  ihérapeutique  de  la 
coronillo  dans  les  aflVctions  cardiaques.  —  Clinique  chirur;ficale  :  Note  sur 
quelques  cas  de  listules  à  l'anus  et  d'.-ibcès  de  la  région  ano-reciale.  —  Ncuro- 
patiiolopio  :  La  maladie  de  Parkinson  hémiplégique.  —  Sociétés  savantes. 
Acadcinio  des  sciences.  —  Académie  de  médecine.  —  Société  de  chirurgie.  — 
Société  de  biologie.  —  Rrvue  des  Journaux.  Thcrapcutiquc.—  Biblioghapuib. 
Cliniques  médicales  de  l'hôpital  Sainl-Éloi  :  Leçons  sur  un  cas  d'hystérie  mâle 
avec  astasie-abasir.  —  Maladies  de  la  langue.  —  VARl^Tés. 


BULLETIN 

Paris,  12  juin  1889. 

Académie  de  médecine  :  La  paihog^énle  dn  diabète.  — 
lies  rapport*  de  la  médecine  cilnlqae  et  de  la  phy- 
siolog^ie. 

Une  fois  de  plus  il  faut  bien  reconnaître  qu'il  con- 
vient, avant  de  parler  d'une  séance  académique»  d'en  lire 
au  Bulletin  le  compte  rendu  in  extenso.  Si  l'on  s'en  tenait 
aux  résumés  publiés  la  semaine  dernière,  on  pourrait 
considérer  le  débat  qui  s'est  élevé  entre  M.  J.  Worms 
d'une  part  et  MM.  G.  Sée,  A.  Robin  et  Laborde  d'autre 
part  comme  une  controverse  passionnée  entre  les  défen- 
seurs de  la  tradition  clinique  et  les  partisans  de  la 
médecine  dite  physiologique.  Mais  quelques  paroles  un  peu 
trop  vives  ont  été  modifiées  dans  le  compte  rendu  officiel 
et  M.  J.  Worms,  qui  s'en  était  justement  ému,  ne  peut 
plus  trouver  dans  le  Bulletin  que  l'affirmation  d'une  théorie 
pathogénique  certainement  discutable,  mais  appuyée  sur 
une  série  d'analyses  et  de  chiffres  qui,  nous  le  répé- 
tons, ne  peuvent  être  combattus  que  par  des  analyses  ou 
des  chiffres  nouveaux,  et,  de  plus,  en  opposition  avec  les 
arguments  historiques  et  critiques  qu'il  opposait  à  ses 
adversaires,  l'exposé  d'une  doctrine  au  sujet  de  laquelle  il 
importe  de  s'expliquer  nettement. 

Nous  ne  pensons  pas,  en  effet,  qu'il  se  trouve  à  l'Aca- 
démie —  ou  même  en  dehors  d'elle  parmi  les  cliniciens 
vraiment  studieux  et  au  courant  des  progrès  scientifiques — 
un  seul  médecin  qui  prétende  nier  les  services  rendus  à  la 
pratique  médicale  par  l'expérimentation  physiologique  et 
les  recherches  de  laboratoire.  Or  en  relevant  aussi  vivement 
qu'ils  l'ont  fait  les  dernières  paroles  de  leur  collègue, 
MM.  G.  Sée,  A.  Robin  et  Laborde  avaient  paru  croire  que 
M.  J.  Worms  déniait  à  la  clinique  expérimentale,  en  par- 
ticulier à  l'analyse  chimique  des  produits  excrétés  et  à 
l'interprétation  scientifique  des  résultats  obtenus  par  cette 
analyse,  le  droit  d'intervenir  pour  guider  les  essais  théra- 
â*  Série  T.  XXVI. 


peutiques  du  praticien.  La  Gazette  hebdomadaire,  dont 
M.  J.  Worms  a  été  l'un  des  plus  fidèles  collaborateurs, 
serait  ingrate  à  son  égard  si  elle  n'accueillait  à  ce  point  de 
vue  la  protestation  qu'il  oppose  à  cette  allégation  ;  si  elle 
ne  rappelait  à  son  tour  les  communications  qu'il  lui  a  don- 
nées sur  divers  sujets  de  médecine  pratique,  en  particulier 
sur  ïovariotomie.  Il  y  a  donc  eu,  à  cet  égard,  un  malen- 
tendu qu'il  importe  de  réduire  à  ses  justes  proportions.  Nul 
ne  conteste  la  nécessité  de  rechercher  par  l'élude  minutieuse 
de  tous  les  éléments  morbides  les  conditions  pathogéniques 
de  la  maladie.  Ce  que  Ton  pourrait  considérer  comme  criti- 
quable, ce  serait  la  prétention  de  faire  table  rase  des  obser- 
vations cliniques  et  de  soutenir  qu'une  série  d'expériences  de 
laboratoires  doit  seule  guider  le  clinicien  dans  l'application 
des  remèdes.  Nous  nous  sommes  déjà  à  diverses  reprises 
assez  longuement  expliqué  à  cet  égard  pour  pouvoir  être 
très  bref  aujourd'hui.  Au  point  de  vue  thérapeutique,  avons- 
nous  dit,  l'action  physiologique  du  médicament,  c'est-à- 
dire  l'appréciation  de  ses  effets  sur  l'homme  sain  ou  sur  les 
animaux  n'explique  que  rarement  son  action  spécifique 
dans  les  maladies  où  on  le  prescrit.  Quand  nous  adminis- 
trons à  un  homme  sain  de  l'opium,  du  mercure  ou  du 
sulfate  de  quinine,  nous  déterminons  chez  lui  de  la  som- 
nolence avec  rêvasseries  et  embarras  gastrique,  ou  bien  de 
la  stomatite  avec  salivation,  ou  enfin  des  bourdonnements 
d'oreille  et  de  la  céphalée  congestive.  Ces  effets  dits  phy- 
siologiques pourraient-ils  donner  au  médecin  l'idée  d'ad- 
ministrer l'opium  contre  la  douleur,  le  mercure  contre  la 
syphilis,  le  sulfate  de  quinine  contre  la  fièvre  intermittente? 
Voici  d'autre  part  un  malade  atteint  de  névralgies  très 
douloureuses.  En  vain  nous  l'aurons  traité  par  tous  les 
médicaments  dits  anlinévralgiques.  Mais,  si  l'observation 
clinique  nous  apprend  qu'il  est  syphilitique,  paludéen  ou 
arthritique,  c'est  à  l'aide  du  mercure  ou  de  l'iodure  de 
potassium,  du  sulfate  de  quinine,  ou  enfin  du  salicylate  de 
soude  que  nous  arriverons  à  le  guérir.  Dans  tous  ces  cas, 
c'est-à-dire  lorsqu'il  s'agit  de  maladies  spécifiques,  c'est  la 
notion  clinique  seule  qui  dicte  la  médication,  c'est  la  spéci- 
ficité empiriquement  reconnue  du  remède  qui  permet  un 
traitement  efficace. 

Alors,  au  contraire,  qu'il  s'agit  de  maladies  diathésiques, 
alors  qu'il  convient  de  combattre  un  vice  de  la  nutrition 
par  une  série  de  médicaments  dont  les  effets  sur  l'assimila- 
tion ou  ladésassimilalion  des  tissus  ont  été  longuement  et 
sérieusement  analysés;  dans  ces  cas  si  complexes  et  d'une 
interprétation  si  difficile,  le  progrès  n'est  possible  que  si 
l'on  possède  une  conception  doctrinale  de  la  maladie,  si 

24 


3Î8    —  N»  24  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


14  Juin  1881» 


Ton  connaît  bien  révolution  des  accidents  morbides  et 
l'action  physiologique  des  médicaments  employés. 

Le  moment  est-il  venu,  en  ce  qui  concerne  le  diabète, 
de  considérer  les  nouveaux  chitTres  fournis  par  M.  A.  Robin 
Comme  de  nature  à  modifier  les  conceptions  doctrinales 
que  rimmense  majorité  des  médecins  considèrent  comme 
justes  et  démontrées  par  les  belles  recherches  de  M.  Bou- 
chard? Nous  avons  dit  pourquoi  il  n'appartenait  qu'aux 
savants  en  mesure  de  diriger  et  de  contrôler  eux-mêmes  les 
expériences  nécessaires  de  répondre  à  cette  question. 
Et  c'est  pourqoi  il  nous  est  impossible  d^apprécier  soit  la 
consciencieuse  étude  que  M.  J.  Worms  a  cru  devoir  faire 
des  travaux  dus  aux  chimistes  contemporains,  soit  la 
réponse  que  lui  a  adressée  M.  G.  Sée.  Nous  ne  voulons 
retenir  de  cette  discussion  que  cette  seule  conclusion  : 
quelle  que  soit  la  conception  doctrinale  qu'on  puisse  se 
faire  du  diabète  et  de  ses  manifestations  cliniques,  la 
médication  à  opposer,  dans  chaque  cas  particulier,  aux 
accidents  observés,  doit  varier  suivant  la  forme  et  la  nature 
de  ceux-ci  et  suivant  la  constitution  du  malade.  Il  n'existe 
pas  de  médication  spécifique  du  diabète.  Tel  sujet  guérira 
rapidement  et  restera  guéri  durant  de  longues  années  en 
suivant  exclusivement  les  préceptes  d'hygiène  physique  et 
alimentaire  si  bien  indiqués  par  Bouchardat;  tel  autre  se 
trouvera  bien  de  la  médication  opiacée  associée  à  la  bella- 
done et  à  la  valériane;  l'arsenic  et  les  sels  de  lithine  con- 
viendront mieux  à  un  troisième  diabétique;  les  prépara- 
tions de  quinquina,  les  alcalins  et  le  bromure  de  potassium 
réussiront  dans  d'autres  cas.  Le  rôle  du  clinicien  doit  être 
de  rechercher  quelle  est  la  médication  vraiment  utile  dans 
un  cas  déterminé.  Un  jour  viendra,  il  convient  de  l'espérer, 
où  la  physiologie  expérimentale  lui  indiquera  pourquoi 
cette  médication  est  préférable  à  celles  qui,  en  d'autres 
circonstances,  réussissent  contre  les  accidents  diabétiques. 
Mais  la  multiplicité  même  des  médicaments  vraiment 
utiles —  et  toujours  inolTensifs  quand  ils  sont  prescrits  avec 
sagacité  —  montre  que  pour  le  diabète  comme  pour  la  plu- 
part des  maladies  la  clinique  thérapeutique  a  précédé  la 
thérapeutique  rationnelle  ou  physiologique.  Et  longtemps 
encore  il  en  sera  de  même! 

^  M.  G.  Sée  a  fait  connaître  à  l'Académie  un  nouveau 
diurétique,  la  lactose,  qui,  s'il  tient  toutes  les  promesses 
faites  en  son  nom,  devra  remplacer,  dans  les  hydropisies 
dues  à  des  maladies  du  cœur,  tous  les  diurétiques  connus 
jusqu'à  ce  jour.  Comme  la  lactose  est  inoffensive  et  comme 
les  cas  où  son  emploi  peut  devenir  utile  sont  des  plus  fré- 
quents, il  n'est  point  douteux  que  tous  les  médecins  tien- 
dront à  l'expérimenter. 

Si  l'on  peut,  grâce  à  elle,  éviter  les  inconvénients 
du  régime  lacté  exclusif,  si  souvent  mal  toléré,  si  souvent 
difficile  à  continuer,  les  cliniciens  auront  certainement  une 
ressource  précieuse  pour  combattre  les  hydropisies  d'ori- 
gine cardiaque.  Quant  à  la  glycosurie  et  à  Tazoturic  que 
produirait  toujours  l'administration  exclusive  du  lait,  elles 
nous  paraissent  moins  fréquentes  que  ne  semble  le  faire 
croire  l'une  des  conclusions  du  mémoire  de  M.  G.  Sée. 
Quoi  qu'il  en  soit  d'ailleurs,  on  ne  peut  qu'applaudir  à  l'in- 
troduction en  thérapeutique  d'un  médicament  qui  serait  un 
diurétique  aussi  précieux  que  fidèle. 

—  Un  concours  de  gymnastes  se  tient  en  ce  moment  à 
Vincennes.  Un  campement  a  été  établi  pour  les  recevoir,  et 


le  Conseil  d'hygiène  publique  et  de  salubrité  du  dépar- 
tement de  la  Seine  a  été  chargé  d'étudier  les  conditions 
hygiéniques  de  ce  campement.  C'est  H.  le  médecin  inspec- 
teur général  L.  Colin  qui  a  bien  voulu  indiquer,  dans  un 
savant  rapport,  toutes  les  mesures  à  prendre  pour  rendre  ce 
campement  tout  à  la  fois  salubre  et  inoffensif.  Tout  n'était 
point,  en  effet,  à  louer  dans  l'installatioa  projetée.  «  Au 
point  de  vue  des  surfaces  et  du  nombre  des  occupants,  dit 
M.  L.  Colin,  ce  campement  est  loin  de  répondre  aux  règles 
de  la  castramétration.  Il  offrirait  même,  en  cas  d'occupation 
plus  prolongée,  les  inconvénients  de  l'encombrement: 
inconvénients  auxquels  la  brièveté  du  séjour  des  gymnasle> 
ne  donnera  pas  sans  doute  le  temps  de  se  développer,  et  qui 
vraisemblablement  seront  conjurés  par  un  nombre  plus  ou 
moins  considérable  d'absences  individuelles  pendant  la 
nuit.  1^ 

Le  service  des  eaux  n'a  pas  paru  irréprochable;  mais  une 
entente  intervenue  avec  une  compagnie  pour  le  transport 
de  toutes  les  matières  excrémentitielles  (urines,  matières 
fécales)  et  des  eaux  résiduaires  des  cuisines,  assure  au 
moins  la  salubrité  du  sol.  Toutefois,  l'installation  insufli- 
santé  des  urinoirs  et  des  latrines  est  signalée  sans  réticences. 
L'éminent  rapporteur  proteste  contre  l'insuffisance  déplaces 
ou  de  tinettes  représentées  par  l'ensemble  des  latrines;  il 
affirme  la  nécessité  de  disposer  de  nouveaux  cabinets  eu 
divers  endroits  du  camp  destiné  aux  gymnastes  et  l'oppor- 
tunité de  multiplier  les  entrées  à  chaque  latrine. 

Dans  cet  intéressant  rapport,  M.  L.  Colin  rappelle  que 
l'ensemble  des  mesures  à  prendre  dans  les  cas  de  ce  genre 
doit  avoir  pour  base  non  seulement  la  protection  des  agglo- 
mérations destinées  à  occuper  un  camp,  mais  encore  et 
surtout  la  prophylaxie  des  maladies  qui  pourraient  atteindre 
les  populations  avoisinantes. 

€  Nous  avons  constaté  parfois  dans  l'armée,  dit  le  savant 
rapporteur,  l'immunité  de  certains  contingents  qui  viennent 
brusquement,  pendant  une  période  momentanée  de  dépla- 
cements, de  manœuvres,  doubler,  tripler  l'effectif  de  la 
population  d'une  caserne  ;  mais  il  peut  arriver  en  pareilles 
circonstances,  et  j'en  ai  cité  des  exemples,  que  l'inconvé- 
nient de  ces  agglomérations  exceptionnelles,  nul  pour  ceux 
qui  les  ont  produites,  se  traduit  ultérieurement  par  raction 
sur  la  population  habituelle  de  la  caserne,  alors  même 
qu'elle  est  rentrée  dans  ses  conditions  numériquement 
normales,  des  germes  pathogènes  laissés  par  ces  ac:glonié- 
ralions.  ^ 

Le  rapport  se  termine  par  l'énumération  des  mesure> 
jugées  nécessaires  pour  assainir  dans  la  mesure  du  pos- 
sible, et  rendre  moins  nocive  pour  la  population  ambiante, 
et  en  particulier  pour  l'agglomération  militaire  du  fort, 
l'installation  des  gymnastes  qui  sont  venus  camper  au  poly- 
gone de  Vincennes.  Espérons  que  l'on  tiendra  compte,  non 
seulement  pour  le  présent,  mais  pour  l'avenir,  de  ces  utilo*^ 
conseils. 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

De  l'administration  de  la  créosote  aux  phthiiitqaes* 

On  peut  prescrire  ce  médicament  antiseptique  et  parasi- 
ticide,  soit  à  V intérieur  par  la  voie  buccale;  soit  à  l'esté' 
rieur^  en  topiques  appliqués  sur  la  peau,  en  injections  par 
la  méthode  hypodermique  et  en  pulvérisations  par  la  voie 
pulmonaire. 


ii  Juin  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        —  N*  24  —    370 


1'  A  Vintérieur.  Par  la  voie  buccale  on  radminislre 
seule,  en  pilules  et  en  potion,  ou  associée  à  Thuile  de  foie 
de  morue,  aux  arsenicaux  et  au  quinquina. 

Les  pilules  créosoîées  de  H.  Bouchard  se  prescrivent  à 
la  dose  de  huit  à  dix  par  jour,  à  raison  d'une  toutes  les 
heures.  Elles  se  formulent  ainsi  : 

Créosote 10  grammes. 

Savon   amygdalin    pulvérisé    et 

séché  à  rétuve 45        — 

Pour  100  pilules. 

La  potion  alcoolique  créosotée^  de  Valentin  Gilbert  (de 
Genève),  contient  : 


Créosote 

Rhum 

Sirop  de  Tolu. 
Eau 


3  grammes. 
75        - 
45        - 
100       '- 


Une  cuillerée  à  bouche  par  jour  dans  une  verrée  d'eau. 
V huile  de  foie  de  morue  créosotée^  formulée  par  M.  Bou- 
chard, renferme  : 

Créosote 50  grammes. 

Huile  de  foie  de  morue q.  s.  pour  1  litre. 

Prendre  chaque  jour  une  à  deux  cuillerées  à  bouche. 
Chaque  cuillerée  à  bouche  contient  75  centigrammes  de 
créosote.  On  peut  remplacer  l'huile  de  foie  de  morue  par 
r huile  de  faines. 

Le  vin  de  quinquina  créosote  et  arsénié  est  souvent 
employé  par  les  médecins  suisses.  Voici  une  de  ses  for- 
mules : 

Créosote 4à5  grammes. 

Arséniate  de  soude 09^,04  à  0»'fih 

Vin  de  quinquina  au  malaga. .     1000  grammes. 

A  prendre  à  raison  de  deux  à  trois  petits  verres  par  jour 
au  moment  des  repas. 

2"  A  Vextérieur.  M.  Valentin  Gilbert  recommande  les 
frictions  sous  les  aisselles,  en  avant  et  en  arrière  du  tho- 
rax, avec  la  pommade  suivante  : 


Créosote 

f^anoline 

Axonge 

Huile  d'olives 


5  grammes. 
i25      — 


En  frictions  tous  les  soirs,  avant  de  se  mettre  au  lit.  — 
Les  vapeurs  créosotées,  en  se  dégageant  à  la  chaleur  du 
corps,  c  baigneraient  le  malade  dans  son  lit.  » 

En  injections  hypodermiques.  M.  Gimbert  (de  Cannes) 
prescrit  des  solutions  huileuses  de  créosote  au  quinzième, 
qu'il  injecte  sous  la  peau  à  raison  de  10  à  30  centimètres 
cubes  au  moyen  d'un  appareil  à  pression  d'air. 

Bien  pratiquées,  ces  injections  ne  provoqueraient  pas  de 
douleur  et  seraient  indiquées  dans  les  cas  d'intolérance 
stomacale. 

En  pulvérisations  continues.  Pour  réaliser  le  séjour 
dans  une  atmosphère  créosolée,  on  impose  l'usage,  soit 
d'inhalations,  soit  de  pulvérisations  permanentes  avec  la 
solution  suivante  (Du  prêt)  : 

Créosote 15  à  20  grammes. 

Eau  alcoolisée 1000        — 

Ch.    ÉLOY. 


REVUE  lÎES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

RÉUNIONS   CLINIQUES   HEBDOMADAIRES   DES   MÉDECINS 
DE  l'hôpital   SAINT-LOUIS. 

Xanthome  glycosurique  intermittent;  xanthome  des 
DIABÉTIQUES.  —  On  sait  qu'à  côté  du  xanthome  ordinaire 
ont  été  décrits  quelques  cas  de  xanthome  observés  chez  des 
sujets  diabétiques  :  ces  cas  présentent  des  caractères  suffi- 
samment tranchés  pour  que  l'on  soit  autorisé  à  en  faire  une 
variété  de  xanthome.  Les  observations  sont  encore  en  petit 
nombre;  les  plus  intéressantes  ont  été  rapportées  par  des 
auteurs  anglais  et  surtout  par  Malcolm  Morris.  M.  Besnier  a 
déjà  pu  observer  quatre  cas  de  cette  curieuse  forme  de  xan- 
thome j  c*est  le  quatrième  dont  il  s'agit  ici.  Quelques  par- 
ticulantés  distinguent  le  xanthome  des  diabétiques  du 
xanthome  ordinaire,  à  savoir  :  1°  la  fréquence  plus  grande 
de  localisations  buccales;  S''  l'absence  ordinaire  (mais  non 
constante,  comme  on  l'a  dit)  des  plaques  de  xanthome  aux 
paupières;  3<*  la  présence  de  phénomènes  subjectifs,  prurit, 
douleurs  spontanées  ou  provoquées,  plus  marqués  que  dans 
le  xanthome  commun;  4*  enfin,  l'évolution.  A  l'inverse  du 
xanthome  commun,  qui  reste  habituellement  indéfiniment 
stationnaire,  le  xanthome  glycosurique  évolue  par  poussées, 
disparaissant  pour  reparaître  ensuite,  mais  sans  laisser  de 
traces  de  son  passage.  C'est  pourquoi  on  Ta  appelé  xanthome 
temporaire  des  diabétiques  (Chambard),  dénomination  à 
laquelle  M.  Besnier  préfère  celle  de  xanthome  glycosu- 
rique intermittent.  Il  est  vraisemblable  d'admettre  que, 
dans  ce  cas,  le  xanthom&et  la  glvcosurie  ne  dépendent  pas 
l'un  de  l'autre,  mais  relèvent  d^in  même  trouble  dyscra- 
sique;  le  trouble  de  la  fonction  hépatique  est  dans  ce  cas, 
comme  dans  les  autres  xanthomes,  la  cause  occasionnelle 
probable  de  la  production  du  xanthome.  (Séance  du  jeudi 
7  mars  1889.) 

Alopécie  par  grattage.  Trichomanie.  —  Bien  des 
gens,  des  enfants  surtout,  ont  la  manie  de  manger  leurs 
ongles  ou  bien  d'arracher  leurs  cheveux  d'une  façon  vérita- 
blement inconsciente.  Il  est  rare  cependant  de  voir  cette 
manie  se  produire  à  un  degré  aussi  grand  que  sur  un 
malade  présenté  par  M.  HallopeaUy  lequel  oiïrait  des 
plaques  a'alopécie  dans  les  cheveux  et  les  sourcils,  telles 
qu'à  première  vue,  on  eût  pu  croire  que  cet  homme  était 
atteint  de  pelade.  —  M.  Besnier  a  vu  un  enfant  oui,  jour  et 
nuit,  s'arrachait  les  cheveux,  pour  les  manger;  il  avait  l'air 
d'avoir  été  épilé.  (Séance  du  7  mars  1889.) 

Erythème  vacciniforme  syphiloide  ou  syphiloide  vag- 
ciNiFORME  infantile.  —  Il  s'agit  ici  d'une  de  ces  éruptions 
génitales  et  périgénitales  des  jeunes  enfants,  qui  ont  été 
jusqu'alors  à  peu  près  toujours  confondues  avec  la  syphilis. 
Plusieurs  cas,  observés  dans  ces  deux  dernières  années  à 
l'hôpital  Saint-Louis  (Besnier,  Hallopeau,  Foulard),  ont 
attiré  l'attention  sur  ce  sujet  et  permis  de  les  séparer  de  la 
syphilis. —  L'éruption  se  présente,  le  plus  souvent,  chez 
les  petites  filles,  et  sous  forme  d'éléments  qui  rappellent 
exactement  les  plaques  svphilitiques discoïdes;  elle  siège  sur 
la  région  vulvaire,  la  face  interne  des  cuisses,  parfois 
les  aines,  les  plis  interfessiers.  On  en  trouvera  quelques 
exemples  au  musée  de  l'hôpital  Saint-Louis  (collect.  de 
M.  Fournier,  n»  385,  et  collect.  générale,  n"  1261,  1332). 
M.  Besnier  présente  un  nouvel  exemple  de  cette  aiîection. 
Ce  qu'il  y  a  surtout  de  caractéristique,  c'est  la  marche  qui 
tend  à  la  guérison  spontanée,  et  assez  rapidement,  sitôt  nue 
des  soins  rigoureux  de  propreté  ont  été  pris,  et  que  les 
liquides,  urines  et  garde  robes,  ne  viennent  plus  souiller  et 
irriter  la  peau  de  l'enfant.  (Séance  du  7  mars  1889.) 

Pityriasis  pilaire.  —  M.  Vidal  présente  un  jeune  malade 
atteint  de  cette  curieuse  dermatose,  dont  l'honneur  de  la 


380    —  N«  24  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


14  Juin  1889 


description  revient  à  Devergie,  et  que  MM.  Besnier  et 
Richaud  ont  appelé  pityriasis  rubra  pilaire,  M.  Vidai 
n'admet  pas  Tépithète  rubra^  craignant  qu'elle  ne  serve  à 
mettre  dans  Tesprit  une  confusion  par  rapport  au  pityriasis 
rubra  de  Hebra.  Chez  cet  enfant,  TaiTection  remonte  à  huit 
mois;  elle  a  débuté  dans  la  région  du  dos  et  des  lombes  et 
s*est  peu  h  peu  généralisée.  Elle  se  caractérise  par  la  kéra- 
tinisation  des  follicules  pileux,  au  niveau  desquels  se  trouve 
souvent  une  petite  squame  blanchâtre;  ces  follicules  for- 
ment ainsi  une  série  d'aspérités  qui  donnent  au  doigt  la 
sensation  d-une  râpe.  Chez  cet  enfant,  la  face  dorsale  des 
mains  et  des  doigts,  si  ordinairement  prise,  est  encore  in- 
demne ;  le  cuir  chevelu  présente  déjà  une  production  exagé- 
rée d'épiderme,  mais  il  n'y  a  pas  encore  cette  abondante  des- 
quamation qui  se  trouve  à  une  période  plus  avancée.  Celte 
affection  a  été  considérée  à  tort,  par  les  auteurs  américains, 
comme  devant  être  rapprochée  de  l'ichtyose,  c'est  une 
erreur  :  elle  se  rapprocherait  plutôt  du  psoriasis.  Le  trai- 
tement qui  a  réussi  le  mieux  à  M.  Vidal  est  justement  un 
traitement  analogue  à  celui  qu'il  emploie  dans  le  psoriasis, 
les  onctions  avec  le  glvcérolé  d'amidoii  à  l'huile  de  cade. 
(Séance  du  14  mars  1889.) 

Gomme  scléreuse  chronique  du  muscle  jambier  anté- 
rieur ou  de  son  aponévrose.  —  Les  gommes  musculaires 
et  aponévrotiaues  ne  sont  pas  chose  fréquente.  Ce  sont  sur- 
tout les  muscles  de  la  jambe  qui  se  trouvent  atteints,  et  plus 
particulièrement  ceux  de  la  région  postérieure.  On  sait  que, 
sans  compter  la  langue,  un  autre  muscle,  le  sterno-mastoidien, 
est  assez  souvent  atteint  de  gomme.  Sur  une  malade  entrée  à 
l'hôpital  pour  une  syphilide  tuberculo-ulcéreusedela  n'»gion 
sternale,  M.  Fournïer  a  observé  une  petite  tumeur  ovoïde, 
située  à  la  partie  antérieure  de  la  jambe  gauche,  paraissant 
faire  corps  avec  le  muscle  jambier  antérieur  ou  au  moins 
avec  son  aponévrose.  Elle  est  dure,  reste  immobile  et  date 
de  trois  années  déjà.  Cette  longue  évolution,  sans  ramollis- 
sement, n'est  pas  une  chose  rare  pour  les  gommes  muscu- 
laires, qui  peuventainsi  présenter  une  durée  presque  indé- 
finie; au  bout  d'un  certain  temps,  elles  s'organisent,  se 
durcifîent,  et  le  traitement  n'a  aucune  action  sur  elles. 
(Séance  du  21  mars.) 

Lupus  érythémateux  des  mains.  —  Le  lupus  érythéma- 
teux,  assez  frénuent,  comme  on  sait,  au  visage,  se  rencontre 
rarement  sur  les  extrémités.  M.  Vidal  présente  une  jeune 
fille  de  quatorze  ans,  qui  est  atteinte  de  lupus  érythémateux 
sur  la  face  et  sur  les  mains.  Le  lupus  érythémateux  des 
mains  présente  de  grandes  analogies  d'aspect  avec  les  enge- 
lures; ce  sont  ces  lésions  qu'Hutchinson  a  décrites  sous  le 
nom  de  chilblain  lupus,  lupus  engelure.  Chez  cette  enfant, 
les  lésions  occupent  le  bord  externe  et  le  bord  interne  des 
mains,  la  face  dorsale  de  toutes  les  phalanges  de  tous  les 
doigts,  la  face  palmaire  des  troisièmes  phalanges;  elles 
forment  des  plaques  arrondies  ou  allongées,  un  peu  dépri- 
mées  au  centre,  blanc  grisâtre,  entourées  dune  zone 
saillante  rouge  violacé.  Les  engelures  dont  cette  enfant  a 
été  atteinte  auparavant  ont  certainement  joué  le  rôle  d'une 
cause  d'appel  pour  le  lupus;  elles  sont  aussi  la  cause  de  la 
symétrie  des  lésions.  Si  l'on  avait  quelque  doute,  le  dia- 
gnostic se  ferait  avec  l'état  de  la  face,  qui  présente,  sur  les 
ioues  et  sur  l'extrémité  du  nez,  des  lésions  indiscutables  de 
lupus  érvthémateux. 

M.  Vidal  se  propose  de  traiter  cette  enfant  par  des  appli- 
cations de  savon  de  potasse  dissous  dans  l'alcool,  et,  si  cela 
ne  sufflt  pas^  par  des  applications  de  compresses  enduites 
de  savon  noir,  en  prolongeant  suffisamment  ces  applica- 
tions pour  provoquer  un  certain  degré  d'inflammation.  — 
M.  Besnier  rapporte  cette  affection  à  la  tuberculose  cuta- 
née. Souvent  il  a  fait  l'enquête  étiologique  et  retrouvé  la 
tuberculose.  C'est  une  forme  qui  se  voit  souvent  chez  des 
sujets  de  la  campagne,  exposés  au  grand  air  et  aussi  à  la 


contagion  tuberculeuse  par  le  contact  répété  de  leurs 
mains  avec  des  objets  divers  souillés  par  des  animaux  et 
surtout  des  vaches  tuberculeuses.  La  symétrie  des  lésions, 
dans  ce  cas,  ne  doit  pas  faire  rejeter  leur  origine  externe. 
Elle  tient  à  la  présence  antérieure  des  engelures  qui  ont 
servi  symétriquement  de  porte  d'entrée  à  l'infection. 

M.  Vidal  fait  observer  que,  parmi  les  nombreux  malades 
atteints  de  lupus  qu'il  a  soignés  en  ville  par  les  scarifica- 
tions, deux  seulement  sont  tuberculeux,  et  il  rappelle 
que,  dans  tes  expériences  d'inoculation  de  lupus  aux  ani- 
maux, faites  par  M.  Leloir,  une  des  premières  avec  résultat 
positif  de  tuberculose,  avait  été  faite  avec  du  lupus  érythé- 
mateux. (21  mars  1889.) 

Pseudo-paralvsie  syphilitique  de  Parrot.  —  On  sait 
en  quoi  consiste  cette  manifestation  assez  rare  de  la  syphi- 
lis infantile.  Parrot,  qui  l'a  décrite,  en  avait  fait  une  affec- 
tion très  grave,  comportant  un  pronostic  fatal.  Cela  tient  à 
ce  que  Parrot  observait  dans  aes  conditions  de  mauvais 
terrain,  à  l'hôpital  des  Enfants-Assistés.  Depuis,  d'autres 
observations  ont  été  fournies,  terminées,  au  contraire,  par 
la  guérison  ;  si  bien  que  l'on  peut  dire  que  cette  manifesta- 
tion n'a  pas  de  pronostic  propre  défavorable,  mais  que  sa 
gravité  dépend  de  l'état  général  du  petit  sujet. 

M.  Foumier  montre  une  petite  fille  de  trois  mois,  syphi- 
litique héréditaire,  atteinte  de  syphilide  faciale  confluênte, 
et  qui,  sous  ses  veux,  dans  son  service,  a  présenté  une 
pseudo-paralysie  du  bras  droit,  actuellement  guérie.  Le 
curieux  est  que  cette  manifestation  est  survenue  alors 
que  l'enfant  était  déjà  en  traitement  depuis  dix  jours,  et 
que  les  syphilides  cutanées  étaient  en  voie  de  disparition. 
(28  avril  1889.)  H.  F. 


TBWAUX  ORIGINAUX 

Clinique  médicale 

Recherches  sur  l'action  thérapeutique  de  la  coroxille 
DANS  LES  AFFECTIONS  CARDIAQUES,  par  M.  le  docteur 
Spillmann,  professeur  de  clinique  médicale,  et  M.  le 
docteur  Haushalter,  chef  de  clinique  à  la  Faculté  de 
Nancy. 

(Fin.  —  Voyez  le  numéro  23.) 

Voici  maintenant  deux  observations  dans  lesquelles  la 
coronille  n'a  eu  qu'un  effet  utile  insignifiant: 

Obs.  IX.  Emphysème,  dilatation  du  cœur  droit  —  Homme, 
quarante-huit  ans,  emphysémateux,  et  atteint  de  bronchite  chro- 
nique, présente  les  signes  d'une  dilatation  du  cœur  droit, 
cyanose,  œdème  léger  des  membres  imférieurs,  dyspnée,  urim^s 
rares,  500  c.  c;  pouls  régulier,  petit. 

Le  2  mars.  —  CoroniJline,  30  centigrammes. 

Le  3.  —  Urines,  750  c.  c.  Le  malade  respire  un  peu  plus  faci- 
lement. Coronilline,  30  centigrammes. 

Le  4.  —  Urines,  1000  c.  c.  Coronilline,  30  centigrammes. 

Le  5.  —  Urines,  600  c.  c. 

La  dyspnée,  la  cyanose,  l'œdème  persistent,  mais  à  un  état 
peut-être  un  peu  moindre  qu'avant  l'administration  de  la 
coronilline. 

Obs.  X.  Myocardite,  asystolie.  —  Femme,  soixante-quatre 
ans,  entrée  le  23  juillet  1888.  Depuis  une  atteinte  de  rhumatisme 
articulaire,  remontant  à  dix  ans,  est  sujette  à  des  palpitations. 
Depuis  un  mois,  asyslolie,  cyanose,  orthopnée,  pouls  petit, 
dépressible;  bruits  du  cou  sourds,  irréguliers. 

Le  25  juillet.  —  Potion  avec  extrait  de  coronille,  1  gramme. 

Le  26.  —  La  malade  respire  mieux,  rœdème  a  diminné,  le 
pouls  est  plus  ample,  mais  toujours  irrégulier;  plusieurs  selle< 
diarrhéiqucs;  on  n  a  pu  pour  cette  raison  conserver  les  urines. 
Extrait  de  coronille,  1  gramme. 

Le  27.  —  Même  état.  Extrait  de  coronille,  1  eramme. 

Le  28.  —  Les  urines  sont  rares,  700  c.  c,  séoimenteuses. 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECmE  ET  DE  CHIRURGIE  —  N*  24  —    381 


Le  !29.  —  F.e  pouls  est  petit,  irréguHer.  Cyanose,  dyspnée. 

Le  6  août.  —  Extrait  de  coronille,  1«'^,5(I. 

Le  7.  —  Pas  d'amélioration. 

Les  9, 10,  11.  —  Digitale,  40  centigrammes. 

Le  1^.  —  Œdème  moindre,  pouls  plus  régulier,  moins  de 
dyspnée. 

Le  17.  —  Réapparition  des  symptômes  d'asystolie,  Coronilline, 
1  centigramme. 

Le  18.  —  Pas  d'effet.  Coronilline,  2  centigrammes. 

Le  19.  —  Pas  d'effet. 

Voici  enfin,  résumées,  les  observations  des  malades 
auxquels  la  coronille  n'a  apporté  aucun  soulagement: 

ÛBS.  XL  Myocardite.  A systolie. —  Femme,  soixante-dix  ans, 
entrée  le  9  mai  1888,  éprouve  de  la  dyspnée  depuis  deux  ans. 
A  son  entrée,  la  malade  présente  l'aspect  de  la  cachexie  car- 
diaque; œdème  des  membres  inférieurs,  dilatation  des  veines 
du  cou,  cyanose,  pouls  petit,  irrégulier,  dépressible;  pas  d'hy- 
pertrophie du  cœur;  bruits  sourds,  précipités;  urines  rares, 
sédimenteuses. 

Les  13,  15  et  16  mai,  la  malade  prend  une  potion  avec 
1  gramme  d'extrait  de  coronille..  Pas  d'amélioration,  la  malade 
succombe. 

Obs.  XII.  Insuffisance  mitrale.  —  Femme,  vingt-sept  ans, 
sujette  à  des  palpitations  depuis  cinq  à  six  ans.  Etant  enceinte 
de  huit  mois,  il  y  a  quatre  mois,  a  commencé  à  avoir  de 
]^œdème  des  membres  inférieurs  ;  en  asystolie  depuis  deux  mois. 

Entre  à  l'hôpital  le  11  août  1888.  Orthopnce,  pouls  petit,  fili- 
forme, irréguher,  œdème  généralisé;  congestion  du  foie,  souffle 
systolique  milral.  Urines  rares  et  foncées,  500  c.  c. 
"^  Le  2  août.  —  Extrait  de  coronille,    1  gramme  ;  il  est  vomi 
une  demi-heure  après  l'ingestion. 

Le  3.  —  Mémo  état  de  l'asystolie.  Extrait  de  coronille, 
i  gramme. 

Le  4.  —  Aucune  amélioration.  Extrait  de  coronille,  1  gramme. 

Le  5.  —  Même  état.  Extrait  de  coronille,  1  gramme. 

Le  7.  —  Même  état.  Extrait  de  coronille,  1  gramme. 

Le  8.  —  L'asystolie  s'aggravant  toujours,  on  prescrit  une 
infusion  avec  herbe  de  digitale  de  40  centigrammes. 

Le  là.  —  Après  trois  potions  de  digitale,  l'asystolie  ne  s'est 
pas  modiliée. 

Le  15.  —  2  centigrammes  de  coronilline. 

Le  16.  —  2  centigrammes  de  coronilline. 

Le  17.  —  2  centigrammes  de  coronilline.  Aucune  amélio- 
ration. 

La  malade  tombe  bientôt  en  étal  de  cachexie  cardiaque  com- 
plète etsuccombe. 


Obs.  XIIL  Insuffisance  mitrale,  Asystolie,  —  Homme,  cin- 


veines  du  cou,  cyanose  ;  souffle   systolique  raitral  à  la  pointe, 


hiedu  cœur  gauche,  alhérome  artériel,  pouls  irregulier 


hypertropl 
et  inégal, 


et  inégal,  est  soumis  au  traitement  par  la  digital 

En  novembre,  accès  nouveau  d'asystolie. 

Le  28  novembre.  —  On  prescrit  w  centigrammes  de  teinture 
de  coronille. 

Le  29.  — 20  centigrammes  de  teinture  de  coronille.  Un  peu 
de  diarrhéel 

Le  30.  —  30  centigrammes  de  coronille.  Le  pouls  reste  irré- 
gulier et  inégal;  mêmes  signes  d'asthénie  cardiaque. 

Le  l*'  décembre.  —  21  centigrammes  de  coronille.  L'état  de 
la  circulation  ne  se  modiOant  pas,  la  coronille  est  suspendue. 

Obs.  XIV.  Insuffisance  mitrale,  asystolie  prononcée.  — 
Homme,  cinquante-deux  ans,  maçon,  présentant  les  symptômes 
d'une  insuffisance  mitrale  non  compensés  ;  pouls  petit,  irré- 
gulier, œdème  pulmonaire,  œdème  des  membres  inférieurs, 
cyanose,  etc.  ;  urines  rares,  800  c.  c.  Prend  les  6,  7,  8,  9  fé- 
vrier 1889,  de  15  à  30  centigrammes  de  coronilline  chaque 
fois;  les  symptômes  restent  les  mêmes,  la  diurèse  n'augmente 
pas.  Ultérieurement  les  svmptômes  de  l'asystolie  sont  notable- 
mont  amendés  parle  stropnanius  et  la  digitale. 

Obs.  XV.  Pneumonie  chronique,  dilatation  du  cœur  droit. 
—  Femme,  cinquante  ans,  symptômes  consécutifs  à  une  dilata- 
tion passive  du  cœur,  résultant  d'une  pneumonie  chronique. 


Le  8  février,  un  an  après  l'apparition  des  premiers  symptômes 
de  dilatation  du  cœur,  œdème  généralisé,  urines  rares, 
150  c.  c;  dilatation  des  veines  du  cou;  pouls  irrégulier, 
filiforme,  état  comateux. 

Deux  potions,  avec  30  et  50  centigrammes  de  coronilline,  n'ont 
aucune  action  sur  la  circulation,  non  plus  que  la  digitale,  le 
strophantus  et  la  caféine;  et  la  malade  succombe  en  asystolie. 

Obs.  \y\.  Insuffisance  mit  raie,  asystolie  y  cachexie  cardiaque. 
—  Homme,  cinquante  et  un  ans,  ayant  subi,  il  y  a  cinq  ans,  une 
atteinte  de  rhumatisme  articulaire  aigu,  entre  le  22  mars  1889 
avec  les  symptômes  d'une  insuffisance  mitrale  non  compensés, 
cyanose,  dilatation  des  veines  du  cou,  œdème,  urines  rares, 
250  c.  c,  congestion  du  foie,  orthopnée,  pouls  petit,  régu- 
lier, dépressible,  insomnie. 

Le  23  mars.  —  Urines,  250  c.  c.  Coronilline,  30  centi- 
grammes. 

Le  24.  —  Urines,  250  c.  c.  Même  état  de  l'asystolie.  Coro- 
nilline, 30  centigrammes. 

Le  25.  —  Urines,  500  c.  c.  Coronilline,  60  centigrammes. 

Le  20.  —  Les  symptômes  de  l'asystolie  s'aggravent.  La  digitale 
et  le  strophantus,  prescrits  tour  à  tour,  n'ont  aucune  action. 

Obs.  XVI.  Obésité,  surcharge  graisseuse  du  cœur.  —  Femme, 
cinquante  ans,  très  obèse,  entre  en  octobre  1888  avec  les 
symptômes  de  dégénérence  graisseuse  du  myocarde,  cyanose 
légère  des  lèvres,  œdème  léger  au  niveau  des  malléoles,  dyspnée, 
bruits  du  c^Bur  sourds,  pouls  régulier,  égal,  mou. 

Les  27,  28,  29,  30,  31  octobre,  elle  prend  i  centigrammes  de 
coronilline;  il  ne  se  produit  aucune  amélioration. 

Le  19  mars,  en  face  des  mêmes  symptômes  qu'à  l'entrée  de  la 
malade,  on  administre  60  centigrammes  de  coronilline,  qui  pro- 
voquent des  vomissements  et  de  la  diarrhée  pendant  toute  la 
nuit,  avec  abaissement  et  accélération  du  pouls. 

Une  analyse  rapide  des  cas  dans  lesauels  fut  administrée 
la  coronille  fera  ressortir,  mieux  que  le  résumé  des  obser- 
vations, quelle  fut  Tinfluence  du  médicament. 

Analyse  des  cas  dans  lesquels  la  coronille  eut  une 
action  utile.  —  Sur  les  huit  cas  où  la  coronille  eut  une 
action  utile,  cinq  fois  elle  fut  donnée  sous  forme  d'extrait, 
trois  fois  sous  forme  de  coronilline;  le  nombre  des  cas  sur 
lesquels  nous  avons  expérimenté,  est  loin  d'être  assez  élevé 
pour  que  nous  ayons  le  droit  de  conclure  que  la  coronil- 
line est  moins  eflicice  que  l'extrait  alcoolique. 

Dans  tous  ces  cas,  les  malades  étaient  à  un  degré  assez 
avancé  d'asystolie  :  cinq  fois  cette  asystolie  était  le  fait 
d'une  dégénérescence  du  cœur  combinée  à  une  altération 
des  vaisseaux,  trois  fois  elle  résultait  d'une  insuffisance 
mitrale  dont  la  compensation  était  rompue. 

Le  médicament  était  administré  en  général  trois  ou 
quatre  jours  de  suite  ;  dans  la  plupart  des  cas,  il  fut  répété 
chez  le  même  malade  une  série  de  fois  à  des  intervalles 
plus  ou  moins  éloignés. 

Le  maximum  de  l'effet  utile  se  produisit  en  général  de 
vingt-quatre  à  trente-six  heures  après  l'administration  de 
la  première  dose  ;  les  doses  ultérieures  ne  servaient  qu'à 
maintenir  cet  effet,  sans  du  reste  l'augmenter  beaucoup  ; 
en  général  vingt-quatre  heures  après  la  dernière  dose  le 
malade  retombait  dans  l'état  où  il  se  trouvait  avant  l'admi- 
nistration du  médicament  ;  une  seule  fois  (obs.  1),  dans  un 
cas  où  il  s'agissait  d'une  première  atteinte  légère  d'asystolie 
chez  un  alcoolisé  athéromateux,  l'amélioration  fut  persis- 
tante et  définitive  après  quatre  doses  de  coronilline.  De  ces 
faits  il  ressort  que  le  principe  actif  ne  s'accumule  pas  dans 
l'organisme. 

Quant  à  l'effet  utile,  pour  l'apprécier  à  sa  juste  valeur, 
nous  passerons  rapidement  en  revue  l'action  de  la  coronille 
sur  le  pouls,  la  diurèse,  les  hydropisies,  la  dyspnée. 

Pouls.  —  Les  courbes  du  chiffre  des  pulsations  et  les 
tracés  sphygmographiques  du  pouls,  pris  avant  et  après 
l'administration  de  la  coronille,  nous  ont  montré  que  la 
coronille  n'a  eu,  dans  les  cas  où  nous  l'avons  donnée, 
qu'une  influence  peu  accentuée  sur  le  chiffre  des  pulsations 


3Si 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


U  Juin  1889 


ou  le  rythme  du  pouls.  Dans  aucun  des  cas  observés  un 
pouls  très  irrégulier  n'a  été  complètement  régularisé  par 
lacoronille;  plusieurs  fois  il  fut  simplement  moins  irré- 
gulier après  son  administration;  quant  au  chiffre  des  pul- 
sations par  minute,  dans  certains  cas,  il  ne  sembla  nulle- 
ment modifié  pendant  l'administration  de  la  coronille, 
d'autres  fois  il  fut  supérieur  et  d'autres  fois  inférieur  à  ce 
qu'il  était  avant.  —  Quant  à  Tamplitude  du  pouls,  elle  fut 
accrue  dans  des  proportions  variables  durant  tout  le  temps 
de  l'ailministration  du  médicament. 

Diurèse.  —  L'effet  le  plus  net  produit  par  la  coronille  fut 
certainement  l'augmentation  de  la  quantité  des  urines;  de 
yingt-quatre  à  trente-six  heures  après  Tadministration  de 
la  première  dose,  le  chiffre  des  urines  atteignait  son 
maximum;  en  général,  durant  tout  le  temps  de  Tadminis- 
tration  du  médicament,  ce  chiffre  se  maintenait  au  taux  de 
2  litres  à  2  litres  et  demi,  pour  diniinuer  aussitôt  que  le 
médicament  était  suspendu;  dans  deux  cas,  les  urines 
arrivèrent  au  chiffre  de  3  à  4  litres.  (Voy.  les  tracés  I  et  II.) 

Hydropisies,  —  Les  hydropisies,  la  cyanose,  les  dilata- 
tions veineuses,  sauf  dans  l'observation  I,  n'ont  jamais 
disparu  complètement  sous  Tinfluence  de  la  coronille  :  en 
général,  ces  symptômes  étaient  simplement  amendés  pen 
dant  l'action  du  médicament. 

Dyspnée.  —  La  dyspnée  et  l'insomnie  dans  quelques  cas 
subissaient  pendant  l'administration  du  médicament  un 
moment  de  répit. 

En  somme,  Veffet  utile  de  la  coronille,  dans  les  huit  cas 
où  il  fut  obtenu,  se  résume  dans  une  diminution  des 
œdèmes,  une  augmentation  de  la  diurèse,  une  sensation 
subjective  de  bien-être  relatif,  résultant  surtout  d'une 
dyspnée  moindre;  tous  effets  provenant  de  l'accroissement 
passager  de  la  tension  sanguine,  conséquence  de  l'action  du 
principe  actif  de  la  coronille  sur  le  muscle  cardiaque. 

Mais,  pour  juger  de  la  valeur  réelle  de  la  coronille,  en 
tant  que  médicament  cardiaque,  il  serait  utile  de  pou- 
voir comparer  ses  effets,  dans  les  mêmes  cas,  à  ceux 
d'un  autre  médicament  cardiaque  bien  connu,  tel  que  la 
digitale.  Comme  nous  l'ont  montré  nos  observations,  dans 
les  cas  où  la  coronille  avait  une  action  utile,  la  digitale 
était  capable  de  produire  à  la  même  période  une  améliora- 
tion sensible  :  il  ne  nous  a  pas  semblé  que  dans  ces  cas 
l'effet  de  la  digitale  fût  notablement  supérieur  à  celui  de  la 
coronille.  Dans  la  plupart  des  cas,  il  arriva  un  moment  où 
la  coronille  perdait  son  effet  utile  sur  les  symptômes  de 
l'asystolie  :  à  la  même  période,  la  digitale  restait  tout  aussi 
inefficace.  Nous  devons  ajouter  que  nous  n'attachons  pas 
grande  valeur  à  la  comparaison  entre  le  degré  d'action  de 
la  digitale  et  celui  de  la  coronille,  telle  que  nos  observa- 
tions nous  ont  permis  de  la  faire  :  car  les  malades  sur 
lesquels  nous  avons  expérimenté  étaient  tous  plus  ou 
moins  en  état  de  cachexie  cardiaque,  et  leur  myocarde 
dégénéré  n'était  plus  guère  en  état  de  répondre  bien  éner- 
giquement  à  aucun  des  excitants  de  sa  contractililé. 

Analyse  des  cas  où  raction  dti  la  coronille  fut  minime, 
—  Chez  les  malades,  auxquels  ont  trait  les  observations  IX 
et  X,  la  coronilline  dans  un  cas,  l'extrait  de  coronille  dans 
l'autre,  n'ont  amené  qu'une  amélioration  insignifiante;  dans 
l'observation  X,  en  particulier,  après  l'administration  de 
1  gramme  d'extrait  de  coronille,  l'œdème  diminua  un  peu, 
le  pouls  devint  plus  ample,  la  dyspnée  s'amenda,  mais  cette 
amélioration  fut  toute  passagère  et  ne  se  reproduisit  pas 
avec  la  seconde  dose  du  médicament;  la  digitale,  donnée 
trois  jours  de  suite,  ne  provoqua  également  qu'une  amélio- 
ration insignifiante  et  de  courte  durée. 

Analyse  des  cas  dans  lesquels  la  coronille  n'eut  aucun 
effet  utile.  —  Dans  sept  cas  la  coronille  ne  produisit  aucune 
amélioration  de  l'asystolie;  dans  Quatre  de  ces  cas,  la 
digitale  était  tout  aussi  impuissante  ;  dans  un  cas,  la  digitale 
et  le  strophantus  amendèrent  des  accès  d'asystolie  sur 


lesquels  la  coronille  n'avait  eu  aucun  effet;  dans  les  deux 
autres  cas,  les  malades  étant  arrivés  à  la  dernière  période 
de  la  cachexie,  la  digitale  ne  fut  pas  essayée. 

Nous  terminerons  l'analyse  des  effets  de  la  coronille, 
en  signalant  les  inconvénients,  que,  dans  certains  cas,  elle 
nous  a  paru  présenter  :  nous  avons  signalé  déjà  la  saveur 
amère  des  potions  de  coronille  ;  l'administration  de  la 
coronille  par  la  voie  stomacale  détermine  la  plupart  du 
temps  un  état  nauséeux,  et  provoque  quelquefois  des  vomis- 
sements, qui  ont  souvent  pour  effet  le  rejet  du  médicament 
après  son  ingestion;  plus  souvent  encore  la  coronille  déter- 
mine une  diarrhée  séreuse,  qui  dans  quelques  cas  a  été 
très  abondante;  ces  accidents  nous  ont  obligé  chez  certains 
malades  à  suspendre  le  médicament. 

Nous  avons  vu  plus  haut  que  le  principe  actif  semble  être 
modifié  dans  le  tube  digestif,  puisque  des  doses  qui  seraient 
mortelles  quand  on  les  introduit  dans  le  sang,  sont  sans 
effet,  quand  on  les  administre  par  la  voie  stomacale;  pour 
remédier  à  ces  inconvénients,  et  surtout  pour  changer  la  voie 
d'absorption  du  médicament,  nous  avons,  dans  deux  cas, 
injecté  sous  la  peau  1  centimètre  cube  de  solution  conte- 
nant un  demi-milligramme  de  coronille;  il  ne  se  produisit 
aucun  effet  thérapeutique,  et  dans  la  région  où  avait  été 
pratiquée  l'injection,  il  se  développa  un  œdème  douloureux 
assez  étendu. 

Cette  étude,  basée  sur  un  nombre  limité  d'observations, 
mérite  de  nouvelles  recherches  que  nous  comptons  bien 
poursuivre.  Nous  tirerons  des  quelques  faits  étudiés  les 
conclusions  suivantes  : 

1^  La  coronille  peut  être  considérée  comme  un  médica- 
ment cardiaque,  capable  de  modifier  dans  un  sens  favo- 
rable un  certain  nombre  de  symptômes  résultant  d'un 
défaut  d'énergie  du  myocarde. 

2''  Les  effets  utiles,  quand  ils  se  produisent,  suivent  rapi- 
dement l'administration  du  médicament,  mais  cessent  en 
grande  partie  dès  qu'on  vient  à  le  supprimer. 

d"*  Les  effets  consistent  dans  un  accroissement  d'ampli- 
tude du  pouls,  une  augmentation  de  la  diurèse,  une  dimi- 
nution des  œdèmes,  un  amendement  de  la  dyspnée. 

4"*  La  coronille  perd  son  action  dans  les  cas  où  là  digitale 
est  devenue  inefficace,  c'est-à-dire  dans  les  cas  où  le  muscle 
cardiaque  est  profondément  dégénéré. 

5"^  Dans  tous  les  cas  où  la  coronille  est  efficace,  la  digi- 
tale l'est  également. 

ô*'  L'administration  de  la  coronille  est  suivie,  dans 
quelques  cas,  de  vomissements  et  de  diarrhée. 


Cllalque   ehlrurglcale. 

Note  sur  quelques  cas  de  fistules  a  l'anus  et  d'abcès 
DE  LA  RÉGION  AN0-RECTALE,  par  M.  Cestan,  interne  à 
l'hôpital  Broussais. 

Les  fistules  à  l'anus  et  les  abcès  de  la  région  ano-rectale 
offrent  des  points  nombreux  de  rapprochement  :  étiologie 
d'une  part,  traitement  de  l'autre;  et,  comme  le  dit  excel- 
lemment notre  maître,  M.  Reclus,  dans  ses  Cliniques  de 
rHôtel'Dieu,  «  pratiquement^  on  peut  assimiler  ces  deux 
affections  »;  on  sait  d'ailleurs  que  souvent  la  fistule  à 
l'anus  est  le  dernier  terme  de  l'évolution  des  collections 
péri-rectales.  Deux  méthodes  se  disputaient  autrefois  la  gué- 
risondeces  dernières  :  l'une,  avec  Poubert,  se  contentait  de 
l'incision  simple  ;  l'autre,  défendue  par  Faget,  voulait  une 
intervention  plus  active.  Celle-ci,  malgré  quelques  dissi- 
dences, a  définitivement  prévalu;  et  comme  le  montrait 
M.  de  Barraudans  une  thèse  récente,  il  est  de  règle  aujour- 
d'hui, dans  l'abcès  comme  dans  la  fistule,  de  sectionner 
sur  la  sonde  cannelée  toutes  les  parties  qui  séparent  le 
clapier  de  la  cavité  rectale.  Tantôt  h  miijuiîuso  souk»  est 


U  Juin  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N«  24  —    383 


ainsi  sacrifiée;  d'aulres  fois  le  sphincter  doit  être  compris 
dans  la  section;  aussi  a-t-on  pu  avec  raison  établir  une 
classification  de  ces  lésions  avec  le  sphincter  comme  point 
de  repère. 

Pour  les  fistules  à  l'anus,  cette  division  est  de  vieille  date; 
Allingham  le  oremier,  Gosselin,  plus  tard,  ont  étudié  le 
trajet  des  fistules  et  en  ont  montré  l'importance  clinique  : 
«  Quelquefois  le  trajet  glisse  sous  la  peau  et  vient  rencontrer 
la  muqueuse  rectale  très  près  de  l'anus,  en  laissant  au- 
dessus  et  en  dehors  de  lui  la  plus  grande  partie,  peut-être 
même  la  totalité  de  la  portion  externe  ou  sus-cutanée  du 
sphincter  anal;  on  appelle  fistulettes  cette  variété  de  fistule 
que  j'aime  mieux  nommer  fistule  sous-tégumentaire; 
d'autres  fois  et  plus  souvent,  le  trajet,  avant  d'arriver  au 
rectum,  traverse  plus  ou  moins  loin  de  la  ligne  médiane 
le  sphincter  externe  et  plus  haut  le  sphincter  interne  ;  il 
n'est  donc  pas  possible  ae  faire  l'incision  sans  couper  tout 
ou  partie  de  ces  muscles;  c'est  la  fistule  intra-sphincté- 
rienne;  dans  d'autres  cas,  enfin,  l'orifice  externe  étant 
situé  très  en  dehors,  le  trajet  passe  d'abord  en  dehors,  puis 
au-dessus  du  sphincter;  la  section  de  toute  la  largeur  de 
ces  derniers  est  inévitable,  si  on  fait  le  traitement  par  l'in- 
cision; la  fistule  est  alors  sus-sphinctérienne.  > 

Les  abcès  de  la  région  ano-rectale,  au  contraire,  étaient 
repartis  par  la  plupart  des  auteurs  en  deux  groupes  princi- 
paux :  abcès  tubéreux,  superficiels,  siégeant  à  la  marge  de 
l^anus,  et  abcès  de  la  fosse  ischio-rectale,  ceux-ci  plus  éten- 
dus et  d'un  pronostic  beaucoup  plus  réservé.  A  M.  Reclus 
revient  le  mérite  d'avoir  le  premier,  en  1887,  donné  une 
classification  rationnelle  des  collections  purulentes  péri- 
rectales.  Il  faut  les  distinguer,  avec  lui,  en  trois  groupes  : 
abcès  sous-sphinctériens  ou  de  la  marge  de  l'anus,  encore 
nommés  abcès  tubéreux  et  souvent  d'origine  tuberculeuse, 
dus  au  ramollissement  de  nodules  spécifiques;  abcès  extra- 
sphinctériens  ou  de  la  fosse  ischio-rectale  proprement  dite, 
compris  entre  des  parois  osléo-fibreuses,  dont  la  rigidité 
rend  Taccolement  si  difficile  après  une  simple  ponction  ; 
enfin,  abcès  intra-sphinctériens  on  sous-cutanéo-muqueux. 
Dans  ce  dernier  cas,  la  collection  purulente  se  trouve  com- 
prise entre  le  sphincter  en  dehors,  et  la  muqueuse  en 
dedans,  qui  seule  sépare  le  clapier  de  la  cavité  rectale, 
et  qui  seule  aussi  doit  être  sectionnée  dans  le  débridement. 

Fistules  et  abcès  péri-rectaux  peuvent  donc  se  ramener  à 
deux  groupes  principaux  :  lésions  extra-sphinctériennes, 
où  le  muscle  constricteur  de  l'anus  est  intéressé;  lésions 
intra-sphinctériennes,  ou  sous-cutanéo-muqueuses,  indé- 
pendantes de  l'appareil  musculaire  péri-anal.  Mais  quelle 
est  la  fréquence  relative  de  ces  deux  classes?  Pour  Gosselin, 
«  plus  souvent^  le  trajet  traverse  les  sphincters  externe  et 
et  interne;  et  ces  musclesdoiventêtresacrifiés».  Allingham 
émet  des  doutes  à  ce  sujet  :  «  La  fistule  commence  le  plus 
ordinairement  par  la  formation  d'un  abcès;  on  dit  générale- 
ment qu'il  siège  dans  la  fosse  ischio-rectale,  mais  je  suis 
certain  que  c'est  le  cas  le  plus  rare;  ulcération  de  la  mu- 
queuse, abcès  dans  le  tissu  sous-muqueux,  tels  sont  les 
termes  habituels  dans  l'évolution  des  fistules.  ^  Cette  opi- 
nion a  été  confirmée;  M.  Reclus  a  montré  à  diverses 
reprises,  et  en  particulier  dans  la  thèse  de  son  élève  Méloche 
(thèse  de  Paris,  1888),  que  dans  l'immense  majorité  des 
cas,  le  sphincter  était  en  dehors  du  clapier,  et  que  la  mu- 
queuse seule  séparait  le  stylet  intra-phlegmoneux  ou  intra- 
fistuleux  du  doigt  introduit  dans  le  rectum.  Sur  quarante- 
quatre  cas  de  fistules  à  l'anus  ou  d'abcès  ano-rectaux,  onze, 
c'est-à-dire  :25  pour  100,  se  rapportaient  à  la  variété  sous- 
sphinctérienne ;  quatre  cas  seulement,  soit 9,05  pour  100, 
au  groupe  extra -sphinctérien;  29  fois  au  contraire,  ou 
05,9  pour  100,  on  avait  affaire  à  la  variété  intra-sphincté- 
rienne  ou  sous-cutanéo-muqueuse. 

Notre  statistique  plus  faible  ne  porte  que  sur  six  cas, 
qu'il  nous  a  été  donné  de  recueillir  à  l'hôpital  Broussais, 


depuis  le  commencement  de  février.  L'histoire  clinique  de 
ces  malades  ne  s'éloigne  pas  d'ailleurs  des  données  habU 
tuelles;  un  seul  présentait  une  intéressante  particularité; 
la  fistule  reconnaissait  pour  cause  une  côte  de  lapin,  que  l'on 
a  retrouvée  dans  le  trajet,  prise  d'abord  pour  une  esquille 
sacro-coccygienne,  et  retirée  enfin  avec  des  pinces.  Ces  six 
cas  appartenaient  tous  à  la  variété  sous-cutanéo-muqueuse  ; 
la  cure  en  a  été  facile  et  la  guérison  rapide. 

Le  dernier  de  nos  malades,  pâle,  cachectique,  nettement 
tuberculeux,  était  porteur  d'un  abcès  saillant  à  la  marge  de 
l'anus  ;  ici  encore  on  put  par  le  toucher  rectal  et  l'intro- 
duction d'un  stylet  dans  le  clapier,  se  convaincre  que  le 
sphincter  était  en  dehors  de  la  collection. 

La  disposition  des  tuniques  du  rectum  pourrait  d'ailleurs 
rendre  compte  delà  fréquence  des  lésions  intra-sphincté- 
riennes. La  muqueuse  ano-rectale  présente  à  2  centi- 
mètres de  l'anus  une  couronne  de  véritables  nids  de  pigeon, 
les  valvules  de  Morgagni,  disposées  pour  recevoir  les  corps 
étrangers,  graines,  petits  os,  matières  fécales  durcies,  causes 
ordinaires  des  fistules;  cette  muqueuse  se  trouve  séparée  par 
une  couche  graisseuse  assez  lâche  du  plan  musculaire  sous- 
jacent.  Ce  dernier  est,  à  ce  niveau,  épais  et  résistant  ;  le 
sphincter  interne  d'une  part,  le  sphincter  externe  qui  l'em- 
boîte, de  l'autre,  peuvent  être  assimilés  à  une  virole,  à  une 
véritable  gaine  musculaire  isolant  la  muqueuse  de  la  fosse 
ischio-rectale.  Ainsi  se  trouve  constitué  entre  la  paroi  mus- 
culaire engainante  et  la  paroi  muqueuse  un  trajet  cellulo- 
graisseux  que  parcourent  les  corps  étrangers  arrêtés  au 
niveau  des  valvules  de  Morgagni;  la  fistule,  qui  en  est  la 
conséquence,  est  par  suite  intra-sphinctérienne  ;  d'autre 
part,  dans  les  cas  d'abcès  tuberculeux,  c'est  toujours  dans 
cette  couche  que  se  développeront  les  collections  consécu-* 
tives  à  l'érosion  de  la  muqueuse. 

En  résumé,  fistules  et  abcès  sont  le  plus  souvent  situés 
sous  la  muqueuse  rectale;  cette  disposition  en  améliore  de 
beaucoup  le  pronostic,  puisqu'elle  écarte  la  possibilité  de 
l'incontinence  fécale,  que  l'on  redoutait  à  la  suite  de  la  sec- 
tion du  sphincter. 


Neuropat^olog^le. 

La  maladie  de  Parkinson  hémiplégique,  par  M.  le  docteur 
Paul  Bçrbez,  chef  de  clinique  adjoint  de  la  Faculté. 

M.  le  professeur  Charcot,  dans  une  de  ses  leçons  cliniques 
du  mardi,  désignait  à  l'étude  un  aspect  rare  et  resté  sans 
description  de  la  maladie  de  Parkinson,  méritant  à  nlus 
d'un  titre  une  mention  et  une  dénomination  spéciales,  tl'est 
cette  forme  que  nous  nous  proposons  d'étudier  sous  le  nom 
de  maladie  de  Parkinson  némiplégique,  passant  en  revue 
son  mode  de  début,  les  symptômes  qui  lui  sont  propres,  et 
surtout  les  éléments  du  diagnostic  et  les  maladies  avec 
lesquelles  la  confusion  est  possible  et  fréquente. 

Nous  rejetterons  d'abord  le  nom  de  paralysie  agitante, 
dénomination  doublement  fausse,  puisque  jamais  la  raideur 
ne  conduit  à  une  paralysie,  au  sens  propre  du  mot,  et 


puisque,  en  second  lieu,  on  trouve  dans  la  clinique  des  cas 
où  le  tremblement  fait  défaut. 

Les  auteurs  (1)  qui  ont  étudié  la  maladie  de  Parkinson  ne 
nous  ont  fourni  aucun  document,  car,  s'il  est  connu  de  tous 
que  le  tremblement  uni  à  la  raideur,  Is^  sensation  de  chaleur 
exagérée,  peuvent  se  rencontrer  dans  une  moitié  du  corps, 
l'autre  moitié  étant  à  peine  atteinte,  ou  tout  à  fait  indemne, 
aucun  n'a  mis  en  lumière  la  possibilité  d'une  hémi-raideur 
sans  tremblement,  simulant  l'hémiplégie  par  ramollisse- 
ment ou  hémorrhagie  cérébrale. 

(i)  Nous  devons  ne  pas  onblier  M°*  Edwards  <|ui,  dans  sa  thèse,  a  abordé  le 
sujet  que  nous  étudions  aujourd'hui.  M.  Blocq.  dans  sa  thèse,  s'est  aussi  occupé  , 
des  pseudo-contractures  parklnsouiennes. 


384 


N-  24  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


14  Juix  1889 


Celle  forme  de  maladie  do  Parkinson,consislanl  dans  une 
immobilisation  d'une  moitié  du  corps,  sous  Tinfluence 
d'une  hémi-raideur  musculaire,  avec  indemnité  ou  parlici- 
palion  de  la  face,  semble  d'autant  plus  rare,  qu'elle  est 
presque  toujours  méconnue.  Nos  observations  tendent  à 
démontrer  qu'elle  est  relativement  fréquente.  Sur  un  total 
de  vingt-huit  malades  observés  dans  le  courant  de 
Tannée  1886,  dans  le  service  de  M.  Charcot,  trois  malades 
(G...,  obs.  I)  (M"*  P...,  obs.  IV)  (M...,  obs.  II),  rentrent 
exactement  dans  notre  cadre. 

Sept  autres  malades  présentaient  déjà  un  certain  degré  de 
Iremolement  limité  à  une  moitié  du  corps,  mais  ce  trem- 
blement remontait  à  quelques  semaines,  et  peu  s'en  fallait 
que  nous  pussions  les  donner  comme  atteints  d'hémi- 
raideur,  constatée  de  visu^  celle-ci  ayant  été,  d'après  leurs 
allégations,  le  symptôme   initial  et  unique   pendant  une 

fiériode  de  plusieurs  mois.  C'est  donc  un  total  de  dix  ma- 
ades  sur  vingt-huit,  atteints  de  la  forme  hémiplégique  sans 
tremblement.  Chez  ces  dix  malades,  l'âge  moyen  était  de 
cinquante-cinq  ans.  Le  sexe  semble  indifférent.  Notre  statis- 
tique compte  cinq  femmes  et  cinq  hommes. 

Les  émotions  morales  vives  précédant  souvent  l'appari- 
tion brusque  du  tremblement  n'ont  ici  qu'une  importance 
secondaire.  Dans  deux  cas,  un  traumatisme  est  mis  en  avant 
par  les  malades,  mais  nous  ne  lui  attribuons  que  la  valeur 
d'une  cause  déterminante. 

Les  antécédents  personnels  ou  héréditaires  au  point  de 
vue  des  maladies  appartenant  à  la  série  arthritique:  rhuma- 
tisme aigu  ou  chronique,  affections  cutanées,  migraines, 
asthme,  gravelle,  se  retrouvent  ici  comme  pour  la  maladie 
de  Parkinson  régulière.  Nous  n'avons  noté  chez  nos  malades 
aucun  rapport  avec  la  série  des  affections  nerveuses  sine 
materia,  telles  que  névroses,  épilepsie,  hystérie,  vésa- 
nies,  etc. 

Description.  —  Le  début  est  difficile  à  préciser,  car  la 
raideur  s'installe  lentement  et  progresse  peu  à  peu.  L'atten- 
tion du  malade  est  attirée  alors  par  une  inhabileté  dans  les 
ouvrages  et  les  travaux  ordinaires.  La  main  semble  souvent 
la  première  atteinte,  en  raison  de  ce  que  sa  maladresse  est 
appréciable,  mieux  que  celle  de  l'avaiil-bras  et  du  bras,  qui 
nous  rendent  des  services  moins  répétés.  Quoi  qu'il  en  soit, 
les  malades  accusent  habituellement  une  gaucherie  de  la 
main,  suivie  ensuite  de  réduction  des  mouvements  du  bras 
et  de  l'épaule.  Le  pied,  au  même  litre  qjue  la  main,  si  nous 
considérons  le  membre  inférieur,  sera  le  premier  incriminé 
par  les  malades. 

Souvent,  au  réveil,  avant  même  que  la  lenteur  des  mou- 
vements"* ail  été  nettement  constatée,  le  membre  atteint  est 
presque  immobile;  sa  rigidité  est  alors  nettement  consta- 
table,  et  s'accompagne  de  crampes  plutôt  agaçantes  que 
vraiment  douloureuses.  Mais  bientôt,  sous  l'influence  des 
mouvements  volontaires,  le  membre  c  s'échauffe  »  et 
recouvre  sa  souplesse  habituelle.  Il  arrive  cependant  un 
moment  où,  par  les  progrès  de  la  maladie,  celte  lutte  de  la 
volonté  n'est  plus  possible.  La  maladie  est  dès  lors  consti- 
tuée, et  pour  en  venir  à  ce  point,  on  constate  souvent  un 
intervalle  de  six  mois  à  un  an  à  dater  du  début  des  acci- 
dents. Le  malade  debout  offre  l'attitude  spéciale  à  la  maladie 
de  Parkinson.  Les  muscles  de  la  face  sont  rigides  d'une 
façon  générale,  mais  la  rigidité  prédomine  dans  la  moitié 
correspondant  aux  membres  atteints.  Les  rides  du  front,  plus 
accusées,  augmentent  d'un  côté  l'aspect  sombre  du  visage. 
La  commissure  labiale  est  entraînée  et  élevée  de  ce  même 
côté,  au  même  titre  que  dans  certaines  hémiplégies  faciales 
avec  contracture.  Aucune  secousse  dans  les  muscles  ainsi 
raidis,  ce  qui  élimine  l'hypothèse  du  spasme  glosso-labié 
des  hystériques.  La  langue  peut  même  être  déviée  du  côté 
, affecté  (M**  L...,  obs.  V).  Dans  tous  les  cas,  celle  langue  est 
pâteuse  et  inhabile,  sans  qu'on  puisse  dire  exactement  ce  ' 


qui  revient  dans  cette  maladresse  à  l'une  ou  à  l'autre  moitié 
de  l'organe,  //  nous  a  semblé  même^  dans  un  cas,  que  les 
mouvements  latéraux  de  la  mâcfio ire  étaient  réduits  (/'hm 
côté,  indice  d'une  raideur  prédominante  des  muscler 
diducteurs.  Le  voile  du  palais  reste  vertical.  L'occlusion 
des  lèvres  se  fait  mal,  et  les  muscles  élévateurs  de  la  com- 
missure acquérant  du  côté  malade  une  influence  prépondé- 
rante, il  en  résulte  l'écoulement  par  l'angle  commissural 
sain  d'un  long  filet  de  salive  visqueuse.  L'œil  semble  souvent 
plus  petit  du  côté  atteint.  L'immobilité  du  cou  lient  à  la 
raideur  de  la  masse  des  muscles  de  la  nuque.  Nous  n'avons 

Cas  observé  d'inclinaison  bien  nette  du  cou  d'un  côté. 
'attitude  du  membre  supérieur  est  la  suivante  :  épaule 
abaissée,  bras  rapproché  de  la  poitrine,  avant-bras  demi- 
flécbi  sur  le  bras,  face  palmaire  de  la  main  tournée  vers 
l'axe  du  corps  et  appuyée  contre  l'abdomen.  Quant  aux 
doigts,  ils  sont  en  masse,  suivant  la  règle,  déviés  vers  le 
bord  cubital  de  la  main.  Le  pouce,  fortement  appliqué 
contre  l'index,  finit  par  présenter  un  aplatissement  de  son 
bord  externe,  point  spécial  sur  lequel  M.  Damaschino  a 
attiré  l'attention  dans  ses  leçons  professées  à  l'Ecole  de 
médecine. 

Au  membre  inférieur,  nous  signalerons  un  peu  de 
renversement  du  pied  sur  son  bord  externe,  un  relèvement 
du  bord  interne  dont  l'excavation  est  exagérée;  enfin,  un 
transport  en  dedans  de  la  pointe.  La  jambe  est  légèrement 
fléchie  sur  la  cuisse.  Assis,  le  malade  reste  toujours  penché 
en  avant  dans  l  attitude  d'une  personne  prête  à  se  lever. 
Signalons  enfin  après  un  long  repos  dans  la  position  assise, 
l'immobilité  persistante  du  membre  rigide,  comparée  aux 
mouvements  du  membre  opposés,  effectués  dans  le  but  de 
se  délasser. 

C'est  dans  la  marche  surtout  que  nous  verrons  s'accentuer 
l'analogie  avec  l'hémiplégie  organique,  compliquée  de  con- 
tracture. L'immobilité  du  bras  dans  sa  position,  tandis  nue 
celui  du  côté  opposé  est  animé  du  balancement  physiolo- 
gique, la  direction  du  pied,  dont  le  grand  axe  est  parallôle 
à  la  ligne  de  marche,  c'est-à  dire  incliné  en  dedans,  les 
frottements  sur  le  sol  à  chaque  pas,  rendent  facile  la  con« 
fusion.  Tout  le  membre,  dont  les  mouvements  sont  réduits, 
est  comme  remorqué  par  le  tronc.  Souvent  aussi,  il  e^t 
projeté  en  avant  et  en  dehors,  le  malade  fauche  en  un  mol. 
L'exagération  de  celte  raideur  conduit  quelques  malades 
(M""  G...,  obs.  1)  à  soulever  le  pied  avec  une  courroie,  dont 
une  anse  sert  d'étrier  au  pied  et  dont  l'autre  est  passée  dans 
l'avanl-bras  correspondant;  c'est  ainsi  que  le  bras  un  peu 
moins  atteint  soulève  le  membre  inférieur,  artifice  souvent 
employé  par  les  malades  atteints  d'hémiplégie  vulgaire. 

Une' autre  malade,  dont  le  pied  était  immobilisé  dans  la 
rectitude,  ne  pouvait  changer  de  direction  sans  tourner  la 
pointe  de  son  pied  avec  le  bout  de  son  b<\ton. 

Si  nous  examinons  dès  lors  les  modifications  survenues 
dans  les  propriétés  musculaires,  nous  noierons  tout  d'abord 
une  intégrité  des  réflexes  du  coude,  du  poignet,  du  genou; 
ceux-ci  toutefois  sont  un  peu  masqués  par  la  rigidité;  une 
atrophie  légère  des  masses  musculaires;  une  excitabilité 
électrique  un  peu  plus  lente,  mais  normale,  suivant  les  ré- 
sultats que  M.  Vigouroux  a  eu  la  bonté  de  nous  communiquer. 
La  rigidité  du  reste  se  combine  à  une  immobilisation 
prolongée  pour  amener  ces  modifications  trophiqucs  et 
fonctionnelles;  elcelles-cideviennenl  d'autant  plusfacilement 
appréciables  que  le  malade  a  pris  le  lit,  condition  des  plus 
défavorables  pour  une  personne  atteinte  de  maladie  de 
Parkinson.  Cette  rigidité  dans  certains  cas  très  rares,  il  est 
vrai,  peut  parfois  céder  ou  diminuer  notablement. 

Les  caractères  de  la  rigidité  sont  parfois  ceux  de  l'iiémi- 
plégie  avec  contracture  en  ce  sens  qu'il  est  aussi  difficile 
d'étendre  un  poignet  fléchi  que  de  le  fléchir  davantage. 
Les  mouvements  sont  très  diminués  et  leur  lenteur  indique 
une  parésie  plutôt  qu'une  paralysie  vraie.  Quant  à  la  force 


U  Juin  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  24  -    385 


(lynamométrique,  elle  a  été  étudiée  par  M.  Charroi,  ffui  a 
Irouvé  une  force  supérieure  dans  le  membre  le  plus  atteint. 
M.  Bourneville,  qui  a  repris  ces  expériences,  est  arrivé  aux 
mêmes  résultats. 

Les  malades  que  nous  avons  examinés  s*éloignenlde  cette 
règle,  car  nous  avons  trouvé  constamment  une  diminution 
dans  la  force  de  pression  de  la  main  la  plus  rigide,  et  dans 
plusieurs  cas  celte  différence  a  pu  s'exprimer  par  les  chiffres 
de  30  et  40  degrés. 

La  plupart  des  malades  accusent  une  rapide  augmen- 
tation de  ta  force  après  un  travail  soutenu  quand  ils  en  sont 
encore  capables  spontanément  ou  après  un  massage  éner- 
gioue. 

Dans  la  forme  hémiplégique,  comme  dans  sa  forme 
régulière,  la  maladie  de  Parkinson  est  presque  exclusive- 
ment motrice.  Les  troubles  de  la  sensibilité  ne  jouent  donc 
qu'un  rôle  secondaire.  Nous  avons  cependant  à  mettre  en 
avant  comme  un  symptôme  assez  fréquent  des  douleurs,  des 
crampes,  des  engourdissements  dans  les  membres  atteints 
de  rigidité.  Ajoutons  que  jamais  ces  douleurs  ne  sont  très 
aiguës;  toutefois  elles  peuvent  nécessiter  Tusage  du  chloral, 
ainsi  que  nous  le  voyons  chez  une  de  nos  malades  (M'"''  G..., 
obs.  I),  qui  souffre  chaaue  nuit  dans  ses  membres  rigides, 
au  point  de  crier  et  de  pleurer  pendant  plusieurs  heures,  et 
chez  une  autre  malade,  dont  1  observation  figurera  dans  la 
thèse  de  notre  collègue  M.  Dubief.  Nous  serions  tenté 
(le  rapporter  ces  douleurs  au  rhumatisme,  d'autant  que 
les  malades  atteints  de  maladie  de  Parkinson  ont  des 
antécédents  arthritiques  personnels  et  héréditaires,  et  en 
second  lieu,  presque  tous  ceux  que  nous  avons  observés 
avaient  habité  dans  des  lieux  humides.  La  sensibilité  cutanée 
reste  normale. 

Une  fois  seulement  chez  M"""  P...  (obs.  IV),  la  sensation 
(le  chaleur  exagée  atteignait  un  côté  seulement;  le  thermo- 
raètre  à  températures  locales  n'accusait  aucune  difl'érence 
appréciable. 

Diagnostic.  —  La  miladie  de  Parkinson  hémiplégiçiue 
est  confondue  le  plus  souvent  avec  rhémiplégie  vulgaire, 
compliquée  de  dégénération  consécutive,  ou  avec  TafTaiblis- 
seinent  dû  au  ramollissement  cérébral.  Si  nous  considérons, 
en  outre,  une  erreur  de  diagnostic  dont  nous  avons  été 
témoin,  nous  établirons  les  caractères  qui  serviront  à  dis- 
tinguer de  la  forme  que  nous  décrirons,  les  contusions  du 
plexus  brachial ,  quand  les  malades  invoquent  au  début  de 
leur  maladie  de  Parkinson  une  contusion  violente  du  bras 
ou  de  l'épaule.  Et  d'abord,  séparons  nettement  cette  forme 
hémiplégique  de  ces  hémiplégies  passagères  observées  dans 
la  sclérose  en  plaques  et  dans  la  paralysie  générale,  hémi- 
plt'gics  toujours  précédées  d'un  ictus,  accident  qui  ne  rentre 
pas  dans  le  cadre  de  la  maladie  de  Parkinson. 

L'hémiplégie  vulgaire  avec  dégénération  consécutive  offre 
à  coup  sûr  de  grandes  analogies  avec  la  forme  que  nous 
éludions.  Même  déviation  de  la  face,  même  attitude  des 
membres;  le  malade  fauche  dans  les  deux  maladies;  cepen- 
dant, nous  trouverons  et  dans  la  façon  dont  s'est  produite 
rh(''miplégie,  et  dans  les  caractères  mêmes  de  cette  hémi- 
plégie, des  éléments  suffisants  de  diagnostic  différentiel. 
L'existence  d'une  attaque  apoplectique  dans  l'hémiplégie 
or}<anique  est  déjà  un  caractère  d'une  grande  valeur,  car, 
s'il  peut  exister  une  hémiplégie  vraie  dans  le  cours  de  la 
maladie  de  Parkinson,  fait  à  coup  sûr  assez  rare,  Thémi- 
raideur  que  nous  avons  en  vue  s'établit  d'une  manière  pro- 
gressive dans  tous  les  cas.  De  plus,  la  contracture  consé- 
cutive à  l'hémiplégie  organique,  quoiqu'elle  puisse  être 
précoce,  ne  s'observe  pas  dans  la  majorité  des  cas,  à  une 
cpoijue  aussi  rapprochée  du  début  des  accidents  que  dans 
l'hémiplégie  de  la  maladie  de  Parkinson. 

Quant  aux  signes  objectifs  de  l'hémiplégie  que  nous  étu- 
dions, supposons  par  exemple  un  cas  où  la  confusion  soit 


presque  fatale;  une  hémi-raideur  droite,  avec  déviation  de 
la  langue,  et  de  l'embarras  de  la  parole  tenant  à  la  raideur 
des  muscles  de  l'organe.  Mais  dans  la  maladie  de  Parkinson 
hémiplégique,  nous  notons  presque  toujours  une  diminution 
apparente  du  volume  de  l'œil;  celui-ci  parait  plus  petit,  les 
larmes,  faute  de  clignement,  s'écoulent  mal  et  leur  rétention 
cause  de  la  conjonctivite  chronique.  Les  muscles  moteurs 
de  l'œil,  pour  ainsi  dire  figés,  n'impriment  au  globe  aucun 
de  ces  mouvements  si  fréquents  chez  les  personnes  en 
bonne  santé  et  qui  contribuent  à  la  vivacité  d'expression  des 
traits  ;  dans  l'hémiplégie  organique,  au  contraire,  nous 
savons  que  le  muscle  orbiculaire  n'est  jamais  touché.  Une 
hémiplégie  faciale  a  frigore  survenue  chez  un  hémiplé- 
gique vulgaire,  avec  participation  de  rorbiculaire,se  distin- 
guerait encore  par  ce  fait  que  l'occlusion  complète  de  l'œil 
danscedernier  cas  est  devenue  impossible, tandis  que  dans 
la  maladie  de  Parkinson,  cette  occlusion  se  fera  lentement, 
mais  sûrement,  sous  l'influence  de  la  volonté.  La  commis- 
sure en  outre  seraijt  relevée  du  côté  sain.  Au  reste  la  com- 
binaison que  nous  avons  invoquée  est,  il  faut  bien  le  dire, 
une  rareté  pathologique. 

Joignons  à  cet  ensemble,  comme  élément  distinctif, 
l'accentuation  des  plis  frontaux  du  côté  rigide,  fait  qui  ne 
rentre  pas  dans  les  symptômes  de  l'hémiplégie  vulgaire  avec 
participation  de  la  face,  et  contracture  consécutive  des 
muscles  de  la  face,  le  seul  cas  qui  nous  offrirait  une  éléva- 
tion de  la  commissure  du  côté  malade  simulant  l'hémi- 
raideur  faciale  de  la  maladie  de  Parkinson. 

Pour  les  membres,  nous  trouverons  des  caractères  dis- 
tinctifs  qui  seront  comme  pour  la  face  des  caractères  de 
détail,  mais  bien  suffisants  pour  éviter  l'erreur.  S'il  est  vrai 
que  deux  membres,  l'un  contracture,  l'autre  atteint  de 
maladie  de  Parkinson  hémiplégique,  sont  l'un  et  l'autre 
dans  une  demi-flexion,  rapprochés  du  corps  et  immobiles 
dans  la  marche  pour  le  membre  supérieur,  raclant  le  sol  et 
fauchant  pour  le  membre  inférieur.  Nous  pouvons  cependant 
remarquer  cette  attitude  toute  spéciale  des  doigts  accolés 
comme  pour  écrire,  attitude  invariable  même  dans  les  cas 
frustes.  De  plus,  et  ce  caractère  est  de  premier  ordre,  si 
nous  tentons  d'étendre  les  doigts  ou  tel  segment  de  membre 
donné,  nous  verrons  le  mouvement  s'effectuer  quoique 
lentement  et  la  raideur  disparaître  ;  c'en  est  assez  pour  dire 
qu'il  n'y  a  pas  contracture,  puisque  le  mouvement  provoqué 
et  presque  toujours  aussi  le  mouvement  volontaire  restent 
possibles. 

Parfois  Ja  raideur  musculaire  simule  une  contracture 
vraie,  l'extension  pas  plus  que  la  flexion  ne  sont  possibles. 
S'agirait-il  là  d*une  de  ces  raideurs  pseudo-spasmodiques 
dues  à  des  productions  fibreuses,  conséquences  elles-mêmes 
d'attitudes  longtemps  prolongées,  et  de  nature  arthritique? 
Nous  ne  pouvons  que  laisser  à  l'étude  cette  question  spé- 
ciale de  pathogénie  qui  nous  semble  bien  difficile  à  trancher. 
Les  réflexes  sont  normaux  et  même  un  peu  diminués  dans 
la  maladie  de  Parkinson  ;  il  y  a  donc  là  une  différence 
notoire  avec  l'exaltation  réflexe  et  la  tn'*pidation  spinale, 
qui  ne  disparaissent  dans  l'hémiplégie  avec  contracture  que 
quand  le  membre  est  absolument  contracture  et  immobilisé. 
Dans  la  contracture  des  hémiplégiques,  il  n'est  pas  rare  en 
outre  de  trouver  souvent  au  réveil,  une  sorte  de  rémission, 
une  souplesse  inaccoutumée  des  muscles  qui,  quand  elle 
est  accentuée,  fait  croire  pour  quelques  instants  à  une  gué- 
rison.  Dans  la  maladie  de  Parkinson,  au  contraire,  nous 
avons  vu  que  l'immobilisation  prolongée  exagère  la  rigidité 
et  il  en  est  ainsi  pour  celle  qui  accompagne  le  sommeil,  si 
entrecoupé  et  si  pénible  qu'il  soit  chez  ces  malades;  tous, 
en  effet,  se  plaignent  d'une  raideur  plus  prononcée  au  réveil, 
et  les  mouvements  seulement  arrivent  à  rendre  leur  sou- 
plesse aux  muscles. 

En  dernier  lieu,  n'aurions-nous  pas  ces  caractères  que 
l'attitude  empalée  des  malades,  l'inclinaison  du  corps  en 


386     —  N*  24  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


14  Juin  18S0 


avant,  la  fixité  du  regard,  la  sensation  de  chaleur  que  les 
malades  mentionnent  toujours  eux-mêmes,  ainsi  que  les 
troubles  du  sommeil  et  la  propulsion  en  avant, serviraient  à 
nous  mettre  sur  la  voie  du  diagnostic. 

L'affaiblissement  moteur  consécutif  au  ramollissement 
cérébral  pourrait  être  soupçonné  en  raison  de  cet  aspect 
hébété  du  visage,  de  l'écoulement  de  salive  permanent,  de 
la  difficulté  de  la  parole  habituel  aux  personnes  atteintes  de 
maladie  de  Parkinson  hémiplégique;  mais  outre  tous  les 
caractères  de  cette  dernière  maladie  que  nous  retrouverons, 
il  suffira  de  poser  quelques  questions  aux  malades  pour  se 


convaincre  qu'ils  sont  moins  hébétés  qu'ils  n'en  ont  l'air,  et 
que,  pour  la  pli 
pleine  et  entière. 


ils  ont  conservé  leur  intelligence 


Nous  ne  consacrerons  que  quelques  lignes  au  diagnostic 
difTérentiel  avec  les  contusions  du  plexus  brachial.  L'erreur 
grossière  qui  consiste  à  prendre  une  hémiplégie  de 
Parkinson  comme  celle  que  nous  avons  observée  pour  une 
contusion  nerveuse,  résulte  d*un  examen  superficiel.  La  par- 
ticipation du  membre  inférieur,  l'absence  des  troubles 
sensitifs  qui  sont  constants  dans  le  cas  de  contusion,  suffi- 
ront pour  établir  le  diagnostic. 

Au  point  de  vue  de  la  marche  de  cette  affection,  nous 
dirons  que  la  maladie  de  Parkinson  hémiplégique  ne  reste 
pas  longtemps  telle  que  nous  l'avons  décrite.  Avec  les 
progrès  de  la  maladie,  nous  voyons  bientôt  survenir  le 
tremblement,  l'envahissement  du  côté  opposé.  En  un  mot, 
cette  forme  n'est  qu'un  stade  de  la  maladie  de  Parkinson, 
et  ce  début  anomal  de  la  maladie  par  le  symptôme  raideur 
au  lieu  d'une  raideur  accompagnée  de  tremblement  ou 
même  parfois  d'un  tremblement,  suivi  de  raideur,  nous  a 
semblé  mériter  quelques  détails. 

Le  pronostic  découle  de  cette  considération  que  la  forme 

Îue  nous  étudions  est  un  stade  évolutif  de  la  maladie  de 
arkinson.  La  raideur  s'accentue  de  plus  en  plus,  et  la 
mort  survient  dans  tous  les  cas  par  cachexie  nerveuse  et 
troubles  profonds  de  la  nutrition. 

Nous  concluons  de  cette  étude  en  disant  : 

1°  Que  la  maladie  de  Parkinson  peut,  à  une  période  de 
son  évolution,  simuler  Thémiplégie  d  origine  cérébrale; 

2"*  Que  cette  forme  hémiplégique  peut  être  reconnue  si  on 
l'étudié  en  elle-même  et  si  Von  s  aide  des  commémoratifs; 

3**  Que  cette  forme  spéciale  ne  correspond  nullement  à 
une  lésion  déterminée  connue,  pas  plus  que  la  maladie  de 
Parkinson  elle-même. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Académie  des  science*. 

Un  procédé  de  blépharoplastie  applicable  aux  cas 

ou  LES  PROCÉDÉS  CONNUS  NE   PEUVENT  SUFFIRE,  par 

M.  Dianoux.  —  L'auteur  décrit  ce  procédé  dans  les  termes 
suivants  : 

L'opération  comprend  deux  phases  séparées  par  un  intervalle 
de  plusieurs  mois,  si  Ton  n'a  pas  fait  de  greffe  ou  si  celle-ci  a 
échoué. 

Première  phase,  —  Avec  un  bistouri  ou  fait  une  incision 
curviHgne  dans  toute  l'épaisseur  du  tissu  cicatriciel  ;  cette  inci- 
sion commence  à  5  millimètres  environ  delà  commissure  interne 
des  paupières  dans  le  nlan  vertical,  passant  par  son  sommet 
pour  se  terminer  à  semblable  distance  de  la  commissure  externe; 
elle  circonscrit  entre  elle  et  le  bord  ciliaire  une  hauteur  de 
tissu  suffisante  pour  la  nouvelle  paupière. 

Une  seconde  incision,  inscrite  dans  la  précédente,  divise  la 
conjonctive  dans  la  ligne  qu^occupe  ou  doit  occuper  le  fond  du 
cul-de-sac. 

Si  Ton  fait  la  blépharoraphie,  on  procède  alors  à  Tavivement 
du  bord  ciliaire,  puis  le  lambeau  cutané  ou  plutôt  cicatriciel 
est  disséqué  en  lui  donnant  l'épaisseur  nécessaire,  et  remonté 


ou  abaissé  jusqu'à  occuper  une  situation  convenable,  c'est-ù 
dire  une  ligne  horizontale  passant  (lar  les  commissures,  (h 
fait  ensuite  la  suture  des  nords  ciliaires  l'un  à  l'autre  poai 
joindre  les  deux  paupières  en  une  seule. 

On  procède  en  dernier  lieu  au  point  spécial  de  l'opération 
celui-ci  consiste  à  ourler  très  soigneusement  et  très  exactemeni 
le  bord  libre  de  la  paupière  avec  le  bord  conjonctival  rendt 
libre  par  la  seconde  incision  et  disséqué  dans  l'étendue  sufli 
santé. 

C'est  de  la  bonne  exécution  de  cette  suture  que  dèpeiul  l< 
succès;  car  ce  n'est  qu'au  prix  d'une  réunion  très  exacte  il«'l; 
conjonctive  et  de  la  peau  que  l'indépendance  du  bord  \m\- 
phérique  peut  être  conservée. 

On  panse  en  plaçant  une  lame  de  protective  entre  le  liorc 
périphérique  palpébral  et  le  tissu  de  la  face  d'où  il  a  été  déu 
ché;  puis  on  applique  une  autre  lame  plus  grande  de  protecliw 
sur  l'ensemble  des  paupières,  etc. 

Deuxième  phase.  —  Quand  la  cicatrisation  de  la  face  est  déli 
nitive  et  qu'il  n'y  a  plus  de  rétraction  à  redouter,  soit  ijualn 
ou  cinq  mois  au  moins  après  la  première  intervention,  on  fait 
l'avivemenl  du  bord  périphérique  palpébral  et  on  l'insère  ilan< 
une  rainure  ouverte  au  oistouri,  dans  la  face  au  point  eonvt». 
nable,  pour  restituer  à  la  paupière  une  situation  favorahl<'  d 
un  fonctionnement  normal.  Quelques  points  de  suture  le  (ixeul 
et  sont  enlevés  aussitôt  que  possible. 

Pour  la  paupière  supérieure,  il  y  a  lieu  de  tenir  compte  du 
releveur;  son  tendon  doit  être  recherché  avec  le  crochet  à>lra- 
bisme,  détaché,  puis  suturé  près  du  bord  orbitaire  et,  lors  d-- 
la  seconde  phase,  on  le  détacne  à  nouveau  et  on  l'insère  dan^ 
la  paupière  dédoublée  à  cet  effet. 

Sur  LA  TOXICITÉ  des  eaux  MÉTÉORIQUES,  par  M.  Do- 
mingosFreire.  —  Vsiiiienr,  ayant  observé  à  Rio-de-Janeiro 
une  maladie  épidémique  avechyperthermie  et  accidenU 
digestifs,  en  a  recherché  la  cause  dans  la  toxicité  de  la 
vapeur  d'eau  suspendue  dans  l'atmosphère.  Cette  vapeur, 
condensée  et  injectée  sous  la  peau  de  divers  oiseaux,  a  rapi- 
dement déterminé  la  mort. 

L'auteur  en  a  conclu  que  l'air  atmosphérique  coiileaiit 
un  principe  toxique  résultant  probablement  d'une  fermen- 
tation spéciale  des  immondices  animales  et  végétales. 


Académie  de  médeelDe. 

SÉANCE  DU   H   JUIN   1889.    —  PRÉSIDENCE  ' 

DE   M.   MAURICE   PERRIN.  i 

M.  le  docteur  Fotuart,  médecin  nujor  de  1'*  claiso  au  87'  rcgimcat  do  Ii;'Ki 
envoie  une  Étude  tur  la  fièvre  tearlatine. 

M.  le  docteur  .4.  Fouquel  adresse  le  compte  rendu  des  épidémiea  et  de»  iravuU 
de»  cotueil*  d'hygiène  du  Morbihan  en  18S8. 

M.  le  docteur  Zannelli»cttyoio  une  note  sur  le  traitement  de  la  diphthérii  ft^^ 
de»  applications  locale»  de  poudre  d'iodoforme.  I 

M.  le  docteur  Seguin  (de  New-York}  ic  |>orto  candidut  au  titre  de  corre*|  '«i 
daiit  étranger  dans  la  division  de  médecine.  J 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  une  brochure  do  M.  le  doclcur  Drouinem 
sur  le  classement  des  établissements  hospitalier».  J 

M.  Laboulbène  dépose  un  mémoire  luaiiuscrit  de  M.  le  docteur  Moura  sur  If 
pharynx  porte-voix. 

M.  Ollivier  présente  plusieurs  ouvrages   et  mémoires  de  M.  le  docteur 
(de  New-York)  sur  diver»  point»  de  pathologie  du  tyslime  nerveux. 

Lactose  dans  les  maladies  cardiaques.  —  D'aprà 
M.  Gennain  Sée,  la  lactose  constitue  le  plus  puissant  M 
rétique  et  en  même  temps  le  plus  inoffensif;  c  est  elle  s^'\^i 
qui  donne  au  lait  des  propriétés  de  ce  genre.  Mais,  a 
le  lait,  pris  à  la  dose  de  plus  de  deux  litres,  produit  11 
diurèse,  il  détermine,  lorsqu'on  en  ingère  quatre  lilr^^ 
une  glycosurie  évidente,  un  diabète  passager  qui  entraîin 
le  sucre  normal  au  dehors  et  provoque  en  même  temps  u/i< 
perte  considérable  d'urée.  Par  contre,  le  sucre  de  lait  élu* 
ces  inconvénients  et  ces  dangers  ;  à  la  dose  de  100  };rammc> 
par  jour,  il  détermine  une  diurèse  considérable,  qu'on  n« 
serait  pas  sur  d'obtenir  avec  quatre  ou  cinq  litres  de  hut 
Avec  la  lactose,  il  n'y  a  ni  glycosurie,  car  le  sucre  reste  a.ioi 
le  sang,  ni  azoturie,  car  les  albuminales  ne  quillenl  paî 


3   »Uf  H 

rSfÀ 


U  Juin  1889 


GAZEtTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N*»  24  —    387 


organisme.  Si  deux  litres  de  tisane  lactée  équivalent  à 
[lâtre  litres  de  lait,  c'est  que  dans  le  lait  la  lactose  n'est 
is  isolée;  elle  est  combinée  et  entravée  dans  son  action  par 
i  caséine  et  la  graisse.  Quant  à  la  polyurie  résultant  de 
usage  interne  de  iOO  grammes  de  lactose  dissoute,  elle 
^passe  toutes  les  polyuries  médicamenteuses  et  atteint  rapi- 
îment  le  chiffre  de  2  litres  1/2  d'urine  par  jour,  s'élevant 
*es(jue  constamment  à  3  litres  1/2  et  même  4  litres  1/2 
Ts  le  troisième  jour;  à  partir  de  ce  moment,  elle  reste 
alionnaire  ou  s'abaisse  à  2  litres  1/2  pendant  quelques 
urs.  Pendant  ce  temps  les  bydropisies  disparaissent  presque 
coup  sûr  ;  le  sang  se  trouve  déshydraté  ;  mais  après  quel- 
les jours  de  répit,  on  peut  par  le  même  moyen  obtenir 
nouveau  la  déshydratation  au  sang  et  la  résorption  des 
juides  de  l'hydropisie. 

Examinant  ensuite  les  indications  et  les  contre-indica- 
)ns  de  ce  nouveau  diurétique  d'après  les  observations 
l'il  a  recueillies,  M.  Germain  Sée  déclare  que  la  lactose 
nstitue  le  vrai  remède  diurétique  des  affections  du  cœur 
rivées  à  la  période  troublée  ou  asvstolique,  ainsi  que  le 
moyen  curatif  des  bydropisies  cardiaques  toujours  graves, 
uvent  irrémédiables,  même  de  celles  qui  ont  résisté  aux 
très  moyens  polyuriques.  De  plus,  comme,  l'asystolie  est 
nslamment  accompagnée  de  dyspnée,  la  lactose  qui  est, 
mme  la  plupart  des  autres  diurétiques,  impuissante  contre 
trouble  profond  de  la  respiration,  devra  être  secondée 
r  riodure  de  potassium.  Ce  dernier  est  par  excellence, 
isi  que  l'a  montré,  il  y  a  dix  ans,  M.  Germain  Sée,  le 
3dicament  du  cœur  et  de  la  circulation  ;  il  ne  lui  manque 
le  le  pouvoir  diurétique;  aussi  convient-il  d'associer  dans 
s  cas  l'iodure  et  la  lactose. 

Métrite  chronique.  —  M.  le  docteur  Dumontpallier 
mme  plus  de  cent  vingt  observations  d'endométrites  chro- 
|ues,  inuco-purulenles,  pyo-hémorrhagique,  hémorrhagi- 
e,  qu'il  a  traitées  exclusivemenlparlescrayonsde  chlorure 
zinc  laissés  à  demeure  dans  la  cavité  utérine,  et  cela  avec 
îin  succès.  Il  procède  de  la  manière  suivante  :  après  un 
âge  de  la  cavité  vaginale  ii  l'aide  d'une  solution  phéni- 
ée  au  centième  ou  avec  la  liqueur  de  Vau  Swielen,  il 
îsure  la  cavité  utérine  avec  une  bougie  en  gomme  élastique 
iuite  de  glycérine  et  d'iodoforme;  puis  il  introduit  un 
lyon  de  chlorure  de  zinc  approprié  aux  mesures  de  chaque 
I  particulier,  et  de  manière  que  son  extrémité  supérieure 
lant  toucher  le  fond  de  la  cavité  utérine,  son  extrémité 
éi'ieure  ne  dépasse  pas  l'orifice  externe  du  col.  Après 
»ir  lavé  de  nouveau  la  cavité  vaginale,  pour  enlever  toute 
'celle  de  caustique,  on  place  un  tampon  d'ouate  hydro- 
lie  dans  le  cul-de-sac  postérieur  et  on  soutient  le  crayon 
îc  un  tampon  entouré  de  gaze  iodoforméc.  Dès  que  le 
istique  commence  à  agir,  la  contraction  utérine  te  fixe 
me  manière  définitive. 

Dans  l'endométrite  hémorrhagique,  quelles  que  fussent 
ï  ancienneté  et  sa  gravité,  Thémorrhagie  a  été  arrêtée 
>sitôl  après  l'introduction  du  caustique.  Dans  les  formes 
ico-|)urulente  et  pyo-hémorrhagique  l'écoulement  a  été 
médiatcment  suspendu.  La  douleur  est  variable;  tantôt 
e  se  produit  aussitôt  après  l'application  du  caustique, 
ulres  fois  seulement  deux  heures  après.  Son  intensité 
ie  ainsi  que  sa  durée;  elle  affecte  en  général  la  forme 
coliques  utérines  avec  irradiations  lombaires.  Toujours 
e  a  disparu  au  bout  de  vingt-quatre  heures.  Dans  quel- 
îs  cas,  et  avec  des  eschares  aussi  profondes,  la  douleur 
nque  complètement.  La  présence  du  bâton  de  chlorure 
zinc  dans  l'utérus  ne  provoque  aucun  accident  général  ; 
r  a  cependant  souvent  de  l'insomnie  la  première  nuit.  On 
erve,  dans  bon  nombre  de  cas,  de  la  rétention  d'urine,  soit 
rigine  réflexe,  soit  due  à  la  compression  exercée  par  le 
ipon  vaginal;  mais,  dans  tous  ces  cas,  le  calhélcrismo 
renlévement  du  tampon  ont  fait  cesser  ce  léger  inciiient. 


Aussitôt  l'eschare  fermée,  c'est-à-dire  vingt-quatre  à  tren  te- 
six  heures  après  la  cautérisation,  la  malade,  sans  aucun 
phénomène  général,  commence  à  perdre  de  la  sérosité, puis  du 
muco-pus.  Très  rarement  ce  liquide  a  une  coloration  rosée; 
jamais  d'hémorrhagie.  Les  quelques  coliques  utérines  qu'on 
observe  sont  toujours  fort  légères.  L'escnare  est  rejetée  au 
bout  d'un  temps  qui  varie  de  quatre  à  treize  jours,  mais 
jamais,  passé  ce  dernier  délai,  on  n'en  voit  la  moindre  por- 
tion rester  dans  l'utérus.  Cette  eschare  est  rejetée,  tantôt 
d'une  seule  masse,  tantôt  par  portions.  L'eschare,  quand 
elle  est  rejetée  à  une  époque  rapprochée  de  la  cautérisa- 
tion, reproduit  très  exactement  la  forme  et  les  dimensions 
de  la  cavité  utérine;  elle  est  souvent  plus  épaisse  au  niveau 
de  l'orifice  interne  du  col,  plus  mince  vers  le  fond  de  la 
cavité  utérine.  On  trouve  dans  l'eschare  toutes  les  parties 
constituant  la  paroi  de  la  cavité  utérine;  on  pourrait  dire 
que  toutes  les  parties  malades  ont  été  enlevées,  que  des 
éléments  nouveaux  vont  reconstituer  la  paroi.  La  guérison 
est  presque  forcée  en  semblable  circonstance. 

Sur  cent  cas,  M.  Dumontpallier  dit  avoir  observé  quatre- 
vingt-seize  guérisons  sans  accidents  et  quatre  cas  d'inflam- 
mation péri-utérine,  du  reste  de  nature  bénigne,  et  terminés 
heureusement.  Dans  trois  cas,  ils  étaient  dus  à  ce  que  les 
malades  avaient  quitté  leur  lit  le  jour  même  de  la  cautéri- 
sation ;  dans  le  quatrième,  à  ce  que  l'introduction  du  crayon 
avait  été  mal  faite.  Il  a  employé  cette  méthode  dans  plu- 
sieurs cas  où,  en  même  temps  que  l'endométrite,  existait 
une  phlegmasie  péri-utérine.  Non  seulement  la  cautérisa- 
tion n'a  pas  été  funeste,  mais  encore  elle  paraît  avoir 
influencé  avantageusement  la  marche  de  la  complication 
péri-utérine.  La  guérison  peut  être  considérée  comme  défi- 
nitive du  neuvième  au  quinzième  jour,  c'est-àydire  deux 
jours  après  la  chute  de  1  eschare.  Les  règles  sont  revenues 
dans  plusieurs  cas  avant  que  les  malades  quittassent  l'hôpi- 
tal; souvent  M.  Dumontpallier  a  vérifié,  parle  cathétérisme, 
l'intégrité  de  la  cavité  cervico-utérine.  Il  n'a  pas  vu  se  pro- 
duire d'atrésie  du  col,  mais  dans  la  crainte  qu'elle  ne  sur- 
vienne, il  a  toujours  soin  de  pratiquer  le  cathétérisme 
préventif  vingt  à  vingt-cinq  jours  après  la  cautérisation.  La 
menstruation  post-opératoire  n'a  pas  été  douloureuse  et  a  eu 
une  durée  normale.  Jamais  il  n'y  a  eu  de  signes  de  sal- 
pingo-ovarite.  Quatre  des  malades  ont  présenté,  depuis 
leur  cautérisation,  les  symptômes  du  début  de  la  grossesse. 
En  résumé,  le  traitement  de  l'endométrite  chronique,  au 
moyen  du  crayon  de  chlorure  de  zinc  laissé  à  demeure  dans 
la  cavité  utérine,  offre  donc  de  réels  avantages  et  cela  par 
sa  simplicité,  son  innocuité  et  la  rapidité  de  la  guérison. 
(Renvoi  à  l'examen  de  MM.  Siredey  et  Polaillon,) 

Élëctrotiiêrapie.  —  M.  le  docteur  Danion  lit  un 
mémoire  sur  les  électro-moteurs  consécutifs  à  Taction  vol- 
laïque  sur  l'organisme.  —  (Ce  mémoire  est  renvoyé  à  l'exa- 
men de  MM.  Gariel  et  Constantin  Paul.) 

Hérédité  de  la  myopie.  —  Ayant  recherché  l'hérédité 
de  la  myopie  dans  les  familles  de  trois  cent  trente  jeunes 
gens  myopes  qu'il  a  pu  observer,  M.  le  docteur  Motais 
(d'Angers)  estime  que  cette  influence  ne  saurait  être  niée. 
11  l'a  rencontré  dans  deux  cent  seize  familles,  soit  G5 
pour  100;  la  myopie  est,  en  général,  transmise  par  le  père 
à  la  fille  (86  pour  iOO),  et  par  la  mère  au  fils  (9  pourlOO)  ; 
elle  est  donc  généralement  croisée  au  point  de  vue  sexuel. 
Elle  se  distingue  de  la  myopie  acquise  par  son  apparition 
pins  précoce,  son  développement  plus  rapide,  la  moyenne 
plus  élevée  de  son  degré,  des  complications  plus  fré- 
quentes et  plus  étendues.  Les  principales  conditions 
qui  en  favorisent  la  transmission  héréditaire  sont,  avant 
tout  :  l'application  de  la  vue  dans  un  milieu  hygiéniaue 
défavorable,  soit  à  l'école,  soit  à  la  maison  paternelle; 
l'astigmatisme,  au-dessus  de  0'75,  la  microsémie.  De  là 
la  nécessité  d'imposer  à  tous  ceux  qui  dirigent  l'éducation 


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N-24- 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


14  Juin  1889 


des  enfants  une  hygiène  scolaire  plus  rigoureuse  tant  à 
l'école  qu'à  la  maison  paternelle. —  (Renvoi  à  l'examen  de 
MM.  Panas  et  JaiaL) 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  H  juin  est  ^wé  ainsi 
qu'il  suit  :  l""  discussion  de  la  communication  de  M.  6.  Sée 
sur  un  nouveau  diurétique  dans  les  maladies  cardiaques; 
2°  lectures  par  des  personnes  étrangères  à  l'Académie:  sur 
le  traitement  de  l'eczéma,  par  M.  le  docteur  Gombaud;  sur 
la  recherche  du  sucre  dans  l'urine,  par  MM.  Yvon  et  le  doc- 
teur Berlioz;  sur  la  mortalité  des  nourrissons,  par  M.  le 
docteur  Ledé. 


Soelété  de  chlrarg^le. 

SÉANCE    DU    5    JUIN    1889.     —    PRÉSIDENCE 
DE   M.    LE   DENTU. 

Môgalodactylie  :  M.  Taohard;  rapporteur  :  M.  Chauvel.  —  Plaies 
pénétrantes  de  l'abdomen  :  M.  Quert  ;  rapporteur  :  M.  Chauvel. 
—  Anévrysme  du  bras  :  M.  Sellier  (de  Laval).  —  Traitement  des 
myomes  utérins  par  rèlectricité  :  M.  Championnlère.  —  Névralgie 
du  testicule  :  M.  Perler. 

M.  Chauvel  rend  compte  d'une  observation  de  mégalo- 
dactylie  congénitale  communiquée  par  M.  Tachard.  L'hy- 
pertrophie ne  portait  que  sur  les  parties  molles. 

—  M.  Chauvel  résume  deux  faits  de  plaie  pénétrante 
de  Vabdomen  relatés  par  M.  Guert.  Le  premier  concerne 
une  plaie  du  foie  par  balle  de  revolver  ;  l'expectation  a 
été  suivie  de  guérison  ;  l'auteur  pense  que  l'abstention 
doit  être  la  règle,  si  un  abcès  n'est  pas  causé,  plus  tard, 
par  le  corps  étranger.  L'autre  observation  est  une  suture 
de  l'intestin  hernie  par  la  plaie  de  la  paroi  ;  l'opéré  mourut. 

-T-  M.  Trélat  fait  connaître  une  observation  heureuse 
d'extirpation  d'un  anévrysme  de  Vartère  humérale  par 
M.  Sellier  (de  Laval).  La  tumeur  était  grosse  comme  une 
tête  de  fœtus. 

—  M.  Championnière  fait  une  communication  sur  le 
traitement  des  myomes  utérins  par  Vélectricité.  Il  a  entre- 
pris sur  ce  point  des  recherches  avec  le  concours  de  M.  le 
docteur  Danion,  spécialement  exercé  au  maniement  des 
appareils  électriques.  Leur  technique  diffère  un  peu  de 
celle  que  suivent  d'autres  auteurs.  Souvent  en  effet 
on  préconise  les  hautes  intensités,  135,  150  milli-ampères. 
Mais  alors  les  femmes  souffrent  presque  toujours.  L'indo- 
lence au  contraire  est  absolue  si  au  début  on  s'en  tient  à 
60  milli-ampères,  et  si  on  arrive  à  80,  90,  sans  jamais 
dépasser  110  ou  115.  L'électrode  intra-utérine  est  une 
tige  de  platine;  l'électrode  externe  peut  être  une  large 
armature  en  cuir  et  métal  qu'on  applique  sur  l'abdo- 
men, mais,  pour  évitera  coup  sûr  les  eschares,  rien  ne  vaut 
encore  le  large  gàleau  de  terre  glaise.  L'électrode  utérine 
doit,  pour  bien  faire,  être  introduite  dans  la  cavité  du  corps. 
Mais  cette  manœuvre  n'est  pas  toujours  aisée,  et  force  est 
parfois  de  s'en  tenir  à  l'introduction  dans  le  col.  Enfin,  et 
surtout  dans  ce  dernier  cas,  lorsque  le  traitement  semble 
inefficace,  on  obtient  jparfois  des  résultats  réels  par  le  ren- 
versement des  pôles.  On  commence  toujours  par  appliquer 
dans  l'utérus  le  pôle  positif,  puis  au  bout  de  quelques 
minutes  on  intervertit  les  pôles,  mais  en  ayant  soin  cette 
fois  que  le  courant  n'ait  que  le  tiers,  la  moitié  au  plus  de 
l'intensité  du  courant  employé  pendant  la  première  partie 
de  la  séance.  Ce  traitement  est  bien  supporté  et  ne  néces- 
site pas  l'hospitalisation  des  malades.  11  est  vrai  qu'il  exige 
des  séances  multiples,  qu'il  est  long,  fastidieux;  mais  il 
donne  des  résultats  réels,  et  la  question  est  de  savoir 
quand  il  faut  s'y  adi'esser.  On  aurait  tort  de  prétendre  que 
c'est  la  panacée  des  myomes,  que  toute  intervention  san- 
glante doit  être  rejetée  en  principe.  En  réalité,  lorsque  les 


accidents  sont  sérieux  il  faut  agir  vite  et  l'instrumenl 
tranchant  seul  permet  de  le  faire,  mais  il  ne  faut  pas  penser 
que  tous  les  myomes,  inversement,  ressortissenl  à  la  chi- 
rurgie :  bon  nombre  sont  rendus  très  supportables  par 
l'usage  de  la  sabine  à  l'intérieur,  par  l'emploi  des  eaux 
chlorurées,  etc.  De  plus,  après  la  ménopause  il  est  indiscu- 
table que  les  accidents  se  calment.  C'est  surtout  pour  les 
cas  médiocrement  graves,  non  pressants,  sur  une  femmo 
qui  a  passé  la  première  jeunesse,  c'est  surtout  alors  qu'on 
se  trouve  bien  de  l'électricité,  pour  permettre  à  la  femme 
d'atteindre  plus  facilement  l'époque  heureuse  delà  méno- 
pause. Il  faudra  en  outre  essayer  d'associer  ce  traitement 
au  traitement  médical,  aux  saisons  balnéaires,  et  il  est 
probable  que  les  résultats  seront  meilleurs  encore. 

—  M.  Périer  présente  un  malade  qui  a  subi,  dans  un 
autre  service,  une  castration  pour  névralgie  du  testicuh. 
Le  moignon  est  devenu  douloureux,  et  de  plus  le  second 
testicule  est  aujourd'hui  souffrant. 

Â.  Broca. 


SoeléCé  de  blolog^le. 

SÉANCE   DU  8  JUIN  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE   M.    DUCLAUX,   VICE-PRÉSIDENT. 

Sur  la  Btruoture  de  la  membrane  hyalolde  :  M.  BLaohe.  —  lanerra- 
tlon  des  glandes  molaires  :  M.  Moussu.  —  Origine  des  nerfs  aècrè- 
toires  de  la  parotide  :  M.  Moussu.  —  Un  nouveau  dynamomètre 
M.  F6ré. 

M.  Hache,  en  étudiant,  au  moyen  de  procédés  particu- 
liers de  dissociation,  la  disposition  de  la  membrane  hyalolde 
par  rapport  aux  procès  ciliaires,  a  reconnu  que  les  des- 
criptions classiques  ne  sont  pas  exactes.  En  effet,  l'hyaloldo 
ne  se  dédouble  pas  pour  former  le  canal  de  J.-L.  Petit; 
mais,  à  ce  niveau,  on  trouve  un  feutrage  de  petits  tendons 
lamelleux  qui  se  continuent  directement  avec  les  lames 
ou  kystes  qui  constituent  le  corps  vitré,  et  ce  qu'on  appelle 
le  canal  de  J.-L.  Petit  est  simplement  formé  par  cet  espace 
rempli  d'une  sorte  de  tissu  conjonctif condensé;  ces  tendons 
lamelleux  s'insèrent  directement  dans  la  crislallolde. 

—  M.  Moussu  a  étudié,  chez  le  bœuf  et  chez  plusieurs, 
autres  grands  carnassiers,  les  nerfs  excito-sécrétoires  des 
glandes  molaires;  ces  nerfs  proviennent,  comme  ceux  de  Uj 

riarotide,  du  buccal,  branche  du  trijumeau.  Il  a  pu,  par 
'excitation  de  ces  filets,  obtenir  jusqu'à  400  grammes  de| 
salive  chez  le  bœuf,  salive  visqueuse  et  non  pas  fluide,, 
comme  on  le  dit  à  tort.  | 

—  M.  Moussu,  poursuivant  ses  recherches  sur  rinner-| 
vation  de  la  glande  parotide,  a  cherché  à  déterminer  la 
provenance  réelle  des  filets  excito-sécrétoires.  Ses  expt' 
riences,  faites  sur  des  chevaux  anesthésiés  et  ayant  en  outre 
reçu  de  la  pilocarpine,  et  consistant  en  des  sections  succès* 
sives  du  trijumeau  ou  du  facial  dans  le  crâne,  l'amènent  à 
admettre  que  ces  nerfs  émanent  de  la  cinquième  paire. 

—  M.  Féré  a  fait  construire  un  nouveau  dynamomètre, 
qui  permet  d'étudier  les  différents  mouvements  de  la  main 
extension,  flexion,  abduction,  adduction.  L'instrument  peut 
aussi  servir  pour  les  mouvements  du  pied.  M.  Féré  a  con* 
staté  déià  un  certain  nombre  de  faits  intéressants,  comme 
la  grande  différence  de  force,  suivant  que  les  doigts  agissent 
dans  un  mouvement  d'ensemble  ou  isolément,  la  diffère  nce 
du  temps  de  réaction  qui  varie  avec  la  force  musculaire 
des  différents  doigts,  le  défaut  d'aptitu  !e  des  individus  peu 
développés  à  produire  des  mouvements  isolés  des  doigts,  eW. 


14  Juin  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  24  —    389 


REVUE  DES  JOURNAUX 

THÉRAPEUTIQUE. 

Du    Irallemenl  de  la  phlliliile  par  le  ealomel,   par  M.   J. 

Martell  et  par  M.  A.  Dochmann.  —  Depuis  trois  ans,  le  pre- 
mier de  ces  observateurs  prescrit  le  ealomel  aux  tuberculeux  et 
le  considère  comme  le  meilleur  des  antiseptiques  dans  la 
phthisie.  Â  Textérieur,  contre  les  tuberculoses  externes,  il 
l'emploie  en  topique;  à  l'intérieur,  contre  la  phthisie  confir- 
mée, il  l'administre  par  la  voie  buccale  au  moyen  d'inhala- 
tions, {Prag,  med.  Woch.,  1888,  p.  21-25.) 

M.  Dochmann  n'est  pas  moins  satisfait  de  ce  médicament. 
Contre  l'anémie  en  général,  il  remplacerait  le  fer,  écrit-il;  et 
contre  celle  des  phthisiques  en  particulier,  il  possède  sur  ce 
dernier  l'avantage  d'augmenter  l'appétit,  de  diminuer  la  consti- 
pation et  régulariser  les  menstrues.  Au  reste,  le  fer  est  contre- 
iudiqué  dans  les  troubles  de  nutrition  qui  annoncent  le  début 
des  phlhisies  à  marche  lente.  Or,  le  ealomel  continué  pendant 
deux  ou  trois  mois,  améliore  la  nutrition,  diminue  l'état  fébrile, 
les  sueurs  nocturnes  et  la  fréquence  de  la  toux.  Néanmoins, 
M.  Dochmann  admet  que  le  ealomel  ne  modifie  pas  les  lésions 
tuberculeuses  et  ne  les  fait  pas  disparaître;  par  contre,  il  agit 
dans  l'intestin  comme  un  antiputride  sans  altérer  la  puissance 
des  ferments  digestifs.  Probablement  aussi,  il  agit,  d'après 
cet  observateur,  sur  les  matières  toxiques  produites  par  le 
bacille  de  la  tuberculose. 

Le  traitement  consiste  à  ingérer  le  ealomel  par  doses  crois- 
santes, au  moyen  de  pilules  contenant  douze  milligrammes  de 
substance  active.  Le  premier  jour,  le  malade  ingère  six  doses 
de  deux  pilules,  le  second  jour,  cinq  doses,  le  troisième,  qua- 
tre doses  et,  à  dater  du  quatrième  jour,  six  doses  qu'il  continue 
pendant  toute  la  durée  de  la  médication;  tous  les  cinq  ou  six 
jour,  on  suspend  l'usage  du  ealomel  pendant  deux  ou  trois  jours. 
S'il  survient  de  l'état  fébrile,  on  élève  le  nombre  des  pilules 
jusqu'à  douze  ou  quatorze  dans  les  vingt-quatre  heures. 

Comme  moyens  auxiliaires,  M.  Dochmann  insiste  sur  les 
conditions  d'hygiène,  sur  l'alimentation,  et  au  besoin  sur  l'admi- 
nistration du  lait  pur  ou  fermenté.  (Therap,  Monat,^  septembre 
1888,  p.  115.) 

Hemariiaetf  «or  remploi  de  la  pyrodlne,  par  M.  DrëSCHFELD. 
—  La  pyrodine  est  une  poudre  blanche,  cristalline,  soluble 
dans  l'eau  froide  et  facilement  administrabic  sous  la  forme 
pulvérulente.  Elle  est  dérivée  de  l'acétyl-phénylhydrazin 
(r/II&N^H^C'IFO),  et  se  prescrit  à  la  dose  de  8  à  12  grammes 
par  jour,  comme  antipyrétique. 

M.  Dreschfeld  l'a  fait  ingérer  dans  la  pneumonie,  la  fièvre 
scarlatine  et  la  fièvre  typhoïde,  abaissant  ainsi  la  température 
sans  provoquer  ni  nausées,  ni  vomissements,  ni  coUapsus, 
mais  seulement  des  transpirations.  Sous  son  influence,  on 
obtiendrait,  écrit-il,  une  diminution  telle  de  l'état  fébrile,  qne 
le  malade  entrerait  rapidement  en  convalescence  et  que  celte 
dernière  serait  abrégée.  Toutefois  la  pyrodine  serait  moins 
nettement  indiquée  dans  les  cas  de  fièvre  typhoïde  avec  sym- 
ptômes d'intoxication  profonde. 

Elle  posséderait  des  propriétés  nervines  qui  la  recomman- 
dent contre  la  migraine,  les  névralgies,  sans  toutefois  que  les 
observations  soient  jusqu'à  présent  décisives. 

Le  mode  d'action  de  la  pyrodine  serait  celui  d'un  agent  pro- 
ducteur de  l'hœmoglobinémie.  Du  reste,  d'après  les  expériences 
de  R.  Wild,  elle  ne  modifie  pas  la  motilité  volontaire,  mais  agit 
à  la  manière  d'un  agent  vaso-dilatateur.  Cependant  elle  semble 
modifier  les  activités  de  la  moelle  épiniére  directement,  mais 
non  pas  par  un  changement  dans  les  conditions  de  sa  circula- 
tion. 

M.  Dreschfeld  la  considère  comme  un  antipj rétique  plus 
fidèle  que  Tanlipyrine,  la  phénacétine  et  l'antifébrine,  mais 
plus  toxique  que  ces  dernières.  Ce  désavantage  serait  compensé. 


à  son  avis,  par  la  possibilité  de  l'administrer  à  une  dose  faible 
et  par  l'abaissement  thermique  plus  durable  qu'elle  procure- 
rait. Enfin,  la  pyrodine  diminue  la  fréquence  du  pouls  tout 
autant  que  l'hyperthermie,  et  avantage  notable,  augmente  la 
diurèse.  {The  med.  Chronicle,  p.  96,  novembre  1888.) 

Des  dansers  de  IHydrale  d'amylène,  par  M.  DiETZ.  —  Cc 
nouveau  médicament  peut  donner  lieu  à  des  accidents.  En 
voici  la  preuve  :  une  potion  à  l'hydrate  d'amylène  avait  été  pré- 
parée à  la  clinique  de  Leipsig,  dans  le  but  d'en  administrer  au 
besoin  la  dose  nécessaire  aux  malades.  En  raison  de  sa  faible 
densité,  ce  corps  est  peu  miscible  à  un  véhicule  liquide  et  on  doit 
agiter  de  telles  potions  avant  de  les  administrer.  On  omit  de  le 
faire  et  après  l'administration  de  la  potion,  quatre  malades 
éprouvèrent  les  symptômes  d'une  intoxication  alcoolique  algue  : 
sommeil  prolongé,  paralysie  des  extrémités,  abolition  de  la 
sensibilité  tactile  et  des  réflexes,  irrégularité  des  mouvements 
respiratoires,  enfin  faiblesse  du  pouls.  Le  seul  traitement 
adopté  consiste  dans  les  injections  hypodermiques  de  camphre. 
Au  reste  ces  accidents  disparurent  après  quelques  heures. 
(DeuL  med.  Zeitiing,  1888,  n»  18.) 

Du  Iraltenient  de  la  phthisie  par  les  Injecllons  de  phénate 
de  eaniphre,  par  M.  SitlNGLËTON-S.MlTH.  —  L'auteur  men- 
tionne deux  cas,  dans  lesquels  il  fit  usage  d'injections  hypoder- 
miques et  d'injections  intra-pulmonaires  de  cette  substance. 

Le  phénate  de  camphre  était  préparé  en  faisant  dissoudre 
jusqu'à  saturation  du  camphre  dans  l'acide  phénique  et  en 
l'administrant  par  doses  d'un  demi  à  deux  centimètres  cubes. 
Chez  l'un  des  malades,  on  pratiqua  en  dix  semaines  quinze 
injections  intra-pulmonaires,  dans  les  régions  infiltrées  et  sans 
provoquer  aucune  irritation  locale.  Au  début,  on  avait  fait 
usage  d'injections  hypodermiques.  Chez  le  second,  on  employa 
en  vingt-cinq  jours  la  quantité  de  seize  centimètres  cubes, 
dont  quatre  furent  introduits  dans  les  tissus  pulmonaires.  L'ab- 
sence de  tout  accident  et  les  améliorations  obtenues  sont, 
d'après  l'auteur,  un  encouragement  à  répéter  ces  essais  d'an- 
tisepsie locale.  {Bristol  med.  chir.  Journal^  septembre  1888.) 

Un  cas  d*eiiipolsoDDenienl  par  le  soufre,    par  M.   A.    E. 

Vaughan.  —  Ces  accidents  toxiques  ont  été  notés  par  l'inges- 
tion quotidienne,  durant  trois  jours,  de  la  dose  d'une  once  de 
soufre  sublimé.  Le  troisième  jour,  le  malade  était  dans  la  tor- 
peur ;  par  moment,  il  accusait  une  céphalalgie  frontale  intense 
et  des  douleurs  abdominales.  Son  haleine  était  fétide,  exhalait 
l'odeur  de  l'hydrogène  sulfuré,  les  pupilles  étaient  contractées  ; 
il  existait  une  transpiration  abondante  et  de  la  fièvre. 

Il  éprouva  des  vomissements  et  dans  les  matières  alvines,  on 
constata  la  présence  du  soufre  ;  enfin  il  rejeta  des  urines  san- 
glantes. Le  traitement  de  ces  accidents  consista  dans  l'adminis- 
tration de  l'huile  de  ricin  et  des  calmants.  La  guérison  demanda 
un  septénaire.  En  un  mot,  cet  ensemble  symptomatique  est  celui 
d'un  empoisonnement  par  une  substance  irritante.  {Brit.  med. 
journal,  3  novembre  1888,  p.  991.) 

Des    propriétés  physloloslques    de    la    niéthylacétanlllde, 

par  M.  le  docteur  Binet.  —  Au  moment  où  ce  produit  et  son 
dérivé  fait,  sous  le  nom  d'exalgine,  l'objet  de  présentations 
aux  Sociétés  savantes,  l'auteur,  qui  depuis  longtemps  l'étudié, 
constate  la  violence  de  son  action  physiologique. 

Elle  diminue  la  motilité  de  tous  les  animaux,  paralyse  les 
muscles  dans  l'épaisseur  desquels  on  l'injecte,  arrête  le  cœur, 
diminue  l'oxyhémoglobine  et  trouble  l'hématose.  Son  action 
antithermique  est  manifeste  comme  celle  de  l'acétanilide. 

A  doses  toxiques,  la  méthylacétanilide  produit  des  crises 
épileptoîdes  et  difi'ère  à  ce  point  de  vue  d'un  autre  corps  de  la 
môme  série,  la  méthylformanilide.  Au  reste  sa  toxicité  est  con- 
sidérable et  l'emporte  sur  celle  de  la  méthylformanilide  et  de  la 
formanilide.  En  terminant,  M.  Binet  remarque  l'affinité  physio- 
logique de  cette  substance  avec  l'acétanilide.  Comme  elle,  elle 
diminue  la  température  ;  comme  elle  sans  doute,  ajoute-t-il,  elle 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE^ET  DE  CHIRURGIE 


U  Juin  1889- 


peut  amener  l'analgésie;  toutefois,  c'est  une  substance  qu'on 
ne  doit  manier  qu'avec  la  plus  grande  circonspection.  Ces 
remarques  ne  sont  pas  inutiles,  au  moment  où  on  recommande 
Texalgine,  qui  sous  ce  nom  cache  sa  parenté  intime  avec  la 
raéthylacétanilide.  (Revue  méd,  de  la  Suisse  Romande,  20  avril 
1889,  p.  187.) 

Hecherchctf  ehlmliiaes  el  cliniques  sur  le  Milleyiate  de 
mereore,  par  M.  le  docteur  Caldwell.  —  A  la  suite  de  nom- 
breux essais  sur  les  malades  et  dans  son  laboratoire  Fauteur 
conclut  :  1°  que  le  salicylale  de  mercure  qui  est  faiblement 
absorbé  par  la  muqueuse  stomacale,  produit  moins  de  per- 
turbations gastriques  que  le  bichlorure  de  ce  métal,  que  son 
élimination  ne  provoque  pas  autant  le  plyalisme,  mais  que  son 
action  sur  Talbumine  et  sur  les  microbes  est  inférieure  à  celle 
des  sels  de  mercure  très  solubles. 

2°  Il  admet  que  ce  salicylate  traverse  l'estomac  sans  y  subir 
de  modifications,  et  s'arrête  dans  le  duodénum,  de  sorte  qu'on 
doit  le  considérer  comme  un  antiseptique  intestinal  et  non 
comme  un  antiseptique  stomacal.  Yulpian,  pour  ce  motif,  le 
prescrivait  contre  la  fièvre  typhoïde. 

3**  On  doit  éviter  de  l'administrer  en  mélange  avec  les  sels 
minéraux,  les  iodures,  les  acides,  et  môme  les  sels  comme  le 
chlorhydrate  de  cocaïne  pour  éviter  son  dédoublement  ou  la 
formation  d'un  autre  sel  mcrcuriel  plus  soluble.  {The  therapeut. 
Gazette,  15  avril  1889,  p.  232.) 

De  raelioB  purgative  du  maBBanlIlo,  par  MM.  A.  BeTANCOURT 
et  d'ARGY-AoAMS.  —  Ce  médicament  est  le  suc  d'une  euphorbe 
américaine  employée  par  les  indigènes  comme  poison.  Appliqué 
sur  la  peau,  il  produit  la  rubéfaction  et  la  vésication  et  admi- 
nistré à  rintérieur,  une  sensation  de  brûlure  dans  la  bouche 
et  l'œsophage,  de  la  diarrhée,  des  vomissements  cholériformes, 
des  crampes  et  un  collapsus  mortel . 

M.  Betancourt  l'a  essayé  comme  purgatif  à  la  dose  de  deux  à 
à  trois  gouttes  véhiculées  dans  du  lait.  H  obtint  des  selles 
abondantes  et  non  douloureuses.  A  la  dose  plus  élevée,  de  sept 
à  huit  gouttes,  le  malade  accusait  de  violentes  coliques.  Ce 
serait  à  son  avis  un  purgatif  à  employer  dans  les  cardiopathies 
et  les  affections  rénales.  (Société  clinique  de  la  Havane,  9  no- 
vembre 1888.) 

M.  d'Arcy-Adams  partage  cet  avis,  il  conseille  de  mettre  le 
manzanillo  à  l'essai  et  considère  ce  médicament  comme  devant 
prendre  place  dans  la  catégorie  des  catbartiques  et  des  hydra- 
gogues.  (The  London  med.  Recorder,  février  1889.) 


BIBLIOGRAPHIE 

CIlBlqucs   médicales  de   l'hôpital   Salnt-Elol  s   Leçons 
sur  uB  cas  d'hjacérle  mAle  avee  astaale-abaale,  par 

M.  le  professeur  Grasset.  —  Montpellier. 

M.  Grasset  consacre  plusieurs  leçons  à  Pétude  d'un  ma- 
lade hystérique  ayant  présenté  ce  syndrome  curieux  sur 
lequel  M.  Charcot  a  un  des  premiers  attiré  Tattention  et 
auquel  son  élève  Blocq  a  récemment  donné  le  nom  d'astasie- 
abasie. 

Le  professeur  de  Montpellier  commence  ses  leçons 
par  quelques  généralités  sur  Thystérie  mâle,  et  il  affirme 
que  celle  dernière  afTection  a  aujourd'hui  des  caractères 
tranchés,  des  symptômes  propres,  des  stigmates  en  un  mot 
capables  de  laVaire  reconnaître.  M.  Grasset  cependant  en 
conteste  la  fréquence.  Cette  assertion  nous  étonne  de  la  part 
d'un  observateur  aussi  expérimenté.  L'hystérie  mâle  mainte- 
nant qu'on  la  reconnaît  se  présente  à  chaque  iïistant  :  qui 
oserait  dire  aujourd'hui  que  l'ataxie  locomotrice  est 
chose  rare,  et  cependant  il  y  eut  un  moment  où  cette  ma- 
ladie passait  pour  une  rareté  pathologique.  Dans  l'état 
actuel  de  la  science,  nous  pouvons  déjà  affirmer  la  fréquence 


de  l'hystérie  mâle,  dire  même  que  pour  être  faite  autre- 
ment elle  se  présente  aussi  souvent  que  l'hystérie  féminine. 
M.  Grasset  dit  encore  :  l'hystérie  mâle  ne  rentre  pas  tou- 
jours dans  cet  hystéro-traumatisme  que  nous  avons  étudia- 
ensemble  Tannée  dernière.  Je  ne  crois  pas  qu'on  ait  besoin 
d'affirmer  ce  fait  :  personne  que  je  sache  n'a  avancé  que 
tous  les  hystériques  hommes  étaient  forcément  des  hysténn 
traumaliques.  Souvent,  il  est  vrai,  un  traumatisme  fait 
éclater  la  mine  si  j'ose  m'exprimer  ainsi  et  met  l'hyslérif 
en  pleine  valeur;  mais  il  y  a  aussi  des  hystéries  spon'tanée^ 
chez  les  hommes. 

Le  malade  de  M.  Grasset  se  comporte  absolument  comme 
les  malades  dont  les  observations  sont  consignées  dans  le 
mémoire  de  Blocq.  Nous  relevons  dans  la  description  le» 
faits  suivants  :  une  trépidation  à  caractères  absolument 
rythmiques  prédominant  dans  le  membre  inférieur  droit: 
une  propagation  de  cette  trépidation  à  la  tête  et  aux 
memores  supérieurs;  une  fixation  remarquable  au  sol  de 
la  pointe  du  pied  droit.  Pas  de  signe  de  Romberg.  Aucun 
trouble  des  mouvements  autre  que  ceux  nécessités  par  la 
marche  normale. 

En  présence  de  ces  symj)tômes  bizarres,  M.  Grasset  dis- 
cute le  diagnostic,  il  élimine  naturellement  le  tabès,  nn*t 
paralysie  quelconque,  la  sclérose  en  plaques,  la  paralysie 
agitante,  la  chorée  rythmée  (manifestation  si  fréquente  de 
rhystérie  des  jeunes  sujets). 

M.  Grasset  arrive  à  dire  :  en  somme  notre  malade  pré- 
sente «  une  chorée  rythmée,  mais  ces  mouvements  rythmt  s 
n'apparaissent  que  quand  il  est  debout  et  lorsqu'il  marche 
comme  tout  le  monde  ». 

Dans  l'intervalle  de  deux  leçons  l'astasie-abasie  a  disparu 
et  le  professeur  continue  sa  leçon  qui  prend  alors  en  partie 
le  caractère  théorique,  nous  disons  à  dessein  en  partie, 
car  le  malade  présente  des  stigmates  hystériques  qui  ne 
varient  pas  avec  autant  de  facilité  que  le  syndrome  faisant 
l'objet  de  ces  leçons. 

M.  Grasset  passe  encore  en  revue  la  maladie  de^  tics 
convulsifs  si  oien  mise  en  lumière  par  notre  ami  Guinon. 
d'après  les  leçons  du  professeur  Charcot;  —  le  paramyo- 
clonus  multiplex,  la  maladie  de  Thomsen  dont  P.  Marie  a 
donné  une  description  si  détaillée  dans  le  Dictionnaire 
encyclopédique  des  sciences  médicales  au  mot  Thoiisen  ; 
—  enfin  la  claudication  intermittente.  Il  est  évident  quo 
l'auteur  n'énumère  ces  maladies  à  troubles  moteurs  que 
pour  prouver  qu'elles  n'ont  rien  à  voir  avec  l'affection  dont 
son  malade  était  atteint.  Suit  ensuite  une  analyse  du  mé- 
moire de  Blocq  et  une  discussion  fort  intéressante  des 
observations  que  ce  mémoire  renferme.  Nous  ne  suivrons 
pas  M.  Grasset  dans  l'exposé  des  symptômes  et  de  la  patho- 
génie du  syndrome  astasie-abasie,  ayant  déjà  dans  un»' 
Revue  sur  ce  sujet,  publiée  dans  la  Gazette,  exposé  d'aprê> 
M.  Charcot  la  symptomatologie  et  la  physiologie  patholo- 
gique de  ce  trouble  bizarre.  Le  professeur  de  Montpellier 
termine  ses  leçons  en  prouvant  que  son  malade  est  un  hys- 
térique; en  effet,  cet  nomme  présente  des  stigmates  sen- 
sitifs  très  nets,  l'abolition  du  réflexe  pharyngé  des  zones 
hystérogènes,  etc.;  il  établit  encore  que  son  astasie-abasie 
est  chez  lui  comme  chez  le  plus  grand  nombre  des  malades 
de  Blocq  un  symptôme  de  l'hystérie. 

Depuis  que  ces  leçons  ont  été  faites  et  publiées,  M.  le 
professeur  Charcot  a  présenté  à  son  cours  d'autres  malades 
atteints  d'aslasie-abasie.  Ces  malades  ne  font  en  aucune 
façon  exception  à  la  règle  et  c'est  à  peine  s'ils  s'écartent  du 
type  qui  tend  à  devenir  classique.  Un  de  ces  malades  ancien 
militaire  est  atteint  d'abasie  trépidante  sans  astasie;  veut-il 
marcher,  on  voit  sa  jambe  eauche  comme  la  jambe  droite 
du  mcilade  de  Grasset  trépider,  le  pied  touchant  le  sol  par 
sa  pointe  et  le  talon  frappant  le  parquet  à  intervalles  do 
moins  en  moins  espacés. 

Pour  marcher,  le  malade  a  recours  au  pas  accéléré  mili- 


U  Juin  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N-  24 


391 


taire,  les  jambes  alors  se  fléchissent  et  s'étendent  mécani- 
quement et  la  marche  est  assurée.  Ce  brave  homme  excite 
la  gaité  des  gamins  de  son  quartier  par  sa  démarche 
bizarre. 

M.  Charcot  se  demande  si  chez  des  malades  de  cet  âge 
on  n'a  pas  affaire  à  des  abasies-astasies  symptomatiques  de 
lésions  localisées.  Chacun  a  vu  de  ces  vieillards  auxquels 
on  donne  facilement  Tépithète  de  ramollis  ne  pou- 
voir pas  marcher  comme  tout  le  monde,  mais  progresser 
sans  trop  de  peine  en  trottinant  d'une  façon  régulière  ou 
en  choisissant  une  manière  de  marcher  tout  à  fait  différente 
de  celle  qu'on  emploie  habituellement. 

M.  Charcot  reconnaît  trois  sortes  d'astasie-abasie  : 
1"  Vabasie  trépidante  ;  2**  Vabasie  chorêiqt^e  qui  se  rap- 
proche étrangement  de  la  chorée  rythmée  nystérique  ; 
3"  Vabasie  paralytique  enfin,  dont  il  montre  un  bel 
exemple. 

Il  est  bon  de  savoir  aussi  qu'il  y  a  des  astasies-abasies 
limitées  à  une  ou  deux  jointures  seulement  :  un  de  nos  ma- 
lades de  la  Salpètrière  était  abasi(^ue  des  articulations  du 
irenou  et  du  pied,  mais  non  de  l'articulation  coxo-fémorale. 
Cette  localisation  étrange  nou«  nermet  de  rapprocher  ce 
trouble  du  mouvement  des  monoplégies  ou  des  contractures 
limitées  de  l'hystéro-traumatisme.  N'est-ce  pas  du  reste 
chez  des  hystériques  que  ces  derniers  troubles  se  montrent 
le  plus  souvent? 

P.  Berbez. 


Maladiefli  de  la  laBi^ne,   par  le  docteur  Henry  T.  BUTLIN, 

chirurgien  assistant  et  professeur  de  chirurgie  pratique 
et  de  laryngologie  à  Saint-Bartholomew's  llospital.  Tra- 
duit de  l'anglais  par  le  docteur  Douglas  Aigre,  ancien 
interne  des  hôpitaux,  médecin  adjoint  et  chef  de  la  cli- 
nique laryngologique  de  l'hôpital  §aint-Louis  (Bouiogne- 
sur-Mer).  —  Progrès  médical  et  Lecrosnier  et  Babé, 
1889. 

La  littérature  française  n'est  pas  riche  en  traités  spéciaux 
consacrés  à  l'étude  des  maladies  de  la  langue.  Nous  ne  con- 
sidérons pas,  en  général,  qu'il  faille  individualiser  à  ce 
point  la  cnirurgie  de  cet  organe  et  nous  nous  contentons 
des  descriptions,  plus  courtes  il  est  vrai,  qu'on  lui  consacre 
dans  les  divers  traités  généraux  de  pathologie  externe.  Cette 
opinion  n'est  pas  partagée  de  l'autre  côté  de  la  Manche  et 
le  traité  que  nous  signalons  aujourd'hui  n'est  même  pas  le 
premier  en  son  genre.  Tout  médecin  sait  qu'il  y  a  une 
quinzaine  d'années  a  déjà  paru  un  ouvrage  important  de 
Fairlie  Clarke  sur  la  matière.  En  1885,  malgré  ce  pré- 
cédent, Henry  Butlin  a  pensé  qu'il  y  avait  place  pour  une 
seconde  tentative  semblable.  Nous  devons  déclarer,  dès 
Tabord,  qu'il  avait  bien  jugé. 

Lorsque  parut,  en  1873,  le  livre  de  Clarke,  partout  on 
étudia  les  maladies  de  la  langue  dans  cette  monographie  où 
l'on  trouvait  des  renseignei^/ents  sur  des  sujets  jusqu'alors 
peu  connus.  Mais  il  faut  bien  convenir  que  le  succès  semble 
avoir  dépassé  un  peu  la  valeur  de  l'œuvre.  Bien  des  des- 
criptions importantes  sont  un  peu  écourtées;  les  faits  rela- 
tifs à  une  seule  et  même  maladie,  la  syphilis  par  exemple, 
sont  disséminés  en  plusieurs  chapitres;  les  renseignements 
bibliographiques  manquent  trop  souvent  de  précision.  Or  la 
plupart  de  ces  défauts  sont  corrigés  dans  l'ouvrage  de  Butlin. 

Nous  disons  la  plupart,  car  aux  yeux  de  la  majorité  des 
lecteurs  français  certains  agencements  de  plan,  analogues 
à  ceux  de  Clarke,  sembleront  défectueux.  Nous  n'aimons 
pas,  en  général,  à  chercher  l'histoire  des  diverses  maladies 
au  milieu  de  chapitres  consacrés  à  des  descriptions  de  lé- 
sions élémentaires.  Or  Butlin  étudie  l'une  après  l'autre  les 
lissures,  les  ulcérations,  les  nodosités,  les  taches  et  pla- 
ques, et  là  se  trouvent  mélangées  la  syphilis  et  la  tubercu- 


lose, les  lésions  dentaires  et  les  fissures  cancéreuses,  la 
leucoplasie  et  la  diphthérie.  C'est  peut-être  commode  si  l'on 
se  place  au  point  de  vue  du  seul  diagnostic  différentiel  des 
lésions  ;  c'est  défectueux  si  l'on  veut  se  faire,  ce  qui  tou- 
jours doit  être  notre  but,  une  idée  générale  des  maladies. 
Mais,  cette  légère  critique  une  fois  faite,  nous  reconnaî- 
trons que  ces  descriptions  sont  en  général  nettes  et  soi- 
gnées. 

Il  est  un  chapitre  que  nous  désirons  signaler  d'une  façon 
toute  particulière.  C'est  celui  —  ou  plutôt  ceux  —  où  il  est 
question  du  cancer  de  la  langue.  C'est,  et  de  beaucoup,  la 
partie  que  l'auteur  a  le  plus  développée.  En  cela  un  chi- 
rurgien ne  peut  que  l'approuver,  et  l'approuver  d'autant 
plus  que  c'est,  à  notre  connaissance,  l'enaroil  où  Tétude  de 
celte  maladie  si  fréquente  est  le  mieux  faite,  surtout  si  l'on 
se  place  au  point  de  vue  thérapeutique.  Les  divers  procé- 
dés opératoires  et  leurs  indications  sont  décrits  avec  grand 
soin:  les  accidents  et  le  traitement  post-opératoires  sont 
traités  en  détail  ;  la  thérapeutique  palliative  est  l'objet  d'un 
paragraphe  important. 

En  somme,  le  meilleur  éloge  que  nous  puissions  faire 
de  ce  livre  est  le  suivant  :  nous  avons  eu,  il  y  a  quelques 
mois,  à  étudier  d'une  manière  spéciale  les  maladies  de  la 
langue  et  nous  avons  eu  largement  à  puiser  dans  le  traité 
de  Butlin.  Nous  pensons  donc  que  M.  Douglas  Aigre  aura 
rendu  service  en  mettant  ce  livre  important  à  la  portée  de 
ceux  qui  ignorent  l'anglais.  Sa  traduction  est  claire  et  le 
style  en  est  net.  Mais  nous  sera-t-il  permis  d'adresser  à 
l'édition  française  une  légère  critique?  Pourquoi  avoir  sup- 
primé les  quelques  pages  qui  terminent  l'édition  anglaise 
et  dans  lesquelles  Butlin  donne  les  principales  indications 
bibliographiques?  Ces  indications  sont  sobres;  elles  ne 
portent  que  sur  les  travaux  principaux;  elles  sont  pour  la 
plupart  précises  et  (nous  le  disons  pour  en  avoir  vérifié  la 
majeure  partie)  d'une  exactitude  rigoureuse.  Or,  n'est-il 
pas  précieux  d'avoir  un  guide  de  ce  genre  lorsque  l'on  veut 
approfondir  une  étude? 

A.  Broca. 


Contribution  a  l'étude  des  syphilis  graves  précoces,  par 
M.  le  doteur  G.  Baudouin,  ancien  interne  des  hôpitaux. 
In-8«  de  212  pages.  —  Sheinheil,  1889. 

On  considère  généralement  la  syphilis  comme  une  maladie 
dont  révolution  se  divise  en  trois  périodes  :  celle  des  accidents 
primitifs,  celles  des  accidents  secondaires  et  des  accidents  ter- 
tiaires. C'est  ce  que  ilicord  appelait  une  maladie  hiérarchique. 

Ces  périodes  sont  ordinairement  séparées  par  des  intervalles 
inégaux. 

l?inlervalle  qui  existe  entre  la  période. .primitive  et  la 
période  secondaire  étant  approximativement  de  quarante-cinq 
jours,  la  deuxième  période  peut  se  prolonger  de  deux  à  cinq 
ans,  tandis  que  la  période  tertiaire,  débutant  de  la  troisième  à 
la  cinquième  année,  persiste  en  quelque  sorte  indéfiniment, 
mettant  toujours  en  péril  la  vie  du  malade. 

Dans  l'intervalle  de  ces  étapes,  le  syphilitic^ue  peut  présenter 
les  apparences  de  la  santé,  la  maladie  procédant  chez  lui  par 
poussées  ou  décharges  successives. 

Les  accidents  secondaires,  pour  la  plupart  cutanés,  n'inté- 
ressent les  tissus  que  superficiellement,  à  rencontre  des  tertiaires 
qui  les  attaquent  plus  profondément  et  peuvent  intéresser 
tous  les  organes  profonds.  C'est  là  ce  qu'on  peut  appeler  la 
marche  ordinaire  de  la  syphilis,  qui  peut  être  bénigne  ou  en 
quelque  sorte  avortée,  ou  intense  quand  les  déterminations  en 
sont  plus  accusées. 

Dans  les  formes  graves,  la  vie  est  menacée,  soit  par  Tin- 
fluence  dépressive  que  l'intensité  des  accidents  exerce  sur  l'état 
général  (typhose  syphilitique),  soit  par  la  localisation  des  lésions 
(gommes  artérielles,  par  exemple). 

On  doit  réserver  le  nom  de  syphilis  graves  nrécoces  à  celles 
qui  se  manifestent  à  une  période  de  la  malaaie  où  on  ne  les 
observe  pas  habituellement  et  qui  sont  de  nature  à  compromettre 
la  vie  du  malade. 


392    —  N«  24  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


14  Juin  1889 


Dans  la  syphilis  raaliffne  précoce,  en  particulier,  les  périodes 
de  la  maladie  se  confondent.  Les  accidents  secondaires  ne  sont 
pas  terminés  que  déjà  les  accidents  tertiaires  apparaissent  et 
donnent  à  la  maladie  une  gravité  toute  spéciale. 

Bazin  et  sou  élève  Dubuc  (1864)  ont  principalement  signalé  les 
formes  cutanées  de  la  syphilis  maligne  et,  après  eux,  de  nom- 
breuses observations  en  ont  été  publiées. 

M.  Baudouin  décrit  sous  trois  types  principaux  ces  formes 
graves  et  précoces  de  la  syphilis  : 

1"  La  syphilis  secondaire  grave  que  caractérise  Texagé ration 
des  symptômes  généraux  de  la  période  secondaire,  principale- 
ment la  cachexie  et  Tanémie  ; 

2°  Les  syphilis  malignes  précoces,  caractérisées  par  une  infec- 
tion intense,  «liguë,  avec  manifestationi  graves  du  côté  des 
téguments  et  des  viscères  ; 

3**  Les  syphilis  viscérales  précoces  dans  lesquelles  la  diathèse 

Sroduit  d'emblée,  et  souvent  sans  phénomènes  graves  antérieurs, 
es  déterminations  viscérales  oui,  dans  les  formes  normales  de 
la  maladie,  ne  surviennent  qu'a  une  époque  tardive. 

Les  syphilis  graves  précoces  atteignent  surtout  les  individus 
affaiblis,  les  alcooliques,  les  scrofulo-tuherculeux,  les  orga- 
nismes déprimés  par  quelque  cause  que  ce  soit. 

Les  observations  sur  lesquelles  M.  Baudouin  appuie  les  con- 
clusions de  son  travail  sont  au  nombre  de  105. 

On  conçoit  qu'avec  une  pareille  masse  de  faits  dans  lesquels 
figurent  toutes  les  manifestations  de  la  syphilis,  où  toutes  les 
observations  sont  analysées  avec  le  plus  grand  soin,  Tauteur  ait 
pu  donnera  son  œuvre  une  importance  exceptionnelle  qui  justifie 
fa  faveur  avec  laquelle  elle  a  été  accueillie  par  la  Faculté. 

Nous  trouvons  à  la  fin  de  ce  travail  un  intéressant  tableau 
indiquant  la  statistique  de  Tépoque  d'apparition  du  tertiarisme  à 
partir  du  début  de  la  syphilis  chez  Thomme. 

On  voit  dans  ce  tableau  que  c'est  dans  la  troisième  année  de 
la  maladie  que  les  accidents  tertiaires  apjjaraissent  le  plus  fré- 
quemment. La  deuxième  année  vient  ensuite,  puis  la  quatrième 
et  la  cinquième.  Les  cas  vont  ensuite  en  décroissant,  mais  en 

Présentant  une  fréquence  exceptionnelle  pour  la  dixième  année, 
m  voit  enfin  des  cas  très  rares  où  le   tertiarisme  attend  pour' 
apparaître  la  cinquante-deuxième  et  même  la  cinquante-qua- 
trième année. 

Quant  au  pronostic,  il  est  toujours  sérieux  dans  la  syphilis. 
Les  formes  les  plus  bénignes,  au  début,  réservent  quelquefois 
au  malade  les  surprises  les  plus  désagréables. 

Quand  la  syphilis  a  amené  une  dénutrition  considérable, 
surtout  chez  les  vieillards,  elle  doit  être  considérée  comme  par- 
ticulièrement grave  en  raison  des  imminences  morbides  qu  elle 
crée,  des  lésions  viscérales  qu'elle  peut  déterminer.  Aussi  la 
thérapeutique  doit-elle  être  active,  spécifique  et  reconstituante, 
c  dans  le  triple  but  de  guérir  les  manifestations  diverses  de  la 
diathèse,  d'en  prévenir  le  retour  dans  la  mesure  du  possible,  et 
de  donner  à  l'organisme  les  moyens  de  résister  à  de  nouvelles 
poussées  infectieuses  i. 


Essai  sur  les  polyuries  albuminchioues  d'ohigine  nerveuse, 
par  M.  Fessez. 

Travail  inaugural  où  l'auteur  étudie  la  pathogénie  des  né- 
phrites dites  primitives.  L'albuminurie  des  animaux  vernissés, 
les  néphrites  consécutives  aux  vastes  brûlures  ou  à  un  refroi- 
dissement pendant  la  desquamation  des  fièvres  éruptives  sont 
dues  à  des  troubles  vaso-moleurs  des  reins,  amenés  d'une  ma- 
nière réflexe  par  l'excitation  cutanée.  Les  recherches  de  ces 
derniers  temps  ont  établi  que  les  vaso-moteurs  du  rein  pro- 
viennent du  bulbe  et  suivent  deux  voies  distinctes  :  les  uns, 
vaso-dilatateurs,  suivent  le  trajet  des  nerfs  splanchniques,  dont 
l'excitation  périphérique  amène  la  congestion  des  reins  ;  les 
autres,  vaso-constricteurs,  passent  dans  le  tronc  du  pneumo- 
gastric{ue  dont  l'excitation  périphéric|ue  amène  un  arrêt  de  la 
sécrétion  urinaire.  Des  expériences  récentes  ont  montré  aue  la 
névrite  des  nerfs  vagues  peut  entraîner  les  lésions  de  la  né- 
phrite interstitielle,  et  que  les  animaux  en  expérience  ont  pré- 
senté comme  symptômes  principaux  de  la  polyurie,  de  Talbu- 
minurie  et  des  palpitations. 

L'auteur  publie  un  certain  nombre  d'observations  de  malades 

Ï ►résentant  clés  états  morbides  identiques  à  ceux  observés  chez 
es  animaux  porteurs  de  ces  lésions  nerveuses.  On  peut  donc 
admettre  que  des  troubles  vaso-moteurs  permanents  du  rein,  sous 


la  déoendance  du  pneumogastrique,  peuvent  entraîner  dis 
désorures  dans  la  sécrétion  rénale  et  aboutir  à  la  néphrite  chro- 
nique du  mal  de  Bright. 


VARIÉTÉS 

Concours  d'agrégation  (Anatowt^,  Physiologie).  —  Sont 
nommés  : 

Faculté  de  Paris,  —  (Ànatomie)  M.  Retlerer  ;  (Physiologie) 
M.  Gley. 

Faculté  de  Montpellier.  —  (Physiologie)  M.  Hédon. 

Faculté  de  Lyon.  —  (Physiologie)  M.  Vialleton. 

Faculté  de  Lille.  —  (Physiologie)  M.  Meyer. 

Inspectorat  des  eaux  minérales.  —  Un  décret  spécial  sup- 
prime rinspcctorat  médical  d'Aix-les-Bains  (Savoie). 

Prophylaxie  des  maladies  contagieuses  a  Lyon.  —  Le  maire 
de  Lyon  a  pris  les  mesures  suivantes  pour  prévenir  l'extension 
des  maladies  contap^ieuses  dans  cette  ville,  notamment  (h' 
la  variole,  de  la  diphthérie,  de  la  scarlatine,  de  la  lirvre 
typhoïde,  etc. 

En  s'appuyant  sur  l'article  99  de  la  loi  municipale  du  5  avril 
1884  il  a  prescrit  la  déclaration  de  ces  affections»  soit  par  h  s 
parents  ou  autres  personnes  ayant  la  garde  des  malades,  soit, 
a  leur  défaut,  par  les  habitants  de  la  maison  ou  les  voisins. 

Les  familles,  en  cas  de  maladie,  doivent  prendre  les  mesures 
de  désinfection  prescrites;  d'ailleurs,  l'administration  munici- 
pale met  à  leur  disposition  les  moyens  de  désinfection  (éluvps, 
liquides  désinfectants,  etc.),  et  se  charge  de  les  appliquer  gra- 
tuitement toutes  les  fois  que  les  intéressés  n'en  peuvent  faire 
les  frais. 

Les  familles  ont  le  droit  de  procéder  à  la  désinfection  par  un 
personnel  choisi  par  elles  ;  mais  dans  ce  cas  elles  doivent  en 
prévenir  l'administration  et  présenter  un  certificat  du  médecin 
traitant,  constatant  qu'il  se  charge  de  surveiller  et  de  diriger 
l'exécution  de  ces  opérations  hygiéniaues.  Il  est,  d'autre  prt, 
expressément  interdit  de  vendre  des  onjets  de  literie,  de  livrer 
aux  blanchisseurs  le  linge  et  les  vêtements  des  malades  sans 
que  ces  objets  aient  été  préalablement  désinfectés. 

L'arrêté  du  maire  de  Lyon  prévient  les  personnes  qui  n'au- 
ront pas  fait  les  déclarations  prescrites  qu'elles  sont  civilemeut 
responsables  de  leur  négligence,  sans  préjudice  des  procès- 
verbaux  de  contravention  qui  pourraient  être  dressés  contre 
elles. 

Distinctions  honorifiques.  —  Notre  collaborateur  et  ami 
M.  le  docteur  Lubelski  (de  Varsovie)  vient  d'être  nommé  com- 
mandeur de  l'ordre  du  Lion  et  du  Soleil  de  Perse. 


Mortalité  a    Paris  (!22«   semaine,  du  26  mai  au   i*'  juin 
1889.  — l'opulation:  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  17. 

—  Variole,  3.  —  Rougeole,  13.  —  Scarlatine,  9.  —  Coque- 
luche, 7.  —  Diphthérie,  croup,  33.  —  Choléra,  0.  —  Phthisic 
pulmonaire,  166.  —  Autres  tuberculoses,  18.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  39;  autres,  6 .  —  Méningite,  31.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  iO.  —  Paralysie,  7.  — 
Hamollisseraent  cérébral,  8.  —  Maladies  organiques  du  cœur,  i."^. 

—  Bronchite  aiguë,  22.  —  Broncliite  chronique,  34.  —  Broncho- 

Eneumonie,  23.  — Pneumonie,  35.  —  Gastro-entérite:  sein,  15; 
iberon,  35.  —  Autres  diarrhées,  4.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, i.  — Autres  affections  puerpérales,  1.  —  Débilité  con- 
génitale, 25.  —  Sénilité,  30.  —  Suicides,  25.  —  Autres  morts 
violentes,  13.  —  Autres  causes  de  mort,  163.  —  Causes 
inconnues,  13.  —  Total:  884. 


OUVRAGES  DÉPOSES  AU  BUREAU  DU  JOURNAL 

Dictionnaire  abrégé  des  sciencet  phytiqtut  et  natureUet,  par  H.  Ed.  Thcvoma. 
revu  par  M.  H.  de  Varigny,  docteur  es  sciences.  1  fort  vol.  in-lî  de  630  p»!?'-**' 
imprimé  sur  deux  colonnes,  cartonné  à  l'anglaise.  Paris.  F.  Alcan.  *^  "' 


G.  Masson,  Proprietaire-Gerant. 


19355.  —  MoTTgRoz.  >-  Imprimeries  réunies.  A,  rue  Mignon,  S.  P"^' 


TREim-sixiftiiB  invÈs 


N*2S 


21  JciN  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 

PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D'  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 

MM.  P.  BUCHEZ.  E.  BRISSAUD.  6.  DIEULAFDY,  DREYFUS-BRISAC,  FRARCOIS-FRARCK,  A.  HÉROCQUE,  A-J.  MARTIR.  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  &  M.  Lkreboullet,  4>i,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRB.  —  Bulletin.  Hyf^ènede  Varméo.  —Clinique  CHiRuncrcALB.  Lc« 
riidflurs  articulaires.  —  FoitMiTLAiRE  thérapeutique.  Du  traitement  dos  don- 
l«^ura  prurigineutos  pnr  lo  mcntbol.  —  RgvuB  dks  cours  et  des  cliniques. 
Faculté  de  médeciDe  de  Lyon.  Clinique  de  rAiilii|uaiUe  :  M.  le  profeaMur  Gail- 
leton. —Travaux  ORiaiNAUX.  Clinique  médicale  :  Sur  la  pathogcnie  du  tétanra 
dans  les  régions  tropicales.  —  Revue  des  Congrès.  Réunion  des  Socicli^ 
savantes  à  Paris.  —  SociÉris  savantes.  Académie  de  médecine.  —  Société 
médicale  des  hôpitaux.  —  Société  de  chirurgie.  —  Société  de  biologie.  —  Su- 
ciclé  de  tbérapeuiique.  —Revue  des  journaux.  Thérapeutique.  —  Biblioara- 
PHIB.  De  la  prothèse  immédiate  appliquée  à  la  réseclion  des  maxillaires.—  Petit 
allas  photographique  du  système  nerveux.  —  Variétés. 


BULLETIN 

Paris,  10  juin  1889. 
■7irl^*«  de  l'armée. 

Le  rapport  que  M.  le  ministre  de  la  guerre  vient  d'a- 
dresser à  H.  le  Président  de  la  République,  et  dont  nous 
reproduisons  ci-dessous  les  principales  parties,  présente  un 
double  intérêt.  11  affirme  les  progrès  accomplis  par  nos 
confrères  de  Tarmée  et  en  particulier  par  les  maîtres  émi- 
nents  qui,  depuis  plusieurs  années  déjà,  se  sont  consacrés  à 
l'enseignement  et  au  perfectionnement  de  Thygiène  ;  il 
montre  la  sollicitude  du  commandement  pour  le  bien-être 
du  soldat. 

Appelés  à  étudier  sous  toutes  leurs  faces  les  questions 
diverses  qui  doivent  préoccuper  le  médecin  d'armée,  ctous 
les  membres  du  corps  de  santé,  dit  le  ministre,  ont  rivalisé 
lie  zèle  et  plusieurs  ont  produit  des  rapports  qui  sont  de 
vériiables  monuments  scientifiques  >.  Les  analyses  bacté- 
riologiques exécutées  au  Val-de-Grâce  ont  démontré  que  les 
problèmes  les  plus  complexes  et  les  plus  scientifiques 
peuvent  être  résolus  par  les  professeurs  et  les  agrégés  de 
notre  première  école  militaire.  Les  études  faites  sur  Tétio- 
logie  de  la  fièvre  typboide,  et  en  particulier  sur  l'influence 
exercée  par  les  centres  urbains  sur  le  milieu  militaire^ 
sont  Téclatante  confirmation  des  doctrines  épidémiologiques 
que  M.  le  professeur  L.  Colin,  aujourd'hui  médecin  inspec- 
teur général  de  l'armée,  avait  exposées  en  1876  devant 
l'Académie  de  médecine  {Gaz.  hebd.j  1876,  p.  629  et  641). 
Ex  c*est  aux  travaux  d'hygiène  générale  et  spéciale,  dévelop- 
pés avec  tant  de  compétence  et  de  talent  dans  la  Rerue 
(fhygiène  de  M.  Vallin  que  l'on  a  emprunté  la  plupart  des 
conclusions  de  ce  remarquable  rapport. 

Il  n'était  que  juste  de  faire  ressortir  ce  qu'ont  réalisé  pour 
l'amélioration  de  l'état  sanitaire  de  l'armée  les  maîtres  du 
VaUdeGrâce;  mais  il  convient  ensuite  et  surtout  de  louer 
sans  réserves  les  membres  du  Comité  technique  de  santé  et 
les  médecins  laborieux  qui,  sous  la  direction  de  M.  le 
i*  Sêrir  t.  XXYI. 


médecin-inspecteur  Dujardin-Beaumetz,  ont  provoqué  les 
rapports  de  leurs  collègues  et  indiqué  au  ministre  les 
mesures  à  prendre  pour  arriver  à  faire  prévaloir,  dans  tous 
les  établissements  militaires,  les  règles  d'hygiène  et  de 
salubrité  qui  abaisseront  de  plus  en  plus  la  mortalité  de  nos 
armées  et  assureront  le  bien-être  des  soldats. 

Dès  les  premières  lignes  du  rapport  annuel  sur  l'hygiène 
de  l'armée,  M.  le  ministre  de  la  guerre  constate  que  la 
niorlalité  militaire  en  temps  de  paix,  qui  était,  en  1870,  de 
12  pour  1000,  s'est  abaissée  au-dessous  de  8  pour  1000. 

D'après  les  travaux  statistiques  établis  par  les  soins  du 
service  de  santé,  la  maladie  qui  fait  les  plus  grands  ravages 
parmi  la  troupe  est  toujours  la  fièvre  typhoïde.  En  treize 
ans,  de  1875  à  1887,  elle  a  atteint  141  648  hommes  et  en- 
traîné 21 116  décès.  Pendant  cette  même  période,  elle  n'en- 
levait à  la  population  civile  qu'une  proportion  environ  sept 
fois  moindre,  malgré  les  conditions  défavorables  dans  les- 
quelles vit  une  partie  de  cette  population.  L'excès  de  la 
mortalité  chez  la  troupe  tient  évidemment  au  rassemble- 
ment, qui  rend  la  contagion  plus  facile,  et  aussi,  il  faut 
bien  le  dire,  à  des  conditions  défectueuses  d'installation. 

Les  circonstances  qui  amènent  l'éclosion  et  favorisent  le 
développement  de  la  fièvre  typhoïde  sont  principalement  : 
la  mauvaise  qualité  des  eaux  d'alimentation,  la  contamina- 
tion du  sol  par  les  égouts,  les  fosses  d'aisances  et  autres 
dépôts  de  matières  putrescibles,  et  enfin  la  mauvaise  instal- 
lation des  cabinets  d'aisances. 

A  la  suite  d'une  enquête  prescrite  dans  tous  les  corps 
d'armée  par  le  ministre  de  la  guerre,  et  dirigée  par  le 
médecin-inspecteur  Dujardin-Beaumetz,  des  échantillons 
d'eaux  empruntés  à  nos  divers  établissements  militaires, 
depuis  les  vastes  casernes  de  Paris  jusqu'aux  forts  perdus 
dans  les  montagnes,  ont  été  centralisés  au  Val-de-Gràce  et 
dans  quelques  grandes  villes,  et  analysés  d'après  les  mé- 
thodes les  plus  récentes.  Ces  analyses  ont  permis  de  classer 
nos  établissements  en  trois  catégories  : 

i'*  Ceux  qui  reçoivent  des  eaux  reconnues  bonnes,  quelle  que 
soit  leur  provenance,  pour  les  usages  domestiques; 

2»  Ceux  qui  emploient  des  eaux  naturellement  défectueuses, 
mais  dont  la  qualité  paraît  avoir  été  suffisamment  améliorée  par 
le  filtrage  ; 

3"  Ceux  qui  consomment  des  eaux  mauvaises  a  des  degnVs 
divers. 

C'est  pour  ces  derniers  particulièrement  que  les  analyses  du 
Val-de-Grâce  ont  fourni  des  résultats  intéressants,  et  en  bien 
des  cas,  affligeants.  Les  méthodes  bactériologiques  ont  permis 


30i    -  N«  25  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


i\  Jiîiif  1889 


(le  constater  que  ces  eaux  renferment  toujours  des  quantités 
considérables  de  microbes  nuisibles^,  et  fréquemment  le  bacille 
de  la  lièvre  typlioîde  en  proportion  menaçante.  On  a  pu  presque 
suivre  Thistoire  de  la  fièvre  typhoïde  dans  nos  établissements, 
d'après  la  classification  des  eaux  alimentaires. 

Pour  porter  renfiède  au  mal,  on  s'est  efforcé,  gfâce  aux 
fonds  spéciaux  alloués  au  budget  extraordinaire  de  1889, 
d'entreprendre  dans  trente-neuf  villes  des  travaux  d'adduc- 
tion d'eaux  de  source,  et  de  satisfaire  ainsi  aux  vœux  si 
souvent  exprimés  par  MM.  L.  Colin  et  Vallrn.  A  Paris,  depuis 
le  mois  de  mars,  tous  les  établissements  militaires  reçoivent 
Teau  de  la  Dhuys  çt  de  la  Vanne.  On  espère  voir  ainsi  pro- 
chainement se  généraliser  ce  qui  a  élé  observé  à  la  caserne 
des  sapeurs-pompiers,  qui,  mise  antérieurement  en  posses- 
sion d'eau  de  source,  a  vu  tout  d'un  coup  les  ravages  de  la 
fièvre  typhoïde  diminuer  dans  la  proportion  des  cinq  hui- 
tièmes. 

Dans  d'autres  localités  ne  jouissant  pas  d'une  distribution 
d'eau  pure,  on  a  recouru  provisoirement  au  filtrage.  A  Paris, 
à  Lille,  à  Lyon,  à  Montpellier  et  à  Bordeaux,  des  commis- 
sions médicales  ont  élé  instituées  pour  l'examen  des  diffé- 
rents systèmes  qu'il  conviendrait  d'adopter.  Vingt-quatre 
établissements  militaires  sont  déjà  dotés  d'appareils  dont 
les  résultats  ont  paru  très  satisfaisants. 

Partout  d'ailleurs  où  l'analyse  bactériologique  a  fait 
reconnaître  que  l'eau  était  préjudiciable  à  la  santé  des 
hommes,  en  attendant  que  des  filtres  aient  pu  être  installés, 
son  emploi  a  été  interdit,  et  les  puits  et  les  pompes  ont  été 
mis  hors  d'état  de  servir.  Là  où  il  n'a  pas  été  possible 
d'aller  au  dehorg  chercher  l'eau  à  une  bonne  source 
reconnue  pure,  on  a  eu  recours  à  l'ébullition  pour  détruire 
les  germes  morbides.  Ce  moyen  n'est,  bien  entendu,  que 
passager,  et  les  plus  grands  efforts  seront  faits  pour  aboutir 
à  des  solutions  définitives. 

En  même  temps  qu'elle  procédait  à  cette  enquête  géné- 
rale sur  les  eaux,  la  direction  du  ser\'ice  de  santé  réunissait 
des  renseignements  non  moins  utiles  sur  l'état  des  fosses 
d'aisances  et  sur  les  procédés  de  vidange  en  usage  dans 
nos  garnisons.  Presque  partout  il  a  été  constaté  que  l'emploi 
(les  fosses  fixes  laisse  beaucoup  à  désirer.  Elles  restent 
rarement  étancheset  les  liquides  gagnent  peu  à  peu  le  sol 
environnant.  Quant  aux  latrines  établies  sur  ces  fosses,  elles 
sont  généralement  un  foyer  d»  dégagements  infects.  On  a 
donc  prescrit  de  substituer  aux  fosses  fixes  le  système  des 
tinettes  mobiles  partout  où  l'on  ne  peut  établir  le  c  tout  à 
Tégoul  ». 

Déjà  le  système  des  tinettes  mobiles  fonctionne  d'une 
manière  avantageuse  dans  plusieurs  corps  d'armée. 

Mais  ces  améliorations,  il  faut  le  reconnaître,  ne  résou- 
dront pas  complètement  la  question  de  la  fièvre  typhoïde. 
L'hygiène  des  établissements  militaires  est  intimement  liée 
M  celle  des  villes  elles-mêmes.  Tant  que  celles-ci  ne  seront 
pas  mises,  par  un  système  de  travaux  raisonnes,  à  l'abri  du 
ti'rrible  fléau,  nos  troupes  resteront  exposées  à  la  contagion. 
Aussi  M.  l'inspecteur  général  Colin  conclut-il  rationnelle- 
mont,  avec  M.  le  professeur  Brouardel,  que  l'assainissement 
d('s  centres  urbains,  au  point  de  vue  notamment  de  Tex- 
tinction  de  la  fièvre  typhoïde,  est  devenu  «  une  œuvre 
nationale  ». 

L'exemple  du  bien  que  peut  réaliser  dans  l'armée  la 
généralisation  d'une  mesure  prophylactique  s'affirme  de 
plus  en  plus  chaque  année  en  ce  qui  concerne  la  variole.  On 
voit  maintenant,  non  seulement  en  France,  mais  en  Algérie, 


en  Tunisie  et  au  Tonkin,  l'armée  protégée  par  la  stricte 
application  de  la  re vaccination  obligatoire  et  rester  indemne 
au  milieu  des  populations  ravagées  par  cette  affreuse  mala- 
die. En  1877,  le  chiffre  des  varioleux  militaires  était  encore 
de  1042;  il  est  tombé  à  une  moyenne  de  242  pendant  ces 
quatre  dernières  années;  le  nombre  des  décès  s'est  abaissé 
(le  92  à  16;  et  encore  est-il  prouTé  que  ce  sont  les  réser- 
vistes qui  ont  importé  la  maladie. 

Le  ministre  fait  ensuite  connaître  les  p^escription^ 
récentes  que  nous  avons  déjà  signalées (1887,  p.  369  et  1881). 
p.  249),  relativement  à  la  vaccination  et  à  la  revaccination. 

Le  danger  dont  les  épidémies  civiles  menacent  con- 
stamment l'armée,  ajoute-t-il,  est  bien  plus  grave  qu'on  ne 
croit  généralement  et  ne  se  réduit  pas  à  la  fièvre  typhoïde 
et  à  la  variole.  Plus  nous  allons,  plus  certaines  manifesta- 
tions épidémiques  sont  fréquentes  dans  les  casernements, 
et  ce  n'est  pas  dans  l'armée  qu'elles  prennent  naissance. 
L'appel,  toujours  renouvelé,  des  réservistes,  des  territo- 
riaux, des  dispensés,  des  hommes  c  à  la  disposition  i, 
apporte  incessamment  dans  les  casernes  les  germes  mor- 
bides qui  existent  en  permanence  dans  la  population  civile 
de  tons  les  âges.  Les  épidémies  de  rougeole,  de  scarlatine, 
d'oreillons,  de  diphthérie,  rares  autrefois  dans  la  troupe, 
sont  d'une  fréquence  dont  le  commandement  se  préopcu|ie 
et  s'alarme  à  juste  titre.  On  ne  saurait  d'ailleurs  mécon- 
naître que  les  soldats,  quittant  les  foyers  épidémiques  mili- 
taires pour  se  rendre  dans  leurs  familles,  ne  fassent  courir 
à  celles-ci  les  chances  de  la  contagion.  Aussi  cherche-l-ou 
à  rendre  la  protection  réciproque  de&  deux  population> 
civile  et  militaire  aussi  efficace  que  possible.  Dès  mainte- 
nant, les  renseignements  les  plus  précis  s'échangeront  sur 
place  entre  les  autorités,  de  manière  que  les  mesures  com- 
mandées par  les  circonstances  puissent  être  prises  en  temps 
utile. 

Les  procédés  de  désinfection  sont  mis  en  œuvre  par  l'ad- 
ministration de  la  guerre  sur  la  plus  large  échelle.  Parloul 
où  se  produit  un  cas  isolé  de  maladie  Iranemissible,  la  lite- 
rie du  malade,  ses  vêtements,  sa  chambre  sont  immédiate- 
ment soumis  à  l'action  des  vapeurs  sulfureuses  ;  si  les  cas 
de  maladie  se  multiplient,  la  désinfection  est  étendue  à 
tout  le  casernement  et  aux  vêtements  de  toute  nature  qui 
constituent  les  magasins  de  compagnie.  Le  comité  de  santé 
étudie  en  ce  moment  un  procédé  au  moyen  du  bichlorure 
de  mercure,  qui  est,  on  le  sait,  le  désinfectant  le  pliiî^  sur 
et  le  plus  actif.  L'an  dernier,  l'hôpital  du  Val-de-GrIïce  el 
les  l»*^,  6%  11*  et  15*  corps  ont  été  dotés  de  six  étuv*»à 
vapegr  sous  pression,  qui  développent  une  chaleur  «ie 
120  degrés.  Plusieurs  autres  corps  d'armée  recevront  celte 
année  soit  ces  étuves,  soit  les  appareils  qui,  figurant  à  TEx- 
posilion  universelle,  seront  jugés  être  à  la  fois  les  plus 
simples  et  les  plus  économiques  comme  les  plus  efficaces. 

Enfin  les  comités  du  génie  et  de  santé  étudient  les  plans 
d'ensemble  à  adopter  pour  les  casernements  des  différpnle> 
armes,  pour  l'installation  des  divers  services,  afin  que  tous 
les  bâtiments  que  l'on  élèvera  désormais  répondent  aux 
données  les  plus  certaines  de  l'hygiène.  Déjà,  presque  par- 
tout, fonctionne  un  service  de  douches  froides  ou  tièil^s 
selon  la  saison,  si  nécessaires  à  l'entretien  de  la  propreté 
corporelle;  presque  partout  aussi  les  hommes  ont  cessé  Je 
manger  dans  les  chambrées,  el  prennent  leurs  repas  dans 
des  réfectoires,  au  grand  avantage  de  l'hygiène  et  de  U 
bonne  tenue  des  locaux.  Des  tentes  et  des  baraques  démon- 
tables permettent  au  service  de  santé  de  pourvoira  l'isoh'- 


m  Juin  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIKE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N^  25  —    395 


ment  des  malades,  dans  des  conditions  réellement  hospita- 
lières, si  une  épidémie  oblige  la  troupe  à  camper  loin  d'un 
hôpital  mixte  ou  militaire.  Les  procédés  antiseptiques  aux- 
quels la  chirurgie  actuelle  doit  une  partie  de  ses  succès 
sont  partout  en  usage  maintenant,  soit  dans  les  infirmeries 
régimentaires,  soit  dans  nos  hôpitaux;  le  nouveau  matériel 
qu'ils  exigent  est  assuré,  en  garnison  comme  pour  le  ser- 
vire  de  guerre,  par  les  crédits  récemment  votés  par  les 
Chambres.  La  nouvelle  nomenclature  du  matériel  du  ser- 
vice de  santé  procure  aux  malades  les  moyens  de  traitement 
les  plus  perfectionnés,  les  médicaments  nouveaux  les  plus 
efficaces.  Une  instruction  médicale  à  l'usage  des  petits 
postes  dépourvus  de  médecin,  comme  il  arrive  nécessaire- 
ment dans  les  forts  en  France  et  dans  les  détachements  en 
Algérie,  instruction  analogue  à  celle  qui  a  été  et  est  encore 
si  utile  au  corps  d'occupation  du  Tonkin,  est  actuellement 
en  préparation  et  sera  bientôt  distribuée. 

-  Dans  la  dernière  séance  de  rAcadéinie  des  sciences, 
M.  le  professeur  A.  (lautier,  dont  tous  nos  lecteurs  connais- 
sent les  beaux  travaux  de  chimie  biologique,  a  été  élu 
membre  titulaire  en  remplacement  de  M.  Chevreul. 


CLINIQUE  CHIRURGICALE 

Le«  raideurs  art leul aires. 

Les  raideurs  articulaires  sont  parmi  les  lésions  que  le  chi- 
rurgien observe  le  plus  souvent  et  contre  lesquelles  il  est 
le  mieux  armé.  Mais,  si  le  traitement  n'est  pas  dirigé  avec 
précision  et  sagacité,  l'infirmité,  d'abord  légère  et  curable, 
s'aggravera  peu  à  peu  et  deviendra  définitive.  Il  est  donc  du 
plus  haut  intérêt  d'étudier  avec  soin  tout  ce  qui  est  afférent 
à  cette  question. 

Ces  études  sont  déjà  anciennes,  populaires  même  ;  n'est- 
ce  point  sur  les  raideurs  que  les  empiriques  et  les  rebou- 
teurs  ont  eu  leurs  plus  beaux  succès?  Mais  les  données  à  la 
fois  scientifiques  et  pratiques  sur  ce  point  ne  remontent 
qu'à  Malgaigne.  Depuis  les  leçons  d'orthopédie  que 
MM.  Guyon  et  Panas  ont  publiées  d'après  l'enseignement 
de  ce  maître  éminent,  le  sujet  a  fixé  l'attention  de  tous  les 
chirurgiens.  On  n'a  d'ailleurs  pas  ajouté  grand'chose  à  la 
description  initiale,  mais  on  s'est  peu  à  peu  familiarisé  avec 
les  principes  thérapeutiques  formulés  par  Malgaigne. 

La  vulgarisation  n'est  peut-être  pas  encore  suffisante,  et, 
dans  le  chapitre  consacré  à  l'ankylose,  nos  livres  classiques 
principaux  se  bornent  à  une  courte  mention  sur  les 
raideurs.  D'autre  part,  les  leçons  de  Malgaigne  ne  présen- 
tent pas  un  tableau  d'ensemble;  c'est  à  propos  de  chaque 
articulation  en  particulier  que  les  faits  relatifs  aux  raideurs 
de  cette  articulation  sont  passés  en  revue.  Il  ne  sera  donc 
peut-être  pas  inutile  de  tracer  une  description  générale. 
C'est  ce  que  nous  allons  tâcher  de  faire,  d'après  une  leçon 
récente  du  professeur  Guyon. 

I 

Avant  d'entrer  dans  le  vif  du  sujet,  il  faut  en  préciser  les 
termes,  c'est-à-dire  définir  l'ankylose,  et  établir  en  quel  rang 
on  doit  y  placer  les  raideurs. 

L'ankylose  est  une  terminaison  à  laquelle  peuvent  aboutir 
à  peu  près  toutes  les  maladies  articulaires.  Elle  en  est 


même,  souvent,  un  mode  de  guérison  et  l'on  peut  la  com- 
parer à  une  cicatrice;  mais  il  y  a  des  ankyloses  vicieuses, 
tout  comme  il  y  a  des  cicatrices  vicieuses  ;  et  c'est  une  des 
conditions  dans  lesquelles  le  chirurgien  est  appelé  à  inter- 
venir. Il  est  encore  un  point  sur  lequel  il  convient  d'in- 
sister: l'ankylose  est  une  terminaison,  elle  n'est  établie  que 
du  jour  où  l'arthrite  est  guérie. 

On  définira  donc  l'ankylose:  un  état  pathologique  perma- 
nent des  articulations  mobiles,  qui  est  consécutif  à  une 
maladie  articulaire  guérie  et  qui  diminue  mécaniquement 
l'étendue  des  mouvements  naturels,  ou  les  empêche  com- 
plètement. 

On  le  voit,  les  degrés  sont  nombreux,  de  la  simple 
restriction  à  l'abolition  complète  des  mouvements.  Il  est 
indispensable  d'en  tenir  compte  dans  une  classification  pra- 
tique. 

Depuis  longtemps  déjà  on  a  voulu  diviser  les  ankyloses  en 
fausses  et  vraies,  suivant  que  les  mouvements  sont,  ou  non, 
en  partie  conservés.  Ces  termes  sont  défectueux,  car  il  n'y 
a  pas  de  fausses  ankyloses:  il  y  a  des  limitations  plus  ou 
moins  importantes  des  mouvements,  et  une  limitation 
légère,  mal  traitée,  peut  aboutir  à  ce  que  l'on  appelait 
ankylose  vraie.  Mais,  si  les  termes  doivent  être  abandonnés, 
il  faut  reconnaître  qu'ils  cherchaient  à  exprimer  une  idée 
parfaitement  juste:  les  ankyloses  ne  peuvent  être  classifiées 
que  par  la  clinique.  Sans  doute,  on  a  cherché  à  se  fonder 
sur  l'état  anatomique  des  parties,  suivant  que  l'ankylose  est 
osseuse  ou  fibreuse  :  on  n'a  pas  tardé  à  se  convaincre  qu'au 
triple  point  de  vue  symptomatologi^que,  pronostique  et  thé- 
rapeutique, on  s'expose  à  des  déboires  si  l'on  se  fie  à  cette 
distinction. 

En  réalité,  et  le  professeur  Richet  y  a  insisté  dans  une 
thèse  ancienne  déjà,  la  seule  division  valable  est  la  division 
clinique  grossière  des  ankyloses  en  complètes  et  incom- 
plètes. Aux  complètes  peuvent  correspondre  des  états  ana- 
tomiques  variables.  La  soudure  pourra  être  fibreuse  aussi 
bien  qu'osseuse.  Aux  incomplètes,  cela  va  sans  dire,  n'ap- 
partiennent que  des  néoformations  fibreuses.  Parmi  elles 
cependant,  la  clinique  exige  qu'on  dislingue  deux  cas, 
suivant  que  l'ankylose  est  lâche  ou  serrée. 

Ces  divisions  seraient  cependant  insuffisantes  si  elles  ne 
tenaient  compte  que  de  la  clinique,  au  mépris  des  consta- 
tations anatomo-pathologiques.  Non  point  qu'il  faille  insister 
sur  le  diagnostic  des  soudures  fibreuses  ou  osseuses,  mais 
il  est  indispensable  de  se  demander  en  quel  état  se  trouve 
la  cavité  séreuse  de  la  jointure  atteinte.  Il  y  a  en  effet  deux 
grandes  variétés  d'ankyloses:  les  unes  sont  causées  par  des 
lésions  péri-articulaires;  les  autres,  au  contraire,  ont  leur 
origine  dans  des  soudures  intra-articulaires.  Aux  yeux  du 
praticien,  celte  notion  doit  tout  primer,  car  on  conçoit  que 
le  pronostic  et  le  traitement  seront  tout  à  fait  différents, 
suivant  que  la  cavité  articulaire  sera  à  peu  près  libre  on  au 
contraire  oblitérée. 

Or  la  classification  clinique  en  ankyloses  complètes  et 
incomplètes,  ces  dernières  étant  serrées  ou  lâches,  répon(l 
en  même  temps  aux  notions  anatomo-pathologiques  qui 
précèdent.  Faisons  abstraction  de  quelques  exceptions,  des 
soudures  osseuses  périphériques  de  l'arthrite  sèche,  des 
ankyloses  incomplètes  très  anciennes  et  abandonnées  à 
elles-mêmes  :  les  ankyloses  complètes  sont  dues  à  des 
lésions  intra-articulaires.  Les  incomplètes  lâches  sont  au 
contraire  d'origine  péri-articulaire.  Les  incomplètes  serrées 
peuvent  appartenir  à  l'une  ou  l'autre  classe,  mais  nous 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


31  JtJiN  1889 


verrons  qu'au  point  de  vue  thérapeutique  également  elles 
sont  intermédiaires  aux  deux. 

Nous  arrivons  ainsi  à  distinguer  les  ankyloses  en  péri- 
artîculairesetinlra-arliculaires.Les  premières,  lorsqu'elles 
sont  incomplètes,  ce  qui  est  à  peu  près  constant,  constituent 
les  raideurs  articulaires. 

Il 

Les  raideurs  articulaires,  nous  l'avons  déjà  dit,  ont  été 
étudiées  avec  grand  soin  par  Malgaigne,  dont  le  seul  tort  a 
été  de  les  qualifier  de  fausses  ankyloses. 

Leurs  causes  sont  au  nombre  de  deux.  L'une  est  l'arthrite, 
lorsque  son  intensité  n'est  pas  trop  grande.  L'autre  est 
l'immobilisation  prolongée.  L'une  et  l'autre,  d'ailleurs, 
s'associent  souvent.  Mais  l'immobilisation  à  elle  seule  suffit, 
à  condition  toutefois  d'être  faite  en  mauvaise  position. 

Celte  distinction  n'a  pas  toujours  été"  nette.  En  1841, 
Teissier  père  (de  Lyon)  a  publié  une  étude  remarquable 
sur  les  lésions  engendrées  dans  les  jointures  par  l'excès  de 
repos.  Épanchemenls  de  sang  et  de  sérosité,  injeclion  de  la 
synoviale  et  formation  de  fausses  membranes,  lésions  des 
cartilages,  ankylose  même,  voilà  tout  ce  que  peut  produire 
l'immobilisation  prolongée.  De  là  est  venue  l'ankylophobie 
de  certains  chirurgiens,  pour  emprunter  une  expression  à 
M.  Verneuil. 

Mais  en  1841  on  en  était  à  peine  aux  premières  re- 
cherches de  Bonnet  sur  l'influence  de  la  position  dans 
les  maladies  articulaires,  sur  l'attitude  physiologique  de 
repos.  Nos  connaissances  se  sont  peu  à  peu  perfectionnées 
et  nous  savons  aujourd'hui  que  les  articles  supportent  bien 
le  repos  prolongé,  pourvu  qu'on  les  immobilise  en  bonne 
position. 

A  tout  instant  le  praticien  trouve  l'appltcntion  de 
ces  préceptes  théoriques.  N'a-t-il  pas  tous  les  jours  à 
immobiliser  une  jointure  saine?  Un  appareil  ne  flxe-t-il 
pas  souvent  la  main  entière  alors  que  le  mal,  un  panaris 
par  exemple,  n'atteint  qu'un  seul  doigt  ?  Le  repos  du 
membre  entier  n'est-il  pas  de  règle  pour  la  plupart  des 
fractures?  Et  les  fractures  péri-articulaires  sont  encore  plus 
dangereuses  au  point  de  vue  qui  nous  occupe:  elles  se  com- 
pliquent en  effet  volontiers  d'un  léger  degré  d'arthrite.  Il 
en  est  de  même  pour  les  luxations  réduites. 

La  nature  de  Tarticulation  immobilisée  est  également  à 
prendre  en  considération;  on  n'oubliera  pas  que  les  join- 
tures les  plus  serrées  sont  celles  qui  sont  le  plus  sujettes 
aux  raideurs,  que  les  ginglymes  surtout  y  sont  prédisposés. 

Cette  simple  mention  des  deux  causes  ordinaires  des 
raideurs  suffit  pour  faire  comprendre  que  les  lésions  péri- 
articulaires  vont  être  les  plus  importantes.  On  constate,  en 
effet,  que  les  altérations  portent  avant  tout  sur  les  ligaments, 
les  tendons,  les  bourses  séreuses,  la  peau  même.  La  syno- 
viale, sans  doute,  est  souvent  atteinte,  toujours  même,  mais 
elle  l'est  peu,  surtout  dans  les  formes  qui  relèvent  de  la 
seule  immobilisation  en  position  vicieuse,  et  qui  sont,  en 
somme,  des  petites  raideurs. 

Tous  ces  tissus  subissent  une  évolution  morbide  analogue: 
dans  tous  il  y  a  raccourcissement,  rigidité  plus  ou  moins 
grande,  dus  à  une  transformation  fibreuse,  cicatricielle,  à 
une  sorte  de  sclérose. 

Les  ligaments  surtout  sont  épaissis,  feutrés,  principale- 
ment près  de  leurs  insertions;  les  plus  tendus  sont  ceux  qui 
sont  le  plus  altérés,  et  parmi  les  plus  tendus,  il  faut  citer 
les  ligaments  latéraux  des  ginglymes.  Aussi  ne  s'étonnora- 


t-on  pas  que  les  ginglymes  soient  le  type  des  articulations  à 
raideurs.  Ces  ligaments  sont  raccourcis,  et  les  études  histo- 
logiques  d'Hénocque  y  ont  révélé  une  infiltration  plastique, 
qui  peu  à  peu  évolue,  de  façon  que,  abandonnée  à  elle- 
même,  elle  tend  à  remplacer  le  tissu  fibreux  du  ligament 
normal  par  du  tissu  fibreux  inodulaire  :  aussi  bien  la  clinique 
enseigne-t-elle  qu'il  y  a  des  raideurs  que  rien  ne  guérit,  et 
dans  ces  conditions  on  n'arrive  plus,  le  scapel  à  la  main,  ;i 
délimiter  les  ligaments,  fusionnés  qu'ils  sont  dans  urie 
gangue  scléreuse,  qui  englobe  en  même  temps  les  tendons, 
les  muscles. 

Il  y  a,  en  effet,  état  cicatriciel  de  tout  le  tissu  conjonctif 
péri-articulaire,et  de  là  des  indurations,  des  brides,  que  par- 
fois il  faudra  sectionner  pour  obtenir  le  redressement.  Tout 
comme  il  est  quelquefois  indiqué  de  sectionner  les  tendons, 
dont  les  corps  musculaires  ont  subi,  du  côté  où  l'articulalion 
est  fléchie,  un  raccourcissement  qui  s'est  souvent  transformé 
en  rétraction  fibreuse.  De  même,  il  y  a  rétraction  des  plans 
aponévrotiques,  et  même  de  la  peau.  On  se  rend  comple, 
en  clinique,  de  ce  raccourcissement  de  la  peau  dans  le> 
raideurs  articulaires  des  doigts:  on  voit  alors  un  segineni 
lisse,  tendu,  où  les  plis  anormaux  ont  disparu. 

Au  milieu  de  toutes  ces  altérations,  Tappareil  de  plisse- 
ment est  le  i)lus  souvent  modifié.  C'est  à  cet  appareil  qu'a[H 
partiennent,  d'abord,  les  bourses  séreuses  péri-articulaires  ; 
or  ces  bourses  sont  fréquemment  oblitérées.  Ces  lésions  s'ob- 
servent surtout  à  l'épaule,  où  Ton  sait  qu*entre  le  deltoïde 
et  la  capsule  articulaire  il  y  a  un  système  de  bourses  séreuses 
fort  important, dont  l'utilité  physiologique  a  été  bien  mise  en 
relief  par  les  études  de  M.  Duplay  sur  la  péri-arthrile 
scapulo-humérale.  Par  transformation  fibreuse  de  ce 
système  séreux,  on  peut  arriver  à  une  ankylose  très  serrée, 
mais  bien  plus  justiciable  de  la  chirurgie  que  l'ankylose 
intra-articulaire. 

Dans  ces  cas,  il  est  vrai,  il  y  a  des  lésions  intra-articu- 
laires,  mais  M.  Duplay  a  bien  fait  voir  qu'elles  doivent  être 
mises  en  second  rang.  Elles  sont  la  règle,  d'ailleurs,  daih 
toutes  les  raideurs,  où  la  synoviale  est  épaissie,  scléreuse 
comme  les  tissus  voisins  ;  où  les  surfaces  articulaires 
n'échappent  pas  tout  à  fait  au  processus  morbide  et  cela 
en  raison  non  seulementde  l'immobilisation,  mais  aussi  en 
raison  des  modifîcations  de  la  synoviale  qui,  on  le  sait,  tient 
sous  sa  dépendance  les  phénomènes  de  la  vie  intra- 
articulaire. 

Les  lignes  précédentes  démontrent  donc  qu'il  ne  faut  pas 
prendre  au  pied  de  la  lettre  l'expression  d'ankylose  péri- 
articulaire,  et  en  conclure  que  l'intérieur  de  la  jointure  est 
normal.  Celte  intégrité  heureuse  de  la  synoviale  n'est  jamais 
absolue.  Mais  elle  est  sufflsante,  dans  bien  des  cas,  pour 
qu'on  soit  en  droit  d'espérer  le  retour  à  l'état  normal, 
physiologiquement  au  moins.  Ailleurs,  au  contraire,  ra/f'- 
culation  est  plus  compromise,  et  l'on  est  sur  le  chemin  de 
l'ankylose  complète.  La  première  catégorie  de  faits  con- 
stitue les  petites  raideurs  de  Malgaigne  ;  les  grandes 
raideurs  répondent  à  la  deuxième. 

C'est  donc  du  degré  des  lésions  propres  de  la  jointure  que 
dépend  le  degré  de  la  raideur.  Or  le  traitement  ne  sera 
efficace  que  si  l'on  fait  un  diagnostic  précis  entre  les  grandes 
et    les    petites    raideurs.    Comment    donc    arriver  à  en 


diagnostic? 


III 


Si  l'on  se  bornait  à  l'examen  actuel  du  malade,  on  arri- 
verait difficilement  à  poser  ce  diagnostic;  les  symptômes 


^l  Juin  i889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRï;  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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sont  en  effet  identiques  dans  les  deux  variétés.  Il  ne  faut 
même  pas  croire  que  la  limitation  des  mouvemenls  soit 
toujours  plus  étroite  dans  les  grandes  raideurs  que  dans  les 
petites.  Dîx'ns  les  deux,  les  mouvements  spontanés  sont  à 
peu  près  impossibles  et  Tarticulalion  malade  est  suppléée 
par  ses  voisines  ;  pour  Tépaule,  par  exemple,  les  mouve- 
ments du  liras  provoquent  le  basculement  immédiat  de 
Fomoplale.  Les  mouvements  communiqués  sont  possibles 
dans  une  certaine  étendue,  et  la  mobilisation,  indolente 
jusque-là,  s'accompagne,  à  partir  de  ce  point,  d'une  douleur 
extrêmement  vive,  arrachant  des  cris  au  malade,  pouvant 
provoquer  la  syncope.  Hais  cette  douleur  si  intense  s'éva- 
nouit rapidement;  au  bout  de  quelques  instants,  il  n'en  est 
plus  question.  Cette  douleur,  elle  aussi,  est  identique  pour 
les  grandes  et  les  petites  raideurs. 

Le  diagnostic  entre  les  deux  variétés  est  cependant  utile 
pour  mener  à  bien  le  traitement.  Comment  donc  l'établir, 
puisque  le  degré  des  mouvements  et  Tintensité  de  la  souf- 
france y  sont  impuissants?  C'est  affaire  à  une  enquête 
exacte  sur  les  commémoratifs,  sur  la  cause  surtout.  Et 
d'ailleurs  les  raideurs  articulaires  sont  en  cela  semblables 
aux  ankyloses  intra-articulaires  pour  lesquelles,  tous  les 
auteurs  y  insistent,  la  notion  étiologique  est  d'une  impor- 
tance capitale.  On  se  rappellera  que  le  degré  de  la  raideur 
est  en  raison  directe  de  l'intensité  de  l'arthrite  initiale; 
qu'à  la  simple  immobilisation  en  mauvaise  position  répond 
la  petite  raideur.  Mais  il  faut  tenir  compte,  aussi,  de  la 
durée  du  mal;  avec  le  temps,  une  lésion  légère,  une  petite 
raideur,  peut  aboutir  à  un  état  incurable.  Ces  conséquences 
graves  sont  d'autant  plus  rapides  que  l'articulation  est  plus 
serrée  normalement;  aux  doigts,  par  exemple,  on  doit  s'en 
méfier,  et  dès  lors  s'occuper  avec  attention  de  leur  mobili- 
sation précoce  lorsque  pour  une  cause  quelconque  on  est 
conduit  à  les  fixer  dans  un  appareil.  Si  l'on  oublie  ces  pré- 
ceptes, on  verra  aisément  les  cinq  doigts  rester  raides, 
infirmes,  à  la  suite  d'un  panaris,  qui  n'a  porté  que  sur  un 
d'eux  ;  d'une  fracture  de  l'avant-bras,  qui  n'en  avait  lésé 
aucun. 

Le  diagnostic  ne  sera  complet  que  si  le  chirurgien  déter- 
mine avec  précision  où  en  est  l'arthrite.  Est-elle  bu  non 
élcinle?Sans  une  réponse  à  celte  question,  il  est  impos- 
sible d'entreprendre  un  traitement  rationnel  et  efficace. 
Pour  obtenircetteréponse,il  suffit  de  soumettre  la  synoviale 
à  un  interrogatoire  direct  par  des  pressions  localisées,  et  le 
résultat  de  l'enquête  sera  probant  si  les  pressions  sont 
faites  aux  lieux  d'élection  sur  lesquels  Malgaigne  a  insisté, 
dans  les  points  où  la  séreuse  est  séparée  du  doigt  par 
l'épaisseur  minima  des  parties  molles.  Ainsi  à  l'épaule  on 
appuiera  dans  l'interstice  pectoro-deltoïdien  ;  au  coude,  soit 
en  arrière  sur  les  côtés  de  l'olécràne,  soit,  encore  mieux, 
sur  l'interligne  huméro-radial;  à  la  hanche,  c'est  contre  la 
face  antérieure  du  col  fémoral,  juste  en  dehors  de  l'artère, 
qu'on  arrive  le  mieux  à  comprimer  la  synoviale.  Si  la 
pression  ainsi  faite  avec  précision  est  indolente,  on  peut 
affirmer  que  l'arthrite  est  éteinte,  et  l'un  peut  agir  en  con- 
séquence. 

C'est  dans  ces  conditions  qu'un  traitement  bien  dirigé 
donnera  souvent  des  succès  remarquables.  Si  en  effet  une 
raideur  abandonnée  à  elle-même  est  d'un  pronostic  sérieux, 
une  raideur  traitée  avec  attention  et  à  temps  est  d'un  pro- 
nostic bénin  :  on  est  en  droit  d'affirmer  que  le  pronostic 
dépend  absolument  du  chirurgien.  Mais  il  faut  reconnaître 
que  le  oraticien  a  trop  souvent  tendance  à  négliger  cette 


gêne  fonctionnelle,  d'abord  médiocre  dans  bien  des  cas* 
Au  sortir  d'un  appareil  pour  une  fracture  du  radius,  par 
exemple,  il  est  vulgaire  que  la  main  entière  soit  quelque 
peu  rouillée;  mais,  quand  le  malade  s'en  plaint  à  son  mé- 
decin, la  réponse  est  trop  souvent  :  Cela  ne  sera  rien.  Et 
avec  le  temps,  qui  devait,  disait-on,  arranger  les  choses, 
l'ankylose  s'aggrave  trop  souvent,  au  lieu  de  rétrocéder;  la 
gêne  se  transforme  en  infirmité  sérieuse. 

IV 

En  tête  du  chapitre  sur  le  traitement  des  raideurs  arti- 
culaires, on  doit  écrire  un  aphorisme  :  le  mouvement  ne  se 
rétablit  que  par  le  mouvement.  A  condition,  toutefois, 
qu'on  sache  comment  administrer  le  mouvement,  et  à 
quelle  dose.  On  peut  en  effet  agir  avec  les  mains  ou  avec 
des  machines;  et  quant  à  la  dose,  on  peut  pousser  d'un 
coup  les  mouvements  à  l'extrême  ou,  au  contraire,  les  res- 
tituer graduellement;  procéder,  par  conséquent,  à  dose 
entière  ou  à  dose  fractionnée. 

C'est  toujours,  ou  à  peu  près,  à  la  dose  entière,  brutale, 
qu'ont  recours  les  rebouteurs.  Ils  obtiennent  parfois 
ainsi  des  guérisons  miraculeuses,  et  leur  triomphe  est 
d'autant  plus  grand  que  souvent  il  avait  été  précédé  d'un 
échec  du  médecin.  N'avait-on  pas  épuisé,  sans  succès,  les 
liniments,  les  frictions,  les  bains?  Mais  cette  mobilisation 
immédiate  et  totale  devient  aisément  dangereuse  et  le  tort 
des  rebouteurs  est  de  ne  pas  savoir  quand  elle  est  nuisible, 
de  ne  pas  être  capables  de  l'apprendre. 

Le  mouvement  à  dose  entière  est  bon  pour  les  petites 
raideurs,  lorsque  le  mal  n'est  pas  trop  ancien,  lorsqu'il  n'y 
a  pas  eu  d'arthrite  initiale.  Ainsi,  il  donnera  des  succès 
remarquables  sur  les  jointures  qu'une  simple  immobilisa- 
tion, relativement  récente,  a  rendues  impotentes.  Mais  en 
dehors  de  ces  conditions,  une  trop  grande  précipitation  est 
susceptible  de  réveiller  l'arthrite.  Là  est,  en  effet,  l'écueil 
dans  le  traitement  des  raideurs.  Dans  les  cas  un  peu 
accentués,  c'est  donc  au  mouvement  à  dose  fractionnée  que 
l'on  s'adressera. 

A  chaque  essai  de  mobilisation,  la  douleur  sera  vive.  On 
serait  donc  tenté  d'opérer  sous  le  sommeil  chloroformique. 
Cette  pratique  doit  être  absolument  repoussée,  car  la  dou- 
leur est  notre  seul  critérium.  Elle  sera  violente,  sans  doute, 
mais  elle  ne  doit  pas  persister.  Si  pendant  une  séance  on 
provoque  une  soufirance  qui  se  prolonge,  on  peut  être 
sur  que  l'arthrite  va  venir  entraver  le  traitement.  Or  le  ma- 
lade éveillé  est  seul  juge  et  de  l'intensité  et  de  la  durée. 

La  séance  durera  environ  dix  minutes,  un  quart  d'heure. 
Presque  tout  entière  elle  sera  consacrée  à  des  assouplisse- 
ments par  les  mouvements  restés  indolents.  Puis,  à  la  fin, 
on  dépassera  ce  degré  et,  en  provoquant  la  douleur,  on 
gagnera  un  peu  de  terrain.  On  aura  soin,  si  la  souffrance 
s'évanouit  en  quelques  minutes,  de  fixer  pendant  quelque 
temps  l'articulation  dans  cette  nouvelle  position  :  pour  avoir 
gagné  la  victoire,  il  faut  coucher  sur  le  terrain  conquis.  Et 
Ton  conçoit,  vu  la  fugacité  de  la  douleur,  que  l'on  puisse 
faire  des  séances  fréquentes,  au  moins  une  par  jour,  et 
quelquefois  deux. 

Dans  l'intervalle  des  manipulations  chirurgicales,  on 
permettra  au  malade  des  mouvements  spontanés,  mais  seu- 
lement dans  les  limites  de  la  zone  indolente.  On  y  ajoutera 
même  quelques  exercices  spéciaux.  Prenons  l'épaule, 
pour  type.  Le  patient  posera  sur  le  vertex  la  main  du  côté 


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N*  25  - 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


il  Juin  1889 


malade,  puis  de  la  main  saine  il  en  saisira  les  doigts  et  la 
tirera  vers  Toreille.  Il  agira  de  même  après  avoir  placé  la 
main  derrière  Toccipul  et,  pour  aller  plus  loin,  il  fera  un 
mouvement  d'extension  de  la  tète.  Puis  la  main  sera  placée 
derrière  le  dos,  dans  Tattitude  dite  «  napoléonienne  »,  et 
là  encore  sera  tirée  avec  l'autre  main,  tandis  que,  contre  un 
meuble,  le  patient  communiquera  au  coude  une  pression 
modérée  de  dehors  en  dedans. 

Pour  tous  ces  mouvements,  communiqués  par  le  malade 
ou  par  le  chirurgien,  l'action  des  mains  suffit  s'il  s'agit 
d'une  petite  raideur.  Au  début,  et  dans  les  cas  intenses,  on 
s'aidera  de  la  balnéation.  Il  est  reconnu,  en  effet,  que  dans 
le  bain  les  tissus  s'assouplissent,  et  la  mobilité  devient  plus 
grande.  C'est  sans  doute  ce  qui  a  fait  croire  à  la  grande 
efficacité  des  cures  hydrothérapiques  et  balnéaires,  effica- 
cité dont  Malgaigne  a  eu  raison  de  contester  la  réalité 
absolue.  Les  bains  ont  une  influence  favorable,  mais  essen- 
tiellement passagère,  et  on  ne  peut  les  employer  qu'à  titre 
de  moyens  adjuvants. 

Dans  les  grandes  raideurs  il  faut,  en  principe,  appliquer 
le  même  traitement,  mais  les  manœuvres  manuelles  seront 
la  plupart  du  temps  impuissantes  et  l'on  aura  besoin  d'uti- 
liser les  machines.  Les  premières  scientifiquement  con- 
struites sont  celles  de  Bonnet.  Celle  qui  sert  pour  le  coude 
est  le  type  le  plus  simple.  Deux  manchons,  articulés  à 
charnière  au  niveau  du  coude,  entourent  l'un  le  bras  et 
Tautre  l'avant-bras.  Ce  dernier  se  prolonge  en  une  poignée 
à  l'aide  de  laquelle  on  fait  varier  l'angle  de  la  charnière. 
Une  vis  à  pression  située  au  niveau  de  cette  chiirnière 
permet  de  fixer  l'appareil  dans  la  position  voulue,  à  la  fin 
de  chaque  séance. 

Malgaigne  a  reproché  à  ces  appareils,  de  nos  jours  trop 
délaissés,  d'agir  avec  une  force  mal  déterminée,  et  il  a 
proposé  de  les  remplacer  par  des  machines  à  crémaillère. 
Il  est  incontestable  que  Ton  a  de  la  sorte  une  graduation 
plus  précise  du  mouvement,  mais  aux  dépens  d'une  compli- 
cation dont  on  peut  fort  bien  se  passer  dans  la  pratique 
courante. 

Voilà  donc  déjà  une  différence  au  désavantage  des  grandes 
raideurs  :  le  secours  des  machines  y  est  fréquemment  in- 
dispensable. Ce  n'est  malheureusement  pas  la  seule,  et  le 
résultat,  si  brillant  pour  les  petites  raideurs,  devient  ici  un 
peu  plus  aléatoire.  Sans  doute,  on  réussira  dans  la  majorité 
des  cas  à  restituer  sinon  la  totalité,  au  moins  la  majeure 
partie  des  mouvements.  Mais  les  échecs  ne  sont  pas  rares 
lorsque  l'arthrite  initiale  a  été  intense,  et  surtout  si  elle 
était  l'indice  d'une  tare  diathésiquc.  Alors  il  faudra  se 
rabattre  sur  le  traitement  de  lankylose  incomplète  serrée  et 
intra-articulaire.  On  se  contentera  du  redressement  brusque, 
sous  le  chloroforme,  de  façon  à  mettre  la  jointure  ankylosée 
dans  une  position  favorable  au  fonctionnement  ultérieur 
du  membre.  Après  le  redressement,  auquel  on  fera  dépas- 
ser quelque  peu  le  degré  définitivement  désiré,  on  immo- 
bilisera avec  soin  l'articulation  dans  laquelle  l'arthrite 
sévira  à  peu  près  à  coup  sûr. 

Ainsi,  dans  le  degré  le  plus  grave,  les  grandes  raideurs 
deviennent  identiques  aux  ankyloses  intra-articulaires  in- 
complètes et,  comme  elles,  entraînent  la  suppression  pliy- 
siologique  définitive  de  l'article  malade.  Mais  sauf  ces  cas, 
d'une  rareté  relative,  de  l'étude  qui  précède  il  résulte  que 
dans  les  raideurs  articulaires  les  lésions  sont  péri-articu- 
laires  et  ne  s'opposent  pas  au  rétablissement  d'une  articu- 
lation  mobile.   Pour   les  ankyloses  intra-articulaires,  au  i 


contraire,  la  chirurgie  a  fait  fausse  route  tant  qu'elle  a 
cherché  à  rétablir  Tarticulalion  primitive  autrement  que 
par  la  résection. 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

Dn  iraliement    des  douleurs   prorlglneust^s 
par  le  menthol. 

Les  propriétés  analgésiques  de  celte  substance  ont  été 
utilisées  pour  diminuer  le  prurit  des  dermatoses,  et  en 
particulier  le  prurit  sénile,  le  prurit  de  l'eczéma,  celui  de 
la  gale  et  même  la  douleur  cutanée  de  l'urticaire. 

A  cet  effet,  on  peut  le  prescrire  sous  forme  de  teinture, 
de  liniment  ou  de  pommade. 

l**  Teinture  ou  esprit  de  menthol.  —  Il  contient  : 

Menthol ...         Ià3  grammes. 

Alcool  à  40  degrés 50  à  60        — 

Eu  applications  externes  sur  la  région  malade. 

2°  Uniment  au  menthol.  -  -  Son  action  paraît  plus  du- 
rable : 

Menthol ♦'{  grammes. 

Huile  d'olives 30        — 

Lanoline 30        — 

3"  Pommade  au  menthol.  —  Cette  pommade,  fornmlér 
par  Saalfield,  a  pour  composition  : 

Menthol 4y',50 

baume  du  Pérou 5  grammes. 

Lanoliue 100        — 

En  onctions. 

Il  convient  d'ailleurs  d'augmenter  la  dose  de  menthol  de 
ces  diverses  préparations  et  de  l'élever  jusqu'à  10  ou  IT) 
pour  100  de  l'excipient  quand  on  veut  combaltre  le  prurit 
rebelle  ou  les  démangeaisons  des  eczémas  chroniques. 

Ch.  ÉLOV. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

Faculté  de  médecine  de  Lyon.  —  Clinique  dk  l'.Vnti- 

QUAiLLE  :  M.  le  professeur  Gailleton. 
(Lcgon  recueillie  par  M.  Désir  db  Foktunet,  chef  do  clini<|iH'.) 

ÏRiCHOPHYTiE  DES  CILS.   —  M.   Gaillctou  présente  un 
malade  entré  dans  son  service  le  8  mai  dernier. 

Obs.  — Cet  homme,  àffé  de  trente-sept  ans,  caitivateur,  habi- 
tant le  département  deTlsère,  est  porteur  d'une  éruption  qui 
a  débuté  il  y  a  quatre  mois  par  1  angle  de  la  mâchoire  inté- 
rieure gauche.  Ce  ne  fut  tout  d'abord  qu'une  petite  plaqu*' 
rouge,  arrondie,  de  la  grandeur  d'une  pièce  de  oO  ceutinies  ; 
puis  elle  se  couvrit  rapidement  d'une  légère  desquamation  épi- 
dermique  en  donnant  lieu  à  une  démangeaison  assez  vive.  Kn 
qucl(]ues  semaines  la  lésion  s'étendit  sur  toute  la  joue  gauche, 
empiétant  également  sur  la  région  sous-maxillaire.  Au  hoQl 
d'un  mois  et  demi  le  menton,  la  joue  droite,  la  racine  du  ncx. 
les  paupières,  les  sourcils,  étaient  le  siège  d  une  éruption  sem- 
blable. Actuellement  toutes  les  parties  pileuses  de  la  face  e(  «i'i 
cou  sont  envahies,  sauf  toutefois  la  Icvre  supérieure  qui  e^l 
restée  indemne.  Une  vaste  nappe  inflammatoire,  avec  abi'''> 
folliculaires,  tubercules  sous-cutanés,  masses  indurées  plus  on 
moins  étendues,  ulcérations  recouvertes  de  croûtes  englolianl 
les  poils,  existe  sur  toute  l'étendue  de  la  barbe.  Les  |)oiI> 
s'arrachent  facilenicnl;   lieaucoup    sonl  cassés  et  ont*  yrh  »'••' 


21  Juin  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N-  25  —    399 


teinte  blanc  grisâtre.  La  paupière  supérieure  droite  est  presque 
complètement  envahie  par  Téruption  ;  elle  est  rouge  et  recou- 
verte de  lamelles  épidermiques  qui  desquament  au  plus  lé^er 
grattage.  Des  petites  croûtes  entourent  le  point  d'implantation 
des  cils.  Le  bord  libre  des  paupières  dans  sa  portion  externe  à 
gauche  est  presque  entièrement  dépourvu  de  eils;  beaucoup 
d'entre  eux  sont  cassés  et  manifestement  malades.  Mêmes  lésions 
au  niveau  des  sourcils.  En  arrière,  sur  la  partie  supérieure  de 
la  nuque,  se  trouve  une  plaque  semblable,  de  la  dimension 
d'une  pièce  de  2  francs,  siégeant  exactement  sur  les  limites  du 
cuir  chevelu. 

Interrogé  sur  les  causes  de  sa  maladie,  cet  homme 
répond  qu'au  mois  de  décembre  dernier  il  s*est  aperçu 
que  ses  vathes  présentaient  sur  la  tête  et  sur  d'autres 
régions  du  corps  une  éruption  constituée  par  des  croûtelles 
blanches  et  de  petits  boutons  rouges.  Depuis  deux  mois 
:<(eulement  un  de  ses  enfants  porte  une  lésion  circulaire  sur 
le  front;  il  n*a  été  vu  par  aucun  médecin.  Depuis  très 
longtemps  cet  homme  ne  s  est  pas  fait  raser  chez  un  coiffeur. 

En  présence  de  pareils  symptômes  et  en  se  basant  sur  la 
marche  même  de  Taflection^  M.  le  professeur  Gaillelon  ne 
croit  pas  que  le  diagnostic  puisse  rester  douteux.  Il  s'agit 
certainement  d'une  Irichophytie  de  la  barbe  avec  extension 
aux  cilSy  aux  sourcils  et  à  la  région  de  la  nuque.  Du  reste 
des  préparations  microscopiques  ont  été  faites  et  les  poils 
de  ces  différentes  régions  ont  été  trouvés  complètement 
infiltrés  par  le  trichophyton.  De  longues  traînées  de  spores 
sphériques  dissocient  les  fibres  longitudinales  du  poil  et 
ses  gaines  sont  également  gorgées  de  spores  et  de  tubes  de 
mycélium. 

M.  Gailleton  insiste  particulièrement  sur  les  trois  points 
suivants  : 

Tout  d'abord  la  trichopbytie  des  cils  est  excessivement 
rare.  D'une  manière  générale  toutes  les  régions  pileuses 
peuvent  être  atteintes  par  le  trichophyton  ;  mais  en  fait  les 
cils  sont  à  peu  près  toujours  épargnés,  même  chez  les 
malades  dont  les  lésions  sont  extrêmement  étendues. 
Une  seule  fois  M.  Gailleton  a  pu  constater  une  sem* 
blable  localisation;  il  n'en  connaît  pas  d'autres  observa- 
tions. Par  de  patientes  recherches  on  arriverait  peut-être  à 
en  réunir  quelques  cas  ;  mais  certainement  ils  ne  sont  pas 
nombreux  dans  la  littérature  médicale. 

Le  trichophyton  aime  les  régions  sèches,  il  se  développe 
plus  facilement  au  niveau  des  poils  dépourvus  d'humidité; 
aussi  est-il  possible  que  la  présence  des  larmes,  baignant 
constamment  le  bord  des  paupières,  soit  pour  les  cils  une 
cause  d'immunité. 

Quant  au  cuir  chevelu,  il  est  resté  complètement  indemne. 
La  plaque  qui  siège  à  la  région  postérieure  s'est  arrêtée 
exactement  sur  la  limite  des  cheveux.  Les  poils  incomplè- 
tement développés  de  la  nuque  ont  été  atteints,  mais  les 
cheveux  véritables  n'ont  pas  été  envahis  par  le  parasite. 
L'herpès  lonsurant  est  en  efTet  exceptionnel  après  l'âge  de 
la  puberté  et  mémo,  à  celle  époque  de  la  vie,  les  enfants 
teigneux  voient  leur  affection  se  guérir  d'elle-même.  En 
cela  ce  malade  n'a  pas  échappé  à  la  règle  générale. 

Enfin  les  poils  de  barbe  implantés  sur  la  lèvre  supérieure 
sont  encore  parfaitement  sains.  Cette  absence  de  lésion 
peut  servir  souvent  à  poser  un  diagnostic  avant  tout  examen 
microscopique.  Autant  le  début  de  la  foUiculitede  la  barbe, 
du  sycosis  non  parasitaire,  par  la  partie  médiane  de  la 
lèvre  supérieure  est  fréquent,  autant  la  trichophylie  y  est 
exceptionnelle  dans  les  premières  périodes  de  l'affection. 
Presque  toujours  elle  n'envahit  la  moustache  que  par 
extension. 

Traitement  de  l'acné  de  la  face  par  l'iodochlorure 
DE  mercure.  —  M.  Gaillelon  présente  un  autre  malade  qui 
était  atteint  d'acné  de  la  face'.  C'est  un  jeune  homme  de 
dix-huit  ans,  blond,  rhumatisant,  qui  avait  une  acné  pus- 
tuleuse remontant  à  plusieurs  années.  Tous  les  traitements 


ordinaires  ont  été  successivement  employés  sans  amener 
aucune  amélioration.  Les  nouveaux  médicaments  tels  que 
la  résorcine  et  le  naphtol  n'ont  pas  eu  de  meilleurs  résul- 
tats. On  lui  prescrivit  alors  des  frictions  vigoureuses  et 
prolongées  avec  une  pommade  à  l'iodochlorure  de  mer- 
cure (30  centigrammes  sur  30  grammes).  Le  malade  eut 
une  dermite  très  intense,  le  visage  était  rouge,  tuméfié  ;  on 

Îouvait  penser  à  première  vue  à  un  érysipèle  de  la  face. 
ous  ces  symptômes  inflammatoires  disparurent  au  bout  de 
trois  à  quatre  jours;  actuellement  son  acné  peut  être 
considérée  comme  guérie,  au  moins  momentanément.  On 
ne  trouve  plus  aucune  glande  sébacée  gorgée  de  pus  et 
toute  trace  d'éruption  a  disparu. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Cllnlqiie  mëdlcale. 

Sur  la  pathogênie  du  tétanos  dans  les  régions  tro- 
picales, par  M.  le  docteur  J.  Fontan,  professeur  a 
l'École  de  médecine  navale  de  Toulon. 

[  La  discussion  sur  la  nature  et  les  origines  du  tétanos 
en  général  et  sur  la  provenance  du  tétanos  humain  en 
particulier  vient  d'être  close  à  l'Académie,  mais  elle  reste 
ouverte  dans  le  public  médical. 

On  sent  que  les  questions  sont  nettement  posées,  mais 
non  définitivement  résolues,  et  qu'il  faut  encore  beaucoup 
de  faits  soigneusement  observés  et  d'expériences  bien  con- 
duites pour  arriver  à  la  connaissance  complète  de  ce  mal 
redoutable. 

Sur  ce  point  M.  Verneuil  et  ses  contradicteurs  sont 
entièrement  d'accord. 

La  Gazette  hebdomadaire  dLÎnsqn'icï  ouvert  ses  colonnes 
à  des  travaux  sérieux  et  instructifs  ;  ainsi  fera-t-elle  encore 
dans  la  suite.  Elle  publie  aujourd'hui  un  fort  intéressant 
mémoire,  plusieurs  fois  cité  dans  la  dernière  discussion 
académique,  et  qui  est  riche  de  faits  et  de  renseignements 
sur  le  tétanos  des  pays  chauds.  Le  point  spécial  du  tétanos 
à  bord  des  vaisseaux  y  est  examiné  avec  soin.  ] 

Ce  mémoire  contient  les  résultats  d'une  sorte  d'enquête 
à  laquelle  je  me  suis  livré  sur  l'étiologie  et  la  pathogênie 
du  tétanos  dans  les  pays  chauds,  où  l'on  sait  qu'il  est  si 
fréquent. 

Dans  l'étude  qui  se  poursuit  depuis  quelques  années 
sur  cette  question,  il  manquait  peut-être  la  variété  des 
faits,  des  races,  des  milieux.  Elargir  le  terrain  d'étude, 
changer  de  latitude,  recueillir  et  publier  des  faits  analo- 
gues, mais  développés  dans  des  régions  lointaines  et  bien 
différentes,  n'est-ce  pas  apporter  d'excellents  éléments 
d'appréciation,  surtout  dans  des  recherches  de  causalité? 
C'est  ce  qui  m'a  déterminé  à  mettre  en  ordre  tant  de 
documents  négligés  jusqu'ici. 

L'idée,  je  dois  le  dire,  m'a  été  fournie  par  M.  le  pro- 
fesseur Verneuil,  et  les  matériaux  qui  forment  le  fond  de 
ce  travail,  me  viennent  d'un  grand  nombre  d'amis  et  de 
camarades  de  la  médecine  navale.  Aussi,  s'il  offre  quelque 
intérêt,  j'y  ai  peu  de  mérite.  Entre  celui  qui  a  inspiré  ces 
recherches  et  ceux  qui  en  ont  fourni  les  éléments,  ma  part 
est  à  peine  appréciable. 

J'aurais  pu  en  attendant  davantage  réunir  Un  plus 
grand  nombre  d'observations;  mais  j'aurais  ainsi  laissé 
passer  le  moment  où  la  question  a  besoin  d'être  éclairée 
par  de  nombreuses  recherches.  D'ailleurs  tout  fait  nouveau 
et  important  sera  publié  ultérieurement,  dès  qu'il  me  par- 
viendra. 

Je  ne  puis  citer  à  chaque  instant,  chacune  des  sources 
auxquelles  j'aurai  puisé.  Ce  serait  fastidieux.  Mais  je  déclare 
d'avance  que  je  n  ai  rien  emprunté  à  d^s  livres  ou  à  d(  a 


400    —  N«  25  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


121  Juin  1889 


articles  plus  ou  moins  nouveaux,  quoiqu'il  en  existe  d'ex- 
rollenls  (1). 

Tous  mes  documents  proviennent  soit  de  correspon- 
dances, soit  de  communications  verbales  de  mes  camarades 
dt»  la  marine,  de  leurs  rapports  de  fin  de  campagne,  des 
.statistiques  coloniales  et  de  mes  propres  notes. 

Je  relaterai  d'abord  les  conditions  étiologi(|ues  générales 
du  tétanos  exotique  :  localités,  climat,  saison,  trauma- 
tisme et  spontanéité,  etc. 

Dans  un  deuxième  paragraphe  je  mettrai  en  relief  ce 
qui  peut  éclairer  la  question  de  la  contagion,  de  Tinfec- 
tiosité  et  des  épidémies. 

Un  troisième  paragraphe  contiendra  tout  ce  qui  intéresse 
la  question  de  Forigine  équine. 

§  I. —  Étiologie  générale. 

Je  serai  très  bref  sur  les  causes  et  les  conditions  géné- 
rales du  tétanos  dans  les  pays  chauds  Beaucoup  de  ces 
conditions  sont  en  effet  banales,  ont  été  indiquées  depuis 
longtemps,  et  n'occupent  plus  aujourd'hui  que  le  rang  de 
circonstances  adjuvantes.  Je  ne  puis  les  passer  cependant 
sous  silence,  ne  fût-ce  que  pour  traduire  tout  entière 
Topinion  de  confrères  qui  ont  longtemps  exercé  dans  des 
régions  dont  ils  connaissent  à  fond  la  météorologie  et  la 
morbidité.     • 

A,  Fréquence  du  Manos.  —  Géograpliie  médicale,  -  - 
On  sait  de  longue  date  que  cette  maladie  est  fréquente 
dans  les  pays  chauds.  Mais  cette  fréquence  n'est  pas  du 
tout  égale  pour  des  contrées  voisines,  ou  placées  sous  le 
même  parallèle.  Ainsi  en  Asie  on  l'observe  surtout  dans 
rinde  anglaise,  tandis  qu'en  Annam  et  en  Cochiiichine  il 
est  beaucoup  plus  rare. 

Dans  les  établissements  français  de  l'Inde  il  donne  un 
chiffre  de  mortalité  considérable.  A  Pondichéry  seulement, 
ce  chiffre  s'est  élevé  en  1880  à  139  pour  les  nouveau-nés, 
et  à  14  pour  les  adultes,  tous  à  la  suite  de  blessures 
(Léonard).  Ces  décès  se  sont  répartis  ainsi  :  4  en  mai, 
2  en  juillet,  4  en  août,  ±  en  septembre,  1  en  octobre,  1  en 
novembre;  c'est-à-dire  qu'ils  paraissent  s'accumuler  dans 
les  mois  les  plus  secs  et  les  plus  chauds,  les  mois  frais 
(de  décembre  à  mars^  en  étant  exempts. 

En  Cochinchine,  d  après  une  statistique  très  bien  faite 
de  M.  Lalluyau  d'Ormay,  on  n'en  a  vu  en  sept  ans  (de  1803 
à  1870)  que  3  cas  sur  des  Européens.  Depuis  il  s'en  est 
produit  tous  les  deux  ans  à  Saigon  1  cas  environ  (Jan).  Un 
très  haut  fonctionnaire  de  la  Cochinchine  a  récemment 
succombé  du  tétanos  à  la  suite  d'une  piqûre  de  morphine. 
Mais  il  s'en  montre  plus  souvent  chez  les  indigènes,  et  dans 
notre  armée  au  Tonkin  la  période  de  guerre  en  a  multiplié 
les  exemples. 

C'est  surtout  dans  les  hôpitaux  indigènes  qu'on  le  ren- 
contre fréquemment,  mais  il  n'en  reste  aucune  trace  écrite. 
Toujours  est-il  que  l'Indo-Chine  est  beaucoup  plus  épargnée 
que  riudoustan. 

Dans  l'Amérique  du  Sud  et  surtout  au  Brésil,  le  tétanos 
est  commun.  Dans  le  golfe  du  Mexique,  à  la  Guyane,  aux 
Antilles,  il  n'est  pas  rare  non  plus,  quoiqu'il  paraisse  y 
avoir  diminué  de  fréquence  depuis  quelques  années. 

Il  y  est  plus  souvent  traumatique  que  spontané,  mais 
peut  cependant  survenir  chez  des  gens  sains,  sans  autre 
cause  apparente  qu'un  refroidissement. 

On  constate  que  les  localités  et  les  saisons  humides 
semblent  favoriser  l'apparition  de  cette  redoutable  affec- 
tion. 

Aux  Antilles  comme  dans  plusieurs  régions,  on  a  soin  de 
distinguer  du  tétanos  des  adultes,  celui  des  nouveau-nés, 
qui  porte  le  nom  de  mal-mdchoire  et  de  mémoire  d'homme 

(1)  Vuy.  »urloat  :  Corre,  Traité  clinique  dêt  maladies  det  pays  chauds.  P^ris,  (I)  Vny.  le  r<<cit  de  ces  événements  ini<^reisiints  dans  le  Stûtistical  report  0 

18  >7.  —  Mlllot,  De  la  nature  du  tétanos,  Thè«o  de  Montpellier,  1887.  I    the  health  ofthenavy  for  the  year  1875,  analyse  in  Arch,  méd.,  noveoibre  1^7* 


n'a  jamais  guéri.  Cette  variété  se  montre  souvent  épiilc- 
mique,  et  dans  la  saison  humide  (D*^  Lhoyseau,  de  la 
Guadeloupe). 

A  la  Guyane,  ce  tétanos  des  enfants  se  voit  aussi  très 
souvent,  mais  M.  le  docteur  Kangé  remarque  qu'il  appa- 
raît toujours  vers  le  quatrième  jour,  au  moment  de  la 
chute  du  cordon.  Cette  observation,  faite  déjà  par  d*(iutre> 
médecins,  rapproche  les  cas  infantiles  dits  spontanés  do 
cas  traumatique*. 

Du  reste  ce  médecin  a  traité  en  deux  ans  4  cas  iiifaii- 
tiles  mortels,  et  0  cas  traumatiques  chez  des  adultes. 

En  Afrique,  sur  la  côte  occidentale,  l'affection  qui 
m'occupe  est  très  commune,  et  vient  compliquer  les 
plus  petits  traumatismes,  tels  qu'injections  hypodermiques 
de  quinine. 

Elle  survient  aussi  spontanément  chez  les  nègres  par 
refroidissement. 

Tel  médecin  qui  n'a  passé  que  quelques  mois  sur  celte 
côte  n  pu  y  voir  15  à  20  cas  de  tétanos. 

A  Madagascar  aussi,  grande  fréquence,  avec  prédilection 
marquée  pour  les  nouveau-nés,  à  quelque  race  quils 
appartiennent. 

Enfin  en  Océanie,  aux  Marquises,  aux  Nouvelles-Hébrides, 
il  est  encore  commun. 

On  sait  aujourd'hui  que  les  accidents  mortels  imputés  à 
des  flèches  empoisonnées,  et  qui  ont  enlevé  les  deux  tiers 
des  blessés  dans  les  incidents  du  RosariOy  de  la  PeavL 
de  VEffie  lUecklé,  et  au  moment  du  massacre  de  Té- 
vèque  Patteson,  n'étaient  que  du  tétanos  (1). 

A  Taïti  (Prat)  et  en  Nouvelle-Calédonie,  on  le  rencontre 
moins  communément  que  dans  les  pays  précédemment 
cités,  mais  plus  cependant  qu'en  Europe.*  J'ai  pu  en  con- 
stater moi-même  trois  cas  traumatiques  mortels  sur  (le> 
adultes,  et  un  cas  sur  un  nouveau-né  pendant  une  période 
de  deux  ans  dans  notre  grande  colonie  pénitentiaire. 

B.  Races. —  Dans  cette  énumération  rapide  des  loea- 
lilés,  je  n'ai  pas  parlé  des  races.  C'est  une  aftirmalioii 
déjà  ancienne,  renouvelée  par  tous  les  auteurs,  que  les 
races  indigènes  des  pays  tropicaux  ou  subtropicaux  son! 
plus  exposées  au  tétanos  que  les  Européens  habitant  les 
mêmes  régions.  J'avoue  que  je  ne  suis  pas  absolument 
convaincu  que  la  race  joue  dans  cette  étiologie  le  rôle 
d'un  facteur  indépendant.  Peut-être  n'y  a-t-il  là  qu'une 
question  de.  proportionnalité.  Il  est  bien  évident  en  effet 
que  dans  la  plupart  des  pays  de  nègres,  il  y  a  plus  de 
nègres  que  de  blancs,  saui  quelques  points  cependant  tels 
que  Nouméa.  Aux  Antilles,  à  Madagascar,  dans  l'Inde,  sur 
la  côte  d'Afrique,  la  population  indigène,  relativement 
abondante,  doit  fournir  plus  de  blessés  et  partant  plus  de 
tétaniques,  que  le  groupe  souvent  rare  des  colons  et  de> 
fonctionnaires. 

De  plus  les  indigènes  de  ces  contrées  négligent  tous  les 
préceptes  d'hvgiène,  se  blessent  aux  pieds  à  chaque  instant 
par  suite  du  défaut  de  chaussures  et  ne  prennent  pas  soin 
de  leurs  blessures.  Ils  couchent  souvent  sur  le  sol,  et 
s'exposent  à  des  refroidissements  ou  à  des  contamina- 
tions que  les  blancs  savent  éviter.  Il  laut  tenir  compU' 
de  tout  cela,  et  réduire  de  beaucoup  Timportance  spé- 
ciale attribuée  à  la  race. 

C.  L'influence  du  climat  et  des  saisons  est  aussi  invo- 
quée par  la  plupart  des  observateurs.  Il  est  mallieureut 
que  tantôt  ils  accusent  le  froid  et  tantôt  la  chaleur,  on 
que  les  uns  voient  dans  les  vents  secs  une  inlluence  nocive, 
que  les  autres  n'hésitent  pas  à  attribuer  à  la  saison  des 
pluies. 

Ces  observations  contradictoires  étant  faites  dans  (lf> 
régions  très  diverses,  il  y  a  là  un  certain  nombre  decir- 


^21  Juin  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRORGIE         —  N*  55  -    401 


constances  locales  qu'il  faudrait  analyser;  mais  il  y  a 
aussi  beaucoup  d'idées  toutes  faites,  qu'il  est  impossible 
de  concilier. 

Sans  doute  dans  les  pays  chauds,  les  brusques  variations 
lie  température,  la  descente  imprévue  du  thermomètre, 
la  réfrigération  par  évaporation  rapide  de  la  sueur,  et'loute 
antre  cause  de  refroidissement,  jouent  en  pathologie  un 
rôle  plus  actif  encore  que  dans  les  zones  tempérées.  Mais 
quant  au  tétanos,  je  suis  convaincu  que  ces  influences  sont 
purement  adjuvantes  ou  indirectes,  et  nullement  patho- 
gènes. 

'  {A  suivre.) 


REVUE  DES  CONGRÈS 

Rénnlon  des  Société*  «avaates  A  Pari». 

La  section  des  sciences  médicales  s'est  réunie  les  là  et 
13  juin  dernier,  sous  la  présidence  de  M.  le  docteur  Le  Roy 
de  Méricourt.  Nous  relevons,  parmi  les  communications 
faites  à  celte  assemblée,  celles  qui  nous  ont  paru  présenter 
le  plus  grand  intérêt. 

H.  le  docteur  L.  F/orain  (d'Orléans)  expose  ses  Recherches  sur 
l'action  de  la  salive  sur  les  plantes  et  sur  les  propriétés  phy- 
stol  giques  du  suif ocyanate  de  potassium, 

D'après  ses  expériences,  le  pouvoir  toxique  de  la  salive 
humaine  sur  les  végétaux,  signalé  par  M.  H.  Otiouppe,  serait  dû 
au  sulfocyanate  de  potassium  qu'elle  renferme  normalement. 
Certaines  graines  germent  dans  la  salive  pure,  d'autres  s'y  dé- 
veloppent avec  beaucoup  plus  de  Unteur;  mais,  quel  que  soit 
l'accroissement  de  la  plante,  elle  s'étiole  et  meurt  rapidement 
lorsque  la  quantité  de  salive  est  suffisante  pour  fournir  à  Tab- 
sorption  du  végétal  quelques  centigrammes  de  sulfocyanate.  Les 
mêmes  résultats  ont  été  obtenus  sur  des  plantes  en  germina- 
tion et  sur  des  végétaux  complètement  développés  :  pieds  de 
violettes,  primevères,  etc.  Les  tiges,  feuilles  et  fleurs  des  végé- 
tiiux  intoxiqués  ont  toujours  fourni  la  réaction  caractéristique 
des  sulfocyanates. 

Ce  sel,  éminemment  toxique  pour  les  plantes,  peut  être 
donné  à  doses  assez  élevées  chez  les  animaux  sans  déterminer 
d'accidents.  M.  Florain  a  pu  en  faire  absorber,  par  injections 
hypodermiques,  jusqu'à  50  centigrammes  à  un  lapin,  sans  que 
l'animal  en  soit  incommodé;  à  60  centigrammes  il  se  produit 
de  la  diarrhée,  et  il  en  faut  1  gramme  pour  entraîner  la  mort. 
Lui-même  en  a  pris  iO  centigrammes  une  première  fois,  et 
^0  centigrammes  le  lendemain,  sans  éprouver  d'autre  malaise 
qu'un  peu  de  pesanteur  dans  la  région  rénale.  Toxique  pour 
les  végétaux,  toléré  à  doses  assez  élevées  par  les  animaux,  il 
n'est  pas  complètement  iooffensif,  comme  Ta  indiqué  Wœbler. 
Normalement  contenu  dans  la  salive  de  l'homme,  il  semble  des- 
tiné à  enrayer  Pintroduction  des  microbes  dans  l'organisme,  et 
il  serait  intéressant  d'étudier,  au  profit  de  la  thérapeutique, 
ses  propriétés  physiologiques. 

—  M.  le  docteur  Moreau  (de  Tours)  fait  une  communication 
intitulée  :  De  la  contagion  du  crime  et  de  sa  prophtflaxie,  et 
conclut  à  la  nécessité  de  faire  le  silence  le  plus  complet  autour 
de  tous  les  crimes  qui  se  commettent,  ou,  s'il  faut  absolument 
en  parler,  le  faire  en  termes  brefs,  concis,  avec  une  extrême 
réserve.  Excellent  conseil,  s'il  en  fut!  malheureusement  l'au- 
teur n'indique  pas  les  moyens  pratiques  à  mettre  en  usage  pour 
arriver  à  un  résultat. 

—  M.  le  docievLT  Motnis  (d'Angers)  lit  un  travail  intitulé  :  De 
l'hérédité  de  la  myopie. 

Les  opinions  les  plus  contradictoires  ont  été  émises  jusqu'ici 
sur  l'influence  héréditaire  dans  la  myopie.  Tandis  que  Querenghi, 
Widmarck,  Deeren.  Knies,  la  nient  absolument,  Stranroann 
l'admet  dans  la  proportion  de  56  pour  100,  et  Galezowski  dans 
8J  pour  100. 

l'ne  tell  î  différence  d'appréciation  tient  à  ce  qu'on  s'est  borné 
n  prendre  des  renseignements  près  des  jeunes  gens  directement 
examinés.  Cette  méthode  imparfaite  ne  peut  donner  de  résultats 
ju'écis. 

En  examinant  à  l'ophthalmoscope  les  jeuues  gens  malades  et 


les  membres  de  leur  famille,  l'auteur  est  arrivé  aux  conclu- 
sions suivantes  : 

1"  L'influence  héréditaire  sur  la  myopie  est  manifeste  ; 

2<>  Dans  sa  statistique,  elle  existe  pour  ^16  fiimilles  sur  330, 
65  pour  100; 

3°  La  myopie  héréditaire  se  distingue  de  la  myopie  acquise  : 

a.  par  son  apparition  plus  précoce;  b.  par  son  "développement 
lus  rapide;  c.  par  la  moyenne  plus  élevée  de  son  degré  ;  d.  par 
es  complications  plus  fréquentes  et  plus  étendues  ; 

i"*  \a  myopie  est  en  général  transmise  par  le  père  à  sa  fille 
(79  pour  iOO)  et  plus  sûrement  encore  par  la  mère  à  son 
fils  (86  pour  100).  La  myopie  héréditaire  est  donc  croisée,  au 
point  de  vue  sexuel.  Nous  attirons  l'attention  sur  ce  fait  remar- 
quable, qui  n'avait  pas  été  mis  en  lumière  jusqu'ici. 

5^  Les  principales  conditions  qui  avorisent  la  transmission 
héréditaire  sont  :  a.  avant  tout,  l'application  de  la  vue  dans  un 
milieu  hygiénique  défavorable,  soit  à  l'école,  soit  à  la  maison 
paternelle;  6. 1  astigmatisme  d'un  certain  degré  (au-<lessus  de 
0,75),  28  pour  100;  c.  la  microsémie  (abaissement  de  la  voûte 
orbi taire),  16  pour  100; 

&"  La  conclusion  de  la  démonstration  très  nette  de  la  myopie 
héréditaire  dans  une  proportion  élevée  (65  jpour  100)  doit  être 
d'imposer  à  tous  ceux  qui  dirigent  l'éducation  des  enfants  une 
hygiène  oculaire  plus  rigoureuse  tant  à  l'école  qu'à  la  maison 
paternelle. 

Si  l'on  n'y  prend  ^arde,  en  effet,  la  myopie  acquise  ne  restant 
pas  individuelle,  mais  eu  se  transmettant  aux  descendants,  le 
danger  myopique  ne  tardera  pas  à  se  multiplier  et  à  s'étendre 
dans  des  proportions  inquiétantes. 

—  M.  Moulé j  délégué  de  la  Société  centrale  de  médecine  vé- 
térinaire, lit,  au  nom  de  M.  Nocaid  et  en  son  nom,  une  note 
sur  un  nouveau  bacille  trouvé  sur  des  viandes  qui  exhalent  une 
odeur  analogue  à  celle  du  beurre  rance. 

Ce  bacille,  très  mobile,  qui  exige  un  grossissement  de  HOO  a 
lUCX)  diamètres,  aflecte  des  formes  diverses;  mais  il  est  carac- 
térisé par  une  particularité  beaucoup  plus  mtte  après  colora- 
tion avec  le  bleu  de  méthylène.  Il  semble  alors  sporulé  ou  tout 
au  moins  formé  d'une  série  linéaire  de  points,  colorés  d'une 
façon  intense,  séparés  par  des  espaces  clairs  légèrement  teintés 
de  bleu. 

Ce  bacille,  qui  se  trouve  dans  le  sang,  dans  la  sérosité  du 
tissu  conjonctif  et  surtout  dans  le  suc  du  tissu  musculaire,  n'a 
jamais  été  observé  que  sur  les  viandes  à  odeur  de  beurre  rance, 
et  cette  altération  paiait  peu  fréquente,  puisque  MM.  Nocard  et 
Moulé  ne  l'ont  observée  que  i.i  fois  (15  fois  sur  le  bœuf,  vache 
ou  taureau,  9  fois  sur  le  veau)  sur  1790  examens  de  viandes 
saisies. 

U  n'est  pas  pathogène,  mais  il  est  associé  avec  d'»utres  mi- 
crobes extrêmement  dangereux,  l^es  inoculations  du  sang  et  du 
suc  des  viandes  à  odeur  de  beurre  rance  déterminent,  en  eff'et, 
en  moins  de  quarante-huit  heures,  la  mort  des  sujets  d'expé- 
rience. A  l'autopsie,  on  trouve  tantôt  les  lésions  du  charbon 
symptomatique,  tantôt  celles  de  la  septicémie;  mais  toujours 
on  constate  sur  le  cadavre  cette  odeur  manifeste  de  beurre 
rance. 

Il  semble  que  ce  bacille  ne  se  développe  volontiers  qu'au  voi- 
sinage de  ses  associés  et  à  la  faveur  des  modifications  qu'ils 
provoquent  dans  les  tissus. 

^  M.  le  docteur  de  Montessus  appelle  l'attention  sur  la  lué^ 
trite  très  fréquente  chez  les  jeunes  filles.  Cette  affection,  qui  a 
souvent  des  formes  particulières,  est  en  général  produite  par  la 
chlorose.  Elle  réclame  de  bonne  heure  un  traitement  énergique. 

11  sifi^nale  deux  variétés  de  métrites  auxquelles  il  donne  les 
noms  de  métrites  atrophique  et  métrite  spongiforme. 

Enfin,  après  quelques  mots  sur  les  métrites  hypertrophique 
et  indurée,  il  termine  par  des  considérations  sur  le  traitement, 
qui  ne  réclamerait  jamais  de  moyens  violents. 

—  M.  Fabre  (de  Commentrv)  fait  une  communication  sur  la 
pathologie  des  mineurs.  En  laissant  de  côté  les  traumatismes 
et  les  aU'ections  résultant  d'accidents  (coup  d'eau,  grisou,  etc.), 
les  maladies  auxquelles  sont  le  plus  sujets  les  ouvriers  mineurs 
se  rattachent  à  quatre  groupes  : 

1®  Maladies  des  voies  respiratoires,  sous  forme  d'emuhysème 
vésiculaire,  bronchites  chroniques,  dilatation  des  bronches  ; 

2"  Maladies  des  voies  circulatoires  :  anémie,  hypertrophie 
cardiaque,  anoxhémie  ; 

3"  Maladies  des  voies  digeslives  :  dyspepsie,  vertige  stomacal, 
dysenterie,  helminthiase  ; 


m    -  N»  2^  -        GAZETTE  HEBDOMADAIHE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


31  Juin  1880 


i''  Troubles  morbides  du  côté  des  organes  des  sens  :  surdité 
par  bouchons  cérumineux  ;  éruptions  cutanées  (sudoralcs,  mi- 
liaires^  furoncles,  érythèmes,  conjonctivites,  nystagmus,  qui  se 
rencontre  surtout  chez  les  ouvriers  travaillant  dans  des  houil- 
lôres  à  couche  mince,  où  Tabatage  exige  une  attitude  défec- 
tueuse). 

—  M.  le  docteur  Beauttis,  professeur  de  physiologie  a  la 
Faculté  de  médecine  do  Nancy,  directeur  du  laboratoire  de 
psychologie  physiologique  à  la  Sorbonne,  lit  un  travail  sur  la 
mémoire  des  sensations. 

Ces  recherches  sont  la  continuation  de  recherches  déjà  com- 
muniquées à  ta  Société  de  psychologie  et  publiées  dans  la  Revue 
philosophique.  Elles  n'ont  fait  que  confirmer  les  conclusions 
déjà  formulées  par  Tauteur  et  peuvent  se  résumer  ainsi  : 

1°  La  sensation  ne  disparaît  pas  graduellement  de  la  con- 
science ;  le  souvenir  d'une  sensation  musculaire,  tactile,  visuelle, 
auditive,  ne  s'atfaiblit  pas  graduellement,  peu  à  peu,  par  dégra- 
dations successives  ;  il  s'évanouit  brusauement,  tout  à  coup. 
Ce  phénomène  peut  être  rapproché  de  celui  de  la  réapparition 
du  souvenir.  Le  mot,  le  nom  cherchés  vainement,  nous  sautent 
à  Tesurit  subitement,  tout  d*un  coup. 

^  Quand  le  souvenir  de  la  sensation  a  ainsi  disparu  de  la 
ronscieuce,  ce  souvenir  parait  encore  à  l'état  inconscient. 

On  peut  donc  établir  trois  phases  dans  la  disparition  du  sou- 
venir d'une  sensation  : 

«.  phase  de  souvenir  conscient;  b,  phase  de  souvenir  incon- 
scient; c.  phase  d'oubli  total. 

Ces  expériences  autorisent  à  distinguer  une  mémoire  incon- 
sciente ou  organique  et  une  mémoire  consciente  ou  psychique, 
qui  se  superpose  à  la  première. 

3°  LVxamen  des  chilTres  et  des  courbes  dressées  d'après  ces 
dûlfres  semble  indiquer  qu'il  y  a  dans  la  disparition  d'un  sou- 
venir sensitif  des  alternatives  de  haut  et  de  bas.  La  courbe  de 
disparition  du  souvenir  sensitif  (courbe  des  écarts)  présente  des 
oscillations,  des  alternatives  de  réapparition  et  d'extinction  rela- 
tives jusqu'à  Textinctlon  finale  du  souvenir. 

Oans  le  cours  de  ces  recherches,  on  a  pu  vérifier  un  fait  qui 
avait  déjà  été  observé  par  Vierort  dans  ses  expériences  sur  le 
sens  de  la  durée.  C'est  que  nous  avons  une  tendance  à  aug- 
menter les  petites  quantités  (longueurs,  durées)  et  à  diminuer 
les  grandes.  On  a  retrouvé  cette  même  tendance  pour  les  sensa- 
tions auditives.  Dans  ses  expériences  sur  la  hauteur  des  sons, 
M.  Beaunis  avait  une  tendance  à  hausser  les  sons  graves  et  à 
baisser  les  sons  aigus. 

Les  détails  sur  les  procédés  expérimentaux  employés  dans  ces 
recherches  ont  été  donnés  dans  la  communication  orale. 

—  M.  Rieisch,  de  l'École  de  médecine  et  de  pharmacie  de  Mar- 
seille, fait  en  son  nom  et  au  nom  de  M.  Uu  Bourguet,  aide-major 
au  1''  régiment  de  hussards,  une  communication  sur  les  ulcères 
de  l'Yémen. 

Dans  les  tubes  ensemencés  avec  un  ulcère  récent,  M.  du 
Bourguet  a  trouvé  un  bacille  de  longueur  assez  variable  et  dont 
la  largeur  n'est  pas  non  plus  tout  à  fait  constante;  il  mesure  en 
moyenne  1  fx.  5  et  est  aiors  à  peu  près  deux  fois  plus  long  que 
large.  Parfois,  il  est  tellement  court  qu'on  le  prendrait  prescjne 
pour  un  coccus,  ses  extrémités  étant  arrondies. 

En  gélatine,  il  forme  des  colonnes  sous  forme  de  taches  jau- 
nâtres granuleuses,  qui  prennent  bientôt  un  aspect  mamelonné 
et  liquéfient  rapidement  le  milieu. 

Ce  bacille  se  développe  encore  très  bien  dans  le  bouillon,  qu'il 
trouble  uniformément  avec  un  léger  dépôt  blanc  et  sans  pelli- 
cule; dans  la  gélose,  sur  laquelle  il  forme  une  couche  blanche, 
cireuse,  irisée;  mieux  encore  sur  l'agar  glycérine  et  sur  le 
sérum  qui  est  liquéfié.  Sur  la  pomme  de  terre,  on  voit  appa- 
raître des  stries  larges,  proéminentes,  jaunâtres,  d'aspect 
humide,  et  au  bout  de  quelques  jours,  la  pomme  de  terre  prend 
une  teinte  brune. 

H  est  décoloré  par  la  méthode  de  Gram  ;  jusqu'à  présent,  on 
ne  l'a  vu  ni  se  mouvoir,  ni  former  des  spores. 

En  inoculation  hypodermique,  son  action  est  à  peu  près  nulle 
sur  les  pigeons,  poules  et  souris  blanches  ;  chez  aeux  cobayes, 
il  a  donné  une  tumeur  qui  s'est  résorbée  au  bout  de  quelques 
jours.  Le  lapin  est  plus  sensible  :  il  se  forme  une  poche  puru- 
lenle  dont  le  pus  augmente  et  qui  arrive  à  s'abcéder. 

Les  auteurs  s'engagent  à  poursuivre  ces  recherches,  qu'ils 
considèrent  encore  comme  incomplètes. 

M.  Lp  Roy  de  Mrricourt  fait  remarquer  que  la  désignation 
des  uffections  en  utilisant  les  noms  géographiques  est  nuisible. 


Il  est  fort  probable  que  l'ulcère  de  l'Yémen,  comme  Tulcère  de 
Mozambique,  ne  constitue  qu'une  forme  de  phagédénÎMne.  il 
pense  que  M.  Rietsch  continuera  ses  recherches  si  intércssaotps 
en  recherchant  les  bacilles  de  l'ulcère  de  Mozambique  et  (ir> 
autres  ulcères  phadégéniciues  des  pays  chauds. 

—  A  la  séance  de  clôture  de  la  réunion  des  Sociétés  savantes, 
M.  le  docteur  ds  Montessns  a  été  nommé  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Acméénle  de  médeelne. 

SÉANCE  DU   18  JUIN   1889.   —  PRÉSIDENCE 
DE  M.  MAURICE  PERRIN. 

M.  le  duclour  Céh.  Fichot  envoie  un  mémoire  manuscrit  sur  la  fièvre  typhow. 
-endémique .à  IHouliM-en^GUberl  {li/iivre). 

MM.  les  docteurs  Tartière,  mcdccin-major  de  â«  classe  au  8*  rcgimeni  H. 
hussards,  et  Sudour,  médecin-major  de  2*  classe  au  15*  régiment  do  liffoc,  kdns- 
scnt  des  rappo-ts  sur  let  vacctnaliont  et  lu  revaceinalUmt  qu'Us  ont  pratiqua! 
en  1888  ISSU. 

M.  le  doclour  Durand  {BrtUMt)  envoie  plusieurs  mémoires  sur  les  éjfidâmti 
NarteiUan  {HérauU)  et  leur  prophylaxie. 

M.  Féréol  présent^  do  la  part  de  M.  le  docteur  Ca%ali*  (d'Aix-les-Batll^),  b  (d- 
duction  do  l'ouvrage  de  M.  le  docteur  Garrod  (de  Londres)  sur  Vacide  urique,  >> 
phytiologie  et  tes  rapports  avic  Ut  calculs  rénaux  et  la  gravelle, 

M.  Hervieux  dépose,  au  nom  de  M.  le  docteur  A.  Layet  (de  Bordoituij,  " < 
Traité  pratiqtu  de  la  vaccination  animale. 

M.  IHche  présente  une  Note  de  VLM.  Lajoux  et  Grandval  (de  Reims)  »\ir  In 
salycilntes  de  mercure. 

H.  Larrey  dépose  une  Histoire  des  fontaines  de  Cauterets  et  des  variatioiudf 
leur  emploi  au  traitemeni  des  maladie*  chroniques,  p.ir  M.  lo  docteir 
Lahillontie. 

U.Léon  Colin  présente  :  l'article  Pourriture  d'hôpital,    par   M.   le  Jou 
Chanvel ;  Vnrilcle    Iris,    par   MM.   les   doclciirs  Chauvel  et  A'imtfr,  et  I  jrt  '• 
Jambe,  par  M.  le  docteur  !fimier.  Ces  Irois  ^«rlicles  sont  extraits  du  Diction)i'i-r> 
encyclopédique  des  sciences  médicales. 

M.  hannelonyue  dépose  une  Nuto  de  M.  le  docteur  Queirel  (de  Marseill*  -«r 
un  eat  d'absence  d^anus  et  de  malformation  des  organes  génitaux. 

M.  Du  jardin- Beaumet%  fait  hommage  d'un  ouvrage  qu'il  vient  de  publier,  at^r 
M.  Égasse,  sur  les  plantes  médicinales  itidigénes  et  exotiques. 

Déclaration  de  vacance.  —  L'Académie  déclare  U 
vacance  d'une  place  de  membre  titulaire  dans  la  section  de 
médecine  opératoire,  en  remplacement  de  M.  Legouesi. 
décédé. 

Lavage  du  péritoine.  —  Il  résulte  d'expériences  faili'> 
par  M.  le  docteur  Delbet,  prosecteur  à  la  Faculté  de  méde- 
cine de  Paris,  qu'on  ueut  laver  le  péritoine  avec  une 
substance  toxique  sans  aanger  d'intoxication,  pourvu  que  le 
lavage  toxique  soit  précédé  d'un  lavage  avec  une  solution  de 
chlorure  de  sodium  à  7  pour  1000  et  qu'on  débarrasse 
ensuite  la  cavité  péritonéale  de  l'excès  de  substance  toxique. 
Ce  procédé  pourra  permettre  aux  chirurgiens  de  laver  san> 
danger  le  péritoine  avec  des  solutions  antiseptiques. 
(Renvoi  à  1  examen  de  M.  Trélat.) 

Diurétiques.  —  M.  Oujardin-Beaumetz  a  obtenu,  par 
l'emploi  du  giycose  pur,  à  la  dose  de  100  grammes  par  jour. 
des  effets  diurétiques  aussi  marqués  que  ceux  qu'a  signalés 
M.  Germain  Sée,  à  la  dernière  séance,  à  la  suite  de  l'admi- 
nistration de  la  lactose.  Il  reste  à  savoir  si,  chez  les  diabé- 
tiques, ce  médicament,  tout  en  remédiant  à  la  polyuric,  ne 
pourrait  pas  déterminer  à  lui  seul  une  glycosurie  pas- 
sagère. 

Liqueur  de  Feiïling.  —  Cette  liqueur  est  encore  aujour- 
d'hui, d'après  les  recherches  de  MM.  Yvon  et  Berlio:,  le 
réactif  le  plus  rapide  et  le  plus  exact  pour  constater  la  pré- 
sence du  sucre  dans  l'urine,  mais  son  emploi  doit  être 
entouré  de  quelques  précautions.  Pour  affirmer  la  présence 
du  sucre,  il  ne  suffit  pas  d'obtenir  une  décoloration  jaune 
ou  rouge  de  la  liqueur  cuprique  ;  il  faut  obtenir  une  mluc- 
tion  caractérisée  par  la  perte  de  transparence  du  mélan?*' 
et  l'apparition  d'un  précipité  d'oxyde  qui  peut  être  jaun^» 
noir    ou    rouîre.  Un    bon  moyen    pour  vérilier  qu'il  )  •' 


n  Jum  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAtRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CfitHUtlGIE 


-  N»  2S  —    403 


réellement  réduction,  consiste  à  écraser  avec  le  tube  la 
flamme  d'un  bec  de  gaz  éclairant;  on  voit  que  le  liquide  est 
devenu  opaque  s'il  ne  se  laisse  pas  traverser  par  la  lumière 
et  contient  bien  un  précipité  en  suspension.  —  (Renvoi  à 
Texamen  d*uhe  Commission  composée  de  MM.  A,  Robin  et 
Constantin  PauL) 

Hygiène  de  l'enfance,  —  M.  le  docteur  Ledé  commu- 
nique les  premiers  résultats  de  l'enquête  à  laauelle  il  s'est 
livré  sur  la  mortalité  des  enfants  originaires  de  Paris,  placés 
en  nourrice  en  province.  Cette  enquête  a  porté  sur 
l'année  1885  au  cours  de  lac^uelle  20000  petits  Parisiens 
environ  ont  été  placés  ea  province;  elle  fournit  des  rensei- 

Enements  sur  5819  enfants  nourris  dans  l'Aisne,  PEure-et- 
oir,  le  Loiret,  la  Seine-et-Oise  et  l'Yonne.  Sur  les  enfanls 
légitimes  d'un  à  quinze  jours,  élevés  au  sein,  la  mortalité 
a  été  de  25,19  pour  10<')  ;  elle  est  montée  à  44,52  pour  100 
pour  les  enfanls  légitimes  élevés  au  biberon  ;  à  35,14 
pour  100  pour  les  illégitimes  placés  au  sein  et  à  39,81 
pour  100  pour  ceux  qui  ont  été  élevés  au  biberon.  D'autre 
part,  parmi  les  enfants  nourris  au  sein,  70,56  pour  100 
atteignent  leur  première  année,  tandis  que  cette  proportion 
n'est  que  de  52,15  pour  100  pour  les  enfants  élevés  au  bibe- 
ron. On  voit  ainsi  combien  Papplication  de  la  loi  Roussel 
a  réussi  à  diminuer  la  mortalité  de  tous  ces  enfants 
exportés.  D'où  la  nécessité  d'empêcher  le  plus  possible 
Pailaitement  au  biberon  et  de  n'employer  tout  au  moins  que 
des  biberons  sans  tube.  —  (Commission  de  l'hygiène  de 
renfance.) 

Histoire  médicale.  —  M.  le  docteur  Costomiris  lit  un 
mémoire  sur  les  écrits  encore  inédits  des  anciens  médecins 
grecs  et  sur  ceux  dont  le  texte  original  est  perdu,  mais  existe 
en  latin  ou  en  arabe.  — (Renvoi  à  l'examen  d'une  Commis- 
sion composée  de  MM.  Panas  et  Laboulbène,) 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  25  juin  est  fixé  ainsi 
qu'il  suit:  i°  communication  de  M.  Polaillon  sur  les  anes- 
Ihésiques;  2"  lecture  de  M.  le  docteur  Goubaud  sur  le  trai- 
tement de  l'eczéma. 


flocl^té  médlcalo  des  bôpKavx. 

SÉANCE   DU   14  JUIN  1889.    —    PRÉSIDENCE 
DE   M.   CADET   DE   GASSICOURT. 

Présentations  d'ouvrages  :  M.  Bevestre;  M.  ▲.  Robin.  —  Lésions 
multiples  de  syphilis  tertisdre  ohez  un  enfant  :  M.  D'Heilly.  —  A 
propos  de  l'empyéme  pulsatile  :  M.  Féréol.  —  Balte  de  la  disous- 
sion  sur  Visolement  des  maladies  contagieuses  dans  les  hôpitaux 
d'enlants  :  MM.  Comby,  Legroux,  Féréol,  Richard,  Gaucher,  E. 
Labbé,  Sevestre,  Cadet  de  Oassioourt. 

M.  Sevestre  dépose  sur  le  bureau  ses  Études  de  clinique 
infantile^  dans  lesquelles  il  a  traité  de  la  syphilis  hérédi- 
taire précoce,  de  la  laryngite  syphilitique,  de  la  broncho- 
pneumonie par  infection  intestinale,  et  de  la  prophylaxie 
de  la  rougeole  et  de  la  diphthérie  à  l'hospice  des  Enfants 
assistés. 

M.  A.  Robin  fait  hommage  à  la  Société  de  son  rapport  à 
l'Académie  de  médecine  sur  les  Eaux  minérales  pour  l'an- 
née 1888.  Il  signale  les  travaux  scientifiques  entrepris  à 
son  instigation  par  plusieurs  médecins  des  stations  ther- 
males, et  en  particulier  les  recherches  du  docteur  Bardet 
sur  l'action  des  eaux  d'Evian  sur  la^  nutrition  :  ces  eaux, 
fiiciles  à  digérer,  sont  très  diurétiques  quand  le  rein  est 
sain  ;  elles  sont  assez  peu  minéralisées  pour  ne  pas  modifier 
la  réaction  de  l'urine  j  enfin  elles  augmentent  la  quantité 
d'urée  excrétée,  en  activant  les  mutations  organiques  chez 
un  sujet  mis  au  régime  d'entretien. 

'-  M.  D'Heilly  présente  une  petite  fille  de  quatorze  ans, 
qui  offre  des  lésions  multiples  de  syphilis  tertiaire  :  nez  en 


encoche,  destruction  de  la  luette,  dents  permanentes  mal 
plantées,  mais  sans  aspect  caractéristique,  gros  foie,  exos- 
toses  diverses,  et  en  particulier  déformation  classic[ue  des 
tibias  dite  en  foureau  de  sabre.  Elle  n'a  eu  ni  surdité  pro- 
fonde, ni  kératite  interstitielle.  Toutes  ces  lésions,  accom- 
pagnées de  douleurs  atroces,  ont  évolué  entre  neuf  et  treize 
ans.  Elle  présente  un  aspect  manifeste  d'infantilisme.  Les 
renseignements  fournis  par  la  mère  ne  présentent  aucune 
valeur,  si  bien  ijue  M.  D'Heilly  ne  peut  affirmer  s'il  s'agit 
de  syphilis  acquise  ou  de  syphilis  héréditaire. 

—  M.  Féréol  présente  un  malade  ayant  subi,  il  y  a  cinq 
ans,  l'opération  d'Estlander  pour  un  empyème  pulsatile,  et 
qui,  après  avoir  obtenu  une  guérison  complète  durant  cinq 
années  a  vu,  au  mois  d'octobre  dernier,  réapparaître  une 
fistule  intercostale.  Cette  fistule,  assez  étroite,  semble  se 
diriger  perpendiculairement  à  la  surface  thoracique;  l'in- 
jection ne  réussit  à  faire  pénétrer  que  20  à  30  grammes  de 
liquide.  Le  malade  n'est  pas  tuberculeux,  mais  il  est  actuel- 
lement assez  fortement  albuminurique,  ce  qui  fait  hésiter  à 
tenter  une  nouvelle  opération.  A  ce  propos,  M.  Féréol 
revient  sur  les  diverses  théories  invoquées  pour  expliquer 
le  phénomène  de  l'empyèmô  pulsatile  et  pense,  ainsi  qu'il 
l'a  dit  déjà  antérieurement  que,  dans  bien  des  cas,  c'est  à 
un  pneumothorax  fermé,  latent,  qu'est  dû  le  renforcement 
des  pulsations  transmises  au  liquid"e  par  le  cœur.  Dans  les 
autres  cas,  où  il  n'existe  pas  de  pneumothorax,  l'explication 
est  plus  difficile;  sans  doute,  le  poumon  refoulé,  mais  non 
atéleotasié,  et  isolé  par  des  adhérences,  renferme  assez  d'air 
pourjouer  dans  la  cage  thoracique  le  même  rôle  que  l'épan- 
chement  gazeux  du  pneumothorax. 

—  M.  Comby  donne  lecture  d'une  note  qui  lui  est  per- 
sonelle,  puis  d'une  autre  note  adressée  par  M.  Legroux  et 
qui,  toutes  deux,étayées  sur  des  arguments  d'ordre  scienti- 
fique, aboutissent  à  cette  conclusion  que  la  scarlatine  est 
plus  grave,  plus  dangereuse  que  la  coqueluche  et  mérite 
plus  encore  des  mesures  d'isolement  que  cette  dernière. 

Une  discussion,  à  laquelle  prennent  part  MM.  Féréol, 
Sevestre,  Richard,  Gaucher,  É.  Labbé,  s'engage  à  ce  pro- 
pos, pour  établir  si  la  scarlatine  est  plus  ou  moins  redou- 
table et  meurtrière  que  la  coqueluche.  M.  Cadet  de  Gassi- 
court  hii  observer  que  cette  question  théorique  peut  être 
fort  intéressante,  mais  sort  du  débat  soumis  à  la  Société; 
il  s'agit,  en  effet,  de  déterminer  les  mesures  pratiques 
d'isolement  dans  les  hôpitaux  d'enfants. 

Après  un  court  échange  d'opinions,  il  est  décidé  que  la 
Commission  demandera  un  pavillon  d'isolement  pour  la 
coqueluche  dans  chaque  hôpital  d'enfants,  et  émettra  le  vœu 
de  la  création  ultérieure  d  un  hôpital  spécial  alTecté  à  1  iso- 
lement des  coqueluchenx. 


Société  de  chirurgie. 

SÉANCE  DU   12  JUIN    1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE   M.    LE   DENTU. 

Extirpation  des  anèTrysmes  :  M.  Sellier  (de  Laval);  M.  Trèlat,  rap- 
porteur (Dlsousslon  :  MM.  Champlonnière,  Desprës.  Terrier).  — 
Traitement  des  my ornes  utérins  par  l'électrloltè  :  MM.  BoulUy, 
SobwarU,  Kirmlssson»  Segond.  Le  Dentu. 

M.  Trélat  fait  un  rapport  sur  une  observation  A^extirpa- 
tion  d'anévrysme  de  l  humérale  par  M.  Sellier  (de  Laval). 
L'opéralion  a  été  faite  sur  une  femme  qui  en  \SM  eut  une 
plaie  de  l'humérale  traitée  par  la  compression  et  vit  se 
développer  ensuite  un  anévrysme  qui  dans  les  derniers 
temps  augmenta  avec  rapidité,  causa  des  névralgies  intenses 
et  menaça  de  s'ouvrir.  M.  Sellier  fit  alors  l'extirpation, 
après  ligature  de  l'humérale  entre  le  sac  et  l'aisselle.  Une 
partie  du  sac  adhérait  au  nerf  médian  et  fut  laissée  en 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  lE  CHIRURGIE 


2i  Juin  1889 


place.  Les  ligatures  ont  été  faites  au  fil  de  chanvre  et  sont 
tombées  le  huitième  et  le  trentième  jour.  Il  y  a  eu  une 
suppuration  modérée,  et  la  malade  a  guéri,  avec  de  Ta- 
trophie  du  bras  et  de  Tavant-bras  il  est  vrai,  car  la  cica- 
trisation est  un  peu  vicieuse.  M.  Trclat  connaît  quatre 
observations  analogues.  La  première  date  de  1G99,  elle  est 
due  à  Purmann,  pour  un  anévrysme  du  pli  du  coude.  Les 
autres  sont  de  Roux  (1817),  Chapel  de  Saint-Malo  (1854) 
et  Scriba  (1885).  M.  Trélat  se  déclare,  en  principe,  partisan 
de  ces  interventions.  Il  ne  croit  pas  utile  de  faire  une  liga- 
ture préalable  au-dessus,  et  surtout  il  pense  que  dans  les 
opérations  de  ce  genre  il  faut  être  d'une  antisepsie  rigou- 
reuse pour  assurer  la  réunion  immédiate.  Les  cicatrices 
ainsi  obtenues  sont  en  eiïet,  et  de  beaucoup,  les  mieux 
tolérées.  Mais  Tobservation  de  M.  Sellier,  malgré  ces  légères 
critiques,  démontre  qu*on  peut  rendre  ainsi  aux  malades 
un  service  signalé. 

M.  Lucas-Championnière  ne  se  refuse  pas  îi  admettre 
Textirpalion  des  anévrysmes,  mais  tient  à  affirmer  que  ce 
n'est  pas  de  la  chirurgie  de  tout  le  monde.  Une  antisepsie 
absolue  y  est  indispensable,etM.  Sellier,  n'étant  sans  doule 
pas  à  même  de  la  réaliser,  eût  probablement  mieux  fait  de 
s  en  tenir  à  une  opération  plus  simple. 

M.  Després  rappelle  qu'il  y  a  quinze  ans  déjà  la  Société 
a  discuté  celte  question  et  conclu  à  l'extirpation  des  petits 
anévrysmes  de  la  tête,  de  la  main;  et  à  cette  époque  on  ne 
parlait  pas  d'antisepsie. 

M.  Terrier  est  partisan,  en  principe,  de  l'extirpation.  Il 
pense  que,  pour  juger  la  méthode,  il  faut  avant  tout  faire 
table  rase  des  observations  anciennes  et  attendre  d'avoir 
en  nombre  suffisant  des  opérations  antiseptiques. 

M.  Trélat  insiste  sur  ce  dernier  point.  On  ne  peut  avoir 
pour  le  moment  que  des  tendances  :  la  méthode  n'a  pas 
encore  fait  ses  premières  dents.  M.  Trélat  remercie 
M.  Championnière  d'avoir  une  fois  de  plus  combattu  devant 
ses  collègues  le  combat  de  l'antisepsie.  Ses  critiques  sem- 
blent cependant  pxa<;érées.  La  vie  était  menacée  chez  la 
femme  opérée  par  M.  Sellier,  et  l'extirpation,  faite  pour  ainsi 
dire  d'urgence,  a  sauvegardé  la  vie.  Donc  M.  Sellier  a  bien 
agi.  De  là  à  prétendre  que  sa  conduite  a  été  idéale,  qu'il 
a  bien  fait  de  ne  point  se  servir  de  catgut,  que  la  suppu- 
ration de  la  plaie  est  désirable,  il  y  a  loin.  M.  Trélat, 
d'ailleurs,  avant  M.  Championnière,  avait  fait  ces  quelques 
réserves. 

—  M.  Bouilly,  reprenant  la  discussion  sur  le  traitement 
des  myomes  utérins  par  rélectricitéj  s'associe  aux  réserves 
prudentes  de  M.  Championnière.  Les  résultats  en  somme 
sont  purement  symplomatiques  et  non  pas  réellement 
curatifs.  Aussi,  avant  de  se  prononcer,  faut-il  tenir  compte 
de  l'évolution  naturelle  des  fibromes.  Une  femme  qui  en 
est  atteinte  a,  spontanément,  des  périodes  d'exacerbation 
et  d'autres  au  contraire  d'accalmie  sans  qu'on  sache  pour- 
quoi. Ces  variations  peuvent  fort  bien  induire  en  erreur  sur 
la  valeur  d'un  traitement  quelconque.  Comme  l'a  dit 
M.  Championnière,  ces  phénomènes  s'observent  surtout 
vers  la  ménopause,  et  lorsque  alors  le  traitement  chirurgical 
n'est  pas  indiqué,  il  faut  savoir  qu'on  a  des  améliorations 
évidentes  par  les  injections  chaudes  et  prolongées,  le 
repos,  les  narcotiques,  les  médications  internes  "diverses. 
Et  d'ailleurs  il  ne  faudrait  pas  exagérer  les  bénéfices  du 
traitement  électrique.  M.  Bouilly  a  soigné  quatre  femmes 
qui  avaient  été  soumises  auparavant  à  ce  traitement  :  elles 
avaient  été  améliorées,  mais  la  récidive  ne  s'était  pas  fait 
attendre.  Il  est  vrai  que  ces  cas  de  rebut  ne  peuvent  pas 
autoriser  une  condamnation  :  aucune  méthode  n'est  infail- 
lible. Ils  ordonnent  seulement  de  ne  pas  se  prononcer  à  la 
hâte.  Au  reste,  M.  Bouilly,  avec  le  concours  de  M.  Danion, 
a  soumis  à  rélcctrisalion  une  femme  atteinte  de  douleurs 


et  de  compression  rectale  à  la  suite  d'un  Gbrome  compliqut' 
de  paramétrite.  L'électrode  positive  a  été  mise  sur  uih> 
tumeur  saillante  dans  le  cul-de-sac  postérieur,  et  il  faut 
convenir  que  le  résultat  a  été  fort  satisfaisant. 

M.  Schirartz  communique  une  observation.  Un  fibrome 
gros  comme  une  tète  d'enfant,  saillant  sur  la  paroi  aiilê- 
rieure  du  vagin,  causait  avec  intensité  des  douleurs,  de^ 
inétrorrhagies,  de  la  compression  vésicale.  On  avait  épuise 
toutes  les  méthodes  bénignes  et  l'on  proposait  l'hyslérer- 
tomie  lorsque  M.  Scinvartz  fit  appeler  M.  Apostoli.  Oix-lmii 
séances  furent  faites,  tous  les  deux  ou  trois  jours.  Elles  du- 
raient cinq  minutes  et  l'intensité,  débutant  par  60  inilliam- 
pères,  arriva  à  iOO,  130.  Quelques-unes  ont  été  doulou- 
reuses. Mais  au  bout  de  deux  mois  les  accidents  avaient 
cessé  et  la  tumeur  avait  certainement  diminué.  Depoisjr 
résultat  s'est  maintenu. 

M.  Kirmissony  lui  aussi,  se  borne  à  relater  un  (itit. 
observé  sur  une  femme  de  quarante-huit  ans,  chez  laquelle 
un  fibrome  remontant  jusqu'à  l'épigastre  causait  des  duu- 
leurs,  des  troubles  digestifs,  de  la  dyspnée.  Le  volume  élaii 
I  tel  qu'une  opération  eût  été  dangereuse.  L'éleclrisalion 
fut  donc  entreprise  par  M.  Apostoli  :  en  quatre  mois,  dis- 
huit  séances  où  furents  atteints  150, 180,  200  milliampère>. 
Uuoi  qu'en  dise  l'auteur  de  la  méthode,  il  y  a  eu  parfois  dl^ 
souffrances,  mais  il  est  certain  que  ramélioralion  symplo- 
matique  est  notable.  La  tumeur  a  diminué,  mais  peu. 

M.  Segond  pense,  comme  M.  Bouilly,  que  l'éleclrisalion 
est  bonne  faute  de  mieux.  Il  y  a  des  fibromes  mortels  de> 
qu'on  y  touche;  on  sera  heureux  de  pouvoir  leur  opposer 
quelque  chose  de  plus  efficace  que  les  compresses  saleté 
sur  le  ventre.  Des  femmes  infirmes  récupèrent  ainsi  une 
validité  suffisante.  Aussi  dans  un  cas  de  ce  genre  M.  Se{;onil 
a-l-il  convié  M.  Apostoli  pour  une  femme  de  quarante-sept 
ans  qu'un  fibrome  monstrueux  rendait  infirme,  par  de5 
pertes,  des  poussées  de  péritonite  et  d'obstruction  inle>- 
tinale,  si  bien  qu'elle  voulait  se  le  faire  extirper;  maiscVùt 
sans  doute  été  la  mort.  Vingt-deux  séances,  où  TinteuMle 
a  fini  par  atteindre  230  milliampères,  ont  été  suppotlees 
sans  trop  de  douleurs  et  aujourd'hui  l'amélioration  fuiio- 
tionnelle  est  merveilleuse.  Le  fibrome  est  toujours  gros. 
mais  il  a  diminué.  On  continue  d'ailleurs  le  traitement, 
car,  comme  le  dit  M.  Championnière,  la  persistance  e5t| 
indispensable. 

M.  Le  Dentu  vient  avec  deux  observations,  où  il  a  appliqué 
la  méthode  sans  le  secours  d'un  spécialiste.  La  première 
date  de  mars  1885  et  cette  ancienneté  a  quelque  valeur 
dans  les  conditions  de  la  discussion  actuelle.  Le  filiroinej 
enclavé  dans  le  bassin,  comprimait  le  rcQtum.  L'éleclroie, 
abdominale  fut  une  armature  en  métal  et  en  peau.  De  imrs\ 
à  décembre  1885,  quatre-vingt  et  une  séances  furent  filles 
et  l'intensité  arriva  à  180  milliampères.  L'amélioration  fut 
considérable,  mais  les  fibromes,  très  durs,  diminuèrent  pel 
de  volume.  Dix-sept  séances  furent  pratiquées  en  IHHIi. 
Depuis,  le  résultat  s  est  maintenu.  Il  n  en  est  pas  do  même 
pour  la  seconde  malade,  soignéeen  juin  1887.  Les  fibromes 
de  la  variété  molle,-  ont  d'abord  diminué  de  volume  p'H' 
dant  les  dix-huit  premières  séances,  échelonnées  en  de"* 
mois.  On  n'a  jamais  pu  dépasser  50  milliampères,  et  encoi* 
à  la  fin  il  a  fallu  descendre  à  35,  à  30.  Mais  pendant  una 
absence  de  M.  Le  Denlu  le  traitement  a  été  confié  à  ua 
autre  médecin  et  la  itfalade  n'a  bientôt  plus  pu  le  tolémv 
El  M.  Le  Dentn,  à  son  retour,  a  essayé  de  nouveau,  mais 
sans  succès.  C'est  donc  là  un  échec,  mais  il  est  probable 
qu'une  technique  plus  parfaite  l'eût  évité.  M.  Le  Denlu.  «''i 
avril  188U,  a  adressé  à  \l.  Apostoli  une  malade  qui  s'eiu^l 
très  bien  trouvée. 

A.  BnocA. 


21  Juin  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         ^  N<»  25  —    405 


Soelété  de  biologie. 

SÉANCE   DU    15  JUIN    1889.  --   PRÉSIDENCE 
DE    M.   BROWN-SÉQUARD. 

Troubles  du  système  nerveux  dépendant  d'excitations  auditives  : 
M.  Oellé.  —  Présentation  d'ouvrages  :  M.  Ch.  Richec  —  Sur  le 
passage  de  la  bactéridie  oharboaneuse  de  la  mère  an  foetus  : 
M.  Straus.—  Variations  de  la  température  centrale  par  suggestion  : 
MM.  Helliob  et  Mares.  —  Influence  des  testicules  sur  les  fonctions 
vitales  en  général  :  M.  Bro-wrn-Séquard.  —  Sur  une  soi-disant 
sauterelle  :  M.  Giard.  —  De  la  conservation  des  viandes  par  le 
froid  :  M.  Poucbet. 

M.  Gellé  a  observé  plusieurs  personnes  qui,  se  servant 
beaucoup  du  téléphone,  ont  au  bout  d'nn  temps  plus  ou 
moins  long  présenté  des  troubles  divers  du  système  ner- 
veux  :  bourdonnements  d'oreilles,  état  vertigineux,  fatigue 
inlellectuellc,  épuisement  général.  Ainsi  des  excitations 
auditives  continues  peuvent  donner  lieu  à  des  désordres 
variés  du  système  nerveux. 

—  -  M.  Ch.  Richet  offre  à  la  Société,  de  la  part  de 
M.  A.  Bottard^  sa  thèse  de  doctorat  en  médecine,  intitulée  : 
Lrs  poissons  venimevx,  qui  constitue  sur  la  question  une 
monographie  étendue  et  tiès  soignée. 

M.  Bichet  présente  en  outre  le  livre  qu'il  vient  de  publier 
sur  la  Chaleur  animale. 

—  M.  Straus  montre  par  des  documents  et  textes  précis 
qu'une  réclamation  de  priorité,  relative  à  la  question  de  la 
transmission  de  la  bactéridie  charbonneuse  de  ta  mère  au 
fœtus,  réclamation  faite  par  M.  Perroncito  (de  Turin),  nVst 
absolument  pas  fondée  ;  la  découverte  de  ce  fait  est  réelle- 
ment due  à  MM.  Chamberland  et  Straus. 

—  M.  Blanchard  présente  une  note  de  MM.  Hellich  et 
Murés  (de  Prague)  qui  ont  déterminé,  par  suggestion,  chez 
(les  hystériques  hypnotisés,  des  variations  de  la  tempéra- 
ture centrale,  élévation  et  abaissement  de  celle  tempé- 
rature. 

—  M.  Brown-Séquard  poursuit  ses  expériences  sur  les 
résultats  des  injections  d'extrait  du  testicule;  il  continue  à 
observer  les  effets  qu'il  a  récemment  signalés,  augmentation 
de  la  force  musculaire  générale,  accroissement  de  la  vigueur 
intellectuelle,  etc. 

—  M.  Giard  décrit  un  insecte  dont  on  a  signalé  derniè- 
rement le  passage  en  grandes  bandes  dans  le  département 
du  Nord  et  qu'on  a  pris  pour  une  sauterelle  ou  un  criquet  ; 
c'est  en  réalité  une  libellule. 

-^  M.  Pouchet  a  constaté  (jue  la  viande  conservée  par  le 
froid  a  gardé  toutes  ses  propriétés  alimentaires  et  n'a  acquis 
aucune  mauvaise  odeur  ni  goût  désagréable.  Au  point  de  vue 
histologique,  le  tissu  musculaire  otfre  certaines  particula- 
rités :  c'est  ainsi  que  les  stries  des  fibrilles  ne  se  voient 
plus,  si  on  plonge  le  tissu  dans  l'alcool  alors  qu'il  est 
enr.oregelé;  mais  si  on  a  fait  préalablement  dégeler  la 
viande,  les  stries  se  voient  très  bien. 


Société  de  ihérApcuiliiae. 

SÉANCE   DU   <2  JUIN    1889.   —  PRÉSIDENCE    DE    M.   FERNi:!. 

Fin  de  la  discussion  sur  le  traitement  de  la  diphthèrle  (lettre  de 
M.  Comby).  —  Dyspnée  toxique  dans  les  cardiopathies  artérielles, 
son  traitement:  M.  Huchard  (Discussion:  MM.  Gatillon,  Moutard- 
Martin.  Vigier.  Bolmont,  Cadet  de  Oasslcouit).  —  Valeur  et  indi> 
cations  thérapeutiques  du  veratrum  viride  :  M.  Liégeois  (de  Bain> 
▼ille-aux-8aules). 

M.  le  Président  donne  lecture  d'une  lettre  adressée  par 
H.  Comby,  relative  à  la  discussion  sur  le  traitement  de  la 
iiiphtbérie    et   dans    laquelle    Tauteur    déclare   que  sur 


7530  consultations  données  au  dispensaire  de  la  Villette,  il 
n'a  pas  été  observé  plus  de  10  cas  de  diphthérie,  alors  que 
les  angines  s*y  comptent  par  centaines.  Sur  ce  nombi^,  la 
moyenne  des  diphtbéritiques  qui  guérissent  est  seulement 
d'un  sur  trois.  En  conséquence,  M.  Comby  se  rallie  aux  con- 
clusions de  M.  Cadet  de  Gassicourl. 

—  M.  Huchard  lit  un  travail  intitulé  :  De  la  dyspnée 
toxique  dans  les  cardiopathies  artérielles  et  de  son  trai- 
tement. Il  cite  l'observation  d'un  homme  de  cinquante  ans, 
descendant  de  goutteux  et  artério-scléreux  lui- même,  qui 
présentait  depuis  trois  ans  un  souffle  intense  à  la  pointe 

four  lequel  on  avait  fait  un  diagnostic  d'insuffisance  mitrale. 
our  M.  Huchard,  au  contraire,  il  s'agissait  seulement  de 
rugosités  mitrales  chez  un  arlério-scléreux.  Dans  le  cours 
de  la  deuxième  année  de  la  maladie,  attaques  de  dyspnée 
intense,  dyspnée  d'effort;  la  digitale,  prescrite  alors  par  les 
médecins  traitants,  ne  fit  qu'aggï'aver  les  accidents. 
M.  Huchard,  trouvant  chez  le  malade  un  cœur  gros,  un  foie 
normal,  pas  de  râles  dans  les  poumons,  ni  d'albuminurie, 
des  artères  dures,  un  retentissement  caractéristique  au 
niveau  de  l'aorte  et  une  hypertension  artérielle  manifeste, 
conclut  de  nouveau  à  une  cardiopathie  artérielle,  en  un 
mot  à  une  artériosclérose,  propagée  aux  artères  coro- 
naires et  ayant  amené  une  sclérose  du  cœur.  Pour  lui, 
dès  lors,  les  accidents  dyspnéiques  résultaient  d'une 
inloxicaiion  par  insuffisance  rénale  (imperméabilité  du 
rein)  entravant  l'élimination  des  substances  toxiques  intro- 
duites ou  fabriquées  dans  l'organisme.  Pour  les  cas  sem- 
blables, M.  Huchard  propose  le  traitement  suivant:  l"*  au 
moment  des  crises  de  dyspnée,  régime  lacté  exclusif  (qui, 
chez  son  malade,  fit  cesser  en  quarante-huit  heures  les 
accidents  de  dyspnée)  ;  2**  lorsque  les  malades  peuvent 
recevoir  une  alimentation  plus  ordinaire,  régime  lacté 
mitigé,  potages  au  lait,  avec  œufs  bien  cuits  (les  œufs  crus 
pouvant  donner  de  l'albuminurie)  ;  3*  plus  tard,  régime 
végétarien  et  permettre  les  viandes  seulement  en  petite 
quantité  et  bien  cuites.  En  un  mot,  éviter  d'introduire  dans 
I  organisme  les  aliments  contenant  des  ptomalnes,  tels  que 
bouillons,  potages  gras,  viandes  incomplètement  cuites, 
poisson.  Le  régime  végétarien  entrave  le  développement 
de  l'arlério-sclérose  ;  la  rareté  de  cette  maladie  chez  les 
paysans  qui  mangent  peu  de  viande,  en  est  un  témoignage. 

Dans  la  discussion  qui  suit  celte  communication,  M.  Ca- 
tillon  objecte  que  l'albumine  introduite  par  des  voies 
digeslives  ne  produit  pas  l'albuminurie.  Dans  les  expé- 
riences de  Cl.  Bernard,  invoquées  par  M.  Huchard,  l'albu- 
mine était  injectée  dans  les  tissus. — M.  Moutard-Martin  dit 
avoir  vu  un  malade  atteint  d'affection  de  l'estomëc  qui ,  depu  is 
cinq  ans,  se  nourrissait  exclusivement  avec  dix-huit  œufs 
crus  parjour,  sans  être  albuminurique. — M.  Vigier  déchro 
(lu'on  doit  avoir  tout  avantage  à  donner  les  œufs  crus, 
I  albumine  cuite  mettant  beaucoup  plus  longtemps  à  se 
peptoniser  que  celle  qui  ne  l'est  pas.  —  M.  Cadet  de  Gassi- 
courl fait  remarquer  que  les  enfants  chez  lesquels  le 
régime  lacté  absolu  ne  peut  être  maintenu,  digèrent  parfai- 
tement les  œufs  à  la  coque  très  peu  cuits,  en  lait. 

—  M.  Huchard  lit  au  nom  de  M.  Liégeois  (de  Bainville- 
aux- Saules)  un  mémoire  intitulé:  Valeur  et  indications 
thérapeutiques  du  veratrum  viride.  Avec  le  rhizome  de 
cette  niante,  on  fait  une  teinture  au  quart,  dont  on  donne 
X  à  XaX  gouttes  en  vingt-quatre  heures.  C'est  un  cardio- 
hypokinésique.  Il  agit  comme  artério-dépresseur,  antither- 
inique,  nervin,  sédativo-réflexe  (comme  Tanlipyrine  et  la 
phénacétine),  diurétique;  enfin,  il  augmente  la  sécrétion 
salivaire.  Ses  propriétés  ont  permis  de  l'employer  avanta- 
geusement dans  les  affections  cardio-vasculaires,  surtout 
contre  les  palpitations,  les  arythmies,  soit  d'origine 
fonctionnelle  avec  hypertension  artérielle,  soit  d'origine 
valvulaire  (dans    la  période    d'hypersystolie),   soit  d'ori- 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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gine  scléreuse  (à  la  première  période).  —  Dans  la  maladie 
de  Basedow,  il  a  amendé  les  phénomènes  cardio-vascu- 
laires,  il  diminue  les  palpitations  de  la  puberlé  (sans 
hypertrophie  cardiaque),  de  la  neurasthénie,  de  la  mé- 
nopause, etc.  Celle  substance  ne  présente,  chez  les  car- 
diaques, aucun  des  inconvénients  de  la  véralrine.  Comme 
antithermique,  Nelson  Ta  donné  à  la  dose  de  I  à  II  gouttes 
dans  la  fièvre  typhoïde.  Comme  nervin,  on  le  donnait  aux 
choréiques  avant  de  connaître  Tantipyrine.  Aujourd'hui, 
Fauteur  l'associe  à  celte  dernière  dans  le  traitement  des 
chorées  avec  cœur  hyperkinésique.  Ce  médicament  agit 
aussi  favorablement  sur  le  tremblement  de  la  maladie  do 
Basedow,  suspend  les  convulsions  et  diminue  les  pulsations 
cardiaques  dans  l'éclampsie  puerpérale.  Dans  un  cas,  il  a 
fait  cesser  une  névralgie  intercostale. 

M.  Vigier  fait  remarquer  que  la  teinture  de  veratrum 
viride  doit  être  faite  non  pas  au  quart,  mais  au  cinquième 
(formule  du  Codex). 

M.  Uuchard  a  employé  aussi  avec  succès  le  veratrum 
viride  et  croit  à  ses  oons  effets  dans  la  maladie  de  Basedow 
et  dans  les  cas  d'hypertension  artérielle. 

M.  Du  Bousquet  fait  observer  que  ce  médicament  a  été 
déjà  employé  par  Ferris  (de  Brest)  dans  les  Iremblements. 

—  M.  yi'gfiVr  fait  une  communication:  1'  sur  la  façon  dont 
doit  êlre  formulée  la  pommade  mucilagineuse  avec  gomme 
adragantc  (voy.  Gazette  hebdomadaire,  n''  18,  1889);  2^  sur 
une  formule  au  baume  de  Tolu  (voy.  Gazelle  hebdomadaire^ 
n^  23,  1880). 

—  M.  Uuchard^  pour  éviter  le  trouble  qui  se  forme  dans 
les  potions  et  les  vins  à  l'extrait  de  quinquina,  propose  d'y 
ajouter  de  la  glycérine,  qui  remédie  à  cet  inconvénjenl. 

Georges  Baudouin. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

THÉRAPEUTIÛUE. 

ne  raetlon  *n(«sonli»te  de  la  pleroloxine  el  de  la  nior- 
phine,  par  M.  BoKAt.  —  D'après  cet  observateur,  la  picrotoxine 
sprail  Tantidote  de  la  morphine,  (ielle-ci,  dit-il,  paralyse  les 
centres  nerveux  respiratoires.  Celle-là  augmente  leur  excitabi- 
lité. De  plus,  dans  Fintoxication  morphinique,  la  pression  san- 
guine est  abaissée,  tandis  que  par  raclinn  de  lapicrotoxine  elle 
est  augmentée.  Ce  sont  là  des  effets  antagonistes.  Il  en  est  de 
même  encore  de  Taction  sur  Tinnervation  centrale. 

Enfin,  autre  application  pratique,  M.  Bokai  propose  de  sub- 
stituer la  picrotoxine  aux  préparations  de  noix  vomique  pour 
combattre  l'asphyxie  par  le  chloroforme.  (Jnlernat.  klinische 
Rfinrf.,  29  janvier  1889.) 

Quclqueii  oliiicrvatloiiii  sur  le  tr«tlteinent  de  la  phllilnie 
par  roBone,  par  M.  le  docteur  A.  RANSOiME.  —  La  méthode  de 
l'auteur  consiste  à  inhaler  le  gaz  conlenu  dans  des  cylindres 
renfermant  chacun  7  litres  d'oxygène  ozone  à  9  pour  100  el 
soumis  à  uno  pression  de  G  à  8  kilogrammes.  Simultanément 
il  prescrit  riodoforme  en  pilules  et  l'huile  de  foie  de  morue. 

Trente  cas  furent  traités  par  cette  méthode  C'étaient  ceux  de 
phlhisiqucs  de  divers  degrés.  Tous  ces  malades  augmenteront 
de  poids  el  accusèrent  une  diminution  de  la  fièvre  el  des  sueurs 
nocturnes.  Cependant  aucun  changement  de  Tctat  local  ne  fut 
noté  el  les  signes  physiques  n'étaient  pas  modifiés,  malgré 
l'amélioration  de  l'élat  général.  Quotidiennement,  chaque  ma- 
lade inhalait  trois  fois  le  contenu  gazeux  d'un  à  quatre  cylindres. 
{Thcmed.  Chronicle,  avril  1889.) 


BIBLIOGRAPHIE 

Ito  la  profhèae  imaiédiate  appliquée  A  la  réaeetloB  dea 
maxlllalrea,  rhlnoplaatle  avec  appareil  proihéilqvie 
permaneni,  reatauratlon  de  la/ace,  etc.,  par  M.  Ci«tudf 

Martin,  médecin  dentiste  de  THcoledu  service  de  santf 
militaire;  avec  une  préface  de  M.  le  professeur  Ollikh. 
membre  correspondant  de  rinstitut.  ^30  figures  dans  1»- 
texte.  — Paris,  G.  Masson,  1889. 

Depuis  une  quinzaine  d'années  déjà,  M.  Claude  Martin 
s'occupe  avec  persistance  et  avec  succès  de  tout  ce  qui  cou- 
cerne  la  prothèse  faciale,  de  tout  ce  qui,  dans  la  chirurgie 
des  maxillaires,  est  du  ressort  de  la  mécanique.  C'est  ainsi 

Ju'ily  a  quelques  mois  nous  lisions  un  intéressant  mémoiri» 
e  lui  sur  des  appareils  destinés  à  fixer  en  bonne  position 
les  fragments  du  maxillaire  inférieur  fracturé. 

Aujourd'hui  encore,  dans  le  livre  que  nous  analysons,  il 
s'agit  de  faits  qui  concernent  au  plus  haut  degré  le  chirur- 
gien et  qui,  pour  la  plupart  des  Parisiens,  au  moins,  ont  le 
mérite  de  la  nouveauté.  Car,  à  Lyon,  la  méthode  que 
M.  Martin  expose  maintenant  dans  ses  détails  est  connue  et 
appréciée  de  tous  les  maîtres  de  la  chirurgie  :  Letiévant, 
Ollier,  Poucet,  Gayet  y  ont  eu  recours  et  n'ont  eu  qu'à  s'en 
louer.  Passons  donc  sous  silence,  malgré  leur  importance, 
les  descriptions  de  certains  appareils  spéciaux  pour  re- 
dresser les  nez  effondrés  ou  aplatis;  de  nez  en  céramique 
s'appliquant  sans  lunettes;  d'obturateurs  perfectionnés  pour 
suppléer  au  voile  du  palais  absent.  C'est  de  la  résection 
des  maxillaires  et  de  la  rhinoplastie  que  nous  désirons  dire 
quelques  mots. 

Après  les  pertes  de  substance  accidentelles  ou  chirurgi- 
cales du  maxillaire  inférieur,  les  accidents  immédiats  sont 
sérieux.  La  langue  tend  à  se  renverser  dans  le  pharynx,  la 
salive  s'écoule  sans  cesse,  la  mastication  est  impossi&le.  Et 
plus  tard,  la  mastication,  la  phonation  restent  défec- 
tueuses, en  même  temps  que  la  rétraction  cicatricielle  laisse 
des  déviations  qui,  non  seulement  offensent  l'esthétique, 
mais  encore  sont  la  cause  de  lésions  pathologiques,  de  par 
les  dents  qui  viennent  blesser  les  parties  molles  de  la  mâ- 
choire supérieure  ou  de  la  joue.  Lorsque  l'on  a  enlevé  le 
maxillaire  supérieur,  la  beauté  du  sujet  souffre  plus  que 
les  fonctions  ;  mais  elle  souffre  dans  des  proportions  sé- 
rieuses. Aussi  a-t*on  depuis  longtemps  demandé  à  la  pro- 
thèse des  restaurations  que  l'auloplastie  était  impuissante 
à  fournir.  Sans  doute,  on  n'a  malheureusement  que  peu 
d'occasions  de  s'en  servir  dans  la  pratique  civile;  les  résec- 
tions étendues  n'ont  que  trop  souvent  pour  cause  des  néo- 
plasmes dont  la  récidive  survient  à  brève  échéance.  Mais  il 
y  a  des  néoplasmes  bénins,  des  nécroses.  Et  surtout  eu 
chirurgie  d'armée  les  pertes  de  substance  sont  fréquente- 
et  graves.  N'est-ce  pas  à  Larrey  père  et  fils,  Bégin,  Le- 
gouest,  Chavasse,  Dardignac,  elc,  que  nous  devons  d'im- 
portants travaux  sur  ce  point? 

Il  est  incontestable  aue  la  prothèse  classique  peut  rendre 
de  grands  services.  Elle  a  toutefois  un  grave  inconvénient. 
La  pièce  artificielle  est  appliquée  une  fois  la  cicatrisation 
achevée,  lorsque  déjà  la  rétraction  inodulaire  a  agi.  Les 
parties  correspondantes  de  la  face  restent  donc  toujours 
plus  ou  moins  affaissées,  et  le  résultat  plastique  laisse  à 
désirer.  Ce  défaut  disparaît  avec  la  méthode  de  M.  Martin. 
Avant  l'opération,  un  moule  des  parties  est  pris  etune  pièce 
est  construite,  qui  a  sensiblement  les  dimensions  de  la 
portion  osseuse  à  retrancher;  un  peu  plus,  toutefois,  car 
souvent  le  chirurgien  doit  aller  plus  loin  qu'il  ne  le  pensait 
à  l'avance,  et  une  fois  la  brèche  faite  il  est  aisé  de  dimi- 
nuer la  pièce  pour  l'adapter  à  la  cavité.  Elle  est  destinée, 
en  efl'et,  à  être  mise  immédiatement  dans  la  perte  de  sub- 
stance. La  pose  est  un  temps  de  l'opération,  temps  inter- 
médiaire à  la  résection  osseuse  et  à  la  suture  des  parties 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  K»  25  —    407 


molles  :  on  voit  à  quel  point  cela  devient  un  acte  chirurgi- 
cal. Une  fois  en  place,  la  pièce  de  prothèse  immédiate  est 
fixée  par  des  vis,  des  crochets,  des  pointes  métalliques  aux 
dents  et  aux  parties  restantes  de  la  mâchoire.  Elle  est  en 

r plusieurs  morceaux,  ajustés  ensemble,  en  sorte  qu'on  peut 
a  retirer  facilement  lorsque,  la  cicatrisation  étant  termi- 
née,  on  applique  la   pièce  de  prothèse  définitive. 

Nous  n'insisterons  pas  davantage  sur  celle-ci;  mais  il  nous 
fautrevenirâurlapièce  de  prothèse  immédiate.  Ne  peut-on  pas 
craindre  a  priori  que  le  corps  étranger  ne  soit  pas  supporté 

Fardes  tissus  cruentés,  destinés  à  la  réunion  immédiate? 
1  n'en  est  rien  si  on  emploie  une  substance  imputrescible 
et  non  irritante,  et  si  Ton  creuse  la  pièce  d'une  canalisation 
destinée  à  permettre  d'éviter,  par  des  irrigations,  toute 
stagnation  seplique.  C'est  ce  que  M.  Martin  a  réalisé  par 
des"  appareils  en  caoutchouc  durci,  et  l'événement  a  prouvé 
que  son  idée  était  juste. 

Ces  pièces  sont  fort  bien  tolérées;  elles  s'opposent  à  la 
rétraction  cicatricielle,  et  le  résullatdéfinilif  est  aussi  satis- 
faisant que  possible. 

On  peut  aller  plus  loin  encore  et  laisser  sous  des  lam- 
beaux une  charpente  artificielle  qui  restera  pour  toujours 
en  place.  C'est  à  la  rhînoplastie  que  M.  Martin  s'est  adressé 
de  la  sorte,  et  dès  1878  Letiévant  faisait  connaître  celte 
méthode,  en  montrant  avec  netteté  qu'elle  seule  peut 
parer  à  la  rétraction  qui,  dans  tous  les  procédés  classiques, 
ne  tarde  pas  à  transformer  en  moignons  informes  les  nez 
dont  la  reconstitution  avait  semblé,  dès  l'abord,  parfaite. 
Depuis,  M.  Poncet  a  publié  un  fait  semblable.  Nous  en 
trouvons  d'autres  dans  le  livre  de  M.  Martin.  Il  est,  en 
sonnme,  prouvé  que  cette  carcasse  métallique  légère  peut, 
sans  inconvénient,  rester  fichée  dans  les  os  voisins  pendant 
plusieurs  années. 

C'est  pendant  plusieurs  années,  en  effet,  que  M.  Martin 
a  suivi  les  malades  dont  l'observation  sert  de  base  à  son 
livre.  La  publication  de  oes  faits  a  été,  de  parti  pris,  tar- 
dive, pour  que  les  résultats  pussent  être  considérés  comme 
définitifs.  On  ne  saurait  faire  l'objection  qu'il  s'agit  de 
résultats  simplement  opératoires  dont  l'avenir  démentira 
les  promesses.  D'autre  part,  c'est  entre  les  mains  des  repré- 
sentants les  plus  autorisés  de  l'Ecole  de  Lyon  que  cette 
méthode  a  fait  ses  preuves.  Elle  mérite  donc  une  attention 
des  plus  sérieuses;  d'autant  plus  que  le  livre  de  M.  Martin 
expose  avec  précision  tous  les  détails  relatifs  à  la  technique 
de  la  construction  des  pièces,  et  que  de  nombreuses  figures 
font  comprendre  sans  peine  le  mode  de  constitution  des 
principaux  modèles.  Chaque  chirurgien  pourra  donc,  avec 
1  aide  d'un  spécialiste  pour  la  fabrication  des  pièces,  essayer 
de  ces  procédés,  qui  semblent  constituer  un  véritable  pro- 
grès. 

A.  Broca. 


Pelle  atlas  photo^raphlciue  du  syiitèiiie  nerveux,  par  Itt 

docteur  J.  Luys,  membre  de  l'Académie  de  médecine, 
médecin  de  rhflrpital  de  la  Charité.  Première  partie  :  Le 
cerveau,  avec  24  héliogravures.  1  vol.  in-16,  cartonné  à 
l'anglaise.  —  Paris,  1888,  J.-B.  Baillière  et  fils. 

Les  premiers  travaux  de  M.  J.  Luys  sur  le  système  ner- 
veux remontent  à  plus  d'un  quart  de  siècle.  C'est  en  181)5 
que  ce  savant  maître  publiait  ses  Recherches  sur  le  système 
nerveux  cérébro-spinal,  sa  structure,  ses  fonctions  et  ses 
maladies.  Cet  ouvrage  fit  époque  dans  la  science.  Sans 
doute,  tous  les  problèmes  qui  y  sont  abordés  n'y  sont  pas 
dénnitivement  résolus;  une  place  très  large  y  est  faite  à 
l'hypothèse  et  à  des  explications  prématurées;  mais  ces 
explications  et  ces  hypothèses  spiit  indispensables  lorsqu'on 
veut  présenter  un  corps  de  doctrine  sur  un  sujet  contro- 


versé et  qu'on  s'attache  moins  à  l'étude  des  détails  qu'à  un 
travail  d'ensemble. 

Les  critiques  les  plus  vives  faites  aux  idées  de  M.  Luys 
s'adressaient  à  ses  conceptions  sur  l'anatomie  du  système 
nerveux;  on  les  accusait  de  subjectivisme.  Il  y  répondit,  en 
1873,  par  son  Iconographie  photographique  du  système 
nerveux,  œuvre  d'une  originalité  incontestable,  fruit  de 
recherches  longues  et  patientes,  qui,  au  regret  d'un  grand 
nombre  de  travailleurs,  ne  pouvait  guère  être  consultée 
que  dans  les  bibliothèqups.  En  en  publiant  la  réduction 
que  nous  annonçons  à  nos  lecteurs,  il  rend  un  réel  service, 
puisqu'il  fournit  «  aux  étudiants,  aussi  bien  Qu'aux  médecins 
anatomo-pathologistes,  un  procédé  d'études  pratique  et 
indiscutable,  un  véritable  vade-mecum  qui  leur  permît, 
soit  à  l'amphithéâtre  de  dissection,  soit  à  la  salle  d'autopsie 
de  l'hôpital,  de  reconnaître  immédiatement,  en  présence 
d'une  région  spéciale  du  cerveau,  l'endroit  précis  où  ils  se 
trouvent,  leur  fournissant  ainsi  une  bonne  carte  de  la  topo- 
graphie centrale  destinée  à  préciser  leurs  recherches  » 
(p.  1). 

On  connaît  le  procédé  de  recherches  de  M.  Luys  :  il  con- 
siste en  coupes  méthodiques  du  cerveau,  soit  dans  le  sens 
horizontal,  soit  dans  le  sens  vertical  ;  si  l'on  étudie  ces  dif- 
férentes tranches  successives,  soit  sur  nature,  soit  sur  leur 
reproduction  photographique,  on  peut  voir  «  se  dérouler 
devant  les  yeux,  en  images  fidèles,  les  différents  aspects 
sous  lesquels  se  présente  la  masse  encéphalique  à  mesure 
qu'on  l'attaque,  soit  de  bas  en  haut,  soit  d'avant  en  arrière. 
On  peut  ainsi  suivre  la  marche  des  fibres  blanches  dans 
leur  direction,  dans  leurs  rapports  les  uns  avec  les  autres 
et  jusque  dans  les  noyaux  gris  centraux  n. 

Dans  son  nouvel  atlas,  composé  de  vingt-quatre  planches, 
il  est  facile  de  se  rendre,  un  compte  exact  de  la  morphologie 
de  l'écorce  cérébrale,  puis  de  la  construction  et  des  rap- 
ports des  noyaux  opto-striés.  Quant  à  la  substance  blanche 
des  lobes  cérébraux,  on  sait  que  M.  Luys  la  considère  comme 
constituée  par  deux  systèmes  de  fibres,  les  unes  conver- 
gentes et  les  autres  commissurantes  :  les  premières, 
«r  nées  de  l'intimité  de  différents  départements  de  l'écorce, 
se  dirigent  vers  les  régions  centrales  du  névraxe  pour  se 
distribuer,  les  unes  dans  la  masse  de  la  couche  optique,  les 
autres  dans  celle  du  corps  strié,  les  autres  dans  les  noyaux 
gris  sous-thalamiques  »;  les  secondes  sont  destinées  à 
associer  entre  elles  des  régions  éloignées  de  l'écorce  céré- 
brale. Grâce  à  des  coupes  heureuses  du  cerveau,  repro- 
duites avec  succès  par  la  photographie,  il  est  possible  d  étu- 
dier la  marche  et  la  direction  de  ces  deux  systèmes  de 
fibres,  et  de  contrôler  l'exactitude  de  la  description  donnée 
par  l'auteur. 

Ses  recherches  ont  amené  M.  Luys  à  donner  du  cerveau 
la  formule  synthétique  suivante  :  c  Le  cerveau  est  l'en- 
semble des  plis  de  l'écorce  de  chaque  lobe  reliés  d'un  côté 
à  l'autre  ^fibres  commissurantes)  et  reliés  aux  noyaux  cen- 
traux thalamo-striés  et  aux  noyaux  sous-thalamiques  (fibres 
blanches,  cortico-thalamiques,  cortico-striées,  cortico-sous- 
thalamiques).  i^ 

C'est  à  ces  noyaux  centraux,  à  la  substance  grise  des  ré- 
gions centrales,  qu'est  consacrée  la  plus  grande  partie  de 
la  description  faite  par  M.  Luys.  N'est-ce  pas  là,  en  effet,  la 
clef  de  voûte  de  son  système?  Les  couches  optiques  avec 
leurs  divers  noyaux,  les  corps  striés  et  les  noyaux  sous- 
thalamiques  servent  d'intermédiaires  entre  les  nerfs  des 
différentes  parties  du  corps  et  les  couches  corticales  du 
cerveau  :  les  nerfs  sensitifs  venant  aboutir  aux  divers  noyaux 
de  la  couche  optique  et  aux  noyaux  sous-thalamiques;  les 
nerfs  moteurs  partant  du  corps  strié  pour  se  diriger  de  là  à 
travers  la  moelle  dans  les  différents  organes  du  mouvement. 

L'œuvre  que  nous  signalons  au  public  médical  est  exclu- 
sivement anatomique,  et  par  suite  très  sobre  de  déductions 
physiologiques.    A  peine  si  l'auteur  indique  deci,   delà. 


408    —  N"  25  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


21  Juin  1880 


parfois  seulement  en  note,  le  fonctionnement  des  régions 
qu'il  décrit  avec  tant  de  minutie.  Il  est  vrai  que  ce  n'était 

Sas  le  lieu  et  que  la  physiologie  centrale,  telle  que  la  conçoit 
I.  Luys,  est  aujourd'hui  très  connue,  grâce  à  de  nombreuses 
et  importantes  publications  antérieures. 

Ce  qui  importe  ici,  c'est  d'insister  tout  spécialement  sur 
l'utilité  de  ce  petit  atlas.  Toutes  les  planches  en  sont  excel- 
lentes et  démonstratives;  on  les  consultera  avec  fruit,  non 
seulement  dans  le  cabinet,  mais  surtout  dans  l'amphi- 
théâtre, pour  l'étude  de  l'analomie  normale  du  cerveau  et 
pour  l'indication  topographique  exacte  des  lésions  trouvées 
dans  les  autopsies.  A  ces  titres  divers,  on  ne  saurait  assez 
recommander  aux  médecins  comme  aux  étudiants  celte 
dernière  production,  due  à  la  plume  si  féconde  de  M.  Luys. 

Ant.  Rirrr. 


VARIÉTÉS 

Souscription  Duchenne  (de  Boulogne). 
Neuvième  liste. 

MM.  Mariolin 100  fr.  > 

BaillarRer 50        » 

Galezowski 50        » 

Hulinel 20        > 

liCS  internes  en  médecine  de  laSalpélrière(188i)). .  ^0        > 

Total.... 260  fr.  » 

Montant  des  listes  précédenies.  3185        3i 

Total  général.  .  3745  fr.  34 


Concours  d'agrégatîov  :  chimie,  physique  et  pharmacie.  — 
Les  candidats  nommés  sont: 

l^our  la  Faculté  de  médecine  de  Paris  :  en  chimie,  M.  Faucon- 
nier ;  —  en  physique,  M.  Weiss. 

Faculté  de  médecine  de  Bordeaux:  en  chimie,  M.  Denigez; — en 
pharmacie,  M.  Barthe. 

Faculté  de  médecine  de  Montpellier:  en  physique, M. Lecercle. 

Faculté  de  médecine  de  Montpellier.  Concours  pour  l'éloge 
DU  professeur  BoUiSSON.  —  M™*"  v«  Bouisson  s'élanl  départie  de 
la  jouissance  d'un  legs  de  100000  francs  fait  par  le  professeur 
Bouisson  à  la  Facuhé  de  médecine  de  Montpellier,  mais  à  la  con- 
dition que  les  deux  premières  annuités  de  la  rente  de  ladite 
somme  serviraient  à  couronner  les  deu\  meilleurs  travaux  sur  la 
vie  et  les  œuvres  de  M.  Bouisson,  la  Faculté  a  pris  la  délihé- 
ration  suivante: 

Article  premier.  —  Un  concours  est  ouvert  devant  la  Faculté 
de  médecme  de  Montpellier,  ayant  pour  objet  une  étude  sur  la 
vie  et  les  œuvres  do  M.  Bouission. 

Art.  2.  —  Sont  admis  à  concourir  tous  les  docteurs  on 
médecine. 

Art.  3.  —  Deux  prix  sont  institués  pour  la  récompense  des 
lauréats:  le  premier,  de  6000  francs;  le  second,  de  4000  francs. 

Art  4.  —  Le  concours  sera  clos  le  1"  avril  1890,  et  les  manus- 
crits destinés  au  concours  seront  adressés  avant  cette  date,  terme 
de  rigueur,  à  M.  le  doyen  de  la  Faculté  de  médecine  de  Mont- 
pellier. 

Art.  5.  —  Les  manuscrits  seront  rédigés  en  langue  française, 
ne  porteront  ni  signature,  ni  aucun  autre  indice  persunneLet 
seront  simplement  accompagnés  d'une  épigraphe,  qui  sera  repro- 
duite sur  un  pli  cacheté  rrnfermant  les  noms  et  adresse  de 
Fauteur. 

.  Art.  6.  —  Dès  la  clôture  du  concours,  M.  le  doyen  de  la  Faculté 
de  médecine  de  Montpellier  convoquera  le  («onseil  à  TeHet  de 
nommer  une  Commission  qui  sera  chargée  d'examiner  les 
manuscrits  et  de  rédiger  un  rapport  sur  leur  mérite  respectif. 
Ce  rapport  sera  lu  dans  une  nouvelle  séance,  et  le  Conseil  décer- 
nera alors  les  prix  au  scrutin  secret. 

Art.  7.  —  Les  manuscrits  non  couronnés  ne  seront  pas  rendus, 
et  les  plis  cachetés  qui  les  accompagneront  ne  seront  ouverts 
que  sur  la  demande  des  auteurs. 

HospicKS  DE  Montpellier.  —  La  Commission  administrative 
des  hospices  de  Montpellier  vient  d'adresser  aux  médecins  de 


cette  ville  une  circulaire  les  informant  qu*au  lieu  et  place  d»* 
Téluve  à  désinfection  par  Tair  chaud  et  la  vapeur  sans  pression, 
la  nouvelle  étuve  à  vapeur  sous  pression  de  Gencstë  et  Herscher. 
dont  la  supériorité  et  refficacité  sont  aujourd'hui  généralement 
reconnues,  a  été  installée  à  Thôpital  général. 

c  Nous  avons  en  même  temps,  disent  les  administrateurs 
organisé  notre  service  public  de  désinfection  de  manière  :i 
donner  aux  personnes  que  vous  jugerez  utile  de  nous  adrcssi'r, 
toute  facilite  et  à  vous-même  toute  confiance  en  ce  qui  concerne 
Tassainissementdes  objets  infectés  par  les  malades. 

c  Vous  aurez  seulement  à  indiquer  à  vos  clients  les  objets  qu'il 
conviendra  d'envoyer  à  Tétuve,  et  ils  n'auront  à  leur  tour  quVi 
prévenir  verbalement  ou  par  écrit  M.  le  secrétaire  de  la  Commi<' 
sion  des  hospices  à  l'hâpital  général  de  Montpellier.  Les  objeu 
en  question  seront  aussitôt  enlevés,  désinfectés  et  rapportés  à 
leur  propriétaire  par  le  personnel  de  rétablissement. 

t  Sur  la  présentation  d'un  certificat  d'indigence  délivré  par  h 
mairie,  l'opération  sera  elTectnée  gratuitement.  Pour  les  autrcN, 
une  taxe  très  légère  a  été  établie  par  un  arrêté  municipal.  » 

Inauguration  de  i/hôpital  d'Ormesson.  —  On  inaugurera,  ie 
23  juin,  à  Ormesson  (Seine-et-Oise),  un  hôpital  consacré  exclu- 
sivement au  traitement  gratuit  des  enfmts  pauvres  atteints  do 
tuberculose.  Cet  hôpital  est  dû  à  l'initiative  de  quelques  méJc- 
cins  de  Paris  et  à  la  générosité  privée. 
Les  membres  du  Comité  médical  de  cet  hospice  sont: 
MM.  les  docteurs  Hérard,  président;  Grancher,  Villemin,  vice- 
résidents;  Léon  t*elit,  secrétaire  général  ;  Gueneau  de  Mu^n). 
)ujardin-Beaumetz,  Léon  Labhé,  C.  Paul,  Cadet  de  Gassicourt, 
liuchard,  Blache,  Gouel,  Filleau,  Ladreitde  la  Charrière,  Dubo}^ 
de  la  Vigerie,  Cadier,  Chauveau,  Jaoul,  Bonlemps. 

Corps  de  santé  de  la  marine.  —  Ont  été  promus  : 
Au  grade  de  médecin  de  première  classe  y  les  médecins  île 
deuxième  classe:  MM.  de  Bonadona,  Espieux,  de  Biran. 

Société  médicale  des  hôpitaux  (séance  du  vendredi  28  juin). 
—  Ordre  du  jour:  Suite  de  la  discussion  sur  la  prophylaxie  do 
la  contagion  des  maladies  infectieuses.  —  M.  Benault:  Noleponr 
servir  à  Thistoire  de  la  pneumonie  infectieuse.  ^  M.  JuhH- 
Bénoy:  Traitement  des  kystes  hydatiques  du  foie. 

NÉCROLOGIE.  —  Nous  avons  le  regret  d'annoncer  la  mort  du 
doct.-ur  Astié,  médecin  principal  de  1" classe  d'armée  en  retraite, 
ancien  médecin  en  chef  de  Thôpital  militaire  de  Bordeaui, 
officier  de  la  Légion  d'honneur,  de  M.  le  docteur  Favre  (df 
Lyon),  dont  les  travaux  sur  le  daltonisme  sont  bien  connus  de  no^ 
lecteurs,  et  de  M.  le  docteur  Bonnefoy,  inventeur  d'appareiN 
orthopédiques,  mort  subitement  à  l'Exposition  universelle. 


r; 


Mortalité    a     Parts    (23«    semaine,    du    2    au    8  juin 
1889. —  Population:  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïiU,  I" 

—  Variole,  0.  —  Bougeole,  29.  —  Scarlatine,  7,  —  Coque- 
luche, 8.  —  Diphlhérie,  croup,  26.  —  Choléra,  0.  —  Phllnsu' 
pulmonaire,  i89.  —  Autres  tuberculoses,  28.  —  Tumeur? 
cancéreuses,  58;  autres,  .5.  —  Méningite,  51.  —  Conges- 
tion et  héraorrhagies  cérébrales,  39.  —  Paralysie,  5.  - 
Ramollissement  cérébral,  15.— Maladies  organiques  du  cœur,.'>J. 

—  Bronchite  aiguë,  35.  —  Bronchite  chronique,  32.  —  Broncho- 
pneumonie,  25.  —  Pneumonie,  .52.  —  Gastro-entérite:  sein,  li^ 
biberon,  58.  —  Autres  diarrhées,  4.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 6.  — Autres  affections  puerpérales,  2.  —  Débilité  con- 
génitale, 19.  —  Sénilité,  22.  —  Suicides,  16.  —  Autres  morb 
violentes,  8.  —  Autres  causes  de  mort,  183.  —  (^ause^ 
inconnues,  9.  —  Tolal:  10î5. 


OUVRAGES  DÉPOSES  AU  BUREAU  DU  JOURNAL 

CMigrèi  pour  Vitude  de  la  lubereulote  chti  l'homme  et  che%  U*  <»«''"""■''* 
!'•   86s«ion.  iSSH;  2*     fnrricuio    tormiiinnl     l'oiivniffe.    I   vol.  i»-'*"'  ^f^*' 


G.  Maâson 


Tfr. 


Oplo-lifpet  timplet,  pur  M.  lo  docteur  K.  LandoU.  Domi  c«rton«  rrunis  <'n«ciDbl<' 


suus  cnvoloppe.  P.iritf,  0.  Iloiii. 


I  fr.  :^'  I 


G.  Masson,  Proprietaire-Gérant^ 


10437.  —  MOTTBROE.  —  liuprimems  i^unics.  A,  ru«  Mij^non.  î.  I^*"^' 


TRKHTB-SIXliHK  AMNAb 


N*26 


28  Juin  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D'  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 

MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  G.  DIEUUFOY.  DREYFUS-BRISAC.  FRANCOIS-FRANCX,  A.  HENOCQUE,  A.-J.  MARTIN.  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  H.  Lereboullet,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRB.  —  Bulletin.  — :  Formulairb  TBéaAPBuriQUB.  Quelques  furmnlos 
d'injections  antiseptiqueii  contre  la  blennorrhagie.  —  Rbvub  des  cours  et  des 
CLINIQUES.  Hospice  de  la  Salpèlribre.  —  M .  le  professeur  Oliarcol.  —  Travaux 
oaiGiRAUX.  Clinique  médicale  :  Sur  la  patboi^éaie  du  tëlanos  dans  les  niions 
tropicales.  —  Patbolofie  interne  ;  Statistique  avec  notes  cliniques  sur  la  fièvre 
typhoïde,  portant  sur  871  cas  observés  pendant  une  période  de  dix  années,  de 
4879  à  18^.  —Revue  des  Congrès.  Troisième  Congrès  des  médecins  russes. 
—  SociÎTis  savantes.  Académie  des  sciences.  —  Académie  de  médecine. 
-~  Société  de  chintivie.  —  Société  de  biologie.  —  Rkvub  des  journaux.  Tra- 
v.-«ux  k  consulter.  —  Biblioorapeie.  Traité  complet  d'opbtbalmologie.  ~~  Va- 
riâtes. Faculté  de  médecine  de  Paris. 
-  I  II    I    I  I  I  I  11  I 

BULLETIN 

Paris,  iâG  juin  1889. 
Académie  de  médecine  :   De  remploi  da  ehiorerome 

pear  l'MieMlliésIe  ehlrar§rle«le.  —  Lis  lièvre  typhoïde 
A  Berlla. 

Mainles  fois  soulevée  devant  les  Sociétés  savantes,  la 
question  de  l'anesthésie  ehloroformique  n'est  pas  encore 
résolue,  et  chaque  fois  qu'avant  une  opération  quelconque 
le  chirurgien  administre  du  chloroforme,  il  doit  se  préoc- 
cuper non  seulement  de  ses  inconvénients,  mais  encore  des 
dangers  qu'il  va  faire  courir  à  son  malade.  Ces  dangers  sont- 
ils  toujours  imputables  à  l'impureté  du  chloroforme 
employé?  Nous  ne  le  croyons  pas.  Presque  toujours  ils  sont 
dus  soit  à  une  prédisposition  maladive  du  sujet  endormi, 
plus  souvent  à  un  défaut  d'attention  dans  le  procédé  d'ânes- 
Ihésie  mis  en  usage.  Aussi  ne  saurait-on  insister  trop  vive- 
ment sur  la  nécessité  de  surveiller  toujours  attentivement 
l'administration  du  chloroforme,  et,  sans  suivre  à  la  lettre 
les  préceptes  de  Gosselin,  de  ne  pas  abandonnera  un  aide 
inexpérimenté  le  soin  de  maintenir  l'état  anesthésique. 

SI  l'on  se  préoccupe  de  toujours  bien  observer  l'état  de 
la  respiration  et  de  la  circulation,  de  ne  pas  surprendre 
d'emblée  l'opéré  en  lui  faisant  inhaler  dès  le  début  des 
vapeurs  concentrées  de  chloroforme  pur,  enfin  si  l'on  se  sert 
de  chloroforme  bien  préparé,  on  évitera  presque  toujours 
les  accidents  mortels. 

Malheureusement  on  n'empêchera  que  bien  plus  rare- 
ment les  phénomènes  d'intolérance,  et  eu  particulier  les 
vomissements.  Ceux-ci  spnt-ils  toujours  dus  à  la  qualité 
du  chloroforme?  S'il  en  était  ainsi,  comme  le  pense  M.  L.  Le 
Fort,  on  aurait  grand  avantage  à  se  servir  du  bichlorure  de 
méthylène,  qui,  entre  les  mains  de  Spencer  Wells,  a  donné 
des  résultats  si  encourageants.  Toutefois  le  chloroforme 
préparé  par  MM.  Regnauld  et  Villejean,  qui  cependant  est 
préparé  de  la  même  manière,  n'a  pas  produit  les  mêmes 
effets.  S'il  est  plus  maniable  et  moins  facilement  toxique 
«•  sébib  t.  xxvi. 


que  le  chloroforme  privé  d'alcool  méthylique,  il  a  l'inconvé- 
nient d'agir  très  lentement,  et  quelquefois  même,  comme 
l'a  observé  M.  Polaillon,  d'échouer  complètement.  Or  l'es- 
sentiel n'esl-il  pas,  pour  l'anesthésie  ehloroformique,  d'avoir 
un  agent  dont  on  puisse  être  parfaitement  sûr? 

La  discussion  sur  ce  sujet  sera  continuée  dans  la  pro- 
chaine séance  de  l'Académie.  Pour  le  moment,  il  convient 
de  s'associer  au  vœu  exprimé  par  M.  Polaillon,  et  de  remer- 
cier MM,  Regnauld  et  Villejean  des  efforts  qu'ils  pour- 
suivent en  vue  de  nous  fournir  un  chloroforme  sûr  et  inof- 
fensif. 

—  La  méthode  de  Brand,  si  prônée  récemment  encore, 
serait-elle  abandonnée  même  en  Allemagne?  On  le  croi- 
rait en  lisant  le  compte  rendu  de  la  deraière  séance  de  la 
Société  de  médecine  interne  de  Berlin.  Les  médecins  les 
plus  éminents  -et  les  plus  expérimentés  de  cette  ville 
viennent  de  se  trouver  en  face  d'une  recrudescence  épidé- 
mique  de  la  fièvre  typhoïde.  Or  Fuerbringer  déclare  expres- 
sément qu'il  a  rejeté  les  cures  aborlives  et  s'est  borné  au 
traitement  hygiénique  et  aux  bains  lorsqu'ils  étaient  indi- 
qués. Goltdammer,  Bartels,  Guttmann,  Ewald,  ont  fait  des 
remarques  analogues.  Bien  plus,  les  statistiques  de  morta- 
lité sont  identiques  à  Berlin  et  à  Paris.  Dans  l'épidémie 
actuelle,  à  l'hôpital  de  Friedrischshain,  la  mortalité  s'élève 
à  10,3  pour  100,  la  mortalité  moyenne  étant  de  17,3  pour  100. 
On  dira  peut-être  encore  que  si  la  méthode  balnéaire  avait 
été  appliquée  dans  toute  sa  rigueur,  comme  dans  les  villes 
d'Allemagne  autres  que  Berlin,  cette  mortalité  serait 
tombée  à  zéro.  Nous  ne  le  pensons  pas.  Nous  persistons  à 
croire  que  les  épidémies  de  fièvre  typhoïde  sont  varia'fales 
quant  à  leur  intensité,  et  que  la  maladie  nécessite,  suivant 
ses  formes,  des  modes  de  traitement  non  moins  variables. 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

Quelques  forinulee  d*lB|eeAIOiie  auMseptlqiiee 
eoBire  la  Meniiorrhufcte. 

Le  moment  de  l'administration  de  ces  injections  n'est 
pas  la  période  initiale,  pendant  laquelle  le  traitement 
abortif  peut  procurer  des  succès;  mais  bien  plutôt  après  les 
échecs  de  ce  dernier  et  quand  l'écoulement  s'établit  nette- 
ment avec  abondance. 

Ces  injections  doivent  être  répétées  souvent,  toutes  les 
deux  ou  trois  heures,  et  administrées  à  une  température 
aussi  élevée  que  la  tolérance  du  malade  le  permet. 

26 


410    --  N»  26 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


28  Juin  \m 


l'  Injections  mercurielles.  —  Le  sublimé  est  la  plus 
usuelle  : 

Subrimé...:...:...;..  :...:..       (y^^o^ 

Eau  dislillée 10(1  grammos. 

On  la  remplace  par  celle  au  salicylale  de  mercure  préco- 
nisé dans  ces  derniers  temps  : 

Salicylate  de  mercure 0"',05 

Eau  distillée 150  grammes. 

Bicarbonate  de  soude q.  s. 

^  Injections  au  bismuth  et  à  la  vaseline.  —  Elles  con- 
sistent à  faire  véhiculer  le  sous-nitrate  de  bismuth  ou  le 
salicylale  de  ce  métal  par  la  vaseline  liquide  : 

Sous-nitrate    ou     salicylate     de 

bismuth 5  gramme.s 

Vaseline  liquide 100        — 

Ces  injections  sont  rép«Mées  deux  à  trois  fois  par  jour  seu- 
lement. 

3®  Injections  à  la  résorcine,  à  la  créoline  et  à  la  pyri- 
dîne.  —  La  résorcine  est  la  moins  énergique  de  ces  sub- 
stances empruntées  à  la  série  aromatique;  la  pyridine  est 
la  plus  active  :  on  peut  les  prescrire  en  solution  aqueuse 
suivant  la  formule  générale  suivante  : 

Résorcine,  2 grammes,  ou  créoline, 
1  gramme,  ou  pyridine,  On^SO. 
Eau  distillée 100  grammes. 

Ce  traitement  ne  dispense  pas  au  déclin  de  la  maladie 
de  prescrire  les  balsamiques  et  dans  les  cas  rebelles,  les 
injections  fortement  astringentes  ou  caustiques. 

Ch.  Kloy. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

hospice  de  la  salpêtrière.  —  m.  le  professeur  charcot. 

IIysteria  major.  —  Mal  comitial  et  morphinomakie 
CHEZ  le  même  sujet.  —  On  sait  avec  quelles  peines,  et  au 
prix  de  quelles  luttes,  M.  le  professeur  Charcot  est  arrivé  à 
établir  Tindividualité  nosologique  de  l'hystérie  en  géné- 
ral et  de  Thystérie  mâle  en  particulier.  Les  auteurs  étran* 
gers  ont  été  longs  à  se  faire  à  cette  idée  que  Thystérie 
n'ét&it  plus  un  ensemble  de  symptômes  sans  liens  entre  eux, 
un  fouillis  d'actions  contradictoires  n'ayant  pas  grand'éhose 
à  voir  avec  une  description  sage  et  méthodique. 

Fort  heureusement  la  vérité  se  fait  jour  quand  même  et 
c'est  d'Allemagne  même,  du  sein  de  l'armée  allemande,  que 
nous  viennent  aujourd'hui  les  observations  d'hystérie  mâle. 

M.  Charcot  montre  à  son  cours  un  jeune  homme  qui  est 
à  la  fois  hystérique  (hystérie  à  stigmates),  épileptique  et 
morphinomane. 

Le  professeur,  après  avoir  fait  l'historique  de  son  sujet, 
fait  remarquer  combien  une  analyse  minutieuse  des  sym- 
ptômes observés  est  nécessaire  pour  ne  pas  faire  de  confu-* 
sion  entre  ces  deux  maladies,  l'hystérie  major  et  l'épilepsie, 
qui  vivent  côte  à  côte  et  sans  s'influencer  Tune  l'autre. 

Ce  sont  ces  malades-là  qui  donnent  beau  jeu  aux  méde- 
cins allemands  tels  qu'Openheim.  Ces  auteurs  nient  que  le 
sujet  soit  hystérique  et  tous  ces  stigmates  (hémianesthésie 
ou  anesthésie  totale,  zones  hystérogènes,  rétrécissement  du 
champ  visuel,  achromatopsie)  qui  les  gênent,  sont  irrévo- 


cablement mis  sur  le  compte  de  l'épilepsie.  L'hystérie. 
girâce  !i  celle  soustraction  dL&  symjH^mes,  se  trouve  pour 
ainsi  dire  escamotée. 

Heureusement  il  est  nossible  de  faire  lé  départ  de  Thys- 
lérie  et  de  l'épilepsie.  Outre  les  stigmates  que  nous  savons 
propres  à  celte  première  névrose  et  à  celte  névrose  seule, 
nous  avons  encore  une  nouvelle  différence  fournie  cette 
fois  par  la  chimie.  Lépine  (de  Lyon)  et  Hairet  (de  Mont- 
pellier), Cille  et  Cathelineau,  à  Paris,  ont  fait  l'examen 
des  urines  après  les  accès  d'épilepsie  et  après  les  attaques 
d'hystérie  :  1^  chez  des  sujets  atteints  d'une  seule  de  ces  aner- 
lions  ;  2"  chez  des  malades  offrant  réunies  les  deux  né- 
vroses, comme  le  malade  présenté  au  cours.  Les  résaltats 
ont  été  identiques  :  on  a  constaté  une  élévation  considé- 
rable du  taux  de  l'urée  après  l'attaque,  ainsi  qu'une  diffé- 
rence appréciable  dans  l'élimination  des  phosphates  ter- 
reux. On  comprend  l'importance  diagnostique  de  ce  nouveau 
signe. 

Le  jeune  malade  que  nous  avons  sous  les  yeux  a  ce  qu'il 
appelle  ses  crises  de  jouvy  où  il  ne  perd  pas  complèlemeni 
connaissance  (hystérie)  ;  ses  crises  de  nuilf  complètemeoi 
différentes,  où  il  perd  connaissance,  se  mord  la  langue  (signe 
parfois  incertain)  et  urine  sous  lui. 

M.  Charcot  critique  le  mot  hysléro-épilepsie  qu'il  a  ce- 

tiendant  employé  lui-même  si  souvent  et  il  affirme  que  dans 
a  grande  hystérie  il  n'y  a  rien  d'épi leptfque  dans  le  fond 
(chimiquement  prouvé),  mais  que  le  début  de  l'allaque  eM 
épileptique  d'apparence. 

Un  médecin  militaire  allemand,  le  docteur  André  (de 
Carlsruhe),  vient  de  publier  dans  un  des  derniers  numéros 
du  Berliner  Wochenschrifl  un  cas  d'hystérie  major  chez  uo 
jeune  soldat.  La  descriplion  est  identiquement  la  même 
que  celle  de  Ml  Charcot;  des  pholographies  prises  pendaol 
l'attaque  reproduisent  absolument  les  dessins  de  Paul 
Richer. 

Le  jeune  malade  atteint  séparément  d'hystérie  major  el 
de  mal  comitial  est  en  même  temps  morphinomane.  II  a 
une  affection  réglée  comme  un  drame^  séparée  en  actes  el 
en  entr'actes. 

Il  se  lève  le  matin  entre  sept  et  huit  heures,  fatigué,  acca- 
blé ;  piqûres  de  6  centigrammes  ;  il  va  jusqu'à  midi;  à  midi, 
grâce  à  sa  piqûre,,  il  mange  un  peu;  à  trois  heures,  àsii 
heures,  à  huit  heures,  nouvelles  piqûres  de  6  centigrammes 
chacune;  à  minuit  il  n'a  plus  les  inûrmiers  sous  la  main 
pour  lui  faire  des  piqûres,  il  prend  vingt  gouttes  de  lau- 
danum. 

Ce  jeune  homme  est  un  morphinomane  à  30  ou  32  cen- 
tigrammes; c'est  le  type  le  plus  répandu.  Ce  n'est  pas  la 
quantité  qui  fait  le  morphinomane,  c'est  Vengrenage  dans 
lequel  entre  le  malade,  c'est  le  retour  périodique  du  besoin 
des  piqûres. 

On  a  appelé  euphorie  les  laps  de  temps  où  la  santé,  grâct^ 
à  la  morphine,  est  excellente.  Quand  noire  malade  est  privé 
de  son  excitant  habiluel  à  l'heure  ordinaire,  il  est  pris  d'un 
tremblement  qui  ressemble  beaucoup  au  tremblement 
alcoolique;  puis  il  a  des  sueurs  froides,  des  lypolhymies; 
des  diarrhées,  des  démangeaisons;  enfin,  il  y  a  parfois  un 
côté  psychique  intéressant;  des  crises  de  violence  dans  les- 
quelles le  malade  brise  tout.  Ces  détails  sont  bons  à  con- 
naître quand  on  veut  démorphiniser  les  malades,  qu'on  s) 
prenne  lentement  ou  bien  qu  on  prive  brusquement  les  pa- 
tients de  leurs  piqûres  quotidiennes. 

(Leçon  du  21  mai  1889.) 

AmBLYOPIE    et     AMAITROSE     HYSTÉRO-TRAimATIQUE.     -  1^ 

n'est  pas  extrêmement  rare  de  voir  des  malades  ayani 
reçu  un  coup  plus  ou  moins  violent  dans  la  région  de 
l'œil,  sans  présenter  toutefois  de  déchirures  de  cet  œil  on 
de  ses  membranes,  être  atteints  d'amblyopie  et  même  de 
cécité  absolue  pendant  un  temps  variable.  Certains  auteur? 


28  Juin  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  28  -    411 


considèrent  ce  phénomène  assez  bizarre  comme  Teffet  d'une 
commotion  de  la  rétine. 

M.  le  professeur  Charcot  montre  à  son  cours  du  mardi 
un  homme  vigoureux,  ouvrier  rangé  et  sérieux,  désirant 
guérir  rapidement  de  raffection  qui  le  retient  à  Fhôpital  ; 
un  homme  en  un  mot  à  Fabri  de  toute  accusation  de  simu- 
lation. 

A  la  fin  de  janvier  1889  cet  homme  a  reçu  dans  Toeil 
gauche  le  jet  de  pétrole  de  sa  lampe  de  soudeur.  La  brû- 
lure  a  été  peu  profonde,  cependant  le  malade  est  resté  un 
mois  avec  des  compresses  sur  l'œil.  Quand  il  essaye  de 
regarder,  il  remarque  avec  effroi  qu'il  voit  bien  moins  de 
l'œil  gauche,  puisqu'il  ne  voit  plus  rien  du  tout.  En  même 
temps  Tœil  droit  devient  faible  à  son  tour,  la  vision  y  de- 
vient imparfaite. 

L'examen  des  yeux  pratiqué  par  M.  Parinaud  ne  révèle 
absolument  rien  comme  lésion  de  l'œil  ou  de  ses  mem- 
branes, la  rétine  est  intacte  malgré  la  cécité  absolue,  il 
s'agit  donc  d'une  amaurose  fonclionnelle.  A  signaler  égale- 
ment un  peu  d'hyperesthésie.  L'œil  droit  présente  un  rétré- 
cissement concentrique  du  champ  visuel,  le  malade  a 
perdu  la  vue  des  couleurs  dans  1  ordre  suivant  :  violet, 
vert,  jaune,  bleu;  aujourd'hui  il  voit  encore  le  rouge. 

Comment  classer  cette  bizarre  anesthésie  rétinienne?  On 
doit  savoir  d'abord  qu'on  a  publié  un  certain  nombre  de 
cas  semblables  :  Leber  {Arch.  (fophth.y  1880)  publie  le 
cas  d'un  enfant  de  onze  ans  qui,  à  la  suite  d'un  coup  de 
poing  sur  l'œil  gauche,  eut  une  amaurose  complète  avec 
photophobie.  Blépharo-spasme  et  contracture  douloureuse 
des  muscles  de  la  face.  Leber  qualifie  l'affection  d'am- 
blyopie  réflexe  d^ origine  traumatique, 

A  Berlin,  Morell  cite  un  cas  analogue  avec  concomitance 
de  crises  d*épilepsie  qui  guérissent  en  même  temps  que 
ramaurose. 

Parinaud  rapporte  l'observation  d'un  garçon  qui  à  la 
suite  d'un  coup  de  fouet  sur  l'œil  eut  de  l'amaurose,  du 
rétrécissement  du  champ  visuel,  de  la  polyopie  monocu- 
laire. A  l'Académie  royale  de  médecine  de  Bruxelles,  Pari- 
naud présente  encore  un  cas  analogue,  cette  fois  il  s'agit 
d'un  coup  de  fouet  sur  le  nez. 

Quand  on  examine  les  choses  de  près,  on  voit  bientôt 
que  cette  singulière  amaurose  n'est  pas  d'ordre  chirur- 
gical ;  qu'il  ne  s'agit  pas  d'une  paralysie  réflexe,  à  suppo- 
ser même  que  l'existence  des  paralysies  réflexes  soit  bien 
démontrée,  mais  bien  d'une  amolyopie  ou  d'une  amaurose 
hystéro-traumalique.  On  se  convainc  sans  peine  de  la  vrai- 
semblance de  cette  hypothèse  quand  on  voit  les  malades 
avoir  en  même  temps  que  leur  amaurose  déjà  si  bizare 
par  elle-même,  du  olépharo-spasme,  de  la  contracture 
douloureuse  des  muscles  de  la  face,  de  l'hyperesthésie  plu6 
ou  moins  limitée  autour  de  l'œil  (^Leber),  des  crises  pré- 
tendues épileptiques  (Morell)  qui  guérissent  tout  d'un 
coup  en  même  temps  que  l'amaurose. 

C  est  toujours  à  l'hvstérie  et  à  l'hystéro-traumatisme 
auquel  nous  avons  affaire.  Cet  homme,  !\gé  déjà,  solide 
ouvrier,  est  un  hystérique,  et  le  fait,  étant  donnée  sa  répé- 
tition journalière,  n'a  plus  rien  qui  puisse  étonner. 

M.  Brouardel,  dans  son  service  général  à  la  Pitié,  a  eu 
quinze  hystériques  mâles  dans  Tannée.  A  Necker  il  y  en  a 
quatre  en  ce  moment.  L'hystérie  mâle,  quand  on  aura  fait 
une  statistique  sérieuse,  paraîtra  aussi  fréquente  que  l'hys- 
térie féminine.  Sous  Tinfluence  du  traitement  tonique  et 
des  douches  cet  homme  va  mieux  et  nous  pensons  pouvoir 
avant  peu  le  présenter  au  cours  complètement  guéri. 
(Leçon  du  14  mai  1889.) 

P.  Berbez. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

CUalque  médlcAle* 

SOR  LA  PATHOGÉNIE  DU    TÉTANOS   DANS    LES  RÉGIONS  TRO- 
PICALES,   par    M.   le  docteur  J.  Fontan,  professeur  à 
l'École  de  médecine  navale  de  Toulon. 
(Fin,  —  Voyez  le  numéro  25.) 

D.  Traumatisme  et  spontanéité*  —  Dans  les  zones  tro- 
picales, les  traumatismes  les  plus  légers  se  compliquent 
de  tétanos.  Des  écorchures  aux  pieds,  des  piqûres  aux  mains 
par  des  végétaux  épineux,  des  arêtes  de  poisson  ou  des  pointes 
de  coraux,  l'extraction  d'une  dent,  et  bien  moins^  encore 
ropération  du  tatouage,  ou  Tinjeclion  hypodermique  de 
quinine,  suffisent  à  le  faire  éclore. 

C'est  ainsi  qu'à  Gorée  on  a  vu  en  vingt  jours  mourir  une 
douzaine  d'individus  chez  qui  le  tétanos  venait  compliquer 
des  injections  de  cette  espèce. 

On  comprend  dès  lors  que  bon  nombre  de  cas  rangés 
dans  le  tétanos  spontané  puissent  être  imputés  à  un  trau- 
matisme minime  et  bien  souvent  inaperçu.  De  plus  le  téta- 
nos traumatique  n'éclate  parfois  qu'après  la  cicatrisation 
complète  de  la  blessure.  Tel  est  le  cas  suivant  qui  a  été 
regardé  à  tort  suivant  moi  comme  un  tétanos  spontané. 

Obs.  1  (docteur  Gazeau).  —  P...,  soldat  d'infanterie  de  ma- 
rine, entré  à  Thôpital  de  Tamatave  en  1886,  pour  accès  per- 
nicieux comateux,  était  en  convalescence  depuis  une  huitaine 
de  jours.  Il  se  levait  et  commençait  à  s'alimenter  d'une  façon 
normale  quand  le  29  août,  après  une  nuit  très  froide,  il  fut 
pris  rie  douleur  cervico-dorsale  et  de  trismus.  Ces  premiers 
accidents  s'effacèrent  promptement,  puis  revinrent  après 
quelaues  heures.  Isolement  du  malade,  chloral  à  haute  dose, 
morpnine.  Des  bains  de  vapeur  parurent  faire  grand  bien. 
Néanmoins  les  crises  de  contracture    se  rapprochèrent  et  se 

Î généralisèrent,  s'accompagnant  de  douleurs  atroces  dans  les 
ombes  et  le  bassin.  Asphyxie,  cyanose.  Décès  au  bout  de  trente- 
six  heures.  Ce  malade  avait  reçu  douze  jours  auparavant  deux 
injections  hypodermiques  de  quinine  qui  ne  furent  suivies  ni 
d'esehares  ni  d'abcès.  11  avait  subi  aussi  une  application  de 
sangsues  aux  apophyses  mastoîdes. 

Eh  bien,  ce  cas  me  parait  être  d'origine  traumatique. 

Quant  au  tétanos  des  nouveau-nés,  il  est  considéré  comme 
une  maladie  distincte  par  quelaues  médecins,  qui  en  font 
une  aifection  convulsive  spéciale  à  l'enfance.  En  réalité 
on  ne  peut  le  confondre  avec  l'éclampsie,  rare  dans  les 

tays  cnauds,  et  qui  frappe  les  enfants  plus  âgés.  Il  s'agit 
ien  ici  du  tétanos,  il  est  presque  toujours  lié  à  la  chute 
du  cordon,  c'est-à-dire  à  l'existence  d'une  plaie. 

Tous  les  observateurs,  quoiqu'ils  maintiennent  en  général 
le  nom  de  spontané  à  cette  variété,  constatent  qu'il  se 
développe  du  deuxième  au  sixième  jour,  soit  ordinairement 
avant  la  cicatrisation  du  cordon.  Je  relève  pourtant  dans 
les  notes  de  M.  Gazeau  l'exemple  d'un  enfant  métis  de 
Malabar,  chez  gui  la  plaie  du  cordon  était  déjà  cicatrisée 
avant  l'apparition  du  trismus.  Cet  enfant  avait  été  exposé  à 
un  froid  assez  vif.  C'est  encore  là  un  exemple  du  tétanos 
traumatique  tardif. 

11  existe  pourtant  une  variété  qui  parait  bien  indépen* 
dante  de  tout  traumatisme  :  c'est  le  tétanos  à  répétition. 
Nous  avons  peu  de  détails  sur  cette  forme,  signalée  surtout 
dans  l'Inde  anglaise  et  aux  Antilles. 

Obs.  il  —  M.  Lhoyseau  en  a  vu  à  la  Guadeloupe  un  exemple 
singulier.  Un  malade  fut  atteint  de  tétanos  spontané  d'une 
façon  intermittente,  d'année  en  année,  pendant  quatre  ans.  Il 
guérit  les  trois  premières  années,  mais  succomba  à  la  quatriûme 
attaque.  La  maladie  revenait  à  la  même  époque  sans  aucune 
cause  traumatique. 

En  définitive,  quoiqu'on  ne  puisse  nier  l'apparition  du 


4ii    ^  N*  26  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


38  Juin  1889 


tétanos  sans  traumatisme  dans  les  pays  chauds,  je  reste 
convaincu  qu'une  analyse  rigoureuse  des  faits  démontrera 
que  le  plus  souvent  cette  spontanéité  n'est  qu'apparente. 

§  IL  —  Épidémies.  Contagion. 

Les  cas  de  tétanos  apparaissent  par  séries.  Cela  s'observe 
aussi  bien  sous  les  latitudes  chaudes  que  dans  nos  hôpi- 
taux de  France.  Sans  doute  on  pourrait  expliquer  ces 
bouffées  épidémiques  par  des  conditions  de  saisons,  de 
pluies,  de  vents  qui  en  favorisent  Téclosion.  C'est  le  sen- 
timent de  plusieurs  médecins  de  la  marine  et  des  colonies. 
D'autres,  au  contraire,  guidés  par  des  idées  plus  nouvelles 
sur  l'infectiosilé  de  cette  maladie,  expliquent  ces  répéti- 
tions par  la  propagation  épidémiquc,  ou  même  la  contagion 
directe.  Mais,  sans  m'arrêter  aux  appréciations,  je  cite 
quelques  faits. 

A  Cholen  (Cochinchine),  il  existe  une  crèche  qui  reçoit 
les  enfants  indigènes  depuis  TAge  de  quelques  jours 
jusqu'à  celui  de  huit  h  dix  mois.  La  maladie  y  apparaît 
par  épidémies,  et  c'est  particulièrement  dans  la  saison  des 
pluies  que  les  cas  sont  nombreux  (docteur  Jan). 

A  Madagascar  où  la  maladie  est  endémique  sur  les 
jeunes  enfants,  elle  sévit  surtout  pendant  les  pluies,  et  il 
est  des  moments  où  d'après  certains  voyageurs  la  mortalité 
de  la  première  enfance  atteindrait  de  ce  chef  50  pour  100 
de  la  natalité. 

Toujours  dans  ce  pays  un  médecin  accoucha  dans  une 
semaine  trois  femmes.  Les  trois  enfants,  dont  deux  blancs, 
périrent  du  tétanos  presque  en  même  temps.  Ce  rapproche- 
ment est-il  une  simple  coïncidence?  Ne  doit-il  pas  faire 
admettre  l'épidémicité  ou  même  la  contagion?  On  ajoute 
il  est  vrai  qu'au  même  moment,  des  blessés  présentant 
des  délabrements  considérables  guérissaient  sans  compli- 
cation. 

A  la  Guyane  les  décès  par  tétanos  infantile  s'accumulent 
aussi  par  séries,  que  Ton  regarde  comme  commandées  par 
le  vent  du  nord  (Alix). 

Au  Sénégal  ces  bouffées  épidémiques  sont  aussi  un  fait 
d'observation  vulgaire.  Le  docteur  Giraud  retrace  Téclosion 
et  la  marche  d'une  de  ces  séries,  à  la  suite  d'une  grande 
opération  que  je  ne  puis  que  résumer. 

Obs.  III  (Dakar,  avril  1880).  —  Un  Arabe  était  atteint  d*an 
énorme  éléphantiasis  du  scrotum  et  du  prépuce,  l/opération 
dont  je  regrette  de  ne  pouvoir  insérer  en  entier  la  relation, 
tant  elle  présente  d'intérêt,  fut  colossale.  Qu'il  me  suffise  de 
dire  que  la  tumeur  pesait  24  kilogrammes,  qu'on  dut  placer 
plus  de  100  ligatures,  et  que  les  divers  actes  opératoires  durè- 
rent quatre  heures.  On  voit  quel  dut  être  le  traumatisme. 

Les  suites  furent  bonnes  pendant  une  semaine.  Mais  le 
septième  jour,  le  tétanos  éclata  malgré  lantisepsie  phéniquée. 

f  Geriamement,  dit  le  docteur  Giraud,  il  y  avait  du  ietanoê 
dans  l'air;  car  à  partir  dece  cas,  et  dans  Fespare  de  vingt  jours 
à  peu  près,  il  mourut  à  Gorée  une  douzaine  de  personnes,  téta- 
nisées par  des  piqûres  de  quinine,  et  un  nègre  de  Rufisque 
après  refroidissement,  car  je  ne  pus  retrouver  de  plaie.  > 

Ainsi  les  séries  ou  bouffées  épidémiques  sont  hors  de 
doute.  Remarquons  même  que  dans  plusieurs  d'entre  elles, 
il  semble  que  la  contagion  ait  joué  un  certain  rôle.  Car  un 
grand  nombre  de  cas,  réunis  en  quelques  jours  dans  une 
même  localité,  souvent  dans  un  même  établissement,  entre 
les  mains  d'un  même  médecin,  ont  une  foule  de  points  de 
contact.  Il  n'en  faut  pas  plus  pour  favoriser  la  contagion 
de  la  variole  ou  de  la  fièvre  puerpérale.  La  canule  de  la 
seringue  de  Pravaz  n'aurait-elle  pas  dans  certains  cas  servi 
d'aiguille  à  inoculation?  Ailleurs,  dans  une  crèche,  l'en- 
tassement, les  soins  communs^  les  débarbouillages  (?) 
distribués  en  masse  aux  enfants  sains  et  malades,  ne  sont- 
ils  pas  des  moyens  de  contamination  très  naturels?  Je  n'ai 
pas  de  preuves,  mats  quelles  présomptions  ! 


Hais  voici  des  faits  plus  précis. 

€  A  l'Hôtel-Dieu  der  la  Poinle-à-Pilre,  dit  le  docteur 
Lherminier,  se  trouve  une  salle  Sainte-Marthe,  qui  depuis 
Quelques  années  a  présenté  sur  tous  les  blessés  ou  opérés 
(les  cas  de  tétanos,  au  point  que  je  n'ose  plus  qu*avec  la 
plus  grande  répugnance  V  pratiquer  les  opérations  naéme 
absolument  urgentes.  Les  deux  derniers  opérés,  placés 
dans  deux  lits  voisins,  sont  morts  de  tétanos  à  deux  jours 
d'intervalle.  » 

Cette  citation  offre  d'autant  plus  d'intérêt  qu'il  résulte 
de  l'ensemble  des  notes  fournies  par  cet  honorable  confrère, 
qu'il  ne  croit  guère  à  des  liens  épidémiques  ou  contagieux, 
entre  les  cas  de  tétanos  qu'il  voit  s'accumuler  dans  sa 
salle.  Il  accuserait  volontiers  la  saison,  et  en  fout  cas  ne 
manifeste  aucun  parti  pris  en  faveur  de  l'infectiosité. 

En  1879  j'eus  à  Tlle  ma  (Nouvelle-Calédonie)  deux  cas 
de  tétanos  dans  le  même  mois  et  dans  la  même  salle. 

Obs.  IV.  »  Un  condamné  nègre  fut  apporté  à  Thêpital,  blessé 
d'un  coup  de  burin  de  tailleur  de  pierres,  aui  lui  était  tomht^ 
sur  le  sommet  de  la  tête.  Âpres  une  petit»  némorrhagie  et  une 
commotion  cérébrale  d'aspect  bénin,  il  semblait  être  en  voie  de 
guérison.  Mais  il  fut  pris  du  tétanos  le  troisième  jour  et  suc- 
comba en  quarante-huit  heures  malgré  des  doses  élevées  et 
chloral. 

Obs.  y.  —  l-n  condamné  européen,  âgé  de  trente  ans,  et 
d'une  constitution  athlétique,  était  à  ce  moment  dans  la  salle 
pour  une  fracture  de  jambe  compliquée  de  plaie,  d'issue  des 
os,  etc.,  et  je  Teusse  amputé  sans  ravis  de  deux  de  mes  confrères 
qui  me  poussèrent  fortement  à  tenter  la  conservation. 

Le  blessé  était  dans  la  salle  depuis  une  dizaine  de  jours 
déjà,  quand  le  nègre  atteint  de  plaie  de  tête  y  fut  amené.  La 
blessure  était  en  pleine  suppuration,  le  foyer  de  la  fractura 
ouvert,  les  esquilles  nombreuses,  et  quoiqu'il  n'y  eût  ni  lièTrr 
vive,  ni  septicémie  caractérisée,  j'étais  peu  satisfait  de  Téut 
général  de  la  blessure.  Le  fracturé  fut  pris  de  tétanos  seiie 
jours  après  le  nègre  et  mourut  le  cinquième  jour. 

Il  y  avait  dans  la  salle  de  nombreux  blessés  dont  aucun 
ne  fut  atteint.  Néanmoins  comme  je  n'observai  pas  d'autie 
cas  dans  cet  hôpital  pendant  le  courant  de  cette  même 
année,  et  comme  le  tétanos  y  est  rare,  le  lien  de  ces  deu\ 
faits  me  parait  de  la  plus  haute  importance. 

Les  deux  faits  du  même  ordre  dont  la  relation  suit  me 
sont  communiqués  par  M.  le  docteur  G.  Reynaud. 

Obs.  VI.  —  X...,  nègre,  charretier  au  service  de  M.  Jouveaii- 
Dubreuil  (Matouba,  600  mètres  de  hauteur),  reçoit  dans  unt*  rix** 
un  coup  de  couteau  au-dessus  du  sein  gaucho.  Il  continue  sou 
service  de  charrois  entre  le  Matouba  et  la  Basse-Terre  ;  est  sou- 
vent mouillé  pendant  le  trajet,  vient  se  faire  panser  à  rhôpilal 
du  camp  Jacob  quatre  jours  après  l'accident.  Cinq  ou  six  jours 
après  ce  pansement  il  est  atteint  d'un  tétanos  général  d'aspect 
très  grave.  Le  docteur  Reynaud,  appelé  à  l'habitation  Dub:  eu  il 
pour  lut  donner  des  soins,  réussit  pourtant  à  le  tirer  d'uflfairf 

Kar  des  injections  de  morphine  (7  centigrammes  en  vingt-quatre 
eurcs). 

Obs.  vil  —  Y...,  nègre,  ouvrier  charpentier  chez  M.  Jouveau- 
Dubreuil  (Matouba),  contracte  plusieurs  chancres  mous  du  gland, 
du  sillon  préputial  et  de  la  face  interne  du  prépuce,  ne  se  fait 

Ï^as  soigner.  Onelques  jours  après,  cinq  semaines  environ  apW's 
a  mort  du  premier  tétanique,  il  est  atteint  d'un  paraphimosis 
qui  se  complique  aussi  de  tétanos  généralisé.  11  succomln* 
malgré  les  soins  du  docteur  Reynaud  (morphine).  L'auteur 
ajoute  qu'il  s'est  écoulé  plus  d'un  mois  entre  les  deux  cas  ;  que 
les  deux  malades  habitaient  des  baraques  différentes  éloignées 
l'une  de  l'autre  par  une  grande  cour  et  d'autres  baraques  ;  qu'ils 
n'appartenaient  pas  à  la  même  famille  ni  à  la  même  profession; 
qu'où  ignore  si  le  second  avait  visité  le  premier  pendant  sa 
maladie,  mais  qu'en  somme  le  fait  est  possible,  et  qu'il  est 
certain  qu'ils  devaient  avoir  des  relations  de  camarades  comme 
employés  de  la  même  usine. 

  Pondichéry,  M.  le  docteur  Léonard  a  observé  des  faits 
fort  intéressants.  Sur  10  tétaniques  qu'il  eut  à  traiter  à 
l'hôpital  en  1886,  8  ont  été  fournis  par  l'extérieur  et  â  se 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N*  26  —    413 


sont  déclarés  à  l*hôpital  même  dans  les  circonstances  sui- 
vantes. 

Obs.  Vllï.  —  Un  Indien  d'une  trentaine  d'années  est  apporté 
ù  rhôpital  pour  une  lésion  grave  du  pied  dorit.  Il  s'agissait  a*une 
luxation  en  dehors,  avec  déchirure  des  téguments  de  la  région 
interne,  et  issue  des  deux  os  de  la  jambe,  coiffés  de  Fastragale; 
les  vaisseaux  et  nerfs  tibiaux  étaient  déchirés.  Le  docteur  Léo- 
nard prati(]ua  la  résection  de  Fastra^le  pour  pouvoir  réduire 
la  dislocation.  Il  y  parvint  après  avoir  réséqué  le  nerf  frappé 
d'altrition,  lié  Fartere  et  nettoyé  la  plaie.  Pansement  antisep- 
tique. Immobilisation.  Position,  etc.. 

Tout  alla  bien  pendant  les  premiers  jours;  les  accidents  in- 
flammatoires n'étaient  plus  à  craindre;  la  plaie  prenait  bon 
aspect.  L'état  général  était  excellent,  quand  le  tétanos  éclata, 
et  enleva  le  malade  en  trente-six  heures. 

Or  peu  de  temps  auparavant  un  homme  atteint  de  tétanos 
êlait  mort  dans  la  même  salle  et  dans  le  même  lit.  On  ne  prit 
g^arde  a  ce  rapprochement  qu'à  propos  du  fait  suivant. 

Ors.  IX.  —  Une  petite  Indienne  de  huit  à  dix  ans,  atteinte 
de  fracture  comrainutive  du  bras,  se  fit  soigner  par  un  rebou- 
teur  indien.  Celui-ci  appliqua  un  appareil  tellement  serré  qu'il 
produisit  la  gangrène  de  tout  le  membre  blessé.  C'est  alors  qu'on 
amena  Tentant  à  Fhôpital.  La  main  et  Favant-bras,  complète- 
ment sphacélés,  ne  formaient  plus  qu'un  putrilage  infect,  qui 
tomba  à  terre  à  mesure  qu'on  défit  cet  horrible  pansement. 
Après  avoir  désinfecté  la  plaie,  le  docteur  Léonard  régularisa 
le  moignon  en  réséquant  ce  qu'il  fallait  de  l'humérus.  Cinq  ou 
six  jours  après  le  tétanos  se  déclarait  et  enlevait  Fenfant. 

Celte  fois  encore  on  constata  que  le  lit  oix  Fenfant  avait  été 
placée  à  son  entrée  à  Fhôpiial,  élait  occupé  quinze  jours  aupa- 
ravant par  une  femme  atteinte  de  fracture  de  Favant-bras  com- 
pliquée de  plaie  et  qui  mourut  de  tétanos. 

Le  rapprochement  de  ces  deux  faits  a  converti  Fauteur  à 
la  doctrine  de  la  contagiosité,  et  lui  a  fait  prendre  par  la 
suite  les  mesures  de  désinfection  les  plus  rigoureuses, 
chaque  fois  qu'un  nouveau  cas  était  introduit  dans  ses 
salles. 

Tels  sont  les  faits  qui  militent  évidemment,  comme  ceux 
publiés  en  France  dans  ces  derniers  temps,  en  faveur  de  la 
contagiosité  du  tétanos. 

§  m.  —  Origine  équine. 

J'arrive  à  la  question  deForigine  équine.  L'hypothèse  est 
plus  difficile  encore  à  vérifier  que  la  précédente,  parce  que, 
en  recherchant  les  faits  qui  peuvent  Véclairer,  on  en  trouve 
beaucoup  plus  de  négatifs  que  de  positifs.  Or  les  premiers, 
ceux  où  l'observateur  ignore  la  présence  du  cheval,  ne  prou- 
vent rien;  les  seconds  par  leur  rareté  même  peuvent  être 
mis  sur  le  compte  d'une  simple  coïncidence.  Les  observa* 
tions  les  plus  intéressantes,  après  celles  qui  établiraient 
un  point  de  contact  bien  net  entre  un  cheval  tétanique  et 
un  homme  tétanisé,  seraient  celles  qui  excluraient  formel- 
lement le  cheval.  Par  exemple  le  tétanos  humain  faisant 
apparition,  sans  importation  possible,  dans  une  localité  où 
il  n'y  aurait  jamais  eu  ni  cheval  ni  autre  animal  capable  de 
tétanos.  Ce  serait  là  un  fait  non  plus  négatif  d'une  façon 
banale,  mais  bien  un  fait  positif  dans  sa  négation,  ou,  si  l'on 
veutjuu  fait  véritablement  exclusif  de  l'origine  équine.  Mais 
des  exemples  aussi  nets,  aussi  positifs,  pour  ou  contre,  sont 
presque  introuvables  dans  une  enquête  rétrospective,  et 
nous  restons  en  possession  d'observations  plus  ou  moins 
complètes,  dont  toutes  les  circonstances  n'ont  évidemment 
pas  été  enregistrées. 

Il  ne  faut  pas  se  hâter  d'en  tirer  des  conclusions.  Ayant 
à  prendre  un  parti  entre  deux  courants  d'idées  qui  soulèvent 
à  chaque  instant  des  discussions,  les  observateurs  superfi- 
ciels se  laissent  trop  souvent  guider  par  des  raisons  de  sen- 
timent ou  de  dialectique.  Ils  n  ont  pas  la  patience  d'attendre 
le  complet  dépouillement  des  faits  acquis,  ou  l'apparition 


de  nouveaux  cas,  mieux  observés,  si  comme  il  est  probable 
les  premiers  sont  insuffisants. 

L'observateur  prudent  et  positif  agit  tout  différemment. 
Il  se  garde  d'interpréter  les  faits  tant  qu'ils  sont  peu  nom- 
breux; il  ne  prétend  pas  leur  faire  dire  quoi  que  ce  soit,  il 
se  contente  de  les  enregistrer,  de  les  passer  au  crible,  et  il 
attend  que  les  séries  soient  assez  nombreuses,  pour  qu'on 
puisse,  en  les  mettant  en  présence,  en  formuler  les  lois  et 
en  tirer  les  conclusions,  (jt  dans  cette  question  du  tétanos 
équin,  nous  n'en  sommes  pas  aux  conclusions.  L'heure 
actuelle  n'est  encore  que  celle  de  l'inventaire  des  faits  que 
peuvent  fournir  la  clinique  et  le  laboratoire. 

J'ai  adressé  à  mes  correspondants,  au  sujet  de  l'origine 
équine,  les  trois  questions  suivantes  : 

l""  Y  a-t-il  dans  la  région  de....  beaucoup  de  chevaux,  et 
les  hommes  atteints  de  tétanos  étaient-ils  en  rapport  avec 
les  chevaux? 

^  \  a-t-il  du  tétanos  équin,  bovin,  etc.? 

S"*  A-t-on  pu  remarquer  quelcjue  relation  entre  les  cas 
de  tétanos  équin  et  les  cas  humains? 

Ces  questions  ont  été  adressées  à  des  médecins  et  à  des 
vétérinaires,  et  je  résume  leurs  réponses. 

Dans  l'Inde  beaucoup  de  chevaux,  beaucoup  de  tétanos 
équin,  beaucoup  de  tétanos  humain.  Mon  distingué  col- 
lègue, le  docteur  Léonard,  rapporte  que  dans  l'Inde,  outre 
les  espèces  chevaline,  bovine,  etc.,  qui  sont  sujettes  au 
tétanos  proprement  dit,  les  oiseaux  de  toute  espèce  suc- 
combent fréquemment  à  une  affection  tétanisante  qu'on 
appelle  les  crampes  des  pattes,  et  il  fait  remarquer  judi- 
cieusement que  la  voie  est  peut-être  indiquée  dans  ce  sens, 
pour  faire  des  expériences  d'atténuation  du  virus,  et  recher- 
cher ainsi  la  vaccination  contre  le  tétanos.  C'est  à  nos 
jeunes  camarades  à  utiliser  ce  conseil. 

En  Cochinchine,  au  Tonkin,  beaucoup  de  chevaux  ;  téta- 
nos équin  assez  fréquent  ;  tétanos  humain  assez  fréquent 
aussi.  Voici  un  fait  bon  à  enregistrer  à  cause  de  la  nature 
de  la  blessure  qui  s'était  compliquée  de  tétanos  (janv. 
1887). 

Obs.  X.  —  M.  P...,  lieutenant  d'artillerie,  s'apprêtait  à  mon- 
ter  à  cheval,  quand  il  reçut  une  ruade  qui  l'atteignit  à  la  main. 
Il  en  résulta  une  plaie  contuse  du  médius,  traitée  par  les  réso- 
lutifs et  le  repos.  Au  bout  d'un  certain  temps  le  tétanos  se 
déclarait.  M.  P...  dut  subir  l'amputation  des  deux  dernières 
phalanges  en  pleins  accidents  tétaniques  et  a  guéri.  Plusieurs 
mois  après  il  conservait  encore  de  la  raideur  des  mâchoires. 

Pendant  l'expédition  du  Tonkin,  en  novembre  1886,  la 
garnison  de  Lao-Kal  présenta  une  petite  épidémie  de  tétanos 
fort  instructive.  Cette  garnison,  commandée  par  le  comman- 
dant Pellerin,  et  ayant  pour  médecin-major  le  docteur 
Schutlaër,  comptait  cent  cinquante  Européens,  et  bon 
nombre  d'Annamites. 

Les  conditions  hygiéniques  étaient  mauvaises;  la  ville 
était  entourée  d'une  véritable  nécropole  chinoise.  Les 
cadavres,  à  peine  enterrés,  étaient  souvent  cachés  dans  les 
hautes  herbes. 

Le  tétanos  apparut  tout  à  coup  et  cinq  hommes  furent 
emportés:  trois  le  premier  jour  et  aeux  le  second.  Us  étaient 
atteints  de  plaies  légères  ou  de  piqûres  de  quinine  qui 
dégénéraient  facilement  en  phlegmon. 

Plusieurs  hommes,  très  vigoureux,  furent  pris  de  huit  à 
dix  heures  du  matin,  et  succombèrent  la  nuit  suivante  en 
moins  de  vingt-quatre  heures. 

Les  morts  Européens  furent: 

l"*  Un  maréchal  des  logis  de  pontonniers; 

2°  Un  sergent  de  tirailleurs  ; 

S"*  Un  artilleur  (qui  soignait  des  mulets)  ; 

i'*  Un  artilleur,  ordonnance  d'officier,  et  qui  soignait  le 
cheval  de  cet  officier; 

b""  Un  artilleur,  boucher  de  la  garnison. 


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En  outre,  plusieurs  cas  sur  des  indigèues  ne  furent  pas 
enregistrés. 

On  prit  aussitôt  des  mesures.  Le  terrain  environnant  fut 
assaini  et  les  herbes  brûlées;  tous  les  hommes  atteints  de 
plaies,  visités  et  pansés  avec  soin,  et  les  piqûres  de  quinine 
supprimées. 

La  garnison  possédait  une  douzaine  de  chevaux  et  des 
mulets  pour  transporter  le  matériel.  Les  artilleurs,  oui 
furent  surtout  atteints  par  le  tétanos,  soignaient  tous  les 
chevaux  et  bêtes  de  somme. 

A  la  vérité,  il  ne  parait  pas  qu'aucun  de  ces  animaux  soit 
mort  de  la  même  maladie;  quelques-uns  moururent 
constipés  et  météorisés. 

En  somme,  cette  épidémie  de  Lao-Kaî  est  intéressante  à 
un  double  point  de  vue  :  i""  c'est  une  bouffée  épidémique 
brusçiue,  intense,  agissant  dans  un  groupe  très  réduit,  et 
s'éloignant  presque  aussitôt.  Il  est  difficile  de  ne  pas  y  voir 
une  propagation  par  contagion  ;  ^''en  second  lieu,  presque  tous 
les  hommes  atteints  soignaient  des  chevaux  ou  des  mulets. 

Aux  Antilles,  il  existe  beaucoup  de  chevaux  surtout  dans 
les  campagnes.  Le  tétanos  s*observe  sur  le  cheval,  le  mulet, 
l'âne,  le  bœuf,  la  chèvre  et  le  mouton.  M.  Boyer,  savant 
vétérinaire  de  la  Guadeloupe,  traite  fréquemment  la  mala- 
die sur  le  cheval  et  le  mulet,  moins  souvent  sur  l'âne,  très 
rarement  sur  le  bœuf.  C'est  en' général  la  castration  qui  est 
l'occasion  du  tétanos.  Il  est  bien  entendu  qu'il  s'agit  de  la 
castration  à  testicule  couvert  ou  découvert,  ie  bislournage 
ne  provoquant  jamais  le  tétanos. 

La  transmission  du  tétanos  entre  animaux  de  même 
espèce  ou  d'espèces  différentes  n'a  pas  été  positivement 
observée.  Toutefois  M.  Boyer  a  été  appelé  à  donner  des  soins 
à  trois  mulets,  ayant  eu  le  tétanos  dans  la  même  écurie  à 
quelques  jours  d'intervalle.  Tous  trois  avaient  été  piqués 
par  des  clous  de  rue;  ces  animaux  étaient  affectés  au  trans- 
port des  immondices  de  la  ville,  et  les  bêtes  de  ce  service 
ramassent  très  souvent  des  clous  dans  les  ordures  où  ils 
sont  obligés  de  passer. 

Le  docteur  Lhoyseau  a  perdu  lui*même  deux  chevaux 
dans  son  écurie,  l'un  par  tétanos  a  frigore^  l'autre  après  la 
castration. 

Le  tétanos  humain,  nous  l'avons  vu,  est  assez  fréqueut  aux 
Antilles,  et  il  atteint  surtout  les  nègres  qui  servent  dans  les 
usines  ou  les  plantations  où  ils  sont  en  relation  avec  les 
chevaux  (docteur  Delrieux). 

Parmi  les  autres  cas  qui  me  sont  signalés  de  ce  pays,  je 
ferai  remarquer  que  le  nègre  de  l'observation  Vl  était 
charretier,  rour  d'autres,  la  profession  n'implique  pas  des 
rapports  directs  avec  les  animaux,  mais  le  docteur  Reynaud 
fait  remarquer  qu'à  la  Guadeloupe,  et  particulièrement  au 
camp  Jacob,  d'où  me  sont  parvenues  plusieurs  observations, 
on  monte  beaucoup  à  cheval.  On  peut  dire  que  presque 
toutes  les  familles  ont  au  moins  un  cheval,  et  ce  sont  ordi- 
nairement les  domestiques  qui  sont  frappés  de  tétanos. 

A  la  Guyane  on  rencontre  aussi  des  chevaux  mais  en 

fietit  nombre.  Nous  y  signalons  du  reste  une  localité  qui 
ournit  des  faits  négatifs  en  apparence  fort  importants,  et 
sur  lesauels  j'insisterai.  Aux  tles  du  Salut,  il  n'existe  pas 
un  seul  cheval  et  plusieurs  médecins  y  ont  observé  le 
tétanos. 

Obs.  XI  (docteur  Alix,  1885,  îles  du  Salut).—  Un  condaraiié 
arabe  atteint  de  tumeur  blanche  du  poignet,  avec  abcès  et  fis- 
tules multiples,  se  trouvait  depuis  longtemps  à  Thôpital.  Il  subit 
l'amputation  de  Tavant-bras,  et  fut  le  quatrième  ou  cinquième 
jour  pris  de  tétanos.  Il  succomba  très  rajjiideraent.  Le  médecin 
attribua  cette  complication,  qui  est  restée  isolée  dans  le  cou- 
rant de  Tannée,  à  I  influence  du  vent  du  nord,  _ 

Sur  la  côte  d'Afrique,  les  chevaux  sont  assez  répandus  et 
ont  souvent  le  tétanos.  Quant  aux  hommes  qui  en  sont  si 
souvent  atteints,  il  est  vraisemblable  qu'ils  étaient  parfois 


en  rapport  avec  des  chevaux.  Hais  je  ne  possède  point  de 
faits  précis.  Je  ferai  remarquer  seulement  que  les  nègres 
du  Sénégal,  par  exemple,  couchent  sur  le  sol  nu,  ou  recou- 
vert de  nattes,  et  souvent  dans  des  endroits  malpropres  et 
ayant  servi  d'écurie.  De  plus  le  tétanos  succède  ordinaire- 
ment à  des  blessures  aux  pieds,  et  dans  la  marche  sans 
chaussures,  les  indigènes  sont  exposés  à  souiller  leurs  écor- 
chures  à  toutes  les  immondices  au  sol. 

A  Madagascar  où  il  n'existe  presque  point  de  chevaux,  il 
y  a  cependant  beaucoup  de  tétanos  numain,  au  moins  chez 
les  enfants.  Les  chevaux  y  sont  assez  rares  pour  que  la 
plupart  des  indigènes  n'en  aient  jamais  vu  avant  l'expédi- 
tion française.  Il  y  a,  il  est  vrai,  beaucoup  de  bêtes  à  coroes, 
et  la  conduite  des  troupeaux,  leur  recensement,  leurs  chan- 
gements de  pâturage  occupent  une  grande  partie  des  popu- 
lations où  sévit  le  tétanos. 

Pendant  l'expédition  il  y  aurait  eu  un  cas  de  tétanoi:  sur 
un  mulet  de  1  artillerie.  Les  artilleurs  et  gendarmes,  seuls 
hommes  montés,  n'en  ont  jamais  présenté. 

Enfin  il  me  reste  à  relater  quelques  faits  ^ui  paraissent 
absolument  défavorables  à  la  théorie  de  l'origine  équine.Ce 
sont  des  cas  de  tétanos  survenus  à  bord.  Ils  sont  fort  rares, 
car  m'adressant  à  de  très  nombreux  camarades,  je  n'ai  pn 
en  recueillir  que  trois.  Je  les  cite  d'abord  ;  je  les  discutenî 
ensuite. 


Ohs.  XII.  —  Le  docteur  Pfilli  m'a  adressé  l'observation  d'un 
cas  de  tétanos  qui  s'est  produit  dans  la  mer  des  Indes  à  boni 
d'un  navire  d'immigration,  sept  jours  après  avoir  quitté  Cal- 
cutta, par  une  température  de  tl  degrés  et  une  légère  brise  (le 
N.-O.  —  Voici  le  récit  textuel  du  docteur  Pfilh  : 

25  février  1884.  Nemdluiri,  coolie  indien,  âgé  de  trente-deas 
ans,  d'une  constitution  vigoureuse,  boulanger  à  bord  du  bateau 
d'émigrants  la  Jumna^  sort  de  la  chambre  du  four,  le  corps 
en  sueur,  pour  prendre  l'air  sur  le  pont.  Il  est  pris  immédiate- 
ment d'un  frisson  et  tombe  à  terre  sous  mes  yeux  en  opisthoto- 
nos  :  les  mâchoires  sont  serrées,  tes  globes  oculaires  convalsé> 
en  haut  ;  la  respiration  est  suspirieuse,  le  pouls  fréquent,  la 
peau  très  chaude.  Je  pratique  tout  de  suite  une  injection  de 
i  centigramme  de  chlorhydrate  de  morphine,  et  le  malade  uoe 
fois  installé  à  l'hôpital  prend  une  potion  contenant  6  grammes 
de  chloral. 

Dans  la  journée  le  calme  se  rétablit,  et  la  raideur  tétanique 
disparait  complètement;  le  malade  prend  encore  î  grammes  de 
chloral  dans  fa  nuit. 

26  février.  Nemdbari  n'est  plus  que  fatigué,  et,  sans  reprendre 
son  service,  il  se  mêle  à  la  masse  des  coolies.  Nouvelle  potion 
avec  4  grammes  de  choral. 

27  février.  Le  surlendemain  il  ne  vient  plus  à  la  visite,  el 
l'ayant  appelé  près  de  moi,  je  constate  qu'il  est  en  parfait  étal, 
et  qu'il  n'a  plus  besoin  que  de  repos.  Le  même  jour  à  raidi,  ses 
amis  viennent  me  chercher  en  toute  hâte  :  il  est  descendu  mal- 
gré des  ordres  sévères  dans  rentre|)ont,  se  sentant  probablement 
fatigué.  A  mon  arrivée,  Nemdhari  est  dans  la  même  posiUon 
que  le  premier  jour.  Température  à  41^,2  ;  mais  le  pouls  n'est 
plus  perceptible,  non  plus  que  les  bruits  du  cœur. 

Je  pratique  immédiatement  la  respiration  artificielle.  Kn 
même  temps  on  administre  un  lavement  avec  séné  et  sulfalc  >'• 
soude.  Saignée  de  la  jugulaire  tentée  sans  résultat.  Eniin  l' 
corps  se  refroidit,  et  il  est  évident  qu'il  faut  renoncer  à  ranimer 
le  malade. 

J'ai  tenu  à  citer  cette  observation  littéralement,  paico 
qu'elle  est  singulière  par  la  spontanéité,  l'intermittence  et 
la  brusquerie  foudroyante  des  attaques.  Je  reviendrai  plus 
tard  sur  sa  valeur. 

Obs.  XIll.  —  Le  docteur  Boutin  a  été  témoin  d'un  cas  de  téta- 
nos sur  le  transport  la  Creuse  se  rendant  en  Cocbinchine  en 
1876.  Ce  cas  est  du  reste  consigné  dans  le  rapport  de  fin  de  cam- 
pagne du  docteur  Carassan,  médecin-major.  La  Creuse  a>û'^ 
quitté  Toulon  le  20  novembre  ;  elle  avait  à  bord  dix  chevau{' 
X.,  matelot  de  l'équipage,  fut  blessé  le  27  novembre  au  mouil- 
lage de  Port-Saïd,  en  hissant  une  embarcation.  L'annulaire  de 
la  main  est  le  siège  d'une  plaie  par  écrasement. 


i»  Juin  1889 


GAZETTE  HE&DOHADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIfiURGlE 


—  N*  28  —    415 


Le  navire  quitte  Port-Saïd  le  29  et  touche  à  Suez  le  30,  puis 
il  arrive  à  Ailen  le  8  décembre,  pour  en  repartir  le  10, 

Or  le  blessé  paraissait  à  peu  près  guéri,  quand  il  passa,  en- 
dormi sur  le  pont,  la  nuit  du  7  au  8  déceml3re.  Celle  nuit  fut 
signalée  par  u»  veni  deboui  Irè»  fraifu  L*bygF»i»ètre  marquait 
77,  et  le  thermomètre  26.  Dans  la  journée  du  8,  trismus.  Cepen- 
dant les  accidents  étaient  faibles  et  rémittents,  on  ne  s'en 
alarma  que  le  troisième  jour.  Traitement  rationnel,  mor- 
phine, etc..  Bref,  Thomme  succombe  le  19  décembre. 

Obs.  XIV  (docteur  Léonard).  —  A  l'arrivée  d'un  navire  d'érai- 
^rants  à  Pondicbéry,  un  nègre,  de  constitution  athlétique,  qui  y 
était  embarqué,  fut  descendu  à  terre,  et  porté  à  rhôpital,  en 
proie  à  une  violente  attaque  de  tétanos.  11  succomba  du  reste  en 
deux  ou  trois  heures.  Le  tétanos  était  venu  compliquer  une  plaie 
par  écrasement  d'un  doigt  de  la  main  gauche.  Il  n'y  avait  pas 
de  cheval  à  bord  et  sans  doute  depuis  longtemps,  pense 
M.  Léonard,  il  n'y  avait  pas  eu  de  rapport  possible  avec  un 
animal  de  cette  espèce. 

Voilà  donc  trois  faits  de  tétanos  observés  à  bord,  et,  si  j'y 
ajoute  ceux  constatés  aux  îles  du  Salut,  voilà  tout  le  bilan 
des  cas  que  j'ai  pu  relever  comme  tendant  à  exclure  Torigine 
équine.  Mais  il  faut  envisager  avec  soin  toutes  les  circon- 
stances de  ces  faits. 

Pour  ceux  des  îles  du  Salut,  et  en  particulier  celui  que  je 
tiens  du  docteur  AliXt  la  démûjoslratixm  négative  semble 
péremptoire,  alors  qu'il  s'agit  d*un  Arabe,  interné  depuis 
longtemps  dans  l'établissement,  et  même  à  l'hôpital,  et 
qu'on  n'a  relevé  autour  de  ce  cas  aucuue  série  de  faits  de 
tétanos  pouvant  avoir  fait  la  chaîne. 

Ce  cas  ne  semble  pas  avoir  été  importé.  Né  sur  place, 
dans  une  ile  privée  de  chevaux,  il  n'aurait,  pense-t-on, 
aucun  rapport  possible  avec  l'espèce  chevaline.  Et  pourtant, 
en  cherchant  bien ,  j'ai  fait  quelques  constatations 
curieuses. 

D'abord,  aux  lies  du  Salut,  il  existe  des  bœufs,  et  nous 
savons  qu'à  Cayenne,  comme  aux  Antilles,  les  bœufs  sont 
parfois  pris  du  tétanos.  Cependant  j'ignore  si  les  bœufs  de 
cette  localité  particulière  en  ont  présenté  des  exemples. 

De  plus,  le  cheval  n'y  est  pas  absolument  une  bêle 
inconnue  ;  il  en  passe  parfois.  De  temps  en  temps,  des 
chevaux  d'officiers  ou  des  mulets  de  la  troupe,  allennant  un 
transport  pour  le  Maroni,  sont  mis  pendant  quelques  jours 
en  subsistance  à  rétablissement  des  îles  du  Salut. 

Enfin,  à  défaut  du  cheval,  bien  et  dûment  domicilié  dans 
l'île,  j'y  ai  trouvé  l'âne.  Deux  ânes  vieux  et  impotents 
habitent  l'établissement;  et  veut-on  savoir  où  est  leur  asile? 
A  l'hôpilal  même,  au  rez-de-chaussée,  directement  au- 
dessous  de  la  salle  des  blessés.  L'hôpital  est  construit  sur 
pilotis,  les  blessés  sont  au  premier  et  les  ânes  en  dessous. 

Certes  je  n'accuse  pas  ces  innocenles  bctes  d'avoir  donné 
le  tétanos  à  notre  Arabe,  mais  en  vérité  peut-on  exclure 
absolument  l'influence  animale,  quand  les  bœufs  abondent 
dans  le  pays,  que  les  chevaux  y  passent  parfois,  et  que  les 
<\nes  y  voisinent  avec  les  amputés? 

Examinons  maintenant  les  cas  nautiques: 

Pour  le  premier,  celui  de  làJumna  (obs.  XI),  il  ne  me 
semble  pas  qu'il  doive  embarrasser  beaucoup  il,  Verneuil. 
Sans  doute  il  n'y  avait  pas  de  chevaux  à  bord.  Mais  le 
tétanos  de  Nemdhari,  si  on  le  considère  malgré  son  allure 
surprenante  comme  un  tétanos  légitime,  a  éclaté  sept  jours 
seulement  après  le  départ  de  Calcutta.  Il  n'est  pas  besoin, 

f»our  un  si  court  délai,  d'invoquer  les  germes  enfouis  dans 
es  vêtements,  etc.  La  simple  hypothèse  d'une  incubation 
de  quelques  jours,  bien  moindre  que  celle  de  la  ras:e,  peut 
laisser  admettre  que  cet  Indien  aura  contracté  la  redoutable 
aiïection  à  laquelle  il  a  succombé  à  Calcutta  même,  avant  le 
départ.  Calcutta  est  un  des  points  du  globe  où  le  tétanos  est 
le  plus  fréquent,  sur  les  hommes  comme  sur  les  chevaux. 
Ainsi  ce  cas,  qui  rentre  absolument  dans  les  règles  de  la 
contagiosité,  ne  prouve  rien  contre  l'équinisme. 

Le  deuxième  fait,  celui  de  la  Creuse,  ne  mérite  pas 


une  longue  critique.  La  Creuse  n'est  pas  au  point  de 
vue  de  l'isolement  un  vrai  navire.  C'est  une  caserne 
flottante,  portant  plus  de  mille  personnes  et  contenant  dix 
chevaux.  De  plus,  la  blessure  a  lieu  au  mouilla^^e,  sept 
jours  après  avoir  quitté  Toulon.  Elle  se  compliaue  de 
tétanos,  précisément  le  jour  où  l'on  est  sur  rade  d  Aden, 
pays  où  le  tétanos  est  fréquent.  On  voit  que  les  occasions  de 
transmission  animale  ou  humaine  ne  lui  ont  pas  manqué. 
Le  troisième  cas  serait  peut-être  le  plus  important,  car  il 
semble  se  rapporter  à  un  navire  qui  venait  de  faire  une 
longue  traversée.  Cependant  je  n'en  sais  rien,  et  je  ne  puis 
que  m'en  référera  mon  excellent  ami  le  docteur  Léonard, 

3ui  raconte  de  mémoire  et  emploie  la  forme  quelque  peu 
ubitative  : 

«  Il  n'y  avait  pas  de  cheval  à  bord,  dit-il,  et  sans  doute 
depuis  longtemps,  il  n'y  avait  pas  eu  de  rapport  possible 
avec  un  animal  de  cette  espèce.  » 

II  me  reste  à  examiner  une  dernière  question  : 

A't-on  pu  remarquer  quelque  relation  entre  les  cas  de 
tétanos  équin  et  les  cas  humains?  A  cette  interrogation,  la 
plupart  de  mes  correspondants  répondent:  «  Non,  on  n'a 
jamaisrienobservédesemblable.^Maisil  faut  remarquer  tout 
de  suite  que  cette  déclaration  négative  est  plutôt  une  appré- 
ciation qu'une  constatation  directe.  Ce  n'est  pas  en  tout  cas 
le  résultat  d'une  expérience  prolongée,  car  les  faits  observés 
antérieurement  à  la  discussion  ouverte  depuis  deux  ans,  ne 
peuvent  pas  être  envisagés  sous  un  jour  que  l'on  ne 
soupçonnait  pas  alors.  Il  est  bien  évident  qu'un  garçon  de 
ferme,  mourant  du  tétanos,  ne  sera  pas  soupçonné  d'avoir 
pris  son  mal  à  un  cheval,  si  jamais  le  médecin  n'a  songé 
que  cela  puisse  être. 

Des  faits  très  positifs  peuvent  donc  avoir  été  négligés  par 
ceux-là  mêmes  qui  me  font  une  réponse  négative  catégo* 
rique.  D'autres  répondent  avec  plus  de  réserve  et  trahissent 
quelque  étonnement  en  constatant  qu'ils  possèdent  des 
exemples  en  faveur  d'une  hypothèse  à  laquelle  ils  n'avaient 
pas  songé,  et  qui  leur  paraît  encore  étrange  à  l'heure 
actuelle. 

«  Oui,  m'écrit-on  de  la  Guadeloupe  (Lherminier),  depuis 
quelque  temps  j'observe  un  rapport  entre  les  cas  de  tétanos 
chez  l'homme  et  chez  les  animaux.  11  règne  en  même  temps 
chez  les  uns  et  chez  les  autres.  C'est  pourquoi  je  m'abstiens 
de  toute  opération  quand  je  sais  qu'il  y  a  du  tétanos  chez  les 
animaux.  » 

Celte  appréciation  est  malheureusement  assez  vague  et  je 
préfère  des  faits. 

M.  Boyer  (Poinlc-à-Pitre)  cite  le  cas  suivant,  qui  est 
d'un  grand  intérêt. 

Obs.  XV.  Une  fillette  de  dix  ans,  de  race  iudienne,  avait 
contracté  le  tétanos  daus  les  écuries  de  M.  R...  où  elle  habitait 
avec  ses  parents.  Pendant  la  maladie  de  cet  enfant,  il  n'y  avait 
pas  de  cheval  ayant  le  tétanos  dans  ces  écuries.  Mais  on  avait 
précédemment  donné  des  soins  à  des  animaux  tctauiques  dau^ 
cet  endroit. 

Malheureusement,  on  ne  précise  pas  le  laps  de  temps  écoulé 
entre  la  maladie  des  chevaux  et  celle  de  la  petite  Indienne. 

Obs.  XVI  (Wahl,  vétérinaire).  —  A  Saigon,  au  commencement 
de  1880,  le  vétérinaire  de  Tartillerie  pratiqua  une  castration  sur 
un  cheval  de  son  escadron.  I.e  tétanos  traumatique  survint  et 
ranimai  mourut.  Un  Annamite  qui  Tavait  soigné,  contracta  la 
maladie  huit  mois  après,  et  mourut  également.  Cet  homme  était 
atteint  d'une  plaie  au  pied. 

Ces  deux  faits  offrent  de  l'intérêt  et  sont  évidemment 
avantageux  à  l'hypothèse  du  tétanos  équin.  Habitation  dans 
l'écurie  d'un  animal  malade,  soins  donnés  à  un  cheval 
tétanique,  ne  sont-ce  |)as  là  des  circonstances  on  ne  peut  plus 
favorables  à  la  contagmn? 

On  ne  peut  objecter  à  cette  manière  de  voir  que  l'espace 
de  temps,  indéterminé  dans  le  premier  cas,  prolongé  dans 
le  deuxième,  qui  a  séparé  la  maladie  animale  de  la  maladie 


416    —  K*  26  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


28  Juin  1889 


humaine.  Hais,  comme  il  ne  s^agit  pas  ici.d'une  incubation, 
dont  la  durée  ne  saurait  vraisemblablement  atteindre  six  à 
huit  mois,  mais  bien  de  la  transmission  par  des  germes 
emmagasinés  dans  Thabitat,  les  obiets  de  couchage,  etc., 
l'objection  perd  beaucoup  de  sa  valeur.  De  pareils  faits,  de 
semblables  ajournements,  se  présentent  souvent,  et  n'éton- 
nent personne  pour  la  variole,  le  croup,  etc.. 

Ennn  les  deux  observations  suivantes  sont  bien  plus 
importantes  encore  à  cause  de  la  simultanéité  et  des  rap- 
ports intimes  du  cas  de  tétanos  équin  avec  le  cas  humain. 

Ob3.  XVIL  —  En  1886,  un  indien  employé  au  service  de  M.  S. 
de  K.,  entrepreneur  des  vidanges  à  Saint-Denis  (Kéunion),  soi- 
gnait un  cheval  atteint  de  tétanos  depuis  vingt-quatre  heures. 
II  se  fit  une  blessure  à  In  gencive  avec  un  morceau  de  bois.  I.e 
tétanos  se  déclara  sur  lui  immédiatement  et  il  mourut  le  troi- 
sième jour.  {Coimnunication  orale  de  M.  S.  de  K.  au  docteur 
G.  Raynaud.) 

.  Ods.  XVIII.  —  Dans  le  même  établissement,  à  quelque  temps 
de  là,  un  indien  engagé  soignait  une  mule  atteinte  de  tétanos 
depuis  quinze  jours.  En  lui  donnant  ses  soins,  il  reçoit  de  rani- 
mai un  coup  de  pied  qui  lut  fait  une  blessure  assez  sérieuse. 
Le  tétanos  se  déclare  aussitôt,  et  Thomme  meurt  au  bout  de 
quelques  jours. 


10*  Aucun  fait  positivement  constaté,  même  sur  de> 
navires  en  campagne,  ne  contredit  d'une  manière  formellf 
Vorigine  équine  du  tétanos. 


Pathologie  latcrae. 

Statistique    avec    notes     cliniques    sur    là    fièvre 
typhoïde,  portant  sur  871  cas   observés  penda5t 

UNE    PÉRIODE    DE    DIX    ANNÉES,    DE    1879    A    1888,   par 

F.  SoREL,  médecin-major  de  !'•  classe,  membre  corres- 
pondant de  la  Société  médicale  des  hôpitaux  (1). 

La  présente  statistique  résulte  du  dépouillement  de 
871  courbes  fébriles,  accompagnées  de  notes  sooimairessur 
les  faits  notables.  Recueillis  en  Algérie  et  en  France  pendant 
une  période  de  dix  années,  de  1879  à  1888,  nos  tracés  con- 
cernent 826  malades  militaires  et  45  malades  civils,  ceuxd 
exclusivement  algériens. 

.  Le  tableau  ci-dessous  donne  la  répartition  par  année  des 
malades  militaires  avec  le  nombre  des  guérisons  et  des 
décès.  Les  malades  civils,  trop  peu  nombreux,  sont  réaaii^ 
dans  une  même  colonne  : 


CATÉGORIES. 

Nombre  des  malades. . . 

—  des  guéris .... 

—  des  décédés.  . 

ALOKRII. 

Malades  militairct). 
1880.    1881.    1882. 

20      80      7.5 

17      72      70 

3        8        5 

1883. 

19 

188». 

89 

83 

6 

FRANCE. 

Moladci  mUiUires. 
1885.     1886.       1887. 

97      125      155 
82      117      139 
15         8        16 

1888. 

138 

126 

12 

TOTAL. 
871 

789 
82 

Malades 
civils 
i879 

ftl883. 

^5 

39 

6 

1870. 

28 

25 

3 

Faudra-t-il  encore  mettre  ces  deux  cas  sur  le  compte  des 
simples  coïncidences  ? 

Je  tiens  donc  ces  quatre  exemples  comme  très  importants 
et  tout  à  fait  en  faveur  de  Thypothëse  de  M.  Yerneuil. 

De  tous  ces  faits  que  je  me  suis  efforcé  de  présenter  avec 
le  plus  de  clarté  possible,  on  peut  déduire  les  conclusions 
suivantes  : 

i"  Le  tétanos  est  très  fréquent  dans  les  latitudes  chaudes, 
particulièrement  dans  Tlncfe,  l'Afrique  occidentale,  Mada- 
gascar et  la  Guyane. 

2''  Il  est  plus  souvent  traumatique  que  spontané.  11 
atteint  de  préférence  les  enfants^  et  peut-être  les  races 
colorées. 

3"*  Ses  liens  avec  certaines  conditions  météorologiques ^ 
variations  brusques,  humidité,  etc.,  sont  au  moins  très 
douteux. 

4*"  11  apparaît  par  séries,  ou  bouffées  épidémique». 
Quoiqu'on  ne  puisse  pas  affirmer  Yépidémicitéj  il  est  certain 
que  les  cas  sporadiques  sont  rares. 

5''  La  contagion  dans  une  même  maison,  un  même  asile, 
une  même  salle  d'hôpital,  me  parait  démontrée  par  des 
faits  bien  observés. 

6°  Dans  la  plupart  des  contrées  où  le  tétanos  est  fréquent, 
les  chevaux  abondent.  Dans  les  pays  privés  de  chevaux,  il 
existe  du  moins  des  animaux  capables  d'être  tétanisés. 

7""  Dans  les  pays  chauds,  la  fréquence  du  tétanos  humain 
est  absolument  liée  à  la  fréquence  du  tétanos  équin.  Ce 
lien  existe  constamment  pour  chaque  pays,  et  suit  les 
variations  saisonnières. 

8**  Les  hommes  atteints  de  tétanos  avaient  eu  souvent  des 
rapports  avec  les  chevaux^  ou  tout  au  moins  leur  profession 
ou  les  circonstances  étaient  de  nature  à  faciliter  ces 
rapports. 

^d"  Les  exemples  de  transmission  de  cheval  à  homme 
n'ont  pas  été  positivement  constatés.  Mais  plusieurs  cas  où 
la  transmission  a  été  probable,  fournissent  une  présomption 
sérieuse  en  faveur  de  l'équinisme. 


Mais  une  statistique  n'a  de  valeur  qu'autant  que  les  ba>ev 
qui  ont  servi  à  rétablir  sont  connues,  et  il  serait  à  désirer 
que  des  règles  uniformes  présidassent  à  la  confection  des 
statistiques  relatives  à  une  même  maladie  ;  c'est  à  cette 
condition  seule  c|u'on  en  pourrait  faire  un  examen  compa- 
ratif utile  et  arriver  à  des  conclusions  sérieuses. 

Les  règles  que  nous  avons  suivies  sont  celles  adoptées 
par  le  professeur  Bouchard  et  qu'il  a  récemment  encore 
formulées  dans  son  livre  sur  la  Thérapeutique  des  maladies 
infectieuses^  à  la  page  295;  à  savoir: 

De  réunir  les  malades  par  années,  en  les  inscrivant 
d'après  la  date  de  leur  entrée,  du  l'"*  janvier  au  31  dé- 
cembre;   . 

De  comprendre  tous  les  malades  sans  exception,  traités 
ou  non,  n'eussent-ils  même  vécu  que  quelques  neures  ; 

De  maintenir  à  l'actif  de  la  lièvre  typhoïde  les  malades 
atteints  de  complications  au  cours  de  la  maladie,  ou  qui. 
avant  leur  sortie  définitive,  ont  contracté  une  maladie  inter- 
currente, même  si  la  maladie  nouvelle  ou  la  complication 
ont  été  la  cause  directe  de  la  mort. 

Nous  ajouterons  une  quatrième  règle,  complément  de^ 
précédentes,,  qui  est  : 

De  n'accepter  les  cas  légers  d'une  durée  moindre  de  treize 
à  quatorze  jours  qu'autant  qu'ils  auront  présenté  des  taches 
rosées  manifestes.  Il  serait  toujours  loisible  de  mentionner 
h  part  les  cas  litigieux  qu'on  croirait  devoir  rattachera  J^ 
fièvre  typhoïde. 

Nous  bornerons  le  commentaire  suivant  à  l'examen  des 
points  les  plus  importants,  ou  qui  ne  sont  pas  encore  suffi- 
samment entrés  dans  le  domaine  classique. 

Durée.  — La  durée  de  la  fièvre  typhoïde,  calculée  d'apès 
la  durée  même  du  cycle  fébrile,  a  varié  dans  des  \mif 
considérables.  On  observera  dans  le  tableau  suivant  que  près 

(i)  ËxIraiU  rôttuinés  d'un  mémoiro  publié  dans  les  BuUctiM  de  là  SocUti 
médicale  des  hôpitaux  de  Paris,  n«  9,  34  mai  1889,  p.  S3». 


28  Juin  1«89 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  «•  28  —    417 


<le  la  moitié  des  cas  (850)  étaient  terminés  au  vingtième 
jour,  et  plus  des  trois  quarts  (590)  au  vingt*sixième  jour. 

La  défervescence  était  complète  dans  nos  789  tracés  de 
cas  guéris: 

iMi     8«  aa  11*  jour  dans  â6  cas.    Du  24«auâ6<'  jour  dans  109  cas. 
12«auU«       -         68    —       -i7«au30«       —        76  — 

-  15«aa17«       —      102    —     —  31«aui0*       —        72- 

-  18«au20«       —      154    —     —  il«au50«       —       26  — 

—  2fau23*       —      111    —    Au  delà  —         5  — 

Cas  avec  rechute  —       40  — 

Nous  dirons  quelques  mois  de  la  forme  très  écourtée  de 
la  fièvre  typhoïde,  et  de  deux  variétés  de  la  forme  prolongée, 
la  réversion  et  la  rechute. 

La  forme  très  écourtée  et  atténuée  se  distingue  à  la  Tois 
par  une  rapide  évolution,  l'atténuation  fébrile,  et  Tabsence 
de  symptômes  sérieux.  C'est  le  typhus  abortitms  levis 
des  Allemands,  la  typhoïdette  de  Lorain. 

Kous  y  admettons  vingt-six  cas,  dont  la  défervescence  était 
achevée  du  huitième  au  onzième  jour,  soit  : 

Au  8"  jour,  1  cas.  Au  10*  jour,  13  cas. 

-  9-    -     4  -  _  ile''__      8    - 

La  fièvre  est. modérée,  néanmoins  l'acmé  peut  atteindre 
et  dépasser  40  degrés  :  mais  dans  la  typhoïdette,  il  n'y  a  pas 
de  période  d'état^  la  défervescence  suit  aussitôt. 

L'éruption  des  taches  rosées  n'est  pas  plus  précoce  que 
dans  les  autres  formes  et  a  lieu  du  septième  au  neuvième 
jour,  de  sorte  qu'on  les  trouve  parfois  en  abondance  chez  un 
malade  arrivé  à  l'apyrexie.  De  là  aussi  ce  fait,  qui  nous  avait 
frappé  à  plusieurs  reprises,  de  malades  hospitalisés  vers  le 
liuitième  jour  de  la  maladie  qui,  avec  des  symptômes  géné- 
raux peu  accusés  et  un  état  fébrile  bientôt  disparu,  sont 
néanmoins  porteurs  de  taches  rosées  qu'on  hésite  à  recon- 
naître pour  telles. 

Ces  fièvres  typhoïdes,  écourtées  et  atténuées  à  la  fois, 
varient  de  fréquence,  suivant  les  années,  et  se  montrent  plus 
nombreuses  au  moment  de  certaines  recrudescences  épidé- 
miques.  Seules,  elles  peuvent  être  légitimement  qualifiées 
d'aborlives,  car  les  fièvres  écourtées,  avec  terminaison  du 
douzième  au  dix-septième  jour,  ne  sont  pas  toujours  néces- 
sairement atténuées  et  peuvent  être  accompagnées  de  phéno- 
mènes graves. 

Réversion, — Nous  appliquerons  le  nom  de  réversion  aux 
cas  DÛ  la  maladie  évolue  en  deux  poussées  successives,  mais 
sans  que  celles-ci  soient  séparées  par  un  intervalle  apyré- 
tique  notable.  A  une  fausse  défervescence  graduelle  ou 
brusque  succède,  le  jour  même  ou  au  plus  tard  le  lendemain, 
une  nouvelle  ascension,  prélude  de  la  nouvelle  poussée. 

Nous  comptons  vingt  fièvres  typhoïdes  avec  réversion, 
dont  un  cas  suivi  plus  tard  de  rechute  et  qui  figure  dans 
les  chiffres  des  deux  caté^'ories.  La  réversion  eut  lieu  : 

Dans  8  cas,  du  17*  au  19"  jour.     Dans  5  cas,  du  25"  au  29*  jour. 

—  5      —     20"  au  21«    —         —  1  —  au  35*  jour. 

Dans  un  dernier  cas,  où  le  malade  succomba  au  vingt- 
cinquième  jour,  la  réversion  avait  eu  lieu  au  treizième 
jour. 

Par  rapport  à  la  première  poussée,  la  seconde  eut  une 
durée: 

Inférieure,  dans 13  cas. 

Sensiblement  égale,  dans 5  — 

Légèrement  supérieure,  dans 1  - 

Rechute.  —  Dans  la  rechute,  les  deux  poussées  ne  sont 
plus  immédiatement  successives,  elles  sont  séparées  par 
une  période  d'apyrexie  d'une  durée  de  plusieurs  jours  ;  la 
récidfive  comporte  un  intervalle  de  plusieurs  mois.  Nous 
avons  rencontré  quarante  cas  avec  rechute,  tous  guéris. 


La  période  d'apyrexie  eut  une  durée  de  : 


Dans    5  cas,  de  4  à   5  jours. 

—  10      —         7à   9    - 

—  8      —  10àl2    — 

—  4      —  13  à  15    — 


Dans  7  cas,  de  16  à  18  jours. 

—  4      —     20à22   — 

—  1      —     24  jours. 
_   1      --     42     — 


La  durée  de  la  deuxième  poussée  fut  par  rapport  à  la 
première  : 

Inférieure,  dans 27  cas. 

Sensiblement  égale,  dans 11  — 

Supérieure,  dans 2  —  dont  Tun  compliqué. 

Dans  la  rechute,  l'ascension  fébrile  a  été  en  général  rapide 
et  l'acmé  atteinte  le  premier  ou  le  second  jour.  Nous  n'avons 
pas  observé  de  cas  avec  rechutes  multiples. 

On  a  invoqué  les  écarts  de  régime  et  l'abus  prématuré  des 
forces  comme  causes  déterminantes  des  rechutes,  mais  ces 
causes  sont  absentes  de  la  généralité  des  cas,  et  ne  se 
conçoivent  plus  quand  la  rechute  est  très  tardive.  Il  parait 
vraisemblable  que  la  rechute  et  la  réversion  sont  de  simples 
variétés  de  la  forme  prolongée  de  la  fièvre  typhoïde,  dont 
nous  ignorons  encore  les  conditions  particulières. 

Cycle  thermique.  ^  Nous  limiterons  l'examen  des 
courbés  des  températures  à  deux  points  :  l'intermittence 
fébrile  et  la  défervescence  brusque. 

Intermittence  fébrile,  —  L'intermittence  fôbrile  se 
montre  dans  un  grand  nombre  de  cas  tout  à  fait  à  la  fin  de 
la  maladie,  c'est  rmterifitffencf  terminale;  elle  est  d'autres 
fois  plus  ou  moins  précoce  et  rend  le  tracé  partiellement 
intermittent,  c'est  Y  intermittence  partielle  ;  enfin,  «  l'in- 
termittence fébrile  peut  exister  durant  tout  le  cours  de  la 
fièvre  typhoïde,  et  cela  dans  la  forme  vulgaire  de  notre 
pays  >.  C'est  Y  intermittence  initiale  (Jaccoud,  Leçons  de 
clinique  médicale  faites  à  la  Pitié  en  1885-1886,  p.  199). 

Intermittence  terminale.  —  C'est  là  une  variété  de  la 
défervescence  graduelle  qui  consiste  dans  l'existence  de 
deux  à  cinq  oscillations  intermittentes  d'amplitude  variable 
qui  accompagnent  ou  suivent  la  défervescence  par  lysis; 
c  est  le  lysis  avec  intermittence  finale  ou  lysis  intermittent. 

La  fréquence  en  est  assez  considérable.  En  faisant 
abstraction  des  cas  avec  rechute  et  de  ceux  influencés  par 
des  complications,  nous  comptons  cinq  cent  cinquante-trois 
cas  de  défervescence  graduelle,  dont  cent  quatre-vingt-dix 
avec  intermittence  terminale. 

Intermittence  partielle.  —  Dans  un  second  groupe  de 
tracés,  les  oscillations  intermittentes  ont  existé  pendant  une 
durée  notable  de  la  maladie  et  la  fièvre  typhoïde  est  devenue 
partiellement  intermittente;  il  en  a  été  ainsi  dans  cent 
vingt-sept  cas. 

Dans  quarante-deux  cas  elle  est  apparue  du  septième  au 
dixième  (jour.  Dans  les  fièvres  typhoïdes  prolongées,  on  la 
rencontre  à  une  époque  avancée  de  la  maladie,  et  sa  durée, 
néanmoins,  peut  être  considérable.  Nous  constatons  les 
oscillations  intermittentes  du  dix-huitième  au  vingtième 
jour  dans  un  cas,  du  dix-neuvième  au  trente-cinquième 
jour  dans  un  autre  ;  et  plus  tardivement  encore,  elles 
prennent  naissance  :  six  fois  du  vingt  et  unième  au  vingt- 
neuvième  jour;  quatre  fois  du  trentième  au  trente-cinquième 
jour,  pour  persister  jusqu'aux  quarantième  et  cinquante- 
sixième  jours.  Enfin,  dans  un  dernier  cas,  elles  existent  du 
quarante  et  unième  au  soixantième  jour. 

Elles  paraissent  alors  dépendre  d'une  septicémie  atténuée 
résultant  d'une  suppuration  limitée.  Parmi  les  causes  appré- 
ciables, on  trouve  l'otite  suppurée  et  la  formation  d'un 
thrombus  veineux. 

L'amplitude  des  oscillations  est  variable  ;  tantôt  elle  est 
très  grande,  surtout  quand  les  minima  tombent  au-dessous 
de  la  normale;  tantôt  elle  reste  faible,  les  roaxima  ti'atlei- 


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Au  3*  jour,  dans  4  cas. 
_  6^       —         8    — 


gneiit  pas  40  degrés  et  les  iniiiima  ne  s'abaissent  pas  au- 
dessous  de  37  degrés. 
Intermittence  initiale.  —  Les  oscillations  intermittentes 

Seuvent  être  si  précoces,  qu'on  les  rencontre  dès  Feutrée 
u  malade  à  l'hôpital,  et  elles  persistent  pendant  toute  la 
durée  de  la  maladie. 

La  période  d'augment  étant  restée  en  dehors  de  Tob- 
servation,  il  est  difficile  d'affirmer  que  l'intermittence  a 
existé  dès  le  premier  jour,  elle  peut  n  être  apparue  qu'une 
fois  l'acmé  atteinte.  Dans  quinze  cas,  l'intermittence  a  été 
constatée  : 

Au  3"  jour,  dans  1  cas. 

et  la  défervescence  était  achevée  : 

Du  14*'  au  iCf  jour,  dans  6  cas.      Du  âo*"  au  W  jour,  dans  3  cas. 
-~  iO-auS^-^        -         i—       —  làS-'auS?"       —       t  — 

Dans  les  cas  prolongés,  les  oscillations  étaient  de  faible 
amplitude,  les  maxima  ne  dépassaient  pas  39  degrés  et  le 
pronostic  paraissait  favorable. 

L'étude  de  l'intermittence  fébrile  n'est  pas  un  simple 
objet  de  curiosité,  mais  elle  importe  au  diagnostic,  aussi 
bien  qu'au  pronostic  et  au  traitement,  car,  si  l'on  ignorait 
que  les  oscilKilions  intermittentes  peuvent  appartenir  en 
propre  à  la  fièvre  typhoïde,  on  risquerait  de  la  méconnaître 
ou  de  s'égarer  à  la  recherche  d'influences  palustres  absentes. 
Elles  sont,  en  général,  d'un  pronostic  favorable. 

Défervescekck  brusque.  —  Le  professeur  Jaccoud,  dans 
sou  Traité  de  pathologie  interne  et  dans  ses  Leçons  clini- 
ques^  a  le  premier  forcé  l'attention  sur  ce  mode  spécial  de 
défervescence,  et  montré  qu'il  appartenait  aussi  bien  aux 
formes  communes  ou  prolongées  de  la  fièvre  typhoïde  qu'aux 
formes  écourtées  dites  abortives.  Nous  comptons  trente-neuf 
cas  avec  défervescence  brusque;  elle  était  achevée: 


9  fois,  du  10*  au  itV  jour. 

10  —      i6«'  au  40»    — 

11  —      21«  au  25"    — 


6  fois,  du  !26«  au  30*  jour. 
3       —      3i«au37«    — 


L'amplitude  de  la  chute,  qui  mesure  Técart  des  tempéra- 
tures, résulte  non  seulement  du  maximum  atteint,  mais 
aussi  de  l'abaissement  variable  de  la  température  au-dessous 
de  la  normale.  Cet  écart,  qui  fut  en  moyenne  de  2  degrés  à 
i  degrés  et  demi,  atteignit  5  degrés  dans  un  cas  où  la  tem- 
pérature, qui  était  le  soir  de  40  degrés,  était  abaissée  à 
35  degrés  le  lendemain  matin. 

La  chute  de  la  température  a  été  définitive  dans  vingt- 
quatre  cas  ;  elle  a  été  suivie  d'une  à  trois  petites  oscillations 
intermittentes  dans  quinze  cas. 

Elle  s'est  effectuée  en  quelques  heures  du  malin  au  soir 
dans  huit  cas;  dans  environ  douze  heures,  du  soir  au  len- 
demain matin,  dans  seize  cas. 

Elle  a  demandé  vingt-quatre  heures  dans  quatre  cas  et 
trente-six  heures,  d'un  soir  au  surlendemain  matin,  dans 
onze  cas.  Deux  ibis  elle  avait  été  précédée  d'une  élévation 
procritiquc. 

{A  suivre,) 


BEVUE  DES  CONGRES 

Troislénie  Ccayrés  des  médeda»  ■ 


A  diverses  reprises  déjà  nous  avons  protesté  contre  l'habi- 
tude, qui  tend  à  s'introduire  dans  la  presse  médicale  pari- 
sienne, de  donner  aussi  rapidement  que  possible  le  compte 
rendu  des  Congrès  scientifiques.  Quelques  journaux  reçoivent 
d*un  correspondant  spécial  un  résumé  qui  est  ensuite  plus  ou 
moins  exactement  reproduit  par  les  autres  journaux.  A|)rès 
quelques  jours,  parfois  même  quelques  heures,  on  met  ainsi 


sous  les  yeux  du  lecteur  l'analyse  de  travaux  souvent  im- 
portants. La  Gazette  liebdonmdaire  croit  devoir  continuel 
à  réagir  contre  cette  tendance.  Elle  persiste  à  croire  que 
les  comptes  rendus  de  ce  genre  perdent  en  exactitude  et  en 
maturité  ce  qu'ils  gagnent  en  rapidité,  et  que  le  médecin 
n'a  que  peu  d'intérêt  à  connaître  quelques  semaines  piu> 
tM  un  compte  rendu  scientifique.  Nous  attendons  uonc 
d'avoir  entre  les  mains  des  analyses  faites  à  tète  reposée 
par  un  auteur  spécialement  compétent  en  la  matière.  Pour 
te  Congrès  des  chirurgieus  allemands,  le  Centralblatt  (in 
Chirurgie  publie  tous  les  ans,  en  un  numéro  supplémen- 
taire, un  compte  rendu  analytique  formé  de  résumés  en 
voyés  presque  tous  par  les  auteurs  eux-mêmes.  Dès  que  le 
numéro  aura  paru,  nous  en  extrairons  les  parties  essen- 
tielles. Aujourd'hui,  nous  analysons  le  3*  Congrès  i(% 
médecins  russes  (section  de  chirurgie).  Ce  Congrès  a  élé 
tenu  à  Saint-Péterebourg  en  janvier  dernier,  et  cependant 
le  Centralblatt  n'en  a  commencé  l'analyse  que  le  15  jttin 
dernier  (n""  24).  Cette  analyse  est  due  à  la  plume  autorisée 
de  M.  Th.  von-  Heydenreich,  et  elle  est  faite  d'après  le 
compte  rendu  officiel  publié  en  russe.  Nous  devons  ajouier 
combien  nous  nous  félicitons  de  notre  patience.  Les  jour- 
naux qui  ont  publié  à  la  hâte  les  comptes  rendus  de  ce 
Congrès  ne  font  pas  mention  de  quelques  communications 
importantes  :  nous  signalerons  le  traitement  du  spina  bifida. 
la  trépanation  pour  plaies  de  tète,  le  traitement  chirurgical 
du  laryngo-typhus  etc.  Et  d'autre  part,  pour  certains  tra- 
vaux (le  traitement  opératoire  de  la  pleurésie  purulente  par 
exemple)  le  seul  intérêt  est  dans  la  statistique  intéirralc 
de  l'auteur  :  or  n'est-ce  pas  la  seule  chose  qu'un  auditeur 
ne  puisse  saisir  au  vol  au  cours  d'une  séance  de  Congrès? 
Nous  tenions  à  donner  ces  quelques  explications.  On  nous 
taxe  parfois,  en  effet,  de  retardataires.  Nous  désirons  affir- 
mer que  nous  le  sommes  de  parti  pris,  et,  si  quelques-uns 
de  nos  lecteurs  se  donnent  la  peine  de  faire  certaines  com- 

f^araisons,  ils  nous  approuveront,  sans  doute,  d'avoir  obéi  à 
'adage  :  Festina  lente. 

Tuberculose  articulaire.  Analomie  pathologique,  par 
M.  A.-D.  Pawlowskfj  (de  Saînt-Pètcrsbourg).  —  A|)rès  injecliou 
de  cultures  de  bacille  tuberculeux  dans  des  articulations  (if 
cobayes,  on  constate  au  quatrième  jour  une  hypérémie  de  1» 
synoviale  et  du  cartilage.  La  congestion  et  le  dé[K>li  de  la 
synoviale  augmentent  jusqu'au  sixième  jour,  quelquefois  il  ^ 
fait  en  même  temps  un  exsudât  intra-arliculaire  et  un  engorge- 
ment ganglionnaire.  Au  deuxième  jour,  le  ffonflement  est  intense 
(épanchement;  œdème  péri-articulaire).  Vers  la  troisième  se- 
maine la  jointure  suppure  et  la  synoviale  bourgeonne.  On 
constate  au  microscope  que  les  bacilles  envahissent  les  es|iar<'> 
lymphatiques  et  les  cellules  fixes  du  tissu  conjonctif  et  luileiii 
contre  les  phajgfocytes.  t'ne  partie  des  phagocytes  succombent, 
et  la  suppuration  s^établil.  D'autres,  envahis  par  les  bacilK 
vivent  et  servent  à  leur  transport.  C'est  par  les  voies  lympha- 
tiques que  s'étend  la  tuberculose,  et  toute  la  série  des  gan- 
glions protègent  l'organisme  contre  la  généralisation  do 
rinfection. 

•--Traitement  opératoire, i^blv  U.A,-G,  Podres  (de  Cha^ko^M. 
Dans  ces  trois  dernières  années,  Podres  a  traité  opératoire- 
nieut  22  coxalgies  et  *ii  tumeurs  blanches  du  genou,  sur  (!«'' 
sujets  âg:és  de  trois  à  cinquante-cinq  ans.  Tous  ont  guéri  d»' 
l'opération.  Trois  sont  morts  plus  tard  d'autres  aflections  (deli- 
rium  tremens,  broncho-pneumonie,  tuberculose  miliaire  aigu<''). 
L'opération  n'a  élé  précoce  que  dans  25  pour  100  des  cas  :  K;> 
antres  sujets  étaient  malades  depuis  plus  d'un  au.  Treize  roi*; 
seulement  il  n'^  avait  pas  suppuration.  Sur  40  sujets  (jui 
ont  survécu,  les  résultats  ont  été  :  néarthrose  mobile,  50  pour  M^'- 
mouvements  limités,  iO  pour  400;  ankylose,  1;  arapulaiion> 
secondaires,  3.  Au  geneu  il  s'agit  deux  fois  de  résection  des 
deux  épiphyses;  deux  fois  de  résection  totale  de  rcpipl>y><' 
fémorale.  Les  autres  opérations  sont  des  résections  parliellf>' 
Les  procédés  employés  sont  ceux  de  Volkmann,  Kœnig,  Olli^r; 
L'auteur  se  déclare  opposé  au  traitement  oon  opératoire,  >]ut 
donne  une  mortalité  réelle,  et,  d'autre  part,  fournil  au  sujet  uu 
membre  inapte  au  travail  :  les  malades  ont  la  plupart  du  lemp^ 


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besoin  d'opérations  orthopédiques  complémentaires.  De  plus,  le 
dauger  de  la  généralisation  tuucrculeuse  est  plus  grand  que  si 
ou  opère.  Il  faut  donc  opérer  de  bonne  heure,  en  enlevant  tout 
ce  qui  est  malade,  mais  en  respectant  toutes  les  parlies  saines 
utiles  à  la  réparation  et  au  fonctionnement  ultérieur  du 
membre. 

—  La  tuberculose  articulaire  ayant  abouti  à  VankylosCy 
M.  U'.-F.  Lindenbaum  (de  Jaroslaw)  a  eu  recours  aux  opéra- 
tions suivantes  :  deux  fois,  sur  des  enfants  de  huit  et  onze  ans, 
il  a  pratiqué  Tostéotomie  sous-tfochantérienne  (procédé  de 
Volkmann).  Sur  une  jeune  Glle  de  treize  ans  atteinte  d*ankylose 
double  de  la  hanche,  il  a  fait  d'un  côté  Tostéotomie,  et  de 
l'autre  la  résection.  Enfin,  la  quatrième  observation  concerne 
un  garçon  de  dix-huit  ans  ayant  une  double  ankylose,  totale,  des 
genoux  et  des  hanches  :  résection  des  genoux,  en  deux  séances  ; 

Euîs  une  troisième  séance  comme  chez  la  jeune  fille  précédente, 
a  réunion  immédiate  a  été  obtenue  dans  tous  les  cas. 

Chirurgib  cérébrale,  par  M.  Ivan  K.  Spijarnyi  (de  Moscou). 
—  L'auteur  a  fttit  cinquante-six  expériences  sur  les  chiens  et  les 
lapins  pour  déterminer:  1<>  le  danger  vital  et  fonctionnel  des 
blessures  du  cerveau;  2°  le  mode  de  guérison  de  ces  plaies.  Il  a 
réuni  en  outre  soixante  observations  humaines  où  Ton  a  mis  en 
œuvre  le  pansement  antiseptique.  11  conclut  que  Fexcision  de 
morceaux  gros  comme  un  pois  à  une  noisette  n'est  pas  dange- 
reuse pour  la  vie,  et  ne  cause  pas  de  troubles  fonctionnels 
accentués  par  soi-même,  il  y  a  des  hémorrha^ies  consécutives 
assez  fréquentes^  mais  que  Ton  évite  par  une  hémostase  soignée 
pendant  ropération.  Toutefois  les  accès  épileptiques  ne  sont  pas 
rares.  Ils  sont  usuels  lorsqu'il  y  a  introduction  de  corps  étrangers 
dans  le  cerveau,  corps  étrangers  qui  eux  aussi  ne  sont  j^as  aussi 
dangereux  pour  la  vie  qu'on  Ta  dit.  Les  ponctions  et  incisions 
de  1  écorce  et  de  la  substance  blanche  sont  sans  inconvénient 
pour  la  vie  et  pour  les  fonctions.  L'antisepsie  permet  d'éviter  lu 
méningite.  La  cicatrice  se  fait  par  du  tissu  conjonctif  sans  régé- 
nération de  substance  nerveuse.  Cette  cicatrice  se  forme  par 
des  cellules  migratrices  venues  des  vaisseaux  et  par  la  proli- 
fération des  éléments  conjonctifs  de  la  pie-mère.  On  observe 
autour  de  la  plaie  des  phénomènes  karyokinéliques,  localisés 
chez  le  chien  aux  seuls  éléments  conjonctifs,  mais  s'êtendant 
également,  chez  le  lapin,  aux  éléments  nerveux  et  aux  cellules 
de  la  névroglie  (1). 

Trépanation  pour  fràcturb  du  crâne,  par  M.  Zeidler.  — 
Compte  rendu  de  38  plaies  de  tète  traitées  à  rhdpital  Obucbow, 
à  Saml-Pétersbourg.  On  y  compte  23  fractures  de  la  voûte: 
5  fissures,  2  fractures  sous-cutanees,  16  fractures  ouvertes.  Sur 
ce  nombre,  7  trépanations  primitives  avec  4  décès  ;  3  trépana- 
tions secondaires  avec  \  décès  ;  13  sans  trépanation  avec 
i  morts.  Soit  donc  9  morts  sur  23  cas,  dont  7  rapides  (en  un 
temps  variant  de  quelques  heures  à  deux  jours),  dues  exclusi- 
vement à  l'état  du  cerveau.  Les  deux  autres  sont  dues  :  l'une,  à 
une  méningite  déjà  déclarée  lors  de  l'entrée  à  l'hôpital  et  que 
la  trépanation  ne  put  enrayer  ;  l'autre,  à  une  rupture  de  la 
méni  iigée  moyenne,  rupture  non  diagnostiquée,  caries  symptômes 
caractéristiques  firent  défaut.  (Juinze  fractures  de  la  base  ont 
fourni  dix  morts. 

I/auteur  conclut  que  la  trépanation  secondaire  est  indiquée 
dès  le  début  de  la  méningite;  elle  parvient  parfois  à  l'arrêter. 
11  faut  trépaner  quand  il  y  a  enfoncement  d  esquilles  détermi- 
nant des  phénomènes  d'irritation  cérébrale  et  des  accès  épi- 
loptiformes.  Sauf  ce  cas,  la  trépanation  n'est  pas  indiquée  par 
\  i  iilonceujeul  simple.  On  ne  doit  l'entreprendre,  [jour  les 
fractures  sous-cutanées,  que  si  Ton  diagnostique  un  épauche- 
ment  par  rupture  de  la  méningée  moyenne.  La  trépanation, 
perforation  du  crâne  non  ouvert  par  le  Irauma,  doit  être  distin- 
guée du  simple  débridement,  de  l'extraction  des  esquilles  dans 
es  fractures  ouvertes.  Pour  les  lésions  des  sinus,  le  tamponne- 
ment antiseptique  est  le  meilleur  moyen  hémostatique  (2). 

Traitement  du  spina  bifida  par  une  orÉRATiON  ostéo- 
pl-ASTiQUE,  par  M.  W.N.  Senenko  (de  Saint-Pétersbourg).  — 
L'auteur  a  fait  deux  opérations,  et  il  insiste  sur  Tune  d'elles. 

(1)  M.  Sahiati  (de  Ntple»)  a  couiinuniqud  au  Cougrès  des  chirurgiens  italiens 
(Bologne,  avril  18«i9)  dos  expériences  où  il  aurait  mené  à  bien  unegrcflc  ccrébmlo 
chez  le  chien. 

(j)  Au  Congrès  des  cliirurgious  italiens,  Lampialia  cotuinuiiiquë  de  bons  rùsul- 
tjts  de  la  trépanation  pour  enfoncement  du  crdne.  A  ce  propos,  nous  signalerons 
ritcuro  un  succès  de  Bendandi  sur  un  épiteptiqno;  aucune  lésion  cérébrale  sérieuse 
u'cxisiait. 


le 


Après  extirpation  de  la  tumeur,  une  incision  allant  jusqu'à  l'os 
a  été  faite  le  long  de  chacun  des  bords  du  sacrum,  à  deux  doigts 
en  dedans  de  la  symphyse  sacro-iliaque.  Par  là  on  mobilisa  au 
ciseau,  de  chaque  côté,  un  pont  osseux  formé  aux  dépens  du 
reste  de  l'arc  postérieur.  Ce  pont,  large  de  2  centimètres 
environ,  fut  amené  sur  la  ligne  médiane  au  contact  de  celui  du 
côté  opposé.  Réunion  par  première  intention.  Donc,  on  peut 
combler  l'orifice  rachidien  ou  spina  bifidà  sacré  à  l'aide  d  une 
opération  ostéo-plastique.  Le  sac  enlevé  contenait  une  partie  de 
la  queue  de  cheval,  et  il  a  fallu  sectionner  quelques  branches 
des  nerfs  sacrés.  Malgré  cela  le  résultat  a  été  bon.  Au  bout  de 
quatre  mois,  la  miction,  la  défécation,  la  mobilité  des  membres 
inférieurs,  sont  norrnales.  11  y  avait  auparavant  une  atrophie 
musculaire,  qui  a  disparu. 

Embolies  graisseuses,  par  M.  W.-F.  Grube  (de  Charkow).  — 
Une  observation  prouvant  que  cet  accident  peut  survenir  quinze 
jours  après  la  blessure,  et  par  lésion  des  parties  molles.  L  élimi- 
nation de  la  graisse  par  les  reins  est  intermittente  et  dès  lors  ne 
peut  pas  toujours  éclairer  le  diagnostic.  On  se  fondera  surtout 
sur  les  troubles  respiratoires  et  sur  rabaissement  de  tempéra- 
ture. Les  embolies  une  fois  déclarées,  la  digitale  sera  ordonnée. 

Dilatation  de  l'anus  pour  hêmorriioîdes,  par  M.  S.  Ssvbotin 
(de  Charkow).  —  I/auteur  use  de  ce  procédé  depuis  188:2; 
depuis  quatre  ans  et  demi  il  y  a  eu  recours  soixante  et  une  fois. 
La  guérison,  dans  les  cas  simples,  a  lieu  en  qnatre  à  cina  jours. 
11  n  a  eu  qu'un  seul  échec.  Pas  de  récidives.  Il  conseille  la  dila- 
tation au  spéculum. 

Cure  radicale  des  hernies,  par  M.  S.-O,  Grusenberg  (de 
Saint-Pétersbourg).  —  Onze  observations,  dont  sept  pour  hernies 
étranglées.  Le  procédé  opératoire  a  été  celui  de  Barker.  Six 
réunions  immédiates  et  cmq  réunions  secondaires.  En  dix  mois 
après  l'opération,  une  seule  récidive  a  été  notée  ;  les  autres 
malades  ont  cependant  repris  leur  travail. 

Traitement  chirurgical  du  laryngo-typhu?,  par  M.  O.-A'. 
Riikowitsch  (de  Saini-Pétersbourg).  —  La  statistique  de  Liihring 
(de  Zurich)  indique  des  résuhats  déplorables.  De  199  malades, 
125  sont  morts;  147  d'entre  eux  ont  été  trachéotomisés,  et  de 
ceux-là  77  ont  succombé,  tandis  que  des  70  guéris,  tous  atteints 
de  périehondrite  avec  nécrose,  &l  ont  dû  conserver  une  canule 
pendant  le  restant  de  leurs  jours.  Rukowitsch  propose  donc,  une 
fois  la  trachéotomie  faite,  d'aller,  à  travers  une  thyrotomie, 
ffratter  à  la  curette  les  parties  malades.  Dans  un  cas  opéré  de 
la  sorte  par  Reyher,  le  malade  était  en  cinq  semaines  guéri  de 
sa  plaie  trachéale. 

Traitement  chirurgical  de  la  pleurésie  purulente,  par  M.  F. 
Lindenbaum  (de  Jaroslaw).  —  Dans  les  sept  dernières  années. 
Fauteur  a  fait  viugt-cinq  empyèmes  qui  se  décomposent  de  la 
manière  suivante  :  1"  six  pleurésies  purulentes  aiguës;  six  fué- 
rîsons  complètes  en  quatre  à  cinq  semaines  ;  â"*  trois  pleurésies 
purulentes  consécutives  à  une  pneumonie  fibrineuse  ;  trois  gué- 
risons  rapides  ;  3"*  dans  un  cas  où  le  malade  expectorait  jusqu'à 
dix  verres  de  pus,  Tincision  dans  le  cinquième  espace  a  été  faite 
le  vingtième  jour  de  la  maladie;  guérison  en  quatre  jours; 
4*  trois  pleurésies  de  nature  pyémique;  trois  guérisons;  5°  un 
cas  d'abcès  du  poumon  qui  s'était  ouvert  entre  l'omoplate  et  la 
colonne  vertébrale.  Ouverture  de  l'abcès  et  résection  de  5  cen- 
tiutètres  d'une  côte.  Guérison  rapide  du  sujet,  un  garçon  de 
iHx-huit  ans  ;  G''  la  guérison  des  fistules  consécutives  aux  opéra- 
tions précédentes  fut  obtenue  par  des  résections  costales  (jusqu'à 
*î  centimètres  de  long)  pratiquées  au  bout  de  deux  à  trois  mois; 
7<*  un  succès  dans  un  empyème  de  nécessité;  8**  cinq  opérations 
chez  des  tuberculeux  :  aucune  ne  fut  heureuse,  et  Lindenbaum  s'en 
déclare  aujourd'hui  l'adversaire;  9**  trois  fois  la  mort  fut  le  résul- 
tat de  quatre  pleurésies  où  la  purulence  a  été  consécutive  à  un 
épanchement  séreux.  Dans  le  dernier  cas,  il  y  a  eu  une  guérison 
incomplète  après  résection  de  six  côtes.  Comme  manuel  opéra- 
toire, Lindenoaum  est  partisan  du  procédé  de  Kœnig  :  presque 
toujours  il  ajoute  à  l'incision  la  résection  de  4  à  5  centimètres 
d'une  côte,  dans  la  ligne  axillaire.  Il  conseille  cette  résection 
costale  même  chez  les  enfants. 

Ostéomyélite  infectieuse  aicue,  par  M.  A.-A.  Bobrow  (de 
Moscou).  —  L'ostéomyélite  est,  dans  les  os  lon^s,  plus  rare  dans 
i'épiphysc  vers  laquelle  se  dirige  l'artère  nourricière  (épiphvse  la 
moins  fertile).  Sa  cause  est  le  siaphylococcus  pyogenes  aureuSj 
dont  la  porte  d'entrée  n'est  pas  toujours  facile  à  trouver.  Deux 
fois  Dobrow  a  constaté  dans  les  antécédents  l'existence  d'un 


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GAZETTE  nEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


28  Juin  1889 


panaris,  d*uD  furoncle.  Mais  il  est  bien  probable  que  Pinfec- 
tion  peut  se  faire  par  Farbre  aérien  ;  plus  rarement  par  le  tube 
digestif.  Des  conditions  spéciales,  et  en  particulier  des  lésions 
traumatiques,  expliquent  les  localisations.  Le  traitement  doit 
consister  en  une  trépanation  rapide  :  six  observations  avec  une 
mort.  Trois  fois  on  s'est  borné  a  Touverture  de  Tabcès,  et  doux 
des  sujets  sont  morts.  Un  cas  abandonne  sans  traitement,  mort. 

A.  B. 

{A  suivre.) 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Aea4éMile  des  ■elcacm. 

De  la  méthode  theumochimique  brièvement  résumée 
dans  ses  principes  et  ses  résultats.  avantages  de  cette 
méthode,  son  importance,  son  absolue  nécessité,  par 
M.  Sappey.  —  Dans  cette  communication,  M.  Sappey  com- 
mence par  rappeler  les  services  rendus  à  l'histologie  par  la 
méthode  des  coupes;  celle-ci  toutefois  n'est  point  parfaite. 

€  Elle  présente  un  défaut,  et  ce  défaut  j'ose  le  signaler, 
dit  Fauteur,  au  risque  de  déplaire  à  ses  admirateurs.  Elle 

E résente  un  défaut  qui  dérive  de  ses  qualités  elles-mêmes. 
\n  divisant  les  tissus  par  tranches  de  la  plus  excessive 
minceur,  elle  étale  aux  yeux  de  l'observateur  le  monde  des 
infiniment  petits;  elle  lui  montre  avec  une  grande  netteté 
et  sous  tous  leurs  aspects  les  éléments  primordiaux  de  l'or- 
ganisation; mais  elle  ne  lui  apprend  rien  ou  presque  rien 
sur  les  organes  premiers  résultant  de  l'association  de  ces 
éléments. 

€  La  méthode  thermochimique  se  distingue  de  la  précé- 
dente par  des  caractères  opposés  :  ce  que  la  méthode  des 
coupes  nous  donne,  elle  nous  le  refuse,  et  ce  que  la  pre- 
mière nous  refuse,  la  seconde  nous  le  donne.  Les  deux 
méthodes  se  complètent  donc  l'une  par  l'autre;  elles  se 
complètent  si  heureusement  que  désormais  dans  toutes  les 
études  histologiques  il  conviendra  de  les  associer.  » 

Cet  méthode  a  été  imaginée  en  1860  par  M.  Sappey.  Elle 
repose  sur  une  donnée  fondamentale,  l'association  de  l'ac- 
tion calorifique  à  l'action  chimique.  Les  organes  dont  nous 
cherchons  à  connaître  la  structure  sont  caractérisés,  les  uns 
par  leur  mollesse,  les  autres  par  leur  dureté.  Dans  le  pre- 
mier cas  il  faut  les  durcir,  et  Von  débute  alors  par  l'action 
calorifique;  dans  le  second,  il  faut  les  ramollir,  et  c'est  par 
l'action  chimique  qu'il  convient  au  contraire  de  commencer 
l'opération. 

rour  les  tendons,  par  exemple,  et  pour  bien  montrer 
leur  vascularisation  et  les  nerfs  qui  les  traversent,  voici  le 
procédé  à  employer,  c  Le  soir,  en  quittant  mon  iaboratoirci, 
dit  M.  Sappey,  je  les  immergeais  dans  une  solution  d'acide 
chlorhydrique  au  sixième.  Le  lendemain,  après  vingt  ou 
vingt-miatre  heures  d'immersion,  ie  les  soumettais  à  l'ébul- 
lilion  aans  une  solution  d'acide  chlorhydrique  au  quaran- 
tième; après  quatre  ou  cinq  minutes  d'ébullition,  mes 
tendons,  mes  ligaments,  mes  fibro-cartilages  se  ramollis- 
saient, se  fluidifiaient,  et  devenaient  alors  si  transparents 
que  les  éléments  contenus  dans  la  trame  fibreuse  apparais^* 
saient  avec  une  netteté  parfaite;  les  vaisseaux,  lorsqu'ils 
contiennent  du  sang,  offrent  une  coloration  rutilante  et  se 
détachent  merveilleusement  sur  le  fond  de  la  préparation  ; 
les  nerfs,  les  cellules,  les  fibres  élastiques  ne  sont  pas 
moins  évidents.  En  un  mot,  tout  ce  qui  voilait  les  parties 
essentielles  avait  disparu;  ces  parties  essentielles  restaient 
seules  sur  le  champ  du  microscope,  et  toutes  se  montraient 
non  seulement  dans  leur  continuité,  dans  leur  ensemble  et 
leurs  rapports,  mais  aussi  dans  un  état  de  complète  inté- 
grité. Dans  les  vaisseaux  qui  contenaient  du  sang,  on  pouvait 
voir  les  globules  sanguins;  sur  les  parois  des  artères  et  des 
veines  s'enroulaient,  bien  évidentes  aussi,  les  fibres  muscu- 


laires lisses;  sur  les  nerfs  les  tubes  çui  les  composent 
apparaissaient  très  distinctement,  et  j'ai  pu  constater  que 
quelques-uns  de  ces  tubes  se  terminent  dans  des  corpus- 
cules  de  Pacini.  > 

Les  mêmes  résultats  sont  obtenus  quand  on  étudie  la  peau 
des  vertébrés.  Par  la  méthode  thermochimiaue  on  obtient 
même  des  résultats  si  nets,  si  complets,  si  orillants  qu'ils 
deviennent  pour  elle  un  véritable  triomphe;  ils  suffiraient 
pour  attester  son  utilité  et  pour  la  recommander  à  l'atten- 
tion de  tous  les  observateurs. 

La  méthode  thermochimique  n'est  pas  moins  précieuse 
en  ce  qui  concerne  l'étude  des  glandes;  elle  éclaire  aussi 
d'une  vive  lumière  l'histoire  de  ces  organes;  seule  elle 
réussit  à  les  découvrir  partout  oti  ils  se  montrent;  et  seule 
également  elle  permet  de  les  suivre  dans  leurs  divers 
degrés  de  complication  et  dans  leurs  dégradations  suc- 
cessives. 

M.  Sappey  cite  comme  exemples  les  glandes  gastriques 
et  l'ovaire.  Dans  une  prochaine  communication  seront  mis 
en  parallèle  les  services  rendus  par  la  méthode  des  coupes 
et  la  méthode  thermochimique. 

Sur  la  méthode  de  prophylaxie  de  la  rage  après 
MORSURE  (i),  par  M.  L.  Pasteur. 

Du  1*'  mai  1888  au  !«'  mai  1889,  Flnstitut  Pasteur  a  traité 
1673  personnes  mordues  par  des  chiens  enragés  ou  très  sospecu 
de  rage  :  1487  Français,  186  étrangers. 

Sur  ce  nombre  de  1673,  il  y  avait  118  personnes  mordues  à  la 
télé  ou  au  visage. 

6  personnes,  dont  4  mordues  à  la  tôte  et  2  aux  membres,  onl 
été  prises  dérape  pendant  le  traitement.  4  autres  ont  été  prises 
de  rage  moins  de  quinze  jours  après  la  fin  du  traitement. 

3  personnes  mordues  à  la  tête  sont  mortes  après  Kacbôrf- 
ment  comjplet  du  traitement.  Ce  sont  donc  seulement  3  insucré> 
de  la  méthode  sur  1673  personnes  traitées  ;  soit  1  cas  de  mort 
sur  55 1  traités. 

En  mettant  même,  ce  qui  est  illogique,  au  passif  de  la  mé- 
thode, outre  ces  3  cas,  les  10  cas  de  mort  dont  je  viens  de  parler 
on  aurait  13  cas  de  mort  sur  1673;  soit  1  cas  de  mort  sur 
MH  personnes  traitées. 


AMdIémIc  ém 

SÉANCE  DU  25  JUIN   1889.   —  PRÉSIDENCE 
DE  M.   MAURICE  PERRIN. 

MM.  Le  Dentu  et  Chauvel  prient  l'Acadciiiie  de  les  comprendre  paniii  lc«  nn* 
did:iU  à  la  place  racanlo  dans  la  sectloo  de  D)Mecine  opératoire  et  rnvoirnl 
rcxposé  de  leurs  titres  sciontifiquo». 

M.  Félix  Rejfj  clief  interne  des  liospicoM  d'Arles,  envoie  doux  rapports  msniiv 
crils,  l'uu  sur  une  épidémie  it  variole  auant  êévi  à  Arles  en  I8i8-18$9;  Pauirr 
sur  Ut  vaecinatiorii  et  revaeeinationt  pratiquée*  pendant  cette  épidémie. 

M.  Pedrono  (de  Lorient)  adresse  un  rapport  sur  une  épidémie  de  varioU  quit 
tévi  en  1888  datu  VarrondiesemetU  de  Lorient. 

MM.  Cadéac  oi  Albin Ueunier  (de  Lyon) adressent  unuiômoiro  intitule:  Coiilrt- 
bution  à  t'élude  phffeiologique  de  Vettence  d'hyeope. 

Note  sur  quatre  cas  d'abcès  du  foie  ouverts  ai' 
BISTOURI.  —  M.  Rochard  lit  un  rapport  sur  le  travail  lu  par 
H.  Chauvel.  M.  Chauvel  est  partisan  de  l'ouverture  prornple 
et  directe  des  abcès  du  .foie,  avec  drainage  et  injections 
antiseptiques.  Son  travail  est  une  nouvelle  confirmation  de 
cette  méthode  que  M.  Rochard  a  eu  la  bonne  fortune  de 
faire  connaître  à  l'Académie. 

—  M.  Lagneau  rend  compte  d'une  Etude  statistique  et 
ctièiique  de  M.  le  docteur  Durand,  sur  Marseillaf^ 
{Hérault). 

Dans  la  population  de  cette  petite  ville,  un  quart  des 
familles  n'auraient  pas  d'enfants  vivants,  près  d'un  ii^^ 
n'en  auraient  qu'un. 

(1)  Celte  note  a  été  remise  à  LL.  A.  R.  le  prince  et  la  princesse  de  Gall<*'' 
le  lî  juin  courant,  jour  oti  Cllca  ont  honoré  do  lour  vbitc  l'Institut  Psstevr- 


28  JniN  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  26  —    42i 


Sur  les  anesthésiques.  —  M.  Polaillon^  à  propos  de  la 
récente  communication  de  M.  Regnauld  sur  le  chloroforme 
méthylique,  vient  rendre  compte  des  résultats  qu'il  a 
observés.  En  mars  dernier  il  y  eut  dans  le  service  un  cas  de 
mort  que  M.  Polaillon  croit  devoir  publier  dans  l'intérêt  de 
la  vérité  et  de  la  science.  Il  s'agissait  d'un  camionneur,  qui 
venait  se  faire  opérer  d'une  synovite  fongueuse  des  exten- 
seurs de  la  main  gauche,  opération  longue  et  délicate, 
nécessitant  l'emploi  du  chloroforme.  Or  il  succomba 
pendant  la  chloroformisation,  malgré  tous  les  moyens 
employés  pendant  trois  quarts  d'heure.  Or  il  n'avait 
pris  ^ue  10  grammes  de  chloroforme.  Ce  liquide  fut 
examiné  sans  qu'on  y  trouvât  rien  de  particulier.  D'autre 
part  la  famille  s'opposa  à  l'autopsie. 

M.  Polaillon  croit  que  dans  ce  cas  le  chloroforme  doit  être 
incriminé.  Jusqu'à  présent  on  n'a  pas  trouvé  de  chloroforme 
parfait  et  sans  danger  dans   les  cas  d'une  administration 

f prudente.  M.  Polaillon  a  expérimenté  dix-sept  fois  chez  des 
émmes  le  chloroforme  méthylique  proposé  par  M.  Re- 
gnauld. De  ses  observations  il  résulte  que  le  chloroforme 
méthylique  chez  les  femmes  peut  remplacer  le  chloro- 
forme ordinaire. 

Chez  les  hommes,  le  chloroforme  méthylique  a  donné 
également  des  résultats.  Cependant  ce  chloroforme  a  une 
action  lente  et  d'autre  part  il  n'est  pas  exempt  de  danger, 
puisque  dans  un  cas  il  y  a  eu  menace  d'asphyxie.  Les  vomis- 
sements pendant  la  chloroformisation  ontété  assez  fréquents; 
enfin,  dans  deux  cas  sur  les  dix  hommes  chez  lesquels 
M.  Polaillon  l'a  essayé,  l'anesthésie  n'a  pu  être  obtenue  par 
ce  moyen. 

Il  n'y  a  donc  pas  lieu  de  substituer  le  chloroforme 
nnéthylique  au  chloroforme  ordinaire. 

M.  Le  Fort.  Dans  cette  grave  question  du  chloroforme, 
il  y  a  deux  points  à  considérer  et  d  abord,  les  accidents  mor- 
tels. Mais  le  meilleur  de  tous  les  anesthésiques  peut  donner 
la  mort  sans  que  le  chirurgien  y  soit  pour  rien.  Le  se- 
cond point,  ce  sont  les  incidents,  les  accidents  légei's  du  chlo- 
roforme, les  vomissements  par  exemple,  qui  sont  parfois  si 
ennuyeux,  surtout  dans  les  opérations  sur  l'abdomen. 

Il  y  a  déjà  un  certain  nombre  d'années,  quelques  chirur- 
giens, dont  M.  Le  Fort,  ont  signalé  les  différences  qu'il  y 
avait  entre  le  chloroforme  actuel  et  le  chloroforme  qu'on 
avait  il  y  a  une  vingtaine  d'années. 

M.  Spencer  Wellsa  annoncé  que  dans  mille  ovariotomies, 
ce  qui  est  un  chiffre,  il  n'avait  eu  aucun  accident.  M.  Le 
Fort  fait  venir  de  Londres  le  liquide  dont  se  sert  M.  Spencer 
Wells,  et  il  s'en  trouve  bien. 

M.  Le  Fort  a  employé  sur  cinq  malades  le  liquide  de 
M.  Regnault,  mais  il  ne  l'a  employé  qu  avec  une  certaine 
répugnance.  Les  malades  sont  très  lents  à  s'endormir,  et 
quelauefois  même,  comme  le  faisait  remarquer  M.  Polaillon, 
on  n  arrive  pas  à  les  endormir.  Entin,  ce  qu'on  observe 
chez  les  malades,  c'est  moins  de  l'anesthésie  qu'une  sorte 
d'ébriété. 

M.  Labordey  pour  les  animaux,  emploie,  au  lieu  de  chlo- 
roforme, le  bicnlorure  de  méthylène;  il  n'a  pas  observé  en 
expérimentation  les  accidents  causés  par  le  chloroforme. 

Rapport  sur  le  prix  Meynot.  — M.  Panas  lit  ce  rapport, 
dont  les  conclusions  seront  données  en  comité  secret. 

M.  le  Président  annonce  qu'à  la  fin  de  la  prochaine 
séance,  l'Académie  se  l'ormera  en  comité  secret  pour  en- 
tendre le  rapport  de  M.  Noeart  sur  les  candidats  dans  la 
section  de  médecine  vétérinaire  et  le  rapport  de  M.  Féréol 
sur  les  candidats  à  la  place  de  correspondant  national  (pre- 
mière division). 

—  A  quatre  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en 
comité  secret  pour  entendre  les  conclusions  du  rapport  de 
M.  Panas. 


Soeiélé  4e  ehlrargle. 

SÉANCE    DU    19    JUIN    1889.     —    PRÉSIDENCE 
DE  M.   LE  DëNTU. 

inoislon  d*on  anèrrirsme  artériel  du  pU  du  oouda:  X.  Playette  (de 
Maraeine) ;  rapporteur:  X.  Terrier;  dlaouBuion:  X.  Quènu.  —  Dis- 
ouaaion  aur  le  traitement  des  myomee  utérins  :  XM.  Trélat,  Berger, 
TiUauz. 

M.  Terrier  lit  un  rapport  sur  une  observation  de 
H.  Pluyette  {de  Marseille),  relative  à  un  anévrysme  spon- 
tané du  pli  du  coude  chez  un  homme  de  vingt-huit  ans, 
cardiaque  et  albuminurique.  La  tumeur  augmentant  avec 
rapidité,  M.  Pluyette  essaya  d'abord  de  la  compression 
directe,  une  escbare  eu  fut  le  seul  résultat.  Puis,  après 
échec  de  la  compression  digitale,  il  se  décida  à  faire  Tinci- 
sion  du  sac  après  ligature  du  bout  supérieur.  L'opération 
fut  faite  sans  cnloroforme,à  cause  de  l'étal  du  cœur.  Il  y  eut 
un  peu  de  suppuration  et  la  guérison  fut  assez  lente.  Elle 
était  cependant  obtenue  depuis  dix  jours  lorsque  le  malade 
succomba  à  des  accidents  cardiaques  rapides.  Il  n'est  pas 
probable,  d'ailleurs,  que  l'acte  opératoire  soit  en  cause  pour 
expliquer  cette  recrudescence  de  la  maladie  préexistante. 
Outre  cette  question,  et  la  discussion  sur  Tadministration 
du  chloroforme,  cette  observation  touche  encore  à  un  point 
de  la  pathogénie  des  anévrysmes.  On  tend,  en  effet,  à  expli- 
quer les  anévrysmes  par  Tartério-sclérose,  et  la  coexistence 
d'une  insuffisance  aortique  tendait,  dans  l'espèce,  à  donner 
du  poids  à  cette  opinion.  Or  à  l'autopsie  on  n  a  trouvé  nulle 
part  ailleurs  de  traces  d'alhérome  artériel.  Il  est  bien 
possible  que,  dans  ce  cas  comme  dans  d'autres,  il  faille  faire 
jouer  un  rôle  important  à  une  embolie  partie  du  cœur  et 
que  la  doctrine  aujourd'hui  classiaue  sur  la  pathogénie  des 
anévrysmes  ne  soit  pas  destinée  à  le  rester. 

M.  Quénu  insiste  sur  les  conséquences  chirurgicales  de 
la  lésion  cardiaque  et,  comme  M.  Terrier,  d'ailleurs,  affirme 
que  presque  toujours  une  affection  de  ce  genre  n  est  pas  une 
contre-indication  à  une  chloroformisation  conduite  avec 
prudence.  En  outre,  les  ligatures  d^artères  chez  les  car- 
diaques sont  importantes  à  étudier,  car  le  rétablissement 
de  la  circulation  peut  présenter  quelques  difficultés,  vu  la 
faiblesse  de  la  tension  artérielle  moyenne,  il  a  lieu,  cepen- 
dant. Ainsi,  M.  Quénu  a  lié  la  fémorale  sur  un  homme 
atteint  d'une  insuffisance  aortique  extrêmement  prononcée, 
et  il  a  fallu  huila  neufjours  pour  que  la  vitalité  (lu  membre 
fût  indiscutablement  assurée.  Le  malade  a  guéri  et  de  la 
ligature  et  de  son  anévrysme. 

—  M.  TrélatdL  mis  à  l'étude  dans  son  service  le  traitement 
électrique  des  myomes  utérins,  après  avoir  eu  avec 
H.  Apostoli,  auquel  il  a  confié  ses  malades,  plusieurs 
entretiens  sur  la  tolérance  pour  les  hautes  intensités,  sur 
les  résultats  symptomatiques  que  l'on  est  en  droit  d'espérer. 
Sept  observations  personnelles  Tout  conduit  à  desopéralions 
fort  analogues  à  celles  de  M.  Championnière.  Et  d'abord,  la 
méthode  est  certainement  bénigne.  Une  seule  malade  a  pré- 
senté, au  début,  quelques  accidents  fébriles;  on  en  a  eu 
vite  raison  par  la  dilatation  graduelle  et  le  lavage  anti- 
septique d'une  cavité  utérine  anfractueuse  où  quelque 
rétention  septique  se  faisait  sans  doute.  Reste  donc  à  juger 
la  question  d'efficacité.  Pour  cela,  deux  des  malades  ne 
peuvent  pas  fournir  d'arguments.  Une  d'entre  elles,  femme 
de  trente-neuf  ans,  a  voulu  quitter  l'hôpital  au  bout  de  six 
séances,  dès  que  les  métrorrhagies  ont  été  arrêtées.  Depuis, 
on  ne  l'a  pas  revue.  Une  autre  a  été  grandement  soulagée  en 
trois  séances,  puis  a  disparu  pour  trois  mois;  elle  est 
revenue  alors,  bien  portante,  sans  avoir  suivi  depuis  aucun 
traitement.  C'est  trop  beau  pour  être  considéré  sans  réserves 
comme  imputable  à  la  méthode.  C'est  pour  les  cas  de  ce 
genre  qu'on  fait  bien,  avec  M.  Bouilly,  de  se  défier  des 


ta    —  N«  26  — 


GAZETTE  HEBDOMADÂIRB  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


«8  Juin  1889 


coïncidences.  Tout  chirurgien  sait,  en  effet,  combien  est 
variable  révolution  des  fibromes,  surtout  aux  environs  de 
la  ménopause  :  combien  les  traitements  médicaux  divers, 
les  saisons  balnéaires  peuvent,  dans  certaines  conditions, 
donner  des  résultats  remarquables.  La  question  est  donc 
de  savoir  si,  pour  les  faits  observés  avec  rigueur  pendant 
un  temps  suffisant,  les  coïncidences  ont  une  fréquence  telle 
qu'un  effet  thérapeutique  réel  soit  nécessaire  pour  l'expli- 
quer. Et  l'on  ne  saurait  contester  une  amélioration  notable 
chez  cinq  malades.  C'est  d'abord  celle  qui  a  eu  un  peu  de 
fièvre.  Puis  vient  une  femme  de  quarante-huit  ans,  nulli- 

{lare,  atteinte  depuis  dix  ans  de  mélrorrhagies,  et  chez 
aquelle,  ilyacinqans^  M.  Rendu  a  reconnu  un  fibrome, 
remontant,  au  début  du  traitement,  à  10  centimètres  au- 
dessus  du  pubis.  La  cavité  utérine  avait  9  centimètres  de 
profondeur;  en  dix-huit  séances  on  a  obtenu  le  retour  des 
règles  à  l'état  normal,  la  tumeur  a  diminué  de  moitié  et  la 
malade  a  repris  son  travail.  Une  autre  patiente,  âgée  de 
trente-sept  ans,  avait  depuis  sept  ans  des  métrorrhagies  et 
de  la  dysménorrhée;  les  pertes  ont  cessé  et  le  fibrome  qui 
allait  à  2  centimètres  de  l'ombilic  en  est  maintenant  à  5  cen- 
timètres. Les  deux  dernières  observations  sont  relatives  à 
des  fibromes  compliqués  de  pelvi-péritonile.  Une  fois,  cette 
complication  remontait  à  un  accouchement;  les  symptômes 
se  sont  beaucoup  amendés,  mais  la  tumeur  a  peu  diminué. 
Chez  l'autre  malade,  au  contraire,  la  masse  morbide  a  nota- 
blement diminué. 

M.  Trélat  conclut  donc  que  les  résultats  sont  bons  et  que 
l'on  doit  continuer  ces  essais,  sans  en  exagérer  toutefois 
la  valeur  et  sans  prétendre  que  cette  méthode  doit  prendre 
le  pas  sur  la  chirurgie  opératoire.  Il  est  certains  cas,  à 
symptômes  graves  et  pressants,  où  le  bistouri  gardera  ses 
droits.  Il  faut  constater  de  plus,  comme  l'ont  déjà  dit  les 
orateurs  précédents,  que  l'amélioration  est  avant  tout  sym* 
ptomatique;  le  néoplasme  est  souvent  peu  modifié. 

M.  Berger t  au  contraire,  donne  plusieurs  observations  où 
le  volume  de  la  tumeur  a  beaucoup  diminué.  Lui  aussi  a 
voulu  expérimenter  une  méthode  dont  se  louent  des 
hommes  comme  Spencer  Wells,  Playrair,  Kees,  et  il  a 
convié  M.  Apostoli  à  l'appliquer  dans  son  service.  De  là  cinq 
observations.  Une  d'elles  est  un  peu  snéciale;  un  fibrome 
sous-muqueux  saillant,  presque  un  polype,  fut  soumis  à 
l'électropuncture,  les  métrorrhagies  cessèrent,  elles  qui 
avaient  causé  une  telle  anémie,  que  M.  Berger  n'osa  pas 
enlever  la  tumeur.  Hais  le  fibrome  diminua  peu.  Chez  une 
autre  femme,  au  contraire,  la  tumeur  qui  allait  à  quatre 
doigts  de  l'ombilic,  ne  dépasse  plus  le  pubis  que  de  deux  à 
trois  doigts,  au  bout  de  seize  séances.  Voici  encore  un  cas 
plus  net:  un  myome  proéminait  dans  le  cul-de-sac  antérieur 
et  d'un  autre  côté  était  accessible  au  palper  à  quatre  doigts 
au-dessus  de  l'ombilic.  Aujourd'hui  la  masse  néoplasique 
ne  peut  plus  être  décelée  que  par  la  palpation  bimanuelle. 
Rnnn,  M.  Berger  a  vu  fondre  peu  à  peu  une  saillie  qui 
bombait  dans  le  cul-de-sac  de  Douglas,  en  même  temps  que 
s'abaissait  un  peu  une  autre  masse  qui,  au  début,  atteignait 
presque  l'ombilic.  Toutes  les  malades  précédentes  ont  en 
même  temps  bénéficié  d'une  amélioration  symptomalique 
considérable  et  elles  ont  supporté  Télectrisation  sans  autre 
accident  qu'un  peu  de  fièvre  de  temps  à  autre.  Or,  si  la 
détente  des  symptômes  s'observe  dans  l'évolution  spon- 
tanée des  myomes,  il  faut  reconnaître  que,  en  dehors  de  la 
ménopause  et  de  la  grossesse,  la  résorption  des  tumeurs 
est  au  moins  douteuse.  Si  d'autre  part  on  songe  combien 
sont  graves,  souvent,  les  opérations  sanglantes  dirigées 
contre  les  hjstéromes,  on  conclura  que  ces  essais  doivent 
être  poursuivis.  Quant  à  savoir  si  les  résultats  obtenus 
seront  durables,  le  temps  seul  répondra  à  cette  question,  et 
à  ce  point  de  vue  la  discussion  actuelle  est  un  peu  préma- 
turée. Est-ce  à  dire,  d'ailleurs,  que  cette  métnode  soit  à 


l'abri  des  échecs?  Certes  non,  et  M.  Berger  en  a  enregistré 
un,  dans  un  bien  mauvais  cas,  il  est  vrai,  sur  une  femme  que 
des  fibromes  multiples  et  volumineux  avaient  conduite  à 
la  cachexie  par  les  pertes  sanguines,  la  leucorrhée,  le> 
douleurs,  les  poussées  de  péritonite. 

M.  TillauXy  lui  aussi,  a  observé  une  femme  qai  ne 
supporta  pas  Télectrisation.  Mais  il  a  suivi  avec  attention, 
en  ville,  deux  malades  soignées  par  M.  Apostoli  et  a 
constaté  une  amélioration  certaine.  Il  est  donc  favorable  à 
ces  essais,  et  il  ajoute  que  depuis  longtemps,  bien  avant 
cette  régularisation  de  l'électrisation,  il  s'était  déclaré  par- 
tisan, dans  certains  cas,  de  Télectrolyse. 

A.  Bhoca. 


fSoelétë  de  blol^gri** 

SÉANCE   DU  23  JUIN   1889.  —  PRÉSIDENCE  DE 
M.  BROWN-SÉQUARD. 

Des  altdrations  du  fond  de  TcbU  dans  l'atâxie  locomotrloo  :  M.  Dèjè- 
rine.  —  X«6  oorpe  vitré  an  point  de  vme  physiologiqae  :  M.  Hacha 

—  Doaaae  du  fér  dans  dlffèrenta  orgaiiea  ohes  1m  animaux 

nouToau-nte  :   M.  Lapioqua.  —  X^ffoU  oardiaques   oonsëonUfa  â 
rexoltation  du  pneumogastrique  :  U.  Laulaniô. 

M.  D&jéHne  rappelle  qu'en  1881  Benedickt  a  remarqué 
que,  lorsqu'un  labéti^ue  est  atteint  d'altération  du  fond  de 

I  œil,  d'atrophie  papillaire,  le  tabès  est  enrayé;  il  y  aurait 
même  souvent  rétrogradation  de  la  maladie,  il  a  lui-même, 
depuis  deux  ans,  cherché  à  vérifier  cette  proposition,  et  il 
a  trouvé  avec  M.  /.  Martin  (de  Genève)  un  certain  nombre 
d'ataxiques  chez  lesquels  l'évolution  de  la  sclérose  s'est 
arrêtée  depuis  le  moment  où  ils  sont  devenus  aveugles.  Le 
fait  essentiel,  c*est  peut  être  celui-ci,  à  savoir  Tarrél  de  la 
maladie  à  son  premier  stade;  ou,  en  d'autres  termes,  un 
tabétique,  devenant  aveugle,  ne  devient  pas  ataxique  ;  il  est 
extrêmement  rare  de  voir  un  ataxique  incoordonné  aveugle. 

II  y  a  donc  une  sorte  d*oppo$ition  entre  1  état  du  fond  de 
rœil  et  le  tabès.  Quant  à  la  seconde  proposition  de  Bene- 
dickt, nue  l'atâxie  s'améliore,  lorsque  la  cécité  se  déve- 
loppe cnez  un  malade  déjà  incoordonné,  M.  Déjérine  ne  la 
pas  trouvée  exacte. 

Il  resterait  maintenant  à  déterminer  les  conditions  de 
cette  opposition  entre  les  altérations  du  fond  de  Toeil  et  le 
développement  du  tabès.  H.  Déjérine  poursuit  l'étude  de 
cette  question. 

—  M.  Hache  indique,  d'après  les  résultats  de  ses  re- 
cherches sur  la  structure  du  corps  Titré,  le  r6le  physiolo- 
gique de  cette  partie  de  rœil.  Le  corps  vitré  servirait 
surtout  à  maintenir  un  degré  de  tension  nécessaire  à  Téta- 
lement  de  la  rétine  et  à  débarrasser  celle-ci  de  ses  produits 
de  désassimilalion.  Ces  fonctions  dépeuplent  particulière- 
ment de  l'hygrométricitédustroma  ou  substance -ton nective 
du  corps  vilré.  On  conçoit  quel  rapport  il  doit  y  avoir  entre 
le  maintien  plus  moins  parfait  de  eette  propriété  et  le 
degré  de  tension  oculaire  et,  par  saite,  le  glaucome. 

—  M.  Lapicquey  au  moyen  du  procédé  de  dosage  du  fer 

Îu'il  a  récemment  présenté  à  la  Société,  a  pu  doser  le  fer 
ans  différents  organes  chez  des  chiens  nouveau*Hés  :  rate, 
foie,  thymus,  os  longs  des  membres.  C'est  le  foie,  et  non  pas 
la  rate,  qui  contient  le  plus  de  fer,  contrairement  à  ce  que 
les  recherches  de  Malassez  et  Picard  nous  ont  montré  chei  , 
les  animaux  adultes.  j 

—  M.  Chauveau  présente  une  note  de  M.  Laulanié  (de 
Toulouse)  sur  les  effets  cardiaques  consécutif  aux  excita- 
tions centripètes  du  nerf  vague  ;  l'action  dépressive  déter- 
minée par  ces  excitations  ne  cesserait  pas  en  effet  avec  les 
excitations  mêmes;  on  peut  encore  la  constater  au  boot  I 
d'un  certain  temps. 


28  Juin  1889 


6AZETTB  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  28  —    423 


REVUE  DES  JOURNAUX 

Travaux  A  «onralter. 

De   L'HYDROXYLiMlNB    EN    DERMATOLOGIR,  par  M.    EiCKHOFF.  — 

C'est  à  titre  de  parasilicide  que  cet  observateur  conseilJe  l'hy- 
clroxylamiue  ponr  combattre  le  lupus  vulgaire,  la  triehophytose 
de  la  tête  et  de  la  barbe.  Il  recommande  de  redouter  tes  pro- 
priétés irritantes  de  cette  substance  et  de  ne  pas  rutiliserà  une 
dose  plus  élevée  qu'au  centième  sous  la  forme  de  solution. 

La  formule  qu'il  adopte  est  un  glycérolé  contenant  5  centi- 
grammes d'bydrochlorate  d'bydroxyJamine  pour  30  grammes  de 
glycérine  et  30  grammes  d'alcool.  (Monat.  f.  prak,  dermat.y 
n*»  1,  1889.) 

De  L'ADMiMSTfLVTiON  DU  SULFONAL,  par  M.  le  docteur  Werh- 
ooYEN.  —  L'auteur  préfère  l'administration  du  sulfonal  par  la 
voie  rectale  à  l'ingestion  du  médicament  par  la  bouche,  en 
raison  de  sa  faible  solubilité  et  de  la  nécessité  de  le  véhiculer 
dans  l'eau  tiède.  11  le  prescrit  aux  cardiopathes  et  aux  dyspep- 
tiques aussi  volontiers  qu'aux  rénaux;  il  ne  redoute  pas 
Tintolérance  et  obtient,  étt-il,  le  sommeil  dans  l'espace  de 
vingt  minutes. 

Chaque  lavement  au  sulfonal  contient  (30  centigrammes  â 
1  gramme  de  substance  active.  Parfois  il  y  a  lieu  après  quelques 
heures  d'en  renouveler  l'administration.  (La  Clinique^  il  avril 
1889.) 

De  l'aseptol  dans  la  diphthérie,  par  M.  le  docteur  Grognot. 
—  L'auteur  a  essayé  les  divers  toniques  recommandés  pour  badi- 
geonner le  pharynx  des  diphthéritiques.  Ses  préférences  sont 
pour  l'aseptol,  mélange  de  100  parties  de  phénol  et  de  90  par- 
ties d'acide  sulfurique.  Ce  corps  est  étendu  au  cinquième  dans 
l'eau,  Talcool  ou  la  glycérine  et  employé  eu  badigeonnages 
répétés  toutes  les  deux  heures. 

jM.  Grognot  en  a  obtenu,  écrit-il,  des  succès.  Il  faut  ajouter 
qu^il  combinait  avec  l'action  de  l'aseptol,  celle  des  gargarismes 
ou  des  irrigations  pharyngées  avec  l'eau  chloroformée  aseptolisée, 
l'alimentatton  et  les  toniques  en  usage  contre  cette  affection. 
L'intervention  de  ces  médicaments  est  de  nature  à  atténuer, 
ce  semble,  Tefficacité  attribuée  à  Faseplol  seul.  (Bull,  gén,  de 
Ihérap.,  10  avril  1889.) 


BIBLIOGRAPHIE 


Traité     eamplet    4*ophtlialBMlo^e ,     par    H  H.     L.     DG 

Wecker  et  E.  Landolt,  t^^me  IV,  B**  fascicule  :  Maladie» 
de  i  orbite  et  des  voies  lacrymales,  par  L.  de  Weckek. 
Taris,  1889. 

Ce  fascicule  termine  Timportant  ouvrage  de  nos  labo- 
rieux et  méritants  confrères.  Après  les  maladies  de  l'œil 
viennent  celles  de  ses  annexes  et  de  la  cavité  orbitaire;  la 
distribution  est  plus  logique  que  de  commencer  par  les 

r parties  secondaires  pour  aborder  ensuite  les  affectious  de 
'organe  principal.  Rares  en  eiïet  sont  les  maladies  de  Tor- 
bite.  Elles  ne  comptent  que  pour  0,0003  dans  le  total  des 
cas  observés  dans  les  cliniaues  ophthalmologtques:  soit 
1  pour  5000  ;  mais  la  diffienlté  du  diagnostic  et  la  gravité 
souvent  considérable  de  ces  lésions,  obligent  à  donner  à 
leur  description  une  place  considérable.  M.  de  Wecker  leur 
consacre  300  pages. 

Une  étude  générale  de  Vexophthalmie  précède  la  descrip- 
tion de  Vorbitite,  mieux  nommée  périostite  orbitaire,  carie, 
nécrose  ;  de  la  cellulite^  phlegmon  et  abcès  de  la  cavité. 
Notre  collègue  s'y  montre  très  partisan  des  doctrines  mi- 
crobienneS)  et  n'admet  pas  qu'en  dehors  de  l'infection,  il 
puisse  se  produire  des  inflammations  véritables.  C'est  à 
cette  cause,  par  contiguïté,  par  métastase,  que  sont  égale- 


ment dues  les  thromboses  de  la  veine  ophthalmique  et  des 
sinus,  et  la  capsulite  ou  ténonite^  dontrexistence,  en  tant 
que  maladie  isolée,  semble  encore  contestable  aujourd'hui. 
Les  blessures  de  l'orbite  forment  un  chapitre  important 
que  précède  l'anatomie  de  la  région,  d'après  Merkel  et 
Lange.  Nous  ne  ferons  pas  un  reproche  à  M.  de  Wecker  de 

f^uiser  largement  aux  sources  allemandes,  sa  langue  natale 
ui  étant  forcément  plus  familière  que  la  nôtre; maïs,  puis- 
qu'il nous  donne  une  traduction,  pourquoi  ne  pas  la  faire 
complète  et  conserver  dans  le  texte  et  sur  les  figures  des 
désignations  latines,  le  plus  souvent  abrégées^  qui  n'ant  pas 
cours  parmi  nous.  Les  coupes  de  Lange  sont  très  intéres-* 
santés  et  méritent  d'être  bien  saisies.  Pour  les  fractures  des 

F)arois  orbitaires,  l'exploration  immédiate  avec  le  stylet  ou 
a  sonde  est  avec  raison  repoussée,  pendant  qu'aux  acci- 
dents secondaires  notre  confrère  propose  d'opposer  une 
intervention  hardie,  l'ablation  du  globe,  l'exentération  de 
la  moitié  supérieure  de  l'orbite,  si  l'indication  se  présente 
d'enlever  des  esquilles,  de  donner  issue  au  pus  d'une  mé- 
ningite ou  d'un  abcès  du  cerveau. 

Nous  avons  peu  à  dire  des  tumeurs  de  l'orbite.  Elles  sont 
consciencieusement  étudiées,  et  dans  les  cas  rares  ou  dou- 
teux,  l'observation  permet  au  lecteur  d'apprécier.  Dans  le 
traitement  des  ostéomes,  de  Wecker,  sans  être  réservé 
comme  Berlin,  ne  se  montre  pas  aussi  partisan  de  l'interven- 
tion que  nous  l'avons  été  à  la  Société  de  chirurgie.  Pour  les 
tumeurs  pulsatiles,  l'exophthalmie  pulsatile,  à  côté  des 
anévrysmesartério-veineux,  il  place  la  dilatation  variqueuse 
de  la  veine  ophthalmique  et  ae  ses  branches,  sans  lésion 
de  l'artère  carotide  dans  le  sinus  caverneux.  Cette  opinion 
est  soutenable  ;  mais  ces  faits,  il  nous  semble,  doivent  être 
catégorisés,  et  non  réunis  sous  une  dénomination  com- 
mune. Le  goitre  exo|)hthalmi€|ne,  les  opérations  sur  l'orbite 
et  la  prothèse  oculaire,  terminent  cette  partie.  Les  avan- 
tages de  Vexentération  du  globe  sur  Vénucléationf  dans 
lapanophthalmie  et  la  buphthalmie,  ne  paraissent  pas  à  tous 
aussi  bien  démontrés  qu'à  notre  distingué  confrère. 

Une  bibliographie  étendue  précède  et  suit  ta  dernière 
partie  :  les  maladies  des  voies  laorymales.  Ici  ce  n'est 
certes  pas  la  gravité,  mais  c'est  la  fréquence,  ce  sont  les 
ennuis  de  tout  instant  que  provoquent  ces  affections,  oui  ex- 
pliquent les  longs  détails  dans  lesquels  entre  l'auteur.  Volon- 
tiers M.  de  Wecker  écrirait  que  c  est  une  honte  pour  lemé- 
^  decin,  et  aussi  pour  la  médecine,  d'avouer  son  impuissance 
à  guérir  de  si  petits  maux.  Nous  ne  le  suivrons  pas  dans  sa 
description  des  lésions  de  la  glande  lacrymale,  des  points 
et  conduits  lacrymaux,  du  sac  lacrymal  et  du  canal  nasal. 
Noos  signalerons  seulement  ses  préférences  pour  l'ablation 
de  la  glande  palpébrale  au  lieu  de  la  glande  orbitaire,  pour 
l'incision  limitée  des  conduits  lacrymaux^  pour  le  cathété- 
risme  doux  et  prudent  combiné  avec  les  injections  antisep- 
tiques, pour  le  décidément  du  ligament  palpébral  interne. 
Avec  lui  nous  pensons  que  cette  manière  de  faire  est  plus 
sûre  que  la  dilatation  forcée,  la  stricturotomie,  les  larges 
incisions  externes,  l'oblitération  et  la  destruction  du  sac 
lacrymal. 

En  terminant  cette  analyse,  nous  ne  pouvons  que  félici- 
ter les  auteurs  d'avoir  mené  à  bien  la  publication  d'un 
aussi  important  ouvrage.  Si  quelques  parties  eussent  ga- 
gné-à  être  un  peu  abrégées,  si  le  traité  tout  entier  se  fût 
bien  trouvé  d'être  réduit  à  un  moindre  volume,  nous 
sommes  heureux  de  reconnaître  que  suivant  exactement  le 
plan  tracé,  nos  très  distingués  confrères  ont  rendu  à  la 
science  et  à  rophthalmologie  un  véritable  service.  Leur 
Traité  complet  comble  une  lacune  dans  notre  littérature 
médicale. 

J.  Chauvrl. 


424    -  N*  26  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


28  Juin  1889 


VARIÉTÉS 

Faculté  de  médecine  de  Paris.  —  M.  Pinard,  agrégé  des 
Facultés  de  médecine,  est  nommé  professeur  de  clinique  d'ac- 
couchements à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris. 

Accoucheurs  des  hôpitaux.  —  Le  concours  pour  une  place 
d*accoucbeur  du  Bureau  centrai  vient  de  se  terminer  par  la 
nomination  de  M.  le  docteur  Bonnaire. 

Pro&ectorat.  —  Le  concours  du  prosectorat  vient  de  se  ter- 
miner par  les  nominations  suivantes  : 

l""  Prosecteurs  titulaires  :  MM.  Thiéry  et  Riffel  ;  t"  prosecteur 
provisoire:  M.  Legueux. 

Hôpitaux  de  Paris.  —  De  petits  drapeaux  indiquent  actuelle- 
ment les  accouchements  qui  se  font  à  la  clinique.  Bleu  =  accou- 
chement  simple;  jaune  =  dystocie;  vert  =  opération. 

Faculté  de  médecine  de  Montpellier.  —  Par  décret  en  date 
du 22juin  1889,  M.  Grynfellt,  professeur  d'opérations  el  appareils 
à  la  Faculté  de  médecine  de  Montpellier,  est  nommé,  sur  sa 
demande,  professeur  de  clinique  obstétricale  et  gynécologie  à 
ladite  Faculté. 

—  M.  Chalot,  professeur  de  pathologie  externe,  est  nommé, 
sur  sa  demande,  professeur  d'opérations  et  appareils. 

Faculté  de  hédegine  de  Nancy.  —  M.  Macé,  agrégé  des 
Facultés  de  médecine,  est  nommé  professeur  d'histoire  naturelle 
médicale  à  la  Faculté  de  médecine  de  Nancy. 


Internat  db  pharmacie.  —  MM.  les  élèves  internes  en  phar- 
macie de  Paris,  actuellement  en  fonctions,  et  ceux  qui  ont  été 
nommés  à  la  suite  du  dernier  concours,  sont  prévenus  qu'il  sera 
procédé^  dans  les  formes  ordinaires,  à  leur  classement  et  à  leur 
répartition  dans  les  établissements  de  Tadministration   pour 


répartition 
Tannée  1889-1890. 

Les  cartes  de  placement  seront  délivrées  à  MM.  les  internes 
de  deuxième,  troisième  et  quatrième  années,  le  mardi  25  juin  à 
trois  heures,  dans  ramphilnéàtre  de  radministration  ;  à  MM.  les 
internes  de  première  année,  le  jeudi  27  juin  à  deux  heures. 

Œuvre  nationale  des  hôpitaux  marins  pour  les  pauvres 
enfants  débiles,  lymphatiques  et  scrofuleux.  —  Parmi  les 
œuvres  d'assistance  morale  et  matérielle  qui  se  multiplient 
chaque  jour  en  France,  il  en  est  peu  qui  méritent  autant  de 
sympathie  que  la  Société  qui  vient  de  se  fonder  sous  la  prési- 
dence de  M.  le  docteur  Bergeron,  secrétaire  perpétuel  deVAca- 
démie  de  médecine,  avec  lassistance  d'un  comité  de  propagande 
composé  de  MM.  le  médecin  inspecteur  général  RocnarJ,  le 
docteur  Leroux  et  MM.  G.  Lafar^e,  Baliman  et  Paul  Hippeau. 

Cette  Société  a  pour  but  de  veiller  au  développement  physique 
de  nos  enfants,  à  Tamélioration  de  notre  race.  Elle  pense  que  si 
c'est  un  devoir  de  venir  en  aide  à  ceux  qui,  accablés  par  Vtige 
ou  par  la  maladie,  ne  peuvent  rendre  à  la  société  aucun  service, 
c'en  est  un  plus  grana  encore  de  nous  préoccuper  de  ceux  qui, 
suivant  qu'ils  auront  été  bien  ou  mal  traités  dès  le  jeune  âge, 
seront  des  hommes  ou  des  femmes  valides,  utiles  à  la  patrie,  ou 
des  êtres  malingres  et  souffreteux,  consommant  sans  produire, 
condamnés  à  traîner  toute  leur  vie  une  existence  misérable,  à 
charfi^e  à  eux-mêmes,  à  leurs  familles  et  à  la  société. 

Elle  veut  assurer  ou  seconder  la  création  ou  le  perfectionne- 
ment sur  les  côtes  de  France  d'établissements  destinés  au  trai- 
tement des  enfants  et  des  adolescents  dont  la  consiitution  est 
susceptible  d'être  transformée  par  l'influence  du  traitement 
marin.  Ce  traitement,  réservé  jusqu'à  ce  jour  aux  privilégiés  de 
la  fortune,  pourra  être  offert  aux  familles  nécessiteuses  que  la 
scrofule  décime  chaque  année.  Déjà  VŒuvre  nationale  subven- 
tionne certains  hôpitaux  ou  sanatoriums  maritimes.  Elle  a  pris  à 
sa  charge  le  sanatorium  de  Banyuls  sur  la  Méditerranée,  mais 
ses  ressources  sont  insuffisantes.  C'est  pourquoi  elle  fait  appel  à 
tous  les  médecins,  à  tous  les  pères  de  famille  qui  voudront 
s'associer  à  l'œuvre  généreuse  qu'elle  a  entreprise. 

Il  y  a  plusieurs  moyens  pour  le  public  de  s  y  associer: 

Le  premier,  c'est  a  y  adnérer  en  s'engageant  à  payer  comme 
sociétaire,  une  cotisation  annuelle  de  20  francs  au  moins  ou  en 
versant  une  somme  de  âOO  francs  une  fois  donnée. 


Le  second,  c'est  de  souscrire  une  somme  quelconque  à  titre  de 
don.  Les  sommes  les  plus  minimes  sont  accueillies  avec  recon- 
naissance. 

En  outre:  sont  membres  fondateurs  bienfaiteurs  les  personnes 
qui  fondent  soit  un  ou  plusieurs  pavillons,  soit  un  ou  plusieurs 
lits  portant  leur  nom  dans  l'un  des  établissements  relevant  d<* 
l'œuvre  nationale  des  hôpitaux  marins;  sont  membres  fonda- 
teurs les  personnes  qui  s'engagent  à  verser  une  somme  annnellr 
de  100  francs  au  moins  ou  qui  versent  une  somme  d'au  moins 
1000  francs  une  fois  donnée. 

Les  adhésions  et  souscriptions  doivent  être  adressées  4 
M.  Brelet,  secrétaire  général,  au  siè^e  de  la  Société,  62,  rue  de 
Miromesnil,  ou  à  M.  Baliman,  trésorier,  21,  rue  de  TArbre-Sec. 

Elles  sont  également  reçues  et  publiées  par  les  journaux. 

La  première  souscription  ouverte  en  vue  du  sanatorium  d« 
Banyuls-sur-Mer  a  produit  103246  francs.  Voici  les  souscriptions 
faites  sans  affectation  spéciale  : 

M.  le  docteur  Bergeron 1000  fr.   » 

MM.  Aubron,  Boudault,  Hecht,  M""  Pereire 
(Isaac),  chacun 500         » 

MM.  André  (Alfred),  le  baron  de  Bouchepom, 
Brach,  Callebaut,  M"«  Carnot,  MM.  Chatoney, 
Devès,  Duchàteau.  M»"  Unrand-Claye,  MM.  Ge- 
neste,    Glandar,  Je  docteur  Grancher,    Haas 

i Louis),  Haranger,  M"*  Léon,  MM.  le  docteur 
lassot  (de  Perpignan),  le  docteur  Ch.  Monod, 
Œsinger,  Pereire  (Henry),  Philippi,  Picard 
(Alexis),  le  docteur  Proust,  Reitlinger  (Sigis- 
mond),    Roy  (Ferdinand),    Yalpinçon,   Vilar, 

chacun iOi}         » 

M.  Payelle !50 

M.  Baliman,  M""^  Chable,  la  baronne  do  Feu- 
chère,  MM.  Grosclaude,  Herscher,  M™*  Hottîn- 
Î^uer,  MM.  le  docteur  A.-J.  Martin,  Mesureur 
Jules),  M"Ma  baronne  de  Neuflize,  MM.  Pee- 
ters.  Picard  (Maurice),  Picard  (Paul),  Heitlinger 
(Frédéric),     Sieber,    Tollu,    Trélat    (Emile), 

chacun iOO         > 

Chimène  (pseudonyme) 743        35 

Ensemble ]      10.693  fr.  35 

Les  souscriptions  inférieures  à  100  francs 
ont  atteint  le  chiffre  de 5.693        G3 

Soit  un  total  de \      16  387        » 

Total  général '.     119.633  fr.  t~ 


Mortalité    a    Paris     (2i«     semaine,    du    9    au    15  juin 
1889.  —  Population  :  2360945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  IIK 

—  Variole,  1.  —  Rougeole,  14.  —  Scarlatine,  7.  —  Coque- 
luche, 10.  —  Dinfathérie,  croup^  41.  —  Choléra,  0.  —  Phthisie 
pulmonaire,  186.  —  Autres  tuberculoses,  SI.  —  Tumeurs  : 
cancéreuses,  36;  autres,  5.  —  Méningite,  44.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  38.  —  Paralysie,  7.  — 
Ramollissement  cérébral,  5.  —  Maladies  organiques  du  cœur,  .">:{. 

—  Bronchite  aiguë,  23.  —  Bronchite  chronique,  24.  —  Broncho- 

Eneumonie,  18.  —  Pneumonie,  32.  —Gastro-entérite;  sein,  i  l; 
iberon,  51.  —  Autres  diarrhées,  4.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 4.  —  Autres  affections  puerpérales.  2.  -—  Débilité  con- 
génitale, 27.  —  Sénilité,  23.  —  Suicides,  15.  —  Autres  morts 
violentes,  17.  -—  Autres  causes  de  mort,  140.  —  Ganses 
inconnues,  11.  —  Total  :  883. 


0UVRA6ES  DÉPOSÉS  AU  BUREâU  OU  JOURNAL 

ÉUminati&n  de  l'acide  talicyUque  iuivant  U*  divers  étatt  dei  reins,  ses  transfon» 
matioas  dans  l'ôconomie,  son  action  sur  les  priocipiox  élêioenls  de  rurine,  par 
M"*  George  Ghopto,  decteur  en  médecine  de  la  Faculté  de  Paris.  Uue  brorharc 
in-S"  de  70  pages.  Paris,  0.  Doin.  s  (r. 

L'étude  des  maladies  du  rysUme  nerveux  en  Russie,  rapport  adressé  k  U.  \c 
ministre  de  l'Instruelion  publique,  par  M.  F.  Raymond.  Une  brochure  in-^*  de 
80  pages  arec  figuns  dans  le  texte.  Paris,  0.  Doin.  3  fr. 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 


i95S3.  —  MOTTiRoz.  ~  Imprimeries  rëuoiet.  A,,  me  Mignon,  S.  Paris. 


Trente-sixième  année 


N*27 


5  Juillet  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 

PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D'  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 

MM.  P.  BUCHEZ.  E.  BRISSAUD,  6.  DIEULAFOY,  DREYFUS-BRISAC,  FRANCOIS-FRANCK,  A.  NÉNOCQUE,  A.-J.  MARTIN.  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lereboullet,  U,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRE.  —  Bulletin.  —  Neuropathologir.  La  syringomyélie.  ^  Formu- 
LAIRB  TBBRAPEUTIQUB.  Des  préparations  d'EschscboUzia  californica.  —  Tra- 
vaux ORIGINAUX.  Pathologie  interno  :  Statistique  avec  notes  cliniques  sur  la 
iîèvrc  lypholde,  portant  sur  871  cas  observés  pendant  une  période  de  dix  années, 
do  1879  àl88S.  —  ConRESPO.'(DANCB.  —  RBVUB  DBS  Congrès.  Trotsième  Congrès 
des  nnëdecins  russes.  —  Sociérés  savantes.  Académie  des  sciences.  —  Aca- 
«Icmie  do  médecine.  —  Société  médicale  des  hôpitaux.  —  Société  de  chirurgie. 
—  Rrvub  des  JOURNAUX.  Thérapeutique.  —  BlBLiOGRAPBlB.  L'hygiène  du  vélo- 
ci|>édiâte.  —  Anatomio  normale  et  pathologique  de  rwil.  —  Variât^.  — 
Feuilleton.  Les  difformes  et  les  malades  dans  l'art. 


BULLETIN 

Paris,  3  juillet  1889. 

Académie  de  médecine  :  L'exerelec  de  la  médecine  par  le» 
safces- femmes.  —  Empolaonncmeiil  par  l'araenle. 

Une  discussion  des  plus  importantes  a  été  soulevée  à  Toe- 
easiond*un  rapport  de  M.  Budtn.  Elle  sera  continuée  lorsque 
la  Commission  académique,  à  laquelle  ont  été  adjoints 
MM.  Tarnier,  Brouardel  et  Nocard,  aura  modifié  ses  con- 
clusions premières;  mais  il  importe  dès  aujourd'hui  de 
faire  ressortir  toutes  les  difficultés  de  la  question  qu'elle  est 
appelée  à  résoudre.  Peut-on  autoriser  les  sages-femmes  à 
prescrire  des  antiseptiques?  En  principe,  une  réponse 
affirmative  ne  parait  point  douteuse.  En  cas  d'épidémie,  ou 
même  alors  que  la  sage-femme  se  trouve  en  face  d'une 
malade  qui  pourrait  être  infectée,  son  premier  devoir 
n'est-il  pas  de  se  servir  de  tous  les  médicaments  néces- 
saires? Et  les  injections  de  sublimé  ou  d'acide  phénique  ne 
paraissent-elles  pas  indispensables  dans  ce  cas?  Mais  d'autre 
part,  autoriser  par  un  article  de  loi  les  sages-femmes  à  détenir 


chez  elles  d'iine  manière  permanente  des  quantités  relati- 
vement considérables  de  matières  vénéneuses  serait  s'ex^ 
poser  à  bien  des  abus  et  partant  à  bien  des  dangers.  C'est 
le  motif  qui  a  retenu  M.  Guéniot  et  la  majorité  de  ses  col- 
lègues. Ils  ont  pensé  que  l'on  était  déjà  bien  tolérant  en 
autorisant  les  dentistes  non  munis  de  diplôme  et  les  offi- 
ciers de  santé  à  se  servir  des  anesthésiques  et  à  employer 
l'arsenic,  l'opium,  etc.  Ils  n'ont  pas  voulu  qu'on  étendît 
aux  sages-femmes  une  tolérance  qui  n'est  pas  sans  încon-^ 
vénients. 

On  pourrait  répondre  que  le  droit  de  prescrire  des  anti- 
septiques n'entraîne  pas  celui  de  les  avoir  chez  soi  et  de 
les  vendre  soi-même,  comme  le  demande  M.  Le  Fort.  Il 
siiffirait  peut-être,  pour  répondre  aux  objections  de  M.  Gué- 
niot, de  spécifier  dans  la  loi  que  les  sages-femmes  ne  pour- 
ront prescrire  les  antiseptiques  que  dans  les  cas  d'urgence, 
pour  un  malade  déterminé,  et  que,  après  avoir  été  exécutée 
par  le  pharmacien,  leur  ordonnance  devra  être  reproduite 
sur  un  registre  spécial,  et  contresignée  ultérieurement  par 
un  docteur  en  médecine.  On  éviterait  ainsi  les  abus  que  Ton 
redoute.  N'est-il  pas  évident,  en  effet,  qu'en  cas  d'épidémie, 
en  cas  de  complications  obstétricales  graves,  on  a  presque 
toujours  le  temps  de  prendre  ses  mesures  et  d'imposer  aux 
sages-femmes  la  consultation  autorisée  d'un  médecin?       » 

—  Le  savant  travail  lu  par  M.  Brouardel,  en  son  nom  et 
au  nom  de  M.  Pouchet,  confirme  une  série  de  recherches 
toxicologiques  déjà  faites  par  MM.  A.  Gautier  et  Skolo** 
bousoff.  Il  montre  l'importance  qu'il  peut  y  avoir  à  recher* 


FEUILLETON 

Le»  dlITormea  et  1e«  malades  dnos  l'art,  par  MM.  ChaRCOT 
(de  l'Institut)  et  Paul  Riciïer  (1). 

Ce  n'est  pas  d'aujourd'hui  que  M.  le  professeur  Charcot 
applique  à  Tuil  la  puissante  méthode  d'investigation  à  la- 
quelle il  doit  tant  et  de  si  brillantes  découvertes  dans  le 
domaine  des  maladies  du  système  nerveux.  Depuis  long- 
temps déjà,  son  érudition  spéciale  dans  les  questions  d'es- 
thétique, son  goût  très  sûr  et  très  délicat  étaient  connus  de 
ses  confrères  et  appréciés  dans  le  milieu  des  amateurs 
instruits.  On  savait  que,  grâce  aux  voyages  ((ue  lui  impose 
son  immense  réputation,  aux  amitiés  nue  lui  ont  créées  son 
caractère  et  les  nombreux  services  qu  il  a  rendus,  il  avait 

(1)  Grand  in-i*,  avec  fli^urcs  intercalées  dans  le  Icxtc.  —  Pari»,  Lecrosnier  et 
BaKv  1880. 

?•  SliRlE  T.  XXVI. 


pu  amasser  de  riches  et  importantes  collections  où  figurent 
quelques  œuvres  des  maîtres  les  plus  illustres  de  toutes  les 
époques. 

Peu  de  personnes  cependant  connaissaient  l'illustre 
maître  de  la  Salpêtrière  sous  ce  jour  un  peu  nouveau, 
quand  il  fit  paraître  l'année  dernière,  en  collaboration  avec 
un  de  ses  élèves -les  plus  distingués,  qui  est  lui-même  un 
artiste,  M.  Paul  Richer,  cet  étrange  livre  des  Démoniaques, 
qui  éveilla  si  vivement  l'intérêt.  On  se  rappelle  l'impression 
nu'il  produisit.  C'était  un  monde  nouveau  ou  plutôt  un  monde 
dont  nous  ne  nous  doutions  pas,  que  M.  Charcot  évoquait 
devant  nous.  Interrogeant  successivement  les  œuvres  des 
artistes  qui  ont  interprété  des  scènes  de  possédés,  il  en 
dégagait  la  pensée  maltresse,  et  montrait  combien  certains 
d'entre  eux  se  sont  préoccupés  de  rester  fidèles  aux  lois  de 
l'observation  de  la  nature,  en  retraçant  ces  drames  patho'* 
logiques  avec  une  exactitude  souvent  scrupuleuse.  Il  si- 
gnalait dans  leurs  œuvres  les  attitudes  caractéristiques  des 

27 


—  K*  27  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  5  Juillet  1889 


cherdans  les  os  la  substance  lexique  qu'on  ne  peut  retrouver 
daus  la  moelle  ou  dans  le  foie.  Il  décrit  une  série  de  sym- 
ptômes qui  peuvent  mettre  le  médecin  sur  la  voie  du  dia- 
gnostic. Mais,  à  un  point  de  vue  plus  pratique  encore,  il 
insiste  sur  la  nécessité  de  rechercher  Tarsenic  dans  les 
urines.  Comme  Ta  très  nettement  expliqué  M.  Brouardel, 
les  symptômes  subjectifs  peuvent  être  trompeurs,  et,  dans 
l'immense  majorité  des  cas,  s'il  n'a  pas  été  éclairé  par  des 
rapports  fondés  sur  des  circonstances  extérieures  aux  sym- 
ptômes d'ordre  médical,  le  médecin  hésite  avant  de  for- 
muler son  avis.  Or  il  importerait,  dans  un  grand  nombre 
de  circonstances,  de  pouvoir  poser  un  diagnostic  précis  et 
d'imposer  son  opinion  sans  même  tenir  compte  des  enquêtes 
ou  des  présomptions  extra-médicales.  C'est  pourquoi  il  im- 
porte de  retenir  et  de  signaler  les  conseils  donnés  par 
M.  Brouardel.  Le  médecin  qui  soupçonne  un  empoisonne- 
ment par  l'arsenic,  ou  qui  se  trouve  en  face  d'une  série  de 
symptômes  douteux,  en  particulier  de  symptômes  d'appa- 
rence cholériforme,  ne  doit  pas  hésitera  recueillir  lui-même 
les  urines  et  à  y  rechercher  l'arsenic.  S'il  n'est  pas  outillé 
pour  faire  dans  son  cabinet  celte  expertise,  si  simple  cepen- 
dant, il  pourra  l'exécuter  dans  Tofficine  d'un  pharmacien. 
Si  l'analyse  des  urines  lui  montre  qu'elles  renferment  de 
l'arsenic,  il  devra  rechercher  ensuite  celui-ci  dans  les  che- 
veux. Et  lorsqu'il  sera  ainsi  arrivé  à  un  résultat  positif,  il 
pourra,  sans  rien  craindre  pour  sa  réputation,  remplir  tous 
les  devoirs  que  lui  imposera  sa  conviction. 


NEUROPATHOLOGIE 

La  syrlngoinjélle. 

Il  n'est  question  en  ce  moment  que  d'une  maladie  des 
plus  importantes  qui  vient  de  faire  récemment  son  entrée 
dans  les  cadres  nosologiques  ;  nous  voulons  parler  de  la 
syringomj/élie. 

Si  Ton  cherche  dans  les  traités  classiques,  on  ne  trouve 
aucune  description  clinique  se  rapportant  à  la  lésion  appelée 
depuis  longtemps  déjà  syringomyélie.  Cela  ne  veut  pas  dire 
que  les  auteurs  allemands,  qui  viennent  d'obtenir  droit  de 
cité  pour  la  nouvelle  aiïeclion,  n'ont  pas  eu  de  précurseurs, 
mais  c'est  à  eux  que  revient  le  très  grand  honneur  d'avoir 
mis  en  présence  d'un  côté  des  symptômes  cliniques  fixes, 
d'une  constance  éprouvée,  et  de  l'autre  des  lésions  également 


fixes  et  dont  la  localisation  explique  surabondamment  les 
symptômes  observés. 

Il  ne  faudrait  pas  croire  qu'il  s'agisse  d'une  affection  très 
rare  constituant  une  curiosité  pathologique. 

M.  Charcot  pense  que  la  syringomyélie  est  au  moins  aussi 
fréquente  que  la  sclérose  latérale  amyotrophique  et  l'on  sait 
que  ce  n'est  pas  peu  dire. 

Olivier  d'Angers,  dans  son  beau  Traité  des  maladies  dr 
la  moelle  épinière,  donne  en  1837  le  nom  de  syringomyélie 
à  des  cavités  centrales  qu'il  observe  au  milieu  de  la 
substance  grise.  Ces  cavités  s'offrent  à  l'œil  sous  forme  de 
longues  fentes  entourant  le  canal  central  épendymaire  et 
présentant  une  longueur  très  appréciable.  Ces  fentes  offrent 
les  formes  les  plus  diverses.  Malheureusement  on  ne  s'est 
guère  occupé  des  symptômes  produits  par  ces  étranges 
lésions,  qui  demeurent  à  l'état  de  curiosités  purement  ana- 
tomo-pathologiques. 

Andral,  Portai,  Senac,  Morgagni,  Nonat,  Leuhossek, 
Hutin,  ont  décrit  ces  trouvailles  d'autopsie  sans  que  la 
nosologie,  partant  la  physiologie  spinale,  en  ait  beaucoup 
profité. 

C'est  là  ce  que  M.  Déjerine,  dans  une  leçon  faite  à 
Bicêtre  (Semaine  médicaley  p.  194),  appelle  la  première 
période  historique  de  la  syringomyélie. 

Dans  une  seconde  période,  dit  H.  Déjerine,  on  voit  la 
clinique  s'ajouter  à  la  relation  d'autopsie. 

H.  Lancereaux,  en  1862,  signale  sous  le  nom  d'hyper- 
trophie de  l'épendyme  spinal  une  dilatation  du  canal 
central  de  la  moelle,  transformée  en  un  cordon  fibreux, 
coupé  çà  et  là  de  dilatations  kystiques.  Cliniquement  le 
malade  avait  présenté  des  troubles  de  la  motilité  et  de  la 
sensibilité;  il  présentait  en  outre  une  déviation  rachidienne. 
A  partir  de  cette  époque,  de  nouveaux  faits  anatomîques 
sont  acquis  à  la  science;  ce  sont  les  faits  de  Gull,  Schûppei 
Grenim,  Westphal,  Simon  Leyden,  Roth-Schulhze, 
Strimpel,  Kahler  et  Pick  Wipham. 

Duchenne.  (de  Boulogne)  dit,  dans  son  Électrisaiion 
localisée,  à  propos  de  la  paralysie  générale  spinale  diffuse 
subaiguê,  qu'il  est  impossible  de  créer  un  type  clinique  un 
avec  aucune  des  lésions  de  cet  ordre. 

II  est  impossible  de  passer  sous  silence  les  observations 
de  H.  Hallopeau,  publiées  il  y  a  plus  de  vingt  ans.  M.  Hal- 
lopeau,  sous  le  nom  de  sclérose  centrale  sous-épendyroaire. 
de  sclérose  diffuse  péri-épendymaire,  a  décrit  une  affection 
médullaire,  qui  parait  se  rapporter  au  type  décrit  en  Alle- 


affections  nerveuses  convulsives,  qu'il  a  lui-même  étudiées 
et  définies,  et  établissait  par  un  nouveau  et  irrécusable 
témoignage  l'identité  de  la  «  possession  »  et  de  la  grande 
névrose. 

Parmi  ces  vivants  témoins  d'un  passé  disparu,  figurent 
presque  tous  les  maîtres  de  l'art,  depuis  les  primitifs  du 
moyen  âge,  qui  n'ont  fait  qu'ébaucher  l'interprétation  du 
fait  pathologique,  jusqu'aux  grands  artistes  de  la  Renais- 
sance, qui  lui  ont  imprimé  les  caractères  d'une  saisissante 
réalité. 

Mais,  dans  ce  travail  cependant  si  important  par  le  nombre 
des  matériaux  qu'ils  ont  groupés  et  la  magistrale  élude 
qu'ils  leur  ont  fait  subir,  MM.  Charcot  et  Richer  n'avaient 
examiné  que  les  œuvres  qui  touchent  à  une  branche  de  la 
pathologie.  Ce  n'était  point  assez  pour  satisfaire  des  esprits 
aussi  élevés.  Agrandissant  leur  horizon,  c'est  dans  le  domaine 
entier  des  infirmités  humaines  qu'ils  nous  transportent 
maintenant,  et  ce  sont  toutes  les  productions  artistiques  du 


Î^enre  humain  ayant  revêtu  une  forme  pathologique,  qu'ils 
ont  passer  devant  nos  yeux,  dans  un  ouvrage  intéressant, 
imprimé  avec  un  soin  particulier,  enrichi  de  nombreuses 
gravures  et  qu'ils  publient  sous  ce  titre  :  Les  difformes  et 
les  malades  dans  l  art. 

Ce  livre  est,  à  proprement  parler,  une  étude  considérable, 
une  œuvre  de  bénédictin  laïque,  et  qui  pai*alt  inouïe  quand  on 
considère  qu'elle  est  l'œuvre  extra-professionnelle,  je  n'ose 
dire  le  passe-temps,  d'un  des  hommes  les  plus  occupés  de 
notre  époque.  Elle  embrasse,  en  effet,  la  pathologie  artis- 
tique tout  entière,  depuis  les  œuvres  des  artistes  égyptiens 
inconnus,  qui  ont  été  exhumées  du  vieux  sol  des  Pyramides, 
jusqu'à  celle  des  peintres  du  commencement  du  dix-neu- 
vième siècle,  représentées  par  le  célèbre  tableau  de  Gros  : 
Les  pestiférés  de  Jaffa. 

Dans  ce  vaste  espace  de  temps,  qui  comprend  presque 
toute  l'histoire  positive  de  l'humanité,  figurent  toutes  ses 
souffrances  :  le  grotesque,  le  rachitisme,  l'idiotisme,   la 


5  Juillet  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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magne  et  étudié  par  MM.  Déjerine  et  Debove  sous  ie  nom  de 
syringomyélie.  L'auteura  constaté  clinîquement  des  troubles 
de  la  sensibilité  et  des  atrophies  musculaires.  Pour  lui,  il 
s'agit  d'un  processus  dlnflammation  chronique  naissant 
autour  du  canal  central,  accompagné  de  tractus  irradiant 
dans  la  substance  grise  et  dans  les  cordons  blancs.  La  cavité 
centrale  n'est  pas  con^ituée  par  une  lacune,  mais  par  le 
canal  épendymaire  lui-même,  revêtu  presque  partout  de  son 
épithélium.  L'idée  d'une  néoplasie  gliomateuse  n'est  donc 
pas  venue  à  M.  Hallopeau,  qui  n'a  vu  là  qu'un  processus 
scléreux  atteignant  la  névroglie. 

A  partir  de  1882,  la  syringomyélie  entre  dans  le  cadre  des 
maladies  classées  de  la  moelle  épinière. 

M"''  Baumler  (thèse  de  Zurich,  1887)  réunit  cent  obser- 
vations de  syringomyélie,  dont  deux  personnelles.  Ces  obser- 
vations se  décomposent  en  soixante-six  observations  avec 
autopsie  de  malades  ayant  présenté  des  symptômes  médul- 
laires; en  vingt-cinq  observations  purement  anatomiques  et 
dix  parement  cliniques. 

Viennent  ensuite  les  travaux  de  Roth  (Gliomatose  médul- 
laire) {Archives  de  neurologie,  1887,  vol.  XIV  et 
suivants)  ; 

De  Morvan  (de  Lannilis)  (Gazette  hebdomadaire,  1886, 
n»  32  et  suivants,  1887,  n«  41)  ; 

De  Schull^e  (de  Dorpal)  {Zcitschrift  fur  klin.  Med., 
Bd  XIII,  Helft  6)  ; 

De  Bernhardt  (C^ntralft/a/^  fur  Nervenheilkunde,  1887, 
n«  1,  et  1889,  n»  2); 

De  Kahler  (de  Prague)  (Ueber  die  diagnose  der  syrin- 
gomyélie) {Prager.  med.  Wochenschrifty  §  63,  1888)  ; 

De  Remack,  de  Freud,  etc.  ; 

De  Broca  (Gazette  hebdomadaire,  1888,  n*»  39); 

De  Monod  et  Reboul  (Arch.  gên.  de  méd.,  1888),  et 
enfin  nous  avons  nous-même  (Paul  Berbez,  France 
médicale,  1885)  dans  une  communication  à  la  Société  cli- 
nique, sous  la  rubrique  :  Essai  de  diagnostic  d'une  affection 
de  la  moelle  indépendante  du  tabès  avec  arthropathie  du 
coude,  présenté  l'histoire  d'un  malade,  dont  l'autopsie  faite 
par  mon  successeur  comme  interne  à  la  clinique  de  la  Sal- 
pêtriére,  démontra  l'existence  d'une  syringomyélie.  La 
pièce  fraîche  fut  présentée  à  la  Société  anatomique  en  1886. 

Les  choses  en  étaient  là  quand  M.  Debove  prit  dans  son 
service  un  malade  qui  venait  sans  diagnostic  bien  positif 
des  salles  de  la  clinique  de  la  Salpêtrière  et  reconnut  chez 
lui  tous  les  signes  de  la  syringomyélie  telle  que  l'avaient 


décrite  les  auteurs  allemands.  Il  présenta  son  malade  à  la 
Société  médicale  des  hôpitaux  dans  la  séance  du  22  fé-r 
vrierl889,  en  même  temps  que  M.  Déjerine  présentait  un 
autre  sujet  atteint  également  de  syringomyélie. 

Les  lecteurs  de  la  Gazette  hebdomadaire  peuvent  trouver 
dans  le  n"  9,  p.  138,  l'observation  de  M.  Debove;  dans  le 
n°10,  p.  155,  la  pré3entation  de  M.  Déjerine.  Nous  nou$ 
contenterons  donc  de  dire  que  chez  ces  deux  malades  les 
symptômes  observés  étaient  à  peu  près  les  mêmes  (troubles 
moteurs,  anesthésie  à  la  douleur  et  à  la  température,  con-r 
servation  du  tact,  amyotrophie,  scoliose,  etc.). 

Le  22  mars  1889  la  Société  médicale  des  hôpitaux  reve- 
nait sur  la  syringomyélie.  M.  Joffroy  pensait  que  l'entité 
clinique  de  la  syringomyélie  n'était  pas  aussi  assise,  ni  le 
diagnostic  aussi  facile  que  l'affirmait  M.  Déjerine.  Bien 
souvent,  disait  le  médecin  de  la  Salpêtrière,  il  faut  attendre 
l'autopsie  pour  se  prononcer.  Du  reste  l'origine  inflamma- 
toire de  la  lésion  doit  être  admise  dans  beaucoup  de  cas;  la 
gliomatose  n'est  pas  seule  à  incriminer,  car  M.  Joffroy  lui- 
même  a  observé  les  lésions  caractéristiques  de  la  syringo- 
myélie dans  deux  cas  de  pachyméningite  hypertrophique. 
L'auteur  reprenait,  comme  on  le  voit,  l'idée  défendue 
autrefois  par  MM.  Lancereaux  et  Hallopeau. 

  la  même  Société  des  hôpitaux,  MM.  Gombault  et  Reboul 
présentaient,  dans  la  séance  du  26  avril  1889,  le  résultat  de 
l'autopsie  d'une  malade  qui  succomba  vers  cinquante-cinq 
ans  après  avoir  été  pendant  la  vie  examinée  par  Morvan  lui- 
même.  Morvan  reconnut  là  les  symptômes  de  paréso-anes- 
thésie  dont  il  fit  la  maladie  à  laquelle  il  attacha  son  nom. 
M.  Gombault  examina  les  nerfs  des  membres  supérieurs 
atrophiés,  envahis  par  une  névrite  ascendante.  Les  lésions 
nerveuses  diminuaient  à  mesure  qu'on  se  rapprochait  de  la 
moelle  qu'on  trouva  sclérosée  dans  les  cordons  et  les  cornes 
postérieurs  et  peut-être  aussi  dans  la  substance  grise 
centrale. 

M.  Gombault  lui-même  et  M.  Debove  furent  d'avis  que, 
bien  que  la  malade  eût  présenté  les  symptômes  analogues  k 
ceux  de  la  syringomyélie,  on  ne  pouvait  pas  conclure  à  la 
parfaite  identité  des  deux  affections.  M.  Gombault  dit  que 
les  lésions  observées  présentent  une  assez  grande  analogie 
de  distribution  avec  le  tabès,  mais  qu'il  n'a  pas  rencontré 
comme  dans  cette  maladie  la  rétraction  des  faisceaux 
postérieurs.  L'exposé  de  ces  lésions,  sans  trancher  ia 
question,  fournira  certainement  aux  débats  quelques 
données  positives.  M.  Déjerine,  ces  jours  derniers^  a  fait 


cécité,  les  affections  cutanées,  la  peste,  la  maladie  et  la 
mort.  On  comprend  combien  il  est  difficile  d'analyser  com- 
plètement un  sujet  dont  les  éléments  sont  si  considérables 
et  si  variés  qu'ils  demanderaient  chacun  une  étude  spéciale. 
Je  dois  me  borner,  à  mon  grand  regret^  à  un  simple  aperçu, 
qui  ne  pourra  être  souvent  qu'une  rapide  nomenclature. 

On  sait  combien  les  artistes  du  moyen  âge  aimaient  à 
orner  les  murs  des  cathédrales  de  figures  grimaçantes  et 
bizarres.  Dans  une  de  ces  figures,  celle  d'un  mascaron 
grotesque  de  l'église  Santa-Maria,  à  Venise,  M.  Charcot  a 
retrouvé  tous  les  caractères  d'une  déformation  morbide 
parfaite.  Cette  déformation,  qui  donne  au  grotesque  une 
expression  d'horrible  laideur,  consiste  dans  un  spasme 
d'une  moitié  de  la  face,  avec  projection  de  la  langue  hors 
de  la  bouche  et  déviation  de  sa  pointe. 

Rien  de  plus  intéressant  que  cette  observation.  Il  s'agit, 
en  effet,  d'un  spasme  de  la  face  d'une  nature  spéciale,  l'hé- 
mispasme  glosso-labié,  coexistant  souvent  chez  les  hysté- 


riques avec  rhémiparalysie  des  menibres.  Il  est  manifeste 
que  l'artiste  ne  put  créer  de  toutes  pièces,  dans  son  imagi- 
nation, un  type  aussi  nrécis  ;  qu'il  a  rencontré  sur  son  chemin 
l'homme  qui  le  réalisait,  et  qu'il  l'a  étudié  avant  de  le 
reproduire  avec  une  aussi  remarquable  fidélité. 

C'est  cette  découverte  fortuite,  faite  au  cours  d'un  voyage 
à  Venise,  qui  donna  à  M.  Charcot  l'idée  d'entreprendre  des 
recherches  sur  la  reproduction  artistique  des  maladies  et 
des  infirmités. 

Les  grotesques,  en  dehors  de  l'exemple  intéressant  que 
je  viens  de  rapporter,  ne  pouvaient  lui  donner  des  maté- 
riaux très  importants,  car  étant  des  œuvres  de  caricatures 
destinées  à  mettre  en  relief  un  trait  spécial,  leur  exécution 
reste  ordinairement  fantaisiste  et  s'éloigne  volontiers  de 
l'observation;  mais  les  autres  catégories  d'infirmités  lui 
ont  fourni  des  documents  souvent  remarauables,  et  parmi 
lesquels  il  en  est  de  signés  des  plus  grancls  artistes. 

On  sait  le  rôle  qtf'ont  joué  les  nains  et  les  fous  dans  les 


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5  Juillet  1889 


une  leçon  sur  la  syringomyéite.  li  a  apporté  encore  un  cas 
nouveau.  Enfin,  M.  le  professeur  Charcol  a  consacré  sa  der- 
nière leçon  du  mardi  (13  juin  1889)  à  l'étude  de  l'afTeclion 
nouvelle.  Le  maître  a  présenté  à  son  cours  son  premier 
malade,  retour  de  chez  H.  Debove,  et  une  malade  que  nous 
avons  toujours  vue  à  la  Salpétrière  avec  le  diagnostic  de 
pachyméningite  cervicale. 

Dans  cette  leçon,  M.  Charcct  apporte  comme  toujours  sa 
note  personnelle  ;  dans  le  cas  présent,  c'est  sur  le  diagnostic 
de  ces  anesthésies  si  bizarrement  découpées  ou  délimitées 
qu'il  insiste. 

Avant  de  décrire  les  lésions  anatomiques,  nous  devons 
reconnaître  que  les  auteurs  allemands  ont  suivi  la  méthode 
chère  à  notre  maître,  la  méthode  anatomo-cl inique.  Après 
avoir  bien  étudié  la  symptoroatologie,  on  a  fait  l'au- 
topsie et  scrupuleusement  noté  les  lésions.  M.  Schule  a 
fait  deux  autopsies.  M.  Kahler  en  a  fait  une.  De  toutes  les 
nécropsies  pratiquées  autrefois  et  depuis  la  découverte  du 
type,  il  ressort  que  les  symptômes  syringomyéliques  prennent 
et  doivent  vraisemblablement  être  produits  par  des  lésions 
diverses  qui  sont  : 

l*"  L'hydromyélie  ancienne  ou  dilatation  du  canal  central 
de  la  moelle  (cas  deLancereaux,  certains  cas  de  Hallopeau); 

â"*  La  myélite  cavitaire,  décrite  par  MH.  Charcot  et 
Joffroy  en  1869.  Le  tissu  nerveux  gris  s'eiïondre  par  places 
et  on  trouve  alors  de  véritables  lacunes  dans  la  colonne 
grise  centrale; 

S""  La  sclérose  péri-épendy maire  de  Hallopeau.  M.  Charcot 
a  vu  toutes  ces  formes,  les  deux  dernières  surtout  ;  aujour- 
d'hui certains  simplistes,  qui  veulent  tout  ramener  à  des 
tracés  semblables,  disent  que  dans  ces  cas-là  on  aurait 
affaire  à  lagliomatose...  Cela  est  faux,  les  formes  décrites 
par  Hallopeau  existent  et  rien  ne  s'oppose  à  ce  que  ces 
lésions  forment  le  type  syringomyélie. 

Enfin  il  y  a  la  gliomatose  vraie,  caractérisée .  par  ses 
cellules  araignées  qui  trahissent  d'une  façon  péremptoire 
l'envahissement  du  tissu  nerveux  par  le  parasite,  le 
néoplasme,  né  aux  dépens  de  la  névroglie.  A  cet  égard,  la 
thèse  de  Miss  Anna  Baumler  est  très  instructive;  on  peut 
voir  dans  cet  ouvrage  un  grand  nombre  de  dessins  repré- 
sentant le  gliome.  Nous  savons  que  cette  néoplasie  peut 
se  former  en  tumeur  ou  bien  causer  très  vite  la  raréfaction 
du  tissu  nerveux.  Celte  dégénérescence  glibmateuse  siège 
souvent  autour  du  canal  central  de  l'épendyme  sans  avoir 
rien  à  faire  avec  lui.  Au  bout  d'un  temps  plus  ou  moins 


long,  le  tissu  gliomateux  entre  en  régression  et  voilà  bientôt 
la  colonne  grise  centrale  voisine  du  canal  épendymaire  qui 
se  creuse  de  cavités  syringomyéliques. 

Sans  qu'on  puisse  dire  pourquoi,  la  gliomatose  se  localise 
derrière  le  canal  de  l'épendyme  dans  la  commissure  posté- 
rieure ;  elle  se  développe  alors  en  partie  aux  dépens  de  la 
substance  grise  centrale,  en  partie*  aux  dépens  des  cornes 
postérieures;  il  se  passe  pour  ces  cornes  postérieures  un  peu 
ce  qui  se  passe  pour  les  cornes  antérieures  dans  l'atrophie 
type  Aran  Duchenne  par  exemple. 

Dans  le  cas  le  plus  habituel  la  lésion  envahit,  puis  détruit 
la  substance  grise  située  derrière  le  canal  central  de  la 
moelle,  puis  elle  gagne  la  corne  postérieure,  qu'elle  détruit 
à  son  tour  et  cela  d'une  façon  symétrique;  la  lésion  prend 
donc  une  forme  assez  régulièrement  schématique.  On 
pourrait  dire  que  c'est  là  la  lésion  type  de  la  syringomyélie: 
substance  grise,  cérébrale  postérieure,  cornes  postérieures. 

Si  on  réfléchit  un  instant,  on  se  rend  bien  vile  compte  de 
la  physiologie  pathologique  de  la  nouvelle  maladie.  Quand 
la  lésion  est  ce  que  nous  venons  de  donner  en  schéma,  le 
malade  qui  a  cependant  ses  cordons  postérieurs  encore 
intacts,  a  perdu  la  sensibilité  à  la  douleur,  la  sensibilité  à 
la  températurey  en  même  temps  qu'il  conserve  la  sensation 
de  contact:  conclusion  naturelle,  déjà  connue  du  reste  en 
partie,  tout  au  moins  des  physiologistes  :  les  tractùs  con- 
ducteurs de  la  sensibilité  à  la  douleur  et  à  la  température 
ne  passent  pas  par  les  cordons  postérieurs,  mais  par  la 
substance  grise  centrale,  commissure  postérieure  et  cornes 
postérieures.  Les  impressions  fournieâ  par  le  tact,  les 
impressions  du  sens  musculaire  passent  ailleurs  sans  qu'on 
puisse  dire  exactement  ou. 

Telle  est  la  distribution  la  plus  simple  des  lésions,  mais 
ces  lésions  peuvent  gagner  par  compression,  par  inftUra- 
tion  gliomateusey  par  lésions  cavitaires,  soit  les  cornes 
antérieures  (alors  amyotrophie),  soit  le  faisceau  latéral 
(alors  parésie  avec  exaltation  des  réflexes,  phénomènes  du 
pied,  etc.),  soit  enfin  les  cordons  postérieurs  (phénomènes 
tabétiques).  Nous  voilà  donc  en  pleine  physiologie  patholo- 
gique. La  maladie,  plus  finement  ot  plus  sûrement  que  le 
scapel  du  vivisecteur,  dissèque  les  parties  systématisées  de 
la  moelle  et  nous  en  fait  pour  ainsi  dire  toucher  du  doigt  le 
fonctionnement.  Comme  siège,  la  syringomyélie  présente 
les  localisations  les  plus  diverses.  Dans  un  grand  nombre 
des  observations  de  miss  Anna  Baumler,  on  voit  la  moelle 
prise  de  haut  en  nas.  Cependant  elle  afl*ecte  une  prédilection 


cours  du  moyen  âge  et  de  la  Renaissance,  et  ce  n'est  pas 
seulement  du  moyen  âge  que  date  l'engouement  qu'ont  eu 
les  rois  et  les  peuples  pour  ces  êtres  disgraciés  de  la  na- 
ture; dès  les  antiques  monarchies  égyptiennes,  ils  durent 
occuper  une  place  importante  dans  les  résidences  royales, 
et  l'école  memphyte  nous  a  laissé  parvenir,  parmi  plusieurs 
chefs-d'œuvre,  une  statue  très  remarquable,  celle  du  nain 
Chnounmotpon,  qui  est  aujourd'hui  au  musée  de  Boulacq, 
et  dont  les  auteurs  nous  ont  donné  la  reproduction.  Les 
Egyptiens  ont  même  poussé  jusqu'à  la  divinisation  leur 
culte  pour  les  nains  et  leur  ciel  en  comptait  au  moins  deux  : 
le  dieu  Bès,  qui  présidait  aux  armes,  et  le  dieu  Pshah. 

L'amour  exclusif  que  les  Grecs  professaient  pour  le  beau 
et  la  perfection  des  formes,  les  éloignait  de  la  figuration 
des  infirmités.  Cependant  il  faut  faire  une  exception  en 
faveur  du  marbre  connu  sous  le  nom  de  buste  d'Esope,  et 
qui  se  trouve  à  la  Villa  Albani.  On  présume  que  cette 
œuvre  d'art  est  une  des   répliques  du  fameux  portrait  I 


d'Esope  par  Lysippe,  dont  Pline  vante  la  perfection.  En 
dehors  ae  ce  spécimen,  que  l'on  peut  rattacher  au  grand 
art  sculptural  de  la  Grèce,  c'est  dans  les  produits  d'un  art 
secondaire,  dans  les  figurines  en  terre  cuite,  qu'il  faut 
chercher  pour  retrouver  quelques  traces  de  difi'ormités. 

Mais  c'est  surtout  parmi  les  œuvres  du  moyen  âge  et  de 
la  Renaissance  que  les  auteurs  ont  recueilli  le  plus  de 
documents  concernant  cette  variété  de  difformités.  Les 
nains  et  les  fous  tenaient  une  telle  place  dans  les  cours  que 
les  artistes. les  faisaient  figurer  dans  leurs  compositions  à 
cùté  des  princes  et  des  grands  personnages  qu  ils  mettaient 
en  scène.  C'est  ainsi  que  dans  la  célèbre  tapisserie  de 
Bayeux  dite  de  la  reine  Mathilde  (onzième  siècle),  on  voit 
le  nain  TVROLD,  tenant  en  bride  les  deux  chevaux  des 
envoyés  de  Guillaume  le  Conquérant  à  Guy  de  Ponthieu; 
que  dans  Iç  tableau  de  Mantigna,  représentant  le  Triompl^ 
de  Jules  César,  un  nain  montre  une  face  où  se  lisent  clai- 
rement les  traits  combinés  de  la  scrofule  et  du  rachitisme; 


5  Juillet  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  27  —    429 


marquée  pour  la  région  cervico-brachiale.  Ajoutons  à  cela 
les  lésions  secondaires,  dégénérescence  du  faisceau  pyra- 
midal, nous  aurons  une  idée  complète  de  raffeclion  en  lant 
que  distribution  anatomique. 

On  peut  multiplier  à  plaisir  les  combinaisons;  on  en 
revient  toujours  à  ces  termes  simples  :  gliomatose,  tissu 
araignée  qui  se  développe  aux  dépens  de  la  névroglie  de 
la  substance  grise,  dans  le  voisinage  du  canal  de  Tépen- 
dyme,  plutôt  en  arrière  du  canal  qu'en  avant  (Kabler, 
A.  Baumler),  gagne  les  cornes  postérieures,  puis  peut 
envahir,  par  les  trois  moyens  que  nous  avons  indiqués,  les 
cordons  postérieurs,  les  cordons  latéraux,  les  cornes  anté- 
rieures. 

Maintenant  il  ne  parait  pas  que  la  gliomatose  réalise 
seule  cet  ensemble  de  signes  cliniques  auquel  on  a  donné 
le  nom  de  syringomyélie;  il  est  fort  possible,  et  de  nou- 
velles autopsies  le  démontreront  sans  doute,  les  dilatations 
du  canal  central,  les  scléroses  périépendymaires,  à  la 
façon  de  Lancereaux  et  Hallopeau,  pourront  produire  les 
mêmes  signes  que  la  gliomatose,  qui,  jusqu'ici,  paraît 
anatomiquement  la  cause  de  syringomyélie  la  plus  fréquente 
et  la  plus  puissante. 

ScbifT,  à  la  suite  d'expériences  habilement  conduites,  a 
établi  que  les  impressions  tactiles  passaient  par  les  cordons 
postérieurs;  mais  il  n  a  pu  dire  qu'une  chose  à  propos  des 
impressions  de  douleur  et  de  température,  c'est  que  ces  der- 
nières impressions  ne  paraissaient  pas  passer  par  les  mêmes 
voies  que  le  sens  du  tact. 

Quoique  négative,  cette  afûrmation  a  son  importance;  car 
une  maladie  qui  a  son  siège  de  prédilection  dans  la  colonne 
grise  postérieure  a  amené  l'abolition  des  sensibilités  parti- 
culières à  la  douleur  et  à  la  température. 

Donc  nous  ne  devons  pas  trouver  de  troubles  sensitifs  du 
tact  et  du  sens  musculaire  dans  la  syringomyélie.  Or...  on 
n'en  trouve  pas. 

On  peut  établir  le  tableau  syniptomatique  suivant,  déduit 
de  la  physiologie  normale. 

A.  — -  Symptômes  dus  a  l'envahissement  des  cornes 

ANTÉRIEURES. 

Atrophie  musculaire  progressive  ne  rentrant  ni  dans  le  type 
Aran  Uuchenne,  ni  dans  le  type  des  myopathies  essentielles. 
Impotence  fonctionnelle  en  raison  directe  de  Tatropliie. 
Altération  de  la  contractiliié  électrique.  Réaction  de  dégé- 
nérescence. Abolition  des  réflexes. 


B.  —  Symptômes  dus  a  l'envahissement  du  cordon  latéral. 
Paréste  avec  exagération  des  réflexes.  Secousses  fibrillaires. 

C.  —  Symptômes  dus  a  l'envahissement  de  la  région  moyenne 

de  la  sudstance  grise. 

Troubles  trophiques  ' 

Peau  :  fiuUes,  chéloîdes  cicatricielles.  Sensation  de  froid  aux 

mains. 
Tissu  souS'Cutané  :  Œdème  inllàmmatoire  ou  lymphatique. 
Phlegmons  :  Chute  des  ongles.  Panaris.  Tournioles. 
Système  osseux  :  Fractures  spontanées.  Arthropathies.  Exostoses. 

Scolioses. 
Organes  viscéraux  :  Ulcérations  vésîcales  et  intestinales. 

D.  —  Symptômes  dus  a  l'envahissement  de  ia  corne 

POSTÉRIEURE. 

Analgésie  (à  la  piqûre,  au  pincement,  à  la  torsion,  etc.). 
Anesthésie  au  chaud  et  au  froid, 

E.  —  Symptômes  dos  a  l'envahissement  des  coi\dqns 

POSTÉRIEURS.      • 

Phénomènes  tabétiques  :  Douleurs  fulgurantes.  Sensations  sub- 
jectives. Anesthésie  douloureuse.  Sens  musculaire  aboli. 
Incoordination,  etc.,  etc. 

La  marche  de  cette  singulière  affection  est  des  plus 
curieuses.  C'est  une  maladie  de.  longueur.  Elle  paraît 
débuter  sans  raison  connue  et  sans  qu'on  puisse  jusqu'à 
maintenant  du  moins  invoquer  l'hérédité,  dans  le  jeune 
âge,  vers  quinze  ans,  quelquefois  plus  tôt;  cW  à  tel  point 
qu'on  peut  se  demander  s'il  ne  s'agit  pas  là  d'une  maladie 
de  la  période  de  développement.  A  cet  âge  encore  on  voit  se 
produire  une  déviation  du  rachis;  la  colonne  vertébrale 
s'incurve  sans  qu'on  puisse  savoir  exactement  si  cette  incur- 
vation est  une  cause  ou  un  effet  dans  la  maladie  qui  com- 
mence. 

.  Pendant  longtemps,  le  malade  (cas  de  Déjerine,  de 
Debove)  ne  présente  que  les  troubles  bizarres  de  la  sensi- 
bité  dont  nous  avons  parlé;  il  se  brûle  sans  s'en  douter, 
mais  il  fait  peu  d'attention  à  ces  troubles. 

Ce  n'est  guère  qu'à  l'occasion  des  symptômes  plus 
accusés  qui  surviennent  fatalement  que  le  malade  prend 
peur  et  va  voir  un  médecin. 

C'est  pour  des  panaris  à  répétition,  des  œdèmes  plus  ou 
moins  étendus,  de  l'amyotrophie  qu'il  vient  consulter. 

L'atrophie  débute  par  les  éminences  thénar  ou  hypothé- 
nar;  ensuite  elle   envahit  les  avant-bras,  les  bras,  les 


que  dans  le  portrait  de  Barbe  de  Brandebourg,  marquise  de 
Mantoue,  Manligna  a  également  représenté  un  nain,  à  la 
face  élargie,  à  la  tête  volumineuse,  aux  membres  dispro- 
portionnés. 

Jules  Romain,  dans  une  fresque  du  Vatican,  Annibal 
Carrache,  Jean  de  Bologne,  Paul  Véronèse,  dans  les  deux 
tableaux  tes  Noces  de  Cana  et  VÊvanouissemetit  d'Esthm\ 
ont  égalemen  représenté  des  nains. 

Dans  l'école  espagnole,  le  genre  est  interprété  par 
Ribéra,  Velasquez,  le  peintre  de  Philippe  II,  qui  n'a  pas 
consacré  moins  de  sept  tableaux  à  la  peinture  d'infirmes 
nains  ou  idiots;  dans  les  écoles  allemande,  hollandaise  et 
flamande,  par  les  premiers  portraitistes  du  temps,  Jean 
Gossaert,  Holbein,  qui  peignit  deux  fois  Will  Summer,  le 
célèbre  bouffon  d'Henri  Vill,  Antoine  de  Moze  qui  repré- 
senta Brusquet,  le  spirituel  bouffon  de  Charles-Quint, 
Rubens  et  Yan  Dyck  qui  nous  a  laissé  le  portrait  de  Gibson 
et  de  Jeffrey,  nains  de  Charles  I". 


Les  infirmes  ont  été  fréquemment  mis  en  scène  par  l'art 
chrétien,  dans  les  œuvres  consacrées  aux  miracles.  Aussi 
les  auteurs  ont-ils  rencontré  de  nombreux  documents  les 
concernant.  Les  plus  importants  sont  fournis  par  Taddéo 
Gaddi,  ou  Andréa  de  Florence,  dans  une  fresque  remar- 
quable qui  appartient  évidemment,  quel  qu'en  soit  l'auteur, 
au  Giotto,  le  grand  réformateur  de  la  peinture  en  Italie  ;  puis 
par  Giovanni  de  Fiesole,  le  Beato  Angelico  qui  nous  montre 
saint  Laurent  distribuant  les  aumônes  aux  infirmes;  enfin 
par  le  grand  chef  de  l'école  romaine  Raphaël  Sanzio,  dans  un 
carton  commandé  à  Raphaël  parle  pape  Léon  X,  et  qui  devait 
être  exécuté  en  tapisserie.  Le  dessin  qui  devait  représenter 
les  actes  des  apôtres,  figure  saint  Pierre  et  saint  Paul, 
rendant  la  santé  aux  infirmes  à  la  porte  du  temple. 

Parmi  les  œuvres  d'art  consacrées  aux  aveugles,  citons 
le  Buste  d'Homère,  du  musée  de  Naples,  le  carton  de 
Raphaël  reproduisant  Elymas,  le  Tobie  aveugle,  de 
Rembrandt,  la  Parabole  des  aveugles,  de  Pierre  Brughel. 


muscles  scapulaires,  les  muscles  grand  et  petit  pectoral  ; 
mais  cet  envahissement  se  fait  avec  une  lenteur  prodigieuse. 
Le  premier  malade  de  Déjerine  s'est  atrophié  pendant  qua- 
rante ans,  le  second  pendant  trente  ans. 

L*atrophie  ressemble  à  s'y  méprendre  à  Tatrophie  du 
type  Aran  Duchenne;  les  réflexes  tendineux,  dans  la 
moitié  supérieure  du  corps,  sont  affaiblis  ou  abolis;  il  y  a 
réaction,  de  dégénérescence,  altération  des  contractilités 
faradiques  et  galvaniques,  secousses  musculaires,  etc.  Si 
Ton  joint  à  cela  les  troubles  de  la  sensibilité  spéciaux,  si 
l'on  montre  que  ces  troubles  se  traitent  exactement  comme 
les  faujssôs  anesthésies  hystériques,  si  Ton  y  ajoute  les 
troubles  trophiques,  les  troubles  vésicaux,  on  se  trouve  en 
présence  d'une  atrophie  bien  bizarre,  capable  de  déjouer  le 
neuropathologue  qui  n'a  pas  présente  à  l'esprit  l'idée  de 
la  syringomyélie. 

M.  Charcot,  à  propos  d'une  malade  longtemps  prise  pour 
une  femme  atteinte  de  méningite  pseudo-hypertrophique, 
faisait  remarquer  qu£  l'analgésie  spéciale  pouvait  se  modi- 
fier, apparaître  et  disparaître. 

Cette  particularité  demande  h  être  bien  connue.  Nous 
devons  enfin  considérer  ce  qu'il  advient  du  malade;  il 
demeure  presque  indéfiniment  dans  un  état  d'infirmité 
absolue;  mais  les  choses  se  précipitent  si  l'envahissement 
des  cordons  latéraux  amène  une  sclérose  latérale  amyotro- 
phique  (cns  de  Schuitze,  Kabler  et  Pick),  une  hémiplégie 
spinale  (Schuitze),  enfin  des  paralysies  bulbaires;  il  n'est 
pas  rare,  en  effet  (Déjerine),  de  voir  la  syringomyélie  affecter 
une  marche  ascendante  et  intéresser  la  racine  ascendante 
de  la  cinquième  paire,  les  noyaux  des  nerfs  vague  et  hyjW" 
glosse. 

Il  est  donc,  en  somme,  possible  et  même  facile  aujour- 
d'hui de  faire  le  diagnostic  de  la  syringomyélie.  La  maladie 
avec  laquelle  elle  a  été  le  plus  souvent  confondue,  c'est 
Vatrophie  du  type  Aran-Duchenne^  de  la  sclérose  laté- 
rale àmyotrophique  et  des  atrophies  myopathiques  par  la 
présence  des  troubles  sensitifs.  Les  deux  premières  affec- 
tions, en  effet,  sont  uniquement  et  essentiellement  mo- 
trices, 

La  troisième  n'a  rien  à  voir  avec  les  maladies  spinales, 
puisque  le  muscle,  jusqu'aujourd'hui,  parait  seul  en  cause. 

La  méningite  pseudo-hypertrophique  se  distingue  par 
les  douleurs  dans  la  ceinture  scapulaire,  les  contractions, 
les  réflexes,  l'attitude  qu'elle  oblige  les  malades  à  prendre, 
l'abâence  de  troubles  dissociés  de  la  sensibilité. 


Le  tabès  peut  prêter  à  la  confusion,  puisque,  d'une  part, 
la  syringomyélie  peut,  par  l'envahissement  des  cordons 
postérieurs,  donner  naissance  à  des  symptômes  pseudo-tabé* 
tiques,  et,  d'autre  part,  que  le  tabès  peut,,  par  envahisse- 
ment des  cornes  antérieures,  amener  de  l'atrophie  qui 
débute  souvent  par  les  éminences  thénar,  mais  il  est  tou- 
jours possible,  avec  les  troubles  oculaires,  l'abolition  des 
réflexes  tendineux,  les  crises  gastriques,  vésicales,  etc., 
les  troubles  viséraux  et  les  douleurs  fulgurantes,  d'éviter  U 
confusion. 

La  lèpre  anesthésique  (héloir)  se  différencie,  malgré  bien 
des  points  communs,  par  la  marche  de  l'affection  (Lao- 
ghans  et  Rosenbach). 

Enfin,  Vhystérie  (Charcot)  peut,  si  l'on  n'est  prévenu, 
causer  une  erreur. 

En  effet,  toutes  les  dissociations  de  la  sensibilité  dont 
nous  venons  de  faire  l'histoire  existent  dans  l'hystérie. 
Sur  dix-sept  hystériques  mâles  et  femelles  présentant  de 
l'anesthésie,  onze  ont  le  type  normal  (hémianesthésie),  six 
ont  naturellement  ou  artificiellement  des  dissociations  de 
la  sensibilité. 

Les  hystériques  peuvent  présenter  de  Vamyotrophie 
(Babinski),  des  paralysies  limitées  au  membre  supérieur, 
des  œdèmes  (Weir  Mitchell),  en  tout  semblables  aux 
troubles  trophiques  de  la  syringomyélie.  Or  M.  Charcot 
a  montré  mardi,  à  sa  dernière  leçon,  un  homme  paralysé 
de  la  main,  avec  œdème  et  changement  de  coloration,  sup- 
portant sans  douleur  la  piqûre,  la  brûlure,  le  très  grand 
froid.  Supposons  un  instant  cet  homme  porteur  d'une  sco- 
liose, et  on  se  croira  en  présence  d'un  malade  atteint  de 
syringomyélie.  On  verra  que  c'est  un  hystérique  en  consta- 
tant le  rétrécissement  du  champ  visuel,  les  troubles  des 
sens;  quand  on  saura  que  cette  paralysie  de  la  main 
est  venue  subitement,  qu'elle  s'en  ira  probablement  de 
même,  etc.  La  syringomyélie  présente  des  rémissions,  mais 
jamais  de  guérison  subite. 

En  somme,  la  syringomyélie,  nouvelle  conquête  de  la 
méthode  anatomo-clinique,  nous  apprend  la  physiologie  da 
segment  postérieur  de  la  moelle  comme  les  découvertes  de 
Duchenne,  Charcot,  Roger  et  Damaschino,  Vulpian,  etc., 
pour  ne  citer  que  des  noms  français,  nous  avaient  appris 
la  physiologie  du  segment  antérieur. 

Paul  Berbez. 


Les  maladies  cutanées,  les  lépreux,  les  pestiférés  ont 
pour  représentants  Murillo,  Mathias  Guenewalo,  Holbein 
le  Vieux,  Albert  Durer,  Francesco  Caroto,  Raphaël,  Nicolas 
Poussin,  Mignard,  François  Gérard,  Gros,  en  un  mot  les  plus 
grands  noms  de  l'histoire  de  l'art. 

Enfin  viennent  les  simples  malades.  Ici  la  note  change. 
Elle  est  donnée  par  les  joyeux  peintres  hollandais  et  parti- 
culièrement parle  plus  gai  de  tous,  Slein.  On  connaît  la 
prédilection  de  Stein  pour  la  peinture  des  kermesses,  des 
orgies  dans  les  tavernes.  Il  avait  une  prédilection  presque 
égale  pour  les  visites  de  médecins  à  déjeunes  femmes  ma- 
lades. M.  Charcot  cite  cinq  œuvres  de  lui,  consacrées  à  ces 
scènes  d'intérieur.  J'en  connais  deux  autres,  l'une  à 
Londres,  l'autre  à  Pétersbourg  au  musée  de  l'Hermitage, 
dont  je  possède  une  bonne  copie  et  qui  est  bien  un  des 
meilleurs  tableaux  du  genre.  Toutes  ces  jolies  malades,  la 
tête  penchée  sur  l'oreiller,  l'œil  très  vif  à  travers  des  pau- 
pières demi-closes^,  ne  paraissent  pas  affectées  d'un  mal  hien 


sérieux  et  ressemblent  plutôt  à  des  amoureuses  déçues  ou 
contrariées  qu'à  des  fébricitantes. 

Le  dernier  chapitre  de  l'ouvrage  est  consacré  à  la  mort. 
Après  avoir  examiné  comment  les  artistes  ont  reproduit  dans 
leurs  œuvres  le  corps  humain  en  proie  aux  maladies  et  aux 
infirmités,  les  auteurs  ont  montré  de  quelle  façon  ils  l'onl 
figuré  quand  la  vie  l'a  abandonné.  Ils  ont  trouvé  dans  celte 
étude  un  vaste  champ  d'observations  pleines  d'intérêt. 

L'art  antique,  avec  sa  représentation  de  la  mort,  toujours 
discrète  et  académiquement  correcte,  mais  souvent  noble 
et  expressive;  l'art  chrétien  avec  les  scènes  du  crucifiement 
tant  de  fois  traitées  par  les  plus  illustres  maîtres;  la  Renais- 
sance appliquant  à  la  funèbre  réalité  son  récent  génie  d'ob- 
servation leur  ont  fourni  d'admirables  sujets  d'étude  qui 
intéressent  au  moins  autant  les  artistes  aue  les  médecins. 
Les  uns  et  les  autres  leur  sauront  gré  d  avoir  mis  à  leur 
portée  ces  précieux  documents  sur  lesquels  leur  compétence 
et  leur  érudition  jettent  un  jour  si  nouveau. 


5  Jdiuet  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


~  M»  27  —    431 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

I  |préparatloB«  4*E«cluieholtsta  callfonile». 

Ce  médicament,  employé  depuis  longtemps  en  Amérique, 
a  été  prescrit  dans  ces  derniers  temps,  soit  comme  hypno- 
tique, soit  comme  analgésique.  C'est  surtout  la  première 
de  ces  proprités  qui  parait  utilisable.  Voici,  d'après  M.  Ter- 
Zakariantz,  les  formes  pharmaceutiques  sous  lesquelles  on 
peut  prescrire  l'extrait  aqueux  ou  alcoolique  de  ce  végétal. 

1«  Extrait  alcoolique  d'Eschscholtzia.-- On  le  formule 
en  pilules  ou  en  potion. 

En  piluleSy  à  la  dose  quotidienne  de  5  à  15  pilules  contre 
les  névralgies  : 

Extrait  alcoolique  d'Eschscholtzia 

californica 20  grammes. 

Réglisse  pulvérisé q.  s. 

Pour  40  pilules. 
En  ponton,  à  prendre  en  trois  ou  quatre  fois  pour  provo- 
quer le  sommeil. 

Extrait  alcoolique  d*Eschschol- 

tzia  californica 3  à  10  grammes. 

Rum 1-30      — 

Sirop  de  gomme ]  ^ 

^  Extrait  aqueux  (FEschscholzia.-^On  en  prépare  un 
sirop  ou  bien  une  potion. 

Extrait  aqueux  d'Eschscholtzia 

californica 3  à  12  grammes. 

Infusion  pectorale 100        — 

Sirop  de  gomme 40       — 

Pour  une  potion  à  prendre  dans  les  vingt-quatre  heures. 

Extrait  aqueux  d'Eschscholtzia 

californica 125  grammes. 

Sirop  simple 875       — 

Pour  un  sirop,  dont  on  prescrit  chaque  jour  une  a  quatre 
grandes  cuillerées. 

Cette  dernière  préparation  peut  être  administrée  aux 
enfants.  Les  médecins  américains  la  recommandent  en 
raison  de  sa  faible  teneur  en  morphine. 

Ch.  Éloy. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Pathologie  Interne. 

Statistique    avec    notes     cliniques    sur    la    fièvre 
typhoïde,  portant   sur  871  cas    observés  pendant 

UNE  PÉRIODE  DE  DIX  ANNÉES,  DE  1879  A  1888,  par 

F.  SoREL,  médecin-major  de  1"  classe,  membre  corres* 
pondant  de  la  Société  médicale  des  hôpitaux. 

(Fin.  —  Voyez  le  numéro  26.) 

Eruptions  cutanées.  —  Les  taches  bleues  ont  toujours 
décelé  la  présence  du  phthirius  inguinalis.  Vherpès 
labialis  a  été  rencontré  huit  fois,  dont  cinq  au  début  de  la 
maladie.  Vurticaire  a  été  notée  deux  fois  seulement.  La 
miliaire  a  existé  dans  tous  les  cas,  cinq  fois  à  l'état  de 
miliaire  rouge. 

Taches  rosées.  —  Nous  avons  relevé  les  taches  rosées 
dans  75  pour  100  environ  des  cas,  mais  des  variations  nota- 
bles dans  la  forme,  le  volume,  la  coloration,  le  siège  et  la 
durée  ont  pu  nous  les  faire  méconnaître  là  cependant  où 
elles  existaient. 

La  morphologie  des  taches  rosées  est  en  effet  assez 
complexe.  Elles  se  présentent  sous  deux  aspects  principaux: 
à  Tétat  de  tache  congestive  et  à  Vétat  papuleux. 

Simples  taches  congestives,  elles  sont  de  coloration  rosée, 
de  forme  lenticulaire,  sans  relief  appréciable  et  disparaissent 
complètement  à  la  j^ression.  Elles  peuvent  subir  quelaues 
variations  dans  les  dimensions  et  être  punctiformes,  dans 
la  coloration  et  prendre  la  teinte  fleur  de  pêcher;  enfin» 
former  un  léger  relief. 

Vétat  papuleux  succède  au  précédent  ou  se  produit  assez 
rapidement  pour  paraître  né  d'emblée;  la  congestion  simple 
a  rail  place  à  la  congestion  œdémateuse. 

La  coloration  est  plus  prononcée,  souvent  purpurine.  Le 
relief  est  plus  marqué  et  ne  s'efface  plus  aussi  complètement 
à  la  pression,  qui  met  parfois  en  évidence  une  très  petite 
macule  pigmentaire  brunâtre. 

Assez  souvent  les  taches  perdent  leur  forme  arrondie,  les 
bords  deviennent  irréguliers  ou  mal  limités  ;  et  dans  quelques 
cas  elles  s'allongent  suivant  une  direction  linéaire,  de  sorte 
qu'on  les  trouve  à  la  fois  déformées,  volumineuses,  saillantes 
et  colorées.  On  risque  fort  de  les  méconnaître  si  on  n'est 
pas  prévenu  de  ces  variations. 

On  voit  quelquefois  la  tache  se  couronner  d'une  minuscule 
vésicule.  Enfin,  on  peut  observer  une  légère  desquamation 
furfuracée. 

La  durée  d'une  tache  rosée  varie  de  quelques  heures  Hi 


Cette  rapide  analyse  comporte  un  enseignement  dont  le 
développement  pourrait  être  considérable,  mais  qui  doit  ici 
se  renfermer  dans  les  limites  concises  d'une  simple  obser- 
vation. Léonard  de  Vinci,  ({ui  de  tous  lâs  peintres  fut 
l'esprit  le  plus  scientifique,  disait  que  la  science  est  insé- 
parable de  l'art,  et  qu'on  doit  l'étudier,  ou  avant  de  s'y 
livrer,  ou  pendant  qu'on  le  pratique,  afin  d'apprendre 
dans  quelles  limites  on  est  contraint  de  le  renfermer. 
L'art,  en  effet,  ne  réside  pas  uniquement  dans  l'esthé- 
tique, c'est-à-dire  dans  la  conception  de  l'idéal  et  du  beau; 
il  est  aussi  l'expression  positive  de  la  forme  matérielle  et 
implique  nécessairement  l'observation  de  la  nature  et  la 
connaissance  de  ses  lois.  Cette  double  conception  de  l'art 
est  subordonnée  à  des  règles  qui  sont  d'une  part  celles  de 
l'esprit  lui-même,  d*autre  part  celles  qui  gouvernent  le 
monde  matériel.  C'est  cet  accord  même,  fait  d'esthétique  et 
de  science,  qui  constitue  la  science  de  l'art  et  qqi  donne  à 
l'œuvre  4o  l'artiste  sa  perfection  suprême. 


Il  est  donc  manifeste  que  si,  dans  le  monde  de  l'idéal, 
l'artiste  ne  relève  que  de  son  inspiration,  il  est  soumis  dans 
le  domaine  de  la  forme  sensible,  aux  lois  de  la  science  et 
aux  règles  de  l'observation.  C'est  pour  avoir  méconnu  cette 
dualité,  que  certains  artistes  se  sont  abstraits  dans  l'esthé^ 
tique,  c'est-à-dire  dans  Tabsolu  qui,  en  art,  est  le  rêve^ 
tandis  que  d'autres,  tombant  dans  une  erreur  opposée, 
n'ont  voulu  voir  que  la  forme  matérielle,  et  se  sont  renfer- 
més dans  le  naturalisme  que  certains  de  nos  peintres  con- 
temporains ont  porté  jusqu'à  ses  dernières  limites. 

Il  ne  peut  cependant  exister  d'art,  dans  la  noble  et  véri- 
table expression  du  mot,  dans  cet  isolement  de  l'esthétiquo 
et  de  la  science. 

Les  vrais  artistes,  ceux  qui  ont  honoré  par  leur  génie 
l'histoire  de  l'humanité,  ont  bien  saisi  cette  vérité, 
et  compris  ce  qui  appartient  dan$  l'art  à  l'obçervation, 
c'est-rà-dire  à  la  réalité  scientifique,  et  ce  qui  se  rattache  à 
la  conception  abstraite  dt)  beau,  c'est-à-dire  à  Tidéal. 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


5  Juillet  i88d 


Slusieurs  jours  et  sa  coloration  peut  subir  des  variations 
ans  i*éclat  et  se  ranimer  après  une  éclipse  incomplète. 

Le  siège  d'élection  est  la  base  du  thorax,  au  niveau  des 
bypochondres,  puis  la  paroi  abdominale.  Elles  apparaissent 
en  général  du  septième  au  neuvième  jour;  souvent  plus 
tardive,  l'éruption  n'a  jamais  été,  dans  nos  observations, 
plus  précoce. 

Lear  nombre  est  des  plus  variables.  Il  est  des  cas  où  par 
leur  abondance  elles  forment  une  véritable  roséole,  ainsi 
que  nous  l'avons  constaté  dans  quarante  et  un  cas  où  neuf 
fois  elles  existaient  aux  membres,  gagnant  la  face  dans  trois 
cas. 

Leur  valeur  au  point  de  vue  du  pronostic  nous  reste 
ignorée. 

Erythèmes  étendus.  —  Nous  avons  constaté  vingt-quatre 
cas  d*érythèmes  étendus  : 

10  fois  réruption  avait  Taspect  nummulaire  de  la  rougeole. 
5  —  était  diffuse  de  coloration  uniforme, 

g  —  avait  l'apparence  scarlatiniforme. 

Dans  cinq  cas  examinés  spécialement  à  ce  point  de  vue? 
nous  avons  noté  la  tran.sformation  progressive  de  Térythème 
nummulaire  en  érythème  scarlatiniforme. 

La  durée  de  l'éruption  fut  de  deux  jours  au  minimum,  le 

S  lus  souvent  de  quatre  à  cinq  jours.  Dans  trois  cas,  elle 
evirit  légèrement  héoiorrbagique. 
L'époque  d'apparition  a  été  : 

Dans    2  cas,  les    6*  et    7*  jours.  Dans  7  cas,  du  16*  au  21*  jour 
—    43  —  du  ll«au15*    -^       —    2  —  les  26*el  28«    — 

.  Dans  les  deux  cas  précoces,  l'érythème  précéda  les  taches 
rosées  qui  ont  été  abondantes  dans  tous.  Nous  comptons 
quatre  cas  mortels. 

En  dehors  de  ces  erythèmes,  on  peut  constater  la 
coexistence  de  fièvres  éruptives  avec  la  fièvre  typhoïde.  Nous 
avons  rencontré  un  cas  de  rougeole  et  un  cas  ae  scarlatine. 

Complications.  —  Nous  ne  ferons  que  signaler  les  plus 
importantes  ou  les  plus  rares,  renvoyant  pour  plus  de  détails 
aux  Bulletins  de  la  Société  médicale  des  hôpitaux  où  notre 
mémoire  est  reproduit  in  extenso. 

Paralysies. — Nous  trouvons  trois  cas  d'hémiplégie  droite 
avec  aphasie.  Un  des  malades  ayant  succombé  plus  tard  à 
une  pleurésie  purulente,  l'autopsie  fit  reconnaître  un 
ranioflissement  du  segment  externe  du  noyau  lenticulaire 
gauche,  de  la  capsule  externe  et  de  la  portion  profonde  des 
fibres  blanches  de  l'insula. 

Pleurésie.  —  Sept  cas,  suivis  de  guérison.  Elle  apparut 

?[uatre  fois  pendant  la  maladie  qu'elle  n'aggrava  pas  et  trois 
ois  dans  la  convalescence. 


Pneumonie.  —  Treize  cas,  dix  décès,  dont  quatre  pneu- 
monies doubles.  Les  pneumonies  mortelles  accompagnèrent 
des  fièvres  déjà  graves.  Les  pneumonies  guéries  ont  été 
contractées  une  fois  pendant  la  maladie,  celle-ci  avec  faible 
épanchement  hémorrhagique,  deux  fois  dans  la  conva- 
lescence. 

Empyème.  —  Cinq  cas,  trois  décès.  L'épanchement  puru- 
lent ftit  toujours  contemporain  ou  consécutif  à  une  pneu- 
monie. Des  deux  guérisons,  Tune  fut  obtenue  par  les 
ponctions  répétées,  l'autre  après  opération  de  l'empyème. 

Thrombose  veineuse.  —  Notée  onze  fois,  elfe  occupait  les 
membres  inférieurs  et  siégeait  neuf  fois  à  gauche. 

L'obstruction  veineuse  apparut  trois  fois  pendant  la 
maladie,  six  fois  dans  la  convalescence,  deux  fois  au  moroenl 
même  où  s'achevait  la  défeiwescence.  Sauf  un  cas  avec 
infarctus  pulmonaire  et  terminé  par  la  mort,  il  s'agissait  de 
fièvres  typhoïdes,  de  gravité  moyenne  ou  sans  gravité. 

Le  siège  le  plus  habituel  du  caillot  obturateur  est  la  veine 
crurale;  mais  on  peut  la  trouver  indemne,  et  le  Ihrombus 
occupe  alors  un  point  plus  élevé,  inti^a-abdominal.  Dans 
l'autopsie  que  nous  avons  faite,  le  thrombus  naissant  aa 
niveau  de  l'arcade  crurale  occupait  la  veine  iliaque  exlerue 
gauche  et  se  prolongeait  dans  la  veine  iliaque  primitive 
jusqu'au  point  où  elle  est  croisée  par  l'artère  iliaque  pri- 
mitive droite. 

La  suite  fréquente  est  l'œdème  du  membre  à  la  moindre 
fatigue.  Nous  avons  constaté  une  myosite  scléreuse  des 
jumeaux  avec  réti*action  du  tendon  d'Achille. 

Hémorrhagie  intestinale.  —  Notée  dans  vingt  cas,  dont 
neuf  mortels.  Elle  a  eu  lieu  : 


Du  18^  au  21^  jours,  dans  0  ca>. 
—  22«  au  25«        —       3  - 


Les  8*  et  ^  jours,  dans    3  cas. 
Le  ii«  —         i  — 

Du  i4«au  16«     ~  i  —' 

Trois  fois  seulement  il  y  eut  répétition  de  l'hémorrhagie. 
L'abaissement  de  la  température  fébrile  a  été  : 

Nul,  dans 12  cas,  dont  6  mortels. 

Faible,  dans 4       —        1       — 

.  Considérable,  dans. ,    A       —       2       — 

L'hémorrhagie  n'exerça  une  action  directe  sur  la  termi- 
naison fatale  que  dans  trois  cas  où  la  mort  suivit  de  prés. 
Dans  les  autres  cas  la  mort  survint  au  milieu  de  phéno- 
mènes ataxo-adynamiques  : 

2  fois  les  5*  et  8*  jours  après  rhémorrhagie. 

2    —    les  lO"  et  U**  jours. 

2    —    par  perforation  intestinale  ultérieure. 

Les  hémorrhagies  intestinales  comportent  un  pronostic 
favorable  quand  elles  sont  l'expression  d'un  trouble  local 


Dans  le  tableau  de  Murillo,  décrit  et  reproduit  par 
M.  Charcot,  et  qui  est  consacré  à  un  des  plus  vulgaires 
épisodes  de  la  pathologie,  les  détails  du  pansement  sont 
interprétés  avec  la  plus  scrupuleuse  fidélité.  Mais  combien 
le  côté  répugnant  de  la  scène  disparait  devant  l'expression 
de  touchante  compassion  et  le  rayonnetnent  d'idéalisme 
infini  que  l'artiste  a  su  donner  au  visage  de  la  Reine  de 
Hongrie  1  Cet  exemple  d'un  sentiment  très  élevé  du  beau, 
coïncidant  avec  la  figuration  très  exacte  cl  très  scientifique 
d'un  ensemble  de  faits  matériels,  est  fréquemment  offert  par 
les  anciens  maîtres,  et  montre  combien  l'observation  très 
scientifique  de  la  nature  est  loin  d'enchainer  l'imagination 
et  la  pensée. 

Ces  brèves  considérations,  qui  ne  sont  peut-être  pas  nou- 
velles, mais  qu'il  était  nécessaire  de  rappeler  ici,  font  com- 
S rendre  l'utilité  et  l'importance   du  nouveau  travail  de 
[M.  Charcot  et  Richer. 
Leur  œuvre  ne  consiste  pas  uniquement  dans  la  produc- 


tion de  nouveaux  documents  destinés  à  servir  à  l'histoire 
de  l'art  et  à  celle  de  la  médecine*  Elle  a  une  portée  plus 
grande  encore  :  elle  inaugure  le  contrôle  technique  dans 
celte  partie  da  l'art  qui  relève  de  la  science  et  la  soumet 
pour  la  première  fois  à  la  pierre  de  touche  scientifique.  Ce 
contrôle  ne  s*accomplit  pas  aux  dépens  de  l'esthétique,  et 
on  aurait  tort  de  s'alarmer  dans  le  monde  des  arts,  du 
nouvel  élément  qui  prend  place  dans  la  critique.  Le  inaitrc 
de  l'Ecole  de  la  Salpêtrière,  le  sévère  et  rigoureux  obser- 
vateur des  phénomènes  morbides  est  aussi  un  esprit  alTiné 
qui  sait  goûter  les  jouissances  supérieures  de  l'esprit  et 
s'élever  aux  conceptions  idéales  de  l'artiste.  Nul  mieux  que 
lui  ne  pouvait  démontrer  dans  une  œuvre  pratique  les  rap* 
ports  des  deux  grandes  manifestations  du  génie  humain, 
établis  par  Léonard  de  Vinci,  et  fixer  le  rôle  et  les  limites 
dans  Tart  de  la  critique  scientifique,  tout  en  tenant  compte 
des  aspirations  élevées  qui  sont  la  consolation  et  la  gloire 
de  l'humanité.     .  D'  Paul  Triaire. 


Juillet  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


~  N*  27  —    43J 


sans  importance.  Deux  de  nos  malades  ont  une  hémorrha- 
gie,  l*un  au  onzième  jour,  Tautre  au  dix-huitième  jour  cl 
entrent  en  convalescence  les  vingtième  et  vingt-deuxième 
jours. 

Mais  le  plus  souvent  l'hémorrhagie  dénonce  une  altération 
du  sang  ou  des  vaisseaux  et  implique  un  état  sérieux,  comme 
rindiquenl  la  température  élevée  et  Jes  complications 
multiples,  et  le  pronostic  devient  sévère. 

L'hémoirhagie  n'a  point  pour  origine  forcée  Tulcération 
des  plaques  de  Peyer.  Nos  autopsies  nous  montrent  deux  cas 
où  le  gros  intestin  contenait  seul  du  sang  et  où  le  bord  libre 
de  la  valvule  iléo-cœcale,  très  congestionnée,  présentait 
quelques  petits  points  ecchymotiques  qui  avaient  été  le  lieu  de 
départ  de Thémorrbagie.  Il  n'existait,  chez  un  des  malades, 
aucune  ulcération  des  plaques  de  Tinlestin. 

Perforation  intestinale.  —  Constatée  dans  six  cas,  dont 
deux  avaient  eu  antérieurement  une  hémorrhagie  intesti- 
nale, l'un  quatre  jours  avant,  l'autre  vingt-trois  jours. 

La  perforation  s'est  faite  aux  (juatorzième,  seizième, 
vingt  et  unième,  vingt-deuxième,  vingt-sixième  et  Irenle- 
qualrièmc  jours  de  maladie.  La  mort  par  périlonite  consé- 
cutive arriva  le  lendemain  ou  le  surlendemain,  sauf  dans 
un  cas  où  elle  eut  lieu  six  jours  après. 

L'autopsie  a  été  pratiquée  dans  cinq  cas.  Quatre  fois 
on  trouvait  une  plaoue  noire  ulcérée,  gangreneuse,  au 
niveau  de  laquelle  l'intestin  très  aminci  présentait  une 
très  petite  ouverture  à  bords  déchiquetés. 

Dans  le  cinquième  cas  la  perforation  était  survenue  tar- 
divement au  trente-quatrième  jour  de  la  maladie.  Il  existait 
une  large  ouverture  de  la  dimension  d'une  pièce  de 
50  centimes,  taillée  comme  à  Temporte-pièce  et  qui  résul- 
tait de  la  chute  d'une  eschare  épaisse  comme  on  pouvait 
s'en  rendre  compte  par  l'existence  d'eschares  semblables, 
prêtes  à  se  détacher,  au  niveau  des  plaques  de  Payer  voi- 
sines. 

Un  double  processus  conduit  donc  à  la  perforation  intes- 
tinale, l'un  analogue  à  la  gangrène  humide  de  désintégra- 
tion moléculaire,  l'autre  comparable  à  la  gangrène  sèche 
iVescharification. 

Orchite.  —  Trois  cas  survenus  dans  la  convalescence 
de  fièvres  sans  gravité.  Deux  fois  l'épididyme  fut  seul 
atteint  et  les  malades  restèrent  apyréliques.  Le  troisième 
malade  eut  une  orchite  à  droite,  qui  fut  fébrile  et  dura 
huit  jours. 

Périostite. — Un  cas  de  périoslite  des  tibias  dans  la  con- 
valescence d'une  fièvre  grave  avec  hémorrhagie  intesti- 
nale. 

Erysipèle^  —  Nous  comptons  neuf  cas  d'érysipèle  de  la 
tète  dont  trois  décès  ;  l'un  par  sphacèle,  l'autre  par  pro- 
pagation au  pharynx,  le  troisième  par  adynamie. 

Abcès  et  phlegmons.  —  Nous  signalerons  deux  abcès 
consécutifs  à  une  myosite  du  muscle  grand  droit  de  l'ab- 
domen dans  un  cas,  et  à  une  myosite  du  deltoïde  dans 
l'autre;  deux  phlegmons  périparotidiens  dont  l'un  suivi 
de  guérison;  un  abcès  némorrhagique  de  la  joue;  un 
abcès  du  foie  mortel  et  paraissant  avoir  eu  pour  origine 
des  ulcérations  des  follicules  clos  du  gros  intestin;  trois 
cas  de  phlegmon  diffus  limités  exactement  à  la  région 
cubitale  des  avant-bras,  gauche  dans  un  cas,  droite  dans 
deux  autres.  Ils  paraissent  avoir  été  un  épiphénomènc 
sans  action  directe  sur  la  terminaison  fatale. 

Thérapeutique.  —  Nous  avons  communément  employé 
le  sulfate  de  quinine  associé  au  salicylate  de  soude  sui- 
vant la  méthode  que  nous  avons  exposée  dans  une  commu- 
nication antérieure  (Bulletins  et  mémoires  de  la  Société 
médicale  des  hôpitaux,  année  1883)  ;  nous  n'y  reviendrons 
pas. 

Les  bains  tièdes  nous  ont  donné  de  bons  résultats  dans 
le  cas  de  délire  actif.  Ils  ont  échoué  dans  la  forme  ataxique 
primitive  dont  Jaccoud  a  proclamé  la  gravité  irrémissible. 


Notre  principal  objectif  a  été  de  soutenir  les  forces  du 
malade  par  une  alimentation  appropriée  ;  le  vin  de  Cham- 
pagne frappé  nous  a  rendu  des  services  dans  les  cas  graves. 
C'est  aussi  dans  le  but  de  lutter  contre  la  dépression  des 
forces  que  nous  avons  usé  des  injections  sous-cutanées 
d'éther. 

L'alimentation  réglée  des  malades,  aidée  d'une  bonne 
aération  et  de  soins  vigilants  de  propreté,  nous  paraît  être 
le  plus  grand  des  progrès  réalisés  dans  le  traitement  de  la 
fièvre  typhoïde  ;  on  lui  doit,  croyons-nous,  la  rareté  des 
escharres  de  décubitus  commiunes  autrefois,  la  disparition 
de  la  febris  carnis  au  début  de  la  convalescence,  et  un 
abaissement  réel  dans  le  chiffre  de  la  mortalité. 

L'action  de  falimentation  est  telle  que  dans  les  cas  pro- 
longés il  suffit,  lorsque  les  fonctions  de  l'intestin  sont 
redevenues  normales,  de  la  rendre  plus  substantielle  pour 
voir  tomber  aussitôt  la  fièvre. 

Mortalité.  —  Le  chiffre  des  décès  est  de  82  pour  871 
malades;  soit  dans  la  proportion  de  9,5  pour  100.  Elle  est: 

De    8,5  pour  100  pour  les  malades  militaires,  en  Algérie. 

9,4  pour  100  —                          en  France. 

9,2  pour  100  —                          en  totalité. 

13,3  pour  100  —-        civils. 

La  mortalité  comme  on  peut  le  voir  par  notre  premier 
tableau  a  varié  suivant  les  années.  En  1883  nous  ne  per- 
dons aucun  de  nos  dix-neuf  malades,  et,  pour  les  autres 
années,  la  proportion  des  décès  a  été  au  minimum  de 
6  pour  100  et  au  maximum  da  15  pour  100. 

Dans  une  même  année  on  constate  aussi  des  différences 
notables  dans  la  iéthalité.  A  un  moment  donné,  avec  les 
mêmes  apparences  de  gravité,  la  guérison  est  la  règle;  à 
une  autre  époque  surviennent  des  morts  inattendues.  Les 
complications  elles  aussi  se  présentent  par  séries;  en  1888 
nous  perdons  cinq  malades  par  pneumonie,  du  21  août  au 
16  octobre. 

D'autre  part  le  professeur  de  Lille,  Arnould,  médecin 
inspecteur  de  l'armée,  a  fait  ressortir  la  gravité  fréquente 
des  cas  isolés  ou  espacés. 

C'est  pourquoi  une  statistique  doit  être  intégrale  et  com- 

5 rendre  l'année  entière,  et  faut-il  user  d'une  grande  réserve 
ans  1  appréciation  des  résultats  thérapeutiques,  surtout 
quand  Tobservation  faite  pendant  un  temps  limité  porte  sur 
un  petit  nombre  de  cas. 

Tanlôt  la  mort  a  paru  résulter  de  l'intensité  même  de 
la  maladie  et  l'époque  du  décès,  fréquente  du  douzième  au 
vingtième  jour,  a  varié  dans  les  limites  du  septième  au 
trente-deuxième  jour.  Parmi  les  morts  précoces  nous 
comptons  quatre  cas  de  fièvre  ataxique  primitive. 

Nous  notons  deux  morts  subites  l'une  au  dixième  jour, 
l'autre  au  quinzième  jour.  Ce  dernier  avait  une  symphyse 
pleurale  droite  ancienne  et  les  plaques  de  Peyer  n'étaient 
pas  ulcérées. 

Tantôt  la  mort  parait  influencée  ou  déterminée  par  l'un 
des  facteurs  de  gravité  suivants  :  propathies,  infections 
surajoutées  et  complications.  Quant  à  l'élévation  de  la 
température,  elle  est  aussi  bien  indice  que  cause  de  la  gra- 
vité de  la  maladie. 

Parmi  les  infections  surajoutées  et  les  complications, 
les  premiers  rangs  appartiennent  à  la  pneumonie  (dix  cas), 
aux  hémorrhagies  intestinales  (neuf  cas)  et  aux  perforations 
intestinales  (six  cas). 

La  proportion  des  cas  compliqués  est  considérable,  elle 
est  de  trente-huit  pour  quarante-quatre  cas  simples,  et 
pour  la  France  seule  elle  est  de  vingt-neuf  cas  pour 
cinquante-sept  décès,  ce  qui  tient  à  la  fréquence  de  la 
pneumonie,  l'Algérie  n'en  comptant  qu'un  cas. 

Les  propathies  dont  le  rôle  important  comme  facteur  de 
gravité  a  été   mis  en  relief  par  Verneuil  et  L.  11.  Petit, 


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5  Juillet  1889 


nous  paraissent  avoir  une  action  considérable  sur  la 
HM>rtal]té  en  engendrant  rataxo-adynamie,  le  collapsus, 
les  héiQorrhagieSy  les  localisations  pulmonaires  graves. 

Sur  ciniiaante-deux  autopsies  nous  constatons  dix-huit 
fois  d'anciennes  altérations  d'organe,  soit  :  huit  fois  des 
adhérences  pleurales  étendues;  une  fois  une  symphyse 
cardiaque  ;  une  fois  des  lésions  du  foie  et  huit  fois  du 
rein,  oue  leur  étendue  montrait  préexistantes  à  la  maladie 
actuelle. 

Dans  seize  autopsies  nous  notons  Tabsence  des  ulcéra- 
tions des  follicules  isolés  ou  agminés  de  l'intestin.  Les 
plaques  de  Peyer  étaient  en  état  d^infiltration  molle  ou 
réticulée;  et  dans  les  cas  où  la  mort  tardive  était  le  résul- 
tat d'une  complication,  la  régression  de  l'infiltrat  étant 
achevée,  un  dépôt  noir  de  pigment  colorait  les  plaques 
qui  avaient  été  malades. 

L'ulcération  des  follicules  n'est  donc  pas  constante,  et 
c'est  parce  que  la  lésion  se  borne,  dans  un  grand  nombre 
de  cas,  à  un  simple  infiltrât  que  la  maladie  peut  être 
écourtée  et  la  guérison  rapide.  On  ne  saurait  comprendre 
autrement  l'existence  des  cas  tout  à  fait  écourtés  et  atté- 
nués qui  ne  présentent  du  reste  aucun  météorisme  abdo- 
minal. 

De  même,  la  prolongation  de  certains  cas  de  fièvre 
t^pho!de  non  compliqués  peut  s'expliquer  par  la  répara- 
tion plus  ou  moins  lente  des  ulcères  intestinaux. 

Nous  n'avons  rien  de  spécial  à  dire  sur  la  fièvre  typhoïde 
en  Algérie; tout  au  plus  pourrions-nous  signaler  quelques 
accès  intermittents  dans  la  convalescence  chez  cranciens 
paludéens. 

Les  suites  éloignées  de  la  fièvre  typhoïde  et  l'influence 
des  propathies  qu'elle  a  créées  dans  l'organisme  sur  les 
maladies  subséquentes  formeraient  deux  chapitres  impor- 
tants, mais  nos  documents  sont  trop  peu  nombreux  pour 
nous  permettre  de  les  aborder.  Nous  avons  constaté  peu 
après  la  fièvre  typhoïde  une  scarlatine  hémorrhagique,  des 
tuberculoses  locales  et  pulmonaires,  une  atrophie  muscu- 
laire, et  nous  savons  qu'un  de  nos  malades  eut  un  abcès 
du  foie  au  cours  de  sa  convalescence. 


CORRESPONDANCE 

A  MONSIEUR  LE  RÉUACTEUR  EN    CHEF  DE  LA   C   GAZETTE 
HEBDOMADAIRE  >. 

M.  le  docteur  Labonne,  dans  une  note  concernant  le 
tétanos  des  nouveau-nés  en  Islande  (voy.  Gazette  heboma- 
daire^  n""  i2,  11  janvier  1889),  dit  oue  cette  maladie  détruit 
littéralement  la  population  des  Westmann,  tlots  situés  à 
deux  milles  au  sud  ae  l'Islande.  Permettez-moi,  Monsieur 
le  rédacteur  en  chef,  de  présenter  à  ce  sujet  quelques  ré- 
flexions. 

Le  tétanos  était  auparavant  très  commun  à  Westmann; 
mais  il  a  peu  à  peu  diminué  et  est  actuellement  rare.  Depuis 
l'année  1875-1877, 179  individus  sont  nés  à  Westmann  et 
durant  cette  période  12  enfants  sont  morts  de  trismus,  La 
population  de  Westmann  se  composait  de  591  habitants. 

En  Islande,  on  ne  trouve  le  trismus  qu'en  deux  lies,  Tune 
située  au  sud,  l'autreau  nord  de  l'Islanae,  ce  sont  Westmann 
et  Grimsey,  Ile  située  dans  la  mer  Glaciale,  six  milles  au 
nord  de  l'Islande.  Selon  M.  Pinsen,  médecin  islandais,  la 
population  de  Grimsey  se  composait  en  1860  de  60  habi- 
tants, et  ordinairement  3  enfants  naissaient  chaque  année, 
sur  lesquels  i  mouraient  la  première  semaine  après  la 
naissance;  on  voit  ainsi  que  la  mortalité  est  énorme  à 
Grimsey.  Le  docteur  Finsen  fait  remarquer  que  la  condition 
sociale  est  la  même  dans  les  deux  lies  et  il  pense,  comme 
Schleisner,  que  l'usage  d'oiseaux  comme  comoustiblea  une 
grande  influence  sur  le  développement  de  U  n^aladie,  que 


l'air  impur  des  cabanes,  imprégné  de  fumée,  irrite  la  plaie 
du  cordon  ombilical  après  la  naissance.  Mais  M.  Fiosen 
insiste  aussi  qu'il  doit  y  avoir  quel(^ue  chose  de  spécial  qui 
entraine  une  orédisposition  au  trismus  dans  les  Iles  de 
Westmann  eturimsey.  LedocteurJônassen,  de  Westmann, 
me  dit  que  le  sysselmand  (le  maire)  de  Westmann,  un 
Danois  qui  habite  une  maison  très  propre,  a  Tannée  passée 

[lerdu  un  enfant  de  trismus;  ainsi  on  ne  peut  pas  attribuer 
a  maladie  seulement  à  la  malpropreté  des  habitants. 

La  véritable  cause  de  la  maladie  parmi  la  population  de 
Westmann  et  Grimsey  est  sans  doute  un  agent  spécifique, 
probablement  de  nature  bactérienne,  qui  se  dépose  sur  la 

[ilaie  du  cordon  ombilical  des  nouveau-nés.  Mais  quelle  est 
'origine  de  cette  bactérie? 

J.  JÔNASSEN,  D.  M., 
Médecin  en  chef  de  l'hôpilal  de  He)Kiavik. 

Reykjavik  d'Islande,  25  juin  1889. 


REVUE  DES  CONGRÈS 

Trotoléne  Confrès  des  médeelns  russes. 

(Suite.  —  Voyez  le  numéro  26.) 

Trépanation  de  l*apophyse  mastoïde,  par  M.  L.-J.  Mitzkuner 
(de  Saint-Pétersbourg).  —  L'auteur  a  fait  de  nombreuses  coupes 
à  la  scie  du  temporal  pour  chercher  en  quel  point  il  faut  tré- 

fmner  de  façon  à  parvenir  dans  la  caisse  du  tympan  sans  léser 
e  sinus  transverse.  11  conseille  de  trépaner  dans  la  petite  fos- 
sette située  entre  la  base  de  Tapophyse  mastoïde  et  la  ligne 
temporale.  C'est  un  point  toujours  facile  ù  déterminer  et: 
1°  cest  le  chemin  le  plus  court  pour  atteindre  le  foyer  purulent; 
2°  on  ne  risque  pas  de  blesser  le  sinus  ;  3°  une  fois  le  foyer 
ouvert,  on  peut  aller  à  une  grande  profondeur  sans  craindre'de 
violenter  le  canal  de  Fallope,  le  canal  semi-circulaire  horizontal 
et  les  vaisseaux  voisins.  Mitzkuner  a  appliqué  cette  méthode 
deux  fois  sur  le  vivant. 

Calculs  vésicaux.  —  M.  J.-F.  Sematzki  (de  Saint-Péters- 
bourg) a  étudié  la  taille  hypogastrique.  Il  insiste  sur  la  néces- 
sité des  pratiques  suivantes  :  introduire  un  ballon  rectal; 
distendre  la  vessie;  faire  une  incision  rigoureusement  verticale; 
fixer  la  vessie  à  Taide  d*anses  de  fil  (Kolomnin)  et  non  à  Taide 
de  crochets.  La  suture  de  la  vessie,  à  deux  étages,  suivant  le 
procédé  de  Tiling,  doit  être  tentée;  on  draine  Tangle  inférieur 
de  la  plaie  fiariétale  et  l'on  met  dans  la  vessie  une  sonde  â 
demeure  gui  n'y  restera  pas  moins  de  douze  jours  chez  les 
adultes.  S*il  y  a  catarrhe  vésical  ou  suppuration  péri-vésicale,  on 
ne  fera  pas  la  réunion,  mais  on  introduira  deux  tubes  pour 
drainer  la  vessie.  Les  indications  de  la  taille  sont:  1*  du  côte  de 
la  fièvre  :  volume,  dureté,  enchatonnement  et  enkyslement, 
multiplicité  ;  2**  du  calé  des  oraanes  urinaires:  imperméahililé 
du  canal,  suppuration  dans  le  tissu  cellulaire^  hypertrophie 
prostatique,  soupçon  de  néoplasme. 

M.  N.'W,  Solomka  a  fait  sur  le  môme  sujet  un  travail  fondé 
sur  Tanalyse  de  491  opérations  russes,  qu'il  divise  en  deux 
groupes:  h  avant  Vantisepsie,  62  cas,  38  guérisous,  23  morts, 
1  inconnu.  Ces  faits  concernent  30  sujets  d'un  à  cinq  ans; 
8  de  cinq  à  dix;  9  de  dix  à  quinze  ;  2  de  quinze  à  vingt;  â  de 
trente-deux  ans;  1  de  quarante  ans;  1  de  soixante-dix  ans.  On  y 
compte  huit  filles.  Le  poids  de  la  pierre  varie  de  i  à  328  grammes. 
Les  causes  de  la  mort,  inconnues  dans  4  cas,  sont  pour  les 
autres:  6  péritonites,  1  hémorrhagie,  2  pyélonéphrites,  »)  péri- 
cystites  et  péritonites,  1  péricystite  et  pyélonephrite,  i  péri- 
cystite,!  cystite  et  entérite,  i  pneumonie,!  erysipèle,!  marasme. 
Si  on  élimine  les  causes  non  spéciales  (erysipèle,  puenmonie, 
marasme,  entérite),  on  a  30  pour  100  de  mortalité,  ce  qui  ("'^^  ^ 
peu  près  la  proportion  donnée  par  les  autres  auteurs  (Dulles, 
Tuffier);  2'»  depuis  Vantisep&iey  i2i  opérations,  dont  une  femme 
et  onze  filles.  Les  cas  sont  divisés  en  six  catégories  :  fl.  vfssi> 
à  peu  prc»s  normale,  226  cas  avec  22  morts  ;  b.  légère  lésion 
vésicale,  67  cas,  !0  morts  ;  c.  cystite  nette,  polyune,  albumi- 
nurie, amaigrissement,  fièvre,  66  cas,  !7  morts;  (î.  récidives  de 
pierres,  8  cas,  8  morts  ;  e,  calculs  vésieo-prostatiques,  encha- 


5  Juillet  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


W  27  —    436 


toDDéSy  complimiés  de  tumeurs,  25  cas,  i  morts  ;  f.  oas  de  ren- 
seignements, 3z  cas,  6  morls.  Si  l'on  tient  compte  de  VàgCy  on 
trouve  120  enfants  d'un  à  cinq^  ans  (17  morts);  117  de  cinq  à 
dix  ans  (10  morts)  ;  43  de  dix  à  quinze  ans  (6  morts)  ;  23  de  quinze 
à  vingt  (3  morls),  30  de  vingt  à  vingt-cinq  ans  (5  morts);  18  de 
vingt-cinq  à  trente  ans  (1  mort);  6  de  trente  à  trente*cinq  ans 
(2  morts);  5  de  trente-cinq  à  quarante  ans  (1  mort);  i  de  qua- 
rante à  quarante-cinq  ans  (3  morts)  ;  12  de  quarante-cinq  à 
soixante  ans  (3  morts)  ;  1 1  de  soixante  ans  et  au-dessus  (3  morts)  ; 
35  inconnus  (5  morts).  Le  poids  a  varié  de  2  à  545  grammes  ; 
390  fois  il  n'y  avait  qu'une  seule  pierre.  La  plupart  des  opéra- 
tions ont  été  faites  sans  ballon  rectal.  Les  complications  sont 
6  lésions  de  péritoine  (2  morts)  ;  29  hémorrhagies  sérieuses 
(2  morts);  33  difficultés  d'extraction  (15  morts)  ;  14  lithotrities 
(4  morls).  Après  la  suture,  il  y  a  7  morts,  dont  4  en  relation 
directe  avec  l'opération.  69  sutures  totales,  48  sutures  partielles 
de  la  vessie.  Les  sutures  totales  sont  au  nombre  de  38  dans  la 
première  catégorie  de  faits  (20  succès).  Au  total,  la  suture  a 
réussi  dans  34,8  pour  100  des  cas.  La  suture  doit  être  faite  au 
catgut;  les  fils  de  soie  ont  causé  parfois  des  fistules  persistantes 
et  d'autre  part  une  fois  tombés  dans  la  vessie  ils  peuvent  s'y 
incruster.  Après  suture,  il  faut  mettre  une  sonde  à  demeure. 
Si  maintenant  on  étudie  la  mortalité  générale,  on  la  trouve 
(élimination  faite  de  12  cas)  de  11,1  pour  100,  dont  8,1  pour  les 
faits  de  la  première  catégorie,  et  18,1  pour  lOO  pour  ceux  des 
cinq  autres.  La  mortalité  est  donc  considérablement  améliorée. 
Quant  aux  c  perfectionnements  >  opératoires  de  Rydygier,  de 
Laugenbuch,  ils  ne  peuvent  que  discréditer  Topération. 

M.  N.-W.  Solomka  (de  Tiflis)  conseille  la  suture  après  la 
taille  périnéale  médiane  lorsque  l'urine  n'est  pas  pathologique, 
lorsque  la  pierre  a  été  enlevée  entièrement  et  sans  contusion 
des  tissus.  (lette  suture  se  fait  en  trois  étages  :  un  pian,  au 
catcut,  sur  la  paroi  uréthrale;  puis  pour  les  autres  parties 
raoTles,  un  plan  profond  et  un  plan  superficiel. 

M.  5.  Ssubotin  (de  Charkow)  fait  un  plaidoyer  en  faveur  de  la 
lithotritie  contre  la  taille. 

(A  suivre.) 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Académie  4ce  •elenee». 

Recherches  montrant  que  la  mort  par  inhalation  du 

POISON  QUE  CONTIENT  I/AIR  EXPIRÉ  n'EST  PAS  ACTIVÉE  PAR 
LES  ÉMANATIONS  DE  VAPEURS  PROVENANT  DE  l'uRINE  ET 
DES  MATIÈRES  FÉCALES  DES  ANIMAUX  SOUMIS  A  CETTE  INHA- 
LATION, par  MM.  Brown-Séanard  et  d'Anonval.  —  On 
n'a  pas  oublié  les  remarquables  expériences  à  Taide  des- 

aueiles  MM.  Brown-Séquard  et  d*Arsonval  ont  prouvé  Tin- 
uence  toxique  de  l'air  expiré. 

Dans  la  nouvelle  note  que  ces  savants  présentent  aujour- 
d'hui à  l'Académie  des  sciences,  ils  se  sont  efforcés  de 
prouver  que  l'acide  carbonique  de  l'air,  à  la  dose  de  G  à 
8  pour  100,  reste  inolTensif  et  que  la  présence  de  ce  gaz  ne 
peut  être  incriminée.  Us  ont  essayé,  de  plus,  de  faire  voir 
(^ue  les  émanations  qui  proviennent  de  l'urine  et  des  ma- 
tières fécales  rendues  par  les  animaux  ne  sont  {)our  rien 
dans  les  accidents  observés.  A  l'aide  d'un  dispositif  Sj.écial 
ils  ont  pu  faire  respirer  à  un  gros  lapin  tout  l'air  qui  a 
passé  sur  le  liquide  contenant  les  déjections  de  six  autres 
lapins  placés  dans  les  étuves  où  cinq  d'entre  eux  respirent 
de  l'air  expiré. 

Or  ce  lapin  est  resté  sans  trouble  apparent,  pendant  près 
de  trois  mois,  dans  la  cage  où  arrivait  de  l'air  fortement 
chargé  des  émanations  que  l'on  supposait  être  toxiques.  11 
est  clair,  conséc|uemment,  qu'elles  ne  l'étaient  pas  et  qu'il 
n'est  plus  possible  de  considérer  une  quantité  considéra- 
blement plus  minime  de  ces  émanations  comme  contribuant, 
à  un  degré  quelconque,  à  causer  la  mort  si  rapide  des  ani- 
maux soumis  à  la  respiration  d'air  expiré. 


Académie  4e  nsédeelBe. 

SÉANCE  DU  2  JUILLET   1889.    ^  PRÉSIDENCE 
DE  M.   MAURICE  PERRIN. 

M.  lo  minisire  de  rinslruclion  publique  tnin»inel  les  testament  et  codicille 
psr  lesquels  M.  Nativelle,  en  son  vivant  pharmacien  à  Boury-la-Reioe,  a  lë^uë  à 
l'Académie  une  somme  de  10000  francs  pour,  avec  les  intérêts  de  celte  tomme, 
fonder  un  prix  annuel  qui  sera  décerné  an  meilleur  mémoire  ayant  pour  but  l'ex- 
traction du  principe  actif,  défini,  cristalliié,  non  encore  isolé  d'une  substance 
médicamenteuse. 

MM.  les  docteurs  Horteloup,  Nicaise,  Périer  et  Riehelol  se  portent  candidats  à 
la  place  déclarée  vacante  dans  la  section  de  médecine  opératoire. 

M.  Albot,  étudiant  en  médecine  à  Toulon,  ei^voie  un  PUeseketé  dont  le  dépôt 
est  accepté. 

MM.  les  docteurs  Geêchwind,  médecin-m^or  an  2«  tirailleurs,  Sieard,  médecin 
des  hôpitaux  de  Béziers,  Fietsinger  (à  Oyonnax,  Ain),  Chabenat  (à  La  ChAtre), 
Jenot  (à  Dercy),  Tartiire,  médecin-major  au  8*  hussards,  adressent  des  mémoires 
sur  diverge»  épidémiei  qu'ils  ont  observées. 

M.  le  docteur  Couëtan,  médecin-major  de  1'*  classe  au  12S*  de  ligne,  envoie 
une  Note  complémentaire  sur  Ui  divene»  formes  de  la  tuberculote  dant 
l'armée. 

MM.  les  docteurs  de  WeUing  (à  Rouen).  Laureni,  médecln-migor  de  i'*  classe 
au  29*  d'artillerie,  Delobel  (k  Noyon)  et  Deeehampt,  adressent  des  rapporta  sur 
lu  vûccinatiùm  et  lee  revaecinationt  qu'ils  ont  pratiquées  en  1888. 

M.  le  docteur  Goldschmidt  (à  Strasbourg)  envoie  un  mémoire  manuscrit  sur  la 
vaeeine  obligatoire  et  la  vaccine  animale. 

MM.  les  docteurs  Ledé,  Bertrand  (à  CbâIon-sur-Saône)  et  Lavergns  {à  Nevers) 
•dressent  divers  travaux  concernant  Yhugièiu  de  Venfance. 

M.  le  docteur  Blanc  envoie  un  mémoire  sur  l'histoire  et  les  propriétés  médi- 
cales de  VétablUsement  thermal  d'Aixles-Bains  de  1789  à  1889. 

M.  le  docteur  Nicolas  adresse  plusieurs  brochures  sur  le  traUementie  la  tuber^ 
eulosê  au  Mont-Dore. 

M.  Brouardel  présente  la  4«  édition  du  Manuel  pratique  des  maladies  de  l'en- 
fance, par  MM.  les  docteurs  d'£spine  etPtcof  (de  Genève). 

M.  Féréol  dépose:  1«  de  la  part  de  M.  le  docteur  SpiUmann  (de  Nancy)  et  de 
son  collaborateur,  M.  le  docteur  Hanshalter,  un  travail  inUtulé:  Reeherehes  sur 
Vactioti  thérapeutique  de  la  coronUle  dans  les  affections  cardiaques:  S*  plusieurs 
brochures  de  M.  Lallemand  sur  l'assistance;  3*»  au  nom  de  M.  le  docteur  Gros 
(d'Alger),  des  observations  i^ahcès  et  de  kyste  hydalique  trilobulaire  du  foie, 
ainsi  qu'un  tableau  stfnoplique  par  le  diagnostic  des  maladies  de  la  poitrine. 

M.  Laboulbine  présente  un  ouvrage,  en  langue  grecque,  do  M.  lo  docteur 
CMiomtrtJ  (d'Athènes)  sur  Vophtkalmologie  et  l'otologie  des  ancteiM  Grecs  dès 
les  temps  les  plus  reculés  jusqu'à  Hippocrate. 

M.  Lagneau  dépose  un  ouvrage  de  M.  le  docteur  CotUneau  sur  Vhygiéne  à 
l'école. 

M.  Charpentier  fait  hommage  du  premier  volume  de  la  seconde  édition  do  son 
Traité  d'accouchements. 

Prescription  des  antiseptiques  paq  les  sages-femmes. 
—  A  la  suite  d*une  demande  officiellement  adressée  à  TÂca* 
demie  sur  le  point  de  savoir  s'il  convient  de  permettre 
aux  sages-femmes  de  prescrire  les  antiseptiques,  M.  Budin 
propose,  au  nom  d'une  Commission,  de  n'autoriser  les 
pharmaciens  qu'à  délivrer  des  solutions  aqueuses  conte- 
nant de  1  à  4  pour  100  d'acide  boric^ue  et  de  1  à  5  pour  100 
d'acide  phénique,  sur  la  prescription  d'une  sage-femme^ 
prescription  datée  et  signée. 

Celte  proposition  est  renvoyée  à  la  Commission,  à  laquelle 
MM.  Brouardel,  Tarnier  et  Nocard  seront  adjoints,  après 
un  court  débat  dans  lequel  MM.  Brouardel^  Tarnier  et 
Charpentier  soutiennent  que  Timportance  de  l'antisepsie 
obstétricale  est  telle  qu'il  y  a  lieu  de  permettre  aux  sages-  • 
femmes  d'employer  tous  les  antiseptiques  sans  exception, 
de  les  prescrire  en  cas  de  besoin  et  même  d'en  posséder  à 
leur  domicile  s'il  n'y  a  pas  de  pharmacien  dans  la  localité 
où  elles  exercent.  Ils  estiment,  d'autre  part,  que  les  anti- 
septiques dont  la  prescription,  aux  termes  de  la  proposition 
de  la  Commission,  serait  seule  permise,  sont  insuffisants 
dans  la  pratique  des  accouchements  et  qu'il  convient  de  ne 
pas  entraver  l'usage  d'antiseptiques  plus  efficaces,  actuelle- 
ment usités  ou  à  connaître.  —  M.  Gtiéntot craint  qu'il  ne  soit 
pas  sans  danger  de  laisser  entre  les  mains  des  sages-femmes 
des  produits  antiseptiques,  ni  surtout  de  s'exposer  à  ce  que 
ces  produits  soient  abandonnés  chez  des  gens  ignorants.  — 
Il  faut  aussi  mieux  instruire  les  sages-femmes,  fait  observer 
M.  Léon  Le  Fort. 

Intoxication  arsenicale.  —  M.  Brouardel  lit,  au  nom 
de  M,  Gabriel  Pouchet    et    au    ?ien,   un   ipéinoire  sur 


436 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


5  Juillet  1889 


quelques-uns  des  symplômes  de  Tintoxicalion  arsenicale 
aifçuë  et  chronique,  ainsi  qtie  sur  les  modes  et  la  durée  de 
rélifninalion  hors  du  corps  humain  de  Tarsenic  et  de  ses 
composés.  Les  recherches  cliniques  iet  chimiques,  dont  ce 
mémoire  rend  compte,  ont  été  faites  à  Toccasion  de  récentes 
affaires  médico-légales.  On  peut  diviser  les  symptômes 
observés  suivant  auatre  périodes,  caractérisées  la  première 
par  de$  troubles  digestifs  ;  la  seconde  par  des  éruptions 
cutanées  et  du  catarrhe  laryngo-bronchique  ;  la  troisième 
par  des  troubles  de  la  sensibilité  et  la  quatrième  par  des 
paralysies.  La  guérison  est  fréquente,  mais  très  lente 
lorsque  la  paralysie  est  constituée;  la  mort  survient  le  plus 
souvent  par  le  cœur,  mais  elle  peut  aussi  se  produire  p  ir 
un  autre  mécanisme.  La  quantité  de  poison  ingérée  peut 
n*élre  pas  suffisante  pour  déterminer  la  mort  dans  les 
quelques  jours  qui  suivent  son  absorption.  Le  poison  peut 
même  avoir  le  temps  de  s'éliminer,  mais  les  modifications 
anatomiques  survenues  dans  les  cellules  hépatiques,  rénales 
et  dans  les  fibres  musculaires,  survivent  à  sa  présence  et  la 
mort  en  est  la  conséquence  par  un  processus  qui  peut  se 
comparer  à  celui  de  Tintoxication  alcoolique.  H  importe,  on 
le  conçoit,  de  bien  connaître  les  moyens  de  diagnostiquer 
l'intoxication  arsenicale  pendant  la  vie.  Tout  d  abord  le 
médecin  doit  faire  analyser  les  urines.  Il  faut  qu'il  les 
recueille  lui-même  pour  éviter  une  substitution.  La 
.recherdie  de  l'arsenic  dans  les  urines  ne  présente  aucune 
difficulté  et  elle  constitue  un  précieux  moyen  de  contrôle, 
car  Tarsenic  existe  dans  Purine  non  seulement  quelques 
ininutes  après  l'ingestion,  mais  encore  lorsque  celle  inges- 
tion a  cessé  depuis  un  temps  relativement  long  (quarante 
jours  dans  une  observation  du  docteur  Gaillard).  On  peut  en 
outre  faire  couper  les  cheveux  et  la  barbe  pour  y  faire  la 
même  recherche. 

.  Ces  résultats,  applicables  en  clinique,  sont  d'ailleurs 
expliqués  par  ceux  que  M.  Pouchet  a  obtenus  par  des  ana- 
lyses chimiques  :  quel  que  soit  le  mode  d'introduction  de  la 
substance  toxique,  ingestion  gastro-intestinale,  jnjeclion 
hypodermique  ou  intraveineuse,  l'arsenic  s'accumule  très 
sensiblement  dans  le  tissu  spongieux  des  os  et  s'y  fixe  de 
telle  façon  que  sa  présence  peut  être  décelée  dans  les  os  du 
crâne  et  les  vertèbres  notamment,  quelque  temps  après  que 
toute  trace  du  poison  a  disparu  des  viscères  dans  lesquels 
il  se  localise  en  plus  grande  quantité,  tels  que  le  foie.  Celte 
localisation  dans  le  tissu  spongieux  est  particulièrement 
nette  et  intense  lorsque  l'arsenic  est  absorbé  par  petites 
doses  longtemps  prolongées.  C'est^  au  contraire,  plutôt  dans 
les  os  riches  en  tissu  compact  que  l'arsenic  se  retrouve 
lorsque  le  poison  a  été  absorbé  à  doses  capables  de  déter- 
miner en  quelques  heures  des  accidents  sérieux.  L'arsenic 
ainsi  localisé  est  éliminé  avec  une  grande  lenteur  et,  sur  un 
certain  nombre  d'animaux,  on  retrouve  des  traces  niettement 
appréciables  d'arsenic  jusqu'à  huit  et  dix  semaines  après  la 
cessation  de  toute  absorption  arsenicale. 

La  recherche  de  Tarsenic  dans  les  différents  viscères  des 
animaux  sacrifiés  a  conduit,  au  contraire,  à  des  résultats 
absolument  négatifs,  en  général  à  partir  de  la  troisième 
semaine*  L'expérimentation  sur  les  animaux  a  permis  éga- 
lement de  constater  une  élimination  assez  intense  de 
l'arsenic  par  la  peau  et  les  poils  sur  les  chiens  et  les  lapins. 
Ces  conclusions,  jusqu'ici  purement  expérimentales,  ont  été 
confirmées  par  les  recherches  toxicologiques  faites  au  sujet 
des  empoisonnements  du  Havre.  La  présence  de  l'arsenic 
constatée  dans  les  os  du  crâne,  les  vertèbres,  la  peau,  les 
cheveux,  les  ongles  des  personnes  ayant  succombé  à  l'in- 
toxication, doit  faire  ranger,  parmi  les  faits  définitivement 
acquis  à  la  toxicologie  humaine,  la  localisation  de  l'arsenic 
dans  le  tissu  spongieux  des  os,  ainsi  que  son  élimination 
par  les  cellules  épidermiques.  Il  n'est  pas  sans  intérêt,  tant 
au  point  de  vue  toxicologique  qu'au  point  de  vue  de  la 
parenté  chimique,  de  rapprocher  celte  localisation,  dans  le 


tissu  spongieux  des  os,  de  l'arsenic  ingéré  à  de  petites 
doses,  de  celle  que  l'on  observe  dans  le  même  tissu  et  dans 
les  mêmes  conditions  avec  le  phosphore. 

M.  ilrmand6au(t>r  faitremarquerqueM.ledocteurSkolo- 
bousoff ,  médecin  de  l'hôpital  des  ouvriers  à  Moscou,  a  depuis 
longtemps  insisté  sur  les  symptômes  cliniques  qui  viennent 
d'être  rappelés.  En  Russie,  à  Moscou  en  particulier,  les 
paysans,  pour  se  préserver  de  la  vermine,  ont  l'habitude  de 
répandre  sur  le  sol  et  les  meubles  de  leurs  cabanes,  et 
même  sur  leur  propre  corps,  une  poudre  arsenicale  que  leur 
procurent  des  marchands  ambulants.  L'usage  de  celle 
poudre  n'est  pas  inoffensif  ;  elle  donne  souvent  lieu  à  des 
accidents  toxiques  :  ce  sont  ces  accidents  qui  ont  aussi 
donné  à  M.  Skolobousoff  l'idée  de  rechercher  les  différentes 
localisations  de  l'arsenic  dans  l'économie.  Il  résulte  des 
recherches  auxquelles  M.  Armand  Gaulier  s'est  autrefois 
livré  avec  M.  Skolobousoff,  (]ue  l'arsenic  se  localise  d'abord 
dans  la  moelle,  puis  ensuite  dans  le  foie,  les  muscles  et 
finalement  dans  les  os.  Quant  à  ce  qui  concerne  la  substi- 
tution de  l'arsenic  au  phosphore  dans  les  os,  c'est  un  fait 
qui  a  été  mis  en  lumière  pour  la  première  fois  par  M.  Pa- 
pillon, et  ensuite  par  M.  Rabuteau.  M.  Dragendorff,  cité  par 
M.  Brouardel,  n'a  fait  que  continuer  les  recherches  de  ces 
auteurs.  C'est  donc  là  une  découverte  d'origine  française. 

M.  Brouardel  ne  croit  pas  aue  M.  Skolobousoff  ait 
signalé  la  présence  de  l'arsenic  aans  les  os  au  bout  d'un 
temps  aussi  long  que  celui  dont  il  a  parlé.  Chez  une  femme 
morte  (|uarante  jours  après  avoir  cessé  toute  absorption 
d'arsenic,  M.  Pouchet  ne  trmiva  plus  de  poison  ni  dans  le 
foie,  ni  dans  la  rate,  mais  il  en  existait  encore  dans  les  os. 
La  lenteur  avec  laquelle  l'arsenic  disparaît  des  os  est  un 
fait  très  important  en  médecine  légale. 

M.  Armand  Gautier  ne  croit  pas  non  plus  que  H-  Skolo- 
bousoff ait  constaté  la  présence  de  l'arsenic  dans  les  os  au 
bout  de  quarante  jours.  Si  ses  souvenirs  sont  exacts,  il 
croyait  qu'il  disparaissait  beaucoup  plus  tôt.  Aussi  n'a-t-il 
pas  voulu  faire  une  revendication  de  priorité,  mais  seule- 
ment rappeler  l'existence  de  ses  travaux  et  de  ceux  de 
M.  Skolobousoff. 

M.  0//trt>r  a  observé  fréquemment,  dans  les  cas  d'intoxi- 
cation arsenicale  des  vomissements  sanguinolents. 

ExsrnoPHiE  de  l\  vessie.  —  M.  le  docteur  Paw/  Berger 
présente  une  petite  fille  de  neuf  ans  qu'il  a  opérée  avec 
succès  pour  une  exsirophie  complète  de  la  vessie  à  l'aide 
du  procédé  suivant: 

Il  a  commencé  par  reconstituer  un  urèthre  allant  de  Tori- 
fice  des  uretères  jusau'au  voisinage  de  l'anus,  par  la  super- 
position de  deux  iamoeaux  pris  aux  grandes  lèvres,  suivant 
un  mode  d'opération  analogue  à  celui  que  ïhiersch  a  pré- 
conisé pour  la  cure  de  l'épispadias.  Quelque  temps  après, 
M.  Berger  a  recouvert  la  totalité  de  la  surface  vésicalc 
au  moven  de  deux  lambeaux  adossés  par  leur  surface 
cruentée.  Enfin,  comme  il  restait  en  plusieurs  points  des 
fistules  faisant  communiquer  la  nouvelle  cavité  vésicaie 
avec  la  région  hypogastrique,  une  s 'rie  d'opérations  suc- 
cessives a  été  instituée  dans  le  but  d'en  obtenir  l'oblité- 
ration. 

Le  résultat  est  aujourd'hui  complet,  et  la  totalité  des 
urines  déversée  au  voisinage  de  l'anus  par  le  canal  de  nou- 
velle formation,  peut  être  recueillie  dans  un  urinai.  Malgré 
ce  résultat  opératoire  satisfaisant  M.  Berger  signale  les 
crises  vésicales  douloureuses  dont  sa  malade  est  encore 
atteinte.  Il  s'agit  d'un  état  de  cystite  chronique,  antérieur 
aux  opérations,  et  que  la  soustraction  de  la  surface  vésicaie 
au  contact  de  l'air  a  amélioré  sans  le  faire  disparaître  com- 
plètement. Pendant  les  premiers  temps  la  cavité  nouvel  e 
qui  tient  lieu  de  vessie  était  le  siège  d'incrustations  cal- 
caires qui  furent  à  plusieurs  reprises  extraites  par  l'urèthre- 


5  JUILLKT  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  HÉDEGINE  ET  DE  CHIRURGIE         —  N«  ^7  -    43l 


Cette  tendance  a  disparu  depuis  que  les  dernières  fistules 
sont  closes;  mais,,  malgré  le  traitement  dirigé  contre  elles, 
les  crises  douloureuses  persistent,  bien  que  plus  rares.  U 
s'agit  évidemment  des  conditions  anormales  dans  lesquelles 
se  fait  encore  actuellement  rémission  des  urines  et  que  la 
restauration  des  voies  excrétrices  de  Turine  est  insuffisante 
à  faire  disparaître. 

— L'Académie  se  forme  ensuite  en  comité  secret,  afin  d'en- 
tendre la  lecture  d*un  rapport  de  M.  Nocard  sur  les  can- 
didats au  titre  de  correspondant  national  dans  la  troisième 
division  {Médecine  vétérinaire)^  —  La  liste  de  classement 
est  la  suivante  :  1*  Ai.  Peuch  (de  Toulouse);  2*  M.  Signol 
(de  Villiers)  (Indre-et-Loire)  ;  'S^'ex  œquo  et  par  ordre  alpha- 
bétique: MM.  Baillet  (de  Bordeaux);  Cornevin  (de  Lyon); 
Gai  lier  (de  Lyon);  Laulanié  (de  Toulouse). 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  9  juillet  est  fixé  ainsi 
qu'il  suit  :  1°  rapport  de  M.  Hérard  sur  un  travail  du  doc- 
leur  Laval  concernant  le  traitement  de  l'occlusion  intesti- 
nale par  rélectricité;  2"  discussion  sur  le  chloroforme  et 
Fanesthésie.  Inscrits  :  MM.  Léon  Le  Fort,  Laborde;  3*  lec- 
ture par  M.  le  docteur  Galezowski  sur  le  décollement  de  la 
rétine  et  son  traitement  par  les  sutures. 


Société  médicale  des  bôpllaux. 

SÉANCE   DU  28  JUIN   1889.    —    PRÉSIDENCE 
DE   U.   CADET   DE   GASSICODRT. 

Note  sur  on  oaa  d'empyème  polsatlle:  M.  MiUard.  —  Traitement  de 
l'ëpUepsie  par  l'appUoation  répétée  de  pointes  de  feu  sur  le  cuir 
chevelu  (Présentation  de  malades)  :  M.  Féré.  —  Coxalgie  hystérique 
'  avec  atrophie  musculaire  :  M.  O.  Ballet.  —  Anévrysme  disséquant 
de  l'aorte  :  M.  Ferrand.  —  Note  pour  servir  A  l'histoire  de  la  pneu- 
monie infeotieuse:  M.  Renault  i,Disoaesion  :  M.  Netter).  —  Fin  de  la 
discussion  sur  la  prophylaxie  des  maladies  contagieuses  dans  les 
maladies  ci*enfants:  MM.  Comby,  Netter,  Legroux,  Juhel-Rénoy, 
Cadet  de  Gtassicourt,  Buoquoy,  E.  Labbé.  Bevestre,  D'HeiUy, 
Chauffard.  Richard,  Lailler,  Hervienx,  Millard.  ~Note  pour  servir 
A  l'histoire  de  la  pneumonie  infectieuse:  M.  Renault.  —  Élection. 

M.  Millard  lit  une  note  sur  un  cas  d'empyème  pulsatile. 
(Sera  publié.) 

—  M.  Féré  présente  à  la  Société  deux  malades  épilepti- 
ques,  traités  par  Tapplicatiou  de  pointes  de  feu  sur  le  cuir 
chevelu.  L'un,  mis  en  traitement  depuis  le  10  février  1887, 
avait  eu  21  accès  en  1886,  et  7  en  1887;  il  n'en  eut  qu'un 
en  1888,  et  n'en  a  pas  présenté  depuis.  Le  second,  mis 
en  traitement  en  avril  1887,  a  eu  63  accès  en  1886, 
45  en  1887,  5  en  1888.  Ces  deux  faits  semblent  prouver 
l'utilité  du  traitement,  ainsi  que  les  améliorations  momen- 
tanées et  les  modifications  des  paroxysmes  obtenues  chez 
d'autres  malades. 

—  N.  Gilbert  Ballet  montre  un  malade  présentant  les 
déviations  caractéristiques  d'une  coxalgie  vraie,  flexion  de 
la  cuisse  avec  abduction  légère,  déviations  vertébrales  com- 
pensatrices, atrophie  musculaire  de  la  cuisse  très  marquée. 
Cependant^  malgré  l'a^opAte, considérée  par  Brodie  comme 
caractéristique  de  la  coxalgie  vraie,  il  s'agit  d'une  fausse 
coxalgie.  Ce  malade  est  un  hystérique,  un  dégénéré,  qui  après 
une  riboté  a  été  pris  d'hémiplégie  droite  avec  hémianes- 
thésie;de  ces  troubles,  la  contraclure  des  muscles  pelvi- 
trochantériens  a  seule  persisté.  Cette  observation  montre 
combien  le  signe  de  Brodie  a  perdu  de  sa  valeur  au  point  de 
vue  du  diagnostic  des  coxalgies. 

—  M.  Ferrand  présente  l'aorte  d'un  malade  mort  d'un 
cancer  des  ganglions  du  hile  du  foie.  Au  niveau  du  bile  du 
poumon,  le  vaisseau  se  dédouble  eu  deux  canaux  accolés 
comme  deux  canons  de  fusil,  jusqu'à  Torigine  de  l'hypogas- 
trique.  S'agit-il  d'une  aorte  double  ou  d'un  anévrysme 
disséquant?  M.  Ferrand  incline  vers  cette  dernière  opinion. 


—  H.  Comby  termine  la  lecture  de  son  rapport  sur  la  pro- 
phylaxie des  maladies  contagieuses  dans  les  hôpitaux 
d'enfants.  Les  conclusions  VI,  Vil,  VIII,  IX,  X,  XI  sont 
adoptées.  Dans  la  conclusion  XII,  il  demande  que  l'amphi* 
théâtre  d'autopsie  soit  considéré  et  traité  comme  un  pavillon 
d'isolement,  pourvu  de  blouses,  de  manches  imperméables, 
d'eau  chaude  et  froide,  de  tout  ce  qui  est  nécessaire  pour  le 
nettoyage  aseptique  des  mains. 

U.  Netter  demande  qu'on  isole  les  enfants  morts  de 
maladies  contagieuses,  afin  d'éviter  la  contagion  des  parants 
qui  viennent  reconnaître  les  cadavres. 

Cette  proposition  soulève  une  discussion  à  laquelle 
prennent  part  MM.  Comby,  NHter,  Sevestre,  Legroux^ 
Juhel-Rénoy,  Cadet  d^  Gassicourt^  D'HeiUy,  Uucquoy,, 
£.  Labbé,  Chantanesse,  Richard,  Chauffard,  Lailler, 
Hervieux. 

M.  Sevestre  croit  qu'il  vaudrait  mieux  désinfecter  les 
cadavreso 

M.  Legroux  demande  comment  on  pourrait  désinfecter  un 
cadavre  de  diphthéritique. 

H.  Richard.  En  l'enveloppant  dans  un  suaire,  imbibé 
d'eau  phéniquée  à  5  pour  100,  on  empêche  les  germes  de 
se  propager. 

Après  quelques  observations  de  MM.  Cadet  de  Gassicourt, 
Sevestre,  Lailler,  Legroux,  Hervieux,  M,  Comby  ajoute  à 
la  conclusion  XII  la  proposition  suivante  :  Les  cadavres  des 
enfants  morts  de  maladies  contagieuses  seront  soumis  à 
des  mesures  de  désinfection.  — Adopté  par  la  Société. 

M.  Millard  demande  la  suppression  de  la  conclu- 
sion XIII  du  rapport  de  H.  Comby,  demandant  que  la  somme 
de  200000  francs,  destinée  par  le  Conseil  de  surveillance  à 
l'amélioration  du  mobilier  des  hôpitaux,  soit  intégralement 
attribuée  aux  hôpitaux  d'enfants.  En  effet,  depuis  le  vole 
de  cette  somme,  le  Conseil  de  surveillance,  en  juin  1880,  a 
décidé  pour  l'emploi  d'une  somme  complémentaire  de 
402000  francs,  provenantdu  prélèvement  sur  le  pari  mutuel, 
un  certain  nombre  de  mesures  parmi  lesquelles  sont  les 
suivantes:  Création  d'un  service  de  douteux  dans  chacun 
des  deux  hôpitaux  d'enfants,  100000  francs;  création  à 
rhôpital  Tenon  d'tm  service  d'isolement  pour  les  enfants 
du  service  de  chirurgie  atteints  d'affections  contagieuses, 
50000  francs. 

—  M.  Renault  lit  une  note  pour  servir  à  l'histoire  de  la 
pneumonie  infectieuse.  Tandis  que  certains  auteurs  avec 
Jiirgensen  admettent  que  la  pneun)onie  est  d'emblée  une 
maladie  générale,  d'autres,  avec  M.  G.  Sée,  la  considèrent 
comme  primitivement  locale  et  secondairement  générale, 
infectante.  Il  rapporte  Tobservation  d'un  jeune  homnie.qui 
est  entré  à  l'hôpital  Necker  le  12  octobre,  se  plaignant  de 
maux  de  tète,  courbature  générale,  point  de  côté,  avec  une 
température  de  40%7.  Les  deux  jours  suivants,  douleur  vive 
à  l'épaule  droite,  avec  empâtement  considérable  dans  le 
creux  de  Tais  elle  (température  oscillant  entre  38  et 
39  degrés).  Le  17,  fluctuation  à  ce  niveau.  Le  18,  incision 
du  phlegmon.  Le  19,  on  entend,  pour  la  première  fois  à 
gauche,  en  bas  et  en  arrière,  un  souffle  pneumonique  très 
net,  avec  râles  crépitants.  Le  24,  déferyescence  complète. 
Le  26,  élévation  de  la  température,  due  à  l'apparition  d'un 
abcès  du  médius  droit  (pas  de  pneumocoques,  mais  seule- 
ment des  streptocoques  dans  le  pus).  Le  12  novembre,  le 
malade  sort  guéri. 

L'inflammation  pulmonaire  ayant  commencé  seulement 
cinq  jours  après  l'entrée  du  malade  à  l'hôpital,  ce  fait 
semble  être  en  fiiveur  de  la  théorie  de  Jûrgensen.  N^y  a-t-il 
pas  eu  dans  ce  cas  un  état  infectieux  avec  localisation  pul- 
monaire ?  Dans  les  cas  de  pseudo-pneumonies,  la  locali* 
sation  pulmonaire  a  des  caractères  cliniques  différents.  Les, 
signes    sont     habituellement     mobiles,    les    symptômes. 


438    —Ji-TI-        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


5  Juillet  1889 


généraux  prédominent  et  masquent  les  phénomènes  pulmo- 
naires ;  la  flèvre  présente  de  grandes  oscillations,  sans 
défenrescence  brusque.  Le  cas  précédent  ne  répond  pas  à  ce 
type  morbide. 

M.  Netter  a  observé  un  cas  analogue  et  en  a  relevé 
plusieurs  dans  la  Ultéralure  médicale.  L*examen  bacté- 
riologique en  fournirait  probablement  la  clef.  On  sait  déjà, 
et  H.  Jaccoud  a  montré,  que  les  suppurations  qui  apparais- 
sent à  la  fin  de  la  pneumonie,  sont  dues  à  des  migrations  de 
microbes  pyogèn^s  survenues  secondairement  dans  le  foyer 
pneumonique.  Ce  qui  explique  l'abcès  du  doigt  dont  le  pus 
ne  contenait  que  de&  streptococcus  pyogènes.  S  il  y  a  eu,  dans 
le  cas  de  H.  Renault,  infection  générale  pneumonique  avant 
l'apparition  de  la  pneumonie,  le  fait  ne  nous  est  prouvé  ni 
par  des  recherches  bactériologiques,  ni  par  la  vérification 
anatomique.  M.  Renault  ne  croit  pas  ici  à  une  pseudo- 
pneumonie, à  une  broncho-pneumonie,  due  à  un  autre 
microbe  aue  le  pneumocoque.  Mais  la  suppuration  observée 
après  la  défervescence  implique  la  participation  du  strepto- 
coque pyogène,  qui  peut,  lui,  déterminer  la  broncho-pneu- 
monie; or  il  est  identique  à  celui  de  Térysipèle,  et  dans 
l'érysipële  on  observe  la  défervescence  brusque  et  la  déli- 
tescence. Enfin,  on  pourrait  admettre  ici  une  pneumonie 
survenue  à  titre  d'épiphénomène  au  cours  d'un  phlegmon 
thoracique. 

M.  Renault  a  voulu  prouver  que  la  pneumonie  était  plutôt 
une  maladie  infectieuse  qu'une  maladie  infectante. 

—  Pendant  la  séance,  MM.  Dreyfous,  André  Petit  et 
Variot  sont  nommés,  à  l'unanimité,  membres  de  la  Société. 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures  vingt. 


Société  4e  chlraryie. 

SÉANCE  DU    26    JUIN   1889.  —  PRÉSIDENCE    DE  M.   NICAISE. 

Disoiuaioii  Bor  le  traitament  des  myornes  atérins  :  MM.  Nicalse, 
TttrriUon,  Polalllon,  Ghamplonnlère. 

M.  Nicaise  désire  d'abord  attirer  l'attention  sur  quelques 
données  historiques.  Après  que  Ciniselli  (de  Crémone^  eut 
fait  de  la  galvanocaustie  chimique  une  méthode  définie, 
cette  méthode  a  été  appliquée  par  divers  auteurs  au  trai- 
tement des  néoplasmes,  et  on  peut  citer,  à  ce  point  de  vue, 
Neflel  (de  New-York),  Semmola  (de  Naples).  Pour  les 
myomes  utérins,  en  particulier,  elle  leur  a  été  appliquée 
en  1875  (ainsi  qu'aux  kystes  ovariques),  par  Semelaerqui  a 
publié  à  ce  sujet  un  mémoire  intitulé:  Plus  (Tovariotomies. 
En  1878,  Cutter  faisait  connaître  le  résultat  de  cinquante 
myomes  ainsi  traités.  Puis,  en  1882,  vint  la  communication 
de  M.  Apostoli  à  TAcadémiede  médecine.  Quelques  auteurs 
out  cru  que  l'électricité  pourrait  faire  fondre  les  néoplasmes  : 
on  n'a  pas  tardé  à  se  convaincre  que  cette  opinion  est  erronée. 
D'autre  part,  oh  a  reconnu  qu'il  est  dangereux  d'user  de  la 
galvanopuncture  de  façon  à  provoquer  la  destruction  par 
gangrène.  D'ailleurs,  il  semble  bien  que  l'électrisation  donne 
des  résultats.  Comment  peut-on  les  expliquer?  Avant  tout, 
pour  s'en  rendre  compte,  il  ne  faut  pas  oublier  que  la 
marche  des  myomes  est,  bien  souvent,  spontanément  irré- 
gulière ;  que  la  cause  des  accidents  est,  en  outre,  fréquem- 
ment dans  des  lésions  de  voisinage.  Elle  est  souvent  dans  de 
l'endométrite  fongueuse  ou  glandulaire;  en  1887,  Wider  a 
insisté. sur  cette  dernière  forme:  voilà  pourquoi  le  curet- 
tagede  l'utérus  est  parfois  un  excellent  palliatif  des  métror- 
rhagies,  comme  l'ont  montré  Coe,  Max  Runge.  Ailleurs,  il 
faut  faire  entrer  en  ligne  de  compte  une  sténose  du  col,  et  la 
dilatation  fait  cesser  les  accidents,  comme  dans  des  obser- 
vations de  Chadwick,  Kallenbach,  Trélat,  Terrillon.  C'est 
dans  cette  catégorie  d'opérations  chirurgicales  palliatives 


au'il  faut  ranger  l'électrisation,  et  le  temps  seul  permeUra 
e  se  prononcer  entre  ces  divers  moyens.  Mais  c  est  entre 
eux  qu'il  faut  les  mettre  en  parallèle,  et  non  avec  les  opé- 
rations réellement  curatives.  Ces  opérations  certes  sont 
graves,  et  surtout  elles  l'étaient.  Il  ne  faut  pas  oublier  que 
H.  Fritsch  (de  Breslau)  n'a  eu  aue  5  décès  sur  ses  33  der- 
nières myomectomies,  alors  qu  autrefois  il  en  avait  penio 
11  sur  27. 

M.  Terrillon  n'a  soumis  au  traitement  électrique  (|ue 
7  des  113  femmes  qu'il  a  soignées  pour  myomes  utérins. 
Trois  fois  il  a  confié  le  traitement  à  H.  Apostoli,  et  il  y  a  eu 
1  résultat  nul,  i  mort,  1  amélioration.  Il  ne  serait  pas  juste 
d'attribuer  la  mort  à  la  méthode  |  le  cas,  en  effet,  était  mau- 
vais :  le  fibrome,  enclavé,  n'avait  pu  être  extrait  par  une 
laparotomie  exploratrice.  Dès  la  première  séance  d'éleclri- 
sation,des  accidents  septico-pyohémiques  se  sont  déclarés  et 
l'autopsie  a  révélé  l'existence  d'un  Chrome  kystique  suppuré 
à  l'avance.  Mais,  par  contre,  rien  ne  prouve  qu'il  faille 
mettre  le  succès  à  l'actif  de  l'électrisation  :  la  femme,  âgée 
de  soixante  ans,  avait  une  métrorrhagie  très  intense,  maiselle 
portait  précisément  un  fibrome  qui,  presque  toujours  bieo 
toléré,  avait  déjà  causé,  à  de  grands  intervalles,  des  roétror- 
rhagies  inquiétantes  qui  avaient  cessé  par  des  traitements  peu 
actifs.  Les  quatre  femmes  ({ne  M.  Terrillon  a  électrisées  lui- 
même  n'ont  guère  bénéflcié  davantage  :  une  fois  l'hémor- 
rhagie  s'est  arrêtée,  mais  pour  reparaître  an  bout  de  six 
semaines  et  il  a  fallu  recommencer;  deux  fois  elle  a  con- 
tinué comme  si  de  rien  n'était.  Une  fois  cependant  les  dou- 
leurs ont  été  nettement  amendées  et  —  d'après  deux  autres 
faits  où  l'électrisation  a  été  faite  sur  l'intestin  dont  l'occlusion 
compliquait  un  fibrome  utérin  douloureux  —  M.  Terrillon 
admet  que  c'est  là  le  résultat  le  plus  réel  de  rélectricilê. 
En  somme,  on  a  donc  là  un  traitement  palliatif,  qu'il  ne 
faut  pas  repousser,  mais  au'on  doit  laisser  au  rang  d'adjuvanl 
du  traitement  médical.  M.  Terrillon,  en  effet,  reste  scep- 
tique vis-à-vis  des  diminutions  de  volume  dont  parlent 
quelques  auteurs.  N'a-t-on  pas  attribué  àl'ergotine,auxeaui 
de  Salies  de  Béarn  une  efficacité  analogue,  aujourd'hui  con- 
testée? Rien  ne  varie  comme  le  volume  d'uu  fibrome,  ou 
plutôt  l'apparence  de  ce  volume,  sous  l'influence  des  dépla- 
cements de  la  masse,  du  deffré  de  distension  de  l'intestin. 
Et  quant  aux  disparitions,  M.  Terrillon  pense  qu'il  s'agit 
de  salpingites  méconnues;  c'est  une  erreur  de  diagnostic 
qu'on  faisait  presque  toujours,  il  y  a  quelques  années,  pour 
les  salpingites  accompagnées  de  métrorrhagies  ;  cette  erreur 
aujourd'hui  est  moins  fréquente,  mais  elle  est  loin  d'être 
rare. 

M.  Polaillon  rappelle  au'en  1882  M.  Segond  a  soutenu 
sa  thèse  sur  les  résultats  obtenus,  dans  le  service  de  Gallard^ 
par  réiectrisation  galvanique  des  myomes  :  ces  résultats 
étaient  nuls.  M.  Polaillon  continue  à  penser  que  ce  trai- 
tement ne  fait  rien  du  tout,  que  quelquefois  il  est  mortel; 
que  par  conséquent  il  faut  être  partisan,  en  principe,  des 
opérations  curatives.  La  gravité  de  ces  opérations  aimiuue 
peu  à  peu.  Sur  20  myomectomies  abdominales  M.  Polaillon 
n'en  a  perdu  que  5,  dont  2  doivent  être  défalquées,  car  une 
des  malades  avait  une  dégénérescence  kystique  des  reins  et 
l'autre  a  été  opérée  dans  un  état  d'anémie  intense. 

M.  LucaS'Championnière^  origine  du  débat,  le  clôt  eu 
constatant  que  presque  tous  les  auteurs  sont  d'accord  sur 
l'efficacité  de  l'électrisation  comme  traitement  palliatif. 
M.  Boreilly  semble  se  méfier  à  cause  de  la  trop  grande  rapi- 
dité d'action;  cette  rapidité  est  précisément  un  des  carac- 
tères spéciaux  de  la  méthode,  et  le  point  faible  est  la  diffi- 
culté de  maintenir,  autrement  que  par  un  traitement  dW 
prolongation  fastidieuse,  cette  amélioration  obtenue  en 
quelques  jours.  M.  Championnière  constate  encore  que 
nombre  des  malades  dont  les  orateurs  précédents  ont  parlé 
et  qui  ont  subi  les  hautes  intensités  ont  ressenti  des  souf- 


5  Juillet  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        —  N«  27 


439 


frances  notables;  d'autre  part,  il  y  a  quelques  décès  impu- 
tables à  la  méthode.  Il  maintient  donc  son  opinion  sur  la 
préférence  à  donner  aux  basses  intensités.  Maintenant  est-ce 
à  dire  que  Télectrisalion  doive  supplanter  Tintervention 
sang:lante?  Absolument  pas,  malgré  certains  chirurgiens, 
américains  surtout,  qui  vont  plus  loin  c[ue  M.  Apostoli  lui- 
mème,  et  prétendent  que,  si  1  on  emploie  une  intensité  suf- 
fisante, les  myomes  fondent  comme  par  enchantement.  A  ce 
point  Je  vue,  M.  Championnière  est  tout  à  fait  de  l'avis  de 
M .  Terrillon  sur  les  causes  de  Terreur.  Dès  lors  la  chirurgie 
opératoire  garde  tous  ses  droits  et  le  traitement  électrique 
n'est  indiqué  que  lorsque  l'opération  radicale  est  contre- 
indiquée,  soit  que  la  tumeur  soit  inopérable,  soit  que 
le  malade  approche  de  la  ménopause  et  que  le  fibrome  ne 
cause  pas  des  accidents  trop  pressants. 

A.  Broca. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

THÉRAPEUTIQUE. 

ee  la  ▼alenr  de  raMlIpyrine,  d«  l^anarèlirliie  et  de  la  phé- 
iMieétiBe  eonlre  la  eoqueiuche,  par  M.  Leubuscher.  —  L'au- 
teur a  étudié  comparativement  ces  trois  médicaments  durant 
la  dernière  épidémie  d*léna. 

La  phénacétine,  même  à  lu  dose  de  50  centigrammes  par  jour, 
étuit  absolument  inefficace.  Ces  résultats  démentent  les  succès 
annoncés  par  Katz. 

l/aiitifébrine  a  été  plus  efficace,  mais  son  emploi  n'est  pas 
sans  danger,  puisqu'elle  peut  provoquer  la  cyanose. 

L'antipyrtne  était  administrée  selon  la  méthode  de  Sonnen- 
herger,  c'est-à-dire  à  raison  de  trois  ou  quatre  doses,  dont  la 
totalité  représente  autant  de  centigrammes  que  Tenfant  est  âgé 
d'années.  Prescrite  dès  le  début  de  la  maladie,  Tantipyrine  pa- 
rait diminuer  la  durée  et  l'intensité  des  quintes.  A  une  période 
avancée  de  la  maladie,  les  effets  thérapeutiques  ne  sont  pas 
supérieurs  à  ceux  des  autres  médicaments.  Enfîn,  dans  aucun 
cas,  malgré  les  affirmations  de  ses  avocats,  cette  médication  n'a 
pu  couper  la  maladie.  (Centrabl.  f,  klin,  MediCj  4889,  n»  7.) 

Du  traltcmenl  de  la  eoaatipalion  haiiilaelie  par  le  maai- 
Hase,  par  M.  ËCCLES.  —  Dans  un  premier  groupe,  l'auteur  place 
les  individus  des  deux  sexes  en  puissance  de  neurasthénie  et 
chez  lesquels  la  constipation  est  de  cause  trophonévrotique.  Le 
traitement  demande  alors  six  à  dix  semaines  et  consiste  dans  : 
!<"  le  repos  au  lit  pendant  trois  semaines  ;  â"*  l'emploi  du  massage 
général  deux  fois  chaque  jour  et  des  massages  abdominaux  à 
raison  de  trois  à  quatre  séances  quotidiennes  ;  3°  l'augmenta- 
tion de  la  quantité  des  boissons  ;  4**  la  substitution  au  massage, 
mais  graduellement,  d'exercices  gymnastiques  plus  violents. 

S'agit-il  de  la  constipation  des  individus  menant  une  vie  sé- 
dentaire ou  de  ceux  qui  abusent  des  purgatifs?  On  doit  combi- 
ner le  massage  avec  les  exercices  physiques  pour  combattre 
leur  paralysie  intestinale. 

Dans  les  cas  où  il  existe  de  la  dyspnée,  des  palpitations  et  de 
l'œdème  des  extrémités,  accompagnant  les  troubles  digestifs,  la 
perte  d'appétit,  l'état  saburral  de  la  langue,  la  flatulence,  l'acidité 
l'haleine  et  des  troubles  de  la  digestion  stomacale,  on  doitencore 
de  exiger  le  repos  au  lit  pendant  quelques  jours  et  pratiquer  de 
vigoureuses  manipulations  abdominales.  Ces  dernières  seront 
répétées  une  ou  deux  fois  dans  les  vingt-quatre  heures,  dure- 
ront dix  à  trente  minutes  et,  après  dix  jours,  devront  être  alter- 
nées avec  les  exercices  physiques.  On  obtient  ainsi  la  guérison 
de  la  constipation  dans  l'espace  de  quelques  semaines  {The 
Praclitionnery  avril  1889.) 


BIBLIOGRAPHIE 

L*h7irièiie  da  ▼éiocipédiste,  par  M.  le  docteur  Philippe 
TissiÉ.  In-16  de  321  pages.  —  0.  Doin,  Paris,  1888. 

Ce  livre  est  conçu  à  un  point  de  vue  très  pratique;  il 
renferme  des  données  d'hygiène  générale,  et  plus  particu- 
culièrement  celles  qui  conviennent  aux  vélocipédisles. 
L'auteur  insiste  avec  raison  sur  l'influence  produite  par 
l'exercice,  la  marche,  la  course,  l'ensemble  du  travail  pro- 
duit par  le  vélocipédiste  sur  la  respiration.  Cette  partie  de 
l'ouvrage  est  intéressante  pour  les  phvsiologistes. 

Des  tracés  de  l'amplitude  variable  de  la  respiration, 
suivant  la  rapidité  de  la  course  ou  l'état  d'entraînement, 
montrent  que  l'importance  de  l'élude  des  modifications  de 
la  respiration  n'est  pas  moindre  dans  l'exercice  du  véloci- 
pède que  dans  les  efforts  similaires  des  diverses  manœuvres 
de  gymnastique.  Des  recherches  analogues,  que  nous  avons 
faites  sur  Tactivité  de  la  réduction  et  sur  la  quantité  d'oxy- 
hémoglobine  à  la  suite  de  courses  vélocipédiqnes,  sont 
quant  à  présent  en  accord  avec  les  conclusions  de  l'auteur; 
nous  aurons  occasion  de  revenir  sur  ce  sujet  fort  important 
quand  nous  les  publierons. 

M.  Tissié  est  convaincu  de  l'avenir  du  vélocipède  comme 
moyen  de  locomotion.  Un  vélocipédiste  peut  remplacer  trois 
cavaliers,  et  en  temps  de  guerre  peut  rendre  des  services 
d'une  grande  importance  ;  mais  l'emploi  du  vélocipède 
présente  des  inconvénient  de  diverses  sortes  si  l'on  ne  se 
soumet  pas  à  l'entraînement.  C'est  pourquoi  il  est  nécessaire 
de  suivre,  dans  ce  genre  d'exercice,  des  règles  d'hygiène 
précises,  et  M.  Tissié  aura  rendu,  par  son  exposition  simple 
et  très  précise  des  préceptes  les  plus  indispensables,  un 
réel  service  aux  véfocipédistes,  en  même  temps  que  son 
livre  présente  le  plus  grand  intérêt  pour  les  éducateurs  et 
pour  les  médecins,  dont  l'attention  doit  se  porter  constam- 
ment sur  l'étude  de  la  régénération  ou  de  l'amélioration 
physique  de  la  jeunesse. 

A.  H. 


Anatomle  normale  et  |patholoi;ii|ae  de  l*cell,   par  M.  le 

docteur  Emile  Berger.  In-S"*  de  â05  pages,  avec  12  pi. 
0.  Doin,  Paris,  1889. 

Les  progrès  des  procédés  de  l'élude  hislologique  de  l'œil 
et  de  ses  lésions  ont  donné  des  résultats  fort  précis  et  très 
importants,  et  bien  que  les  manuels  et  traités  d'ophthal- 
mologie,  tels  que  celui  de  Wecker  et  Landolt,  aient  réuni 
les  principaux  résultats  obtenus,  il  reste  un  grand  nombre 
de  sujets  peu  connus  dans  cet  ordre  de  recherches.  Il 
n'existe  pas  en  France  de  traité  complet  de  l'anatomie  nor- 
male et  pathologique  de  l'œil:  c'est  pourouoi  la  roonogra- 
Fhie  de  M.  Berger  sera  accueillie  avec  le  plus  grand  intérêt. 
1  n'a  pas  fait  un  travail  d'ensemble  complet,  mais  il  a  traité 
à  fond  et  par  des  recherches  personnelles  un  grand  nombre 
de  sujets  qui  étaient  insuffisamment  explorés. 

Ce  livre  résume  les  recherches  que  l'auteur  a  faites 
durant  plusieurs  années,  en  anatomie  normale,  sur  la 
chambre  postérieure  de  l'œil,  sur  le  ligament  suspenseur 
du  cristallin,  sur  le  ligament  pectine  de  l'iris,  sur  le  déve- 
loppement de  la  membrane  de  Descemet,  sur  la  structure 
du  corps  vitré  et  sur  l'ora  serrata. 

Les  recherches  d'anatomie  pathologique  ont  trait  aux 
altérations  séniles,  à  riridocyclite,  à  l'atrophie  du  globe 
oculaire  et  au  glaucome,  etc.,  et,  chemin  faisant,  l'auteur, 
en  comparant  ces  dernières  altérations  à  toutes  celles  qui 
peuvent  atteindre  les  yeux,  a  jeté  un  coup  d'œil  général 
sur  l'anatomie  pathologique  de  l'œil. 


440    —  N»  27  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ^T  DE  CHIRURGIE 


5  Juillet  1889 


Des  planclies  bîstologiques  accompagnent  et  éclairent  les 
descriptions.  Ce  livre  se  présente  sous  une  forme  très  soi- 
gnée, et  avec  une  recommandation  précieuse,  celle  de  l'Aca- 
démie dés  sciences,  qui  sera  certainement  confirmée  par 
les  pathologistes  et  par  les  spécialistes. 

A»  11  • 


VARIÉTÉS 

CRÉATION  D*UN   FONDS  d'ENCOUIUGEMENT  POUR  LES  ÉTUDES 
SUR   LA  GUÉRISON  DE  LA  TUBERCULOSE. 

Vingt-sixième  liste, 

M.  le  doclcur  Tcssier 300  fr. 

AI.  le  docleur  Chassinat i 00 

M.  le  docteur  Ricochon 40 

M.  le  docleur  Lortet 129        10 

M.  le  docleur  Leviviers 20 

M.  le  docteur  de  Toraa 20 

M.  le  docteur  Mariano  Salajar, «. 20 

M.  Roux 20 

M.  Delobray 20 

Ville  de  Nice 199        65 

—  deMeaux 100 

—  d'Auxerre 99        85 

—  deMézières 99       30 

—  de  Tarbes 50 

—  deToul ; 49        35 

Commune  d'Ammi-Moussa 100 

—  d'Ozoir-la-Ferrière 50 

—  de  Sainl-Quentin-des-Près 35 

—  de  Boujan 25 

—  d'Henncbonl 25 

—  de  Mouy 25 

—  de  Lizy 23        61 

—  de  Poissy 20 

—  deMareuil 20 

—  de  La  Madeleine 20 

—  de  Dampierre 20 

—  de  La  Chapelle 20 

—  ■  d'Ënghien 20 

—  d'Hanawilliers 10 

—  deNolay 10 

—  d*Oiserey 9        75 

—  de  Précy , 3 

Total 1 .603  fr.  (H 

Montant  des  lisles  précédentes. . .  77.328        74 

Total  GÉNÉRAL..  78.932  fr.  35 


Autonomie  ou  corps  db  santé  de  l'armée.  —  Voici  les 
articles  du  décret  en  date  du  1"  juillet  1889,  qui  assure  Tauto- 
iiomie  du  corps  de  santé  de  Tarmée,  et  modifiant  la  loi  du 
16  mars  1882. 

Art.  16.  —  Lès  directeurs  du  service  de  santé  dans  les  corps 
d'arrnée,  ainsi  que  les  chefs  du  service  de  santé  dans  les  hôpi- 
taux, ambulances  et  établissements  pharmaceutiques,  sont  pris 
parmi  les  membres  du  corps  de  saute  militaire. 

Les  rapports  de  ces  fonctionnaires  entre  eux  et  avec  le  com- 
mandement et  les  autres  services  sont  réglés  par  les  arliclcs  qui 
précèdent. 

Ils  ont,  en  ce  qui  concerne  Texécution  du  service  de  santé, 
autorité  sur  tout  le  personnel  militaire  et  civil,  attaché  d  une 
manière  permanente  ou  temporaire  à  leur  service.  Ils  donnent 
des  ordres,  en  consécjuence,  aux  pharmaciens,  aux  officiers  d*ad- 
minislration  et  aux  infirmiers  des  hôpitaux  et  ambulances,  ainsi 
qu'aux  troupes  des  équipages  militaires  et  aux  hommes  de 
troupe  momentanément  détachés  auprès  d'eux  pour  assurer  le 
service  de  santé.  Les  infirmiers  et  les  hommes  de  troupe  ainsi 
détachés  relèvent  de  leurs  chefs  de  corps  respectifs  en  ce  qui 
concerne  Tadministration,  la  police  et  la  discipline  intérieures 
du  corps. 

lies  prescriptions  du  directeur  ou  des  chefs  du  service  de 


santé  sont  exécutoires  par  le  personnel  chargé  de  la  gestion 
dans  la  limite  des  règlements  et  des  tarifs. 

Us  peuvent,  dans  les  cas  urgents,  prescrire  sous  leur  respon- 
sabilité, même  pécuniaire,  des  dépenses  non  prévues  par  le> 
règlements;  mais,  en  ce  cas,  ils  donnent  leurs  ordres  par  iVcrit 
et  en  préviennent  immédiatement  le  commandement. 

Art.  17.  —  Les  pharmaciens  et  officiers  d'administration 
chargés  d'exécuter  les  ordres  du  directeur  ou  des  chefs  du  st^r- 
vice  de  santé  peuvent  être  rendus  pécuniairement  responsable^ 
du  montant  des  dépenses  non  prévues  par  les  règlements,  pour 
lesquelles  l'ordre  écrit  susmentionné  ne  leur  aurait  pas  «'-té 
délivré. 

Art.  18.  —  Les  direcleurs  du  service  de  sauté,  dans  les  corps 
d'armée,  ordonnancent  toutes  les  dépenses  de  ce  service.  Ces 
direcleurs,  ainsi  que  les  médecins  chefs  de  service,  vérifient  la 
gestion  en  deniers  et  en  matières  des  pharmaciens  et  oflici^rs 
d'administration  placés  sous  leurs  ordres.  Ils  leur  donnent 
direclement  des  instructions  pour  la  bonne  tenue  des  écritures 
el  Tobservalion  des  lois  et  règlements  sur  la  comptabilité. 

Le  service  de  santé  est  également  chargé,  sous  l'autorité  du 
commandement,  d'assurer  la  fourniture  du  matériel  et  des 
approvisionnements  nécessaires  aux  hôpitaux  et  aux  ambu- 
lances. 

ÉCOLE  du  service  DE  SANTÉ  MILITAIRE  DE  LVON.  ~  Par  déci- 
sion du  30  juin  1889,  le  ministre  de  ia  guerre  a  fixé  au  lundi 
7  octobre  1889  l'ouverture,  à  l'école  du  Val-de-Grâce,  d'un  con- 
cours pour  deux  emplois  de  répétiteur  à  l'école  du  service  dt> 
santé  militaire  de  Lyon. 

Ces  emplois  se  rapportent  aux  parties  de  renseignement  ci- 
après  indiquées  : 

1"  Médecme  opératoire  et  accouchements; 

2°  Matière  médicale,  thérapeutique,  hygiène  et  médecin<' 
légale. 

Le  concours  aura  lieu  dans  les  conditions  et  conformément  au\ 
dispositions  de  la  décision  ministérielle  du  28  décembre  18H8. 
insérée  au  Bulletin  officiel  du  ministère  de  la  guerre,  partie 
réglementaire,  2^  semestre,  page  1363. 

Les  médecins-majors  de  2«  classe  qui  désireraient  concourir 
pour  ces  emplois  en  feront  la  demande  par  la  voie  hiérarchique 
au  ministère  de  la  guerre  (7*  division). 

Ces  deniandes  devront  parvenir  au  ministère  avant  le  15  sep- 
tembre 1889,  au  plus  tard;  elles  seront  accompagnées  de  l'avis 
motivé  de  tous  les  chefs  hiérarchiques  des  candidats,  y  compriN 
celui  du  directeur  du  service  de  santé  du  corps  d'armée  auquel 
ils  appartiennent. 


Société  médicale  des  hôpitaux  (séance  du  vendredi 
12  juillet.  —  Ordre  du  jour:  M.  Richard  ;  Statistique  comparée 
de  la  rougeole,  de  la  scarlatine  el  de  la  coqueluche.  —  M.Fcrnel: 
Des  injections  intra-pleurales  antiseptiques  dans  les  pleurésies 
infectieuses.  —  M.  Juhel-Bénoy:  Traitement  des  kystes  hydati- 
ques  du  foie. 


Mortalité    a    Paris     (25«     semaine,    du    16  au  ti  juin 
1889.  —  Population:  2260945 habitants). --  Fièvre  typhoïde.  11. 

—  Variole,  2.  —  Rougeole,  19.  —  Scarlatine,  2.  —  Coque- 
luche, 15.  — Diphthérie,  croup,  28.  —  Choléra,  0.  —  Phthisie 
pulmonaire,  16Ô,  —  Autres  tuberculoses,  16.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  46;  autres,  7.  —  Méningite,  46.  —  Conges- 
tion el  hémorrhagies  cérébrales,  39.  —  Paralysie,  6.  — 
Ramollissement  cérébral,  9.  —  Maladies  organiques  du  cœur,  38. 

—  Bronchite  aiguë,  19.  —  Bronchite  chronique,  32.  —  Broncho- 

Eneumonie,  22.  —  Pneumonie,  22.  — Castro -entérite:  sein,15; 
iberon,  68.  —  Autres  diarrhées,  3.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 4.  —  Autres  affections  puerpérales,  0.  —  Débilité  con- 
génitale, 20.  —  Sénilité,  27.  —  Suicides,  20.  —  Autres  morts 
violentes,  12.  —  Autres  causes  de  mort,  165.  —  Causes 
inconnues,  15.  —  Total  :  894. 


G.  Masson,  Propriétaire-'Gérant, 

10G3U.  —  IIOTTBROI.  —  ImprimcrioB  rcunioi,  A,  ruo  Mignon,  %  Paris. 


Tremte-sixjèmk  année 


N«  28 


42  Juillet  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D'  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef. 
MM.  P.  BLACHEZ,  E.  BRISSAUD.  6.  DIEULAFOY,  DREYFUS-BRISAC.  FRANQOIS.FRANCK.  A.  HËNOCQUE,  A.nl.  MARTIN.  A.  PETIT.  P.  RECLUl 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lereboullet,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRE.  —  Bulletin.  —  Clinique  médicale.  De  la  maladie  de  Weil.  — 
FonaULAiRB  THiliAPEUTiQUB.  La  posologie  et  le  mode  d'administralion  de  la 
cornutine.  —  RivuB  dbe  cours  et  des  cliniques.  Sur  le  diagnostic  clinique 
de  l'occlaFion  intestinale  par  étranglement  ou  par  volvulua.  —  Travaux 
ORIGINAUX.  Clinique  médicale  :  Noie  sur  un  cas  d'empyème  pulsatile.  —  Revue 
DES  Congrès.  Troisième  Congrès  des  médecins  russes.  —  Sociétés  savantes. 
Académie  des  sciences.  —  Académie  de  médecine.  —  Société  de  chirurgie.  — 
Société  de  biologie.  —  Société  de  thérapeutique.  —  Revue  des  journaux.  — 
Travaux  à  consulter.  —  Bibliographie.  Los  agents  provocateurs  de  l'hystérie. 
—  Variétés.  Faculté  de  médecine  de  Paris.  —  Cours  de  microbiologie  du  Val- 
dc  Gr&ce.  —  Feuilleton.  Le  médecin  à  l'Exposition  universelle  de  1889. 


BULLETIN 

Paris,  10  juillet  1889. 
Académie  des  sciences  :  La  technliiae  aDatomliiae. 

En  rappelant  à  rAcadémie  des  sciences,  dans  une  série  de 
communications  que  nous  avons  résumées  (p.  420  et  449),  les 
brillants  résultats  que  lui  a  donnés  la  méthode  de  recherches 
thermo-chimiques,  M.  le  professeur  Sappey  avait  le  droit 
de  protester  contre  la  prééminence  que  l'on  accorde  de  nos 
jours  à  la  technique  purement  histologique.  Il  est  évident 
que,  pour  bien  étudier  la  structure  des  organes  et  des 
tissus,  ainsi  que  l'agencement  des  divers  éléments  qui  les 
constituent,  ce  n'est  point  à  la  méthode  des  coupes  qu'il 
convient  de  recourir.  H.  Sappey,  à  qui  l'on  doit  de  si  belles 
recherches  sur  l'anatomie  des  tendons,  des  glandes,  des 
vaisseaux  lymphatiques,  etc.,  a  été  le  premier  à  indiquer 
les  procédés  qui  permettent  la  dissociation  des  éléments 
qui  les  forment,  et  d'arriver  ainsi  à  donner  une  vue  d*en- 


semble  de  leur  composition.  Par  la  méthode  des  coupes,  on 
arrive  ensuite  à  indiquer  avec  précision  la  structure  intime 
de  ces  éléments  primordiaux.  Les  procédés  de  durcissement 
qui  se  trouvent  indiqués  dans  les  traités  d'histologie  ne 
peuvent  donc  suffire  à  Tanatomisle.  Il  convient  d'y  associer 
l'emploi  des  agents  chimiques  —  et  pour  certains  tissus  des 
agents  thermiques  —  qui  ont  pour  effet  de  détruire  cer- 
taines fibres  et  de  rendre  plus  transparents  les  vaisseaux, 
les  nerfs  et  les  appareils  glandulaires.  Un  grand  nombre 
d'histologistes  ont  déjà  adopté  la  méthode  recommandée 
par  M.  Sappey.  C'est  à  elle  que,  pour  l'étude  des  localisa- 
tions cérébrales,  le  regretté  Baudelot  s'était  adressé;  c'est 
par  une  méthode  à  peu  près  semblable  que  M.  Luys  est 
parvenu  à  démontrer  dans  le  cerveau  les  connexions  intimes 
et  l'organisation  des  fibres  et  des  commissures  du  cerveau. 
En  appelant  de  nouveau  l'attention  sur  la  méthode  qui  lui 
a  donné  tant  de  résultats  utiles,  M.  Sappey  a  rendu  service 
à  tous  les  anatomistes  contemporains. 


CLINIQUE  MÉDICALE 

De  la  maladie  d«  ^ell. 


On  sait  quel  retentissement  eut  en  Allemagne  le  mémoire 
que  Weil  publia  en  1886  dans  la  Deutsch.  Archiv.  fur 
klin:  Medicin,  sur  une  maladie  infectieuse  spéciale  avec 
tuméfaction  de  la  rate  y  ictère  et  néphrite^  dont  il  rappor- 


FEUILLETON 

Le  médecin  di  l'Exposition  mnivr ruelle  de   18811. 
(Premier  article.) 

Le  médecin  n'a  pas  moins  à  apprendre  qu'un  autre 
visiteur,  parmi  les  multiples  attractions  de  l'Exposition  uni- 
verselle. Depuis  le  sommet  de  la  tour  Eiffel  dont  la  phy- 
siologie doit  tenter  de  tirer  parti  pour  ses  investigations,  jus- 
qu'aux éclatants  souterrains  des  fontaines  lumineuses  d'où 
la  salubrité  est  bannie  pour  faire  place  à  des  préoccupations 
bien  différentes,  tout  y  est  matière  à  observations  médi- 
cales. Ici  c'est  une  exhibition  d'appareils  de  chirurgie,  là 
de  longues  rangées  d'objets  mobiliers  pour  les  malades, 
ailleurs  des  spécimens  d'installations  sanitaires,  des  plans 
d'hôpitaux,  d'hospices  et  d'asiles,  des  procédés  et  des  mé- 
thodes d'iuvestigationscliniques,  les  multiples  produits  de  la 
f  Sêrib  t.  XXVI. 


matière  médicale,  etc.,  etc.  Jamais  peut-être  les  sujets 
d'étude  n'ont  été  plus  nombreux  ni  plus  variés;  jamais  aussi 
les  disti'actions  instructives  n'ont  été  plus  brillamment 
aménagées  pour  le  plaisir  des  yeux  et  quelquefois  aussi  pour 
le  délassement  et  la  culture  de  l'esprit.  C'est,  il  est  vrai, 
qu'aucun  cadre  plus  élégant,  plus  grandiose  ni  plus  attrayant 
n'a  jamais  été  offert  à  une  multitude  plus  affamée  de  con- 
naissance et  de  plaisirs! 

Dans  ce  troublant  assemblage  des  merveilles  du  travail 
humain  en  notre  siècle,  dans  cet  admirable  ensemble,  le 
médecin  soucieux  de  s'instruire  a  d'abord  quelque  peine  à 
se  reconnaître;  ce  n'est  pas  qu'il  ne  puisse  à  la  longue 
retrouver  les  classes  dont  les  onjets  lui  sont  plus  particu- 
lièi*ement  familiers,  mais  il  risque  de  laisser  de  côté  maintes 
pai*ties  tout  aussi  dignes  de  son  intérêt.  C'est  pourquoi  nous 
voudrions  lui  épargner  cette  peine  et  ce  chagrin,  en  attirant 
ici  son  attention  sur  les  parties  de  l'Exposition  qui  appellent 
ses  visites  et  commandent  son  examen. 

28 


Uî    -.  N«  28  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  '         12  Juillet  1889 


tait  quaire  exemples,  parmi  lesquels  deux  emprunlés  à 
Friedreich.  Bientôt  affluèrent  les  observations  de  même 
ordre,  les  unes  récentes,  les  autres  sorties  des  cartons  où 
elles  sommeillaient  depjiis  longtemps,  en  même  temps  que 
surgirent  les  interprétations  les  plus  dissemblables  sur  la 
nature  de  la  maladie  de  Weil^  de  «  l'ictère  fébrile  de 
Weil  >. 

En  France,  Tattention  fut  appelée  sur  cette  question  par 
plusieurs  revues  critiques,  celles  notamment  de  Longuet, 
de  Ricklin  et  de  Chéron,  et  des  observations  similaires 
furent  publiées  par  divers  auteurs,  tels  que  Rendu  (Journal 
de  médecine  pratique^  1889,  p.  149);  Benech  {Archives  de 
médecine  et  de  pharmacie  militaires,  juin  1889);  Perret 
{Lyon  médical,  juin  1889).  Notre  contribution  serait  bien 
plus  considérable  si,  comme  on  l'a  fait  à  juste  titre,  on 
rapprochait  des  observations  allemandes  une  partie  de 
celles  qui  ont  été  mises  au  jour  en  France  sous  les  déno- 
minations d'ictère  pseudo-grave,  d'ictère  grave  curable,  de 
typhus  hépatique  bénin  (Brouardel,  Mossé,  Rondol, 
Mathieu,  etc.). 

Pas  plus  qu'en  Allemagne,  Tenteute  ne  semble  encore 
s'établir  en  France  au  sujet  de  la  signification  nosologique 
de  la  maladie  de  Weil  et,  sur  les  deux  rives  du  Rhin,  trois 
interprétations  sont  en  présence.  Pour  quelques-uns,  le 
syndrome  de  Weil  constitue  une  entité  morbide  nouvelle  ou 
non  encore  décrite;  pour  d'autres,  elle  n'est  qu'une  moda- 
lité d'une  maladie  connue,  fièvre  récurrente  ou  fièvre 
typhoïde  ;  d'autres,  enfin,  n'y  voient  qu'une  expression 
symptomatique,  relevant  d'états  morbides  divers. 

Ces  divergences  ne  sauraient  surprendre,  si  Ton  songe 
qu'il  faut  faire  aujourd'hui  l'histoire  de  la  maladie  de  Weil 
avec  des  documents  cliniques  souvent  disparates,  dont  un 
grand  nombre,  peu  probants,  doivent  être  mis  de  côté,  si 
l'on  songe  aussi  que  les  données  anatomo-pathologiques  font 
presque  absolument  défaut.  La  seule  autopsie,  en  eiïet, 
qu'on  puisse  invoquer,  celle  qu'ont  rapportée  Brodowsky  et 
Dunin,  ne  jette  aucune  lumière  sur  la  question,  car  les 
lésions  que  ces  auteurs  ont  trouvées  sont  des  altérations  en 
quelque  sorte  banales  qui  se  rencontrent  dans  beaucoup  de 
processus  infectieux.  Leur  procès-verbal  peut  se  résumer 
en  quelques  mots  :  à  l'œil  nu,  hypérémie  pulmonaire, 
hypertrophie  et  ramollissement  de  la  rate,  hypertrophie  du 
foie  et  des  ganglions  lymphatiqueset  enfin,  congestion  rénale  ; 
à  Texamen  histologique,  infiltration  d'éléments  jeunes  dans 
le  tissu  interstitiel  des  poumons,  des  reins  et  du  foie. 


Quant  aux  recherches  bactériologiques,  elles  sont  restées 
à  peu  près  négatives,  puisqu'on  n'a  pu  cultiver  d'autres 
micro-organismes  que  le  staphylococcus  albus. 

C'est  donc  à  l'étiologie  et  à  la  séméiologie  seules  qu'il 
faut  demander  la  solution  du  problème. 

II 

Voyons  d'abord  si  les  données  étiologiqnes  sont  assez 
précises  pour  être  démonstratives. 

La  maladie  parait  frapper  surtout  des  individus  vigoureui, 
dans  la  force  de  l'âge  (de  quinze  à  trente-quatre  ans), 
n'ayant  pour  la  plupart  aucun  antécédent  pathologique; 
dans  certains  cas  on  a  relevé  l'influence  du  surmèneroeol, 
d'excès  alcooliques,  d'une  nourriture  défectueuse,  d'une  eau 
contaminée. 

Les  malades  exerçaient  les  professions  les  plus  diverses, 
cependant  Fiedier  a  observé  neuf  cas  chez  des  garçons 
bouchers  qui  travaillaient  à  l'abattoir  central  de  Dresde; 
d'autre  part,  un  certain  nombre  de  faits  ont  été  recueilli> 
chez  des  militaires  (Huebcr,  Kirchner,  Benech,  etc.). 

La  maladie  semble  revêtir  parfois  un  caractère  quasi 
épidémique  (Fiedier,  Hueber,  Haas),  les  cas  se  produisant 
par  séries  qui  coïncidèrent  ou  non  avec  des  épidémies  soit  de 
typhus  abortif,  soif  de  fièvre  récurrente.  Le  plus  souvent, 
au  contraire,  ils  se  sont  montrés  isolés;  d'ailleurs,  la  con- 
tagion n'a  jamais  pu  être  invoquée  ;  c'est  ainsi  que  les  buil 
hommes  frappés  dans  l'épidémie  de  Breslau  (Kirchnen 
appartenaient  à  des  corps  différents  de  la  garnison. 

Comme  on  le  voit,  aucune  donnée  formelle  ne  se  dégage 
des  documents  étiologiques.  i 

III 

Si  pour  tracer  l'histoire  clinique  de  la  maladie  de  Weil, 
on  prenait  en  considération  toutes  les  observations  publiées 
sous  cette  rubrique,  la  confusion  serait  extrême,  et  il  faut  en 
élaguer  un  certain  nombre  passibles  d'interprétations 
diverses,  pour  rester  en  présence  de  faits  qui  aient  entre  eui 
un  air  de  parenté  indéniable. 

Le  premier,  caractère  constant,  ou  à  peu  près,  est  la 
brusquerie  du  début.  C'est,  sans  prodromes,  habituellement 
par  un  ou  plusieurs  frissons  que  commence  la  maladie; 
aussitôt  survient  une  céphalalgie  intense,  et  une  grande 
dépression  des  forces,  qui  peut  aller  jusqu'à  la  stupeur, 
sans  délire  toutefois.  Ordinairement  aussi,  les  malades 
accusent  des  crampes  et  des  douleurs  musculaires  très  vives, 


Pour  la  première  fois  dans  les  grandes  Expositions  inter- 
nationales les  affaires  médicales  ont  été  subdivisées  en  deux 
classes  :  l'une,  consacrée  à  la  médecine  humaine  et  vétéri- 
naire; l'autre,  à  l'hygiène  et  à  l'assistance  publiçiue.  L'im- 
portance accordée  en  France  à  ces  dernières  depuis  quelques 
années  a  permis,  en  efl'et,  de  leur  donner  une  sorte  d'auto- 
nomie dans  les  expositions,  comme  elles  tendent  à  en  avoir 
une  de  plus  en  plus  marquée  dans  les  préoccupations 
administratives. 

C'est  surtout  à  la  suite  des  expositions  d'hygiène  de 
Bruxelles  en  187G,de  Londres  en  1881,  de  Genève  en  1882, 
de  Berlin  en  1883,  de  Londres  en  1884  et  de  la  caserne 
Lobau,  à  Paris,  en  1886,  que  l'hygiène  s'est  plus  nette- 
ment séparée  de  la  médecine  dans  ces  exhibitions.  L'essor 
considérable  donné,  dans  ces  dernières  années,  en  France 
aux  études  et  aux  applications  sanitaires,  a  conduit  à 
donner  à  l'hygiène  une  classe  à  part,  à  laquelle  l'assis- 
tance, autre   branche   de   la   médecine  publique,   devait  / 


être  forcément  associée.  De  là  cette  classe  64  qui  occupe 
des  pavillons  spéciaux  sur  l'esplanade  des  Invalides.  L'en- 
semole  des  constructions  qui  les  abritent  est  imposant 
d'aspect  extérieur;  les  façades  sont  polychromes,  suivant 
la  mode  actuelle  renouvelée  des  anciens,  les  marbres  y 
échangent  des  reflets  nacrés  avec  les  peintures  à  fresques,  ks 
devises;  les  noms  des  hygiénistes  les  plus  réputés  depuis 
l'antiquité  jusqu'à  nos  jours  y  sont  reproduits  à  profusion; 
bref,  on  a  voulu  forcer  presque  brutalement  l'attention  du 
public  et  lui  donner  une  idée  de  la  puissance  qu'on  se  voit 
de  plus  en  plus  obligé  de  donner  à  l'hygiène  et  à  l'assis- 
tance dans  notre  société.  Plus  modeste  est  restée  la  méde- 
cine. Reléguée  dans  une  partie  mal  éclairée  des  galeries  du 
Champ  de  Mars,  elle  occupe  un  espace  par  trop  restreint, 
et  la  classe  14  n'a,  pour  briller,  que  l'éclat  des  éléganls 
instruments  qui  ornent  ses  vitrines. 

En  dehors  de  ces  deux  grands  emplacements,  la  méde- 
cine et  l'hygiène  se  retrouvent  de  divers  côtés  ;  elles  sont 


i'2  Juillet  1880  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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particalièrement  dans  les  membres,  plus  rarement  dans  le 
dos  et  la  nuque.  Le  pouls  s'accélère,  atteint  de  100  à 
140  pulsations,  pendant  que  la  température  s'élève  à 
40  degrés  et  davantage  dès  le  deuxième  jour.  En  même 
temps  se  produisent  des  troubles  digestifs  plus  ou  moins 
accusés  :  langue  blanche,  offrant  les  caractères  plutôt 
de  rembarras  gastrique  que  de  la  fièvre  typhoïde,  anorexie 
absolue,  nausées,  vomissements,  gargouillement  dans  les 
fosses  iliaques,  avec  constipation  ou  au  contraire  avec 
diarrhée.  Bientôt,  au  bout  de  deux  à  quatre  jours  en  général, 
les  téguments  prennent  une  teinte  iciérique  plus  ou  moins 
accusée;  les  selles  alors  sont  habituellement  décolorées,  et 
les  urines,  hautes  en  couleur,  renfermentdu  pigment  biliaire 
et  le  plus  souvent  une  proportion  notable  d*albumine. 

En  même  temps  que  Tictère,  on  note  parfois  des 
éruptions,  herpès  labial,  érythème,  voire  roséole  rappelant 
rcxanlhème  de  la  fièvre  typhoïde.  Comme  signes  physiques, 
on  trouve  de  Thypertrophie  du  foie,  avec  endolorissement 
de  rhypochondre  droit  et  une  augmentation  de  volume  très 
sensible  de  la  rate. 

En  présence  de  cet  ensemble  morbide,  où  domine 
Tadynaraîe,  mais  où,  fait  négatif  qui  a  son  importance,  les 
phénomènes  thoraciques  font  presque  toujours  défaut,  on 
est  en  droit  de  craindre  une  évolution  rapidement  fatale; 
mais  voici  qu'à  la  fin  du  premier  septénaire  se  produit  une 
détente  marquée  dans  les  symptômes  généraux  et  surtout 
dans  le  mouvement  fébrile,  détente  qui  aboutit  quelquefois 
sans  secousses  à  la  convalescence,  mais  qui  plus  souvent 
n'est  que  de  courte  durée.  Dans  ce  dernier  cas,  la  fièvre 
reprend  pour  remonter  à  peu  près  à  son  niveau  primitif; 
f  état  typhoïde  semble  s'accentuer  ;  parfois  même  il  se 
produit  des  hémorrhagies,  notamment  sous  la  peau  et  au 
niveau  de  la  pituitaire,  qui  paraissent  assombrir  singuliè- 
rement le  pronostic.  Mais  cette  rechute  est  plus  courte 
encore  que  la  première  période  de  la  maladie;  brusquement 
la  température  tombe  et  le  pouls  revient  à  la  norme,  pendant 
que  les  phénomènes  généraux  adynamiques  disparaissent. 
C'est  une  véritable  crise,  ainsi  qu'en  témoigne  l'examen  des 
urines,  devenues  très  abondantes.  L'ictère  s'efface  assez 
rapidement;  le  foie  et  la  rate  reprennent  leurs  dimensions 
physiologiques,  et  la  convalescence  commence  ;  elle  est 
lente,  pénible  et  il  se  passe  quelquefois  trois  à  quatre 
semaines  avant  que  la  guérison  soit  complètement  achevée. 

En  somme,  début  brusque  par  une  fièvre  intense,  des 
accidents  adynamiques,  des  troubles  digestifs  divers,  qui 


s'accompagnent  bientôt  d'ictère  et  d'albuminurie,  avec 
hypertrophie  du  foie  et  de  la  rate;  habituellement,  au  boni 
de  quelques  jours,  rémission  surtout  dans  les  phénomènes 
fébriles,  suivie  d'une  rechute  où  de  nouveaux  symptômes 
graves,  tels  que  des  hémorrhagies,  se  produisent  ;  enfin, 
défervescence  rapide  avec  crise  urinaire,  telle  est  la  marche 
de  l'affection  dans  la  majorité  des  cas. 

IV 

Qu'on  attribue  s\  une  intoxication  ou  à  une  infection  un 
syndrome  dont  les  traits  essentiels  sont,  en  dehors  de  la 
rechute,  la  fièvre,  l'ictère,  l'albuminurie  et  enfin  l'adyna- 
mie,  rien  de  plus  légitime.  Mais  de  là  à  conclure  à  l'exis'^ 
tence  d'une  entité  morbide  nouvelle,  il  y  a  loin,  alors  que 
les  documents  cliniques,  d'ailleurs  peu  nombreux,  sont  fort 
disparates  et  que  l'enquête  éliologique  n'a.4oJHié  que  des 
résultats  contradictoires. 

D'autre  part,  comme,  à  tout  prendre,  ces  phénomènes 
sont  de  ceux  qu'on  rencontre  dans  maints  processus  infec^ 
tieux  très  répandus,  on  conçoit  que  divers  auteurs  n'aient 
vu  dans  la  maladie  de  Weil  qu'une  modalité,  ex<:eptionnelle 
il  est  vrai,  de  l'un  ou  l'autre  de  ces  processus;  leurs  con- 
clusions ont  nécessairement  varié  suivant  qu'ils  ont  attaché 
une  importance  prépondérante  à  tel  ou  tel  des  symptômes 
morbides. 

C'est  ainsi  que  des  pathologistes  comme  Haas  à  Prague, 
et  Longuet  en  France,  ont  invoqué  la  note  adynamique  qui 
domine  la  scène  dans  la  maladie  de  Weil  pour  rapprocher 
celle-ci  de  l'affection  asthénique  par  excellence,  de  la  fièvre 
typhoïde,  dans  sa  forme  abortive  en  particulier.  Mais  la 
brusquerie  du  début,  Tenvahissement  en  quelque  sorte  fou- 
droyant de  l'économie,  l'ascension  rapide  de  la  tempéra^ 
ture,  qui  atteint  son  fastigium  dès  le  deuxième  ou  le  troi- 
sième jour,  l'apparition  si  précoce  de  Tictère,  l'intégrité 
de  l'appareil  respiratoire,  voilà  autant  de  caractères  de  la 
maladie  de  Weil  qui  n'appartiennent  point  à  la  fièvre 
typhoïde.  D'ailleurs  les  données  d'épidémiologie  ne  plaident 
pas  en  faveur  de  cette  interprétation  ;  la  coexistence  obser- 
vée à  Prague,  par  Haas,  d'une  épidémie  de  typhus  abortif 
et  d'une  série  d'ictères  de  Weil,  n'a  été,  je  crois,  signalée 
d'une  manière  positive  par  aucun  autre  auteur,  et,  lors* 
qu'il  s'agit  d'une  maladie  aussi  répandue  que  la  dothié- 
nentérie,  plus  que  jamais  on  peut  invoquer  le  vieil  adage  : 
Testis  unuSy  testis  nulliis. 


disséminées  aussi  bien  sur  les  pentes  des  jardins  du  Tro- 
cadéro  que  dans  les  galeries  du  quai  et  dans  certaines  par- 
ties des  divers  palais.  On  aura  une  idée  de  cette  dissémina- 
tion  —  à  coup  sûr  excessive  —  lorsqu'on  sonçera  que  le 
jury  de  la  classe  64  seule  doit  occuper  plus  de  vingt  séances 
très  remplies  à  faire  un  examen  sommaire  des  objets  qui  y 
sont  exposés.  Aussi  nous  permettra-t-on  de  ne  signaler  dans 
les  lignes  qui  vont  suivre  que  les  particularités  les  plus 
intéressantes  par  leur  nouveauté  et  leur  valeur,  en  les 
groupant  suivant  un  ordre  aussi  rationnel  que  possible. 
Nous  passerons  ainsi  successivement  en  revue  l'hygiène,  la 
médecine  proprement  dite,  la  chirurgie,  la  thérapeutique, 
enfin  l'assistance  publique  et  privée. 

L  Hygiène.  —  La  prévention  des  maladies  et  leur  pro- 
phylaxie nécessitent  une  variété  d'autant  plus  considérable 
de  procédés  et  d'appareils  qu'elles  dépendent  de  causes 
multiples.  Il  ne  s'agit  pas  seulement  de  faire  application  de 


doctrines  étiologiques  pour  supprimer  tel  ou  tel  foyer  pesti- 
lentiel, pour  empêcher  la  transmission  de  tel  ou  tel  microbe 
pathogène  à  l'aide  d'éléments  et  d'objets  divers;  il  faut 
aussi  prévoir  le  retour  des  fléaux  épidémiqnes  par  une 
application  stricte  et  rigoureuse  des  règles  de  la  salubrité^ 
par  des  travaux  d'assainissement  en  rapport  avec  les  condi- 
tions climatériques  et  les  habitudes  locales.  Un  axiome  bien 
connu  de  toute  antiquité  consiste  à  dire  que  les  maUdies 
naissent  et  se  propagent  surtout  dans  les  milieux  insalubres; 
mais  il  n'y  a  pas  longtemps  que  ses  conséquences  se  sont 
généralisées,  qu'elles  sont  tombées,  en  quelque  sorte,  dans 
le  domaine  public,  et  que  l'assainissement,  comme  l'exécu- 
tion des  mesures  sanitaires,  ont  cessé  d'être  l'objet  de  préoc 
cupations  passagères  pour  s'imposer,  d'une  manière  con- 
stante et  rationnelle,  tant  aux  pouvoirs  publics  quaux 
simples  particuliers.  Lors  des  effroyables  hécatombes  que 

f produisaient  autrefois  si  fréquemment  les  maladies  pcsti- 
entielles,  d'excellentes  précautions  étaient  édictées  et  exé*' 


m  —  «•  28  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  i2  Juillet  1889 


Mais  il  est  une  affection  qui  offre  des  analogies  bien  plus 
manifestes  avec  la  maladie  de  Weil  :  c'est  la  typhoïde 
bilieuse  de  Griesinger,  où  Ton  retrouve  fièvre  adynamique 
à  type  rémittent,  ictère  et  albuminurie.  Aussi  Weil  avait-il 
quelques  droits  à  rapprocher  ces  deux  syndromes  ;  malheu- 
reusement pour  cette  thèse  les  dissemblances  sont  éga- 
lement accusées,  dans  les  cas  même  où  la  rechute  existe,  ne 
serait-ce  qu'au  point  de  vue  de  l'évolution  thermique  et  du 
pronostic  qui,  dans  la  typhoïde  bilieuse,  est  souvent  fatal. 
N*oublions  pas,  du  reste,  que  Ton  a  cherché  en  vain  les  spi- 
rogènes  d'Obermeyer  dans  la  maladie  de  Weil,  et  aussi  que 
celle-ci  a  été  observée  dans  des  régions  où  n'existe  point  le 
relapsing  fêter. 

D'ailleurs,  de  ce  que  fièvre  rémittente  et  maladie  de 
Weil  sévissent  simultanément  dans  un  pays,  est-on  en  droit 
de  conclure  à  leur  identité  pathogénique!  En  aucune  façon, 
pas  plus  qu'il  ne  serait  légitime  d'attribuer  à  l'iufluenza  ou 
à  la  fièvre  intermittente  des  affections  qui,  nées  en  pleine 
épidémie  grippale  ou  paludéenne,  rappellent  à  certains 
égards  l'un  ou  l'autre  de  ces  états  morbides. 

Aussi,  sans  repousser  absolument  la  doctrine  de  Weil, 
pour  quelques  cas  du  moins,  croyons-nous  qu'elle  n'est  pas 
applicable  à  la  généralité  des  faits. 

Reste  la  conception  qui  a  rencontré  le  plus  de  faveur  en 
France,  celle  qui  rapproche  la  maladie  de  Weil  des  ictères 
graves;  elle  nous  séduirait  davantage,  précisément  parce 
qu'elle  ne  tranche  pas  la  question  de  pathogénie.  Cette 
dénomination  doit,  en  effet,  s'appliquer  non  à  une  entité 
morbide,  mais  à  un  syndrome  d'intensité  très  variable,. qui 
est  l'expression  clinique  de  l'insuffisance  hépatique,  quelle 
qu'en  soit  l'origine  :  infection,  hétéro  ou  auto-intoxication. 
Entre  l'ictère  le  plus  manifestement  infectieux  et  l'ictère 
catarrhal  le  plus  bénin,  il  existe,  les  travaux  français  l'ont 
démontré,  une  série  d'états  pathologiques  intermédiaires, 
où  la  gravité  des  phénomènes  tient  tantôt  à  la  nature  de 
l'agent  pathogène  (microbes,  substances  toxiques  provenant 
d'une  alimentation  vicieuse  ou  d'une  dépuration  organique 
insuffisante),  tantôt  à  la  débilitation  antérieure  de  l'éco- 
nomie par  la  misère  ou  les  excès  alcooliques.  D'où  les  déno- 
minations d'ictère  pseudo-grave,  de  typhus  hépatique  bénin, 
qui  s'appliquent  à  merveille  à  la  maladie  de  Weil,  et' sous 
lesquelles  on  a  décrit  antérieurement  au  professeur  de  Hei- 
delberg  des  faits  absolument  du  même  ordre;  car  on  y 
retrouve  non  seulement  l'ictère  et  l'albuminurie,  mais 
encore  la  rechute  et  la  polyurie  de  la  fin. 


cutées  momentanément;  il  en  fut  de  même  en  Europe 
jusqu'à  l'apparition  de  la  peste  en  1821,  du  choléra  en  1832; 
l'Angleterre,  dès  cette  époque,  commença  cet  admirable 
mouvement  de  réforme  sanitaire,  administrative  et  privée, 
dont  elle  recueille  aujourd'hui  les  fruits.  Il  a  fallu 
chez  nous  le  choléra  de  1884  pour  nous  sortir  de  notre  tor- 
peur ;  depuis  cette  époque,  Thygiène  fait  chaque  année  des 
pas  de  géant  en  France,  et  l'on  n'a  jamais  pu  encore  autant 
s'en  convaincre  qu'en  parcourant  à  l'Exposition  actuelle  les 
galeries  et  les  pavillons  qui  lui  sont  consacrés. 

S'agit-il  d'assurer  la  prophylaxie,  nos  constructeurs  se 
sont  ingéniés  à  constituer  un  arsenal  naguère  encore  tota- 
lement inconnu;  doit-on  assurer  la  salubrité  de  l'habitation, 
l'assainissement  de  la  ville,  voie  publique  et  sous-sol,  les 
appareils  abondent,  qui  ont  pour  but  d'assurer  l'éloigne- 
ment  immédiat  et  complet  des  matières  usées,  la  destruc- 
tion absolue  des  immondices  de  toutes  sortes,  de  déter- 
miner un  chauffage  qui  n'enlève  pas  à  l'atmosphère  ses 


Mais,  dira-t-on,  comment  expliquer  les  faits  à  caractère 
épidémique?  Ne  peut-on  pas  invoquer  tantôt  une  constitu- 
tion saisonnière  déterminant  des  ictères  pseudo-grave.s. 
comme  il  en  est  qui  amènent  une  série  de  congestions  pul- 
monaires et  d'embarras  gastriques,  tantôt  l'action  d'aiie 
même  cause  morbide,  telle  qu'une  alimentation  défectueuse 
ou  le  surmènement,  s'exerçant  sur  un  certain  nombre  d'in- 
dividus qui  vivent  dans  des  conditions  identiques  :  soldats. 
garçons  bouchers  de  Dresde,  etc.? 

L.  Dreyfus-Brisac. 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

La  posologie  et  le  mode  d'admliiloirotloB  de  la 
cornoUne. 

Recommandée  par  H.  Thomson  et  d'autres,  comme  un 
succédané  de  l'ergot  de  seigle  et  de  Tei^otine  ;  cette  sub- 
stance  peut  être  prescrite  en  pilules  ou  en  solution  pour 
l'usage  hypodermique. 

l*"  Pilules  de  cornuiine.  —  Utilisables  surtout  pour 
activer  le  travail  de  l'accouchement  ou  combattre  les  mé- 
trorrhagies  consécutives  aux  métrites  et  aux  inflammatioD^ 
des  annexes  de  l'utérus;  elles  ont  pour  formule  : 

Gornutine 10  centigrammes. 

Argile 4  grammes. 

Glycérine q.  s. 

Diviser  en  vingt-cinq  pilules  semblables^  que  l'on  admi- 
nistre à  raison  de  deux  à  trois  par  dose  en  répétant  au 
besoin  la  dose  deux  ou  trois  fois  par  jour. 

2°  Injections  sous^-cutanées  de  cornutine.  —  On  les 
emploie  surtout  contre  les  métrorrhagies  puerpérales,  après 
l'accouchement  ou  l'avortement,  pour  combattre  l'inertie 
utérine  ou  arrêter  le  flux  sanguin.  Elles  ont  pour  formule  : 

Gornutine iO  centigrammes. 

Eau  distillée 20  grammes. 

Acide  chlorhydrique... .       X  gouttes. 

De  trois  à  quatre  injections  quotidiennes. 

Ch.  ËLOT. 


qiialités  vivifiantes,  d'établir  une  ventilation  lente  et  par- 
faite, d'obtenir  l'aération  continue  des  locaux  habités  sans 
gêne  pour  ceux  qui  les  occupent. 

Le  plus  remarquable  exemple  que  nous  présente  l'Expo- 
sition de  l'ensemble  de  ces  réalisations  industrielles  nous 
est  donné  dans  le  pavillon  spécialement  édifié  sur  l'espla- 
nade des  Invalides  par  MM.  Geneste  et  Herscher.  Aucune 
maison  dans  le  monde  entier  ne  représente  ainsi  les  diverses 
applications  du  génie  sanitaire  pour  le  chauffage,  l'aéra- 
tion, la  ventilation,  la  désinfection  et  l'assainissement.  Elle 
est  l'exemple  de  ce  que  peut  une  volonté  commune  appli- 
quée à  un  but  déterminé,  combien  le  domaine  de  l'indus- 
trie sanitaire  est  vaste,  mais  combien  aussi  il  comprend  des 
solutions  aisées,  éléi^anles  et  efficaces  lorsqu'une  même 
idée  guide  l'invention  dans  les  différentes  branches  qu'il 
comporte.  A  ce  point  de  vue,  la  partie  de  la  vaste  exposition 
de  celte  maison  qui  se  rapporte  à  la  désinfection  est  tout 
spécialement  intéressante  pour  la  médecine.  Le  matériel 


fâ  Juillet  1889 


GAZETTE  HEBDOIKADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  »•  28  —    445 


BEVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

M.    LE  PROFESSEUR   ED.    VON   WAHL  (dE   DORPAT). 

9ar  le  atogaostle   eltnlqae    de   rocelosloii   latesilBale 
par  éirang^lentciit  ou  par  volvoln*. 

Dans  son  étude  sur  les  obslructions  et  les  rétrécissemenls 
lie  rintestin,  dans  le  compendium  de  Ziemssen,  Leichten- 
stern  affirme  que  le  diagnostic  sur  le  vivant  doit  être  anato- 
mique.  Il  ne  suffît  pas  de  reconnaître  qu'il  y  a  obstacle, 
mais  il  faut,  à  l'aide  des  symptômes  objectifs,*^à  l'aide  des 
anamnèstiques,  déterminer  le  siège,  la  cause  et  la  nature 
de  cet  obstacle. 

Mais  quand  on  étudie  les  travaux  récents  sur  la  matière, 
et  en  particulier  ceux  qui  s'efforcent  de  préciser  les  indica- 
tions chirurgicales,  on  est  étonné  de  voir  combien  peu  on 
obéit  à  ces  préceptes  si  clairement  formulés  en  théorie  ; 
combien  peu  nous  sommes  avancés  dans  la  connaissance  des 
faits  cliniques  qui  répondent  à  des  modifications  anatomi- 
ques  déterminées;  et  combien,  dès  lors,  nos  tentatives 
opératoires  et  leurs  résultats  portent  la  marque  de  nos 
incertitudes. 

Certes  on  ne  saurait  nier  que,  grâce  à  l'antisepsie,  grâce 
H  l'innocuité  des  actes  opératoires,  on  n'ait  depuis  dix  à 
quinze  ans  fait  des  progrès  réels.  Nous  avons  appris,  â 
l'aide  de  règles  précises,  à  nous  orienter  dans  le  ventre,  à 
surmonter  les  difficultés  que  présenie  la  réduction  de  l'in- 
testin météorisé,  mais  les  indications  opératoires  sont 
restées  aussi  vagues  qu'autrefois.  On  se  borne  â  constater 
que  le  cours  des  matières  est  suspendu,  mais  on  ne  cherche 
pas  à  faire  un  diagnostic  anatomique  précis  ;  une  fois  le 
ventre  ouvert,  on  verra  bien  ce  qu'est  l'obstacle  l  El  on 
opère  au  hasard  ;  on  marche  sans  savoir  ce  que  l'on  a  devant 
soi. 

De  cette  insuffisance  des  notions  cliniques  résulte  la 
stérilité  des  nombreuses  discussions  qui  se  sont  déroulées 
(levant  diverses  Sociétés  savantes.  Les  jeunes,  dans  leur 
audace,  préconisent  la  laparotomie,  sans  tempérament: 
les  cas  sont  bien  rares,  disent-ils,  ou  l'on  ne  puisse  pas 
lever  l'obstacle;  et  l'incision  exploratrice  rend  superflu  un 
diagnostic  anatomique  préalable.    Mais   les    plus  rassis, 

Îtarmi  les  membres  de  notre  profession,  hochent  volontiers 
a  tête  à  cette  assertion,  et  parlent  plutôt  de  l'entérotomie, 
opération  purement  palliative,  s'adressant  au  symptôme 
principal.  Mais  cette  opération,  elle  aussi,  n'est-elle  pas 
entreprise  au  hasard? 

L'impression  personnelle  que  chacun  tire  de  sa  propre 
expérience  conduit  donc  à  des  contradictions.  La  méthode 
statistique  ne  fournit  pas  de  résultats  plus  convaincants.  Le 
fait  brutal  d'un  tant  pour  cent  de  mortalité  parmi  les  opérés 


n'a  pas  une  signification  bien  importante  ;  et  Schram m 
parait  exagérer  l'optimisme  quand  il  donne  comme  preuve 
d'un  progrès  réel  que  la  mortalité,  de  64  pour  100  avant 
l'antisepsie,  s'est  abaissée  de  nos  jours  à  58  pour  100. 

En  réalité,  aux  yeux  de  quiconque  est  habitué  à  faire 
autant  que  possible  une  étude  d'ensemble  des  modifications 
pathologiques  de  l'organisme,  l'acte  chirurgical  apparaît 
oien  moins  tout-puissant.  Celui-là  pense,  eu  effet,  qu'en 
levant  l'obstacle  matériel  on  ne  supprime  pas,  sans  plus 
tarder,  toutes  les  conditions  morbides  coexistantes  ;  qu  en- 
treprendre une  opération  sans  une  connaissance  précise  des 
altérations  anatomiques  engendrées  par  la  maladie  est 
toujours  un  de  ces  jeux  de  hasard  qu'en  toute  circonstance 
notre  art  et  notre  science  doivent  réprouver. 

Nous  ne  ferons  donc  des  progrès  ^ue  si  nous  renonçons  à 
la  vivisection  sur  nos  semblables  et  si  nous  nous  astreignons 
de  nouveau  à  ce  précepte  qu'avant  de  prendre  le  couteau, 
nous  devons  avoir  établi  le  diagnostic  anatomique  de 
l'occlusion,  de  son  siège,  de  sa  nature.  Mais  comment  y 
parvenir? 

Voyons  donc  si  les  études  cliniques  ont  conduit  à  la  con- 
naissance de  quelques  symptômes  permettant  d'arriver  à 
ces  notions. 

L'examen  des  travaux  récents,  et  en  particulier  de  ceux 
de  Leichtenstern.  Peyrot,  Trêves,  ne  nous  fournit  aucune 
réponse  satisfaisante.  Les  variétés  anatomiques  de  l'occlu- 
sion sont  décrites  avec  soin,  mais  l'étude  symptomatique 
est  toujours  faite  d'ensemble.  Les  symptômes  classiques, 
communs  à  toutes  les  formes,  sont  seuls  indiqués:  arrêt 
des  matières,  vomissement,  anurie,  collapsus;  de  l'état 
physique  du  ventre,  il  n'est  guère  fait  mention  que  du 
météorisme,  abstraction  faite  de  quelques  cas  spéciaux  :  le 
boudin  de  l'invagination,  la  masse  fécale  appréciable  à  la 
palpation,  ou  la  tumeur,  sentie  de  la  même  manière,  qui  com- 

[irime  l'intestin.  Quant  au  météorisme,  les  variétés  qu'on 
ui  décrit  sont  plus  théoriques  que  pratiques  ;  tels  sont  le 
ballonnement  colique  circulaire  pour  les  obstacles  coliques 
inférieurs;  le  ballonnement  péri-ombilical  pour  les  obsta- 
cles de  la  partie  inférieure  ae  l'intestin  grêle.  On  signale 
bien  l'asymétrie  du  météorisme,  mais  sans  y  insister  assez. 
Et  si  Frantzel  prétend  distinguer,  à  la  percussion,  les  anses 
situées  eu  amont  et  celles  qui  sont  en  aval  de  l'obstacle; 
d'autres  auteurs,  Leichtenstern  en  particulier,  n'accordent 
que  peu  de  valeur  à  ce  symptôme. 

Mais  on  s'étonne  qu'au  milieu  de  ces  propositions  contra- 
dictoires on  ne  cherche  pas  à  élucider  certaines  questions  à 
l'aide  de  ce  qu'on  voit  se  passer  dans  les  hernies  extérieures 
étranglées.  Si  l'obstacle  mécanique  au  cours  des  matières 
et  des  gaz  était  la  seule  cause  du  météorisme  au-dessus  de 
cet  obstacle,  on  devrait,  dans  ces  hernies,  établir  par  l'examen 


qui  y  est  réuni  comprend  en  effet  :  l*"  des  études,  fixes  et 
mobiles,  à  vapeur  directe  sous  pression,  avec  surfaces  chauf- 
fantes intérieures  complémentaires;  â""  des  étuves  pour  la 
stérilisation  des  caisses  à  biscuits;  d'odes  appareils  pour  la 
désinfection  des  murs  des  habitations,  des  parois  des  salles 
d'hôpitaux,  casernes,  navires,  écuries,  wagons  à  bestiaux, 
voitures  de  blessés,  etc.,  par  la  projection  de  liquides  anti- 
septiques; 4**  des  appareils  spéciaux  pour  la  désinfection  et 
le  nettoyage  des  crachoirs  des  phlhisi(|ues  ;  5°  des  appareils 
pour  nettoyer  et  désinfecter  le  matériel  des  marchés  d'ani- 
maux et  des  abattoirs;  G'^des  appareils  pour  la  stérilisation 
des  instruments  de  chirurgie  ;  7"  des  appareils  pour  l'inci- 
nération des  rebuts  provenant  du  nettoyage  des  salles  de 
malades  et  des  objets  de  pansements. 

Quelle  que  soit  la  théorie  adoptée  pour  expliquer  la  pro- 
pagation des  diverses  affections  transmissibles,  il  est  un  fait 
absolument  certain,  admis  par  tous  les  auteurs,  c'est  que 
les  objets  salis  par  le  malade  renferment  de  nombreuses 


causes  de  transmission.  Or,  si  la  chimie  fournit  des  matières 
capables  de  détruire  les  germes  et  virus  aujourd'hui  connus, 
il  importe  aussi,  pour  les  administrations  publiaues,  d'être 
en  possession  de  procédés  de  désinfection  capables,  s'il  est 
possible,  d'obtenir  cette  destruction  sans  détérioration  ap- 
préciable des  objets  soumis  à  la  désinfection.  Lorsque  des 
administrations  procèdent  à  la  désinfection  des  objets  de 
literie,  de  linges  et  des  vêtements  d'un  malade,  des  car- 
gaisons de  navires,  etc.,  elles  sont  en  quelque  sorte  respon- 
sables des  dommages  que  cette  opération  sanitaire,  quelque 
nécessaire  qu'elle  soit,  peut  causer,  et  elles  s'exposeraient 
souvent  à  des  demandes  reconventionnelles  très  onéreuses, 
si  elles  se  servaient  de  procédés  exerçant  une  action  des- 
tructive. Or,  il  ne  faut  pas  songer,  lorsqu'il  s'agit  de  tels 
objets,  à  l'emploi  de  composés  chimiques,  dont  l'effet  n'est 
réellement  efficace  qu'à  des  doses  entraînant  leur  altération 
constante;  on  ne  peut  songer  non  plus  à  l'emploi  du  feu, 
surtout  si  l'on  parvient  à  un  résultat  aussi  efficace  à  l'aide  de 


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N-  27  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


5  Juillet  1889 


quelques-uns  des  symptômes  de  rintoxication  arsenicale 
aignô  et  chronique,  ainsi  que  sur  les  modes  et  la  durée  de 
rélimination  hors  du  corps  humain  de  Tarsenic  et  de  ses 
composés.  Les  recherches  cliniques  et  chimiques/dont  ce 
mémoire  rend  compte,  ont  été  faites  à  l'occasion  de  récentes 
affaires  médico-légales.  On  peut  diviser  les  symptômes 
observés  suivant  auatre  périodes,  caractérisées  la  première 
par  des  troubles  digestifs  ;  la  seconde  par  des  éruptions 
cutanées  et  du  catarrhe  laryngo-bronchique  ;  la  troisième 
par  des  troubles  de  la  sensibilité  et  la  quatrième  par  des 
paralysies.  La  guêrison  est  fréquente,  mais  très  lente 
lorsque  la  paralysie  est  constituée;  la  mort  survient  le  plus 
souvent  par  le  cœur,  mais  elle  peut  aussi  se  produire  p  ir 
un  autre  mécanisme.  La  quantité  de  poison  ingérée  peut 
n*être  pas  suffisante  pour  déterminer  la  mort  dans  les 
quelques  jours  qui  suivent  son  absorption.  Le  poison  peut 
même  avoir  le  temps  de  s'éliminer,  mais  les  modifications 
anatomiques  survenues  dans  les  cellules  hépatiques,  rénales 
et  dans  les  fibres  musculaires,  survivent  à  sa  présence  et  la 
mort  en  est  la  conséquence  par  un  processus  qui  peut  se 
comparer  k  celui  de  l'intoxication  alcoolique.  11  imptirte,  on 
le  conçoit,  de  bien  connaître  les  moyens  de  diagnostiquer 
rintoxication  arsenicale  pendant  la  vie.  Tout  d'abord  le 
médecin  doit  faire  analyser  les  urines.  Il  faut  qu'il  les 
recueille  lui-même  pour  éviter  une  substitution.  La 
recherche  de  l'arsenic  dans  les  urines  ne  présente  aucune 
difficulté  et  elle  constitue  un  précieux  moyen  de  contrôle, 
car  l'arsenic  existe  dans  l'urine  non  seufement  quelques 
minutes  après  l'ingestion,  mais  encore  lorsque  celle  inges- 
tion a  cessé  depuis  un  temps  relativement  long  (quarante 
jours  dans  une  observation  du  docteur  Gaillard).  On  peut  en 
outre  faire  couper  les  cheveux  et  la  barbe  pour  y  faire  la 
même  recherche. 

.  Ces  résultats,  applicables  en  clinique,  sont  d'ailleurs 
expliqués  par  ceux  que  M.  Pouchet  a  obtenus  par  des  ana- 
lyses chimiques  :  quel  que  soit  le  mode  d'introduction  de  la 
substance  toxique,  ingestion  gastro-intestinale,  injection 
hypodermique  ou  intraveineuse,  l'arsenic  s'accumule  très 
sensiblement  dans  le  tissu  spongieux  des  os  et  s'y  fixe  de 
telle  façon  que  sa  présence  peut  être  décelée  dans  les  os  du 
crâne  et  les  vertèbres  notamment,  quelque  temps  après  que 
toute  trace  du  poison  a  disparu  des  viscères  dans  lesquels 
il  se  localise  en  plus  grande  quantité,  tels  que  le  foie.  Cette 
localisation  dans  le  tissu  spongieux  est  particulièrement 
nette  et  intense  lorsque  l'arsenic  est  absorbé  par  petites 
doses  longtemps  prolongées.  C'est,  au  contraire,  plutôt  dans 
les  os  riches  en  tissu  compact  que  l'arsenic  se  retrouve 
lorsque  le  poison  a  été  absorbé  à  doses  capables  de  déter- 
miner en  quelques  heures  des  accidents  sérieux.  L'arsenic 
ainsi  localisé  est  éliminé  avec  une  grande  lenteur  et,  sur  un 
certain  nombre  d'animaux,  on  retrouve  des  traces  nettement 
appréciables  d'arsenic  jusqu'à  huit  et  dix  semaines  après  la 
cessation  de  toute  absorption  arsenicale. 

La  recherche  de  Tarsenic  dans  les  différents  viscères  des 
animaux  sacrifiés  a  conduit,  au  contraire,  à  des  résultats 
absolument  négatifs,  en  général  à  partir  de  la  troisième 
semaine.  L'expérimentation  sur  les  animaux  a  permis  éga- 
lement de  constater  une  élimination  assez  intense  de 
l'arsenic  par  la  peau  et  les  poils  sur  les  chiens  et  les  lapins. 
Ces  conclusions,  jusqu'ici  purement  expérimentales,  ont  été 
confirmées  par  les  recherches  toxicologiques  faites  au  sujet 
des  empoisonnements  du  Havre.  La  présence  de  l'arsenic 
constatée  dans  les  os  du  crÀne,  les  vertèbres,  la  peau,  les 
cheveux,  les  ongles  des  personnes  ayant  succombé  à  l'in- 
toxication, doit  faire  ranger,  parmi  les  faits  défuiilivement 
acquis  à  la  toxicologie  humaine,  la  localisation  de  l'arsenic 
dans  le  tissu  spongieux  des  os,  ainsi  que  son  élimination 
par  les  cellules  épidermiques.  11  n'est  pas  sans  intérêt,  tant 
au  point  de  vue  toxicologique  qu'au  point  de  vue  de  la 
parenté  chimique,  de  rapprocher  cette  localisation,  dans  le 


t'ssu  spongieux  des  os,  de  Tarsenic  ingéré  h  de  petites 
doses,  de  celle  que  l'on  observe  dans  le  même  tissu  et  dans 
les  mêmes  conditions  avec  le  phosphore. 

H.  ilrmandfîaua^r  fait  remarquer  que  M.  ledocteurSkolo- 
bousofl,  médecin  de  l'hôpital  des  ouvriers  à  Moscou,  a  depuis 
longtemps  insisté  sur  les  symptômes  cliniques  qui  viennent 
d'être  rappelés.  En  Russie,  à  Moscou  en  particulier,  les 
paysans,  pour  se  préserver  de  la  vermine,  ont  l'habitude  de 
répandre  sur  le  sol  et  les  meubles  de  leurs  cabanes,  et 
même  sur  leur  propre  corps,  une  poudre  arsenicale  que  leur 
procurent  des  marchands  ambulants.  L'usage  de  celle 
poudre  n'est  pas  inolTensif  ;  elle  donne  souvent  lieu  à  des 
accidents  toxiques  :  ce  sont  ces  accidents  qui  ont  aussi 
donné  à  M.  Skolobousoff  l'idée  de  rechercher  les  différentes 
localisations  de  l'arsenic  dans  l'économie.  Il  résulte  des 
recherches  auxquelles  M.  Armand  Gautier  s'est  autrefois 
livré  avec  M.  Skolobousoff,  que  l'arsenic  se  localise  d'abord 
dans  la  moelle,  puis  ensuite  dans  le  foie,  les  muscles  et 
(inaleroent  dans  les  os.  Quant  à  ce  qui  concerne  la  substi- 
tution de  l'arsenic  au  phosphore  dans  lesos^  c'est  un  fait 
qui  a  été  mis  en  lumière  pour  la  première  fois  par  M.  Pa- 
pillon, et  ensuite  par  M.  llabuteau.  M.  Dragendorff,  cité  par 
M.  Brouardel,  n'a  fait  que  continuer  les  recherches  de  ces 
auteurs.  C'est  donc  là  une  découverte  d'origine  française. 

M.  Brouai*del  ne  croit  pas  aue  M.  Skolobousoff  ail 
signalé  la  présence  de  l'arsenic  dans  les  os  au  bout  d'un 
temps  aussi  long  que  celui  dont  il  a  parlé.  Chez  une  femme 
morte  quarante  jours  après  avoir  cessé  toute  absorption 
d'arsenic,  M.  Pouchet  ne  trouva  plus  de  poison  ni  dans  le 
foie,  ni  dans  la  rate,  mais  il  en  existait  encore  dans  les  os. 
La  lenteur  avec  laquelle  l'arsenic  disparait  des  os  est  un 
fait  très  important  en  médecine  légale. 

M.  Armand  Gautier  ne  croit  pas  non  plus  que  H.  Skolo- 
bousoff ait  constaté  la  présence  de  l'arsenic  dans  les  os  au 
bout  de  quarante  jours.  Si  ses  souvenirs  sont  exacts,  il 
croyait  qu  il  disparaissait  beaucoup  plus  tôt.  Aussi  n'a-t-il 
pas  voulu  faire  une  revendication  de  priorité,  mais  seule- 
ment rappeler  l'exislence  de  ses  travaux  et  de  ceux  de 
M.  Skolobousoff. 

M.  OUivier  a  observé  fréquemment,  dans  les  cas  d'intoxi- 
cation arsenicale  des  vomissements  sanguinolents. 

ExsTROPHiE  DE  LA  VESSIE.  —  M.  le  docteurPûtt/  Berger 
présente  une  petite  fille  de  neuf  ans  qu'il  a  opérée  avec 
succès  pour  une  exslrophie  complète  de  la  vessie  à  l'aide 
du  procédé  suivant: 

Il  a  commencé  par  reconstituer  un  urèthre  allant  de  Tori- 
fice  des  uretères  jusnu'au  voisinage  de  l'anus,  par  la  super- 
position de  deux  iambeaux  pris  aux  grandes  lèvres,  suivant 
un  mode  d'opération  analogue  à  celui  que  Thiersch  a  pré- 
conisé pour  la  cure  de  Tépispadias.  Quelque  temps  après, 
M.  Berger  a  recouvert  la  totalité  de  la  surface  vésicalc 
au  moyen  de  deux  lambeaux  adossés  par  leur  surface 
cruentée.  Enfin,  comme  il  restait  en  plusieurs  points  des 
fistules  faisant  communiquer  la  nouvelle  cavité  vésicale 
avec  la  région  hypogastnque,  une  s  îrie  d'opérations  suc- 
cessives a  été  instituée  dans  le  but  d'en  obtenir  l'oblité- 
ration. 

Le  résultat  est  aujourd'hui  complet,  et  la  totalité  des 
urines  déversée  au  voisinage  de  l'anus  par  le  canal  de  nou- 
velle formation,  peut  être  recueillie  dans  un  urinai.  Malgré 
ce  résultat  opératoire  satisfaisant  M.  Berger  signale  les 
crises  vésicales  douloureuses  dont  sa  malade  est  encore 
atteinte.  11  s'agit  d'un  état  de  cystite  chronique,  antérieur 
aux  opérations,  et  que  la  soustraction  de  la  surface  vésicale 
au  contact  de  l'air  a  amélioré  sans  le  faire  disparaître  com- 
plètement. Pendant  les  premiers  temps  la  cavité  nouvelle 
qui  tient  lieu  de  vessie  était  le  siège  d'incrustations  cal- 
caires qui  furent  à  plusieurs  reprises  extraites  par  l'urèllne. 


5  JuiLtKT  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         -.  N-  iî  -    43l 


Cette  tendance  a  disparu  depuis  que  les  dernières  fistules 
sont  closes;  mais,  malgré  le  traitement  dirigé  contre  elles, 
les  crises  douloureuses  persistent,  bien  que  plus  rares.  11 
s*agit  évidemment  des  conditions  anormales  dans  lesquelles 
se  fait  ejicore  actuellement  rémission  des  urines  et  que  la 
restauration  des  voies  excrétrices  de  l'urine  est  insuffisante 
à  faire  disparaître. 

— L'Académie  se  forme  ensuite  en  comité  secret,  afin  d'en- 
tendre la  lecture  d'un  rapport  de  M.  Nocard  sur  les  çan- 
didats  au  titre  de  corresponfJlarit  national  dans  la  troisième 
division  (Médecine  vétérinaire).  —  La  liste  de  classement 
est  la  suivante  :  1"  M.  Peucli  (de  Toulouse);  2"  M.  Signol 
(de  Villieis)  (Indre-et-Loire)  ;  3Vjî  œquo  et  par  ordre  alpha- 
bétique: MM.  Baillet  (de  Bordeaux);  Cornevin  (de  Lyon); 
Gaitier  (de  Lyon);  Laulanié  (de  Toulouse). 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  9  juillet  est  i\%é  ainsi 
qu'il  suit  :  1"  rapport  de  M.  Hérard  sur  un  travail  du  doc- 
teur Laval  concernant  le  traitement  de  l'occlusion  intesti- 
nale par  l'électricité;  2**  discussion  sur  le  chloroforme  et 
l'anesthésie.  InscHlsrMM.  Léùn  Le  Fort,  Laborde;  3"  lec- 
ture par  M.  le  docteur  Galezowski  sur  le  décollement  de  la 
rétine  et  son  traitement  par  les  sutures 


Sk»ciélé  médicale  de«  bôpllaos. 

SÉANCE   DU  28  JUI.H   1889.    —    PRÉSIDENCE 
DE   M.   CADET   DE   GASSICOUnT. 

Note  aor  un  cas  d'empyème  pulsatUe:  M.  Mlllard.  —  Traitement  de 
l'èpUepeie  par  l'application  répétée  de  pointes  de  feu  sur  le  cuir 
chevelu  (Présentation  de  malades)  :  M.  Féré.  — Coxalgie  hystérique 
'  avec  atrophie  musculaire  :  M.  G.  Ballet.  —  Anévrysme  disséquant 
de  l'aorte:  M.  Ferrand.  ^  Note  pour  servir  ft  l'histoire  de  la  pneu- 
monie infectieuse:  BL  Renault  ^Discussion  :  M.  Netter).  —  Fin  dé  la 
discussion  sur  la  prophylaxie  des  maladies  contagieuses  dans  les 
maladies  d'enfants:  Mltf.  Comby.  Nètter,  Lcgroux,  Juhel-Rénoy. 
Cadet  de  Oassicourt.  Bucquoy,  E.  Labhô,  Bevestre,  D'Heilly. 
Chauffard,  Richard.  Lailler,  Hervieux,  MiUard.  ->Note  pour  servir 
à  l'histoire  de  la  pneumonie  infectieuse:  M.  Renault.  —  Élection. 

M.  Millard  lit  une  note  sur  un  cas  d'empyème  pulsatile. 
(Sera  publié.) 

—  M.  Féré  présente  à  la  Société  deux  malades  épilcpti- 
ques,  traités  par  Tapplication  de  pointes  de  feu  sur  le  cuir 
chevelu.  L'un,  mis  en  traitement  depuis  le  10  février  1887, 
avait  eu  21  accès  en  1886,  et  7  en  1887;  il  n'en  eut  qu'un 
en  1888,  et  n'en  a  pas  présenté  depuis.  Le  second,  mis 
en  traitement  en  avril  1887,  a  eu  63  accès  en  1886, 
45  en  1887,  5  en  1888.  Ces  deux  faits  semblent  prouver 
l'utilité  du  traitement,  ainsi  que  les  améliorations  momen- 
tanées et  les  modifications  des  paroxysmes  obtenues  chez 
d'autres  malades. 

—  M.  Gilbert  Ballet  montre  un  malade  présentant  les 
déviations  caractéristiques  d'une  coxalgie  vraie,  flexion  de 
la  cuisse  avec  abduction  légère,  déviations  vertébrales  com- 
pensatrices, a^ro;)Ate  musculaire  de  la  cuisse  très  marquée. 
Cependant^  malgré  ra^ropWe,considéréeparBrodie  comme 
caractéristique  de  la  coxalgie  vraie,  il  s'agit  d'une  fausse 
coxalgie.  Çc  malade  est  un  hystérique,  un  dégénéré,  qui  après 
une  riboté  a  été  pris  d'hémiplégie  droite  avec  hémianes- 
thésie;de  ces  troubles,  la  contracture  des  muscles  pelvi- 
trochantériens  a  seule  persisté.  Cette  observation  montre 
combien  le  signe  de  Brodie  a  perdu  de  sa  valeur  au  point  de 
vue  du  diagnostic  des  coxalgies. 

—  M»  Ferrand  présente  l'aorte  d'un  malade  mort  d'un 
cancer  des  ganglions  du  hile  du  foie.  Au  niveau  du  hile  du 
poumon,  le  vaisseau  se  dédouble  en  deux  canaux  accolés 
comme  deux  canons  de  fusil,  jusqu'à  l'origine  de  Thypogas- 
trique.  S'agit-il  d'une  aorte  double  ou  d'un  anévrysme 
disséquant?  M,  Ferrand  incline  vers  celte  dernière  opinion. 


—  M.  Comby  termine  la  lecture  de  son  rapport  sur  la  pro- 
phylaxie des  maladies  contagieuses  dans  les  hôpitaux 
d'enfants.  Les  conclusions  VI,  Vil,  VIII,  ÏX,  X,  XI  sont 
adoptées.  Dans  la  conclusion  XII,  il  demande  que  l'amphi- 
théâtre d'autopsie  soit  considéré  et  traité  comme  un  pavillon 
d'isolement,  pourvu  de  blouses,  de  manches  imperméables, 
d'eau  chaude  et  froide,  de  tout  ce  qui  est  nécessaire  pour  le 
nettoyage  aseptique  des  mains. 

M.  Netter  demande  qu'on  isole  les  enfants  morts  de 
maladies  contagieuses,  afin  d'éviter  la  contagion  des  parçnts 
qui  viennent  reconnaître  les  cadavres. 

Celte  proposition  soulève  une  discussion  à  laquelle 
prennent  part  MM.  Comby,  N'tter,  Sevestre^^  LegrouXy 
Juhel-Rénoy,  Cadet  d'i  Gassicourty  D'Heilly^  Bucquoy^, 
E.  Labbé,  Chantemesse,  Richard,  Chauffard,  Laitier, 
Hervieux. 

M.  Sevestre  croit  qu1l  vaudrait  mieux  désinfecter  les 
cadavres. 

M.  Legroux  demande  comment  on  pourrait  désinfecter  un 
cadavre  de  diphthéritique. 

M.  Richard.  En  Tenveloppant  dans  un  suaire,  imbibé 
d'eau  phéniquée  à  5  pour  100,  on  empêche  les  germes  de 
se  propager. 

Après  quelques  observations  de  MM'.  Cadet  de  Gassicourt, 
Sevestre,  Laitier,  Legroux,  Hervieux,  M.  Comby  ajoute  à 
la  conclusion  XII  la  proposition  suivante:  Les  cadavres  des 
enfants  morts  de  maladies  contagieuses  seront  soumis  à 
des  mesures  de  désinfection. — Adopté  par  la  Société. 

M.  Millard  demande  la  suppression  de  la  conclu- 
sion XIII  du  rapport  de  M.  Comby,  demandant  que  la  somme 
de  200000  francs,  destinée  par  le  Conseil  de  surveillance  à 
l'amélioration  du  mobilier  des  hôpitaux,  soit  intégralement 
attribuée  aux  hôpitaux  d'enfants.  En  efi'et,  depuis  le  vote 
de  cette  somme,  le  Conseil  de  surveillance,  en  juin  1880,  a 
décidé  pour  l'emploi  d'une  somme  complémentaire  de 
402000  francs,  provenant  du  prélèvement  sur  le  pari  mutuel, 
un  certain  nombre  de  mesures  parmi  lesquelles  sont  les 
suivantes:  Création  d'un  service  de  douteux  dans  chacun 
des  deux  hôpitaux  d'enfants,  100000  francs;  création  à 
rhôpital  Tenon  d'un  service  d'isolement  pour  les  enfants 
du  service  de  chirurgie  atteints  d'affections  contagieuses, 
50000  francs. 

— :  M.  Renault  lit  une  note  pour  servir  à  l'histoire  de  la 
pneumonie  infectieuse.  Tandis  que  certains  auteurs  avec 
Jûrgensen  admettent  que  la  pneumonie  est  d'emblée  une 
maladie  générale,  d'autres,  avec  M.  G.  Sée,  la  considèrent 
comme  primitivement  locale  et  secondairement  générale, 
infectante.  Il  rapporte  Tobservation  d'un  jeune  homnie.qui 
est  entré  à  l'hôpital  Necker  le  12  octobre,  se  plaignant  de. 
maux  de  tète,  courbature  générale,  point  de  côté,  avec  une 
température  de  iO",?.  Les  deux  jours  suivants,  douleur  vive 
à  l'épaule  droite,  avec  empalement  considérable  dans  le 
creux  de  Tais  elle  (température  oscillant  entre  38  et 
39  degrés).  Le  17,  Huclualion  à  ce  niveau.  Le  18,  incision 
du  phlegmon.  Le  19,  on  entend,  pour  la  première  fois  à 
gauche,  en  bas  et  en  arrière,  un  souffle  pncumonique  très 
net,  avec  râles  crépitants.  Le  24,  déferyescence  complète. 
Le  26,  élévation  de  la  température,  due  à  l'apparition  d'un 
aJbcës  du  médius  droit  (pas  de  pneumocoques,  mais  seule- 
ment des  streptocoques  dans  le  pus).  Le  12  novembre,  le 
malade  sort  guéri. 

L'inflammation  pulmonaire  ayant  commencé  seulement 
cinq  jours  après  l'entrée  du  malade  à  l'hôpital,  ce  fait 
semole  être  en  faveur  de  la  théorie  de  Jûrgensen.  N'y  a-t-il 
pas  eu  dans  ce  cas  un  état  infectieux  avec  localisation  pul- 
monaire ?  Dans  les  cas  de  pseudo-pneumonies,  la  locali- 
sation pulmonaire  a  des  caractères  cliniques  diflérenls.  Les- 
signes    sont     habituellement     mobiles,    les    symptômes. 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


5  Juillet  1889 


généraux  prédominent  et  masquent  les  phénomènes  pulmo- 
naires ;  la  flèvre  présente  de  grandes  oscillations,  sans 
défervescence  brusque.  Le  cas  précédent  ne  répond  pas  à  ce 
type  morbide. 

M.  Netter  a  observé  un  cas  analogue  et  en  a  relevé 
plusieurs  dans  la  littérature  médicale.  L'examen  bacté- 
riologique en  fournirait  probablement  la  clef.  On  sait  déjà, 
et  M.  Jaccoud  a  montré,  que  les  suppurations  qui  apparais- 
sent à  la  fin  de  la  pneumonie,  sont  dues  à  des  migrations  de 
microbes  pyogèn^é  survenues  secondairement  dans  le  foyer 
pneumonique.  Ce  qui  explique  l'abcès  du  doiet  dont  le  pus 
ne  contenait  que  ie^  streptococcus  pyogènes.  S  il  y  a  eu,  dans 
le  cas  de  M.  Renault,  infection  générale  pneumonique  avant 
l'apparition  de  la  pneun^onie,  le  fait  ne  nous  est  prouvé  ni 
par  des  recherches  bactériologiques,  ni  par  la  vérification 
anatomique.  M.  Renault  ne  croit  pas  ici  à  une  pseudo- 
pneumonie,  à  une  broncho-pneumonie,  due  à  un  autre 
microbe  que  le  pneumocoque.  Mais  la  suppuration  observée 
après  la  défervescence  implique  la  participation  du  strepto- 
coque pyogène,  qui  peut,  lui,  déterminer  la  broncho-pneu- 
monie ;  or  il  est  identique  à  celui  de  Térysipèle,  et  dans 
l'érysipèle  on  observe  la  défervescence  brusque  et  la  déli- 
tescence. Enfin,  on  pourrait  admettre  ici  une  pneumonie 
survenue  à  titre  d'épiphénomène  au  cours  d'un  phlegmon 
thoracique. 

H.  Renault  a  voulu  prouver  que  la  pneumonie  était  plutôt 
une  maladie  infectieuse  qu'une  maladie  infectante. 

—  Pendant  la  séance,  MM.  Dreyfous,  André  Petit  et 
Variot  sont  nommés,  à  l'unanimité,  membres  de  la  Société. 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heurq^  vingt. 


Socléié  die  chtrarifle. 

SÉANCE  DU    26    JUIN   1889.  —  PRÉSIDENCE    DE  M.   NIGAISE. 

Disousslon  sur  le  traitement  des  myomes  utérins  :  MK.  Nicaise, 
TtorriUon.  PolalUon,  Champlonniëre. 

M.  Nicaise  désire  d'abord  attirer  l'attention  sur  quelques 
données  historiques.  Après  que  Ciniselli  (de  Crémone^  eut 
fait  de  la  galvanocaustie  chimique  une  méthode  déunie, 
cette  méthode  a  été  appliquée  par  divers  auteurs  au  trai- 
tement des  néoplasmes,  et  on  peut  citer,  à  ce  point  de  vue, 
Neftel  (de  New-York),  Semmola  (de  Naples).  Pour  les 
myomes  utérins,  en  particulier,  elle  leur  a  été  appliquée 
en  1875  (ainsi  qu'aux  kystes  ovariques),  par  Semelaerqui  a 
publié  à  ce  sujet  un  mémoire  intitulé:  Plus  (Tovariotomies. 
En  1878,  Cutter  faisait  connaître  le  résultat  de  cinq[uante 
myomes  ainsi  traités.  Puis,  en  1882,  vint  la  communication 
de  M.  Apostoli  à  TAcadémie  de  médecine.  Quelques  auteurs 
ont  cru  que  Télectricité  pourrait  faire  fondre  les  néoplasmes  : 
on  n'apastardé  à  se  convaincre  que  cette  opinion  est  erronée. 
D'autre  part,  oh  a  reconnu  qu'il  est  dangereux  d'user  de  la 
galvanopuncture  de  façon  à  provoquer  la  destruction  par 
gangrène.  D'ailleurs,  il  semble  bien  que  l'électrisation  donne 
des  résultats.  Comment  peut-on  les  expliquer?  Avant  tout, 
pour  s'en  rendre  compte,  il  ne  faut  pas  oublier  que  la 
marche  des  myomes  est,  bien  souvent,  spontanément  irré- 
gulière; que  la  cause  des  accidents  est,  en  outre,  fréquem- 
ment dans  des  lésions  de  voisinage.  Elle  est  souvent  dans  de 
l'endométrite  fongueuse  ou  glandulaire;  en  1887,  Wider  a 
insisté. sur  cette  aernîère  forme:  voilà  pourquoi  le  curet- 
tagede  l'utérus  est  parfois  un  excellent  palliatif  des  métror- 
rhagies,  comme  l'ont  montré  Coe,  Max  Runge.  Ailleurs,  il 
faut  faire  entrer  en  ligne  de  compte  une  sténose  du  col,  et  la 
dilatation  fait  cesser  les  accidents,  comme  dans  des  obser- 
vations de  Chadwick,  Kaltenbach,  Trélat,  Terrillon.  C'est 
dans  cette  catégorie  d'opérations  chirurgicales  palliatives 


au'il  faut  ranger  l'électrisation,  et  le  temps  seul  permettra 
e  se  prononcer  entre  ces  divers  moyens.  Mais  c'est  entre 
eux  qu'il  faut  les  mettre  en  parallèle,  et  non  avec  les  opé- 
rations réellement  curatives.  Ces  opérations  certes  sont 
graves,  et  surtout  elles  l'étaient.  Il  ne  faut  pas  oublier  que 
H.  Fritsch  (de  Breslau)  n'a  eu  aue  5  décès  sur  ses  33  der- 
nières myomectomies,  alors  qu  autrefois  il  en  avait  perdu 
11  sur  27. 

M.  Terrillon  n'a  soumis  au  traitement  électrique  que 
7  des  113  femmes  qu'il  a  soignées  pour  myomes  utérins. 
Trois  fois  il  a  confié  le  traitement  à  H.  Apostoli,  et  il  y  a  eu 
1  résultat  nul,  1  mort,  1  amélioration.  Il  ne  serait  pas  juste 
d'attribuer  la  mort  à  la  méthode  j  le  cas,  en  effet,  était  mau- 
vais :  le  fibrome,  enclavé,  n'avait  pu  être  extrait  par  une 
laparotomie  exploratrice.  Dès  la  première  séance  d'électri- 
sation,des  accidents  septico-pyohémiques  se  sont  déclarés  et 
l'autopsie  a  révélé  l'existence  d'un  fibrome  kystique  suppuré 
à  l'avance.  Mais,  par  contre,  rien  ne  prouve  qu'il  faille 
mettre  le  succès  à  l'actif  de  l'électrisation  :  la  femme,  âgée 
de  soixante  ans,  avait  une  métrorrhagie  très  intense,  maiselle 
portait  précisément  un  fibrome  qui,  presque  toujours  bieu 
toléré,  avait  déjà  causé,  à  de  grands  intervalles,  des  métror- 
rhagies  inquiétantes  qui  avaient  cessé  par  des  traitements  peu 
actifs.  Les  quatre  femmes  que  M.  Terrillon  a  électrisées  lui- 
même  n'ont  guère  bénéficié  davantage  :  une  fois  l'hémor- 
rhagie  s'est  arrêtée,  mais  pour  reparaître  au  bout  de  six 
semaines  et  il  a  fallu  recommencer;  deux  fois  elle  a  con- 
tinué comme  si  de  rien  n'était.  Une  fois  cependant  les  dou- 
leurs ont  été  nettement  amendées  et  —  d'après  deux  autres 
faits  où  l'électrisation  a  été  faite  sur  l'intestin  dont  l'occlusion 
compliquait  un  fibrome  utérin  douloureux  —  M.  Terrillon 
admet  que  c'est  là  le  résultat  le  plus  réel  de  l'électricité. 
En  somme,  on  a  donc  là  un  traitement  palliatif,  qu'il  ne 
faut  pas  repousser,  mais  au'on  doit  laisser  au  rang  d'adjuvant 
du  traitement  médical.  M.  Terrillon,  en  effet,  reste  scep- 
tique vis-à-vis  des  diminutions  de  volume  dont  parlent 
Quelques  auteurs.  N'a-t-on  pas  attribué  àl'ergotine,  aux  eaux 
de  Salies  de  Béarn  une  efficacité  analogue,  aujourd'hui  con- 
testée? Rien  ne  varie  comme  le  volume  d'un  fibrome,  ou 
plutôt  l'apparence  de  ce  volume,  sous  l'infiuence  des  dépla- 
cements de  la  masse,  du  deeré  de  distension  de  l'intestin. 
Et  quant  aux  disparitions,  M.  Terrillon  pense  qu'il  s'agit 
de  salpingites  méconnues;  c'est  une  erreur  de  diagnostic 
qu'on  faisait  presque  toujours,  il  y  a  quelques  années,  pour 
les  salpingites  accompagnées  de  métrorrhagies  ;  cette  erreur 
aujourd'hui  est  moins  fréquente,  mais  elle  est  loin  d'être 
rare. 

M.  Polaillon  rappelle  au'en  1882  M.  Segond  a  soutenu 
sa  thèse  sur  les  résultats  obtenus,  dans  le  service  deGallard, 
par  l'éîectrisalion  galvanique  des  myomes  :  ces  résultats 
étaient  nuls.  M.  Polaillon  continue  à  penser  que  ce  trai- 
tement ne  fait  rien  du  tout,  que  quelquefois  il  est  mortel; 
que  par  conséquent  il  faut  être  partisan,  en  principe,  des 
opérations  curatives.  La  gravité  de  ces  opérations  diminue 
peu  à  peu.  Sur  20  myomectomies  abdominales  M.  Polaillon 
n'eu  a  perdu  que  5,  dont  2  doivent  être  défalquées,  car  une 
des  malades  avait  une  dégénérescence  kystique  des  reins  et 
l'autre  a  été  opérée  dans  un  état  d'anémie  intense. 

M.  LucaS'Championnièrey  origine  du  débat,  le  clôt  en 
constatant  que  presque  tous  les  auteurs  sont  d'accord  sur 
l'efficacité  de  l'électrisation  comme  traitement  palliatif' 
M.  Boreilly  semble  se  méfier  à  cause  de  la  trop  grande  rapi- 
dité d'action;  cette  rapidité  est  précisément  un  des  carac- 
tères spéciaux  de  la  méthode,  et  le  point  faible  est  la  diffi- 
culté de  maintenir,  autrement  que  par  un  Iraîlemeut  d'une 
prolongation  fastidieuse,  cette  amélioration  obtenue  en 
quelques  jours.  M.  Championnière  constate  encore  que 
nombre  des  malades  dont  les  orateurs  précédents  ont  parlé 
et  qui  ont  subi  les  hautes  intensités  ont  ressenti  des  souf- 


5  Juillet  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        _  N*  27  —    439 


frances  notables;  d'autre  part,  il  y  a  quelques  décès  impu- 
tables à  la  méthode.  Il  maintient  donc  son  opinion  sur  la 
préférence  à  donner  aux  basses  intensités.  Maintenant  est-ce 
à  dire  que  Télectrisalion  doive  supplanter  l'intervention 
sanglante?  Absolument  pas,  malgré  certains  chirurgiens, 
américains  surtout,  qui  vont  plus  loin  que  M.  Aposloli  lui- 
même,  et  prétendent  que,  si  1  on  emploie  une  intensité  suf- 
fisante, les  myomes  fondent  comme  par  enchantement.  A  ce 
point  de  vue,  M.  Championnière  est  tout  à  fait  de  l'avis  de 
M.  Terrillon  sur  les  causes  de  l'erreur.  Dès  lors  la  chirurgie 
opératoire  garde  tous  ses  droits  et  le  traitement  électrique 
n'est  indiqué  que  lorsque  l'opération  radicale  est  contre- 
indiquée,  soit  que  la  tumeur  soit  inopérable,  soit  que 
le  malade  approche  de  la  ménopause  et  que  le  fibrome  ne 
cause  pas  des  accidents  trop  pressants. 

A.   BROCiL 


REVUE  DES  JOURNAUX 

THÉRAPEUTIQUE. 

1^  l«  ▼•leur  de  raallpyrlne,  de  l«aalirél>rine  el  de  la  phé- 
naeéttae  centre  la  coqueluche,  par  M.  Leubuscher.  —  L'au- 
teur a  étudié  comparativement  ces  trois  médicaments  durant 
la  dernière  épidémie  d'iéna. 

La  phénacétine,  même  à  la  dose  de  50  centigrammes  par  jour, 
était  absolument  inefticace.  Ces  résultats  démentent  les  succès 
annoncés  par  Katz. 

L'antifébrine  a  été  plus  efficace,  mais  son  emploi  n'est  pas 
sans  danger,  puisqu'elle  peut  provoquer  la  cyanose. 

L'antipyrine  était  administrée  selon  la  méthode  de  Sonnen- 
berger,  c'est-à-dire  à  raison  de  trois  ou  quatre  doses,  dont  la 
totalité  représente  autant  de  centigrammes  que  l'enfant  est  âgé 
d'années.  Prescrite  dès  le  début  de  la  maladie,  l'antipyrine  pa- 
rait diminuer  la  durée  et  Fintensité  des  quintes.  A  une  période 
avancée  de  la  maladie,  les  effets  thérapeutiques  ne  sont  pas 
supérieurs  à  ceux  des  autres  médicaments.  Enfin,  dans  aucun 
cas,  malgré  les  affirmations  de  ses  avocats,  cette  médication  n'a 
pu  couper  la  maladie.  {Centrabl.  f.  klin,  Medic,  1889,  n"  7.) 

Du  traitemeiil  de  la  coBPtIpailon  baliliaelle  par  le  maii- 
Mi«e,  par  M.  Eccles.  —  Dans  un  premier  groupe,  Tauteur  place 
les  individus  des  deux  sexes  en  puissance  de  neurasthénie  et 
chez  lesquels  la  constipation  est  de  cause  trophonévrotique.  Le 
traitement  demande  alors  six  à  dix  semaines  et  consiste  dans  : 
l^'  le  repos  au  lit  pendant  trois  semaines  ;  2°  l'emploi  du  massage 
général  deux  fois  chaque  jour  et  des  massages  abdominaux  à 
raison  de  trois  à  quatre  séances  quotidiennes  ;  S"*  l'augmenta- 
tion de  la  quantité  des  boissons  ;  i*"  la  substitution  au  massage, 
mais  graduellement,  d'exercices  gymnastiques  plus  violents. 

S'agit-ii  de  la  constipation  des  individus  menant  une  vie  sé- 
dentaire ou  de  ceux  qui  abusent  des  purgatifs?  On  doit  combi- 
ner le  massage  avec  les  exercices  physiques  pour  combattre 
leur  paralysie  intestinale. 

Dans  les  cas  où  il  existe  de  la  dyspnée,  des  palpitations  et  de 
rœdèrae  des  extrémités,  accompagnant  les  troubles  digestifs,  la 
perte  d'appétit,  l'état  saljurral  de  la  langue,  la  flatulence,  l'acidité 
riialcine  et  des  troubles  de  la  digestion  slomacale,  on  doitencore 
de  exiger  le  repos  au  lit  pendant  quelques  jours  et  pratiquer  de 
vigoureuses  manipulations  abdominales.  Ces  dernières  seront 
répétées  une  ou  deux  fois  dans  les  vingt-quatre  heures,  dure- 
ront dix  à  trente  minutes  et,  après  dix  jours,  devront  être  alter- 
nées avec  les  exercices  physiques.  On  obtient  ainsi  la  guérison 
de  la  constipation  dans  l'espace  de  quelques  semaines  (The 
Practitionnerj  avril  1889.) 


BIBLIOGRAPHIE 

L*b7ir<^»«  dn  Yéioeipédiate,  par  M.  le  docteur  Philippe 
TissiÉ.  In-ie  de  321  pages.  —  0.  Doin,  Paris,  1888. 

Ce  livre  est  conçu  à  un  point  de  vue  très  pratique;  il 
renferme  des  données  d'hygiène  générale,  et  plus  particu- 
culièrement  celles  qui  conviennent  aux  vélocipédistes. 
L'auteur  insiste  avec  raison  sur  Tinfluence  produite  par 
l'exercice,  la  marche,  la  course,  l'ensemble  du  travail  pro- 
duit par  le  vélocipédiste  sur  la  respiration.  Cette  partie  de 
l'ouvrage  est  intéressante  pour  les  phvsiologistes. 

Des  tracés  de  l'amplitude  variable  de  la  respiration, 
suivant  la  rapidité  de  la  course  ou  l'état  d'entraînement, 
montrent  que  l'importance  de  Tétude  des  modifications  de 
la  respiration  n'est  pas  moindre  dans  l'exercice  du  véloci- 
pède que  dans  les  efforts  similaires  des  diverses  manœuvres 
de  gymnastique.  Des  recherches  analogues,  que  nous  avons 
faites  sur  l'activité  de  la  réduction  et  sur  la  quantité  d'oxy- 
hémoglobine  à  la  suite  de  courses  vélocipédiques,  sont 
quant  à  présent  en  accord  avec  les  conclusions  de  l'auteur; 
nous  aurons  occasion  de  revenir  sur  ce  sujet  fort  important 
quand  nous  les  publierons. 

M.  Tissié  est  convaincu  de  l'avenir  du  vélocipède  comme 
moyen  de  locomotion.  Un  vélocipédiste  peut  remplacer  trois 
cavaliers,  et  en  temps  de  guerre  peut  rendre  des  services 
d'une  grande  importance;  mais  l'emploi  du  vélocipède 
présente  des  inconvénients  de  diverses  sortes  si  l'on  ne  se 
soumet  pas  à  l'entraînement.  C'est  pourquoi  il  est  nécessaire 
de  suivre,  dans  ce  genre  d'exercice,  des  règles  d'hygiène 
précises,  et  M.  Tissié  aura  rendu,  par  son  exposition  simple 
et  très  précise  des  préceptes  les  plus  indispensables,  un 
réel  service  aux  vélocipédistes,  en  même  temps  que  son 
livre  présente  le  plus  grand  intérêt  pour  les  éducateurs  et 
pour  les  médecins,  dont  l'attention  doit  se  porter  constam- 
ment sur  l'étude  de  la  régénération  ou  de  l'amélioration 
physique  de  la  jeunesse. 

A.  H. 


Anatomle  normale  et  poCholostqne  de  roell,   par  M.  le 

docteur  Emile  Berger.  In-S*"  de  205  pages,  avec  12  pi. 
0.  Doin,  Paris,  1889. 

Les  progrès  des  procédés  de  l'élude  histologique  de  l'œil 
et  de  ses  lésions  ont  donné  des  résultats  fort  précis  et  très 
importants,  et  bien  que  les  manuels  et  traités  d*ophthal- 
mologie,  tels  que  celui  de  Wecker  et  Landolt,  aient  réuni 
les  principaux  résultats  obtenus,  il  reste  un  grand  nombre 
de  sujets  peu  connus  dans  cet  ordre  de  recherches.  Il 
n'existe  pas  en  France  de  traité  complet  de  l'anatomie  nor- 
male et  pathologique  de  l'œil;  c'est  pourouoi  la  monogra- 
rhie  de  M.  Berger  sera  accueillie  avec  le  plus  grand  intérêt. 
1  n'a  pas  fait  un  travail  d'ensemble  complet,  mais  il  a  traité 
à  fond  et  par  des  recherches  personnelles  un  grand  nombre 
de  sujets  qui  étaient  insuffisamment  explorés. 

Ce  livre  résume  les  recherches  que  l'auteur  a  faites 
durant  plusieurs  années,  en  anatomie  normale,  sur  la 
chambre  postérieure  de  l'œil,  sur  le  ligament  suspenseur 
du  cristallin,  sur  le  ligament  pectine  de  l'iris,  sur  le  déve- 
loppement de  la  membrane  de  Descemet,  sur  la  structure 
du  corps  vitré  et  sur  l'ora  serrata. 

Les  recherches  d'analomie  pathologique  ont  trait  aux 
altérations  séniles,  à  l'indocyclite,  à  l'atrophie  du  globe 
oculaire  et  au  glaucome,  etc.,  et,  chemin  faisant,  l'auteur, 
en  comparant  ces  dernières  altérations  à  toutes  celles  qui 
peuvent  atteindre  les  yeux,  a  jeté  un  coup  d'œil  général 
sur  l'anatomie  pathologique  de  l'œil. 


450    —  N*  28  - 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


12  Juillet  1889 


subolT  et  Armand  Gautier,  n*orit,  contrairement  à  ce  qui  avait 
été  annoncé  à  la  dernière  séance,  signalé  la  urésence  de 
l'arsenic  dans  les  os,  ni  la  succession  par  périodes  bien  dé- 
terminées des  accidents  dus  à  Tintoxication  arsenicale.  Le 
mémoire  qu'il  a  lu  au  nom  de  M.  le  docteur  G.  Pouchet  et 
au  sien,  lui  donne  donc  ainsi  qu'à  son  collaborateur  la 
priorité  de  ces  découvertes. 

Décollement  de  la  rétine.— -M.  le  docteur  Galezowski 

firéconîse  l'emploi  des  sutures  pour  le  traitement  du  décol- 
ement  de  la  rétine.— (Commission:  MM.  Maurice  Perrin 
et  Panas.) 

Hygiène  infantile. — Lecture  est  faite  par  M.  le  docteur 
Cohen  d'un  mémoire  sur  les  causes  et  le  traitement  hygié- 
nique de  la  gastro-entérite  des  enfants. 

Règlement.  —  La  séance  a  été  coupée  en  deux  (parties 
par  un  Comité  secret,  afin  de  discuter  une  proposition  de 
modification  au  règlement  concernant  les  nominations  au 
titre  de  correispondant.  Après  un  exposé  de  la  question  par 
U.Moutard'Martin  et  après  discussion,  l'Académie  a  adopté 
les  conclusions  ci-après  : 

l**  Les  médecins,  chirurgiens,  etc.,  résidant  à  Paris  né 
peuvent  prétendre  au  titre  de  correspondant  de  l'Académie  ; 

2°  Les  médecins  exerçant  temporairement  en  province  et 
qui  résident  à  Paris  ne  peuvent  être  correspondants. 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  16  juillet  est  ainsi 
fixé:  l""  rapport  de  M.  Hérard  sur  un  travail  de  M.  Larat 
concernant  le  traitement  électriaue  de  l'occlusion  intes- 
tinale; 2°  communication  de  M.  Mesnet  sur  l'hypnotisme; 
S**  discussion  sur  le  chloroforme  et  Tanesthésie.  —  (Inscrits  : 
MM.  Léon  Le  Fort  et  Laborde.) 


Soelélé  de  ehlrargte. 

SÉANCE  DU  3  JUILLET  1889. —  PRÉSIDENCE  DE  M.  LE  DENTU. 

Péritonite  par  éleotrlsation  d'nn  myome  :  M.  Terrier.  —  Résection 
du  maxillaire  supérieur  :  M.  Leprévost  (du  Havre).  ~-  Adénopa- 
thies  pelviennes  :  M.  Terrier  (Disouasion  :  BIM.  Poszi,  Champion- 
niére).  —  Localisations  oérébrales  et  trépanation  :  M.  Terrmon 
(Discussion  :  M.  Th.  Anger,  Ghampionniére).— Extraction  des  pro- 
jectUes  encastrés  dans  le  rocher  :  M.  Kirmisson  (Discussion  : 
MM.  Ghauvel.  Reynier). 

M.  Terrier  pense  que  la  méthode  d'Àpostoli  peut  être 
bonne  s'il  s'agit  d'un  myome  et  si  l'opérateur  est  antisep- 
tique. Mais  il  a  vu  une  aame  chez  qui  une  salpingite  a  été 
prise  pour  un  myome  et  chez  qui  Télectrisation  a  amené 
une  poussée  très  grave  de  péritonite. 

—  M.  Horteloup  fait  connaître,  d'après  M.  Leprévost 
(du  Havre),  un  procédé  pour  reconstituer  la  voûte  palatine 
après  résection  du  maxillaire  supérieur,  La  muqueuse 
vestibulaire,  bien  conservée,  est  suturée  sur  la  ligne  mé- 
diane à  la  muqueuse  palatine  du  côté  non  réséqué.  M.  Pozzi 
a  agi  de  la  sorte  il  y  a  déjà  douze  ans. 

—  M.  Terrier  fait  une  communication  sur  une  adénopa- 
thie  pelvienne  ayant  simulé  une  salpingite,  La  malade  est 
une  femme  de  vingt  et  un  ans  qui,  mariée  depuis  un  an 
mais  n'ayant  pas  eu  la  moindre  velléité  de  grossesse,  a  vu 
se  produire  depuis  cette  époque  des  irrégularités  men- 
struelles, des  douleurs  iliaques,  et  même  une  poussée  de 
péritonite.  L'anémie  devint  rapidement  notable.  À  la  pal- 
pation,  M.  Terrier  sentit  dans  la  fosse  iliaque  droite  une 
tuméfaction  profonde;  d'autre  part,  le  toucher  vaginal 
faisait  constater  dans  le  cul-de-sac  gauche,  près  de  l'utérus 
immobilisé,  une  masse  saillante,  bosselée.  Un  état  ana- 
logue, mais  bien  moins  prononcé,  existait  à  droite.  En 
présence  de  ces  signes,  H.  Terrier  diagnostiqua  une  sal- 
pingite et  pratiqua  la  laparotomie.  Mais,  après  avoir  libéré 
et  récliné  le  tablier  épiploique  adhérent,  il  vit  apparaître, 
sains,  l'utérus  et  les  annexes.  Tout  provenait  d'une  masse  ' 


ganglionnaire  rétro-péritonéale,  grosse  comme  le  poing.  Le 
péritoine  fut  incisé,  et  la  masse  ganglionnaire  fut  extirpée. 
Un  point  y  était  suppuré  et  avait  ulcéré  le  rectum.  Le  péri- 
toine fut  drainé,  et  la  malade  guérit,  après  avoir  souffert 
pendant  quelque  temps  d'une  fistule  stercorale.  Cette  obser- 
vation démontre  que  la  laparotomie  est  la  vraie  voie  chirur- 
gicale pour  attaquer  ces  adénopathies  pelviennes,  même  :^i 
le  diagnostic  permettait  de  les  différencier  des  salpîngite>. 
ce  à  quoi  on  n'est  pas  encore  arrivé. 

M.  Pozzi  a  observé  une  malade  fort  analogue.  Il  a  été  à 
la  recherche  du  foyer  morbide  en  décollant  le  péritoine,  ci 
cette  observation  est  insérée  dans  son  mémoire  sur  la  lapa- 
rotomie sous-péritonéale, 

M.  Lucas-'Championnière  s'est  trouvé  deux  fois  en  pré- 
sence de  faits  de  ce  genre.  Une  fois,  il  ^  a  trois  ans  et  demi. 
malgré  l'analogie  avec  une  salpingite,  il  a  diagnostiqué  nu^ 
masse  ganglionnaire  siégeant  au  détroit  supérieur  et,  p:K 
une  incision  extra-péritonéale,  il  a  évacué  de  la  bouilli' 

Einglionnaire.  Le  résultat  thérapeutique  a  laisse  à  désirer 
'autre  malade  fut  laparotomisée  en  prévision  d'une  sal- 
Eingile  datant  d'un  accouchement.  Or,  derrière  de  noor 
reuses  adhérences  intestinales  et  épiploiques,  il  exisU^: 
seulement  une  volumineuse  adénopathie  rétro-péritonéak 
que  M.  Championnière  ne  jugea  pas  à  propos  d'extirper.  Ii 
lit  bien,  car  elle  a  peu  à  peu  diminué,  et  les  accidents  dos- 
loureux,  liés  sans  doute  aux  adhérences  de  voisinage,  or.'. 
complètement  cessé. 

M.  Terrier  ne  croit  pas  son  observation  semblable  à  cellr 
de  M.  Pozzi.  M.  Terrier,  en  effet,  a  abordé,  à  travers  le  péri 
toine,  une  masse  qui  ne  faisait  pas  saillie  vers  la  parni 
abdominale.  Or  c'est  pour  les  abcès  pelviens  pointant  «K 
ce  côté  que  M.  Pozzi  recommande  la  laparotomie  sous-péri 
tonéale.  Même  alors,  d'ailleurs,  M.  Terrier  la  rejette;  ch 
dans  ces  conditions  les  annexes  sont  le  plus  souvent  maladt^ 
et  doivent  être  enlevés  si  Ton  veut  obtenir  une  guéris^i 
définitive.  La  première  observation  de  M.  Championnièr' 
ressemble  à  celle  de  M.  Pozzi,  et  la  seconde  prouve  que  h 
laparotomie  seule  pouvait  être  efficace. 

H.Pozzi  conteste  que  dans  son  cas  il  y  eût  une  sailhr 
vers  la  paroi  abdominale.  Il  y  avait  une  tumeur  réellcmeni 
profonde.  Au  reste,  il  ne  se  déclare  nullement  radversaiff 
de  la  laparotomie. 

M.  Championnière  fait  une  déclaration  analogue. 

—  M.  Terrillon  communique  une  observation  de  trépa- 
nation guidée  par  les  localisations  cérébraUsj  sur  ur 
enfant  atteint  d'un  abcès  du  cerveau  consécutif  à  une  ost^<^ 
myélite  aiguë  du  temporal.  Fait  intéressant  au  point  de  vue 
pathogénique,  car  la  dure-mère  séparait  l'os  malade  de 
foyer  encéphalique.  Les  accidents  avaient  simulé,  au  début, 
une  fièvre  typhoïde;  puis  un  phlegmon  temporal  apparut 
qui  fut  débridé  sans  que  le   lendemain  les  phénomènt^ 
cérébraux  qui  lecompliquaient  eussent  disparu.  Ces  phên^^ 
mènes  consistaient  en   une   monoplégie  brachiale,    a\e 
aphasie  et  paralysie  faciale.  M.  Terrillon  trépana  donc  scr 
la  moitié   inférieure  de  la  frontale  ascendante,  coinpiaui 
trouver  un  foyer  entre  la  dure-mère  et  l'os.  Rien  de  sew- 
blable  n'existait.  Mais,  confiant  dans  la  physiologie,  M.  Te: 
rillon  fit  des  ponctions  exploratrices  et  à  la  troisième  ^ii 
sourdre  du  pus;  le  bistouri,  conduit  par  Taignille,  incisa 
largement  cet  abcès  cérébral,  et^  dès  que  le  malade  fut  ré- 
veillé, on  constata  que  les  accidents  paralytic^ues  avaicM.; 
presque  complètement  cessé.  Au  bout  de  trois  jour>. 
est  vrai,  des  accidents  inflammatoires  aigus  eroportèn-' 
l'opéré;  mais  il  n'en  reste  pas  moins  prouvé  par  ce  fait  q-i 
la  doctrine  des  localisations  est  d'une  importance  chirur;:.* 
cale  indiscutable. 

M.  Th.  Anger  rapporte  une  observation  non  moins  pn** 


\i  Juillet  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  -~  R»  28  —    451 


bante  sur  un  homme  de  trente-huit  ans,  atteint  d'une  fistule 
mastoïdienne  assez  ancienne,  puisd'une  paralysiedu  membre 
supérieur  gauche.  M.  Tuffier  lui  a  évacué  sans  hésitation 
une  collection  purulente  du  cerveau.  Il  est  mort  en  qua- 
ranle-huit  heures. 

M.  Championnière  ne  croit  pas  devoir  défendre  une  fois 
de  plus  cette  doctrine.  Il  ajoute  seulement  qu'il  y  a  peu  de 
temps  il  a  ouvert  un  foyer  d*hémorrhagie  cérébral  à  un 
monoplégique  (membre  supérieur)  soutirant  d*accès  épi- 
leptiformes.  On  n'a  pas  pu  régénérer  la  zone  détruite,  aussi 
la  monoplégie  a-t-elle  persisté.  Hais  les  crises  convulsives 
ont  cessé. 

—  M.  Kirmisson  se  déclare  partisan  de  Vextraction  des 
balles  logées  dans  le  rocher^  et  il  ajoute  une  observation  à 
celles  qu'ont  publiées  MM.  Berger,  Périer,  Terrier.  Son 
malade  est  un  homme  qui  s'était  tiré  quatre  balles  dans  la 
tétc  :  deux  au  sourcil,  une  à  la  tempe,  une  dans  l'oreille, 
La  plaie  temporale  était  grave.  Le  blessé  a  guéri  pourtant, 
mais  en  conservant  de  1  otorrhée,  si  bien  que,  pour  l'en 
débarrasser,  M.  Kirmisson  a  enlevé  la  balle,  en  deux  mor- 
ceaux, après  décollement  du  pavillon  de  l'oreille  et  trépa- 
nation mastoïdienne,  comme  le  conseille  M.  Berger;  une 
tentative  d'extraction  par  le  méat  avait  échoué.  L*opéré  a 
guéri.  Aussi  M.  Kirmisson  s'élève-t-il  contre  l'abstention, 
que  préconise  M.  Tachard.  De  plus,  M.  Tachard  conteste 
l'utilité  de  l'explorateur  électrique  de  Trouvé.  M.  Kirmis- 
son, au  contraire,  s'en  loue  ;  il  n'a,  d'autre  part,  obtenu 
aucun  renseignement  par  le  stylet  de  Nélaton. 

M.  Chauvel  rappelle  que,  dans  son  rapport  sur  le  travail 
de  H.  Tachard,  il  a  combattu  les  conclusions  de  cet  auteur 
et  a  affirmé  que  la  méningo-encéphalite,  loin  d'être  une 
contre-indication,  est  au  contraire  une  indication  à  l'extrac- 
tion. Mais  il  ne  faut  intervenir  que  s'il  y  a  des  accidents. 
L'explorateur  de  Trouvé  est  un  bon  instrument,  quand  il 
donne  un  renseignement  positif;  mais  il  ne  faut  pas  croire 
sans  réserves  à  ses  négations.  En  temps  de  guerre,  il  ren- 
drait probablement  peu  de  services. 

M.  Rcyniera  fait  deux  opérations  calquées  sur  celles  de 
M.  Kirmisson,  et  s'est  bien  trouvé  de  l'explorateur  élec- 
trique. Il  pense  que,  pour  les  trajets  de  quelque  profondeur, 
le  stylet  de  Nélaton  est  un  instrument  très  infidèle. 

A.  Broca. 


Soetété  de  biologie. 

SÉANCE   DU   27   JUIN   1889.   —   PRÉSIDENCE  DE 
M.    BROWN-SÉQUARD. 

Présentations  d'onTragss  :  MM.  E.  Berger  et  Roger.  >-  Sur  la  pèrl- 
nëphrlte  :  M.  Albarran.  ~  Prodaotlon  de  courants  àieotriques  dans 
la  peau  sous  l'Influence  des  excitations  sensorielles  ou  psy- 
chiques :  M.  de  Tarohanoff.—AppareU  pour  la  pèche  sous-marine  : 
M.  le  prince  ▲.  de  Monaco.--  Effets  des  injections  de  liquide  testi- 
oolaire  :  M.  Yariot.  —  Aotion  des  injootions  d'extraits  de  dirers 
organes  glandulaires  :  M.  Brown-Sèquard.  —  Expériences  sphy- 
gmométriques  :  M.  Bloch.  —  Passage  de  roxyhémcglobine  dans  la 
bile  de  la  Tésioule  après  la  mort  :  MM.  Meyer  et  Wertheimer.  — 
Photographies  du  sang  :  M.  d'ArsonTal.— Importance  delà  tem- 
pèrature  pour  la  détermination  des  espèces  microbiennes  :  M.  Bo- 
det.  —  Oèveloppement  du  bacUle  typbique  dans  le  moût  de  cidre  : 
M.  L.  OUvier. 

M.  Dumontpallier  présente,  de  la  part  de  M.  E.  Berger  y 
un  ouvrage  intitulé  :  Anatomie  normale  et  pathologique  de 
licil;  et,  de  la  part  de  M.  G.  H*  Roger^  un  mémoire  extrait 
du  Dictionnaire  encyclopédique  des  sciences  médicales, 
l'article  Intestin  (physiologie). 

—  M.  Albarran  a  étudié  les  lésions  et  le  développement 


de  la  périnéphrite  suppurée.  C'est  une  affection  que  l'on 
confond  souvent  avec  la  pyélo -néphrite,  mais  qui  peut,  en 
réalité,  en  être  distinguée  très  nettement,  ce  qui  est  fort 
important  au  point  de  vue  du  traitement. 

—  M.  de  Tarchanoff  (de  Saint-Pétersbourg)  a  observé 
que,  sous  l'influence  des  excitations  sensorielles  ou  de  l'ac- 
tivité psychique,  sous  quelque  forme  que  ce  soit,  chez 
l'homme  à  Tétat  normal,  il  se  développe  dans  la  peau  des 
courants  électriques  assez  intenses  que  le  galvanomètre 
décèle  aisément.  Ces  courants  vont  toujours  du  point  où  il 
y  a  le  moins  de  glandes  sudoripares  au  point  où  il  y  en  a  le 
plus,  et  paraissent  par  conséquent  liés  au  fonctionnement 
de  ces  glandes  ;  ils  persistent  quelques  secondes  après  que 
l'excitation  a  cessé.  Quand  le  sujet  en  expérience  se  trouve 
fatigué  par  un  travail  musculaire  préalable,  on  ne  constate 
plus  ces  courants.  M.  de  Tarchanon  propose  d'expliquer  ces 
laits  par  le  rôle  régulateur  qu'exercerait  l'appareil  sudori- 
pare  vis-à-vis  des  fonctions  cérébrales.  Les  actions  psychiques 
tendent  en  effet  à  augmenter  la  température  et  les  processus 
de  désassimilation  ;  les  glandes  sudoripares  interviennent 
pour  diminuer  la  transpiration,  et,  d  autre  part,  comme 
organe  d'élimination. 

—  H.  le  prince  de  Monaco  présente  et  décrit  un  filet 

![u'il  a  fait  construire  pour  la  pèche  sous-marine  à  des  pro- 
bndeurs  différentes. 

—  M.  Variot  a  fait,  sur  trois  sujets  différents,  des  injec- 
tions sous-cutanées  d'extrait  de  testicules,  d'après  le  pro- 
cédé récemment  indiqué  par  M.  Brown-Séquard,  et  il  a 
observé  d'une  façon  générale  les  effets  signalés  par  ce  der- 
nier :  retour  des  forces,  fonctions  digestives  régulari- 
sées, etc. 

H.  Brown^Séquard  fait  observer  combien  sont  va- 
riables les  effets  ootenus  à  la  suite  d'injections  pratiquées 
avec  des  extraits  de  différentes  glandes  :  ainsi  le  liquide 
pulmonaire  est  très  toxique,  comme  l'ont  montré  les  expé- 
riences qu'il  a  faites  avec  M.  d'Arsonval;  le  liquide  testicu- 
laire  a  au  contraire  des  effets  favorables  à  l'organisme;  les 
extraits  du  foie  ou  du  rein  n'ont  aucune  action. 

-  M.  Bloch  présente  les  résultats  de  nombreuses  obser- 
vations qu'il  a  faites  sur  lui-même  à  l'aide  du  sphygmo- 
mètre  qu'il  a  imaginé  et  décrit,  il  y  a  un  an  déjà;  ces  obser- 
vations ont  trait  surtout  aux  variations  de  la  pression 
artérielle  avant,  pendant  et  après  le  repas. 

—  M.  Gley  dépose  une  note  de  MM.  Meyer  et  Wertheimer 
(de  Lille)  sur  le  passage  de  l'oxyhémoglobine  dans  la  bile 
de  la  vésicule  quelques  heures  après  la  mort.  C'est  un  phé- 
nomène cadavérique  dont  les  auteurs  expliquent  le  méca- 
nisme. 

—  M.  d'Arsonval  montre  des  photographies  du  sang  qui 
révèlent  toutes  une  bande  dans  la  région  ultra-violette  du 
spectre,  bande  que  l'on  retrouve  dans  le  sang  veineux 
comme  dans  le  sang  artériel.  Pour  constater  ce  fait,  il  faut, 
bien  entendu,  se  servir  d'un  spectroscope  qui  n'absorbe  pas 
les  radiations  ultra-violettes. 

—  M.  Chauveau  présente  une  note  de  M.  Rodet  (de  Lyon) 
qui  montre  l'importance  de  la  température  dans  la  déter- 
mination des  espèces  microbiennes,  et  particulièrement  du 
bacille  typbique. 

—  M.  L.  Olivier  a  constaté  que  la  fermentation  qui  se 
produit  dans  la  fabrication  du  cidre  ne  nuit  pas  à  la  vitalité 
du  bacille  typbique. 


450    —  N*  28  - 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


12  Juillet  1889 


suboiT  et  Armand  Gautier,  n'ont,  contrairement  à  ce  qui  avait 
été  annoncé  à  la  dernière  séance,  signalé  la  urésenee  de 
Tarsenic  dans  les  os,  ni  la  succession  par  périodes  bien  dé- 
terminées des  accidents  dus  à  l'intoxication  arsenicale.  Le 
mémoire  qu'il  a  lu  au  nom  de  M.  le  docteur  G.  Pouchet  et 
au  sien,  lui  donne  donc  ainsi  qu'à  son  collaborateur  la 
priorité  de  ces  découvertes. 

Décollement  de  la  rétine.  — M.  le  docteur  Galezowski 

(iréconise  l'emploi  des  sutures  pour  le  traitement  du  décol- 
emenl  de  la  rétine. — (Commission:  MM.  Maurice  Perrin 
et  Panas.) 

Hygiène  infantile. — Lecture  est  faite  par  M.  le  docteur 
Cohen  d'un  mémoire  sur  les  causes  et  le  traitement  hygié- 
nique de  la  gastro-entérite  des  enfants. 

Règlement.  —  La  séance  a  été  coupée  en  deux  (parties 
par  un  Comité  secret,  afin  de  discuter  une  proposition  de 
modification  au  règlement  concernant  les  nominations  au 
titre  de  correspondant.  Après  un  exposé  de  la  question  par 
U.  Moutard- Martin  et  après  discussion,  l'Académie  a  adopté 
les  conclusions  ci-après  : 

l""  Les  médecins,  chirurgiens,  etc.,  résidant  à  Paris  ne 
peuvent  prétendre  au  titre  de  correspondant  de  l'Académie  ; 

^°  Les  médecins  exerçant  temporairement  en  province  et 
qui  résident  à  Paris  ne  peuvent  être  correspondants. 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  16  juillet  est  ainsi 
fixé:  !•  rapport  de  M.  Hérard  sur  un  travail  de  M.  Larat 
concernant  le  traitement  électriaue  de  l'occlusion  intes- 
tinale; 2"  communication  de  M.  Mesnet  sur  l'hypnotisme; 
3"  discussion  sur  le  chloroforme  et  l'anesthésie.— (Inscrits  : 
MM.  Léon  Le  Fort  et  Laborde.) 


Soetéié  de  ehlrarffle. 

SÉANCE  DU  3  JUILLET  1889. —  PRÉSIDENCE  DE  M.  LE  DENTU. 

Péritonite  par  Meotrlsation  d'nn  myome  :  M.  Terrier.  —  Résection 
du  maxillaire  supérieor  :  M.  Leprévost  (du  Havre).  —  Adénopa- 
thies  pelvlennea  :  K.  Terrier  (Disouaslon  :  BIM.  Pond,  Champion- 
niére).  ~  Localisations  cérébrales  et  trépanation  :  M.  Terrmon 
(Discussion  :  M.  Th.  Anger,  Ghampionniére).— Extraction  des  pro- 
jectiles encastrés  dans  le  rocher  :  M.  Kirmisson  (Discussion  : 
KM.  Ghauvel.  Reimier). 

M.  Terrier  pense  que  la  méthode  d'ApostoIi  peut  être 
bonne  s'il  s'agit  d'un  myome  et  si  l'opérateur  est  antisep- 
tique. Mais  il  a  vu  une  dame  chez  qui  une  salpingite  a  été 
prise  pour  un  myome  et  chez  qui  Télectrisation  a  amené 
une  poussée  très  grave  de  péritonite. 

—  M.  Horteloup  fait  connaître,  d'après  M.  Leprévost 
(du  Havre),  un  procédé  pour  reconstituer  la  voûte  palatine 
après  résection  du  maxillaire  supérieur.  La  muqueuse 
vestibulaire,  bien  conservée,  est  suturée  sur  la  ligne  mé- 
diane à  la  muqueuse  palatine  du  côté  non  réséqué.  M.  Pozzi 
a  agi  de  la  sorte  il  y  a  déjà  douze  ans. 

—  M.  Terrier  fait  une  communication  sur  une  adénopa- 
thie  pelvienne  ayant  simulé  une  salpingite.  La  malade  est 
une  femme  de  vingt  et  un  ans  qui,  mariée  depuis  un  an 
mais  n'ayant  pas  eu  la  moindre  velléité  de  grossesse,  a  vu 
se  produire  depuis  cette  époque  des  irrégularités  men- 
struelles, des  douleurs  iliaques,  et  même  une  poussée  de 
péritonite.  L'anémie  devint  rapidement  notable.  À  la  pal- 
pation,  M.  Terrier  sentit  dans  la  fosse  iliaque  droite  une 
tuméfaction  profonde;  d'autre  part,  le  toucher  vaginal 
faisait  constater  dans  le  cul-de-sac  gauche,  près  de  l'utérus 
immobilisé,  une  masse  saillante,  bosselée.  Un  état  ana- 
logue, mais  bien  moins  prononcé,  existait  à  droite.  En 
présence  de  ces  signes,  H.  Terrier  diagnostiqua  une  sal- 
pingite et  pratiqua  la  laparotomie.  Mais,  après  avoir  libéré 
et  récliné  le  tablier  épiploique  adhérent,  il  vit  apparaître, 
sains,  l'utérus  et  les  annexes.  Tout  provenait  d'une  masse 


ganglionnaire  rétro-péritonéale,  grosse  comme  le  poing.  Le 

Eéritoine  fut  incisé,  et  l:i  masse  ganglionnaire  fut  extirpée. 
in  point  y  était  suppuré  et  avait  ulcéré  le  rectum.  Le  péri- 
toine fut  drainé,  et  la  malade  guérit,  après  avoir  souffert 
pendant  quelque  temps  d'une  fistule  stercorale.  Cette  obser- 
vation démontre  que  la  laparotomie  est  la  vraie  voie  chirur- 
gicale pour  attaquer  ces  adénopathies  pelviennes,  même  si 
le  diagnostic  permettait  de  les  différencier  des  salpingites, 
ce  à  quoi  on  n'est  pas  encore  arrivé. 

M.  Pozzi  a  observé  une  malade  fort  analogue.  Il  a  été  â 
la  recherche  du  foyer  morbide  en  décollant  le  péritoine,  et 
cette  observation  est  insérée  dans  son  mémoire  sur  la  lapa- 
rotomie sous-péritonéale. 

M.  Lucas-Championnière  s'est  trouvé  deux  fois  en  pré- 
sence de  faits  de  ce  genre.  Une  fois,  il  ^  a  trois  ans  et  demi, 
malgré  l'analogie  avec  une  salpingite,  il  a  diagnostiqué  une 
masse  ganglionnaire  siégeant  au  détroit  supérieur  et,  p.ir 
une  incision  extra-péritonéale,  il  a  évacué  de  la  bouillie 
ganglionnaire.  Le  résultat  thérapeutique  a  laissé  à  désirer. 
L'autre  malade  fut  laparotomisée  en  prévision  d*une  sal- 

Eingite  datant  d'un  accouchement.  Or,  derrière  de  nom- 
reuses  adhérences  intestinales  et  épiploïques,  il  existait 
seulement  une  volumineuse  adénopathie  rétro-péritonéale, 
que  M.  Ghampionniére  ne  jugea  pas  à  propos  d'extirper.  Il 
fit  bien,  car  elle  a  peu  à  peu  dimmué,  et  les  accidents  dou- 
loureux, liés  sans  doute  aux  adhérences  de  voisinage,  ont 
complètement  cessé. 

M.  Terrier  ne  croit  pas  son  observation  semblable  à  celle 
de  M.  Pozzi.  M.  Terrier,  en  effet,  a  abordé,  à  travers  le  péri- 
toine, une  masse  qui  ne  faisait  pas  saillie  vers  la  paroi 
abdominale.  Or  c'est  pour  les  abcès  pelviens  pointant  do 
ce  côté  que  M.  Pozzi  recommande  la  laparotomie  sous-péri- 
tonéale.  Même  alors,  d'ailleurs,  M.  Terrier  la  rejette  ;  cai 
dans  ces  conditions  les  annexes  sont  le  plus  souvent  malades 
et  doivent  être  enlevés  si  l'on  veut  obtenir  une  guérison 
définitive.  La  première  observation  de  M.  Ghampionniére 
ressemble  à  celle  de  M.  Pozzi,  et  la  seconde  prouve  que  la 
laparotomie  seule  pouvait  être  efficace. 

M.Pozst  conteste  que  dans  son  cas  il  y  eût  une  saillie 
vers  la  paroi  abdominale.  Il  y  avait  une  tumeur  réellement 
profonde.  Au  reste,  il  ne  se  déclare  nullement  l'adversaire 
de  la  laparotomie. 

M.  Ghampionniére  fait  une  déclaration  analogue. 

—  M.  Terrillon  communique  une  observation  de  trépa- 
nation guidée  par  les  localisations  cérébrales^  sur  un 
enfant  atteint  d'un  abcès  du  cerveau  consécutif  à  une  ostéo- 
myélite aigué  du  temporal.  Fait  intéressant  au  point  de  vue 
pathogénique,  car  la  dure-mère  séparait  l'os  malade  du 
foyer  encéphalique.  Les  accidents  avaient  simulé,  au  début, 
une  fièvre  typhoïde;  puis  un  phlegmon  temporal  apparut, 
qui  fut  débridé  sans  que  le  lendemain  les  phénomènes 
cérébraux  qui  le  compliquaient  eussent  disparu.  Ges  phéno- 
mènes consistaient  en  une  monoplégie  brachiale,  aven 
aphasie  et  paralysie  faciale.  M.  Terrillon  trépana  donc  sur 
la  moitié  inférieure  de  la  frontale  ascendante,  comptant 
trouver  un  foyer  entre  la  dure-mère  et  l'os.  Rien  de  sem- 
blable n'existait.  Mais,  confiant  dans  la  physiologie,  M.  Ter- 
rillon fit  des  ponctions  exploratrices  et  à  la  troisième  vit 
sourdre  du  pus;  le  bistouri,  conduit  par  l'aiguille,  incisa 
largement  cet  abcès  cérébral,  et,  dès  que  le  malade  fut  ré- 
veillé, on  constata  que  les  accidents  paralytiques  avaient 
presque  complètement  cessé.  Au  bout  de  trois  jours,  il 
est  vrai,  des  accidents  inflammatoires  aigus  emportèrent 
l'opéré;  mais  il  n'en  reste  pas  moins  prouvé  par  ce  fait  que 
la  doctrine  des  localisations  est  d'une  importance  chirurgi- 
cale indiscutable. 

M.  Th.  Anger  rapporte  une  observation  non  moins  pro- 


là  Juillet  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  ^  N*  28  —    451 


bante  sur  un  homme  de  trente-huit  ans^  atteint  d'une  fistule 
mastoïdienne  assez  ancienne,  puisd'une  paralysie  du  membre 
supérieur  gauche.  M.  Tuffier  lui  a  évacué  sans  hésitation 
une  collection  purulente  du  cerveau.  Il  est  mort  en  qua- 
rante-huit heures. 

M.  Championnière  ne  croit  pas  devoir  défendre  une  fois 
de  plus  cette  doctrine.  Il  ajoute  seulement  qu'il  y  a  peu  de 
temps  il  a  ouvert  un  foyer  d'héroorrhagie  cérébral  à  un 
monoplégique  (membre  supérieur)  souffrant  daccès  épi- 
leptiformes.  On  n'a  pas  pu  régénérer  la  zone  détruite,  aussi 
la  raonoplégie  a-t-elle  persisté.  Mais  les  crises  convulsives 
ont  cesse. 

—  M.  Kirmisson  se  déclare  partisan  de  Vextraction  des 
balles  logées  dans  le  rocher^  et  il  ajoute  une  observation  à 
celles  qu'ont  publiées  MM.  Berger,  Périer,  Terrier.  Son 
malade  est  un  homme  qui  s*était  tiré  quatre  balles  dans  la 
télé  :  deux  au  sourcil,  une  à  la  tempe,  une  dans  l'oreille, 
La  plaie  temporale  était  grave.  Le  blessé  a  guéri  pourtant, 
mais  en  conservant  de  i  otorrhée,  si  bien  que,  pour  l'en 
débarrasser,  M.  Kirmisson  a  enlevé  la  balle,  en  deux  mor- 
ceaux, après  décollement  du  pavillon  de  l'oreille  et  trépa- 
nation mastoïdienne,  comme  le  conseille  M.  Berger;  une 
tentative  d'extraction  par  le  méat  avait  échoué.  L'opéré  a 
guéri.  Aussi  M.  Kirmisson  s'élève-t-il  contre  l'abstention, 
que  préconise  M.  Tachard.  De  plus,  M.  Tachard  conteste 
1  utilité  de  l'explorateur  électrique  de  Trouvé.  M.  Kirmis- 
son, au  contraire,  s'en  loue  ;  il  n'a,  d'autre  part,  obtenu 
aucun  renseignement  par  le  sfylel  de  Nélaton. 

M.  Chauvel  rappelle  que,  dans  son  rapport  sur  le  travail 
de  M.  Tachard,  il  a  combattu  les  conclusions  de  cet  auteur 
et  a  affirmé  que  la  méningo-encéphalite,  loin  d'être  une 
contre-indication,  est  au  contraire  une  indication  à  l'extrac- 
tion. Mais  il  ne  faut  intervenir  que  s'il  y  a  des  accidents. 
L'explorateur  de  Trouvé  est  un  bon  instrument,  quand  il 
donne  un  renseignement  positif;  mais  il  ne  faut  pas  croire 
sans  réserves  à  ses  négations.  En  temps  de  guerre,  il  ren- 
drait probablement  peu  de  services. 

M.  Reyniera  fait  doux  opérations  calquées  sur  celles  de 
M.  Kirmisson,  et  s'est  bien  trouvé  de  l'explorateur  élec- 
trique. 11  pense  que,  pour  les  trajets  de  quelque  profondeur, 
le  stylet  de  Nélaton  est  un  instrument  très  infidèle. 

A.  Broca. 


Soelété  de  biologie. 

SÉANCE    DU   27   JUIN   1889.   —   PRÉSIDENCE  DE 
M.    BROWN-SÉQUARD. 

Prèsentailoiis  d'ooTragas  :  MM.  E.  Berger  et  Roger.  —  Sur  la  péri- 
néphrite  :  M.  AU»arran.  —  Prodaotion  de  oourante  Aleotriquee  dans 
la  peau  sous  l'Influence  des  excitations  sensorielles  ou  psy- 
chiques :  M.  de  Tarohanoff.— Appareil  pour  la  pèche  sous-marine  : 
M.  le  prince  A.  de  Monaco.  ~  Effets  des  injections  de  liquide  testi- 
cnlaire  :  K.  Yariot.  -••  Action  des  injections  d'extraits  de  dirers 
organes  glandulaires  :  M.  Brown-Sèquard.  —  Expériences  sphy- 
gmomètriques  :  M.  Bloch.  —  Passage  de  l'oxyhèmoglobine  dans  la 
bile  de  la  Tésioule  après  la  mort  :  MM.  Meyer  et  Wertheimer.  — 
Photographies  du  sang  :  M.  d'AraonTal.— Importance  delà  tem- 
pérature pour  la  détermination  des  espèces  microbiennee  :  M.  Bo- 
det.  ->  Oé^eloppement  du  bacille  typbique  dans  le  moût  de  cidre  : 
M.  L.  OUvier. 

M.  Dumontpallier  présente,  de  la  part  de  M.  E.  Berger , 
un  ouvrage  intitulé  :  Anatomie  normale  et  pathologique  de 
iwil;  et,  de  la  part  de  M.  G.  H.  Roger ^  un  mémoire  extrait 
du  Dictionnaire  encyclopédique  des  sciences  médicales^ 
l'article  Intestin  (physiologie). 

—  M.  Albarran  a  étudié  les  lésions  et  le  développement 


de  la  périnépbrite  suppurée.  C'est  une  affection  que  Ton 
confond  souvent  avec  la  pyélo -néphrite,  mais  qui  peut,  en 
réalité,  en  être  distinguée  très  nettement,  ce  qui  est  fort 
important  au  point  de  vue  du  traitement. 

—  M.  de  Tarchanoff  (de  Saint-Pétersbourg)  a  observé 
que,  sous  Tinfluence  des  excitations  sensorielles  ou  de  Tac- 
tivité  psychiaue,  sous  quelque  forme  que  ce  soit,  chez 
l'homme  à  l'état  normal,  il  se  développe  dans  la  peau  des 
courants  électriques  assez  intenses  que  le  galvanomètre 
décèle  aisément.  Ces  courants  vont  toujours  du  point  on  il 
y  a  le  moins  de  glandes  sudoripares  au  point  où  il  y  en  a  le 
plus,  et  paraissent  par  conséquent  liés  au  fonctionnement 
de  ces  glandes  ;  ils  persistent  quelques  secondes  après  que 
l'excitation  a  cessé.  Quand  le  sujet  en  expérience  se  trouve 
fatigué  par  un  travail  musculaire  préalable,  on  ne  constate 
plus  ces  courants.  M.  de  Tarchanoff  propose  d'expliquer  ces 
faits  par  le  rôle  régulateur  qu'exercerait  l'appareil  sudori- 
pare  vis-à-vis  des  fonctions  cérébrales.  Les  actions  psychiques 
tendent  en  effet  à  augmenter  la  température  et  les  processus 
de  désassimilation  ;  les  glandes  sudoripares  interviennent 
pour  diminuer  la  transpiration,  et,  d  autre  part,  comme 
organe  d'élimination. 

—  M.  le  prince  de  Monaco  présente  et  décrit  un  filet 

!|u'il  a  fait  construire  pour  la  pèche  sous-marine  à  des  pro- 
ondeurs  différentes. 

—  M.  Variot  a  fait,  sur  trois  sujets  différents,  des  injec- 
tions sous-cutanées  d'extrait  de  testicules,  d'après  le  pro- 
cédé récemment  indiqué  par  M.  Brown-Séquard,  et  il  a 
observé  d'une  façon  générale  les  effets  signalés  par  ce  der- 
nier :  retour  des  forces,  fonctions  digestives  régulari- 
sées, etc. 

H.  Brown-Séquard  fait  observer  combien  sont  va- 
riables les  effets  ootenus  à  la  suite  d'injections  pratiquées 
avec  des  extraits  de  différentes  glandes  :  ainsi  le  liquide 
pulmonaire  est  très  toxique,  comme  l'ont  montré  les  expé- 
riences qu'il  a  faites  avec  H.  d'Arsonval;  le  liquide  testicu- 
laire  a  au  contraire  des  effets  favorables  à  l'organisme;  les 
extraits  du  foie  ou  du  rein  n'ont  aucune  action. 

'-  M.  Bloch  présente  les  résultats  de  nombreuses  obser- 
vations qu'il  a  faites  sur  lui-même  à  l'aide  du  sphygmo- 
mètre  qu'il  a  imaginé  et  décrit,  il  y  a  un  an  déjà;  ces  obser- 
vations ont  trait  surtout  aux  variations  de  la  pression 
artérielle  avant,  pendant  et  après  le  repas. 

—  M.  Gley  dépose  une  note  de  MM.  Meyer  et  Wertheimer 
(de  Lille)  sur  le  passage  de  l'oxyhèmoglobine  dans  la  bile 
de  la  vésicule  quelques  heures  après  la  mort.  C'est  un  phé- 
nomène cadavérique  dont  les  auteurs  expliquent  le  méca- 
nisme. 

—  M.  d^Arsonval  montre  des  photographies  du  sang  qui 
révèlent  toutes  une  bande  dans  fa  région  ultra-violette  du 
spectre,  bande  que  l'on  retrouve  dans  le  sang  veineux 
comme  dans  le  sang  artériel.  Pour  constater  ce  fait,  il  faut, 
bien  entendu,  se  servir  d'un  spectroscope  qui  n'absorbe  pas 
les  radiations  ultra-violettes. 

—  M.  Chauveau  présente  une  note  de  M.  Rodet  (de  Lyon) 
qui  montre  l'importance  de  la  température  dans  la  déter- 
mination des  espèces  microbiennes,  et  particulièrement  du 
bacille  typhique. 

—  M.  L.  Olivier  a  constaté  que  la  fermentation  qui  se 
produit  dans  la  fabrication  du  cidre  ne  nuit  pas  à  la  vitalité 
du  bacille  typhique. 


45i 


N*  28  — 


GAZETTE  HEBDOMADAmE  DE  tIÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


a  Juillet  1889 


SÉANCE   DU  6  JUILLET.   —    PRÉSIDENCE 
DE  M.    DUMONTPALLÏER. 

Recherches  but  la  phase  de  la  contraction  musculaire  i>endant 
laquelle  a  .lieu  le  dégagement  de  chaleur  :  M.  Mendelsohn.  — 
Divers  effets  du  froid  sur  Miomme  :  M.  Fér6.  —  De  la  circulation 
rétrograde  du  courant  sanguin  dans  les  veines  :  M.  Thomayer.  — 
Sur  le  4  modifications  de  l' immunité  naturelle  par  les  associations 
microbiennes  :  M.  Roger.  — ^Applications  thèrapeutiqpies  du  chlor> 
hydrate  d'hyoscine  :  MM.  Magnan  efWolf.  —  Traitement  du  téta- 
nos par  la  greffe  palustre  :  M.  Bossano.  —  Culture  du  bacille 
typhiqae  dans  l'eau  d'égout  :  M.  Louis  Olivier. 

M,  Mendelsohn  a  cherché  à  savoir  h  quel  moment  de  la 
contraction  du  muscle  a  lieu  le  dégagement  de  chaleur  qui 
accompagne  cette  contraction.  De  ses  expériences  il  résulte 
qu'entre  l'excitation  et  le  début  du  dégagement  de  chaleur, 
il  existe  une  période  latente  de  5  à  6  millièmes  de  seconde, 
plus  courte  que  la  période  latente  de  la  contraction.  Le 
dégagement  de  chaleur  commence  donc  dans  la  période 
latente,  se  continue  dans  la  phase  de  raccourcissement,  et 
cesse  quand  apparaît  la  phase  de  relâchement. 

—  M.  Féré  présente  quelques  faits  qu*il  h  eu  occasion 
d'observer  chez  les  malades  de  son  service  sous  Taction  du 
froid.  L'action  de  l'air  sur  la  |)eau,  à  une  température  peu 
élevée,  produit  une  vaso-constriction  générale,  mais  accom- 
pagnée d'une  production  de  sueur  dans  les  aisselles.  L'in- 
gestion brusque  d'un  verre  d'eau  froide  augmente  la  pres- 
sion, l'ingestion  lente  l'augmente  beaucoup  moins.  Sous 
l'influence  du  refroidissement  d'un  membre,  chez  des 
hystériques,  le  temps  de  réaction  de  ce  membre  s'accroît; 
il  diminue  sous  l'influence  de  la  chaleur.  11  ne  se  passe  rien 
dans  le  membre  symétrique.  D'ailleurs,  M.  Féré,  en  répé- 
tant les  expériences  de  Brown-Séquard  et  Tholozan,  est 
toujours  arrivé  à  des  résultats  négatifs.    . 

—  M.  Dastre  présente  une  note  de  M.  Thomayer,  Celui-ci 
a  constaté,  par  1  auscultation  et  la  palpation,  sur  des  veines 
vai'iqueuses  du  membre  inférieur,  l'apparition  d'un  courant 
rétrograde  sous  diverses  influences,  pendant  un  effort  de 
ténesme,  par  exemple.  Il  a  pu  constater  le  même  fait  sur 
une  saphène  normale. 

—  M.  Roger  a  recherché  si  l'action  du  micrococcus  pro- 
digiosuSy  qui  supprime  l'immunité  naturelle  du  lapin  pour 
le  charbon  symptomatique,  peut  être  rapportée  à  une  alté- 
ration de  tissus,  comme  celle  que  produit  l'acide  lactique. 
Il  n'en  est  rien,  car  ses  expériences  lui  ont  montré  que  celte 
action  du  micrococcus  prodigiosus  s'exeixe  tout  aussi  bien 
si  on  l'inocule  en  un  point  éloigné  de  celui  où  on  inocule 
le  charbon,  ou  bien  si  on  injecte  un  peu  de  culture  dans  les 
veines.  Dans  ce  dernier  cas,  il  suffit  même  d'une  dose  ti'ès 
minime. 

—  MM.  Magnan  et  Wolf  ont  employé  le  chlorhydrate 
d'hyoscine  contre  l'agitation  des  maniaques.  Ils  ont  obtenu 
des  efl'ets  de  sédation  très  remarquables  par  l'injection  sous- 
cutanée  d'un  milligramme  par  jour.  Ils  ont  produit  régu- 
lièrement un  repos  de  cinq  à  dix  heures. 

—  M.  Lahorde  présente  une  note  de  M.  Bossano  (de 
Marseille).  Celui-ci  a  essayé  de  rendre  le  tétanos  intermit- 
tent pour  le  rendi'e  cui*able.  Il  a  inoculé  à  des  cobayes  du 
virus  palustre  en  même  temps  que  le  virus  tétanique.  Tous 
ces  animaux  sont  morts  du  tétanos,  mais  moins  vite  que  les 
témoins. 

—  M.  Louis  Olivier  a  pu  cultiver  le  bacille  typhique 
dans  de  l'eau  des  égouts  du  Havre,  filtrée  à  la  bougie*  Cham- 
berland. 

—  M.  Charrin  fait  hommage  à  la  Société  d*un  exemplaire 
de  son  livre  sur  le  bacille  pyocyanique. 


Soctélé  fie  IhérapeaUqne. 

SÉANCE   DU   26  JUIN    1889.  —  PRÉSIDENCE    DE    M.   FERNET. 

Dosage  du  saore  dans  les  urines  des  diabétiques  :  M.  Duhomme 
(Discussion:  MM.  Edouard  Ijabbd,  Booqulllon,  Gonstantio  Paul. 
Buoquoy). 

M.  Duhomme  lit  une  communication  sur  la  sacchari- 
métrie  clinique,  en  réponse  à  un  article  paru  dans  VCnion 
pharmaceutique  de  juillet  1888.  Les  dosages  du  sacre 
contenu  dans  les  urines  de  diabétiques  pratiqués  avec  la 
liqueur  cupro-potassique  donnent  des  résultats  très  irrégu- 
liers, parfois  même  contradictoires.  Le  polarimëtre  lui-même 
trompe  quelquefois,  car  il  peut  ne  pas  donner  de  déviation 
alors  qu'il  y  a  du  sucre  dans  les  urines  examinées,  ce  qui 
tiendrait  à  une  déviation  de  compensation  produite  par  unt' 
autre  substance.  Par  suite,  les  analyses  d'un  même  liquide 

firatifluées  avec  le  réactif  cupro-polassique  d'une  part,  avec 
e  polari mètre  d'autre  part,  lournissent  souvent  des  données 
absolument  différentes.  Pour  les  besoins  de  la  clinique,  il 
serait  plus  utile  de  renouveler  souvent  les  analyses  d*urines 
.  diabétiques  que  de  chercher  à  obtenir  des  dosages  rigoo* 
reusement  exacts. 

M.  Constantin  Paul  fait  remarquer  que  depuis 
quelques  années  on  fait  analyser  les  urines  diabétiques 
beaucoup  plus  fréquemment  qu'autrefois  ;  or  il  est  étonné 
de  voir  la  multiplicité  de  détails  que  comprennent  les  ana- 
lyses faites  par  les  pharmaciens  en  un  temps  véritablement 
très  court,  quel<^ues  heures  seulement.  Les  malades  peu 
confiants  dans  1  exactitude  de  ces  dosages  font. souvent 
analyser  les  mêmes  urines  dans  deux  pharmacies  différentes, 
et  presque  toujours  les  résultats  fournis  par  les  deui 
maisons  diffèrent  et  souvent  dans  des  proportions  considé- 
rables. Comment  savoir  alors  de  quel  côté  est  l'erreur? 

M.  Duhomme.  Cela  n'est  pas  possible  absolument.  Des 
analyses  polarimétriques  faites  avec  un  ami,  dans  des  con- 
ditions identiques,  nous  ont  donné  des  différences.  Du  reste 
on  pose  au  polarimètre  une  question  à  la(|uelle  il  ne  peut 
répondre,  il  ne  peut  qu'indiquer  la  quantité  des  substances 
lévogyres  et  dextrogyres.  D'autre  part  ce  n'est  pas 
l'exactitude  du  dosage  qui  importe  le  plus  au  médecin,  car 
la  quantité  du  sucre  n  est  pas  toujours  en  rapport  avec  la 
gravité  de  la  maladie.  Ce  (;[u'il  est  bien  plus  important  de 
savoir,  c'est  si  cette  quantité  augmente  ou  diminue,  si  elle 
est  influencée  par  le  traitement  et  le  régime. 

M.  Edouard  Lahbé  a  employé  fréquemment  les  procédés 
de  recherches  de  M.  Duhomme  et  les  a  trouvés  excellents. 
D'autre  part,  il  croit  aue  le  polarimètre  peut  rendre  de  bons 
services,  en  révélant  les  variations  subies  par  la  quantité  de 
sucre  dans  les  urines,  suivant  le  régime,  il  observe  ainsi 
plusieurs  malades,  à  la  maison  de  santé,  chez  lesquels  le 
sucre  diminue  beaucoup  et  même  disparait  sous  l'influence 
du  traitement,  pour  se  montrer  à  nouveau  si  le  régime  est 
abandonné.  Pour  démontrer  l'importance  de  ces  observa- 
tions, il  rapporte  le  fait  d'un  homme  âgé,  diabétic^^ue,  à 
prostate  grosse,  qui,  à  chaque  écart  de  régime,  voyait  son 
sucre  augmenter  et  était  pris  d'une  prostatite  dont  l'une 
l'emporta.  Dans  d'autres  cas  le  diabète  peut  subir  presque 
exclusivement  les  variations  d'une  affection  concomitante 
du  foie.  C'est  ce  qui  se  passe  chez  un  malade  qui  a  eu  jadis 
des  coliçiues  hépatiques  violentes,  et  maintenant  a  une  vési- 
cule biliaire  distendue,  remplie  de  calculs,  qu'on  sent  faci- 
lement par  la  palpation.  Chaque  fois  que  l'accumulation  des 
calculs  est  trop  grande,  l'ictère  apparaît  avec  une  abondante 
glycosurie.  Aussitôt  les  calculs  expulsés,  celle-ci  disparail, 
quel  que  soit  le  régime. 

M.  Bocquillon  considère  la  méthode  de  M.  Duhomme 
comme  très  simple,  rapide  et  pratique,  même  pour  le  phar- 
macien. 


12  JiTJLLET  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  28  —    453 


M.  Duhomme  croit  que  ces  malades  n'ont  rien  de 
commun  avec  les  diabétiques  vrais,  de  même  pour  les  indi- 
vidus qui  sans  éprouver  aucun  phénomène  pathologique, 
aucune  altération  de  la  santé,  rendent  du  sucre  dans  leurs 
urines.  C'est  là  un  diabète  purement  chimique.  Quant  aux 
malades  soumis  au  régime  restreint,  ils  doivent  avoir  leurs 
urines  analysées  prescjue  chaque  jour  afin  que  le  médecin 
juge  quelles  modifications  il  peut  apporter  à  celui-ci.  La 
question  de  savoir  si  on  peut  leur  permettre  du  lait  ou  du 
pain,  ce  dont  ils  sont  le  plus  privés,  ne  peut  être  tranchée 
qu'après  le  résultat  de  l'examen  des  urines.  Le  lait  par 
exemple  doit  être  défendu  à  certains  et  peut  être  permis  à 
d'autres,  suivant  qu'il  fait  reparaître  ou  non  le  sucre  dans 
les  urines. 

Pour  toutes  ces  raisons  il  est  dangereux  de  s'en  rapporter 
à  une  analyse  unique  faite  dans  une  pharmacie. 

M.  Constantin  Paul.  Certaines  nourrices  atteintes  de 
glycosurie  ne  peuvent  être,  sans  inconvénients,  soumises  à 
un  régime  sévère.  Une  femme,  excellente  nourrice,  vit  aussi 
disparaître  son  sucre  sous  l'influence  du  traitement  de  Bou- 
chardatv  m^is  elle  devint  bientôt  complètement  malade.  On 
lui  rendit  le  régime  ordinaire,  la  santé  revint  et  avec  elle 
toutes  ses  qualités  de  bonne  nourrice. 

M.  Bucquoy.  Ce  qui  se  passe  pour  le  lait  chez  les  diabé- 
tiques, s'observe  pour  remploi  des  œufs  dans  l'alimentation 
des  albuminuriques.  Parmi  ceux-ci,  il  en  est  qui  digèrent 
bien  les  œufs,  tandis  que  d'autres  ne  peuvent  en  prendre 
sans  voir  leur  albuminurie  augmenter.  L'analyse  seule  faite 
avec  le  tube  d'Esbach,  suffit  à  nous  guider  dans  cette 
question. 

M.  Duhomme  conclut  à  la  nécessité  pour  le  médecin  de 
faire  lui-même  ses  analyses  et  à  l'impossibilité  d'être  absolu 
pour  le  traitement,  particulièrement  en  ce  qui  concerne 
Tusage  du  lait. 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie. 

Georges  Baudouin. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

on  traHonent  de  la  dlrbChérie  par  IminniaMoa  de  «acre  ea 
poaire,  par  M.  LoREY.  —  Suivant  le  conseil  d'Œrtel,  il  faut 
avant  tout  chercher  à  obtenir  Téliminalion  des  fausses  mem- 
branes. La  réaction  inflammatoire  provoquée  par  la  diphthérie 
ne  doit  pas  être  combattue  ;  il  est  bon  au  coulraire  qu'elle  abou- 
tisse à  la  formation  du  pus.  On  obtient  ce  résultat  par  les  insuf- 
flations de  poudre  de  sucre;  elles  doivent  être  fréquentes,  et  le 
tube  en  verre  qui  sert  à  les  faire  doit  être  désinfecté  après 
chaque  opération.  Dans  le  cas  où  la  maladie  se  propage  au 
larynx,  les  insufflations  devront  être  faites  à  l'entrée  de  celui-ci. 

Ce  traitement  a  été  appliqué  dans  quatre-vingts  cas,  chez  des 
malades  de  tout  âge;  la  durée  de  la  maladie  a  été  abrégée;  les 
fausses  membranes  devenues  moins  épaisses,  comme  crémeuses, 
se  sont  éliminées  facilement,  et  la  muqueuse  a  sécrété  un  liquide 
abondant.  Le  sucre  non  seulement  est  un  antiseptique,  mais 
encore  il  calme  la  douleur.  Il  est  bon  en  outre  de  faire  de  fré- 
quents lavages  avec  une  solution  faible  de  sel  de  cuisine.  £n  cas 
de  propagation  au  larynx,  lauteur  ajoute  à  ce  traitement  une 
potion  de  120  grammes  contenant  5  à  10  centigrammes  d'apo- 
morphine.  (Wiener  mediciniscke  Wochenschrift,  13  jan- 
vier 1889.) 

Emploi  du  «el  de  ealulno  contre  la  dlphtbérie,  par  M.  SbI- 
BERT.  —  L'auteur  recommande  d'appliquer  du  sel  en  poudre  sur 
les  amygdales,  avec  le  manche  d'une  cuillère  à  café,  et  d'exer- 
cer ainsi  une  certaine  compression  qui  fera  pénétrer  le  sel  dans 
les  fausses  membranes.  Les  enfants  supportent  bien  celle  appli- 
cation et  ne  se  mettent  à  tousser,  à  cracher  el  à  expulser  les 


fausses  membranes  que  quand  le  sel  commencs  à  fondre.  Sur  les 
surfaces  dénudées  on  fait  une  seconde  application.  Au  bout  de 
six  heures  déjà  ramélioration  s'annonce  par  la  diminution  de  la 
fièvre  et  de  la  douleur.  Il  suffit  de  faire  deux  applications  par 
jour.  Quand  la  maladie  est  très  avancée,  ce  traitement  n'est  pas 
plus  efficace  que  les  autres.  (Wiener  mediciniscke  Wochens- 
chrift,  17  février  1889.) 

Du  iraltemeni  de  la  manie  par  roplam,  par  M.  JOLLY.  —  Au 
Congrès  des  aliénistcs  de  Garlsnihe  Tauteur  a  recommandé  de 
traiter  la  manie,  surtout  celle  qui  est  caractérisée  par  une  allure 
uniforme,  par  l'opium.  Il  emploie  la  teinture  d'opium  a  la  dose 
croissante  de  dix  à  cinquante  gouttes,  trois  fois  par  jour.  11  croit 
que  Topium  agit  direclement  sur  la  substance  cérébrale.  Les 
femmes  supportent  mieux  l'opium,  qui  chez  elles  donne  aussi  de 
meilleurs  résultats.  Le  professeur  Fûrstner  le  recommande  aussi 
dans  la  manie  chronique.  (Wiener  mediciniscke  Presse^  27  jan- 
vier 1889.) 

Da  IraUemeai  de  rarémle  par  la  morphine,  par  M.  StepueN 
Mackbnzie.  —  Chez  une  femme  atteinte  depuis  cinq  mois 
d'œdème  des  extrémités  inférieures  et  d'ascite,  el  dont  l'urine 
était  riche  en  albumine  et  en  cylindres  granuleux,  se  montra  de 
l'urémie  avec  dyspnée,  palpitations  et  cyanose  prononcée.  Ou 
employa  inutilement  l'éther,  l'ammoniaque  et  le  nitrite  d'amyle. 
Une  injection  hypodermique  de  morphine  de  1  centigramme 
amena  une  grande  amélioration  en  dix  minutes.  Le  docteur  Carter 
a  aussi  employé  avec  succès  la  morphine  dans  six  cas  d'urémie. 
(Wiener  mediciniscke  Presse,  9  juin  1889.) 

Da  gonflement  de  la  rate  dans  les  Inflammatlonji  de«  pou- 
mon«,  par  M.  GfiRHARDT.  —  Selon  l'auteur  on  constate  de  l'hyper- 
trophie de  la  rate  dans  la  moitié  des  cas  de  pneumonie;  elle  sur- 
vient principalement  au  moment  de  la  résolution  de  la  maladie  et 
se  distingue  ainsi  de  l'hypertrophie  de  la  rate  qui  accompagne  les 
autres  maladies  infectieuses.  On  peut  la  considérer  comme  étant 
c  spodogène  »,  c'est-à-dire  provoquée  par  l'accumulation  dans  la 
rate  des  débris  de  globules  rouges  et  blancs,  qui  y  ont  été  entraînés. 
La  peptonurie  que  l'on  trouve  plusieurs  jours  encore  après  la 
résolution  de  la  pneumonie  a  sans  doute  une  cause  analogue,  et 
est  produite  par  de  nombreux  globules  blancs  qui  sont  morts, 
et  qui  proviennent  de  l'exsudat  pneumonique.  Il  en  est  de  même 
de  rictère  léger  avec  apparition  de  bilirubine  dans  l'urine,  qui 
se  montre  chez  les  malades  atteints  de  pneumonie,  et  qui  est 
produit  par  le  passage  dans  le  plasma  sanguin  de  la  matière 
colorante  des  globules  rouges  détruits  qui  proviennent  de  l'exsu- 
dat pneumonique.  (Ckarité  Annalen,  XIII,  p. 325, 1888,  et  Cen- 
tralblati  fur  med.  Wissensck.,  2  mars  1889.) 

De  la  loeaitaatton  dn  tatoen,  par  M.  Jendrassik.  —  A  la  sym- 
ptomatologie  très  variée  du  tabès  on  attribue  une  altération 
organique  unique  :  la  dégénérescence  des  cordons  postérieurs 
de  la  moelle.  L'auteur  rappelle  que  Déjerine,  Pitres  et  Vaillard, 
Oppenheim  et  d'autres  ont  constaté  dans  certains  cas  des  alté- 
rations des  nerfs  périphériques.  Il  a  eu  l'occasion  d'étudier  deux 
cas  de  tabès  caractéristiques,  où  à  côté  des  lésions  de  la  moelle 
il  a  trouvé  des  lésions  du  cerveau;  celles-ci  siégeaient  dans 
l'écorce,  et  surtout  dans  les  circonvolutions  inférieures  cl  poslé- 
rieures;  les  antérieures  étaient  saines  contrairement  à  ce  qui  a 
lieu  dans  la  démence  paralytique.  Dans  certaines  circonvolutions 
il  a  constaté  la  disparition  des  fibres  radiées,  non  seulement 
dans  l'écorce,  mais  aussi  de  celles  qui  pénètrent  dans  la  sub- 
stance blanche;  ailleurs  les  cellules  nerveuses  paraissaient  être 
altérées.  L'auteur,  considérant  que  le  centre  de  la  coordination 
des  mouvements  ne  se  trouve  que  dans  l'écorce  du  cerveau, 
émet  l'opinion  que  le  tabès  est  surtout  une  affection  du  cerveau 
et  non  de  la  moelle,  et  que  la  sclérose  des  cordons  postérieurs 
est  une  altération  consécutive.  Les  altérations  de  la  sensibilité 
sont  dues,  non  aune  transmission  incomplète,  mais  à  un  trouble 
dans  la  perception  des  impressions  sensitives.  (Arckiv  ftir  kli- 
niscke  Med,,  20  décembre  1888,  et  Centralblatt  der  med,  Wis- 
senck.j  1"  juin  1889.) 


454    —  »•  2»  --        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  12  Juillet  1J^80 


lier. 


La  laparotomie  dans  l'occlusion  inteswkale,  parM.  Obalinski 
(de  Cracovie).  —Ce  travail  a  été  communiqué  «a  4888  au  Congrès 
des  médecins  polonais,  à  Lemberg.  L'auteur  s'y  déclare  partisan 
de  la  laparotomie,  mais  ne  s'appuie  pour  cela  sur  aucune  consi- 
dération nouvelle.  Le  seul  point  intéressant  est  sa  statistique. 
Elle  comprend  38  observations,  dont  20  ont  déjà  été  publiéeseu 
iS^o  {Wiener  med.  Presse);  18  seulement  sont  donc  rapportées 
ici  in  extenso.  Ces  38  faits  concernent  36  malades;  ils  donnent 
^3  morts  et  15  guérisons.  soit  60,  5  pour  100  de  mortalité,  chiffre 
concordant  avec  la  mortalité  de  58  pour  100  trouvé  par  Schramm 
depuis  l'antisepsie.  Le  perfectionnement  de  l'opérateur  joue 
un  rôle  important;  sur  les  19  premiers  cas  Obalinski  a  eu 
67  pour  100  de  décès,  et  52,  6  pour  100  pour  les  19  derniers. 
Si,  d'autre  part,  on  élimine  7  malades  opérés  in  extremis,  on  a 
31  opérations  avec  16  morts,  soit  51  pour  100.  {Ueberden  Bauch- 
schnitt  bel  innerem  DarmverschlusSy  in  Arch,  f.  klin.  Chir,, 
t.  XXXVIll,  p.  249.)  A.  B. 

Des  PnOPRIKTÉS  médicinales  de  L'HYSTEKIONtCA  fUGLAHEN,par 

M.  le  docteur  G.  Baillé.  —  Cette  plante  s'emploierait  en  infu- 
sion ou  bien  en  teinture  et  arrêterait  la  diarrhée  à  la  dose 
physiologique. 

C'est  vraisemblablement  un  astringent  dont  on  peut  prescrire 
la  teinture  alcoolique  sans  produire,  paraît-il,  la  constipation. 
C'est  cependant  l'infusion  que  l'auteur  emploie  volontiers  pour 
combattre  la  diarrhée  des  tuberculeux,  des  cancéreux  et  des 
cachectiques  ou  comme  moyen  préventif,  pendant  l'administra- 
tion du  mercure  et  des  médicaments  qui  provoquent  des  per- 
turbations intestinales.  {Bulletin  général  de  thérapeutique , 
28  février  1889.) 

De  l'apomorphinb  dans  les  empoisonnements,  par  M.  le  doc- 
teur Oliver  Tait.  —  L'auteur  a  eu  sept  fois  l'occasion  de  faire 
usage  de  ce  médicament  à  la  dose  d'un  sixième  ou  d'un 
douzième  de  grain  pour  provoquer  les  vomissements  dans  des 
empoisonnements.  Les  deux  premières  observations  sont  celles 
d'individus  ayant  ingéré  du  laudanum  :  Finjection  hypoder- 
mique d'un  sixième  de  grain  provoqua  en  trois  minutes  l'éva- 
cuation des  matières  contenues  dans  l'estomac.  Même  succès 
après  l'ingestion  de  l'arsenic,  du  chloroforme  et  de  la  prépara- 
tion connue  sous  le  nom  de  mort  aux  rats.  Tous  ces  malades 
guérirent  d'ailleurs  dans  l'espace  de  deux  ou  trois  jours.  {The 
therapeutic  Gazette,  15  avril  1889,  p.  242.) 

Du  traitement  de  la  diphthérie,  par  M.  le  docteur  Evtu- 
KHOWSKY.  —  L'auteur  se  fonde  sur  de  nombreux  succès  pour 
recommander  la  médication  suivante  :  1°  badigeonnages  éner- 
giques sur  la  muqueuse  des  parties  malades  cinq  à  six  fois  par 
jour  avec  une  mixture  composée  de  benzoale  de  soude,  d'essence 
d*eucalyptus  et  de  glycérine;  2"^  inhalations  phéntquées,  que 
Ton  répète  toutes  les  heures;  3®  administration  du  sulfate  de 
quinine  à  l'intérieur;  alimentation  du  malade,  avec  le  lait,  des 
potages  et  du  vin.  Heroarquons  quo  ces  moyens  thérapeutiques 
ne  sont  pas  inédits,  mais  que  M.  Evtukhowsky  attribue  surtout 
ses  succès  à  leur  association.  {Novosti  Terap.f  1889,  n"  7, 
p.  98.) 

De  l'action  physiologique  de  l'antipyrine,  par  MM.  les  doc- 
.  leurs  Crolas  et  Hugonnenq.  —  Les  expériences  des  deux  obser- 
vateurs lyonnais  avaient  pour  objet  de  rechercher  l'influence 
de  Tantipyrine  sur  la  sécrétion  urinaire  et  les  globules  sanguins. 

Ils  déclarent,  opinion  contraire  aux  conclusions  d'autres 
observateurs,  que  l'anlipyrine  ne  diminue  pas  Texcrétion  uri- 
nairo,  mais  augmente  le  chiffre  de  l'urée  éliminée  par  l'u- 
rine, sans  modifier  celui  de  l'acide  phosphorique.  Elle  ne 
favoriserait  donc  pas  la  dénutrition. 

Son  action  sur  les  hématies  serait  nulle.  Le  nombre  de  (x*s 


dernières  ne  serait  guère  diminué.  Par  contre,  fait  coulrairH 
aux  observations  si  remarquables  de  M.  A.  Hénocque,  l'action 
do  lantipyrine  ne  se  traduirait  pas  par  une  augmentaUoii  de  la 
niéthémoglobioe.  Ces  conclusions,  on  le  voit,  diflerentde  cc-IW^s 
des  autres  observateurs.  {Lyon  médical^  3  mai  1889.) 

De  la  valeur  thérapeutioue  de  la  spartélne,  par  M.  Glu- 
ziNSKi.  —  L'auteur  a  repris  Fétude  clinique  et  physiologique  du 
sulfate  de  spartéine.  C'est,  dit-il,  un  médicament  utile  coulrtf 
les  cardiopathies  mal  compensées.  On  constate  en  effet  la  régu- 
larisation du  cœur  dans  les  premiers  instants  qui  suivent  soa 
administration,  car  ce  qui  en  caractérise  les  effets,  c'est  précisé- 
ment la  rapidité  avec  laquelle  ils  se  produisent. 

La  spartéia*  ne  modifie  pas  l'arythmie  cardiaque  et  à  tous  le> 
points  de  vue,  telle  est  la  conclusion  générale  de  M.  Gluzinski, 
ne  peut  être  comparée  à  la  digitale.  {Deut.  Arch,  f.  klin.  Med., 
U  mars  1889.) 

De   la  strychnine   dans  la  paralysie    DIPIITUTÉRlTIQUe,  par 

M.  B.  Naunyn.  —  C'est  sous  forme  d'injection  au  niveau  df^ 
muscles  paralysés  que  l'auteur  rccomi»aiide  cette  médication. 
11  débute  par  une  dose  quotidienne  de  3  à  5  milligrammes  do 
médicament;  il  l'augmente  progressivement  et  Télé ve  à  i  centi- 
gramme vers  le  huitième  jour. 

Dans  le  milieu  du  second  septénaire,  il  suspend  la  médic-a- 
tiou  et  fait  durer  la  période  de  repos  durant  sept  ou  huit 
jours.  Les  seuls  inconvénients  de  ce  remède  sont  l'excitatioa 
musculaire,  la  provocation  des  vomissements  et  parfois  la  dimi- 
nution du  sommeil.  C'est  un  traitement,  —  inutile  d'insister 
sur  ses  inconvénients,  —  que  l'on  doit  employer  avec  la  plu» 
grande  prudence.  {Med,  chir.  Rundschau. ^  1889,  n*  4.) 


BIBLIOGRAPHIE 

Les  a^eatii  provoeateor»  de  l'hystérie,   par  M.   Georges 

GuiNON.  Thèse  de  doctorat.  —  Paris,  1889.  Aux  bureaux 
du  Progrès  médical. 

Il  est  assez  curieux  de  jeter  un  regard  en  arrière  et  de 
constater  pour  ainsi  dire  année  par  année  l'avancement  de 
nos  connaissances  en  neuropathologie  générale.  C*est  sur- 
tout pour  rhystérie  que  cette  marche  en  avant  est  sensible. 
M.  le  professeur  Gharcot,  après  avoir  nettement  établi  le 
domaine  symptomatique  de  cette  affection,  a  montré  que, 
quelle  que  fût  son  origine,  la  maladie  restait  toujours  unt 
et  n'empruntait  à  la  cause  qai  paraissait  la  déterminer  que 
des  caractères  de  second  ordre,  incapables  de  dissocier  son 
unité  symplomati^ue  comme  avait  pu  être  dissocié  le  vieai 
syndrome  épilepsie  :  après  l'étude  des  localisations  céré- 
brales. Qu'elle  soit  causée  par  l'alcool,  le  plomb,  le  sulfure 
de  carbone,  le  mercure,  le  traumatisme  ou  la  foudre, 
l'hystérie  reste  toujours  la  même,  affirmée  par  sa  constante 
clinique  :  l'ensemble  de  ses  stigmates. 

Georges  Guinon,  dans  sa  thèse  inaugurale,  étudie  les 
agents  provocateurs  de  Vhystérie;  ceux  tout  au  moins 

3ui  ont  fait  entrer  cette  dernière  depuis  quelques  années 
ans  une  phase  toute  nouvelle. 

Dans  ses  premiers  chapitres  l'auteur  prouve  que  dans  les 
cas  d'intoxications,  d'infection  par  maladie;  au  milieu  des 
émotions  violentes  causées  par  la  frayeur  seule,  le  trauma- 
tisme, les  tremblements  de  terre;  à  la  suite  du  surme- 
nage physique  ou  intellectuel  on  peut  voir  survenir  une 
maladie  nerveuse  qui  est  l'hystérie,  et  rien  autre  chose  que 
rhystérie. 
A  l'appui  de  son  dire  Guinon  rapporte  les  observations 

3ui  ont  fixé  la  science  sur  ce  point.  Nous  voyons  ainsi 
éfiler  devant  nous  un  lycéen  devenu  hystérique  après  des 
tentatives  d'hypnotisation  ;  une  femme  de  trente-huit  ans 
chez  qui  surviennent  des  attaques  de  nerfs,  des  contrar- 


1^  Juillet  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        —  N«  28  —    455 


tares,  des  points  hystérogènes,  de  Thémianesthésie  à  la 
suite  de  séances  de  magnétisme  faites  dans  une  boatique  de 
la  foire;  une  famille  de  (|uatre  enfants  rendus  hystériques 
par  des  pratiques  de  spiritisme,  etc. 

La  question  du  shock  nerveux  est  traitée  d'une  façon 
remarquable  :  Tauteur  rapporte  certaines  observations  re- 
montant assez  haut  et  prouvant  que  de  tout  temps  on  a  pu 
constater  des  faits  imputables  au  shock  nerveux  et  ressor- 
tissant à  rhystérie.  Il  étudie  les  effets  des  accidents  de 
chemin  de  fer,  des  tremblements  de  terre,  de  la  foudre  et 
montre  l'importance  des  spéculations  de  l'esprit  sur  la  pro- 
duction des  phénomènes  de  paralysie,  de  contractures  ou 
d'arlhralgies  rju'on  observe  en  pareils  cas. 

Les  maladies  infectieuses  ne  causent  l'hystérie  qu'en 
créant  un  état  d'anémie  propre  à  i'éclosion  des  phéno- 
mènes hystériques,  elles  peuvent,  au  dire  de  Guinon,  pro- 
duire l'état  de  choc  nerveux  évidemment  favorable  à  I'éclo- 
sion de  la  névrose.  La  fièvre  typhoïde  a  provoqué  d'emblée 
l'hystérie  qui  ne  s'était  pas  encore  manifestée  jusque-là.  Il 
en  est  de  même  de  la  pneumonie,  des  observations  de 
M.  Charcot,  de  Desterne  en  font  foi;  de  la  scarlatine,  du 
rhumatisme  articulaire  aigu  (Huchard,  Furet),  du  diabète 
sucré,  de  Timpaludisme,    de  la   syphilis. 

Guinon  nous  montre  ensuite  l'hystérie  survenant  dans 
tous  les  états  pathologiques  où  il  y  a  un  affaiblissement 
considérable  du  malade,  les  hémorrhagies,  le  surmenage, 
les  excès  vénériens  et  l'onanisme. 

L'anémie  et  la  chlorose  constituent  des  agents  provoca- 
teurs très  importants  de  l'hystérie.  La  question  des  intoxi- 
cations est  très  bien  présentée  et  discutée.  Plomb,  alcool, 
mercure,  ne  sont  plus  que  des  agents  provocateurs  d'une 
hystérie  qui  existait  en  puissance  la  plupart  du  temps  en 
vertu  des  lois  de  l'hérédité.  Le  sulfure  de  carbone  agit 
comme  les  poisons  cités  plus  haut,  et  M.  Charcot  a  présenté 
à  ses  levons  du  mardi  un  malade  sulfo-carboné  fort  remar- 
quable à  cet  égard. 

L'hystérie  est,  il  est  vrai,  intimement  liée  aux  organes 
génitaux,  mais  dans  un  sens  tout  différent  de  celui  qu'ad- 
mettaient les  anciens.  L'accouchement^  pour  ne  citer  qu'un 
exemple,  constitue  un  véritable  et  très  grand  trauma- 
matisme.  Les  tumeurs  de  l'utérus  ou  de  ses  annexes 
peuvent  déterminer  chez  une  prédisposée  l'avènement 
de  rhystérie,  mais  non  créer  celle-ci  de  toutes  pièces. 

(îuinon  consacre  un  chapitre  aux  maladies  nerveuses 
qui  se  combinent  le  plus  souvent  à  l'hystérie. 

Par  ordre  de  fréquence  il  cite  la  sclérose  en  plaques,  le 
tabès,  la  maladie  de  Friedreich,  affections  longues  et  affaiblis- 
santes, qui  jouent  vis-à-vis  de  Thyslérie  le  rôle  de  puissants 
agents  provocateurs.  On  peut  en  dire  autant  de  la  myopa- 
thie progressive  primitive,  du  mal  de  Pott  Quoi  qu'il  en 
soit,  l'hystérie  combinée  avec  ces  différentes  affections  ne 
présente  aucun  phénomène  hybride,  elle  reste  une  et  indi- 
visible et  constitue  en  somme  une  entité  nosologique  aussi 
solide  et  même  plus  solide  qu'aucune  autre  maladie  de  la 
catégorie  organique. 

L'hystérie  n'est  pas  la  seule  affection  qui  puisse  suivre 
le  traumatisme  et  les  différentes  perturbations  dont  on 
vient  de  faire  l'énumération,  la  neurasthémie  s'unit  assez 
volontiers  à  Phystérie  ou  bien  se  produit  isolément,  pour 
son  propre  compte,  et  c'est  à  elle  qu'on  doit  imputer  cet 
élat  d'affaiblissement,  de  dépression,  ces  douleurs  de  la 
léle  et  de  la  nuque  qui,  mêlées  à  d'autres  symptômes  et 
simulant  les  phénomènes  d'ordre  organique,  ont  donné  le 
change  aux  auteurs  qui  ont  décrit  une  névrose  trauma- 
tique. 

Après  avoir  très  éloquemnient  démontré  que  tous  les 
agents  provocateurs  dont  il  vient  de  faire  Thistorique  n'a- 
gissent que  comme  cause  occasionnelle,  Guinon  défend 
chaudement  les  idées  de  M.  Charcot  et  montre  les  relations 
étroites  de  l'arbre  arlhritique  et  de  l'arbre  nerveux,  il 


montre  l'hérédité  comme  la  vraie  cause  de  l'hystérie  dans 
toutes  ses  manifestations. 

Peut-on  dire  que  l'agent  provocateur  n'a  aucune  influence? 
Non  assurément  :  un  hystérique  saturnin  présentera  par 
exemple  une  mononoplégie  dans  laquelle  il  y  a  paralysie 
des  extenseurs,  un  mercuriel  sera  surtout  un  trembleur 
hystérique;  l'alcoolique  hystérique  sera  surtout  violent 
dans  ses  manifestations;  il  aura  des  hallucinations,  des 
rêves  horribles  comme  en  ont  les  alcooliques  ;  le  syphili- 
tique aura  une  céphalée  hystérique,  etc. 

Un  des  chapitres  les  plus  intéressants  de  la  thèse  de 
Guinon  est  celui  où  l'auteur  montre  la  manière  dont  se 
produisent  sous  l'impulsion  des  agents  provocateurs  les  phé- 
nomènes hystériques  :  tantôt  l'apparition  est  brusque, 
tantôt  le  phénomène  se  fait  lentement,  avec  réflexion  pour 
ainsi  dire.  Une  longue  période  d'incubation  sépare  la  cause 
occasionnelle,  chute,  intoxication,  émotion  morale  vive, 
de  son  effet  :  l'hystérie  confirmée. 

Le  travail  de  Guinon  avec  ses  belles  observations,  ses 
schémas  et  ses  indications  bibliographiques  sans  nombre 
constitue  un  véritable  monument  dans  l'histoire  de  l'hys- 
térie. C'est  là  un  de  ces  livres. précieux  qui  dispensent 
le  neuropathologue  des  recherches  longues  et  fastidieuses. 
L'élévation  du  sujet,  la  clarté  des  discussions  et  des  des- 
criptions, l'élégance  du  style,  assureront  certainement  le 
succès  de  ce  livre  qui  fait  honneur  à  son  auteur  et  à 
l'école  française  tout  entière. 

P.  B. 


VARIÉTÉS 

Faculté  de  médecine  de  Paris.  —  M.  Hallopeau  est  nommé 

§  réparateur  adioint  du  laboratoire  de  chimie,  en  remplacement 
e  M.  Âlard,  démissionnaire. 

Clinicat  médical.  —  Le  concours  pour  le  clinicat  médical 
vient  de  se  terminer  par  les  nominations  suivantes  : 

M.  Pignol,  pour  rHôtel-Dieu  ;  M.  Marfan,  pour  Necker,  et 
M.  Guinon,  pour  la  Salpétrière. 

LÉGION  d'honneur.  —  Ont  été  promus  ou  nommés  : 
Officiers:  MM.  Lévy,  Milon,  Renard,  médecins  principaux  de 
V  classe;  Bresson,  Servent,  Barthélémy,  Weill,  Lenoir,  Lemar- 
deley,  médecins  princijpaux de !2'' classe;  liOndrin,  Utz,  médecins- 
majors  de  1*^  classe;  Bouloumié,  secrétaire  général  de  TUnion 
des  femmes  de  France;  Jobard,  médecin  en  chef  de  la  marine; 
Merlaux  del  Ponti,  médecin  principal  de  la  marine. 

Chevaliers:  MM.  Douât,  Lelorrain,  €atteau,  Billet,  Ëmme^ 
rique,  Fournie,  Castaing,  (iharvot,  médecins-majors  de  i  "^  classe  ; 
Georges,  Vuillemin,  Kleinpelter,  Philippe,  Hussenet,  Larroque, 
Gros,  Lafille,  Roblot,  Girardin,  médecms>maiors  de  2"  classe, 
Gautier,  médecin  au  fort  de  TEcluse  (Ain);  Reynaud,  Auvray, 
Galiay,  IMihl,  Cauvet,  Le  Landais,  Kuencmauu,  médecins  de 
1'^''  classe  de  la  marine. 


Cours  de  microbiologie  nu  Val-de-Grace.  —  Un 
cours  de  microbiologie  spécialement  destiné  aux  médecins 
militaires  a  élé  institué  au  Val-de-Gràce  et  professé  deux 
fois  déjà.  Une  note  publiée  en  tête  du  dernier  numéro  des 
Archives  de  médecine  et  de  pharmacie  militaire  en  an- 
nonce la  réouverture  et  invite  les  médecins  de  l'armée  à  se 
perfectionner  au  préalable  dans  l'étude  des  travaux  de 
laboratoire  afin  de  mieux  suivre  cet  enseignement  dont  voici 
le  programme  : 

Caractères    généraux    des   micro-organismes.  —   Formes 

Srincipales.  Moyens  de  multiplication  et  de  reproduction.  Con- 
ilions  qui  président  à  leur  nutrition.  Traits  essentiels  de  leur 
biologie.  Saprophytes.  Bactéries  pathogènes  ;  ptomaïnes. 

De  la  technique  applicable  à  V  étude  des  microbes,  —Méthodes 
de  recherche  : 


456    —  N*  28  —  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  12  Juillet  1889 


Observation  microscopique.  F*rocédés  de  coloration. 

Cultures. 

Inoculation  des  animaux. 

Préparation  des  milieux  de  culture,  —  Milieux  liquides  : 
bouillons. 

Milieux  solides  :  gélatine,  gélose,  pomme  de  terre. 

Stérilisation  des  milieux  nutritifs. 

Procédés  de  culture.  Aérobies. 

Les  7nicrobes  considérés  dans  Vair,  le  sol,  Veau.  —  Com- 
ment se  comportent  les  agents  pathogènes  dans  ces  divers 
milieux.  Etude  pratique  de  Teaa.  Numération  des  bactéries. 
Recherche  des  agents  pathogènes.  Procédés  à  employer  pour 
leur  isolement.  Des  cultures  sur  plaques  de  gélatine. 

Microbes  de  la  bouche  et  du  tube  digestif.  —  Saprophytes 
auxiliaires  de  la  digestion.  Bactéries  pathogènes.  Diagnose  de 
quelques  organismes  communs  dans  les  matières  fécales,  au 
point  de  vue  de  leur  recherche  dans  les  eaux  potables. 

Charbon  bactéridien,  —  Importance  de  son  élude  au  point 
de  vue  doctrinal. 

Morphologie,  bioloj^ie,  culture  de  la  bactéridie.  Sa  spore. 

lie  charbon  des  animaux  ;  son  étioloffie. 

Le  charbon  de  Thomme  :  pustule  maiigue,  charbon  intestinal, 
pulmonaire. 

Anatomie  pathologique  du  charbon. 

Atténuation  du  virus.  Vaccination. 

Charbon  symptomatiaue.  —  Symptômes.  Lésions.  Morpho- 
logie, biologie,  culture  ae  l'agent  pathogène.  IVocédés  de  cul- 
ture applicaoles  aux  anérobies.  Atténuation  du  virus.  Vaccination 
par  virus  atténué,  par  les  produits  solubles. 

Septicémie  aiguë  de  Pasteur.  —  Morphologie.  Biologie,  cul- 
ture du  vibrion  septique.  Lésions  qu'il  détermine.  Gangrène 
gazeuse.  Vaccination  par  les  produits  solubles.  De  quelques 
septicémies  expérimentales. 

Ue  rimmunité  dans  les  maladies  infectieuses. 

De  la  suppuration.  — Microbes  pyogènes,  furoncle;  ostéo- 
myélite; phlegmon;  infection  puerpérale  ;  pyohémie  et  septi- 
cémie; clou  de  Biskra,  de  Gafsa;  blennorrhagie  et  ses  compli- 
cations ;  pus  bleu  ;  érysipèle  ;  de  l'antisepsie  en  général. 

Pneumonie.  —  Microbe  de  Frieldlander.  Microbe  de  Pasteur, 
Talamon,  Frsenkel. 
Morphologie,  biologie,  culture,  inoculation  aux  animaux. 

Anatomie  pathologique  de  la  pneumonie  et  de  ses  complications. 
Localisations    diverses    de   l'agent  pathogène  :    méningite, 
endocardite,  etc. 

Fièvre  typhoïde.  —  Bacille  d'Eberth-Gaffky. 
Morphologie,  biologie,  culture. 

Comment  il  se  comporte  dans  l'air,  dans  le  sol,  dans  l'eau. 
L'eau  potable  au  point  de  vue  de  l'éliologie  de  la  maladie. 
Recherche  du  bacille  typhique  dans  l'eau.  Anatomie  patholo- 
gique de  la  fièvre  typhoïde.  Septicémies  secondaires. 

Tuberculose.  —  Etude  du  bacille  tuberculeux.  Morphologie, 
biologie,  culture  (préparation  du  sérum),  inoculation  aux  ani- 
maux. Tuberculose  zoogléioue. 

Anatomie  pathologique.  Kecherche  de  l'agent  pathogène  dans 
les  tissus,  les  crachats,  le  pus,  l'urine. 

De  la  prophylaxie  de  la  tuberculose. 

Choléra  asiatique.  —  Bacille  de  Koch.  Morphologie,  biologie, 
culture,  microbes  en  virgule. 
Anatomie  pathologique  du  choléra. 
Etiologie  et  prophylaxie  du  choléra. 

Diphthérie.  —  Morphologie,  biologie,  culture  de  Tagent 
pathogène.  Inoculation  aux  animaux.  Produits  solubles. 

Tétanos.  —  Etat  de  nos  connaissances  actuelles  sur  cette 
maladie. 

—  Visite  à  l'inslitut  Pasteur. 

—  Conférence  sur  la  rage  et  son  traitement. 


Congrès  international  d'hydrologie  et  de  climatologie.  — 
La  deuxième  session  du  Congrès  international  d'hydrolog^ie  et  de 
climatologie  s'ouvrira  à  Paris  le  jeudi  3  octobre  prochain. 

Les  séances  générales  se  tiendront  au  Palais  du  Trocadéro, 
les  séances  de  sections  à  la  Faculté  de  médecine. 

A  dater  du  mardi  matin  1""^  octobre,  le  secrétariat  du  Congrès, 


installé  dans  la  salle  des  thèses  de  la  Faculté  de  médecine, 
restera  ouvert  de  neuf  heures  à  midi  et  de  deux  à  cinq  heures. 
Les  membres  du  Congrès  sont  priés  de  s'y  présenter,  dès  leur 
arrivée,  pour  faire  timbrer  ou  retirer  leur  carte,  donner  leur 
adresse,  fournir  ou  recevoir  les  renseignements  qui,  de  part  et 
d'autre,  pourront  être  nécessaires. 
Outre  tes  séances  et  excursions  (à  Pierrefonds,  Eoghien,  etc.), 

?ui  auront  lieu  du  3  au  10  octobre,  le  Congrès  a  organisé  du 
1  au  20  octobre  les  excursions  suivantes  : 

Vendredi  11  octobre.  —  Départ  de  Paris  à  9  h.  25  du  raaliu. 
Arrivée  à  Nancy  à  i  heures.  Dîner.  Coucher. 

Samedi  12.  —  Visite  de  la  Faculté,  des  hôpitaux,  de  la  ville 
de  Nancy.  Déjeuner.  Départ 'à  4  h.  45  pour  Gerardmer.  Arrivée 
à  10  heures.  Coucher. 

Dimanche  13. —  Visite  de  l'établissement  hydrothérapique  de 
Gerardmer.  Promenade  sur  le  lac.  Ascension  de  la  Schlucht. 
Examen  du  col  de  la  Schlucht  au  point  de  vue  de  l'installation 
d'une  station  hibernale  en  ce  point  (altitude  de  1150  mètres). 
Retour  et  coucher  à  Gerardmer. 

Lundi  14.  —  Départ  de  Gerardmer,  à  8  heures  du  malin. 
Déjeuner  à  Bussang.  Visite  des  sources  minérales  et  de  Téta- 
jjlissement  hydrothérapique.  Promenade  au  col  de  Bussang. 
Diner  et  coucher  à  Bussang. 

Mardi  15. —  Départ  de  Bussang  à  8  heures,  de  Saint-MauriGi> 
à  8  heures  et  demie,  pour  Plombières.  Arrêt  et  déjeuner  à  Remi- 
remont.  Départ  de  cette  ville  à  1  heure  en  voitures.  Arrivée  à 
Plombières  vers  4  heures  et  demie.  Diner  et  coucher. 

Mercredi  16.  —  Visite  des  établissements  thermaux  de  Plom- 
bières. Banquet  réunissant  les  congressistes  et  les  membres  de 
l'Association  des  médecins  des  Vosges  ayant  reculé  d'un  mois, 
à  cet  effet,  leur  assemblée  générale  annuelle.  Coucher  à 
Plombières. 

Jeudi  17.  —  Départ  de  Plombières  à  8  heures  et  demie  du 
matin.  Arrivée  à  Luxeuil  à  9  heures  et  demie.  Visite  des  thermes 
et  de  la  ville.  Déjeuner.  Départ  pour  Vittel  à  3  heures.  Arrivée 
à  Vittel  à  6  heures  et  demie.  Diner,  réception  au  casino, 
coucher. 

Vendredi  18.  —  Visite  de  l'établissement  de  Vittel.  Déjeuner. 
Départ  pour  Contrexéville,  à -midi  et  demi;  visite  de  rétablisse- 
ment. Retour  à  Vittel  à  5  heures  et  demie.  Dîner,  soirée  au 
casino,  coucher. 

Samedi  19. — Départ  à  midi  quarante  de  Vittel  pour  Martigoy. 
Visite  de  l'établissement.  Départ  à  3  heures  de  Martigny  pour 
Bourbonne.  Dîner,  coucher. 

Dimanche  20.  —  Visite  de  l'établissement  de  Bourbonne. 
Déjeuner.  Départ  de  Bourbonne  à  1  h.  27.  Arrivée  à  Paris  i 
9  h.  25  du  soir.  Les  congressistes  qui  voudront  visiter  Provins  y 
arriveront  à  8  h.  5  du  soir,  y  coucheront  et  rentreront  à  Paris  le 
lendemain. 

N.  B.  —  Les  communications  ou  demandes  de  renseignements 
doivent  être  adressées  au  secrétaire  général,  M.  le  docteur  F.  de 
Ranse,  à  Paris,  avenue  Montaigne,  53,  du  1*''  octobre  au  l"^juin; 
à  Néris  (Allier),  du  1"  juin  au  1"''  octobre. 

Les  adhésions,  accompagnées  d'un  mandat  sur  la  poste  de 
20  francs,  doivent  être  adressées  au  trésorier  du  CongrôSi 
M.  0.  Doin,  libraire-éditeur,  à  Paris,  place  de  l'Odéon,  8. 


Mortalité    a   Paris     (26*    semaine,    du   23  au  30  juju 
1889.  —  Population  :  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  iO. 

—  Variole,  0.  —  Rougeole,  26.  —  Scarlatine,  6.  —  Coque- 
luche, 15.  —  Diphthérie,  croup,  27.  —  Choléra,  0.  —  Phthisie 
pulmonaire,  164.  —  Autres  tuberculoses,  16.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  44;  autres,  8.  —  Méningite,  28.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  41.  —  Paralysie,  3.  -■ 
Ramollissement  cérébral,  12. — Maladies  organiques  du  cœur,5*. 

—  Bronchite  aigué,  19.  —  Bronchite  chronique,  22.  —  Broncho- 

Eneumonie,  21.  —  Pneumonie,  39.  —Gastro-entérite:  sein,  1(); 
iberon,  74.  —  Autres  diarrhées,  3.  — Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 2.  —  Autres  affections  puerpérales,  0.  —  Débilité  con- 
génitale, 22.  —  Sénilité,  21.  —  Suicides,  14.  —  Autres  morts 
violentes,  10.  —  Autres  causes  de  mort,  142.  —  Causes 
inconnues,  15.  —  Total  :  878. 

G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 

19774.  —  MoTTiROZ.  ^  Imprimeries  rëuniei ,  A,  rue  Mifnon,  S,  f*^*' 


Trbnte-sixièmb  année 


N«  29 


19  Juillet  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 

PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LB  D'  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 

MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  6.  DIEULAFOY,  DREYFUS-BRISAC,  FRANCOIS-FRANCK,  A.  HËNOCQUE,  A.-J.  MARTIN,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adrelser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  LKRKBoniXBT,  H,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRE.  —  Bulletin.  —  Clinique  chirurgicale.  Des  ncvrals^ies  vésicales. 
—  Formulaire  thérapeutique.  Quelques  formules  contre  la  constipation  des 
enfants.  —  Revue  des  cours  et  des  cliniques.  FacuUd  do  Lyon  :  U.  le 
professeur  Arloing  :  Des  moyens  d'éviter  ou  d'attënuer  les  accidents  de 
l'anesthésie.  Usage  de  i'anesthésie  mixte  et  des  mélanges  titrés.  —  Travaux 
originaux.  Clinique  médicale  :  Dilatation  de  l'aorte,  oblitération  de  l'artère 
fous-clavière  gauche,  atrophie  du  membre  supérieur  correspondant.  --  Corres- 
pondance. —  Revue  des  CoNonits.  Troisième  Congrès  de  la  Société  alle- 
mande de  gynécologie.  —  SOGiÉTis  savantes.  —  Académie  de  médecine.  ~ 
Société  médicale  des  b6pitaux.  -^  Société  de  chirurgie.  —  Bidliographie.  La 
chaleur  animale.  —  VARléTés. 


BULLETIN 


Paris^  17  juillet  1889. 


Académie  de  médecine  :  Traitement  de  l'olMEtraetlon 
Inteetlnale. —  L'aaeethéale  par  le  cUoroforiBe. 

Le  traitement  de  rocclusion  intestinale  est^  depuis 
quelques  mois,  à  Tordre  du  jour  de  toutes  les  Sociétés  sa- 
vantes. Il  en  a  été  question  dans  la  plupart  des  Congrès 
allemands  qui  se  sont  tenus  cette  année,  et  le  dernier  nu- 
méro de  la  Gazette  (p.  445)  contient  sur  ce  sujet  le  résumé 
d*une  leçon  clinique  du  professeur  von  Wahl  (de  Dorpat). 
Si  Ton  étudie  tous  ces  documents,  on  voit  que  les  sym- 
ptômes énumérés  dans  les  observations  d'occlusion  intesti- 
nale ne  permettent  que  bien  rarement  de  poser  un  diagnostic 
précis.  La  constipation  avec  météorisme  considérable,  vo- 
missements alimentaires  puis  fécaloïdes,  l'anurie,  le  col- 
lapsus  sont  communs  à  toutes  les  formes  d'obstruction, 
depuis  celle  qui  dépend  de  l'accumulation  dans  le  gros 
intestin  de  matières  fécales  ou  d'aliments  mal  digérés  jus- 
qu'à celle  qui  est  due  à  l'invagination  d'une  anse  de  l'in- 
testin grêle.  Bien  plus,  il  est  arrivé  à  diverses  reprises  que 
des  hernies  méconnues  ont  donné  lieu  à  des  symptômes 
presque  identiques  à  ceux  que  l'on  considère  comme  carac- 
téristiques de  l'iléus  ou  du  volvulus. 

Nous  n'avons  pas  à  insister  ici  sur  les  quelques  symptômes 
vraiment  importants  signalés,  soit  dans  la  leçon  clinique 
de  von  Wahl,  soit  dans  la  discussion  qui  s'est  élevée  récem- 
ment devant  la  Société  de  chirurgie  ;  mais,  à  l'occasion  du 
rapport  que  vient  de  lire  M.  Hérard,  nous  devons  faire 
remarquer  combien  souvent  encore  le  praticien  se  trouve 
embarrassé  lorsqu'il  est  appelé  près  d'un  malade  dont  l'état 
.s*aggrave  d'heure  en  heure  et  auquel  cependant  il  n'est  point 
possible  d'imposer  d'emblée  une  opération  chirurgicale. 
Ainsi  que  l'ont  fait  observer  MM.  Le  Fort  et  C.  Paul,  la 
méthode  préconisée  par  MM.  Laratet  Boudet  (de  Paris)  est 
souvent  utile,  mais  n'est  pas  toujours  sans  inconvénients; 
^  Série  T.  XXVI. 


de  plus,  elle  est  souvent  inefficace  lorsqu'il  s'agit  d'un  étran- 
glement  interne  par  bride  cicatricielle  ou  par  volvulus.  Or, 
il  ne  faut  point  l'oublier,  en  pareille  occurrence  les  instants 
sont  précieux  et  le  médecin  ne  doit  pas  s'attarder  à  des 
médications  inutiles  ou  dangereuses.  Lorsqu'il  ne  s'agit 
que  d'accidents  liés  à  une  constipation  opiniâtre,  sans  lésion 
intestinale,  le  diagnostic  qui  se  déduit  des  commémoratifs 
et  de  l'exploration  méthodique  du  ventre  permet  d'essayer 
pendant  quelques  heures  soit  les  purgatifs  (et  en  particulier 
le  calomel  associé  à  l'huile  de  ricin),  soit  les  grands  lave- 
ments huileux  portés  très  haut  à  l'aide  d'une  sonde  œso- 
phagienne. A  ces  moyens  peuvent  sans  inconvénients,  et 
même  avec  quelque  avantage,  être  associées  les  malaxations 
de  la  paroi  ou  l'application  de  courants  induits  assez  éner- 
giques. Alors,  au  contraire,  qu'il  s'agit  d'une  invagination 
intestinale,  et  surtout  lorsque  la  rapidité  et  la  forme  du 
météorisme,  l'existence  dès  le  début  d'un  météorisme  asy- 
métrique limité  à  une  anse  intestinale  qui  reste  distendue, 
immobile,  résistante,  ainsi  que  les  symptômes  généraux  per- 
mettent d'affirmer  le  diagnostic,  le  seul  traitement  au  début 
pourra  consister  dans  l'injection,  à  l'aide  d'une  sonde 
œsophagienne,  d'eau  gazeuse  froide,  introduite  à  diverses 
reprises  et  en  proportions  considérables  en  même  temps 
que  l'on  administrera  l'opium  à  très  hautes  doses.  Mais  si, 
.après  quelques  heures,  ces  moyens  n'ont  pas  réussi,  le  mé- 
decin, sans  essayer  les  nombreux  traitements  conseillés 
parce  qu'ils  ont  réussi  dans  d'autres  circonstances  où  l'en- 
semble des  symptômes  a  permis  une  erreur  de  diagnostic, 
devra  se  hâter  de  faire  appeler  un  chirurgien.  La  laparo- 
tomie, dans  ces  circonstances,  ne  peut  réussir  que  si  elle 
est  pratiquée  de  bonne  heure.  Une  exploration  très  attentive 
de  l'abdomen,  une  discussion  très  approfondie  des  symp- 
tômes observés  et  des  lésions  qui  ont  pu  leur  donner 
naissance,  donneront  quelque  précision  au  diagnostic  ana- 
tomique.  De  cette  consultation  résultera,  dans  quelques  cas, 
la  nécessité  d'une  intervention  immédiate,  dans  d'autres 
circonstances  l'opportunité  d'une  expectation  plus  pro- 
longée. Dans  ce  dernier  cas  les  lavements  électriques  et  la 
faradisation  de  la  paroi  pourront  être  essayés  sans  incon- 
vénients. 

—  La  discussion  sur  l'anesthésie  chloroformique  se  con- 
tinue devant  l'Académie.  M.  L.  Le  Fort  a  rappelé  les  résul- 
tats que  lui  a  donnés  le  chlorure  de  méthyleei  montré  qu'il 
fallait  incriminer  le  médicament  et  non  pas  son  mode  d'ad- 
ministration lorsque  l'on  observait,  chez  un  malade  anes- 
thésié,  des  vomissements  ou  de  l'agitation.  M.  H.  Perrin  a 

29 


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W  29  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  19  Juillet  1889 


rappelé  les  bons  résultats  que  donne  parfois  l'association  du 
chloroforme  et  du  chloral.  Enfin  M.  Trélat  nous  paraît  avoir 
exprimé  avec  une  grande  netteté  Topinion  de  la  plupart  des 
chirurgiens  expérimentés  en  affirmant  que  la  manière 
d'administrer  le  chloroforme  exerçait  une  influence  indé- 
niable sur  la  marche  de  Tanesthésie.  Il  n'est  pas  donné,  en 
eiïet,  à  tout  le  monde  de  savoir  bien  se  servir  des  agents 
anesthésiques.  C'est,  dit  M.  Trélat,  affaire  d'attention, 
d'intelligence  et  de  flair  qui  ne  s'acquiert  que  par  l'usage. 
Seuls,  dans  les  hôpitaux,  des  internes  expérimentés;  seuls, 
dans  la  pratique  de  la  ville,  des  aides  habitués  à  manier  le 
chloroforme  devraient  être  chargés,  sous  la  surveillance  du 
chirurgien,  de  pratiquer  l'aneslhésie.  A  ce  point  de  vue  nous 
appelons  l'attention  sur  l'intéressante  Iççon  de  M.  le  pro- 
fesseur Arloing  (p.  452).  Remarquons  toutefois  que  les 
dangers  de  l'anesthésie  sont  relativement  peu  prononcés. 
On  a  raison  de  signaler  avec  tant  d'insistance  les  accidents 
qu'a  pu  provoquer  le  chloroforme;  mais  il  soiït  très  rares  et 
l'on  pourrait  n'en  pas  dire  autant  d'opérations  que  l'on 
pratique  bien  fréquemment  aussi  ou  de  préparations  phar- 
maceutiques que  l'on  administre  souvent  sans  bien  connaître 
les  inconvénients,'voire  les  accidents  qu'elles  provoquent. 


CLINIQUE  CHIRURGICALE 

Des  névrali^lea  Téalealea. 

En  4887,  nous  avons  rendu  compte  ici  des  recherches 
du  professeur  Guyon  et  de  M.  Hartmann,  son  élève  si  dis- 
tingué, sur  les  cystites  douloureuses  et  leur  traitement.  De 
cette  étude  clinique  et  pathogénique  découlaient  les  con- 
clusions pratiques  suivantes  :  les  douleurs  sont  dues  à  la 
contracture  spasmodique  de  la  vessie  enflammée,  et,  dès 
lors,  la  thérapeutique  aura  pour  dernière  ressource,  dans 
les  cas  rebelles,  la  suppression,  par  la  taille  et  le  drai- 
nage, de  la  vessie  en  tant  que  réservoir  contractile. 

Ces  indications  chirurgicales  justifiaient  l'individualisa- 
tion des  cystites  douloureuses,  jusqu'alors  le  plus  souvent 
englobées  dans  l'ensemble  confus  des  cystalgies.  Restaient 
à  étudier  les  cas  où  la  vessie  n'est  pas  ainsi  enflammée, 
c'est-à-dire  le  groupe  des  névralgies.  Ce  sujet  était  mis  au 
concours  par  l'Académie  de  médecine  en  1887,  et  nous 
avons  vu  paraître,  il  y  a  quelques  mois,  les  mémoires  des 
deux  lauréats  :  M.  Hartmann  et  M.  Chaleix-Vivie.  C'est  sur 
eux  que  nous  allons  nous  appuyer,  sur  le  premier  surtout, 
car  l'auteur  en  a  éliminé  avec  soin  tout  ce  qui  appartient 
aux  cystites  douloureuses.  Il  en  résulte  une  clarté  plus 
grande,  surtout  au  point  de  vae  des  indications  thérapeu- 
tiques. 

C'est  de  ce  siècle  seulement  qu'est  née  l'étude  des  névral- 
gies vésicales,  et  l'on  ne  saurait  s'en  étonner,  puisque 
Bichat  fut  le  premier  à  affirmer  avec  netteté  l'existence  des 
c  véritables  névralgies  du  système  nerveux  de  la  vie  orga- 
nique}». Depuis  cette  époque,  les  névralgies  vésicales  ont 
acquis  droit  de  cité  dans  la  science,  et  même  elles  n'ont 
pas  tardé  à  envahir. 

Pour  la  vessie  en  particulier,  une  forme  a  d'abord  été 
étudiée,  sous  le  nom  de  névralgie  ano-vésicale,  par  Campai- 
gnac,  Ullmann,  Roux,  Velpeau.  Celte  forme,  en  effet,  qui 
répond  souvent  à  une  étiologie  spéciale,  est  une  des  plus 
nettes.  Puis,  peu  à  peu,  toutes  les  soufl'ranxses  de  la  vessie 


ont  attiré  l'attention  des  médecins  et  des  chirurgiens,  en 
sorte  que  Civiale  ne  consacra  pas  moins  de  deux  cents 
pages  à  l'étude  de  ces  c  aff'ections  nerveuses  du  col  vésical  i. 
Mais,  dans  cette  description,  toutes  les  variétés  sont  réu- 
nies, et  Civiale  en  arrive  à  admettre  que  la  névralgie  du  col 
peut  être  suivie  de  catarrhe  de  la  vessie,  de  lésions  rénales. 
Malgré  une  protestation  de  Brodie,  cette  manière  de  voir 
devint  bientôt  classique,  et  rien  n'était  moins  bien  défini,  il 
y  a  quelques  années,  que  les  cystalgies.  Ce  n'était  pour- 
tant pas  faute  de  travaux  sur  la  question.  Les  thèses  et  les 
mémoires  s'étaient  succédé,  dus  à  Bourguignon,  Ferra, 
Gergaud,  Caudmont,  Delefosse,  Tillaux,  Sokeel,  Spiegel- 
berg,  etc.,  sans  parvenir  à  débrouiller  ce  chaos,  en  Tem- 
brouillant  même  trop  souvent. 

Le  chapitre  de  M.  Le  Dentu,  dans  son  livre  classique, 
marque  un  grand  progrès,  quoique  M.  Hartmann  relève 
encore,  par  exemple,  plusieurs  observations  où  la  tubercu- 
lose vésicale,  au  début,  est  au  moins  très  probable.  La  net- 
teté s'accentue  dans  le  traité  de  M.  Duplay.  Là  il  n'est 
question  que  des  phénomènes  douloureux  non  spasmo 
diques,  occupant  le  corps  ou  le  col  de  la  vessie,  et  saos 
lésion  matérielle  appréciable  de  ce  réservoir.  L'affection 
ainsi  comprise  est  très  rare,  dit  M.  Duplay,  et  il  est  à  pea 
près  impossible  d'en  donner  une  description  satisfaisante. 
Cette  rareté  vient,  en  grande  partie,  de  ce  que  M.  Duplay 
consacre  des  paragraphes  spéciaux  à  l'irritabilité  vésicale,  à 
la  contraction  du  col.  Mais,  se  plaçant  à  un  point  de  vue 
différent,  M.  Hartmann  fait  la  synthèse  de  tous  ces  états 
nerveux  mal  définis,  où  l'élément  névralgique,  sine  matériau 
est  le  fait  clinique  dominant. 

II 

L'étiologie  doit  être  scrutée  avec  soin,  car  c'est  d'elle 
que  l'on  déduira  la  pathogénie  et  le  traitement  des  sym- 
ptômes. Mais  nous  n'adopterons  pas  dans  son  intégrité  la 
classification  de  H.  Hartmann. 

Notre  collègue  divise  les  névralgies  vésicales  en  sympto- 
matiques  et  idiopathiques.  Les  premières  tirent  leur  ori- 
gine, dit-il,  de  lésions  du  système  nerveux,  de  l'appareil 
urinaire,  des  organes  voisins.  Les  secondes  sont  celles  où  la 
lésion  initiale  est  nulle,  ou  absolument  insignifiante,  et 
pour  celles-là  la  disposition  générale  du  sujet,  la  névro- 
pathie,  joue  le  rôle  prépondérant. 

Il  faut,  nous  semble-t-il,  mettre  tout  à  fait  à  part  les 
crises  vésicales  du  tabès.  Ces  névralgies  des  ataxiques, 
aujourd'hui  bien  connues  grâce  aux  travaux  de  Charcot,  de 
Guyon,  de  Fournier  et  de  leurs  élèves  Geffrier,  Ch.  Féré, 
ces  névralgies  ont  une  physionomie  clinique  assez  spéciale, 
malgré  une  assez  grande  variété  de  formes.  Souvent,  c'est 
une  fréquence  insolite  des  mictions,  avec  des  besoins  impé- 
rieux «  à  vide  >,  très  douloureux.  Ailleurs,  on  notera,  à  la 
fin  de  la  miction,  des  souffrances  très  vives,  rappelant  celles 
de  la  cystite  blennorrhagiqué.  Ces  douleurs,  survenant  par 
crises  d'une  intensité  parfois  extrême,  s'accompagnent  de 
douleur  profonde,  obscure,  avec  irradiations  vers  l'urèlhre, 
les  lombes,  le  rectum.  Dans  ce  dernier  cas,  le  ténesmeanal 
peut  acquérir  une  importance  réelle,  et  Ton  est  en  présence 
de  ces  névralgies  ano-vésicales  bien  vues  depuis  longtemps 
déjà.  Il  n'est  pas  rare,  enfin,  que  les  douleurs  soient  moins 
marquées,  mais  qu'il  existe  des  troubles  notables  de  la 
miction  :  l'émission  de  l'urine  est  retardée,  un  peu  plus 
fréquente  que  la  normale,  douloureuse;  le  jet  est  filiforme, 
et  l'on  croirait  à  un  rétrécissement,  si  un  arrêt  brusque  de 


19  JniLLET  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  «•  29  —    459 


l'écoulement  ne  venait,  de  temps  à  autre,  démontrer  Texis- 
tence  d'un  état  spasmodique  insolite. 

Il  est  donc  indiscutable  qu*on  observe  chez  les  tabé- 
tiques^  et  plus  rarement  chez  des  malades  atteints  d'autres 
lésions  cérébro-spinales,  des  phénomènes  douloureux, 
névralgiques.  Mais,  de  ce  que  le  clinicien  doit  en  être 
averti,  pour  dépister  un  tabès  au  début,  s'ensuit-il  qu'il 
faille,  dans  l'étiologie,  rapprocher  ces  névralgies  de  celles 
qu'engendre  une  lésion  du  rein  ou  de  l'utérus?  Abso- 
lument pas.  Chez  l'ataxique,  une  lésion  matérielle  des 
cordons  postérieurs  de  la  moelle  et  des  racines  correspon- 
dantes est  la  cause  de  ces  crises  douloureuses,  et  la  névro- 
pathie  du  sujet  est  un  facteur  de  second  ordre.  Chez  la 
femme  atteinte  de  métrite,  la  pathogénie  change  du  tout  au 
tout.  Une  lésion  périphérique  entraine  une  irritation  ner- 
veuse qui  devrait  être  médiocre,  et  cependant  est  cause 
d'une  douleur  vive,  d'une  névralgie.  Il  y  a  un  désaccord 
évident  entre  la  lésion  causale  et  l'effet  produit,  et  c'est  la 
névropathie  du  sujet  qui  entre  en  jeu  pour  expliquer  cette 
disproportion.  Cette  conclusion  est,  d'ailleurs,  celle  que 
M.  Hartmann  est  le  premier  à  tirer  du  fait  qu'il  nous  reste 
à  exposer. 

Il  n'est  pas  rare,  en  effet,  qu'une  lésion  existe  dans  l'ap- 
pareil urinaire  ou  dans  son  voisinage.  Mais  cette  lésion 
n'amène  de  névralgie  vésicale  que  chez  la  minorité  des 
malades.  Cette  névralgie  n'est  que  contingente. 

Un  cas  des  plus  importants  est  celui  où  une  cystite  légère 
s'accompagne  d'irradiations  névralgiques.  C'est  un  point 
sur  lequel  nous  aurons  à  revenir  à  propos  du  diagnostic.  Il 
est  plus  fréquent  que  la  douleur,  réflexe  cette  fois,  ait  sa 
source  dans  le  rein.  Des  autopsies  déjà  anciennes  en  font 
foi  :  une  fois,  Morgagni  a  trouvé  des  calculs  rénaux  et  la 
vessie  intacte  ;  plus  près  de  nous,  Brodie  a  constaté  de 
même  que  la  cause  des  douleurs  vésicales  était  une  lithiase 
rénale;  c'est  d'une  pyonéphrose  que  souffrait  un  malade  de 
Pratt.  A  maintes  reprises,  M.  Yerneuil  a  insisté  sur  ces 
névralgies  vésicales  d'origine  rénale,  et  la  clinique  fournit 
des  observations  aussi  probantes  que  des  autopsies,  quand 
elle  nous  montre  des  sujets  que  Schwartz,  Morris,  Bouilly 
ont  soulagés  de  douleurs  de  la  vessie  par  des  opérations  sur 
les  reins.  Et  la  malade  de  M.  Bouilly  souffrait  si  bien  de  la 
vessie  qu'elle  avait  subi  un  nombre  invraisemblable  de 
calbétérismës  par  des  chirurgiens  multiples  à  la  recherche 
d'une  pierre. 

A  l'autre  bout  de  l'appareil  urinaire,  nombre  de  chirur- 
giens ont  vu  cesser  les  douleurs  après  la  circoncision  d'un 
prépuce  phimosique.  Les  irritations,  les  rétrécissements  du 
méat  ont,  chez  l'homme,  un  rôle  qu'Otis  a  bien  mis  en 
lumière;  tout  comme,  chez  la  femme,  les  polypes  uréthraux, 
dans  des  observations  de  Richet,  Tillaux,  Pollock,  Duncan. 
Puis  s'engageant  —  etcette  fois  chez  l'homme  seulement — 
dans  la  profondeur,  on  incrimine  souvent  les  inflammations 
chroniques  de  la  prostate,  parce  que  cet  organe  est  riche  en 
nerfs,  pense  Ultzmann.  Cette  opinion  est  anatomiquement 
et  physiologiquement  fausse.  La  prostate  est  un  organe  peu 
sensible.  Il  est  certain  toutefois  que  la  prostatite  chronique 
peut  se  compliquer  d'accidents  névralgiques,  mais  il  faut 
affirmer  que  c'est  l'exception. 

Quittons  maintenant  l'appareil  urinaire  et  examinons  les 
parties  qui  l'entourent.  Civiale,  Lallemand,  A.  Stein,  Guyon, 
ont  vu  des  malades  dont  la  névralgie  relevait  d'affections 
ano-rectales  :  accumulation  de  fèces,  ascarides,  hémor- 
rhoides,  fissures.  Mais  le  rôle  prépondérant  revient  aux 


organes  génitaux  de  la  femme,  et  les  auteurs  anglo-améri* 
cains,  Robert  Barnes,  Bâche  Emmet,  John  Upshier,  ont  fait 
ressortir  celte  influence.  Ils  ne  l'ont  pas  découverte,  toute- 
fois. Civiale  y  insistait,  et  dès  1842,  Le  Roy  d'Étiolles  publiait 
l'histoire  d'une  femme  chez  laquelle  le  port  d'un  pessaire 
avait  fait  cesser  les  souffrances  du  réservoir  urinaire.  Tout 
comme,  depuis,  on  a  vu  la  douleur  de  voisinage  disparaître 
après  curage  d'une  endométrite,  après  dilatation  d'un  col 
atrésié. 

Mais  toutes  ces  maladies  ne  causent,  à  l'ordinaire,  rien 
de  semblable.  Marion  Sims,  Winckei,  s'appuient  bien  sur 
les  cas  où  du  vaginisme  accompagne  la  névralgie  vésicale 
pour  soutenir  que,  par  Turèthre,  un  spasme  se  propage  du 
vagin  à  la  vessie.  Cette  théorie  ne  s'appliquerait,  en  tout 
cas,  qu'à  la  minorité  des  faits  et  presque  toujours,  au  con- 
traire, on  relève,  dans  Tétude  générale  des  malades,  les 
signes  indéniables  d'une  irritabilité  nerveuse  exagérée.  Cette 
irritabilité  est  plus  grande  encore,  excessive  parfois,  dans 
la  plupart  des  cas  de  névralgie  vésicale  dite  idiopathique^ 

Cette  variété,  quoi  qu'en  ail  dit  Civiale,  s'observe  surtout 
chez  l'homme,  contrairement  aux  autres  névralgies.  Elle 
existe  à  tous  les  âges,  mais  l'adulte  surtout  y  est  exposé.  Les 
sujets  malades  ne  présentent  que  rarement  les  stigmates  de 
l'hystérie  franche;  mais  chez  presque  tous,  si  on  lesexamine 
avec  soin,  on  note  les  symptômes  d'un  état  névropathique 
indéniable.  Il  n'est  pas  rare  que  ces  sujets  aient  eu  dans 
leur  enfance  de  l'incontinence  nocturne  de  l'urine,  que  plus 
tard  ils  aient  subi  des  pertes  séminales  involontaires  : 
adultes,  ils  souffrent  de  la  vessie.  A  cet  égard,  l'observation 
de  Jean-Jacques  Rousseau,  telle  qu'il  nous  la  conte  lui- 
même  dans  ses  Confessions^  est  une  des  plus  intéressantes. 
L'hypochondrie  est  fréquente,  et  l'on  sait,  au  reste, 
combien,  chez  les  prédisposés,  les  affections  génito- 
urinaires  l'engendrent  avec  facilité.  A  un  degré  moindre,  on 
note  des  migraines,  des  névralgies  erratiques  multiples,  de 
la  dyspepsie.  Tel  patient  a  eu  un  goitre  exophthalmique 
autrefois.  Tel  autre  est  d'une  émolivité  exagérée. 

L'influence  du  rhumatisme  articulaire  aigu  a  été  invo- 
quée, mais  est  douteuse.  Il  n'en  est  pas  de  même  du  rhu- 
matisme chronique,  de  l'arthritisme;  de  la  goutte  notée  par 
Scudamore,  Barthez,  Todd,  Charcot.  N'est-ce  point  proba- 
blement de  l'arthritisme  que  dépend  cette  urticaire  chro- 
nique dont  Merkien  a  vu  la  disparition,  suivie  d'une  réper- 
cussion vésicale.  Dans  nombre  d'observations,  des  accidents 
arthritiques  divers  sont  notés,  au  moins  dans  les  antécé- 
dents héréditaires.  Et  l'on  ne  s'en  étonnera  pas,  si  l'on  se 
souvient  quelles  relations  étroites  il  y  a,  d'après  Lance- 
reaux,  d'après  Féré,  entre  l'arthritique  et  le  névropathe. 

On  arrive  ainsi  à  conclure  que  c'est  dans  la  c  famille 
névropathique  »  que  sévit  la  névralgie  vésicale.  Reste  à  se 
demander  si  cette  localisation  spéciale  n'a  pas  sa  raison 
d'être  dans  quelque  cause  déterminante.  Il  est  des  faits 
où  l'on  trouve  quelques  indices  de  ce  genre.  L'abus  du 
coït,  de  la  masturbation  peuvent  intervenir,  et  l'on  raconte 
l'histoire,  assez  grasse,  de  ce  vieillard  qui,  durant  un  voyage 
en  diligence,  fit  plusieurs  fois  appel  à  la  main  de  sa  voisine 
pour  rompre  la  monotonie  de  ses  sensations  :  Caudmont  le 
soigna  pour  une  névralgie  vésicale,  effet  de  ces  prouesses. 
Il  y  a  probablement  un  reste  uréthral  chez  le?  sujets  qui, 
d'une  blennorrhagie  en  apparence  tout  à  fait  guérie,  conser- 
vent  une  cystalgie  comme  reliquat.  Un  appel  du  même  ordre 
est  parfois  fait  par  un  coup,  une  chute  sur  le  périnée,  et  à 
côté  de  ces  causes,  dont  Civiale  montre  l'influence,  on  est 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  19  Juillet  1889 


amené  à  mentionner  celte  névralgie  vésicale  observée  par 
While  chez  certains  mécaniciens  de  tramways,  assis  sur  des 
sièges  étroits  et  durs,  qui  transmettent  à  la  vessie  la  trépi- 
dation de  la  machine.  L'alcool  ingéré  avec  excès  agit  sur  le 
système  nerveux,  mais  aussi  il  irrite  les  muqueuses  uri- 
naires;Brodie,  Gant,  A.-W.  Stein  admettent  cette  influence. 

Mais  souvent  rien  d'analogue  n'est  trouvé,  et  aucune 
cause  physique  n'explique  la  localisation  vésicale  de  cette 
névralgie  proprement  idiopathique.  Le  savons-nous,  toute- 
fois, avec  certitude?  On  peut  en  douter  et  il  est  fort  possible 
que,  sur  un  individu  prédisposé,  il  suffise  d'un  de  ces  infi- 
niment petits  qui  échappent  à  l'analyse  médicale  et  sont 
cependant  réels.  Au  reste,  nul  n'ignore  avec  quelle  sollici- 
tude l'homme  s'enquiert  de  tout  ce  qui  touche  à  sa  vessie, 
à  son  urèthre.  Un  rien  suffit  à  causer  une  inquiétude,  une 
sensation  légèrement  pénible.  Que  le  sujet  soit  névropathe, 
et  la  sensation  ne  peut-elle  pas  faire  boule  de  neige,  dégé- 
nérer en  douleur?  Ainsi  se  constitueraient  bon  nombre  de 
névralgies  vésicales,  et  c'est  peut-être  pour  cela  que  cette 
détermination  douloureuse  idiopathique  est  d'une  rareté 
relative  chez  la  femme,  que  les  choses  de  la  miction 
laissent  plus  indifférente. 

Nous  voici  donc  en  présence  de  cas  où  la  cause  matérielle 
est  à  peu  près  nulle,  nulle  même.  Mais  ce  n'est  pas  un 
motif  pour  séparer  tout  à  fait  les  névralgies  idiopathiques 
et  symptomatiques.  Celte  barrière  serait  artificielle,  car 
c'est  par  gradations  insensibles,  pour  ainsi  dire,  qu'on  arrive 
des  faits  où  la  lésion  initiale  est  grave  à  ceux  où  elle  est 
impossible  à  reconnaître. 

III 

Vu  la  variété  des  causes,  on  ne  saurait  être  surpris 
que  les  symptômes  et  surtout  l'évolution  des  névralgies 
vésicales  présentent,  d'un  sujet  à  l'autre,  de  notable  difl'é- 
rences. 

Le  début  n'a  rien  de  fixe.  Il  est  quelquefois  marqué  avec 
netteté  par  une  cause  physique,  une  forte  envie  d'uriner 
non  satisfaite,  par  exemple  ;  par  une  cause  morale,  une 
«  affection  de  l'âme  3»,  une  émotion  vive.  Mais,  le  plus 
souvent,  rien  de  semblable,  et  le  début  est  obscur,  c  C'est 
après  avoir  souffert  de  douleurs  rhumatoldes,  de  névralgies 
variées,  qu'un  jour  le  malade  commence  à  ressentir  une 
douleur  hypogastrique  profonde,  ou  des  chatouillements, 
tantôt  localisés  au  gland,  tantôt  s'irradiant  en  même  temps 
vers  l'anus.  » 

La  névralgie,  au  sens  strict  du  mot,  se  caractérise  par  les 
seuls  phénomènes  douloureux,  dont  M.  Duplay  a  donné  une 
excellente  description. 

Une  douleur  siège  à  l'hypogastre,  derrière  le  pubis,  tantôt 
fixe^  continue,  tantôt  sous  forme  de  véritables  accès,  séparés 
par  des  intervalles  où  l'indolence  est  à  peu  près  complète. 
Au  moment  des  accès,  la  souffrance  est  très  vive.  Partie  de 
la  vessie,  elle  se  propage  jusqu'au  méat,  dans  les  aines, 
vers  la  région  ano-coccygienne,  et  même  parfois  dans  les 
membres  inférieurs. 

Ces  accès  ont  souvent  des  causes  déterminantes,  variables 
d'ailleurs.  Ils  sont  provoqués  par  l'impression  du  froid,  les 
excès  de  la  table  ou  de  coït,  les  fatigues  physiques.  Le  repos 
au  contraire  les  calme.  Tel  malade  souffre  surtout  par  les 
temps  d'orage;  tel  autre  se  plaint  surtout  après  les  repas; 
tel  autre,  enfin,  mais  le  fait  est  plus  rare,  a  des  douleurs 
dont  le  maximum  est  nocturne.  11  est  usuel,  surtout,  que  la 
miction  exerce  une  influence  manifeste,  que  les  douleurs 


apparaissent  à  son  occasion,  soit  au  début,  soit  à  la  fin  de 
l'acte;  alors  la  pesanteur  hypogastrique  dégénère  en  vifs 
élancements  vers  la  verge  et  le  gland. 

Malgré  ces  souffrances,  la  miction  peut  s'effectuer  de 
manière  à  peu  près  normale.  Mais  cette  névralgie,  absolu* 
ment  pure,  est  fort  rare  et  presque  toujours  rexcrétion  de 
l'urine  est  troublée;  l'appareil  moteur  de  la  vessie  participe 
aux  désordres  de  l'innervation.  Quelquefois  même  ces 
accidents  indolents,  une  gène  mécanique,  une  modification 
du  jet  précèdent  pendant  plus  ou  moins  longtemps  l'explo- 
sion névralgique. 

Ces  désordres  de  la  motililé  portent  tantôt  sur  le  corps 
de  la  vessie  surtout,  tantôt  au  contraire  avant  tout  sur  le 
col.  Aussi  quelques  auteurs  ont-ils  cru  devoir  étudier  à  part 
les  névralgies  du  col  et  celles  du  corps.  Le  siège  de  la 
douleur  différerait  dans  les  deux  variétés,  ainsi  que  les  phé- 
nomènes dysuriques.  Pour  le  siège  de  la  douleur,  celte  opi- 
nion semble  controuvée.  Mais  pour  les  accidents  muscu- 
laires, elle  est  jusqu'à  un  certain  point  exacte,  et  l'on  peut 
dissocier,  dans  une  description  didactique,  la  contracture 
du  corps  de  celle  du  col.  A  condition,  toutefois,  de  bien 
savoir  que  les  deux  formes  alternent  souvent  sur  le  même 
sujet  et  que  la  clinique  ne  justifie  pas,  dans  un  cas  déter- 
miné, les  oppositions  absolues. 

La  contracture  du  corps  constitue  l'irritabilité  vésicale. 
Les  besoins  d'uriner  sont  fréquents,  impérieux,  soit 
toujours,  soit  par  moments.  Dans  cette  seconde  alternative, 
les  crises  ont  quelquefois  des  conditions  déterminantes, 
identiques  à  celles  des  accès  douloureux.  Ces  crises  sont 
rarement  très  intenses,  mais  elles  peuvent  le  devenir,  et 
l'on  voit  le  malade,  torturé  d'envies  incessantes,  expulser 
l'urine  goutte  à  goutte,  avec  effort.  Le  complexùs  symplo- 
matique  acquiert  alors  la  même  intensité  que  dans  les 
cystites  douloureuses.  Mais  ces  grandes  névralgies  sont 
exceptionnelles. 

Souvent  cet  état  est  attribué  à  une  contracture  du  col.  il 
est  aisé  de  se  rendre  compte  que  cette  opinion  est  erronée; 
un  explorateur  à  boule  franchit  avec  facilité  ce  col  qu'on 
prétendait  contracture. 

La  contracture  existe  cependant,  quelquefois,  dans  le  col 
ou  plutôt  dans  tout  l'appareil  sphinctérien  de  la  vessie. 
L'envie  de  pisser  est  pressante,  mais  difficile  à  satisfaire  et 
lorsque,  après  quelques  instants  d'attente,  le  jet  d'urine  se 
décide  à  venir,  il  est  petit,  tortillé,  divisé,  etc.  Parfois 
même  le  cathétérisme  évacuateur  est  indispensable.  On 
comprend  que  de  pareils  symptômes  fassent  croire  sans 
peine  à  un  rétrécissement,  d'autant  plus  que  le  spasme 
des  muscles  péri-uréthraux  cause  volontiers  un  léger 
obstacle  au  cathéter  explorateur,  qui  éveille  en  outre  un 
peu  de  sensibilité.  L'erreur  est  presque  toujours  évitée  si  la 
douleur  concomitante  est  vive  et  attire  l'attention.  Mais  il 
ne  faudrait  pas  croire  que  la  névralgie  soit  une  conséquence 
forcée  de  cette  dysurie  spasmodique;  c'est  dans  les  variétés 
indolentes  que  l'erreur  de  diagnostic  avec  le  rétrécissement 
est  banal.  Pour  l'éviter,  le  cathétérisme  fournit  des  rensei- 
gnements d'une  haute  valeur.  Il  est  rare,  en  effet,  qu'un 
rétrécissement  blennorrhagique  de  la  portion  périnéale  ne 
soit  pas  précédé  d'une  ou  de  plusieurs  coarctalions  de  la 
portion  pénienne.  Le  rétrécissement  unique  est  en  général 
d'origine  traumatique,  cas  auquel  le  commémoratif  est 
presque  toujours  bien  connu  du  malade.  Mais  à  ces  règles 
il  est  des  exceptions,  contre  lesquelles  on  aura  principa- 
lement pour  guide  l'étude  générale  du  sujet. 


19  Juillet  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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IV 

Le  diagnostic  est  à  l'ordinaire  posé  au  bout  de  quelques 
instants  d'interrogatoire.  N'esl-il  pas  névropathe,  ce  malade, 
dont  la  narration  est  surchargée  d'un  luxe  de  détails,  qui  se 
plaint  de  toute  une  série  de  phénomènes  plus  ou  moins 
bizarres,  douloureux  surtout,  chez  qui  on  constate  une  dis- 
proportion évidente  entre  les  causes  invoquées  et  les  effets 
produits? 

Si  Ton  n'oublie  pas  ces  préceptes,  on  ne  soumettra  pas  le 
patient  à  des  explorations  multiples  —  à  la  taille  même  — 
en  prévision  d'un  calcul  imaginaire.  Aussi  bien  les  pierres 
s'accompagnent-elles  d'hématurie  et  leurs  symptômes  sont- 
ils  aggravés  d'une  manière  évidente  par  la  marche,  les 
secousses.  Enfin,  les  calculs  ne  sont  guère  douloureux  que 
lorsque  la  cystite  les  complique. 

Là  est  en  effet  le  point  capital  du  diagnostic:  est-ce  une 
névralgie  vésicale  ou  une  cystite  douloureuse?  Au  premier 
abord,  la  réponse  semble  toute  simple,  la  purulence  des 
urines  sera  un  symptôme  infaillible.  Ce  serait  fort  bien,  si 
chez  les  névropathes  une  cystite  légère  n'était  pas  l'occasion 
possible  d'une  névralgie  vésicale.  En  pareille  occurrence, 
on  étudiera  avec  soin  l'état  général  du  sujet,  et  surtout 
Texploration  physique  surmontera  la  difficulté.  Dans  la 
cystite  douloureuse,  la  pression  sur  la  vessie  à  travers 
l'hypogastre,  le  vagin,  le  rectum,  ou  directement  par  une 
sonde,  éveille  la  douleur  du  muscle  contracture.  Le  contact, 
la  pression,  sont  au  contraire  tolérés  sans  impatience  par 
les  vessies  dont  la  cystite  n'est  que  le  prétexte  à  une  loca- 
lisation névralgique.  Il  en  est  de  même  chez  les  malades 
dont  la  pyurie  est  la  conséquence  d'une  lésion  rénale,  cause 
en  même  temps  d'une  névralgie  vésicale  réflexe. 

La  cystite  douloureuse  une  fois  éliminée  de  la  sorte,  il 
reste  à  se  demander  si  la  cystalgie  est  idiopathique  ou 
symptomatique.  Si  en  théorie  cette  distinction  est  arbi- 
traire^ en  clinique  elle  est  indispensable,  pour  bien  séparer 
les  cas  où  la  douleur  provient  d'une  lésion  contre  laquelle 
la  thérapeutique  peut  avoir  localement  prise.  Le  praticien 
ne  s'y  trompera  pas  s'il  est  instruit  des  lésions  diverses 
dont  la  névralgie  vésicale  peut  être  l'extérioration  doulou- 
reuse; s'il  songe  qu'il  faut  explorer  la  région  ano-rectale,  la 
vulve  et  le  vagin,  l'utérus,  l'urèthre,  les  reins  surtout.  C'est 
par  exclusion  de  ces  causes  multiples  qu'on  arrivera  à 
admettre  un  état  douloureux  indépendant  d'une  lésion 
du  voisinage. 

Mais  alors  est-ce  une  vraie  névralgie  chez  un  névropa- 
thique  ou  une  crise  vésicale  relevant  d'une  affection  du 
système  nerveux  central?  La  question  serait  oiseuse  si 
toutes  les  cystalgies  survenaient  à  une  période  où  le  tabès 
est  confirmé;  si  même  l'ataxie  se  manifestait  toujours,  en 
même  temps,  par  les  autres  phénomènes  prodromiques,  dont 
l'ensemble  est  aujourd'hui  bien  connu.  Mais  il  n'en  est  pas 
toujours  ainsi,  et,  lorsque  les  crises  vésicales  sont  tout  à  fait 
précoces,  on  ne  dépistera  la  lésion  médullaire  que  par  une 
recherche  minutieuse  de  symptômes  légers  dont  le  groupe- 
ment deviendra  caractéristique.  Au  reste,  c'est  surtout 
affaire  de  pronostic,  car  le  traitement  n'a  rien  de  bien 
spécial.  Le  traitement,  au  contraire,  est  absolument  diffé- 
rent dans  les  cystalgies  symptomatiques  et  dans  les  cystalgies 
idiopathiques.  Il  est  inutile  d'insister  sur  la  thérapeutique 
des  cystalgies  symptomatiques  :  elle  doit  viser  la  lésioa 
causale,  et  nous  aurions  honte  de  développer  l'adage  su- 
blata  catLsa  toUitur  effectus. 


Restent  donc  les  cystalgies  idiopathiques,  qu'il  faut 
opposer  aux  cystites  douloureuses. 

Pour  les  cystites  douloureuses,  les  narcotiques  généraux 
ont  sans  contreditune  influence  heureuse,  mais  le  professeur 
Guyon  et  son  élève  Hartmann  se  sont  attachés  à  démontrer 
qu'il  faut  surtout  combattre  la  cystite  et  la  contracture 
qu'elle  provoque.  De  là  les  indications  aux  injections  médi- 
camenteuses, à  la  dilatation  du  col,  à  la  taille. 

Ces  moyens  ont  été  trop  souvent  appliqués  à  toutes  les 
douleurs  vésicales,  et  dans  les  cas  de  névralgie  leur  échec 
est  la  règle.  Les  cas  ne  sont  pas  rares  où,  chez  les  névro- 
pathiques,  la  cystotomie  elle-même  n'amende  pas  les  souf- 
frances, elle  qui  est  souveraine  pour  les  cystites  doulou- 
reuses. C'est  précisément  pour  ces  motifs  que  les  distinctions 
pathogéniques  sont  d'une  importance  majeure  et  qu'on 
regrette  de  ne  pas  les  voir  établies  avec  rigueur  dans  la 
thèse,  intéressante  cependant  à  plus  d'un  litre,  de  M.  Chaleix- 
Vivie. 

La  thérapeutique  des  névralgies  vésicales  idiopathiques 
est  exclusivement  médicale.  C'est  aux  antispasmodiques, 
aux  narcotiques,  aux  antinévralgiques,  à  l'hydrothérapie, 
qu'elle  a  recours.  Et  de  plus,  le  médecin  n'a  guère  d'in- 
fluence que  s'il  prend  un  ascendant  moral  énergique  sur  son 
malade,  que  les  influences  psychiques  gouvernent  souvent 
avec  une  grande  facilité.  Il  n'y  a  donc  là  rien  de  chirur- 
gical. Les  chirurgiens  doivent  cependant  avoir  de  ces  faits 
une  connaissance  exacte,  pour  ne  pas  soumettre  à  des  mani- 
pulations opératoires  une  vessie  qui  n'a  pas  besoin  d'eux  ; 
et  inversement  pour  ne  pas  laisser  persister  une  névralgie 
symptomatique  dont  une  intervention  sanglante  ferait 
prompte  justice. 

Les  résultats  obtenus  dans  cette  dernière  variété  sont 
excellents.  Ils  sont  moins  brillants  dans  les  névralgies 
idiopathiques.  Les  névralgies  vésicales  ne  sont  pas  plus 
avancées,  à  ce  point  de  vue,  que  toutes  les  manifestations 
du  nervosisme.  Il  ne  faut  pas  se  laisser  leurrer  par  certaines 
améliorations  étonnantes:  les  crises  névralgiques  ne  s'éva- 
nouissent-elles pas  souvent  comme  par  enchantement,  sans 
que  l'homme  de  l'art  y  soit  pour  rien.  Puis  après  cette  dis- 
parition, au  bout  d'un  temps  variable,  la  douleur  renaît,  et 
cette  fois  la  médication  si  efficace  à  la  précédente  attaque 
reste  sans  action.  C'est  de  la  sorte  que,  d'accès  en  accès,  ces 
névralgies  vésicales  s'éternisent,  tenaces,  rebelles  au  trai- 
tement. 

La  durée  est  donc  indéterminée,  mais  le  pronostic  n'a  pas 
une  gravité  réelle,  la  vie  n'est  en  aucune  façon  menacée 
directement  par  une  lésion.  Cette  notion  était  jadis  une 
hérésie  et  l'on  admettait  que  la  névralgie  idiopathique 
créait,  avec  le  temps,  des  désordres  matériels.  Lorsqu'on 
annonça  que  l'arbre  urinaire  de  Jean-Jacques  Rousseau 
avait  été  trouvé  intact  à  l'autopsie,  Desruelles  proclama 
que  les  investigations  anatomiques  avaient  été  mal  dirigées. 
Aujourd'hui,  au  contraire,  on  tient  ce  protocole  pour  exact. 
Aussi  le  chirurgien  doit-il  savoir  résister  aux  sollicitations 
d'un  malade,  souvent  en  quête  d'un  opérateur  plus  que  d'un 
médecin.  Il  s'armera  de  patience,  et  surtout  cherchera  à 
communiquer  cette  patience  à  son  client  en  lui  disant, 
comme  frère  Come  au  philosophe  de  Genève  :  «  Vous  souf- 
frirez beaucoup,  et  vous  vivrez  longtemps.  »  Frère  Come 
était  plus  instruit  que  Desruelles,  mais  tous  les  praticiens 
n'ont  pas  la  chance  d'adresser  de  semblables  conseils  à  un 
philosophe,  peu  stolque  il  est  vrai. 

A.  Broca. 


462    —  N*  29  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  49  Juillet  1889 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

Quelques  lommles  contre  la  eonsilpailon 
dee  enfanUi. 

1*  Constipation  des  nouveau-nés,  —  Les  médecins  vien- 
nois Monli,  Widerhofer  préfèrent  la  mannite  à  la  manne 
et  adoptent  la  formule  suivante  : 

Mannite  cristallisée 5  à  10  grammes. 

Eau 50  à  100        — 

Cette  solution  est  administrée  par  cuillerée  à  café,  toutes 
les  deux  heures. 

Voici  une  autre  préparation  en  faveur  en  Autriche,  et 
dont  M.  Wiethe  a  donné  la  composition  dans  le  formulaire 
de  la  Faculté  de  médecine  de  Vienne  : 

Racine  de  rhubarbe  pulvérisée.  3  à  5  grammes. 

Carbonate  de  magnésie 3à5        — 

Oléo-saccharure  de  fenouil   ou 
d'anis 5        — 

Cette  poudre  composée  s'administre  à  raison  d'une  pincée 
répétée  trois  fois  quotidiennement. 

^  Constipation  des  enfants  âgés  de  deux  à  quatre  ans, 
—  On  peut  prescrire  les  eaux  minérales  purgatives  ou  bien 
adopter  une  formule  comparable  à  la  suivante  qui  a  été 
recommandée  par  Widerhofer  : 

Eau  laxative  de  Vienne 30  à  50  grammes. 

Eau 30  à  50       — 

Sirop  de  cerises  ou  de  fram- 
boises    25       — 

A  prendre  en  deux  ou  trois  fois. 

Une  formule  que  je  prescris  avec  avantage  et  que  les 
petits  malades  acceptent  volontiers  consiste  à  leur  faire 
ingérer  en  mélange  avec  de  Teau  de  seltz,  ce  sirop  pur- 
gatif suivant  : 

Citrate  de  magnésie 30  grammes. 

Sirop    de   cerises,   de   limons   ou 

d'autres  fruits 40       — 

Eau  distillée 60       — 

Ch.   ÉLOY. 

4 

REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

FACULTÉ  DE  LYON.  —  M.   LE   PROFESSEUR  ARLOING. 

Des  mojene  d'éviter  on  d*atténacr  les  aceidenUi  de 
ranesthésle.  —  ^mmge  de  ranesthéeie  mixte  et  dee 
mélang^ee  titrés. 

(Leçons  recueillies  par  M.  le  docteur  Calrin^  répétiteur  à  l'École 
du  Service  de  santé  militaire.) 

Les  accidents  de  l'anesthésie  peuvent  se  diviser  en  deux 
grands  groupes  : 

l**  Les  accidents  de  nature  réflexe; 
2°  Les  intoxications. 

Les  accidents  de  nature  réflexe  ont  lieu  soit  au  début  de 
l'anesthésie,  c'est-à-dire  dès  les  premières  inhalations,  soit 
un  peu  plus  tard,  lorsque  Tanesthésique  envahit  les  centres 
bulbaires;  et,  dans  les  deux  cas,  ils  entraînent, par  des  mé- 
canismes difTérents,  des  syncopes  ou  des  apnées. 

Les  intoxications  se  produisent  plus  tard,  lorsque  l'anes- 
thésie se  prolonge,  c'est-à-KJire  lorsque  les  centres  nerveux 
sont  saturés  de  l'anesthésique  ;  ce  sont  alors  des  apnées 


adynamiques,  suivies  de  Tarrét  du  cœur  dans  un  délai  plas 
ou  moins  bref. 

Possédons-nous  des  moyens  de  prévenir  ces  accidents? 

L'élude  antérieurement  faite  du  mécanisme  de  ces  acci- 
dents démontre  que  nous  pouvons  nous  mettre  en  garde 
contre  eux. 

En  effet,  tout  moyen  capable  d'émousser  préalablement 
la  sensibilité  du  sujet  diminuera  son  activité  réflexe  et  aura 
pour  conséquence  :  1*  de  diminuer  les  chances  des  acci- 
dents de  nature  réflexe;  2*  d'éviter  les  phénomènes  d'exci- 
tation, indirectement  cette  fois,  puisqu'il  nous  permettra 
d'abaisser  la  dose  de  l'anesthésique.  Cette  idée  n'est  pas 
née  de  la  théorie;  elle  a  été  suscitée  par  des  faits  acciden- 
tels :  Cl.  Bernard,  voyant  l'anesthésique  cesser  ses  effets 
sur  un  chien  chloroformisé,  songea,  pour  flnir  son  expé- 
rience, à  injecter  de  la  morphine  à  l'animal.  Il  vit  d'abord 
apparaître  les  phénomènes  de  la  narcotisation,  puis,  peu 
après,  les  phénomènes  de  l'anesthésie,  c'est-à-dire  l'insen- 
sibilité, la  résolution  musculaire,  etc. 

Dans  la  même  semaine  de  1864,  Nussbaûm,  extirpant 
une  tumeur  du  cou,  eut  l'idée  de  prolonger  les  effets  de 
l'anesthésie  par  une  injection  de  morphine,  et  obtint  les 
mêmes  résultats  que  Cl.  Bernard. 

De  ces  deux  incidents  opératoires  naquit  Vanesthéiii 
mixte  de  Cl.  Bernard,  appelée  en  Allemagne  narcose  de 
Nusbaûm.  Le  premier  en  France,  Guibert  (de  Sainl-BrieuPi 
publia  un  certain  nombre  d'observations  d'aneslhésie  mixte; 
il  reconnaissait  h  ce  procédé  Tavantage  de  permettre  la 
graduation  de  l'anesthésie,  et  de  l'arrêter  au  besoin  à  l'anal- 
gésie (petites  opérations,  accouchements,  etc.). 

Les  docteurs  Labbé  et  Goujon,  à  Paris,  expérimentant 
cette  méthode,  aux  remarques  de  Guibert  ajoutèrent  encore 
que  la  période  d'excitation  était  parfois  abolie,  presque 
toujours  diminuée. 

Rigaud  à  Metz,  Sarrazin  à  Strasbourg,  posèrent  alors  les 
indications  et  contre-indications  de  la  méthode,  et  indi- 
(^uèrent  le  moment  où  il  convient  d'administrer  les  narco- 
tiques (thèse  Grosjean,  à  Strasbourg).  Aubert,  à  Lyon,  Trélat 
à  Paris,  vantèrent  également  la  narcose,  qui  jouit  alors 


d'une  période  de  succès  assez  courte,  d'ailleurs,  et  aujour- 
d'hui, malgré  tous  ses  avantages,  l'anesthésie  mixte  est 
presque  abandonnée  (sauf  à  Lyon).  C'est  à  tort,  suiwnt 
nous,  car  cette  méthode  met  à  l'abri  d'un  certain  nombre 
d'accidents  qui,  pour  si  rares  qu'ils  soient,  doivent  néan- 
moins compter  dans  le  chiffre  de  la  mortalité  par  les  anes- 
Ihésiques. 

Pour  bien  comprendre  la  théorie  de  l'anesthésie  mixte,  il 
faut  parler  des  effets  physiologiques  de  la  morphine,  qo'? 
de  tous  les  alcaloïdes  de  l'opium,  est  le  plus  soporifique,  le 
plus  facile  à  obtenir  et  à  conserver. 

Son  action,  nulle  sur  la  grenouille,  insignifiante  sur  l'oi- 
seau, atteint  son  maximum  chez  l'homme. 

Elle  consiste  en  une  action  vaso-dilatatrice  très  marquée, 
et,  de  plus,  d'après  François-Franck,  la  morphine  sup- 
prime le  réflexe  excito-cardiaque  modérateur,  c'est-à-dire 
qu'après  administration  d'une  forte  dose  de  morphine,  on 

[>eut  impunément  exciter  le  pneumogastrique  sans  arrêter 
e  cœur. 

L'influence  de  la  morphine  sur  le  système  nerveux  est 
moins  bien  connue;  néanmoins  tout  semble  indiquer  ^^^ 
ses  effets  portent,  non  sur  les  terminaisons  nerveuses,  mais 
sur  le  cerveau,  et  en  particulier  sur  les  éléments  élevés  de 
cet  organe,  d'où  il  résulte  un  affaiblissement  de  l'activile 
des  nerfs. 

La  morphine  diminue  aussi  le  pouvoir  réflexe  de  la  moelle, 
et  ses  propriétés  analgésiantes  sont  connues  de  tous  les 
médecins.  Or  les  arrêts  réflexes  du  cœur  ont  deux  méca- 
nismes distincts.  . 
Le  centre  cardiaaue  bulbaire  agît  sur  le  cœur  par  *^ 
pneumogastrique.  Mais  ce  centre  peut  être  mis  en  jeu  pai' 


19  JUIU.ET  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N*  29  —    4G3 


des  nerfs  centripètes  dont  l'impression  sera  consciente  ou 
inconsciente,  autrement  dit  par  des  excitations  sensitives 
qui  porteront  directement  au  passage  sur  le  centre  bulbaire 
ou  qui  se  réfléchiront  sur  la  surface  sensible  du  cerveau. 

La  morphine  émoussant'à  la  fois  le  sptème  modérateur 
cardiaaue  et  l'excitabilité  du  cerveau  diminuera  donc  par 
ce  douole  effet  les  chances  de  syncope. 

L'action  vaso-dilatatrice  de  la  morphine  vient  encore 
prêter  son  secours  en  facilitant  la  diffusion  rapide  de  Tanes- 
thésique  dans  la  masse  encéphalique. 

Enfin  Tanalgésie  produite  par  la  morphine  nous  permet- 
tra de  diminuer  la  dose  de  Tanesthésique.  Par  ces  deux 
dernières  propriétés,  la  morphine  nous  met  en  garde  indi- 
rectement contre  les  accidents  dus  à  l'intoxication,  tandis 
que  par  son  action  sur  le  centre  cardiaque  et  sur  le  cer- 
veau elle  diminue  les  chances  de  syncope  et  d'apnée 
réflexe. 

Applications  de  la  méthode.  —  Cl.  Bernard  a  bien  con- 
staté, dans  ses  expériences,  la  nécessité  d'administrer  la 
morphine  avant  l'anesthésique.  En  employant  le  mode 
inverse,  on  est  exposé  à  obtenir  une  anestnésie  insuffisante 
masquée  par  un  effet  soporifique  prononcé,  ou  bien  à  outre- 
passer la  dose  d'anesthésique  pratiquement  utile. 

Le  mode  d'administration  de  la  morphine  le  plus  pra- 
tique est  l'injection  hypodermique.  On  donne  le  médica- 
ment à  la  dose  de  1  à  2  centigrammes,  vingt-cinq  à  qua- 
*  rante  minutes  avant  l'anesthésie. 

Ultérieurement,  avec  une  faible  dose  d'anesthésique,  on 
obtient  ainsi  une  analgésie,  qui  permet  de  supprimer  la 
douleur  dans  les  accouchements,  et  les  opérations  sur  la 
face  en  laissant  subsister  une  partie  des  racultés  intellec- 
tuelles. Avec  une  dose  plus  forte,  la  résolution  musculaire 
est  plus  complète,  ce  qui  permet  de  réduire  facilement  les 
luxations  par  exemple  sans  pousser  trop  loin  l'administra- 
tion du  chloroforme  ou  de  l'éther. 

Enfin,  chez  les  sujets  pusillanimes,  qui,  on  le  sait,  sont 
plus  fréquemment  exposés  aux  accidents  d'ordre  réflexe,  on 

Kourra  pratiquer  l'anesthésie  sans  qu'ils  s'en  aperçoivent. 
le  même  chez  les  alcooliques  et  les  gens  nerveux. 

La  méthode  fut  perfectionnée  depuis  et  de  plusieurs 
manières.  Le  docteur  Forné  (de  Brest)  substitua  le  chloral 
(G  grammes  en  potion)  à  la  morphine,  c'est-à-dire  un  hyp- 
notique à  un  narcotique.  M.  le  docteur  Trélat  joignit  l'ac- 
tion soporifique  de  la  morphine  à  l'action  hypnotique  du 
chloral. 

Il  administrait  en  deux  fois,  à  une  demi-heure  d'inter- 
valle, avant  l'anesthésique  (thèse  de  Choquet),  la  potion  sui- 
vante :  3  à  6  grammes  de  chloral,  20  à  40  grammes  de 
sirop  de  morphine,  100  grammes  d'eau. 

MM.  Slefani  et  Vachette  (1880),  Perrier  ont  proposé  des 
modifications  de  l'anesthésie  mixte,  mais  le  plus  important 
perfectionnement  apporté  à  cette  méthode  est  dû  à  1  initia- 
tive de  MM.  Dastre  et  Morat,  qui  ont  associé  à  la  morphine 
un  sel  d'atropine,  en  se  basant  sur  les  propriétés  de  cet 
alcaloïde. 

Dès  1868,  Meuriot  avait  observé  c^ue  l'atropine  à  faible 
dose  accélère  le  cœur  et  élève  la  tension  artérielle  ;  à  forte 
dose,  le  cœur  précipite  régulièrement  ses  battements  et  se 
montre  indifférent  aux  influences  modératrices. 

L'action  de  l'atropine  porte  non  sur  les  centres  bulbaires, 
mais  sur  les  ganglions  frénateurs  intra-carJiaqueSj  qu[elle 
paralyse.  On  l'a  démontré  directement  par  l'excitation  inef- 
ficace du  pneumogastrique  après  l'administration  d'atro- 
pine. Plus  récemment  encore,  Kaufmann  l'a  prouvé  indi- 
rectement, en  faisant  remarquer  que  la  digitaline  restait 
sans  action  si  elle  était  donnée  à  un  sujet  atropinisé  anté- 
rieurement. 

A  dose  convenable,  1  milligramme,  injecté  en  solution 
sous  la  peau,  le  sulfate  d'atropine  paralyse  les  ganglions 


frénateurs  cardiaques  et  nous  met  ainsi,  pour  une  part  oui 
lui  est  propre  et  qui  s'ajoute  à  celle  de  la  morphine,  à  l'aori 
de  l'accident  le  plus  redoutable  des  premières  périodes  de 
l'anesthésie,  c'est-à-dire  à  la  syncope  de  nature  réflexe. 

Enfin,  si  l'anesthésie  doit  être  de  longue  durée,  MM.  Dastre 
et  Morat  ajoutent  à  leur  solution  (2  centigrammes  de  mor- 
phine, 1  milligramme  d'atropine)  1  milligramme  de  véra- 
trine.  Cet  agent,  étant  un  tonique  du  cœur,  viendra  relever 
l'action  du  muscle,  qu'une  longue  anesthésie  pourrait  affai- 
blir. 

M.  le  professeur  Arloing  proposerait  de  remplacer  la 
vératrine  par  la  digitaline,  qui  régularise  et  renforce  les 
systoles,  de  façon  si  intense  (]ue,  dans  les  cas  d'insuffisance 
tricuspidienne,  l'administration  de  la  digitale  peut  causer 
la  congestion  pulmonaire  par  reflux. 

(A  suivre.) 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Clinique  médicale* 

Dilatation  de  l'aorte,  oblitération  de  l'artère  souâ- 

GLAVIÈRE  GAUCHE,  ATROPHIE  DU  MEMBRE  SUPÉRIEUR  COR- 
RESPONDANT. Présentation  de  malade  faite  à  la  Société 
médicale  des  hôpitaux  dans  la  séance  du  12  juillet  1889, 
par  M.  GiNGEOT,  médecin  de  l'hôpital  Saint-Antoine. 

J'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Société  un  malade  âgé  de 
vingt-quatre  ans,  garçon  marchand  de  vin,  dont  la  situation, 
obscure  à  plus  d'un  égard,  se  prête  néanmoins  et  par  cela 
même  à  des  considérations  qui,  je  l'espère,  seront  jugées 
intéressantes. 

Cet  homme  est  venu  demander  nos  soins  à  l'hôpital  Saint- 
Antoine,  à  l'occasion  d'une  oi)pression  et  d'une  anxiété 
f»récordiale  qu'il  a  déjà  ressenties  plusieurs  fois,  mais  dont 
'intensité  a  augmenté  depuis  quelque  temps. 

Lorsqu'on  percute  la  poitrine  du  malade,  on  trouve  une 
ampliation  transversale  de  la  matité  correspondant  à  la 
crosse  aortique;  les  pulsations  de  celle-ci,  constatées  par  le 
palper,  dépassent  un  peu  le  niveau  de  la  fourchette  ster- 
nale  ;  un  léger  souffle  systolique,  perceptible  à  la  base  du 
cœur,  s'accroît  vers  l'origine  du  tronc  brachio-céphalique, 
et  peut  être  suivi  de  droite  à  gauche  tout  le  long  de  la 
crosse  ;  le  bruit  diastoiique  est  forlement  frappé,  sans  ac- 
compagnement de  souffle  aucun,  et  s'entend  dans  une  assez 
grande  étendue.  D'ailleurs,  le  cœur  ne  parait  pas  notable- 
ment hypertrophié,  le  choc  de  la  pointe  est  à  peine  appré- 
ciable; on  n'entend  aucun  souffle  en  ce  dernier  point,  et 
l'on  ne  constate  pas  de  frémissement  cataire. 

En  somme,  un  certain  degré  d'aortite  et  de  dilatation  de 
la  crosse,  peut-être  un  peu  de  rétrécissement  de  Torifice 
aortique,  telles  sont  les  lésions  que  l'on  découvre  d'abord, 
et  qui  pourraient  suffire  à  expliquer  les  sensations  pénibles 
dont  se  plaint  le  malade. 

Si  tout  se  bornait  là,  nous  n'aurions  affaire  qu'à  un  tableau 
pathologique  assez  commun,  trop  commun  sans  doute  pour 
mériter  l'attention  particulière  de  mes  collègues. 

Mais  voici  ce  que  nous  ont  montré  des  investigations 
complètes. 

Au  lieu  Qu'à  droite  on  trouve  un  pouls  radial  bondissant, 
le  pouls  raaial  gauche  est  presque  insaisissable,  et  l'artère, 
nettement  perceptible  au  toucher,  roule  sous  le  doigt  comme 
un  cordon  inerte.  Le  malade  prétend  que,  dans  un  autre 
service,  on  aurait  cru  sa  radiale  oblitérée  ;  ce  qui  est  incon- 
testable, en  tous  cas,  c'est  que  l'oblitération  n'est  pas 
totale,  car,  à  défaut  d'un  choc  sufGsant  pour  qu'on  s  en 
rapporte  aux  résultats  du  palper,  le  sphygmograpne  permet 
d'enregistrer  une  ligne  faiblement  sinueuse,  témoignant 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


49  Juillet  1889 


d'une  diastole  et  d'une  systale  artérielles  rudimentaires; 
grâce  au  même  instrument,  on  peut,  en  outre,  observer  que 
la  systole  de  la  radiale  droite  coïncide  avec  Tébauche  de 
diastole  radiale  gauche,  et  inversement  que  la  systole  radiale 
gauche  correspond  à  la  diastole  radiale  du  côté  droit. 


PouU  rad/kll  gauche.  —  Ondulations  à  peine  marquées  au  sphygmograpbe, 
imperceptibles  au  doigt. 

Pas  plus  de  pulsations  dans  les  autres  artcres]du  membre 
supérieur  gauche  que  dans  celle  dont  nous  venons  de 
parler. 

Môme  immobilité  dans  la  sous-clavière  gauche,  laquelle 
semble  entièrement  imperméable  à  l'ondée  sanguine,  alors 
qu'à  droite  les  battements  de  la  sous-clavière  sont  appré- 
ciables rien  qu'à  la  vue.  Pour  tout  dire,  un  drapeau  fixé 
au-dessous  de  la  clavicule  gauche  parait  s'agiter  faiblement, 
mais  il  se  peut  que  cette  légère  agitation  rythmée  tienne 
simplement  à  la  transmission  des  pulsations  aortiques  ou 
cardiaques  par  la  paroi  thoracique. 

La  sous-clavière  gauche  de  cet  homme  est  donc,  en  tota- 
lité ou  peu  s'en  faut,  manifestement  oblitérée.  Quelle  est 
la  cause  de  cette  occlusion  d'un  des  gros  troncs  collatéraux 
de  l'aorte?  C'est  ce  qu'il  nous  faut  maintenant  tâcher  de 
découvrir. 

Existerait-il  sur  la  sous-clavière  un  anévrysme  plus  ou 
moins  sacciforme  dont  le  développement  aurait  amené  la 
compression  du  vaisseau,  voire  même  consécutivement  la 
solidification  de  la  tumeur?  On  peut  invoquer  en  faveur  de 
cette  explication  ce  fait  que  la  moitié  interne  de  la  clavicule 
gauche  parait  plus  saillante  que  la  région  homologue  de 
l'autre  côté;  cependant  cette  saillie  est  bien  peu  considé- 
rable, et  d'ailleurs  ni  le  palper  ni  l'auscultation  ne  révèlent 
rien  au  niveau  de  la  sous-clavière  sur  quoi  puisse  reposer 
l'affirmation  d'une  tumeur  quelconque,  anévrysmale  ou 
autre. 

Examine-t-on  ensuite  la  carotide  primitive  gauche,  il  est 
aisé  d'y  constater  des  phénomènes  positifs  :  en  premier 
lieu,  des  battements  perceptibles,  tant  par  la  vue  que  par 
le  palper,  moins  énergiques  toutefois  que  dans  la  carotide 
primitive  droite  ;  on  n'y  sent  point  de  thrill,  mais  avec  le 
stéthoscope  on  y  entend  un  double  bruit  de  souffle,  soit  un 
premier  souffle  prolongé,  doux  mais  intense,  auquel  succède 
un  second  souffle  moins  fort  et  plus  court.  Ce  double  bruit 
règne  dans  toute  la  portion  sus-claviculaire  du  tronc  caro- 
tidien,  mais  s'afl'aiblit  de  bas  en  haut,  et,  d'autre  part,  cesse 
brusquement  au  voisinage  de  la  clavicule  ;  c'est  en  vain 
qu'on  le  cherche  au  niveau  et  au-dessous  de  cet  os. 

L'anévrysme  que  nous  n'avons  pu  trouver  sur  la  sous- 
clavière  siéfferait-il  sur  la  carotide  primitive,  et  la  com- 
f)ression  de  la  première  serait-elle  produite  par  une  tumeur 
brmée  aux  dépens  de  la  seconde?  La  chose  est  possible,  et 
c'est  même  la  première  hypothèse  qui  se  soit  offerte  à  mon 
esprit.  Malheureusement  on  a  beau  chercher  un  sac  animé 
de  pulsations  et  d'expansion,  ou  même  simplement  durci 
par  des  caillots,  on  ne  trouve  rien  de  semblable,  pas  plus 
qu'aucune  tumeur  d'un  autre  genre.  Peut-être  l'anévrysnrie 
existe-t-il  néanmoins,  occupant  l'origine  de  la  carotide  pri- 
mitive, dissimulé  dans  le  thorax  par  la  position  qu'il  oc- 
cupe, situé  par  exemple  à  la  partie  postéro-externe  du 
vaisseau,  et  ne  laissant  entendre  qu'à  dislance,  là  où  l'ar- 
tère devient  moins  profonde,  les  souffles  qu'il  engendre. 

M.  François-Franck,  dont  la  compétence  est  si  grande  en 
ces  matières  et  qui  a  bien  voulu,  en  présence  de   mon 


interne  M.  Paul  Bezançon,  soumettre  le  malade  à  un  exa- 
men spécial,  accepterait  volontiers  l'idée  d'une  dilatation 
occupant  l'origine  de  la  carotide  primitive  ou  de  la  sous- 
clavière,  celle-ci  étant  remplie  de  Caillots.  Mais  il  pense 
plutôt,  ainsi  qu'il  a  eu  l'obligeance  de  me  l'écrire,  «  à  une 
obstruction  par  artérite  ancienne  5>,  et  considère  c  le 
souffle  localisé  à  la  base  du  cou,  sur  le  trajet  de  la  carotide 
gauche  »,  comme  venant  «  à  l'appui  de  cette  opinion  )». 

Nul  doute  que  l'artérite,  en  rendant  la  surface  interne 
des  vaisseaux  plus  ou  moins  rugueuse,  ne  puisse  déterminer 
un  souffle,  et  même  deux  souffles  successifs  :  la  ri^'idilé 
pathologique  du  vaisseau  intéressé  doit  effectivement  per- 
mettre un  certain  recul  de  l'ondée  sanguine,  et  celle-ci, 
venant  frotter  en  retour  contre  les  parois  artérielles  dépo- 
lies, produirait  le  deuxième  temps  du  double  soufile  en 
question.  Malgré  l'absence  des  signes  d'une  insuffisance 
aorlique,  ce  recul  est  d'autant  plus  vraisemblable,  dansb 
circonstance,  qu'aux  altérations  de  la  carotide  se  joignent 
la  dilatation  et  l'inertie  de  la  crosse.  Et  quant  à  l'oblitéra- 
tion complète,  ou  à  peu  près,  de  la  sous-clavière  gauche 
par  l'influence  d'une  phlegmasie  des  parois  artérielles,  on 
ne  saurait  nier  qu'elle  soit  possible,  en  sorte  que  Tinter- 
prétalion  préférée  par  M.  François-Franck  a  bien  des  chances 
d'être  vraie. 

Au  surplus,  la  peine  qu'on  rencontre  à  porter  un  dia- 
gnostic précis  des  lésions  artérielles  dont  notre  malade  est 
affligé,  n'est  pas  le  seul  côté  curieux  de  son  état.  Comparons 
ses  membres  supérieurs  l'un  à  l'autre,  et  nous  les  trouTe- 
rons  dans  des  conditions  singulièrement  différentes. 

A  gauche,  le  deltoïde,  les  muscles  du  bras  et  de  Tavant- 
bras,  sont  le  siège  d'une  atrophie  relative  très  nette  :  le 
bras  gduche,  à  10  centimètres  au-dessus  du  pli  du  coude, 
mesurant  en  circonférence  2  centimètres  de  moins  que  le 
bras  droit,  l'avanl-bras  gauche,  à  3  centimètres  au-dessous 
du  même  pli,  étant  inférieur  de  2  centimètres  et  demi  à  son 
congénère,  et  le  deltoïde  gauche,  peu  résistant  à  la  pression 
du  doigt,  présentant  un  amincissement  évident. 

La  température,  égale  dans  les  différentes  régions  du 
membre  supérieur  gauche,  y  reste  de  i",3  C.  moins  élevée 
qu'au  membre  du  côté  droit. 

Le  dynamomètre,  qui  serré  par  la  main  droite  marque 
50,  ne  donne  dans  la  main  gauche  que  35. 

Enfin  les  veines  du  membre  thoracique  sont  bien  moins 
saillantes  à  gauche  qu'à  droite,  phénomène  qui,  joint  à 
l'extrême  faiblesse  et  au  retard  du  pouls  radial  gauche  com- 
paré à  son  homologue,  dénote  une  irrigation  sanguine  lente 
et  difficile  dans  le  membre  atrophié. 

Cette  déchéance  nutritive  et  fonctionnelle  du  membre 
susdit  n'a-t-elle  pas  tout  simplement  pour  cause  l'oblité- 
ration de  la  sous-clavière  correspondante?  Pour  ma  part,  je 
le  crois  positivement,  mais  j'ajoute  gue  la  question  est  plus 
discutable  qu'elle  n'en  a  l'air  de  prime  abord. 

Deux  difficultés  sont  à  résoudre  avant  de  tirer  une 
conclusion. 

En  premier  lieu,  la  ligature  de  la  sous-clavière  ne  paraît 
pas  avoir  ordinairement  pour  conséquence  des  troubles 
nutritifs  locaux  aussi  prononcés  que  ceux  dont  la  descrip- 
tion vient  d'être  faite;  et  pourtant  la  lumière  du  vaisseau 
est  bien  plus  sûrement  oblitérée  en  totalité  dans  le  cas 
chirurgical  que  dans  celui  qui  nous  occupe.  Si  les  résultats 
ne  sont  point  les  mêmes,  il  faut,  je  crois,  l'attribuer  à  ce 
que,  chez  les  opérés,  les  collatérales  de  la  sous-clavière 
ou,  au  moins,  plusieurs  d'entre  elles  demeurent  perméables 
et  concourent  à  rétablir  la  circulation  ;  tandis  que,  chez 
notre  homme,  toutes  les  collatérales  de  ce  vaisseau,  les- 
quelles sont,  comme  on  sait,  massées  à  l'origine  dans  l'in- 
tervalle des  scalènes  ou  dans  leur  voisinage,  pounviient  bien 
être,  où  elles  naissent,  obturées  par  des  caillots  comme  ^^ 
tronc  principal  qui  les  fournit.  Le  retour  du  sang  nécessaire 
à  l'alimentation  du  membre   supérieur  gauche   n'aarait 


19  Juillet  1M9  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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465 


donc  d'autres  voies  que  les  collatérales  de  Taxillaîre,  aux- 
quelles se  joindrait  tout  au  plus  une  trace  infime  deper- 
inéabilité  sUbsistaut  encore  dans  la  sous-clavière  atteinte. 
Au  cas  où  cette  hypothèse  diagnostique  serait  juste,  Texi- 
guité  exceptionnelle  des  voies  de  retour  expliquerait  l'in- 
suffisance du  courant  sanguin  nourricier,  l'extrême  faiblesse 
des  pulsations  radiales  gauches,  leur  défaut  de  synchro- 
nisme avec  celles  du  côté  droit,  la  considérable  diminution 
du  volume  des  veines  correspondantes,  enfin  le  degré  pro- 
noncé des  troubles  trophiques  et  fonctionnels  signalés  plus 
haut. 

La  deuxième  difficulté  est  tirée  des  antécédents  du  ma- 
lade, antécédents  tels  qu'on  peut  se  demander  si  la  cause 
des  troubles  dont  il  s'agit  n'aurait  pas  pour  siège  le  sys- 
tème nerveux  plutôt  que  le  système  circulatoire. 

En  effet,  vers  la  fin  de  l'année  1886,  le  malade,  qui 
s*étail  couché  bien  portant  un  certain  soir,  s'aperçut,  le 
lendemain  matin  en  s'éveillant,  qu'il  avait  perdu  le  mou- 
vement et  la  sensibilité  dans  le  côté  gauche,  et  qu'en  outre 
il  lui  était  absolument  impossible.de  prononcer  un  mot.  On 
le  transporta,  le  i"  décembre,  à  l'hôpital  Tenon,  dans  le 
service  de  M.  Danlos  :  rhémi|[)légie  était,  parait-il,  complète, 
la  bouche  déviée  du  côté  droit,  et  l'action  de  siffler  impos- 
sible; l'anesthésie  s'étendait  bien  à  toute  la  moitié  gauche 
du  corps,  la  face  exceptée,  l'ouïe  ne  présentait  d'altération 
ni  à  gauche  ni  à  droite.  Le  diagnostic,  s'il  faut  en  croire  le 
malade,  aurait  été  embolie  générale.  Plusieurs  circon- 
stances, notamment  les  lésions  aortiques,  le  brusque  début 
de  la  paralysie,  l'hémiplégie  faciale,  tendaient  à  justifier 
cette  appréciation,  bien  que  les  hémiplégies  par  embolie 
siègent  d'ordinaire  plutôt  à  droite  qu'à  gauche;  on  n'avait 
même  pas  à  s'étonner  de  l'abolition  de  la  parole,  le  malade 
étant  alors  gaucher  et  devant  à  la  paralysie  passagère  de 
son  bras  gauche  d'être  devenu  droitier  dans  la  suite.  L'éta- 
blissement de  l'hypothermie  daterait  du  premier  jour  de 
l'hémiplégie,  et,  quelque  temps  après  le  début  de  cette  der- 
nière, l'atrophie  aurait  débuté  pour  s'accroître  ultérieure- 
ment peu  à  peu. 

Nous  n'avons  connu  cette  histoire  que  par  le  récit  du 
patient,  récit  dont  l'exactitude  rigoureuse  est  loin  d'être 
démontrée.  Aujourd'hui,  la  jambe  gauche  qui  n'est  ni  atro- 
phiée, ni  refroidie,  aurait  conservé  un  peu  de  faiblesse,  et 
le  patient  éprouverait  une  sensation  de  froid  au  niveau  du 
pied  correspondant  ;  le  réflexe  rotulien  gauche  est  exagéré, 
celui  de  droite  est  diminué. 

Ici  encore  les  obscurités  abondent.  Outre  que  la  coïnci- 
dence de  l'hémianesthésie  avec  rhémiplégie  et  la  suppres- 
sion du  langage  n'est  pas  habituelle  aans  l'embolie  céré- 
brale, on  peut  être  surpris,  dans  l'hypothèse  d'un  ramollis- 
sement, de  la  marche  rapide  et  favorable  à  la  fois,  des 
symptômes  paralytiques.  Traité  par  l'hydrothérapie,  le 
malade  parle  au  sortir  de  chaque  douche  et  ne  dit  jamais 
un  mot  pour  un  autre,  puis  il  retombe  dans  son  mutisme 
jusqu'à  la  douche  suivante,  et  recouvre  définitivement  la 
parole  un  mois  seulement  après  le  début  des  accidents. 
Telle  n'est  pas,  généralement,  la  manière  d'évoluer  dés 
troubles  du  langage  liés  à  une  lésion  matérielle  grossière 
comme  celle  qu'une  embolie  détermine.  D'autre  part  la 
sensibilité  se  rétablit  après  l'usage  de  la  parole,  et,  deux 
mois  plus  tard,  le  mouvement  est  intégralement  recouvré, 
sauf  la  très  légère  faiblesse  du  membre  inférieur  gauche 
que  nous  avons  signalée  plus  haut,  faiblesse  dont  la  déam- 
bulation  ne  se  ressent  pas  d'une  façon  apparente.  Pour  un 
homme  atteint  d'un  ramollissement  du  cerveau,  c'est  aller 
vile  et  radicalement  en  besogne. 

Je  sais  bien  qu'il  y  a  eu  de  l'hémiplégie  faciale,  qu'au- 
jourd'hui même  en  observant  les  choses  de  près,  on  voit, 
lorsque  le  malade  rit,  les  plis  cutanés  du  visage  mieux  des- 
sinés à  droite  qu'à  gauche,  et  néanmoins  l'idée  de  phéno- 
mènes purement  névropathiques  me  hante  l'esprit. 


En  cherchant  les  stigmates  hystériques  chez  notre  malade, 
on  trouve  que  plusieurs  font  défaut  :  ainsi  la  perception  des 
couleurs  s  opère  également  bien  par  les  deux  yeux;  le 
champ  visuel  est  peu  rétréci,  et,  du  reste,  les  pupilles  ayant 
été,  depuis  longtemps,  déformées  par  des  iritis,  il  n'y  a  pas 
lieu  d'insister  sur  ce  signe;  la  puissance  nuditivc  est  à  peu 
près  égale  des  deux  côtés;  le  patient  n'éprouve  jamais  la 
sensation  de  la  boule,  et  les  attaques  hystériques  lui  sont 
inconnues.  Qu'un  de  ses  frères  soit  mort  alcoolioue  à  Ville- 
Evrard,  ce  fait  ne  nous  apporte  qu'une  lumière  nien  insuf- 
fisante. Mais,  en  revanche,  on  constate  une  anesthésie  pha- 
ryngienne totale  qui  remonterait  à  deux  ans,  époque  où  le 
malade  ne  prenait,  que  je  sache,  aucun  médicament  propre 
à  déterminer  ce  symptôme;  les  saveurs  amères  ou  sucrées 
ne  sont  perçues  ni  du  côté  gauche  ni  du  côté  droit;  si 
l'odeur  du  chloroforme  et  celle  de  l'éther  sont  senties,  il 
n'en  est  pas  de  même  du  parfum  des  fleurs;  la  sensibilité 
au  froid  et  à  la  douleur  est  notablement  diminuée  dans  tout 
le  côté  droit,  côté  opposé  à  l'hémiplégie  ancienne;  enfin  le 
malade,  s'il  faut  s'en  rapportera  la  déclaration,  serait  d'un 
caractère  irascible  et  versatile. 

Je  ne  veux  ni  conclure,  ni  m'appesantir  sur  une  discus- 
sion diagnostique  trop  pauvre  en  éléments  pour  être  fertile 
en  résultats.  Tout  ce  que  je  veux  ajouter,  c'est  que  ni  l'in- 
fluence d'une  paralysie  hystérique  peu  prolongée,  ni  celle 
d'un  infarctus  encéphalique  non  suivi  de  dégénération  mé- 
dullaire, ne  sauraient  expliquer  une  atrophie  musculaire 
qui  frappe,  sauf  la  main,  tout  le  membre  supérieur,  c'est- 
à-dire  la  seule  région  mal  irriguée  par  le  sang,  et  respecte 
le  membre  inférieur  où  la  paralysie  n'a  pas  été  moins  pro- 
noncée qu'au  bras. 

Et  maintenant  que  dire  de  Tétiologie  des  artérites?  L'âge 
ne  pouvant  être  incriminé  chez  un  homme  de  vingt-quatre 
ans,  l'alcoolisme,  en  dépit  de  la  profession  du  malade,  ne 
paraissant  pas  absolument  démontré,  c'est  aux  atteintes 
rhumatismales  subies  par  le  patient  que  nous  attribuerons 
la  principale  action  pathogène.  A  onze  ans  et  demi,  pre- 
mières manifestations  articulaires  :  douleur  et  gonflement 
des  genoux  et  des  pieds  durajit  environ  six  semaines;  à  dix- 
huit  ans,  nouveaux  accidents  du  mémo  genre;  ces  jours 
derniers,  enfin,  le  malade  a  eu,  sous  nos  yeux,  quelques 
douleurs  dans  le  pied  droit. 

Jusqu'au  bout  cependant,  et  à  propos  de  l'étiologie  comme 
du  reste,  on  trouve  matière  à  discussion.  Rien  ne  permet 
d'affirmer,  chez  le  patient,  l'existence  d'une  syphilis  acquise, 
mais  on  peut  se  demander  s'il  n'aurait  pas  hérité  de  cette 
maladie,  ou  s'il  n'existerait  pas,  à  son  passif,  un  de  ces 
mélanges  pathologiques  bizarres  que  Ricord  appelait,  en 
riant,  des  scrofulates  de  vérole.  À  l'âge  de  onze  ans,  notre 
homme  a  été  atteint  d'une  kératite  double  intense,  qui  l'a 
privé  de  la  vue  pendant  huit  mois,  et  dont  quelques  vestiges 
persistent  sous  forme  d'opacités  cornéennes  légères;  ses 
iris  ne  sont  pas  restés  indemnes,  et  la  forme  allongée  ver- 
ticalement ae  ses  pupilles  rappelle  un  peu  celle  de  l'œil  du 
chat.  Une  des   rares  incisives   subsistantes    présente  un 
aspect  rappelant  un  peu  celui  de  la  dent  d'Hutchinson.  De 
plus,  quelque  temps  après  la  première  atteinte  rhumatis- 
male, un  gonflement  indolent  du  testicule  droit  est  survenu 
et  ne  s'est  jamais  dissipé  ;  le  patient  v  a  gagné  d'être  réformé 
du  service  militaire  sous  prétexte  d'hydrocèle.  Mais,  si  la 
tumeur  présente  une  véritable  transparence,  elle  est  peu 
volumineuse  et  ne  l'a  jamais  été  davantage  ;  on  y  perçoit, 
contrastant  avec  la  transparence  en  question,  des  zones 
étroites  obscures,  correspondant  à  des  duretés  appréciables 
au  palper  :  toutes  choses  qui  ne  se  rencontrent  guère  dans 
une  hydrocèle  véritable.   Mon  collègue,  M.  Monod,  ayant 
bien  voulu  examiner  ce  testicule  altéré,  a  cru  y  reconnaître 
un  kyste,  et  ne  rejette  pas  absolument  l'idée  que  Thérédité 
syphilitique  ait  pu  proauire  cette  lésion.  Il  est  donc  permis 
de  se  demander  si,  à  l'influence  rhumatismale,  d  autres 


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GAZETTE  flEBDOHÂDAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  19  iuiiusr  1889 


influences  n'auraient  pas  ajouté  leur  action  pour  donner 
naissance  aux  altérations  vasculaires  ci-dessus  décrites. 

En  tout  état  de  cause,  il  m'a  paru  indiqué  de  donner 
riodure  de  sodium.  Cette  médication  est  bien  supportée 
iusqu'ici,  et  peut-être  devons-nous  lui  attribuer  en  partie 
la  disparition  de  l'anxiété  précordiale  qui  avait  amené  le 
patient  dans  notre  service. 


CORRESPONDANCE 

A  MONSIEUR  LE  RÉDACTEUR  EN  CHEF  DE  LA  GAZETTE  HEBDOMADAIRE 
DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 

Mon  cher  confrère, 

Je  m'empresse  de  vous  adresser  la  cordiale  expression  de  mes 
remerciements  pour  Tarticle  si  bienveillant  que.  vous  avez  con- 
sacré dans  votre  dernier  numéro  à  la  méthocfe  thermochiraique, 
et  je  vous  transmets  quelques  réflexions  que  m'a  suggérées  cet 
article  ;  j'ose  espérer  que  vous  serez  assez  bon  pour  leur  faire 
le  même  accueil. 

Vous  dites  dans  cet  article  :  c  M.  Sappey  avait  le  droit  de 

f protester  contre  la  prééminence  c[ue  l'on  accorde  de  nos  jours  à 
a  technique  purement  histologiçiue.  >  Peut-être,  en  eÛ'et,  des 
deux  communications  que  j'ai  faites  à  l'Académie  des  sciences, 

Êourrait-on  conclure  t[ue  je  proteste  contre  cette  prééminence. 
,n  réalité  cependant  je  ne  proteste  pas;  une  protestation  sem- 
blerait accuser,  de  ma  part,  la  secrète  pensée  de  rabaisser  la 
haute  valeur  de  la  methoae  des  couoes.  Or,  loin  de  moi  une 
telle  pensée.  Je  considère  la  méthode  des  coupes  comme  la  plus 
importante  acquisition  histologique  du  dix-neuvième  siècle. 
Elle  a  été  le  point  de  départ  de  toutes  les  grandes  découvertes 
dont  la  science  s'est  enrichie  depuis  quarante  ans  ;  elle  a  ouvert 
une  voie  nouvelle  et  féconde  à  l'nistologie  animale  et  à  Fhisto- 
logie  végétale  ;  c'est  à  elle  que  nous  sommes  redevables  de  la 
connaissance  des  éléments  anatomiques.  Protester  contre  une 
méthode  qui  nous  a  rendu  de  tels  services,  ce  serait  nous  mon- 
trer ingrats  envers  les  hommes  éminents  qui  l'ont  imaginée, 
propagée  et  universalisée,  qui  l'ont  peu  à  peu  perfectionnée,  et 
qui  l'ont  élevée  ainsi  à  un  tel  degré  de  splendeur  que  toutes  les 
méthodes  et  tous  les  procédés  jusqu'alors  usités  sont  tombés 
dans  un  légitime  et  complet  discrédit. 

Je  ne  suis  donc  pas  l'adversaire  de  la  méthode  des  coupes. 
J'en  suis  au  contraire  un  très  dévoué  partisan  et  un  sincère 
admirateur.  Si  elle  était  attaquée,  je  me  rangerais  aussitôt  du 
c6té  de  ses  défenseurs. 

J'ai  dit  cependant  qu'elle  avait  un  défaut  qui  dérive  de  son 
principe  et  ae  ses  avantages  :  elle  divise  trop  et  sacrifie  ainsi 
des  organes  dont  la  forme,  le  volume,  les  rapports,  etc.,  seraient 
très  utiles  à  connaître.  J'ajoute  qu'à  mes  yeux  elle  en  a  un 
second  :  elle  est  venue  avant  l'heure  marquée  pour  son  complet 
succès.  Je  m'explique.  Bichat  dans  son  étude  analytique  des 
tissus  avait  suivi  une  marche  processive.  Pour  ne  laisser  der- 
rière lui  aucune  inconnue,  il  procédait  avec  une  sévère  méthode 
des  parties  les  plus  volumineuses  aux  plus  minimes,  des  plus 
compliquées  aux  plus  simples,  les  décomposant  ainsi  en  parti- 
cules de  plus  en  plus  réduites  pour  arriver  enfin  aux  organes 
premiers  et  aux  éléments  qui  les  composent.  Admirablement 
servi  par  son  génie,  mais  n  ayant  à  sa  disposition  aucune  des 
ressources  qui  constituent  l'arsenal  de  la  science  moderne,  il  ne 
put  atteindre  le  but  qu'il  poursuivait,  et  mourut  à  trente-deux 
ans,  laissant  son  œuvre  incomplète,  n'emportant  dans  la  tombe 
que  la  gloire  d'avoir  radieusement  ouvert  la  voie  à  ses  conti- 
nuateurs. 

Ceux-ci,  pleins  d'admiration  pour  l'œuvre  éloquente  et  entraî- 
nante du  maître,  marchèrent  sur  ses  traces  avec  une  noble  ému- 
lation. Après  de  longs  efforts,  sans  résultats  bien  notables,  ils 
eurent  la  bonne  fortune  de  découvrir  la  méthode  des  coupes,  dont 
l'usage  se  répandit  rapidement  et  ne  tarda  pas  à  se  généraliser. 
A  dater  de  ce  moment  les  éléments  des  corps  organisés  tom- 
baient en  leur  pouvoir;  on  les  vit  sortir  un  à  un  de  leur  profonde 
retraite,  entourés  chacun  des  attributs  qui  les  caractérisent* 
Ce  fut  pour  la  science  une  époque  mémorable,  qui  lui  ouvrait 
de  nouveaux  horizons  et  qui  donnait  les  plus  brillantes  espé- 
rances. Remarquons  cependant  qu'en  faisant  ce  pas  de  géant 
elle  sortait  de  la  voie  si  rationnellement  tracée  par  le  grand 


initiateur  de  la  fin  du  dix-huitième  siècle.  L'analyse  devait  pro- 
céder des  organes  de  second  ordre  aux  organes  premiers  et  d*- 
ceux-ci  aux  éléments  ;  elle  devait  être  progressive.  Or  elle  ne  1';» 
pas  été  ;  elle  a  brusquement  sauté  des  organes  de  second  ordr** 
aux  cellules,  franchissant  d'un  seul  bond  tout  un  échelon  impor- 
tant sur  lequel  se  trouvaient  groupés  les  orgues  premiers.  Si  je 
ne  craignais  de  proférer  un  blaspnème,  je  dirais  que  le  succès  a 
été  trop  rapide.  Le  progrès  dans  sa  course  précipitée  a  laissé 
sur  la  route  toute  une  série  de  faits  qu'il  a  méconnus  et  dont 
l'intéiét  cependant  n'est  pas  contestable.  Aujourd'hui,  pour 
éclairer  ces  points  restés  obscurs,  nous  sommes  condamnés  à 
remonter  le  courant  ;  pour  avoir  marché  trop  vite,  il  est  devenu 
nécessaire  de  faire  un  pas  en  arrière.  C'est  à  cette  condition 
seulement  que  nous  achèverons  de  soulever  le  voile  qui  courrt- 
les  mystères  de  l'organisation,  et  que  nous  réaliserons  le  révc 
de  Bichat  et  de  ses  continuateurs.  Tel  est  le  but  de  la  méthode 
thermochimique  ;  elle  ne  saurait  donc  porter  aucun  ombrage  à 
la  méthode  des  coupes.  Les  deux  méthodes  sont  appelées^  par 
les  services  qu'elles  nous  rendront,  à  s'éclairer,  àsentr'aiaer, 
à  se  compléter  et  à  marcher  côte  à  côte,  comme  deux  sœurs  qui 
ont  tout  avantage  à  vivre  en  bonne  harmonie. 
Veuillez  agréer,  etc. 

C.  Sappey. 


REVDE  DES  CONGRÈS 

Irolslème  Congrès  de  la  Société  allemande  de  syaée«lasie 
tenu  à  Friboars  en  Brtosan  du  f  t  au  14  Jaln. 

Le  dernier  numéro  du  Centralblatt  fur  Gynàkoiogie 
(6  juillet)  nous  apporte  le  compte  rendu  analytique  des  travaux 
de  ce  Congrès,  travaux  dont  les  analyses  hâtives  publiées  jusqu'à 
présent  ne  nous  donnaient  ni  la  lettre,  ni  même  l'esprit. 

La  séance  d'ouverture  a  été  en  grande  partie  consacrée  à  une 
discussion  sur  la  pathogénie  des  accidents  puerpératix.  De 
l'exposé  de  cette  discussion  il  ressort  qu'à  l'heure  actuelle,  et 
comme  nous-mêmes,  les  accoucheurs  allemands  se  posent  la 
question  suivante  : 

A  côté  de  VhétérO'infeciiony  produite  parles  micro-organismes 

?[ue  portent  dans  le  canal  génital  les  accoucheurs  ou  les  sages- 
emmes  non  aseptiques,  existe-t-il  une  auto-infection^  due  à 
l'existence  antérieure  à  l'accouchement  de  ces  mêmes  micro- 
organismes  ou  d'autres  espèces  dans  les  sécrétions  vaginales  de 
femmes  en  apparence  saines?  En  d'autres  termes, et  pour  porter 
la  question  sur  le  terrain  pratique,  en  dehors  de  la  aésinfectioa 
de  ses  mains  et  de  ses  instruments,  Taecoucheur  a-t-il  à  se 
préoccuper  de  la  présence  possible  de  germes  dans  le  conduit 
vagino-utérin?Sioui,  les  injections  vaginales  dites  préliminaires, 
au  début  du  travail,  doivent  être  recommandées,  voire  même 
prescrites,  surtout  aux  sages-femmes  ;  sinon,  si  le  seul  danser 
réside  dans  l'importation  des  microbes  par  les  mains  et  les 
instruments,  on  ooit  réduire  autant  que  possible  le  toucher  et 
défendre  aux  sages-femmes  toute  injection  qui  peut  devenir  la 
source  d'une  inoculation. 

La  discussion  est  ouverte  par  Kaltenbach  (de  Halle)  avec  le 
mémoire  suivant  sur  Vauto-infection. 

Les  affections  puerpérales  sont  dues  à  des  micro-organismes, 
qui  tantôt  agissent  par  leur  seule  présence  (infection),  tantOt 
par  leurs  produits  de  sécrétion  (intoxication).  Ces  doux  processus 
sont  rarement  et  difûcilement  dissociables,  et  ce  qu'on  appelle 
en  obstétrique  infection  est  quelque  chose  d'extraordinairement 
complexe. 

La  forme  la  plus  importante  de  l'infection  puerpérale  est  celle 
qui  tire  son  origine  du  dehors  (infection  par  contact)  ;  ses 
sources  habituelles  sont  les  cadavres,  les  sécrétions  des  plaies 
et  les  lochies  des  accouchées  malades.  Viennent  ensuite  les  cas 
d'infection  dérivés  de  l'organisme  même  et  considérés  déjà  par 
Semmeiweiss  comme  des  auto-infections. 

La  démonstration  de  l'existence  de  nombreux  micro-orga- 
uismes  dans  les  sécrétions  génitales  des  femmes  saines,  a  posé  la 
question  de  l'auto-infection  sur  un  terrain  solide. 

Depuis  longtemps,  en  s'appuyant  sur  l'observation  clioiqae, 
Kaltenbach  a  montré  que  la  cavité  utérine  devait  être  exempte 
de  germes,  ce  qu'ont  conûrmé  les  recherches  bactériologiques 
de  Winter  et  ae  Dôderlein.  Par  conséquent  on  doit  considérer 
l'auto-infection  comme  l'entrée  en  action  de  micro-organismes 
existant  avant  l'accouchement  dans  les  sécrétions  vaginales. 


19  Juillet  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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Nombre  d'accoacheui's  tiennent  pour  illogique  la  division  pré- 
cédente en  hétéro  et  auto-infection,  et  combattent  lés  mesures 
prises  contre  cette  dernière.  La  doctrine  de  l'auto-infection 
repose  tout  entière  sur  la  démonstration  d'organismes  patho- 
gènes dans  les  organes  sexuels  des  femmes  saines. 

Kaltenbach  croit  que  la  sécrétion  séro-muqueuse  qui  accom - 
pagne  le  travail  de  Taccouchement,  entraine  et  emporté  au 
dehors  les  germes  fixés  sur  les  parois  da  canal;  il  nen  reste 
habituellement  que  quelques-uns  qui,  par  suite  de  la  marche 
rapide  du  travail  et  du  libre  écoulement  lochial,  demeurent  sans 
action.  Ils  cessent  par  contré  d'étré  négligeables  et  sans  danger 
dès  que  le  nettoyage  des  parties  est  insuffisant,  comme  cela 
arrive  dans  les  cas  de  rupture  prématurée  des  membranes,  d'ac- 
couchements lents,  d'œuf  macéré;  ultérieurement  il  faut  encore 
tenir  compte  de  leur  pénétration  dans  la  cavité  de  Tutérus  et  de 
Fœuf,  de  la  rétention  de  débris  ovulaires,  des  contusions  subies 

Sar  les  parties  molles,  de  la  stagnation  des  sécrétions  et  enfin 
e   la  production,  au  cours  des  suites  de   couches,  de  plaies 
nouvelles  aptes  à  Tinfection. 

Les  micro-organismes  eu  question  doivent-ils  être  distingués 
en  pathogènes  et  non  pathogènes?  Doit-on  accorder  au  seul 
streptocoque  une  action  spéciale  et  une  attention  prépondérante? 
Ce  sont  la  des  questions  incomplètement  résolues. 

A  la  vérité,  les  formes  les  plus  graves  de  la  fièvre  puerpérale, 
dans  lesquelles  les  streptocoques  ont  été  trouvés,  reconnaissaient 
pour  origine  une  hétéro-infection,  tandis  que  les  maladies  pro- 
duites par  Tau to- infection  sont  le  plus  souvent  plus  bénignes  et 
s'expliquent  par  la  préexistence  dans  le  va&fin  d'agents  de  la 
suppuration  ou  de  la  putréfaction.  L'action  aes  microbes  de  la 
putréfaction  est  plus  aisée  à  comprendre  ici  que  celle  des 
microbes  de  la  suppuration.  Kaltenbach  rappelle  les  inoculations 
faites  par  Winter  avec  cies  cultures  pures  (provenant  de  sécré- 
tions vaginales)  de  staphylocoques  et  leur  résultat  négatif. 

On  ne  sait  rien  de  précis  sur  le  rôle  que  d'autres  micro-orga- 
nismes pathogènes  peuvent  jouer  dans  l'auto-infection;  il  est 
seulement  vraisemblable  que  le  gonocogue  peut  être  dangereux 
pour  la  mère  aussi  bien  que  pour  l'entant  (paramélrite  chez  la 
raère,  ophthahnie  blennorrhagique  chez  l'enfant). 

1/orateur  considère  comme  vraisemblable  que  les  streptocoques 
de  l'érysipèle  et  de  la  septicémie  peuvent  exister  dans  le  vagin 
longtemps  avant  l'accoucnement,  et  devenir  après  celui-ci  l'ori- 
gine d'accidents  puerpéraux. 

Un  grand  nombre  d'auto-infections  proviennent  de  Tintro- 
duction,  dans  la  cavité  utérine  antérieurement  vide  de  germes, 
par  le  doigt,  par  la  main  de  l'accoucheur  de  sécrétions  vaginales 
renfermant  des  microbes.  On  doit  redouter  surtout  les  manipu- 
lations qui  portent  sur  l'aire  placentaire,  et  les  obstacles  insur- 
montables a  l'accouchement  qui  pourraient  amener  la  pénétra- 
tion par  aspiration  de  micro-organismes  dans  la  cavité  de  l'œuf. 
Les  traumatismes,  les  violences  brutales  lors  de  l'exploration  ou 
de  la  délivrance  artificielle,  jouent  également  un  rôle  important. 
Il  en  est  de  même  de  la  rupture  prématurée  des  membranes  qui 
entrave  le  balayage  du  canal  génital  et,  par  suite  de  la  prolon- 

gation  du  travail,  donne  aux  germes  le  temps  de  se  multiplier; 
u  tamponnement  du  vagin  même  s'il  est  fait  de  matières  asepti- 
ques; de  la  rétention  des  membranes,  du  placenta,  de  caillots. 

Ces  formes  d'auto-infeclion  sont  les  plus  graves  parce  qu'elles 
intéressent  la  cavité  utérine  et  la  zone  placentaire.  Même  après 
Textraction  des  débris  de  l'œuf  et  le  lavage  de  la  cavité  utérine, 
la  fièvre  persiste  et  l'autopsie  montre  que  l'on  n'avait  pas  affaire 
à  une  intoxication  putride,  mais  à  une  véritable  infection  que 
décèle  l'invasion  des  ihrombus  par  des  bactéries. 

Kaltenbach  pense  que  la  péritonite  qui  suit  l'auto-infection 
résulte  d'une  propagation  tubaire  ;  elle  aurait,  quanta  la  marche 
et  à  la  terminaison,  une  physionomie  différente  de  la  lympho- 
péritonite,  s'enkysterait  dans  le  cul-de-sac  de  Douglas  et  guéri- 
rait le  plus  souvent  après  ouverture  spontanée  ou  artificielle. 

Comme  dernière  forme  d'auto-infection  l'orateur  mentionne  la 
pénétration  des  sécrétions  lochiales  dans  des  plaies  rouvertes 
ou  nouvellement  faites  (périnéorrhaphie  secondaire,  cystite  par 
cathétérisme). 

Quelles  sont  les  conséquences  pratiques  de  cette  conception 
de  l'auto-infection?  11  est  très  difficile,  ainsi  que  l'ont  prouvé 
les  recherches  de  Steffeck  et  de  Dôderlein,  de  rendre  le  canal 
génital  aseptique,  ce  qui  serait  le  remède  radical  à  l'auto-infec- 
tion. Le  nettoyage  à  la  brosse  ou  par  frottement  n'est  pas  pra- 
tique et  comporte  des  dangers.  D'ailleurs  il  n'est  pas  néces- 
saire. Une  simple  injection  vaginale  prophylactique  suffit. 


Depuis  l'été  de  1883,  chaque  parturiente  qui  entre  dans  le 
service  de  Kaltenbach  reçoit  une  injection  de  sublimé  à  1/1000 
ou  1/3000;  cette  injection  a  pour  but  d'empêcher  aue  dès  le 
début  du  travail,  par  des  examens  réitérés  et  inhaniles,  des 
microbes  vaginaux  ne  soient  portés  dans  la  cavité  utérine  ou  dans 
celle  de  l'œuf.  L'orateur  ne  considère  pas  comme  indispensable 
l'entière  destruction  des  germes  ;  il  ti'ent  seulement,  autant  que 
possible,  à  entraîner  ceux  qui  sontà  la  surface  et  a  rendre  les  autres 
incapables  de  nuire  durant  un  certain  temps.  Si  le  travail  dure 
longtemps,  les  injections  sont  réitérées  avec  des  désinfectants 
plus  faibles. 

Ahlfeld  a  usé  à  Marbourg,  un  jpeu  après  Kaltenbach,  de  cette 
injection  vaginale  préliminaire  et  a  noté  un  abaissement  marqué 
de  la  morbidité.  Des  observations  semblables  ont  été  faites  à 
Leipzicf,  à  Dresde,  à  Hanovre. 

Pendant  les  six  ans  passés  par  lui  à  la  tête  des  cliniuues  de 
Giessen  et  de  Halle,  Kaltenbach  n'a  jamais  noté  ni  paramétrite  ni 
endométrite. 

Sur  quinze  cents  accouchements,  il  n'a  observé  que  trois  cas 
d'affections  puerpérales  graves  avec  deux  morts;  dans  ces  cas  il 
s'aû^issait  de  graves  hétéro-infections  dont  la  source  est  connue. 

Les  ascensions  de  température  au-dessus  de  38  degrés,  en 
dehors  de  toute  maladie  intercurrente,  sont  tombées  dans  les  deux 
dernières  années  à  10  et  13  pour  100  ;  il  les  rapporte  à  une  mi- 
nime hétéro-infection  ou  à  l'infection  par  les  locnies. 

Il  croit  que  dans  les  maternités  qui  servent  à  l'instruction, 
l'injection  vaginale  prophylactique  est  la  condition  sine  qua  non 
d'un  bon  état  sanitaire.  11  la  recommande  aux  médecins,  mais 
ne  précise  pas  dans  quelles  circonstances  elle  doit  être  faite  par 
les  sages-femmes. 

Dans  certains  cas  particuliers,  l'injection  vaginale  prophylac- 
tique constitue  une  indispensable  mesure  de  précaution.  On  doit, 
avant  toute  intervention  manuelle,  commencer  par  désinfecter  le 
vagin.  Le  médecin  doit  bien  savoir  qu'avec  des  instruments  et 
une  main  propre  il  peut  indirectement  amener  des  affections 
graves  des  plaies. 

De  même,  en  gynécologie,  les  suites  favorables  des  opérations 
ne  tiennent  pas  exclusivement  à  l'asepsie  des  mains  et  du  maté- 
riel, mais  avant  tout  à  la  désinfection  complète  de  tout  le  champ 
opératoire  et  de  ses  environs. 

H.  V. 
{A  suivre,) 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Académie  d«  mMeelne. 

SÉANCE  DU   16  JUILLET   1889.   —  PRÉSIDENCE 
DE   M.   MAURICE   PERRIN. 

M.  de  Quatrefaget  fait  hommage  de  l'Introduction  anthropologique  qu'il  a 
écrite  pour  V Encyclopédie  d'hygiène  et  de  médecine  publique,  publiée  par 
M.  J.  Roehard. 

M.  Empit  dépose  un  Traité  élémentaire  de  mycologie,  par  M.  Moyen. 

M.  Larrey  présente  la  Statistique  médicale  du  ditpentaire  Furtado^Heine 
en  18S8. 

M.  Germain  Sée  dépose  un  mémoire  imprimé  de  M.  le  docteur  Moncorvo  (de 
Rio-de-Janeiro)  sur  lei  troublet  dyspeptiques  dans  Venfance  et  sur  leur 
diagnostic  par  la  recherche  chimique  du  sue  gastrique. 

M.  Uayem  présente  la  thèse  de  M.  le  docteur  Brunet  sur  le  traitement  de  la 
tu!erculose  pulmonaire  par  les  inhalations  d'acide  /luorhydrique. 

Démographie.  —  L'ouvrage  de  M.  Levasseurj  dont 
M.  G.  Lagneau  entretient  TAcadémie,  est  le  premier  volume 
de  son  travail  sur  la  Population  française. 

Outre  une  introduction  sur  la  statistique,  base  de  toute 
étude  démographique,  ce  premier  volume  comprend  une 
histoire  de  la  population  avant  1789  et  une  démographie 
française  comparée. 

Dans  l'histoire  de  la  population,  de  nombreux  documents 
permettent  d'évaluer  plus  ou  moins  approximativement  les 
accroissements  et  les  diminutions  présentés  par  notre  popu- 
lation, suivant  les  périodes  de  paix  et  de  prospérité,  selon 
les  époques  de  guerres,  d'épidémies,  de  famines,  de  persé- 
cutions religieuses.  Pour  les  528400  kilomètres  carrés, 
constituant  le  territoire  actuel  de  la  France,  M.  Levasseur 
croit  pouvoir  évaluer  notre  population  à  6  700000  habitants 


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à  l'époque  de  César,  à  5500000  à  Tépoque  carlovingienne,  à 
20  ou  22000000  au  quatorzième  siècle,  â  20000000  au 
seizième  siècle,  h  21  136000  en  1700,  d'après  les  mémoires 
des  iiilendan'.s,  à  21500000  vers  1770.  d'après  Messange, 
Expilly,  Moheau,  Ncckcr,età2COO0O0Oeal789,  d'aorèsde 
Pommelles,  Bon vallel- Desbrosses,  Lavoisier,  Arthur  Young, 
Condorcel,  Montesquieu. 

Aux  huitième  et  neuvième  siècles,  le  polyptic|ue 
d'imnion,  abbé  de  Sainl-Germain-des-Prés,  les  cartulaires 
des  abbayes  de  Reims  et  de  Marseille,  montrent  que  sur  les 
domaines  de  ces  congrégations,  on  ne  comptait  qu'un,  deux 
ou  trois  enfants  vivants  par  ménage.  Contrairement,  vers  la 
fin  du  dix-huitième  siècle,  avant  la  Révolution,  on  comptait 
en  France  plus  de  quatre  enfants  par  mariage  (4.2  ou  4,5) 
d'après  Molieau,  de  Pommelles,  mais  à  Paris,  il  n'y  en  avait 
guère  que  trois  par  mariage  (3,3)  d'après  BulFon. 

Dans  la  démographie  française  comparée,  de  recensement 
en  recensement,  on  voit  notre  population  s'élever  de 
27347800  habitants  en  1801  à  38192064  en  1866,  puis 
s'abaisser  durant  nos  désastres,  pour  reprendre  ensuite  sa 
lente  marche  ascensionnelle,  de  36102921  en  1872  à 
3821890J  en  1886. 

Après  l'étude  de  notre  population  aux  divers  points  de 
vue  des  sexes,  des  âges,  des  états  civils,  de  la  taille,  des 
infirmités,  des  langues,  d'intéressantes  recherches  sont 
faites,  sur  la  densité  de  la  population,  c'est-à-dire  sur  le 
nombre  d'habitants  par  kilomètre  carré,  dans  l'ensemble  de 
la  France,  dans  les  divers  départements,  arrondissements, 
cantons  et  communes.  Le  plus  souvent  les  habitants  délais- 
sent les  montagnes,  les  plateaux  arides,  les  landes  stériles, 
les  marécages,  pour  se  fixer  près  des  cours  d'eau,  dans  les 
plaines,  les  vallées  fertiles,  dans  les  bassins  houillers,  où 
les  mines  et  les  usines  exigent  beaucoup  de  bras,  sur  les 
cétesde  la  mer,  où  la  péché  et  la  navigation  fournissent  de 
nombreux  moyens  d'existence.  Si  après  le  déparlement  de 
la  Seine,  qui  compte  6185  habitants  par  kilomètre  carré,  le 
département  du  Nord,  avec  ses  294  habitants,  présente  la 

Eopulation  la  plus  dense  ;  par  contre,  les  départements  des 
asses  et  Hautes-Alpes,  de  la  Lozère,  avec  leurs  19,  22  et 
27  habitants  par  kilomètre  carré  sont  les  moins  peuplés. 
Une  carte,  dressée  par  M.  Turquan,  montre  cette  répartition 
do  notre  population. 

Comparant  la  densité  moyenne  de  la  population  des  diffé- 
rents États  de  l'Europe,  M.  Levasseur  met  à  même  de 
constater  que  la  France,  avec  sa  population  de  72  habitants 

Èar  kilomètre  carré  (72,3),  n'arrive  qu'au  huitième  rang,  la 
elgique  en  ayant  201,  l'Angleterre  180,  les  Pays-Bas  132, 
l'Italie  105,  l'Empire  allemand  85,  la  Prusse  82,  l'Autri- 
che 78.  Outre  49  planches,  deux  cartes  coloriées  montrent 
qu'en  Europe,  les  pays  septentrionaux,  Norwëge,  Suède, 
Russie,  sont  très  peu  peuplés,  et  que  dans  le  monde,  les 
populations  les  plus  denses  occupent  l'Europe  centrale  et 
occidentale,  les  Indes  et  la  Chine. 

Traitement  électrique  de  l'occlusion  intestinale.  — 
M.  Hérard  donne  lecture  d'un  rapport  sur  un  mémoire  de 
M.  le  docteur  Larat,  concernant  le  traitement  de  l'occlusion 
intestinale  par  l'électricité.  Après  avoir  décrit  la  technique 
du  lavement  électrique,  telle  que  l'a  imaginée  M.  le  docteur 
Boudet  de  Paris,  le  rapporteur  examine  les  résultats  théra- 

Reutiques  constatés  dans  les  24  observations  recueillies  par 
[.  le  docteur  Larat;  ces  cas  ont  été  suivis  de  10  guérisons 
complètes,  6  insuccès  et  6  demi-succès,  en  ce  sens  que  le 
cours  des  matières  a  été  rétabli,  mais  la  mort  est  survenue 
au  bout  d'un  temps  variable,  soit  par  épuisement  du 
malade,  l'électricité  n'ayant  été  appliquée  que  tardivement, 
soit  par  péritonite,  soit  le  plus  souvent  par  les  progrès  d'une 
ésion  organique  concomitante. 

Si  l'on  rapproche  ces  faits  des  résultats  obtenus  par  M.  le 
docteur  Boudet    de  Paris,  qui,  dans  une  statistique  plus 


étendue, .compte  70  pour  100  de  succès  opératoires,  on 
comprend,  ajoute  M.  Hérard,  la  valeur  thérapeutique  de 
l'électricité  dans  l'occlusion  intestinale.  Des  observalion> 
relatées  par  ces  auteurs,  il  ressortirait  que,  même  dans  \e> 
cas  où  il  existait  une  tumeur  de  mauvaise  nature,  le  pIo> 
ordinairement  cancéreuse,  l'électricité  a  pu  quelquefois 
rétablir  le  cours  des  matières  et,  en  donnant  une  survie  au 
malade,  permettre  une  intervention  chirurgicale,  qui  eû{ 
été  difficile  ou  dangereuse  avant  l'évacuation  de  riotestiD. 
L'inflammation  péritonéale  elle-même  ne  serait  pas  unt- 
cause  d'abstention,  si  l'on  tient  compte  des  deux  observations 
démonstratives  rapportées  par  M.  Larat.  Les  lavements 
électriques,  convenablement  administrés,  sont  exempL« 
d'inconvénients  et  de  dangers. 

Sans  doute,  si  l'on  doit  opérer,  il  vaut  mieux  le  faire  de 
bonne  heure;  mais  dans  des  affections  où  le  diagnostic  de 
la  cause  est  si  souvent  incertain,  comment  prévoir  sûrement 
les  cas  où  échouera  l'action  médicale?  Qu'on  n'oublie  {las 
non  plus  que  la  mortalité  de  la  laparotomie  pour  cause 
d'occlusion  est  encore  énorme  malgré  l'antisepsie.  D'un 
autre  côté,  l'anus  contre  nature  que  quelques  chirurgiens 
préfèrent  à  la  laparotomie,  constitue  une  infirmité  dégoû- 
tante, quelquefois  passagère,  le  plus  souvent  durable. 
Avant  d'en  arriver  à  cette  extrémité,  n'est-ce  pas  un  devoir 
de  recourir  d'abord  au  traitement  médical  qui  a  fait  ses 
preuves,  en  l'appropriant  à  chaque  cas  particulier  :  purga- 
tifs au  début  sans  y  insister  toutefois,  car  s'ils  n'amènent 
aucun  résultat  ils  aggravent  le  mal  ;  belladone,  opium  à 
haute  dose  à  l'intérieur  ou  sous  forme  d'injections  de  mor- 

f)hine,  lavements  purgatifs,  douches  et  irrigations  rectales, 
avements  de  siphons  d'eau  de  Seltz  et  surtout  électricité,  si 
souvent  couronnée  de  succès. 

A  quels  procédés,  d'électrisation  faut-il  accorder  la  pré- 
férence :  faradisation,  galvanisation,  lavements  électriques? 
D'une  manière  générale  tous  ont  produit  de  bons  résultais; 
toutefois  il  semble  à  H.  Hérard  que  la  faradisation  convient 
plutôt  aux  étranglements  aigus,  survenant  brusquement 
alors  qu'il  s'agit  d'imprimer  aux  parois  abdominales  des 
contractions  rapides  qui  déterminent  une  sorte  de  massage 
du  paquet  intestinal.  Elle  semble  moins  appropriée  aux 
formes  d'occlusion  à  marche  lente  avec  parésie  intestinale, 
dans  lesquelles  l'indication  dominante  est  de  rétablir  la 
tonicité  des  muscles  lisses  affaiblie.  C'est  en  pareil  cas  <)ue 
la  galvanisation  aura  beaucoup  de  chances  de  réussite. 
Enfin,  le  lavement  électrique,  tel  que  MM.  les  docteurs 
Boudet  (de  Paris)  et  Larat  le  pratiquent,  moins  douloureui 
que  la  faradisation,  plus  sûr  et  plus  exempt  d'inconvé- 
nients que  la  galvanisation  ordinaire,  offre  de  réels  avan- 
tages. 

Il  n'est  pas  prouvé,  d'après  M.  Léon  Le  Fort^  que  dans 
les  vingt-quatre'  observations  recueillies  par  H.  le  docteur 
Larat,  il  se  soit  constamment  agi  d'obstructions  intestinales 
vraies,  mais  souvent  de  ces  constipations  opiniâtres  que  le 
lavement  électrique  a  pu  plus  aisément  vaincre.  Il  n*en 
saurait  être  de  même  en  cas  d'occlusion  par  brides  ou  par 
volvulus  :  la  méthode  sera  toujours  impuissante  en  pa- 
reil cas.  D'ailleurs,  le  nombre  restreint  de  dix  guérisons 
sur  vingt-quatre  cas  ne  plaide  guère  en  sa  faveur;  il  y  a 
lieu  de  l'essayer,  mais  de  ne  cas  trop  attendre,  en  cas  d'in- 
succès, pour  intervenirchirurgicalement. — Il  faut  distinguer, 
d'après  M.  Constantin  Pauly  si  l'obstruction  siège  au  ni- 
veau du  gros  intestin  ou  de  l'intestin  grêle;  dans  ce  dernier 
cas  il  ne  faut  pas  trop  compter  sur  le  lavement  électrique, 
quand  bien  même  on  augmenterait  l'action  de  la  galvanisa- 
tion en  renversant  le  courant  à  plusieurs  reprises. 


Ce  procédé  est  tellement  énergiaue,  ajoute  M.  Ilayn 
m'il  convient  de  n'en  confier  l'emploi  qu  à  des  mains  exe 


qu'il  convient  ae  n'en  conner  l'emploi  qu'à  des  mains  exer- 
cées et  d'observer  avec  soin  le  galvanomètre  afin  d'éviter  des 
accidents,  tant  est  grande  l'intensité  du  courant  avec  les  vingt 


19  Juillet  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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éléments  deGaiffe.  soit  30  milli-ampères,  généralement 
employés. 

OvARO-SALPiNGiTES. —  M.  Comil  Ht  un  rapport  des  plus 
favorables,  et  dont  les  conclusions  sont  adoptées,  sur  un 
mémoire  de  M.  le  docteur  Terrillon,  concernant  les  résul- 
tats immédiats  et  consécutifs  des  ovaro-salpingites  qu'il  a 
traitées  par  la  laparotomie.  (Voy.  le  compte  rendu  de  la 
séance  du  28  mai  1889.) 

ÀNESTiiÉsiQUEs.  —  M.  LéoH  Le  Fort  complète  les  ren- 
seignements qu'il  a  donnés  à  Tavant-dernière  séance  sur 
les  résultats  qu'il  obtient  depuis  six  ans  à  l'aide  du  méthy- 
lène comme  agent  anesthésique.  Ce  produit,  de  fabrication 
anglaise,  qui  lui  a  été  indiqué  par  sir  Spencer  Wells,  et 
dont  il  se  sert  presque  eiclusivement  depuis  six  ans,  est 
obtenu  par  la  distillation  du  chloroforme  et  de  l'alcool  sur 
du  zinc;  il  l'administre  à  l'aide  de  l'appareil  de  Junker. 
M.  Le  Fort  s'est  livré  à  de  nombreux  essais  comparatifs 
entre  le  chloroforme  et  ce  méthylène;  il  considère  celui-ci 
comme  ayant  une  action  moins  rapide  que  le  premier,  mais 
cette  action  paraît  être  plus  sûre,  elle  détermine  beaucoup 
moins  d'agitation,  et  surtout  elle  m^t  à  l'abri  des  vomisse- 
ments. Quant  au  produit  préparé  par  M.  Regnauld  et  ayant 
même  composition  chimique,  parait-ii,  il  présente  des  effets 
bien  moins  favorables. 

Tels  n'ont  pas  été  les  résultats  obtenus  par  M.  Polaillon 
dans  les  sept  essais  qu'il  vient  de  faire  du  chloroforme 
mélhylique  ;  le  sommeil  a  été  incomplet,  la  période  d'ébriélé 
s'est  prolongée  pendant  toute  l'aneslhésie,  et  les  vomisse- 
ments ont  été  assez  fréquents.  —  M.  Léon  Le  Fort  estime 
aue  ces  essais  n'ont  pas  été  assez  nombreux  pour  donner 
es  résultats  appréciables;  il  a  observé  des  effets  tout  diffé- 
rents dans  les  nombreuses  anesthésies  qu'il  a  pratiquées 
depuis  sept  ans,  et  sir  Spencer  Wells  a  employé  le  méthy- 
lène dans  les  douze  cents  ovariotomies  qu'il  a  faites  jus- 
qu'ici.—  Ilyabien  quelque  différence,  fait  observer  M.  Tre- 
laty  dans  l'action  des  divers  anesthésiques,  mais  il  faut 
surtout  tenir  compte,  en  pareil  cas,  des  qualités  de  flair,  de 
tact,  d'attention  qu'apporte  celui  qui  administre  l'anesthé- 
sique  à  remplir  la  délicate  mission  qui  lui  est  confiée;  la 
pratique  de  tous  les  jours  démontre  la  justesse  de  celle 
remarque.  —  Au  cours  de  cette  discussion,  M.  Maurice 
Perrin  rappelle  qu'à  l'instigation  de  M.  le  docteur  Fouré, 
en  1874,  il  administre  préalablement  une  dose  de  chloral 
suffisante  pour  amener  le  sommeil  au  moment  de  la  chlo- 
roformisation  ;  ce  procédé,  au'il  n'a  pas  cessé  d'employer, 
lui  a  constamment  donné  d  excellents  résultats. 

—  L'Académie  se  forme  ensuite  en  comité  secret,  afin 
d*entendre  la  lecture  d'un  rapport  de  M.  Polaillon  sur  les 
candidats  au  titre  de  correspondant  national  dans  la  deuxième 
division  (chirurgie).  Le  liste  de  présentation  est  fixée  ainsi 
qu*il  suit  :  1«  M.  Bouchacourl  (à  Lyon);  ^»M.  Lanelongue 


présentation  :  M.  Gayet  (à  Lyon) 


—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  26  juillet  1889  est  ûxé 
ainsi  qu'il  suit  :  !*•  Rapport  de  M.  Laboulbène  sur  un 
mémoire  de  M.  le  docteur  Costomiris,  concernant  la  litté- 
rature médicale  grecque  dans  l'antiquité;  —  2"  Suite  de  la 
discussion  sur  le  chloroforme  et  1  aneslhésie  (Inscrits  : 
MM.  Laborde,  Budiny  Chauveau)\  —  3"  Communication 
de  M.  Mesnet  sur  l'hypnotisme. 


Société  médicale  des  bApItaaz. 

SÉANCE  DU  12  JUILLET  1889.  —    PRÉSIDENCE 
DE  M.  CADET  DE  GAS3IC0URT. 

Statistique  oomparèe  de  la  mortalité  par  rougeole,  coqueluche  et 
scarlatine:  M.  Richard  (Discussion:  KM.  Sevestre,  Chauffard, 
Cadet  de  Gassicourt,  Netter).  —  A  propos  de  l'empyème  pulsatile: 
M.  F6réol.  ^  Dilatation  de  l'aorte,  oblitération  de  la  sous-clavière 
gauche,  atrophie  du  bras  correspondant  (Présentation  de  malade)  : 
M.  Oingeot  (Discussion  :  M.  Barrlé).  —  Injections  antiseptiques 
intrapleurales  dans  les  pleurésies  infectieuses  :  M.  Femet. 

M.  Richard^  à  Toccasion  du  procès-verbal  de  la  précé- 
dente séance,  apporte  une  statistique,  portant  sur  100  villes 
de  France  d'une  population  supérieure  à  20000  habitants, 
et  comprenant  les  trois  dernières  années.  On  voit  sur  les 
tableaux  et  les  graphiques  qu'il  p'ace  sous  les  yeux  de  la 
Société  que  la  mortalité  par  rougeole  est  plus  élevée  que 
celle  par  coqueluche,  qui  Test  elle-même  davantage  que 
celle  par  scarlatine.  Il  établit  d'ailleurs  que  les  décès  par 
rougeole  et  par  coqueluche  sont  presque  tous  imputables  h 
la  broncho-pneumonie,  maladie  surajoutée,  inrectieuse  et 
contagieuse,  qui  présente  sa  fréquence  maxima  dans  les 
milieux  hospitaliers.  Aussi,  afin  de  pouvoir  mieux  connaîlre 
les  conditions  de  son  développement  et  les  mesures  de  pro- 
phylaxie à  lui  opposer,  M.  Richard  demande  à  la  Société  de 
meltre  à  son  ordre  du  jour  l'étude  des  causes  et  de  la  pro- 
phylaxie des  broncho-pneumonies. 

M.  Sevestre  fait  remarquer  que  la  statistique  dressée  par 
M.  Richard  ne  porle  que  sur  les  trois  dernières  années;  or 
l'on  sait  que  depuis  quelque  temps  la  scarlatine  revêt,  en 
France,  un  caractère  de  oénignité  marquée.  Mais  il  y  a  eu 
autrefois  des  épidémies  fort  sévères,  qui  se  montreront 
peut-être  de  nouveau  quelque  jour.  11  est  probable  que  les 
chiffres  apportés  par  M.  Richard  ne  seraient  plus  dans  un 
rapport  iaentique  si  la  statistique  comparative  remontait  à 
une  vingtaine  d'années  par  exemple.  Quant  à  la  question 
de  la  broncho-pneumonie,  elle  ne  lui  semble  pas  pouvoir  être 
mise  utilement  à  Tordre  du  jour  de  la  Société,  car  on  ne 
possède  encore  aucun  élément  de  discussion  scientifique  sur 
ce  sujet.  On  pourrait  se  borner  à  inviter  les  médecins  des 
hôpitaux  à  réunir  des  documents  relatifs  à  cette  importante 
question  et  à  les  communiquer  à  la  Société. 

M.  Chauffard  regrette  que  M.  Richard  n'ait  pas  donné 
les  chiffres  de  morbidité  pour  les  trois  mêmes  maladies, 
car  on  aurait  vu  sans  doute  des  relations  toutes  différentes 
entre  les  résultatsdu  pourcentage.  En  un  mot,  il  pense  qu'on 
observe  plus  de  décès  sur  cent  scarlatineux  que  sur  cent 
coquelucheux. 

M.  Richard  croit  qu'il  n'existe  pas  de  statistique  d'état 
fournissant  les  chiffres  de  morbidité,  aussi  a-t-il  dû  se  con- 
tenter d'un  simple  document  démographique.  Il  déclare  se 
rallier  à  la  motion  formulée  par  M.  Sevestre. 

(Cette  proposition  est  mise  aux  voix  et  adoptée.) 

M.  Netter  a  réuni  quejques  documents  au  cours  de  ses 
recherches  sur  la  question.  11  est  évident  -que  la  broncho- 
pneumonie est  une  maladie  surajoutée  à  la  rougeole  et  à  la 
coqueluche,  rarement  à  la  scarlatine;  de  plus,  ces  broncho- 
pneumonies diffèrent  suivant  leur  étiologie.  On  connaît 
aujourd'hui  cinq  espèces  de  microbes  que  l'on  rencontre 
dans  ces  broncho-pneumonies,  tantôt  isolés,  tantôt  associés  : 
pneumocoques,  streptocoques»  bacilles  encaspulés,  enfin  sta- 
phylocoques pyogènes,  et  un  bacille  mobile  très  semblable 
au  bacille  lyphique.  Sans  doute,  on  déterminera  des  carac- 
tères différents  pour  la  broncho-çneumonie  due  à  chacun 
de  ces  microbes.  Tous  ces  organismes  sont  ceux  que  Ton 
rencontre  avec  une  fréquence  plus  ou  moins  grande  dans 
la  bouche  de  sujets  sains  ;  aussi  doit-on  penser  que  la 
cause  de  la  broncho-pneumonie  réside  dans  la  pénétration 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  19  Juillet  4889 


de  ces  microbes  delà  bouche  dans  les  voies  respiratoires  sur 
un  individu  débilité,  préparé,  pour  ainsi  dire,  par  la  maladie 
première,  rougeole  ou  coqueluche.  La  virulence  de  ces  orga- 
nismes paraitd'ailieurs  très  variable  chez  l'individu  sain,  sui- 
vant les  saisons,  ce  qui  expliquerait  peut-être  une  certaine 
influence  climatérique  sur  l'éliologie  de  la  broncho-pneu- 
monie. Les  recherches  de  divers  bactériologistes  étrangers 
ont  donné  des  résultats  parfaitement  concordants  avec  les 
expériences  de  M.  Netter.  Quant  aux  épidémies  de  famille 
ou  de  maison,  on  ne  saurait  encore  affirmer  s'il  s'agit  de 
contagion  ou  d'une  même  influence  épidémique.  Quoi  qu'il 
en  soit,  l'antisepsie  de  la  bouche,  et  1  antisepsie  des  salles 
d'hôpital,  où  la  oroncho-pneuraonie  est  à  coup  sûr  plus  fré- 
quente qu'en  ville,  semblent  s'imposer  comme  mesures  pro- 
phylactiques pour  préserver  les  malades  atteints  de  rougeole 
et  de  coqueluche. 

—  M.  Féréol  constate  que,  dans  l'observation  d'empyème 

fiulsatile,  communi(]uée  dans  la  dernière  séance  par  M.  Mil- 
ard,  on  trouve,  ainsi  que  M.  M  illard  l'a  lui-même  fait 
remarquer,  un  puissant  argument  en  faveur  de  l'interpré- 
tation qu'il  a  proposée  des  phénomènes  de  la  pleurésie  pul- 
satile.  En  effet,  chez  ce  malade,  à  quelques  mois  de  dis- 
tance, et  dans  des  conditions  sensiblement  les  mêmes,  on  a 
pu  observer  uue  première  fois  un  pneumothorax  avec  pul- 
sations, et,  une  seconde  fois,  le  pneumo-thorax  sans  pulsa- 
tions. Cette  particularité  vient  contredire  la  théorie  de  la 
symphyse  pleuro-péricardique  soutenue  par  M.  Comby,  car 
celte  symphyse  n'avait  évidemment  pas  disparu  au  bout  de 
quelques  mois.  Il  semble,  au  contraire,  qu'on  puisse 
aditiettre,  d'après  les  détails  mêmes  de  l'observation,  qu'il 
existait  un  pneumothorax  fermé  lorsqu'on  a  constaté  les 
pulsations  de  l'empyème,  et  un  pneumothorax  ouvert 
quand  celles-ci  avaient  disparu.  C'est  là  précisément  la  con- 
firmation de  la  théorie  proposée  par  M.  Féréol.  L'expéri- 
mentation sur  les  animaux,  si  Ion  parvenait  à  la  réaliser, 
pourrait  sans  doute  fixer  le  débat  en  dernier  ressort. 

—  M.  Gingeot  donne  lecture  d'une  observation  intitulée  : 
Dilalation  aorlique,  oblitération  de  la  sous-clnvière  gau- 
chSy  et  atrophie  du  membre  supérieur  du  même  côté.  Il 
soumet  le  malade  à  l'examen  de  la  Société.  (Voy.  p.  463) 

M,  Barrié  a  soigné  ce  malade  dans  son  service  pendant 
plusieurs  mois;  il  croit  qu'on  doit  admettre  la  syphilis 
héréditaire,  en  faveur  de  laquelle  plaident  la  lésion  du  tes- 
ticule et  les  altérations  très  manifestes  des  dents.  L'altéra- 
tion aortique  relèverait  de  la  syphilis.  Il  s'agit  d'ailleurs 
d'un  hystérique,  qui  a  même  une  certaine  propension  à  la 
simulation. 

—  M.  Femet  lit  un  mémoire  sur  les  injections  anti- 
septiques intrapleurales  dans  les  pleurésies  infectieuses. 
(Sera  publié.) 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  quart. 


Société  de  ehtrari^e. 

SÉANCE  DU  10  JUILLET  1889. — PRÉSIDENCE  DE  M.  LE  DENTU. 

LooaUsatioxui  oërèbrales  et  trépanation  :  MM.  TUlaux,  Champion- 
niôre.  Berger,  Pozzi.  Kirmisson,  Terrillon.  —  De  la  gastro-entôro- 
tomie  :  M.  Roux  (de  Lausanne)  :  M.  Monod,  rapporteur.  —  Descente 
artifioieUe  du  testloule  :  MM.  Kirmisson,  Ghampionnière. 

M.  filiaux  accorde  une  grande  importance  aux  locali- 
sations cérébrales,  mais  ne  croit  pas  qu'elles  aient  dit  leur 
dernier  mot  sur  l'homme,  et  même  des  physiologistes 
comme  M.  Brown-Séquard  en  ont  toujours  doulé.  M.  Tillaux 
a  eu  dans  son  service  un  homme  qui,  à  la  suite  d'une  vio- 
lence sur  la  tête,  fut  atteint  d'aphasie  avec  monoplégie 
brachiale  incomplète.  Si  donc  il  eût  été  indiqué  de  trépa- 


ner, il  eût  semblé  évident  qu'il  fallait  mettre  au  jour  le  pied 
de  la  troisième  frontale  et  l'extrémité  inférieure  de  la 
frontale  ascendante.  Or,  le  malade  étant  mort  de  pleure- 
pneumonie,  l'autopsie  a  montré  ces  régions  parfaitement 
indemnes,  tandis  qu'il  y  avait  trois  autres  foyers  de  con- 
tusion corticale  :  un  sur  l'extrémité  antérieure  de  chacune 
des  première  et  deuxième  frontales;  un  sur  la  première 
temporale  en  avant,  sur  ce  que  l'on  a  appelé  le  centre  de 
l'audition.  De  plus,  le  malade  n'était  nullement  sourd. 

M.  Ghampionnière.  Les  lésions  ne  sont  pas  assez  limi- 
tées pour  que  le  fait  soit  probant.  Les  faits  expérimentaux 
sur  les  divers  animaux  sont  fort  bien  établis,  quoi  qu*en 
dise  M.  Brown-Séquard.  Il  ne  faut  pas  trop  se  mettre  à 
l'abri  derrière  ce  physiologiste,  dont  les  expériences  sur  le 
cerveau,  et  non  pas  seulement  celles  de  ces  jours  derniers, 
ont  toujours  été  volontiers  combattues  par  les  hommes  les 
plus  compétents.  De  plus,  les  faits  humains  positifs  sont  en 
nombre  absolument  respectable. 

M.  Berger  ne  pense  pas  cependant  qu'il  faille  trop  affir- 
mer qu'une  couronne  de  trépan  mettra  à  découvert  une 
lésion  déterminée.  Il  a  publié  dans  lai  Revm  de  chiruraie^ 
en  collaboration  avec  M"**  Klumpke,  l'observation  d'un 
homme  qui,  à  la  suite  d'un  coup  sur  la  tête,  était  atteint 
d'aphasie  motrice  type.  Or  il  n'y  avait  rien  à  l'écorce.  Il  est 
vrai  qu'outre  d'autres  lésions  il  y  avait  des  altérations  sous- 
corticales  de  l'insula. 

H.  Pozzi  a  été  un  des  premiers  à  insister  sur  ces  faits 
négatifs,  et  même  il  avoue  avoir  exagéré,  en  1877,  le  scejv- 
ticisme  contre  la  doctrine  du  trépan  guidé  par  les  localisa* 
tiens.  Depuis,  la  science  a  marché  et  il  est  prêt  à  faire  amende 
honorable.  D'ailleurs,  le  fait  de  M.  Tillaux  est  positif  et  non 
négatif.  Broca  a  décrit  l'aphasie  en  1861^  mais  depuis  on  a 
reconnu  que  ce  symptôme  n'est  pas  simple.  A  côté  de 
l'aphasie  motrice  (le  type  de  Broca)  on  a  décrit  la  cécité  et 
la  surdité  verbale,  et  précisément  la  surdité  verbale  est 
liée  à  des  lésions  de  la  première  temporale.  Ces  lésions  ne 
rendent-elles  pas  positif  le  fait  présenté  par  M.  Tillaux 
comme  négatif?  M.  Tillaux,  en  effet,  n'a  pas  déterminé  la 
modalité  de  cette  aphasie.  Le  chirurgien  doit  savoir  que 
l'aphasie  n'est  pas  liée  exclusivement  à  des  lésions  de  la 
troisième  frontale,  mais  relève  de  toute  l'enceinte  péri- 
sylvienne. 

M.  Kirmisson  n'est  pas  opposé  à  la  doctrine  des  localisa- 
tions, loin  de  là,  mais  il  doute  que  dans  les  cas  traumati- 
ques,  à  cause  des  ébranlemen  ts,  des  irradiations  on  puisse  faire 
grand  fond  sur  elle.  Déjà  il  a  exprimé  sa  pensée  devant  la 
Société  à  propos  d'une  observation  :  il  est  vrai  que  M.  Gham- 
pionnière a  trouvé  ses  arguments  «  misérables  i.Depuis^  il 
a  trépané  dans  un  cas  où  il  y  avait  hémiplégie  et  est  arrivé  sur 
une  écorce  motrice  intacte:  il  y  avait  des  lésions  diffuses  des 
autres  régions  et  cependant  des  symptômes  de  localisation. 

M.  Terrillon  2ippu\e  cette  opinion.  Il  a  observé  un  enfant 
chez  qui  une  hémiplégie  bracniale  accompagnait  un  enfon* 


guéri,  ne  conservant  qu'un  peu  de  paralysie  faciale. 

VL.  Ghampionnière  insiste,  après  M.  Pozzi,  sur  ce  que 
l'aphasie  n'est  pas  pour  le  chirurgien  un  guide  précis,  tou- 
jours le  même  :  elle  conduit  à  trépaner  très  largement.  Les 
ébranlements  traumatiques,  les  irradiations  inflammatoires 
ont  certainement  beaucoup  d'importance.  Dans  le  fait  de 
M.  Berger  il  y  avait  des  lésions  sous-corticales  :  or  M.  Tillaux 
n'avait  pas  examiné  sa  pièce  à  ce  point  de  vue,  dès  l'origine, 
et  ces  jours  derniers,  au  bout  d'un  an,  il  a  fait  quelques 
petites  entailles  pour  voir  s'il  n'y  aurait  rien  de  ce  genre. 
Cela  ne  prouve  donc  rien. 

M.  Tillaux  n'est  nullement  ébranlé  dans  ses  croyances 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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sur  la  doctrine  des  localisations  en  général,  et  il  n'a  nullement 
voulu  ébranler  celles  de  ses  collègues;  mais  il  pense, 
comme  MM.  Kirmisson,  Terrillon,  que  dans  les  traumas 
récents  il  faut  s'attendre  à  bien  des  déceptions. 

— M.  Monod  litun  rapport  sur  deux  observations  de gfasfro- 
entérotomie  par  M.  Roux  (de  Lausanne).  Cette  opération 
consiste  à  pallier  les  accidents  d'un  cancer  inopérable  du 
pylore  en  anastomosant  Testomac,  au-dessus  du  cancer,  à 
une  anse  aussi  élevée  que  possible  du  jéjunum.  Elle  fut 
inventée  par  Wœifler,  qui  débuta  par  un  succès.  Mais  son 
maître  Billroth,  Lauenstein,  Courvoisier,  virent  succomber 
leurs  malades.  PuisRydygier  eut  trois  succès  sur  quatre  cas. 
Puis  avec  les  nouvelles  interventions  de  Billroth,  Socin,  Wœl- 
fler,  Hnhn,  on  arriva  à  une  mortalité  de  64  pour  100.  Mais, 
il  y  a  peu  de  temps,  Rockwicz  a  publié  les  résultats  obtenus 
par  Lûcke  à  Strasbourg  :  de  8  opérés,  7  ont  survécu  de  trois 
à  quatorze  mois,  et  chez  deux,  atteints  d'un  rétrécissement 
cicatriciel,  la  guérison  est  définitive.  Depuis,  les  autres 
chirurgiens  n'ont  pas  été  aussi  heureux  :  au  dernier  Con- 
grès des  chirurgiens  allemands  ,  Angerer  (de  Munich) 
accusait  5  décès  sur  6  cas,  et  Lauenstein  n'était  pas  mieux 
pax'tagé.  En  Angleterre,  Jessetcompte^une  mort;  un  opéré 
d'H.  Page  est  mort  au  soixante-douzième  jour,  l'estomac 
ayant  été  suturé  au  bout  inférieur  de  l'iléon.  En  France, 
le  seul  cas  connu  est  un  échec  de  M.  Pozzi.  Enfin  M.  Roux 
relate  deux  opérations,  avec  un  décès.  C'est  donc  une  opé- 
ration grave,  et  cela  se  conçoit,  car  elle  est  longue,  exige 
des  recherches  prolongées  dans  le  ventre,  sur  un  sujet 

f»resque  toujours  très  affaibli.  Aussi  Rockwicz  attribue- t-il 
es  succès  de  Lûcke  à  ce  que  ce  chirurgien  va  vite,  se  décide 
tout  de  suite  à  l'opération  palliative  dès  que  la  tumeur  est 
reconnue  un  peu  adhérente.  Puis,  il  proscrit  les  recherches 
prolongées  uour  saisir  toujours  le  haut  du  jéjunum.  A  cet 
égard,  Wœlfler  recommande  d'aller  avec  la  main  à  la 
recherche  de  l'angle  du  duodénum  et  à  partir  de  là  de 
suivre  l'intestin.  Mais  malgré  tout,  Angerer,  Lauenstein, 
Page,  Roux,  etc.,  ont  ouvert  l'intestin  près  de  la  valvule 
de  Bauhin.  Aussi  Rockwicz  conseille-t-il  de  prendre  la 

firemière  anse  venue;  tout  au  plus  peut-on  essayer  de 
'expérience  de  Nothnagel  :  si  on  aépose  sur  une  anse  d'in- 
testin grêle  un  morceau  de  sel,  on  détermine  ainsi  des 
contractions  antipéristaltiques  dans  le  sensdesquelles  il  faut 
remonter  pour  s'approcher  le  plus  possible  du  duodénum. 
Mais  l'examen  a  prouvé  que  cette  expérience  est  très  infi- 
dèle et,  en  somme,  la  seule  méthode  régulière  est  celle  de 
Wœlfler.  M.  Roux  décrit  un  mode  spécial  de  suture  à  trois 
étages  pour  éviter  tout  épanchement  dans  le  péritoine.  Au 
total,  les  opérés  qui  ne  succombent  pas  à  1  opération  en 
tirent  un  bénéfice  palliatif  réel.  Quelques-uns,  sans  doute, 
meurent  vite  parce  que  trop  d'intestin  est  supprimé,  parce 
que  l'intestin  se  coude.  Mais  la  plupart  se  relèvent  vite, 
engraissent,  ne  souffrent  plus  ;  puis  la  cachexie  les  reprend 
et  ils  meurent,  mais  sans  vomir,  sans  souffrir.  Donc,  à  la 
gravité  près,  c'est  un  acte  comparable  à  la  trachéotomie,  à 
l'anus  contre  nature,  palliatifs  pour  cancers.  C'est  une  res- 
source qu'on  ne  dédaignera  pas  de  parti  pris,  mais  à  con- 
dition que  le  malade,  encore  assez  solide,  le  demande 
expressément,  après  avoir  été  dûment  averti. 

—  M.  Kirmisson  présente  un  adolescent  auquel  il  a  fait 
la  cure  radicale  d'une  hydrocèle  congénitale  avec  descente 
artificielle  du  testicule,  suturé  au  fond  des  bourses. 
M.  Kirmisson  désire  surtout  protester  contre  l'expression  de 
célorrhaphie  adoptée  sans  conteste  dans  la  discussion  qu'a 
soulevée  M.  Championnière.  De  ce  que  des  tumeurs  des 
bourses  s'appellent  sarcocèle,  hydrocèle,  hémalocèle,  il  ne 
s'ensuit  pas  que  w^Xtj  signifie"  testicule.  xi^Xt]  veut  dire 
tumeur  et  dès  lors  célorrhaphie  ne  veut  rien  dire  du  tout. 
Si  l'on  lient  essentiellement  à  prouver  qu'on  sait  le  grec, 
il  faut  dire  orchidorrhaphie. 


H.  Championnière  s'est  borné  à  emprunter  ce  mot  à 
M.  Tuffier,  sans  se  demander  ce  qu'il  voulait  dire.  Il  suffit, 
en  effet,  qu'on  s'entende  sur  le  sens  qu'on  lui  attribue. 

A.  Broca. 


BIBLIOGRAPHIE 

La  Chaiear  animale,  par  M.  Charles  RicuET,  professeur  de 
physiologie  à  la  Faculté  de  médecine.  Un  volume  de  la 
Bibliothèque  scientifique  internationale,  —  Paris, 
F.  Alcan,  1889. 

c  L'histoire  de  la  chaleur  animale,  dit  M.  Richet,  touche 
à  toutes  les  parties  de  la  physiologie.  Elle  n'a,  pour  ainsi 
dire,  pas  de  limites  et,  en  la  pénétrant,  on  pourrait  être 
amené  à  exposer  la  physiologie  générale  tout  entière.  > 
On  peut  en  dire  presque  autant  en  ce  qui  concerne  la  mé- 
decine. L'étude  de  la  chaleur  animale  est  de  celles  qui 
donnent  les  indications  les  plus  précieuses  «  au  point  de 
vue  de  la  santé,  de  la  convalescence  et  de  la  maladie  ». 
Mais,  pour  qu'il  en  soit  ainsi,  il  convient  que  le  médecin 
sache  apprécier  la  marche  de  la  température  centrale; 
qu'il  se  préoccupe  non  de  rechercher  une  fois  par  hasard  et 
comme  en  passant  ce  Qu'indique  le  thermomètre,  mais  bien 
quelle  est  la  courbe  tnermique  obtenue  dans  telle  ou  telle 
maladie  déterminée. 

On  ne  trouvera  point  dans  le  livre  de  M.  Ch.  Richet  cette 
étude  si  intéressante  de  la  marche  de  la  température  fébrile 
dans  les  diverses  pyrexies.  Le  cha|)itre  qui  traite  de  la 
température  du  corps  dans  les  maladies  ne  s'occupe  que  de 
classer  les  hyperthermies  et  les  hypothermies,  de  donner 
un  tableau  très  complet  des  températures  extrêmes  observées 
dans  les  maladies  les  plus  graves,  mais  non  de  rechercher 
ni  surtout  d'expliquer  le  mode  de  production  de  la  chaleur 
fébrile  ou  la  manière  dont  se  fait  la  défervescence.  Quelques 
détails  à  ce  sujet  n'auraient  pas  été  sans  intérêt,  non  plus 
que  l'étude  de  la  distribution  de  la  chaleur  et  des  tempéra- 
tures morbides  locales  ainsi  que  leur  interprétation  patho- 
génique. 

Mais  il  convient  de  faire  remarquer  qu'il  ne  s'agit  ici  que 
de  physiologie  et  que  les  matières  à  traiter  étaient  déjà  à  ce 
seul  point  de  vue  suffisamment  vastes  et  complexes.  Après 
avoir  étudié  la  température  des  animaux,  puis  la  tempéra- 
ture normale  et  pathologique  de  l'homme,  l'auteur  a  re- 
cherché dans  une  série  de  chapitres  les  rapports  qui 
[meuvent  exister  entre  les  muscles,  les  poisons,  les  nerfs  et 
a  production  de  la  chaleur.  Il  s'est  efforcé  de  préciser  l'ac- 
tion exercée  par  la  respiration  sur  la  température  et  il  est 
arrivé  à  celte  conclusion,  que  l'agent  essentiel  de  la  chaleur 
animale  est  le  système  nerveux,  «  qui  dirige  les  actions 
chimiques,  qui  permet  à  l'animal  de  se  conformer  à  la  tem- 
pérature amoiante  et  de  faire  plus  ou  moins  de  chaleur, 
plus  ou  moins  de  rayonnement,  plus  ou  moins  d'évapora- 
tion  selon  les  conditions  extérieures  ». 

Comment  le  système  nerveux  agit-il  pour  diriger  les 
actions  chimiques?  Comment  les  nerfs  actionnent-ils  les 
cellules  qu'ils  innervent,  pour  déterminer  des  changements 
chimiques  intracellulaires  capables  de  produire  plus  ou 
moins  de  chaleur  suivant  nu'ilssont  plus  ou  moins  intenses? 
Comment  les  lésions  cérébrales  déterminent-elles  tantôt  de 
l'hvperthermie,  tantôt  un  abaissement  de  température? 

Ôuelle  est,  dans  tous  les  cas,  la  part  respective  des  vaso- 
moteurs  plus  ou  moins  rétrécis,  des  muscles  plus  ou  moins 
contractures,  des  glandes  fonctionnant  avec  plus  ou  moins 
d'énergie?  Dans  l'état  actuel  de  la  science,  il  est  impossible 
de  répondre  à  toutes  ces  questions.  M.  Charles  Richet  le 
déclare  très  nettement.  Ses  expériences  personnelles  et  les 
travaux  qu'il  a  cités  ne  lui  ont  permis  que  de  poser  le  pro- 


472    —  N«  29  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  19  Juillet  «88» 


blèrae  à  résoudre  tout  en  lui  donnant  le  droit  d'affirmer, 
après  Lavoisier,  que  la  vie  est  une  fonction  chimique  et  que 
celte  fonction  reste  sous  la  dépendance  du  système  nerveux. 

L.  L. 


VARIÉTÉS 

Application  de  la  nouvelle  loi  militaire  au  corps  médical. 
—  La  nouvelle  loi  militaire  contient  les  dispositions  suivantes 
qui  s'appliquent  aux  divers  membres  du  corps  médical  : 

Des  dispenses,  —Art.  23.  —  En  temps  de  paix,  après  un  an 
de  présence  sous  les  drapeaux,  sont  envoyés  en  congé  dans  leurs 
foyers,  sur  leur  demande,  jusqu'à  ia  date  de  leur  passage  dans 
la  réserve,  les  jeunes  gens  qui  ont  ol)tenu  ou  qui  poursuivent 
leurs  éludes  en  vue  d'obtenir  soit  le  diplôme  de  docteur  en 
médecine,  de  pharmacien  de  première  classe,  de  vétérinaire,  ou 
le  litre  d'interne  des  hôpitaux  nonrimé  au  concours  dans  une  ville 
où  il  existe  une  Faculté  de  médecine. 

En  cas  de  mobilisation,  les  étudiants  en  médecine  et  en  phar- 
macie sont  versés  dans  le  service  de  santé. 

Tous  les  jeunes  gens  énumérés  ci-dessus  seront  rappelés  pen- 
dant quatre  semaines  dans  le  cours  de  l'année  qui  précédera 
leur  passage  dans  la  réserve  de  l'armée  active.  Ils  suivront 
ensuite  le  sort  de  la  classe  h  laquelle  ils  appartiennent. 

Art.  2i.  —  Les  jeunes  gens  qui  n'auraient  pas  obtenu  avant 
Tàge  de  vingt-six  ans  les  diplômes  spécifiés  ci-dessus;  ceux  qui 
n'auraient  pas  satisfait,  dans  le  cours  de  leur  année  de  service, 
aux  conditions  de  conduite  et  d'instruction  militaire  déterminées 
par  le  ministre  de  la  guerre;  ceux  qui  ne  poursuivraient  pas 
régulièrement  les  éludes  en  vue  desquelles  la  dispense  a  été 
accordée,  seront  tenus  d'accomplir  les  deux  années  de  service 
dont  ils  avaient  été  dispensés. 

Art.  25.  —  Quand  les  causes  de  dispense  prévues  à  l'article  23 
viennent  à  cesser,  les  jeunes  gens  qui  avaient  obtenu  ces  dis- 
penses sont  soumis  à  toutes  les  obligations  de  la  classe  à 
laquelle  ils  appartiennent. 

Art.  26.  —  La  liste  des  jeunes  gens  de  chaque  département, 
dispensés  en  vertu  de  l'article  23,  sera  publiée  au  Bulletin 
administratif,  et  les  noms  des  dispensés  de  chaque  commune 
seront  affichés  dans  leur  commune  à  la  porte  de  la  mairie. 

En  cas  de  guerre,  ils  sont  appelés  et  marchent  avec  les 
hommes  de  leur  classe. 

Les  dispositions  de  l'article  55  leur  sont  applicables. 

(Cet  article  55  vise  les  obligations  auxquelles  est  astreint  tout 
homme  inscrit  sur  le  registre  matricule,  s'il  change  de  rési- 
dence.) 

Élèves  du  service  de  santé  militaire  ou  de  la  marine.  — 
Art.  29.  —  Les  élèves  du  service  de  santé  militaire  et  les  élèves 
militaires  des  écoles  vétérinaires  contractent,  en  entrant  à 
l'école,  l'engagement  de  servir  dans  l'armée  active  pendant  six 
ans  au  moins,  à  dater  de  leur  nomination  au  grade  ae  médecin 
aide-major  de  2«  classe  ou  d'aide-vétérinaire. 

Ceux  qui  n'obtiendraient  pas  le  grade  d'aide-major  ou  d'aide- 
vétcrinaire,  ou  qui  ne  réaliseraient  pas  l'engagement  sexennal, 
sont  incorporés  dans  un  corps  de  troupe  pour  trois  ans,  sans 
déduction  aucune  du  temps  écoulé  depuis  leur  entrée  à  l'Ecole. 
,  Ces  dispositions  sont  également  applicables  aux  élèves  des 
Écoles  de  médecine  navale. 

Dispositions  pénales.  —  Art.  70.  —  La  peine  prononcée 
contre  tout  homme  coupable  de  s'être  rendu  impropre  au  service 
militaire,  soit  temporairement,  soit  d'une  manière  définitive, 
dans  le  but  de  se  soustraire  aux  obligations  imposées  par  la 
présente  loi,  est  aussi  prononcée  contre  les  complices. 

Si  les  complices  sont  des  médecins,  des  officiers  de  santé  ou 
des  pharmaciens,  la  durée  de  l'emprisonnement  est  pour  eux  de 
deux  mois  à  deux  ans,  indépendamment  d'une  amende  de 
200  francs  à  1000  francs  qui  peut  être  aussi  prononcée,  et  sans 
préjudice  de  peines  plus  graves  dans  les  cas  prévus  par  le  Code 
pénal. 

Art.  71.  —  Les  médecins  militaires  ou  civils  qui,  appelés  au 
conseil  de  revision  à  l'effet  de  donner  leur  avis  conformément 
aux  articles  18,  19,  20  et  27  de  la  présente  loi,  ont  reçu  des  dons 
ou  agréé  des  promesses   pour  être  favorables  aux  jeunes  gens 

3u'ils  doivent  examiner,  sont  punis  d'un  emprisonnement  de 
eux  mois  à  deux  ans. 


Cette  peine  leur  est  appliquée,  soit  qu'au  moment  des  don-i 
ou  promesses  ils  aient  déjà  été  désignés  pour  assister  au  con>t  il 
de  revision,  soit  que  les  dons  ou  promesses  aient  été  agréés  eu 
prévision  des  fonctions  qu'ils  auraient  à  y  remplir. 

Il  leur  est  défendu,  sous  la  môme  peine,  de  rien  recevoir, 
mémo  pour  une  exemption  ou  dispense  justement  prononcée. 

Ceux  qui  leur  ont  fait  des  dons  ou  promesses  sont  punis  de  la 
môme  peine. 

Art.  77.  —  Les  peines  prononcées  par  l'article  71  de  )a  pré- 
sente loi  sont  applicables  aux  tentatives  des  délits  prévus  p:ir 
cet  article. 

Deuxième  congrès  pour  l'étude  de  la  tuberculose.  —  Lis 
questions  mises  à  l'ordre  du  jour  de  ce  Congrès,  qui  aura  lieu 
à  la  fin  du  mois  de  juillet  1890,  sous  la  présidence  de  M.  le 
professeur  Villemin,  sont  les  suivantes  : 

1«  Del'idenlité  de  la  tuberculose  de  l'homme  et  de  la  tuber- 
culose des  bovidés,  des  gallinacés  et  autres  animaux. 

S**  Des  associations  bactériennes  et  morbides  de  la  tuberculose. 

3<^  De  l'hospitalisation  des  tuberculeux. 

4°  Des  agents  capables  de  détruire  le  bacille  de  Koch,  non 
nuisibles  pour  l'organisme,  au  point  de  vue  de  la  propbyiaii'- 
et  de  la  thérapeutique  de  la  tuberculose  humaine  et  animale. 

iV.  B  —  Adresser  les  adhésions  et  un  mandat  postal  (if 
20  francs  à  M.  G.  Masse n,  trésorier,  120,  boulevard  Saint-Or- 
main,  et  ce  qui  concerne  les  communications  à  M.  le  docteur 
L.-H.  Petit,  secrétaire  général,  11,  rueMonge. 


LÉGION  d'honneur.  —  Daus  la  liste  publiée  page  455,  plusieurs 
noms  ont  été  oubliés  par  erreur:  M.  le  docteur  Barthélcmv. 
directeur  du  service  de  santé  à  Brest,  a  été  promu  au  grade  de 
commandeur  ;  iM.  le  docteur  Ghambé,  médecin  principal  de 
l'armée,  a  été  promu  au  grade  d'officier  ;  MM.  les  docteur> 
Combes,  médecin  de  la  marine,  et  Bellières,  médecin  de  la 
Légion  d'honneur,  ont  été  nommés  chevaliers. 

Falsifications  du  vin.  —  Le  Parlement  vient  d'adopter  un 
projet  de  loi  ayant  pour  objet  d'indiquer  au  consommateur  la 
nature  du  produit  livré  à  la  consommation  sous  le  nom  de  via 
et  de  prévenir  les  fraudes  dans  la  vente  de  ce  produit  \u\ 
termes  de  cette  loi,  la  dénomination  de  vin  ne  convient  qa^au 
produit  de  la  fermentation  des  raisins  frais;  les  fûts  ourécipient> 
contenant  des  vins  de  sucre  ou  des  vins  de  raisins  secs  derront 
porter  en  gros  caractères  :  Vin  de  sucre,  vin  de  raisins  secs,  ei 
ces  mots  devront  être  indiqués  sur  les  livres,  factures,  lettres 
de  voiture,  etc. 

Société  médicale  des  hôpitaux  (séance  du  vendrt.li 
26  juillet.  —  Ordre  du  jour  :  M.  Juhel-Rénoy  :  Traitement  des 
kystes  hydatiques  du  foie.  —  M.  Hayem  :  Sur  un  cas  d'empoi- 
sounement  par  le  chlorate  de  soude.  —  M.  Sevestre:  Sur  une 
pleurésie  mélapneumonique,  traitée  par  les  ponctions  et 
i'empyème. 

Nécrologie.  —  Nous  avons  le  regret  d'annoncer  la  mort  de 
MM.  les  docteurs  Barthès  jfde  Marseifie),  Le  Bas  (de  Landrecies), 
P.  Galellan  (de  Langon^,  G.  Denarié  (de  Chambéry),  Gaillardon 
(de  Ghef-fioutonne),  Galangau  (d'Arles-sur-Tech),  A.  Restrepo  (de 
Paris),  L.  Veysset  (de  Ghampagnac). 


Mortalité  a  Paris  (27*  semaine,  du  30  juin  au  6  juillet 
1889.  — Population:  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  1 1. 

—  Variole,  3.  —  Rougeole,  16.  —  Scarlatine,  1.  —  Coque- 
luche, 11.  —  Diphlhérie,  croup,  39.  —  Choléra,  0.  —  Phthisic 
pulmonaire,  161.  —  Autres  tuberculoses,  18.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  49  ;  autres,  3.  —  Méningite,  40.  —  Conges- 
tion et  hémorrhapies  cérébrales,  50.  —  Paralysie,  4.  — 
Ramollissement  cérébral,  9.  —  Maladies  organiques  au  cœur,  5^. 

—  Bronchite  aigué,  16.  —  Bronchite  chronique,  30.  —  Broncho- 

Êneumonie,  10.  — Pneumonie,  31.  —  Gastro-entérite:  sein,  10; 
iberon>  97.  —  Autres  diarrhées,  2.  — Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 2.  — Autres  affections  puerpérales,  0.  —  Débilité  con- 
génitale, 31.  —  Sénilité,  20.  —  Suicides,  20.  —  Autres  morts 
violentes,  14.  —  Autres  causes  de  mort,  143.  —  Causes 
inconnues,  8.  —  Total:  907. 

G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 


10819. 


•  MOTTIROZ.  —  Imprimeries  rëunici,  ▲,  rae  Mignon,  i,  Paris. 


TrKNTB-SIXIÈIIB  ÂNlfftB 


N*30 


â6  Juillet  1889 


GAZETTE  UËBDOMÂDÂIRË  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 

PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LB  D'  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BLACHEZ,  E.  BRISSAUD,  6.  DIEUUFOY,  DREYFUS-BRISAC,  FRANCOI$.FRANCK,  A.  NËNOCOUE,  A.-J.  MARTIN,  A.  PHIT,  P.  RECLUS 

Adresêer  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lereboullet,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRB.  —  BnLLBTlN.  —  FoRVULAmB  TBÂRAPBUTIQUB.  Un  traitement  nou- 
veau de  U  teiffne  tondante.  —  Rrvub  des  cours  et  des  cliniques.  Faculid 
de  Lyon  :  M.  le  professeur  Arloin;  :  Des  moyens  d'éviter  ou  d'atténuer  les 
accidents  de  l'anesthésie.  Usaf^e  do  l'anfisthésie  mixte  et  des  mélanges  titrés. 
—  Travaux  orioiraux.  Clinique  médicale  :  Des  injections  inirapleuralcs 
antiseptiques  dans  les  pleurésies  infectieuses.  —  Pathologie  interne  :  Deux 
observations  de  bronchites  syphilitiques  chez  des  adultes  —  SociÉrés  savantes. 
Académie  des  sciences.  —  Académie  de  médecine.  —  Société  de  chirurgie.  — 
Société  de  biologie.  —  Société  de  tliérapeullque.  ->  Rkvob  des  jour.naux. 
Thérapeutique.  —  Bibliographie.  Leçons  du  mardi  à  la  Salpétrière.  —  Va- 
riétés. —  Fkuillbto.1.  Le  médecin  à  l'Exposition  universelle  de  i889. 


BULLETIN 

Paris,  U  juillet  1889. 
Académie  de  médecine  :  Ti^itenieiit  de  rendoméirtie 

chronique. 

Le  traitement  de  la  mélrite  chronique  par  les  cautérisa- 
tions intra-utérines  est  très  ancien.  Bien  des  caustiques  ont 
été  tour  à  tour  vantés,  puis  reconnus  inefficaces.  Quelques 
gynécologisles  emploient  les  caustiques  liquides,  dont  le 
mode  d'application  est  facile,  et  qui  peuvent  être  rendus  de 
plus  en  plus  énergiques,  suivant  que  Ton  prétend  atteindre 
et  modifier  rapidement  une  plus  grande  épaisseur  de  la 
muqueuse  utérine.  D'autres  — et  c'est,  croyons-nous, le  plus 
grand  nombre — préfèrent  encore  à  une  intervention  active 
les  moyens  hygiéniques  et  médicaux  qui,  joints  aux  grandes 
irrigations  très  chaudes  et  aux  pansements  glycérines  et 
ludiques,  donnent  souvent  de  très  bons  résultats,  qu'une 
saison  hydro-minérale  bien  dirigée  vient  améliorer  encore. 


On  ne  saurait  nier  cependant  l'importance  des  résultats 
signalés  dans  le  rapport  de  M.  Polaillon.  La  grande  probité 
scientifique  et  l'expérience  consommée  de  l'honorable  chi- 
rurgien doivent  appeler  sur  la  méthode  qu'il  recommande 
avec  M.  Dumontpallier,  l'attention  de  tousceux  qui  tiennent 
à  bien  connaître  les  médications  nouvelles  ou  rajeunies. 
Diaprés  MM.  Polaillon  et  Dumontpallier,  non  seulement  les 
cautérisations  intra-utérines  pratiquées  à  l'aide  de  flèches 
de  chlorure  de  zinc  seraient  efficaces  dans  la  presque  totalité 
des  cas,  mais  encore  elles  seraient  toujours  inoffensives. 

Pour  mettre  les  praticiens  à  même  de  suivre  les  conseils 
donnés  à  cet  égard,  nous  reproduisons  ci-dessous  un  résumé 
très  détaillé  du  travail  lu  à  l'Académie.  Il  nous  sera  permis 
cependant  d'y  relever  une  phrase  :  «  Il  faut  condamner,  dit 
M.  Polaillon,  l'abus  qu'on  pourrait  faire  de  ce  procédé,  en 
raison  même  de  la  facilité  de  son  application.  »  Nous  ajou- 
terons  qu'entre  des  mains  inexpérimentées  le  procédé  lui- 
même  pourrait  devenir  dangereux.  Raison  de  plus  pour 
n*en  point  abuser. 

'—  A  propos  du  traitement  de  l'occlusion  intestinale 
par  l'électricité,  M.  le  docteur  Millard  a  bien  voulu  nous 
adresser  la  lettre  et  l'observation  suivantes  : 

M.  LE  DOCTEUR  LEREBOULLET,  RÉDACTEUR  EN  CHEF 
DE  LA  «  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  ». 

Mon  cher  collègue, 
A  l'occasion  de  l'intéressant  rapport  lu  mardi  dernier  à 
l'Académie  de  médecine  par  notre  savant  maître  le  docteur 


FEUILLETON 

Le  médceln  à  rBxpoelUon  universelle  de  1889. 

(Deuxième  article.) 

Souvent  aussi  il  importe  de  détruire,  sur  les  murs  des 
habitations,  sur  les  parois  des  salles  d'hôpitaux,  des 
casernes,  navires,  wagons  à  bestiaux,  voitures  de 
blessés,  etc.,  les  micro-organismes  pathogènes  ou  les 
impuretés  qui  peuvent  s'y  être  déposés  et  rendre  dangereux 

fiendant  longtemps  le  séjour  ou  la  fréquentation  de  ces 
ocaux.  De  plus,  il  est  certaines  parties  du  matériel  qui  ne 
peuvent  être  soumises  à  la  désinfection  par  la  vapeur  sous 
pression,  telles  que  les  cuirs,  les  peaux,  les  fourrures,  les 
meubles  en  bois,  etc.  ;  dans  ces  cas,  l'on  a  dû  proposer 
de  se  servir  de  lavages  à  l'aide  de  solutions  antiseptiques, 
r  sébib  t.  XXVI. 


ou  bien  d'appareils  producteurs  de  vapeur  surchaufiée.  Ces 
derniers  ne  sont  pas  encore  entrés  définitivement  dans  la 
pratique,  en  raison  de  la  difficulté  qu'on  éprouve  à  obtenir 
à  quelaue  distance  du  jet  de  vapeur  une  température  suffi- 
sante. Aussi  les  constructeurs  ont-ils  résolu  différemment 
le  problème  et  l'on  peut  voir  fonctionner  depuis  plusieurs 
mois  au  marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  un  appareil 
basé  sur  l'emploi  d'un  jet  d'eau  chaude  à  haute  pression 
avec  entraînement  d'un  li(|uide  antiseptique. 

Le  désinfectant  employé  dans  ce  cas  est  soit  le  chlorure 
de  zinc,  soit  le  crésyl  ;  toutes  les  matières  organiques 
amoncelées  sur  les  claies  se  détrempent  et  sont  enlevées 
très  rapidement,  dit  un  rapport  officiel  ;  en  outre  de  ce 
nettoyage,  la  destruction  de  tous  les  germes  est  assurée  par 
la  haute  température  et  surtout  par  la  projection  d'acide 
crésylique  et  de  chlorure  de  zinc.  L'aspect  des  claies 
nettoyées  est  tout  à  fait  satisfaisant  et  aucune  souillure  ne 
I  résiste  à  cette  opération. 

3U 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


26  Juillet  1889 


Hérard,  permettez-moi  de  vous  communiquer  un  nouveau 
fait'd'occlusion  intestinale  traitée  par  réiectricité  et  qui  a 
été  recueilli  récemment  dans  mon  service.  Il  me  parait 
instructif  à  plusieurs  égards  et  confirmer  notamment  les 
sages  réserves  formulées  non  seulement  par  le  rapporteur 
lui-même  et  par  plusieurs  membres  de  TAcadémie,  mais 
aussi  par  les  quelques  lignes  que  vous  avez  écrites  dans  le 
dernier  Bulletin  de  la  Gazette  hebdomadaire. 


Obs.  Occlusion  intestinale  datant  de  cinq  jours.  Rétablis- 
sement des  selles  par  une  application  des  courants  électriques, 
mais  persistance  du  collapsus.  Mort  le  septième  jour.  A  V au- 
topsie^ traces  inanif estes  de  pincement  d'une  anse  intestinale 
dans  un  orifice  herniaire  (observation  recueillie  par  M.  Coffm, 
interne  du  service). 

Le  nommé  T.  G...,  âgé  de  trente-six  ans,  conducteur  d'om- 
nibus, bôpital  Beai^on,  entré  le  20  mai  1889,  salle  fiartb,  lit 
n"  !2,  service  du  docteur  Miilard. 

Pas  d'antécédents  hérédilaires. 

Antécédents  personnels.  —  Le  malade  est  porteur  dune 
bernie  inguinale  double,  réductible,  qu'il  contient  habituelle- 
ment par  un  bandage.  11  y  a  quatre  ans,  il  a  déjà  été  pris  brus- 
quement de  phénomènes  d'obstruction  intestinale,  qui  ont  cédé 
après  un  bain  et  un  purgatif. 

Le  vendredi  17  mai,  deux  heures  environ  après  son  repas,  le 
malade  a  été  pris  d'une  douleur  très  violente  dans  le  bas  ventre, 
douleur  qui  l'obligea  à  suspendre  son  travail.  Le  malade  affirme 
qu*à  ce  moment  ses  hernies  n'étaient  pas  sorties  et  qu'il  n'existait 
pas  de  tumeur  au  niveau  des  anneaux  inguinaux.  Rentré  chez 
lui,  il  a  été  pris  de  vomissements  incoercibles,  d'abord  alimen- 
taires, puis  jaunes  et  enlin  verdâtres. 

Le  lundi  20  mai  au  soir  on  l'apporte  à  l'hôpital;  les  vomisse- 
ments persistent  toujours,  et  le  malade  n'a  pas  eu  de  selle  et 
n'a  pas  rendu  de  gaz  par  l'anus  depuis  le  vendredi  ;  le  faciès 
n'est  pas  grippé,  la  langue  est  encore  humide,  mais  très  chargée. 
Le  ventre  n'est  pas  douloureux  à  la  pression  et  est  plutôt 
rétracté;  les  anneaux  inguinaux  et  cruraux,  examinés  avec  soin, 
paraissent  libres.  Temp.,  37%5,  le  pouls  est  à  80  et  régulier. 

On  fait  prendre  tout  de  suite  au  malade  un  verre  d^eau  de 
Sedlitz, qu'il  ne  vomit  pas,  et  cette  purgation  n'ayant  pas  produit 
d'effet,  on  lui  administre  un  lavement  sans  grand  résultat. 

Le  mardi  21  mai  (quatrièmejour)  au  matin  l'état  est  le  même 
que  la  veille;  on  lui  fait  prendre  de  nouveau  une  purgation 
(limonade  magnésienne  à  60  grammes  par  verres  à  bordeaux)  ; 
un  lavement  et  un  bain  sont  administrés  sans  résultat.  Le  soir,  le 
faciès  est  un  peu  grippé,  la  langue  se  sèche,  le  pouls  est  petit 
et  la  température  descend  à  36%4. 

Le  22  mai  (cinquième  jour),  les   phénomènes  de  collapsus 


s'accentuent   et  en   outre    les   vomissements    ont  une  odcui 
fécal  oïde. 

Le  soir,  &  quatre  heures,  M.  le  docteur  Laral  lui  admintçir» 
un  lavement  électrique;  le  pôle  négatif  représenté  par  deoi 
larges  plaques  est  placé  sur  l'abdomen,  le  pôle  positif  dans  1< 
rectum  par  l'intermédiaire  d'une  longue. sonde  dans  laquHh 
passe  un  courant  d'eau  salée.  On  emploie  vingt-deux  ôlêmenN 
et  la  durée  du  Livement  est  de  quinze  minutes. 

Immédiatement  après  le  malade  a  une  selle  peu  abondaiii' 
qui  est  suivie  dans  la  nuit  de  dix  autres  selles  en  diarrhée. 

Le  23.  Le  malade  va  un  peu  mieux,  mais  cependant  la  temp>>^ 
rature  reste  au-dessous  de  37  degrés,  le  pouls  est  petit  «t  \* 
faciès  grippé;  encore  quelques  vomissements.  Le  malade  m 
plusieurs  fois  à  la  selle  dans  la  journée  (toniques.  Potion  av(v 
cognac.  Piqûres  d'éther). 

Le  24.  Les  phénomènes  du  collapsus  ont  augmenté  et  l« 
malade  meurt  dans  la  nuit  du  24  au  25. 

Autopsie  le  26.  —  Il  n  y  a  pas  de  pus  dans  le  péritoine,  qui  j 
seulement  un  léger  aspect  poisseux. 

L'oriûce  interne  du  canal  inguinal  gauche  est  très  enflamn'. 
et  ne  contient  pas  d'anse  intestinale  engagée  ;  mais  diD^  /'■ 
bassin,  dans  la  direction  de  cet  orifice,  on  trouve  une  anse  d'ic- 
testin  grêle  dépendant  de  la  dernière  portion  de  cet  inte<»tin,i]u 
présente  sur  sa  face  antérieure  une  dépression  comme  s'il  ) 
avait  eu  a  ce  niveau  un  pincement  latéral.  En  effet,  c>i: 
anse  intestinale  étant  ouverte,  on  remarque  que  la  muqueu^ 
présente  à  ce  niveau  un  aspect  feuille  morte;  en  outre,  elle  ^ 
désagrège  facilement,  et  laisse  voir  la  séreuse  à  travers  la 
tunique  musculeuse,  amincie  et  comme  atrophiée. 

Rien  de  pathologique  dans  les  autres  viscères. 

Il  est  évident  tout  d'abord,  d'après  les  résultats  de  Tau- 
topsie,  que  nous  n*avons  pas  eu  affaire  à  un  étranglement 
interne,  mais  bien  à  un  étranglement  herniaire,  dii  à  ren- 
gagement d'une  très  petite  portion  d'une  anse  intestinal- 
dans  l'orifice  supérieur  de  l'anneau  inguinal  gauche,  l^ 
traces  manifestes  de  pblegmasie  au  niveau  de  cet  orifice  e; 
les  lésions  profondes  constatées  sur  un  point  du  tube  iD(e>- 
tinal  en  sont  les  preuves  irrécusables.  Sous  ce  rappoii. 
notre  fait  s'éloigne  de  ceux  pour  lesquels  le  trailemeni 
électrique  a  été  plus  particulièrement  préconisé;  mais,  vu  ii 
rapidité  avec  laquelle  il  a  rétabli  ici  le  cours  des  selles,  o 
est  en  droit  de  se  demander  s*il  ne  pourrait  pas  Ironrer 
place  à  côté  et  à  la  suite  du  taxis,  même  dans  la  thérapeu- 
tique de  certains  étranglements  herniaires. 

Quoi  qu'il  en  soit,  Terreur  de  diagnostic  que  nous  avoii> 
commise  pouvait  être  difficilement  évitée.  Mal^rré  um 
exploration  attentive,  les  deux  anneaux  nous  avaient  pan. 


L'appareil  comprend  une  chaudière  fixée  sur  un  train  de 
voiture  qui  supporte  également  un  réservoir  pour  l'eau 
d'alimentation  et  un  récipient  contenant  la  solution  anti- 
septique. L'eau  de  la  chaudière  est  lancée  par  un  tuyau 
dans  un  injecteur  qui  aspire  la  solution  désinfectante;  le 
mélange  d'eau  chaude  et  de  liquide  antiseptique  est  projeté 
avec  violence  contre  les  objets  à  désinfecter  au  moyen  d'un 
long  tuyau  flexible.  Le  liquide  lancé  agit  donc  à  la  fois  par 
sa  température  élevée,  son  action  chimique  et  sa  force  de 
projection.  La  chaudière  est  à  vaporisation  rapide,  elle  est 
munie  de  tous  ses  accessoires,  ainsi  que  de  deux  appareils 
d'alimentation;  l'injecteur  est  composé  d'un  tube  recourbé 
et  d'un  tube  conique  recliligne  qui  pénètre  dans  l'intérieur 
du  premier;  ce  tube  conique  se  raccorde  avec  un  tuyau  qui 
plonge  dans  le  récipient  contenant  le  liquide  antiseptique; 
l'eau  de  la  chaudière  arrive  dans  le  tube  recourbé  et 
entraine  par  aspiration  le  liquide  désinfectant;  on  règle  cet 
entraînement  au  moyen  d'un  robinet. 


Cet  appareil  est  léger  et  facilement  transportable,  il  esi 
disposé  pour  être  traîné  par  trois  hommes.  Le  développe- 
ment du  tuyau  flexible  donne  toute  commodité  pour  atteiiuln^ 
facilement  toutes  les  parties  à  désinfecter  sans  déplacer  h 
voilure;  la  force  du  jet  à  l'extrémité  de  la  lance  permet  au 
liquide  de  pénétrer  dans  toutes  les  fissures;  enfin,  Tappareti 
est  disposé  de  façop  à  permettre  de  chauffer  le  liquide  anfi- 
septique  avant  le  mélange. 

Dans  tous  les  cas,  et  ils  sont  nombreux,  où  la  désinfection 
du  mobilier  et  des  parois  dans  les  habitations  ne  peut  d 
ne  doit  être  faite  qu'à  l'aide  de  solutions  antiseptiques,  ii  y 
a  lieu  de  se  servir  d'appareils  permettant,  non  pas  sciilc- 
ment  un  lavage  aussi  rapide  et  aussi  efficace  que  possible, 
mais  surtout  un  très  léger  dépôt  superficiel  par  puUirr 
sation.  MM.  Geneste  et  Herscher  présentent  trois  moc!«Me? 
de  ces  appareils  :  le  premier  comprend  un  récipient  conU- 
nant  la  solution  antiseptique  et  une  petite  pompe  qui  ^¥'^' 
le  liquide  contenu  dans  le  récipient  et  le  refoule  dans  un 


S6  Juillet  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  R-  30  -    475 


libres  et  également  indolores;  le  malade  n'accusait  pas  plus 
de  sensibilité  d*un  côté  que  de  Tautre  et  affirmait  n'avoir 
rien  ressenti  ni  remarqué  d'arformal  du  côté  de  ses  deux 
hernies  qu'il  connaissait  bien  et  qu'il  avait  l'habitude  de 
contenir  par  un  bandage. 

Je  ne  puis  m'empécher  pourtant  de  croire  que  notre 
examen  local  n'a  pas  été  encore  assex  complet  ni  assez  per- 
sévérant et  je  formulerais  volontiers  comme  règle  que,  chez 
un  malade  porteur  d'une  hernie  avérée,  quand  des  signes 
d'occlusion  intestinale  apparaissent,  c'est  du  côté  des  orifices 
herniaires,  malgré  leur  liberté  apparente  et  l'absence  de 
tout  signe  local  d'étranglement,  qu'on  doit  concentrer  ses 
recherches  et  rapporter  la  cause  présumée  de  l'obstacle. 

Ma  première  idée,  qui  était  la  bonne,  avait  été  de 
réclamer  le  secours  d'un  chirurgien.  Peut-être  aurait-il 
découvert  ce  qui  nous  échappait,  pratiqué  le  taxis  ou  débridé 
l'anneau,  ou  même  pratiqué  immédiatement  la  laparatomie, 
ce  qui  aurait  permis  de  se  rendre  compte  de  Tétat  de  l'in- 
testin et  d'en  faire  la  suture.  Je  me  reproche  de  m'étre 
laissé  influencer  par  mon  entourage  et  de  m'être  fié  aux  appa- 
rences de  l'état  général  qui  n'étaient  pas  encore  trop  mau- 
vaises (ce  n'était  que  le  quatrième  jour).  Nous  avons  cru 
bien  faire  d'essayer  encore  les  lavements,  les  purgatifs  et 
les  bains,  qui  avaient  déjà  guéri  une  fois  le  malade  dans 
une  crise  semblable,  et  enfin  de  recourir  aux  bons  offices 
du  docteur  Larat,  qui  est  aussitôt  accouru  et  a  appliqué 
lui-même  l'électricité  le  cinquième  jour. 

Le  résultat  de  cette  application  fut  immédiat  et  saisissant. 
Une  seule  séance,  n'ayant  pas  duré  plus  de  quinze  minutes, 
amena  vers  quatre  heures  du  soir  une  évacuation,  qui  fut 
suivie  de  dix  autres  selles  liquides  dans  la  nuit.  Il  semblait 
que  ce  devait  être  le  signal  de  la  guérison,  mais  il  n'en  fut 
rien;  le  collapsus  persista,  et  malgré  tous  nos  efforts  pour 
réveiller  les  forces  vitales,  la  mort  arriva  au  bout  de  qua- 
rante-huit heures. 

Malgré  cette  terminaison,  le  fait  n'en  doit  pas  moins  être 
considéré  comme  un  succès  relatif,  un  demi-succès,  pour  la 
méthode,  car  elle  a  agi  aussi  rapidement  que  possible  pour 
dégager  l'obstacle  et,  il  est  juste  de  le  reconnaître,  on  ne 
peut  que  regretter  qu'elle  n'ait  pas  pu  être  employée  à  un 
moment  plus  rapproché  du  début.  Elle  eût  certainement 
sauvé  le  malade,  mais  nous  étions  déjà  à  la  fin  du  cinquième 
jour;  c'était  beaucoup  trop  tard,  étant  donné  qu'il  s'agissait 
d'un  étranglement  herniaire,  même  peu  étendu.  Les  lésions 
de  l'intestin  étaient  trop  avancées  et  ne  pouvaient  plus  se 


réparer;  il  aurait  fallu  en  pratiquer  l'excision.  C'est  ce 
qu'aurait  encore  permis  une  laparatomie  in  extremis,  pra- 
tiquée même  après  le  rétablissement  des  selles,  et  en  plein 
collapsus,  mais  c'était  bien  chanceux  et  lé  malade  risquait 
de  succomber  plus  rapidement  encore. 

De  ce  fait  nous  pouvons,  ce  me  semble,  tirer  les  conclu- 
sions suivantes  : 

1**  Le  traitement  par  l'électricité  de  l'occlusion  intestinale 
réussit  quelquefois  très  rapidement  quand  l'obstacle  est 
léger;  il  a  d'autant  plus  de  chances  de  réussir  qu'il  est 
appliqué  le  plus  près  possible  du  début  des  accidents  et 
quelle  que  soit  la  cause  de  ces  accidents  (étranglement 
interne  ou  même  externe); 

i"  Dans  l'étranglement  herniaire  méconnu,  s'il  est  appliqué 
trop  tard,  il  risque  d'amener  la  réduction  d'un  intestin 
portant  déjà  des  lésions  irrémédiables,  et  empêche  de  prati- 
quer en  temps  utile  la  laparatomie; 

3*  Quand,  après  un  succès  apparent  et  malgré  le  rétablis- 
sement des  selles,  le  collapsus  persiste,  il  y  a  lieu 
d'examiner  si  la  laparatomie  ne  doit  pas  encore  être  tentée, 
comme  ressource  ultime,  pour  permettre  d'examiner  et  de 
réséquer,  s*il  y  a  lieu,  le  tube  intestinal. 

Veuillez  agréer,  etc. 

A.  MiLLARD. 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 


Un  traltCBMttt  1 


de  la  teigiie  tondante. 


Cette  médication,  essayée  par  M.  Vidal,  a  pour  objet  de 
détruire  le  trichophyte  par  des  microbicides  et  d'entraver  sa 
pullulation  en  le  privant  d'oxygène.  C'est,  on  le  sait,  un 
organisme  aérobie.  M.  Vidal  répond  à  ces  deux  indications  : 
1®  par  l'emploi  d'un  parasiticide  :  l'essence  de  térébenthine  ; 
2'  par  l'enveloppement  avec  le  caoutchouc. 

Voici  la  technique  de  ce  traitement  : 

1**  Lotions  sur  le  cuir  chevelu  sans  épilation  préalable, 
avec  l'essence  de  térébenthine. 

ir  Faire  suivre  d'une  friction  avec  la  teinture  d'iode. 
Cette  friction  ne  doit  s'étendre,  dans  une  séance,  que  sur 
une  région  limitée  de  la  surface  de  la  tête.  On  la  répète 


pulvérisateur,  relié  à  la  pompe  par  un  long  tube  en  caout- 
chouc; cette  pompe  est  mise  en  mouvement  par  l'intermé- 
diaire d'un  pBtit  volant;  le  liquide  sort  du  pulvérisateur 
sous  forme  de  brouillard  épais.  Le  récipient  est  supporté 
par  une  brouette  de  construction  légère,  qui  permet  de  le 
transporter  d'un  point  à  un  autre;  l'intérieur  du  récipient 
est  recouvert  d'un  enduit  à  base  de  caoutchouc  ;  toutes  les 
parties  de  la  pompe,  susceptibles  d'être  en  contact  avec  le 
liquide  antiseptique,  sont  en  ébonite. 

Pour  s'en  servir,  on  remplit  le  récipient  de  la  solution 
désinfectante  par  la  bonde  supérieure,  puis  on  ouvre  le 
robinet  qui  se  trouve  à  la  base  du  pulvérisateur,  que  l'on 
tient  d'une  main;  on  actionne  de  l'autre  main  la  manivelle 
de  la  petite  pompe,  et  on  dirige  le  pulvérisateur  sur  le 
point  à  désinfecter.  On  peut,  avec  cet  appareil,  désinfecter 
rapidement  les  parois  des  locaux  contaminés.  Il  a  déjà  été 
utilisé  de  divers  côtés  et  a  donné  notamment  d'excellents 
résultats  pour  la  désinfection  des  écuries  de  Técole  supé- 


rieure de  guerre  au  cours  d'une  épidémie  sur  les  chevaux 
de  cette  école  en  1887. 

Un  autre  appareil,  du  même  genre,  se  compose  de  deux 
récipients  superposés  et  communiquant  entre  eux  par  un 
tube  de  petit  diamètre;  le  récipient  inférieur  contient  la 
solution  désinfectante.  Une  petite  pompe  sert  à  comprimer 
de  l'air  dans  le  récipient  supérieur;  deux  robinets,  dont 
l'un  communique  avec  le  réservoir  d'air  et  l'autre  avec  le 
réservoir  contenant  le  liquide,  sont  placés  sur  le  haut  de 
l'appareil.  Sur  ces  robinets  s'adaptent  des  tuyaux  en 
caoutchouc,  qui  communiquent  avec  l'appareil  pulvérisa- 
teur. Tout  le  système  est  monté  sur  un  léger  chariot  en  fer. 
Lorsqu'on  veut  l'utiliser,  il  suffit  d'introduire  le  liquide 
antiseptique  par  l'entonnoir,  puis  de  fermer  le  robinet  de 
remplissage.  On  ferme  également  les  deux  petits  robinets 
communiquant  avec  le  pulvérisateur  et  on  actionne  le  levier 
de  la  pompe.  Après  avoir  donné  une  douzaine  de  coups  de 
piston,  on  ouvre  les  deux  robinets  et  le  liquide  s'échappe 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECmE  ET  DE  CHIRURGIE  26  Juillet  1889 


deax  ou  troi»  fois  sur  la  même  région  el  Ton  traite  ainsi 
successivement  la  totalité  du  cuir  chevelu. 

^'^  Pratiquer  bi-quotidiennement  sur  la  tète  une  onction 
avec  la  vaseline. 

4"^  Recouvrir  avec  une  calotte  de  caoutchouc  s'adaptant 
aussi  exactement  que  possible  sur  la  surface  de  la  tête. 

Ce  traitement  mérite  d'être  mis  à  l'essai,  car  il  éviterait 
Tépilation  et  serait  de  courte  durée. 

Ch.  Éloy. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

FACULTÉ  DE  LYON.   —  M.   LE   PROFESSEUR  ARLOING. 

Des  moyens  d*éwltcr  on  d*a(iënner  les  acci dénis  de 
ranesihésie.  —  Usaf^e  de  l*anesthésle  mixte  et  des 
mélanges  titrés. 

(Leçons  recueillies  par  M.  le  docteur  Gatrin,  répétiteur  à  TËcoIe 
du  Service  de  santé  militaire.) 

(Fin.  —  Voyez  le  n»  29.) 

Contre-indications  à  Vane$thésie  mixte.  —  On  à  repro- 
ché à  l'anesthésie  mixte  : 

1<*  D'augmenter  l'ébranlement  nerveux  dans  les  grands 
traumalismes; 

â""  D'accroître  la  tendance  à  Talgidité  provoquée  déjà  par 
tous  les  anesthésiques  qui  diminuent  les  combustions  orga- 
niques, et,  en  outre,  enlèvent  de  la  chaleur  à  Torganisme 
par  la  vaporisation  de  l'aneslhésique  à  la  surface  pulmo- 
naire. 

Cet  accroissement  des  tendances  à  Talgidité  par  l'emploi 
de  l'anesthésie  mixte  a  été  signalé  par  Poncet  et  Sarrazin 
et  étudié  par  Demarquay. 

Cet  inconvénient  est  réel;  il  est  dû  :  1°  à  la  diminution 
ou  à  l'abolition  de  la  période  d'excitation,  qui  supprime 
une  source  puissante  aéchauffement;  2^  à  l'effet  vaso- 
dilatateur  de  la  morphine,  qui  augmente  la  perte  de  la  cha- 
leur par  rayonnement. 

Enfin,  le  procédé  de  Trélat,  qui  combine  le  chloral  et  la 
morphine,  a  été  accusé,  non  seulement  de  causer  le  refroi- 
dissement, mais  encore  de  prolonger  l'état  comateux,  d'ex- 
poser aux  congestions  cérébrales  et  d'exagérer  l'inflamma- 
tion du  tube  digestif  dans  le$  cas  où  elle  existait  déjà. 

H.  Trélat  aftirme  qu'avec  des  précautions  on  peut  éviter 
l'augmentation  du  refroidissement;  quant  aux  tendances 
aux  congestions,  etc.,  c'est  au  chirurgien  qu'il  appartient 


d'étudier  antérieurement  les  antécédents  du  malade  et  <if 
décider  s'il  y  a  lieu  de  modifier  la  potion. 

Nous  possédons,  messieurs,  nous  croyons  vous  l'avoir 
démontré,  des  moyens  de  nous  tenir  en  garde  contre  les 
dangers  des  anesthésiques  dans  les  premières  périodes  de 
l'anesthésie,  et  nous  pouvons,  par  ces  mêmes  moyens,  agir 
indirectement  contre  les  accidents  qui  pourront  se  produire 
dans  l'anesthésie  confirmée  ou  ullérieurément,  puisque, 
par  l'emploi  de  ces  moyens,  nous  diminuons  la  dose  de 
l'anesthésique  ;  nous  évitons  ainsi  les  intoxications. 

Mais  nous  allons  étudier  avec  vous  les  procédés  qui  nou> 
mettent  directement  cette  fois  à  l'abri  des  intoxications  par 
les  anesthésiques. 

Ces  accidents  sont  toujours  dus  à  l'administration  d'one 
dose  trop  considérable  d'anesthésique,  et  vous  comprenez 
qu'on  les  évitera  facilement  en  ne  donnant  que  la  dose 
strictement  nécessaire  pour  l'anesthésie,  ou  bien  en  s'oppo- 
sant  à  l'accumulation  des  doses  dans  le  sang  pendant  les 
anesthéâies  prolongées. 

C'est  donc  à  l'étude  du  dosage  des  anesthésiques  el  de> 
mélanges  titrés  que  nous  allons  consacrer  la  prochaine 
leçon. 

Le  dosage  d'un  médicament  volatil  est  une  opération  ton- 
jours  difficile.  Le  mode  d'administration  par  inhalation 
vient  encore  augmenter  la  difficulté.  M.  P.  Bert  s'est  attarhr 
à  l'élude  de  cette  question  et  lui  a  fait  faire,  avec  la  colla- 
boration de  M.  Dubois,  de  très  sérieux  progrès. 

Les  travaux  de  M.  Bert  signalent  deux  phases  bien  tran- 
chées. Il  s'est  attaché  d'abord  à  déterminer  la  dose  aneslhé- 
siqne  et  la  dose  toxique  du  chloroforme  et  de  l'éther. 

Pour  arriver  approximativement  à  cette  connaissance,  il 
faut  faire  respirer  le  sujet  dans  un  espace  clos,  ne  faisant 
qu'un  en  quelque  sorte  avec  l'intérieur  du  poumon. 

Deux  manières  d'arriver  à  ce  résultat  sont  h  la  disposition 
de  l'expérinientateur  : 

l""  Vaporiser  l'anesthésique  dans  un  volume  d'air  qui 
passe  à  travers  un  compteur  avant  de  se  rendre  dans  un 
sac  imperméable.  Ce  sac  est  mis  en  communication  avec 
l'appareil  respiratoire  du  sujet,  par  l'intermédiaire  d'uu 
tube  à  soupapes  séparatrices  du  courant  d'inspiration  el  du 
courant  d'expiration; 

2*  Soulever  un  gazomètre  de  précision,  de  manière  à 
emprisonner  un  volume  d'air  égal  à  100,  200,  300  litres. 
Vaporiser  et  diriger  dans  ce  volume  d'air,  à  l'aide  d*unf 
tubulure  latérale,  une  quantité  d'anesthésique  donnée. 
Enfin,  mettre  l'intérieur  du  gazomètre  en  rapport  avec  l'ap- 
pareil respiratoire. 

Paul  Bert  a  pu  ainsi  déterminer  les  doses  toxique  et 
anesthésique  d'éther  et  de  chloroforme  pour  un  chien  de 
taille  moyenne. 


alors  par  le  pulvérisateur,  sous  forme  de  jet  nébuleux;  on 
dirige  ce  jet  sur  les  parois  à  désinfecter,  de  façon  à  les 
humidifier  légèrement.  La  manœuvre  est  très  simple  et 
l'opération  se  fait  rapidement.  Cet  appareil  est  plus 
léger  que  le  précédent,  la  pulvérisation  est  aussi  beaucoup 
plus  fine  ;  il  est  surtout  employé  pour  la  désinfection  des 
murs  des  hôpitaux,  des  casernes,  les  voitures  servant  au 
transport  des  blessés  et  des  malades,  les  écoles,  lycées, 
asiles,  les  dépôts  de  mendicité,  les  prisons,  etc.,  etc.  Quant 
au  troisième,  il  ne  diO'ère  du  précédent  que  par  le  rempla- 
cement du  petit  chariot  par  des  pieds  fixés  sur  une  plan- 
chette. Son  poids  total  n'est  que  de  8  kilogrammes;  des 
fioignées  fixées  au  récipient  permettent  de  le  monter  faci- 
ement  aux  étages  les  plus  élevés  des  habitations;  il  peut 
être  fixé  sur  les  étuves  locomobiles,  derrière  le  siège  du 
conducteur. 

D'autre  part,  HM.  Geneste  et  Herscher,à  la  demande  d'un 
grand  nombre  d'administrations  hospitalières  qui  se  préoc- 


cupaient avec  juste  raison  des  dangers  pouvant  résulter  de 
la  dissémination  des  poussières  et  détritus  provenant  des 
salles  de  malades,  ont  cherché  \  réaliser  pratiquement  la 
combustion  de  tous  les  rebuts  provenant  des  hôpitaux. 

Les  conditions  à  remplir  étaient  les  suivantes:  pelil 
volume. permettant  dans  t(»us  les  cas  l'installation,  allumage 
rapide,  conduite  facile,  disposition  intérieure  empécliant 
l'entraînement  des  fragments  d'ouate  ou  de  chifl'ons  enflam- 
més, clôture  hermétique  du  foyer,  prix  assez  bas  pour  per- 
mettre aux  plus  petits  établissements  d'en  faire  l'acquisition. 
L'appareil  qui  vient  d'être  construit  à  cet  effet,  se  com- 
pose d'un  foyer  en  terre  réfractaire,  disposé  pour  brûler 
toute  espèce  de  combustible  ;  immédiatement  au-dessus 
du  foyer,  une  cuvette  en  terre  réfractaire  reçoit  les  dêlrilu5 
à  briller;  les  produits  de  la  combustion  contournent  celle 
cuvette,  qui  se  trouve  ainsi  baignée  complètement  dans  la 
flamme.  La  voûte  est  formée  d'une  arcade  en  terre  réfrac- 
taire, percée  de  petits  trous,  communiquant  directemenl 


26  Juillet  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECmE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  30  —    477 


Dose  anesthésique»  Dose  toxique. 

Chloroforme.     15  grammes.  30  grammes. 

Elher H7        —  74        — 

Amylène 30        --  60        — 

De  ces  résultats,  on  peut  donc  conclure  que  la  dose  anes- 
thésique  doit.étre  doublée  pour  devenir  toxique. 
.  L'opérateur  a  donc  une  certaine  marge  à  partir  du  moment 
où  il  a  obtenu  Tanesthésie.  Cette  latitude  a  été  appelée  par 
P.  Bert  la  zone  nêauiable;e\\e  est  égale  à  2. 

La  seconde  phase  est  beaucoup  plus  importante.  Les 
études  antérieures  de  P.  Bert  sur  la  respiration  et  le  pro- 
toxyde  d'azote  Pavaient  préparé  à  envisager  la  question  des 
anesthésiques  à  deux  autres  points  de  vue. 

Il  voulut  examiner  Tinfluence  de  la  tension  des  vapeurs 
anesthésiques  dans  l'air  respiré  sur  leur  pénétration  dans 
le  sang  et  sur  leurs  elTels  dans  l'organisme  ;  conséquemment 
il  fut  amené  à  étudier  les  relations  qui  existent  entre  les 
proportions  d'un  mélange  d'air  et  d'anesthésiqne,  à  un  titre 
rigoureusement  déterminé,  et  les  effets  physiologiques  pro- 
duits par  ce  mélange. 

L'usage  du  gazomètre  de  précision  permit  à  H.  Paul  Bert 
de  titrer  exactement  un  mélange  d'air  et  d'anesthésique  et 
de  constater  que  la  toxicité  d^un  mélange  est  liée  à  l'état 
(le  tension  de  la  vapeur  anesthésique  dans  le  mélange. 

Ainsi  un  chien  qui  respire  un  mélange  de  4  grammes  de 
chloroforme  pour  100  litres  d'air,  meurt  après  huit  ou  dix 
heures;  de  10  grammes,  après  deux  heures;  de  25  grammes, 
après  dix  à  quinze  minutes. 

Le  môme  fait  se  vérifie  pour  l'éther.  On  peut  donc  en  con- 
clure que  la  tension  de  l'anesthésique  dans  un  mélange  a  plus 
d'influence  que  la  dose,  puisque  la  quantité  d'anesthésique 
qui  a  traversé  le  uoumon  avec  4  grammes  de  chloroforme 
ou  20  grammes  d  éther  est  plus  considérable  en  raison  du 
temps  pendant  lequel  Taniraal  les  a  respires  qu'avec  25  et 
50  grammes. 

Les  expériences  de  P.  Bert  ont  encore  démontré  que 
lorsque  1  anesthésie  est  obtenue  avec  un  mélange  donné, 
l'animal  ne  détitre  plus  le  mélange  c[u'il  respire. 

Si,  à  partir  du  moment  où  un  chien  est  endormi,  on  fait 
respirer  par  un  autre  chien  l'air  expiré  par  le  premier,  ce 
derniers  endort  exactement  dans  le  même  temps.  On  endort 
de  même  un  troisième  et  un  quatrième  chien,  jusqu'à  ce 
que  l'air  expiré  devienne  asphyxique. 

On  peut  donc  par  tâtonnement  trouver  un  mélange  titré, 
qui  produira  l'anesthésie  dans  des  conditions  convenables 
et  qui  pourra  être  respiré  pendant  longtemps  sans  amener 
la  mort. 

Mous  disons  longtemps,  mais  non  impunément,  parce  que 
le  mélange  qui  peut  produire  l'anesthésie  n'est  pas  indéfi- 


niment compatible  avec  la  conservation  de  la  vie  des  élé- 
ments. 

Ce*  n'est  qu'après  de  longues  expériences  sur  les  animaux 
que  M.  P.  Bert  pensa  que  Ton  pouvait  faire  bénéficier  la 
clinique  des  renseignements  fournis  par  la  physiologie. 

En  1884-1885  {Gaz.  hebd.,  1884,  p.  15  et  26,  docteur 
Catrin),  deux  cents  anesthésies,  avec  des  mélanges  titrés, 
furent  faites  à  l'hôpital  Saint-Louis,  sous  la  direction  de 
M.  Péan  et  la  surveillance  de  M.  Aubeau,  pour  des  opéra- 
tions variées  et  dans  des  limites  d'âge  comprises  entre  six 
mois  et  soixante-Sf^ize  ans. 

M.  Aubeau  déclare  que  la  méthode  des  mélanges  titrés 
ne  dispense  pas  d'une  certaine  surveillance,  mais  qu'elle 
offre  sur  les  autres  procédés  d'immenses  avantages,  parmi 
lesquels. il  faut  citer  : 

Diminution  ou  suppression  de  la  période  d'excitation 
chez  tous  les  patients  et  particulièrement  les  alcooliques; 

Sommeil  anesthésique  plus  rapidement  obtenu; 

Suppression  de  la  dépression  nerveuse  dans  la  narcose 
avancée; 

Prolongation  de  l'anesthésie  sans  courir  les  risqaesd'em* 
poisonnement  inattendu. 

D'ailleurs,  pour  éviter  ces  risques  d'empoisonnement, 
P.  Bert  avait  proposé  d'utiliser  des  mélanges  diversement 
titrés  selon  les  périodes  de  l'anesthésie  : 

l"*  Mélange  à  10  pour  100  au  début  de  l'anesthésie; 

^'^  Mélange  à  8  pour  100  pendant  un  moment  quand 
l'anesthésie  est  confirmée  ; 

3"^  Mélange  à  6  pour  100  jusqu'à  la  fin  de  Topération. 

Hais  le  modus  faciendi  employé  laissait  passablement 
à  désirer.  On  se  servait,  en  effet,  de  gazomètres  couplés 
plus  ou  moins  simples  et  où  l'on  préparait  les  mélanges  à 
l'avance. 

On  s'exposait  ainsi  à  des  surprises  causées  par  Tépuise- 
ment  d'un  gazomètre;  l'opération  était  toujours  un  peu 
longue  lorsqu'on  voulait  préparer  les  mélanges,  ou  passer 
d'un  titre  à  l'autre. 

C'est  pour  obvier  à  tous  ces  inconvénients  que  M.  Dubois 
construisit  une  machine  qui  lance,  vers  l'appareil  respira- 
toire du  sujet,  un  mélange  titré  qui  se  prépare  automatique-* 
ment  et  dont  le  titrage  peut  être  changé  immédiatement  au 
moyen  d'un  simple  tour  de  roue. 

La  machine  de  H.  Dubois  peut  se  décomposer  pour  la  des* 
cription  en  trois  séries  d'organes  : 

1"  Organe  pour  lancer  Vair  vers  V appareil  respiratoire 
du  sujet.  —  L'air  est  lancé  au  moyen  d'un  piston  et  d'un 
corps  de  pompe  à  large  section.  Le  piston  est  d'un  diamètre 
moindre  que  celui  du  corps  de  pompe,  mais  il  ett  relié  aux 
parois  de  ce  corps  de  pompe  par  une  membrane  en  caout- 
chouc qui  empêche  toute  communication  entre  les  parties 


avec  la  cheminée  par  où  s'échappent  les  gaz  et  la  fumée;  ce 
crible  a  pour  but  d'éviter  l'entraînement  par  la  flamme  des 
fragments  légers  d'ouate  ou  de  chiffons  enflammés.  La 
façade  de  l'appareil  est  en  fonte,  elle  est  munie  de  trois 

fiortes  superposées;  la  porte  supérieure  est  celle  qui  permet 
'introduction  des  détritus  dans  la  cuvette;  une  garniture 
en  toile  d'amiante  et  un  levier,  chargé  d'un  contrepoids, 
la  rendent  hermétique;  les  autres  portes  sont  celles  du  foyer 
et  du  cendrier.  Tout  l'appareil  est  enveloppé  par  une  garni- 
ture métallique  qui  en  assure  la  solidité. 

Cet  arsenal  de  désinfection  comprend  encore  deux  sortes 
d'appareils,  les  uns  pour  la  stérilisation  des  instruments  de 
chirurgie;  les  autres,  pour  la  désinfection  et  le  nettoyage  des 
crachoirs  des  phthisi(]ues.  La  méthode  adoptée  générale- 
ment, dans  les  salles  d'opérations  chirurgicales,  pour  la 
stérilisation  préalable  des  objets  de  pansement  et  la  désin- 
fection des  instruments  de  chirurgie,  celle  qui  est  à  la  fois 
la  plus  rapide  et  qui  offre  la  plus  grande  sécurité,  consiste 


à  soumettre  lesdits  objets,  pendant  quinze  minutes,  à 
l'action  de  la  vapeur  à  la  pression  de  i  kilogramme  (environ 
120  degrés  centigrades).  Il  est  pourtant  nécessaire,  parfois, 
de  se  servir  d'appareils  à  air  chaud,  soit,  par  exemple,  pour 
la  conservation  des  objets  stérilisés;  soit  encore  pour  la 
stérilisation  de  certaines  matières  qui  ne  peuvent  être 
exposées  à  l'action  humide  de  la  vapeur  d'eau.  C'est 
pourquoi  MM.  Geneste  et  Herscher  ont  étudié  deux  types 
d'appareils  à  vapeur  sous  pression  et  à  air  chaud.  Les 
premiers  (autoclaves)  se  composent  d'un  cylindre  en 
cuivre  vertical,  fermé  à  sa  partie  supérieure  par  une  porte 
en  métal  solidement  fixée,  soit  par  aes  boulons  à  bascule, 
soit  par  une  arcade  en  fer.  Ce  cylindre  est  entouré  d'une 
chemise  en  tôle  (|ui  oblige  les  gaz  chauds  à  lécher  la  paroi 
extérieure  du  cylindre.  A  la  partie  inférieure  de  l'appareil 
est  fixé  l'appareil  de  chauffage,  qui  peut  être,  à  volonté,  une 
rampe  à  gaz,  une  lampe  à  alcool  ou  même  une  lampe  à 
pétrole.  De  plus,  on  y  trouve  un  robinet  de  niveau  d'eau,  et 


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situées  au-dessus  et  au-dessous  du  piston^  .quand  celui-ci  se 
meut. 

2*  Organes  préparateurs  des  mélanges,  —  Un  piston 
plongeur  fait  à  chaque  coup  de  piston  moteur  He  i^air  tom- 
ber une  goutte  plus  ou  moins  volumineuse  de  ranesthésique 
dans  le  courant  d'air  appelé  dans  le  corps  de  pompe.  Un 
mécanisme  très  ingénieux  permet,  comme  nous  l'avons  dit, 
de  faire  varier  le  volume  a?  la  goutte  et  d'obtenir  ainsi  un 
mélange  à  6,  8  ou  10  pour  100. 

3"*  Organes  de  distribution  du  mélange  titré.  —  Une 
valve  tournant  dans  un  tambour  établit  la  communication 
dans  le  sens  voulu  d'une  partie  du  corps  de  pompe  avec 
l'air  extérieur,  et  de  l'autre  partie  qui  renferme  le  mélange 
tout  préparé  avec  l'appareil  respiratoire  du  malade. 

Tout  l'appareil  est  mis  en  mouvement  au  moyen  d'une 
manivelle  fixée  à  une  roue  dentée.  Cette  dernière  partie  de 
l'appareil  a  été  récemment  perfectionnée,  car  il  fallait 
autrefois  tourner  tantôt  dans  un  sens,  tantôt  dans  l'autre, 
pour  déterminer  convenablement  le  mouvement  de  l'air; 
de  là  certaines  erreurs  dans  la  manœuvre;  aujourd'hui  le 
mouvement  de  la  manivelle  se  fait  toujours  dans  le  même 
sens.  Une  sorte  d'excentrique  transforme  ce  mouvement  de 
même  sens  en  mouvements  ascendants  et  descendants  pour 
le  piston. 

Enfin,  comme  organes  accessoires,  nous  devons  signaler  : 

1^  Une  lam]  e  à  alcool  qu'on  allumera  si  i'anesthésique 
se  vaporise  ou  trop  vite  ou  trop  lentement  dans  le  flacon  de 
vaporisation.  La  vaporisation  trop  rapide  peut,  en  effet, 
provoquer  la  congélation  du  chloroforme; 

2"*  lin  masque  destiné  à  s'adapter  au  visage  pour  faire 
pénétrer  le  mélange  dans  les  voies  respiratoires.  Ce  masque 
est  percé  de  deux  simples  évents  qui  ne  permettent  pas. 
plus  l'accumulation  de  l'air  anestnésique  que  de  1  air 
expiré. 

Ainsi,  messieurs,  vous  voyez  que  par  l'anesthésie  mixte 
nous  sommes  à  l'abri  des  syncopes  et  apnées  de  nature 
réflexe,  et  que,  grâce  à  la  méthode  de  P.  Bert,  grâce  à  l'in- 
génieux appareil  de  M.  Dubois,  nous  pouvons  nous  mettre 
à  l'abri  des  apnées  adynamiques  dues  à  l'intoxication  ou  à 
l'accumulation  de  chloroforme  dans  l'organisme. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Gltalqm  médleato. 

Des  injections  intrapleurales  antiseptiques  dans  us 
PLEURÉSIES  INFECTIEUSES.  Communication  faite  à  U 
Société  médicale  des  hôpitaux  dans  la  séance  do 
a  juillet  1889,  par  M.  Ch.  Fernet,  médecin  de  l'hôpiul 
Beaujon. 

Il  existe  aujourd'hui  une  tendance  très  manifeste  à  appli- 
quer aux  maladies  infectieuses  un  traitement  local  et  cette 
tendance  est  légitime:  n'est-il  pas  rationnel,  en  effet,  de 
chercher  à  attaquer  et  à  détruire  sur  place,  quand  cela  est 
possible,  les  foyers  infectieux  pour  éviter  qu'ils  envahissent 
d'autres  parties  de  l'économie  ou  qu'ils  jettent  dans  la  cir- 
culation des  principes  toxiques? 

Cette  manière  d'agir  a  été  appliquée  aux  maladies  infec- 
tieuses des  cavités  séreuses,  et  pour  certaines  pleurésies  en 
particulier,  on  a  récemment  fait  quelques  tenUUives  de 
traitement  antiseptique  qui  me  paraissent  constituer  uo 
réel  progrès:  sans  recourir  à  la  thoracotomie,  qui  reste 
cependant  la  grande  ressource  dans  les  cas  extrêmes,  on  a 
essayé  de  rendre  aseptiques  et  par  suite  inoffensifs  et  spon- 
tanément curables  des  épanchements  infectieux  et  on  a 
réussi  à  transformer  en  maladie  bénigne  une  maladie 
grave. 

Je  voudrais  vous  rappeler  d'abord  ces  tentatives,  puis  vous 
communiquer  quelques  essais  que  j'ai  faits  de  mon  côté  ei 
qui  me  paraissent  encourageants. 

Le  professeur  Potain,  dans  son  importante  communicatioD 
sur  les  injections  intrapleurales  d'air  stérilisé  dans  le  trai- 
tement d  épanchements  pleuraux  consécutifs  au  pneumo- 
thorax (1),  avait  insisté  sur  la  nécessité  de  maintenir  l'état 
aseptique  de  la  plèvre.  Cette  communication,  bien  qu'elle 
ne  visât  pas  l'antisepsie  pleurale  dans  les  cas  de  pleurésie 
infectieuse,  parait  avoir  inspiré  les  travaux  de  M.  Renaulei 
de  M.  Moizard  où  les  injections  intrapleurales  antiseptiques 
sont  expressément  proposées  dans  le  but  d'empéctier  ou 
de  combattre  l'état  infectieux  de  certains  épanchements 
pleuraux. 

Le  professeur  Renaut  (de  Lyon)  a  publié  (2)  une  intéres- 
sante observation,  dans  laauelle,  fvkce  à  des  injections 
intrapleurales  de  liqueur  de  Van  Swieten,  pratiquées  à  trois 
jours  d'intervalle  environ  et  à  la  dose  de  3  à  8  gramnae» 
chaque  fois  au  moyen  de  la  seringue  de  Pravaz,  il  a  c  main- 

(1)  Potain,  Séance  de  l'Académie  de  médecine  du  24  a^ril  1888. 
(8)  Renaut,  Observation  pour  servir  à  Thistoire  de  l'antisepsie  pleurale  dan< 
rbydropnoumoihorax  (Gabelle  médicale,  9  juin  i888j. 


un  robinet  purgeur  d'air  placé  dans  la  partie  basse  du 
cylindre,  un  peu  au-dessus  du  niveau  de  1  eau,  qui  permet 
de  chasser  entièrement,  et  dès  le  début  de  l'opération,  l'air 
contenu  dans  le  cylindre.  Enfin  un  robinet  d'échappement, 
un  manomètre,  une  soupape  de  sûreté  et  un  panier  métal- 
lique forment  le  complément  des  accessoires  qui  constituent 
la  partie  délicate  de  ce  genre  d'appareils  et  qui  sont  fixés 
sur  le  cvlindre  lui-même,  et  non  sur  le  couvercle  mobile, 
afin  de  les  mettre  plus  à  l'abri  des  chocs  et  des  détériora- 
tions. La  série  de  ces  autoclaves  se  compose  de  sept  spéci- 
mens, dont  le  diamètre  intérieur  varie  de  18  à  60  centi- 
mètres et  l'entrée  de  0",180  à  QrfiOO. 

L'appareil  à  air  chaud  se  compose  de  deux  chambres 
accolées,  de  dimensions  inégales,  communiquant  entre  elles 
par  deux  orifices  d'entrée  et  de  sortie.  Les  objets  à  stériliser 
se  placent  dans  la  grande  chambre;  le  deuxième  comparti- 
ment, plus  petit,  renferme  l'appareil  de  chauffage  et  le  ré- 
gulateur de  température.  Il  peut  être  chaufl'é  à  volonté  par 


une  lampe  à  alcool,  une  lampe  à  pétrole  ou  une  rampe  à 
gaz.  La  température  est  maintenue  entre  150  et  180  degrés 
à  l'aide  du  régulateur  qui  agit  directement  sur  le  foyer,  et 

Jui,  d'autre  part,  ouvre  une  valve  permettant  à  l'air  chaud 
e  s'échapper  sans  passer  au  contact  des  objets  soumis  à  la 
stérilisation.  Le  réglage  de  la  température  se  fait  très  sim- 
plement au  moyen  d'une  vis  placée  dans  le  compartiment 
réservé  à  la  lampe.  Ces  appareils  se  construisent  de  toutes 
dimensions;  ils  peuvent  être  fixes  ou  transportables. 

Il  est  inutile  ae  rappeler  quelle  importance  il  convient 
d'attacher,  depuis  les  découvertes  bactériologiques  récentes, 
à  la  destruction  des  crachats  de  tuberculeux,  considérés 
comme  la  principale,  sinon  l'unique,  cause  de  transmission 
de  celte  terrible  maladie.  Il  faudrait  donc  détruire  ces  cra- 
chats avant  qu'ils  aient  pu  se  dessécher  et  répandre  dans 
l'atmosphère  l'organisme  contagieux  qu'ils  renferment. 

De  très  nombreux  procédés  ont  été  proposés  pour  obtenir 
ce  résultat,  soit  dans  les  domiciles  privés,  soit  dans  les  salles 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         -  N*  30  —    479 


tenu  à  l*état  de  sérosité  citrine,  pendant  vingt  jours,  un 
épanchement  consécutif  à  un  pneumothorax  déterminé  par 
la  rupture,  dans  la  plèvre,  d*une  série  de  cavernules  sous- 
pleurales,  à  contenu  franchement  purulent.  La  résorption 
de  cet  épanchement  commençait  à  s'opérer,  comme  le 
montre  l'abaissement  de  la  ligne  de  niveau  du  liquide  intra- 
pleural,  quand  la  mort  est  survenue  par  suite  d'un  deuxième 
pneumothorax,  produit  dans  la  cavité  pleurale  opposée,  de 
laçon  à  annuler  entièrement  le  seul  des  deux  poumons  qui 
respirât.  »  <  Je  suis  amené,  dit-il  plus  loin,  à  proposer  la 
méthode  des  injections  inlrapleurales  de  liqueur  de  Van 
Swieten  comme  moyen  à  opposer  à  la  purulence  des  épan- 
chements  consécutifs  au  pneumothorax.  >  M.  Renaut  émet 
formellement  l'opinion  qu'il  suffit  de  petites  et  même  de 
très  petites  quantités  de  bichlorure  de  mercure  pour  stéri- 
liser un  épanchement  pleurétique,  et  parmi  plusieurs  faits 
qu'il  dit  avoir  observés  et  qui  confirment  cette  opinion,  il 
cite  celui  d'un  malade,  atteint  de  pleurésie  probablement 
tuberculeuse,  chez  leauel  des  injections  réitérées  de  liqueur 
de  Van  Swieten  à  la  aose  de  1  gramme  chaque  fois,  main- 
tinrent Tépanchement  à  l'étatcitrin,  jusqu'à  ce  que  finale- 
ment il  fut  résorbé,  bien  qu'il  exisiât  du  même  côté  une 
pleurésie  interlobaire  suppurée,  dont  le  malade  rendit  le 
contenu  par  une  vomique. 

Peu  de  temps  après,  notre  collègue  M.  Moizard  (1)  nous 
faisait  ici  même  une  intéressante  communication,  relative 
à  l'antisepsie  pleurale  dans  des  cas  de  pneumothorax  où 
l'infection  de  la  plèvre  est  déjà  effectuée;  il  rapportait  deux 
exemples  dans  lesquels  son  intervention  avait  été  avan- 
tageuse ;  chez  chacun  de  ses  malades,  il  avait  injecté  une 
seule  fois  une  trentaine  de  grammes  d'une  solution  iodurée 
d'iode. 

A  l'occasion  du  travail  de  M.  Moizard,  notre  collègue 
M.  Juhel-Réno;  (2)  déclara  que,  antérieurement  aux  travaux 
de  M.  Potain  et  de  M.  Renaut,  il  avait  fait  des  injections 
întrapleurales  d'une  solution  de  chlorure  de  zinc  dans  des 
cas  de  pleurésie  dont  on  n'arrivait  pas  à  obtenir  l'assèche- 
ment malgré  des  ponctions  répétées;  les  résultats  furent 
avantageux,  mais  M.  Juhel-Rénoy  ne  dit  pas  qu'il  ait 
employé  cette  méthode  dans  un  but  antiseptique,  ni  qu'il 
s'agît  dans  ses  observations  de  pleurésies  infectieuses. 

Vers  la  même  époque,  le  professeur  Bouchard,  dans  les 
leçons  magistrales  ^u'il  a  consacrées  en  1888  à  l'antisepsie, 
a  insisté  sur  le  parti  qu  on  pouvait  tirer  des  injections  anti- 
septiques dans  les  cavités  séreuses:  <  Quant  à  moi,  dit-il, 
j'ai  essayé  de  faire  dans  la  plèvre  enflammée  et  contenant 
un  épanchement,  quelle  qu'en  soit  la  nature,  des  injections 

(1)  Moizard,  Pneumothorax  et  antitepiie  pleurale  (Bull,  de  la  Soe.  mii.  iei 
hôp.^  1888,  p.  348). 
(t)  Juhel-Rénoy.  ihid.,  p.  355. 


antiseptiques  à  petites  doses,  sans  évacuer  le  contenu.  J'ai 
obtenu  des  résultats  qui,  jusqu'ici,  ne  sont  pas  de  nature  à 
me  décourager.  >  Il  ajoute  même  que,  dans  deux  cas  de 
pleurésie  purulente,  il  a  pratiqué  des  injections  d'une  solu- 
tion de  naphtol  et  que  les  résultats  ont  été  assez  avantageux 
pour  le  dispenser  de  pratiquer  l'empyème:  <  Dans  un  des 
cas,  écrit-il,  où  j'ai  fait  ces  injections  (deux  fois  par  jour, 
une  injection  de  !2  à  4  centimètres  cubes  d'une  solution  de 
naphtol  dans  Talcool  et  l'eau,  représentant  10  à  20  centi- 
grammes de  naphtol),  la  ponction  avait  donné  issue  à  un 
liquide  opalescent  ;  dans  le  second,  il  y  avait  un  pyo- 
pneumothorax  et  on  a  retiré  d'abord  4  litres  de  pus.  Dans 
les  deux  cas,  le  liquide  s'est  reformé,  mais  chez  le  premier 
malade,  depuis  plus  de  six  semaines  que  les  injections  de 
naphtol  sont  faites,  la  température  n'atteint  jamais.' 
38  degrés;  et  chez  le  second,  qui  était  mourant  lors  des 
premières  injections,  la  fièvre  est  tombée  et  le  liquide^ 
reformé  se  résorbe  graduellement.  >  Ces  détails  étaient 
donnés  dans  la  leçon  du  23  juin  1888  ;  dans  les  leçons 
publiées  quelques  mois  plus  tard,  on  lit  en  note:  €  Les 
det;^  malades  sont  actuellement  guéris  (1).  >  Ces  deux 
derniers  faits  sont  des  plus  remarquables  et  suffiraient  à 
établir  l'efficacilé  de  la  méthode. 

J'ai  eu  moi-même  occasion  d'observer  dans  ces  derniers 
mois  plusieurs  pleurésies  que  j'ai  considérées  comme 
infectieuses  et  que  j'ai  traitées  par  la  méthode  des  injections 
Intrapleurales  antiseptiques.  C'est  à  Texoesé  de  ces  faits  et 
aux  conséquences  thérapeutiques  qui  en  aécoulent  que  cette 
communication  est  consacrée. 

Je  rapporterai  d'abord  avec  quelques  détails  trois  cas  de 

fileurésie  dont  les  caractères  singuliers  m'ont  vivement 
rappé  et  m'ont  conduit  à  les  considérer  comme  de  nature 
infectieuse  et  par  suite  à  recourir  à  un  traitement  anti- 
septique. En  effet,  bien  que  la  maladie  locale  ne  semblât 
présenter  rien  de  particulier,  l'intensité  de  la  fièvre  et  des 
autres  phénomènes  généraux,  la  prostration  des  malades, 
l'existence  de  quelaues  troubles  abdominaux,  dans  un  cas 
même  l'existence  ae  taches  rosées  lenticulaires,  etc., 
m'ont  fait  penser  que  ces  pleurésies  étaient  de  nature 
infectieuse,  que  peut-être  même  elles  étaient  comparables 
à  ces  formes  de  la  fièvre  typhoïde  qu'on  connaît  maintenant 
sous  le  nom  de  pneumotyphus,  et  que,  s'il  en  était  ainsi,  le 
nom  de  pleurotyphus  leur  serait  applicable.  L'observation 
attentive  et  suivie  de  ces  malades  m'avait  paru  et  me  paraît 
encore  justifier  l'interprétation  que  je  viens  d'indiiiuer;  et 
cependant  j'ai  hâte  d'ajouter  que  l'examen  bactériologique 
du  liquide  de  l'épanchement  par  le  procédé  des  cultures, 
pratiqué  dans  les  trois  cas  par  M.  Girode,  que  je  tiens  à 

(1)  Bouchard,  TtUrap,  det  maladiet  infeclieuiet;  antiiepHe.  Paris.  18B9. 
p.  299  et  suW. 


des  hôpitaux.  C'est  en  1886,  à  l'Exposition  d'hygiène  de  la 
caserne  Lobau,  que  les  premiers  ont  été  présentés;  ils  ont 
été  notablement  modifiés  depuis.  La  difficulté  est  ici  d'ob- 
tenir une  température  imméaiate  suffisante,  et  dans  un  bain 
de  lessive  assez  efGcace,  pouf  que  la  destruction  des  bacilles 
et  le  nettoyage  des  crachoirs  soient  très  rapides  et  complets. 
Une  installation  se  fait  en  ce  moment  dans  un  hôpital  de 
Paris,  qui  utilise  la  vapeur  de  la  chaudière  pour  la  faire 
parvenir  dans  les  crachoirs  déposés  dans  une  série  de  réci- 
pients en  forme  de  baignoires;  cette  installation  offre  de 
multiples  inconvénients;  l'opération  est  longue,  et  l'on  est 
obligé  de  promener  les  crachoirs  à  travers  l'hôpital.  Il  serait 
préférable  à  tous  égards  d'avoir  un  appareil  spécial  pouvant 
désinfecter  très  rapidement  tous  les  crachoirs  d'une  salle, 
et  placé  dans  la  cuisine  de  celle-ci;  c'est  ce  que  l'on  peut 
voir  réalisé  à  l'Exposition,  mais  non  malheureusement  dans 
la  partie  réservée  à  l'administration  de  l'Assistance  publique 
de  la  ville  de  Paris. 


Cette  administration,  d'ailleurs,  dont  l'exposition  eût  pu 
être  si  importante  et  si  belle  sans  grands  frais,  présente  un 
désordre  inimaginable  ;  tout  y  est  pêle-mêle,  et  c  est  à  grand 
peine  qu'on  y  reconnaît  les  quelques  dispositions  intéres- 
santes que  des  médecins  et  chirurgiens  se  sont  ingéniés  à 
réaliser  et  qu'ils  ont  eu  tant  de  mal  à  obtenir  dans  leur 
service.  C'est  ainsi  qu'on  voit  trois  ou  quatre  appareils  de 
plomberie  accolés  à  Tune  des  cloisons  et  une  ou  deux  tables  ; 
on  ne  se  douterait  guère  qu'ils  témoifçnent  des  efforts  faits 
dans  les  hôpitaux  de  Paris  pour  obtenir  l'antisepsie  chirur- 
gicale de  l'opéré,  du  matériel  et  de  la  salle  d'opérations  ; 
plus  loin,  on  nous  présente  comme  antiseptique  un  mobilier 
en  bois  non  verni  ni  même  métallisé!  Et  cependant  lorsque 
nous  aurons  à  parler  des  expositions  particulières  de  la 
classe  14,  nous  aurons  plaisir  à  faire  remarquer  l'intérêt 
des  efforts  individuels  de  nos  constructeurs,  guidés  partant 
de  praticiens  ingénieux  et  amoureux  du  progrès. 

{A  suivre.) 


480    —  N*  30  —        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  26  Juillet  1889 


remercier  de  son  utile  concours,  n'a  donné  que  des  résultats 
négatifs;  or  il  n*est  pas  douteux  que  la  constatation  du 
moindre  microbe  pathogène  eût  apporté  de  la  nature  infec- 
tieuse de  ces  pleurésies  une  preuve  plus  convaincante  que 
les  arguments  cliniques  les  plus  décisifs  en  apparence. 

Quoi  qu'il  en  soit,  guidé  par  cette  interprétation,  j'ai 
traité  ces  pleurésies  par  des  injections  antiseptiques  intra- 
pleurales,  et  ce  mode  de  traitement,  que  j'ai  employé  avec 
quelque  succès  dans  plusieurs  autres  cas  de  |)Ieurésie$  ou 
même  de  péritonites  secondaires,  m'a  paru  ici  donner  des 
résultats  que  je  considère  comme  satisfaisants:  les  trois 
malades  ont  guéri,  et  assurément  on  n'aurait  pu  affirmer  un 
pronostic  favorable  chez  aucun  d'eux  ;  l'issue  de  la  pleurésie 
en  tant  que  maladie  locale  a  de  même  été  heureuse  et 
cependant  il  semble  qu'on  dût  avoir  aussi  beaucoup  de 
craintes  sous  ce  rapport. 

Obs,  L  —  L...  (François),  âpé  de  quarante-trois  ans,  cocher, 
entre  dans  mon  service  de  Tbôpital  Beaujon  (salie  Monneret, 
n»  7)  le. 30  janvier  1889(1). 

C'est  un  homme  un  peu  grêle  d*apparence,  qui  a  cependant, 
parait-il,  une  bonne  santé  habituelle  et  n*a  jamais  eu  de  maladie 
sérieuse.  H  se  sentait  souffrant  depuis  une  quinzaine  de  jours  et 
éprouvait  surtout  du  mal  dans  la  bouche  et  dans  la  gorge  avec 
gène  de  la  mastication  et  de  la  déglutition;  il  avait  remarqué 
que  ses  g»»ncives  étaient  saignantes;  en  outre  depuis  quelaues 
jours  il  sentait  un  peu  de  fièvre  le  soir,  et  enfin  il  y  a  deux 
jours,  il  eut  un  point  de  côté  violent  à  la  base  de  la  poitrine  du 
côté  gauche  ;  ce  point  de  côté  persista  les  jours  suivants  et 
décida  le  malade  a  entrer  à  rhôpiial. 

Nous  constatons  l'existence  d  une  stomatite  et  surtout  d'une 
gingivite  caractérisée  par  un  état  fongueux  des  gencives  qui 
sont  exulcérées  à  leur  bord,  avec  enduit  grisâtre  sur  les  dents. 
Nous  trouvons  d'autre  part  du  côté  gauche  de  la  poitrine  tous 
les  signes  d'une  pleurésie,  accompagnée  dun  épanchement 
moyen  qui  s'élève  en  arrière  jusque  vers  l'angle  inférieur  de 
l'omoplate.  La  respiration  est  peu  gênée.  La  fièvre  est  assez  vive 
(temp.,  dB^'yô  la  veille  au  soir,  38%8  ce  matin).  Je  prescris  un 
gargarisme  au  borax  et  des  applications  de  poudre  de  borax  sur 
Je  bord  des  gencives,  des  badigeonnâmes  de  teinture  d'iode  sur 
le  côté  gauche  du  thorax;  régime  lacté  et  viande  crue. 

Dès  les  premiers  jours  nous  sommes  frappés  de  l'intensité  de 
la  fièvre,  qui  se  maintient  dans  Taisselle  entre  '^9  degrés  le 
matin  et  40  degrés  le  soir,  atteint  même  le  soir  du  cinauième 
jour  40*,8.  Cependant  la  douleur  de  côté  est  modérée,  répan- 
chf>ment  est  slationnaire,  l'état  de  la  bouche  s'est  amélioré,  les 
nuits  sont  assez  bonnes.  La  persistance  de  cette  fièvre  vive  nous 
fait  craindre  que  la  pleurésie  ne  soit  de  nature  infectieuse  et 
nous  nous  demandons  si  elle  ne  serait  pas  subordonnée  à  la 
stomatite  qui  existe  depuis  plus  de  quinze  jours  et  si  celle-ci 
n'aurait  pas  donné  lieu  à  quelque  foyer  infectieux  du  poumon 
qui  tiendrait  la  pleurésie  sous  sa  dépendance.  Cette  lésion  du 
poumon  serait  (Tailleurs  masquée  par  la  pleurésie  el  en  effet  il 
n'y  a  qu'une  expectoration  peu  abondante  de  crachats  muqueux 
sans  caractères  spéciaux. 

Le  8  février,  onzième  jour  depuis  le  début  des  signes  de  la 
pleurésie,  nous  relirons,  avec  la  seringue  de  Pravaz,  une  petite 
quantité  du  liquide  épanché  dans  la  plèvre,  liquide  clair  et 
transparent,  sans  trace  de  purulence,  et  M.  Girode  veut  bien  se 
charger  d'en  pratiquer  l'examen  bactériologique  au  moyen  des 
cultures.  Disons  tout  de  suite  que  ces  cultures  et  d'autres  qui  ont 
été  faites  au  cours  de  la  maladie  n'ont  donné  aucun  résultat,  le 
liquide  a  paru  stérile,  il  en  fut  de  même  pour  l'examen  des 
crachats. 

La  situation  reste  la  même  pendant  les  deux  jours  suivants  et 
la  fièvre  se  maintient  aussi  intense.  Dés  lors,  redoutant  l'évolu- 
tion ultérieure  de  cette  pleurésie  et  guidé  par  la  crainte  de  sa 
nature  infectieuse,  je  me  décidai  à  faire  pratiquer  dans  la 
plèvre  des  injections  d'une  solution  de  sublimé,  qui  auraient 
pour  effet  de  rendre  l'épanchement  aseptique  et  donneraient 
des  chances  qu'il  ne  se  reproduisit  pas  si  l'on  était  amené  à  en 
pratiquer  l'évacuation  complèle. 

Du  10  au  !22  février,  on  fit  avec  la  seringue  de  Pravaz  tous  les 
deux  jours  une  injection  de  liqueur  de  Yan  Swieten  ;  les  cinq 

(1)  Cette  observal)on  el  la  suivante  ont  été  rédiges  d'après  les  notes  prises  par 
M.  David,  externe  dn  service. 


premières  injections  furent  de  5  grammes  chacune  ;  le  résultât 
en  ayant  semblé  favorable,  les  deux  suivantes  furent  faites  avec 
7a%ô()  du  même  liquide.  En  même  temps  que  ces  injections, 
j'administrai  tous  les  jours  au  malade  six  doses  de  naphtol  dt^ 
z5  centifframmes;  dans  les  trois  derniers  jours,  le  n^phlol  fut 
remplace  par  le  salicylate  de  bismuth  à  cause  d'un  peu  de 
diarrhée  qui  était  survenue. 

Pendant  cette  période  de  traitement  la  situation  s'améliore  ;  la 
fièvre,  qui  jusque-là  se  tenait  entre  39  et  40  degrés,  s'abais>a 
graduellement  et  à  la  fin  {%i  et  ^  février),  elle  était  desceodae 
à  370,6  le  matin,  38%8  le  soir.  En  même  temps  les  signes  physi- 
ques indiquaient  une  diminution  sensible  dans  la  quantité  de 
1  épanchement:  on  entendait  des  frottements  dans  1  aisselle  et 
au  niveau  de  Tangle  inférieur  de  Tomoplate,  la  respiration 
demeurant  très  obscure  au-dessous  de  ce  point.  Le  24  février,  00 
ne  put  faire  l'injection  intrapleurale  parce  que  la  ponction  avec 
la  seringue  de  Pravaz  ne  permit  pas  de  ramener  la  plus  peliie 
quantité  de  liquide.  L*état  ^néral  s'améliorait  concurremment 
et  à  partir  du  td  j'ajoutais  un  degré  d'aliments  au  régime 
antérieur. 

Cependant  quatre  jours  après  la  cessation  des  injections  de 
sublimé,  la  fièvre  commençait  à  remonter  et  arrivait  après 
quatre  autres  jours  à  osciller  autour  de  39  degrés;  en  même 
temps  Tépanehement  s'était  un  peu  reproduit.  Aussi  le  5  mars, 
nous  reprenons  les  injections  de  sublimé,  et  quatre  jours  de 
suite,  on  introduit  5  grammes  de  liqueur  de  Van  Swieten  dan» 
la  plèvre;  nous  administrons  de  nouveau  le  naphtol  à  Tin térieor. 
Le  deuxième  et  le  troisième  jour,  la  fièvre  tombe  à  ST^'ySlf 
malin,  38<>j7  le  soir;  le  quatrième,  elle  s*éléve  à  38%6  le  malin, 
39^,8  le  soir,  sans  que  je  puisse  saisir  la  raison  de  cette  exacer- 
bation,  car  1  état  général  est  satisfaisant,  et  Tépanchement  paraît 
de  nouveau  résorbé,  on  entend  des  frottements  au-dessous  de 
Tangle  de  l'omoplate  et  devant  ce  signe  nous  interrompons  de 
nouveau  le  9  mars  les  injections  de  sublimé. 

A  partir  de  ce  moment,  Fétat  de  la  poitrine  ne  s^esl  plus 
modifié,  mais  la  fièvre,  qui  n'a  jamais  cessé  complètement,  a 
présenté  plusieurs  retours  pendant  un  mois  entier  que  nous 
avons  encore  gardé  le  malade  à  Thôpital;  le  sulfate  de  quinine 
donné  deux  ou  trois  jours  de  suite  abaissait  bien  un  peu  les 
températures,  mais  pas  d'une  façon  durable.  Et  cependant  i 
aucun  moment  je  n'ai  trouvé  aucun  signe  pouvant  se  rapporter 
à  la  tuberculose.  Du  reste,  en  dépit  de  celte  fièvre,  le  malade 
se  sentait  mieux,  Falimentation  pouvait  être  augmentée:  et 
enfin,  le  9  avril,  quoique  dans  les  jours  précédents  le  malade 
eût  encore  eu  des  températures  de  38  degrés  le  matin  et 
39  degrés  le  soir,  je  le  faisais  partir  en  convalescence  pour  Vin- 
cennes. 

Un  mois  plus  tard  (1!2  mai),  le  malade  est  revenu  nous  voir; 
son  état  général  est  excellent,  il  a  bonne  mine  et  ses  forces  sont 
satisfaisantes.  La  respiration  est  encore  un  peu  courte.  L'examen 
physique  de  la  poitrine  montre  seulement  un  peu  de  diminution 
de  la  sonorité  dans  la  moitié  inférieure  gauche  de  la  poitrine, 
et  au  même  niveau  un  léger  afifaiblissement  du  bruit  respira- 
toire. La  guérison  peut  être  considérée  comme  acquise. 

(A  9uivr^.) 


Pathologie  Inteme. 

Deux  observations  de  bronchites  syphilitiques 
CHEZ  des  adultes,  par  M.  le  docteur  Taberlet. 

Les  savantes  cliniques  de  M.  le  professeur  Dieulafoy, 
publiées  dans  la  Gazette  hebdomadaire  sur  la  syphilose 
des  voies  respiratoires,  nous  engagent  à  faire  connaître  deux 
observations  déjà  vieilles  de  bronchites  syphilitiques  chez 
des  adultes.  La  plupart  des  observations  de  syphilis  des 
poumons  publiées  par  Téminent  professeur,  ainsi  que  celles 
relatées  par  d'autres  observateurs,  ont  trait  à  des  cas  déj» 
avancés  de  syphilis  pulmonaire.  La  guérison  obtenue  cinq  à 
six  semaines  après  que  le  diagnostic  a  été  posé,  n'a  pas  eu 
lieii,  en  général,  sans  laisser  quelque  trace.  Il  est  assez 
difficile,  pour  peu  que  le  virus  ait  produit  des  désordres 
plus  ou  moins  nrofonds,  de  voir  revenir  ad  tn(«ytiim'^^ 
tissus  affectés.  Nous  pensons  qu'il  y  a  lieu  de  ne  négligea 


26  Juillet  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  30  -    481 


aucun  document  qui  pourrait  faciliter  le  diagnostic  précoce 
de  ces  affections. 

Les  deux  observations  qui  suivent  nous  ont  paru  pouvoir 
contribuer  à  l'avancement  de  cette  étude. 

Obs.  I.  —  A...,  trente-Quatre  ans,  pas  de  maladies  sérieuses, 
un  peu  d  eczéma  de  la  i'ace  dorsale  des  mains  au  retour  du 
printemps,  dans  sa  jeunesse,  lymphatisme,  muqueuses  actives, 
sécrétantes.  A  eu  un  chancre  induré  il  y  a  trois  ou  quatre  ans, 
avec  ses  conséquences  classiques,  de  moyenne  intensité,  s*csl 
traité  pendant  trois  à  quatre  mois.  Au  mois  d'octobre  18(39)  à  la 
suite  aun  coup  de  froid,  il  est  pris  de  bronchite  peu  intense. 
Malgré  les  soins  les  plus  attentifs,  la  bronchiie  reste  station- 
naire,  s*eiaspérant  par  la  fatigue  des  organes  malades  et  Texpo- 
sition  à  lair  froid.  Cette  affection  se  traîne  ainsi  pendant  neuf 
mois.  A  la  fin  de  juillet  1870,  je  fus  appelé  en  consullation. 
C'est  à  cette  époque  que  j'examinai  le  malade  pour  la  première 
fois.  A...  est  de  mes  amis  d  enfance.  Ses  ascendants  me  sont 
connus,  comme  les  miens  propres.  Cette  remarque  est  impor- 
tante à  faire  comme  on  va  voir.  Embonpoint  assez  bien  conservé, 
pouls  à  90,  appétit  très  médiocre,  langue  couverte  d'un  enduit 
noirâtre,  épais  et  humide.  Léger  embarras  gastrique.  Sur 
le  front,  à  la  naissance  des  cheveux,  nous  constatons  un  boulon 
d'acné  avec  teinte  rouge-jambon.  Deux  ou  trois  très  petits 
ganglions  cervicaux  à  peine  sensibles.  Toux  fréquente,  surtout 
après  avoir  parlé  quelques  instants.  Crachats  aboudants, 
muqueux,  ûlanls  et  difficiles  à  expectorer.  Etat  slationnaire, 
malgré  vésicaloires  répétés  et  potions  de  toute  sorte,  etc. 

A  lauscultation  en  arrière  on  entend  environ  dans  le  tiers 
supérieur  des  deux  poumons,  des  râles  sous-crêpitanls, 
nombreux,  fins,  et  dans  le  reste  des  poumons  les  râles  sont 
d'autant  plus  muqueu\,  gros  et  disséminés,  qu*on  se  rapproche 
des  bases.  Aucun  craquement,  expiration  a  peine  prolongée 
tout  à  fait  aux  sommets.  Même  auscultation  en  avant.  Tel  est 
très  sommairement  l*éiat  du  malade  à  cette  date. 

La  certitude  que  ni  les  antécédents  du  malade,  ni  ses  ascen- 
dants, ne  pouvaient  faire  songer  à  la  tuberculose,  Timpuissance 
de  tout  traitement  classique,  appliqué  avec  les  soins  les  plus 
attentifs,  Tappacition  d*un  regain  vérolique  visible  peu  douteux, 
après  un  traitement  insuffisant  ;  enfin,  la  conviction  que  la  syphilis 
en  ses  manifestations  capricieuses  ne  devait  pas  plus  épargner 
les  bronches  que  les  autres  organes,  nous  engagèrent  à  pro- 
poser le  traitement  antisyphilitique.  Cet  avis,  regardé  comme 
étrange,  ne  fut  pas  accepté.  Ce  ne  fut  que  neuf  mois  plus  tard, 
premiers  jours  de  septembre,  que  nous  fûmes  appelé  par  notre 
confrère  à  deux  heures  du  matin.  Nous  proposâmes  un  troisième 
confrère  qui  fut  aussitôt  accepté.  Nous  trouvâmes  le  malade  dans 
Tétat  sui\ant:  oppression  extrême,  cyanose  du  visaee,  des 
lèvres  et  du  cou,  expectoration  nulle,  voix  éteinte,  intelligence 
voilée,  les  bronches  étaient  absolument  remplies,  en  un  mot, 
asphyxie  lente  et  progressive.  Impossible  d'ausculter.  Le 
danger  nous  parut  imminent  â  tous  trois.  La  majorité  se  décida 
pour  un  vomitif  (tartre  slibié,  O^^Oi).  Le  bulbe  étant  déjà  sans 
réaction  suffisante,  le  vomissement  ne  se  produisit  pas^  il  fut 
remplacé  par  une  augmentation  de  congestion  et  d'asphyxie.  Les 
yeux  sortaient  presque  de  leur  orbite,  visage  extrêmement 
cyanose,  extrémités  froides,  sueurs  glacées.  Connaissance 
presque  perdue.  Le  malade  est  placé  â  la  hâte  sur  un  matelas 
ot  transporté  auprès  d'un  granu  feu.  Frictions  chaudes,  stimu- 
lantes. Nous  lui  raisons  une  première  application  du  marteau  de 
Mayor  sur  Fépigastre,  qui  n'est  point  ressentie.  Une  seconde 
application  fait  légèrement  contracter  le  diaphragme.  Une  troi- 
sième détermine  l'écoulement  par  la  commissure  labiale  d'un 
peu  de  mucosité  filante.  A  force  de  cordiaux,  de  frictions,  le 
malade  se  ranime  peu  à  peu,  la  respiration  se  rétablit  lente- 
ment. Nous  quittons  le  malade  à  huit  heures  du  malin  dans  un 
état  moins  desespéré.  A  dix  heures,  nouvelle  consultation  avec 
quatre  confrères.  L'avis  de  la  majorité  est  que  nous  avons  eu 
affaire  â  un  accès  pernicieux.  11  nous  fallut  déployer  les  plus 
grands  efforts  pour  faire  prédominer  la  pensée  que  la  longueur 
de  la  maladie  et  la  plénitude  de  l'arbre  bronchique  avaient  dû 
déterminer  une  paralysie  des  muscles  de  cet  organe  et  que 
Tasphyxie  en  avait  été  la  conséquence  toute  naturelle.  Nous 
fûmes  assez  heureux  pour  faire  accepter,  sous  bénéfice  d'inven- 
taire, le  traitement  que  nous  avions  préconisé  neuf  mois  aupa- 
ravant. Une  pilule  d'abord  et  deux  ensuite  d'iodure  de  mercure 
de  2  centigrammes  furent  administrées.  A  partir  de  ce  jour,  le 
malade  marcha  à  grands  pas  vers  sa  guérison.  Six  semaines 


après  il  était  guéri  de  sa  bronchite.  Il  resta  emphysémateux  et 
un  peu  asthmatique  à  la  montée  et  dans  les  grands  efforts 
musculaires. 

C'était  à  prévoir  après  dix-huit  mois  de  toux  et  de  bron- 
chite, qui  avaient  dû  laisser  quelque  dilatation  et  peut-être 
quelque  altération  de  tissus  à  la  suite  de  ce  long  travail 
dégénératif. 

La  deuxième  observation  est  celle  de  G...,  Irente-six  ans,  santé 
habituellement  très  bonne.  Aucune  maladie  sérieuse  auparavant. 
Père  fort  et  bien  portant,  mère  morte  jeune.  Le  malade  est 
replet,  avec  grande  tendance  à  la  polysarcie,  lymphatique, 
muqueuses  sécrétantes.  Angines  assez  fréquentes  par  le  froid 
humide.  Il  a  eu  un  chancre  induré  trois  ou  quatre  ans  aupa- 
ravant, soit  en  1869;  mal  de  gorge,  roséole,  suites  peu  sévères 
en  somme.  Traitement  pendant  deux  à  trois  mois.  En  1872,  â  la 
suite  d'un  refroidissement  probable,  le  malade  est  pris  d'une 
bronchite  catarrhale,  qu^il  soigne  d'une  manière  très  intermit- 
tente et  qui  s'exaspère  toujours  par  le  froid  humide  et  les  fati- 
gues de&  voies  respiratoires.  Le  malade  mange  assez  bien, 
dort,  sauf  matin  et  soir  une  toux  persistante  amenant  des 
ci:aciiats  abondants  de  mucosités  filantes.  Pas  de  douleurs  de 
tète.  II  est  dans  cet  état  depuis  quatorze  mois,  Tété  beaucoup 
mieux  que  l'hiver. 

C'est  â  la  suite  d'une  très  grande  fatigue  de3  voies  respira- 
toires, que  nous  nous  trouvons  avec  un  confrère,  un  peu  par  hasard, 
en  présence  du  malade,  toussant  et  crachant,  dans  l'hiver 
de  1873. 11  ne  présente  aucune  trace  récente  visible  de  syphilis. 
Sa  façon  de  tousser,  de  cracher,  son  aspect  extérieur,  nous 
rappelle  singulièrement  notre  premier  malade.  L'auscultation 
en  arrière  nous  fait  constater  aux  tiers  supérieurs  des  sommets, 
des  râles  sous-crépi  tan  ts  fins,  moins  nombreux  et  moins  bruyants 
que  chez  notre  premier  malade.  Ils  deviennent  plus  muqueux  et 
plus  disséminés  à  inesure  qu'on  descend  vers  les  bases.  Pas  de 
craquement,  pas  d'expiration  prolongée,  pas  de  fièvre,  un  peu 
d'anhélation,  léger  enduit  sur  la  langue.  Le  malade  se  plaint 
amèrement  de  ne  pouvoir  se  débarrasser  de  sa  bronchite,  qu'il 
nous  dit  durer  depuis  près  de  quinze  mois. 

Après  avoir  nettement  établi  les  antécédents  syphilitiques  et 
rinsuffisance  du  traitement,  étant  constatée  l'impuissance  de 
tout  traitement  classique  antérieur,  mal  suivie  du  reste,  nous 
proposons  le  mercure  et  Tiodure.  Notre  avis  n'est  pas  goûté  de 
notre  confrère,  qui  insiste  pour  envover  le  malade  tout  de  suite  à 
Amélie-les-Bains.  Nous  n'étions  ni  fun  ni  l'autre  les  médecins 
traitants.Lesdeuxmédecinsordinairesfurentmandés.  Un  seul  put 
venir;  il  accepta  facilement  notre  diagnostic,  et  par  conséquent 
notre  traitement,  qu'il  fut  chargé  de  suivre.  Dès  ce  jour,  la  gué- 
rison ne  se  fit  pas  attendre,  elle  fut  complète  en  six  semaines, 
avec  le  seul  traitement  spécifique  comme  dans  notre  premier 
cas.  G...  resta  un  peu  emphysémateux,  mais  â  un  bien  moindre 
degré  que  notre  premier  malade. 

Nous  ferons  remarquer  l'égale  distribution  des  râles 
dans  les  deux  poumons,  leur  intensité  dans  les  tiers  supé- 
rieurs et  leur  diminution  graduelle,  leur  transformation  en 
gros  râles  muqueux  à  mesure  qu'on  descend  vers  les  bases. 
En  général,  c'est  Tinverse  qui  se  passe  dans  les  bronchites 
ordinaires.  N*est-il  pas  possible  que  le  microbe  probable 
de  la  véi^ole  ait  une  prédilection  pour  les  sommets  chez 
l'homme,  précisément  parce  que  ces  portions  d'organes 
respirent  moins  activement  que  les  deux  autres  tiers? 
Peut-être  est-il  là  plus  â  Taise  pour  pulluler.  Peut-être 
aussi  en  serait-il  autrement  chez  la  femme,  qui  respire  par 
le  fait  du  corset  plus  activement  par  les  sommets. 

En  raison  de  ce  double  et  décisif  succès  par  le  traitement 
spécifique,  nous  n'avons  pas  hésité  à  maintenir  le  diagnostic 
de:  bronchites  syphiliques  chez  des  adultes. 

Évlan4efl>Bain8.  le  90  Juin  1889. 


482    —  N*  30  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


26  Juillet  1889 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Affections  stnalgiqdes  de  l'œil  (kératites  et  iritis). 
Leur  traitement  par  le  massage  des  points  synalgiqi  es, 
par  M.  Chibret,  —  «  Il  existe  des  affections  douloureuses 
de  l'œil,  que  Ton  peut  appeler  synalgiques.  Ces  affections, 
dont  j'ai  observé  et  suivi  huit  cas  en  une  année,  se  dis- 
tinguent des  affections  similaires  et  notamment  des  autres 
kératites  et  iritis,  de  la  façon  suivante  : 

«  1®  En  explorant  par  la  pression  digitale  les  émergences 
du  sus-orbitaire  et  des  brancties  du  nasal  externe,  on  trouve 
que  les  affections  synalgiques  de  l'œil  coïncident  constam- 
ment avec  la  sensibilité  plus  ou  moins  vive  de  ces  émer- 
gences à  la  pression.  Cette  pression  détermine  quelquefois 
une  douleur  intolérable. 

«  2"  Le  massage  des  émergences  nerveuses,  douloureuses 
à  la  pression,  constitue  un  traitement  sûr,  rapide  et  souvent 
unique  des  affections  synalgiques  de  l'œil. 

«  D'un  autre  côté,  ces  afiections  el  les  troubles  trophiques 
qu'elles  occasionnent  dans  la  cornée  ont  souvent  pour  con- 
séquence d'augmenter  la  réceptivité  microbienne  du  tissu 
cornéen.  Elles  sont  le  point  de  départ  de  la  gravité  d'un 
certain  nombre  de  kératites  infectieuses,  qui  progressent 
nialgré  l'antisepsie  et  s'arrêtent  quand  oii  y  ajoute  le  mas- 
sage. ^ 


Académie  de  médeelnc. 

SÉANCE  DU  23  juillet  1889.  —  présidence 

de  m.  MAURICE   PERRIN. 

M.  le  docleur  Jutt  Lucat^hampUmnière  se  porte  candidat  à  la  place  déclarco 
vacante  dans  la  secUon  de  médecine  opératoire. 

M.  le  docleur  Vidal  [LouU)  (à  Nissau,  Hérault)  enTote  un  Pli  cacheté,  dont  le 
dfip^t  est  accepté. 

M.  le  docteur  Deiauliére  (à  La  Machine,  Nièvre)  adresse  un  mémoire  manuscrit 
sur  let  leueorrhéet  normalet  et  pathologiques. 

M.  le  docleur  Manguat,  médecin-major  de  S*  classe,  envoie  une  Étude  tur  les 
eaux  thermales  de  Hamman-Rirha  (Algérie). 

M.  le  docteur  Bernard-Luguet,  médecin-major  de  i'*  classe  en  retraite,  adresse 
la  relation  manuscrite  d'une  épidémie  de  variole  qui  a  sévi  en  i8vS-18S9  aux 
aciéries  de  Uont-^aint-Martin  (Meurthe^t-Mûselle). 

U,.  le  docteur  SpeM  (à  Bruxelles)  envoie  un  Précis  d'exploration  clinique  el  de 
diagnostic  médical. 

M.  Laboulbine  dépose  un  mémoire  de  M.  le  docteur  Moura  sur  la  physiologie 
du  registre  plein  et  du  registre  aigu  de  la  voix  humaine,  dits  de  plain-ehant. 

M.  Uarty  présente  une  Note  de  M.  le  docteur  Bossano  (à  UarseiUe)  sur  les  pro- 
priétés tétanigires  du  sol  tous  diverses  latitudes. 

M.  Laneereaux  offre  la  seconde  partie  du  tome  III  de  son  TraUé  d'anatomie 
pathologique. 

M.  Vidal  fait  hommage,  au  nom  de  M.  Leloir  el  au  iien,  de  la  première  livraison 
do  leur  Traité  descriptif  des  maladies  de  la  peau,  symptomatùlogie  et  anatomie 
pathologique. 

If.  Hayem  offre  un  ouvrage  qu'il  vient  do  publier  sur  le  sang  et  ses  altérations 
anatomiques. 

Elections. — L'Académie  procède  aux  élections  de  deux 
correspondants  nationaux  dans  la  division  de  chirurgie. 

H.  le  docienr  Boiichacourt  (à  Lyon)  est  élu,  en  premier 
lieu,  par  37  voix  sur  58  votants,  contre  9  à  M.  Gayet(à 
Lyon),  6  à  M.  Pamard  (à  Avignon),  3  à  M.  Dezanneau  (à 
Angers),  2  à  M.  Duplouy  (à  Rochefort-sur-Mer)  et  1  à 
M.  Lanelongue  (à  Bordeaux). 

La  seconde  élection  nécessite  deux  tours  de  scrutin  :  au 
premier  tour,  M.  Gayet  obtient  33  voix  sur  67  votants, 
contre  20  à  M.  Lanelongue,  6  à  M.  Pamard,  4  à  H.  Dezao- 
neau  et  2  à  M.  Duplouy,  plus  1  bulletin  blanc  et  1  bulletin 
nul.  —  Au  second  tour,  M.  Gayet  est  élu  par  36  voix  sur 
o9  votants,  contre  20  à  M.  Lanelongue,  1  à  M.  Dezanneau, 
1  à  M.  Pamard,  plus  i  bulletin  blanc. 

Intoxication  arsenicale.  —  A  propos  de  la  communi- 
cation faite  dans  la  séance  du  2  juillet  par  MM.  Brouardel 


et  G.  Pouchet  sur  la  localisation  de  Tarsenic  dans  les  os  et 
Timportance  de  ce  fait  en  cas  d'empoisonnement  présumé, 
M.  Ballandy  correspondant  national,  écrit  que  H.  noussin  a 
signalé  cette  localisation  dans  un  mémoire  daté  de  18t)3, 
ainsi  que  la  substitution  de  cette  substance  au  phosphore 
dans  les  os  et  son  élimination. 

M.  Brouardel  fait  observer  qu'un  fait,  actuellement  admis 
par  tout  le  monde  depuis  sa  communication,  mais  qui  n'a- 
vait été  indiqué  dans  aucun  ouvra{>e  dé  médecine  légale, 
ressort  des  recherches  qu'il  a  enireprises  avec  M.  Pouchel, 
à  savoir  que  Tarsenic  se  retrouve  cinq  à  six  semaines 
encore  après  la  mort  dans  les  os,  et  surtout  dans  les  os 
spongieux.  On  devine  aisément  toute  Timportance  que  la 
médecine  légale  y  attache  ;  aucun  auteur  jusqu'ici  ne  l'avait 
signalé,  pas  plus  M.  Roussin,  qui  a  collaboré  à  Touvrage 
de  Tardieu,  que  d'autres  observateurs. 

M.  Armand  Gautier  ne  conteste  pas  ces  faits;  il  appelle 
seulement  l'attention  sur  la  nécessité,  avant  de  conciare 
que  l'arsenic  qui  se  trouve  dans  les  os  y  joue  le  rôle  du  phos- 
phore à  l'état  d'arséniate  remplaçant  les  phosphates,  de 
faire  cette  preuve  et  de  retirer  des  osTarséniate  Iribasique 
de  chaux.  Cette  preuve  n'a  encore  été  fournie  par  personne. 

Bibliographie  médicale.  —  L'Académie,  sur  le  rapport 
de  M.  Laboulbène,  vote  des  félicitations  et  des  remercie- 
ments à  M.  le  docteur  Costomiris  pour  ses  recherches 
bibliographiques  sur  les  écrits  encore  inédits  des  anciens 
médecins  grecs  et  sur  ceux  dont  le  texte  original  est  perdu, 
mais  qui  existent  en  latin  ou  en  arabe.  M.  Laboulbène  fail, 
dans  son  rapport,  l'énumération  de  ces  divers  ouvrages, 
retrouvés  dans  diverses  bibliothèques,  et  principalement  à 
la  Bibliothèque  nationale,  nar  M.  Costomiris.  Il  est  à  désirer 
que  ces  textes  encore  inéaits  des  anciens  médecins  grecs 
soient  bientôt  publiés. 

Fœtus  de  trente-trois  ans  dans  le  ve\trk  maternel. 
—  M.  Tarnier  présente  une  femme  qui,  depuis  trente-trois 
ans,  porte  dans  l'abdomen,  sans  en  avoir  jamais  éprouvé  la 
moindre  souffrance  et  avec  un  parfait  état  de  santé,  un  fœtus 
mort  à  terme  d'une  grossesse  extra-utérine.  La  palpalioii 

Eermet  parfaitement  de  reconnaître  les  positions  des  mera- 
res  et  de  la  tête  de  ce  fœtus,  couché  en  travers  du  ventre, 
au-dessus  et  au-dessous  de  l'ombilic. 

Endométrite  chronique. —  A  propos  du  mémoire  lu  celle 
année  à  l'Académie  par  M.  le  docteur  Dumontpallier  sur  le 
traitement  local  de  l'endométrite  chronique  par  un  crayon 
ou  une  flèche  de  pâte  au  chlorure  de  zinc  laissée  à  demeure 
dans  la  cavité  utérine,  M.  Polaillon^  chargé  de  faire  un 
rapport  sur  ce  mémoire,  fait  tout  d'abord  observer  que  dés 
1883  il  avait  employé  ce  procédé  dans  le  même  but. 

Le  procédé  opératoire  est  des  plus  simples.  Le  point  dif- 
ficile est  la  dimension  à  donner  à  la  tige  de  chlorure  dezinc. 
Si  l'utérus  est  tuméfié  et  comme  œdémateux,  si  les  orifices 
du  col  sont  larges,  si  les  sécrétions  muco-purulentes  sont 
abondantes,  s'il  y  a  des  métrorrhagies,  M.  Polaillon  emploie 
les  flèches  les  plus  grosses,  mais  dont  le  diamètre  n'excède 
Jamais  4  ou  5  millimètres  de  diamètre  au  maximum.  Si,  au 
contraire,  l'utérus  est  petit,  si  les  orifices  du  col  sont  élroits, 
si  la  sécrétion  catarrhale  est  modérée,  il  se  sert  des  ti^es 
les  plus  minces,  de  2  à  2  1/2  millimètres  de  diamètre.  Entre 
ces  limites,  toutes  les  grosseurs  sont  indiquées,  selon  les 
signes  cliniqjues  de  la  métrite.  Qua^t  à  la  longueur  de  la 
tige,  elle  doit  être  celle  de  la  cavité  cervico-utérine  mesurée 
avec  l'hystéromètre. 

Une  fois  introduite,  la  flèche  agit  immédiatement  sur  la 
muqueuse  par  le  chlorure  de  zinc  qu'elle  renferme.  En  sir 
ou  douze  heures  une  eschare  est  formée.  Au  boni  d'une 
semaine  environ,  cette  eschare  s'élimine,  soit  en  morceaux 
•désagrégés,  soit  en  bloc. 
\    Les  suites  de  l'opération  sont  toujours  d'une  grande  béni- 


26  Juillet  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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gnité.  La  douleur  de  la  cautérisation  est  nulle  ou  très  mo- 
dérée, selon  les  sujets.  Il  n'y  a  aucune  réaction  fébrile.  La 
patiente  doit  garder  le  lit  pendant  trois  jours.  Elle  doit 
encore  garder  le  repos  jusqu'à  ce  que  l'eschare  soit  éliminée. 
Le  traitement  consécutif  consiste  seulement  à  faire  exacte- 
ment des  injections  vaginales  antiseptiques.  Au  bout  de 
trois  semaines^  laguérison  est  obtenue.  Il  ne  reste  plus  ^u'à 
consolider  la  guj^rison  en  recommandant  des  précautions 
hygiéniques  et  en  instituant  un  traitement  général  fortifiant. 

La  proportion  des  malades  guéries  par  ce  procédé  est  très 
encourageante,  puisqu'elle  a  été  de  trente-huit  ou  quarante 
d'après  M.  Polaillon;  sans  doute  il  peut  y  avoir  des  récidives, 
si  repérée  continue  à  s'exposer  encore  aux  causes  qui  ont 
amené  une  première  fois  sa  métrite.  Mais  il  n'y  a  aucun 
traitement  connu  qui  mette  sûrement  à  l'abri  des  récidives. 
Sur  ces  trente-huit  guérisons,  M.  Polaillon  a'a  constaté  que 
trois  récidives,  ce  .qui  est  très  peu  pour  une  maladie  qui  se 
reproduit  si  facilement. 

On  s'est  demandé  quel  était  l'état  de  Tutérus  après  la 
cautérisation  par  les  Oèches  au  chlorure  de  zinc.  Le  réta- 
blissement normal  de  la  menstruation,  la  perméabilité  du 
col  et  de  la  cavité  à  Thystéromètre,  prouvent  que  l'utérus  a 
recouvré  son  intégrité  fonctionnelle.  Et  en  elTet,  M.  Du- 
montpallier  a  observé  un  commencement  de  grossesse  chez 
des  femmes  qu'il  avait  opérées.  Mais  l'atrésie  du  col  et 
l'oblitération  plus  ou  moins  complète  de  la  cavité  du  corps 
peut  être  la  conséquence  d'une  cautérisation  trop  forte.  Quel 
est  d'ailleurs  le  traitement  local  de  la  métrite  qui  n'expose 
pas  à  cet  accident? 

Les  récentes  recherches  du  professeur  Cornil  montrent 
que  les  altérations  de  la  muqueuse  dans  la  métrite  chro- 
nique sont  tellement  proTondes  qu'il  faut  enlever  cette  mu- 
queuse pour  se  mettre  dans  les  conditions  d'obtenir  une 
guérison.  Les  deux  procédés  les  pins  efficaces,  je  veux  par- 
ler de  l'écouvillonnage  et  du  curetage,  laissent  beaucoup  à 
désirer.  Or  ce  aue  ces  procédés  ne  peuvent  faire  dans  un 
grand  nombre  de  cas,  tout  au  moins  la  flèche  de  chlorure 
de  zinc  laissée  à  demeure  le  réalise  avec  une  sûreté,  une 
facilité  et  une  innocuité  incomparables.  Sans  faire  perdre 
une  goutte  de  sang,  sans  antisepsie  préalable,  sans  ctiloro- 
formisation,  sans  effrayer  par  l'appareil  d'une  opération 
importante,  elle  attaque  uniformément  les  couches  ramol- 
lies de  la  muqueuse,  les  vaisseaux  dilatés  et  les  glandes 
dégénérées,  en  faisant  pénétrer  le  chlorure  de  zinc  dans 
leurs  ramifications  les  plus  profondes.  Elle  épuise  son 
action  sur  les  tissus  malades,  et  respecte  pour  ainsi  dire 
automatiquement  les  tissus  sains,  parce  qu'ils  sont  plus 
durs.  Quand  on  compare  l'épaisseur  d'un  demi-centimètre 
à  un  centimètre  de  la  muqueuse  atteinte  d'inflammation 
chronique  avec  la  minceur  prescrite  des  flèches,  on  n'a 
plus  l'appréhension  que  cette  muqueuse  soit  frappée  de 
mort  jusque  dans  ses  couches  saines,  jusqu'au  tissu  mus- 
culaire sain. 

En  général,  toutes  les  endométrites  chroniques  avec 
lésions  anciennes  et  sécrétions  purulentes  ou  muco-puru- 
lentes,  toutes  les  endométrites  infectieuses,  toutes  les  en- 
dométrites hémorrhagiques,  même  toutes  les  hémorrhagies 
utérines,  sauf  celles  de  l'accouchement  et  des  gros  myômes, 
sont  justiciables  de  ce  procédé. 

Par  lui,  les  métrites  parenchymateuses,  qui  se  combinent 
presque  toujours  avec  une  endométrite,  sont  aussi  avanta- 
geusement modifiées  et  guéries.  Il  serait  probablement  de 
même  de  l'affection  que  M.  Polaillon  a  décrite  sous  le  nom 
de  gigantisme  utérin,  lorsque  cette  affection  est  encore  à 
son  début.  Mais,  dans  ce  cas,  le  traitement  est  plus  long  et 
plusieurs  applications  de  flèches  sont  souvent  nécessaires. 

Les  maladies  précédentes  ont  quelquefois  conduit  à  pra- 
tiquer l'hystérectomie  vaginale  ou  la  castration.  M.  Polail- 
lon pose  la  question  de  savoir  s'il  ne  vaudrait  pas  mieux, 
dans  ces  circonstances,  porter  la  cautérisation  avec  la  flèche . 


à  demeure  jusqu'à  détruire  toute  la  muqueuse,  jusqu'à 
attaquer  la  couche  musculaire,  de  manière  à  obtenir  un 
retrait  de  l'utérus  et  une  oblitération  cicatricielle  de  sa 
cavité.  Cette  cautérisation  oblitérante  ne  pourrait-elle  pas 
remplacer  beaucoup  d'hvstérectomies,  beaucoup  de  castra- 
lions?  Dans  deux  faits  d  oblitération  utérine,  M.  Polaillon 
n'a  vu  survenir  aucun  accident  du  côté  des  trompes  et  des 
ovaires.  - 

Chez  les  femmes  qui  ont  passé  l'âge  .de  la  ménopause,  le 
procédé  de  la  flèche  à  demeure  peut  être  appliqué  très  lar- 
gement. Au  contraire,  M.  Polaillon  recommande  la  plus 
grande  prudence  dans  son  application  chez  les  femmes  qui 
sont  dans  la  période  de  la  vie  où  elles  peuvent  concevoir. 
Ce  précepte  étant  bien  établi,  il  ne  faut  pas  accuser  incon- 
sidérément la  cautérisation  par  la  flèche  à  demeure  de  cau- 
ser la  stérilité.  Toutes  les  jeunes  femmes  affectées  d'endo- 
métrite  chronique  sont  stériles.  Elles  resteront  stériles  si 
on  ne  la  traite  pas,  et  de  plus  elles  continueront  à  souffrir. 
Le  traitement  qui  les  guérit  de  leur  métrite  ne  leur  rend 
pas  toujours  l'aptitude  à  devenir  mères.  Il  les  met  seulement 
dans  de  bonnes  conditions  pour  qu'une  grossesse  puisse  se 
produire.  C'est  évidemment  tout  ce  qu'il  peut  promettre  à 
cet  égard. 

La  métrite  aiguë  simple  est  une  conire-iadicatiou  de  la 
flèche  à  demeure.  Il  n'est  pas  nécessaire  d'y  recourir  pour 
une  maladie  qui  guérira  par  le  repos,  quelques  narcotiques, 
quelques  émollients,  quelques  injections  modificatrices 
intra-utérines.  M.  Polaillon  condamne  l'abus  que  l'on  pour- 
rail  faire  de  ce  procédé,  en  raison  même  de  la  facilité  de 
son  application.  Mais,  si  la  métrite  aiguë  est  de  nature 
blennorrhagiaue  ou  infectieuse,  il  importe  d'arrêter  radica- 
lement le  mal  afin  de  prévenir  son  extension  aux  trompes. 
Or  rien  ne  saurait  mieux  atteindre  le  but  que  la  cautérisa- 
tion avec  la  flèche  de  chlorure  de  zine,  qui  est  l'agent  anti- 
septique par  excellence. 

Une  autre  considération,  ou  plutôt  une  cause  d'échec, 
est  l'existence  d'une  ovarile  ou  d'une  ovaro-salpingite  com- 
pliquant la  métrite.  Celte  dernière  n'est  pas  aggravée  par  la 
cautérisation  de  la  flèche  à  demeure,  elle  est  même  amé- 
liorée momentanément,  puis  la  maladie  reprend  son  cours. 
L'inflammation  utérine  est  alors  sous  la  dépendance  ie  l'af- 
fection des  annexes.  Elle  se  perpétuera  tant  que  ceux-ci 
seront  altérés,  et  c'est  contre  eux  qu'il  faut  porter  l'effort  du 
traitement. 

—  L'Académie  se  forme  ensuite  en  comité  secret,  afin 
d'entendre  la  lecture  d'un  rapport  de  M.  Bucquoy  sur  les 
candidats  au  titre  de  correspondant  étranger  dans  la  pre- 
mière section  (médecine).  La  liste  de  présentation  est 
dressée  comme  il  suit  :  l'M.  Rommelaere  (à  Bruxelles); 
2"  M.  Sydney  Ringer  (à  Londres);  3*»  M.  Van  den  Corput 
(à  Bruxelles)  ;  4"  M.  Moncorvo  (à  Rio-de-Janeiro). 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  30  juillet  est  fixé  ainsi 
qu'il  suit  :  Communications  de  H.  Mcsnei  sur  l'hypno- 
tisme, et  de  M.  Constantin  Paul;  2"  Discussion  sur  le  chlo- 
roforme et  l'anesthésie  (inscrits  :  MM.  Laborde  et  Chau- 
veau)\  3"*  Lecture  par  M.  le  docteur  Michon  sur  les  anesthé- 
siques. 


Soelélé  de  ehlrari^e. 

SÉANCE  DU  17  JUILLET  1889.— PRÉSIDENCE  DE  M.  LE  DENTU. 

Oastro-antèrotomie  :  mc.  Poisl,  Mbnod.  —  Saroomo  do  l'orbite  : 
M.  Monod.  —  NApbreotoxDie  pour  relo  karstique  :  M.  Monod.  — 
Traitement  de  Vongle  lnoam6  :  M.  Th.  Anger.  -^  Glrrhoee  oalou- 
leuee  de  la  glande  ■ous-mazlllalre  :  M.  Berger. 

M.  Pozzi  a  pratiqué  il  y  a  deux  ans  une  gastro-entéroto^ 
mie  sur  la  demande  expresse  du  malade,  qui  d'ailleurs  est 
mort  en  quelques  heures.  Il  a  opéré  comme  Wœlfler-Bill- 


48*    —  N*  30  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


26  Juillet  1889 


roth,  et  en  particulier  a  fixé  à  la  partie  postérieure  de  Tes- 
tomac  l'anse  intestinale,  passée  à  travers  une  nerforation 
faite  au  mésocôlun  transverse.  Lorsque  en  efTet  1  anse  passe 
en  avant  du  côlon,  il  est  à  craindre  qu'elle  ne  se  bride  et 
ne  gène  ainsi  le  cours  des  matières.  Le  procédé  de  sutures 
donné  par  M.  Roux  a  été  décrit  en  1886  par  Barker.  Enfin 
M.  Pozzi  signale  une  observation  de  curetlage  d'un  cancer 
du  pylore  par  Bernays  (de  Saint-Louis)^  publié  dans  les 
Annah  ofSurgery  de  1887. 

M.  Monod  a  volontairement  laissé  dans  l'ombre  certains 
détails  de  technique  La  perforation  du  mésocôlon  trans- 
verse  est  de  Courvoisier  (ueBâle)et  non  de  Biilrolh.  Mais 
Lûcke  n'a  pas  eu  recours  à  cetle  manœuvre  et  n'en  a  eu 
aucun  inconvénient.  Parmi  les  petites  manœuvres  acces- 
soires, on  a  inventé  plusieurs  procédés  pour  confectionner 
h  l'orifice  un  clapet  empêchant  le  refiux  des  matières  intes- 
tinales dans  l'estomac;  mais,  jusqu'à  nouvel  ordre,  on  y 
rénonce  en  général,  car  il  faut  avant  tout  opérer  avec  ra- 
pidité. 

—  M.  Monod  a  présenté,  dans  la  dernière  séance,  une 
malade  atteinte  de  goitre  unilatéral  avec  exophthalmie  de 
ce  côté.  Plusieurs  des  membres  ne  croyaient  pas  à  l'existence 
d'une  tumeur  oculaire,  vers  laquelle  penchait  M.  Monod. 
M.  Trélaty  lui  aussi,  en  admettait  l'existence,  car  la  vision 
était  anéantie.  Or  il  n'y  avait  aucun  phénomène  intra-crâ- 
nien,  donc  il  s'agissait  d'une  tumeur  dure  de  l'orbite. 
U.  Monod  a  opéré  et  a  trouvé,  en  efTet,  un  sarcome  rétro- 
oculaire. 

Sur  l'initiative  de  M.  Després,  une  courte  discussion  s'en- 

Sige  sur  le  cancer  primitif  du  corps  thyroïde,  auquel 
.  Després  ne  croit  pas.  Dans  l'espèce,  personne  n'avait 
d'ailleurs  songé  au  cancer  pour  ce  goitre,  qui  date  de  vingt 
ans  et  depuis  quinze  ans  est  absolument  slationnaire. 

—  M.  Monod  présente  un  rein  polykystique  qu'il  a  ex- 
tirpé en  le  morcelant,  après  avoir  reconnu  Timpossibilité 
de  la  néphrectomie  qu'il  désirait  pratiquer.  La  malade  jus- 
qu'à présent  va  bien»  mais  il  faut  attendre  encore  avant  de 
la  considérer  comme  un  succès  opératoire,  qui  serait  le  pre- 
mier pour  rein  polykystique. 

—  M.  TA.  Anaer  décrit  son  procédé  opératoire  pour 
Vongle  incarné.  Avec  un  couteau  long  et  étroit,  il  fait  par 
transfixion  un  lambeau  longitudinal  prenant  le  bord  de  Tor- 
teil  parallèlement  au  bourrelet.  La  base  est  au  niveau  de 
l'articulaiion  phalango-phalangetienne  :  elle  doit  être  aussi 
large  que  possible.  L'extrémité  libre  est  en  avant.  Ce  lam- 
beau une  fois  rabattu  en  arrière,  un  fort  coup  de  scalpel  est 
donné  contre  la  £ice  latérale  de  la  phalange  allant  jusqu'à 
l'os  qu'il  entame  même.  Ainsi  sont  enlevés  et  le  bourrelet 
fongueux  et  une  languette  longitudinale  de  l'ongle,  avec  la 
partie  correspondante  de  la  lunule,  si,  chose  indispensable, 
cette  décortication  prend  toute  la  longueur  de  la  phalange. 
Le  lambeau  est  alors  appliqué  sur  la  surface  osseuse  dénu- 
dée et  fixé  par  une  circulaire  de  diachylon.  Sur  cent  dix- 
sept  opérations  ainsi  conduites,  M.  An^er  n'a  pas  eu  un  seul 
échec.  Il  a  observé  une  lymphangite.  Sept  fois  la  pointe  du 
lambeau  s'est  sphacelée.  L'opération  se  fait  après  une  anes- 
thésie  par  réfrigération,  mais  le  mélange  de  glace  et  de  sel 
n'est  laissé  autour  de  l'orteil  qu'une  minute,  une  minute  un 
quart,  et  non  cinq  minutes,  comme  le  disait  Velpeau. 

—  M.  Berger  fait  une  communication  sur  les  altérations 
die  la  glande  sous  »  maxillaire  consécutivement  à  la 
lithiase  salivaire.  Deux  observations  sont  publiées,  par 
Terrier  en  1874  et  par  Darcy  Power  en  1888,  où  la  glande 
indurée  a  été  enlevée  comme  cancéreuse,  alors  qu'il  s'agis- 
sait d'une  sclérose  d'origine  calculeuse.  M.  Berger  relate 
un  fait  analogue  sur  un  homme  d'une  cinquantaine  d-an- 
nées,  atteint  depuis  cinq  à  six  ans  d'une  grosseur  sus-hyoï- 
dienne, devenue  depuis  quelque  temps  plus  dure  et  surtout 


douloureuse.  Les  élancements  douloureux  survenaient  sur- 
tout aux  heures  du  repas.  Il  y  avait,  en  effet,  une  lithiase 
évidente  du  canal  de  Warlhon  :  le  malade  avait  craché  de 
petits  calculs,  et  le  stylet  sentait  une  concrétion  dans  le 
canal.  On  sentait  en  outre  à  la  région  sus-hyoldienne  (ei 
l'on  se  la  renvoyait  au  plancher  de  la  bouche)  une  tumeur 
arrondie,  grosse  comme  une  noisette,  d'une  dureté  pier- 
reuse :  un  calcul,  sans  doute.  Or  Tincision  montra  qu'il 
s'agissait  non  pas  d'un  calcul,  mais  d'une  glande  indun-e 
(calculeuse  d'ailleurs)  qui  fut  extirpée.  L'examen  hislolo- 
gique  pratiqué  par  M.  Pilliet  a  révélé  trois  faits  :  1*  les  con- 
duits excréteurs  sont  universellement  et  uniformémeiil 
dilatés;  2*  la  substance  sécrétante,  épithéliale,  et  la  struc- 
ture lobulaire,  glandulaire  ont  disparu;  3'  il  y  a  une  sclé- 
rose interstitielle,  par  formation  conjonctive  adulte  daus 
les  points  les  plus  anciens,  par  infiltration  de  cellules  em- 
bryonnaires dans  les  plus  récents.  Cette  infiltration  se  fait 
surtout  le  long  des  vaisseaux  et  nerfs,  à  la  façon  de  lésions 
microbiennes,  et  quoiaue  les  coupes  n'aient  pas  laissé  voir 
de  micro-organismes,  M.  Pilliet  croit  volontiers  à  leur  inter- 
vention. Or  cela  va  bien  avec  nos  connaissances  sur  la 
pathologie  générale  des  glandes.  En  1876.  par  ligature  do 
cholédoque,  de  l'uretère,  Charcot  et  Gombault  ont  obtenu 
et  la  dilatation  de  canaux  excréteui*s  et  la  cirrhose.  Mais 
depuis,  en  1883,  Straus  et  Germent  ont  constaté  que  la 
dilatation  est  le  seul  résultat  de  la  ligature  aseptique;  a 
l'adjonction  d'un  processus  microbien  ressortissent  les 
lésions  de  cirrhose.  Dans  ses  études  récentes  sur  le  rein 
des  urinaires,  Albarran  est  arrivé  au  même  résultat.  Au 
point  de  vue  ])ratique,  ce  fait  a  de  Tintérèt  pour  le  diagnos- 
tic entre  ces  indurations  et  le  cailler;  mais,  en  tout  cas. 
l'ablation  totale  est  indiquée. 

M.  Després  rappelle  que,  dans  la  thèse  de  Thomas  de 
Closmadeuc,  il  y  a  deux  ou  trois  observations  où  Tindura- 
tion  n'a  pas  cédé  à  l'extraction  du  calcul. 

A.  Broca. 


Soelélé  de  biologie. 

SÉANCE   DU   13  JUILLET  1889.  —  PRÉSIDEiNGE 
DE   M.   DUMOiNTPALLIEIt. 

Question  de  priorité  mir  la  déooaTerta  du  passage  da  virus  ohar- 
|)onneuc  de  la  mère  au  fostus  :  MM.  Perronoito  et  Straus.  —  Sur 
les  résidus  d'orge  germé  oomme  miUeu  de  culture  pour  lea  ml- 
orobes  :  M.  O.  Roux.  —  Sur  une  modification  de  l'albumine  des 
œufs  :  M.  Tarcbanoff.  —  Sur  les  centres  psycho-moteurs  des 
nouveau-nés  :  M.  P.  Langlois.  ~  Sur  une  anomalie  des  oeufs  de 
poule  :  M.  Sernard.  —  Représentation  graphique  du  régime  de  la 
sardine  sur  les  oôtes  de  France  :  M.  Pouohet. 

M.  Perroncito  a  envoyé  au  Président  un  numéro  de  la 
Gazetta  piemontese^  dans  lequel  il  a  indiqué  le  passage  du 
virus  charbonneux  de  la  mère  au  fœtus,  avant  la  communi- 
cation de  H.  Straus  sur  ce  sujet. 

M.  Straus  répond,  comme  il  l'a  déjà  fait,  qu*il  n^  s'a^^'il 
là  que  d'une  simple  phrase,  d'une  afOrmation  sans  preuves 
sans  fait  précis,  qui  ne  peut  nullement  constituer  une  dé- 
couverte scientifique. 

—  M.  G,  Roux  a  observé  que  les  résidus  d'orge  germé 
provenant  des  brasseries  donnent  d'excellents  bouillons  de 
culture  pour  les  microbes.  Gélatinisés,  ils  perniellent  un 
riche  développement  des  streplococcus  qui  se  cultivent  très 
mal  dans  les  autres  milieux  gélalinisés. 

—  M.  Tarchanoffy  en  observant  l'albumine  des  (f\xhàe 
différents  oiseaux,  a  pu  en  distinguer  deux  espèces.  Chez  les 
oiseaux  dont  les  petits  naissent  imparfaitement  développés 
l'albumine  des  œufs,  en  se  coagulant  par  la  chaleur,  reste 
transparente;  chez  ceux  dont  les  petits  sont  aptes  à  «^(^ 


36  Juillet  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


.— N*30—    485 


nourrir  dès  Téclosion,  comme  la  poule,  Talbumine  cuite, 
on  le  sait,  est  complètement  opaque.  Cette  albumine  trans- 
parente est  ^t^uie  digestion  beaucoup  plus  facile  que  Talbu- 
mine  ordinaire,  en  laquelle  elle  se  transforme  peu  à  peu 
pendant  Tincubation.  A  aucun  moment  la  sécrétion  de  Tovi- 
.ducte  de  la  poule  n'affecte  la  forme  d'albumine  transpa- 
rente, mais  on  peut  transformer  le  blanc  d'un  œuf  de  poule 
en  albumine  transparente,  si  on  place  Tœuf  entier  pendant 
deux  jours  dans  une  solution  à  10  pour  100  de  soude  ou  de 
potasse.  Le  produit  ainsi  obtenu  se  rapproche  beaucoup 
des  albuminates  alcalins  de  Lieberkûhn., 

Cette  forme  d'albumine,  à  cause  de  sa  très  facile  digestion, 
peut  rendre  de  grands  services  dans  Talimentation  des 
malades. 

—  M.  P.  Langlois  a  repris  les  expériences  de  M.  Tar- 
chanofif,  qui  avait  démontré  l'existence  de  la  faculté  psycho- 
motrice dans  les  cerveaux  des  cobayes  nouveau-nés.  Non 
seulement  il  a  pu  reconnaître  aussi  l'existence  de  cette 
faculté,  mais  il  a  même  pu  localiser  quelques  centres,  dont 
le  plus  net  est  celui  de  la  mastication.  Ces  localisations 
peuvent  être  reconnues  déjà  douze  à  quinze  heures  après 
la  naissance,  mais  elles  s'accentuent  de  plus  en  plus  avec 
l'âge. 

—  M.  Poucfiet  présente  une  note  de  M.  Bernard  sur  les 
œufs  sans  vitellus.  M.  Bernard  a  observé  une  poule  qui  n'a 
jamais  pondu  que  des  œufs  sans  vitellus,  et  pourtant,  à  l'au- 
topsie, il  a  pu  constater  que  l'ovaire  était  normal  et  en  pleine 
activité. 

M.  Pouchet  rappelle  qu'avec  M.  Raphaël  Blanchanl,  en 
observant  un  œuf  sans  jaune,  il  avait  retrouvé,  au  milieu  de 
l'albumine,  la  membrane  vitelline  crevée  et  vidée. 

—  M.  Pouchet  présente  en  son  nom  un  tableau  gra- 
phique du  régime  de  la  sardine  sur  les  côtes  de  France.  Ce 
tableau,  construit  sur  les  statistiques  commerciales,  met 
bien  en  relief  un  certain  nombre  de  particularités  que 
M.  Pouchet  a  déjà  eu  l'occasion  de  signaler. 


SÉANCE  DU  20  JUILLET  1889.  —  PRÉSIDENCE 
.     DE  M.  DUMONTPALLIER. 

M.  Lapieque  :  Recherches  sar  la  proportion  de  fer  dans  la  rate  et  le 
foie  des  jeunes  animaux.  —  M.  Gourmont  :  Note  sur  le  nouveau 
bacille  de  la  tuberculose  ohez  le  bœuf.  —  M.  Laulanld  :  Sur  le 
mécanisme  de  l'arrÀt  de  la  respiration  par  l'excitation  du  bout 
périphérique  du  vague.  —  M.  Dastre  :  Remarques  sur  les  aooidents 
de  l'anesthésie  ohloroformique. 

M.  Lapieque  avait  signalé  dans  une  précédente  commu- 
nication que  la  rate  des  chiens  nouveau-nés  est  pauvre  en 
fer.  Des  aosages  qu'il  a  faits  sur  des  rates  de  chiens  de  diffé- 
rents âges,  il  résulte  que  la  quantité  de  fer  reste  faibledans 
cet  organe  pendant  des  mois  après  la  naissance  ;  le  fer  ne 
s'y  accumule  que  peu  à  peu  pendant  la  vie. 

Des  injections  intraveineuses  d'eau  distillée,  pratiquées 
sur  de  jeunes  lapins,  dans  le  but  de  voir  si  la  destruction 
des  globules  sanguins  augmente  cette  quantité,  n'ont  jus- 
qu'ici donné  que  des  résultats  incertains. 

Il  a  retrouvé  nettement  dans  le  foie  des  jeunes  animaux 
la  réserve  de  fer  signalée  par  Zaleski.  Cette  réserve  dispa- 
raît assez  vite  durant  les  premiers  temps  de  la  vie  extra- 
utérine. 

—  M.  Chauveau  présente  une  note  de  M.  Courmont  rnii  a 
continué  ses  recherches  sur  le  nouveau  bacille  delà  tuber- 
culose découvert  par  lui  chez  le  bœuf.  Ce  microbe  inoculé 
à  des  lapins  provoque  des  lésions  caractéristiques  de  tuber- 
culose et  peut  être  retrouvé  dans  le  sang  de  l'animal. 

Chez  le  cobaye  ce  même  microbe  pullule  dans  le  sang  et 
amène  la  mort  sans  provoquer  la  formation  de  tubercules. 
Mais  si  on  inocule  de  vieilles  cultures  à  des  cobayes,  on 


obtient  l'inversion  des  effets  précédents  ;  les  cobayes  devien- 
nent tuberculeux,  et  les  lapins  inoculés  avec  les  microbes' 
provenant  de  ces  cobayes,  meurent  sans  présenter  de  tuber- 
cules. 

—  M.  Chauveau  présente  également  une  nouvelle  note  de 
M.  Laulanié  sur  les  effets  de  l'excitation  du  bout  périphé- 
rique du  vague.  M.  Laulanié,  qui  explique  les  moditications 
respiratoires  observées  dans  ce  cas  par  une  anémie  bulbaire 
cherche  à  démontrer  son  hypothèse  en  provoquant  l'anémie 
bulbaire  par  un  procédé  mécanique. 

—  U.  Dastre,  passant  en  revue  les  accidents  que  peut  pro- 
voquer le  chloroforme,  les  classe  de  la  façon  suivante.  Il  y 
a  (Tun  côté  la  mort  par  intoxication  chloroformique  propre- 
ment dite,  qui  résulte  de  l'emploi  d'une  dose  exagérée. 
Dans  ce  cas,  la  respiration  s'arrête  avant  le  cœur.  Aucune 
précaution  dans  le  mode  opératoire  ne  peut  empêcher  la 
mort,  du  moment  qu'on  atteint  la  dose  toxique. 

De  l'autre  côté,  il  y  a  les  syncopes  se  produisant  acciden- 
tellement pendant  le  cours  de  la  chloroformisation,  avant 
3u'on  ait  atteint  la  dose  toxique.  Ces  accidents,  ceux  du 
ébut,  résultant  de  l'irritation  du  trijumeau,  conime  ceux 
de  la  seconde  période,  résultant  d'une  augmentation  de 
l'excitabilité  du  pneumo-gastrique  ou  d'une  autre  cause  in- 
connue, peuvent  et  par  conséquent  doivent  être  évités. 

M.  Dastre  rappelle  qu'il  a  indiqué,  avec  M.  Morat,  les 
iniections  préalables  d'iitropo-morphine  comme  le  plus  sûr 
moyen  d'éviter  ces  accidents.  Il  applique  cette  méthode 
depuis  plusieurs  années  dans  un  laboratoire,  et  il  n'a  jamais 
eu  de  mécompte.  On  sait  pourtant  que  le  chien  est  bien 

tlus  exposé  que  l'homme  aux  accidents  chloroformiques. 
es  chirurgiens  de  Lyon  s'en  sont  aussi  servis  avec  succès 
dans  leur  pratique  journalière. 

En  résumé,  M.  Dcistre  pense  que  l'avenir  de  l'anesthésie 
n'est  pas  dans  la  découverte  d'un  nouvel  agent,  mais 
bien  dans  l'emploi  combiné  de  plusieui*s  médicaments. 


Société  de  thérapeattqae. 

SÉANCE  DU  10  JUILLET  1889.  —  PRÉSIDENCE  DE  M.  FERNET. 

Des  injections  intra-pulxiiOD aires  de  naphtol  camphré  dans  la  tuber- 
culose pulmonaire  :  M.  Femet  (Disoussion  :  MM.  Dujardin^ 
Beaumets,  Constantin  Paul,  Olmbert,  Crèqny). 

M.  Femet  lit  un  travail  sur  les  injections  de  naphtol 
camphré  dans  le  Irailemeut  de  la  tuberculose  pulmonaire. 
11  rappelle  d'abord  les  résultats  heureux  communiqués  par 
lui  à  la  Société  et  obtenus  au  moyeu  du  naphtol  camphré, 
dans  le  traitement  des  tuberculoses  locales,  particulièrement 
des  ulcérations  tuberculeuses  de  la  langue.  Encouragé  par 
ces  premiers  succès,  il  a  cherché  de  nouvelles  applications 
de  cette  méthode.  C'est  ainsi  qu'il  a  modifié  rapidement  et 
favoi*ablement,  par  les  injections  intra-parenchymateuses 
de  naphtol  camphré,  des  ganglions  scrofulo-tuberculeux,  en 
intervenant  avant  qu'ils  fussent  ramollis.  L'observation  de 
ces  faits  lui  suggéra  l'idée  d'applinuer  ce  traitement  local  à 
la  tuberculose  pulmonaire,  tn  effet,  les  disséminations 
tuberculeuses  dans  le  poumon,  restant,  dans  la  plupart  des 
cas,  localisées  pendant  un  temps  plus  ou  moins  long  en  un 
point  limité  de  l'organe,  il  lui  semblait  logique  de  tenter 
une  action  sur  le  premier  foyer  de  la  maladie,  sans  toute- 
fois négliger  les  indications  concernant  l'état  général  des 
malades,  ni  dédaigner  les  bons  résultats  de  l'emploi  des 
antiseptiques  comme  médication  générale  ou  comme  médi- 
cation locale  introduits  par  le«  viies  respiratoires.  Bon 
nombre  d*auteurs,  du  reste,  avaient  eu  auparavant  les 
mêmes  préoccupations,  comme  en  émoignent  les  tentatives 
faites  par  Kocher,  Mosler  (drainage  des  cavernes  tubercu- 
leuses), Pepper,  Robinson,  Truc,  Lépine,  Gouguenheim, 


486    —  N«  30  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


26  Juillet  1880 


Schmidt  (injections  intra-parencbymaleases  de  solutions 
iodo-iodurées,  ou  de  créosote,  ou  de  sublimé).  Mais  ces 
expériences  avaient  surtout  {)Our  but  d'agir  sur  la  suppura- 
tion qui  survient  dans  Fintérieur  des  cavernes  pulmonaires. 
M.  Fernet  a  pensé  quelenapbtol  agirait  favorablement  sur 
la  lésion  tuberculeuse  elle-même,  en  vertu  de  ses  propriétés 
antiseptiques  et  aussi  en  provoquant  au  sein  des  tissus  des 
phénomènes  d'irritation,  suivis  de  sclérose. 

Dans  cet  ordre  d'idées,  il  a  fait  quarante  et  une  injections 
inlra-parenchymateuses  de  naphtol  camphré,  chez  quatre 
malades,  tuberculeux  au  deuiième  degré,  et  qui  présen- 
taient des  lésions  de  ramollissement  aux  deux  sommets, 
accompagnées  d'une  petite  excavation  dans  un  cas.  Les 
injections  ont  été  faites  une  ou  deux  fois  par  semaine  avec 
la  seringue  de  Pravaz,  munie  d'une  aiguille  plus  longue 
que  l'aiguille  ordinaire.  Chaque  fois  on  a  injecté  15  centi- 
grammes de  naphtol  camphré,  soit  5  centigrammes  de 
naphtol  ^  pur.  L'aiguille  était  introduite  dans  le  premier  ou 
le  deuxième  espace  intercostal,  à  égale  distance  environ  du 
bord  du  sternum  et  de  la  ligne  axillaire;  après  s'être  assuré 
qu'aucun  vaisseau  du  poumon  n'était  lésé,  on  poussait 
Tinjection  de  naphtol  avec  toutes  les  précautions  voulues. 

Sur  les  quarante  et  une  injections,  vingt-deux  n'ont  été 
suivies  d'aucun  accident;  après  les  autres,  sont  survenus 

Juelques  phénomènes  dignes  d'attention:  tantôt  ce  fut  une 
ouleur  légère  sur  le  trajet  du  cubital,  tantôt  une  toux 
quinteuse,  probablement  due  à  la  pénétration  de  vapeur  de 
camphre  dans  les  bronches,  tantôt  une  légère  hémoptysie, 
caractérisée  par  ^uel^ues  filets  de  sang  dans  les  crachats, 
sauf  une  seule  fois  ou  le  sang  rendu  a  été  assez  abondant 
pour  remplir  le  fond  d'un  crachoir.  Une  seule  fois  l'auscul- 
tation révéla  des  signes  qui  firent  penser  à  un  pneumo- 
thorax ankysté  du  sommet,  mais  ils  disparurent  rapidement  ; 
aussi  ne  croit-on  pas  réellement,  dans  ce  cas,  à  la  produc- 
tion de  cet  accident. 

Au  point  de  vue  des  résultats  définitifs,  chez  ces  quatre 
malades,  trois  ont  été  notablement  améliorés;  le  quatrième 
a  quitté  l'hôpital  dans  un  état  médiocre,  mais  chez  lui  les 
lésions  étaient  déjà  assez  avancées  au  moment  où  fut  com- 
mencé le  traitement.  Chez  tous,  l'expectoration  avait  nota- 
blement diminué  et  de  muco-purulente  elle  était  devenue 
muaueuse;  les  signes  physiques  s'étaient  considérablement 
moclifiés.  En  résumé,  résultats  assez  satisfaisants;  cependant 
quelques  inconvénients,  dus  sans  doute  aux  propriétés  irri- 
tantes du  camphre,  doivent  être  évités.  Les  injections  intra- 
pulmonaires  méritent  d'être  poursuivies,  mais  il  reste 
encore  à  déterminer  le  liquide  qu'on  pourrait  injecter. 

M.  Dujardin-Beaumetz  considère  comme  mauvaise  au 
point  de  vue  du  traitement  de  la  tuberculose  la  méthode 
de  M.  Fernet,  qui  a  modifié  seulement  l'expectoration. 
Il  se  demande  pourquoi  on  cherche  à  introduire  dans  le 
poumon  des  substances  irritantes  au  lieu  de  se  servir  de  la 
peau  pour  y  faire  pénétrer  des  médicaments?  Les  injections 
sous-cutanées  de  créosote,  d'eucalyptol,  produisent  les 
mêmes  résultats,  sans  entraîner  les  mêmes  inconvénients. 
D'ailleurs,  la  plus  grande  partie  des  microbes  est  placée, 
au  début,  sous  l'épilnélium  pulmonaire  ;  il  Hiut  donc,  pour 
pénétrer  jusqu'à  eux,  que  les  antiseptiques  introduits, 
suivant  le  procédé  de  M.  Fernet,  traversent  d'abord  cet 
épithélium,  ce  qui  constitue  déjà  une  condition  désavan- 
tageuse. 

M.  Constantin  Paul  étudie  depuis  longtemps  la  question 
de  l'antisepsie  par  les  voies  aériennes  ;  pour  lui,  les 
substances  introduites  par  les  injections  s'éliminent  pro- 
bablement par  les  parties  saines  du  poumon  et  non  par  les 
parties  malades.  Dans  la  méthode  de  M.  Fernet,  le  médi- 
cament est  porté  directement  dans  les  parties  malades  ;  il 
faut  chercher  alors  si  le  terrain  de  culture  est  modifié;  il  y 
aurait  lieu,  à  ce  sujet,  d'étudier  séparément  chacun  des 


antiseptiques,   l'action  de  ces  substances  variant  suivant 
les  microoes  auxquelles  elles  s'adressent. 

M.  Gimberl  a  employé  le  naphtol  a  en  injections  hui- 
leuses sous-cutanées  ;  quant  à  lui,  il  ne  croit  pas  aux  résul- 
tats de  l'injection  intra-pulmonaire.  Les  injections  sous- 
cutanées  lui  ont,  au  contraire,  donné  d'excellents  résultats; 
c'est  ainsi  qu'entre  autres  il  cite  un  malade  qui  a  été  posi- 
tivement guéri  au  bout  d'un  mois  de  traitement  pendant 
lesquels  il  lui  a  fait  onze  injections.  Dans  sa  méthode,  ce 
méaicament  pénètre  dans  le  poumon  de  dedans  en  dehors, 

Sourquoi  la  remplacer  par  une  autre  qui  n'est  pas  exemple 
e  dangers? 

M.  Fernet.  D'après  M.  Beaumetz,  l'organisme,  chez  les 
tuberculeux,  étant  infecté  dans  sa  totalité,  il  vaudrait  mieux, 
chez  eux,  agir  par  des  antiseptiques  généraux  que  par  des 
antiseptiques  locaux.  Cependant,  dans  les  cas  d'infection 
purulente,  où  plusieurs  jointures,  par  exemple,  sont 
atteintes,  les  chirurgiens,  au  lieu  d'employer  l'antisepsie 
générale,  agissent  localement.  Dans  la  tuberculose  localisée 
à  un  organe  ou  à  une  partie  d'organe,  pourquoi  ne  pas  agir 
sur  la  partie  malade  plutôt  que  sur  tout  l'organisme  en 
général?  L'objectif  de  M.  Beaumetz  est  d'employer  un  anti- 
septique général  qui  agisse  localement;  le  mien  est  d'agir 
directement  sur  le  microbe;  n'est-il  pas  légitimé  par  la 
résolution  rapide  des  ganglions  caséo-tuberculeux  qu'on 
obtient  en  y  injectant  du  naphtol  ou  de  l'huile  créosotée? 
Jusqu'ici,  pour  la  tuberculose  pulmonaire  comme  pour  les 
maladies  du  ventre,  on  ne  recherchait  que  des  remèdes 
généraux,  parce  qu'on  n*osait  toucher  au  poumon,  pas  plus 
qu'aux  organes  abdominaux. 

M.  Beaufnetz.  Nous  guérissons  les  tuberculoses  locales, 
il  est  vrai,  mais  seulement  quand  nous  intervenons  à  temps, 
de  même  que  dans  le  charbon.  Mais  les  conditions  sont 
toutes  différentes  quand  nous  avons  affaire  au  poumon,  qui 
n'est  qu'un  organe  vasculaire  que  traverse  tout  le  sang  de 
l'économie.  Par  suite  de  cette  disposition,  l'organisme, 
dans  la  tuberculose  pulmonaire,  est  envahi  tout  entier! 
Aussi,  je  ne  crois  guère  aux  médications  antiparasitaires 
dans  cette  maladie;  je  crois  seulement  à  la  possibilité 
de  modifier  le  terrain,  et,  même  si  on  voulait  agir  sur  le 
bacille,  mieux  vaudrait  introduire  le  médicament  par  la  voie 
sanguine  que  directement  dans  le  poumon. 

M.  Créquy.  Si  l'infection  de  l'organisme  est  aussi  géné- 
rale que  le  dit  H.  Beaumetz  dans  la  tuberculose  pulmo- 
naire, pourquoi  celle-ci  se  localise-t-elle  si  fréquemment 
au  poumon? 

M.  Constantin  Paul.  L'évolution  de  la  phthisie  diffère 
suivant  que  le  bacille  rencontre  ou  non  un  terrain  favorable 
à  son  développement.  Or,  pouvons-nous  rendre  le  terrain 
réfractaire  à  la  culture  ?  En  tout  cas,  en  introduisant  le 
médicament  par  les  voies  aériennes,  on  agit  plus  sûrement 
que  par  les  voies  internes,  ce  dernier  procédé  ne  permettant 
1  élimination  que  par  les  parties  saines. 

M.  Fernet.  Contrairement  à  l'opinion  de  M.  Beaumetz,  je 
crois  que  beaucoup  de  tuberculoses  pulmonaires  sont  des 
lésions  localisées  sans  infection  générale  et  qu'en  consé- 
quence il  y  a  intérêt  à  agir  directement  contre  la  lésion 
avant  qu'elle  soit  généralisée.  Si  on  perfectionnait  la 
technique  des  injections  intra-parenchymateuses,  si  on 
emplopit  un  médicament  moins  irritant,  la  méthode  serait 
à  la  fois  inoffensive  et  efficace. 


La  séance  est  levée  à  six  heures. 


Georges  Baudouin. 


26  Juillet  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        —  N'  30  —    487 


REVUE  DES  JOURNAUX 

THÉRAPEUTIQUE. 

IMi'sInial*  daB0  le  traitement  de  l'épllepsle,  par  M.  AlleN 
Starr.  —  Il  y  a  un  an,  M.  H.  While  (de  Londres)  annonçait  qu  il 
avait  obtenu  de  bons  effets  de  ce  médicament  contre  les  attaques 
d*épilepsie.  H  en  avait  fait  usage  sous  la  forme  de  teinture,  pré- 
parée avec  la  graine  du  fruit  de  Capparis  coriacea. 

M.  Allen  Starr  â  essayé,  lui  aussi,  ce  même  médicament  dans 
différentes  formes  d*épil«psie  H  a  constaté  son  impuissance  contre 
les  attaques  d'hystéro-épilepsie  et  dans  l'état  hystérique.  Il  n'atté- 
nue ni  la  fréquence,  ni  l'intensité  du  petit  mal,  ou  de  Tépilepsic 
procursive.  S'il  paraît  diminuer  la  violence  du  grand  mal,  il  n'est 
cependant  pas  supérieur  aux  bromures  et  ne  peut  les  remplacer. 
Cependant  on  peut  admettre  l'utilité  de  sa  présence  dans  les 
cas  où  pour  une  raison  quelconque  on  est  obligé  d'interrompre 
ou  de  cesser  la  médication  bromurée.  (The  N.  Y.  med.  Record, 
i\  mai  1889.) 

De  la  tkérapeatlqne  «énérale  des  naladles  mentalrs,  par 
M.  Clouston.  —  La  première  indication  n'est  pas  tant  d  avoir 
recours  au  traitement  médicamenteux  que  prescrire  Talimen- 
talion  suffisante  pour  restaurer  l'énergie  du  système  nerveux  et 
régulariser  la  nutrition.  Il  faut  exercer  les  muscles  et  augmenter 
par  une  sorte  d'entraînement  Tintérêl  que  le  malade  prend  à  se 
diriger  lui-même  et  à  tout  ce  qui  l'entoure  dans  le  monde  exté- 
rieur. 

Avant  de  prescrire  les  médicaments  hypnotiques  et  sédatifs, 
il  convient  de  se  demander  s'il  peut  les  tolérer  sans  troubles 
fonctionnels,  et  si  ces  médicaments  ne  feront  pas  par  leur  action 
obstacle  à  une  amélioration  ou  à  uneguérison  spontanées.  11  faut 
aussi  tenir  compte  des  phénomènes  produits  au  moment  du  réveil 
et  enfin  se  demander  quelle  est  Taccoutumance  du  malade  pour 
ces  remèdes. 

Dans  raliénalion  mentale,  la  thérapeutique  doit  être  expéri- 
mentale. De  temps  en  temps,  il  convient  de  suspendre  l'emploi 
des  médicaments  pour  mieux  juger  de  leur  effet;  enfin,  d'après 
M.  Clouston,  il  faut  toujours  éviter  la  nartotisatîon  des  aliénés. 
{American  Journal  of  the  med,  sciences,  avril  1889.) 


BIBLIOGRAPHIE 

Lrçone  da  mardi  h  la  Salpétrière  t  ProfesSCUr  M.  ChARCOT 

(Policlinique  1887-1888).  Notes  de  cours  de  MM.  Blin, 
Jean  Charcot,  Henri  Colin,  élèves  du  service. —  Parih, 
1888,  aux  bureaux  du  Progrès  médical  et  chez  E.  Lc- 
crosnier  et  Babé. 

Depuis  cinq  ou  six  ans  environ,  il  existe  à  la  Salpêlrière 
un  service  de  consultations  externes  où  les  malades  viennent 
en  grand  nombre.  Le  professeur  Charcot  a  profilé  de  l'oc- 
;  casion  pour  fonder  un  cours  de  policlinique',  où  les  élèves 
sont  peut-être  encore  plus  assidus  que  les  malades.  Chaque 
semaine,  le  mardi,  une  leçon  est  consacrée  à  Texamen  et  ù 
l'interrogatoire  public  des  sujets  venus  du  dehors.  Inutile  de 
dire  si  celle  leçon  hebdomadaire  est  inslruclive  à  tous 
égards.  Jusqu'à  ces  dernières  années,  la  clinique  neuro- 
palhologique  de  la  Salpèlrière  n*avait  utilisé  nue  les  res- 
sources de  la  maison.  C'était  déjà  beaucoup,  d'autant  que 
rien  n'était  perdu  ;  mais  ces  ressources  consistaient  à  ûcu 
près  exclusivement  en  maladies  chroniques  ou  séniles.  Les 
observations,  rédigées  par  plusieurs  générations  d'élèves, 
embrassaient  des  périodes  de  huit,  dix,  quinze  ans,  quel- 
quefois davantage;  elles  se  terminaient  toutes  par  une 
autopsie.  C'était  le  beau  temps  de  Tanatomie  pathologique. 

Grâce  au  nouveau  service  de  consultation,  l'enseigne- 
ment clinique  de  la  Salpèlrière  s'est  enrichi  de  tous  les  cas 
—  et  ce  sont  les  plus  nombreux  —  pour  lesquels  les  malades 


ne  sont  pas  condamnés  à  terminer  leurs  jours  dans  un  asile. 
Il  y  a  des  ataxiaues,  des  épileptiques,  des  chroniques,  voire 
même  des  paralytiques  qui  vivent  d'une  vie  à  peu  près  nor- 
male, qui  vont  et  viennent,  qui  vaquent  à  leurs  affaires. 
Ces  malades,  au  point  de  vue  clinique  comme  à  tous  les 
autres  points  de  vue,  diffèrent  considérablement  des  ataxi- 
ques,  des  épileptiques,  des  choréiques,  des  hémiplégiques 
hospitalisés.  Cette  nouvelle  clientèle  a  donc  formé  un  nou- 
veau matériel  d'étude;  et  de  ce  fait  renseignement  lui- 
même  a  subi  des  modifications  notables. 

Mais  si  renseignement  s'est  modifié,  la  méthode  est  restée 
la  même,  et  cette  méthode,  chacun  la  connaît.  Le  profes- 
seur Charcôt  ne  cesse  de  répéter  qu'il  veut  que  ses  leçons 
soient  avant  tout  des  leçons  de  choses.  L'expression  a,  en 
général,  une  acception  plus  modeste.  La  leçon  de  choses, 
cliniquement  pariant,  équivaut  à  une  démonstration,  c'est- 
à-dire  à  une  leçon  où  le  professeur  montre  des  choses  que 
les  élèves  regardent.  M.  Charcot  (gui  est  sans  doute  un 
«  visuel  »)  estime  qu'il  ne  suffit  pas  cl'en tendre  et  qu'il  faul 
voir.  Assurément  il  y  a  des  leçons  cliniques,  où  le  malade 
est  absent,  où  les  auditeurs  sont  nombreux,  et  qu'on  a 
grand  plaisir  à  écouter.  Mais  c'est  un  peu  comme  une  mu- 
sique agréable  au'on  écoulerait  de  la  loge  des  aveugles. 
N'est-il  pas  évident  que  pour  qu'une  leçon  clinique  soit 
profilable,  il  faut  (jue  le  malade  y  figure?  Une  clinique 
suppose  uD  lit,  un  ht  occupé  par  un  malade.  Quand  la  leçon 
clinique  a  lieu  dans  un  amphithéâtre,  si  le  malade  n'y  est 

f^as,  la  leçon  n'est  qu*un  discours.  Dans  la  plupart  des 
acuités  étrangères,  le  malade  est  amené  dans  l'amphi- 
théâtre. L'amphithéâtre  lui-même  suppose  non  seulement 
des  spectateurs,  mais  une  scène  et  des  acteurs.  Ce  n'est  pas 
le  professeur  qui  est  l'acteur  principal,  c'est  le  malade.  Le 
professeur  a  un  rôle  effacé  ;  c  est  un  confident.  Il  pourrait 
prononcer  sa  leçon,  sans  être  vu,  à  la  cantonade. 

Pour  ceux  qui  ne  peuvent  jouir  du  spectacle,  la  lecture 
du  dialogue  est  préférable  encore  à  l'exposé  le  plus  complet 
et  le  mieux  présenté  du  malade  absent.  L'interrogatoire  du 
malade  |)ar  le  professeur  sera  toujours  la  meilleure  des 
leçons  cliniques.  C'est  en  assistant  à  cet  interrogatoire  que 
rélève  apprend  comment  on  fait  un  diagnostic,  lin  profes- 
seur de  mathématiques,  pour  enseigner  à  ses  élèves  le 
moyen  de  résoudre  un  problème,  ne  se  contente  pas  de  leur 
énoncer  la  formule  du  problème  résolu.  Il  en  est  de  même 
pour  les  problèmes  de  la  clinique.  Il  y  a  ime  manière  d'in- 
terroger qu'on  n'apprend  au'à  la  condition  d'entendre  les 
questions  et  les  réponses.  Mémo  dans  le  cas  où  l'interro- 
gateur ferait  fausse  route,  la  leçon  serait  encore  bonne,  car 
les  paroles  du  malade  contiennent  toujours  un  enseigne- 
ment. Elles  se  gravent  dans  la  mémoire  d'autant  plus  pro^ 
fondement  qu'elles  sont  plus  spontanées,  plus  sincères, 
plus  pittoresques. 

Ce  sont  ces  dialogues  sténographiés,  avec  les  commen- 
taires qui  les  accompagnent,  qiixe  les  externes  du  service, 
MM.  Jean  Charcot,  Colin  et  Blin  ont  eu  la  bonne  inspira- 
tion de  publier.  Yoilà  des  externes  rares  et  à  qui  l'on  ne 
saurait  ménager  les  éloges.  L'idée  était  trop  bonne  pour 
que  le  professeur  les  empêchât  de  la  mettre  à  exécution. 

La  première  année  des  Leçons  du  mardi  forme  un 
volume  de  600  pages.  Presque  tous  les  cas  de  la  clientèle 
nerveuse  y  sont  passés  en  revue,  l'étude  ayant  porté  sur  un 
chiffre  de  cent  quinze  malades.  Quelques  sujets  ont  été, 
grâce  aux  circonstances,  traités  avec  plus  de  développe- 
ments. Nous  citerons  dans  le  nombre  l'ataxie  fruste,  la 
maladie  de  Friedreich,  la  sciatique,  les  vertiges,  les  trem- 
blements, l'hystérie  traumalique,  enfin  et  surtout  la  neu- 
raslbéniOp  dont  on  ne  trouverait  nulle  part  une  histoire 
plus  détaillée  et  plus  précise. 

Un  second  volume  est  en  cours  de  publication.  Les  noms 
des  mêmes  externes  figut*ent  sur  la  première  page.  C'est 
une  garantie  de  succès. 


488    —  N*  30  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  26  Juillet  1889 


VARIÉTÉS 

L'enseignement  supérieur  en  province.  Annales  de 
l'enseignement  supérieur  de  Grenoble.  —  Les  Facullés 
et  l'Ecole  de  médecine  de  Grenoble  viennent  de  fonder  un 
nouveau  recueil  qui  paraîtra  trois  fois  par  an  et  qui  a  pour 
but  de  réunir  les  travaux  personnels  des  membres  de  ren- 
seignement supérieur  grenoblois  afin  de  montrer  Tactivité 
scientifique  et  la  solidarité  universitaire  du  corps  profes- 
soral. De  larges  subventions  promises  par  TElat,  le  Conseil 
général  et  la  municipalité,  permettront  sans  doute  aux  fon- 
dateurs de  ces  annales  de  les  faire  prospérer.  Le  premier 
fascicule  que  nous  recevons  aujourd'hui  est  imprimé  avec 
beaucoup  de  soin  et  les  mémoires  qu'il  contient  prouvent 
l'empressement  avec  lequel  les  professeurs  de  Grenoble  ont 
répondu  à  l'appel  du  comité  de  rédaction.  Nous  y  signalerons 
un  très  intéressant  travail  de  M.  le  docteur  Montaz,  profes- 
seur à  l'Ecole  de  médecine,  sur  un  nouveau  procédé  de 
restauration  du  nez  à  la  suite  de  difformités  dues  à  la 
syphilis  et  un  mémoire  de  M.  le  docteur  Gallois  sur 
Yemploi  thérapeutique  du  fluorure  de  bore. 


Conseil  d'hygiène  et  dk  salubiuté  de  la  Seine.  —  Dans  sa 
dernière  séance  le  Conseil  a  adopté  les  conclusions  d*UD  rapport 
de  M.  le  docteur  Dujardin-Beaumelx,  relativement  à  laction 
désinfectanle  de  lacide  sulfureux. 

l.es  expériences  ont  été  faites  au  laboratoire  de  bactériologie 
de  Ibôpltal  Cochin,  par  MM.Dubief  et  Bruhl,  internes  des  hôpi- 
taux, sous  la  direction  de  M.  le  docteur  Dujardin-Beaumetz. 
Elles  ont  permis  d*établir  les  propositions  suivantes,  qui  sont  la 
conclusion  du  rapport  : 

l^*  Le  gaz  sulfureux  a  une  action  microbicide  des  plus  évi- 
dentes sur  les  germes  contenus  dans  Tatmosphère  ; 

i°  Cette  action  s'exerce  le  plus  activement  en  présence  de  la 
vapeur  d'eau  ; 

3^  L*action  du  f&z  sulfureux  s'exerce  d  une  façon  manifeste  sur 
les  germes  parfaitement  desséchés; 

Âf"  L'action  du  gaz  sulfureux  dans  Fair  se  fait  surtout  sentir 
sur  les  germes  des  bactéries  ;  il  semble  respecter,  dans  une 
certaine  mesure,  les  spores  cryptogamiques,  moins  sensibles  aux 
acides  dilués. 

Il  y  a  donc  lieu  de  maintenir  jusqu'à  nouvel  ordre  Tacide 
sulfureux  comme  désinfectant. 

La  seconde  partie  du  travail  de  MM.  Dubief  et  Bruhl  sera  con- 
sacrée à  rétude  de  Faction  de  Facide  sulfureux  sur  les  germes 
lui  vivent  sur  les  murs;  elle  contiendra  également  Findication 
Tun  moyen  pratique  <2e  sulfuration  et  d'humidification  simul- 
tanées de  Fatmosphère,  ainsi  que  les  quantités  d'acide  sulfureux 
nécessaires  pour  arriver  à  une  désinfection  efRcace. 

La  troisième  partie  comparera  les  résultats  donnés  par  Facide 
sulfureux  à  ceux  des  autres  désinfectants. 

Dans  cette  même  séance,  le  Conseil  d^hygiène  a  entendu  un 
autre  rapport  de  M.  le  docteur  Dujardin-Beaumetz.  relatif  à  un 
cas  de  rage,  suivi  de  mort.  11  s'agit  d'un  garçon  boucher  qui, 
léché  à  la  main  par  un  chien  enragé,  a  succombé  le  17  mai 
dernier,  alors  qu  un  enfant  mordu  la  veille  par  le  même  chien, 
mais  traité  immédiatement  à  Finstitut  Pasteur,  est  resté  en 
excellent  état  de  santé.  La  sécurité  trompeuse  dans  laquelle 
se  trouvait  le  garçon  boucher,  en  raison  de  Fabsence  de  toute 
morsure  profonde,  Fa  empêché  d'avoir  recours  au  traitement 
pastorien  qui,  appliaué  à  Fenfant  mordu  par  le  même  chien,  a 
préservé  ce  dernier  ae  la  rage. 


ï 


Hôpitaux  de  Paris.  Concours  pour  Vinternal,  —  L'ouverture 
au  concours  pour  les  prix  de  Fexternat  et  la  nomination  des 
internes  aura  lieu  le  lundi  21  octobre,  à  midi  précis. 

MM.  les  élèves  externes  en  médecine  et  en  chirurgie  de 
deuxième  et  troisième  année  sont  prévenus  qu'en  exécution  du 
règlement,  ils  sont  tous  tenus  de  prendre  part  au  concours  des 
prix,  sous  peine  d'être  rayés  des  cadres  des  élèves  des  hôpitaux 
et  hospices. 

Les  élèves  seront  admis  à  se  faire  inscrire  au  secrétariat 
général  de  Fadministralion,  tous  les  jours,  les  dimanches  et  fêtes 


exceptés,  de  onze  heures  à  trois  heures,  depuis  le  lundi  9  sep- 
tembre jusqu'au  samedi  5  octobre  inclusivement. 

—  Concours  pour  la  nomination  aux  places  (Célète% 
externes  en  médecine  et  en  chirurgie  vacantes  en  1890.  ~ 
L'ouverture  du  concours  pour  Fexternat  aura  lieu  le  mercredi 
^  octobre,  à  quatre  heures  précises^  dans  Famphitbéâtre  de 
l'administration  centrale,  avenue  Victoria,  n**  3. 

Les  étudiants  (jui  désireront  prendre  part  à  ce  concours  seront 
admis  à  se  faire  inscrire  au  secrétariat  général  de  Fadministra- 
tion,  tous  les  jours,  les  dimanches  et  fôtes  exceptés,  de  oni^ 
heures  à  trois  heures,  depuis  le  lundi  9  septembre  jusqu'au 
samedi  5  octobre,  inclusivement. 

Faculté  de  mbdecinb  oe  Paris.  —  M.  le  docteur  Blocq  est 
nommé  préparateur  de  la  chaire  de  clinioue  des  maladies  du 
système  nerveux,  en  remplacement  de  M.  Marie,  appelé  à 
d  autres  fonctions. 

HÔPITAUX  DE  Bordeaux.  —  Le  concours  pour  deux  places  d'in- 
terne, ouvert  à  Fhôpital  Saint-Jean,  s'est  terminé  par  la  nomi- 
nation de  MM.  Sternberg  et  Vigneron. 

Faculté  de  médecine  de  Lille.  —  M.  Tavernier  est  maintenu 
dans  les  fonctions  d'aide  de  clinique  des  maladies  culaoépsd 
syphilitiques. 

École  de  médecine  de  Marseille.  —  M.  le  docteur  Laplaoe 
est  institué,  pour  une  période  de  neuf  ans,  suppléant  des  cbaires 
de  pathologie  et  de  clinique  médicale. 

Bureaux  de  bienfaisance.  —  Un  concours  public  est  caveri 
par  la  Ville  de  Paris  sur  ce  sujet  :  De  Vor^anisation  an 
bureaux  de  bienfaisance  et  du  service  médical  et  pharmaceu- 
tique pour  le  traitement  des  indigents. 

Les  manuscrits  devront  être  adressés  avant  le  l""  novembre  188!< 
à  l'administration  générale  de  FAssistance  publique,  3,  avenue 
Victoria,  Paris.  L'auteur  du  manuscrit  classé  premier  recevra 
une  récompense  de  1000  francs.  Son  manuscrit  sera  imprimé  par 
les  soins  du  Conseil  municipal,  l/auteur  du  manuscrit  classé 
deuxième,  recevra  une  somme  de  5U0  francs. 

Le  jury  se  composera  de  six  membres  désignés  par  le  Conseil 
municipal,  de  trois  membres  élus  par  les  concurrents,  du  direc> 
teur  de  FAssistance  publique  et  d'un  médecin  des  hôpitaux 
désigné  par  le  Conseil  de  surveillance  de  FAssistance  publique. 


NÉCROLOGIE.  —  Nous  avous  le  \if  regret  d'annoncer  la  mort 
inattendue  et  prémuturée  de  M.  le  docteur  Raoul  Mesnet,  fils  de 
notre  savant  et  sympathique  confrère  M.  le  docteur  Mespet, 
médecin  de  FHôlel-Dteu  et  membre  de  FAcadémie  de  médecine. 
M.  le  docteur  Mesnet  a  succombé  à  Fâge  de  trente-cinq  ans  aui 
suites  d'une  fièvre  typhoïde;  de  M.  le  docteur  Carrière,  ancien 
interne  des  hôpitaux,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  trésorier 
de  la  Société  clinique  de  Paris  ;  de  M.  le  docteur  P.  Cattelan,  de 
Langon  (Gironde);  de  M.  Bocttuet,  externe  des  hôpitaux,  morti 
la  suite  d'une  piqûre  anatomique;  de  M.  Vilimiésie,  étudiant  à 
Marseille. 

Mortalité  a  Paris  i!2o'  semalue,  du  7  au  13  juillet 
1889.  —  Population  :  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  23. 

—  Variole,  2.  —  Rougeole,  25.  —  Scarlatine,  1.  —  Coque- 
luche, 6.  —  Diphthérie,  croup,  2i.  —  Choléra,  0.  —  Phthisie 
pulmonaire,  142.  —  Autres  tuberculoses,  30.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  36;  autres,  11.  —  Méningite,  45.  —  Conges- 
tion et  hémorrbagies  cérébrales,  46.  —  Paralysie,  10.  — 
Ramollissement  cérébral,  6.  —  Maladies  orj^aniques  du  cœur,  i>- 

—  Bronchite  aigué,  14.  —  Bronchite  chronique,  21 .  —  Broncho- 

Kneumonie,  15.  —  Pneumonie,  36.  — Gastro-entérite:  sein,3-; 
iberon,  148.— Autres  diarrhées,  6.  — Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 4.  —  Autres  affections  puerpérales,  2.  —  Débilité  con- 
génitale, 23.  —  Sénilité,  26.  —  Suicides,  30.  —  Autres  morts 
violentes,  10.  —  Autres  causes  de  mort,  135.  —  Causer 
inconnues,  14.  —  Total  :  968. 


G.  Masson,  Propriétaire'Gérant 

198G0.  —  UOTTiaos.  —  Imprimeries  nSoniei,  A,  nie  Mignon,  S.  P*"** 


TRENtE-SIXIÂME  ANNÉE 


N*31 


2  Août  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  nÉDACTION 

M.  LE  D'  L.  LEREBOÏÏLLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BUCHEZ.  E.  BRISSAUD.  G.  DIEULAFOY,  DREYFUSBRISAG.  FRANCOIS-FRANCK,  A.  HeNOCQUE,  A.nl.  MARTIN.  A.  PETIT.  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lbbebodllet,  i4,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMIIAIRB.  —  BoLLBTilf.  —  PoRMOLAini  TB^RAPIUTIQUE.  De  la  créolioâ  dans 
les  affections  de  l'oreille  et  du  net.  ~  Travaux  originaux.  Neuropatliologie  : 
La  nutrition  dans  l'hystérie.  —  Clinique  médicale  :  Des  injections  iniraplen- 
ralos  antiseptiques  dans  les  pleurésies  infectieuser.  —  Corrispondamci. 
ConUgion  clinique  du  tétanos.  —  SociiT^s  savantis.  Académie  des  sciences. 
—  Académie  de  médecine.  —  Société  médicale  des  hôpitaux.  —  Société  de 
chirurgie.  -~  RivuB  dbs  journaux.  Tn?aux  k  consulter.  —  BiBLloaRAPHll. 
Affections  chirurgicales  des  reins,  des  uretères  et  des  capsules  surrénales.  — 
L'œuvre  de  Davaine.  —  VARléris.  —  FnilLLBTO.^.  Le  médecin  à  l'Exposition 
universelle  de  4889. 


BULLETIN 

Paris,  31  juillet  1889. 

Académie  de  médecine  :  Prs^fphylaxte  ae  l»  taberevloae. 
—  Anesthéftle  par  l'hypaotlmie.  —  L«  •«echartoe. 

Continuant  l'œuvre  bienfaisante  qu'il  a  entreprise  et  qu'il 
poursuit  avec  tanl  de  constance  et  de  dévouement,  le  Con- 
grès pour  l'étude  de  la  tuberculose  vient,  par  l'organe  de 
son  éminent  rapporteur  M.  Villemin,  de  faire  connaître  les 
mesures  prophylactiques  qui  paraissent  les  plus  propres  à 
arrêter  la  propagation  de  la  phthisie.  Nous  reproduisons  ci- 
dessous  (p.  499)  cette  instruction  que  nous  n'avons  point  à 
analyser.  On  y  remarquera  l'insistance  avec  laquelle  le  sa- 
vant rapporteur  parle  des  dangers  de  la  contagion  par  le 
lait  et  de  la  nécessité  d'interdire  aux  mères  suspectes  de 
tuberculose  l'allaitement  de  leurs  enfants.  On  applaudira 
aussi  aux  mesures  recommandées  aux  propriétaires  des  vil- 
las et  des  hôtels  où  séjournent  des  malades  tuberculeux. 


Il  appartiendrait  aux  médecins  de  nos  stations  thermales, 
ainsi  qu'aux  médecins  du  littoral  méditerranéen,  de  pres- 
crire eux-mêmes  des  mesures  analogues-et  d'en  assurer  la 
rigoureuse  exécution. 

—  L'intéressante  observation  communiquée  par  M.  Mesnet 
prouve  une  fois  de  plus  combien  certains  sujets  éminem- 
ment nerveux  et  suggestionnables  deviennent  facilement 
anesthésiques  sous  l'influence  de  la  suggestion  hypnotique. 
L'opération  faite  par  M.  Tillaux  était  très  douloureuse;  elle 
a  duré  plus  d'un  quart  d'heure.  Et  cependant  la  malade  n'a 
éprouvé  aucune  sensation  pénible,  elle  n'a  gardé  au  réveil 
aucun  souvenir  de  l'opération  qui  avait  été  pratiquée.  Le 
sommeil  hypnotique  a  remplacé  dans  tous  ses  effets  favo- 
rables l'anesthésie  chloroformique. 

La  relation  des  faits  de  ce  genre  est  des  plus  importantes 
au  point  de  vue  de  l'histoire  de  l'hypnotisme.  Mais,  comme 
l'a  bien  fait  remarquer  M.  Mesnet^  ces  faits  sont  et  resteront 
toujours  exceptionnels.  Tous  les  sujets  hypnotisables  n'arri- 
vent pas  à  un  degré  d'insensibilité  qui  permette  de  les  opé- 
rer à  leur  insu  et,  par  conséquent,  jamais  l'influence  anal- 
gésique de  l'hypnotisme  ne  pourra  être  généralisée  de  façon 
à  devenir  un  procédé  utilisable  dans  la  pratique  de  la  chi- 
rurgie ou  des  accouchements. 

Elle  sera  le  privilège  exclusif  de  quelques  malades  chez 
lesquels  l'action  perturbatrice  exercée  par  le  système  ner- 
veux sur  la  sensibilité  superficielle  et  profonde  est  plus 
accusée  que  de  coutume  et  surtout,  plus  persistante.  C'est  là 
un  fait  bien  reconnu  depuis  l'opération  justement  célèbre 
que  J.  Cloquet  pratiqua  le  12  avril  1829  et  que  M.  Mesnet 


FEUILLETON 

Le  medeclsi  *  l'Exposition  milircrflelle  de  t889. 

(Troisicme  article.) 

L'assainissement  des  habitations  et  des  villes,  qui  con- 
stitue forcément  l'une  des  parties  les  plus  importantes  de 
rhygiène  publique,  est  assez  brillamment  représentée  à 
l'Exposition, ^râce  surtout  à  la  participation  des  divers  ser- 
vices de  la  ville  de  Paris.  II  suffit  de  parcourir  les  divers 
quartiers  de  notre  belle  capitale  pour  admirer  l'état  de 
propreté  et  d'élégance  des  voies  publiques;  on  en  est  sur- 
tout frappé  lorsqu'on  revient  de  I  étranger,  car  il  est  bien 
peu  de  vules  au  monde  qui  puissent  rivaliser  à  cet  égard 
avec  Paris.  Cet  aspect  extérieur,  qui  cache  quelquefois,  il 
est  vrai^  bien  des  preuves  d'insalubrité,  n'est  pas  obtenu 
sans  peine  ni  sans  efTorts:  une  armée  de  balayeui*s  enlève 
«•  SÉRIK  T.  XXYI. 


chaque  matin  les  immondices  de  la  voie  publique;  de 
lourds  tombereaux  emportent  tous  les  jours  les  résidus  de 
la  vie  domestique  ;  des  appareils  spéciaux  portent  au  loin 
les  vidanges  ou  les  expulsent  imméaiatement  de  la  ville  par 
les  égouls  du  sous-soi.  Combien  il  a  fallu  de  temps  et  d'in- 
géniosité pour  obtenir  tous  ces  résultats  dans  une  telle  agglo- 
mération! On  peut  s'en  convaincre  en  examinant  les  excel- 
lents relevés  et  plans  comparatifs  dressés  par  l'administration 
des  travaux  depuis  1789  jus(][u'à  nos  jours.  Cette  exposition 
rétrospective  offre  un  grand  intérêt. 
Une  remarquable  leçon  de  choses  est  offerte  aux  visiteurs 

fiar  l'examen  de  la  maison  salubre  et  de  la  maison  insa- 
uble  que  le  service  de  l'assainissement  de  Paris  a  réussi  à 
édifier  dans  l'un  des  pavillons  municipaux  du  Champ  de 
Mars.  Déjà,  en  1884.  à  Londres,  une  installation  analogue 
avait  été  faite  à  l'Exposition  internationale  d'hygiène  et 
d'éducation;  elle  y  avait  eu  un  succès  considérable.  On 
aime  à  voir  les  choses  par  elles-mêmes;  les  descriptions 

31 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


2  Août  1889 


a  rappelée  jusqu*aux  essais  beaucoup  trop  nombreux  pour 
ne  pas  susciter  quelques  doules,  que  fit  le  chirurgien  Esdaile 
en  1852.  On  sait  qu*Esdaile  prétendait  avoir  opéré  sans  dou- 
leur plus  de  trois  cents  malades  et  qu'il  avait  fondé  à  Cal- 
cutta un  Mesmerie  Hospital  où  aflluèrent  les  malades. 

Nous  croyons  donc,  comme  Ta  si  énergiquement  affirmé 
M.  Mesnet,  que  Thypnotisme,  qui  d'ailleurs  ne  doit  jamais 
être  employé  que  dans  un  but  curatif,  et  par  un  médecin 
expérimenté,  ne  sera  jamais  utile  qu'à  des  sujets  très  faci- 
lement suggestionnables  et  devra  rester  une  médication 
exceptionnelle. 

Signalons  encore  dans  cette  séance  la  communication 
faite  par  M.  Constantin  Paul  dont  le  préparateur,  M.  Mar- 
fan,  a  étudié  avec  un  grand  soin  les  propriétés  antiseptiques 
de  la  saccharine  et  son  mode  d'administration. 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

De  la  eréollne  dwinm  les  «ffeetlons  de  rorelllo  et  da  nés. 

La  créoline  est  employée  en  ce  moment  par  quelques 
médecins  allemands  comme  antiseptique  et  désinfectant, 
dans  les  affections  de  l'oreille  et  des  fosses  nasales,  sous  la 
forme  d'injections  et  de  pommades. 

1°  En  pommade,  —  Eslelberg  recommande  la  vaseline  à 
la  créoline  contre  l'eczéma  de  l'oreille  externe  et  des  na- 
rines. Il  la  formule  ainsi  : 

Créoline i  partie. 

Vaseline 50  parties. 

Pratiquer  chaque  jour  une   ou  deux  onctions  avec  cette 
pommade. 

2°  En  injections.  —  Le  même  observateur  traite  l'otor- 
rhée  par  des  injections  obtenues  en  additionnant  i  litre 
d'eau  de  XX  gouttes  de  créoline. 

Lichtwitz  emploie  une  solution  moins  riche  en  créoline, 
pour  pratiquer  des  irrigations  nasales  contre  Tozène.  Voici 
sa  prescription  : 

Créoline III  à  V  gouttes. 

Eau  distillée 1/2  litre. 

Pour  douches  nasales. 

Ch.  Éloy. 


TBAVAUX  ORIGINAUX 

lVem*op«llioloi^to« 

La  NUTRmoN  dans  l'hystérie,  par  HM.  Gilles  de  la  Tor- 
RETTE,  chef  de  clinique,  et  H.  Cathelineau,  interne  en 

Sharmacie  (Laboratoire  de  la  Cliniaue  des  maladies 
u  système  nerveux;  H.  J.  Charcot),  Commanication 
faite  a  la  Société  de  biologie,  dans  la  séance  du  27  juillet 
1889. 

On  tend  généralement  à  admettre  que  les  hystériques  ne 
s'alimentent  que  très  insuffisamment  et  que,  par  contre,  leur 
nutrition  générale  semble  ne  pas  en  souffrir.  Pour  prendre 
les  termes  extrêmes  de  la  question,  ils  mangeraient  peu  ou 
pas  et  continueraient  cependant  à  vivre  sans  maigrir.  Leur 
température  centrale  n'étant  pas  abaissée,  ils  formeraient 
donc  dans  la  série  animale  une  classe  à  part,  inférieure 
encore  à  celle  des  animaux  hibernants. 

L'analyse  des  travaux  sur  cette  question  montre  aue  les 
auteurs  qui  ont  adopté  celte  opinion,  sans  la  contrôler,  se 
sont  ralliés  dans  la  circonstance  aux  conclusions  de  M.  Em  pe- 
reur  qui,  dans  son  Essai  sur  la  nutrition  dans  Vhystérie 
(1876),  s'est  posé  le  premier  la  question  de  savoir  si  <  les 
hystériques  assimilaient  et  désassimilaient  comme  le  type 
normal  »,  et  qui  a  conclu  que  chez  elles  l'assimilation* ne 
se  faisait  pas  parce  que  la  désassimilation  n'avait  pas  lieu... 
€  Elles  ne  maigrissent  pas,  dit-il,  parce  qu'elles  ne  déper- 
dent rien  et,  ne  déperaant  rien,  il  leur  est  inutile,  sinon 
nuisible,  de  manger.  » 

C'est  ce  problème  de  la  nutrition  dans  l'hystérie  que  nous 
avons  également  essayé  de  résoudre  dans  le  service  de 
M.  le  professeur  Charcot,  à  la  Salpètrière,  pendant  les 
années  1888-1889,  en  nous  basant  sur  l'analyse  Aqs  excréta 
urinaires.  Les  résultats  que  nous  allons  exposer  concernent 
indifféremment  les  deux  sexes. 

Il  nous  a  semblé  d'abord  qu'il  était  indispensable  d'ou- 
vrir deux  catégories  dans  les  hystériques  :  les  hystériques 
normaux,  les  hystériques  pathologiques. 

Les  premiers  sont  ceux  qui  ne  présentent  au  moment  de 
l'observation  que  les  stigmates  physiques,  nécessaires  pour 
établir  à  l'état  permanent  le  diagnostic  de  la  névrose  ;  les 
seconds  sont  ceux  nui,  en  plus  des  stigmates  permanents, 
présentent  la  série  aes  accidents  variés  et  attaques,  étals  de 
mal,  vomissements,  etc.,  constituant  la  pathologie  de  l'hys- 
térie. 

L  —  Nos  recherches  ont  porté  pour  le  premiergroape  sur 
dix  hystériques  normaux^  sept  femmes  et  trois  hommes. 
Elles  nous  ont  démontré  d'abord  que  si,  par  suite  des  trou- 
bles du  goût  presque  toujours  présents,  les  hystériques  fai- 


sur  plan  ne  suffisent  plus.  Les  médecins  ont  trop  besoin 
de  s'instruire  des  applications  sanitaires  pour  ne  pas  se 
trouver  satisfaits  de  trouver  ainsi  réunis,  dans  un  petit 
espace,  de  si  précieux  éléments  d'informations  et  d'étude. 

Les  deux  maisons  sont  édifiées  à  l'entrée  du  pavillon  de 
la  ville  de  Paris,  à  droite  en  venant  du  dôme  central.  Elles 
sont  à  rez-de-chaussée  et  deux  étages,  plus  un  sous-sol 
pour  la  maison  salubre,  ainsi  qu'il  doit  être.  Au  second 
étage,  une  passerelle  réunit  les  deux  maisons.  La  visite 
commence  par  le  rez-de-chaussée  de  la  maison  insalubre; 
des  barrières  guident  le  visiteur  et  l'obligent  à  monter  les 
deux  étages,  puis  à  passer  dans  la  maison  salubre  pour  la 
parcourir  de  haut  en  b<'is  jusqu'à  la  sortie  de  la  cave.  De 
tous  côtés  un  grand  nombre  de  notices  et  d'inscriptions 
facilitent  l'examen  des  ol^els  exposés  et  en  font  ressortir  la 
valeur  ou  les  défauts. 

Dès  l'abord  mônic  de  Ia  rn^ispn  insalu^rg^  les  tuyauj^  de 
canalis{ition  places  sur  la  façade  ont  des  joints  qui  per- 


mettent l'écoulement  superficiel  des  eaux  usées  par  une 
gargouille  située  sous  le  trottoir.  En  entrant  dans  le  rez-de- 
chaussée,  on  foule  un  parquet  posé  sur  lambourdes  encas- 
trées dans  la  terre,  sans  scellement  ni  petits  murs,  d'oà 
une  humidité  permanente,  la  pourriture,  et  par  suite  des 
affections  plus  ou  moins  graves.  Continuons  la  visite,  en 
nous  servant,  pour  nous  guider,  de  l'excellente  description 

Subliée  dans   la  Revue  d'hygiène^  il  y    a  deux  mois, 
escriplion  à  laquelle  nous  emprunterons  de  nombreux 
passages. 

Toujours  au  rez-de-chaussée,  on  remarque  un  lavabo, 
dont  les  tuyaux  de  vidange  et  de  trop-plein,  non  siphonnés, 
permettent  le  reflux  des  gaz  de  la  fosse  d'aisances  dans  l'in- 
térieur de  l'appartement;  les  tuyaux  se  raccordent  à  angle 
droit,  les  soudures  sont  mauvaises;  dans  un  autre  coin 
exista  une  fontaine  à  évier  avec  seau  au-dessous  pour  la 
vidange,  Pan»  la  cuisine  adjacente,  l'évier,  mal  constniit, 
déverse  son  contenu  dans  la  rue  p^r  unQ  gargouille  qui 


2  Août  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CIIIRURCIE 


—  H*  31  _    49i 


saient  le  plus  souvent  usage  d  une  alimentation  un  peu 
particulière,  il  n'en  était  pas  moins  vrai  qu'ils  s'alimentaient 
d'une  façon  substantielle  capable  d'entretenir  la  vie  nor- 
male chez  un  individu  sain. 

Nous  avons  alors  pratiqué  soixanle-dix-neuf  analyses  de 
Turine  des  vingt-quatre  heures;  les  moyennes  obtenues  des 
éléments  constitutifs  :  volume,  résidu  fixe,  urée,  acide  phos- 
phorique,  ont  été  mises  en  regard  des  moyennes  théoriques 
puisées  dans  les  auteurs  les  plus  recommandables  et  rap- 
portées au  kilogramme  d'individu. 

De  ces  recherches  comparatives  il  est  résulté  que  les 
excréta  urinaires  ne  diffèrent  pas  Quantitativement  et  quali- 
tativement chez  les  hystériques  ae  ceux  qui  sont  fournis 
par  les  individus  sains.' 

En  résumé  :  chez  l  hystérique^  en  dehors  des  manifesta- 
tions patkoloaiques  de  la  névrose^  autres  que  les  stigmates 
permanents^  la  nutrition  s'effectue  normalement. 

II.  —  Les  phénomènes  pathologiques  (jue  nous  avons  plus 
particulièrement  étudiés  sont,  en  ce  qui  regarde  l'attaque  : 
i*  l'attaque  convulsiveaux  quatre  périodes;  2*  l'attaque  bor- 
née à  Tune  de  ses  périodes  ou  avec  prédominance  de  cette 
période  :  forme  épileptoide,  léthargique,  etc.;  3"  l'attaque 
à  forme  d'épilepsie  partielle;  4°  les  attaques  de  chorée 
rythmée,  toux,  bâillements,  etc. 

Dans  tous  ces  cas,  les  résultats  des  analyses  comprenant 
la  période  des  vingt-quatre  heures  à  dater  du  début  de  l'at- 
taque, nous  ont  permis  de  conclure  : 

Que  dans  l'attaque  d*hystérie  convulsive  et  dans  toutes 
les  variétés  d'attaques  que  nous  venons  d'énumérer,  il  y 
avait  :  i"*  diminution  du  résidu  fixe,  de  l'urée  et  des  phos- 
phates ;  2"*  que  le  rapport  entre  les  phosphates  et  ceux  des 
alcalins  étant  normalement  comme  i  est  à  3  dans  l'attaque 
d'hystérie,  ce  rapport  devient  toujours  comme  1  est  à  2,  et 
souvent  comme  1  est  à  1.  C'est  ce  que  nous  avons  nommé 
l'inversion  de  la  formule  des  phosphates. 

En  ce  qui  regarde  le  volume  de  l'urine  des  vingt-quatre 
heures,  celui-ci  est  le  plus  souvent  diminué;  toutefois,  la 
première  miction  qui  suit  rattacjue  est  généralement  plus 
considérable  qu'une  miction  ordinaire;  c'est  elle  qui  crée 
la  polyurie  lorsqu'elle  existe. 

L'étude  des  états  de  mal  hystérique  à  forme  épileptoide, 
à  forme  d'épilepsie  partielle,  cataleptique  (attitudes  pas- 
sionnelles), délirante,  léthargique,  nous  a  démontré  qu'au 
point  de  vue  chimique  l'état  de  mal  hystérique  n'était  autre 
chose  qu'une  attaque  d'hystérie  prolongée,  avec  accentua- 
lion  des  phénomènes  que  nous  avons  énumérés. 

De  plus,  l'étude  de  la  courbe  des  excréta  urinaires  pen- 
dant la  durée  de  l'état  de  mal  montre  qu'au  début  il  y  a 
chute  des  éléments  urinaires,  puis  plateau  et  relèvement 
quelques  jours  avant  la  sortie  de  l'état  de  mal.  Ce  relève- 


ment des  éléments  constitutifs,  lequel  est  susceptible  d'at- 
teindre et  même  de  dépasser  le  taux  normal  la  veille  et  le 
jour  du  réveil,  est  indépendant  de  l'alimentation,  celle-ci 
ayant  été  négative  dans  la  plupart  des  états  de  mal  que  nous 
avons  étudiés.  Ce  sont  donc  bien  là  des  phénomènes  dus  à 
l'hystérie  et  non  à  l'inanition. 

L'étude  de  la  courbe  permet  de  préciser  la  durée  de  Tétat 
de  mal  et  de  prédire  le  retour  à  1  état  normal,  notion  dont 
l'importance  clinique  n'échappera  à  personne. 

Quel  que  soit  l'état  de  mal  observé,  le  poids  des  sujets 
diminue  journellement  d'une  quantité  variable  suivant  la 
durée  de  l'état  de  mal,  mais  qui  nous  a  paru  comprise  en- 
tre 200  et  500  grammes  par  jour.  Le  retour  à  Temnonpoint 
est  très  rapide  après  le  réveil. 

Nous  avons  noté  ces  phénomènes  d'amaigrissement  très 
marqués  dans  deux  cas  de  vomissements  hystériques  suivis 
pendant  plusieurs  mois.  A  rapprocher  de  cette  dénutrition 
le  fait  que  M.  Charcot  a  observé  quatre  cas  de  mort  par  ina- 
nition dans  Vanorexie  hystérique. 

L'opinion  déjà  citée  de  M.  Empereur  est  donc  aussi  radi- 
calement fausse  dans  l'hystérie  pathologique  que  dans  Thys- 
térie  normale. 

Chimiquement,  l'attaque  d'hystérie  est  l'inverse  de  l'accès 
d'épilepsie,  si  l'on  s'en  rapporte  aux  travaux  de  MM.  Lépine 
et  Mairet,  que  nous  avons  également  repris  et  complétés  au 
seul  point  de  vue  toutefois  de  Tépilepsie  partielle  vraie, 
symplomatique. 

Les  accès  d'épilepsie  vraie  et  d'épilepsie  partielle  sym- 
ptomatique,  de  même  que  les  états  de  mal  correspondants, 
se  jugent  par  une  élévation  considérable  de?  '«ncipes 
constitutifs  de  l'urine. 

L'attaque  d'hystérie  et  les  états  de  mal,  quelque  forme 

3u'ils  revêtent,  se  jugent  par  une  diminution  considérable 
e  ces  mêmes  principes. 
Ces  notions  nous  permettent  désormais,  en  clinique,  de 

r^oser  un  diagnostic  précis  dans  les  formes  douteuses  de 
'attaque  d'hystérie  et  de  l'accès  d'épilepsie,  qu'on  pourrait 
confondre  les  unes  avec  les  autres. 

On  comprend  l'importance  de  cette  Question  pour  l'ins- 
titution du  traitement,  surtout  lorsque  dans  l'épilepsie  par- 
tielle vraie  celle-ci  peut  être  la  trépanation. 

Entre  autres  faits,  nous  avons  pu  chez  deux  sujets  établir 
chimiquement  l'existence  à  l'état  isolé  de  l'attaque  d'hys- 
térie et  de  l'accès  d'épilepsie,  confirmant  ainsi  l'opinion  de 
M.  Charcot,  l'indépendance  absolue  des  deux  névroses, 
quelques  formes  similaires  qu'elles  puissent  parfois  revêtir. 
Dans  deux  cas  d'hystérie  avec  stigmates,  sans  attaques, 
nous  avons  pu  reconnaître  la  coexistence  d'accès  épilepti- 
ques  vrais. 

Nous  bornerons  là  l'exposé  des  faits  dans  lesquels  nos 


répand  à  profusion  les  mauvaises  odeurs  dans  la  rue  et  dans 
la  maison;  sur  le  mur  sont  appliqués  des  spécimens  de 
tuyaux  de  plomb  à  joints  défectueux  ;  sur  le  sol,  non  incliné, 
une  bonde  siphoïde  dirige  les  eaux  de  lavage  vers  l'égout, 
et  maintient  entre  celui-ci  et  la  cuisine  une  communication 
à  peu  près  directe  et  constante.  La  pièce  à  côté  abrite  un 
urinoir  dont  les  plaques  d'ardoise  sont  mal  jointes  et  lavées 
par  un  unique  filet  d'eau  ;  le  sol  est  en  mortier  de  ciment  et 
Doit  l'urine;  celle-ci  coule  à  l'air  libre  vers  la  cour;  il  n'y  a 
pas  d'éclairage  artificiel,  et  l'éclairage  naturel  est  très 
insuffisant. 

Une  courette  étroite,  sombre,  mal  pavée,  donne  passage 
à  des  caniveaux  non  étanches  dont  les  joints  s'imprègnent 
d'ordures  répandant  de  mauvaises  odeurs,  d'autant  plus  que 
le  siphon  de  cour  est  défectueux.  La  sixième  partie  de  la 
surface  de  cette  cour  est  occupée  par  l'orifice  mal  clos  d'une 
fosse  d'aisances,  non  étanche,  placée  mi-partie  sous  la  mai- 
son, mi-partie  sous  la  isoup,  et  dégageant  ses  émanations 


sous  les  croisées.  Cette  fosse  est  ventilée  par  un  tuyau 
d'évent  eii  fonte  ioignant  mal  et  débouchant  plus  bas  que 
le  toit.  Une  des  dalles  de  la  fosse  est  levée,  et  une  pompe 
d'aspiration  et  de  refoulement  simule  une  vidange  qui  ne 
peut  se  faire  qu'en  passant  par  la  maison  ;  à  côté,  un  seau 
plein  de  sulfate  de  ter  représente  le  seul  et  maigre  correctif 
à  apporter  à  cette  mauvaise  situation.  Deux  tuyaux  de  des- 
cente des  eaux  ménagères,  dont  l'un  en  fonte,  l'autre  en 
zinc,  tous  deux  à  joints  mauvais,  sont  desservis  par  des 

flombs  disposés  sous  les  fenêtres  ou  dans  la  cage  de  l'esca- 
ier.  Des  taches  sur  les  murs  représentent  les  traces  des 
fuites  et  des  débordements  tant  des  plombs  que  des  tuyaux 
qui  leur  font  suite. 

Au  rez-de-chaussée,  les  cabinets  d'aisances  prennent  jour 
et  air  sur  l'escalier;  ils  sont  à  défécation  accroupie, 
manquent  d'eau;  les  clapets  oxydés  n'obturent  pas  l'orifice 
de  chute;  le  sol,  recouvert  d'une  plaque  de  plomb  détériorée 
par  l'usure,  laisse  filtrer  l'urine  qui  imprègne  la  terre.  Le 


4ft2    —  «•  31  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


2  Août  1889 


recherches  ont  contribué  à  établir  sur  des  bases  certaines  un 
diagnostic  jusqu'alors  douteux. 

Nous  ajouterons  en  terminant  que  les  manifestations 
suivantes  :  contractures,  paralysies,  tremblements  hystéri- 
ques, ces  derniers  ne  survenant  pas  sous  forme  d  accès, 
n'entraînent  pas  de  modifications  de  la  nutrilion  générale. 


Cltnlqae  médlcAle. 

Des  injections  intrapleurales  antiseptiques  dans  les 
PLEURÉSIES  INFECTIEUSES.  Communication  faite  à  la 
Société  médicale  des  hôpitaux  dans  la  séance  du 
1^  juillet  1889,  par  M.  Ch.  Fernet,  médecin  de  Thôpital 
Beaujon. 

(Fin.  —  Voyez  le  numéro  30.) 

Dans  notre  seconde  observation,  l'existence  d'une  fièvre 
typhoïde  à  manifestations  primitivement  thoraciques  semble 
démontrée  :  à  moins  d'admettre  la  coïncidence  fortuite 
d'une  pneumonie  et  d'une  pleurésie  avec  la  fièvre  typhoïde, 
il  est  légitime  d'admettre  1  existence  de  cette  dernière  ma- 
ladie qui  est  affirmée  par  les  phénomènes  généraux,  par  les 
troubles  abdominaux  et  notamment  par  les  taches  rosées 
lenticulaires,  et  de  lui  subordonner  la  pneumonie  et  la  pleu- 
résie observées  d'abord. 

Obs.  h.  —  Le  nommé  K.  (Frédéric),  âgé  de  vingt-cinq  ans, 
journalier,  entre  dans  mon  service  le  !20  février  1889  (salle  Mon- 
nerel,  n«  5).  C'est  un  homme  de  bonne  couslilution,  dont  la 
santé  habituelle  a  été  excellente  ;  on  ne  trouve  dans  ses  antécé- 
dents que  des  douleurs  lombaires  qu'il  a  éprouvées  il  y  a  deux 
ans  et  qui  ont  duré  assez  longtemps. 

Au  commencement  de  février,  le  malade  fut  repris  de  ces 
mêmes  douleurs,  moins  fortes  qu'il  y  a  deux  ans,  et  il  les  attri- 
liue  à  des  refroidissements  répétés  ;  en  même  temps  il  perdait 
lappétit,  avait  quelques  frissons;  cependant  il  continuait  son 
travail,  mais  péniblement.  Le  7  février,  à  la  suite  d'un  refroi- 
dissement, il  ressent  le  soir  même  un  fort  mal  de  tête,  du  ma- 
laise général,  pas  d'appétit  ;  la  nuit  est  agitée.  Le  lendemain 
matin,  frisson  violent,  céphalalgie  plus  intense  encore,  bouche 
mauvaise.  Il  fait  appeler  un  médecin  qui  lui  ordonne  des  sina- 
pismes  et  une  potion.  Pendant  quelques  jours  il  a  un  peu  de 
soulagement,  les  nuits  sont  plus  calmes. 

Le  12  février,  son  état  s'est  un  peu  aggravé  la  veille  où  il  a 
voulu  se  lever  :  il  a  un  point  de  côté  à  droite  ;  il  fait  redeman- 
der son  médecin  qui  lui  dit  qu'il  a  une  pleurésie  et  qui  lui  fait 
mettre  un  vésicatoire  sur  la  poitrine,  mais  il  n'en  éprouve  au- 
cun soulagement.  Vers  le  même  temps,  il  commence  à  avoir  la 
diarrhée  avec  plusieurs  selles  par  jour;  il  a  des  sueurs  abon- 
dantes le  jour  et  la  nuit,  ses  nuits  sont  agitées.  C'est  alors  qu'il 
se  décide  à  se  présenter  à  l'hôpital;  et  d'après  les -renseigne- 
ments que  nous  fournit  le  malade  et  les  premiers  signes  que 


nous  observons,  nous  le  recevons  sous  la  rubrique  de   fièvri» 
typhoïde. 

Le  lendemain  matin  ce  diagnostic  semble  confirmé  par  rabat- 
tement et  Tapparence  de  stupeur,  par  la  sécheresse  de  la  langui- 
et  la  fétidité  de  l'haleine;  mais  la  diarrhée  a  cessé  et  on  lU' 
trouve  pas  de  taches  rosées.  D'autre  part  la  poitrine  présenle 
des  désordres  importants  :  le  point  de  coté  a  disparu  depuis  deux 
jours,  mais  la  respiration  est  pénible;  le  malade  a  expectoré 
quelques  crachats  rouilles,  visqueux,  adhérents  au  vase.  L^ exa- 
men physique  révèle  de  la  submatité  et  quelç^ues  râles  crépi* 
tants  au  sommet  de  la  poitrine  du  côté  droit  en  avant  et  en 
arrière;  d'autre  part  de  la  matité,  de  l'abolition  du  murmure 
vésiculaire  et  de  l'égophonie  dans  le  tiers  inférieur  du  même 
côté  de  la  poitrine  en  arrière.  D'après  ces  signes,  nous  portons 
le  diagnoslicde  pneumonie  du  somraet.droitavec  pleurésie  secon- 
dai re.  Température,  38  degrés  le  malin,  39^,6  le  soir;  pouls,  i\±; 
rien  dans  les  urines.  Traitement  :  tisane  pectorale;  sulfate  de 
quinine,  1  gramme;  potion  de  Todd;  gargarisme  au  borax;  po- 
tages et  lait. 

Le  22  février,  même  état.  Encore  1  gramme  de  sulfate  de 
quinine. 

Le  23.  La  nuit  a  été  plus  calme,  et  la  température  est  moins 
élevée  :  37%8  le  matin,  38*,i  le  soir,  sans  doute  sous  Tinfluence 
du  sulfate  de  quinine  pris  deux  jours  de  suite.  Les  râles  crépi- 
tants ont  presque  disparu  ;  l'épanchement  pleurétique  reste 
statiounaire.  L'apparence  typhoïde  du  malade  persiste  sans  mo- 
dification sensible. 

A  partir  de  ce  jour,  on  fait  dans  la  poitrine  trois  injections  Je 
5  grammes  de  liqueur  de  Van  Swieten  de  deux  en  deux  jours 
(les  23,  25  et  27  février),  et  on  administre  laf,50  de  naphlol  par 
jour,  en  six  doses.  Pendant  ce  temps,  tous  les  signes  physique> 
de  la  pneumonie  du  sommet  ont  disparu,  mais  la  pleurésie  reste 
stalionnaire,  la  fièvre  persiste  avec  des  températures  oscillant 
autour  de  39  degrés. 

Le  28  février,  le  malade  se  plaint  de  souffrir  dans  la  paroi  de 
la  poitrine  du  côté  droit  et  on  constate  à  la  partie  moyenne  du 
thorax  un  empâtement  œdémateux;  nous  nous  demandons  si 
cette  petite  complication  n'est  pas  due  aux  piqûres  des  injec- 
tions (mais  elle  siège  plus  haut  et  en|dehors  de  l'espace  intercosUd 
où  celles-ci  étaient  pratiquées).  Quoi  qu'il  en  soit,  on  cesse  les 
injections  et  pendant  quelques  jours  on  fait  des  onctions  avec 
Fonguent  napolitain  et  cet  empâtement  disparait. 

(iCpendant  la  situation  ne  chan&^e  pas  :  l'état  général  reste  le 
même,  la  fièvre  n'a  une  très  peu  diminué  :  38*,2  le  matin,  39*,:2 
le  soir;  la  pleurésie  uonne  toujours  les  mêmes  signes.  En  outre, 

f phénomène  nouveau,  le  malade  commence  le  2  mars  à  avoir  de 
a  diarrhée  et  il  rend  des  matières  jaunâtres,  grumeleuses.  Le 
4  mars,  le  soupçon  de  fièvre  typhoïde,  déjà  mis  en  avant  au 
début  du  séjour  à  l'hôpital  et  plusieurs  fois  depuis,  se  trouve 
confirmé  par  l'apparition  de  deux  taches  rosées  lenticulaires  sur 
le  ventre;  cinq  jours  plus  tard  (9  mars),  nous  constatons  deux 
nouvelles  taches  rosées;  le  diagnostic  ne  nous  parait  plus  dou- 
teux, nous  sommes  en  présence  d'une  fièvre  typhoïde,  et  nous 
inclinons  à  croire  que  la  première  période  de  la  maladie  a  été 
une  pneumolyphoïae  accompagnée  de  pleurésie  secondaire  et 
que  les  phénomènes  abdominaux  actuels  ne  constituent  qu'une 


revêtement  des  murs  est  en  ciment.  Si,  pour  échapper  à  ce 
rez-de-chaussée  où  l'on  étouffe,  qui  respire  la  malpropreté 
et  appelle  la  maladie,  suivant  l'expression  du  narrateur, 
on  gravit  l'escalier,  on  y  trouve  les  fenêtres  qui  donnent  sur 
l'extérieur  condamnées  par  la  rampe;  une  seule  s'ouvre, 
mais  sur  la  courette  qui  vient  d'être  décrite. 

Au  premier  étage,  les  mêmes  fiiutes  avec  quelques 
variantes  se  répètent  dans  les  cabinets  et  la  cuisine.  Dans 
une  chambre  une  baignoire  se  remplit  au  moyen  d'un  seau  ; 
un  terrasson  en  plomb  protège  insuffisamment  le  parquet; 
sur  le  tuyau  de  vidange  est  disposé  un  coupe-air  en  plomb 
où  les  eaux  grasses  ou  savoinieuses  s'accumulent  et  se 
décomposent  et  donnent  des  odeurs  nauséabondes  qui  se 
répandent  dans  la  pièce  dès  que  la  baignoire  est  vide.  La 
couleur  du  papier  de  tenture  est  à  base  d'arsenic.  Dans  un 
angle,  un  lavabo  en  métal  se  remplissant  au  broc;  l'eau 
s'y  échauffe  et  s'y  altère.  Le  tuyau  de  vidange  plonge  dans 
un  siphon  cii  D;  sa  plongée  s'est  corrodée  et  il  en  est 


résulté  une  communication  directe  entre  la  chambre  et  le 
tuyau  de  chute  des  cabinets. 

Au  deuxième  étage,  on  constate  des  velléités  d'assainis- 
sement, mais  elles  sont  maladroites.  Ainsi,  dans  les  cabi- 
nets, on  a  cherché  à  obtenir  l'obturation  du  tujrau  de  chute, 
mais  au  moyen  d'un  siège  à  bascule;  sur  la  pierre  d'évier 
de  la  cuisine,  l'orifice  de  chute  est  fermé  par  un  bouchon 
de  cuivre;  sous  la  cage  de  ce  même  évier,  une  cuvette  tour- 
nante, sorte  de  plomb  perfectionné  ou  plutôt  aggravé.  Dans 
le  coin  d'une  chambre  à  coucher,  on  trouve  un  seau  dit 
hygiénique,  qui  sert  à  toutes  espèces  d'usages,  qu'on  oublie 
trop  souvent  de  vider  et  encore  plus  souvent  de  nettoyer. 
A  côté,  une  toilette,  assez  propre  d'ailleurs,  est  desservie 
par  un  seau  analogue.  Ici  on  est  éclairé  au  gaz,  mais  les 
produits  de  la  combustion  se  déversent  dans  l'air  qu'ils 
vicient;  la  cheminée  est  sans  prise  d'air  à  l'extérieur;  il  ne 
manque  qu'un  poêle  mobile. 

Tous  ces  défauts  de  construction  qu'on  vient  de  constater. 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  31 


493 


reprise  de  la  maladie  sous  la  forme  abdominale  ordinaire.  Le 
naphtol  est  porté  à  29^50  en  dix  doses. 

A  partir  du  11  mars,  une  amélioration  sensible  se  produit;  la 
fièvre  commence  à  diminuer,  la  température  est  presque  nor- 
male le  matin  et  n'atteint  que  38  degrés  le  soir.  Cependant  les 
signes  d*épanchement  pleurétique  semblant  persister,  nous 
faisons  une  ponction  avec  la  seringue  de  Pravaz,  mais  nous  ne 
pouvons  obtenir  de  liquide;  il  est  donc  probable  que  l'exsudat 
pleural  n'est  plus  formé  que  défausses  membranes  plus  ou  moins 
infiltrées  de  sérosité. 

A  partir  du  13  mars,  la  maladie  semble  terminée,  on  peut 
commencer  à  donner  quelques  aliments  solides  qui  sont  gra- 
duellement augmentés  de  quantité.  Mais  la  faiblesse  est  très 
grande,  le  rétablissement  est  très  lent  à  se  faire.  Dès  le  20  mars, 
les  signes  physiques  de  pleurésie  sont  très  atténués  et  on  ne 
trouve  plus  que  de  la  submatité  et  de  Tobscurité  du  bruit  respi- 
ratoire et  quelques  crénitations  fixes  à  la  fin  des  grandes  inspi- 
rations. (Applications  diode.) 

Le  29  mars,  le  malade  part  pour  Vincenncs.  Il  revient  nous 
voir  trois  semaines  après  sa  sortie  de  Thôpilal  :  son  état  général 
est  excellent,  mais  le  bruit  respiratoire  est  encore  obscur  à  la 
base  droite.  Je  lui  conseille  de  faire  encore  pendant  quelques 
semaines  des  applications  de  teinture  d'iode. 

La  troisième  observation  présente  une  grande  analogie 
avec  la  précédente  :  l'état  typhoïde  y  fut  plus  accusé  encore, 
mais  ici  Texistence  des  taches  rosées  lenticulaires,  si  im- 
portante pour  le  diagnostic  de  la  nature  de  la  maladie,  a 
fait  défaut. 

Obs.  ni.  —  La  nommée  B.  (Jeanne),  âgée  de  trente-huit  ans, 
domestique,  entre  dans  mon  service  (salle  Axenfeld,  n'  10),  le 
20  février  1889.  (Observation  rédigée  sur  les  notes  de  M.  Barri- 
sien,  externe  du  service.) 

Cette  malade  est  originaire  du  Mexique,  mais  elle  habite  la 
France  depuis  sa  jeunesse;  elle  a  le  teint  fortement  pigmenté  et 
les  cheveux  d'un  noir  foncé ,  elle  est  de  petite  taille,  mais  de 
constitution  assez  vigoureuse.  Sa  santé  a  été  excellente  jusqu'ici 
et  on  ne  trouve  rien  à  relever  dans  ses  antécédents. 

Elle  est  tombée  malade  assez  brusquement  il  y  a  huit  jours  : 
après  une  journée  passée  comme  d'habitude,  elle  eut  sans  rai- 
son apparente  une  nuit  mauvaise,  agitée;  le  lendemain  matin 
rllc  éprouvait  une  lassitude  générale  et  se  leva  péniblement 
pour  faire  son  travail  ordinaire.  Dans  la  journée,  elle  ressentit 
un  violent  point  dç  côté  à  gauche  de  la  poitrine  et  pendant  toute 
une  semaine  elle  se  traîna  péniblement,  ayant  toujours  la  dou- 
leur de  côté,  un  mal  de  tête  persistant,  de  la  fièvre  tous  les 
soirs  et  passant  de  très  mauvaises  nuits.  Elle  se  décida  alors  à 
venir  à  1  hôpital. 

Dans  nos  premiers  examens,  à  voir  son  apparence  de  lassi- 
tude extrême  et  de  prostration,  sa  langue  tremblotante,  couverte 
à  sa  partie  supérieure,  rouge  sur  les  bords  et  à  la  Jointe,  Tin- 
tcnsité  de  la  fièvre  avec  une  température  de  39  degrés  le  matin, 
iO  le  soir,  nous  pouvions  penser  à  une  fièvre  typhoïde,  mais 
pourtant  il  n'y  avait  ni  diarrhée,  ni  sensibilité  exagérée  dans  la 
fosse  iliaque  droite,  ni  taches  rosées  lenticulaires,  et  d'autre 
part    Fexamen    physique   de    la  poitrine    révélait     tous    les 


signes  d'une  pleurésie  gauche  avec  épanchemcnt  déjà  assez 
considérable  ;  matité  depuis  Tépine  de  l'omoplate  jusqu'en  bas 
et  occupant  aussi  toute  raisselle;  souffle  expiraloire  dans  la 
fosse  sous-épineuse,  silence  complet  au-dessous,  égophonie, 
transmission  de  la  voix  chuchotée,  suppression  des  vibrations 
thoraciques.  Le  cœur  était  un  peu  déplacé  et  sa  pointe  venait 
battre  près  du  bord  droit  du  sternum.  Les  deux  poumons  pa- 
raissaient sains  ;  du  moins  on  n'y  constalait  aucun  trouble  mor- 
bide, et  la  respiration  était  peu  gênée.  L'urine  contenait  une 
petite  quantité  d'albumine. 

Le  2i  février,  les  phénomènes  généraux  sont  toujours  aussi 
graves,  la  fièvre  persiste  aussi  intense;  l'épanchement  a  encore 
augmenté  :  la  matité  s'étend  à  la  partie  antérieure  de  la  poitrine 
dans  tout  le  creux  sous-claviculaire.  Nous  pratiquons  d'urgence 
la  tlioracentèse  et  nous  relirons  1  iOO  grammes  de  liquide.  Ce 
liquide  est  séreux  avec  une  teinte  vcrdàlre;  il  ne  fournil  après 
vingt-quatre  heures  qu'un  très  petit  caillot  fibrineux,  et  l'ana- 
lyse chimique  qui  en  est  faite  indique  à  peine  30  centigrammes 
de  fibrine  par  litre  (0p^45  de  fibrine,  quantité  totale). 

Ces  caractères  du  liquide  (peu  fibrineux  malgré  l'intensité  de 
la  maladie),  joints  aux  caractères  de  gravité  apparente  des 
troubles  généraux,  à  la  violence  de  la  fièvre,  me  font  porter  un 
pronostic  défavorable  :  il  me  paraît  à  peu  près  certain  que 
répanchement  se  reproduira,  et  d'autre  part  j  incline  h  croire 
^  que  cette  pleurésie  est  secondaire,  subordonnée  peut-être  à 
quelque  maladie  du  poumon  qui  nous  échappe  et  de  nature  in- 
fectieuse :  je  rappelle  ici  Fétat  typhoïde,  rélévation  de  la  tem- 
pérature et  la  présence  de  l'albumine  dans  les  urines.  Cependant 
des  cultures  du  liquide,  pratiquées  par  M.  Girode,  n'ont  donné 
que  des  résultats  négatifs. 

Trois  jours  après  la  ponction,  la  situation  ne  s'est  pas  amé- 
liorée :  l'épanchement  devient  de  nouveau  apparent  et  remonte 
vers  l'angle  inférieur  de  l'omoplate.  La  lièvre  demeure  aussi 
vive  et  n'a  subi  aucune  détente  depuis  la  ponction  :  le  27  fé- 
vrier, la  température  est  de  ^0^,4  le  matin,  iO%6  le  soir,  l'état 
typhoïde  est  toujours  le  même,  mais  les  phénomènes  abdomi- 
naux sont  toujours  absents.  Ce  jour-là,  nous  administrons  à  la 
malade  1  gramme  de  sulfate  de  quinine,  et  à  partir  du  lende- 
main, nous  commençons  les  injections  de  liqueur  de  Van  Swieten 
dans  la  plèvre  et  nous  en  pratiquons  successivement  cinq  dans 
l'espace  de  sept  jours  :  chaque  fois  nous  retirons  5  grammes  de 
liquide  et  nous  njectons  5  grammes  de  liqueur  de  Van  Svvieten. 
Le  liquide  extrait  par  ces  ponctions  a  été  soumis  à  des  cultures 
par  M.  Girode,  mais  ce  procédé  n'y  a  pas  révélé  la  présence  de 
micro-organismes. 

En  pratiquant  ces  injections,  je  me  proposais  de  rendre  le 
liquide  pleural  aseptique  et  d'avoir  chance  qu'il  ne  s'y  reprodui- 
sit pas  quand  je  ferais  une  seconde  ponction  évacualrice;  peut- 
être  même  celle-ci  pourrait-elle  être  évitée  et  le  liquide  serait-il 
résorbé  grâce  à  la  modification  apportée  dans  sa  composition. 

Pendant  celle  période  des  injections  qui  s'étend  du  27  février 
au  0  mars,  l'état  de  la  malade  changea  peu  ;  cependant  la  fièvre 
fut  un  peu  moindre  (température  39'*, i  environ  le  matin,  39'',8 
le  soir),  il  y  eut  pendant  deux  ou  trois  jours  un  peu  de  diarrhée 
sans  autres  phénomènes  abdominaux;  l'apparence  typhoïde  per- 
sistait; les  nuits  étaient  mauvaises.  Le  sulfate  de  quinine  dont 


ces  installations  défectueuses  et  par  cela  même  dangereuses, 
sont  cependant  celles  de  la  plupart  de  nos  demeures,  même 
des  plus  luxueuses.  Aussi  n'en  éprouverait-on  aucun  éton- 
nement  si  la  maison  salubre  ne  nous  permettait  (as  de 
faire  des  comparaisons;  si,  comme  on  Ta  dit.  on  a  d*abord 
parcouru  dans  ce  voyage  Tenfer,  représenté  par  le  rez-de- 
chaussée  et  le  premier  étage,  le  purgatoire,  représenté  par 
le  deuxième,  il  n'y  a  qu'à  traverser  la  passerelle  pour  arriver 
dans  le  paradis  de  l'hygiène,  dans  la  maison  salubre.  Là 
tout  respire  la  propreté  et  la  santé;  la  cour  intérieure  est 
plus  spacieuse,  mieux  éclairée,  sans  causes  de  mauvaises 
odeurs,  et  garnie  de  fenêlres,  dont  les  rideaux  de  guipure 
blanche  témoignent  des  sentiments  de  propreté  des  habitants. 
A  l'entrée  de  la  maison  salubre,  un  écrileau  apprend  que 
les  travaux  de  plomberie  ont  été  exécutés  par  les  élèves  des 
cours  professionnels  de  la  chambre  syndicale  des  ouvriers 
plombiers,  couvreurs  etzingueurs,  qui  mérite  bien  les  félicita- 
tions de  tous  ceux  qui  s'intéressent  aux  progrès  de  l'hygiène. 


Les  progrès  réalisés  dans  cette  branche  de  notre  travail 
national  depuis  cinq  années  sont  considérables.  Les  beaux 
spéciments  de  tuyaux,  de  joints,  de  siphons  exposés  sont 
loin  des  gaucheries  primitives  qui  nous  ont  fait  peine  à  voir 
dans  la  maison  insalubre.  II  est  non  de  faire  remarquer  que 
les  tuyaux  sont  peints  de  diverses  couleurs  pour  pouvoir  les 
distinguer:  ceux  destinés  à  la  ventilation  sont  en  vert;  ceux 
pour  l'eau  en  bleu;  ceux  du  gaz  en  rouge  et  ci:*,  de 
décharge  en  ocre. 

Au  deuxième  étage,  une  lampe  Wenham  évacue  les 
produits  de  la  combustion  par  un  fumivore,  muni  d'un 
tuyau  débouchant  à  l'extérieur;  une  belle  toilelte  a  naturel- 
lement son  luyau  de  vidange  siphonné  ;  la  couronne  du 
siphon  se  ventile  par  un  tuyau  en  plomb  qui  passe  dans  un 
angle  de  la  pièce  et  ventile  également  les  siphons  de  la 
baignoire  du  premier  et  de  l'évier  du  rez-de-chaussée. 

Dans  la  pièce  à  côté,  on  trouve  un  parquet  à  l'anglaise, 
formé  (le  frises  d'un  mètre  de  long,  ajustées  à  leurs  exti^é- 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


2  Août  1889 


on  donnait  1  gramme  de  temps  en  temps,  restait  sans  influence 
marquée  ou  du  moins  persistante  sur  la  ûèvre.  Quant  à  Tépan- 
chement,  il  restait  stationnaire,  du  moins  il  n'augmentait  cer- 
tainement pas. 

C'est  dans  ces  conditions  que  le  8  mars  nous  pratiquons  une 
nouvelle  injection,  difiërente  des  précédentes,  dans  la  plèvre  : 
nous  retirons  100  grammes  de  liquide  séro-fibrincux  tout  à  fait 
analogue  à  celui  de  la  première  ponction,  et  nous  injectons  à  hi 
place  100  grammes  d'une  solution  de  cliloral  au  centième,  bien 
aseptique,  soit  1  gramme  de  chloral  dans  100  grammes  d'eau 
filtrée,  distillée  et  bouillie.  Cette  injection  ne  donne  lieu  sur  le 
moment  à  aucun  phénomène  appréciable  dans  Tappareil  respi- 
ratoire. 

Dans  les  cinq  jours  suivants,  il  ne  se  produit  aucun  change- 
ment dans  Tétat  de  la  malade  :  la  fièvre  reste  aussi  intense 
(pouls,  100-120;  température,  39  à  40  degrés),  les  signes  d'épan- 
cnement  persistent. 

Mais  le  sixième  jour  après  Finjection  (14  mars)  Tépauchement 
parait  positivement  avoir  diminué,  et  cette  diminution  se  con- 
firme par  la  suite  ;  le  27  mars,  il  n'y  en  a  plus  trucc  et  la  res- 
piration est  la  même  au  niveau  des  deux  bases.  En  même  temps, 
fa  malade  se  sent  mieux;  et  cependant  son  apparence  a  peu  chan- 
gé :  elle  a  toujours  Taspect  d'une  typhique  et  sa  (lèvre  n'a  guère 
varié,  à  peine  quelques  dixièmes  de  température  en  inoins. 
Tous  les  trois  ou  quatre  jours  on  lui  administre  1  gramme  de 
sulfate  de  quinine  qui  abaisse  momentanément  la  température 
en  provoquant  une  transpiration  très  abondante,  mais  cet  abais- 
sement ne  persiste  pas  et  le  bénéfice  parait  nul. 

Cette  fièvre,  dont  la  cause  est  resiée  indécise,  a  duré  encore 
pendant  près  d'un  mois  sous  ce  type  continu  ou  avec  des  rémis- 
sions insignifiantes.  Pourtant  la  malade  accusait  un  peu  de 
mieux  :  à  partir  du  1*'''  avril,  craignant  de  voir  la  malade  se 
cachectiser,  je  commençai  à  l'alimenter  et  cette  tentative  réussit 
bien.  Quelques  jours  plus  tard,  la  malade  se  plaignant  de  ne 
pouvoir  dormir  dans  la  salle  commune,  je  la  fis  transférer  dans 
une  chambre  séparée  où  elle  retrouva  le  sommeil  et  il  y  eut 
alors  une  atténuation  de  la  fièvre:  le  pouls  restant  à  100-l!20,  1 
température  s'abaissa  entre  38  et  39  degrés. 

Enfin  le  15  avril  commença  une  période  qui  dura  un  mois, 
pendant  laquelle  la  fièvre  prit  le  type  rémittent,  37  degrés  le 
matin,  40  degrés  le  soir,  i^lalgré  une  grande  faiblesse,  la  malade 
s'améliorait  petit  à  petit  :  elle  mangeait  un  peu,  dormait  passa- 
blement, commençait  h  se  lever  presque  tous  les  jours,  et  ne 
s'apercevait  pas  de  la  fièvre  indiquée  tous  les  soirs  par  le  ther- 
momètre. L'état  de  la  poitrine  restait  satisfaisant  :  nous  ne 
relevions  qu'un  peu  d'afiaissement  du  thorax  du  côté  gauche 
(côté  de  la  nleuresie),  et  aussi  un  peu  de  faiblesse  du  bruit  res- 
piratoire (lans  le  sommet  du  même  côté,  sans  aucun  bruit 
morbide. 

Le  21  mai,  la  malade  est  en  état  de  partir  pour  le  Vésinet, 
conservant  encore  un  mouvement  de  fièvre  tous  les  soirs  avec 
une  température  de  39  degrés,  mais  dans  un  état  général  vrai- 
ment satisfaisant. 

Au  milieu  de  juin,  la  malade  est  rentrée  dans  mon  service, 
bien  que  son  état  de  santé  fût  bon;  mais  elle  était  encore  très 
faible  et  aurait  été  incapable  de  reprendre  son  service  de  domes- 


tique. Sa  température  s'élevait  encore  à  38  degrés  dans  la  soi- 
rée; elle  était  normale  le  matin.  Mais  les  progrès  de  sa  conva- 
lescence ont  été  rapides;  son  appétit  est  bien  revenu,  elle  a 
engraissé,*  et  aujourd'hui  (12  juillet)  elle  va  sortir  incessam- 
ment de  l'hôpital. 

Cfuelle  qu  ail  été  la  nature  de  la  pleurésie  dans  les  obser- 
vations qui  précèdent,  que  Ton  admette,  comme  je  fai 
pensé,  qu  il  s'agissait  d'une  maladie  typhoïde  dans  les  deui 
dernières  observations,  d'une  maladie  infectieuse  niai 
déterminée  dans  le  premier  cas,  ou  qu'on  laisse  la  question 
indécise,  il  me  parait  incontestable  que,  chez  les  trois 
malades,  le  pronostic  devait  être  considéré  comme  grave; 
rinlensité  et  la  persistance  de  la  fièvre,  le  développement 
des  phénomènes  généraux,  caractérisant  un  état  typhoïde, 
suffisaient  pour  rendre  le  pronostic  sévère,  et  au  point  de 
vue  de  la  pleurésie  en  tant  que  maladie  locale,  on  pouvait 
craindre  la  purulence  de  l'épanchement,  ou  tout  au  moins 
la  reproduction  du  liquide  qui  est  habituelle  lorsqu'on  eo 
pratiaue  Tévacuation  pendant  la  période  d'activité  de  la 
maladie. 

Le  traitement  par  les  injections  antiseptiques  s'est  pro- 
posé de  rendre  le  liquide  aseptique  et  d'eu  favoriser  ainsi  ta 
résorption  ou  tout  au  moins  d'en  éviter  la  reproductioo 
après  une  ponction  évacuatrice.  Dans  les  trois  observations, 
nous  avons  à  plusieurs  reprises  injecté  dans  la  plèvre  de  la 
liqueur  de  Van  Swieten;  nous  avons  fait  choix  de  cette 
liqueur  parce  qu'elle  est  considérée  comme  un  des  meilleurs 
antiseptiques.  La  dose  a  varié  dans  les  injections  de  5  grannmes 
à  7o%50.  Cette  dose,  en  supposant  qu'elle  soit  absorbée 
en  totalité,  est  certainement  inoffensive  pour  le  malade,  et 
d'autre  part,  mêlée  au  liquide  de  répanchement,  elle  parait 
capable  d'empêcher  ou  au  moins  de  gêner  le  développement 
des  bactéries  dans  ce  liquide;  elle  serait  peut-être  un  peu 
faible,  si  l'on  s'en  rapporte  aux  tableaux  dressés  par  les 
bactériologistes  sur  la  valeur  antiseptique  de  diverses 
substances  introduites  dans  les  bouillons  de  culture  (1): 
mais  M.  Rcnaut  n'hésite  pas,  d'après  ses  recherches  expéri- 
mentales et  ses  observations  cliniques,  à  la  considérer 
comme  efficace  et  suffisante. 

Dans  les  trois  observations  qui  précèdent,  la  maladie  s'e^l 
terminée  d'une  façon  favorable;  or,  étant  donné  le  pronostic 
c|ue  ces  trois  cas  semblaient  comporter,  je  crois  que  les 
injections  intra-pleurales  ont  été  utiles  et  ont  contribué  au 
bon  résultat  final. 

J'ai  encore  suivi  la  même  méthode  de  traitement  dans  un 

(1)  Si  l'on  admet  que  lo  plus  faible  litro  des  dilutiom  de  sublime,  capable*  àf 
détruire  les  bactéries  en  plein  développement  dans  les  bonillon»  ou  les  infusion*. 
soll  le  titre  de  i/20000,  on  toit  que  5  ininiçrammos  de  sublimé  on  5  praHunni  àr 
liqucnr  de  Van  Swielcn  ne  peuvent  stériliser  que  100  grammes  de  liquide,  l'oor 
stériliser  un  litre  do  liquiiie,  il  faudrait  50  (^nminies  de  liqueur  de  Van  Swicloo, 
et  même  80  grammes  d'après  les  tableaux  de  Duclaux. 


mités  sur  des  languettes  et  permettant  des  démontages  très 
faciles  pour  la  visite  et  le  nettoyage  de  l'entrevous.  La  che- 
minée a  une  prise  d'air  à  l'extérieur.  Les  réservoirs  de 
chasse  sont  desservis  par  le  tout  à  l'égout,  le  réservoir  de 
chasse  est  à  tirage;  la  cuvette  est  à  occlusion  hydraulique 
placée  dans  une  cage,  dont  les  deux  parois  supérieure  et 
antérieure  s'ouvrent  pour  permettre  l'inspection  ;  elle  repose 
sur  un  terrasson  en  plomb,  muni  d'un  indique-fuite  débou- 
chant à  l'extérieur.  Le  réduit  est  largement  éclairé  par  une 
baie  C[ui  donne  sur  la  cour  et  dont  la  moitié  supérieure  est 
constituée  par  du  verre  perforé. 

Lorsqu'on  descend  l'escalier,  on  s'aperçoit  qu'il  est  lar- 
gement aéré  par  les  fenêtres  non  condamnées  et  permettant 
une  aération  libérale;  à  la  partie  supérieure  de  ces  fenêtres, 
des  ventilateurs  à  valve  de  mica  permettent  la  sortie  de 
l'air  mais  empêchent  l'entrée  de  la  pluie.  Le  premier 
étage  possède  1  éclairage  électrique  et  un  parquet  démon- 
table en  chêne  à  point  de  Hongrie.  Le  papier  de  tenture  est 


peint  avec  des  couleurs  non  toxiques.  Une  baignoire  avec 
colonne   pour  douches  est  disposée  sur  un  terrasson  de 

Elomb,  muni  d'un  indique-fuite;  le  tuyau  de  trop-plein  est 
ranché  sur  le  tuyau  de  vidange,  dont  le  siphon  est  ventilé; 
la  vitre  perforée  peut  être  masquée  par  un  châssis  plein; 
le  cabinet  d'aisances  et  à  siège  isolé  est  accessible  de  tous 
côtés. 

Au  rez-de-chaussée,  est  placé  un  cabinet  d'aisances  à  Jffé-    j 
cation  accroupie;  la  coquille  du  siège  et  la  cuvette  sont  en 
grès  émaillé  ;  les  urines  tombent  dans  une  rigole  antérieure:! 
retenue  d'eau  et  sont  balayées  par  des  chasses  aulomaliqiu'S. 
Le  restant  des  murs  est  fait  en  carreaux  de  faïence;»"    i 
lavabo  et  un  timbre  d'office  ont  leurs  tuyaux  de  décharge 
siphonnés   et  ventilés.  La    cuisine  est  desservie  par  «" 
robinet  d'eau  de  source.  L'évier  est  muni  d'un  siphoinle     • 
plomb  avec  regard  de  visite  pour  le  nettoyage;  la  partie tiu     I 
mur,  qui  est  exposée  à  être  éclaboussée  par  l'eau  de  l'évier, 
est  revêtue  de  carreaux  de  faïence.  Le  carrelage  est  en  gr^s 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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cas  récent  de  ma  pratique  particulière^  où  il  parait  évident 
que  la  pleurésie  devait  être  de  nature  infectieuse. 

Obs.  IV.  —  11  s'affit  d'un  malade  âgé  de  cinquante-cinq  ans, 
diabétique  depuis*  plusieurs  années,  qui,  à  la  suite  d'une  lym- 
phite  (Tun  des  membres  inférieurs,  résultant  d*un  cor  au  pied 
enflammé  et  mal  soigné,  présenta  tous  les  symptômes  d'une  infec- 
tion purulente  :  outre  plusieurs  arthrites  infectieuses,  il  survint 
une  manifestation  thoracique  caractérisée  d'abord  par  une  vio- 
lente douleur  au  milieu  du  dos  et  vers  Fomoplate  droite,  qui 
Sersista  une  huitaine,  puis  par  un  épanchement  dans  la  plèvre 
roite,  qui  atteignit  bientôt  1  angle  intérieur  de  Fomoplate,  enfin, 
par  une  certaine  fétidité  de  Tnaleine.  Les  symptômes  que  je 
viens  d'indiquer  me  donnèrent  à  penser  qu  il  s'était  fait  un 
infarctus  pulmonaire,  etquil  se  développait  sans  doute  un  foyer 

f gangreneux  du  poumon  dont  les  signes  physiques  étaient  d'ail- 
curs  nuls  ou  masqués  ;  quant  à  la  pleurésie,  je  la  considérais 
comme  subordonnée  à  la  lésion  que  je  supposais  dans  le  pou- 
mon. Que  telle  fût  son  origine  ou  i^u'elle  se  rattachât  directement 
à  l'infection  purulente,  je  craignais^  en  tout  cas,  qu'elle  ne  fût 
ou  ne  devint  purulente,  et  il  me  paraissait  au  moins  certain 

3u^elle  était  de  nature  septique.  Une  ponction  avec  la  seringue 
e  Pravaz  me  permit  de  constater  que  lo  liquide  récemment 
épanché  était  formé  de  sérosité  transparente  ;  l'examen  bacté- 
riologique, pratiqué  par  M.  Girode,  n'y  fit  pas  découvrir  de 
micro-organismes.  Néanmoins,  je  pratiquai,  a  c^uatre  reprises 
différentes  et  à  deux  jours  d'intervalle,  des  injections  intra- 
plcurales  de  liqueur  de  Van  Swieten  (une  fois  1  gramme, 
trois  fois  4  à  5  grammes),  et  pendant  ce  temps  (du  neuvième  au 
quinzième  jour  de  la  maladie),  je  pus  constater,  à  chacune  des 
ponctions,  que  le  liquide  n'augmentait  pas  de  quantité  et  qu'il 
restait  absolument  séreux  ;  c'est  ce  dernier  résultat  que  je  pour- 
suivais, et  qui  a  été  entièrement  atteint.  Malgré  tout,  le  malade 
succomba  aux  progrès  de  la  maladie  infectieuse,  le  traitement 
antiseptique  général  au  moyen  du  sulfate  de  quinine,  du  salicy- 
iate  de  soude,  du  naphtol  à  l'intérieur,  n'ayant  paru  exercer 
aucune  influence  sur  révolution  de  l'infection  purulente. 

Dans  une  de  mes  observations,  i'ai  fait  en  outre  une  fois, 
dans  la  plèvre,  une  injection  de  100  grammes  d'une  solution 
de  chloral  au  centième.  Ce(te  injection  avait  pour  objet,  en 
présence  d'un  épanchement  rendu  aseptique  par  des  iniec- 
tiens  de  sublimé  antérieures,  de  substituer  un  liquide  faci- 
lement absorbable  à  un  liquide  qui  ne  semblait  pas  l'être, 
puisqu'il  ne  montrait  aucune  tendance  à  la  résorption,  et 
encore  de  mêler  un  liquide  antiseptique  à  ce  qui  pouvait 
rester  de  liquide  septique.  Cette  intervention  a  encore  paru 
heureuse  dans  ce  cas,  puisque,  au  bout  de  quelques  jours, 
liquide  plenrétique  épanché  et  liquide  injecté  étaient  tota- 
lement résorbés,  et  que  la  maladie  locale  pouvait  être  con- 
sidérée comme  çuérie. 

Il  me  parait  inutile  d'insister  sur  la  nécessité  des  plus 
grandes  précautions  opératoires  :  il  va  de  soi  que  ce  traite- 
ment, comme  tous  les  traitements  chirurgicaux,  ne  peut 


être  inofTensif  que  si  l'on  s'astreint,  dans  tous  les  détails  de 
l'intervention,  aux  plus  minutieuses  précautions  antisep- 
tiques. . 

J'ai  eu  récemment  dans  mon  service  un  cas  malheureux, 
pour  lequel  je  me  suis  demandé  si  le  traitement  auquel  j'ai 
eu  recours  n'avait  pas,  à  mon  insu  et  bien  que  j'aie  cru 
in'entourer  de  toutes  les  précautions  nécessaires,  été  res- 
ponsable des  complications  funestes  qui  sont  survenues. 

Obs.  V.  —  Un  homme  de  trente-neuf  ans  était  atteint  de  pleu- 
résie hémorrhagique  du  côté  gauche  de  la  poitrine,  et,  en  outre, 
d'arlério -sclérose  d'origine  alcoolique.  Deux  fois  déjà,  à  un  mois 
d'intervalle,  nous  avions  dû  faire  une  ponction  pour  remédier  à 
la  dyspnée  intense  dont  le  malade  était  affecté,  et  nous  avions 
retiré  chaque  fois  près  d'un  lilre  et  demi  d'un  liquide  fortement 
sanguinolent  et  de  couleur  un  peu  brunâtre.  Quelques  jours 
après  la  seconde  ponction,  j'en  fis  une  troisième,  dans  laquelle 
je  retirai  près  d  un  litre  de  liquide,  et  j'injectai  à  la  place 
300  grammes  de  solution  de  chloral  au  centième.  Mon  but  était 
d'éviter  la  diminution  de  pression  inlra-pieurale  qui  pouvait 
favoriser  l'issue  du  sang,  et  de  substituer  au  liquide  de  l'épan- 
chemcnt  un  liquide  susceptible  d'être  graduellement  résorbé  ; 
c'est  ce  que  j'avais  fait  avec  avantage  dans  l'observation  III. 

Dès  le  lendemain,  nous  constations  des  signes  de  pneumo- 
thorax, qui  devenaient  évidents  les  jours  suivants,  et,  huit  jours 
après,  une  quatrième  ponction  donnait  issue  à  2  litres  de  liquide 
brun  grisâtre  ayant  une  odeur  fétide  de  macération  anatomiquc 
et  à  des  gaz.  L'état  général  était  détestable,  l'haleine  était 
fétide  et  il  y  avait  de  la  diarrhée.  A  partir  du  lendemain  de 
cette  ponction,  on  commença  des  injections  de  liqueur  de  Van 
Swieten  à  la  dose  de  5  grammes  qu'on  répéta  tous  les  jours. 

Nous  reculions  devant  rerapycroe,  que  le  malade,  alcolique  et 
lésé  dans  tousses  organes  par  rartério-sclérose,  ne  nous  parais- 
sait pas  pouvoir  supporter  :  une  nouvelle  ponction,  au  bout  de 
huit  jours,  nous  donnait  encore  1  litre  de  liquide  trouble  et  des 
gaz.  mais  moins  fétides  que  l'autre  fois,  et,  trois  jours  plus 
tard,  la  situation  restant  la  même,  nous  nous  résignions  â  prati- 
quer rempvème,  qui  amenait  le  rejet  de  ''1  litres  environ  de 
liquide  fétide  mêlé  à  des  gaz,  nous  pratiquions  un  lavage  avec 
la  solution  de  sublimé  au  dix-millieme  et  nous  placions  deux 
drains;  pansement  â  l'iodoforme  et  à  la  ouate  au  salol. 

Le  soir  de  l'opération,  la  fièvre  tombait  à  37",?;  mais,  le  len- 
demain, elle  remontait  pour  osciller  entre  38  et  39  degrés;  bien 
que  la  plèvre  ne  fournit  presque  pas  de  liquide,  que  les  lavages 
pratiqués  tous  les  jours  ne  donnassent  presque  rien,  le  malade 
était  en  proie  à  une  agitation  continuelle,  poussant  des  plaintes 
inarticulées,  il  avait  de  la  diarrhée  avec  incontinence.  Dès  lors, 
il  s'afiiiiblit  rapidement  et  succomba  six  jours  après  l'opé- 
ration. 

A  l'autopsie,  nous  ne  trouvâmes  que  les  lésions  d'une  pleu- 
résie néomembraneuse,  avec  néomembranes  épaisses,  atrophie 
du  poumon  ;  quelques  noyaux  tuberculeux  au  sommet  des  aeux 
poumons,  mais  pas  de  perforation  du  poumon  gauche  ni  de  lésion 
pulmonaire,  gangreneuse  ou  autre,  à  laquelle  on  put  imputer 
l'altération  putride  du  liquide  pleural.  L'aorte  était  atbéroma- 
teuse  et  les  viscères,  cœur,  foie,  reins,  présentaient  des  lésions 


ï 


cérame;  l'eauusée  s'écoule  par  une  pente  douce  vers  un 
siphon  en  grès  vernissé,  afin  de  pouvoir  pratiquer  des  lavages 
journaliers  à  grande  eau. 

Le  sol  de  la  cour  est  cimenté  et  un  siphon  assure  l'écou- 
lement des  eaux.  Un  tuyau  des  eaux  pluviales,  en  fonte  avec 
joints  à  la  céruse^  est  ouvert  à  ses  deux  bouts  pour  la  libre 
circufation  de  l'air;  il  déverse  son  contenu  dans  un  siphon, 
ui  reçoit  aussi  la  décharge  de  la  cuisine.  Le  tuyau  de  chute 
es  cabinets  est  en  plomb,  métal  peu  oxydable,  facile  à 
appliquer,  s'allongeant  sans  rupture  des  joints,  se  prêtant 
bien  aux  soudures  solides  et  se  travaillant  en  bouts  très 
longs,  ce  qui  diminue  le  nombre  des  joints.  Une  trappe  de 
regard  avec  joints  étanches  et  grille  de  sûreté  donne  accès 
dans  le  regard  de  visite  de  la  canalisation. 

Dans  le  sous-sol,  éclairé  par  une  minuscule  lampe  à 
incandescence,  on  voit  la  canalisation  en  grès  vernissé  posée 
sur  corbeaux  ou  sur  un  massif  en  maçonnerie;  la  pente  est 
de  0" ,04;  des  tampons  mobiles  permettent  le  nettoyage. 


Dans  le  branchement  particulier  qui  va  de  la  maison  à 
Tégout,  il  existe  un  sipnon  sur  le  trajet  de  la  canalisation; 
dans  ce  même  branchement  se  trouvent  deux  compteurs, 
l'un  pour  l'eau  de  source,  l'autre  pour  l'eau  de  rivière.  Kn 
dehors  de  la  maison,  la  voie  publique  est  représentée  à  ciel 
ouvert  sur  une  étendue  assez  considérable  pour  apercevoir 
nettement  les  installations  sanitaires  du  sous-sol  des  rues 
de  Paris.  Là  on  peut  se  rendre  aisément  compte  des  avan- 
tages du  tout  à  l'égout,  des  excellentes  dispositions  prises 
pour  assurer  par  le  siphon  automatique  de  chasse  d'eau  le 
nettoyage  des  conduites  et  empêcher  tout  reflux  de  gaz  ou  de 
matières  dans  les  habitations.  Jamais  encore  en  France  on 
n'avaitainsimissousiesyeux  du  public,avec  autant  de  clarté, 
les  éléments  de  ce  grave  problème  de  l'assainissement  des 
habitations  et  des  villes,  que  personne  ne  doit  ignorer. 

{A  suivre.) 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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de  sclérose  et  des  altérations  graisseuses  en  rapport  avec  la 
lésion  du  système  artériel. 

Les  dangers  auxquels  peut  exposer  la  négligence  des  pré- 
cautions antiseptiques  ne  doivent  pas  cependant  détourner 
de  remploi  des  injections  intrapleurales,  si  leur  efficacité 
vient  à  être  démontrée  :  ils  imposent  seulement  Tobservance 
rigoureuse  de  ces  précautions,  et,  grâce  à  elles,  ces  injec- 
tions semblent  au  moins  inoffensives.  Les  faits  que  j'ai  rap- 
portés et  ceux  que  j'ai  cités  d'après  divers  auteurs  paraissent 
démontrer  que,  dans  certaines  circonstances  déterminées, 
elles  ont  été  efficaces. 

Je  voudrais  citer  encore  quelques  exemples  de  ma  pra- 
tique où  une  intervention  du  même  genre  a  donné  de  bons 
résultats. 

Obs.  VI.  —  Chez  une  malade  de  mon  service,  atteinte  de 
tumeurs  multiples  (dont  la  nature  est  probablement  celle  du 
Ivmphadénome  ou  au  lymphosarcome),  qui,  développées  sans 
doute  dans  Tutérus  ou  dans  ses  annexes  d'abord,  ont  envahi  suc- 
cessivement le  mésentère  et  les  ganglions  mésentériques,  puis 
les  ganglions  du  médiastin  et  les  parois  thoraciques  du  côté 
droit,  et  enfin  les  ganglions  du  côté  droit  du  cou,  il  était  sur- 
venu un  épanchement  abondant  dans  la  plèvre  droite,  vraisem- 
blablement subordonné  à  la  maladie  principale,  par  extension 
de  la  dégénérescence  à  la  plèvre.  Déia  deux  fois  il  avait  fallu 
évacuer  cet  épanchement,  à  cause  de  la  dyspnée  qu'il  occa- 
sionnait, et  on  retirait  cnaque  fois  1  litre  et  demi  de  liquide 
séro-fibrineux. 

Pendant  mes  dernières  vacances,  notre  collègue,  M.  Barié, 
qui  me  remplaçait,  essaya  de  combattre  la  reproduction  inces- 
sante de  liquide  par  des  injections  d'une  solution  de  chlorure  de 
zinc,  suivant  les  indications  données  ici  même  par  notre  col- 
lègue M.  Juhel-Rcnoy;  à  trois  reprises  différentes,  les  ponctions 
furent  suivies  d'injection  de  chlorure  de  zinc,  mais  ces  injec- 
tions, d'ailleurs  inoffensives,  ne  donnèrent  pas  le  résultat  qu'on 
désirait;  le  liquide  paraissait  devenir  de  plus  en  plus  fibrineux, 
mais  il  se  reproduisait. 

Quand  je  repris  mon  service,  je  voulus  continuer  ces  tenta- 
tives, qui  me  paraissaient  justifiées,  mais  devant  l'insuccès  du 
chlorure  de  zinc,  je  résolus  d'emplover  l'iode,  et  je  me  servis 
de  la  solution  recommandée  par  M.  Moizard  pour  le  traitement 
des  pleurésies  infectieuses  dépendantes  du  pneumothorax.  Après 
évacuation  de  la  plèvre,  j'injectai  dans  sa  cavité  30  grammes 
d'une  solution  iodurée  d'iode  (teinture  d'iode,  solution  d'iodure 
de  potassium  au  dixième,  alcool  à  60  degrés,  parties  égales  de 
chacun).  La  malade  accusa  une  vive  douleur  et  ressentit  comme 
un  coup  dans  la  tête  à  perdre  connaissance;  mais  ces  désordres 
se  calmèrent  bientôt  et,  au  bout  d'une  demi-heure,  toute  dou- 
leur avait  cessé.  Dans  les  jours  suivants,  on  constata  qu'il  se 
reproduisait  un  peu  de  liquide,  mais,  peu  de  temps  après,  cet 
épanchement  était  résorbé,  et,  depuis  lors,  on  n'en  a  plus  con- 
staté aucune  trace. 

Obs.  Vil.  —  Chez  une  autre  malade  atteinte  de  tuberculose 
péritonéo-pleurale  avec  épanchement  liquide  assez  abondant 
dans  le  péritoine,  j'ai  fait  à  deux  reprises  différentes  une  injec- 
tion d'eau  iodée  dans  la  cavité  péritonéale  ;  j'espérais  par  cette 
intervention  agir  sur  les  deux  éléments  de  la  maladie,  le  tuber- 
cule d'une  part,  la  péritonite  d'autre  part.  La  solution  dont  je 
me  suis  servi  est  analogue  à  celle  dont  j'ai  déjà  narlé,  moins 
l'alcool,  qui  parait  inutile  et  qui  peut-être  est  cause  de  la  douleur 
vive  qui  accompagne  l'injection;  voici  donc  la  formule  que  j'ai 
employée  : 

Iode i  gramme. 

lodure  de  sodium 4      — 

Eau  filtrée,  distillée  et  bouillie 35      — 

La  première  fois,  j'injectai  5  grammes  de  cette  solution,  après 
avoir  retiré  une  égale  quantité  du  liquide  épanché  qui  était 
composé  de  sérosité  jaunâtre  bien  transparente,  et  m'être  assuré 
que  Veau  iodée  diffusait  parfaitement  dans  ce  liquide.  Je  recom- 
mandai à  la  malade  de  se  déplacer  en  divers  sens  après  l'injec* 
tien,  dans  le  but  de  mélanger  l'eau  iodée  avec  le  liquide  péri- 
tonéal.  La  douleur  après  l'injection  fut  absolument  nulle.  Les 
urines,  recueillies  depuis  la  ponction,  donnèrent,  par  l'amidon 
et  Facide  nitrique,  la  réaction  caractéristique  de  1  iode:  les  pre- 
mières urines,  recueillies  huit  heures  après  la  ponction,  en  con- 


tenaient déjà  d'une  façon  manifeste,  mais  les  urines  des 
mictions  suivantes  en  contenaient  davantage  encore  et  on  en 
trouva  ainsi  pendant  six  jours,  l'élimination  paraissant  être 
au  maximum  le  second  jour,  puis  dinainuant  graduellemenU  II 
n'y  eut  d'ailleurs  aucun  phénomène  d'iodtsme. 

Kuit  jours  plus  tard,  les  phénomènes  abdominaux  ne  présen- 
tant pas  de  modification  sensible,  ie  fis  une  seconde  injection 
avec  8  erammes  de  la  même  solution.  Gomme  U  première 
fois,  il  n  y  eut  aucune  douleur  et  aucun  symptôme  immédiat 
imputable  à  l'injection.  Gomme  la  première  fois,  l'élimination 
d'iode  par  les  urines  persista  pendant  six  à  sept  jours. 

Quant  au  résultat  de  ces  injections,  quatre  ou  cinq  jours  après 
la  seconde,  il  devint  manifeste  que  le  ventre  était  moins  tendu 
et  plus  souple;  petit  à  petit,  le   liquide  épanché  fut  résorbé 

Sresque  totalement  et  le  ventre  redevint  sonore  dans  les  parties 
éclives.  11  parut  donc  que  la  péritonite  et  répanchement  qui 
lui  est  suboraonné  avaient  cédé,  le  résultat  était  satisfaisant  sous 
ce  rapport;  pour  les  lésions  tuberculeuses,  elles  étaient  sans 
doute  bien  avancées  déjà  et  difficilement  accessibles  à  un  traite- 
ment quelconque;  dès  après  la  première  injection,  nous  com- 
mencions à  sentir  un  plastron  dur,  occupant  tout  l'épigastre  el 
la  ré&^ion  ombilicale,  et  formé  sans  doute  par  l'épiploon  infiltré 
de  tubercules;  les  lésions  de  la  plèvre  gauche  .semblent  demeurer 
stationnaires  ;  l'état  général  est  médiocre,  la  malade  s'alimente 
peu  et  a  souvent  des  troubles  digestifs,  elle  maigrit,  et  la 
cachexie  finale  est  à  craindre  dans  un  délai  peu  éloigné. 

Ce  dernier  cas,  bien  nue  l'état  actuel  de  la  malade  soit 
très  peu  satisfaisant,  est  ravorable  à  la  pratique  des  injec- 
tions intrapéritonéales.  Il  ne  me  parait  pas  douteux,  et  j'ai 
cherché  à  rétablir  dans  une  communication  antérieure,  que 
la  tuberculose  péritonéo-pleurale,  dans  sa  forme  subaiguê 
du  moins,  est  curable;  or,  si  Ton  pouvait,  par  des  injections 
appropriées,  combattre  et  empêcher  la  pullulation  dn 
microoe  tuberculeux,  et  d'autre  part  éteindre  la  péritonite 
et  répanchement  qui  en  est  la  conséquence,  on  attefndrait 
le  double  but  qu  on  doit  poursuivre  dans  la  situation 
actuelle,  guérir  la  maladie  présente  et  sauvegarder  autant 
que  possible  l'avenir  en  détruisant  les  germes  qui  pourraient 
se  développer  plus  tard. 

En  résumé,  j'ai  fait,  après  d'autres,  des  essais  de  traite* 
ment  local  dans  des  cas  de  pleurésie  où  la  nature  seule  ne 
paraissait  pas  devoir  faire  les  frais  de  la  guérison;  et  d'après 
ce  que  j'ai  vu,  il  me  semble  que  la  pratique  des  injections 
intra-pleurales,  on  peut  même  dire  des  injections  intra- 
séreuses  en  général,  constitue  une  médication  d'avenir. 

Il  faut  avouer  que  le  traitement  dit  médical  de  la  pleu- 
résie est  en  général  aussi  peu  efficace  qu'il  est  banal:  les 
antiphlogistiques  paraissent  utiles  au  début  pour  combattre 
Télément  inflammatoire  ;  mais,  plus  tard,  dans  la  longue 
période  de  l'épanchement,  les  révulsifs  et  les  dérivatifs  n'ont 
qu'une  action  bien  incertaine  et  bien  douteuse,  ils  ne  consti- 
tuent souvent  qu'une  expectation  offensive,  faisant  illusion 
au  malade  jusqu'à  la  solution  naturelle  de  la  maladie:  la 
thoracentëse  reste  alors  comme  ressource  excellente  pour 
enlever  le  liquide,  mais  naturellement  elle  ne  peut  rien 
pour  empêcher  sa  reproduction  ;  elle  n'est  donc  qu'un 
moven  palliatif,  s'adressant  à  l'épanchement,  non  à  la 
maladie  pleurésie. 

S'il  en  est  ainsi,  même  dans  la  pleurésie  dite  simple, 
combien  plus  encore  est-on  impuissant  par  ce  traitement 
contre  les  pleurésies  infectieuses. 

Que  font  cependant  les  chirurgiens  dans  les  arthrites 
infectieuses,  qui  sont  des  maladies  analogues?  si  elles  ne 
sont  pas  justiciables  des  révulsifs,  de  l'immobilisation  et 
autres  moyens  de  douceur,  on  les  ouvre,  on  les  lave  et  on 
en  obtient  la  guérison.  Pour  les  pleurésies  et  les  péritonites 
infectieuses,  faut-il  donc  en  venir  à  l'empyèrae  et  à  la  lapa- 
ralomie,  suivis  de  lavages  antiseptiques?  Avant  de  recourir 
à  ces  moyens,  qui  donnent  aux  chirurgiens  de  si  beaux 
résultats  depuis  l'antisepsie,  mais  qui  pourtant  ne  sont  pas 
encore  des  opérations  légères,  ne  peut-on  pas  espérer  qu  on 
arriverait,  dans  certains  cas  de  pleurésies  ou  de  péritonites 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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infeclieases,  alors  même  qu'elles  seraient  suppurées  comme 
dans  les  deux  cas  rapportés  par  Bouchard,  qu  on  arriverait, 
dis-je,  à  la  guérison  par  des  injections  antiseptiques  ou  des 
injections  modificatrices?  Les  exemples  que  j*ai  cités  et  ceux 
que  j*ai  empruntés  à  différents  auteurs,  montrent  que  ces 
espérances  sont  fondées,  que  les  injections  antiseptiques  et 
modificatrices  constituent  un  mode  de  traitement  sérieux  de 
la  pleurésie  et  des  maladies  des  grandes  séreuses  en 
général  ;  ce  traitement  paraît  inoffensif,  si  Ton  prend  les 
précautions  nécessaires  ;  il  paraît  avantageux  et  même 
efficace. 

Quant  aux  agents  de  cette  médication  auxquels  il  faut 
donner  la  préférence,  sublimé,  naphtol,  iodoforme,  chlorure 
de  zinc,  iode,  etc.,  on  aura  à  déterminer  quels  sont  les  plus 
actifs  ou  plutôt  ceux  auxquels  il  vaudra  mieux  s'adresser 
suivant  chaaue  variété  de  maladie  ou  chaaue  espèce  d'agent 
pathogène,  te  au'il  faut  établir  d'abord,  c  est  la  valeur  de  la 
méthode  ;  je  n  ai  eu  d'autre  objet  que  de  lui  apporter  ma 
modeste  contribution. 


CORRESPONDANCE 

A  M.  LE  nÊDACTËUR  EN  CHEF  DE   LA   C   (;AZETTE  HEBDOMADAIRE.   > 
CoBtAglon  ellnlqoe  dn  tétaooa. 

Voici,  après  bien  d'autres,  un  exemple  de  contagion  clinique 
du  télanos,  qui,  outre  son  intérêt  propre,  tire  une  cerlaioc  im- 
portance des  illustrations  chirurgicales  mises  en  cause.  Je  le 
tiens  de  M.  Walter  Franklin  Allée,  chirurgien  distingué  de  Phi- 
ladelphie. M.  F.  Atlee  appartient  à  une  dynastie  chirurgicale, 
qui,  jusqu^à  ces  dernières  années,  s*est  souvent  donné  le  luxe 
familial,  de  faire  insérer  daus  un  même  numéro  du  The  ame^ 
rican  Journal  of  the  médical  Sciences^  des  articles  du  grand- 
père,  du  père  et  du  lils. 

Voici  le  fait,  tel  que  nous  Ta  raconté  M.  Alice  qui  représente 
la  seconde  personne  de  cette  remarquable  trinité: 

c  11  y  a  plusieurs  années  Sir  Spencer  Wells,  le  célèbre  ova- 
riotomiste  anglais,  dans  son  voyage  aux  Ëtnts-lînis,  se  rendit 
auprès  de  mon  père,  à  Lancaster,  où  je  raccompagnai.  Il  dina 
chez  mon  père,  et,  au  dessert,  au  cours  de  maintes  dissertations 
chirurgicales,  il  me  demanda  si  je  croyais  à  la  contagiosité  du 
tétanos.  —  Non,  lui  répondis-je,  et  vous,  y  croyez-vous?  — 
Je  ne  sais  si  j'y  crois,  répliqua-t-il,  mais  voici  ce  qui  m'est 
arrivé. 

c  Jo  n'avais  jamais  eu  de  cas  de  tétanos  chez  mes  opérées 
jusqu'à  un  certain  jour  où,  au  cours  d'une  opération,  je  constatai 
«uc  je  n'avais  pas  ma  sonde  cannelée  {director).  Henry  Smith 
(Vassistant  régulier  de  sir  James  Fergusson)  qui  était  à  côté  de 
moi,  m'offrit  la  sienne.  Mon  opéré  mourut  du  tétanos,  elle  et  les 
deux  opérées  qui  suivirent,  et  je  dus  suspendre  toute  opération 
pour  quelque  temps. 

c  Or,  cette  sonde  cannelée,  que  m*avait  offerte  Henry  Smith^ 
était  celle  de  sir  James  Fergussonj  qui  avait  en  ce  moment 
des  cas  de  tétanos  dans  son  service,  » 

Voilà  le  fait  sans  commentaires. 

D*autre  part,  au  point  de  vue  de  Foriginc  équine  du  tétanos 
humain,  sur  laquelle  je  me  suis  déjà  permis  de  faire  quelques 
réserves,  j'ai  pu  recueillir  le  témoignage  d'étudiants  russes, 
habitant  la  Podolie,  où  les  chevaux  et  les  cas  de  tétanos  ne  sont 
pas  rares.  Il  est  accrédité  dans  leur  pays  que  les  plaies  contrac- 
tées au  voisinage  des  chevaux  prédisposent  au  télanos. 

Ces  faits,  il  est  vrai,  n'apprennent  rien  de  bien  nouveau.  Au 
point  où  les  derniers  débats  académiques  ont  amené  la  question 
d'origine  du  tétanos,  cette  question,  en  effet,  ne  peut  plus  guère 
avancer  sur  le  terrain  clinigue.  Il  n'y  a  que  l'expérimentation 
méthodique  qui  puisse  lui  taire  faire  aujourd'hui  un  nouveau 
pas.  M.  le  professeur  Nocard  a  promis  de  s'engager  dans  cette 
voie.  D'autre  part,  nous  croyons  savoir  que  MM.  Cnantemesse  et 
Widal  y  sont  engagés  depuiii  longtemps.  Il  ne  nous  reste  plus 

3u*â  attendre  les  diverses  communications  qu'on  leur  devra  sans 
uulc. 

D"^  UicocHON  (de  Champdeuiers). 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Ae««léiiile  des  ■cleHees. 

Perfectionnements  apportés  a  la  préparation  de 
l'hémoglobine  cristallisée  par  le  procédé  d'Huppe- 
Seyler  ;  nouveau  procédé  de  préparation  de  ce  corps, 
par  M.  Mayet.  —  Mémoire  de  chimie  biologique,  dont  on 
trouvera  un  exposé  détaillé  aux  Comptes  rendus^  p.  156,  et 
qui  a  pour  objet  d'obtenir  de  beaux  cristaux  d'hémoglobine 
cristallisée. 

Du  mode  d'action  de  l'électrolyse  linéaire  par  les 

COURANTS  faibles,  ET  DE  SA  TEMPÉRATURE  DANS  LA  DES- 
TRUCTION DES  TISSUS  ORGANIQUES,  par  M.  J,  A.  Fort.  — 
Après  quelques  considérations  théoriques  relatives  à  la  dé- 
composition des  tissus  organiques  par  l'électrolyse,  l'auteur 
recherche  quelle  est  la  température  des  tissus  au  niveau  du 
pôle  négalif.  Il  démontre,  par  des  expériences  faites  sur  la 
chair  de  cadavre  et  sur  l'animal  vivant,  que  l'opération  de 
l'électrolyse  linéaire  consiste  dans  la  formation,  par  action 
chimique,  d'un  sillon  dans  la  substance  du  rétrécissement, 
sillon  analogue  à  une  incision  non  sanglante,  sans  élévation 
de  température. 

Sur  UNE  NOUVELLE  TUBERCULOSE   BACILLAIRE,   D'ORIGINE 

BOVINE,  par  M.  /.  Courfnont.  —  L'auteur  a  trouvé,  il  y  a 
quelque  temps,  un  nouveau  bacille  tuberculeux  dans  une 
lésion  pleurale  de  bœuf  atteint  de  pommelière.  C'est  un 
bacille  court  et  large,  composé  d'une  zone  médiane  claire 
légèrement  étranglée  et  de  deux  noyaux  terminaux.  Il  est 
très  mobile,  pousse  rapidement  sur  tous  les  milieux  cou- 
ramment employés  et  ne  liquéfie  pas  la  gélatine.  On  en 
obtient  des  cultures  à  -f-  «^^  degrés  et  dans  le  vide.  Il  se 
colore  facilement  et  se  décolore  de  même.  Les  tubercules 
du  bœuf,  où  il  n'était  pas  associé  au  bacille  de  Koch,  don- 
nèrent directement  des  cultures  pures. 

Les  lapins  inoculés  avec  le  suc  des  tubercules  devinrent 
tuberculeux  en  quinze  à  quatre-vingts  jours,  et  chacun  d'eux 
fut  l'origine  d'une  génération  de  lapins  tuberculeux,  tandis 
(]ue  les  cobayes  moururent  tous  dans  les  dix  premiers 
jours,  présentant  simplement  un  œdème  local  et  le  gonfle- 
ment ue  la  rate.  Les  tubercules  des  lapins  fournirent  des 
cultures  pures  du  bacille  susdécrit  :  jamais  de  bacille  de 
Koch  ;  mais,  chose  remarquable,  le  sang,  tant  des  lapins 
que  des  cobayes,  fourmillait  du  même  micro-organisme.  Le 
bacille  tuberculeux  n'était  donc  pas  à  peu  près  exclusive- 
ment cantonné  dans  la  lésion,  comme  uans  la  tuberculose 
classique,  mais  répandu  dans  tout  l'organisme.  L'inocula- 
tion du  sang  et  de  la  sérosité  de  l'œdème  local  occasionnait 
la  mort  rapide  avec  envahissement  du  sang  par  le  bacille. 

Les  tubercules  obtenus  chez  les  lapins  lurent  transmis- 
sibles  aux  lapins,  mais  ne  se  reproduisirent  pas  chez  les 
cobayes;  ces  derniers  succombèrent  néanmoins  à  l'inocu- 
lation, par  suite  du  passage  et  de  la  multiplication  du 
bacille  dans  les  vaisseaux. 

Il  résulte  de  tous  ces  faits  que,  si  le  bacille  décrit  tue 
toujours  le  lapin  et  le  cobaye  en  se  retrouvant  dans  leur 
sang,  il  n'acquiert  l'aptitude  à  provoquer  des  lésions  tuber- 
culeuses que  dans  certaines  conditions.  Lorsqu'il  est  aupoint 
pour  tuberculiser  les  animaux  d'une  ou  plusieurs  espèces, 
il  ne  l'est  pas  pour  certaines  autres.  Dans  la  même  espèce, 
il  reproduit  toujours  de  la  tuberculose,  si  on  l'emprunte  à 
une  lésion  tuberculeuse;  s'il  est  emprunté  à  une  culture,  il 
ne  produit  des  tubercules  qu'à  un  moment  donné  de  son 
évolution  (le  vieillissement  parait  être  un  des  facteurs  de 
cette  propriété).  L'aptitude  à  faire  du  tubercule  ne  doit  pas 
être  regardée  comme  une  simple  atténuation  de  la  virulence, 
puisque  le  bacille  atténué  peut  ne  tuernu'en  cinauante  jours 
sans  produire  de  lésions,  tandis  que  celles-ci  s'édifient  quel- 


m  —  N*  âi 


GAZEf TE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECmB  ET  DE  CHIRURGIE 


i  AoDT  1889 


quefois  en  cinq  jours  :  c'est  une  propriété  surajoutée.  Cette 
notion  explique  comment  un  bacille  se  cultivant  et  se  colo- 
rant aussi  facilement  a  pu  longtemps  passer  inaperçu  au 
(loint  de  vue  de  la  genèse  de  la  tuberculose.  Désormais,  si 
'on  ne  pouvait  pas  inoculer  un  microbe  provenant  d'un 
tubercule  à  Tespece  qui  portait  la  lésion,  il  faudrait,  avant 
de  se  prononcer  sur  les  qualités  de  ce  microbe,  l'inoculera 
plusieurs  espèces  animales  et  aux  phases  différentes  de  son 
évolution. 

Un   point  capital   dans  l'histoire   du   nouveau    bacille 
tuberculeux  que  nous  décrivons  est  relatif  à  l'action  des 

Produits  qu'il  fabrique  dans  l'organisme.  Loin  de  vacciner 
animal  à  qui  on  les  inocule,  ils  préparent  au  contraire  le 
terrain  pour  la  puUulation  du  microbe.  M.  Arloingavait  déjà 
émis  l'idée  au  dernier  Congrès  pour  l'étude  de  la  tubercu- 
lose qu'il  devait  en  être  ainsi  du  bacille  de  Koch,  et  il  fait 
exécuter  des  recherches  en  ce  sens.  Il  suffit  d'introduire 
sous  la  peau  d'un  lapin  ou  d'un  cobaye  1"  de  bouillon  de 
culture  filtrée  par  kilogramme  de  poids  vif  pour  que  l'inocu- 
lation d'un  tubercule  pratiquée  chez  ces  animaux  vingt  jours 
plus  tard  tue  le  cobaye  en  quinze  heures  et  le  lapin  en  vingt- 
iroiSy  tandis  que  le  cobaye  témoin  meurt  tuberculeux  au 
bout  de  dix  jours  en  moyenne.  On  peut  donc  dire  que  chez 
le  cobaye,  par  exemple,  la  virulence  du  bacille  ^par  rapport 
à  l'organisme  récepteur  est  augmentée  dans  la  proportion  de 
1  à  16.  Une  çarcelie  de  l'animal  tué  de  cette  façon,  inoculée 
soit  à  un  lapin,  soit  à  un  cobaye  neutres,  amène  leur  mort 
dans  un  temps  sensiblement  égal.  Au  bout  de  cinq  trans- 
missions, on  n'a  pas  constaté  d^atténuation  appréciable. 
L'influence  des  produits  fabriqués  par  ce  bacille  tubercu- 
leux donnera  peut-être  une  explication  satisfaisante  de  la 
généralisation  lente  des  tuberculoses  locales,  des  poussées, 
de  l'hérédité,  etc. 


Académie  de  médeelne. 

SÉANCE  DD  30  JUILLET   1889.    —  PRÉSIDENCE 
DE  M.   MAURICE  PERRIN. 

M.  lo  docteur  Senutt  médecin-major  de  1'*  classe  au  19"  d'artillerie,  eiiToic  un 
tiiémoiro  manuscrit  sur  la  fièvre  typh&lde  datis  la  gamiion  de  Nîmet  en  1884> 
i888. 

M.  Û.  Martin  envoie  an  ouvrage  sur  le$  prothètet  immédiatet  et  le9  reitau- 
râlions  de  ta  face. 

M.  le  docteur  Gostomirit  se  'porte  candidat  au  litre  de  correspondant  étranger 
dans  la  division  de  niëdecine. 

M.  Larrey  présente:  l^andom  de  M.  le  ûociear  Sirut-Piroudi  (de  Marseille), 
des  noies  sur  la  naupathie  et  ion  traitement;  ^  de  la  p.irl  do  M.  lo  docteur 
Damer,  une  thèse  but  le  mécanisme  des  articulations  radio-cubitales  ;  3"  la 
statistique  médicale  du  dispensaire  Furtado-Heine  pour  1888. 

M.  G.  Lagneau  dépose,  de  la  part  de  M.  le  docteur  Coustou,  médecin-inajor  de 
l'«  clause,  l'article  PRéHATURATioN,  extrait  du  Dictionnaire  encyclopédique  des 
sciences  médicales,  et  il  fait  hommage  de  son  Rapport  sur  les  maladies  épidé- 
miques  observées  en  1887  dans  la  Seine. 

M.  Vidal  présente  une  leçon  de  M.  H.  Uloir  sur  les-  dermato-neuroses  indica- 
trices et  offre  un  mémoire  sur  le  molluscum  contagiosum  de  Bateman. 

U.  Tamier  dépose  une  thèse  de  M.  le  docteur  Schuhl  sur  les  grossesses 
extra-utérines  anciennes  dans  leurs  rapports  avec  les  grossesses  utérines 
êubsiquentes. 

Élections.  —  Par  35  voix  sur  40  votants,  M.  Romme- 
laere  (de  Bruxelles)  est  élu  correspondant  étranger  dans  la 
division  de  médecine.  M.  Sydney-Ringer  est  également  élu 
correspondant  étranger  dans  la  même  division,  par  24  voix 
sur  39  votants. 

Saccharine.  —  Comme  suite  aux  recherches  qu'il  a 
communiquées  l'année  dernière,  M.  Constantin  Paul 
signale  les  résultats  qu'il  a  obtenus  en  joignante  la  Saccha- 
rine une  égale  proportion  de  bicarbonate  de  soude;  avec  ce 
mélange  on  n'a  plus  à  craindre  le  moindre  retard  dans  la 
digestion,  ni  les  maux  d*estomac,  dont  se  sont  plaints 
certains  diabétiques;  le  saccharinate  de  soude  peut  être 
donné  jusqu'à  5  grammes.  D'autre  part,  lorsqu'on  veut 
obtenir  l'action  antiseptique    la  plus  énergique,   il   faut 


employer  la  saccharine  pure  en  poudre.  Toutefois,  lorsqa  il 
s'agit  du  microbe  de  la  butréfaction  et  de  celui  de  la  suppu- 
ration, la  proportion  de  aeux  parties  de  bicarbonate  de  soude 
pour  trois  de  saccharine  renci  celle-ci  très  soluble  et  permet 
d'arrêter  le  développement  non  seulement  de  ces  deui 
microbes,  mais  de  tous  les  microbes  si  nombreux  qui  vivent 
dans  la  bouche  et  jouissent  de  la  propriété  de  fluidifier  la 
gélatine.  La  saccharine  rendue  soluble  dans  ces  propor- 
tions constitue  un  dentifrice  précieux. 

Hypnotisme.  —  M.  Mesnet  rapporte  une  opération  de 
kolporrhaphie  pratiquée  pour  une  cystocèie  vaginale 
simple,  pratiquée  pendant  le  sommeil  hypnotioue  chez  une 
jeune  femme  de  vingt-cinq  ans.  L'opération  aura  environ 
vingt  minutes  pendant  laquelle  la  malade  ne  ressentit 
aucune  douleur.  Malgré  sa  volonté  (par  crainte  de  souffrir, 
elle  voulait  être  chloroformée),  elle  fut  endormie  par  la 
fixation  du  regard,  dans  la  salle,  près  de  son  lit.  Elle  vint 
ensuite  elle-même  de  la  salle  à  Tamphithéàtre,  snmni 
M.  Mesnet,  pas  à  pas,  réglant  sa  marche  sur  la  sienne,  lente 
ou  précipitée.  Sur  l'invitation  oui  lui  en  fut  faite,  elle  se 
déshabilla,  se  plaça  sur  le  lit  d'opération,  dans  la  position 
dorsale,  les  jambes  relevées.  M.  Tillaux  pratiqiia  l'opération; 
il  enleva  avec  le  bistouri,  moyennant  une  dissection  lente 
et  délicate,  une  large  surface  rectangulaire  de  muqueuse 
vaginale,  d'une  étendue  de  7  centimètres  sur  4  environ  de 
largeur,  et  rapprocha  par  des  points  de  suture  les  bords  de 
la  surface  avivée;  des  tampons  de  gaze  iodoformée  fnrent 
placés  dans  le  vagin  comme  pansement. 

Pendant  ce  temps  la  malade  ne  fit  pas  le  moindre  moa- 
vement;  agacée  au  début,  elle  devint  de  plus  en  plus  calme, 
parlant  de  choses  indifférentes,  et  s'inquiétant  surtout  du 
moment  de  l'opération  qu'elle  attendait,  en  rappelant  qu'elle 
voulait  être  chloroformée.  L'opération  terminée,  elle  avait 
sa  chemise  tachée  de  quelques  gouttes  de  sang;  sur  Tafldr- 
mation  de  M.  Mesnet,  qu'elle  était  seule  avec  lui  dans  la 

(âèce,  au'il  fallait  qu'elle  se  déshabillât  pour  changer  de 
inge,  elle  se  laissa  faire  et  s'habilla  de  nouveau  devant 
cent  personnes  ayant  les  yeux  sur  elle.  Elle  fut  ensuite  placée 
sur  un  brancard  et  rapportée  dans  son  lit;  là  on  lui  suggéra 
qu'elle  passerait  une  excellente  journée  et  oa'elle  ne  senti- 
rait rien;  à  son  réveil,  elle  demanda  à  M.  Tillaux  quand  il 
devait  l'opérer  et  son  étonnement  fut  indescriptible  lorsqu'on 
lui  annonça  que  l'opération  était  faite;  elle  n'avait  rien 
senti,  elle  ne  sentait  rien,  son  souvenir  s'était  arrêté  an 
moment  ou  elle  a  été  endormie.  Pendant  l'opération,  elle 
avait  perdu  très  peu  de  sang,  mais  dans  la  iournée,  une 
heure  et  demie  après,  elle  fut  prise. d'une  hémorrhagie 
abondante  qui  nécessita  un  tamponnement;  c'est  seulement 
en  voyant  le  san^  qu'elle  crut  véritablement  à  l'opération 
faite.  Aujourd'hui,  la  malade  est  guérie  et  rentrée  dans  sa 
famille  sans  avoir  souffert  un  instant  de  Topération  impor- 
tante qu'elle  a  subie. 

Au  récit  de  cette  opération,  M.  Mesnet  ajoute  quelques 
considérations  sur  l'état  psycho-sensoriel  de  cette  malade. 
Il  fait  observer  tout  d'abord  que  la  facilité  avec  laquelle  elle 
s'endort  est  extrême  ;  la  transition  de  l'état  de  veille  an 
sommeil  hypnotique  est  presque  instantanée  et  n'a  d'autre 
signe  apparent  qu'un  léger  mouvement  de  secousse  de  tonl 
le  corps,  une  respiration  profonde,  anhéleuse,  qui  se  pro- 
duit au  moment  où  ses  paupières  se  ferment  sur  ses  yens 
convulsés  en  dehors,  où  ses  sensibilité^  s'éteignent  sur  toute 
la  surface  du  corps  et  des  muqueuses.  La  sensibilité  du  tact 
persiste  seule. 

Ce  remarquable  exemple  de  dissociation  des  sensibilitéSi 
avec  abolition  de  telle  d'entre  elles  et  conservation  de  telle 
autre,  n'est  d'ailleurs  pas  un  fait  isolé;  M.  Mesnet  rappelle 

au'il    l'a   observé    depuis    longtemps   un   grand  nombre 
e  fois.  Aussi,  analysant  le  rôle  réciproque  de  l'expérimen- 
tateur et  de  l'opérateur  vis-à-vis  de  l'opéré  et  relevant  les 


2  Août  iiS9 


GAZETTE  BEBDOMADAIRE  DE  IféDECINE  ET  DE  CHIRtlKClË 


—  N*  31  —    499 


critiques  de  détail  adressées  en  pareil  cas,  il  conclut  que 
rhypnotisroe  exerce  véritablement  sur  certains  sujets  une 
action  perturbatrice  du  système  nerveux  qui  suspend 
momentanémBut  leurs  sensibilités  superficielles  et  pro- 
fondes, au  point  au*une  longue  et  grave  opération  sanglante 
peut  être  pratiquée  sur  eux,  sans  éveiller  de  douleur,  sans 
qu'ils  en  aient  connaissance: 

Tuberculose.  —  Lecture  est  faite  par  M.  Villewin  des 
instructions  ci-après  rédigées  par  la  Commission  permanente 
de  TŒuvre  de  la  tuberculose.  Il  est  décidé,  à  la  demande 
de  M.  Dujardin-BeaumetZy  que  la  discussion  en  sera  fixée 
à  mardi  prochain.  M.  Vemeuil  prie  l'Académie  d'en  hâter 
l'approbation,  tant  il  importe  que  le  public  puisse  bientôt 
en  prendre  connaissance. 

I.  La  tuberculose  est  de  toutes  les  maladies  celle  qui 
fait  le  plus  de  victimes  dans  les  villes,  et  même  dans  cer- 
taines campagnes. 

En  1884,  année  prise  au  hasard  comme  exemple,  sur 
56970  Parisiens  décédés,  environ  15000  —  soit  plus  du 
jquart  —  sont  morts  de  tuberculose. 

Si  les  tuberculeux  sont  si  nombreux,  c'est  quelaphthisie 
inilmonaire  n'est  pas  la  seule  manifestation  de  la  tubercu- 
lose, comme  on  le  croit  à  tort  dans  le  public. 

Les  médecins  considèrent  à  bon  droit,  comme  tubercu- 
leuses, bien  d'autres  maladies  que  la  phthisie  pulmonaire. 
En  effet,  nombre  de  bronchites,  de  rhumes,  de  pleurésies, 
de  gourmes,  de  scrofules,  de  méningites,  de  périto- 
nites, de  tumeurs  blanches,  osseuses  et  articulaires,  aabcès 
froids,  sont  des  maladies  tuberculeuses,  aussi  redoutables 
que  la  phthisie  pulmonaire. 

H.  La  tuberculose  est  une  maladie  parasitaire,  virulente, 
contagieuse,  transmissible,  causée  par  un  microbe  —  le 
bacille  de  Koch.  Ce  microbe  pénètre  dans  l'organisme  par 
le  canal  digestif  avec  les  aliments,  par  les  voies  aériennes 
avec  l'air  inspiré,  par  la  peau  et  les  muqueuses,  à  la  suite 
d[écorchures,  de  piqûres,  de  blessures  et  d'ulcérations 
diverses.  Certaines  maladies  :  rougeole,  variole,  bronchite 
chronique,  pneumonie  ;  certains  états  constitutionnels  pro- 
venant du  diabète,  de  l'alcoolisme,  de  la  syphilis,  etc., 
prédisposent  considérablement  à  contracter  la  tuberculose. 
La  cause  de  la  tuberculose  étant  connue,  les  précautions 
prises  pour  se  défendre  contre  ses  germes  sont  capables 
d'empêcher  sa  propagation.  Nous  avons  un  exemple  encou- 
rageant dans  les  résultats  obtenus  pour  la  fièvre  typhoïde, 
dont  les  épidémies  diminuent  dans  toutes  les  villes  où  l'on 
sait  prendre  les  mesures  nécessaires  pour  empêcher  le 
germe  typholdique  de  se  mêler  aux  eaux  potables. 

lU.  Le  parasite  de  la  tuberculose  peut  se  rencontrer  dans 
le  lait,  les  muscles,  le  sang  des  animaux  qui  servent  à 
l'alimentation  de  l'homme  (bœuf,  vache  surtout,  lapin, 
volailles).  La  viande  crue,  la  viande  peu  cuite,  le  sang 
pouvant  contenir  le  germe  vivant  de  la  tuberculose,  doivent 
être  prohibés.  Le  lait^  pour  les  mêmes  raisons,  ne  doit  être 
consommé  que  bouilli. 

IV.  Par  suite  des  dangers  provenant  du  lait,  la  protec- 
tion des  jeunes  enfants,  frappés  si  facilement  par  la  tuber- 
culose sous  toutes  ses  formes  (puisqu'il  meurt  annuellement 
à  Paris  plus  de  2000  tuberculeux  âgés  de  moins  de  deux 
ans),  doit  attirer  spécialement  l'attention  des  mères  et  des 
nourrices.  L'allaitement  par  la  femme  saine  est  l'idéal.  La 
mère  tuberculeuse  ne  doit  pas  nourrir  son  enfant;  elle  doit 
le  confier  à  une  nourrice  saine,  vivant  à  la  campagne,  où, 
avec  les  meilleures  conditions  hygiéniques,  les  risques  de 
contagion  tuberculeuse  sont  beaucoup  moindres  que  dans 
les  villes.  L'enfant  ainsi  élevé  aura  de  grandes  chances 
d'échapper  à  la  tuberculose.  Si  l'allaitement  au  sein  est 
impossible,  et  qu'on  le  remplace  par  l'allaitement  artificiel, 
le  tait  de  vache^  donné  au  biberon,  au  petit  pot  ou  à  la 
cuiller,  doit  toujours  être  bouilli.  Le  ^lait  d'ànesse  et  de 


chèvre  offre  infiniment  moins  de  danger  à  être  donné 
non  bouilli. 

V.  Par  suite  des  dangers  provenant  de  la  viande  des  ani- 
maux de  boucherie,  qui  peuvent  conserver  toutes  les  appa- 
rences de  la  santé  alors  qu'ils  sont  tuberculeux,  le  public  a 
tout  intérêt  à  s'assurer  aue  l'inspection  des  viandes,  exigée 
par  la  loi.  est  convenablement  et  partout  exercée.  Le  seul 
moyen  absolument  sûr  d'éviter  les  dangers  de  la  viande 
qui  provient  d'animaux  tuberculeux  est  de  la  soumettre  à 
une  cuisson  suffisante  pour  atteindre  sa  profondeur  aussi 
bien  que  sa  surface  :  les  viandes  complètement  rôties,  ou 
bouillies  et  braisées  sont  seules  sans  danger. 

VL  D'autre  part,  le  germe  de  la  tuberculose  pouvant  se 
transmettre  de  l'homme  tuberculeux  à  l'homme  sain,  par 
les  crachats,  le  pus,  les  mucosités  desséchés  et  tous  les 
objets  chargés  de  poussières  tuberculeuses,  il  faut,  pour  se 
garantir  contre  la  transmission  de  la  tuberculose  :  1**  savoir 
que,  les  crachats  des  phthisiques  étant  les  agents  les  plus 
redoutables  de  transmission  de  la  tuberculose,  il  y  a  danger 
pour  le  public  à  les  répandre  sur  le  sol,  les  tapis,  les  ten- 
tures, les  rideaux,  les  serviettes,  les  mouchoirs,  les  draps 
et  les  couvertures;  ^^  être  bien  convaincu,  en  conséquence, 
que  l'usage  des  crachoirs  doit  s'imposer  partout  et  pour 
tous.  Les  crachoirs  doivent  toujours  être  vidés  dans  le  feu  et 
nettoyés  à  l'eau  bouillante  ;  jamais  ils  ne  doivent  être  vidés 
ni  sur  les  fumiers,  ni  dans  les  jardins,  où  ils  peuvent  tuber- 
enliser  les  volailles,  ni  dans  les  latrines;  3®  ne  pas  coucher 
dans  le  lit  d'un  tuberculeux  ;  habiter  le  moins  possible  sa 
chambre,  mais  surtout  ne  pas  y  coucher  les  jeunes  enfants  ; 
4*'  éloigner  des  locaux  habités  par  les  phthisiques  les  indi- 
vidus prédisposés  à  contracter  la  tuberculose  :  sujets  nés 
de  parents  tuberculeux,  ou  ayant  eu  la  rougeole,  la  variole, 
la  pneumonie,  des  bronchites  répétées,  ou  atteints  de  dia-* 
bête,  etc.  ;  5*  ne  se  servir  des  objets  qu'a  pu  contaminer  le 
phthisique  (linge,  literie,  vêtements,  objets  de  toilette,  ten- 
tures, meubles,  jouets)  qu'après  désinfection  préalable 
(étuve  sous  pression,  ébullition,  vapeurs  soufrées,  peinture 
à  la  chaux);  6"*  obtenir  que  les  chambres  d'hôtels,  maisons 
garnies,  chalets  ou  villas  occupées  par  les  phthisiques  dans 
les  villes  d'eaux  ou  les  stations  hivernales,  soient  meublées 
et  tapissées  de  telle  manière  que  la  désinfection  y  soit  faci- 
lement et  complètement  réalisée  après  le  départ  de  chaque 
malade  ;  le  mieux  serait  que  ces  chambres  n'eussent  ni 
rideaux,  ni  tapis,  ni  tentures  ;  qu'elles  fussent  peintes  à  la 
chaux  et  que  le  parquet  fût  recouvert  de  linoléum.  Le 

[mbiic  est  le  premier  intéressé  à  préférer  les  hôtels  dans 
esquels  pareilles  précautions  hygiéniques  et  pareilles 
mesures  ae  désinfection  si  indispensables  sont  observées. 

Grossesse  quadri-géhellaire.  —  M.  Tarnier  présente 
quatre  petites  filles  jumelles,  nées  à  terme  le  11  mai  der- 
nier. La  mère,  bien  portante,  a  eu  un  ^rand-père  jumeau 
et  sa  mère  était  également  jumelle.  Llle  a  déjà  mis  au 
monde  une  fois  deux  jumeaux  et  une  autre  fois  un  seul 
enfant. 

Chloroformisation.  —  M.  Michon  communiaue  des 
expériences  déjà  vieilles  de  vingt-cinq  ans,  qu'il  a  laites  au 
laboratoire  de  Claude  Bernard  et  qu'il  vient  de  répéter. 
Elles  consistent  à  projeter  brusauement  un  jet  d'eau  froide 
sur  la  région  cervicale  en  cas  d  asphyxie  pendant  la  chlo- 
roformisation. Ce  moyen  a  réussi  nombre  de  fois  sur  des 
chiens  et  des  lapins  ;  peut-être  serait-il  applicable  à  l'homme 
dans  les  accidents  dus  au  chloroforme.  (Renvoi  à  une  Com- 
mission composée  de  MM.  Léon  Labbé  et  Budin.) 

Chirurgie  abdominale.  —  M.  le  docteur  Chaput  lit  d'a- 
bord une  observation  intitulée  :  Entéro-^colostomie  iliaque 
par  le  procédé  de  la  pince,  pour  un  rétrécissement  étendu 
du  côlon  descendant.  Guérison. 

Il  s'agit  d'un  homme  de  cinquante-trois  ans,  opéré  d'abord 


500    —  N«  31  -         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


2  AoOT  1889 


h  THôtel-Dieu  le  27  septembre  1888,  par  M.  Chaput,  qui 
lui  fit  renlérotooiie  sur  le  caecum,  pour  des  phénomènes 
graves  d'occlusion  (nlestinale.  Les  jours  suivants,  le  n)alade 
rendit  une  quantité  énorme  de  noyaux  de  cerises  mangées 
deux  mois  auparavant.  Celte  constatation  permit  de  penser 
à  la  cure  de  Fanus  contre  nature.  Le  27  octobre  de  la  même 
année,  M.  Chaput  se  proposait  de  fermer  l'orifice  intestinal, 
quand  on  lui  apprit  que  ni  purgatifs  ni  lavements  n'avaient 
puamenerd'évacuations.Unesonde  œsophagienne  introduite 
séance  tenante  fut  arrêtée  à  la  partie  supérieure  du  rectum. 
L'opération  projetée  étant  contre-indiquée,  le  chirurgien  fit 
séance  tenante  la  laparotomie  dans  le  liane  gauche,  pour 
aller  à  la  recherche  ue  l'obstacle.  Il  trouva  un  S  iliaque  de 
volume  normal;  mais,  au-dessus,  le  côlon  descendant  était 
très  rétréci;  il  avait  le  volume  du  petit  doigt,  et  le  rétrécis- 
sement remontait  jusqu'à  20  ou  25  centimètres.  Devant 
l'étendue  des  lésions,  l'opération  resta  exploratrice,  et  la 
guérison  se  fit  en  quelques  jours. 

Cinq  mois  après,  le  21  mars  1889,  M.  Chaput  exécuta  de 
la  façon  suivante  l'entéro-colostomie  iliaque  gauche,  pour 
dériver  le  cours  des  matières  : 

Une  incision  médiane  de  10  à  12  centimètres  fut  faite 
au-dessus  des  pubis  ;  après  ouverture  du  péritoine,  on  alla 
chercher  TS  iliaque,  qui  fut  fixé  avec  un  fil  et  amené  dans 
la  plaie.  L'opérateur  alla  ensuite  à  la  recherche  du  cœcum, 
y  trouva  lafin  de  l'intestin,  et,  remontant  légèrement,  amena 
dans  la  plaie  la  dernière  anse  de  l'iléon,  environ  à  30  ou 
40  centimètres  de  sa  terminaison.  Une  suture  continue 
accola  les  deux  intestins  l'un  à  l'autre  sur  une  hauteur  de 
10  centimètres.  L'intestin  grêle  fut  ensuite  fixé  à  la  lèvre 
droile  de  la  plaie  et  l'S  iliaque  à  la  lèvre  gauche.  Deux  inci- 
sions ouvrirent  l'un  et  l'autre  intestin.  Le  27  mars,  M.  Chaput 
introduisait  par  les  deux  orifices  les  deux  mors  d'une  longue 
pince  à  pédicule,  qui  fut  fortement  serrée. 

Au  bout  de  quelques  jours,  la  pince  étant  tombée,  la 
communication  se  trouvait  établie  entre  les  deux  viscères, 
mais  les  matières  sortaient  toutes  par  la  plaie  médiane. 
Deux  tentatives  de  réparation,  faites  l'une  le  0  avril,  l'autre 
le  19  mai,  amenèrent  des  selles  régulières  par  l'anus  nor- 
mal. Actuellement,  le  malade  peut  être  considéré  comme 
guéri,  bien  qu'il  persiste  une  petite  fistule  du  volume  d'une 
tète  d'épingle  sur  la  ligne  médiane.  Cet  orifice  se  fermera 
de  lui-même  ou  très  facilement  par  une  petite  opération 
complémentaire. 

Pour  ce  qiiiesideVentérorrhaphielongitudhialeyil  s'agit 
d'expériences  sur  les  chiens,  au  sujet  desquelles  l'auteur 
veut  seulement  établir  sa  priorité.  Voici  en  quelques  mots 
son  procédé  opératoire  :  Si  l'on  suppose  exécutée  une  résec- 
tion de  l'intestin,  les  deux  bouts  à  réunir  sont  sectionnés 
longitudinalement  sur  une  longueur  de  12  à  15  centimètres. 
On  réunit  alors  par  une  section  continue  les  lèvres  corres- 

f mondantes  des  deux  incisions,  de  façon  à  faire  communiquer 
argement  les  deux  anses  entre  elles.  Reste  l'oblitération 
des  orifices  des  deux  canons  de  fusil.  L'auteur  l'ob- 
tient très  simplement  en  abrasant  la  muqueuse  avec  une 
curette  tranchante  sur  une  étendue  de  1  à  2  centimètres, 
et  en  suturant  ensuite  les  surfaces  ravivées.  On  termine 
l'opération  en  fixant  par  quelques  sutures  l'épiploon  à  la 
surface  de  l'anse  opérée.  Les  avantages  de  cette  méthode 
sont  tels  que  Tauteur  pense  qu'elle  se  substituera  h  tous  les 
autres  procédés  d'entérorrhaphie.  Il  fait  remarquer  qu'il 
s'agit  en  somme  d'une  combinaison  de  Tentéro-anastomose 
avec  l'entérorrhaphie  circulaire.il  préfère  toutefois,  comme 
plus  simple,  l'expression  d'entérorrhaphie  longitudinale.— 
(Renvoi  à  Vexamen  d'une  Commission  composée  de 
MhL  Yerneailvt  Tillaux.) 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  G  août  est  fixé  ainsi 
qu'il  suit  :  1"*  Discussion  sur  la  prophylaxie  de  la  tubercu- 
lose (inscrit  :  M.  Dujardin-Beaumetz)  ;  2'  discussion  sur 


l'anesthésie  et  le  chloroforme  (inscrits  :  MM.  Lahorde, 
Chauveau)]  3"*  communications  de  MM.  G.  Sée,  Marc  Sée 
et  Semmola. 


ftodéié  médicale  des  liApItaWK. 

SÉANCE   DU  26  JUILLET   1889.    —  PRÉSIDENCE   DE  M.    CADET 
DE  GASSICOURT. 

InJeoUons  Intra-pleurales  antiseptiques  :  M.  Johel-Renoy.  —  Traite- 
ment des  kystes  hydatiques  du  foie  :  M.  Juhel-Renoy  (Diaoosslon  - 
MM.  Chauffard,  DeboTe,  Sevestre).  —  Pleurésie  mètaimeanioni- 
que  ;  ponctions  et  empyème  :  M.  SèTestre  (Discussion  :  MM.  Du  Gazai. 
Debove,  Cadet  de  Gassioourt).  —  Du  diabète  conjugal  :  M.  DeboTS 
(Discussion  :  MM.  Rendu,  E.  Labbè,  Gaucher,  Dxejrfous.  I^etoUe. 
Gouraûd). 

A  l'occasion  du  procès-verbal,  M.  Juhel-Renoy  répond  à 
M.  Fernet  que  les  pleurésies  dans  lesquelles  il  a  pratiqué 
des  injections  de  chlorure  de  zinc  étaient  tuberculeuses, 
partant  infectieuses.  En  employant  le  chlorure  de  zinc,  il 
désirait  réaliser  Tasepsie  pleurale.  Aujourd'hui,  après  avoir 
retiré  l'épanchemenl  presque  complètement^  il  préfère  pra- 
tiquer un  lavage  de  la  plèvre  avec  une  solution  de  chlorure 
de  zinc  à  i  pour  100.  Il  a  obtenu  de  très  bons  résultats, 
même  dans  un  cas  de  pleurésie  purulente  ;  dans  deux  autres 
cas  d'épanchement  purulent  il  a  complètement  échoué. 

—  M.  Juhel'Renoy  donne  lecture  d'une  note  sur  le  traite- 
ment  des  kystes  hydatiques  du  foie.  (Sera  publié.) 

M.  Chauffard  a  employé  un  traitement  tout  semblable, 
chez  une  jeune  fille  de  dix-huit  ans,  pour  un  kyste  hyda- 
ti(|ue  du  foie  gros  comme  une  orange.  Afin  d'éviter  tout 
accident  d'intoxication,  il  s'est  servi  de  l'eau  naphtolée  à 
1  pour  2000.  La  guérison,  depuis  trois  mois,  paraît  élre 
complète. 

M.  Debove  croit  cette  méthode  appelée  à  un  grand  avenir  : 
qui  ne  préférerait,  pour  un  kvste  hydatique,  supporter  le 
lavage  antiseptique  plutôt  que  la  laparotomie?  D'ailleurs  les 
chirurgiens  ont  eu  tort,  dans  une  récente  discussion,  d'affir- 
firmer  que  les  kifstes  hydatiques  opérés  c  médicalement  • 
récidivent;  le  fait  est  inexact  :  il  s'agit  du  développement 
d'un  second  kyste,  voisin  du  premier.  Le  même  fait  s'observe 
aussi  bien  après  la  laparotomie. 

M.  Juhel-Renoy  est  enlièrementde  cet  avis.  Il  reconnaît 
que  la  liqueur  de  Yan  Swielen  peut  occasionner  quelques 
accidents;  il  connaît  un  fait  dans  lequel  la  malade  a. eu  de 
la  stomatite  et  une  diarrhée  intense  à  la  suite  de  l'opératiou. 

M.  Sevestre  pense  qu'en  faisant  suivre  le  lavage  au 
sublimé  d'un  autre  lavage  avec  de  l'eau  stérilisée  ou  une 
solution  anodine,  on  éviterait  tout  accident  toxique. 

—  M.  Sevestre  lit  un  travail  ayant  pour  titre  :  Pleurésie 
pnruleîUe  métapneumoniquey  ponctions,  empyème,  gué- 
rison, {Sera  publié.) 

M.  Du  Cazal  demande  |}ourquoi  ou  revient  aux  lavages 
pleuraux;  M.  Debove  n'avait-il  pas  obtenu  des  succès  par  le 
simple  pansement  antiseptique  à  demeure? 

M.  Sevestre  a  cru  devoir  recourir  aux  lavages  à  cause  de 
l'élévation  de  la  température.  Celle-ci  a  disparu  après  les 
lavages  pleuraux. 

M.  Debove  préfère  un  seul  lavage  aussitôt  après  la  pieu- 
rotomie;  mais  l'élévation  de  la  température  indique  h 
nécessité  des  lavages  ultérieurs. 

M.  Cadet  de  Gassicourt  rapporte  une  observation  absolu- 
ment inverse  de  colle  de  M.  Sevestre.  Il  s'agit  d'une  pleu- 
résie séro-purulenle  ponctionnée,  dont  l'épanchenuMit  no 
renlennait  que  des  streptocoques,  constatés  par  M.  Neller, 
et  qui  cependant,  contre  toute  attente,  guérit  sans  néces- 
siter l'opération  de  l'empyème. 


2  Août  4889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N»  31  ^    501 


—  M.  Debove  signale  la  fréquence  relative  de  ce  qu'il 
n  ppelle  le  c  diabète  conjugal  »  :  le  mari  et  la  femme  atteints 
tous  deux  de  glycosurie,  ou  même  atteints,  Tun  de  diabète 
sucré,  l'autre  de  diabète  insipide.  Faut-il  incriminer  une 
hygiène  commune,  les  mêmes  perturbations  morales,  ou  le 
diabète  serait-il  contagieux? 

MM.  RendUy  E.  Labbé,  Gaucher ,  Dreyfous,  Letulle  et 
Gouraud  ont  observé  un  certain  nombre  de  faits  analogues; 
tantôt  ils  ont  incriminé  le  régime  alimentaire,  tantôt  les 
soucis  communs,  mais  sans  arriver  à  une  notion  étiolo- 
gique  précise  du  €  diabète  conjugal  >. 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures. 


Société  de  ehlrari^e. 

SÉANCE  DU  H  JUILLET  1889.— PRÉSIDENCE  DE  M.  LE  DENTU* 

Ajnputation  Intra-oaloanèenne  hoiixontale  :  M.  Chapat  (M.  Chaavol, 
rapporteur).  —  Kyata  hydatlqne  de  la  rate:  M.  Taohard  (M.  Chan- 
vel,  rapportear).  —  Kystes  et  fistules  de  la  région  sacro>ooooy- 
gienne  :  M.  Després  (Discussion  :  MM.  TerriUon,  Klrmisson, 
Desprôs.  Sobv^artz).  -  Chlorof  ormlsation  :  M.  Reynler  (Discussion  : 
Champlonnière,  PolaUlon.  Terrier). 


M.  Chauvel  lit  deux  rapports  :  i°  M.  Chaput  :  De  l'am-- 
putalion  intra-calcanéenne  horizontale,  H.  Chaput  a  eu  à 
amputer  le  pied  pour  un  mal  perforant  récidivé.  Le  procédé 
spécial  (ju*il  décrit  a  pour  but  de  remplacer  la  désarticu- 
lation dite  de  Chopart.  Dans  cette  amputation,  en  effet,  le 
triceps  sural,  conservé  dans  son  intégrité,  élève  Tarrière- 
pied,  en  sorte  que  la  cicatrice,  théoriquement  dorsale, 
s'abaisse,  devient  plantaire  et  s'ulcère.  Dans  le  procédé  de 
M.  Chaput  (un  peu  différent  d'une  opération  analogue  pré- 
conisée par  H.  Tripier),  un  des  temps  consiste  précisément 
à  sectionner  le  tendon  d'Achille.  H.  Chauvel,  il  est  vrai, 
fait  quelques  réserves,  car  il  se  demande  d'abord  si  on 
n'exagère  pas  les  méfaits  du  Chopart;  et  en  second  lieu,  si 
l'opération  de  M.  Chaput  n'est  pas  un  peu  complexe.  D'autre 
part,  avant  d'aflirmer  l'excellence  du  résultat  définitif,  il 
faut  attendre  encore  un  peu. 

2"  M.  Tachard  :  Observation  de  kyste  hydatique  de  la 
rate,  recueillie  à  Médéah  en  1883.  Le  diagnostic  fut  fait 
sur  celle  tumeur  lisse,  fluctuante,  indolente,  frémissante, 
touchant  directement  la  paroi  abdominale,  suivant  les  mou- 
vements du  diaphragme,  ne  s'accompagnant  d'aucun  trouble 
urinaire.  Une  ponction  fut  faite  et,  le  sixième  jour,  le 
malade,  homme  de  quarante  ans,  était  mort  de  pneumonie. 
Mais  l'autopsie  prouva  qu'il  n'y  avait  pas  trace  d'inflamma- 
tion, tant  dans  le  kyste  que  dans  le  péritoine.  M.  Tachard 
(et  avec  lui  M.  Chauvel)  croit  donc  à  une  malheureuse 
coïncidence.  Il  pense  que,  dans  ces  kystes,  la  ponction  doit 
être  tentée  une  fois.  Si  elle  échoue,  la  spléneclomie  étant 
une  opération  grave,  le  mieux  est  de  faire  l'incision  large, 
avec  suture  de  la  poche  à  la  paroi. 

—  H.  Després  fait  une  communication  sur  les  kystes  et 
fistules  dermoïdes  de  la  région  sacro-coccygienne.  Il  rappelle 
d'abord  les  observations  publiées  à  la  Société  analomique 
lar  Ballet,  Terrillon;  h  la  Société  de  chirurgie  par  Lannc- 
ongue,  par  Terrillon,  par  lui-même.  Souvent  il  existe  en 
cette  région  une  petite  dépression,  reste  sans  doute  de  la 
gouttière  dorsale.  Celte  dépression  est  parfois  profonde  : 
un  degré  de  plus  et  c'est  d'un  kyste  dermoîde  qu'il  s'agit. 
Puis  ce  kyste  peut  suppurer  et  se  transformer  secondaire- 
ment en  fistule.  M.  Després  en  relate  deux  cas,  sur  des  filles 
de  dix-huit  et  de  dix-neuf  ans.  Tous  deux  ont  guéri  par  la 
dilatation  du  trajet  et  la  cautérisation  énergique  de  la  poche. 
Ces  abcès  à  répétition,  ces  fistules  rebelles  sont  souvent 
confondues  avec  des  suppurations  d'origine  osseuse.  Le 


r. 


diagnostic  se  fait  par  l'exploration  au  stylet  et  par  le  siège 
rigoureusement  médian  de  l'orifice. 

M.  Terrillon  a  entretenu  la  Société,  en  188â,  des  fistules 
congénitales.  Il  ajoute  qu'elles  peuvent  suppurer  sans  avoir 
jamaisété  à  l'état  de  kyste,  tout  comme  un  amas  de  smegma 
au  fond  de  l'ombilic*^  devient  parfois  la  cause  de  fistules 
ombilicales.  Ces  vices  de  développement  sont  très  fréquents, 
surtout  chez  la  femme. 

M.  Kirmisson  a  fait  cette  année  un  rapport  sur  une 
observation  analogue  de  M.  Masse  (de  Bordeaux). 

M.  Routier  rappelle  qu'il  a  communiqué  à  la  Société  un 
fait  semblable  sur  une  fille  de  quinze  ans  chez  qui  la  fistule, 
consécutive  à  un  coup,  avait  été  attribuée  à  une  carie  du 
sacrum.  Le  trajet,  excisé,  était  de  nature  dermoîde. 

Tous  les  orateurs  précédents  insistent  sur  la  plus  grande 
fréquence  chez  la  femme.  M.  Schwartz,  toutefois,  a  re- 
cueilli trois  observations,  toutes  trois  sur  des  hommes. 

—  M.  Reynier  fait  une  communication  sur  les  dangers 
de  la  chloroformisation.  Il  se  rallie  presque  à  la  formule 
de  Sédillol  :  le  chloroforme  pur,  bien  administré,  ne  tue 
jamais.  Mais  la  pureté  est  rarement  parfaite  et  l'on  n'a 
presquejamaisdn  chloroforme  chimiquement  pur:  quelques 
neures  d'exposition  à  l'air  et  à  la  lumière  suffisent  pour 
1  altérer.  Il  faut  donc  employer  du  chloroforme  (]u'on  aura 
recommandé  de  rectifier  la  veille.  On  évite  ainsi  les  acci- 
dents du  début,  dus  aux  réflexes  qu'engendrent  les  impu- 
retés en  irritant  les  voies  respiratoires.  La  susceptibilité 
classique  des  chiens  vient  peut-être  simplement  de  ce  que, 
dans  les  laboratoires  de  physiologie,  le  chloroforme  est 
toujours  conservé  sans  précaution.  Il  faut  encore  attendre 
avant  de  se  prononcer  sur  la  valeur  anesthésique  du  mé- 
lange, plus  stable,  de  chloroforme  et  d'alcool. 

M.  Championnière  insiste  sur  la  nécessité  d'employer  un 
chloroforme  pur.  Dans  son  service,  il  n'emploie  depuis 
quelque  temps  que  du  chloroforme  rectifié  la  veille  par  le 
pharmacien,  et  il  a  observé  un  changement  à  vue  dans  les 
allures  des  chloroformisations.  De  longs  entretiens  avec 
M.  Begnauld  il  a  conclu  que  le  seul  procédé  pour  avoir  du 
chloroforme  pur  était  de  le  faire  nettoyer  au  fur  et  à  mesure 
des  besoins.  Avec  celte  précaution,  on  a  en  France  du  chlo- 
roforme aussi  bon  que  les  chloroformes  étrangers.  Il  est 
certain  que  la  pureté  est  aussi  un  grand  facteur  d'efficacité. 
C'est  probablement  pour  cela  que  Tanesthésie  obstétricale 
a  été  si  souvent  combattue.  Le  chloroforme  vulgaire  ne 
donne  pas  cette  anesthésie  superficielle,  et  Campbell  ne 
réussissait  que  parce  au'il  refusait  d'agir  avec  tout  autre 
chloroforme  que  celui  ae  Duncan  (d'Edimbourg). 

M.  Terrier  emploie  volontiers,  en  ville,  le  chloroforme 
de  Duncan.  A  l'hôpital,  la  seule  solution  pratique  est  la 
rectification  au  jour  le  jour  :  puisqu'il  y  a  des  pharmaciens 
en  chef,  ils  pourront  peut-être  servir  à  cela. 

M.  Polaillon  rappelle  sa  récente  communication  à  l'Aca- 
démie. Il  recommande  le  mélange  de  Regnauld,  le  chloro- 
forme additionné  d'alcool  méthylique. 

M.  Championnière  fait  observer  que  le  débat  n'est  pas 
engagé  sur  ce  point.  Celte  addition  n'a  pas  seulement  pour 
but  d'assurer  la  pureté  du  produit  et  la  question  devient 
dès  lors  très  complexe. 

A.  BnocA. 


509    —  N*  31  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


2  AoOT  1889 


REVUE  DES  JOURNAUX 

Travaux  é,  consalter* 

Du  CALOMEL  COMME  DIURÉTIQUE,  par    M.    STERLING  CarRIGER. 

—  Cette  note  est  une  revendication  en  faveur  de  B.  Wood 
qui  en  1849  publiait  dans  The  Practice  des  observations  d*hy- 
dropisie  guéries  par  le  caloroel.  Il  constatait  que  les  mercuriaux 
sont  de  puissants  hydragogues,  soit  administrés  isolément,  soit 
associés  à  la  scille,  et  qu'ils  ont  le  pouvoir  d'augmenter  la 
diurèse,  la  diaphorèse  et  les  sécrétions  intestinales.  En  1883, 
M.  Smith,  dans  ses  leçons  à  Thôpital  Bellevue,  recommandait 
aussi  le  calomel  à  la  dose  d*un  sixième  de  grain,  répétée  trois 
ou  quatre  fois  par  jour,  dans  les  hydropisies  de  la  maladie  de 
Bright  et  quand  les  autres  diurétiques  étaient  en  défaut. —  (Ces 
revendications  en  faveur  de  la  médecine  américaine  démon- 
trent que  la  découverte  attribuée  à  M.  Jendrasik  n'en  est  pas 
une,  mais  ne  rendent  pas  justice  aux  tentatives  plus  anciennes 
de  Stokes).  —  (TAe  N.-Y.  med.  Journal,  2  février  1889.) 

Des  indications  des  lavements  et  des  suppositoires  a  la 
GLYCÉRINE,  par  M.  A.  POLUBINSKY.  —  Ce  mémoire  a  été  écrit 
d'après  les  essais  entrepris  k  la  clinique  de  M.  Manassein  (de 
Saint-Pétersbourg)  sur  cinquante  malades,  quarante-cinq 
hommes  et  cinq  femmes;  et  au  moyen  de  suppositoires  contenant 
2  grammes  de  glycérine  ou  de  lavements  contenant  2,  3  ou 
4  grammes  de  cette  substance.  M.  Polûbinsky  a  de  plus  con- 
sulté la  littérature  et  termine  par  ces  conclusions  : 

1»  Les  meilleurs  résultats  ont  été  obtenus  dans  les  cas  d'ac- 
cumulations fécales  dans  le  rectum  ;  toutefois,  la  glycérine  aencore 
été  utile  quand  la  stagnation  siégeait  plus  haut,  dans  les 
typhliles  ou  le  catarrhe  intestinal;  2»  les  lavements  et  les  sup- 
positoires glycérines  sont  indiqués  dans  l'atonie  rectale,  la 
constipation  habituelle,  contre  lesquelles  ils  remplacent  le 
massage  et  l'électricité  ;  3»  on  peut  parfois  en  retirer  des 
avantages  dans  les  cas  de  compression  de  l'intestin  par  une 
tumeur,  dans  la  grossesse,  au  cours  des  affections  utérines  ou 
bien  quand  l'obstacle  vient  de  la  consistance  trop  grande  des 
fèces.  C'est  alors  que  les  suppositoires  doivent  être  préférés  aux 
lavements,  tandis  que  dans  les  autres  formes  de  constipation, 
ceux-ci  possèdent  une  efficacité  supérieure  à  ceux-là.  (Vratck, 
1889,  n- 1,2  et  3.) 

Du  TRAITEMENT  DE  LA  DIPUTHÉRIE  PAR  LE  JUS  DE  CITRON,  par 

M.  Hennig.  —  Cet  observateur  conseille  le  jus  de  citron  comme 
un  spécifique  de  la  diphthérie  et  dans  son  engouement  compare 
son  efficacité  à  celle  de  l'acide  salicylique  contre  le  rhuma- 
tisme et  de  la  quinine  contre  la  malaria.  C'est,  écrit-il,  un 
antiputride,  un  coagulant  et  un  dissolvant  de  l'albumine.  Il 
l'emploie  donc  en  gargarismes  répétés  toues  les  deux  heures 
et  combine  son  usage  avec  celui  de  la  glace  à  l'intérieur.  Puis, 
il  va  plus  loin  et  le  conseille  encore  comme  moyen  prophylac- 
tique quand  il  existe  des  cas  de  diphthérie  dans  une  famille  ou 
une  habitation.  {BerL  klin.  Woch.y  1889,  n'>  8.) 

Du  TRAITEMENT  DE  l'herpès  tonsurant,  par  M.  J.  Harrisson. 

—  Cette  médication  consiste  à  amollir  les  follicules  pileux  et  la 
gaine  des  cheveux  dans  lesquels  le  trichophyton  a  son  habitat 
et  à  faciliter  aussi  l'accès  de  l'agent  parasitaire  jusqu'à  lui. 
Dans  ce  but  on  emploie  des  liqueurs  alcalines.  M.  Harrisson 
préfère  préparer  une  pommade  contenant  3  grammes  d'acide 
phénique  pour  un  mélange  à  parties  égales  de  50  grammes  de 
lanoline  et  de  noix  de  coco  et  il  additionne  cette  pommade  avec 
1  gramme  de  potasse  caustique.  Chaque  jour,  le  matin  et  le  soir, 
il  pratique  un  pansement  avec  la  grosseur  d'un  pois  de  cette 
pommade,  il  exige  de  plus  que  les  cheveux  soient  tenus  courts 
et  obtient,  écrit-il,  la  guérison  dans  l'espace  maximum  de  deux 
à  trois  mois.  {Brit.  med.  Journal,  2  mars  1889.) 

Du    phénol  DANS    LA    FIÈVRE    TYPHOÏDE,    par  MM.   GrAMSHAW 

et  F.  Pope.  —  Le  22  juin  1888,  M.  Gramshaw  faisait  l'éloge  du 


traitement  de  la  fièvre  typhoïde  parla  méthode  de  Rothe  (Dcvt. 
med.  Woch.y  1888).  Il  prescrivait  avec  succès,  écrivait-il,  toal#*- 
les  quatre  heures  l'ingestion  d'une  dose  de  1  gramme  de  phéno' 
et  1  gramme  et  demi  de  teinture  d'iode  à  l'intérieur  dans  le  bot 
de  diminuer  l'hyperthermie  et  de  favoriser  la  cicatrisation  des 
ulcérations  intestinales.  Il  aurait  obtenu,  par  cette  médication, 
les  résultats  les  plus  constants  et  les  plus  durables.  {The 
Lancety  juin  1888.) 

M.  FrenkPopeavoulu  vérifier  ces  assertions.  Dans  vingi-deai 
cas,  il  a  aussi  prescrit  le  mélange  de  phénol  et  de  teinture  d^iode. 
L'urine  n'a  été  ni  diminuée  ni  altérée;  la  température  s'abais- 
sait. Le  séjour  à  l'hôpital  dura  quaranle-huit  jours.  Enfin,  Ir> 
selles  n'étaient  pas  désinfectées.  M.  Pope  conclut  donc  que  l'as- 
sociation de  ces  deux  médicaments  ne  modifie  ni  la  marche  de 
la  maladie,  ni  son  pronostic.  {The  Lancet,  13  avril  1889.) 

De  la  cocaïne  contre  le  mal  de  mer,  par  M.  Joh> 
J.  Sellwood.  —  C'est  sur  une  série  de  vingt  cas  que  lao- 
teur  motive  ses  remarques.  Il  conseille  de  faire  ingérer  un 
quart  de  grain  d'hydrochlorate  de  cocaïne  toutes  les  heures, 
de  commencer  le  traitement  dès  l'apparition  du  collapsus  el  d«' 
le  continuer  pendant  douze  heures,  mais  en  ayant  soin  dt- 
diminuer  la  dose  de  moitié.  Enfin,  la  cocaïne  peut  devenir, 
parait-il,  un  moyen  de  prévenir  le  mal  de  mer.  A  cet  effet, 
M.  Sellwood  la  prescrit  à  la  dose  d'un  huitième  de  grain 
répétée  trois  fois  par  jour  pendant  une  semaine  avant  l'emlKir- 
quement.  Préventif  ou  palliatif,  ce  traitement,  ajoule-t-iL 
procure  toujours,  sinon  la  guérison  des  accidents,  du  moins  un 
notable  soulagement.  {The  therap,  Gaz.,  janvier  1889,  p.  15.) 

Des  injections  de  phénate  de  camphre  dans  la  phtuisie, 
par  M.  Shingleton  Smith.  —  Ce  traitement  a  été  mis  à  l'essai 
sur  deux  malades.  Il  consistait  d'abord  dans  l'injection  sous- 
cutanée  de  dix,  quinze  à  vingt  gouttes  d'une  solution  saturée  de 
camphre  dans  l'acide  phénique.  En  outre  on  pratiqua  des  injec- 
tions intra-parenchymateuses,avecla  même  solution  aux  sommets 
du  poumon  et  sans  provoquer  aucune  irritation. 

Plus  de  cinquante  injections  furent  pratiquées  dans  l'espace 
de  dix  semaines  sur  l'un  des  malades.  Chez  l'autre,  on  employa 
en  trente-cinq  jours,  245  gouttes  du  médicament,  dont  GO  furent 
injectées  dans  le  tissu  pulmonaire.  Après  chaque  injection  on 
observait  une  augmentation  légère  de  la  température,  mais  sans 
apparence  d'irritation  locale.  {Birmingham  med.  Review,  février 
1889,  p.  1103,  n«  126.) 


BIBLIOGRAPHIE 

Affections  ehlrarirtealeft  des  retns,  des  aret^ea  ei 
des  eapsales  sarréiiales,  par  H.  A.  Le  DenTU,  profes- 
seur agrégé  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris,  chirurgien 
des  hôpitaux,  membre  de  la  Société  de  chirurgie.  — 
Paris,  G.  Masson,  1889. 

On  raconte  qu'il  n'y  a  pas  bien  longtemps  encore  un  mé- 
decin anglais  commençait  un  cours  sur  les  maladies  des 
reins  en  félicitant  l'espèce  humaine  de  ce  que  cet  oi^ane 
était,  Dieu  merci,  à  l'abri  de  toutes  les  tentatires  des  chi- 
rurgiens. Sans  doute,  on  avait  déjà  fait  des  essais  opéi^- 
toires;  mais  leurs  résultats  déplorables  les  avaient  vite  fait 
condamner.  Il  n'en  va  plus  de  même  aujourd'hui  et,  pour 
une  bonne  part,  les  affections  rénales  ressortissent  légiti- 
mement au  chirurgien. 

Les  faits  qui  ont  été  l'origine  de  cette  révolution  sont  de 
date  récente,  et  M.  Le  Denlu  est  un  de  ceux  qui,  en  France, 
se  sont  le  plus  occupés  d'eux,  depuis  plusieurs  années.  Le 
livre  qui  est  offert  aujourd'hui  au  public  médical  est  donc 
une  œuvre  mûrie,  fondée  sur  des  observations  personnelles 
importantes.  Mais  M.  Le  Dentu  n'a  pas  cru  defoir  se  bor* 
ner  à  une  étude  rapide,  à  propos  de  ces  observations.  Il  a 


i  Août  4889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  H^  31  —    503 


pensé  que  le  moment  était  venu  de  faire  succéder  la  syn- 
thèse à  l'analyse  ;  d'exposer  en  un  traité  didactique  tout'  ce 
qui  concerne  la  chirurgie  des  reins,  des  uretères  et  des 
capsules  surrénales.  Car  un  petit  appendice  concerne  ces 
glandes  vasculaires  sanguines,  dont  les  fonctions  sont 
encore  si  obscures.  Mais  nous  n'insisterons  pas  sur  <  ce 
tribut  payé  à  la  vieille  tradition  qui  fait  de  ces  organes  des 
annexes  anatomiques  des  reins  ».  Le  chirurgien  doit  seu- 
lement retenir  que  dans  ces  glandes  peuvent  se  former  des 
tumeurs  solides  ou  liquides  capables  d'induire  le  diagnos- 
tic en  erreur. 

Les  ouvrages  consacrés  jusqu'à  présent  à  la  chirurgie  du 
rein  —  il  en  existe  déjà  quelques-uns,  en  Angleterre  sur- 
tout —  sont  avant  tout  des  traités  de  médecine  opératoire 
appliouée,  de  thérapeutique  chirurgicale.  La  partie  purement 
pathologique  y  est  écourtée,  parce  que  l'auteur  pense  que 
cette  étude  théorique  regarde  surtout  la  pathologie  interne. 
Le  chirurgien  doit,  dès  lors,  étudier  d'abord  dans  les  traités 
dus  aux  médecins;  puis  il  acquerra  dans  les  ouvrages  dus 
aux  chirurgiens  les  notions  pratiques  de  diagnostic  et  d'in- 
tervention opératoire. 

Tout  autre  est  le  plan  de  H.  Le  Dentu.  Ici,  l'auteur 
n'hésite  pas  à  empiéter  sur  le  domaine  souvent  attribué  en 
propre  à  la  médecine,  et  il  est  incontestable  que  le  lecteur 
en  tirera  tout  profit.  Les  considérations  que  M.  Le  Dentu 
fait  valoir  pour  expliquer  sa  conduite,  sont  difficilement 
réfutables.  «  Outre  que  certains  sujets,  tels  que  les  trau- 
matismes  des  reins,  sont  du  domaine  de  la  chirurgie  pure, 
il  n'est  pas  possible  au'un  chirurgien  voie  les  choses  du 
même  point  de  vue  quun  médecin.  Il  n'est  pas  possible  que 
l'homme  qui  connaît  l'efficacité  de  Tintervenlion  dans  cer- 
taines circonstances,  et  dont  le  principal  souci  doit  être 
d'en  préciser  nettement  les  indications,  ne  mette  pas  dans 
ces  descriptions  quelque  chose  de  cette  préoccupation  spé- 
ciale. » 

Cette  argumentation  est  excellente,  et  chacun  reconnaî- 
tra, par  exemple,  que  les  chapitres  consacrés  par  M.  Le 
Dentu  à  l'hydronéphrose,  à  la  pyélite.  à  la  lithiase  rénale, 
ne  ressemblent  pas  à  ceux  qui  sont  dus  à  la  plume  de 
Rayer,  de  Lécorché,  de  Lancereaux.  Ainsi,  dans  ces  affec- 
tions inflammatoires  du  bassinet  et  des  reins,  les  adhé- 
rences dues  à  la  périnéphrile  chronic^ue  ne  sauraient  être 
regardées  du  même  œil  par  le  médecin  et  par  le  chirur- 
gien. Pour  le  premier,  elles  sont  un  épiphénomène  sans 
importance,  et  quelques  lipes  suffisent  à  leur  description. 
Pour  le  second,  au  contraire,  elles  ont  un  grand  intérêt  : 
ce  phlegmon  chronique,  ces  indurations  ne  sont-ils  pas 
une  des  causes  C[ui  rendent  souvent  dans  ces  conditions  la 
néphrectomie  difficile,  qui  dès  lors  doivent  peser  dans  la 
balance  quand  on  hésite  entre  la  néphrectomie  et  la  néphro- 
tomie? 

Les  considérations  de  ce  genre  surgissent  à  chaque  pas  : 
on  conçoit  qu'il  nous  soit  impossible  de  les  faire  valoir 
toutes.  C'est  précisément  à  cela  qu'est  consacré  le  volume 
de  M.  Le  Dentu  :  nous  nous  bornerons,  pour  terminer  cette 
analyse,  à  ieter  un  rapide  coup  d'œil  sur  les  différents  cha- 
pitres qui  le  constituent. 

Les  lésions  traumatiques  font  l'objet  du  chapitre  P% 
Elles  sont  réparties  en  trois  sections  :  les  plaies  par  instru- 
ments piquants,  tranchants  et  contondants;  les  plaies  par 
armes  à  feu  ;  les  ruptures  sous-cutanées.  Ce  sujet  est  d'ail- 
leurs de  ceux  nue  le  chirurgien  a  toujours  étudiés  :  il  est 
vrai  que  les  inaications  exactes  à  la  néphrotomie  et  à  la  né- 
phrectomie ne  sont  pas  connues  depuis  bien  longtemps. 

Dans  le  phlegmon  périnéphrique,  les  règles  de  l'inter- 
vention n'ont  pas  été  rénovées  dans  ces  dernières  années.  Il 
n'en  est  plus  ae  même  pour  la  lithiase,  \espyélites,  Vhydro- 
néphrose.  Là,  M.  Le  Dentu  prend  nettement  parti,  en  prin- 
cipe, pour  la  néphrotomie  contre  la  néphrectomie.  Le  rein 
malade,  en  effet,  n'est  souvent  pas  tout  à  ftiit  annihilé;  il 


sécrète  plus  d'urine  ou'on  ne  serait  parfois  tenté  de  lé 
croire.  Et  l'on  n'a  pas  le  droit  de  supprimer  cet  émonctoire 
imparfait,  mais  réel,  à  un  patient  dont  l'autre  rein  peut  fort 
bien  être  altéré,  être  même  absent.  C'est  là,  en  effet,  que 
continue  à  être  le  point  noir  de  la  chirurgie  rénale  :  on  con- 
tinue à  rester  trop  souvent  dans  le  doute  sur  l'état  exact  du 
rein  non  soumis  à  l'intervention. 

Mais,  si  la  coque  rénale  est  apte  à  sécréter  et  si  d'autre 
part  l'uretère  est  oblitéré  ou  à  peu  près  —  ce  qui  est  usuel 
—-  il  en  résulte  aue  la  néphrotomie  sera  bien  souvent  sui- 
vie de  fistule.  L  expérience  a  malheureusement  confirmé 
ces  craintes.  Mais  elle  a  prouvé,  aussi,  que  si  cette  fistule 
en  vient  à  nécessiter  la  néphrectomie,  cette  néphrectomie 
secondaire  est  moins  grave  que  l'ablation  immédiate  du 
rein. 

Pour  le  rein  mobile^  la  chirurgie  a  aujourd'hui  des  pro- 
cédés d'une  efficacité  certaine.  Ici  encore,  la  conservation 
doit  être  la  règle,  et  les  résultats  fournis  par  la  néphrorrha- 
pbie  sont  tels  que  la  néphrectomie  doit  être  réservée  à  des 
cas  exceptionnels.  N'est-il  pas  arrivé,  en  effet,  d'enlever  un 
rein  douloureux  mais  fonctionnant  à  peu  près  normale- 
ment à  un  sujet  dont  l'autre  rein  était  anatomiquement  ou 
physiologiquement  absent?  Point  n'est  besoin  d'ajouter  que 
ia  mort  ne  s'est  point  fait  attendre. 

Jusqu'à  présent,  nous  avons  donc  vu  aue  la  néphrectomie 
est,  en  principe,  reléguée  au  second  plan.  De  même  pour 
les  tumeurs  liquides.  Mais  elle  seule  convient  aux  tumeurs 
solides  :  il  est  juste  d'ajouter  qu'elle  leur  convient  trop 
rarement;  que  la  plupart  des  sujets  sont  inopérables,  ou  à 

tieu  près,  quand  ils  viennent  consulter  le  chirurgien  ;  que 
es  résultats  immédiats  et  éloignés  sont  pour  le  moment 
bien  défectueux. 
L'étude  des  maladies  chirurgicales  du  rein  se  termine 

f»ar  deux  chapitres  d'ordre  purement  pratique.  L'un  est  re- 
atîf  aux  procédés  d'exploration  médiate  et  immédiate  des 
reins;  l'autre  expose  les  procédés  de  médecine  opératoire 
et  leurs  indications  générales. 

Le  livre  que  nous  venons  d'analyser  mérite  de  trouver 
place  dans  toutes  les  bibliothèques  chirurgicales.  Nous 
pourrions  aussi  en  recommander  la  lecture  à  ceux  des  mé- 
decins —  par  bonheur  de  plus  en  plus  rares  —  qui  ne  peu- 
vent se  résoudre  à  voir  porter  le  bistouri  sur  des  viscères 
qui  pendant  si  longtemps  n'ont  été  justiciables  que  de  la 
seule  thérapeutique  interne.  Le  livre  de  M.  Le  Dentu  est 
certes  des  plus  démonstratifs,  des  plus  aptes  à  combattre 
cette  erreur.  Nous  ajouterons,  pour  termmer,  que  le  lec- 
teur arrivera  sans  fatigue  au  bout  de  ces  pages  écrites  avec 
méthode  et  avec  clarté. 

A.  Broga. 


L'OEavre  de  Davafne  (charbon,  septicémie,  parasitisme, 
microbisme,  anatomie,  physiologie,  anomalies,  tératolo- 
gie). 1  vol.  de  860  pages  avec  7  planches.  —  Paris,  J.-B. 
Baillière. 

Le  docteur  A.  Davaine  a  eu  la  pieuse  pensée  de  réunir  en 
un  volume  les  principaux  mémoires  publiés  pser  l'illustré 
auteur  des  Recherches  sur  la  maladie  du  sang  de  raie  et 
du  Traité  des  entozoaires.  c  Le  nom  de  C.-J.  Davaine,  dit 
M.  le  professeur  Laboulbène,  dans  la  notice  biographique 
oui  se  trouve  reproduite  en  tête  de  ce  livre,  restera  dans 
ravenir  attaché  aux  questions  du  parasitisme.  »  Ces  Ques- 
tions primordiales,  au  point  de  vue  de  l'étiologie  et  ae  la 
prophylaxie  des  maladies  infectieuses,  il  les  a,  en  effet, 
étudiées  sous  toutes  leurs  faces.  Longue  est  la  série  des 
mémoires  qu'il  a  publiés  pour  affirmer,  malgré  les  objec- 
tions ou'on  adressait  alors  à  sa  doctrine,  le  rôle  capital  des 
bactéridies  dans  la  transmission  des  maladies  charbon- 
neuses, soit  de  l'animal  à  l'homme,  soit  entre  les  animaux. 


soi    —  N*  31  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


2  Aooi  1889 


Il  faut  les  lire  dans  tous  leurs  détails,  pour  en  bien  saisir 
l'intérêt,  pour  bien  comprendre,  aujourd'hui  que  les  Ira- 
vaux  de  notre  immortel  Pasteur  ont  fait  la  lumière  sur 
toutes  ces  questions  si  complexes  et  si  difficiles  à  résoudre, 
que  Davaine  a  été  un  initiateur,  qu'il  avait  bien  vu,  bien 
étudié  tous  les  faits  qu'il  annonçait  au  monde  savant. 

On  aura  donc  plaisir  et  profit  à  trouver  réunis  dans  ce 
volume  tous  les  mémoires  sur  le  charbon  et  la  septicémie, 
tous  ceux  qui  ont  trait  au  parasitisme  animal  et  végétal,  en 
particulier  le  savant  article  du  Dictionnaire  encyclopé- 
dique^ écrit  avec  le  professeur  Laboulbène»  qui  fut  le  plus 
fidèle  et  le  plus  dévoué  des  collaborateurs  de  Davaine. 

L.  L. 


VARIÉTÉS 

Faculté  de  médecine  de  Paris.  —  A  la  suite  du  dernier 
concours,  M»  Clado  a  été  nommé  chef  de  clinique  chirurgicale, 
et  MM.  Boissard  et  lissier,  chefs  de  clinique  obstétricale. 

Écoles  de  médecine.  —  Par  décret,  en  date  du  2i  juillet  1889) 
les  professeurs  titulaires  des  écoles  de  plein  exercice  et  prépa- 
ratoires de  médecine  et  de  pharmacie  sont  nommés  par  le 
ministre  de  Tinstruction  publique,  après  avis  de  la  section  per- 
manente du  Conseil  supérieur  de  rinstruction  publique. 

Concours  de  clinicat.  —  l.e  concours  du  clinicat  chirurgical 
s'est  terminé  par  la  nomination  de  M.  Clado.  Le  concours  du 
clinicat  obstétrical  s'est  terminé  par  la  nomination  de  MM.  lioissard 
et  Tissier. 

Faculté  de  médecine  de  Nancy.  —  Sont  maintenus  pour 
Tannée  scolaire  1 889-1 8D0,  dans  les  fonctions  ci-après  désignées, 
à' la  Faculté  de  médecine  de  Nancy: 

MM.  Yallois,  chef  des  travaux  du  laboratoire  d^hygiène; 
Pierrot,  chef  des  travaux  du  l«aboratoire  de  thérapeutique  ; 
Bafi^ncris,  chef  des  travaux  du  laboratoire  de  phvsique  ;  Lambert, 
préparateur  du  laboratoire  de  physique,  Cnambelland,  aide 
d*anatomie  pathologique  ;  Mouginet,  aide  d'histoire  naturelle  ; 
Parisot  (Paul),  aide  d'histologie  (en  remplacement  de  M.  Frianl). 

MM.  Senique  (Alfred)  et  Adam  (François-Joseph-Alexis)  sont 
nommés,  pour  trois  ans,  cliefs  de  clinique  chirurgicale,  en  rem- 
placement de  MM.  Etienne  et  Vautrin,  dont  le  temps  d'exercice 
est  expiré* 

École  de  médecine  de  Toulouse.  —  M.  Bébard,  suppléant  des 
chaires  d'anatomie  et  de  physiologie,  est  institué,  en  outre,  pour 
une  période  de  neuf  ans,  chef  des  travaux  anatomiques  et  phy- 
siologiques à  ladite  école. 

Corps  de  santé  de  la  marine.  —  k  été  nommé:  Au  grade  de 
médecin  de  deuxière  clcuse^  M.  Corolleur,  docteur  en  médecine, 
médecin  auxiliaire  de  S**  classe. 

Congrès  internationaux.  —  Jeudi  1*'  août,  à  dix  heures.  — 
Séance  d'ouverture  du  Congrès  de  thérapeutiaue.  Séances  du 
l'^''  au  i  août,  à  Thôtel  des  Sociétés  savantes,  28,  rue  Serpente. 
A  trois  heures,  séance  plénière:  a.  Des  analgésiques  antither- 
iniques;  b.  Des  toniques  du  cœur. 

Vendredi  %  à  neuf  heures.  —  Réunion  des  sections:  commu- 
nications diverses.  A  trois  heures,  séance  ^\^mhvt:  Antiseptique 
propre  à  chaque  espèce  de  microbe  pathogène. 

Samedi  ?,  à  neuf  heures.  —  Réunion  des  sections:  communi- 
cations diverses.  A  trois  heures:  a.  Des  drogues  nouvelles  d'o- 
rigine végétale  ;  b.  Unification  des  mesures  et  des  poids 
employés  dans  les  formules;  c.  De  rutilité  d'une  pharmacopée 
internationale;  d.  Vote  sur  les  vœux  formulés. 

Dimanche  A,  à  trois  heures.  —  Séance  d'ouverture  du  Congrès 
d'hygiène  et  de  démographie.  Séances  du  i  au  i  1  août,  à  TEcole 
de  médecine. 

Lundi  5,  à  neuf  heures  du  matin.  —  Séance  d'ouverture  du 
Congrès  de  dermatologie  et  de  syphiligraphie.  Séance  du  5  au 
10  août,  au  musée  de  rhdpital  Saint-Louis,  rue  Bichat. 

Lundi  5,  à  trois  heures.  —  Séance  d'ouverture  du  Conarès  de 
médecine  mentale.  Séances  du  5  au  10  août,  au  Collège  de 
France. 


Mardi  6,  à  deux  heures.  —  Séance  d'ouverture  du  Congrès  de 
psychologie  physiologique.  Séances  du  6  au  10  août,  à  la  Faculté 
de  médecine  (amphithéûtrc  du  laboratoire  de  physiologie). 

Congrès  français  de  chirurgie  (i*  session,  Paris,  1889>.  — 
La  nuatrième  session  du  Congrès  français  de  chirurgie  se  tiendra 
du  14  au  !20  octobre  1889,  à  Paris,  dans  le  grand  amphithéâtre 
de  TEcole  de  médecine,  sous  la  présidence  de  M.  le  baron 
Larrey.  Séance  d'ouverture  lundi  U  octobre,  à  deux  heures. 

Questions  à  V  ordre  du  jour  (vov.  l'article  III  du  règlement): 
les  questions  suivantes  sont  mises  a  Tordre  du  jour  du  Congrus: 

l"*  Résultats  immédiats  et  éloignés  des  opérations  pratiquée^; 
pour  les  tuberculoses  locales; 

â<>  Traitement  chirurcficat  de  la  péritonite; 

3*^  Traitement  des  anévrysmes  des  membres. 

Congrès  de  Berlin.  —  Nous  recevons  la  communication  sui- 
vante: 

c  Les  soussignés  ont  riionneur  de  porter  à  votre  connaissance 
que  conformément  à  la  délibération  prise,  lors  de  la  dernière 
session  à  Washington,  dans  la  séance  du  9  septembre  1887,  le 
dixième  Congrès  médical  international  aura  lien  à  Berlin. 

c  Le  Congrès  sera  ouvert  le  4  et  sera  clos  le  9  août  1890. 

c  Des  communications  détail lées«  par  rapport  au  programme, 
suivront  sans  délai  ce  premier  avis,  aussitôt  que  rassemblée 
des  déléfi[ués  des  Facultés  de  médecine  et  des  Sociétés  médicales 
allemandes,  convoquée  au  17  septembre  à  Heidelberg,  aura  pris 
une  décision  définitive  à  ce  sujet. 

c  En  attendant,  nous  venons  recourir  à  voire  obligeance,  en 
priant  de  bien  vouloir  faire  connaître  dans  vos  cercles  scienti- 
hques  le  contenu  de  ce  qui  précède,  et  rie  leur  transmettre  en 
même  temps  une  invitation  courtoise  de  notre  part. 

c  Von  Bergmann,  Virchow,  Waldeyer.  > 


Société  française  de  dermatologie  et  de  syphiligraphie.  - 
Il  vient  de  se  fonder  une  Société  française  de  dermatologie  tH 
de  syphiligraphie  qui  se  réunira  deux  fois  par  an. 

Elle  a  nommé  présidents  d*honneur,  MM.  Ricord  etDiday; 
président,  M.  Hardy  ;  vice-présidents,  MM.  Ernest  Besnier  et 
Alfred  Fournier  ;  secrétaire  général,  M.  E.  Vidal;  sécrétai re> 
annuels,  MM.  Barthélémy,  Foulard,  Thibierge  et  Verchère;  tré- 
sorier, M.  Du  Castel. 

Dans  une  réunion  qui  aura  lieu  le  jeudi  8  août,  à  huit  heures 
et  demie  du  soir,  il  sera  procédé  à  Télection  d'un  troisiômc 
vice-président  et  de  deux  secrétaires  choisis  parmi  les  membres 
de  la  Société  résidant  dans  les  départements  et  on  fixera  la  date 
des  sessions  semestrielles,  qui  dureront  chacune  trois  jours. 


Société  médicale  des  hôpitaux  ^éance  du  vendredi 
9  août).  —  Ordre  du  jour  :  M.  Gaucher  :  Nouvelles  observations 
sur  le  traitement  de  la  diphlhérie.  —  M.  Debove:  Note  sur  Tali- 
mentation. 

A  partir  du  9  août,  la  Société  entrera  en  vacances,  pour  re- 
prendre le  cours  de  ses  séances  le  vendredi  11  octobre. 


Mortalité    a    Paris    (âi)«    semaine,  du   U  au  20  juillet 
1889.  —  Population  :  2260945  habiUnts).  —  Fièvre  typhoïde,  tii. 

—  Variole,  3.  —  Rougeole,  U.  —  Scarlatine,  3.  —  Coque- 
luche, 17.  —  Diphthérie,  croup,  25.  —  Choléra,  0.  —  Phthisie 
pulmonaire,  188.  —  Autres  tuberculoses,  19.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  il;  autres,  7.  —  Méningite,  41.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  44.  —  Paralysie,  4.  — 
Ramollissement  cérébral,  7.  —  Maladies  orj^niques  du  cœur,  48. 

—  Bronchite  aiguë,  22.  —  Bronchite  chronique,  13.  —  Broncho- 
pneumonie,  16.  ^  Pneumonie,  21.  — Gastro-entérite:  sein,3i; 
biberon,  146. — ^Autres  diarrhées,  9.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 5.  —  Autres  affections  puerpérales,  0.  —  Débilité  con- 
génitale, 30.  —  Sénilité,  27.  —  Suicides,  12.  —  Autres  morts 


violentes,   8.  —    Autres    causes 
inconnues,  10.  —  Total  :  989. 


de    mort,  146.  —    Causes 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 
19937.  —  MoTTiaos.  —  luprimeries  réuniei,  A,  rue  Mlgnoa  S,  Paris. 


Trentb^sixième  année 


N*32 


9  AoOT  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTIOI^ 

M.  LE  D"*  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 

MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD.  G.  DIEUUFOY,  DREYFUSBRISAC.  FRARCOIS-FRARCK,  A.  HCROCQUE,  A.g.  MARTIR,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Leseboullet,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOIIIIAIRB.-  Bulletin.— GoMTHiBUTioMS  pharmaceutiques.  Sur  le  phosphaio 
.iride  de  chaux  ou  phoiphale  moaocalcique.  —  Revue  des  cours  et  des  cli- 
niques. Pieulté  do  médecine.  Cour*  de  H.  le  professeur  Guyon  :  Du  traitement 
«consécutif  des  artliropatbies.  -^  Travaux  orioinaux.  Neuropathologie  :  Cysto- 
.'èlo.Tajpinale;  opération  faite  dans  le  sommeil  hypnotique.  —  Clinique  mëdi- 
••alo  :  Kyste  hydatiquc  du  foie  traité  par  l'injection  de  liqueur  de  Van  Swielcn  ; 
;Oiérî.4on.  —  Revue  des  GONsnàs.  8*  Coogrèi  de  médecine  interne  (Wiesbadnn, 
i«89).  —  SociiTés  SAVANTES.  —  Académie  de  médedue.  —  Société  de  chi- 
rurgie. —  Société  de  biologie.  —  Bibliographie.  La  maladie  pyocyanique.  — 
Variétés.  Faculté  de  médecine  de  Paris. 


BULLETIN 

Paris,  7  août  1889. 

Académie  des  sciences  :  aiyphuis  Taceinaie.  —  rrophy- 
mie  die  la  tnfcerMioM.  —  Congrès  d'hygiène, 

La  question  du  choix  à  faire  entre  le  vaccin  jennérien  et 
la  vaccine  animale  vient  d'èlre  de  nouveau  posée  avec  la 
plus  grande  netteté  devant  l'Académie  par  M.  Fournier. 
Elle  Test  aussi  devant  Topinion  publique  par  le  retentis- 
sement que  ne  manquera  pas  d'avoir  le  récit  des  cinq  cas  de 
syphilis  vaccinale  survenus  chez  des  enfants  inoculés  avec 
le  vaccin  de  TAcadémie  et  que  M.  Hervieux  a  tenu  à  com- 
muniquer immédiatement  à  ses  collègues. 

Déjà  Topinion  publique,  si  facilement  impressionnable, 
s'égarait;  on  ne  parlait  rien  moins  que  de  cinquante,  quel- 
ques-uns allaient  jusqu'à  soixante,  victimes,  et  il  était 
urgent  d'établir  la  vérité  sur  ces  faits  douloreux.  Il  élait, 
d'autre  part,  impossible  de  trancher  séance  tenante  la  dif- 
ficile et  délicate  question  soulevée  par  M.  Fournier.  Le  sa- 
vant médecin  de  Saint-Louis  affirme,  avec  toute  l'autorité 
de  sa  parole,  que  c  la  sécurité  absolue  n'existe  pas,  ne  sau- 
rait exister  avec  le  vaccin  humain  »;  d'autre  part,  l'habile, 
prudent  et  dévoué  directeur  du  service  de  la  vaccine, 
M.  Hervieux,  estime  que  l'abandon  du  vaccin  jennérien 
«  serait  une  injustice  et  une  ingratitude  ».  Entre  ces  diver- 
jrences,  l'Académie  devra  se  prononcer,  d'après  les  éléments 
d'appréciation  que  la  Commission  de  vaccine  est  chargée 
de  lui  fournir.  Ces  éléments  abondent  d'ailleurs,  car  In 
pratique  des  nombreux  instituts  de  vaccine,  français  et 
étrangers,  les  résultats  obtenus  par  la  vaccination  ani- 
male dans  notre  armée,  etc.,  montrent  bien  avec  quelle 
facilité  la  vaccination  animale  s'est  aujourd'hui  généra- 
lisée. Elle  aussi  sans  doute,  elle  a  eu  quelques  accidents 
1res  rares,  mais  ils  ont  toujours  été  causés  par  des  altéra- 
lions  dont  les  perfectionnements  de  la  pratique  permettent 
assurément  d'éviter  le  retour  ;  l'on  peut  affirmer,  ainsi 
que  le  déclare  M.  le  professeur  Layet  dans  le  remarquable 
traité  de  vaccination  animale  qu'il  vient  de  publier,  que 
2»  Séaib  t.  XXVI. 


«  la  pratique  des  inoculations  à  l'homme  du  cow-pox  de 
culture  ou  cow-pox  artificiel  transmis  par  piqûres  ou  pe- 
tites incisions,  offre  de  très  grands  avantages  de  générali- 
sation de  la  vaccine,  dans  une  organisations  administrative 
bien  entendue  des  services  publics  de  la  vaccination  >. 

Le  Comité  consultatif  d'hygiène  publique  de  France  a 
récemment  aussi  étudié  cette  question,  sur  un  rapport  con- 
sidérable de  M.  le  professeur  Proust.  Étant  donné  que  la 
vaccination  animale  confère  une  immunité  semblable  à 
celle  que  donne  la  vaccination  jennérienne,  et  comme, 
lorsqu'il  s'agit  d'imposer  la  vaccination,  la  vaccination  ani- 
male présente  certains  avantages,  tels  que  l'impossibilité 
de  transmettre  la  syphilis,  par  exemple,  c'est  à  la  vaccina- 
tion animale  que  le  Comité  a  donné  la  préférence.  <  En 
prenant  de  jeunes  veaux  de  trois  mois  environ,  fait  obser- 
ver M.  Proust,  on  n'a  guère  à  redouter  la  transmission  de 
la  tuberculose.  En  effet  d'une  part  la  tuberculose  est  très 
rare  sur  les  veaux  de  lait.  D*autre  part,  le  bacille  tubercu- 
leux parait  avoir  fort  peu  d'aptitude  à  passer  dans  la  lymphe 
vaccinale.  En  effet,  Lothar  Meyer,  avec  l'assistance  de 
F.  Guttmann,  n'a  pas  trouvé  le  bacille  de  Koch  dans  la 
lymphe  vaccinale  recueillie  sur  des  sujets  tuberculeux. 
De  plus,  les  expériences  de  M.  Josserand  exécutées 
dans  le  laboratoire  de  M.  Chauveau,  expériences  confirmées 
par  celles  de  H.  Straus,  ont  démontré  que  cette  lymphe 
vaccinale  des  tuberculeux,  injectée,  sur  le  cobaye,  dans  le 
tissu  conjonctif  sous-cutané  ou  dans  le  péritoine,  ne  pro- 
voque pas  l'infection  tuberculeuse  dans  l'immense  majorité, 
sinon  dans  la  totalité  des  cas.  Enfin, chose  importante,  il  a 
été  établi  par  M.  Chauveau  d'abord,  puis  par  Dollinger,  que 
le  virus  tuberculeux  le  plus  actif,  inoculé  à  la  peau,  par 
piqûres  sous^pidermiques  on  par  scarifications  artificielles, 
ne  communique  pas  la  tuberculose  aux  sujets  d'expé- 
riences. Il  résulte  de  ces  faits  que  le  danger  de  transmettre 
la  tuberculose  par  la  vaccination  animale  est  donc  illusoire, 
malgré  quelques  expériences  dont  la  publication  a  pro- 
duit une  émotion  non  justifiée.  Cependant,  pour  se  mettre 
à  l'abri  de  toute  contagion  possible,  on  pourra  préférer  à  la 
vaccination  de  génisse  à  bras  la  pulpe  vaccinale  en  prenant 
la  précaution  suivante  :  dès  que  cette  pulpe  est  recueillie, 
on  sacrifie  l'animal,  on  en  fait  l'autopsie,  pour  s'assurer 
qu'il  n'est  pas  tuberculeux.  La  pulpe  est  d'ailleurs  très  ac- 
tive, elle  offre  cette  supériorité  sur  la  vaccination  de  génisse 
à  bras  qu'elle  ne  présente  aucune  difficulté  pour  le  trans- 
port. Enfin  aucun  produit  de  vaccination  n'est  perdu.  D'un 
autre  côté,  la  syphilis  n'est  pas  à  redouter  puisqu'elle  ne 
peut  être  transmise  aux  animaux.  Enfin  la  vaccination  ani- 

3« 


506    —  N*  32  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


9  Août  1889 


maie  donne  une* source  abondante  de  vaccin  qu'il  serait 
presque  impossible  d'obtenir  avec  la  vaccination  jenné- 
rienne.  Aussi  à  cause  des  gages  de  sécurité  qu'elle  pré- 
sente, et  en  raison  des  facilités  qu'elle  donne  pour  les  vac- 
cinations et  les  revaccinactions  en  masse,  la  vaccination 
animale  me  semble  devoir  être  choisie.  Il  est  bien  entendu 
toutefois  que  le  vaccin  jennérien  devra  continuer  à  être 
cultivé  là  où  il  Test  aujourd'hui,  à  l'Académie  de  médecine 
par  exemple,  et  qu'il  pourra  continuer  à  être  utilisé  dans 
certaines  circonstances  données.  » 

Il  ne  nous  parait  pas  douteux  que  l'Académie  ne  souscrive 
à  ces  propositions.  Quelque  intérêt  qu'il  y  ait  à  s'entourer 
en  pareille  matière  de  tous  les  moyens  d'information  qui 
peuvent  être  recueillis  et  d'agir  avec  une  extrême  prudence, 
il  est  désirable  que  son  opinion  soit  bientôt  connue.  L'émo- 
tion jetée  dans  le  public  par  les  communications  d'au- 
jourd'hui doit  être  très  promptement  calmée.  Peut-être 
eût-il  mieux  valu  ne  la  provoquer  qu'après  une  entente 
préalable  de  la  Commission  de  vaccine  sur  les  mesures  à 
prendre  pour  éviter  le  retour  de  pareils  faits  ;  telle  est  du 
moins  une  opinion  qu'on  nous  a  prié  d'exprimer.  En  tout 
cas,  il  faut  le  dire  bien  haut—  et  une  déclaration  formelle, 
immédiatement  votée  par  FAcadémie,  n'eût  pas  été  inutile, — 
de  tels  accidents  ne  sauraient  infirmer  les  bienfaits  dus  à  la 
vaccine.  Ce  que  personne  ne  saurait  aujourd'hui  contredire 
de  bonne  foi,  c'est  que  la  variole  a  presque  complètement 
disparu  des  pays  où  la  vaccination  et  la  revaccination  sont 
obligatoires  et  régulièrement  pratiquées. 

La  prophylaxie  de  la  tuberculose  soulève  tant  de  diffi- 
cultés pratiques  que  l'examen  des  instructions  proposées  à 
l'adoption  de  l'Académie  occupera  sans  doute  plusieurs 
séances.  Cet  examen  a  donné  lieu  de  la  part  de  MM.  Dujar- 
din-Beaumetz,  Daremberg  et  Germain  Sée  à  des  observa- 
tions qui  ne  tendraient  à  rien  moins  qu'à  supprimer  la  plus 
grande  partie  des  recommandations  soumises  à  l'Académie. 
On  peut  ainsi  voir  une  fois  de  plus  combien  il  est  difficile 
de  pratiquer  la  prophylaxie  des  maladies  transmissibles, 
lorsqu'elle  doit  profondément  modifier  les  habitudes 
sociales.  S'agit-il  de  malades  hospitalisés,  ici  tout  devient 
plus  aisé  ;  mais,  lorsque  les  mesures  préventives  doivent 
être  pratiquées  au  domicile  particulier  des  personnes 
atteintes,  l'embarras  devient  grand.  Et  cependant  il  faut  ici 
pouvoir  s'occuper  des  moindres  détails;  chacun  d'eux  a  son 
importance;  aussi  la  prophylaxie  doit-elle  tout  d'abord 
n'exiger  que  les  précautions  les  plus  indispensables,  celles 
dont  l'efficacité  est  le  mieux  démontrée.  Elle  gagnerait 
beaucoup  dans  l'opinion  publique  à  se  limiter  à  un  petit 
nombre  de  points. 

La  découverte  du  bacille  de  la  tuberculose  a  éclairé  le 
problème  ;  les  progrès  de  la  technique  sanitaire  en  facilitent 
les  divei*ses  solutions,  pour  peu  que  l'on  se  garde  de  multi- 
plier comme  à  plaisir  les  difficultés  et  de  vouloir  tout  d'un 
coup  modifier  toutes  les  habitudes,  quelque  regrettables  ou 
quelque  dangereuses  qu'elles  soient. 

Il  est  hors  de  doute  que  la  recommandation  de  n'ad- 
mettre dans  l'alimentation  que  des  viandes  profondément 
cuites,  ne  parait  pas  suffisamment  justifiée;  car,  à  suppo- 
ser que  le  tissu  musculaire  et  le  sang  renferment  des 
bacilles  tuberculeux,  la  cuisson  ne  les  atteindrait  dans  la 
profondeur  des  morceaux  de  viande  qu'à  une  température 
où  la  viande  serait  devenue  immangeable.  Les  expériences 
déjà  anciennes  de  MM.  Léon  Colin,  Yallin,  Hudelo,  mon- 


trent que  les  parties  centrales  des  viandes  r6tîes  d*aprè> 
nos  pratiques  culinaires  atteignent  une  température  qui  dp 
donne  même  pas  une  garantie  complète  contre  des  parasite^ 
tels  que  les  trichines  que  la  chair  des  animaux  pourrai: 
contenir;  quant  aux  viandes  bouillies,  il  faut,  même  pour 
la  viande  fraîche  de  bœuf,  qui  est  lâche  et  peu  serrée, 
quatre  heures  d'ébullition  pour  qu'une  pièce  de  3  kilo- 
grammes atteigne  90  ou  100  degrés. 

Le  danger  généralement  attribué  aujourd'hui  à  Tus;!^.' 
du  lait  cru  tend  également  à  modifier  d'une  façon  si  consi- 
dérable nos  habitudes,  que  l'on  ne  saurait  s'étonner  de  voir 
un  grand  nombre  de  personnes  hésiter  à  suivre  les  précepte> 
que  la  science  a  si  positivement  établis  à  cet  égard.  Il  en 
est  de  même  de  la  destruction  des  crachats  des  phtbisique- 
et  des  procédés  de  nettoiement  et  de  désinfection  appli- 
cables à  la  tuberculose.  La  discussion  actuellement  pen- 
dante nous  permettra  de  revenir  sur  ces  divers  points.  I) 
ne  nous  parait  pas  douteux  qu'en  dépit  de  certaines  diver- 
gences, plus  apparentes  que  réelles,  l'accord  ne  tardera  pas 
à  se  faire  sur  les  précautions  vraiment  indispensables  qui 
permettront  de  diminuer  les  ravages  de  la  plus  meuiirièrt» 
de  nos  aiTections  contemporaines. 

Quatre  Congrès  internationaux  tiennent  en  ce  moment 
leurs  séances,  qui  intéressent  également  les  médecins: 
quatre  autres  vont  s'ouvrir  d'ici  à  la  fin  de  la  semaine. 
Fidèle  à  la  décision  qu'elle  a  prise  depuis  quelques  années, 
la  Gazette  résumera,  en  les  groupant  sous  des  rubrique^ 
spéciales,  les  principaux  travaux  de  ces  réunions  qui 
embrassent  toutes  les  branches  de  la  médecine.  Il  noufi 
sera  toutefois  permis  aujourd'hui  d'apprécier  tout  particu- 
lièrement l'important  et  remarquable  discours  présidentiel 
prononcé  par  M.  le  doyen  Brouardel,  dimanche  4  août,  à 
l'ouverture  du  Congrès  international  d'hygiène  et  de  démo- 
graphie, dans  le  grand  amphithéâtre  de  la  Faculté  ôe 
médecine.  Cette  page  éloquente  trace  nettement  le  point  de 
vue  auquel  se  place  aujourd'hui  la  science  sanitaire,  et  il 
caractérise,  avec  une  grande  précision,  la  portée  de  ses 
efforts  et  la  valeur  de  ses  résultats.  Au  moment  où  l'Aca- 
démie engage  devant  elle  deux  discussions  de  la  plus  haute 
gravité  sur  le  vaccin  et  sur  la  prophylaxie  de  la  tubercu- 
lose, les  déclarations  si  autorisées  de  M.  Brouardel  sont 
plus  que  jamais  dignes  d'attention: 

€  L'hygiène,  a-t-il  tenu  à  dire,  n'est  plus  un  champ  livrt^ 
aux  recherches  d'une  petite  confrérie.  Elle  a  détruit  ses 
vieux  remparts.  Elle  a  appelé  à  son  aide  tons  les  citoyens 
de  bonne  volonté,  quelle  que  soit  leur  profession,  quelle 
que  soit  leur  nationalité.  Elle  a  compris  que  son  rôle  ne  se 
limitait  pas  à  des  conseils  individuels;  que  les  découverte> 
de  ses  maîtres  lui  imposaient  de  nouveaux  devoirs,  elle  les 
a  acceptés.  Elle  a  proclamé  la  solidarité  des  habitants  les 
uns  vis-à-vis  des  autres,  de  toutes  les  agglomérations  hu- 
maines entre  elles.  Elle  a  reconnu  que  les  frontières  géo- 
graphiques n'arrêtaient  ni  les  épidémies,  ni  les  produits 
falsifiés.  La  réunion  des  conférences  internationales,  celle 
des  congrès,  est  la  démonstration  éclatante  de  cette  vérité. 
Aujourd'hui,  il  n'est  plus  personne  qui  ne  rende  hommap* 
à  l'hygiène,  hommage  trop  souvent  platonique.  Mais  si  le 
mot  du  moraliste  est  vrai,  si  l'hypocrisie  n'est  qu'un  hom- 
mage rendu  à  la  vertu,  n'est-ce  pas  déjà  quelque  chose  que 
d'avoir  obtenu  pour  l'idole  un  respect  réel  ou  apparent? 

«  Des  projets  de  loi  sur  l'organisation  des  différents  ser- 
vices de  l'hygiène,  sur  la  prophylaxie  des  épidémies,  sur  les 


9  Août  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  32  —    507 


falsifications  des  denrées  alimentaires,  sont  à  Tordre  du  jour 
des  parlements  de  tous  les  pays.  Les  discussions  réservées 
jusqu'à  ce  jour  aux  Académies  de  médecine  et  aux  Sociétés 
savantes  ont  fait  invasion  dans  les  Chambres  législatives. 

«  Sommes-nous  donc  près  du  port  ?  Devons-nous  rendre 
grâces  aux  dieux  et  déclarer  notre  tâche  terminée  ?  Hélas, 
non.  Chacun,  dans  la  société,  a  conscience  que  nous  sommes 
mieux  armés  pour  la  défense  de  la  vie  et  de  la  santé  de 
nos  concitoyens,  on  attend  avec  espoir,  on  nous  reproche 
même  nos  lenteurs.  Mais  chaque  fois  que  nous  voulons 
présenter  dans  le  monde  le  nouveau  Messie,  il  s'élève  un 
concert  de  cris  de  douleur.  C'est  que  nous  nous  heurtons 
à  un  obstacle  terrible.  La  solution  d'une  question  d'hygiène 
publique,  qu'il  s'agisse  de  l'assainissement  des  ports,  des 
villes,  des  campagnes,  de  la  poursuite  des  falsifications, 
nécessite  une  dépense  ou  compromet  des  intérêts. 

<  Pour  assainir  une  maison,  une  ville,  il  faut  faire  des 
travaux  ;  pour  se  défendre  contre  l'importation  des  maladies 
exotiques,  il  faut  relarder  le  déchargement  d'un  navire; 
pour  interdire  la  vente  d'une  denrée  nuisible  à  la  santé,  il 
faut  troubler  des  intérêts  plus  ou  moins  respectables,  mais 
qu'importe  ?  ceux  qui  sont  atteints  par  la  dépense  ou  lésés 
dans  leurs  transactions  protestent,  ils  initient  le  public  à 
leurs  doléances.  Ceux  qui,  protégés,  n'ont  pas  été  victimes 
de  la  peste,  de  la  fièvre  jaune,  du  choléra,  de  la  fièvre 
typhoïde,  ceux  qui  ne  sont  plus  empoisonnés  parles  den- 
rées falsifiées,  élèvent-ils  la  voix  pour  contredire  aux 
plaintes  que  Ton  entend  de  toutes  parts?  Nullement.  Com- 
ment me  croirais-je  obligé  d'adresser  un  témoignage  de 
reconnaissance  à  quelqu'un,  voire  même  au  gouverne- 
ment, peu  habitué  d'ailleurs  à  entendre  ces  sortes  de  mani- 
festation, pour  une  maladie  que  je  n'ai  pas  eue,  que  j'aurais 
pu  avoir  peut-être  ?  j'ignore  même  le  plus  souvent  que  le 
danger  m'a  menacé.  L'homme  satisfait  est  muet  par  nature, 
la  victime  ou  la  personne  qui  se  croit  victime  est  seule 
disposée  à  communiquer  ses  impressions  à  ses  concitoyens 
Aussi  l'intervention  de  l'hygiène  n'a  pas  la  réputation  df 
faire  naître  de  vives  satisfactions.  Cela  se  dit  et  parfois 
même  se  met  en  chansons... 

€  Quand,  dans  un  pays  quelconque,  ceux  qui  ont  l'hon- 
neur d'être  appelés  dans  les  conseils  du  gouvernement  pro- 
posent de  prendre  telle  ou  telle  mesure  d'hygiène,  quand 
ils  demandent  aux  pouvoirs  publics  de  transformer  en  des 
actes  leurs  conceptions  hygiéniques,  ils  sont  obligés  d'avouer 
que  le  premier  résultat  sera  une  dépense.  Chacun  défend 
son  intérêt  pécuniaire,  plus  tangible  pour  lui  que  l'intérêt 
de  sa  vie  ou  celle  de  sa  famille.  La  dépense  est  certaine,  le 
danger  personnel  douteux  ou  inconnu. 

«  Le  gouvernement  hésite.  La  valeur  scientifique  ou  pra- 
tique de  la  résolution  est  elle-même  contestée.  Il  y  a  tou- 
jours quelque  savant  ou  quelque  médecin  qui  ne  partage 
pas  l'avis  émis  par  ses  confrères.  II  va  parfois  même,  quand 
il  n'a  plus  d'autre  argument,  jusqu'à  les  accuser  défaire 
une  chose  horrible,  de  a  la  science  officielle  >.  Je  ne  sais  ce 
que  représente  cette  locution,  à  moins  qu'elle  ne  veuille 
dire  que  l'hygiéniste  est  condamné  à  remuer  sans  cesse  les 
mêmes  idées  dans  des  discussions  purement  académiques, 
à  ne  jamais  en  parler  aux  pouvoirs  publics,  à  ne  jamais 
leur  demander  de  transformer  en  actes  les  décisions  capa- 
bles d'améliorer  le  sort  des  populations. 

<(  En  présence  de  ces  débats  et  de  ces  plaintes,  le  gou- 
vernement est  troublé.  Mais  si,  après  un  de  ces  congrès, 
nous  venons  le  trouver,  si  nous  lui  disons  :  c  La  question 


«  qui  vous  préoccupe  a  été  débattue  publiquement,  dans 
«  des  congrès  auxquels  pouvaient  prendre  part  tous  les 
a  médecins,  ingénieurs,  chimistes,  architectes,  tons  les' 
«  citoyens  qui  dans  le  monde  entier  s'intéressent  aux 
«  choses  de  l'hygiène;  cette  question  était  portée  à  l'ordre 
«  du  jour,  on  savait  qu'elle  serait  étudiée;  les  savants  de 
<  tous  les  pays  sont  venus,  des  résolutions  ont  été  propo- 
«  sées  et  acceptées,  celles  que  je  vous  avais  soumises  ont 
ft  été  adoptées.  i>  comment  voulez-vous  que  les  pouvoirs 
publics  hésitent  encore? 

c  Telle  est,  suivant  moi,  une  des  raisons  d'être  de  nos 
congrès  :  discerner  les  questions  que  l'on  peut  actuelle- 
ment résoudre,  les  étudier,  formuler  des  conclusions  en  se 
limitant  tout  d'abord  à  préciser  les  poinis  principaux; 
exposer  comment,  dans  les' divers  pays,  les  mêmes  pro- 
blèmes ont  été  résolus.  Dans  les  sciences. d'application,  en 
effet,  les  solutions  peuvent  être  diverses  suivant  les  lieux  et 
les  circonstances.  Il  appartient  ensuite  à  chacun  de  nous  de 
choisir  celles  qui  sont  le  mieux  appropriées  à  son  pays,  à 
ses  mœurs,  à  la  législation  en  vigueur.  » 

C'est  ainsi  que  l'accord  a  pu  se  faire,  à  la  suite  des  con- 
grès antérieurs,  sur  les  moyens  de  préserver  l'Europe  contre 
l'envahissement  des  maladies  exotiques,  c'est  ainsi  qu'on 
sait  aujourd'hui  comment  empêcher  la  propagation  de 
quelques-unes  des  maladies  transmissibles  nées  à  l'intérieur 
du  territoire,  qu'il  n'y  a  plus  de  discussion  sur  le  meilleur 
mode  d'assainissement  des  villes  et  que  la  nocuité  de  cer- 
taines falsifications  a  été  bien  établie.  Ainsi  l'hygiène  a 
cessé  d'être  conjecturale  et  elle  a  pu  obtenir  des  résultats 
appréciables  pour  la  santé  publique. 


CONTRIBUTIONS  PHARMACEUTIQUES 

Sur  le  phosphate  aelde  de  chaux  on  phosphate 
mooocolelqae. 

Parmi  les  produits  chimiques  qui  sont  exposés  au  Champ 
de  Mars,  il  en  est  un,  le  phosphate  monocalcique,  qui 
mérite  l'attention  des  pharmaciens. 

Jusqu'à  ce  jour,  on  ne  connaissait  ce  produit  que  sous  la 
forme  de  cristaux  blancs  enchevêtrés,  nacrés,  déliquescents 
et  ayant  presque  la  consistance  du  miel.  On  n'avait  jamais 
pu  le  priver  de  son  excès  d'acide  phosphorique.  De  là,  la 
nécessité  des  solutions  neutres  de  lacto  et  chlorhydro- 
phosphate  de  chaux,  qui  sont  depuis  longtemps  d'un  usage 
courant  en  médecine. 

J'ai  examiné  les  blocs  cristallisés  de  phosphate  acide  de 
chaux  de  l'Exposition,  et  j'ai  trouvé  qu'ils  ne  contenaient 
que  i  pour  100  d'acide  phosphorique  en  excès.  Cette  quan- 
tité peut,  à  bon  droit,  être  considérée  comme  négligeable. 
Désormais,  les  médecins  qui  voudront  prescrire  un  phos- 
phate de  chaux  soluble.  pourront  ordonner  celui-là  sous 
forme  de  solution  ou  de  sirop.  Il  ne  peut  être  administré  ni 
en  pilules,  ni  en  paquets  ou  cachets;  mais,  à  la  rigueur,  on 
pourrait  le  mettre  en  capsules  de  â5  centigrammes. 

La  solution  se  formulerait  ainsi  : 

Phosphate  monocalcique 5  grammes. 

Eau  distillée 300        — 

Chaque  cuillerée  à  soupe  contiendra  !25  centigrammes  du 
sel,  sera  prise  au  moment  des  repas,  pure  ou  avec  un  peu 
de  vin. 


508    _  N*  32  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIEUB  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


9  AooT  1889 


La  formule  du  sirop  serait  la  suivante  : 

Phosphate  monocalcique 5  grammes. 

Sirop  simple 400       — 

Essence  de  citrons IV  gouttes. 

La  cuillerée  à  soupe  contiendra  ainsi  25  centigrammes  de 
phosphate  de  chaux  absolument  pur. 

Voici  quel  est  le  procédé  de  fabrication  de  ce  produit  : 

Les  os  calcinés,  blancs,  triés  avec  soin,  pulvérisés,  délayés 
dans  de  l'eau  bouillante,  sont  traités  par  Tacide  sulfurique 
concentré. 

Le  magma,  obtenu  après  vingt-quatre  heures  de  contact, 
est  étendu  d'eau  bouillante  et  passé  au  filtre-presse,  pour 
séparer  le  sulfate  de  chaux  ;  le  liquide  acide  obtenu  est 
évaporé  jusqu'à  apparition  du  sulfate  de  chaux  resté  en  dis- 
solution dans  le  liquide;  on  laisse  refroidir,  on  filtre;  et. 
si  l'on  suivait  le  Codex,  on  laisserait  cristalliser  après  con- 
centration ;  mais,  pour  obtenir  les  gros  cristaux  de  phosphate 
pur,  il  faut  chauffer  fortement  la  liqueur  dans  une  bassine 
de  platine  pour  en  chasser  l'acide  fluorhydrique  ;  étendre 
d'eau  à  nouveau,  ajouter  avec  précaution  du  phosphate 
acide  de  baryte  pour  précipiter  l'acide  sulfurique  en  excès; 
filtrer  pour  séparer  le  sulfate  de  baryte;  faire  passer  dans 
les  liqueurs  un  courant  d'hydrogène  sulfuré  pour  séparer 
l'arsenic  (si  l'on  s'est  servi  de  Tacide  sulfurique  commer- 
cial, et  c'est  l'habitude  dans  l'industrie);  faire  évaporer 
jusqu'à  consistance  sirupeuse,  et  laisser  cristalliser.  A  la 
longue,  il  se  dépose  des  cristaux  que  l'on  fait  égoutter  et 
que  l'on  sèche  autant  que  possible. 

Ce  phosphate  doit  être  conservé  dans  des  flacons  soigneu- 
sement bouchés. 

Pierre  Vigieu. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

Fneiilté  de  médecine.    —  Couru    de  n.   le   proffeAflcur 
Clayon. 

DU   TRAITEMENT   CONSÉCUTIF    DES  ARTHROPATHIES 

Dans  un  article  publié  par  la  Gazette  du  21  juin  dernier 
nous  avons  étudié  les  raideurs  articulaires,  d'après  une 
leçon  du  professeur  Guyon,  en  nous  plaçant  au  point  de  vue 
exclusif  de  l'administration  des  mouvements  communiqués. 
Mais,  si  le  mouvement  est  l'agent  thérapeutique  le  plus  im- 
portant, il  n'est  certes  pas  le  seul,  et  le  chirurgien  dispose 
de  moyens  adjuvants  qu  il  y  a  intérêt  majeur  à  bien  con- 
naître. Nous  allons  reproduire  une  leçon  que  M.  Guyon  a 
consacrée  à  la  vulgarisation  de  ces  préceptes  et  dont  il  a 
bien  voulu  nous  communiquer  la  rédaction.  A.  B. 

La  plupart  des  arthropathies  se  traitent  pendant  leur 
période  d'état  par  l'immobilisation  dans  la  position  pbysio- 
logi(jue  de  repos,  puis,  pour  terminer  la  cure,  il  faut  rendre 
h  la  jointure  le  plus  possible  de  ses  fonctions.  L'idéal  du 
traitement  des  lésions  articulaires  est  en  effet  un  traite- 
liir.l  fonctionnel;  et  ce  traitement  fonctionnel  peut  être 
défini  :  l'art  de  conserver  en  méthode  curative  le  repos  phy- 
siologique des  articulations  et  leur  jeu  normal.  Cette  défi- 
nition démontre  que  le  but  doit  être  d'allier  la  physiologie 
à  la  thérapeutique  :  ce  fut  là  une  des  pensées  directrices  de 
Bonnet,  dont  les  idées  ne  sont  peut-être  pas,  à  ce  point,  de 
vue  spécial,  aussi  répandues  qu'elles  le  méritent. 

De  rimmobilisation  en  bonne  position  il  ne  sera  pas 
question  ici;  le  seul  traitement  consécutif  sera  envisagé. 
D'autre  part,  la  définition  précédente  n'est  pas  assez  corn- 


!  préhensive.  Elle  ne  vise,  en  effet,  que  rarliculation.  Or.  i 
toutes  les  périodes  du  traitement,  il  faut  s'occuper  av^' 
sollicitude  du  membre  entier  qui  porte  la  lésion.  Mîeu 
encore  :  tout  l'organisme  doit  être  l'objet  de  nos  soins  ;  dou> 
devons  combattre  avec  vigilance  les  états  diathésiques  qu 
sont  si  souvent  l'origine  des  arthropathies.  Mais  cette  part- 
purement  médicale  ne  sera  pas  développée  :  c'est  du  sein 
traitement  local  que  nous  nous  occuperons,  énuméraf.. 
d'abord  les  moyens  nue  nous  avons  à  notre  disposition,  pui> 
en  décrivant  les  moues  d'application,  pour  terminer  par  1 
résumé  de  leurs  principales  indications. 

L  Les  moyens  destinés  à  rendre  à  la  jointure  son  action 
s'adressent  directement  à  elle,  à  ses  parties  périphérique^, 
au  membre  entier.  Ainsi,  au  niveau  même  de  la  jointure 
malade,  les  moyens  sont  intra-articulaires  ou  péri-artîcu- 
laires.  En  ce  qui  concerne  le  membre  entier,  ils  eherchem 
surtout  à  combattre  les  désordres  musculaires,  mais  ils  m 
doivent  pas  oublier  la  peau,  le  tissu  cellulaire  superficiel  «i 
profond. 

Ces  moyens  sont  les  mouvements,  le  massage,  les  fric- 
tiens,  la  température,  l'électricité  et  la  balnéation. 

Parmi  tous,  le  mouvement  est  le  plus  essentiel  :  c'e>i 
l'aliment  nécessaire  de  la  vie  intra-articulaire  normale. 
L'administrer,  c'est  rompre  le  jeiîne  de  l'articulation  m.i- 
lade  lorsque  la  diète,  cesl-à-dire  le  repos,  a  terminé  sou 
rôle.  Il  ne  faudrait  pas  croire,  d'ailleurs,  que  le  mouvement 
n'a  d'effet  que  sur  les  parties  intra-articulaires.  Les  partie- 

Siéri-articulaires,  le  membre  tout  entier  en  bénéficient, 
lais  les  mouvements  à  distance,  le  glissement  des  partie*^ 
molles  les  unes  sur  les  autres  sont  bien  plus  efficacement 
obtenus  par  le  massage ,  et  de  plus  l'électricité  faradiqur 
permet  de  mettre  directement  les  muscles  en  jeu. 

Dans  tout  cela,  c'est  la  mobilisation  qu'on  vise.  Pour  par- 
venir au  but,  il  faut  ne  point  oublier  un  principe  général  :  on 
ferait  erreur  si  l'on  cherchait  à  restituer,  dès  l'abord,  de> 
mouvements  d'ensemble.  On  doit  procéder  par  degrés,  par 
dissociations  élémentaires,  pour  atteindre  peu  à  peu  le  but. 
C'est  ce  que  Bonnet  a  admirablement  compris;  c  est  ce  qu*il 
a  cherché  à  réaliser  pour  chaque  jointure,  pour  chaqur 
section  des  membres,  pour  chaque  membre. 

Le  massage  vient  d'être  rangé  parmi  les  agents  de  U 
mobilisation.  Mais  il  a  surtout  à  jouer  le  r6le  de  modifica* 
leur.  Son  principal  effet  est  de  favoriser  les  résorptions. 
d'être  un  agent  éliminateur.  Ne  fait-il  pas  résorber  un  épan- 
chement  séro-sanguin  (et  là  son  rôle  est  en  partie  un  rôle 
mécanique  de  dissémination),  tout  comme  il  lait  fondre  les 
engorgements  chroniques  qui  épaississent  les  tissus? 

Les  frictions,  la  température,  les  douches,  l'électrisation 
galvanique  agissent  dans  le  même  sens,  mais  ont  sur  U 
nutrition  cellulaire  une  influence  plus  particulière. 

La  balnéation,  qui  emprunte  pour  une  bonne  part  se^^ 
effets  à  l'action  de  la  température,  a  de  plus  une  influence 
très  spéciale.  Elle  assouplit  et  détend  les  tissus,  en  sorte 
qu'elle  favorise  très  nettement  la  mobilisation.  Grâce  à  elle, 
les  mouvements  d'ensemble  deviennent  possibles  à  une 
époque  du  traitement  où,  sans  elle,  les  mouvements  partiels 
seraient  seuls  obtenus.  De  même,  c'est  d'abord  au  sortir  du 
bain  que  les  mouvements  volontaires  sont  souvent  effectu<^< 
pour  la  première  fois. 

Telle  est  l'énumération  rapide  des  divers  agents  du  trai- 
tement fonctionnel.  Avant  d'aller  plus  loin,  il  faut  tâcher 
d'analyser  l'action  de  chacun  d'eux. 

A  propos  des  raideurs  articulaires,  nous  plaçant  au  point 
de  vue  de  la  clinique  pure,  nous  avons  monti^é  la  douleur 
vive,  mais  passagère,  qu'éveillent  les  mouvements  commu- 
niqués. Ce  n'est  pas  tout.  Après  la  douleur  se  produisent 
bientôt  de  la  chaleur  et  du  gonflement.  Cette  triaae  symplo- 
matique  est  donc  celle  de  l'inflammation,  c'est-à-dire  que 
les  premiers  effets  du  mouvement  sont  en  quelque  sorte 


0  Août  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N»  32  -    509 


F»athoIogîqaes,  et  Ton  comprend,  dès  lors,  que  Tétat  |)alho- 
ogi(}ue  puisse  devenir  franc  et  entraver  la  cure,  si  Ton 
administre  le  mouvement  avec  quelque  brutalité  ou  à  une 
époque  mal  choisie.  Répétons-le,  c'est  à  la  durée  des 
symptômes,  de  la  douleur  surtout,  qu'il  faut  demander  des 
renseignements  à  ce  sujet. 

Aucun  autre  moyen  ne  peut  remplacer  le  mouvement.  Il 
est  incontestable  toutefois  que  les  autres  agents  précédem- 
ment énumérés  sont  des  auxiliaires  précieux.  Ils  rendront 
aux  muscles  la  puissance  perdue  et  ils  assoupliront  les  par- 
ties molles  dans  leur  ensemble. 

Le  massage  a,  dans  cet  ordre  d'idées,  une  grande  im- 
portance, mais  il  ne  faut  pas  mettre  à  son  compte,  comme 
on  le  fait  journellement,  tout  ce  qui  est  gagné  par  les  mou- 
vements. Sans  doute,  Hippocrale  écrit  «  qu'il  relâchera  une 
articulation  trop  serrée  et  resserrera  une  articulation  trop 
lâche  »,  et,  sans  contredit,  ces  effets  si  disparates  sont 
obtenus  dans  une  certaine  limite.  Il  ne  faudrait  pas,  cepen- 
dant, dire  que  le  massage  possède  toutes  lès  vertus. 

De  même  que  le  mouvement,  il  détermine  d'abord  de  la 
douleur,  fort  vive,  mais  dont  la  fugacité  doit  servir  de  cri- 
térium. Et  même  cette  douleur  s'apaise  séance  tenante, 
malgré  la  répétition  des  manœuvres;  déjà  Celse  conseille 
le  massage  pour  faire  disparaître  les  dépôts  dans  les  tissus, 
et  surtout  pour  soulager  la  douleur. 

La  résorption  des  épanchements  péri-articulaires  sous 
rinduence  du  massage  est  incontestable.  L'entorse  en  four- 
nit chaque  jour  la  preuve  clinique,  et  le  hasard  de  quelques 
autopsies  en  a  pu  lournir  la  démonstration  anatomique  :  on 
trouve  deux  faits  de  ce  genre  dans  la  thèse  de  Lapervenche. 
Ce  qui  est  contestable  cliniquement,  c'est  la  disparition  des 
épanchements  articulaires  et,  d'une  façon  générale,  de 
tout  épanchement  collecté.  M.  Guyon  a  bien  souvent  com- 
paré, dans  ces  cas,  l'action  des  révulsifs  ou  de  la  compres- 
sion ouatée  à  celle  du  massage  :  rien  de  plus  certain  que  les 
effets  des  vésicatoires  et  de  l'enveloppement  compressif, 
tandis  que  ceux  du  massage  sont  douteux  ;  une  expérience 
de  von  Mosengeil  paraît  cependant  probante.  Après  avoir 
injecté  de  l'encre  de  Chine  dans  les  genoux  d'un  lapin,  cet 
auteur  a  soumis  l'un  des  côtés  au  massage.  Lorsqu'il  a 
sacrifié  l'animal,  au  bout  de  vingt-quatre  heures,  il  a  constaté 
que  du  côté  non  massé  la  jointure  était  pleine  de  liquide  et 
les  ganglions  lymphatiques  étaient  normaux;  tandis  que 
l'articulation  malaxée  était  asséchée  et  que  des  particules 
d'encre  de  Chine  coloraient  les  ganglions  lymphatiques 
correspondants.  Les  différences  étaient  assez  prononcées 
pour  être  reconnaissables  à  l'œil  nu. 

Le  massage  revendique  aussi  une  action  sur  la  contrac- 
tilité  musculaire.  Les  expériences  de  Zabludowski,  de 
von  Mosengeil,  de  Reibmayr  paraissent  le  démontrer.  La 
clinique  prouve,  d'ailleurs,  qu'il  remédie  à  l'atrophie, 
moins  vile  il  est  vrai,  et  moins  complètement  que  l'élec- 
tricité. On  ne  saurait  s'en  étonner.  La  nutrition  des  muscles 
n'est  normale  que  si  le  mouvement  entre  en  jeu,  et  le 
pétrissage  est,  en  somme,  une  série  de  mouvements  com- 
muniquée aux  muscles,  à  leurs  enveloppes,  au  tissu  cellu- 
laire qui  les  entoure.  Il  n'est  donc  pas  étonnant  c^ue  le 
massage  puisse  être  préservatif  ou  curatif  de  l'atrophie. 

Les  frictions,  de  même  que  les  mouvements,  sont  le  plus 
souvent  mises,  sous  le  nom  d'effleurage,  à  l'actif  du  mas- 
sage. Elles  en  diffèrent  cependant,  et  dans  leur  mode  d'ac- 
tion, et  dans  leurs  indications.  Elles  peuvent  produire  des 
effets  calmants  aussi  bien  que  des  effets  excitants,  et  con- 
viennent particulièrement  aux  formes  rhumatismales.  Elles 
favorisent  nettement  la  circulation  cutanée  :  après  un  pàlis- 
sement  momentané,  la  coloration  s'établit,  et  suivant  la 
durée  et  l'intensité  de  la  manœuvre  on  peut  parcourir  toute 
la  gamme  des  tons,  du  rose  tendre  au  rouge  vif.  En  même 
temps  se  développe  une  sensation  de  chaleur,  elle  aussi 
variable  dans  son  intensité;  la  sécrétion  cutanée  est  mise 


enjeu  et  la  peau  s'assouplit,  peut  devenir  moite.  Il  est  à 
noter  que  ces  phénomènes  s'observent  surtout  à  la  suite  de 
la  friction  sèche. 

Ces  effets  circulatoires  et  sécrétoires  sont  la  preuve  gros- 
sière qu'on  est  en  droit  d'attendre  de  la  friction  des  modi- 
fications nutritives;  modifications  locales  ou  générales, 
suivant  que  l'application  sera  restreinte  à  une  région,  à  un 
membre  ou  sera,  au  contraire,  étendue  à  tout  le  corps. 
Entrerdansl'étudede  ces  modifications généralesseraitsortir 
du  cadre  de  la  pathologie  externe;  mais  le  chirurgien  n'ou- 
bliera pas  tout  ce  que  la  dermatologie  nous  enseigne  sur 
le  rôle  capital  joué  par  le  tégument  entier  chez  les  diathé- 
siques,  chez  les  dialhésiques  uriques  en  particulier. 

C'est  encore  sur  la  peau  et  par  son  intermédiaire  qu'a- 
gissent la  température  et  les  différents  modes  de  la  bal- 
néation. 

La  température  peut  être  utilisée  à  l'état  sec  ou  humide, 
c'est-à-dire  sous  forme  de  vapeurs  ou  d'air  chaud  ;  de  corps 
qui  ont  emmagasiné  du  calorique  ou  qui  sont  imprégnés  de 
liquides  à  des  températures  variées.  On  peut  «aussi  arriver 
au  chaud  en  passant  par  le  froid  et  faire  alterner  rapide- 
ment des  températures  que  séparent  de  brusques  écarts 
dans  leur  degré.  Et  la  balnéation  —  dont  nous  avons  déjà 
indiqué  le  rôle  d'assouplissement  —  emprunte  une  partie 
de  ses  effets  à  l'action  de  la  température. 

Ainsi,  frictions,  température,  nains,  ont  prise  sur  la  cir- 
culation, l'innervation,  les  sécrétions  périphériques.  Ces 
moyens  sont  donc  efficaces  pour  agir  sur  la  vie  cellulaire. 
Action  dynamique,  par  conséquent,  à  différencier  dès  lors  de 
l'action  mécanique  des  mouvements,  du  massage. 

L'électricité  s'adresse  à  la  fois  au  mouvement  et  à  la 
nutrition.  Elle  a  sur  les  muscles  une  efficacité  indiscutée. 
Or  l'état  des  muscles  a,  dans  les  arthropathies,  une  impor- 
tance majeure.  Non  seulement  les  organes  contractiles  sont 
la  force  appliquée  aux  leviers  qu'ils  meuvent  et  qu'ils 
dirigent,  mais  encore  ils  sont  pour  bien  des  jointures  des 
ligaments  actifs.  Et  d'ailleurs,  tenir  compte  des  muscles 
est  une  indication  de  premier  ordre,  à  toutes  les  périodes, 
dans  le  traitement  des  lésions  articulaires.  Pendant  la  pé- 
riode d'état,  c'est  des  muscles  que  relèvent  les  attitudes 
vicieuses  :  ne  pas  avoir  les  muscles  contre  soi  est  une  des 
conditions  primordiales  du  traitement  fonctionnel  de  repos. 
Pendant  la  période  de  convalescence,  l'impotence  des 
muscles  est  un  des  principaux  ennemis  :  avoir  les  muscles 
pour  soi  est  une  des  conditions  primordiales  du  traitement 
fonctionnel  d'activité.  Pour  atteindre  ce  but,  l'électricité 
est  l'agent  le  plus  précieux,  sans  dénier  cependant  toute 
valeur  aux  frictions,  aux  douches,  au  massage. 

A.  Broc  A. 
(A  mivre,) 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

.  Nearopatliolog^e. 

Cystocèle  vaginale,  opération  faite  dans  le  sommeil 
HYPNOTIQUE.  Communication  faite  à  l'Académie  de  méde- 
cine dans  la  séance  du  30 Juillet  1889,  par  M.  Mesnet. 

Ce  n'est  pas  sans  une  certaine  émotion  que  j'aborde  de 
nouveau  cette  tribune,  pour  appeler  votre  attention  sur  la 
question  de  l'hypnotisme. 

J'aurais  assurément  gardé  le  silence  si  la  communication 
que  j'ai  à  vous  faire  n'avait  pour  objet  un  fait  matériel,  tan- 
gible, un  fait  chirurgical  à  joindre  à  l'ensemble  des  preuves 
sur  lesquelles  se  base  la  réalité  de  l'hypnotisme,  et  si  mes 
collègues  de  THôtel-Dieu,  Tillaux,  Bucquoy,  Dumonlpal- 
lier,  ne  m'avaient  demandé  d'être  près  de  vous  leur  inter- 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


9  Août  188^ 


prèle  dans  l'exposé  d'une  opération  à  laquelle  ils  avaient 
pris  un  grand  intérêt. 

Quand  une  question  nouvelle  apparaît  —  et  pour  celle-ci 
plus  que  pour  toute  autre  —  elle  se  trouve,  à  ses  débuts, 
en  face  de  deux  écueils  : 
L'enthousiasme,  avec  toutes  ses  exagérations; 
L'incrédulité,  qui  conduit  à  grands  pas  vers  la  négation 
de  parti  pris! 

Entre  ces  deux  extrêmes,  il  est  une  part  de  vérité  parfois 
bien  difficile  à  dégager,  mais  qui,  bien  établie  et  scientifi- 
quement démontrée,  devient  la  base  solide,  inébranlable, 
sur  laquelle  se  construit  l'édifice. 

Loin  de  moi  la  pensée  de  vous  promener  sur  les  fron- 
tières de  l'hypnotisme,  moins  encore  de  m'aventurer  dans 
ces  sentiers"  épineux  d'où  l'on  peut  sortir  découragé  et 
meurtri  !  Mon  seul  désir  est  de  vous  présenter  une  observa- 
tion dont  la  véracité  est  incontestable,  et  dont  la  répétition 
sera  toujours  possible  dans  des  conditions  identiques. 

Le  terrain  sur  lequel  nous  nous  trouvons  placé  n'a  pas  de 
sanction  anatomique. 

Quand,  en  effet,  un  trouble  quelconque  survient  dans  un 
organisme,  et  que  nous  constatons  des  signes  physiques, 
matériels  de  lésions  d'organes  correspondants  aux  sym- 
ptômes de  la  maladie,  le  rapport  de  cause  à  effet  se  dé- 
montre de  lui-même! 

II  n'en  est  point  ainsi  dans  l'ordre  des  névroses,  dont  les 
manifestations  violentes,  souvent  instantanées,  quelquefois 
éphémères,  appartiennent  aux  troubles  dynamiques,  simples 
perturbations  fonctionnelles  qui  ne  laissent  après  elles 
nulle  trace  de  lésions  appréciables.  Mais,  lors  même  que 
i'analomie  pathologique  ne  nous  apporte,  quant  à  présent 
du  moins,  aucune  démonstration  organique,  nous  avons, 
dans  l'étude  attentive  des  faits,  dans  l'observation  suivie  et 
répétée  des  malades,  un  ensemble  de  preuves  qui  nous 
permet  de  dire  aujourd'hui  avec  assurance  :  que  l'hypno- 
tisme n'est  point  une  illusion  du  médecin,  non  plus  qu'une 
jonglerie  du  sujet! 

Poursuivie  sous  le  double  contrôle  de  la  clinique  et  de 
l'expérimentation,  l'étude  des  névroses  a  depuis  longtemps 
fait  justice  des  superstitions  des  temps  passés,  ainsi  que 
des  influences  occultes  et  merveilleuses  du  baquet  ma- 
aiquel  La  lumière  s'est  faite  par  la  démonstration  —  chez 
la  plupart  des  malades  accessibles  à  l'action  hypnotique  — 
de  phénomènes  de  perturbations  nerveuses  toujours  sem- 
blables à  eux-mêmes,  se  succédant  dans  un  ordre  déter- 
miné, si  bien  indiqué  par  notre  collègue,  le  professeur 
Charcot. 

Sans  doute,  Vexistence  de  tels  ou  tels  de  ces  phéno- 
mènesy  pris  isolément,  peut  être  contestée  dans  sa  réa- 
lité! On  peut  toujours  nous  dire  : 

€  Quelle  I  reuve  avez-vous  que  ce  malade,  que  vous  piguez 
avec  une  épingle,  ne  sent  pas?  Que  celui-ci,  qui  vous  dit  ne 
pas  voir  de  l'œil  droit  ou  de  l'œil  gauche,  ne  voit  pas?  Que 
chez  cet  autre,  le  bras  est  réellement  paralysé  du  mouve- 
ment? 

€  La  seule  preuve  que  vous  ayez  à  nous  donner  est  l'affir- 
mation du  malade  et  son  insensibilité  apparente! 
«  Vous  pouvez  donc  être  dupe!...  » 
Assurément,  cette  objection  n'est  pas  sans  valeur,  et 
l'illusion  est  possible  quant  au  fait  pris  isolément  chez  un 
malade  d'aventure;  mais  si,  poursuivant  votre  examen, 
vous  observez  chez  ce  même  malade  la  coexistence  d'autres 
perturbations  nerveuses  indépendantes  de  sa  volonté^  indé- 
pendantes de  toute  superclierie,  la  contestation  est  réduite 
à  néant  et  la  négation  devient  impossible. 

Je  passe  outre,  et  j'arrive  à  la  démonstration  directe,  par 
des  faits  scientifiquement  établis,  puisqu'ils  ont  à  leur  actif 
les  noms  les  plus  autorisés! 

De  grandes  opérations  ont  été  faites  pendant  le  sommeil 
hypnotique;  toutes  ont  été  conduites  à  bonne  fin,  sans  que 


le  malade  ait  souffert,  sans  qu'il  ait  eu  connaissance  it 
l'intervention  chirurgicale  :  il  y  a  là  une  unité  qui  mériu 
bien  de  fixer  notre  attention. 

Mais,  avant  de  vous  entretenir  de  l'opération  de  M.  Ti - 
laux  —  dont  je  vais  me  faire  l'interprète,  tout  en  vou.» 
exprimant  le  regret  qu'il  ne  soit  pas  venu  vous  en  pari'' 
lui-même  avec  l'autorité  de  parole  que  vous  lui  connai<>N< 
et  la  parfaite  sincérité  d'un  nouveau  converti,  —  permettez 
moi  (fe  vous  rappeler  d'autres  opérations  accomplies  daih 
les  mêmes  conditions.  Parmi  elles,  il  en  est  quelques-un>^ 
que  nous  connaissons  tous  : 

Une  amputation  du  sein  pendant  le  sommeil  hypnoli<(ue 
faite  par  JulesCloquet  en  18:29,  tn  Procès-verbal  de  l'Acadr 
mie  de  médecine,-  section  de  chirurgie,  séance  du  16  avril: 

En  1845  et  1846,  plusieurs  opérations  pratiquées  à  Cher- 
bourg, par  le  docteur  Loysel  ;  entre  autres  :  une  amputation 
de  la  jambe;  la  section  du  tendon  d'Achille;  l'extirpalioi 
de  glandes  sous-maxillaires; 

A  la  même  époque  (1845),  une  amputatix)n  du  bras,  p.t. 
le  docteur  Jolly  ; 

En  1859,  l'ouverture  d'un  abcès  volumineux,  très  doe- 
loureux,  de  la  marge  de  l'anus,  par  BrocaetFoIlin,in»«i>>> 
dans  les  Bulletins  de  la  Société  de  chirurgie  et  les  Bullt- 
tins  de  l'Académie  des  sciences; 

En  1859,  une  amputation  de  la  cuisse,  par  le  docteur 
Guérineau,  professeur  à  l'Ecole  de  médecine  de  Poitierv 
dans  la  Gazette  !iebdomadaire  du  30décerobre  1859,  pubiitt 
et  commentée  par  Verneuil  ; 

Dans  la  même  année,  une  opération  de  fistule  à  ranu>. 
par  notre  collègue  Verneuil,  qui  m'a  entretenu  de  ce  fait 

Plusieurs  accouchements  pratiqués  dans  l'état  d'hypnose 
ont  eu  les  mêmes  résultats,  entre  autres  :  une  observation 
du  docteur  Pritzl,  assistant  de  Karl  Bràun,  à  Vienne,  sur 
une  femme  accouchée  par  lui  le  7  novembre  1885;  uneautn 
de  Dumontpallier  communiquée  à  la  Société  de  biologie, 
le  26  février  1887;  une  autre  encore  des  docteurs  Auvardei 
Varnier,  publiée  dans  les  Annales  de  gynécologie,  mai  1887; 
une  quatrième  du  1""  avril  1887,  que  j'ai  eu  l'honneur  d» 
lire  à  cette  tribune,  et  qui  appartient  à  mon  service  de 
l'Hôtel-Dieu. 

Je  ne  vous  citerai  que  ces  quelques  exemples  nécessaijv> 
aux  besoins  de  ma  cause;  mais  nos  recueils,  et  ceu\  d<' 
l'étranger,  en  Europe  comme  en  Amérique,  contenaui 
un  très  grand  nohibre  de  faits  chirurgicaux  afférents  à 
l'hypnotisme,  notre  bibliothécaire,  M.  Bureaux,  se  propoie 
de  les  collectionner  et  de  les  réunir  tous  dans  un  mémoire 
qui  sera  très  prochainement  publié. 

J'arrive  à  Topération  du  24  juin  dernier,  pratiquée  pi»r 
mon  excellent  collègue  Tillaux,  dans  son  service  à  rHùlel- 
Dieu.  L'observation  est  rédigée  et  écrite  par  M.  Témoin,  un 
de  ses  internes.  La  voici  : 

Ous.  —  C. . .  (Marie-Louise),  âgée  de  vingt-cinq  ans,  journa- 
lière. 

l^as  de  renseignements  importants  sur  les  antécédents  hérédi- 
taires. Son  père  est  mort  des  suites  d'une  affection  de  vessie;  sii 
mère  vit  encore  et  a  toujours  été  bien  portante;  elle  n'a  ni  frcre 
ni  sœur. 

Antécédents  personnels.  —  Toujours  bien  portante,  réglée 
pour  la  première  fois  à  l'às^e  de  douze  ans^  elle  l'a  toujoui> 
été  régulièrement  depuis.  Mariée  il  y  a  huit  ans  (à  l'âge  df 
dix-sept  ans),  elle  a  eu  un  enfant  il  y  a  vingt-six  mois  seule- 
ment. 

Son  accouchement  fut  extrêmement  pénible,  le  travail  dura 
douze  heures,  on  dut  appliquer  le  forceps;  elle  eut  une  dkhi- 
rure  du  périnée  qui  fut  suturée  immédiatement.  Les  suites  «!'' 
cet  accouchement  furent  simples,  et  trois  semaines  après,  1'^ 
malade  reprenait  ses  occupations. 

Début.  —  Depuis  cette  époque,  la  malade  ressent  une  gèut^ 
considérable  du  côté  de  la  vulve,  elle  ne  peut  rester  debout  sans 
avoir  des  envies  fréquentes  d'uriner  ;  et  bientôt  elle  constate, 
en  y  portant  la  main,  lu  présence  d'une  tumeur  à  l'entrée  "» 


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GAZETTE  HEBDOMAfiAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHlRUtlGtË 


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vagin.  Cette  tameur,  non  douloureuse  au  toucher,  augmente  par 
la  station  debout,  par  les  efforts,  diminue  après  la  miction,  et 
détermine  bientôt,  non  plus  seulement  de  la  gêne,  mais  des 
douleurs  incessantes  avec  picotements,  élancements  dans  le  canal 
del'urèthre.  Un  médecin  consulté  lui  ordonne  le  port  d*un  pes- 
satre.  D'abord,  elle  en  est  soulagée,  mais  bientôt  il  devient  into- 
lérable. 

Depuis  trois  mois,  la  malade  éprouve  de  continuelles  douleurs, 
ue  peut  accomplir  aucun  travail,  est  obligée  de  garder  le  repos 
au  lit  presaue  complètement,  et  le  2S  mai,  elle  entre  dans  le 
service  de  M.  Tillaux. 

Etat.  —  La  malade  porte  à  la  vulve  une  tumeur  occupant  la 
paroi  antérieure  du  vagin.  Cette  tumeur  est  irréffulière,  plissée 
transversalement,  réductible  par  la  pression  des  doigts,  augmen- 
tant par  les  efforts  de  la  toux.  Une  sonde  introduite  dans  la  vessie 
est  sentie  nettement  dans  la  tumeur  à  travers  la  paroi  vésico- 
vagiuale  qui  est  épaissie  surtout  au-dessous  du  méat  urinaire. 
La  vulve  ne  semble  pas  élargie.  Le  col  de  Tutérus  est  normal, 
non  prolabé,  les  culs-de-sac  sont  libres. 

Le  périnée  est  de  longueur  normale  ;  ou  y  voit  les  traces  de  la 
suture.  11  n>  a  pas  derectocèle. 
11  s*agit  d  une  cystocèle  vaginale  simple. 

Hystérie.  —  Pendant  que  uous  causious  avec  la  malade, 
nous  remarquons  qu'elle  nous  fixe  d'une  façon  particulière  ;  que 
de  légers  mouvements  convulsifs  animent  ses  membres,  et  que 
subitement  elle  s'endort. 

Réveillée,  nous  Tinterrogeons  sur  ce  sujet,  et  elle  nous  apprend 
ce  qui  suit  : 

Ses  antécédents  héréditaires  sont  nuls  à  ce  sujet.  Elle-même 
n'a  jamais  eu  d'attaque  d'hystérie,  mais  depuis  son  jeune  âge, 
elle  a  toujours  été  d'un  caractère  bizarre,  riant  ou  pleurant 
facilement. 

Début,  —  11  y  a  six  ans,  au  milieu  d'une  conversation^  elle 
se  mit  à  fixer  un  objet  et  elle  s'endormit.  Elle  ne  peut  dire  le 
temps  que  dura  son  sommeil,  ni  comment  elle  se  réveilla. 

Depuis  cette  époque,  elle  s'endort  fréquemment  ;  ses  amies 
Thypnotisent  avec  la  plus  grande  facilité.  Elle  consulta  M.  Bern- 
heim,  de  Nancy,  oui,  cinq  ou  six  fois,  à  des  époques  diffé- 
rentes, la  soumit  a  l'hypnotisation.  Elle-même  s'endort  très 
souvent  au  milieu  d'un  travail  à  l'aiguille  ;  et  à  son  réveil, 
elle  s'aperçoit  quelle  a  travaillé  sans  s'en  rendre  compte,  pen- 
dant un  temps  plus  ou  moins  long  ;  quelquefois,  elle  tombe  dans 
la  rue  dans  le  sommeil  hypnotique. 

État  actuel.  —  C'est  une  femme  assez  grande,  de  complexion 
moyenne,  plutôt  maigre,  fort  intelligente. 

A  l'état  de  veille,  cette  malade  ne  présente  rien  de  particulier  : 
sa  sensibilité  à  la  douleur  et  à  la  température,  bien  que  légère- 
ment diminuée,   persiste  également  sur  toute  la  surface  du 
corps;  on  ne  trouve  nulle  part  de  zone  d'anesthésie,  ni  d'hv- 
peresthésie.  La  sensibilité  tactile  est  normale;  la  sensibilité  à  la 
température  également. 
Les  sens  spéciaux  sont  tous  intacts,  les  réflexes  sont  normaux. 
On  ne  trouve  pas  d'byperesthésie  ovarienne. 
A  l'état  de  somnambulisme,  dans  lequel  elle  tombe  aussitôt 
par  la  fixation  du  regard,  la  sensibilité  est  abolie  sur  toute  la 
surface  du  corps;  la  sensibilité  tactile  est  conservée:  elle  ne 
sent  pas   l'aiguille  qu'on  lui  enfonce  dans  le  bras,  mais  elle 
reconnaît  très  bien  les  objets  qu'elle  touche. 

Dans  cet  état  et  par  la  suggestion,  on  obtient  de  la  malade  ce 
que  Ton  veut,  et  la  sensibilité  revient  dans  tel  ou  tel  point  du 
corps,  au  ^é  de  celui  qui  l'a  mise  en  somnambulisme,  etc. 

La  sensibilité  de  la  muqueuse  vaginale,  normale  a  l'état  de 
veille,  étant  abolie  à  l'état  de  somnambulisme,  M.  Tillaux  veut 
pratiquer  la  kolporrhaphie  sur  cette  malade  pendant  le  sommeil 
hypnotique. 

A  cet  effet,  la  malade  est  plusieurs  fois  eudoriuie,  et  on 
s'assure  qu'elle  ne   conserve   aucune   sensibilité  pendant  son 
sommeil. 
L'opération  est  faite  le  2i  juin. 

Malgré  sa  volonté  (par  crainte  de  souffrir,  elle  voulait  être 
chloroformée),  la  malade  est  endormie  par  la  fixation  du  regard, 
dans  la  salle,  près  de  son  lit.  Elle  vient  elle-même  de  la  salle  a 
l'amphithéâtre  en  nous  suivant  pas  à  pas,  réglant  sa  marche  sur 
la  nôtre,  lente  ou  précipitée.  Sur  notre  invitation,  elle  se 
déshabille,  se  place  sur  le  lit  d'opération  dans  la  position 
dorsale,  les  jambes  relevées.  M.  Tillaux  pratique  l'opération  (la 
kolporrhaphie  antérieure).  Il  enlève  avec  le  bistouri,  moyennant 
une  dissection  lente  et  délicate,  une  large  surface  rectangulaire 


de  muqueuse  vaginale,  d'une  étendue  de  7  centimètres  sur 
i  environ  de  largeur,  et  rapproche  par  les  points  de  suture  les 
bords  de  la  surface  avivée.  Des  tampons  de  gaze  iodoformée  sont 
placés  dans  le  vagin  comme  pansement;  l'opération  a  efur^' t7tn^f 
minutes  environ. 

Pendant  ce  temps,  la  malade  n'a  fait  le  moindre  mouvement. 
Agacée  au  début,  elle  devient  de  plus  en  plus  calme,  parle  de 
choses  indifférentes,  se  préoccupe  de  ce  qu'elle  aura  à  déjeuner, 
raconte  ce  que  lui  dit  sa  mère  quand  elle  vient  la  voir,  etc.. 
Mais,  constamment,  elle  s'inquiète  du  moment  de  l'opération 
qu'elle  attend,  disant  Qu'elle  veut  être  chloroformée! I ! 

Nous  étions  près  d'elle,  lui  tenant  les  mains,  lui  parlant  sans 
cesse  pour  tenir  son  attention  éveillée.  Nous  lui  disions  :  de 
ne  pas  se  tourmenter;  uu'on  ne  l'opérerait  pas  sans  qu'elle 
soit  prévenue  ;  que  d'ailleurs,  l'heure  étant  avancée,  on  ne 
l'opérerait  pas  ce  jour-là  ;  que,  pendant  Topératiou,  elle  ne 
souffrirait  pas...  et  d'autres  suggestions  dans  le  même  sens, 

âu'elle  écoutait  avec  la  plus  parfaite  confiance,  pendant  que 
[.  Tillaux  disséquait  lentement  ce  vaste  lambeau  ne  muqueuse 
vaginale,  et  coupait  d'un  seul  coup  de  ciseaux  le  pédicule  de  ce' 
lambeau,  sans  qu'elle  manifestât  la  plus  légère  sensation  de 
douleur. 

L'opération  terminée,  elle  avait  sa  chemise  tachée  de  quelaues 
Abouties  de  sans.  Sur  notre  affirmation  que  nous  étions  seuls  aans 
la  pièce,  qu'il  fallait  qu'elle  se  déshabillât  pour  changer  de  linge, 
elle  se  laissa  faire  (sans  demander  ni  comment,  ni  pourquoi),  et 
s'habilla  de  nouveau  devant  cent  personnes  ayant  les  yeux  sur 
elle. 

Elle  fut  ensuite  placée  sur  un  brancard  et  rapportée  dans  son 
lit.  Là,  nous  lui  suggérons  qu'elle  passera  une  excellente  journée 
et  qu'elle  ne  sentira  rien. 

A  son  réveil,  elle  demande  à  M.  Tillaux  quand  il  doit  l'opérer, 
et  son  étonnement  est  indescriptible  lorsqu'on  lui  annonce  que 
l'opération  est  faite. 

Elle  n'a  rien  senti,  elle  ne  sent  rien  ;  son  souvenir  l'arrête  au 
moment  où  elle  a  été  endormie. 

Pendant  l'opération,  elle  avait  perdu  très  peu  de  sang,  mais, 
dans  la  journée,  une  heure  et  demie  après  l'opération,  elle  fut 
prise  d'une  hémorrhagie  abondante,  qui  nécessita  un  tampon- 
nement. C'est  en  voyant  le  sang  seulement,  qu'elle  crut  vérita- 
blement à  Topéraiiou  faite. 

Aujourd'hui,  la  malade  est  guérie,  et  rentre  dans  sa  famille 
sans  avoir  souffert  un  instant  de  l'opération  importante  qu'elle 
avait  subie. 

Messieurs,  vous  ne  connaîtriez  que  d*une  manière  fort 
imparfaite  la  malade  de  H.  Tillaux,  si  je  ne  complétais  cette 
communication  par  quelques  considérations  relatives  à  son 
état  psycho-sensoriel. 

La  facilité  avec  lac|uelle  elle  s'endort  est  extrême  ;  il  suf- 
fit de  la  fixer  un  instant,  de  lui  dire  de  dormir,  pour 
qu'aussitôt  elle  dorme;  et  au  simple  commandement  : 
€  Réveillez-vous  !  >  elle  se  réveille. 

La  transition  de  l'état  de  veille  au  sommeil  hypnotique 
est  presque  instantanée,  et  n'a  d'autre  signe  qu  un  léger 
mouvement  de  secousse  de  tout  le  corps,  une  respiration 
profonde,  anhéleuse  qui  se  produisent  au  moment  où  ses 
paupières  se  ferment  sur  ses  yeux  convulsés  en  dehors,  où 
ses  sensibilités  s'éteignent  sur  toute  la  surface  du  corps  et 
des  muqueuses. 

La  sensibilité  du  tact  seule  persiste;  piquez  la  pulpe  des 
doigts  avec  une  épingle,  elle  ne  sent  pas  j  vous  la  touchez 
en  un  point  quelconque  avec  un  corps  froid  ou  chaud,  elle 
n'a  aucune  sensation  ;  mais  placez  sous  sa  main  différents 
objets,  elle  vous  dira,  en  vous  les  présentant  (les  yeux  bien 
clos  pour  éviter  toute  erreur)  :  c  Ceci  est  une  plume,  ceci 
est  un  crayon,  ceci  une  pièce  de  monnaie,  ceci  une 
aiguille,  ceci  une  épingle,  voici  la  tête,  voici  la  pointe!  » 

Ce  remarquable  exemple  de  dissociation  des  sensibilités, 
avec  abolition  de  telles  d'entre  elles  et  conservation  de  telle 
autre,  n'est  point  un  fait  isolé,  je  l'ai  observé,  depuis  long- 
temps, un  grand  nombre  de  fois  chez  d'autres  hypnotisées  ; 
et  l'ignorance  dans  laquelle  on  était  de  la  conservation  du 
tact^  alors  ^u'on  pouvait  traverser  le  doigt  d'une  malade 
avec  une  épingle  sans  qu'elle  le  sentit,  a  été  rapportée  au 


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GUETTE  HEBDOMADAIREIOE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


9  Août  1889 


menmlleux,  et  a  servi  de  prétexte  à  Villmion  de  la  trans- 
position du  sens  de  la  vue. 

C'est  grâce  à  cette  apparence  de  raison  qu'on  a  pu  nous 
«lire  : 

«  Ses  yeux  sont  fermés, 

((  Tout  son  corps  est  insensible, 

«  Ses  mains  peuvent  être  tenaillées  sans  douleur, 

tf  Et  cependant,  elle  reconnaît  tout  ce  qu'elle  touche  ! 

«  Donc,  elle  voit  par  la  pulpe  des  doigts!  » 

Illusion!!!  Illusion  disparue...  comme  bien  d'autres 
disparaîtront  encore  avec  la  connaissance  de  plus  en  plus 
intime  des  troubles  fonctionnels  du  système  nerveux. 

Voyons  maintenant  le  râle  réciproque  de  rexpérimen- 
tuteur  d^une  part^  et  de  V opérateur  d'autre  part,  vis-à-vis 
de  V  opérée  ? 

L'influence  de  I'expérimentateur  est  souveraine  ;  il  esl 
Te  maître  absolu  de  la  situation  ;  il  dispose,  il  commande  à 
sa  guise,  bien  sûr  d'être  obéi  ;  trouvâl-il  quelaue  résistance, 
il  triomphera  toujours  de  la  volonté  fruste,  ae  l'opposition 
impuissante  de  son  sujet. 

Quant  a  l'opérateur,  il  n'a  pour  le  moment  qu'un  rôle 
TRÈS  EFFACÉ  ;  il  cst  indifférent  à  la  malade  au  même  titre 
que  tout  assisianl  ;  elle  ne  le  voit,  ni  l'enlend,  ni  le  connaît, 
alors  que  tout  à  l'heure  il  occupait  toute  sa  pensée. 

L'isolement  de  la  malade  d'avec  le  monde  extérieur 
serait  donc  complet,  s'il  ne  lui  restait  un  point  d'attache 
dans  la  personne  de  l'expérimentateur  dont  elle  entend  la 
voix,  et  auquel  elle  obéit  servilement. 

L'ouïe  et  le  toucher  persistant  seuls  dans  ce  naufrage  des 
impressions  sensitivo-sensorielles,  c'est  par  l'exercice  de 
ces  deux  sens  que  la  communication  reste  établie  avec 
l'expérimentateur,  alors  (qu'ils  sont  fermés  à  tout  autre 
excitant  d'où  qu'il  vienne:  ils  arrivent  même  souvent  vis-à- 
vis  de  lui  à  un  degré  a'hypercsthésie  fonctionnelle  qui 
dépasse  de  beaucoup  la  moyenne  de  leur  exercice  normal  : 
il  n'est  point  nécessaire  qu'il  parle  haut,  qu'il  grossisse  sa 
voix  pour  être  entendu;  la  malade  est  pour  lui  tout  oreilles, 
elle  entend  et  écoute  ses  moindres  commandements;  elle 
n'a  d'activité  que  pour  lui  et  par  lui;  cesse-t-il  de  lui  par- 
ler, elle  reste  immobile  et  muette,  incapable  de  toute  spon- 
tanéité. 

S'il  s'éloigne,  elle  porte  ses  mains  vers  lui,  en  recher- 
chant ses  mains,  ses  bras,  comme  si  elle  trouvait  à  leur 
contact  un  point  d'appui,  une  impression  agréable;  qu'une 
autre  personne  la  touche,  elle  se  retire  brusquement  avec 
une  expression  de  malaise  très  manifeste. 

Cette  concentration  exclusive  de  la  malade  sur  la  per- 
sonne de  l'expérimentateur  doit  être  entretenue  par  des 
appels  incessants  faits  à  son  activité  mentale  :  €  Comment 
vous  trouvez-vous?  Êles-vous  bien?  Souffrez-vous?»  etc.,  ou 
oar  des  suggestions  telles  que  celles-ci  :  €  Soyez  calme  ! 
N'ayez  nulle  inquiétude  !  Vous  vous  trouverez  bien  quand 
je  vous  réveillerai  !  » 

Les  suggestions  auxquelles  l'École  de  Nancy,  représentée 
par  MM.  les  professeurs  Bernheim,  Bonis,  Liégois,  a  donné, 
h  juste  titre,  le  rôle  prépondérant  dans  l'évolution  des  phé- 
nomènes hypnotiques,  sont  toujours  le  meilleur  mode  de 
communication  ;  et  ce  sont  elles  qui,  dans  le  cas  particu- 
lier, nous  ont  servi  à  maintenir  la  malade  au  degré  d'hyp- 
nose nécessaire  à  la  durée  fort  longue  de  l'opération  qu'elle 
avait  à  subir;  abandonnée  à  elle-même,  elle  eût  pu  se 
réveiller  brusquement,  et  perdre,  en  retrouvant  sa  sensibi- 
lité, le  profit  de  1  anesthésie  hypnotique  insuffisamment 
prolongée. 

Je  ne  dois  pas  terminer  cette  communicalion,  sans  vous 
parler  des  troubles  de  la  mémoire,  et  de  l'ignorance  absolue 
de  l'opérée  au  moment  où  on  Ta  réveillée. 

Son  étonnemenl,  son  expression  ne  sont  pas  moins  carar- 


téristiques  du  trouble  de  son  innervation  cérébrale,  qor 
l'anesthésie  et  l'analgésie  qu'elle  nous  présentait  tout  2 
l'heure;  aux  phénomènes  d'inhibition  qui  la  rendaient 
insensible,  succède  presque  instantanément  une  légère 
excitation  cérébrale.  Elle  voit  avec  surprise  les  personne^ 
qui  entourent  son  lit,  elle  promène  ses  yeux  autour  d'elle 
pour  reprendre  possession  de  son  milieu,  elle  n'éproovt> 
ni  fatigue,  ni  malaise,  et  revenue  à  elle,  demande  avec 
insistance  qu'on  l'opère  au  plus  vite. 

Dites-lui  que  l'opération  est  remise  au  lendemain...,  elle 
sera  mécontente.  Dites-lui  qu'elle  est  faite...  elle  ne  vous 
croira  pas  ! 

Il  faut  assurément  qu'un  bien  grand  trouble  cérébral  aii 
été  produit  dans  l'ensemble  de  ses  facultés,  pour  qu'un^^ 
scission  aussi  complète  s'opère  dans  l'exercice  de  la 
mémoire  ! 

Je  vais  au-devant  d'une  objection  qui  m'a  souvent  été 
faite  : 

c  Quelle  certitude  avez- vous  que  la  mémoire  esl 
anéantie? 

«  Vous  n'avez  d'autre  preuve  que  la  sincérité  de  voln 
malade  ?  et  vous  pouvez  être  dupe  d'une  mystification.  > 

Je  ne  vois  vraiment  d'autre  réponse  à  cette  objection  qu 
celle-ci  ; 

Soyez  témoin  des  faits  dont  je  vous  parle,  —  observez 
froidement,  sans  parti  pris,  le  réveil  d  un  hypnotisé,  - 
voyez  son  expression,  son  regard,  son  étonnemenl,  la  trans- 
formation qui  se  fait  dans  tout  son  être,  dans  la  coloration 
de  sa  peau,  dans  le  timbre  de  sa  voix...  et  vous  n'échapperez 
point  à  l'émotion  qu'ont  eue  tous  les  assistants  de 
M.  Tillaux,  quand  sa  malade,  rapportée  dans  son  lit,  lui 
a  demandé  de  fixer  au  lendemain  le  jour  de  son  opéra 
tion  ! 

Un  seul  fait,  pourriez-vous  me  dire,  n'est  pas  preuve  à 
conviction  ? 

Multipliez  les  observations,  répétez  l'expérience  m 
d'autres  malades,  vous  trouverez  invariablement,  au  réveil, 
l'ignorance  complète  de  tous  les  faits  qui  se  sont  produit^ 
pendant  le  sommeil  ;  à  cette  condition  toutefois  que  le  som- 
meil hypnotique  ait  été  conduit  à  un  degré  d'intensité  suf- 
fisante. 

Tous  les  sujets  hypnotisables,  qu'on  nous  dit  bien  plus 
nombreux  à  Nancy  que  nous  ne  les  trouvons  à  Paris,  n'ar- 
rivant pas  à  un  même  degré  d'insensibilité  générale  et  pro- 
fonde, qui  permette  de  tenter,  à  leur  insu,  une  opération 
sanglante,  il  ne  doit  venir  à  l'esprit  de  personne  cjue  l'iii- 
fluence  analgésique  de  l'hypnose  puisse  être  jamais  un  pro- 
cédé utilisable  dans  la  pratique  de  la  chirurgie  en  généra), 
non  plus  que  dans  celle  de  l'accouchement. 

L'anesthésie  et  l'analgésie  hypnotiques  ne  seront  donc 
jamais  que  le  privilège  de  quelques  malades  accessibles  à 
ce  mode  d'action  ;  mais  son  application  aura  sur  le  chlo- 
roforme l'avantage  de  les  soustraire  aux  dangers  de  lachlo- 
roformisation,  ainsi  qu'aux  inconvénients  qui  en  résultent: 
Texcitation  violente  de  la  première  période,  les  vomisse- 
ments, la  céphalalgie,  l'engourdissement,  l'hébétude  et  le 
malaise  plus  ou  moins  prolongé  ! 

«  Je  ne  verrais,  nous  disait  Tillaux,  au  sujet  de  rhéraor- 
rhagie  survenue  une  heure  après  chez  son  opérée,  je  rw^ 
verrais  qu'une  seule  observation  à  faire  reiativemeut  aui 
quelques  malades  qui  peuvent  profiter  de  cette  méthode  : 
c'est  que  le  spasme  des  petits  vaisseaux,  qui  diminue  la 
perte  de  sang  au  moment  de  l'opération,  peut  devenir, 
quand  il  cesse  au  réveil  et  que  la  circulation  se  rétablit  lar- 
gement, l'occasion  d'hémorrhagies  qui  devront  être  sur- 
veillées. 

Messieurs,  j'avais  l'espoir,  en  composant  cette  communi- 
cation, sinon  de  convertir  les  plus  incrédules  d'entre 
vous,  du  moins  de  leur  prouver  que  l'hypnotisme  avait  unt* 


Ô  Août  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N*  32  —    513 


base  reposant  sur  un  ordre  de  faits  déterminés  et  scienti- 
fiquement établis. 

Y  suis-je  arrivé  ? 

Quoi  qu*il  en  soit,  je  conclus  par  une  nouvelle  afllrma- 
lion  à  l'appui  de  faits  déjà  connus,  que  : 

IJhypnotisme  ejcerce  sur  certains  sujets  une  action 
perturbatrice  du  système  nerveux^  qui  suspend  momen- 
tanément leurs  sensibilités  superficielles  et  profondes^  au 
point  qu'une  longue  et  grave  opération  sanglante  peut 
être  pratiquée  sur  eux^  sans  éveiller  de  douleur^  sans 
qu'ils  en  aient  connaissance. 


K^-STE  HYDATIQUE  DU  FOIE  TRAITÉ  PAR  l'iNJEGTION  DE  LIQUEUR 

DE  Van  Swiëten  ;  Guêrison.  —  Communication  faite  à  la 
Société  médicale  des  hôpitaux,  dans  la  séance  du  27  juillet 
1889,  par  M.  Juhel-Renoy,  médecin  des  hôpitaux. 

La  discussion  soulevée  ici  môme  par  M.  Debove,  dans  les 
séances  des  12  et  21  mars  1888,  celle  plus  récente  encore  de 
la  Société  de  chirurgie,  m'engagent  à  vous  communiquer  un 
fait  qui  n'a  de  remarquable  que  )a  simplicité,  l'innocuité 
avec  lesquelles  la  guêrison  a  été  obtenue.  J'ai  suivi  de  point 
en  point  la  méthode  que  se  proposait  de  suivre  M.  Debove 
lorsque  de  nouveau  il  aurait  à  intervenir.  C'est  donc  à  l'éva- 
cuation complète,  aussi  totale  que  possible  au  moins,  de  la 
f»oche  kystiaue  que  j'ai  eu  recours,  suivie  de  l'injection  de 
iqueurde  Van  Swieten. 

Ce  traitement,pourledire  tout  de  suite,  me  parait  mériter 
aussi  bien  que  la  laparotomie  le  nom  de  traitement  moderne 
queM.Richelotsembleréserverà  l'intervention  chirurgicale, 
et  je  pense  qu'au  sein  de  notre  Société,  malgré  les  merveilles 
opératoires  dues  à  l'antisepsie  rigoureuse,  nul  ne  songera 
à  comparer  au  point  de  vue  de  la  gravité  la  ponction  suivie 
de  lavage  à  l'ouverture  de  l'abdomen.  Ces  dangers,  d'ail- 
leurs, certains  chirurgiens  ne  les  dissimulent  pas,  et  le 
professeur  Heydenreich  de  Nancy  proposait  pour  les  éviter  le 
retour  à  la  méthode  simplifiée  de  Récamier;  plus  récemment 
encore,  M.  Spilmann  de  Nancy  s'est  déclaré  ouvertement 
partisan  du  traitement  par  la  ponction  simple  dont  il  a 
publié  un  cas  probant  (fiu/te^in  médical,,  in  Semaine  méd.y 
13  mars  1889). 

Contre  la  méthode  que  M.  Mesnard  de  Bordeaux  et 
M.  Debove  nous  ont  fait  connaître,  les  objections  ont  été 
assez  nombreuses,  on  a  bien  voulu  concéder  que  k  le  lavage 
était  un  perfectionnement,  mais  qu'il  n'augmentait  pas  assez 
la  valeur  de  la  ponction  pour  la  faire  préférer  aux  méthodes 
chirurgicales  >  (Richelot). 

II  ne  me  parait  même  pas  absolument  démontré  qu'il  n'y 
faille  pas  «  songer  >  un  instant  dans  les  kystes  suppures; 
l'observation  de  Mesnard  de  Bordeaux  est  là  pour  prouver 
que  cette  opération  peut  être  suivie  quelquefois  de  succès 
complet  et  qu'en  conséquence  il  n'y  a  pas  lieu  de  con- 
damner sans  appel  ce  procédé,  même  dans  le  cas  toujours 
singulièrement  grave  d'un  kyste  suppuré. 

Si  la  discussion  reste  ouverte  sur  ce  dernier  point,  je 
comprends  peu,  en  vérité,  le  dédain  en  lequel  la  plupart 
des  chirurgiens  tiennent  maintenant  l'intervention  ^  médi- 
cale »,  si  je  puis  ainsi  parler.  Outre  que  les  succès  par  la 
simple  et  unique  méthode  aspiratrice  ne  se  comptent  plus 
tant  ils  sont  nombreux,  il  me  parait  évident  que  leur  nom- 
bre ira  s'accroissant  à  mesure  que  la  pratique  du  lavage 
s'étendra  et  aussi  à  mesure  que  la  prudence  reviendra  aux 
chirurgiens  qui  semblent  s'en  départir  un  peu  depuis  que 
l'antisepsie  leur  est  chose  familière. 

L'observation  qui  suit  et  que  je  résume  en  quelques  mots 


engagera  peut-être  quelques-uns  de  nos  collègues  à  tenter 
le  lavage  après  ponction  des  kystes  qu'ils  auront  à  traiter. 

Obs.  —  Berlhe  B.,  douze  ans,  est  prise  en  aoiit  1888  d'un 
malaise  qui  fut  qualifié  de  scarlatine  par  un  médecin,  il  y  avuit 
une  légère  angine  et  une  éruption  rouge  non  prurigineuse.  En 
quatre  ou  cinq  jours  tout  fut  fini,  et  aucune  desquamation  ne 
survint;  mais  durant  cette  courte  maladie,  le  médecin  reconnut 
que  la  malade  portait  dans  le  flanc  droit  une  tumeur  qui  jusque- 
là,  par  sou  indolence  absolue,  était  restée  méconnue.  Depuis 
Tapparition  de  l'éruption,  la  ^éne  respiratoire  s'est  moutréis 
Tentant  se  plaint  d'une  sensation  de  tension  dans  l'hypocondre 
droit  lorsqu  elle  marche  ou  reste  longtemps  debout. 

Aucune  modification  de  la  santé  générale  d'ailleurs,  aucun 
de  ces  signes  c  révélateurs»  signalés  dans  les  kystes  hydatiques, 
dégoût  des  graisses,  douleur  de  Tépaule,  etc. 

Lors  de  1  entrée,  6  novembre  1^88,  on  constate  que  Fliypo- 
coudre  droit  est  le  siège  d'une  déformation  considérable,  les 
côtes  sont  déjetées  en  dehors,  une  véritables  tumeur  fait  saillie. 
A  la  palpation  on  perçoit  une  fluctuation  profonde,  eu  même 
temps  qu  une  certaine  mobilité,  la  main  placée  dans  la  région 
lombaire  et  la  soulevant  fait  éprouver  à  la  main  antérieure  qui 
palpe  le  foie  une  sensation  de  résistance  très  nette.  La  tumeur 
est  mate  à  la  percussion,  sans  interposition  d'anses  intestinales, 
et  suit  les  mouvements  du  diaphragme. 

Le  diagnostic  étant  fait  sur-le-champ,  et  la  poche  paraissant 
très  tendue,  je  me  décide  à  intervenir.  La  veille  du  jour  où  l'en- 
fant doit  être  opérée,  l'intestin  est  débarrassé  par  un  purgatil' 
léger,  et  la  malade  est  soumise  à  une  diète  assez  sévère,  avant 
la  ponction,  un  bandage  de  corp^  a  été  disposé  afin  d'éviter  tout 
mouvement  après  l'opération.  Celle-ci  est  très  simple  :  ponction 
au  point  culminant  ae  la  tumeur,  issue  de  975  grammes  d'un 
liquide  clair  limpide,  dans  lequel  nagent  de  nombreux  écbino- 
coaues. 

Le  liquide  est  très  légèrement  alcalin,  d'une  densité  de  1008, 
non  albumineux,  renferme  ô'J^A  de  chlorures  (chlorure  de 
sodium),  pas  de  sulfates  et  donne  9  i^S  d'extrait  sec  à  100  degrés. 

Dès  que  l'aspiration  est  terminée,  j'injecte  150  grammes 
de  liqueur  de  Van  Svvieten  tiédie  au  bain-marie  à  35  degrés,  et 
laisse  durant  dix  minutes  le  liquide  dans  la  poche;  à  ce  moment 
la  malade  accuse  un  peu  de  douleur  dans  l'épaule  droite,  le 
liquide  retiré  est  couleur  vert  clair. 

Je  pratique  un  second  lavage,  1:25  grammes  sont  de  nouveau 
injectés  et  séjournent  cinq  minutes,  puis  sont  repris  par  l'aspi- 
ration, le  liquide  extrait  est  très  faiblement  verdàtre.  Dès  que 
le  lavage  est  fini,  l'enfant  est  immobilisée  et  pren  l  à  trois 
reprises  1  centigramme  d'opium. 

Les  suites  furent  simples,  le  lendemain  survient  un  peu  de 
diarrhée  et,  deux  jours  après,  un  peu  de  rougeur  des  gencives. 

Le  19  novembre,  soit  dix  jours  après  le  lavage,  la  tumeur  avait 
disparu,  et  l'enfant  partait  guérie.  Depuis  lors,  je  l'ai  suivie,  la 
palpant  toutes  les  six  semaines.  Je  l'ai  revue,  il  y  a  peu  de  jours, 
et  la  palpation  la  plus  profonde,  la  plus  minutieuse  ne  permet 
de  constater  aucune  trace  du  kyste,  la  région  hépatique  a  repris 
sa  forme.  Toute  gêne,  toute  douleur  ont  disparu. 

Donc  intervention  opératoire  simple  et  peu  douloureuse, 
car  malgré  l'âge  de  l'enfant  (douze  ans),  la  douleur  de 
l'épaule  droite  ressentie  durant  les  deux  injections  intra- 
kystiques  fut  assez  peu  vive  pour  n'arracher  aucun  pleur. 
Innocuité,  ai-je  dit,  car  chez  cette  malade,  aucune  fébricule^ 
aucune  plaque  ortiée  ne  se  sont  montrées.  Il  y  eut  une  petite 
menace  de  stomatite  légère,  très  légère,  malgré  les  quan- 
tités (475  grammes)  de  liqueur  de  Van  Swieten  qui  furent 
injectées.  C'est  là  cependant  un  inconvénient  à  redouter,  et 
il  est  vraisemblable  qu'on  pourra  trouver  dans  l'arsenal 
thérapeutique  un  liquide  anliparasitaire  aussi  énergique 
que  le  sublimé,  et  n'exposant  pas  les  opérés  à  des  phéno- 
mènes d'intoxication,  témoin  le  malade  de  M.  Debove,  guéri 
par  l'injection  de  sulfate  de  cuivre;  malgré  la  possibilité  de 
ce  danger,  je  crois  qu'on  peut,  sans  imprudence,  imiter  ma 
conduite  chez  les  individus  pourvus  d'une  bonne  dentition, 
comme  l'était  ma  petite  malade. 

Je  crois  donc,  en  résumé,  que  sans  avoir  la  prétention,  — 
comme  la  laparotomie,  —  de  guérir  tous  les  kystes  hyda- 
tiques  du  foie,  la  méthode  du  docteur  Mesnard  de  Bordeaux 


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GAZETTE  HEBbOMAMltlE  bE  MÉDECINE  ET  DE  CHItHltlGIË 


9  Août  4889 


doit  être  suivie,  qu'il  y  a  lieu  à  protester  contre  le  courant 
chirurgical  qui  teud  à  présenter  comme  une  méthode  aveu- 
gle entre  toutes  l'aspiration,  c'est  un  reproche  contre  leauel 
on  ne  saurait  assez  vigoureusement  s'inscrire  en  faux,  alors 
que  la  thoracentèse  qui  nous  est  si  familière,  et  qui  n'est 
rien  autre  chose  que  la  ponction  d'un  kyste  pleural,  nous 
rend  de  si  grands  services;  c'est  une  application  précieuse 
pour  le  traitement  des  kystes  hydatiques  du  foie,  il  suffit 
de  faire  des  diagnostics  précis  et  la  clinique  les  permet  dans 
la  généralité  des  cas.  Si  à  la  ponction  on  adjoint  l'injection 
de  liquides  puissamment  antiparasitaires  sans  causticité,  et 
qu'en  même  temps  on  évite  toute  intoxication,  je  suis  porté 
à  penser  que  le  traitement  médical  de  ces  kystes  nous  restera 
et  pourra  entrer  en  comparaison  avec  le  traitement  chirur- 
gical; ces  méthodes  thérapeutiques,  tontes  deux  récentes, 
modernes  pour  reprendre  l'expression  du  chirurgien  que  je 
citais  au  début  de  ma  communication,  compteront,  j'en  suis 
sûr,  des  succès  nombreux  ;  mais  j'ajoute  que,  quoi  qu'on  en 
aie,  la  généralité  des  malades  et  des  médecins  préférera 
à  1  ouverture  abdominale  la  ponction  et  le  lavage  antisep- 
tique et  antiparasitaire,  méthode  qui  ne  mérite,  je  pense,  à 
aucun  titre  le  nom  d'aveugle. 


T 


REVUE  DES   CONGRÈS 

m*  Confrès   de   inédeclne   Interne   (Wlesbadten ,    1889). 

DlBOUsaion  sur  l'ooduaion  intesUnalo. 

Leichtenstem  (de  Cologne)  a  consacré  son  rapport  à  des 
considérations  sur  TocclusioD  paralytique,  sur  le  diagnostic 
général  et  sur  quelques  sympt(Vnies  en  particulier. 

L'arrêt  des  matières  peut  relever  de  deux  causes  :  un  obstacle, 
une  insuffisance  de  la  force  motrice.  De  là  la  division  de  Tocclu- 
sion  en  mécanique  et  dynamique  ;  les  deux  causes  s'associent  dans 
Tocclusion  mécanico-aynamique.  L'occlusion  dvnamique  relève 
de  la  paralysie  intestinale,  facteur  qui  a,  dans  bien  des  cas,  une 
grande  importance.  Sa  cause  la  plus  fréquente  est  la  péritonite 
aiguë  ou  chronique,  diffuse  ou  circonscrite,  d'origine  quel- 
conque, la  pérityuhlite  surtout.  De  là  provient  riléus  consé- 
cutif aux  traumas  de  l'abdomen,  aux  laparotomies;  de  là  encore 
la  persistance  des  accidents  après  qu  on  a  fait  cesser  la  cause 
mécanique  d'un  étranglement  interne  ou  externe,  ou  après 
au'on  a  établi,  en  cas  d'occlusion,  un  anus  contre  nature. 
A  mentionner  encore  l'accumulation  fécale  dans  le  côlon,  par 
insuffisance  musculaire  primitive  de  cet  intestin;  ou  dans  les 
paraplégies  médullaires  |)ar  paralysie  des  muscles  abdominaux. 
A  tous  ces  états,  la  condition  pathogénique  commune  est  la  para- 
lysie d'une  anse  dans  laquelle  les  matières  accumulées  forment 
obstacle  à  l'action  des  anses  sus-jacentes  ;  de  là  une  distension 
de  plus  en  plus  grande,  et,  secondairement,  des  changements 
de  position,  des  coudures  qui  aggravent  le  mal. 

Des  phénomènes  paralytiques  de  même  ordre  jouent  un  rôle 
considérable  pour  entraîner  l'occlusion  complète  à  la  suite  des 
rétrécissements  de  l'intestin;  pour  rendre  définitifs  les  incarcé- 
rations, les  étranglements.  Une  sténose  reste  souvent  latente 
jusqu'au  jour  oiî  éclatent  des  accidents  aigus  dus  soit  à  la  para- 
lysie, soit  à  des  actions  mécaniques  (enclavement  d'un  corps 
étranger).  L'acuité  du  début  n'exclut  donc  nullement  l'idée  d  un 
rétrécissement. 

Bien  de  spécial  sur  le  diagnostic  différentiel,  rien  non  plus 
sur  le  diagnostic  du  siège,  rien  que  de  classique  encore  sur  lo 
diagnostic  de  la  cause  anatomique. 

Les  symptômes  sont  de  deux  ordres  :  phénomènes  d'occlu- 
sion, accidents  réflexes. 

Les  phénomènes  d'occlusion  sont  :  l'arrêt  des  selles,  le  météo- 
risme,  le  vomissement  simple,  puis  fécaloide,  et,  secondairement, 
la  phénolurie  et  Findicanurie,  puis  des  accidents  d'auto-intoxi- 
calion.  L'occlusion  de  l'intestin  grêle,  sauf  sur  une  anse  très 
élevée,  entraine  toujours  l'indicanurie;  ce  symptôme  manque 
dans  l'occlusion  simple  du  côlon,  mais  il  survient  quelquefois 
dans  les  incarcérations  ffraves  de  cet  intestin.  Lorsqu'il 
fait  défaut,  c'est  un  signe  d'obstacle  colique,  surtout  si  les  acci- 
dents sont  aigus. 


Le  météorisme  a  nue  importance  pronostique  réelle,  car  i) 
engendre  des  troubles  dyspnéiques  et  circulatoires.  Chez  C(*> 
malades,  l'insuffisance  cardiaque  et  pulmonaire  est  un  des  prin- 
cipaux  dangers. 

Enfin  des  résorptions  toxiques  se  font  au-dessus  de  l'obstacle. 
De  là  le  délire,  le  coma,  les  manifestations  fébriles,  (quelquefois 
l'état  typhoïde,  et,  chez  quelques  malades,  des  néphrites,  paro- 
tidites,  erpipèles,  phlegmons. 

Les  accidents  refiexes  sont  la  douleur,  la  dépression  car- 
diaque, le  col  lapsus,  l'hypothermie,  l'ischémie  cutanée,  le  facie> 
grippé,  la  petitesse  du  pouls,  la  tachycardie,  l'anurie  et  l'albu- 
minurie, la  dyspnée,  les  sueurs  froides.  Pour  certains  de  ct^ 
symptômes,  on  a  invoqué  lurémie. 

Les  sueurs,  les  vomissements,  l'arrêt  de  l'absorpliou  intes- 
tinale, l'accumulation  de  liquides  dans  Tintestin  distendu, 
entraînent  la  dessiccation  de  la  bouche,  l'arrêt  des  sécrétion», 
et  expliquent  qu'on  puisse  comparer  certaines  occlusions  an 
choléra. 

Curschmann  (de  Leipzig)  s'est  occupé  du  traitement.  Il  n 
d'abord  montré  comment  autrefois  l'ignorance  des  causes  et  dei 
variétés  avait  conduit  à  des  thérapeutiaues  absurdes,  peu  à  peu 
abandonnées  et  remplacées  par  une  thérapeutique  rationnelle 
à  mesure  que  les  notions  théoriques  se  sont  complétées.  Il  s'eM 
borné  ensuite  à  parler  du  traitement  des  cas  aigus,  ou  tout  au 
moins  des  accidents  aigus  se  greffant  sur  un  état  chronique. 

11  établit,  en  premier  lieu,  que  toules  les  variétés  anatomique» 
sont  susceptibles  de  guérison  sans  opération.  Les  relevés  âv 
Goltdammer,  de  Breslau,  donnent  105  cas  avec  35,25  pour  1(Ki 
de  guérisons.  Ce  chiffre  est  loin  d'être  satisfaisant.  Est  ce  donc 

Ear  la  laparotomie  constante  et  immédiate  qu'on  Taméliorera? 
a  question  est  encore  bien  douteuse,  et  est  sans  doute  destinée 
à  le  rester  bien  longtemps  encore.  Le  diagnostic  est  obscur,  et 
bien  des  malades  sont  apportés  à  rhôpiialdans  un  état  de  coi- 
lapsus  tel  que  l'opération  est  conlre-indiquée;  l'acte  opératoire 
est  difficile;  on  a  de  la  peine  souvent  et  a  trouver  l'obstacle  el 
à  réduire  les  anses  méteorisées.  Néanmoins,  Curschmann  admet 
que  la  chirurgie  est  destinée  à  prendre  une  place  de  plus  eu 
plus  grande  dans  le  traitement  de  l'occlusion;  qu'elle  seule  est 
nonne  pour  les  cas,  encore  rares  il  est  vrai,  où  le  diagnostic 
précis  et  précoce  est  possible;  mais  la  thérapeutique  interne  a 
toutefois  une  grande  importance,  surtout  si  elle  est  employée 
dès  la  première  manifestation.  Immédiatement  le  malade  sera 
mis  à  la  diète,  ne  recevra  comme  boisson  qu'un  peu  d'eau  et  de 
cognac.  Dans  quelques  cas  on  a  eu  de  bons  résultats  par  l'in- 
jection sous-cutanée  d'une  solution  de  sel  marin.  Les  moyens 
médicaux  visent  les  trois  buts  suivants  :  1^  calmer  les  contrac- 
tions du  bord  supérieur;  ^'*  diminuer  la  distension  de  ce  bord; 
S"*  dans  auelaues  cas  déterminés  agir  mécaniquement.  On  peut 
encore  ctierctier  à  éveiller  des  mouvements  péristal tiques  du 
bout  inférieur.  En  tout  cas,  proscription  absolue  des  purgatifs. 
L'opium  donne  de  bons  résultats.  Le  lavage  de  l'estomac  est 
un  bon  moyen.  Enfin  Curschmann  insiste  sur  les  ponction> 
multiples  et  répétées  de  l'intestin  distendu  :  elles  lui  ont  fourni 
trois  succès,  et  n'ont  jamais  causé  d'accidents.  11  est  complète- 
ment revenu  des  injections  rectales.  Mais  l'insufflation  rectale, 
récemment  préconisée  par  Ziemssen,  par  Rûneberg,  est  préfé- 
rable. 

Jurgensen  (de  Tiibingue)  pense  que  la  paralysie  cardiaque, 
cause  fréquente  des  échecs  opératoires,  est  produite  par  h* 
météorisme.  Il  appuie  son  opinion  sur  des  données  expérimen- 
tales. Il  est  partisan  des  ponctions  multiples.  Il  croit  que  l'in- 
sufflation est  parfois  dangereuse  et  cite  un  cas  où  elle  a  causé 
un  emphysème  généralisé. 

Rosenhach  (de  Breslau)  décrit  une  réaction  de  l'urine  qui,  par 
addition  d'acide  nitrique  goutte  à  goutte,  prend  une  teinte  rouge 
foncé  lorsque  les  échanges  nutritifs  sont  profondément  com- 
promis. Il  est  partisan  des  ponctions  intestinales. 

Nothnagel  (de  Vienne)  n'admet  pas  la  réalité  des  vomisse- 
ments de  matières  réellement  fécales  (dont  Leichtenstem  araii 
dit  quelques  mois).  11  pense  que  bien  des  occlusions,  au  début, 
ffuérissent  facilement.  Eu  particulier,  Tinvagination  est  trè*> 
frrqucnte  et  ne  cause  souvent  pas  d\iccidents. 

Ziemssen  (de  Munich)  croit  que  Jurgensen  exagère  les  mé- 
faits de  rinsufflation  rectale,  bon  moyen  de  diagnostic  pour  le> 
obstacles  coliques.  Les  fistules  gasiro-coliques  peuvent  s'ac- 
compagner de  vomissements  de  matières  fécales;  mais  les  autres 
symptômes  de  l'occlusion  font  déî'îuit.  Li»  lavage  de  l'estomac 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  tï«  32 


5iè 


doit  toujours  être  entrepris,  même  quand  on  va  opérer  :  il  cite 
un  cas  où  un  sujet  qu'on  opérait  de  hernie  ombilicale  fut  pris 
de  vomissements  et  mourut  par  pénétration  de  matières  dans  les 
voies  aériennes. 

Von  Zœge  Manteuffèl  (de  Dorpat)  expose  les  idées  de  son 
maître  Von  WahK 

Fràntzel  (de  Berlin)  est  partisan  des  ponctions.  Il  cite  cepen- 
dant un  fait  où  le  trou  est  resté  béant  et  où  Ton  a  constate  du 
météorisme  péritonéal. 

Furbringer  insiste  sur  les  guérisons  dues  aux  moyens  médi- 
caux. Il  les  évalue  à  un  tiers  environ  des  cas,  et  en  a  observé 
même  chez  des  malades  pour  lesauels  l'opération  avait  été 
résolue,  mais,  différée  par  hasard,  n  avait  pas  tardé  à  devenir 
inutile.  L'anus  contre  nature  est  mauvais  pour  les  obstacles 
haut  situés.  Pûrbringer  ne  pense  pas  que  les  progrès  du 
diagnostic  fassent  beaucoup  pour  l'amélioration  des  résultats  : 
il  a  vu  guérir  des  opérés  où  le  diagnostic  était  très  obscur  et 
en  a  vu  périr  chez  lesquels  il  avait  été  et  précoce  et  précis. 
L'opium  est  le  meilleur  des  médicaments.  Les  ponctions  sont 
efllcares,  mais  quelquefois  dangereuses.  L'insufflation  rectale 
est  plus  innocente. 

Hoffmann  (de  Leipzig)  a  vu  les  oriûces  des  ponctions  livrer 
passage  au  contenu  cle  l'intestin. 

Schede  (de  Hambourg)  est  d'avis  qu'en  cette  question  si 
complexe  médecins  et  chirurgiens  doivent  associer  leurs  tra- 
vaux. 11  admet  que  les  moyens  médicaux  donnent  à  peu  près  un 
tiers  de  guérison.  11  affirme  qu'actuellement  il  est  impossible  de 
dire  avec  netteté  à  quel  moment  précis  l'opération  devient  indis- 
pensable. Le  collapsus  y  est  une  contre-indication.  Il  admet, 
avec  Curschmariu,  qu'il  faut  de  plus  en  plus  la  laparatomie  pour 
les  cas  où  le  diapostic  précoce  est  possible;  mais  il  ajoute  que 
Topération  rapide  est  indiquée  pour  tous  les  cas  aigus,  avec 
symptômes  d'étranglement.  11  donne  quelques  détails  de  tech- 
nique et  préfère  la  méthode  de  Mikulicz  (petite  incision  et  dévi- 
dénient  des  anses)  à  celle  de  Kiimmel  (extraction  en  bloc  du 
paquet  intestinal  à  travers  une  vaste  incision).  Sur  les  malades 
abattus,  on  aura  recours  à  lanus  contre  nature,  lequel,  d'autre 
part,  peut  parfois  s'oblitérer,  le  cours  des  matières  se  rétablis- 
sant spontanément.  Si  cet  événement  heureux  n'a  pas  lieu,  on 
entreprendra  l'opération  radicale,  après  avoir  attendu  que  l'état 
général  soit  devenu  bon. 

Bdumler  (de  Fribourg)  est  partisan  de  l'opium  ;  il  est  absolument 
opposé  aux  purgatifs. 

Flothmann  (de  Dresde)  recommande  la  pratique  de  Simon  : 
chercher  à  lever  Tobstacle  à  l'aide  de  la  main  introduite  entière 
dans  le  rectum. 

Leube  (de  Wûrzbourg)  ne  conseille  l'opération  qu'après  échec 
de  Topium  à  haute  dose,  d'un  purgatif,  du  lavage  de  l'estomac 
(dont  on  exagère  peut-être  les  bienfaits).  On  doit  opérer  sans 
tarder  dès  que  le  pouls  fait  mine  de  faiblir. 

Mossler  (de  Greifswald)  est  partisan  du  lavage  de  l'estomac. 

K.  Raser  (de  Hanau)  a  vu  trois  opérations  pour  occlusion  par 
diverticule  de  Meckel  être  frappées  de  stérilité  par  la  péritonite 
déjà  installée.  On  avait  opéré  aux  deuxième,  troisième,  huitième 
jours.  11  faut  opérer  avant  le  deuxième  jour. 

Bdumgàrtncr  {ôe  Bade)  est  pour  l'opération  précoce,  méiiie  en 
lubsence  de  diagnostic  précis.  11  relate  une  opération  heureuse. 
(Bericht  uber  die  Verhandlungen  des  F{/i.  Kongresses  fur 
/«nercJffrfîcm,  Wiesbaden,  1889,  Beilage  zum  Centralb lait  fur 
klinische  Medicin,  1889,  n«  28,  p.  1  à  15.)  A.  B. 

{A  suivre.) 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

A««déatle  4e  méëeelne. 

SÉANCE  DU  6  AOUT  1889.   —  PRÉSIDENCE   DE  M.   MOUTAUU- 
MARTIN,   VICE-PRÉSIDENT. 

MM.  loi  docteurs  Doyen  et   Coultolenc   (de   Reims)  envoient  un  iHi  cacheU 
dont  le  dépôt  est  accepte. 

H.  le  docteur  Rimvier,   professeur  à    I»   Fsculté   françnisc   de    médecine  de 


Beyrouth,  se  porte  candidat  au  titre  de  correspondant  national  dans  la  division  de 
inÂiocine. 

M.  Emett  Betnier  présente  la  thèse  de  M.  le  docteur  Dupât  sur  U  traitement 
aborlif  de  Vherpèê  et  fait  hommage  d'un  mémoire  sur  U  pityriatii. 

Syphilis  vaccinale.  —  M.  Hervieux  relate  cinq  cas 
avérés  de  syphilis  survenus  chez  des  enfants  inoculés  le 
11  mai  dernier  avec  le  vaccin  de  rAcadémie.  De  Tenquète 
qui  a  été  aussitôt  faite,  il  résulte  (]ue  la  contamination  s'est 
effectuée  par  un  enfant  vaccinifëre  en  état  de  svphilis 
latente,  hérédilaire.  A  ce  propos,  M.  Hervieux  aéclare 
qu'au  point  de  vue  pratique  il  craint  qu'en  dépit  de  toutes 
les  précautions  prises  pour  la  vaccination  jennérienne  à 
l'Académie,  il  ne  soit  pas  surfisamment  armé  pour  se 
défendre  contre  le  retour  d'une  pareille  aventure.  Faisant 
ensuite  observer  que,  depuis  l'avènement  de  la  vaccine 
animale,  la  vaccine  jennérienne  est,  sinon  complètement 
délaissée,  du  moins  très  négligée,  il  estime  qu'il  y  a  dans 
cet  abandon  de  Tinjustice  et  de  l'ingratitude.  On  reproche  à 
la  vaccine  jennérienne  le  danger  auquel  elle  expose  de  la 
svphilis  vaccinale,  mais  qui  est  loin  d  être  toujours  mortel. 
M.  Fournier  a  pu  en  réunir  quelques  centaines  de  cas; 
qu'est-ce  que  ce  misérable  chiffre  comparé  aux  milliards  de 
vaccinations  opérées  sur  toute  la  surface  du  globe?  Sans 
nul  doute,  le  vaccin  de  génisse  a,  sur  le  vaccin  jennérien, 
cette  immense  supériorité  de  permettre  par  l'abondance  dé 
sa  production,  la  suppression  dans  un  laps  de  temps  très 
court,degrandes  épidémies  varioliques;  mais  il  ne  faut  pas 
oublier  que  les  éléments  dont  il  se  compose  le  rendent 
facilement  putrescible,  et  que  ses  altérations  ont  déjà  plus 
d'une  fois  donné  lieu  à  la  septicémie.  Or,  le  vaccin  humain, 
récolté  avec  soin,  n'expose  pas  à  ce  danger  terrible.  «Je 
m'arrête,  ajoute  M.  Hervieux,  dans  ce  parallèle,  qui  pourrait 
donner  le  change  sur  le  fond  de  ma  pensée  et  laisser  croire 
que  je  fais  le  procès  h  la  vaccine  animale,  alors  que  je 
réclame  simplement  une  place  auprès  d'elle  pour  là  vaccine 
humaine. 

«  Reste  la  question  des  atteintes  portées  à  la  vieille  répu- 
tation de  la  vaccine  par  les  rares  accidents  dont  elle  peut 
élre  la  cause.  Il  faut  bien  savoir  que  si  la  vaccine  n'est  pas 
exempte  de  quelques  dangers,  il  en  est  de  même  des  plus 
grandes  découvertes  de  l'esprit  humain.  Le  chloroforme  ne 
fait-il  pas,  chaque  année,  un  certain  nombre  de  victimes? 
Les  antiseptiques  n'ont-ils  pas  donné  lieu  parfois  à  quelques 
accidents  1  Gardons-nous  donc  de  récriminer  contre  la 
vaccine,  pour  quelques  faits  regrettables  sans  doute,  mais 
qui  n'ont  du  moins,  jusqu'à  ce  jour,  entraîné  aucune  consé- 
quence sérieuse,  et  qui  ne  sauraient  d'ailleurs  infirmer  en 
rien  les  incomparables  bienfaits  de  la  découverte  jenné- 
rienne. > 

Pour  M.  Fournier^  il  est  impossible,  après  avoir  entendu 
le  récit  de  M.  Hervieux,  de  ne  pas  déplorer  le  malheur  dont 
il  vieut  d'être  question  et  en  même  temps  de  ne  pas  exoné- 
rer de  la  responsabilité  de  ce  malheur  le  directeur  de  la 
vaccine,  qui  a  fait  tout  son  possible  pour  l'éviter.  La  respon- 
sabilité incombe  à  la  méthode  vaccinale;  elle  en  est  insépa- 
rable. Le  coupable,  c'est  la  méthode  et  la  niéthode  est  celle 
qu'a,  acceptée  et  que  pratique  l'Académie.  Dans  le  cas 
présent,  cinq  enfants  sont  devenus  syphilitiques  de  par  une 
infection  vaccinale.  S'agit-il  d'une  contamination  vaccinale 
ou  d'une  contamination  opératoire?  Cette  dernière  hypothèse 
doit  être  exclue  parce  que  l'expérience  a  appris  que  dans  les 
cas  de  contamination  opératoire,  l'infecté  est  unique,  parce 

Sue  c'est  lui  qui  reçoit  tout  le  virus  syphilitique.  D'ailleurs, 
l.  Hervieux  prend  toutes  les  précautions  de  propreté  et 
même  d'antisepsie  et,  sous  ce  rapport,  sa  pratique  ne  peut, 
être  incriminée;  ce  qui  prouve,  au  surplus,  que  tel  n'a  pas 
été  le  mode  de  contamination,  c'est  la  multiplicité  des 
vicimes,  ce  qui  plaide  absolument  contre  une  contamination 
par  les  instruments.  M.  Hervieux  a  eu  le  malheur  de  tomber 
sur  un  enfant  en  état  de  syphilis  latente.  Il  a  très  bien 


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choisi  son  vaccinifëre,  comme  âge.  constitution,  tempéra- 
ment, santé  générale,  etc.  ;  mais  seulement  il  n'a  pas  vu  ce 
qu'il  ne  pouvait  pas  voir,  et  ce  qui  constitue  le  danger  par 
excellence:  la  syphilis  latente. Or,  la  contamination  vaccino- 
syphilitiaue  peut  être  transmise  par  un  vaccinifëre  en  état 
de  syphilis  latente,  c'est-à-dire  par  un  enfant  qui  paraît  sain 
et  bien  portant.  La  preuve  de  ce  fait,  on  l'a  vu  dans 
plusieurs  observations  antérieures  de  syphilis  vaccinale. 
Mais  c'est  là  un  danger  auquel  il  est  et  il  sera  toujours 
impossible  de  parer.  Aussi  bien,  comme  conclusion, 
M.  Fournier  demande-t-il  aue  tout  vacciné  soit  vacciné  avec 
des  instruments  à  lui,  ne  aevant  jamais  toucher  que  lui;  le 
vaccin  serait  recueilli  à  la  lancette  sur  le  vaccinifëre  et 
déposé  sur  une  lamelle  de  verre;  puis  il  est  puisé  là  par 
une  aiguille  cannelée  et  inséré  à  l'aiguille  sur  le  vacciné. 
La  vaccination  faite,  la  lamelle  de  verre  et  l'aiguille  seraient 
aussitôt  sacrifiées.  En  agissant  de  la  sorte,  la  sécurité  est 
absolue  et  elle  est  acquise  à  très  peu  de  frais. 

Mais  cette  proposition  ne  suffit  pas.  La  sécurité  absolue 
ne  pouvant  exister  avec  le  vaccin  humain,  il  est  urgent  que 
les  vaccinations  faites  par  les  soins  de  l'Académie  ne  soient 
plus  faites  désormais  qu'avec  le  vaccin  animal.  Sans  doute 
on  peut  craindre  que  la  vaccine  animale  ne  soit  pas  non 
plus  sans  danger;  il  paraîtrait  (jue  le  vaccin  animal  con- 
servé, un  peu  vieilli,  peut  revêtir  des  qualités  septicémiques 
très  dangereuses,  voire  mortelles.  Mais  comme  la  question 
de  l'infection  syphilitique  par  la  vaccination  s'impose  aux 
méditations  de  TAcadémie,  si  celle-ci  ne  s'en  occupait 
pns  après  le  récit  de  M.  Hcrvieux,  l'opinion  publique 
pourrait  peut-être  en  réclamer  l'examen  approfondi.  Au 
surplus,  on  ne  peut  rester  dans  le  statu  quo  :  voilà  deux 
fois  déjà  que  le  vaccin  humain  devient  ici,  à  l'Académie, 
l'origine  de  semblables  désastres  (il  cas  d'infection  en  1865 
et  5  en  1889).  C'est  trop!  Le  vaccin  humain  a  fait  ses 
preuves;  il  ne  faut  pas  lui  donner  le  temps  de  réaliser  une 
troisième  catastrophe.  —  (Les  propositions  de  M.  Fournier 
sont  renvoyées  à  la  Commission  de  vaccine). 

Prophylaxie  de  la  tuberculose.  -—  M.  Dujardin- 
Beaumetz,  ouvrant  la  discussion  sur  la  prophylaxie  de  la 
tuberculose,  demande  un  certain  nombre  de  modifications 
au  texte  des  instructions,  dont  l'adoption  a  été  proposée  à 
l'Académie  par  M.  Villemin  dans  la  dernière  séance.  Comme 
il  ne  croit  pas  que  la  tuberculose  fasse  moins  de  victimes  à 
la  campagne  qu'en  ville,  il  estime  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de 
faire  de  différence  à  cet  égard.  Quant  à  la  transmission  de 
cette  affection  par  le  lait  et  par  les  viandes  de  boucherie,  il 
ne  saurait  souscrire  à  la  prohibition  du  lait  cru  et  de  la 
viande  crue  ou  peu  cuite.  Il  ne  s'oppose  pas  à  ce  qu'on 
recommande  de  donner  du  lait  bouilli  aux  enfants,  bien  que 
ce  liquide  ait  alors  perdu  de  ses  qualités  digestives;  mais  il 
fait  observer  que  le  lait  de  vache  ne  contient  qu'exception- 
nellement des  bacilles,  car  il  faut  que  non  seulement  la 
vache  soit  tuberculeuse,  mais  qu'elle  ait  de  plus  une 
mammite  tuberculeuse.  Or,  le  nombre  des  vaches  malades 
dans  les  vacheries  de  Paris  est  très  restreint,  il  y  en  a  eu 
dix  à  douze  en  1888  et  pas  une  n'avait  de  mammite  tuber- 
culeuse. C'est  surtout  dans  les  articles  3  et  5  que  la  Com- 
mission lui  paraît  dépasser  toute  mesure,  lorsqu'elle 
demande  de  suppi'imer  de  l'alimentation  la  plupart  des 
viandes  saignantes  et  même  crues  qui  sont  si  souvent 
employées  dans  les  ménages  et  même  en  thérapeutique. 
Rien  ne  démontre  chez  l'homme  la  transmission  de  la 
tuberculose  par  les  viandes  de  boucherie;  même  expéri- 
mentalement, les  résultats  sont  des  plus  contradictoires 
(Nocard,  Arloing,  Chauveau);  on  sait  en  outre,  d'ailleurs, 
que  le  suc  gastrique  est  un  destructeur  actif  du  bacille 
tuberculeux.  En  fait,  la  contagion  par  l'alimentation  est  loin 
d'être  démontrée.  Il  y  a  lieu  de  supprimer  les  paragraphes 
qui  y  font  allusion  dans  les  instructions. 


La  tuberculose  étant  produite  par  le  développement  daib 
les  organes  d'un  microbe,  dont  l'introduction  dérive  de 
l'ingestion  de  produits  tuberculeux  provenant  d'aniuiaui 
malades  ou  par  la  respiration  de  poussières,  de  crachats 
d'êtres  humains  phthisiques,  c'est-à-dire  atteints  de  tuber- 
culose pulmonaire,  il  convient,  d'après  M.  Daremberg,  dr 
prendre  à  cet  égard  les  mesures  prophylactiques  suivante>: 

De  tous  les  aliments  contenant  le  microbe  de  la  tubercu- 
lose, le  plus  dangereux  est  le  lait,  surtout  lorsqu'il  csi 
donné  aux  enfants;  comme  la  chaleur  de  l'ébullition  tue  li- 
microbe,  il  faudra  et  il  sera  facile  de  se  préserver  de  le 
mode  de  contagion  en  faisant  bouillir  le  lait.  Il  faudra 
toujours  couper  en  morceaux  minces  et  porter  à  la  tempéra- 
ture de  rébullilion  les  organes  comestibles  susceptible> 
d'être  envahis  par  le  microbe  tuberculeux  (foie,  poumons, 
cervelle,  rate,  reins  et  intestin).  Quant  à  la  viande,  ellr 
devra  être  également  portée  à  la  température  de  rébullilion. 
quand  elle  ne  sera  pas  composée  exclusivement  de  muscle 
rouge.  La  viande  crue,  devant  être  consommée  crue  ou 
devant  servir  à  la  préparation  du  jus  de  viande,  devra  doue 
être  séparée  soigneusement  des  tissus  non  musculaires  qui 
Tenvironnent. 

Il  importe  de  ne  jamais  se  servir  des  mêmes  verre>. 
couverts,  biberons  et  mêmes  objets  de  toilette  de  la  bouck 
qu'un  tuberculeux,  à  moins  qu'ils  n'aient  été  portés  à  la 
température  de  l'ébullition. 

Les  crachats  des  tuberculeux  atteints  de  phthisie  pulmo- 
naire contiennent  souvent  une  quantité  prodigieuse  de 
microbes  tuberculeux,  qui  peuvent  devenir  des  agents  de 
contagion,  s'ils  se  mêlent  aux  poussières  de  l'air  que  nous 
respirons.  Pour  les  rendre  inoffensifs,  il  faut  les  empêcher 
de  se  dessécher.  Lephthisique  ne  devradonc  jamais  cracher 
sur  le  sol  des  rues,  le  plancher  des  lieux  publics  et  privés, 
sur  les  linges,  tapis,  etc.  Chez  lui,  il  devra  recevoir  ses 
crachats  dans  un  vase  contenant  de  l'eau;  dehors  il  devra 
les  introduire  dans  un  flacon  contenant  de  l'eau.  Pour  le 
nettoyage,  crachats  et  flacons  devront  être  introduits  pleins 
dans  un  bain-marie  porté  à  l'ébullition  avant  d'être  vidés. 
La  cohabitation  avec  un  tuberculeux  est  dangereuse  si  l'on 
ne  prend  pas  les  précautions  suivantes  :  éviter  par  Tusage 
des  crachoirs  le  aanger  de  l'exhalation  des  poussières  de 
crachats  desséchés,  éviter  la  contamination  par  Tusagc 
commun  des  ustensiles  d'alimentation  et  de  toilette,  éviter 
toutes  les  causes  de  contagion,  dues  à  l'apport  de  microbes 
tuberculeux  d'une  bouche  à  une  autre.  Dans  les  stations 
d'hiver  et  d'été,  fréquentées  par  les  tuberculeux,  il  est  de 
l'intérêt  des  hôteliers,  logeurs  en  garni,  etc.,  de  mettre  dans 
chaque  chambre,  vestibule,  escalier,  un  ou  plusieurs 
crachoirs  et  d'avoir,  dans  chaque  maison,  un  ou  plusieurs 
récipients  dans  lesquels  on  fera  bouillir  chaque  jour  ces 
crachoirs,  avec  leur  contenu,  avant  de  les  vider. 

M.  Germain  Sée  estime  que  les  instructions  en  discussion 
renferment  diverses  propositions  hasardées  et  qui  sont  en 
complète  opposition  avec  les  faits  d'observation  et  surtout 
d'expérimentation  «  La  première  est  la  définition  même  de 
la  tuberculose  :  on  affirme  la  contagiosité  de  la  phthisie 
par  l'air  atmosphérique.  Or  le  bacille  ne  peut  vivre  dans 
l'air  et  ne  se  développe  jamais  et  ne  se  multiplie  jamais  que 
dans  l'organisme  vivant  de  l'homme  ou  de  l'animal;  eo 
dehors  de  cet  organisme,  il  meurt  rapidement,  parce  que 
pour  vivre,  il  lui  faudrait  une  température  de  30  degrés  au 
moins  et  un  long  temps.  Dès  que  le  bacille  ne  peut  pas 
vivre  dans  l'atmosphère,  où  il  n'arrive  d'ailleurs  qu'acci- 
dentellement et  exceptionnellement,  il  n'y  a  pas  de  conta- 
gion atmosphérique  à  craindre,  et  ceci  est  un  grand  bonheur 
pour  l'humanité.  Ce  seul  mot  de  contagion  avait  déjà  sufli 
pour  désorganiser  les  familles  où  se  trouvent  encore  un  ou 
deux  tuberculeux;  le  malheureux  malade  est  isolé,  aban- 
donné pendant  des  mois  et  des  années.  Voilà  la  coiisf- 


1)  Août  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  W  32  —    517 


quence  désastreuse  d'un  mot,  qui,  du  reste,  est  absolument 
faux.  On  a  prouvé  en  eiïet  expérimentalement  que  Texa- 
men  de  Fair  pris  à  2  ou  3  mètres  du  malade  ne  contient 
pas  de  bacilles;  Tair  expiré  par  le  malade  est  inoiîensif, 
les  crachats  ne  le  sont  pas.  Encore  faut-il  que  ces  crachats 
soient  desséchés,  poudrojés,  mêlés  sous  la  forme  de  pous- 
sière ou  amalgamés  avec  les  poussières  qui  voltigent  sans 
cesse  dans  les  chambres  de  malades  ou  d'hôpital.  Aussi 
ne  doit-on  pas  craindre  de  pénétrer  dans  la  chambre  du 
malade  et  de  lui  prodiguer  des  soins,  mais  il  faut  avoir  la 
précaution  de  recommander  le  déversement  de  l'expectora- 
tion dans  un  linge  ou  dans  un  crachoir,  dont  les  produits 
doivent  subir  une  crémation  immédiate. 

Les  instructions  recommandent,  d'autre  part,  des  précau- 
tions à  l'égard  des  individus  sujets  aux  rhumes,  aux  brou* 
chites^  aux  pneumonies,  ou  qui  ont  eu  la  rougeole  ou  la 
variole,  ou  bien  encore  qui  sont  par  hérédité  exposés  à  la 
tuberculose.  Que  sont  donc  ces  bronchitiques,  ces  catar- 
rheux,  ces  asthmatiques?  Loin  d'être  sujets  à  la  tubercu- 
lose, ils  semblent  en  être  plus  exempts  que  qui  que  ce  soit. 
Les  individus  qui  ont  un  rhume  négligé  ne  deviennent  pas 
tuberculeux,  ils  le  sont  déjà.  Quant  aux  héréditaires,  an 
lieu  de  leur  imposer  des  précautions  exagérées,  qu'on  les 
sonmette  à  la  gymnastique  et  à  l'hydrothérapie,  ce  sera  le 
meilleur  procédé  pour  leur  agrandir  les  poumons,  les  forli- 
lier,  ce  ^ui  constitue  le  moyen  le  plus  efficace  pour  résister 
aux  bacilles. 

La  troisième  conclusion  est  relative  au  lait;  certes  le  lait 
est  souvent  bacillifère,  mais  à  une  condition,  c'est  que  la 
vache  soit  non  seulement  tuberculeuse,  mais  que  le  pis 
de  l'animal  soit  atteint  profondément;  autrement  le  lait 
n'est  pas  redoutable  et  il  peut  être  pris  sans  danger. 

La  quatrième  conclusion  est  relative  à  la  viande  et  au 
sang.  Or  le  sang  n'est  jamais  virulent,  et  la  chair,  loin  de 
contenir  le  bacille,  le  détruit  par  le  suc  musculaire  au'elle 
contient.  Aussi  n'est-il  pas  admissible,  pour  atteindre  un 
but  aussi  hypothétioue,  de  faire  cuire  les  viandes  jusqu'à 
les  rendre  en  bouillie,  de  supprimer  les  viandes  rôties,  de 
défendre  la  viande  crue;  s'il  fallait  écouter  la  Commission, 
on  serait  privé  de  tous  les  meilleurs  produits  alimentaires, 
des  principes  myosiques  de  la  chair  de  bétail,  du  poulet 
lui-même,  du  porc  à  plus  forte  raison,  à  moins  de  les  sou- 
mettre à  une  cuisson,  à  un  brasier,  qui  ne  manquerait  pas 
de  détruire  la  surface  sans  exonérer  le  centre. 

Kn  résumé,  le  premier  devoir  du  médecin,  en  présence 
d'un  cas  de  tuberculose,  est  de  se  taire;  le  second  est  de 
veiller  aux  soins  de  propreté,  et  le  troisième  et  dernier,  de 
prescrire  une  cuisine  qui  soit  en  rapport  avec  les  données 
de  la  plus  saine  physiologie. 

Trépanation.  —  M.  Lêpine  communique  l'observation 
d'un  malade,  âgé  de  vingt-neuf  ans,  alcoolique,  atteint  de 
pachyméningile,  et  chez  lequel,  sous  l'influence  d'une 
chute,  s'était  produit  un  hématome  de  la  dure-mère.  A  la 
suite  de  cette  chute,  le  malade  est  tombé  dans  le  coma;  il 
y  est  resté  pendant  deux  jours;  quand  il  en  est  sorti,  il  était 
complètement  aphasique  et  hémiplégique  du  côté  droit.  Les 
jours  suivants  se  manifestèrent  plusieurs  crises  d'épilepsie 
larksonienne,  débutant  invariablement  par  une  secousse  de 
la  commissure  labiale  droite,  et  bientôt  suivie  par  des  con- 
vulsions des  membres  du  côté  droit.  L'état  ne  s'améliorant 
pas,  la  trépanation  fut  faite  dix  jours  après  la  chute.  Au 
moment  où  la  dure-mère  fut  incisée,  au  niveau  de  la  partie 
inférieure  du  sillon  de  Rolande,  il  jaillit  !25  grammes  d'un 
liquide  brunâtre.  Le  lendemain,  le  malade  put,  pour  la 
première  fois,  écrire  son  nom.  Les  jours  suivants,  l'hémi- 
plégie et  l'aphasie  disparurent  progressivement. 

Ce  cas  est  assurément  favorable  aux  idées  des  chirurgiens 
qui,  comme  Lucas-Championnière,  sont  portés  à  élargir  le 
cadre  des  indications  de  la  trépanation;  mais,  si  l'on  s'en- 


gage dans  cette  voie,  il  faut  le  faire  avec  réserve;  car,  en 
dehors  des  traumatismes  crâniens,  les  indications  du  trépan 
ne  peuvent  pas  être  encore  bien  formulées. 

Pathologie  et  anatomie  comparées.  —  M.  le  docteur 
Galippe  communique,  au  nom  de  M.  le  docteur  Larcher  et 
au  sien,  leurs  recherches  sur  les  maladies  de  la  cavité  buc- 
cale, des  dents  et  des  défenses  chez  l'éléphant.  Ils  ont  par- 
ticulièrement étudié  les  lésions  de  la  dentine,  ainsi  que 
celles  (|ue  l'on  rencontre  dans  la  cavité  pulpaire,  lésions 
déterminées  soit  par  des  blessures  du  cément,  soit  par  des 
projectiles  ayant  lésé  la  pulpe.  Les  auteurs  ont  passé  en 
revue  diverses  anomalies  de  développement,  ainsi  que  les 
fissures  ou  les  fractures  des  défenses  produites  par  des 
traumatismes. 

—  L'ordre  du  jour  de  la  séance  du  13  août  est  ainsi  Cné  : 
l'*  Suite  de  la  discussion  sur  la  prophylaxie  de  la  tuber- 
culose; 2*'  Suite  de  la  discussion  sur  l'anesthésie  et  le  chlo- 
roforme ;  3"  Communications  de  MM.  Germain  Sée,  Marc  Sée 
et  Semmola. 


Soelété  4e  ehtrargle. 

SÉANCE  DU  31  JUILLET  1889.— PRÉSIDENCE  DE  M.  LE  DENTIJ. 

Traitement  électrique  des  myoznes  utérine  :  MM.  Ooimus,  Deeprés. 
—  Traitement  ohirurgioal  des  néoplasmes  perforants  du  crftne  : 
M.  Pousson  (M.  Kirmisson,  rapporteur).  Diaoïission  :  MM.  TiUaux. 
Marchand.  —  Statisticiue  de  M.  Luoa«-Championniére. 

M.  Le  Dentu  lit  une  noteoù  M.  Onimus  dit  avoir  appliqua* 
depuis  longtemps  déjà  l'électrisation  aux  myomes  utérins. 
M.  Le  Dentu  rail  d'ailleurs  remarquer  que  la  méthode 
actuelle  diffère  absolument  de  ces  premiers  essais. 

M.  DespréSy  absent  lors  de  la  dernière  discussion,  désire 
faire  connaître  un  accident  de  la  méthode.  Il  a  vu  trois 
malades  qui  y  avaient  été  soumises  et  qui  toutes  trois 
avaient  refusé  de  continuer,  parce  que  l'électrisation  leur 
procurait  des  sensations  voluptueuses  continuelles. 

—  M.  Kirmisson  lit  un  rapport  sur  un  travail  de 
M.  Pousson  (de  Bordeaux)  :  Traitement  chirurgical  des 
néoplasmes  perforants  de  la  voûte  du  crâne.  Voici  l'obser- 
vation :  Femme  de  soixante-quatorze  ans  oui,  depuis  un  an 
et  demi,  avait  vu  se  développer  un  cancer  au  sein  et  grossir 
une  loupe  qu'elle  avait  depuis  longtemps  au  cuir  chevelu. 
Le  sein  fut  enlevé,  puis,  un  mois  après,  la  tumeur  épiera- 
nienne.  Cette  tumeur  ne  battait  ni  n'était  réductible,  mais 
avait  des  mouvements  d'expansion.  En  effet,  l'opération  fit 
constater  que  l'os  était  perforé.  Une  fois  la  tumeur  enlevée, 
il  en  résulta  un  trou  par  lequel  fit  hernie  le  cerveau  recou- 
vert de  la  dure-mère  saine.  La  malade  guérit,  bien  que  la 
plaie  ait  suppuré.  Mais  elle  ne  fut  soulagée  ni  de  ses  dou- 
leurs, ni  de  quelques  phénomènes  parétiques  et  aphasiques. 
Et,  de  plus,  au  bout  de  huit  mois,  une  tumeur  apparaissait 
sur  le  frontal;  deux  mois  après,  poussait  une  récidive 
locale.  La  région  mammaire  reste  indemne.  —  A  ce  propos, 
M.  Pousson  réunit  41  observations,  et  montre  que  les 
méthodes  anciennes  (cautérisation,  ligature)  doivent  céder 
le  pas  à  l'extiipalion  au  bistouri,  beaucoup  moins  dan- 
gereuse. L'ablation  des  tumeurs  perforantes  de  la  voûte  du 
crâne  est  aujourd'hui  permise. 

Elle  est  même  bien  plus  vulgaire  qu'on  (le  le  croirait  en 
ne  comptant  que  41  observations,  ajoute  M.  TillauXy  qui 
désire  taire  deux  réserves  :  1^  une  loupe  devenue  can- 
céreuse perfore  bien  rarement  le  crâne  dans  toute  son 
épaisseur.  Il  est  bien  plus  probable  qu'il  s'agit  d'un  carci- 
nome osseux  secondaire;  ^"^  une  hernie  du  cerveau  recou- 
vert de  la  dure-mère  saine  est  impossible  à  comprendre. 

M.  Marchand  pense  comme  H.  Tillaux. 


518    —  N*  32  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


9  Août  1889 


M.  /Ttrinmonaccordeque  l'existence  préalabled'une  loupe 
n'est  peul-ètre  pas  un  molif  suffisant  pour  le  diagnostic  de 
M.  Pousson.  Mais,  pour  ce  qui  est  de  la  hernie,  elle  semble 
indiscutable.  M.  Pousson,  tout  le  premier,  en  a  été  surpris. 
Peut-être  y  a-t-il  une  tumeur  céréorale  (cas  auquel  Horsley 
dit  que  la  dure-mère  bombe  dans  l'orifice  de  la  trépana- 
tion), car  les  phénomènes  cérébraux  n'ont  pas  cédé  à  1  abla- 
tion du  néoplasme  extérieur. 

—  M.  LucaS'Championnière  communique  la  statistique 
de  son  service  de  Vhôpital  Saint-Louis,  de  mai  1887 
à  mai  1889.  Le  seul  fait  général  sur  lequel  il  désire  insister 
est  qu'il  se  passe  de  toute  installation  spéciale,  de  tout 
outillage  compliqué.  Il  enregistre  cependant  les  résultats 
suivants,  en  ne  tenant  pas  compte  d'une  grande  quantité 
d'opérations  insignifiantes  : 

Hommes,  3:20  opérations  (parmi  lesquelles  8  arthroto- 
mies  du  genou,  8  sutures  de  la  rotule,  13  résections  du 
genou,  14  trépanations,  103  cures  radicales  de  hernies,  4  ké- 
lotomies)  :  0  mort. 

Femmes,  144  opérations  (3  sutures  de  la  rotule,  6  trépa- 
nations, 14  amputations  du  sein,  etc.)  avec  2  morts  : 
1  amputation  de  sein,  morte  au  dix-huitième  jour  d'un  éry- 
sipèle  de  la  face;  1  kélotomie  chez  une  vieille  femme. 

4  laparotomies  chez  l'homme,  avec  'i  décès  (1  splénec- 
tomie,  1  kyste  du  foie  et  de  la  rate). 

128  laparotomies  chez  la  femme,  qu'on  peut  diviser  en 
plusieurs  séries  :  castrations  pour  corps  fibreux,  15, 
§  morts;  kystes  de  l'ovaire,  28,  2  morts  (clans  des  cas  très 
complexes);  cancers  végétants  de  Tovaire,  7,  1  mort;  gros 
corps  fibreux  abdominaux,  7,  3  morts.  De  tous  ces  décès 
un  seul  est  dû  à  une  péritonite  septique.  Restent  71  cas 
sans  aucun  décès,  pour:  ovario-salpingolomie,  51  ;  destruc- 
tions d'adhérences,  7  ;  étranglement  interne,  1  ;  néphror- 
raphie,  3;  kystes  hydatiques  du  foie,  3;  ventrofixation,  4; 
exploration,  3. 

—  La  Société  se  déclare  en  vacances  pour  les  mois  d'août 
et  septembre. 

A.  Broca. 


Soelété  4e  blotoiri»- 

SÉANCE   DU  27   JUILLET  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  M.    MAREY,   VICE-PRÉSIDENT. 

Sur  la  névrite  périphérique  dans  l'atrophie  musculaire  des  hémi> 
plégiques  :  M.  Déjerine.  —  Influence  du  système  nerveux  sur  l'in- 
(eotion  :  M.  Féré.  --  De  la  nutrition  dans  l'hystérie  :  MM.  Cathe- 
Uneau  et  Gilles  de  la  Tourette.  —  Arthropathies  expérimentales  : 
MM.  Babinski  et  Gharrin.  —  Migraine  ophthalmique  hystérique  : 
M.  Babinski.  —  Sur  la  toxicité  du  bismuth  :  M.  Baiser.  —  Des 
substances  produites  par  les  microbes  et  favorisant  leur  dévelop- 
pement :  M.  Roger.  ~  Sur  une  tète  de  jeune  cachalot  :  MM.  Beau- 
regard  et  Pouchet.  —  Sur  le  protoptère  :  M.  Beauregard.  — 
Transport  par  un  insecte  de  parasites  Infectieux  :  M.  Oalippe.  — 
Moyens  de  fixation  d'une  molaire  d'éléphant  au  maxiUaire  : 
M.  Oalippe. 

M.  Déjerine  a  constaté,  dans  plusieurs  cas  d'hémiplégie 
avec  atrophie  musculaire,  Tintégrité  parfaite  de  la  moelle 
en  ce  qui  concerne  la  substance  grise  ;  les  cellules  motrices 
étaient  absolument  normales.  11  a,  par  contre,  trouvé  des 
altérations  très  marquées  des  nerfs  musculaires  correspon- 
dant aux  muscles  atrophiés,  presque  tous  les  tubes  nerveux 
ayant  disparu  et  n'étant  plus  représentés  que  par  des  gaines 
vides;  les  lésions  diminuaient  progressivement  à  partir  de 
la  périphérie  en  s'élevant  le  long  du  tronc  nerveux;  les 
muscles  atrophiés  étaient  également  altérés,  la  plupart  des 
faisceaux  primitifs  avaient  disparu.  On  peut  conclure  que 
l'origine  spinale  de  Famyotrophie  des  hémiplégiques, 
contrairement  à  ce  que  l'on  admettait,  doit  être  fort  rare, 


et  aue  cette  lésion  dépend  le  plus  souvent  d'une  névrite 
périphérique. 

—  }i.,  Féré,  revaccinant  les  malades  de  son  service  et 
inoculant  symétriquement  aux  deux  bras  un  certain  nombre 
d'hémiplégiques,  a  constaté  que  du  côté  paralysé  la  résis- 
tance au  virus  était  bien  moindre  ;  chez  quelques  malades, 
en  effet,  chez  lesquels  se  sont  développés  des  boutons  de 
fausse  vaccine,  ces  boutons  ont  apparu  exclusivement  da 
côté  hémiplégique. 

—  M.  Gilles  de  la  Tourette  a  étudié  avec  M.  Cathelineau 
l'état  de  la  nutrition  chez  des  hystériques  simples  et  des 
hystériques  présentantdesatlaques.  D'après  ces  recherches, 
la  nutrition  dans  l'hystérie  s'effectue  normalement,  si  on 
juge  par  l'analyse  des  urines  au  point  de  vue  du  résidu  fixe, 
de  l'urée  et  de  l'acide  phosphorique.  Au  contraire,  dans 
l'attaque  d'hystérie  convulsive,  il  y  a  une  diminution  du 
résidu  fixe,  de  l'urée  et  des  phosphates  ;  à  ce  point  de  vue, 
l'état  de  mal  hystérique,  quelle  que  soit  d'ailleurs  sa  forme, 
n'est  qu'une  attaque  d'hystérie  prolongée  ;  dans  ces  cas,  le 
poids  des  sujets  diminue  journellement,  pour,  au  réveil, 
se  relever  rapidement.  Toujours  à  ce  point  de  vue  clinique, 
l'attaque  d'hystérie  est  exactement  l'inverse  de  l'accès 
d'épilensie,  si  l'on  s'en  rapporte  sur  celui-ci  aux  recherches 
de  M.  Lépine  et  à  celles  de  M.  Mairet. 

—  MM.  Babinski  et  Charrin  ont  obsen'é  chez  plusieurs 
lapins  atteints  de  la  maladie  pyocyanique  des  arthropathies 
se  développant  de  préférence  dans  les  membres  paralysés. 
Les  caractères  cliniques  de  ces  arthropathies  sont  très 
nets;  les  lésions  anatomiques  sont  également  caractéris- 
tiques ;  dans  le  liauide  qui  remplit  la  cavité  articulaire,  on 
trouve,  outre  des  leucocytes,  des  flocons  de  fibrine  et  des 
bacilles.  Ce  bacille,  cultivé,  tue  le  lapin  par  injection  intra- 
veineuse, comme  le  microbe  de  la  pyocyanine  ;  cependant  il 
ne  présente  pas  tous  les  caractères  de  ce  dernier.  Il  y  a  là 
un  point  sur  lequel  les  auteurs  ont  entrepris  d'autres 
recherches.  Quoi  qu'il  en  soit^  on  peut  affirmer  qu'il  se 
produit,  au  cours  de  la  maladie  pyocyanique,  des  arthro- 
pathies infectieuses. 

—  M.  Baiinski  rapporte  une  série  d'observations  qui 
montrent  que  la  migraine  ophthalmique  peut  constituer 
une  manifestation  de  l'hystérie;  chez  tel  malade  en  effets 
l'accès  de  migraine  remplace  une  attaque  convulsive  ou  une 
crise  de  mutisme;  chez  tel  autre,  il  est  accompagné  de 
manifestations  hystériques  diverses,  etc. 

—  M.  Balzersi  cherché  à  déterminer  la  toxicité  du  bis- 
muth au  moyen  d'injections  sous-cutanées  d'une  solution 
de  citrate  de  oismuth  et  d'ammoniaque  faites  à  des  chien.<. 
Après  l'injection  de  quelques  centigrammes  de  bismuth 
métallique,  il  se  produit  très  vite  une  stomatite  qui  diffère 
à  certains  égards  de  la  stomatite  mercurielle;  on  observe 
sur  la  muqueuse  buccale  des  plaques  de  sphacèle.  Il  sur- 
vient de  la  diarrhée,  des  hémorrhagies  stomacales  et  intes- 
tinales, de  la  dyspnée.  Ces  phénomènes  avaient  d'ailleurs 
été  déjà  signalés  par  MM.  Dalché  et  Yillejean.  M  Balzer  a 
observé  une  fois  la  production  d'une  double  opacité  cor- 
néenne  analogue  à  celle  que  M.  Dubois  a  constatée  à  la 
suite  des  inhalations  d'éthylène.  Le  bismuth  injecté  se 
retrouve  en  grande  quantité  dans  le  foie  et  les  reins;  il 
s'élimine  activement  par  les  urines,  la  bile,  la  salive. 

—  M.  Roger  rapporte  des  faits  qui  montrent  que  leîs 
matières  solûbles  élaborées  par  les  microbes  pathogènes 
sont,  dans  certaines  conditions,  susceptibles  de  favoriser 
le  développement  du  microbe  oui  les  a  sécrétées.  Ainsi  les 
lapins  auxquels  on  inocule  le  charbon  symptoroatique  dans 
la  chambre  antérieure  de  l'œil  meurent  très  rapidement. 
Or,  comme  il  est  très  difficile  d'admettre  tiue  les  microbe? 
puissent  se  développer  dans  des  tissus  où  leur  inoculation 
ne  détermine  aucun  accident,  il  faut  bien  supposer  qu'il  se 


9  Août  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  «•  32  —    519 


produit  au  niveau  du  foyer  des  substances  qui  vont  sans 
doute  modifier  l'état  général  de  Tanimal  en  expérience. 
C'est  cette  hypothèse  que  M.  Roger  a  cherché  à  vérifier,  et 
ses  expériences  paraissent  en  effet  justifier  la  théorie. 

—  MM.  Beauregard  et  Pouchet  ont  eu  l'occasion  de 
disséquer  une  tète  de  ieune  cachalot  mâle  ;  ils  ont  pu  véri- 
fier sur  ce  spécimen  les  faits  qu'ils  avaient  déjà  signalés 
dans  des  observations  antérieures  et  relatifs  à  la  forme  de 
la  tète,  à  la  conformation  des  narines  et  à  la  forme  et  à  la 
nature  de  l'organe  qui  fournit  le  spermaceti. 

—  M.  Beauregard  décrit  les  conditions  dans  lesquelles 
vit  et  respire  le  protoptère,  poisson  dipnéen  fort  rare  qu'il 
a  pu  étudier  d'après  quatre  spécimens  récemment  envoyés 
du  Sénégal  au  Muséum. 

—  H.  Galippe  rapporte  un  fait  qui  constitue  un  exemple 
très  net  du  transport,  par  un  insecte,  d'éléments  patho- 
gènes. 

—  M.  Galippe  a  pu  examiner  soigneusement  une  molaire 
d'éléphant  et  décrit  plusieurs  particularités  intéressantes 
concernant  la  gencive,  la  fixation  de  la  dent  au  maxillaire 
par  un  système  ligamenteux,  etc. 

—  Les  séances  de  la  Société  de  biologie  sont  suspendues 
jusqu'au  mois  d'octobre. 


BIBLIOGRAPHIE 

1a  BMladle  pyoeyaniq^c,  par  M.  le  docteur  ChARRIN.  — 

1  volume,  chez  Steinheil,  Paris,  1889. 

M.  Charrin  vient  de  réunir  en  un  volume  les  recherches 
qu'il  poursuit  depuis  plusieurs  années  sur  la  maladie  pyo- 
cyanique.  On  sait  qu'il  s'agit  là  d'une  maladie  expérimen- 
tale produite  chez  tes  animaux  par  l'inoculation  d'un  bacille 
qui  a  été  isolé  par  H.  Gessard  et  qui  ne  semble  guère  dan- 
gereux pour  l'homme;  on  le  voit  végéter  quelquefois  sur 
des  plaies,  il  y  détermine  une  suppuration  bleuâtre,  dont 
la  coloration  tient  à  une  substance  cristal lisable,  la  pyocya- 
nine.  Mais,  si  ce  microbe  est  inoffensif  pour  l'homme,  il 
détermine  chez  les  animaux  et  particulièrement  le  lapin, 
des  accidents  remarquables  par  leur  variabilité;  suivant  la 
volonté  de  l'expérimentateur,  l'évolution  sera  aiguë  ou 
chronique  et,  dans  les  deux  cas,  la  maladie  s'accompagnera 
de  manifestations  extrêmement  variées  et  qui,  sous  leur 
aspect  multiple,  reproduiront  un  bon  nombre  des  accidents 
que  nous  offre  la  pathologie  humaine.  Mais  ce  qui  fait  de 
cet  organisme  un  véritable  microbe  d'étude,  c'est  qu'il  est 
toujours  facile  de  reconnaître  sa  présence  dans  les  humeurs 
ou  les  tissus;  il  suffit  d'ensemencer  des  bouillons  de  cul- 
ture, pour  voir  bientôt  apparaître  la  coloration  bleue  carac- 
téristique. Telles  sont  les  raisons  qui  ont  conduit  H.  Char- 
rin à  poursuivre  l'étude  de  la  maladie  pyocyanique  :  on  va 
voir,  par  l'importance  des  résultats  ootenus,  combien  ce 
choix  était  justifié. 

M.  Charrin  commence  par  étudier  la  morphologie  du  mi- 
crobe et  déjà,  dans  ce  premier  chapitre,  nous  relevons  un 
fait  du  plus  haut  intérêt  :  c'est  qu'on  peut  à  volonté  modi- 
fier la  forme  de  l'organisme,  en  modifiant  les  milieux  où 
on  le  cultive  et  particulièrement  en  y  ajoutant  des  antisep- 
tiques. De  petit  bacille,  il  deviendra  filament:  ailleurs  il 
sera  recourbé  en  croissant  ;  ailleurs  il  formera  aes  spirilles, 
pouvant  avoir  jusau'à  huit  et  dix  tours  très  serrés.  Il  suffit 
de  jeter  un  coupa'œil  sur  la  planche  annexée  au  livre,  pour 
voir  combien  est  grand  ce  polymorphisme  expérimental.  En 
même  temps  que  la  forme  se  modifie,  on  peut  observer  des 
variations  dans  les  fonctions  du  microbe,  particulièrement 
dans  celle  qui  semble  au  premier  abord  si  caractéristique, 
la  fonction  chromogène.  Mais  dans  tous  les  cas,  ces  modifi- 
cations sont  passagères,  en  quelque  sorte  pathologiques;  il 


suffit  de  remettre  le  microbe  dévié  du  type  normal  dans  un 
milieu  approprié,  pour  lui  voir  reprendre  à  la  fois  sa  forme 
première  et  ses  fonctions.  Il  y  a  un  enseignement  à  tirer 
de  ces  expériences  :  les  antiseptiques,  alors  même  qu'ils  ne 
tuent  pas  les  microbes,  peuvent  rendre  des  services  en  mo- 
difiant leurs  formes  et  leurs  fonctions  et  particulièrement 
en  empêchant  la  production  des  substances  nocives  qu'ils 
peuvent  sécréter. 

Le  bacille  pyocyanique  peut,  avons-nous  dit,  déterminer 
chez  le  lapin  une  maladie  aiguë  ou  une  maladie  chronique. 
Dans  le  premier  cas,  l'évolution  rappelle  des  septicémies 
expérimentales  :  Tanimal  meurt  en  un  jour  ou  deux  avec  de 
la  fièvre,  de  la  diarrhée,  de  l'albuminurie.  Bien  plus  intéres- 
sante est  la  forme  chronique,  où  se  développe  souvent  une 
manifestation  toute  spéciale  :  ce  sont  des  paralysies  spas- 
raodiques,  apparaissant  au  bout  de  quinze  ou  vingt  jours, 
localisées  à  un  membre,  ou  étendues  à  plusieurs,  ne  s'ac- 
comçagnant  ni  d'atrophie  ni  de  modification  dans  la  con- 
traclilité  électrique,  s  étendant  souvent  à  la  vessie,  entraî- 
nant généralement  la  mort,  mais  susceptible  de  guérison. 
Il  y  a  une  grande  analogie  entre  ces  paralysies  et  celles 
qu  on  observe  chez  l'homme  à  la  suite  des  maladies  infec- 
tieuses et  particulièrement  de  la  diphlhérie;  dans  les  deux 
cas,  les  accidents  peuvent  apparaître  longtemps  après  l'in- 
fection, alors  qu'il  n'y  a  plus  de  microbes  dans  l'organisme; 
c'est  que  ces  manifestations  paralytiques  sont  produites  par 
les  matières  solubles  qu'a  sécrétées  Tagent  infectieux  :  ce 
sont  des  paralysies  toxiques,  comparables  à  celles  du  satur- 
nisme, qui  peuvent  se  manifester  longtemps  après  que  le  ma- 
lade a  cessé  de  s'exposer  aux  causes  d'intoxication.  Comme 
dans  beaucoup  d'autres  cas  de  paralysies  infectieuses  ou 
toxiques,  l'étude  anatomique  n'a  rien  révélé  :  le  système 
neuro-musculaire  était  sain. 

La  maladie  pyocyanique  n'est  pas  seulement  intéressante 
au  point  de  vue  clinique,  elle  l'est  au  moins  autant  par  la 
multiplicité  des  lésions  Qu'elle  engendre.  C'est  ainsi  qu'on 
peut  observer  au  niveau  au  tube  digestif  de  petites  hémor- 
rhagies  et  même  des  ulcérations  :  c'est  là  une  constatation 
importante,  aujourd'hui  qu'on  tend  à  admettre  la  nature 
primitivement  parasitaire  de  l'ulcère  simple  de  l'estomac. 
Les  lésions  rénales  sont  plus  fréquentes  et  plus  variables; 
ce  sont  tantôt  des  néphrites  aiguës,  tantôt  des  infarctus; 
quelquefois  même  il  se  développe  un  processus  chronique 
avec  sclérose  et  atrophie  du  rein,  et  hypertrophie  du  cœur; 
c'est  un  véritable  mal  de  Bright  chronique;  de  telle  sorte 
qu'ici  encore  nous  trouvons  une  reproduction  exacte  de  ce 
qu'on  observe  chez  l'homme;  mais,  tandis  que  la  clinique 
ne  permet  guère,  au  milieu  de  causes  morbifiques  si  nom- 
breuses, de  dégager  ce  qui  relève  de  l'infection  dans  la  pa- 
thogénie des  altérations  scléreuses,  chez  l'animal  la  démon- 
stration est  plus  simple;  la  sclérose  peut  n'être  qu'une 
conséquence  tardive  de  l'infection. 

Enfin,  comme  si  la  maladie  pyocyanique  devait  reproduire 
les  principales  manifestations  de  la  pathologie  humaine,  on 
y  trouve  signalée  la  dégénérescence  amyloide,  c'est-à-dire 
cette  altération  relativement  fréquente  chez  l'homme  et  que 
jusqu'ici  on  n'avait  pu  reproduire  expérimentalement. 

Il  ne  suffit  pas  de  constater  des  faits  :  l'expérimentateur 
doit  essayer  d'en  pénétrer  le  mécanisme;  c'est  ce  qu'a  fait 
M.  Charrin.  Il  a  établi  que  nombre  des  symptômes  observés 
relèvent  d'une  intoxication  ;  les  bouillons  de  culture  où  a 
vécu  le  bacille  pyocyanique,  débarrassé  de  tout  élément 
figuré,  donnent  aux  animaux  de  la  fièvre,  de  la  diarrhée, 
de  l'albuminurie  et,  ce  qui  est  encore  plus  important,  ils 
peuvent  produire  les  paralysies  sur  lesquelles  nous  avons 
déjà  insisté.  Mais  les  matières  toxiques  ne  peuvent  tout  ex- 
pliquer ;  il  faut  faire  une  part  aux  microbes  eux-mêmes,  ce 
qui  nous  amène  à  conclure  avec  M.  Bouchard  que  la  viru- 
lence est  la  résultante  de  conditions  multiples. 

Si  les  matières  sécrétées  par  les  microoes  peuvent  être 


520    —  N«  32 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


î>  Août  1889 


nuisibles,  elles  peuvent  aussi  avoir  une  action  favorable  ; 
elles  vaccinent  les  animaux  contre  Tinfection.  C'est  ce  qu'on 
obtient  en  injectant  sous  la  peau  une  certaine  quantité  de 
cultures  stérilisées.  Ce  résultat,  vérifié  depuis  pour  plu- 
sieurs autres  microbes,  offre  un  double  intérêt;  il  permet 
de  saisir  le  mode  d'action  des  vaccins  ou  tout  au  moins  de 
serrer  de  plus  près  la  solution  du  problème,  il  permet 
d'espérer  qu'on  pourra  un  jour  substituer  aux  vaccins  figu- 
rés, toujours  dangereux,  les  vaccins  solubles. 

On  pourrait  supposer  que  les  matières  vaccinantes  stéri- 
lisent l'organisme  à  la  manière  des  antiseptiques  qu'on 
introduit  dans  les  bouillons  de  culture.  Cette  conception  si 
simple  ne  cadre  pas  avec  les  faits  ;  les  expériences  de 
MM.  Bouchard,  Charrin  et  Ruffer  ont  démontré  que  les 
matières  vaccinantes  et  morbifiques,  sécrétées  par  les  mi- 
crobes, ne  font  que  traverser  l'organisme  et  se  retrouvent 
dans  l'urine;  comme  leurs  effets  peuvent  apparaître  après 
leur  élimination,  force  est  d'admettre  qu'elles  agissent  en 
troublant  la  nutrition  des  cellules  et  modifiant  leur  actmt  . 

Nous  avons  vu  constamment  côte  à  côte  les  matières  no- 
cives et  favorables;  nous  les  avons  trouvées  dans  les  cul- 
tures, nous  les  avons  retrouvées  dans  l'urine.  S'agit-il  d'une 
substance  unique  à  la  fois  morbifique  et  vaccinante?  S'agit- 
il  de  substances  distinctes?  Et  dans  tous  les  cas  quels  sont 
les  caractères  chimiques  de  ces  substances?  Autant  de  ques- 
tions dont  M.  Charrin  poursuit  l'étude.  Ces  recherches  chi- 
miques sont,  on  le  conçoit,  extrêmement  longues,  mais 
Fauteur  a  déjà  pu  reconnaître  qu'aucun  des  effets  physio- 
logiques des  matières  solubles  n'appartient  à  la  pyocyanine; 
c'est  un  résultat  négatif  qui  méritait  d'être  signalé. 

Le  livre  se  termine  par  quelques  considérations  sur  les 
infections  secondaires  et  sur  la  propriété  que  possède  le 
bacille  pyocyanique  d'entraver  le  développement  de  l'infec- 
tion charbonneuse  (Bouchard). 

Tels  sont  les  principaux  faits  indiqués  par  M.  Charrm. 
On  voit  qu'il  n'existe  guère  de  maladie  infectieuse  plus  com- 
plètement étudiée;  il  n'en  est  pas  qui  aient  permis  d'abor- 
der un  aussi  grand  nombre  de  problèmes  relatifs  à  Thistoire 
générale  des  infections.  Nous  avons  dû  laisser  de  côté  bien 
des  recherches  intéressantes,  et  particulièrement  celles  oui 
ont  trait  aux  variations  symptomatiques,  en  rapport  avec  les 
espèces  animales,  l'état"  général  du  sujet,  les  portes  d'en- 
trée du  virus.  Il  y  a  là  une  série  d'études  qu'il  faut  bien 
lire  dans  l'original.  On  y  verra  de  plus  que  M.  Charrin  ne 
se  contente  pas  de  rapporter  des  faits,  mais  qu'il  les  discute 
longuement  et  montre  les  nouveaux  problèmes  que  soulève 
chaque  nouvelle  expérience  ;  enfin  l'auteur  essaye  constam- 
ment d'établir  des  rapprochements,  parfaitement  justifiés, 
entre  la  maladie  expérimentale  qu'il  étudie  et  la  pathologie 
humaine.  Aussi  ce  livre  sera-t-il  également  lu  avec  profit 
par  l'expérimentateur  et  par  le  médecin  ;  il  s'adresse  à  tous 
ceux  qui  s'intéressent  aux  progrès  de  la  bactériologie. 

Roger. 


VARIETES 

Faculté  de  médecine  de  Paris.  —  MM.  les  professeurs 
Verneuil  et  Charcot  sont  dispensés  du  service  des  examens 
pendant  Tannée  scolaire  1889-18iJ0. 

Statistique  sanitaire.  — Afin  que  la  direction  de  Fassisiance 
et  de  rhygiène  publiques  au  ministère  de  Tinlérieur  fût  rensei- 
gnée d'une  façon  régulière  et  continue  sur  Tétat  sanitaire  de 
toute  la  France  et  fût  ainsi  à  même  d'arrêter,  le  plus  rapidement 
possible,  la  propagation  des  épidémies,  M.  Constans  a  demandé 
au  ministre  de  1  instruction  publique  le  concours  des  instituteurs 
et  des  institutrices  pour  rétablissement  d'un  nouveau  mode  de 
statistique  sanitaire. 

W.  Fallières  a  fait  connaitre  au  ministre  de  Tintérieur  que  le 
personnel  de  renseignement  primaire  serait  heureux  de  parti- 


ciper à  une  mesure  qui  contribuera  à  faire  disparaître  les  affec- 
tions épidémiques  encore  si  fréquentes  dans  les  écoles.  A  cet 
effet,  il  a  adressé  une  circulaire  aux  préfets  pour  les  prier  dr 
faire  connaître,  dès  à  présent,  aux  instituteurs  et  iostitutrire^ 
le  nouveau  service  que  le  gouvernement  leur  demande. 

Le  ministre  de  1  intérieur  adressera  ensuite  aux  préfets  unt- 
autre  circulaire  contenant  des  instructions  détaillées  relative- 
ment à  la  statistique  sanitaire. 

Le  rôle  des  instituteurs  sera  des  plus  simples;  il  se  bornera. 
en  effet  : 

i°  A  inscrire  les  cas  de  maladies  épidémiques  qui  apparaitroni 
dans  leurs  écoles  sur  un  bulletin  (bulletin  (TaveHmement  des 
épidémies  commençantes) y  lequel  devra  être  immédiatemeiii 
transmis  au  sous-préfet,  sous  le  couvert  du  maire  de  la  com- 
mune; 

"t  A  remplir  un  bulletin  trimestriel  où  devront  être  portée» 
les  affections  épidémiques  qui  auront  pu  se  produire  pendant  le 
trimestre  précèdent.  (îe  dernier  bulletin  devra  être  également 
transmis  au  sous-préfet,  même  lorsque  aucune  maladie  épidé- 
mique  n'aura  apparu  dans  Técole  pendant  ledit  trimestre. 

Ces  statistiques  seront  dépouillées  dans  les  sous-préfecturc> 

et  envoyées  ensuite  à  la  direction  de  l'assistance  et  de  l'hygiènr 

publiques,  au  ministère  de  l'intérieur. 

[Semaine  médicale,) 
« • 

Mortalité  a  Paris  (30«  semaine,  du  21  au  27  juillfi 
1889.  —  Population  :  2260945  habiUnts).  —  Fièvre  typhoïde,  i  \, 

—  Variole,  1.  —  Rougeole,  29.  —  Scarlatine,  5.  —  Coque- 
luche, i4.  —  Diphthérie,  croup,  24.  —  Choléra,  0.  —  Phthisi** 
pulmonaire,  160.  —  Autres  tuberculoses,  19.  —  Tumeurs 
cancéreuses,  64;  autres,  4.  —  Méningite,  31.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  39.  —  Paralysie,  7.  — 
Ramollissement  cérébral,  7.  —  Maladies  orjg^aniques  du  cœur,  5:'». 

—  Bronchite  aiguë,  23.  —  Bronchite  chronique,  12.  —  Broncho- 
pneumonie,  19.  —  Pneumonie,  29.  —Gastro-entérite:  sein,3:V, 
biberon,  132.— Autres  diarrhées,  7. —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 1.  —  Autres  affections  puerpérales,  2.  —  Débilité  con- 
génitale, 24.  —  Sénilité,  29.  —  Suicides,  13.  —  Autres  morts 
violentes,  3.  —  Autres  causes  de  mort,  156.  —  Causes 
inconnues,  4.  —  Total  :  967. 


OUVRAGES  DEPOSES  AU  BUREAU  DU  JOURHAL 

Fièvre  de»  foine,  pathogénie  et  Iraiteraenl,  par  M.  le  docteur  Marcel  Nalifr.  lot' 
brochure  ia-8«  de  160  pages   Paris,  0.  Doin.  ^  3  fr 

Traitement  ipéeiflque  de  la  phthisie  pulmonaire  par  le  cuivre,  par  11.  le  doctenr 
E.  Gharlier.  Une  brochure  in-8«  de  45  pages.  Paris,  0.  Doin.  i  fr.  in 

Contribution  à  l'étude  de*  auto-intoxiealion  des  manifeitation»  morbides  du 
turmehage  phytique,  par  M.  le  docteur  A.  Dufonr.  Uno  brochure  in-H*  de 
140  pages.  Paris,  0.  Doin.  3  fr 

Guide  médicûl  aux  ttatiom  hivemalet,  cUniatologie.  climatoUiérapie,  hygiène, 
par  11.  le  docteur  J.  Orgeas  (de  Cannes).  1  toI.  in-16  cartonné  de  150  pa|^'>. 
Paris,  0.  Doin.  *  tr. 

Pathogénie  et  traitement  de  VauUHintoxicalion»  éclampsie,  par  II.  le  doeteui 
Maurice  Riviôre,  mémoire  couronné  parla  Société  do  médecine  et  do  chimrpi* 
de  Bordeaux  (prix  Jean  Oubrcnilh,  1888).  Une  brochure  \a-f^  do  210  page«>. 
Paris,  0.  Doin.  5  f r 

De  Vinfluence  de  Vimpaludieme  sur  let  femmet  enceintes  (avortement,  aecouch.^ 
ment  prématuré),  mémoire  présenté  et  lu  au  Congrès  brésilien  do  médeciofe 
et  de  chirurgie  réuni  à  Rio-de-Janeiro  en  septembre  1888.  par  M.  le  doctrar 
.  Rodrigues   Dos  Santos.   Une    brochure    in-8*>  do   60    pages.  Paris,   0.  Doin. 

S  fr.  W 

Hérédité  et  alcoolisme  (étude  psychologique  et  clinique  sur  les  dégénérés  buveur^ 
et  les  familles  d'ivrognes),  ouvrage  couronné  par  la  Société  médico-psyeholo- 
gique  (1888).  par  M.  le  docteur  M.  Legrain,  avec  une  préface  de  M.  le  docteur 
Magnan.  1  vol.  in-S*  de  435  pages.  Paris,  0.  Doin.  7  fr . 

Traité  de  chirurgie  eliiUque»  par  M.  P.  Tillaux.  T.  H»  8»  fascicule;  iïi«mft/r 
inférieur,  organes  génitaux  de  l'homme  et  de  la  femme.  1  vol.  grand  in-8«  di 
535  pages  avec  52  figures.  Pari»,  Asselin  et  Houzcau.  6  fi 

Ouvrage  complet.  2  vol.  grand  in-8«  avec  175  figures  dans  le  texl«.         'ii  fi. 

Maladies  de  la  langue,  par  M.  le  docteur  Henry  T.  Butlin,  traduit  de  l'anglais  par 
M.  le  docteur  Aigre.  1  vol.  tu  8»  de  430  pages.  ^  fr 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 


20004.  —  IIOTTiROi.  —  Imprimeries  réuniet,  A.  niê  Mignon,  S,  Paris. 


Trente-sixième  année 


N*33 


16  AoDT  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDEC[NE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D'  L.  LEREBOULLET,  Rboâcteur  bn  chef 
MM.  P.  BLACNEZ,  E.  BRISUUD,  6.  DIEULAFOY,  OREYFUS-BRISAC,  FRANfiOlS-FRANCK,  A.  HENOCQUE,  A.^.  MARTIN,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lkhebodllbt,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


Le  prochain  numéro  de  la  GAZETTE  HEBDOMA- 
DAIRE sera  consacré  au  compte  rendu  de  tous  les 
(jongrés  intéressant  la  médecine  qui  ^ennent  d'avoir  lieu 
à  Paris. 


SOMMAIRB.  —  Bulletin.  —  Clinique  chirurgicale.  Les  Ttriélés  analomiquet 
et  cliniques  des  hernies  ingoinales  réductibles.  —  Rkvcb  dis  cours  et  des 
CLINIQUES.  Hospice  de  Is  Silpâtrière.  M.  le  professeur  Cliarcot.  —  Travaux 
ORIGINAUX.  Clinique  médicale  :  Sur  un  cas  de  pleurésie  purulente  méu-pneu- 
monique,  tmilée  par  les  ponctions  avec  injections  antiseptiques,  puis  par  l'opé- 
ration do  l'empyème.  —  Patliologie  interne  :  Observation  d'un  soldat  atteint  do 
mutisme  hystérique  et  réformé.  ~  Revue  des  Congrès.  8*  Con^^èt  de  médecine 
inienie  (Wiesbaden,  1889).  >-3*  Congrès  de  la  Société  allemande  de  gynéco- 
logie tenu  à  Friboorg  en  Brisgau  du  17  au  24  juin.  —  SociéT^s  savantes.  Aca- 
démie de  médecine.  —  Société  médicale  de^i  hôpitaux.  —  Revue  des  jour- 
naux. Thérapeutique.  —  Bibliographie.  Traité  pratique  des  maladies  du  nés 
et  de  la  cavité  naso-pharyngicnne.  —  VARiirés. 


BULLETIN 

Paris,  il  aoilt  1889. 
Académie  de  médecine  :  Prophylaxie  de  la  tabereniose. 

Après  le  clair  et  substantiel  exposé  de  M.  Yillemin,  Tac- 
cord  eût  été  assurément  complet  à  TAcadémie  sur  les 
mesures  prophylactiques  à  prendre  à  Tégard  de  la  tuber- 
culose et  le  texte  des  instructions  proposées  par  la  commis- 
sion du  Congrès  eût  été  adopté  avec  quelques  modifications 
de  détail  seulement,  si  une  question  préjudicielle  de  pro- 
cédure n'avait  dû  être  soulevée.  Dans  quelques  semaines, 
lorsque  la  fin  des  vacances  aura  ramené  leurs  collègues 
dans  l'enceinte  de  la  rue  des  Saints-Pères,  les  membres  de 
.  la  nouvelle  commission  nommée  hier  apporteront  le  fruit 
de  leurs  délibérations  sous  la  forme  d'instructions  qui  ne 
différeront  vraisemblablement  pas  beaucoup  de  celles  qui 
tiennent  d*étre  présentées  à  l'Académie. 

Ces  instructions  sont  en  effet  très  complètes,  trop  com- 
plètes peut-être;  elles  ne  laissent  dans  l'ombre  aucune 
partie  essentielle  de  ce  difficile  problème.  Les  données 
scientifiques  sur  lesquelles  elles  s'appuient  sont  indéniables  ; 
elles  dérivent  d'expériences  maintes  fois  répétées.  M.  Ville- 
rnîn  a  modestement  fait  observer  que  ces  expériences  et 
leurs  résultats  datent  de  vingt  ans  déjà  et  qu'ils  n'auraient 
sans  doute  pas  été  contestés,  qu'ils  seraient  connus  et 
appréciés  de  tous,  s'ils  n'avaient  pas  été  écrits  en  français. 
Qu'on  lise  en  effet  son  mémoire  publié  ici  même,  le  23  avril 
1869,  sur  la  propagation  de  la  phlhisie,  après  avoir  été  lu 
à  l'Académie  dix  jours  avant  :  la  prophylaxie  de  cette  affec- 
tion y  est  tracée  de  main  de  maître  ;  les  conditions 
qu'elle  doit  remplir  n'ont  pas  changé  depuis  cette  époque. 
«•  SéaiB  T.  XXVI. 


En  établissant  sur  des  bases  qui  n'ont  pu  être  réfutées  la 
transmissibilité  de  la  phthisie,  ainsi  que  ses  principaux 
moyens  de  transmission,  H«  Villemin  avait  déjà  indiqué  la 
voie  que  doit  suivre  l'hygiène  pour  atteindre  avec  succès 
l'élément  virulent  de  la  maladie.  Malheureusement  celle-ci 
est  tellement  associée  aujourd'hui  à  notre  condition  sociale, 
pour  ainsi  dire, qu'il  semble  presque  impossible  au  premier 
abord  de  vaincre  les  multiples  obstacles  que  la  prophylaxie 
présente  :  de  là  l'étonnement  qu'on  éprouve  en  présence  de  la 
complexité  des  mesures  prophylactiques  proposées,  le  décou- 
ragement, par  suite  la  négligence,  qu'on  constate  chez  ceux 
qui  seraient  le  plus  à  même  d'en  assurer  l'exécution.  Et 
cependant  chacune  de  ces  précautions  a  son  utilité  ;  il  est 
impossible  à  un  hygiéniste,  à  un  médecin,  d'en  oublier  une 
seule.  Faire  à  ce  sujet  l'éducation  des  pouvoirs  publics  et 
celle  du  public  lui-même,  est-ce  chose  si  malaisée?  Nous 
ne  le  pensons  pas;  en  tout  cas,  il  y  a  lieu  d'en  tenter  l'essai 
au  plus  vite,  en  graduant  les  moyens  d'instruction  suivant 
les  personnes  auxquelles  ils  s'adressent.  Il  est  indispen- 
sable, par  exemple,  que  les  administrations  sanitaires  con- 
naissent toute  l'étendue  et  tous  les  détails  des  devoirs  qu'elles 
ont  à  remplir;  mais  il  suffit,  pour  les  particuliers,  d'appe- 
ler avec  éclat  leur  attention  sur  les  parties  les  plus  impor- 
tantes du  problème  et  surtout  sur  celles  qui  sont  à  leur 
portée.  De  ce  nombre  est  assurément  la  destruction  des  cra- 
chats desphlhisiques,  la  propreté  et  la  désinfection  de  ce  qui 
touche  ceux-ci  et  les  environne  dans  leurs  demeures.  Nous 
voudrions  qu'on  sût  bien  tout  le  danger  que  font  courir 
les  produits  d'expectoration  qui   se   dessèchent   à  l'air; 
n'y  aurait-il   que    cette    connaissance    qui    se    générali- 
sât dans  tout  le  public  que  la  prophylaxie  ne  tarderait  pas 
à  devenir  facile  et  que  chacun  y  mettrait  du  sien.  Comme 
l'a  si  justement  dit  M.  Verneuil,  si  la  chirurgie  est  aujour- 
d'hui si  en  avance  sur  la  médecine  au  point  de  vue  des 
résultats  obtenus  par  l'application  des  doctrines  microbiennes 
au  traitement  et  à  l'hygiène  des  opérés  et  des  blessés,  c'est 
qu'elle  n'a  cessé  de  proclamer  bien  haut  la  transmissibilité 
des  affections  telles  que  Térysipèie,  la  septicémie,  etc.  Il 
faut  que  tout  le  monde  sache  que  la  phthisie  est  transmissible, 
que  les  crachats  desséchés  sont  le  principal  agent  de  cette 
transmission,  puis  le  lait  et  les  viandes  provenant  d'ani- 
maux tuberculeux  ;  il  faut  qu'on  répande  cette  notion  par  tous 
les  moyens  aujourd'hui  si  ingénieux  et  si  multipliés  de  la 
publicité.  Une  simple  mention  répétée  à  des  milliers,  même 
à  des  millions,  d'exemplaires,  dans  des  endroits  apparents, 
sur  des  objets   placés   fréquemment  sous  les  yeux,  fera 
plus  que  les  instructions  les  plus  savantes,  qui  ne  s'adres- 

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sent  qu'à  une  élite  instruite  et  intelligente.  Plus  cette 
notion  sera  vulgarisée,  plus  les  procédés  préventifs  de  la 
maladie  se  perfectionneront  en  se  multipliant,  chacun  s*in- 
géniant  à  éviter  un  danger  universellement  reconnu. 

—  Un  important  mémoire  a  été  lu  à  TAcadémie  par 
M.  Zambaco  sur  la  lèpre  en  Turquie.  De  Tenquéte  à  laquelle 
s'est  livré  le  savant  médecin  de  Constantinople  se  dégage 
la  conclusion 'que  la  lèpre  est  moins  inconnue  qu'on  ne  le 
pensait  dans  les  pays  d'Orient;  mais,  si  elle  n'est  pas  conta- 
gieuse au  sens  propre  du  mot,  son  extension,  qui  ne  parait 
pas  s'arrêter,  dépend  des  conditions  de  milieu  dont  on 
ignore  à  peu  près  complètement  la  valeur  relative.  Les 
documents  si  nombreux  apportés  par  M.  Zambaco  sont  parmi 
ceux  qu'il  est  le  plus  précieux  de  retenir  pour  l'étude  de 
cette  cruelle  maladie. 


CLINIQUE  CHIRURGICALE 

Vem  vmrîéiém  antttomiqHes  et  ellnlq^ea  des  hernies 
Ingninstes  rédnedblee. 

Dans  une  thèse  remarquable,  vieille  de  six  ans  déjà,  où 
H  étudie  la  hernie  inguinale  congénitale  étranglée  de 
l'adulte,  Ramonède  parle  accidentellement  de  la  hernie 
acquise,  et  il  déclare:  c  Rien  n'est  moins  homogène  que  le 
groupe  des  hernies  inguinales  dites  acquises.  A  quelque 
point  de  vue  qu'on  se  place:  étiologie,  anatomie  patholo- 
gique, symptomatologie,  traitement,  aucun  des  faits  de  leur 
histoire  ne  se  présente  avec  cette  unité  relative  qui  se  ren- 
contre dans  les  autres  hernies  abdominales.  » 

Cette  assertion  est  parfaitement  exacte,  si  l'on  admet, 
avec  nos  livres  classiques,  que  la  hernie  acquise  est  la 
hernie  ordinaire.  Elle  devient  fausse,  au  contraire,  si  l'on 
admet  anatomiquement  que  la  plupart  des  hernies  obliques 
externes  sont  à  sac  préformé  et  que  presque  toutes  les 
hernies  acquises  sont  des  hernies  directes;  si  l'on  admet, 
cliniquementy  que  l'on  doit  faire  table  rase  de  ces  distinc- 
tions et  opposer  aux  hernies  d'emblée,  ou  de  force,  toutes 
congénitales,  les  hernies  progressives,  ou  de  faiblesse,  sans 
se  demander  si  leur  début  a  eu  lieu,  ou  non,  dans  un  reste 
du  canal  péritonéo-vaginal. 

La  solution  du  problème  exige  des  constatations  anato- 
miques  minutieuses,  qu'il  est  presque  toujours  impossible 
de  faire  au  cours  d'une  kélotomie.  Je  me  suis  donc  attaché, 
depuis  prés  de  deux  ans,  à  disséquer  sur  le  cadavre  un 
grand  nombre  de  hernies  inguinales  et  je  suis  arrivé  à 
penser  que  les  descriptions  classiques  doivent  être  modifiées. 
C'est  à  cette  démonstration  que  je  vais  consacrer  cet  article, 
en  m'excusant  de  parler  ainsi  de  mes  recherches  person- 
nelles. 

l 

Avant  d'entrer  dans  l'étude  anatomo-pathologique,  un 
mot  sur  la  superposition  des  plans  à  la  région  inguinale. 

Sous  la  peau  et  le  fascia  superficialis,  on  voit  trois 
muscles  aplatis  ou  leurs  tendons,  également  aplatis  et 
appelés  aponévroses  d'insertion  ;  ces  muscles  sont,  de 
dehors  en  dedans,  le  grand  oblique,  le  petit  oblique,  le 
transverse.  Comme  tous  les  muscles  plats,  ils  ont  sur 
chacune  de  leurs  faces  un  feuillet  conjonclif,  une  aponévrose 
d'enveloppe.  Mais  sur  les  quatre  faces,  deux  à  deux  conti- 
guês,  qui  limitent  les  deux  interstices  musculaires  de  la 


paroi  abdominale  antéro-latérale,  ces  lames  sont  mioces, 
négligeables.  Elles  s'épaississent,  au  contraire,  sur  les  deux 
faces  extrêmes,  c'eslà-dire  sur  la  face  cutanée  du  graDd 
oblique  et  sur  la  face  péritonéale  du  transverse  L'aponévrose 
d'enveloppe  antérieure,  appelée  sans  autre  qualificatif 
aponévrose  d'enveloppe  du  grand  oblique,  forme  ainsi  une 
couche  disséquable  entre  le  muscle  et  le  fascia  super- 
ficialis. De  même,  entre  le  transverse  et  le  péritoine,  l'apo- 
névrose d'enveloppe  postérieure  du  transverse ,  ce  fascia 
transversalis,  sur  lequel  on  a  tant  écrit.  Mais  ce  fascia  n'esl 
pas  directement  au  contact  de  la  séreuse;  il  en  est  sépare 
par  une  couche  conjonctive  sous-séreuse,  condensée  en  arri- 
vant vers  l'aine,  le  fascia  propria. 

La  paroi  ainsi  constituée  est  parcourue  par  le  cordon 
spermatique,  oblique  en  bas  et  en  dedans,  entre  deui 
orifices  nommés  anneaux  inguinaux,  l'un  intérieur  (appelé 
interne),  percé  dans  le  fascia  transversalis,  l'autre  extérieur 
(appelé  externe),  par  lequel  le  cordon  émerge,  tout  prèsda 
pubis,  entre  deux  faisceaux  —  deux  piliers  —  du  tendon 
aplati  du  grand  oblique.  Le  cordon  suit  ainsi  le  trajet  io- 
guinal,  rampe  entre  la  face  supérieure  de  l'arcade  de  Fal- 
lope  et  le  bord  inférieur  des  muscles  petit  oblique  et 
transverse.  Suivons-le  maintenant  hors  de  l'anneau  du 
grand  oblique  et  voyons  quelles  sont  ses  enveloppes  à  la 
racine  des  bourses. 

C'est  d'abord  la  peau  du  scrotum,  à  la  face  profonde  de 
laquelle  vient,  plus  bas,  s'annexer  le  dartos.  Sous  ce  pre- 
mier plan  est  une  lame  celluleuse  lâche,  en  sorte  que  le 
scalpel  sépare  sans  aucune  difficulté  la  peau  de  la  couche 
suivante,  lame  conjonctive  qui  se  fixe  en  haut  à  l'anneao 
externe  et  par  sa  face  profonde  adhère  aux  faisceaux  muscu- 
laires du  crémaster.  Sous  cette  gaine  musculaire  — qui  sort 
de  l'anneau  externe  —  sont  les  éléments  du  cordon,  entou- 
rés par  un  feuillet  cellulo-fibreux,  la  gaine  profonde  du 
cordon  ou  tunique  fibreuse  commune.  Cette  gaine  fibreus<^ 
remonte  jusqu'à  l'anneau  interne  et  là  se  continue  avec  le 
fascia  propria,  dont  elle  n'est  que  la  condensation. 

Cette  continuité,  l'embryologie  nous  l'explique.  Chez  le 
fœtus,  en  effet,  un  prolongement  péritonéal  descend  hors  de 
l'abdomen,  le  long  du  cordon,  jusqu'au  testicule.  Ce  canal 
péritonéo-vaginal  s'oblitère  en  haut  ;  il  en  reste  en  bas  1% 
tunique  vaginale.  Mais  il  va  sans  dire  qu'autour  de  lui, 
comme  autour  de  toute  séreuse,  est  une  lame  conjonctive 
sous-séreuse,  naturellement  continue  avec  la  lame  sous- 
péritonéale.  Or  la  lame  sous-péritonéale  s'appelle  fascia 
propria;  la  lame  péri-funiculaire  s'appelle  gaine  fibreuse 
commune. 

De  cette  structure  résultent  les  trois  conséquences  aua- 
tomo-pathologiques  que  voici  :  toute  hernie  qui  sortira  du 
trajet  inguinal  par  l'anneau  du  grand  oblique  sera  sous  la 
gaine  externe  du  cordon,  c'est-à-dire  à  l'intérieur  du 
cylindre  créraastérien;  toute  hernie  qui  aura  pénétré  dans 
le  trajet  par  l'anneau  interne  sera  en  même  temps  sous  la 
gaine  profonde  ou  fibreuse  commune;  les  seules  hernies  qui 
puissent  être  en  dehors  du  crémaster  sont  celles  qui  sortent 
du  trajet  à  côté  de  l'anneau  externe,  par  un  interstice 
anormal  du  tendon  aplati  du  grand  oblique. 

Cette  mention  suffira  pour  les  hernies  para-inguinales, 
caractérisées  par  cette  émergence  anormale,  quel  que  soit 
d'ailleurs  le  point  de  pénétration  dans  le  trajet  inguinal. 
Sur  ces  hernies  irrégulières,  assez  rares,  aucune  erreur 
anatomique  n'a  cours.  Il  n'en  est  pas  de  même  pour  les 
autres  variétés  de  la  hernie  acquise. 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N«  33 


523 


II 

fielte  hernie  acquise,  que  mieux  vaut  appeler  hernie  à 
canal  fermé,  est  celle  qui  se  produit,  par  résislance  insuffi- 
sante de  la  paroi  abdominale,  une  fois  achevée  et  parachevée 
l'oblitération  normale  du  canal  péritonéo-vaginal. 

Le  point  par  lequel  la  hernie  à  canal  fermé  pénètre  dans 
le  trajet  inguinal  est  variable. 

On  sait  qu'à  la  face  péritonéale  de  la  région  inguinale, 
on  voit  les  deux  saillies  des  artères  épigastrique  et  ombi- 
licale. Entre  les  deux  est  une  fossette,  fossette  moyenne,  car 
il  existe  une  fossette  externe  en  dehors  de  Tépigastrique, 
une  fossette  interne  ou  vésico-pubienne  en  dedans  deTombi- 
licale.  La  fossette  externe  répond  à  l'anneau  du  fascia  trans- 
versalis  :  par  elle  sort  la  hernie  oblique  externe.  La  fossette 
moyenne,  située  juste  en  regard  de  l'anneau  du  grand 
oblique,  livre  passage  à  une  hernie  qui  dès  lors  sera  directe. 
Plus  en  dedans  est  la  fossette  interne,  par  où  fait  issue  la 
hernie  oblique  interne,  variété  tout  à  fait  rare,  que  je  n'ai 
pas  rencontrée  dans  mes  dissections  et  dont  il  ne  sera  par 
conséquent  plus  question. 

Restent  donc  les  hernies  externe  et  directe.  Et  même, 
dira-t-on  si  l'on  est  imbu  des  doctrines  classiques,  n'en 
voilà-t-il  pas  assez  sur  la  hernie  directe?  Que  servent  de 
longs  discours  sur  cette  descente,  dont  Duret  s'occupe  dans 
sa  thèse  sur  les  variétés  rares  de  la  hernie  inguinale?  Mar- 
jolin,  en  18ii,  affirme  ne  l'avoir  jamais  rencontrée,  et, 
d'après  Malgaigne,  elle  ne  constitue  qu'un  centième  envi- 
ron des  hernies  inguinales.  C'est  à  l'aide  de  quelques  obser- 
vations presque  célèbres  de  Hesselbach,  A.  Cooper,  Trélat 
et  Duguel,  Guyon  et  Reverdin,  que  Duret,  et  d'après  lui 
Picqué,  écrivent  l'histoire  de  cette  rareté.  Sur  ce  point, 
tous  les  auteurs  sont  d'accord  :  sauf  un,  cependant,  d'après 
lequel  les  hernies  directes  sont  aux  obliques  dans  la  pro- 
portion d'un  cinquième  à  peu  près.  Et  l'on  aurait  dû  y 
regarder  à  deux  fois  avant  de  taxer  cet  auteur  d'exagération, 
car  il  s'agit  de  Cloquet,  un  des  rares  chirurgiens,  le  seul 
peut-être,  qui  ait  étudié  l'anatomie  pathologique  des  hernies 
en  disséquant  sur  le  cadavre  les  hernies  non  étranglées,  au 
lieu  de  s'en  fier  aux  notions  vagues  acquises  pendant  les 
kélotomies.  Or  Cloquet  est  loin  d'exagérer.  J'ai  disséqué 
3:2  cadavres  de  hernieux  :  il  portaient  une  ou  deux  hernies 
directes;  19  portaient  une  ou  deux  hernies  externes;  sur  !2, 
les  deux  variétés  s'associaient.  Si  l'on  ne  tient  compte  que 
des  hernies  bilatérales,  les  directes  sont  4  contre  2  externes. 

La  hernie  directe  est  donc  fréquente.  Elle  est  la  plus  fré- 
quente des  hernies  bilatérales.  Reste  à  prouver  qu'elle  est 
la  plus  fréquente  des  hernies  à  canal  fermé. 

L'examen  anatomique  de  la  région  normale  conduit,  par 
le  raisonnement,  à  penser  qu'il  en  doit  être  ainsi.  On  insiste 
surtout  sur  la  fossette  péritonéale  externe.  Oui,  elle  est  très 
nette  lorsqu'il  y  a  une  anomalie  péritonéo-vaginale,  assez 
fréquente  il  est  vrai.  Mais,  sauf  cette  condition,  il  n'y  a  à 
peu  près  aucune  dépression  en  dehors  de  l'artère  épigas- 
trique :  une  hernie  n'y  trouverait  que  difficilement  une 
amorce.  Au  contraire,  une  large  fossette  est  limitée  par 
l'épigastrique  et  par  l'ombilicale;  et  sur  les  vieillards  à 
ventre  flasque,  si  l'on  exerce  une  poussée  sur  la  région  avec 
le  poing  introduit  dans  le  ventre,  c'est  là  que  la  paroi  se  laisse 
déprimer.  Si  l'on  joint  à  cela  la  correspondance  exacte, 
directe,  de  cette  fossette,  de  cette  fosse  plutôt,  et  de  l'an- 
neau du  grand  oblique,  on  accordera  que  la  hernie  à  canal 


fermé,  hernie  de  faiblesse,  de  vieillard,  doit  sans  doute 
avoir  tendance  à  profiter  de  cette  région  mal  défendue. 

Mais  tout  ceci  n'est  que  du  raisonnement,  est  donc  sujet 
à  caution.  C'est  à  l'anatomie  pathologique  qu'il  faut  deman- 
der les  preuves,  en  recherchant  s'il  existe  un  caractère  ana- 
tomique permettant  de  distinguer  la  hernie  à  canal  fermé 
et  la  hernie  à  canal  ouvert,  dite  hernie  congénitale.  Pour 
y  parvenir,  il  faut  d'abord  étudier  avec  soin  la  constitution 
du  sac  dans  la  hernie  directe,  hernie  indiscutablement 
acquise. 

III 

Dans  tous  les  ouvrages  classiques  on  trouve  sur  ce  point 
spécial,  soit  le  silence,  soit  les  notions  suivantes  :  la  hernie 
directe  refoule  parfois  devant  elle  le  fascia  transversalis, 
mais  la  plupart  du  temps  elle  le  franchit  à  la  faveur  d'une 
éraillure.  Puis  arrivée  à  l'anneau  externe,  elle  en  sort  en 
dehors  du  crémaster. 

Cette  dernière  assertion  provient  sans  doute  de  ce  qu'on 
ne  s'astreint  pas  toujours  assez  à  bien  distinguer  la  gaine 
superficielle  et  la  gaine  profonde  du  cordon.  Que  la  hernie 
directe  soit  hors  de  la  gaine  profonde  du  cordon,  nul  ne 
s'en  étonnera,  puisqu'elle  pénètre  dans  le  trajet  à  côté  de 
l'anneau  externe.  Mais  est-elle  vraiment  en  dehors  du  cré- 
master comme  l'affirme  Sarrazin,  par  exemple,  «  dans  le 
tissu  sous-cutané  »,  où  Duret  la  loge  sans  hésiter?  S'il 
en  est  ainsi,  après  ce  que  j'ai  dit  plus  haut,  c'est  que  la 
hernie  directe  est  toujours  une  hernie  para-inguinale.  Or  les 
faits  donnent  à  cette  opinion,  ainsi  poussée  à  l'absurde,  un 
éclatant  démenti  :  j'ai  disséqué  sur  13  sujets,  17  hernies 
directes  et  toujours  le  sac  sortait  par  l'anneau  externe,  était 
entouré  par  le  cylindre  crémastérien.  Il  est  probable  que  la 
hernie  directe  para-inguinale  existe;  mais  il  est  bien  évi- 
dent qu'elle  est  rare. 

J'en  dimi  autant  de  l'éraillure  du  fascia  transversalis  : 
puisqu'on  en  parle,  c'est  sans  doute  que  quelqu'un  l'a  vue, 
une  fois  au  moins.  Mais  j'affirme  que  je  ne  l'ai  jamais 
rencontrée.  Autour  de  mes  dix-sept  hernies  directes  j'ai  isolé 
un  sac  en  continuité  indiscutable  avec  le  fascia  transversalis 
et  séparé  du  sac  péritonéal  par  une  couche,  qui,  plus  ou 
moins  épaisse  et  plus  ou  moins  graisseuse,  prolongeait  le 
fascia  propria.  Le  manche  du  scalpel  suffit,  dans  sa  grossiè- 
reté, pour  faire  le  décollement;  ou  bien  encore,  introduisez 
l'index  dans  le  sac  et  accrochez  le  péritoine  pour  ainsi  dire, 
vous  parviendrez  à  le  retourner  en  doigt  de  gant  vers  l'ab- 
domen. Disséquez  alors  le  scrotum  et  vous  y  trouverez, 
presque  toujours  au  moins,  un  sac  sur  lequel  vous  pourrez 
tirer  sans  crainte,  car  une  demi- circonférence  de  son 
collet  s'insère  à  la  lèvre  postérieure  de  l'arcade  de  Fallope. 
Ces  constations  je  les  ai  failes  à  plusieurs  reprises  devant 
plusieurs  de  mes  camarades  de  l'Ecole  pratique,  prosec- 
teurs et  aides  d'anatomie,  et  ils  les  ont  répétées,  sans 
aucune  difficulté,  sur  les  sujets  que  le  hasard  leur  a 
fournis. 

Donc,  la  hernie  directe  vulgaire  (car  elle  est  vulgaire)  est 
logée  entre  la  gaine  superficielle  et  la  gaine  profonde  du 
cordon,  c'est-à-dire  entre  le  crémaster  et  la  fibreuse  com- 
mune. Son  sac  péritonéal  est  entouré  d'un  sac  formé  par  le 
fascia  transversalis  refoulé,  et  entre  les  deux  se  prolonge  le 
fascia  propria. 

Mais  la  hernie  directe  n'est  pas  seule  parmi  les  hernies 
à  canal  fermé'.  Abstraction  faite  de  la  rarissime  hernie 
interne,  il  faut  tenir  compte  de  la  hernie  externe.  Or  1p 


bU    —  N*  33  —        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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raisonnement  conduit  à  penser  que  son  sac  doit  être  consti- 
tué exactement  comme  celui  de  la  hernie  directe  et  situé, 
comme  lui  encore,  hors  de  la  gaine  profonde  du  cordon. 

Ce  raisonnement  est  des  plus  simples  et  se  fonde  sur 
la  dissection  de  la  région  normale.  L'anneau  inguinal 
interne  entoure  un  orifice  du  fascia  transversal is  :  là,  cette 
membrane  se  renforce  d'un  épaississement  à  peu  près  ellip- 
tique. Dans  cet  anneau  s'engagent  les  éléments  du  cordon 
qui,  jusque-là  épars,  se  réunissent  à  partir  de  là  en  un  fais- 
ceau. Autour  d'eux  est  la  gaine  profonde,  théoriquement 
continue  avec  le  fascia  propria,  mais  pratiquement  fusion- 
née à  son  collet  avec  l'anneau  du  fascia  transversalis,  auquel 
adhère  de  même  le  fascia  propria,  autour  de  l'artère  épigas- 
trique,  du  canal  déférent,  des  vaisseaux  spermatiques.  La 
solidité  est  donc  grande  en  ce  point  précis  et  il  serait  vrai- 
ment bizarre  qu'une  hernie  à  canal  fermé  se  plût  à  choisir, 
si  rien  ne  Ty  engageait,  un  anneau  si  bien  défendu  et  au 
sortir  duquel  elle  rencontrerait  des  organes  assez  soli- 
dement unis  et  surtout  solidement  entourés.  Sans  doute, 
elle  fera  ce  décollement  pénible  si  elle  a  été  invitée  à  com- 
mencer par  une  légère  dépression  du  péritoine,  par  un 
reste  médiocre  du  canal  péritonéo-vaginal.  Hais,  sauf  cette 
condition  spéciale,  il  est  bien  probable  qu'elle  prendra  le 
chemin  le  plus  facile.  Elle  ne  s'obstinera  pas  à  enfiler  l'an- 
neau interne,  mais  elle  refoulera  à  côté  de  lui  les  tissus 
affaiblis,  et  elle  progressera  sans  peine  à  la  face  externe  de 
la  gaine  profonde  du  cordon.  Mais  elle  aura,  dès  lors, 
refoulé  le  fascia  transversalis,  car  l'anneau  inguinal  interne 
est  le  seul  défaut  normal  de  cette  membrane. 

Ici  encore,  la  dissection  des  pièces  pathologiques  con- 
firme ces  données  du  raisonnement  étayé  sur  Tétude  de 
Tanatomie  normale.  J'ai  disséqué,  sur  dix-neuf  sujets,  vingt 
et  une  hernies  obliques  externes.  Sur  cinq  d'entre  elles, 
toutes  situées  hors  de  la  gaine  profonde  du  cordon,  j'ai 
isolé  autour  du  péritoine  un  sac  formé  par  le  fascia  trans- 
versalis refoulé.  Seize  fois  au  contraire  il  m'a  été  impos- 
sible de  rien  trouver  de  semblable.  J'affirme  que  les  cinq 
premières  (sur  quatre  sujets)  étaient  des  hernies  acquises. 
Pour  prouver  que  la  hernie  directe  est  la  plus  fréquente 
des  hernies  à  canal  fermé  (j'en  ai  disséqué  dix-sept  sur  treize 
sujets),  il  me  reste  à  démontrer  que  les  quinze  autres  sujets 
portaient  des  hernies  péritonéo-vaginales;  à  chercher,  par 
conséquent,  si  dans  ces  descentes  il  n'y  a  pas  quelques 
caractères  anatomiques  révélant  l'origine  congénitale  du 
canal. 

IV 

La  hernie  congénitale  est  celle  qui  descend  dans  un  sac 
congénitalement  préformé,  dans  le  canal  péritonéo-vaginal, 
non  oblitéré  à  son  orifice  supérieur;  dans  le  prolongement 
péritonéal,  qui  est  en  relation  avec  la  migration  du  testi- 
cule. Mais  cette  hernie  n'existe  presque  jamais  à  la  nais- 
sance. Elle  n'est  donc  pas  réellement  congénitale.  C'est  une 
hernie  à  canal  ouvert,  qui  se  fait  à  la  faveur  d'une  dispo- 
sition congénitale,  anormalement  persistante.  Chez  la 
femme  aussi  elle  existe,  les  viscères  abdominaux  envahis- 
sant le  canal  de  Nuck,  qui  accompagne,  sur  le  fœtus,  le 
ligament  rond  et  peut  rester  béant  après  la  naissance.  C'est 
d'ailleurs  du  seul  sexe  masculin  qu'il  va  être  dorénavant 
question. 

Ramonède  a  étudié  avec  grand  soin  le  canal  péritonéo- 
vaginal  de  l'adulte,  en  dehors  de  toute  hernie,  et  l'analomie 


normale  l'a  conduit  à  des  conclusions  pathologiques  impor- 
tantes. 

La  séreuse  périfuniculaire  commence  un  peu  avant  Tan- 
neau  du  fascia  transversalis.  Elle  débute  par  un  pli,  valvule 
rétro-inguinale,  et  forme  entre  ce  pli  et  le  péritoine  parié- 
tal un  vestibule  rétro-inguinal  dont  Taxe  est  oblique  eo 
haut  et  en  dehors.  Parvenue  à  l'anneau  interne,  elle  devient 
oblique  en  bas  et  en  dedans  et  suit  le  trajet  inguinal  pour  des- 
cendre dans  les  bourses  jusqu'au  testicule.  Mais  elle  ne  reste 
pas  unie,  également  calibrée  sur  toute  sa  longueur.  Souvent 
des  valvules  plus  ou  moins  complètes,  en  forme  de  brides 
ou  de  diaphragmes,  y  forment  par  places  des  rétrécisse- 
ments, des  cloisons  perforées.  Ces  brides  ont  pour  siège  de 
prédilection  l'anneau  interne  et  l'anneau  externe  ;  souvent 
aussi,  à  mi-hauteur  du  scrotum,  le  point  où  la  vaginale  doit 
normalement  se  clore.  De  là  donc  plusieurs  dilatations. 
Après  le  vestibule  rétro-pariétal  vient  l'ampoule  intra-parié- 
tale,  entre  les  deux  anneaux  du  trajet  inguinal;  l'ampoule 
funiculaire  entoure  la  partie  extra-funiculaire  du  cordon  et 
se  continue  autour  de  la  glande  séminale  avec  la  poche 
péri-testiculaire. 

Telle  est  l'anomalie  complète,  où  un  canal  séreux  va  de 
l'abdomen  au  testicule,  mais  les  degrés  incomplets  sont  île 
beaucoup  les  plus  fréquents,  et  il  est  très  aisé  de  faire  com- 
prendre leurs  dispositions.  Les  valvules  que  je  viens  de 
signaler  sont  la  trace  d*un  travail  imparfait  d'oblitération. 
Supposons  donc  qu'une  d'entre  elles  parvienne  à  la  soudure 
complète,  et  supprimons  par  la  pensée  tout  ce  qui  est  au- 
dessous  d'elle.  L'anomalie  du  premier  degré  nous  conduira 
dans  le  seul  vestibule  rétro-pariétal  ;  l'ampoule  intra-parié- 
tale  s'y  ajoute  dans  le  deuxième  degré;  la  séreuse,  enfin, 
franchit  le  grand  oblique,  mais  ne  va  pas  jusqu'au  testicule, 
et  nous  voilà  au  troisième  degré. 

A  chacun  de  ces  degrés  correspond  une  forme  de  la 
hernie  inguinale  :  propéritonéale,  interstitielle,  funiculaire 
et  testiculaire. 

Autre  fait  anatomique  sur  lequel  il  convient  d'insister  : 
les  anomalies  péritonéo-vaginales  sont  fréquentes,  sont  la 
règle  peut-être,  lorsque  le  testicule  est  en  ectopie.  De  là 
donc  une  variété  importante  de  la  hernie  à  canal  ouvert  : 
celle  où  l'organe  mâle  a  subi  dans  sa  descente  soit  un  arrêt 
sur  sa  route  normale  (ectopies  abdominale,  rétro-inguinale, 
intra-pariétale,  à  l'anneau  externe),  soit  une  déviation  plus 
ou  moins  loin  de  cette  route,  pour  aller  se  loger  à  la  cuisse, 
au-devant  de  l'aponévrose  du  grand  oblique,  au  périnée. 

Sauf  quelques  faits  exceptionnels  et  encore  obscurs, 
l'anatomie  du  trajet  séreux  nous  explique  que  les  hernies  à 
canal  ouvert  sont  obliques  externes;  mais  quelles  sont  les 
hernies  externes  que  l'on  peut  qualifier  à  coup  sûr  de  péri- 
tonéo-vaginales ? 

Celles,  d'abord,  où  l'intestin  va  toucher  le  testicule,  ou 
bien  n'en  est  séparé  que  par  une  mince  lame  séreuse, 
percée  ou  non  d'un  trou  trop  étroit  pour  qu'il  puisse  s'y 
engager.  Aucune  contestation  encore,  lorsque  du  collet 
au  fond  du  sac,  plusieurs  valvules  s'échelonnent,  maïs 
ces  faits  sont  rares.  Pas  de  doute  encore  —  presque  tou- 
jours au  moins  —  quand  le  testicule  est  en  ectopie.  Mais,  si 
la  hernie  est  fréquente  relativement  au  nombre  des  ecto- 
pies testiculaires,  il  n'en  reste  pas  moins  vrai  que  la  hernie 
avec  ectopie  est,  et  de  beaucoup,  minorité  parmi  les  her- 
nies inguinales.  Presque  toutes  les  hernies  à  canal  ouvert 
sont  de  la  variété  dite  funiculaire,  et  le  testicule  y  est,  ou  à  peu 
près,  en  position  normale.  C'est  ici  que  la  discussion  s'ouvre. 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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Cloquet  semble  avoir  été  un  des  premiers  à  se  demander 
si  la  hernie  péritonéo-funiculaire  n'aurait  pas  quelques 
caractères  spéciaux,  et  il  parle  d'un  cordon  fibreux  unis- 
sant le  fond  du  sac  à  la  tunique  vaginale,  reste  de  la  partie 
intermédiaire,  oblitérée,  du  trajet  séreux.  A  celte  époque, 
on  insistait  encore,  à  propos  de  la  kélotomie,  sur  la  minceur 
du  sac  dans  la  hernie  testiculaire.  Tout  cela  a  été  repris  en 
1871  par  Le  Roy  des  Barres,  qui,  à  l'instigation  du  profes- 
seur Trélat,  s'est  occupé  surtout  des  brides  valvulaires. 

Quoi  qu'en  dise  Féré,  dans  un  mémoire  qui  ne  date 
cependant  que  de  1879,  ces  caractères,  quand  ils  existent, 
ont  une  valeur  réelle.  Mais  eux  aussi  font  trop  souvent 
défaut.  Ramonède  tient  encore  compte  des  connexions  avec 
le  cordon,  auquel  la  séreuse  adhérerait  intimement,  comme 
on  l'a  dit  depuis  longtemps  pour  la  hernie  testiculaire  :  il 
ne  faut  point  abuser  de  cette  adhérence,  ainsi  que  Richelot 
Ta  bien  mis  en  relief  pour  la  cure  radicale  des  hernies  et 
hydrocèles  congénitales,  et  comme  je  l'ai  vérifié  sur  le 
cadavre. 

Jusqu'à  présent  donc,  nous  n'avons  pas  un  critérium 
répondant  à  la  majorité  des  faits.  Ce  critérium,  la  dissection 
grossière  va  encore  le  fournir  :  le  sac  de  la  hernie  à  canal 
ouvert  est  mince  parce  que  autour  de  lui  le  fascia  trans- 
versalis  n'est  pas  refoulé.  Cela  se  comprend  du  reste, 
puisque  la  hernie  sort  par  l'anneau  interne,  c'est-à-dire 
par  un  trou  de  ce  fascia  transversalis.  Mais  par  contre  ce 
sac  est  situé  sous  la  gaine  profonde  du  cordon.  Or  les 
quinze  sujets  dont  j'analyse  ici  la  dissection  m'ont  fourni 
seize  hernies,  où  ces  deux  caractères  existaient.  Sur  la 
plupart  d'entre  eux  j'ai  constaté,  en  outre,  quelques  vestiges 
de  malformation  péritonéo-vaginale  d'un  seul  ou  des  deux 
c6tés,  à  l'orifice  interne  ou  au  niveau  de  la  tunique  vagi- 
nale. 

La  conclusion  anatomique  sera  donc  la  suivante  :  les 
hernies  externes  à  canal  fermé  se  font,  comme  les  hernies 
directes,  en  dehors  de  la  gaine  profonde  du  cordon  et 
refoulent  le  fascia  transversalis;  les  hernies  externes  à  canal 
ouvert  sont  situées  sous  la  gaine  profonde  du  cordon  et  ne 
refoulent  pas  le  fascia  transversalis. 

Voilà  de  bien  longues  considérations  anatomiques,  et 
encore  n'ai-je  rien  dit,  à  dessein,  des  variétés.  Hais  ces 
études  sont  indispensables  à  qui  veut  se  faire  une  idée  nette 
sur  l'étiologié  et  les  variétés  cliniques  de  la  hernie  inguinale. 


En  étiologie,  je  passerai  sous  silence  les  statistiques  sur 
la  fréquence,  Tàge,  le  sexe  ;  les  discussions  soulevées  naguère 
encore  pour  savoir  si  la  hernie  à  canal  ouvert  peut  exister 
sur  un  fœtus,  si  elle  peut  être,  par  conséquent,  réellement 
congénitale.  Hais  il  faut  établir  quelle  est  parmi  les  hernies 
externes  la  fréquence  relative  des  hernies  à  canal  ou- 
vert. 

W.  Roser  pense  que  la  plupart  des  hernies  externes  sont 
péritonéo-vaginales.  Son  opinion  est  à  l'ordinaire  combattue, 
et  pourtant,  sans  la  pousser  à  l'extrême,  c'est  elle  que  je 
désire  soutenir,  car  dans  mes  dissections  j'ai  trouvé  quinze 
sujets  atteints  de  hernie  externe  congénitale  pour  quatre  où 
la  hernie  externe  était  acquise.  D'autre  part,  il  y  a  des  argu- 
ments cliniques  importants. 

Ainsi,  Malgaigne  note  l'hérédité,  à  peu  près  exclusive- 
ment paternelle,  sur  un  tiers  des  sujets  masculins  atteints 
de  hernie  inguinale  ;  et  qu'on  ne  parle  pas  de  transmission 


héréditaire  d'un  état  morbide  prédisposant  à  la  hernie  de 
faiblesse,  car  la  plupart  de  ces  sujets  sont  jeunes. 

Il  est  certain  que  les  hernies  à  canal  ouvert  se  font 
presque  toujours  après  la  naissance.  Haigaigne  nous  enseigne 
qu'un  premier  maximum  s'observe,  sans  grande  différence 
entre  les  deux  sexejs,  d'un  à  cinq  ans.  Puis  vers  treize  ans 
la  fréquence  redevient  assez  grande,  pour  atteindre,  de 
vingt-cinq  à  trente  ans,  un  second  maximum.  C'est  alors 
l'âge  des  efforts  professionnels,  et  l'homme  est  atteint  dix 
fois  plus  que  la  femme.  Dans  le  sexe  féminin  intervient 
l'accouchement,  mais  c'est  sur  la  hernie  crurale  qu'il  ferait 
sentir  son  influence.  Voilà  déjà  un  argument  sérieux  pour 
faire  de  la  hernie  inguinale  de  la  petite  fille  et  de  la  nul- 
lipare  une  hernie  le  plus  souvent  à  canal  ouvert,  sortie  par 
le  canal  de  Nuck  resté  perméable. 

La  grande  fréquence  des  hernies  externes  avant  cinq  ans 
est  indiscutée.  On  a  bien  dit,  à  rencontre  de  P.  Pott,  que 
les  hernies  de  l'enfance  ne  sont  pas  toutes  à  canal  ouvert. 
Le  Roy  de  Barres  l'affirme  encore  en  1871,  s'appuyant  il  est 
vrai  sur  les  assertions  de  Hey,  Rizzoli,  Forster,  Jobert,  pour 
qui  la  hernie  n'est  congénitale  que  si  elle  est  testiculaire, 
argument  aujourd'hui  reconnu  insuffisant.  Songeons,  au 
contraire,  à  la  fréquence  considérable  des  perméabilités 
incomplètes  du  canal  péritonéo-vaginal  dans  les  premiers 
temps  de  la  vie,  et  nous  serons  portés  à  leur  faire  jouer  un 
rôle  prépondérant  dans  la  hernie  de  l'enfance.  Et  cela  d'au- 
tant plus  que  dans  celles  des  hernies  qui  sont  unilatérales, 
le  côté  droit  est  le  plus  souvent  atteint,  iout  comme  les  ano- 
malies péritonéo-vaginales  unilatérales  sont  plus  fréquentes 
à  droite.  Or  cette  prédominance  persiste  chez  le  vieillard. 
Étudiant  les  hernies  unilatérales  à  Bicêtre,  aux  Invalides, 
Haigaigne  et  Hutin  en  trouvent  environ  sept  à  droite  pour 
quatre  ou  cinq  à  gauche  ;  et  Haigaigne  ajoute  :  c  II  est  remar- 
quable que  la  proportion  soit  ici  la  même  que  pour  les 
enfants  à  la  naissance.  >  Admettons  donc  que  ces  hernies  se 
sont  faites,  elles  aussi,  à  la  faveur  d'une  amorce  créée  par 
une  anomalie  péritonéo-vaginale.  N'aurons-nous  pas  ainsi 
une  explication  satisfaisant  l'esprit  mieux  que  les  théories 
mécaniques,  plus  bu  moins  claires,  de  Schenkius,  de  Hartin, 
de  Cloquet? 

Mais  immédiatement  une  objection  surgit  :  ces  hernies 
des  vieillards  se  sont  produites  bien  souvent  peu  à  peu,  tout 
comme  les  hernies  indiscutablement  acquises.  Leur  évolu- 
tion doit  les  faire  rapprocher  des  hernies  directes,  par 
exemple,  et  la  clinique  proteste  contre  la  doctrine  qui  les 
compare  à  la  hernie  congénitale,  formée  d'emblée,  sous 
l'influence  d'un  effort,  dans  un  sac  préformé.  Cette  confusion 
apparente  vient  tout  simplement  de  ce  que  le  langage  chi- 
rurgical courant  est  vicieux,  et  la  preuve  en  est  facile  à 
donner. 

Depuis  les  recherches  de  Malgaigne,  tous  les  traités  clas- 
siques parlent  de  la  hernie  congénitale  funiculaire  et  en 
admettent  la  réalité  théorique  à  côté  des  hernies  à  carac- 
tères grossiers  decongénitalité:  hernies  testiculaires,  hernies 
avec  ectopie,  etc.  Mais  vienne  la  description  clinique  et  l'on 
dit  :  la  hernie  congénitale,  trouvant  devant  elle  un  sac  pré- 
formé, s'y  engage  tout  d'un  coup;  c'est  une  hernie  d'emblée 
et  non  une  hernie  progressive  comme  la  hernie  acquise,  et 
même,  ce  que  ne  fait  jamais  la  hernie  acquise,  elle  est 
capable  de  s'étrangler  d'emblée;  la  hernie  congénitale  a 
donc  une  évolution  et  des  complications  qui  lui  donnent 
une  physionomie  clinique  spéciale.  On  arrive  de  la  sorte  à 
une  conception  très  simple,  que  sa  simplicité  même  rend 


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favorable  à  la  vulgarisation  didactique.  Par  malheur,  elle 
est  fausse  et  ne  cadre  pas  avec  les  constatations  de  l'anatomie 
pathologique. 

Sans  aucune  contestation,  les  hernies  d'emblée,  exposées 
à  rétranglement  grave  et  également  d'emblée»  ces  hernies 
sont  à  canal  ouvert,  et  cela  se  conçoit  du  reste.  Un  cul-de- 
sac  anormal  existe  dans  lequel  un  beau  jour,  sollicité  par  un 
effort;  l'intestin  s'engage  brusquement  ;  et  brusquement  il 
va  âii  fond.  Où  rencontrerai-t-il  un  obstacle  une  fois  l'orifice 
franchi?  L'obstacle  n'est-il  pas  bien  plutôt  à  l'orince,  que 
garnit  un  pli  valvulaire?  L'intestin  s'arrête  donc  à  l'anneau 
int0rnq  (hernie  pro-péritonéale)  ;  à  l'anneau  externe  (hernie 
interstitielle);  le  long  du  cordon  (hernie  funiculaire);  au 
testicule  (hernie  testiculaire):  je  passe  sous  silence  les 
variétés  spéciales,  les  cas  individuels.  Une  fois  au  fond  du 
sac,  il  y  a  toujours  un  temps  d'arrêt.  Mais  la  poussée  per- 
siste, et  le  sac  s'accroit,  par  distension  d'abord;  puis  Teiïort 
continuant,  chronique,  le  glissement  intervient  comme  dans 
les  hernies  à  canal  fermé,  et  le  cul-de-sac  descend  peu  à 
peu.  Mais  ce  glissement  n'a  lieu  qu'une  fois  vaincue  l'adhé- 
rence du  feuillet  séreux  aux  plans  qui  l'entourent,  éléments 
du  cordon  et  fibreuse  commune.  Or,  si  l'adhérence  est  ana- 
tomiquement  médiocre,  se  laisse  facilement  détruire  par  la 
dissection,  elle  est  physiologiquement  solide.  Il  n'y  a  pas  là 
un  plan  sous-séreux  lâche,  favorable  aux  glissements; et 
de  -plus  le  fond  du  sac  n'est  pas  dans  un  tissu  conjonctif 
lâche,  mais  doit,  pour  progresser,  dissocier  des  organes 
enserrés  dans  une  gaine  étroite,  la  fibreuse  commune.  Et 
voilà  pourquoi  la  hernie  d'emblée  reste  volontiers  petite, 
pourquoi  son  Tond  est  long  à  descendre  plus  bas;  pourquoi 
c'est  dans  cette  variété  qu'on  observe  les  degrés  dits  incom- 
plets. Telle  est  la  hernie  interstitielle  qui  reste  pendant  long 
temps  confinée  à  l'aine,  mais  qui,  malgré  M.  Tillaux,  n'y 
reste  pas  toujours  irrévocablement  confinée,  et  surtout  qui 
n'y  est  pas  confinée  parce  que  le  testicule  étant  ectopié  n'a 
pas  créé  l'anneau  externe.  L'ectopie  testiculaire,  en  effet, 
est  fréquente,  mais  non  pas  constante. 

Ainsi,  il  y  a  une  première  variété  clinique  de  hernie 
inguinale:  la  hernie  d'emblée.  C'est  une  hernie  de  force; 
c'est  elle  dont  l'étranglement,  brusque  et  grave,  a  été  si  bien 
décrit  par  Trélat  et  Le  Roy  des  Barres,  par  Ramonëde.  C'est 
certainement  une  hernie  à  canal  ouvert  et  les  descriptions 
classiques  laissent  volontiers  croire  que  toutes  les  hernies 
de  cette  espèce  en  agissent  de  la  sorte.  Or  cette  opinion  est 
fausse,  il  existe  des  hernies  de  faiblesse  qui  ont  été  simple- 
ment amorcées  par  une  anomalie  péritonéo-vaginale  du 
premier  degré,  et  qui  sont  anatomiquement  à  canal  ouvert. 

Soit  en  effet  une  légère  dépression,  un  reste,  simplement, 
du  vestibule  rétro-inguinul.  Une  anse  intestinale  y  appuie. 
Tant  que  les  choses  eu  resteront  là,  on  a  une  poche  pro- 
péritonéale  où  pourront  se  produire  des  accidents  d'étran- 
glement interne,  analogues  à  celui  dont  M.  Millard  entre- 
tenait, il  y  a  peu  de  temps,  nos  lecteurs.  Il  n'y  a  pas,  à  vrai 
dire,  une  hernie  externe.  Et  tant  que  la  paroi  abdominale 
sera  jeune  et  solide,  les  choses  en  resteront  là.  Mais  que 
l'âge  vienne,  et  avec  lui  l'affaiblissement:  peu  à  peu  sous 
cette  poussée  constante  les  tissus  se  laisseront  forcer  et  cette 
hernie,  à  canal  ouvert  cependant,  progressera  exactemen) 
comme  une  hernie  à  canal  fermé. 

Théoriquement,  elle  est  congénitale,  au  sens  où  l'on  a 
coutume  d'employer  ce  terme.  L'anatomiste  aura  beau  cher- 
cher, il  n'y  trouvera  pas  l'enveloppe  du  fascia  transversalis  ; 
par  contre,  il  affirmera  que  les  viscères  sont  sous  la  gaine 


profonde  du  cordon  ;  il  ajoutera  même  que,  dans  sa  de.scente. 
le  sac  s'est  insinué  entre  les  éléments  du  cordon,  les  a  di>- 
sociés,  les  a  éparpillés  à  la  surface.  Ëparpillement  souvent 
donné  —  par  Ramonède  par  exemple  —  comme  signe  dv 
hernie  acquise  et  ancienne.  Ancienne,  oui;  acquise,  non  : 
car  qui  comprendra  la  possibilité  de  cetéparpillement  si  la 
hernie  n'est  pas  sous  la  fibreuse  commune,  au  milieu  iiième 
du  cordon  ? 

Mais  passons  de  la  théorie  à  la  pratique.  Cette  hernie  dtf 
faiblesse  à  évolution  progressive  et  lente,  est  absoluineiii 
comparable,  en  clinique,  aux  hernies  à  canal  fermé*  Son 
étranglement  est  absolument  rare,  et  si,  par  hasard,  il  sur- 
vient, ce  sera  par  un  collet  qu'indurent  des  stigmates  et  non 
par  les  valvules  tranchantes,  si  dangereuses,  qu'on  voit  dan> 
la  hernie  d'emblée.   ^ 

VI 

La  conclusion  de  tout  ce  qui  précède  est  que,  si  Ton  veut 
rendre  simple  la  description  des  hernies  inguinales,  il  ne 
faut  pas  superposer  exactement  les  variétés  anatomiques  t\ 
les  variétés  cliniques  de  ces  hernies. 

Dans  la  description  anatomique,  il  faut  diviser  les  des- 
centes inguinales  en  hernies  à  canal  ouvert,  hernies  à  canal 
fermé.  Les  premières,  ou  péritonéo-vaginales,  ont  pour 
origine  une  persistance  anormale,  totale  ou  partielle,  du 
conduit  péritonéo-vaginal.  Si  l'on  veut ,  on  peut  conserver 
jusque-là,  quoique  un  peu  vicieuses ,  les  dénominations  : 
hernie  congénitale,  hernie  acquise. 

Mais  dans  la  description  clinique,  il  faut  abandonner  ce< 
divisions  anatomiques.  On  ne  doit  tenir  compte  que  de  la 
distinction,  sur  laquelle  Malgaigne  insistait  à  si  juste  litre, 
en  hernies  de  force  et  hernies  de  faiblesse. 

Les  hernies  de  force  sont  à  peu  près  toutes  à  canal  ouvert  ; 
ces  hernies  d'emblée,  sujettes  à  l'étranglement,  ne  sont  pa.s 
portées  par  des  hernieux,  au  sens  propre  du  terme.  Pour 
elles  la  cure  opératoire  peut  être  radicale  et  peut,  par  con- 
séquent, être  faite  sur  la  simple  demande  du  malade.  Pour 
les  hernies  de  faiblesse,  elle  ne  sera  que  palliative,  et  ne 
devra  dès  lors  être  entreprise  que  si  une  complication  force 
la  main  au  chirurgien. 

Cette  notion  est  vulgaire,  sans  doute;  mais  on  tend  trop 
souvent  à  lui  en  associer  une  autre,  absolument  erronée  : 
considérer  que  les  hernies  de  force  étant  toutes  congénitales, 
les  hernies  de  faiblesse  sont  toutes  acquises;  à  discuter 
pour  savoir  si  la  cure  opératoire  par  dissection  du  sac  est 
ou  non  plus  difficile  pour  la  hernie  congénitale  que  dans  la 
hernie  acquise.  Non,  affirme  Richelot,  par  exemple  ;  et  il  a 
raison,  pour  un  motif  d'une  simplicité  extrême:  les  hernies 
qu'on  opère  ne  sont  presque  jamais  des  hernies  directes,  et 
je  pense,  d'autre  part,  que  la  grande  majorité  des  hernies 
externes  sont  anatomiquement  congénitales. 

La  hernie  de  faiblesse  en  effet,  je  le  répète  en  terminant, 
sera  le  plus  souvent  directe  si  le  péritoine  inguinal  est  tout 
à  fait  normal  ;  elle  sera  externe  si  une  amorce  péritonéo- 
vaginale  la  sollicite,  et  dès  lors  elle  sera  anatomiquement 
congénitale.  La  hernie  externe  à  canal  fermé  est  une  variété 
rare;  je  ne  l'ai  trouvée  que  sur  quatre  sujets,  pendant  qn(' 
je  disséquais  treize  porteurs  de  hernie  directe. 

Donc  la  hernie  dite  acquise  sera  généralement  directe; 
en  clinique  elle  a  une  évolution  que  sa  lenteur  rend  typi- 
que; l'étranglement  y  est  rare.  Devant  elle  à  peu  près  tous 
les  hernieux  sont  égaux.  Pour  la  hernie  péritouéo-vaginale, 
au  contraire,  il  y  a  deux  catégories  de  faits  :  la  hernie  de 


16  Août  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  33  -    527 


force  et  la  hernie  de  faiblesse.  Ces  deux  variétés,  anatomi- 
quement  semblables,  ne  se  ressemblent  absolument  pas  en 
clinique,  et  je  conclurai  en  modifiant  la  phrase  de  Ramo- 
nède,  par  laquelle  j'ai  commencé  cet  article  :  c  Rien  n'est 
moins  homogène  que  le  groupe  des  hernies  inguinales  dites 
congénitales.  A  quelque  point  de  vue  qu'on  se  place,  étio- 
logie,  s]pmptomatologie,  traitement,  aucun  des  faits  de  leur 
histoire  ne  se  présente  avec  cette  unité  relative  qui  se  ren- 
contre dans  les  autres  hernies  abdominales.  > 

A.  Broca. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

HOSPICE  DE  LA  SALPÊTRIÈRE.  —  M.  LE  PROFESSEUR  GHARCOT. 

Les  EFFETS  NERVEUX  DE  LA  FOUDRE.  —  M.  Boudio,  qui 
s*e$t  beaucoup  occupé  de  ce  sujet,  trouve  que  les  effets  de 
la  foudre  sur  le  corps  humain  sont  caractérisés  par  quelque 
chose  d'imprévUy  de  protéiformej  de  contradictoire,  de 
mystérieux... 

Cette  appréciation  parait  chargée...  tout  au  moins,  car 
pour  qu'un  mystère  demeure  un  mystère,  il  est  indispensable 
qu'on  ne  l'examine  pas  de  trop  près.  M.  Charcot  donne  pour 
preuve  de  ce  qu'il  avance  l'histoire  clinique  d'un  malade 
qu'il  présente  à  son  cours. 

Un  homme,  sans  antécédents  nerveux  héréditaires, 
énergique  et  violent,  mène  une  vie  agitée.  A  dix-huit  ans  il 
gitle  un  maître  d'études  et  se  fait  chasser  du  lycée.  A  la 
suite  de  ce  coup  de  tête,  il  s'engage  dans  l'infanterie  de 
m<irine,  prend  part  aux  campagnes  du  Mexique,  passe  dans 
les  équipages  de  la  flotte,  fait  la  campagne  de  1870  et  assiste 
aux  combats  de  Patay,  Orléans,  les  Aubrays,  Coulom- 
miers,  etc.,  avec  les  fusiliers-marins;  il  fait  partie  de  la 
compagnie  qui  reprend  le  Père-Lachaise  sur  les  fédérés. 
Cet  nomme  s'était  fait  une  habitude  du  danger.  Maintes  fois 
il  s'est  trouvé  au  milieu  des  coups  de  feu  ou  des  éclats 
d'obus  sans  s'en  montrer  effrayé. 

Ces  temps  derniers,  garçon  de  recettes  d*une  grande 
maison  de  commerce,  il  s'était  un  peu  surmené  et  était 
devenu  légèrement  neurosthénique. 

Le  7  mai  il  est  frappé  de  la  foudre  sur  la  roate  de  Noisy- 
le-Sec.  La  foudre  l'atteint  dans  un  moment  où  son  état 
mental  n'était  pas  tout  à  fait  ordinaire.  Cet  homme  si  éner- 
gique se  voyant  seul  sur  une  route  découverte  est  effrayé  par 
l'idée  qu'il  peut  être  foudroyé.  Il  abandonne  un  pied  de 
bruyère  blanche  qu'il  avait  l'intention  de  déraciner  et  de 
rapportera  Paris  et  se  met  à  marcher  très  vite,  l'espace  de 
2  ou  300  mètres.  Tout  d'un  coup  il  entend  un  bruit 
d*assietles  brisées  assourdissant,  puis  il  voit  à  un  mètre  ou 
deux  de  son  pied  gauche  une  boule  de  feu,  dont  il  évalue  la 
grosseur  au  vejuroe  d'un  fût  de  bière  de  50  à  60  litres.  Celte 
boule  émet  des  spirales  de  fumée  épaisses.  En  même  temps 
il  ressent  dans  la  jambe  gauche  une  sensation  étrange^  il 
lui  semble  que  le  membre  est  pris  entre  deux  planches  et 
serré;  ce  membre  est  atteint  de  fourmillements  comme 
ceux  que  l'on  éprouve  quand  on  est  resté  longtemps  assis 
et  qu'on  a  contusionné  son  scialique.  Puis  notre  homme 
est  pris  de  faiblesse,  il  tourne  sur  lui-même  et  s'abat  tout 
de  son  long.  Il  reprend  connaissance  au  bout  d'un  temps 
qu'il  ne  peut  évaluer  et  se  trouve  alors  dans  un  état  mental 
spécial  fort  comparable  à  celui  des  traumatisés  de  chemin 
de  fer.  Il  marche  devant  lui  sans  trop  savoir  où  il  va, 
répond  grossièrement  sans  raison  à  un  ami  qui  lui  demande 
s'il  est  malade.  Sur  le  lieu  de  l'accident  même  cet  homme 
s'était  mis  à  pleurer  pendant  longtemps.  L'idée  de  la 
bruyère  blanche  revient  sans  rime  ni  raison  au  milieu  de  ce 


naufrage  de  toutes  lef;  notions  acquises.  Ramené  chez  lui,  il 
a  les  yeux  hagards,  il  pleure  sans  cesse,  se  cache  dans  son 
lit  sous  les  couvertures  comme  un  enfant.  Ce  n'est  que  peu 
à  peu  que  cet  état  se  dissipe  un  peu  pendant  le  jour,  car 

Sondant  la  nuit  il  rêve  continuellement  à  son  accident. 
ir  aujourd'hui,  trois   semaines    après    l'événement,  cet 
homme  présente  dans  la  jambe  atteinte  par  la  foudre  une 

Î)aralysie  complète  de  la  sensibilité  et  du  mouvement. 
1  y  a  anesthésie  complète  à  tous  les  modes.  Sens  muscu- 
laire, sens  articulaire,  tout  est  pris.  Pas  de  signes  d'une 
atteinte  organique  de  la  moelle.  Les  sphincters  ne  sont  pas 
atteints. 

Si  nous  joignons  à  cela  une  diminution  appréciable 
de  la  sensibilité  dans  tout  le  côté  aauche  du  corps,  une 
diminution  de  l'ouïe,  du  aoûty  de  lodorat,  du  rétrécisse- 
ment du  champ  visuel,  de  Vachromatopsie,  de  Vanesthésie 
pharyngée,  sur  la  poitrine  des  zones,  dont  la  pression 
produit  l'esquisse  d*une  crise,  on  arrive  à  cette  conclusion 
([\i' aujourd'hui  le  malade  est  devenu  un  hystérique  wA^ 
gaire.  Ce  n'est^as  à  dire  que  la  foudre  n'a  joué  aucun  rôle. 
Quand  on  cherche  dans  les  mémoires  publiés  sur  les  acci- 
dents de  la  foudre,  Mémoire  d'Arago,  livre  de  Sestier, 
article  Dechambre  dans  le  Dictionnaire  encyclopédique,  on 
voit  qu'il  y  a  deux  sortes  de  foudre:  la  foudre  vulgaire  en 
zigzag  et  la  foudre  en  boule.  De  la  première,  on  dit  non 
sans  raison  qu'elle  foudroie  sans  qu'on  ait  eu  le  temps  ni 
de  voir  l'éclair  ni  d'entendre  le  tonnerre.  Pour  la  seconde, 
ce  n'est  plus  la  même  chose  et  la  description  de  notre 
homme,  si  troublé  qu'il  fût  à  ce  moment,  n'a  rien  que  de 
vraisemblable  et  de  conforme  aux  descriptions  des  auteurs 
précités.  La  boule  de  feu  donne  le  temps  de  la  voir.  On  l'a 
vue  entrer  dans  une  pièce  par  la  fenêtre,  sortir jpar  la  porte, 
foudroyant  au  hasard  un  enfant  et  un  animal  (les  animaux 
sont  beaucoup  plus  facilement  foudroyés  que  les  hommes). 

L'étal  mental  n'a  rien  de  particulier  aux  foudroyés,  c'est 
celui  de  tous  les  gens  c^ui  ont  été  soumis  à  une  terreur 
intense  et  qui,  traumatisés  ou  non,  ont  été  victimes  d'un 
choc  nerveux  violent. 

On  a  décrit  des  paralysies  par  fulguration,  on  les  a  con- 
statées chez  des  fulgurés,  on  a  pu  artificiellement  les  repro- 
duire chez  des  animaux.  Leurs  caractères  constants  sont  d'être 
le  plus  souvent  incomplètes,  immédiates,  passagères,  d'in- 
téresser à  la  fois  le  mouvement  et  la  sensibilité  et  de  se 
localiser  an  membre  touché  par  la  foudre.  Jamais  les  sphinc- 
ters ne  sont  touchés,  la  paralysie  garde  toujours  le  caractère 
périphérique. 

Ces  paralysies  sont  des  monoplégies,  des  hémiplégies, 
ou  plus  justement  des  monoplégies  associées. 

Le  malade  qui  fait  le  sujet  de  cette  leçon  n'a  pas  fait 
exception  à  la  règle.  Il  a  été  d'abord  un  paralysé  par  ful- 
guration, il  a  eu  sa  jambe  seule  prise,  puis,  le  terrrain  le 
voulant  ainsi,  il  a  versé  dans  l'hystérie.  Ce  qui  fait  affirmer 
que  la  paralysie  n'était  pas  hystérique  dès  le  début,  c'est 
qu'elle  a  été  soudaine;  au  contraire,  dans  l'hystérie,  on 
sait  que  cette  paralysie  est  une  chose  de  réflexion,  de 
méditation,  de  m/ifuraa'on  pour  ainsi  dire.  Et  le  professeur 

Rrend  dans  les  auteurs  qu'il  a  cités,  dans  un  travail  de 
othnagel  de  Vienne  (Des  effets  de  la  foudre  sur  le  corps 
humain,  Wirsch.  Arch.,  4880),  il  emprunte  à  Onimus,  à 
Gibier  de  Savigny,  des  observations  concluantes  de  fulgurés 
devenus  manifestement  hystériques. 

Il  y  a  donc  dans  les  faits  protéiformes  et  mystérieux  ? 
de  Boudin  une  constante.  Il  y  a  aussi  ce  Eait  qui  cause 
encore  un  profond  chagrin  aux  adversaires  de  l'hystérie 
masculine.  C'est  qu'au  bout  des  effets  de  la  foudre,  des 
accidents  de  chemin  de  fer,  des  traumatismes  arrivés  au 
milieu  d'émotions  violentes,  il  y  a  l'hystérie  toujours  une  qui 
s'affirme  comme  une  constanteNMSologique. 

Le  malade  est  soumis  au  traitement  habituel  de  l'hystérie 
et  l'on  espère  de  cette  façon  le  débarrasser  de  sa  para- 


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16  AOUT  1889 


lysie  et  des  troubles  qui  sont  venus  se  greffer  sur  les  pre- 
miers effets  de  la  foudre.  (Leçon  du  i9  mai  1889.) 

P.  B. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Clinique  médicale. 

Sur  un  cas  de  pleurésie  purulente  méta-pneumo- 
nique,  traitée  par  les  ponctions  avec  injections 
antiseptiques,  PUIS  PAR  l'opération  de  l'empyème,  par 
M.  le  docteur  Seyestre,  médecin  de  l'hospice  des  Enfants- 
Assistés.  (Communication  faite  à  la  Société  des  hôpitaux 
dans  la  séance  du  26  juillet  1889.) 

Messieurs,  l'intéressante  communication  que  vous  a  faite 
H.  Fernet  dans  la  dernière  séance,  m'a  rappelé  un  cas  de 
pleurésie  purulente  que  j'ai  eu  récemment  Voccasion  d'ob- 
server  dans  mon  service,  et,  bien  que  ce  fait  diffère  à 
quelques  égards  de  ceux  qu'a  étudiés  notre  collègue,  j'ai 
pensé  qu'il  pouvait  y  avoir  quelque  intérêt  à  le  rapprocher 
des  siens. 

Ors.  —  Il  s'agit  d'un  enfant  de  sept  ans,  dont  la  mère  tuber- 
culeuse était  en  traitement  à  Thôpital  Lariboisière.  Cet  enfant 
entra  le  5  mars  à  Tinfirmerie  des  Enfants-Assistés,  au  troisième 
jour  d'une  pneumonie  caractérisée  par  de  la  matité  et  du  souffle 
au  sommet  gauche,  une  température  de  40  degrés,  etc.  Le  7  man, 
le  souffle  diminuait  et  faisait  place  aux  râles  de  retour,  en 
même  temps  que  la  température  baissait  graduellement. 
Quelques  jours  après  la  résolution  de  la  pneumonie  était  com- 
plète. Cependant  la  température  était  toujours  au  moins  le  soir 
a  38<>,4  ou  38%5,  et  même,  à  partir  du  15,  elle  montait  graduel- 
lement jusqu'à  atteindre  le  iO  mars  le  chiff're  de  39°,8.  Comme 
le  petit  malade  s'était  trouvé  exposé  à  la  contagion  de  la  rou- 

Feole,  je  pensai  que  l'élévation  de  la  température  annonçait 
invasion  de  cette  maladie;  il  n'en  fut  rien,  aucune  éruption 
ne  se  manifesta  et  d'ailleurs  j'appris  qu'il  avait  déjà  eu  anté- 
rieurement la  rougeole.  C'est  alors  qu'en  recherchant  si  l'aus- 
cultation ne  rendrait  pas  compte  de  la  persistance  de  la  fîèvre, 
j'eus  la  surprise  de  constater  un  épanchement  abondant  du  côté 
gauche  de  la  poitrine.  La  résolution  de  la  pneumonie  avait  été 
complète,  Tenfant  ne  toussait  plus,  il  n'avait  pas  eu  les  jours 
précédents  de  gêne  appréciable  de  la  respiration,  et  j'avoue  que 
pendant  quelques  jours  j'avais  négligé  de  faire  l'examen  de  la 
poitrine,  oui  ne  paraissait  d'ailleurs  indiqué  par  aucun  trouble 
fonctionnel  spécial. 

11  n'en  est  pas  moins  vrai  qu'il  existait  un  épanchement  abon- 
dant, et  le  lendemain  cet  épanchement  avait  encore  augmenté  : 
on  constatait  une  matité  absolue,  en  avant  comme  en  arrière,  du 
haut  en  bas,  et  une  absence  presque  complète  du  bruit  respira- 
toire, sauf  dans  la  région  sous-claviculaire,  où  l'on  trouvait 
un  souffle  voilé  ;  le  cœur  était  refoulé  à  droite,  et  les  battements 
avaient  leur  maximum  en  dehors  du  bord  droit  du  sternum. 
En  raison  de  ce  fait,  considérant  aussi  le  développement  rapide 
de  Tépanchement,  et  bien  qu'il  n'y  eût  même  ce  jour-là  qu  une 
d}spnée  modérée,  je  décidai  la  thoracentèse  pour  le  lendemain 
ti  mars. 

Elle  fut  faite  dans  le  septième  espace  intercostal,  un  neu  au- 
devant  de  la  ligne  axillaire,  et  donna  issue  à  environ  300  gram- 
mes d'un  pus  épais  verdâtre,  sortant  difficilement,  bien  ^ue  l'on 
eût  pris  la  grosse  canule  de  l'appareil  Potain.  Des  injections 
furent  faites  dans  la  plèvre  (avec  la  solution  boriquée  tiède) 
autant  pour  faciliter  l'évacuation  en  diminuant  la  consistance  du 
pus,  que  pour  assurer  l'antisepsie  de  la  plèvre. 

L'examen  pratiqué  à  la  suite  de  l'opération  permit  de  consta- 
ter le  retour  de  la  sonorité  et  du  murmure  respiratoire  dans  le 
tiers  inférieur  de  la  poitrine,  mais  en  haut  la  matité  persistait. 
Le  cœur  avait  repris  sa  place. 

La  température  baissa  graduellement  et  tomba  le  25  mars  à 
38  degrés;  mais  elle  ne  tarda  pas  à  remonter  sans  dépasser 
cependant  le  chifl're  de  38^6  ou  ^'',H.  En  même  temps  d'ailleurs, 
l'état  général  restait  mauvais  :  l'enfant  était  triste  et  mangeait 
à  peine.  A  l'examen  de  la  poitrine,  on  constatait  que  l'épan- 
chôment  ne  s'était  que  très  peu  reproduit  à  la  partie  inférieure. 


mais  dans  le  tiers  supérieur,  la  matité  était  absolue,  et  le  silence 
respiratoire  complet,  sauf  dans  un  point  assez  limité  où  Ton  p«*r- 
cevail  un  souffle  lointain. 

Il  existait  donc  une  autre  poche  vraisemblablement  remplie 
de  nus  comme  la  première.  Une  seconde  ponction  fut  pratiquée 
le  t  avril;  le  trocart  plongé  directement  au-dessous  du  bord 
inférieur  du  grand  pectoral  et  dirigé  en  haut,  vers  le  deuxième 
espace  intercostal,  donna  issue  aune  petite  quantité (60 grammes 
environ)  d^un  pus  tout  semblable  à  celui  évacué  par  la  premièiv 
ponction.  Des  lavages  faits  comme  la  première  fois  ramèneDt  un 
liquide  d'abord  fortement  mélangé  de  pus,  puis  de  plus  en  plus 
clair.  On  peut  évaluer  la  quantité  de  pus  contenu  dans  cette 
poche  à  10)0  ou  lâO  grammes. 

Les  jours  suivants,  l'état  général  ne  s'améliore  pas,  la  tempé- 
rature oscille  entre  38  et  39  degrés,  sans  dépasser  ce  dernier 
chifl're;  à  l'examen  de  la  poitrine  on  constate  en  avant  dans  toute 
l'étendue  une  sonorité  presque  normale,  et  un  retour  presque 
complet  du  bruit  respiratoire;  il  en  est  de  même  en  arrière 
dans  les  deux  tiers  inférieurs,  mais  en  haut,  sous  l'omoplate, 
la  matité  persiste;  il  reste  donc  là  une  troisième  poche,  que  Tod 
ne  peut  d'ailleurs  atteindre  par  la  ponction.  Aussi  en  présence 


matité  et  la  faiblesse  du  bruit  respiratoire  reparaissent,  et  de 
plus  que  les  trajets  des  ponctions  tendent  à  devenir  fistuleux. 

Le  12  avrily  je  pratique  cette  opération  suivant  les  règles 
ordinaires,  en  faisant  l'incision  au  niveau  du  point  où  avait  eu 
lieu  la  première  ponction;  il  s'écoule  une  assez  grande  quantité 
de  pus,  et  M.  Nelter  présent  à  l'opération  en  prend  une  portion 
pour  Fexaroen  bactériologique.  Pour  le  dire  tout  de  suite,  cet 
examen  a  montré  qu'il  existait  des  pneumocoques,  mais  aucun 
des  microbes  ordinaires  de  la  suppuration. 

Des  tubes  sont  placés  dans  la  plèvre  qui  est  largement  lavét* 
à  l'eau  boriquée,  et  après  avoir  incisé  le  traiet  de  la  deuxième 
ponction  sans  arriver  jusqu'à  la  plèvre,  j'applique  un  pansement 
antiseptique. 

La  température,  qui  était  le  matin  de  38^3,  tombe  le  soir 
à  37%6,  et  se  maintient  les  jours  suivants  au-dessous  de  37%8, 
chiffre  auquel  elle  n'était  jamais  descendue  avant  l'opération  de 
l'empyème.  Cependant,  à  la  suite  d'une  élévation  de  tempéra- 
turc  coïncidant  avec  l'infiltration  du  pansement  par  le  pus,  je  mr 
décidai  à  faire  le  pansement  avec  injection.  Le  premier  panse> 
ment,  avec  lavage  à  l'eau  boriquée,  est  fait  le  tv  avrils  et  Ton 
peut  alors  constater  que  la  matité  a  complètement  disparu  et 
que  le  bruit  respiratoire  s'entend  partout.  D'autres  pansements 
sont  faits  le  20  avril,  le  23  avril,  le  28  at?n7,  et  chaque  fois  on 
lave  la  plèvre  à  l'eau  boriquée.  Cependant  Je  z  mai,  remarquant 
qu'à  chaque  pansement  il  existe  encore  une  suppuration  assez 
abondante,  je  me  décide  à  changer  ma  manière  de  faire  :  j'em- 
ploie pour  faire  les  injections  la  solution  de  sublimé  au  millième  : 
seulement,  afin  d'être  sûr  de  ne  pas  laisser  dans  la  plèvre  une 
quantité  de  cette  solution  trop  considérable,  je  termine  par 
plusieurs  injections  successives  avec  l'eau  boriquée. 

Le  résultat  fut  très  satisfaisant  :  le  7  mai,  il  n'y  avait  qu'une 
quantité  insignifiante  de  pus;  aussi  le  14,  j'enlevai  un  des  drains 
et  le  dernier  le  21.  Quelques  jours  après,  la  plaie  était  fer- 
mée, et  la  guérison  était  complète. 

J'ajoute  qu'après  l'opération  de  l'empyème,  et  surtout  à  partir 
du  moment  où  les  iniections  avaient  été  faites  avec  la  solution 
de  sublimé,  l'état  général  s'était  relevé,  l'enfant  s'était  mis  à 
manger,  avait  repris  ses  forces.  Pendant  ce  temps  sa  mère  était 
morte  de  tuberculose. 

Cette  observation  me  parait  intéressante  à  plusieurs  points 
de  vue,  et,  bien  que  je  les  aie  déjà  signalés  en  passant,  je 
vous  demande  la  permission  d'y  revenir  pour  en  fixer  le 
sens  d'une  façon  plus  précise. 

C'est  un  exemple  très  net  de  ces  pleurésies  méta-pneu-> 
moniques  sur  lesquelles  M.  Troisier  et  M.  Netter  ont  attiré 
votre  attention  dans  la  première  séance  de  cette  année.  La 
pneumonie  était  complètement  guérie,  et  c'est  quelques 
jours  après  que,  d'une  façon  insidieuse,  c'est-à-dire  sans 
troubles  fonctionnels  caractéristiques,  la  pleurésie  se  déve- 
loppa; très  rapidement  du  reste,  elle  devint  assez  abondante 
f»our  nécessiter  une  intervention  active.  L'examen  bactêrio- 
ogique,  que  M.  Netter  a  bien  voulu  pratiquer,  montra 


16  Août  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N-  83 


529 


Texistence  du  pneumocoque,  et  seulement  du  pneumo- 
couue. 

L'épanchement,  ainsi  que  cela  a  lieu  souvent  en  pareil 
cas,  était  enkysté  ou  plutôt  se  trouvait  divisé  en  plusieurs 
loges  :  c'est  un  caractère  fort  important  de  ces  pleurésies 
à  pneumocoques,  et  dont  il  faut  tenir  compte  au  point  de 
vue  du  diagnostic  et  pour  le  traitement.  J'ajoute  cependant 
que  ce  caractère  n*est  pas  constant. 

Un  autre  caractère,  dont  la  valeur  est  grande  aussi,  con- 
siste dans  le  degré  relativement  modéré  de  la  fièvre,  alors 
même  que  l'épancheraent  est  purulent;  chez  notre  petit 
malade,  la  température  a  presque  constamment  oscillé 
entre  38  et  39  degrés. 

C'est  en  me  fondant  sur  l'existence  de  ces  deux  phéno- 
mènes :  enkystement  rapide  du  liquide  et  fièvre  modérée, 
que  j'ai  pu  dernièrement  par  analogie  diagnostiquer  une 
péritonite  à  pneumocoques  et  formuler  un  pronostic  favo- 
rable, pour  un  cas  qui  paraissait  devoir  être  très  grave.  La 
ponction,  puis  l'incision  avec  lavage  de  la  poche  ont  été 
faites,  et  la  petite  malade  est  aujourd'hui  en  voie  de  guéri- 
son;  lorsque  celle-ci  sera  parfaite,  je  vous  demanderai, la 
permission  de  vous  en  présenter  l'ooservation  complète. 

Les  pleurésies  à  pneumocoaues,  vous  a  dit  H.  Netter, 
peuvent  guérir  spontanément  à  la  suite  d'un  vomique,  et  la 

Proportion  de  ces  cas  ne  serait  pas  inférieure  à  36  pour  100. 
ependant  notre  collègue  donne  le  conseil  de  ne  pas 
attendre  cette  éventualité  et  de  pratiquer  la  ponction  qui 
suffit  souvent,  ajoute-t-il,  pour  amener  la  guérison,  sans 
qu'on  soit  obligé  de  recourir  à  l'opération  de  l'empyème. 
Dans  le  cas  actuel,  la  ponction  était  d'autant  mieux  indi- 
quée, que  le  cœur  avait  subi  un  déplacement  assez  notable; 
elle  eut  en  effet  un  résultat  favorable,  mais  le  résultat  fut 
incomplet,  par  suite  de  l'existence  de  plusieurs  poches 
purulentes.  Au  contraire,  après  Tempyème,  qui  permit  de 
faire  un  lavage  complet  de  la  plèvre,  on  vit  brusquement  la 
température  tomber  au  chiffre  normal,  et  bientôt  l'état 
général  se  modifier  favorablement.  Pour  les  raisons  indi- 

auées  plus  haut  (élévation  de  la  température,  infiltration 
u  pansement),  je  fis,  à  (juelques  jours  d'intervalle,  plu- 
sieurs injections.  Comme  je  l'ai  signalé  plus  haut,  l'action 
véritablement  efficace  de  ces  injections  se  manifesta  surtout 
après  l'emploi  de  la  solution  de  sublimé.  Aussi  je  crois  que 
SI  les  lavages  avec  la  solution  boriquée  (par  laquelle  on 
peut  toujours  commencer)  paraissent  insuffisants,  il  ne  faut 
pas  hésiter  à  recourir  à  des  solutions  plus  actives,  et  si  l'on 
a  soin  de  faire  à  la  suite  plusieurs  lavages  avec  une  autre 
solution  ou  simplement  avec  de  l'eau  stérilisée  pour  enle- 
ver l'excès  de  la  solution  active,  je  pense  que  le  procédé 
est  sans  inconvénients. 


Paihologrt«  Interne. 

Observation  d'un  soldat  atteint  de  mutisme  uystérique 
ET  RÉFORMÉ,  par  M.  le  docteur  Emile  Tartière,  médecin- 
major  de  2*  classe  au  8'  régiment  de  hussards. 

J...,  cultivateur,  habitant  une  ferme  du  canton  de  Pertuis 
(Vaucluse),  né  le  25  juin  1865,  fut  incorporé  le  4  dé- 
cembre 1886  au  8^  régiment  de  hussards  :  constitution  forte, 
tempérament  sanguin,  aucune  maladie  antérieure  digne 
d'être  notée.  Nul  indice  syphilitique;  mais  l'hérédité  ner- 
veuse existe  chez  lui,  unegrand'mère  tombait  du  haut  mal, 
et  deux  sœurs,  qui  vivent  encore,  présentent  souvent  des 
attaques  convulsives,  avec  perte  de  connaissance. 

Le  10  janvier  1887,  ce  cavalier,  se  trouvant  à  la  corvée 
du  manège,  fut  pris  d'une  attaque  convulsive  qui  fut  de 
courte  durée,  mais  après  laquelle  il  ne  put  parler  à  ses 
camarades. 


Le  lendemain,  il  se  présente  à  la  visite  et  me  fait  signe 
en  portant  la  main  à  sa  gorge,  geste  ordinaire  des  muets 
hystériques,  qu'il  lui  est  impossible  d'articuler  un  mot.  Ce 
mutisme  me  parut  étrange,  aussi  je  ne  cacherai  pas  que  je 
crus  tout  de  suite  à  une  simulation  ;  c'était  le  premier  cas  que 
je  rencontrais  dans  l'armée  et  rien  n'avait  été  publié  à  ce 
sujet  dans  nos  Annales. 

Cet  homme  était  noté  comme  un  bon  sujet  à  l'escadron, 
il  n'était  pas  encore  venu  à  la  visite,  aussi  fut-il  porté  malade 
à  la  chambre.  Durant  les  trois  jours  suivants,  il  revint  à  la 
visite,  et  rien  de  nouveau  ne  se  manifesta.  Alors  pour  l'étu- 
dier plus  à  l'aise  et  le  tenir  mieux  en  observation,  je  le 
plaçai  à  l'infirmerie.  Chaque  jour  il  fut  l'objet  d'un  examen 
attentif,  je  le  pressais  de  crier,  de  parler,  de  chuchoter,  il 
nepouvaitrien  faire  de  toutcela,  et,  quand  on  insistait,  il  se 
servait  toujours  du  geste  caractéristique  de  porter  la  main 
à  sa  gorge,  comme  pour  me  dire  que  son  mal  était  là.  Pour- 
tant, il  pouvait  mouvoir  sa  langue  et  ses  lèvres  dans  tous 
les  sens.  De  même  il  pouvait  écrire  et  traduire  ainsi  très 
convenablement  sa  pensée,  à  la  vérité  dans  un  style  qui  se 
ressent  forcément  de  son  éducation  antérieure,  fort  incom- 

filète  d'ailleurs.  Aussi,  craignant  d'être  pris  pour  un  simu- 
aleur  et  ennuyé  de  n'être  souvent  pas  compris,  il  me 
donnait  par  écrit,  presque  chaque  jour,  des  détails  de  son 
histoire  et  me  formulait  de  même  ses  demandes  et  ses 
désirs. 

Ce  sujet  était  devenu  pour  moi  plein  d'intérêt;  aussi  j'en 
fis  part  à  mes  camarades  de  la  garnison,  et  l'un  d'eux  eut 
l'obligeance  de  m'indiquer  les  leçons  de  la  Salpêtrière.  il 
fut  envoyé  à  l'hôpital. 

Dès  le  premier  jour,  J...  fitconnaître  son  histoire  au  moyen 
de  l'écriture, ainsi  qu'il  l'avait  fait  à  l'infirmerie.  M.  le  méde- 
cin-major Mandoul,  chargé,  à  cette  époque,  du  service  de 
l'hôpital,  rechercha,  suivant  les  indications  de  M.  Charcot, 
les  stigmates  hystériques;  il  put  observer  l'anesthésie  pha- 
ryngée, la  perle  complète  du  goût,  mais  il  est  bon  de  dire 
3ue  le  malade  attira  lui-même  son  attention  de  ce  côté,  en 
emandant  un  purgatif,  car  il  ne  trouvait  aucun  goût  aux 
aliments.  Les  substances  les  plus  amères,  comme  le  sulfate 
de  quinine,  ont  pu  séjourner  dans  sa  bouche  sans  que 
l'amertume  en  fût  perçue. 

On  ne  trouvait  rien  du  côté  de  l'odorat,  de  l'ouïe,  de  la 
vue,  aucune  déviation  de  la  face,  ni  aucune  trace  de  la 
sensibilité  ou  de  la  molilité.  M.  Mandoul  essaya  vainement 
de  déterminer  chez  ce  sujet  des  contractures  dans  le  bras, 
par  l'application  d'une  bande  de  caoutchouc.  Il  eut  recours 
aussi,  mais  vainement  encore,  à  plusieurs  tentatives  d'hyp- 
notisme afin  de  pouvoir  agir  sur  lui  au  moyen  de  la  sugges- 
tion; J...  resta  réfractaire  à  tous  les  moyens  employés  pour 
l'endormir. 

Notre  malade  sortit  de  l'hôpital  le  25  mars,  après  un 
séjour  de  quarante-cinq  jours.  Il  ne  voulut  accepter  ni  congé 
de  convalescence,  ni  une  permission  de  courte  durée,  que 
je  lui  offris.  Au  quartier,  il  fut  laissé  exempt  à  la  chambre, 
tous  les  jours  il  venait  à  la  visite  ;  au  bout  de  quelque  temps, 
il  fut  employé  au  jardinage  du  jardin  que  possède  l'infir- 
merie, puis  à  la  bibliothèque  des  sous-officiers.  Durant  le 
mois  ue  mai  il  me  pria  de  lui  faire  accorder  une  permission 
de  six  jours,  pas  plus  longue,  pour  aller  voir  sa  famille. 
A  son  retour,  il  me  raconta  qu'il  n'avait  vu  que  ses  parents, 
et  qu'il  s'était  caché  de  ses  camarades  du  pays. 

Au  mois  d'août,  je  fis  rentrer  J...  à  l'hôpital  dont  j'avais 
repris  le  service,  dès  le  mois  de  juin.  C'était  à  seule  fin  de 
le  présenter  à  l'inspection  médicale  et  de  le  proposer  pour 
être  évacué,  soit  sur  le  Val-de-Gràce,  soit  sur  l'hôpital 
Desgenettes,  à  Lyon. 

Je  le  présentai,  le  10  août,  à  M.  le  médecin-inspecteur 
Védrenes,  qui,  trouvant  comme  moi  ce  cas  fort  intéressant, 
décida  son  évacuation  sur  l'hôpital  militaire  de  Lyon  où  il 
est  resté  en  observation  durant  quarante-cinq  jours,  du 


530   -S- a—        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  IIÉDECINE  ET  DE  CHIRURfllE 16  Aout  <8«9 


S 


18  août  jusqu'au  3  octobre,  date  de  sa  réforme  par  congé 

Je  n'ai  pas  voulu  perdre  de  vue  celle  observation  ; 
ainsi  au  mois  de  février  j'ai  provoqué  une  enquête  de  la 
gendarmerie  qui  m'a  appris  que  J...  parlait.  Aussitôt  j'ai 
écrit  à  lui-même  pour  connaître  les  circonstances  dans 
lesquelles  la  parole  lui  était  revenue.  Il  s'empressa  de 
m'adresser  une  réponse  dont  ie  vais  donner  les  principaux 
►assages,  en  leur  donnant  de  rorlhographe  et  aussi  un  peu 
le  style  sans  toutefois  leur  enlever  toute  leur  originalité 
presque  inculte  : 

«  Monsieur  le  major, 

«  Je  m'empresse  de  répondre  à  votre  lettre;  vous  me 
demandez  comment  la  parole  m'est  revenue,  je  vais  vous 
l'expliquer;  quand  je  suis  arrivé  chez  moi,  de  voir  que  je 
ne  pouvais  pas  parler,  je  n'ai  pas  osé  aller  voir  mes  cama- 
rades; alors  je  suis  allé  chez  un  de  mes  oncles,  dans  une 
campagne  éloignée,  où  ie  suis  demeuré  quinze  jours,  au 
bout  desquels,  un  jeudi  matin,  en  me  levant  ^e  me  suis 
senti  mal;  aloi-s  je  tombe  par  terre;  au  bout  dune  heure 
après,  j'avais  un  petit  peu  ma  parole,  mais  pas  beaucoup  ; 
peu  à  peu  elle  m  est  revenue,  mais  je  ne  suis  pas  comme 
avant  cette  maladie,  j'ai  l'estomac  bientôt  fatigué...  main- 
tenant je  ne  sais  pas  si  c'est  cette  attaque  qui  m'a  guéri.,.  > 

Telle  est  cette  lettre  dans  sa  principale  substance,  elle 
indique  une  atlaaue  ayant  déterminé  le  retour  de  la  parole 
comme  celle  qui  l'avait  fait  perdre. 

L'enquête  de  la  gendarmerie  confirme  auelques  faits  ; 
mais  elle  donnerait  lieu  à  des  doutes  si  les  symptômes 
observés  à  Vienne  et  à  Lyon,  depuis  le  iO  janvier  jusqu'au 
3  octobre,  c'est-à-dire  durant  neuf  mois,  n'avaient  paru 
certains. 

Voici  un  extrait  de  cette  enquête  : 

c  1"  mars  1888,  Pertuis  (Vaucluse),  gendarmerie. 

<  D'après  les  renseignements  que  nous  avons  recueillis, 
il  résulte  que  J...  ne  fréquente  pas  beaucoup  le  pays,  habi- 
tant dans  la  montagne  et  à  une  distance  de  4  kilomètres; 
néanmoins  pour  le  carnaval  il  a  été  vu  causant  avec  ses 
camarades. 

«  Après  avoir  recueilli  les  renseignements  ci-dessus,  nous 
nous  sommes  rendus  à  la  campagne  où  il  habite,  nous 
l'avons  trouvé  qu'il  venait  de  travailler  avec  son  père  et  son 
frère,  et  sans  lui  expliquer  les  motifs  de  notre  présence 
dans  son  quartier,  nous  lui  avons  posé  plusieurs  questions 
auxquelles  il  a  parfaitement  répondu;  son  physique  n'in- 
diquait pas  non  plus  qu'il  fût  malade. 

«  Nous  devons  indiquer  que  dans  la  commune,  on  ignore 
le  motif  pour  lequel  J...  a  été  réformé,  notamment  M.  le 
maire.  » 

J...  nous  a  dit  dans  sa  lettre  qu'il  est  allé  se  cacher  chez 
un  oncle,  il  ne  serait  donc  pas  étonnant  que  son  histoire 
soit  inconnue  dans  sa  commune. 

Il  ne  faut  point  s'arrêter  aux  doutes  que  peut  donner  de 
prime  abord  l'enquête  de  la  gendarmerie,  car  J...  est  un 
cultivateur  grossièrement  instruit;  il  faudrait  lui  supposer 
une  connaissance  approfondie  du  mutisme  hystérique  pour 
en  avoir  simulé  si  bien  et  si  longtemps  les  principaux 
symptômes,  et  une  volonté  de  fer  pour  résister  durant 
dix  mois  à  l'observation  de  ses  camarades  de  régiment  et 
d'hôpital,  et  à  celle  des  nombreux  médecins  qui  l'ont  exa- 
miné, soit  à  Vienne,  soit  à  Lvon,  car  il  a  été  un  sujet  de 
curiosité  durant  toute  sa  maladie. 

Cette  observation  intéresse  donc  non  seulement  par  ses 
faits  particuliers,  mais  encore  par  la  décision  de  la  commis- 
sion spéciale  de  réforme  de  l'hôpital  militaire  de  Lyon.  En 
effet  cet  homme  guéri  ne  peut  être  rappelé  au  service  mili- 
taire. Hais  il  ne  faut  pas  oublier  que  J...  est  un  névropathe. 


et  qu'il  peut  reperdre  encore  la  parole.  M.  Charcot  affirme 
que  les  récidives  sont  fréquentes.  Telle  est  du  moins  la 
règle;  mais  à  côté  de  celle-ci  s'ouvre  le  chapitre  des 
exceptions. 


REVUE  DES  CONGRÈS 

8*  Coiisr««  de  médeelae   laterae  (WtosImdlMi,    flt»99). 

DiBcùssion  sur  l'oooliision  Intestinale. 

(Fin.  —  Voyez  le  numéro  32.) 

Au  18»  Congrès  de  la  Société  allemande  de  cmauHGiE.une 
seule  communication  est  relative  à  Tiléus.  Elle  est  due  à  Schlançe 
(de  Berlin).  Dans  les  cas  les  plus  graves,  la  laparotomie  n'est  pas 
de  mise  une  fois  survenue  la  paralysie  (d*origine  septique)  du 
bout  supérieur.  Elle  reste  le  seul  moyen  de  lever  un  obstacle 
mécanique.  La  question  est  donc  de  savoir  quand  existe  la  para- 
lysie. Tant  que  les  auses  distendues  dessinent  sous  la  paroi 
andominale  leurs  mouvements  péristaltiques,  Tintestin  n'est  |ia^ 
paralysé;  et  on  peut,  on  doit  faire  la  laparotomie.  Dans  It»  «-^s 
mverse  —  et  malheureusement  la  plupart  des  malades  nous 
arrivent  à  celte  période — c'est  à  Tenterotomie  qu'on  aura  recours, 
et  sans  hésiter,  car  elle  permet  d'évacuer  le  contenu  septique 
de  l'inteslin  et  de  sauver  ainsi  des  malades  qui  auraient 
succombé.  (Centralblatt  f.  Chirurgie,  Beilage  zum  n*"  iH^J, 
1889,  p.  63.) 

Des  communications  précédentes  nous  rapprocherons  un  nié- 
moire  que  M.  P.  Poppert,  assistant  à  la  clinique  chirurgicale 
de  Giessen,  vient  de  faire  paraître  dans  les  Archives  de  Langen- 
beck  (Zur  Frage  dcr  chirurgixche  Behandlung  de»  Uetu,  în 
Arch.  f.  klin.  Chir.,  1883,  l.  XXXIX,  p.  167).  L'auteur  expose 
d*abord  les  discussions  c|ui  ont  surgi  sur  ce  point,  et  résume  le 
débat  du  congrès  des  chirurgiens  allemands  en  1888.  En  somme, 
les  obscurités  du  diagnostic  sont  encore  grandes,  et  de  là  bien 
des  désaccords  en  thérapeutique.  Mais  il  est  très  certain  que 
quelques  partisans  de  la  laparotomie  ont  fait  un  grand  pas  en 
arrière,  revenant,  pour  la  majorité  des  cas,  à  Tentérotomie  : 
Madelung,  Mikulicz,  Schede,  Schônborn  en  sont  là.  Peut-être 
n'a-t-on  pas,  d'après  Poppert,  tenu  assez  compte,  dans  la  plu- 
part des  discussions,  de  la  variété  clinique  observée.  Les  occlu- 
sions aiguës  sont  de  vrais  étranglements;  l'obstacle  mécanique 
y  est  tout,  comme  dans  la  hernie  étranglée,  et  rentérotomie 
n'empêchera  pas  la  perforation,  le  sphacèTe  de  l'anse,  d'amener 
la  mort  à  brève  échéance.  Donc  la  laparotomie  seule  est  capable 
de  sauver  le  malade,  à  condition  d'être  précoce.  On  la  fera  san> 
se  préoccuper  du  diagnostic  précis,  du  degré  de  météorisme. 
Si  1  on  arrive  trop  tard,  le  malade  est  perdu,  quoi  qu'on  fasse, 
tout  comme,  à  un  moment  donné,  la  kélotomie  devient  impuis- 
sante. Dans  l'occlusion  chronique,  au  contraire,  l'obstacle  loca- 
s'efface  devant  les  effets  de  la  stase  des  matières  :  aussi  ropérul 
lion  indiquée  en  principe  est-elle  l'entéroiomie,  oui  pare  a  cet 
accident.  On  lui  oojecte  que  des  rétrécisssements  nbreux,  justi- 
ciables de  l'entérectoraie  (Maydl,  Hofmoke),  peuvent  causer  celte 
variété  d'occlusion  :  on  aura  recours  alors  secondairement  à  la 
laparotomie.  Poppert  a  dû  un  succès  à  une  conduite  analogue. 
Sur  un  homme  de  vingt-sept  ans,  une  occlusion  subaiguë  fut,  au 
septième  jour,  traitée  par  l'entérotomic,  quatre  jours  après  sui^ 
vint  une  selle  par  l'anus,  et  au  quatorzième  jour  l'orince  anor- 
mal put  être  avivé  et  suturé.  Mais,  au  bout  de  cinq  jours,  les 
accidents  récidivèrent  :  ils  cédèrent  à  une  réouverture  de  la 
fistule.  Puis  ils  reparurent,  brusques  cette  fois,  à  la  suite  d'un 
écart  de  régime,  la  fistule  fonctionnant  encore.  Us  résistèrent  â 
l'opium,  et,  à  la  treizième  heure,  la  laparotomie  fut  pratiquée. 
Elle  conduisit  sur  un  étranglement  par  nœud  divertieulaire,  ei 
le  malade  guérit,  bien  qu'ily  eût  dé^à  un  début  de  péritonite 
circonscrite.  Dans  l'observation  précédente,  il  s'agissait,  lors  de 
la  première  intervention,  d'une  occlusion  subaiguê.  C'est  préci- 
sément là  que  l'indication  thérapeutique  est  difficile  à  poser  : 
en  principe,  c'est  la  laparotomie  qui  est  bonne,  mais  en  pra- 
tique on  tiendra  compte  des  conditions  accessoires,  des  données 
grécises  de  diagnostic,  du  àeeré  du  météorisme  et  du  collapsus. 
'est  précisément  parce  que  Te  diagnostic  était  obscur  et  le  col- 
lapsus  grand,  c[ue  Poppert  fit  l'anus  contre  nature.  On  trouvera, 
dans  ce  mémoire,  le  résumé  des  principales  méthodes  opératoires 
de  laparotomie.  En  appendice,  l'auteur  met  une  obâervaiion  de 


i6  Août  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N'  33  —    53i 


volviilus  de  rS  iliaque,  remarquable  oar  Tabsence  de  vomissement 
(fait  noté  par  Trêves  3  fois  sur  20  volvulus)  ;  de  là  des  hésitation^ 
de  diagnostic,  et  le  malade  est  mort  en  sept  jours.  A  l'autopsie, 
on  a  constaté  une  distension  considérable  de  Tanse  tordue, 
comme  le  dit  von  Wahl  dans  le  travail  que  nous  avons  récem- 
ment traduit. 

Gibson  Hamilton  a  publié  Tan  dernier,  dans  la  Lancet 
(6  octobre  1888),  deux  observations  à*étrangleinênt  par  diver- 
ticule  de  Meckelf  toutes  deux  sur  des  garçons  de  six  ans.  L*un 
d'eux  fut  laparotomisé  de  bonne  heure  et  guérit;  l'autre  au  hui- 
tième jour  et  mourut.  Puzey  a  fait  Tentérectomie  dans  un  cas 
où,  sur  un  homme  de  trente-trois  ans,  il  trouva  l'intestin  étranglé 
par  un  diverlicule  encore  adhérent  à  des  restes  des  vaisseaux 
omphalo-mésentériques.  L'opéré  mourut  de  collapsus. 

F.  Trêves  :  Laparotomie  au  huitième  jour  pour  une  hernie 
dans  l'hiatus  de  vVinslow.  Mort.  (Ibid.,  ii  octoore.) 

Richardson  :  Laparotomie  sur  un  homme  de  cinquante-sept 
ans,  au  septième  jour.  On  trouve  une  coudure.  L'opéré  mourut 
en  trois  heures.  Il  y  avait  une  thrombose  veineuse  allant  de 
rintestin  malade  jusqu'au  foie.  (Boston  med.  and  surg.  Journ,y 

1888,  t.  If,  p.  6i9.) 

Maydl  (de  Vienne)  fut  plus  heureux,  et,  sur  une.  femme 
enceinte,  il  guérit  par  la  laparotomie  etl'entérectomie  une  occlu- 
sion causée  par  une  péritonite  pelvienne.  (Wiener  klin.  Woch,, 

1889,  n*»  3.) 

Opérations  pour  rétrécissements  du  pylore,  par  M.  Lauen- 
stein  (Hambourg).  —  Communication  faite  au  Congrès  de 
médecine  interne  en  présentant  deux  malades  opérés  pour 
sténose  simple.  L'un  d'eux,  homme  de  cinquante  ans,  était 
dyspeptique  depuis  environ  dix  ans  et  vomissait  depuis  trois 
mois.  Estomac  dilaté;  tumeur  pylorique  mobile.  Le  contenu 
stomacal  est  pourvu  d'acide  chlorhydrique  libre.  Le  poids  est 
tombé  à  87  livres.  Le  diagnostic  resta  douteux,  bien  qu'un 
ulcère  fût  le  plus  probable.  Laparotomie  le  21  décembre  1888; 
pas  d'adhérences,  résection  typique  du  pylore  en  une  heure 
trente-trois  minutes.  Depuis,  tous  les  accidents  ont  cessé.  Le 
microscope  démontre  un  rétrécissement  simple.  Le  second  malade 
est  un  homme  de  trente-trois  ans,  se  souvenant  d'avoir  toujours 
souffert  de  l'estomac,  vomissant  depuis  deux  ans,  ayant  parfois 
de  1  hématémèse  et  du  méisena.  Dilatation  considérable  de  l'esto- 
mac. On  sent  une  tumeur  à  droite  et  au-dessus  de  Tombilic, 
tumeur  peu  mobile,  se  cachant  dans  la  profondeur  quand  on 
distend  1  estomac.  Le  contenu  stomacal  est  pourvu  d'acide  chlorhy- 
drique libre.  Amaigrissement  sauelettique,  mais  pas  de  cachexie. 
L'ulcère  avec  sclérose  fut  consiaéré  comme  le  diagnostic  le  plus 
probable.  Laparotomie  le  6  octobre  1888.  Tumeur  grosse  comme 
un  œuf,  adhérente  au  côlon  transverse  :  vu  l'impossibilité  de  l'extir- 
pation, la  gastro-entéroslomie  fut  pratiquée.  Durée,  cinquante 
minutes.  Depuis,  le  malade  a  engraissé  de  quarante  livres. 

Lauenstein  a  opéré  vingt  sténoses  pyloriques;  onze  cancers; 
sept  ulcères;  une  sténose  duodénale,  un  enclavement  de  calcul 
biliaire  dans  le  duodénum.  H  pense  quon  ne  peut  pas  dire 
avant  la  laparotomie  quelle  opération  est  possible,  si  même  une 
opération  est  possible.  Pour  reconnaître  l'absence  d'adhérences, 
le  déplacement  de  la  tumeur  vers  la  droite  est  un  siffne  impor- 
tant. Pour  bien  sentir  une  tumeur  pylorique,  il  fiiut  palper 
Testomac  vide,  c  Les  tumeurs  pyloriques  causées  par  un  ulcère 
ont  coutume  de  présenter  des  adhérences  bien  plus  solides  que  le 
carcinome,  qui  évolue  en  bien  moins  de  temps.  L]adhérence  au 
niésocôlon  ou  au  côlon  transverse  est  caractéristique  d'une 
tumeur  bénigne.  »  Pour  le  diagnostic  entre  l'ulcère  et  le  cancer 
l'examen  chimique  et  histologique  du  contenu  stomacal  peut 
induire  en  erreur,  mais  est  important. 

Abstraction  faite  de  l'opération  de  Loreta,  qui  n'a  pas  été 
encore  pratiquée  en  Allemagne,  il  y  a  trois  opérations  possibles: 
1<*  la  pyloroplastie  de  Heinecke-Mikulicz,  bonne  pour  les  sté- 
noses bénignes  sans  épaississement  de  la  paroi  ;  z'  la  gastro- 
entérostomie  de  Wœlfler,à  pratiquer  lorsque  l'extirpation  parait 
impossible,  une  fois  le  ventre  ouvert.  Pour  les  sténoses  bénignes 
du  pylore  ou  du  duodénum,  elle  est  presque  aussi  bonne  que  la 
résection.  Pour  le  carcinome,  elle  est  un  bon  palliatif.  Elle  est  moins 
grave  que  la  résection  :  Lauenstein  a  eu  sept  succès  opératoires 
sur  neuf  cas;  3*»  la  résection  du  pylore^  opération  radicale 
aussi  bien  pour  l'ulcère  que  pour  le  cancer,  mais  opération 
grave,  que  les  sujets  cachectiques  ne  peuvent  supporter.  La  mor- 
talité générale  (cent  cinquante  opérations,  de  trente  chirurgiens) 


est  de  70  pour  100.  Elle  s'améliore  peu  à  peu,  surtout  entre  les 
mains  de  certains  chirurgiens. 

Curschmann  (de  Leipzig)  pense  que  l'opération  est  déjà  trop 
tardive  quand  le  carcinome  est  accessible  à  la  palpation.  Il  faut 
agir  dès  les  premiers  accidents,  par  une  laporotomie  exploratrice, 
qui  n'est  pas  dangereuse. 

Leyden  (de  Berlin)  considère  que  pour  les  sténoses  cicatri- 
cielles l'opération  est  une  ressource  ultime,  après  échecs  de 
toutes  les  ressources  médicales.  Pour  le  carcinome,  il  faudrait 
d'abord  prouver  que  l'opération  prolonge  la  vie  et  la  rend  plus 
supportable.  Curschman  est  de  son  avis  pour  la  sténose  cicatri- 
cielle, mais  il  pense  que  pour  le  carcinome  l'opération  précoce 
est  la  seule  planche  de  salut.  (Bericht  uber  die  Verhandlungen 
des  Vlll  kongresses  fiir  innere  medicin,  Wiesbaden,  avril 
1889,  Beiiage  zum  Centr.  f,  klin.  Med.,  1888,  n«  28,  p.  33). 

Au  Congrès  des  chirurgiens  allemands,  quelques  jours  plus 
tard,  Lauenstein  a  ajouté  quelques  renseignements.  Ses  vingt 
opérations  se  décomposent  en  neuf  résections,  neuf  fi^astro-entè- 
rostomies,  une  pyloroplastie,  une  extraction  de  calcul  biliaire 
comprimant  le  pyiore.  Le  rétrécissement  cause  une  tumeur  tout 
comme  le  cancer.  Il  faut  distinguer,  pour  cette  tumeur,  la  mobi- 
lité passive,  communiquée  par  la  main,  et  la  mobilité  active, 
se  traduisant  par  des  déplacements  lorsque  l'estomao  est  plein 
ou  vide.  En  général,  les  tumeurs  bénignes  font  un  soulèvement 
lisse  de  la  paroi  ;  les  tumeurs  malignes  sont  mamelonnée.  Sur 
neuf  résections  du  pylorç,  Lauenstein  a  perdu  cinq  opérés. 

Angerer  (de  Munich)  a  fait  à  ce  même  Congrès  une  communi- 
cation sur  le  diagnostic  et  le  traitement  de  la  sténose  pylorique. 
S'il  n'y  a  pas  d'adhérences,  le  pylore  se  déplace  vers  la  droite 
(|uand  on  insuffle  l'estomac  ;  quand  il  y  a  des  adhérences,  il  reste 
immobile,  ou  se  déplace  en  haut  ou  à  gauche.  De  ces  seize 
observations  avec  laparotomie,  Angerer  conclut  que  la  résection 
n'est  possible  que  dans  les  cas  où  le  déplacement  normal  est  ' 
conservé.  D*autrepart  il  faut  étudier  l'extensibilité  à  l'insufflation, 
car  dans  le  carcinome  infiltré,  où  cette  extensibilité  est  nulle 
et  où  l'essai  est  douloureux,  la  paroi  étant  malade,  la  gastro- 
entérostomie  est  impossible.  Dès  Topération,  il  faut  donner  au 
patient  un  lavement  nutritif.  Résultats  :  six  résections  avec  trois 
morts  opératoires,  deux  morts  en  quelques  semaines  ;  une  survie 
depuis  plus  de  deux  ans;  six  gastro-entérostomies]  avec  trois 
morts  opératoires, deux  morts  en  quelques  semaines;  une  survie 
depuis  plus  de  deux  mois,  le  malade  ayant  repris  son  travail. 
Quatre  fois,  il  a  fallu  s'en  tenir  à  la  laparotomie  exploratrice. 
(Beiiage  zum  Cenfralblattf.  Chir.,  1889,  n«  29,  p.  56.) 

J.  3f.  Barton  (de  Philadelphie)  publie  deux  observations  per- 
sonnelles de  divulsion  digitale  du  pylore  (opération  de  Loreta). 
L'un  des  malades,  opéré  in  extremis,  est  mort.  L'autre,  femme 
de  quarante-huit  ans,  a  guéri.  Elle  avait  depuis  1884  des  signes 
d'ulcère  et  depuis  1889  des  phénomènes  de  sténose  pylorique.  A 
ce  propos,  Barton  réunit  vingt-cinq  opérations,  dont  seize  de 
Loreta;  opérations  faites  sur  vingt-quatre  malades,  car  sur  l'un 
d'eux  il  y  a  eu  récidive.  Au  total  quinze  guérisons,  dix  morts. 
Mais  la  mortalité  n'est  que  de  trois  pour  les  douze  derniers 
opérés.  Sur  ces  vingt-quatre  malades,  le  pylore  sténose  formait 
sept  fois  tumeur;  quatre  fois  il  n'en  était  pas  ainsi;  treize  cas 
sans  renseignement.  A  priori,  on  objecte  la  probabilité  de  la  réci- 
dive (1  );  l'événement  a  démenti  ces  craintes,  et  la  récidive  observée 
Sar  Loreta  a  cédé  à  une  seconde  opération.  Perruggi,  assistant 
e  Loreta,  a  donné  à  Barton  les  renseignements  complémentaires 
suivants.  Loreta  en  est  maintenant  à  sa  trentième  opération  : 
tous  les  cas  à  diagnostic  exact  ont  guéri  (Digital  diculston  of  the 
pjjlorusfor  cicatricial  sténose  in  Joum.  of  the  amer.  Assoc, 
1889,  t.  Xll,  p.  799.  Commun,  à  l'Association  chirurgicale  améri- 
caine, Washington,  1889.) 

Parmi  les  travaux  récents  sur  la  chirurgie  de  l'estomac,  nous 
signalerons  encore  le  suivant,  bien  qu'il  n  appartienne  pas  à  un 
Congrès. 

P.  Ortmann  (de  Kœnigsberg)  publie  deux  observations,  une 
de  résection  et  une  de  pyloroplastie.  La  résection  a  été  faite  sur 
une  femme  de  quarante  ans  cnez  laquelle  on  avait  diagnostiqué 
un  cancer  (absence  d'acide  chlorhydrique  libre).  Il  s'agissait  d  un 
ulcère  avec  induration  lardacée.  Guérison.  La  malade  va  très 
bien  six  mois  et  demi  après.  La  pyloroplastie  a  été  faite  sur  une 

(1)  Deux  opérés  de  Loreta  ont  été  présentés  au  Congrès  de  la  Société  italienne 
de  cliirurgie,  en  avril  1889.  Bendani  et  PuUi  ont  déclaré  ne  pas  comprendre 
comment  ce  relrécisiomenlp  seul  parmi  les  rétrécissements  cicatriciels,  serait 
définitivement  justiciable  de  la  divulsion. 


532    —  N*  33  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE :DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


16  AOUT  1889 


femme  de  vingt-trois  ans  chez  laquelle  les  accidents  remontaient 
à  une  ingestion  d'acide  sulfurique.  L^opération  consiste  à  faire 
sur  le  rétrécissement  une  incision  en  T,  qu'on  réunit  par  une 
suture  transversale  (quelc|ue  chose  d'analogue  à  l'opération  de 
Wharlon  Jones  pour  les  cicatrices  vicieuses).  La  malade  a  guéri 
et  les  accidents  ont  cessé.  Cette  opération  est  la  quatrième  de 
cette  espèce,  les  trois  autres  étant  de  Heinecke  (1886),  Mikulicz 
{Congrès  des  chirurgiens,  1887),  Bardeleben  [BerL  kl,  Wock., 
1888,  n*  46).  De  ces  quatre  opérés,  trois  ont  guéri;  celui  de 
Mikulicz  est  mort.  Le  malade  de  Bardeleben  avait  ingéré  de 
l'acide  chlorhydrique;  il  est  mort  phthisique  quatre  mois  après 
et  la  pièce  a  été  montrée  par  Kœhler  à  la  réunion  libre  des 
chirurgiens  de  Berlin  {Deutsch.  med,  Woch.,  1889,  p.  259),  c'est 
à  peine  si  l'on  voyait  une  cicatrice  de  la  muqueuse  et  le  pylore 
était  parfaitement  perméable.  Les  deux  autres  patients  étaient 
atteints  d'ulcère  simple.  Dans  le  cas  de  Heinecke,  il  y  avait  des 
adhérences,  et  l'ulcère  commençait  à  ronger  le  pancréas.  (Casuis- 
ficher  Beitrag  zur  operativen  Behandlung  dernarbigenPylorus- 
itenosey  in  Deutsche  med.  Woch.,  1889,  p.  172.) 


Troisième  C^OBcrès  «e  la  Soelélé  alleniaDde  «e  Kyaéeolosle 
temn  4  Frfboars  em  Brf0s«ii  du  fit  au  fi4  Juin. 

(Suite.  —  Voyez  le  numéro  29.) 

Fehling  (de  Bâle)  ne  se  place  pas  au  même  point  de 
vue  que  Kaltenbach  ;  pour  lui  le  mot  auto -infection  est 
très  malheureusement  cnoisi.  Après  une  courte  revue  sur  les 
recherches  entreprises  à  ce  su|et,  spécialement  sur  celles  de 
Mayrhofer,  Gônner,  Winter,  Dôderlein,  Bumm  et  lui-même, 
Fehling  croit  avoir  suffisamment  établi  qu'il  peut  exister,  dans 
*  les  sécrétions  cervico-vaginales,  des  cocci  assez  semblables  aux 
staphylocoques  et  aux  streptocoques,  mais  qui  ne  sauraient 
amener  aucune  infection.  Toutes  les  maladies  considérées  comme 
produites  par  auto-infection  ne  méritent  pas  d'être  considérées 
comme  telles,  et  Fehling  cite  comme  preuves  plusieurs  cas  soit 
personnels,  soit  recueillis  dans  les  auteurs. 

11  renvoie  de  plus  aux  427  cas,  publiés  par  Léopold,  de  femmes 
non  touchées  ni  désinfectées  avant  l'accouchement:  1,6  pour  100 
seulement  ont  été  malades.  Léopold  avait  cependant  antérieure- 
ment une  morbidité  de  21  pour  100. 

D*après  son  expérience,  les  cas  de  soi-disant  auto-infection  ne 
sont,  pour  Fehling  que  des  cas  légers.  Parmi  les  cas  de  mort 
observés  par  lui  depuis  douze  ans,  il  n'en  est  pas  un  qui  ne  soit 
le  résultat  d'une  inrection  par  contact.  On  a  le  droit  de  ne  pas 
refuser  à  l'air  toute  importance  comme  agent  vecteur  de  l'infec- 
tion (voyez  les  rechercnes  de  Bergmann). 

En  raison  de  ces  idées  sur  la  question  en  discussion,  Fehling 
fit  cesser,  pendant  les  deux  mois  qui  suivirent  son  arrivée  à  la 
clinique  de  Bâle,  les  injections  vaginales  qu*on  y  employait  aupa- 
ravant, tout  en  conservant  toutes  les  autres  précautions  y  usitées 
et  en  faisant  des  explorations  fréquentes. 

La  morbidité  qui,  antérieurement  à  cette  mesure,  était  de 
33pour  iOO,  tomba  après  six  mois  à  20  pour  100,  puis  à  16  pour 
100.  Fehling  concède  qu'il  y  a  sans  aucun  doute  oes  cas  d'auto- 
infection,  mais  qu'ils  sont  très  bénins. 

Au  point  de  vue  thérapeutique  il  v  a  à  considérer  deux  points 

{irincipaux  :  1°  détruire  les  germes  lorsqu'ils  existent,  empêcher 
eur  pénétration  ;  2"  modifier  leur  virulence. 

Il  faut  surtout  se  préoccuper  d'une  désinfection  énergique  des 
organes  génitaux  externes  Fehling  considère  celte  désinfection 
externe  comme  très  importante,  principalement  pour  les  sages- 
femmes,  et  comme  donnant  les  résultats  les  meilleurs  dans  les 
opérations  obstétricales.  Quant  à  la  désinfection  du  canal  vagi- 
nal, on  devrait  plutôt  l'abandonner.  Après  l'accouchement  Fehling 
recommande  l'expectation  et  déconseille  les  lavages  internes  a 
moins  de  certaines  indications  telles  aue  la  fétidité  de  l'écoule- 
ment. 11  faut  enlever  .les  débris  de  1  œuf,  car  le  danger  de  la 
rétention  dans  Tutérus  de  particules  mortes  est  plus  ffrand  que 
celui  de  Tinfection.  La  méthode  de  Dôderlein  pour  ratténua- 
tion  de  la  virulence  des  germes  mérite  considération,  mais  elle 
ne  saurait  être  introduite  en  clinique. 

L'orateur  insiste  sur  la  nécessité  de  faciliter  autant  que  pos- 
sible le  travail  de  l'accouchement,  une  trop  longue  durée  de  la 
dilatation  et  de  l'expulsion  pouvant  augmenter  la  virulence. 

De  cette  façon,  on  peut  abaisser  la  morbidité  bien  au-dessous 
du  chiffre  de  15  à  20  pour  100  donné  par  Winckel.  On  doit 


arriver  de  5  à  10  pour  100.  Pour  conclure,  il  voudrait  qu'on 
abandonnait  le  mot  d'auto-infection  et  qu  on  parlât  plutôt  d'in- 
fection directe  ou  indirecte,  endoou  exogène. 

Bumm  (de  Wûrzbour^)  apporte  des  faits  précis  relatifs  à 
Vétiologie  de  la  parametrite^  forme  fréquente  des  accîdenu 

{merpéraux.  On  aamet  en  général  deux  variétés  de  paramélrite  : 
'une  infectieuse ,  l'autre  non  infectieuse  ou  traumatique.  La 
démonstration  de  la  nature  toujours  infectieuse  de  la  paramélrite 
suppose  la  découverte  de  staphylocoques  et  de  streptocoque^ 
dans  les  cas  d'exsudats  s'accompagnant  de  lièvre  iotease  et 
terminés  par  résorption.  Bumm  apporte  cette  démonstration. 
Avec  une  longue  canule  il  ponctionne  l'exsudat  par  le  vagin. 
Dans  deux  cas  de  ce  genre  il  ne  put  trouver  de  micro-orgaDÎsme 
infectieux,  ce  qu'il  attribue  à  ce  que  ses  recherches  furent  faites 
trop  tard.  Dans  trois  autres  cas  oïl  la  ponction  fut  faite  de 
meilleure  heure  il  rencontra  chaque  fois  aes  micro-organismes. 
Chez  toutes  ces  femmes  l'exsudat  se  résorba. 

Bumm  a  fait,  sur  des  lapins,  des  expériences  qui  prouvent 
que  les  contusions  et  les  traumatismes  variés  ne  peuvent  à  eux 
seuls  produire  aucune  inflammation,  tandis  qu'il  est  facile  dVn 
déterminer  par  infection  de  Tutérus  ou  infection  directe  du  para- 
metrium.  Il  croit  qu'il  n'y  a  pas  de  paramétrites  non  infectieuse^:. 
Là  où  il  y  a  exsudât,  il  y  a  infection. 

Les  sécrétions  normales  du  vagin  et  du  col  ne  renferment 
pas  de  streptocoques.  Toutes  les  inactions  à  streptocoques  doiveni 
venir  du  dehors.  Il  n'y  a  pas  non  plus  de  stapnylococcus  aureuâ 
dans  les  sécrétions  vaginales  normales. 

Léopold  traite  des  suites  de  couches  chez  les  accouchées  non 
touchées  et  non  lavées  et  de  V auto-infection. 

Depuis  longtemps  déjà  il  s*étonnait  que  les  femmes  qui  n'avaient 
jamais  été  examinées  eussent  les  meilleures  suites  de  couch»^s. 
Sur  200  ou  300  cas  de  ce  genre,  il  n'a  noté  que  1  à  2  pour  iOO  df 
morbidité. 

En  1885,  il  introduisit  dans  son  service  l'usage  de  l'injection 
vaginale  préliminaire,  et,  sous  l'influence  de  cette  mesure,  il  put 
faire  130a  160  accouchements  sans  infection  et  sans  mort.  Depuî< 
le  mois  de  mars  de  l'an  dernier,  le  vagin  et  le  canal  cervical  out 
été  désinfectés  par  des  lavages  très  rigoureux.  Mais  voici  que 
depuis  lors  les  résultats  sont  devenus  moins  bons.  Léopold  croit 
devoir  expliquer  ce  fait  par  le  refoulement  des  sécrétions  vagi- 
nales dans  les  petites  fissures  constamment  existantes,  sous  lac-  > 
tion  de  la  douche  vaginale.  | 

Aussi  depuis  mars  dernier  a-t-il  supprimé  le  nettoyage,  et  de-  i 
puis  la  fin  d'avril  renoncé  même  au  simple  lavage  du  vagin.  Depuis 
lors  il  a  eu  de  nouveau  les  meilleurs  résultats  ;  sur  une  série  de  I 
510  femmes  qui  n'ont  été  ni  touchées  ni  lavées,  il  n'a  observé  { 
que  neuf  cas  de  fièvre  ;  aucun  d'eux  ne  peut  s'expliquer  par  auto-  1 
infection. 

Les  conditions  de  la  pratique  privée  et  hospitalière  sont  d'ail-     I 
leurs  très  différentes;  les  médecins  font  au  maximum  6  pour  iOil 
seulement  des  accouchements  dans  la  clientèle. 

Les  conclusions  de  la  très  importante  communication  de  Léo- 
pold sont  les  suivantes  : 

1"*  On  ne  doit  parler  d'auto-infection  que  là  où  l'on  peut  sàre- 
ment  éliminer  toute  autre  cause  d'élévation  de  température; 

2®  Dans  les  établissements  hospitaliers  qui  servent  à  l'instruc- 
tion, les  sources  d'infection,  pour  être  souvent  cachées,  n'en  sont 
pas  moins  réelles  et  extirpables  ; 

3®  Dans  les  cas  où  les  apparences  sont  pour  l'auto-infectiouy 
on  peut,  d'après  les  faits  rapportés  par  l'auteur,  découvrir  d'au- 
tres sources  d'infection  ; 

4^  Le  mot  c  auto-infection  i  est  un  danger  au  point  de  vue  de 
la  pratique  dans  les  Maternités; 

o^  Les  meilleures  suites  de  couches  sont  celles  des  femmes  non 
touchées  ; 

6""  Dans  les  établissements  d'instruction,  le  pivot  du  diagnostic 
doit  être  l'exploration  externe,  qui  presque  toujours  fournit  des 
renseignements  suffisants; 

7'»  Si  une  exploration  interne  est  nécessaire,  il  faut  faire  une 
antisepsie  et  un  nettoyage  méticuleux  des  parties  génitales  ex- 
ternes ; 

S""  Ce  n'est  c[ue  dans  les  cas  de  dystocie  (longue  durée  du  tra- 
vailj  putréfaction  fœtale)  qu'un  nettoyage  antiseptique  des  organes 
génitaux  internes  est  indispensable. 

Battlehner  (de  Karlsruhe)  se  demande  de  quelle  façon  et  par 
quels  moyens  les  sages-femmes  doivent  pratiquer  Cantisepsie    \ 
chez  les  parturientes.  Il  traite  uniquement  le  côté  pratique  de    i 


16  Août  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N»  33 


533 


la  question.  Sur  la  totalité  des  accouchements,  5  pour  100  à 
peine  sont  faits  par  des  médecins;  le  reste  appartient  aux  sages- 
lemmes.  D'où  la  nécessité  de  rechercher  ce  que  celles-ci  doivent 
faire. 

Depuis  des  années  Battlehncr  s'est  efforcé  de  rechercher  les 
affections  puerpérales,  et  particulièrement  les  cas  mortels.  Tandis 
que  les  statistiques  antérieures  de  mortalité  atteignaient  5  à  6 
pour  1000,  celle-ci  est  tombée  en  1887  à  3,5  pour  1000.  Mais  les 
conditions  en  dehors  des  cliniques  sont  tout  autres  que  dans 
celles-ci.  Les  sages-femmes  doivent-elles  abandonner  les  lavages 
internes?  Là  est  la  question.  Battlehner  répond  que  tant  qu'on 
laissera  les  sages-femmes  toucher,  on  devra  leur  prescrire  ce 
lavage. 

A Taide  d'une  statistique  récente,  il  prouve  q^ue  dans  les  en- 
droits où  il  y  a  plusieurs  sages-femmes,  les  affections  puerpérales 
se  rencontrent  précisément  dans  la  pratiaue  de  celles  qui  négli- 
gent les  lavages  et  les  nettoyages.  11  conclut  de  ces  faits  au'il  est 
encore  trop  tôt  pour  interdire  les  injections  aux  sages-femmes 
pour  lesquelles  le  toucher  est  la  principale  ressource  diagnos- 
tique. 

Mermann  (de  Manheim)  insiste  par  contre  sur  nnutilité  et  les 
dangers  de  la  désinfection  interne  dans  les  accouchements  nor- 
maux. Le  désaccord  porte  essentiellement  sur  la  fréauence  de 
la  soi-disant  auto-infection.  La  statistique  peut  seule  décider  si 
cette  auto-infection  est  si  rare  que  les  mesures  prises  contre  elle 
présentent  plus  de  dangers  qu'elle-même. 

Les  observations  prises  dans  les  cliniques  ne  sauraient  tran- 
cher la  question,  car  on  ne  peut  y  faire  la  part  de  Tinfection 
interne  et  de  l'infection  mixte. 

Sur  quatre  cents  cas  où  les  femmes  n'ont  été  ni  touchées  ni 
lavées,  Léopold  n'a  observé  que  2  pour  100  de  morbidité.  De  son 
côté,Mermann,  à  la  maternité  de  Mannheim,  sur  deux  cent  soixante- 
quinze  femmes  traitées  de  la  même  façon,  a  eu  SI  pour  100  de 
morbidité  dans  la  première  centaine,  5  à  6  pour  100  dans  la 
seconde. 

Mermann  considère  comme  très  dangereuse  la  désinfection  in- 
terne faite  par  les  sages-femmes,  à  cause  de  la  possibilité  d'une 
infection  par  contact.  Les  injections  vaginales  ordinaires  sont  un 
semblant  d'antisepsie.  En  Saxe  et  dans  la  Hesse,  on  vient  d'in- 
terdire aux  sages-femmes  les  injections  vaginales. 

H.  V. 

{A  suivre.) 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 


ieelne. 


SÉANCE  DU  13  AOUT  1889.  —  PRÉSIDENCE  DE  M.   MOUTARD- 
MARTIN,   VICE-PRÉSIDENT. 

M.  lo  ministre  de  l'instruction  publique  et  clos  beaux-arts  adresse  l'ampliation 
d'un  décret,  autorisant  l'Académie  à  accepter  ie  legs  que  lui  a  fait  M.  Saintour 
d'une  rente  de  3  pour  100  sur  l'État  français,  dont  les  arrérages  seront  distribués, 
tous  les  deux  ans,  à  l'auteur  du  meilleur  travail,  manuscrit  ou  imprima;  sttr 
n'importe  quelle  branclie  de  la  médecine, 

M .  le  docteur  Frtuey  (à  Tunlon-sur-Arroux,  Saône-et  Loire)  envoie  une  tumeur 
pédieulée  d^apparenee  fibreme,  rendue  spontanément  par  un  malade  k  la  suite 
d'une  pnrgalion. 

M.  BaU  offre  au  nom  de  M.  le  docteur  Rouillard  et  au  sien,  un  rapport  traiUnt 
de  la  légiilation  comparée  iur  le  placement  -dee  aliénée  dant  Ui  établiaementt 
publiée  et  privée. 

M.  Conetantin  Paul  dépose  un  mémoire  de  MM.  ComU  et  Babèe,  sur  une 
obeervation  de  earcome  généralieé  de  la  peau,  type  Kapoti. 

M.  Blanche  présente,  delà  part  de  MM.  les  docteurs  Cshriêtiau  et  Ai/lt,  deux 
rapports  sur  le  eerviee  médical  de  la  maison  nationale  de  Charenton  pendant  la 
période  décennale  de  1870  à  1888. 

M.  de  Quatrefagee  fait  hommage  de  son  Introduction  à  l'étude  det  racée 
hwftainee. 

Chirurgie  du  rein.  —  H.  le  docteur  E.  Doyen  (de 
Reims)  rend  compte  de  dix  opérations  de  néphrectomie, 
de  néphrolithotomie  et  de  néphrorraphie  qu*il  vient  de  pra- 
tiquer pour  diverses  affections  rénales.  (Renvoi  à  l'examen 
d'une  commission  composée  de  MM.  Verneuil  ei  Polaillon.) 

Lèpre.  —  H.  Zambaco  communique  les  résultats  de  ses 
recherches  sur  la  lèpre  en  Turquie  et  dans  les  diverses  pro- 
vinces de  l'empire  ottoman.  Il  déclare  n'y  avoir  jamais  con- 


staté jusqu'ici  un  seul  cas  de  contagion  avéré;  dans  les 
mariages  mixtes  nombreux  qu'il  a  vus  partout,  jamais  la 
maladie  ne  s'est  transmise  du  conjoint  lépreux  à  l'autre  ; 

[iresque  toujours  un  seul  membre  de  la  famille  est  resté 
épreux,  bien  que  la  vie  au  milieu  des  siens  ait  été  souvent 
très  longue  et  qu'aucune  précaution  spéciale  n'ait  été  prise 
contre  la  transmission.  En  général,  les  localités  où  la  lèpre 
sévit,  sont  habitées  par  des  gens  vivant  dans  la  plus  grande 
misère  et  dans  la  saleté  la  plus  sordide,  se  nourrissant 
d'aliments  putréfiés,  abusant  des  boissons  alcooliques  et 
épuisés  par  de  durs  travaux.  La  température  et  l'humidité 
jouent  aussi  un  rôle  important  sur  le  développement  de  la 
lèpre  dans  les  contrées  où  elle  est  endémique  ;  les  variations 
de  la  première  agissent  sur  la  circulation  capillaire  de  la 
peau,  qu'elles  refroidissent  et  brûlent  à  intervalles  rap- 
prochés ;  la  seconde  déprime  le  système  nerveux.  D'autre 
part  il  semble  que  la  lèpre,  contagieuse  dans  certains  pays, 
ne  le  soit  pas  dans  d'autres.  En  résumé,  si  tant  est  que  la 
lèpre  soit  contagieuse,  elle  ne  le  serait  que  d'une  manière 
tout  à  fait  exceptionnelle,  tout  au  moins  dans  les  localités 
où  les  recherches  de  M.  Zambaco  ont  été  poursuivies. 

Prophylaxie  de  la  tuberculose.  —  Pourri. Lancereaux 
les  instructions  que  discute  l'Académie  ne  semblent  pas 
tenir  assez  compte  de  la  prédisposition  de  l'organisme  à 
contracter  la  tuoerculose;  le  bacille  pénètre  par  l'air,  les 
boissons,  les  aliments  et  quelquefois  aussi  par  une  solution 
de  continuité  des  tissus.  Les  crachats  doivent  être  recueillis 
dans  des  vases  contenant  de  la  sciure  de  bois,  jetés  au  feu 
et  brûlés;  la  chambre  d'un  phthisique  doit  être  désinfectée, 
aussi  bien  que  la  literie  et  les  vêtements.  11  v  a  lieu  aussi 
de  proscrire  la  vente  de  viandes  infiltrés  de  lésmns  tubercu- 
leuses, du  lait  provenant  d'un  animal  dont  le  pis  est  affecté 
de  cette  maladie.  Enfin  les  excès  alcooliques  doivent  être 
prévenus  et  réprimés,  et  l'encombrement  évité  dans  les 
habitations. 

M.  Yillemin  maintient  le  texte  des  instructions;  au  risque 
d'émettre  quelques  propositions  discutables,  il  faut  tenter 
quelque  chose  pour  essayer  d'atténuer  la  propagation  de  ce 
fléau  grandissant.  Tout  le  monde  n'est-il  pas  d'accord  sur 
le  danger  des  matières  de  l'expectoration  des  phthisiques, 
démontré  par  M.  Villemin  dès  1869,  sur  l'innocuité  des 
crachats  à  l'état  liquide  et  de  l'air  expiré  par  les  phthi- 
siques, et  sur  l'infection  de  l'air  par  les  poussières  tuber- 
culeuses en  suspension.  On  ne  saurait  donc  prendre  trop  de 
précautions  pour  détruire  et  écarter  des  lieux  fréquentés  les 
produits  de  l'expectoration  des  malades  atteints  de  cette 
affection,  désinfecter  leurs  habitations,  les  wagons  des  che- 
mins de  fer  où  ils  ont  voyagé,  etc.  Quant  à  la  transmission 
Fiar  les  substances  alimentaires,  telles  que  le  lait,  la  viande, 
e  sang,  si  elle  est  moins  fréquente  que  celle  qui  dérive 
des  matières  expectorées,  elle  n'est  pas  moins  indubitable  : 
M.  Chauveau  a  montré  combien  1  infection  par  les  voies 
digestives  était  possible;  ici  d'ailleurs  on  se  trouve,  comme 

Rrtout  ailleurs,  en  face  du  double  facteur  qui  domine 
tiologie  de  toutes  les  affections  microbiennes  :  quantité 
et  qualité  de  la  matière  virulente  d'une  part,  réceptivité 
des  organismes  de  l'autre  ;  cette  réceptivité  est  variable  à 
l'infini;  pour  certains  sujets  il  faut  bien  peu  de  virus  pour 
produire  de  grands  effets,  et  cependant  les  règles  d'hygiène 
ne  doivent  exclure  personne. 

Les  dangers  du  lait  sont  indéniables;  les  faits  expérimen- 
taux montrent,  en  effet,  que  si  le  lait  est  toujours  virulent 
lorsqu'il  est  fourni  par  une  vache  atteinte  de  mammite 
tuberculeuse,  il  Test  encore  trop  souvent  dans  les  cas  de 
tuberculose  étendue  et  sans  mammite;  il  peut  même  le 
devenir  accidentellement,  et  il  ne  faut  pas  oublier  que  le 
lait  commercial  est  toujours  de  provenances  multiples.  Il 
n'est  pas  douteux  non  plus  que  le  suc  de  viande  de  certains 
animaux  tuberculeux  produit,  par  son  inoculation,  des 


534    —  N'  33  - 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


16  Août  1889 


tuberculoses  plus  ou  moins  intenses;  aussi,  tout  en  ne  pros- 
crivant pas  l'usage  de  la  viande  crue,  d'une  façon  générale, 
il  faut  bien  avertir  le  public  quMl  y  a  danger  à  consommer 
la  viande  de  ces  animaux;  de  même  pour  le  sang  chaud, 
dont  ringestion  est  si  indigeste  et  si  inutile;  en  tous  cas,  la 
virulence  du  sang  des  tuberculeux  a  été  depuis  longtemps 
expérimentalement  démontrée. 

Four  ce  qui  concerne  les  conditions  qui  favorisent  ou  qui 
créent  la  prédisposition  à  !a  tuberculose,  notamment  la 
pneumonie  et  les  bronchites,  M.  Villemin  n'est  pas  loin  de 
croire  qu'il  y  a  là  une  certaine  exagération  ;  mais  la  com- 
mission chargée  de  rédiger  les  instructions  s'est  basée  sur 
les  assertions  de  Koch,  à  savoir  que  les  bronchites,  les 

Imeumonies  et  autres  processus  inflammatoires  favorisent 
a  production  de  la  tuberculose  pulmonaire. 

Après  un  échange  d'observations  entre  MM.  Bouchard^ 
Germain  Sée  et  Verneuil^  l'Académie  décide  c[u'une  com- 
mission composée  de  MM.  Verneuil^  Villemin^  Germain 
Séé,  Cornil  et  Dujardin'Beaumetz  sera  chargée  de  propo- 
ser à  l'Académie  de  nouvelles  instructions  tenant  compte 
des  diverses  opinions  produites  dans  la  discussion. 

—  L'Académie  se  forme  ensuite  en  comité  secret,  afin 
d'entendre  la  lecture  d'un  rapport  de  M.  François-Franck 
sur  le  concours  pour  le  prix  de  l'Académie  en  1889. 


Sociale  nédleale  des  hAplUwix. 

SÉANCE  DU  9  AOUT  1889.  —    PRÉSIDENCE 


DE 


CADET   DE   GASSICOURT. 


Du  diabète  oonjngal  :  M.  Debove.  —  Un  cas  d'acromégalie  :  M.  Oou- 
rand.  —  Du  traitement  de  la  diphthérle  :  M.  Gaucher.  ~  Mortalité 
de  la  fièvre  typhoïde  dans  les  hôpitaux  de  Parle  :  M.  Merklen 
(Disouasion  :  MM.  Juhel-Renoy,  Fèrèol).  »  Du  régime  alimentaire 
dea  maladea  et  de  l'emploi  de  la  f  èoule  soluble  :  M.  Debove. 

M.  Debove  y  depuis  la  dernière  séance,  a  eu  l'occasion 
d'observer  un  nouveau  cas  de  diabète  chez  le  mari  et  la 
femme.  Il  cite  une  note  de  M.  Barthélémy  relatant  deux  faits 
du  même  genre.  Dans  un  premier  ménage,  le  mari,  âgé  de 
quarante-sept  ans,  a  43  grammes  de  sucre;  la  femme»  âgée 
de  trente-huit  ans,  en  a  37  grammes.  Dans  le  second  mé- 
nage, la  femme  a  succombé  à  cinquante-trois  ans  à  la  tuber- 
culose; elle  était  depuis  longtemps  diabétique;  le  mari  est 
diabétique,  et  son  urine  renferme  18  grammes  de  sucre. 

M.  Féréol  a  observé  des  faits  analogues,  mais  il  fait  re- 
marquer que  les  cas  de  diabète  non  conjngftl  sont  beaucoup 
plus  fréquents.  Sans  doute  le  régime  commun  des  conjoints 
peut  expliquer  le  c  diabète  conjugal  ». 

M.  Debove  n'a  voulu  que  signaler  le  fait  ;  mais,  avant  de 
chercher  à  en  tirer  une  conclusion  quelconque,  il  désire 
arriver  à  la  conviction  qu'il  ne  s'agit  pas  d'une  simple  coïn- 
cidence. 

—  M.  Gottrflttrf présente  un  malade  diiie'ini  d*acromégalie 
et  donne  lecture  de  l'observation.  {Sera  publié,) 

—  M.  £.  Gaucher  insiste  à  nouveau  sur  ce  fait,  confirmé 
par  les  recherches  de  Roux  et  Yersin,  que  la  diphthérie  est 
une  maladie  primitivement  locale,  dont  la  généralisation 
plus  ou  moins  rapide  n'est  que  secondaire.  Le  meilleur  anti- 
septique est  à  coup  sûr  l'acide  phéniaue,  que  M.  Gaucher 
emploie  selon  la  rormule  suivante,  légèrement  modifiée 
depuis  sa  première  communication  ;  camphre,  30  grammes; 
huile  de  ricin,  15  grammes;  alcool  à  90  degrés,  10  gram- 
mes; acide  phénique  cristallisé,  5  grammes;  acide  tariri- 
que,  1  gramme.  —  L'huile  de  ricin  a  l'avantage  d'être 
soluble  dans  l'alcool.  La  glycérine,  qui  a  été  proposée 
par  quelques-uns,  a  le  grand  inconvénient  d'être  miscible 
à  la  salive  et  de  fuser  assez  loin  sur  la  muqueuse  de  la  gorge. 


On  doit  faire  les  badigeonnages  et  l'ablation  des  faasses 
membranes  toutes  les  trois  ou  quatre  heures  au  moins.  11 
ne  faut  pas  racler  la  muqueuse,  et  l'on  doit  s'efforcer,  en 
enlevant  toute  la  fausse  membrane,  de  faire  le  moins  de 
lésions  possible.  Des  pinceaux  en  molleton,  proposés  par  le 
docteur  Crésantignes,  seront  précieux  pour  celte  opération. 
En  outre,  on  fera  régulièrement  toutes  les -deux  heures  des 
irrigations  phéniquées.  Les  badigeonnages  sont  bien  moins 
douloureux  qu'on  ne  l'a  dit  tout  d'abord.  Grâce  à  ce  traite- 
ment, sur  (juarante-deux  cas  de  diphthérie,  M.  Gaucher  n'a 
eu  que  trois  décès,  et  encore  s'agit- il  de  ces  cas  nue  Ton 
peut  regarder  comme  forcément  funestes.  C'est  aonc  au 
maximum  une  mortalité  de  7  pour  100.  Les  médecins  (|iii 
ont  expérimenté  ce  traitement,  et  ont  communiqué  les  ré- 
sultats à  M.  Gaucher,  ont  également  obtenu  une  mortalité 
des  plus  minimes. 

M.  Cadet  de  Gas$ir.ourt  a  expérimenté  ce  traitement  pen- 
dant deux  mois  dans  le  service  des  dipbthériques,  à  l'hôpital 
Ti^usseau;  il  lui  a  paru  donner  des  résultats  meilleurs  que 
tous  les  autres  moyens  employés  jusqu'ici.  Il  se  réserve  de 
faire  une  communication  sur  ce  sujet  après  une  nouvel l«* 
série  d'expériences  de  deux  mois  dans  le  même  service. 

—  M.  MerkleUy  au  nom  d'une  commission  composée  do 
MM.  Féréol,  Gérin-Roze,  Rendu,  Troisier,  Moizard,  Juhel- 
Renoy  et  Merklen,  rapporteur,  donne  lecture  d'un  rapport 
sur  la  mortalité  de  la  fièvre  typhoïde  dans  les  hôpitaux  dt* 
Paris. 

De  1866  à  1883  (en  excepUnt  les  années  1870  et  1871  ). 
la  mortalité  de  la  fièvre  typhoïde  a  offert  un  maximum  de 
36  pour  100  et  un  minimum  de  18  pour  100,  calculés  sur 
un  total  de  33  837  cas.  A  partir  de  1883  jusqu'en  1888,  la 
mortalité  moyenne  n'a  été  que  de  14,1  pour  100.  Les  stati- 
stiques particulières  fournies  par  dix-huit  médecins  des 
hôpitaux,  donnent,  en  ne  tenant  pas  compte  des  cas  traités 

Îar  la  méthode  de  Brand,  une  mortalité  sensiblement  ana- 
ogue  de  15,5  pour  100.  On  peut  donc  dire  que  la  mortalité 
de  la  fièvre  typhoïde  dans  les  hôpilaux  civils  de  Paris 
oscille  entre  14  et  15  pour  100.  Cette  mortalité  est  très  voi- 
sine de  celle  des  hôpitaux  de  Berlin  (13,3  pour  100  à  IT» 
pour  100);  dans  ces  hôpitaux,  les  bains  froids  ne  sont 
employés  que  d'une  façon  très  modérée  et  on  n'a  recours  à 
aucun  traitement  systématique.  Quelques  statistiques  parti- 
culières portant  sur  un  grand  nombre  de  malades  et  sur 
Elusieurs  années,pourraient  fournir  des  renseignements  sur 
i  valeur  de  tel  ou  tel  mode  de  traitement;  ainsi  M.  Jac- 
coud,  1867  à  1882,  636  malades,  11,16  pour  100;  M.  Bou- 
chard, 431  malades,  de  1884à  1 788, 1 1,16  pour  100  ;  M.  SoreU 
871  malades  (dont  837  militaires),  de  18/9  à  1888,  9,5  pour 
100;  M.  Robin,  307  malales,  9,7  pour  100.  On  peut  attri- 
buer l'abaissement  du  chiffre  de  la  mortalité  à  remploi 
régulier  de  la  médication  antipyrétique.  Un  nouveau  pro- 
grès naîtra  certainement  de  l'enquête  provoquée  par  les 
partisans  de  la  méthode  de  Brand.  Les  statistiques  de  Brand 
et  de  ses  adeptes  démontrent  également  ce  fait  que  la  mor- 
talité est  moindre  en  ville  que  dans  les  hôpitaux,  par  suite 
de  la  vigilance  apportée  à  la  régularité  du  traitement  et  de 
sa  mise  en  œuvre  plus  hâtive.  Les  chances  de  guérison  sont 
d'autant  plus  grandes  que  le  typhoïdique  est  traité  plus  tôt. 
Enfin,  on  devra  tenir  compte  de  la  mortalité  inferieure, 
dans  les  hôpitaux  militaires,  de  3,3  pour  100  à  la  mortalité 
dans  les  hôpitaux  civils.  Les  documents  qui  seront  fournis 
à  la  commission  pour  l'année  1889  seront  classés  dans  cet 
ordre  d'idées,  et  feront  l'objet  d'un  nouveau  rapport  permet- 
tant d'aborder  avec  fruit  la  discussion  sur  la  valeur  compa- 
rative des  traitements  de  la  fièvre  typhoïde. 

M.  Juhel-Renoy  insiste  à  nouveau  sur  la  supériorité  des 
statistiques  de  la  méthode  de  Brand,  et  sur  la  moindre  mor- 
talité des  malades  traités  dès  le  début  de  la  dothiénentérie. 
Grâce  à  un  infirmier  supplémentaire  que  lui  a  fourni  l'ad- 


16  Août  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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ininistratîoiiy  il  peut  appliquer  facilement  la  méthode  de 
Brand  rigoureuse  dans  son  service. 

M.  Féi'éol  et  M.  Merklen  ont  obtenu  également,  pour 
leurs  services,  un  infirmier  supplémentaire  chargé  de  la 
balnéation.  L'administration  seniole  très  disposée  à  fournir 
aux  médecins  les  moyens  de  mettre  en  œuvre  le  traitement 
par  les  bains  froids. 

—  M.  Debove^  désireux  de  substituer  au  lait,  à  la  viande 
crue,  aux  poudres  de  viande  ou  aux  peptones,  souvent  mal 
tolérés  ou  difficilement  acceptés  par  les  malades,  un  ali- 
ment d'une  facile  digestion,  a  eu  l'idée  de  recourir  h  la 
fécule  soluble,  bien  supérieure,  comme  valeur  nutritive, 
aux  empois,  qui  renferment,  à  poids  égal,  une  énorme 
quantité  d'eau,  et  aux  hydrocarbures,  tels  que  le  sucre, 
par  exemple,  ^ui  sont  fort  mal  tolérés  à  haute  dose.  L'em- 
ploi des  dextrineset  de  la  maltose,  indiqué  en  théorie,  n'a 
pas  d'ailleurs  donné  dans  la  pratique  de  bien  bons  résul- 
tats. Il  a  préparé  la  fécule  soluble  en  chauffant  la  fécule  de 
pomme  de  terre  dans  des  tubes  à  expérience  plongés  pen- 
dant trois  heures  et  demie  dans  un  bain  d*huile  à  180  de- 
grés. Cette  fécule,  insoluble  à  froid,  soluble  à  chaud,  a  été 
admirablement  tolérée  et  assimilée  par  les  malades;  elle 
agit  comme  aliment  d'épargne  et  diminue  le  chiffre  de 
l'urée.  Les  malades  engraissent  peu,  parce  aue  les  féculents 
ne  produisent  pas  de  graisse;  mais,  chez  les  sujets  amai- 
gris, on  obtient  l'emmagasinement  de  la  graisse  ingérée 
avec  les  autres  aliments  ou  formée  aux  dépens  des  albumi- 
noides.  M.  Debove  a  employé  cette  fécule  soluble  avec  suc- 
cès dans  les  affections  chroniques  du  tube  digestif,  ulcère 
de  l'estomac,  dyspepsies  chroniques,  diarrhées  chroniques, 
chez  les  convalescents,  en  un  mot,  chez  tous  les  sujets 
ayant  besoin  d'un  régime  réparateur.  On  la  mélange,  à  froid, 
dans  du  lait,  et  l'on  peut  ainsi  incorporer  200  grammes  de 
poudre  par  litre  de  lait. 

—  La  Société  s'ajourne  au  vendredi  11  octobre. 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

THBRAPEUTIQUE. 

»H  IralteMeDf  local  «e  la  «IphtbéHe  par  raelde  Halley- 
ii«ae,  par  M.  Despinë.  —  Le  point  de  vue  pathogéniquc  auquel 
Tauteur  se  place  est  que  les  manifestations  capitales  de  la  ma- 
ladie :  hyperthermie,  albuminurie,  hémorrhagie,  adynamie,  ont 
pour  cause,  non  pas  la  pénétration  du  bacille  de  Lôffler  dans 
la  circulation,  mais  bien  l'absorption  de  produits  septiques 
«'Jaborés  dans  les  foyers  diphthéritiques.  Au  début  la  diphthérie 
est  une  affection  locale  et  la  fausse  membrane  le  symptôme  ini- 
tial de  cette  dernière,  mais  non  pas  de  l'infection  du  sang  par  les 
microbes. 

Il  a  cherché  l'action  de  divers  médicaments  :  du  benzoate  de 
soud«î  (à  6  et  10  pour  100),  du  chlorate  de  potasse  (à  5  pour  100), 
de  Tacide  borique  (à  4  pour  100),  et  du  sulfite  de  soudé  (à  2  et 
6  pour  iOO),  eu  les  mettant  en  contact  avec  le  bacille,  lis  n*en 
arrêtaient  pas  le  développement.  Par  contre,  le  sublimé  (à  1 
pour  8000),  lacide  phénique  (à  1  pour  50), le  chloral  (à  1  pour 
100),  le  permanganate  de  potasse  (à  1  pour  2000)  et  l'acide  sali- 
cylique  à  laméme  dose,  possédaient  une  action  anti-microbienne 
évidente.  En  conséquence,  M.  Despine  adopte  Tacide  salicylique 
comme  médicament  de  choix  et  recommande  la  médication  sui- 
vante : 

1"  Dès  le  début,  instituer  un  traitement  aussi  énergique  que 
possible  de  la  fausse  membrane  :  irrigations  buccales  avec  la 
solution  d*acide  salicylique  à  1,5  ou  â  pour  1000  toutes  les 
heures  ou  toutes  les  deux  heures  ;  ou  bien,  et  suivant  les  cir- 
constances, prescrire  au  malade  de  se  gargariser  avec  le  même 
topique; 


^^  Badigeonnages  des  surfaces  pseudo-membraneuses  avec  le 
jus  de  citron,  le  glycérolé  dj  chloral  à  1  peur  5;  la  solution  de 
sublimé  à  1  pour  2000  ou  d'acide  phénique  à  2  pour  100  ;  mais 
en  évitant  par  un  badigeonnage  trop  violent  d'irriter  la  mu- 
queuse et  de  favoriser  l'absorption  du  poison  diphthéritiqoe; 

3"*  Prévenir  toute  débilîtation  de  Torganisme,  par  Falîmenta- 
tion,  les  stimulants  et  Tusage  du  fer. 

EnGn,  sans  revendiquer  nulle  idée  de  priorité,  mais  en  s*ap- 
puyant  sur  ses  propres  succès  cliniques.  Fauteur  recommande 
après  la  trachéotomie,  Fintroduction  dans  la  trachée  de  5  à 

10  gouttes  de  la  même  solution  salicylique  à  1,5  pour  1000, 
toutes  les  quinze  minutes,  et  des  lavages  antiseptiques  avec  le 
même  topique  comme  moyen  prophylactique  de  Fangine  scarlati- 
neuse.  (Revue  médicale  de  la  Suisse  Romande,  20  janvier  1889.) 

De  la  %-alear  da  MUoDai  contre  i*liMe«iDli*,  par  M.  GroVEU 
fiURNBTT.  —  Après  avoir  fait  usage  de  cet  hypnotique,  Fan- 
teur  le  considère  comme  indiqué  dans  la  manie,  le  délire  en 
paroles  ;  mais  comme  dangereux  s'il  existe  de  Farté rio-sciérosc. 

11  constate, comme  M.  Mairet,  ses  effets  cumulatifs  et  dans  quel- 
ques cas  la  provocation  de  troubles  digestifs  après  son  ingestion  : 
diminution  de  la  sécrétion  salivaire,  inappétence  et  mêmes 
effets  émétiques. 

On  avait  cru  que  le  sulfonal  exerçait  une  action  favorable 
contre  Fincoordination  motrice.  C'est  une  erreur,  d'après  Fau- 
teur, qui,  dans  un  but  de  contrôle.  Fa  expérimenté.  En  tout 
cas,  il  conclut  que  ce  médicament  est  un  des  meilleurs  hypno- 
tiques, mais  doit  être  manié  avec  une  grande  prudence.  (The 
N.'Y.  med.  Jùurnaly  2  mars  1889.) 

»e  raeMe  pliéayl-prepleiil«iie  eealre  la  phtliMe,  par  M.  Th. 
Williams. — Ce  dérivé  du  coaltar  s'administre  en  solutions  alcoo- 
liques étendues  d'eau,  à  raison  de  dix  à  vingt  gouttes,  trois  fois 
par  jour.  M.  Williams  Fa  fait  ingérer  à  vingt  malades  atteints 
de  phthisie  confirmée  depuis  deux  années  au  moins.  Chez  neut 
il  y  avait  des  signes  cavitaires  aux  deux  poumons;  chez  sept 
à  un  seul  poumon,  et  chez  trois,  des  bacilles  dans  les  crachats. 
En  moyenne  ils  ingérèrent  Facide  phényl-propionique  durant 
quarante-six  jours  et  n^éprouvèrent  pas  de  phénomènes  d'into- 
lérance. Treize  furent  améliorés,  quatre  n'éprouvèrent  aucun 
profit  du  médicament  et  chez  trois  la  maladie  s'aggrava. 

Le  poids  de  quatorze  d'entre  eux  augmenta  d'une  demi-livre 
à  cinq  livres.  Quatre  continuèrent  à  maigrir.  L'amélioration  des 
lésions  locales  fut  manifeste  dans  cinq  cas  et  nulle  dans  neuf. 
Dans  six,  il  y  eut  une  aggravation  de  l'état  local,  malgré  le  trai- 
tement. Au  reste,  sous  Finfluence  de  Facide  phényl-propionique, 
on  constata  que  l'expectoration  et  la  toux  ne  diminuaient  pas  : 
mais  que,  dans  les  cas  les  plus  heureux,  l'amélioration  portail 
plutôt  sur  l'état  général  :  augmentation  du  poids,  de  Fappétil  et 
des  forces. 

N'en  est-il  pas  ainsi  d'ailleurs  après  les  autres  médications  tli- 
rigées  contre  la  phthisie?  Elles  agissent  plus,  en  effet,  sur  Fétal 
général  que  sur  l'état  local.  (7Ae  Practitioner,  février  1881).) 


BIBLIOGRAPHIE 

Traité  pratique  dea  maladlea  4n  nés  et  de  la  cavité  naMo- 

pharjnsiennr,  par  le  professeur  Morell-Mâckënzie  (de 
Londres),  1  vol.  in-8*  de  AAb  pages.  Traduit  de  l'anglais 
et  annoté  par  le^ docteurs  Ë.-J.  Houns  et  J.  Chazârac  (de 
Toulouse),  avec  82  figures  dans  le  texte.  Paris,  1888. 
Doin. 

On  assiste,  depuis  quelques  années,  à  un  mouvement 
scientifique  très  marqué,  qui  porte  un  grand  nombre  d'au- 
teurs à  décrire  avec  un  som  tout  particulier  les  affections 
nasales  et  leurs  conséquences  prochaines  ou  éloignées;  on 

S  eut  dire  que  Fétude  de  la  pathologie  nasale  est  à  Fordre 
u  jour,  et  qu'elle  semble  offrir  un  attrait  tout  spécial,  nous 


536    —  N'  33  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  16  Août  1889 


dirions  volontiers  être  l'objet  d'un  engouement  peut-être 
excessif,  mais  qui  a  eu  déjà  pour  résultat  d'incontestables 
progrès  dans  cette  branche  de  la  médecine. 

A  la  suite  des  travaux  de  Voltolini.  de  Hartmann,  de 
Joal,  deHack,  etc.,  le  champ  d'études  s'est  élargi,  et,  à  la 
connaissance  des  affections  primitives  ou  secondaires,  can- 
tonnées dans  la  région  nasale,  est  venue  se  joindre  celle  des 
divers  réflexes  d'origine  nasale,  dont  la  véritable  nature 
était  demeurée  longtemps  méconnue.  Certains  accès 
d'asthme,  de  migraine,  de  vertige,  de  palpitations,  bon 
nombre  de  troubles  vaso-moteurs,  ont  leur  point  de  départ 
dans  une  lésion  plus  ou  moins  importante  des  fosses  nasales, 
et  disparaissent  rapidement  par  la  cautérisation  des  régions 
malades  de  la  pituitaire  ou  l'ablation  des  polypes  :  le  fait 
est  aujourd'hui  incontestable,  et  la  thérapeutique  a  tiré 
grand  profit  de  ces  données  de  pathogénie.  Le  livre  de  Mac- 
kenzie  renferme  un  intéressant  chapitre  consacré  à  l'étude 
de  cette  question,  et  l'esprit  de  l'auteur  se  révèle  dans  cette 
réflexion,  qu'il  n'est  pas  inutile  de  citer  textuellement  : 
c  Bien  que  j'admette  entièrement  qu'un  grand  nombre  de 
phénomènes  réflexes  proviennent  des  fosses  nasales,  je  dois 
cependant  prévenir  les  jeunes  spécialistes  que  les  diverses- 
affections  que  l'on  considère  comme  résultant  d'une  mala- 
die du  nez,  sont  dues  très  fréquemment  à  d'autres  causes 
que  l'on  doit  chercher  à  combattre  avant  d'incriminer  les 
fosses  nasales.  »  On  ne  saurait  qu'approuver  une  si  sage 
i*és6rv6 

II  s'agit,  d'ailleurs,  d'un  ouvrage  fort  complet,  auquel  on 
ne  pourrait  reprocher  peut-être  que  l'absence,  au  moins 
apparente,  de  plan  général.  Il  semble,  au  premier  abord, 
que  les  chapitres  se  succèdent  un  peu  au  hasard,  sans  for- 
mer des  groupes  commandés  par  les  divisions  nosologi(^ues; 
mais  il  n  en  est  pas  absolument  ainsi,  et  seuls  les  titres 
des  différentes  parties  qui  composent  l'ensemble  fontdéfaut. 
Ils  eussent,  à  notre  avis,  facilité  l'étude  et  rendu  plus  claire 
la  répartition  des  groupes. 

On  trouve,  comme  introduction  aux  descriptions  patho- 
logiques proprement  dites,  un  utile  résumé  de  l'anatomie 
des  ifosses  nasales,  qui  eût  peut-être  gagné  à  être  accom- 

Sagné  de  quelques  figures;  puis  l'auteur  entreprend  l'étude 
es  méthodes  d'exploration  et  initie  le  lecteur,  avec  l'auto- 
rité que  lui  donne  sa  grande  expérience,  au  maniement  des 
miroirs  et  des  instruments  multiples  dont  l'usage  est  indis- 
pensable pour  la  rhinoscopie  et  le  traitement  des  maladies 
nasales. 

Signalons  au  passage  des  pages  fort  intéressantes  sur  le 
catarrhe  aigu  ou  chronique  de  la  pituitaire,  la  fièvre  des 
foins,  le  coryza  sec,  les  tumeure  des  fosses  nasales,  la 
syphilis  du  nez,  les  végétations  adénoïdes  du  pharynx  nasal, 
la  surdité  gutturale,  etc.  Toujours  les  questions  de  thé- 
rapeutique marchent  de  pair  avec  la  discussion  de  patho- 
génie  ou  la  description  du  symptôme,  et  le  praticien  trou- 
vera constamment  des  renseignements  utiles  pour  instituer 
un  traitement  efficace  dans  les  divers  cas  offerts  à  son  obser- 
vation. C'est  ainsi,  par  exemple,  qu'un  grand  nombre  de 
formules  sont  réunies  à  la  fin  de  l'ouvrage,  sous  forme 
d'un  appendice,  que  l'on  consultera  avec  le  plus  grand 
profit. 

Ajoutons  que  les  traducteurs,  MM.  Moure  et  Charazac  (de 
Toulouse),  ont  non  seulement  le  mérite  d'avoir  traduit  d'une 
façon  claire  et  en  excellent  stjrle  le  livre  de  l'auteur  anglais, 
mais  qu'ils  ont  ajouté  sur  divers  points  des  notes  complé- 
mentaires instructives,  et  même  un  chapitre  tout  entier  re- 
latif au  catarrhe  et  kyste  de  la  bourse  pharyngienne.  Nous  ne 
doutons  pas  qu'ils  ne  trouvent  ample  satisfaction  dans  l'ac- 
cueil fait  par  le  public  médical  français  à  l'ouvrage  qu'ils  lui 
auront  permis  cle  connaître  et  d'apprécier, 

André  Petit. 


Recherches  et  notes  originales,  publiées  en  1887  et  188U 
par  M.  le  docteur  V.  Galippe.  —  Paris,  A.  Lanier,  1889. 

Notre  confrère  M.  Galippe  a  réuni  en  un  volume  une  série 
de  notes  et  d'articles  déjà  publiés  par  lui  dans  le  jourual 
qui  paraît  sous  la  direction  de  M.  le  professeur  Cornil  et  dont  il 
est  le  rédacteur  principal.  Comme  il  le  dit  fort  bien,  les  articles 
de  ce  genre,  disséminés  au  milieu  de  travaux  divers,  sont  vite 
oubliés  et  ne  sont  pas  cités  comme  ils  mériteraient  de  Pétrp. 
Réunis  en  un  même  volume,  ils  solliciteront  Tattention  de  tous 
les  médecins  qui  s'occupent  des  auestions  de  stomatologie.  Ces 
recueils  de  Mélanges  d'histoire  médicale  et  de  critique  méritent 
d'être  encouragés  et  c'est  à  ce  point  de  vue  surtout  que  nous 
signalons  l'initiative  de  M.  le  docteur  Galippe. 


VARIETES 

Clinique  ophtalmologique  des  Quinze- Vingts. — Un  concours 
d'admissibilité  aux  emplois  de  médecin-adjoint  de  la  clinique 
nationale  ophthalmologique  annexée  à  l'hospice  national  des 
Quinze- Vingts,  institue  par  arrêté  ministériel  au  29  juillet  1885^ 
auxa  lieu  à  rHdtel4)ieu,  dans  l'amphitbéâlffe  D«puy4ren,  les 
vendredi  25  octobre  prochain  et  jours  suivants. 


Mortalité    a    Paris  (30*   semaine,  du  27  juillet  au  3  août 
1889.  —  Population  :  2260945  habiUnts).  —  Fièvre  typhoïde,  36. 

—  Variole,  3.  —  Rougeole,  15.  — ^.Scarlatine,  10.  —  Coque- 
luche, 11.  —  Diphthérie,  croup,  26.  —  Choléra,  0.  —  Phthisie 
pulmonaire,  199.  —  Autres  tuberculoses,  23.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  49;  autres,  3.  —  Méningite,  32.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  61.  —  Paralysie,  12.  — 
Ramollissement  cérébral,  18. —  Maladies  oi^niques  du  cœur,  59. 

—  Bronchite  aiguë,  40.  —  Bronchite  chronique,  12.  —  Broncho- 
pneumonie,  24.  —  Pneumonie,  35.  — Gastro-entérite:  sein, 22; 
biberon,  127. — Autres  diarrhées,  7.  — Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 1.  —  Autres  affections  puerpérales,  0.  —  Débilité  con- 
génitale, 30.  —  Sénilité,  27.  —  Suicides,  18.  —  Autres  morts 
violentes,  8.  —  Autres  causes  de  mort,  140.  —  Causes 
inconnues,  10.  —  Total  :  1 058. 


OUVRAGES  DÉPOSES  AU  BUREAU  DU  JOURNAL 

UriMt.  Député.  Sédiments.  Caleuli.  Applicalioa  do  l'analyse  urologique  à  U 
sémélolofie  médicale,  par  M.  E.  Gautrelet,  pharmacien  de  l'*  clasM»  avi»;  une 
préfoce  do  M.  lo  docteur  Lécorchc.  1  vol.  in-18  jcsus  do  45i  pa^os  avr-r 
figures.  Paris,  1889.  J.-B.  Baillière  ot  (ils.  r»  fr. 

Let  difformes  et  le*  malades  dans  Vart,  par  M.  le  professeur  Charcot  ei  M.  Ir 
docteur  Richer.  1  vol.  in-4*  avec  figures  inlercalëes  dans  le  texte.  Pari». 
E.  Lecrosnier  et  Babé.  iO  fr. 

Traité  de  pathologie  chirurgicale  spéciale»  par  M.  le  professeur  F.  Kœoii^.  otnrrsgc 

traduit  do  Tallomand  d'après  la  4*  édition,  par  M.   1«  docteur  Comte,  oavra^r 

précédé  d'une  Introduction,  par  M.  le  docteur  Terrillon.  T.  Il,  fascicule  3  avec 

108  figures  intercalées  dans  le  texte.  Paris,  E.  Lecrosnier  et  Babé.  7  fr. 

Tome  U  complet  avec  159  figures  dans  le  texte.  14  fr. 

L'ouvrage  complet  formera  3  volumes;  le  tome  Ul  paraîtra  fin  septembre. 

Médecine  clinique,  t.  VII,  par  M.  le  professeur  G.  Sée  et  M.  le  docteur  Labedie- 
Lagrave.  Traité  des  maladies  du  cœur,  étiologic  clinique,  par  M.  le  profes^^eur 
G.  Sée,  i.  I"'.  1  vol.  InS"  avec  21  figures  intercalées  dans  le  texte.  P,iris. 
B.  Lecrosnier  et  Babé.  ii  fr. 

Bibliothèque  anthropologique,  t.  IX.  Les  nègres  de  l'Afrique  toa-équahiriatp 
(Sénégambie,  Guinée,  Soudan,  Hnttt*Nil),  par  M.  le  profeast'ur  Abel  Hovelacqne. 
1  vol.  in-8°  avec  33  figures  intercalées  dans  le  texte.  Paris,  E.  Lecrosnier  et 
Babé.  ~  8  fr 

Manuel  des  travaux  pratiques  d'histologie;  histologie  des  éléments  des  tissus, 
des  systèmes,  des  organes,  par  M.  le  docteur  G.  Rémy.  1  voL  petit  tn-«*  »rc< 
399  figures  intercalées  dans  le  texte.  Paris,  E.  Lecrosnier  et  Babé.  7  fr 

Les  denrées  alimentaires,  leurs  altérations  et  leurs  falsifications,  conférence» 
faites  au  grand  concours  International  de  Bruxelles  en  1888  à  l'occasion  de 
l'exposition  d'un  laboratoire  pour  l'analj'so  des  denrées  alimentaires.  1  vol.  in-^*. 
Paris,  E.  Lecrosnier  et  Babé.  6  fr. 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 


90114.  —  MOTTBROZ.  —  Imprimeries  réunies.  A.  me  Mignon,  2.  Paris. 


Trente-sixième  année 


N*34 


23  Août  1889 


GAZETTE  nEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D'  L.  LEREBOÏÏLLET,  RéDACTEUR  en  chef 

MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  6.  DIEUUFOY,  DREYFUS-BRISAG,  FRANCOIS-FRANCK,  A.  HËNOCQUE,  A.g.  MARTIN,  A.  PETIT,  P.  REGLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lbseboullbt,  4i,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOUHAIRB.  —  Revue  drs  Congres.  Leê  Coui^rèsintoraatioDaux  de  méd<>cine  à 
Paris  en  1889  :  Ttiômpeutique.  —  Dfroiatoiogie  el  syphillsrraphie.  —  Ophllial- 
molosie.  —  Alcoolisme.  —  Médecine  mentale.  —  Psycholo^e  physiologique. 
—  Hypnotisme.  —  H>giène.  —  Assistance  publiqoe.  —  Médecine  léfalo. 


REVUE  DES  CONGRÈS 


Le»  Comgwém  IniematloiiawK  ûm  médeelae  *  Pttrla 

en  Al»89. 

Ainsi  que  nous  l'avons  annoncé  la  semaine  dernière  et, 
pour  ne  pas  retarder  outre  mesure  la  publication  des 
comptes  rendus  des  Congrès  internationaux  de  médecine 
qui  viennent  de  se  tenir  à  Paris,  ce  numéro  leur  est  exclu- 
sivement consacré.  Si  la  Gazette  a  ainsi  dérogé  à  son  pro- 
gramme habituel,  c'est  dans  Tespoir  que  ses  lecteurs  y 
trouveront  quelque  intérêt  et  en  retireront  profit;  c'est 
aussi  pour  douner  tout  de  suite  toute  la  place  dont  elle  peut 
disposer  en  une  fois  à  ces  manifestations  scientifiques  qu'il 
n'est  pas  permis  d^ignorer,  au  moins  dans  leur  ensemble. 
Malgré  tout  il  a  bien  fallu  écourler  autant  que  possible  ces 
comptes  rendus,  les  emprunter  souvent  à  des  matériaux  de 
seconde  main  el  accroître  quelquefois  la  rapidité  de  l'in- 
formation au  préjudice  de  sa  parfaite  exactitude;  l'actualité 
a  de  ces  exigences  ;  ce  n'est  qu'exceptionnellement  qu'on 
doit  les  subir.  Encore  a-t-on  dû  choisir  parmi  tous  ces 
Congrès,  renvoyer  à  des  revues  spéciales  quelques-unes  des 
questions  soulevées,  telles  que  les  discussions  du  Congrès 
d'anthropologie  criminelle,  les  débats  peu  mouvementés 
cette  année  de  la  session  de  l'Association  française  pour 
l'avancement  des  sciences. 

On  s'est  vivement  plaint  de  la  multiplicité  des  Congrès 
cette  année;  cette  dissémination  des  forces  intellectuelles  a 
paru  excessive  et  elle  l'est  à  bien  des  égards,  puisqu'elle 
a  encore  accusé  davantage  le  particularisme,  trop  développé 
aujourd'hui,  des  études  et  des  recherches  scientifiques. 
En  1878,  le  nombre  des  Congrès  était  plus  limité;  d'où  un 
éclat  plus  brillant  pour  ceux  qui  avaient  été  admis  au 
programme  officiel.  Il  semble  que  celte  année  on  ait  craint 
l'encombrement  et  que,  dans  cette  crainte,  on  ait  voulu 
répartir  sur  plusieurs  réunions  quelque  peu  similaires  ceux 
qui  voulaient  y  prendra»  part.  L'idée  pouvait  être  heureuse  si 
tous  ces  Congrès  ne  s'étaient  pas  tenus  à  la  même  époque, 
de  telle  sorte  que  l'éparpillement  de  leurs  membres  a 
souvent  présenté  de  graves  inconvénients.  Toutefois  les 
Congrès  ont  été  généralement  très  suivis;  il  en  est,  comme 
^  BArii.  t.  XXYI. 


ceux  de  l'assistance  publique,  de  l'hygiène  et  de  la  démo- 
graphie, de  la  dermatologie  et  de  la  syphiligraphie,  de  la 
thérapeutique,  qui  ont  compté  à  chaque  séance  un  nombre 
considérable  d  auditeurs  et  dont  les  discussions  feront 
époque  dans  la  science. 

Quel  temps  fut,  en  effet,  plus  admirable  que  le  nôtre! 
A  côté  de  cette  magnifique  Exposition  des  travaux  des  arts 
et  de  l'industrie,  voici  qu'on  accourt  de  toutes  parts  pour 
exposer  les  idées  qui  ont  enfanté  ces  merveilles,  pour  faire 
le  bilan  des  acquisitions  présentes  de  la  science  dans  toutes 
ses  branches  et  préparer  les  découvertes,  les  progrès  de 
l'avenir.  Jamais  peut-être  ou  n'a  constaté  plus  de  précision 
dans  les  débats  de  ces  Congrès,  comme  si  la  grandeur  des 
conceptions  déjà  réalisées,  dont  témoignent  les  produits 
exposés,  ne  laissait  plus  place  qu'à  des  propositions  nettes 
et  utiles,  sans  déclamations  d'aucune  sorte.  On  n'a  jamais 
fait  plus  de  besogne  avec  moins  de  bruit;  on  ne  s'est  jamais 
tant  efforcé  de  faire  œuvre  vraiment  scientifique  et  de  ne 
rechercher  que  le  minimum  des  revendications  possibles. 
L'importance  du  labeur  jusqu'ici  accompli  est  devenue  tro|» 
évidente  pour  que  chacun  ne  sente  pas  la  part  de  responsa- 
bilité qui  lui  incombe  dans  raccomplissement  définitif  de  la 
tâche.  Les  comptes  rendus  de  ceux  des  Congrès,  dont  les  dis- 
cussions devaient  se  terminer  par  des  résolutions  ou 
des  vœux,  sont  tout  particulièrement  instructifs  à  cet 
égard. 

Il  nous  faut  enfin  signaler  la  parfaite  courtoisie  qui  a 
régné  au  cours  de  toutes  ces  réunions.  Aucun  débat  irritant 
n'y  a  été  signalé;  tous,  étrangers  et  Français,  ont  rivalisé 
d'amabilité,  regrettant  l'absence  de  ceux  que  les  exigences, 
voire  même  les  brutalités, de  la  politique  étrangère  ont  sys- 
tématiquement éloignés  cette  année  des  Congrès  de  notre 
Exposition,  sachant  gré  à  ceux  qui  ne  craignaient  pas  d'ac- 
courir à  ce  Centenaire  de  l'émancipation  de  l'esprit  humain, 
à  l'une  des  plus  nobles  fêtes  du  Siècle  de  la  science. 


THÉRAPEUTIQUE 

D'après  M.  Semmola,  Texamen  hémoscopique  et  héiuomô- 
trique  avant radministration  du  mercure  et  pendant  son  emploi) 
permet,  dans  la  syphilis,  de  fixer  le  raomentoù  il  faut  faire  cesserle 
traitement,  et  même  de  déterminer  s'il  y  a  lieu  de  le  commencer 
dans  les  cas  où  il  y  a  doute  à  cet  égard.  En  effet,  le  nombre  des 
globules  rouges  ou  la  proportion  d'hémoglobine  étant  en  rapport 
avec  l'action  biologique  du  mercure,  varient  suivant  que  le 
mercure  agit  dans  un  organisme  syphilitique  ou  dans  un  orga- 
nisme sain.  L'examen  cliromoryloniélriqiie  doit  donc  cire  prali- 

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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


23  AOUT  1889 


que  avant  le  commencement  du  traitement  roercuriel  et  après 
la  disparition  des  accidents  spécifiques,  et  renouvelé  tous  les 
trois  ou  quatre  jours.  Si  riiémoglobine  augmente,  Tindication 
du  Biercure  persiste;  si  elle  diminue,  c'est  que  le  malade  étant 
guéri,  le  mercure  agit  commetoxique.il  en  est  de  même  pour  les 
cas  dans  lesquels  on  fait  un  traitement  d'essai.  Enfin  dans  toutes 
les  affections  constitutionnelles  où  on  essaye  le  mercure  sans 
base  de  spécificité,  son  indication  dépendra  de  la  façon  dont  il 
sera  tolère  :  car  son  action  déglobulisante  est  toujours  à  redouter. 
M.  Semmola  a  employé  pour  ses  recherches  le  chromocylo- 
mètre  de  Rizzozero,  1  hémochromomètre  de  Malassez  et  Tliéma- 
tomètre  de  Van-Heischl.  11  se  propose  d'étendre  ses  études  à 
tous  les  autres  médicaments considéréscomme  altérants;  actuel- 
lement il  conclut  en  disant  :  c  La  chromocytomèirie  doit  être 
regardée  comme  la  mesure  exacte  de  l'indication  et  de  futilité 
des  médicaments  qui  modifient  l'activité  des  échanges,  parce 
jue  le  vrai  résultat  thérapeutique  final  de  cette  action  est 
mcontestablemeêit  l'auamentation  des  globules  du  sang,  c'est- 
à-dire  de  la  quantité  d  hémoglobine.  > 

M.  Lavaux  :  De  remploi  de  la  cocaïne  dans  le  traitement  des 
affections  des  voies  urinaires.  —  Dans  les  rétrécissements  are- 
thraux,  pour  bien  faire  Tanestliésie,  il  faut  mettre  la  solution 
en  contact  avec  Turcthre  postérieur  et  le  col  vcsical  aussi  bien 
qu'avec  l'urèthre  pénien.  Dans  la  lithotritie  le  chloroforme  est 
bien  préférable,  surtout  si  Ion  doit  employer  Taspirateur. 

Dans  les  cystites,  la  cocaïne  donne  aexcellents  résultats,  à  la 
condition  toutefois  :  1"  d  anesthésier  à  la  fois  Turèthre  et  la 
vessie;  2°  d'employer  une  solution  à  4  pour  100  ou  2  pour  100, 
mais  en  quantité  sutlisante  pour  bien  imprégner  toute  la  muqueuse 
vésicale  ;  3"  d'injecter  la  solution  dans  la  vessie,  sans  sonde  ; 
i°  de  faire  concurremment  des  injections  intravésicales  sans 
sonde. 

Elle  est  d'un  heureux  emploi  dans  les  cystalgies  et  les  névral- 
gies vésicales,  et  pour  faire  cesser  le  spasme  de  la  région  mem- 
braneuse qui  accompagne  certains  rétrécissements.  Elle  laisse 
subsister  la  sensation  du  besoin  d'uriner,  alors  que  Tanesthésie 
de  la  muqueuse  vésico-urélhrale  est  complète.  Ce  n'est  donc  pas 
la  sensibilité  de  la  muqueuse  prostatique  qui  joue  le  principal 
rôle  dans  cette  sensation  comme  le  disent  M.\i.  Kûss  et  Du  val, 
mais  bien  la  distension  vésicale  comme  Fa  supposé  M.  Guyon. 

MM.  Lefebore  et  Crocq  combattent  cette  dernière  opinion, 
considérant  que  certains  malades  urinent  à  vide  et  ont  parfaite- 
ment le  besoin  d'uriner. 

M.  Guelpay  au  sujet  du  traitement  de  la  diphthérie, 
insiste  sur  la  nécessité  de  faire  le  traitement  local  et  de 
ne  pas  l'interrompre  pendant  la  nuit.  Il  doit  consister  surtout  en 
irrigations  et  en  vaporisations  sans  chercher  à  détruire  la 
fausse  membrane  et  en  évitant  d'c?ccorier  la  muqueuse  voisine 
par  des  badigeonnages  trop  vigoureux.  Les  irrigations  et  pulvé- 
risations doivent  atteindre  tous  les  points  où  il  y  a  des  fausses 
membranes;  de  là  l'indication  de  faire  la  trachéotomie  précoce, 
de  ramonner  les  fosses  nasales  si  elles  sont  obstruées,  d'ouvrir 
l'antre  d'ilighmore  par  la  trépanation  si  les  sinus  sont  envahis. 

M.  Fét'éoL  La  trépanation  de  l'apophyse  maloïde  n'ayant 
pas  encore  été  pratiquée  en  pareil  cas,  il  n'y  a  là  qu'une  vue 
théorique. 

M.  Crocq  se  demande  à  quel  signe  M.  Guelpa  peut  reconnaître 
la  pénétration  de  la  diplithérie  dans  les  sinus.  Pour  lui  il 
s'est  bien  trouvé  des  antiseptiques  et  des  préparations  soufrées. 

M.  Lefebvre  convient  du  danger  des  excoriations  par  les  ten- 
tatives d'ablation  des  fausses  membranes,  et  de  la  nécessité  des 
lavages  fréquents.  Il  emploie  une  solution  de  tanin. 

M.  Jorissenne  est  aussi  partisan  des  lavages  répétés  ; 
cependant  il  faut  laisser  dormir  les  enfants.  Grâce  «aux  trai- 
tements antiseptiques  modernes,  le  pronostic  de  la  diphthérie 
doit  être  modifié.  Le  soufre  et  le  tanin  méritent  une  égale 
confiance. 

M.  Ddihil  fait  une  communication  sur  le  traitement  de  la 
diphthérie  par  les  hydrocarbures. 

M.  de  Cresantignes  communique  un  procédé  d'enlèvement  des 
fausses  membranes  dlphthériques  à  l'aide  de  pinceaux  molle- 
tonnés. 

M.  Dujardin-Beaumetz,  dans  son  rnpport  sur  les  analgé- 
siq^ues  anlitliermiques,  insiste  d'abord  sur  l'utilité  qu'il  y  a  à 
préciser  les  indications  thérapeutiques  des  corps  tirés  de  la  série 
aromatique,  et  à  étudier  l'action  élective  do  chacun  d'eux.  Le 


phénomène  douleur  étant  un  syndrome  complexe,  les  ménif» 
médicaments  analgésiques  n'auront  pas  la  même  action  suivaDt 
qu'ils  s'adressent  à  des  manifestations  de  forme,  de  locaJisatîoo 
ou  d'origine  différentes.  De  là  tout  1  intérêt  qtf  il  y  a  à  cberchir 
de  nouvelles  ressources  dans  les  précieuses  acquisitions  faites 
chaque  jour  par  la  chimie. 

Ail  point  ne  vue  physiologique,  l'étude  de  ces  médicament^ 
soulève  plusieurs  questions  importantes,  et  d'abord  celle  de  b 
thermogénèse.  La  plupart  de  ces  analgé^^ioues  sont  des  antither- 
miques. Mais  ces  derniers  eux-mêmes  forment  trois  grooiHr^ 
suivant  qu'ils  jouent  spécialement  le  rôle  d'antiferraentesciblfs, 
ou  qu^ils  abaissent  la  température  en  diminuant  le  pouvoir  res|)r- 
ratoire  du  sang,  ou  en  agissant  directement  sur  les  centn:^ 
cérébraux  spinaux  et  en  modifiant  le:»  centres  calorigènes  de  U 
moelle.  Ce  sont  presque  exclusivement  ces  .detnMrs.  qui  jouis- 
sent de  propriétés  analgésiques. 

En  outre,  au  point  de  vue  physiologique  et  toxique,  les  diffé- 
rents  antithermiques  agissent  spécialement  les  uns  sur  la  moelle, 
d'autres  sur  le  bulbe,  les  autres  sur  le  cerveau;  actions  élec- 
tives importantes  à  connaître  pour  les  applications  thérapeu- 
tiques, particulièrement  en  vue  de  certaines  névroses  convui- 
sives. 

Enfin  il  y  aurait  grande  utilité  à  rechercher  le  rapport  qui 
existe  entre  la  formule  atomioue  des  corps  et  leurs  eOels  théra- 
peutiaues.  Déjà  cette  étude  a  été  faite  pour  certains  médicaments 
tirés  ne  la  séné  aromatique.  En  introduisant,  par  exemple,  àius 
la  formule  de  la  caféine  soit  le  groupe  atomique  éthoxyl,  soit  le 
groupe  méthoxyl,  soit  le  groupe  hydroxyl,  on  peut  moaiûer  sh 
propriétés,  et  la  transformer  de  médicament  tétanisant  en  médi- 
cament convulsivant  et  surtout  en  médicament  analgésianl. 
D'après  les  travaux  qu'il  a  faits  avec  le  docteur  Bardet,  il  semble 

Su'on  peut  proirisoi rement  établir  la  loi  suivante  qui  ^rmeltrait 
apprécier  les  effets  antiseptiques,  antithermiques  et  analgé- 
siques des  nouveaux  médicaments  tirés  de  la  série  aromatique  : 

Les  effets  antiseptiques  appartiendraient  surtout  aux  dérivés 
hydratés  (phénols,  naphtols,  etc.). 

Les  effets  antithermiques  seraient  dominants  dans  les  dériviVs 
amidogénés  (acélanilide,  kairine,  thalline). 

Les  propriétés  analgésiques  se  rencontreraient  surtoutdaD5ce> 
derniers  corps  amidogonés  où  l'on  substitue  à  un  atome  d  hydro- 
gène un  atome  d'un  radical  gras  et  particulièrement  de  meth\i 
(diméthyloxyquinizine,  acétpnénitidine,  raéthylacétanilide). 

M.  Lépine.  Même  chez  l'animal  sain,  l'action  des  ner- 
vi ns  anlitliermiques  est  complexe  :  ils  exercent  une  actioi! 
d'arrêt  sur  l'activité  du  protoplasraa  et  altèrent  pour  la  plupart 
les  globules  rouges  (soit  en  transformant  l'hémoglobine  en  uiétbr- 
moglobine,  soit  en  attaquant  la  charpente  globulaire).  Mais  leur 
influence  est  surtout  marquée  sur  le  système  nerveux,  comni** 
l'ont  établi  les  expériences  deDemme,  Henocque,  Bouchard,  etc., 
faites  avec  l'antipyrine.  Ces  auteurs  ont  constaté  les  phéuci- 
inènes  d'excitation,*^  notamment  la  raideur,  puis  les  convulsion^ 
survenant  après  une  forte  dose  d'aniipyrine.  Le  premier  il  a 
montré  qu'elle  supprime  la  douleur,  et  ayant  constaté  peu  df 
temps  après  que  l'acétanilide  exerce  la  même  action  analgésique 
sur  les  centres,  il  a  pu  dire  que  tous  les  antipyrétiques  sont 
nervins. 

En  outre,  sous  leur  influence,  la  consommation  du  glucost* 
dans  les  capillaires  et  sa  formation  aux  dépens  du  glyco- 
génc  dans  le  foie  et  les  muscles  diminuent.  Leur  action  sur  j.i 
consommation  des  albuniinoides  étant  variable  et  en  tous  cas 
presque  négligeable  au  point  de  vue  de  la  production  de  chaleur, 
c'est  à  la  diminution  de  la  consommation  des  matériaux  hydro- 
carbonés  de  l'économie  qu'il  faut  attribuer  en  grande  partie 
l'hypothermie  «qu'ils  produisent  facilement  chez  les  petits  ani- 
maux. M.  Lépine  a  constaté  avec  M.  Barrai  au'un  cobaye  do 
400  grammes,  soumis  à  une  dose  d'antipyrine  de  20  à  30  centi- 
grammes par  kilogramme,  excrète  dans  les  heures  suivantes  un 
cinquième  en  moins  de  t^O'  qu'un  cobaye  témoin. 

En  résumé,  ces  agents  sont  des  poisons  du  protoplasma,  moins 
actifs  que  la  quinine.  Leur  action  essentielle  s'exerce  sur  b* 
système  nerveux.  Dynamique  et  surtout  nervine^  elle  modifie  à 
la  fois  certaines  impressions  sensitîves  et  la  production  de  cha- 
leur en  restreignant  la  consommation  des  matières  hydro-car- 
bonées. En  les  appelant  analgésiques  on  donne  une  idée  incom- 
plète de  leur  mode  d'action. 

M.  Masius  préfère  la  phénacétine  dans  la  tuberculose,  la 
fièvre    typbolfie  et    les   différentes   formes   du^  rhumatisme. 

Comme  antinëvralgique  il  en  faut  prescrire  ï  à  3  gramme*. 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N«  34  —    539 


Elle  est  moins  dangereuse  que  Tantipyrine.  A  dose  toxique,  elle 
tue  les  animaux  par  asphyxie;  à  dose  moins  forte  elle  produit 
de  la  paralysie  motrice  et  sensitive. 

M.  William  n'est  pas  très  partisan  des  antipyrétiques.  Donnés 
au  cours  des  fièvres,  ils  sont  dangereux  au  moment  de  leur 
administration  et  allongent  la  convalescence. 

M.  Masius  n'a  jamais  eu  d'accidents  avec  les  antipyrétiques. 
Mais  ils  ne  sont  indiqués  que  quand  la  température  se  maintient 
au-dessus  de  39  degrés. 

M.  Stokvis  n'a  jamais  vu  l'utilité  de  cette  médication  dans  les 
fièvres  continues,  Térysipèle,  etc.  Elle  lui  semble  aussi  prolon- 
ger la  convalescence;  du  reste  il  n'est  pas  prouvé  que  f  hyper- 
thermie  soit  un  élément  dangereux. 

M.  DesplaU  a  presque  toujours  vu,  après  l'administration 
des  antitheritiiques,  la  température  s'abaisser,  les  sécrétions 
s'améliorer,  le  bien-être  revenir.  Ces  effets  sont  passagers, 
aussi  la  médication  doit-elle  être  méthodique.  Pour  lui,  la  lièvre 
n'est  que  la  manifestation  d'un  empoisonnement. 

M.  Snyers  apprécie  le  pouvoir  relatif  des  divers  antipyré- 
tiques d  après  le  rapport  qui  existe  entre  le  degré  d'abaisse- 
ment de  la  température  et  l'intensité  des  phénomènes  secondaires 
(transpiration,  frisson,  cyanose,  etc.).  Plus  l'abaissement  de  la 
température  est  brusque  et  marqué,  plus  les  phénomènes  secon- 
daires réactionnels  sont  intenses.  D'après  ses  observations  l'anti- 
pyrine  l'emporte  sur  les  autres  antitnermiques  analgésiques. 

M.  A.  Henocque  insiste  sur  l'utilité  des  analyses  spectre- 
scopiques  du  sang  chez  les  malades  soumis  aux  médicaments 
antilhermiques.  Eu  effet  la  plupart  diminuent  la  quantité  d'oxy- 
hémoglobine  du  sang.  Quelques-uns  à  des  doses  non  toxiques 
habituellement  déterminent  la  production  de  méthémoglobine. 
L'observation  clinique  et  l'expérimentation  démontrent  pour 
Tacétanilide  et  la  phénacétine  même  que  l'altération  toxique  se 

Sroduit  après  une  anémie  préalable.  L'analyse  spectrale  est 
onc  un  moyen  pratique  de  suivre  l'action  médicamenteuse  et 
de  la  régler.  De  plus,  ces  agents  modifient  Vactivité  des 
échanges.  Il  y  a  donc  grand  avantage  à  employer  concurrem- 
ment la  méthode  clinique  d'hémaloscouie. 

M.  Bardet,  dans  le  service  de  M.  Beaumetz,  à  Gochin, 
a  obtenu  avec  Texalgine  des  résultats  qu'on  peut  résumer 
ainsi  :  l'exalgine  ou  méthylacétanilide  est  un  puissant  analgé- 
sique^ paraissant  agir  énergiquement  surtout  contre  les  né- 
vralgies a  frigore  ou  congestives.  Il  est  nécessaire  que  l'exalgine 
employée  soit  bien  de  la  méthylacétaniline  et  non  un  de  ses 
isomères,  tel  que  l'acétotoluidine  donnée  en  Angleterre  sous 
le  nom  d'exalgine  et  dont  les  propriétés  sont  différentes. 

MM.  Féréol  et  Bucquoy  en  ont  été  assez  satisfaits,  cepen- 
dant l'ont  tfouvée  inférieure  à  l'antipyrine. 

M.  Dujardin'Beaumeiz  croit  lexalgine  plus  active  que 
l'autipyrine.  Mais  elle  est  moins  soluble  et  à  la  dose  de  50  centi- 
grammes provoque  de  la  cyanose  et  des  vertiges. 

M.  Desnos  s  en  est  bien  trouvé  à  la  dose  de  19%!25  à  10%5O 
dans  les  névralgies  sciatiques  rebelles.  Les  vertiges  étaient  fré- 
quents, mais  non  constants. 

M.  Constatitin  Paul  lit  un  rapport  sur  la  question  des 
antiseptiques  propres  à  chaque  microbe  pathogène.  H  montre 
que  si  la  médication  parasiticide  présente  ae  nombreuses  appli- 
cations, cependant  il  est  nécessaire  de  connaître  l'action  des 
divers  antiseptiques  sur  les  différents  microbes  pathogènes.  Les 
substances  employées  n'ont  pas  toutes  en  effet  la  même  action 
sur  le  même  micro-organisme.  Dans  une  série  de  tableaux, 
M.  le  rapporteur  indique  les  résultats  obtenus  avec  divers  anti- 
septiques sur  les  microbes  de  la  putréfaction,  de  la  fièvre 
typhoïde,  du  choléra,  de  la  tuberculose.  Il  termine  en  indiquant 
l^influence  de  la  température  sur  les  principaux  microbes  patho- 
gènes. 

M.  Bucquoy  lit  un  rapport  sur  les  toniques  du  cœur.  La 
thérapeutique  des  maladies  du  cœur  se  propose  bien  moins  de 
combattre  les  lésions  acquises  de  l'organe  que  de  relever  son 
action,  lorsqu'elle  se  trouve  en  défaut.  La  digitale  a  été  pendant 
longtemps,  et  avec  succès,  l'agent  principal  et  uresque  exclusif 
de  cette  médication  tonique  du  cœur,  mais  aepuis  quelques 
années  la  liste  des  médicaments  cardiaques  s'est  enrichie  de 
produits  nouveaux  (caféine,  convallaria  maialis,  adonis  ver- 
nalis,  strophantus,  etc.),  qui  agissent  pour  la  plupart  en  ren- 
forçant la  systole  ventriculaire,  en  relevant  et  régularisant  le 
Soûls,  en  augmentant  la  tension  artérielle  et  produisant  une 
iurèse  plus  ou  moins  abondante.  Mais  nous  ignorons  en  quoi 


diffèrent  ces  médicaments  et  leur  action  sur  les  vaso-moteurs, 
car  tous  ne  sont  pas,  comme  la  digitale,  vaso-constricteurs.  11 
y  aurait  intérêt  a  classer  ces  différents  toniques  d'après  leui" 
action  physiologique  et  toxique,  à  savoir  combien  de  temps 
chacun  d'eux  peut  être  toléré  et  enfin  à  rechercher  si  le  gluco- 
side  ou  l'alcaloïde  de  la  plante  peut  être  prescrit  comme  celleHsi, 
si  on  peut  en  attendre  les  mêmes  effets,  ce  qui  jusqu'ici  paraît 
douteux;  enfin,  quelles  sont  les  indications  thérapeutiques  de 
chacun  de  ces  toniques  et  auquel  donner  la  préférence,  suivant 
les  cas  particuliers. 

M.  Masius  considère  la  digitale  comme  le  meilleur  tonique  du 
cœur,  et  la  donne  en  poudre. 

^    M.  Dujnrdin-Beaumetz  préfère  la  macération  de  digitale,  la 
poudre  irritant  l'estomac. 

M.  Bucquoy  a  réuni  200  observations  de  malades  traités  par 
le  strophantus.  Sous  son  influence,  le  pouls  se  ralentit  et  se 
régularise.  Chez  les  mitraux^  le  pouls  devient  aortique;  chez  les 
aortiques,  le  pouls  de  Corri^an  s'exagère.  Quant  a  son  action 
sur  les  vaso-moteurs,  la  physiologie  et  la  clinique  sont  en  con- 
tradiction sur  ce  sujet.  Le  strophantus  a  l'avantage  de  relever  le 
pouls  sans  exercer  de  vaso-constriction  périphérique,  d'être 
inoffensif  (pas  d'effet  d'accumulation^,  d'être  un  diurétique 
fidèle^  mais  son  efficacité  est  subordonnée  à  l'intégrité  du 
muscle  cardiaque. 

M.  Féréol  préfère  donner  la  digitale  en  infusion.  Quelquefois 
la  digitaline  en  solution,  suivant  la  formule  de  M.  Potain,  agit 
mieux,  une  seule  dose  suffisant  parfois  pour  huit  à  dix  jours 

M.  Lapine.  Ce  qui  fait  le  mérite  de  la  méthode  de  M.  Potain, 
c'est  la  dose  élevée  à  laquelle  il  donne  la  digitaline.  Quant  au 
caractère  aortique  du  pouls,  signalé  par  M.  Bucquoy,  chez  les 
malades  traités  par  le  strophantus,  il  est  dû  à  la  dilatation  du 
ventricule  gauche  sous  l'influence  de  ce  médicament. 

M.  Semmola  emploie  la  digitaline  de  préférence  à  la  digitale, 
qui  a  une  action  nauséeuse. 

M.  DujardinBeaumetz  insiste  sur  la  nécessité  d'employer 
une  digitaline  cristallisée  toujours  identique  à  elle-même. 

M.  Petresc  donne  lecture  d'un  travail  sur  Faction  antîphlo- 
gistique  de  la  digitale  dans  la  pneumonie.  Il  conclut  à  son 
emploi  dans  celte  maladie  aux  doses  de  4  à  8  grammes  d'infu- 
sion de  feuilles  par  jour. 

M.  Constantin  Paul,  à  propos  des  communications  précé- 
dentes, se  demande  s'il  y  a  véritablement  des  toniques  du  cœur. 
En  principe,  un  ionique  est  un  médicament  condensateur,  qui 
fournit  à  l'organisme  une  force  qu'il  emmagasine,  tel  est  le 
sulfate  de  quinine  qui,  suivant  les  cas,  abaisse  la  température 
ou  au  contraire  la  relève  jusqu'au  degré  normal.  Le  strophantus 
et  la  digitale  ne  sont  que  des  toniques  secondaires,  c'est-à-dire 
ne  relevant  l'énergie  cardiaque  qu'après  la  diminution  de  la 
résistance  des  vaisseaux  par  le  fait  de  la  diurèse.  Le  conval- 
laria maialis,  l'alcool,  l'éther,  les  infusions  de  plantes  aromati- 
ques stimulantes  assissent  bien  mieux  comme  des  toniques  du 
cœur,  sans  oublier  la  piqûre  de  morphine  chez  les  aortiques. 

M.  Crocq  fait  une  communication  sur  le  traitement  de  la 
pneumonie  par  l'acéiate  de  plomb.  Avec  cette  médication,  il 
voit  le  chiffre  des  pulsations  diminuer,  la  température  s'abaisser, 
les  crachats  se  tarir.  Quelquefois,  pour  prévenir  la  diarrhée,  il 
associe  le  laudanum  à  l'acétate  de  plomb.  La  dose  minima  du 
médicament  est  de  iO  centigrammes,  la  dose  maxima  1  gramme 
par  vingt-quatre  heures.  Le  traitement  peut  se  continuer  douze 
et  quinze  lours.  11  est  indiqué  dans  les  pneumonies  des  gens 
affaiblis,  des  alcooliques,  des  diabétiques. 

M.  Jorissenne  fait,  sur  le  traitement  de  l'érysipèle  par  les 
antiseptiques,  une  communication  concluant  à  remploi  du  su- 
blimé, comme  antiseptique  le  plus  sûr,  incorporé  à  un  mélange 
de  beurre,  de  cacao  et  de  vaseline.  Le  même  auteur,  attribuant 
aux  microbes  le  principal  rôle  dans  la  persistance  des  fissures 
à  l'anus,  préconise  le  traitement  antiseptique  (sublimé)  comme 
le  seul  rationnel  et  le  plus  sûrement  analgésique. 

M.  Hallopeau  lit  un  travail  sur  la  nature  de  la  pelade 
et  son  traitement.  Bien  que  le  parasite  de  la  pelade  ne  soit  pas 
connu,  les  faits  cliniques  permettent  d'en  affirmer  l'existence  et 
d'en  déterminer  la  localisation.  Il  siège  surtout  dans  les  papilles 
pilifères  et  se  transmet  par  le  contact.  Le  traitement  doit  donc 
consister  à  empêcher  la  contagion,  et  d'autre  part  à  tuerie  para- 
site ou  empêcher  son  développement  en  modifiant  le  terrain  où 
il  vit.  De  là  deux  indications  :  laver  les  parties  saines  qui  avoi- 
sînent  les  parties  malades,  avec  des  solutions  antiseptiques, 


540    —  N»  34  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


23  AotJT  1889 


modifier  le  cuir  chevelu  au  niveau  des  parties  alU'inles  par  le 
vésicatoire.  Une  pelade  traitée  ainsi  doit  guérir  en  trois  ou  quatre 
mois. 

Une  seconde  communication  du  même  auteur  a  traita  remploi 
des  antiseptiques  conire  les  accidents  locaux  de  la  syphilis. 
Chaque  manifestation  locale  syphilitique  étant  un  foyer  de  puUu- 
lalion  du  virus,  le  traitement  local  doit  être  employé  systéma- 
tiquement, panllèlement  au  traitement  général.  Dims  ce  hul  on 
peut  recourir  à  lu  pluprirt  des  préparations  mercurielles  (nitrnte 
acide  de  mercure,  sublimé  en  poudre,  emplâtre  de  Vigo,  solutions 
de  sublimé,  etc.)  ou  aux  préparations  à  base  d'iode  (iodoforme), 
ces  dernières  convenant  surtout  aux  syphilides  ulcéreuses. 

M.  Riieff^  en  son  nom  et  au  nom  de  M.  Miqnel,  donne  lecture 
d'un  tra%'iiil  sur  le  traitement  de  la  tuberculose  pulmonaire  par 
les  pulvérisations  biiodo-mercurii|ues.  Ils  ont,  avec  cette  mé- 
thode, obtenu  de  bons  résultats  dans  quarante  cas  où  il  s'agissait 
de  tuberculose  au  premier  et  au  second  degré. 

M.  Planchon  lit  un  mpport  sur  les  drogues  nouvelles  d'ori- 
gine végétale  introduites  depuis  six  ans  en  thérapeutique  (chi- 
mie, pharmacologie,  pharmaco-dyn:imie  et  applications  ihéra- 
peuliques  des  plantes  ou  des  principes  qui  en  ont  été  tirés). 


DERMATOLOGIE  ET  SYPHILIGRAPHIE 

La  première  question  mise  à  Tordre  du  jour  de  ce  Congres 
était  celle  de  la  constitution  du  groupe  lichen  :  doit-on,  avec 
les  anciens  dermatologistes,  conserver  la  dénomination  de  lichen 
à  un  assez  grand  nombre  d'affections  que  plusieurs  modernes 
considèrent  comme  différentes  les  unes  des  autres?  Dans  la  néga- 
tive :  1°  quelles  sont  les  affections  qu*il  faut  séparer  du  groupe 
et  dénommer  autrement;   ^^  un  nouveau  groupe  lichen  étant 
constitué,  quelles  sont  les  espèces,  formes  ou  variétés  que  l'on 
doit  y  admettre?  M.  Kaposi  admet  qu'à  côté  du  lichen  plan, 
décrit  par  birasmus  Wilson,  le  groupe  lichen  doit  comprendre 
le  lichen  ruber  acuminatus,  maladie  que  Hébra  père  avait  appelée 
simplement  lichen  ruber;  le  pityriasis  rubra  pilaris  de  Devergie 
et  Besnier  serait  également  du  lichen  ruber  acuminatus;  le 
groupe  comprendrait  eniin  le  lichen  scrofulosorum.  MM.  Hnbra 
et  Vnna  décrivent  à  côté  du  lichen  planus  de  Wilson  le  lichen 
ruber  de  Hébra  père,  qui  n'est  pas  du  tout  ce  que  M.  Kaposi 
appelle  lichen  ruber  acuminatus;  cette  dernière  affection  ne 
serait  autre  que  le  pityriasis  rubra  pilaris  des  auteurs  français  qui 
n'est  pas  du  lichen.  MM.  Jamieson  et  Morris  Malcolm  placent 
dans  le  groupe  lichen,  le  lichen  planus,  le  lichen  ruher,  et  rejet- 
tent le  pityriasis  pilaire.  M.  Ernest  Besnier  pense  que  le  groupe 
lichen  ne  renferme  qu'une  maladie,  le  lichen  planus  de  \Vilsou, 
qû  comprend  :  1*^  des  types  à  éléments  plans  et  éléments  acu- 
minés;  2»  des  cas  mixles  où  les  deux  formes  précédentes  se  trou- 
ve.it  réunies;  3®  des  variétés  :  lichen  nionilitorme, obtus,  hyper- 
kertosique  et  hypertrophique,  corné  et  atrophique.  Il  rejette  le 
lichen  ruber,  type  Hébra,  qui,  pour  lui,  comprend  des  maladies 
différentes;  le  lichen  scrofulosorum  dont  l'existence  ne  lui  est 
pas  démontrée  ;  le  pityriasis  rubra  pilaris  enfui,  qui  n'est  cer- 
tainement pas  du  lichen.  Pour  M.  HallopeaUy  1®  le  groupe  lichen 
est  artificiel  ;  2*  c'est  arbitrairement  qu'on  y  fait  rentrer  diverses 
affections  qui  n'ont  de  commun  que  l'aspect  papuleux  de  leurs 
éléments;  3**  on  devra  ultérieurement  substituer  au  mot  lichen 
des  dénominations  tirées  de  l'anatomie  et  de  la  physionomie 
pathologiques;  i*'  les  maladies  actuellement  confondues  sous  ce 
nom  peuvent  être  rattachées  à  d'autres  types,  à  l'exception  de 
celle  qu'a  décrite  Wilson;  c'est  cette  dernière  seule  qu'il  con- 
vient aujourd'hui  d^appeler  lichen;  elle  constitue  une   espèce 
morbide;  5<^  la  qualification  de  lichen  planus  n'est  plus  appli- 
cable qu'à  une  variété  de  cette  maladie.  On  doit  en  admettre 
une  forme  aiguë  et  une  forme  chronique,  et  distinguer  dans 
cette  dernière  les  variétés  décrites  sous  les  noms  de  lichens 
planus,  obtusus,  acuminatus,  tubéreux  corné,  en  collier  de  corail 
et  scléreux;  G*'  la  forme  aiguë  comprend  une  partie  des  faits 
publiés  sous  le  nom  de  lichen  ruber  acuminatus.  M.  Vidal  vou- 
drait  réserver  le   nom   de   lichen  aux  affections  papuleuses; 
provisoirement  on  doit  ranger  dans  ce  groupe  les  diverses  va- 
riétés du  lichen  planus  de  Wilson  et  aussi  celles  des  1.  acumi- 
natus et  obtusus,  tes  1.  cornés  (planus  et  tubéreux),  le  1.  sclé- 
reux, etc. 

Du  pityriasis  rubra,  des  dermatites  exfoliantes  généralisées 


primitives,  telle  était  la  seconde  question  dont  le  Congrès  avait  â 
s  occuper.  M.  Brocq  rappelle  tout  d'abord  qu'en  dehors  des  liè- 
vres éruptives  classiques,  il  est  toute  une  catégorie  de  derma- 
toses  encore  assez  m.il  connues,  aue  caractérisent,   au    point 
de  vue  objectif,  une  rougeur  généralisée  du  derme  et  une  df>- 
quamation  plus  ou  moins  abondante  de  l'épiderme.  Ces  faits  ont 
été  surtout  publiés  sous  le  nom  de  pityriasis  rubra,  depuis  It*^ 
travaux  de  Devergie  et  Hébra;  ce  sont  les  érythrodermies  exfo- 
liantes de  M.  Ë.  liesnier.  Le  groupe  n'est  pas  homogène,  il  faut 
d'abord  distinguer  les  affections  suivantes,  qui  ont  leur  indivi- 
dualité propre  :  le  pityriasis  rubra  pilaris  de  Devergie,  Hieiiaud, 
Besnier,  maladie  qui  se  rapproche  beaucoup  du  psoriasis  ;  h 
lymphodermie  pernicieuse  de  Kaposi  et  probablement  certaiuf> 
variétés  eczématiformes  généralisés  de   mycosis  fongoide;   le> 
éruptions  généralisées  rouges  et  desquamatives  d'origine  artili- 
ciello,  médicamenteuses  pour   la  plupart;  les  poussées  aij^è> 
el  généralisées  qui  se  produisent  assez  souvent  dans  le  euur> 
d'un  eczéma,  d'un  psoriasis,  beaucoup  plus  rarement  d'un  licbt'ii 
planus;  les  herpétides  exfoliatives  de  Mazin.  En  laissant  de  côt«^ 
ces  faits,  on  se   trouve  en  présence   d'éruptions   géncrdlisé»'^ 
rouges  et  desquamatives  dites  essentielles  qui  ne  rentrent  da£> 
aucun  des  cadres  morbides  pn'xédents;  c'est  à  ces  éruptions  que 
M.  Brocq  propose  de  conserver  le  nom  générique  de  pityriasis 
rubra;  ce  sont  :  1"  l'érythème  scarlatiniforme  desquaraàtif  ou 
dermatite  exfoliative  aiguë  bénigne;  t°  la  dermatite  exfoliativc 
généralisée  proprement  dite  ou  subaigué;  S'^ladermatite  généra- 
lisée chronique;  i°  le  pityriasis  rubra  chronique,  type  de  Hébra; 
et  5°  le  pityriasis  rubra  suhaigu  ou  bénin.  Après  un  échan^'t- 
d'observations  entre  MM.  Jamieson,  Crucker,   UnnUf  Vidal, 
Schwimmer,  Petrini  et  Kaposi,  M.  Ernest  Besnier  constat»* 
que  tout  le  monde  est  d'accord  pour  n'admettre  qu'un  pityria>i> 
rubra,  celui  de  Hébra  ;  les  eczémas  qui  se  généralisent  ne  sont 
pas  du  pityriasis,  mais  des  dermatites  e.vfoliatrices. 

La  prophylaxie  et  le  traitement  des  tricophytost;s  donnent  lieu  à 
une  série  de  communications.  M.  Butte  dit  avoir  obtenu  de  bon^ 
résultats  par  l'emploi  d'un  pansement  à  la  lanoline  et  au  proto- 
chlorure d'iode.  M.  Quinquaud  se  loue  beaucoup  du  traitement 
suivant  :  tenir  les  cheveux  très  courts,  gratter  les  plaques  trico- 
phytiqucs  avec  une  raclette  spéciale  pour  entraîner  mécanique- 
ment le  plus  possible  des  éléments  atteints,  poils  et  épidémie; 
lotions  avec  une  solution  alcoolique  de  biiodure  d'hydrargvre 
(15  à  20  centigrammes)  et  de  bichlorure  d'bydrargyre  (i  gramme); 
on  applique  en  permanence  une  rondelle  d'emplâtre  nii\t<*. 
faite  avec  les  mêmes  médicaments;  épilation  au  bout  de  quel- 

2ues  jours,  puis  second  raclage,  et  ainsi  de  suite  jusqu'à  guérisou. 
race  à  cette  méthode,  cent  teiçneux  ont  quitté  An  service, 
après  guérison,  depuis  le  mois  de  janvier;  la  plupart  de  ce> 
enfants,  revus  depuis,  ont  de  très  belles  chevelures.  LVcueil 
capital  de  tous  les  traitements  de  la  tondante  est, d'après  M.  Bes- 
nier j  la  dermite.  Mon  traitement,  objecte  M.  Quinquaudy  n'anièn»' 
?|u'une  irritation  négligeable;  bien  que  le  tricophyton  se  termine 
orcénient  par  guérison,  il  la  fait  trop  attendre  pour  qu'on  ne 
tente  pas  des  procédés  aussi  expédilifsque  possible.  M.  £'.  Bes- 
nier agit  comme  il  suit  :  1*^  couper  les  cheveux  ra<«  au  ciseau  (et 
non  au  rasoir);  2»  zone  d'épilation  autour  des  plaaues;  3*  appli- 
cation, le  soir,  de  vaseline  boriquée;  4*>  le  matin,  lavage  à  Peau 
de  son.  Il  ne  peut  encore  indiquer  de  façon  précise  les  résultats 
de  cette  méthode;  il  peut  affirmer  pourtant,  d'ores  et  déjà, 
qu'elle  vaut  bien  celle  qu'il  connaitjusque-là  et  qu'elle  ne  donm* 
jamais  lieu  aux  dermites.  Des  enfants  atteints  de  teigne  ton- 
dante qui  se  rendaient  à  Hambourg  en  sont  revenus,  six  semaines 
après,  complètement  guéris,  et  guéris  spontanément,  déclart* 
M.  Umia,  qui  les  soigna  dans  cette  ville.  Cilui-ci  pense  toute- 
fois au'il  n'est  pas  impossible  qu'on  trouve  un  agent  parasiticid** 
capable  de  détruire  les  spores  du  trichophyton  sans  déterminer 
de  trop  vives  irritations;  c'est  ainsi  que  la  chrysarobine  guérit 
certaines  maladies  de  la  peau  sans  dangers  de  cette  espèce. 

Pour  M.  Vidal,  il  est  facile  de  guérir  ta  tricophytie  des  partir> 
glabres,  tricophytie  circinée  (herpès circiné  des  anciens  auteurs); 
la  végétation  parasitaire  ne  dépasse  pas  l'épaisseur  de  l'épi- 
derme; tout  agent  irritant  qui  provoque  la  desquamation  enlève, 
avec  les  lamelles  épidermiques.  tous  les  parasites;  c'est  ainsi 
qu'agit  la  teinture  a'iode  (trois  à  quatre  badigeonnages  délias- 
sant d'un  centimètre  les  points  atteints).  Mais,  lorsque  le  trico- 
phyton a  envahi  les  bulbes,  le  problème  est  plus  difficile  n 
résoudre.  On  ne  peut  pas  extraire  le  poil  envahi  par  le  para<;i!e 
et  il  est  encore  plus  impossible  de  faire  pénétrer  les  agents 
parasiticidesdanste  poil  et  dans  le  follicule  pileux,  tous  échouent. 


23  Août  1889 . 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N«  34  —    54i 


11  y  avait  alors  lieu  de  rechercher  si,  en  empêchant  les  spores 
du  Iricophyton  de  s'étendre  au  delà  des  poils  malades,  en  Vem- 
p«>chanl  de  former  de  nouveaux  foyers,  la  guêrison  ne  se  pro- 
duirait pas  par  Tevpulsion  spontanée  des  poils  malades.  Des 
recherches  auxquelles  s'est  livré  iM.  Vidal,  il  résulte  que  le  tri- 
chophyton  est  un  parasite  aérobie,  et  voici,  en  conséquence,  les 
procédés  de  traitement  qu'il  emploie  habituellement  :  après 
avoir  fait  couper  les  cheveux  aussi  court  que  possible,  il  fait 
frictionner  la  tète  avec  de  l'essence  de  térébenthine.  Les  points 
atteints  par  le  trichophyton  sont  ensuite  badigeonnés  avec  la 
teinture  d'iode.  La  tête  est  enduite  d'une  couche  de  vaseline 
pure  ou  boriquée  ou  iodée  à  i  pour  100  et  recouverte  d'un 
bonnet  de  caoutchouc,  ou  plus  économiquement  d'une  feuille  en 
giitta-percha  qu'une  serrc-téte  à  coulisse  maintient  hermétique- 
ment appliijuée  sur  le  cuir  chevelu.  On  renouvelle  le  pansement 
matin  et  soir  en  savonnant  la  tête  le  matin  et  en  l'essuyant  avec 
soin,  ainsi  que  la  feuille  de  gutta-percha.  Si  les  applications  de 
teinture  d  iode  ne  provoquent  pas  de  dermite,  on  les  renouvelle 
tous  les  jours  ;  dans  le  cas  contraire,  tous  les  trois  ou  quatre 
jours.  Depuis  quelques  mois  il  essaye  de  remplacer  la  teinture 
diode  par  des  morceaux  de  sparadrap  de  vigo  cum  mercurio. 
L'emplâtre  une  fois  appliqué,  il  fait  faire  sur  la  tête  une  onc- 
tion avec  la  vaseline  iodée  et  recouvrir  la  téta  de  gutta-percha. 
Les  résultats  obtenus  sont  encourageants. 

M.  Hallopeau  se  loue  du  traitement  de  Lailler;  les  cheveux 
des  enfants  sont  tenus  ras,  et  tous  les  soirs  on  recouvre  le  cuir 
chevelu  d'une  couche  de  vaseline  iodée  à  1  pour  100.  Il  a  ainsi 
obtenu  en  un  an  dix  guérisons  sur  vingt  malades. 

M.  Ernest  Besnier  fait  observer  que  les  diverses  affections 

Rarasitaires  du  cuir  chevelu  présentent  des  différences  de  dislri- 
ution  sociale  et  géographique  extraordinaires;  ainsi,  latricho- 
phytie,  fréquente  à  Paris  jusque  dans  les  quartiers  du  centre, 
n'existe  pour  ainsi  dire  pas  dans  la  zone  suburbaine  où  se 
montre  surtout  le  favus,  pas  plus  qu'elle  n'existe  dans  celles  de 
nos  bourgades  départementales  où  l'hygiène  est  le  moins  en 
honneur  et  la  prophylaxie  publique  ou  privée  tout  à  fait 
inconnue.  La  thérapeutique  de  cetle  affection  est  très  précaire  ; 
en  présence  de  chaque  cas  parliculier  de  trichophytie,  au  point 
de  vue  du  pronostic  et  de  la  durée  probable  du  traitement,  il 
faut  faire  des  catégories  parmi  les  malades  suivant  que  leur 
affection  dure  depuis  un  temps  plus  ou  moins  lonj^  et  a  donné 
lieu  à  la  production  d'un  nombre  plus  ou  moins  grand  de 
plaques.  11  faut  établir  des  divisions  et  ne  pas  confondre  tous  les 
cas  dans  une  même  statistique,  et,  quand  on  enregistre  des  gué- 
risons, il  faut  établir  que  l'on  a  suivi  les  malades  déclarés  guéris 
pendant  le  temps  suffisant,  en  même  temps  qu'on  appuie  cette 
déclaration  sur  un  examen  histologique  attentif.  Il  faut,  en 
celle  matière,  que  beaucoup  de  médecins  traitent  assez  sommai- 
rement, distinguer  la  guérison  clinique,  ou  guêrison  apparente, 
de  la  guérison  histologique,  ou  vraie,  laquelle  ne  se  produit 
souvent  que  plusieurs  mois  après  la  guérison  apparente.  D'autre 
part,  il  faut  prendre  garde,  si  l'ou  fait  entrer  les  médecins, 
comme  cela  s'est  malheureusement  déjà  fait,  dans  la  voie  de 
chercher  de  prétendus  parasiticides,  au  lieu  de  leur  apprendre 
à  modifier  la  cellule  vivante,  à  stériliser  le  terrain  envahi  ou 
menacé  par  le  raicrophyte,  qu'on  les  entraîne  à  appliquer  sans 
mesure  aes  substances  irritantes  dont  l'action  peut  être  funeste 
pour  la  vitalité  des  tissus,  et,  dans  le  cas  particulier,  pour 
l'existence  du  follicule  pileux. 

M.  Four  nier  était  naturellement  chargé  du  rapport  sur  la 
fréquence  relative  de  la  syphilis  tertiaire  et  les  conditions  favo- 
rables à  son  développement.  11  a  résumé  à  cet  effet  les  résultats 
de  ses  vingt-neuf  ans  de  pratique  et  les  2600  cas  de  syphilis 
tertiaire  qu'il  a  observés  dfans  sa  clientèle  de  ville.  Pour  ce  qui 
concerne  les  échéances  du  tertiarisme,  il  montre  que  la  fréquence 
relative  des  manifestations  du  tertiarisme  subit  une  ascension 
considérable  de  la  première  à  la  troisième  année  ;  elle  atteint 
son  apogée  à  la  troisième  année  ;  de  la  quatrième  à  la  onzième 
année,  elle  décroît  d'une  façon  continue,  assez  rapide  et  presque 
régulière,  tout  en  se  tenant  encore  dans  une  moyenne  assez 
élevée  ;  dans  les  dix  années  suivantes,  elle  continue  encore  à  dé- 
croître d'une  façon  bien  plus  lente  ;  au  delà,  c'est-à-dire  de  la 
vingt  et  unième  année  à  la  trentième,  elle  conserve  un  niveau  à 
peu  près  uniforme,  mais  très  abaissé  ;  c'est  l'étape  où  la  syphilis 
tertiaire  peut  être  déjà  tenue  pour  rare  ;  enfin,  au  delà  de  ce 
terme,  la  syphilis  tertiaire  devient  véritablement  exceptionnelle. 
En  outre,  elle  peut  être  précoce,  et  le  maximum  numérique  de 
ces  manifestations  correspond  aux  premières  années  de  la  dia- 


thèse  et,  d'une  façon  absolument  précise,  à  la  troisième  année. 
D'autre  part,  quelles  affections  composent  le  tertiarisme  et  quel 
est  le  degré  de  fréquence  relative  de  celles-ci  ?  En  premier  heu, 
il  faut  compter  les  lésions  tertiaires  des  organes  génitaux,  puis 
les  atrophies  musculaires  d'origine  périphérique  et  celles  dori- 

fine  centrale,  mais  surtout  les  manifestations  nerveuses.  Sur 
429  nianifestations  t'^piiaires,  M  Fournier  a  observé  1  035  affec- 
tions diverses  du  système  nerveux,  si  bien  qu'il  en  conclut  que, 
de  tous  les  systèmes  organiques,  c'est  celui-ci  qui,  sans  contra- 
diction possible,  est  le  plus  souvent  éprouvé  par  la  syphilis  ter- 
tiaire, et  cela  avec  une  supériorité  de  fréquence  vraiment  inat- 
tendue ;  d'où  il  résulte  que  le  plus  grand  danger  du  tertiarisme 
réside  dans  Texcessive  fréquence  des  affections  spécifiques  du 
système  nerveux,  affections  dont  chacun  connaît  1  importance  et 
le  haut  de^ré  de  gravité,  et  que  le  principe  de  la  syphilis  (quel 
qu'il  soit  d  ailleurs,  virus,  microbe,  sécrétion  microbiquej  n'im- 
porte), s'il  constitue  un  poison  de  tout  l'être,  constitue  principa- 
lement un  véritable  poiNon  du  système  nerveux. 

De  son  côté,  M.  Ck,  Mauriac  conclut  du  relevé  des  cas  qu'il 
a  observés,  que  dans  la  syphilis  acquise  les  accidents  tertiaires 
n'arrivent  que  dans  la  proportion  de  10  à  15  pour  100;  cette 
proportion  semble  diminuer  aujourd'hui.  Elle  augmente  dans  les 
foyers  endo-épidémiques.  Les  accidents  tertiaires  apparaissent 
en  moyenne  entre  la  deuxième  et  la  cinquième  année  de  la  sy- 
philis. Le  tertiarisme  externe,  qui  comprend  la  peau,  le  tissu 
cellulaire  sous-cutané,  le  périoste,  les  os,  les  organes  géni- 
taux, etc.,  est  encore  le  plus  fréquent;  c'est  le  moins  difficile  à 
Prévoir,  puisqu'il  se  produit  souvent  à  brève  échéance  lorsque 
accident  primitif  a  été  alors  phagédénique  ;  les  accidents  ter- 
tiaires osseux  sont  devenus  pius  rares  qu'autrefois;  ceux  qui 
s'observent  le  plus  souvent  sont  ceux  que  produit  la  syphilose 
pharyngo-nasale.  Parmi  les  syphilis  internes  ou  viscérales,  celles 
du  système  nerveux  viennent  de  beaucoup  en  première  ligne  ; 
ce  fait  est  devenu  tout  à  fait  prédominant  dans  la  question  du 
tertiarisme,  et,  en  effet,  ce  qu'il  y  a  de  plus  à  redouter  pour  un 
malade  atteint  d'une  faible  ou  d'une  moyenne  syphilis,  c'est 
incomparablement  la  détermination  spécifique  à  brève  échéance 
sur  les  centres  nerveux,  et  principalement  sur  le  cerveau.  Les 
syphiloses  du  foie,  du  poumon,  du  rein,  du  cœur  sont  infiniment 
moins  communes  que  les  déterminations  nerveuses  ;  quelaues- 
unes  sont  précoces,  celle  du  rein  par  exemple;  i'éventualite  des 
autres  n*est  pas  à  craindre  dans  les  premières  années  de  la 
syphilis. 

Pour  M.  Hasltingy  les  causes  prédisposantes  des  accidents  ter- 
tiaires sont  :  l'absence  complète  de  traitement  des  accidents 
secondaires^  le  traitement  mercuriel  défectueux  ou  insuffisant 
dans  la  période  secondaire,  soit  qu'il  consiste  en  un  traitement 
de  courte  durée  ou  au* il  soit  commencé  trop  tard,  Palcoolisme, 
l'impaludisme  ou  d  autres  fièvres  climatologiques,  l'existence 
d'une  affection  grave  chronique,  la  syphilis  congénitale  ou 
l'infection  syphilitique  très  précoce,  la  misère,  l'intolérance  du 
malade  pour  le  mercure. 

M.  Leloir  estime,  avec  les  préopinants,  que  les  accidents  ter- 
tiaires sont  très  fréquents  dans  les  premiers  mois,  dans  la  pre- 
mière année  de  la  syphilis;  mais  il  se  demande  alors  ce  que 
serait  la  division  de  la  syphilis  en  périodes;  la  caractéristique 
chronologique  du  tertiarisme  n'a  donc  aucune  valeur.  Quant  à 
lui,  il  estime  qu'un  accident  tertiaire  n'est  autre  chose  qu'un 
syphilome  résolutif  non  distinctif.  D'après  M.  Neumann,  les 
facteurs  de  la  syphilis  tertiaire  sont  :  un  traitement  insuffisam- 
ment prolongé  ou  trop  peu  énergique,  des  états  constitutionnels 
antérieurs  (tuberculose,  diabète,  impaludisme),  tout  ce  qui  porte 
atteinte  à  la  nutrition,  l'absence  ou  l'insuffisance  du  traitement; 
elle  est  indépendante  de  la  forme,  de  l'intensité  du  chancre  et 
de  la  syphilis  secondaire. 

Depuis  deux  ans,  MM.  Leloir  et  Tavernier  ont  pTSLiiqwê  1573  in- 
jections hydrargyrinues  sous-cutanées  pour  combattre  les  acci- 
dents des^^périodes  les  plus  diverses  de  la  syphilis,  à  l'exception 
de  la  syphilis  cérébrale  ou  spinale.  Ce  mode  de  traitement  leur 
parait  devoir  être  réservé  surtout  au  traitement  des  éruptions 
erythémateuses  ou  des  éruptions  de  syphilomes  résolutifs  du 
tégument  externe;  il  peut  être  employé  lorsau'il  y  a  intérêt  à 
faire  disparaître  très  rapidement,  brutalement  lesdites  éruptions. 
11  est  surtout,  pour  ne  pas  dire  uniquement,  applicable  à  la 
clientèle  hospitalière,  ou  aux  sujets  qui  peuvent  garder  le  lit 
quel(jues  jours  ;  il  est  surtout  recommandable  pour  le  traitement 
des  hlles  publiques,  n'a  q^u'une  action  minime  sur  les  syphilides 


des  muqueuses,  et  contrairement  à  ce  qui  été  avancé, 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


«3  Août  1889 


de  mettre  à  Tabri  des  récidives  parfois  très  proches.  D'ailleurs^ 
dans  bien  des  cas  il  échoue,  là  où  le  traitement  par  les  frictions 
réussit;  aussi  ne  doit-il  pas  être  employé  dans  les  cas  de  syphi- 
lomes  non  résolutifs,  sauf  dans  des  cas  exceptionnels  de  syphi- 
lomes  non  résolutifs  du  tégument  externe,  conjointement  avec  le 
traitement  local  et  Tiodure  de  potassium;  nou  plus  que  dans  les 
cas  de  syphilis  cérébrale  ou  spinale,  et  employé  en  général  dans 
le  traitement  de  la  syphilis  des  femmes  enceintes  et  dans  les  cas 
de  syphilis  viscérale,  non  plus  que  dans  le  traitement  de  la 
syphilis  infantile.  En  résumé,  son  seul  avantage,  et  encore  ne 
s  agit-il  que  du  traitement  de  certaines  syphilides  (syphilides 
érythémaleuses,  syphilomes  résolutifs  et  du  tégument  externe 
seulement),  parait  être  la  rapidité,  la  brutalité  même  ;  aussi  faut- 
il  lui  préférer  les  frictions,  en  agissant  de  la  manière  suivante  : 
au  moyen  des  frictions  faire  disparaître  l'éruption  et  cela  aussi 
vite  quiivec  les  injections  (beaucoup  plus  vite  en  ce  qui  concerne 
les  syphilides  des  muqueuses).  L'éruption  disparue,  pour  main- 
tenir les  malades  en  état  d'imprégnation  hydrargyrique,  employer 
le  traitement  interne  sous  forme  de  pilules  hydrargyriques  (pilules 
de  bichlorure,  de  protoiodure,etc.,etc.);  de  temps  à  autre,  après 
des  intervalles  de  repos  variables  suivant  les  cas,  soumettre  de 
nouveau  les  malades  aux  frictions;  chaque  poussée  nouvelle  de 
syphilis,  s'il  y  en  a,  est  immédiatement  combattue  par  les  fric- 
tions. (}uant  à  riodure,  il  ne  faut  le  donner  qu'à  partir  de  la 
deuxième  année. 

M.  Diday  croit  préférable  de  ne  donner  le  mercure  qu'au 
moment  de  l'apparition  des  accidents.  Sa  méthode,  fondée  sur 
l'étude  des  microbes  parasites,  a  pour  principe  de  n'attaquer  le 
bacille  syphiliffène  qu'aux  époques  révélées  par  les  manifesta- 
tions de  la  maladie,  où  il  est  à  la  fois  le  plus  nocif  et  le  plus 
accessible  à  Taclion  des  parasiticides.  En  administrant  ainsi  les 
spéciliques  de  façon  à  réserver  tout  leur  pouvoir  pour  les  vrais 
besoins  :  1<^  le  médecin  réalise  souvent  des  effets  curatifs  plus 
prompts;  2**  en  présence  d'une  récidive,  il  peut  la  guérir  sans 
être  forcé  d'élever  les  doses  jusqu'à  un  degré  préjudiciable  ; 
3*^  plus  intéressé  à  bien  observer  les  poussées  successives  que  lui 
dictent  le  moment  et  la  mesure  de  son  intervention,  il  se  fait, 
par  leur  étude,  une  plus  juste  idée  de  Tintensité  de  la  maladie 
et,  par  conséquent,  de  l'utilité  et  de  la  manière  d'associer  aux 
spécifiques  les  prescriptions  de  l'hygiène  et  les  autres  médica- 
tions propres  à  chaque  sujet  ;  4^  niant  le  pouvoir  préservatif  qu'on 
attribue  aux  spécifiques,  n'ayant  par  conséquence  pas  promis  au 
client  qu'il  le  préservera,  il  n'a  point  la  responsabilité  des  réci- 
dives qui  surviennent;  5*^  un  certain  temps  passé  sans  récidives, 
quoique  sans  traitement,  donne  plus  de  conriance  au  client  dans 
la  solidité  de  sa  guérison  que  s'il  pouvait  croire  l'avoir  main- 
tenue par  la  continuation  des  remèdes  spécifiques. 

MM.  Ander$on^  /.  Lanalebrrt,  Schwimmer,Neufnan,  Kaposi, 
Schuster,  du  Castel,  CastelOy  Hosalimosj  Dubois,  Lance- 
reaux,  Petrini,  de  Watraszewski,  Balzer  font  successivement 
connaître  les  résultats  de  leur  pratique. 

Le  Congrès  avait  aussi  mis  à  son  ordre  du  jour  l'étude  de  la 
classification  des  dermatoses  huileuses  multiformes  confondues 
sous  la  dénomination  de  pemphigus.  M.  Brocq  fait  remarquer 
qu'il  existe  cependant  parmi  ces  dermatites  une  variété  qui 
présente  des  caractères  sufûsamraent  tranchés  pour  qu'on  la 
détache  du  groupe  pemphigus,  c'est  la  dermatite  herpétiforme 
de  Duhring.  Elle  présente  quatre  symptômes  fondamentaux, 
qu'on  rencontre  dans  tous  les  cas  :  polymorphisme  de  l'éruption 
(erythème,  vésicules,  bulles,  etc.);  phénomènes  douloureux 
(cuisson,  brûlures,  prurit)  ;  longue  durée  de  l'éruption  qui  se 
manifeste  par  poussées  successives  (plusieurs  mois,  des  années); 
bon  état  général,  malgré  l'intensité  des  phénomènes  émotifs. 

Mais,  à  côté  de  la  dermatite  herpétiforme,  qui  est  une  maladie 
bien  déterminée,  il  existe  toute  une  classe  ae  dermatites  poly- 
morphes douloureuses  qui  lui  ressemblent  par  certains  points  et 
qui  en  diffèrent  par  d  autres.  Ces  dermatJtes  sont  difficiles  à 
classer.  Pour  essayer  de  mettre  un  peu  d'ordre  dans  cette  ques- 
tion, si  embrouillée,  M.  Brocq  divise  les  affections  présentant  le 
syndrome  de  dermatite  polymorphe  douloureuse  en  :  1»  dermatites 
douloureuses  chroni()ues  à  poussées  successives  comprenant  les 
sous-variétés  objectives  :  érythémato-papuleuse,  érythémato- 
vésiculeuse,  bufleuse,  pustuleuse  et  surtout  polymorphe  ou 
typique  d'après  l'aspect  même  de  l'éruption,  aspect  qui  peut 
d  ailleurs  varier  chez  un  même  sujet  suivant  les  phases  de  la 
maladie;  ^'*  dermatites  polymorphes  douloureuses  subaigués  ou 
bénignes,  comprenant  au  point  de  vue  de  l'évolution  deux  groupes 
secondaires  :  1  un  caractérisé  par  des  attaques  successives  sépa- 


rées Tune  de  l'autre  par  des  intervalles  de  calme  complet  (d^r 
matites  polymorphes  douloureuses  subaigués  récidi  vantes);  l'aulr 
caractérisé  par  une  attaque  unique,  composée  de  plusieurs  pous- 
sées éruptives  successives  presque  toujours  subintrantes,  dont  l> 
durée  totale  est  d'un  an  et  demi  à  cinq  mois  ;  3*  dermatites  poU 
morphes  douloureuses  aiguës;  et  4*  dermatites  polymorphes  don- 
loureuses  récidivantes  de  la  grossesse  ou  herpès  gestationis. 

M.  Kaposi  est  convaincu  que,  lorsqu'on  connaîtra  mieux  b 
question,  on  verra  qu'on  comprend  sous  le  nom  commun  de  drr- 
matite  herpétiforme  des  maladies  différentes,  n'ayant  que  quel- 
ques points  de  ressemblance;  le  groupe  que  comprend  la  derma- 
tite herpétiforme  ira  en  se  restreignant  i\o  plus  en  plus  et  fin  in 
par  disparaître.  A  l'heure  actuelle,  on  dit  dermatite  herpélifon.,»- 
quand  on  est  embarrassé;  on  dit  pemphigus  quand  on  reroii!:...î 
1  affection.  Le  diagnostic  de  maladie  de  Duhring  est  donc  un  dit- 

§nostic  d'embarras.  Par  contre,  M.  Unna  est  davis  Cfue  la  mala- 
ie  décrite  par  Duhring  existe;  c'est  bien  une  entité  morbidf. 
caractérisée  par  des  symptômes  dont  l'importance  pour  le  di.»- 
gnostic  varie  dans  l'ordre  suivant:  rechutes  spontanées,  hypt*r- 
esthésies,  polymorphisme  de  l'éruption  et  état  général  l)on. 
Cette  malaaie  présente  quelques  variétés  que  l'on  peut  cimi- 
prendre  dans  les  cinq  groupes  suivants  :  hydroa  commune,  sim- 

Sle;  hydroa  grave;  hydroa  bénigne  ou  subaiguë;  hydroa  irraï»- 
arum;  hydroa  puerorum.  Cette  dernière  variété  parait  hérédi- 
taire; elle  se  caractérise  par  son  début  pendant  la  premit-rf 
année,  les  rechutes  fréquentes,  le  polymorphisme  de  1  éniplioii 
peu  accentué,  les  attaques  pendant  la  saison  chaude ,  la  prt'ili»- 
minance  des  douleurs,  l'acuité  des  accès,  la  dépression  de  r»iii 
général,  l'affaiblissement  lent,  spontané  des  accès,  la  dispari tÏMi. 
de  la  maladie  à  l'âge  adulte,  la  restriction  de  l'affection  sur  îr 
sexe  masculin.  Autant  la  dermatite  herpétiforme  est  bien  ôls- 
blie,  autant  le  pemphigus  est  obscur. 

M.  Brocq  fait  observer  que,  contrairement  à  l'opinion  de  M.  Ka- 
posi, il  n'est  pas  possible  de  confondre  la  dermatite  herpéli- 
lorme  avec  le  pemphigus;  il  existe  quantité  d'éruptions  pemphi- 
gineuses  qu'on  ne  peut  pas  ranger  dans  la  méthoae  de  purhing. 
D'autre  part,  on  désigne  déjà  en  France,  sous  l'appellation  d'hy- 
droa,  l'herpès  iris  de  Bateman;  si  on  accepte  le  terme  hydroa 
pour  la  dermatite  herpétiforme,  il  ne  faudra  plus  Templovcr 
pour  désigner  l'herpès  iris,  parce  que  ce  sont  deux  nialarfi»»- 
absolument  différentes. 

Il  faut  encore  signaler  des  communications  :  de  M.  Jacauft. 
sur  le  bromisme  cutané  polymorph<»;  de  M.  Wickham,  sur  1  an:«- 
tomie  patholofifique  et  la  nature  de  la  maladie  de  Paget;  dr 
M.  Darir,  sur  les  psorospermoses  cutanées;  de  M.  Balzer j  sur  I«*^ 
syphilides  secondaires  au  vagin;  de  M.  Dncretfy  sur  le  prinripr 
contagieux  du  chancre  et  sur  les  bubons  et  bubonnules  :  d*' 
M.  Quinquaudy  sur  le  cellulome  épithélial  éruptif;  de  M.  '/ 
AmiciSf  sur  un  cas  de  chéloïde  \Taie  ou  idiopathique  niultipl« 
chez  une  femme  névropalhique;  de  M.  Arnozan,  sur  les  lésion^ 
vasculaires  dans  la  solérodactylie  ;  de  M.  Schijfy  sur  la  giiôri- 
son  rapide  des  brûlures  par  l'iodoforme,  etc.,  etc. 


OPHTHALMOLOGIE 

La  première  question  traitée  au  cours  de  la  septième  session 
tenue  à  Paris  du  8  au  13  aoiU  par  la  Société  française  d'ophthal- 
mologie  est  celle  des  injections  intra-oculaires,  soulevée  pnr 
M.  Nuel.  D'après  lui,  à  l'état  normal  l'épithélium  qui  double  la 
membrane  de  Descemet  est  continu  et  les  cellules  s'envoient 
l'une  à  l'autre  des  prolongements  en  forme  de  bâtonnets  qm 
réunissent  les  noyaux  les  uns  aux  autres.  Cet  état  normal  e<( 
rapidement  dérangé  par  les  injections.  Les  injections  d'r.iti 
simple  amènent  une  désagrégation  des  cellules  en  un  quart  ou 
une  demi-minute;  l'endothélium  tout  entier  se  détache,  tombe 
dans  la  chambre  antérieure  et  se  résorbe  ;  les  injections  dr* 
solutions  hydrargyriques  amènent  le  même  résultat  en  dix 
secondes  ;  les  solutions  boriquées  sont  relativement  inoffenstve<: 
la  solution  salée  physiologique  n'agit  pas.  D'où  la  conclusion 
que  les  injections  intra-oculaires  ne  doivent  avoir  qu*un  but 
mécanique,'  et  nue  le  liquide  auquel  il  convient  de  donner  la 
préférence,  est  la  solution  physiologique  de  chlorure  de  sodium. 

Il  est  indifférent,  objecte  M.  Gayet,  que  l'épithélium  se  de>- 

3uame  s'il  doit  se  régénérer  rapidement.  Ce  qui  importe,  cV^t 
e  pratiquer  l'asepsie  ;  l'eau  bouillie  lui  a  donné  à  cet  égard 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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d^excellents  résultats.  De  môme  à  M.  Wicherkiewîcz,  Tel  est 
aussi  Tavis  de  M.  Chevallereau  qui,  même  pour  la  toitette  con- 
jonctivale,  préfère  Teau  bouillie;  le  sublimé  à  1/iOOO  donne 
encore,  avec  cette  pratique  restreinte,  des  troubles  cornéens. 
Les    solutions  de   sublimé   mettant  au  moins  deux  heures  à 
détruire  les  microbes  conjonctivaux,  il   ne  faut  pas  compter, 
suivant  M.  Boé,  sur  la  toilette  des  culs-de-sac  avant  Topération. 
l/œil   ne  peut  être  jamais  tenu  aseptique  comme  tout   autre 
région  du  corps  ;   tous  les   efforts  doivent  tendre  à  précipi- 
ter la  cicatrisation   de  la  plaie  afin  de  soustraire  celle-ci  aux 
causes   voisines,  certaines,  d'infection.  M.   Grn.ndclément  dit 
avoir  obtenu  des  succès  dans  des  cas  où  les  conjonctives  étaient 
enflnmmées,  en  lavant  Toeil  au  sublimé,  pendant  quelques  jours 
d'avance,  afin  de  réaliser  une  antisepsie  complète  de  la  cavité 
conjonctivale.  On  ne  peut  se  refuser  à  1  évidence,  ajoute  M.  Brun" 
schwig;  la  statistique  montre  qu*on  a  i  pour  lOÔ  de  suppura- 
tion avant  les  lavages  et  1  pour  100  seulement  avec  les  lavages. 
M.    Pnnas  a  toujours  eu  à  se  louer  de  l'emploi  de  la  solution 
boriquée.  M.  Vacher  recommande  remploi  d'un  appareil  à  pres- 
sion graduée  et  d'un  liquide  chaud,  le  succès  des  lavages  intra- 
oculaires   dépendant    uninuement    des    précautions  multiples 
prises  pour  les  exécuter.  M.  CMbret  croit  que  Finfectipn  de  la 
chambre  intérieure,  lorsqu'elle  existe,  provient   en    majeure 
partie  de  Faction  mécanique  des  voiles  palpébraux  ;  aussi  pré- 
fère-t-il  verser  du  liquide  antiseptique  sur  le  globe  et,  par  des 
frictions  combinées,  faire  pénétrer  ce  liquide  dans   la  chambre 
antérieure.   M.  Abadie  fait  remarquer  uu*un  microbe  patho- 
gène peut,  suivant  certaines  conditions  déterminées,  avoir  une 
virulence  excessive  ou  nulle,  et  entre  ces  deux  extrêmes,  pos- 
séder toutes  les  intensités  intermédiaires  ;  d'où  la  nécessité,  si 
on  ne   peut  pas  débarrasser  une   plaie  de   tous  les  microbes 
pa*hogènes   qu'elle  peut  renfermer,  de    rendre    ceux-ci   ausi-i 
inoffensifs  que  possible.  Or,  les  solutions  antiseptiques,  si  ellei 
n'enlèvent    pas    la   virulence,  l'atténuent   toujours   dans  uuf 
certaine  mesure;  c*est  pour   cela  que  l'antisepsie   sera   tou- 
jours supérieure  à  Tasepsie.  Quant   au  lavage  de  la  chambre 
antérieure,  il  n'est  pas  démontré   que  l'infection  s'y  produise, 
elle  a  plutôt  lieu  par  la  plaie,  et  la  preuve  c'est  que,  s'il  sur- 
vient une  complication   inflammatoire,  le  meilleur  moyen  de 
l'enrayer  c'est  de  cautériser  au  galvanocautère  les  lôvres  de  la 
plaie  sans  se  préoccuper  de  ce  gui  se  passe  dans  la  chambre 
antérieure.  D'autre  part,  si  on  fait  le  lavage  de  la  chambre  an- 
térieure avec  un  liquide  antiseptitiue  un  peu  irritant,  on  s'ex^ 
pose  à  des  altérations  indélébiles  de  la  membrane  de  Uescemet. 
Késumant  celte  discussion,  M.  Motais  fait  remarquer  que  les 
partisans  des  lavages  intra-oculaires  sont  loin  d'être  d'accord. 
Les  uns  recherchent  exclusivement  Tantisepsie  ;  d'autres   ne 
veulent  que  l'expulsion  des  masses  corticales.  M.  Panas   lui- 
même  affirme  qu  il  n'y  a  pas  à  chercher,  dans  le  lavage  intra- 
oculaire,  l'expulsion  des  masses  corticales,  que  cette  expulsion 
doit  être  obtenue  par  des  manœuvres  bien  combinées.  D'autre 
part,  les  antisepsistes  eux-mêmes  sont  obligés  de  renoncer  à 
l'antisepsie  proprement  dite,  à  cause  des  troubles  de  la  cornée, 
et  à  revenir  à  Fantisepsie  pure  comme  M.  Gayet.  Il  n'y  a  donc 
là  rien  de  bien  établi,  d'après  l'aveu  des  partisans  eux-mêmes 
du  lavage  intra-oculaire.  Quant  aux  séries  heureuses,  on  sait 
qu'il  ne   faut  pas  trop  s'empresser  d'en  tirer  des  conclusions. 
Pour  ceux  qui  hésitent  encore,  et  le  nombre  en  est  grand,  ils 
sont  très  heureux,  sans  doute,  que  des  expériences  se  cantinuent 
dans  ce  sens;  mais  ils  attendront,  avant  d'accepter  une  compli- 
cation nouvelle  dans  l'opération  de  la  cataracte,  que  ses  avan- 
tages soient  bien  définis  et  bien  démontrés. 

Le  manuel  opératoire  de  la  cataracte  a  donné  lieu  à  plusieurs 
communications  importantes.  Pour  les  cataractes  congénitales, 
M.  de  Wecker  estime  que  la  discision  doit  être  abandonnée  ; 
pour  ces  cataractes  et  celles  des  très  jeunes  enfants,  alors  qu'il 
est  difficile,  avant  l'opération,  de  porter  un  diagnostic  précis 
sur  la  qualité  de  la  cataracte  et  surtout  sur  l'état  de  la  capsule, 
il  recommande  le  procédé  suivant  :  avec  un  couteau  lancéolaire 
coudé,  pénétrer  au  milieu  du  rayon  supérieur  de  la  cornée  ; 
l'action  de  la  pince  kystitome  renseigne  alors  tout  de  suite  sur 
l'état  de  la  capsule  et  du  cristallin  et,  si  elle  est  trop  dure  pour 
être  dilacérée  et  enlevée  simplement,  il  faut  élargir  la  plaie  cor- 
néenne,  pratiquer  l'iridectomie  et  l'extraction  complète.  sl.SuareZ 
de  Mendoza  rend  compte  des  résultats  heureux  qu'il  a  obtenus 
par  la  suture  de  la  cornée  dans  l'opération  de  la  cataracte  ; 
M.  Gayet  se  loue  aussi  de  ce  procédé,  surtout  dans  les  cas  où  il 
se  produit  une  tension  oculaire  après  l'extraction  du  cristallin 


ou  encore  dans  ceux  où  la  réduction  de  Tinsse  présente  comme 
d if ficul tueuse;  les  Suites  en -sont  toujours  simples.  M.  GUlet  de 
Grandmont  et  M.  Vacher  s'en  sont  également  servis  avec  succès. 
Rappelant  les  résultats  de  80  opérations  de  cataracte,  M.  BoHr- 
geois  recommande  l'observance  des  règles  suivantes  :  i*  Tappli- 
cation  minutieuse  de  l'antisepsie,  qui  permet  d'opérer  dans  les 
situations  les  moins  bonnes.  Cette  antisepsie  doit  avoir  pour  but 
d'aseptiser  complètement  le  lieu  de  l'opération,  le  malade,  le 
champ  opératoire,  les  instruments,  l^s  mains  de  l'opérateur  et 
l'œil  opéré  ;  2®  l'exécution  d'un  grand  lambeau  dans  la  cornée 
même;  3»  la  pratique,  à  peu  près  exclusive,  de  l'opération 
sans  iridcctomie  ;  4*  l'extraction  d'un  lambeau,  ou  de  la  totalité 
de  la  crisfalloîde  antérieure.  Il  présente  une  pince  spéciale  à 
cet  effet.  D'autres  in<3truments  sont  également  placés  sous  les 
yeux  des  membres  du  Congrès  :  un  appareil  lav»'urde  la  chambre 
antérieure,  par  M.  Wicherkiewîcz,  ainsi  qu'un  kystitome  à 
crochets  inférieurs,  pour  lequel  M.  de  Wecker  fait  une  réclama- 
tion de  priorité.  M.  Gnlezmvski  ne  croit  pas  nue  l'arrachement 
capsulaire  puisse  se  faire  dans  tous  les  c  is,  l'état  de  1 1  capsule 
peut  ne  pas  le  permettre,  sous  peine  d'exposer  à  des  accidents 
redoutables.  Pour  M.  E,  Martin,  l'idéal  de  l'opération  de  la 
cataracte  consiste  dans  la  réunion  de  l'iridectomie  bien  faite  et 
de  l'arrachement  capsulaire.  M.  Boucheron  voudrait  simplifier 
encore  rinstrumentation  de  cette  opération.  Presque  tous,  dit-il, 
nous  avons  abandonné  l'iridectomie,  qui  nôce^sitait  deux  ins- 
truments et  un  aide;  MM.  Galezowski,  Gayet,  etc.,  nous  ont  pro- 
posé la  suppression  du  kystitome,  instrument  assez  délicat  à 
antisepsier.  On  peut  aussi  supprimer  la  curette  expultrice, 
les  spatules,  stylets  ou  autres  objets  usités  au  même  us  ige  et 
les  remplacer  parle  dos  du  couteau  de  Graefe,  qui  en  remplit 
parfaitement  les  fonctions  dans  la  plupart  des  cas.  t^es  sup- 
pressions acceptées,  l'opération  de  la  cataracte  est  pratiquée 
sans  irideclomie,  sans  kystitome,  ni  curettes  spéciales;  mais 
seulement  avec  le  couteau  de  Graefe  servant  à  l'incision,  à 
la  kystolomie,  et,  par  son  dos,  à  l'expulsion  du  cristallin. 
Ainsi  faite,  l'opération  acquiert  un  degré  de  plus  en  élégance, 
sécurité  et  rapidité. 

M.  Abadie  fait  une  communication  sur  les  formes  cliniques 
de  l'ophthalmie  sympathique.  Il  en  distingue  deux  variétés, 
suivant  que  cette  affection  est  d'origine  infectieuse,  transmise 

f>ar  continuité  de  tissu  ou  qu'elle  a  pour  agent  de  transmission 
es  nerfs  ciliaires.  Dans  l'ophthalmie  sympathique  infectieuse,  le 
processus  débute  dans  le  second  œil  par  le  nerf  optique;  il  y  a 
d'abord  névrite,  p'iîs  trouble  du  corps  vitré;  le  tractus  uvéal  et, 
en  particulier,  l'iris,  ne  sont  pris  que  tardivement.  Dans  la  forme 
réflexe,  il  en  est  tout  autrement.  Le  fond  de  l'œil  est  encore 
absolument  normal  et  les  troubles  fonctionnels  nuls,  que  déjà  une 
vive  injection  péri-kératique  se  produit  surtout  au  niveau  du 
point  symétriquement  lésé;  dans  le  premier  œil  la  douleur  est 
vive  à  ce  niveau  ;  contrairement  à  ce  qui  a  lieu  dans  la  forme 
précédente,  les  phénomènes  morbides  sont  plutôt  d'abord  extra- 
oculaires et  la  désorganisation  s'effectue  de  dehors  en  dedans, 
d'avant  en  arrière.  Au  point  de  vue  pathogénique,  la  première 
variété  reconnaît  pour  cause  une  plaie  infectieuse  de  la  région 
riliaire,  la  seconde  a  pour  point  de  départ  des  enclavements 
iriens,  capsulaires  ou  des  tiraillements  de  filets  nerveux.  Dans 
la  forme  infectieuse,  il  faut  attaquer  d'abord  le  foyer  pathogène 
produit  la  pullulation  microbienne;  avant  de  procéder  à 


ou  se 


l'énucleation,  on  peut  essayer  d'attaquer  la  plaie  avec  un  galvano- 
cautère fin  et  de  la  fouiller  dans  tous  les  recoins;  il  faut,  en 
outre,  pratiquer  l'évacuation  do  l'humeur  aqueuse  par  paracen- 
tèse et  prescrire  toujours  les  frictions  mercurielles  locales  et 
îil  blessa 


générales.  Si  l'œil  blessé  est  définitivement  perdu  et  entraine 
une  difformité  choquante,  il  faut  l'énucléer;  mais  l'énucleation 


mercurie'lies.  Quand  il  s'agîi  d'une  bphthalmie  sympathique 
d'origine  réflexe,  il  faut  agir  autrement.  La  transmission  s'effec- 
tuant  par  l'intermédiaire  des  nerfs  ciliaires,  il  faut  les  sectionner 
entre  la  plaie  et  les  centres  nerveux  et  pratiquer,  dès  lors,  une 
sclérotomie  rétro-cicatricielle. 

Pour  M.  Panas,  l'énucleation  est  très  efficace  pour  prévenir 
l'ophthalmie  sympathiaue,  et  c'est  alors  une  opération  radicale  ; 
mais  on  sait  que,  malheureusement,  cette  opération  devient 
inutile  quand  l'ophthalmie  sympathiaue  est  déclarée.  L'énucleation 
dans  ces  circonstances  n'arrête  pas  le  mal,  et  peut  même  l'aggra- 
ver; ce  qu'il  faut  faire  en  pareil  cas,  c'est  traiter  la  maladie,  et 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


23  AOUT  1889 


le  premier,  oirpourrait  dire  le  seul  traiti-ment,  est  l'emploi  des 
mercuriaux.  Quant  à  la  forme  réflexe  de  retle  maladiej^si  elle 
existe,  c'est  ici  surtout  que  rénucléation  doit  êlre  de  misp,  car 
elle  aura  pour  effet  de  supprimer  la  source  du  réflexe. 

M.  Dran$art  n'a  jamais  vu  Tophtlialmie  sympathique  déclarée 
céder  à  rénucléation;  aussi,  quand  un  œil  est  irrémédiablement 
perdu  par  le  fait  du  traumatisme,  n'hésite-ilpas  à  Tenlever  pré- 
ventivement. Quant  aux  cataractes  traumatiques,  il  ne  partage 
pas  les  craintes  de  M.  de  Wecker,  et  il  croit  qu'il  faut  les  opérer 
tôt  pour  éviler  les  accidents  ^laucomateux  qu'elles  peuvent 
occasionner.  M.  Reym'md  a  traité  avec  succès  les  ophlnalmies 
sympathiques,  pir  des  injections  sous-conjonctivales  de  sublimé 
de  1/2000  à  1/1500. 

M.  Gratiddtfw^nf  pense  que  l'ophthalmio  sympathique  est  due 
à  un  microbe  spécial,  lequel  ne  peut  pulluler  que  dans  un  seul 
terrain,  le  corps  ciliaire.  Proléger  celui-ci  du  contact  de 
l'air,  telle  doit  être  la  première  précaution  à  prendre,  dans  \cè 
plaies  du  globe,  pour  se  prémunir  sûrement  contre  l'ophtliaimie 
sympathique.  Comment  alors  expliquer,  objecte  M.  Drumchwig, 
lesophthalmiessvmpjthiquesqui  surviennent  quand  l'énucléalion 
a  laissé  deirière'  elle  une  petite  portion  de  coque  oculaire?  Un 
fait  curieux  est  rappelé  par  M.  Lihbrecht  :  dans  les  accidents  de 
chasse,  le  plomb,  étant  antiseptique,  ne  produit  que  rarement 
l'ophthalmie  sympathique  ;  cette  affection  est  donc  uniquement  due 
à  une  infection. 

M.  Motais  considère  la  myopie  comme  une  conséquence  de  la 
loi  générale  d'adaptation  de  nos  organes  aux  fonctions  qu'ils  rem- 
plissent habituellement.  Par  quel  mécanisme  se  produit  celte 
adaptation?  On  est  loin  d'être  fixé  à  ce  sujet;  deux  théories 
principales  sont  en  présence  :  1"  la  théorie  de  l'accommodation, 
elle  parait  vraie  dans  une  certaine  mesure;  niais  le  muscle  ci- 
liaire ne  peut  intervenir  que  pir  une  modification  de  nutrition  du 
globe  due  à  des  tiraillements  excessifs  des  fibres  roulées  sur  la 
choroïde  et  non  à  une  action  mécanique  ;  2*»  la  théorie  de  la  com- 
pression par  les  muscles  extrinsèques. 

Le  muscle  en  contraction,  d'après  une  première  hypothèse,  en 
redressant  sa  courbe  d'enroulement,  comprimerait  le  globe  vers 
l'équateur.  Cela  eslincxîict;  une  compression  de  ce  genre  est 
rendue  impossible,  non  seulement  à  l'extrême  limite  de  la  rota- 
lion,  comme  l'ont  démontré  MM.  Tenon  et  Bonnet,  mais  dès  le 
début  et  pendant  toute  la  du^ée  de  la  contraction.  Il  a  établi,  en 
effet,  que  l'aileron  exerce  immédiatement  une  traction  excen- 
trique sur  le  muscle  dès  que  celui-ci  entre  en  action,  traction 
dont  l'énergie  augmente  proportionnellement  h  celle  de  la  con- 
traction musculaire.  Le  muscle  antagoniste,  au  contraire,  s'en- 
roule réellement  sur  le  globe.  On  peut  apporter,  en  ejTet,  des 
preuves  directes  que  la  disposition  de  Vaileron  devient  ici  inverse, 
qu'il  se  relâche  au  lieu  de  se  tendre  et  permet  au  muscle  anta- 
goniste de  s'enrouler  sur  le  globe  nu'il  comprime.  Mais,  si  le  oflohe 
est  refoulé  d'un  côté  par  le  muscle  antagoniste,  il  faut  qu'il  soit 
soutenu  de  l'autre  pou<-  que  la  fixité  du  centre  de  rotation  ne  soit 
pas  compromise.  11  est,  en  effet,  soutenu  par  l'aponévrose  com- 
mune qui  participe  à  la  traction  exercée  par  le  muscle  en  action 
et  se  tenu  comme  une  toile  concave  élastique  pour  soutenii-  le 
globe.  11  en  faut  conclure  que  le  tiraillement  excessif  de  la  cho- 
roïde dans  une  accommodation  trop  longtemps  soutenue,  produit 
d'abord  une  modification  de  nutrition  de  la  sclérotique  dont  elle 
diminue  la  résistance.  L'action  comp  essive  des  muscles  extrin- 
sèques et  de  la  capsule  s'exerce  ensuite  et  produit  l'allongement 
myopique  de  l'œil.  Il  en  résulte  comme  conclusions  pratiques 
qu'il  importe  d'empêcher,  soit  par  une  bonne  hygiène,  soit  par 
des  verres  appropriés,  une  convergence  exagérée.  Dans  les  cas 
de  myopie  progressive,  on  diminuera  l'enroulement  du  muscle 
droit  externe  et  la  compression  consécutive  du  globe  par  une 
ténotomie  de  ce  muscle.  Cette  opération  est  aussi  bien  justifiée 
par  la  théorie  que  par  la  pratique. 

M.  Dransart  entretient  le  Congrès  de  certaines  amblyopies  et 
atrophies  du  nerf  optique  d'origine  rhumatismale;  M.  Teillais^ 
rie  cas  d'héméralopie  qu*il  place  sous  la  dépendance  d'altérations 
du  système  vasculaire  rétinien  ;  M.  Prouffy  de  l'étiologie  muscu- 
laire du  strabisme  concomitant  amétropiquc;  M.  Trousseau^  de 
l'identification  du  lupus  eldelatuberculoseoculaire;M.  Calderon, 
d'un  cas  de  double  névrite  optiaue  produite  par  un  kvste  hvda- 
tique  intra-céébral,  du  volume  d'une  mandarine,  développé  dans 
le  venticule  latéral  gauche;  M.  Parisotlij  du  traitement  de  la 
syphilis  oculaire  par  les  injections  de  calomel  à  la  dose  de  ;iO  cen- 
tigrammes dans  1  épaisseur  des  muscles  fessiers. 


M.  ra/MÉfc'présente'une  série  de'nrismes,  fabriqués  en  Fran»  - 
par  MM.  Benoist  ei'Berthinet,  et  étanlis  avec  la  plus  grande  exac- 
titude d'après  l'an&fle  de  déviai  ion  minimum  (vérifiés  au  gonî<- 
mètre);  la  série  s'étend  de  0^,50  à  15  degrés,  avec  des  inlérni»^- 
diaires  d'un  demi-degré  entre  le  0*,50  et  le  prisme  de  5  de<îri'  - 
M.  Landolt  montre  une  plîinche  d'objets  types  peints  en  n«». 
émaillé  sur  de  la  porcelaine  blanche.  Ces  objets  types  se  cori- 
posent  :  1°  d'une  figure  rayonnée  (un  demi-cercle)  pour  l'astig- 
matisme; 2*  de  lettrés  établies  suivant  une  série  réguUèro  "i 
d'un  usage  plus  commode  que  celles  employées  jusqu'ici. 


ALCOOLISME 

Deux  questions  ont  principalement  occupé  le  Congrès  pour  h 
répression  de  l'alcoolisme  :  la  première,  concernant  les  rapport- 
entre  l'accroissement  de  la  consommation  de  l'alcool  et  le  déTe- 
loppement  de  la  criminalité  et  de  la  folie;  la  seconde,  les  moven^ 
légaux  de  prévenir  les  ravages  exercés  par  Talcoolisme.  L^unr 
et  l'autre  ont  été  traitées  dans  maintes  réunions  depuis  plusieurs 
années;  il  est  à  souhaiter  qu'elles  reçoivent  enfin  une  solutiui. 
effective  de  la  part  des  pouvoirs  publics. 

Les  chiffres  qu'a  réunis  M.  Yvernes,  rapporteur  de  la  premiAn- 
(fuestion ,  d'après  les  statistiques  officielles  de  chaque  natiou, 
démontrent  une  fois  de  plus  que  la  criminalité  et  ralîénatiou 
suivent  une  marche  parallèle  à  la  consommation  de  ]*aicooL 
plus  le  nombre  des  débits  de  boissons  est  grand,  plus  la  consom- 
mation de  l'alcool  par  tête  d'habitant  est  élevée.  Faut-il  don< 
diminuer  le  nombre  des  débits ? priori,  on  serait  tenté  decrolr«- 
que  personne  ne  s'y  oppose.  Cependant,  il  est  un  certain  nombre 
de  faits  qui  plaident  contre  cette  manière  de  voir  :  M.  CautÊer- 
lier  déclare  qu'en  Hollande,  la  loi  a  spécifié  que  le  nombre  dt*^ 
cabarets  ne  devrait  jamais  dépasser  un  maximum  déterminé  ; 
cependant,  l'alcoolisme,  la  folie  et  la  criminalité  n'ont  pas  dimi- 
nué. Dans  le  canton  de  Turgovie,  d'après  M.  Milliei,  il  y  a  beau- 
coup de  débits  et  peu  d'alcooliques,  tandis  que  dans  le  canton  dt- 
Berne,  avec  un  nombre  très  restreint  de  cabarets,  le  chiffre  de> 
alcooliques  est  considérable.  Le  même  fait  est  constaté  en  Mol- 
davie, aux  dires  de  M.  Iscovesco,  D'autre  part,  M.  Petitbon  est 
d'avis  que  si  l'on  supprime  la  tentation  de  noire  en  restreignant 
le  nomnre  des  débits,  on  a  grande  chance  de  diminuer  la  con- 
sommation des  alcools.  Tous  ces  moyens  plus  ou  moins  répres- 
sifs semblent  insuffisants  pour  résoudre  le  problème  de  Talcoo- 
lisme,  car  il  touche  en  même  temps  au  régime  économique  el 
financier  de  chaque  pays.  La  diminution  du  grand  nombre  «1«^> 
cabarets  présentant  dans  la  pratique  de  grandes  difficultés,  on  a 
vu  préconiser  à  la  fin  l'augmentation  de  la  patente,  l'imposition 
plus  élevée,  la  production  des  spiritueux  par  l'Etat,  l'action 
morale  des  Sociétés  de  tempérance,  etc.,  etc.  Le  Congrès  a  fiiu- 
lement  été  d'avis  que  :  l""  l'accroissement  de  la  consommation 
de  l'alcool  est  une  des  causes  principales  du  développement  de 
la  criminalité  et  de  la  folie;  2^  la  diminution  du  nombre  des 
débits  étant  un  des  moyens  de  réduire  la  consommation  de  l'al- 
cool, le  Congri^s  émet  le  vœu  de  voir  les  gouvernements  prendre 
des  mesures  pour  restreindre  le  nombre  des  cabarets. 

Dans  quels  cas  la  justice  peut-elle  avoir  à  intervenir  pour  punir 
l'alcoolique?  M.  Motet  établit  à  cet  égard  trois  catégories  d'aï- 


que  les  délits  ou  les  crimes  commis  sous  son  influence,  lors- 
qu'elle est  simple  et  qu'il  était  au  pouvoir  du  délinauant  d«> 
I  éviter:  elle  est  encore  punissable  lorsque  l'excitation  alcoolique 
a  été  recherchée  pour  fournir  l'appoint  de  détermination  néces- 
.saire  pour  commettre  un  crime  ou  un  délit.  Elle  est  enfin  punis- 
sable, mais  avec  un  degré  d'atténuation  qu'il  appartient  aux 
magistrats  de  déterminer,  chez  des  individus  faibles  d'intelli- 
gence, chez  lesquels  la  tolérance  pour  les  boissons  alcoolii|ues 
est  diminuée  par  la  condition  d'infériorité  de  leur  organisation 
cérébrale;  elle  ne  saurait  être  excusable  lorsque  ces  individu^; 
savent  qu'ils  ne  peuvent  pas  boire  sans  danger,  et  ce  cas  est 
plus  fréquent  qu'on  ne  le  suppose.  Par  contre,  les  délits  ou  lo< 
crimes  ne  peuvent  pas  être  punis  lorsqu'ils  ont  été  commis  pen- 
dant la  période  délirante  aiguë  ou  subaiguë  d'un  accès  d'alcoo- 
lisme; il  en  est  de  même  pour  l'alcoolisme  chronique,  à  l'heurt» 
où  des  lésions  cérébrales  définitives  ont  compromis  l'intégrité 
de  l'organe  et  déterminé  le  trouble  durable  de  ses  fonctions. 


23  Août  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


.—  N*  34  —    5i5 


M.  Duverger  croit  que  la  crainte  d'ôtre  Tobjet  d'une  pour- 
suite civile  en  inlerdicliou  ou  on  demi-interdiction,  pour  perte 
totale  ou  partielle  du  libre  arbitre  par  J'usage  abusif  de  Talcool, 
pourrait  agir  comme  moyen  préventif  de  Talcoolisme  ;  il  en  serait 
iie  même,  à  plus  forte  raison,  de  la  crainte  d*ôlre  enfermé  comme 
fou  ou  demi-fou,  dans  un  établissement  spécial.  En  effet,  l'in- 
terdiction ou  rinternement  des  alcoolises,  propositions  déjà 
faites  au  Congrès  de  Bruxelles  en  1880,  où  elles  avaient  été 
l'objet  d'une  vive  opposition  de  la  part  des  délégués  français, 
constitueraient  une  peine  devant  laquelle  beaucoup  d'individus 
seraient  tentés  de  réfléchir  avant  de  s'adonner  à  l'alcoolisme.  La 
loi  française  et  celles  des  pays  qui  ont  suivi  le  Code  Napoléon 
contiennent  malbenreusement  à  ce  sujet  une  véritable  lacune, 
car  le  ministère  public  n'a  pas  d'action  pour  provoquer  l'inter- 
ilictiou  ou  l'internement  des  alcooliques,  à  moins  que  ces  der- 
niers ne  donnent  lieu  à  des  manifestations  extérieures  (accès  de 
fureur,  propulsion  homicide,  etc.). 

Tout  en  approuvant  celte  manière  de  voir,  MM.  Fournier  et 
Peiitbon  estiment  qu'il  faudrait  alors  avoir  bien  soin  de  tenir 
compte  des  distinctions  faites  par  M.  Motet  et  de  n'appliquer 
l'interdiction  qu'aux  malades  de  la  deuxième  catégorie  et  l'inter- 
nement qu'à  ceux  de  la  troisième  (aliénés  alcooliques).  D'autres 
se  bornent  à  demander  la  création  d'asiles  spéciaux  pour  les 
alcooliques;  bien  que  ces  asiles  doivent  être  soit  des  asiles 
d'Etat  et  alors  il  y  aura  dépense  pour  le  Trésor  public,  soit 
«tes  asiles  privés  où  les  pauvres  ne  pourront  être  admis.  Aussi  le 
Congrès  adopte-t-il  les  résolutions  suivantes  :  !<*  la  présence 
dans  la  société  d'individus  en  état  d*ivresse  simple,  d'ivresse 

f»atholoffique  ou  d'alcoolisme  chronique,  étant  un  danger  pour 
'individu,  pour  sa  famille,  pour  la  société,  le  Congrès  émet  le 
vceu  que  des  mesures  judiciaires  soient  prises  pour  autoriser 
l'internement  d'office  de  ces  individus  dans  des  établissements 
spéciaux  où  ils  seront  soignés;  leur  sortie  sera  ajournée  tant 
qu'ils  seront  suspects  de  rechute,  et  ne  pourra  être  prononcée 
«jue  d'après  l'avis  du  médecin  traitant;  te  traitement  sera  un 
traitement  répressif  et  le  malade  sera  soumis  au  travail  obliga- 
toire ;  enfin  une  statistique  judiciaire  et  administrative  sera 
publiée  indiquant  les  résultats  obtenus  par  ce  mode  de  traite- 
ment; 2"  comme  il  a  été  décidé  par  le  Congrès  de  Bruxelles  en 
1881,  l'alcoolique  chronique,  qui  a  perdu  en  tout  ou  en  partie 
son  libre  arbitre,  peut  être,  de  par  la  réquisition  du  ministère 
public,  interdit  en  tout  ou  en  partie  et  placé  dans  un  établisse- 
ment spécial. 

L'étude  des  boissons  saines  qu'il  y  a  lieu  de  donner  à  nos 
populations  était  la  conclusion  obligée  des  questions  examinées 
d'abord  par  le  Congrès.  Ici  les  opinions  se  sont  partagées  suivant 
les  habitudes  et  les  productions  agricoles  des  pays  représentés; 
néanmoins,  sur  la  proposition  de  M.  Dujardm'Beaumetz,  on 
s'est  mis  d'accord  pour  reconnaître  que  tous  les  alcools,  en 
dehors  de  l'alcool  éthylique,  sont  des  toxiques,  que  Valcool 
éthyliaue  lui-même  pourrait  être  un  toxique  pris  à  une  dose 
plus  élevée;  il  y  a  heu  de  demander  que  :  les  alcools  impurs 
soient  absolument  interdits  comme  boissons  par  les  gouverne- 
ments; que  les  alcools  purs  soient  frappés  de  droits  très  élevés 
^ui  en  restreignent  l'usage;  que  les  boissons  saines,  comprenant 
Iles  boissons  lermentées,  vins,  cidres,  poirés,  bières  naturelles, 
soient  dégrevés,  ainsi  que  le  thé  et  le  café;  que  des  laboratoires 
•d'analyses  soient  créés  dans  les  centres  industriels  et  fassent  les 
analyses  gratuitement,  et  que  les  Sociétés  de  tempérance  encou- 
ragent les  classes  ouvrières  à  boire  des  liquides  sains  et  non 
frelatés,  et  protègent  les  cantines  qui  consentiraient  à  ne  déli- 
tvrer  que  des  boissons  naturelles  et  non  alcooliques. 

Comment  reconnaître  les  falsifications  des  boissons  alcooli- 
ques? Les  méthodes  d'analyses  sont  nombreuses,  délicates,  et  il 
y  a  lieu  de  craindre  que  le  prix  proposé  par  le  gouvernement 
français  pour  récompenser  l'autour  d'un  procédé  à  la  fois  simple, 
■facile  et  sûr,  ne  soit  pas  de  sitôt  décerne.  Les  progrés  de  la  chi- 
mie nécessitent  chaque  jour  des  procédés  de  recherches  nou- 
veaux; M.  i^ardj/  classe  ces  procédés  en  trois  groupes,  suivant 
qu'ils  donnent  naissance  à  une  réaction  colorée,  qu'ils  produi- 
sent ces  trois  fonctions  chimiques,  ou  enfin  qu'ils  sont  basés  sur 
les  propriétés  physiques  des  impuretés.  C'est  à  la  méthode  de 
Rose  qu'on  peut,  jusuu'à  nouvel  ordre,  accorder  la  préférence. 
M.  Roux,  cherchant  a  démontrer  que  les  alcools  fournis  par  les 
industriels,  notamment  en  Allemagne,  sont  des  produits  d'une 
.pureté  extraordinaire  et  que  la  force  industrielle  d'un  pays  est 
•en  rapport  avec  sa  consommation  d'alcool,  MM.  de  Vauclerofé  et 

SUPPLtMENT* 


Causdelier  font  tout  d'abord  remarquer  que  si  l'industrie  fabrique 
des  alcools  très  purs,  c'est  à  l'usage  de  la  parfumerie,  mais  non 
pour  la  consommation.  M.  Duiardin-DeaumetZf  d^aixire  part,  rap- 
pelle qu'en  ce  qui  concerne  la  prétendue  innocuité  des  produits 
allemands,  on  sait  que  les  bouquets  de  vin  et  de  liqueur,  fournis 
par  l'industrie  allemande  pour  être  incorporés  à  des  alcools  infé- 
rieurs, sont  des  produits  éminemment  toxiques,  ainsi  nue  Tout 
prouvé  les  expériences  de  MM.  Magnan  et  Laborde;  l'analyse 
chimique,  d'ailleurs,  les  décèle  facilement.  La  force  d'un  pays 
n*est  pas  due  à  l'alcool,  mais  il  est  vrai  que,  partout  où  un  ceiitrt* 
industriel  se  forme,  il  vient  aussitôt  s'étal}lir  un  cabaret;  il  faut 
donc  renverser  les  termes  de  la  proposition  précédente. 


MÉDECINE  MENTALE 

M.  /.  Falret  lit  un  rapport  sur  les  obsessions  avec  conscience 
(intellectuelles,  émotives  et  instinctives).  Les  diverses  variétés  de 
ces  obsessions  ont  des  caractères  communs  qui  peuvent  se 
résumer  ainsi  :  1*  elles  sont  toutes  accompagnées  de  la  con- 
science de  l'état  de  maladie;  !2''  elles  sont  héréditaires;  3**  elles 
sont  essentiellement  rémittentes,  périodiques  ou  intermittentes; 
4"  elles  ne  restent  pas  isolées  dans  Fesprit,  àTétat  monomaniaque, 
mais  elles  se  propagent  à  une  sphère  plus  étendue  de  l'intelli- 
gence et  du  moral,  et  sont  toujours  accompagnées  d'angoisse  ou 
d'anxiété,  de  lutte  intérieure,  d'hésitation  dans  la  pensée  et  dans 
les  actes,  et  de  symptômes  pliysiques  de  nature  émotive  plus  ou 
moins  prononcés;  5**  elles  ne  présentent  jamais  d*hallucinations ; 
6*  elles  conservent  leurs  mêmes  caractères  psychiques  pendant 
toute  la  vie  des  individus  qui  en  sont  atteints,  malgré  des  alter- 
natives fréquentes  et  souvent  très  prolongées  de  paroxysmes  et 
de  rémissions,  et  ne  se  transforment  pas  en  d'autres  espèces  de 
maladies  mentales;  7"  elles  n'aboutissent  jamais  à  la  démence  ; 
8  *  dans  quelques  cas  rares,  elles  peuvent  se  compliauer  de  délire 
de  persécution  ou  de  délire  mélancolique  anxieux,  a  une  période 
avancée  de  la  maladie,  tout  en  conservant  leurs  caractères  pri- 
mitifs. 

M.  Cotard  estime  que,  dans  le  phénomène  du  délire,  il  y  a 
lieu  de  tenir  compte  de  l'action  autonome  automatique  des  images 
motrices  et  sensorielles;  les  idées  de  force,  de  puissance,  etc., 
dérivent  toiigours  d*une  augmentation  de  l'énergie  motrice.  En 
effet,  comme  le  fait  observer  M.  GUbcrt-Ballety  des  phénomènes 
moteurs  accompagnent  presque  toutes  les  réactions  de  notre 
cerveau  :  entre  ces  deux  ordres  de  faits  il  existe  une  association 
étroite.  Mais  subordonner  constamment  l'état  mental  aux  phé- 
nomènes moteurs,  c'est  peut-être  aller  un  peu  loin.  11  faut  aussi, 
d'après  M.  Charpentier^  tenir  compte  dans  ce  phénomène  de 
riniluence  coordinatrice,  influence  supérieure  du  moins  sur  les 
activités  sensorielles  et  motrices  ;  d'ailleurs  l'obsession  peut  se 
rencontrer  dans  toutes  les  maladies  mentales  ;  elle  ne  peut  en 
caractériser  aucune. 

aM.  g.  Lemoine  appelle  lattention  sur  la  paralysie  générale 
d'origine  arthritique  ou  rhumatismale.  Sur  trente  paralytiques 
généraux,  il  en  a  vu  au  moins  dix  chez  lesquels  il  eût  été  impos- 
sible de  retrouver  une  autre  notion  causale  que  l'arthritisme.  Outre 
du  rhumatisme  antérieur,  on  trouvait  chez  eux  le  cortège  habi- 
tuel des  manifestations  arthritiques,  l'emphysème,  les  bronchites 
à  répétition,  les  migraines,  l'eczéma,  etc.  Chose  remarquable, 
ces  oésordres  constitutionnels  tendaient  à  s'atténuer  ou  à  dis- 
paraître au  moment  de  l'éclosion  des  troubles  cérébraux,  et 
chez  un  de  ses  malades,  il  a  observé  une  alternance  parfaite 
d'une  affection  cutanée  et  des  perturbations  cérébrales.  Ces  para- 
lysies générales  rhumatismales  ont  le  caractère  ordinaire  de  la 
paralysie  générale  à  forme  de  folie  congestive  ;  il  est  à  remanjuer 
qu* elles  surviennent  d'assez  bonne  heure.  Quand  chez  un  arthri(|ue 
qui  a  des  migraines,  on  voit  se  produire  frét|uemment  des  poussées 
congestives  du  côté  du  visage,  il  faut  se  méfier;  survienne  une 
cause  occasionnelle,  des  excès  d'alcool  ou  un  surmenage  vénérien, 
le  mal  éclatera.  11  est  possible,  d'après  M.  Charpentier,  que  Iî« 
paralys  e  générale  affecte  chez  des  arthritiques  une  physionomie 
spéciale;  il  est  inexact  d'affirmer  la  précocité  des  accidents  en 
pareil  cas,  il  vaut  mieux  insister  sur  la  fréquence  relative  des 
othématomes  chez  les  paralytiques  généraux  arthritiaues.  Ne  vaut- 
il  pas  mieux,  ajoute  M.  Legrain,  invoquer  en  bloc  l'hérédité 
névropathiqiue  ou  névro-arthritique,  que  la  seule  hérédité 
arthritique^  Il  ne  faut  pas  négliger  surtout  la  recherche  des 
antécédents  vésaniques.  11  faudrait  aussi,  d'après  M.  Laurent,  se 

34. 


546'  —  N»  34  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


23  Août  1889 


garder  éveDtuellement  d'une  confusion  entre  les  arthropathies 
nerveuses,  oui  peuvent  se  montrer  au  cours  de  la  paralysie  géné- 
rale, et  le  rhumatisme  vrai.  D'après  M.  Doutrehentej  la  vérité 
se  trouve  toujours  dans  les  propositions  suivantes  :  en  opposition 
à  Thérédité  vésanique,  les  paralytiques  généraux  ont  une  hérédité 
spéciale  que  j'ai  appelée  hérédité  des  tendances  congestives.  ils 
sont,  en  effet,  fils  dVthritiques,  et  Ton  voit  souvent  les  premiers 
symptômes  de  congestion  encéphalique  succédera  la  suppression 
d'un  flux  hémorrhoïdaire.  Peut-être  même  la  menstruation  peut- 
elle  rendre  compte  de  la  rareté  relative  de  la  paralysie  générale 
chez  la  femme  avant  la  ménopause.  Les  individus  qui  font  la  para- 
lysie générale  commune  sont  des  congestifs  et  Ton  trouve  encore 
des  congestifs  chez  leurs  ascendants.  11  y  a  bien  des  paralytiques 
généraux  qui  ont  de  Thérédilé  vésanique.  Mais  ceux-là  font  une 
maladie  à  part,  qui  dure  non  plus  un  an,  deux  ans,  mais  dix  et 
vingt  ans,  une  maladie  qui  débute  souvent  par  un  type  circulaire 
et  est  traversée  par  de  longues  rémissions. 

Pour  M.  Pierret,  Tarthritisme  est  difficile  à  définir;  on  sait 
d'abord  qu'au  point  de  vue  de  l'hérédité  l'arthritisine  occupe  à 
coup  sûr  le  premier  rang  ;  bien  plus,  il  constitue  la  somme  d  une 
fouîe  de  manifestations  qui  appartiennent  toutes  à  la  même 
famille.  C'est  le  cycle  arthritico-nerveux  dans  lequel  se  trouvent 
côte  à  côte  la  migraine,  Tépilepsie,  la  goutte,  l'hystérie,  le  rhu- 
niatisme,  le  diabète,  etc.  il  comprend  aussi  l'athéromasie  précoce, 
les  artérites  avec  angines  de  poitrine,  le  tout  en  raison  a'inflam- 
mations  de  nature  particulière.  Pour  ne  prendre  en  considération 
que  les  formes  massives  du  rhumatisme,  on  voit  d'abord  la  forme 
suraigué  du  rhumatisme  cérébral,  puis  la  forme  subaigué  (manies 
rémittentes)  alternant  avec  les  manifestations  articulaires.  Pour 
ces  diverses  formes  on  peut  aisément  invoquer  des  localisations 
inflammatoires  sur  les  méninges,  les  vaisseaux,  etc.  Mais  la  ques- 
tion présente  une  autre  face,  les  arthritiques  sont  fréquemment 
des  dyspeptiques,  ils  ont  des  dilatations  de  l'estomac,  des  troubles 
des  fonctions  intestinales  ;  d'autre  part,  leur  foie  surmené 
cesse  de  s'opposer  à  l'introduction  des  poisons  dans  l'organisme. 
Par  la  se  réalise  une  seconde  condition  patho^énique  des  accidents 
nerveux  chez  les  arthritiques.  Cette  condition,  c'est  Tempoison- 
ueinent  secondaire.  Les  arthritiaues  font,  d'une  part,  de  la  mau- 
vaise chimie  élémentaire  et,  ae  plus,  ils  sont  soumis  h  des 
intoxications  secondaires.  C'est  là  une  grande  difficulté  dans 
l'interprétation  des  troubles  psychiciues  observés  :  délire  aigu, 
manie,  mélancolie,  mais  c'est  aussi  1  espérance,  lointaine  encore, 
il  est  vrai,  de  trouver  des  moyens  thérapeutiques  en  se  fondant 
sur  la  connaissanee  de  ce  double  facteur  pathologique. 

M.  Ledoux  signale  à  ce  sujet,  un  cas  d'erythropsie  (vue  rouge) 
dans  la  paralysie  générale. 

La  statistique  démontre,  d'après  M.  P,  Garnie r,i[\ie  le  nombre 
des  aliénés  à  Paris  s'est  accru  pendant  ces  dernières  années  dans 
de  fortes  proportions,  la  frériuence  de  la  folie  ayant  augmenté, 
de  1872  à  1888,  de  30  pour  100  environ.  L'aliénation  mentale  est 
plus  commune  chez  l'homme  que  chez  ]a  femme  (hommes, 
55,61  pour  100;  femmes,  44,38  pour  100,  statistique  générale  de 
la  prélecture  de  police).  Le  rapport  d'accroissement  de  la  folie 
pour  les  deux  sexes,  dans  la  dernière  période  triennale  1886-1888, 
se  traduit  ainsi  :  hommes,  59,35  pour  100  ;  femmes,  i0,64  pour  100. 
La  folie,  considérée  dans  l'ensemble  de  ses  modalités  et  envi- 
sagée sous  le  rapport  de  son  mouvement  mensuel,  atteint  régu- 
lièrement chaque  année  son  maximum  de  fréquence  en  juin  et 
semble  être  favorisée  dans  ses  manifestations  extérieures  et  son 
développement,  aussi  bien  chez  l'homme  que  chez  la  femme,  par 
une  influence  saisonnière  vernale.  L'augmentation  des  cas 
d'aliénation  mentale  dans  ces  dernières  années  est,  avant  tout, 
le  fait  de  ces  deux  types  morbides  dont  la  fréquence  est  en  très 
rapide  progression  fia  folie  alcoolique  et  la  paralysie  générale. 
Les  psychoses  essentielles  comme  la  manie,  la  mélancolie,  le 
délire  chronique  ou  psychose  systématique  progressive,  restent 
à  peu  près  stationnaires  et  sont,  en  général,  deux  fois  plus  com- 
munes chez  la  femme  que  chez  l'homme. 

La  progression  de  la  lolie  alcoolique  est  à  ce  point  rapide,  que 
sa  fréquence  est  aujourd'hui  deux  fois  plus  grande  qu'il  y  a 
quinze  ans  et  que  les  séauestrations  dont  elle  est  responsable  ont 
angmenté  de  2b  pour  100  dans  le  cours  de  cette  dernière  période 
triennale  ^1886-1888).  Elle  forme  aujourd'hui  à  elle  seule  près 
du  tiers  ues  cas  d'aliénation  mentale  observés  à  Tinfirmerie 
spéciale.  La  femme  a  sa  participation  proportionnelle  dans  cette 
augmentation,  et  cette  participation  tend  à  devenir  de  plus  en 
plus  considérable;  représentée,  il  y  a  quinze  ans,  par  un  sixième, 
elle  est  aujourd'hui  a'un  cinquième.  La  folie  alcoolique  est  sou- 


mise, dans  son  degré  de  fréquence,  à  de  fortes  variations  nitn. 
suelles;  ce  n'est  pas  à  l'époque  des  mois  les  plus  chauds  qu\'ll* 
atteint  ses  plus  hauts  chiffres.  La  recrudescence  parait  se  rap- 
porter à  une  influence  saisonnière  vernale,  le  trimestre  du  prin- 
temps étant  le  plus  chargé  avec  maximum  mensuel  en  juin. 

L  observation  des  modalités  délirantes  de  l'alcoolisme  i>rouv* 
que  les  réactions  qui  se  développent  sous  son  influence  sont  d> 
jour  en  jour  plus  violentes,  plus  attentatoires  à  la  vie  des  p^r 
sonnes,  conséquences  qu'il  est  légitime  d'attribuer  à  la  to\iciir 
des  alcools  d'industrie  actuellement  en  usage. 

La  paralysie  générale  qui  est,  avec  la  folie  alcoolique,  la  form. 
morbide  dont  l'accroissement  est  le  plus  accéléré,  figure  )>our 
12,27  pour  100  dans  le  total  des  malades  enregistrés  au  Dépôt. 
En  quinze  ans,  sa  fréquence  a  plus  que  doublé.  Elle  tend  à 
devenir  proportionnellement  plus  commune  chez  la  femme  ;  K 
rapport,  qui  était  autrefois  de  :  hommes,  79,60  pour  t(H),  «-i 
femmes,  21,39  pour  100,  est  aujourd'hui  :  hommes,  71,17  i»our 
100,  et  femmes,  28,82  pour  100.  Comme  Taliénation  meuUJp  en 
général,  comme  la  forme  alcoolic[ue,  mais  plus  encore  que  loiiii 
autre  forme  morbide,  la  paralysie  générale  est  plus  cominuDJ* 
au  printemps.  La  recrudescence  se  place  en  mai  et  est  trê> 
nettement  vernale.  La  comparaison  entre  les  graphiques,  qui 
marquent  l'accroissement  simultané  de  la  folie  alcoolique  et  de 
la  paralysie  générale,  établit  que  leur  progression  est  nette- 
ment corrélative.  Dans  la  solidarité  de  leur  marche  envahis- 
sante, paraît  nettement  se  traduire  l'influence  étiologi({ue  àf 
l'alcoolisme  sur  le  développement  de  l'encéphalite  inlersli- 
tielle. 

M.  Bail  ne  pense  pas  qu'on  soit  autorisé  à  dire,  en  s*appuyaiit 
sur  la  statistique,  que  1  augmentation  du  nombre  des  paraly- 
tiques généraux  est  la  conséquence  des  progrès  de  ralcoolisme. 
11  ne  lui  serait  pas  difficile  d'invoquer  des  chiffres,  qui  seraient 
en  complète  contradiction  avec  ceux  de  M.  Garnier.  Ainsi,  il  va 
deux  départements  en  France,  le  Finistère  et  le  Calvados,  où 
l'alcoolisme  règne  en  souverain  maitre,  et  cependant  la  paralysie 
générale  y  est  presque  inconnue.  La  même  remarque  s'applique 
a  l'Ecosse  et  à  l'Irlande.  Au  contraire,  en  Angleterre  oùValcoo- 
lisme  est  beaucoup  moins  répandu,  les  paralytiques  généraux 
sont  a5sez  nombreux  ;  en  Suède,  le  pays  par  excefience  de  l'al- 
coolisme, la  paralysie  générale  est  inconnue.  On  ne  peut  donc 
pas  soutenir  que  la  paralysie  générale  dérive  de  Falcoolisnie  et 
seulement  de  1  alcoolisme.  Le  rôle  de  l'alcoolisme  sur  la  genèse 
des  maladies  en  pfénéral  est  assez  considérable  sans  qu'on  y 
ajoute  celles  dont  il  est  innocent.  Do  ce  nombre  est.la  paralysie 
générale  ;  ce  qui  le  prouve  encore,  c'est  la  divergence  d'opinions 
qui  existent  à  cet  é^ard.  A  côté  de  ceux  qui  l'attribuent  à  l'al- 
coolisme, il  en  est  d'autres  qui  invoquent  la  syphilis,  Tarthri- 
tisme,  le  surmenage,  etc.  Dans  toute  la  Bretagne,  fait  observer 
M.  Taguety  les  ivrognes  abondent  et  cependant  les  alcoolique? 
et  les  paralytiques  généraux  y  sont  inconnus.  A  Marseille, 
depuis  quelques  années,  l'alcoolisme  a  augmenté  dans  des  pro- 
portions considérables  :  le  nombre  des  paralytiques  généraui, 
au  contraire,  est  resté  stalionnaire.  La  statistique  de  M.  Gar- 
nier a  été  dressée  au  dépôt  de  la  préfecture  de  police,  ou, 
d'après  M.  RégiSy  les  conditions  dans  lesquelles  s'y  présentent 
les  malades,  permettent  rarement  de  porter  un  diagnostic  irré- 
vocable. 

Cependant,  c'est,  suivant  M.  Semai,  une  erreur  de  croire, 
comme  Ta  dit  M.  Bail,  que  l'alcoolisme  soit  très  répandu  eu 
Suède  ;  depuis  la  nouvelle  loi  fiscale  qui  a  surélevé  les  droits 
sur  Talcool,  l'ivrognerie  a  complètement  disparu  de  ce  pays;" 
n'est  donc  pas  très  surprenant  qu'on  n'y  rencontre  pas  de  para- 
lytiques généraux. 

M.  Garnier  réplique  qu'il  n'a  pas  eu  la  prétention  d'attribuer 
seulement  aux  progrès  de  Talcoolisme  l'accroissement  du  nom- 
bre des  paralytiques  généraux;  il  estime,  comme  M.  Bail,  q"^ 
cet  accroissement  est  dû  à  des  causes  multiples,  mais  il  ne  pf"» 
s'empêcher  de  voir  une  certaine  corrélation  entre  la  progr»;ssioii 
de  ces  deux  maladies,  progression  simultanée  qu'il  est  utile  cie 
signaler. 

M.  Régis  relate  quatre  observations  de  lypémanie  hypocon- 
driaque présentant,  au  point  de  vue  du  délire,  les  plus  gramie> 
analogies  avec  la  paralysie  générale  au  début  î\  forme  depre>- 
sive. 

Des  communications  sont  faites  :  par  M.  Cami«e(,  sur  deujj 
observations,   chez   deux  dégénérés    héréditaires,   d'iropuiMO 
consciente  à  des  actes  violents  vis-à-vis  d'eux-mêmes;  I 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE' ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  34  —    547 


^ï.  Tissiéj  sur  un  cas  d'obsession  intellectuelle  et  émotive 
fi:uérie  par  la  suggestion  renforcée  et  par  le  parfum  du  cory- 
îopsis,  risolement  et  les  douches  ;  par  M.  SoUier,  au  nom  de 
M.  Bourneville  et  au  sien,  sur  la  porencéphalie,  (|ui  est  le  résul- 
tat d'un  arrêt  de  développement,  et  sur  la  pseudo-porencéphalie 
consécutive  à  un  processus  distinctif  survenu  soit  pendant  la  vie 
intra-utérine,  soit  plus  tard;  par  M.  CamescaBse,  sur  un 
niémoire  sur  la  roicrocéphalie,  avec  présentation  d'un  grand 
nombre  de  photographies  et  de  moulages  de  cerveaux  d'hydro- 
Ci-phales;  par  M.  Konakoff,  sur  une  forme  particulière  de 
maladie  mentale  combinée  avec  la  névrite  multiple  dégénéra- 
tive. 

M.  J.  Morel  propose,  au  nom  de  la  Société  de  médecine  men- 
tale de  Belgique,  la  classification  suivante  pour  dresser  une  sta- 
tistique internationale  des  maladies  mentales  ;  l*'  manie  (délire 
aigu)  ;  2""  mélancolie  ;  3®  folie  périodique  (folie  à  double  forme), 
etc.;  4*"  folie  systématisée  progressive  ;  5"  démence  vésauique; 
0''  démence  organique  et  sénile;  7°  paralysie  générale;  8**  folies 
iiévrosiques  (hystérie,  épilepsie,  hypocondrie,  etc.);  9^  folies 
toxiques;  10°  folie  morale  et  impulsive;  11°  idiotie,  etc.  Cette 
statistique  est  adoptée  par  le  Congrès,  après  quelques  discus- 
sions de  détail. 


PSYCHOLOGIE  PHYSIOLOGIQUE 

l.es  communications  intéressant  directement  la  médecine  se 
sont  forcément  trouvées  peu  nombreuses,  dans  ce  Congrès  d'un 
caractère  si  spécial,  et  qui  s'est  divisé  en  trois  sections  consa- 
crées Tune  à  Tétude  des  hallucinations,  l'autre  à  Tétude  de 
rhérédité  et  la  dernière  à  Tétude  de  Thypnotisme. 

Une  enquête  sur  les  hallucinations,  analogue  à  celles  qui  ont 
été  tentées  depuis  longtemps  en  Angleterre  et  en  Amérique, 
vient  d'être  entreprise  par  M.  MariiUer  afin  de  connaître  la 
fréquence  des  hallucinations  chez  les  personnes  saines.  11  a 
envoyé  à  un  grand  nombre  de  personnes  appartenant  à  des 
conditions  très  diverses  deux  questionnaires.  Au  premier  il  faut 
répondre  par  oui  ou  par  non  à  la  question  suivante  :  Avez-vous 
éprouvé,  après  vingt  ans,  en  dehors  de  la  maladie  ou  de  la 
lièvre,  une  impression,  par  la  vue,  l'ouïe  ou  le  toucher,  d'objets 
vivants  ou  inertes  non  réels?  La  seconde  question,  adressée  seu- 
lement aux  personnes  oui  ont  répondu  oui  à  la  première, 
demande  de  préciser  les  détails  les  plus  circonstanciés  sur  les 
caractères  de  l'hallucination  éprouvée.  M.  Marillier  espère  par- 
venir à  obtenir  des  renseignements  suffisantes  sur  les  halluci- 
nations véridiques  ou  télépathiques,  qui  ont  pour  caractère  de 
correspondre  exactement  à  un  fait  réel  se  passant  au  même 
instant  à  une  distance  plus  ou  moins  grande  du  sujet  halluciné. 
M.  Tigerstedt  voudrait  qu'on  publiât  aussi  le  récit  de  l'halluci- 
nation fait  par  le  sujet.  M.  Pierre  Janet  propose  oue  les  ques- 
tionnaires ne  soient  envoyés  qu'à  des  médecins  ou  a  des  psycho- 
logues compétents  en  la  matière  ;  et  que  l'on  soit  moins  rigou- 
reux au  point  de  vue  de  f  état  de  santé  des  sujets,  tout  en 
notant  en  regard  de  chacun  d'eux  l'affection  dont  ils  paraissent 
atteints. 

M.  Binet  a  fait  des  expériences  pour  démontrer  que  l'intensité 
des  sensations  est  un  des  facteurs  principaux  qui  règlent  la 
répartition  des  phénomènes  entre  les  deux  personnalités.  Les 
sensations  les  plus  intenses  sont  seules  perçues  par  la  pre- 
mière, les  moins  intenses  sont  recueillies  par  la  seconde. 
Lorsque  l'on  présente  à  l'œil  d'une  hystérique  un  petit  carré  de 
papier  rouge  sur  un  fond  blanc,  s'il  n'a  que  2  millimètres  de 
côté,  elle  ne  le  voit  pas;  s'il  a  4  millimètres  de  côté,  elle  le 
distingue  parfaitement.  La  sensation  la  plus  intense  est  donc 
seule  perçue;  la  moins  intense  ne  l'est  pas  ;  elle  est  recueillie 
par  la  personnalité  inconsciente.  Autre  expérience  plus  nette 
encore:  on  fait  lire  à  une  hystérique  les  lignes  du  tableau  de 
Wecker,  elle  a  une  acuité  visuelle  de  1/2;  si  on  consulte  l'in- 
conscient, aue  l'on  peut  faire  répondre  par  l'écriture  automa- 
tique, on  lui  trouve  une  acuité  visuelle  de  3/4.  Il  a  donc  une 
acuité  visuelle  plus  grande,  il  peut  lire  des  caractères  que  la 
personnalité  consciente  ne  voit  pas. 

Étudiant  le  rôle  des  centres  moteurs  chez  les  jeunes  ani- 
maux, M.  Uerzen  a  vu  que,  si  on  enlève  sur  un  chien  nou- 
veau-né les  centres  corticaux  moteurs  du  gyrus  sigmoïde  d'un 
côté,  il  ne  se  produit  aucun  symptôme.  Plus  Tanimal  est  jeune, 


pins  les  symptômes  disparaissent  rapidement.  Si  l'on  pratique 
plus  tard  la  même  opération  du  côté  opposé,  plus  l'animal  était 
jeune  au  moment  de  la  première,  moins  les  symptômes  de  la 
seconde  sont  marqués.  En  faisant  la  première  opération  sur  le 
chien  nouveau-né  et  la  deuxième  au  oout  de  deux  mois,  il  ne 
se  produit  aucun  symptôme  ;  cette  expérience  prouve  que,  en 
cas  d'ablation  d'un  gyrus  sigmoïde,  ce  n'est  pas  le  gyrus  sig- 
moïde du  côté  opposé  qui  lui  supplée,  mais  bien  un  centre 
secondaire  du  même  côté,  qui,  en  l'absence  du  centre  supérieur, 
le  remplace. 

M.  de  Varigny  cite  un  cas  d'audition  colorée.  M.  Gruber  cite 
le  cas  d'un  étudiant  pour  lequel  les  lettres  avaient  non  seule- 
ment une  couleur,  mais  même  une  saveur  spéciale.  M.  Benedikt 
attribue  ces  cas  aux  relations  nerveuses  de  différents  nerfs 
sensifs  avec  le  trijumeau.  M.  CA.  Bicket  présente  un  chien 
atteint  de  cécité  psychique  expérimentale. 

Les  expériences  entreprises  par  M.  Danilewski  sur  un  grand 
nombre  d'animaux  d'espèces  variées  lui  permettent  d'affirmer 
que  l'hypnotisme  des  animaux  consiste  en  une  sorte  de  para- 
lysie de  la  volonté,  par  une  sorte  de  renoncement  à  la  lutte 
devant  une  force  supérieure  ;  il  est  d'autant  plus  complet  que 
le  cerveau  est  plus  apte  à  sentir  sa  défaite,  c'est-à-dire  plus 
développé.  Chez  l'homme,  c'est  la  concentration  de  Tattention 
qui  joue  le  rôle  de  la  violence  extérieure,  douce  et  continue 
chez  les  animaux. 

D'ailleurs  tout  est-il  donc  suggestion  dans  l'hypnotisme,  comme 
le  voudrait  M.  Rernheim?  M.  Ochorowicz  ne  saurait  être  de  cet 
avis  :  chez  certains  sujets,  on  guérit  par  l'hypnose  des  maladies 
qu'on  n'avait  pas  en  vue.  L'hypnotisme  chez  les  enfants,  chez 
les  animaux,  ne  peut  être  expliqué  par  la  suggestion.  Pour 
M.  Berriheim,  toutes  les  actions  physiques  dont  on  parle  :  aimant, 
métaux,  fluide  neurique,  semblent  fort  discutables,  l'action  psy- 
chique, la  suggestion  semble  seule  certaine  et  acquise.  L  hy- 
pnotisme qu'on  obtient  chez  les  animaux  n'est  évidemment  pas 
produit  par  suggestion,  mais  aussi  il  n'est  nullement  comparanle 
au  sommeil  provoaué  chez  l'homme.  C'est  une  véritable  stupeur 
cérébrale,  semblable  à  celle  que  l'on  rencontre  quelquefois  dans 
la  lièvre  typhoïde.  Chez  les  enfants,  l'hypnotisme  n'est  possible 
que  quand  ils  sont  arrivés  à  l'âge  de  raison.  M.  Liébault  a  obtenu, 
il  est  vrai,  l'hypnose  chez  des  enfants  en  très  bas  âge,  presque* 
à  la  mamelle,  mais,  là  encore,  il  devait  y  avoir  une  sorte  do 
suggestion  vague,  comprise  par  Tenfant,  et  le  fluide  n'y  était 
pour  rien.  Cependant,  objecte  M.  Gilbert-Ballet^  lorsque  l'hyp- 
nose est  obtenue  brusquement  par  un  coup  de  tam-tam,  ou  par 
un  rayon  lumineux  subit,  il  est  bien  difficile  d'admettre  qu'il  y 
ait  là  suggestion  ;  relTct  obtenu  est  si  rapide  qu'il  n'y  a  pas 
place  pour  un  jugement  compliqué  entre  la  cause  et  le  résultat 
obtenu.  En  ce  cas,  réplique  M.  Bemheim,  les  malades 
ont  déjà  été  endormis  une  première  fois  par  ce  procédé  ;  c'est 
un  rappel  immédiat  d'un  travail  suggestif  antérieur.  M.  Pierre 
Janet  cite  deux  cas  dans  lesquels  il  a  observé  la  catalepsie  sur- 
venue à  la  suite  d'un  éclair  et  d'un  brusaue  rayon  lumineux, 
sans  que  jamais  ce  genre  de  procédé  ait  été  employé  pour  en- 
dormir ces  malades.  C'est  là  de  la  catalepsie  et  non  de  l'hypno- 
tisme, objecte  encore  M.  Bernheim. 


HYPNOTISME 

M.  Bernheim^  passant  en  revue  les  divers  procédés  destinés  à 
provoquer  1  hypnose  et  à  augmenter  la  suggestibilité  au  point  de 
vue  thérapeutique,  c*est-à-dire  la  fixation  d'un  objet  brillant  et 
la  suggestion  verbale,  croit  devoir  constater  que  toutes  ces  pra- 
tiques se  ramènent  à  la  suggestion  ;  la  fatigue  que  cause  la 
flxation  du  regard,  les  passes  diverses,  n'agissent  qu'en  suggé- 
rant l'idée  de  dormir  et  les  zones  dites  hypnogènes  n'existent  pas 
si  on  évite  les  suggestions.  C'est  donc  la  suggestion  verbale  qui 
constitue  le  meilleur  procédé;  il  faut  la  faire  persuasive  ou 
impéralive,  suivent  le  caractère  du  patient,  et  éviter  les  contre- 
suggestions  résultant  des  hésitations  de  l'opérateur.  La  sugges- 
tion est  d'ailleurs  possible  et  très  efficace  à  l'état  de  veille  chez 
certains  sujets  pour  lesquels  l'idée  se  transforme  immédiatement 
en  acte,  comme  si  Tiniliative  cérébrale  n'avait  pas  le  temps 
d'intervenir.  M.  Bernheim  déclare  ensuite  que  la  psychothérapie 
suggestive  a  pour  but  de  guérir  en  faisant  pénétrer  dans  le 


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cerveau,  hypnotisé  ou  non,  la  persuasion  de  la  guérison  ou  de  la 
cessation  des  troubles.  La  suggestion  a  toujours  été  em(>loyéey 
quoique  inconsciemment,  par  les  médecins;  la  prescription  de 
substances  inertes,  sous  des  noms  scientifiques,  n*est  pas  autre 
chose  et  différentes  pratiques  de  l'hydrothérapie,  de  Télectro- 
thérapie,  de  Taimantation,  de  la  mélallolhérapie  et  même  de  la 
suspension  dans  le  tabès,  n'agissent  pas  autrement.  Laissons 
donc  à  Fesprit  le  rôle  considérable  qu'il  a  dans  les  phénomènes 
morbides;  comme  il  y  a  une  psychologie,  il  existe  une  psycho- 
thérapie, et  heureusement  pour  la  thérapeulique,  la  crédivitéest 
inhérente  à  Fesprit  humain. 

M.  Gilles  de  la  Tourelle  voit  bien  qu'il  est  question  de 
suggestion,  mais  où  est  l'hypnotisme  dans  cette  description? 
Quel  est  le  critérium  de  stigmates  physiques  qui  permette 
d'affirmer  ^ue  le  patient  a  dormi  autrement  que  sur  son  aflir- 
mation,  qui  ne  saurait  suffire?  Gomment  admettre  le  rôle  de  la 
suggestion  dans  la  suspension  et  dans  l'application  des  aimants, 
alors  que  ces  pratiques  n'empêchent  pas  les  troubles  vésicaux, 
les  douleurs,  l'incoordination  des  mouvements?  La  suggestion 
manque  aussi,  fait  observer  M.  Guermonprez,  dans  les  cas 
d*hypnose  subite  par  coup  de  tonnerre,  coup  de  fusil,  trauma- 
tisme, etc..  La  psychologie  a  cependant  ses  lois,  objecte 
yt,  Bernheim,  comme  la  physioloj^ie  ;  toute  cellule  cérébrale, 
actionnée  par  une  idée,  tend  a  réaliser  cette  idée;  l'idée  doit  se 
faire  acte  ;  cette  transformation  se  fait  plus  facilement  quand 
l'automatisme  cérébral  est  paralysé  par  l'engourdissement  des 
facultés  supérieures  (attention,  perception,  etc.). 

—  MM.  van  Reulerghem  et  van  Eeden  ont  traité  \\i  malades 
par  la  méthode  de  suggestion  verbale  de  Nancy,  pratiquée  sans 
violence  et  après  une  période  d'entraînement  par  persuasion, 
d'autant  plus  prolongée  que  le  sujet  était  plus  intelligent.  Ces 
malades  étaient  atteints  d'affections  organiques  du  système 
nerveux,  de  névroses,  de  maladies  mentales,  de  névralgies  et 
de  maladies  des  autres  appareils  que  le  système  nerveux.  Dans 
71  cas,  il  n'y  a  eu  aucun  résultat;  dans  9â,  une  amélioration 
légère;  98  fois,  amélioration  notable  ;  iOÛ  fois,  guérison;  57  cas 
n'ont  pas  été  suivis.  Les  contre-indications  principales  notées 
par  les  auteurs  sont  la  crainte  insurmontable  du  sujet  en  trai- 
tement et  la  folie. 

M.  Fontan  dit  avoir  pu  accélérer  la  guérison  de  plusieurs 
hémiplégiques  et  apoplectiques  et  avoir  obtenu  des  résultats 
dans  les  myélites  et  la  sclérose  en  plaques^à  l'aide  delà  sugges- 
tion hypnotique.  M.  Goscard  rapporte  deux  cas  de  guérison  de 
jnétrorrhagie. 

M.  A.  Voisin,  traitant  des  indications  de  Thypnotisme  et  de 
la  suggestion  dans  le  traitement  des  maladies  mentales,  rappelle 
qu'il  réussit  en  1880  à  jprâtiquer  l'hypnotisme  dans  un  cas  de 
manie  aiguë,  et  depuis  il  est  parvenu  à  obtenir  l'hypnose  sur 
10  malades  pour  100  environ;  il  a,  en  outre,  applique  l'hypno- 
tisme à  combattre  les  vices,  les  penchants  inférieurs,  Tabus  des 
médicaments,  certaines  défectuosités  de  l'intelligence,  les 
névralgies,  contractures,  les  troubles  qui  apparaissent  pendant 
la  menstruation  chez  les  aliénées. Voiciles  règles  de  sa  pratique: 
il  faut  beaucoup  de  temps  et  de  patience,  recommencer  dix  et 
vingt  fois  les  tentatives;  il  faut  obtenir  la  léthargie  ou  le  som- 
nambulisme, mais  mieux  la  première;  laisser  dormir  une  demi- 
heure  ou  uns^uTfi  Jl  ia.{u:emiècej&éance^et  ne  commencer  la 
suggestion  au'à  la  seconde.  U  n'agit  alors  que  sur  une  seule 
conception  aélirante,  et  a  soin  de  laisser  dormir  longtemps, 
vingt-quatre  heures.  Il  faut  articuler  impérieusement  la  sugges- 
tion, dégager  le  malade  de  toute  influence  extérieure,  puis  com- 
battre successivement  chaque  hallucination;  il  faut  effriter  son 
délire  par  fragments.  Puis  on  persuade  que  la  guérison  est  possible, 
et  enfin,  on  l'affirme.  L'aliéné  manifeste  parfois  de  la  mauvaise 
humeur  quand  on  combat  son  hallucination  ;  il  faut  alors  insister 
jusqu'à  ce  qu'il  donne  son  assentiment.  Cette  pratique  lui  a 
donné  de  bons  résultats  dans  les  troubles  et  hallucinations  des 
sens  ou  de  la  sensibilité  générale,  dans  la  dyschromatopsie, 
dans  Tanesthésie  et  l'hYperesthésie,  les  paralysies  et  contractures 
névropathiques,  dans  1  onanisme;  de  même, l'hypnotisme  est  très 
efficace  pour  moraliser  des  enfants  dégénérés  et  profondément 
vicieux.  Il  a  observé  des  rechutes  chez  les  aliénés  dans  un 
dixième  des  cas;  aussi  a-t-il  soin  de  renouveler  le  traitement  à 
des  intervalles  d'un  à  six  mois. 

M.  Bérillon  a  été  chargé  de  faire  connaître  les  résultats  de  la 
suggestion  pour  la  pédiatrie  et  l'éducation  mentale  des  enfants 


vicieux  et  dégénérés.  11  formule  les  conclusions  suivantes  :  1  1 1 
suggestion  employée  rationnellement  par  des  médecins  expti-n- 
mentés  et  compétents  constitue  un  agent  thérapeulique,  tr**- 
quemment  susceptible  d'être  appliqué  avec  avantage  eu  pédu- 
trie;  S"*  les  affections  dans  lesquelles  les  indications  de  h 
suggestion  ont  été  établies  chez  les  enfants  par  des  faits  rigoiH 
reusement  observés,  sont:  l'incontinence  nocturne  d'urine,  Tin- 
continence  nocturne  et,  diurne  des  matières  fécales,  les  tic- 
nerveux,  les  terreurs  nocturnes,  la  chorée  rhytmique,  ronaoî^n*- 
irrésistible,  le  blépharospasme,  les  attaques  couvulsives  d'li\- 
térie,  les  troubles  purement  fonctionnels  du  système  nerveu\  . 
3"  la  suggestion  na  pas,  jusqu'à  ce  jour,  donné  de  résultat^ 
appréciables  dans  le  traitement  de  l'idiotie  ou  du  crélinisnie  : 
i^  la  suggestion,  envisagée  au  point  de  vue  pédagogiqu*'. 
constitue  un  excellent  auxiliaire  aans  l'éducation  des  enfanta 
vicieux  ou  dégénérés;  5^  l'emploi  de  la  suggestion  doit  élr»- 
réservé  pour  les  cas  où  les  pédagogues  avouent  leur  compl*'!** 
impuissance  ;  elle  est  surtout  indiquée  pour  réagir  contre  \f^ 
instincts  vicieux,  les  habitudes  de  mensonges,  de  cruauté,  J*- 
vol,  de  paresse  invétérée;  6»  le  médecin  sera  seul  juge  de  Top- 
portunité,  de  l'application  de  la  suggestion  contre  ces  inanif*'s- 
talions  mentales,  qui  sont  souvent  sous  la  dépendance  d'un 
véritable  état  pathologique,  et,  en  aucun  cas,  nous  ne  conseillons 
l'usage  de  la  suggestion  en  pédagogie  lorsque  l'enfant  >en 
susceptible  d'être  amendé  par  les  procédés  habituels  de  ledu- 
cation. 

Considérant  l'influence  désastreuse  que  les  criminels  exer- 
cent dans  les  prisons  sur  les  prisonniers  hystériques, M.  Laurent 
fait  approuver  par  le  Congrès  le  vœu  que  les  hystériques  délia- 
auants  doivent  être  isolés  dans  les  prisons* et  mis  sous  la 
dépendance  des  médecins. 

En  ce  qui  concerne  les  séances  publiques  d'hypnotisme,  1«- 
Congrès,  sur  le  rapport  de  M.  Ladame,  adopte,  après  discus- 
sion, les  propositions  suivantes  :  1*>  les  séances  publiques  d'hvpno- 
tisme  et  de  magnétisme  doivent  être  interdites  par  les  aatbritt''< 
administratives,  au  nom  de  l'hygiène  publique  et  de  la  polire 
sanitaire;  ^^'^  la  pratique  de  l'hypnotisme  et  du  magnetism»' 
comme  moyen  ciiratif  doit  être  soumise  aux  lois  et  aux  règle- 
ments qui  régissent  l'exercice  de  la  médecine;  3"*  il  est  désirabl«- 
3 ne  l'étude  de  l'hypnotisme  et  de  ses  applications  soit  intro- 
uite  dans  l'enseignement  des  sciences  meaicales. 


HYGIÈNE 

Six  questions  principales  étaient  soumises  aux  délibérations  du 
Congrès  international  d'hygiène,  d'après  des  rapports  prépan-^ 
à  l'avance;  en  outre,  un  nombre  considérable  de  communica- 
tions ont  été  faites  par  les  membres  du  Congrès;  aussi  dans  cr 
compte  rendu  sommaire  nous  est-il  possible  de  ne  nous  occuper 
que  d'un  nombre  restreint  de  ces  communications,  celles  tout  au 
moins  qui  ont  été  suivies  de  veux  importants  adoptés  par  !«' 
Congrès. 

MM.  Landouzy  et  Napias,  dans  leurs  rapports  sur  les  mesures 
d'ordre  législatif,  administratif  et  médical  prises  dans  les  diver> 
pays  pour  la  protection  de  la  santé  et  de  la  vie  de  la  prenitrrf 
enfance,  concluent  à  la  nécessité  d'une  enquête  qui  permette 
d'avoir  des  documents  concordants  sur  ces  questions.  Pour  cola 
il  faut  :  adopter  dans  tous  les  pays  un  mode  uniforme  de  la  sta- 
tistique de  la  mortalité  des  enfants  du  premier  âge,  mortalité 
notée  d'année  en  année;  enregistrer  les  décès  après  enquête 
rigoureuse  établissant  :  la  nature  de  la  maladie,  la  date  de  nais- 
sance, le  mode  d'élevage,  la  nature  du  biberon,  la  nature  du  lait, 
les  maladies  transmissibles  dont  auraient  pu  être  atteintes  les 
personnes  aui  ont  donné  des  soins  aux  enfants;  la  salubrité  du 
logement  ;  faciliter  l'alimentation  maternelle  ;  dans  les  cas  où  elle 
est  impossible,  favoriser  l'allaitement  artificiel  oui  donnera  W 

fdus  de  garanties  contre  la  transmission  des  maladies  ;  répandre 
es  notions  d'hygiène  infantile;  que  les  jeunes  filles  dans  les  der- 
nières années  de  l'école  aillent  dans  les  crèches  apprendre  a 
soigner  les  enfants;  diminuer  la  durée  du  travail  de  fa  femme  à 
l'atelier  ou  à  l'usine.  Ces  propositions  reçoivent  l'assentiment 
du  Congrès.  Un  grand  nombre  d'orateurs  demandent  que  l'exé- 
cution de  la  loi  Roussel  soit  assurée  dans  toutes  les  parties  de 
la  France  et  suggèrent  des  modifications  propres  à  assurer  cette 
exécution;  les  uns  demandent  une  extension  des  pouvoirs  de  l'in- 


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specteup  médical,  des  primes  de  déclaration  pour  les  nourrices 
et  les  gardes  champêtres;  d'autres,  que  reiifanl  de  la  fille-mère 
élevé  chez  des  parents  bénéficie  des  avantages  de  la  loi,  que  dans 
les  écoles  le  médecin  ait  autorité  pour  les  mesures  d'hygit^'ne  et 
les  r('giesde  Talimentation,  que  la  connaissance  dos  notions  con- 
cernant l'hygiène  et  spécialement  Thygiène  infantile  qui  figurent 
sur  les  programmes  aes  brevets  de  capacité  supérieure  et  pri- 
maire soit  réellement  exigée  des  aspirantes  et  aspirants  à  ces  bre- 
vets, et  qu'à  cet  effet  des  médecins  figurent  dans  les  jurys  d'exa- 
men. Ue  plus,  le  Congrès,  ayant  constaté  la  nécessité  d'une  enquête 
permanente  sur  les  conditions  qui  déterminent  la  mortalité 
excessive  des  enfants  du  premier  âge,  émet  le  vœu  que  la  Société 
de  médecine  publique  et  d'hygiène  professionelle  de  Paris,  insti- 
gatrice du  Congrès,  s  mette  en  rapport  avec  les  bureaux  des 
institutions  d*hy^iène  de  France  et  ae  l'étranger  pour  faire  étu- 
dier cette  question  par  une  commission  internationale  perma- 
nente. 

M.Jablonski,  appelant  l'attention  snr  le  caractère  transmissible 
de  la  suette  et  de  la  roséole,  demande  que  les  élèves  des  établis- 
ments  d'instruction  atteints  de  ces  maladies  soient  isolés  de  leurs 
camarades;  la  durée  de  l'isolement  sera  de  quarante  jours  pour 
la  suette  et  de  vingt-cinq  pour  la  roséole.  En  outre,  les  élèves 
atteints  ou  suspects  de  tuberculose  seront  renvoyés  dans  leur 
famille;  ils  ne  pourront  être  admis  de  nouveau  dans  aucun  éta- 
blissement scolaire  s'ils  n'ont  été  préalablement  soumis  à  l'in- 
spection d'un  médecin  déléj^é,  qui  s'assurera  par  l'auscullalion, 
la  percussion,  la  mensuration  du  thorax  et  les  autres  procédés 
de  diagnostic,  qu'ils  ne  présentent  aucun  signe  ancien  ou  récent 
de  la  maladie.  Le  Congrès  approuve  que  la  suette  entre  dans  le 
cadre  d  s  maladies  qui  demandent  des  mesures  prophylactiques 
et  repousse  l'adjonction  de  la  roséole  à  ces  maladies.  Sur  le  vœu 
de  Mm.  Landouzy  et  Layet,  il  décide  que  les  enfants  atteints  de 
tuberculose  pulmonaire  confirmée  pourront  nécessiter  des  mesures 
prophylactiques  après  avis  du  médecin  autorisé 

En  ce  qui  concerne  l'inspection  médicale  des  école,  sur  le  vœu 
de  M.  Dehailley  le  Congrès  demantle  qu'elle  soit  partout  effec- 
tuée; que  le  médecin  in^^pecteur  soit  nommé  par  l'État,  et 
qu'en  attendant  que  la  loi  décide  qu'un  médecin  fasse  partie  du 
Lonseil  départemental,  il  serait  désirable  que  l'un  des  deux 
membres  laissés  au  choix  du  préfet  fut  un  médecin. 

La  nouvelle  organisation  du  service  sanitaire  dans  les  Vosges 
est  exposée  par  M.  Lardier,  Il  insiste  plus  particulièrement  sur 
le  bulletin  sanitaire  qui  est  envoyé  à  intervalles  réguliers  aux 
médecins  civils  et  militaires,  aux  instituteurs  et  aux  institu- 
trices; on  connaît  ainsi  les  régions  où  existent,  par  exemple,  la 
scarlatine  et  la  diphthérie;  on  évite  de  s'y  rendre  inutilement; 
et  ceux  qui  sont  forcés  de  les  parcourir  peuvent  prendre  les 

J précautions  m'cessaires  pour  ne  pas  apporter  ces  maladies  dans 
eur  foyer.  Il  demande  {extension  de  cette  mesure  à  toute  la 
France.  M.  Nocard  appuie  cette  demande,  qui  est  appuyée  par 
le  Congrès. 

L'action  du  sol  sur  les  germes  pathog[ènes  donne  lieu  à  un  rap- 
port dans  lequel  MM.  Grancker  et  Richard  exposent  que  les 
germes  pathogènes  déposés  sur  le  sol  sont  surtout  cantonnés 
dans  les  couches  les  plus  superficielles;  à  la  (aible  profondeur  de 
0",oO  à  \  mètre,  on  n'en  trouve  plus  que  très  peu.  Ils  se  multi- 
plient difficilement  dans  le  sol,  mais  peuvent  s  y  conserver  long- 
temps à  l'état  de  spores.  Les  germes  pathogènes  du  sol  sont 
détruits  par  la  concurrence  des  saprop^iytes ;  ceux  de  la  surfai  e 
le  sont  surtout  par  l'action  de  la  lumière  solaire;  celle-ci  doit 
être  considérée  comme  un  puissant  agent  d'a^jsainissement.  La 
culture  intensive  qui  ramène  successivement  à  la  surface  les 

f fermes  de  la  profondeur,  est  le  meilleur  procédé  pour  détruire 
es  germes  pathogènes  du  sol.  Les  bouleversements  de  terrain 
mettent  en  circulation  une  grande  quantité  de  germes  putho- 
gèues.  Une  couche  continue  de  2  à  3  mèti;es  de  terre  suffit  en 
général  pour  protéger  la  nappe  souterraine  contre  l'apport  de 
germes  pathogènes. 

L'exposé  de  ce  rapport  est  suivi  d'une  discussion  importante. 
M.  ValUn  fait  observer  que  si  les  couches  superficielles  du 
sol  renferment  le  bacille  au  tétanos  et  le  microoe  de  l'œdème 
malin,  80  pour  100  des  souris  inoculées  meurent;  comment 
alors  concilier  ces  expériences  avec  les  résultats  de  l'observation 
journalière?  Ne  voit-un  pas  chaque  jour  un  nombre  considérable 
de  plaies  souillées  par  la  terre,  et  pourtant  combien  peu  nom- 
breux sont  les  cas  oe  tétanos  !  D'autre  paît,  si  la  lumière  et  la  ' 


dessiccation  détruisent  les  micro-organismes,  comment  se  fait-il 
que  les  couches  les  plus  superficielles  soient  les  plus  riches  en 
bactéries?  M.  Richard  objecte  qu'il  est  rare  que  les  conditions 
d'inoculations  pratiquées  cher  les  animaux  se  réalisent  chez 
l'homme.  Un  simple  contact  ne  suffit  pas;  il  pourrait  citer, 
en  bactérie 'ogie,  des  exemples  analogues  :  les  cobayes  inoculés 
avec  le  virus  tuberculeux  deviennent  presque  toujours,  sinon 
toujours,  tuberculeux,  et  ces  mêmes  animaux  ne  se  tuberculisent 
jamais  spontanément,  <|uoique  souvent  en  contact  avec  des 
bacilles  de  Koch,  dissémines  un  peu  partouL  D'autre  part, 
comme  le  faii  remarquer  M.  Cornil,  quand  il  y  a  une  blessure 
un  peu  profonde,  une  fracture  comminutive  par  exemple,  et 
que  les  extrémités  osseuses  pénètrent  dans  la  terre,  il  est  bien 
rare  qu'il  n'y  ait  pas  de  septicémie  gangreneuse  ou  de  tétanos. 
Enfin,  il  existe  aujourd'hui  un  certain  nombre  de  faits  bien  étu- 
diés et  bien  établis  desquels  il  résulte  que  la  terre  végétale 
introduite  accidentellement  chez  l'homme  dans  les  tissus  a 
déterminé  le  tétanos. 

Pour  M.  Nocard,  le  cheval  est  très  apte  à  contracter  la  septi- 
cémie gangreneuse  ;  or,  si  on  essaye  de  la  lui  communiquer  par 
inoculation  à  la  lancette,  on  ne  réussit  pas,  le  bacille  ne  prospère 
pas  au  contact  de  l'air;  il  peut  en  être  de  même  pour  celui  du 
tétanos.  M.  Chantemess^  a  été  appelé  à  étudier  deux  épidémies 
de  tétanos  chirurgical  :  épidémies  limitées  à  un  petit  nombre 
de  lits  d'une  même  salle.  11  a  pris,  au  niveau  de  ces  lits,  de  la 

f^oussière  entre  les  fentes  du  parquet  ;  il  Ta  trouvée  très  viru- 
ente  ;  cette  virulence,  d'ailleurs,  disparaissait  après  une  expo- 
sition de  quelques  heures  à  la  lumière  solaire  ;  là  encore  on 
Pourrait  incriminer  la  terre.  M.  Le  Roy  des  Rarres  aurait  pu, 
ans  deux  affîtires  médico-légales  concernant  deux  individus 
morts  du  tétanos,  sans  un  examen  minutieux,  conclure  à  une 
origine  non  tellurique;  mais  dans  les  deux  cas,  il  a  trouvé  aux 
pieds  des  plaies  qui  avaient  dû  servir  de  porte  d'entrée  à  l'agent 
tétanique. 

M.  Cornil  fait  observer  que  s'il  y  a  aujourd'hui  quelques  points 
acquis  concernant  Tétiologie  du  tétanos,  il  reste  encore  bien  des 
obscurités.  Le  microbe  de  Nicolaïer  lui-même  est-il  bien  le 
microbe  du  tétanos?  Il  n'oserait  Taffirmer.  M.  Chanteniesse  Ta 
cultivé  à  l'état  de  pureté  et,  jusqu'ici,  les  produits  de  ces  cul- 
tures restent  absolument  inoffensifs.  Il  ne  parait  pas  douteux 
que  la  terre  donne  le  tétanos,  mais  nous  ne  connaissons  pas 
encore  l'agent  pathogène.  S'agirait-il,  par  hasard,  romme  le  mit 
remarquer  M.  Crocq,  d'un  agent  chimique,  quelque  chose  d'ana- 
logue à  la  tétanine  isolée  par  Brieger?  La  chose  est  encore 
possible. 

M.  van  den  Corput  revient  à  l'action  du  sol  sur  les  germes 
pathogènes  ;  il  admet  le  rôle  destructeur  des  couches  superfi- 
cielles de  la  terre  et  reconnaît  toute  Futilité  des  systèmes 
d'épandage  là  où  on  peut  les  établir  ;  cependant  la  chose  n'est 
pas  toujours  possible,  ce  qui  est  le  cas  pour  Bruxelles,  par 
exemple.  D'autre  part,  il  est  des  circonstances  où  ces  germes 
peuvent  se  conserver  et  devenir  nocifs  ;  c'est  pourquoi,  en  Bel- 
gique, on  recommande  de  procéder  à  la  destruction  par  le  feu  de 
toutes  les  déjections  d'individus  atteints  de  maladies  transmis- 
sibles.  M.  Thibaut  croit  que  Tépandage  est  le  moyen  d'assai- 
nissement de  l'avenir;  ce  qui  se  passe  aux  environs  de  Lille  et 
dans  la  plupart  des  villes  d  Angleterre,  où  la  fièvre  typhoïde  est 
chose  rare,  a  fini  par  le  convaincre  complètement.  M.  Chante- 
mêsxe  pense  aue  deux  sûretés  valant  mieux  qu'une,  rien  n'em- 
pêcherait de  aésinfecter  les  déjections  des  malades  par  un  moyen 
Pratique  et  peu  coûteux,  comme  l'eau  de  chaux  par  exemple,  et 
e  les  envoyer  ensuite  à  l'égout  et  au  champ  d'épandage. 
M.  Drysdale  rappi^lle  qu'en  Angleterre  l'ôpandage  se  pratique 
dans  un  grand  nombre  de  villes.  Les  résultats  qu'on  a  obtenus 
sont  véritablement  satisfaisants,  ainsi  que  le  confirme  encore 
un  rapport  de  M.  Carpenter,  de  Londres,  sur  la  ferme  de 
Croydon,  où  la  mortalité  moyenne  depuis  trente  ans  ne  dépasse 
pas'  13  pour  1000.  MM.  WMz  et  mosny  communiquent  des 
recherches  récentes  sur  la  question  en  discussion.  Ils  ont  essayé, 
au  moyen  d'un  appareil  composé  de  deux  cylindres  réunis  à  leur 
partie  inférieure  par  des  tub<s  en  caoutchouc  et  formant  vases 
communiquants,  d'étudier  à  quelle  profondeur  pouvaient  des- 
cendre dans  le  sol  les  bacilles  typhiques,  et  quelle  était  l'in- 
fluence qu'exerçaient  sur  eux  les  variations  de  la  nappe  d'eau 
souterraine.  En  ce  qui  concerne  le  premier  point,  les  recherches 
ont  été  conlirmaiives  de  celles  de  MM.  Grancher  et  Deschamps; 
ils  n'ont  jamais  trouvé  le  bacille  typhique  au  delà  de  soixante 
centimètres  de  profondeur.  D'autre  part,  ils  se  sont  assurés  qu'en 


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amenant  la  nappe  d'eau  souterraine  jusqu'à  cinquante  centi- 
mètres de  la  surface  du  sol,  celte  nappe  d*eau  n'entraînait  pas 
de  bacille  lyphique,  ou  au  moins  de  bacilles  vivants. 

Sur  une  importante  communication  de  M.  Pacchiotti,  un  vœu 
est  unanimement  adopté  en  faveur  du  système  du  tout  à  Tégout 
et  de  l'utilisation  des  eaux  d'égout  par  leur  épandage  sur  le  sol, 
ainsi  que  sur  un  mémoire  de  M.  Deligny,  un  autre  vœu  pour 
Tabonnement  obligatoire  aux  eaux.  A  celte  occasion,  le  Congrès 
demande  qu'un  monument  soit  élevé  à  la  mémoire  de  M.  A.DU' 
rand'Claye,  à  Gennevilliers. 

Sont  également  adoptées  les  propositions  suivantes  du  rapport 
de  MM.  Arnould  et  A,-J,  Martin,  sur  la  protection  des  cours 
d'eau  et  des  nappes  souterraines  contre  la  pollution  par  les 
résidus  industriel  : 

1®  La  projection  de  résidus  industriels,  gênants  ou  dangereux 
dans  les  cours  d'eau,  doit  êlre  interdite  en  principe.  Il  en  est  de 
même  de  leur  introduction  dans  les  nappes  souterraines,  soit 
par  des  puils  perdus,  soit  par  des  dépôts  à  la  surface  du  sol, 
soit  par  des  epandages  agricoles  mal  conçus  et  exécutés  sans 
mélbode.  2*  Les  eaux  résiduaires  d'industrie  peuvent  être  admises 
dans  les  cours  d*eau  et  nappes,  toutes  les  fois  qu'elles  auront 
subi  un  traitement  entraînant  la  garantie  qu'elles  ne  mêleront 
aux  eauxpublîquesaucune  matière  encombrante,  putride,  toxique 
ou  infectieuse,  ni  quoi  que  ce  soit  qui  en  change  les  propriétés 
naturelles.  3*"  L'épuration  des  eaux  d  industrie  doit  être  imposée. 
Elle  sera  exécutée  selon  des  modes  appropriés  à  chaque  indus- 
trie. 4*  L'épuration  par  le  sol  est  le  procédé  actuellement  le 
plus  parfait  que  l'on  puisse  appliquer  aux  eaux  résiduaires  des 
industries  qui  travaillent  des  matières  organiques.  Elle  peut 
toujours  et  doit  quelquefois  être  combinée  à  des  opérations 
mécaniques  ou  chimiques,  qui  assurent  la  neutralisation  des 
eaux  et  les  préparent  à  l'absorption  par  le  sol.  L'irrigation 
méthodique  avec  utilisation  apicole  est  la  meilleure  manière 
d'exploiter  les  propriétés  assainissantes  du  sol.  5<*  Les  procédés 
prescrits  par  l'administration  en  vue  d'empêcher  la  pollution  des 
cours  d'eau  et  des  nappes  souterraines  par  des  résidus  indus- 
triels doivent  être,  en  cas  de  refus  persistant  de  la  part  des  inté- 
ressés, mis  à  exécution  d'office,  dans  les  conditions  spéciHées  aux 
articles  35,  36  et  37  de  la  loi  du  16  septembre  1807  et  par  le 
décret  du  15  octobre  1810. 

M.  Proust  a  été  chargé  du  rapport  sur  l'assainissement  des 

Sorts.  11  conclut  qu'il  est  du  devoir  strict  des  gouvernements  et 
es  municipalités  d'assainir  les  ports;  cet  assainissement  des 
ports  s'impose  plus  encore  que  l'assainissement  d'une  ville  quel- 
conque; c  est  seulement  lorsque  les  ports  seront  assainis  crue  Ton 
verra  diminuer  dans  une  proportion  considérable  la  mortalité  par 
maladies  infectieuses;  c'est  seulement  alors  que  les  ports  présen- 
tant un  terrain  réfractaire  à  la  pénétration  clés  germes  morbides 
exotiques,  on  pourra  supprimer  complètement  les  dernières 
entraves  quarantenaires. 

Ces  propositions  reçoivent  l'assentiment  du  Congrès;  elles 
sont  l'occasion  d'une  discussion  sur  les  mesures  quarantenaires 
aux  ports  d'embarquement  et  d'arrivée,  ainsi  que  sur  celles  de 
ces  mesures  qu'il  y  a  lieu  de  prendre  en  cours  de  traversée,  A  la 
demande  de  M.  Sané^  le  vœu  est  émis  que  les  propositions  adop- 
tées parla  conférence  de  Rome  soient  suivies  d'une  convention 
internationale;  et  qu'en  attendant,  chaque  nation  fasse  tout  ce 
qui  est  possible  pour  atteindre  le  but  cherché  et  diminuer  les 
entraves  apportées  au  commerce  en  nommant  les  médecins  em- 
barqués des  Compagnies  subventionnées  qui  relèveraient  direc- 
tement de  l'État  et  ne  jpourraient  être  révoqués  que  par  lui. 
M.  Treille  fait  ensuite  adopter  le  vœu  que  lors  de  l'établissement 
du  cahier  des  charges  pour  les  Compagnies  maritimes  subven- 
tionnées, une  clause  y  soit  introduite  permettant  à  l'État  un  con- 
trôle sérieux  et  efficace  sur  le  service  médical  et  hygiénique  du 
bord.  On  adopte  aussi  le  vœu  de  M.  Vijnard  que  la  plus  grande 
publicité  possible  soit  donnée  aux  actes  de  l'administration  sani- 
taire. 

M.  Mahé  rappelle  qu'une  épidémie  de  peste  dans  l'Asie,  sur  le 
littoral  de  la  mer  Rouge,  sévit  en  ce  moment,  qu'elle  fait  beau- 
coup de  victimes,  bien  que  limitée.  Il  saisit  celte  occasion  pour 
faire  une  étude  sur  cette  affection.  La  peste  est  allée  en  dimi- 
nuant, en  Europe,  depuis  le  commencement  du  dix-huitième 
siècle  et  en  est  presque  entièrement  disparue.  Dans  la  plupart 
des  pays,  elle  ï^st  en  grande  diminution;  cejpendant  la  pesté 


bubonique  règne  encore  en  Afrique  et  en  Arabie;  c'est  daus  If 
pays  des  Turcomans  et  en  Indo-Chine  qu'on  trouve  les  plu$ 
grands  foyers  de  peste  où  elle  se  manifeste  d'une  manière  à  peu 

f»rès  périodique.  La  peste  des  cinquante  dernières  années  est 
a  même  que  celle  des  autres  siècles;  elle  est  tantôt  foudroyantr. 
tantôt  sa  marche  est  moins  rapide  et  affecte  p«irfois  le*^  tvpr 
hémorrhagique  et  la  forme  bubonique  ;  cependant  les  maiiii'e^- 
talions  modernes  sont  atténuées,  quoique  de  même  nature.  Les 
principales  conditions  qui  favorisent  la  peste  sont  la  séch«^ress«' 
et  la  misère;  la  nature  géologique  et  philosophic|ue du  sol  parait 
être  sans  grande  inÛuence.  L'automne  et  le  printemps  sont  le« 
saisons  de  prédilection;  par  contre,  les  hautes  température> 
semblent  en  arréler  le  développement.  La  peste  n'existe  pa^ 
sous  les  tropiques.  La  propagation  de  la  pe<te  se  fait  rarement 
à  grande  dislance.  Le  meilleur  moyen  prophjlactiaue  conseillé 
et  mis  en  pratique  consiste  à  fuir  le  pays  infecté;  en  consé- 
quence, il  faut  employer  les  mesures  extrêmes  :  faire  aban- 
donner les  villes  oii  la  peste  a  sévi,  faire  brûler  les  maisons  et 
tous  les  objets  ayant  appartenu  aux  pestiférés.  L'étude  de  cette 
maladie  étant  entièrement  à  refaire,  le  Congrès,  à  la  demande 
de  M.  Treille,  émet  le  vœu  qu'une  mission  scientifique  soil  en- 
voyée pour  faire  des  recherches  bactériologiques  sur  cette 
affection. 

A  la  suite  d'une  communication  de  M.  Mossé  sur  la  prophy- 
laxie de  la  tuberculose,  le  Congres,  sur  sa  proposition,  émet  le 
vœu  que  dans  toutes  les  villes  possédant  une  étuve  à  désinfection, 
les  objets  de  literie,  tapis,  tentures  ne  soient  admis  à  la  salle  des 
ventes  publiques  que  munis  d'une  attestation  constatant  que  ce^ 
objets  ont  été  soumis  à  lu  désinfection  par  l'étuve.  M.  Pouchet 
fait  en  outre  approuver  le  vœu  que,  en  raison  de  la  présence 
possible  de  germes  infectieux  dans  les  tapis  et  les  tentures,  les 
ateliers  de  battages  de  tapis,  établissements  classés»  soient  désor- 
mais obligés  de  pratiquer  la  désinfection  des  tapis  et  tentures 
avant  d'en  opérer  le  battage. 

M.  Guilletnain  expose  les  résultats  obtenus  par  la  vaccination 
et  la  revaccination  dans  l'armée.  Sur  sa  proposition,  le  Congrè> 
est  d'avis  que,  sans  attendre  une  loi^  on  emploie  tous  les  moyens 
administratifs  possibles  pour  vulfi^anser  la  vaccine  dans  la  popu- 
lation civile  et  que  le  certiGcat  de  vaccination  soit  exigé  à  l'en- 
trée dans  les  administrations  publiques,  dans  les  écoles,  les 
hôpitaux,  pour  l'inscription  au  bureau  de  bienfaisance. 

MM.  Brouardely  G,  Pouchet  et  P.  Loye.  chargés  de  faire  un 
rapport  sur  les  accidents  causés  par  les  sunstances  alimentaires, 
d'origine  animale,  contenant  des  alcaloïdes  toxiques,  concluent 

au'il  y  a  lieu  de  faire  à  cet  égard  quelques  réserves,  les  ani- 
enls  pouvant  être  attribués  dans  quelques  cas  à  la  pullulalioii 
dans  le  tube  digestif  de  microbes  amenés  par  les  matières  ali- 
mentaires. La  chair  de  certains  poissons  se  montre,  en  dehors 
de  toute  altération,  toxique  pour  rhomme;  mais  le  plus  souvent 
ce  n'est  que  lorsque  les  aliments  ont  subi  une  certaine  altération, 
qu'ils  sont  toxiques.  Ces  altérations  sont  souvent  assez  pt*a 
visibles  pour  ne  pas  attirer  l'attention;  tiintôt  ce  sont  des 
viandes  fraîches,  même  des  viandes  cuites  et  souvent  des  con- 
serves. Le  lait,  la  crème,  le  beurre,  les  fromages,  ont  dan«i 
certains  cas  provoqué  ces  accidents.  Les  troubles  gastro-intesti- 
naux sont  les  premiers  à  apparaître;  les  accidents  nerveux  débu- 
tent plus  tardivement;  le  malade  est  sujet  à  des  lipothymies,  et 
dans  les  cas  graves  il  succombe  au  plus  tard  au  dixième  jour 
après  le  repas  funeste;  certains  individus  sont  plus  malades  qui* 
d  autres,  en  particulier  les  personnes  dont  les  reins  sont  atteints. 
Quelle  est  la  raison  de  ces  accidents,  intoxication  ou  infection  1 
On  les  attribue  aux  ptomaînes,  mais  la  démonstration  directe  di* 
l'existence  de  ces  alcaloïdes  animaux  dans  les  produits  soumis  à 
l'expertise  a  été  Tcxception.  Quant  à  Finfection,  il  existe  des  cuh 
où  ron  a  trouvé  dans  les  viandes  des  microbes  pathogènes  abso- 
lument inconnus,  et  où  ces  microbes  ont  été  retrouvés  également 
dans  l'intestin  des  victimes.  La  question  de  savoir  si  on  a  affairt» 
à  une  infection  ou  une  intoxication  a  une  importance  considt'*- 
rable,  caries  moyens  prophylactiques  et  thérapeutiques  ne  seront 
plus  les  mêmes;  ainsi,  la  cuisson,  toute-puissante  dans  un  cas, 
ne  vaut  rien  dans  l'autre.  Le  problème  n'est  donc  pas  encon* 
résolu,  et  nous  appelons  de  tous  nos  vœux  des  recherches  plu> 
précises  et  plus  complètes.  Il  faut  qjie  les  hygiénistes  puissent, 
à  bon  escient,  formuler  les  prescriptions  et  règlements  destinés 
à  veiller  sur  la  santé  publique.  Les  discussions  sur  les  fiilsifica- 
lions  des  substances  alimentaires  se  terminent  par  l'adoption 


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6AZEÏTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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des  propositions  suivantes  :  dans  les  pays  où  la  loi  ne  fait  pas  de 
distinciion  enire  les  simples  falsilicatioos  et  les  fraudes  nuisi- 
bleSy  il  est  indispensable  qu^elle  fixe  une  pénalité  plus  forte  pour 
cette  dernière  catégorie;  la  surveillance  des  denrées  alimen- 
taires doit  être  organisée  d*une  manière  uniforme  sur  tout  le 
territoire,  notamment  dans  les  campagnes;  la  législation  doit 
exiger  que  les  produits  artificiels  mis  en  vente  soient  munis 
d'une  étiquette  montrant  ce  caractère. 

M.  KuborHf  examinant  Pétat  sanitaire  des  ouvriers  mineurs 
en  Belgique,  rappelle  qu*à  la  suite  d'une  discussion  devant 
TAcadémie  de  médecine  de  Belgique,  il  y  a  vingt  ans,  plusieurs 
exploitants  du  bassin  de  Liège  ont  pris  spontanément  la  décision 
d'exclure  les  femmes  des  travaux  souterrains  et  de  ne  plus 
admettre  les  hommes  qu'à  partir  de  douze  ans;  cette  mesure  a 
amené  des  résultais,  car  aujourd'hui  la  longévité  moyenne  des 
mineurs  est  de  quarante  ans  et  huit  mois,  alors  qu'elle  n'était 
autrefois  que  de  trente-sept  ans  et  sit  mois  (dans  le  bassin  de 
Seraing),  ce  qui  démontre  que  les  conditions  hygiéniques  dans 
lesquelles  sont  placés  les  mineurs  du  bassin  de  Lièffe  sont  rela- 
tivement satisfaisantes.  On  a  surtout  constaté  Ta  rareté  de 
la  tuberculose  pulmonaire  ;  est-elle  due  à  Faction  des 
émanations  de  la  houille?  Il  signale,  en  passaut,  la  confusion 
faite  entre  le  ramollissement  tuberculeux  et  les  phénomènes 
caverneux  résultant  de  la  pneumonie  chronique  et  de  la  dilata- 
tion des  bronches.  M.  Fabre  est  d'avis  que  la  rareté  de  la  tuber- 
culose chez  les  mineurs  peut  être  attribuée  à  ce  fait  que  les 
mineurs  qui  n'ont  pas  la  force  et  la  vigueur  nécessaires 
s'abstiennent  de  descendre  dans  les  mines.  lx>rsqu'ils  sont 
atteints  de  bronchite  qui  les  rend  réellement  malades,  ils  cessent 
leurs  tmvaux  et  renoncent  à  leur  métier.  Quant  à  lanthracose, 
c'est  une  maladie  très  fréquente;  elle  atteint  presque  tous  les 
mineurs,  mais  souvent  elle  est  très  légère  et  constitue  à  peine 
une  maladie.  Pourtant,  lorsqu'ils  existent,  elle  augmente  nota- 
blement l'emphysème  pulmonaire  et  la  dilatation  bronchique.  Si 
les  poussières  charbonneuses  sont  abondantes,  elles  entretien- 
nent un  état  d'inflammation. 

Après  une  longue  et  importante  discussion  sur  la  loi  du 
13  avril  1S50,  relative  aux  logements  insalubres,  le  Congrès,  sur 
le  vœu  de  M.  Hudelo^  demande  la  revision  ae  cette  loi  et 
demande  également,  sur  le  vœu  de  M.  Du  Mesnil,  que  le 
cubage  d'air  minimum  exigé  dans  les  logements,  soit  porté  de 
1i  mètres  cubes  à  18  mètres  cubes,  sans  préjudice,  bien  entendu, 
lies  conditions  d'aération.  ^ 

MM.  Emile  Trélat  et  Somasco^  après  avoir  exposé  les  condi- 
tions sanitaires  du  chauffage  et  de  l'aération  dans  les  habita- 
tions, concluent  que  l'hygiène  commande  de  nous  chauffer  dans 
nos  maisons  par  radiation  murale,  d'y  respirer  toujours  l'air  le 
plus  frais,  puisé  immédiatement  dans  l'atmosphère  extérieure 
et  introduit  par  les  voies  d'accès  les  plus  nombreuses  et  les  plus 
diverses  et  d'aérer  les  murs  dans  leur  profondeur.  Ces  proposi- 
tions sont  approuvées.  M.  Richard  fait  observer  néanmoins 
que  ce  qui  souille  l'air,  ce  sont  tous  les  produits  d'excrétion  et 
ce  sont  eux  qu'il  importe  surtout  d'éloigner  et  c'est  contre  eux 
que  la  ventilation  devrait  être  instituée;  il  y  a  lieu  de  recon- 
naître deux  sortes  de  ventilation  :  la  ventilation  antithermique 
et  la  ventilation  antimicrobienne;  en  tout  cas,  la  ventilation 
doit  être  large  et  doit  être  produite  par  une  véritable  chasse  de 
lair  vicié.  Le  plus  grand  auxiliaire  de  la  ventilation,  c'est  la 
propreté  et  l'hygiène  personnelles. 

M.  Drouineau  demande  que  dans  les  hôpitaux,  les  salles 
aient,  pour  chaque  lit,  un  espace  superficiel  déterminé, 
qui  sera  de  10  mètres  pour  les  salles  de  malades  et  de  8  mètres 
pour  les  dortoirs  d'enfants,  les  salles  d'infirmiers  et  de  vieillards; 
ce  chiffre  devra  être  fourni  à  chaque  lil,  quelles  que  soient  l'é- 
tendue de  la  salle  et  la  ventilation  extérieure  ;  chaque  salle 
portera  inscrits,  d'une  manière  apparente,  la  longueur  et  la 
largeur  de  la  pièce,  ainsi  que  le  nombre  de  lits  qui  y  sont 
affectés. 

A  la  demande  de  M.  i4.-J.  Martin^  le  Congrès  adopte,  en  vue 
de  la  réforme  de  la  législation  sanitaire,  que  :  1'  les  dépenses 
sanitaires  soient  comprises  parmi  les  dépenses  obligatoires 
inscrites  aux  budgets  des  communes  et  des  départements  ;  2^  la 
déclaration  des  cas  de  maladies  transmissibles,  nettement  spé- 
cifiées par  la  loi,  soit  régulièrement  faite  par  les  personnes  oui 
en  ont  en  connaissance,  notamment  par  le  médecin;  3"  la  loi 


indique,  parmi  les  mesures  à  prendre  en  matière  de  salubrité 
des  habitations,  celles  qui  sont  urgentes  et  ct^lles  qui  peuvent 
être  différées;  4^  dans  Ik  premier  cas,  alors  que  l'ui^ence  a  été 
déclarée  par  une  délibération  expresse  du  conseil  ou  de  la 
commission  compétente,  c'est-à-dire  en  temps  d'épidémie^  d'inon- 
dation, d'incendie  ou  d'autres  dangers  publics,  et  lorsque  la 
salubrité  immédiate  de  l'habitation  est  intéressée,  les  mesures 
de  nécessité  ne  doivent  souffrir  aucune  lenteur;  5**  l'autorité 
qui,  en  pareil  cas,  encourt  toute  responsabilité  légale,  doit  être 
mise  immédiatement  en  demeure  d'agir  et  les  représentants  de 
l'Etat,  c'est-à-dire  les  préfets  et  en  cas  de  besoin,  le  ministre, 
doivent  être  aussitôt  mis  à  même  de  surveiller,  à  tous  les 
degrés  de  leurs  hiérarchies   respectives   et  conformément  aux 

gre<:criptions  légales,  l'exécution  des  mesures  prescrites; 
^  dans  tous  les  autres  cas,  il  n'y  aurait  aucun  inconvénient  à 
accorder  les  délais  nécessaires  pour  procéder  à  des  examens 
contradictoires  et  porter  les  affaires  devant  la  juridiction  admi- 
nistrative ou  judiciaire  suivant  les  cas,  mais  non  sans  que  cette 
juridiction  ait  pris  l'avis  du  conseil  ou  de  la  commission  dont  la 
délibération  est  l'objet  d'un  recours. 

La  section  de  crémation,  après  avoir  assisté  à  plusieurs  cré- 
mations au  Père-Lachaise  et  avoir  étudié  1  état  actuel  de  la  cré- 
mation en  Europe,  a  conclu  (^ue  les  gouvernements  doivent  faire 
disparaître  les  obstacles  législatifs  qui  s'opposent  encore  à  la 
crémation  facultative  des  cadavres,  et  qu'ils  avisent  à  organiser 
la  crémation  des  cadavres  sur  les  champs  de  bataille.  En  parti- 
culier, il  y  a  lieu  de  créer  une  commission  technique  chargée  de 
doni^er  son  avis  sur  toutes  les  questions  relatives  à  la  pratique 
de  la  crémation  à  Paris. 

La  section  de  démographie  a,  à  son  tour,  émis  divers  vœux 
tendant  à  obtenir  la  connaissance  exacte  de  causes  de  décès, 
par  rétablissement  d'une  statistiijue  sanitaire  comprenant  toutes 
les  communes  :  à  cet  effet,  la  déclaration  de  la  cause  du  décès 
devra  être,  dans  chaque  cas,  donnée  en  première  ligne  par  le 
médecin  traitant,  et  à  défaut  de  celui-ci,  par  le  médecin  appelé 
à  vérifier  la  cause  du  décès;  dans  chaque  localité,  avant  de  pro- 
céder à  l'inhumation,  l'autorité  administrative  exigera  de  la 
famille  du  décédé  un  certificat  constatant  la  cause  du  décès  ; 
l'autorité  administrative  sera  invitée  à  transmettre,  chaque 
année,  à  tous  les  médecins  de  la  localité  des  bulletins  imprimés 
de  déclaration  de  décès  portant  au  verso  la  nomenclature  numé- 
rotée des  principales  causes  de  mort,  et  qui  serviront  à  délivrer 
le  permis  d'inhumation,  la  cause  du  décès  pouvant  être  indiquée 
par  un  numéro;  à  ce  certificat  sera  annexé,  pour  faciliter  le  tra- 
vail de  statistique  et  permettre  l'unification  du  travail,  un  talon 
à  détacher  portant  indication  exacte  du  diagnostic,  et  qui  devra 
être  adresse  à  la  préfecture  ou  au  bureau  d'ny^iène  chargé  de  la 
statistique.  En  outre,  il  y  a  lieu  d'exiger  la  déclaration  de  tous 
les  produits  de  la  gestation,  en  indiquant  le  mois  de  gestation; 
et  la  section  appelle  tout  particulièrement  l'attention  du  gouver- 
nement sur  le  rôle  joué  à  Tégard  de  la  morlinatalité  par  l'igno- 
rance, et  sur  le  nomnre  excessif  des  sages-femmes. 

Notons  encore  des  communications  :  de  M.  Laugier,  sur  les 
maladies  aiguës  et  épidémiques  observées  à  la  maison  de  Nan- 
terre;  de  M.  Uau»er,  sur  la  diphthérie  à  Madrid;  de  M.  Seidky- 
Bey.  sur  l'organisation  sanitaire  en  Egypte  ;  de  M.  Thibaut, 
sur  l'influence  des  charrées  de  soude  sur  les  cours  d'eau  ;  de 
M.  Sevestre,  sur  la  prophylaxie  des  maladies  contagieuses  dans 
les  lycées  et  écoles;  de  M.  Motais^  sur  la  myopie  scolaire  dans 
le  centre  de  la  France  et  sur  l'hygiène  de  la  vue  pour  les  typo- 
graphes et  pour  les  couturières;  de  MM.  Hirlz  et  Layet,  sur  la 
vaccination;  de  M.  Hnelj  sur  les  décès  par  diphthérie  à  Reims 
depuis  1881  ;  de  M.  TreUle,  sur  l'hygiène  du  colon  et  du  soldat 
en  Algérie  ;  de  M.  Devillars,  sur  les  inconvénients  des  fêtes 
foraines  ;  de  M.  Larger,  sur  les  conditions  étiologiquesdu  tétanos  ; 
de  M.  Dubousqueî'Laborderie^  sur  les  causes  des  décès  par 
maladies  épidémiques  et  contagieuses  à  Saint-Ouen;  de  M.  Clf- 
renbachy  sur  les  stations  climatériques  pour  les  ouvriers  pau- 
vres ;  de  M»«  Tkatcheff^  sur  l'hygiène  des  ouvriers  en  Russie. 

Le  Congrès  a  tenu,  en  terminant,  à  adresser,  sur  la  demande 
de  MM.  Du  Mesnil  et  Schneider j  des  remerciements  à  M.  de 
Freycinet,  ministre  de  la  guerre,  pour  les  mesures  qu'il  a  prises 
afin  d'assurer  l'hygiène  dans  l'armée. 


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N«  34  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


23  Août  1889 


ASSISTANCE  PUBLIQUE 

Le  nombre  considérable  des  sujets  traités  dans  le  Congres  de 
l'assistance  publique,  et  la  nature  spéciale  de  la  plupart  de  ces 
sujets  nous  obligent  à  n'insister  que  sur  quelques-uns  a  entre  eux. 

A  la  séance  d'ouverture,  M.  le  président  Th,  Rounxel  a  tout 
d'abord  énuméré  les  principales  tentatives  faites  en  France 
depuis  quelques  années  pour  organiser  l'assistance  publique 
omcielle  et  préparer  l'adoption  de  lois  permettant  à  l'assistance, 
tant  publique  que  privée,  d'acijnérir  tout  son  développement  : 
unification  détinilive  des  services  de  l'assistance,  institution 
du  conseil  supérîi'ur  de  l'assistance  publique,  réunion  à  la 
direction  de  l'assistance  de  l'hygiène  et  de  la  médecine  pu- 
bliques, etc.  Déjà  la  Convention,  il  y  a  un  si^cle,  avait  déclaré 
3ue  les  secours  publics  sont  une  dette  sacrée  ;  rappelant  celte 
éclaration,  M.  ff.  Monod  montre  la  différence  entre  l'aumône 
et  l'épargne  sociale,  entre  la  bienfaisance  et  l'obligation  sociale; 
il  considère  l'intervention  de  l'Etat  à  l'assistance  comme 
l'application  des  principes  de  la  justice  à  lintérél  social.  On 
n'a,  dit-il,  encore  rien  f;iitlégislativement,  ou  ce  qu'on  a  fait  est 
insuffisant.  Tandis  que  l'enseignement  est  définitivement  orga- 
nisé, à  telles  enseignes  qu'en  1S87  on  a  consacré  à  l'instruction 
Publique  84  millions  de  francs,  ce  qui  du  reste  n'exclut  pas 
initiative  privée,  on  n'a  pas  fourni  à  l'assistance  les  garanties 
d'intérêt  public  qui  justement  constituent  les  bases  des  services 
réguliers  sans  lesquels  rien  nesubsiste.il  compare,  par  exemole, 
les  preuves  de  capacité  que  Ton  exige  des  instituteurs  à  celles 
nue  l'on  doit  exiger  de  ceux  qui  appliquent  les  principes  de 
l  assistance.  Ce  n'est  pas  à  dire  que  la  France  n'ait  pas  beaucoup 
fait;  citons  les  lois  Roussel,  citons  les  services  hospitaliers.  Mais 
que  de  lacunes!  Et  d'ailleurs,  se  louer  soi-même  est  stérile.  Ne 
faut-il  pas  dans  une  société  savoir  à  qui  le  principe  de  l'assis- 
tance obligatoire  est  dd  à  défaut  d'autre  assistance,  à  l'indigent 
qui  se  trouve  temporairement  ou  définitivement  dans  l'impossi- 
bilité physique  de  pourvoir  aux  nécessités  de  l'existence?  Ne 
faut-il  pas,  tout  en  proclamant,  s'il  y  a  lieu,  cette  obligation, 
éviter  d'affaiblir  le  stimulant  au  travail  qui  justement  réside 
dans  la  crainte  de  manquer?  Ne  faut-il  pas  par  conséquent  savoir 
classer,  définir,  préciser  les  catégories  de  malheureux,  distin- 
guer les  enfants,  les  malades,  les  vieillards  ou  les  séniles?  (^es 
exemples  montrent  nettement  que  l'assistance  mérite  les  mêmes 
études  et  les  mêmes  sanctions  législatives  que  renseignement. 
A  ceux  qui  nous  objecteront  les  dépenses,  nous  répondrons  que 
la  vie  humaine  est  un  capital  et  que  suivant  un  proverbe  ciii- 
nois  :  Qui  veut  faire  le  bonheur  des  autres  a  déjà  fait  le  sien. 

Aussi  le  comité  d'organisation  du  Congrès  avait-il  décidé  de 
mettre  en  tête  des  délibérations  du  Congrès  la  question  de 
savoir  dans  quelle  mesure  l'assistance  publique  doit  avoir  un 
caractère  obligatoire.  M.  Regnardy  rapporteur,  estime  qu'étant 
donné  le  grand  nombre  de  gens  à  secourir,  il  faut  arriver  à 
l'assistance  obligatoire.  On  a  reproché  à  celle-ci  de  favoriser 
le  territorialisme,  l'excès  de  population  ;  ce  sont  là  des  erreurs 
ou  des  allégations  improuvées,  témoin  ce  au'est  devenu  le  déve- 
loppement de  l'Angleterre.  Sans  doute  l  assistance  sera  long- 
temps encore  insuffisante,  incomplète;  d'où  la  nécessité  de  l'orga- 
niser avec  discernement  et  de  la  dispenser  judicieusement;  en 
tout  cas,  il  convient  de  proclamer  le  principe  de  son  obligation. 
Cette  proposition  donne  lieu  à  une  discussion  très  développée  à 
laquelle  prennent  part  un  fi^rand  nombre  d'orateurs,  dont  lu  plu- 
part demandent  que  des  aistinctions  soient  faites  à  cet  égard 
entre  les  catégories  d'assistés;  en  fin  décompte,  le  Congrès,  sur 
la  proposition  de  M.  Ulii*se  Trélat,  demande  que  Tassistance 
publique  soit  rendue  omigatoire  par  des  lois  pour  les  indi- 
gents temporairement  ou  définitivement  incapables  physique- 
ment de  pourvoir  aux  nécessités  de  l'existence,  à  défaut  d'orga- 
nisation aéjà  existante  ont  d'autre  assistance;  quant  auxindigents 
valides,  sans  les  exclure  de  l'assistance,  on  ne  peut  leur  appli- 
quer l'obligation  légale. 


L'assistance  médicale  dans  les  campagnes  est  toujours  la  pierre 
d'aclioppement  de  l'organisation  des  services  de  médecine 
publique  en  France.  JM.  Th.  Rousselj  chargé  de  soumettre 
l'examen  de  cette  question  au  Congrès,  rappelle  que  le  10  juin 
1888,  le  ministre  de  l'intérieur  a  renvoyé  à  l'examen  du  conseil 
supérieur  de  l'assistance  publique  un  rapport  de  M.  Monod  ddns 
lequel  il  est  établi  :  i^qne  le  service  de  médecine  des  indigents 


n'est  organisé  que  dans  quarante-auatre  départements,  et  que  <» 
service  ne  s'y  étend  pas  à  toutes  les  communes;  2®  qu'actutfUr- 
ment  c'est  un  fait  licite,  pour  les  autorités  locales,  que  d'aban- 
donner à  lui-même,  sans  médecin,  sans  médicamenis,  un  indi- 
gent en  proie  à  une  maladie  qui  met  ses  jours  en  danger.  Pour 
remédier  à  cet  état  de  choses,  le  conseil  supérieur  a  volé,  Mir 
le  rapport  de  M.  Dreyfus-Brisac^  un  certain  nombre  de  conclu- 
sions tendant  à  organiser  l'assistance  médicale  dans  les  ram- 
pagnes  et  recommandant  à  cet  effet  le  système  vosgien. 

Le  principe  de  l'obligation  légale  à  imposer  aux  communes,  pour 
qu'elles  assurent  les  secours  médicaux  et  pharmaceutiques  am 


d'assistance  dans  le  fonctionnement  du  service,  notamment  dan* 
la  confection  et  la  surveillance  de  la  liste  des  indigents,  le. 
mesures  propres  à  assurer  l'hospitalisation  des  malades  dan* 
certains  cas  exceptionnels,  le  respect  de  l'autonomie  commaDal*- 
partout  où  la  commune  ou  un  syndicat  de  communes  snftity  av*»r 
ses  ressources  propres,  à  la  création  et  au  fonctionnement  du 
service,  tels  sont  les  points  sur  lesquels  on  est  généralement 
d'accord.  Mais  dans  la  réalisation  de  ces  desiderata  il  y  a  d»* 
véritables  difficultés  qui,  sur   le  terrain  législatif  en   part/ra- 
lier,  sont  d'ordre  financier  :   impossibilité  d'organiser  ra>^i>- 
tance  médicale,  dans  presque  toutes  les  communes  qni  en  sont 
dépourvues,  avec  les  seules  ressources  du  budget  communal,  f  i 
dilTiculté  de  régler  et  faire  accepter  la  participation  du  départf- 
inent  et  de  l'Etat  aux  frais  d'établissement  du  service,  à  sou 
fonctionnement  et  à  son  contrôle.  Ce  sont  ces  questions,  dit  le 
rapporteur,  qui  ont  fait  rejeter  le  projet  de  loi  qu'il  a  présenté 
le  9  juillet  1872  et  on  peut  prédire  que  c'est  de  leur  solution 
que  dépendra  le  sort  de  tout  projet  de  loi  futur. 

Divers  orateurs  étrangers  viennent  donner  de  précieux  et  inté- 
ressants renseignements  sur  l'organisation  de  l'assistance  médi- 
cale dans  les  campagnes  pour  chacim  de  leurs  pays  respectifs.  An 
Mexique,  d'après  M.  Govino,  on  a  prodigué  les  millions  pour 
améliorer  le  sort  des  habitants  des  petits  centres  et  des  travail- 
leurs aux  champs  ou  dans  les  industries  diverses.  L*assistanri- 
y  repose  surtout  sur  l'initiative  privée  :  l'EUit  n'intervient  gtit^ro 
que  lorsqu'il  s'agit  de  médecine  ou  de  chirurgie.  Mais  il  tend  d#* 
plus  en  plus  à  prendre  en  mains  les  diverses  formes  d'assistanr**. 
et  l'assistance  publique  universelle  devient  à  Tordre  du  jour.  En 
Portugal,  suivant  M.  Viana,  l'assistance  se  fait  par  l'Etat,  par 
les  départements,  par  les  soins  de  l'initiative  privée  ;  mais  !*»>- 
sistance  publique  n'est  obligatoire  que  pour  les  enfants  tronvt'H 
(complètement)  et  les  indigents  (dans  une  certaine  limite).  L'éb-- 
ment  religieux  tient  une  grande  partie  de  l'assistance.  Mais  l'in- 
suffisance de  l'initiative  privée  a  poussé  le  Portugal  dans  la  voir 
de  réformes  qui  sont  imminentes. 

}li.BajenoWy  expose  que  l'organisation  de  l'assistance  publique' 
en  Russie  ne  date  pas  de  plus  de  vingt-rinq  ans;  elle  remonte  à 
Alexandre  H.  Elle  est  complètement  basée  sur  la  dccenlrali<a- 
tion  administrative  ;  elle  se  fait  par  les  zemtwo^  conseils  prêné- 
néraux  du  pays.  Il  existe  de  petits  hôpitaux  communaux  de  ir>  .'i 
20  lits  et  des  médecins  de  districts  ayant  chacun  de  50  à  60  kilo 
mètres.  11  existe  des  hôpitaux  de  chefs-lieux  où  l'on  f.iit 
surtout  de  la  grande  chirurgie.  Enfin,  depuis  dix  ans,  on  s'e<i 
mis  à  installer  des  asiles  d'aliénés;  jusque-là,  on  n'avait  rien  ou 


presque  rien  ;  Moscou  n'a  pas  de  bel  asile  et  encore  ne  compte- 
t-il  que  300  lits.  Grâce  à  des  donations  spéciales  et  à  raclivité 
de  certaines  provinces,  telles  que  celle  du  Volga,  de  ftingenalrs, 
les  asiles  s'élèvent.  Ce  qu'il  faut  surtout  en  Russie,  ce  sont  dr 
petits  établissements;  on  devra  s'occuper  d'agencer  le  patro- 
nage familial  et  l'assistance  des  aliénés  à  domicile.  La  charité 
privée  a  agi  très  activement,  surtout  dans  les  grands  centres, 
notamment  à  Moscou;  dans  quelques  années,  on  y  trouvera  d»' 
très  belles  cliniques  complètes  avec  laboratoire. 

M.  Seoereano  rappelle  au'en  1852,  le  gouvcmenient  rou- 
main a  appelé  à  réorganiser  le  service  de  médecins  militaires  un 
docteur  français,  M.  Davillat.  Avant  lui  les  fonctions  étaient 
données  à  des  étrangers  ;  la  Roumanie  se  compose  de  départe- 
ments (districts),  d'arrondissements,  de  communes  autonomes. 
Il  existe  dans  les  capitales  des  hôpitaux  de  district,  il  en  existt* 
dans  les  communes  :  ces  hôpitaux  comportent  15  à 30  ou  50  lits; 
ils  sont  en  nombre  (on  en  trouve  par  exemple  trois  ou  quatre» 
dans  les  grandes  villes,  on  en  rencontre  encore  dans  les  arron- 
dissements où  ils  disposent  de  15  à  20  lits.  Enfin  il  convient  dt* 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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mentionner  les  fondations  privées  qui,  par  legs,  ont  organisé  et 
eiil retiennent,  sous  la  forme  indépendante,  des  hôpilaux  de  10  à 
15  lits;  l'ensemble  des  bonnes  œuvres  de  ce  genre  disposent  de 
(luinze  millions  de  francs  qu'elles  dépensent  en  organes  divers 
«rassistance,  y  compris  les  consultations  gratuites  et  la  distrî- 
huiion  de  médicaments.  Pour  remédier  à  l'éloignement,  on  a, 
dans  les. campagnes,  établi  des  espèces  d'ambulances  ou  d'Jiôpi- 
taux  temporaires  à  l'aide  des  ressources  matérielles  du  départe- 
ment de  la  ffuerre,  mais  aux  frais  du  ministère  de  l'intérieur, 
puis  des  ambulances  exclusivement  civiles;  enfin,  pour  les  rem- 
placer, des  hôpitaux  ruraux  siégeant  au  centre  de  certaines 
rég'ions  les  plus  peuplées,  et  armés  de  cinquante  lits.  Otte 
année  même' les  districts  ont  organisé  de  véritables  ambulances 
allant  dispenser  les  secours  médicaux  sous  la  forme  de  consulta- 
tion et  distribuant  les  médicaments  correspondants.  Ces  nicde- 
riiis  ambulants  touchent  iûOO  francs  par  mois;  les  médecins 
ordinaires  de  district  et  d'arrondissement  sont  payés  à  rai^^ou 
de  500  à  600  francs,  les  sages-femmes  d  arrondissement  n'ont 
que  100  francs.  L'obligation  des  rétributions  est  à  la  charge  des 
s<^gments  territoriaux.  J/inconvénient  est  que  la  besogne  de  ces 
fonctionnaires  est  excessive. 

En  Serbie,  d'après  M.  VassU,  tout  est  dirigé  par  TEtat.  Au 
ministère  de  l'intérieur  siège  un  conseil-directeur  de  médecins 
qui  coniiuande  à  l'assistance  et  aux  services  sanitaires,  il  existe 
une  hiérarchie  des  médecins  de  département  (qui  font  des 
rapports  mensuels),  des  médecins  d'arrondissement  et  des 
médecins  de  commune,  chargés  de  rapoorts  journaliers.  Une 
inspection  hiérarchisée  s'occupe  de  rapplicatiou  des  règlements 
de  médecine  publique  et  d'hygiène.  Le  même  organisme  a  été 
constitué  par  les  vétérinaires.  Les  traitements  sont  rémunéra- 
teurs, et  l'Ëtat  s'en  déclare  responsable  vis-à-vis  des  fonction- 
naires. Les  fonds  sont  entre  les  mains  du  Conseil  ;  chaque  con- 
tribuable y  concourt  pour  une  somme  de  quatre  francs  ;  on  y 
verse  le  produit  des  amendes  et  des  services  de  la  prostitution. 
Des  comptes  spéciaux  y  sont  ouverts  pour  les  hôpitaux  et  les 
frais  de  chaque  organe  coopérateur.  Dix  millions  de  francs  sont 
aujourd'hui  attribués  à  l'hygiène  et  à  la  médecine  publiques. 
Malheureusement  les  paysans  sont  trop  éloignés  des  centres 
d'assistance  ;  mais,  dès  qu'apparaît  une  épidémie,  on  installe  des 
hôpitaux  et  des  services  spéciaux;  comme  il  n'y  a  point,  à  pro- 
prement parler,  de  prolétaires,  l'assistance  à  domicile  n'existe 
pas  d  une  façon  régulière,  on  s'y  transporte  simplement  eu  cas 
de  besoin  ;  les  dépenses  de  la  commune  en  pareils  cas  sont  obli- 
gatoires. 

La  Bohême,  d'après  M.  Balavcki,  possède  trois  catégories 
de  médecins:  les  médecins  d*Etat,  attachés  à  des  services 
publics,  les  médecins  d'arrondissement  ou  de  district,  les 
médecins  privés.  Chaque  commune  est  obligée  d'avoir  un 
médecin  payé  par  les  fonds  communaux,  et,  au  besoin,  par  le 

Ï»ays;  on  a  prévu  pour  ces  services  150  000  francs  par  an  (la 
oi  date  de  sept  ans).  11  existe  un  service  de  la  vaccination;  ejle 
est  obligatoire  dans  les  écoles;  ce  service  coûte  400  000  francs 
iiar  an.  Les  médecins  privés  comblent  volontiers  les  lacunes. 
Les  médecins  des  hôpitaux,  qui  ne  sont  soumis  à  aucun  service 
en  dehors  de  rétablissement,  se  prêtent  cependant  aux  exigences 
publiques.  11  existe  des  hôpitaux  communaux,  des  hôpitaux  de 
londation  et  des  hôpitaux  subventionnés  par  l'Etat  pour  les 
indigents.  Le  prix  de  la  journée  y  est  d'un  à  deux  francs  par 
jour,  l^rague  possède  un  hôpital  autonome  gouvernemental  entre- 
lenu  au  moyen  de  l'impôt  sur  les  héritages,  qui  possède  le 
capital  de  2  millions  de  francs.  L'organisation  est  à  peu  près 
semblable  dans  la  Basse-Autriche,  et  notamment  à  Vienne. 

iM.  Van  ffer  Lyck  ajoute  que  l'assistance  médicale  des  pauvres 
se  fait,  en  Moravie,  par  une  loi  qui  est  précisément  le  projet  de 
loi  refusé  en  France.  Chaque  commune  a  un  médecin  pour  ses 
indigents,  les  formalités  d'état  civil,  la  statisti(|ue,  les  vaccina- 
tions (celles-ci  ne  sout  d'ailleurs  pas  obligatoires,  mais  on  les 
encourage).  Si  la  commune  est  trop  grande,  on  prend  plusieurs 
médecins.  Si  les  communes  sont  trop  petites,  on  forme,  par  syn- 
dicat de  quatre,  cinq,  six  communes,  des  fiistrtrts  sanitaires: 
le  médecin  est  payé  par  2  pour  100  d'impôts  directs,  sinon  la 
Diète  de  la  province  (Conseil  provincial)  fournit  une  subvention 
destinée  à  compléter  les  sommes  nécessaires  à  l'acquit  des 
dépenses.  Enfin  il  existe  un  fonds  fixe  dans  lequel  on  pui^e. 
Voilà  ce  qui  existe  depuis  1884.  Néanmoins  il  manque  à  peu  près 
cinquante  médecins  a  la  campagne,  et  il  se  produit  ce  fait  anor- 
mal que,  dans  les  plus  pauvres  communes,  la  multiplicité  des 


occupations  rapporte  aux  médecins  des  sommes  que  les  com- 
munes les  plus  riches  ne  leur  donnent  plus  à  raison  de  la  con- 
currence. 

M,  Costa  expose,  à  son  tour,  que  l'assistance  existe  dans  la 
République  Argentine  depuis  une  cinquantaine  d'années.  Elle  y 
est  cosmopolite  comme  le  pays.  Les  bureaux  de  bienfaisance  y 
sont  organisés  par  des  dames;  mais  l'assistance  publique  oflicielie 
ne  date  que  de  1883  (loi  du  Congrès  et  ordonnances  munici- 
pales). La  République  Argentine  se  compose  de  quatorze  pro- 
vinces dont  chacune  est  plus  grande  que  la  France  et  beaucoup 
sont  inexplorées.  Les  communications  y  sont  très  difliciles.  Si 
nous  nous  limitons  à  Buenos-Ayres  et  à  la  province  de  Buenos- 
Ayres,  nous  y  voyons  qu'on  a  emprunté  à  la  France  la  division; 
on  y  trouve  1  autonomie  du  Conseil,  vingt  sections  et  vingt  arron- 
dissements. 11  existe  un  médecin  par  arrondissement,  des 
hôpitaux  municipaux,  des  hôpitaux  étrangers,  des  hôpitaux  du 
gouvernement  et  des  hô^>itaux  militaires.  Ceux  qui  dépendent 
de  l'assistance  publique  sont  au  nombre  de  trois  ou  quatre;  ils 
sont  desservis  par  des  médecins  du  conseil  paroissial  (paroc- 
chial)^  de  nombreux  dispensaires  gratuits.  On  se  propose  sous 
peu  d'établir  des  maisons  de  secours  au  centre  de  la  ville;  on 
divisera  la  ville  en  dix  sections;  il  y  en  aura  quatre  à  six  lits  par 
maison,  sortes  d'ambulances  dans  lesquelles  on  trouvera  toujours 
un  médecin  de  garde.  On  installe  encore  une  école  d'intirmières 
afin  d'essayer  de  la  laïcisation.  On  espère  que  cette  école  don- 
nera la  laïcisation.  Presque  toutes  les  nations  du  monde  sout 
représentées  dans  la  République.  La  France  vient  d*y  construire 
un  hôpital  qui  est  un  modèle  et  auquel  on  est  admis  moyennant 
un  abonnement  mensuel  de  3  fr.  50.  Les  Sociétés  de  secours 
mutuels  s'y  comptent  par  milliers.  Trois  ou  quatre  Sociétés  de 
charité  de  dames  dispensent  des  secours,  tiennent  des  crèches, 
des  salles  d'asiles,  des  garderies  d'enfants.  L'assistance  à  Vim- 
migrant  y  est  faite  très  largement;  il  y  est  reçu  dans  un  asile 
spécial  où  on  l'héberge,  on  le  soigne,  on  lui  indique  l'endroit  où 
11 3[  a  du  travail  et  quel  travail  ;  le  gouvernement  le  dirige,  à  ses 
frais,  au  lieu  en  auestion  où  il  trouve  un  autre  asile  dans  lequel 
son  patron  vient  le  prendre  :  mais  il  ne  peut  être  entretenu  plus 
de  cinq  jours  :  notons  qu'il  "^  a  2000  immigrants  par  jour.  Dans 
la  campajj^ne,  il  existe  des  hôpitaux  subventionnés  mi-partie  par 
la  municipalité,  mi-partie  par  la  province  et  le  gouvernement; 
mais  il  y  a  obligation  des  communes  à  l'assistance.  Chaque  dépar- 
tement a  donc  son  médecin  municipal  presque  payé  par  la  muni- 
cipalité. 

En  Hongrie,  d'après  M.  Khamps,  chaque  commune,  chaque 
département  a  son  médecin;  il  existe  une  hiérarchie  organisée 
pour  le  service  médical  du  ministère.  La  vaccination  est  obliga- 
toire, il  existe  de  grands  hôpitaux  et  des  maisons  pour  les  alié- 
nés. Les  secours  à  domicile  sont  obligatoires;  ils  sont  à  la  charge 
de  la  commune.  Tous  les  indigents  des  hôpitaux  et  des  aliénés 
sont  entretenus  par  les  communes  et  quelquefois  par  l'Etat.  11 
existe  des  lois  spéciales. 

Ënlin,  M.  Hehl  fait  savoir  que  dans  l'Etat  de  Massachnssets, 
chaque  commune  ou  municipalité  de  la  campagne  a  son  gardien 
des  pauvres  uour  les  indigents;  le  gardien  est  obligé  de  les 
assister  en  réclamant  au  lieu  du  domicile  de  secours; sinon, c'est 
lui  qui  paye  les  frais.  La  vaccination  est  obligatoire. 

Ces  renseignements  une  fois  donnés,  la  discussion  reprend  sur 
le  rapport  de  M.  Th.  Roussel.  M.  Margaine  ne  croit  pas  que  les 
communes  puissent  être  placées  à  la  base  d'une  loi  sur  l'assis- 
tance médicale  obligatoire;  ce  rôle  devrait  plutôt  revenir,  eu 
France  du  moins,  à  aes  circonscriptions  d'assistance  publique, 
où  se  grouperaient  les  bonnes  volontés  et  toutes  les  ressources, 
l'Etat  veillant  toujours  à  ce  que  l'assistance  soit  obligatoirement 
assurée  à  chacun.  Si  l'on  ne  rend  pas,  d'après  lui,  le  syndicat  des 
communes  obligatoire,  ce  seront  les  communes  pauvres  seule- 
ment qui  se  syndiqueront,  tandis  que  les  communes  riches  gar- 
deront leur  autonomie,  en  restant  probablement  dans  le  statu 
quo  pour  ce  qui  concerne  l'assistance  médicale. 

M.  Drey/uS'Brisac  défend  les  conclusions  adoptées  par  le 
conseil  supérieur  de  l'assistance  publique.  L'assistance  obliga- 
toire est  votée;  on  la  fera  à  domicile  ou  par  hospitalisation,  mais 
avec  une  tendance  générale  à  la  faire  à  domicile;  on  l'impuiera 
à  la  collectivité  nationale  la  plus  rapprochée  de  la  famille,  à  la 
commune,  à  la  paroisse,  au  zemtwo.  Mais  on  l'atténuera,  on  en 
atténuera  les  fra<s  par  l'autorisation  de  syndicats  comme  en 
Allemagne  {Landarmenverband)  et,  par  l'aide  d'une  unité  admi- 
nistrative plus  élevée,  d'une  provincey  d'un  département,  d'un 
cercle,  d'un  bezirk;  enlin,  en  dernier  ressort,  par  Vintervention 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


23  Août  1889 


4e  lŒtat  Ne  centralisez  pas,  car  il  faut  éviter  que  les  com- 
munes puisent  à  volonté  dans  les  caisses  de  TËlat  et  détournent 
inconsciemment  les  fonds  de  leur  destination,  car  l'assistance  ne 
peut  être  organisée  que  suivant  les  lieux,  les  circonstances  et  les 
oesoins  locaux  ;  c>st  pourquoi  on  fera  choix  d'une  autorité 
intermédiaire  qui  s'occupera  par  région  (département,  cercle, 
frovingen)  de  la  direction  générale  des  services,  l'Etat  surveil- 
tant  partout  Taccomplissement  du  devoir  d'assister  ;  cette  auto- 
rité directrice  ne  supnrime  pas  V autonomie  communale  qui 
subsiste  pour  agir  seuie  bu  en  s'associant  et  conserve  le  soin 
d'administrer  par  le  moyen  de  son  bureau  d'assistance,  véritable 
autorité  locale.  Les  cnarges  des  assistés  incombent  aux  com- 
munes dans  lesquelles  les  indigents  ont  leur  domicile  de  se- 
cours; cette  question  sera  réglée  par  une  loi  nouvelle  qui  en 
modifiera,  en  amendera,  en  précisera  les  termes. 

M.  Drouineau  partage  cette  opinion;  toutefois  il  fait  observer 
que  si  Ton  veut  que  le  service  médical  fonctionne  bien,  il  est 
juste  que  les  soins  donnés  par  le  médecin  soient  convenablement 
rétribués.  On  a  déjà  essaye  d'organiser  en  France  le  service  de 
la  médecine  gratuité  dans  les  campagnes,  mais  on  a  échoué 
parce  qu'on  ira  pas  assez  tenu  compte  des  intérêts  des  méde- 
cins, qui  ne  pouvaient  s'y  consacrer  sans  danger  pour  le  bien- 
être  de  leur  propre  famille.  Malgré  tout  son  désintéressement, 
le  médecin  doit  compter  avec  les  exigences  de  la  vie  matérielle 
et  il  ne  peut  se  contenter  d'une  rémunération  insuftisante,  déri 
soire  même  parfois,  pour  des  services  considérables. 

M.  Lardier  désirerait  que  le  système  en  vigueur  dans  le 
département  des  Vosges  fût  adopté  exclusivement  et  devint  obli- 
gatoire dans  toute  la  France,  parce  qu'il  donne  satisfaction  à 
tous  les  intérêts,  aussi  bien  à  ceux  de  l'indigent  qu  à  ceux  du 
médecin.  La  dépense  s'élèverait  à  peine  à  10  centimes  par  tête 
d'habitant.  Ce  qui,  d'après  M.  Raffalovich,  amènerait  malheu- 
reusement à  l'assurance  obligatoire  contre  la  maladie. 

M.  Worms  voudrait  que  dans  les  conclusions  qui  seront  pro- 
posées au  vote  de  l'assemblée,  il  fût  bien  spécifié  que  le  principe 
d'assistance  communale  obligatoire  n'exclut  pas  l'assistance 
privée,  et,  en  particulier,  les  établissements  charitables  d'insti- 
tution privée.  D'après  M.  Th.  Rous<el,  il  ne  peut  y  avoir  aucun 
doute  à  cet  égard  :  le  département,  puis  TEtat  n'interviendront 
que  dans  les  communes  ou  l'assistance,  soit  publique,  soit  privée, 
sera  reconnue  manifestement  insuftisante. 

Après  cette  déclaration,  le  Congrès  adopte,  à  la  presque  una- 
nimité des  membres  présents,  les  résolutions  suivantes  pré- 
sentées par  M.  Monod  : 

1<*  L'assistance  médicale  en  faveur  des  indigents  malades  com- 
prend les  soins  médicauxet  la  fourniture  des  remèdes  à  domicile 
ou  à  rhêpital;  lindigent  malade  ne  doit  être  hospitalisé  que  s'il 
est  établi  qu'il  ne  peut  pas  être  utilement  soigné  à  domicile.  — 
2<>  L'assistance  méaicale  est  due,  à  défaut  de  la  famille,  par  l'unité 
administrative  (la  plus  petite  commune  ou  paroisse)  à  ceux  des 
indigents  maladies  qui  ont  chez  elle  leur  domicile  de  secours; 
c'est  elle  qui  doit  dresser  la  liste  des  indigents  admis  à  l'assis- 
tance médicale  ;  cette  liste  doit  être  toujours  révisable  ;  la  com- 
mune ou  paroisse  doit  être  fuiaucièreroent  intéressée  à  sa  limi- 
tation. Plusieurs  communes  ou  paroisses  doivent  pouvoir  se 
syndiquer  pour  assurer  l'assistance  médicale.  —  3'  L'organisation 
doit  être  faite  par  une  unité  administrative  supérieure  à  celle  de 
la  commune  ou  de  la  paroisse;  elle  doit  être  telle  que  les  com- 
munes ou  paroisses  plus  riches  aident  les  communes  ou  paroisses 
plus  pauvres,  que  les  déparlements  ou  provinces  ou  cercles  plus 
riches  aident  les  départements  ou  provinces  ou  cercles  plus 
pauvres,  le  tout  avec  le  concours  financier  et  sous  le  contrôle 
effectif  de  TElat. 

M.  Bourneville,  dans  un  rapport  spécial  sur  le  recrutement 
des  infirmiers  et  infirmières,  fait  observer  que  la  laïcisation  des 
hôpitaux  de  Paris,  et  surtout  la  création  des  écoles  d'infirmiers 
et  d'infirmières,  permettent  de  faire  un  recrutement  meilleur  du 

Personnel  des  hôpitaux;  ce  qui  est  d'autant  plus  important  à 
heure  actuelle  que  les  progrès  de  la  chirurgie,  l'emploi  de  la 
méthode  antiseptique,  rendent  plus  nécessaire  aue  par  le  passé 
un  personnel  instruit,  capable  de  comprendre  le  pourquoi  des 
précautions  qu'on  exige  de  lui.  Aussi,  laissant  de  côté  toute  ques- 
tion de  doctrine  philosophique  ou  religieuse,  demande-t-il  que 
le  Congrès  émette  un  vœu  en  faveur  de  rétablissement,  dans 
chaque  centre  important  de  population,  d'une  école  d'infirmiers 
et  a  infirmières,  pouvant  servir  au  recrutement  du  personnel 
hospitalier  dans  la  région. —  Cette  proposition  est  adoptée,  après 
quelques  observations  de  M.  Sabran  sur  l'organisation  du  per* 


sonnel  hospitalier  de  Lyon.  Ce  personnel  est  constitué  par  des 
religieuses  qui  peuvent,  quand  il  leur  plaît,  renoncer  à  leur 
vocation  et  sur  lesquelles  l'administration  a  toute  autorité  pour 
les  accepter  ou  les  renvoyer;  en  outre,  depuis  quelques  années, 
existent  des  cours  professionnels,  pour  instruire  le  personn*»! 
qui  aujourd'hui  rend  les  plus  grands  services. 

En  Angleterre;  on  a  poussé  très  loin,  comme  on  sait,  l'instruc- 
tion des  infirmiers;  chaque  hôpital  constitue,  pour  ainsi  dire. 
une  école  d'infirmiers  ;  du  reste,  pour  y  être  admis,  il  faut  fain* 

f)reuve  d'une  instruction  élémentaire  suffisante;  d'un  autre  côlr, 
e  niveau  social  de  l'infirmière  y  est  bien  plus  élevé  qu'ailleurs. 

Dans  un  second  rapport  sur  la  protection  des  enfants  idiot>, 
épileptiques  et  arriéres,  M.  Bourneville  rappelle  que,  dans  lu 
plupart  des  pays  étrangers,  notamment  aux  Etats-Unis,  en  Anglt*- 
terre,  en  Allemagne,  etc.,  l'hospitalisation  des  enfants  idiots  est 
beaucoup  plus  avancée  qu'en  France;  que,  dans  notre  pays,  !«• 
département  de  la  Seine  est  le  seul  qui  ait  fait  des  efforts  séVieu\ 
pour  assister  et  surtout  hospitaliser  cette  catégorie  d'enfants.  Il 
déclare  ensuite  que,  lors  même  qu'il  ne  serait  pas  possible  d'éle- 
ver un  grand  nombre  de  ces  enfants  à  la  dignité  de  l'homme,  de 
leur  apprendre  un  métier,  il  faudrait  quand  même  les  assister. 
Cette  assistance  doit  toujours  avoir  lieu  le  plus  près  possible  de 
leur  domicile  et  même,  chaque  fois  que  cela  se  peut,  à  leur 
domicile  même.  Se  basant  sur  ce  principe,  il  demande  la  créa- 
tion par  les  départements,  d'asiles  départementaux  on  inU^r- 
départementaux  pour  le  traitement  et  l'éducation  des  enfant > 
idiots,  imbéciles,  arriérés,  épileptiques,  etc.,  c'est-à-dire  du 
groupe  le  plus  considérable  des  enfants  anormaux.  Cette  propo- 
sition est  adoptée  à  l'unanimité. 

M.  Drouineau  entretient  le  Congrès  de  la  question  du  domi- 
cile de  secours  pour  lequel  il  demande  une  série  de  réformes, 
faciles  à  adopter  dans  la  pratique,  ainsi  que  des  moyens  d'atté- 
nuer la  mortinatalité  et  l'infanticide.  Il  faut  secourir  l'enfant 
même  avant  sa  naissance  ;  la  recherche  de  la  paternité  n'étant 

fias  admise,  le  tour  ayant  été  supprimé,  il  faut  assurer  à  la  mère 
e  secret  de  la  faute  commise  tout  en  rendant  l'accouchemeot 
facile.  Les  Maternités  actuelles,  peu  nombreuses,  ne  peuvent 
être  ouvertes  qu'aux  femmes  légitimes  n'ayant  aucun  motif  d«> 
dissimuler  une  grossesse,  mais  elles  demeurent  fermées  à  toutes 
les  femmes  ou  filles  enceintes,  voulant  laisser  ignorer  une  faat<> 
et  cacher  leur  état.  La  création  d'asiles  spéciaux  de  secours  peut 
seul  répondre  à  ce  besoin  et  aider  ainsi  à  sauver  un  grand 
nombre  d'entants.  C'est  le  département  qui  doit  prendre  rini- 
tiative  de  cette  création  et  en  accepter  la  charge,  car  il  est  res- 
ponsable des  enfants  assistés  qui,  pour  la  plupart,  ont  rillégi li- 
mité pour  origine. 

M.  Sevestrese  demande  si  les  nouveau-nés  abandonnés  doivent 
être  de  suite  envoyés  à  la  campagne,  ou  s'il  ne  convient  pa>, 
dans  certains  cas,  de  les  garder  quelque  temps  à  l'hospice  dépo- 
sitaire. Les  rapporteurs  du  service  des  Enfants-Assistés  au 
Conseil  général  ont  toujours  soutenu,  avec  Parrot,  que  le  séjour 
de  ces  enfants  doit  être  aussi  court  que  possible  en  raison  des 
dangers  qu'ils  courent  à  l'hôpital.  Aujourd'hui  cependant,  avec 
les  améliorations  qui  ont  été  apportées  dans  le  service,  cette 
règle  n'est  plus  aussi  absolue.  M.  Sevestre  fait  remarquer  que 
beaucoup  d  enfants  arrivent  dans  un  état  de  débilité  excessive, 
si  bien  que  sur  1978  enfants  au-dessous  d'un  an,  il  y  en  avait 
249  dont  le  poids  était  inférieur  à  2500  grammes.  D'autres  sont 
malades  au  moment  de  leur  entrée.  Parmi  les  enfants  conservés 
à  l'hospice  et  nourris  au  sein  dans  le  courant  d'une  année, 
4G  sont  morts  de  débilité  congénitale,  8  d'athrepsie,  7  d'alTer- 
tiens  pulmonaires,  3  à  la  suite  de  convulsions,  1  d'abcès  multi- 
ples, 1  de  variole  (contractée  avant  son  entrée).  Par  contre,  un 
certain  nombre  d'entre  eux  se  sont  bien  trouvés  de  leur  séjour, 
et  ont  présenté  dans  l'espace  de  quelques  semaines  des  augmen- 
tations de  poids  de  400,  600,  800  grammes.  Envoyés  à  la  cam- 
pagne, beaucoup  de  ces  enfants  auraient  succombé.  Certains  des 
enfants  ainsi  conservés  à  l'hôpital  ont  contracté  des  maladies 
contagieuses:  il  y  eut  chez  les  enfants  au-dessous  d'un  an  7  cas 
de  rougeole  (2  guérisons  et  5  morts)  et  6  cas  de  diphlbérie 
(1  guérison  et  5  morts).  De  sorte  que,  en  réalité,  Tinflueiice 
funeste  de  l'hôpital  se  chilfre  par  10  d«'iccs  imputables  à  des 
maladies  contagieuses.  Il  faut  ajouter  cependant,  pour  apprécier 
exactement  le  rôle  de  l'influence  nosocomiale,  un  certain  nombre 
de  cas  de  broncho-pneumonie  ;  mais,  dans  l'ignorance  où  nou< 
sommes  encore  de  la  nature  et  des  causes  de  cette  maladie,  il 


23  Août  188^, 


GAZETTp  HEBDOMADAJIIE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N»  34  —    555 


ost  difficile  de  préciser  la  quantité  des  cas  imputables  au  séjour 
à  rhospice. 

Arrivant  ensuite  à  la  nourricerie,  pour  les  enfants  syphili- 
tiques ou  suspects  de  syphilis,  M.  Sevestre  décrit  Tinstallation  et 
le  fonctionnement  du  service,  et  étudie  les  résultats  observés 
chez  les  enfants  qui  s'y  trouvent.  Ils  ont  souvent,  dans  les  pre- 
mières semaines,  de  la  diarrhée,  très  fréquemment  aussi,  même 
sans  diarrhée,' une  perle  de  poids;  puis  même,  dans  les  cas  favo- 
rables ils  restent  souvent  pendant  un  temps  assez  long  dans  un 
état  stationnaire;  finalement  Taugmentation  de  poids' se  produit 
pour  quelques-uns  et  s'accentue  progressivement.  D'autres^  au 
contraire,  dépérissent.  En  somme,  les  résultats  sont  certaine- 
ment moins  bons  que  si  l'enfant  était  noutri  au  sein,  mais  il  ne 
faut  pas  oublier  que  cet  allaitenienl  au  sein  est  impossible.  Les 
résultats  étaient  déplorables  quand  les  enfants  étaient  élevés  an 
biberon. 

En  résumé,  la  conclusion' de  cette  étude  est  la  suivante:  toutes 
les  fois  que  Penfant,  au  moment  de  son  admission,  présente  des 
conditions  de  vitalité  suffisantes,  il  doit  tout  de  suite  être  envoyé  à 
la  campagne,  mais  les  enfants  débiles  ont  actuellement  des 
chances]  sérieuses  de  survie  s'ils  sont  conservés  à  l'hospice  ;  le 
séjour  dans  cet  établissement  n'est  plus  fatalement  mortel, 
comme  cela  avait  lieu  autrefois.  L'administrarion  étudie  d'ailleurs 
en  ce  moment  un  projet  dans  lequel  les  enfants  débiles  seraient 
gardés  dans  un  établissement  spécial  situé  dans  la  banlieue  de 


MÉDECINE  LÉGALE 

Le  Congrès  de  médecine  légale  ne-  sera  pas  encore  achevé  au 
moment  où  ces  lignes  seront  publiées;  commencé  avant-hier  19, 
il  réunit,  sous  la  présidence  de  M.  Brouardel,un  certain  nombre 
de  médecins  légistes  et  de  magistrats  et  présente  ainsi  un  carac- 
tère tout  particulier;  les  discussions  y  sont  brillantes,  les  con- 
clusions vivement  discutées. 

La  première  question  soumise  est  celle  des  traumatismes 
cérébraux  et  médullaires  dans  leurs  rapports  avec  la  médecine 
légale.  M.  VibertfVvax  des  rapporteurs,  •  appelle  plus  spéciale- 
ment Fattention  sur  certaines  dissociations  bizarres  des  thcultés 
intellectuelles  que  l'on  voit  parfois  à  la  suite  d'une  commotion 
cérébrale,  telles  que  de  ramiiésie,de  Taphasie,  des  modifications 
plus  ou  moins  grandes  de  caractères,  etc.;  après  des  accidents  pas- 
sagers et  sur  ce  fond  permanent,  se  greffeutdes  épisodes  aigus,  des 
accès  de  délire,  avec  perte  subite  de  connaissance,  de  la  manie, 
parfois  des  idées  ambitieuses,  qui  pourraient  faire  craindre  la 
paralysie  générale;  puis,  pendant  deux  ou  trois  ans,  tout  rentre 
dans  l'ordre;  cependant  ces  individus  sont  gravement  atteints, 
ils  sont  marqués  pour  la  folie  ou  la  démence.  Le  traumatisme 
doit  être  considéré  ici  comme  la  cause  à  peu  près  unique  des 
accidents  et  il  y  a  lieu  d'établir  eu  conséquence  les  respon- 
sabilités. 

En  dehors  de  ces  états  morbides,  M  Gilles  de  la  Tourette, 
second  rapporteur  pour  la  même  question,  fait  observer,  après 
une  étude  très  complète  des  divers  cas  signalés  dans  la  littérature 
médicale,  que  le  traumatisme  est  susceptible  de  développer 
certaines  affections  nerveuses  et  particulièrement  la  neurasthénie 
et  l'hystérie,  le  plus  souvent  associées  Tune  à  Tautre,  mais  il  ne 
faudrait  pas  croire  qu'il  puisse  les  créer  de  toutes  pièces;  il 
semble  nécessaire,  pour  sortir  tous  ses  ellels,  qu'il  agisse  sur 
des  sujets  prédisposés. 

M.  Vibert  est  d'avis  que  la  prédisposition  ne  joue  ici  qu'un 
rôle  secondaire  et  que  le  facteur  le  plus  important  dans  la  pro- 
duction du  railtvay  train  est  bien  le  traumatisme  physique;  la 
part  qui  revient  à  1  émotion  n'est  pas  non  plus  considérable  ; 
enlin,  si,  comme  on  le  dit,  l'hystérie  de  l'homme  et  celle  de  la 
feiujDic  diffèrent,  et  si  le  railtvay  brain  est  de  l'hystérie,  pourquoi 
les  rares  femmes  qui  en  sont  atteintes  présentent-elles  les  mêmes 
symptômes  que  les  hommes?  L'iiysléne  varierait  donc  non  seule- 
ment selon  les  sexes,  mais  encore  d'après  la  cause  qui  la  pro- 
voque. G  est  pourquoi  M.  Brouardel  voudrait  que  le  terme 
d'hystérie  ne  fut  pas  appliqué  à  ces.accideulSé  Ce  qu'à  la  Salpè- 
trière  l'école  de  M.  Cnarcot  considère  comme  les  stigmates  de 
rhyslérie,  les  anesthésies  diverses,  le  rétrécissement  du  champ 
visuel,  etc.,  les  médecins  légistes  l'observent  chez  les  prison- 
niers qui,  après  avoir  mené  une  existence  active,  sont  soumis  au 


repos  presque  absolu;  de  même  pour  les  ouvriers  blessés.  Il  y  a 
bien  plutôt  là  un  trouble  de  nutrition  qui  donne  naissance  à  des 
produits  toxiques,  causes  de  tous  les  accidents  observés;  n'a-l-on 
pas  isolé  en  <  ffet  chez  un  individu  qui  présentait  des  crises  épi- 
teptiformes,  un  alcaloïde  convulsivaut  pour  la  grenouille,  ainsi 
qu'un  alcaloïde  anesthésiant  chez  un  mélancolique?  Des  recher- 
ches sont  à  tenter  dans  cette  direction.  Quant  au  rôle  joué  par 
la  prédisposition,  il  a  été  exagéré;  sans  doute,  si  Ton  donne  a  lu 
famille  nerveuse  l'extension  que  Bazin  donnait  autrefois  à  l'ar- 
thritisme,  tout  le  monde  sera  prédisposé;  il  y  a  là  un  réveil  à 
éviter,  car  dans  les  expertises  médico-légales  on  ne  trouve  pas 
beaucoup  de  malades  qui  soient  vraiment  des  prédisposés. 

M.  Motet  estime  qu'il  y  a  une  distinction  à  faire  entre  les  cas 
légers  et  les  cas  graves  ;  les  premiers  appartiennent  peut-être  à 
l'hystérie,  les  autres  se  rapprochent  bien  plus  des  grandes 
formes  dos  maladies  cérébrales  à  marche   progressive  et,  en 

Sarticulier,  de  la  paralysie  générale.  Tel  est  aussi  l'avis  de 
[.  Garaier;  les  cas  graves  aboutissent  aux  asiles  d'aliénés  ;  or, 
l'état  mental  de  ces  individus  n'est  pas  l'hystérie;  c'est  bien  ce 
que  Lasègue  a  décrit  sous  le  nom  de  cérébraux.  Sans  doute,  il  est 
bien  difficile,  ajoute  M.  Christiany  de  ne  pas  faire  jouer  dans 
ces  cas  un  rôle  au  traumatisme  ancien,  quelle  que  soit  d'ailleurs 
la  forme  d'affection  mentale  que  présentent  ces  malades;  le  trau- 
matisme cérébral  peut  déterminer  n'importe  quelle  affection 
nerveuse  ;  est-il  bien  nécessaire  de  créer  des  termes  nouveaux 
pour  désigner  l'ensemble  des  symptômes  qu'il  occasionne  ?  11 
faut  aussi  se  mettre  en  garde,  fait  remarquer  M.  Laca$sagnef 
contre  les  symptômes  procéduriers  que  présentent  fréquemment 
les  malades  qui  ont  subi  un  tel  traumatisme;  car  ils  sont  bien- 
tôt entourés  d'émissaires  de  compagnies  véreuses  qui  leur  font 
miroiter  des  indemnités  à  obtenir  :  ils  surveillent  alors  tous  leurs 
mouvements,  et  les  symptômes  en  question  commencent  à  se 
montrer.  Lorsque,  après  avoir  passé  par  une  série  de  juridictions, 
après  plusieurs  années  quelquefois,  Findemnité  est  définitive- 
ment fixée,  l'état  ne  tarde  pasà  s'améliorer.  Faut-il  ranger  cette 
catégorie  de  symptômes  dans  un  sous-chapitre  de  l'hystérie? 

Pour  M.  Gilles  de  la  Tourelle  il  n'est  pas  douteux  que  le  trau- 
matisme cérébral  puisse,  dans  certaines  circonstances,  déter- 
miner de  la  paralysie  générale,  de  la  paralysie  agitante,  etc., 
mais  il  n'est  pas  douteux  non  plus  qu'il  donne  souvent  naissance 
à  l'hystérie.  Hésumant  la  discussion,  M.  Motet  fait  approuver 
par  le  Congrès  la  déclaration  suivante  : 

Dans  l'état  de  la  science,  il  est  difficile,  parfois  même  impos- 
sible, de  déterminer  rigoureusement  les  conséquences  des  trau- 
matismes cérébraux  et  médullaires.  Des  malades  paraissant 
gravement  atteints  peuvent  guérir  après  plusieurs  mois,  plu- 
sieurs années;  d'autres  qui,  après  1  accident,  ont  pu  sembler 
rester  indemnes,  sont  pris  de  compHcations  graves  et  ne  gué- 
rissent pas.  Une  observation  attentive  et  suffisamment  prolon- 
gée permettra  seule  de  fixer  le  pronostic,  et  de  sauvegarder 
aussi  bien  les  intérêts  de  Tauteur  du  traumatisme  que  ceux  de 
la  victime.  Dans  ces  conditions,  les  médecins  experts  ne 
devraient  être  tenus  au'à  donner  leur  appréciation  sur  l'étal 
actuel,  et  pourraient  alors,  réservant  l'avenir,  ne  formuler  des 
conclusions  définitives  qu'après  un  long  temps.  Les  tribunaux 
auraient  à  déterminer  provisoirement  dans  quelle  mesure  la 
réparation  serait  3ue  aux  victimes,  jusqu'au  aépôt  du  rapport 
établissant  les  responsabilités. 

Dans  un  rapport  sur  l'intervention  des  experts  dans  la  procé- 
dure à  fin  d'interdiction  ou  mainlevée  d'interdiction,  M.  }tolet 
rappelle  tout  d'abord  qu'aux  termes  de  l'article  489  du  Code  civile 
le  majeur  qui  est  aans  un  état  habituel  d'imbécillité,  de 
démence  ou  de  fureur,  doit  être  interdit,  même  lorsaue  cet  état 
présente  des  intervalles  lucides.  Ainsi,  pas  de  difficulté  lorsqu'il 
s'agit  de  cas  bien  nets,  bien  francs,  où  l'incapacité  est  évidente 
pour  tout  le  monde;  mais  il  s'en  faut  beaucoup  que  dans  la  pra- 
tique les  choses  soient  aussi  simples.  L'imbécillité  comporte  une 
infinie  variété  de  degrés,  et  la  distance  est  grande  entre  l'imbé- 
cile qui  n'a  jamais  pu  apprendre  A  lire,  à  écrire,  et  le  débile 
intellectuel  qui,  malgré  son  insuffisance,  a  vécu  de  la  vie  des 
enfants,  des  jeunes  gens  de  son  âge,  mais  qui,  arrivé  à  la  puberté, 
est  envahi  par  des  appétits  qui  le  prennent  tout  entier  et  aux- 
quels il  est  incapable  de  résister.  Pour  arriver  à  apprécier  toutes 
ces  différences,  il  faut  une  grande  expérience;  or  les  magistrats 
enserrés  dans  un  article  précis,  formel  du  Code,  ne  doivent 
se  décider  que  si,  par  eux-mêmes,  ils  jugent  que  les  conditions 
de  l'article  489  du  Gode  civil  sont  remplies.  Cependant  il  semble 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


23  Août  1889 


(lu  il  sérail  de  rintérêt  de  tous  que  sa  religion  fût  parfois  mieux 
éclairée,  et  qu*à  défaut  de  connaissances  spéciales  il  fût  guidé 
dans  ses  recherches  par  un  homme  plus  expérimenté  que  lui. 

Aussi  M.  Motet  pense-t-il  que,  aussi  bien  au  moment  où  Tin- 
terdiction  est  demandée,  qu'au  moment  où  les  tribunaux  sont 
saisis  d'une  demande  de  mainlevée,  un  examen  médical  serait 
utile.  Il  déterminerait  d'une  manière  précise  l'état  mental  de 
l'aliéné,  les  chances  probables  d'une  guérison  ou  les  conditions 
particulières  qui  ne  permettent  plus  de  l'espérer.  11  établirait 
un  diagnostic  rigoureux,  et  lorsqu'il  ne  serait  pas  possible,  cli- 
niquement,  scientiQauement,  d'appliquer  à  l'état  mental  étudié 
les  termes  d'imbécillité  ou  de  démence,  il  ferait  voir  que  l'éten- 
due, la  chronicité  d'un  désordre  intellectuel,  emportent,  de 
piano,  l'incapacité  absolue  à  se  diriger,  à  gérer  ses  affaires,  et 
justifient  la  mesure  de  l'interdiction.  Cette  opinion  rallie  l'unani- 
mité du  Congrès. 

Les  abus  de  la  morphine  donnent  lieu,  au  point  de  vue  médico- 
légal  et  sur  le  rapport  de  MM.  Ltélaud  et  DescoutSy  à  une  longue 
discussion,  qui  se  termine  par  l'adoption  des  propositions  sui- 
vants : 

i*>  L^s  droguistes  et  fabricants  de  produits  chimiques  et  phar- 
maceutiques ne  pourront  vendre  de  la  morphine  et  de  la  cocaïne 
qu'aux  pliarmaciens  ;  la  livraison  du  toxique  ne  pourra  avoir  lieu 
qu'à  domicile  ;  2»  les  pharmaciens  ne  pourront  exécuter  qu'une 
seule  fois,  à  moins  de  mention  contraire  inscrite  par  le  médecin, 
une  ordonnance  contenant  de  la  morphine  ou  de  la  cocaïne. 

A  propos  de  la  syphilis  des  nourrices,  M.  Morel-Lavallée 
examine,  dans  un  rapport  très  étudié,  la  conduite  que  le  médecin 
doit  ou  peut  tenir,  suivant  les  cas,  lorsqu'il  se  trouve  en  présence 
d'un  enfant  ou  d'un  nourrisson  syphilitique. 

MM.  Brouardel  et  G.  PouchH  énumèrent,  dans  un  important 
rapport,  les  symptômes  de  l'intoxication  arsenicale  chronique  et 
rendent  compte  de  leurs  recherches,  qu'ils  ont  communiquées 
il  y  a  deux  mois  à  l'Académie  de  médecine,  sur  les  modes  et  la 
durée  de  Téliminatiou  hors  du  corps  humain  de  l'arsenic  et  de 
ses  composés. 

MM.  Guillot  et  Démange,  étudiant  les  movens  les  plus  propres 
à  garantir,  dans  les  expertises  médico-légales,  les  intérêts  de  la 
société  et  des  inculpés,  proposent  l'adoption  des  considérations 
ci-après  : 

Pour  garantir  les  intérêts  de  la  société  et  de  l'accusé,  il  y 
aura  dans  toute  expertise  médico-légale  deux  experts  au  moins; 
l'un  sera  désigné  par  l'inculpé  ou  lui  sera  donné  d'office,  en 
cas  d'urgence,  s'il  est  absent  ou  s'il  refuse  de  le  désigu:;r  lui- 
même  ;  ils  auront  les  mêmes  droits,  prêteront  le  même  serment, 
feront  un  unique  rapport  et  seront  rétribués  également  par 
l'Etat.  Ces  eiperts  seront  choisis  sur  des  listes  oflicielles 
dressées  par  les  pouvoirs  publics  et  les  corps  scientifiques  dé- 
signés à  cet  effet.  Les  personnes  qui,  à  la  suite  d'un  concours 
devant  un  jury  composé  de  professeurs  des  Facultés  et  de  ma- 
gistrats, auront  obtenu  un  diplôme  spécial,  pourront  seules  être 
inscrites  sur  ces  listes.  Le  système  de  la  pluralité  des  experis 
impose  la  constitution,  au  siège  des  Facultés  de  médecine,  d'un 
conseil  suprême  de  médecine  légale  qui  sera  chargé  de  dépar- 
tager les  experts  de  la  région  et  de  statuer  en  dernier  ressort. 
Le  juge  d'instruction  doit  assister  aux  autopsies  et  conslatations, 
sauf  dans  certains  cas  particuliers,  de  façon  à  fournir  à  l'expert 
les  renseignements  de  fait  pouvant  éclairer  ses  recaerches. 
L'avocat  de  riucutpé  peut  y  assister  également,  afin  de  pouvoir 
signaler  à  r»\\pert  les  objections  de  la  défense.  Un  enseigne- 
ment comprenant  les  principes  généraux  de  la  médecine  légale 
doit  compléter,  dans  les  Facultés  de  droit,  l'étude  de  la  procédure 
criminelle.  Il  convient,  pour  faciliter  les  études  de  médecine 
légale,  d'admettre  comme  exception  au  principe  du  secret  de 
l'instruction  que  les  autopsies  pourront  avoir  lieu  devant  les 
élèves  des  cours,  ainsi  que  l'usage  s'en  est  établi,  sauf  le  droit 
de  veto  du  juge.  Ily  a  lieu  de  constituer,  dans  les  établissements 
consacrés  à  la  médecine  légale  ou  dans  les  greffes,  des  archives 
et  collections  de  pièes  à  conviction  sous  la  direction  des  ma- 
gistrats et  des  experts. 

M.  Lacassagne  désirerait  qu'en  médecine  légale  on  introduisit 
d'une  manière  régulière  la  pratique  des  examens  méthodiques 
faits  d'après  des  Quilles  préparées  d'avance  et  variables  suivant 
les  cas  ;  le  travail   d'expertise  serait  de  cette  façon  beaucoup 


facilité  pour  ceux  des  médecins,  et  ils  sont  nombreux,  qui  sonl 
peu  versés  dans  les  i|uestions  médico-légales.  11  prend  pour 
exemple  celui  des  petites  filles  victimes  d'attentat  à  la  pudeur 
parce  que,  aux  assises,  un  tiers  des  inculpés  sont  cités  pour 
des  faits  de  cette  nature. 

Il  faut  examiner  les  petites  filles  le  plus  tôt  possible  apré^ 
l'attentat,  parce  que  certaines  rougeurs  sont  très  fugitives  et 
auraient  disparu  au  bout  de  deux  ou  trois  jours. 

L'examen  doit  être  fait  devant  une  tierce  personne,  et  il  doit 
être  précédé  d'un  interrogatoire  de  l'enfant.  11  faut  passer  en 
revue  successivement  les  cuisses,  le  périnée,  les  organes  géni- 
taux, la  région  anale,  voir  si  l'hymen  est  intact  et  s  il  existe  un 
écoulement  uréthral  ou  vaginal  ;  un  point  important  consiste  à 
rechercher  s'il  n'y  a  pas  de  traces  d'onanisme.  Il  n*existe  aucun 
signe  spécial  qui  permette  d'affirmer  la  masturbation  habituelle  : 
il  signale  pourtant  la  douleur  mammaire  comme  un  symptôme 
d'une  certaine  valeur.  Ne  pas  oublier  d'examiner  les  véteinenb 
que  la  petite  fille  portait  au  moment  de  l'attentat.  Avant  de  con- 
clure, il  faut  toujours  demander  à  faire  un  second  examen,  aprè> 
un  intervalle  de  six  à  huit  jours  par  exemple.  Il  est  bieu  en- 
tendu que  les  investigations  doivent  porter  non  seulement  sur 
la  victime,  mais  aussi  sur  le  violateur. 


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avec  le  concours  de  l'auteur,  par  H.  le  docteur  Këravai»  ouvrage  précéilë  d'yoc 
prëfare  de  H.  le  prof-saonr  Gbarcot.  1  vol.  io-8*  avec  â6  figures  iolercaUes  dan« 
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Deléiang  (de  Nantes).  1  vol.  in-8*  de  16  pages.  Paris.  0.  Doin.  I  fr. 

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23  Août  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         —  N»  34  —     557 


SUPPLÉMENT  THÉRAPEUTIQUE 


DE   LA 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


THÉRAPEUTIQUE 

Trailemeiit  de  la  p^oiitte. 

Si  la  thérapeutique  fait  un  usage  fréquent  des  prépa* 
rations  de  colchique  dont  le  nombre  laisse  quelquefois  le 
médecin  dans  l'embarras  du  choix,  et  cela  à  juste  raison, 
il  n'en  est  pas  moins  vrai  qu'on  les  prescrit  souvent  sans 
en  connaître  exactement  l'énergie  et  la  force;  et  cepen- 
dant les  auteurs  anciens  et  modernes  ont  été  unanimes  à 
reconnaître  l'efficacité  de  ce  médicament  contre  la  goutte. 

D'après  les  travaux  de  Garrod,  que  l'on  doit  toujours 
citer  à  propos  de  cette  diathèse,  le  colchique  exerce  une 
action  favorable  sur  l'évolution  de  l'inflammation  gout- 
teuse ;  «  son  influence,  dit-il,  n'est  pas  limitée  aux  phéno- 
mène de  la  goutte  articulaire  :  elle  se  montre  encore  toute- 
puissante  contre  les  formes  larvées  j». 

En  France,  le  docteur  Fiévée  fait  le  plus  grand  éloge  de 
ce  médicament  comme  anti-goutteux  ;  selon  ce  praticien, 
le  colchique  est  pour  la  goutte  ce  que  le  sulfate  de  quinine 
est  pour  les  fièvres  intermittentes. 

Lecorché,  dans  son  Traité  théoriqiAe  et  pratique  de  la 
goutte^  conclut  que  le  colchique  diminue  l'acidité  de  l'urine 
et  qu'il  est  prescrit  avec  avantage  dans  toute  manifestation 
articulaire  ou  viscérale  de  la  goutte;  mais  c'est  surtout 
dans  le  traitement  des  attaques  aiguës  qu'on  doit  l'em- 
ployer. 

Si  l'on  réfléchit  maintenant  que  le  principe  actif  du  col- 
chique est  la  colchicine  qui  en  a  toutes  les  propriétés  théra- 
peutiques, que  les  préparations  pharmacologiques  varient 
noiabiementdans  leur  teneur  en  colchique  suivant  la  partie 
de  la  plante  employée,  on  conçoit  le  prix  que  doit  attacher 
tout  praticien  à  une  préparation  toujours  identique  à  elle- 
même  et  d'un  dosage  certain. 

Le  problème  ainsi  posé  :  substituer  à  un  remède  infidèle 
et  variable  une  préparation  constante  et  d'un  dosage  mathé- 
matique, a  été  résolu  de  la  fiiçon  la  plus  heureuse  par 
M.  Houdé,  qui,  préparé  à  son  sujet  (i)  par  une  étude  appro- 
fondie du  colchique,  a  réussi  à  obtenir  la  colchicine  cris- 
tallisée, c'est-à-dire  à  l'étal  de  pureté  parfaite. 

Bien  plus,  les  propriétés  physiologiques  de  la  colchicine 
ont  été  établies  avec  précision  par  M.  le  docteur  Laborde, 
qui  les  a  consignées  dans  un  travail  et  résumées  ainsi:  «  En 
fin  de  compte,  tout,  dans  notre  étude  expérimentale,  con- 
court à  démontrer  une  participation  prépondérante  et  élec- 
tive du  système  nerveux  ganglionnaire  dans  Taction  physio- 
logique de  la  colchicine.  y^ 

Les  données  expérimentales,  rapprochées  des  essais  cli- 
niques, permettent  une  systématisation  rationnelle  concer- 
nant l'emploi  de  la  colchicine  dans  l'afl^ection  goutteuse  : 
son  mode  d'action  s'explique  par  l'effort  gastro-intestinal 
qu'elle  provoque  et  par  son  action  vaso-motrice  localisée. 

M)  Laborde  et  Houdc,  le  Colchique  et  la  Colchicine.  Paris.  1887. 


MM.  Mairet  et  Combemale  (i),  désireux  de  préciser  l'in- 
fluence de  la  colchicine  sur  l'excrétion  de  l'acide  urique  en 
dehors  de  tout  accès,  ont  recueilli  et  dosé,  pendant  six 
séjours  consécutifs,  les  urines  de  deux  arthritiques;  puis 
ils  ont  administré  5  milligrammes  de  colchicine;  ils  ont 
trouvé  que  la  quantité  d'acide  urique  excrétée  après  l'ab- 
sorption de  la  colchicine  élait  double  que  celle  d'avant.  En 
résumé,  disent-ils,  la  colchicine  agit,  suivant  les  doses, 
soit  comme  diurétique,  soit  comme  purgatif;  elle  augmente 
l'excrétion  de  l'acide  urique  et  diminue  celui  qui  est  con- 
tenu dans  le  sang. 

L'observation  suivante,  dont  le  sujet  est  un  médecin, 
montrera  avec  quelle  confiance  on  peut  prescrire  les  gra- 
nules de  colchicine  Houdé  dans  la  goutte,  car  dès  les  pre- 
mières évacuations,  ils  provoquent  une  détente  absolue  de 
l'accès  goutteux  et  de  ses  douleurs  aiguës  : 

Ous.  —  Trente-sept  ans,  pas  d'antécédents  héréditaires. 
A  dix-huit  ans,  première  atteinte  de  rhumatisme  articulaire; 
à  trente-deux  ans,  deuxième  attaque  de  rhumatisme  avec  hydar- 
throse  double  ayant  exigé  un  traitement  de  trois  mois.  En 
décembre  1886,  attaque  suraiguë  de  goutte  localisée  au  gros 
orteil  gauche.  Durée,  vingt  jours.  Traitement  :  salicyJate  de 
soude  et^alcalins.  En  janvier  1887,  deuxième  atteinte  de  goutte 
au  gros  orteil  droit.  Durée,  quinze  jours;  traitement  :  teinture 
de  colchique,  lithine. 

Pendant  quatre  à  cinq  mois,  ardeurs  passagères  fréquentes 
du  gros  orteil.  En  août,  je  me  suis  procuré  des  granules  de 
colchicine  Houdé,  sur  les  conseils  d'ua  de  mes  confrères  qui  en 
avait  obtenu  de  très  bous  résultats.  Depuis  août  1887,  j'ai  eu  à 
trois  reprises  des  craintes  sérieuses  d'une  nouvelle  attaque; 
chaque  fois,  sous  l'influence  de  la  colchicine,  les  accès  ont 
avorté;  je  prenais  le  premier  soir  quatre  granules,  trois  le 
second  et  deux  le  troisième;  le  lendemain  matin,  j'étais  étonné 
de  la  diminution  des  douleurs;  le  surlendemain  tout  était  lini. 

Je  n*ai  observé  aucun  phénomène  insolite  pouvant  être 'mis 
sur  le  compte  de  la  colchicine;  comme  traitement  préventif  des 
accès  goutteux,  je  n'ai  pas  encore  échoué  une  seule  fois  avec  ce 
médicament. 

Un  titrage  d'une  exactitude  mathématique  s'imposait 
dans  le  mode  d'administration  d'un  médicament  doué  d'une 
activité  aussi  réelle;  d'autre  part,  la  pureté  chimique  de  la 
substance  ayant  en  thérapeutique  une  importance  capitale, 
nous  avons  cru  réunir  toutes  les  garanties  exigées  d'un 
médicament  chimiquement  pur,  en  préparant  avec  la  plus 
grande  rigueur  les  granules  de  colchicine  Houdé;  chaque 
granule  est  exactement  dosé  à  1  milligramme,  ce  qui  per- 
met d'en  régler  l'emploi  avec  précision. 

De  toutes  les  observations  recueillies,  il  résulte  qu'au 
point  de  vue  thérapeutique,  la  colchicine  cristallisée  consti- 
tue un  médicament  curatif  et  surtout  préventif  de  l'accès 
goutteux  proprement  dit,  et  mérite,  à  cet  égard,  toute  l'at- 
tention des  médecins. 

(I)  Communication  à  l'Académie  des  scienccâ. 

3-1.. 


558    —  N»  34  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECmE  ET  DE  CHIRURGIE 


23  Août  1880 


THERAPEUTIQUE 

I^a  Digitale. 

La  séance  du  22  janvier  de  rAcadémie  de  médecine  a 
été  animée  par  une  discussion  que  M.  Germain  Sée  a  sou- 
levée au  sujet  de  l'emploi  médicinal  du  strophantus  et  de 
la  strophantine.  La  doctrine  que  le  savant  professeur  a  sou- 
tenue, très  scientifique  et  très  séduisante,  invoque  une 
opinion  d*un  de  nos  plus  illustres  expérimentateurs  ;  et  il 
la  résumée  dans  une  phrase  très  bien  frappée  :  «  Ce  sera, 
dit-il,  Fhonneur  de  la  médecine  moderne  et  de  la  chimie 
biologique  de  substituer,  selon  la  grande  idée  de  Ci.  Ber- 
nard, partout  et  toujours,  aux  plantes  sauvages  et  aux 
médicaments  empiriques  en  général,  les  principes  chimi- 
ques rigoureusement  déterminés.  »  Si  cette  phrase  est 
l'expression  d'un  vœu,  c'est  parfait  ;  mais,  si  elle  a  la  pré- 
tention d'offrir  une  doctrine  actuelle  et  absolue,  elle 
renferme  deux  mots,  «  partout  et  toujours  >,  qui  sont  de 
trop. 

Il  est  très  vrai,  nous  nous  empressons  de  le  reconnaître, 
que  la  tendance  à  laquelle  la  phrase  de  M.  Germain  Séé 
applaudit  avec  tant  de  raison,  existe,  et  que  nous  devons 
réunir  nos  efforts  pour  lui  faire  la  voie  de  plus  en  plus 
large.  Mais  la  science  n'est  pas  encore  allée  jusque-là  que 
toutes  les  plantes  qui  jouent  un  rôle  dans  la  malière  médi- 
cale aient  répondu  aux  investigations  de  la  chimie  ;  et  il  s'en 
faut  de  beaucoup,  malgré  l'affirmation  très  respeclable  de 
M.  le  professeur  Germain  Sée,  que  les  alcaloïdes  retirés  d'une 
plante  soient  toujours  supérieurs,  comme  agents  Ihérapeu- 
tiques,  à  la  plante  elle-même  avec  la  réunion  de  tous  ses 
principes.  Souvent  même,  on  le  sait,  les  effets  produits  par 
les  alcaloïdes  offrent,  avec  les  résultats  obtenus  par  l'emploi 
de  la  plante  mère,  une  différence  telle,  qu'on  ne  saurait 
hésiter  à  recourir  à  cette  dernière. 

Prenons  pour  exemple  la  digitale,  notre  diurétique  le 
plus  sûr,  l'agent  le  plus  efficace  de  la  médication  anti- 
pyrétique, dont  les  propriétés  ont  été  confirmées  par  trente 
années  d'expérimentation.  Si  l'on  pose  cette  question  : 
Doit-on  préférer,  dans  la  pratique  médicale,  les  alcaloïdes 
de  la  digitale  à  la  plante  mère?  un  de  nos  thérapeutistes 
les  plus  compétents,  M.  le  docteur  Dujardin-Beaumetz,  va 
nous  répondre  :  «  Dans  l'état  actuel  de  la  science,  vu  la 
complexité  chimique  de  ces  composés  et  leur  action  physio- 
logique variable,  il  vaut  mieux,  en  attendant,  conseiller 
l'usage  de  la  plante  mère.  » 

La  réponse  est  catégorique.  Pourtant,  les  alcaloïdes  de 
la  digitale  ont  été,  sinon  trouvés,  du  moins  cherchés  et 
étudiés  avec  le  plus  grand  soin  par  de  savants  chimistes 
et  médecins.  Mais  la  digitaline  solubledans  l'eau  et  l'alcool, 
la  digitaline  amorphe  et  insoluble,  et  la  digitaline  cristal- 
lisée, ne  sont,  d'après  Schmiedeberg,  que  des  mélanges  de 
principes  préexistant  dans  la  plante  ou  des  corps  de  décom- 
position ;  il  ne  reconnaît  comme  principes  chimiques  purs 
que  les  quatre  corps  suivants:  la  digitonine,  la  digitaline, 
la  digitaléine  et  la  digitoxine,  dont  les  trois  premiers  au- 
raient, d'après  Hoppe,  des  propriétés  qui  les  rapprocheraient 
de  la  plante  mère,  et  dont  le  quatrième,  de  six  à  dix  fois 
plus  actif,  n'est  pas  d'un  emploi  sans  danger.  Il  résulte  de 
là  que  la  plante  mère  se  trouve  logiquement  et  nécessaire  - 
ment  attachée  à  la  pratique  médicale  dans  un  rang  incon- 


testablement supérieur  à  celui  des  agents  tirés  de  son  seiiu 
jusqu'au  moment  où  la  science,  isolant  ceux-ci  nettement. 
pourra  différencier  chimiquement  les  propriétés  diverse^ 
dont  la  plante  jouit  et  qui,  aujourd'hui,  peuvent  élr^ 
considérées  comme  concourant  à  l'effet  principal  poiK 
lequel  elle  a  été  surtout  étudiée,  à  savoir  les  effets  sur  1^ 
cœur. 

Or  ces  considérations  ont  une  grande  importance.  Efi 
effet,  l'agent  thérapeutique  adopté,  c*est-à-dire  la  plante 
mère,  est  un  corps  très  composé,  dont  les  éléments  ont 
des  propriétés  chimiques  et  physiologiques  diverses;  et  i) 
importe  de  choisir  le  mode  de  préparation  qui  doit  donner 
de  la  manière  la  plus  certaine  tout  l'ensemble  de  ces  élé- 
ments réunis  et  combinés.  Labélonye,  dont  le  mode  de 
préparation  a  été  adopté  dans  la  dernière  édition  du 
Codex,  se  plaçant  précisément  à  ce  point  de  vue,  a  repoussé 
la  méthode  de  l'infusion  aqueuse  prolongée,  qu'on  avait 
considérée  comme  donnant  le  meilleur  produit  pour  Tusage 
médical,  et  il  a  démontré  que  la  plante  doit  être  trailét* 
par  l'alcool  hydraté  à  22  degrés,  qui,  dissolvant  Tbo/Ve 
volatile,  la  résine  et  les  principes  amers,  fournit  un  extrait 
hydro-alcoolique,  qui,  préparé  dans  le  vide,  présente  asso- 
ciées toutes  les  propriétés  de  la  plante. 

Le  rapport  lu  à  l'Académie  de  médecine  le  23  janvier 
1872,  par  M.  Buignet,  a  mis  hors  de  contestation  que  la 
solution  hydro-alcoolique  de  digitale  doit  être  la  base  des 
préparations  digitaliques;  et  c'est  d'après  ce  principe  que 
Labélonye  a  créé  le  sirop  de  digitale,  dont  les  effets 
constants  démontrent  qu'il  possède  réellement  toutes 
les  propriétés  de  la  digitale,  produisant  chez  les  hydro- 
piques et  les  cardiaques  des  effets  franchement  diurétiques. 
se  montrant  éminemment  utile  dans  plusieurs  affection> 
des  voies  respiratoires,  asthme,  coqueluche,  hydropisie  de 
poitrine,  etc.,  déterminant  le  ralentissement  du  pouls,  cal- 
mant les  palpitations  en  rendant  les  battements  du  coeur 
plus  fermes  et  plus  réguliers,  etc.;  en  un  mot,  donnant 
tous  les  résultats  propres  à  la  digitale  elle-même. 

Pour  appuyer  ce  que  nous  venons  de  dire  sur  la  préfé- 
rence à  donner  à  la  plante  mère,  dans  l'application  médi- 
cale de  la  digitale,  citons  ici  le  passage  suivant  que  nous 
lisons  dans  le  Dictionnaire  de  M.  Dujardin-Beaumetz  : 
c  Dans  les  maladies  du  cœur  s'accompagnant  d'une  exsu- 
dation aqueuse  abondante,  suite  de  la  stase  du  sang  dans 
le  système  veineux,  la  digitale  fait  disparaître  cette  stase 
et  aide  à  la  résorption  des  exsudats  séreux  en  régulari- 
sant les  fonctions  du  cœur  et  la  distribution  du  sang  >,  ce 
qui  révèle  évidemment  une  action  aussi  complète  que  pro- 
fonde. 

(Extrait  de  VUnion  médicale.) 


G.  Masson,  Propriétatte-GéranU 

20151.  —  MOTTEROZ.  —  ImprimeiiM  réuniet,  ▲,  rao  Mignon,  S,  Par». 


Trente-sixième  année 


N*35 


30  Août  1889 


GAZETTE  nEBDOMADAIBE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LB  D'  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  6.  OIEULArOY,  OBEYrUS-BRISAC,  rRANÇOiS-FRANCK,  A.  HCNOCQUE,  A.g.  MARTIN,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaetion  A  M.  Lkrebodllet,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRE.  —  BULLBTllf.  L'asMiniMeoient  des  villes  françaiieB.  —  Rivui 
DBS  coons  BT  DBS  CLINIQOBS.  Pscolié  de  médecine.  Court  de  M.  le  profcseeur 
Gtiyou  :  Oa  ireiiemeni  cootécnUr  df^  arihropatliieê.  —  Travaux  uhioinaux. 
Ncuropalhologie  :  De  l'anettliéiie  koiu  se«  divers  modes  daii«  la  paréso-anal- 
gfslo.  —Cas  frui^tes  de  par^so-analifésle.  ~  Cohhbafonoince.  Abcès  sous- 
périoiliqne  ft pteumoeo |oes.  -*  Socibtés  savaktbs.  Académie  des  sciences.— 
Académie  de  médecine.  —  Société  de  Ib^rapeuiinue.  -  Rkvub  Dks  journaux. 
Thérapeutique.  —  Biblioghaphib.  De  la  cap4cité  juridiiiuo  des  aliénés  et  de 
leur  liberté  iodhfidaelle.  —  Variétés.  Faculté  de  médecine  de  Paris. 


BULLETIN 


L'atMlalfl 


Paris,  ^8  août  1889. 
Re»t  dem  ville»   fraaçaiaes. 


Le  Journal  officiel  a  publié,  il  y  a  quatre  jours,  un 
important  rapport  adressé  par  M.  le  professeur  Proust, 
inspecteur  général  des  services  sanitaires,  sur  l'assainisse- 
ment de  la  France.  Il  semble  que  ce  travail  considérable, 
préalablement  discuté  et  approuvé  par  le  Comité  consul- 
tatif d'hygiène  publique  de  France,  forme  comme  la  con- 
clusion naturelle  des  délibérations  du  Congrès  interna- 
tional d'hygiène  dont  nous  rendions  compte  il  y  a  huit 
jours.  Il  marque  en  tout  cas  une  nouvelle  étape  dans  la 
voie  progressive  que  n'a  cessé  de  suivre  Tadministralion 
sanitaire  française  depuis  plusieurs  années.  Le  moment 
paraît  en  effet  tout  particulièrement  bien  choisi  pour  en- 
tretenir le  gouvernement  et  l'opinion  publique  de  ces  ques- 
tions générales  d'hygiène  qui  revêtent  un  intérêt  d'autant 
plus  grand  que  leur  vulgarisation  s'étend  davantage.  Dans 
quelques  semaines  le  suffrage  universel  chargera  des  affaires 
publiques  des  nouveaux  mandataires  ;  ils  auront  vraisem- 
blablement à  assurer  d'une  manière  définitive  l'organisation 
sanitaire  qui  permettra  de  généraliser  les  pratiques  de 
rhygiène  publique  sur  les  divers  points  du  territoire;  ils 
devront  aussi  modifier  la  législation  de  telle  sorte  que 
Tégoîsme  des  intérêts  particuliers  ne  puisse  ici  prévaloir 
contre  les  légitimes  exigences  de  l'intérêt  général. 

Par  une  heureuse  comparaison,  H.  Proust  a  eu  soin  de 
faire  observer  tout  d'abord  que  c  la  méthode  antiseptique 
et  les  pansements  propres  ont  diminué  dans  des  propor- 
tions considérables  la  mortalité  des  femmes  en  couches  et 
des  opérés;  il  serait  également  facile,  ajoute-t-il,  d'obtenir 
par  l'assainissement  des  localités  malsaines  des  résultats 
aussi  heureux  pour  la  prophylaxie  des  maladies  infectieuses 
et  contagieuses  >.  Or  les  exemples  abondent  qui  démontrent 
que  certaines  villes,  tant  françaises  qu'étrangères,  ont  vu 
leur  mortalité  générale,  et  surtout  leur  mortalité  par  la 
«•  Série.  T.  XXVI. 


fièvre  typhoïde,  diminuer  dans  des  proportions  considérables 
et  continues.  «  C'est  seulement  lorsque  nos  villes  seront 
assainies  que  Ton  verra  diminjier  également  la  mortalité 
causée  par  les  maladies  infectieuses  et  surtout  par  la  fièvre 
typhoïde  dans  notre  population  civile  et  dans  notre  armée  ; 
c'est  seulement  alors  que,  nos  ports  présentant  un  terrain 
réfractaire  à  la  pénétration  des  germes  morbides  exotiques, 
on  pourra  supprimer  complètement  les  dernièves  entraves 
quarantenaires.  Il  est  donc  du  devoir  des  municipalités  et 
du  gouvernement  d'assainir,  dans  le  plus  bref  délai  po^^sible, 
les  villes,  les  ports  et  le  pays  tout  entier.  »  Les  maladies 
évitables  sont  en  effet  de  deux  ordres  :  c  les  unes  sont  exoti- 
ques, c'est-à-dire  que,  nées  sur  un  autre  sol,  elles  ne 
pénètrent  chez  nous  que  par  importation;  les  autres  sont 
autochtones  ou  acclimalées.  »  Ce  n'est  ici  ni  le  lieu  ni  le 
moment  de  discuter  le  plus  ou  moins  d'exotisme  de  telle 
ou  telle  apparition  épidémique  dans  un  de  nos  ports  ou  l'une 
de  nos  villes.  Au  point  de  vue  de  l'hygiène,  la  règle  à  suivre 
est  toujours  la  même  ;  il  importe  de  s'en  convaincre. 

La  prophylaxie  des  épidémies  et  des  maladies  Iransrois- 
sibles  comprend  un  certain  nombre  de  mesures  dont  l'exécu- 
tion peut  être  abandonnée  ou  confiée  à  l'administration  sani- 
taire; dans  ce  dernier  cas,  ces  mesures  doivent  être  conformes 
à  la  législation  générale  ou  spéciale.  Parmi  ces  mesures,  les 
unes  sont  d'une  exécution  immédiate  et  leur  rapidité 
d'application  doit  être  en  rapport  avec  l'urgence  du  but  à 
atteindre;  les  autres  peuvent  avoir  une  échéance  plus  éloi- 
gnée. C'est  qu*en  effet  l'histoire  de  toutes  les  épidémies 
montre  qu'elles  naissent  ou  se  propagent  surtout  dans  les 
milieux  insalubres  ;  c'est  là  qu'elles  exercent  leurs  plus 
grands  ravages,  qu'elles  ont  la  plus  longue  durée  et  qu'elles 
font  le  plus  de  victimes.  Accroître  la  salubrité  d'une  loca- 
lité ou  d'un  pays,  c'est  tout  au  moins  prémunir  cette  localité, 
ce  pays,  contre  la  violence  des  manifestations  épidémiques. 
La  science  a  démontré  tout  ce  que  l'on  gngne  à  stériliser 
l'air,  Tenu,  le  sol,  à  les  rendre  impropres  à  la  culture  des 
micro-oi^anismes,  causes  ou  effets  des  maladies  transmis- 
sibles,  caractéristiques  en  tout  cas  de  leur  pouvoir  de 
propagation.  Au  point  de  vue  pratique  il  convient  donc  de 
s'occuper  des  moyens  immédiats  et  des  moyens  plus  ou 
moins  éloignés  d'assurer  la  prophylaxie  des  épidémies  et 
des  maladies  transmissibles.  Les  premiers  se  subdivisent 
comme  il  suit  :  l'information  officielle  des  cas  de  ces  ma- 
ladies, la  vaccination  pour  les  affections  dont  le  vaccin  a 
été  jusqu'ici  trouvé,  l'isolement,  la  désinfection  sous  toutes 
ses  formes.  Les  seconds  comprennent  les  mesures  d'assai- 
nissement des  habitations,  les  mesures  locales  de  salubrité, 

do 


558    —  N*  35 


GALETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  Et  DE  CtttRUtlGÎE 


do  AOUT  IdSd 


les  grands  travaux  d'assainissement  et  l'organisation  de  la 
statistique  démographique.  La  prophylaxie  est  plus  ou 
moins  rigoureuse,  simple  ou  complexe,  suivant  telle  ou 
telle  maladie  transmissible  et  d'après  l'étendue  du  terri- 
toire où  celle-ci  se  manifeste;  mais  les  préceptes  généraux 
ne  varient  pas.  En  règle  générale,  les  mesures  édictées  par 
les  autorités  en  pareille  matière  doivent  se  maintenir  stric- 
tement dans  la  limite  des  pouvoirs  que  les  lois  leur  confièrent 
et  ne  sauraient  dépasser  retendue  des  dispositions  que  des 
lois  particulières  ont  pu  édicter  en  vue  de  tel  ou  tel  intérêt. 
Même  sous  le  prétexte  très  respectable  de  sauvegarder  la 
santé  publique,  il  n'est  pas  permis  aux  dépositaires  de  la 
puissance  publique  d'enfreindre  les  défenses  que  les  lois 
ont  voulu  opposer  à  la  témérité  qu'ils  pourraient  èlre  tentés 
d'apporler  dans  l'accomplissement  de  leur  mission. 

On  trouvera  sans  doute  qu'il  n'était  pas  inopportun  de 
rappeler  ces  préceptes,  alors  qu'il  s'agit  d'obtenir  l'assen- 
timent  général  en  faveur  de  mesures  qui  ne  peuvent  être 
réalisées  pour  la  plupart  qu'à  longue  échéance,  et  qui 
entraînent  forcément  des  dépenses  et  des  difficultés  de  tous 
ordres.  La  Grande-Bretagne,  dont  on  se  plaît  ordinarement  à 
rappeler  l'exemple,  a  commencé  l'assainissement  de  ses  villes 
il  y  a  plus  de  quarante  ans;  on  estime  qu'elle  y  a  dépensé 
plus  d'un  milliard  de  francs,  et  cependant  le  nombre  des 
cités  où  des  travaux  de  ce  genre  ont  été  entrepris  est  encore 
relativement  restreint;  néanmoins,  sa  mortalité  s'est  abais- 
sée dans  une  proportion  énorme,  même  si  Ton  tient  compte 
des  imperfections,  à  tous  égards  assez  légères,  de  sa  statis- 
tique mortuaire.  D'autres  pays  et  d'autres  villes  tels  que  Ber- 
lin, Danlzig,  Breslau,  Francfort-sur-le-Mein,  Munich  offrent 
des  exemples  non  moins  convaincants.  Au  point  de  vue  de 
l'assainissement,  les  conditions  principales  qui  ont  été 
remplies  et  qu'il  n'y  a  qu'à  imiter  aussi  largement  que  pos- 
sible, ont  été  et  sont  de  deux  ordres  :  l'arrivée  d'une  eau 
potable,  abondante  et  à  l'abri  de  toute  souillure,  et  l'éva- 
cuation immédiate,  hors  de  l'agglomération  habitée,  sans 
arrêt  ni  stagnation  possible,  avant  toute  fermentation,  des 
matières  impures  et  des  eaux  usées  de  la  vie  et  de  l'indus- 
trie. Fort  heureusement  aujourd'hui  l'accord  s'est  fait  entre 
les  hygiénistes  sur  les  procédés  qui  permettent  de  réaliser 
ces  conditions  suivant  les  localités,  si  bien  que  les  muni- 
cipalités et  le  gouvernement  ne  peuvent  plus  arguer  des 
dissentiments  qui  se  sont  trop  longtemps  élevés  à  cet  égard, 
pour  se  refuser  à  agir.  Les  projets  peuvent  être  dressés  en 
parfaite  connaissance  de  cause,  sans  doute  ni  crainte  sur  les 
résultats  de  la  solution  à  intervenir.  Le  seul  écueil  à  éviter 
est  peut-être  celui  de  vouloir  faire  trop  vite  et  trop  grand, 
c'est-à-dire  de  n'adopter  que  des  propositions  ayant  surtout 
pour  but,  comme  tant  de  travaux  édilitaires  de  grande 
voirie,  de  frapper  l'imagination  publique.  On  ne  gagne 
pas  beaucoup  à  percer  de  longs  boulevards  si  les  maisons 
qui  les  bordent  deviennent  plus  étroites  et  plus  encom- 
brées qu'avant;  quels  avantages  immédiats  retire  la  santé 
publique  de  la  construction  d'un  vaste  égout  si  les  dépenses 
que  ses  dimensions  exagérées  ont  exigées  ne  laissent  plus 
d'argent  pour  y  raccorder  les  habitations  voisines  !  11  faut 
ici  procéder  avec  ordre  et  méthode  et  ne  pas  oublier  que  le 
premier  devoir  des  pouvoirs  publics  est  d'assurer,  en  pareil 
cas,  la  salubrité  du  domicile.  N'est-ce  pas  en  agissant  ainsi 
que  les  Anglais  ont  obtenu  les  résultats  sanitaires,  dont 
nous  parlions  plus  haut,  même  dans  des  cités  où  la  voie 
publique  est  manifestement  mal  entretenue  et  dans  lesquelles 
les  moyeus,  généraux  d'assainissement  sont  insuffisants  à 


bien  des  égards.  Les  eaux  bues  à  Londres  sont  d'ane  qua- 
lité assez  médiocre,  les  égouts  sont  loin  d'offrir  des  garanties 
de  salubrité  parfaite;  mais  l'habitation  a  bénéficié  des 
nombreuses  découvertes  du  génie  sanitaire  qui  a  pris  nais- 
sance en  Angleterre  et  y  a  reçu  de  si  nombreux  dévelop- 
pements ;  l'hygiène  privée  s'est  généralisée,  au  moins  dans 
les  classes  élevées  et  moyennes  de  la  population,  et  surtout 
la  prophylaxie  immédiate  des  maladies  transmissibles  y  a 
reçu  une  extension  considérable. 

Sans  doute  l'administration  sanitaire  serait  exposée  à  suc- 
comber à  la  tâche  si  l'amélioration  de  la  salubrité  ne  lui 
venait  pas  en  aide  ;  mais  il  faut  bien  reconnaître  qae  la 
rapide  et  complète  exécution  des  mesures  prophylacti- 
ques constitue  l'un  des  facteurs  les  plus  importants  de 
l'amélioration  de  la  santé  publique;  c'est  en  tout  cas  celui 
qui  nécessite  le  moins  de  dépenses  et  dont  il  est  le 
plus  facile  d'obtenir  la  réalisation.  Les  preuves  en  sont 
fréquentes  :  vienne  une  épidémie  dans  une  caserne,  dans 
un  collège,  etc.,  l'éloignement  des  malades,  la  désinfection, 
la  vaccination,  le  licenciement  même  de  tout  le  persoaoel 
sont  immédiatement  exécutés;  l'épidémie  cesse;  des  cas  de 
peste,  de  fièvre  jaune,  de  choléra  se  produisent  sur  an 
bâtiment,  des  mesures  rigoureuses  de  désinfection  et  d'iso- 
lement en  arrêtent  aussitôt  la  propagation.  D'autre  part, 
c'est  l'administration  sanitaire,  lorsqu'elle  a  pu  exercer  sa 
mission  pendant  quelques  années,  qui  est  le  plus  à  même 
de  dire  sur  quels  points  les  travaux  d'assainissement  doivent 
plus  particulièrement  porter  ;  grâce  àelle  les  pouvpirs  publics 
ne  risquent  pas  d'être  exposés  au  reproche  d'affecter  les 
ressources  publiques  à  des  dépenses  dont  l'urgence  et  Tin- 
térét  ne  sont  pas  suffisamment  démontrés. 

Ces  idées  ne  cessent  de  se  développer  en  France.  Le 
nombre  de  villes  qui  s'efforcent  de  les  réaliser  commence  à 
s'élever:  c*est  Paris,  dont  l'assainissement  suit  une  marche 
graduelle,  en  rapport  avec  les  ressources  budgétaires  ;  c'est 
Reims,  qui,  après  avoir  créé  un  bureau  d*hygiène,  a,  sur 
l'initiative  persévérante  et  éclairée  de  son  maire,  M.  le 
docteur  Henrot,  pris  résolument  le  parti  de  procéder  à  un 
assainissement  général;  c'est  Nice  qui,  grâce  au  dévoué 
directeur  et  fondateur  de  son  bureau  d'hygiène,  M.  le 
docteur  Balestre  a  aussi  entrepris  de  semblables  travaux  ; 
c'est  Marseille,  Lyon,  le  Havre,  Saint-Étieiine,  Besançon, 
Toulouse,  Rouen,  Chartres,  etc.,  dont  les  projets  d'assai- 
nissement sont  également  sur  le  point  d'aboutir.  Le  rapport 
de  M.  l'inspecteur  général  des  services  sanitaires  encou- 
ragera assurément  ce  mouvement  dont  les  conséquences  ne 
sont  pas  douteuses. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

FACULTÉ  DE  NÉOEGIiNE. —  COUHS  DE   M.   LE   PROFESSEIH 
GUyON. 

IHi  trattomcnt  eoa«écaCtr  de«  arthr«|yUhtcs. 

(Fin.  —  Voyez  le  numéro  32.) 

II.  Mode  d'application  des  moyens.— Le  chirurgien  pres- 
crit l'emploi  de  la  température,  des  douches,  des  frictions, 
des  bains,  et  même  de  l'électricité  ;  mais  il  n'est  pas  astreint 
à  en  faire  lui-même  l'application.  Il  n'en  va  pas  de  même 
des  mouvements  et  du  massage,  qu'il  doit  administrer  lui- 
même,  ou  qu'il  doit^  tout  au  moins,  faire  appliquer  sous  sa 
surveillance  immédiate. 

Des  mouvements  il  ne  nous  reste  pas  grand'chose  à  dire^ 


30  Août  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHtRUtlGtË 


_  «•  35  _    559 


après  la  leçon  consacrée  aux  raideurs  articulaires.  Insistons 
seulement,  après  Bonnet,  sur  le  principe  du  fonctionnement 

f partiel  et  élémentaire.  Sauf  pour  certaines  petites  raideurs, 
a  restitution  fonctionnelle  brutale  est  dangereuse.  Et 
d'ailleurs,  même  quand  la  guérison  en  une  séance  est  pos- 
sible, ce  serait  faire  erreur  que  de  chercher,  en  une  impul- 
sion brusque,  à  pousser  un  mouvement  immédiatement  à 
Textréme.  Que  Ton  aille  vite  ou  que  Ton  aille  lentement, 
les  étapes  sont  les  mêmes  ;  on  assouplira  les  mouvements 
élémentaires  que  peu  à  peu  Ton  étendra  et  l'on  associera. 
On  ne  passera  du  mouvement  partiel  au  mouvement  total 
que  lorsqu'on  aura  peu  à  peu  acquis  la  certitude  que  le 
moment  d'oser  est  venu  ;  on  aura  ainsi  tous  les  bénéfices 
de  l'audace,  sans  s'exposer  aux  dangers  de  la  témérité. 
Ainsi,  la  différence  entre  le  traitement  rapide  et  le  traite- 
ment lent  n'est  pas  dans  la  suppression  des  étapes,  mais 
dans  la  durée  de  l'arrêt  qu'on  s'impose  à  chacune  a'elles.  Et 
Ton  ne  saurait  croire,  sans  l'avoir  observé  par  soi-même, 
combien  il  faut  avoir  exécuté  de  mouvements  partiels  avant 
d'arriver  à  un  mouvement  de  totalité. 

Ce  serait  nous  répéter  que  de  parler  de  l'emploi  des  mains 
ou  des  machines,  que  d  indiquer  encore  la  manière  d'es- 
pacer les  séances,  que  de  proscrire  le  chloroforme  pour  les 
cas  où  l'on  n'est  pas  absolument  sûr  de  pouvoir  rompre  en 
une  séance  toutes  les  adhérences.  Passons  donc  à  Tétude  du 
massage. 

Le  massage  permet  de  réaliser  pour  les  parties  molles  les 
mouvements  élémentaires  dont  le  mouvement  permet  la 
restitution  à  la  jointure  elle-même.  Grâce  à  lui,  le  membre 
tout  entier  bénéficiera  de  l'exercice  fonctionnel  partiel  qui 
le  prépare  au  fonctionnement  parfait.  Le  pétrissage  est  la 
manœuvre  à  laquelle  il  convient  de  recourir  pour  obtenir  ce 
résultat;  aussi  bien  le  pétrissage  est-il  le  massage  propre- 
ment dit,  l'essence  même  du  massage.  On  saisit  une  portion 
de  muscle  —  ou  de  tout  autre  tissu  —  entre  les  mains  ou 
entre  les  doigts  d'un  seule  main  et  on  la  soumet  à  une 
pression  ferme,  tout  en  la  faisant  rouler  entre  les  doigts, 
comme  si  on  voulait  exprimer  une  éponge  qui  s'imbiberait 
sans  cesse.  On  peut  y  joindre  le  tapotement,  percussion  peu 
intense  et  répétée,  faite  avec  les  extrémités  des  doigts, 
avec  le  bord  cubital  ou  radial  de  la  main,  avec  la  paume  ou 
le  dos  de  la  main  à  demi  fermée,  suivant  qu'on  veut  agir 
sur  une  surface  plus  ou  moins  étendue. 

Le  massage  ainsi  pratiqué  a  une  action  profonde,  bien 
différente  de  celle  des  frictions,  qu'on  lui  joint  souvent  sous 
le  nom  d'effieurage,  vrai  frôlement  fait  avec  la  paume  de  la 
main,  ou  avec  les  doigts,  ou  enfin  avec  le  pouce  seul,  suivant 
une  direction  centripète,  autant  que  possible  dans  le  sens 
des  fibres  musculaires. 

Les  manœuvres  du  massage  s'exercent  surtout  sur  les 
muscles  ;  mais  on  aurait  tort  de  ne  pas  les  faire  également 
au  niveau  de  la  jointure  elle-même,  pour  combattre  l'infil- 
tration des  tissus  péri-arliculaires,  pour  faire  glisser  l'une 
sur  l'autre  les  différents  couches  jjui  recouvrent  l'articula- 
tion. Le  massage  contribue  ainsi  à  l'assouplissement.  De 
plus,  on  ne  saurait  contester  qu'il  a  de  l'action  sur  les 
engorgements  intra-articulaires.  Sans  doute,  il  ne  devra 
pénétrer  jusque-là  que  lorsque  toute  inflammation  sera 
éteinte,  et  l'on  s'en  référera  pour  en  juger,  comme  pour  les 
mouvements,  au  degré  et  à  la  durée  des  sensations  doulou- 
reuses. Mais  pour  les  épanchements  intra-articulaires,  il  ne 
faut  pas  compter  sur  son  efficacité  ;  les  épanchements  tor- 
pides  de  l'hyaarthrose  lui  résistent  certainement. 

La  durée,  le  nombre,  la  répétition  des  séances  ne 
sauraient  être  réglés  d'une  façon  précise.  Cependant  on  ne 
peut  pas  multiplier  les  séances  comme  pour  la  mobili- 
sation. Le  pétrissage,  s'il  se  continue  pendant  dix  à  quinze 
minutes,  fatigue  les  tissus,  et  ne  doit  pas,  sauf  exception, 
être  pratiqué  trop  souvent;  il  suffit  de  faire  séance  tous  les 
deux  jours. 


III.  Les  indications  du  traitement  précédemment  exposé 
se  rencontrent  surtout  pendant  la  période  de  convalescence. 
Il  a  pour  but,  en  effet,  d'entretenir  ou  d'activer  les  fonctions 
articulaires,  et  son  importance  est  majeure  dans  le  traite- 
ment consécutif  des  arthropathies,  une  fois  apaisés  les  phé- 
nomènes inflammatoires. 

Hais  il  est  des  arthropathies,  graves  entre  toutes  pourtant, 

Jui  naissenlet  évoluent  à  l'état  torpide;  on  en  trouve  le  type 
ans  certaines  tumeurs  blanches  à  fongosités  épaisses,  les 
surfaces  articulaires  ayant  conservé  un  jeu  presque  normal. 
Pareil  état  s'observe  au  genou  principalement;  la  pression 
réciproque  des  plateaux  articulaires  est  indolente  et  la 
station  peut  être  tolérée,  même  assez  prolongée,  l'in- 
terrogation des  os  reste  sans  réponse.  Le  repos  articulaire 
est-il  indiqué  dans  ces  cas  où  la  vie  est  languissante  et  dans 
la  jointure  malade  et  dans  l'économie  entière?  Lugol, 
l'un  des  premiers,  a  démontré  l'utilité  des  mouvements  dans 
les  arthropathies  de  ce  genre.  Gensoul  lui  aussi  l'a  proclamé 
et  Bonnet  y  a  insisté,  demandant  que  l'on  s'appliquât  à 
régler,  et  non  à  supprimer  les  fonctions  des  articulations 
atteintes  de  la  sorte.  L'expérience  a  enseigné  à  M.  Guyon 
combien  ces  vues  sont  justes,  mais  à  condition  d'agir  avec 
prudence.  Si  l'on  autorise  des  mouvements  trop  étendus,  la 
douleur  survient,  et  le  chirurgien,  se  sentant  coupable, 
tombe  dans  l'exagération  d'une  immobilisation  absolue.  Le 

[principe  est  d'ailleurs  le  même  que  celui  du  traitement 
onctionnel  de  repos  ;  il  faut  éviter  la  pression  réciproque 
des  surfaces  articulaires.  Pour  cela,  les  mouvements  aoivent 
se  faire  d'une  façon  déterminée,  et  pour  le  genou  en  parti- 
culier, la  marche  ne  sera  pas  contre-indiquée  si  un  tuteur 
permet  la  transmission  directe,  de  la  hanche  à  une  semelle 
métallique,  d'un  poids  que  des  béquilles  allégeront  encore. 

Les  principes  sont  analogues  pour  le  traitement  de  la 
convalescence,  mais  on  peut  oser  davantage.  La  répéti- 
tion des  provocalions  fonctionnelles  est*  ici  nécessaire,  et 
cela  implique  la  variété  dans  les  moyens.  Tous  ceux  q^ui  ont 
été  énumérés  plus  haut,  trouveront  leur  emploi,  soit 
ensemble,  soit  dissociés.  Ils  ne  s'excluent  nullement  les 
uns  les  autres,  mais  un  seul  est  indispensable,  l'adminis- 
tration méthodique  des  mouvements. 

A  quel  moment  convient-il  de  passer  du  repos  à  l'activité? 
Question  délicate  entre  toutes.  Délicate,  parce  que  le  chi- 
rurgien sera  en  général  poussé  par  l'entourage  du  malade  à 
faire  cesser  le  plus  tôt  possible  l'immobilisation;  délicate 
encore  parce  aue  de  l'opportunité  de  cette  décision  dépend 
le  sort  du  malade. 

S'il  fallait  pécher  dans  un  sens,  ce  serait  plutôt  par  excès 
de  prudence.  On  ne  doit  pas  avoir  peur  de  prolonger  l'im- 
mobilisation, si  elle  est  faite  en  bonne  position.  Et  d'ailleurs 
il  est  des  maladies  articulaires  oui  ne  peuvent  arriver  que 

[»ar  l'ankylose  à  la  guérison  réelle.  Craindre  Tankylose  dans 
a  coxalgie,  dans  la  tumeur  blanche  du  genou  ou  du  pied, 
c'est  ne  pas  vouloir  la  guérison. 

La  nature  et  le  siège  du  mal  sont  déjà  des  indications  de 
premier  ordre.  A  côté  de  cela,  c'est  du  degré  de  l'arthrite 

3u'il  faut  tenir  compte.  On  commencera  le  traitement 
'activité  lorsque  l'arthrite  sera  éteinte,  et  pour  en  juger, 
on  interrogera  la  synoviale  par  les  pressions  localisées,  ainsi 
qu'il  a  déjà  été  dit  pour  la  mobilisation  des  raideurs  articu- 
laires. C'est  en  effet  l'état  de  la  synoviale  qui  est,  pour  le  chi- 
rurgien, le  point  important.  Quelle  que  soit  la  succession 
des  lésions,  qu'elles  débutent  par  les  os  ou  par  la  synoviale, 
elles  ne  sont  chirurgicalement  articulaires  que  lorsque  la 
synoviale  est  malade.  Dans  la  vie  pathologique  comme  dans 
la  vie  normale  des  articulations,  c  est  la  synoviale  qui  joue 
le  rôle  le  plus  actif;  c'est  elle  qui  règle  la  nutrition  de  la 
jointure,  et  c'est  d'elle  que  partent  les  expressions  sympto- 
matiques,  la  douleur  surtout,  qui  révèlent  l'état  morbide. 
Il  reste  un  point  à  indiquer.  Le  traitement  fonctionnel 
d'activité  peut-il  être  préventif?  Oui  pour  certaines  arthro- 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  KÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


30  AoOT  1889 


I^athîes  ;  ouï  surlout  pour  certains  phénomènes,  parmi 
esquels  Talmphie  musculaire  est  une  des  plus  importantes. 
Les  recherches  du  professeur  Le  Fort  et  de  son  élève  Valtat 
ont  mis  en  lumière  Taciion  directe  des  arlhropalhies  sur 
Tatrophie  musculaire;  et  de  plus,  le  repos,  la  compression 
favorisent  cette  atrophie.  On  a  donc  raison  d^aflirmer  que, 

{rendant  le  traitement  de  la  période  d*etat,  il  Hiut  prévenir 
a  dénutrition  musculaire.  Mais  le  massage  est  ici  défectueux, 
car  il  exige  des  mouvements  incompatibles  avec  le  traite- 
ment fonctionnel  de  repos.  Ce  n*esl  donc  pas  à  lui  qu  il 
convient  de  s'adresser,  mais  aux  courants  continus  dont 
l'action  puissante  sur  la  vitalité  musculaire  est  bien 
connue. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

IVeitropatholoflrte. 

ÛE  l'aNESTHÉSIK  socs  SES  DIVERS  MODES  DANS  LA  PARÉSO- 
ANALGÉSIE.  CaS  FRUSTES  DE  PARÉSO-ANALGÉSIE,  par  M.  le 

docteur  Morvan  (de  Lannilis). 

Dans  mon  premier  travail  sur  la  pari^so-analgésie  publié 
en  1883,  je  disais  :  €  L'analgésie  s'accompagne  ordinaire*- 
ment  d'ane-^thésie;  c'est  la  règle.  >  Cependant,  parmi  les 
faits  observés,  je  citais  une  exception.  Depuis,  parmi  ceux 
qui  faisaient  le  sujet  d'un  nouveau  travail  publié  en  1886, 
je  relevais  encore  une  exception.  Ce  n'était  guère  que  deux 
exceptions  sur  un  total  de  quinze  faits,  et  j'en  concluais 
naturellement  qu'en  thèse  générale  la  sensibilité  au  tact 
était  lésée  dans  la  paréso-analgésie. 

Mais  je  dois  avouer  qu'avant  tout  mon  attention  était  sol- 
licitée par  Tétat  d'analgésie  que  je  rencontrais  dans  cette 
aiïection,  et  je  né  m'arrêtais  pas  assez  aux  autres  troubles 
de  la  sensibilité. 

Chez  les  premiers  malades  qui  s'étaient  offerts  à  mon 
observation  l'analgésie  était  complète,  l'abolition  de  la  sen- 
sibilité absolue,  du  moins  aux  mains,  et  n'ayant  dans  le 
passé  rien  pour  me  guider,  réduit  à  mon  expérience  per- 
sonnelle, je  me  figurais  qu'il  en  devait  être  toujours  ainsi. 
Plus  lard  seulement  j'appris  qu'il  pouvait  y  avoir  des  degrés 
dans  l'analgésie. 

J'ai  signalé  incidemment  dans  plusieurs  de  mes  obser- 
vations Texistence  de  la  thermaiieslhésie.  Mais  je  ne  me 
suis  servi  de  la  chaleur —  le  feu,  l'eau  bouillante —  que 
pour  faire  ressortir  Tabolilion  absolue  de  la  sensibilité  à  la 
douleur.  Le  feu,  l'eau  bouillante  étaient  pour  moi,  comme 
la  pii|ùre  de  l'épingle,  des  agents  propres  à  réveiller  la 
douleur. 

Ce  n'est  (|ue  depuis  le  remarquable  travail  publié  par 
M.  Kolh,  privat-docent  de  l'université  de  Moscou,  dans  les 
Archives  de  neurologie  en  1H87-1888,  que  je  me  suis  occupé 
de  l'anesiht^sie  thermique  à  un  point  de  vue  différent. 

Il  y  a^ail  donc  pour  moi  une  nouvelle  étude  à  faire  de  la 
sensibiliié  dissociée  dans  la  paréso-analgésie. 

J*ai  soumis  à  un  nouvel  examen  ceux  de  mes  précédents 
malades,  sans  distinction  ni  triage,  qu'il  m'a  été  possible  de 
réunir.  J'ai  tenu  surtout  à  revoir  deux  individus  (obs.  I  et 
IX)  chez  qui  j'avais  noté  la  persistance  de  la  sensibilité 
tactile,  et  à  savoir  ce  qu'ils  étaient  devenus,  sous  ce  rapport, 
dans  le  cours  de  ces  dernières  années. 

Lorsque,  dans  mes  premiers  travaux,  je  donnais  l'anes- 
thésie  tactile  comme  la  règle  et  la  conservation  de  la  sensi- 
bilité au  tact  comme  une  exception  rare,  c'était  chez  moi 
Îlulôt  une  impression  que  la  constatation  régulière  d'un  fait, 
e  viens  aujourd'hui  combler  cette  lacune  et  fournir  les 
preuves  à  Tappui. 

La  chose  est  d'autant  plus  nécessaire  que  dans  deux 
communications  sur  la  syringomyélie  (gliomatose  médul- 


laire) faites  sui'cessivement  à  la  Société  médicale  des  bôpi- 
Uux  (>éance  du  ±i  février  1889)  et  publiées  dan-^  \9iGazHit 
hebdomadaire  (ii**  du  I"'  et  du  8  mai  1889),  MM.  Debove 
et  Déjei  ine  ont  établi,  en  se  basant  sur  les  deux  faits  ren- 
contrés par  eux  et  aussi  sur  ceux  publiés  à  l'étranger,  que 
cette  affection  est  caractérisée  par  des  troubles  de  la  sensi- 
bilité à  la  douleur  et  à  la  température,  alors  que  la  sensi- 
bilité au  tact  est  respectée. 

C'est  aussi  pour  Koth  la  caractéristique  de  la  gliomalose 
médullaire. 

Or,  Roth  et  avant  lui  Bernhardt,  professeur  à  la  poly- 
clinique de  Berlin,  et  peut-être  aussi  les  auteurs  des  deux 
précédentes  communications,  ont  une  tendance  à  rattacher 
la  naréso-analgésie  à  la  gliomatose  médullaire. 

Il  s'agit  de  1  en  dégager,  et  je  crois  que  la  chose  est  fai- 
sable. Déjà,  dans  une  communication  à  la  Société  médicale 
des  hôpitaux,  séance  du  26  avril  1889,  le  docteur  Gombault, 
médecin  de  l'hospice  d'Ivry,  a  bien  commencé  la  besitgne. 
Une  première  fois  (obs.  de^^Monod  et  Reboul),  son  examen 
avait  porté  sur  un  doigt  atteint  de  panaris  et  amputé  pour 
cette  raison,  et  lui  avait  montré  une  lésion  profonde  des 
nerfs  de  ce  doigt.  La  seconde  fois  (autopsie  avec  examen 
histologique  de  Prouff,  Gombault  et  Reboul),  il  arriva  à  \a 
double  constatation  suivante  :  l*"  coexistence  de  lésions  por- 
tant à  la  fois  sur  les  nerfs  périphériques  et  sur  la  moelle 
épinière;  3t°  d'autre  part,  prédominance  très  marquée,  sinon 
la  présence  exclusive  de  ces  lésions  dans  le  renflement  cer- 
vical de  la  moelle  et  dans  les  nerfs  des  membres  supé- 
rieurs, c'est-à-dire  dans  les  parties  du  système  nerveux 
correspondant  aux  régions  où  les  symptômes  ont  été  plus 
précoces  et  plus  marqués. 

L'analyse  des  symptômes  m'avait  amené  à  localiser  la 
paréso-analgésie  dans  le  rendement  cervical,  entre  la 
sixième  paire  cervicale  et  la  première  dorsale,  où  elle  se 
cantonne,  du  moins  au  début,  et  d'où  elle  ne  sort  aue  rare- 
ment. La  lésion  de  cette  portion  de  la  moelle,  sur  la  nature 
de  laquelle  je  ne  me  prononçais  pas,  était  pour  moi  le  point 
de  départ  du  mal. 

Les  auteurs  de  cette  communication  ne  se  croient  pas 
autorisés  à  trancher  la  question  de  savoir  si  la  lésion  mé- 
dullaire a  déterminé  celle  des  nerfs  périphériques,  ou  si. 
au  contraire,  elle  n'est  pas  la  conséquence  de  cette  der- 
nière. 

Dans  mon  incompétence,  et  devant  la  réserve  d'un  ana- 
tomo - pathologiste  aussi  autorisé  que  M.  Gombault,  je 
devrais  sans  doute  faire  comme  eux  et  m'abstenir.  Qu*il  lue 
soit  cependant  permis  de  présenter  quelques  courtes  obser- 
vations en  faveur  de  mon  opinion.  Dans  certains  cas,  on  fait 
remonter  la  maladie  à  un  traumatisme  périphérique,  et, 
comme  assez  généralement  le  mal  passe  du  côlé  opposé,  il 
serait  logique  d'admettre  qu'il  avait  retenti  sur  le  cbaiuon 
intermédiaire,  qu'il  y  avait  une  lésion  médullaire  ayant 
pour  cause  une  névrite  ascendante  partie  de  la  blessure,  et 
pour  conséquence  la  névrite  du  membre  secondairement 
atteint. 

Mais,  dans  la  grande  majorité  des  cas,  on  ne  constate 
aucun  traumatisme.  11  n'y  en  avait  pas,  ijolamment,  chez  la 
malade  du  docteur  Proiiff,  la  seule  dont  l'examen  anato- 
inique  total  ait  été  possible  jusqu'à  présent.  L'hypothèse  de 
la  névrite  traumatique  n'ayant  rien  à  faire  ici,  il  semble 
naturel  de  se  retourner  encore  vers  la  moelle  et  d'y  cher- 
cher l'explication  des  lésions  qui  frapperont  alternative- 
ment les  deux  membres  correspondants. 

Et  puis,  si  la  névrite  périphérique  peut  donner  la  raii^on 
des  troubles  de  la  sensibilité  et  de  la  motricité  aux  extré- 
mités, assurément  elle  ne  saurait  expliquer  les  altérations 
situées  à  l'étage  supérieur,  par  exemple  l'arihropalhie  de 
l'épaule  et  la  scoliose  qui  existaient  chez  la  fille  Poupon. 
Pourquoi,  dès  lors,  ne  pas  admettre  pour  les  lésions  des 
nerfs  la  môme  explication  que  pour  celles  des  os,  de  la 


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peau,  des  articalalions,  à  savoir  des  troubles  de  la  tro« 
phicilé? 

A  la  fin  de  ce  travail,  je  me  crois  en  situation  de  montrer 
que  la  paréso-analgésie,  réduite  à  sa  plus  simple  expres- 
sioHy  ne  se  manifeste  plus  que  par  des  désordres  tro- 
phiques. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  auteurs  de  la  communication 
n*hésitent  pas  à  déclarer  qu'on  peut  se  prononcer  contre 
l'existence  de  la  syringomyélie. 

Pas  de  glyôme,  mais  une  sclérose  de  la  zone  corticale 
de  la  moelle  avec  épaississemeni  des  parois  vasculaires, 
sans  qu'il  s'agisse  toutefois  d'une  sclérose  avec  rétraction, 
comme  d»Ds  I  ataxie  locomotrice. 


ceux-ci  soient  réellement  indemnes,  soit  qu'ils  n'eussent  pas 
été  suffisamment  examinés. 

Donc  la  question  est  résolue  anatomiquement.  Je  crois 
qu'il  est  également  possible  de  la  résoudre  cliniquement 
et  d'arriver  à  conclure  que  la  syringomyélie  et  la  paréso- 
analgésie  sont  deux  maladies  distinctes. 

La  différenciation  repose  sur  l'état  de  la  sensibilité  tactile 
et  l'importance  des  troubles  trophiques. 

Etude  de  la  sensibilité  dissociée.  —  Comparaison  entre 
la  p  iréso-analijésie  et  la  syringomyélie. —  Pour  l'étude 
de  la  sensibilité  à  la  douleur^  je  me  suis  borné  à  la  piqûre 
de  l'épingle.  Pour  celle  de  la  sensibilité  thermiauey  je 
me  SUIS  servi  du  thermesthésiomèlre  de  Roth,  dont  la  pré- 
cision et  la  manœuvre  f.icile  ne  laissent  rien  à  désirer.  Jus- 
qu'au mémoire  de  cet  auteur,  la  constatation  de  la  therma- 
nesthésie  résultait  pour  moi  de  l'approche  d'un  tison  en  feu, 
de  l'eau  bouillante. 

L'instrument  de  Roth  comprend  deux  éléments  séparés, 
composés  chacun  d'un  petit  récipient  métallique  ou  pénètre 
par  aspiration  de  l'eau  froide  ou  de  l'eau  chaude,  dans  la 
proportion  et  an  degré  de  température  voulus.  Un  thermo- 
mètre qui  plonge  dans  chacun  des  récipients  indique  rapi- 
dement la  température  du  liquide.  On  rapproche  ou  on 
éloigne  à  volonté  l'écart  entre  les  deux  éléments  par  l'in- 
troduction d'une  nouvelle  quantité  d'eau  chaude  ou  d'eau 
froide. 

Sensibilité  tactile.  —  Pour  cette  étude,  je  fais  usage 
d'une  plume  de  poulet,  empruntée  au  corps  et  non  aux  ailes 
ou  à  la  queue.  J  ai  voulu  éviter  la  rigidité  de  ces  dernières 
plumes,  l'attouchement,  en  ce  cas,  se  compliquant  d  une 
certaine  pression.  J'ai  toujours  commencé  l'épreuve  par  le 
frôlement  de  la  barbe  de  la  plume  promenée  carrément, 
et  quand  j'ai  rencontré  de  l'anesthésie  relative,  non  abso- 
lue, j'ai  contrôlé  en  reportant  la  barbi^  de  la  plume  sur  la 
partie  correspondante  du  corps,  si  celle-ci  n'était  pas  lésée 
et  si  elle  l'était  sur  un  point  dont  la  sensibilité  était  notoi- 
rement intacte.  Quand  je  rencontrais  une  aneslhésie  abso- 
lue, je  retournais  la  plume  et  m'assurais  que  la  région  était 
égalentent  insensible  au  frottement  du  tuyau  dont  le  bec 
était  promené  sur  la  peau  avec  le  degré  de  pression  que 
comportait  la  gracilité  de  l'instrument. 

J'entre  dans  ces  détails,  parce  que,  chez  quelques-uns  de 
mes  malades,  où  il  y  avait  pourtant  une  certaine  anesthé- 
sie  tactile  qui  se  révélait  par  l'épreuve  de  la  plume,  l'attou- 
chement avec  une  tige  rigide,  comme  l'extrémité  mousse 
d'un  porte-plume,  était  perçu  et  localisé  (complément  des 
obs.  n,V,  VlIIetX). 

Voici  le  résultat  de  mes  nouvelles  investigations  portant 
sur  dix  de  mes  précédentes  observations  et  sur  deux  obser- 
vations inédites. 

Obs.  I  (complément).—  Sommaire  des  symptômes  déjà  comi- 
qnés  tians  Cftte  observation:  Analgésie  avec  paralysie; 
l^analgésie  occupe  le  membre  thoracique  gauche  et  tout  le  côté 
correspondant  depuis  le  sommet  de  la  tète  jusqu'au  rebord  des 


fausses  côtes,  et  la  parésie  les  deux  segments  inférieurs  du 
membre. 

Thermanesthésie  complète  de  la  région  analgésiée,  mais  con- 
servation de  la  sensibilité  tactile. 

Panaris,  gerçures  aux  plis  de  la  surface  palmaire  de  U  main, 
phlyctènes  aux  extrémités  des  doigts.  Scoliose.  Hyperidrose. 

Je  revois  K...  le  7  mai  1889. 

Le  mal  s*est  étendu  au  membre  inférieur  gauche  où  il  y  a  ui 
fort  commencement  d*analgésie.  Par  ailleurs,  Télat  est  resté  sen- 
siblement le  même,  sauf  en  ce  qui  coucerne  la  sensibilité  tactile. 
Celle-ci  existait  lors  de  mon  examen  en  1881,  et  je  pouvais  dire: 
c  11  y  a  analgésie,  mais  il  n*y  a  pas  anesthésie.  La  sensibilité  au 
contact  est  conservée  partout  et  le  malade,  les  yeux  bandés, 
indique  avec  précision  le  point  où  on  le  touche.  » 

Actuellement  il  n'en  est  plus  ainsi.  Le  sens  du  touchera 
complètement  disparu  dans  les  régions  suivantes:  i^  le  membre 
supérieur  gauche,  depuis  le  bout  des  doigts  jusque  et  y  compris 
l'épaule;  ^  le  côté  gauche  du  thorax,  poitrine  et  dos,  ju  qu'au 
rebord  des  fausses  côtes  ;  et  à  peu  près  complètement  au  côté 
correspondant  de  la  face,  du  crâne  et  du  cou. 

La  sensibilité  tactile  reparaît  dans  la  paroi  du  ventre  où  elle 
est  à  peu  près  normale  jusqu'au  pli  de  Tame.  Mais  à  partir  de  ce 
point,  le  membre  abdominal  gauche  ne  présente  plus  qu'une 
jâensibilité,  sinon  entièrement  abolie,  du  moins  fort  obtuse;  le 
malade  peut  cependant  encore  indiquer  le  point  touché  de  la 
cuisse  et  de  la  jambe,  mais  il  ne  sent  plus  rien  ni  au  dos,  ni  à 
la  plante  du  pied,  orteils  compris. 

La  thermanesthésie  comme  Panalgésie  sont  en  corrélation 
d'étendue  et  de  de^ré  avec  rinsensibilité  tactile.  On  ne  perçoit 
ni  au  membre  supérieur,  ni  au  thorax,  le  contact  d'um*  cuiller 
métallique  sortant  de  Teau  bouillante.  On  le  perçoit  à  peine  au 
membre  abdominal  et  pas  du  tout  à  la  plante  du  pied. 

Réflexe  rotulien  normal  aux  deux  jambes. 

La  main  gauche  est  couverte  en  ce  moment  de  gerçures  au 
niveau  des  plis  fiulmaires  de  la  main  et  des  doigts,  les  unes  à  vif, 
les  autres  en  voit*  de  cicatrisation. 

Au  bord  externe  de  la  main,  vers  Tarticulation  métacarpe- 
phalan^ienne  du  pouce,  se  voit  une  eschare  ayant  les  dimensions 
d'une  pièce  de  deux  francs,  qui  s'est  produite  spontanément  il  y  a 
deux  a  trois  semaines  et  qui  tombe  aujourd'hui  en  lambeaux. 

Obs.  II  (complément).  —  Sommaire  des  symptômes  précé- 
demment consignés  :  Analgésie  avec  parésie  du  membresupé- 
rieur  gauche.  Panaris  multiples.  Gerçures  profondes  à  la  paume 
de  la  main,  dont  Tune  periorante  est  suivie  de  synovite  de  la 
gaine  du  tendon. 

Je  vois  A...  le  ii  mai  1889.  Sensibilité  tactile.  Elle  est  fort 
émoussée  dans  toute  l'étendue  du  membre  supérieur  gauche.  Le 
malade  est  intelligent  et  rend  bien  compte  ue  ses  impressions. 
L'anesthésie  remonte  jusqu'à  l'épau'e.  Incomplète  depuis  ce 
point  jusqu'au  poignet;  elle  tend  à  disparaitre  vers  l'extrémité 
des  doigts.  Très  effacée  à  leur  face  dorsale;  elle  disparait  com- 
plètement à  leur  lace  palmaire  et  à  peu  près  complèt<*m(^nt  à  la 
paume  de  la  main.  Du  moins  on  ne  sent  pas  la  barbe  de  la 
plume,  ni  guère  le  bec  du  tuyau.  Mais  le  passage  de  l'extrémité 
mousse  du  porte-plume  est  partout  perçu  et  localisé. 

Sensibilité  thermique.  —  La  thermanesthésie  est  d'un  degré 
plus  avancé  que  l'anesthésie  tactile.  Au  bras  et  à  Tavant-bras, 
on  ressent  péniblement  le  contact  un  peu  prolongé  de  l'instru- 
ment à  60  «iegrés,  mais  ce  contact  ne  cause  aucune  douleur  à  la 
paume  de  la  main.  Le  bras  et  Tavant-bras  n'apprécient  guère 
un  écart  inférieur  à  15  ou  i^O  degrés,  suivant  le  point  interrogé. 

A...  se  brûle  facilement  d'une  manière  inconsciente.  11  se 
forme  alors  des  ampoules  et  c'est  ainsi  qu'il  explique  les  petites 
plaies  qu'il  a  sur  la  main. 

La  main  cette  année,  comme  toujours,  est  couverte  de  gerçures 
profondes.  L'an  dernier,  l'une  de  ces  crevasses,  siégeant  au  pli 
palmaire  inttrphalangophalanginien  de  l'indicateur,  a  pénétré 
jusqu'à  la  gaine  des  tenaons,  et  comme  il  continuait  à  trdvailler 
aux  champs,  a  déterminé  une  synovite  avec  fièvre  et  gonflement 
du  poignet.  Pouls  à  96.  Température  axillaire  à  39%2.  Le  tout 
est  suivi  d'un  sphacèle  des  deux  dernières  phalanges,  qui  a 
nécessité  l'amputation  du  doigt  dans  la  continuité  de  la  première 
phalange.  L'opération  a  été  indolore,  la  guérison  ne  s'est  pas 
trop  fait  attendre. 

Obs.  V  (complément).  —  Sommaire  des  symptômes  précé- 
demment consignes:  Analgésie  avec  parésie  du  membre  supé- 
rieur droit,  puis  du  gauche.  Extension  du  mal  aux  membres 


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inférieurs.  Panaris.  Gerçures.  Exulcérations  à  Pextrémilé  des 
doigts.  Scoliose.  Ârthropathie. 

Cette  observation  a  été  publiée  en  deux  temps.  La  première 
partie  a  paru  dans  mon  premier  travail  sur  la  paréso-analgésie, 
en  1883;  à  celte  époque,  le  mal  n'occupait  que  les  membres 
supérieurs.  La  seconde  partie  a  paru  en  1887  (Des  arthropathies 
dans  la  paréso-analgésie);  à  cette  date,  la  maladie  avait  gagné 
du  terrain,  elle  avait  envahi  les  extrémités  inférieures,  dont  la 
gauche  était  plus  touchée  une  la  droite. 

Je  revois  H...  le  5  mai  1889. 

La  sensibilité  tactile^  très  affaiblie  aux  deux  avant-bras,  a 
complètement  disparu  aux  poigrnets.  Le  frôlement  de  la  barbe  de 
la  plume,  promenée  sur  les  divers  points  du  poignet,  ne  se  fait 
sentir  nulle  part.  Cependant,  en  grattant  légèrement  le  dos  de  la 
main  avec  le  tuyau  de  la  plume,  on  détermine  une  sensation 
très  émoussée  sur  la  face  dorsale  des  doigts  médius  et  annulaire 
de  chaque  main.  Rien  aux  autres  doigts. 

Il  existe  aussi  de  Tanesthésie  tactile  aux  deux  extrémités 
abdominales,  plus  prononcée  à  gauche  qu'à  droite,  mais  moins 
accusée  qu'aux  extrémités  supérieures.  Le  malade  |)erçoit  les 
attouchements  de  la  barbe  de  la  plume  beaucoup  moins  nette- 
ment sur  toutes  ces  parties  que  sur  la  face  ou  le  devant  de  la 
Soitrine.  Perçu  partout  ailleurs,  le  frôlement  de  la  plume  cesse 
e  Tétre  à  la  plante  des  pieds  jusqu'au-dessus  des  talons. 
L'épaississemenl  de  Tépiderme  en  ce  point  explique  sans  doute 
la  chose  dans  une  large  mesure. 

Le  passage  du  porte-plume  se  fait  sentir  sur  les  quatre 
membres. 

Tbermanesthésie  incomplète  aux  avant-bras,  complète  aux 
mains;  aux  bras,  on  saisit  facilement  un  écart  de  4  à  5  degi*és. 
Il  en  est  de  même  aux  extrémités  inférieures,  excepté  à  la 
plante  des  pieds  où  Tanesthésie  thermique  est  à  peu  près 
complète. 

Obs.  VI  et  suite  de  Tobs.  VI  (complément).  —  Sommaire  des 
symptômes  précédemment  observés  :  Analgésie  avec  parésie 
d  abord  au  membre  supérieur  droit,  puis  au  gauche.  Panaris 
multiples,  qui  ont  mutilé  les  deux  mains.  Gerçures.  Scoliose. 
Arthropathie  de  Tépaule  droite.  Ostéophyte  à  Tapophyse  cora- 
coïde  tfroite. 

Je  revois  J.O...  le  2  juin  1889. 

Malgré  Tancienneté  et  la  gravité  de  la  paréso-analgésie  qui, 
par  des  panaris  successifs,  a  mutilé  les  deux  mains  et  les  a 
rendues  presaue  impropres  à  toute  préhension,  0...  a  sur  la 
figure  un  air  de  santé  et  même  de  force. 

Sensibilité  à  la  douleur,  —  Abolie  complètement  dans  toute 
rétendue  de  Texlrémité  thoracique  droite,  et  à  peu  près  com- 

Flètement  au  poignet  (côté  gauche)  et  à  la  partie  inférieure  de 
avant-bras,  mais  elle  reparaît  entière  aux  deux  tiers  supérieurs 
de  Tavant-bras  et  au  bras.  Il  y  a  aussi  de  Panalgésie,  mais 
incomplète,  à  la  partie  supérieure  de  la  moitié  droite  de  la  poi- 
trine et  du  dos. 

Sensibilité  tactile.  —  Abolie  complètement  au  membre  thora- 
cique droit,  ainsi  qu'au  poignet  gauche  et  à  la  partie  inférieure 
de  Tavant-bras  correspondant,  et  incomplètement  dans  les  points 
analgésies  de  la  poitrine  et  du  dos. 

Sensibilité  thermique,  —  Abolie  au  membre  supérieur  droit, 
qui  ne  sent  pas  de  cuisson  au  contact  du  thermesthésioroètre  à 
70  degrés  et  ne  fait  aucune  différence  entre  les  deux  éléments, 
dont  1  un  est  à  17  degrés  et  l'autre  à  70  degrés.  Mêmes  disposi- 
tions en  ce  qui  concerne  le  poignet  gauche  et  le  bas  de  Tavant- 
bras  correspondant.  Il  y  a  également  de  la  thermanesthésie, 
mais  relative,  aux  points  déjà  signalés  du  dos  et  de  la  poitrine. 
En  un  mot,  les  diverses  espèces  ne  sensibilité  se  superposent  et 
se  correspondent  comme  étendue  et  comme  intensité. 

Obs.  VIII  (complément).  —  Sommaire  des  symptôfnes  précé- 
demment consignés:  Analgésie  avec  parésie  du  membre  supé- 
rieur gauche.  Panaris,  mais  jamais  de  gerçures.  Fracture  spon- 
tanée des  deux  os  de  Pavant-bras  gauche. 

La  veuve  C...  me  vient  le  8  mai  1889. 

Sensibilité  tactile.  — EWe  perçoit  le  passage  de  la  barbe  d'une 
plume  sur  tout  le  membre  supérieur  gauche,  mais  la  sensation 
est  d'autant  plus  obtuse,  à  partir  de  l'épaule,  qu'on  se  rapproche 
davantage  du  poignet.  Il  n'y  a  aucune  comparaison  à  établir. 
Quant  à  la  netteté  de  la  sensation,  entre  les  points  correspon- 
aants  des  deux  membres.  A  la  face  dorsale  de  la  main  et  des 
doigts,  la  plume  se  fait  à  peine  sentir.  A  la  face  palmaire,  on  ne  1 
sent  plus  rien  ;  on  ne  saurait  indiquer  le  point  touché.  Cependant   ' 


les  attouchements  avec  le  tuyau  de  la  plume  sont  perçus  sur  les 
points  qui  restent  insensibles  aux  frôlements  de  la  barbe. 

Sur  le  côté  gauche  de  la  face  et  du  cou,  la  sensibilité  tactile 
est  également  altérée. 

Sensibilité  à  la  douleur,  —  Nulle  sur  toute  Pétendue  da 
membre  thoracique,  atténuée  sur  le  côté  gauche  du  cou  et  de  la 
face.  L'analgésie  a  bien  augmenté  depuis  1886. 

Sensibilité  thermique,  —  Une  température  de  60  degrés  et  de 
15  degrés  n'est  pas  perçue  au  memore  anesthésié.  On  ne  sait 
indiquer  l'élément  le  plus  chaud  ou  le  plus  froid  du  thermes- 
thésiomètre,  et  pourtant  lorsque  Pinstrument,  h  60  degrés,  est 
maintenu  longtemps  en  contact  avec  la  peau,  le  point  tuuché  se 
congestionne  et  rougit  fortement. 

A  la  main,  la  thermanesthésie  est  telle  actuellement  que  le 
contact,  même  assez  prolongé,  d'un  tison  ardent  n'est  pas 
senti. 

Comment  concilier  cela  avec  la  déclaration  de  la  malade  cod- 
sigfnée  dans  sou  observation  en  1886  et  qu'elle  me  renouvelle 
aujourd'hui?  c  Dès  le  début  du  mal,  en  187/,  c'est-à-dire  neuf  ans 
avant  mon  premier  examen,  une  sensation  de  froid,  qui  a  per- 
sisté, envahissait  le  côté  gauche  de  la  face  et  du  cou,  ainsi  que 
le  bras  correspondant.  Celte  sensation  de  froid  est  pour  elle  une 
véritable  cause  de  souffrance  en  hiver.  Les  mêmes  points  du  corps 
souffrent  aussi  de  la  chaleur,  qu'elle  émane  du  soleil  ou  da  feo, 
et  la  malade  a  une  constante  préoccupation,  celle  de  se  préserrer 
du  chaud  comme  du  froid.  » 

Obs.  IX  (complément).  —  Sommaire  des  symptômes  précé- 
demment consignés  :  Analgésie  avec  parésie  du  membre  supé- 
rieur, d'abord  à  droite,  puis  à  gauche.  Thermanesthésie  avec 
persistance  du  sens  tactile.  Panaris,  gerçures  profondes  aux 
mains. 

Je  revois  J.-M.  T...  le  23  mai  1889.  Il  y  avait  quatre  ans  que  je 
ne  Pavais  vu.  Son  état  est  allé  en  empirant,  à  la  main  gauche 
surtout.  Celle-ci  s'est  aplatie  comme  la  main  droite.  Aux  deux 
mains,  éminences  thénar  et  hypothénar  affaissées,  pouces  placés 
sur  le  même  plan  que  les  autres  doigts;  en  un  mot,  apparence 
simienne. 

Il  s'est  opéré,  depuis  mon  premier  examen,  des  changements 
dans  les  divers  modes  de  sensibilité. 

Vanalgésie  aurait  une  tendance  à  diminuer,  surtout  à  droite; 
elle  ne  serait  plus  complète  à  la  main,  on  y  sent  faibleroenl« 
mais  positivement,  la  piqûre  de  l'épingle.'^  En  même  temps 
les  gerçures  auraient  cessé  de  se  produire  à  la  paume  des  mains. 
Le  malade  attribue  ce  résultat  à  1  usage  des  gants  de  laine  qu*ii 
porte  en  hiver  depuis  ces  dernières  années. 

Quant  à  la  sensibilité  tactile,  dont  la  conservation  était  con- 
statée en  1885,  elle  a  diminué  et  même  disparu  en  certains 
points.  A  droite,  on  perçoit  le  frôlement  d'une  barbe  de  plume 
sur  le  bras  et  l'avant-bras  jusqu'au  poignet,  et  même  sur  la  face 
dorsale  de  la  main  et  de  la  première  phalange  ;  mais  à  partir  de 
ce  dernier  point,  la  face  dorsale  des  deux  dernières  phalanges, 
jusqu'à  leur  extrémité,  ainsi  que  leur  face  palmaire  et  toute  la 
paume  de  la  main  restent  insensibles  aux  attouchements  de  la 
barbe  et  même  du  bec  de  la  plume.  La  sensation  tactile  s'é- 
mousse  au  fur  et  à  mesure  qu'on  se  rapproche  du  poignet.  Dans 
toutes  les  régions  où  la  sensibilité  persiste  à  un  degré  quelcon- 
que, le  malade  indique  avec  précision  le  point  touché. 

Mêmes  dispositions  à  gauche,  avec  moins  d'anesthésie  toute- 
fois. 

La  thermanesthésie,  aui  était  déjà  notable  en  1885,  a 
augmenté  sensiblement.  A  droite,  l'instrument  de  Roth,  à  Li 
température  de  70  degrés,  ne  se  fait  pas  sentira  la  face  palmaire 
de  la  main,  peu  à  la  face  dorsale,  mais  donne  une  impression 
de  chaleur  très  peu  pénible  toutefois  depuis  le  poignet  jusqu'au 
haut  du  bras.  Il  en  est  à  peu  près  de  même,  mais  avec  un  degré 
en  moins,  à  gauche.  A  l'un  comme  à  l'autre  membre,  on  apprécie 
peu  ou  point  une  différence  de  température  de  20  et  même  de 
ÎIO  degrés. 

T...  accuse  un  peu  d'affaiblissement  aux  extrémités  inférieures. 
Mais,  malgré  tout,  la  marche  est  assurée.  Sensibilité  au  tact  et  h 
la  douleur  parfaitement  conservée,  mais  il  ^  a,  d'une  manière 
évidente,  un  commencement  de  thermanesthésie. 

Je  ferai  du  reste  remarquer  que  partout,  chez  T...,  la  ther- 
manesthésie est  à  peu  près  en  rapport  avec  Panalgésie,  mais 
qu'elle  est  d'un  degré  plus  avancé  nue  Panesthésie  tactile. 

Epaules  voûtées.  Scoliose  dorsale  droite,  assez  peu  accusée, 
s'étendant  de  la  troisième  vertèbre  à  la  huitième.  Le  malade 
ignorait  ce  détail  et,  naturellement,  ne  peut  me  dire  si  elle  est 


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antérieure  ou  postérieure  à  la  paréso-analgésîe,  dont  le  début 
remonte  à  neuians. 

Obs.  X  (complément).  —  Sommaire  des  symptômes  précédem- 
ment  consignés:  Analgésie  avec  parésie  sabord  au  membre 
supérieur  gauche,  puis  au  droit.  Propagation  du  mal  aux 
membres  inférieurs.  Thermanesthésie.  Panaris  multiples  aux 
deux  mains,  mais  jamais  de  gerçures.  Scoliose.  Mélnena. 

Je  reçois  M.-J.  S...  le  11  mai  1889. 

Sensibilité  à  la  douleur,  —  Très  affaiblie  au  bras  età  Tavant- 
bras  gauche,  elle  est  éteinte  au  poignet.  J*avais  déjà  signalé  lors 
de  mon  examen,  en  1886,  oue  l'approche  d'un  tison  ardent  ne 
déterminait  aucune  douleur  a  la  paume  de  la  main.  Il  y  a  aussi 
de  Tanalgésie  au  membre  supérieur  droit  et  même  à  la  poitrine, 
moitié  gauche,  dans  une  zone  qui  descend  à  quelques  travers  de 
doigt  au-dessous  de  la  clavicule.  Mais  en  ces  dernières  régions, 
Tanalgésie  est  beaucoup  moins  prononcée  qu*au  bras  gaucne. 

Sensibilité  tactile,  —  Le  sens  du  toucher  est  fort  émoussé  au 
membre  supérieur  gauche.  On  sent  cependant  le  frôlement  de  la 
barbe  de  la  plume,  depuis  le  haut  du  bras  jusqu'aux  dernières 
phalanges,  à  leur  face  dorsale;  mais,  au  dire  de  la  malade,  la 
sensation  est  autrement  obscure  que  sur  le  yisage,  par  exemple. 
La  sensibilité  tactile  existe  à  peine  à  la  paume  de  la  main  et  à  la 
face  palmaire  des  doigts.  On  n'y  sent  pas  le  passage  d'une  barbe 
de  plume,  mais  on  perçoit  le  grattement  du  tuyau,  que  je  pro- 
mène légèrement  sur  ces  points. 

Au  bras  droit,  la  sensibilité  tactile  est  beaucoup  moins 
atteinte:  nulle  comparaison  à  établir,  sous  ce  rapport,  entre  le 
bras  droit  et  le  bras  gauche.  Elle  est  très  peu  accusée,  mais  elle 
existe  à  la  face  palmaire  de  la  main  et  des  doigts. 

Sensibilité  thermique,  —  Un  thermesthésioraètre  de  Roth,  à 
la  température  de  70  degrés,  ne  cause  aucune  douleur,  n'est  pas 
senti  au  bras  gauche,  bien  qu'une  application  de  quelques 
secondes  suffise  pour  amener  une  congestion,^  une  rougeur  per- 
sistante de  la  peau.  Cependant,  au  haut  du  bras,  à  l'épaule  et  à 
la  poitrine,  sous  la  clavicule  gauche,  la  chaleur  de  l'instrument 
est  perçue  au  bout  d'un  certain  temps.  Inutile  d'ajouter  que  le 
membre,  qui  ne  souffre  pas  d*une  température  de  70  degrés,  ne 
perçoit  pas  un  écart  de  20  et  de  30  degrés. 

Le  bras  droit,  au  haut,  apprécie  un  écart  de  10  degrés  et 
Tavant-bras  un  écart  de  15  degrés.  La  main  est  moins  sensible. 
Le  contact  prolongé  de  l'instrument  à  60  degrés  est  pénible, 
mais  supportable  à  la  main  et  même  à  quelques  travers  de  doigt 
au-dessus  du  poi(^net. 

Nous  devons  dire  qu'en  général  l'anesthésie  tactile  est  d'un 
degré  beaucoup  moins  avancé  que  la  thermanesthésie. 

Obs.  XI  (complément).  —  Somnïaire  des  symptômes  préré^ 
demment  consignés  :  kxi^\%és'ïe  avec  parésie  au  membre  supé- 
rieur gauche,  analgésie  sans  parésie  au  droit.  Thermanesthésie. 
Panaris.  Gerçures  profondes  aux  plis  de  la  face  palmaire  des 
mains,  l'une  ayant  été  perforante  et  ayant  été  suivie  de 
synovite. 

Je  revois  B...  le  5  juin,  cinq  ans  après  mon  premier  examen. 
L'état  est  resté  sensiblement  le  même,  si  ce  n'est  en  ce  qui  con- 
cerne l'analgésie.  Celle-ci  a  bien  diminué  en  intensité.  Nulle 
part  elle  n'est  complète,  pas  même  au  poignet  gauche  où  la  sen- 
sibilité était  abolie  il  y  a  cinq  ans.  Mais  l'étendue  n'a  pas  changé. 
Le  malade  explique  ces  variations  par  la  température  :  nous 
avions  l'hiver  la  première  fois,  aujourd'hui  nous  avons  l'été. 

Sensibilité  tactile,  —  Le  frôlement  de  la  barbe  de  la  plume 
se  fait  sentir  dans  toute  la  longueur  de  l'avant-bras  et  sur  le 
dos  de  la  main  (côté  gauche)  jusqu'aux  dernières  phalanges,  mais 
plus  on  descend,  plus  la  sensation  s'émousse.  Elle  est  beaucoup 
moins  marquée  qu'au  bras  ou  à  la  poitrine,  régions  non  anal- 


La  face  dorsale  des  deux  dernières  phalanges  et  toute  la  face 
palmaire  des  doigts  et  de  la  main  sont  insensibles  au  frôlement 
d'une  barbe  de  plume.  Mais  le  frottement  du  tuyau  est  perçu, 
d'une  manière  assez  obscure  toutefois,  et  localisé. 

Mêmes  dispositions  au  membre  supérieur  droit,  avec  un  degré 
d'anesthésie  en  moins. 

Sensibilité  thermique,  —  Anesthésie  se  superposant  aux  anes- 
thésies  du  tact  et  de  la  douleur.  Elle  est  moins  prononcée 
qu'en  1884.  A  cette  époque,  le  dos  de  la  main  ne  sentait  pas  le 
contact  d  un  tison  ardent.  Aujourd'hui,  le  thermesthésiomètre  à 
70  degrés  donne  une  sensation  de  chaleur,  très  tolérable 
d*ail leurs,  à  l'avant-bras  et  au  poignet.  Il  y  a  aussi  de  la  ther- 
oiAfigaUiàva  à  dcoile. 


Les  écarts  de  température  sont  fort  mal  appréciés  des  deux 
côlés.  Le  malade  ne  fait  aucune  différence  entre  les  éléments  du 
thermesthésiomètre,  dont  l'un  est  à  20  degrés  et  l'autre  k 
50  degrés. 

Pas  de  nouveaux  panaris,  mais  des  gerçures  profondes  aux  plis 
palmaires  des  deux  mains.  Ni  scoliose,  ni  arthropathie. 

Obs.  XII  (complément).  —  Sommaire  des  symptômes  précé^ 
demment  consignés:  Analgésie  sans  parésie  au  membre  supé* 
rieur  droit.  Panaris  multiples.  Gerçures  à  la  paume  de  la  main, 
dont  deux  ont  perforé  la  gaine  des  tendons  et  ont  causé  des 
synovites. 

Je  vois  S...  le  11  mai  1889.  Son  état  n'a  pas  sensiblement 
empiré,  Y  analgésie  en  est  au  même  point  qu'en  1886. 

Sensibilité  tactile,  —  Elle  est  émoussée  au  bras  droit,  elle 
l'est  davantage  encore  à  l'avant-bras  ;  à  peine  appréciable  à  la 
face  dorsale  de  la  main  et  de  la  première  phalange,  elle  disparait 
entièrement  à  la  face  dorsale  des  deux  dernières  phalanges, 
ainsi  qu'à  la  face  palmaire  de  la  main  et  des  doigts. 

Sensibilité  thermique,  —  On  perçoit  un  écart  de  température 
de  10  degrés  au  haut  du  bras,  mais  un  écart  de  20  degrés  seu- 
lement au  bas  de  l'avant-bras. 

Dans  ce  dernier  segment  du  membre,  c'est  tout  au  plus  si  un 
élément  du  thermesthésiomètre  à  60  degrés  détermine  de  la 
douleur.  Elle  n'en  cause  aucune  à  la  paume  de  la  main. 

Ici  les  sensibilités  tactile  et  thermique  semblent  se  suivre 
pour  l'étendue  et  pour  le  degré. 

Obs.  XV  (complément).  —  Sommaire  des  symptômes  précé- 
demment consignés:  Analgésie  avec  parésie  du  membre  supé- 
rieur droit.  Panaris.  Gerçures  à  la  main.  Scoliose  et  arthro- 
pathie. 

Le  sujet  de  l'observation  XV  se  présente  de  nouveau  à  mon  cabinet 
le  l'**  mai.  L'état  du  malade  que  je  n'avais  revu  depuis  un 
certain  temps  s'est  aggravé  sensiblement.  En  1886,  lors  de  mon 
premier  examen,  je  constatai  que  la  sensibilité  tactile  était  fort 
émoussée  dans  toute  l'étendue  du  membre  thoracique  droit, 
mais  n'avait  disparu  nulle  part.  Actuellement,  elle  est  nulle  à  la 
main  et  aux  doigts  jusqu'à  deux  travers  de  doigt  au-dessus  du 
poignet;  à  peine  existante  à  l'avant-bras,  au  bras  et  à  l'épaule; 
très  peu  accusée  à  la  poitrine  et  au  dos,  dont  l'anesthésie  a  fini 
par  envahir  la  partie  supérieure,  côté  droit. 

La  sensibilité  thermique,  très  émoussée  dans  toute  la  région 
anesthésiée,  n'est  éteinte  qu'à  la  main.  Ici  la  thermanesthésie 
est  à  peu  près  complète.  Mais  partout  ailleurs  le  malade  accuse 
vivement  une  température  de  60  degrés,  pour  peu  que  dure 
l'application  du  thermesthésiomètre  de  Roth.  A  la  partie  supé- 
rieure du  thorax  et  au  bras,  il  saisit  un  écart  de  20  degrés;  il  ne 
le  fait  plus  à  1  avant-bras. 

Il  accuse  un  affaiblissement  marqué  des  extrémités  infé- 
rieures; il  portait  jadis  sur  les  épaules  un  fardeau  de  100  kilo- 
grammes, c'est  tout  au  plus  aujourd'hui  s'il  pourrait  porter 
iOO  livres.  Les  diverses  espèces  de  sensibilité  y  paraissent 
pourtant  normales.  On  perçoit  sans  hésitation  une  différence  de 
température  de  5  degrés. 

Observations  inédites. 

Celles-ci  porteront  les  n"  XVIII  et  XIX,  pour  faire  suite 
aux  observations  qui  me  sont  personnelles  et  qui  ont  été 
publiées  dans  mes  précédents  mémoires. 

Obs.  XVIIl.  —  P...  (Yves),  quarante-quatre  ans,  de  Plouviers, 
vient  me  voir  le  18  mai  1889.  Il  présente  une  paréso-analgésie 
des  deux  extrémités  supérieures.  C'est  Tindividu  dont  il  est 
question  dans  mon  premier  travail  sur  la  paréso-analgésie 
comme  m'ayant  consulté  pour  une  synovite  grave  consécutive  à 
une  gerçure  de  la  paume  de  la. main,  qui  avait  perforé  la  gaine 
des  tendons.  Il  y  aae  cela  onze  ans;  depuis,  je  n  avais  pas  de  ses 
nouvelles.  A  l'époque,  je  n'étais  pas  encore  fixé  sur  l'interpré- 
tation d'un  pareil  fait  que  je  rencontrais  pour  la  seconde  fois 
seulement  et  je  négligeai  d'en  prendre  Tooservation.  Aussi  ne 
figurait-il  oue  comme  mémoire  dans  mon  travail.  Je  viens  aujour- 
d'hui remplir  cette  lacune. 

P...,  dont  la  santé  générale  est  bonne,  parait  robuste.  Intelli- 
gence bornée.  Pas  d'antécédents  de  famille,  aucun  de  ses  parents 
n'a  eu  rien  de  semblable.  Son  père  est  mort  d'hydropisie  à  cin- 
quante-cinq ans  et  sa  mère  à  soixante-neuf  ans,  d'une  maladie  qui 
s'accompagnait  d'oppre&sion.  Trois  frèr^  bien  (Qrtiftiit3,  une 


564    —  N*  as 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


r»)  AOUT  i889 


sœur  morte  à  cinq  ans  d*une  affection  ^ui  lui  est  inconnue.  Lui- 
même  n'avait  jamais  été  malade  jusqua  Tàge  de  dix-sept  ans.  Il 
eut  alors  un  panaris  au  pouce  gauche,  qu*il  ne  sait  à  quoi 
attribuer. 

hien,  depuis,  pendant  onze  ans.  11  faut  arriver  à  Tàge  de 
vingt-huit  ans  pour  rencontrer  de  nouveaux  panaris.  Mais  à  celte 
époque  de  sa  vie,  tous  les  autres  doigts  de  la  main  gauche  furent 
successivement  atlaqués,d*abord  le  médius,  ensuite  rindex,puis 
le  petit  doit  et  enfin  l'annulaire.  Ce  fut  Taffaire  de  deux  à  trois 
ans,  le  malade  ne  précise  pas  davantage.  Quand  tous  les  doigts 
y  eurent  passé,  l**  mal  s'étendit  à  la  main  droite.  P...  avait 
trente-deux  ans;  il  affirme  que,  dans  cette  nuit,  tons  les  doigts 
de  celte  dernière  main,  à  Texception  de  Tannulaire,  furent 
envahis  par  des  panaris. 

H  ne  semble  pas  avoir  trop  souffert  à  ces  diverses  étapes  de 
Taffection.  Ses  souvenirs,  du  moins,  sont  assez  vagues  sous  ce 
rapport. 

État  actuel.  —  Tous  les  doigts  de  la  main  eauche  sont 
mutilés.  Ils  n*ont  généralement  que  deux  phalanges,  la  première, 
qui  est  entière,  et  la  seconde,  qui  est  tronquée.  C'est  la  suite  du 
sphaccle  q^ui,  à  l'apparition  de  chacun  des  panaris,  a  frappé  le 
bout  du  doigt  et  a  dépassé  Tarticulation  phalangino-phalangettine. 
Le  médius  seul,  pourtant  plus  court  que  les  autres  doigts, 
contient  des  rudiments  des  trois  phalanges  II  est  \f.  seul  aussi, 
naturellement,  à  posséder  un  ongle,  ongle  rudimentaire  à  la 
vérité  et  tout  déformé. 

Main  droite.  —  1®  Le  pouce  a  ses  deux  phalanges,  mais  la 
dernière  est  loin  d'avoir  ses  dimensions  ordinaires  par  suite  du 
panaris  qui  a  laissé,  au  bout  du  doigt,  des  traces  de  son  passade, 
l/articulation  phalangienne  est  conservée,  mais  Tongle,  qui  a 
repoussé,  est  resté  petit,  difforme;  S""  l'indicateur  et  le  médius 
possèdent  les  d^'ux  premières  phalanges,  mais  ayant  perdu  la 
dernière,  ils  sont  dépourvus  d'oni^le;:^'  Tannulaire  a  conservé 
ses  trois  phalanges,  mais  la  phalangette  et  Fongle  sont  déformés  ; 
i"*  quant  à  l'auriculaire,  il  est  indemne,  c'est  le  seul  des  dix 
doigts  qui  n*ait  pas  eu  de  panaris. 

Aux  deux  mains,  les  articulations  phalango-phalanginiennes 
sont  ahkylosés;les  articulations  métacarpo-phalangiennes  elles- 
mêmes  ont  de  la  raideur  et  ne  comportent  que  des  mouvements 
bornés.  Par  suite,  les  doigts  ne  peuvent  être  portés  ni  activement, 
ni  passivement  à  l'extension  ou  à  la  flexion  complète;  ils  sont 
toujours  en  état  de  demi-flexion.  En  revanche,  les  dfux  pouces 
ont  conservé  des  mouvements  d'opposition  assez  prononcés. 
C'est  grAce  à  eux  qne  les  mains  parviennent  à  saisir  les  objets. 

Muscles  de  Tavant-bras  très  atrophiés  et  parésiés,  moins 
cependant  à  droite  qu'A  gauche. 

La  piqûre  de  fépingle  n'est  sentie  ni  aux  doigts,  ni  à  la  paume 
de  la  main  gauche.  Mais  l'analgésie  est  incomplète  au  dos  de  la 
main  et  l'avant-bras;  elle  s'affaiblit  en  remontant  vers  la  racine 
du  membre. 

A  droite,  également  de  l'analgésie,  mais  incomplète  partout, 
même  à  la  paume  de  la  main.  On  sent  la  piqûre  de  l'épingle;  la 
sensation  est  très  émoussée. 

La  thermanenthnie  n'est  complète  nulle  part,  mais  elle  est 
bien  réelle.  Avec  l'instrument  de  Itoth,  on  la  constate  aux  deux 
extrémités  thoraciques  et  même  à  la  partie  supérieure  de  la  poi- 
trine. Elle  va  en  diminuant  au  fur  et  a  mesure  qu'on  s'éloigne  de 
la  main.  A  la  main,  on  sent  peu  un  écart  de  température  de 
20  degrés,  tandis  qu'au  haut  du  bras  et  à  la  poitrine,  on 
l'apprécie  avec  certitude.  La  thermanesthésie  cesse  vers  U  rebord 
des  f;iusses  côtes  où  le  malade  accuse  sans  erreur  un  écart  de 
^  à  5  degrés.  Elle  est  plus  marquée  au  membre  gauche  qu'au 
membre  droit. 

SeusibilUë  tactile,  —  Bien  qu'elle  persiste  à  un  degré  notable 
et  que  le  malade  indique  avec  précision  le  point  touché,  il  est 
facile  de  voir  qu'il  y  a  de  l'hypoesthésie  à  chacun  des  membres 
supérieurs.  Le  frôlement  d^une  barbe  de  plume  s'y  fait  sentir 
beaucoup  moins  qu'à  la  figure.  La  même  épreuve  dénote  encore 
un  reste  de  sensibilité  au  dos  des  mains,  mais  rien  à  la  face  dor- 
sale des  doigts  à  partir  de  la  première  phalange,  ni  à  la  face 
patin  lire  des  mains. 

Pour  le  loucher,  comme  pour  la  température,  c'est  le  membre 
thoracique  gauche  qui  est  le  plus  éinoussé. 

La  paume  des  mains  est  sujette  aux  gerçures.  Celles-ci,  qui 
sont  prouoncées  en  hiver,  le  sont  beaucoup  moins  en  été.  Il 
existe  pourtant  une  gerçure  actuellement  au  pli  palmaire  méla- 
ear|»o-phalangien  de  l'annulaire  gauche,  profonde,  A  bords 
calleux,  en  pleine  suppuration,  et  des  traces  de  gerçures,  Tune 
n  la  main  gauche  et  l'autre  à  la  main  droite. 


Membre  abdominal  gauche.  —  11  v  a  deux  ans,  il  se  prodaisit 
la  partie  interne  et  supérieure  de  la  jambe  une  ulcération  ooi 
dura  près  de  six  mois.  Il  n'en  reste  plus  que  la  marque,  i^ 


jambe  gauche  est  très  notablement  moins  grosse  aue  la  droite; 
les  muscles  en  sont  atrophiés.  Commencement  o'analgésie  et 
d'anesthésie. 

Sensibilité  tactilu  manifestement  plus  obtuse  que  an  côt^ 
opposé.  Il  est  évident  que  le  mal  se  propage  an  membre  pelvion 
gauche. 

D'une  manière  générale,  l'ane^^thésie  tactile  est  partout 
moins  accentuée  que  les  deux  autres  espèces  d'anesthésie. 

Scoliose  dorsale  droite  assez  peu  marquée,  mais  incontestable. 
Pas  d'arthropathie. 

Obs.  XIX.  —  Marie-Yvonne  P...,  vieille  fille  de  trente-six  ans, 
de  Saint-Frégant,  se  présente  à  ma  consultation  le  2  septem- 
bre 1888.  A  l'aspect  des  mains,  qui  sont   largement  étalées, 
décharnées  dans  les  espaces  interosseux,  avec  doigts  recourbé> 
en  griffe,  je  soupçonne  l'existence  d'une  paréso-analgésie.  Il  ne 
s'est  jamais  produit  de  panaris;  il  n'existe  pas  non  plus  actuelle- 
ment de  gerçures  aux  plis  palmaires  des  mains,  mai.<  on  y  constate 
la  présence  de  nombreuses  cicatrices.  La  malade  m'apprend  en 
effet  que  les  mains  sont  toujours  sillonnées  en  hiver  de  crevasses 
profondes  qui  suppurent  et  saignent  au  moindre  contact.  Je 
m'arme  d'une  épingle  et,  conformément  à  mes  prévision^,  \<^. 
trouve  de  Vanalgésie.  Celle-ci  est  complète  aux  membres  supé- 
rieurs jusqu'aux    épaules,   mais  incomplète  seulement  sur  le 
devant  de  la  poitrine,  les  épaules  et  le  cou.  Elle  ne  s'étend  paN 
à  la. face.  On  la  rencontre  encore  au  membre  abdominal  droit, 
principalement  à  la  jambe  où  elle  est  toutefois  moins  prononcée 
qu'à  la  partie  supérieure  du  corps.  Rien  au  membre  inférieur 
gauche. 

11  y  a  deux  points  d'hyperesthésie,  Tun  au  côté  droit  dt 
la  poitrine  et  l'autre  au  côté  droit  du  genou.  La  sensibilité  y  est 
considérable,  le  malade  se  plaint  de  la  moindre  pression '^à  ce 
niveau.  Elle  souffre  dans  certains  mouvements  du  tronc,  surtout 

3uand  elle   se   penche  à  droite;  elle   accuse  alors  de    vive^ 
ouleurs, 

La  sensibilité  tactile  est  altérée  aux  membres  supérieurs.  Ed 
général  la  malade,  les  yeux  bandés,  indique  le  siège  d'un  attou- 
chement fait  avec  le  tuyau  de  la  plume  sur  les  points  analgésies. 
Biais  la  sensation  est  beaucoup  plus  obtuse  que  sur  une  parti* 
saine,  le  visage,  par  exemple.  1^  sensibilité  s'émousse  d'aalani 
plus  qu'on  descend  de  la  racine  du  membre  pour  se  rapprocher 
de  la  main.  Assez  développée  au  bras,  elle  l'est  moins  a  l'avant- 
bras  et  disparait  presque  au  poignet.  Quand  on  remplace  U 
tuyau  par  la  barbe  de  U  plume,  la  sensation  s'obscurcil  encon* 
davantage  et  finit  par  se  dérober.  Ainsi,  le  frôlement  de  la 
plume,  perceptible  encore,  mais  a  peine,  A  l'avant-bras  et  an 
dos  de  la  main,  ne  l'est  plus  ni  aux  doigts,  ni  à  la  paume.  Il 
existe  également  de  l'anesthésie  tactile  au  membre  pelvien 
droit,  moins  toutefois  qu'aux  membres  thoraciques. 

La  Ihermanrsthisie  est  très  prononcée,  sinon  complète,  aux 
membres  supérieurs,  depuis  le  haut  du  bras  ju<:qu'au  poignet  ' 
inclusivement;  on  y  supporte  facilement  l'application  du  ther* 
mesthésiomètre  à  10  degrés.  Cette  température,  au  contraire, 
impressionne  vivement  au  cou,  à  l'épaule  et  à  la  poitrine,  bien 
que  ces  parties  soient  le  siège  d'un  commencement  d'analgésie. 
Le  bras,  l'avant-bras  et  la  main  ne  saisissent  pas  une  dilTérenre 
de  température  de  30  degrés,  tandis  que  le  cou,  l'épaule  et  la 
poitrine,  sont  sensibles  à  un  écart  de  5  degrés. 

L'analgésie  s'accompagne  d'une  parésie  manifeste  de  l'avant' 
bras,  plus  marquée  à  droite  qu'à  gauche. 

Les  fléchisseurs  sont  moins  atteints  que  les  extenseurs;  par 
suite  de  cette  prédominance  d'action,  les  doigts  sont  toujours  en 
demi-flexion. 

Le  mal  a  débuté  par  la  main  droite,  il  y  a  seize  ans  environ. 
La  malade,  qui  a  peu  de  mémoire,  ne  précise  pas  davantage. 
C'est  quelques  années  ensuite  qu'il  s'est  propagé  à  la  maio 

fauche.  La  paralysie  jusqu'à  présent  se  borne  aux  muscles  de 
avant-bras.  Les  divers  mouvements,  tant  du  coude  que  de 
rép.'iule,  sont  énergiques  II  en  est  bien  autrement  des  doigts,  i 
dont  l'affaiblisssemmt  ne  permet  plus,  depuis  longtemps,  à  la 
malade  de  s'atteler  h  la  civière.  Mats  en  été  on  peut  encore 
coudre  et  tricoter  ;  en  hiver,  la  chose  est  impossible.  Il  v  a 
seulement  quelques  années  que  la  paréso-analgésie  s'est  étendue 
au  membre  inférieur  droit,  mais  déjà  la  parésie  est  assex 
avancée  pour  empêcher  de  courir  et  même  de  suivre  an  pas  une 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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autre  personne.  Cependant  les  mouvements  des  orteils  sont 
encore  très  faciles;  on  les  étend  et  on  l#»s  fléchit  à  volonté. 

Le  tronc  est  fortement  déjHé  à  gauche.  Il  v  a  une  scoliose 
des  plus  marquées,  à  convexité  gauche,  commençant  vers  le  tiers 
supérieur  des  vertèbres  dorsales  pour  se  continuer  jusqu  aux 
premières  lombaires.  Les  courbures  de  compensation,  cervicale 
et  surtout  lombaire,  sont  très  peu  accusées;  de  là,  Tattitude 
penchée  du  corps. 

La  malade  ne  peut  me  fixer  Fépoque  où  a  paru  la  scoliose, 
mais  en  tout  cas  elle  serait  postérieure  aux  premières  manifes- 
tations de  la  naréso-analgésie,  au  dire  de  la  malade  et  d'une 
sœur  plus  inteliigenle  qui  l'accompagne. 

Il  n  y  a  pas  d'art hropalh le.  La  fille  P...  a  été  réglée  vers  Tàge 
de  seize  &  dix-sept  ans  et  a  continué  à  l'être  régulièrement  lous 
les  mois  pendant  deux  jours;  elle  perd  moins  que  la  plupart  des 
femmes.  Elle  est  généralement  indisposée  aux  époques.  A  cela 
près,  la  sanlé  est  bonne.  Itien  aux  poumons,  ni  au  cœur,  ni  aux 
reins.  I.a  malade  est  plutôt  grasse  que  maigre.  Tn  peu  d'empâ- 
tement aux  extrémités  supérieure  et  inférieure  droite,  mais  la 
pression  du  doigt  ne  laisse  pas  d'empreinte. 

La  malade,  en  bas  âjje  encore,  avait  reçu  sur  le  dos  de  la 
main  droite  un  coup  de  cuiller  en  bois,  qui  a  laissé  des  traces, 
une  exostose  ayant  les  dimensions  d'une  aveline  aplatie.  C'est  la 
main  qui  s'est  d  abord  prise,  mais  la  paréso-analgésie  n'y  est 
apparue  que  lônyiemps  après. 

L'an  dernier  elle  est  tombée  sur  une  faucille  et  s'est  fait  à  la 
main  gauche  une  entaille  profonde  et  longue  de  6  à  7  centimè- 
tres. Elle  affirme  que  depuis  l'uccident  le  mal  a  beaucoup 
empiré  de  ce  côté. 

Antécédents  de  famille.  —  D'après  les  explications  fournies 
par  la  fille  P...,  sa  mère  devait  être  atteinte,  longtemps  avant  $a 
mort,  de  rhumatisme  noueux.  Elle  est  morte  d'ailleurs  à  un  âge 
avancé.  Vn  de  ses  frères  aurait  une  parapléi^ie  qui  remonte  à 

Slusieurs  années.  Il  a  de  la  peine  à  marcher,  il  ne  marche  qu'en 
eux  plis.  Tels  qu'ils  sont  cependant,  ces  deux  éclopés  parvien- 
nent a  manœuvrer  une  petite  ferme.  La  fille  P...  a  journellement 
trois  vaches  à  traire. 

Traitement.  —  Tous  les  jours,  matin  et  soir,  une  pilule 
d'extrait  de  noix  vomique  de  0,0i5. 

Quand,  quelques  mois  ensuite,  au  commencement  de  mai,  je 
la  revois,  l'ébit  s'est  amélioré  d'une  manière  manifeste.  La 
parésie  et  Tsinaluésie  ont  diminué:  la  marche  est  plus  assurée, 
et  il  n'est  plus  un  point  des  membres  supérieurs  (|ui  soit,  comme 
]ors  de  mon  premier  exameu,  absolument  insensible  à  la  piqûre 
de  l'épingle.  Les  plaques  liyperesthésîques  existant  à  la  poitrine 
Pi  BU  genou  ont  presque  disparu. 

(A  suivre.) 


CORRESPONDANCE 

•ona-perloMl^tie  *  pii( 

A  M.   LK   U**  NETTER,  MÉDECIN  DES  HOPITAUX,   PROFESSEUR 
AGRÉGÉ  A  LA  FACULTÉ  DE   MEDECINE. 

Cher  Collègue, 

L'attention  avec  laquelle  je  suis  les  applications  de  la  bacté- 
riologie à  la  clinique  quotidienne  m*a  fait  lire  avec  le  plus  vif 
intérêt  votre  récent  mémoire  sur  les  microbes  de  la  bouche  et 
sur  leurs  propriétés  pathogènes. 

Bien  que  vous  vous  soyez  occupé  de  la  question  surtout  au 
point  de  vue  médical,  et  que  vous  ayez  étudié  en  particulier  le 
pneumocoque,  qui  tout  d'abord  ne  parait  pas  jouer  de  rôle  en 
pathologie  externe,  j'ai  trouvé  dans  votre  travail  plusieurs 
choses  que  les  chirurgiens  doivent  connaître.  Sans  m'arréter  à 
ce  que  vous  avez  dit  sur  les  pleurésies,  les  péritonites  et  les 
arthrites  purulentes,  qui  pourtant  tombent  souvent  dans  notre 
juridiction,  je  causerai,  si  vous  le  voulez  bien,  quelques  instants 
des  otites,  où  vous  avez  si  fréquemment  rencontré  le  pneumo- 
coque. 

Pour  ma  part,  je  n'ai  jamais  songé  à  examiner  le  pus  de  ces 
otites,  ni  chez  les  tout  jeunes  enfants,  ni  chez  les  acfolescents  ; 
mais  en  revanche  j'ai,  au  mois  de  mai  dernier,  ouvert  chez 
l'adulte  un  abcès  sous-périostique  de  la  région  mastoïdienne 
consécutif  à  une  otite  moyenne  suppnrée,  abcès  dans. le  pus 
duquel  mon  élève  et  distingué  collaborateur  de  laboratoire,  M.  le 


docteur  Clado,  m'a  montré,  à  ma  grande  surprise,  le  pneumo- 
coque susdit,  paraissant  avoir  joué  la  le  rôle  de  microbe  pyogène. 

Je  ne  sais  si  pareille  constatation  a  été  faite  déjà,  et  comme 
je  n'ai  guère  le  loisir  de  faire  des  recherches  bibliographiques 
sur  ce  point,  je  m'adresse  à  vous  à  cause  de  votre  compétence 
et  de  votre  expérience  acquise. 

Voici  d'abord  le  fait  brièvement  raconté  : 

Obs.  —  M.  M...,  trente-deux  ans,  docteur  en  médecine,  d'ime 
belle  constitution  et  n'ayant  souffert  que  de  fièvre  intermittente 
déjà  ancienne,  eut  l'idée  de  se  faire  redresser  la  cloison  des 
fosses  nasales  légèrement  déviée.  L'opération  provoqua  un  coryza 
violent,  une  pharyngite,  une  otite  aigué  avec  perforation  de  la 
membrane  du  tympan  et  écoulement  de  pus  en  abondance  par 
le  conduit  auditif  externe. 

Ces  symptômes  locaux  durèrent  pendant  un  mois,  compliqués 
d'un  état  général  parfois  inquiétant  :  frissons,  fièvre,  douleurs 
vires,  insomnie,  inappétence,  amaigrissement,  teinte  jaunâtre 
de  la  peau,  etc.  Rien  au  côté  de  la  poitrine. 

Le  sulfate  de  quinine  et  les  purgatifs  avaient  amélioré  les 
accidents,  lorsqu'un  jour,  à  la  suite  d'une  malencontreuse  injec- 
tion d'*  tanin  faite  dans  le  canal  auditif  pour  tarir  la  supnuration, 
les  douleurs  et  la  fièvre  reparureni,  accompngnées  de  gonfle- 
ment dans  la  région  mastoïdienne  et  de  sensibilité  à  la  pression. 

Appelé  à  ce  moment,  je  prescrivis  de  nouveau  le  sulfate  de 
quinine  et  les  onctions  sur  la  région  malade  avec  Tonguent 
napolitain  belladone.  Les  douleurs  et  la  ûèvre  diminuèrent,  mais 
à  la  tuméfaction  s'ajouta  l'œdème. 

L'existence  du  pus  me  paraissant  évidente,  je  fis  sur  le  point 
saillant  une  petite  incision  d'un  centimètre  et  demi,  qui  donna 
issue  à  3  ou  4  grammes  de  pus  épais,  bien  lié,  sans  odeur,  de 


l 


reconnaitre  néanmoins  de  perforation  conduisant  dans  le  centre 
de  l'apophyse  mastofde. 

Au  moyeii  d'un  petit  drain  laissé  en  place,  je  fis  sur-le-champ, 
juis  dans  la  suite  deux  ou  trois  fois  par  jour,  laver  le  foyer  avec 
la  solution  phéniquée  à  2  pour  100.  Un  pansement  à  l'iodoforme 
recouvrit  la  région. 

Les  accidents  locaux  et  généraux  se  dissipèrent  rapidement, 
et  le  quatrième  jour,  la  suppuration  étant  nulle,  on  supprima  le 
drain.  Le  lendemain,  la  petite  plaie  était  cicatrisée. 

M.  M...  partit  à  la  fin  ae  la  semaine  pour  la  campagne;  nous 
l'avons  revu  plusieurs  fois  depuis;  la  lésion  auriculaire  était 
restée  guérie. 

C'est  en  quelque  sorte  par  hasard,  et  parce  que  nous  pour- 
suivons nos  recherches  sur  toutes  les  variétés  d'abcès,  que 
celui-ci  fut  examiné  au  point  de  vue  bactériologique.  Or,  le 
microscope  et  les  cultures  si  caractéristiques  nous  démontrèrent 
qu'il  s'agissait  ici  d'un  abcès  mono-microbique  renfermant 
exclusivement  le  pneumocoque,  d'ailleurs  en  assez  grande 
abondance. 

N'ayant  pas  encore  lu  votre  travail  à  cette  époque,  nous  ne 
songeâmes  à  rechercher  ce  pneumocoque  ni  dans  fa  bouche,  ni 
dans  la  cavité  naso-pharyngienne,  ni  dans  le  pus  sortant  du 
conduit  auditif  externe.  Cest  une  lacune  qu'il  sera  facile  et 
utile  de  combler  à  la  première  occasion. 

Habitués  aue  nous  sommes  à  considérer  le  staphylocoque 
doré  comme  I  agent  en  quelque  sorte  spécifique  des  suppurations 
sous-périostiques,  nous  fûmes  quelque  peu  surpris  de  rencontrer 
en  son  lieu  et  place  le  pneumocoque,  et  le  pneumocoque  seul. 
C'est  pourquoi  nous  enregistrons  ce  fait  à  côté  de  plusieurs 
autres,  comme  preuve  que  différents  microbes  fort  distincts  sont 
capables  de  provoquer  la  pyogénie. 

Quant  à  la  présence  inattendue  du  pneumocoque  dans  les 
couches  profondes  du  périoste  de  l'apophyse  mastoîde,  elle  s'ex- 
plique fort  bien  par  vos  recherches  montrant  la  route  que  suit 
le  microbe  susdit  depuis  la  bouche  ou  la  cavité  nasale  jusqu'à 
loreille  moyenne,  car  arrivé  là  il  n'a  plus  qu'à  s'en^^ager  dans 
les  cellules  mastoïdiennes  et  à  en  traverser  les  parois  osseuses 
sous-cutanées  pour  arriver  dans  l'interstice*  ostéo-périostique, 
siège  de  la  suppuration. 

Se  ne  puis  résister  au  désir  de  faire  remarquer  la  bénignité 
relative  de  cet  abcès,  oui,  bien  que  compliqué  de  dénudatioii 
complète  et  assez  étendue  de  l'os,  a  cependant  guéri  en  quatre 
jpurs  sans  formation  de.  séquestre,  à  l'aide  seulement  de 
quelques  injections  phéniquées  pratiquées  dans  le  foyer  purulent. 


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30  Août  im 


Ce  n*est  pas  la  première  fois  que  nous  voyons  se  cicatriser 
assez  vite  ces  collections  péri- mastoïdiennes  incisées  de  bonne 
heure  ;  mais  il  y  a  lieu  de  se  demander  si  cette  heureuse  issue 
tient  aux  propriétés  pathogènes  relativement  bénignes  et  en 
tout  cas  peu  durables  du  pneumocoque  transporté  hors  de  ses 
milieux  naturels. 

Je  ne  veux  pas  allonger  démesurément  cette  note  ;  mais,  si  on 
retrouvait  des  observations  semblables  à  la  précédente,  il  y 
aurait  lieu  de  décrire  une  variété  particulière  d'abcès  sous- 
périostique,  dite  à  pneumocoques,  de  la  joindre  aux  autres  sup- 
purations où  vous  avex  constaté  la  présence  du  méme'microbe, 
et  enfin  de  grossir  la  liste  déjà  si  longue  des  abcès  spécifiques. 

Bien  tout  à  vous. 

A.  Verneuil. 

JV.  B.  —  M.  Thiéry,  mon  interne,  ayant  eu  récemment  l'occa- 
sion d'examiner  le  pus  d'un  abcès  mastoïdien  trépané  par 
M.  Ricard  dans  mon  service  de  la  Pitié,  v  a  constaté  l'absence 
des  pneumocoques  :  le  pus  a  été  soumis  à  la  coloration  directe  et 
h  la  culture  dans  des  milieux  solides  et  liquides  stérilisés. 


à  m.  le  docteur  verneuil,  membre  de  l  institut  et  de 
l'ac\démie  de  Médecine,  professeur  de  clinique  a  la 

FACULTÉ. 

Mon  cher  Maître, 

Un  heureux  hasard  vous  a  mis  en  présence  d'une  affection 
chirurgicale  provoquée  par  le  pneumocoque.  Je  vous  remercie 
de  l'empressement  avec  lequel  vous  le  portez  à  la  connaissance 
du  monde  médical,  convaincu  que  votre  éminent  patronage  ser- 
vira utilement  la  cause  de  l'intéressant  microbe  qui,  depuis 
plusieurs  années,  n'a  cessé  d'être  l'objet  principal  de  mes 
recherches. 

Il  s'agissait,  chez  votre  malade,  d'une  collection  purulente 
sous-périostique  de  la  région  mastoïdienne.  Vous  me  demandez 
si  l'on  a  déjà  signalé  la  présence  des  pneumocoques  dans  ce 
siège  et  si  ces  abcès  n'ont  pas  une  évolution  particulière.  Vous 
exposez  très  nettement  la  pathogénie  de  ces  lésions.  Vous 
pensez  enfin  qu'il  convient  de  ne  plus  attribuer  exclusivement 
au  staphylococcus  pyogenes  aureus  la  production  des  suppu- 
rations du  périoste. 

Je  suis  en  mesure- de  vous  fournir  quelques-uns  des  rensei- 
gnements demandés. 

I.  Je  connais  trois  observations  semblables  à  celle  de  votre 
malade.  Les  deux  premières  ont  été  publiées  par  Moos  et  par 
Zaufal.  J'ai  recueilli  moi-même  la  troisième  encore  inédite.  Le 
cas  de  Moos  est  rapporté  dans  la  Deutsche  medicinische  Wo- 
chenschrift  de  4888,  celui  de  Zaufal  dans  la  Prager  medi- 
cinische Wochenschrift  de  1889,  n*»  6  à  12.  Je  ne  résumerai 
pas  ces  observations,  me  bornant  à  signaler  les  points  les  plus 
importants. 

Dans  le  cas  de  Moos  l'auteur  a  rencontré  dans  le  pus  des  chaî- 
nettes et  des  diplocoques  uu'il  qualifie  de  di{)locoques  pneu- 
moniques.  La  description  ae  l'auteur,  le  dessin  qui  l'accom- 
pagne, ne  suffisent  pas  à  établir  d'une  façon  décisive  l'existence 
des  pneumocoques,  il  eût  fallu  en  tout  cas  des  cultures  et  des 
inoculations. 

Le  cas  de  Zaufal  est  autrement  complet.  L'examen  microsco- 
pique monlre  des  diplocoques  souvent  en  chaînettes  de 
4  coccus.  Ces  coccus  sont  lancéolés,  oblongs  ou  arrondis,  ils  ne 

faraissent  pas  entourés  d'une  capsule.  La  culture  du  pus  sur 
agar  à  37  degrés  donne  lieu  au  développement  exclusif  de 
nombreuses  colonies  de  pneumocoques.  L'inoculation  de  ces 
cultures  au  lapin  et  à  la  souris  tue  ces  animaux  avec  les  lésions 
habituelles  de  l'infection  pneumococcique. 

Dans  le  cas  qui  m'est  personnel  je  n'ai  pas  fait  de  culture 
directe  du  pus  recueilli  au  moment  de  l'incision.  Mais  ce  pus  a 
servi  à  iuoculer  deux  animaux  oui  sont  morts  d'infection  pneu- 
mococcique et  le  sang  du  cœur  ae  ces  deux  animaux,  mis  en 
culture,  a  fourni  des  colonies  nombreuses  de  pneumocoques  à 
1  exclusion  de  tout  autre  microbe.  Le  pus  de  la  région  mastoï- 
dienne renfermait  donc  bien  certainement  des  pneumocoques, 
mais  je  ne  puis  dire  s'ils  y  existaient  sans  mélange  d'autres 
microbes. 

Vous  le  voyez,  mon  cher  maître,  il  existe  trois  observations 
avérées  d'abcès  mastoïdiens  à  pneumocoques  (Zaufal,  Verneuil 
et  Netter),  une  quatrième  observation  contestable  (Moos). 


Dans  deux  observations  le  pus  de  ces  abcès  ne  renfermait  qa» 
des  pneumocoques  (Zaufal,  Verneuil).  Dans  celle  de  Netter  il 
est  impossible  d'établir  s'il  n'existait  pas  en  même  temps  d*aatres 
microbes.  Dans  le  cas  de  Moos  les  pneumocoques  étaient  mé« 
langés  aux  streptocoques. 

II.  Je  passe  maintenant  à  la  clinique. 

La  collection  purulente  dans  les  cas  de  Zaufal  et  Netter  sié- 
geait sous  le  périoste  L'apophyse  mastoîde  était  dénudée.  Dans 
le  cas  de  Moos  l'auteur  a  constaté  la  présence  de  pus  dans  les 
cellules  de  l'apophyse  qui  fut  trépanée. 

Dans  les  cas  de  Zaufal  et  de  Verneuil  il  s'agit  dune  otite 
ai^uë  primitive  compliquée  au  bout  d'un  mois  à  six  semaines 
d'infiammation  mastoïdienne.  Dans  ceux  de  Moos  et  Netter  il  j 
avait  poussée  aiguë  au  cours  d'une  otite  devenue  chronique  et 
remontant  à  cinq  mois  et  un  an.  Le  malade  de  Moos  était  dia- 
bétique, le  mien  tuberculeux. 

Le  pus  dans  les  quatre  cas  était  épais  et  bien  lié. 

L'intervention  fut  suivie  d'un  amendement  rapide.  La  piéri- 
son  complète  a  été  constatée  par  Verneuil  et  Moos.  Les  malades 
de  Zaufal  et  Netter  n'ont  pas  été  suivis  jusqu'à  la  guérison.  Mais 
au  dernier  examen  leur  état  s'était  fort  amélioré. 

Ainsi,  dans  les  quatre  cas,  la  périostite  miutoïdienne  a  été 
terminée  d'une  façon  favorable.  Vous  pensez  que  cet  heureui 
résultat  qui  n'est  pas  constant  dans  toute  espèce  d*9ibch 
mastoïdien  veut  être  imputé  à  la  nature  spéciale  de  ces  wp- 
purations.  Nous  savons  aue  cette  bénignité  relative  se  retrouve 
dans  les  manifestations  les  plus  diverses  de  l'infection  pneumo- 
coccique. 

Les  agents  de  cette  infection  perdent  en  peu  de  temps  leur 
virulence  dans  le  corps  humain  comme  dans  les  milieux  de 
culture. 

J'ai  essayé  de  montrer  l'exactitude  de  cette  proposition  en 
traitant  des  pleurésies  purulentes  métapneumoniques  {Société 
des  hôpitaux,  1889). 

III.  Je  me  rallie  absolument  à  votre  interprétation  fathoaé' 
nique  identique  à  celle  que  j'ai  formulée  pour  expliquer  les 
méningites  suppurées  à  pneumocoques,   suites  d'otites. 

Les  microbes  présents  dans  la  caisse  du  tympan  chemioent 
dans  les  cellules  mastoïdiennes  et  arrivent  ainsi  sous  le  périoste. 

Vous  admettez  que  l'otite  de  votre  malade  était  une  otite  à 
pneumocoques  et  signalez  l'utilité  qu'il  y  aurait  à  faire  pareille 
constatation  dans  un  cas  analogue.  Cette  constatation  n'a  pu 
être  faite  dans  le  cas  de  Zaufal,  puisoue  ce  cas  ne  s'est  pas 
accompagné  de  perforation  du  tympan.  Elle  a  été  négligée  dans 
le  cas  de  Moos.  En  revanche  efle  se  retrouve  dans  mon  obser* 
vation.  Le  30  octobre  (plus  d'un  mois  avant  l'incision  du  phleg- 
mon mastoïdien,  l**'  décembre)  j'examinai  le  pus  de  l*oreilte. 
Ce  pus  fut  inoculé  à  deux  souris  qui  succombèrent  et  dont  le 
sang  renfermait  des  pneumocoaues  qui  furent  cultivés. 

Vous  avez  bien  voulu  rappeler  que  fai  le  premier  démontré 
en  mars  1887  l'existence  d'une  otite  suppurée  à  pneumocoques. 
Comme  je  l'ai  exposé  duns  mon  mémoire  des  Atinales  des  ma- 
ladies de  Voreille  de  1888,  la  première  communication  de 
Zaufal,  qui  ignorait  la  mienne,  ne  date  que  du  mois  de 
juillet.  Les  recherches  ultérieures  de  Weichselbaum,  Moos  et 
Zaufal  ont  montré  la  fréquence  et  l'importance  de  l'otite  à  pneu- 
mocoques. Je  n'ai  pas  rencontré  ce  microbe  moins  de  trente- 
quatre  fois  sur  soixante-quinze  otites  moyennes  aiguës  qae  jt^i 
eu  l'occasion  d'étudier  au  point  de  vue  bactériologique. 

Nous  savons  enfin  comment  expliquer  la  production  de  ces 
otites.  Elles  tiennent  à  l'arrivée  dans  la  caisse  des  pneumo- 
coques recelés  normalement  dans  la  bouche,  le  pharynx,  U 
nez  d'un  grand  nombre  de  personnes  (^steur,  Stembcrg, 
Fraenkel,  Netter). 

IV.  Votre  cas,  comme  ceux  de  Zaufal,  Netter  et  Moos,  montre 
incontestablement  Vexistence  de  périostites  suppurées  dues  a 
un  microbe  différent  du  staphylococcus  pyogenes  aureus, 
réputé  le  microbe  pathogène  exclusif  de  l'ostéomyélite  et  des 
suppurations  périostiqucs. 

On  pourrait  objecter  que  la  périostite  dans  tous  ces  cas  a  ete 
imputable  à  un  processus  différent  de  celui  qui  est  habituel/e- 
meiU  en  jeu  dans  la  périostite  phlegmoneuse.  Les  microbes  d6 
sont  pas  venus  de  loin  par  les  vaisseaux  sanguins.  Ils  ont  che- 
miné de  proche  en  proche.  L'infection  a  été  directe,  par  coflU- 
nui  té  et  non  pas  métastatique  après  contamination  du  sang  ('n 
un  point  éloigné. 

mis  nom  cmmaiêêùm»  ëê$  oèMrvalàMU  de  pénÊSiim  ^ 


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pneumocoques  dans  lesquelles  il  y  a  eu  infection  mélastc^ 
tique.  La  première  est  déjà  ancienne.  Elle  remonte  à  i885.  Elle 
a  été  publiée  dans  les  Annales  de  la  Charité  par  Leyden  qui 
Ta  observée  avec  Fraenkel.  Au  cours  d'une  pneumonie,  on  vit 
apparaître  cbez  un  malade  une  tuméfaction  de  la  cuisse  et  du 
genou  qui  persista  et  augmenta  après  la  défervescence.  Une 

r^onction  avec  la  seringue  de  Pravaz  permit  d'examiner  le  pus. 
1  renfermait  des  pneumocoq^ues  lancéolés.  La  culture  montra 
que  ces  microbes  existaient  a  Tétat  pur.  Le  malade  succomba 
et  on  constata  un  décollement  du  périoste  à  la  partie  inférieure 
du  fémur  avec  abcès  périarticulaîre.  Je  n'ai  pas  observé  moi- 
même  de  cas  analogues,  mais  ie  connais  des  faits  de  ce  genre 
signalés  par  Weichselbaum,  Monti  et  Belfaute. 

Les  pneumocoques  apportés  par  le  sang  dans  les  vaisseaux 
du  périoste  peuvent  donc  donner  naissance  à  des  périostites 
suppurées. 

Y.  //  n'y  a  donc  pas  une  seule  périostite  supputée  toujours 
due  à  un  seul  microbe^  le  staphylococcus pyogenes  aureus.  Il  y 
en  a  plusieurs  espèces  dont  Vune  a  pour  agent  le  pneumo- 
coque. N'en  est-il  pas  ainsi  des  otites  suppurées  qui  peuvent 
être  le  fait  du  streplocoaue,  des  staphylocoques,  du  pneumo* 
coque,  du  bacille  de  Frieolœnder  ;  de  la  pleurésie  purulente  qui 
reconnaît  pour  origine  le  streptocoque,  le  nneumocoaue,  les 
stapbylocoquesy.lo  miorobe  de  Frieélœnder;  Je  bacille  de  Neu- 
mann  etScnâfer,  le  bacille  de  Koch,  le  micrococcus  tetragenes; 
de  la  méningite  suppurée  dans  laquelle  nous  voyons  intervenir 
le  pneumocoque,  le  streptocoque,  le  bacille  de  Friedlœnder, 
celui  de  Neumaim,  le  diplococcus   intracellularis,  etc.? 

Les  progrès  de  la  bactériologie  nous  amènent  à  repousser 
ou  tout  au  moins  à  modifier  l* ancienne  division  nosologique 
basée  sur  le  siège  des  inflammations.  Cette  modification  n'a 
pas  un  simple  intérêt  théorique.  Elle  est  surtout  d'intérêt  pra- 
tique. 

Vne  pleurésie^  une  périostite,  une  otite  suppurée,  une  mé- 
ningite même  comportent  une  évolution,  un  pronostic  bien 
différents  sttivant  le  microbe  qui  leur  donne  naissance. 

Le  clinicien  ne  saurait  donc  rester  indifférent  à  ces  recher- 
ches. Il  est  de  son  devoir  de  les  accueillir  avec  bienveillance, 
de  les  solliciter,  de  les  poursuivre,  lui  qui  est  si  merveilleuse- 
ment placé  pour  en  trouver  les'  matériaux.  Nous  savons  tous 
avec  quel  zèie  et  «quelle  compétence  travaille  dans  ce  sens  le 
clinicien  de  la  Pitié  et  ie  suis  tout  particulièrement  flatté  qu'il 
prenne  quelque  intérêt  a  mes  propres  efforts. 

Je  pense,  mon  cher  maître,  vous  avoir  suffisamment  répondu 
et  vous  prie  de  croire  à  mes  sentiments  affectueux  et  recon- 
naissants. 

Netter. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

AeadéHile  des  «etence*. 

SÉANCE  DU  12  AOUT  1889. 

Appareil  tasculaire  des  animaux  et  des  végétaux. 
—  Après  avoir  rappelé  ses  précédentes  communications 
dans  lesquelles  il  a  démontré  que,  chez  les  vertébrés,  la 
méthode  thermo-chimique  est  non  seulement  utile,  mais 
préférable  à  la  méthode  des  coupes,  pour  l'étude  de  certains 
organes  et  particulièrement  des  parties  dures,  M.  Sappey 
déclare  que  Tétude  comparée  de  l'appareil  vasculaire  des 
animaux  et  des  végétaux  par  les  deux  méthodes  lui  permet 
de  conclure  que  la  méthode  thermo-chimique,  appliquée  a 
l'élude  de  cet  appareil,  donne  des  résultats  aussi  complets, 
aussi  précis,  aussi  satisfaisants  qu'on  peut  le  désirer.  Elle 
est,  en  effet,  incontestablement  plus  avantageuse  que  la 
méthode  des  coupes  et,  soit  qu'on  se  propose  de  procéder 
à  l'analyse  des  artères  et  des  veines,  soit  qu'on  se  propose 
d'étudier  les  vaisseaux  ligneux  ou  les  vaisseaux  criblés, 
c'est  à  cette  méthode  qu'il  convient  d'accorder  la  préfé- 
rence. 

Poison  diputhêritique.  —  A  la  suite  d'une  épidémie  de 
diphthérie  ayant  sévi  dans  le  village  de  Horn  (Limbourg 
hollandais),  M.  Sprof^k  a  entrepris  dea  recherches  sur 


le  poison  diphthéritique,  desquelles  il  résulte  que  dans 
tous  les  cas  examinés,  le  bacille  de  Klebs  a  été  trouvé  et 
isolé  en  cultures  pures,  possédant  une  action  toxique 
puissante.  Ainsi,  ces  cultures,  mises  en  contact  avec  des 
muqueuses  excoriées,  produisent  des  membranes  croupales 
dans  lesquelles  le  bacille  pullule;  leur  inoculation  sous- 
cutanée,  leur  injection  dans  les  veines  tuent  les  animaux. 
Lorsque  la  mort  ne  survient  pas  trop  rapidement,  on  peut 
observer  des  paralysies  caractéristiques.  Le  fait  a  été 
constaté  chez  te  pigeon  et  le  lapin.  Le  bacille  reste  loca- 
lisé dans  la  fausse  membrane  ;  inoculé  sous  la  peau,  il  se 
propage  jusqu'à  un  certain  degré  dans  le  tissu  sous-cutané, 
mais  il  ne  pullule  jamais  ni  dans  le  sang  ni  dans  les  or- 
ganes internes.  Enfin,  l'albuminurie  provoquée  par  l'in- 
jection du  poison,  offre  une  nouvelle  preuve  que  le  bacille 
de  Klebs  est  vraiment  la  cause  de  la  diphihérie  ;  en  effet,  la 
fréquence  de  l'albuminurie  dans  la  diphthérie  de  l'homme 
est  bien  connue  ;  d'autre  part,  l'albuminurie  expérimen- 
tale donne  une  démonstration  nette  de  la  pathogénie  de  ce 
symptôme. 

Recherche  et  dosage  de  l'albumine.  —  M.  C.  Patein 
recommande,  après  les  dosages  d'albumine  par  la  cha- 
leur et  l'acide  acétique,  de  toujours  s'assurer  que  le 
liquide  filtré  ne  précipite  plus  par  l'acide  azotique  et  ne 
contient  pas  de  nouvelle  albumine.  Cette  dernière  étant 
précipitée  par  l'acide  azotique,  comme  la  serine  et  l'albu- 
mine, l'emploi  de  l'acide  azotique  seul  peut,  dans  certains 
cas,  induire  en  erreur  sur  la  nature  et  la  quantité  des 
albumines  ainsi  précipitées. 


AcadéHiie  de  médecine. 

SÉANCE  DU  20  AOUT  1889.  —  PRÉSIDENCE   DE  M.   MOUTARD- 
MARTIN,  vice-président. 

M.  le  docteur  Demeunjinck,  médedn-major  de  1'*  classe,  envoie  un  mémoire 
sur  la  lièvre  typkoîie  âan$  la  gamii<m  de  TunU  pendant  quatre  années  conU- 
ctUivet. 

M.  Bergeron  présente,  au  nom  de  M.  H,  Monod,  la  etatiêtique  de$  dépeneee  de 
Vatiietanee  publique  en  France  pendant  Vannée  1885.    • 

M.  Comtantin  Paul  dépose  un  allas  accompagné  d'un  mémoire  sur  la  lèpre  en 
Roumanie,  de  la  part  de  MM.  les  docteurs  Kalindero  et  Bake$. 

ÂDLATiON  DE  LA  PAROTIDE.  —  M.  Polaxllon  présente  un 
enfant  de  neuf  ans  et  demi,  au({uel  il  a  enlevé,  il  y  a  quatre 
ans.  un  adénome  de  la  parotide  avec  kvstes  multiples,  et 

EroDablement  avec  quelques  noyaux  d  enchondrome.  Au 
out  d'un  an  environ,  il  se  forma  sous  la  cicatrice  de  petits 
kystes  oui  soulevèrent  la  peau,  en  l'amincissant  de  plus  en 
plus.  M.  Polaillon  fit  une  seconde  opération  ;  après  avoir 
enlevé  tous  les  tissus  indorés,  il  nettoya  avec  la  curette 
toute  la  loge  parotidienne.  Les  filets  du  facial  ayant  été 
détruits,  l'hémiplégie  fut  complète  après  cette  seconde 
opération.  Depuis  trois  ans,  cet  enfant  est  guéri;  l'hémiplégie 
faciale  a  persisté;  le  canal  de  Sténon  s'est  atrophié;  la  sen- 
sibilité de  la  joue  n'est  pas  altérée.  La  nutrition  des  tissus 
ne  parait  pas  avoir  souffert,  cependant  l'incisive  supérieure 
droite  n'a  pas  encore  fait  irruption,  bien  que  l'enfant  ait 
actuellement  neuf  ans  et  demi;  de  plus,  les  canines  supé- 
rieures manquent  des  deux  côtés. 

Prophylaxie  de  la  tuberculose.  —  Dans  une  note  lue 
par  M.  le  secrétaire  perpétuel,  M.  Gabriel  Colin  déclare 
que,  pour  lui,  il  n'est  nullement  prouvé  que  la  chair  des 
animaux  tuberculeux,  telle  qu'elle  est  livrée  à  la  consom- 
mation, engendre  le  tubercule.  D*abord,  on  peut  dire  que  si 
cette  viande  était  contagifère,  il  n'est  guère  d'individus  qui 
échapperaient  à  la  contamination  tuberculeuse,  car  le  tuber- 
cule est  tellement  fréquent  chez  les  bêtes  de  boucherie,  que 
pas  un  seul  homme  n'arrive  à  un  certain  &ge  sans  avoir 
mangé;  &  son  insu,  maintes  et  maintes  fois,  de  la  chair  de 


968    —  N«  35  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


AoOT  18M 


provenance  incriminée.  D*autre  part,  aucune  expérience 
n'est  venue,  jusqu'ici,  prouver  que  la  chair  et  le  sang  des 
animaux  à  tubercul<*s  donnent  la  tuberculose.  On  peut  en 
dire  autant  en  ce  qui  concerne  le  lait,  malgré  l'expérience 
équivoque  de  Gerlach  D'ailleurs,  l'expérieuce  et  l'obser- 
vation ne  montrent  pas  la  conUigiosité  de  la  tuberculose 
aussi  grande  que  le  Congrès  voudrait  le  faire  croire  aux  gens 
du  monde.  En  eiïet,  l'inoculation  du  tubercule  ne  réussit 
bien  qu'en  présence  d'une  effraction  de  la  matière  dans  le 
tissu  cellulaire  sous-cutané  ou  intermiisculain\  Quanta  la 
contagion  interhumaine,  elle  ne  paraît  pas  être  des  plus 
faciles,  puisque,  à  la  campagne,  malgré  la  communauté  de 
vie  et  des  ustensiles  de  ménage,  la  contamination  est  relati- 
vement rare.  Le  Congrès  exagère  donc  les  dangers  de  la 
contagion  possible  de  la  tuberculose  dans  les  condilions 
ordinaires  d«'  la  vie,  et  l'Académie  n'a  pas  à  le  suivre  dans 
la  voie  où  il  s'engage. 

HypERTncPHiE  DE  LA  JAMBE  DROITE.  —  M.  Duplouy  (de 
Rochefort)  relate  l'observation  d'un  enfant  âgé  de  dix-sept 
ans,  qui  présenie  depuis  sa  naissance  une  hypertrophie 
énorme  du  membre  inférieur,  droit  et  un  hypospadias  de  la 
base  du  gland.  —  (Renvoi  à  MM.  Larrey  et  Mure  Sée.) 

Trépanation.  —  M.  le  docteur  Just  Lucas^Champion- 
nière^  candidat  à  la  place  déclarée  \acanle  dans  la  section 
de  médecine  opératoire,  communique  une  observation  de 
trépanation  du  crâne  avec  ouverture  d'un  foyer  d'héraor- 
rhagie  cérébrale  de  la  circonvolution  frontale  ascendante, 
suivie  de  guérison  complète.  Il  s'agit  d'un  homme  de  cin- 
quante-trois ans  qui  eut,  il  y  a  deux  ans,  une  attaque  d'apo- 
plexie, qui  lui  avait  laissé  de  la  pnrésiedu  membre  infé- 
rieur droit,  un  peu  de  gène  de  la  parole,  une  contracture 
très  marquée  de  la  main  droite  et  surtout  des  attaques 
épilepliques.  Celles-ci,  loin  de  s'atténuer  avec  le  temps, 
allaient  en  augmentant.  On  pouvait  adirmer,  d'après  les 
symptômes,  qu'il  existait  un  foyer  d'hémorrhagie  vers  la 
partie  moyenne  de  la  circonvolution  frontale  ascendante, 
irritant  les  centres  du  bras  et  confinant  aux  centres  du 
membre  inférieur. 

Le  malade  endormi,  on  détermina  les  points  de  repère 
qui  servent  â  tracer  la  ligne  rolandique.  L'ouverture  crâ- 
nienne fut  pratiquée,  la  dure-mère  incisée  et  on  vil  alors 
en  avant  de  la  veine  logée  dans  le  sillon  de  Rolande,  une 
sorte  de  membrane  opaline  résultant  de  la  fusion  de 
l'arachnoïde  et  de  la  pie-mère  et  recouvrant  un  foyer  ancien 
d'hémorrhagie  cérébrale  qui  occupait  la  substance  de  la 
cirronvolution  frontale  ascendanie.  La  paroi  de  ce  foyer  fut 
incisée  avec  soin,  de  fsiçon  à  l'ouvrir  très  largement;  les 
débris  couleur  de  rouille  qui  l'occupaient  furent  enlevés  et 
le  foyer  fut  nettoyé  très  exactement;  lavages  avec  une  solu- 
tion d'acide  phénique  au  i/iO"  et  une  solution  de  sublimé 
au  1/1000'.  On  mit  sur  la  dure-mère  un  point  de  suture  au 
catgut  pour  en  rapprocher  les  bords  sans  violence  et  la  plaie 
fut  refermée  par  dix-sept  points  de  suture  au  crin  de 
Florence;  un  seul  drain.  Les  suiies  opératoires  furent  des 
plus  simples;  le  lendemain,  le  malade  ayant  eu  une  attaque 
épileptiforme  de  courte  durée,  on  retira  le  drain.  Ce  même 
jour,  on  constata  la  disparition  de  la  contracture  de  la  main 
droite  et  une  réintégration  notable  de  la  force  musculaire. 
A  partir  de  ce  moment,  il  n'y  a  plus  eu  une  seule  attaque 
d'épilepsie.  Il  y  a  quatre  mois  actuellement  que  celte  opéra- 
tion a  été  pratiquée  et  la  guérison  s'est  maintenue.  La 
marche  est  plus  facile,  la  parole  plus  claire,  l'intelligence 
meilleure. 

M.  Lucas-Championnière  fait  suivre  cette  observation  de 
la  statistique  de  30  opérations  de  trépanation  qu1l  a  jusqu'ici 
prati(|uées  11  fois  pour  des  vertiges  et  douleurs  de  tête  dont 
4  cas  d'épilepsies  syinptomali(|ues  de  fractures  du  crâne, 
2  cas  de  douleurs  violentes  consécutives  â  des  chocs  crâ- 
niens, 1  cas  de  paralysie  droite  incomplète  avec  crises 


épîleptîformes,  i  cas  d'hydrocéphalie  et  U  cas  d'épilepsie 
dite  idiopathique.  Le  succès  a  été  presque  constant. 


SÉANCE  DU  27   AOUT   1889.  —  PRÉSIDENCE  DE  M.  MOUTARD- 
MARTIN,  VICE  PRÉSIDENT. 

M.  le  docteur  Danion  envoie  un  PU  eacheti,  dont  le  dépôt  estaecepté.  renfcr> 
maot  une  note  sur  une  nouvelle  méthode  de  traitement  électrique  det  fikrr- 
myomet  utérine. 

M.  le  docteur  Mackiewiet,  niédecin-in«jor  de  i*  clatM.  «dreua  «a  m«iDoirr 
nuinuscrit  «ur  lea  vaeeinatione  et  revaeeinatioM  qn'il  «  l'r^Uqnéee  d«DS  quatr»- 
régimenis  en  18d7  et  1888,  ainsi  que  fur  la  néceaeUé  du  repoe  après  l'opérât  f% 
de  la  poecinf. 

M.  Larrey  dépose  une  Notice  tur  Claude  Bernard,  par  M.  G.  Barrai. 

y.  Javal  préaente  un  ophlhalinomètre  perfeclioaiië,  de  son  invention  réreiiim#a*. 
constniit  en  France. 

Vente  DE  l'arsenic— M.  le  AocXeur  Marqtiez  (d'Hyères;, 
correspondant  nat  onal,  rappelant  un  certain  nombre  de 
faits  d  intoxication  arseuicale  survenu  sur  plusieurs  points 
de  la  France  à  la  suite  de  l'ingestion  de  boissons  falsitîées, 
demande  que  la  vente  de  l'arsenic  soit  spécialeiuenl  sur- 
veillée, notamment  dans  les  drogueries  et  les  pharoiacies, 
et  qu'on  exige  tout  au  moins  sa  dénaturation  pour  tous  aotre> 
besuîns  que  ceux  de  la  pharmacie.  —  (One  Coromis*^ion. 
composée  de  MM .  Brouardel^  Riche  et  OUivieTj  est  désignée 
pour  s'occuper  de  cette  question.) 

OvARioTOMiE.  —  Le  kyste  de  l'ovaire  que  présente 
M.  Polaillon  et  qu'il  a  enlevé  ce  matin,  pèse  3  kilogrammes; 
il  est  multiloculaire  et  présente  cette  particularité  qu'il  s'est 
rompu  il  y  a  trois  jours  sous  TinOuence  des  efforts  de  la 
dt^fecation  ;  des  symptômes  de  péritonite  s'étant  montrés, 
l'opération  fut  décidée  et  pratiquée;  il  y  a  lieu  d'espérer 
qu'elle  arrêtera  les  accidents  déjà  fort  avancés.  Ce  fait 

Erouve  une  fois  de  plus  combien  la  temporisation  dans  les 
ystes  de  l'ovaire  expose  les  femmes  à  de  sérieux  dangers. 

Traitement  piiésertatif  de  l'érysipèlb.  —  Depuis  cioq 
ans  M.  Marc  Sée  emploie,  dans  sa  pratique  hospitalière  et 
civile, pour  toutes  ses  opérations,  le  sous-nitrate  de  bismnlh, 
soit  en  répandant  une  couche  très  mince  sur  les  surfaces 
traumaliques  ou  en  insufflant  une  petite  quantité  dans  le> 
sinuosités  des  plaies  anlraclueuses  en  ayant  soin  seulement 
que  les  lignes  de  suture  et  les  bords  des  surfaces  saignantes 
soient  exactement  couverts;  il  recouvre  ensuite  la  plaie 
d'une  couche  de  coton  hydrophile.  Grâce  à  ce  pansement 
antiseptique  permanent,  il  n'a  jamais  eu  de  cas  d  érysipèle, 
bien  que  plusieurs  de  ses  opérés  se  soient  trouvés  dans  les 
conditions  les  plus  favorables  à  Téclosion  de  cette  redou> 
table  complication. 

OcrLiSTiQUE.  —  M.  Javal  informe  ses  collègues  qu'on  e^t 
enfin  parvenu  à  fabriquer  en  France  des  verres  à  surface 
torique,  dont  l'invention  avait  été  primitivement  imaginée 
en  Italie  en  1835,  puis  réalisée  de  nouveau  il  y  a  deux  an^ 
en  Amérique.  Ces  verres  sont  périsropiques;  ils  corrigent  à 
la  fois  Tastigmalisme,  le  degré  de  myopie  ou  de  presbytie  et 
permettent  dans  une  de  leurs  parties  la  vision  des  objets 
éloignés  et  dans  l'autre  celle  des  objets  rapprochés.  Ils  ne 
présentent  d'ailleurs  aucune  différence-  d'aspect  extérieur 
avec  les  verres  ordinaires. 


Soetéié  de  théiwpciitl^ae. 

SÉANCE  DU  a  JUILLET  1889.  — PRÉSIDENCE  DE  M.  FERNCT. 

Douig«  d«  riBè*  (à  propos  d'un  travaU  oommiiBiqQè  à  la  Boolètè 
par  M.  Poulet)  :  M.  Kûglor,  rapportaor.  —  Diaonnion  :  MM  Mon* 
tard-MarUn,  GatUlon.  Booquoy,  Virarts.    •  Da  l'aoUon  oomparèa 
des    digitalines    et  de  la   digitale    :    M.   Huohaid    (Discussion  -  i 
MM.  Bardet,  Vigier.  IVurts.  GatUlon). 

M.  KUgler  a  étudié,  comme  rapporteur  de  la  Commission 
nommée  à  cet  effet,  le  travail  adressé  antérieurement  à  la  ' 
Société  par  M.  Poulet  (de  Plancher-le^Mines)  sur  le  dosage 


30  Août  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  «•  36  —    589 


de  l'inée.  L'auteur  a  obtenu  les  mêmes  résultats  avec  le 
strophantUH  glabre  et  avec  le  ëtrophantus  hispidus^  tandis 
que  l'usage  da  strophantus  kombé  aurait  amené  des  vomis* 
semeiiU.  Ce  dernier  serait  donc  à  rejeter.  Cependant, 
d'après  les  analy>es  chimiques,  le  strophantus  glabre  con* 
tient  5  pour  iO(X)  de  stropbanline,  et  le  strophantus  kombé 
1  pour  tOOO  seulement,  résultats  qui  sont  en  contradiclion 
avec  les  effets  signalés  dans  les  observations  de  M.  Poulet, 
et  qui  donnent  à  penser  que  les  strophantines  employées 
par  lui  n'étaient  pas  réellement  celles  qu'il  a  indiquées  ou 
que  les  semences  dont  il  a  fait  usage  étaient  en  mauvais 
état.  En  résumé,  la  question  demanderait  à  être  reprise 
dans  un  travail  sérieux  comprenant  l'étude  des  trois  stro- 
phantines préparées  avec  la  même  méthode.  Le  rapporteur 
ne  partage  pas  l'opinion  de  H.  Poulet,  qui  tendrait  à  faire 
rejeter  Tusage  de  la  strophaniine  à  cause  des  doses  très 
faibles  auxquelles  celte  suostance  doit  être  employée. 

M.  Moutard-Mariin  demande  qu'en  raison  de  l'impor- 
tance du  sujet,  la  discussion  du  rapport  soit  remise  au 
mois  d'octobre. 

M.  Bac^'uoy  rappelle  que  la  discussion  de  l'Académie  a 
montré  les  avantages  différents  du  strophantus  et  de  la 
sirophantine,  qui  n'ont  ni  la  même  action  thérapeutique  ni 
les  mêmes  effets  physiologiques.  Chez  un  malade  auquel  le 
strophantus  donnait  une  diurèse  très  marquée,  l'action  de  la 
sirophantine  était  nulle  au  point  de  vue  diurétique.  De 
même  avec  l'opium  et  la  digitale  on  n'obtient  pas  les 
mêmes  effets  qu'avec  la  morphine  et  la  digitaline.  Quant 
aux  injections  de  strophaniine,  elles  sont  dangereuses; 
Fraser  lui-même  les  a  abandonnées  à  cause  des  inflamma- 
tions locales  qu'elles  déterminent.  Elles  occasionnent,  en 
outre,  des  congestions  rénales  qui  se  traduisent  par  de 
Talbuminurie,  accidents  qu'on  n'a  pas  à  redouter  avec  le 
strophantus. 

M.  CatilloH  fait  observer  que  le  strophantus  hispidus  ne 
donne  pas  de  strophaniine  cristallisée,  mais  seulement  de 
la  strophaniine  amorphe  (5  p.  1000),  beaucoup  moins 
active  que  la  première  ;  le  strophantus  glabre  et  le  kumbé 
ne  donnent  pas  de  la  strophaniine  cristallisée  :  l'action 
toxique  de  ces  deux  derniers  est  à  peu  près  égale,  mais  elle 
est  bien  supérieure  à  celle  du  strophantus  hispidus. 

H.  Hucqtioy  rappelle  que  M.  Poulet,  d'après  une  commu- 
nication antérieure,  se  serait  servi  d'un  strophantus  du 
Gabon,  dont  Taction  est  beaucoup  plus  toxique,  et  à  doses 
telles  Qu'on  se  demande  comment  il  n'a  pas  empoisonné 
ses  malades. 

M.  Kugler  fait  remarauer  que  M.  Poulet  a  communiqué, 
avec  son  dernier  travail,  des  échantillons  de  strophantus 
glabre. 

31.  Catillon.  L'action  toxique  de  la  strophaniine 
amorphe  est  deux  fuis  et  demie  moindre  que  celle  de  la 
strophaniine  cristallisée. 

M.  Wurtz.  On  ne  peut  comparer  l'action  de  la  plante  et 
celle  de  son  principe  actif. 

La  discussion  du  rapport  est  ajournée  à  la  prochaine 
séance,  qui  aura  lieu  en  octobre. 

—  M.  Uuchard  lit  une  communication  sur  Vaction  com- 
parée dex  digitalines  et  de  la  digitale.  Dans  ce  travail, 
Tauteur  rappelle  d'abord  avec  quel  succès  M.  Potain  em- 
ploie la  digitaline,  et  l'opinion  de  M.  Sée,  qui  la  proclame 
aussi  active  que  la  digitale.  Mais  dans  les  affections  du 
cœur,  c'est  la  macération  ou  Tinfusiou  de  digitale  qu'on 
emploie  surtout  comme  diurétique.  Quant  à  la  digitaline, 
si  elle  a  donné  des  effets  diurétiques  beaucoup  moindres, 
cela  tient  à  plusieurs  raisons,  dont  la  première  c'est  qu'on 
emploie  la  digitaline  amorphe,  produit  infidèle  à  action 
taatôt  énergique,  tantôt  nulle,  surtout  aux  doses  auxquelles 


on  l'administre.  Si  Ton  veut  avec  cette  substance  obtenir 
une  arlion  diurétique,  il  faut  en  administrer  des  doses 
quotidiennes  de  3  à  4  milligrammes  pendant  deux  jours,  et 
alors,  ainsi  qu'en  témoi$;nent  les  nombreuses  observations 
jointes  à  ce  travail,  l'effet  est  certain.  En  outre,  la  digita- 
line amorphe  ne  doit  pas  être  donnée  en  grandes  prépara- 
lions  souvent  mal  absorbées,  et  qui,  en  s'accumulant  dans 
le  tube  digestif,  peuvent  occasionner  des  accidents;  il  est 
préférable,  par  conséquent,  de  faire  prendre  la  solution 
suivante  formulée  par  M.  Potain  : 

Alcool  à  90  degrés 3«%50 

Digitaline  amorphe  de  Homolle O^^Oâ 

dont  on  donnera  dix  à  trente  gouttes  par  jour. 

S*il  emploie  la  digitaline  cristallisée,  qui  est  quatre  ou 
six  fois  plus  active  que  la  précédente,  M.  Huchard  la  pres- 
crit à  la  dose  de  3/4  de  milligramme,  1  milligramme  au 
plus  (doses  plus  élevées  que  celles  administrées  habituelle- 
ment) ;  pour  cela  il  donne  cinquante  gouttes  d'une  teinture 
à  i  pour  1000. 

La  digitaline  est  souvent  indiquée  dans  les  cardiopathies 
artérielles;  tout  cœurartério^scléreax  est,  o»  effets  «oii4t«- 
nuellement  menacé  de  dilatation.  Sous  Tinfluence  des  plus 
légères  complications  (bronchites,  etc.)  peuvent  survenir  des 
cardiectasies  passagères  qui,  par  leurs  répétitions  succes- 
sives, peuvent  devenir  permanentes.  Dans  ces  cas,  lorsque 
le  cœur  est  en  état  d'hyposystolie  habituelle,  l'auteur  pres- 
crit tous  les  quinze  jours,  pendant  vingt-quatre  ou  quarante- 
huit  heures,  1/i  à  1  milligramme  de  digitaline  cristallisée, 
qui  provoque  une  diurèse  aussi  abondante  que  la  macéra- 
tion ou  l'infùsion  de  digitale.  Une  malade  atteinte  d'insuffi- 
sance tricuspidienne,  avec  battements  hépatiques,  consé- 
cutivement à  une  affection  cardiaque,  guérit  entièrement 
après  un  traitement  de  seize  mois;  elle  prenait  tous  les 
quinze  ou  vingt  jours,  pendanl  un  ou  deux  jours,  1  milli- 
gramme de  digitaline  cristallisée. 

En  résumé,  la  digitaline  peut  produire  des  effets  diuré- 
tiques à  peu  près  semblables  à  ceux  de  la  digitale,  à  la 
condition  qu'on  l'emploie  à  des  doses  suffisantes.  Avec 
1  milligramme  de  cet  alcaloïde  cristallisé,  en  un  jour  on 
obtient  des  résultats  analogues  à  ceux  que  donnent  30  à 
40  centigrammes  de  macération  de  digitale  employés  pen- 
dant'quatre  à  cinq  jours.  En  outre,  d'après  le  détail  des 
observations  recueillies,  la  digitaline  semble  avoir  Tavan- 
tage  de  provoquer  moins  de  phénomènes  d'intolérance 
gastrique  que  les  infusions  ou  les  macérations  faites  avec 
a  plante. 

M.  Bardet  se  demande  si  réellement  les  granules  sont 
aussi  peu  solubles  et  autant  capables  de  s  accumuler  dans 
le  tube  digestif  que  le  croit  M.  Huchard.  Il  trouve,  quant  à 
lui,  ce  mode  de  préparation  plus  maniable  que  les  teintures 
de  digitaline. 

Quant  à  la  différence  d'action  entre  la  digitaline  amorphe 
et  la  digitaline  cristallisée,  il  la  croit  plus  apparente  que 
réelle.  C'est  plutôt  une  ditrérenre  morphologique  qui  dis- 
tingue ces  deux  produits.  La  digitaline  amorphe  chloro- 
formique,  telle  que  la  prescrit  le  Cod<*x,  ne  serait-elle  pas, 
à  dose  égale,  beaucoup  plus  active  que  d'autres  prépara- 
tions du  même  alcaloïde,  le  chloroforme  dissolvant  peut- 
être  d'autres  substances  auxquelles  elle  est  incorporée? 

Enfin,  dans  la  digitale  il  y  a  encore  d'autres  produits, 
parmi  lesquels  la  digitaline,  très  facile  à  isoler,  assez 
soluble  dans  l'eau  ;  ne  serait-ce  pas  elle  qui  donnerait  à  la 
digitale  ses  propriétés  diurétiques? 

M.  Vigier.  Au  point  de  vue  des  digitalines,  il  existe  le 
plus  grand  désarroi  dans  la  pharmacopée  :  beaucoup  de 
préparations  diverses  circulent  sous  le  même  nom  dans  le 
commerce.  Aussi  est-il  très  difficile  de  se  procurer  le  pro- 
duit recommandé  par  le  Codex. 


t 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


30  Août  i889 


M.  Catillon.  Il  n'y  a  pas  plusieurs  espèces  de  digila- 
line  cristallisée;  ii  n'y  en  a  qu'une  seule,  bien  définie, 
indiquée  par  le  Codex.  S'il  y  en  a  d'autres  qui  donnent  des 
effets  différents,  ce  sont  des  produits  impurs. 

M.  Wurtz  partage  l'avis  de  M.  Catillon.  Il  n'y  a  qu'une 
seule  digitaline  cristallisée.  Si  on  employait  toujours  les 
mêmes  procédés  de  préparation,  on  obtiendrait  les  mêmes 
produits.  Ce  que  Schmiedberg,  en  Allemagne,  décrit  sous 
le  nom  de  digitoxine,  est  la  même  chose  que  la  digitaline 
cristallisée  de  Nativelle. 

—  La  séance  est  levée  à  six  heures  moins  un  quart. 

Georges  Baudouin. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

THÉRAPEUTIQUE. 

Du    m«de    d*«cU«ii    de*    wédleamento    aslrlnsents ,    par 

M.  Heinz  (de  Breslau).  —  Cet  observateur  a  institué  une  série 
d'expériences  dans  le  but  de  déterminer  Faction  physiologique 
des  principaux  astringents. 

Il  a  constaté  que,  pour  amener  la  contraction  des  petits  vais- 
seaux, il  faut  faire  usage  de  solutions  de  sublimé  à  5  dix- 
millièmes;  de  nitrate  d'argent,  d'acélate  de  plomb  et  de  sulfate 
de  zinc  au  millième;  de  sulfate  de  cuivre,  de  perchlorure  de  fer, 
de  tanin  et  d*alun  au  cinq-millième.  Par  contre,  en  tenant 
compte  de  l'intensité  de  la  contraction  vasculaire  obtenue,  on 
voit  que  dans  Tordre  de  leur  énergie,  on  doit  énumérer  ainsi 
ces  diverses  substances  :  nitrate  d'argent,  acétate  de  plomb  et 
sulfate  de  zinc;  sublimé,  sulfate  de  cuivre  et  perchlorure  de  fer; 
tanin  et  alun. 

M.  Heinz  a  cherché  l'influence  de  ces  agents  sur  le  processus 
inflammatoire  en  les  mettant  en  contact  avec  le  mésentère  de  la 
grenouille.  Parfois,  écrit-il,  le  premier  effet  de  ces  substances  est 
de  provoquer  une  inflammation  qui  s'arrête  ensuite  quand  on 
en  continue  les  applications.  Ces  phénomènes  ne  sont  pas  dus 
à  la  vaso-conslriction  puisqu'on  les  observe  encore  par  l'emploi 
de  solutions  concentrées,  de  tanin  à  1/2  pour  100  ou  d'alun  à 
21/2  pour  iOO,  solutions  qui  provoquent  la  dilatation  vasculaire. 
Ainsi  donc,  l'application  des  astringents  sur  les  tissus  produit 
d'abord  leur  inflammation  et  ensuite,  phénomène  en  apparence 
paradoxal,  la  diminue  quand  on  en  continue  l'emploi. 

Comment  expliquer  ces  faits?  Par  la  théorie  d'une  action 
directement  exercée  sur  les  leucocytes?  Non,  d'après  M.  Heinz. 
Par  des  modifications  de  la  paroi  des  vaisseaux?  Oui,  de  l'avis 
de  cet  observateur,  qui  rappelle  la  combinaison  du  nitrate  d'ar- 
gent avec  le  cément  des  cellules  endothéliales;  combinaison 
bien  connue  de  tous  les  histologistes.  Bref,  les  astringents 
empêchent  la  migration  des  leucocytes  en  altérant  les  parois 
vasculaires,  et  leur  combinaison  avec  les  matières  albuminoides 
donne  raison  de  leur  action  caustique  et  de  leurs  propriétés 
plus  ou  moins  microbicides.  (Wirch.  Arch.j  heftS,  p.  1 16, 1889.) 


De  l«rai»l*l  d«  0litorare  de  kanwai  dmmm  les  maladie*  da 
ecenr,  par  M.  .\.-H.  Hare.  —  En  s'inspirant  des  mémoires  de 
Boehm,  Brunton,  Robert,  Ringer  et  Bary,  cet  observateur  a  été 
conduit  à  prescrire  le  chlorure  de  baryum  dans  cinq  cas  de  car- 
diopathies valvulaires  et  deux  cas  de  troubles  fonctionnels  du 
cœur. 

Un  enfant  de  six  ans,  mitral,  dypsnéique,  non  hydropique, 
ingère  quotidiennement  trois  doses  de  2  grammes  d'une  solu- 
tion au  centième  de  chlorure  de  baryum.  Le  pouls  s'abaissa  de 
cent  à  quatre-vingts  pulsations  et  se  régularisa.  La  dypsnée  dis- 
parut et  le  sommeil  revint.  Cette  amélioration  persista  pendant 
toute  la  durée  du  traitement. 

Un  homme  de  trente-cinq  ans,  atteint  de  dilatation  aiguë  du 
cœur  par  surmenage,  accuse  des  douleurs  angineuses,  des  irré- 


gularités du  pouls.  On  lui  administre  une  cuillère  à  bouche  d« 
la  même  solution  et  cette  dose  suffit  pour  relever  le  pouls  r: 
diminuer  la  fréquence  des  battements  cardiaques. 

Un  troisième  malade,  brigthique  et  aortique,  et  uo  qualrièm* 
atteint  d'insuffisance  aortique,  ingèrent  i  grammes  de  la  solu- 
tion et  éprouvent  la  même  amélioration. 

Encore  le  même  succès  dans  un  cas  d'insuffisance  milrale  ' 
dans  deux  autres  cas  d'asthénie  cardiaque.  M.  Hare  conclut  doa. 
en  faveur  du  chlorure  de  baryum.  C'est  un  tonique  cardiaque 
qui,  croit-il,  agit  plus  rapidement  que  la  digitale,  ne  provoqm 
pas  de  troubles  gastrique  et  ne  se  comporte  pas,  comme  on  ravaii 
craint,  à  la  manière  des  poisons  irritants.  {The  med.  iWin. 
16  janvier  1889.) 


BIBLIOGRAPHIE 

De  la  capacité  furidlqae  des  aliénée  et  de  l< 
liberté  Individuelle,  par  René  FusiER,  docteuf  co  droit, 
avocat  à  la  Cour  d'appel  de  Chambéry.  1  vol.  in-8*. 
—  Paris,  1886.  L.  Larose  et  Forcel. 

La  question  des  aliénés,  tant  au  point  de  vue  médical 
qu'au  point  de  vue  judiciaire,  préoccupe  de  plus  en  plus  les 
esprits  ;  il  en  est  même  qu'elle  passionne  au  point  d'en 
devenir  injustes  à  l'égard  des  médecins  qui  soignent  ce^ 
malheureux  malades.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  faut  reconnaître 
que  si  cette  question,  qui  intéresse  à  tant  de  titres  la 
société,  a  le  don  d'émouvoir  les  passions,  elle  suscite  aussi, 
même  en  dehors  du  milieu  médical,  des  travaux  sérieux,  mû- 
rement réfléchis,  qui  méritent  de  notre  part  une  étude  atten- 
tive. Parmi  ces  travaux,  nous  devons  signaler  tout  particu- 
lièrement le  volume  de  M.  René  Fusier.  Cette  œuvre  de 
[dus  de  400  pages  est  une  thèse  de  doctorat  en  droit,  d*une 
ecture  attachante  et  dont  l'intérêt  se  soutient  jusqu'à  la 
dernière  page. 

Toute  tnèse  de  doctorat  en  droit  se  divise  naturellement 
en  deux  parties:  la  première,  consacrée  au  droit  romain;  la 
seconde  au  droit  moderne.  M.  René  Fusier  étudie  donc 
successivement  la  capacité  juridiaue  des  aliénés  et  leur 
liberté  individuelle  d'après  la  législation  romaine  ei  d'après 
la  législation  française.  De  ces  deux  parties,  la  première 
présente  un  intérêt  tout  particulier.  Et  le  motif,  sans  doute, 
en  est  qu'on  entre  là  dans  un  domaine  généralement  peu 
connu  et  (^ui  réserve  de  réelles  surprises.  Après  avoir  lu  les 
cent  premières  pages  du  livre  de  M.  Fusier,  où  sont  expo- 
sées les  précautions  prises  par  le  législateur  romain  dans 
ces  questions  si  délicates  de  la  capacité  civile  des  aliénés  et 
les  formalités  à  remplir  pour  leur  curatelle,  on  comprend 
mieux  cette  phrase  de  Bossuet  :  c  Si  les  lois  romaines  ont 
paru  si  saintes  que  leur  majesté  subsiste  encore  malgré  la 
ruine  de  l'empire,  c'est  que  le  bon  sens,  qui  est  le  maître  de 
la  vie  humaine,  y  règne  partout,  et  qu'on  ne  voit  nulle  part 
une  plus  belle  application  des  principes  de  l'équité  natu- 
relle. > 

On  trouve  dans  cette  première  partie  quelques  rensei- 
gnements curieux  qu'il  est  bon  de  rappeler.  Ainsi  H.  Fusier 
nous  apprend  que  «  la  folie,  une  fois  qu'elle  était  constatée, 
exonérait  des  charges  publiques  en  général  et,  détail 
curieux,  il  parait  que  c'était  là  un  avantage  assez  recherché, 

(iuisque,à'encroireUlpien,  il  arrivait  souvent  qu'on  simulât 
a  folie  pour  en  bénéficier  >.  Nos  modernes  médecins 
légistes  n  ont  pas  encore  eu  à  observer  la  simulation  de  la 
folie,  croyons-nous,  pour  échapper  aux  charges  publiques  ; 
cela  pourra  venir.  Jusqu'ici  ils  n'ont  rencontré  de  simula- 
teurs que  chez  les  délinquants  et  les  criminels. 

La  loi  romaine  prescrivait  oue  l'aliéné  fiit  soigné  par  les 
siens  et  chez  lui  ;  les  présiaents  des  provinces  devaient 
«  s*assurer  que  le  fou  qui  se  serait  livré  à  un  acte  dange- 
reux pour  la  société  fût  surveillé  avec  un  soin  tout  particu- 


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lier  et  mènre,  en  cas  de  besoin,  enchaîné,  tant  comme 
mesure  de  sûreté  qu'à  titre  de  peine  et  de  répression.  >  Et 
plus  loin,  notre  auteur  ajoute  :  c  Si,  en  raison  de  son  indi- 
gence on  de  son  état  d*exaltalion,  l'aliéné  ne  pouvait  être 
gardé  chez  lui»  le  président  de  la  province  devait  le  faire 
séquestrer  dans  des  lieux  publics  de  détention,  appelés 
carceres-  >  Qu'étaient  ces  carceres?  S'agit-il  simplement 
des  prisons  où  l'on  enfermait  les  criminels,  et  où  Ton  plaçait 
par  surcroit  les  aliénés  agités  ?  C'est  possible.  Quoi  qu'il  en 
soit,  cette  question  de  l'assistance  et  du  traitement  des 
aliénés  chez  les  anciens  est  une  de  celles  qui  ne  sont  pas 
résolues;  elle  mériterait  cependant  d'attirer  l'attention  dun 
de  nos  médecins  érudits.  La  lumière  pourrait  se  faire  peut- 
être  en  rapprochant  les  textes  des  jurisconsultes  et  ceux  des 
médecins  qui  ont  écrit  sur  la  matière. 

La  partie  relative  au  droit  français  est  la  plus  considé- 
rable. Elle  est  divisée  en  deux  parties:  la  capacité  juridique 
et  la  liberté  individuelle.  M.  Fusier  y  traite  les  questions 
brûlantes  du  moment;  mais  à  l'inverse  de  certains  législa- 
teurs, journalistes  et  même  magistrats,  il  ne  veut  pas  le 
renversement  de  ce  qui  existe,  il  n'en  demande  que  les 
améliorations,  améliorations  que  la  science  et  la  force  des 
choses  imposent  en  quelque  sorte.  Il  ne  veut  surtout  pas  la 
mise  en  interdit  du  médecin  aliéniste,  que  certains  réfor- 
mateurs de  la  loi  du  30  juin  1838  veulent  mettre  en  tutelle, 
au  point  au'il  ne  puisse  plus  ni  recevoir  un  malade  dans  un 
asile,  ni  1  v  maintenir  et  Ty  traiter,  ni  l'en  faire  sortir  sans 
une  foule  ae  formalités  ou  sans  le  contrôle  de  nombreuses 
Commissions.  La  dij^nité  du  médecin  et  son  influence  sur 
les  malades  gagneraient-elles  à  un  tel  régime  ?  Il  est  permis 
d'en  douter. 

H.  Fusier,  qui  ne  se  paie  pas  de  mots  et  qui  a  pu  voir 
fonctionner  de  près  la  loi  sur  les  aliénés  —  son  père  était 
naguère  encore  un  des  médecins  les  plus  distingués  de  nos 
asiles  —  a  recherché  les  améliorations  oui  pourraient  être 
introduites  dans  cette  loi  et  qui  sont  aemandées  depuis 
longtemps  par  les  médecins  eux-mêmes.  Ainsi  il  demande 
qu'il  3oit  mieux  pourvu  à  la  gestion  des  biçns  des  aliénés 
non  interdits;  que  lesprescriptions  de  la  loi  du  30  juin  1838, 
qui  sauvegardent  sumsamment  la  liberté  individuelle, 
soient  plus  strictement  appliquées  ;  qu'on  réglemente  d'une 
façon  spéciale  le  traitement  des  aliénés  à  domicile  et  qu'on 
apporte  enfln  une  solution  c  à  la  grave  et  délicate  question 
des  aliénés  dits  criminels  et  des  criminels  aliénés  >.  Il  y  a 
là  matière  suffisante  à  léffiférer;  mais  ce  ne  se  serait  point 
la  refonte  générale  de  la  Toi,  tant  réclamée,  surtout  par  ceux 
qui  ne  l'ont  jamais  lue.  Cela  est  très  vrai;  reconnaissons 
cependant  avec  M.  Fusier  que  se  contenter  de  l'améliorer 
dans  ses  imperfections  c  ce  serait  au  contraire  lui  donner, 
en  quelque  sorte,  une  nouvelle  sanction  législative,  qui 
aurait  le  double  avantage  de  rassurer  l'opinion  publique  mal 
à  propos  alarmée  et  de  perfectionner  et  compléter  cette  loi, 
en  s'efforçant  d'assurer  à  chacune  de  ses  dispositions  une 
exécution  conforme  au  vœu  de  ses  auteurs.  La  condition 
essentielle  pour  arriver  à  un  heureux  résultat,  pour  amé- 
liorer en  un  mot  la  loi  de  1838,  sans  en  perdre  les  avan- 
tages, est  d'en  suivre  les  principes,  d'en  respecter  l'esprit 
général  et  d'en  conserver  l'ensemble,  en  s  inspirant  des 
nécessités  pratiques  et  en  se  tenant  surtout  à  l'abri  des  pré- 
jugés vulgaires  qui  l'ont  fait  injustement  décrier.  > 

Ce  que  nous  avons  dit  de  la  thèse  de  M.  Fusier^  les 
extraits  que  nous  en  avons  donnés,  prouvent  qu'on  a  affaire 
à  un  travail  d'une  réelle  importance,  que  devront  consulter 
tous  ceux  —  médecins  ou  non-médecins  —  qui  s'intéressent 
aux  sort  des  aliénés  et  qui  veulent  se  rendre  compte  de  la 
législation  qui  les  concernent. 

Ant.  KiTTi. 


VARIÉTÉS 

Faculté  de  médecine  de  Paris.  —  Des  conférences  pratiques 
d*bygiène  auront  lieu,  par  séries  de  quinzaine,  à  partir  du  lundi 
2  septembre  1889,  sous  la  direction  de  M.  le  professeur  Proust. 
Elles  seront  faites  chaque  jour,  par  MM.  les  docteurs  Netter 
et  A.-J.  Martin. 

Matières  principalement  traitées  :  !<"  Bactériologie  appliquée 
àVhyfiène  (M.  le  docteur  Netter,  au  Laboratoire  d'hvgièae): 
classilication  des  bactéries;  procédés  de  coloration;  méthodes  de 
culture;  recherche  des  microbes  dans  le  sol,  Teau  et  l'air;  prin- 
cipales maladies  transmises  par  les  microbes  contenus  dans  le 
sol,  dans  Feau  et  dans  l'air;  désinfection  et  vaccination; 

2^"  Hygiène  et  génie  sanitaire  (M.  le  docteur  A.-J.  Martin,  au 
Musée  <f  hygiène  et  à  TExposilion)  :  chauffage,  éclairage  et  venti- 
lation; ahmentation  des  villes  en  eau;  évacuation  des  matières 
usées  ;  hygiène  des  habitations  privées  et  collectives  ;  prophylaxie 
des  maladies  transmissibles:  isolement  et  désinfection;  législa- 
tion et  administration  sanitaires. 

Pour  prendre  part  à  ces  conférences,  se  faire  inscrire  au  Labo- 
ratoire d'hygiène.  Ecole  pratique,  15,  rue  de  l'Ëcole-de- 
Médecine. 

Corps  de  santé  militaire.  —  Le  ministre  de  la  guerre  a 
décidé,  à  la  date  du  15  août  1889,  que,  par  dérogation  aux  pres- 
criptions de  la  circulaire  minislèrielle  du  12  juillet  1889,  les 
engagés  conditionnels  d'un  an,  reçus  docteurs  en  médecine  ou 
possédant  douze  inscriptions  valables  pour  le  doctorat,  seront 
admis  à  bénéficier,  cette  année  encore,  des  dispositions  de  la 
circulaire  ministérielle  du  12  octobre  1886,  modifiée  par  le  décret 
du  6  avril  1888.  Ils  pourront,  en  conséquence,  sous  la  réserve 
d'avoir  satisfait  à  Texamen  réglementaire,  être  appelés  à  remplir, 
soit  dans  leur  corps,  soit  dans  un  hôpital  militaire  ou  militarisé, 
les  fonctions  de  médecin  auxiliaire. 

La  rbvaccination  des  réservistes.  — •  Sur  la  demande  de  la 
direction  du  service  de  santé,  M.  de  Freycinet  a  décidé  c[ue 
dorénavant  les  réservistes  et  territoriaux,  dont  le  livret  indivi- 
duel portera  mention  d'une  vaccination  ou  d'une  revaccination 
opérée  avec  succès  certain  depuis  moins  de  huit  ans,  seront 
dispensés  de  cette  opération  lors  de  leur  convocation.  11  en  sera 
de  même  pour  les  réservistes  et  territoriaux  qui  produiront  à 
leur  arrivée  au  corps  un  certificat  établi  par  un  docteur  en 
médecine,  et  dûment  légalisé,  constatant  qu'ils  ont  subi  une 
vaccination,  suivie  de  succès,  dont  la  date  ne  remontera  pas  au 
delà  de  huit  années. 

Corps  de  santé  de  la  marine.  —  Sont  nommés  :  au  grade  de 
médecin  de  deuxième  classe:  M.  le  docteur  Rimbert,  médecin 
auxiliaire  de  2*  classe. 

Au  grade  de  médecin  auxiliaire  de  deuxième  classe: 
MM.  Quennec  et  de  Moutard. 

Les  eaux  ménagères  des  casernes Jusqu'à  présent,  dans 

les  casernes,  les  déchets  de  cuisines,  dits  eaux  grasses,  étaient  à 
l'issue  de  chaque  repas  portés  dans  un  baquet  ad  hoc,  où  ils 
attendaient  à  ciel  ouvert  et  pendant  plusieurs  jours,  que  l'adju- 
dicataire voulût  bien  les  enlever. 

Dans  une  note  du  10  juillet,  le  ministre  a  décidé  que  les 
tonneaux  en  usage  seront  remplacés,  au  fur  et  a  mesure  de  leur 
mise  hors  de  service,  par  des  récipients  métalliques,  de  forme 
cylindrique  autant  que  possible.  Ces  tinettes  en  tôle  galvanisée 
devront  toujours  être  tenues  fermée.  De  plus,  le  transvasement 
des  matières  étant  une  grande  cause  d'infection  et  de  souillure 
du  sol,  il  y  aura  lieu  d'avoir  un  jeu  double,  de  manière  (}ue  les 
tinettes  pleines  soient  enlevées  dans  cet  état  et  remplacées  par 
des  tinettes  vides.  On  doit  savoir  gré  au  ministre  d'avoir  fait  dis- 
paraître des  casernes  une  cause  d'mteclion,  incriminée  si  souvent 
et  à  juste  titre  par  les  médecins  militaires. 

Congrès  des  médecins  aliénistes.  —  A  la  suite  du  Congrès 
de  médecine  menlale,  il  a  été  décidé  qu'un  Congrès  nationsu  de 
médecins  aliénistes  se  tiendra  à  Rouen  en  1800.  MM.  Delaporle 
et  Ciraud,  médecins  des  asiles  départementaux  de  la  Seine- 
Inférieure,  ont  été  chargés  de  l'organisation  dudit  Congrès. 

Congrès  d'anthropologie  crimineclb.  —  Nous  avons  annoncé 
dernièrement  que  le  Congres  d'anthropologie  criminelle  avait 


572    —  N*  35  -        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


30  Août  1889 


émis  le  vœu  que  les  médecins  ainsi  que  les  étudiants  en  méde- 
cine légale  et  les  étudiants  en  droit  pénal,  accompagnés  de 
leurs  professeurs,  fussent  autorisés  à  entrer  dans  les  prisons 
pour  y  examiner  les  détenus. 

D*après  les  déclarations  faites  à  ce  sujet  par  M.  Ilerbette, 
nous  pouvons  dire  que  ladministration  pénitentiaire  est  disposée 
en  principe  à  donner  les  autorisations  nécessaires  pour  visiter 
les  établissemenLs  pénitentiaires  ;  il  importe,  toutefois,  aue  les 
condamnés  ne  se  croient  pas  Tobjet  d'une  curiosité  trop 
grande.  L'entrée  des  prisons  pourra  être  accordée  aux  étw- 
aiants  en  droit  recommandés  par  leurs  professeurs  ;  mais  il 
n'en  sera  probablement  pas  de  même  pour  les  médecins,  M.  Her- 
bette  estimant  que  les  condamnés  ne  peuvent  être  comparés  aux 
malades  d'hôpitaux.  Si  l'on  en  croit  M.  le  directeur  de  Tadmi- 
nistration  pénitentiaire  au  ministère  de  Tintérieur,  il  serait  à 
craindre  que  le  condamné  ne  devînt  par  trop  un  sujet  d'étude 
pour  le  médecin  et  que,  par  suite,  beaucoup  de  condamnés  ne 
simulassent  des  maladies  pour  se  rendre  plus  ou  mpins  intéres- 
sants aux  yeux  du  public  médical. 

Toutefois,  M.  Herbette  ne  demanderait  pas  mieux  que  de 
faciliter  les  études  sur  les  condamnés,  et  voici  comment  :  Tau- 
topsie  des  individus  morts  pendant  la  durée  de  leur  peine  est 
de  droit,  si  Tautorité  publique  le  juge  nécessaire.  Le  nombre 
de  ces  derniers  est  encore  élevé  :  une  partie  d'entre  eux  sont 
réclamés  par  leur  famille;  les  autres  doivent  être  inhumés  par 
les  soins  de  l'adminislralion.  Pour  ces  derniers,  l'autopsie  pour- 
rait toujours  bien  être  prati(^uée;  elle  pourrait  Tétre  aussi  pour 
les  premiers,  au  cas  où  Tinterét  de  la  science  l'exigerait. 

Voilà  quelle  parait  être  la  voie  que  ladministration  péni- 
tentiaire est  disposée  à  suivre  en  France,  pour  ce  oui  a  trait 
aux  constatations  médico-anthropologiques  sur  les  condamnés. 

En  ce  qui  concerne  le  dernier  vœu  émis  par  le  Congrès, 
c'est-à-dire  la  remise  des  corps  des  suppliciés  aux  médecins, 
M.  Herbette  n'a  pas  à  intervenir,  attendu  que  lorsque  l'écrou  est 
levé,  le  condamné  à  mort  ne  dépend  plus  de  l'administration 

Eénitentiaire,  mais  de  l'autorité  judiciaire  et  de  la  sûreté  pu- 
lique.  Nous  croyons  savoir  à  ce  propos  que,  si^  les  corps  des 
suppliciés  n'ont  plus  été  livrés  aux  médecins,  c'est  à  la  seule 
fin  ae  ne  pas  choquer  le  sentiment  public  ;  à  tort  ou  à  raison, 
d'aucuns  ne  voient  pas  d'un  œil  favorable  entreprendre  sur  ces 
cadavres  des  expériences  de  physiologie  pouvant  ou  non  amener 
une  seconde  de  survie;  quelques  criminels  eux-mêmes  se  sont 
refusés  d'avance  à  voir  leur  corps  devenir  l'objet  de  telles  expé- 
riences. 

£n  présence  de  cet  état  de  choses,  le  gouvernement  serait, 
paratt-il,  décidé  à  ne  livrer  que  les  corps  de  condamnés  n'ayant 
pas  manifesté,  pendant  leur  vie,  de  disposition  contraire,  et 
encore  cette  remise  serait-elle  faite  à  la  condition  qu'on  n'en- 
treprendrait sur  eux  aucune  expérience  tendant  à  les  rappeler 
à  la  vie.  C'est  pour  cette  raison  que  les  corps  des  deux  derniers 
décapités  ont  été  mis  à  la  disposition  de  la  Société  d'anthropo- 
logie pour  faire  exclusivement  l'objet  de  recherches  anatomo- 
pathologiques  spéciales.  (Semaine  médicaie.) 

Falsifications  observées  bn  Hollande.  —  Du  poivre  noir 
contenait  du  sable  et  laissait  19  pour  lUO  de  cendres.  Du  maïs 
pulvérisé  contenait  des  fécules.  De  la  mouturde  avait  été  addi- 
tionnée de  curcuma  et  d'acide  salicylique.  Dans  le  chocolat  en 
fioudre.  on  a  trouvé  beaucoup  de  sagou;  dans  le  café  moulu,  de 
a  firinede  seigle  ou  de  la  poudre  d^  racine  de  chicorée  torrétiée. 
On  a  constate  que  les  pommes  séchées,  originaires  d'Amérique, 
contennient  fréquemment  des  sels  de  zinc.  Cela  provient  des 
séchoirs  en  fer  i^alvanisé  sur  lesquels  on  les  prépare.  Les  marme- 
lades de  fruits,  Tes  sirops  sont  conservés  avec  l'acide  salicylique. 
Dans  des  vius  rouges  et  blancs,  on  a  reconnu  l'acide  sulfureux  et 
l'acide  salicvlique,  dans  les  premiers  de  la  fuchsine  non  ars^ni* 
cale.  Sur  630  échantillons  d'eau  de  Seitz,  près  d'un  quart  (148) 
contenaient  des  sels  mélalliques  et  quelques-uns  en  quantité 
nuisible  Sur  2ib  échantillons  de  beurre,  on  n'en  a  trouvé 
q^ue  19  qui  fussent  tout  à  fait  pum;  60  contenaient  de  la  marga- 
rine. {Revue  inlemationaie  des  falsifications,) 

Falsifications  de  viandes  en  Allemagne.  —  lin  boucher  de 
Berlin  fut  dernièrement  cité  devant  le  tribunal,  pour  avoir  fourni 
à  ses  clionts  de  la  viande  colorée  arlidciellement  et  des  saucisses 
contenant  une  quantité  considérable  de  fécule  de  pommes  de 
terre.  Le  prévenu  était  fort  étonné  qu'on  lui  fit  un  crime  de  pra- 
tiques qui  sont  ordinaires  dans  la  boucherie  et  ajoutait  pour 
sb  défense  qu'il  avait  emprunté  les  pr^édés  de  teinture  à  un 


livre  contenant  des  c  recettes  pour  la  boucherie  et  la  fabrication 
des  saucisses  >.  L'expert,  M.  Bischoff,  soutint  que  la  coloration 
artificielle  (la  cochenille  avait  été  employée  â  cet  effet)  de^ 
viandes  était  une  falsification  et  contesta  que  l'addition  de  féculi- 
au  porc  haché  pour  la  préparation  des  saucisses  fût  une  pratiqut* 
courante.  Le  tribunal  octroya  au  prévenu  dix  jours  de  pris«Hi 
pour  la  cochenille  et  50  marks  d'amende  pour  la  fécule,  (union 
pharmaceutique.) 

Frais  d'incinération.  —  Sur  la  proposition  de  M.  le  préfet  dt; 
la  Seine,  le  Conseil  municipal,  en  prévision  des  demandes  oui 
pourront  lui  éire  adressées,  a  fixé  comme  suit  le  taux  des  redo- 
vances  pour  les  incinérations  de  la  ville  de  Paris: 

Le  taux  de  la  redevance  à  percevoir  nour  les  îneinération> 
dans  les  appareils  crématoires  de  la  ville  de  Paris  est  uniformé- 
ment fixé  a  la  somme  de  50  francs,  y  compris  l'occupation, 
pendant  cinq  ans,  si  elle  est  demandée,  d'une  case  clans  !•* 
colombarium  à  établir  par  la  ville  de  Paris,  l'unie  dans  laque il«' 
seront  disposées  les  cendres  des  personnes  incinérées  restant  à 
la  charge  des  familles. 

En  outre  de  la  redevance  ci-dessus  il  sera  perçu  fin  droii  afTé- 
rent  à  l'occupation  du  monument  crématoire  proportionnel  à  la 
décoration  audit  monument  et  à  l'importance  de  fa  pomp«> 
déployée.  Ce  droit  sera  réglé  comme  suit: 

1*^,  2'  et  3* classes  de  convois,  2(X)  francs;  4*  et  5*  classes,  ïiD>i 
que  pour  les  corps  amenés  de  l'extérieur,  150  francs;  G*  classe, 
50  francs;  7*  classe,  25  francs;  8*  classe,  12  francs;  serrict' 
gratuit  (néant). 


Nécrologie.  —  La  semaine  dernière  un  nombreux  cortèg»- 
de  confrères  et  d'amis  a  accomjiagné  le  convoi  de  l'un  de  no> 
plus  distingués  médecins  aliénistes,  le  docteur  Jules  Cotard« 
médecin  de  la  maison  de  santé  du  docteur  J.  Falret  k  Vanves, 
décédé  le  19  août  dans  des  circonstances  particulièrement  poi- 
gnantes. Il  y  a  deux  semaines,  un  de  ses  enfants,  une  fillette  dr 
huit  ans,  fut  prise  du  croup;  elle  est  aujourd'hui  guérie ,  mais 
le  père  avait  contracté  la  maladie  et  y  a  succombé  à  l'âge 
de  quarante-neuf  an<.  MM.  Gréhant,  au  nom  de  la  Société  do 
biologie,  Ritti,  au  nom  de  la  Société  médico-psychologique. 
Falret,  au  nom  de  ses  amis,  ont  rappelé  sur  sa  tombe  toute 
rétendue  de  cette  perte.  On  iloit  à  notre  très  regretté  confrèn* 
une  série  de  travaux  importants  sur  Tanalomie  pathologique  du 
cerveau  et  diverses  affertions  mentales;  au  récent  Congrès  d«> 
médecine  mentale,  on  a  lu  de  lui  un  remarquable  mémoire  sur 
les  origines  psycho-motrices  du  délire,  (>lein  d  idées  neuves  et 
originales,  dans  ces  dernières  années  il  s'était  plus  pariiculière- 
ment  adonné  à  l'étude  de  cette  question,  pour  laquelle  il  avait 
amassé  un  grand  nombre  de  matériaux  que  ses  amis  ne  voudront 
pus  laisser  inutilisés. 

Nous  avons  aussi  le  regret  d'apprendre  le  décès  de  M.  Alriu- 
dor,  interne  des  hôpitaux  de  Paris,  qui  vient  d«f  se  noyer  dans 
un  lac  de  la  Puisse;  de  M.  le  docteur  Rota,  ancien  directeur  do 
la  maison  de  santé  de  la  rue  Picpus;  de  M.  le  docteur  CabroL 
ancien  médecin  principal  de  l'armée;  de  M.  le  docteur  Meynet. 
médecin  honoraire  des  hôpitaux  de  Lyon;  de  M.  le  docteur  (jet- 
main  (de  Douvaine,  Haute-Saône). 


Mortalité    a    Paris  (33*    semaine,    du    11    au   17  août  i 
1889.  —  Population:  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  27.  ' 

—  Variole,  2.  —  Rougeole,  13.  —  Scarlatine,  2.  —  Coque- 1 
luche,  10.  —  Diphlhérie,  croup,  18.  —  Choléra,  0.  —  Phthisie 
pulmonaire,  18i.  —  Autres  tuberculoses,  19.  —  Tumeurs:! 
cancéreuses,  38  ;  autres,  3.  —  Méningite,  23.  —  Congés-  ' 
tion  et  hémorrha^ies  cérébrales,  47.  —  Paralysie,  5.  —  1 
Ramollissement  cérébral,  10.— Maladies  organiques  du  cœur,  2^^  ' 

—  Rronchite  aiguë,  18.  —  Bronchite  chronique,  25.  — Broncho-  1 
pneumonie,  20.  — Pneumonie,  32.  —  Gastro-entérite:  sein,  29; 
biberon,  100  —Autres  diarrhées,  10.— Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 8.  — Autres  affections  puerpérales,  4.  —  Débilité  con- 
génitale,  2i.  —  Sénilité,  27.  —  Suicides,  18.  —  Autres  morts 
violentes,  2.  —  Autres  causes  de  mort,  170.  —  Causes  ' 
inconnues,  11.  —  Total:  928.  1 

G.  Masson,  Propriétatre-Gérant. 

^SSSSSSSS     I  I  '       ■■     Il    ,      , 

90108.  —  Mflimaos.  —  Imi^rimeriaf  rdonlet,  ▲,  ni«  Migneoi,  i,  P«rU. 


30  Août  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         _  N«  85  —    573 


SUPPLÉMENT  THÉRAPEUTIQUE 


DE    LA 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


lie  GaTaeol. 

En  4887,  il  a  paru  dans  le  n*"  30  du  Correspondeuz-Blatt 
fur  Schweizer  Aerzte,  un  travail  du  docteur  Sahlî  sur  le 
Ga!acol.  Ce  médecin  s'est  proposé  de  substituer  ce  corps  à 
la  créosote  dont  il  fait  partie  dans  la  proportion  de  ^  à 
90  pour  iOO.  En  effet,  la  créosote  n'est  pas  une  espèce  chi- 
mique définie,  mais  un  mélange  de  plusieurs  composés 
appartenant  à  la  classe  des  phénols. 

En  1888,  M.  Fraentze)  {Theropeutiêche  Monatshefte, 
n"*  4),  se  basant  snrtine  communication  personnelle  du  pro- 
fesseur Pemcoldl»  qui  croit  que  le  Gaïacol  est  la  substance 
active  dans  la  créosote,  a  employé  le  Galacol  dans  plus  de 
douze  cas  de  tuberculose,  et  a  obtenu  les  mêmes  résultats 
qu'avec  la  créosote. 

Le  Galacol  se  prépare,  d'après  le  pnH:édé  de  Fischer,  par 
distillation  du  bois  de  hêtre  et  se  sépare  vers  !200  degrés. 
Les  produits  recueillis  à  cette  température  sont  traités  par 
plusieurs  réactifs  et  soumis  plusieurs  fois  à  des  distillations 
iracliojinées. 

A  Fétat  pur,  le  Gaïacol  constitue  un  liquide  incolore, 
d'une  odeur  aromatique  agréable,  ce  qui  est  un  avantage 
sur  la  créosote. 

Fischer  a  indiqué  plusieurs  procédés  pour  s'assurer  de  la 
pureté  du  Galacol.  Un  de  ces  moyens  consiste  à  agiter 
:2  centimètres  cubes  de  Galacol  avec  4  centimètres  cubes  de 
benzine  de  pétrole  à  la  température  de  20  degrés.  Si  le 
Galacol  est  pur,  il  se  sépare  rapidement  et  en  totalité.  Si  on 
a  affaire  à  du  Galacol  du  commerce  qui,  d'après  Fischer,  ne 
renferme  quelquelois  que  35  pour  iOO  de  Gaïacol,  il  se  fait 
une  solution  claire  ;  rien  ne  se  sépare. 

Il  est  de  première  importance  de  s'assurer  d'un  produit 
bien  préparé,  parfaitement  pur  et  bien  conservé  ;  les  effets 
ihérapeutiques  dépendent  évidemment  de  ces  conditions. 

L'action  thérapeutique  du  Galacol  est  très  voisine  de  celle 
de  la  créosote.  Sahli  a  expérimenté  sur  un  grand  nombre  de 
phthisiques  et  a  vu  la  toux,  surtout  au  début  de  la  phibisie, 
)romptement  calmée.  Quand  Texpectoralion  est  pénible  et 
es  sécrétions  abondantes,  le  Galacol  fluidifie  les  mucosités 
et  les  diminue  progressivement. 

Le  Galacol  convient  à  tous  les  cas  de  phthisie  lente  qui 
exigent  un  long  traitement. 

Quand  le  Gaîicol  est  bien  supporté,  l'appétit  ne  tarde  pas 
à  se  relever  ainsi  que  l'état  général. 

C'est  un  médicament,  comme  la  créosote,  à  continuer 
pendant  des  semaines  et  des  mois. 

Tout  récemment,  un  médecin  des  hôpitaux  de  Paris  a  fait 
usage  de  ce  médicament  sous  forme  de  Perles  contenant 
chacune  5  centigrammes  de  Galacol  pur  en  solution  dans 
l'huile  de  faine.  Ces  Perles  ont  été  préparées  sur  sa  demande, 
suivant  le  procédé  du  docteur  Clertan,  par  la  maison 
L.  Frère.  Les  résultats  obtenus  seroni  l'objet  d'un  travail 
ultérieur,  mais  déjà  nous  savons  qu'ils  confirment  de  tous 
points  les  travaux  des  médecins  étrangers. 

La  dose  usitée  de  Galacol  est  de  15  à  90  centigrammes 
par  jour  environ,  ce  qui  correspond  à  trois  ou  quatre  Perles; 
mais  il  peut  être  administré  à  des  doses  beaucoup  plus 
élevées. 


f; 


THÉIAPEUTIQUE 

■ttlleylato  4e  atereare. 

Une  communication  du  docteur  Silva  Araujo  à  la  Société 
de  polyclinique  générale  de  Rîo-deJaneiro  a  appelé  l'atten- 
tion sur  cette  combinaison  hydrargyrique.  Cet  auteur  lui 
reconnaissait  de  sérieux  avantages  qu'il  résumait  ainsi  : 

1*»  Le  salicylate  de  mercure  est  facilement  supporté  par 
l'estomac;  il  n'occasionne  ni  les  gastralgies,  ai  les  enterai- 
gies  ou  coliques,  ni  la  diarrhée  qui  sont  fréquemment  l'effet 
des  autres  préparations  mercurielles,  sans  y  excepter  le  pro- 
toiodnre  et  le  tannate  de  mercnre  dont  il  a  été  fait  récem- 
ment un  si  large  emploi  ; 

2*  Le  salicylate  de  mercure  n'a  jamais  produit  la  stoma- 
tite mercurielle; 

3°  A  l'intérieur  le  salicylate  de  mercure  agit  avec  plus  de 
promptitude  qu'aucun  autre  des  sels  de  mercure  usités 
jusqu'à  cojour. 

A  la  suite  de  cette  publication,  le  docteur  Cari  Szadek,  de 
Kiew,  a  administré  le  salicylate  de  mercure  dans  vingt-cinq 
cas  de  syphilis. 

Les  observations  du  méddcin  russe  confirment  entière- 
ment les  résultats  annoncés  par  le  docteur  Araujo,  de  Rio. 
Dans  aucun  cas  la  meaicaiiun  n'a  occasionné  de  désordres 
des  organes  digestifs,  ni  stomatite,  ni  salivation,  lorsque  la 
bouche  et  les  dents  étaient  en  bon  état. 

Plus  récemment,  le  professeur  Swimmer,  de  Budapest,  a 
demandé  à  ht  maison  L.  Frère,  de  Paris,  de  lui  préparer, 
suivant  son  procédé  d'enrobage  et  d'impression,  des  pilules 
imprimées,  de  salicylate  de  mercure,  à  la  dose  d'un  centi- 
gramme. Le  sel  lui-même  a  été  préparé  de  toutes  pièces  au 
laboratoire  de  eette  importante  maison. 

Le  professeur  de  Pest  donne  cinq  de  ees  pilules  par  jour, 
tandis  que  le  docteur  Silva  Araujo  a  formulé  des  pilules  de 
35  milligrammes  dont  il  donnait  trois  par  jour. 

Mous  pensons  que,  d'une  manière  générale,  la  dose  du 
professeur  hongrois  convient  mieux  pour  une  médication 
qui  doit  être  fractionnée  et  progressivement  croissante. 
D'ailleurs,  il  esltonjours  facile  d'augmenter  le  nombre  des 
pilules. 


G.  MASSON,  Éditeur-Libraire  de  T Académie  de  Médecine 

120,    BOULEVARD   SAINT-GERMAIN,    120 

VIENT  DE  PARAITRE 


TRAITÉ    DESCRIPTIF 


DES 


MALADIES  DE  LA  PEAU 

SYKPTOIATOIOGIE  ET  AKATOMIE  PAMOGK 


PAR   MM. 


HENRI  LELOIR 

PROFESSEUR  A   LA  FACULTÉ  DZ  MÉDECINE   DE  LILLE 
MË.UBRE    CORRESPONDANT    DE    L*ACADÉMIE    DE     MÉDECINE 


EMILE  VIBAL 

MEMBRE     DE     l'aCADÉMIE     DE     MÉDECINE 
MÉDECIN  DE   l'HOPITAL   SAINT-LOUIS 


Ouvrage  accompagné  d'un  atlas  de  54  planches  en  chromolithographie 

LA  PREMIÈRE  LIVRAISON  CONTlEiYT  LES  ARTICLES  SUIVANTS: 

Achromie.  —  Acné.  —  Acrodinie.  —  Actinomycose.  —  Aïnhum.  —  Alopécie. 
Anémie  cutanée.  —  Atrophie  cutanée.  —  Bouton  des  pays  chauds. 

6    PLANCHES    EN    COULEUR  —  80   PAGES    DE    TEXTE 


Le  Traité  descriptif  des  maladies  de  la  peau,  par  MM.  Lelohi  et  Vidal,  paraîtra  en  9  livraisons  dont  chacu/ 
comprendra  6  planches  avec  5  feuilles  de  textes  et  les  explications  des  planches. 

L'ouvrage  sera  complet  dans  un  intervalle  maximum  d'une  année. 

Le  prix  de  vente  pour  les  souscripteurs  à  Touvrage  complet  est  de  90  francs,  payable  à  raison  de  10  fm 
par  livraison. 

Quand  l'ouvrage  sera  complet,  le  prix  sera  porté  à  100  francs. 


IPOVn    IPAHAiTnE    riJM   AOWJT  t 


DES 


MALADIES  RARES  DE  LA  PEAl 

PAR  MM. 

P. -G.  UNNA  MALCOLM  MORRIS  H.  LELOIR  L.-A.  DUHRING 

Hambourg  Londres  Lille  Philadelphie 


PREMIÈRE  LIVRAISON  GONTENiNT  TROIS  PLANCHES  EN  COULEDR  ET  CINQ  FEUILLES  DE  TEXTE 

Cet  Allas  parait  dans  le  formai  in-folio.  La  date  de  la  publication  est  indéterminée.  Toutefois,  il  parait  chaque  année  de  "<*' 
à  trois  livraisons.  On  souscrit  pour  une  année. 

Prix  de  la  Souscription  annuelle  :  25  francs;  plus,  pour  les  déparlements,  1  fr.  25  par  livraison,  de  port  et  d'emballage' 


On  reçoit  dès  à  présent  les  Souscriptions 


Trente-sixième  année 


N*36 


6  Septembre  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 

PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D'  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD.  6.  DIEUUFOY,  DREYFUS-BRISAC,  FRARCOIS-FRARCK,  A.  HËROCQUE,  A.J.  MARTIR,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lereboullet,  4A,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRE.  —  ROLLSTIN.  Maurice  Perrin.  ~  La  dépopulation  de  la  France. 
-  FoRMOLAlRB  TsiRAPSUTlQUl.  Un  traileiuent  antiseptique  de  la  diphthërie 
pliaryngée  et  nasale.  —  Travaux  originaux.  Neuropalhologie  :  De  l'ane»- 
tlicsic  sous  se»  divers  modes  dans  la  parëso-analgésie.  Cas  frustes  do  paréso- 
^inatgcsie.  —  Thérapeutique  médicale  :  Prophylaxie  de  la  lubrrculose.  —  Cli- 
nique médicale  :  Scarlatine  rucidivée.  —  Correspondanck.  Un  cas  de  mort 
subite  par  une  injectiou  d'ëther.  —  Revus  dbs  Congrès.  Dix-huitième  Congres 
de  la  Société  aHemande  de  chirurgie.  —  SOCiéris  savantes.  Académie  des 
'Miencc>.  —Académie  de  médecine.  —  Rbvub  des  journaux.  —  Travaux  m 
ronsuller.  —  BIBLIOGRAPHIE.  Comment  on  fait  parler  les  sourds-muets.  — 
VARiérés.  Microbes  et  microbie  à  l'ExpositioB  universelle  de  1889. 


BULLETIN 

Paris,  4  septembre  1889. 
Manrice    IPerrta. 

La  médecine  militaire  française  vient  de  faire  une  perte 
considérable  et  imprévue.  M.  Maurice  Perrin  a  succombé 
samedi  dernier,  après  trois  jours  de  maladie,  dans  son  vil- 
lage natal  de  Yezelise  (Heurlhe-et-Moselle)  où  il  aimait  à 
venir  chaque  année  prendre  quelques  semaines  de  repos. 

Comme  professeur  de  médecine  opératoire  et  directeur 
des  conférences  d'ophthalmoscopie  et  d'optomélrie  au  Val- 
(ie-Grâce,  M.  Maurice  Perrin  avait  fondé  un  enseignement 
qui  n'a  pas  peu  contribué  à  généraliser  Fophthalmologie  dans 
Tarmée  et  à  élever  le  niveau  de  cette  science;  ses  études 
sur  le  rôle  de  Talcool  et  des  anesthésiques  dans  Torganismo 
sont  devenues  classiques;  praticien  habile  autant  que  pru- 
dent et  expérimenté,  il  a  compté  parmi  les  plus  remar- 
quables représentants  de  la  chirurgie  de  guerre. 

Ayant  occupé  avec  une  haute  distinction  les  divers  grades 
de  la  hiérarchie  militaire,  il  ne  manqua  jamais  de  s'efforcer 
de  rehausser  le  prestige  du  corps  de  santé,  aussi  bien  sur 
les  champs  de  bataille,  comme  médecin  en  chef  du  corps 
d'armée  du  maréchal  de  Mac-Mahon  en  1870,  que  dans  les 
conseils  du  gouvernement  en  qualité  de  médecin  inspecteur 
et  de  directeur  du  Val-de-GrAce.  Il  fut  de  ceux  dont  la 
valeur  personnelle  permit  la  réforme,  aujourd'hui  com- 
mencée, de  notre  service  de  santé  de  Farmée. 

En  rappelant  à  Thonneur  de  sa  présidence,  TAcadémie 
de  médecine  avait  témoigné  une  fois  de  plus  de  Testime 
qu'elle  a  toujours  professée  pour  les  chefs  de  notre  médecine 
militaire.  M.  Maurice  Perrin  était  fier  de  ce  choix,  mais 
avec  la  modestie  qu'il  savait  allier  à  la  droiture  du  carac- 
tère, à  l'élégance  delà  parole  et  à  une  courtoise  aménité 
qui  commandaient  et  retenaient  l'affection  de  tous  ceux  qui 
l'ont  approché.  Nous  garderons  respectueusement  sa  mé- 
moire. 

f  StRiB,  T.  XXVI. 


Ii«  dépopnlailon  de  la  Fraisée. 

Il  y  a  quelques  jours,  le  Journal  officiel  a  publié  un 
rapport  officiel  du  service  de  la  statistique  sur  le  mouvement 
de  la  population  en  France  pendant  l'année  1888.  Les  indi- 
cations fournies  dans  ce  rapport  sont  tellement  inquiétantes 
au  point  de  vue  de  l'avenir  de  notre  pays  qu'il  y  a  intérêt, 
surtout  pour  les  médecins  et  les  hygiénistes,  à  ne  pas 
les  laisser  dans  l'oubli  habituel  aux  publications  de  ce 
genre. 

En  effet,  d'après  le  dépouillement  des  actes  de  l'état  civil, 
il  a  été  enregistré,  pendant  l'année  1888,  276848  mariages, 
4708  divorces,  882639  naissances  et  837867  décès,  soit  un 
excédent  des  naissances  sur  les  décès,  représenté  par 
44772  individus  seulement,  alors  que  cet  accroissement, 
déjà  faible,  avait  été  de  56536  en  1887.  Si  l'on  compare  ces 
chiffres  à  ceux  des  années  précédentes,  on  constate  une 
diminution  générale  très  accentuée,  portant  à  la  fois  sur  les 
mariages,  les  naissances  et  les  décès  ;  le  chiffre  des  divorces, 
ainsi  que  celui  des  naissances  naturelles,  présente  seul  une 
augmentation. 

Examinons  maintenant  quelques  détails  de  cette  statis- 
tique. En  1888,  il  a  été  célébré  en  France  276848  mariages, 
soit  212  seulement  de  moins  que  l'année  précédente,  mais 
6360  de  moins  qu'en  1886.  Celte  diminution  du  nombre  des 
mariages  est  inquiétante  par  sa  continuité,  fait  observer 
l'auteur  du  rapport,  car  à  chaque  diminution  dans  le  chiffre 
des  mariages  correspond  une  perte  trois  fois  plus  grande 
dans  le  nombre  des  naissances  ultérieures. 

Le  taux  des  mariages  est  actuellement  de  7,2  pour 
1000  habitants,  au  lieu  de  7,5,  taux  ordinaire  des  dernières 
années.  On  a  compté  1  mariage  sur  139  habitants  et  1  sur 
42  célibataires  adultes  des  deux  sexes. 

Le  nombre  des  naissances  n'a  été  en  1888  que  de  882639, 
en  diminution  de  16794  sur  les  naissances  de  1887.  Jamais, 
si  ce  n'est  en  1871,  le  nombre  des  naissances  n'a  été  aussi 
faible  et  cette  diminution  ne  semble  pas  près  de  s'arrêter, 
si  l'on  en  juge  par  les  chiffres  suivants,  qui  montrent  le 
mouvement  décroissant  des  naissances  depuis  cinq  ans  : 
en  1884,  937  750  naissances;  en  1885,  924  558  naissances, 
soit  13200  en  moins;  en  1886,  912  838  naissances,  soit 
11 720 en  moins;  en  1887, 899333  naissances,  soit  13505  en 
moins;  en  1888,  882639  naissances,  soit  16794  en  moins. 
Le  nombre  a  ainsi  diminué  de  près  de  50000  dans  l'en- 
semble du  pays,  par  rapport  à  la  moyenne  décennale,  ce 
qui  constitue  un  recul  de  plus  de  5  pour  iOO,  auquel  tous 
les  départements,  sauf  huit,  ont  plus  ou  moins  contribué. 

36 


574 


N*  36  —        (ÎAZEtTE  ftEBDOMADAlftE  t)Ê  MÉDECINE  Et  DE  CitiRURGlE         6  SEPTEUbRE  <889 


Encore,  raccroissement  observé  dans  ces  huit  départements 
provient-il  uniquement  de  l'immigration.  La  proportion  des 
naissances  pour  1000  habitants,  qui  est  de  23,1  pour  toute 
la  France,  varie  de  14  dans  le  Gers  à  33  dans  le  Finistère. 
D'autre  part,  pour  ce  qui  concerne  spécialement  la  natalité 
légitime,  qui  constitue  les  92  centièmes  de  la  natalité 
générale,  on  compte  en  moyenne  19  naissances  seulement 
chaque  année  sur  100*  femmes  mariées  de  moins  de  qua- 
rante-cinq ans.  Enfin,  le  nombre  des  naissances  naturelles 
ne  fait  que  s'accroître  ;  la  proportion  de  ces  naissances,  qui 
était  de  7,5  pour  100  en  1881  et  de  8  pour  100  en  1885, 
atteint  aujourd'hui  8,5  pour  100;  elle  varie  suivant  les 
diverses  parties  de  la  France,  de  25  pour  100  dans  la  Seine 
à  10  à  13  dans  le  Nord  et  à  2  à  3  en  Bretagne. 

En  1888,  le  nombre  des  décès  est  tombé  à  837867,  soit 
une  moyenne  de  21,9  pour  1000  habitants.  Gomme  on  doit 
s'y  attendre,  ce  sont  les  départements  qui  sont  doués  d'une 
forte  natalité  qui  sont  également  affectés  d'une  grande  mor- 
talité.'Comme  toujours,  les  décès  du  sexe  masculin  l'ont 
emporté  de  beaucoup  sur  ceux  du  sexe  féminin:  436223 
décès  d'hommes  contre  401644  décès  de  femmes. 

Dans  44  déparlements,  c'est-à-dire  dans  la  moitié  de  la 
France,  il  y  a  eu  accroissement  de  la  population  par  suite 
de  l'excédent  des  naissances  sur  les  décès  ;  dans  les 
43  autres,  au  contraire,  les  décès  l'ont  emporté  sur  les 
naissances.  Il  faut  aussi  remarquer  que  le  quart  de  l'accrois- 
sement total  est  dû  à  l'excédent  des  naissances  de  la  popu- 
lation étrangère,  si  bien  que  sans  l'appoint  des  naissances 
naturelles  la  population  française  diminuerait. 

La  proportion  des  étrangers  habitant  la  France  s'élève 
aujourd'hui  à  3  pour  100  de  la  population  totale  ;  on  a 
constaté  que  parmi  eux  le  mariage  est  un  peu  moins  fréquent 
que  chez  les  Français  et  que  l'on  y  compte,  toutes  propor- 
tions gardées,  plus  de  naissances  et  moins  de  décès.Ce  sont, 
après  les  Allemands,  les  Suisses,  qui  se  marient  le  plus  en 
France;  la  colonie  italienne  présente  a  relativement  le  plus 
de  naissances;  la  fécondité  des  femmes  y  est  plus  grande; 
dans  aucune  colonie  étrangère,  si  ce  n'estchez  les  Allemands, 
la  mortalité  n'est  aussi  forte  que  dans  l'ensemble  de  la 
France.  La  part  des  étrangers  dans  l'accroissement  si  faible 
de  la  population  compte  encore  pour  11  314  personnes,  si 
bien  que,  si  la  France  n'était  habitée  que  par  des  Français, 
l'augmentation  de  sa  population  sérail  réduite  d'un  quart. 
Ajoutons  qu^il  y  a  un  mois,  M.  le  docteur  Drysdale  signalait 
au  Congrès  international  d'hygiène  et  de  démographie  qu'en 
cette  même  année  1888,  l'excédent  des  naissances  sur  les 
décès  était  supérieur  (53394)  dans  la  ville  de  Londres  seule 
à  celui  de  la  France  entière  (44772). 

De  ces  données  il  résulte  une  fois  de  plus,  comme  on  Ta 
dit  depuis  si  longtemps,  que  .l'immigration  étrangère 
permet  presque  seule  à  la  France  de  conserver  son  taux  de 
population;  son  excédent  de  naissances  sur  les  décès  est  dû 
pour  une  forte  part  à  cet  élément,  car  la  proportion  étran- 
gère pour  une  année,  prise  au  hasard,  se  trouve  influencée 
par  les  immigrations  antérieures.  Noire  natalité  suit  une 
diminution  continue  et  si  notre  mortalité  est  relativement 
basse,  cela  tient  uniquement  au  nombre  peu  considérable 
des  enfants  en  France.  On  sait  en  efi^et  que  la  mortalité  pour 
la  première  année  de  l'existence  est  considérable  et  que 
celle  d'un  à  cinq  ans  est  encore  très  élevée.  Dans  un  rapport 
que  MM.  les  docteurs  Landouzy  et  Napias  ont  présenté  au 
Congrès  d'hygiène,  ils  ont  évalué  notre  mortalité  de  zéro  à  un 
an  à  179,8  pour  1000  habitants  et  celle  d'un  à  cinq  ans  à  27,5. 


Ces  chiffres  montrent  combien  notre  mortalité  générale  serai 
encore  plus  élevée  si  notre  natalité  s'accroissait. 

Il  parait  malheureusement  difficile  d'obtenir  une 
augmentation  suffisante  de  la  natalité  française  pour 
accroître  notre  excès  de  naissances  sur  les  décès;  oo  a  dii 
qu'en  1888  on  pouvait  encore  se  trouver  sous  le  contre-coa|. 
des  conséquences  de  la  guerre  de  1870-1871,  qui  a  fail  dt 
si  grands  ravages  dans  notre  jeunesse;  on  ne  saurai: 
l'admettre. puisque  cette  décroissance  est  générale, dans  It- 
départements  qui  n'ont  pas  été  éprouvés  par  la  gperre  aussi 
bien  que  dans  les  autres.  Cela  tient  à  des  causes  plus  géoc- 
raies,  qui  persistent  et  s'accentuent  même  depuis  plusieurs 
années:  ce  sont  les  modifications  survenues  dans  l'agri- 
culture, rémigration  des  campagnes  vers  les  villes  et  le> 
centres  manufacturiers,  comme  en  témoigne  le  nombre  de> 
naissances  naturelles  dans  ces  derniers  et  surtout,  suivant 
nous,  la  restriction  malthusienne,  de  plus  en  plus  eu  hon- 
neur à  mesure  que  l'instruction  et  la  richesse  augmentent 
et  que  les  mœurs  publiques  faiblissent  dans  la  masse  de  la 
population. 

Par  contre,  on  peut  exercer  une  action  plus  efficace  pour 
diminuer  la  mortalité;  que  la  France  conserve  avec  soin  son 
patrimoine  humain  si  elle  n'en  peut  facilement  renouveler 
la  valeur  en  nombre  !  Les  moyens  pour  y  parvenir  sont 
connus;  il  suffit  de  les  appliquer  avec  persévérance  et 
énergie;  les  exemples  abondent  qui  montrent  quels  succès 
sont  au  bout  de  tels  efforts.  La  mortalité  de  l'enfance  est 
diminuée  partout  où  l'alimentation  du  premier  âge  a  étf 
surveillée,  partout  où  les  maladies  des  enfants  ont  éw 
promptement  soignées;  la  mortalité  générale  a  toujours 
baissé  lorsque  les  maladies  transmissibles  ont  été  l'objet 
de  mesures  prophylactiques  sérieusement  appliquées  par 
des  personnes  compétentes.  L'un  des  plus  remarquable^ 
exemples  qu'on  en  puisse  citer  en  France  n'est-il  pas  celui 
de  la  diminution  continue  de  la  mortalité  dans  notre  armée 
au  fur  et  à  mesure  que  le  corps  de  santé  faisait  prévaloir  et 
adopter  les  préceptes  de  l'hygiène  des  troupes  et  des  caser- 
nements? D'après  les  chiffres  communiqués  par  M.  le  doc- 
teur Longuet  au  Congrès  d'hygiène  et  de  démographie, 
alors  que  la  mortalité  de  l'ancienne  armée  à  l'intérieui 
était  de  9  pour  1000  et  celle  de  cette  même  armée  tout 
entière  de  10  pour  1000,  la  mortalité  de  l'armée  actuelle  est 
descendue  pour  l'intérieur  à  6  pour  1000  et  pour  rarniéo 
tout  entière  à  7  pour  1000,  soit  un  gain  de  3  pour  lOOi), 
alors  que  la  mortalité  moyenne  des  jeunes  hommes  de 
vingt  à  vingt-cinq  ans  est,  vie  militaire  et  civile  comprise, 
de  12,60  pour  1000  en  France.  Ce  que  le  service  de  saute 
de  l'armée  a  pu  obtenir  dans  ce  milieu  limité,  mais  si  aisé- 
ment impressionnable,  il  convient  de  le  réaliser  au  plus  vite 
parmi  toutes  les  clases  de  notre  population,  si  nous  voulons 
conserver  à  celle-ci  sa  vitalité  et  à  notre  race  ses  qualités 
propres. 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

Un  traltemeiK  antiseptique  de  la  dlphlhérle  phmrjm^ér- 
et  naiiale. 

1"  Traitement  /ocal.— II  doit  consister  en  badigeonnages 
fréquemment  répétés  toutes  les  heures  ou  toutes  les  deux 
heures  avec  une  solution  d\icide  salicylique  au  centième. 
M.  J.  Simon  emploie  à  cet  effet  le  glycérolé  suivant  : 


6  Septembre  1889       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N-  36  —    575 


Acide  salicylique 1  gramme. 

Glycérine 40  grammes. 

Infusion  d'eucalyptus 60        — 

Alcool q.  s. 

Pour  faciliter  la  chute  des  fausses  membranes  pharyngées 
et  buccales,  il  est  utile  d'alterner  quatre  ou  cinq  fois  par 
jour  les  badigeonnages  avec  des  attouchements  à  la  glycé- 
rine phéniquée. 

Dans  la  diphthérie  nasale,  on  pratiquera  des  irrigations 
avec  une  splution  salicylée  à  i/i  pour  100,  et  des  insuffla- 
tions soit  avec  Tiodoforme  en  poudre,  soit  avec  le  soufre 
pulvérisé  finement  et  lavé,  ou  bien  des  onctions  avec  la 
pommade  suivante  : 

Vaseline 25  grammes. 

Soufre  sublimé  et  lavé 5       — 

Dans  la  diphthérie  pharyngée  et  laryngée  on  pratiquera 
aussi  des  pulvérisations  avec  le  thymol,  Teucalyplol  ou  Peau 
phéniquée. 

M.  J.  Simon  combat  les  adénites  cervicales  par  l'appli- 
cation très  classique  d*une  pommade  iodurée  et  belladonée  : 

Extrait  de  belladone 2  grammes. 

lodure  de  potassium i        — 

Axonge 25       — 

L'onguent  mercuriel  belladone  est,  à  mon  avis,  plus 
fidèle,  et  les  enveloppements  avec  le  coton  iodé  ou  les  badi- 
geonnages à  la  teinture  d'iode  rendent  des  services  ana- 
logues. 

S*»  Traitement  général.  —  Alimcnl  ilion,  toniques,  parmi 
eux  :  le  quinquina,  l'alcool,  le  pcrchlorure  de  fer,  ou  une 
mixture  ainsi  composée  dont  nous  avons  constaté  les  avan- 
tages : 

Teinture  de  malate  de  fer 15  grammes. 

Teinture  d'absinthe 3        — 

Teinture  de  gentiane 15        — 

que  l'on  administre  par  dose  de  trois  à  six  gouttes  répé- 
tées trois  à  quatre  fois  par  jour. 

La  teinture  de  kola,  à  la  dose  de  vingt  à  quarante  gouttes 
par  jour,  nous  a  rendu  également  de  bons  services.  On 
l'administre  en  trois  fois,  et  après  l'ingestion  d'aliments 
suit  en  nature,  soit  encore  sous  forme  d'élixir  ou  de  vin. 

Enfin,  on  peut  utilement  prescrire  les  balsamiques  :  cu- 
bèbe,  eucalyptol  en  capsules  et  copahu. 

3"  Traitement  hygiénique.  —  Renouveler  l'air  de  la 
chambre  en  le  maintenant  à -{- 15  degrés,  le  saturer  de 
>apeurs  antiseptiques  :  thymol,  décoction  de  feuilles  d'eu- 
calyptus, essence  de  térébenthine,  spray  phéniqué;  mais  ne 
pas  oublier  que  la  moileur  de  l'atmosphère  n'est  pas  moins 
nécessaire  que  son  antisepticilé. 

Ch.  Éloy. 

♦ 

TRAVAUX  ORIGINAUX 

Nevropatliolofl^e. 

De  l'anesthésie  sous  ses  divers  modes  dans  la  paréso- 

ANALGÉSIE.  CaS  FRUSTES  DE  PARÉSO-ANALGÉSIE,  par  M.  le 

docteur  Morvan  (de  Lannilis). 

(Fin.  —  Voyez  le  numéro  35.) 

Dans  les  douze  observalioif^  tant  anciennes  que  nouvelles, 
la  sensibilité  au  tact  est  toujours  lésée  dans  une  mesure 
quelconque.  Généralement  l'anesthésie  n'est  que  relative, 


c'est  de  l'hypoesthésie.  Elle  occupe  le  même  territoire  que 
Fanalgésie,  mais  elle  est  d'intensité  moindre,  et  comme 
celle-ci,  elle  s'accentue  d'autant  plus  que  Ton  se  rapproche 
de  l'extrémité  du  membre.  Elle  ne  devient  complète  que 
sur  la  face  dorsale  des  deux  dernières  phalanges  et  sur  la 
face  palmaire  des  doigts  et  de  la  main.  Cependant,  deux 
fois,  la  sensibilité  tactile  était  abolie  au  poignet  tout  entier 
et  à  deux  ou  trois  travers  de  doigt  au-dessus.  Et  même  trois 
fois  (obs.  I,  VI  et  XV),  l'abolition  était  complète  dans  Tun 
des  membres  tboraciques. 

Quand  il  y  a  de  l'analgésie  à  la  poitrine,  au  dos,  au  cou, 
à  la  face  ou  à  l'un  des  membres  inférieurs,  on  y  trouve 
aussi  de  l'anesthésie,  mais  alors,  pas  plus  d'ailleurs  que 
l'analgésie,  l'anesthésie  n'est  complète. 

La  thermanesthésie  offre  la  même  disposition  que  les 
deux  autres  espèces  d'anesthésie.  Elle  est  d'égale  étendue. 
En  un  mot,  les  anesthésies  à  la  douleur,  au  tact  et  à  la 
température  se  superposent,  mais  elles  diffèrent  très  nota- 
blement quant  à  l'intensité.  La  thermanesthésie  semble 
suivre  de  près  l'analgésie,  mais  l'anesthésie  tactile  reste 
fort  en  arrière  d'habitude.  Citons  un  exemple:  dans  Fobser- 
vation  X  (complément),  le  sens  du  toucher  est  assurément 
émoussé  au  membre  supérieur  gauche.  On  sent  cependant 
le  frôlement  de  la  barbe  d'une  plume  depuis  le  naut  du 
bras  jusqu'aux  dernières  phalanges  (face  dorsale).  La  sen- 
sibilité tactile  existe  à  peine,  mais  elle  existe  à  la  paume 
de  la  main  et  à  la  face  palmaire  des  doigts.  On  n'y  sent  pas 
le  passage  d'une  barbe  de  plume,  mais  on  perçoit  le  frotte- 
ment du  tuyau  que  je  promène  légèrement  sur  ces  points. 
Or  un  élément  du  thermesthésiomètre  de  Roth,  à  la  tempé- 
rature de  70  degrés,  ne  cause  aucune  douleur,  n'est  pas 
senti  au  bras  gauche,  bien  qu'une  application  de  quelques 
secondes  suffise  pour  amener  une  congestion,  une  rougeur 
persistante  de  la  peau.  Inutile  d'ajouter  que  le  membre,  qui 
ne  souffre  pas  d'une  chaleur  de  70  degrés,  ne  perçoit  pas  un 
écart  de  iO  et  20  degrés,  l'un  des  éléments  étant  à 
70  degrés  et  l'autre  à  50  degrés,  puis  à  40  degrés. 

Chez  quelques-uns  de  ses  malades,  Roth  a  rencontré  de 
l'anesthésie  thermique  sans  lésion  des  autres  espèces  de 
sensibilité.  Nous  n'avons  rien  vu  de  semblable  dans  nos  cas 
de  paréso-analgésie.  Toujours  la  thermanesthésie  était 
accompagnée  d'anesthésie  douloureuse  et  tactile. 

Donc  toutes  les  observations  consignées  dans  le  présent 
mémoire,  nous  montrent  une  lésion  de  la  sensibilité  au  tact 
en  même  temps  qu'à  la  douleur.  C'est  un  résultat  qu'il  était 
possible  de  prévoir,  étant  connu  par  les  expériences  de 
Schriff  que  les  cordons  postérieurs  ae  la  moelle  sont  le  lieu 
de  passage  des  sensations  tactiles,  et  par  les  recherches  de 
MM.  Gombault  et  Reboul  que,  dans  la  paréso-analgésie,  la 
zone  corticale  de  ces  mêmes  cordons  est  atteinte  de 
sclérose. 

Voyons  ce  qu'il  en  est,  sous  ce  rapport,  dans  la  syringo- 
myélie  : 

1"  Observations  de  MM.  Debove  et  Déjerine.  —  Chez  les 
deux  malades  qui  ont  fait  l'objet  de  leur  communication  à 
la  Société  médicale  des  hôpitaux,  et  chez  un  troisième,  dont 
M.  Déjerine  parle  dans  sa  leçon  orale  sur  la  syringomyélie 
(Semaine  médicale,  12  juin  1889),  ces  auteurs  constatent 
l'état  d'intégrité  parfaite  de  la  sensibilité  tactile. 

â"  Observations  de  M.  Roth.  —  Elles  sont  au  nombre  de 
dix.  Cinq  fois  la  sensibilité  au  tact  est  absolument  normale. 
Elle  est  touchée  dans  les  cinq  autres  cas,  mais  d'une 
manière  bien  légère. 

Obs.  1. — Sensibilité  tactile  sur  toute  la  surface  du  corps, 
moins  nette  toutefois  à  gauche,  côté  analgésie. 

Obs.  II.  — En  janvier,  le  plus  léger  attouchement  est  senti 
des  deux  côtés.  Quelques  mois  plus  tard,  en  mars,  Fattouchement 
avec  un  pinceau  de  crin  est  très  bien  perçu  partout,  mais  moins 
distinctement  à  droite  qu'à  gauche  sur  la  paume  de  la  main  et 
les  doigts. 


576    —  N*  36  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       6  Septembre  1889 


Obs.  V,  —  On  perçoit  en  janvier  et  on  localise  partout  Tattou- 
cUement  par  un  cheveu,  qui  est  pourtant  moins  bien  senti  sur 
.  les  bouts  des  doigts.  Plus  tard,  en  octobre,  sens   du  toucher 
affaibli  dans  la  moitié  radiale  de  la  main  droite. 

Obs.  IX.  —  Sensibilité  tactile  partout  conservée  à  Texception 
d'une  zone  large  comme  la  paume  de  la  main  sur  la  poitrine  où 
le  tact  est  en  partie  détruit,  en  partie  diminué. 

Obs.  X.  —  Sensibilité  partout  conservée,  à  Pexception  de  la 
face  antérieure  de  la  cuisse  gauche  et  du  dos  de  la  main 
gauche. 

Observations  du  professeur  Bernhardt,  au  nombre  de 
trois,  publiées  en  1887. 

L'une  d'elles,  très  écourtée,  ne  parle  pas  de  la  sensibilité 
tactile.  Dans  les  deux  autres,  c'est  à  peine  si  elle  est  touchée. 
On  y  lit  cependant  que,  dans  un  cas,  les  attouchements  sont 
rapidement  ressentis,  mais  d'une  façon  un  peu  différente  au 
côté  analgésie  ;  et  dans  Tautre,  que  sur  les  points  où  il  y  a 
de  Tanalgésie,  les  autres  modes  de  la  sensibilité  sont  géné- 
ralement altérés,  mais  à  un  faible  degré.  Les  attouche- 
ments, les  frôlements  sont  rapidement  perçus;  des  objets 
placés  à  la  face  palmaire  de  la  main  sont  aussitôt  reconnus. 

Il  ressort  de  l'analyse  des  quinze  faits  de  syringomyélie  à 
laquelle  je  viens  de  me  livrer,  que  généralement,  dans  cette 
affection,  la  sensibilité  tactile  est  respectée,  et  qu'en  cas  de 
lésion,  celle-ci  ne  s'étend  pas  à  toute  l'étendue  des  parties 
analgésiées.  Ici  c'est,  sur  la  poitrine,  une  zone  large  comme 
la  paume  de  la  main  qui  est  atteinte  ;  là  c'est  seulement  la 
face  antérieure  de  la  cuisse  gauche  avec  le  dos  de  la  main 
du  même  côté. 

Nous  sommes  loin,  il  me  semble,  de  la  situation  que  nous 
présente  la  paréso-analgésie  où  la  sensibilité  tactile  est 
toujours  lésée  et  parfois  à  un  degré  assez  notable. 

Devant  la  différence  tranchée  que  nous  offrent  sous  ce 
rapport  deux  maladies  si  rapprochées  cliniquement,  je  me 
suis  demandé  si  elle  ne  tenait  pas  au  mode  d'investigation 
employé  par  les  divers  observateurs.  Le  mien,  une  plume 
prise  au  corps  du  poulet,  est  d'une  grande  délicatesse. 

Il  m'a  permis  d'établir  d'une  manière  certaine  l'existence 
de  l'anesthésie  tactile  dans  la  paréso-analgésie.  Mais  je  vois 
que  M.  Déjerine.  par  exemple,  se  sert  du  compas  de  Wéber 
pour  tracer  sur  le  bras  de  son  malade  des  lettres  qui  sont 
aussitôt  nommées.  Le  frôlement  de  la  barbe  de  la  plume 
aurait-il  été  aussi  sûrement  reconnu?  Les  branches  du 
compas  de  Wéber  sont  rigides,  et  le  passage  de  la  pointe  sur 
le  bras  est  plus  qu'un  attouchement,  c'est  une  pression. 

Je  me  suis  alors  rappelé  deux  de  mes  malades  (obs.  I 
et  IX)  chez  nui  j'avais  constaté  jadis  l'intégrité  du  sens 
tactile.  Mais  la  constatation  avait  lieu  avec  un  instrument 
rigide,  le  manche  d'un  porte-plume.  Serais-je  arrivé  au 
même  résultat  avec  un  instrument  plus  délicat,  celui  que  je 
manie  aujourd'hui?  Le  doute  est  permis  quand  on  considère 
que,  dans  certains  cas,  le  frottement  du  tuyau  de  la  plume 
est  senti  là  où  le  frôlement  de  la  barbe  passe  inaperçu. 

Pourtant  Roth,  qui  n'indique  pas  toujours  ses  moyens 
d'exploration  et  se  borne  alors  à  mentionner  des  attouche- 
ments légers,  se  servait  au  moins  parfois  d'instruments 
délicats  comme  un  pinceau  de  crin,  et  même  un  cheveu  qui 
se  faisait  sentir  jusque  sur  les  bouts  des  doigts.  Peut-être 
serait-il  bon  d'interroger  de  nouveau  la  sensibilité  tactile 
dans  la  syringomyélie  et  de  procéder  avec  une  plume  légère 
à  l'investigation. 

D'un  autre  côté,  il  y  a  un  scrupule  qui  m'a  été  suggéré 
par  mon  distingué  confrère  et  excellent  ami  le  docteur 
Prouff  (de  Horlaix)  :  le  passage  d'une  barbe  de  plume 
n'est-il  pas  un  moyen  tropdélicatpour  impressionner  la  main, 
les  doigts,  même  d'une  personne  parfaitement  saine?  Et 
l'anesthésie  tactile,  constamment  signalée  par  moi  sur  la 
face  dorsale  des  dernières  phalanges  ainsi  que  sur  la  face 
palmaire  des  doigts  et  de  la  main,  ne  tiendrait-elle  pas  à  un 
mode  insufflant,  trompeur  d'investigation? 


J'ai  voulu  m'en  assurer  en  me  livrant,  avec  la  barbe  de 
la  plume,  à  l'exploration  de  la  sensibilité  tactile  chez  des 
personnes  bien  portantes,  et  j'ai  dû  reconnaître  que,  si  le 
passage  de  la  plume  était  généralement  senti  et  localisé, 
assez  souvent  aussi  il  arrivait  qu'il  passât  absolunaeiit 
inaperçu  à  la  face  dorsale  des  deux  dernières  phalanges  et 
à  la  paume  de  la  main,  tout  comme  dans  mes  observations. 
Il  y  a  donc  là  une  insensibilité  physiologique  du  loucher 
qui  aurait  pu  être  une  cause  d'erreur  et  frapper  mes 
recherches  de  stérilité,  si  je  n'avais  pas  toujours  eu  soin,  en 
cas  d'anesthésie  relative  du  tact  sur  les  régions  autres  que 
les  poignets,  d'interroger  par  comnaraison  les  parties  cor- 
respondantes du  côté  opposé^  ou  lors(^ue  celles-ci  étaient 
également  aneslhésiées,  les  points  inanilestement  indemnes. 

Je  ne  me  crois  donc  pas  moins  autorisé,  malgré  cette 
cause  bien  imprévue  de  confusion,  à  porter  l'anesthésie 
tactile  au  bilan  de  la  paréso-analgésie,  et  à  séparer  ainsi 
cette  affection  de  la  syringomyélie.  Je  ne  suis  pas  le  seul. 
d'ailleurs,  qui  ait  fait  cette  constatation.  Déjà  HM.  Monod 
el  Reboul  avaient  signalé  de  l'anesthésie  chez  leur  roabdf 
en  1888,  mais  sans  la  dissocier.  Heureusement  l'opératîno 
avait  été  faite  chez  ce  malade  par  le  docteur  Blocq  en  18(i6, 
et  consignée  dans  une  observation  qui  est  restée  inédite. 

Obs.  XllI.  —  Observation  de  MM.  Monod  et  Reboul  {Arck. 
tjén.  de  médecine  y  juillet  i888).  Etat  de  la  sensibilité  chez  It 
malade  qui  fait  le  suiet  de  cette  observation.  €  Anesthésie  de  l:f 
main  et  de  Tavant-bras  gauches,  limitée  au  coude.  A  droite, 
anesthésie  de  la  main  limitée  au  poignet,  Des  deux  côtés,  ane>- 
thésie  plus  marquée  sur  la  face  dorsale  que  sur  la  face  palmaire. 
Diminution  de  la  sensibilité  au  pied  et  au  tiers  inférieur  de  la 
jambe,  des  ôevLK  côtés.  » 

Ces  messieurs  se  bornent  à  dire  qu'il  y  a  de  l'anesthésie 
aux  quatre  membres,  sans  dissocier  la  sensibilité  en  ses 
divers  modes,  sans  préciser  l'espèce  ou  les  espèces  de  sen- 
sibilité qui  font  défaut.  Il  est  permis  cependant  de  croire 
que  pour  eux,  en  ce  cas,  anesthésie  signifie  insensibilité 
à  la  douleur.  Plus  bas,  en  effet,  ils  ajoutent  :  €  Amputation 
du  médius  droit,  puis  de  l'index  gauche,  sans  anesthésie 
générale  ou  locale;  opérations  absolument  indolores.  » 

Mais  l'indication  qui  nous  manque  dans  l'observation  de 
MM.  Monod  et  Reboul,  prise  le  8  mai  1887  à  Thôpital 
Saint-Antoine,  nous  la  trouvons  dans  celle  que  M.  le  doc- 
teur Blocq  a  eu  l'extrême  obligeance  de  nous  communiquer, 
et  qui  concerne  le  même  malade.  Celui-ci,  à  la  date  du 
\t  avril  1886,  était  entré  à  l'hôpitnl  Tenon,  dans  le  service 
de  M.  Straus,  dont  il  était  l'interne.  Je  copie  le  passage  ^ 
rehtif  à  la  sensibilité  : 

€  Main  droite  :  la  sensibilité  au  tact  est  abolie  sur  toute 
la  main  et  la  moitié  inférieure  de  l'avant  bras.  La  sensi- 
bilité à  la  douleur  est  abolie  sur  la  surface  ainsi  délimitée  : 
toute  la  main,  sauf  la  moitié  interne  de  l'éminence  Ihénar. 
et  la  moitié  du  côté  externe  de  la  partie  inférieure  de 
1  avant-bras.  La  sensibilité  à  la  température  est  abolie  dan> 
les  mêmes  zones.  Le  sens  musculaire  est  conservé. 

c  Main  gauche  :  les  mêmes  dispositions  et  les  méme> 
troubles  des  diverses  sensibilités  que  pour  l'autre  côté. 

c  Pied  droit  :  la  sensibilité  au  tact  a  disparu  sur  toute  la 
surtice  dorsale  du  pied  et  sur  les  deux  tiers  de  la  jambe. 
Celle  de  la  plante  du  pied  est  respectée.  La  sensibilité  à  la 
douleur  existe  aussi  à  la  plante  du  pied;  elle  a  disparu  com- 
plètement sur  les  orteils  et  sur  tout  le  dos  du  pied.  Cette 
plaque  analgésique  est  plus  étendue  sur  le  côté  externe.  La 
sensibilité  à  la  température  a  les  mêmes  limites. 

c  Pied  gauche  :  mêmes  dispositions  des  troubles  qu'à 
droite.  » 

Mais  ce  n'est  pas  seulement  la  lésion  de  la  sensibilité 
tactile  nui  distingue  la  paréso-analgésie  de  la  syringo- 
myélie. C'est  encore  la  multiplicité  et  le  degré  des  désordre> 
trophiques,  qui  ne  sont  plus  dans  la  paréso-analgésie  des 


0  Septembre  1889        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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phénomènes  accessoires,  mais  qui  semblent  en  constituer 
le  fond,  l'essence  même. 

Comparaison,  sons  le  rapport  des  troubles  tropMques, 
entre  la  paréso-analgésie  et  la  syringomyélie.  —  Dans 
mes  premiers  travaux  sur  la  paréso-analgésie,  j'avais  sur- 
tout rencontré  des  panaris  et  des  crevasses  aux  plis  naturels 
de  la  paume  des  mains.  Ceux-ci  sont  constants.  Ce  n'est  que 
plus  tard  que  mon  attention  se  fixa  sur  des  altérations  moins 
communes,  mais  cependant  encore  assez  fréquentes,  les 
arthropathies  et  la  scoliose,  qui  furent  pour  moi  Tobjet  de 
deux  mémoires  successifs.  Il  me  tomba  même  sous  les  yeux 
deux  lésions  osseuses  —  très  rares  celles-ci  —  urte  ostéo- 
phvle  et  une  fracture  spontanée. 

Les  arthropathies  diverses,  les  ostéophytes  et  les  frac- 
tures spontanées  ont  été  également  signalées  dans  le  tabès 
dorsal.  Mais  quant  à  la  scoliose,  elle  semble  être  le  propre 
des  deux  maladies  qui  se  touchent  de  si  près  au  point  de 
vue  symptomatologique,  la  paréso-anaigésie  et  la  syringo- 
myélie. M.  Broca,  qui  le  premier  a  signalé  la  présence  de 
la  scoliose  dans  la  paréso-anaigésie,  et  M.  ProufiT,  qui  vient 
ensuite,  avaient  une  tendance  à  lui  attribuer  une  part  dans 
la  production  de  cette  aiïeclion.  Pour  moi,  je  n'hésitai  pas 
à  la  regarder  comme  une  conséquence  de  la  maladie  et  à  la 
ranger  parmi  les  désordres  trophiques,  au  même  litre  que 
les  panaris  et  les  arthropathies.  J'ai  vu,  dans  une  note  sur 
la  scoliose  trophique,  punliéepar  H.  Broca  dans  la  Gazette 
hebdomadaire  (1888),  que  cet  auteur  est  aujourd'hui  de 
mon  avis. 

Je  crois,  en  plus,  avoir  aidé  à  la  conversion  des  médecins 
étrangers  qui  ont  écrit  sur  la  syringomyélie,  affection  où  la 
scoliose  se  trouve  fréquemment  aussi.  Dans  un  travail  re- 
montant à  1887  (Contribution  nouvelle  à  Tétude  de  la 
syringomyélie),  le  professeur  Bernhardt  allribuail  la  défor- 
mation, qu'il  avait  rencontrée  deux  fois,  à  une  habitude 
vicieuse  du  corps  :  la  première  fois,  il  s'agissait  d'une 
femme  qui  portait,  dans  son  jeune  âge,  de  lourds  fardeaux 
sur  Tune  des  épaules,  et  la  seconde  fois,  d'un  jeune  homme 
qui  avait  une  occupation  particulière  nécessitant  une  atti- 
tude accroupie  et  latéralement  penchée. 

Il  vient  de  fubVier  (Syringomyélie  et  scoliosey  BevWn, 
1889)  un  nouveau  travail  où,  celte  fois,  il  rattache  la  dévia- 
tion à  la  maladie  elle-même  et  non  à  l'attitude. 

Dans  le  recensement  auquel  il  s'est  livré,  portant  sur 
70  cas  de  syringomyélie,  il  n'a  rencojitré  la  scoliose  que 
dans  le  quart  des  cas.  Dans  ma  note  sur  la  scoliose  dans  la 
paréso-analgésie,  je  l'avais  constatée  6  fois  sur  12.  Je  puis 
''y  ajouter  aujourd'hui  4  nouveaux  cas,  le  premier  apparte- 
nant à  l'un  de  mes  malades  qui  avait  échappé  à  mon  en- 
quête de  Tannée  1887  (obs.  IX,  complément),  et  les  trois 
autres  appartenant  aux  observations  nouvelles  que  je  publie 
dans  le  présent  mémoire  (obs.  XVllI,  XIX  et  XX). 

Hoth,  pas  plus  que  Bernhardt,  n  avait  songé  à  rattacher 
la  scoliose  à  la  syringomyélie.  Il  la  constate  cependant  dans 
deux  de  ses  dix  observations.  Mais  une  fois,  il  en  mentionne 
simplement  l'existence,  et  une  autre  fois,  il  la  qualifie  de 
pijrétique,  voulant  sans  doute  la  mettre  sur  la  même  ligne 
que  la  parésie  scapulo-humérale  dont  son  malade  était 
frappé. 

Dans  le  mémoire  de  Roth,si  complet  par  ailleurs,  il  n'est 
plus  mention  de  scoliose  ni  à  l'article  Symptomatologie,  ni 
à  rarlicie  Anatomie  pathologique. 

Donc,  pour  ces  messieurs,  la  déviation  rachidienne 
était  un  incident  sans  signification,  non  une  suite  de  la 
maladie  (1). 

Depuis  la  publication  de  ma  note  sur  la  scoliose  tro- 
phique, la  question  ne  semble  plus  faire  doute  pour  per- 
sonne, et  aujourd'hui  les  auteurs  français,  Debove,Déjerine, 

(1)  Je  ne  cite  pee  le  travail  en  allemand  de  M***  Beumler»  n'en  ayant  pas  la 
traduction* 


Charcot  et  Berbez,  placent  couramment  la  scoliose  parmi 
les  symptômes  tropniques  de  la  syringomyélie  :  «  La  sco- 
liose est  un  des  signes  fréquents  de  la  maladie.  »  (Leçon  de 
Charcot  recueillie  par  Paul  Blocq.) 

Plus  fréquente  encore  est  la  scoliose  dans  la  paréso- 
analgésie,  puisqu'elle  existe  dans  la  moitié  des  cas;  mais 
auelle  qu'elle  soit,  la  fréquence  de  la  scoliose  est  loin 
'égaler  celle  des  panaris  et  des  gerçures  aux  mains.  Ces 
dernières  lésions  marchent  ordinairement  de  front  et  se 
rencontrent  ensemble  chez  presque  tous  les  malades. 

En  thèse  générale,  gerçures  et  panaris  sont  multiples. 
Dans  plusieurs  de  nos  observations,  les  panaris  ont  atteint 
successivement  tous  ou  presque  tous  les  aoigts,  saccageant, 
mutilant  vraiment  les  mains.  Notre  observation  XIX  en  est  un 
nouvel  exemple. 

Nulle  comparaison  à  établir  avec  les  troubles  trophiques 
observas  dans  la  syringomyélie.  Prenons  pour  termes  de 
comparaison  les  observations  contenues  dans  le  mémoire 
de  Roth  sur  la  gliomatose  médullaire.  Elles  sont  au  nombre 
de  dix  dont  le  bilan  se  solde  par  : 

2  cas  de  scoliose  dorsale,  avec  panaris  dans  l'un  des  cas; 

3  cas  de  panaris,  dont  deux  avec  callosités  et  gerçures  à 
la  paume  des  mains.  Deux  fois  le  panaris  est  unique,  une 
fois  seulement  il  s'agit  de  panaris  multiples. 

Rien  à  noter  sous  ce  rapport  dans  les  cinq  autres  obser- 
vations, c'est-à-dire  dans  la  moitié  des  cas. 


Au  début  de  mes  éludes  sur  la  paréso-analgésie,  je  n'avais 
rencontré  que  des  cas  complets,  datant  de  loin  et  arrivés  à 
leur  maturité*  C'était  de  la  parésie  avec  analgésie  absolue, 
du  moins  aux  extrémités  des  membres  supérieurs,  se  com- 

Eliquant  toujours  d*un  ou  de  plusieurs  panaris  successifs, 
'où  une  dénomination  qui  me  fut  bientôt  contestée  par 
MM.  Guelliot  et  Broca.  Ils  avaient  constaté  de  l'analgésie 
chez  leurs  malades,  mais  un  affaiblissement  musculaire  si 
peu  marqué  que  pour  eux  il  n'y  avait  pas  de  paralysie;  je 
ne  tardai  pas  moi-même  à  faire  la  même  constatation.  Dans 
l'observation  XI,  il  y  avait  de  l'analgésie  aux  deux  membres 
supérieurs,  complète  d'un  côté,  incomplète  de  l'autre,  mais 
il  n'y  avait  de  parésie  qu'au  membre  complètement  analgé- 
sie. C'était  une  transition  pour  arriver  aux  observations  XII  et 
XIII  où  il  n'y  a  plus  de  parésie  nulle  part,  où  tout  se  borne 
à  de  l'analgésie,  une  analgésie  incomplète.  Mais  dans  tous 
les  cas,  il  y  a  des  désordres  trophiques,  panaris,  gerçures 
tout  au  moins,  et  même  scoliose. 

Nous  avions  annoncé  que  la  paréso-analgésie  avait  tou- 
jours une  marche  progressive,  s  avançant  par  étapes  d'un 
membre  à  l'autre  et  s' accentuant  de  plus  en  plus.  Eh  bien, 
nous  devons  reconnaître  que  nous  nous  étions  trop  hâté  de 
nous  prononcer.  Nous  venons  de  rencontrer  coup  sur  coup 
plusieurs  exemples  d'une  marche  régressive  quant  à  l'inten- 
sité. Les  sujets  des  observations  IX,  X  et  XIX  qui  précédem- 
ment offraient  une  analgésie  absolue  sur  certains  points,  ne 
présentent  plus,  sur  ces  mêmes  points,  qu'une  analgésie  in- 
complète. Chez  la  fille  P...  (obs.  XIX),  les  forces  ont  reparu 
en  partie  dans  les  membres  parésiés,  et  nulle  part  il  n'existe 
d'insensibilité  absolue  à  la  douleur.  La  piqûre  de  l'épingle 
se  fait  partout  sentir,  il  n'y  a  plus  que  de  Thypalgésie. 

Enfin,  chez  L...  (obs.  XIX),  il  ne  reste  plus  trace  ni  de  la 
parésie,  ni  de  l'analgésie  qui  ont  existé  autrefois.  La  ma- 
ladie ne  se  traduit  aujourd'hui  que  par  les  désordres 
trophiques. 

Voici  d'ailleurs  le  complément  de  cette  observation  nous 
donnant  l'état  actuel  du  malade. 

Obs.  XIV  (complément).  —  Sommaire  des  symptômes  précé- 
demment consignés  :  Analgésie  avec  parésie  du  membre  supé- 
rieur. Pas  de  panaris,  gerçures  multiples  à  la  main  droite,  dont 
l'une  perforante,  synovite.  Scoliose. 

Ce  jeune  homme,  que  je  voyais  pour  la  première  fois  en  1886, 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        6  Septembre  1889 


avait  des  gerçures  profondes  à  la  main  droite,  mais  n'y  avait 
jamais  eu  de  panaris.  I)  en  survint  en  1887  à  Tannulaire.  Le 
panaris  était  gangreneux  et  le  bout  du  doigt  tomba;  le  malade 
ne  possède  que  les  deux  premières  phalanges  de  ce  doigt. 

Quant  à  la  main  gauche,  indemne  jusqu'alors,  elle  a  été  prise 
à  son  tour  et  atteinte,  en  mars  de  cette  année,  d'un  gonflement 
inflammatoire  aux  deux  dernières  articulations  de  l'index.  On 
s'est  borné  à  des  applications  de  cataplasme.  Les  arthrites  ont 
suppuré.  En  introduisant  le  stylet  dans  les  trajets  fistuleux  dé- 
terminés par  la  suppuration,  on  arrive  sur  les  surfaces  articu- 
laires. Moins  d'un  mois  ensuite  tout  était  guéri;  sans  ankylose, 
mais  avec  une  raideur  articulaire  très  marquée,  empêchant  le 
doigt  de  se  fermer. 

Jamais  jusqu'à  présent  il  n'y  avait  eu  de  gerçures  à  la  main 
gauche.  Itfais  il  en  existe  en  ce  moment  (juin  1889)  à  l'un  des 
plis  palmaires  du  pouce.  11  y  a  Quinze  jours,  panaris  superficiel, 
vite  guéri,  au  petit  doigt.  Ongles  très  déformés  à  l'index,  au 
jnédius  et  à  l'annulaire. 

Précédemment,  dans  ma  note  sur  la  scoliose  dans  la  paréso- 
analgésie,  j'ai  eu  occasion  de  signaler  chez  notre  homme  l'exis- 
tence d'une  scoliose  dorsale  droite.  Celle-ci,  assez  peu  prononcée, 
avait  passé  inaperçue,  de  sorte  qu'il  est  impossible  de  savoir  si 
elle  est  antérieure  ou  postérieure  à  l'apparition  du  mal. 

Si  maintenant  je  passe  à  un  autre  examen  et  recherche  l'état 
de  la  sensibilité,  je  suis  assez  surpris  de  ne  trouver  trace 
d'analgésie  ni  à  gauche,  ni  même  à  droite,  là  où  j'en  trouvais 
trois  ans  plus  tôt.  Tous  les  points  de  la  main  droite  et  de 
l'avant-bras  sont  sensibles  à  la  piqûre  de  l'épingle. 

il  n'y  a  pas  plus  d'anesthésie  tactile  ou  thermique  qu'il  n'y  a 
d'anesthésie  à  la  douleur  :  la  sensibilité  sous  toutes  ses  formes 
est  conservée.  Avec  le  thermesthésiomètre  de  Roth,  je  constate 
que  le  malade  apprécie  sûrement  un  écart  de  température  de 
4  à  5  degrés. 

Ainsi,  tandis  que  les  désordres  trophiques  allaient  en  augmen- 
tant, l'altération  de  la  sensibilité  avait  suivi  une  marche  régres- 
sive, au  point  de  disparaître  complètement.  L'aff'aiblissement, 
noté  il  y  a  trois  ans  au  segment  inférieur  du  bras  droit,  a  lui- 
même  disparu.  Tout  se  borne  aux  troubles  de  la  trophicité. 

Nous  ne  pouvons  avoir  de  doute  quant  à  la  nature  de 
raffection  dont  est  frappé  L...  En  1886,  lors  de  mon  pre- 
mier examen,  j'ai  constaté  chez  lui,  à  côté  des  troubles  de 
la  trophicité,  les  lésions  de  Tin  nervation  sensitivo-motrice 

3ui  constituent  la  paréso-analgésie.  Ceux-ci  ont  disparu 
ans  Tintervalie  des  trois  ans  qui  séparent  les  deux  exa- 
mens, mais  les  troubles  trophiques  ont  continué  leur  marche 
en  avant,  passant  du  membre  droit  où  ils  étaient  d'abord 
cantonnés,  au  membre  gauche  où  il  n'y  a  jamais  eu  ni  anal- 
gésie ni  parésie,  mais  où  se  montrent  successivement  une 
arthrite  double  avec  suppuration  à  l'indicateur,  une  ger- 
çure au  pouce,  un  panaris  superficiel  à  l'auriculaire  et  des 
déformations  marquées  à  trois  des  ongles.  Le  tableau  sera 
complet  quand  j'aurai  ajouté  qu'il  existe  en  outre  une  sco- 
liose dorsale. 

Poursuivons  notre  démonstration.  Voici  une  observation 
où  il  n'y  a  jamais  eu  lésion  ni  de  la  sensibilité,  ni  de  la 
motricité,  et  où  tout  s'est  borné  aux  lésions  de  ia  tro- 
phicité. 

Obs.  XV.  —  Paul  J...,  trente-cinq  ans,  de  Plounéour-Trez,  se 
présente  à  ma  consultation  le  i  novembre  1888.  Pécheur,  ancien 
marin,  il  n'a  eu  d'autre  afl'ection  jusqu'à  ces  dernières  années 
que  des  abcès  multiples  apparaissant  à  intervalles  assez  éloi- 
gnés. 11  en  porte  les  marques,  des  cicatrices  blanches  et  larges 
comme  des  pièces  d'un  franc  ou  deux,  sur  plusieurs  points  du 
dos,  aux  lomoes,  et  aussi  sur  la  partie  postérieures  des  cuisses. 
Ou  ne  peut  les  attribuer  à  la  syphilis  c]ue  J...  affirme  n'avoir 
jamais  eue.  D'un  autre  côté,  les  cicatrices  sont  bien  étendues 
pour  des  stigmates  de  furoncles. 

11  consulte  aujourd'hui  pour  une  déviation  de  la  taille  et  pour 
une  claudication,  des  plus  prononcées  toutes  deux. 

Etant  au  service  de  la  marine,  et  même  longtemps  après,  il 
n'avait  rien  de  semblable.  La  déviation  ne  lui  est  venue  que 
depuis  trois  ans;  du  moins,  c'est  alors  seulement  qu'il  s'en  est 
aperçu. 

Scoliose  à  deux  courbures,  l'une  cervico-dorsale  droite  et 
l'autre  dorsale  gauche.  La  première  occupe  les  dernières  ver- 


tèbres cervicales  et  les  trois  à  quatre  premières  dorsales;  la  se- 
conde les  huit  à  neuf  dernières  dorsales.  Celle-ci  est  très  accusée. 
La  colonne  lombaire,  sans  courbure  apparente,  forme  une  ligne 
droite  très  obliquement  dirigée  de  haut  en  bas  et  de  gauche 
à  droite,  sans  toutefois  perdre  sa  perpendicularité  sur  le 
sacrum. 

11  résulte  de  cette  disposition  que  le  tronc  est  fortement 
déjeté  à  gauche,  que  le  bassin  a  subi  un  mouvement  de  bascule, 
et  que  par  suite,  à  droite,  la  cage  thoracique  s'étant  abaissée 
et  la  hanche  ayant  remonté,  le  rebord  des  fausses  côtes  arrive 
presque  à  toucher  la  crête  de  l'os  iliaque. 

11  résulte  encore  de  là  c[ue  la  hanche  droite,  entraînant  dans 
son  mouvement  d'ascension  le  membre  pelvien  correspondant, 
lui  donne  les  apparences  d'un  raccourcissement  avec  claudi- 
cation très  marquée.  Dans  la  marche,  à  chaque  pas,  J...  tombe 
du  côté  droit  comme  si,  ensuite  d'une  fracture,  il  avait  un  rac- 
courcissement de  la  cuisse.  En  réalité,  il  n'en  est  rien.  Quand 
il  est  couché,  les  jambes  rapprochées,  le  genou  et  la  cheville 
du  pied  droit  se  trouvent  à  i  centimètres  au-dessus  des  points 
correspondants  du  membre  gauche;  mais  la  mensuration  faite 
de  l'épine  iliaque  antérieure  et  supérieure  à  la  malléole  interne 
donne  exactement  la  même  longueur  des  deux  côtés. 

En  examinant  les  membres  supérieurs,  ou  trouve  à  la  pulpe 
de  l'index  gauche  la  cicatrice  d'un  panaris  qui  s'est  montré  il 
V  a  huit  ans.  Il  avait  duré  sept  semaines  et  avait  été  fort  dou- 
loureux. 11  s'était  terminé  par  l'issue  de  la  phalangette  nécrosée. 
D'où  index  raccourci,  en  rondache;  ongle  rétréci  en  rapport 
avec  la  conformation  actuelle  du  doigt  :  un  autre  panaris,  mais 
superficiel  celui-ci.  et  n'ayant  guère  laissé. trace  de  son  passag»^, 
s'est  produit  à  lauriculaire  gauche,  il  y  a  trois  ans,  vers  lépoqut» 
où  a  paru  la  scoliose. 

Le  sillon  interdigital  du  pouce  et  de  l'index  porte  la  inan|ur 
d'une  crevasse  profonde  à  peine  cicatrisée.  Kien  à  la  main 
droite  jusqu'à  présent. 

Le  bras  et  l'avant-bras  gauches  sont  moins  gros  de  1  cenli- 
mctre  que  les  parties  correspondantes  à  droite.  Mais  J...  est 
droitier,  et  c'est  sans  doute  à  cette  circonstance  seule,  nulle- 
ment à  de  l'atrophie,  qu'il  faut  rattacher  le  développement 
moindre  du  membre  gauche.  L'énergie  des  contractions  mus- 
culaires parait,  du  moins,  égale  des  deux  côtés.  U  n'y  a  pas  trace 
d'analgésie  ni  d'anesthésie  tactile  ou  thermique.  Partout  la  sen- 
sibilité est  normale. 

Bonne  santé  générale.  Mais  on  se  fatigue  vite,  en  raison 
même  de  la  claudication. 

Pas  d'antécédents  de  famille. 

Nous  ne  rencontrons  chez  ce  malade  que  des  désordres 
trophiques,  mais  ils  me  paraissent  bien  caractéristiques. 
C'est  une  scoliose  qui  n'est  point  héréditaire  et  ne  se  mani- 
feste qu'à  l'âge  de  trenle-aeux  ans,  deux  panaris  à  l'une 
des  mains  et  les  traces  d'une  gerçure  profonde  dans  un  des 
plis  interdigilaux  de  la  même  main.  Certes,  une  scoliose 
sans  antécédents  héréditaires  n'est  pas  très  commune;  moins 
commune  encore  est  celle  qui  apparaitaussi  tardivement.  La 
scoliose,  comme  nous  l'avons  montré  naguère,  n'est  vraîmenl 
fréquente  dans  ces  conditions  que  chez  les  malades  atteints 
de  paréso-analgésie  ou  encore,  comme  on  l'a  vu  depuis, 
de  syringomyélie.  Mais  si  à  cela  on  ajoute  les  dystrophies 
qui  s'accumulent  sur  la  même  main,  à  savoir  deux  panaris 
et  une  de  ces  gerçures  comparables  pour  la  main  au  mal 
perforant  du  pied,  n'avons-nous  pas  là  un  ensemble  de  cir- 
constances nous  autorisant  à  regarder  le  fait  comme  un  cas 
fruste  de  paréso-analgésie  ? 

Déjà,  dans  ma  note  sur  ia  scoliose  paréso-analgésique. 
je  m'étais  posé  la  question  de  savoir  si  l'innervation  tro- 
phique  centrale  ne  pouvait  pas  être  intéressée  auand  Tin- 
nervalion  sensitivo-motrice  ne  l'étart  pas.  Je  cnerchaîs  à 
m'expliqucr  de  la  sorte  le  désaccord  existant  souvent  entie 
le  siège  de  rafTeclion  médullaire  et  celui  de  l'inflexion  ver- 
tébrale. Lorsque  la  paréso-analgésie  sort  de  ses  limites 
ordinaires  et  envahit  la  paroi  de  la  poitrine»  la  scoliose 
s'explique  aisément  par  la  lésion  de  la  portion  correspon- 
dante de  la  moelle.  Mais  lorsque  le  mal,  enjambant  le 
tronc,  passe  des  membres  supérieurs  aux  membres  infé- 
rieurs, du  renflement  cervical  au  renflement   lombaire. 


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comment  ne  pas  supposer  que  rimmuaité  de  ia  portion 
intermédiaire  de  la  moelle  est  plutôt  apparente  que  réelle, 
et  comment,  malgré  l'intégrité  des  nerfs  sensitifs  et  mo- 
teurs, interpréter  la  scoliose  autrement  que  par  une  per- 
turbation de  rinnervation  trophique  centrale? 

C'était  une  hypothèse.  La  communication  de  M.  Gom- 
bault  est  venue  lui  donner  un  certain  fondement.  Il  nous  a 
appris  que,  pour  le  renflement  cervical  tout  au  moins,  la 
substance  grise  centrale  où  semblent  résider  les  fonctions 
(le  la  trophicité,  est  épaissie  et  renferme  plus  de  fibrilles 
conjonctives,  beaucoup  moins  de  tubes  nerveux  qu'à  Tétat 
normal.  La  lésion  des  parties  centrales  de  la  substance 
grise  doit  être  constante  si  nous  en  jugeons  par  la  constance 
des  troubles  trophiques.  Il  n'est  pas  une  observation  où 
ils  fassent  défaut,  tandis  qu'il  en  est  autrement  des  troubles 
sensitifs  et  moteurs  dont  nous  avons  parfois  constaté  l'ah- 
sence.  Cela  nous  conduit  à  penser  que  les  altérations  de  la 
zone  corticale  de  la  moelle  sont  moins  constantes  que  celles 
de  la  partie  centrale. 

Conclusions.  —  I.  La  paréso-analgésie  séparée  anato- 
miquement  de  la  syringomyélie  peut  l'être  aussi  clinique- 
ment,  grâee  à  l'importance  des  désordres  trophiques  dans 
la  première  de  ces  maladies,  et  surtout  grâce  à  l'état  de  la 
sensibilité  au  tact  qui  est  lésée  dans  la  paréso-analgésie  et 
respectée  dans  la  syringomyélie. 

II.  Réduite  à  sa  plus  simple  expression,  la  paréso-anal- 
gésie n'est  plus  que  la  lésion  de  la  trophicité  médullaire. 
En  s'étendant  du  centre  de  la  moelle  aux  cordons  anté- 
rieurs, elle  détermine  la  parésie  et  l'atrophie  musculaire, 
et  en  s'étendant  aux  cordons  postérieurs,  l'analgésie  et  les 
autres  espèces  d'anesthésies. 


Thérapeutique  médieale. 

Prophylaxie  de  la  tuberculose.  —  Utilité  de  la  dé- 
sinfection PRÉALABLE  DES  OBJETS  DE  LITERIE,  TEN- 
TURES, TAPIS,  ADMIS  DANS  LES  SALLES  DE  VENTE  PUBLIQUE, 

par  M.  A.  MossÉ,  chargé  de  cours  à  la  Faculté  de  Mont- 
pellier, inspecteur  régional  adjoint  des  services  de  l'hy- 
giène publique.  (Mémoire  lu  au  Congrès  international 
d'hygiène  et  de  dénographie.) 

La  prophylaxie  des  maladies  contagieuses  en  général,  de 
la  tuberculose  en  particulier,  constitue  aujourd'hui  une  des 

Erincipales  préoccupations  de  l'hygiéniste  et  du  médecin, 
a  récente  publication  des  Instructions  contre  la  tubercu- 
lose, la  discussion  actuellement  pendante  devant  l'Académie 
de  médecine,  le  titre  de  plusieurs  mémoires  annoncés  ou 
déjà  lus  aux  diverses  sections  du  Congrès  en  sont  la  preuve 
évidente.  Toutes  les  mesures  proposées  sont  dictées  par  le 
même  sentiment,  mais  plus  d  une  trouve  déjà  devant  elle 
des  objections  théoriques  ou  pratiques. 

Permettez-moi  d'appeler  l'attention  du  Congrès  sur  une 
mesure  prophylactique  qui  me  paraît  offrir  l'avantage  d'être 
dès  maintenant  parfaitement  réalisable  et  de  ne  soulever 
aucune  objection  déontologique.  J'aurai  plus  spécialement 
en  vue  dans  cette  communication  (qui  devait  d'ailleurs 
venir  après  la  lecture  annoncée  de  M.  le  professeur  Corradi) 
la  prophylaxie  de  la  tuberculose;  toutefois  vous  reconnaîtrez 
que  l'idée  s'applique  aussi  aux  autres  maladies  dont  la 
nature  microbienne  infectieuse  est  démontrée. 

Sans  discuter  ici  l'importance  du  terrain  sur  lequel 
arrivent  les  germes  contagieux,  importance  bien  résumée 
par  cette  phrase  aphoristique  des  leçons  de  M.  le  professeur 
Bouchard  :  «  L'homme  sain  n'est  pas  hospitalier  pour  les 
microbes  >,  nous  sommes  tous  disposés  à  admettre  que 
plus  nous  détruirons  de  germes  pathogènes,  plus  nous  res- 


treindrons les  chances  de  propagation  des  maladies  infec- 
tieuses, en  partie  évitables,  et  que  nous  avons  pour  mission 
de  réduire  au  minimum. 

Depuis  qpue  la  tuberculose  est  répudiée  contagieuse, 
transmissible,  la  crainte  de  la  contagion  directe  ou  indi- 
recte par  les  objets  inanimés  a  fait  de  grands  progrès  dans 
l'entourage  des  tuberculeux.  Après  le  décès  d'un  pbthisique, 
quelques-uns,  plus  rares  de  jour  en  jour,  méprisant  les 
chances  d'une  contagion  possible,  continuent  à  se  servir 
sans  aucune  précaution  des  objets  de  literie,  mobilier, 
vêtements  du  malade.  La  gi*ande  majorité  agît  différem- 
ment. Les  uns,  plus  riches  ou  plus  charitables,  donnent 
les  objets  suspects  aux  pauvres,  aux  œuvres  d'assistance 
publique,  sans  penser  aux  sérieux  inconvénients  que  pré- 
sente la  générosité  ainsi  pratiquée.  Les  autres  vendent  à 
des  brocanteurs  ou  envoient  à  la  salle  de  vente  les  objets 
réputés  à  bon  droit  les  plus  suspects  :  les  tapis,  les  rideaux, 
les  tentures  qui  ne  se  lavent  pas.  sur  lesquels  les  produits 
desséchés  de  l'expectoration  et  de  l'exhalation  pulmonaire 
des  tuberculeux  laissent  une  poussière  dangereuse. 

Ces  parties  de  l'ameublement,  les  tapis  surtout  (qui 
malgré  les  précautions  prises  dans  les  cas  les  plus  favora- 
bles pour  recueillir  et  désinfecter  les  crachats  finissent 
toujours  par  être  souillés  par  les  matières  expectorées)  ont 
été  désignés  comme  particulièrement  suspects  dans  les 
Instructions  au  public  rédigées  par  le  Comité  de  la  tuber- 
culose. Il  est  donc  à  prévoir  que  la  tendance  à  se  défaire 
de  cette  partie  du  mobilier  de  la  chambre  d'un  pbthi- 
sique, déjà  assez  répandue,  ne  tardera  pas  à  se  généra- 
liser. 

Les  objets  de  literie  et  d'ameublement  ainsi  disséminés 
au  hasard  de  la  vente  peuvent  cependant  faire  naître  de 
réels  dangers.  Qu'arrive-t-il  bien  souvent  en  effet  dans  la 
pratique?  Ces  articles,  les  tapis,  principalement  quand  ils 
sont  un  peu  grands,  détaillés  par  pièces  plus  ou  moins 
nombreuses,  sont  achetés  par  des  logeurs  ignorant  leur 
provenance  et  placés  dans  des  chambres  garnies  peu  somp- 
tueuses, celles  qu'occupent  habituellement  les  jeunes  gens 
ayant  quitté  depuis  peu  de  temps  la  maison  paternelle  ou 
le  lycée,  les  hommes  au  début  de  leur  carrière  ou  de  leurs 
études,  les  sujets  en  un  mot  qui  en  raison  de  leur  jeu- 
nesse et  des  conditions  sociales  dans  lesquelles  ils  se  trou- 
vent, sont  susceptibles  d'offrir  un  terrain  éminemment  fa- 
vorable à  Téclosion  de  la  tuberculose. 

Il  serait  facile,  dans  bien  des  cas,  de  parer  à  cet  état  de 
choses.  Je  mécontente  de  signaler  l'influence  que  le  méde- 
cin peut  exercer  sur  la  manière  d'agir  des  personnes 
charitables  oui  distribuent  aux  pauvres  les  objets  contami- 
nés. Le  méaecin  doit  recommander  la  désinfection  préa- 
lable. Son  avis  donné  avec  tact  sera  généralement  écouté. 
Quant  au  danger  créé  par  les  autres,  il  me  semble  possible 
actuellement  de  s'en  préserver  au  moins  dans  beaucoup  de 
villes. 

Grâce  aux  efforts  des  municipalités  secondées  par  l'Admi- 
ministration  centrale  de  la  santé  publique,  le  nombre  des 
villes  dotées  d'une  étuve  à  désinfection  augmente  mainte- 
nant de  jour  en  jour.  11  devient  probable  que  toute  ville 
assez  importante  pour  avoir  déjà  une  salle  de  vente  aura 
bientôt  une  étuve  àtlésinfection. 

11  serait  utile  et  facile  de  n'admettre  aux  ventes  publiques 
dans  ces  villes  que  les  objets  de  literie,  tentures,  tapis, 
(lorsqu'ils  ne  seraient  plus  à  l'état  de  neuf),  que  munis 
d'une  attestation  prouvant  qu'ils  ont  été  récemment  désin- 
fectés à  l'étuve. 

Si  le  Congrès  est  convaincu  de  l'utilité  de  cette  mesure, 
il  pourrait  adopter  cette  proposition  sous  forme  de  vœu.  Une 
condition  contribuerait  à  faire  passer  ce  vœu,  sans  une  trop 
longue  attente,  dans  le  domaine  de  la  réalité  :  la  modicité 
du  prix  de  ia  désinfection.  Le  coût  du  transport  des  objets 
contaminés  et  de  la  désinfection  doit  être  minime  quand 


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les  intéressés  peuvent  payer  (à  Monlpellier  la  Commission 
des  hôpitaux  a  Axé  ce  prix  à  6  francs  seulement).  Il  doit 
être  gratuit  et  assuré  par  un  crédit  de  la  municipalité  quand 
les  intéressés  ne  peuvent,  pas  payer. 

J'ai  donc  l'honneur  de  soumettre  au  Congrès  le  vœu 
suivant  :  «  Que  dans  toutes  les  villes  possédant  une  étuve 
à  désinfection^  les  objets  de  literie^  tentures,  tapis^  ayant 
déjà  servi,  ne  soient  admis  à  la  salle  de  vente  publique, 
que  munis  d'un  certificat  établissant  que  ces  objets  ont 
été  récemment  soumis  à  la  désinfection  par  Vétuve.  » 

Ce  vœu  mis  aux  voix  est  adopté  à  l'unanimiré,  avec  l'ad- 
dition suivante  proposée  par  M.  Pouchel  :  «  En  raison  de 
la  présence  possible  de  germes  infectieux  dans  les  tapis  et 
tentures,  que  les  ateliers  de  battage  de  tapis  soient  dé- 
sormais obligés  d'en  pratiquer  la  désinfection  avant  de 
procéder  au  battage.  » 


Scarlatine  récidivée,  par  M.  Henri  Favier, 
médecin-major  au  5*  dragons. 

Les  observations  de  scarlatine  récidivée  sont  rares;  les 
seuls  faits  dont  on  doit  tenir  compte  sont  ceux  dans  lesquels 
la  première  éruption  est  exactement  décrite  et  rigoureu- 
sement diagnostiquée;  autrement,  on  peut  toujours  craindre 
qu'il  ne  se  soit  agi  d'une  fausse  scarlatine.  De  là,  résulte 
1  intérêt  de  l'observation  suivante,  prise  jour  par  jour  et  par 
écrit  au  lit  du  malade  : 

Obs.  —  Le  nommé  B...,  du  o^  dragons,  ayant  trois  mois  de 
service,  se  présente  à  la  visite  le  7  février  1888  ;  il  est  malade 
depuis  cinq  jours;  Taffeclion  a  débuté  par  du  mal  de  tête,  des 
frissons,  de  rinappétence,  de  la  soif  et  du  mal  de  gorge.  Cet  état 
fébfile  persiste  aujourd'hui  (pouls,  94;  temp.,  38",2),  langue 
saburrale,  rougeur  notable  de  Tisthme  du  gosier;  la  face  anté- 
rieure de  la  poitrine  et  de  Tabdomen  est  recouverte  d'une 
éruption  rouge  vif,  confluente,  sur  laquelle  tranche  un  pointillé 
rouge  foncé;  B...  ignore  à  quel  moment  celte  éruption  a  com- 
mencé. Même  état  le  lendemain. 

Le  9  février,  au  matin,  la  langue  est  sèche  et  fendillée;  les 
cuisses  sont  recouvertes  d'une  éruption  rouge  vif  qui  présente, 
le  soir,  le  granité  caractéristique  de  la  scarlatine. 

L'exanthème  thoraco-abdominal  disparaît  le  10  février  et 
l'exanthème  fémoral  disparait  le  11.  Le  malade  sort  de  l'hôpilai 
le  15  mars.  Il  n'y  a  pas  eu  de  desquamation. 

L'affection  qui  vient  d'être  décrite  est-elle  autre  chose  qu'une 
scarlatine  bénigne?  Ne  s'agirait-il  pas  d'une  fausse  scarlatine, 
d'un  érythème  scarlatiniforme  ?  jélimiue  tout  d'abord  les 
exanthèmes  de  la  diphlhérie,  du  choléra,  du  typhus,  de  la  lièvre 
tvphoïde,  de  la  septicémie,  de  la  varicelle,  dii  rhumatisme  et 
de  la  goutte,  ceux  qui  suivent  l'usage  des  bains  de  mer,  des 
eaux  minérales  et  les  inhalations  d'éther  et  de  chloroforme. 
L'exanthème  de  l'embarras  gastrique  fébrile,  décrit  par  llerbland- 
Moriu  (thèse  de  Paris,  1886),  s'accompagne  souvent  d'une 
rougeur  diffuse  du  pharynx  et  de  l'isthme  du  gosier,  mais  cet 
exanthème  ne  dure  qu'un  ou  deux  jours;  de  plus,  il  est  papu- 
leux,  rubéolique  et  toujours  très  discret.  L'érythème  quinique  se 
complique  souvent  de  rougeur  bucco-pharyngienne,  mais  sans 
tuméfaction  douloureuse  des  amygdales.  L'ingestion  des  solanées 
donne  bien  lieu  à  un  érythème  scarlatiniforme  avec  sécheresse  de 
la  gorge,  mais  cet  érythème  se  limite  le  plus  souvent  à  la  face 
et  s'accompagne  de  mydriase  et  de  dysurie.  Enfin  les  éry thèmes 
de  l'opium,  de  l'iode  et  des  iodures,  du  mercure,  des  halsami- 
((ues,  de  l'antipyrine,  du  chioral,  de  l'iodoforme  et  de  certains 
poissons,  ne  s'accompagnent  jamais  d'angine.  U  ne  nous  reste 
donc  plus  à  admettre  qu'une  scarlatine  d'ailleurs  bénigne;  or 
B...  en  a  présenté  tous  les  symptômes:  lièvre  médiocre,  angine, 
exanthème,  avec  pointillé  rouge  foncé,  qui  a  duré  ce  que  dure 
l'exanthi^mé  de  la  scarlatine.  U  n'y  a  pas  eu  de  desquamation, 
mais  il  est  de  règle  que  dans  les  scarlatines  très  légères,  à  fièvre 
insignifiante,  t'exfoliation  soit  elle-même  insignifiante  et  difficile 


à  reconnaître.  Enfin,  la  scarlatine  règne  dans  la  garnison  ;  le  cir 
de  B...  est  le  douzième  depuis  trois  mois. 

Le  29  novembre  1888,  dix  mois  après  sa  première  attaque^ 
B...  entre  à  l'hôpital  pour  une  affection  dont  voici  la  relatioa 
succincte  : 

Le  26  novembre,  appareil  fébrile  et  mal  de  gorge,  ce  d^rnitf 
devenu  plus  intense  le  28.  Le  29,  éruption  rouge  vif,  a%'ec  poir- 
tillé  rouge  foncé  sur  la  face,  le  cou  et  le  tronc;  les  membres  sodj 
envahis,  mais  l'éruption  y  est  peu  prononcée.  Rougeur  an 
l'isthme  du  gosier,  dysphagie  intense. 

Le  l*"'  décembre.  —  Eruption  généralisée,  très  inlen>ei 
presque  violacée.  Miliaire  purulente.  Angine  pultacée.  Syrapt  ôm«-i 
généraux  modérés. 

Le  4.  —  L'éruption  commence  à  pâlir,  la  langue,  qui  élail 
recouverte  d'un  enduit  blanchâtre,  comme  crayeux,  commence  ii 
se  dépouiller. 

Le  ô.  —  L'éruption  n'a  pas  encore  abandonné  les  membres,  n 
déjà  la  desquamation  commence  à  la  face  antérieure  du  tronr. 
Elle  se  fait  sous  forme  de  vésicules  sèches,  d'abord  isolées,  qui 
s'agglomèrent  et  finissent  par  former  des  plaques  épidermi«|ur> 
d'une  grande  étendue. 

Le  10.  —  La  desquamation  est  terminée  sur  le  tronc;  elle  esr 
encore  en  pleine  activité  sur  les  membres. 

Le  3  janvier  1889.  —  La  maladie  est  entièrement  terminée. 

La  seule  affection  qui  pourrait  être  confondue  avec  la 
deuxième  atteinte  de  B...  est  la  dermatite  exfoliatrice;  elle 
s'accompape  quelquefois  d'un  peu  de  sécheresse  de  la 
gorge,  mais  sans  productions  pultacées;  en  outre,  dans  la 
dermatite  exfoliatrice,  même  très  intense,  la  température 
dépasse  rarement  38  degrés,  tandis  que  chez  notre  malade, 
elle  a  atteint  39%5  et  dépassé  39  degrés  pendant  quatre 
jours. 

De  ce  qui  précède,  on  peut,  je  crois,  conclure  en  toute 
assurance  qu'en  dix  mois  B...  a  été  atteint  deux  fois  de 
scarlatine  ;  la  première  atteinte  a  été  très  légère,  la  seconde 
a  été  grave  quant  à  Tintensité  de  l'éruption. 


COKBËSPONDANGE 

eau  de  morl  nvthlie  pmr  nve  InJ^cMov  d^éther. 

Monsieur  le  Rédacteur  en  chef  et  honoré  confrère, 

A  une  époque  où  la  méthode  hypodermique  est  très  employé**, 
où  Ton  vante  ses  avantages  et  où  l'on  oublie  ses  inconvénient < 
et  ses  dangers  au  point  de  mettre  entre  les  mains  des  maladt^^N 
des  seringues  de  Pravaz  avec  des  poisons  énergiques  dont  il< 
peuvent  se  servir  à  leur  gré,  il  n'est  peut-être  pas  inutile  df 
rappeler  aux  praticiens  que  les  injections  sous-cutaoées  ne  pro- 
duisent pas  seulement  des  empoisonnements  chroniques,  mai> 
qu'il  y  a  aussi  des  accidents  aigus,  des  morts  subites  qui  j»cii> 
vent  leur  être  imputés. 

Voici  un  cas  irappant  de  mort  subite  occasionnée  par  un** 
injection  d'éther.  Le  fait  est  d'autant  plus  instructif  que  ces  in- 
jections passent  pour  être  inoffensives. 

Vers  la  lin  de  sa  vie,  le  regretté  professeur  Fonssagrives, 
appelé  en  consultation  auprès  d'un  malade  arrivé  à  la  péri  ad*' 
ultime  d'une  affection  du  cœur,  conseilla  entre  autres  médica- 
ments des  injections  sous-cutanées  d'éther.  Peu  de  temps  aprôs, 
le  malade  se  trouvant  dans  un  état  de  faiblesse  plus  grande, 
le  médecin  traitant  relève  une  de  ses  manches  et  lui  fait  :\ 
Favant-bras  l'injection  prescrite.  Puis,  lorsque  le  patient  e^t 
remis  de  la  petite  émotion  causée  par  la  piqûre  et  la  brûlure 
que  produit  le  contact  de  l'éther,  la  manche  est  abaissée. 

A  ce  moment  précis,  le  malade  s'affaisse  sur  son  lit  et 
meurt. 

Le  professeur  Fonssagrives  expliqua  de  la  façon  suivanie  K* 
mécanisme  de  la  morl.  La  région  choisie  pour  Tinjection  rtaîi 
trop  vasculaire.  La  pointe  de  l'aiguille  a  dû  pénétrer  dans  uiit^ 
veine,  et  il  est  probante  qu'une  quantité  notable  de  Finjoclion 
a  été  projetée  dans  ce  vaisseau.  Tant  que  la  manche  du  malade, 
qui  était  très  serrée,  a  fait  au  niveau  du  bras  Teffet  d'une  liga- 
ture, aucun  accident  ne  s'est  produit;  mais  lorsque,  la  roanch«* 
étant  abaissée,  les  veines  de  Tavant-bras  ont  été  remises  en 
libre   communication   avec  le   reste  de  la  circulation,  l'éther 


6  Septembre  1889        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  »•  38  —    581 


volatilisé  par  la  chaleur  du  corps  a  été  projeté  vers  le  centre 
circulatoire  et  le  malade  est  mort  par  pénétration  d*un  gaz  dans 
le  cœur,  comme  on  meurt  par  pénétration  de  Tair  dans  ce 
même  organe. 

J^ai  eu  connaissance  d'un  cas  de  mort  subite  survenue,  il  y  a 
longtemps  déjà,  après  une  injection  de  chlorhydrate  de  mor- 
phine, faite  au  niveau  de  la  tempe  chez  une  malade  atteinte 
do  névralgie  du  trijumeau.  L'aiguille  en  pénétrant  dans  un 
vaisseau  aura  projeté  vers  le  cœur,  puis  vers  les  centres  ner- 
veux, une  dose  trop  massive  du  médicament. 

Voilà  de  quoi  faire  réfléchir  le  médecin  avant  qu'il  aban- 
<lonne  aux  mains  du  malade  un  mode  de  traitement  qui  peut 
avoir  des  conséquences  aussi  désastreuses  lorsqu'il  est  manié 
sans  précautions. 

Quant  au  praticien  lui-même,  il  doit  avoir  pour  règle,  lors- 
qu  il  fait  une  injection  sous-cutanée,  de  s'éloigner  des  vais- 
^eaux. 

Veuillez  agréer,  etc. 

I)"^  GiQUEL  (de  Vannes). 


REVUE  DES  GOiNGRÉS 

Dlx-hnlilème  Congrès  de  la  Société  AUemuide 
de  ehlrargle. 

Nèoi^asmas. 

Étiologie  et  diagnostic  des  tumeurs  malignes,  par  F.  von 
Esmarch  (Kiel).  —  Les  statistiques  sont  beaucoup  moins  pro- 
bantes qu'on  ne  le  croit  souvent.  Ainsi  depuis  quarante  ans 
Esmarch  a  recueilli  plus  de  1000  observations,  mais  il  fait 
remarquer  que  parmi  elles  un  assez  grand  nombre  sont  sans 
iloute  aes  erreurs  de  diagnostic,  même  pour  celles  qui  ont  subi 
le  contrôle  du  microscope,  car  rhistologie  moderne  a  démontré 
fausses  bien  des  données  sur  lesquelles  on  pensait  naguère 
pouvoir  s'appuyer.  Pour  les  lèvres  et  la  langue,  surtout,  Terreur 
avec  I  .....  -         IL    ..._    __    _.._L-i 

récidi 

culose^ ^  ^  ^  ,      .  . 

d^une  parcelle  est  net  pour  ces  deux  dernières  maladies,  pour  les 
tumeurs  épithélialés.  Mais,  quand  le  microscope  ne  révèle  qu'un 
tissu  de  granulations,  il  faut  essayer  le  traitement  antisyphili- 
tique, en  sachant  bien  que  quelquefois  il  n  agit  qu'après 
plusieurs  mois. 

Les  investigalions  étiologiques  doivent  rechercher  avec 
soin  toutes  les  irritations  locales,  tous  les  néoplasmes  bénins 
préalables.  L'hypothèse  de  Cohniieim  est  insoutenable.  La  nature 
microbienne  n  est  pas  probable.  En  somme,  il  faut  admet! re  le 
rôle  prépondérant  de  la  prédisposition  individuelle,  pour  laquelle 
Théredité  est  importante;  mais  pour  rétablir  il  ne  faut  pas  se 
borner  aux  renseignements  sur  le  père  et  la  mère,  il  faut  étudier 
la  famille  entière,  et  le  chirurgien  n'est  pas  toujours  à  même  de 
le  faire.  Et  Esmarch  en  vient  a  se  demander  si  l'hérédité  syphi- 
litique ne  joue  pas  un  rôle  dans  la  production  des  sarcomes.  Il 
s'appuie  sur  les  analogies  de  structure  des  sarcomes  et  des 
syphilomes,  tous  deux  formés  de  <  tissu  de  granulation  >,  par 
prolifération  du  tissu  conjonctif. 

Récidives  du  cancer.  — -  M.  Krause  (de  Halle)  présente  trois 
malades  qui,  depuis  plus  de  quatre  ans,  survivent,  sans  récidive, 
à  l'ablation  d'un  cancer  de  la  langue.  Son  chef,  Volkmann,  a 
pniliqué  3i  fois  cette  opération  par  le  procédé  de  Langenbeck. 
Le  malade,  chloroformisé,  est  opéré  assis,  sans  ligature  préalable 
de  la  linguale.  Au  total,  94  amputations  de  la  langue,  dans  les 
quatorze  dernières  années,  n'ont  causé  que  2  décès  par  pneu- 
monie. 

Eug.  Hahn  (de  Berlin)  pense  qu'il  faut  attendre  bien  des 
années  avant  de  proclamer  une  cure  radicale.  H  a  suivi  pendant 
neuf  ans  un  homme  à  qui  il  a  enlevé  le  larynx  pour  un  cancer 
étendu  et  qui  n'a  de  récidive  que  depuis  quelques  mois.  Et  de 
plus,  les  examens  hislologiques  anciens  sont  sujets  à  caution, 
flahn  connaît  un  vieillard  qui,  depuis  bien  des  années,  survit  à 
une  ablation  de  la  langue  pour  cancer.  L'ancien  examen  hislo- 
logique  afûrmait  le  carcinome  ;  un  fragment  conservé  a  été 
examiné  récemment,  et  l'histologisle  n'oserait  pas  être  aussi 
affîrmalif. 

M.  Kiiêter  (de  Berlin)  a  observé  un  malade  chez  lequel  le 


microscope  a  contesté  le  carcinome  de  la  langue,  mais  chez  qui 
une  réciaive  ganglionnaire  a  eu  lieu. 

M.  Schedê  (Hambourg)  pense  que  le  cancer  de  la  langue  est  un 
des  plus  malins.  Depuis  1880,  il  en  a  observé  27  cas,  dont  6  inopé- 
rables. Des  21  opérés,  i2  ont  guéri  ;  mais  4  sont  morts  de  réci- 
dive en  deux  à  quinze  mois,  un  cinquième  a  succombé  à  une 
opération  complémentaire.  Sept  sont  restés  guéris,  dont  un 
depuis  1880;  et  dans  ce  cas,  il  y  avait  déjà  eu  deux  opérations 
préalables;  et,  en  1884,  il  fallut  extirper  une  récidive  ganglion- 
naire. Les  autres  malades  sont  opérés  depuis  1883, 1884,  1885, 
1887;  deux  sont  récents.  Les  neuf  opérés  qui  ont  succombé  à 
l'acte  chirurgical  sont  morts  de  pneumonie  (6),  d'œdème  de  la 
glotte  (1),  de  collapsus  (2).  Sur  ces  vingt-sept  malades,  il  y  a 
vingt-deux  hommes. 

Peiersen  (Kiel)  a  vu  une  récidive  au  bout  de  neuf  ans. 

Von  Esmarch  (Kieb  cite  une  survie  de  vingt  ans  pour  cancer 
de  la  langue  et  de  l'épiglotte. 

Kiister  ^Berlin)  a  perdu  2  malades  sur  26  ablations  de  la 
langue.  Des  24  guéris,  4  sont  restés  indemnes  de  récidive 
pendant  plus  de  trois  ans  et  1  depuis  dix  ans.  Les  opérations 
pour  récidives  peuvent,  elles  aussi,  donner  des  résultats  durables. 

Von  Bergmann  (Berlin)  relate  deux  guérisons  datant  de  deux 
et  trois  ans,  dont  une  relative  à  un  cas  où  les  ganglions  cervi- 
caux étaient  déjà  engorgés. 

Kôrte  (Berlin)  présente  un  homme  de  cinquante-six  ans  qui  a 
subi  les  opérations  suivantes  :  l**  2  juillet  1884,  extirpation  du 
votle  du  palais  et  de  Vamygdale  gauche  j^"*  17  octobre  1884, 
récidive  ganglionnaire  à  droite;  3*  mai  1885,  récidive  ganglion- 
naire à  gauche.  Depuis,  pas  de  récidive.  Au  microscope,  épithé- 
lioma  pavimenteux. 

Von  Bergmann  présente  une  malade  à  laquelle  il  y  a  trois 
ans  la  moitiiî  du  larynx  a  été  enlevée,  pour  cancer,  par 
M.  Schmidt;  un  homme  auquel  lui-même  a  fait,  il  y  a  quatre 
ans,  la  même  opération.  Ces  deux  malades  parlent  d'une  façon 
assez  intelligible. 

Krause  (de  Halle)  montre  trois  malades  auxquels  un  cancer 
du  rectum  a  été  enlevé,  il  v  a  six,  huit  et  neuf  ans,  avec  ouver- 
ture large  du  péritoine.  11  a  constaté  la  môme  intégrité  sur 
quatre  autres  malades  opérés  de  même  depuis  six  ans. 

Von  Bergmann  présente  cinq  hommes  opérés  depuis  deux  à 
cinq  ans  d  extirpation  du  rectum.  Quoique  le  sphincter  ait  été 
détruit,  la  défécation  s'est  assez  bien  régularisée. 

Cancer  do  larynx,  par  M.  K.  Roser  (de  Hanau).  --  Présen- 
tation d'un  homme  de  quarante-deux  ans,  auquel  le  larynx 
entier  (avec  partie  du  pharynx  et  du  corps  thyroïde)  a  été  enlève, 
en  deux  séances,  en  novembre  et  décembre  1888.  11  n'y  a  pas 
trace  de  récidive  (avril  1889).  La  trachée  (munie  d'une  canule) 
s'ouvre  juste  au  niveau  du  sternum;  l'œsophage,  1  centimètre  au- 
dessus. Le  malade  est  nourri  d'aliments  liquides.  11  se  porte  fort 
bien,  mais  s'est  un  peu  amaigri,  ce  que  Roser  explique  par  la 
non-déglutition  de  la  salive.  Une  opération  plastique  va  être 
entreprise  pour  rétablir  la  continuité  entre  la  bouche  et  l'œso- 
phage. (Congrès  de  médecine  interne,  Bericht,  etc.,  p.  36.) 

Au  Congrès  des  chirurgiens  (/oc.  cit»,  p.  52),  ffan«  Sc^mïrft 
(de  Steltin)  présente  un  malade  auquel  il  a  enlevé  complètement 
le  larynx  il  y  a  deux  ans  et  demi.  Le  diagnostic  entre  la  syphilis 
et  le  cancer  est,  il  est  vrai,  resté  douteux.  L'auteur  veut  surtout 
faire  constater  aue,  sans  larynx  artificiel,  la  voix  du  malade 
est  forte  et  intelligible. 

Cancer  du  sein.  —  M.  Lothar  Heidenhain  (de  Berlin)  croit 
qu'on  a  tort  de  ne  s'occuper,  parmi  les  causes  de  récidive  locale, 
que  des  ganglions  axillaires  et  des  troncs  lymphatiques  corres- 
pondants. Le  mode  d'envahissement  des  tissus  avoisinants,  du 
muscle  grand  pectoral  en  particulier,  est  encore  trop  peu  étudié. 
Or,  chez  les  femmes  maigres,  la  face  postérieure  de  la  glande 
mammaire  adhère  tout  entière  à  l'aponévrose  d'enveloppe  de  ce 
muscle;  chez  les  femmes  grasses,  il  y  a  par  places  des  adhé- 
rences. Le  cancer  se  propage  dans  les  espaces  lymphatiques  du 
tissu  rétro-mammaire,  mais  il  n'envahit  le  muscle  lui-même  que 
quand  il  y  a  cliniquement  adhérence  de  la  tumeur  au  muscle. 
La  dissection  du  fascia  étant  impossible,  il  faut  hardiment  enlever 
la  couche  superficielle  du  muscle  quand  la  tumeur  n  est  pas 
adhérente.  Quand  la  tumeur  est  adhérente,  il  faut  enlever  le 
muscle  entier.  Faute  de  ces  précautions,  on  laisse  du  tissu  mor- 
bide qui  repullule  dans  la  cicatrice.  En  examinant  avec  soin  la 
pièce  enlevée,  en  explorant  les  surfaces  de  section  au  micro- 
scope, on  peut  reconnaître  si  oui  ou  non  l'ablation  a  été  com- 


5«2    —  N»  36  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        6  Srptbmbrk  1889 


plèle.  Sur  dix-huit  pièces,  Heidenhain  en  a  trouvé  douze  où 
Fopération  avait  certainement  été  incomplète.  De  ces  malades, 
une  est  perdue  de  vue;  huit  sont  mortes  ou  en  récidive,  trois 
sont  sans  récidive.  Des  six  autres,  deux  sont  opérées  depuis  peu. 
Les  quatre  autres  vivent  sans  récidive  depuis  février  à  août  1888. 
(Mémoire  paru  in  extenso  dans  les  Arch.  f.  klin.  chir,,  1889, 
t.  XXXIX,  p.  97.) 

M.  Schinzinger  a  opéré  quatre-vingt-seize  malades  depuis 
dix  ans.  Deux  sont  mortes  d'érysipèle.  Il  a  remarqué,  avec 
d'autres  chirurgiens,  qu'après  la  ménopause,  la  marche  du 
cancer  est  plus  lente.  Il  se  demande  donc  si  —  le  cancer  ayant 
été  extirpé  aussitôt  que  possible  —  il  ne  serait  pas  indique  de 
provoquer,  par  la  castration  ovarienne,  une  ménopause  préma- 
turée, de  façon  à  diminuer  les  chances  de  récidive. 

Traitement  drs  ostéosarcomes  a  myêloplaxes  par  l'évide- 
MENT.  —  M.  Krause  (de  Halle)  relate  quatre  opérations  d'épulis 
pratiquées  de  la  sorte  (en  conservant  la  lame  osseuse  posté- 
rieure), avec  un  résultat  durable.  Dans  un  cas,  il  est  vrai,  il  y  a 
eu  six  récidives  successives, mais  on  esta  la  tin  venu  à  bout  du 
mal.  Une  opération  semblable  a  été  faite  il  y  a  trois  ans,  sur 
un  homme  de  quarante-huit  ans,  pour  un  myèloîdede  l'extré- 
mité supérieure  du  tibia.  La  tumeur  était  grosse  comme  une 
tète  d'-enfant.  Le  malade  marche  sans  appareil  et  plie  facilement 
le  ^enou.  Bramann  (de  Berlin)  présente  deux  malades  opérés 
de  la  sorte:  1» Fille  de  quatorze  ans,  atteinte  d'ostéosarcome  de 
l'extrémité  supérieure  du  tibia;  il  a  fallu  réséquer  entièrement 
cette  épiphyse  et  le  genou  est  ankylosé.  L'opération  a  neuf  mois 
de  date,  r»  Homme  de  quarante  ans,  auquel  un  sarcome  myéloïde 
de  l'extrémité  inférieure  du  radius  a  été  enlevé  il  y  onze  mois. 
Les  fonctions  de  la  main  sont  à  peu  près  normales.  Esmarck 
(de  Kiel)  a  enlevé  avec  succès  à  la  cuiller  tranchante  un  sarcome 
du  maxillaire  et  il  a  cautérisé  la  cavité  au  thermocautère.  Lœbkcr 
a  publié,  au  Congrès  de  l'an  dernier,  une  extirpation  heureuse  de 
sarcome  périostique  du  maxillaire  inférieur.  Le  malade,  au  bout 
de  trois  ans,  est  maintenant  encore  en  bon  état.  Rosenberger  (àe 
Strasbourg)  en  dit  autant  pour  un  opéré  dont  il  a  parlé  de  même 
Tan  dernier. 

Greffe  du  cancer  chez  le  rat,  par  M.  Hanau.  —  Deux  rats 
mâles  ont  été  inoculés  dans  la  tunique  vaginale  avec  un  morceau 
de  ganglion  cancéreux  consécutif  à  un  cancer  de  la  vulve  chez 
une  rate.  Chez  le  rat,  le  canal  péri tonéo- vaginal  reste  ouvert. 
Un  des  deux  est  mort  en  sept  semaines,  d'une  carcinose  péri- 
tonéale  généralisée.  L'autre,  tué  au  bout  de  deux  semaines, 
n'avait  que  deux  noyaux  dans  la  tunique  vaginale.  Le  micro- 
scope démontre  que  ces  productions  sont  identiques  au  cancroïde 
greffé.  Donc,  le  cancer  peut  se  transplanter,  dans  une  même 
espèce,  d'un  animal  à  l'autre  ;  mais  cette  greffe  n'implique  nul- 
lement la  nature  infectieuse  du  cancer. 

M.  Wehr  (de  Remberg)  a  fait  des  études  analogues  sur  le 
chien  à  l'aide  de  carcinomes  développés  sur  le  prépuce  de  chiens, 
dans  le  vestibule  vaginal  de  chiennes,  carcinomes  en  général 
confondus  par  les  vétérinaires  avec  des  condylomes.  La  méthode 
est  la  suivante:  une  incision  de  8  millimètres  de  longueur  divise 
la  peau  et  piar  là  un  tunnel  sous-cutané  est  creusé  avec  un  trocart 
do  3  millimètres  ;  dans  la  canule  du  trocart  un  morceau  de  car- 
cinome est  poussé  avec  un  stylet  jusqu'au  fond  du  cul-de-sac. 
Sur  26  chiens,  Wehr  a  obtenu  24  fois  des  nodules  carcinoma- 
teux,  dont  la  plupart,  il  est  vrai,  se  sont  résorbés.  Mais  il  a 
suivi  un  animal  inoculé  le  12  décembre  1887,  chez  qui  quatre 
noyaux  se  sont  bien  développés,  et  Gnalement  l'animal  est  mort 
cachectique  le  16  juin  1888.  A  l'autopsie,  la  généralisation  a  été 
donstatée.  (Mémoire  in  extenso  dans  Arch.  /".  klin.  Chir,,  1889, 
t.  XXXIX,  p.  226.) 

Rinne  (de  Greifwald)a  essayé  en  vain  l'inoculation  à  un  chien 
l'un  carcinome  rectal  provenant  d'autres  chiens. 

E.  Hahn  (de  Berlin)  rappelle  les  expériences  positives  qu'il 
a  faites  sur  Thomme. 

Heidenhain  (de  Berlin)  se  souvient  qu'un  auteur  russe  a  eu 
des  succès  sur  le  chien.  Cet  auteur  est  Lovoinski,  ajoute  Hanau 
(de  Zurich),  mais  sur  42  cas  il  n'a  eu  qu'un  succès.  Comme  le 
cancer  est  une  maladie  de  la  vieillesse,  c'est  sur  des  animaux 
âgés  qu'il  convient  d'expérimenter. 

Septicémie,  par  M.  Hoffa  (de  Wûrzbourg).  —  Dans  la  septi- 
cémie il  faut  distinguer  l'intoxication  septique  qui  relève  du 
passage  dans  le  sang  de  ptomaïnes  et  de  ferments,  et  Tinfection 
septique,  due  à  l'entrée  et  à  la  pullulation  dans  le  sang  des 


bactéries  elles-mêmes.  Dans  ce  second  cas,  les  bactéries  peurent 
agir  de  deux  façons.  Il  peut  y  avoir  une  intoxication  par  fer- 
mentation (ce  qui  est  le  cas  pour  la  septicémie  de  la  souris  ilf 
Koch),  ou  d'une  formation  de  ptomaïnes.  Le  second  processus; 
est  celui  qu'engendre  la  bactérie  de  la  septicémie  da  lapin 
décrite  par  Koch  etGaffky.  Sur  des  lapins  inoculés,  Hoffa  a  îsoli^ 
cette  ptomaïne  qu'il  appelle  méthylguanidine  et  qui  est  un 
poison  violent.  Elle  tue  les  animaux  en  produisant  les  sym- 
ptômes de  la  septicémie  du  lapin.  L'auteur  a  entrepris  une  série 
de  recherches  chimiques  démontrant  que  la  méthylguanidinf 
dérive  de  l'oxydation  de  la  créatine.  Dans  des  lapins  morts  du 
charbon,  Hoffa  a  trouvé  une  autre  base  toxique,  Vanthracine. 

Microbe  du  tétanos,  par  S.  Kitasato  (de  Tokio).  —  En  i8«i. 
Carie  et  Ratone  ont  rendu  des  lapins  tétaniques  en  les  inocu- 
lant avec  le  pus  d'un  animal  tétanique.  En  1885,  Nicolaïer  a 
montré  que  aans  le  sol  existe  un  bacille  qui  produit  le  tétanos 
chez  la  souris,  le  lapin,  le  cobaye.  En  1886,  Rosenbach  a  troavt* 
chez  l'homme  tétanique  le  bacille  de  Nicolaïer.  Mais,  dans  ers 
derniers  temps,  on  a  émis  quelaues  doutes,  car  jusqu'à  prés«»nl 
on  n*a  pas  réussi  à  isoler  hors  aes  corps  des  animaux  et  à  cul- 
tiver en  cultures  pures  le  bacille  de  Nicolaïer.  Aussi  Kitasato 
a-t-il  entrepris  des  recherches  sur  ce  point  dans  le  laboratoire 
de  R.  Koch,  à  l'aide  d'un  soldat  tétanique.  Au  milieu  d'autre> 
bactéries,  celle  de  Nicolaïer  existait  dans  ce  cas  ;  les  inocula- 
lions  furent  positives.  Sur  des  souris  inoculées,  l'auteur  a  trouvé 
le  bacille  dans  le  pus;  il  a  ensemencé  des  milieux  de  culture, 
et  il  a  vu  le  bacille  de  Nicolaïer  se  multiplier,  mais  toujours 
mélangé  à  d'autres  micro-organismes.  Par  les  méthodes  ordi- 
naires, il  a  isolé  trois  variétés  de  microbes  anaérobie<ï,  cinq 
facultativement  anaérobies  et  sept  aérobies.  Toutes  ces  variétés 
ont  été  obtenues  isolées  et  ont  été  inoculées  sans  produire  le 
tétanos,  que  les  cultures  aient  été  pures  ou  mélangées,  pourra 
que  le  bacille  de  Nicolaïer  n'y  fût  pas  mêlé.  11  était  dès  lors 
prouvé  indirectement  que  ce  dernier  microbe  est  bien  en  cause, 
kitasato  a  réussi  à  fournir  la  preuve  directe  en  obtenant  des 
cultures  pures  qui,  inoculées,  causent  invariablement  le  tétanos 
chez  la  souris.  Le  microbe  est  absolument  anaérobie.  On  ne  le 
trouve,  sur  les  animaux  morts,  ni  dans  le  sang,  ni  dans  les  vis- 
cères, ni  à  la  place  inoculée  ;  les  inoculations  faites  avec  ces 
matières  restent  sans  effet,  et  les  ensemencements  restent 
stériles.  Le  micro-organisme  a  donc  produit  avec  une  rapidité 
extrême  la  ptomaïne  toxique  de  Brieger.  Sans  entrer  dans  le^: 
détails  techniques,  nous  ajouterons  que  la  méthode  suivie  par 
l'auteur  pour  isoler  le  bacille  consiste  à  prendre  les  cultures 
mixtes  qui  ont  quarante-huit  heures  d'existence  et  à  leur  faire 
subir  des  manipulations  fondées  sur  les  deux  faits  suivants: 
1*  le  bacille  du  tétanos  est  rigoureusement  anaérobie;  2»  Ie> 
microbes  anaérobies  qui  lui  sont  associés  sont  tués  par  un  séjour 
d'une  heure  à  une  heure  et  demie  dans  une  étuve  à  80  degrés. 
L'analyse  indique  en  outre  les  principales  propriétés  bactériolo- 
giques du  bacille. 

Etiologie  des  adénopathies  tuberculeuses,  par  M.  Cornet 
(de  Berlin-Reichenhall).  —  Expériences  faites  sur  le  chien  pour 
étudier  les  modes  de  pénétration  du  bacille.  Elles  ont  été  entre- 
prises surtout  sur  les  régions  tributaires  des  ganglions  cervi- 
caux, siège  de  prédilection  de  ces  adénopathies.  Des  crachats 
tuberculeux  (ou  des  cultures)  ont  été  mis  dans  le  cul-de-sar 
conjonctival  inférieur,  sans  trauma  de  la  muqueuse  :  la  muqueuse 
a  simplement  rougi,  tandis  que  les  ganglions  cervicaux  se  caséi- 
fiaient  et  qu'on  y  trouvait  des  bacilles.  De  même  pour  les 
muqueuses  nasale,  gingivale.  Dans  l'oreille,  les  faits  sont  plus 
contestables,  car  il  est  diflicile  d'affirmer  qu'il  n'y  a  pas  eu  de 
solution  de  continuité  du  tégument.  Mêmes  résultats  pour  lo 
vagin,  pour  le  pénis,  dont  les  muqueuses  s'ulcèrent  cependant 
quelquefois.  Sur  tous  ces  chiens,  sauf  deux  (et  au  bout  de  long- 
temps), les  poumons  ont  été  trouvés  sains.  Inversement  les 
lésions  des  poumons  et  des  ganglions  bronchiques  sont  accen- 
tuées sur  les  animaux  rendus  tuberculeux  par  inhalation.  Fin 
somme,  ces  expériences  démontrent  que  le  bacille  peut,  pour 
aller  infecter  les  ganglions,  traverser  une  muqueuse  macrosoo- 
piquement  saine. 

ACTINOMYCOSE  CUTANÉE,  par  M.  Leser  (de  Halle).  —  Relation  do 
trois  observations  où  le  parasite  a  été  trouvé  et  dans  le  pus  et 
dans  les  tissus  morbides  enlevés  à  la  curette.  Pour  le  trouver 
dans  les  tissus,  il  faut  des  coupes  très  nombreuses,  car  il  e<(t 
rare,  comme  d  ailleurs  la  plupart  des  agents  infectieux  dans  les 


6  Septembre  1889       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  —  N«  36  --    583 


infections  chroniques.  Dans  les  trois  cas,  les  renseignements 
ctiologiques  sont  nuls.  1/aspect  clinique  est  variable  :  là  un 
ulcère  profond,  atonique,  irregulier,  serpigincux;  ailleurs  une 
éruption  nodulaire  discrète,  s*élendant  peu  à  çeu  par  la  péri- 
phérie et  se  transformant  en  une  plaque  infiltrée.  Dans  la  pre- 
mière forme,  Tanalogie  est  assez  grande  avec  le  lupus.  Mais  le 
mode  d'extension  vers  la  profondeur  est  tout  différent.  Ici,  en 
effet,  il  se  creuse  des  trajets  remplis  d'un  tissu  de  granulations 
gris  jaun&tre  ou  gris  rougeâtre;  aucun  tissu  n'est  respecté  :  les 
aponévroses  sont  perforées,  les  muscles  sont  détruits,  le  périoste 
est  dénudé,  ronge,  et  enfin  les  os  deviennent  cariés.  La  maladie 
est  en  général  chronique,  subaiguê  tout  au  plus.  Toutefois 
Léser  Ta  vue  aigué,  ayant  les  allures  d'un  phlegmon.  Les  gan- 
glions correspondants  ne  sont  pas  engorgés  :  la  maladie  ne  se 
propage  pas  par  les  voies  lymphatiques,  trop  étroites  pour  livrer 
passage  au  parasite.  Mais  quelquefois  le  foyer  actinomycotique 
est  le  siège  d'une  infection  suppurative  surajoutée,  et  alors  les 
«ganglions  s'engorgent.  Dans  la  discussion,  Rotter  (de  Munich) 
msiste  sur  la  iréqucnce  de  ces  infections  mixtes.  Il  a  observé 
dans  le  service  de  Bergraann  la  forme  nodulaire. 

Tampon  aseptique  résorbable,  par  M.  Thiem  (Kottbus).  — 
Appliquant  une  idée  de  Gluck,  Thiem  a  suturé  quatre  fois  dans 
Tanneau  inguinal,  après  cure  radicale  d'une  hernie  à  large 
orifice,  un  tampon  de  catgut  destiné  à  servir  d*obturateur  pen- 
dant que  la  cicatrice  se  consolide.  Et  sur  un  enfant  opéré  des 
deux  côtés  d'une  hernie  énorme,  allant  jusqu'aux  genoux,  l'ob- 
turation n'ayant  été  faite  que  d'un  cété  :  du  côté  opposé,  au  bout 
de  cinq  heures,  les  cris  avaient  provoqué  la  récidive,  en  sorte 
«^u'il  fallut  opérer  à  nouveau,  au  cinquième  jour.  Cette  indica- 
tion n'est  pas  la  seule,  l.e  tampon  aseptiaue  peut  remplacer 
le  caillot  aseptiaue  de  la  méthode  de  Scnede.  (jràco  a  lui, 
Thiem  a  obtenu  la  réunion  immédiate  des  cavités  laissées  par 
des  extirpations  ganglionnaires;  par  le  curage  axiilaire  pour 
cancer  du  sein.  Quoi  qu'en  disent  Yolkmann,  Rocher,  il  n'a 
jamais  eu  d'infections  provoqoées  par  le  catgut. 

Opérations  a  sec,  par  M.  Landerer  (do  Leipsig).  —  D'après 
quatre-vingt-dix  observations,  où  l'auteur  s'est  parfaitement 
trouvé  de  n'avoir  pas  employé  une  goutte  de  liquide  sur  les  tis- 
sus opérés.  (Mémoire  paru  dans  les  Arch,  /.  Ami.  Chir.,  i889, 
t.  XXXIX,  p.  216.) 

Chirurgie  cranio-cérébrale.  —  M.  Horsleu  (do  Londres) 
résume  ses  recherches  sur  les  centres  moteurs  de  l'écorce  et  il 
indique  sa  manière  d'opérer  dans  le  cerve«iu.  Uicn  qu'il  n'ait 
déjà  publié. 

M.  Fischer  (de  Breslau)  relate  ime  trépanation  pour  tumeur 
cérébrale  ;  opération  faite  le  2  juin  18«8  sur  un  homme  de 
trente-sept  ans,  non  s^^philitique,  malade  depuis  janvier  1887. 
If  souffrait  d'attaques  épileptiiormes,  avec  monoplégie  progres- 
sive du  bras  droit  etlinaleinentavec  une  légère  aphasie  motrice. 
Le  2  juin,  donc,  trépanation  sur  la  zone  motrice,  qui  apparaît 
saine.  Après  l'opération,  la  paralysie  diminua,  mais  l'aphasie 
augmenta.  A  la  fin  de  novembre,  accès  d'épilepsie  jackso- 
nienne.  Fischer  ouvre  la  cicatrice  (il  n'avait  pas  replanté  la 
rondelle)  et,  celte  fois,  trouve  une  tumeur  cérébrale  qu'il 
énuclée  avec  les  doigts.  Guérison.  Mais  deux  mois  après,  réci- 
dive, et  mort  le  20  mars  dernier.  11  s'agit  d'un  sarcome  à  cel- 
lules rondes. 

Uôflman  (de  Kœnîgsberg)  a  obtenu  trois  fois  de  bons  résul- 
tats par  la  trépanation  traversant  l'apophyse  masloivïe  (et  môme 
le  sinus  transverse)  sur  trois  malades  qui,  sans  otorrhée,  avaient 
cependant  des  accidents  cérébraux  liés  sans  doute  à  une  ancienne 
maladie  de  l'oreille.  Il  y  avait  simplement  condensation  du  tissu 
osseux  et  épaississement  de  la  dure-mére. 

Gerstein  (de  Dortmund)  a  eu  à  soigner  un  homme  atteint  de 
fracture  compliquée  du  crâne,  avec  enfoncement.  Il  enleva  les 
deux  fragments  enfoncés  et  les  mit  dans  une  solution  de 
sublimé,  tandis  qu'il  désinfectait  avec  soin  le  foyer  cérébral. 
Puis  un  des  fragments  fut  remis  en  place,  ce  pourquoi  il  a 
fallu  le  tailler  aux  dimensions  voulues.  Réunion  immédiate.  Un 
an  après,  l'homme  mourut  de  pneumonie,  et  on  put  constater 
la  consolidation  osseuse  de  l'esquille  replacée. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Aeadémte  4«a  seleiices. 

SÉANCE   DU  26   AOUT  1889.   —  PRÉSIDENCE 
DE   M.   DESCLOIZEADX. 

PrOPMÉTÉS   PATHOGÈNES    DES    MICROBES   CONTENUS    DANS 

LES  TUMEURS  MALIGNES.  —  D'après  M.  VemeuUy  le  tissu  des 
néoplasmes  inalins,  cancers,  sarcomes,  épithéliomes,  etc^ 
peut  être  envahi,  à  un  moment  donné,  par  des  microbes 
divers  dont  on  ne  peut  encore  déterminer  sûrement  ni  l'ori- 
gine, ni  le  genre,  ni  le  nombre.  Cette  invasion,  dont  les 
causes  et  le  mécanisme  sont  également  inconnus,  peut 
rester  plus  ou  moins  longtemps  latente,  mais  aussi,  en 
certains  cas,  amener,  dans  l'évolution  et  la  nutrition  des 
tumeurs,  diverses  modifications,  telles  que  Taccroissement 
rapide,  le  ramollissement  et  fulcération. 

Les  microbes  ne  se  rencontrent  pas  dans  tous  les  genres 
de  néoplasmes,  ni  dans  tous  les  néoplasmes  d'un  même 
genre,  pas  même  dans  tous  les  points  d'un  néoplasme 
cependant  envahi.  On  ne  les  trouve,  par  exemple,  ni  dans 
les  lipomes,  ni  dans  les  fibromes  purs,  ni  dans  les  sarcomes 
ou  les  cancers  commençants,  à  marche  lente,  à  Tétat  cru  et 
recouverts  de  peau  saine;  au  contraire,  on  les  observe  à  peu 

Eres  constamment  dans  les  néoplasmes  ramollis  et  ulcérés, 
es  microbes,  outre  l'action  irritante,  phlogogène  et  pyro- 
gène qu'ils  exercent  localement  sur  le  tissu  même  de  la 
tumeur  envahie,  possèdent  d'autres  propriétés  pathogènes 
qui  peuvent  intéresser  l'économie  tout  entière.  Ainsi,  suivant 
toute  vraisemblance,  ils  sont  capables  d'allumer  une  fièvre 
plus  ou  moins  intense  et  irrégulière  alors  qu'ils  sont  encore 
renfermés  dans  une  tumeur  en  voie  d'accroissement  rapide 
ou  de  ramollissement.  De  plus,  lorsque,  pendant  l'ablation 
d'une  tumeur  qui  les  renferme,  ils  peuvent,  mélangés  aux 
fluides  contenus  dans  les  points  ramollis,  se  répandre  dans 
la  plaie  opératoire,  ils  la  contaminent,  l'infectent  et  Tino- 
culent  de  façon  à  provoquer  le  développement  d'une  fièvre 
septicémique  capable  d  entraîner  la  mort. 

La  connaissance  de  ce  dernier  fait,  outre  qu'elle  plaide 
en  faveur  de  l'ablation  précoce  des  néoplasmes  malins,  si 
désirable  à  tous  les  points  de  vue,  dicte  encore  aux  chirur- 
giens certaines  mesures  préventives  pendant  et  après  Texlir- 
(lation  des  tumeurs  infectées  par  les  microbes,  notamment 
es  suivantes: 

Etant  reconnu  ou  au  moins  soupçonné  le  ramollissement 
d'une  tumeur,  enlever  celle-ci  d'une  seule  pièce  sans  l'en- 
tamer, l'énucléer,  la  morceler,  la  déchirer,  ni  l'arracher. 
S'il  arrive  pourtant  que  les  foyers  ramollis,  ouverts  par  une 
manœuvre  quelconque,  viennent  à  verser  leur  contenu 
fluide  dans  la  cavité  opératoire,  il  faut  laver  soigneusement 
et  largement  la  plaie  avec  une  solution  antiseptique  suffi- 
samment forte  et  y  revenir,  au  besoin,  plusieurs  fois  pendant 
l'extirpation  et  après,  bien  entendu.  Si,  malgré  tout,  on 
avait  lieu  de  craindre  l'inoculation  de  la  plaie  par  les 
microbes  ou  leurs  produits,  on  devrait  rejeter  la  réunion 
immédiate  et  choisir  un  des  procédés  du  pansement  anti- 
septique ouvert. 

Physiologie  EXPéniMENTALE.  —  M.  Laulanié  a  observé 
que,  lorsque  au  cours  d'une  excitation  de  l'un  des  nerfs 
vagues,  le  cœur  reprend  ses  battements,  le  passage  immédiat 
de  l'excitation  sur  l'autre  nerf  laisse  au  rythme  la  dépres- 
sion amenée  par  l'excitation  du  premier  nerf.  Dans  ce  cas,  la 
fatigue  exprimée  par  le  retour  des  battements  appartient  à 
l'appareil  d'arrêt  intra-cardiaque.  Lorsqu'on  procède  à  une 
série  d'excitations  alternatives  et  d'égale  durée,  le  passage 
de  l'excitation  d'un  nerf  sur  l'autre  ne  modifie  pas  le 
rythme;  les  excitations  ont  uile  durée  inégale,  les  excitations 
de  moindre  durée  augmentent  le  ralentissement  acquis  par 
les  excitations  précédentes  de  longue  durée. 


TM    _  N°  30  —  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       6  Septembre  I8«î* 


Les  excitations  de  longue  durée  produisent  dans  Texcila- 
bililé  du  nerf  et  de  Tappareil  d'arrêt  intra-cardiaque  des 
variations  de  sens  inverse.  La  fatigue  du  nerf  entraine  le 
repos  relatif  des  ganglions  oui  se  retrouvent  tout  prêts  à 
recevoir  utilement  Taction  de  Vautre  nerf.  L'appareil  d'arrêt 
est  expérimentalement  inépuisable  pour  une  excitation  uni- 
latérale si  prolongée  qu'elle  soit.  Enfin,  par  une  série 
d'excitations  alternatives  bien  ménagées  et  continuées  Tune 
par  Tautre,  on  inflige  au  rythme  cnrdiaque  un  ralentissement 
et  à  la  circulation  une  dépression  de  même  durée  que  la 
série  des  excitations. 


Académie  de  méderlne. 

SÉANCE   DU   3   SEPTEMBRE    i889.   —  PRÉSIDENCE    DE 
M.   MOUTARD-MARTIN. 

La  séance  est  immédiatement  levée  en  signe  de  deuil, 
après  rhommage  rendu  par  M.  Moutard-Martin^  vice-pré- 
sident, à  la  mémoire  de  M.  Maurice  Perrin,  président, 
décédé  samedi  dernier  à  Vezelise  (Heurthe-et-Moselle)  où  il 
était  en  villégiature. 


REVUE  DES  JOURNAUX 


Dn  irikIteineBi  do  plAeeBtm  pr«vlik  par  Im.  vemlon  eonio 
bittée,  par  M.  Lomer.  —  Celte  méthode,  désignée  en  Allemagne 
sous  le  nom  de  méthode  de  Hofmeier,  devrait  plutôt  être  appelée 
méthode  de  Ftraxton  Hicks,  du  nom  du  médecin  qui  la  intro- 
duite dans  la  pratique  dès  1860.  Elle  donne  une  mortalité  pour 
la  mère  de  4.5  pour  iOO,  tandis  que  par  les  autres  méthodes 
celle-ci  est  de  22  à  35  pour  100. 

Dans  rinsertion  vicieuse,  le  placenta,  placé  près  de  rorîfice 
ou  sur  lui,  gène  la  dilatation  qui  se  fait  avec  une  extraordinaire 
lenteur  et  est  accompagnée  d*hémorrhagie,  les  vaisseaux  du 
placenta  étant  devenus  héants.  Mais  rhéraorrhagie  cesse  aussitôt 
(|ue  la  partie  qui  se  présente  s'engage  dans  le  bassin  et  exerce 
une  compression  sur  le  point  qui  donne  du  sang.  De  là,  rutililc 
de  la  rupture  de  la  poche  quand  il  y  a  présentation  du  sommet 
et  dilatation  presque  complète.  Mais  dans  les  cas  graves  et  quand 
Toriftce  est  non  dilaté,  on  arrive  au  même  résultat  par  la  version 
combinée. 

La  malade  étant  chloroformée,  et  la  main  entière  étant  intro- 
duite dans  le  vagin,  on  pénètre  prudemment,  avec  un,  puis  deux 
doigts  dans  le  col,  qui,  dans  les  cas  d'insertion  vicieuse  du  plu- 
cenla,  est  toujours  mou  et  dilatable;  puis  on  rompt  les  mem- 
branes (en  passant  au  travers  du  placenta  s'il  est  central).  On 
cherche  ensuite  par  des  manœuvres  externes  à  pousser  au-dovant 
des  doigts  introduits  dans  Tutérus,  les  membres  inférieurs  du 
fielus;  quand  les  doigts  auront  saisi  un  pied,  on  ramènera  jus- 
qu'à la  vulve.  Aussitôt  Thémorrhagie  cesse,  surtout  si  on  fait  de 
légères  tractions.  Mais  il  faut  se  garder  de  faire  Textraction  de 
Tenfant,  pour  éviter  de  déchirer  le  col  et  de  produire  plus  tard 
une  hémorrhagie  mortelle.  11  faudra  attendre  que  les  douleurs 
viennent  et  se  contenter  alors  de  faire  de  légères  tractions.  (Ber- 
liner  klinische  Wochenschrift,  3  décembre  1888.) 

liMlraelloii  pour  len  ««seii-reniiiiefi  relative  ^  îm.  prophylaxie 
de  lA  flêvre  paerpéritie.  —  Le  ministère  chargé  d«'S  affaires 
médicales  en  Prusse  a  fait  paraître  une  instruction  détaillée  à 
laquelle  les  sages-femmes  sont  obligées  de  se  conformer.  Dans 
des  considérations  préliminaires,  il  est  dit  que  chaque  année 
plusieurs  milliers  de  femmes  succombent  à  la  lièvre  puerpérale, 
facile  à  éviter,  difficile  à  guérir. 

Les  sages-femmes  observeront  en  tout  temps  la  plus  grande 
propreté;  mais  en  présence  d'une  parturiente  ou  d'une  accou- 


chée, leurs  mains,  leurs  bras  et  leurs  vêtements  seront  rigou- 
reusement nettoyés.  Les  manches  seront  disposées  de  fncoo 
pouvoir  être  relevées  jusqu'au  milieu  du  bras;  un  grand  tabli«r, 
en  étoffe  claire  et  fraîchement  lavé,  couvrira  la  partie  antérieurr 
de  leur  vêtement.  Les  ongles  seront  coupés  courts,  à  borJ- 
lisses,  nettoyés  avec  du  savon  et  une  brosse.  Aux  instrumenî- 
qui  leur  sont  déjà  prescrits  et  dont  elles  doivent  être  munir- 
dans  l'exercice  de  leurs  fonctions,  elles  ajouteront  :  un  lablier 
frais,  du  savon,  une  brosse  à  ongles  et  une  serviette  fraîche;  ui- 
flacon  contenant  90  grammes  d'acide  phénique  liquide  pur,  1 1 
portant  sur  l'étiquette  :  <  attention!  à  n'employer  qu'en  solulio.. 
étendue  >;  un  verre  gradué  pour  mesurer  15  ou  30  gramme*- 
d'acide  phénique;  un  thermomètre;  un  irrigateur  avec  lube  eo 
caoutchouc  et  canule  en  verre. 

Appelée  auprès  d'une  parturiente,  la  sage-femme  préparera 
immédiatement  deux  litres  d'eau  phéniquée,  en  employant 
30  grammes  d  acide  phénique  par  litre.  Elle  veillera,  autaui 
que  possible,  à  ce  que  la  literie  soit  propre.  Avant  de  faire  ui. 
examen  intérieur,  elle  se  lavera  les  mains  et  les  bras  avec  dn 
savon  et  de  l'eau  tiède,  préalablement  bouillie  si  cela  est  pos- 
sible ;  elle  les  plongera  ensuite  dans  IVau  phéniquée.  Les  orgaorx 
génitaux  de  la  parturiente  ne  seront  jamais  lavés  avec  des  êpoD- 
ges,  mais  avec  du  coton  ou  de  la  jute,  l^a  sonde  et  les  ciseaux 
seront  plongés  dans  Teau  phéniquée.  Après  l'accouchement  le> 
organes  génitaux  seront  laves  avec  de  leau  bouillie  et  essuyée 
avec  de  la  ouate.  Les  injections  vaginales  et  intra-utérines  iif 
seront  pratiquées  que  sur  indication  du  médecin,  ou  dans  de< 
cas  spécifiés  par  les  instructions  ;  mais  elles  ne  pourront  être 
faites  qu'avec  de  Feau  phéniquée. 

La  sage-femme  évitera  autant  que  possible  d*être  en  contact 
avec  des  personnes  atteintes  de  suppuration,  de  péritonite,  de 
métrite,  d'éry>ipèle,  de  diphlhérie,  de  scarlatine,  de  variole, 
de  syphilis,  de  blennorrhagie,  de  fièvre  typhoïde,  de  choléra, 
de  dysenterie.  Si  elle  a  été  en  contact  avec  ces  malades  ou  avec 
une  accouchée  dont  les  lochies  ont  une  mauvaise  odeur,  elle 
lavera  ses  mains  ainsi  que  les  bras  dans  de  Teau  phéniquée. 
au  moins  pendant  cinq  minutes,  et  désinfectera  également  ie> 
instruments  employés.  Si  elle  s'est  trouvée  dans  le  logement 
d'une  personne  atteinte  d'une  de  ces  maladies,  elle  ne  pourra 
visiter  aucune  autre  parturiente  ou  accouchée  qu'après  sVtre 
désinfectée  et  avoir  changé  de  vêtements.  Mais,  si  une  personne 
atteinte  d'une  de  ces  affections  se  trouve  dans  son  logement, 
ou  si  elle  soigne  dans  sa  clientèle  des  malades  atteintes  de  lièvre 
puerpérale,  péritonite  et  métrite  puerpérales,  elle  devra  deman- 
der des  instructions  au  médecin  d'arrondissement  et  eu  atten- 
dant à  un  autre  médecin.  Pendant  tout  ce  temps,  il  lui  est 
interdit  de  visiter  une  femme  enceinte;  il  lui  est  défendu  aussi 
de  visiter  des  parturientes  ou  des  accouchées,  sauf  le  cas  de  force 
majeure.  Même  alors  elle  devra  préalablement  laver  tout  son 
corps,  se  désinfecter  et  se  revêtir  de  vêlements  frais.  {Berlin^r 
klinische  Wochensckrift,  24  décembre  1888.) 

De  rAClloB  de  t»  teinture  de  StrepbAiitiia  Koinké  mmr  Ir 
eiiee  du  eoeur,  par  M.  HAA.S.  —  L'auteur  a  expérimenté  la  tein- 
ture au  vingtième,  sur  vingt  malades  auxquels  il  a  administn- 
de  quinze  à  trente-cinq  gouttes  par  jour.  11  s'est  servi  de  l'ap- 
pareil enregistreur  de  Hoth  qui  est  une  modilication  de  celui  do 
Mathieu-Rurdon-Sanderson.  Toutes  les  courbes  ont  été  pn>e> 
chez  des  sujets  à  température  normale  et  dans  la  position  hori- 
zontale. La  pointe  du  cœur  ayant  été  déterminée  par  le  doigt,  il 
a  appliqué  la  pelote  en  ce  point  et  pris  le  tracé  avant  toute 
ingestion  du  médicament.  La  teinture  de  strophantus  ayant  été 
administrée,  il  reprenait  de  nouveau  le  cardiogramme.  i>an< 
quelques  cas,  il  a  pris  aussi  le  tracé  de  la  digitale,  afm  de  com- 
parer les  courbes  des  deux  médicaments. 

Les  résultats  ont  été  constants  dans  toutes  les  expérimenta- 
tions :  au  bout  de  cinq  heures  déjà  le  strophantus  manifeste 
son  action  par  un  ralentissement  des  battements  du  cœur  qui 
diminuent  de  dix  à  vingt  par  minute,  et  par  un  affaiblissement 
de  l'énergie  du  choc  du  cœur.  Le  cœur  devient  manifestement 


6  Septembre  1889       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  36  —    585 


plus  calme,  et  les  malades  éprouvent  un  sentiment  de  bien-être, 
par  suite  de  la  disparition  de  Toppression.  En  appliquant  ta  main 
sur  la  poitrine  on  constate  cet  affaiblissement  du  choc.  Le  car- 
diogramme traduit  cette  diminution  de  Ténerufie  du  cœur  par 
la  petitesse  de  la  courbe  dont  les  dentelures  s'efTacent.  Cet 
effacement  indique  un  affaiblissement  de  la  contractilité  des 
éléments  musculaires  des  vaisseaux,  qui  sont,  de  même  que  le 
muscle  cardiaque,  paralysés  en  une  certaine  mesure  par  le 
strophantus.  Son  action  est  donc  différente  de  celle  de  lu  digi- 
tal »,  contrairement  à  Topinion  de  Fraser,  pour  qui  le  stro- 
phantus est  sans  action  sur  les  vaisseaux,  mais  excite  la  con- 
tractiliié  du  muscle  cardiaque,  au  point  de  le  tétaniser  à  dose 
toxique,  et  d'amener  la  mort  en  systole. 

Il  est  donc  plus  que  douteux  que  le  strophantus  augmente  lu 
pression  vasculaire.  Les  faits  cliniques  observés  par  Tauteur  ne 
r«*pondent  pas  non  plus  à  l'idée  d'une  augmentation  de  pression. 
Dans  un  cas  de  mal  de  Brightaigu,  Talbumine  et  le  sang  dispa- 
rurent rapidement  de  Turine  sous  Tinfluence  du  strophantus, 
ainsi  que  Thydropisie  et  le  syndrome  urémie. 

Chez  un  enfant  de  deux  ans  et  demi,  atteint  d'albuminurie, 
d'œdème  des  paupières  ci  d'oligurie,  consécutifs  à  une  scarlatine, 
les  divers  symptômes  disparurent  au  bout  de  cinq  jours  sous 
rinfluencc  d'une  dose  journalière  de  dix  gouttes  de  teinture. 

Un  infarctus  hémoptoïque  chez  un  malade  atteint  d'une  lésion 
mitrale  moyenne,  guérit  promptemenl  avec  la  teinture  de  stro- 
phantus. 

l'ne  épistaxis  grave  chez  un  malade  atteint  de  lésions  mitrale 
et  aortique,  s'arrêta  rapidement  sous  son  influence. 

Os  faits  cliniques  rendent  manifeste  Tact  ion  calmante  du 
strophantus  sur  le  muscle  cardiaque.  Si  ce  médicament  en  exa- 
gérait l'activité  et  augmentait  la  pression  du  sang,  il  en  résul- 
terait des  hypérémies  actives  et  des  hémorrhagies  dangereuses. 

L*auteur  se  croit  autorisé  à  conclure  de  ses  recherches  que  la 
tt*inlure  de  strophantus  abaisse  l'activité  exagérée  du  cœur  et 
diminue  en  même  temps  la  tonicité  des  vaisseaux.  {Deutsches 
Archio  fur  klinische  Medicin^  7  décembre  1888.) 


Travaux  A  coi 


ilter. 


De  la  ckéosote  dans  la  phthisie  pilmonaire,  par  M.  Ko- 
itiNsoN.  —  L'auteur  a  employé  ce  médicament  en  inhala- 
tions et  à  l'intérieur  sur  150  malades  et  a  constaté  dans 
la  grande  majorité  des  cas,  la  diminution  de  la  touv  et  des 
crachats,  l'atténuation  de  la  dyspnée  et  des  sueurs  nocturnes, 
enfin  l'accroissement  de  l'appétit.  Ses  inconvénients  ont  été, 
dit-il,  exagérés  :  pas  d'hémoptysie,  pas  de  troubles  gastro-intes- 
lijiaux  excepté  quand  les  doses  étaient  excessives.  Bien  que  la 
créosote  ne  soit  pas  un  agent  parasilicide,  il  procure  donc  des 
améliorations  notables  et  peut  être  prescrit  avec  avantage  dans 
toutes  les  périodes  de  la  nmladie.  Ces  conclusions  optimistes 
conlirment  celles  de  Gimberl  et  Bouchard  en  France  et  de 
Soramerbrodi  et  Fraenkel  en  Allemagne.  (American  Juurn.of 
ihe  med,  SciVnc/',  janvier  1888.) 

IJx  CAS  d'empoisonnement  par  la  PYRiDiNE,  par  M.  LUIGl 
<:antu.  —  Un  homme  de  dix-neuf  ans  est  soumis  aux  trai- 
tement par  la  pyridine,  pour  des  convulsions  tétaniformes. 
O  médicament  était  prescrit  à  titre  de  nervin  et  à  la  dose  quo- 
tidienne de  50  centigrammes,  quand  le  troisième  jour  on  con- 
stata la  coloration  rouge  foncé  de  l'urine.  Ce  liquide  contenait 
de  la  méthémoglobine  et  de  Turobiline.  A  l'examen  du  s«ang,  on 
nota  la  décoloration  des  hématies  et  leur  disposition  en  rou- 
leaux. Leur  nombre  s'élevait  à  2500000  par  millimètre  cube. 

En  présence  de  ces  phénomènes  toxiques,  M.  Cantu  prescrivit 
la  diète  lactée,  mais  les  symptômes  ne  disparurent  que  dans 
l'espace  de  douze  jours  et  en  laissant  après  eux  une  anémie 
grave.  Par  contre,  l'action  nervine  de  la  pyridine  avait  été  nulle. 
L* auteur  conclut  fue  cette  substance  exerce  sur  les  globules 


sanguins  une  action  d-'structive  comparable  à  celle  du  pyro- 
gallate  et  du  chlorate  de  potasse.  {Société  médico-chirurgicale 
de  Padoue,  30  mars  1889.) 


BIBLIOGRAPHIE 

Comiaeiit  on  fait  parler  !«*•  sourds-maeto,  par  L.  Go- 

GUiLLOT»  professeur  à  l'Institation  nationale  des  sourds- 
muets  de  Paris:  précédé  d'une  préface  par  le  docteur 
LADREtT  DE  LA  Charrière,  médecin  en  chef  de  Tlnsli- 
tution  nationale  des  sourds-muets;  avec  76  figures.  Paris, 
G.  Masson,  1889. 

La  méthode  orale  pour  l'enseignement  des  souids-muels 
est  la  seule  oui  puisse  les  rattacher  à  la  société  des  autres^ 
hommes  ;  telle  est  la  grande  raison  qui  a  fait  adopter  défini- 
tivement cette  méthode,  après  bien  des  discussions  et  des 
résistances,  dans  les  institutions  françaises.  Elle  est  la  plus 
rationnelle;  elle  est  aussi  la  première  à  laquelle  on  ait 
pensé;  on  Ta  pratiquée  même  avant  Amman,  médecin 
suisse,  établi  en  Hollande,  qui  en  a  magistralement  exposé 
les  principes  à  la  fin  du  dix^septième  siècle.  Après  Âminan. 
il  n'y  avait  plus  à  inventer,  mais  seulement  à  perfectionner 
et  à  développer;  c'est  ce  que  firent  Heinicke,  Pereire  et 
d'autres.  La  méthode  orale  se  serait  implantée  en  France 
comme  dans  les  autres  pays  de  l'Europe  si  l'abbé  de 
l'Ëpée,  philanthrope  pressé  de  faii*e  le  bien,  et  qui  d'ail- 
leurs ignorait  les  travaux  de  ses  prédécesseurs,  n'avait 
trouvé  plus  simple  de  développer  chez  les  sourds-muets  le 
langage  qui  leur  est  naturel ,  celui  des  p;estes  ou  des 
signes;  le  dévouement  et  le  talent  pédagogique  des  insti- 
tuteurs français,  Sicard,  Bébian,  Vaiade-Gabel,  Vaisse, 
permirent  à  celte  méthode  de  rendre  d'immenses  ser- 
vices qui  firent  longtemps  illusion  sur  ses  imperfec- 
tions; grâce  à  elle  on  faisait,  il  est  vrai,  l'éducation 
intellectuelle  et  morale  des  sourds- muets;  mais  ils 
formaient  ensuite  une  petite  société  fermée,  une  vraie 
société  secrète,  qui  avait  ses  préjugés,  ses  ridicules,  une 
sorte  d'orgueil  de  caste  assez  déplacé.  Les  instituteurs 
italiens,  particulièrement  Tabbé  Tarra,  parvinrent  enfin  à 
persuader  les  instituteurs  français,  et,  à  la  suite  du  Con- 
grès de  Milan  (1880),  la  méthode  orale  pure  fut  adoptée 
dans  les  institutions  de  Paris  et  de  Bordeaux.  M.  Goguillot 
fut  alors  chargé  du  cours  d'articulation  à  Paris. 

Il  nous  donne  aujourd'hui  les  résultats  de  son  expérience 
et  la  théorie  de  sa  pratique  journalière  dans  un  livre  bien 
composé,  concis,  oti  rien  d'essentiel  n'est  omis,  et  oii  la 
clarté  du  texte  est  rehaussée  par  une  série  de  figures  tout  à 
fait  expressives  et  patlantes;  on  croit,  en  les  voyant,  assisler 
à  la  classe  que  dirige  l'auteur  et  le  voir  introduire  de  force 
l'idée  et  Tacte  de  la  |jarole  dans  les  organes  rebelles  du 
sourd-muet.  Une  pareille  tnéthode  est  intimement  liée  aux 
questions  qui  concernent  la  physiologie  encore  obscure  de 
la  phonation  ;  à  ce  litre  elle  intéressera  plus  d'un  médecin. 
Chemin  faisant,  l'auteur  explique  les  défauts  les  plus  fré- 
quents de  la  prononciation  des  enfants  et  indique  les  moyens 
de  les  corriger;  il  explique  également  les  changements 
phonéti(jues  qui  dénaturent  les  mots  avec  le  temps,  et  il 
donne  ainsi  le  secret  de  plusieurs  lois  de  dérivation  consta- 
tées par  les  philologues;  on  voit  que  la  science  du  langage 
aura  tout  profit  h  connaître  les  principes  sur  lesquels  se 
fonde  actuellement  la  pratique  de  Tlnstitution  nationale 
des  sourds-rnuets  de  Paris.  Signalons  enfin  celte  thèse  inté- 
ressante de  M.  Goguillot  :  les  sourds, qui  ne  sont  pas  muets, 
ayant  peidu  Touïe  après  la  première  enfance,  peuvent  à 
tout  âge  apprendre  à  lire  la  parole  sur  les  lèvres  d'autrui  ; 
il  suffit  pour  cela  de  les  y  exercer  selon  les  méthodes 
aujourd'hui  cla.ssiques  dans  l'onseigneinenl  des  sourds- 
muets. 


586    —  N«  36  -         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        6  Septembre  1889 


Le  docteur  Ladreit  de  la  Charrière  a  fait  précéder  l'ou- 
vrage de  M.  Goguillot  d'une  préface  très  instructive,  qui 
traite  principalement  le  côté  médical  du  problème  de  la 
surdi-mutité.  Nul,  on  le  sait,  n*est  plus  compétent  en  cette 
matière  que  le  savant  médecin  de  Tlnstitution  de  Paris. 
C'est  une  chose  remarauable  que  la  variabilité  du  nombre 
proportionnel  des  sourds-muets  selon  les  régions;  la  Suisse 
et  la  Savoie  sont  les  pays  qui  en  fournissent  le  plus  grand 
nombre;  faut-il  voir  là  une  influence  de  l'altitude?  Pour- 
tant, certains  départements  absolument  plats,  comme  le 
Nord  et  la  Gironde,  en  présentent  un  nombre  relativement 
considérable.  Le  docteur  Ladreit  de  la  Charrière  arrive  à 
des  conclusions  plus  positives  quand  il  traite  des  causes 
pathologiques  de  cette  infirmité  :  il  établit  méthodiquement 
que,  dans  la  plupart  des  cas,  la  surdité  provient  d'une 
maladie  du  premier  âge,  au  lieu  d'être  congénitale,  comme 
on  le  croit  généralement.  Signalons  encore  dans  cette  pré- 
face de  remarquables  considérations  sur  le  rôle  de  l'héré- 
dité et  sur  l'influence  de  la  consanguinité;  celle-ci  n'a  par 
elle-même,  contrairement  au  préjugé,  aucune  influence 
fâcheuse;  mais  elle  multiplie  Tune  par  l'autre,  comme  un 
coefficient  redou'able,  les  tares  organiques  des  ascendants, 
et  elle  développe  ainsi,  entre  autres  germes  de  maladie, 
ceux  de  la  surdité  congénitale  ou  précoce. 

V.  E. 


Mibrobea  ei 


VARIETES 

•leroble  A  l'Exposition  anlvcraclle 
do   1889. 


Microbe  et  microbie  ont  fait  leur  apparition  à  l'Exposition 
de  1889,  leur  première  apparition  à  une  Exposition  univer- 
selle. La  chose  s'est  faite  sans  tapage  ;  les  journaux  de 
médecine,  les  journaux  spéciaux  eux-mêmes  n'en  ont  guère 

f»arlé,  et  je  gage  que  plus  d'un  lecteur  de  ces  lignes  ignore 
a  présence  de  la  microbie  à  l'Exposition.  La  chose  a  pour- 
tant une  certaine  importance  :  l'exposition  ou  plutôt  les 
expositions  de  microbie  de  1889  sont  intéressantes,  méritent 
d'être  vues  attentivement,  et  le  fait  seul  de  leur  existence 
est  des  plus  significatifs. 

En  1878  il  n'était  guère  question  de  microbes  dans  le 
monde  médical.  Les  admirables  travaux  de  M.  Pasteur  sur 
les  fermentations,  la  bière,  le  vin,  lés  maladies  des  vers  à 
soie,  etc.,  jalons  posés  sur  la  route  qui  devait  conduire  aux 
études  sur  le  charbon,  le  choléra  des  poules,  le  rouget,  la 
rage  et  les  vaccins,  n'avaient  pas  eu  dans  le  grand  public 
médical  tout  le  retentissement  qu'ils  méritaient;  l'immense 
majorité  des  médecins  ne  se  souciaient  guère  de  ces  infini- 
ment petits,  dont  la  découverte  devait  apporter  dans  les 
sciences  et  les  idées  médicales  la  plus  grande  révolution  qui 
s'y  soit  jamais  produite. 

Les  choses  allaient  rapidement  changer  dans  la  période 
de  1878-1889.  En  1877,  M.  Pasteur,  en  collaboration  avec 
M.  Joubert,  publiait  sa  première  note  sur  le  charbon  et 
apportait  à  la  confirmation  des  belles  découvertes  de 
Davaine  le  poids  de  sa  grande  autorité.  Le  charbon  fut  la 
première  maladie  dont  la  nature  microbienne  ait  été 
affirmée;  on  sait  combien  le  cercle  des  maladies  micro- 
biennes s'est  élargi  depuis  lors  dans  cette  période  des  douze 
dernières  années. 

Il  est  à  peine  besoin  de  dire  quelle  place  tient  aujourd'hui 
en  1889  la  doctrine  microbienne  dans  nos  idées  médicales. 
Elle  s'impose  partout,  et,  dernière  venue  des  sciences  bio- 
logiques, elle  est  incontestablement  au  premier  rang.  Mais 
il  y  a  mieux  encore,  le  grand  public,  le  public  profane, 
connaît  le  microbe,  s'en  préoccupe  vivement,  il  sait  quel  il 
est,  quels  sont  ses  méfaits,  il  croit  fermement  à  son  existence. 


plus  fermement  que  quelques  médecins  au  scepticîsnitf 
arriéré  ou  ignorant,  dont  le  nombre  diminue  cha(|ue  Jour. 

La  microoie  a  fait  son  apparition  à  l'Exposition;  elle  ) 
avait  sa  place  marquée  comme  toutes  les  autres  sciences  se> 
aînées  que  nous  sommes  accoutumés  depuis  longtemps  â  } 
voir  figurer.  La  place  qulelle  tient  est  modeste,  assoréiiiem 
trop  modeste  à  notre  avis;  espérons  qu'à  la  prochaine  Expo- 
sition elle  sera,  non  pas  mieux,  mais  plus  largement  repié- 
sentée. 

La  Gazette  hebdomadaire  a  bien  voulu  m'ofl'rir  l'hospi- 
talité dans  ses  colonnes  pour  une  revue  des  microbes  et  de 
la  microbie  à  TExposition.  Je  désire  tout  d'abord  dire  en 
deux  mots  ce  que  sera  celte  revue.  Indiquer  les  emplace- 
ments divers  des  vitrines,  dire  le  nombre  de  tubes  de 
culture,  les  étiquettes  qu'ils  portent  serait  faire  œuvre  dv 
guide  exact  et  consciencieux,  à  coup  sûr,  mais  fort  ennuyeux, 
ce  qui  serait  un  premier  tort.  Mais  ce  serait  aussi  commettrt> 
une  faute  non  moins  grave,  ce  serait  ne  pas  donner  une  idée 
vraie  de  ce  qui  est. 

Je  l'ai  dit,  je  le  redirai  plus  longuement  tout  à  l'heure.  i\ 
n'y  a  pas  une  exposition,  mais  des  expositions  de  microbie; 
nous  ne  trouverons  nulle  part  une  exposition  d'ensemble 
mettant  sous  nos  yeux  tous  les  appareils,  toute  la  série  des 
microbes  connus  dans  leurs  divers  milieux  de  culture  ;  ce 

!|ue  nous  trouverons  surtout  (en  dehors  des  expositions  de 
àbricants  d'appareils,  et  de  l'exposition  des  vaccins  char- 
bonneux), ce  sont  des  expositions  partielles,  des  expositions 
de  laboratoire,  nous  racontant  les  travaux  principaux  passés 
ou  actuels,  les  tendances,  les  méthodes  du  maître  qui  dirige 
le  laboratoire,  et  de  ses  élèves. 

C'est  bien  là  l'impression  qui  se  dégage  de  la  visite  aux 
diverses  vitrines  de  microbie. 

Ce  que  chaque  vitrine  nous  raconte,  nous  tâcherons  de  le 
dire  à  nos  lecteurs;  nous  ne  nous  contenterons  pas  d'énu- 
mérer  les  objets  exposés,  nous  dirons  ce  qu'ils  nous  ensei- 
gnent, et  derrière  1  exposition  nous  tâcherons  de  dégager  la 
figure  scientifique  de  1  exposant,  du  savant,  dont  nous  dirons 
rapidement  les  travaux  principaux,  les  tendances,  \e^ 
méthodes.  Encore  que  les  maîtres  de  la  microbie  française 
soient  bien  connus  de  nos  lecteurs,  que  leurs  travaux  leur 
doivent  être  présents  à  l'esprit,  l'occasion  est  trop  belle  de 
parler  d'eux,  de  les  voir  dans  Tensemble  de  leurs  travaui 
de  prédilection  pour  que  nous  ne  la  saisissions  pas.  >'olre 
seul  regret  sera  que  tous  ne  soient  pas  présents  et  que  tout 
particulièrement  les  initiateurs  de  cette  belle  science,  les 
maîtres  de  l'institut  Pasteur,  manquent  à  l'appel. 
Voici  donc  l'énoncé  des  divisions  de  cette  revue: 

I.  Topographie  des  diverses  expositions  de  microbie. 

n.  Les  écoles  vétérinaires  :  a.  Ecole  d'Alfort  (exposition 
de  M.  Nocard);  6.  Ecole  de  Lyon  (exposition  de  M.  Ârloing): 
c.  Ecole  de  Toulouse. 

III.  L'Institut  national  agronomique  (exposition  de 
M.  Duclaux). 

IV.  Les  vaccins  charbonneux. 

V.  La  Faculté  de  médecine  (exposition  de  M.  Cornil). 

VI.  Collège  de  France  (laboratoire  de  M.  Ranvier). 

VII.  Exposition  de  MM.  Yvon  et  Berlioz. 

VIII.  Les  appareils  de  microbie. 

IX.  La  microbie  française  en  1889.  Ses  travaux,  ses  labo- 
ratoires, ses  centres  d'enseignement,  ses  journaux. 

I.  —  Topographie  des  diverses  expositions 

DE    MICROBIE. 

Les  diverses  expositions  de  microbie  sont  disséminées  au 
Champ  de  Mars,  à  l'esplanade  des  Invalides  et  dans  les 
galeries  du  quai  d'Orsay. 

a.  Galeries  du  quai  d'Orsay.  Dans  ces  galeries,  en  péné- 
trant par  la  porte  voisine  du  Panorama  transatlantique,  nous 


6  Septembre  1889       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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troavons  les  trois  Ecoles  vélérinaires,  et  les  expositions  de 
inicrobie  de  MM.  Nocard  (Alfort)et  Arloing  (Lyon). 

Dans  ces  mêmes  galeries,  plus  près  encore  de  la  porte 
d*entrée,  est  l'exposition  de  M.  Duclaux  (Institut  agro- 
nomique). 

b.  A  l'esplanade  des  Invalides,  dans  le  palais  de  l'hygiène 
et  de  Tassistance  publique,  nous  trouvons  une  exposition  de 
vaccins  charbonneux. 

c.  Au  Champ  de  Mars,  dans  le  palais  des  arts  libéraux, 
1*'''  étage,  section  de  renseignement  supérieur,  sont  les 
expositions  du  professeur  Cornil  et  du  laboratoire  du  Collège 
de  France;  au  rez-de-chaussée,  section  de  médecine  et  de 
chirurgie,  .est  Texposiliou  de  MM.  Yvon  et  Berlioz.  Enfin, 
dans  ce  même  palais  des  arts  libéraux^  tant  au  rez-de- 
chaussée  (section  de  médecine  et  de  chirurgie)  qu'au 
1"^  étage  (enseignement  supérieur),  nous  trouvons  les  exposi- 
tions des  fabricants  d'appareils  pour  la  microbie. 

II.  —-  Les  Ecoles  vÉTÉniNAiKEs. 

/' 
a.    Ecole  d'Alfort  (exposition  de  M.  Nocard).  —  b.   Ecole  de 
Lyon  (exposition  de  M.  Arloing).  —  c.  Ecole  de  Toulouse. 

Je  ne  saurais  trop,  en  commençant  ce  paragraphe,  recom- 
mander à  tous  nos  confrères  la  visite  de  l'exposition  des 
trois  Ecoles  vétérinaires;  elle  est  des  plus  intéressantes  et 
des  plus  inslruclives. 

Les  bibliophiles,  les  amateurs  de  beaux  livres  anciens 
y  admireront  une  superbe  colleclion  exposée  par  M.  Ni- 
colet,  le  bibliothécaire  d'Alfort;  il  y  a  là  dans  la  vitrine  un 
Parfait  Maréchal  et  un  Traité  d" Hippiatrie^  dont  les 
frontispices  sont  un  plaisir  pour  les  yeux. 

A  signaler  encore  dans  l'exposition  d'Alfort  une  superbe 
collection  de  parasites  des  animaux  domestiques  exposée 
par  M.  Railliet,  une  collection  de  clichés  photographiques 
servant  à  la  démonstration  des  cours  d'ànotomie,  de  phy- 
siologie, de  police  sanitaire  et  d'histoire  naturelle. 

Les  expositions  de  Toulouse  et  de  Lyon  sont  aussi  pleines 
d'enseignements. 

C'est  la  première  fois  que  nos  Ecoles  vétérinaires  pa- 
raissent dans  les  Expositions  universelles,  on  ne  peut  que 
se  réjouir  de  les  voir  y  figurer  avec  tant  de  succès.  Je  dési- 
rerais vivement  pour  ma  part  que  la  vue  de  leurs  collections, 
de  leurs  méthodes  d'enseignement  éveillât  la  curiosité  dans 
le  monde  médical  et  inspirât  à  nos  confrères  l'idée  de 
faire  plus  ample  connaissance  avec  les  maîtres  distingués 
de  ces  Ecoles  et  avec  leurs  œuvres  :  il  y  aurait  profit,  et 
large  profil  pour  nous.  J'en  parle  avec  l'assurance  d'une 
expérience  personnelle  que  je  compte  prolonger  le  plus 
longtemps  possible. 

a.  M.  Nocard  a  réuni  dans  une  vitrine  une  bien  intéres- 
sante exposition  de  microbie.  Je  l'ai  dit  plus  haut  :  chacun 
de  nos  inicrobiologistes  a  voulu  surtout  montrer  le  produit 
de  ses  études,  de  ses  principaux  travaux.  Rappeler  quels 
sont  les  travaux  de  microbie  de  M.  Nocard  sera  donc  énu- 
mérer  les  points  capitaux  de  son  exposition. 

Lorsquen.  Koch,  découvrant  le  bacille  de  la  tuberculose, 
donna  la  preuve  tangible  de  la  nature  infectieuse  de  la 
maladie,  mise  hors  de  doute  par  les  admirables  travaux  si 
longtemps  méconnus  ou  dédaignés  de  Villemin,  il  ne  réus- 
sit qu'à  grand'peine  de  maigres  cultures  du  bacille  qu'il 
venait  de  faire  connaître.  Ces  cultures  il  les  faisait  sur 
sérum,  et,  ajoutons-le,  sur  mauvais  sérum.  L'illustre  micro- 
biologiste  allemand  ne  comptait  guère  d'ailleurs  sur  ces 
imparfaites  cultures  pour  les  progrès  ultérieurs  de  nos 
connaissances  en  matière  de  tuberculose. 

Ce  que  Koch  n'avait  pu  réussir  d'une  façon  satisfaisante, 
MM.  Nocard  et  Roux  l'ont  fait;  ils  ont  obtenu  du  bacille  de 
la  tuberculose  de  belles  et  abondantes  cultures. 


Pour  cette  culture  il  faut  encore  (on  ne  doit  pas  l'ignorer) 
certaines  conditions  spéciales;  elle  ne  réussit  pas  dans  tous 
les  cas,  il  s'en  faut;  la  mise  en  train,  la  première  culture 
en  d'autres  termes,  est  surtout  diflicile  ;  mais  le  bacille 
acclimaté  sur  un  premier  milieu  nutritif  se  prête  ensuite 
admirablement  à  la  vie  sur  les  milieux  artificiels  appropriés: 
il  pousse  abondamment,  il  pousse  de  plus  en  plus  vite. 

Quelle  fut  la  condition  de  réussite  découverte  par  MM.  No- 
card et  Roux?  Chacun  lésait,  il  a  suffi  à  ces  savants  d'ajouter 
aux  milieux  nutritifs  ordinaires  (bouillon,  gélose,  sérum) 
une  certaine  quantité  (5  à  8  pour  100)  de  glycérine  pour 
rendre  le  milieu  favorable  à  l'évolution  du  bacille. 

L'addition  de  glucose  ou  de  dextrine  et  de  peptone  à  ces 
milieux  glycérines  les  améliore  encore  et  les  rend  propices 
entre  tous  à  la  culture  du  bacille  de  Koch. 

Avec  ce  bacille,  cultivé  de  nouvelles  et  intéressantes 
expériences  devenaient  possibles,  de  nouvelles  acquisitions 
étaient  assurées.  Je  n  en  citerai  qu'une  bien  frappante. 
Inoculez  ces  cultures  pures  de  tuberculose  dans  les  veines 
d'un  lapin,  d'une  poule,  l'animal  maigrit  et  meurt  rapide- 
ment. Vous  l'ouvrez  :  pas  un  seul  tubercule  macroscopique^ 
pas  un  ;  explorez  les  poumons,  le  foie,  la  rate,  vos  recher- 
ches seront  vaines.  Une  seule  chose  est  visible  à  l'œil  nu  :  la 
tuméfaction  de  la  rate.  Voilà  donc  une  tuberculose  infec- 
tieuse, sans  un  seul  tubercule,  forme  nouvelle,  originale 
de  la  maladie.  La  preuve  de  la  nature  tuberculeuse  de  l'af- 
fection est  facile  à  donner  :  la  rate,  le  foie,  sont  remplis 
de  myriades  de  bacilles  de  Koch. 

La  vitrine  de  M.  Nocard  est  riche  en  cultures  de  tuber- 
culose ;  voici  d'abord,  dans  la  partie  droite  de  la  vitrine, 
une  série  de  malras;  ils  renferment  du  bouillon  peptonisé, 
glycéronisé,  glycosé,  et  chacun  d'eux  contient  une  culture 
de  tuberculose  ;  ici  la  culture  est  jeune;  là,  dans  une  série 
voisine,  elle  est  ancienne:  le  bouillon  est  fortement  troublé, 
louche,  un  dépôt  s'est  amassé  dans  le  fond  ;  les  parois  sont 
salies  par  un  voile  de  culture.  Dans  la  partie  gauche  de  la 
vitrine  vous  verrez  une  série  de  tubes  de  gélose  glycérinée 
glycosée,  à  la  surface  de  laquelle  s'étale  ia  culture  de  tuber- 
culose avec  son  aspect  tout  spécial  de  traînée  blanche,  jau- 
nissant légèrement  avec  le  temps  ;  un  tube  de  sérum  gly- 
cérine glycosé  montre  la  culture  du  bacille  de  Koch  sur  ce 
milieu.  Plus  favorable  peut-être  que  la  gélose  pour  la  mise 
en  train  de  la  culture,  le  sérum  lui  est  inférieur  dans  la 
culture  en  série. 

Les  premières  cultures  que  tenta  M.  Nocard  en  1885,  il 
les  fit  non  dans  un  milieu  glycérine,  mais  sur  du  sérum 
peptonisé,  salé  et  sucré;  le  sérum  dont  MM.  Roux  et  Nocard 
urent  usage  dans  leurs  premiers  essais,  celui  qu'ils  em- 
ploient aujourd'hui,  n'est  pas  récolté  suivant  la  méthode  de 
koch,  mais  d'après  un  procédé  infiniment  plus  sûr  et 
donnant  un  produit  beaucoup  plus  beau.  Ce  procédé,  nous 
en  voyons  l'instrument  dans  la  vitrine  de  M.  Nocard  sous 
l'étiquette  vase  à  sérum.  C'est  dans  ce  vase  stérile  que  le 
sérum  coulera  directement  de  la  veine  de  l'animal  (cheval 
ou  bœuf);  le  produit,  nous  le  vovons  dans  deux  pipettes 
Chamberland  contenant  l'une  du  sérum  de  bœuf, 
l'autre  du  sérum  de  cheval;  tous  deux  parfaitement  lim- 
pides, d'un  beau  jaune  ambré.  Il  suffira  cle  faire  gélaliniser 
ce  sérum  par  la  chaleur  pour  avoir  un  excellent  milieu  de 
culture. 

Poursuivons  la  revue  de  la  vitrine;  dans  la  partie  gauche 
nous  voyons  une  série  de  matras  de  culture  contenant  du 
lait  coagulé;  c'est  sous  l'influence  du  développement  de 
deux  microbes  différents  bien  curieux  l'un  et  l'autre  que 
s'est  faite  cette  coagulation. 

Ces  deux  microbes  sont  les  microbes  des  mammites  : 
mammite  des  vaches  laitières;  mammite  gangreneuse 
des  brebis  laitières  (araignée),  aue  les  travaux  de  M.  No- 
card nous  ont  fait  connaître.  Mes  lecteurs  ne  sauraient  m'en 
vouloir  de  leur  dire  un  mot  de  ces  deux  affections  qui  ne 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       6  Septembre  i889 


leur  sont  peut-êlre  pas  très  familières  et  qui  pourtant  pré- 
sentent un  très  réel  intérêt. 

La  maromile  contagieuse  des  vaches  laitières  est  extrê- 
mement répandue  et  se  caractérise  surtout,  en  dehors  de 
lésions  de  la  mamelle  indurée  en  noyau,  par  Taltération 
du  lait  qui  se  coagule  rapidement  au  sortir  du  pis  ;  ce  lait 
est  acide,  il  suffit  d'une  seule  vache  atteinte  de  cette  mam- 
mile  pour  faire  coaguler  toute  la  traite  de  la  ferme  ;  il 
suffit  d'une  seule  vache  malade  pour  introduire  TafTection 
dans  une  étable  jusque-là  saine,  pour  contaminer  toutes 
les  autres  vaches. 

Le  microbe  agent  de  la  mammile  est  un  streptocoque 
formant  entre  les  globules  du  lait,  sur  une  préparation,  les 
plus  élégants  dessins. 

Quelques-uns  des  matras  dont  nous  parlions  ci-dessus 
renferment  une  culture  de  ce  streptocoque.  Les  autres  sont 
des  cultures  du  microcoque  de  Taraignée. 

Voilà  une  maladie  bien  élrange,  bien  saisissante.  Les 
bergers  du  pays  de  Larzac,  voyant  les  mamelles  de  leurs 
brebis  ainsi  frappées  d'une  gangrène  foudroyante,  s'étaient 
imaginé  que  la  piqûre  d'une  araignée  en  était  la  cause,  de 
là  le  nom  expressif  d'araigfwêe  sous  lequel  celle  mammite 
était  connue.  En  vingt-qualre  à  quarante-huit  heures,  la 
mamelle  est  gangrenée  et  l'animal  est  tué.  Lésions  de  la 
mamelle,  infiltralion  œdémateuse  du  tissu  cellulaire  sous- 
cutané  de  la  région  inférieure  du  tronc,  lésions  congestiyes 
de  l'intestin  :  voilà  l'anatomie  pathologique  de  la  maladie. 

Le  microbe  n'existe  que  dans  le  lail,  et  l'œdème  nulle 
part  ailleurs,  et  pourtant  l'animal  est  tué  en  quaranle-huil 
heures  ;  on  se  figure  de  quelle  toxicité  effrayante  sont  les 
produits  élaborés  par  ce  terrible  microcoque. 

L.-II.  Thoinot. 
(A  suivre,) 


NECKOLOGIE 

La  semaine  dernière  nous  apprenions  la  mort  tragique  de 
M.  Louis  Âlcindor,  interne  des  hôpitaux,  victime  d'un  accident 
sur  les  bords  du  lac  de  Thun,  à  Gimlt^n,  le  22  août,  quelques 
heures  avant  son  retour  à  Paris. 

Louis  Alcindor,  né  à  la  Pointe-à-Pitre  eu  mars  1803,  vnil  de 
bonne  heure  en  France.  Il  y  lit  des  études  sérieuses  qu'il  ter- 
mina au  lycée  Louis-le-Gralul.  Il  prit  sa  première  inscription  à 
rÉcole  de  médecine  en  1880;  puis  fut  nommé  en  1882  exlerne 
des  hôpitaux.  Un  deuil  cruel  et  la  pieuse  mission  de  ramener 
en  France  les  restes  de  son  frère  mort  à  Alger  robligèrenl  à 
abandonner  le  concours  de  l'internat,  au  mois  d'oclobre  i885. 
L'année  suivante,  il  obtint  la  troisième  place  à  ce  même  concour."'. 
D'abord  interne  à  Bicétre,  dans  le  service  de  M.  Charpentier, 
puis  à  la  Charité  dans  celui  de  M.  Desnos,  il  faisait  sa  troisième 
année  d'internat  auprès  de  M.  Dujardin-Beaumetz,  à  Thôpital 
Cochin.  En  même  temps  il  travaillait  à  sa  licence  es  sciences 
naturelles,  qu'il  comptait  acquérir  dans  quelques  semaines. 

Tel  est  le  résumé  succinct  de  sa  vie  ;  c'est  à  peu  près  This- 
toiro  des  cinquante  internes  qui  tous  les  ans  se  repartissent 
dans  les  services  hospitaliers.  Mais  ceux  qui  connurent  Alcindor 
savent  quelles  espérances  étaient  fondées  sur  lui  et  combien  peu, 
parmi  ses  collègues,  avaient  les  mêmes  chances  de  fournir 
une  éclatante  carrière. 

Vivant  au  milieu  des  siens,  occupé  des  soins  de  sa  famille,  de 
l'éducation  de  son  petit  enfant  et  du  fils  de  son  frère  que  son 
affection  avait  adopté,  il  travaillait  assidûment  et  sans  bruit. 
D'une  modestie  exagérée,  il  ne  recherchait  nullement  celle 
attention  dont  il  était  l'objet  partout  où  il  était  présent.  Pour 
ses  camarades,  ce  fut  le  meilleur  compagnon.  H  s'était  confiné  à 
dessein  dans  la  fréquentation  d'un  nombre  trêslimilé  d'inlimes  : 
il  s'élait  donné  à  eux  tout  entier.  Pour  ceux-là,  sa  perte  est 
cruelle. 

Les  obsèques  d'Alcindor  ont  eu  lieu  le  26  août,  à  Paris. 
Ses.  collègues  et  ses  amis  des  hôpitaux  lui  rendirent  les 
derniers  devoirs.  L'administration  de  l'Assistance  |)u})lique  et 
M.  le  directeur  dh  Cochin  honorèrent  dignement  ses  funérailles. 


Les  malades  de  son  service  lui  envoyèrent  leur  touchaot  ténio.- 
gnage  de  reconnaissance.  Et  M.  le  docteur  Charpentier,  méderiii 
de  liicêtre,  lui  fit,  au  nom  de  tous,  un  adieu  plein  de  cœur  "i 
d'émotion.  Pendant  un  an,  Alcindor  était  resté  auprès  de  liii,«t 
lui  avait  laissé  cette  belle  impression  exprimée  publiquenieut  sur 
sa  tombe. 

Les  amis  d'Alcindor,  s'ils  ont  l'inappréciable  regret  de  n*<ivi>ir 
de  lui  aucun  écrit  suivi,  retrouveront  au  moins  dans  ses  Iî^t»** 
préférés  les  annotations  nombreuses  qui  leur  rappelleront  l'éclai 
de  son  esprit,  les  vastes  conceptions  de  son  intelligence  et  U 
sûreté  de  son  jugement. 

A.    LÉTIENNE. 

—  Nous  avons  le  regret  d'annoncer  le  décès  de  MM.  If> 
docteurs  Dupouy,  de  Bordeaux;  Saint-Cyr  père,  de  Never>  ; 
Wasseige,  professeur  d'obstétrique  à  la  Faculté  de  Liège;  Moli. 
professeur  de  chirurgie  au  Belle  vue  hospital  médical  collège  de 
New-York. 


Exposition.  —  M.  le  docteur  A.-J.  Martin  fera  le  mercred 
18  septembre,  à  quatre  heures,  une  conférence  publique,  dan^ 
la  salle  des  conférences  du  Trocadéro,  sur  c  Uiygiào^  ei  /«•« 
hygiénistes  autrefois  et  aujourd'hui  ». 


Mortalité     a     Paris  (34"    semaine,  du    18   au    :2l    aont 
1889.  —  Population  :  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  :u». 

—  Variole,  2.  —  Rougeole,  9.  —  Scarlatine,  4.  —  Coque- 
luche, 7.  —  Diphthérie,  croup,  35.  —  Choléra,  0.  —  Phlbisit 
pulmonaire,  175.  —  Autres  tuberculoses,  16.  —  Tumeurs  : 
cancéreuses,  54;  autres,  9.  —  Méningite,  35.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  51.  —  Paralysie,  8.  — 
Ramollissement  cérébral,  9.  —  Maladies  ethniques  du  cœur,  X\K 

—  Bronchite  aiguë,  14.  —  Bronchite  chronique,  16.  —  Broacho- 

Eneumonie,  18.  —  Pneumonie,  32.  — Gastro-entérite:  sein, 23; 
iberon,  101. — Autres  diarrhées,  2.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 6.  —  Autres  affections  puerpérales,  1.  — Débilité  con- 
génitale, 22.  —  Sénilité,  30.  —  Suicides,  10.  —  Autres  morts 
violentes,  9.  —  Autres  causes  de  mort,  140.  —  Causes 
inconnues,  12.  —  Total  :  929, 


OUVRAGES  DËPOSËS  AU  BUREAU  DU  JOURNAL 

Manuel  pratique  de  la  garde-malade  et  de  l'infirmière,  publié  par  H.  le  docif«r 

Bourncvîlle,  avec  la  collaboration  de  MM.  Blondeau,  dn  Boyer,  Ed.  Bri;««a»1. 

Budin,  P.  Kéraval,  G.  Manoiiry,   Monod,   Poirier.  Ch.-H.  Petit  Veodol.  Pimm. 

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Cet  ouvrage,  adopté  par  lea  écoles  dëpartemeulaloa  et  municipales  d'infiriuien 

et  d'infirmières  du  département  de  la   Seine,  oat  diriaë  en  cinq  voluiuvs,  d*Hi 

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Trente-sixième  année 


N^  37 


13  Septembre  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 
M.  LE  D*"  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  G.  DIEULAFOY,  OBEYFUS-BBISAC,  FRANCOIS-FRANCK,  A.  HËNOCQUE,  A.-J.  MARTIN,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lereboullet,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


soif  MAIRE.  —  Bulletin.  ->  THénAPBUTiQUB.  Les  dangers  et  la  toxicité  des 
antithermiqnes  analgésiques  de  la  famille  des  aniiides.  —  Travaux  orioinaux. 
Pathologie  interne  :  De  la  récidive  de  la  fièvre  typliolde;  nouvelles  preuves  à 
l'appui.  —  Hémoptysie  d'origine  externe.  —  SociBrée  savantes.  Académie 
des  sciences.  —  Académie  de  médecine.  —  RsvuB  DBS  journaux.  Chirurgie. 
—  BIBLIOORAPBIB.  De  l'hémiplégie  dans  quelques  affections  nerveuses  (ataxio 
locomotrice  progressive;  sclérose  en  plaques,  hystérie,  paralysie  agitante).  — 
VARiBTés.  Microbes  et  microbie  à  l'Exposition  universelle  de  1889.  —  Corps  de 
santé  militaire. 


BULLETIN 

Paris,  a  septembre  1889. 

Académie  de  médecine  :  Absinthiane.  —  Congrès  inter- 
national de  médecine  vétérinaire  :  Prophylaxie  de  la 

inbercaloee;  poli«se  aasitalre  de«  éplrnooCles. 

Les  curieuses  recherches,  communiquées  par  MM.  Cadéac 
et  Albin  Meunier  à  l'Académie,  serrent  d'un  peu  plus  près 
qu'on  ne  l'avait  fait  jusqu'ici,  le  problème   toujours  grave 
de  Tabsinthisme.  Dans  ces  recherches,  il  nous  parait  y 
avoir  deux  éléments  à  considérer  :  d'une  part,  l'élégance  de 
la  méthode  expérimentale,  simplifiée  grâce  à  l'appareil  de 
Chauveau  et  habilement  mise  en  œuvre;  d'autre  part,  leurs 
conséquences  au  point  de  vue  de  la  consommation  et  de  la 
toxicité  relative  des  divers  composés  examinés.  Si  Ton  rap- 
proche ces  expériences  de  celles  de  MM.  Maurice  Perrin, 
Dujardin*Beaumetz  et  Âudigé,   Lancereaux,   Laborde    et 
Magnan,  etc.,  pour  ne  citer  que  nos  compalriotes,  on  est 
frappé  des  caractères  toxiques  qu'on  vrencontre  constam- 
ment chez  tous  ces  produits  imaginés  depuis  peu  d'années 
et  dont  on  ne  sait  si  l'on  doit  le  plus  redouter  l'arôme  ou  les 
soi-disant  qualités  apéritives.  La  liqueur  d'absinthe  est  un 
poison  plus  ou  moins  lent,  mais  sûr,  personne  ne  l'igno- 
rait; mais  il  est  intéressant  devoir  que  c'est  à  l'anis  et  à  la 
badiane  .qui  y  entrent,  pour  une  part  relativement  impor- 
tante, que  l'intoxication  est  due  bien  plutôt  qu'à  l'essence 
d'absinthe  elle-même.  Si  l'on  poursuit  celte  sorte  de  disso- 
ciation des  éléments  qui  entrent  dans  la  fabrication  des 
liqueurs,  on  arrivera  peut-être  à  pouvoir  éliminerde  leur  pré- 
paration les  produits  les  plus  dangereux  et,  sans  en  modi- 
fier outre  mesure  le  goût,  à  en  diminuer  la  toxicité  jusqu'à 
la  rendre  presque  insignifiante.  C'est  là  assurément  l'un 
des  plus  heureux  résultats  que  l'on    peut  espérer  de  la 
continuation  et  de   la   généralisation  des  recherches  de 
MM.  Cadéac  et  Albin  Meunier,  et  ces  résultats  auront  sur  la 
santé  publique  une  importance  dont  on  ne  connaît  pas  assez 
toute  la  valeur.  Nous  n'en  citerons  pour  preuve  que  le  fait 
«•  Série,  T.  XXVI. 


suivant  :  en  rentrant  hier  de  l'Académie  nous  avons  eu  la 
curiosité  de  compter  les  consommateurs  attablés  devant  les 
cafés  que   nous  trouvions  sur   notre  chemin,  au  nombre 
de  17  :  nous  y  avons  aperçu  227  buveurs,  dont  183  buvaienf 
de  la  liqueur  d'absinthe  ! 

—  C'est aussi  une  question  de  consommation,  intéressant 
encore  davantage  la  santé  publique,  que  le  Congrès  interna- 
tional de  médecine  vétérinaire  a  traité  la  semaine  der- 
nière. Au  lendemain  des  discussions,  ébauchées  devant 
l'Académie,  sur  la  prophylaxie  de  la  tuberculose  à  propos 
des  Instructions  populaires,  rédigées  par  la  Commission 
permanente  du  Congrès  de  la  tuberculose,  il  n'est  pas  sans 
intérêt  de  savoir  comment  celle  question  est  envisagée  par 
le  corps  des  médecins-vétérinaires.  Sur  un  rapport  très 
remarquable  de  M.  Arloing,  le  Congrès  a  été  unanime  pour 
demander  que  la  tuberculose  soit  partout  classée  parmi  les 
maladies  contagieuses,  visées  par  la  police  sanitaire.  Il  y  a 
lieu  d'éliminer  de  la  consommation  de  l'homme  et  des 
animaux  les  viandes  provenant  d'animaux  tuberculeux, 
mammifères  et  oiseaux,  quel  que  soit  le  degré  de  la  tuber- 
culose et  quelles  que  soient  les  qualités  apparentes  de  la 
viande.  On  peut  toutefois  permettre  l'utilisation  du  cuir  et 
des  productions  cornées  du  bœuf  tuberculeux  après  les 
avoir  désinfectées,  ainsi  que  l'utilisation  du  suif  s'il  y  a  lieu. 
D'autre  part,  il  doit  être  interdit  de  faire  servir  le  lait  des 
vaches  tuberculeuses  à  l'alimentation  de  l'homme;  pour 
cela,  une  surveillance  convenable  est  nécessaire  sur  les 
vacheries  entretenues  dans  les  grandes  villes  ou  à  leur 
voisinage  pour  la  production  du  lait,  et  il  importe  de 
répandre  par  tous  les  moyens  possibles  l'usage  de  faire 
bouillir  le  lait,  dont  on  ignore  la  provenance,  avant  de  le 
consommer.  Ces  déclarations  consacrent  de  nouveau  l'opi- 
nion soutenue  devant  l'Académie  par  MM.  Villemin  et  Ver- 
neuil  ;  il  faut  espérer  que  la  Commission,  nommée  pour 
clore  ces  débats,  apportera  une  solution  précise,  adoptant 
cette  opinion,  ou,  si  elle  croit  devoir  en  proposer  le  rejet, 
ne  se  déterminant  que  d'après  des  faits  positifs  nettement 
établis.  Il  n'est  plus  permis  en  effet  d'effleurer  seulement 
une  telle  question  ;  l'hygiène  publique  exige  qu'une  solution 
ferme  intervienne,  sinon  l'opinion  restera  désorientée,  pour 
le  plus  grand  dommage  des  populations  de  plus  en  plus 
décimées  par  ce  véritable  fléau,  plus  dévastateur  que  les 
pestes  de  l'antiquité  ou  les  maladies  exotiques  de  nos 
jours.  Tarir  l'une  des  sources  les  plus  probables  de  la 
tuberculose  humaine,  tel  est  le  but  à  atteindre. 

Malheureusement  ici,  comme  pourtant  de  questions  sani- 

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taires,  la  prophylaxie  individuelle  ne  saurait  suffire  ;  aussi 
le  Congrès  a-t-il  dû  proclamer  la  nécessilé  absolue  de  gé- 
néraliser rinspection  des  viandes  de  boucherie  et  de  ia 
confier  exclusivement  aux  vétérinaires,  seuls  compétents 
pour  apprécier  la  salubrité  ou  le  danger  de  ces  viandes. 
Jusqu'ici,  cette  inspection  n'existe  en  réalité  que  dans  les 
grandes  villes;  aussi  les  propriétaires  des  animaux  suspects 
les  font-ils  abattre  dans  la  banlieue  ou  dans  les  villages,  où 
les  tueries  particulières  des  bouchers  et  des  charcutiers  ne 
sont  pas  effectivement  soumises  à  la  surveillance  des  vété- 
rinaires sanitaires;  il  en  résulte  que  ces  viandes  insalubres 
sont  consommées  dans  les  campagnes  ou  sont  expédiées 
dans  les  grandes  villes,  sous  une  forme  qui  ne  permet  pas 
ou  ne  permet  que  rarement  d'apprécier  leur  état  de  salu- 
brité. Pour  supprimer  cet  état  de  choses  et  avec  lui  les  acci- 
dents fréquents  et  graves  que  provoque  l'usage  alimentaire 
de  ces  viandes  malsaines  (et  ceux  qui  viennent  de  se  pro- 
duire au  camp  d'Avor  en  sont  un  saisissant  exemple),  le 
congrès  a  demandé  que  les  tueries  privées  soient  fermées 
et  que  les  bouchers  et  charcutiers  ne  puissent  abattre  leurs 
sujets  que  dans  un  abattoir  communal  ou  cantonal,  toujours 
ouvert  à  la  surveillance  rigoureuse  des  agents  sanitaires. 
D'autre  part  le  Congrès  a  fixé  la  nomenclature  des  épizoo- 
ties  pour  l'extinction  desquelles  il  est  nécessaire  de  recou- 
rir à  l'abatage  des  animaux  malades  et  il  a  voté  la  création 
d'une  caisse  spéciale  des  épizooties,  destinée  à  assurer  le 
payement  des  indemnités  dues  aux  propriétaires  de  ces 
animaux,  en  réparation  des  sacrifices  qu'on  leur  impose  au 
nom  de  l'intérêt  commun.  Enfin,  il  a  formellement  demandé 
qu'il  fût  établi  une  convention  internationale  concernant  les 
mesures  à  prendre  contre  les  épizooties  et  il  a  tracé  les 
grandes  lignes  du  service  sanitaire  international  à  instituer. 
La  haute  utilité  de  ce  service  n'est  plus  à  démontrer;  s*il 
eût  existé  en  1865,  la  Hollande  et  l'Angleterre  eussent  cer- 
tainement échappé  aux  effroyables  ravages  de  Tépizootie 
de  peste  bovine  qui  décima  leur  bétail  et  dont  la  France  ne 
fut  préservée  que  par  la  clairvoyance  et  Tesprit  de  décision 
de  l'illustre  H.  Bouley,  dont  la  statue  a  été  solennellement 
inaugurée  il  y  a  huit  jours  à  TÉcole  d'Aifort. 


THERAPEUTIQUE 

dancera  «i  ïïm  toxlelté  dea  «ntitheriiilqoefl  aaalgé- 
•Iqaes  de  la  faiiillle  de«  «ollldea. 

Il  est  grand  temps  que  les  physiologistes  viennent  au 
secours  des  thérapeutistes.  Ils  apporteront  fort  h  propos, 
je  pense,  quelque  lumière  et  un  peu  d'ordre  dans  l'étude 
des  agents  auxquels  on  décerne  le  nom  générique  d'anti- 
thermiques  analgésiques. 

Ils  sont  nombreux;  ils  sont  variés  :  chaque  jour  on  en 
annonce  de  nouveaux,  et,  à  entendre  leurs  inventeurs,  ceux 
d'aujourd'hui  surpassent  toujours  ceux  d'hier.  Que  seront 
donc  ceux  de  demain? 

L'autre  jour,  pendant  le  débat  académique  sur  le  diabète, 
un  orateur  demandait  aux  initiateurs  de  remèdes  inédits  de 
multiplier  Texpérimentation  de  ces  médicaments  sur  les 
animaux  avant  de  les  administrer  à  Thomme.  Ces  doléances 
sont  raisonnables.  Plus  d'un  praticien  les  formule  ;  car  plus 
d'un  a,  dans  ces  derniers  temps,  appris  à  redouter  les  sur- 
prises que  les  improvisations  thérapeutiques  réservent  au 
médecin  et  au  malade. 


Commentse  reconnaître  dans  cette  foulede  médicaments? 
Beaucoup  possèdent  entre  eux  une  parenté  chimiqae.  Ne 
serait-il  pas  profitable  de  comparer  les  propriétés  de  chacun 
d'eux,  de  les  grouper  ensuite  et  de  déterminer  ainsi  le 
signalement  physiologique  du  groupe  auquel  ils  appar- 
tiennent? Après  la  synthèse,  l'analyse;  en  thérapeutique 
tout  comme  en  logique,  il  semble  qu'on  s'accommoderait 
bien  de  cette  méthode. 

Je  le  prouve  en  entrant  dans  l'examen  comparatif  des 
propriétés  de  quelques  antithermiques  analgésiques  de  la 
famille  chimique  des  anilides.  Toutefois,  avant  de  pénétrer 
plus  avant,  je  tiens  à  constater  qu'il  ne  s'agit  pas  ici  d*uu 
procès  de  tendance,  mais  d'une  question  d'actualité  dont  la 
discussion  impartiale  est,  somme  toute,  bien  à  l'ordre  du 
jour. 

I 

L'histoire  générale  des  antithermiques  analgésiques  e^ 
courte  et  surtout  banale.  Inutile  d'insister  sur  ses  dive/s 
épisodes. 

En  1874,  Buss  et  Reissos  administraient  l'acide  saliry- 
liqueaux  fiévreux.  C'était  un  retour  de  quarante-sept  années 
en  arrière  et  aux  tentatives  trop  peu  citées  de  Leroux  (de 
Vitry-le-François). 

En  1876,  Stricker  l'applique  au  traitement  du  rhuma- 
tisme articulaire  aigu.  Il  abaisse  ainsi  la  température,  calme 
la  douleur,  et,  sans  prévoir  la  nomenclature  de  l'avenir, 
acquiert  ainsi  à  Tacide  salicylique  le  droit  de  porter  le  nom 
alors  inconnu  d'antithermique  analgésique. 

Auparavant,  faut-il  le  rappeler,  on  avait  prescrit  l'acide 
phénique  contre  la  fièvre  et  reconnu  ses  inconvénients. 

En  1877,  Andeer,  en  Allemagne,  M.  Dujardin-Beaumetz 
en  France,  substituent  la  résorcine  à  l'acide  phénique. 
On  essaye  aussi  la  pyrocatéchine  et  l'hydroquinone.  Ces 
tentatives  eurent  pour  objet  l'utilisation  des  dérivés  hy- 
droxylés  du  benzol  et  pour  résultat,  je  m'empresse  de 
l'ajouter,  des  échecs  quand  on  voulut  les  employer  au  titre 
d'antitherraiques  analgésiques. 

Alors,  deuxième  période  de  l'histoire  médicale  des  anti- 
thermiques analgésiques.  On  s'adresse  à  la  quinoline,  ou 
plutôt  à  deux  benzols  qu'on  en  obtient  :  la  kairine  en  188i 
et  la  thalline  en  1883.  C'était  une  erreur;  ces  corps  sont 
des  poisons  du  sang  :  on  reconnaît  leur  action  destructrice 
sur  l'hémoglobine,  et  on  les  abandonne. 

Le  découragement  envahit  le  camp  des  inventeurs.  D'aban- 
don en  abandon  on  allait  même  abandonner  les  dérivés  de  i 

la  quinoline,  au  moment  où  —  découverte  opportune  

Knor  obtient  la  dyméthyleoxyquinizine  qui,  on  le  sait  assez, 
a  obtenu  toutes  les  faveurs  des  thérapeutistes  sous  le  nom 
d*emprunt  d'antipyrine. 

Nous  sommes  en  1886  :  c'est  Tannée  où  l'acétanilide 
prend  place  dans  l'arsenal  des  médicaments  antithermiques. 
C'est  l'année  où  les  observateurs  orientent  différera meni 
leurs  recherches  et  demandent  à  la  famille  des  anilides 
des  médicaments  susceptibles  de  faire  concurrence  à  rarili- 
pyrine. 

Un  an  après,  on  essaye  l'acétophénétidine,  dont  on 
change  le  nom  en  celui  de  phénacétine.  Passons,  cet  amido- 
phénate  d'éthyle  ne  possède  qu'une  parenté  collatérale  avec 
les  anilides. 

En  1888,  Kohn  et  Hepp  signalent  la  benzanilide;  et,  tout 
récemment,  en  1889,  H.  Dujardin-Beaumetz  présente  â 
l'Académie  des  sciences  et  recommande  aux  médecins  Texal- 


13  Septembre  1889     GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  37  —    591 


gine,  qu'il  Yenail,  avec  M.  Bardet,  de  prendre  pour  une 
toluide,  mais  qui,  il  l'a  loyalement  reconnu  depuis,  n'est 
autre  que  la  méthylacétanilide,  substance  découverte,  il  y  a 
quatorze  ans,  parBeilstein  et  Kuhiberg,  décrite  par  HofT- 
inann,  et,  enfin,  durant  l'hiver  dernier,  étudiée  par  M.  Binet 
(de  Genève). 

Le  9  mars  dernier,  cet  habile  observateur  exposait,  en 
effet,  aux  membres  de  la  Société  de  chimie  de  Genève  le 
résumé  de  ses  travaux,  et  devaAçait  la  note  que  nos  savants 
compatriotes  communiquaient  huit  jours  plus  tard  à  l'Aca- 
démie des  sciences. 

Mais  je  m'arrête,  il  en  est  temps.  Actuellement,  on  le 
voit,  les  thérapeutistes  ont  pour  tendance  d'emprunter 
des  remèdes  à  la  famille  des  anilides.  N'est-il  pas  urgent, 
utile  et  prudent  de  mesurer  la  valeur  physiologique  et  la 
toxicité  de  quelques-uns  de  ces  agents  médicamenteux? 

M.  Binet  a  essayé,  dans  ce  bul,  la  formanilide,  la  méthyl- 
formanilide  et  la  méthylacétanilide.  On  en  trouvera  l'exposé 
dans  les  numéros  d'avril  et  de  mai  dernier  de  la  Revue  médi- 
cale de  la  Suisse  romande^  sous  le  titre  de  Recherches 
physiologiques  sur  quelques  anilides. 

De  notre  côté,  au  laboratoire  de  thérapeutique  de  l'hô- 
pital Bichat,  j'ai  aussi  étudié  sur  les  animaux  les  effets  de 
l'exaigine,  c'est-à-dire  de  la  méthylacétanilide  des  chi- 
mistes que  M.  H.  Huchard  essayait  sur  les  malades  de  son 
service.  J'emprunte  donc  à  ces  sources  les  documents  phy- 
siologiques nécessaires  à  mon  argumentation. 


II 


Inutile  de  s'attarder  à  la  composition  de  ces  anilides. 
Les  chimistes  nous  ont  appris  leur  analogie  avec  les 
amides.  L'aniline  ou  phénylamtne,  cela  va  sans  dire, 
est  le  type  du  groupe.  Que  dans  sa  formule  C^H^AzH% 
on  remplace  un  équivalent  d'hydrogène  par  le  radical  for- 
royle  ou  par  le  radical  acétyle,  on  obtient  la  formanilide 
C«H^Az,H,HCO,  etracétanilideC»H5Az,H,CH3,C0.  Ce  sont 
des  anilides  simples. 

Les  chimistes  nous  enseignent  encore  qu'un  second  équi- 
valent d'hydrogène  demeure  en  disponibilité,  et  que  ces 
anilides  simples  deviennent  au  besoin  des  anilides  composés 
par  la  substitution  du  radical  alcoolique  méthyle  à  cet 
équivalent  d'hydrogène.  D'où  l'origine  de  la  méthylforma- 
nilide  représentée  par  C«H'^Az,CH*,HGO,  et  de  la  méthyl- 
acéunilide  avec  C*H^Az,CHSCH*GO  pour  formule. 

Ces  corps  —  est-il  besoin  de  le  dire?  —  occupent  une 
position  modeste  dans  la  hiérarchie  chimique  des  anilides. 
Ils  ont,  par  contre,  une  propriété  précieuse  pour  l'expéri- 
mentation, et  que  d'autres,  plus  élevés  dans  la  série,  ne 
possèdent  point  :  je  veux  parler  de  leur  solubilité  dans 
Télher,  l'alcool  et  l'eau  légèrement  tiédie.  Enfin,  ajoutons 
que  si  la  méthylformanilide  est  un  liquide  faiblement  odo- 
rant, peu  coloré  et  légèrement  volatil,  la  formanilide  et  la 
méthylacétanilide  se  présentent  sous  la  forme  cristalline,  et, 
conséquemment,  s'obliennent  à  l'état  de  pureté  absolue. 

Assez  de  chimie  :  quelle  est  l'action  physiologique  et 
toxique  de  ces  anilides?  Correspond-elle  aux  puissantes 
propriétés  chimiques  de  ces  corps?  Que  l'on  en  juge. 

Voici  la  formanilide  et  la  méthylformanilide.  Malgré  la 
diversité  de  leurs  qualités  physiques  et  de  leur  constitution 
physique,  malgré  la  présence  du  radical  méthyl  dans  la 
seconde,  elles  n'en  provoquent  pas  moins  des  effets  physio- 


logiques absolument  semblables  chez  les  batraciens,  les 
oiseaux  ou  les  mammifères. 

La  première  est  sans  doute  moins  active  que  la  seconde. 
Pour  tuer  un  cobaye,  il  faut  7  décigrammes  de  formanilide 
et  seulement  4  à  5  centigrammes  de  méthylformanilide  par 
chaque  100  grammes  du  poids  de  l'animal.  Eh  bien,  la 
méthylformanilide  possède  une  toxicité  plus  grande,  et  j'ai 
vu  15  milligrammes  de  cette  substance  entraîner  la  mort 
rapide,  quand, pourun  cobaye  du  même  poidsde300 grammes, 
il  fallait  injecter  cette  formanilide  à  la  dose  de  3  à  4  centi- 
grammes. 

Ces  chiffres  permettent  donc  d'ordonner  ces  quatre  ani- 
lides en  fonctions  de  leur  puissance  toxique  :  au  premier 
rang,  la  méthylacétanilide;  au  second,  l'acétaniliiie  et  la 
méthylformanilide;  au  troisiènoe,  enfin,  la  formanilide. 

Ils  légitiment  encore  une  autre  conclusion,  à  savoir  que 
la  toxicité  des  antithermiques  de  la  famille  des  anilides 
augmente  en  raison  directe  de  leur  poids  moléculaire. 

Voilà,  ce  semble,  des  résultats  expérimentaux  dignes  de 
méditation  pour  les  observateurs  qui  s'efforcent  de  trouver 
un  antithermique  analgésique  parmi  les  corps  de  cette 
famille.  Après  cela,  il  serait  fort  naïf  de  rappeler  les  ser- 
vices que  la  physiologie  expérimentale  ainsi  appliquée  rend 
à  la  clinique,  si  nous  n'étions  pas  dans  un.  temps  où  on 
semble  parfois  les  contester. 

III 

Comparons  le  mode  d'action  de  ces  anilides  sur  l'orga- 
nisme des  animaux.  Nous  y  trouverons  peut-être  le  secret 
de  leurs  vertus  médicinales  et  des  dangers  de  leur  admi- 
nistration aux  malades.  La  formanilide,  la  méthylforma- 
nilide et  la  méthylacétanilide  modifient  la  plupart  des 
grandes  fonctions  :  système  nerveux,  système  musculaire, 
circulation,  hématose. 

Elles  altèrent  le  sang.  Après  l'administration  de  l'acéta- 
nilide,  le  sang  artériel  des  animaux  change  de  couleur;  de 
rutilant,  il  devient  brunâtre  ;  d'où  celte  anémie,  signalée  par 
M.  Lépine,  par  l'emploi  prolongé  de  ce  médicament,  d'où 
aussi  la  cyanose  des  téguments  dans  les  cas  d'empoisonne- 
ment thérapeutique  aigu.  Au  moyen  de  l'ingénieuse  méthode 
hématoscopique  de  notre  savant  confrère  M.  Hénocque,  on 
reconnaît  la  réduction  graduelle  de  l'oxyhémoglobine  et 
l'apparition  de  la  raie  de  la  méthémoglobine  dans  le  champ 
du  spectroscope.  Les  hématies,  il  est  vrai,  ne  sont  pas 
détruites,  la  numération  le  prouve;  elles  conservent  leur 
forme;  cependant  voici  que  l'analyse  des  gaz  extraits  du 
sang  par  la  pompe  à  mercure  démontre  une  diminution 
de  l'oxygène  ;  voici  de  plus  qu'analysé  par  M.  Aubert,  le 
liquide  sanguin  contient  une  moindre  proportion  de  fibrine. 

Ces  données  expérimentales  ne  sont  pas  inédites.  L'acé- 
tanilide,  on  le  sait  bien,  est  un  poison  du  sang  et  un  modé- 
rateur de  l'activité  des  échanges.  La  formanilide  et  la 
méthylformanilide  et  surtout  la  méthylacétanilide  lui  sont- 
elles  supérieures  à  ce  point  de  vue?  C'est  là  ce  qu'il  im- 
porterait de  démontrer.  Les  faits  répondent  négativement. 

Je  le  prouve.  Que  l'on  administre  aux  animaux  une  dose 
sufTisamment  élevée  de  formanilide  ou  de  méthylforma- 
nilide, on  observe  de  la  cyanose  et  le  sang  artériel  devient 
brunâtre.  Par  l'examen  speclroscopique,  M.  Binet  a  vu  la 
raie  de  la  méthémoglobine;  par  contre,  l'appareil  de  Sahli 
permet  de  constater  l'absence  de  variation  dans  la  valeur 
colorimétrique  et  le  compte-globules  de  Malassez,  l'absence 


59i    —  N*  37  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE      18  Septembre  1889 


de  toute  modification  quantitative  des  cléments  figurés  du 
sang. 

Avec  la  méthylacétanilide,  mêmes  phénomènes:  cyanose, 
coloration  jus  de  pruneaux  du  sang,  réduction  de  Toxylié- 
moglobine,  abaissement  de  10  pour  100  de  la  valeur  colori- 
métrique  du  sang,  diminution,  assez  faible  d'ailleurs,  du 
nombre  des  globules  ;  dans  le  sang  d'un  cobaye  mis  en 
expérience  par  M.  Binet,  leur  nombre  descendit  de  3700000 
à  3050000. 

Ces  composés  de  la  famille  des  anilides  partagent  donc 
bien  avec  Tacétanilide  le  redoutable  privilège  d'agir  comme 
des  poisons  du  sang  et  de  produire  l'asphyxie  des  hématies. 

Ces  dangers  ont  fait  naguère  condamner  l'emploi  de 
l'acétanilide.  Ne  suffisent-ils  pas  pour  mettre  en  défiance 
contre  la  prétendue  innocuité  des  autres  anilides  et  en  par- 
ticulier de  la  méthylacétanilide? 

IV 

Après  le  sang,  les  vaisseaux  et  le  cœur.  Ces  substances 
modifient  la  circulation,  L'acétanilide  augmente  la  tension 
artérielle  à  faibles  doses  thérapeutiques;  elle  l'abaisse  à 
doses  toxiques.  La  formanilide  et  la  méthylformanilide 
exercent  une  action  moins  nette  sur  la  pression  artérielle. 
Dans  l'une  de  ses  expériences,  M.  Binet  l'a  vue  s'abaisser; 
dans  une  autre,  il  a  noté  son  augmentation.  Voilà  donc  des 
résultats  contradictoires. 

Avec  la  méthylacétanilide,  ils  le  sont  moins;  par  l'injec- 
tion intraveineuse  de  ce  médicament,  la  tension  augmente 
chez  le  lapin.  M.  Binet  a  pu  le  remarquer  et  nous  l'avons 
aussi  constaté.  Que  conclure?  Sinon  à  la  faible  influence 
des  anilides  sur  la  pression  artérielle  et  à  la  modestie  de 
leurs  propriétés  vasculaires. 

Agissent-elles  plus  sur  la  respiration  ?  Toutes  accélèrent 
et  troublent  les  mouvements  respiratoires.  Par  leur 
ensemble,  ces  troubles  révèlent  une  dyspnée  toxique.  En 
fait,  ce  sont  là  des  phénomènes  d'asphyxie. 

Inutile  de  s'arrêter  plus  longtemps  sur  ce  point.  J'arrive 
à  V action  des  anilides  sur  la  température. 

On  espérait  obtenir  d'elles  des  effets  antithermiques. 
Cette  espérance  était-elle  légitime? 

Les  doses  faibles  de  formanilide  et  de  méthylformanilide, 
d'après  M.  Binet,  abaissent  constamment  et  graduellement 
la  température  de  1  à  2  degrés,  après  quelques  instants. 
Après  les  doses  moyennes  de  4  à  5  degrés,  la  colonne  ther- 
mométrique descend  pendant  trois  quarts  d'heure.  Après 
des  doses  mortelles,  sa  chute  est  considérable  et  elle  va 
jusqu'à  12  à  15  degrés  dans  l'espace  de  deux  à  trois 
heures. 

Même  proportionnalité  entre  la  toxicité  des  doses 
employées  et  la  diminution  de  la  température,  quand  on 
injecte  la  méthylacétanilide  sous  la  peau,  dans  le  rectum  ou 
dans  l'estomac  des  animaux.  A  doses  physiologiques?  Un 
abaissement  de  1  degré.  A  doses  toxiques  ?  Chute  de  la 
(olonne  Ihcrmométrique  allant  à  8  degrés  dans  nos  expé- 
riences et  jusqu'à  lu  dans  celles  de  M.  Binet. 

Bref,  ces  anilides  abaissent  la  température,  à  la  manière 
de  l'acétanilide,  en  ralentissant  les  échanges  et  en  diminuant 
les  oxydations. 

Antithermiques  ils  sont  donc,  personne  n'en  doute.  Il 
resterait  à  savoir  s'ils  peuvent  prétendre  au  rôle  si  impor- 
tant d'antihyperthermique,  selon  l'expression  si  clinique  et 
si  judicieuse  de  M.  Huchard.  L'expérimentation  physiolo- 


gique ne  le  dit  pas  et  ne  peut  pas  le  dire.  D'autre  pari  ces 
essais  cliniques  offrent  des  dangers.  Admettre  que  ces  agen!^ 
sotiii^s  modificateurs  de  la  température  cs\  donc  exact: 
aller  au  delà,  serait  téméraire. 

V 

Quelle  est  la  voie  d'élimination  de  ces  anilides?  L'urine 
des  animaux  soumis  à  l'action  de  ces  substances  réduit  la 
liqueur  cupro-potassique  et,  de  l'avis  de  M.  Binet,  en  raison  de 
la  présence  probable  d'un  dérivé  glycuronique.De  plus,  par 
l'iodophénol  réaction,  notre  confrère  genevois  a  décelé  dnns 
ce  liquide  la  présence  du  para-amidophénol.  Ce  sont  aussi  les 
réactions  signalées  dans  les  urines  par  MuUer,  Jaffe, 
Hubert,  Borner  et  autres,  après  l'administration  de  rari'- 
tanilide. 

Est-il  besoin  de  développer  les  conséquences  cliniques  de 
ce  fait?  L'intégrité  du  rein  des  malades  auxquels  on  admi- 
nistre ces  substances  sera  une  nécescita  et  une  ganm/iV 
contre  l'intoxication.  On  s'en  doutait  bien  d'ailleurs.  D*anlrv 
part,  d'après  la  présence  du  para-amidophénol  dans  \e< 
urines,  on  conclura  que  les  anilides  s'oxydent  dans  l'or^i^a- 
nisme  et  on  soupçonnera  à  titre  d'hypothèse,  mais  seule- 
ment à  ce  titre,  que  cette  oxydation  se  produit  aux  dépens 
de  Toxyhémoglobine. 

On  a  émis  des  hypothèses  plus  téméraires,  celle-ci  on 
vaut  bien  d'autres.  Elle  suffit  pour  excuser  les  scrupules  tlo 
ceux  qui  hésitent  à  prescrire  de  tels  agents  médicamenteux. 

Trêve  aux  hypothèses,  les  faits  suffisent,  arrivons  à  Vin- 
fluence  de  ces  agents  sur  le  système  musculaire  et  /f 
système  nerveux. 

L'expérimentation  a  donné  les  résultats  suivants  :  ks 
doses  modérées  de  formanilide  provoquent  l'inertie  muscu- 
laire, la  lenteur  des  mouvements,  une  sorte  de  torpeur, 
l'abolition  ou  du  moins  la  diminution  des  réflexes.  Eu 
arrêtant  ici  l'expérience,  l'animal  peut  survivre;  il  survit 
même  le  plus  souvent.  Dans  l'espace  de  quelques  heures, 
s'il  s'agit  d'un  mammifère,  et  de  quelques  jours,  sll  s'agit 
d'une  grenouille,  les  troubles  musculaires  s'atténuent,  la 
motilité  reparaît,  mais,  phénomène  bien  constaté  par 
M.  Binet  chez  les  batraciens,  il  reste  du  tremblement  et 
de  l'ataxie  des  mouvements. 

A  doses  plus  élevées,  l'abolition  de  la  motilité  est  absolue 
et  l'excitabilité  nerveuse  presque  éteinte.  Plus  de  réponse 
au  choc  galvanique  dés  nerfs.  Un  bruit  subit,  le  claquement 
des  mains,  provoque  bien  encore  une  secousse  musculaire 
dans  les  membres.  Puis,  c'est  tout.  L'animal,  inerte,  courbé 
sur  le  flanc  et  les  yeux  mi-clos,  est  en  collapsus,  mais  sans 
convulsions,  sans  perte  des  réflexes  et  sans  abolition  de  la 
sensibilité  à  la  douleur. 

Administre-t-on  d'emblée  une  dose  hypertoxique  de  for- 
manilide ou  de  méthylformanilide?  La  période  de  torpeur  est 
abrégée,  des  convulsions  toniques  secouent  les  membres, 
mais  ces  convulsions  durent  peu,  la  respiration  s'embarrasse, 
les  muqueuses  se  cyanosent,  la  température  s'abaisse  rapide- 
ment et  la  mort  arrive  pendant  le  coma*  C'est  du  collapsus 
avec  convulsions. 

La  formanilide  et  la  méthylformanilide  sont  donc  des 
agents  qui  paralysent  la  motilité.  C'est  une  propriété  que  la 
méthylacétanilide  partage  avec  elles. 

Les  grenouilles  auxquelles  M.  Binet  injectait  cette 
substance  éprouvaient  une  semblable  inertie  et  une  sem- 
blable torpeur  musculaires.  Cependant  laissons  ces  batra- 


13  Septbmére  188»      GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N»  37 


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ciens  et  arrivons  aux  animaux  occupant  un  rang  plus  élevé 
dans  la  hiérarchie  zoologique. 

L'action  de  la  méthylacétaniiide  sur  les  mammifères 
inléresse  plus  directement  les  Ihérapeulistes.  Voici  en 
abrégé  le  procès-verbal  de  Tune  des  expériences  entre- 
prises au  laboratoire  de  thérapeutique  de  l'hôpital  Bichat.  Un 
cobaye  de  200  grammes  reçoit  sous  la  peau  de  l'abdomen 
2  centigrammes  de  méthylacétaniiide.  Cette  substance  — 
est-il  besoin  de  le  répéter  —  n'était  autre  que  J'exalgine 
fournie  au  laboratoire  par  la  pharmacie  de  l'hôpital  et 
proposée  pour  l'usage  des  malades. 

L'injection  est  douloureuse;  une  minute  s'écoule.  Tanimal 
tremble  et  marche  en  sautant.  Vers  la  fin  de  la  seconde 
minute,  et  sans  autres  phénomènes  prémonitoires,  des  con- 
vulsions l'agitent  brusquement.  Ce  sont  des  convulsions 
cloniques,  tantôt  généralisées  dans  les  quatre  membres, 
tantôt  limitées  alternativemeot  dans  le  train  antérieur  ou 
le  train  postérieur.  Un  léger  pincement  cutané,  un  bruit 
faible,  mais  inopiné,  l'ébranlement  delà  table,  bref,  la  plus 
petite  excitation  les  exagère. 

I/agitalion  convulsive  cesse-t-elle?  Eh  bien,  durant  les 
intervalles  de  repos,  les  muscles  ne  reprennent  pas  toute 
leur  souplesse.  Ils  résistent  aux  mouvements  communiqués, 
et  cette  rigidité  se  reproduit  encore,  même  après  avoir  été 
vaincue  une  première  fois.  L'intoxication  évolue  rapide- 
ment, l'animal  s'agite;  sa  gêne  respiratoire  est  extrême,  il 
a  de  la  cyanose  ;  les  crises  se  multiplient  et  le  collapsus 
augmente  ;  ce  sera  bientôt  la  mort.  Celle-ci  arrive  dans 
l'espace  de  huit  minutes  après  l'administration  de  la 
méthylacétaniiide. 

Ou  ouvre  les  cavités  viscérales,  le  sang  est  de  couleur 
brunâtre,  les  poumons  d'aspect  feuille  morte;  il  y  a  des 
taches  ecchymotiques  à  leur  base,  la  vessie  contient  à  peine 
quelques  gouttes  d'urine;  puis,  c'est  tout;  rien  au  coeur, 
rien  aux  centres  nerveux.  En  résumé,  le  sang  et  les  organes 
(ie  cet  animal  ont  l'aspect  asphyxique. 

M.  Binet  a  constaté  lui  aussi  ces  mêmes  phénomènes: 
convulsions  cloniques  épileptoides,  collapsus,  asphyxie.  De 
plus,  par  des  inhalations  d'élher  sulfurique,  il  a  pu  sus- 
pendre les  convulsions,  et,  par  la  section  de  la  moelle 
dorsale,  limiter  les  mouvements  convulsifs  aux  membres 
antérieurs. 

MM.  Dujardin-Beaumetz  et  Bardet  o.nt  noté,  eux  aussi,  la 
provocation  du  tremblement  et  des  mouvements  impulsifs, 
après  l'administration  de  l'exalgine.  En  outre,  ils  signalent 
la  diminution  de  la  sensibilité  à  la  douleur  avec  la  conser- 
vation de  la  sensibilité  tactile.  Cette  bonne  fortune  expéri- 
mentale n'a  été  ni  celle  de  M.  Binet,  ni  la  nôtre. 

Il  est  vrai  que  nous  expérimentions  sur  des  animaux,  cl 
que,  c'est  une  consolation  pour  nous,  aucun  de  ces  derniers, 
cobaye  ou  lapin,  n'a  pu,  jusqu'à  présent,  je  le  pense,  ren- 
seigner les  expérimentateurs  sur  la  différenciation  des  sen- 
sations tactiles  avec  les  sensations  douloureuses. 

D'autre  part,  pour  en  revenir  à  la  famille  des  anilides,le 
procès  de  l'acétanilide  est  jugé;  inutile  de  l'ouvrir  et  de  le 
mettre  à  nouveau  ert  délibéré.  Arrêtons-nous  plutôt  à  ce  fait 
que  ces  diverses  anilides,  formanilide,  méthylformanilide, 
acétanilide  et  méthylacétaniiide,  possèdent  la  commune 
propriété  de  modifier  profondément  les  activités  ner- 
veuses. 

Toutes  provoquent  le  collapsus,  et  ce  collapsus  est, 
comme  on  Ta  dit,  un  des  symptômes  dominateurs  de  l'em- 
poisonnement. En  tous  cas,  un  fait  parait  bien  acquis,  c'est 


l'analogie  entre  l'action  de  ces  anilides  et  celle  que  l'acéta- 
nilide exerce  sur  le  système  nerveux  et  la  motilité.  Cette 
dernière  ne  provoquet-elle  pas  l'inertie  motrice,  la  torpeur^ 
la  gène  respiratoire  et  la  diminution  de  l'excitabilité  des 
nerfs* périphériques?  M.  Lépine  l'a  bien  montré  dans  les 
n"  44  et  45  du  Lyon  médical  de  1884. 

Les  troubles  nerveux  diffèrent  sans  doute  de  modalité.  Ici 
ils  consistent  dans  l'inertie  musculaire  et  la  torpeur,  car  l'in- 
toxication par  la  formanilide  et  la  méthylformanilide  semble 
pour  ainsi  dire  presque  silencieuse.  Là,  avec  la  méthyl- 
acétaniiide, la  violence  des  convulsions  est  extrême,  c'est 
presque  un  empoisonnement  à  grand  fracas. 

Comment  interpréter  l'action  des  anilides  sur  le  système 
nerveux  et  la  motilité?  Sont-ce  des  poisons  musculaires? 
Sonl-ce  des  poisons  nervins? 

Voici  quelques  documents  expérimentaux  qui,  à  ce  point 
de  vue,  offrent  un  intérêt. 

C'est  ainsi  que  les  muscles  des  animaux  empoisonnés  par 
la  formanilide  répondent  encore  aux  excitations  électriques. 

C'est  ainsi  encore  que  par  un  contact  direct  et  suffisam- 
ment prolongé  avec  cette  même  substance  le  myocarde  et 
les  muscles  perdent  définitivement  leur  contractilité. 

D'autre  part,  sur  les  grenouilles,  préparées  selon  la 
méthode  de  Claude  Bernard,  par  la  ligature  du  corps  en 
masse,  au  niveau  de  la  région  lombaire,  en  ménageant  les 
nerfs  sciatiques  et  en  pratiquant  l'injection  en  aval  de  cette 
ligature,  M.  Binet  a  vu  la  paralysie  se  limiter  aux  muscles 
des  régions  situées  en  avant  de  la  ligature,  mais  respecter 
ceux  des  membres  postérieurs,  malgré  l'intégrité  de  leur 
connexion  nerveuse  avec  Taxe  médullaire. 

Il  y  a  donc  lieu  de  croire  que  les  diverses  anilides  agis- 
sent à  l'instar  de  la  formanilide  et  produisent  des  paralysies 
périphériques.  Cependant  cette  action  s'étend  plus  loin  et 
jusque  sur  les  centres  cérébro-spinaux  :  à  preuve  Tinertie, 
l'abolition  de  la  réflectivité  et  la  diminution  des  activités 
volontaires  ;  à  preuve  aussi,  avec  la  méthylacétaniiide, 
l'inertie  du  train  postérieur  et  la  limitation  des  convulsions 
dans  le  train  antérieur  des  animaux  dont  on  sectionnait 
transversalement  la  moelle  dorsale,  avant  l'administration 
de  cette  substance  sous  la  peau  du  cou.- 

Tel  est  en  abrégé  l'état  actuel  des  connaissances  physio- 
logiques sur  les  anilides.  Toutes  sont  toxiques,  toutes 
allèrent  profondément  les  qualités;  toutes  aussi  provo- 
quent des  troubles  nerveux;  en  d'autres  termes,  elles  sont 
pour  les  physiologistes  des  poisons  puissants. 

Le  thérapeutisie  doit-il  se  conformer  à  cette  conclusion  ? 
Oui,  je  pense,  autrement  ce  serait  renier  le  témoignage  de 
la  physiologie  et  la  physiologie  elle-même. 

Trêve  d'ailleurs  à  toute  discussion,  je  retiens  les  faits 
seulement;  ceux-ci  sont  réels;  ceux-ci  sont  décisifs.  L'asso- 
ciation du  radical  alcoolique  méthyl  à  la  formanilide  et  à 
l'acétanilide  n'a  pas  encore  permis  d'obtenir  des  remèdes 
moins  toxiques  bien  que  tout  aussi  anlithermiques  ou  anal- 
gésiques que  les  anilides  simples.  Des  observateurs  l'espé- 
raient et  tout  dernièrement  annonçaient  déjà  la  réalisation 
de  leurs  espérances.  Voilà  donc  encore  une  illusion  thé- 
rapeutique qui  disparait. 

En  outre,  ces  faits  démontrent  que,  sous  le  nom 
d'exalgine,  la  méthylacétaniiide  n'est  pas  moins  que  les 
autres  anilides  un  remède  dont  le  maniement  exige  la  plus 
extrême  prudence.  C'est  l'avis  de  M.  Binet  ;  c'est  celui 
d'autres  observateurs;  c'est  aussi  le  nôtre. 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE      13  Septembre  1889 


Ed  thérapeutique,  surtout  quand  il  s'agit  de  traitements 
hâtivement  proposés  et  trop  sommairement  étudiés,  la  Roche 
Tarpéienne  est  donc  toujours  bien  près  du  Capitole. 

Ch.  Éloy. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

fratliolo^e  lotcme. 

1)e  La  récidive  de  la  fièvre  typhoïde  ;  nouvelles 
PREUVES  A  l'appui,  par  M.  le  docteur  Ch,  Deshayes 
(de  Rouen). 

I 

On  ne  saurait  trop,  n'est-il  pas  vrai,  s'occuper  d'une 
aiïection  désormais  classée  au  nombre  des  maladies  évi- 
tables,  qui  fait  encore  chaque  année,  en  France,  plus  de 
vingt  mille  victimes,  et  à  Paris  seulement  près  d'un  millier. 

A  cet  égard  je  demande  la  permission  de  revenir,  pour 
la  compléter  et  l'élucider,  sur  une  question  que  j'ai  déjà 
soulevée  en  1886,  au  Congrès  de  Nancy  :  je  veux  parler  de 
la  récidive  de  la  fièvre  typhoïde. 

A  cette  époque  je  n'étais  en  possession  c^ue  de  quelques 
faits,  et  c'était  timidement,  je  l'avoue,  que  j'émettais  l'idée 
de  la  récidive  d'une  entité  morbide  que  tous  les  auteurs 
avaient  considérée  jusque-là  comme  n'évoluant  qu'une 
seule  fois. 

Si  en  effet  on  excepte  le  professeur  Jaccoud  qui  admet 
la  possibilité  de  la  récidive,  mais  la  considère  comme  très 
rare  et  tout  à  fait  exceptionnelle,  tous  ceux,  que  je  sache 
du  moins,  anciens  ou  modernes,  qui  ont  écrit  sur  la  ma- 
tière, et  ils  sont  nombreux,  professaient,  hier  encore,  que 
la  fièvre  typhoïde,  maladie  virulente,  agissant  à  titre  de 
vaccin,  préservait  les  individus  qui  en  avaient  été  une  pre- 
mière fois  atteints,  contre  toute  atteinte  ultérieure.  Je  n'en 
veux  pour  preuve  que  le  remarquable  article  Fièvre  ty- 
phoïde, de  MM.  Georges  Lemoine  et  Arnould,  dans  le  Dic- 
tionnaire encyclopédique  des  fciences  médicales^  qui  ré- 
sume la  somme  de  nos  connaissances  sur  ce  sujet: 

€  La  rechute,  disent-ils,  ne  constitue  pas  une  seconde 
fièvre  typhoïde  :  elle  n'est  que  la  deuxième  manifestation 
d'une  même  imprégnation  typhique  survenant  au  moment 
où  l'on  pouvait  croire  l'organisme  complètement  débarrassé 
des  germes  morbides.  Les  bacilles  pathogènes  que  l'on 
pouvait  croire  complètement  éliminés,  ont  persisté  à  l'état 
latent,  en  un  point  ignoré,  et  ce  foyer,  à  demi  enkysté,  est 
devenu,  sous  Tinfluence  de  circonstances  favorables,  le  point 
de  départ  de  nouvelles  colonies  qui  envahissent  tissus  et 
organes. 

«  Au  contraire  une  récidive  est  une  deuxième  fièvre 
typhoïde*  se  produisant  après  un  retour  complet  à  la 
santé,  très  longtemps  parfois  après  la  fin  de  la  première 
fièvre  typhoïde.  Il  semble  quelle  soit  le  résultat  d'une 
nouvelle  infection  due  à  l'insertion  sur  l'organisme  de 
germes  venus  de  l'extérieur.  Nous  croyons  cependant, 
ajoutent-ils,  qu'il  est  possible  qu'elle  reconnaisse  la  même 
origine  que  la  rechute  :  la  persistance  d'un  foyer  local  à 
l'état  latent.  » 

Ils  comparent  cet  état  à  ce  qui  se  passe  pour  certains 
tuberculeux  qui  procèdent  par  poussées  d'auto-réinfection. 

Ils  admettent  cependant  des  cas  très  rares  où  la  fièvre 
typhoïde  reparait  au  cours  d'une  épidémie  nouvelle,  chez 
un  sujet  qui  a  déjà  été  atteint  plusieurs  années  auparavant. 

Y  a-l-il  infection  nouvelle,  comme  nous  le  croyons, 
ou  aulo-réinfection  par  persistance  de  l'ancien  foyer  non 
complètement  éteint,  comme  le  croit  M.  Lemoine,  peu 
importe.  En  attendant,  nous  pensons,  nous,  que  la  fièvre  * 


typhoïde  récidive  bien  plus  fréquemment  qu'on  ne  rima- 
gine. 

Et  c'est  assurément  parce  que  l'attention  des  médecins 
n'était  pas  appelée  sur  cette  particularité,  ou  encore,  comme 
je  l'écrivais  il  y  a  trois  ans,  que  la  maladie  a  changé  d'al- 
lures qu'on  a  pu  enseigner  depuis  un  demi-siècle  que  U 
fièvre  typhoïde  ne  récidivait  pas.  Il  y  a  donc  là  une  erreur  à 
combattre,  ou  une  nouvelle  phase  ae  la  maladie  à  enre^s- 
trer,  mais  il  n'est  plus  douteux  que,  non  moins  d'ailleurs 
que  la  plupart  des  maladies  infectieuses,  la  fièvre  typhoïde 
récidive  souvent. 

Toutefois  il  est  juste  de  reconnaître  que  depuis  ces  der- 
nières années,  un  grand  nombre  de  médecins  semblent  vou- 
loir se  rallier  à  nos  idées. 

Témoin  le  docteur  Lécuyer  de  Beaurieux  qui  dans  un 
mémoire  communiqué  à  la  séance  de  la  Société  de  méde- 
cine publique  du  22  février  1888,  Nouvelles  recherches 
cliniques  sur  Vétiologie  de  la  fièvre  typhoide^  dit  ceci  : 

(  La  question  de  la  récidive  est  bien  jugée  pour  moi,  el 
je  l'ai  observée  plusieurs  fois.  Du  reste  Brouardel  en  cite 
des  cas  analogues  dans  l'épidémie  de  Pierrefonds  ;  quoi4|u^ 
rare,  elle  existe  certainement.  » 

Et  en  effet  le  professeur  Brouardel  dans  un  mémoire 
également  communiqué  à  la  séance  de  la  Société  de  mé- 
decine publique  du  26  janvier  1887,  disait  : 

«  Tous  les  membres  de  la  famille  F...  (huit  personnes) 
sont  tombés  malades. 

€  Quatre  d'entre  eux  avaient  eu  la  fièvre  typhoïde  anté- 
rieurement :  eux  seuls  ne  sont  pas  morts.  Le  père,  cin- 
quante-sept ans,  avait  eu  une  fièvre  typhoïde  grave  à  dix-huit 
ans;  la  nouvelle  atteinte  a  été  assez  bénigne. 

c  La  mère,  cinquante  et  un  ans,  avait  eu  une  fièvre 
typhoïde  extrêmement  grave  à  dix-huit  ans  :  la  nouvelle 
atteinte  fut  bénigne. 

«  Une  des  filles,  H^'*  Marguerite,  vingt-six  ans,  avait  eu 
une  fièvre  typhoïde  grave  trois  ans  auparavant  :  elle  eut 
pendant  quelques  jours  des  accès  de  fièvre  survenant  le  soir, 
et  accompagnés  de  torticolis. 

c  La  femme  de  chambre,  vingt-cinq  ans,  avait  eu  la  lièvre 
typhoïde  cinq  ans  auparavant  :  elle  eut  une  nouvelle  atteinte 
peu  grave. 

€  La  préservation  semble  avoir  été  d'autant  plus  {grande 
que  la  fièvre  typhoïde  antérieure  était  plus  récente.  > 

Enfin  dans  la  discussion  qui  suivit  ma  première  com- 
munication au  congrès  de  Nancy,  MM.  Bouchard,  Rocbard, 
Layet,  Maurel  et  Bernheim  ont  proclamé  la  récidive  de  la 
fièvre  typhoïde,  et  affirmé  : 

Que  la  maladie  ou  l'individu  s'étaient  probablement  mo- 
difiés depuis  cinquante  ans  (Bernheim,  Deshayes); 

Qu'il  n'y  a  pas  de  maladie  infectieuse  qui  confère  l'im- 
munité absolue  (Rochard); 

Que  les  récidives  existent  parce  que  l'immunité  s'éteint 
(Layet); 

Enfin,  c|ue  d'une  manière  générale,  les  récidives  des 
maladies  infectieuses  sont  fréquentes,  qu'elles  sont  d'au 
moins  20  pour  100  en  temps  d'épidémie,  mais  qu'elles 
sont  plus  courtes  et  moins  graves  que  la  première  atteinte; 
que  pour  la  fièvre  typhoïde,  elle  confère  sans  doute  l'im- 
munité, mais  que  celle-ci  est  moins  grande  qu'on  ne  le 
croit  communément,  moins  certainement  que  pour  la  scar- 
latine, la  variole  et  la  syphilis;  et  à  ce  point  de  vue,  que 
la  fièvre  typhoïde  est  comparable  à  la  rougeole  qui  peut 
donner  lieu  à  trois  ou  quatre  attaques  successives  (Bou- 
chard). 

Voilà,  n'est-il  pas  vrai,  des  arguments  suffisants. 

II 

Sur  quel  terrain  convient-il  de  chercher  la  preuve  de 
ces  faits?  Bien  moins  à  l'hôpital  que  dans  la  clientèle 
privée. 


13  Septembre  1889      GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N-  37  —    595 


On  conçoit. aisément  en  effet  qu'il  est  plus  facile  au  mé- 
decin de  la  famille  de  retrouver  à  une  époque  reculée  la 
même  affection  récidivant  sur  un  sujet  contaminé  dii  ou 
(quinze  ans  auparavant,  et  dont  il  possède  déjà  Tobserva* 
tion,  dans  un  milieu  dont  l'entourage  intelligent  a  gardé  le 
fidèle  souvenir  du  passé,  qu'à  l'hôpital  dont  la  population 
essentiellement  flottante  se  renouvelle  et  change  à  tous 
moments. 

L'ienorance  dans  laquelle  je  suis  de  la  langue  allemande 
ne  m  a  pas  permis  de  rechercher  l'opinion  des  médecins 
de  Vienne  et  de  Berlin  sur  ce  suiet.  Je  sais  seulement  que 
le  docteur  Odo  Betz,  assistant  de  la  policlinique  à  l'uni- 
versité de  Tûbingen,  dans  sa  thèse  inaugurale  sur  le  typhus 
abdominal,  cite  l'observation  suivante  : 

«  La  femme  Markle  (de  Lustnau),  trente-six  ans,  fut 
atteinte  en  1876  du  typhus,  ainsi  que  ses  quatre  enfants. 
Le  S5  février  1881,  elle  en  est  de  nouveau  atteinte.  L'ex- 
plication, ajoute-t-il,  en  parait  très  claire.  Juste  devant  les 
fenêtres  de  l'appartement,  on  vient  de  creuser  le  jardin 
pour  des  travaux,  et  c'est  à  cette  même  place  que  l'on 
enfouissait,  il  y  a  cinq  ans,  les  excréments  de  la  première 
maladie.  » 

Je  ne  retiens  pour  ma  thèse  que  le  fait  de  récidive,  cinq 
ans  après. 

Mais  à  ^uoi  bon  aller  chercher  à  Tûbingen  la  confirma- 
tion de  faits  qu'il  nous  est  si  facile  de  contrôler  en  France? 
Il  est  bien  entendu,  une  fois  pour  toutes,  que  les  cas 
de  rechute,  de  réitération  ou  de  relapsing  fever,  n'ont  rien 
de  commun  avec  la  récidive  proprement  dite. 

En  1886,  deux  de  mes  malades  avaient  eu  manifeste- 
ment la  dothiénentérie  pour  la  deuxième  fois,  à  trois  ans 
de  distance. 

Depuis  cette  époque  la  fièvre  typhoïde,  endémique  dans 
notre  région,  a  régné  épidémiquement  à  Rouen  en  1887- 
1888.  Or,  je  n'ai  cessé  de  nrcu({uérir  avec  soin  de  tous 
les  antécédents  de  mes  typhiques,  et  j'ai  pu  ainsi  recueillir 
de  nombreuses  preuves  de  récidive.  D'autre  part,  plusieurs 
confrères,  dont  le  savoir  et  la  bonne  foi  sont  incontestables, 
ont  de  leur  côté  observé  les  mêmes  faits  : 

M.  le  docteur  Herry-Delabost,  orofesseur  de  pathologie 
externe  à  l'École  de  médecine  de  Rouen,  a  bien  voulu  me 
communiquer  le  cas  suivant  : 

11  s'agit  d'une  de  ses  clientes,  appartenant  à  une  riche 
famille,  dont  il  est  le  médecin  et  l'ami  depuis  vingt  ans,  et 
où  l'apparition  d'une  maladie  telle  que  la  fièvre  typhoïde 
laisse  toujours,  dans  l'esprit  de  chacun,  médecin  et  parents, 
un  souvenir  ineffaçable. 

Obs.  1.  —  Ma  jeune  cliente,  m'écrit  M.  Delabost,  fui  atteinte 
pour  la  première  fois  de  fièvre  typhoïde  en  octobre  1873;  elle 
avait  alors  douze  ans.  L'afTection  eut  un  début  très  intense. 
Vers  le  quatrième  ou  cinquième  jour,  la  température  s'élevait 
à  {(y'fi.  Mais  elle  ne  tardait  pas  à  redescendre,  pour  osciller 
entre  iO  degrés,  3î)«,8  et  38%5. 

La  fièvre  n'eut  somme  toute  qu*une  intensité  moyenne, 
mais  avec  des  caractères  très  nets.  Le  diagnostic  ne  pouvait 
être  douteux. 

Ce  ne  fut  qu'à  la  fin  de  la  troisième  semaine  que  le  thermo- 
mètre descendit  à  37<*,4,  puis  à  37  degrés.  Je  n*ai  pas  retrouvé 
les  notes  recueillies  à  cette  occasion  ;  j'ai  pu  seulement  mettre 
la  main  sur  le  tracé  thermométrique  qui  m'a  permis  de  vous 
donner  les  quelques  renseignements  qui  précèdent  sur  la  tem- 
pérature. 

Quant  à  la  deuxième  attaque  de  fièvre  typhoïde,  elle  com- 
mença en  décembre  1887,  quatre  ans  après,  et  fut  extrêmement 
grave. 

MM.  Leudet  et  Potain  virent  la  malade  avec  moi.  Le  diagnostic 
ne  présentait  aucun  doute,  et  par  conséquent  la  récidive  est 
absolument  certaine. 

Ors.  II.  —  Une  autre  observation,  non  moins  probante,  est 
celle  de  M.  le  professeur  D'Espine  (de  Genève).  M.  D'Espine, 
que  je  rencontrai  au  Congrès  internatiouai  d'hygiène  à  Vienne, 


il  y  a  deux  ans,  et  avec  lequel  je  m^entretenais  de  cette  question, 
me  dit  qu'il  était  lui-même  un  exemple  vivant  de  la  récidive. 

Atteint  une  première  fois  de  fièvre  typhoïde  très  évidente, 
dans  son  adolescence,  il  fut  à  nouveau  contaminé  pendant  son 
internat  à  Paris.  La  deuxième  attaque  de  dothiénentérie  à  plu- 
sieurs années  d'intervalle  fut  très  grave  et  très  longue. 

Obs.  III.  —  M.  Ratiéville,  cultivateur  à  Saint-Jacques,  mobi- 
lisé en  1870,  est  atteint  une  première  fois  à  Paris,  à  ikge  de 
vingt  ans,  d'une  fièvre  typhoïde  parfaitement  caractérisée,  à 
forme  hémorrhagique;  épistaxis  répétées,  hémorrhagies  intes- 
tinales. Durée,  six  semaines;  médecin  traitant,  M.  le  docteur 
Berthet,  de  Paris. 

Dix  ans  plus  tard,  M.  Ratiéville,  rentré  dans  ses  foyers,  con- 
tracte de  nouveau  la  dothiénentérie  ;  mêmes  symptômes,  même 
tendance  à  i'adynamie.  M"""  Ratiéville,  fort  intelligente,  très 
dévouée,  et  oui,  alors  jeune  fille,  avait  assisté  à  la  première 
atteinte,  ne  s  y  trompa  pas.  Ce  fut,  m'a-t-etle  confirmé,  la  répé- 
tition de  la  première  attaque,  mais  plus  grave  encore,  puisque 
le  malade,  cette  fois,  succomba. 

M.  le  docteur  Blockberger,  médecin  chef  de  l'hospice  de  Dar- 
nétal,  qui  lui  donna  ses  soins,  m'écrit  : 

€  Quant  à  la  maladie  qui  Ta  emporté,  ce  fut  bien  une  fièvre 
typhoïde.  Rien  n'y  manqua,  et  ce  sont  des  hémorrhagies  intesti- 
nales qui  ont  amené  la  mort.  > 

De  mon  côté  j'ai  recueilli  de  nouvelles  observations 
personnelles. 

Obs.  IV.  —  M"'  veuve  Ybert,  cinquante-cinq  ans,  à  Rouen  ; 
il  y  a  vingt  ans,  première  fièvre  typnoïde  grave  et  lon^e  :  plus 
de  deux  mois  ;  médecin  traitant,  leu  M.  le  docteur  Dérocque, 
médecin  des  hôpitaux. 

En  1888,  mars  et  avril,  deuxième  attaque.  Dothiénentérie 
confirmée,  durée  très  longue,  forme  grave,  délire...  Guérison. 

Obs.  V.  —  M"*"  Queval,  cinquante  ans,  épicière,  rue  Saint- 
Sever.  Soignée  par  moi  en  1883  pour  une  fièvre  typhoïde  d'in- 
tensité moyenne. 

Son  fils,  ftgré  de  vingt-quatre  ans,  avait  été  également  atteint 
à  la  même  épo  iuc. 

Quatre  ans  après,  en  1887,  M""'  Queval  est  contaminée  une 
deuxième  fois.  Dothiénentérie  confirmée.  Meurt  le  vingtième 
jour. 

Les  conditions  hygiéniques  de  la  maison  étaient  mauvaises. 
Il  existait  notamment  dans  la  cour  une  bétoire  qui  recevait 
toutes  les  eaux  sales,  et  ({ui  sans  communication  avec  l'égout, 
donnait  lieu,  au  moment  des  grandes  chaleurs,  à  la  fermenta- 
tion des  liquides  et  au  dégagement  d'odeurs  nauséabondes. 

Voici  enfin  une  dernière  observation  des  plus  impor- 
tantes au  point  de  vue  de  la  récidive  et  de  la  contagion. 

Obs.  VI.  —  Pip  (Edouard),  vingt-deux  ans,  marin  de  l'Etat. 
Soigné  par  moi  cinq  ans  auparavant  en  188^,  pour  une  dothié- 
nentérie, d'intensité  moyenne;  souvenir  très  fidèle  de  la  famille 
à  cet  égard.  Etait  resté  couché  six  semaines,  avait  présenté  des 
taches  rosées  lenticulaires.  La  convalescence  avait  également 
duré  six  semaines.  Aucun  doute. 

En  octobre  1887,  revient  dans  sa  famille  en  congé,  convales- 
cent de  pneumonie.  Son  frère  était  alors  en  pleine  fièvre  ty- 
phoïde grave  (épidémie  de  1887).  Notre  marin  tombe  quinze 
jours  après  par  contagion,  et  présente  tous  les  symptômes  d'une 
nouvelle  dothiénentérie,  assez  bénigne  il  est  vrai,  mais  très 
évidente.  Température  de  39  à  40  degrés.  Epistaxis.  Taches 
rosées,  cimj  semaines  de  durée. 

La  question  est  donc  suffisamment  élucidée.  La  fièvre 
typhoïde  récidive  plus  fréquemment  qu*on  ne  le  croit. 

III 

Conclusions.  —  Mes  conclusions  jusqu'à  plus  ample 
information,  sont  les  suivantes  : 

Il  faut  toujours  craindre  la  fièvre  typhoïde  et  l'hygiène 
préventive  de  cette  maladie  est  toujours  de  rigueur. 

Dans  la  deuxième  contamination,  on  ne  saurait  admettre 
le  réveil  d'un  premier  foyer  resté  latent  ou  enkysté.  Cela 
est  inadmissible  pour  des  récidives  de  trente  ans  et  plus.  Il 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE     13  Septembre  1889 


s'agit  donc  bien  d'une  nouvelle  inTeclion  par  de  nouveaux 
germes  venus  du  dehors. 

C'est  toujours  au  milieu  d'une  épidémie  que  les  récidives 
se  montrent.  Ce  qui  n'a  rien  de  bien  étonnant  à  Tégard  d'une 
affection  qui  revêt  si  facilement  le  caractère  épidémique. 

En  théorie  et  des  faits  observés  par  les  auteurs  précités, 
il  semble  qu'une  première  atteinte  de  fièvre  typhoïde  soit, 
sinon  une  vaccination  préservatrice,  du  moins  une  atténua- 
tion dans  la  gravité  de  la  récidive,  et  que  celte  atténuation 
soit  en  rapport  direct  avec  la  date  de  la  première  atteinte. 

Mes  observations  personnelles,  trop  peu  nombreuses 
milheureusement,  puisque  je  n'en  possède  encore  que  huit, 
viennent  infirmer  cette  proposition. 

Des  huit  cas  recueillis  par  moi,  sept  ont  été  graves,  dont 
deux  morts. 

Il  n'y  a  rien  de  fixe  dans  l'éjjoque  de  la  récidive,  qui 
peut  être  observée  quatre,  dix,  vingt  et  même  trente-trois 
ans  après  la  première  atteinte. 


I^atboloi^te  fnteme. 

Hémoptysie  d'origine  externe,  parM"*  Caroline  Scuultze, 
docteur  en  médecine  de  la  Faculté  Je  Paris. 

On  a  souvent  publié  des  cas  d'hémoptysies  parfois 
rebelles  survenues  à  la  suite  de  l'inhalation  de  poussières 
irritantes.  Les  cas  d'anthracosis  sont  à  ce  point  de  vue 
classiques.  L'observation  que  nous  publions  ci-dessous 
nous  a  paru  intéressante  à  ce  point  de  vue. 

Obs.  —  Le  3  janvier  dernier,  j  ai  été  appelée  près  d'une  dame 
pour  une  hémoptysie  d'intensité  moyenne. 

Antécédents.  —  Recherchant  la  cause  de  cet  accident,  j'ai 
appris  que  c'est  la  troisième  fois  qu'elle  crachait  du  sang. 

Elle  s'est  toujours  très  bien  çorlée  jusqu'au  moment  où  l'on 
a  décoré  son  appartement;  depuis,  me  dit-elle,  je  suis  toujours 
souifrante,  et  surtout  quand  je  gardo  la  chambre.  Le  médecin 
qui  l'a  soignée  avant  moi  lui  a  prescrit  de  garder  la  chambre, 
afin  d'éviter  un  refroidissement  (il  l'a  soignée  pour  une  bron- 
chite). La  malade  est  une  personne  de  trente-cinq  ans,  ayant 
eu  deux  enfants  qui  sont  bien  portants;  elle-même  a  toujours 
joui  d'une  excellente  santé  sans  nulle  indisposition  inc[uiétante. 
État  actueL  —  Rien  à  la  percussion  ni  A  l'auscultation;  l'exa- 
men de  la  gorge  montre  qu  elle  est  rouge  ;  les  amygdales  n'ont 
pas  augmenté  de  volume. 

J'ai  alors  demandé  qu'on  me  montrât  le  sang  qu'elle  venait 
d'expectorer;  j'ai  vu,  sur  un  mouchoir,  un  peu  de  sang  spu- 
meux dans  lequel  on  distinguait  nettement  de  fines  vaiUeites 
semblables  à  des  aiguilles  de  crin.  L'examen  de  la  malade  montre 
d'une  façon  évidente  qu'elle  n'est  ni  tuberculeuse,  ni  cardio- 
pathe,  ni  hystérique.  J  avoue  que  cette  dame  m'intriguait  vive- 
ment. L'interrogeant  avec  soin,  j'appris  que  la  veille  de  son 
accès  sa  femme  de  chambre  avait  tait  Tapparlement  à  fond^ 
quelle  avait  épousseté  les  murs,  et  qu'après  avoir  dormi  toule 
la  nuit  la  malade  s'était  réveillée  le  lendemain  avec  la  gorge 
sèche,  douloureuse,  etque  presque  sans  tousserelleavaitexpecloré 
alors  une  petite  quantité  de  sang  à  plusieurs  reprises.  C'est 
la  chambre  qui  m'a  paru  renfermer  la  cause  de  son  iiémoptysie  ; 
n'ayant  trouvé  pourtant  ni  fleurs,  ni  autres  bibelots  qui  puissent 
attirer  mon  attention,  j'examine  les  murs  :  les  tentures  qui  les 
t«ipissent  sont  en  relief,  très  dures  au  toucher,  piquantes  comme 
des  aiguilles,  et,  après  en  avoir  détaché  quelques*unes  et  les 
avoir  comparées  à  celles  que  j'ai  trouvées  sur  le  mouchoir 
rempli  de  sang,  je  suis  arrivée  à  cette  conclusion  que  c'étaient 
les  mêmes  aiguilles,  do  la  même  épaisseur  et  longueur.  Voici 
comment  j'ai  procédé.  J'ai  mis  les  aiguilles  des  tentures  et  celles 
du  sang  dans  de  l'eau,  et,  après  les  avoir  colorées,  je  les  ai 
regardées  à  la  loupe;  c'était  identiquement  la  même  chose. 

Je  crus  avoir  déjà  trouvé  la  solution  du  problème  pathogé- 
ni(]ue;  je  donnai  à  ma  malade  (juelques  calmants,  et  prescrivis 
ce  qui  suit  :  la  c  défense  formelle  d'entrer  et  de  coucher  dans  la 
chambre  aux  tenlures  suspectes  > . 

J'ai  fait  examiner  les  tentures  :  c'est  du  papier  en  relief,  cou- 
leur marron  grisâtre;  les  fabricants  de  papier  l'appellent  che- 


viotte;  on  le  fabrique  avec  des  poils  dé  chèvre  et  de  la  bourr* 
de  laine.  Ma  cliente  est  partie  pour  Quelques  semaines  dans  unt- 
de  ses  propriétés,  et,  pendant  tout  le  temps  de  son  séjour  à  la 
campagne,  elle  n'a  pas  eu  de  nouvelles  atteintes.  Rentrée  à  l*ari> 
tout  récemment,  M™'  R...  continue  à  se  bien  porter.  Depuis 
qu'on  a  retiré  le  susdit  papier.  M***  R...  y  habite  sans  inconvt^- 
nient  Je  cite  celte  observation  à  cause  de  Vétiologie  singuUfrf 
de  r  hémoptysie,  qui  avait  échappé  à  des  observateurs  dis- 
tingués. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Académie  dea  seleiiccs. 

séance  du  2  septembne  1889.  —  présidence 
de  m.  desgloizeaux. 

Effets  cardiaques    des   excitations  centrifuges  di* 

NERF   VAGUE,    INDÉFINIMENT    PROLONGÉES.   —  On    Saît  quC, 

au  cours  d'une  excitation  centrifuge  portée  sur  le  uerf 
vague  et  suflisante  pour  arrêter  le  cœur,.  ce)ui«ci  repreoJ 
bientôt  ses  battements.  On  conclut  de  ce  fait  à  un  épuise- 
ment que  les  observations  de  Tarchanoff  et  Puelma  ont 
fermis  de  localiser  sur  l'appareil  d'arrêt  intra-cardiaque. 
e  ne  sache  point  qu'on  soit  allé  au  delà  de  cette  constata- 
tion pure  et  simple  du  retour  des  battements  du  cœur  et 
de  ce  qu'on  a  appelé  l'épuisement  de  l'appareil  d  arrêt. 

Or,  lorsqu'une  excitation  est  maintenue  sur  le  nerf  vague 
après  le  retour  des  battements  du  cœur,  elle  continue  à 
exercer  une  action  inhibitoire  se  traduisant  par  une  dimi- 
nution du  rythme  et  une  augmentation  dans  l'amplitude 
des  pulsations.  Cette  action  inhibitoire  peut  durer  autant 
que  l'excitation  elle-même.  H.  Laulanié  a  constaté  ces 
faits  à  l'aide  de  l'enregistreur  de  Chauvoau  et  d'une  pince 
sphygmographioue  embrassant  la  carotide. 

De  plus,  si  l'excitation  est  indéfiniment  prolongée,  la 
durée  de  l'inhibition  dépend  exclusivement  de  celle  de  Tex- 
citabilité  du  nerf  vague.  Sur  la  plupart  des  sujets,  par  des 
excitations  bien  mesurées  et  en  employant  des  excitations 
ad  hoc  qui  laissent  le  nerf  au  fond  de  la  plaie  et  bien  a 
l'abri  de  la  dessiccation,  la  dépression  peut  se  prolonger 
de  quinze  à  vingt  minutes.  L'accélération  qui  survient 
alors  est  souvent  très  lente  et  très  uniformément  progres- 
sive. Pourtant  on  constate,  sur  certains  sujets,  des  variatiuns 
curieuses  dans  le  rythme,  qui  subit  des  accélérations  pério- 
diques séparées  par  de  longs  intervalles  de  ralentissement. 
Cette  sorte  de  lutte  entre  les  innervations  antagonistes  du 
cœur  peut  durer  fort  longtemps;  il  l'a  vue  se  poursuivre 
une  fois  pendant  trente-quatre  à  trente-cinq  minutes,  et  il 
y  a  mis  fin  par  une  iniection  intra-veineuse  de  chloral. 
sous  l'influence  de  laauellc  le  pneumogastrique  est  devenu 
si  docile  à  l'effet  de  l'excitation,  que  le  rythme  est  tombé 
à  20  pulsations  par  minute  et  s'est  maintenu  à  ce  chiffre 
excessivement  bas  pendant  trente-trois  minutes.  Dès  que  i 
l'exritation  a  été  suspendue,  il  s'est  relevé  tout  aussitôt 
à  120. 

Cathétérisme  des  uretères.  —  Après  avoir  rappelé    I 
que  la  condition  essentielle  du  succès,  dans  les  opérations 
que  la  chirurgie  moderne  entreprend  et  réussit  sur  les 
reins,  est  que  le  rein  opposé  soit  réellement  sain,  H.  P.  Poi- 
rier est  d'avis  qu'il  est  de  toule  nécessité,  avant  de  procé- 
der à  l'ablation  d'un  rein  malade,  de  s'assurer  de  l'état  et 
du  fonctionnemnt  du  rein  opposé.  Malheureusement  cette 
recherche  est  des  plus  difficiles  :  les  renseignements  fournis 
par  l'exploration   et  l'étude  des   signes   physiuues  restent 
toujours  insuffisants;  de  toute  nécessité,  il  y  laut  joindre 
l'examen  de  la  fonction  par  l'analyse  du  liquide  sécrété. 
Pour  arrivera  rendre  pratique  le  cathétérisme  des  uretères,     i 
il  a  eu  l'idée  d'éclairer  l'intérieur  de  la  vessie  à  l'aide  d'un     ' 
cystoscope;  toujours  il  a  réussi  en  quelques  minutes,  aussi     ; 


i3  Septembre  1889      GAZETTE  HBDDOHÂDAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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bien  sur  l'homme  que  âur  la  femme,  à  introduire  facile- 
ment des  sondes  spéciales.  Les  difficultés  que  le  cystoscope 
rencontre  dans  le  cas  de  tumeur  de  la  vessie  n*exislent 
plus  lorsqu'on  l'applique  au  cathétérisme  des  uretères. 
L'opération  est  des  plus  faciles  :  avec  un  tant  soit  peu  d'ha- 
bitude, l'opérateur  trouve  vile  l'embonchure  de  l'uretère, 
et  la  petite  sonde,  conduite  par  un  canal  particulier  inclus 
dans  le  cystoscope,  pénètre  facilement  le  conduit. 


Académie  de  Hiédeelne. 

SÉANCE  DU   10  SEPTEMBRE  1889.   —  PRÉSIDENCE  DE 
M.    MOUTARD-MARTIN. 

M.  le  docteur  Hahn  eavoio  une  Etude  hittologique  tur  la  dernière  épidémie 
de  choléra  en  France. 

H.  le  docteur  Midiaudf  niêdecîii*major  do  1'*  cUmc,  adresse  la  relation  do 
quatre  épidémiet  de  fièvre  typhoïde  ayant  sévi  en  un  an  sur  les  troupes  de 
l'arinco  de  terre  à  Lorient. 

M.  Je  SeeritMre  perpétuel  prétsnie,  de  la  part  do  MM.  les  docteurs  Nivet  et 
Ledru,  un  niéiuoiro  sur  la  construction  d'une  maternité  et  d'une  école  départe- 
mentale d'accouchements  dans  les  jardins  de  l'Hdtcl-Dicu  de  Clcrnion t- Ferra nd. 

M .  Bourgoin  dépose  une  Étude  hiêtorique  tur  let  extraite  pharmaceutique», 
ftar  M.  Adrian. 

M.  Larrey  présente:  1*  un  mémoire  manuscrit  de  M.  C  ToUet,  sur  la  quantité 
d'eau  que  peuvent  absorber  les  matériaux  de  construction  et  sur  le  temps 
nécessaire  à  leur  séchage  naturel;  9"  un  rapport  de  M.  le  docteur  Laennec  sur 
une  étude  An  M.  le  docteur  Vignard  coiicoroant  VéUit  actuel  de  la  prophylaxie 
sanitaire  internationale. 

Endométrite  et  CURAGE.  —  M.  le  docteur  L.-G.  Richelot 
communique  un  cas  d^endomélrite  suérie  par  le  curage  et 
qui  avait  été  jusqu'ici  rebelle  à  tous  les  traitements  que  lui 
avaient  fait  subir  un  grand  nombre  de  chirurgiens  étrangers. 
A  cette  occasion  il  examine  les  indications  et  les  contre- 
indications  des  divers  traitements  de  cette  aiïeclion.  D  après 
lui,  les  endométrites  cervicales  récentes  s'améliorent  et  se 
guérissent  peu  à  peu  avec  les  pansements  antiseptiques, 
riodoforme,  les  caustiques  légers,  le  thermocautère  ;  les 
endométrites  du  corps,  dans  les  mêmes  conditions  de  béni- 
gnité, cèdent  à  la  médication  intra-utérine  par  Tiodoforme, 
les  badigeon  nages  iodés,  etc.  Mais,  si  la  muqueuse  utérine 
est  le  siège  d'une  inflammation  chronique,  invétérée,  avec 
fongosités,  hémorrhagies»  suppuration,  alors  il  faut  la 
modifier  profondément  ou  la  détruire,  et  le  curage  fait  mer- 
veille; c'est  le  traitement  par  excellence  de  l'endométrile 
rebelle.  S'agit-il  du  col,  la  curette  ne  vaut  plus  rien,  il  faut 
aviver  et  suturer  les  déchirures  latérales  par  le  procédé 
d'Emmet  ou  emporter  la  muqueuse  malade  et  reconstituer 
le  museau  de  tanche  par  le  procédé  de  Schrôder.  Et  comme 
les  étals  graves  de  la  muaueuse  utérine  cQïncident  très 
souvent  avec  un  gros  col  en  éversion,  congestionné, 
catarrheux,  il  ne  faut  pas  craindre  de  faire  dans  la  même 
séance,  après  deux  ou  trois  jours  de  dilatation,  le  curage  et 
la  réseclion  anaplaslique  du  col.  On  peut  guérir  ainsi,  et 
guérir  sérieusement,  dans  un  délai  de  quinze  jours  au 
maximum,  des  métriles  que  l'ancienne  gynécologie  laissait 
traîner  pendant  des  mois  et  des  années,  pour  n'arriver  trop 
souvent  qu'à  des  améliorations  passagères. 

Massage  occlaire.  —  M.  le  docteur  Cvstomiris  commu- 
nique un  grand  nombre  de  faits  en  faveur  de  la  pratique  du 
massage  de  l'œil,  déjà  recommandé  parHippocrate  j  il  insiste 
en  particulier  sur  les  avantages  du  massage  de  la  conjonctive 
et  (le  la  cornée.  —  (Le  mémoire  de  M.Costomiris  est  renvoyé 
à  Texamen  de  MM.  Panas  et  Jacal.) 

Adsinthisme.  —  Un  litre  de  liqueur  d'absinthe,  ayant  un 
degré  alcoolique  de  70  degrés  et  coloré  avec  du  persil  frais 
ou  des  orties  fraîches,  renferme  d'ordinaire  les  Quantités 
suivantes  de  diverses  essences:  anis,  6  grammes;  badiane, 
4  grammes;  absinthe,  coriandre  et  fenouil>  âa  2 grammes; 


menthe,  hysope,  angélique  et  mélisse,  âa  i  gramme*  On  voit 
ainsi  que  1  essence  d'absinthe  n'entre  que  pour  un  dixième 
environ  dans  les  aromatiques  qui  composent  la  liqueur. 
MM.  Cadéac  et  Albin  Meunier  ont  examiné  avec  beaucoup 
de  soin  l'action  physiologique  de  ces  essences,  afîn  d'étudier 
leurs  effets  sur  les  systèmes  nerveux  et  musculaire  et  de 
préciser  leur  rôle  respectif  dans  les  accidents  de  rabsin- 
thisme.  Toutes  charment  au  début  de  leur  action  par  le  sen- 
timent de  bien-être  qu'elles  procurent,  la  sensation  de 
chaleur,  de  vigueur,  de  puissance  musculaire  et  cérébrale 
qu'elles  développent,  et  par  le  surcroît  d'activité  qu'elles 
apportent  aux  fonctions  digestives;  mais,  pour  la  plupart, 
cette  excitabilité  bienfaisante  est  de  très  courte  durée;  elle 
est  remplacée  bientôt  par  de  la  paresse  musculaire,  la  dimi- 
nution de  l'énergie,  Tannihilation  de  la  volonté,  les  vertiges, 
les  tremblements,  par  une  ivresse  lourde,  l'hébétude,  la 
somnolence,  le  sommeil  et  enfin  les  crises  épileptiformes 
quand  la  dose  est  assez  élevée.  C'est  à  l'action  combinée  des 
essences  d'anis,  de  badiane,  de  fenouil  pour  la  plus  grande 
part,  d'hysope,  de  mélisse,  d'angélique  et  de  menthe  pour 
une  faible  part,  qu'il  faut  attribuer  tous  ces  accidents,  dont 
l'ensemble  constitue  ce  qu'on  est  convenu  d'appeler  l'absin- 
thisme. 

Les  essences  d'absinthe  et  de  coriandre  interviennent 
comme  correctifs  en  raison  de  l'excitation  vive,  gaie  et  con- 
tinue qu'elles  produisent,  tandis  que  l'excitation  provoquée 
par  les  autres  essences  est  éphémère*  L'essence  d'absinthe 
surtout  doit  être  relativement  innocentée  puisqu'un  homme 
peut  prendre  à  jeun,  en  une  fois,  sans  accident,  pendant 
plusieurs  jours  de  suite,  la  quantité  d'essence  d'absinthe 
contenue  dans  un  litre  de  liqueur.  En  outre,  tons  les  troubles 
observés  par  MM.  Cadéac  et  Albin  Meunier  ont  été  obtenus 
sans  faire  usage  d'alcool  et  tous  les  animaux  empoisonnés 
par  ces  essences  ont  présenté  à  l'autopsie  toutes  les  altéra- 
tions anatomiques  du  cœur,  du  poumon,  du  foie,  des  reins, 
du  bulbe  et  du  cerveau,  propres  à  l'alcoolisme.  D'ailleurs 
l'alcool  à  70  degrés  qui  entre  dans  la  liqueur  d'absinthe  est 
toujours  dilué  au  moment  où  elle  est  bue  et  l'on  ne  prend 
plus  qu'un  liquide  à  8  ou  10  pour  iOO,  titre  d'un  vin  ordi- 
naire, ce  qui  atténue  considérablement  ses  effets.  Ce  n'est 
donc  ni  l'alcool  en  particulier,  ni  l'essence  d'absinthe,  ni  le 
mélange  de  ces  deux  substances  qu'on  doit  exclusivement 
incriminer,  mais  bien  toutes  les  essences  composantes  et 
surtout  les  essences  d'anis  et  de  badiane.  A  considérer  la 
formule  type  de  la  liqueur  d'absinthe,  les  neuf  essences  ont 
incontestablement  leur  part  de  responsabilité  dans  les 
troubles  qu'amène  la  liqueur  et  qu'on  a  résumés  sous  le 
nom  d'absinthisme  ;  n'aurait-il  pas  été  plus  vrai  de  dire 
anisisme?  C'est  en  effet  l'essence  d'anis  c^ui  est  la  cause 
principale  des  accidents  les  plus  graves;  si  bien  que,  pour 
ralentir  les  progrès  toujours  croissants  de  Tabsinlhisine,  il 
n'y  aurait  peut-être  qu'à  modifier  la  composition  de  la 
liqueur,  en  augmentant  légèrement  la  proportion  des 
essences  bienfaisantes  et  en  diminuant  la  quantité  d'anis, 
de  badiane  et  de  fenouil.  Cependant  il  ne  faut  i)as  oublier 
que  toutes  ces  essences  ont  une  action  immédiate  sur  le 
cerveau  qu'elles  frappent  d'emblée  pour  l'exciter  ou  pour  le 
paralyser.  Aussi  l'usage  continu  de  la  liqueur  d'absinthe  ne 
peut-il  produire  que  des  effets  désastreux  sur  le  système 
nerveux.  Ces  effets  ne  sauraient  être  compensés  par  les  pro- 
priétés antiseptiques  très  actives  de  certaines  essences  qui 
entrent  dans  celte  liqueur.  —  (Le  travail  de  MM.  Cadéac  et 
Albin  Meunier  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission 
composée  de  MM.  Ollivier  et  Laborde.) 

Chimie. — M.  Prunier  rend  compte  de  ses  recherches 
chimiques  concernant  l'action  des  sulfures  sur  le  chloral  et 
sur  le  chloroforme.  Après  avoir  étudié  les  conditions  dans 
lesquelles  on  doit  pratiquer  la  réaction  classique  de  Baudri- 
mont,  il  a  découvert  un  procédé,  qui  fournit  en  abondance 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE      i3  Septembre  1889 


les  dérivés  sulfurés  et  oxysulfurés  des  groupes  méthylique 
et  étbylique  avec  divers  polymères,  offrant  un  réel  intérêt  au 
point  de  vue  théorique  et  général. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

CHIRURGIE 

Hernie  onMIleale  de  rotérnsiiravldo,  par  M.  Ch.-Ë.  HagNER. 
—  La  malade  avait  eu  deux  grossesses  antérieures;  trois  mois 
après  la  seconde  survint  une  hernie  ombilicale,  pour  laquelle 
elle  porta  bandage  de  juin  1886  à  février  1889.  A  celte  époque, 
elle  accoucha  pour  la  troisième  fois.  Le  travail,  la  rupture  des 
membranes  s'effectuaient  régulièrement  lorsque  fut  ressentie 
une  douleur  vive  et  brusque,  et  Tutérus  s'engagea  dans  la 
hernie,  faisant  sous  la  peau  une  saillie  globuleuse  véritable- 
ment énorme,  dont  un  dessin  permet  de  se  rendre  compte.  La 
léte  étant  engagée,  le  forceps  fut  appliqué  sans  tarder  et  attira 
une  fille  vivante.  Après  délivrance,  l'utérus  réintégra  sans  peine 
la  cavité  abdominale  et  finalement  la  malade  guérit,  sans  con- 
server un  anneau  plus  distendu  qu'avant  cette  complication. 
{A  case  of  hernia  of  parturient  utérus  through  the  linea  alba, 
in  Joum,  of  the  ximer.  med,  Assoc,  4889,  t.  XII,  p.  302.) 

Plaies  de  ratedonen,  par  M.  A.-F.  WlNOGRADOFP.  —  Une 
femme  de  trente  ans,  enceinte,  était  à  trois  semaines  environ 
de  son  terme,  lorsque  son  mari,  rentrant  ivre,  la  força  à  un 
coït  au  milieu  duquel  elle  eut  quelques  douleurs  et  cria.  Furieux, 
Thomme  saisit  un  instrument  en  bois  long  de  deux  pieds  et 
quatre  pouces,  avec  lequel  il  fourragea  dans  le  vagin.  L'hémor- 
rhagie  fut  abondante  et  dix  heures  après  la  patiente  accoucha 
d'un  enfant  qui  bientôt  succomba.  Les  suites  de  couches  furent 
normales,  à  part  une  douleur  persistante  dans  le  ventre.  Fina- 
lement on  constata  qu'il  existait  un  corps  étranger  mobile  dans 
l'abdomen  et  une  plaie  du  vagin.  La  laparotomie  permit  d'extraire 
un  morceau  de  bois  long  de  185  millimètres,  sur  35  de  large  et 
75  dix-millimètres  d'épaisseur  :  le  mari  avait  brisé  son  arme.  La 
malade  guérit.  {Russkaia  med,,  1888,  n^  21,  d'après  Annals  of 
sargery,  1889,  t.  IX,  p.  2i8.) 

J.-H.  Packard.  Observation  d'un  garçon  de  douze  ans  qui  eut 
l'abdomen  ouvert  par  une  scie  circulaire.  Issue,  avec  l'épiploon, 
de  l'intestin  blessé  en  plusieurs  endroits.  Suture  et  réduction 
de  l'intestin,  après  débridement  de  la  plaie.  Guérison.  {Jourti. 
ofthe  Amer,  med,  Ass.,  1889,  t.  XII,  p.  275.) 

■«aparoioniles  diverses,  par  M.  H.-C.  Dalton.  —  Relation  de 
seize  opérations  qui  ne  sont  pas  toutes  des  laparotomies  au  sens 
propre  du  mot.  Ainsi  pour  un  cas  de  péritonite  iliaque  enkystée 
guérie  par  l'incision  franche  et  la  résection  de  l'appendice  iléo- 
cœcal  perforé  (obs.  I);  de  même  l'observation  IX,  relative  à  un 
anus  artificiel,  mortel,  par  iyphlite  gangreneuse.  Neuf  observa- 
tions concernent  les  plaies  de  l* abdomen,  et  la  laparotomie  n*y 
est  pas  constante.  Il  y  a  un  fait  de  réduction  simple  de  l'esto- 
mac (obs.  111)  et  de  l'épiploon  (obs.  IV)  hernies.  Deux  observations 
de  plaie  thoraco-abdominale  avec  plaie  du  diaphragme  à  travers 
laquelle  sort  l'intestin;  le  diaphragme  fut  suturé;  guérison.  Les 
cas  où  il  y  a  eu  laparotomie  sont  au  nombre  de  cinq  (obs.  II,  X, 
XI,  XII,  XIII).  Deux  fois  l'intestin  lésé  a  été  suturé,  les  deux 
malades  sont  morts.  Chez  trois  autres  l'intestin  a  été  trouvé 
sain,  un  épanchement  sanguin  abondant  a  été  évacué;  deux 
guérisons,  une  mort.  Chez  un  des  malades  guéris,  l'intégrité  de 
l'intestin  a  été  constatée  à  l'aide  de  l'insufflation  par  l'hydro- 
gène, suivant  la  méthode  de  Senn.  A  côté  des  plaies  de  l'intes- 
tin, signalons  une  suture  après  toilette  péritonéale  pour  un 
ulcère  perforant  de  l'estomac,  mort  (obs.  VIII). 

L'observation  XV  a  trait  à  une  hernie  inguinale  étranglée, 
par  pincement  latéral  de  l'intestin  à  l'anneau  interne.  Il  y  avait 
bien  une  légère  tuméfaction  de  l'aine,  et  le  diagnostic,  en  pré- 
sence d'accidents  d'occlusion,  admit  la  probabilité  d'une  hernie 


étranglée.  Mais  dans  l'incertitude,  la  laparotomie  médiantf  fnt 
pratiquée;  guérison. 

Deux  observations  (XIV  et  XVI)  de  cholécystotomiey  une  heu- 
reuse chez  un  homme  de  trente  ans,  ivrogne,  paludiqae,  atleui! 
de  tumeur  biliaire  non  calculeuse;  une  mortelle  sur  ud  autn> 
ivrogne  de  quarante-cinq  ans,  opéré  in  extremis,  dont  la  tumeu- 
biliaire  dépendait  d'un  rétrécissement  inflammatoire  du  cholt> 
doque.  (Report of sixteen cases  o f  laparotomy jin  Ann.  ofêur^-, 
1889,  t.  IX,  p.  88.) 

ABuneonfreBatare,  par  M.  F.DlLLNËK.— Relevé  de  Irenle-sep' 
anus  contre  nature.  Toutes  les  variétés  y  sont  représentées  :  auu> 
chirurgical  et  anus  artificiel.  Les  observations  où  il  y  a  eu  inter- 
vention opératoire  sont  rapportées  tn  extenso,  et  Ton  Itoum 
sept  opérations  de  suture  après  entéreetoroie  circulaire,  av<n 
trois  guérisons  et  quatre  morts  (dont  une  indépendante  dt 
Taote  chirurgical,  par  perforation  de  la  vésicule  biliaire).  Un  d*-- 
décès  est  dû  à  une  péritonite  purulente,  les  sutures  ayant  éir 
'insuïCisBnies,  {ZurCasuistik des  Anus prœternaturaliSj  in  Arck, 
f.  klin.  Chir.,  1889,  t.  XXXVIÏI,  p.  771.) 

Opémtions  sur  les  voles  sénlte-arlnalre»  de  l^konime,  pair 
M.  F.  Parone.  —  1"  Trois  observations  de  réunion  imroédiau* 
après  taille  périnéale  médiane.  Une  sonde  à  demeure  a  été  placée 
et  il  a  été  de  plus  rais  dans  le  rectum  un  ballon  spécial  (avec 
canal  central)  en  sorte  que  le  col  était  comprimé  par  la  5onde 
et  qu'il  n'y  a  pas  eu  contact  de  l'urine  avec  la  plaie  ;  2*  trot> 
observations  d'érection  incomplète  par  dilatation  variqueuse  do 
la  veine  dorsale  de  la  verge.  La  veine  malade  a  été  oblitérée  par 
une  injection  de  chloral.  Guérison;  3"*  deux  autoplasties  pour 
exstrophie  de  la  vessie;  assez  bon  résultat.  (Alcuni  operaziom 
ogli  organi  urinarii  masch,,  in  Arch.  di  ortopedia,  1888, 
p.  9.) 

Chimrsie  da  inrynx,  par  M.  MoRiTZ  ScttMiOT  (de  Franckfort- 

sur-Ie-Mein).  —  Simple  relation  d'observations:  1"  une  exlirpa- 
tion  totale  pour  cancer  sur  une  femme  de  cinquante-qualn^ 
ans,  enrouée  depuis  1879  et  opérée  en  1883.  L'extirpation  du 
larynx  a  été  faite  le  10  juin,  après  de  longues  tergiversations:  il 
existait  en  novembre  188^  des  accidents  inflammatoires  que  Ton 
attribuait  à  une  périchondrite,  et  un  abcès  fut  ouvert.  LMncision 
se  cicatrisa  en  cinq  semaines.  Les  accidents  recommencèrent  et 
en  juin  on  fit  l'opération  définitive  ;  on  se  proposait  d'enlever  le 
cricoîde  cru  nécrosé,  et  le  tout  se  termina  par  l'extirpation  do 
larynx.  Guérison  et  application  du  larynx  artificiel  de  M.  Brans. 
Au  bout  de  vingt  et  un  mois,  début  de  récidive  dans  la  paroi 
latérale  du  pharynx,  et  mort  en  quatre  mois;  2*  une  hémi- 
laryngectomie  pour  cancer  sur  un  homme  de  quarante-sept  an'?, 
enroué  depuis  un  an,  dyspnéique  depuis  trois  mois.  Un  traite- 
ment antisyphilitique  explorateur  a  donné  un  coup  de  fouel  au 
néoplasme.  Opéré  le  16  juin  1886;  pas  de  récidive  le  11  juillet 
1888  (il  y  a  eu  examen  histologique  de  cet  épithélioraa)  ;  3*dru\ 
ablotions  de  cancer  par  la  thyrotomie.  Opérations  ancienm> 
(1867  et  1860),  suivies  de  repullulation  immédiate  du  mal. 
4<»  une  hémilaryngectomie  pour  rétrécissement  cicatriciel  sur 
une  femme  de  vingt-huit  ans.  Guérison  ;  5"  trois  thyrotomin 
pour  papillomes  multiples  chez  des  enfants  (neuf  mois,  lroi.< 
ans  et  demi,  huit  ans).  Deux  fois  il  y  a  eu  une  récidive,  com- 
battue par  une  seconde  opération.  Il  faut  cautériser  à  Facide 
laclique  les  surfaces  d'implantation.  {Beitràge  zur  laryngo- 
chirurgischen  Casuistik,  in  Arch.  f.  klin.  Chir.,  1881», 
t.  XXXVIII,  p.  686.) 

Gastrostonie,  par  M.  W.-B.  RoGERS.  —  Histoire  d'un  homme 
de  vingt-quatre  ans,  atteint  de  rétrécissement  œsophagien  con- 
sécutif à  l'ingestion  d'un  liquide  caustique.  L'opération  a  duré 
une  heure  dix  minutes.  L'opéré  a  guéri  et  il  a  été  revu  six  mois 
après.  La  fistule  est  petite  ;  le  rétrécissement  n'a  pas  été 
amélioré  depuis.  {On  the  question  of  gastrostomy,  with  a 
report  of  a  successfull  ca.^n,  in  Ann,  of  surg.,  1889,  t.  IX, 
p.  81.) 


iâ  Septeubrb  1889     GAZETTE  HEBDOMADAIRBIDE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  37  —    599 


M^0«iteki  ■taitompieM  de  rampatatlon  du  sein  pour  eaacer- 

pnr  M.  J.-A.  KORTEWEG  (de  Groningue).  —  Â  laide  de  relevés 
statistiques  empruntés  à  AVI  ni  war  ter,  Oldekop,  Sprengel,  Uilde- 
brand  et  Kuester,  Korteweg  soutient  que  les  opérations  précoces 
sont  suivies  de  moins  de  survie  que  les  autres.  Les  cancers  qui 
on  t  des  allures  telles  qu'on  les  opère  de  bonne  heure,  sont  en 
etfet  de  nature  maligne,  et  après  Tintervention  la  récidive  est 
rapide.    Elle   est  plus  tardive,   au  contraire  pour  ceux   qui, 
d^essence  plus  bénigne,  sont  mieux  tolérés  et  dès  lors  sont  en 
moyenne  opérés  plus  tard.  Pour  les  cancers  à  marche  relative- 
ment lente,  les  chances  de  cure  radicale  sont  assez  sérieuses 
pour  qu'on  ne  recule  pas  devant  certaines  interventions,  dont  la 
gxavité  est  telle  qu'on  hésite  à  les  entreprendre  s'il  s'agit  d*un 
cancer  à  marche  rapide.  Mais  au  total  ce  degré  de  malignité  est 
souvent  bien  difficile  à  apprécier  et  en  somme  il  ne  ressort  de 
tout  cela  aucun  principe  chirurgical  bien  neuf;  il  faut  enlever 
tous  les  cancers  aussi  vite  que  possible.  Vu  point  plus  intéressant 
est  l'étude  sur  la  fréquence  et  la  valeur  pronostique  de  l'adéno- 
pathie   axillaire.  Ici,   les    dates   acquièrent    de  l'importance. 
De    1867  à   1876,  Billroth  opère  soixante   cancers  simples  et 
quatre-yiogi-dix  aveq  adénopathie;  Esmarch,  de  1868  à  1875,  a 
la  proportion  de  80  pour  120;  Yolkmann,  de  1874  à  1878,  donne 
celle  de  25  pour  100;  Kœnig  enfin,  de  1875  à  1885,  n'arrive  plus 
qu'au  chiffre  de  25  pour  125.  Cela  tientd'abord  à  la  hardiesse  opé- 
ratoire plus  grande.  D'autre  part,  on  avait  crainte  autrefois  d*aller 
curer  l'aisselle,  car  la  mort  en  résultait  souvent;  aussi  avait-on 
tendance  à  qualifier  d'adénite  simple  dos  engorgements  légers 
aujourd'hui  reconnus  malins  et  extirpés  sans  délai.  Si  mainte- 
nant on  étudie  la  valeur  pronostique,  on  constate  que  les  guéri- 
sons  dites  radicales  sont:  Billroth,  cancers  simples,  10  pour  100; 
avec  adénopathie,    2  pour  100  ;  Esmarch,    cancers    simples, 
U  pour  100;  avec  adénopathie,  7  pour  100;  Volkmann,  cancers 
simples,  17  pour  100;  avec  adénopathie,  8  pour  100;  Kœnig, 
cancers  simples,  36  pour  100;  avec  adénopathie,  10  pour  100, 
{Die  statistiêchen  ResuUate  der  Amputation  des  Brustkrebses, 
in  Arch.  f.  klin.  Chir.,  1889,  t.  XXXVllI,  p.  679.) 


BIBLIOGRAPHIE 

lie  l'hémiplégie  dami  «oelqnM  affections  nerveues 
(aUixle  loeomotrlee  progrreeelvey  aelérese  en  pin^inea* 
liyetérle,  pnraiyele  nffltante),  par  M"«  EOWARDS.  Thèse 
de  doctorat,  1889. 

H""  Edwards  s'est  attachée  dans  cette  étude  à  l'hémiplégie 
en  tant  que  complexus  syraptomatiqne.  Elle  a  rapproché  un 
certain  nombre  d'observations  d'hémiplégies  survenues  au 
cours  de  maladies  nerveuses  appartenant  à  ce  que  M.  Charcot 
appelle  la  famille  neuropathotogic[ue;  elle  a  comparé  ces 
hémiplégies  entre  elles,  elle  a  entin  cherché  à  préciser  les 
ressemblances  et  les  différences  qui  existent  entre  ces 
hémiplégies-là  et  l'hémiplégie  pour  ainsi  dire  classique  nue 
causent  le  ramollissement  cérébral  ou  l'hémorrhagie.  Selon 
toute  vraisemblance,  les  cas  semblables  sont  nombreux,  et,  si 
on  ne  les  reconnaît  pas  toujours  dans  la  pratique, c'est  qu'on 
ne  se  donne  pas  la  peine  de  les  chercher. 

Dans  un  avant-propos  très  court,  l'auteur  étudie  le 
syndrome  hémiplégie,  puis  il  passe  à  l'hémiplégie  des 
ataxiques  qu'il  montre  fugace  la  plupart  du  temps,  .sans 
lésion  positive  et  à  début  plus  ou  moins  rapide. 

Dans  la  sclérose  en  plaques,  ce  que  1  on  remarque  de 
plus  caractéristique  c'est  le  jeune  âge  des  sujets,  la  fugacité 
et  la  mobilité  du  syndrome;  enfin,  d'autres  paralysies, 
surtout  des  paralysies  oculaires,  le  tout  avec  des  réflexes 
forts,  voire  même  de  la  trépidation  spinale. 

M"*  Edwards  consacre  un  long  article  à  l'hémiplégie 
hystérique.  Son  étude  résume  très  bien  tout  ce  qui  s'est  dit 
depuis  trois  ou  quatre   ans  sur   l'hémiplégie  hystérique. 


traumatique  ou  spontanée,  sur  Vapoplexie  ?  hystérique  ; 
enfin,  sur  les  paralysies  unilatérales  motrices  et  sensitives 
des  saturnins  et  des  intoxiqiiés  en  giMiéral. 

Les  caractères  fondamentaux  de  Thémiplégie  hystérique 
sont  très  bien  mis  en  lumière. 

Pour  ce  qui  est  de  la  maladie  de  Parkinson,  H"''  Edwards 
nous  apprend  que  cette  affection  peut  avoir  un  début  unila- 
téral qui  rappelle  l'hémiplégie  par  la  raideur  et  la  difficulté 
des  mouvements  d'un  côté  du  corps,  par  la  fixation  des 
traits  et  quelquefois  une  déviation  spasmodique  d'un  côté 
de  la  face. 

La  constatation  des  autres  signes  de  la  maladie  de 
Parkinson  est  nécessaire  pour  asseoir  le  diagnostic. 

En  $omme,un  caractère  commun  à  toutes  ces  hémiplégies 
hétérogènes,  c'est  que  l'on  n'a  encore  pas  pu  déterminer 
d'une  façon  sûre  la  lésion  qui  détermine  ce  syndrome. 

P.  B. 


La  verruga  peruana,  Daniel  A.  Carrion.  —  Lima,  imprenla 
del  Estado,  in-8«,  1886. 

La  verruga  du  Pérou  est  une  pyrexie  à  forme  irré^uliùre, 
endémique,  non  contagieuse,  accompagnée  d*uae  anémie  pro- 
fonde et  caractérisée  surtout  par  des  douleurs  et  des  contractures 
musculaires,  des  douleurs  plus  ou  moins  intenses  dans  les  arti- 
culations et  les  os,  par  une  éruption  polymorphe,  par  une  marche 
cyclique,  de  durée  généralement  longue,  quoique  variable,  et  sur 
laquelle  le  traitement  est  sans  influence,  sans  compter  les  nom- 
breuses complications  qu'elle  peut  entraîner.  Telle  est  la  défini 
tion  que  donne  de  cette  terrible  maladie  Fopuscule  que  nous 
avons  sous  les  yeux.  C'est  cette  maladie  que  Daniel  A.  Carrion, 
par  dévouement  pour  la  science  et  l'humanité,  s'est  fait  ino- 
culer, comme  nous  l'avons  annoncé  en  son  temps*  (Gaz, 
kebd.j  n"*  52,  1885),  et  qui  a  entraîné  sa  mort.  L'opuscule  donno 
la  description  complète  de  la  maladie,  avec  des  ooservations  et 
en   particulier  celle  de  Carrion   prise  par  lui-même   pendant 

Slusieurs  jours,  aussi  longtemps  qu'il  lui  fut  possible  d'écrire  ou 
e  dicter.  Dans  un  discours  lu  à  la  Société  €  Union  Fernandina  » 
à  l'occasion  de  Tanniversaire  de  la  mort  de  Carrion,  discours 
imprimé  dans  Topuscule,  en  môme  temps  que  d'autres  docu- 
ments sur  ce  martyr  de  la  science,  nous  trouvons  la  proposition 
de  remplacer  en  son  honneur  les  noms  de  verruga  et  de  fièvre 
d'Aroya  par  celui  de  maladie  de  Carrion. 

AnNUAL  report  OF  THE   BOARD    OF   REGENTS  OF  THE   SMITHSONIAN 

INSTITUTION,  etc.  Part.  IL    ln-8«.   —   Washington,    goverum. 
printing  office,  1886. 

Cette  seconde  partie  du  rapport  annuel  renferme  surtout  la 
description  détaillée  de  la  galerie  indienne,  peinte  par  George 
Catlin  et  placée  au  Musée  nationale  des  Etals-Unis  d'Amérique  ; 
histoire,  géographie,  statistique,  anthropologie,  ethnographie, 
archéologie,  etc.,  toutes  ces  sciences  sont  représentées  dans  le 
savant  mémoire  que  Donaldson  a  consacré  à  son  illustre  compa- 
triote et  à  ses  intéressants  tableaux.  Un  grand  nombre  de  figures, 
portraits,  reproductions  de  tableaux,  et  plusieurs  cartes  accom- 
pagnent ce  mémoire.  Mais  on  ne  peut  se  défendre  d'un  senti- 
ment de  tristesse,  lorsqu'on  parcourt  ces  nombreuses  gravures, 
en  songeant  que  les  tableaux  de  Catlin  seront  dans  un  avenir 
prochain  tout  ce  qui  restera  des  tribus  indiennes  qui  habitaient 
le  territoire  des  Etals-Unis  et  qui  périssent  et  disparaissent  avec 
une  rapidité  extrême  au  contact  de  la  civilisation  yankee. 


VARIÉTÉS 

nicrobea  ei  mlerobie  h  l'Exposition  anlvcrsclle 
de  1889. 

(Fin.  —  Voyez  le  numéro  36.) 

Dans  la  partie  droite  de  la  vitrine,  nous  voyons  un  dessin 
figurant  un  bœuf  dont  la  peau  est  soulevée  par  de  nom- 
breuses tumeurs  noueuses.  Ce  dessin  représente  une  afiTec- 
tion  commune  chez  les  bovidés  de  la  Guadeloupe,  affection 


600    —  N*  37  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  "DE  CHIRURGIE      43  Septembre  1889 


que  M.  Nocard  a  décrite  sous  le  nom  de  farcin  du  bœuf. 
N'allez  pas  croire  que  cette  affection  ait  quoi  que  ce  soit  de 
commun  avec  l'affection  farcino-morveuse  des  équidés  ;  le 
bœuf  est  à  l'abri  de  celte  maladie. 

Les  lésions  extérieures  seules  (lésions  ganglionnaires), 
que  représente  le  dessin,  ont  une  analogie  lointaine  avec 
les  lésions  extérieures  (farcineuses)  de  la  moi-ve.  A  côté  de 
ce  dessin,  nous  voyons  une  photographie  du  microbe  qui 
forme  des  amas  enchevélrés,  inextricables,  1res  curieux. 

Les  cultures  dece  microbe  dans  le  bouillon  et  sur  la  pomme 
de  terre  ne  sont  pas  moins  dignes  d'attention.  Dans  le  bouillon 
(quatre  malras  Pasteur  et  un  matras  d'ËrIenmeyer  sont  les 
échantillons  de  celle  culture  dans  l'exposition  de  M.  Nocard), 
la  culture  du  farcin  du  bœuf  forme  des  amas  tombant  au 
fond,  ou  bien  s'étalant  à  la  surface,  à  la  façon  des  yeux  du 
bouillon  gras  figés  par  le  refroidissement,  à  la  façon  encore 
des  feuilles  de  nénuphar  dans  un  étang.  Sur  la  pomme  de 
terre,  et  cet  aspect  est  saisissant  sur  Téchanlillon  exposé, 
c'est  une  plaque  écailleuse,  sèche,  d'aspect  lichénoïde. 

Culture  de  la  tuberculose,  histoire  microbiquç  des  mam- 
mites,  du  farcin  du  bœuf,  tels  sont  les  travaux  capilaux  de 
M.  Nocard,  dont  on  peut  voir  les  résultats  et  les  échantil- 
lons dans  la  vitrine  qu'il  a  disposée  ;  mais  celle  vilrinc  con- 
tient encore  bien  d'autres  choses  que  nous  ne  saurions 
passer  sous  silence. 

Voici  tout  d'abord  une  série  de  cultures  de  microbes 
chromogènes  sur  pomme  de  terre,  |>armi  lesquels  on  remar- 
quera le  rouge  de  Kiel,  le  prodigiosus,  les  diverses  sar- 
cines,  le  lait  bleu.  Il  faut  retenir,  si  possible,  Paspecl  tout 
particulier  et  si  frappant  de  la  culture  de  morve  sur  pomme 
de  terre  :  peindre  cet  aspect  par  des  mois  est  impossible; 
le  mieux  est  de  voir,  La  forme  des  tubes  de  culUire  est  aussi 
digne  d'attention  ;  elle  représente  le  dernier  progrès  de  la 
culture  sur  pomme  de  terre.  Ceux  d'entre  nous  qui  ont  fré- 
quenté, il  y  a  seulement  trois  ans,  les  laboratoires  de 
microbie  ont  présentes  à  la  mémoire  ces  incommodes 
cloches  de  Koch  où  nous  cultivions  deux  ou  trois  pommes 
de  terre,  toujours,  hélas  !  recouvertes  de  champignons,  de 
moisissures,  étouffant  la  culture  ensemencée.  M.  Roux  a 
modifié  heureusement  cette  méthode,  en  imaginant  les 
tubes  dont  la  vitrine  de  M.  Cornil  donne  une  série  d'échan- 
tillons. Ce  tube  a  été  réduit  depuis  par  son  auteur  aux  pro- 
portions d'un  tube  à  essai  ordinaire;  une  petite  cl  coquette 
tranche  de  pomme  de  terre  repose  sur  le  fond  étranglé,  et 
la  manœuvre  de  tout  l'appareil  est  d'une  simplicité  sans 
égale,  que  ne  laissait  guère  prévoir  la  lourde  cloche  de  Koch, 
dont,  après  tout,  il  ne  faut  cependant  pas  trop  médire,  car 
ce  fut  1  appareil  initiateur. 

Dans  la  partie  gauche  de  la  vitrine,  on  voit  un  certain 
nombre  de  tubes  de  culture,' compris  sous  l'étiquelte  géné- 
rale de  tuberculose  zooglœique.  Elle  est  bien  curieuse,  This^ 
toire  de  cette  tuberculose  zooglœique,  et  les  étiquettes  que 
portent  les  tubes  exposés  par  M.  Nocard  en  retracent  les 
phases  principales. 

Eli  1883,  MM.  Malassez  et  Vignal  inoculaient  un  groupe 
de  cobayes  avec  le  produit  d'un  nodule  tuberculeux  qu'ils 
trouvaient  sur  l'avant-bras  d'un  enfant  mort  de  méningite 
tuberculeuse;  les  cobayes  moururent  tous  rapidement  avec 
des  lésions  tuberculeuses  généralisées,  et  les  inoculations 
en  série  reproduisirent  celle  tuberculose  rapide  qui  ne  con- 
tenait pas  un  bacille  de  Koch,  pas  un  seul,  mais  des  micro- 
coques en  zooglées.  On  se  rappelle  le  bruit  que  fit  alors  le 
travail  de  MM.  Malassez  et  Vignal;  on  pensa  avec  eux  h  une 
morphologie  nouvelle  dit  bacille  de  Koch.  Mais,  en  1884, 
MM.  Malassez  et  Vignal,  revenant  sur  leur  travail  de  1883, 
émettaient  l'opinion  qu'il  y  avait  là  deux  infections  difl'é- 
rentes. 

M.  Chantemesse  retrouva  celte  tuberculose  zooglœique 
par  l'inoculation  à  des  cobayes,  d'un  fragment  d'ouate,  sur 
laquelle  avait  filtré  de  Tair  d'une  salle  d'inhalation  pour 


tuberculeux  dans  une  de  nos  stations  thermales.  M.  Nor««r. 
aussi  la  retrouva  dans  des  poumons  de  poules,  qu'on  avait  a 
tort  crues  mortes  de  tuberculose  ordinaire. 

En  1889,  MM.  Grancherel  Ledoux-Lcbardreproduisaiem 
encore  cette  tuberculose  zooglœique.  Elle  était  déterminêf 
cette  fois  par  l'inoculation  à  un  cobaye  de  l'eau  qui  aTaiti 
filtré  sur  une  terre  arrosée  précédemment  avec  une  cullnnr  I 
du  bacille  de  Koch.  MM.  Grancher  et  LedoUx-Lebard  tra- 
cèrent complètement  l'histoire  de  cette  tuberculose  expé- 
rimentale et  en  montrèrent  l'analogie  d'une  part  avec  U 
tuberculose  de  Malassez  et  Vignal,  et  de  l'autre  avec  les 
maladies  tuberculiformes  expérimenlales,  décrites  dan> 
l'intervalle  par  M.  Dor  et  par  m.  Roger. 

M.  Nocard  retrouvait  encore  une  fois,  vers  la  inênni? 
époque,  ce  curieux  microcoqoe,  le  cultivait  et  le  comparait 
lui  aussi  à  ceux  de  MM.  Grancher  et  Ledoux-Lebard,  Dor 
Roger.  Telle  e-t  l'histoire  intéressante  à  plus  d'un  point 
que  retracent  les  cultures  exposées  dans  la  vitrine. 

Je  voudrais  insister  aussi  sur  un  groupe  de  cultures  tout 
voisin  qui  porte  Tétiquette  de  Maladies  rouges  du  porc: 
mais  cet  article  est  déjà  long  et  c'est  un  sujet  sur  \equet 
nous  aurons  l'occasion  de  revenir. 

Dans  ce  groupe  des  Maladies  rouges  du  porc  nous  trou- 
vons un  tube  de  septicémie  des  souris.  Il  n'y  a  aucune 
analogie  de  nature  entre  la  septicémie  des  souris  et  le 
rouget  ou  la  pneumo-entérile  des  porcs;  mais  regardez  de 
près  et  vous  comprendrez  pourquoi  les  cultures  de  septi- 
cémie des  souris  ont  été  rapprochées  de  celles  du  roufret  : 
l'n&pecl  des  cultures  dans  la  gélatine  par  piqûre  est,  à  de 
très  légères  dtiVérences  près,  identique  pour  la  septicémie 
des  souris  et  le  rouget. 

Dans  la  partie  droite  de  la  vitrine  vous  remarquerez. 
toute  «ne  série  de  tubes  doubles  en  U  renversé,  fermés  en 
haut,  fermés  à  leurs  eflilures  latérales  :  ce  sont  des  iu\w> 
pour  la  culture  des  annérobies^  qui  ne  se  plaisent  qu'à 
1  abri  de  l'oxygène,  dans  le  vide  ou  en  présence  de  î^az 
incries  :  hydrogène,  azote,  acide  carbonique.  Les  microb*-'* 
cultivés  et  exposés  sont  ceux  du  charbon  symplomatique,  dt> 
la  septicéniie  de  Pasteur  (vibrion  septique),  de  la  gourme, 
le  bacille  de  la  viande  rancc  et  le  bacille  du  tétanos. 

L'étiquette  du  tube  qui  contient  cette  dernière  culture 
porte  le  titre  :  Culture  mixte.  L'inoculatien  de  cette  cul- 
ture a  plusieurs  fois  repi*oduit  le  tétanos,  mais  malgré  de 
persistants  efforts,  le  microbe  de  Nicolaier  n'a  pu  être  isolé 
à  l'étal  de  pureté  par  M.  Nocard.  Un  savant,  qui  li*availie 
dans  le  laboratoire  de  Koch,  aurait  été  plus  heureux,  parait- 
il.  Nous  aurons  d'ailleurs  un  mot  à  dire  tout  à  l'heure 
encore  sur  la  culture  du  tétanos. 

Je  voudrais  seulement  retenir  l'attention  un  instant  sur 
les  cultures  dans  le  nde  à  l'aide  de  ces  tubes  doutdes  en  l . 
Ils  datent  de  loin  ces  lubeF,  et  ont  été  imaginés  par  M.  !*j>- 
tiur,  à  l'époque  de  ses  éludes  sur  le  vibrion  butyrique,  si  je 
ne  fais  erreur.  Ils  conslilucni  encore  aujourd'hui  avec  leurs 
analogues  les  tubes  simples,  les  instruments  les  plus 
parfaits  pour  la  culture  des  anaérobies  dans  les  liquide^. 
La  culture  de  ces  mêmes  microbes  dans  les  milieux  solrd**^ 
se  fait  dans  une  série  d'appareils  bien  ingénieux,  imagiu4''^ 
par  M.  Roux.  Ces  cultures  exigent,  il  est  vrai,  l'intervention 
de  la  pompe  à  mercure,  mais  un  laboratoire  de  microbie 
serait  d'ordre  inférieur  s'il  ne  possédait  un  de  ces  instru- 
ments; d'ailleurs  la  simple  trompe  à  eau,  qui  ne  coûte  pa> 
cher,  peut  suppléer  la  machine  à  mercure.  Il  faut  aussi  un 
gazomètre  pour  ces  cultures,  et  à  ce  propos  je  ne  pni< 
passer  sous  silence  le  gazomètre  à  hydrogène  imaginé  tout 
récemment  par  M.  Roux. 

Le  laboratoire  de  microbie  technique  de  l'Institut  Pas- 
leur  possède  pour  ces  cultures  dans  le  vide  une  instal- 
lation qui  est  une  merveille  de  rapidité  et  de  simpli- 
cité, et  quand  vous  l'aurez  vue,  si  vous  ne  la  connaissez 
déjà,   vous  comprendrez  difficilement  que  nus    proréd**^ 


13  Septembre  1889      GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N«  37  —    COi 


français  de  culture  des  auaérobies  soient  presque  inconnus 
ou  dédaignés  dans  certains  pays  de  Tétranger,  où  la  microbic 
est  Tort  en  honneur,  et  que  nos  voisins  s'acharnent  à  ima- 
giner chaque  jour  des  appareils  plus  incommodes  les  uns 
que  les  autres  quand  il  leur  suffirait  d'emprunter  les 
nôtres. 

La  vitrine  de  M,  Nocard  vous  montrera  aussi  des  cultures 
de  roicix)bes  anaérobies  sur  pomme  de  terre,  d'après  la 
méthode  de  M.  Roux. 

Cette  exposition  réunit  encore  une  collection  de  cultures, 
sur  gélatine  et  gélose,  de  divers  microbes  pathogènes,  cul- 
tures sur  lesquelles  nous  n'insisterons  pas  plus  longtemps; 
deux  cultures  de  charbon  qui  intéresseront  par  leur  ori- 
gine :  charbon  duchieUy  charbon  du  porc;  d'intéressantes 
aquarelles  de  M.  Nicolet,  représentant  des  lésions  tubercu- 
leuses de  rinlestin  du  cheval,  etc.,  etc. 

Avant  de  terminer  cet  article,  je  désire  mettre  deux  points 
en  luinière  : 

i''  Les  instruments; 

^'^  Les  méthodes  générales  de  culture  du  laboratoire  d'Al- 
fort. 

!*•  M.  Nocard  a  exposé  quelques  instruments  intéressants, 
tels  que  levase  à  sérum  (imaginé  par  M.  Roux  et  lui-même); 
un  appareil  pour  injecter  purement  dans  les  veines  et  le 
péritoine  une  grande  quantité  de  liquides;  un  petit  jeu 
d\iiguilles  extrêmement  ingénieux  pour  injecter  dans  le 
péritoine  des  petits  animaux  une  dose  élevée  de  liquide; 
enfin  quelques  pipettes  stérilisées..  Ce  petit  instrument, 
imaginé  par  M.  Pasteur,  est  la  base  de  toute  la  technique 
française  du  laboratoire  de  la  rue  Dutot  comme  de  celui 
d'AIfort. 

^2**  L'idée  des  méthodes  générales  de  culture  du  labora- 
toire ressort  de  l'ensemble  de  cette  exposition  :  éclectisme 
parfait,  adoption  des  méthodes  étrangères  dans  ce  qu'elles 
ont  de  bon,  mais  maintien  sévère  de  notre  belle  technique 
française  due  à  Pasteur  et  à  ses  élèves,  de  la  technique  de 
l'ancien  laboratoire  de  l'Ecole  normale,  qui  a  été  la  pre- 
mière en  date  et  qui  a  gardé  toute  sa  valeur  à  côté  des  pro- 
cédés nouveaux  d'outre-Rhin  qui,  pour  excellents  qu'ils 
soient,  n'ont  pas  droit  à  la  supplanter.  Auprès  des  cul- 
tures sur  milieux  solides  (gélatine,  gélose,  pomme  de 
terre),  M.  Nocard  nous  montre  des  cultures  en  matras 
dans  le  bouillon,  le  lait,  il  nous  montre  des  cultures  dans 
le  vide;  il  nous  montre  du  lait  recueilli  purement  dans 
la  pipette  Chamberland,  prêt  à  être  versé  dans  les  matras 
de  culture,  du  suc  pancréatique  qui,  dans  certains  cas  (et 
le  charbon  tout  particulièrement),  donne  des  cultures  vrai- 
ment admirables,  etc.,  etc. 

Pour  résumer  cet  article,  que  j'ai  tenu  à  développer,  je 
dirai  que  l'exposition  de  M.  Nocnrd  est  digne  en  tout  point 
(Fintéresser  les  microbiologisles  de  profe.^sion  qui  pourront 
y  prendre  connaissance  de  visu  des  travaux  du  maître,  s'ils 
ne  les  connaissent  encore  que  par  la  lecture  ;  elle  intéresse 
aussi  les  médecins  et  les  vétérinaires,  moins  au  courant  de 
cette  science  :  Ceux-ci  verront  nettement  ici  ce  que  c'est 
qu'une  culture;  ils  prendront  connaissance  de  tous,  ces 
appareils  divers,  de  toutes  ces  méthodes  dont  les  journaux 
médicaux  les  ont  entretenus  avec  plus  ou  moins  de  détails, 
et  ayant  vu  ils  retiendront  et  se  formeront  une  conviction 
plus  forte. 

b.  Ecole  de  Lyon  (M.  Arloing).  —  J'ai  le  regret  de  dire 
que  l'Ecole  de  Lyon,  le  berceau  de  renseignement  vétéri- 
naire^ dont  son  directeur,  M.  Arloing,  vient  de  nous  conter 
l'intéressante  histoire,  n'a  pas  fait  un  effort  égal  à  l'Ecole 
(l'Alfort,  et  que  si,  à  tant  d'autres  points  de  vue,  son  expo- 
sition est  intéressante,  lamicrobie  n'y  est  pas  très  largement 
représentée. 

L'auteur  de  la  belle  étude  sur  le  charbon  symptomatique, 
un  des  livres  qui  font  le  plus  honneur  à  la  science  expéri- 
mentale française,  M.  Arloing,  n'a  exposé  que  deux  tableaux 


représentant,  l'un  les  microbes  de  la  péripneumonie,  l'autre 
le  microbe  auquel  ce  savant  a  donné  le  nom  singulier,  mais 
expressif,  de  B.  heminecrobiophilus. 

Des  microbes  de  la  péripneumonie  il  y  a  peu  de  chose 
à  dire  :  l'agent  pathogène  vrai  de  cette  affection  nous 
échappe  encore  entièrement  ;  l'étude  de  M.  Arloing  n'est 
qu'une  étude  d'attente,  un  jalon  sur  la  route  de  la  décou- 
verte attendue. 

Le  B.  heminecrobiophilus  est  de  naissance  récente; 
c'est  un  microbe  qui  ne  se  pl^^it,  on  le  sait,  que  dans  les 
tissus  en  nécrose,  et  qui,  inoliensif  en  dehors  de  cette  con- 
dition, exerce  alors  d'énormes  ravages;  les  visiteurs  pour- 
ront sur  la  planche  de  M.  Arloing  prendre  connaissance  de 
ce  microbe  original. 

c.  Ecole  de  Toulouse.  —  Toulouse  n'a  donné  qu'une 
photographie  de  son  laboratoire  de  microbie.  L'intéressante 
Ecole  de  Toulouse  est  donc  entrée  dajisle  mouvement;  elle 
y  marchera  avec  succès,  nous  en  sommes  assuré. 

III.  L'Institut  agronomique  (exposition  de  M.  Duclaux). 

M.  Duclaux  expose  deux,  belles  vitrines,  bien  digqes  de 
nous  arrêter,  et  sur  lesquelles  nous  voudrions  dire  plus 
encore  si  les  connaissances  spéciales  ne  nous  manquaient 
quelque  peu  à  cet  endroit,  nous  l'avouons  sincèrement. 

Le  tableau  qui  surmonte  cette  vitrine  porte  ces  mots  qui 
nous  sont  une  précieuse  indication  du  but  et  de  la  tendance 
de  l'exposition  de  M.  Duclaux  : 

Institut  national  agronomique  :  Laboratoire  de  fermenta- 
tions. Application  à  la  fabrication  de  la  bière,  du  vin,  du 
cidre,  à  la  distillerie  et  à  la  laiterie.  Directeur  :  M.  Du- 
claux. 

Le  laboratoire  que  dirige  M.  Duclaux  a  donc  un  but  net 
et  tranché  :  dégager  de  l'obscurité  qui  les  enveloppe  encore 
les  phénomènes  de  fermentation;  isoler  tous  les  agents  des 
fermentations  à  l'état  de  pureté,  et  appliquer  alors  les  dé- 
couvertes à  la  fabrication  raisonnée,  scientifique,  et  non 
plus  empirique  (au  moins  en  grande  partie)  des  liquides 
fermentes. 

L'étude  sur  les  levures  a  été  le  commencement  de  la 
microbie;  c'est  de  cette  étude,  étude  géniale,  on  peut  le 
dire  sans  crainte,  que  M.  Pasteur  s'est  élevé  à  ses  plus 
hautes  conceptions. 

Les  levures  sont  nombreuses,  elles  sont  bien  voisines 
comme  forme,  etc.,  et  cependant  que  de  différences  dans  les 
effets  produits  suivant  qu  une  seule  ou  plusieurs  intervien- 
nent !  Cette  étude,  pleine  des  promesses  les  plus  attrayantes, 
n'est  qu'à  ses  débuts;  la  création  d'un  laboratoire  spécial 
est  des  plus  heureuses;  quant  au  directeur  du  laboratoire, 
chacun  de  nos  lecteurs  sait  qui  il  est,  pas  n'est  besoin  d'in- 
sister :  l'œuvre  est  en  bonnes  mains. 

M.  Duclaux  expose  deux  vitrines.  Voici  le  titre  de  ces 
deux  expositions  : 

1"  Microbes  intervenant  dans  la  coagulation  du  lait  et  dans 
la  fabrication  du  fromage; 

2°  Cultures  des  levures  de  vin,  de  bière  et  de  cidres 
dans  différents  milieux. 

i"  Nos  lecteurs  savent  sans  aucun  doute  que  M.  Duclaux 
a  réuni  dans  un  bien  intéressant  livre  toutes  les  belles 
études  qu'il  avait  successivement  publiées  sur  le  lait.  A 
ceux  qui  ne  l'ont  pas  lu,  l'exposition  renfermée  dans  cette 

f»remière  vitrine  inspirera  sans  doute  l'excellente  idée  de 
aire  plus  ample  connaissance  avec  tous  les  organismes, 
agents  des  maladies  du  lait,  dont  les  échantillons  nous  sont 
présentés  ici. 

Voici  d'abord  un  échantillon  de  lait  stérile,  lait  normal; 
puis  à  côté,  voici  toute  une  série  de  laits  coagulés  par  le 
tyrolhrix  tennis,  le  tyrothrix  geniculatus,  l'actinobacter,  le 
tyrolhrix  turgidus,  le  tyrothrix  urocephalum,  le  tyrothrix 
scaber,  le  tyrothrix  distortus,  le  tyrothrix  filiformis. 


Plus  loin  voici  tout  un  groupe  de  matras  qui  contiennent 
des  cultures,  dans  le  lait  et  le  Douillon,  de  ces  microbes  qui 
interviennent  dans  la  coagulation  du  lait  et  la  fabrication 
du  fromage  (tyrothrix  urocephalum,  distortus,  lurgidus, 
tenais,  actinobacter). 

M.  Duclaux  nou^  montre  d'une  part  les  liquides  de  cul- 
ture favoris  des  microbes  :  bouillon,  gélatine  ;  et  de  l'autre 
les  milieux  qui  conviennent  plus  spécialement  aux  levures: 
eau  de  malt,  jus  de  pommes  stérilisé,  eau  de  navets  sucrée. 

Enfin,  au  milieu  de  la  vitrine,  dans  de  longs  tubes  de 
gélatine  nous  voyons  des  cultures  de  levure  de  cidre,  levure 
anglaise,  levure  de  Bruxelles,  etc.,  dont  les  aspects  divers 
sont  très  tranchés. 

2"  Dans  cette  vitrine  nous  voyons  encore  des  cultures  de 
diverses  levures  de  cidre  sur  gélatine  ;  puis  des  matras 
nous  montrent  des  cultures  dans  des  liquides  variés  (eau 
de  navets  sucrée,  eau  de  malt,  etc.)  de  levure  de  cidre,  de 
levure  de  Bruxelles,  levure  anglaise,  etc. 

Nous  ne  voudrions  pas  quitter  la  galerie  du  quai  d'Orsay 
sans  signaler  la  série  de  planches  de  M.  Pasleur  sur  les 
micro-organismes  des  maladies  du  vin,au'exposeia  chambre 
syndicale  des  débitants  de  vin  de  la  Seine.  Ces.  planches 
sont  célèbres  :  nous  engageons  nos  lecteurs  à  y  jeter  un 
coup  d'œil.  Le  livre  du  maître  sur  les  maladies  du  vin  est 
devenu  rare;  ils  auront  là  l'occasion  de  faire  connaissance 
avec  cette  belle  œuvre. 

IV.  Les  vaccins  charbonneux. 

La  compagnie  de  vulgarisation  à  Vétranger  du  vaccin 
Pasteur  contre  les  maladies  charbonneuses  des  animaux 
a  fait  au  palais  de  l'Hygiène  et  de  l'Assistance  publique  une 
intéressante  exposition. 

Nous  voyons  d*abord  une  sorte  de  laboratoire  où  figurent 
un  autoclave,  un  four  à  flamber,  une  étuve  Pasteur,  quelques 

Pipettes  Chamberland,  etc.  Dans  cette  étuve  Pasteur  est 
exposition  des  vaccins  renfermés  dans  des  tubes  spéciaux 
à  extrémité  recourbée,  bouchés  au  caoutchouc,  éticjuelés 
sous  couleur  différente,  suivant  qu'il  s'agit  du  premier  ou 
du  deuxième  vaccin.  Ceux  qui  n'ont  jamais  eu  l'occasion  de 
voir  ces  vaccins  trouveront  ici  un  utile  enseignement.  Il 
n'est  pas  permis  aujourd'hui  d'ignorer  l'existence  de  ces 
précieux  tubes  qui  constituent  Tune  des  plus  admirables 
découvertes  du  siècle. 

Un  tableau  nous  indique  la  quantité  de  ces  vaccins  fournie 
à  l'étranger  par  la  compagnie  ;  elle  est  déjà  considérable,  et 
ne  fera  qu'augmenter  certainement.  Les  vaccins  charbon- 
neux ont  subi  à  Vienne  un  sérieux  assaut,  livré  par  une 
Ecole  qui  a  bien  du  mérite,  qui  a  fait  de  bien  beaux  tra- 
vaux, mais  ^ui  serait  plus  estimée  encore  si  elle  n'avait  le 
tort  de  croire  qu'elle  seule  a  la  vérité.  La  découverte  de 
M.  Pasteur  est  sortie  victorieuse  de  cet  assaut.  En  France 
le  vaccin  charbonneux  a  cause  gagnée,  il  en  est  de  même 
dans  plus  d  un  pays  étranger;  il  en  sera  de  même  dans  le 
pays  de  cette  Ecole  qui  ne  fera  jamais  croire  aux  agricul- 
teurs qu'il  vaut  mieux  continuer  à  perdre  du  bétail  par  le 
charbon  qu'ouvrir  les  yeux  à  la  vérité  venant  de  France. 

V.  La  Faculté  de  médecine    (exposition  de  M.  Cornil). 

Cette  exposition  est  renfermée  dans  une  vitrine  exiguë; 
elle  ne  comporte  que  quelques  tubes  de  culture,  en  tout, 
croyons-nous,  soixante-quatre  (trente-neuf  tubes  de  gélose 
et  vingt-cinq  tubes  de  pomme  de  terre).  Elle  n'en  est  pas 
moins  fort  intéressante  et  mérite  de  nous  arrêter. 

Le  laboratoire  de  bactériologie  de  la  Faculté  est  depuis 
bientôt  trois  ans  un  centre  important  d'enseignement; 
c'est  là  que  la  grande  majorité  des  médecins  initiés 
aujourd'hui  à  la  microbie  ont  été  faire  leur  instruction; 
c'est   là  qu'ils   ont   été   se    former   sous   les    leçons  et 


la  direction  du  docteur  Chantemesse.  C'est  là  que  pour 
la  première  fois,  si  nous  ne  nous  trompons,  la  mirnv 
bie  (on  dit  bactériologie  à  la  Faculté  ;  c'est  un  mot  alle- 
mand qu'il  faudrait  rayer  de  l'appellation  d'une  science 
française)  a  été  publiquement  enseignée.  De  ce  laboratoire 
sont  sortis  des  travaux  remarq^uables  que  nous  devon> 
énumérer  pour  mieux  faire  saisir  le  caractère  de  l'exposi- 
tion que  nous  décrivons. 

C'est  d'abord  une  magistrale  étude  sur  la  fièvre  typhoïde, 
par  MM.  Chantemesse  et  Widal,  étude  qui  a  fait  grand  bruit 
en  France,  et  qui  méritait  l'attention  dont  elle  a  été  l'objet. 
Les  caractères  du  bacille  d'Eberth  ont  été  nettement  fixés 
par  MM.  Chantemesse  et  Widal;  la  recherche  dans  le> 
eaux  potables  a  été  décrite  et  les  méthodes  en  ont  été  pré- 
cisées; enfin  les  auteurs  cités  encadraient  dans  leur  étude 
une  remarquable  page  d'épidémiologie  sur  le  rôle  de  Teaa 
de  Seine  dans  la  genèse  de  la  fièvre  typhoïde  à  Paris,  rôle 
que  les  circonstances  présentes  mettent  une  fois  de  plus  ea 
lumière. 

C'est  encore  dans  ce  laboratoire  de  la  Faculté  qoa 
été  faite  l'élude  de  la  pneumo-entérîte  infectieuse  des 
porcs.  Un  mot  sur  cette  question  intéressera  sans  doute  no^ 
lecteurs  moins  familiers  avec  les  maladies  rouges  du  porc 
qu'avec  la  fièvre  typhoïde  humaine. 

MM.  Pasteur  etihuillier  ont  les  premiers  décrit  et  étudié 
dans  sa  cause  intime  une  maladie  rouge  du  porc  qui  fai^^ait 
de  grands  ravages  dans  le  département  de  Vaucluse  : 
cette  maladie  c'est  le  rouget^  (|ue  caractérisent  une  marche 
rapide  et  des  suffusions  sanguines  tachant  la  peau  en  rouge 
sombre,  violacé,  dans  toute  son  étendue,  mais  prenant  plus 
d'intensité  encore  en  certaines  régions  (oreilles,  ventre,  face 
interne  des  membres,  région  vulvo-anale).  Le  microbe, 
cause  de  cette  affection,  était  un  bacille  d'une  extrême 
ténuité.  Expérimentalement  la  maladie  tuait  le  pigeon,  le 
lapin,  mais  respectait  absolument  le  cobaye. 

Mais  cette  maladie  rouge  du  porc  n*était  pas  la  seule  ;  en 
Allemagne,  en  Angleterre,  en  Amérique,  dans  le  Dane- 
mark, divers  auteurs  étudiaient  une  maladie  infectieuse, 
épidémique,  du  porc,  caractérisée,  elle  aussi,  par  des 
suffusions  sanguines  sous-cutanées,  mais  différant  par  l'in- 
tensité des  lésions  intestinales  et  pulmonaires;  aifférant 
par  l'agent  pathogène,  bacille  ovoïde  sans  aucune  analogie 
avec  le  fin  bacille  du  rouget;  différant  enfin  par  les  résul- 
tats expérimentaux  :  ici  le  cobaye  inoculé  succombait  avec 
assez  de  rapidité.  Cette  maladie  distincte  du  rouget  fut 
bien  étudiée  en  Allemagne  par  Schutze  qui  lui  donna  le 
nom  de  schweine-seuche ,  incomplètement  en  Angle- 
terre par  Klein  {pneumo-enteritis  infectious\  en  Dane- 
mark par  Bang,  en  Amérique  enfin  par  Detmers  et  surtout 
Salmon  qui,  sous  le  nom  de  hog-choléra,  en  a  donné  une 
description  excellente  de  tous  points.  MM.  Cornil  et  Chan- 
temesse ont  de  leur  côté  retrouvé  et  décrit  cette  maladie 
sur  les  porcs  de  Gentilly,  et  dans  une  sévère  épidémie  à 
Marseille;  ils  en  ont  fiiit  une  étude  très  soignée  sous  tous 
les  rapports,  et  ils  ont  entrepris  des  essais  de  vaccination. 
Ils  ont  donné  à  cette  maladie  rouge  le  nom  de  pneumo- 
entérite  qui  en  est  devenu  le  nom  officiel  adopté  dans  le 
décret  de  police  sanitaire  de  juillet  1888. 

MM.  Cornil  et  Toupet  ont  étudié  encore  à  la  Faculté  de 
médecine  le  choléra  des  canards,  affection  épidémique  voi- 
sine du  choléra  des  poules,  mais  qui  s'en  distingue  pour- 
tant nettement  par  quelques  résultats  expérimentaux  d'im- 
Îortance  majeure.  L'affection  sévissait  sur  les  canards  du 
ardin  d'acclimatation. 

Citons  encore  parmi  les  travaux  de  ce  laboratoire  une 
étude  de  M.  Chantemesse  sur  le  bouton  du  Nil  (bouton  de 
Biskra);  une  étude  de  MM.  Chantemesse  et  Widal  sur  la  dy- 
senlerie,  etc.,  etc. 

Tous  ces  intéressants  travaux,  nous  allons  en  retrouver 
la  trace  dans  l'exposition  du  professeur  Cornil.  Outre  une 


13  Septembre  4889     GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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série  de  microbes  chromogënes  sur  lesquels  nous  ne  sau- 
rions nous  attarder,  nous  voyons  des  cultures  sur  gélose  du 
choléra  des  canards,  de  la  dysenterie,  de  la  pneumo-enté- 
rite  des  porcs,  de  la  fièvre  typhoïde. 

Voici  maintenant  sur  pommes  de  terre  des  cultures  du 
bouton  du  Nil,  de  fièvre  typhoïde,  de  dysenterie,  de  choléra 
des  canards  et  enfin  de  pneumo-entérite  du  porc. 

Un  mol  maintenantsur  une  culture  des  plus  intéressantes 
disposée  dans  un  grand  flacon  avide  :  il  s'agit  d'une  culture 
pure  du  bacille  du  tétanos,  du  fameux  organisme  sétiforme 
nue  depuis  Nicolaïer  on  regarde  sans  conteste  comme  Tagent 
du  tétanos.  Ce  bacille  de  Nicolaïer,  MM.  Chantemesse  et 
AVidal  l'ont  obtenu  en  culture  pure,  et  ils  sont  incontesta- 
blement les  premiers  qui  soient  arrivés  à  ce  résultat.  Mais, 
chose  singulière,  ce  bacille  ainsi  isolé  de  tout  autre  orga- 
nisme, est  sans  aucune  action  expérimentale:  ^  l'inoculation 
il  ne  donne  aucun  résultat.  Rien  n'est  plus  inoculable  que 
le  tétanos  :  les  expériences  de  Nocard,  Carie  et  Ratone,  etc., 
en  témoignent  suffisamment,  et  voici  que  le  bacille  téta- 
nique échoue  entièrement.  Quelle  conclusion  tirer  de  ceci? 
Le  bacille  du  tétanos  s*affaiblit-il  par  la  culture  au  point 
de  perdre  toute  action,  ou  bien  MM.  Chantemesse  et  Widal 
ont-ils  obtenu  une  culture  pure,  non  du  bacille  de  Nicolaïer, 
mais  d'un  de  ces  organismes  séliformes,  à  extrémité  renflée, 
que  l'œil  confond  sous  le  microscope  avec  le  véritable  ba- 
cille du  tétanos?  Nous  l'avons  dit  plus  haut  :  des  cultures 
mixtes  ont  donné  le  tétanos  entre  les  mains  de  M.  Nocard; 
voici  tout  récemment  qu'un  des  travailleurs  du  laboratoire 
de  Koch  dit  avoir  la  culture  pure  et  donner  le  tétanos  avec 
celte  culture.  L'avenir  jugera  de  tout  cela.  Nous  sommes 
fort  aise  que  les  diverses  expositions  de  microbie  de  1889 
nous  aient  fourni  l'occasion  d'effleurer  la  question  et  d'en 
indiquer  sommairement  l'état  actuel. 

VI.   Laboratoire  d'histologie  du  Collège  de  France. 

Nous  ne  trouverons  pas,  dans  l'exposition  du  laboratoire 
de  M.  Ranvier,  de  cultures  microbiennes,  ou  seulement 
quelques-unes,  mais  la  quantité  d'instruments  techniques 
qui  y  figurent  doit  nous  retenir  un  instant  au  moins,  car 
plus  d'un  est  d'un  excellent  usage  en  microbie. 

Voici  tout  d'abord  une  collection  de  microtomes  de  divers 
modèles,  depuis  le  simple  microtome  à  main  jusqu'au  mi- 
crolome  de  Roy  perfectionné.  Voici  des  plaques  chauffantes 
si  ingénieuses,  si  commodes  pour  la  dessiccation  rapide  des 
lamelles  chargées  de  la  culture  ou  du  produit  pathologique 
à  examiner;  des  échelles  pour  plaques  de  culture;  des 
plaques  de  culture  constituées  par  des  lames  de  glace  à 
i'ace  supérieure  excavée  pour  recevoir  les  gelées  nutritives 
et  éviter  leur  écoulement  ;  des  tubes  pour  la  culture  des 
anaérobies  qui,  je  le  crois,  ne  prendront  guère  place  dans 
la  pratique,  etc.,  etc.  La  technique  hislologique  et  micro- 
bique  a  été  dotée  de  précieux  instruments  par  MM.  Malassez 
et  Vignal  :-  l'exposition  présente  en  montre  les  échan- 
tillons. 

VIL  Exposition  de  MM.  Yvon  et  Berlioz. 

L'intéressante  exposition  de  MM.  Yvon  et  Berlioz  qui  se 
trouve  au  rez-de-chaussée  du  palais  des  Arts  libéraux  dans 
la  section  de  médecine  et  de  chirurgie  n'est  pas  à  vrai  dire 
une  exposition  de  microbie  ;  elle  est  pltitôt  une  exposition 
de  microphotographie  des  plus  intéressantes.  On  sait  que 
M.  Yvon  s'est  un  des  premiers  adonné  avec  succès  à  la  pho- 
tographie des  préparations  microscopiques.  Cependant 
MM.  Yvon  et  Berlioz  ont  exposé  quelques  matras  de  culture 
et  une  série  de  préparations  microscopiques  colorées  fort 
intéressantes.  Parmi  les  photographies,  qui  sont  d'ailleurs 
toutes  fort  bien  venues  et  dignes  d'attention,  nous  mention- 
nerons, en  ce  qui  nous  concerne,  une  photographie  de  gono-  i 
roques  dans  des  cellules  épithéliales.  i 


VfIL  Appareils  de  microbie   (exposition  des  fabricants 
d'instruments). 

Dans  le  palais  des  Arts  libéraux,  au  rez-de-chaussée,  sec- 
tion de  médecine  et  chirurgie,  nous  trouvons  les  exposi- 
tions de  MM.  Rousseau,  Wiesnegg. 

M.  Rousseau  expose  les  instruments  qu'il  a  fournis  au 
laboratoire  de  M.  Cornil;  le  visiteur  peut  donc  ici  prendre 
une  idée  générale  des  principaux  appareils  usités. dans  les 
laboratoires  de  microbie.  Ces  appareils,  nous  ne  saurions 
les  passer  en  revue;  nous  signalerons  seulement  le  filtre 
Chamberland  à  pression  qui  est  l'appareil  indispensable 
pour  l'étude  des  poisons  soiubles  nés  dans  les  cultures  mi- 
crobiennes, poisons  dont  le  type  est  le  poison  diphthérique  de 
MM.  Roux  et  Yersin. 

Dans  l'exposition  de  M.  Wiesnegg  on  remarquera  au 
milieu  d'autres  instruments  (étuve  Pasteur,  four  à  flamber 
de  grande  dimension,  etc.)  un  appareil  à  filtrer  des  plus 
simples  et  d'une  grande  commodité  :  c'est  une  ingénieuse 
utilisation  pour  la  microbie  des  bougies  Chamberland.  La 
maison  Wiesnegg  a  exposé  aussi  deux  beaux  spécimens  de 
ses  autoclaves^  l'i/is^riimepl  de  stérilisation  par  excellence, 
auquel  le  premier  rang  reste  sans  contestation,  en  dépit 
des  reproches,  sans  aucun  fondement  d'ailleurs,  qui  lui 
ont  été  adressés  et  qui  n'ont  place  que  dans  les  ouvrages 
d'outre-Rhin;  à  remarquer  enfin  un  four  qui  rend  les  plus 
grands  services  pour  la  crémation  des  animaux  de  petite 
taille. 

Au  premier  étage  du  palais  des  Arts  libéraux,  dans  la 
section  de  l'enseignement  supérieur,  M.  d'Arsonval  a  exposé 
ses  étuves  auto-régulatrices  :  colle  de  l'ancien  modèle  1876, 
et  celle  du  nouveau  modèle  1888  à  régulateur  métallique 
indéréglable. 

IX.  La  microbie  française  en  1889.  Ses  travaux,  ses 
laboratoires,  ses  centres  d'enseignement,  ses  jour- 
naux. 

Nous  voici  arrivé  au  terme  de  notre  visite  aux  expositions 
de  microbie;  nous  avons  passé  en  revue  tout  ce  qu'elles 
renferment,  et  peut-être  avons-nous  mérité  le  reproche 
d'avoir  fait  cette  revue  un  peu  longuement.  Si  nous  sommes 
coupable,  nous  ne  mériterons  aucune  circonstance  atté- 
nuante, car  nous  sommes  coupable  avec  préméditation. 
Mous  voudrions  même  aggraver  notre  faute,  et  ne  pas  ter- 
miner sans  avoir  dit  un  mot  d'ensemble  de  la  microbie 
française,  de  ses  découvertes,  de  ses  travaux,  de  ses  labora- 
toires, de  ses  centres  d'enseignement  et  de  ses  organes 
spéciaux.  Nous  voudrions  en  un  mot  dresser  le  bilan  de  la 
microbie  française  en  1889.  Ce  nous  sera  une  occasion  de 

Sarler  des  absents,  de  ceux  qui  ne  figurent  ni  au  Champ  de 
[ars,  ni  à  l'Esplanade,  ni  dans  les  galeries  du  quai  d'Orsay, 
et  oui  cependant,  à  des  titres  divers,  ont  contribué  à  Téclat 
delà  microbie  française. 

Résumons  d'abord  rapidement  les  travaux  principaux  de 
notre  Ecole  française  : 

Le  laboratoire  de  l'Ecole  normale,  aujourd'hui  l'Institut 
Pasteur,  dont  l'histoire  serait  à  peu  de  chose  près  l'histoire 
complète  de  la  microbie  pendant  de  longues  années,  nous  a 
donné  le  charbon,  le  choléra  des  poules,  le  rouget,  la  rage, 
les  vaccins  du  charbon,  du  rouget  et  de  la  rage,  et  plus  ré- 
cemment la  vaccination  contre  le  vibrion  septique  et  une 
admirable  étude  sur  la  diphthérie. 

Du  laboratoire  de  l'Ecole  d'Alfort  nous  sont  venus  les  tra- 
vaux sur  les  mammites,  le  farcin  du  bœuf  de  la  Guadeloupe, 
et  aussi  (MM.  Nocard  et  Roux)  la  culture  de  la  tuberculose, 
et  la  vaccination  des  ruminants  contre  la  rage. 

Le  laboratoire  de  bactériologie  de  la  Faculté  nous  a 
donné  un  beau  travail  sur  la  fièvre  typhoïde  et  la  pneumo' 
entérite  infectieuse  des  porcs. 

L'Ecole  de  Lyon  a  produit  une  série  de  travaux  magistraux 


604    —  N*  37  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE      i3  Septembre  1889 


sur  le  charbon  bâctéridien,  le  vibrion  seplique;  nous  lui 
devons  Tétude  complète  du  charbon  bactérien. 

Au  laboratoire  de  pathologie  générale  de  la  Faculté, 
M.  Charrin  a  poursuivi  ses  belles  études  expérimentales  sur 
la  pyocyanine. 

Faut-il  rappeler  enfin  que  la  pneumonie,  maladie  mi- 
crobienne, est  une  découverte  française,  et  que  le  microbe 
de  la  septicémie  salivaire  de  Pasteur,  agent  pathogène  de 
la  pneumonie  fibrineuse  a  été  trouvé  dans  le  poumon 
pneumonique  par  M,  Talamon  pendant  que  Frânkel  Télu- 
diait  aussi  en  Allemagne,  et  a  fourni  à  M.  Nelter  Toccasion 
d'une  intéressante  série  de  travaux? 

Nous  pourrions  poursuivre  cette  énumération;  c'est  inu- 
tile. Nous  n'avons  voulu  que  mettre  en  relief  les  ti'avaax 
capitaux  de  notre  Ecole  française. 

Il  est  une  autre  façon  encore  d'en  faire  ressortir  l'impor- 
tance considérable,  c'est  d'énumérer  la  série  des  grandes 
maladies  microbiennes  de  l'homme  et  des  animaux,  et  de 
montrer  quelle  part  les  savants  français  el  étrangers  ont  eue 
dans  la  découverte  de  l'agent  pathogène  et  l'étude  initiale 
de  ces  maladies. 

A.  Maladies  connues  à  Thomme  et  aux  animaux.  — 
Charbon  hactéridien:  Davaine,  Koch,  Pasteur;  morve: 
Loffler  et  Schulz,  Bouchard,  Caçitan,  Charrin  ;  tuberculose: 
Koch;  septicémie  (vibrion  septique):  Pasteur,  Chauveauet 
Arloing. 

B.  Maladies  spéciales  à  l'homme.  —  Fièi^re  typhoïde: 
Eberth,  Gaffky  ;  lèpre  :  A.  Hansen  ;  pneumonie:  Talamon, 
Frankel;  diphthérie:  Lôffler,  Roux  et  Yersin. 

C.  Maladies  spéciales  aux  animaux.  —  Charbon  bacté- 
rien :  Arloing,  Cornevin,  Thomas  ;  rouget  :  Pasteur  et 
Thuillier;  pneumo-entérite  infectieuse:  Salmon,  Cornil  et 
Chantemesse;  mammites:  Nocard  ;  farcin  du  bœuf  de  la 
Guadeloupe  :  ^oçAvA\  choléra  des  poules:  Pasteur  et  ses 
élèves. 

Les  noms  de  nos  célèbres  compatriotes  reviennent  à 
chaque  ligne  dans  cette  énumération  ;  faut-il  ajouter  encore 
que  toute  la  question  des  vaccins,  que  toute  la  question  des 
poisons  solubles  est  française,  éminemment  française,  qu'on 
n*y  compte  que  les  noms  de  Pasteur,  Chauveau,  Roux  et 
Chamberland  ;  faut-il  dire  que  toute  cette  merveilleuse 
élude  de  la  rage  que  chacun  connaît  est  sortie  du  seul  labo- 
ratoire de  l'Ecole  normale  ;  faut-il  enfin  écrire,  et  c'est  par 
là  que  j'aurais  dû  commencer  sans  doute,  que,  sans 
M.  Pasteur,  la  microbie  n'existerait  pas?  S'il  est  une  science 
éminemment  française,  c*est  celle-là,  nous  pouvons  le  dire 
hautement. 

Chaque  jour  la  microbie  prend  une  plus  grande  exten- 
sion chez  nous  ;  elle  v  possède  des  centres  d'enseigne- 
ment de  haute  valeur.  M.  Roux  fait  à  l'institut  Pasteur  une 
série  de  cours  qu'il  est  bien  inutile  de  louer;  M.  Chante- 
messe  enseigne  à  la  Faculté  dans  le  laboratoire  de  bactério- 
logie; M.  Vaillard  a  inauguré  au  Val-de-Grâce  un  cours  où 
les  médecins  militaires  viendront  tour  à  tour  se  familiariser 
avec  la  microbie;  on  voit  que  l'enseignement  est  bien  déve- 
loppé à  Paris.  Je  ne  sais  ce  qu'il  est  en  province,  mais  il  y  a 
tout  au  moins  lieu  de  supposer  qu'à  Lyon,  Bordeaux, 
Nancy,  etc.,  il  s'est  créé  aussi  des  centres  d'enseignement. 

Nombreux  sont  à  Paris  les  laboratoires  d'étude  de 
microbie.  A  leur  tête  est  l'institut  Pasteur  avec  ses  divisions: 
microbie  technique,  microbie  générale,  vaccins,  etc.  ;  avec 
ses  chefs  de  service,  MM.  Duclaux,  Roux,  Chamberland,  etc. 
A  la  Faculté  de  médecine,  nous  trouvons  le  laboratoire  du 
professeur  Cornil,  dirigé  par  M.  Chantemesse.  Mais  ce  n'est 
pas  tout  encore;  on  fait  de  la  microbie  au  laboratoire  de 
M.  Bouchard,  au  laboratoire  de  M.  Strans,  etc.  M.  Netter  a 
commencé  ou  va  commencer  au  laboratoired'hygiène  pendant 
ces  vacances  un  cours  de  microbie  appliqué  à  Thygiène. 

A  Alfort  est  le  beau  laboratoire  de  M.  Nocard,  où  se 


forment  aux  doctrines  nouvelles  les  élèves  de  quatriêair 
année.  Au  Val-de-Gràce,  nous  voyons'  le  laboratoire  dt 
M.  Vaillard. 

On  fait  de  la  microbie  aussi,  une  microbie  spéciale,  um 
peu  en  dehors  du  cercle  de  nos  études,  mais  tout  aussi  inté- 
ressante, toute  aussi  fertile  en  beaux  résultats,  chez  M.  Du- 
claux, à  l'Institut  agronomique. 

J'en  passe  certainement,  mais  des  recherches  plus  lon^ue> 
que  celles  que  comporte  la  rédaction  de  cet  article  écrit  dt 
mémoire  au  courant  de  la  plume,  pourraient  seules  me  per- 
mettre d'être  complet.  En  parcourant  nos  hôpitaux,  on  } 
trouverait  plus  d'un  laboratoire,  plus  d'un  centre  d'études 
microbiologiques,  tel  que  celui  que  H.  Dujardin-Beaumel/ 
a  créé  à  Cochin  et  que  dirige  M.  le  docteur  Dubief. 

Un  mot  maintenant,  qui  sera  le  dernier,  sur  les  organt  > 
spéciaux  de  la  microbie. 

Pendant  de  longues  années,  la  microbie  française  n'a  pas 
possédé  d'organes  qui  lui  fussent  propres:  les  noies  auT 
Sociétés  savantes,  les  publications  dans  les  revues  ou 
journaux  médicaux  étaient  ses  seuls  moyens  de  publicitr. 
Aujourd'hui  cet  état  de  choses  s'est  profondément  modifié: 
des  journaux,  des  publications  spéciales  Se  sont  créés,  dont 
le  nombre  n'a  fait  qu'augmenter.  Citons  parmi  ces  organPN 
spéciaux  les  Annales  de  l^nstitiit  Pasteur  y  créées  en  1887, 
dirigées  par  M.  Duclaux;  les  Archives  de  médecine  expéri- 
mentale y  nées  en  1889  de  la  scission  des  Archires  de 
physiologie;  le  Journal  de  micrographie,  de  M.  Hiquel:  le 
Journal  hebdomadaire  des  connaissances  médicales,  du 
professeur  Cornil,  qui  n'est  pas  exclusivement,  mais  est 
surtout  un  journal  de  microbie.  Le  nombre  croissant  et 
l'importance  de  ces  publications  spéciales  attestent  l.i 
marche  rapide  de  cette  science  si  pleine  d'intérêt,  qui  iion< 
a  tant  donné,  mais  nous  promet  plus  encore, 

D'  L.-H.  Thoinot. 


Corps  de  santé  imilitaire.  —  Ont  été  promus:  Au  grade  de 
médecin  principal  de  première  classe  :  M.  Réech. 

Au  grade  de  médecin  principal  de  deuxième  classa  : 
M.  Demraler. 

Au  grade  de  médecin-major  de  première  c/a^s«:  MM.  Desmons 
et  de  Ferré. 

Au  grade  de  médecin-major  de  deuxième  classe:  MM.  Péli\ 
et  Jette. 

NÉCROLOGIE.  —  Nous  avoDs  le  regret  d'apprendre  le  décès  sU 
M.  le  docteur  Oré,  professeur  de  physiologie  à  la  Facullê  d; 
médecine  de  Bordeaux,  chirurgien  honoraire  de  Thêpital  Saint- 
André,  plusieurs  fois  lauréat  de  Tlnstitut,  connu  par  un  grnnd 
nombre  de  recherches  scientifiques,  notamment  sur  la  transfusion 
du  sang  et  les  injections  intra-veinenses  de  ehloral. 


Mortalité    a    Paris  (35*    semaine,    du    25  au   31   aoù( 
1889.  — Population:  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde, ±f. 

—  Variole,  6.  —  Rougeole,  13.  —  Scarlatine,  3.  —  Coque- 
luche, 11.  —  Diphthérie,  croup,  18.  —  Choléra,  0.  —  Phlhisic 
pulmonaire,  17d.  —  Autres  tuberculoses,  14.  — •  Tumeurs - 
cancéreuses,  48  ;  autres,  3.  —  Méningite,  27.  —  Conges- 
tion el  hémorrhagies  cérébrales,  35.  —  Paralysie,  5.  — 
Ramollissement  céréhral,  6.  —  Maladies  org^âniqnes  du  cœur,  51. 

—  Bronchite  aiguë,  28.  —  Bronchite  chronique,  14.  —  Broncho- 
pneumonie,  19.  — Pneumonie,  41.  —  Gastro-entérite:  sein,  TJ; 
biberon,  98.  —  Autres  diarrhées,  4.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 5.  — Autres  affections  puerpérales,  0.  —  Débilité  con- 
génitale, 21. —  Sénilité,  29.  —  Suicides,  10.  — Autres  moris 
violentes,  4.  —  Autres  causes  de  mort,  164.  —  Causes 
inconnues,  11.  —  Total:  904. 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 

S0331   —  MOTTIROI.  —  Imprimeries  réaniee,  A.  rue  Mi|noa,«,  Pans. 


Trente-sixième  année 


N»38 


20  Septembre  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D'  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chsp 

MM.  P.  BLACHEZ,  E.  BRISSAUD,  6.  DIEULAFOY,  DREYFUS-BRISAC,  FRANCOIS-FRANCK,  A.  HCNOCQUE,  A.-J.  MARTIN,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  LerebOullet,  4i,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMliAIRB.  —  BULLBTUf.  —  GONThIBUTiONS  PHARMACEUTIQUES.  Sur  los  mé- 
langes de  teintures  alcooliques  avec  les  liqueurs  de  Fowlcr  et  de  Pearson.— 
Formulaire  THéiuPBUTiQUB.  Du  trailcment  anHseptique  de  hi  phtliisio  par  le 
calomel.  —Travaux  originaux.  Pathologie  inlerue  :  Cécité  subite  par  ramol- 
Usscfuent  des  deux  lohes  occipitaux.  —  Pathologie  générale  :  Note  pour  iservir 
de  documeat  aux  rerherclies  surin  nature  et  l'origine  du  téUinos.  —  CunRES- 
PONDANCB.  —  Revue  des  Congrès.  Premier  Congrès  international  de  physio- 
logie. —  A9S«»ciatioa  médicale  britannique,  session  de  Leeds,  août  4889.  — 
SociBTis  SAVANTES.  Académie  des  sciences.— Académie  de  médecine.— Revue 
des  jour.'Iaux.  Thérapeutique.  —  Bibliographie.  Étiologie  de  la  myopie.  — 
VARiÉTés.  —  Feuilleton.  La  médecine  à  l'Exposition  universelle  de  1889. 


BULLETIN 

Paris,  i8  septembre  4889. 
Académie  de  médecinn  :  VomisMuiento  inco«reibics  de  i« 

g^rosseflse.  —  Acetdclits  dus  Ék  la  vaccine. 

Les  vomissements  incoercibles  constituent  l'une  des  com- 
plications les  plus  graves  de  la  grossesse.  Rebelles  à  la  plu- 
part des  médications  internes  conseillées  dans  le  but  de  les 
faire  cesser,  ces  vomissemeuls  cèdent  parfois  presque  spon- 
tanément; mais,  dans  d'autres  circonstances,  ils  paraissent 
assez  sérieux  pour  que  I*on  doive  poser  la  question  de 
1  avortement  provoqué.  Aussi  fau!-il  savoir  gré  à  M.  Gué- 
niot,  qui  depuis  si  longtemps  déjà  s'est  occupé  de  ces  acci- 
dents (Th.  d'agr.  1863),  d'avoir  essayé  de  bien  préciser  les 
indications  du  traitement  qui  peut  leur  être  opposé.  Celui-ci 
est  et  doit  être  très  variable,  puisque  les  causes  les  plus  mul- 
tiples peuvent  provoquer  el  entretenir  les  vomissements  de 
la  grossesse.  Nous  n'en  sommes  plus,  en  effet,  au  temps  où 
Ton  pouvait  soutenir  qu'ils  dépendent  exclusivement  soit 


d'une  déviation  utérine  (Graîly-Hewitt),  soit  d'une  lésion 
inflanimatoire  du  col  ou  du  parenchyme  utérin  (Bennett, 
Horwîtz,  etc.). 

Sans  doute,  il  conviendra  toujours  d'ex«miner  soigneu- 
sement à  ce  point  de  vue  les  femmes  qui  souffrent  de  vomis- 
sements incoercibles,  et  parfois,  M.  Guéniot  a  insisté  sur  ce 
mode  de  traitement,  le  redressement  de  la  matrice,  un$ 
position  spéciale  (soit  la  position  genu-pectoraleque  recom- 
mandait Campbell,  soit  le  décubitus  avec  surélévation  du 
siège  et  déclivité  du  tronc)  ou  l'application  d'un  pessaire 
de  Gariel  arrêteront  tous  les  accidents  observés.  J'ai  vu 
moi-môme  dans  deux  ou  trois  circonstances,  où  une  sialor- 
rhée  des  plus  pénibles  avait  précédé  et  accompagnait  des 
vomissements  assez  rebelles  pour  causer  de  grandes  inquié- 
tudes, l'application  d'un  pessaire  spécial,  ayant  pour  unique 
objet  de  redresser  la  matrice,  arrêter  presque  immédia- 
tement la  sialorrhée  et  les  vomissements.  Dans  ces  cas,  il 
est  vrai,  il  importe  de  s'assurer  aussi  que  le  col  de  la 
matrice  n'est  point  ulcéré.  Alors,  en  effet,  qu'il  existe  des 
ulcérations  étendues  avec  leucorrhée  abondante,  un  traite- 
ment topique  local  doit  toujours  précéder  l'application  du 
pessaire. 

Mais,  il  faut  le  reconnaître,  les  vomissements  incoercibles 
dépendent  plus  fréquemment  encore  d'une  surexcitabilité 
du  centre  réflexe  ou  d'un  état  maladif  des  voies  digestives. 
Sans  doute  l'irritation  initiale  a  toujours  son  point  de  départ 
dans  l'utérus.  Et  cependant  on  n'arrive  à  arrêter  les 
symptômes  qu'en  agissant  sur  le  centre  médullaire  ou  eA 
modifiant  les  sécrétions  de  la  muqueuse  gastrû-intestinale. 


FEUILLETON 

%sm  Biédeelne  A  l'Expoeltton  nnlveraelle  de  AS80. 
(Quatrième  article.) 

Il  est  difficile  d'attirer  comme  il  convient  l'attention  des 
visiteurs  d'une  Exposition  universelle  sur  les  œuvres  d'as- 
sislance  ;  les  résultats  obtenus  ne  peuvent  être  indiqués 
que  par  des  graphiques  ou  des  maquettes,  qui  n'arrêtent  la 
foule  qu'autant  que  les  uns  et  les  autres  présentent  dans 
leor  forme  ou  leurs  dispositions  un  attrait  spécial.  Seules, 
des  œuvres  riches  ou  l'administration  peuvent  disposer 
d'emplacements  suffisants  pour  montrer  leurs  installations 
à  la  fois  dans  tout  leur  ensemble  et  dans  les  détails  impor- 
tants. Encore  faudrait-il  que  leur  exposition  fût  clairement 
disposée,  sans  trop  d'encombrement,  qu'elle  pût  ainsi 
V  Série,  T.  XXYl. 


servir  d'enseignement  sous  la  forme  si  utile  d'une  leçon  de 
choses. 

Il  serait  difficile  d'accorder  ces  qualités  au  déballage 
bizarre  et  incohérent  que  représente  au  Champ  de  Mars 
l'exposition  de  l'administration  de  l'assistance  publique 
de  Paris;  ici  ce  sont  les  meubles  construits  par  les 
enfants  moralement  abandonnés,  qui  viennent  encombrer 
l'espace  réservé  et  empêcher  la  vue  de  la  plupart  des 
objets  placés  dans  le  même  local  ;  là  ce  sont  des  tableaux 
et  des  dessins  accrochés  à  des  hauteurs  démesurées  et 
dont  on  n'aperçoit  pas  plus  les  parties  essentielles  que 
les  rivets  du  sommet  de  la  tour  Eiffel;  ici  encore  les 
travaux  entrepris  dans  les  laboratoires  des  hôpitaux,  tels 
que  ceux  de  MM.  Charcot,  Dujardin-Beaumetz,  Damaschino, 
Quinquaud,  Luys,  etc.,  sont  cachés  derrière  des  meubles 
ou  rassemblés  dans  des  vitrines  étroites,  hermétiquement 
closes,  etc.,  etc.  Fort  heureusement  cette  administration  a 
publie  un  exposé  général  de  ses  services  en  1889,  claire- 

38 


606    _  N'  38  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE      âÔ  Septembre  188$ 


Or  c'est  à  ce  point  de  vue  que  les  médicaments  sont 
nombreux  et,  en  général,  peu  actifs.  M.  Guéniot  recommande 
de  calmer  l'éréthisme  nerveux  par  l'usage  du  chloral  bro- 
mure, du  refroidissement  de  la  région  spinale  et  de  tous  les 
antispasmodiques.  Parmi  ces  derniers,  nous  recommande- 
rions volontiers  les  teintures  éthérées  de  valériane,  le  valé- 
rianate  de  cérium,  le  bromure  de  camphre,  mais  surtout 
l'association  des  injections  hypodermiques  d'atropine  faites 
au  creux  épigastrique  avec  l'usage  de  lavements  antispas- 
modiques. 

Dans  certains  cas,  les  inhalations  d'oxygène,  très  fré- 
quemment renouvelées  et  très  largement  prescrites, 
donnent  aussi  d'assez  bons  résultats. 

Enfin  on  ne  saurait  trop  insister  sur  l'importance  du 
régime.  Celui-ci,  essentiellement  variable  suivant  les 
malades,  doit  être  incessamment  modifié  suivant  les  goûts, 
je  dirais  volontiers  les  caprices  individuels;  certes  il  faut 
proscrire  les  alcools,  le  vin,  les  acides,  etc.,  mais  il  convient 
surtout  de  chercher  lentement,  patiemment,  en  commençant 
par  ceux  qui  réussissent  d'ordinaire,  et  en  particulier  par 
les  laitages  et  les  purées  de  légumes,  les  aliments  qui 
peuvent  être  tolérés.  Il  faut  aussi  bien  veiller  à  l'état  des 
voies  digestives.  Que  de  fois  l'emploi  méthodique  de  pilules 
drastiques  a-t-il  suffi  à  enrayer  des  vomissement  rebelles! 
Enfin,  il  convient  de  faire  analyser  les  urines  de  la  malade 
et  de  rechercher  si  une  auto-intoxication  ne  vient  pas  fré- 
quemment entretenir  les  troubles  gastro-intestinaux. 

Le  traitement  des  vomissements  de  la  grossesse  est  donc 
affaire  de  tact  médical  et  de  prudence  thérapeutique.  La 
question  de  l'avorlement  provoqué  ne  doit  être  posée  que 
lorsque  la  vie  de  la  malade  est  gravement  compromise.  En 
suivant  les  conseils  donnés  par  M.  Guéniot,  en  évitant  tout 
aussi  bien  l'abstention  systématique  que  les  médications 
trop  multipliées  et  trop  fréquemment  variées,  on  arrivera 
assez  souvent  encore  à  de  bons  résultats. 

—  L'Académie  et  le  public  médical  se  sont  associés  aux 
paroles  de  gratitude  adressées  à  M.  Hervieux  par  M.  le 
secrétaire  perpétuel.  On  ne  saurait  trop  louer  en  effet  le 
dévouement  infatigable  avec  lequel  M.  le  directeur  de  la 
vaccine  s'acquitte  de  tous  ses  devoirs  et  la  loyauté  avec 
laquelle  il  rend  compte  à  ses  confrères  de  tous  les  accidents 
imputables  à  la  vaccine.  Le  rapport  si  consciencieux  qu'il 
vient  d'écrire  au  sujet  de  l'épidémie  de  La  Motte-aux-Bois, 
démontre  une  fois  de   plus  les  difficultés  du  diagnostic 


différentiel  entre  la  vaccine  ulcéreuse  et  la  syphilis  rzcr- 
nale.  A  ce  point  de  vue  surtout,  il  paraîtra  inléressaiiL 
Hais,  puisqu'il  faut  attendre  quelques  semaines  avant  & 
savoir  exactement  quelle  a  été  la  nature  des  accidents  pn^ 
voqués  par  le  médecin  vaccinateur,  il  paraîtra  juste  d*inst(- 
ter  sur  ceux  de  leurs  caractères  qui  font  espérer  que  lo: 
n'a  pas  eu  affaire  à  la  syphilis  et  de  rassurer  ainsi  )  ^ 
familles  des  victimes.  Espérons  que  très  prochaiuemeji 
M.  Hervieux  pourra  annoncer  à  l'Académie  qu'il  ne  s*agissa . 
que  d'une  vaccine  ulcéreuse,  peut-être  déterminée  par  Tin» 
culation  faite  à  l'aide  d'instruments  contaminés. 


CONTRIBUTIONS  PHARMACEUTIQUES 

Sur   les  mélanges    de    teintures  aleoollqnea    «vee  ic« 
llqncnrs  de  Fowler  et  de  Pearson. 

Ainsi  que  la  chimie,  la  pharmacie  a  sa  nomenclature,  eï 
il  est  indispensable  de  l'appliquer  dans  la  rédaction  d'une 
ordonnance.  C'est  le  moyen  d'éviter  les  mécomptes. 

Les  fabricants  de  spécialités  pharmaceutiques  se  soucient 
fort  peu  de  la  nomenclature  ;  mais  le  Codex  vient  périodi- 
quement remettre  les  choses  en  l'état;  et  il  est  de  l'intérêt 
des  praticiens  de  suivre  ses  enseignements,  afin  d'éviter  d« 
formuler  des  mélanges  qui,  par  l'incompatibilité  des  sub- 
stances qui  les  composent,  trahissent  les  intentions  de  leursi 
auteurs.  Il  est,  d'autre  part,  indispensable  d'interdire  aux 
pharmaciens  de  donner  un  nom  bizarre  aux  médicaments 
nouveaux  qu'ils  présentent  au  corps  médical. 

S'il  était  possible  de  faire  adopter  cette  mesure,  on  ne 
verrait  plus  un  fait  comme  celui  qui  s'est  passé,  il  y  a 
quelques  années,  où  l'auteur  de  la  découverte  si  remar- 
quable du  principe  immédiat  de  l'ergot  de  seigle,  a  été 
obligé  de  lui  donner  le  nom  d*ergotininey  parce  qu'il  avait 
plu  à  un  ancien  confrère  (qui  voulait  créer  une  espèce  de 
dragées  antihémorrhagiques)  de  baptiser  ergotine  un 
extrait  hydroalcoolique  de  seigle  ergoté.  Le  nom  de  qui- 
nium  qui  a  été  appliqué  à  un  extrait  de  quinquina  à  li 
chaux,  ne  serait  pas  admis  davantage;  car  nous  savons  tous 
à  quels  corps  on  attribue  les  terminaisons  ine  et  uni. 

Il  est  également  désirable  qu'on  n'hésite  pas  à  sacrifier  les 
vieilles  appellations  qui  ne  présentent  pas  à  l'esprit  une  idée 
exacte  de  la  préparation.  Ainsi  qu'appelons-nous  liqueur  f 
un  mélange  d'alcool,  de  sirop  et  d'eau.  Pourquoi  alors  con- 


ment  rédigé,  qui  permet  d'étudier  l'état  actuel  de  cette 
grande  administration  et  de  trouver  un  fil  conducteur  au 
milieu  des  innombrables  objets  qu'elle  a  placés  les  uns  sur 
les  autres  pour  les  mieux  exposer. 

La  population  secourue  annuellement  par  l'adminis- 
ti:ation  générale  de  l'assistance  publique  à  Paris  est  évaluée 
à  406213  personnes  en  1889,  comprenant:  137900  malades 
traités  dans  les  hôpitaux  (11739  lits),  12441  infirmes  ou 
vieillards  entretenus  dans  les  hospices,  maisons  de  retraite 
et  fondations  (10444  lits),  8000  enfants  placés  en  dépôt 
(604  lits),  2i00  aliénés  dans  les  quartiers  de  Bicétre  et  de 
la  Salpétrière  (1576  lits),  4500  enfants  assistés  à  l'hospice 
dépositaire,  30000  enfants  assistés  existant  à  la  campagne, 
3600  enfants  moralement  abandonnés,  9000  enfants  secou- 
rus, 92248  indigents  secourus  à  domicile,  87300  malades 
traités  à  domicile,  11400  accouchées  à  domicile  et 
7614  accouchées  chez  les  sages-femmes  de  la  ville. 

D'après  le  recensement  officiel  de  1886,  la  population  de 


la  ville  de  Paris  est  de  2344500.  Il  faut  observer  que  ce 
chiffre  de  406213  personnes  est  supérieur  au  chiffre  réel 
des  individus  secourus,  car  une  même  personne  peut  être 
comptée  dans  ce  nombre  à  des  titres  divers.  En  effet,  au 
cours  de  la  même  année,  elle  peut  obtenir  un  ou  plusieurs 
secours  du  bureau  de  bienfaisance,  avoir  été,  comme  malade, 
traitée  à  domicile  et  à  l'hôpital;  enfin,  avoir  ensuite  obtenu 
son  admission  dans  un  hospice. 

Un  budget  considérable  est  nécessairement  affecté  à  ces 
services;  il  dépasse  de  beaucoup  celui  de  bien  des  petits 
Etats.  Pour  l'exercice  courant,  en  effet,  les  recettes  ordi- 
naires sont  de  6  353700  francs,  provenant  de  revenus 
propres,  irwmobiliers  et  mobiliers,  3680000  francs  produits 
par  les  droits  attribués  en  sa  faveur,  3488637  fr.  90  dus  aux 
produits  intérieurs  et  à  des  remboursements  divers,  notam- 
ment à  celui  des  frais  de  séjour  et  de  pension  dans  divers 
établissements,  3562600  francs  produits  de  revente  d*objets 
par  les  magasins  généraux,  1 631 700  francs  recettes  des  ser- 


20  Septembre  1889      GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  «•  M  —    607 


erver  ce  nom  à  de  simples  solutions  aqueuses,  telles  que 
elles  de  Fowler  el  de  Pearson  ?  Le  Codex  ne  les  appelle  pas 
trjueurs,  mais  bien  solutions.  Ce  nom  impropre  de  liqueur 
lorte  les  médecins  à  croire  que  ces  liquides  peuvent  être 
mpunément  mêlés  à  des  teintures  ;  et  de  là  des  formules 
elles  que  celle-ci  : 

Teinture  de  noix  vomique \ 

Teinture  de  badiane |  ââ  10  grammes. 

Liqueur  de  Pearson ) 

On  y  fait  entrer  aussi  les  teintures  de  Baume,  de  gen- 
iane,  de  quinquina,  d'écorces  d'oranges  amèrcs,  de  co- 
ombo,  avec  la  liqueur  de  Fowler  (qui  en  fait  d'alcool,  ne 
:ontient  que  3  pour  100  d'alcoolat  de  mélisse).  L'eau  de 
îes  prétendues  liqueurs  précipite,  en  partie,  les  principes 
|ue  l'alcool  avait  dissous,  et  fait  disparaître  l'homogénéité 
lu  mélange.  En  effet,  on  le  voit  se  troubler,  et  il  est  néces- 
saire de  l'agiter,  si  l'on  veut  que  chaque  goutte  ait  la  même 
râleur  médicamenteuse. 

Mieux  vaut  donc,  dans  ces  mixtures,  employer  les  sels 
arsenicaux  que  leurs  solutions  officinales  ;  et  ainsi  formuler  : 


Teinture  de  noix  vomique. 


}  .-. 


Teinture  de  badiane... j  «*  10  grammes. 

Arséniate  de  soude 2  centigrammes. 

Chaque  gramme  de  cette  mixture,  —  ou  cinquante  gouttes 
du  compte-gouttes  officinal, —  contiendra  un  milligramme 
d'arséniate  alcalin. 

Le  médicament  sera  ainsi  d'une  précision  absolue  et 
d'une  conservation  indéfinie. 

Pierre  Vigièr. 


FORMDLAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

Dn  «ndiemeiit  anilacptiqne  de  la  phOiisie 
par   le  ealomel. 

Ce  traitement  a  été  prescrit  par  divers  médecins  allemands 
et  entre  autres  par  H.  Dochmann.  Ses  indications  sont  la 
première  ou  la  seconde  période  de  la  tuberculose  et  son 
objet  est  d'agir  comme  parasiticide  et  comme  antiphlo^ 
gistique. 

Il  consiste  à  prescrire  des  pilules  de  ealomel  à  doses 
décroissantes:  le  premier  jour^  12  pilules  ;  le  deuxième 
jour,  10  pilules  ;  le  troisième  jour,  8  pilules,  et  pendant 


un  à  deux  mois,  6  pilules,  eu  ayant  soin  de  suspendre  le 
traitement  pendant  deux  ou  trois  jours  à  la  fin  de  chaque 
semaine. 

Parmi  les  formules  adoptées,  en  voici  quelques-unes  : 

^  Pilules  au  ealomel  et  à  la  pepsine.  —  On  les  préfé- 
rera si  on  craint  des  troubles  gastriques. 

Calomel  A  la  vapeur 60  centigrammes. 

Pepsine 39',50 

Teinture  d'opium XXX  gouttes. 

Extrait  de  phellandrie q.  s. 

F.  s.  a.  60  pilules.  Deux  toutes  les  deux  heures. 

2"  Pilules  au  calomel  et  à  Vergotine.— On  les  adminis* 
trera  en  cas  d'hémoptysies. 

Calomel  à  la  vapeur 60  centigrammes.  ' 

Pepsine 39%50 

Ergotine  de  Bonjean 10  centigrammes. 

Réglisse  pulvérisée q.  s, 

F.  s.  a.  60  pilules. 

3*"  Pilules  au  calomel  et  à  la  jusquiame.  —  Elles  ont 
pour  objet  de  diminuer  la  toux  et  d^exercer  unesédalion. 

Calomel 60  centigrammes. 

Pepsine , S^'^SO 

Extrait  de  jusquiame 30  centigrammes. 

Extrait  de  phellandrie q.  s. 

F.  s.  a.  60  pilules. 

Cette  médication  est  donc  une  véritable  mercurialisation 
des  phthisiques. 

Ch.  Éloy. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Palkol^i^e  Interae. 

Cécité  subite  par  ramollissement  des  deux  lobes 
OCCIPITAUX,  par  M.  le  docteur  P.  Oulmont,  médecin  de 
l'hôpital  Tenon. 

Si  les  localisations  motrices  de  l'écorce  cérébrale  sont 
devenues  un  fait  banal,  accepté  de  tous  sans  discussion,  it 
n'en  est  pas  de  même  des  localisations  sensitives  et  senso- 
rielles. Les  données  expérimentales  sont  rares,  car  Tobser-- 
vation  physiologique  de  troubles  aussi  délicats  que  ceux  des 
sens  est  difficile  chez  les  animaux;  les  faits  cliniques  ne  le 


vices  ayant  un  revenu  distinct,  1 8419  262  fr.  lOde  subventions 
municipaleset  départementales  et4i81 700  francsde  recettes 
extraordinaires,  soit  au  total  un  budget  de  recettes  s'élevant 
à  41 417  600  francs,  dont  37  235300  francs  pour  les  recettes 
ordinaires  et  4181  ifOO  francs  pour  les  recettes  ordinaires. 
Quant  aux  dépenses,  il  faut  compter  2032000  francs  pour 
les  dépenses  générales  d'administration,  582200  francs 
charges  spéciales  des  revenus,  19846100  francs  pour  le 
service  de  santé  et  les  services  économiques,  9  493  300  francs 
pour  le  servicedes  secours,  1 631  700 francs  comme  dépenses 
des  services  ayant  un  revenu  distinct,  87  500  francs  pour  le 
fonds  commun  de  réserve,  4181  700 francs  pour  les  dépenses 
extraordinaires,  et,  si  Ton  y  ajoute  3562600  francs,  repré- 
sentant les  dépenses  par  suite  de  revente  d'objets  par  les 
magasins  généraux,  on  arrive  à  un  total  de  41 41 7  600  francs 
égal  à  celui  des  recettes. 

L'assistance  publique  de  Paris  a  à  sa  disposition  11 001  lits 
d'bôpiUax  et  12370  iito  d'hospices,  soit  au  total  23371  liU, 


chiffre  relativement  peu  élevé  pour  une  population  d'environ 
deux  millions  et  demi  d'habitants,  auxquels  il  faut  ajouter 
les  nombreux  provinciaux  et  étrangers  (jui  ont  tant  besoia 
de  secours.  La  répartition  de  ces  lits  est  bien  divisée;  parmi 
les  hôpitaux  généraux,  l'Hôtel-Dieu  a  543  lits;  la  Pitié.  700; 
la  Charité,  480;  Saint-Antoine,  687;  Necker,  430;  Cochin, 
343  ;  Beaujon,  415  ;  Lariboisière,  676  ;  Tenon,  805; 
Laennec,  608;  Bichat,  181;  l'hôpital  temporaire  d'Auber*^ 
villiers,  184;  Andral,  100  et  Broussais,  270.  Les  hôpitaux 
spéciaux  comprennent:  Saint-Louis,  855  lits;  le  Midi,  327; 
Lourcine,  225;  la  maison  et  l'école  d'accouchements,  234ç 
la  clinique  d'accouchements,  140;  la  maison  de  santé,  344; 
Trousseau,  463;  les  Enfants-Malades,  503;  Forges,  222;  La 
Roche-Guyon,  100,  el  Berck-sur-Mer,  710. 

Les  hospices,  maisons  de  retraite  et  fondations,  renfer-* 
ment:  Bicétre,  2680  lits,  dont  1577  pour  les  vieillards  et 
les  incurables,  534  pour  les  aliénés,  344  pour  les  enfants 
idiots  et  épileptiques,  59  pour  des  reposants  et  166  lits  d'in** 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CBIRURGIfi      20  Septembre  i889 


sont  pas  moins.  Ainsi,  pour  ne  parler  que  des  localisations 
sur  1  organe  de  la  vision,  et  sans  m'arréter  aux  cas  d'hémia- 
nopsie  corticale,  qui  ne  rentrent  pas  directement  dans  mon 
sujety  je  trouve  à  citer  seulement  cinq  observations  précises 
de  cécité  complète  par  lésion  de  Técorce  cérébrale.  On  les 
lira  en  détail  dans  un  excellent  mémoire  de  Chauffard,  paru 
récemment  dans  la  Revue  de  médecine,  p.  131,  1888,  et  qui 
donne  une  idée  complète  de  l'état  actuel  de  la  science  sur 
cette  question.  Je  me  contente  ici  de  les  rappeler  en  les 
résumant  brièvement: 

Obs.  de  Jf .  Chauffard.  —  Cécité  absolue  ;  hémorrhagie 
dans  l'intérieur  des  deux  lobes  occipitaux;  gros  foyer  récent 
à  droite,  évidant  la  pointe  du  lobe  occipital,  sans  atteindre 
tout  à  fait  Técorcedu  cunéus  et  des  circonvolutions  temporo- 
occipitales,  ayant  en  dehors  fait  éclater  l'écorce  sous  forme 
d'un  sillon  ovalaire  de  5  centimètres,  à  cheval  sur  1  es  deuxième 
et  troisième  circonvolutions  occipitales.  A  gauche,  foyer 
ocréux  de  15  millimètres  en  dehors  de  la  paroi  externe  du 
prolongement  occipital  du  ventricule  latéral.  Ces  foyers  dé- 
truisent la  partie  terminale  des  fibres  optiques  centripètes 
au  point  où  elles  s'irradient  jusqu'au  centre  visuel  cortical. 

Obs.  de  M.  Bouveret  (Lyon  médical,  1887,  p.  137).  — 
Cécité  absolue  et  subite.  Ramollissement  profond  occupant 
à  gauche  le  cunéus  presque  tout  entier,  les  deux  tiers  de 
la  deuxième  circonvolution  temporo-occipitale,  et  la  moitié 
postérieure  de  la  première  circonvolution  temporo-occipi- 
taie  ;  à  droite,  le  cunéus  presaue  tout  entier,  les  deux  tiers 
postérieurs  de  la  première  et  ae  la  deuxième  circonvolution 
temporo-occipitale. 

Obs.  de  M.  0.  Berger  {c\ié  par  Chauffard).  —  Cécité  com- 
plète, progressive.  Ramollissement  superficiel  occupant  à 
droite  la  partie  moyenne  de  la  première  circonvolution  occi- 
pitale. A  gauche,  ramollissement  de  tout  le  lobe  occipital 
jusqu'à  la  scissure  perpendiculaire  externe,  du  lobe  temporal 
jusqu'à  la  fosse  sylvienne;  enfin,  de  presque  toute  la 
couche  optique. 

Obs.  de  M.  0.  Berger  {cité  par  Chauffard).  —  Cécité  incom- 
plète et  progressive  avec  retour  partiel  et  momentané  de  la 
▼ision.  Ramollissenient  étendu  à  gauche  à  la  plus  grande 
partie  du  lobe  occipital  jus(|u'à  la  scissure  perpendiculaire 
externe;  à  droite^  deux  petits  foyers  dans  le  lobe  occipital, 
l'un  à  la  face  supérieure,  au  niveau  de  la  deuxième  circon- 
yolution  occipitale;  l'autre,  à  la  face  inférieure,  sur  la  pre- 
mière circonvolution  occipitale,  à  1  centimètre  environ  ae  la 
pointe  du  lobe. 

Obs.  de  M.  PflUger  (cité  par  Chauffard).  —  Cécité  «ubite 
par  coup  de  feu  de  la  région  occipitale.  Lésions  profondes 
des  deux  lobes  où  des  grains  de  plomb  sont  restés  fixés* 


Outre  ces  cinq  observations  si  démonstratives,  Chaaffi*^ 
note  encore  un  cas  de  Nothnagel,  cité  par  Ségain,  el  quaU: 
cas  de  Fùrstner,  moins  probants,  parce  qu'ils  se  sfji 
produits  chez  des  paralytiques  généraux.  Depuis  la  pub:r| 
cation  de  son  mémoire,  aucun  cas  nouveau  n'a  été  pubL? 
du  moins  à  ma  connaissance,  dans  les  recueils  français  k 
étrangers;  aussi,  devant  ce  nombre  si  réduit  de  faits  clîr  - 
ques,  l'observation  que  je  viens  de  recueillir  dans  m  j 
service,  très  nette  et  tout  à  fait  confirmative  de  Fanopsie  ^ 
lésion  des  lobes  occipitaux,  prend-elle  une  réelle  iinpor^ 
tance. 

Obs. —  F...,  soixante-sept  ans,  charpenlier,  est  apporté  !i 
9  mai  1889  dans  mon  service,  salle  Pidoux,  à  rhôpital  Tenos 
Le  malade,  couché  sur  le  dos,  est  plongé  dans  un  état  densi 
comateux,  tantôt  tranquille,  tantôt  jetant  bras  et  jambes  ^w 
son  lit,  prononçant  de  temps  en  temps  des  mois  iHCohérents^ 
entremêlés  de  grognements  sourds.  Cependant  il  parait  entendr^ 
et  comprendre  jusqu'à  un  certain  point  ce  qu'on  lui  dit.  Jj 
répond  parfois  exactement  par  monosyllabes,  mais  la  plupart  du! 
temps  ses  paroles  sont  tout  à  fait  incohérentes. 

On  remarque  alors  un  fait  tout  d'abord  inaperçu,  car  h 
malade  ne  s'en  plaint  pas:  c'est  une  cécité  absolue.  Les  papi(^^ 
sont  dilatées,  et  presque  immobiles.  Une  lumière  intense  &•* 
semble  pas  avoir  a'action  sur  elles. Les  autres  sens:  g-oût,  oai^. 
odorat,  sont  intacts.  La  sensibilité  générale  est  obtase,  mzK 
conservée,  Tétat  mental  du  malade  permet  seulement  de 
constater  rinté&:rité  de  la  sensibilité  à  la  douleur. 

Pas*  de  paralysie  morbide,  sauf  dans  le  membre  supérieur 
gauche,  qui  de  plus  présente  une  contracture  assez  accentuée; 
le  coude  dans  la  flexion,  l'épaule  rapprochée  du  tronc,  mais  k 
poignet  mobile.  Les  tentatives  d'extension  sont  douloureuses  et 
exigent  une  assez  grande  force. 

Pas  de  troubles  trophiques.  Le  malade,  nourri  avec  la  sood«| 
œsophagienne,  digère  cequon  lui  donne.  Constipation  opiniâtre.! 
Incontinence  d'unne.  L'urine  ob(enue  par  la  sonde  ne  con lient! 
ni  sucre,  ni  albumine. 

Cœur  normal.  Artères  alhéromateuses.  Emphysème  pulmo- 
naire. 

La  femme  du  malade  renseigne  sur  le  déhut  des  accidents. 
Quinze  jours  environ  avant  son  entrée  à  Thôpital»  F...  est  pris 
en  travaillant  d 'étourdisse m ents,  sans  chute  et  sans  perte  de 
connaissance,  de  maux  de  tète  diffus  et  persistants.  Vers 
le  i  mai,  il  sent  dans  les  membres  des  fourmillements.  IJ 
quitte  son  travail  et  prend  le  lit.  A  ce  moment,  et  les  jour^ 
suivants,  il  ne  se  plamt  d'aucun  trouble  de  la  vue.  Le  9  au 
matin,  on  trouve  le  malade  dans  son  lit  complètement  aveugle, 
et  dans  un  demi-coma,  et  c'est  dans  cet  état  qu'on  l'apporte  If 
jour  même  à  l'hôpital.  Les  phénomènes  restent  sans  changemeot 
jusqu'à  la  mort,  arrivée  dans  la  nuit  du  15  mai. 

A  utof)Sie  pratiquée  le  17.  Cerveau.  —  Rien  d'anormal  dao« 
les  méninges,  sauf  quelaues  adhérences  avec  la  dure-mère  vers 
la  partie  antérieure  des  némisphères  cérébraux. 

Plaques  athéromateuses  prononcées  sur  les  artères  de  la  ba>e 
de  Tencéphale. 


firmerie.  Un  quartier  tout  nouveau,  commencé  en  1883,  est 
réservé  aux  enfants  atteints  de  maladies  nerveuses,  désignés 
d'ordinaire  sous  le  nom  d*idiots  épileptiques  et  au  nombre 
desquels  sont  compris  également  les  arriérés,  les  imbéciles, 
les  hémiplégiques  et  de  véritables  aliénés.  On  essaye,  suivant 
les  justes  remarques  de  HM.  Bourneville  et  Pinon,  de 
mettre  un  peu  de  clarté  dans  leur  intelligence  obscurcie, 
d'assouplir  leurs  membres  et  de  les  faire  participer,  autant 
que  possible,  aux  avantages  de  la  vie  humaine.  L'enseigne* 
ment  qu'on  leur  donne  et  qui  repose  sur  l'éducation  pre- 
mière des  sens,  a  pour  véritable  créateur  un  Français, 
Edouard  Seguin,  qui,  après  avoir  commencé  l'application 
de  sa  méthode  avec  Itard,  puis  avec  Esquirol,  ensuite  seul, 
soit  dans  son  école  de  la  rue  Pigalle,  soit  à  l'hospice  des 
Incurables  (1841),  fut  nommé,  à  la  suite  d'un  rapport 
d'Orfila  au  Conseil  général  des  hospices,  instituteur  des 
enfants  de  Bicétre  (9  novembre  1842).  Tous  les  services 
affectés  au  traitement  physique  et  moral  de  ces  enfants  ont 


été  groupés  dans  une  construction  spéciale.  Les  résultat? 
obtenus  sont  tels  que  bon  nombre  des  élèves  qui  paraissent 
devoir  rester  une  charge  constante  pour  la  société,  sont 
devenus  des  ouvriers  capables  de  gagner  leur  vie,  . 

La  Salpétrière  a  3864  lits,  dont  2555  d'administrés,  -ili 
à  rinfirmerie,  199  occupés  par  des  épileptiques,  118  par  d<*5 
reposants  et  720  par  des  aliénés;  là  aussi  «on  trouve  Tune 
des  installations  les  plus  remarquables  des  hôpitaux,  celle 
des  écoles  d'enfanls  arriérés,  dirigées  p^r  H"«  Nicolle  avec 
un  dévouement  qui,  depuis  de  longues  années,  ne  s'est  pas 
démenti  un  instant.  Ajoutons  Thospice  d'Ivry,  dont  les 
2040  lits  sont  occupés  par  des  incurables  des  deux  sexes  : 
l'hospice  de  Brévannes  pour  100  administrés  des  deu\ 
sexes,  augmenté  prochainement  de  nouveaux  bâtiment^ 
recevant  de  nouveaux  pensionnaires  en  ménage  au  nombre 
de  182;  l'hospice  des  enfants  assistés,  comprenant  750  lit^ 
ou  berceaux,  qui  reçoit  trois  catégories  d  enfants:  l*"  Ie^ 
enfants  en  dépôt,  c'est-à-dire  admis  provisoirement  pour 


âO  Septembre  1889     GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINS  ET  DE  CHIRURGIE 


^  N*  38  --    609 


Intégrité  absolue  da cervelet,  de  la  moelle  allongée,  des  tuber- 
iles  quadri jumeaux,  des  bandelettes  et  des  nerfs  optiques, 
insi  que  du  chiasma.  Toutes  les  lésions  sont  exclusivement 
tuées  dans  les  deux  hémisphères. 

Hémisphère  droit.  —  1"  Foyer  de  ramollissement  blanc, 
aperficiel,  siégeant  sur  la  circonvolution  frontale  ascendante, 
ommençant  un  peu  au-dessous  de  Tinsertion  de  la  première 


F...,  Hëmisphëre  droit,  ftiee  externe. 

irconvolution  frontale,  et  s*étendant  sur  la  face  interne  de 
^hémisphère  au  tiers  supérieur  du  lobule  paracentral  ;  S"  ramol- 
issement  blanc  très  étendu  en  surface  et  en  profondeur,  occu- 
pant presque  tout  le  lobe  occipital.  A  la  face  externe  de  Thémi- 


P..M  Hémisphère  droit,  têce  interne. 

sphère,  il  atteint  la  deuxième  et  la  troisième  circonvolution 
occipitale,  épargnant  la  première  circonvolution  occipitale,  la 
partie  la  plus  inférieure  du  pli  courbe,  les  deux  tiers  postérieurs 
des  deuxième  et  troisième  circonvolutions  temporales.  A  la  face 
interne  de  Thémisphère.  il  atteint  la  première  et  la  deuxième 
circonvolution  temporale  dans  leur  moitié  postérieure,  et  tout 
le  cunéus,  jusqu'à  la  scissure  perpendiculaire  externe.  Sauf  le 
cunéus  où  récorce  cérébrale  seule  est  atteinte,  le  ramollissement 
est  complet.  Avec  quelque  soin  que  Ton  enlève  la  pie-mère,  on 
arrache  Ja  substance  cérébrale;  celle-ci  forme  une  bouillie  qu'un 
filet  d'eau  dissocie  complètement.  Dans  la  profondeur  du  lobe, 
le  foyer  n'est  séparé  de  la  corne  occipitale  au  ventricule  latéral 
que  par  une  couche  de  tissu  intact  extrêmement  mince. 

Hémisphère  gauche,  —  Ramollissement  blanc,  également 
étendu  à  toute  l'épaisseur  de  la  substance  cérébrale,  occupant, 


sur  la  face  externe  de  Thémisi^ère,  les  première,  deuxième  et 
troisième  circonvolutions  occipitales,  et  la  partie  postérieure  du 
lobule  pariétal  supérieur;  sur  la  face  interne,  la  moitié  jposté- 
rieure  des  première  et  deuxième  circonvolutions  temporales,  le 
cunéus,  et  la  moitié  inférieure  du  lobule  quadrilatère.  Le  ramol- 
lissement est  aussi  complet  que  dans  Thémisphère  droit 

Poumons.  —  Emphysémateux* 


F...,  Héaisplière  yanehe,  face  externe. 

Cœur  gros  ;  quelques  lésions  valvulaires,  quelques  plaques 
d'athérome,  molles  et  isolées  à  l'origine  de  l'aorte. 

Estomac.  — Carcinome  du  pylore.  Plaque  dure,  de  la  largeur 
d'une  pièce  de  cinq  francs,  saillante  de  S  à  3  millimètres, 


F...,  Hémisphère  gauche,  face  interne. 

formant  un  demi-anneau  autour  de  l'orifice  pylorique.  Pas  de 
changement  de  volume  de  l'estomac. 
Rems  normaux. 

De  ces  divers  faits  ressort  nettement  cette  conclusion  : 
c*est  qu'une  cécité  complète  peut  être  produite  en  dehors 
de  toute  altération  des  nerfs  optiques  par  la  lésion  des  deux 
lobes  occipitaux.  ^ 

Cette  conclusion  est  d*accord  avec  les  notions  aujourd'hui 
classiques  que  Wernicke  a  données  sur  le  trajet  du  tractus 
optique,  qui,  à  partir  du  chiasma,  gagne  sous  la  forme  des 
banaelettes  optiques,  les  corps  géniculés,  les  tubercules 
quadryumeaux  et  le  tiers  postéro*externe  de  la  couche 
optique,  reliée  elle-même  par  un  faisceau  blanc  au  lobe 
occipital.  Elle  s'accorde  également  avec  les  résultats  expé- 


étre  rendus  à  leurs  parents  lorsque  la  cause  du  dépôt  aura 
cessé  ;  S*"  les  enfants  assistés  proprement  dits  et  S""  les  en- 
fants moralement  abandonnés;  crèches,  lazarel,  infirmeries 
comprenant  des  pavillons  isolés,  les  nourriceries  pour  les 
enfants  atteints  de  maladies  contagieuses  et  spécialement 
pour  les  enfants  syphilitiques,  Fannexe  de  Thiais  pour  re- 
cevoir les  enfants  en  dépôt  âgés  de  plus  de  dix-huit  mois. 
Citons  encore  la  maison  de  retraite  des  Ménages  (1391  lits), 
les  hospices  La  Rochefoucauld  (221  lits),  Sainte-Périne 
(220  pensionnaires  des  deux  sexes),  Saint-Michel  à  Saint- 
Mandé  (20  administrés),  Lenoir-Jousserand,  également 
à  Saiht-Mandé  (132  lits),  la  maison  de  la  Reconnais- 
sance, contenant  314  lits,  Devillas  (65  lits),  Chardon- 
Lagache  (150  lits),  Torphelinat  Riboutté-Vitallis,  à  Forges, 
pour  40  enfants,  la  maison  Galignani  (100  lits),  la  mai- 
son Rossini  (50  lits)  et  Tasile  Lambrecht,  à  Courbe- 
voie,  comprenant  40  lits  d'adultes  des  deux  sexes  et  70  de 
garçons. 


Notons  en  passant  que  les  lits  de  médecine  sont  au 
nombre  de  6841  contre  3112  lits  de  chirurgie. 

Indépendamment  des  accouchements  faits  dans  les  éta- 
blissements spéciaux  de  l'assistance  publique,  c'est-à-dire 
la  Maternité  et  la  Clinique  d'accouchements,  et  de  ceux  faits 
au  domicile  des  personnes  indigentes  ou  nécessiteuses  par 
les  sages-femmes  des  bureaux  de  bienfaisance,  les  services 
d'accouchements  entretenus  par  l'administration  compren- 
nent des  services  internes  dans  les  hôpitaux  et  des  services 
externes  chez  des  sages-femmes  de  la  ville  accréditées  au- 
près des  hôpitaux,  dits  sages-femmes  agréées.  Le  service 
des  accouchements  chez  les  sages-femmes  de  la  ville  a  été 
organisé  il  y  a  quelques  années  afin  d'empêcher  l'agelomé- 
ration,  dans  les  hôpitaux,  d'un  trop  grand  nomore  de 
femmes  accouchées  et  d'éviter  ainsi  les  dangers  d'affections 
puerpérales  qui,  autrefois,  s'étaient  déclarées  dans  certains 
services.  Par  suite  de  l'application  de  la  méthode  antisep- 
tique, ce  danger  n'est  plus  à  craindre  aujourd'hui.  Aussi 


610^  -u  i^  3»  —  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE     20  Sephoibre  4880 


rîménlaux  de  Munk,  de  Pcrrier  et  Yeo  chez  le  singe,  qui 
établissent  la  production  d'une  cécité  permanente  par  la 
destruction  bilatérale  des  plis  courbes  el  des  lobes  occipi- 
taux. Enfin,  elle  pouvait  être  prévue  après  les  observations 
assez  npmbreuses  d'hémianopsie  correspondant  à  la  des- 
truction totale  ou  partielle  d'un  des  lobes  occipitaux;  une 
lésion  bilatérale  devait  amener  une  double  hémianopsie,  et 
partant  une  cécité  totale.    . 

Reste  à  préciser  plus  exactement  la  localisation  des 
lésions  nécessaires  à  la  production  de  Tautopsie.  Là-dessus, 
le  fait  que  j'ai  observé  ne  peut  rien  ajouter  aux  connais- 
sances acquises;  le?  lobes  occipitaux  sont  le  siège  d'une 
destruction  trop  gro&çière  et  t^op  étendue.  Je  dois  me 
borner  à  y  trouver  leur  confirmation.  Toutes  les  régions 
auxquelles  on  attribue  un  rôle  prédominant  dans  les 
perceptions  visuelles  sont  atteintes;  dans  l'hémisphère 
droit,  la  partie  inférieure  du  pli  courbe  et  le  cunéus,  dans 
l'hémisphère  gauche,  le  cunéus  et  la  première  circonvolu- 
tion. La  destruction  des  régions  voisines  a-t-elle  aussi  joué 
un  rôle?  C'est  possible^  car  ici  la  cécité  complcle  est  restée 
permanente.  La  profondeur  des  lésions  a  probablement  suffi 
ierapêcherle retour  partiel  des  fondions  signalées  dans  cer- 
tains cas  où  le  foyer  était  limité  (Berger,  deuxième  obser- 
vation); mais  on  peut  aussi  admettre  que  la  destruction  des 
régions  voisines  a  rendu  impossible  toute  suppléance 
fonctionnelle.  Nothnagel  {Beriiner  klinisch.  W'ocA., 
p.  331,  mai  1887)  n'a-t-il  pas  en  effet  montré  que  Thémi- 
anopsie  corticale  permanente,  due  ordinairement  à  la  lésion 
du  cunéus  etde  la  première  circonvolution  occipitale,  pouvait, 
dans  d'autres  cas,  se  rattacher  à  Taltération  des  deuxième 
et  troisième  circonvolutions  occipitales?  Or,  chez  mon 
malade,  ces  deux  circonvolutions  sont  détruites. 

La  cécité  corticale  n'est  presque  jamais  subite.  La  plu- 
part du  temps  des  troubles  visuels  variables  la  précèdent. 
Les  deux  lésions  bilatérales  de  l'écorce  ne  sont  pas  simul- 
tanées, et  c^est  là  deuxième  lésion  syniétrique  h  la  première 
Îûi  vierfl  compléter  ou  même  accuser  le  syndrome  clinique, 
ihez  mon  malade,  comme  (  hez  ^eluî  de  Éouverel,  la  cécité 
s'est  établied'unseul  coup.  Les  phénomènes  d'ordre  céré- 
bralqui  ont  précédé  Tictus,  et  parmi  lesquels  il  n'existait 
âucuajr^uble  visuel,  doivent  être  le  fait  de  la  gène  circu- 
latoire qui  préçè({e.si  fréquemment  chez  les  athéromateux 
la  thrombose  définitive  et  le  ramollissement  qui  en  est  la 
conséquence* 

•  Je  note  en'  passant  la  monoplégie  avec  contracture  du 
bras  gauche  ;  elle  est  expliquée  par  le  foyer  isolé  de  ramol- 
lissement qui  siégeait  à  la  partie  supérieure  de  la  frontale 
ascendanle  droite.  Enfin  l'étendue  aes  désordres  explique 
suffisamment  la  dépression  profonde  dans  laquelle  le  malade 
est  .resté  plongé  jusqu'à  sa  na^rt. 


Paiholoiele  générale. 

Note  pour  servir  de  document  aux  recherches  sur  la 

NATURE    ET  l'ORIGINE   DU    TÉTANOS,    par    MH.    JeASHEU 

professeur,  à  l'École  de  médecine,  et  Laulanié,  direc- 
teur de  l'École  vétérinaire  de  Toulouse. 

Il  importe  à  la  solution  du  problème  de  la  nature  et  d« 
l'origine  du  tétanos  que  toutes  les  recherches  et  tous  le? 
faits  voient  le  jour  de  la- publicité.  En  ce  qui  concerne  If- 
tentatives  expérimentales,  on  en  a  annoncé  beaucoup,  on 
en  a  réussi  quelques-unes,  on  en  a  publié  bien  peu  et  h 
plupart  sans  détails  suffisants.  Il  est  nécessaire  cependant 
que  toutes  les  expériences  entreprises  soient  intimement 
connues;  les  écuecs  comme  les  succès  ont  en  effet 
leur  valeur;  valeur  absolue  si  l'expérience  défie  la  critique. 
valeur  relative  si  l'expérience  est  réformable  :  dans  le  pre- 
mier cas,  ils  fixent  la  science;  dans  le  second  cas,  ils  indi- 
quent aux  chercheurs  la  voie  à  suivre  et  les  écueils  à 
éviter. 

Les  expériences  que  nous  avons  entreprises,  pour  éclaîr- 
cir  la  question  de  la  nature  et  de  Torigine  du  tétanos,  n*onl 
pas  réussi  à  nous  dévoiler  ce  qu'est  ni  même  où  est  le  téta- 
nos; mais  elles  nous  ont  montré  ce  qu'il  n'est  pas  et  où  il 
n'est  pas.  Si  nous  ne  nous  illusionnons  pas,  c*est  là  un 
résultat  qui  ne  manque  pas  d'intérêt. 

La  première  question  que  nous  nous  sommes  posée  est 
celle  de  la  nature  du  tétanos;  le  tétanos^  est-il  une 
maladie  microbienne,  ou  bien  une  intoxication  par  une 
leucomalne  où  une  ptomalne  imbibant  la  moelle  épinîère? 
Pour  répondre  à  cette  question,  chacun  de  nous  entreprit 
une  expérience. 

Expériencb  I.  —  Le  18  juin  1886,  mourait  en  vingt-quatre 
heures  du  tétanos,  à  Thôpital  de  Toulouse,  une  femme,  dont 
l'observation  a  été  publiée  dans  une  lettre  de  M.  le  pro- 
fesseur Venieuil,  dans  la  Gazette  hebdomadaire,  La  moelle 
et  le  bulbe  furent  recueillis,  piles  dans  un  mortier  avec  une 
faible  quantité  d'eau  distillée  et  alcoolisée,  pour  empêcher  la 
putréfaction.  Le  mélange  fut  filtré,  le  liauide  obtenu  fut  houillt 
et  réduit  par  ébullition  à  la  quantité  de  quelques  gramme<, 
oui  furent  injectés  sous  la  peau  de  deux  lapins.  Ceux-ci  n*en 
éprouvèrent  aucun  inconvénient. 

Dans  celte  expérience,  l'ébullition  ou  l'alcoolisation  pou- 
vaient avoir,  en  même  temps  qu'elles  stérilisaient  le  liquide, 
détruit  ou  chassé  les  ptomalnes.  On  ne  saurait  faire  le 
même  reproche  à  l'expérience  suivante* 

Expérience  IL  —  Dans  le  courant  du  mois  de  juillet  1886, 
mourait  en  quarante-huit  heures,  dans  les  hôpitaux  de  TErole 
vétérinaire  de  Toulouse,  un  cheval  atteint  de  tétanos  trauma- 


Fadmintstration  a4-elle  résolu  de  créer  de  nouvelles  mater- 
nités  dans  les  hôpitaux,  en  même  temps  qu'elle  restrein- 
drait "peu  à  peu  le  service  des  accouchements  en  ville.  La 
réalisation  de  cette  mesure  aurait  pour  conséquence  une 
économie  notable  ;  un  accouchementqui  ne  coûte  en  moyenne 
à  l'hôpital  que  30  francs  revient  chez  une  sage-femme 
agréée  à -69  francs.  Les  hôpitaux  de  Paris  comprennent 
8B0  Ijts  pour  le  service  des  accouchements  et  l'on  compte 
88  sages-^femmes  agréées  auprès  des  hôpitaux,  qui  possè- 
dent l68  lits.  En  1888,  80^9  accouchements  ont  été  prati- 
qués à  rhèpitaiet  738:2  chez  ces  sages-femmes. 

Lecorpis  médical  des  hôpitaux  et  hospices  de  Paris  est 
composé  de  88  médecins  et  40  chirurgiens.  Les  uns  et  les 
autres  sont  chefs  du  service  de  santé  ;  ils  ne  sont  pas  subor- 
éoniiés,  ail  point  de  vue  du  traitement  des  malades,  à  l'ad- 
ministration hospitalière;  mais,  d'autre  part,  ils  n'ont  pa3 
à  s'tn&m^iseér.  dans  l'administration.  Celle-ci  parait  si  dési* 
rtusè  d'«xercer  eette  prérogative  qu'elle  a  soin  de  nous  ap- 


prendre €  au'en  cette  matière,  comme  le  disait,  non  sans 
amertume, M.  le  professeur  Léon  Le  Fort  dans  sou  intéres- 
sante notice  sur  les  hôpitaux  de  Paris:  ils  ne  peuvent  que 
conseiller  et  se  plaindre  et  non  ordonner.  Les  regrets  de 
l'éminent  professeur,  ajoute-t-elle,  seraient  sans  tloute  atté- 
nués aujourd'hui  ;  l'administration,  en  eCTet,  ne  manque 
pas  d'écouter  et  de  suivre  les  avis  et  les  conseils  des  chefs 
de  service,  toutes  les  fois  que  ces  éminents  praticiens  sont 
d'accord  pour  réclamer  une  réforme  utile  au  malade  ou  à 
h  science,  el,  en  même  temps,  compatible  avec  les  res- 
sources du  budget  appelé  à  subvenir,  non  seulement  aux 
besoins  des  indigents  malades,  mais  aussi  à  ceux  des  vieil- 
lards, des  infirmes  et  même  des  indigents  valides  >.  On  no 
saurait  plus  largement  témoigner  de  la  prépondérance  cl 
de  l'importance  que  cherchent  à  se  donner  les  bureaux  d«' 
l'assistance  publique  de  Paris  1  Dans  le  corpâ  médical  d<'> 
hôpitaux  et  nospices  de  Paris,  il  faut  aussi  compter  9  ni- 
decins  du  service  des  aliénés,  chefs  des  quartiers  d'aliéno^ 


20  Septembre  1889      GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


-  «•  38 


6H 


matique  contre  lequel  on  avait  vainement  essayé  la  névrotomie. 
La  moelle  recueillie,  immédiatement  après  la  mort,  par  M.  Lan- 
lanié,  fut  découpée  en  fragments  et  hacnée  finement.  La  bouillie, 
mise  en  macération  dans  une  grande  quantité  d'eau,  environ 
deux  litres,  pendant  douze  heures,  donna  un  liquide  qui,  dans 
Thypothèse  de  la  nature  alcaloïdique  de  Tagent  tétanigcne, 
devait  tenir  en  dissolution  ou  en  susnension  les  ptoraaïnes  sus- 
pectes. Ce  liquide,  grossièrement  filtré  après  aécantation,  fut 
injecté  à  doses  massives  à  deux  chiens  et  a  un  âne.  Les  chiens 
reçurent  par  la  jugulaire  45  centimètres  cubes  et  Tâne  90  cen- 
timètres cubes.  Aucun  des  animaux  ne  fut  atteint  de  tétanos. 

Evidemment,  s*il  existe  un  virus  tétanique  microbien 
ou  alcaloïdique  inoculable  par  injection  intraveineuse  ou 
hypodermique,  il  n'était  ni  dans  le  liquide  bouilli  obtenu 
après  trituration  de  la  moelle  et  du  bulbe  de  la  femme,  ni 
dans  le  liquide  obtenu  par  macération  de  la  moelle  hachée 
du  cheval.  D^ailleurs.  puisque  dans  la  seconde  expérience, 
il  n'a  été  pris  aucune  précaution  pour  stériliser  le  liquide 
expérimenté,  ce  liquide  devait  bien  contenir  soitle  microbe, 
soit  la  ptomaine  tétanigènes,  si  l'un  ou  l'autre  avait  habité 
la  moelle,  et  cela  d'autant  plus  siirement  que  le  liquide, 
n'ayant  été  que  grossièrement  filtré  après  décantation, 
devait  par  conséquent  être  chargé  aussi  des  ptomaïnes  non 
solubies  dans  Teau.  Il  semble  donc  légitime  de  conclure 
que  le  virus  tétanigène,  s'il  existe,  n'est  pas  dans  la 
moelle,  qu'il  soit  ptomaïne  ou  qu'il  soit  microbe.  Ne  serait- 
il  pas  dans  les  muscles  ou  dans  le  sang?  pas  davantage,  du 
moins  les  expériences  suivantes  ne  nous  ont  pas  permis  de 
l'y  découvrir. 

Expériences  III  et  IV.  —  6  kilogrammes  du  muscle 
furent  recueillis,  le  9  février  4887,  sur  le  cadavre  d'une  jument 
qui  venait  de  succomber  au  tétanos.  La  masse,  réduite  en  pulpe, 
fut  divisée  en  deux  portions  :  Tune,  traitée  par  rébullition 
dans  Peau,  servit  à  la  confection  d*un  bouillon  ;  l'autre  traitée, 
par  Teau  froide,  servit  à  la  confection  d'une  simple  macération. 

80  centimètres  cubes  du  bouillon  furent  injectés  sous  la  peau 
d'un  premier  cheval  ;  80  centimètres  cubes  de  la  macération 
furent  injectés  sous  la  peau  d'un  deuxième  cheval.  Ni  l'un  ni 
l'autre  n'eurent  le  tétanos. 

Expérience  V,  —  1  centimètre  cube  de  sang,  recueilli,  îmmé- 
diatement  après  la  mort,  sur  le  cadavre  de  la  même  jument,  fut 
injecté  sous  la  peau  d'un  lapin  qui  n'eut  pas  le  tétanos. 

Que  le  virus  tétanique  habite  les  centres  nerveux,  les 
muscles  ou  n'importe  quel  autre  système,  c'est  évidemment 
une  question  très  intéressante  à  résoudre;  mais  il  était 
non  moins  curieux  de  rechercher  quelle  est  cliniquement 
Torigine  du  tétanos,  ou,  en  d'autres  termes,  quel  est  l'agent 
de  propagation  de  cette  maladie. 

Les  expériences  de  Nicolaier  avaient  paru  démontrer  que 
l'agent  tétanigène  existe  dans  le  sol  souillé  par  les  chevaux, 


ou,  plus  exactement,  par  les  déjections  des  chevaux.  On 
sait  en  effet  que  Nicolaïer  aurait  réussi  à  développer  des 
accidents  tétaniques  ou  tétaniformes  chez  des  lapins,  sous 
la  peau  desquels  il  avait  injecté  un  liquide  chargé  de  terre, 
à  condition  que  cette  terre  ait  été  foulée  et  souillée  par 
des  chevaux.  La  terre  de  ferme,  la  terre  de  route,  ou  de 
rue  serait  tétanigène,  tandis  que  la  terre  de  forêt  ne  le 
serait  point. 

Nicolaier,  du  reste,  si  nous  ne  nous  trompons  pas,  in- 
jectait ses  lapins  avec  le  liquide  provenant  de  la  macéra- 
lion  de  la  terre  expérimentée,  sans  filtration  ;  de  telle  sorte 
qu'il  introduisait  en  même  temps  et  le  liquide  suspect  de 
virulence  et  des  corps  étrangers  en  soi  inertes.  C*était 
assurément  compliquer  Texpérience  ;  sMl  existe  un  virus 
tétanique,  c'est  en  effet  un  microbe  ou  une  ptomaïne  ;  dans 
les  deux  cas,la  filtration  grossière  du  liquide  provenant  de 
la  macération  de  la  terre  suspecte  laissera  certainement 
passer  le  principe  actif,  tout  en  avant  l'avantage  de  sup- 
primer rintervention  inopportune  àe  corps  étrangers.  Que 
s'il  était  démontré  que  la  présence  dé  corps  étrangers  soit 
nécessaire  à  la  genèse  du  tétanos,  il  serait  démontré  éga- 
lement que  le  tétanos  n'est  pas  une  maladie  infectieuse. 
Mais  il  est  au  contraire  certain  que  la  présence  d'un  corps 
étranger  dans  la  plaie  n'est  pas  la  condition  sine  qua  non 
du  développement  du  tétanos,  puisque  les  cas  sont  nom- 
breux en  clinique  oii  le  tétanos  a  éclaté,  violent  et  mortel, 
sans  que  la  plaie  renfermât  le  moindre  corps  étranger. 
Nous  avons  donc  jugé  qu'il  était  meilleur  et  plus  démon- 
stratif de  débarrasser  les  liquides  que  nous  expérimentions 
des  corps  étrangers  dont  ils  étaient  chargés,  par  la  filtra- 
tion  sur  un  papier  ou  au  moins  sur  un  linge. 

Nous  nous  sommes  alors  proposé  de  rechercher  la  capa- 
cité tétanigène  :  1°  de  la  terre  d'une  écurie  où  un  cheval 
tétanique  avait  habité  six  mois  auparavant; 

2"*  De  la  terre  d'une  écurie  qui  n'aurait  jamais  été  habitée, 
de  mémoire  d'homme,  par  un  cheval  tétanique  ; 

3°  De  l'urine  d'un  cheval  atteint  de  tétanos  ; 

4"*  De  la  litière  souillée  par  l'urine,  le  crottin  et  la  sueur 
d'un  cheval  atteint  de  tétanos. 

Nous  avons  en  conséquence  entrepris  les  expériences 
suivantes  à  l'école  vétérinaire  de  Toulouse  : 

Expérience  VL  —  Le  11  novembre  1886,  nous  prenons  dans 
l'écurie  n*  H,  qui,  six  mois  auparavant^  avait  été  habitée  par  le 
cheval  tétanique,  dont  la  moelle  a  servi  à  l'expérience  11,  mais 
qui,  après  avoir  été  soumise  à  un  lavage  à  Teau  chaude,  avait 
été  habitée  par  d'autres  chevaux  malades,  de  la  terre  entre  les 
pavés.  Cette  terre  est  une  poussière  de  paille  et  de  crottin.  Nous 
raisons  macérer  cette  terre,  environ  dix  minutes,  en  la  pilant 
dans  un  mortier  avec  de  Teau  ordinaire.  Quand  la  masse  solide 
est  bien  imbibée,  nous  filtrons  sur  un  linge.  Le  liquide  obtenu 
est  brun  sale  et  très  trouble;  nous  en  injectons  : 


de  Bicétre  et  de  la  Salpêtrière,  dont  7  titulaires  et  2  adjoints 
et  9  accoucheurs,  comprenant  également  7  titulaires  et 
2  adjoints.  Sous  leurs  ordres  sont  212  internes,  dont  20  ont, 
de  1860  à  1888,  succombé  à  des  maladies  contractées  au  lit 
des  malades.  Ajoutons  que  8  dentistes,  docteurs  en  méde- 
cine, sont  chargés  du  traitement  des  maladies  des  dents 
dans  les  hôpitaux  de  Paris;  ils.  doivent,  outre  leur  visite 
hebdomadaire  dans  chacun  des  établissements  de  leur 
groupe,  donner  deux  consultations,  chaque  semaine,  dans 
un  hôpital  qui  leur  est  désigné.  Ajoutons  enfin  22  phar- 
maciens, secondés  par  133  élèves  nommés  à  la  suite  d'un 
concours. 

L'assistance  publique  apporte  aux  éludes  scientifiques 
du  corps  médical  des  hôpitaux  le  concours  que  lui  permet- 
tent les  ressources  de  son  budget.  On  compte  aujourd'hui 
35  laboratoires  environ  mis  à  la  disposition  des  chefs  de 
service  des  hôpitaux,  nécessitant  une  dépense  annuelle  de 
30000  à  40000  francs  ;  à  ces  chiffres  il  faut  encore  ajouter 


les  frais  occasionnés  par  les  16  laboratoires  réservés  aux 
pharmaciens  des  hôpitaux;  de  plus,  Tassistance  publique 
contribue,  à  titre  purement  gracieux,  aux  dépenses  des 
13  laboratoires  relevant  des  cliniques  médicales  et  chirur- 
gicales  créées  par  la  Faculté  dans  quelques-uns  de  ses  hôpi* 
taux  et  hospices.  Les  dépenses  occasionnés  par  ces  services 
pour  fournitures  de  produits  doivent  être  évaluées  pour 
chacun  à  2000  francs  par  an  environ.  On  a  calculé  d'après 
des  documents  officiels  que  de  1871  à  1886,  soft  pendant 
seize  ans,  ces  13  laboratoires  dont  9  existaient  seulement 
en  1879,  ont  coûté  à  l'administration  hospitalière  la  somme 
de  221  500  francs.  En  outre,  les  écoles  d  infirmiers  et  d'in- 
firmières de  Bicétre,  de  la  Salpêtrière  et  de  la  Pitié,  créées 
par  M.  Bourneville,  ont  pu  décerner,  en  1888,  248  diplômes 
gagnés  dans  les  cours  professionnels  de  ces  écoles.  Ces  cours 
répondent  au  programme  suivant  :  administration  et  comp- 
tabilité hospitalière,  anatomie,  physiologie,  pansements  et 
petite  chirurgie,  hygiène,  petite  pharmacie,  soins  à  donner 


bii    -  N*  38  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE      20  Septembre  1889 


15  grammes  dans  la  jmie  d'un  âne; 

15  grammes  dans  Fencolure  d*un  cheval  ; 

10  grammes  sous  la  peau  du  dos  d'un  chien. 
Comparativement  nous  prenons  dans  l'écurie  des  étalons  de 

l'école,  c'est-à-dire  dans  une  écurie  qui  jamais  n'a  contenu  ou 
abrité  de  chevaux  tétaniques,  ni  même  malades,  de  la  terre 
entre  les  pavés,  que  nous  traitons  de  la  même  façon  que  la 
terre  de  l  écurie  n»  11  ;  nous  injectons  5  grammes  du  liquide 
obtenu  après  macération  et  filtration  grossière^  dans  le  flanc 
d'un  cheval. 

Le  résultat  fut  nul  au  moins  en  ce  qui  concerne  le  tétanos. 
Tous  les  animaux  eurent  des  abcès  septiques,  voire  même  gan- 
greneux chez  l'âne,  aucun  n'eut  d'accident  convulsif,  aucun  ne 
succomba. 

Expérience  VII. —  Le  15  janvier  1887,  entrait  dans  les  hôpi- 
taux de  l'Ecole  vétérinaire  une  jument  percheronne  atteinte  de 
tétanos  à  la  suite  d'une  petite  plaie  contuse  du  genou  du 
membre  antérieur  gauche.  M.  le  professeur  Mauri  voulut  bien 
la  mettre  à  notre  disposition.  Il  s'agissait  d'un  tétanos  très 
franc,  mais  â  forme  chronique,  terminé  par  la  mort  dans  la  nuit 
du  7  au  8  février. 

Le  21  janvier,  un  cheval  blanc,  atteint  de  nombreuses  tu- 
meurs roélaniques,  reçoit  sur  le  côté  droit  du  thorax,  au  niveau 
d'un  espace  intercostal,  au  voisinage  d'un  nerf  par  conséquent, 
une  injection  sous-cutanée  de  50  grammes  d'urines  prove- 
nant de  la  jument  tétanique  sus-nomiQée. 

11  n'y  eut  aucun  résultat;  le.  l^'  février,  le  même  cheval  était 
en  bonne  santé  ;  il  a  été  sacrifié  depuis. 

Expérience  VIII.  —  Le  21  janvier  1887,  un  petit  cheval  bai 
fat  blessé  largement  à  la  sole  et  au  paturon  du  membre  posté- 
rieur fauche,  la  blessure  saigna  abondamment,  il  y  avait  perte 
de  substance.  Cela  fait,  l'animal  fut  installé  dans  l'écurie 
occupée  par  la  jument  tétanique,  à  côté  d'elle  et  sur  la  même 
litière.  La  litière  souillée  par  la  jument  tétanique  était  soi- 
gneusement placée  sous  le  cneval  blessé  au  pied. 

Le  même  jour,  deux  lapins  furentinstallés,  dans  une  caisse,  sur 
une  litière  laite  avec  du  crottin  de  la  jument  tétanique  et  de  la 
paille  provenant  de  la  litière  souillée  par  cette  même  jument. 

Le  22  janvier,  un  chien  fut  installé  sur  une  litière  semblable. 

Le  24  janvier,  l'un  des  lapins  fut  blessé  à  l'aide  d'un  large 
et  profond  coup  de  ciseau  sur  la  face  plantaire  des  deux  pattes 
postérieures;  le  chien  fut  aussi  blesse  au  membre   postérieur 

§auche  par  une  .large  excision  du  coussinet  à  l'aide  d'un  ou 
eux  coups  de  ciseaux. 

Les  plaies  fraîches  du  cheval,  du  chien  et  du  lapin  se  trou- 
vaient donc  en  contact  immédiat  avec  la  litière  de  la  jument 
tétanique. 

Aucun  de  ces  animaux  n'eut  le  tétanos  ;  tous  sont  aujourd'hui 
en  parfaite  santé. 

Expérience  IX.  -—  Le  29  janvier  1887,  le  nerf  plantaire  interne 
du  membre  antérieur  gauche  d'un  vieux  cheval  est  dénudé.  Une 
injection  interstitielle  est  pratiquée  dans  ce  nerf  à  l'aide  d'une 
seringue  chargée  d'un  liquide  obtenu  par  la  macération  de 
170  grammes  de  crottin  de  la  jument  tétanique  dans 
790  grammes  d'eau.  La  macération  a   duré  dix-huit  heures,  le 


liquide  a  été  filtré  sur  un  linge;  puis  sur  du  papier  à  filtre 
ordinaire,  le  liquide  était  trounle  couleur  purin.  La  seringue 
contenait  environ  40  grammes  ;  l'aiguille  a  été  portée  dans  la 
gaine  du  nerf  entre  les  filets  nerveux,  mais  une  bonne  partie 
du  liquide  s'est  déversée  dans  la  plaie  après  avoir  rempli  la 
gaine  du  nerf.  Les  filets  nerveux  ont  certainement  été  atteints 
par  l'injection. 

L'animal  n'eut  pas  le  tétanos;  il  est  aujourd^ui  en  parfait 
état.  (8  février  1887.) 

Expérience  X.  —  Enfin  1  centimètre  cube  de  sueur  recueillio 
sur  la  même  jument  tétanique  quelques  instants  avant  sa  mort, 
survenue  le  9  février  1887,  fut  injectée  s#us  la  peau  d*an  lapin 
qui  n'eut  pas  le  tétanos. 

Sans  vouloir  généraliser  plus  qu'il  ne  convient,  nous 
croyons  cependant  qu'il  résulte  de  nos  expériences  que  : 

1"*  La  terre  d'une  écurie,  souillée  par  les  déjections  de 
chevaux,  n'ayant  pas  eu  le. tétanos,  n'est  pas  tétanigène 
pour  le  cheval. 

^  La  terre  d'une  écurie,  souillée  par  les  déjections  d'un 
cheval  tétanique  et  mort  tétanique,  mais  ayant  été  lavée  à 
l'eau  chaude  puis  habitée  par  d'autres  animaux,  n'est  téta- 
nigène ni  pour  le  cheval,  ni  pour  l'àne,  ni  pour  le  chien. 

3**  L'injection  hypodermique  d'urine  ou  de  sueur  prove- 
nant d'un  cheval  tétanique,  n'est  pas  tétanigène  pour  le 
cheval  (urines)  ni  pour  le  lapin  (sueur). 

4*"  L'injection  interstitielle,  dans  la  gaine  d'un  nerf,  d'an 
liquide  ontenu  par  macération  du  crottin  d'un  cheval  téta- 
nique, n'est  pas  tétanigène  pour  le  cheval. 

5"*  Le  séjour  prolongé  sur  une  litière  souillée  par  un 
cheval  tétanique,  n'est  pas  tétanigène  pour  le  cheval,  ni 
pour  le  chien,  ni  pour  le  lapin,  même  si  ces  animaux  sont 
blessés  et  que  leur  plaie  touche  la  litière  suspecte  (1). 

On  le  voit,  nos  conclusions  sont  toutes  négatives  ;  nos 
recherches  n'apportent  donc  pas  une  solution  à  la  question 
du  tétanos,  mais  n'eussent-elles  d'autre  avantage  que  de 
déblayer  la  route  qui  mènera  au  but,  qu'on  ne  saurait 
leur  refuser  un  brevet  d'utilité. 


CORRESPONDANCE 

A  M.   LE  RÉDACTEUR  EN  CHEF  DE  LA   f  GAZETTE  HEBDOMADAIRE   > 

Vous  avez  publié  dans  l'avant-dernier  numéro  de  votre  esti- 
mable journal,  une  lettre  d'un  de  nos  confrères  de  Vannes,  avec 
ce  titre  :  Cas  de  mort  subite  par  une  injection  d'étker. 

L'anecdote,  telle  qu'elle  est  racontée,  tend  à  prouver  :  1«  que, 

(1)  Dans  uno  nouvelle  sëric  d'expériences,  entreprises  avec  If.  Mauri,  profes- 
seur h  l'Ecole  vétérinaire,  nous  avons  inoculé  de  la  terre  prise  au  voisinage  du 
cadavre,  oriterré  depuis  deux  mois,  d'un  àne  mort  du  tétanos  :  nous  n'avons  pa> 
obtenu  de  tétanos  ;  nos  inocules  sont  morts  de  septicémie  ou  bien  ont  survécu. 


aux  femmes  en  couches  et  aux  enfants  nouveau-nés, 
exercices  pratiques. 

'  L'importance  de  plus  en  plus  grande  accordée  à  l'hygiène 
ne  pouvait  manquer  de  donner  lieu  à  des  applications  nom- 
breuses dans  les  hôpitaux  de  Paris.  Une  commission  d'hy- 
giène hospitalière,  nommée  depuis  i^S%  a  pour  mission 
d'étudier  tous  les  procédé^  qui  sont  recommandés  pour 
maintenir  en  état  de  salubrité  ou  pour  assainir  les  hôpitaux. 
Elle  a  eu  à  s'occuper  notamment  de  l'aération,  du  chauf- 
fage et  de  la  ventilation  des  salles,  de  manière  à  porter  de 
40  à  50  mètres  cubes  la  quantité  d'air  accordée  à  chaque 
malade  au  lieu  de  12  à  16  mètres  cubes  qu'ils  avaient  d'ordi- 
naire il  y  a  un  siècle.  A  l'heure  actuelle  tous  les  établisse- 
ments sont  pourvue  d'une  canalisation  d'eau  de  source, 
indépendamment  d'une,  et  même  pour  quelques  établisse- 
ments, de  deux  canalisations  d'eau  d'Ourcq  ou  d'eau  de 
rivière,  pour  les  besoins  autres  que  ceux  domesti(]ues.  Des 
plaques  sont  apposées  au-dessus  de  chaque  robinet  pour 


indiquer  si  le  liquide  à  en  provenir  est  de  l'eaU  de  rivière 
ou  de  l'eau  de  source.  D'autre  part,  tous  les  hôpitaux  et 
hospices  sont  pourvus  de  services  de  bains  avec  hydrothé- 
rapie; les  nouveaux  procédés  d'évacuation  d'immondices 
s'y  multiplient  de  plus  en  plus  :  des  water-closels  à 
siphon  hydraulique  avec  réservoirs  de  chasse  viennent 
remplacer  les  latrines  d'autrefois;  le  tout  à  l'égout  se 
réalise  de  plus  en  plus. 

La  localisation  des  maladies  contagieuses  dans  un  établis- 
sement spécial  n'existe  actuellement  qu'à  l'hôpital  tempo- 
raire d'Aubervilliers  pour  la  variole  et  dans  les  hôpitaux 
du  Midi  et  de  Lourcine  pour  les  affections  syphilitiques. 
Partout  ailleurs  l'administration  a  dû  isoler  les  maladies 
contagieuses  autant  que  le  permettaient  l'emplacement  et 
la  disposition  des  locaux.  Dans  tous  les  services  d*iso]e- 
ment,  quelques  règles  générales  sont  observées  aussi  stric- 
tement que  possible  :  l""  séparation  du  service  des  conta- 
gieux et  du  personnel  du  surplus  de  l'hôpital  ;  les  dortoirs. 


20  Septembre  1889      GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         _  N*  38  —    6^3 


dans  le  cas  particulier,  la  mort  du  malade  a  été  incontesta-  I 
Mement  occasionnée  par  Tinjeclion;  2"  à  titre  d'enseignement^.-^ 
q^uje  celui  qui  pratique  une  injection  sous-cutanée  est  tenix  ne 
s  éloigner  des  vaisseaux;  3*  qu'il  faut  en  outre  avoir  soin  de  ne 
pas  exercer  de  cotistriction  au-dessus  du  point  piaué  ;  i^  par 
voie  de  conséquence,  que  le  praticien,  qui  a  opère  dans  la  cir^ 
constance,  a  manqué  au  précepte,  en  faisant  son  injection  dans 
une  région  vascufaire  et  en  laissant  le  membre  très  serré  par 
une  manche  de  chemise  relevée  et  formant  ligature. 

Si  l'opérateur  incriminé  est  l'auteur  même  de  la  lettre  (lettre 
qui  est  rédigée  de  façon  à  s'y  méprendre),  on  ne  peut  que  le 
féliciter  de  sa  sincérité;  en  général,  les  opérateurs  malheureux 
ne  sont  pas  pressés  àé  confesser  leurs  revers  et  leurs  fautes. 

Mais,  si  votre  correspondant  vise  unde  ses  honorables  confrères, 
on  a  le  devoir  d'y  regarder  d'un  peu  près,  et  l'observation,  dans 
les  termes  où  elle  est  rapportée,  perd  d'autant  plus  de  sa  valeur 
qu'elle  arrive  tardivement  (après  plusieurs  années  écoulées); 
qu'elle  est  dépourvue  de  noms  propres  et  de  date  et  que  son 
authenticité,  quant  aux  détails,  n  est  garantie  que  par  la 
déclaration  d'un  tiers  qui  ne  parait  pas  avoir  été  témoin  du 
fait. 

Il  est  toujours  extrêmement  délicat  de  faire  parler  les  morts. 
Votre  correspondant  invoque  le  témoignage  du  regretté  docteur 
Fonssagrives.  Moi  aussi,  dans  le  temps,  j'ai  causé  de  l'accident 
avec  l'eminent  professeur,  qui  avait  conseille  Tinjeclion,  mais 
ne  l'avait  pas  pratiquée. 

Dans  la  supposition  d'une  relation  de  cause  à  effet  entre  cette 
opération  et  la  mort  du  malade,  M.  Fonssagrives  s'arrêtait  à 
diverses  hypothèses,  entre  autres  celle  de  l'ouverture  d'une  veine 
et  du  transport  du  liquide  éthéré  jusqu'au  cœur.  Mais  ces  hypo- 
thèses étaient  loin  de  le  satisfaire  et  il  préférait  expliquer  l'acci- 
dent par  le  fait  d'une  simple  coïncidence,  dont  il  exonérait 
riiijection,  rangeant  le  cas  parmi  les  cas  si  nombreux  de  mort 
subite,  dans  la  période  ultime  des  affections  cardiaques.  J'étais 
de  son  avis. 

Quoi  qu'il  en  soit,  aujourd'hui,  des  hypothèses  ne  sont  pas  suf- 
lisautes  pour  autoriser  cette  phrase*:  cas  frappant  de  mort 
subite  occasionnée  par  une  injection  d'éther,  ce  qui  tranche 
une  question  qui  ne  nous  parait  pas  le  moins  du  monde 
tranchée. 

N'étant  pas  l'opérateur  mis  en  cause,  je  n'en  suis  que  plus 
libre  pour  exprimer  ma  pensée,  qui  est  celle-ci  :  La  lettre  de 
notre  confrère  en  dit  trop  et  trop  peu.  C'est  une  anecdote,  qui 
aurait  besoin  de  plus  de  précision,  pour  devenir  une  observation 
scientilique.  J'espère  donc  que  l'honorable  confrère,  que  cette 
lettre  touche  seul,  puisqu'il  a  pratiqué  l'injection,  interviendra 
à  son  tour  et  remettra  les  choses  au  point. 

Il  y  a  bien  encore,  dans  la  lettre  de  votre  correspodant,  une 
deuxième  anecdote,  racontée  en  moins  de  six  lignes,  d'une  in- 
jectionde  morphine  à  la  tempe,  ayant  déterminé  une  mort  subite. 
Si  le  fait  s'est  passé  à  Vannes,  il  serait  peut-être  bon  d'y  joindre 
des  détails.  Deux  cas  de  mort  subite  attribués  à  la  seringue  de 
Pravaz.  c'est  trop  pour  une  seule  ville  ! 
.  Veuilier  agéer,  etc. 

D**  G.  DE  Closmadeuc. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

Premier  Congrès  laternaiional  de  pliyalologle* 

L*année  dernière,  un  certain  nombre  de  physiologistes 
de  nationalités  diverses  se  réunissaient  à  Berne,  au  mois  de 
septembre,  et  décidaient  d'organiser,  pour  Tannée  1889,  à 
Bàle,  le  premier  Congrès  international  de  physiologie.  Ce 
Congrès  vient  d'avoir  lieu  du  10  au  13  septembre;  son 
succès  est  incontestable,  puisqu'il  comprenait  environ 
cent  vingt-cinq  membres,  parmi  lesquels  beaucoup  de  phy- 
siologistes les  plus  justement  renommés  de  ce  temps,  et  que, 
d'autre  part,  il  y  a  été  fait  un  grand  nombre  de  communica- 
tions, parmi  lesquelles  plusieurs  d'un  haut  intérêt,  comme 
on  en  pourra  juger  tout  à  l'heure* 

Ce  n'est  pas  pourtant  que  ces  travaux  semblent  ouvrir  à 
la  physiologie  des  voies  nouvelles  :  on  n'a  vu  se  produire 
aucun  de  ces  faits  dominateurs  d'où  sort  immédiatement 
une  théorie  générale  qui  devient  cause  elle-même  de 
recherches  nombreuses  et  variées;  mais  on  sait,  du  reste, 
que  les  faits  et  les  idées  directrices  de  ce  genre  se  pré- 
sentent rarement  dan?,  les  Congrès  internationaux;  ce  qu'il 
convient  plutôt  de  demander  à  ces  grandes  réunions 
d  hommes  qui  ont  consacré  leur  vie  aux  mêmes  études, 
c'est  une  inaication  précise  sur  l'état  actuel  de  la  science, 
objet  du  Congrès.  Nulle  part,  en  effet,  mieux  que  dans  ces 
réunions,  on  ne  peut  se  rendre  compte  des  questions  qui 
intéressent  les  savants  de  tel  ou  tel  pays;  la  connaissance 
même  très  complète  d'une  littérature  donnée  n'est  pas  sus- 
ceptible de  fournir  des  notions  aussi  exactes  sur  ce  point, 
car  il  convient  de  ne  pas  oublier  que  les  communications, 
dans  un  Congrès  international,  sont  souvent  suivies  de  dis- 
cussions, et,  de  plus,  de  conversations,  qui  éclairent  singu- 
lièrement sur  l'importance  que  .l'on  accorde  dans  tel  ou  tel 
milieu  scientifique  aux  faits  présentés;  aussi  est-il  possible, 
presque  toujours,  de  tirer  de  l'ensemble  des  communica- 
tions des  conclusions  instructives  sur  le  développement 
général  de  la  science.  A  ce  point  de  vue,  le  Congi^ès  de  Bàle 
a  été  fort  intéressant. 

Je  citerai  seulement  quelques  faits  caractéristiques  : 
ainsi  les  communications  de  Horsiey  et  Gotch,  de  Londres 
{Sur  les  modifications  électriques  dans  la  moelle  épinière 
consécutives  aux  excitations  de  la  zone  motrice  corticale)  ; 
de  A.  Waller,  de  Londres  {Les  actions  éleciro-motrices  du 
cœur  humain)^  et  en  général  toutes  les  questions  concer- 
nant Télectro-physiologie,  excitent  toujours  un  vif  intérêt 
parmi  les  Allemands  et  parmi  les  Anglais;  il  en  est  de 
même  des  questions  relatives  à  la  physiologie  de  la  con- 
traction musculaire,  qui  ont  invariablement  été  très  discu^ 


les  réfectoires,  le  vestiaire,  sont  distincts;  en  un  mot,  un 
service  d'isolement  doit  pourvoir  lui-même  à  tous  ses  be- 
soins, sans  avoir  à  recourir  aux  services  généraux  de  l'hô- 
pital ;  2°  port  obligatoire,  pour  toutes  les  personnes  qui 
pénètrent  dans  un  service  de  contagieux,  de  blouses  ou  vête- 
ments de  toile  grise,  pris  dans  un  vestiaire  spécial  à  l'entrée 
et  déposés  dans  un  autre  vestiaire  spécial  à  la  sortie  ;  ces 
vêtements  ne  sont  remis  en  service  qu'après  avoir  été  dé- 
sinfectés; 3"*  spécialisation  des  objets  et  ustensiles  des- 
tinés aux  contagieux;  ces  objets  et  ustensiles  ne  sortent 
des  services  qu'après  avoir  été  désinfectés;  4**  installation, 
dans  les  annexes  de  chacun  des  services  de  contagieux,  de 
lavabos  alimentés  d'une  solution  antiseptique  dont  l'usage 
est  prescrit  à  tous  ceux  qui  ont  approché  les  malades.  Si- 
gnalons à  ce  propos  la  création  de  l'hôpital  temporaire  des 
varioleux  à  Aubervilliers,  l'installation  d'étuves  à  désinfec- 
tion par  la  vapeur  sous  pression,  la  construction  de  pavil- 
lons démontables,  l'un  en  construction,  l'autre  construit 


dans  lés  deux  hôpitaux  d'enfants;  des  tentatives  de  désin- 
fection des  crachoirs  des  tuberculeux,  la  construction  de 
nombreui  pavillons  de  grandes  opérations  et  de  salles  d'o- 
pérations, etc.  Un  essai  d'installation  d'un  service  d'antisep- 
sie médicale  est  actuellement  tenté  dans  le  service  de  cli- 
nique de  M.  Granchër  à  l'hôpital  des  Enfants-Malades*  Les 
pai*quets  des  salles  sont  recouverts  de  trois  couches  d'huile 
de  lin,  les  fissures  ayant  été*  au  préalable  calfeutrées  à 
l'aide  d'un  mastic  spécial  ;  les  rideaux  des  fenêtres  ont  été 
supprimés;  les  lits  en  usage,  démontables,  la  lilerie,  les 
vêtements  sont  désinfectés  au  moyen  d'une  éluve  à  vapeur 
sous  pression  ;  des  entourages  pouvant  également  être  passés 
à  l'étuve  servent  à  isoler  les  enfants  contagieux  ;  des  paniers 
en  fil  de  fer  étamé,  conteilant  les  aliments  destinés  à  ces 
enfants,  sont  plongés,  après  avoir  servi,  avec  les  divers, 
ustensiles,  dans  des  étuves  à  stérilisation  ;  dans  chaque 
salle  sont  des  lavabos  munis  de  brosses  à  ongles,  de  cure- 
ongles  et  de  bocaux  contenant  un  liquide  désinfectant  ;  les 


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tées;  de  môme  encore  de  la  mécanîaue  circulatoire  et  de 
tous  les  procédés  servant  aux  recherches  hémodynaraomé- 
triques;  de  même  aussi  des  questions  qui  ont  trait  à  l'exis- 
tence ou  à  la  nature  des  centres  psycho-moteurs,  etc. 

Il  est  remarquable,  d'autre  part,  qu'il  ait  été  fort  peu 
parlé,  dans  ce  Èongrès,  de  chimie  physiologique.  On  con- 
naît radmirable  développement  de  cette  science  en  Alle- 
magne; or  les  chimistes-physiologistes  se  sont  presque 
tous  abstenus  de  venir  au  Congrès  de  Bâie  :  avaient-ils 
craint  d'être  peu  écoutés  de  la  plupart  des  assistants?  Cette 
supposition  est  bien  peu  admissible.  Je  crois  plutôt,  d'après 
ce  que  j'ai  entendu  aire  de  divers  côtés,  que  déjà  les  chi- 
mistes-physiologistes considèrent  la  partie  de  la  science 
dont  ils  s'occupent  comme  pouvant  et  devant  avoir  une 
existence  indépendante  du  reste  de  la  physiologie.  N'est-ce 

f»as  pour  cette  raison  qu'ils  travaillent  dès  maintenant  à 
aire  organiser  une  section  de  chimie  physiologiaue  au  Con- 
grès international  de  médecine  qui  doit  avoir  lieu  l'année 
prochaine  à  Berlin? 

Outre  les  communications  de  physiologie  expérimentale 
et  de  chimie  biologique,  on  admettait,  au  Congrès  de  BâIe, 
les  communications  relatives  à  la  pharmacobgif^,  à  la  patho- 
logie expérimentale  et  à  la  physiologie  végétale.  Il  n'a  été 
(irésenté  aucun  travail  de  pharmacologie;  on  tirera  de  là 
es  conclusions  que  l'on  voudra.  D'autre  part,  il  est  remar- 
quable que  les  Français  seuls  aient  fait  des  communications 
ayant  trait  à  la  physiologie  comparée  ou  à  la  pathologie 
expérimentale,  qui,  d'ailleurs,  ont  été  écoutées  avec  une 
grande  attention.  Or  on  contesterait  difficilement  la  haute 
portée  des  études  de  physiologie  comparée  et  de  physiologie 

[)athologique,  parmi  lesquelles  rentre  une  bonne  partie  de 
a  bactériologie.  Il  est  donc  manifeste  que,  sous  ce  rapport, 
et  à  en  juger  du  moins  par  ce  qui  s'est  passé  au  Congrès  de 
Bàle,  la  science  d'origine  française  continue  à  marcher  en 
avant. 

La  véritable  originalité  de  ce  Congrès  se  trouve  peut- 
être  dans  les  séances  de  démonstrations  qui  ont  rempli  deux 
après-midi.  Par  une  heureuse  innovation,  plusieurs  salles 
du  Vesalianum  ^Institut  d'anatomie  et  de  physiologie)  ont 
été  mises  à  la  aisposition  des  expérimentateurs,  ainsi  que 
les  instruments,  les  appareils  et  les  animaux  nécessaires, 
de  telle  sorte  ^u'on  a  pu  assister  facilement  à  un  grand 
nombre  d'expériences,  les  discuter,  examiner  les  appareils, 
leur  fonctionnement»  etc.  Je  citerai  particulièrement  les 
expériences  de  Horsiey  sur  les  centres  psycho-moteurs  du 
singe  et  sur  la  variation  négative  dans  la  moelle  à  la  suite 
d'excitation  de  la  substance  corticale;  celles  de  Waller  sur 
les  actions  électro-motrices  produites  par  la  contraction  du 
cœur  chez  l'homme;  les  expériences  d'hémodynamique  et 
les  démonstrations  d'hémodynamomètres  de  Hûnthle  (de 


Breslau),  de  Gad  ei  Heymanns  (de  Berlin);  la  présentation 

[»ar  Jacoby  (de  Strasbourg)  d'un  intéressant  appareil  pour 
a  circulation  artificielle,  appareil  employé  dans  le  labora- 
toire de  Schmiedeberg,  à  Strasbourg;  les  démonstrations 
d'appareils  de  Gad  et  Heymanns  (myographe  universel),  de 
Gregorescu  (de  Bucharest),  qui  a  présenté  un  nouvel  appa- 
reil pour  mesurer  la  vitesse  de  l'onde  musculaire;  de  llosso 
(de  Turin),  (^ui  a  présenté  son  ergographe;  les  expériences 
de  L.  Frédérica  (de  Liège)  sur  l'anémie  delà  moelle;  celles 
de  Kronecker  (de  Berne)  sur  la  déglutition;  les  démonstra- 
tions de  Hering  (de  Prague)  sur  le  sens  des  couleucs;  la 
démonstration  par  L.  Lapique  (de  Paris)  de  son  procédé  de 
dosage  rapide  du  fer  dans  les  organes;  les  belles  démonstra- 
tions microscopiques  de  Danilewsky  (de  Karkow)  sur  des 
hématozoaires  vivant  dans  le  sang  d  oiseaux,  et  de  Langley 
(de  Cambridge)  sur  les  changements  microscopiques  dans 
les  glandes  en  sécrétion,  etc.,  etc. 

Quelques  mots  seulement  sur  la  physionomie  générale 
du  Congrès.  La  séance  d'ouverture  a  eu  lieu  sous  la  pré- 
sidence du  professeur  Miescher  (de  Bàle);  allocution  du 
président  ;  allocution  du  docteur  Zutt,  membre  du  gouver- 
nement; réponse  du  professeur  Michaêl  Porter  (de  Cam- 
bridgeV  au  nom  des  membres  du  Congrès,  et  de  Heiden- 
hain  (de  Breslau);  puis  le  professeur  Heger  (de  Bruxelles) 
a  pris  la  présidence  et  les  communications  ont  commencé. 
Les  secrétaires  généraux  nommés  ont  été  Dastre  (de  Paris)  ; 
Gaskell  (de  Cambridge);  Kronecker  (de  Berne).  Les  com- 
munications et  les  discussions  ont  eu  lieu  indistinctement  en 
allemand,  en  anglais  et  en  français;  les  Belges,  les  Russes, 
plusieurs  Suisses  et  les  Italiens  ont  employé  la  langue  fran- 
çaise. Parmi  les  Français  présents,  nous  pouvons  citer 
MM.  Bouchard,  Charrin,  Chauveau,  Dastre,  E.  Gley,  P.  Lan- 
glois,  P.  Loye,  G.-H.  Roger,  M.  Baudoin,  secrétaire  de  la 
rédaction  du  Progrès  médical  (de  Paris):  Kaufmann  (d'AI- 
fort);  E.  Meyer  (de  Lille)  ;  Arloing,  R.  Dubois,  Morat  (de 
Lyon);  Lannegràce,  Hidon  (de  Montpellier),  etc.;  parmi  les 
allemands,  Fick  (de  Wùrzbourç);  van  Frey,  His(de  Leipzig)  ; 
Gad,  Preyer,  Zuntz  (de  Berlin);  Hermann,  Langendorff  (de 
Kônigsberg)  ;  Grûtzner(deTubingen);  Marckweld  (de  Kreuz- 
nach);  Ewald,  Goitz,  Minkovirski,  Locle  (de  Strasbourg); 
Heidenhain  (de  Breslau);  Rosenthai  (d'Erlangen),etc.;  puis 
von  Vintschgau  (d'Insbruck);  Hering,  Knoll  (de  Prague); 
Cybulski  (de  Cracovie);  Bowditch  (de  Boston);  Horsiey, 
A.  Gamger,  Jeo  (de  Londres);  M.  Poster,  Gaskell,  Langley 
(de  Cambridge),  etc.,  etc.;  Heger  (de  Bruxelles);  L.  Fré- 
déricq  (de  Liège)  ;  Denys  (de  Louvain)  ;  Holmgren  (d'Upsal); 
Tigerstedt  (de  Stockholm);  Bunge,  Miescher,  Socin  (de 
Bàle),  etc.;  kronecker,  Kocher  (de  Berne):  Schiff,  Prévost, 
Girard  (de  Genève V,  Herzen  (de  Lausanne);  A.  Mosso  (de 
Turin);  G.  Fano  (de  Gènes);  Alberloni  (de  Bologne),  etc.; 


vases  de  nuit  et  les  crachoirs  des  malades  sont  également 
soumis  à  la  désinfection.  Enfin,  les  médecins,  élèves  et 
agents  du  personnel  secondaire  ne  pénètrent  dans  les  salles 
qu'après  avoir  revêtu  un  vêtement  de  toile,  qui  est  passé  à 
1  étuve  aussitôt  après  que  les  personnes  qui  Tout  porté  se 
sont  approchées  d'un  malade  atteint  d'une  maladie  conta- 
gieuse ou  suspecte.  Rappelons  enfin  que  le  service  des  vac- 
cinations se  fait  régulièrement  dans  les  hôpitaux  à  l'aide 
d'une  génisse.  13575  vaccinations  ont  été  pratiquées  en 
1888  et  80180  revaccinations,  ainsi  que  20246  vaccinations 
dans  les  bureaux  de  bienfaisance. 

Telles  sont  les  indications  qui  caractérisent  le  mieux  les 
efforts  que  le  corps  médical  est  parvenu  à  obtenir  de 
l'administration  de  l'assistance  publique  de  Paris  ;  les  ré- 
sultats déjà  acquis  permettent  d'espérer  qu'aucun  obstacle 
ne  l'arrêtera  désormais  dans  celte  voie. 

{A  suivre.) 


Mortalité   a    Paris  (36*   semaine,  du  l"*  au  7  septembre 
1889.  —  Population  :  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  28. 

—  Variole,  1.  —  Rougeole,  iO.  —  Scarlatine,  3.  —  Coque- 
luche, 12.  —  Diphthérie,  croup,  32.  —  Choléra,  0.  —  Phthisie 
pulmonaire,  171.  —  Autres  tuberculoses,  26.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  42;  autres,  5.  —  Méningite,  23.  —  Congés- 
tion  et  hémorrhagies  cérébrales,  35.  —  Paralysie,  4,  — 
Ramollissement  cérébral,  9.  —  Maladies  orjg^aniquesdu  cœur,  44. 

—  Bronchite  aiguë,  12.  —  Bronchite  chroniques,  2 1 .  —  Bronche* 
pneumonie,  7.  —  Pneumonie,  37.  — Gastro-entérite:  sein,  15; 
biberon,  84. — Autres  diarrhées,  6.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 6.  —  Autres  affections  puerpérales,  2.  —  Débilité  con- 
génitale, 16.  —  Sénilité,  22.  —  Suicides,  27.  —  Autres  morts 
violentes,  4.  —  Autres  causes  de  mort,  175.  —  G&oses 
inconnues,  H .  —  Total  :  890. 


20  Septembre  1889     GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DB  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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deTarchanoff(de  Sainl-Pétersboarg);  Danilewski  (de  Kar- 
kow),  etc. 

Dans  la  séance  de  clôture,  il  a  été  décidé  que  le  pro- 
chain Congrès  aurait  lieu  dans  trois  ans,  en  Belgique  ou  en 
Suisse. 

Quant  aux  communications  présentées,  nous  n'analyse- 
rons que  les  principales;  mais  ce  compte  rendu,  quelque 
sommaire  qu'il  doive  être,  ne  sera  sans  doute  pas  inutile 
pour  donner  une  idée  plus  complète  du  Congrès,  d'autant 
qu'il  a  été  décidé  par  ce  Congrès,  malgré  une  opposition 
assez  vive,  qu'on  ne  publierait  pas  ofliciellement  autre  chose 
que  les  titres  des  communications. 

SéancesdumardiII  SEPTEMBRE.— M.  Hecer(de  Bruxelles), 

PUIS  HM.  FOSTER  (DE  CAMBRIDGE),  PRÉSIDENTS. 

M.  His  (de  Leipzig)  parle  de  rorganisation  intime  de  la  sub- 
stance grise  de  la  moelle  et  du  cerveau  et  de  nos  représentations 
physiologiques  à  cet  égard.  1/opinion  dominante,  depuis  Gerlach, 
est  qu*il  existe  un  réseau  nerveux,  intermédiaire  entre  les  pro- 
cessus ramifiés  des  cellules  nerveuses,  les  nerfs  sensilifs  et  les 
nerfs  partant  du  cerveau.  Que  vaut  cette  opinion  au  point  de 
vue  de  1  histogenèse?  La  plaque  médullaire  de  Terabryon  con- 
tient deux  espèces  de  cellules  :  les  épithéliales  et  les  cellules 
Î^erminatives;  ce  sont  ces  dernières  qui  se  transforment  en  cel- 
ules  nerveuses,  les  autres  donnent  naissance  à  un  système  de 
trabccules  semblable  à  celui  de  la  rétine  et  qui  se  termine  en 
dedans  par  une  membrane,  en  dehors  par  une  coupe  spongieuse 
ou  voile  marginal  de  His.  Les  cellules  gerrainatives  prennent 
une  forme  allongée  et  leur  protoplasma  se  porte  d'un  côlé  pour 
se  réunir  en  un  seul  lilament,  qui  est  le  cylindre-axe;  ce  sont 
ces  cellules  que  Ton  désigne  comme  neuroblastes.  Ces  neuro- 
blastes  vont  de  leur  lieu  d'origine  vers  la  périphérie  de  la  moelle, 
où  ils  sont  retenus  par  le  voile  marginal;  une  partie  des  fibres 
neuroblastiques  quitte  la  moelle  et  rorme  les  racines  motrices. 
Les  fibres  des  racines  sensitives,  au  contraire,  ne  se  forment  pas 
dans  rintérieur  de  la  moelle,  elles  parlent  des  cellules  bipolaires 
des  ganglions  et  aboutissent  à  la  surface  de  la  moelle  pour  con- 
stituer les  cordons  postérieurs  et  les  racines  ascendantes  des 
nerfs  sensitifs  cérébraux.  Ainsi  les  fibres  motrices  seules  sont 
issues  de  certaines  cellules  centrales,  les  sensitives  proviennent 
de  cellules  ganglionnaires;  par  suite,  la  signification  de  ce  que 
nous  appelons  noyau  nerveux  ne  peut  être  la  même  pour  un  nerf 
moteur  et  pour  un  nerf  sensitif.  Le  noyau  d'un  nerf  moteur  peut 
être  considéré  comme  Pensenible  des  cellules  qui  donne  origine 
à  ces  fibres;  un  noyau  sensitif  central  ne  peut  avoir  la  même 
signification,  puisque  les  fibres  sensitives  proviennent  du  dehors^ 
La  question  de  savoir  ce.  que  représentent  les  organes  considérés 
jusqu'à  présent  comme  noyaux  sensitifs,  reste  donc  à  l'étude. 

M.  His  examine  alors  Tépoque  de  la  formation  du  processus 
des  neuroblastes  ou  cylindre-axe  (question  déjà  étudiée  par 
Visual),  et  la  question  des  réseaux  nerveux  de  Gerlach.  D'après 
lui,  ces  réseaux  n'existent  pas;  il  ny  a  pas  autre  chose  que  des 
embranchements  de  fibres  sans  anastomoses;  d'autre  part,  This- 
logenèse  montre  que  les  fibres,  qu'il  s'agisse  de  cylindres-axes 
ou  de  processus  ramifiés,  proviennent  de  cellules  à  bouts  libres 
et  se  propagent  peu  à  peu  par  Taccroissement  de  ces  bouts.  Il 
ne  peut  admettre  dans  la  substance  grise  que  des  territoires 
formés  par  des  embranchements  entrelacés  et  entourés  d'une 
substance  conductrice  non  fibrillaire. 

—  M.  Bouchard  (de  Paris)  expose  que  les  recherches  qu'il 
poursuit  depuis  plusieurs  années  lui  ont  montré  que  les  poisons 
contenus  dans  les  urines  sont  de  source  variée  et  nombreux,  les 
uns  provenant  de  l'alimentation,  les  autres  de  la  désassimilation 
normale,  d'autres  encore  de  la  putréfaction  bactérienne.  Ces 
poisons  organiques  influencent  la  toxicité  urinaire  de  la  façon  la 
plus  mate.  Ainsi  chez  les  animaux  chez  lesquels  M.  Bouchard 
est  parvenu  à  réaliser  presque  complètement  l'asepsie  intes- 
linale,  cette  toxicité  diminue  considérablement.  Par  contre, 
chez  l'homme,  dans  les  cas  de  pulridité  intestinale,  cetie  toxicité 
augmente  beaucoup. 

L'élimination  de  ces  substances  toxiques  se  fait  donc  surtout, 
sinon  absolument,  par  la  voie  urinaire.  Dès  lors,  il  était  rationnel 
de  penser  que  des  bactéries  pathogènes  développées  dans  l'or- 
ganisme peuvent  y  fabriquer  des  poisons  dont  il  est  possible  de 
montrer  la  présence  dans  les  urines.  La  première  preuve  de  ce 


fait  a  été  fournie  à  M.  Bouchard  par  ses  expériences  sur  la  toxicité 
des  urines  de  cholériques,  en  1884;  l'infection  de  ces  urines 
reproduisait  sur  le  lapin  un  ensemble  de  troubles  morbides 
dont  la  physionomie  rappelle  celle  des  principaux  symptômes  du 
choléra  chez  l'homme,  une  autre  preuve  a  été  donnée  par  les 
expériences  faites  avec  les  urines  de  lapins  atteints  de  la  maladie 
pyocyanique.  M.  Charrin  a  montré  que  la  paralysie  spasmodique 
caractéristique  de  cette  maladie  peut  être  produite  par  des 
infections  des  liquides  de  cultures  filtrées.  De  même,  M.  Bou- 
chard a  vu  l'infection  intra-veineuse  des  urines  déterminer 
cette  paralysie.  Récemment,  en  employant  le  même  procédé, 
MM.  Roux  et  Yersin  ont  reproduit  la  paralysie  diphthéritique. 

D*autres  faits  montrent  1  importance  de  cette  élimination  par 
le  rein.  Par  ces  infections  d'urine,  mais  à  des  doses  atténuées, 
M.  Bouchard  a  pu  obtenir  l'immunité  pour  la  maladie  pyocya- 
nique; cependant  les  animaux  ayant  reçu  ces  injections  ne  pré- 
sentent aucun  trouble;  ils  n'en  sont  pas  moins  devenus  réfrac- 
taires  à  la  maladie. 

En  définitive,  le  rein  élimine  les  poisons  fabriqués  par  de^ 
microbes  comme  il  élimine  les  poisons  organiques  normalement 
produits  ou  certaines  substances  minérales. 

—  M.  Heidenhain  (de  Breslau)  traite  de  la  formation  de  la 
lymphe.  La  lymphe  serait  le  produit  de  l'activité  sécrétoire  des 
cellules  des  capillaires.  Les  infections  dans  le  sang  de  certaines 
substances,  telles  que  l'urée,  le  sucre,  le  chlorure  de  sodium, 
activent  le  cours  de  la  lymphe  et,  d'autre  part,  ces  substances 
apparaissent  dans  ce  liquide  en  beaucoup  plus  forte  proportion 

Sue  dans  le  sang;  ce  fait  indique  une  activité  sécrétoire  propre. 
e  même,  les  injections  de  peptones  activent  la  circulation 
lymphatique,  même  quand  la  pression  sanguine  est  trop  faible; 
et  on  montre  que  la  théorie  qui  explique  la  formation  de  la 
lymphe  par  une  simple  filtration  ne  peut  être  fondée. 

Une  discussion  importante  suit  cette  communication,  discus- 
sion à  laquelle  prennent  particulièrent  part  Fick  (de  Wûrzbourg)  ; 
Fano  (de  Gênes);  Rosenthal  (de  Erlangen)  ;  Bunge  (de  Bàle). 
Heidenhriin  maintient  son  idée  que  la  formation  de  la  lymphe 
est  en  définitive  un  phénomène  de  l'ordre  des  sécrétions;  quand 
la  quantité  de  lymphe  augmente^  la  sécrétion  de  l'urine  augmente 
également;  le  système  lymphatique  est  un  réservoir  dans  lequel 
s  accumulent  les  substances  oui  doivent  être  éliminées  par  les 
urines  après  avoir  passé  dans  le  sang. 

—  M.  Mosso  (de  Turin)  présente  un  appareil  qu'il  appelle 
ergographe,  qu'il  a  fait  construire  et  qui  enregistre  le  travail 
musculaire.  Cet  appareil  lui  a  permis  de  faire  de  nombreuses 
expériences  sur  la  fatigue  chez  Thomme  à  la  suite  de  Texercice 
Tofontaire  des  muscles  et  d'étudier  particulièrement  l'influence 
du  travail  cérébral  sur  la  fatigue.  Après  un  travail  de  cet  ordre 
assez  prolongé,  le  muscle  n'a  plus  de  force.  Cependant,  si  on 

f provoque  sa  contraction  par  l'irritation  du  nerf  (nerf  médian  dans 
es  expériences  de  Mosso),  la  volonté  redevient  capable  de 
commander  des  contractions.  D  autre  part,  il  n'y  a  pas  de  diffé- 
rences entre  les  tracés  qu'on  obtient  par  le  travail  volontaire  et 
ceux  que  donne  l'excitation  du  nerf  ou  l'excitation  directe  du 
muscle. 

Mosso  ne  voit  que  deux  hypothèses  pour  expliquer  les 
résultats  de  ses  expériences:  ou  bien  le  cerveau,  en  travaillant, 
enlève  quelque  élément  au  liquide  sanguin,  ou  bien  il  produit 
quelque  substance  qui  empoisonne  le  muscle.  Cette  seconde 
hypothèse  lui  parait  plus  probable.  11  a  vu,  par  exemple,  que, 
lorsque  le  muscle  fatigué  ne  peut  plus  répondre  à  l'excitation  de 
la  volonté,  il  suffit  d'exciter  le  nerf  pour  provoquer  une  con- 
traction et  que,  tout  de  suite  après,  la  volonté  devient  capable 
de  déterminer  une  contraction  ;  on  peut  penser  que  ce  court 
repos  de  la  volonté  (phénomène  cérébral)  qui  na  duré  que 
quelques  secondes,  a  sufQ  pour  augmenter  sa  lorce. 

—  M.  Goltz  (de  Strasbourg)  présente  un  chien  auquel  il  a 
enlevé  il  y  a  vingt  mois  toute  la  zone  motrice  du  côté  gauche  et, 
de  plus,  la  grande  partie  du  cerveau  postérieur  du  même  côté. 
Cependant,  un  an  après  l'opération,  ce  chien  se  servait  de  sa 
patte  droite  exactement  comme  de  la  gauche.  Goltz  montre  que, 
si  on  empêche  cet  animal  d'employer  sa  patte  gauche,  il  use 
parfaitement  de  la  droite,  pour  trouver  un  morceau  de  viande 
caché  dans  du  sable  De  plus,  la  sensibilité  de  cette  patte  serait 
revenue  à  l'état  normal.  De  ce  fait,  Goltz  conclut  que  tous  les 
troubles  consécutifs  à  l'ablation  de  la  zone  motrice  ne  sont  que 
passagers. 

—  M.  Honley  (de  Londres)  montre,  par  l'analyse  des  fonc« 


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GAZETTE  HEDDOMÂDAIRE  DE  HÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       %  Septembre  1889 


lions  motrices  du  cerveau,  c^u'il  faut  s'adresser  aux  animaux 
supérieurs  pour  étudier  ces  fonctions.  C'est  pour  cetle  raison 
que  le  docteur  Beevor  et  lui-même  ont  poursuivi  leurs  expé- 
riences sur  le  singe,  s'adressant  toujours  à  la  même  espèce,  le 
macacus  simicm.  Quand,  sur  cet  animal,  on  excite  avec  un  cou- 
rant toujours  minimum  la  zone  motrice,  on  obtient,  par  l'appli- 
cation des  électrodes  sur  un  point  donné,  un  seul  mouvement 
exactement  limité  :  c'est  le  mouvement  primaire.  Si  Ton  pro- 
longe l'excitation,  on  observe  d'autres  mouvements  qui  appa- 
raissent suivant  un  ordre  bien  déterminé  :  ce  sont  les  mouve- 
ments secondaires.  Horsley  et  Beevor  expérimentent  alors  sur 
un  singe  éthérisé  et  successivement  produisent  des  mouvements 
isolés  du  pouce,  des  doigts,  du  poignet,  la  flexion  de  l'avant- 
bras  sur  le  bras,  etc.,  puis  les  mouvements  associés  résultant 
d'une  excitation  prolongée,  enfin  les  mouvements  isolés  et  asso- 
ciés des  muscles  de  la  face  et  des  yeux. 

—  M.  Morat  (de  Lyon)  et  M.  Dastre  (de  Paris),  sur  la  demande 
de  plusieurs  membres  du  Congrès,  montrent  l'expérience  qu'ils 
ont  réalisée  il  y  a  plusieurs  années  déjà  sur  le  chien  et  qui 
prouve  l'existence  dans  le  cordon  cervical  du  sympathique  de 
nlets  vaso-dilatateurs  pour  la  région  buccale. 

-r-  M.  Bowditch  (de  Boston)  montre  en  projection  des  séries 
de  photographies,  composées  chacune  de  douze  portraits  repré- 
sentant douze  médecios,  douze  cochers  de  tramway  et  douze 
conducteurs  ;  pour  chaque  groupe  il  a  été  fait  un  portrait  com- 
posite. Or,  le  degré  d'intelligence  que  l'on  constate  pour  un 
groupe  déterminé  est  différent  et  assez  constant  ;  cette  différence 
est  bien  visible  d'après  le  portrait  composite.  De  là  on  peut 
conclure  que  les  photographies  de  ce  genre  peuvent  donner 
un  type  du  développement  mental.  Par  exemple  l'étude  des  por- 
traits composites  d'un  grand  nombre  d'étudiants  américains 
prouve  que  la  comparaison  de  portraits  analogues  dans  les  dif- 
férents pays  révélerait  des  différences  typiques  de  race. 

—  M.  Fano  (de  Gênes)  décrit  le  procédé  pholo^raphiaue  qui 
lui  a  permis  d'inscrire  simultanément  la  contraction  de  l'extré- 
mité auriculaire  et  de  l'extrémité  ventriculaire  de  l'embryon  du 
poulet,  à^é  de  soixante  heures;  par  cette  méthode  il  a  pu  me- 
surer la  vitesse  de  propagation  de  l'onde  péristaltique  à  travers 
la  masse  du  cœur  ;  cette  vitesse  est  à  peu  près  de  1 1  milli- 
mètres par  seconde.  D'autre  part,  un  appareil  spécial  lui  a  per- 
mis de  couper  le  cœur  à  divers  endroits  et  ainsi  il  a  pu  consta- 
ter que  la  portion  auriculaire  a  un  pouvoir  automatique  plus 
considérable  que  la  portion  ventriculaire,  mais  qu'elle  est 
beaucoup  moins  excitable.  Ce  fait  expliquerait,  d'après  Fano, 
pourauoi  l'oreillette  est  plus  résistante  que  le  ventricule,  pour- 
quoi le  mouvement  commence  toujours  par  l'oreillette  pour  se 
propager  au  ventricule  qui^  moins  automatique  et  plus  excitable, 
est  en  état  de  subir  les  influences  qu'il  reçoit  de  l'oreillette. 
Quant  à  cette  différence  entre  l'oreillette  et  le  ventricule,  il  faut 


plus  grande  résistance  aux  gaz  asphyxiants. 

-r-  M.  Knoll  (de  Praçue)  présente  une  série  de  courbes  de 
pression  dans  l'artère  pulmonaire  et  dans  la  carotide  obtenues  sur 
le  chien,  qui  montrent  que,  dans  la  dyspnée,  une  'excitation  sen- 
sitîve  détermine  une  augmentation  de  pression  dans  les  artères 
de  la  grande  circulation  ;  lors  des  oscillations  spontanées  de  la 
pression,  celle-ci  peut  rester  invariable  dans  l'artère  pulmo- 
naire ;  par  suite  les  excitations  des  vaso-constricteurs  dans  les 
conditions  précédentes  ne  retentissent  pas  sur  les  artères  de  la 
petite  circulation.  Les  modifications  qui  dans  ces  conditions 
surviennent  dans  la  petite  circulation  sont  dues  à  un  reflux  du 
sang  du  cœur  gauche  dans  le  cœur  droit  et  à  un  changement 
dans  l'activité  des  deux  parties  du  cœur.  Il  n'y  a  pas  d'action 
du  pneumogastrique  limitée  au  cœur  gauche  ;  mais,  dans  le  cas 
d'augmentation  de  pression  dans  le  ventricule  gauche,  il  peut 
se  produire  une  irrégularité  des  pulsations  que  l'on  confondrait 
aisément  avec  une  action  unilatérale  du  va^e.  Le  fait  de  l'iden- 
tité des  courbes  dans  les  deux  circulations,  étant  donnée  la 
grande  diftérence  des  deux  systèmes  vasculaires,  est  contraire  à 
cette  opinion  que  les  élévations  que  Ton  observe  dans  les  pé- 
riodes d'ascension  des  courbes  artérielles  sont  dues  à  l'électri- 
cité et  au  reflux  du  sang. 

—  M.  Arloing  (de  Lyon)  rapporte  des  expériences  qui  démon- 
trent l'existence,  dans  le  sympathique  cervical,  de  fibres  excito- 
sécrétoires  et  de  fibres  fréno-secrétoires  pour  les  glandes  du  mufle 


du  bœufj  les  glandes  de  Meibomius  et  les  glandes  lacrymales;  le 
même  fait  peut  être  aussi  constaté  choz  la  chèvre,  quoique  plus 
difficilement  que  chez  le  bœuf;  chez  le  chien,  rexpérietice  ne 
réussit  pas.  Arloing  rappelle  d'abord  que  c'est  à  Luchsinger 

3u'on  doit  la  preuve  de  l'existence  de  hbres  excito-sécrétoires 
ans  le  nerf  dont  il  s'agit.  Immédiatement  après  la  section  du 
cordon  cervical  sympatnique,  on  voit  survenir  une  rosée  abon- 
dante sur  le  mufle  du  bœuf,  du  côté  où  le  nerf  a  été  sectionné; 
si  l'on  excite  .e  segment  cervical  du  nerf,  la  sécrétion  augmente 
beaucoup  ;  puis  le  museau  devient  sec  de  ce  côté  et  reste  sec 
pendant  plusieurs  jours.  Mais  alors  la  sécrétion  reparaît,  non 
cependant  sur  tous  les  points;  il  y  en  a,  en  effet,  sur  lesquels 
elle  ne  reparait  jamais,  ce  qui  prouve  que  là  n'aboutissent  point 
de  fibres  excito-sécrétoires.  Or,  le  point  essentiel  de  ces  expé- 
riences, c'est  que,  si  l'on  vient,  sur  le  même  animal,  quarante 
jours  après  la  section  nerveuse,  à  pratiquer  une  injection  de 
pilocarpine,  on  voit  se  produire  les  effets  ordinaires  de  cette 
infection  non  seulement  au  côté  oh  le  nerf  est  intact,  mais  aus<;i, 
quoiqu'un  peu  plus  tard,  sur  les  points  où  la  sécrétion  s' étais 
tarie;  et  même  ces  effets  ne  tardent  pas  à  être  plus  raarquél 
de  ce  côté.  On  ne  peut  évidemment  expliauer  ce  fait  que  par  la 
suppression  de  filets  frénateurs.  La  seule  obligation  possible, 
c'est  que  la  sécrétion  soit  active  dans  les  glandes  par  suite  de  la 
section  du  sympathique;  mais  on  sait  que  les  effets  circulatoires 
de  cette  opération  ont  totalement  disparu  après  un  certain 
temps* 

L'hypothèse,  d'ailleurs,  est  confirmée  par  ce  qui  se  passe  du 
côté  de  la  glande  lacrymale.  Après  la  section  ciu  sympathiane 
chez  le  bœuf,  il  se  produit  une  exagération  de  la  sécrétion  aes 
glandes  de  Meibomius  et  des  larmes;  on  a  donc  mentionné  des 
hbres  frénatrices.  Si  l'on  fait  une  injection  de  pilocarpine,  les 
yeux  se  remplissent  de  larmes  des  deux  côtés;  mais,  du  côté 
opéré,  il  s'en  écoule  trois  fois  plus  environ  que  du  côté  sain,  dans 
le  même  laps  de  temps.  Ce  résultat  montre  bien  encore  que  la 
section  a  supprimé  des  fibres  frénatrices. 

Mais  il  n'en  existe  pas  moins,  dans  ce  nerf,  des  fibres  excito- 
sécrétoires;  une  simple  expérience  le  démontre.  On  coupe  le 
nerf  en  cfuestion;  un  mois  après,  on  coupe  celui  de  l'autre  côté; 
on  administre  tout  de  suite  de  la  pilocarpine;  la  sécrétion  est 
plus  active  de  ce  côté;  c'est  qu'en  effet,  non  seulement  ici  les 
nerfs  modérateurs  sont  supprimés  comme  de  l'autre  côté,  mais  les 
fibres  excito-sécrétoires  sont  encore  excitables  (la  section  venant 
seulement  d'être  faite)  par  le  poison. 

(A  suivre.)  Gley. 


AsMielailon    médleale   brlianalqM,   acasioa   de    Lccds, 
aoAt  188»  (1). 

Chirurgie. 

Traitement  du  cancer  du  rectum.  —  La  discussion  sur  ce 
point  a  été  ouverte  par  Jessop  qui,  après  avoir  démontré  l'ina- 
nité actuelle  des  essais  médicaux,  a  exposé  le  traitement  clii- 
rurgical.  L'extirpation  partielle  du  rectum  est  une  mauvaise 
opération.  Comme  intervention  radicale  il  ne  saurait  être  question 
que  de  l'extirpation  totale  telle  Qu'elle  a  été  pratiquée  depuis 
quelques  années  en  Allemagne.  Jessop  a  fait  sept  opérations: 
une  mort  opératoire;  une  récidive  rapidement  mortelle;  cinq 
survies  en  bon  état  au  bout  de  vingt  et  un,  dix-sept  et  cinq 
mois.  Les  résultats  sont  meilleurs  que  ceux  de  la  colotomie  la 
plus  favorable.  La  colotomie  est  indiquée  pour  les  cancers 
causant  de  l'obstruction;  or  ceux-là  sont  précisément  ceux  de  la 
moitié  supérieure  du  rectum,  et  Jessop  n'a  encore  extirpé  que 
les  cancers  situés  à  la  portée  du  doigt.  Dés  que  le  cancer  élevé 
est  diagnostiqué,  il  faut  établir  un  cancer  artificiel,  et  il  est 
indiscutable  qu'on  prolonge  ainsi  de  plusieurs  mois  la  vie 
moyenne.  Jessop  a  fait  cinquante-quatre  colotomies,  toutes  lom- 
baires, mais  il  se  déclare  rallié  à  l'inguinale  par  les  travaux 
récents. 

F.  Marsh  présente  une  malade  à  laauelle  il  a  fait  ropération 
de  Madelung.  Harrisson  Cripps  se  déclare  partisan  de  l'extirpa- 
tion précoce.  Allingham  de  même.  Pour  les  cas  inopérables  il 
préconise, ainsi  aue  Ward  CousinSy  la  colotomie  inguinale,  que 
mieux  vaut  appeler  iliaque,  objecte  Vincent  Jackson,  Ce  dernïeT 

{{)  O'aprto  le  compte  rendu  de  la  Laneel,  47  août  1880,  et  snininU. 


80  SEPTEitdRE  1889     GA2EtfE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N*  38 


617 


auteur  (qui  s'en  lient  aux  actes  palliatifs)  préfère  la  colotomie 
lombaire  dans  les  cas  d'occlusion  ai^pé;  Tiliaque  dans  les  autres. 
Bennet  May  fait  plus  tôt  la  colotomie  depuis  qu*il  s'est  rallié  à 
ringuinale,  plus  facile,  surtout  quand  lu  côlon  est  vide.  Le  côlon 
étant  distendu,  la  lombaire  est  aisée.  LorSqu*on  prévoit  une 
survie  notable,  Topération  de  Madelung  est  bonne.  C'est  à  elle 
que  s'adresse,  en  principe,  Bowreman  Jessety  pour  oui  l'extir- 
pation n*a  que  de  rares  indications,  et  qui  reproche  à  l'opération 
d'Allingham  d'exposer  trop  au  prolapsus  intestinal.  Rmhlon 
Parker  ne  recule  pas  devant  Tablation;  il  cite  un  fait  où  il  a 
enlevé  12  pouces  du  rectum,  après  résection  sacro-coccygienne. 
Trendelenburg  (de  Bonn)  est  pour  l'ablation.  Ingiis  Parkson 
préconise  le  traitement  par  les  courants  voltaïques  interrompus, 
intenses. 

CuoLÉ-CYSTO-ENTÉROTOMiE.  —  Malade  présenté  par  Mayo 
Eobson;  opéré  pour  une  fistule  totale,  ayant  quinze  mois  de 
date.  La  santé  est  actuellement  excellente. 

Tumeur  cérébrale  enlevée  par  Rushton  Parker  à  un  homme 
de  trente-huit  ans  au  niveau  de  la  zone  Rolandiquc  (phénomènes 
cérébraux  assez  obscurs,  pour  hémiplégie).  C'est  prohablement 
une  gomme,  quoique  le  traitement  spêcilique  ait  été  inefficace. 
La  plaie  a  suppuré  et  les  accidents  se  sont  aggravés.  Alors  le 
foyer  a  été  détergé  et  gratté;  Topéré  aujourd'hui,  au  bout  de 
cin<î  mois,  va  bien.  Otto  E*  Relier  a  fait  une  trépanation  pour 
actinomycose  cérébrale. 

Abcès  du  cerveau.  —  Comme  il  y  a  deux  ans,  Macewen  s'est 
occupé  des  abcès  consécutifs  aux  otites  moyennes  et  aux  suppu- 
rations tuberculeuses  de  l'apophyse  mastoïde.  11  insiste  à  nouveau  : 
l""  sur  (e  diagnostic  avec  la  thrombose  des  sinus;  f*  sur  la  diffi- 
culté de  bien  préciser  le  siège  de  l'abcès  dans  la  substance 
cérébrale,  car  il  occupe,  en  somme,  une  zone  latente*  Le 
diagnostic  des  abcès  du  cervelet  est  plus  facile.  Rien  de  neuf 
opératoirement. 

Chirurgie  rénale,  par  Henry  Morris.  —  L'auteur  insiste  sur 
les  calculs  rénaux,  difficiles  souvent  à  diagnostiquer,  car  des 
foyers  tuberculeux  ou  purulents,  donnent  des  sensations  tactiles 
analogues,  difficiles  à  opérer  en  raison  de  leur  siège  variable 
dans  le  rein.  La  néphrectomie  est  peu  avantageuse  dans  la 
tuberculose  avancée.  En  principe,  la  néphrectomie  lombaire  est 
la  meilleure.  La  néphrorrhaphie  rend  de  grands  services  en  cas 
de  rein  flottant. 


Hypertrophie  de  la  prostate.  —  Mac  GUI  pense  que  les 

5 restâtes  qui  causent  de  la  rétention  proéminent  avant  tout 
ans  la  vessie  et  non  dans  le  rectum.  En  rorme  de  valvules,  elles 
bouchent  l'orifice  uréthral.  hien  souvent,  le  vrai  traitement  est 
le  cathétérisme  répété.  Quand  il  est  inefficace  ou  impraticable, 
il  faut  opérer  et  avoir  pour  but:  l**  d'enlever  la  tumeur;  S**  de 
drainer  pendant  longtemps.  Aussi  la  vraie  voie  est-elle  la  taille 
hypogaslriaue.  Dix  opérés  ont  fourni  huit  succès  fonctionnels 
remarquables;  deux  résultats  nuls.  Edward  Aikinson  a  fait 
cinq prostalectomies sus-pubiennes;  une  mort;  quatre  guérisons 
avec  bon  résultat  fonctionnel.  Reginald  Harrison^  partisan  des 
opérations  précoces ,  relate  un  fait  de  prostatectomie  périnéale. 
Bruce  Clarke  a  eu  à  soigner  onze  prostatiques  chez  qui  une 
opération  était  indiquée.  Il  conseille  d  inciser  d'abord  le  périnée 
pour  explorer  la  proslate,  et  après  cela  seulement  d'agir,  s'il  est 
nécessaire,  par  la  voie  hypogastrique.  Ward  Cousins  est  inter- 
yenn  deux  fois  et  a  enlevé  des  masses  infra-vésicales  de  nature 
cancéreuse.  11  a  adopté  les  idées  de  Mac  Gill.  Macewen,  après 
avoir  entendu  Mae  Gill  et  vu  ses  malades,  se  déclare  converti  à 
l'opération  sus-pubienne.  Bennet  May  pense  que  cette  voie  seule 
permet  l'extirpation  d'une  masse  morbide,  mais  la  cystolomie 
périnéale  assure  bien  mieux  le  drainage. 

Luxation  congénitale  de  la  hanche,  bilatérale,  guérie  par 
W.  Adams  à  l'aide  du  décubitus  dorsal  et  de  l'extension  prolongée 
pendant  deux  ans. 


Typhlite  et  pérityphlite.  — F.  Trêves  résume  sur  ce  point 
ses  idées,  qu'il  a  déjà  fait  connaître  à  diverses  reprises.  Il  est 
adversaire  de  la  ponction  exploratrice.  En  règle  générale  il  con- 
seille une  incision  parallèle  à  l'arcade  de  Fallope;  incision  pré- 
coce, mais  non  point  dès  les  premiers  accidents.  Pour  la  typhlite 
à  répétition,  il  vaut  mieux  s'adresser  à  la  laparotomie,  de  façon 
à  bien  atteindre  et  bien  réséquer  l'appendice  malade.  Il  est 

f parfois  assez  difficile  de  distinguer  exactement  l'appendice  et 
'uretère  distendu. 

Électricité  en  gynécologie.  —  Une  longue  discussion  a  eu 
lieu  sur  ce  point  dans  la  section  d'obstétrique  à  la  suite  d'un 
mémoire  de  Playfair.  Playfair  est  un  partisan  convaincu  de  la 
méthode  d'Apostoli:  l"*  pourles  myomes  hémorrhagiques  ;  ^"^  pour 
ceux  qui  sont  enclavés  dans  le  bassin.  On  ne  se  rabattra  sur 
l'hystérectomie  qu'après  échec  de  la  méthode  électrique.  Bons 
résultats  également  pour  la  dysménorrhée  membraneuse  et  pour 
le  catarrhe  utérin  chronique.  Cutter  (de  New-York)  électrise  les 
myomes  depuis  dix-huit  ans.  Il  a  la  statistique  suivante: 
cas  enrayés,  50  pour  iOO  ;  guérison,  22  pour  100  ;  mort, 
8  pour  ICK).  Lawson  Tait,  depuis  1880,  a  fait  262  castrations 
pour  mvomes,  avec  1,23  pour  100  de  mortalité.  D'autre  part,  il 
demande  une  étude  plus  scientifiaue  de  Télectrisation  et  reste 
en  défiance,  car  l'échec  est  jusqu'à  présent  constant  toutes  les 
fois  que  les  électriciens  s'attaquent  à  une  tumeur  externe,  où  les 
résultats  sont  aisés  à  contrôler  par  la  vue  et  le  toucher.  Cutter  a 
en  somme  8  pour  100  de  mortalité  et  22  pour  100  de  guérisons. 
Tait  n'enregistre  que  1,23  pour  100  de  décès,  et  au  contraire 
91  pour  100  de  guérisons.  Graily  Hewitt  se  déclare  peu  satisfait 
de  ses  essais  d'électricité.  Brailhwaile  reconnaît  que  Félectri- 
sation  donne  quelques  résultats.  Mais  la  castration  est  plus 
efficace  et  ses  risaues  sont  bien  minimes.  Imbach,  Horrockf 
sOnt  adversaires  de  l'électrisation.  More  Madden  en  est  partisan. 

Plaies  de  tête  et  méningite  consécutive. — Charton  a  publié 
des  observations  montrant  que  la  méningite  tuberculeuse  peut 
éclater  à  la  suite  de  traumas  crâniens  légers,  quelquefois,  par 
exemple,  chez  des  enfants  frappés  à  l'école.  Ainsi  que  Scattergood, 
il  insiste  sur  l'intérêt  médico-légal  de  ces  faits^ 

A.  B. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Aeadéoile  des  aclenees. 

séance  do  9  septembre  1889.  —  présidence 
de  m.  des  cloizeaux. 

Étude  bactériologique  des  lésions  de  la  péripneu- 
MONiE  contagieuse  DU  BŒUF.  —  M.  Arloing  a  reconim 
dans  la  sérosité  qui  s'écoule  des  parois  d'une  coupe  faite  à 
travers  un  poumon  malade,  la  présence  de  microbes  peu 
nombreux  relativement  à  l'importance  des  lésions,  et  consti- 
tués par  de  très  courts  bacilles  et  des  microcoques  isolés, 
inégaux  ou  associés  deux  à  deux.  Si  l'on  répartit  la  sérosité 
qui  s'échappe  spontanément  d'une  coupe,  entre  un  petit 
nombre  de  ballons  chargés  de  bouillon,  la  plupart  restent 
stériles.  Les  cultures  sont  presque  sûrement  négatives,  si 
elles  sont  ensemencées  avec  la  sérosité  claire  que'l  on  aspire 
minutieusement  de  la  profondeur  des  lésions  avec  une 
pipette  effilée.  Pour  obtenir  des  cultures  fécondes,  il  faut 
déposer  dans  un  ballon  une  grande  quantité  de  ces  semences, 
ou  bien  se  servir  de  la  sérosité  qui  sort  de  la  coupe  sous 
l'influence  du  raclage.  Mais  ces  cultures  renferment  plu- 
sieurs microbes  qu'il  importe  d'isoler.  Au  lieu  de  procéder 
à  la  dilution  et  à  rensemencemcnt  fractionné  des  cultures, 
il  est  plus  simple,  vu  la  rareté  des  microbes,  de  répartir 
directement  la  sérosité  pulmonaire  sur  la  gélatine  nutritive, 
à  1  aide  d'un  fil  de  platine  ou  d'une  fine  pipette.  Des  colo- 
nies qui  naissent  de  ces  semis,  on  retire  quatre  microbes 
différents  :  l""  un  bacille  qui  fluidifie  promptement  et  com- 
plètement la  gélatine;  i°  un  microcoque  non  fluidifiant, 
dont  les  colonies  blanches  ressemblent  à  des  gouttes  de 
bougie;  3**  un  microcoque  dont  les  colonies  blanchâtres 
s'étalent  en  une  couche  mince,  qui  se  ride  et  se  plisse  en 


618    —  N*  38  —        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE      20  Septembre  1889 


vieillissant;  4«  un  autre  microcoque,  dont  les  colonies 
allongées  ou  circulaires  prennent  une  belle  teinte  jaune 
orangé.  M.  Arloing  propose  d'appeler  le  premier  Pneumo- 
bacillus  liquefacietis  boviSy  le  second  Pneumococcus 
gutta^cereiy  le  troisième  Pneumococcus  lichenoides,  le 

Îuatrième  Pneumococcus  flavescens.  Il  est  possible  que  le 
n.  gutta-^cerei  et  le  Pn.  flavescens  répondent  au  Microc. 
cereus  albus  et  au  Microc,  cereus  flavvs  de  Passet.  Un  cer- 
tain nombre  de  caractères  permettent  d'affirmer  qu'il  s'agit 
bien  de  quatre  espèces  microbiennes.  Ainsi,  les  deux  pre- 
mières sont  facultativement  aérobies  et  anaérobies;  les 
deux  dernières,  exclusivement  aérobies;  le  Pneumobacillus 
végète  seul  à  +  3%5;  le  Pneumococcus  lichenoides  ne  se 
développe  pas  sur  la  pomme  de  terre,  tandis  que  les  trois 
autres  croissent  vigoureusement.  Mais  il  est  bon  de  savoir 
qu'elles  offrent  des  exemples  de  polymorphisme  assez 
curieux.  Le  Pneumobacillus^  très  court,  parfois  subarrondi 
dans  le  bouillon,  s'allonge,  grossit  légèrement  et  se  régula- 
rise sur  la  gélatine.  Le  Pneumococcus  gutta-cerei  augmente 
de  volume  et  le  Pn.  lichenoides  devient  pseudobacillaire 
sur  les  milieux  solides.  Les  microcoques  sont  presque  tou- 
jours réunis  au  pneumobacille,  en  plus  ou  moins  grand 
nombre,  dans  tous  les  points  des  lésions  pulmonaires  fran- 
chement inflammatoires  et  même  dans  les  séquestres. 
Malgré  cette  coexistence,  il  est  impossible  d'attribuer  aux 
quatre  microbes  une  part  égale  dans  la  genèse  de  la  péri- 
pneumonie.  Il  est  probable,  au  contraire,  nue  l'une  des 
espèces  constitue  seulement  l'agent  essentiel  du  virus. 


Académie  de  médecine. 

SÉANCE  DU   17    SEPTEMBRE  1889.   —   PRÉSIDENCE  DE 
M.    MOUTARD-MARTIN. 

M.  Marjolin  dépose,  de  la  purt  de  H.  le  docteur  Carattus  (do  Hilly),  et  de 
M.  le  docteur  Devoiêint,  des  mémoires  manuscrits  sur  la  vaceinatioii  che%  le* 
jeuneê  enfanlê. 

Vaccine  ulcéreuse.  —  M.  Hervieux  rend  compte  d'une 
épidémie  de  vaccine  ulcéreuse  qu'il  vient  d'observer  à  La 
Molle-aux-Bois  (Nord)  à  la  suite  d'informations  adressées 
à  l'Académie  par  H.  le  docienr  Decouvelaere.  Le  31  juillet 
dernier  un  médecin  du  bureau  de  bienfaisance  de  la  localité 
avait  vacciné  à  l'école  communale,  à  l'aide  de  vaccin 
humain,  tous  les  garçons  et  filles  qui  s'y  trouvaient  réunis; 
le  25  août,  date  du  voyage  de  M.  Hervieux,  quarante- trois 
de  ces  enfants  présentaient  des  ulcérations  d'une  nature 
toute  particulière.  Les  boutons  vaccinaux,  au  nombre  de 
trois  à  un  seul  bras  sur  chaque  enfant,  s*étaient  générale- 
ment montrés  du  deuxième  au  troisième  jour;  ils  avaient 
été  de  très  bonne  heure  le  siège  d'une  violente  inflammation, 
avaient  augmenté  rapidementde  volume  et,  à  peu  d'exceptions 
près,  ils  formaient  au  bout  de  huit  à  dix  jours  les  plaies  suppu- 
rantes. Celles-ci  avaient  l'aspect  d'ulcérations  herpétiques, 
de  la  dimension  d'une  pièce  de  50  centimes,  à  fond  grisâtre, 
surélevés,  réguliers  et  entourés  d'une  auréole  inflammatoire 
plus  ou  moins  étendue  ;  œdème  de  tout  le  membre  dans 
certains  cas;  dans  quelques  cas  la  suppuration  était  extrê- 
mement abondante  et  fétide;  sur  un  certain  nombre 
d'enfants  on  remarquait  un  cercle  induré  en  forme  de  ron- 
delle de  cuir  autour  de  l'ulcération;  les  adénopathies  n'ont 
pas  non  plus  fait  défaut.  Dans  plusieurs  cas  il  y  a  eu  des 
phénomènes  généraux,  tels  que  fièvre,  diarrhée,  délire, 
mais  généralement  la  santé  des  vaccinés  n*a  pas  été  atteinte; 
il  s'agissait  d'ailleurs  d'enfants  déjà  arrivés  à  Tâge  de  huit 
à  douze  ans,  de  bonne  constitution  et  vivant  dans  de  bonnes 
conditions  d'hygiène  et  de  salubrité.  Le  vaccinifère  était 
un  grand  garçon  âgé  de  neuf  ans,  d'apparence  saine  et  de 
constitution  robuste,  dont  les  boutons  de  vaccine  étaient, 
lors  de  l'examen  de  M.  Hervieux,  déjà  cicatrisés  et  ne  pré- 


sentaient pas  en  leur  lieu  et  place  d'induration  appréciable; 
mais  il  existait  chez  lui  un  développement  assez  marqué  des 

Sanglions  axillaires  et  sus-maxillaires,  ainsi  qu'un  chapelet 
e  ganglions  à  la  partie  moyenne  et  postérieure  du  cou  ; 
rien  dans  la  cavité  bucco-pharyngienne,  non  plus  qu'à 
l'anus  et  aux  parties  génitales.  Le  père,  ancien  militaire 
devenu  batelier,  et  la  mère  ne  présentent  aucun  indice  exté- 
rieur d'une  maladie  suspecte;  ils  se  sont  énergiquément 
refusés  à  se  laisser  examiner.  Le  vaccinifère  est-il  en  élat 
de  syphilis  latente  ou  les  adénopathies  qu'il  présente  sont- 
elles  le  fait  d'une  diathèse  strumeuse?  Il  est  impossible 
actuellement  de  se  prononcer  en  faveur  de  l'une  ou  l'autre 
de  ces  hypothèses.  Il  en  est  de  même  sur  la  nature  des 
accidents  observés  chez  les  enfants  vaccinés;  ces  accidents 
pourraient  être  considérés  comme  de  nature  syphilitique, 
n'était  la  période  si  exceptionnellement  courte  de  Tincu- 
batlon.  Le  doute  est  d'autant  plus  permis  que  la  mère  d'un 
des  enfants,  s'étant  par  mégarde  frotté  les  yeux  avec  une 
main  souillée  du  virus  provenant  du  bras  de  son  enfant,a  vu 
survenir  sur  la  paupière  inférieure  gauche  une  ulcération  du 
diamètre  d'une  pièce  de  20  centimes,  accompagnée  d'œdème 
des  tissus  environnants  ;  cette  ulcération  est  aujourd'hui 
cicatrisée.  M.  Fournier,  consulté  par  M.  Hervieux,  a  partagé 
les  mêmes  doutes  sur  la  nature  spécifique  de  ces  accidents. 
M.  Hervieux  les  Considère  donc  comme  dus  à  une  épidémie 
de  vaccine  ulcéreuse,  bien  que  l'âge  des  enfants  soit  déjà 
relativement  avancé  et  qu'ils  vivent  dans  un  milieu  salubre 
où  ne  se  développent  pas  d'ordinaire  de  telles  épidémies.  Il 
est  toutefois  obligé  de  réserver  son  diagnostic  jusqu'au  jour 
où  apparaîtront  ou  bien  auraient  dû  apparaître,  en  cas  de 
syphilis,  les  accidents  secondaires. 

Tel  est  aussi  l'avis  exprimé  par  M.  Fournier;  peut-être 
s'agit-il  de  syphilis  vaccinale,  mais  en  présence  des  ano- 
malies singulières  observées,  de  cette  impossibilité  clinique 
révélée  par  la  durée,  extraordinairement  courte  de  l'incuba- 
tion, il  laut  réserver  le  diagnostic  jusqu'à  la  période  des 
accidents  secondaires. 

A  la  demande  de  M.  le  Secrétaire  perpétuel^  l'Académie 
félicite  et  remercie  M.  Hervieux  du  soin,  de  la  conscience 
et  de  la  rapidité  avec  lesquels  il  a  conduit  cette  enquête. 

Maladies  cutanées.  —  îtAe  docieur  GombauUj  médecin 
de  l'hôpital  Beaujon,  entretient  l'Académie  des  résultats 
d'un  procédé  de  traitement  de  l'eczéma,  du  psoriasis,  du 
pityriasis,  désignés  par  M.  Hardy  sous  le  nom  d'afl'ections 
darlreuses,  par  l'association  des  sudorifiques,  des  dépura- 
tifs, des  laxatifs  et  des  alcalins.  — (Le  mémoire  est  renvoyé 
à  l'examen  de  MM.  E,  Besnier  et  Vidal.) 

Hypeutrophie  du  membre  inférieur  droit.  —  M.  Marc 
Sée  lit  un  rapport  sur  l'observation  d'hypertrophie  congé- 
nitale du  membre  inférieur  droit,  communiquée  à  TAca- 
démie  le  20  août  dernier,  par  M.  le  docteur  Duplouy.  Avant 
d'en  venir,  s'il  est  nécessaire  et  comme  le  craint  celui-ci, 
à  la  désarticulation  de  la  cuisse  en  cas  d'extension  du  mal 
ou  même  à  la  ligature  de  l'artère  du  membre,  M.  Marc  Sée 
recommande  d'essayer  de  le  soumettre  non  à  la  compression 
simple,  mais  à  la  compression  élastique. 

Vomissements  incoercibles  de  la  grossesse.  —  L'idée 
d'opposer  aux  vomissements  opiniâtres  de  la  grossesse  un 
remède  ou  une  pratique  unique,  paraît  être  à  M.  Guéniot 
une  conception  tout  à  fait  erronée  que  l'expérience  s'est 
chargée  de  réduire  à  néant.  Les  nombreuses  observations 
publiées  jusqu'à  ce  jour  démontrent,  en  effet,  que  les  gué- 
risons  obtenues  avec  le  secours  de  la  thérapeutique,  ont 
succédé  à  Temploi  des  moyens  les  plus  divers,  sans  qu'au- 
cun de  ceux-ci  se  soit  montré  d'une  efficacité  constante  on 
même  habituelle.  Il  en  devait  être  ainsi  :  car  les  vomiî>se- 
ments  incoercibles  reconnaissent  des  causes  très  variées  et 
trois  organes  ou  appareils  concourent  forcément  à  leur  pr<v- 
duction.  Ces  organes  sont,  d'une  part,  l'utérus  qui  est  le 


20  Septembre  1889     GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHlRUtlGIE 


—  N'Sê-    619 


foyer  même  de  la  grossesse  en  même  temps  qu'une  source 
d'excitation  spéciale  pour  les  autres  organes;  d'une  autre 

f»art,  le  système  nerveux  (spinal  et  ganglionnaire)  qui,  à 
'aide  de  son  pouvoir  réflexe,  transmet  à  distance  cette  ex* 
citation;  enfin,  l'estomac,  siège  et  agent  des  principaux 
ganglions,  qui  subit  d'une  manière  excessive  l'action  du 
stimulus  utérin. 

Pour  combattre  les  vomissements  opiniâtres  de  la  gros- 
sesse, non  plus  avec  un  succès  douteux  et  pour  ainsi  dire 
accidentel,  mais  avec  un  bonheur  presque  constant,  il  est 
donc  indispensable  de  recourir  à  un  traitement  complexe 
qui  s'adresse  simultanément  à  ces  trois  sources  de  la  mala- 
die. De  là  trois  excitations  fondamentales  à  réaliser,  savoir: 
1°  apaiser  l'excitation  morbide  ou  anormale  de  l'utérus  en 
remédiant  aux  divers  états  pathologiques  qui  le  produisent. 
A  cet  effet  la  belladone,  la  cocaïne,  la  morphine,  des  injec- 
tions vaginales  ou  des  topiques  appropriés,  le  pessaire  Ga- 
riel,  la  surélévation  du  siège  avec  décubitus  en  déclivité  du 
tronc,  la  cautérisation  et  même  la  dilatation  artificielle  du 
col,  sont  autant  de  ressources  qui  peuvent  être,  suivant  les 
cas,  très  fructueusement  appliquées;  S""  diminuer  l'activité 
ou  supprimer  l'exagération  des  transmissions  réflexes,  ré- 
sultat que  l'on  obtient,  soit  par  l'usage  du  chloral  bromure, 
soit  par  les  réfrigérations  de  la  région  spinale,  soit  par  les 
influences  normales,  etc.  ;  3""  enfin,  combattre  l'intolérance 
de  l'estomac,  en  traitant  les  diverses  afl'ections  dont  il  peut 
être  le  siège  et  en  excluant  son  éréthisme  à  l'aide  des  moyens 
suivants  :  diète  presque  absolue,  rigoureusement  observée  ; 
suppression  de  toute  boisson  acide,  du  vin,  du  jus  d'orange 
ou  de  raisin,  etc.  ;  emploi  de  l'eau  de  Vais  ou  de  Vichy  et 
delà  glace  en  quantité  des  plus  minimes;  vésicatoire  vo- 
lant ou  morphine  sur  le  creux  épigastrique  ;  pulvérisation 
d'éther  sur  cette  même  région  ;  parfois,  quelques  laxatifs 
ou  certaines  substances  propres  à  régulariser  les  fonctions 
de  l'intestin.  Afin  de  mieux  assurer  Tefficacité  de  cette  mé- 
dication, il  importe,  en  outre,  essentiellement  d'épargner 
à  l'estomac  tout  travail  qui  ne  serait  pas  d'une  absolue  né- 
cessité. Pour  l'administration  des  médicaments,  c'est  donc 
la  voie  intestinale  que  l'on  devra  utiliser  et,  accessoirement, 
la  voie  hypodermique  ou  le  pouvoir  absorbant  de  la  peau. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

THÉRAPEUTIQUE. 

9em  effeto  thér«peatli|ae«  et  de  radmiatatrstloii  de  I*  py- 

iiae,parM.  T.  Z.  Zerner.  —  Dans  cinquante-trois  cas,  pour  la 
plupart  de  maladies  aiguës,  cet  observateur  a  prescrit  la  pyro- 
dine,  soit  sous  la  forme  pilulaire,soit  en  nature  à  la  dose  de  30  à 
iW  centigrammes  par  jour.  Tous  les  malades,  après  deux  ou 
trois  jours,  présentaient  des  symptômes  d'intoxicalion.  Chez  tous 
on  observait  rabaissement  de  la  température  et  des  sueurs  pro- 
fuses. Le  maximum  de  l'abaissement  thermique  se  produisait 
dans  l'espace  dedeux  ou  trois  heures,  après  lesquelles  la  colonne 
thermométrique  s'élevait  de  nouveau. 

L'action  antithermique  de  lapyrodine  est  plus  marquée  contre 
les  états  fébriles  dont  la  marche  est  habituellement  rémit- 
tente, que  contre  les  fièvres  vraiment  continues,  la  fièvre  hec- 
tique des  phlhisiques  par  exemple.  Il  y  a  donc  lieu  de  l'admi- 
nistrer de  façon  à  faire  coïncider  l'efTet  antithermique  avec  le 
moment  de  la  journée  où  la  rémission  fébrile  se  produit. 

La  diaphorèse  se  manifeste  dans  l'espace  de  dix  à  trente-cinq 
minutes  après  Tadministration  du  médicament.  Elle  est  pro- 
fuse, surtout  à  la  tète  et  aux  mains,  et  continue  pendant  toute 
la  durée  de  l'effet  antithermique.  L'agoricine  et  l'atropine  en 
modèrent  quelque  peu  l'abondance. 

La  pyrodine  ne  modifie  pas  les  fonctions  respiratoires.  Elle 
diminue  la  fréquence  du  pouls,  augmente  la  diurèse  et  colore 
l'urine  en  jaune  rougeâtre.  Traitée  par  le  chlorure  de  fer,  cette 


Urine  devient  rouge  comme  celle  des  malades  soumis  à  l'anti- 
pyrine. 

Quels  ont  été  les  résultats  de  l'emploi  de  ce  médicament? 
Dans  la  pneumonie,  il  y  a  eu,  paraît-il,  amendement  des  sym- 
ptômes; dans  l'érysipèle,  la  marche  de  la  maladie  ne  s'est  pas 
modifiée;  dans  un  cas  d'abcès  sous-périostique  du  tibia,  on 
observa  la  diminution  de  la  température,  mais  non  celle  de  la 
chaleur.  Il  en  fut  de  même  dans  trois  cas  de  rhumatisme. 

Les  meilleurs  résultats  ont  été  obtenus  chez  les  phthisiques, 
dont  on  diminuait  l'étal  fébrile;  mais  il  ne  fallait  pas  prolonger 
Tadministration  du  médicament  au  delà  de  trois  jours.  Mêmes 
eff'ets  an ti thermiques  dans  la  fièvre  typhoïde.  Au  demeurant,  on 
peut  conclure  que  la  pyrodine,  qui  n'est  pas  un  analgésique 
comme  d'antres  médicaments  de  la  même  famille,  est  seulement 
un  antithermique  qui  ne  possède  aucune  supériorité  sur  l'anti-» 
pyrine,  l'antifébrine  et  les  autres  remèdes  de  ce  groupe.  (Cen- 
tralb.  f,  gesam.  Thérapie,  mars  1889.) 

Do  remploi  de  la   quinine  daD«  la  pneamonie,   par  M.  le 

docteur  Atkinson.  —  C'est  à  doses  réfractées  que  cette  substance 
doit  être  employée  pour  modérer  l'élévation  de  température. 
M.  Alkinson  l'administre  toutes  les  deux  heures  par  prises  de 
3  grains  et  la  véhicule  dans  une  solution  d*acide  bromhydrique. 
Cette  dose  convient  à  l'adulte.  Pour  un  enfant  de  six  semaines, 
il  faut  la  réduire  à  un  quart  de  grain  toutes  les  quatre  heures. 

Il  est  avantageux  d'en  combiner  l'administration  avec  celle  de 
la  teinture  de  digitale,  à  raison  de  trois  à  quatre  gouttes  de 
celte  dernière,  que  l'on  administrera  en  même  temps  que  l'alca- 
loïde du  quinquina. 

Dans  les  cas  où  la  peau  est  sèche  et  où  les  urines  sont  très 
chargées  d'urates,  M.  Atkinson  en  alterne  l'emploi  avec  celui  du 
citrate  de  potasse  effervescent  et  de  Tesprit  de  nitre,  dont  il 
cesse  l'administration  dès  que  la  diaphorèse  se  manifeste.  Enfin 
il  conseille  en  même  temps  l'usage  de  lalcool. 

L'action  vaso-motrice  de  la  quinine  est  celle  sur  laquelle  il 
fait  fond  pour  favoriser  la  diaphorèse.  En  résumé,  cette  médi- 
cation consiste  surtout  dans  l'association  de  remèdes  classiques 
et  non  pas  dans  l'adoption  d'innovations  thérapeutiques.  Elle 
n'en  réussit  pas  moins  bien  pour  cela.  {The  Praclitionnerf 
p.  434,  juin  1889.) 

Do  raetlon  physlolosliiae  de    Thydrasita   eanadenAU,  par 

M.  Heinricus.  —  Dans  ses  expériences  l'auteur  pratiquait  des 
injections  d'extrait  fluide  d'hydrastis  dans  la  veine  jugulaire  du 


Après  chacune  d'elles  la  pression  diminuait  et  sa  diminution 
persistait  jusqu'à  la  mort  de  l'animal.  Le  pouls  était  fréquent, 
petit  et  irrégulier,  et  la  section  du  nerf  vague  ne  modifiait  pas 
ces  phénomènes,  de  sorte  que  M.  Heinricus  considère  i'hydrastis 
canadensis  comme  un  poison  du  cœur,  exerçant  sou  action  para- 
lysante sur  cet' organe  directement  et  non  par  l'intermédiaire 
des  centres  vaso-moteurs. 

Dé  plus,  cette  substance  ralentit  la  respiration  et  à  doses 
élevées  peut  l'arrêter.  Enfin,  par  la  méthode  d'enregistrement 
de  Krouecker,  Texpérimentaleur  a  constaté  qu'elle  n'exerce 
aucune  action  sur  les  contractions  utérines  ou  vaginales.  (Finsk* 
LakaresalL  Handligàry  1889,  u«  2.) 

lie  remploi  dn  elnalire  en  Injeetlons  hypodermliinefi  eonire 
la  «yphiiiM,  par  M.  le  docteur  Soukoff* —  L'auteur  propose  cette 
préparation  mercurielle  parce  que  le  cinabre  contient  25  sur 
29  de  son  poids  de  métal  et  seulement  4  sur  29  de  son  poids  de 
soufre.  Il  l'administre  donc  sous  la  forme  d'une  huile  contenant 
en  suspension  S'^TÔ  de  cinabre  artificiel  pour  30  grammes 
d'huile  d'amandes  douces,  et  pratique  ces  injections  dans  l'épais- 
seur des  muscles. 

L'élimination  commence  dès  le  troisième  jour  et  est  très 
lente.  Par  contre,  ces  injections,  dont  l'auteur  aurait  pratiqué 
plus  de  800,  sont  peu  douloureuses  et  conviennent  dans  les  cas 
d'intensité  moyenne*  Elles  ne  donnent  pas  de  résultats  aussi 
satisfaisants  dans  les  formes  graves.  {Vratchj  mai  1889,  p.  322*) 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE      30  Septembre  1889 


De  l'admlnlaf rallia  do  ehlorofonne  *  rinlérlear  eomme 
anitoepiiiiac,  por  M.  le  docteur  Stepp.  —  En  se  fondant  sur  les 
propriétés  antiputrides  et  microbiennes  de  cet  agent  médica- 
menteux, l'auteur  emploie,  —  et  n  est  pas  seul  à  le  faire  —  Teau 
chloroformée  contre  Tulcère  d'estomac,  pour  diminuer  les  vo- 
missements et  la  gastralgie.  11  propose  d*en  faire  usage  dans  le 
choléra,  et  enfin  il  rapporte  dix  observations  de  fièvre  typhoïde 
dans  lesquelles  il  fît  ingérer  aux  malades  Teau  chloroformée 
pendant  plusieurs  jours  et  par  doses  répétées. 

La  température,  écrit-il,  s'abaissa  rapidement,  et  on  constata 
une  rapide  amélioration  des  phénomènes  typhoïdiques.  {WieUé 
med,  Blatt.j  1889,  n«  9.) 

De  raeUen  da  •ysyslom  Jambolanam  «ur  lo  diabète  arfl- 
oeiel^parM.  C.  GRifiSER.  —  Ces  expériences  ont  été  faites  sur 
des  chiens  dont  les  urines  étaient  rendues  sucrées  par  l'admini- 
stration de  la  phloridzine.  On  titrait  ces  urines  :  elles  conte- 
naient 5o%89  à  ii^^yio  de  sucre.  Après  l'administration  de 
l'extrait  de  jambul,  celte  quantité  diminuait  de  80  à  90  pour  100. 
Parfois  même  la  glycosurie  disparaissait. 

Dans  ces  expériences,  chaque  dose  de  phloridzine  était  ingé- 
rée deux  heures  ou  iine  heure  avant  l'administration  de  l'extrait 
de  jambul,  et  la  dose  de  celui-ci  variait  entre  6  et  18  grammes. 
Une  dose  très  élevée  n'était  pas  plus  active  qu'une  faible  dose. 
(Cent.  f.  klin.  Med,,  13  juillet  1889.) 


BIBLIOGRAPHIE 

Étioiogie  de  la  myopie)  par  H.  le  docteur  G.  Martin 
(de  Bordeaux). —  Publications  de  YEcho  médical,  1889. 

Dans  un  travail  publié  Tan  dernier  dans  les  Archives 
d'ophthalmologie^  nous  avons  combattu  la  proposition 
émise  par  M.  Martin  à  la  Société  française  d'ophtnalmologie 
en  1887  sur  l'influence  prédominante  de  l'astigmatisme 
dans  le  développement  de  la  myopie.  Corrigez  l'astigma- 
tisme, avait  dit  en  substance  notre  distingué  confrère,  et  la 
myopie  cessera  de  se  développer.  Cette  thèse,  dans  son 
absolutisme,  nous  paraît,  aujourd'hui  comme  il  y  a  un  an, 
ne  pouvoir  être  acceptée.  Bien  que  M.  Martin  concède  dans 
son  travail  une  influence  incontestable  à  la  prédisposition 
héréditaire  ou  acquisej  au  mauvais  éclairage,  au  mobilier 
défectueux  des  écoles,  à  l'écriture  trop  penchée  et  aux 
impressions  trop  fines,  qui  obligent  les  écoliers  à  trop  se 
rapprocher  du  cahier  ou  du  livre;  il  continue  à  attribuer  à 
Tasligmatisme  l'action  principale  dans  la  genèse  de  la 
myopie. 

Sa  doctrine  est  très  simple,  mais  à  condition  qu'on  en 
accepte  la  base,  la  proposition  fondamentale  :  il  est  un 
grand  nombre  d'astigmates  chez  lesquels  la  correction,  la 
contraction  partielle  correctrice  ne  peut  se  faire  que  grâce  à 
une  contraction  générale  très  forte  du  muscle  ciliaire, 
déterminée  par  un  rapprochement  excessif  de  l'objet  en  vue 
et  par  la  convergence  qui  l'accompagne.  Il  faut  donc 
admettre  :  l"*  que  l'astigmatisme  physiologique,  j'allais  dire 
{lormal,  puisque  son  absence  est  exceptionnelle,  est  habi- 
tuellement corrigé  par  une  contraction  partielle  du  muscle 
ciliaire;  2""  que  chez  nombre  de  sujets  faibles,  lymphatiques, 
anémiés,  cette  contraction  partielle  devient  impossible  iso- 
lément. Pour  qu'elle  se  produise,  il  faut,  au  préalable,  que 
le  muscle  ciliaire  se  soit  contracté  dans  son  ensemble,  c'est- 
à-dire  que  l'accommodation  soit  entrée  en  action.  Bien  que 
nous  croyions  les  contractions  correctrices  beaucoup  plus 
Tares  que  ne  l'admet  notre  distingué  confrère,  il  ne  nous 
répugne  pas  d'en  accepter  la  possibilité.  Mais  que  ces  con- 
tractions si  précieuses  disparaissent  sous  Tinfluence  du 
lymphatisme,  de  la  rougeole  ;  Qu'elles  disparaissent  quand 
persiste  la  contraction  générale    du    muscle  ciliaire,  et 


qu'elles  renaissent  sous  l'influence  de  cette  dernière,  il 
nous  est  impossible  de  le  comprendre. 

Nous  en  dirons  à  peu  près  autant  de  la  crampe  du  muscle 
ciliaire,  croissant  avec  le  rapprochement  et  la  durée  du 
travail,  comme  cause  du  développement  de  la  myopie  chez 
les  sujets  nerveux.  Invoquer  d'un  côté  le  lymphatisme  et  la 
faiblesse  ;  de  l'autre,  le  nervosisme,  nous  parait  une  hypo- 
thèse absolument  gratuite.  La  myopie  se  rencontre  tout  aussi 
souvent  chez  les  jeunes  gens  robustes  que  chez  les  débiles 
et  les  soufi'reteux  ;  nos  observations  ne  nous  laissent  aucun 
doute  sur  ce  point. 

Que  l'astigmatisme  prononcé,  par  l'amblyopie  qu'il 
entraîne,  puisse  nécessiter  le  rapprochement  des  objets,  la 
contraction  du  muscle  ciliaire,  et  par  l'augmentation  de  la 
tension  intra-oculaire,  favoriser  le  développement  de  la 
myopie,  nous  n'y  contredirons  pas.  Qu'on  corrige  ce  vice 
de  réfraction  dans  la  mesure  du  possible,  nous  l'acceptons 
volontiers.  Mais  surtout  qu'on  persévère  dans  les  mesurer 
d'hygiène  oculaire  adoptées  pour  les  écoles,  et  l'on  ne  tardera 
pas  à  en  constater  les  fructueux  résultats. 

J.  Chauvel. 


Le  sommeil  provoqué  et  les  états  analogues,  par  M.  le 
docteur  A.  Liébeault.  1  vol.  in-12  de  310  paires.  Paris, 
0.  Doin. 

M.  Liébeault  a  été  uil  précurseur,  un  fondateur  en  ce  ^ui  con- 
cerne l'hypnotisme  médical  et  surtout  la  suggestion.  Mais,  ainsi 
qu'il  arrive  presque  toujours  aux  inventeurs,  il  a  été  d'abord 
méconnu  et  incompris.  Son  livre  sur  le  Sommeil  et  les  états 
analogues,  publié  en  1866,  a  été  condamné  alors,  avec  un  parti 
pris  injuste  et  une  véritable  légèreté,  par  la  Société  niédico- 
psychologique.  Aujourd'hui  M.  Liébeault  peut  avec  couGanc^  en 
appeler  de  ce  jugement  trop  sommaire;  car  il  a  uni  par  ^irr 
école;  il  a  fait,  pur  son  initiative  et  sa  persévérance,  1  école  dr 
Nancy;  ses  idées  reprises,  confirmées,  corrigées,  déveioppcf» 
par  M.  Bernheim,  ont  conquis  la  faveur  du  public;  elles  sont  ou 
acceptées  ou  discutées;  elles  ne  sont  plus  dédaignées.  Le  moment 
était  venu  de  réimprimer  son  ouvrage  ;  c'est  ce  qu'il  vient  de 
faire,  non  sans  avoir  c  mis  de  l'ordre  à  sa  toilette  >  et  sans 
l'avoir  allégé  de  toute  une  troisième  partie,  qui  |)ortait  sur  U 
thérapeutique  et  qui  était  la  plus  sujette  à  caution.  Le  titro 
même  est  plus  exact;  il  porte  maintenant  :  le  Sommeil  pr*h- 
voquéj  et  avec  raison,  car  l'hypnose  et  le  sommeil  naturel  sont 
deux  états  bien  différents,  et  la  première  édition  les  confondait 
à  grand  tort;  le  nouveau  texte  ne  corrige  pas  ce  défaut  avec  la 
même  décision  nue  le  titre  (voy.  la  note,  p.  26  et  27),  et  cVsl 
dommage.  Mais  l'ouvrage  de  M.  Liébeault  est  un  document  qui 
mar(]ue  une  date,  et  on  ne  demandait  pas  à  l'auteur  de  le 
refaire;  tel  qu'il  est,  avec  ses  hardiesses  psycho-physiologique>, 
avec  ses  alternatives  d'ombre  et  de  lumière,  il  a  sa  saveur  pro- 
pre, son  originalité  bien  décidée,  et  il  mérite  d'être  lu  ou  relu, 
car  maintenant  seulement  on  peut  le  comprendre  et  le  discuter 
avec  profit. 

Quelques  additions  curieuses,  que  l'auteur  a  soigneusement 
séparées  du  texte  principal,  augmentent  encore  son  intérêt: 
la  plus  importante  a  pour  objet  la  c  classification  des  degrés  du 
sommeil  provoqué  »  ;  on  sait  que  cette  question  des  degrés  de 
l'hypnose  est  capitale  pour  l'école  de  Nancy. 


VABIÉTÉS 

NÉCR0L0r.lE.  —  Nous  avons  le  reçrel  d'annoncer  la  mort  d«* 
M.  le  docteur  Dubouc  (de  Pau);  de  MM.  les  docteurs  Carpentier 
Méricourt  père,  Pigeon  (de  Fourchambault)  ;  Delamare  (df 
Nantes),  et  I^mazure  (d'Aurillac). 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 

90396  —  MoTTiROS.  —  Imprimeries  rëunief ,  ▲,  rue  MiftfoB,  9,  Péris. 


Trente-sixième  annéb 


N«39 


37  Septembre  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 

PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D'  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 

MM.  P.  BLACNEZ,  E.  BRISSAUD,  G.  DIEULAFOY,  DREYFUS-BRISAC.  FRARÇOIS-FRAHCK,  A.  HËHOCQUE,  A.^.  MARTIN,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adreseer  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lkreboullet,  U,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRE.  —  Bulletin.  Vaccine  ulcéreuàc  et  syphilU  varcinale.  —  Clinique 
cfirnuRGiCALS.  Tubcreiilo^n  cutando.  —  Formulaire  TuéRAPSUTiQUi.  Trailc- 
nicnt  fie  ra»tlimc  des  foins.  —  Travaux  originaux.  Palhologic  externe  : 
Ii'^  l'iipparilion  tanivodcs  kystes  dormoïdcM.  —  RsvUK  DB8  CoNGRKS.  Premier 
Congrès  iulurnntional  de  pliy$iotogio.  —  Sociirés  SAVANTES.  Académie  de 
nicHectiie  —  Rkvitb  dks  JOUKIaux.  Tlicrapeutiquo.  —  BIBLIOGRAPHIE.  Traité 
dcsrri|tlif  deé  maladies  ne  la  peau  :  itym|ilomatoIo);ic  et  anatomie  pathulogique. 
—  VvRiÉTéd.  Statue  éleviv  à  la  mémoire  de  Boulcy.  —  Fkuillbton.  La  médecine 
à  rbx(*osition  universelle  de  1889. 


BULLETIN 

Paris,  25  septembre  1889. 

¥«ecliie  ulcéreuse  et   syphllia  vaecinale. 

En  signalant  mercredi  dernier  la  communication  Taite  par 
M.  Ilervieux,  nous  disions  que,  pour  rassurer  une  population 
justement  émue  des  accidents  qu*a  pu  causer  la  vaccine, 
il  convenait  d'insister  dès  aujourd'hui  sur  les  symptômes 
qui  permettent  d'espérer  qu'il  ne  s'agissait  point  à  La 
Molte-aux-Bois  de  syphilis  vaccinale,  mais  bien  de  vaccine 
ulcéreuse.  En  lisant  dans  le  Bulletin  de  l'Académie  le 
rapport  du  savant  directeur  de  la  vaccine  et  en  le  comparant 
à  une  série  de  documents  analop:ues,il  nous  semble  possible 
d'affirmer  aujourd'hui  ces  conclusions.  Dans  le  récit  de 
répidémio  que  M.  Hervieux  a  si  bien  étudiée,  et  qu'il  publie 
lui-même  sous  le  titre  de  vaccine  ulcéreuse,  le  diagnostic 
dilTérentiel  entre  la  syphilis  vaccinale  et  les  accidents  que 
provoque  parfois  la  vaccine  ulcéreuse  est,  en  effet,  longue- 
iiiejit  et  sérieusement  di:)Cuté;  mais  il  semble  bien  en  res- 
bonir  qu'il  ne  s'agissait  point  de  syphilis.  C'est  ce  que  nous 


voudrions  essayer  de  faire  voir  en  comparant  quelques  faits 
anciens  à  ceux  qui  viennent  d'être  observés. 

Dans  un  récent  travail  sur  les  anomalies  vaccinale^^ 
M.  le  docteur  Commenge  {Union  médicale^  1889)  cite  un 
certain  nombre  d'observations  empruntées  aux  rapports 
annuels  de  l'Académie  de  médecine  ou  aux  leçons  de  M.  le 
professeur  Proust;  puis  il  expose  avec  détails  une  épidémie 
observée  en  1882  dans  le  IV  arrondissement  de  Paris.  Là, 
bien  plus  encore  qu'à  LaMotle-aux-Bois  les  accidents  observés 
auraient  pu  faire  penser  à  la  syphilis.  En  effet,  parmi  les 
enfants  vaccinés,  plusieurs  n'avaient  présenté  qu'une  seule  ou 
au  plus  trois  ulcérations  suspectes,  alors  que  les  inoculations 
voisines  donnaient  naissance  à  des  pustules  vaccinales  par- 
faitement légitimes  ;  chez  deux  ou  trois  malades  (en  parti- 
culier l'enfant  qui  est  le  sujet  de  l'observation  X),  les  lésions 
constatées  présentaient  les  plus  grandes  analogies  avec 
celles  que  provoque  l'inoculation  d'un  chancre  syphilitique. 
Et  cependant  M.  le  docteur  Commenge,  tenant  compte  de 
la  courte  durée  de  l'incubation,  de  la  marche  rapide  de 
l'ulcération,  enfin  de  l'intensité  des  phénomènes  inflam- 
matoires, a  affirmé  qu'il  ne  s'agissait  que  de  vaccine  ulcé- 
reuse et  l'avenir  a  confirmé  ce  diagnostic. 

Plusieurs  mémoires,  dus  à  MM.  Le  Duc  (de  Versailles), 
Henri  Bernard  (de  Grenoble),  Lalagade  (d'AIbi),  etc., 
pourraient  être  rapprochés  aussi  des  observations  que  vient 
de  faire  M.  Hervieux  et  donneraient  lieu  à  des  conclusions 
identiques.  Ainsi,  en  effet,  que  l'a  si  nettement  étabH 
M.  Fournier,  ainsi  que  l'a  rappelé  M.  Hervieux,  les  lésions 
de  la  vaccine  ulcéreuse  sont  relativement  précoces,  celles 


FEUILLETON 

La  médecine  ib  l'Bxpoiililon  universelle  de  A880. 

(Cinquième  article.) 

Si  l'administration  de  l'assistance  publique  de  la  ville  de 
Paris  a  pris  une  part  importante,  quoique  bien  insuffisante 
eu  égard  à  ses  ressources,  à  lExposition,  que  dire  de  celles 
des  autres  grandes  villes  de  France  et  des  villes  étrangères? 
Ici  la  pénurie  est  presque  complète  et  il  serait  vraiment 
impossible  de  se  rendre  compte  de  la  manière  dont  l'assis- 
tance est  aujourd'hui  pratiquée,  si  l'on  devait  se  borner  à 
étudier  dans  les  galeries  et  jardins  de  l'Exposition  ce  dif- 
ficile et  intéressant  problème.  On  conçoit  que  les  Cominis- 
siotis  administratives  des  hôpitaux  et  hospices  soient  avares 
de  leurs  deniers  et  que  les  dépenses  d'une  exposition  aient 
été  pour  les  effrayer;  mais  il  est  des  cas  où  il  faut  savoir 
V  SÉRIE,  T.  XXVÏ. ,    ' 


frapper  l'attention  publique,  ne  serait-ce  que  pour  tenter 
d'augmenter  les  legs  et  donations  qui  constituent  une  part 
importante  des  revenus  de  ces  établissements.  Fort  heureu- 
sement le  gouvernement  a  montré  plus  de  bon  vouloir  et  la 
direction  de  l'assistance  et  de  l'hygiène  publiques  au  minis- 
tère de  l'intérieur  a  pris  une  part  considérable  à  l'Exposi- 
tion, autant  du  moins  que  l'organisation  actuelle  de  ses 
services  le  lui  a  permis. 

C'est  en  effet  une  chose  singulière  que  la  situation  des 
services  d'assistance  en  France  pour  ce  qui  concerne  les 
établissements  hospitaliers  en  dehors  de  Paris.  Les  Conseils 
d'administration  qui  les  gèrent  y  sont,  en  fait,  les  maîtres 
absolus;  quelques-uns,  trop  peu  nombreux,  montrent  un 
grand  souci  des  intérêts  qui  leur  sont  confiés,  de  même 
qu'un  vif  désir  d'apporter  tous  les  perfectionnements  qu'in- 
dique incessamment  le  progrès;  mais  combien  d^autres  se 
bornent  à  veiller  avec  un  soin  jaloux  aux  intérêts  pécuniaires 
de  leurs  établissements  et  ne  pensent  qu'à  en  au^niienter 
..     .  .    ^  .  ,  .  ^  39    . 


622    —  N*  39  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DÉ  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE      27  Septembre  18M 


du  chancre  syphilitique  ne  se  manifestent  jamais  avant  le 
quinzième  jour  qui  suit  la  vaccination.  Quinze  à  vingt  jours 
après  l'inoculation  vaccinale,  les  lésions  ulcéreuses  sont  en 
pleine  évolution,  tandis  que  le  chancre  syphilitique  n*a  pas 
apparu  ou  bien  est  encore  presque  rudimenlaire.  La  vaccine 
ulcéreuse  atteint  toutes  ou  presque  toutes  les  pustules  inocu- 
lées (les  faits  cités  par  M.  Commenge  prouvent  cependant  que 
parfois  une  ou  deux  seulement  sont  anormales)  ;  le  chancre, 
au  contraire,  se  développe  sans  Tapparition  de  pustules 
vaccinales  ou  bien  il  n'infecte  que  quelques-unes  seulement 
d'entre  elles.  Les  lésions  ulcéreuses  de  la  vaccine  sont  très 
étendues;  elles  sont  profondes;  elles  donnent  naissance  à 
une  suppuration  très  abondante  et  à  une  inflammation 
intense  du  tissu  cellulaire  sous-jacent.  La  lésion  syphili- 
tique est  croûteuse;  la  plaie  est  moins  creuse;  l'inflamma- 
tion moins  vive;  la  suppuration  presque  nulle.  Dans  la 
vaccine  ulcéreuse,  la  base  de  l'ulcération  est  indurée,  mais 
cette  induration  est  comme  empâtée,  œdémateuse  Dans  la 
syphilis  vaccinale,  Tinduraiion  donne  au  doigt  une  sensation 
spéciale  de  rénitence  sèche,  élastique,  parcheminée.  Enfin, 
les  complications  inflammatoires  (angioleucite,  érysipèle, 
phlegmons,  etc.)  sont  très  fréquentes  dans  la  vaccine  ulcé- 
reuse; elles  sont  très  rares  lorsqu'il  s'agit  d'un  chancre 
inoculé  par  la  vaccine. 

Nous  avons  cru  devoir  reproduire,  en  les  empruntant  aux 
leçons  de  M.  le  professeur  Fournier,  ces  caractères  différen- 
tiels qu'a  invoqués  M.  Ilervieux  pour  contredire  l'opinion 
des  médecins  qui  pourraient  encore,  dans  l'épidémie  de  La 
Motte-aux-Bois,  penser  à  la  syphilis.  Il  nous  a  paru,  en 
effet,  néct'ssaire  de  les  rappeler  à  tous  les  praticiens  que 
trouble  et  que  contriste  si  souvent  l'appréhension  que  doit 
faire  naître  l'apparition  d'une  vaccine  anormale. 

Reste,  pour  l'épidémie  de  La  Motte-aux-Bois,  un  doute 
relatif  à  l'étal  du  vaccinifère,  c'est-à-dire  à  la  nature  des 
accidents  qu'il  a  pu  présenter  au  moment  de  son  inocu- 
lation vaccinale  primitive.  M.  Hervieux,  qui  l'a  examiné 
avec  le  plus  grand  soin,  n'a  constaté  chez  lui  aucune  mani- 
festation syphiliti(|ue  ancienne  ou  récente,  aucune  lésion 
autour  des  cicatrices  vaccinales,  rien  autre  chose  que 
quelques  ganglions  probablement  d'origine  strumeuse  dans 
l'aisselle,  sous  les  maxillaires  et  à  la  partie  moyenne  et 
postérieure  du  cou.  Mais  on  ne  peut  savoir  quelle  a  été, 
chez  cet  enfant,  l'évolution  de  la  vaccine.  Or  un  certain 
nombre  de  faits  rapportés  dans  divers  recueils  scientiliques 
semblent  démontrer  que,  le  plus  souvent,  les  anomalies 


vaccinales,  surtout  lorsqu'elles  s'observent  chez  des  sujel^ 
appartenant  à  la  seconde  enfance,  de  constitution  saine  ei 
vivant  dans  un  milieu  salubre,  sont  dues  à  ce  que,  chez  le 
vaccinifère,  l'évolution  vaccinale  avait  elle-même  présenif 
quelques  désordres. 

A  ce  point  de  vue,  le  fait  le  plus  remarquable  est  celui 
qui  a  été  observé  en  1885  à  Asprières  (Aveyron)  et  qui  i 
fait  l'objet  d'un  rapport  des  plus  intéressants,  dû  j 
M.  Brouardel  et  inséré  dans  le  Recueil  des  irav*fux  du 
Comité  consultatif  d'hygiène  (L  XVI,  p.  9,  1887).  La 
vaccination  aurait  été  faite  primitivement  avec  du  vaccin  d^ 
génisse  parfaitement  pur.  Une  enfant  est  vaccinée  à  Taidt' 
de  ce  vaccin  :  la  vaccine  a  chez  elle  une  évolution  normale. 
On  se  sert  de  son  vaccin  pour  une  nouvelle  vaccination  qui 
réussit  encore.  Les  enfants  vaccinés  servent  à  leur  tour  de 
vaccinifères.  Dans  cette  troisième  génération  vaccinale 
commencent  à  apparaître  des  accidents.  Une  jeune  fille  e>t 
atteinte  d'un  phlegmon  du  bras.  Elle  guérit.  Son  vacrio 
sert  cependant  pour  revacciner  d'autres  enfants.  Clit^i 
ceux-ci  l'évolution  vaccinale  est  normale.  Les  pustules  a^n 
paraissent  très  vite,  sont  très  enflammées  ;  on  s'en  sert  im- 
prudemment pour  revacciner  d'autres  enfants,  chez  lesquels 
la  pustulation  se  produit  soixante-douze  heures  après 
l'inoculation  vaccinale.  Au  lieu  de  considérer  ce  vaccin 
précoce  —  et  par  conséquent  anormal  —  comme  inefficace 
et  dangereux,  on  a  le  tort  de  s'en  servir  pour  vacciner  qua- 
rante enfants.  Et  l'on  voit  tout  aussitôt  les  accidents  septi- 
cémiques  les  plus  graves  se  développer  chez  ceux-ci.  Six 
d'entre  eux  meurent  vingt-quatre  heures  après  l'inocuL-itiun 
vaccinale;  tous  les  autres  sont  malades  et  couverts  d'in:- 
pétigo. 

Il  est  évident,  et  dans  le  rapport  qu'il  a  signé  avec 
MM.  Pasteur  et  Proust,  M.  Brouardel  l'a  mngistraleme^nt 
établi,  il  est  évident  que  les  accidents  observés  ont  été  dus 
à  ce  que  les  médecins  vaccinateurs  se  sont  servis  d'une 
sérosité  anormale  et  altérée,  qu'ils  ont  prise  pour  de  la 
vaccine  légitime  ;  mais  cette  erreur,  bien  des  praticiens  ont 
pu  la  commettre.  Trop  souvent  encore,  dans  les  vaccinations 
de  bras  à  bras,  nous  pourrions  en  citer  des  exemples,  on 
néglige  de  s'informer  avec  toute  la  précision  nécessaire  de 
l'évolution  des  pustules  dont  on  retire  la  lymphe  prétendue 
vaccinale.  Trop  souvent  aussi  l'on  néglige  de  prendre  les  pré- 
cautions indispensables  pour  éviter  les  accidents  seplicé- 
miquesdusà  l'état  des  instrumentsquiserventauvaccinateur. 
N  a-t-on  pas  vu  Bousquet  {Traité  de  la  vaccine,  etc.,  I84>^, 


les  revenus,  au  risque  de  limiter  les  secours  ?  Aussi  la 
plupart  des  établissements  hospitaliers  dont  nous  parlons 
sont-ils  dans  un  fâcheux  état  de  salubrité,  les  méthodes  et 
les  procédés  de  traitement  n'y  pnt  pas  été  modifiés  depuis 
un  temps  très  éloigné  ;  aussi  comprend-on  que  leurs  Com- 
missions administratives  n'aient  ni  pu  ni  voulu  révéler 
une  telle  ^itUi«tion.  Mais  en  dehors  de  ce  côté  matériel  des 
objets  à  exposi*r.  il  eût  été  possible  d'obtenir  des  renseigne- 
metil<  circonstanciés  sur  lt*s  détails  de  l'administration 
hospit  lièrp  qu'il  importe  tant  aujourd  hui  de  connaître.  Le 
minislère  di*  rintérifiir  avait  p- is  soin  de  dn»sser  à  cet  cffl 
un  prti^rranimc  s|it^rial;  il  n'a  pas  tu  la  bonne  fortune  de  le 
voir  ri  mpli.  A  défaut  des  résultats  d'une  telle  enqurle,  il 
s'est  Vfforcé  de  la  remplacer  dans  la  mesure  du  possible  en 
établissant  la  statistique  des  ilépenses  pnbliques  d  assislanre 
en  Fran-  e  pendant  une  année  .^é  ermiiiée,  l'année  1885. 
Cette  statistique  forme  un  rapport  considérable  de  3.0  p  tges 
et  3i  tableaux,  qui  a  été  présenté  par  M.  Henri  Monod  au 


ministre  il  y  a  quelques  mois  et  que  l'on  peut  consulter  à 
l'Exposition  même,  dans  le  vestibule  du  pavillon  de  la 
classe  64,  sur  l'esplanadtt  des  Invalides. 

Les  dépenses  publiques  d'assistance  sont  celles  dunt 
l'objet  est  de  secourir  les  pauvres  et  qui  sont  payées  au 
moyen  de  deniers  publics.  Elles  comprennent  en*i^ons«''- 
quence,  outre  les  dépenses  proprement  dites  d'assislanci* 
publifjue,  celles  qui,  étant  payées  au  moyen  de  deniers 
publics,  sont  consacrées  à  subventionner  des  œuvres 
privées;  ell'ssoni  nécessairement  imputées  sur  les  bud;:ets. 
soit  de  l'Ktal,  des  d  partemenls  on  des  communes,  soit  d<'- 
établi>senients  publics,  c  esL-a  di»e  les  établis^enuMit^ 
nationaux,  les  hôpitaux  et  hospices,  tes  bureaux  de  bienf  tî- 
sance  et  l'assistance  puidique  de  Paris.  Celles  des  dépen<e< 
de  la  charité  individuelle  qui  ne  sont  pas  payées  par  nue 
caisse  pnblique,  les  dépenses  des  œuvres  privées,  noiani- 
ment  des  œuvres  qui  stmt  reconnues  d'utilité  publique,  ne 
figureut  pas,  par  suite,  dans  ce  travail. 


37  Septembre  1889     GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHUtURGIE) 


U^  39  _    623 


p.  81)  déclarer  qu'il  avait  à  dessein  c  vacciné  avec  des  lan- 
cettes sales,  mal  effilées,  rouillées>,  et  affirmer  qu'avec  du 
bon  vaccin  il  avait  toujours  produit  la  bonne  vaccine.  De 
pareilles  assertions  ne  sauraient  plus  élre  émises  de  nos 
jours.  Mais  il  n'en  est  pas  moins  utile  de  rappeler  aux 
médecins  vaccinateurs  les  précautions  nécessaires  pour 
éviter  les  accidents  septicémiques  dus  aux  instruments 
dont  ils  se  servent. 

Peul-êlre  aussi  ne  sait-on  pas  toujours  reconnaître,  quand 
on  vaccine  de  bras  à  bras,  la  qualité  du  vaccin  employé. 
N'est-ce  point  une  raison  nouvelle  de  conseiller  la  vacci- 
nation animale?  Celle-ci,  les  observations  de  M.  Pourquier 
l'ont  bien  fait  voir  et  un  grand  nombre  de  faits  le  démon- 
trent, n'est  exempte  elle-même  ni  d'insuccès,  ni  d'accidents. 
Le  vaccin  animal  s'altère  très  rapidement  et  détermine  dès 
lors  des  désordres  septicémiques  graves.  Mais  on  possède 
aujourd'bui  des  moyens  à  peu  près  certains  de  prévenir  son 
altération.  On  peut  rapidement  et  facilement  obtenir  dans 
les  Instituts  vaccinaux  des  tubes  contenant  une  pulpe  vacci- 
nale parfaitement  pure.  Il  n'est  que  juste  de  recommander 
h  tous  ceux  qui  ne  connaîtront  pas  tous  les  antécédents  d'un 
vaccinifère  de  se  servir  de  tubes  de  vaccin  de  génisse  bien 
préparés  et  bien  conservés. 

Les  faits  regrettables  de  la  nature  de  ceux  qu'a  cités 
M.  Hervieux  ne  sont  point  d'ailleurs  de  nature  à  décourager 
les  vaccinateurs.  Comme  Ta  si  bien  dit  le  savant  académi- 
cien, la  vaccine  a  toujours  su,  elle  saura  toujours  se  dé- 
fendre elle-même  par  les  bienfaits  qu'elle  a  répandus  sans 
relâche  depuis  près  d'un  siècle.  Et  les  revers  que  l'on  peut 
!^ignaler  de  temps  à  autre  ne  sauraient  faire  méconnaître 
ces  bienfaits. 


CLINIQUE  CHIRURGICALE 

Tubercvloae  caUmée* 

Depuis  le  jour  où  Villemin  a  démontré  l'inocuiabililé  de 
la  tuberculose,  des  expériences  nombreuses  et  variées  ont 
été  entreprises  et,  en  1888,  Koch  les  a  couronnées  en  dé- 
couvrant et  en  isolant  l'agent  virulent,  le  bacille  de  la  tu- 
berculose. A  partir  de  ce  moment  on  possédait  un  critérium 
pour  jujrer  en  toute  sûreté  si  une  lésion  était  ou  non  tuber- 
culeuse. Aussi  a-t-on  repris  à  ce  point  de  vue  les  recher- 
ches sur  les  tuberculoses  de  l'homme  sur  la  tuberculose  et 
inoculée  aux  animaux. 

L'homme,  lui  aussi,  peut,  en  effet,  être  l'objet  d'inocula- 


tions tuberculeuses  au  niveau  des  membranes  tégumentaires, 
cutanée  ou  muqueuse.  Les  lésions  de  ce  genre  ont  un  grand 
intérêt  théorique,  car  elles  nous  permettent  d'étudier  sur 
l'homme  et  la  détermination  locale  et  le  processus  de  géné- 
ralisation. Elles  ont  un  intérêt  pratique  au  moins  égal,  car 
nombre  d'entre  elles  sont  justiciables  d'une  intervention 
opératoire,  soit  pour  extirper  le  foyer  infectieux,  soit  pour 
réparer,  après  sa  cicatrisation,  les  dégâts  qu'il  a  commis.  . 
Le  chirurgien  doit  donc  étudier  avec  soin  la  tuberculose 
de  la  peau  et  des  muqueuses.  Pour  les  muqueuses,  pour 
celles  de  la  bouche  en  particulier,  il  s'y  est  astreint  depuis 
longtemps.  Mais  il  n'a  guère  coutume  de  s'occuper  des  lésions 
cutanées  :  il  en  laisse  volontiers  la  description  au  derma- 
tologiste.  Depuis  quelques  années,  pourtant,  la  question 
change  un  peu  de  face,  et  les  thèses,  relativement  récentes, 
de  Vallas  (de  Lyon),  de  Lefèvre,  l'envisagent  sous  un  aspect 
réellement  chirurgical. 

I 

Les  inoculations  de  la  tuberculose  à  la  peau  se  font  dans 
deux  conditions  absolument  distinctes  :  1°  le  sujet  est  tuber- 
culeux  et,  à  l'aide  de  produits  que  lui-même  a  formés,  il 
infecte  une  solution  de  continuité  quelconque;  2**  le  sujet 
jusqu'alors  indemne  s'inocule  accidentellement  un  véri- 
table «  chancre  tuberculeux  »  capable  d'être  la  source  d'une 
généralisation  bacillaire. 

1*  Auto^inoculations  locales  des  tuberculeux.  — Les 
premières  ulcérations  tuberculeuses  constatées  chez  les 
phthisiques  ont  été  celles  des  muqueuses.  Celles  de  Tintes- 
tin  n'intéressent  guère  le  chirurgien,  mais  il  est  bon  de 
rappeler  que  déjà  Louis  invoquait,  pour  les  expliquer,  l'ac- 
tion nocive  des  crachats  déglutis.  Celles  de  la  muqueuse 
bucco-linguale  sont  bien  connues  et  sont  décrites  depuis 
longtemps  parmi  les  lésions  chirurgicales  de  la  langue. 

Une  des  premières  observations  probantes  d'ulcération 
tuberculeuse  de  la  peau  est  due  à  P.  Coyne,  en  1871  :  sur 
une  phlhisique,  une  ulcération  occupait  la  région  temporo- 
mastolilienne  et  l'examen  histologique  démontra  la  nature 
tuberculeuse  du  mal.  A  partir  de  ce  moment  les  faits  se 
sont  multipliés.  Les  ulcères  tuberculeux  des  lèvres,  de 
l'anus  chez  les  phthisiques,  ont  à  plusieurs  reprises  attiré 
l'attention  de  la  Société  médicale  des  hôpitaux.  Puis,  en 
France  comme  à  l'étranger,  on  a  examiné  les  ulcérations 
des  régions  les  plus  diverses.  Peu  à  peu  le  microscope,  puis 
la  bactériologie  ont  rendu  indiscutable  la  nature  tubercu- 


Le  total  des  dépenses  publiques  d'assistance  faites  en 
France,  pendant  Tannée  1885,  s'est  élevé  à  184 121 099  fr.  23. 
L'Etat,  les  déparlements  et  les  communes  ont  participé  à 
ces  dépenses,  au  moyen  de  fonds  prélevés  sur  les  contri- 
buables,  pour  une  somme  de .89242096  fr.  19,  soit  un  peu 
plus  de  48  pour  100  de  la  dispense  totale  et,  par  tète  d'habi- 
tant, la  population  ayant  été  au  recensement  de  Tannée 
suivante,  en  18K6,  de  38218903  habitants,  une  dépense 
moyenne  de  2  fr.  33.  On  voii  ainsi  qu'il  a  été  fait  face  à  ces 
dépenses  avec  les  ressources  propres  des  établissements 
publics  et  le  produit  des  fondations,  pour  une  somme  de 
91879003  fr.  04,  qui  représente  la  différence  entre  le  total 
des  dépenses  et  les  subventions  budgétaires.  M.  Henri 
Monod  a  très  justement  ensuite  fait  le  départ,  dans  ces 
chiffres,  entre  ceux  qui  regardent  l'assistance  à  Paris  et 
ceux  qui  ont  rapport  au  reste  de  la  France.  A  Paris,  les 
dépenses  se  sont  élevées,  en  1885,  à  50774828  fr.  89,  dont 
19019661   fr.  17  payées  avec  les  ressources  propres  de 


l'assistance  publique  et  3175-^167  fr.  72  soldées  avec  les 
fonds  prélevés  sur  les  contribuables,  soit  par  habitant 
13  fr.  54.  Enfin,  en  France,  non  compris  Paris,  les  dépenses 
publiquesd'assistance,  quiontété,pendantcettemêmeannée, 
de  133348270  fr.  34,  se  subdivisaient  en  75  859341  fr.  87, 
payées  avec  les  ressources  propres  des  établissements 
publics  et  le  produit  des  fondations,  et  58488928  fr.  47, 
payées  avec  les  fonds  prélevés  sur  les  contribuables,  soit 
par  habitant  1  fr.  60. 

Par  une  singulière  coïncidence,  fait  observer  M.  Henri 
Monod,  le  chiffre  des  dépenses  d'assistance  publique  par 
tète  d'habitant  s'est  trouvé  être,  en  1885,  le  même,  à  6  cen- 
times près,  à  Paris  et  à  Londres:  il  a  été  à  Paris  de  13  fr.54 
et  de  13  fr.  60  à  Londres.  Mais,  les  capitales  une  fois 
exclues  du  calcul,  il  y  a  une  énorme  diflerence  entre  les 
dépenses  publiques  d'assistance  faites  en  France  et  celles 
faites  en  Angleterre;  si, en  France, la  contribution  moyenne 
est  de  1  fr.  60,  elle  est  de  6  fr.  77  en  Angleterre;  en  outre, 


m    —  N'  39  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE      27  Septembre  i889 


leuse,  naguère  constatée,  de  ces  solutions  de  continuité,  et 
aujourd'hui,  grâce  aux  travaux  de  Chiari,  de  liilzo.  de  Val- 
las,  il  est  possible  de  donner  une  description  d'ensemble. 

Les  phthisiques  sont  ordinairement  parvenus  à  une  pé- 
riode avancée,  lorsque  se  creusent  sur  leur  peau  des  pertes 
de  substance  dont  les  sièges  de  prédilection  sont  le  pour- 
tour des  orifices  naturels  :  les  lèvres  et  Tanus;  les  doigts, 
les  mains.  Ce  siège  déjà,  en  des  régions  si  volontiers  expo- 
sées au  contact  des  crachats,  des  selles,  fait  supposer  qu'il 
s'agit  d'une  inoculation  directe  et  non  pas,  malgré  Hilzo, 
d'une  localisation,  parle  fait  d'un  trauma,de  bacilles  habi- 
tant le  sang. 

Parfois,  d'ailleurs,  la  préexistence  d'une  solution  de  con- 
tinuité est  évidente.  Aux  lèvres  comme  à  la  langue  l'origine 
est  assez  souvent  dans  de  petites  plaies  produites  par  une 
morsure,  par  les  dents  d'une  fourchette,  etc.  Tout  comme, 
à  la  langue,  Doutrelepont  a  vu  le  bacille  s'implanter  sur 
une  syphilide,  et  Brem,  au  pharynx,  sur  une  brûlure  par 
potasse  caustique. 

Loin  des  orifices  naturels,  la  même  pathogénie  est  par- 
fois certaine.  Tel  ce  phthisique,  observé  par  Raymond,  qui 
guça  une  petite  écorchure  qu'il  venait  de  se  faire  à  la  main  : 
une  ulcération  spécifique  s'y  déclara.  Une  malade  de  Des- 
champs est  plus  remarquable  encore,  car  à  deux  reprises 
elle  fut  atteinte  de  la  sorte  :  une  fois,  à  la  fourchette,  en 
conséquence  d'une  chute  sur  le  périnée;  puis,  à  un  doigt,  à 
la  suite  d'une  brûlure  au  second  degré. 

Une  semblable  netteté  n'est  toutefois  pas  de  règle,  et  sou- 
vent aucun  comraémoratif  de  ce  genre  n'est  relevé.  Mais 
l'inoculation  directe  n'est-elle  pas  probable  chez  le  malade 
sur  qui,  à  l'occasion  d'une  ulcération  bacillaire  de  la  verge, 
on  a  pu  constater  une  tuberculose  épididymaire  ? 

Cette  dernière  observation  appartient  à  une  catégorie  de 
faits  plus  rares  que  les  ulcérations  tuberculeuses  des  phthi- 
siques, c'est-à-dire  aux  ulcérations  qui  viennent  compliquer 
les  tuberculoses  chirurgicales. 

On  voit,  de  temps  à  autre,  la  peau  s'inoculer  autour  de 
fistules,  de  tumeurs  blanches,  d'ostéites  bacillaires.  Pour 
n'être  pas  fréquents,  ces  faits  ne  sont  pourtant  pas  contes- 
tables. 

J'ai  observé  l'an  dernier,  à  l'hôpital  de  la  Charité,  dans 
le  service  de  M.  Després,  un  homme  chez  qui  la  peau  dor- 
sale de  la  main,  autour  de  fistules  s'étendan t  vers  le  quatrième 
métacarpien,  présentait  une  induration  avec  état  papillo- 
mateux  très  analogue  à  la  tuberculose  verruqueuse  de  la 


peau.  Ce  malade,  il  est  vrai,  n'a  été  examiné  que  clinique- 
ment.  Mais  Lyol  et  Gautier  ont  publié  à  la  Société  analo- 
mique  un  examen  histologique  probant,  pratiqué  sur  U 
peau  qui  entourait  des  fistules  du  coude. 

Les  faits  de  ce  genre  sont  rares,  et  l'on  en  est  encore 
à  compter  les  observations.  C'est,  prétend  Vallas,  parce  que 
chez  ces  sujets  moins  cachectiques  que  les  phthisiques,  la 
peau  résisterait  mieux  à  l'invasion  du  bacille.  Cet  argument 
est  difficile  à  soutenir  si  Ton  songe  que  ces  malades,  sou- 
vent affaiblis  par  des  suppuration^  prolongées,  sont  de  plus, 
en  grand  nombre,  mines  par  la  tuberculose  pulmonaire,  il 
est  plus  plausible,  se  souvenant  que  dans  ces  lésions  ^  scn;- 
fuleuses  )»  les  bacilles  sont  à  1  ordinaire  peu  abondants, 
d'admettre  que  ces  tuberculoses,  d'une  virulence  médiocn-, 
s'inoculent  avec  quelque  difficulté,  et  cela  d'autant  plu^ 
que  la  peau  fournit  un  terrain  de  culture  peu  fertile. 

Aussi  la  lésion  observée  est-elle  toujours  en  pareille  oc- 
currence une  forme  atténuée  de  la  tuberculose  cutanée.  Ce 
ne  sera  à  peu  près  janiais  la  vraie  ulcération  tuberculeo.'^*'; 
ce  ne  sera  même  que  rarement  la  tuberculoss  verruqueuse. 
L'observation  de  Lyol  et  Gautier  est  un  exemple,  fort  raro. 
de  cette  seconde  variété.  Les  cas  les  plus  fréquents  ^el  en- 
core ne  faut-il  pas  exagérer  cette  fréquence)  sont  relalif>  au 
lupus.  Cette  étiologie  du  lupus  est  signalée  par  Neumann; 
Leloir  et  Renouard  y  insistent  davantage.  Des  faits  probant» 
sont  dus  à  Yolkmann  pour  les  fistules  du  spina  venlosa  et 
de  la  carie  du  calcanéum;  à  Léser  pour  la  coxalgie;  à  Lic^ 
breicht  pour  une  fistule  anale;  à  Neumann  pour  des  abc«-5 
scrofuleux  divers.  11  y  a  un  an  environ,  Jeanselniea  publié 
au  Congrès  pour  l'étude  de  la  tuberculose,  six  observation> 
qu'il  a  recueillies  dans  le  service  de  Hallopeau  à  l'hôpittl 
Saint-Louis.  On  trouvera  ces  faits  rassemblés  dans  la  Ihive 
récente  de  Cronier. 

2"  Inocîilation  d'un  sujet  sain.  —  Depuis  bien  longtemps 
on  a  proclamé  qu'à  faire  des  autopsies  de  phthisiques  on 
risque  de  gagner  leur  mal.  Morhn,  Valsava,  Morgagni  re- 
doutaient fort  les  piqûres  contractées  de  la  sorte. 

Cependant  l'expérimenlalion  sembla,  au  début,  ItMir 
donner  tort.  Les  essais  d'Alibert,  Hébréard,  Guersant,  Hi- 
cherand  furent  infructueux.  De  même,  plus  près  de  nou>. 
pour  ceux  de  Chauveau  (187:2).  Enfin  en  1883,  alors 
que  la  virulence  de  la  tuberculose  était  définitivement  dé- 
montrée, Bollinger  essayait  en  vain  d'inoculer  la  tuberculose 
à  la  peau  d'un  animal  sain.  II  concluait  que  la  manipulation 
d'organes  tuberculeux,  l'abatage  de  bétes  phthisiques.  les 


le  service  d'assistance  y  est  organisé  sur  toute  la  surface  du 
territoire,  ce  qui  n'est  pas  le  cas  chez  nous.  C'est  ainsi  que, 
pour  la  population  rurale,  s'élevant  à  27  557 630  habitants, 
répartis  entre  35  712  communes,  la  charge  des  dépenses 
communales  d'assistance  était  en  France  en  moyenne  de 
38  centimes  par  habitant  et,  déduction  faite  des  dépenses 
qui  sont  obligatoires  et  qui  s'appliquent  aux  services  des 
aliénés  et  des  enfants  a.ssistés,  cette  charge  s'est  abaissée  à 
28  centimes  seulement  par  habitant! 

Pour  ce  qui  concerne  plus  particulièrement  les  hôpitaux 
et  hospices,  leurs  dépenses  ont  été  de  C8G27012  fr.  11,  se 
subdivisant  comme  il  suit:  7603856  fr.  22  pour  l'adminis- 
tration de  leurs  biens  et  revenus,  44780960  fr.  04  de 
dépenses  ordinaires  (8629362  fr.  25  pour  le  personnel, 
7  547313  fr.  09  pour  le  matériel,  26090780  fr.  54  pour  la 
nourriture  et  2513504  fr.  16  pour  la  pharmacie), 
2876917  fr.  47  comme  secours  donnés  à  domicile  et 
13365278  fr.  38  de  dépenses  diverses.  Les  14454  bureaux 


de  bienfaisance  qui  existaient  alors  en  France  ont  secouru 
1632 564  individus,  pour  une  soitiraede  2646021)6  fr.  47. 
La  dîme  de  la  charité  publique  est,  on  le  voit,  relative- 
ment peu  considérable  en  France;  celle  de  la  charité  prive 
lui  vient  heureusement  en  aide,  mais  dans  une  proportion 
qu'il  est  impos.sible  d'apprécier.  Le  nombre  est  on  elft-t 
restreint  des  grandes  institutions  qui  peuvent,  grâce  à  la 
générosité  des  fondateurs  et  bienfaiteurs,  secourir  de  nom- 
breuses infortunes.  Au  premier  rang  de  ces  institutions,  il 
convient  de  placer  les  dispensaires  pour  les  enfants,  dont  l.i 
plupart  sont  représentés  à  l'Exposition  par  des  maquette^ 
ou  des  tableaux,  depuis  le  premier  en  date  en  France,  celui 
qui  a  servi  de  modèle  aux  autres,  le  dispensaire  de  M.  le 
docteur  Gibert  au  Havre,  jusqu'à  ceux  de  M.  le  docteur 
Dubrisay  à  Paris,  de  M""""  Furtado-Heine  et  Pereire  et  tk 
M.  Ruel.  L'administration  supérieure  a  fait  depuis  phisitHii^ 
années  des  efforts  considérables  pour  généraliser  le  uU\< 
possible  ces  utiles  institutions;  leur  nomore  est  encore  bien 


-27  Si^PTEMBRE  1889      GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         -.  N'  39  -    625 


uulopsies,  ne  consliluaient  pas  un  danger  au  point  de  vue  de 
rinoculalion  par  la  peau. 

Les  observations  humaines,  toutefois,  empêchent  de 
partager  cet  optimisme.  Sans  doute  des  inoculations  expé- 
rimentales ont  été  tentées  sans  succès  par  Goodlad  et 
Lespiau  sur  eux-mêmes,  parKorlune  sur  un  enfant.  Mais 
de  nombreux  faits  démontrent  que  ces  imprudences  eussent 
pu  réussir  et  même  entraîner  une  généralisation  tubercu- 
leuse. 

Passons  sous  silence  les  cas  où  la  preuve  absolue  n'est 
pas  faite:  celui  de  Laennec,  mort  phthisique  vingt  ans  après 
s*èlre  piqué  en  autopsiant  un  phthisique;  celui  où  Verneuil 
nous  montre  un  médecin  atteint  de  mal  de  Polt  après  avoir 
contracté  un  tubercule  anatomique.  Dans  ces  cas,  en  effet, 
la  nature  bacillaire  du  tubercule  anatomique  n'a  pas  été 
directement  démontrée;  or  il  semble  prouvé  que  tous  les 
tubercules  anatomiques  ne  sont  pas  de  nature  tuberculeuse, 
et  d'autre  part  l'évolution,  à  longue  échéance,  d'une  tuber- 
culose à  distance  n'est  pas  une  preuve  irréfutable,  étant 
donné  surtout  qu'aucun  phénomène  spécial,  caractéristique, 
ne  s'est  manifesté  au  niveau  du  tubercule  anatomique. 

Mais  les  observations  incontestables  abondent.  Celle  de 
Tscherning  est  une  des  plus  complètes.  Une  fille  vigoureuse 
se  blessa  au  médius  en  brisant  le  crachoir  en  verre  d'un 
phthisique;  un  panaris  se  forma,  et  il  en  resta  un  petit 
nodule,  qui  fut  extirpé;  mais  quelque  temps  après  la  gaine 
des  fléchisseurs  se  prit  en  même  temps  que  gonflaient  les 
ganglions  épitrochléens  et  axillaires.  Studtgaard  amputa  le 
doigt  et  enleva  les  glandes  engorgées;  dans  toutes  les  parties 
furent  trouvés  des  bacilles.  De  même  l'infection  n'a  pas 
dépassé  les  ganglions  axillaires  sur  un  infirmier  qui  soignait 
les  phlhisiques  et  dont  1  histoire  est  rapportée  par  Axel  Ilost. 
Chez  un  garçon  d'amphithéâtre,  Karg  a  vu  un  tubercule 
anatomique  se  compliquer,  à  l'avant-bras,  de  petits  abcès, 
contenant  des  bacilles.  Une  malade  de  Merkien  fut  plus 
mal  partagée  encore,  c.ir  la  phthisie  pulmonaire  fut  la  con- 
séquence d  un  tubercule  anatomique,  qui  s'était  accom- 
pagné de  lymphangite  tuberculeuse. 

On  pourrait  multiplier  les  faits  de  ce  genre,  citer  ceux  de 
Raymond,  de  Wahl,  de  Demme,  etc.  11  suffit  d'avoir  rappelé 
les  principaux.  Une  mention  spéciale  est  due,  cependant,  à 
la  tuberculose  inoculée  par  la  circoncision  rituelle  des 
Hébreux.  Quelquefois,  le  contage  vient  d'une  source 
inconnue,  ou  bien  il  est  fourni  par  l'entourage  de  l'enfant, 
mais  presque  toujours  la  cause  est  trouvée  d'une  manière 


précise,  l'opérateur  religieux  étant  phthisique  et  ayant  pra- 
tiqué néanmoins  sur  la  verge  la  succion  prescrite  par  la 
loi.  En  pareille  occurrence,  l'inoculation  tuberculeuse 
réussit  avec  une  fréquence  remarquable;  c  est  qu'elle  n'est 
pas  faite  seulement  dans  la  peau,  mais  bien  dans  le  tissu 
cellulaire  sous-cutané. 

La  tuberculose  pulmonaire  n'est  pas  seule  la  source  de 
ces  infections  cutanées.  Quelquefois,  mais  plus  rarement, 
des  lésions  dites  scrofuleuses  s'inoculent.  Czerny  créa  des 
ulcérations  tuberculeuses  en  pratiquant  sur  des  plaies  gra- 
nuleuses des  greffes  cutanées  avec  la  peau  d'un  membre 
amputé  pour  tumeur  blanche.  Un  lupus  semble  bien  avoir 
contaminé  une  plaie  d'amputation  sur  un  opéré  de  Wahl. 

Après  tout  ce  qui  vient  d'être  dit,  il  n'est  pas  utile  d'in- 
sister davantage  sur  l'importance  des  prédispositions  profes- 
sionnelles. Bon  nombre  des  malades  sont  des  médecins,  des 
infirmiers  (ou  des  sujets  en  faisant  fonctions).  Les  autres 
cohabitent,  pour  la  plupart,  avec  des  phthisiques  ou  avec  des 
personnes  atteintes  de  lésions  tuberculeiises  externes.  Il  est 
certain,  cependant,  que  la  plupart  des  inoculations  produites 
dans  ces  circonstances  restent  stériles.  Quel  médecin,  quel 
infirmier  ne  s'est  pas  fait  mainte  piqûre  avec  des  produits 
tuberculeux  ?  Bien  peu  en  subissent  des  inconvénients. 
C'est  que  la  peau  semble  être  pour  le  bacille  un  terrain  de 
culture  relativement  défectueux.  Dans  quelques  cir- 
constances, une  cause  générale  favorise  peut-être  le  déve- 
loppement du  microbe,  et  l'on  ne  saurait,  dans  cette  mesure, 
dénier  toute  action  à  la  débilitation  générale,  à  l'alcoolisme, 
au  surmenage,  notés  dans  les  observations  de  Lesser,  de 
Raymond,  de  Merkien. 

II 

La  tuberculose  cutanée  par  inoculation  directe  se  pré- 
sente sous  des  formes  cliniques  très  variables.  Faisons 
abstraction  des  gommes  scrofuleuses  dermiques  et  hypoder- 
miques, pour  lesquelles  on  n'a  pas  encore  parlé  d'inocula- 
tion directe.  Dans  l'étude  étiologique  qui  vient  d'être 
esquissée,  trois  autres  formes  ont  été  mentionnées:  l'ulcé- 
ration proprement  dite,  la  tuberculose  verruqueuse,  le 
lupus,  pour  les  énumérer  en  allant  de  la  plus  virulente  à 
la  moins  virulente.  Du  lupus  il  ne*sera  plus  question;  son 
aspect,  ses  particularités  cliniques  sont  devant  tous  les  yeux, 
dans  toutes  les  mémoires.  Restent  donc  l'ulcération  tuber- 
culeuse et  la  tuberculose  verruqueuse. 

Certains  auteurs  ont  soutenu  que  l'étiologie  domine  ces 


restreint  et  peu  en  rapport  avec  les  besoins  de  la  population 
indigente  de  nos  grandes  villes  et  des  agglomérations  indus- 
trielles. Il  en  est  de  même  des  crèches  qui  rendent  tant  de 
services  et  offrent  un  asile  si  précieux  à  l'enfance  ouvrière 
pendant  les  heures  de  travail  des  parents.  Dans  les  galeries 
de  l'Exposition  d'économie  sociale  qui  avoisinent  les  pavil- 
lons de  la  classe  64,  on  peut  se  rendre  aisément  compte  des 
services  rendus  par  ces  diverses  institutions  et  en  même 
temps  du  petit  nombre  que  nous  en  possédons  encore.  Il  y 
a  lieu  d'espérer  que  TFlxposition  actuelle  aura  eu  pour  eflet 
d'attirer  sur  elles  Tatlenlion,  en  même  temps  qu  elle  aura 
montré  combien  de  pratiques  fâcheuses  et  souvent  même 
funestes  sont  encore  en  usage  pour  l'élevage  de  la  première 
enfance.  Tous  les  visiteurs  de  l'Exposition  n'ont  pas  manqué 
d'exminer  en  effet  l'exhibition  très  pittoresque,  faite  par  le 
ministère  de  l'intérieur,  des  principaux  procédés  d'habille- 
ment et  d'alimentation  de  nos  enfants  dans  les  campagnes 
et  les  villes;  ici, l'on  peut  reconnaître  combien  l'emmaillo- 


tement  barbare  des  nouveau-nés  à  l'aide  de  bandes  sem- 
blables aux  anciennes  fascim  est  encore  appliqué  ;  la 
coiffure,  qui  ten^  à  disparaître  dans  les  villes,  reste 
immuable  à  la  campagne  sur  la  tête  des  enfants,  de  même 
les  couchages  à  souillure  facile  et  permanente  sont  tou- 
jours en  usage,  ainsi  que  les  biberons  soi-disant  perfec- 
tionnés et  dont  les  inventeurs  s'ingénient  à  supprimer 
la  main  de  l'éleveuse  au  plus  grand  dommage  de  Tenfant 
ingérant  de  lui-même  un  lait  refroidi  ou  contaminé  par 
le  passage  à  travers  de  longs  tubes,  etc.,  etc.  A  côté  de 
ces  pratiques,  l'administration  a  fait  placer,  autant  que 
le  permettait  la  nature  de  l'exposition,  des  indications 
plus  rationnelles;  elle  a  surtout  tenu  à  montrer  combien 
elle  s'eflorce,  depuis  la  promulgation  de  la  loi  Roussel,  de 
récompenser  les  bonnes  nourrices  ou  éleveuses  et  tous  ceux 
qui  participent  avec  zèle  et  dévouement  à  l'œuvre  de  la 
protection  de  la  première  enfance.  Les  médecins  ont  été 
appelés  c^  y  jouer,  comme  il  convenait,  le  rôle  principal  ; 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE      27  Septembre  1889 


différences  symptomatiqaes.  D'après  Yallas,  d'après  Ritzo, 
rulcération  franche  est  l'apanage  des  individus  déjà  phthi- 
siques.  L'inoculation  des  sujets  sains  amène  la  forme 
bénigne.  Cette  opinion  est  à  peu  près  exacte,  mais  il  ne 
faut  pas  la  prendre  au  pied  de  la  lettre.  Valias  compte  bien 
trente-trois  pbthisiques  cachectiques  sur  les  trente-trois 
observations  d'ulcérations  qu'il  réunit;  mais  il  ne  parle  pas 
des  inoculations  par  circoncision.  Le  bacille,  sans  doute,  y 
est  introduit  dans  le  tissu  sous-cutané  ;  il  n'en  reste  pas 
moins  exact  qu'il  en  résulte  une  vraie  ulcération  tubercu- 
leuse. Et  d'ailleurs  dans  l'observation  de  Hanot,  la  phthisie 
s'est  déclarée  longtemps  après  le  début  d'une  ulcération 
fort  grave  occupant  la  peau  de  l'avant-bras.  Au  rebours, 
chez  certains  pbthisiques  confirmés,  la  lésion  reste  à  l'état 
de  tuberculose  verruqueuse  ;  c'est  le  cas  pour  un  des 
malades  de  Raymond. 

Aussi,  malgré  la  commodité  qui  en  résulterait  pour  une 
description  didactique,  il  ne  semble  pas  qu'il  faille  établir 
de  parallélisme  entre  les  divisions  de  l'éliologie  et  celles 
de  la  symptomatologie.  Jusqu'à  nouvel  ordre,  on  peut  seule- 
ment dire  que  l'ulcération  tuberculeuse  est  la  forme  de 
prédilection  chez  les  pbthisiques  ;  la  tuberculose  verru- 
queuse étant  plus  spécialement  réservée  aux  sujets  préala- 
blement sains,  ou  porteurs  de  lésions  dites  scrofuleuses. 

1"  Ulcération  tuberculeuse.  —  Le  siège  de  la  lésion  a  été 
déjà  indiqué  à  propos  de  Tétiologie.  La  multiplicité  des 
ulcérations  n'est  pas  très  rare.  Plusieurs  malades  souffraient 
à  la  fois  de  la  lèvre  et  de  l'anus.  La  main  et  la  langue  furent 
prises  sur  un  patient  de  A.  Poncet;  la  fourchette  et  la  main 
sur  une  femme  vue  par  Deschamps. 

Le  début  est  quelquefois  marqué  par  une  blessure  à 
laquelle  aucune  importance  n'est  attachée,  mais  qui  cepen- 
dant s'envenime  peu  à  peu  et  dégénère  en  ulcération.  Ou 
bien,  le  plus  souvent,  rien  n'attire  l'attention  sur  la  région 
qui  va  être  envahie  et  la  lésion  n'est  reconnue  que  lorsqu'elle 
en  est  déjà  à  une  période  relativement  avancée.  Mais  en 
étudiant  le  mode  d'extension  on  peut,  jusqu'à  un  certain 
point,  juger  du  mode  de  début,  par  une  petite  papule  rouge, 
dure,  dont  le  sommet  devient  bientôt,  par  caséification, 
blanchâtre  et  mou.  La  base  de  cette  papule  est  nette,  la  peau 
qui  l'entoure  est  norftale.  Puis,  spontanément  ou  par 
écorchure,  la  pellicule  épidermique  du  sommet  se  rompt 
et  une  petite  perte  de  substance  apparaît,  qui  s'étend  pro- 
gressivement. 

A  la  période  d'état  on  voit  une  ulcération  de  dimensions 


variables,  plus  petite  en  général  aux  lèvres,  où  le  derme 
est  adhérent  et  dense,  qu'aux  membres  où  la  laxité  est  plus- 
grande.  Raymond  a  mesuré  un  ulcère,  large  de  8  centimè- 
tres sur  10. 

La  forme  de  la  perle  de  substance  n'a  rien  de  fixe  :  circu- 
laire,  sinueuse,  serpigineuse.  Les  bords  sont  souvent  poly- 
cycliques,  en  souvenir  des  ulcérations  multiples  dont  la 
coalescence  produit  la  lésion.  Ils  sont  taillés  à  pic,  entourés 
d'un  étroit  liséré  un  peu  rouge,  reposant  sur  une  légère 
induration. 

Le  fond  de  l'ulcère  est  granuleux,  raviné, papillomateux, 
atone,  gris  rougeàtre,  avec  un  pointillé  jaune.  Il  ne  saigne 
guère,  et  sécrète  un  liquide  séro-purulent,  qui  rarement  se 
condense  en  croûte. 

Autour  de  la  lésion  principale  il  existe  souvent  un  semis 
de  granulations  qui,  plus  ou  moins  vite,  s'ulcèrent,  et  se 
fusionnent  avec  l'ulcération  principale.  De  là  une  tendance 
à  l'extension  en  surface,  tandis  que  le  fond  creuse  à  une 
profondeur  notable. 

Les  ganglions  voisins  sont  parfois  engorgés,  caséeux 
même.  D'après  Yallas,  pourtant,  ils  sont  en  général 
indemnes;  mais,  si  l'on  en  juge  d'après  ce  que  l'on  observa 
à  la  lèvre  et  surtout  à  la  langue,  Yallas  exagère  un  peu  la  fré- 
quence de  cette  intégrité.  L'étude  des  inoculations  tubt^rcu- 
leuses  à  des  individus  sains  conduit  à  la  même  conclusion. 

Les  signes  fonctionnels  sont  diversement  appréciés;  pour 
Duhring,  l'indolence  est  complète;  pour  Yallas,  la  souf- 
france est  sévère.  La  vérité  semble  être  entre  les  deux 
extrêmes.  Non  irritée,  l'ulcération  ne  cause  que  des  douleurs 
médiocres.  Mais  au  niveau  des  lèvres,  de  l'anus,  de  la  vulve, 
elle  est  soumise  à  des  excitations  multiples  et  elle  devient 
le  siège  de  douleurs  intenses  qui  entravent  les  fonctions  de 
la  région  malade. 

Le  (fta^nosttc  est  évident  pour  une  ulcération  de  mauvais 
aspectsurvenant  chez  un  individu  manifestement  phthisique. 
De  même  lorsque  autour  de  l'ulcération  principale  existe 
le  semis  des  points  caséeux  peu  à  peu  confluent. 

Si  ces  éléments  de  diagnostic  font  défaut,  on  est  exposé  à 
confondre  avec  un  cancroïde  une  ulcération  tuberculeuse 
de  la  lèvre  ou  de  l'anus.  Cependant  une  analyse  minutieuse 
conduira  souvent  au  diagnostic,  car  le  cancroïde  fait  plus 
tumeur,  a  des  bords  rugueux,  irréguliers,  évasés,  plu< 
durs,  saigne  facilement,  bourgeonne  davantage.  II  est 
classique  de  dire  que  la  précocité  de  l'engorgement  gan- 
glionnaire est  un  signe  de  cancer;  mais  il  ne  faut  pas  se  fier 


malheureusement  ils  ne  peuvent  suffire  partout  à  la  tâche, 
car  nombreux  sont  les  cantons  où  ils  sont  en  nombre  insuf- 
fisant et  même  tout  à  fait  absents  dans  quelques-uns.  Une 
carte  manuscrite,  très  intéressante,  dressée  par  M.  Turquan, 
fournit  à  cet  égard  des  renseignements  bien  désolants  et 
qui  concordent  avec  ceux  qui  ont  été  à  maintes  reprises 
reproduits  ici  même. 

L'assistance  aux  infirmes,  sans  se  généraliser  beaucoup, 
a  pris  un  certain  essor  en  France  dans  ce  dernier  siècle. 
Elle  est  de  celles  qui  éveillent  plus  généralement  l'attention 
grâce  aux  résultats  obtenus,  qui  peuvent  être  facilement  ap- 

Sréciés.  Au  premier  rang  il  faut  placer  nos  institutions 
'aveugles  et  de  sourds-muets,  qui  montrent  avec  joie  et 
non  sans  un  légitime  orgueil  les  travaux  de  leurs  élèves  et 
les  succès  qu'ils  remportent.  Les  aveugles  ont  un  penchant 
marqué  pour  la  musique,  où  beaucoup  deviennent  d'excel- 
lents instrumentistes;  d'autres  deviennent  d'habiles  ou- 
vriers et  les  ateliers  d'aveugles  produisent  souvent  des 


œuvres  remarquables  ;  il  est  plusieurs  artistes  parmi  eux, 
récompensés  aux  Salons  annuels.  De  même  pour  les 
sourds-muets,  que  les  progrès  de  la  méthode  orale  da 
langage,  substituée  à  l'ancienne  mimique,  font  de  plus  en 
plus  rentrer  dans  la  vie  commune.  C'est  merveille  de 
voir  et  d'entendre  avec  quelle  perfection  on  fait,  aujour- 
d'hui de  quelques-uns  d'entre  eux  des  entendants-parlant< 
et  des  parlants  même,  en  quelques  années!  Pour  tousce< 
infirmes,  le  secours  de  l'art  médical  est  précieux;  c'est 
à  la  physiologie  que  leurs  maîtres  demandent  les  conseils 
et  la  raison  a  être  de  leur  enseignement;  c'est  le  médecin 
qui  est  leur  meilleur  auxiliaire,  celui  de  tous  les  instants, 
celui  qui  corrige  les  défauts  individuels,  redresse  les  erreurs 
commises  et  rend  compte  des  progrès  accomplis.  Aussi  U 
part  du  service  médical  devient-elle  de  plus  en  plus  mar- 
quée dans  ces  diverses  institutions. 

(A  suivre.) 


27  Septembre  1889      GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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à  ce  symptôme,  dont  on  exagère  la  rareté  dans  la  tuberculose. 
Dans  quelques  cas,  on  ne  pourra  poser  le  diagnostic  qu'après 
avoir  examiné  histologiquement  un  fragment  excisé  et  y 
avoir  recherché  les  bacilles. 

Il  serait  superflu  d'insister  sur  le  diagnostic  du  chancre 
mou,  du  chancre  syphilitique,  de  la  syphilis  tertiaire,  des 
ulcérations  arsenicales,  etc.  Non  pas  que  jamais  on  ne 
commette  ces  erreurs,  mais  parce  que  les  cas  où  on  y  est 
exposé  sont  précisément  ceux  ou  font  défaut  les  signes 
habituels,  classiques,  qui  seuls  pourraient  être  résumés  ici. 
Dans  les  cas  douteux,  l'examen  histologique  seul  trancherait 
la  question. 

i**  Tuberculose  verruqueuse.  —  Le  type  le  plus  simple 
nous  PSl  fourni  par  la  lésion  vulgairement  appelée  tubercule 
aniiomique. 

Les  mains  en  sont  le  siège  à  peu  près  exclusif,  surtout  au 
niveau  delà  face  dorsale  des  doigts,  parmi  lesquels  le  pouce 
et  rindex  sont  les  plus  exposés. 

La  plaie  initiale  à  laquelle  on  remonte  souvent  se  ferme 
quelquefois,  puiss'exulcëre  et  végète;  mais  en  général,  elle 
reste  ouverte,  d'abord  insignifiante,  puis  peu  à  peu  aggravée, 
et  au  bout  de  quelques  jours,  elle  acquiert  des  caractères 
spé«'iaux.  Ou  bien  ces  caractères  ont  été  précédés  d'accidents 
inflammatoires,  en  apparence  banals,  un  panaris,  un  abcès, 
qui  laissent  un  reliquat  tuberculeux;  ou  bien  la  plaie  s'est 
ulcérée,  devenant  croùteuse  et  grisâtre;  ou  bien  dès  le  début 
un  petit  bouton  rouge  s'est  formé,  dont  le  sommet  devient 
blanc  et  s'ulcère. 

A  la  période  d'état,  il  n'y  a  pas  d'ulcération,  mais  on  voit 
une  élevure  rugueuse,  assez  sèche,  d''<spect  papillomateux, 
à  papilles  courtes  et  dures,  dont  les  sommets  forment  un 
pi()ueLé  noirâtre.  Entre  les  bases  des  papilles  sont  quelques 
fi-sures  un  peu  suintantes,  peu  croûteuses.  Cette  lésion  est 
indolente.  Autour  d'elle  la  peau  est  saine,  souple,  de  colo- 
ration normale. 

Dans  sa  forme  banale,  le  tubercule  anatomique  est  une 
lésion  bénigne.  Il  ne  s'étend  qu'avec  une  extrême  lenteur, 
ne  s'ulcère  à  vrai  dire  pas;  les  ganglions  voisins  ne  s'engor- 
gent pas  et  l'élîit  général  reste  excellent. 

Depuis  longtemps,  Ernest  Besnier  et  Vidal  pensent  que 
celte  lésion  est  de  nature  tuberculeuse  et  sur  quelques 
pièces  l'histologie  en  a  fourni  la  preuve.  Les  follicules 
tuberculeux  y  ont  été  vus  par  Koleiko  et  ses  bacilles  par 
S:ni^'UJnetti.  Les  faits  analogues  se  sont  multipliés.  Mais 
faut-il  en  conclure  que  parmi  les  inoculations  bactériennes 
l'inoculalion  tuberculeuse  peut  seule  produire  cette  lésion? 
Quelques  auteurs  tendent  à  l'admettre,  mais  Polosson  le 
conteste,  d'après  quatre  examens  histologiques  où  il  n'a  pu 
trouver  ni  bacille,  ni  fistule.  Il  semble  donc  bien  que  tous 
les  tubercules  anatomiques  ne  sont  pas  tuberculeux,  mais 
l'aspect  extérieur  ne  permet  pas,  jusqu'à  nouvel  ordre, 
d'établir  le  diagnostic  entre  ces  variétés.  11  reste  établi 
toutefois  que  le  tubercule  anatomique  est  la  forme  la  plus 
atténuée  de  la  tuberculose  verruqueuse  par  inoculation. 

Mais  la  maladie  n'en  reste  pas  toujours  à  cette  étape  et 
chez  quelques  sujets  elle  est  l'occasion  d'une  infection  qui, 
par  les  lymphatiques,  gagne  de  proche  en  proche.  Alors  se 
manifestent  les  symptômes  de  la  lymphangite  tuberculeuse, 
avec  ses  abcès  froids  superficiels,  multiples,  en  ligne 
Aitleurs,avecousanslymphaiigite  appréciable,  les  ganglions 
s'engorgent,  au-dessus  de  l'épitrochlée,  puis  dans  rais>elle. 
Un  pas  de  plus,  et  le  bacille  est  arrivé  dans  le  torrent  cir- 


culatoire: à  ce  moment  surviennent  des  localisations  tuber- 
culeuses à  distance,  dont  la  phlhisie  pulmonaire  est  la  plus 
fréquente,  parmi  lesquelles  il  faut  encore  mentionner  les 
abcès  ossifluents,  la  méningite  tuberculeuse.  En  somme,  la 
tuberculose  se  généralise  et  emporte  le  malade  en  un  temps 
variable. 

En  résumé,  il  y  a  une  inoculation  cutanée  qui  est  la  porte 
d'entrée  d'une  infection  cutanée,  d'abord  tout  à  fait  locale, 
puis  atteignant  les  lymphatiques  de  la  région,  enfin  se  géné- 
ralisant. Le  mal  peut  s'arrêter  à  l'un  des  deux  premiers 
stades,  et  surtout  on  peut  l'y  enrayer  si  on  agit  avec  une 
rapidité  suffisante  sur  le  c  chancre  tuberculeux  »,  dont 
l'éradication  coupe  court  à  l'infection  ultérieure,  même 
lorsqu'il  y  a  déjà  quelques  ganglions  dégénérés  qu'on  enlève 
en  même  temps.  Au  reste,  rien  ne  varie  comme  la  rapidité 
avec  laquelle  se  dissémine  l'agent  infectieux;  comme  le 
laps  de  temps,  par  conséquent,  pendant  lequel  la  chirurgie 
sera  efficace. 

Le  tubercule  anatomique  vient  de  servir  de  type,  parce 
que  les  autres  formes  que  l'on  a  décrites  dans  la  tubercu* 
lose  verruqueuse  de  la  peau  n'en  sont,  en  somme,  que  des 
dérivés,  les  modifications  étant  dues  au  degré  d'acuité  des 
phénomènes  inflammatoires  et  à  l'étendue  des  surfaces 
malades.  Ainsi,  plusieurs  observations  parlent  d'un  véri- 
table placard  papillumateux,  verruqueux,  un  peu  enflammé, 
entouré  de  quelque  rougeur,  douloureux  à  la  pression,  au 
frottement.  Des  squames,  des  croules  s'y  forment,  sous 
lesquelles  on  trouve  du  pus,  que  par  pression  onfaitsourdre 
quelquefois  comme  d'une  écumoire.  Ceci  nous  amène  à  dire 
quelques  mots  de  la  forme  pour  laquelle  Riehl  et  Paltauf 
ont  créé  le  nom  de  tuberculosis  verrucosa  cutis. 

Quant  aux  symptômes,  on  ne  tarde  pas  h  se  convaincre 
que  l'analogie  est  très  accentuée  entre  la  tuberculose  de 
Riehl  et  Paltauf  et  un  tubercule  anatomique  de  grande 
dimension  et  donnant  une  suppuration  notable.  Il  est  utile, 
cependant,  de  les  mentionner,  car  les  auteurs  en  ont  fait 
une  analyse  soignée. 

Les  placards  présentent  des  aspects  difl'érents,  suivant 
qu'on  les  considère  au  centre,  où  la  lésion  est  ancienne,  ou 
à  la  périphérie,  par  laquelle  se  fait  l'extension. 

Tout  à  fait  à  la  périphérie,  dans  la  zone  d'envahisse- 
ment, existe  un  liséré  érythémateux  peu  saillant,  disparais- 
sant sous  la  pression  du  doigt.  La  peau  y  est  lisse,  et  les 
orifices  glandulaires  élargis.  Plus  en  dedans,  le  liséré  s'é- 
paissit, devient  brunâtre,  et  deci,  delà,  quelques  pustu- 
leltes  s'y  soulèvent,  ou  de  petites  croùtelles  qui  en  sont  les 
vestiges.  Plus  en  dedans  encore,  apparaît  la  zone  centrale, 
saillante  de  quelques  millimètres,  irréguliere,  papiUoma- 
teuse. Les  végétations  papillaires  sont  dautanl plus  longues 
qu'on  se  rapproche  plus  du  centre.  Entre  elles  se  font  des 
rhagades,  des  érosions,  des  pustules  et,  par  pression  laté- 
rale, on  voit  le  pus  sourdre  comme  d'une  écumoire.  A  ce 
stade,  les  orifices  glandulaires  et  les  follicules  pileux  ne 
sont  plus  perceptibles  ;.çà  et  là  reste  un  poil  lanugineux  qui 
se  laisse  facilement  arracher.  A  cette  période,  la  douleur  à 
la  pression  est  vive. 

Au  bout  d'un  certain  temps,  la  région  malade  s'afl'aisse, 
les  pustules  se  tarissent,  les  papilles  se  rétractent  et  il  reste 
une  cicatrice  squameuse,  remarquable  par  un  aspect  criblé, 
dû  à  un  reticulum  blanc,  qui  tranche  sur  un  fond  violacé. 
Et  cette  cicatrice  peut  se  former  au  centre  alors  que  la 
périphérie  est  encore  en  évolution  active. 

Telle  est  la  description  de  Riehl  et  Paltauf;  on  voit  qu'à 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE     27  Septembre  1889 


bien  des  points  de  vue  eHe  est  identique  à  celle  de  quelques 
papillomes  dits  inflammatoires.  Le  diagnostic  clinique 
n'est  pas  encore  établi  avec  certitude,  mais  l'histologie  et  la 
bactériologie  lèvent  tous  les  doutes.  Riehl  et  Paltauf  (et 
leurs  recherches  ont  été  confirmées  par  de  nombreuxauteurs) 
ont  trouvé  dans  les  papillomes  les  follicules  et  les  bacilles 
caractéristiques;  ils  ont  constaté  que  dans  certains  points, 
de  petits  abcès  tuberculeux  se  forment  dans  les  follicules 
pilo-sébacés  ;  les  glandes  sudoripares,  plus  profondes, 
restent  indemnes. 

Ces  données  anatomiques  mettent  hors  de  doute  la  nature 
tuberculeuse  de  la  lésion.  Elles  étaient  indispensables,  car 
Tétiologie  et  révolution  du  mal  ne  fournissaient  guère  de 
renseignements.  Riehl  et  Paltauf  notaient  bien  que  leurs 
malades  étaient  pour  la  plupart  en  contact  journalier  avec 
des  animaux  ou  des  substances  animales.  Mais  aucun  n'avait 
notoirement  approché  un  phlhisique.  Tous  étaient  vigou- 
reux, exempts  de  toute  tare  héréditaire.  Un  seul  d'entre  eux 
souffrait  d'une  adénopalhie  concomitante;  chez  tous,  même 
au  bout  de  longues  années,  l'état  pulmonaire  était  aussi 
satisfaisant  que  possible. 

Il  est  vrai  que  depuis  le  mémoire  de  Riehl  et  Paltauf, 
qnelques  cliniciens  ont  pris  sur  le  fait  l'inoculation  spéci- 
fique. On  a  surtout  vu  qu'il  fallait  malheureusement  en 
appeler  du  jugement  d'abord  porté  sur  la  bénignité  de 
l'affection.  Une  malade  de  Merklen  a  eu  des  abcès  multiples 
de  lymphangite  tuberculeuse;  d'autres  sont  devenus  fran- 
chement phlhisiques. 

Il  n'y  a  donc  pas  là  une  différence  essentielle  avec  la 
tuberculose  inoculée  ordinaire;  c'est  en  somme  une  forme 
localement  grave  du  tubercule  anatomique  et,  dans  un  cas 
comme  dans  l'autre,  la  lésion  peut  rester  localisée  ou  au 
contraire  se  généraliser.  Lorsqu'elle  se  généralise,  il  est 
évident  que  Tinfeclion  a  lieu  par  les  voies  lymphatiques.  De 
là  dépend  le  pronostic. 

III 

Le  pronostic  de  la  tuberculose  inoculée  à  la  peau 
dépend  essentiellement  de  l'état  général  du  sujet,  et  aussi 
du  traitement  mis  en  œuvre. 

Pour  les  ulcérations  spécifiques  des  phthîsiques,  il  va  de 
soi  que  la  lésion  cutanée  s'efface  devant  la  gravité  de  l'étal 
général.  La  douleur  seule  est  à  prendre  en  considération, 
quand  elle  rend  plus  intolérable  encore  une  existence  déjà 
précaire.  Là  sera  la  principale  indication  thérapeutique, 
lorsque  les  souffrances  deviendront  vives,  fait  surtout  noté 
aux  lèvres,  à  l'anus,  mais  il  faudra  compter  sur  un  soulage- 
ment et  non  sur  une  guérison. 

On  ne  doit  pas  cependant  avec  Vallas  et  Ritzo  admettre 
que  ces  ulcérations  sont  toujours  incurables,  réservées 
qu'elles  sont  aux  phthisiques  confirmés.  Dans  quelques  cas, 
rares  à  la  vérité,  Tulcéralion  atteint  un  sujet  non  phthisique 
et  le  pronostic  est  alors  semblable  à  celui  de  la  tuberculose 
verruqueuse. 

C'est  donc  un  «  chancre  tuberculeux  »  envisagé  indépen- 
damment de  la  forme  clinique.  Souvent  (et  la  chose  est 
usuelle  pour  le  tubercule  anatomique)  les  inconvénients 
locaux  sont  à  peu  près  nuls,  et  les  inconvénients  généraux 
le  sont  absolument.  Mais  il  y  a  là  une  menace  et  à  un  mo- 
ment quelconque  le  pronostic  est  susceptible  de  s'assombrir 
si  les  ganglions  s'engorgent,  de  devenir  tout  à  fait  sérieux 
si  des  lésions  tuberculeuses  éclatent  à  distance.  Un  tuber- 
cule anatomique  de  nature  tuberculeuse  est  donc  une  lésion 


parfois  grave  et  toujours  digne  d'une  surveillance  attentive 
et  d'une  thérapeutique  active. 

Le  traitement  est  facile  à  exposer  :  il  faut  pal'ier  It*- 
symptômes  des  ulcérations  secondaires  ;  il  faut  supprimer 
au  plus  vite  les  tuberculoses  cutanées  primitives,  même 
lorsqu'elles  ont  déjà  amené  un  début  de  retentissement 
pulmonaire. 

Le  traitement  palliatif  consiste  essentiellement  en  panse- 
ments attentifs  et  surtout  en  applications  de  poudres  narco> 
tiques.  On  se  trouvera  bien  d'associer  la  morphine  à  Tiodo- 
forme  et  de  pulvériser  ce  mélange  sur  l'ulcération  d'abord 
détergée.  Si  les  douleurs  persistent,  une  destruction  pro- 
fonde au  fer  rouge  sera  quelquefois  indiquée. 

Le  traitement  curatif  est  très  analogue  à  celui  du  lupuf^. 
avec  cette  différence  qu'ici  la  lésion  cutanée  est  plus  cir- 
conscrite et  que  d'autre  part  on  a  davantage  à  s'occuper  drs 
ganglions. 

L'éra<licalion  du  mal  est  la  méthode  de  choix.  Suivant  h 
profondeur  et  l'étendue  de  la  tuberculose,  l'opération  ^e^a 
très  simple,  ou  au  contraire  nécessitera  une  amputation, 
le  sacrifice  d'un  doigt,  par  exemple;  s'il  y  a  une  adéno- 
patbie  concomitante,  l'extirpation  des  ganglions  est 
indiquée. 

Si  l'ablation  contraint  à  des  dégâts  hors  de  proportion 
avec  la  gravité  du  mal,  on  a  de  bons  résultats  par  l'igni- 
puncture  interstitielle  ou  par  le  grattage  complet,  suivi  de 
pansements  à  l'iodoforme.  Ces  méthodes  sont  fort  bonnes 
pour  les  tubercules  anatomiques  simples  des  doigts,  pour 
la  tuberculose  verruqueuse  du  dos  de  la  main.  La  cautéri- 
sation au  fer  rouge  semble  être  la  meilleure  des  deux. 

Dans  ces  derniers  temps,  Morel  Lavallée  a  attiré  l'atten- 
tion sur  les  bons  résultats  fournis  par  l'injection  répéiée, 
dans  le  foyer  et  autour  de  lui,  d'une  solution  d'iodoforme 
dans  la  vaseline  liquide. 

A.  Broca. 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

Traltenieni  de  l'aiitbnie  d«a  foins. 


Le  traitement  de  r/m^/et?er a  donné  lieu,  on  le  sait,  aux 
efforts  thérapeutiques  de  nombreux  cliniciens.  On  peut, 
sans  adopter  une  opinion  radicale  sur  la  nature  de  cette 
affection,  prescrire  le  traitement  suivant  : 

I.  Traitement  interne.  —  Administrer  l'anlipyrine  à  la 
dose  de  1  à  2  grammes  par  jour.  Ce  médicament  doit  être 
véhiculé  dans  une  eau  minérale  alcaline  ou  bien  dans  un 
liquide  légèrement  alcoolisé  et  ingéré  soit  avant,  soit  au 
début  de  l'accès. 

II.  Traitement  externe.  —  Il  est  préventif  ou  bien 
curatif  de  l'accès  : 

V  Préventif  de  V accès.  Il  consiste  à  modifier  la  mu- 
queuse nasale  par  des  vaporisations  antiseptiques  phéni- 
quées.  des  inhalalions  de  vapeur  d'eau  chargée  de  teiulurt* 
de  benjoin,  ou  bien  des  irrigations  nasales  au  moyen  du 
siphon  et  avec  une  solution  de  chlorure  de  sodium  ou  daciile 
borique  à  3  pour  100. 

2"  Curatif  de  V accès.  L'emploi  de  la  cocaïne  permet,  en 
effet,  d'enrayer  cet  accès.  On  peut  la  prescrire  en  poudre  ou 
en  solution. 

En  poudre  :  le  malade  pratiquera  au  début,  de  l'accès 


27  Septehbrc  1889     GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRUB6IE 


—  N*  39  —    629 


une  insufflation  avec  le  mélange  suivant  finement  pulvé- 
risé : 

Hydrochlorate  de  cocaïne i  centigramme. 

Benjoin  en  poudre  line W  centigrammes. 

Sous-nilrate  de  bismuth 5  — 

On  répète  rinsufllation  quelques  minutes  plus  tard. 
En   solution   :  on  fait  usage  de  badigeonnages  avec  un 
Klycérolé  contenant  : 

Ifydroclilorate  de  cocaïne 1  gramme. 

Gl\ cériue 5  grammes. 

Eau  distillée 5        — 

Ces  badigeonnages  sont  répétés  de  dix  en  dix  minutes. 

III.  Traitement  hygiénique.  —  L'action  toYiique  de 
rhydrolhérapie  est  la  plus  efficace  comme  Je  Fai  montré 
nnguère  (Union  médicale^  1886)  Les  douches  froides  en 
pluie  ou  en  jet,  durant  une  à  deux  minutes,  selon  la  pra- 
lifiue  de  Pleury,  sont  indiquées  et  suffisent,  comme  je  Tai 
constaté,  pour  atténuer  les  attaques  ou  en  empêcher  le 
retour. 

Ch.   ÉLOY. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Pathologie  externe. 

De  l'apparition  tardive  des  kystes  dermoïdes, 
par  M.  le  docteur  Etienne  Rollet  (de  Lyon). 

Les  kystes  dermoïdes  sont  des  tumeurs  en  forme  de  poches, 
dont  la  parui  a  une  structure  analogue  à  celle  de  la  peau  et 
dont  la  cavité  renferme  un  contenu  variable;  parfois  ces 
tumeurs  sont  plus  complexes  et  leurs  éléments  représentent 
la  plupart  des  tissus  de  Téconomie. 

Tout  récemment  M.  le  professeur  Lannelongue,  dans  un 
traité  magistral  (Traité  des  kystes  congénitaux^  1885)  où 
il  a  réuni  un  grand  nombre  d'observations,  a  bien  étudié 
ces  productions  bizarres  et  cependant  assez  fréquentes. 

Le  développement  de  ces  kystes  dans  l'épaisseur  des 
tr^iiinents  a  donné  lieu  à  plusieurs  interprétations,  mais 
on  peut  dire  qu'acinellenient  la  théorie  de  l'enclavement, 
duc  à  M.  le  professeur  Verneuil,  a  rallié  tous  les  suffrages. 
C'i^sl  en  185-2  que  M.  Verneuil  (Bull.  Soc,  awa^.,  1852; 
Arc/é.  gén.  de  méd.,  1855)  expliqua  la  production  des 
kystes  dermoïdes  de  la  région  orbilaire  par  renclavemenl 
du  tégument  externe  au  niveau  de  la  fente  fronto-orbi taire; 
quplt|ues  ann«'»es  plus  tard  il  généralisait  ce  mode  de  for- 
mation. Les  kystes  dermoïdes  dérivent  ainsi  du  tégument 
externe  de  l'embryon,  dont  une  portion,  restée  en  retard  à 
un  inoment  quelconque  de  la  période  embryonnaire,  s'en- 
clave au  sein  des  autres  tissus  et  subit  des  lors  un  dévelop- 
pement kystique.  L'étude  hislologique  de  «es  kystes  permet 
souvent  de  déterminer  l'époque  de  la  vie  fœtale  à  laquelle 
renclavemenl  a  pu  s'effectuer. 

Celte  théorie  explique  laforination  des  kystes  dermoïdes 
simples  renfermant  des  produits  sébacés  et  parfois  des  poils 
et  biégeanl  dans  des  régions  superficielles;  ce  sont  ceux  que 
nous  aurons  à  euvisaj;er  dans  cette  étude. 

Ainsi  définis, les  kystes  dermoïdes  sont  des  tumeurs  con- 
génitales, mais  est-ce  à  dire  pour  cela  que  ces  tumeurs  se 
révelenl  immédiatement  après  la  naissance?  Ne  peuvent- 
elles  point  apparaître  tardivement? 

On  sail  que  les  hernies  congénitales  se  montrent  tantôt 
au  moment  même  de  la  naissance,  tantôt  au  contraire  à  une 


période  plus  ou  moins  avancée  de  l'existence;  nous  allons 
voir  qu'il  en  est  bien  souvent  des  kystes  dermoïdes  comme 
des  hernies  et  que  le  mot  congénital  n'implique  pas  la 
constatation  de  ces  tumeurs  au  moment  même  de  la  nais- 
sance. La  condition  déterminante  de  leur  formation  existe 
dés  la  vie  intra-utérine,  mais  le  trouble  de  développement 
qui  les  fait  apparaître,  peut  ne  se  produire  qu'après  un 
temps  plus  ou  moins  long. 

M.  Lannelongue  a  rapporté  une  série  de  cinquante  obser- 
vations de  kystes  dermoïdes  qui  tous  ont  été  opérés  dès  l'en- 
fance. Toutefois  il  existe  des  ras  où  la  tumeur  n'est  reconnue 
que  vers  l'âge  de  sept  à  huit  ans  et  alors,  grâce  à  son  petit 
volume,  au  peu  dt^  gène  qu'elle  occasionne  et  à  Tabsence  de 
toute  douleur,  le  chirurgien  a  pu  attendre  et  l'on  comprend 
mie  certaines  de  ces  tumeurs  n'aient  été  extirpées  que  vers 
1  âge  de  quinze  ou  vingt  ans.  Si  le  malade  vient  alors 
réc.amer  un  traitement,  c'est  que,  comme  le  dit  M.  Després, 
c'est  Tâge  de  la  coquetterie,  mais  il  faut  ajouter  aussi  que 
Iç.kyste  peu  développé,  inappréciable  chez  l'enfant,  prend  un 
certain  accroissement  au  moment  de  la  puberté. 

Dans  l'enfance,  le  kyste  reste  longtemps  petit,  à  peine 
gros  comme  une  lentille,  puis  il  augmente  de  volume  (t 
après  la  puberté  il  a  les  dimensions  d'une  petite  noix,  c'est 
à  ce  moment  que  le  malade  s'en  préoccupe. 

Ainsi  donc  les  kystes  dermoïdes  congénitaux  se  voient 
d'habitude  et  sont  opérés  chez  des  enfants,  mais  parfois  ces 
kystes  ne  prennent  un  volume  gênant  et  disgracieux  qu'après 
la  puberté.  La  puberté  parait  avoir  sur  l'augmentation  de 
ces  tumeurs  une  véritable  influence;  ces  kystes  ont  alors 
une  marche  plus  rapide,  puis  la  croissance  terminée,  ils 
restent  à  peu  piès  stationnaires.  On  sait  qu'il  en  est  de 
même  de  plusieurs  affections  de  l'adolescence. 

Voici  quatre  observations  recueillies  dans  le  service  de 
M.  le  professeur  Poncel.  Chez  ces  quatre  malades,  âgés  de 
seize,  dix-sept,  vingt-huit  et  vingt  ans,  le  kyste  superficiel, 
apparu  dès  la  première  enfance,  a  subi  ensuite  un  déve- 
loppement lent  et  progressif.  Dans  les  trois  premiers  cas 
les  malades  sont  venus  réclamer  une  intervention  à  cause 
de  la  difformité  produite  par  le  kyste.  Dans  l'observation  IV, 
une  femme  de  vingt-neuf  ans,  entrée  à  l'hôpital  pour  une 
métrite,  refusa  toute  opération,  la  tumeur  qu'elle  portait 
étant  stationnaire. 

Ces.  I.  Fille  de  seize  ans;  kyste  dermoide  de  Vangle  interne 
de  i'œil  à  déielO"pement  lent  et  progressif  depuis  V enfance,^ 
Abr...  (Marie),  seize  ans,  entre  dans  le  service  de  M.  le  professeur 
Poncel,  Hôtel-Dieu,  salle  Saint-Paul,  n*»  30,  le  5  novembre  1888. 

Pendant  longtemps  la  tumeur  qu  elle  présente  et  qu'elle  a 
toujours  portée,  avait  le  volume  d'un  pois;  elle  a  acquis  graduel- 
lement le  volume  qu  elle  a  en  ce  moment,  celui  d'une  noix. 
Celte  tumeur  est  située  vers  l'angle  interne  de  l'œil  gauche.  La 
difTormilé  qu'elle  provoque  est  la  seule  raison  qui  amène  la 
malade  à  l'hôpilal.  Aucune  g[ène  dans  les  mouvements  de  l'œil. 

La  tumeur  est  dure,  mobile  et  donne  une  sensation  de  réni- 
tence  à  la  palpation. 

Ponction  «ispiratrice  donnant  lieu  à  l'issue  d'un  liquide  épais, 
visqueux  et  jaunâtre,  renfermant  des  globules  de  graisse  et  des 
cellules  épithéliales. 

Ëxlirpation  de  la  tumeur  au  bistouri  le  U  novembre.  Examen 
hislologique,  kyste  dermoide. 

Obs.  II.  Fille  de  dix-sept  ans;  kyste  dermoide  de  la  région 
pariétO'OCcipitale,  développement  rapide  depuis  huit  mois,  — 
Guill...  (Anioinftle),  dix-sept  ans,  tisseuse,  entrée  dans  le 
service  de  M.  le  professeur  Poucet  le  7  novembre  1883,  hôpital 
de  la  Croix-Kousse,  salle  Sainte-Catherine,  n"  23. 

Celte  malade  présente  dans  la  région  pariéto-occipitale  gauche 
une  tumeur,  qui  par  un  petit  pertuis  laisse  écou  er  à  la  pression 
de  la  matiènî  sébacée  blanchâtre  et  grumeleuse.  Un  médecin,  il 
y  a  un  mois,  avait  ponctionné  cette  t^imeur. 
•  La  malade  a  toujours  remarmié  celte  tumeur,  indolente  et 
mobile.  l*endanl  longtemps  elle  était  de  la  grosseur  d'une  noi- 
sette; depuis  huit  mois  surtout  elle  s'est  accrue. 

M.  Poncet  pratique  l'ablation  de  la  poche  kystique,  elle  est 


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adhérente  à  la  peau,  qui  est  épaissie.  L'enveloppe  du  kyste  est 
lilirruse,  blanche  et  épaisse.  La  surface  interne  de  la  poche  est 
parsemée  de  poils. 

M.  le  professeur  ngrégé  Rard  a  examiné  les  parois  de  la  poche, 
qui  présente  les  caractères  d'une  inclusion  cutanée. 

Obs.  m.  Hommf!  de  ringt-huit  ans;  ktfste  det^moïde  de  la 
p*ait  du  HOU t  cil  à  dn'el'pp*'Tnent  lent  et  progressif  dt puis 
Cettfance,  —  Ch...  (Victor),  cultivateur,  ^ingt-huit  ans,  entré 
dans  le  service  de  AI.  le  professeur  Poncel,  le  i2  mars  18'Sl, 
liôtel-Dieu,  salle  Saint-Philippe,  n**  <2i. 

Le  malade  attire  uniquement  Tattentiou  sur  une  petite  tumeur 
siégeant  au  niveau  de  la  queue  du  sourcil  gauche.  Il  ne  peut  pas 
dire  quand  elle  a  débuté,  car  il  se  souvient  de  Tavoir  toujours 
eue,  étant  enfant.  Ses  parents  lui  ont  dit  Tavoir  remarquée 
lorsqu  il  avait  huit  mois.  Elle  n'a  jamais  été  le  siège  d'aucune 
douli  ur,  a  évolué  l 'ntement,  mais  progressivement. 

Actuellement  elle  a  le  volume  d'une  noix;  elle  est  située  à 
rcNtrémilé  externe  du  sourcil  gauche,  empiétant  un  peu  sur  la 
paupière  supérieure.  Elle  est  fluctuante  et  mobile  sur  les  parties 
profondes. 

L'extirpation  de  celte  tumeur  démontre  le  diagnostic  de  kyste 
dermoide  auquel  on  s'était  arrêté. 


Obs.  IV.  Femme  de  vingt-neuf  ans;  kyste  congénital  sus- 
auiiculaire^  d**celoppement  l  nt  iiepuis  Venfance  et  station- 
naire  depuis  six  ans,  —  Guy...  (Catherine),  vmgt-neuf  ans, 
entrée  dans  le  service  de  M.  le  professeur  Poucet,  HôteUDieu. 

Entrée  à  Tliôpilal  pour  une  metrite.  Réglée  à  dix  ans,  mariée 
à  dix-neuf  ans.  A  lïige  de  vingt  ans,  étant  enceinte,  elle  s'aperçut 
dune  petite  tumeur  située  au-dessus  de  l'oreille  droite  ;  sa  mère 
l'avait  remarquée  dès  làge  de  huit  mois.  Deuxième  grossesse  à 
l'âge  de  vingt-deux  ans;  troisième  à  l'âge  de  vingt-quatre  ans. 
Pendant  ces  quatre  années  la  tumeur  se  développa  lentement 
avec  quelques  poussées  au  moment  des  grossesses.  Nouvelles 
couches  à  vingt-six  et  vingt-huit  aus,  mats  depuis  six  ans  la 
tumeur  est  stationnaire. 

Actuellement,  tumeur  du  volume  d'un  œuf,  située  nu-dessus 
de  1  oreille  droite,  en  partie  'masquée  par  le  pavillon.  La 
fluctuation  est  manifeste  et  le  doigt  éprouve  en  palpant  le  kyste 
une  sensation  très  nette  de  réniience.  Nulle  part  de  ganglions. 

M.  Ponret  songe  immédiatement  à  un  kyste  congénital  situé  à 
la  uartie  postérieure  de  la  fente  fronto-maxillaire. 

La  malade  se  refuse  à  toute  intervention  chirurgicale,  même  à 
une  simple  ponction. 

Voilà  donc  des  kystes  dermoides  siégeant  dans  des  régions 
superficielles,  apparus  dès  I  enfance  et  n'ayant  pris  un 
développement  réel  qu'après  la  puberté;  il  existe  d'autres 
cas  de  même  nature,  M.  le  professeur  Tripier  (thèse  de 
Cusset,  Paris,  1887)  en  a  rapporté,  c'étaient  des  kystes 
apnarlenant  à  deux  jeunes  gens  de  dix-neuf  et  vingt  ans. 

M.  Marchant  (Bull,  Soc.  unat,^  1886,  p.  653),  dans  son 
étude  sur  les  kystes  dermoldes  du  plancher  buccal,  avait 
ausdi  noté  que  les  malades  venaient  se  faire  opérer  entre* 
seize  et  vingt-quatre  ans;  il  cite  à  ce  propos  un  opéré  de 
M.  Reclus,  dont  le  kyste  congénilal  s'était  accusé  vers  Tâge 
de  vingt  ans  et  avait  été  enlevé  à  vingt-cinq  ans. 

Généralement  on  note  Torigine  congénitale  de  la  tumeur, 
grâce  aux  renseignements  fournis  par  le  malade  ou  par  sa 
famille,  mais  il  peut  arriver  que  la  tumeur  n  ait  pas  été 
conslalée  pendant  l'enfance  ou  l'adolescence  et  qu'elle  ne 
se  i'é\èle  qu  après  la  puberté  ou  à  l'âge  adulte. 

Ces  kystes  dermoides  situés  dans  des  régions  superficielles 
et  dont  Tapparition  est  tardive  sont  assez  rares.  H.  Lanne- 
longue,  sur  uuinze  cas  de  kystes  dermoldes  du  cou,  a  constaté 
treize  fois  1  apparition  avant  quinze  ans  et  deux  fois  après 
cet  âge. 

Nous  pouvons  rapporter  plusieurs  observations  relatives  à 
des  kystes  de  cette  catégorie,  recueillies  dans  le  service  de 
M.  Puncet.  Les  voici  : 

Ors.  V.  Homme  de  vingt  et  un  ans;  kyste  dermoide  pré-auri- 
culttire  vemarqu**  trois  ans  auparavant.  —  Mat..  (Georges), 
cuisinier,  âge  de  vingt  et  un  ans,  entré  le  15  mai  18(^0  dans  le 


service  de  M.  le  professeur  Poucet,  Hôtel-Dieu,  salle  Saint-Phi- 
lippe, n"  21. 

Éonne  constitution.  Il  y  a  trois  ans  environ  ce  malade  remarqu  i 
qu'il  avait  une  petite  tumeur  de  la  gi*osseur  d'une  amande,  situé'- 
au  nive:iu  du  lobule  de  l'oreille  gauche.  Celte  tumeur  éttii 
mobile,  indolore.  Peu  à  peu  elle  augmenta  de  volume.  Actuelle- 
ment cette  tumeur  aie  volume  d'un  œuf  de  dinde,  elle  est  mobil»-, 
fluctuante.  La  pe.iu  ne  présente  pas  de  chanifement  de  coluraliiM: 
à  son  niv  «au.  Pas  de  douleur,  pas  d'adéiiopathie. 

Le  17  mai.  —  Ponction  à  l'aspirateur  Dieulafoy;  on  donne  i<sn»' 
à  30  grammes  d'un  liquide  filant,  visqueux,  ressemblant  à  de  l.^ 
graisse. 

Le  tO.  —  La  tumeur  s'est  accrue,  la  peau  est  rou^e,  il  par.nt 
y  avoir  de  l'inflammation  de  la  poche.  M.  Poucet  pratique  l'extir- 
pation de  la  tumeur  à  l'aide  du  bistouri  ;  vers  Pangle  dt*  l.i 
mâchoire  la  tumeur  est  adhérente.  Pansement  antiseptique  et  !«• 
malade  sort  guéri  le  2  juin. 

Le  liquide  qui  s'était  échappé  par  Tincision  au  moment  iL* 
l'opération,  a  été  recueilli  dans  un  verre  et  s'est  séparé  on  trois 
couch  s:  une  inférieure,  constituée  par  du  pus,  une  moyenne, 
c'est  du  sang,  une  superflcielle,  constituée  par  de  la  grais^** 
liquide  q\\\  se  ro?fgu>e.  • 

L'examen  hislologique  montre  qu'-on  est  en  présence  d'un  ky-t»* 
dermoide. 

Obs.  VL  Homnip  de  seize  ans;  kyste  dermntde  de  tatufle 
externe  de  Vœil  remarqué  un  an  auparavant,  —  G...  (Joseph  , 
seize  ans,  entré  d  ius  le  service  de  M.  le  professeur  Poucet  à 
THôtei-Dieu,  salle  Saint-Louis,  n°  85,  le  20  juin  188.) 

H  y  a  un  an  ce  malade  remarnua  une  petite  grosseur  un  ym 
au-dessous  de  l'angle  externe  de  l'œil  droit;  à  son  dire  c'était  à 
ce  moment  un  petit  bouton.  Il  n'y  accorda  aucune  importai  ire. 
Peu  à  peu  la  petite  tumeur  grossit  sans  occasionner  de  douleur^; 
elle  est  stationnaire  depuis  si<  mois.  Actuellement,  au-dessiniN 
de  langle  externe  de  l'œil  droit,  petite  tumeur  de  la  grosseur 
d'une  noisette;  elle  est  mobile,  dure,  indolore.  Uien  de  partit  u- 
lier  du  côté  du  tégumenL 

M.  Poucet  pratique  l'extirpation  le  21  juin.  Kyste  dermoide 
très  simple  et  relativement  tardif.  (Laboratoire  d'anatoinie 
pathologique.) 

Obs.  vu.  Hfmime  de  vingt-cinq  ans  ;  kyste  dermoide  lom- 
baire remarque  dix  ans  auparavant.  -—  R...,  âgé  de  vingt-ciii'i 
ans,  se  nrésenie  le  29  mars  1889  à  la  consultation  de  .M.  le  pro- 
fesseur Poncet. 

Il  présente  sur  la  ligne  médiane  de  la  région  lombaire  an- 
dessous  du  sillon  inlerfessier  une  tumeur  qui  a  le  volume  de  1,» 
moitié  d'une  grosse  orange  II  l'a  remarquée  vers  l'âge  de  quinze 
ans  et  elle  a  pris  ces  dim*  usions  insensiblemenL  Elle  est  molle, 
fluctuante  et  donne  la  sensation  d'une  poche  incomplètenieiit 
remplie  de  liquide  et  d'une  substance  molle. 

M.  Poncet  pratique  Textirpation  de  cette  tumeur.  L'énucléatioi» 
est  facile,  nialgré  quelques  adhérences  à  la  penu  et  aux  partir> 
profondes*.  is>ue  de  quelques  grammes  d'un  liquide  séro-huilfiu 
et  d'un  contenu  sébacé  épidermique.  La  paroi  présentait  un^- 
structure  cutanée  ;  pas  de  poils. 

Obs.  VIIL  Homme  de  trente  ans;  kyste  dermohle  fe.<sffr 
remarque  deux  ans  auparavant,  —  X...,  trente  ans,  onirt'  i 
THôtel-Dieu,  salle  >aint-Joseph,  n»  17,  le  21  septembre  isss, 
dans  le  service  de  M.  le  professeur  Poncet,  suppléé  par  M.  le 
professeur  agrégé  Gangolphe. 

Cet  homme  remarqua  il  yf  a  deux  ans  une  tumeur  dure  du 
volume  d'une  noix  dans  la  région  fessière  droite  en  dehors  de  1 1  \ 
rainure  interfessière.  La  tumeur  a  augmenté  de  volume  progr»>- 
sivement  sans  donner  lieu  à  aucune  douleur.  Indolente  à  \i 
palpation,  elle  est  fluctuante.  En  pressant  sur  la  tumeur  on  1 1 1  j 
sortir  fiar  un  oriflce,  dû  à  une  piqûre  d'épingle  que  le  inat.ile 
s'est  faite,  un  liquide  séreux,  mélangé  de  quelques  grunieaui 
sébacés.  | 

M.  Gangolphe   extirpe  la  tumeur,   reliée   au   squelette    \*.\r 
quelques  tractus  flbreux.  L'e.xamen  histologique  démontra  qu  d  j 
s'agissait  d'un  kyste  dermoide  à  structure  très  élémentaire.         | 

Dans  ces  cas  la  tumeur  n*a  donc  révélé  sa  présence  que 
tardivement.  Le  kyste  dermoide  de  la  région  fessière  e>l 
resté  latent  pendant  de  longues   années.  1  épaisseur  de> 
tissus  de   la  région   peut  expliquer  cette  longue  pêriole  i 
d'indolence. 


27  Septembre  1889      GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N«  39  —    631 


Ces  kystes  derrnoldes  ne  se  manirestenl  pas  toujours  dans 
le  jeune  âj^e  et  en  présence  d*une  tumeur  molle  rénitenle, 
indolore,  etc.,  principalement  dans  certaines  ré[;ions  et  chez 
un  adulte.  On  peut  songer  à  une  lunieur  congénitale, 
malgré  les  renseignements  fournis  par  le  malade. 

C'est  ain^i  que  M.  le  profi'sseur  Trélat  (Muron,  Bull.  Soc. 
anat.y  1868,  p.  539)  a  enlevé  à  Thôpital  Saint-Louis  un 
kyste  dermolde  de  la  main  chez  un  homme  de  quarante 
ans;  il  datait  de  six  ans.  M.  Després  ^Meunier,  Bull.  Soc. 
anat.^  18^1,  p.  113)  extirpa  un  kyste  ae  la  région  sublin- 
guale à  un  homme  de  cinquante-deux  ans,  qui  ignorait 
l'existence  de  cette  tumeur  et  était  venu  réclamer  un  trai- 
lemenl  pour  des  hémorrholdes. 

{A  suivre.) 


REVUE  DES  CONGRÈS 

Premier  Contre*  internat  tonal  de  physlolag^le. 

(Fin.  —  Voyez  le  numéro  38.) 

SÉANCES  DU   MERCREDI    11     SEPTEMBRE.    —    M.   HEIDENffAIN 
(de  BRESLAU),  puis  m.  CHAUVEAU  (de  paris),  PRÉSIDENTS. 

M.  Kronerker  (de  Berne)  expose  les  résultats  des  recherches 
qu'il  a  faites  avec  M.  Gf'bersnr  la  déglutition  en  ce  oui  con- 
cerne le  temps  uui  s'écoule  entre  le  moment  où  Tanimal  (chien 
morphinisé)  avale,  jusmi'au  moment  où  le  liquide  apparaît  dans 
restoiuac;  or  ce  laps  de  temps  comprend  régulièrement  cinq  à 
six  secondes,  quelle  que  sott  la  quantité  de  liquide.  Lorsque 
plusieurs  déglutitions  ont  eu  lieu  successivement,  on  remarque 
que  le  cardia  s*ouvre  un  peu  plus  tôt,  ce  qui  tient  sans  doute  à 
une  diminution  de  son  tonus.  Si  l'on  fait  ces  recherches  avec  des 
corps  solides,  on  voit  qu'il  faut  onze  secondes  pour  que  le  corps 
solule  arrive  au  cardia  ;  mais,  si  on  ajoute  un  peu  do  liquide,  la 
période  n'est  plus  que  de  neuf  secondes.  Chaque  fois  que  la 
déglutition  commence  (élévation  du  larynx),  on  constate  que  le 
cardia  est  un  peu  attiré  en  haut.  L'excitation  du  laryngé 
supérieur,  par  un  courant  faible,  donne  lieu  à  des  mouvements 
de  déglutition,  et  dans  ce  cas,  le  liquide  apparaît  plus  rapide- 
ment, trois  ou  quatre  secondes  après,  au  lieu  de  six  secondes  que 
dure  la  déglutition  volontaire.  On  voit  donc  que  les  mouvements 
de  déglutition  sont  soumis  à  des  lois  fixes  et  que  la  rapidité  avec 
laquelle  le  passade  du  liquide  s'effectue  est  mdépendaiite  de  la 
quantité  de  liquide,  contrairement  à  Topinion  de  Zenker  et 
Ewald. 

—  M.  Hermann  (de  Kônigsberg),  séparant  sur  le  chien  un 
morceau  d'intestin  grêle  au  moyen  d'une  suture  et  en  formant 
un  anneau,  puis  par  une  seconde  suture  rétablissant  la  conti- 
nuité avecrtntestm, a  vu,  en  tuant  l'animal  après  trois  semaines, 
l'anneau  intestinal,  rempli  d'une  matière  épaisse  et  verdâtre, 
ressemblant  à  des  fecès,  privés  de  résidus  alimentaires.  L'examen 
microscopique  confirme  d'i«illeurs  cette  supposition  (bactéries, 
débris  de  cellules,  gouttelettes  graisseuses).  La  quantité  pour 
vingt-qintre  heures  parait  pouvoir  être  évaluée  à  iO  grammes 
r-nviron  pour  tout  l'intestin  d  un  gros  chien.  On  peut  conclure  de 
là  que  la  sécrétion  intestinale  intervient  pour  une  part  dans  la 
constitution  des  excréments. 

M.  Dastre  dit  qu'il  a  depuis  deux  ans  dans  son  laboratoire  un 
chien,  qui  a  subi  l'opération  de  Thiry,  et  qui  rend  constamment 
une  matière  jaunâtre  par  l'extrémité  ouverte  de  l'intestin;  cette 
matière  ne  peut  provenir  que  de  la  desquamation  de  la 
muqueuse. 

—  M.  Dastre  (de  Paris)  démontre  que  le  réflexe  qui  disparait 
le  dernier  chez  le  chien  pendant  l'anesthesie  est  ce  réflexe  q^u'il 
a  découvert  et  qui  consiste  dans  une  contraction  du  peaucier- 
mentonnier,  lorsqu'on  titille  la  partie  inférieure  de  la  lèvre 
supérieure. 

M.  Dastre  présente  ensuite  une  canule  nouvelle  pour  fistule 
biliaire  (présentée  à  la  Société  de  biologie  l'année  dernière)  et 
décrit,  avec  pièces  sèches  à  l'appui,  l'opération  de  fistule  cholé- 
cysto-intestinale  qu'il  a  imaginée. 

—  M.  Minkowski  (de  Strasbourg),  en  collaboration  avec  von 
Mering,  a  remarqué  que  les  chiens  auxquels  on  extirpe  com- 


plètement le  pancréas,  deviennent  diabétiques;  ce  diahète  est 
permanent  ;  la  quantité  de  glucose  éliminée  s'élève  à  5  ou 
lO  pour  iOU,  à  l'état  déjeune.  Ce  diabète  dure  jusuu  à  la 
mort  de  l'animal,  qui  survient  après  quelques  semaines.  Dans  la 
dernière  période,  l'animal  produit  de  1  acétone,  de  Tacide 
oxybutyrique.  A  l'autopsie,  le  foie  est  gras.  On  ne  peut  attribuer 
ce  diabète  à  des  lésions  nerveuses,  résultant  de  1  opération; 
car,  si  l'extirpation  est  incomplète,  le  diabète  ne  survient  pas, 
même  s'il  ne  reste  ({u'une  petite  partie  du  pancréas.  Ce  trouble 
profond  de  la  nutrition  dépend  sans  doute  de  modifications  tlans 
les  mutations  de  matières  qui  se  passent  dans  les  organes,  et 
non  de  phénomènes  intestinaux  (par  exemple,  Tabsence  du  suc 
pancréatique).  D'ailleurs,  la  lifi^ature  des  voi*  s  d'excrétion  du 
pancréas  n'est  pas  suivie  de  diabète.  Il  faut  conclure  que  le 

f pancréas  possèae  une  fonction  encore  inconnue  et  qui  est  abso- 
ument  nécessaire  à  la  destruction  du  sucre  dans  Torganisme. 

La  digestion  des  graisses  et  l'utilisation  des  matières  albumi- 
noides  sont  également  troublées  par  l'extirpation  totale  du 
pancréas. 

M.  Minkowski  présente  un  chien  qui  a  subi  il  y  a  un  mois 
l'ablation  de  presque  tout  le  pancréas,  sans  être  devenu  diabé- 
tique; il  y  a  Jeux  jourM  le  reste  du  pancréas  a  été  enlevé  et  les 
urines  ont  présenté  du  sucre  dès  le  lendemain. 

—  M.  von  Kiies  (de  Fribourg)  présente  un  pléthysmograpbe 
à  air;  le  vohime  d'air  communique  avec  uneflammt»  degaz,  dont 
les  variations  sont  enregistrées  à  l'aide  d'un  dispositif  photo- 
graphique. 

—  M.  Hûrihlc  (de  Breslau)  montre  que  les  ondes  secondaires 
de  la  pulsation  artérielle  ne  sont  pas  réflocliies,  mais  ont  une 
direction  centrifuge.  Enregistrant  en  même  temps  que  le  pouls 
les  variations  de  pression  dans  le  cœur  du  chien  avec  une  sonde 
spéciale,  il  a  constaté  que  le  dicrotisme  du  pouls  carolidien  coïn- 
cide avec  la  période  aescendante  du  cardiogramme.  En  exci- 
tant les  nerfs  accélérateurs,  le  plateau  sysiolique  du  cardio- 
gramme diminue,  et  le  nombre  des  ondes  secondaires  sysloliqucs 
du  pouls  carotidien  diminue  également. 

—  M.  Chagrin  (de  Paris)  rappelle  que  certains  microbes 
peuvent  élever  de  plusieurs  degrés  la  température  de  l'orga- 
nisme. Or,  il  a  vu  qu'il  en  est  de  même,  si  on  injecte  seulement 
les  cultures  débarrassées  de  tous  microbes,  c'est-à-dire  les 
substances  solubles  que  fabriquent  ces  derniers.  C'est  ce  qu'il  a 
démontré  avec  les  cultures  du  microbe  pyocyanique.  11  convient 
donc  de  comprendre  parmi  les  causes  de  l'hypertlicrmie  dans 
un  certain  nombre  de  maladies  fébriles,  l'action  des  produits 
sécrétés  par  les  microbes. 

M.  Arloing  dit  qu'il  a  constaté  des  faits  identiques  avec  les 
cultures  de  plusieurs  autres  microbes. 


SÉANCES  DU  JEUDI  12  SEPTEMBRE.  —  M.  HERING  (dE 
PRAGUE),  PUIS  MM.  MOSSO  (dE  TURIN ),  BOWDlTCn  (DE 
BOSTON),  DE  TARCHANOFF  (OE  SAINT-PÉTERSBOURG), 
PRÉSIDENTS. 

M.  Roger  (de  Paris)  a  constaté,  après  Schiff,  lleger,  Lauten- 
bach,  que  le  foie  diminue  la  toxicité  d'un  certain  nombre  de 
poisons;  le  fait  est  établi  pour  la  nicotine,  la  cicutine,  la  mor- 
phine, l'atropine,  la  quinine,  la  strychnine.  M.  Rog^r  considère 
qu'il  est  éiralement  établi  pour  les  poisons  intestinaux,  pour  les 
peptones.  Tes  sels  de  fer  et  de  cuivre,  certains  sels  ammonia- 
caux. Au  contraire,  le  foie  n'agit  pas  sur  la  digitaline,  sur  les 
sels  de  potasse  et  de  soude,  la  glycérine,  l'acétone.  En  définitive, 
cet  organe  se  comporte  comme  le  rein;  il  exerce  une  action 
élective,  et  non  inaistincte,  sur  les  poisons.  D'après  M.  lioger, 
le  foie  perd  cette  action  antitoxique  quand  son  parenrhyme  ne 
contient  plus  de  glycogène;  c'est  ce  que  l'on  constate  quand  on 
produit  chez  les  animaux  des  cirrhoses  par  ligature  du  canal 
cholédoque  ou  des  dégénérescences  graisseuses  pur  des  iu.ec- 
tions  d'huile  phospliorée,  ou  bien  encore  quand  on  diminue  la 
teneur  du  foie  en  glycogène  par  la  production  de  broncho- 
pneumonies  expérimentales  ou  en  sectionnant  les  pneumo-gas- 
triques  ou  bien  encore  en  soumettant  les  animaux  O^pins)  à  un 
jeûne  plus  ou  moins  prolongé.  Si,  au  contraire,  lorsque  le 
jeune  a  ainsi  diminué  la  richesse  du  foie  en  glycogène,  on  lait 
absorber  à  l'animal  des  substances  susceptibles  de  former  du 
glycogène,  on  voit  que  la  glande  peut  de  nouveau  arrêter  et 
transformer  les  poisons. 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE      27  Septembre  1889 


Cotte  action  du  foie  s^exerce  incessamment,  piiisi|u*il  se  forme 
sans  ce.<se  dans  l'organisme  des  substances  toxiques;  mais  elle 
acquiert  encore  plus  d^importance  dans  \vs  maladies  où  l'intoxica- 
tion joue  un  r"Ie,  principalement  dans  les  maladies  infectieuses. 
11  faut,  à  côté  de  i  insuffisance  rénale,  au  point  de  vue  de  l'éli- 
mination  des  poisons,  faire  en  pathologie  une  place  à  Tinsuffi- 
sance  hépatique. 

M.  Hrgt-r  fait  observer  quç  le  rapport  entre  le  pouvoir 
antitoxique  et  la  fonction  glycogénique  du  foie  n'est  pas  absolu; 
on  peut  constater  en  effet  qu'une  partie  des  alcaloïdes  injectés 
dans  le  système  porte,  passe  directemelit  dans  la  lymphe  du  foie 
(en  en  retrouve  dans  le  canal  thoraciaue)  et  une  autre  partie 
dans  la  bile,  une  certaine  quantité  d'alcaloïde  se  combinant  avec 
les  acides  biliaires. 

—  M.  Lombard  (de  Worcester,  États-Unis)  fait  une  communi- 
cation sur  les  effets  de  la  fatigue  sur  la  contraction  volontaire  des 
muscles.  Ces  expériences  ont  été  fiiites  ::  vec  l'ergographe  de  Mosso 
et  montrent  que  la  volonté  agit  sur  les  mu^cles  d'une  façon  pério- 
di((iié,  les  contractions  volontaires,  d'abord  maximales,  pussant 
ensuite  par  une  phase  d'amplitude  graduellement  décroissante, 
pour  revenir  à  une  amplitude  maxima,  et  ainsi  de  suite. 

—  M.  Loye  (de  Paris)  décrit  le  procédé  nouveau,  qui  lui  a 
permis  d'éludit;r  la  sécrétion  urinaire  chez  les  oiseaux.  Cetle 
sécrétion  est  très  active:  par  exemple,  une  oie  de  3  kilogrammes 
urine  "i  litres  en  vingt-quatre  heures;  mais,  quand  l'animal  est 
privé  de  toutes  boissons,  la  quantité  d'urine  n'est  plus  que  de 
z  à  300  centimètres  cubes.  Quand  les  urines  sont  abondantes, 
elles  sont  très  claires  et  rappellent  tout  à  fait  celles  de  l'homme; 
émises  en  petite  quantité,  elles  forment  une  sorte  de  pâte  blaa- 
chi\tre  ;  microscopiquement,  cette  pâte  apparaît  constituée  par 
des  filaments,  composés  eux-mêmes  de  granulations  sphériques, 
placées  bout  à  bout  et  qui  ressemblent  aux  sphero-cristaux 
d'urate  de  soude;  en  réalite,  c'est  de  l'urate  basique  d'ammo- 
niaque. Dans  l'urine  des  oiseaux  granivores,  il  n'y  a  pas  trace 
d'urée.  En  refroidissant  des  oiseaux,  M.  Loye  n'a  pas  vu  la 
quantité  d'urine  diminuer,  mais  ces  urines  sont  devenues  glyco- 
suriques;  les  oiseaux  d'ailleurs  deviennent  très  aisément  glyco- 
suriques.  Un  fait  remarquable,  c'est  l'indépendance  entre  les 
doux  reins,  au  point  de  vue  de  la  quantité  et  de  la  qualité  de  la 
sécrétion. 

—  M .  Waller  (de  Londres)  parle  de  la  loi  suivant  laquelle  se  pro- 
duisent les  actions  électro-motrices  qu'il  a  constatées  dans  le 
cœur  de  Thomine  (communication  faite  Tannée  dernière,  dans 
ses  traits  essentiels,  à  la  Société  de  biologie). 

—  M.  Denys  (de  Louvain)  a  trouvé  dans  le  sanff  un  ferment  pep- 
tonisant;  mais  on  ne  peut  déceler  l'existence  de  ce  ferment  que 
dans  certaines  conditions;  il  faut  ajouter  au  sang  une  certaine 
quantité  de  chloroforme,  ou  d'éther,  ou  d'alcool,  ou  encore  d'a- 
cide phénique  ou  de  thymol.  Bien  entendu,  ces  corps  par  eux- 
mêmes  n'ont  aucune  action  peplonisante.  D'autre  part,  ce  fer- 
ment ne  se  comporte  pas  du  tout  comme  la  trypsine.  Si  on  isole 
le  sérum,  on  y  constate  encore  le  pouvoir  peptonisanL  Le  fer- 
ment dont  il  s'agit  a  été  trouvé  par  M.  Denys  dans  le  sang  du 
chien,  du  chat,  de  l'iiomme. 

—  M.  Fano  (de  Gènes)  a  répété  les  expériences  de  Munk  (de 
Berlin)  relativement  aux  effets  de  l'ablation  du  corps  thyroïde; 
contrairement  à  l'opinion  soutenue  par  Munk,  ces  effets  sont 
bien  altribuables  à  la  suppression  de  la  glande,  et  non  à  la  liga- 
ture des  vaisseaux  du  cou  et  au  tiraillement  des  nerfs,  etc. 

M.  Herzen  (de  Lausanne)  a  fait  des  expériences  analogues 
à  celles  que  rapporte  M.  Fano,  et  constate  également  l'erreur 
dans  laquelle  est  tombé  Munk. 

—  M.  Herzen  (de  Lausanne)  a  cherché  à  savoir  quels  sont  les 
effets  de  1  extirpation  du  gyrus  sigmoide  chez  le  chien  nouveau- 
né.  On  sait  que  chez  ces  animaux  l'excitation  de  cetle  région 
ne  détermine  pas  de  contractions  musculaires.  De  même,  î'ex- 
tii  pation  pratiquée  entre  le  dixième  ou  le  douzième  jour  après 
la  naissance  n'amène  aucun  résultat.  Mais  peu  à  peu  l'animal 
opéré  se  développe  ;  or,  à  aucun  moment  on  ne  constate  chez 
lui  de  troubles  moteurs.  11  y  a  donc  eu  suppléance  de 
la  fonction  supprimée  par  suite  de  Tablation  des  centres  psycho- 
moteurs d*uu  côté.  Cette  suppléance  est-elle  le  fait  du  gyrus  de 
l'autre  côté?  Non,  car,  si  au  bout  d'un  certain  temps,  quatre 
mois  par  exemple,  on  enlève  le  gyrus  qui  reste,  celle  seconde 
extirpation  ne  détermine  pas  de  troubles  et,  chose  curieuse, 
pas  plus  d'un  côté  que  de  I  autre.  M.  Herzen  pense  qu'à  la  suite 


de  la  première  opération,   des  centres  subalternes,  inférieure- 
ment  situés,  se  sont  développés,  et  cela  des  deux  côtés. 

M.  irloing  rappelle  à  ce  propos  qu'il  a  constaté  il  y  a  dèî.'i 
plusieurs  années  dans  le  cerveau  du  chien,  à  côté  dii  centre 
dont  l'excitation  provoque  l'occlusion  de  la  paupière  du  oUé 
opposé,  l'existence  d'un  autre  centre  dont  1  excitation  amène 
Tocrlusion  de  la  paupière  du  mAme  crHé.  On  peut  admettrt*  que, 
si  l'on  détruit  le  premier,  ce  second  centre,  qui  n'existe  guère 
qu'à  l'état  latent,  se  développe  de  telle  sorte  qu'il  pourra  sup- 
pléer à  la  fonction  de  l'autre.  M.  Arloing  se  demande  si  He^ 
centres  de  mèuie  nature  n'existeraient  pas  pour  les  muscles  i\t< 
membres?  Ainsi  s'expliqueraient  les  faits  si  intéressants  ohsf^r- 
vés  par  M.  Herzen. 

—  M.  Gad  (de  Berlin)  a  étudié  avec  M.  Heymanns  rinflueuee 
de  la  température  sur  la  contraction  musculaire  chez  la  ^r**- 
nouille.  La  hauteur  et  la  forme  de  la  secousse  varient,  tandis 
que  le  muscle  passe  par  les  températures  comprises  entre o(l  dej^ré*^ 
et  zéro.  A  19  degrés  on  trouve  un  minimum  du  degré  de  la  con- 
traction et  de  la  tension  musculaires;  il  y  a  un  maximum  absolu 
à  30  degrés  et  un  maximum  relatif  à  zéro.  C'est  là  un  fait  para- 
doxal, si  Ton  considère  que  la  contraction  des  muscles  doit  dé- 
pendre de  réactions  chimiques,  car  il  est  difficile  d'adineitrf 
qu'un  tel  processus  augmente  d'intensité  de  11)  degrés  à  i^ro. 
Mais  l'hypothèse  de  Fick  rend  compte  de  ce  fait  :  il  suffit  de  ^t; 
représenter  l'état  du  muscle  comme  dépendant,  à  chaque 
instant  de  sa  contraction,  de  la  quantité  actuelle  d'un  produit 
intermédiaire  de  la  combu>tion  du  glycogène  en  CO-  et  H-<>: 
ce  produit  est  peut-être  l'acide  lactique.  Les  deux  processus  chi- 
miques, formation  d'acide  lactique  par  scission  du  glycogène  el 
combustion  complète  du  glycogène,  peuvent  diminuer  d'inten- 
sité de  30  degrés  à  zéro;  si  le  secoua  processus  retarde  de  plus 
en  plus  sur  le  premier  depuis  19  degrés  jusqu'à  zéro,  alors  on 
peut  admettre  une  accumulation  de  plus  en  plus  considérable 
du  produit  intermédiaire;  or,  c'est  ce  produit  qui  serait  ra<;eiit 
réel  de  la  contraction. 

1^  hauteur  de  la  contraction  et  le  développement  de  la  ten- 
sion diminuent  au  delà  de  30  degrés  et  disparaissent  avant  que 
la  rigidité  due  à  la  chaleur  se  montre.  La  période  latente  et  la 
contraction  deviennent  de  plus  en  plus  courtes  de  zéro  à 
40  digrés. 

Le  maximum  de  tension  et  de  contraction  du  muscle  tétanisé 
se  trouve  d'abord  à  70  degrés;  mais  bientôt  contraction  et  ten- 
sion diminuent  à  cetle  température.  A  19  degrés  il  n'y  a  point 
de  maximum;  par  suite,  le  plus  petit  effet  de  chaque  excitation 
se  trouve  ici  compensé  par  la  plus  grande  addition  (ou  summa- 
tion)  des  excitations;  en  outre,  la  fatigue  du  muscle  ne  se  pré- 
sente à  cette  température  que  plus  tardivement;  enfin  le  tétaiio> 
s'établit  et  disparait  plus  vite  qu'à  des  températures  plus  basse> 
de  telle  sorte  que  l'optimum  de  la  fonction  du  muscle  de  la^^n*- 
nouille,  en  vue  du  but  à  atteindre  par  l'organisme,  serait  à 
19  degrés. 

—  M.  fl.  Dubois  (de  Lyon)  rapporte  ses  expériences  sur  le> 
Pholades,  oui  montrent  que  des  animaux  dépourvus  d'or- 
ganes visuels  sont  néanmoins  très  sensibles  à  la  lumière.  Cv^ 
faits  ont  été  communiaués  par  l'auteur  l'année  dernière  à  la  So- 
ciété  de  biologie,  et,  plus  récemment,  à  l'Académie  des  scienee>: 
ils  ont  vivement  intéressé  un  grand  nombre  de  membres  du 
Congrès.  ' 

—  M.  Herter  (de  Berlin)  a  fait  de  nombreuses  expêriem  e>   j 
desquelles  il  résulte  que  la  quantité  de  viande  ou  de  lait  di(r«'- 
rés  diminue  avec  la  température  qu'ont  subie  cette  viande  ou  <  i-   j 
lait.  I 

—  M.  P.  Langlois  (de  Paris^  a  vu  avec  M.  Richetqne  chez  le>   I 
chiens  anesthésiés  par  le  chloral  la  force  respiratoire  diminue 
considérablement  :  il  suffit  d'augmenter  très  peu  la  pression  :> 
l'expiration  pour  que  l'animal  cesse  de  respirer;  la  puissam* 
inspiratoire  est  au  contraire  peu  atteinte. 

—  M.  Aibertoniide  Bologne)  a  observé  que  les  daltoniens  pour 
le  rouge  el  pour  le  vert  ne  perçoivent  pas  certaines  notes  ran>i- 
cales  qui  sont  alors  confondues  avec  les  notes  voisines.  Les  dal- 
toniens pour  le  rou^e  ne  reconnaissent  pas  lut;  les  daltonieu- 
pour  le  vert  ne  distinguent  pas  le  ré;  de  plus  ils  ne  peuvent 
non  plus  donner  ces  notes  avec  leurs  cordes  vocales. 

Le  Congrès  est  déclaré  clos. 

E,  Gley. 


27  Septembre  1889      GAZtTTB  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N»  39  —    633 


SOCIÉTÉS  SAVAMES 

Académie  de  médeelne* 

SÉANCE  DU  24  SEPTEMBRE  1889.   —   PRÉSIDENCB  DE 
M.    MOUTARD-MARTIN. 

M.  le  ilocteur  Letage  prie  l'Académie  d'accepter  lo  dépôt  de  Plis  cachclés  rcn- 
fcniiant:  J*>  au  nom  de  M.  Winl^r  et  au  sien,  une  note  sur  les  résultats  de 
5  'v  t'fchenhfs  concn'uant  le  poison  cholénqae;  2'  on  son  nom  pcrso.mel,  un 
mémoire  <ur  le  microbe  du  ehoUra  infantile  et  du  choléra  nostrat» 

OsTÉOMALAciE.  —  ti.Guéniot  place  sous  les  yeux  de  ses 
collègues  le  bassin  d*une  femme  qui  a  été  amenée  récem- 
ment mourante  à  la  Maternité  après  deux  jours  de  travail 
sans  succès.  L'ostéomaiacie  que  présente  ce  bassin  à  un 
(le&;ré  extraordinaire  est  en  pleine  voie  d*évolulion  ;  la 
malléabilité  des  os  est  telle  qu'ils  peuvent  être  écartés  sans 
difficulté.  L*enfanla  été  extraite  Taide  d*un  basiotribe  sans 
trop  de  peine;  il  était  mort.  La  mère  était  une  malheureuse 
ouvrière,  vivant  dans  les  conditions  de  misère  etd*insalu- 
brité  où  Ton  rencontre  seulement  de  telles  lésions  osseuses; 
les  progrès  de  Thygiene  les  rendent  de  plus  en  plus  rares. 

Rkmèdes  secrets.  —  Sur  une  série  de  rapports  de 
M.  AJoissan^  TAcadémie  refuse,  comme  d'ordinaire,  son 
approbation  à  des  remèdes  plus  ou  moins  ridicules  soumis 
à  son  examen. 

Histoire  médicale.  —  M.  le  docteur  Corlieu  rappelle 
qu*un  savant  de  Berlin  vient  de  faire  grand  bruit  cle  la 
découverte  de  manuscrits,  dus  à  Henri  de  Mondeville,  chi- 
rurgien de  Philippe  le  Bel.  Or,  il  est  facile  de  se  convaincre, 
en  se  rendant  à  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris,  que  tous 
ces  manuscrits  s'y  trouvent  depuis  longtemps.  M.  Corlieu 
les  énumère  avec  soin. 

Périostose. —  Une  observation  de  périoslose  généralisée 
des  os  de  la  face  et  du  crâne  est  communiquée  par  M.  le 
docteur  Baudon  (de  Nice).  Le  sujet  de  celle  observation  est 
une  femme  de  cinquanle-deux  ans;  examinée  depuis  trois 
ans  par  M.  Baudon,  son  état  est  slalionnaire;  elle  ne  pré- 
sente pas  de  phénomènes  spéciaux  du  côté  du  système 
nerveux.  —  (Commission:  MM.  Trélat  eiLannelongue.) 

TniCHusis.  —  M.  le  docteur  Costomiris  lit  un  mémoire 
intitulé:  Commentaires  sur  un  procède  hippocratique  pour 
le  trichiasis. 

Prix.  —  M.  Féréol  donne  lecture  de  son  rapport  sur  le 
concours  pour  le  Prix  Louis  en  1«89,  dont  le  sujet  était: 
Des  médications  antithermiques.  U  rappelle  que  ce  prix, 
Iriennal,  constitué  par  une  rente  annuelle  de  1000  francs, 
est  destiné,  d'après  les  intentions  du.  doiuiteur,  à  récom-, 
penser  des  mémoires  originaux,  appuyés  sur  des  observa- 
tions personnelles  à  Fauteur,  recueillies  par  lui  le  plus 
exactement  qu'il  se  pourra,  le  plus  récemment  aussi  et 
nombreuses  autant  que  possible.  Ces  conditions  sont  trop 
peu  connues  sans  doute  des  concurrents  et  du  public  médical 
lui-même,  car  le  nombre  des  mémoires  envoyés  cette  année 
n'eU  que  de  deux,  alors  que  le  concours  précédent  n*avatt 
pas  donné  de  résultat. 


HEVUE  DES  JOURNAUX 

thérapeutique. 

lac    Htallnllqiie   éen   médleallonii  de  la    eoqnetache,    par 

M.  le  docteur  0.  Ml'GDAN.  —  Dans  le  service  de  M.  Baginski 
ou  H  employé,  comparativement,  contre  la  coqueluclie,  la  résor- 
ciiie,  l'aiitipyrine,  la  cocaïne  et  les  insuffiations  nasales.  Voici  les 
résultats  obtenus  par  chacune  de  ces  médications. 

i^  Administrée  à  Tintérieur,  sous  forme  d'uue  solution  à  1  ou 


I  1/2  pour  iOO,  dont  Tenfant  ingérait  une  cuillerée  à 
dessert  toutes  les  deux  heures,  la  résorcine  n*a  produit  aucuii 
soulagement.  M.  Mugdan  signale  huit  cas  et  compte  huit  échecs. 

2^  Les  badigeonnages  laryngiens  à  la  cocaïne  ont,  dans  onze 
cas,  paru  diminuer  le  nombre  et  Tintensité  des  quintes.  Néan- 
moins M.  Baginski  ne  recommande  pas  ce  traitement  en  raison 
des  dangers  d'intoxication. 

3"  L'antipyrine  ingérée  par  la  méthode  de  Sonnenberg  n'a  pro- 
curé que  des  échecs.  M.  Itaginski  administrait  trois  ou.  quatre 
fois  par  jour,  autant  de  centigrammes  d'antipyrino  que  renfant 
comptait  de  mois  ou  autant  de  décigrammes  qu'il  avait  d'années. 
Chez  sept  malades  ainsi  traités,  il  n'y  eut  ni  atténuation  de 
l'intensité  des  quintes,  ni  diminution  de  leur  nombre. 

•i*"  Par  la  méthode  des  insufllations  les  résultats  furent 
meilleurs.  Vingt-cinq  enfants  furent  soumis  à  des  insufflations 
diacide  benzoique  finement  pulvérisé,  suivant  le  dernier  procédé 
de  Michael.  Dix-sept  furent  améliorés  dès  les  premiers  jours  et 
guérirent  dans  l'espace  d'un  à  trois  septénaires.  (Archiv.  f. 
Kinderk.,  1889,  heft.  VI.) 

»e  la  «éninreetlan  «e«  Mariaiinonx,  par  M.  Mekvin  M  a  US. 
—  Voici  les  prescriptions  que  Fauteur  recommande  apW's  en 
avoir  fait  usage  et  qui,  parait-il,  lui  ont  procuré  de  réels  béné- 
fices au  point  de  vue  prophylactique. 

1**  Matin  et  soir  et  tant  qu'il  existe  de  Texanthème,  on  lotionne 
à  réponge  la  totalité  du  corps  avec  une  solution  tiède  de  sublimé 
au  quatre  millième. 

2^  Le  cuir  chevelu  est  traité  de  même,  ou  bien  lotionne 
avec  une  solution  de  borax  au  deux  cent  cinquantième. 

3"*  On  doit  pratiquer  la  désinfection  des  urines,  drs  selles, 
des  crachats  et  du  mucus  nasal  au  moyen  de  la  solution  de  bi- 
chlorure  de  mercure  à  i  pour  lUOO. 

4*  Dès  que  ratténuation  de  la  maladie  permet  de  lever  le 
malade,  on  lui  fait  prendre  un  bain  chaud  et  savonneux,  suivi 
d'une  lotion  avec  la  solution  de  sublimé  à  i  pour  4000  et  ensuite 
d*une  onction  avec  une  pommade  à  la  vaseline,  au  borate  de 
soude  et  à  l'oxyde  de  zinc. 

5°  Tous  les  objets  à  Tusage  du  malade,  la  literie  et  le  linge 
doivent  être  immergés  dans  une  solution  de  sublimé  bouillante, 
ou  bien  suivant  leur  nature,  désinfectés  par  le  soufre. 

6^  M.  Maus  exige  que  les  garde-malades  et  les  personnes 
qui  approchent  les  scarlatineut  désinfectent  avec  soin  leur 
visage  et  leur  chevelure,  et  qu'elles  changent  de  vêtements 
quand  elles  entrent  ou  qu'elles  quittent  la  chambre  des  malades. 

7^  11  exige  enfin  que  toutes  ces  mesures  soient  observées 
chaque  jour,  jusqu'à  la  cessation  complète  de  la  desquamation. 

II  ajoute  que  malgré  les  succès  qu'il  procure,  le  sublimé  peut 
être  remplacé  par  des  germicides  moins  toxiques.  (The  N.-W 
med.  Record,  22  juin  1889.) 

lies  praiiriMéM  therapenti^aes  «a  tliy«i,  par  M.  le  docteur 
J.  Buzzi.  —  Analogue  par  ses  qualités  physiques  et  ses  pro- 
priétés chimiques  avec  Ticblhyol,  cette  substance,  préparée  par 
M.  Jacobsen  et  chimiquement  essayée  par  M.  Reeps,  posséderait 
les  vertus  de  l'ichthyol  et  serait  comme  lui  un  carbure  d'hydro- 
gène sulfuré. 

M.  Buzzi  en  a  fait  usage  sous  la  forme  liquide  et  sous  celle  de 
poudre  contre  la  séborrhée,  l'eczéma  et  l'acné  vulgaire.  11  pro- 
pose même  de  le  substituer  à  l'ichthyol  pour  l'usage  interne. 

Le  thyol  liquide  est  une  solution  saturée  contenant  un  dixième 
de  son  poids  de  substances  médicamenteuses  et  se  prescrivant 
de  même  que  I  ichthyol. 

Le  thyol  pulvérulent  est  obtenu  par  le  broiement  des  cristaux 
lamellaires  produits  par  Tévaporation  du  thyol  liquide.  Cette 
poudre  brune  s'emploie  en  nature,  pour  saupoudrer  les  tégu- 
ments malades,  contre  l'eczéma,  l'inlertrigo,  l'impétigo,  le  pem- 
phygus,  l'herpès  et  les  brûlures.  On  la  mélange  à  cet  efl'et  avec 
l'oxyde  de  zinc  et  la  poudre  de  talc.  H  reste  à  déterminer  les 
propriétés  antiseptiques  de  ce  corps  qui  aurait  l'avanlao^e  de 
coûter  un  prix  moins  élevé  que  Fichtliyol.  (Mon,  f.prak,  Derm., 
juillet  1889.) 


63i    —  N^  39  - 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE      27  Septembre  1889 


Ile**    «rriffcnCi*    toniques     CHn^-éH     par     raallpyrln- ,    par 

MM.  TucztK  et  LfKWK.  —  Le  premier  de  ces  observateurs, 
ayant  administré  à  l'un  de  ses  enfants,  âgé  de  quatre  ans,  dix- 
huit  grains  d*anlipyrine  contre  la  coqueluche,  constata  de  la 
somnolence  et  des  vomissements.  Puis  le  lendemain,  le  petit 
malade  éprouva  des  attaques  épileptiformes,  des  convulsions,  du 
trismus,  des  troubles  respiratoires  ressemblant  à  ceux  de 
Cheyne-Stokes,  des  irrégularités  des  battements  cardiaques  et 
de  lu  dilatation  pupillaire;  en  même  temps  une  éruption  scarla- 
liniforme  se  produisit  sur  la  peau.  Ces  accidents  durèrent  pendant 
trois  jour<  et  disparurent  après  la  cessation  du  médicament. 
{BeriinerkUn.  Woch.,  1889,  n*»  17.) 

M.  Lœwe  a  observé  de  semblables  accidents  dans  le  cours 
du  traitement  de  la  coqueluche  par  Tantipyrine.  Un  enfant  de 
quatorze  mois  éprouva  des  vomissements  et  des  attaques  convul- 
sives.  Un  autre  enfant  de  six  mois  fut  atteint  de  cyanose  et  de 
coUapsus.  Enfin  un  troisième  enfant,  âgé  de  deux  ans,  présenta 
des  convulsions  générales,  du  spasme  laryngé  et  des  vomisse- 
ments graves  après  Tadminisiralion  du  médicament.  {Therap. 
Monat,  avril  18811.) 

D«*    radian    paradasale    ûe    eerialaa  aiilipyréliqae«,  par 

M.  le  docteur  S.-E.  Henschen.  —  Plusieurs  fois,  Tauteur  a,  écrit- 
il,  noté  une  élévation  thermique  après  Tadministration  de  la 
chinoline,  de  l'antipyrine,  de  Tantifébrine  et  de  la  phénacétine. 
Cette  élévation  était  faible  :  quelques  dixièmes  de  degré,  excepté 
après  riugestion  de  la  chinoline  où  elle  s'élevait  parfois  d'un 
degré. 

Ce  phénouK'Mie  ne  serait  pas  accidentel,  mais  se  montrerait 
chez  certains  individus.  11  Tattri bue,  d'après  les  remarques  de 
Geigel,  à  la  congestion  cutanée  causée  par  les  antipyrétiques 
au  d»ibut  de  leur  action  ;  normalement,  ajoute-t-il,  l'effet  ther- 
mique de  cette  congestion  est  annulé  par  Faction  antithermique 
puissante  du  médicament.  Par  contre,  chez  certains  malades, 
comme  ceux  qu  il  a  observés,  la  congestion  cutanée  est  plus 
durable  et  plus  considérable  et  provoque  la  manifestation  du 
phénomène  paradoxal.  La  production  de  la  sueur  ne  suffit  pas 
alors  pour  le  faire  totalement  disparaître.  (Upsala  Lnhar, 
HandUngar,  1889,  heft  4,  Bd  XXIV.) 

Tl*iiitemeiii  de  rineaatlaeaee  d^arlaa  par  rantipyrin»,  par 

MM.  PERiiET  et  t)E\'ic.  -  Ce  traitement  a  été  mis  à  l'essai  sur 
des  enfants  dont  le  bromure,  la  belladone  et  l'hydrothérapie 
n'avaient  pu  modifier  Tanurésie  nocturne.  Pendant  sept  jours 
nos  confrères  firent  ingérer  quotidiennement,  à  six  heures  et  à 
huit  heures  du  soir,  deux  doses  d'antipyrine  de  75  cen- 
tigrammes chacune.  Ils  obtinrent  une  diminution  de  l'incon- 
tinence. Pendant  huit  jours,  suspension  du  traitement;  Taroélio- 
ration  cuntinua.  La  semaine  suivante,  administration  du  médi- 
cament au\  mêmes  doses  :  la  guérîson  sembla  définitive. 

En  résumé,  ce  médicament  doit  être  prescrit  par  intervalles 
et  continué  pendant  longtemps.  {La  Province  médicale^  8  et 
!29juin  1889.) 


ne   l*ariii>n    pbyiilolaglqae    do    llaarare    de    «edlnm,   par 

MM.  Tâppkiner  et  Schulz.  — Le  premier  de  ces  observateurs  a 
essayé  ce  sel  sur  les  mammifères  à*  la  dose  de  5  centigrammes 
par  kilogramme  à  Tint^'^rleur  et  d'un  centigramme  et  demi  par 
la  voi  •  hypodermique.  H  a  constaté  ninsi  : 

1*»  La  production  d'un  état  de  somnolence  et  de  faiblesse  mus- 
culaire, conséquent  à  une  paralysie  vaso-motrice; 

2"  Des  convulsions  épileptiformes  tantôt  localisées  à  un  seul 
membre,  tantôt  généralisées  à  la  totalité  du  corps;  ces  convul- 
sions ne  sont  pas  d*i»rigine  réflexe  et  n'ont  aucun  rapport  avec 
des  troubles  respiratoires  ou  circulatoires  ; 

3"  Une  arcélératioii  des  mouvements  respiratoires  suivie  de 
leur  paralysie  ; 

i°  Mes  vomi^semcnls,  de  la  snlivation; 

5*  Finalement  l'apparition  rapide,  après  la  mort,  de  la  rigi- 
dité cadavérique.  (\ rch,  fur  Exper.  Path,  und  Pharm.,  Bd.  45, 
1889.) 


tÊu    traiflement   de   la  iatoerevlaae     par    ralr  elisad,    |mr 

M.  DE  Renzi.  —  Worms  en  faisant  inhaler  de  l'air  froidy  krull 
en  pratiquant  des  inhalations  d'air  chaud,  espéraient  entra%tfr 
chez  les  phthisiques,  le  développement  du  bacille  dont  la  vita- 
lité, on  le  sait,  ne  s'accommode  que  des  températures  rooyenno^. 
M.  de  Renzi  préfère  l'air  chaud  obtenu  au  moyen  d'uii  appareil 
inhalateur  dont  la  température  est  réglée  par  un  thermorortro. 

Huit  phthisiques  avancés  ont  été  soumis  à  ce  traitement  rt 
trois  d'entre  eux  en  retirèrent  uu  réel  bénéfice.  Il  est  nécessaire 
pour  obtenir  ces  résultats  d'élever  la  température  du  courant 
d*air  à  80  et  même  100  degrés  et  de  prolonger  ces  inhalation^ 
pendant  quinze  minutes  et  même  une  heure.  Un  seul  malade 
éprouva  une  hémoptysie  pendant  l'une  des  séances.  Quelques- 
uns  augmentèrent  de  poids  en  même  temps  que  le  nombre  de 
bacilles  contenus  dans  les  crachats  diminuait. 

D'après  M.  de  Renzi,  ces  inhalations  ne  provoquent  aucune 
perturbation  cardiaque  ou  respiratoire;  il  a  observé  tout  au  plu^ 
une  légère  augmentation  de  la  température  générale.  {Clinica 
medica  de  JSaples,  février  1889.) 

INi  IraKemenf  de  la  maladie  de  «tokaa-Adam,  par    M.    ie 

docteur  H.  Huchard.  —  Cette  maladie  a  pour  caractères  :  !•• 
pouls  petit,  permanent,  des  attaques  épileptiformes  et  synco- 
pales,  et  s'accompagne  des  phénomènes  d  artério-sclérose  dt^s 
reins. 

Le  traitement  causal  consiste  dans  l'administration  des 
iodures  et  de  la  nitro-glycérine  à  l'intérieur. 

Les  indications  thérapeutiques  contre  les  attaques  reviennent 
à  administrer  la  nitro-glycérine  par  la  voie  hypodermique.  S'il 
existe  de  la  faiblesse  cardiaque,  on  prescrit  la  caféine,  (loutre 
les  phénomènes  urémiques,  on  impose  la  diète  lactée  stricte. 
Au  demeurant  ces  indications  se  résument  :  1**  dans  rabai>>e- 
ment  dt^  la  pression  sanguine;  â""  à  combattre  par  les  hvper- 
esthésiants  l'ischémie  cérébrale;  3"  à  soutenir  la  contractililê  du 
cœur  par  des  toniques  de  cet  organe.  {Revue  générale  de  r//- 
nique  et  de  thérapeutique,  4  avril  1889.) 

D«  rampial  de  la  liela  wlcarlu  eanire  la  eaaatipatiaa 
baMMeite  el  les  liémarriioldea,  par  M.  le  docteur  S.  Kazat- 
CHKOPF. — Ce  végétal  est  un  médicament  populaire  dans  la  Ru»i(* 
méridionale  sous  la  forme  d'une  décoction  pour  combattre  ta 
constipation  par  atonie  et  les  hémorrhoîdes.  On  I  administre  à 
la  dose  d'une  demi-tasse  à  une  tasse,  chaque  jour,  et  c<- 
remède  ne  provoque  ni  coliques,  ni  troubles  digestifs.  De  plu<«, 
après  son  usage,  on  n'observe  pas  le  retour  de  la  constipation 
consécutif  à  l'usage  des  purgatifs. 

Après  une  semaine,  M.  Kazatchkoiï  a  constaté  raccoutumanco   \ 
à  ce  remède  et  la  nécessité  d'en  augmenter  la  dose.  Néaninoiu>, 
il  lui  attribue  des  vertus  supérieures  à  l'huile  de  ricin,  à  la  rhu- 
barbe, à  la  magnésie,  à  la  podophylline  et  aux  eaux  minérale   ! 
purgatives.  {Meditzina,  1889,  p.  10,  n"  6.) 


BIBLIOGRAPHIE 

Trallé  d^aertpllf  des  naladlea   de  la  peasi   ayaipie- 
malo'oirie  rt  anal*»nite  pa(holo«  qm*»  par  MM.   Henri 

Lei-oir  et  Emile  Vidal  (l^*'  livraison,  ln-4»  de  80  p;i^e>, 
avec  6  grandes  planches  hors  texte.  ~  Paris,  1881». 
G.  Massoii). 

Depuis  plusieurs  années  déjà  les  dermatologistes  allen- 
daietit  avec  impatence  roiivrage  de  MM.  les  docteurs  Leloir 
et  Vidal.  Lft  premier  fascicule  de  ce  remarqtiable  travail 
vieiil  enfin  de  paraître  à  propos  du  Congrès  intornalional  df 
dermatologie  et  de  syphiligraphie;  nous  appelons  de  tous 
nos  vœux  la  pubhVatîon  rapide  des  huit  autres  livraisons 
qui  sont  destinées  à  le  compléter. 

Bien  qu'il  soit  prématuré  de  juger  de  l'ensemble  do  iv 
livre  d'après  un  premier  fragment,  le  plan  général  de  Tuu- 


21  Septembre  1889     GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


-  N*  39  -    635 


vragp  nous  semble  dès  inainlenant  assez  uel  pour  que  nous 
puissions  eu  parler.  Il  ne  faudrait  pas  le  considérer  comme 
un  traité  complet  d^  dermatologie;  les  auteurs  se  sont 
strictement  cout'urmés  à  leur  programme:  symptomatologie 
et  anatomie  pathologique,  on  n'y  trouvera  rien  de  plus.  Les 
symptômes  de  chaque  affection  y  sont  exposés  avec  celte 
nellelé,  cette  précision  et  cette  sobriété  (]ul  caractérisent 
les  écrits  du  maître  éminent  de  rtiôpilal  Saint-Louis. 
L'anjilomie  pathologiqueyestétudiéeavecun  luxe  de  détails 
qu'apprécieront  les  hommes  spéciaux,  et  avec  une  compé- 
tence attestée  par  de  nombreux  renvois  aux  communications 
diverses  faites  parles  auteurs  aux  Sociétés  savantes  sur  les 
divers  sujets  traités.  C'est  ainsi  que  Thistologie  de  Tacné, 
que  celle  du  molluscum  contagiosum,  constituent  de  véri- 
tables m'''moires  originaux  avec  de  superbes  planches  à 
Tappui.  On  peut  ne  pas  avoir  les  mêmes  opinions  que  les 
auteurs  sur  certains  points  en  litige,  mais  on  consultera 
toujours  avec  fruit  de  semblables  documents. 

Comme  dans  tout  ouvrage  sérieux  d'anatomie  patholo- 
gique, les  planches  jouent  dans  ce  livre  un  rôle  prépondé 
rant.  Ce  sont  de  superbes  chromolithographies,  véritables 
œuvres  dart,  dues  au  talent  de  Karmanski.  Rlles  sont 
accompagnées  de  notices  explicatives  détaillées,  ce  qui  ne 
saurait  être  trop  apprécie  de  tous  ceux  qui  ne  sont  pas  très 
versés  en  histolugie  On  trouve  de  plus  dans  le  texte  des 
planches  coinpléme^itaires. 

Les  auteurs  ont  jugé  avec  raison  que  dans  Tétat  actuel  de 
la  science  dermatologique  ils  ne  pouvaient  adopter  aucune 
des  classifications  connues.  Aussi  se  sont-ils  décidés  à  suivre 
Texemple  des  Américains  et  à  prendre  pour  les  maladies 
rordre  alphabétique,  de  beaucoup  le  plus  commode  pour 
ceux  qui  voudront  consulter  leur  ouvrage. 

Ce  premier  fiiscicule  comprend  l'étude  des  dermatoses 
suivantes:  achroinie,acné,aciodynie,actinomycose,ajnhuin, 
alopécie,  anémie  cutanée,  atrophie  cutanée,  bouton  des 
pays  chauds.  iNous  n'entrerons  pas  dans  les  détails  de  chacun 
de  ces  articles,  cela  nous  entraînerait  beaucoup  trop  loin  ; 
cette  courte  note  n'a  en  effet  pour  objet  que  de  faire  con- 
naître à  nos  lecteurs  l'apparition  de  cet  ouvrage. 

On  attendait  beaucoup  dt^  la  collaboration  de  Téminent 
clinicien  de  l'hôpital  Samt-Loui.^,  si  connu  et  si  apprécié  de 
tons  ceux  qui  depuis  vingt  ans  ont  fréquenté  notre  grand 
centre  dermatologique,  et  du  jeune  professeur  de  la  Faculté 
de  Lille,  déjà  renommé  par  ses  nombreux  travaux  d'aua- 
tomie  pathologique.  L'espoir  de  leurs  amis  n*a  pas  été 
trompé.  Ils  ont  su  avoir  recours  à  un  éditeur  qui  a  mis  le 
luxe  de  la  publication  à  la  hauteur  de  la  valeur  scientihque 
de  Touvrage.  Hien  en  un  mot  n*a  été  négligé  pour  le  succès 
de  cette  œuvre.  Tune  des  plus  considérables  qu'ait  jamais 
entreprise  l'écule  française.  Il  ne  nous  reste  quVi  leur' 
sduliaiter  une  réussite  aussi  complète  pour  les  autres  parties 
de  leur  travail  et  nous  serons  alors  heureux  et  fiers  de  pré- 
senter à  l'étranger  un  livre  de  cette  importance  et  de  cette 
valeur. 

L.  B. 


De  la  DiMixrTioN  de  l'urée  dvns  le  CANCEn  (valeur  sémêio- 

LOGiQUE.    API'LICATIONS    S1ȃC.L\LES    AU    CANCER    DE    L  ESTOMAC 

ET  Al  X  TrMKUBS  abdominalks),  par  M.  le  doi-teurG.  Uauzier. 
—  Aiuiitpellier,  Camille  Cuulet;  Paris,  1889,  G.  Masson. 

l/aiileur  a  entrc|>ris  une  série  de  rciherclios  cliniques  pour 
la  vériiicaliun  de  la  loi  formulée,  en  188;],  pur  Uommelaere  (de 
itnixflles)  sur  l'.iypoazolur.e  dans  le  cauccr,  et  il  esl  arrive  à  la 
cualirmer  de  la  iàçon  la  plu>  nette.  Il  montre  qu'il  existe  hubi- 
tuelleiiient,  ilaiis  les  cas  de  tumeurs  malign-'S,  quel  qu"  soit 
leur  >icge,  une  diminution  de  Turee,  qui  semlde  en  rapport  avec 
une  pei'vvrsioii  de  la  nutrition  organique  tenant  à  la  nature  du 
nêo,  liiî»me  et  se  trouve  influencée  par  ralinieiitation  qu.in»  à 
son  taux  seulement,  il  est  vrai  que  la  diminution  de  l'uree  peut 
exister  dans  d'autres  états  morbides  t  aiusi  on  Tobscrvc  eu 


particulier  dans  la  tuberculose  avancée,  les  allérilions  de  Tépi- 
thélium  rénal  et  certaine^  lésions  du  Toie  ;  rinaniiion  peut 
encore  la  produire.  Par  contre,  un  état  fébrile  passager  peut 
masquer  momentanément  une  hypoazoturie  habituelle.  En 
tenant  compte  de  ces  restrictions,  riiypoazotnrie  cancéreuse 
conserve  toute  sa  valeur  séméiologiqne.  Elle  ne  présente  p;is, 
d'ailleurs,  le  même  dt'gré  à  toute*;  les  périodes  des  tumeurs 
malignes,  et  évolue  parallèlement  à  raltérilion  secondaire  et 
progressive  de  1  état  général,  traduisant  ainsi  la.  marche  de  la 
cachexie  spéciale.  Dans  le  cancer  accessible  aux  investigations 
sa  valeur  est  minime  :  ptui  marquée  aux  périodes  de  débui,  elle 
devient  un  renseignement  sunerllu  lorsquelle  se  manifeste,  Ciir 
à  ce  moment  le  diagnostic  n  e^t  plus  douteux.  Mais  son  in^por- 
tance  est  tout  autre  dans  les  cancers  internes,  parfois  difliciles  à 
reconnaître  même  à  une  période  avancée  :  tel  est  le  cas  en  par- 
ticulier pour  le  cancer  gastrique.  Enlin  l'hypoazoturie  mari(uéc 
accompagnant  une  tumeur  abdominale,  sans  iiuberculo<e  ni  ascitc, 
contre-indique  Tintervcntion  opératoire  :  on  doit  en  etfct  songer 
en  pareil  cas  à  un  cancer,  ou  a  des  lésions  rénales  devant  faire 
redouter  l'urémie  post-opératoire. 

Étude  sur  les  inhalations  d'oxygene  dans  la  diphthérie,  par 
M.  le  docteur  T.  Gonthier.  —Paris,  1889.  G.  Steinheil. 

Ce  consciencieux  travail  comprend  trois  parties  principales  : 
tout  d'abord  un  aperçu  historique  sur  tes  applications  de  l'oxy- 
gène depuis  sa  découverte  par  Priesttey,  et  l'étude  des  eifels 
physiologiques  de  ce  gaz  inhalo  par  l'homme  à  l'état  de  santé; 
puis  un  chapitre  consacré  à  l'emploi  de  l'oxygène  dans  la  diph- 
thérie; enfin,  l'exposé  de  la  technique  des  inhal  tions  d'oxygène 
appliquées  à  l'élude  des  variations  du  rythme  respiratoire  altéré 
dans  la  dipiitherie.  D'après  les  expériences  de  Fauteur,  Toxygène 
pur,  employé  eu  inhalations  dans  les  diverses  formes  de  la  diph- 
thérie, parait  avoir  des  elTets  généraux  très  favorables.  D'ail- 
leurs, lorsque  la  pureté  du  gaz  est  al)soIuc,  on  en  peut  faire 
l'application  par  quantités  considérables  sans  qu'aucun  incon- 
vénient en  résulte.  Dans  le  croup,  les  même-  p  lénomènes  d'aug- 
mentation du  pouls  et  de  la  température  observés  chez  Ttiommc 
sain  soumis  à  Tinfluence  de  Toxygène,  se  reproduisent  avec  de 
très  légères  variantes.  La  respiration  esl  notablement  accélértM* 
dans  son  rythme  par  les  inhalations  du  gaz;  la  dyspnée  de>r  diph- 
lliériques  parait  même  tendre,  sous  celle  influence,  à  se  trans- 
former le  plus  fréquemment  en  polypnée,  par  suite  de  l'action 
régulatrice  marquée  que  possède  en  pareil  cas  l'oxygène,  tjctte  ac- 
célération persiste  malgré  une  suroxygénation  pulmonaire  intense, 
mais  sa  durée,  comme  à  rèlat  de  santé,  e>t  limitée  au  temps 
même  des  inhalation^.  Enfin  l'oxygène  est  encore  utile,  à  titre  de 
stimulant  puis>^ant  des  fonctions,  dans  une  maladie  où  le  mau- 
vais état  général  rend  le  plus  souvent  la  résistance  organique 
inefficace. 

La  grippe  infectieuse  a  Oyonnax  (Ain),  de  novembre  1888 
A  AVRIL  1889,  par  M.  le  docteur  Ch.  Kiessinoer  (avec  un  plan 
et  72  tracés  lithographies).  Paris,  1889.  0.  Doin. 

Il  s'agit  d'une  intéressante  étude  d'épidémiologie  entreprise 
par  Fauteur  à  l'occasion  d'une  épidémie  (le  gripnc  infectieu<e  qui 
a  sévi  pendant  plusieurs  mois,  avec  des  recruuescences  succes- 
sives, à  Oyonnax,  petite  ville  de  iOK)  habitants,  située  au  pied 
des  montagnes  du  Jura.  Dans  une  première  partie,  M.  Kiessinger 
suit  la  filiation  des  cas  de  grippe  clans  leur  ordre  d'apparition  et 
discute  le  mode  de  propagation  dans  l'entourage  des  malades  ou  à 
distance.  11  se  refuse  à  admettre  la  contagion  directe  tout  en  recon- 
naissant que  bien  des  inconnues  subsistent  pour  la  solution  défi- 
nitive du  problème.  Dans  la  seconde  partie  de  son  mémoire,  il 
étudie  la  marche  de  l'affection,  les  sympômes  dans  leur  eus  mble, 
les  formes  primipales  :  grippe  ordinaire,  grippe  ahortive,  grippe 
prolongée;  enfin  les  complications,  les  récidive^,  la  terminaison, 
le  traitement,  et  aussi  les  rapports  de  la  grippe  avec  les  mala- 
dies régnantes.  Un  volumineux  appendice  comprend  le>  ol)ser- 
vations  détaillées,  accompagnées  de  courbes  de  température,  et 
constitue  un  ùocumenl  des  plus  instructifs  à  consulter.      A.  t\ 

Du  tbaitkmënt  dks  ankvrvsmes  extehnes,  par  M.  le  docteur 
Pierre  De  .bet,  prosecleur  à  la  F.icuhé  de  médecine,  ancien 
interne  lauréat  es  hôpilanx,  membre  de  la  Société  analo- 
raique,  —  Paris,  F.  Alcan,  1889. 

Ce  mémoire  se  compose  de  deux  parties  :  Tune  concerne  les 
anévrysraes  artériels  cl  T^ulre  les  anévrysmes  artério-voiueui. 


636    —  N»  39  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE      27  Septembre  1889 


La  première  a  paru  il  y  a  quelques  mois  dans  la  Re^me  de  chi- 
riTifiè;  la  seconde  a  été  la  thèse  inaugurale  de  notre  distingué 
collègue.  C'est  un  plaidoyer  en  faveur  de  rextirpalion,  considérée 
comme  méthode  de  choix  dans  le  traitement  des  anévrysmes  des 
membres,  f/auteur  montre  ({ue  le  défaut  d'antisepsie  avait  dû 
faire  renoncer  aux  essais  anciens  de  cure  radicale  par  l'extirpa- 
tion. L'antisepsie  doit  faire  reprendre  ces  tentatives,  c  Pourquoi 
ne  pas  attaquer  le  mal  dans  son  siège?  Pourquoi  no  pas  inciser 
le  sac  ou  mieux  l'extirper?  Les  méthodes  anciennes  étaient 
radicales,  mais  meurtrières.  Elles  doivent  avoir  cessé  d'être 
dangereuses;  elles  n'ont  pas  cessé  d'être  radicales.  >  Nous 
n'avons  pas  à  analyser  en  délai l  ce  mémoire,  car  nos  lecteurs 
en  connaissent  déjà  la  substance  par  un  article  de  M.  Reclus  sur 
le  traitement  des  anévrysmes  externes  (voy.  Gaz.  hebd,,  18  dé- 
cembre 1888);  par  une  clinique  du  professeur  Trélat(voy.  Gaz, 
hebd.j  1889,  p.  54).  Dans  le  chapitre  relatif  aux  ligatures  pour 
aurvrvsmes  artériels,  nous  signalerons  une  étude  soignée  des 
troubles  trophiques  graves  consécutifs  aux  lésions  nerveuses 
engendrées  par  les  anévrysmes. 

Dans  les  deux  parties  l'auteur  étudie  d'abord  le  traitement  des 
anévr^îmes  en  général,  puis  celui  des  anévrysmes  en  particu- 
lier, t^ur  chiicun  des  anévrysmes,  les  faits  qui  ont  servi  à  la 
rédaction  du  chapitre  sont  groupés  en  tableaux.  Les  recherches 
de  M.  Delbetdans  la  littérature  médicale  ont  été  très  étendues 
et  son  travail  sera  consulté  avec  le  plus  grand  fruit. 

A.  B, 


VARIÉTÉS 

Statue  élevée  a  ia  mémoire  de  Buuley.  —  Le  5  septembre 
dernier  la  plupart  des  membres  du  Congrès  international  de 
médecine  vétérinaire  et  plusieurs  membres  ,dc  l'Institut  et  de 
l'Académie  de  médecine  se  réunissaient  à  l'École  d'Alfort  pour 
assister  à  l'inauguration  du  monument  él»  vé  à  la  mémoire  de 
IJouley. 

Le  président  du  comité,  M.  Leblanc,  dans  un  discours  très 
applaudi,  a  rappelé  que  l'initiative  de  cet  hommage  rt'udu  à  la 
mémoire  de  l'un  des  plus  célèbres  parmi  les  vétérinaires  français 
appartenait  à  la  Société  des  vétérinaires  de  la  Gironde  et  (jue, 
parmi  les  souscripteurs,  on  devait  citer  1  empereur  du  Hrésil  et 
deux  vétérinaires  allemiinds,  c  qui  ont  eu  le  rare  courage  de  ne 
pas  oublier  que  la  science  vétérinaire  leur  venait  de  France  >. 

M.  le  professeur  Chauveau  a  rappelé  ensuite  les  travaux  scien- 
tifiques dus  à  Houley  qui,  de  1837  à  1885,  n'a  cessé  de  déplover 
une  activité  incroyable,  aussi  bien  comme  professeur  que  comme 
écrivain  ou  membre  actif  et  zélé  de  la  plupart  des  Sociétés 
savantes. 

Aussi  mérilc-t-il  le  concours  d'éloges  qui  glorifient  aujour- 
d'hui les  services  qu'il  a  rendus  et  que  M.  Chauveau  a  résumés 
dans  les  termes  suivants  :  c  Une  statue  digne  de  l'éminent  artiste 
qui  l'a  exéculée  fait  revivre  sous  nos  yeux  et  transmettra  aux 
générations  futures  l'iiiiage  expressive  et  fidèle  de  notre  regretté 
maître.  Le  voilà  notre  Henri  Bouley,  dressé  sur  le  piédestal  qui 
le  présentera  aux  hommages  de  la  postérité  !  Le  voilà  tourné  vers 
le  champ  de  son  travail  quotidien  où  il  s'est  vu  tant  entouré, 
tant  admiré!  Le  voilà  dans  son  attitude  de  prédilection,  celle 
du  professeur,  l'ne  dernière  leçon,  semble-t-il,  va  sortir  des 
lèvres  du  miiitre.  Ecoutez-la,  jeunes  gens,  qui  vous  êtes  groupés 
à  ses  pieds,  écoutons-la  tous.  Travaillez,  nous  crie  sa  vie  tout 
entière;  travaillez  si  vous  vou'ez  suivre  mon  exemple;  travaillez 
pour  honorer  vos  frères,  pour  servir  la  patrie!  > 

Le  savant  directeur  de  1  Ecole  d'Alfort,  M.  Nocard,  a  remercié 
le  ministre  de  1  agriculture,  qui  représentait  le  gouvernement  à 
cette  touchante  cérémonie,  et  il  a  donné  lecture  de  la  lettre  sui- 
vante que  lui  adressait  M.  Pasteur,  le  maître  éminent  dont 
lîouley  s'euoiijueillissait  d'étudier  et  de  vulgariser  les  immortels 
travaux. 

<  .l'ai  plus  qu'un  regret,  je  ressens  un  véritable  chagrin  à  la 
pensée  que  je  ne  pourrai  être  le  5  septembre  auprès  de  mes 
confrères  de  TAcadémie  des  science^,  au  milieu  des  professeurs 
et  (les  élèves  d'Alfort,  mêlé  aux  membres  du  Congrès  des  vété- 
rina.res  et  à  tous  ceux  qui  ont  connu,  aimé  et  admiré  Bouley. 

t  Sa  haute  taille,  son  beau  front,  son  regard  franc,  direct, 
spirituel,  son  sourire  où  dominait  la  bonté,  cet  ensemble  de 
bonne  humeur  et  de  gaieté  familière  ijui,  aux  jours  de  leçons  et 


de  discussions  académiques,  s'associait  à  la  plus  claire,  ta  pl:]> 
vive,  la  plus  chaude  éloquence;  tout  revit  dans  sa  statue. 

c  Ce  c[ue  j'ai  éprouvé  en  la  voyant  dans  l'atelier  de  M.  Allouar.i 
voijs  réprouverez  quand  elle  apparaîtra  aux  yeux  de  Xo\x<  •: 
qu'elle  sera  saluée  par  le  maître  qui  fut  le  ^rand  ami  de  Boule} . 
par  mon  confrère,  m,  Chauveau.  C'est  à  lui  qu'il  appartient  tl- 
raconter  cette  belle  vie  et  les  longs  services  qu'elle  a  rendue 

«  Bouley,  en  faisant  intervenir  dans  l'art  vétérinaire  les  vnn> 
principes  scienti tiques,  en  ne  cessant  par  ses  travaux  persoiiueU. 
par  ses  écrits,  par  sa  parole  de  vouloir  fonder  le  progrê>  tl»-^ 
études  vétérinaires  sur  l'expérimentation,  a  eu  la  joie  de  donn*  - 
à  sa  profession  son  plus  beau  titre  à  l'estime  de  tous. 

€  Vous  nui  êtes,  mon  cher  Nocard,  le  directeur  de  celte  graini- 
Ecole  d'Alfort,  répétez  bi^^n  à  chaque  génération  de  vos  élève- 
d'avoir  pour  l'image  de  Bouley,  pour  cet  excellent  homme  qui  a 
tant  travaillé  et  tant  aidé  le  travail  des  autres,  un  regard  parti- 
culier, fier,  ému  et  reconnaissant,  le  regard  des  jeunes  gen>  pour 
un  patron  tutélaire.  t 

Enfin,  le  ministre  de  l'agriculture  a  remercié  les  oru^aiiisateur> 
de  la  cérémonie,  les  souscripteurs  au  monument  et  î'archite«te 
qui  l'a  construit. 

Monument  J.-B.  Van  Helmont.  —  Le  8  juillet  1863,  le  cou>e// 
provincial  du  Brabant  émit  le  vœu  quun  monument  fût  é/eie  à 
la  mémoire  de  Van  Helmont.  Le  gouvernement  s'associa  à  t^\w 
pensée,  mais  exigea  que,  au  préalable,  la  vie  et  le^i  œuvres  de 
rillustre  médecin  et  philosophe  du  dix-septiéme  siècle  fussent 
céléhrées  dans  un  éloge  puhlic.  L'Académie  de  médecine  ouvrit 
dans  ce  but  un  concours  qui  fut  clos  en  1865  et  c'e-t  m  lK8i)  que 
la  statue  de  Van  Helmont  vient  d'être  érigée.  Nous  recevon>  \ 
ce  sujet  le  compte  rendu  de  la  cérémonie  d'inauguration  dan- 
latiuelle,  après  un  discours  de  M.  André,  échevinde  l'instruction 
publique,  M.  le  docteur  Kommelaere,  secrétaire  de  l'Acadénii» 
royale  de  médecine,  a  lu  sur  la  vie  de  Van  Helmont  une  élud^ 
des  plus  attravantes,  appréciant  très  justement  la  doctrine  d.-  o 
médecin  et  de  ce  philosophe  de  génie,  racontant  sa  vie  et  Ir- 
persécutions  dont  il  a  été  victime,  gloriliant  son  œuvre  et  r-mer- 
ciant  ceux  de  ses  collègues  qui  ont  enfin  su  élever  à  la  mémoire 
d  un  des  plus  illustres  savants  de  la  Belgique  un  monument  digue 
de  lui. 


Congrès  de  chirurgie.  —  La  séance  d'ouverture  du  Con;rn'- 
français  de  chirurgie  aura  lieu  lundi  7  octobre,  à  deux  heiirev, 
dans  le  grand  amphithéâtre  de  la  Faculté  de  médecine,  sou^  la 
présidence  de  M.  le  baron  Larrey.  Les  séances  tairont  lieu  en- 
suite du  8  au  13,  deux  fois  par  jour,  à  neuf  heures  du  matin  1 1 
à  '.rois  heures  de  l'après-midi. 


Mortalité   a    Paris  (37«   semaine,  du  8  au  11  sepiiMnhrf 
1889.  -  Population  :  tt&i'èàiô  habitHUls).  —  Fièvre  typtioide,  i".. 

—  Variole,  5.  —  Rougeole,  12.  —  Scarlatine,  3.  —  Co«|ue- 
luche,  13.  —  Diphthérie,  croup,  30.  —  Choléra,  0.  —  PhthiMt 
pulmonaire,  187.  —  Autres  tuberculoses,  :28.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  46;  autres,  6.  —  Alénmgite,  30.  —  Conge>- 
tion  et  héraorrhagies  cérébrales,  29  —  Paralysie,  S.  — 
Ramollissement  cérébral,  7.  —  Maladies  organiques  du  cœur,  M. 

—  Bronchite  aigué,  10.  —  Bronchite  chronique,  \\).  —  Broiirho. 
pneumonie,  15.  —  Pneumonie,  35.  —Gastro-entérite:  sein,  is, 
biberon,  86,— Autres  diarrhées,  3.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 7.  —  Autres  affections  puerpérales,  1.  —Débilité  con- 
génitale, 11.  —  Sénilité,  17.  —  Suicides,  17.  —  Autres  iiiori^ 
violentes,  i.  —  Autres  causes 
Inconnues,  12.  —  Total  :  867. 


de     mort,   151.   —     Caus 


OUVRAGES  DÉPOSES  AU  BUREAU  DU  JOURNAL 

Ti'aitemenl  local  de  Veniométrite  chronique,  par  M.  le  docicur  Iituiiotii|.a!:i -. 
1  vol.  iii-8«.  Paris,  L'cnisntcr  et  Babc.  |  fr. 

Quelques  observations  cUmqueg,  p;ir  M.  le  docicur  HadzUzrwski.  l  vol.  «ii-s»  ,\.t 
3  planrlios.  Pari»,  I^ecro!<iiier  cl  Baljô.  J  f.. 


G.  Masson.  Propriétaire-Gérant, 


S0iô3.  —  MoTTiROS.  —  Imprimeriei  réunies,  ▲,  rue  Mignon.  S,  Paru. 


TRENTS-SniiKB  ANNÉB 


N«40 


4  Octobre  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  HËDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 

PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LB  D'  L.  LEREBOULLET,  Rédactsur  sn  chbp 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  6«  DIEUUFOT,  DBEYFUS-BRISAC,  FBARCOIS-FBABCK,  A.  HÉNOCQUE,  A.^.  NARTIR,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lireboullbt,  4i,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOIIMAIRB.  —  BuLLBTiN.  —  TuKRAPBUTiQUt.  Dc  la  valeur  el  àm  iadicotioni 
tliérapeutiqam  du  vératram  viride.  —  Formulaire  thiKrapbutiqub.  Do  la 
raédicatioii  anlUeptique  de  la  fièvre  typboide  des  enfknU  par  le  napliloL  — 
Travaux  originaux.  Pathologie  externe.  De  ' l'apparition  taniive  des  kystes 
dcrmoïdes.  —  Gorresik>ndascr8.  Mori  subito  après  une  injecUon  d'éthcr. 
A  pr«»pos  de  la  bronchite  syphilitique  chex  lea  adultes.  —  Rbvub  dbs  Goncrès. 
Troisième  Congrès  de  la  Société  allemande  do  gynécologie  tenu  à  Fribourg  en 
Brisgau  diiH  au  14 juin.  ~  Sociirés  savartbs.  Académie  des  sciences.— Aca- 
démie de  médeeine.  •*  Rbvub  dbs  JOURXAUX.TIiërapeutiquo.  —  Bibliooraphib. 
Traité  des  maladies  du  cœur.  Éllologte  et  cliiiiqoe.  —  VARiérés.  Exposition 
universelle.  -^  Fbuillbtoic.  La  médecine  à  l'Exposition  universelle  de  1889. 


BULLETIN 

Paris,  2  octobre  1889. 
Académie  de  médecine  :  Étude  n^hyaioiosiqiie  de  ki 

llqucor  d'abalnthe. 

Le  10  septembre  dernier,  alors  que  Ja  plupart  des 
membres  de  rAcadémie  de  médecine  et,  en  particulier, 
ceux  qui  ont  étudié  avec  précision  les  effets  toxiques  ou 
thérapeutiques  de  Talcool  et  des  essences  d'absinthe,  d'anis, 
de  Tenoui],  de  coriandre,  etc.,  etc.,  étaient  absents,  M.  Ca- 
déac  venait  lire,  en  son  nom  et  au  nom  de  M.  Albin  Meunier, 
un  mémoire  dont  l'inlérét  parut  indéniable. 

S'appuyant  sur  une  série  d*observalions  que  l'on  devait 
croire  très  précises  et  dont  la  technique  expérimentale, 
empruntée  à  M.  Chauveau,  semblait  marquer  un  progrès 
réel,  ce  travail  fut  accueilli  sans  contestation  et  la  pressé 
tout  entière  se  fit  l'écho  de  l'impression  qu'il  avait  pro- 
duite. MM.  Cadéac  et  Albin  Meunier  affirmaient  avoir  bien 
dissocié  les  divers  produits  qui  entrent  dans  la  composition 
de  la  liqueur  vulgairement  désignée  sous  le  nom  d'absinthe. 


Ils  disaient  avoir  examiné  avec  le  plus  grand  soin  l'action 
pathologique  due  à  chacune  d'entre  elles  et  celle  que  dé- 
terminait leur  association.  Ils  concluaient  de  leurs  recher- 
ches que  la  cause  principale  des  accidents  désignés  sous  le 
nom  d'absinthisme  était  due  à  l'essence  d'anis  et  qu'il  suf- 
firait, pour  ralentir  les  progrès  toujours  croissants  des  in- 
toxications chroniques  dont  l'hygiène  publique  et  l'économie 
sociale  ne  sauraient  se  désintéresser,  de  modifier  la  compo- 
sition de  Vabsinthe  en  augmentant  la  proportion  des 
essences  bienfaisantes  et  en  diminuant  la  quantité  d'anis, 
de  badiane  et  de  fenouil. 

Ces  assertions  contredisaient  formellement  les  idées  gé- 
néralement admises  depuis  les  belles  recherches  de  M.  Ma- 
gnan  sur  l'épilepsie  absinthique,  depuis  surtout  que  les 
travaux  de  MM.  Laborde  etMagoaa  avaient  précisé  le  r6le 
comparatif  des  diverses  essences  etnployées  pour  la  confec- 
tion des  bouquets  qui  servent  à  parfumer  les  vins  et  les  li- 
queurs artificiels.  Il  importait  qu'elles  fussent  le  plus  vite 
possible  ou  confirmées  ou  infirmées.  Et  c'est  pourquoi  l'on 
ne  saurait  trop  louer  M.  Laborde  de  l'empressement  qu'il  a 
mis  à  lire  devant  l'Académie  un  rapport  mettant  en  pleine 
lumière  les  causes  d'erreurs  qui  les  rendent  inaccep- 
tables. 

Rédigé  avec  une  précision  et  une  netteté  vraiment  scien- 
tifiques, appuyé  d'expériences  absolument  concluantes,  le 
travail  lu,  en  son  nom  el  au  nom  de  M.  A.  Ollivier,  par 
M.  Laborde,  a  été  accueilli  par  de  chaleureux  applaudisse- 
ments, et  ses  conclusions,  que  nous  reproduisons  plus  loin, 
auront  un  grand  et  légitime  retentissement. 


FEUILLETON 

Msm  MiédecbM  A  l'Bx|MsltlaA  anlveraell«  de  1889. 
(Sixième  article.) 

La  méthode  antiseptique  domine  aujourd'hui  toute  la 
médecine  opératoire;  à  plus  forte  raison,  elle  inspire  tous 
les  fabricants  de  matériel  chirurgical  qui  ont  participé  à 
l'Exposition.  Déjà  commencée  lors  de  la  dernière  Exposition 
universelle,  la  transformation  de  ce  matériel  n'a  pas  cessé 
depuis  cette  époque  et  elle  est  arrivée  maintenant  à  une 
période  qui,  bien  que  marquée  par  des  perfectionnements 
importants,  ne  peut  être  considérée  cependant  que  comme 
une  période  de  transition.  Il  est  singulier  de  voir  en  effet 
avec  quelle  peine  les  constructeurs  parviennent  à  perfec- 
tionner dans  ce  sens  leurs  vieux  modèles  et  combien  ils 

V  SfciRiE,  T.  XXVI. 


résistent  encore  à  les  simplifier.  La  coutellerie  chirurgicale 
est  toujours  aussi  remarquable,  les  instruments  aussi  solides 
et  souvent  même  élégants;  mais  leur  complication  reste 
extrême  et,  notamment  en  matière  d'orthopédie,  les  appa- 
reils visent  plutôt  au  luxe  des  matières  premières  employées 
et  à  la  multiplicité  des  pièces,  qu'à  des  solutions  simples  et 
pratiques.  Il  ne  sera  pas  difficile  de  le  montrer  en  parcou- 
rant, même  rapidement,  les  expositions  qui  garnissent  les 
vitrines  de  la  classe  XIV  au  Champ  de  Mars.  Ces  expositions, 
d'ailleurs  bien  aménagées  intérieurement  par  leurs  pro- 
priétaires, ont  été  disposées  dans  un  local  aes  plus  défec- 
tueux; l'administration  supérieure  de  l'Exposition  n'a  pas 
été  généreuse  pour  la  médecine  et  la  chirurgie,  comme 
pour  tant  d'autres  classes  il  est  vrai,  et  il  faut  vraiment 
savoir  gré  à  nos  fabricants  d'avoir  bien  voulu  exposer  quand 
même  dans  des  conditions  aussi  désastreuses.  Ils  peuvent 
se  consoler  en  pensant  que  la  part  prise  à  l'Exposition  par 
leurs  concurrents  étrangers  est  à  peu  près  nulle  et  que  leur 


V) 


-N*40  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  VR  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


4  OcroBRE  18^0 


Le  savant  et  laborieux  physiologiste  établît  en  effet  que 
l'essence  d'absinthe  constitue  le  type  du  médicament  convul* 
sivantet  épileptisant, tandis  que  Tessence  d'anis  ne  présente, 
même  à  doses  très  élevées,  aucun  de  ces  caractères. 

L'expérience  faite  sous  les  yeux  de  l'Académie  est  à  ce 
point  de  vue  tout  à  fait  décisive. 

II  a  paru  évident  à  tous  ceux  qui  ont  entendu  M.  Laborde 
que  MM.  Cadéac  et  Albin  Meunier  s'étaient  servis  pour 
faire  leurs  expériences  non  de  l'essence  d'absinthe  vraie, 
de  celle  qui  entre  d'ordinaire  dans  la  compostion  des  li* 
que\m  dites  absinthe,  mais  bien  d'un  produit  impur  et  moins 
actif  encore  que  la  plupart  des  autres  essences.  H.  Laborde 
était  donc  autorisé  à  affirmer  que  la  liqueur  d'absinthe  et 
après  elle  tous  les  «  apéritifs  >  constituent  des  poisons  que 
condamne  et  réprouve  l'hygiène.  Il  avait  le  droit  de  pro* 
tester  énergiquement  contre  les  assertions  émises  devant 
l'Académie  et  cela  sans  conlrôle  préalable,  sans  expériences 
contradictoires,  par  un  physiologiste  et  un  chimiste  qui 
avaient  été  trompés  eux-mêmes  sur  la  qualité  de  la  sub* 
stance  dont  ils  s'étaient  servis.  Le  rapport  officiel  de 
MM.  Laborde  et  OU ivîer  rendra  donc  un  signalé  service  en 
détruisant,  très  peu  de  jours  après  qu'elle  aura  été  émise, 
une  erreur  qui  tendait  déjà  à  s'accréditer  et  qui  aurait  eu, 
au  point  de  vue  de  Thygiène  publique,  les  conséquences  les 
plus  funestes. 


THÉRAPEUTIQUE 

fti«  la  iralew  et  des  ladleailans  thémi^entt^acs 
da    véMiiratiM  trirlde. 

Il  en  est  des  médicaments  comme  des  individus  ;  ils 
peuvent  porter  le  même  nom,  et  cependant  ne  pas  se  res- 
sembler. C'est  une  vérité  à  la  manière  de  M.  de  la  Palisse; 
il  serait  inutile  de  s'y  arrêter,  si,  toutefois,  la  remarque 
n'était  pas  opportune,  quand  il  s'agit  de  l'histoire  physiolo- 
gique et  des  vertus  médicinales  d'un  vératre. 

Ouvrez  un  livre  de  matière  médicale,  vous  y  trouverez  la 
nomenclature  de  quatre  végétaux  qui  portent  ce  nom  :  le 
vératre  blanc,  le  vératre  noir,  le  vératre  cévadille  et  le 
vératre  vert.  Ils  sont  homonymes  d'après  la  nomenclature 
populaire;  autrement  ils  ne  se  ressemblent  guère. 

C'est  pourquoi  tous  les  classiques  le  répètent,  et  je  le 
répète  avec  eux:  quand  il  s'agit  d'un  vératre,  il  est  toujours 
utile  de  se  rappeler  les  différences  que  les  botanistes  ont 


décrites,  que  les  chimistes  n'ignorent  pas,  et  que  les  théra- 
peutes,  sous  peine  de  surprises  ennuyeuses  ou  d'tccideiii^ 
sérieuxi  ne  doivent  jamais  oublier*  • 

I 

Interroge-t-on  les  botanistes?  Voici  ce  qu'ils  nous  appren- 
nent: les  trois  premiers  de  ces  vératres  sont  des  Colchicacée> 
et  des  Mélanthacées.  Quant  au  quatrième,  son  état  civil  <  ^: 
bien  différent. 

C'est  un  ellébore  d'origine  américaine,  aux  fleurs  soli- 
taires et  aux  sépales  vert  pâle.  Il  possède  tâus  les  cara^tére^ 
de  la  famille  des  Renonculacées  :  c'est  donc  une  Renon- 
culacée. 

S'adresse-t-on  aux  chimistes?  Ils  s'entendent  moius.  Les 
uns  y  ont  trouvé  la  viridine  et  la  vératroldine,  alcaloïdes 
doués  de  vertus  différentes  ;  la  seconde  étant  drastique  et  la 
première  possédant  des  propriétés  vasculaires.  Les  autre:»  i 
ont  découvert  la  vératrine  et  la  jervine  tout  comme  dans  les 
vératres  de  la  famille  des  Colchicacées;  d'autres,  enfin, 
—  ce  sont  les  plus  nombreux,  —  s'accordent  mieux  avec  les 
botanistes,  et  déclarent  que  les  principes  actifs  du  rhizome 
de  ce  végétal  sont  l'elléboréiae  et  l'elléborine. 

Autant  de  chimistes,  autant  d'avis.  Il  est  donc  parfois  diffi- 
cile  de  s'entendre  quand  on  a  les  réactifs  à  la  main  !  Avec  la 
meilleure  volonté  du  monde,  on  ajournera  donc  l'emploi  de 
cesalcaloldes  jusqu'au  jour  oiï  les  pharmacologistes  auront 
pu  se  mettre  d'accord.  En  attendant,  il  faut  se  contenter, 
pour  l'expérimentation  sur  les  animaux,  ou  radmintstration 
aux  malades,  d'employer Textrait  ou  la  teinture  du  rhizome 
de  vératrum  viride. 

Et  les  physiologistes,  que  dîsent-ils  ?  Consultons-les  ; 
mais,  auparavant,  n'est-il  pas  utile  de  jeter  un  coup  d'œiî 
sur  l'introduction  de  ce  végétal  dans  l'arsenal  thérapeu- 
tique? 

Son  histoire  scientifique  date  de  quarante-cinq  ans. 
Avant  cette  époque,  c'était  un  médicament  populaire.  Par 
tradition,  aux  Etats-Unis,  les  empiriques  lui  attribuaient 
des  propriétés  médicinales,  à  preuve  sa  désignation  dans  le 
langage  vulgaire  sous  le  nom  d*Indian  Vncat  et  ilnditin 
Poche. 

C'était  sa  racine,  Puppet  root,  dont  les  aborigènes 
faisaient  usage.  C'est  elle  aussi  dont  Norwood  et  Oogwood 
signalèrent  les  premiers  l'action  nervine.  Depuis,  on  l'a 
essayée  dans  les  laboratoires  et  sur  les  malades;  et,  comme 
Gubler  l'écrivait  en  1880,  ce  vératrum  a  tout  d'un  coup 


renom  bien  justifié  a  été  la  raison  dominante  de  cette 
abstention. 

Dans  un  excellent  j^uide,  dA  à  notre  confrère  M.  le 
docteur  Marcel  Baudoum  et  édité  par  le  Proarès  médicaly 
guide  auquel  nous  nous  permettrons  de  faire  des  emprunts, 
on  a  fait  justement  remarquer  que  ce  qu'il  y  avait  de  plus 
remarquable  dans  l'arsenal  chirurgical  exposé  au  Champ 
de  Mars,  c'étaient  les  tentatives  pour  obtenir  un  matériel 
aseptique,  pouvant  aussi  être  facilement  et  rapidement 
antiseptisé.  L'étuve  à  stérilisation  devrait  faire  partie  de 
tout  service  hospitalier  de  chirurgie  ;  chaque  cnirurgien 
devrait  même  en  posséder  de  mobiles  pour  la  pratique 
civile...,  s'il  en  existait  qui  puissent  offrir  toutes  les  garanties 
exigées  de  semblables  appareils  pour  tous  les  instruments 
en  usage.  Or,  comme  les  constructeurs  n'ont  pu  encore  ni 
en  concevoir  ni  en  établir  qui  satisfassent  complètement  à 
(^s  conditions,  il  faut  bien  que  ce  soit  le  matériel  lui-même 


qui  se  transforme  tout  d'abord.  Et  c'est  ce  qui  est  arrivé  : 
les  instruments  sont  devenus  entièrement  métalliques  ;  le> 
deux  parties  qui  les  constituent  principalement,  lame  et 
manche,  n'ont  plus  fait  ({u'une  ou  ont  été  réunies  à  Paide 
de  soudures  pouvant  résister  à  la  chaleur  ou  à  la  vapeur  des 
étuves;  on  a  même  supprimé  la  soudure  pour  la  remplacer 
par  un  ajustage  à  rivet.  Ainsi,  M.  Favre  a  fait  des  bistouris 
et  des  scalpels  d'une  seule  pièce  et  en  acier;  M.  Lûera 
construit  des  manches  métalliques  creux,  à  jours,  démon- 
tables, constitués  par  une  sorte  de  baguette  métallique 
recourbée  en  forme  d'U  très  allongé  et  dont  les  deux  jam- 
bages verticaux  sont  réunis  par  une  baguette  transversale 
de  renfort;  M.  Galante  a  établi  des  manches  en  nickel 
massif,  d'une  seule  pièce,  ajustés  pour  les  rendre  plas 
légers  et  pouvant  être  plongés  dans  uMmporte  quel  litjuide 
antiseptique  sans  se  dépolir.  On  eût  voulu  pouvoir  utiliser 
l'aluminium  dans  tout  ou  partie  des  instrun>entSy  mais  ce 
métal   ne  s'y  prête  pas,  la  soudure  et  Ie§  liquides  an- 


4  OcTOBAB  1889  GAZETTB  HEBDOMADAIRB  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         -  N'  40  ^    fiSO 


aeqaiauae  importance  extrême  daosla  thérapeatique.  Était- 
ce  une  importance  méritée?  On  put  le  croire,  pour  un 
instant,  en  Ffance,  après  tes  travaux  de  Hirts,  Oulmont, 
E.  Labl>ée  (iSûciéié  de  thérapeutique,  VII,  p.  99,  !'•  série); 
dans  les  pays  de  langue  anglaise,  par  ceux  de  Wood  (Med, 
Record,  1857,  p.  169),  d^  Cutter  (Med.  Timee  and  Gaz., 
1862, 1. 1,  p.  665),  d'Abbott  et  de  Stohe  (Med.  Record,  1863, 
67  et  68);  en  Autriche,  par  ceui  de  H.  Drasche;  en  Suisse, 
par  ceux  de  Koeher,  et  tout  récemment  par  ceux  de  Tchi;- 
towisch,  en  Russie,  et  de  Rummo,  en  Italie. 

Cette  énumération  bibliographique  est  incomplète,  je 
j'avoue.  Le  dernier  des  travaux  dont  le  vératrum  a  été 
l'objet^  est  le  savant  mémoire  d'un  de  nos  confrères  les  plujs 
laborieux  d^  la  province,  je  veux  parler  de  Tarticle  que 
M.  le  docteur  Liégeois  (de  Bainville-aux-Saules)  a  publié 
celte  année  même  dans  les  n*"  32  et  23  de  la  Revue  générale 
de  clinique  et  de  thérapeutique.  Il  y  résume  de  nombreuses 
observations  cliniques,  continuées  durant  dix  années,  y 
donne  raison  à  Gubler  et  montre  que' le  vératrum  viride  est 
un  médicament  digne  d'être  étudié  et  plus  souvent 
employé. 

Je  vais  donc  essayer  avec  ces  documents  et  à  l'aide  des 
notions  physiologiques  déjà  acquises  sur  ce  médicament  de 
déterminer  quand^  comment  et  sous  quelle  forme  on  doit 
le  prescrire* 

II 

Dès  l'abord,  en  a  recommandé  le  vératrum  viride  comme 
médicament  cardio-vaeeulaire.  Depuis,  sa  réputation  gran- 
dissant, on  loi  trouva  des  propriétés  plus  nombreuses.  Il 
devint  un  médicament  nervin;  aujourd'hui,  voilà  que  J'en 
en  fait  an  médicament  antithermique. 

Ces  vertus  sont-elles  méritées,  et  légitiment-elles  les  indi^ 
cations  de  son  emploi?  C'est  ce  qu'il  convient  d'examiner. 

Oog^rood  et  Norwood  le  présentaient  comme  un  agent 
sédatif  de  l'activité  cardiaque.  Ils  basaient  cette  affirmation 
sur  des  observations  cliniques  peu  nombreuses.  Néanmoins 
ils  n'étaient  pas  dans  l'erreur,  témoin  les  expériences 
récentes  de  Tcfaitowisch  (Novoêti  thérapie,  mars  1887)  et  de 
Rumme  (At/orma  m€dfea,  1887  et  1888). 

L'expérimentateur  russe  administrait  à  la  grenouille  et 
au  chien  une  solution  au  centième  d'extrait  aqueux  de 
rhîxome  lia  vératrum^  viride.  L'expérimentateur  italien 
employait  l'elléborine,  qui,  à  son  avis,  serait  le  principe  actif 
4e  ce  végétal.  Malgré  la  (liversité  des  conditions  expérimen- 


tales, les  résultats  ont  été  identiques.  Les  battements  car- 
diaques diminuaient  en  fréquence  et  augmentaient  en  ampli- 
tude, d'où  la  régularisation  du  pouls,  phénomène  sur  lequel 
Simpson  insistait  déjà  il  y  a  trente  ans  (Med.  Times  and 
Qaz.y  1859);  d'où  encore,  d'après  M.  Liégeois  et  M.  Hirtx, 
une  diminution  de  la  pression  artérielle.  Ici,  toatefois,  les 
essais  physiologiques  font  défaut,  de  l'avis  de  M.  Liégeois  ; 
ici  aussi  on  doit  se  souvenir  que  dans  ses  expériences  avec 
la  vératrine,  retirée  de  la  cévadille,  Resold  élevait  la 
pression  sanguine  quand  o\\  l'administrait  à  faibles  doses,  ei  la 
ralentissait  —  action  paradoxale  de  la  précédente  --  quand 
on  l'employait  à  doses  élevées  chez  les  mammifères  : 
chiens  ou  lapins.  D'autre  part,  dans  leurs  expériences, 
Worthington  et  Linon  (Gax.  méd.  de  Straebourg,  1879) 
notaient  le  ralentissement  du  pouls  et  comparaient  ce  phé^ 
nomène  à  celui  que  l'on  observe  consécutivement  à  l'admi- 
nistration de  la  digitalf . 

Autre  remarque:  M.  Rummo  employait  l'elléborine,  l'un 
des  glucosides  du  vératrum  viride  ;  mais  j'en  appelle  au 
témoignage  de  Noihnagel,  de  Rossbach  et  d'autres  classi- 
ques, ce  glucoside  rie  possède-t-il  pas  une  action  sur  le 
cœur,  que  l'on  peut  comparer  à  celle  d*un  autre  glucoside 
de  même  origine  botanique,  relléboréine?  La  différence  de 
leur  action  cardiaque  consiste  donc  dans  Tintensité  et  non 
dans  la  nature  des  effets  qu'jls  provoquent. 
'  On  le  voit,  la  physiologie  de  l'action  cardio-vascnlaire  dd 
vératrum  viride  et  de  ses  alcaloïdes  est  bien  obscure.  II  y  a 
une  indigence  extrême  d^expériences  sur  les  animaux  et  des 
contradictions  nombreuses  entre  les  observateurs.  Une  seule 
conclusion  parait  légitime;  c'est  que  le  vératrum  agit  sur  le 
muscle  cardiaque  et  sur  les  muscles  des  parois  vasoilaîres. 
•Seulement  agit«-il  sur  les  fibres  musculaires  elles-mêmes  ou 
sur  les  ganglions  liervéux?  Ces  deux  opinions  ont  été  fort- 
mulées:  choisir  entre  elles  me  parait  malaisé.  En  tout  cas^ 
on  peut,  ce  me  semble,  comparer  cette  action  cardio-^ 
vascttlaire  à  celle  de  la  vératrine,  de  l'upas  antiar,  de 
l'oléandrine.  En  deux  mots,  c'est  un  poison  du  cœur. 

On  s'en  doute,  j'en  conviens,  depuis  longtemps.  Mais, 
qu'on  ne  l'oublie  pas  :  bien  que  différente  dans  ses  effets, 
cette  vertu  cardiaque  est,  en  quelque  sorte,  de  famille  pour 
4a  plupart  des  espèces  du  genre  ellébore. 

Le  vératrum  viride  modifie  la  température  des  fébrici^- 
tants.  E.  Labbée  évaluait  cet  abaissement  thermique  i 
1/2  ou  à  1  degré  ;  Oulmont,  plus  fortuné,  à  1  même  6  degrés 
(Bull,  de  thérap.,  1868,  p.  145).  H.  Liégeois  le  note  égaler 


tisepiiques  le  plus  habituellement  usités  le  détériorent. 

On  voit  quelle  importance  a  prise  le  mode  d'union  des 
manches  des  instruments  avec  les  lames,  et  l'on  devine 
aussi  combien  est  devenu  intéressant  l'aseemblage  des  di- 
verses parties  des  instruments  entre  elles.  Il  faut  que  tout 
puisse  être  nettoyé,  lavé,  désinfecté,  que  les  recoins,  les 
angles  à  saletés  disparaissent.  Voyons  quelles  dispositions 
ont  été  prises  à  cet  égard  par  divers  constructeurs. 

La  maison  Collin  a  imaginé  une  nouvelle  articulation 
dite  articulation  à  tenon,  pour  les  instruments  à  deux  bran- 
ches croisées  et  articulées  par  le  milieu;  elle  l'a  utilisée 
d'abord  pour  les  ciseaux,  puis  pour  toutes  les  variétés  de 

[ûnces  hémostatiques,  ordmaires  ou  à  pression,  comtes^ 
ongues,  grêles,  à  gros  mors  ou  américaines,  à  mésentère, 
à  kystes,  à  hystérectomie  vaginale,  pour  les  cisailles,  pinces 
de  Liston,  pinces  à  séquestres,  daviers,  costotomes,  etc.  Cette 
articulation,  facile  à  nettoyer,  se  compose  sur  une  des  bran 
ches  d'un  petit  jHSton  cylindrique  s'enfonçant  à  frottement 


dans  l'autre  branche  perforée  ;  les  branches  sont  maintenues 
en  contact,  sauf  dans  la  position  d'écart ement  maximum,  à 
4'aide  d'un  petit  crochet  aplati,  placé  sur  la  branche  qui 
embrasse  l'autre  solidement  et  à  frottement  dur. 

Chez  M.  Mathieu,  les  manches  métalliques  des  instru- 
ments sont  formés  de  deux  coquilles  creuses,  estampées,  en 
forme  de  gouttière,  pourvues  d'une  ou  deux  nervures  for- 
mant antre  elles  des  cannelures  ;  elles  sont  en  melchior  très 
chargé  de  nickel,  soudées  elles-mêmes  au  melchior.  La  lame 
est  terminée  par  un  talon  ou  extrémité  cylindrique  aplatie 
latéralement;  elle  s'engage  à  frottement  dur  dans  l'orifice 
du  manche,  où  elle  est  maintenue  par  une  soudure  en  cui<* 
vre,  fusible  à  1700  degrés  seulement.  L'articulation  mobile, 
également  modifiée,  est  à  deux  tenons  pour  la  branche  mâle, 
l'un  analogue  au  nouveau  tenon  de  M.  Collin,  l'autre  acces-i* 
soire  plus  petit,  mais  ovale  et  visible.  Pour  ce  tenon  supplé- 
mentaire, il  a  fallu  pourvoir  d'un  orifuse  la  ioue  américaine, 
rendue  plus  large,  et  y  ménager  une  fente  d'entrée  pour  son 


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ment,  et  ajoute  que  cet  abaissement  d'intensité  variable  est 
brusque,  à  l'instar  des  effets  antitbermiques  produits  par  la 
véralrine. 

Ici  je  constate  de  nouveau  la  pauvreté  des  données 
physiologiques  sur  les  propriétés  du  vératrum  et  les  faits  qui, 
depuis  Oulmont  et  les  observateurs  américains,  jusqu'à 
M.  Liégeois,  le  classent  parmi  les  dépresseurs  thermiques, 
sont  d'ordre  clinique.  C'est  dire  que  l'on  ignore  le  méca- 
nisme de  cette  action  hypothermique,  et  que,  si  l'on  veut 
quand  même  en  formuler  la  théorie,  on  en  est  réduit  à 
supposer  une  action  directe  du  médicament  sur  les  centres 
nerveux  régulateurs  de  la  température. 

Est-ce  une  interprétation  bien  valable?  Oui,  si  on  pouvait 
la  justifier.  Or,  cette  justification  manque.  Que  l'on  consi- 
dère donc  Vaction  antithermique  du  vératrum  comme  un 
fait  d'observation.  Je  le  veux  bien  ;  quant  à  en  formuler  une 
explication,  je  m'y  refuse.  Cette  explication  est  seulement 
une  hypothèse  toute  gratuite. 

Le  vératrum  viride  possède  une  action  netrine.  Voilà,  je 
pense,  une  propriété  dont  la  constatation  n'a  jamais  surpris 
personne.  Elle  est,  en  effet,  commune  aux  autres  vératres 
de  la  famille  des  Rendnculacées.  Quelle  est-elle? 

J'interroge  M.  Liégeois.  Le  vératrum  viride,  écrit-il,  est 
un  sédativo-réflexe.  11  diffère  donc  de  l'ellébore  noir,  qui 
surexcite  la  motricité  et  la  sensibilité,  comme  MM.  Pécholier 
et  Ratier  l'ont  déclaré  à  cette  m'ème  place  (Gaz.  hebd.j  1881, 
p.  26H),  il  y  a  tantôt  huit  ans»  dans  un  travail  justement 
estimé,  sur  l'action  physiologique  des  ellébores. 

Au  demeurant,  l'action  du  vératrum  viride  sur  les  centres 
nerveux  est  à  peu  près  inconnue. 

Enfin,  voici  un  autre  effet,  non  moins  obscur,  du  même 
médicament,  c'est  laugmentation  de  la  diurèse.  Tchis- 
towisch  la  noie,  M.  Liégeois  la  signale,  mais  les  autres 
observateurs  n'en  parlent  guère.  Comment  interpréter  ce 
phénomène?  Même  impuissance  à  le  faire,  puisque  l'on 
n'est  pas  encore  fixé  définitivement  sur  les  modifications  de 
la  tension  artérielle,  provoquée  par  le  vératrum,  à  moins 
~  hypothèse  gratuite  et  contestable  —  d'admettre  une  action 
élective  et  spéciale  sur  l'épithélium  rénal. 

En  résumé,  la  physiologie  de  ce  médicament  est  mal 
connue  et  on  formule  une  conclusion  prématurée  en  affir* 
mant  l'identité  de  ses  propriétés  avec  celle  des  autres 
vératres. 

Fait  plus  certain,  Tobservation  clinique  montre  qu'il 
irrite  le  tube  digestif  à  un  degré  relativement  moindre  que 


les  derniers.  Cet  avis  était  déjà  celui  de  Linoa  et  de  Woi- 
thington,  qui  tous  deux  expérimentaient  sur  eax-niéme>. 
Après  l'ingestion  de  15  milligrammes  d'extrait  alcoolique 
de  vératrum,  ils  éprouvaient  une  sensation  d'âcreté  dans 
l'œsophage,  de  brûlures  dans  l'estomac  et  des  vomissements. 
Ces  témoignages  ne  sont  donc  pas  isolés.  M.  E.  Labbée  a 
noté  aussi  le  défaut  de  tolérance  gastro-intestinale.  Il  a  vu 
des  doses  modérées  du  médicament  provoquer  les  inénie3( 
phénomènes  gastriques  et  d'abondantes  évacuations  alvine^. 

III 

Quelles  sont  doncj  en  tenant  compte  de  ces  inconvénients, 
les  indications  du  vératrum  viride?  Quand  faut-il  l'admi- 
nistrer? Sous  quelle  forme  et  à  quelle  dose  le  prescrira- 
t-on? 

Doit-on  le  considérer  comme  un  agent  antithermique  9 

Les  initiateurs  de  son  emploi  dans  la  matière  médicale,  le 
proposaient  comme  un  sédatif  de  la  circulation  et  le  recom- 
mandaient dans  le  traitement  des  maladies  fébriles.  En /ail, 
on  l'essaya  comme  antiphlogistique  —  un  mot  ancien, 
aujourd'hui  démodé  —  contre  les  accidents  fébriles  de  la 
goutte,  de  la  péritonite,  des  fièvres  éruptives,  de  la  pneu- 
monie, et  les  livres  classiques  enregistrent  les  essais  de 
Oogwood,  Rocher,  Norwood,  Hiriz,  Linon,  Biemer,  Gubler. 
Oulmont,  E.  Labbée. 

Aux  pneumoniques  adultes  ou  enfants,  Oulmont,  Uirtz, 
Poland  {Med.  Times,  1858,  t.  I,  p.  22),  Butler  {Jhe 
Lancetj  1862, 1. 1,  p.  22),  l'ordonnaient,  les  deux  premiers, 
sous  la  forme  de  teinture;  les  seconds,  souscelled'extrait  à  la 
dose  quotidienne  de  5  centigrammes,  divisée  en  cinq  pilule.^ 
et  administrée  à  raison  d'une  pilule  d'heure  en  heure- 
Linon,  dans  sa  thèse,  et  Bernheim,  dans  ses  Leçons  de  cli- 
nique médicale j  en  ont  résumé  les  effels:  d'abord,  réduction 
numérique  des  pulsations  cardiaques  et  augmentation  tem- 
poraire de  la  tension  artérielle;  plus  tard,  après  douze  à 
dix-huit  heures,  abaissement  de  la  tension,  augmentation 
de  la  force  du  pouls;  puis,  les  jours  suivants,  dicrotisrae  de 
ce  dernier.  Le  thermomètre  accusait  un  abaissement  de  tem- 
pérature. Après  quatre  ou  cinq  heures,  celle-ci  atteignait  U 
normale  ;  rarement  elle  descendait  plus  bas.  Néanmoins,  dans 
un  cas,  emprunté  à  la  thèse  de  Nicol  en  1868,  et  observé 
par  Hirlz  (de  Strasbourg),  elle  descendit  au-dessous 
de  35%5.  Il  est  vrai,  ajouterai-je,  que  le  malade  tomba  dans 
le  collapsus. 

Voilà  des  effets  antithermiques,  j'en  conviens.  Cependant 


introduction.  Pour  articuler  les  deux  branches  et  introduire 
le  deuxième  tenon  dans  le  trou  de  la  joue,  il  a  fallu  trans- 
former l'orifice  du  tenon  principal  en  une  vraie  fente  a]lon-> 
gée.  Ainsi,  par  exemple,  aans  sa  cisaille  à  tranchant  unique, 
M.  Mathieu  a  donné  à  la  branche  mâle  la  forme  d'une  lame 
de  couteau  convexe;  la  branche  femelle  a  son  extrémité 
dédoublée  pour  doubler  le  point  d'appui,  c'est-à-dire  qu'elle 
est  pourvue  d'une  sorte  de  gouttière  où  s'enfonce  la  lame 
de  1  autre  branche. 

M.  Aubry  emploie  pour  ses  instruments  une  soudure  à 
entablure;  la  lame,  pourvue  d'une  extrémité  massive,  carrée, 
creuse,  s'engage  dans  une  ouverture  de  même  forme  pré- 
parée dans  le  manche  ;  les  deux  pièces  sont  ensuite  rivées. 
Si  l'on  veut  avoir  une  lame  non  soudée  définitivement  au 
manche,  ou  plutôt  un  manche  qui  puisse  recevoir  des  lames 
de  différentes  formes,  on  ne  fait  pas  de  rivet  et  on  le  rem- 
place par  un  petit  mécanisme  à  déclenchement  en  forme  de 
pédale,  qui  permet  de  charger  la  partie  utilisable  de  l'in- 


strument, en  conservant  toujours  le  même  manche.  Pour 
d'autres  pièces,  comme  les  curettes,  la  tige  qui  supporte  la 

Sartie  active  glisse  à  frottement  dur  dans  un  canal  creusé 
ans  le  manche  métallique  et  peut  y  être  fixée,  par  une  vis 
de  pression,  en  un  point  quelconque  de  son  étendue.  LV- 
ticulation  est  mobile  ;  le  tenon,  au  lieu  d'être  rivé  dans  un 
orifice  cylindrique,  est  à  base  carrée;  il  est  fortement  en- 
castré dans  l'instrument  et  ne  peut  plus  y  tourner. 

M.  Mariaud,  de  son  côté,  s'en  est  tenu  à  une  articulation 
à  tenon  et  en  huit  de  chiffre.  L'ancien  tenon  est  vissé  dans 
la  branche  mâle,  sans  rivet;  il  est  toujours  formé  d'une 
tète  circulaire  de  façon  qu'on  ne  puisse  pas  le  fausser 
et  au-dessous  d'un  pas  de  vis  tel  qu'il  se  visse  de  lui-même 
au  fur  et  à  mesure  de  l'usure;  il  ne  peut  s'engager  dans 
l'orifice  de  la  branche  femelle  que  dans  la  position  corres- 
pondant à  la  large  cannelure,  oblique  du  dehors  en  dedans 
et  de  haut  en  bas  de  cette  branche.  L'orifice  représente  un 
huit  de  chiffre  ;  le  trou  inférieur,  c'est-à-dire  celui  qui  est 


4  Octobre  1889  .       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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ils  ne  me  paraissent  guère  encourageants  et  je  comprends 
que,  dans  le  traitement  de  la  pneumonie,  ils  ne  suffisent 
pas  pour  motiver  l'abandon  de  la  digitale  au  proGt  duvératre 
vert* 

Tout  récemment,  un  médecin  de  langue  anglaise, 
M.  Nelsonn,  a,  lui  aussi,  voulu  réhabiliter  son  usage  comme 
antipyrétique  contre  les  grandes  fièvres. 

On  l'avait  proposé,  dès  l'abord  —  et  on  l'avait  oublié 
depuis  —  dans  le  traitement  des  fièvres  éruptives  et  de  la 
fièvre  typhoïde.  Eh  bien,  c'était  une  erreur,  paratt-il. 
M.  Nelsonn  l'affirme,  dans  le  numéro  d'avril  1883  des 
Archives  ofmedicin.  Plus  fortuné  que  ses  prédécesseurs,  il 
a  vu  ce  remède,  dit-il,  réduire  le  pouls  et  ramener  la  tem- 
pérature à  la  normale.  Il  obtint  même  la  résolution  de  la 
maladie  dans  l'espace  de  deux  septénaires,  par  l'adminis- 
tration, toutes  les  deux  heures,  d'une  ou  deux  gouttes  de 
vératrum.  Quel  triomphe!  En  présence  de  si  merveilleux 
résultats,  on  s'étonne  et  on  partage  le  judicieux  scepticisme 
de  M.  Liégois. 

On  fondait  encore  des  espérances  sur  l'emploi  dû  véra- 
trum contre  le  rhumatisme;  ces  espérances  n'ont  été  ni 
moins  grandes,  ni  moins  éphémères.  Piedaguel,  Aran  el 
Trousseau  les  partagèrent,  on  ne  l'a  pas  oublié,  et  préconi- 
sèrent le  vératrum  contre  cette  affection  au  double  titre  de 
sédatif  et  d'antipyrétique.  C'était  presque  l'antithermique 
analgésique  des  thérapeutes  de  l'époque.  On  l'a  oublié 
depuis  au  profit  d'autres  agents  plus  fidèles.  De  tout  temps, 
ce  semble,  la  gloire  des  àntithermiques  analgésiques  parait 
avoir  été  bien  éphémère. 

Au  demeurant,  l'avis  formulé  naguère  par  H.  È.  Labbée 
continue  de  prévaloir.  Oui,  sans  doute,  le  vératrum  abaisse 
le  pouls  des  fébricitants  ;  oui,  sans  doute,  il  agit  sur  la 
tension  sanguine;  mais  s'il  modifie  leur  température  c'est  en 
provoquant  une  sorte  de  collapsus;  cette  remarque  a  suffi 
et  suffira  longtemps  encore,  pour  modérer  l'engouement  et 
engager  les  thérapeutes  à  faire  un  discret  usage  d'un  anti- 
thermique si  peu  fidèle  et  parfois  si  dangereux. 

Sa  réputation  comme  médicament  nervin  est-elle  mieux 
établie? 

Elle  date  aussi  d'assez  loin.  On  a  prescrit  le  vératre  vert 
contre  la  chorée.  On  l'a  essayé  contre  les  névralgies,  Voire 
même  contre  l'épilepsie.  On  l'ordonne  contre  la  maladie  de 
Basedow. 

Inutile  de  s'arrêter  à  soo  usage  contre  l'épilepsie*  Nordough 
l'a  tenté,  sans  succès,  en  1879. 


le  plus  rapproché  du  manche,  est  le  plus  petit;  la  tète  du 
tenon  ne  peut  s'y  engager  qu'en  passant  d'abord  par  la 
grande  boucle.  Les  manches  métalliques  ont  leurs  lames 
rivées  directement  sur  les  manches  eux-mêmes.  En  Suisse, 
M.  Demaurex  construit  des  manches  métalliques  fenêtres, 
démontables  et  unis  à  la  lame  au  moyen  d'une  vis.  ^ 

MM.  Galante,  eux  aussi,  réunissent  les  lames  à  l'instru- 
ment  à  l'aide  d'un  rivet  très  solide,  sans  aucune  soudure. 

Il  ne  suffit  pas  que  les  instruments  soient  ainsi  facile- 
ment nettoyés  et  c|u'ils  soient  aseptiques;  les  récipients  qui 
les  recouvrent  doivent  présenter  les  mêmes  conditions.  La 
maison  Lûer  a  exposé  une  trousse  de  poche  entièrement 
métallique,  formée  d'une  boite  en  métal  renfermant  des 
bistouris  à  manches  métalliques,  des  pinces  démonta- 
bles, etc.,  placés  sur  des  chevalets  mobiles  qu'on  peut 
transporter  tout  chargés  dans  un  vase  rempli  d'une  solu- 
tion antiseptique;  la  trousse  tout  entière  est  stérilisable  à 
l'étuve. 


Contre  les  névralgies,  M.  Liégeois  en  a  été  plus  satisfait  : 
il  a  pu  par  l'ingestion  quotidienne  de  quatre  pilules  de 
1  centigramme  d'extrait  de  vératrum  débarrasser  un  névro- 
pathe d'une  névralgie  intercostale  gauche.  Cette  guérison 
n'était  pas  une  coïncidence,  ajoute-t-il  ;  car  il  a  depuis 
longtemps  constaté  l'utilité  d'administrer  chaque  jour  dix 
à  quinze  gouttes  de  la  teinture  de  ce  végétal  pour  soulager 
le  point  de  côté  classique  de  la  pneumonie. 

N'est-ce  pas,  dirai-je  à  mon  tout,  le  moment  de  rappe- 
ler que  la  vératrine  possède,  elle  aussi,  des  vertus  anti- 
névralgiques? Il  y  à  des  affinités  familiales  qui  sont  peut-être 
moins  intimes  que  celles-là. 

On  a  fait  fond,  surtout  Hacker  {The  Lancet^  1. 1,  p.  22, 
1882),  de  son  action  de  sédatif  musculaire  pour  diminuer 
les  convulsions  choréiques.  A  l'instar  de  ce  médecin  anglais; 
M.  Liégeois  a  vu  que  l'agitation  cardiaque  el  les  tremble- 
ments musculaires  s'atténuaient  sous  l'influence  de  ce  mé- 
dicament. Très  bien,  mais  depuis  les  succès  de  l'antipyrine 
ont  fait  oublier  ces  tentatives;  cependant  notre  distingué 
confrère  n'a  pas  abandonné  le  vératrum,  et  l'associe  volon- 
tiers à  l'antipyrine  à  titre  de. sédatif  de  l'excitabilité  réflexe 
de  la  moelle  chez  les  choréiques. 

En  1879,  une  note,  publiée  à  la  page  185  du  Médical 
Recordy  signalait  les  bénéfices  que  les  basedowiens  en 
retirent.  Vers  ce  temps,  M.  G.  Sée  le  recommandait  cha- 
leureusement, de  préférence  à  la  vératrine,  dans  les  leçons 
qu'il  professait  à  la  clinique  de  la  Charité.  En  1886;  dans 
un  mémoire  pour  lé  prix  Portai,  M.  Liégeois  témoignait 
à  son  tour  en  faveur  de  cette  application  thérapeutique  de 
l'ellébore  vert.  A  la  dose  journalière  de  vingt  gouttes^  sa 
teinture  a  calmé,  déclarait-il,  le  tremblement  intense  des 
membres  chez  une  basedowienne.  Il  calme  aussi  les  palpi-* 
tations  cardiaques,  et  selon  Theureuse  expression  de  M.  G. 
Sée,  il  se  rapproche  de  la  digitale,  sans  avoir  l'inconvé** 
nient  d'augmenter  la  pression  vasculaire. 

Tout  récemment  enfin,  le  22  février  dernier,  à  la  Société 
médicale  des  hôpitaux^  M.  Guyot  déposait  à  son  tour  en  sa 
faveur  par  une  observation  dans  laquelle  la  guérison  se 
maintient  depuis  plusieurs  années. 

Un  fait  semble  acquis,  c'est  qu'à  la  dose  de  quatre  à  six 
gouttes,  répétée  trois  fois  chaque  jour  et  continuée  pendant 
des  semaines  et  des  mois,  le  vératrum  procure  aux  basedo- 
wiens un  soulagement  durable.  Comment  expliquer  ces 
effets?  Par  une  action  du  vératrum  sur  les  centres  nerveux 
bulbo-spinaux,  qu'il  modifierait  à  la  manière  de  l'antipyrine  ? 


Dans  les  boîtes  d'instruments,  également  aseptiques,  de 
MM.  Galante,  toutes  les  garnitures  sont  aussi  supprimées; 
les  instruments  reposent  sur  des  plalaux  mobiles  en  bois 
dur  où  leur  place  est  entaillée;  les  plateaux  s'emboîtent 
dans  des  bassins  métalliques  nickelés,  indépendants,  sans 
coin  ni  saillie,  qui  peuvent  recevoir  la  solution  antiseptique 
où  doivent  plonger  les  instruments  avant  l'opération;  ils 
sont  calculés  de  telle  sorte  qu'ils  peuvent  contenir  tout  le 
matériel  nécessaire  à  une  intervention  donnée  et  peuvent 
être  stérilisés  à  l'étuve. 

De  là  à  construire  des  Ubles  aseptiques,  il  n'y  avait  que 
des  difficultés  de  détail  h  vaincre.  Presque  tous  les  fabri- 
cants en  ont  aujourd'hui,  au  moins  un  modèle,  soit  pour  les 
opérations  gynécologiques,  soit  pour  toutes  autres.  Celle  de 
la  maison  Mathieu  est  constituée  ainsi  qu'il  suit  :  les  pieds 
sont  formés  par  un  X  en  fer  nickelé,  ^u'on  peut  élever  à 
volonté  au  moyen  de  rallonges,  de  manière  que  le  chirur- 
gien puisse  opérer  assis  ou  debout  et  quelle  que  soit  sa 


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GAZETTE  HEBDOVADAIRE  DE  ■ÊDECINE  ET  DE  GHIRITRGIE        .  4  Octobbb  1889 


On  Ta  dit;  mais,  comme  je  lé  déclarais  plus  haut,  c'est  for- 
muler une  simple  '•  hypothèse.  En  Tabsence  d*une  étude 
physiologique  nmiiris  incomplète  de  ce  médicament,  on  la 
propose  donc  et  on  s'en  contente.  Soit,  acceptons  momen** 
tanément  cette  explication  faute  d'antres  et  considérons, 
avec  M.  Huchard,  le  vératrum comme  un  des  «succédanés» 
de  Tantipyrioe  dans  le  traitement  du  (goitre  exophthal- 
mique. 

'  Peut-on  interpréter  de  même  les  bénéflces  partiels  que 
Backer  et  plus  récemment  Jewet  en.auraient  retirés  contre 
les  convulsions  de  Téclampsie  puét]^érale?  Ce  sont  de  bien 
modestes  succès  :  les  convulsions  perdaient  de  leur  intensité  ; 
mais  l'infection,  comme  de  juste,  n'en  évoluait  pas  moins. 
Il  est  vrai  que,  plus  heureux,  John  Brown  (de  Williams* 
bourg)  avait,  avant  eux,  obtenu,  dit-on,  la  guérison  de 
l'éclampsie  dans  un  cas  où  le  malade  ingérait  deux  cents 
gouttes  de  la  teinture  médicamenteuse.      '^ 

Le  doute  n'est  pas  seulement  le  commencement  de  la 
sagesse  philosophique,  c'est  aussi  parfois,  —  n'est-ce  pas? 

—  celui  de  la  sagesse  thérapeutique. 

IV 

J'arrive  à  l'utilisation  du  vArâtrum  viride  comme  agent 
eardio-Mseulaire. 

Il  y  a  dix  ans.  Linon  insistait  déjà  sur  les  analogies  et  les 
différences  entre  les  propriétés  du  vératre  vert  et  celles  de 
la  digitale.  Tous  les  deux  ralentissent  le  pouls,  et  tous  les 
deux  peuvent  calmer  les  palpitations  :  le  premier  cependant 
agit  plus  promptement;  la  seconde  plus  durablement.  L'une 

—  infériorité  notoire  —  s'accumule  dans  l'organisme  ;  c'est 
un  inconvénient;  l'autre  est  exempte  de  ce  danger:  voilà 
un  avantage  en  faveur  du  vératrum.  Est-ce  à  dire  que  le 
vératre  vert  peut  remplacer  la  digitale?  Pour  répondre  oui, 
il  faudrait  que  le  mode  d'action  de  ces  deux  substances 
sur  la  pression  artérielle  fût  identique. 

A  doses  faibles^  te  vératre  augmente  la  presMon  san- 
guine; c'est  vrai  :  cette  action  vasculairé  ressemble  à  celle 
de  la  digitale  mais  ne.  saurait  la  remplacer.  A  doses  réelle-^ 
ment  thérapeutiques  il  en  est  autrement. Le  vératre  agita  la 
manière  d'un  agent  dépresseur;  c'est  donc  le  médicament 
des  cardiopathies  avec  hypertension  artérielle. 

Ceux  qui  prétendraient  substituer  le  vératrum  à  la  digitale, 
commettraient  donc  une  erreur.  Notons  d'ailleurs  que  cette 
prétention  téméraire  n*a  été  formulée  par  aucun  des  parti- 
sans les  plus  enthousiastes  du  premier  de  ces  médicaments. 


taille.  Sur  ces  pieds  est  la  table  elle-même,  formée  de 
quatre  plaques  métalliques  niclielées  percées  de  trous  à 
5  ou  6  centimètres  de  distance,  consolidées  et  fixées  par  un 
cadre  formé  par  une  grosse  tringle  cylindrique  en  métal  ; 
à  la  partie  antérieure  du  cadre  peuvent  s'adapter  les  jam- 
bières pour  ovariotomie  ou  les  montants  de  Doiéris.  L'opé- 
ration terminée,  sur  le  ventre  par  exemple,  les  deux  valves 
qui  soutiennent  le  bassin  peuvent  se  détacher  au  milieu  et 
s  abaisser,  la  tringle  formant  charnière  en  dehors;  on  peut 
alors  entourer  le  ventre  d'un  pansement  ouaté  sans  être 
obligé  de  soulever  la  malade.  L'opération  a-t-elle  porté  sur 
le  tronc,  la  poitrine,  une  amputation  du  sein  par  exemple, 
on  peut  abaisser  de  même  les  valves  supérieures  et  faire 
un  pansement  ouaté  autour  du  corps.  Le  pansement  ter- 
miné, on  retire  tout  ce  qui  tient  au  ^cadre,  jambières  ou 
montants;  on  remet  en  place  les  valves,  on  prend  la  table 
par  deux  poignées  fixées  de  chaque  côté,  on  l'enlève  de  l'X 
et  on  transporte  ainsi  l'opéré  dans  son  lit.  Ponr  enlever  les 


Ils  se  disaient  bien  dès  l'abord  :  c'est  un  agent  cardiaque. 
En  sa  qualité  de  médicament  musculaire,  il  doit  agir  sur 
la  fibre  myocardique.  Pour  ce  motif  et  pour  un  moment, 
l'emploi  du  vératre  vert  séduisit  quelques  thérapeutes. 
Un  exemple  suffit,  je  cite  celui  de  Murrel  (The  med. 
Timesy  1. 1,  4865,  p.  2770),  qui  l'un  des  premiers  le  pres- 
crivit contre  les  hypertrophies  cardiaques.  Les  hypertro- 
phies cardiaques  résistèrent  :  il  ne  pouvait  en  être  autre- 
ment; parfois  les  palpitations  et  l'arythmie  diminuèrent. 
C'était  un  résultat  ;  mais  il  était  partiel,  car  dans  d'autres 
cas  elles  ne  cédèrent  pas.  Pourquoi? 

C'est  que  l'opportunité  dWministrer  le  vératrum  est 
une  question  de  tension  artérielle.  Celle-ci  est-elle  abais- 
sée, et  existe-t-il  de  l'hyposystolie,  on  prescrira  la  digi- 
tale :  c'est  le  médicament  des  cardiopathes  avec  hypoten- 
sion artérielle.  Est-elle  exagérée;  existe-t-il  de  l'hyper- 
systolie?  L'heure  où  le  vératrum  viride  pourra  rendre  des 
serrices  est  venue  :  c'est  l'un  des  médicaments  à  employer 
contre  les  cardiopathies  avec  hypertension  artérielle. 

Ainsi  donc,  on  peut  l'ordonner  contre  les  palpiCati<»is 
symptomatiques  des  lésions  valvulaires  compensées  à  l'excès. 
C'est  là  qu'il  faut  chercher  la  raison  de  ses  succès  on  de 
ses  revers,  souvent  inexpliqués,  dans  le  traitement  des 
hypertrophies  cardiaques. 

On  Ta  trop  considéré  comme  un  médicament  cardiaque; 
il  aurait  fallu  le  regarder,  un  peu  plus,  comme  un  médica- 
ment vasculairé. 

Il  est  donc  indiqué,  d'après  H.  Liégeois,  contre  les 
arythmies  cardiaques  et  les  palpitations  fonctionnelles  avec 
hypertension  artérielle  et  contre  celles  de$  i^rdiopathies 
artjérielle^  au  début,  ou  bien  des  cardiopathies  ?alvulaires 
dans  la  période  d'hypersystolie. 

Ce  n'est  pas  tout;  H.  H.  Huchard  donne  l'appui  de  son  au- 
torité clinique  ^  cette  iqanière  (|e  voir»  Il  estimei  en  effet, 
dans  ses  récentes  et  remarquables  Leçpni  iur  le»  cardio^ 
paihies  artérielleiy  qu'pp  peut  l'utiliser  contre  les  palpi- 
tations de  la  pi^berté,  de  la  preniièri»  périp4ê  (le  rartério- 
sclérose  et  aussi  peut-être,  ajouterai-je  à.  mon  toiiri  contre 
celles  de  la  période  cataméniale,  dii  tabagisme,  du  théisme 
et  des  névropathes, 

Voici  une  objection  :  pourquoi,  dira-t-:on,  pré£érer  le 
vératrum  vert  à  la  vératrine?  Elle  aussi  diminue  la  pression 
artérielle.  Pour  répondre,  il  me  faudrait  entrer  dans  le 
débat  actuellemei|t  pendant  sur  la  valeiir  thérapeutique 
relative  des  alcaloïdes  et  des.vég&taux  d'où  ils  proviennent.. 


valves  sans  soulever  celui-ci,  la  table  peut  sa  séparer  en 
deux  parties^  en  son  milieu  ;  on  retire  successitemeal  chaque 
moitié  droite  et  gauche,  et  la  chose  est  faite.. 

M.  Mariaud  a  construit  une  nouvelle  table  d'opération  eu 
acier,  qui  se  compose  de  deux  parties,  dont  an  lit  à  ovario- 
tomie, pouvantse  plier  de  façon  à  n'avoir  i^ue  30  catttiroètre$ 
de  haut  et  d'une  rallonge  pour  les  opératioos  sur  les  mem- 
bres. Elle  peut,  en  outre,  être  transformée  en  lit  à  laparo- 
tomie par  l'adjonction  de  deux  gouttières  poifr  les  jambes, 
remplaçant  la  rallonge.  Très  légère  et  pliée,  elle  peut  être 
emportée  en  voyage  très  facilement  ;  des  crémaillères  per- 
mettent d'opérer  debout  ou  assis  :  lea  pieds  se  plient  comme 
les  autres  parties,  si  bien  que  l'appareil  peut  tout  entier 
tenir  dans  une  botte  n'ayant  que  tO  centimètres  de  hau- 
teur. 

La  plupart  des  instruments  chirurgicaux  constroiits  de- 
puis plusieurs  années  ont  été  présentés  soit  à  l'Académie 
de  médecine,  soit  à  la  Société  de  chirurgie;  on  nous  per- 


4  OcTOfiRs  1889 


OAIBTTE  JiEBDOMADAIRË  DB  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  40  —    643 


Je  m'en  garde  bien  et  je  me  coniente  après  Von  der  Heide 
(Arch.  fUrexperim.  Path.,  1885,  Bd  XIV),  après  M.  Lié- 
geois et  je  Tavoue,  après  tout  le  monde,  de  rappeler  les  dan- 
gers de  radministration  continue  de  la  vératrine  et  son 
action  irritante  sur  la  muqueuse  gastro-intestiiiale.  A  éga- 
lité d'effets  thérapeutiques,  voilà  donc  un  motif  pour  lui 
préférer  le  vératrum,  que  le  malade  peut  ingérer  pendant 
longtemps  sans  troubles  digestifs  et  sans  effets  cumulatifs. 
Que  ces  faits  servent  d'arguments  aux  plaideurs  dans  le 
procès  dont  je  parlais  tout  à  l'heure;  cela  est  d'intérêt  se- 
condaire. Qu'ils  justifient  en  partie  Temploi  de  ce  remède, 
c'est  là  ce  que  je  retieps^  et  c'est  là  ce  qui  nous  importe  à 
nous  autres  praticiens. 


Comment  administrer  ce  médicament?  On  peut  le  pres- 
crire sous  la  formQ  d'extrait  alcoolique  et  en  pilules  à  la 
dose  de  1  à  5  centigrammes  par  jour»  Cette  préparation 
n'est  guère,  en  faveur. 

On  peut  ordonner  là  solution  au  centième  de  son  extrait 
aqueux  à  raison  de  dix  à  vingt  gouttes;  cette  formule  n'est 
guère  adoptée.  On  lui  préfère  généralement  la  teinture 
alcoolique  obtenue  par  macération,  et  pour  ma  part  je  l'ad- 
ministre à  la  dose  quotidienne  de  dix  à  vingt  gouttes. 

Pour  compléter  cet  abrégé  de  l'histoire  thérapeutique  du 
vératrum,  il  me  faudrait  citer  encore  l'emploi  qui  en  a  été 
fait  par  Ragland  contre  la;  dysenterie  {Bankings  Abstract.^ 
1878,  t.  II,  p.  177),  par  Backer  contre  la  fièvre  puerpérale 
{Med.  Times  and  Gaz. y  1858  et  1859),  enfin  par  Jones 
contre  les  laryngftes.  A  quoi  bon?  Les  fantaisies  tbérapeu^ 
liques  ont  été  de  tous  les  temps.  Il  y  a  eu,  il  y  a  encore  et 
il  y  aura  toujours  des  tbërapeutistes  à  Firoagination  trop 
féconde.  On  s^égare  quand  on  veut  les  suivre. 

Je  reste  donc  sur  les  chemins  fréquentés  et  je  me  résume 
en  disant  :  les  échecs  justifiés  du  vératrum  viride  en  tant 
qu'agent  antilhermique  ne  doivent  pas  mettre  en  oubli  ses 
propriétés  cardio-vasculaifes  et  ses  vertus  nerviues.  M.  Lié- 
geois avait  donc  quelque  courage  de  rappeler  ces  vertus, 
dans  un  temps  où  la  renommée  bien  éphémère  de  certains 
remèdes  nouveaux  fait  trop  négliger  l'étude  plus  modeste  et 
cependant  féconde  des  médicaments  anciens. 

La  chimie  n'a  pas  fait  connaître  tous  les  principes  aux- 
quels le  vératrum  viride  emprunte  son  activité.  La  physio- 
logie n'eu  .a  pas  déterminé  exactement  l'action  sur  les 


animaux.  L'observation  clinique  de  ses  effets  est  incom- 
plète. 

Bref,  au  laboratoire  et  au  lit  du  malade  cette  drogue  est 
encore  à  étudier. 

Ch,   ÉLOY. 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

^  Itt  mMleatlott  aatisèpilqne   ile  l«   Mnrrt   typhoïde 
des  esfania  par  le  «aphlol. 

A  l'instar  de  la  méthode  employée  par  M.  Bouchard  chez 
l'adulte,  on  peut,  comme  M.  Legroux  le  fait,  prescrire  la 
médication  par  le  naphtol  aux  jeunes  typhotsants. 

Voici  les  indications  de  cette  médication  : 

l""  Prescrire,  dès  que  la  maladie  est  confirmée,  une  dose 
purgative  de  calomel,  30  à  60  centigrammes, 'et  la  faire 
ingérer  en  deux  prises  ; 

2"  Deux  jours  après,  administrer  le .  naphtol  seul  ou 
associé  au  salicylate  de  bismuth  ou  bien  au  salicylate  de 
magnésie. 

Existe-t-il  une  diarrhée  de  moyenne  intensité? 

Prescrire  toutes  les  heures  un  des  paquets  suivants  : 

Naphtol  P 2  grammes. 

F.  s.  a.  et  diviser  en  10  paquets. 

La  diarrhée  est-elle  abondante?  Faire  ingérer  d'heure 
en  heure  un  des  paquets  ainsi  formulés  : 

Naphtol  p. 

Salicylate  de  bismuth 

Pour  10  paquets. 

Prendre  10  paquets  dans  les  vingt-quatre  heures. 

S""  Il  y  a  de  la  constipation?  Remplacer  le  salicylate  de 
bismuth  par  le  salicylate  de  magnésie,  administrer  le 
médicament  de  la  même  manière.  On  formulera  donc  : 


I  âà  2 


grammes. 


Naphtol  9 

Salicylate  de  magnésie.. . . 

Pour  10  paquets. 


I  âa  2  grammes. 
Ch.  ÉLOY. 


nnettra  en  conséquence  de  ne  signaler  (}ue  ceux  qui  carac- 
térisent le  mieux  les  tendances  de  ki  chirurgie  actuelle. 

Dans  l'importante  exposition  de  la  maison  Collin,  nous 
avons  tout  particulièrement  remarqué  :  le  davier-trépan  de 
Farabeuf  destiné,  une  fois  une  première  couronne  detrépan 
effectuée,  à  agrandir,  par  l'ablation  successive  de  petites 
portions  d'os  du  crâne  en  forme  de  croissant  ou  de  cercle, 
le  pourtour  de  rbrifice  déjà  obtenu.  De  cette  façon,  on  peut 
explorer  une  portion  plus,  étendue  de  la  substance  céré- 
brale quand  on  n'a  pas  rencontré  la  lésion  du  premier  coup. 
Cet  appareil  se  compose,  comme  un. davier,  de  deux  bran- 
ches articulées  ;  l'un  des  mors  (branche  d'appui  ou  branche 
morte)  est  constitué  à  son  extrémité  par  une  petite  plaque 
de  métal  circulaire  qu'on  insinue  sous  la  voûte  crânienne 
par  la  couronne  de  trépan  déjà  faite.  Sa  face  Supérieure  est 
pourvue  à  son  centre  d  une  petite  pointe  aiguë  qui  s'enfonce 
dans  l'os  et  qui  sert  à  maintenir  l'instrument  en  place. 
L'autre  branche  (branche  active)  est  pourvue  d'une  couronne 


de  trépan,  qui  vient  s'appliquer  fortement  sur  la  face  ex- 
terne des  os  du  crâne,  immédiatement  au-dessus  de  la  pla- 
quette de  l'autre  branche,  là  où  l'os  doit  être  attaqué.  Cette 
couronne  est  mise  en  mouvement  par  un  mécanisme  spé- 
cial, analogue  à  une  clef  anglaise  :  1  articulation  est  à  tenon, 
elle  est  double.  L'instrument  est  démontable  et  peut  être 
stérilisé  à  Tétuve.  Notons  aussi  un  ouvre-bouche  ou  écar- 
teur  des  mâchoires  ;  une  pince  courbe  pour  l'ablation  des 
polypes  du  nez;  des  aiguilles  Reverdin  à  péds^le  ;  la  seringue 
de  Straus  pour  injections  aseptiques,  à  piston  en  verre  de 
sureau  et  à  verre  non  collé  ;  la  seringue  à  injectons  sous- 
cutanées  ou  intra-musculaires  de  Gimbal  ;  la  seringue  à  in- 
stillations de  Guyon  ;  laseringue  à  quantités  dosées  de  Roux 
pour  les  vaccinations  chez  les  animaux;  la  seringue  à  injec- 
tions anatomiques  de  Farabeuf;  une  pince  à  langue  pour 
t  Tanesthésie,  imaginée  par  Lucas-Championnière  et  modi- 
fiée par  Berger;  une  série  de  lithotriteursàbasdule;  un  cro- 
chet destiné  à  extraire  de  la  vessie  de  la  femme  les  épingles 


6«    —  N»  40  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  HËDEGINE  ET  DE  CHIRURGIE  4  Octobre  4889 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Pnthalagte  extome. 

De  l'apparition  tardive  des  kystes  dermoïdes, 
par  M.  le  docteur  Etienne  Rollet  (de  Lyon). 

(Fin.  —  Voy.  le  numéro  39.) 

Certains  kystes  dermoïdes  que  leur  siège  superficiel  rend 
facilement  accessibles  à  l'exploration  ne  se  montrent  donc 
réellement  que  vers  l'âge  adulte.  M.  Poncet  admet  que  dans 
ces  cas  la  tumeur  congénitale  sommeille  et  reste  à  l'état 
latent.  Peut-être  sans  une  cause  occasionnelle  ne  se  serait-elle 
jamais  révélée.  Dans  quelques  observations,  on  a,  en  effet, 
noté  l'apparition  de  la  tumeur  après  un  traumatisme,  qui 
parait  avoir  joué,  vis-à-vis  d'elle,  le  rôle  de  cause  occasion- 
nelle et  irritative.  Il  a  fallu  ce  coup  de  fouet  traumatique 
pour  que  la  tumeur  latente  révélât  sa  présence. 

L'observation  suivante  semblerait  le  prouver  : 

Obs.  IX.  Femme  de  trente-deux  ans;  kyste  dermoide  fessier 
remarqué  sept  mois  auparavant  à  la  suite  d*un  traumatisme, 
—  R...  (Claudine),  trente-deux  ans,  entrée  dans  le  service  de 
M.  le  professeur  Poncet,  le  5  avril  i887,  salle  Saint-Paul,  Hôtpl- 
Dieu. 

Adénites  sous-maxillaires  suppuréos  dans  son  enfance.  Il  y  a 
sept  mois  environ,  chute  dans  un  escalier  sur  la  fesse  gauche'. 

En  se  relevant,  la  malade  constata  que,  au  point  où  le  trauma- 
tisme avait  eu  lieu,  siégeait  une  tumeur  volumineuse.  Dans  ia 
suite,  une  ecchymose  apparut,  et  celle-ci  disparue,  il  resta  une 
tumeur  que  la  malade  n'avait  pas  remarquée  auparavant.  La 
malade  entre  à  l'hôpital  pour  cette  tumeur.  Elle  est  molle, 
fluctuante,  indolore,  du  volume  d'un  œuf;  elle  présente  les 
raractt^'res  d'un  hématome. 

Le  19  avril.  —  Incision  de  la  tumeur;  il  s'écoule  un  liquide 
séro-sangui noient,  mélangé  de  gouttelettes  graisseuses.  M.  Poncet 
enlève  une  poche  à  paroi  épaisse,  d'apparence  cutanée.  L'examen 
hi^tologique  montre  qu'il  s'agit  d'un  kyste  dermpîde. 

Dans  celte  observation,  le  kyste  dermoide  est  resté  latent 
pendant  trente-deux  ans,  et  le  traumatisme  a  été  la  cause 
déterminante  de  son  apparition.  Peut-être  la  tumeur  avait- 
elle  déjà  auparavant  un  certain  volume.  Son  indolence,  son 
siège  dans  une  région  rarement  explorée»  laissent  place  au 
doute.  D'ans  tous  les  cas,  son  accroissement  est  devenu 
manifeste  après  une  contusion. 

Cet  accroissement  des  kystes  congénitaux,  après  un  trau- 
matisme, nous  l'avons  noté  plusieurs  fois,  entre  antres  chez 
le  malade  dont  nous  rapportons  l'histoire  quelques  lignes 
plus  loin  et  qui  a  vu  vers  l'âge  de  trente-six  ans,  après  une 
chute  violente  sur  la  tète,  survenir  deux  tumeurs  cervicales. 


Ôbs.  X.  Homme  de  cinquante  et  un  ans;  kystes  dermoidet 
de  la  tête  remarqués  à  Vâge  de  trente-'Six  ans.  Traumatisme. 
—  D...  (Jules),  âgé  de  cinquante  et  un  ans,  entré  dans  le  servir»- 
de  M.  le  professeur  Poncet,  salle  Saint-Louis, .n""  70,  Hôtel-Diea, 
février  1889, 

Fracture  probable  du  crâne  il  y  a  quelques  années,  pas  d'autre  % 
antécédents  pathologiques. 

11  y  a  quinze  ans  environ  il  vit  après  sa  chute  sur  la  tète  un^ 
tumeur  se  développer  vers  la  région  mastoïdienne  droite,  pui» 
bientôt  une  deuxième  tumeur  apparut  au  niveau  de  l'angle  de  L 
mâchoire  inférieure.  Ces  deux  tumeurs  sont  du  volume  d'uti 
marron,  elles  sont  fluctuantes  et  la  peau  â  leur  niveau  n*est  pt< 
recouverte  de  poils.  Teinte  rougeàtre  de  la  peau  sans  phénomciies 
inflammatoires  appréciables. 

M.  Poncet  pratique  l'extirpation  de  ces  deux  kystes  et  par 
l'examen  histologique  on  reconnaît  que  la  poche  a  le  caractère 
d'un  kyste  dermoïde.  Les  deux  kystes  sont  en  somme  réunis  vers 
la  même  fente  branchiale. 

Mais  le  traumatisme  peut-il  n'être  ((ue  la  cause  occasion- 
nelle d'apparition  de  kyste,  ne  peut-il  pas  en  être  la  cause 
originelle? 

M.  Masse  (de  Bordeaux)  {Congrès  de  chirurgie,  Paris. 
1885)  a  donné  il  y  a  quelques  années  à  la  théorie  de  l'encla- 
vement une  sanction  expérimentale.  Depuis  lors,  M.  Gross 
(de  Nancy)  (Revtie  médicale  de  FEsty  i8M)  a  décril  des 
tumeurs  perlées  des  doigts,  dues  aux  éléments  épitbéliaux 
refoulés  vers  les  parties  profondes  aii  moment  d'un  traama- 
tisme  et  qui,  subissant  une  véritable  implantation,  devien- 
nent les  germes  d'une  tumeur.  Poulet  {Bull.  Soc.  chi- 
rurgiCy  4886,  p.  461)  a  rapporté  un  cas  de  kyste  dermoide 
du  doigt,  d'origine  traumatique,  et  tout  dernièrement 
M.Kirmisson  (Dict,encycL  des  se.  médicales  ^Kystes,  18810 
se  demande  s'il  n'y  a  pas  lieu  de  décrire  à  côté  des  kystes 
dermoïdes  congénitaux,  des  kystes  dermoïdes  acquis  et  dûs 
â  l'enclavement  accidentel  de  lambeaux  épidermiques  dans 
la  profondeur  des  tissus. 

Dans  les  faits  que  nous  avons  rapportés  précédemment, 
on  ne  peut  invoquer  pareille  pathogénie.  Elle  nous  semble 
également  devoir  être  écartée  dans  l'observation  suivante, 
où  il  s'agit  d'une  jeune  fille  âgée  de  vingt-six  ans,  qui  portait 
une  tumeur  dermoide  apparue  dans  l'enfance  peu  après  une 
chute  sur  la  tête.  Nous  n  avons,  en  effet,  comme  témoignage, 
que  celui  de  la  mère,  et  la  simple  indication  d'une  chute 
vers  l'âge  de  six  mois  ne  saurait  nous  suffire  pour  admettre 
une  inclusion  traumatique  d'un  fragment  cutané. 

Obs.  XI.  Fille  de  vingt-six  ans;  kyste  dermoide  frontal, 
développement  lent  et  progressif  depuis  Venfance.  Trauma- 
tisme antérieur.  —  B...  (Marie),  vingt-six  ans,  entrée  dans  le 
service  de  M.  le  professeur  Poncet,  Hôtel-Dieu,  salie  Saint-Paul, 
le  8  janvier  1887. 

La  malade  ^e  rappelle  avoir  toujours  eu  une  tumeur  au  front. 
A  1  âge  de  treize  ans  elle  offrait  le  volume  d'un  œuf.  Peu  â  peu 


à  cheveux, qui  a  été  utilisée  trois  fois  avec  succès;  une  pince 

fiour  extraire  de  la  vessie  de  l'homme  des  corps  étrangers  cy- 
indriques,  courts  et  un  peu  gros,  tels  que  des  crayons  ;  des 
explorateurs  variés;  un  soéculum  de  Cusco  articulé,  à  valves 
démontables,  avec  articulations  à  tenon  ;  de  nombreux  in- 
struments de  gynécologie,  tels  qu'un  ligateui^  à  long  man- 
che, le  dilatateur  utérin  de  Segond;  en  obstétrique,  l'écar- 
teur  de  Tarnier  et  enfin  plusieurs  membres  artificiels  des 

[dus  ingénieux,  ainsi  que  l'appareil  de  Lannelongue  pour 
'extension  continue  chez  les  enfants  et  celui  de  Trélat  pour 
le  pied  bot. 

{A  suivre.) 


Corps  de  santé  militaire.  —  Ont  été  promus;  Au  grade  de 
médecin  principal  de  deuxième  classe:  M.  le  médecin-major  de 
l'*  classe  Roux. 

Au  grade  de  médecin-major  de  première  classe:  M.  le 
médecin-major  de  1^  classe  Leiorrain. 

Corps  de  santé  de  la  marine.  —  Ont  été  promus:  Au  grade 
de  directeur  du  service  de  santé:  M,  le  médecin  en  chef 
Martialis. 

Au  grade  de  médecin  en  chef:  M.  le  médecin  principal 
Gardies. 

Au  grade  de  médecin  principal:  M.  le  médecin  de  l'hélasse 
Bohan. 

Au  grade  de  médecin  de  première  classe:  MM.  les  médecins 
de  ^^  classe  du  Bois  Saint-Sévrin,  Durbec,  Gauran^  Castellan, 
Salaun  et  Pons. 


4  Octobre  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


-  W40 


645 


la  tumeur  a  aufi^menté  dé  volume,  TapparitioD  des  règles  n*a 

S  oint  accru  son  développement.  Sa  mère  a  constaté  cette  tumeur 
es  son  plus  bas  âge  et  Tattribne  à  une  chute  du  haut  d'un 
berceau. 

Actuellement  cette  tumeur  siège  sur  le  milieu  du  front,  elle  a 
le  volume  d'une  mandarine  et  répond  à  la  suture  médio-frontale. 
Elle  est  dure,  rénitente  et  non  réductible. 

Le  11  janvier.  —  Ponction  aspiratrice;  par  la  pression  on  fait 
sourdre  une  matière  blanchâtre  et  graisseuse. 

Le  13.  —  Extirpation  de  la  tumeur  par  M.  Poncet. 

Le  contenu  de  la  tumeur  est  formé  de  matières  grasses  et  de 
cheveux.  La  poche  présente  à  sa  partie  interne  quelques  cheveux. 
I/exaroen  histologique  montre  que  la  paroi  est  constituée  par  une 
couche  épidermique  et  un  derme  épais  avec  glandes  sébacées  et 
follicules  pileux. 

M.  Trélat  (Josîas,  Soc.  clin.y  1878)  en  1878  a  opéré  un 
kyste  dermolde  de  la  région  trochantérienne  chez  une 
femme  âgée  de  quarante-six  ans,  survenue  trois  ans  après 
un  traumatisme.  En  1879,  M.  Gironde  (Lyon  médical^ 
p.  541)  a  rapporté  un  cas  de  kvste  dermolde  de  la  région 
mastoïdienne,  développé  selon  lui  à  la  suite  d'un  coup  de 
pierre. 

On  voit  donc  que  Ton  deyra  toujours  recherch/er  dans  les 
antécédents  du  malade  s'il  existe  un  traumatisme  antérieur. 

En  tout  cas,  si  l'observation  XI  peut  laisser  subsister  des 
doutes  au  sujet  de  l'action  du  traumatisme  comme  cause 
d*un  kyste  dermolde,  il  n'en  pouvait  être  de  même  de  l'obser* 
vation  XII,  qui  nous  parait  tout  à  fait  confirmative  des  expé- 
riences de  " 


Obs.  Xll.  Homme  de  trente-cinq  ans;  kyste  dermoide  du 
milieu  du  sourcil  survenu  après  un  traumatisme  remontant 
à  quatorze  ans. —  X...,  âgé  de  trente-cinq  ans,  se  présente  à  la 
ronsultation  de  M.  Poncet.  Il  est  porteur  d'une  tumeur  du  volume 
d*un  pois  siégeant  au  milieu  du  sourcil  gauche  et  donne  les  ren- 
seignements suivants  : 

Etant  an  régiment  en  1875,  chute  sur  la  tète  et  plaie  au 
sourcil.  Gùérison  au  bout  de  auinze  jours,  mais  persistance 
d^une  tumeur  de  la  grosseur  d  un  petit  pois  au  niveau  de  la 
cicatrice. 

En  1883,  cette  tumeur  ayant  le  volume  d'un  œuf  de  pigeon,  il 
se  fait  opérer  à  Paris  â  l'hôpital  Saint-Louis.  En  1886,  la  même 
tumeur  apparaît  de  nouveau,  seconde  opération.  Depuis  deux 
ans  environ,  nouvelle  réapparition  de  la  petite  tumeur.  Opéra- 
tion faite  par  M.  Poncet,  extirpation;  Fexamen  histolo^ique 
montre  qu'il  s'agit  d'un  kyste  aermoîde  exclusivement  épider- 
mique. 

Pour  nous  résumer,  parmi  les  douze  observations  que 
nous  avons  recueillies  dans  le  service  de  M.  Poncet,  il  en  est 
cinq  où  le  kyste  dermolde  a  été  constaté  dès  l'enfance.  Son 
volume  maximum,  qui  a  déterminé  une  intervention  chirur> 
gicaie,  a  été  atteint  à  seize,  dix-sept,  vingt-quatre,  vingt-six 
et  vingt-huit  ans.  Dans  sept  cas,  la  tumeur  est  survenue  h 
quinze,  dix-neuf,  vingt  et  un,  vingt-huit,  trente  et  un  et 
trente-six  ans,  soit  à  un  âge  moyen  de  vingt-trois  à  vingt- 
quatre  ans.  L'opération  a  été  pratiquée  à  seize,  vingt  et  un, 
vingt-cinq,  trente,  trente-deux,  trente-cinq  et  cinquante  et 
un  ans,  c  est-à-dire  en  moyenne  vers  l'àge  de  trente  ans.  Il 
résulte  donc  de  nos  observations  que,  si  les  kystes  der- 
rooldes  apparaissent  souvent  chez  l'enfant  en  bas  âge  et 

f prennent  plus  ou  moins  rapidement  un  volume  qui  rend 
'opération  nécessaire,  parfois  aussi  leur  évolution  est  diffé- 
rente. 

Le  kyste  d'un  volume  insignifiant  pendant  l'enfance, 
augmente  au  moment  de  la  puberté;  le  chirurgien  n'inter- 
vient alors  qu'à  un  âge  plus  avancé,  qui  a  varié  dans  les  cas 
que  nous  avons  cités  de  seize  à  vingt-nuit  ans. 

Parfois  la  tumeur,  dont  on  n'avait  pas  constaté  l'existence 
pendant  l'enfance,  ne  se  montre  qu'après  la  puberté,  à  l'âge 
adulte;  dans  ces  faits,  il  s'agit  d'une  apparition  tardive,  c'est 
ainsi  que  le  malade  de  notre  observation  X  a  été  opéré  à 
Tâffe  ae  cinquante  et  un  ans. 

La  question  d'âge  ne  saurait  donc  au  point  de  vue  du 


diagnostic  avoir  une  valeur  aussi  grande  qu'on  le  pense 
généralement.  Dans  le  développement  des  kystes  dermoldes, 
il  faut  aussi  grandement  tenir  compte  de  certaines  causes 
occasionnelles,  telles  que  la  puberté,  la  grossesse,  un  trau- 
matisme antérieur.  Cette  dernière  cause  peut  agir  de  deux 
façons  bien  différentes,  soit  en  provoquant  la  prolifération 
d'éléments  cutanés  congénitalement  inclus,  soit  en  les 
faisant  pénétrer  au  sein  des  tissus  sous-jacents  (obsi.  XII). 

Au  point  de  vue  du  traitement,  la  seule  intervention 
vraiment curative  est  l'ablation  complète  de  la  tumeur,  alors 
que  l'on  a  pris  soin  d'enlever  la  pocne  dans  sa  totalité. 

Cette  extirpation  nous  parait  soumise  à  certaines  règles 
opératoires,  qui  la  rendent  plus  facile.  C'est  ainsi  que  la 
poche,  suivant  M.  Poncet,  ne  saurait  être  le  plus  souvent 
disséquée  avec  son  contenu.  En  raison  de  ses  adtiérences  à  la 
peau,  aux  parties  profondes,  alors  qu'il  est  nécessaire  de 
voir  exactement  ce  que  l'on  fait,  il  est  préférable  de  l'inciser 
suivant  son  plus  grand  diamètre,  et  de  la  disséquer  après 
l'évacuation  de  son  contenu. 

La  tumeur  a-t-elle  de  grandes  dimensions,  on  donnera  la 
préférence  à  l'incision  cruciale,  (][ui  permet  une  énucléalion 

rdus  rapide  et  plus  facile.  Aujourd'hui,  du  reste,  avec 
'absence  de  suppuration,  la  forme  et  l'étendue  des  inci- 
sions sont  sans  importance,  il  faut  avant  tout  avoir  du  jour 
pour  opérer  bien  et  rapidement. 

Il  est  telles  circonstances  cependant  où  l'excision  com- 
plète de  la  poche  ne  saurait  être  conseillée,  c'est  ainsi  que  la 
nécessité  de  ménager  le  facial,  par  exemple,  ou  de  gros  troncs 
vasculaires  adhérents  à  la  paroi,  imposera  une  ablation 
partielle.  M.  Poncet  a  dû  plusieurs  fois,  pour  des  tumeurs 
congénitales  volumineuses  de  la  région  cervico-faciale, 
procéder  de  la  sorte.  Si  l'on  a  soin  alors,  comme  il  l'indi- 

Suail  au  Congrès  de  chirurgie  de  1887,  de  vider  la  poche, 
e  panser  antiseptiquement  à  plat,  on  peut  compter  sur  une 
gùérison  définitive.  Dans  ces  opérations,  l'anesthésie  doit 
être  particulièrement  surveillée;  il  résulte,  en  effet,  des 
observations  publiées  par  M.  Poncin  (Thèse  de  Lyon,  1889, 
Des  accidents  survenant  pendant  Vanesthésie  dans  rabla- 
tion  des  tumeurs  congénitales  de  la  face  et  du  cou),  que 
l'anesthésie  par  l'éther  expose  davantage  à  des  accidents 

d'asphyxie. 

4 , 

CORBESPONDANCK 

Mort  siiblte  «pré*  ane  liijeetl«ii  d*élher. 

Nous  avons  publié  il  y  a  quelques  semaines  (n^  36)  une  lettro 
de  M.  lé  docteur  Giquel  (de  Vannes),  rapportant  une  observa- 
tion de  mort  subite  survenue  à  la  suite  aune  injection  d'éther. 
En  accueillant  cette  communication,  signée  du  nom  d'un  méde- 
cin qui  s*en  portait  garant,  nous  ne  pouvions  discuter  les  hypo- 
thèses émises  par  son  auteur.  La  lettre  de  M.  le  docteur  de 
Closmadeuc  (n""  38|  nous  a  appris  qu'il  s'agissait  non  d*un  fait 
observé  par  M.  le  docteur  Giquel,  mais  bien  d'un  accident  sur- 
venu, il  y  a  près  de  dix  années,  dans  des  conditions  différentes 
de  celles  qui  avaient  motivé  la  lettre  que  nous  avions  insérée. 
Notre  très  honorable  confrère  M.  le  docteur  Mauricet  nous  écrit 
à  son  tour  pour  protester  contre  le  récit  de  son  confrère.  Il  nous 
apprend  que  Thypothèse  émise  par  M.  le  docteur  Giquel  ne 
repose  sur  aucun  fondement  scientifique.  Sans  doute,  au  mois 
de  juin  1880,  un  malade  soigné  par  M.  le  docteur  Mauricet  et  vu 
en  consultation  par  M.  le  docteur  Fonssagrives  a  succombé  aprçs 
une  injection  sous-cutanée  d'éther;  mais  celle-ci  faite  à  la  partie 
externe  de  Tavant-bras  droit  n*avait  lésé  aucun  vaisseau,  puis- 
que ni  au  moment  de  Tintroduction  de  Taiguille,  ni  après  sa 
sortie  aucune  gouttelette  de  sang  n'était  apparue.  D'autre  part, 
aucune  constriclion  n'avait  pu  être  faite  au-dessus  de  la  région 
où  la  piqûre  avait  été  pratiauée,  puisque  le  malade  était  désha-^ 
bille  et  que  sa  chemise  seule  avait  été  relevée.  Enfin,  il  convient 
de  faire  remarquer  que  ce  malade  était  un  cardiaque  arrivé  à  un 
état  d'asystolie  grave.  Comme  le  fait  remarquer  M.  de  Closma- 
deuc, il  ne  s'agit  donc  dans  l'observation  rapportée  incomplète- 
ment par  M.  Giquel,  que  d'un  accident  subit  indépendant  de  la 
piqûre  hypodermique. 


646    _NM«  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  VÊDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


4  Octobre  1889 


•  En  terminant  la  lettre  qu'il  doqs  adresse  M.  le  doeCear  Mau- 
ricet  exprime  le  reffr^t  que  son  eonfr^e  ait  fait  publier,  pendant 
son  absence,  une  obserfation  dont  il  aurait  pu,  si  elle  lui  avait  été 
communiquée,  préciser  et  rectifier  les  détails.  Dès  son  retour 
à  Vannes,  il  a  tenu  à  protester  contre  un  récit  qui  ne  repose  que 
sur  des  allégations  vagues.  La  quesition  scientiûaue  de  Toppor- 
iunité  des  injections  hypodermiques  ou  desinconrenients  qu  elles 
peuvent  présenter  n*a  donc  rien  à  voir  avec  le  fait  en  question. 
.  De  son  côté,  M.  le  docteur  Giquel  nous  écrit  pour  affirmer 
qu'en  demandant  la  publication  dune  observation  qu'il  avait 
tout  lieu  de  croire  exactement  rapportée,  il  n'avait  d'autre  inten- 
tion  que  de  savoir  si  des  accidents  semblables  avaient  été  obser- 
vés par  d'autres  médecins.  Le  débat  nous  semble  donc  définiti- 
vement clos. 


A  prc^poa  de  la  l»r«»«htto  i^|^tllilf|»e  ekea  leii  »4iilto»« 

En  lisant  les  travaux  de  MM.  Dieulafoy  ci  Taberlel  sur  la  sy- 
phylos'e  des  voies  respiratoires  et  en  particulier  sur  la  bron- 
chite syphilitique,  je  irai  pu  résister  au  désir  d'apporter  un  mo- 
deste contingent  sur  ce  sujet,  en  rapportant  dans  l'observation 
suivante  un  cas  de  bronchite  syphilitique  chez  un  malade  de  ma 
clientèle. 

F. M,.. y  âgé  de  trente-huit  ans,  est  venu  me  consulter  pour  une 
bronchite  tiont  il  est  atteint  depuis  deux  mois  environ.  A  Taus- 
Cultation  je  note  dans  les  deux  poumons  des  râles  rauqueux, 
gros  et  abondants  vers  la  base  des  poumons  principalement. 
Toux  fréquente,  expectoration  très  abondante,  mais  difficile  ;  un 

f)eu  de  fatigue  pulmonaire.  Pas  d'antécédents  de  tubercufese; 
e  père  du  malaoe  a  succombé  â  une  lésion  cardiaque  ;  sa  mère 
n'a  jamais  souffert  des  poumons. 

Considérant  la  maladie  comme  une  bronchite  simple,  je 
prescris  les  expectorants  connus,  les  balsamiques  et  quelques 
révulsifs.  Après  une  trentaine  de  jours  de  ce  traitement  je  ne 
constate  aucune  amélioration.  C'est  alors  que,  très  découragé^ 
F.  M...  me  rappelle  gue  quelques  mois  auparavant  il  avait  été 
atteint  d  une  bronchite  non  moins  grave  que  celle-ci  et  gu'iï 
n'avait  guéri  qu'après  avoir  subi  un  traitement  antisyphilitique 
motivé  par  d'anciens  accidents  spécifiques. 

Je  m'empresse  de  déférer  à  cet  avis  et  de 


I  empresse 
cation  suivante  : 


prescrire  la  médi-' 


Sirop  de  baume  de  Toki ...  «    300  grammes. 
Bi'iodure  do  mercure. ......      10  centigrammes 

lodure  de  potassium 10  grammes. 

Arséniate  ae  soude........        5  centigrammes.' 

A  prendre  de  deux  à  trois  cuillerées  à  soupe  dans  la  journée. 

L'amélioration  fut  très  rapideét  elle  se  maintint  assez  longtemps 
pour  qu'il  soit  possible  d'en  inférer  qu'il  s'agissait  d'une  bron- 
chite syphilitique. 

Je  me  borne  à  citer  ce  fait  qui  me  semble  de  nature  à  enga-^ 
ger  les  médecins  à  ne  point  oublier,  dans  les  cas  de  bronchite 
rebelle,  de  s'enquérir  des  antécédents  de  leurs  malades. 

h'  CunsiNO  DE  MOURA. 
Taubaté  (Brésil),  le  18  août  1889. 


REVUE  DES  CONGRÈS 

IVotolènie  C«iisrè«  de  la  (Êùtléié  allemande  dé  KyBéeolosIe 
tenu  à  FrMMars  en  Brlssaa  da  tt  an  ta  Juin. 

(Suite.  —  Voyez  les  numéros  29  et  33.) 

Osrnèoologie  (1). 

Sur  la  tcbercolose  GÉNrtALE,  par  M.  Werth  (de  Kiel).  — 
L'auteur  ne  s'occupe  que  des  déterminations  justiciables  de  la 
chirurgie,  et  par  conséquent  avant  tout  de  la  salpingite  tuber- 
culeuse. Les  lésions  tubaires  de  la  tuberculose  généralisée  l'ar- 
rêtent peu,  avec  leurs  caséifîcations  étendues.  Les  salpingites 
tuberculeuses  isolées  sont  plus  importantes;  là  la  paroi  tubaire 
est  épaissie,  infiltrée,  mais  noncaseeuse,  les  bacilles  sont  rares. 

(1)  D'après  lo  CtntraWatt  f.  GtfnakdogU,  joUUt  at  août  i889.  n**  97  et 
•uWanls. 


Le  contenu,  formé  de  pus,  tubérouleux,  peut  acquérir  one 
grande  abondance.  Ainsi,  en  1885;  Werth  a  enlevé  une  trompr 
qui  contenait  ^  litres  de  liquide.  J^a  ^malade  est  nmrte  un  an 
après,  avec  des  symptômes  d'hémorrhagie  interne.  Une  aiilr«- 
ODsérvation  concerne  uhe  phtbisique  de  vingt-deux  ans,  qui 
souffrait  dans  le  ventre  depuis  trois  mois  et  portait  une  iumrur 
de  chaque  côté  de  l'utérus.  Laparotomie.  Gnérison.  H  y  arait 
des  bacilfes  dans  le  liauide  tubaire.  Lorsqu'il  y  a  péritonit*' 
tuberculeuse,  même,  Hes^ar  conseille  l'ablation  des  trompes: 
dans  un  cas  de  ce  j^enre,  Werth  s*est  borné  à  évacuer  le  liqoid^ 

Îiêritonéal  par  nue  incision,  et  la  malade  se  porte  bien.  Elisck^r 
de  Budapest)  appuie  cette  manière  de  voir.  Il  est  partisan  de 
l'incision  et  non  de  la  ponction,  mais  la  façon  de  se  comporter 
vis-à-vis  des  trompes  ne  peut  être  fixée  à  l'avance.  Hégar  (de 
Friboure  en  Brisgau)  rectifié,  il  est  vrai,  l'assertion  qu'on  lui 
prête.  iT  conseille  d'enlever  les  trompes  c^uand  elles  sant  la 
caiise.  du  mat  et  qu'autour  d'elles  le  péritoine  n'est  pas  trop 
malade.  Dans  les  autres  cifconstances  il  n'a  jamais  rien  dît  d«* 
semblable. 

VENTRj^-FixATiON,  par  M.  Kûstner  \df^  Derpat),  — ^.  Kûstntr 
vient  toujours  à  bout  des  jrélrofiexionS  mobiles  par  le  traitement 
orthopédique.  I^our  les  adhérentes,  il  ne  fait  la  laparotomie  que 
quand  la  méthode  de  Schuitze  a  échoué.  C'est  en  effet,  en  pno- 
cipe,  une  of^^ration  dé^tueuse  chez  les  femmes  encore  exposées, 
à  Qoe. grossesse,  car  deux  fois  Kùstner  a  hoié  L'avôrtement  cbex 
des  femmes  qui  avaient  subi  l'hystéropexié.  Frommel  {6T.r- 
langen)  pense  à  peu  près  de  même  pour  cette  opération  qui,  en 
somme,  substitue  une  position  vicieuse  à  une  autre.  Sànger  (de 
Leipzig)  a  pratiqué  douze  fois  la  ventro-fixation,  dont  sept  foi> 
après  castration.  Des  cinq  autres  malades;  upe  en  est  actut^lle* 
ment  au  cinquième  mois  d'une  grossesse  assez  pénible  au  début 
(douleurs^  quelques  pertes  scuo^uines).  Une  fois  U  y  a  eu  récidive. 
Veit  (de  Berlin)  pense  que  %i  l'on  fait  la  castration/ la  vènlro- 
fixation  est  inutile;  si  la  rélroflexion  se  produit,  elle  n  aura  plus 
guère  d'inconvénients.  Contrairement  a  Eûstner,  il  ne  croit 
guère  à  la  possibilité  de  la  restitution  ad  înlegrum  par  la 
mobilisation  et  le  redressement.  D'après  Skuiscn  (d'Iéna),  la 
méthode  de  Schuitze  ne  doit  pas  être  brulàle^  Il  faut  rompre  les 
adhérences  avec  précaution,  et  au  besoin  en  plusieurs  séances. 
On  doit  toujours  l'essaver  avant  d'en  venir  a  la  laparotomie. 
ZiegenspecK  {dé  Municn)  prend  parti  contre  la  ventro-fixatioa 
pour  le  massage  de  Thure-Brattdt«  Hégar  a  fait  une  ventro- 
uxation;  quoique  les  sutures  fussent  faites  au  fil  de  soie,  l'utérus 
s'est  à  nouveau  déplacé.  Hégar  est  oppose  à  la  veotro-fîxatiou, 
même  pour  les  rétroversions  adhérentes.  Leopold  (de  Dresde) 
pense  que  c'e^t  une  opération  à  n'eirtre prendre  qu'après  mûre 
réflexion,  mais  qui  donne  certainemerii  de  bons  résultats. 

I        DÉGÉNÉRESCENCE  MICRO-CYSTIQUE   DES   OVAIRES,  par  M.  BuilHt 

:  (de  Fribourg  en  Brisgau).  —  On  a  dit  qu'il  s'ajrit.  là  d'un  pro- 
ces^s  physiologique,  c'est  une  terreur,  et  le  processus  est  hirn 
pathologique,  irntulif.  L'irritafiôn  relève  des  causes  le.^  plu;» 
diverses,  mais  surtout  des  tumeurs  ovariennes,  des  fil»rome«« 
utérins^  des  phlegmasies.  péritonéales.  Lés  lésons  des  follicules 
^ottt  constantes,  piais  non.  celJies  du  stroma.  L'altération,  follicu- 
laire n'est  donc  pas  secondaire.  D'autre  part^on  irouve  parfois^  df^ 
petits  kystes  uniloculaires,  gros  comme  une  noisette  ou  une  châ- 
taigne, qui  ont  une  paroi  lisse  et  brunâtre.  On  en  fait  parfoii; 
des  corps  jaunes,  ae  venus  kystiques.  En  réalité,  H  s'agit  en 
général  de  follicules  dilatés  dans  lesquels  se  sont  faites  des 
hémorrhagtes. 

Fistule  urétéro-vaginalè,  par  M.  KefirèrÇàe  Heîdelberg).  — 
La  fistule  a  été  faite  au  cours  d'une  opération  chirurgicale  pour 
myome  utérin  par  la  voie  vaginale  (énucléatîon  après  amputation 
.  du  col).  Vu  l'échec  ordinaire  des  opérations  plastiques  dans  les 
oas  de  ce  genr«,  Kehrer  a  immédiatement  pris  la  résolaiion  de 
n'y  pas  recourir.  Il  a  donc  établi  une  fistule  vésico-vaginale,  puis 
il  a  fait  l'occlusion  du  vagin  quelques  mois  après.  Pour  obtenir 
une  fistule  vésico-vaginale  perînanente^  il  ne  lui  a  pas  suffi  de 
suturer  les  deux  muqueuses  après  incision  complète;  il  a  vu  la 
cicatrisation  se  produire.  Il  a  dû  réséquer  un  morceau  d»^  la 
cloison^  ayant  environ  2  centimètres  de  diamètre.  C'est  une  opé- 
ration à  tenter  avant  d'en  venir  ù  la  néphrectomie. 

Salpii»^gites,  par  M.  Skutsch  (d'Iéna^.  —  Observations  pour 

,  démontrer  qu'on  peut  se  passer  parfois  de  l'ablation  des  annexes. 

Sur  une  jeune  femme  de  vingt-huit  ans,  stérile,  une  hydro-sal- 

Singite  fut  diagnostiquée,  avec  occlusion  de  l'orifice  abdominal 
e  la  trompe.  Laparotomie,  évacuation  de  liquide  par  la  ponction. 


4  OCTOBHB  4889  GAZBTTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        —  N-  40  —    64T 


Puis  un  orifice  fut  créé,  par  résection,  à  Textrémité  libre  de  la 
Irompe  et  la  hinqueuse  y  fut  suturée  à  la  séreuse.  Introduite  par 
là,  une  sonde  pénétra  facilement»  des  deux  côtés,  dans  Tutérus. 
r^ette  salpingostomie  guérit  bien.  Martin,  Wallau,  Schrôder,  ont 
fait  des  opérations  semblables,  intéressanies,  car  elles  sont  con- 
serTatrices  et  permettent  une  conception  oltérieure.  : 

DiscvssiON  SURIA  GROSSESSE  fiXTRA^CTÉRiNK.—^ Les deux  rap- 
porteurs se  sont  partagé  la  question  de  la  manière  suivante  : 
Veit  (de  fierlinV  s'occupe  des  grossesses  n*ayant  pas  dépassé  cinq 
itiois;  les  cas  plus  anciens  sont  réservés  à  Werth  (de  Kiel).  Sur 
les  cas  récents,  Veit  pense  que  la  masse  fœtale  peut  toujours  être 
enlevée  en  totalité;  la  grossesse  abdominale  pnmitive  est  encore 
doQteuse  (i|uotque  en  iBvG  Pick  en  ait  décrit  une  pièce,  aujourd'hui 
présentée,  il  est  vrai,  par  EUstner  et  attribuée  pariui  à  une  gros- 
sesse ovarienne),  la  grossesse  ovarienne  estattaquable  comme  une 
tumeur  de  l'ovaire;  la  grossesse  tubaire  est  facile  à  opérer  tant 
qu'elle  ne  s'est  pas  romoue  ou  qu'elle  ne  s'est  pas  incluse  dans 
le  ligament  large.  Une  des  difficultés  est  de  poser  un  diagnostic 
précoce,  car  on  n'a  ponr  cela  à  cette  époque  que  des  signes  de 
probabilité,  et  dans  la  discussion  Olshausen  a  insisté  sur  ce  fait 
que  la  persistance  de  h  menstruation  induit  ici  souvent  en 
erreur.  Dès  le  dia^ostic  posé  il  faut  intervenir,  et  Werth  a  bien 
montré  oue  la  vie  de  Tenfant  ne  doit  pas  entrer  en  ligne  de 
compte  ;  le  fœtus  doit  être  considéré  comme  non  viable. 

Le  traitement  de  la  grossesse  au  début  de  ses  complications 
comporte  les  moyens  suivants:  les  injections  de  morpnine  dans 
la  poche  fœtale,  1  électrisation,  la  laparotomie.  Winckel  préco- 
nise les  injectiofis  de  morphine,  et  il  a  présenté  au  Congrès  une 
femme  guérie  de  la  sorte  ;  il  a  relaté  neuf  observations,  à  des 
périodes  variées.  Souvent  il  Suffit  d*une  seule  injection.  Mais  la 
plupart  des  chirurgiens  qui  ont  pris  part  à  la  discussion  ne  sont 
pas  enthousiastes  de  la  méiïïode:  Freund,  S chtoarZf  Otshausen 
sont,  comme  les  rapporteurs,  partisans,  en  principe,  de  la  lapa- 
rotomie précoce,  d  antant  que  la  mort  des  fœtus  ne  met  pas  à 
l'abri  des  nccidenls  ultérieurs  de  rupture  et  d'hémorrhagie  intra* 
péritonéale. 

En  présence  d'une  grossese  rpmpue  dans  le  péritoine,  Veit 
conseille  de  distinguer  les  cas  où  on  sent  encore  à  la  palpation 


laparotomiser  immédiatement. 

Passé  le  cin<(ttième  mclis,  dit  Werihy  l'opération  devient  plus 
compliquée,  et  jusqu'en  i88(TLitxùiano  n'avait  pu  trouver  qu  une 
laparotomie  beureose.  De  188Û  ^  1887,  s^pt  cas  morte^is.  Mais 


du  jplàcenta^est  délicat.  Avec  Freund,  on  peut  le  saupoudrer  d'-un 
mélange  ée  tanin  et  d*aeide  salicylicpe;  pratique  qui  cependant 
ne  met  pas  complètement  à  l'abri  de  Vhémorrbagie.  Toutes; 
les foi^  quee'est  possible  il  faut  l'extirper  en  entier. 


jfoi^que. ^,  ,. ^ . 

Les  opérations  par  le  vagin  sept  de  beaucoup  inférieures  à  la 
laparotomie.  W.ertb  conseille  cependant,  avec  Hermann,  d'y  avoir 
quelquefois  recours  lorsque  la  poche  est  suj^purée. 

Freund  junior  (de  Strasbourg)  a  communiqué  deux  opérations 
heureuses  pour  grossesse  extra-utérine  rompue  et  ayant  causé 
une  hémorrhaffie  intra-pérîfonéale.  Daits  les  deux  cas,  il  n'est  pas. 
intervenu  dès  la  première  alerte,  mais  a  mis  la  malade  en  obser- 
vation; puis,  quelques  jours  après,  les  accidents  ayant  récidivé,  il 
a  immédiatement  ouvert  le  ventre. 

Schwarz  (du  Halle),  quatre  laparotomies,  dont  une  après, 
rupture.  11  pense  que  Veit  exagère  la  facilité  de  l'opération.  Une, 
fois,  il  a  eu  ft  vaincre  de  très  grandes  difficultés  d'hémostase  pour 
un  kyste  fœtal  întra-ligamentaire. 

QhheLU$en  (Berlin),  cinq  opérations  récentes,  pour  des  gi'Os- 
sesses  déjà  avancées  fdeux  a  terme).  Deux  ablations  complète; 
deux  sutures  de  la  pocne  à  la  paroi  (dont  une  avec  ablation  du 
placenta)  ;  une  fois  le  fœtus  était  au  milieu  des  anses  intesti- 
nales. Les  opérations  par  la  voie  vaginale  sont  en  principe  mau- 
vaises. 

WiedoWj  une  laparotomie  heureuse  *,.  le  fœtus  était  presque  à 
terme. 

Abcès  PELVIENS. —  M.  Wiedow  (de  Fribourg  en  Bris^au)  insiste 
sur  la  difficulté  de  deux  points  de  diagnostic:  i^  la  collection  est- 
elle  intra  ou  extra^^péritonéale  ;  2<>  est-elle  ou  non  purulente.  Dès 
que  l'on  a  reconnu  la  présence  du  pus,  il  faut  opérer.  A  ce  point 


de  vue,  trois  catégories  sont  à  étiiblir  :  1*  abcès  pointant  sous  la 
peau  ou  sous  la  muaueuse;  là,  incision  simple,  avec  une  contre- 
ouverture  qui  a  de  l'importance  ;  ^  abcès  dans  la  profondeur  du 
bassin.  11  faut  les  aborder  par  la  laparotomie  (incision  en  deux 
temps),  ou  par  la  résection  du  sacrum  et  du  coccyx.  Wiedow  a 
présenté  une  malade  opérée  de  salpingite  par  cette  der- 
nière voie.  Pour  les  abcès  extra-péritoneaux,  on  peut  passer  par 
la  fosse  ischio-rectale  ou  par  la  voie  périnéale.  récemment  pré- 
conisée par  Zuckerkaudl,pour  l'extirpation  de  l'utérus;  3^"  abcès 
Qstuleux  où,  suivant  le  cas,  on  agit  comme  dans  l'une  ou  Tautre 
des  deux  catégories  précédentes.  Elischer  montre  bien  la  néces- 
sité d'une  opération  précoce  ;  sans  cela,  la  dégénérescence 
amyloîde  des  reins  vient  rapidement  compliquer  l'afiection  et 
causer  la  mort.  Hirschberg  (de  Francfort-sur*le-Mein)  a  pra- 
tiqué sur  une  malade  deux  ponctions  par  le  rectum,  puis  une 
incisiop  vaginale.  11  y  a  eu  une  fistule  recto-vaginale  qu'il  a 
opérée  pins  tard.  Une  autre  fois  il  a  incisé  avec  succès  par  le 
vagin.  C'est  moins  grave  que  la  laparotomie.  Wiedow  s'élève 
contre  les  opérations  par  voie  rectale,  car  le  foyer  s'infecte. 

Calculs  vésigaux  chez  la  femme.  —M.  Eliichera  fait  voir 
deux  pierres  qu'il  a  enlevées  par  la  taille  urétbro-vésicale  à  des 
femmes  de  cinquante-six  et  soixante  et  un  ans.  L'ablation  par 
Turèthre  dilaté  avait  été  essayée  sans  succès.  Suture.  Réunion 
immédiate. 

M.  Dohm  (de  Kœnigsberg)  a  présenté  une  pierre  ayant  pour 
centre  une  épingle  à  cheveux.  Pas  de  commémoratifs  sur  le  mode 
d'introduction  du  corps  étranger.  Le  calcul  avait  ulcéré  la 
cloison  vésico-vaginale  et  faisait  saillie  dans  les  deux  cavités. 
L'urèthre  était  ulcéré,  en  partie  détruit.  Quelque  temps  après 
l'ablation  des  calculs,  la  cloison  vésico-vaginale  et  l  nrèthre 
furent  réconstitués  avec  succès. 

Rupture  de  l'utérus  gravide.  —  Deux  laparotomies  heu- 
reuses, avec  amputation  supra- vaginale  de  l'utérus,  publiées  par 
Wiedow  et  Kehrer, 

Hystérectomie.  —  M.  Mnnsehmef^r  a  publié  les  résultats 
obtenus  à  la  clinique  de  Dresde  depuis  1883.  160  hystérectomiei 
vaginales  avec  5,40  pour  100  de  mortalité.  Défalcation  faite  de 
48  cas,  déjà  publiés  par  Léopold,  il  en  reste  80  pour  cancer 
avec  4  morts.  Des  76  guéris,  14  morts  rapides  (dont  10  réci- 
dives); 63  encore  vivants,  dont  4  seulement  avec  récidive.  Soit 
donc  59  bons  résultats,  ce  qui  n'est  dû  qu'à  la  précocité  de. 
rinteryen^oh  (depuis  quand?).  Les  5â  dernières  opérées  ont 
toutes  '  guéri  de  Vacte  chirurgical.  32  opérations  diverses  : 
pour  myomes  (17);  prolapsus  (5);  accidents  nerveux  (5); 
maladie,  des  annonces  (5).  Pour  les  petits  myomes  on  peut  mettre 
en  parallèle  rhvstéreotomie.  et  la  cfistration  :  ,en  général,  l'hvsté- 
reciomie,  plusiacile  et  pas  ulus. dangereuse,  donne  de  meilleurs 
résultats  définitifs.  Léopold  n'a  pas  essayé  lui-même  le  trair 
tement.  électrique,  mais  il  a  opéré  des  femmes  qui  n'en  avaient' 
pas  retir^é  grand  bénéHçe. 

Freund  senior  (Strasbourg)  a  opéré  par  laparotomie,  en 
H 878,  une  femme  atteinte  d'un  cancer  du  col  avec  un  noyau  isolé 
dans  le  corps.  La  guérison  se  maintient  depuis.  Depuis  la 
même  époque,  Olshausen  (Berlin)  suit  une  femme  à  laquelle  il 
a  amputé  le  col  seul  ;  deux  récidives  rapides  ont  été  enlevées. 
Bon  résultat  depuis.  Un  succès,  datant  de  trois  ans  et  demi, 
d'hystérectomie  vaginale  pour  cancer  circonscrit  du  corps. 

•Hégar  est  partisan  de  la  castration  pour  les  mvomes,  même 
quand  la  tumeur  va  jusqu'à  l'ombilic.  Il  conteste  l'assertion  de 
Werth,  pour  qui  les  femmes  ainsi  opérées  deviennent  folles  :  la 
statistique  de  Werth  doit  être  faussée  par  un  concours  fortuit 
de  circonstances.  Werth  cependant  maintient  son  dire  :  les 
troubles  psychic^ues  sont  fréquents  après  toutes  les  opérations  sur 
les  organes  génitaux. 

A  ce  propos,  Léopold  a  affirmé  que  par  la  voie  vaginale  il  a 
toujours  eu  tout  le  jour  nécessaire  pour  enlever  l'utérus.  Hégar 
le  croit  sans  peine,  mais  ajoute  que  par  ce  procédé  on  se  rend 
difficilement  compte  de  l'état  des  ligaments  larges,  et  c'est  pré- 
cisément pour  cela,  comme  il  Ta  dit  à  propos  d'une  communi- 
cation de  Sàngery  qu'il  considère  comme  un  progrès  réel  les 
opérations  faites  par  la  voie  périnéale  où,  après  résection  au 
besoin  du  sacrum  et  du  coccyx,  on  a  nettement  sous  les  yeux 
tous  les  organes  du  bassin. 

Sur  ces  méthodes  opératoires  nouvelles,  Wiedow  a  présenté 
deux  malades  (un  cancer  utérin,  une  salpingite  avec  résection 
du  sacrum),  et  surtout  Frommel  et  Sànger  ont  fait  des  com- 
munications. 


648    —  N*  40  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINS  ET  DE  CHIRURGIE 


4  OéTOBRi;  1889 


Frommel  (d'Erlangen)  a  employé  le  procédé  de  Zuckerkandl, 
Il  a  abordé  Tutérus  en  dédoublant  la  cloison  recto- vaginale 
après  une  incision  transversale  allant  d'un  ischion  à  Fautre.  On 
arrive  avec  grande  facilité  dans  le  cul-de-sac  de  Douglas  et  on 
enlève,  en  y  voyant,  et  Tutérus  et  les  parties  malades  du  vagin, 
des  ligaments  larges.  Pour  le  cancer,  cet  acte  est  sans  doute 
bien  plus  radical  que  Thystérectoraie  vaginale.  La  guérison  est 
un  peu  plus  lente,  mais  pas  beaucoup.  On  peut  aussi  ouvrir  de 
la  sorte  les  abcès  pelviens. 

Sànger  (de  Leipzig)  a  attaqué,  par  la  voie  pérînéale  un 
kyste  dermoide  sous-péritonéal  du  bassin^  mais  il  a  passé  par 
la  région  latérale.  Incision  longitudinale  allant  de  la  grande 
lèvre  droite  à  2  centimètres  au  delà  de  Tanus,  section  du  rele- 
veur  de  Tanns  et  arrivée  sous  le  péritoine.  Le  kyste  fut  alors 
extirpé.  Tamponnement  de  la  cavité  ainsi  obtenue.  Guérison. 
Sânger  a  trouvé  dix  observations  de  kystes  de  ce  genre.  Une 
seule  fois,  Textirpation  a  été  faite  par  Mikulicz,  par  la  voie 
périnéale.  Des  incisions  analogues  ont  été  faites  par  Hégar  pour 
des  abcès  pelviens.  D*expériences  cadavériques  faites  avec 
Unger,  Sânger  conclut  que  cette  c  périnéotomie  »  latérale 
donne  un  large  accès  sur  le  cul-de-sac  de  Douglas.  Cette  opéra- 
lion  est  difi^rente  de  c  l'incision  para  sacrée  »  de  Zuckerkandl 
et  VVôllfer,  par  laq[uelle  on  aborde  Tespace  sous-péritonéal  par 
derrière.  Six  hystérectomies,  faites  sur  le  cadavre  par  cette  der- 
nière méthode  (que  Frommel,  le  premier,  a  appliquée  sur  le 
vivant  avec  succès),  font  conclure  à  Sânger  que  c*est  une  opé- 
ration difficile,  surtout  parce  que  le  champ  opératoire  est 
conique,  se  rétrécit  à  mesure  qu  on  s'élève.  Autant  que  possi- 
ble, malgré  les  succès  de  Gersuny,  Hochenegg,  Hégar,  mieux 
vaut  éviter  les  résections  osseuses. 

(A  suivre.) 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Aeadémle  des  selenees. 

SÉANCE  DU  23   SEPTEMBRE    1889. 

Hecherches  physiologiques  sur  l'acide  cyanhydriqué,  par 
M.  N,  Gréant,  —  c  On  sait,  dit  Orfila,  que  Tacide  cyanhydriqué 
anhydre  est  un  des  poisons  les  plus  actifs;  il  suffît  d'en  mettre 
une  goutte  ou  deux  sur  la  conjonctive  pour  déterminer  presque 
instantanément  la  mort  des  chiens  les  plus  robustes;  il  agit  sur 
Je  système  nerveux.  > 

J'ai  commencé  l'étude  du  mode  d'action  de  ce  poison  :  deux 
procédés  m'ont  permis  de  diminuer  à  volonté  l'activité  de  l'acide 
cyanhydriqué  en  évitant  une  action  foudroyante  et  en  donnant 
le  temps  h  Texpérimentateur  de  reconnaître  la  succession  des 
phénomènes  : 

i°  J'ai  réussi  chez  le  chien  la  belle  expérience  de  Claude  Ber- 
nard, qui  consiste  à  injecter  successivement  dans  le  sang  de 
Tamygdaline  et  de  Témulsine  et  à  provoquer  ainsi  la  production 
d'acide  cyanhydriqué  et  d'essence  a'amandes  amères,  expérience, 
que  Ton  a  faite  jusqu'ici  chez  le  lapin. 

2  '  J'ai  dilué  beaucoup,  par  addition  d'eau,  l'acide  cyanhydriqué 
au  quart  que  je  me  suis  procuré.  J'ai  injecté  lentement,  dans 
la  veine  jugulaire  d'un  chien  i)esant  8  kilogrammes,  i  grammes 
d'amygdaline  dissoute  dans  80  centimètres  cubes  d'eau  distillée, 

{)uis  l'ai  injecté  dans  le  même  vaisseau  80  centimètres  cubes  de 
ait  d'amandes  provenant  de  58  grammes  de  graines  d'amandes 
fraiches  décortiquées  que  l'on  a  fait  hacher  et  que  l'on  a  traitées 
par  l'eau  tiède.  Au  bout  de  trois  minutes,  l'animal  s'est  agité 
et  a  présenté  une  forte  extension  des  pattes;  au  bout  de  cinq 
minutes,  le  chien  était  devenu  insensible  à  la  cornée,  la  respi- 
ration était  complètement  arrêtée;  les  battements  du  cœur  con- 
tinuèrent pendant  quelques  minutes;  on  ouvrit  le  thorax  et,  dix 
minutes  après  le  début  de  Tempoisonnement,  on  trouva  le  cœur 
arrêté. 

En  établissant  tout  d*abord  la  respiration  artificielle  chez  un 
autre  animal  empoisonné  de  la  même  manière,  je  n'ai  pas  obtenu 
la  continuité  des  battements  du  cœur. 

En  ajoutant  à  1  centimètre  cube  d'acide  cyanhydriqué  au 
quart,  99  centimètres  cubes  d'eau  distillée,  j'ai  obtenu  une  solu- 
tion à  1/400;  j'ai  injecté  dans  la  veine  jugulaire  d'un  chien 
1^^,3  de  cette  solution,  il  y  eut  de  Ta^itation  et  un  commence- 
ment d'extension  des  pattes;  mais  l'animal  continuait  à  respirer; 
trois  minutes  après  la  première  injection,  on  introduisit  dans  le 
sang  0" ,9  de  la  solution;  il  y  eut  extension  des  pattes  anté- 


rieures; au  bout  d'une  minute,  on  observa  un  long  arrêt  de  h 
respiration;  le  cœur  battait  encore;  la  respiratioh  devint  ag»»- 
nique  et  la  cornée  était  insensible  ;  au  bout  de  cinq  minutes  et 
demie,  arrêt  complet  des  mouvements  respiratoires,  les  batte- 
ments du  cœur  durèrent  encore  quatre  minutes;  ainsi  2^yt  d** 
solution  du  poison  à  1/^00  injectés  dans  le  sang  ont  suffi  ^ur 
tuer  l'animal;  les  mouvements  respiratoires  se  sont  arrêtés 
avant  le  cœur. 

Des  expériences  faites  chez  des  grenouilles  ont  conduit  aui 
mêmes  résultats  :  j'ai  injecté  sous  la  peau  de  la  cuisse  d'une 
grenouille  3  centimètres  cubes  de  solution  d'acide  cyanhydriqué 
à  1/400,  les  mouvements  respiratoires  se  ralentirent,  présen- 
tèrent de  longues  pauses  et  puis  un  arrêt  complet.  Les  batte- 
mt'nts  du  cœur  persistaient,  mais  ils  devinrent  de  moins  «'o 


le  thorax  fut  ouvert,  et  l'on  vit  le  cœur  coloré  en  rooge  vif  qui 
battait  encore,  mais  lentement.  Les  nerfs  moteurs  avaient  con- 
servé leur  excitabilité. 


Académie  de  médeelne* 

SÉANCE  DU  1'^  OCTOBBE  1889.   —  PRËSIDEIfCB  DE 
M.  MOUTARD-HARTIN. 

La  Correspondance  comprend  :  1*  un  travail  manuscrit  de  Mil.  Monlané  et 
Duponchel,  médecins-majors  au  M*  de  ligne,  sur  l««  éjridémiet  au  51*  d'infau^ 
terie  pendant  l'hiver  et  le  printempt  1889-1889  et  en  parOeulUr  $ttr  l«  pn^s- 
moni€  infectietue  et  eontagieute;  2"  un  travail  manuscrit  de  M.  le  docteur 
Bobrie  de  Coxes,  intitulé:  Contribution  à  l'étude  det  oreillont;  3*  une  lettrt'  de 
M.  le  docteur  Sandras  sur  un  eat  de  vaccine  anormale, 

La  liqueur  d'absinthe  et  l'essence  d'absinthe.  — 
M.  Laborde,  au  nom  d'une  Commission  dont  il  fait  partie 
avec  M.OUivier,  donne  lecture  d'un  rapport  sur  le  travail 
lu  récemment  à  l'Académie  par  HH.  Cadéac  et  Albio 
Meunier.  Ce  travail  se  termine  par  les  conclusions  suivantes: 

1°  L'essence  d'absinthe  vraie  est  de  toutes  les  essences 
(^ui  entrent  ou  peuvent  entrer  dans  la  composition  de  la 
liqueur  de  ce  nom  la  plus  toxique  et  conséqueininent  la 
plus  dangereuse.  Elle  seule  est  capable  de  produire  l'attaque 
épileptique  vraie,  systématisëe. 

Elle  est  et  reste  le  type  des  convulsivants,  épileplisants, 
parmi  les  substances  de  cette  nature,  d'origine  végétale, 
ainsi  que  l'ont  établi  les  travaux  de  Magnan,  confirmés 
depuis  par  tous  les  expérimentateurs  autorisés. 

i"*  C'est  donc  une  erreur  capitale  scientiâquement  et  pra* 
ticjuement  de  nature  à  égarer  l'opinion  publique  que  d'at- 
tribuer le  titre  de  Jbienfaisant  et  de  correctif  à  la  substance 
fondamentale  qui  imprime  à  la  liqueur  de  son  nom  ses 
caractères  toxiques  les  plus  dangereux. 

3«  En  principe,  la  litjueup  d'absinthe,  de  même  que 
toutes  les  liqueurs  de  cette  sorte,  dites  apéritifs^  telles  par 
exemple  que  le  vermouth  et  le  bitter,  de  même  que  l'alcool 
pur  et  à  fortiori,  les  alcools  non  purifiés  ou  adultérés, 
constituent  des  poisons  que  condamne  et  réprouve  Thygiène. 

Dans  la  pratique  et  à  l'usage  ces  poisons  sont  d'autant 
plus  violents  et  d'autant  plus  préjudiciables  à  la  santé,  que 
les  substances  qui  les  composent  sont  elles-mêmes  person- 
nellement douées  de  propriétés  toxiques  plus  dangereuses 
par  leur  nature  comme  parleur  intensité:  telle  est  par- 
dessus tout  l'essence  d'absinthe,  grâce  à  son  action  épi- 
leptisante. 

^^  Le  mot  absinthisme  est  en  dernière  analyse  et  demeure 
le  qualificatif  vrai  et  approprié  de  cette  action  qui,  comme 
l'action  toxique  de  l'alcool,  ou  Valcoolisme,  constituent  les 
deux  grands  ennemis,  les  deux  fléaux  de  la  santé  publique 
et  du  développement  de  l'espèce,  ennemis  auxquels  il  ne 
faut  point  se  lasser  de  déclarer  et  de  faire  la  guerre. 

Lecture.  —  M.  le  docteur  Corlieu  lit  un  travail  sur  l'en- 
seignement pratique  au  collège  de  chirurgie. 


4  Octobre  1889         dAXBTtE  HEBDOMADAIRE  DE  HÉDEGINE  ET  DE  CHIRURGIE 


-R.  40—    649 


REVUE  DES  JOURNAUX 

THÉRAPEUTIQUE. 

Ilo  la  valeur  de  la  naphtaline  dans  le  trallentenl  de  la 
névre  typhofde,  par  M.  SCHAWALD.  —  G'esl  au  point  de  vue  de 
la  puissance  microbicide  de  cette  substance  que  Tauteur  se 
place. 

A  la  températuure  ordinaire  de  la  chambre,  la  naphtaline, 
écrit-il,  u  exerce  qu'une  action  microbicide  partielle  sur  les  mi- 
crobes de  la  putréfaction  et  le  bacille  de  la  fièvre.  Cette  action 
désinfectante  et  parasiticide  augmente  quand  on  opère  à  la 
température  du  corps  humain  et  que  Ton  multiplie  le  contact  de 
cette  substance  avec  des  matières  à  stériliser.  Cette  condition 
est  réalisée  par  les  mouvements  péristal tiques  de  Tinlestin. 

M.  Schwartz  a  constaté  que  la  naphtaline  administrée  à  Tin- 
térieur  diminue  le  nombre  des  bacilles  dans  les  matières  fé- 
cales, dans  la  proportion  d'un  tiers  à  un  quart.  Quand  on  cesse 
de  l'administrer,  cette  proportion  augmente  de  nouveau.  Il 
admet  de  plus  que  le  calomel  augmente  la  puissance  de  la 
naphtaline  et,  en  se^lbndao^.^ur.^es*  «i^p/^rwices,  conseille  le 
traitement  méthodique  de  la  fièvre  typhoïde  par  le  calomel 
associé  à  la  naphtaline.  (Berliner  klin.  Woch.,  1889,  n*"  20  à 
^.) 

Be  remploi  de  rkydraeétlne  eomme   antlttiernii^ne,    par 

M.  GcTTMAN.  —  Sous  ce  nom  on  désigne  racétylphénylhydrazinè 
pure.  C'est  une  pondre  blanche  cristalline,  peu  odorante,  soiuble 
dans  cinquante  parties  d'eau  et  dans  Falcool. 

A  faibles  doses,  d*après  M.  Guttmann,  elle  produit  des  effets 
anti thermiques  manifestes,  surtout  contre  le  rhumatisme  arti- 
culaire. De  plus  on  Ta  employée  avec  quelques  succès  contre  le 
psoriasis  au  moyen  d'onctions  pratiquées  avec  une  pommade 
au  dixième. 

On  doit  l'administrer  à  la  dose  quotidienne  de  5  à  20  centi- 
grammes; une  dose  de  30  centigrammes  est  exceptionnelle. 
Enfin  la  dose  moyenne  serait  de  10  centigrammes  que  Ton  di- 
vise en  deux  prises  de  chacune  5  centigrammes.  11  ne  faut 
pas  d'ailleurs  oublier  que,  à  des  doses  plus  élevées,  l'hydracé- 
tine  peut  provoquer  des  accidents.  (Phartn,  Central,,  16  mars 
1889.) 

9a  IralleoienC  de  la  eeqaelnehe  par  le  kronoremie,  par 

M.  Sîgpp.  —  L'action  de  ce  médicament  diffère  de  celle  des 
bromures  alcalins.  C'est  un  stimulant  plutôt  qu'un  sédatif.  On 
l'administre  à  la  dose  quotidienne  de  cinq  à  vingt  gouttes  et 
en  solution  dans  l'eau  alcoolisée. 

M.  Stepp  a  traité  ainsi  soixante-cinq  cas  de  coqueluche  chez 
des  enfants  âgés  de  six  mois  A  douze  ans.  La  durée  maxima  de 
lamaladlea,  é^é  de,  c|u^tr^.semaiaes>  Le  catarrhe  bronchique 
et  la  pneumonie  n'en  contre-indiquent  pas  l'emploi. 

Quel  est  le  mode  d'action  de  ce  médicament  ?  D'après  l'obser- 
vateur allemand  il  s'élimine  après  dédoublement  dans  l'orga- 
nisme.. Le  brome  est  excrété  par  la  voie  pulmonaire.  (Deutsche 
medic.  IfbcAé?»».,  juillet  1889.) 

Des      prepriétéa     narceli^aea     du     ehloral-anilde ,     par 

MM.  Hagen  et  Hafter.  —  Cette  substance  a  été  administrée  en 
solution  dans  l'eau  à  vingt-huit  individus  dont  trois  étaient  en 
état  de  bonne  santé.  Vingt-six  en  éprouvèrent  des  effets  nar- 
cotiques; deux  résistèrent  à  son  action:  l'un  était  atteint  de 
paralysie  avec  démence,  l'autre  de  myélite  aiguë.  La  dose  était 
de  2  grammes  et  le  sommeil  se  manifestait  dans  l'espace  d'une 
demi-heure. 

En  comparant  ce  médicament  avec  lecliloral,  ces  observateurs 
ne  lui  reprochent  que  son  goût  un  peu  désagréable  et  lui 
accordent  une  supériorité  sur  le  second  par  la  rapidité  de  son 
action  et  Tabsence  de  phénomènes  pénibles  au  moment  du 
réveil.  Par  contre  ils  constatent  son  impuissance  contre  le 
symptôme  douleur. 


Son  emploi  serait  indiqué  contre  l'insomnie  des  neurasthé- 
niques, des  individus  atteints  d'affections  de  la  moelle  et  dans 
le  cours  des  cardiopathies.  (Munch.  medic.  Wochens..  juillet 
1889.) 

ne*  lavemenla    à  la    eréollae  eentre  la  dysenterie,  par 

M.  le  docteur  Nicolaî  P.  Ossowsry.  —A l'exemple  de  Kortum, 
Neudocrfer  et  Esmarch,  cet  observateur  a  employé  ce  médica- 
ment dans  seize  cas  de  dysenterie  chez  des  soldats. 

Ce  lavement  était  constitué  par  une  solution  à  1/2  pour  100 
de  créoline  et  administré  deux,  trois  et  même  quatre  fois 
par  jour  au  moyen  d'une  longue  canule  en  caoutchouc.  Dans 
neuf  cas  les  selles  sanglantes  cessèrent  dès  le  troisième  jour; 
dans  quatre,  du  cinquième  au  septième.  Chez  les  quatre  derniers 
malades,  la  disparition  de  ce  symptôme  fut  immédiate.  D'après 
M.  Ossowsky,  le  pouvoir  désinfectant  de  cette  médication  est 
considérable.  La  créoline  est  moins  toxique  que  l'acide  phé- 
nique  et  le  sublimé.  Son  administration  ne  fait  pas  seulement 
disparaître  le  sang  des  selles,  elle  diminue  aussi  les  autres 
symptômes  et  le  ténesme.  Ce  n'est  pas  tout  :  les  lavements  à  la 
créoline  préviennent  le  catarrhe  du  gros  intestin  et  peuvent 
être  suivis,  s'il  y  a  lieu^  d*irrigations  avec  une  solution  à 
1/â  pour  100' d'acétate  àe  plomb  ou  â  1  ou  2  pour  100  d'acide 
tanniqué.  Ajoutons  que  M.  Kolokoff  en  a  obtenu  des  résultats 
aussi  heureux.  Ces  observateurs  attachent  une  grande  impor- 
tance à  la  position  du  malade  pendant  l'administration  du  lave- 
ment. Ils  doivent  être  debout,  le  tronc  courbé  en  avant  et  les 
mains  appuyées  sur  leur  lit.  {Vratck.f  1889,  n®  \L) 


résultai*  de  la  Mmpenalon  dans  le  traitement  da 
talées  et  des  maladies  nerveuses,  par  MM.  EuLENBURG  et 
Mennel.  —  Depuis  trois  ou  quatre  mois,  trente  et  un  hommes 
et  neuf  femmes  ont  été  traités  à  la  policlinique  des  maladies 
nerveuses  de  Berlin,  par  cette  médication.  Au  total  ou  a  pra-> 
tiqué  975  suspensions  dont  la  durée  a  été  d'une  à  quatre 
minutes,  soit  en  moyenne  une  demie  à  trois  quarts  de  minute. 

Les  maladies  ainsi  traitées  sont  :  trente-quatre  cas  de  tabès, 
un  de  sclérose  en  plaques,  un  de  myélite  chronique,  trois  cas 
de  paralysie  agitante  et  un  cas  de  névrose  traumatique. 

Parmi  les  ataxiques,  vingt  et  un  furent  soumis  à  une  observa- 
tion régulière;  cinq  d'entre  eux  s'améliorèrent  beaucoup,  et 
onze  à  douze  partiellement  seulement  ;  cinq  n'éprouvèrent 
aucune  modification.  Voici  quels  sont  les  symptômes  dont  l'amé- 
lioration  relative  fut  notée;  celle  de  l'état  général  dans  ii  cas, 
du  signe  de  Romberg  et  des  troubles  vésicaux  dans  H  cas,  des 
douleurs  fulgurantes  dans  10  cas,  de  la  marche  dans  9  cas,  de 
l'anesthésie  dans  3  cas  et  de  la  paresthésie  dans  5  cas.  Un 
malade  fut  atteint  de  crise  gastrique  durant  le  traitement,  et 
un  autre  d'amblyopie. 

MM.  Eulenburg  et  Mennel  considèrent  donc  la  suspension 
comme  un  bon  traitement  du  tabès,  sans  cependant  le  déclarer 
supérieur  ni  à  l'électrothérapie,  ni  à  l'hydrothérapie. 

A  l'instar  de  H.  Motchukowski,  ils  pensent  qu'elle  n'agit  pas 
seulement  en  produisant  l'allongement  de  la  moelle,  mais  bien 
aussi  en  modifiant  la  circulation  des  centres  nerveux.  Enfin,  ils 
déclarent  que  l'action  exercée  sur  le  moral  doit  entrer  pour 
une  bonne  part  dans  les  succès  obtenus, {Neurologisches  Centr.j 
1889,  nMl.) 

Bcs  i^roi^rlétés  anllhémorrhaftlciaes  do  U  bryene  blanehe, 

par  M.  Petrescu.  —  A  la  suite  de  recherches  expérimentales 
et  d'essais  cliniques,  l'auteur  se  croit  autorisé  à  regarder  la 
racine  de  bryone  comme  un  hémostatique  puissant. 

Il  la  prescrit  en  décoction  à  raison  de  25  parties  de  racine 
pour  300  parties  d'eau.  La  décoction  réduite  de  moitié  par  Té- 
bullition  est  filtrée  et  administrée  de  demi-heure  en  demi-heure 
à  raison  de  30  à  45  giaiïimes.  Un  alcaloïde  a  été  retiré  de  cette 
substance;  enfin  Texlrait  alcoolique  de  bryone  serait  efficace 
contre  la  métrorrhagie,  les  hémoptysies,  l'épislaxis  et  l'héma- 
turie à  la  dose  de  50  centigrammes  à  1  gramme.  {Berliner 
klin.  Woch.,  1889;  n^  8.) 


650    —  N*  40  -^        GAZETTE  SEBDOlfADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  4  Ocrons  iS80 


l^m  propriétés  ta  «iMilMaHeylate  ta  0o«ta,  par  M,  le  docteur 
H.  LiNDBNBORN.  —  Sous  le  nom  d'acide  dithtosaiicylique  I  et  II, 
on  désigne  deux  substances  isomères  dans  Lesquelles  deux  molé- 
cules d'acide  salicylique  sont  remplacées  par  deux  molécules  de 
soufre. 

D'après  Huppe,  une  solution  à  20  pour  100  de  dUlnosalîcy- 
late  II  détruit  le  bacille  de  l'anthrax  en  quarante-cinq  minutes. 
M.  Lîndenborn  a  fait  usage  de  cet  antiseptique  à  la  doçe  de 
20  centigrammes  par  jour  contre  le  rhumatisme  articulaire  aigu 
et  le  rhumatisme  blennorrhagique.  Dans  Tespace  de  deux  à  sU 
jours,  il  a  obtenu  la  résolution  de  l'arthrite  et  la  chute  de  la 
fièvre. 

Quels  sont  les  avantages  de  ce  médicament?  La  rapidité  de 
son  action,  même  aux  plus  faibles  doses  ;  la  tolérance  de  l'esto- 
mac pour  lui  ;  enfin,  l'absence  de  phénomènes  désagréables  à  la 
suite  de  son  ingestion.  {Berl.  klin,  Wochensch,,  1889,  n"  26.) 

De  la  valeur  thérapeallqve  des  InhaUtlen*  roiysène,  par 

M.  GiLMAN  Thompson.  —  L'auteur  a  entrepris  une  série  d'expé- 
riences, en  collaboration  avec  M.J.Codwell  (de  New- York),  dans 
le  but  de  résoudre  cette  question  au  point  de  vue  de  la  physiolo- 
gie. Voici  les  conclusions  qu'il  formule  : 

Les  inhalations  d'oxygène  sont  utiles  contre  la  dyspnée  ner- 
veuse pour  combattre  les  phénomènes  subjectifs. 
'     Si  la  surface  nécessaire  à  Thématose  est  diminuée,  elles  sou*- 
lagent  la  cyanose,  atténuent  la  dyspnée  et  diminuent  la  gène 
respiratoire. 

Elles  rendent  des  services  dans  les  cas  où,  pour  une  cause 
quelconque»  Tarn  pliatioo  pulmonaire  est  gênée.  ^ 

Parmi  leurs  indications,. il  faut  noter  :  la  dyspnée  de  la  maladie 
de  Bright,  de  l'urémie»  de  la  pneumonie,  de  la  bronchite  caf)il- 
laire,  de  Tasthme,  de  la  congestion  et  de  l'œdème  pulmonaire. 

On  doit  les  pratiquer  avec  un  gaz  chimiquement  pur,  et  dans 
.leur  emploi,  faire  l'inhalation  par  l'une  des  narines,  l'autre 
aspirant  l'air  atmosphérique.  Il  est  dangereux  de  pratiquer  ces 
inhalations  par  les  deux  narines  simultanément  ou  bien  à  pleine 
bouche.  (The  nud.  Record,  6  juillet  1889.) 


BIBLIOGRAPHIE 


par  M.  le  professeur  G. 
intercalées  dans  le  texte. 
1889:  Lecrosnier  et  Babé. 


»«r.  Ailolagie   ei 

Sêe.  Tome   I,  avec  21   fig. 
—  1  fol  d«  640  pages.  Paris, 


Dans  une, série  de  leçons  cliniques  professées  l'an  4err 
nier  à  THôtel-Dieu,  et  dont  plusieurs  ont  été  reproduites 
par  la  presse  médicale»  M.  Sée  a  déjà  développé,  une  patiie 
de  la  doctrine  qu'il  a  adoptée  relativement  à  la  genèse  et 
à  la  nature  des  afTeciions  cardiaques.  On  la  retrouve  autour- 
d'hui  plus  complètement  exposée  dans  le  premier  volume 
de  son  Traité  de*  maladies  du  cœur^  qui  comprend 
l'étiologie  et  la  clinique  de  ce  groupe  morbide.  On  a  pu  se 
convaincre  dans  ces  leçons,  et  la  leeiure  du  livre  de  H.  Sée 
ne  fait  que  conCrmer .  cette  impression,  que  Tauteur  part 
d'un  point  dé  vue  spécial,  c  révolutionnaire  >.  cmpine  ii 
l'appelle  lui-même,  et  que,  pour  lui.,  les  maladies  du  cœur 
ne  sont  pas  distinctes  entre  elles,  mais  que  c'est  pour  ainsi 
dire  toujours  la  même  maladie  qui  revêt  des  aspects  dif- 
férents, des  types  divers. 

Dès  lors,  les  types  multiples  de  cette  maladie  cardiaque 
unique  devaient  avoir  une  origine  commune,  un  lien  pa- 
thogénique  permettant  de  les  grouper  ainsi  en  faisceau  : 
ce  processus  univoque,  c'est  Tencocardite^oupour  être  plus 
exact  Vendocardie,  Ici  encore  Fauteur,  s  appuyant  sur 
certains  faits  établis  par  les  recherches  modernes,  pose  en 
principe  l'unité  pathogénique  des  diverses  formes  ae  Ten- 
docardie,  auxquelles  il  refuse  entièremeat  l'origine  inflam- 
matoire pour  admettre  la  nature  itiicrobienne  constante  : 


il  ne  fait  exception  que  pour  les  processus  chroniques  des 
valvules  aortiques,  qui  coneordent  avec  les  transformations 
graisseuses,  athéromateu^e^  ou'  scléreuseâ  des  artères  et  se 
montrent  en  réalité  comme  leurs  conséquences,  c  Abstrac- 
tion faite  de  cette  éventualité»  Tendoçardite  microbique 
préside  à  toutes  les  altérations,  à  touteg  les  dégénères* 
cencés  du  cœur.  » 

Telles  sont  les  idées  générales,  les  principes  cardinaui 
qui  ont  présidé  à  la  classification  adoptée  par  M.  Sée  ;  cVsi 
là  la  partie  vraiment  originale  de  son  livre.  L*étude  de< 
cardiopathies  y  gagne-t-elle  en  simplicité  et  en  clarté  : 
nous  ne  saurions  I  afDrmer  ;  mais,  si  la  nosologie  j  gagne 
en  exactitude,  nous  n*osons  nous  en  plaindre. 

Il  nous  suffira,  dès  lors,  d'indiquer  les  divers  chapitres 
qui  composent  l'ensemble  pour  avoir  donné  nne  esquisse 
bien  rapide^  de  cet  ouvrage^  fauté  d*en  pouvoir  analyser 
chaque  partie  successivement. 

la.  Sée  entreprend  la  description  de  neuf  types  différenU 
de  la  cardiopathie  :  ce  sont  d*abord  les  types  endocardiqne. 
vaWulaire  et  artérique.  Dans  Texposé  du  deuxième  type,  ou 
type  valvulaire,  rentre  l'étude  des  signes  et  des  troubles  gé- 
néraux des  altérations  valvulaires  :*  dyspnées^  asthme  car- 
diaque, modifications  du  pouls,  souffles  cardiaques,  choc 
précordial  ;  enfin  les  signes  éloignés,  au'il  nomme  extra- 
cardiaques,  fournis  par  l'estomac,  le  loie,  les  reins  :  les 
œdèmes,  la  cynnose^  les ,  thromboses*  les  ^mhQlies,  les 
troubles  dé  la  circulation  cérébrale*  C'est  en  un  mot,  à 
propos  du  second  type^  une  étude  de  pathologie  générale  du 
cœur.  Puis  on  trouve  une  description  des  quatre  principales 
maladies  du  cœur  qui  composent  le  type  valvulaire,  des- 
cription peut^tre  un  p^u  trop  condensée,  et  basée  plutôt 
sur  la  physiolb|^e  pathologique  que  sur  la  clinique. 

Dans  le  troisième  type,  ou  type  artérique,  rentre  l'étude 
de  l'artério-sclérose,  dont  Timportance  s'est  notablement 
accrue  depuis  un  certain  nombre  d!annéea,  et  qui  donne 
la  clef  de  phénomènes  morbides  multiples  intéressant  à  la 
Jois  Torgané  central  de  la  circulation  et  les  fonctions  de( 
principaux  viscères.  On  pourrait. y  rattacher  les  types 
coronaire,  angineux,  et  les  myocardites  dégénératives,  au 
moins  dans  leur  ensemble,  qui  constituent  ^our  Tauteur 
autant  de  types  distincts.  C'est  aff'aire  de  classification. 

Les  accidents  cardiaques  d'origine  neuro-musculaire, 
septième  type^e  M.  G,  Sée,  sont  l'objet  d'iiae  intéressante 
description,  qui  porte  un  cachet  bien  personnel  :  sans 
parier  des  tiiapitres  consacrés  à  la  maladie  de  Baaedow, 
ceux  qui  traitent  des  arythmies  et  du  cœur  forcé  renferment 
d'utiles  enseignements  sur  lesquels  il  conviftat  d'attirer 
l'atienlion* 

Enfin  les  péricardies  et  les  aaévrysmes  de  l'aorte  et  da 
cœur  représentent  les  deux  derniers  types  de  la  série. 

Telle  est  d'une  foçon  soflamaire  l'œuvre  importante  que 
Jl.  Sée  vient  de  soumettre  au  public  médical,  et  que  com- 
plétera bienlèt  le  volume  consacré  à  la  thérapeutiqfue,  par- 
fois si  délleatOf  de  ces  diverses  formes  de  la  cardiopathie. 

A.  P. 


MÉTHODE  DE  OO0C£Ua  DANS  lA  RÂDUGnON  DES  LUXATIONS  PB  LA 

UANCHE  EN  AHRiÈaR,  par  V.  le  docteur  S.  CATOia,  membre 
correspondant  de  la  Société  anatomo-clinique  de  Lille.  — 
Thèse  de  Paris,  1888-1889. 

Dans  la  luxation  la  plus  comnitine  de  la  hanche,  la  tète  fémo- 
rale sort  par  la  partie  inférieure  de  la  capsule  et  se  dirige  suit 
en  haut  (luxation  iliaque),  soit  en  arrière  (luxation  ischiatique) 
en  laissant  intact  le  ligaaàent  en  Y.  Le  mécanisme  se  résuoie 
toujours  en  un  effort  pendant  la  flexion  suivi  ou  non  d'impul- 
sion du  membre  en  arrière.  Aucune  tentative  de  douceur  nV>t 
praticable  si  la  cuisse  n*est  préalablement  fléchie  (premi^'r 
temps)  sur  le  bassin.  Les  manœuvres  deviennent  beaucoup  plus 
faciles  si  la  flexiûâ  est  poussée  jusqu'à  conduire  te  genou  sur 


i  OcTotuuB  f 88B  GiZBTTE  HEBDOHADAIRE  ftS  MÉDEGINB  ET  DE  CHIRURGIB 


.—  «•46-^    654 


le  veatre.  La  meilleure  flexion  est  celle  qui  se  fait  dans  Tad- 
duclion. 

Le  second  temps  est  essentiellement  composé  de  la  rotation 
en  dehors;  mais  des  tâtonnements  presque  inévitables  amènent 
le  chirurgien  à  pratiquer  tour  à  tour  là  rotation  en  dehors  et  en 
dedans. 

Le  troisième  temp^  (coaptatieii)  ne  doit  être  pratiaué  qn'au 
moment  où  la  tête  se  trouve  amenée  ei^actemeni  aà-aessus  du 
t!4>tyle  :  en  l'obtient  soit  par  Timpulsion  directe  i  Taide  de  la 
mam,  soit  par  un  coup  de  genou.  11  est  nécessaire  d'ajouter  à  ce 
moment  une  très  légère  déAeiion  de  la  cuisse.  La- méthode  de 
douceur  est  encore  applicable  lorsque  la  luxation  de  la  hanche 
est  devenue  ancienne. 

ÉtUDB  sur  LB  ^éCANfSHB  I^ES  PftXCTURBS  INDIRECTBâ  DB  LA 
COLONNE  VERTReRALB,  RÉGION  DORSALE  ET  DORSOLOMBAIRB,  par 

M.  le  docteur  G.  M^.nari>,  membre  correspondant  des  Sociétés 
anatomique  de  Paris  et  anatomo-elitiique  de  Lille;  avec 
44  figures  in  terrai ées  dans  le  texte.  —  thèse  de  Paris,  1888- 
1889. 

M.  G.  Ménard,  élève  de  MM.  Guermouprez  et  Duret  (de  Lille), 
a  pris  pour  sujet  de  sa  thèse  inaugurale  l'élude  du  mécanisme 
des  fractures  du  rachis.  Par  Tanalyse  de  nombreuses  observa- 
tions et  eipériences  cadavériques,  il  arrive  aux  conrlusions 
suivantes  : 

i^  Lés  fractures  indirectes  du  raebii  sont  de  beaucoup  les 
plus  communes  et  se  produisent  généralement  par  flexion  forcée; 
z"*  il  y  a  d'abord  tassement,  enauite  arrachement.  enAn  écrase-r 
ment,  ce  dernier  est^  souvent  indépendant  de  rarraohement  ; 
3^  le  tassement  isolé  existe  régulièrement  à  la  région  dorso- 
lombaire,  il  n'est  pas  connu  à  la  région  dorsale;  4*  récrasement 
est  plus  fréquent  à  la  région  dorsale,  et  ranrachement  existe 
dans  les  deux  régions  ;  5^  les  fractures  derso-lombaires  ont  pour 
cause  ordinaire  les  chutes  sur  le  siège  ou  sur  les  membres  infé- 
rieurs pour  cause  plus  rare;  les  pressions  exercées  par  des 
corps  pesants  sur  la  nuque  et  le  .haut  du  dos  avec  flexion  du 
tronc;  6"  les  fractures  dorsales  ont  pour  cause  ordinaire  les 
4:hutes  sur  la  nuque,  ou  les  flexions  exercées  par  des  corp^ 

Ç osants  sur  \s^  nuque  et  le  haut  ^u  dos,  le  trône  restant  vertical; 
<*  les  fractures  dorsales  s'accom.pagnent  presoue  toujours  de 
fractures  de  côtes,  elles  s'accompagnent  quelquefois  de  fractures 
du  sternum;  8^  la  compression  de  ta  moelle  et  de  ses  enve- 
loppes est  gétiéralomènt  produite  par  le  bord'  poâ(téro**supé- 
rieur  du  fragment  inférieur  du  corps  vertébral  ;  9*  il  est  indiqué 
de  réduire  et  de  maintenir  la  réduolion  pendant  un  temps»  sufli- 
sant;  10  la  trépanation  est  très  peu  indiquée  dans  Les  cas 
ordinaires  ^fractures  indirectes),  «t  doit  être  réservée,  jusqa'i 
nouvel  ordre j  aux  fractures  directes  et  aux  enfoncements  de 
l'arc  postérieur. 

Des  PRACTijRÈa  sihplbs  desos  du  carpb,. par  M.  Ubnri  Dëlbecu, 
membre  de  la  Société  anatomo-clinique  de  Lille,  r^  Tlièse  de 
Paris,  1887-1888.   • 

Souvent  mécopnuQs,  les  fractures,  des  os  du  carpe  ont  été 
appréciées  par  le;»  auteur:^  de  lu  façon  la  plus  contradictoire. 
Les  fractures  superficielles  ne  sont  généralement  que  des  élé- 
ments accessoires  de  la  lésion,  ou  des  fractures  de  Vextrcmité 
inférieure  de  rav.ant:bras,    ....  .        . 

La  fracture  par  torsion  peut  être  complote  sans  déplacement 
des  fragments.  La  fracture  par  flex'on  forcée,  résultat  de  chute 
de  lieu  élevé,  se  C0nrp1ic|ue  onlinairement  de  lésions  de  la  syno- 
viale tendineuse  palmaire.  . 

Les  principaux  syraplômes  sont  :  une  douleur  vive  avec  sen- 
sibilité très  localisée  a  la  pression,  une  impuissance  totale  du 
membre,  une  tuméfaction  énorme  et  de  la  crépitation  en  un  : 
point  très  précis  de  la  région  carpienne. 

Les  fractures  superficielles  et  les  fractures  par  torsion  gué- 
rissent en  quelques  semaines  et  sont  généralement  exemptes  de 
complications.  Les  autres  nécessitent  des  soins  pendant  plusieurs 
mois,  se  compliquent  primitivement  d'une  synovite  tendineuse 
palmaire  et  se.  terminent  trop  souvent  par  rankylose  osseuse. 

Pour  les  fractures  superficielles  il  suffit  d'un  peu  de  massage 
au  début  et  d'une  immobilisation  déjà  requise  par  les  lésions 
concomitantes. — 

Pour  la  fracture  par  torsion,  qui  est  généralement  réduite 
pendant  l'exploration  diagnostique,  il  suftil  d'une  attelle  palmaire 
pour  assurer  la  contention   pendant  une  quinzaine  de  jours. 


Pour  les  fractures  les  plus  graves,  une  première  indication 
résulte  de  l'acuité  dés  accident»  inflammatoires  du  début,  une 
autre  plus  importante  encore  impose  la  nécessité  d'une  immobi- 
lisation prolongée  par  des  appareils  inamovibles,  la  dernière  se 
rapporte  à  l'atrophie  musculaire  et  a 


vite  tendineuse. 


;  aux  adhérences  de  la  syno* 


RfiSTAeRATiON  FONCTIONNELLE  DU  POUG£>  par  M.  le  docteur 
Gabriel  Uanotte,  membre  adjoint  de  la  Société  anatomo-cli- 

-  nique  de  Lille.  —  Thèse  de  doctorat,  avec  94  figures  inter- 
calées dans  le  texte.  Lyon,  1888. 

Quoique  cette  thèse  ait  été  passée  devant  la  Faculté  de  Lyon, 
elle  a  été  inspirée  par  un  chirurgien  de  Lille,  M.  le  docteui* 
Guermonprez,  qui  s'est  occupé  depuis  longtemps,  et  à  plusieurs 
reprises,  des  lésions  traumatiques  de  la  main  et  de  la  conduite 
chirurgicale  qu'elles  commandent.  Voici  les  conclusions  de 
l'auteur  : 

La  restauration  fonctionnelle  du  pouce  non  mutilé  se  fait 
conformément  aux  procédés  actuels  de  la  chirurgie,  soit  par  la 
suture  nerveuse,  soit  par  la  suture  tendineuse,  soit  par  l'auto- 
plastic,  après  excision  des  cicatrices  vicieuses.  Elle  peut  se  faire 
par  l'une  des  opérations  indiquées,  lors  de  la  luxation  irréduc- 
tible du  pouce.  La  restauration  du  pouce  partiellement  supprimé 
se  fait  par  l'opération  d'Hoguier,  parfois  encore  par  la  suppres- 
sion  des  moignons  encombrants  d'index  et  même  de  médius. 
Quand  le  pouce  fait  complètement  défaut,  on  peut  tenter  d'uti- 
liser un  débris  d'index  ou  de  médius  pour  en  faire  un  élément 
qui  sert  de  base  aux  mouvements  d'opposition.  On  peut  encore 
changer  la  direction  de  l'auriculaire  pour  l'amener  à  se  porter 
au-devant  des  débris  du  bord  radial  dTe  la  main  et  sauvegarder 
ainsi  l'opposition,  qui  est  l'élément  principal  de  Tactivité  phy^ 
siologique,  la  préhension. 


VARIÉTÉS 

Exposition  univeuselle.  —  Bécompenses*  —  Dans  la  liste 
des  récompenses  décernées  à  ceux  qui  ont  pris  part  à  l'Exposi- 
tion universelle,  nous  ne  voulons  signaler  nue  celles  oui  mté^ 
ressent  plus  parliculiènement  le  corps  raédtcaL  Parmi  celles-ci  il 
nous  est  tout  particulièrement  agrésmie  de  mentionner  les  hautes 
distinctions  qu'a  values  à  notre  éditeur  et  ami  M.  G.  Masson,  le 
dévouement  avec  lequel  il  s'est  toujours  préoccupé  d'aider  aux 
progrès  des  sciences  médicales  en  éditant  avec  autant  de  luxe 

3 ne  de  flroût  un  si  grand  nombre  de  publications  utiles,  à  la  tête 
esqueiles  on  notis  permettra  bien  de  rappeler  le  Dictionnaire 
encyclopédique,  le  Dictionnaire  ustiely  la  Gazette  heOdoma- 
dairCy  la  Revue  des  sciences  médicaies,  la  Revue  de  Vhy- 
giène, .  etc.  C'est  pour  bien  affirmer  le  caractère  de  ces  publica^ 
lions  que  le  jury  de  la  classe  8  (organisation,  méthode  et  maté- 
riel de  renseignement  supérieur)  a  décerné  un  grand  prix  à 
M.  G..  Masson.  Le  jury  de  la  classe  9  (imprimerie  et  librairie) 
lui  a  voté  la  même  récompense. 

•^  La  classe  14  (médecine  et  chirurgie)  a  décerné  les  récom- 
penses suivantes  : 

Grands  prix,  —  Baretta  (France),  Mariaud  (France),  Claude 
Martin  (France),  Raoul  Mathieu  (France),  Tramood  (France). 

Médailles  d'or.  *-  Aubry  (France),  veuve  Ausoux  (France), 
Cballandes  (France),  Chardin  (France),  Crétès  (France),  Gaiffe  et 
fils  (France),  Ernest  Giroux  (France),  Institut  vaccinal  suisse 
(Suisse),  Laskowski  (Suisse),  Préterre  (France),  J.-B.  Simon 
(Belgique),  Waller-Lécuyer  (France),  Wiesnegg  (France),  Lûer 
Wnifing  (France). 

.Médailles  d'argent.  —  Bergstrom  (France),  Joseph  Burlot 
(France),  José  Clausolles  (Espagne),  Délogé  (France),  Demaurex 
(Suisse),  Desnoix  (France),  docteur  Desprez  (France),  Eternod 
(Suisse),  Favre  (France),  docteur  F.-J.  Feighine (Russie),  docteur 
Forstetter  (Russie),  G.-A.  Frees  (Euts-Lnis),  Froger  (France), 
Auguste  Gamichon  (France),  Graillot  (France),  Joseph  Gray  and 
Son  (Grande-Bretagne),  Hay  (Autriche-Hongrie),  Heymeo-Billard 
(France),  Karmanski  (France),  Lacroix  (France).  Olfice  vaccino- 
gène  d'Athènes  (Grèce),  Seabury  and  Johnson  (Etats-Unis),  Sur- 
gical  appliance (société),  Talrich  (France),  Henri  Vergne  (France), 
Winh  (France),  Yvoo  et  Berlioz  (France),  plus  un  grand  nombre 
de  médailles  de  bronze  et  de  mentions  honorables. 

—  Dans  la  classe  64  (hygiène  et  assistance  publique)  nous 
signalerons  parmi  les  grands  prix  :  les  diverses  associations  de 


652    —  NMO 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDBGINB  ET  DE  CHIRURGIE  4  Octobre  1889 


secours  aux  blessés  ;  le  Ministère  de  Tintérieur,  la  Préfecture  de 
la  Seine  et  la  Préfecture  de  police,  puis  MM.  Geneste  et  Herscher, 
les  ingénieurs  constructeurs  dont  les  étuves  de  désinfection  à 
la  vapeur  humide  sont  si  connues,  M.  le  docteur  Janssens  (de  Bel- 
gique, etc.),  et  parmi  les  médailles  d'or  et  d  argent,  la  plupart 
des  établissements  français  d'eaux  minérales,  des  commissions 
de  surveillance  d'asiles  d'aliénés,  des  sociétés  de  charité,  la 
Société  d'hydrologie  médicale,  M.  le  docteur  Gibert,  M.  Jen- 
nings,  MM.  le  docteur  Saint-Yves-Ménard  et  Chambon,  M.  le 
docteur  Chervin,  MM.  les  docteurs  Petrescu  et  Urbeanu  (Rou- 
manie), M.  G.  Trélat,  etc. 

Bourses  de  doctorat.  —  Par  arrêté  minstériel  en  date  du 
%  septembre  1889,  l'ouverture  du  concours  pour  l'obtention  des 
bourses  de  doctorat  aura  Heu,  au  siège  des  Facultés  mixtes  de 
médecine  et  de  pharmacie,  le  lundi  28  octobre  1889.  Les  candi- 
dais  s'inscriront  au  secrétariat  de  l'Académie  dans  laquelle  ils 
résident.    Les    registres    d'inscription    seront  clos  le   samedi 

19  octobre,  à  quatre  heures.  —  Conformément  aux  prescrip- 
tions du  règlement  du  15  novembre  1879  susvisé,  sont  admis  à 
concourir  : 

i""  Les  candidats  pourvus  de  quatre  inscriptions,  qui  ont  subi 
avec  la  note  bien  le  premier  examen  probatoire  prévu  par  l'ar- 
ticle 3  du  dérret  du  20  juin  1878.  Les  épreuves  portèrent  sur 
la  phvsiquc,  la  chimie  et  Thistoire  naturelle  médicale  ; 

^  Les  candidats  pourvus  de  huit  inscriptions,  qui  ont  subi 
avec  la  note  bien  le  premier  examen  probatoire  et  qui  justifie- 
ront de  leur  assiduité  aux  exercices  pratiques.  Les  épreuves 
porteront  sur  Tosléologie,  l'arlbrologie  et  la  myologie; 

3"^  Les  candidats  pourvus  de  douze  inscriptions,  qui  ont  subi 
ave  la  note  bien  la  première  partie  du  deuxième  examen  proba- 
toire. Les  épreuves  porteront  sur  Tanatomie,  la  physiologie  et 
l'histologie  ; 

A'*  Les  candidats  pourvus  de  seize  inscriptions,  qui  ont  subi 
avec  la  note  bienf  la  seconde  partie  du  deuxième  examen  proba- 
toire. L'épreuve  écrite  portera  sur  la  pathologie  interne  et 
externe  ; 

5^  Les  candidats  pourvus  des  grades  de  bachelier  es  lettres 
et  de  bachelier  es  science  restreint,  oui  ont  subi  chacun  de  ces 
examens  avec  la  note  bien  peuvent  ootenir,  sans  concours,  une 
bourse  de  première  année. 

Congres  international  d'hydrologie  et  de  climatologie.  — 
Le  Congrès  international  d'hydrologie  et  de  climatologie  se 
réunira  du  3  au  iO  octobre  prochain.  La  séance  d'ouverture  a 
eu  lieu  le  jeudi  3  octobre,  à  oix  heures  du  malin,  au  palais  du 
Trocadéro.  Les  séances  de  sections  se  tiendront  à  la  Faculté  de 
médecine,  du  vendredi  i  au  jeudi  10  octobre,  à  neuf  heures  du 
matin  et  deux  heures  de  l'après-midi. 

  dater  du  mardi  !*■'  octobre,  le  secrétariat  du  Congrès  sera 
ouvert,  à  la  Faculté  de  médecine,  de  neuf  heures  à  midi,  et  de 
deux  heures  à  cinq  heures. 

Du  11  au  21  octobre,  le  Congrès  visitera  les  stations  hydromî- 
néralesde  la  région  de  TEst.  Les  excursionnistes  jouiront  d'une 
réduction  de  50  pour  100  sur  tout  le  parcours. 

Les  personnes  qui  veulent  participer  à  ces  grandes  assises  de 
/hydrologie  et  de  la  climatologie  sont  invitées  à  envoyer  sans 
retard  leur  adhésion  et  leur  cotisation  (20  francs),  au  trésorier 
du  Congrès,  M.  0.  Doin,  libraire-éditeur,  8,  place  de  l'Odéon, 
Paris.  Elles  recevront  immédiatement,  avec  leur  carte,  tous  les 
documents,  entre  autres  les  rapports  sur  les  questions  proposées 
par  le  comité  d'organisation. 

École  de  médeclne  de  Clbrmont.  —  M.  Ledru,  professeur  de 
clinique   externe,   est   nommé,  pour   trois   ans,   à   partir  du 

20  septembre  1889,  directeur. 

I/eau  de  source  a  Paris.  —  Dans  sa  dernière  séance,  le 
Conseil  d'hygiène  et  de  salubrité  de  la  Seine  s'est  occupé  des 
moyens  d'augmenter  l'approvisionnement  de  la  ville  de  Paris  en 
eau  de  source. 

M.  le  docteur  A.  Ollivier  a  donné  lecture  d'un  travail  dans  lequel 
il  insiste  sur  la  nécessité  d'augmenter,  au  plus  vite,  la  provision 
d'eau  de  source  de  la  ville  de  Paris,  ainsi  que  l'a  déjà  demandé 
le  Conseil  de  salubrité  en  donnant  son  entière  approbation  à  des 
rapports  qui  lui  ont  été  présentés  par  MM.  Léon  Colin  et  Riche. 

M.  le  docteur  Ollivier  estime  iiu'on  pourrait  utilement  créer 
dans  chaque  immeuble  une  double  canalisation,  l'une  de  faible 


dimension  pour  les  eaux  de  source,  l'autre  plus  large  oour  les 
eaux  de  rivière.  Il  constate  une  fois  de  plus  aue,  «lans  ud 
quartier  où  l'eau  de  rivière  est  substituée  à  l'eau  de  source,  I^s 
cas  de  fièvre  typhoïde  sont  plus  nombreux.  Il  a  terminé  en 
demandant  que  la  provision  d  eau  de  source  soit  augmentée,  et 
que  cette  eau  ne  serve  qu'à  l'alimentation. 

M.  Chautemps,  président  du  Conseil  municipal,  a  répondu  qu** 
le  Conseil  tout  entier  partageait  évidemment  cet  avis:  il  serait 
bien  désirable  que  l'eau  de  source  fût  seule  donnée  â  l^alimeD- 
tation  et,  par  conséquent,  que  le  projet  de  captation  des  sources. 
volé  par  le  Conseil  municipal  et  qui  a  été  soumis  au  Parlement, 
reçût  son  exécution.  Quant  à  la  seconde  partie  de  la  propositioc 
de  M.  Ollivier,  il  ne  lui  parait  pas  possible  d'empêcher  com- 

fdètement  le  fi^aspillage  des  eaux  dans  1  intérieur  des  habitations  : 
e  seul  remède  a  la  situation,  c'est  de  doubler  ou  de  tripler  le 
volume  d'eau  de  source  amené  journellement  à  Paris. 

La  discussion  C]ui  s'est  ouverte  ensuite  a  trait  surtout  à  rinfluence 
de  l'eau  de  boisson  sur  la  propagation  de  la  fièvre  typhoïde. 
MM.  Larrey,  Rochard,  L.  Colin,  Lagneau,  Lancereaux  et  Proust 
sont  unanimes  à  reconnaître  la  nécessité  de  l'augmentation  du 
volume  journalier  d'eau  de  source,  et,  sur  la  proposition  Je 
M.  Proust,  le  Conseil  a  adopté  les  vœux  suivants  : 

1^  Le  Conseil  renouvelle,  instamment  et  d'une  manière  toute 
spéciale,  le  vœu,  qu'il  a  formulé  à  plusieurs  reprises,  de 
1  adduction,  aussi  rapide  que  possible,  des  nouvelles  sources 
achetées  par  la  ville; 

^  Il  estime  qu'il  y  a  lieu  d'insister  auprès  de  l'administFatioD 
pour  que  les  eaux  de  source  actuellement  amenées  ne  soient 
utilisées  que  pour  l'alimentation. 

Le  Conseil  a  décidé  l'impression  du  rapport  de  M.  Ollivier. 

Société  médicale  des  hôpitaux.  —  La  Société  médicale  des 
hôpitaux  reprendra  ses  séances  le  vendredi  il  octobre. — Ordre 
du  jour:  Communications  diverses. 


^  Enseignement  libre.  ---  M.  Lafon,  chimiste-expert,  lauréat  de 
l'Académie  de  médecine^  commencera  le  18  octobre  188^  un 
conrs  pratique  de  chimie,  bactériologie  et  microscopîe  médi- 
cales. S'inscrire  à  l'avance  de  trois  à  quatre  heures  au  labora- 
toire, rue  des  Saints-Pères,  7. 


Mortalité  a  Paris  (38*  semaine,  du  15  au  21  septembre 
1889.— Population:  2260945  habiUnts).  —  Fièvre  typhoïde, 20. 

—  Variole,  3.  —  Rougeole,  8.  —  Scarlatine,  2.  —  Coque- 
luche, 22.  —  Diphthérie,  croup,  20.  —  Choléra,  0.  —  Phthisie 
pulmonaire,  183.  —  Autres  tuberculoses,  21.  —  Tumeur»: 
cancéreuses,  55  ;  autres,  6.  —  Méningite,  26.  —  Conge^- 
tion  et  hémorrha^ies  cérébrales.  39.  —  Paralysie»  6.  — 
Ramollissemant  cérébral,  6.  —  Maladies  organiques  du  cœur,  i6. 

—  Bronchite  aigué.  19.  —  Bronchite  chronique,  26.  —  Broncho- 
pneumonie,  16.  — Pneumonie,  32.  —  Gastro-entérite:  sein,  2i: 
biberon,  74.  —  Autres  diarrhées,  10.— Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 1.  — Autres  affections  puerpérales,  0.  —  Débilité  con- 
génitale, 26.  —  Sénilité,  30.  —  Suicides,  19.  —  Autres  morts 
violentes,  10.  —  Autres  causes  de  mort,  161.  —  Cause> 
inconnues,  15.  —  Total:  935. 


OUVRAGES  DEPOSES  AU  BUREAU  OU  JOURRAL 

Encyclopédie  d'hygiène  et  de  médecine  publique.  Directeur  :  It.  Jul^s  Rockiri. 
Collaborateurs:  MM.  Amoold,  Bergeron,  Bertilloa,  Brouardel,  L«on  CoIib. 
Drouinoau,  Léon  Faucher,  Gariel,  Armand  Gaotier,  Grancher,  Layet,  Le  Roj  éc 
Uéncoûtlf  A.-J.  Martin,  Henri  Monod,  Moracbe,  Napiaa.  Nocard.  Pouchri. 
Proust,  De  Quatiefages,  Richard,  Riche,  Eugène  Rochard,  Slraat,  Vallin. 
L'Encyclopédie  d'hygiène  et  de  médecine  publique,  se  compoiera  de  dix  lirrr».  1 
A  partir  du  I*'  juillet,  il  paraîtra  cliaque  mois  un  bscicule  de  dix  feuilles.  jit«c 
figures   et  planches.  Paris,  Lecrosnier  et  Bébé.  Prix  de  chaque  fascicole. 

3  fr.  50  j 
Souscription  à  forfait  a  Touvrage  complet.  12il  fr.  | 

Aide-mémoire  d'hygiène  et  de  médecine  légale,  par  M.  Paul  Lcfort.  I  toI.  in-ll 
Paris,  J.-B.  Baillicre  et  fils.  Cartonné.  3  fr. , 

G.  Masson,  Prapriétaire'^Mërant. 

90SS8.  —  MoTTsnos.  —  Imprimeries  rënnlei.  ▲,  me  Mignoa,  t.  Par». 


TRË^TE-SIXIÈMB   ANNÉE 


N*  41 


11  Octobre  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 

PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D'  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUO,  6.  OIEUUFOY.  OREYFUS-BRISAC,  FRANgOIS-FRANCK,  A.  HENOCQUE,  A.^.  MARTIN,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lereboullet,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRE.  —  Bulletin.  Académie  de  inédcciii«.  —  L'ioduro  de  potassium.— 
Quatrièmp  Congrès  fmnçais  de  chirur^Mc  tenu  h  Paris  du  7  au  12  octobre  1880. 

—  pATHOLOfill  GBNKRALK.  —  L'hérédité  dans  les  maladies  infectieuses.  — 
Travaux  originaux.  Clinique  chirurgicale  :  L'osléopcriostite  externe  prin)itive 
do  l'apophyse  mastoi'ic  et  l'inflammation  purulente  primitive  des  rcllules  mas- 
toïdiennes.—ConRESPONOANCC—  SociétÎs  sa VANTis.  Académie  des  sciences. 

—  Académie  de  médecine  —  Rbvub  obs  jouh.iaux.  'riiérapcutiqiic.  —  Biblio- 
GRAPlili.  Leçons  de  thérapeutique  et  de  clinique  médicales  de  l'hôpital  Bichat  : 
maladies  du  cœur  et  des  v.iisseaux.  —Variétés.  L'incendie  du  grand  amphi- 
thi'âtrc  de  la  Farultc  de  médecine  de  Pari:*. 


BULLETIN 

Paris,  U  orlobre  iK89. 

Académie  de  médecine  :  ij;ïodure  de  potassinm. 

La  nouvelle  communication  due  à  M.  G.  Sée  peut  être 
envisagée  à  deux  points  de  vue  dilTérents.  Elle  est  tout  à 
la  fois  physiologique  et  clinique,  —  el  c'est  à  dessein 
que  nous  distinguons  ainsi  les  deux  parties  dont  elle  se 
compose.  La  partie  physiologique,  en  effet,  ne  saurait  être 
analysée  ni  surtout  appréciée  par  ceux  qui  n*ont  pu  repro- 
duire quelques-unes  au  moins  des  expériences  faites  par 
MM.  G.  Sée  et  Lapicque  ;  car  les  résultats  de  celles-ci  diffè- 
rent sensiblementde  ceux  que  Tonavait  coutume  de  regarder 
comme  acquis  h  la  science.  Il  appartient  donc  aux  physio- 
logistes de  décider  si  Tiodure  de  potassium,  introduit 
dans  l'organisme  par  injection  intraveineuse,  augmente 
ou  diminue  la  pression  inlravasculaire  et  détermine  ensuite 
unedilatationvaso-molricegénéralisée.  Mais,  quelque  intérêt 
que  présentent  ces  expériences  au  point  de  vue  physiolo- 
gique, elles  n'ont,  au  point  de  vue  pratique,  qu'une  impor- 
tance secondaire.  En  particulier  elles  no  sauraient,  à  notre 
avis,  trancher  définitivement  la  question  de  savoir  si  Tiodure 
de  sodium  est  ou  non  préférable  à  l'iodure  de  potassium. 

Qu'arrive-t-il  en  effet  lorsque  Ton  administre  à  un  car- 
diaque ou  à  un  sujet  atteint  de  sclérose  artérielle  de 
faibles  doses  d'iodure  de  potassium?  Ce  malade  ne  reçoit 
pas  le  médicament  par  injection  intraveineuse.  Il  l'avale 
et  dès  lors  le  met  dans  son  estomac  en  présence  de  chlo- 
rure de  sodium,  de  suc  gasirique  acide,  etc.Âussitùt  l'iodure 
de  potassium  se  trouve  décomposé;  il  se  forme  du  chlorure 
de  potassium,  sel  éminemment  toxique,  dit  M.  G.  Sée,  et  de 
l'iodure  de  sodium,  lequel  se  retrouve  (à  l'état  d'iodure  de 
sodium)  dans  les  urines.  Quant  à  Tiode  mis  en  liberté  dans 
des  proportions  insignifiantes,  il  forme  un  composé  albumine- 
iodé  encore  assez  mal  défini  el  parfois,  lorsque  les  propor- 
tions d'iodure  sont  trop  considérables,  ou  lorsque  les  voies 
«•  Série,  T.  XXVI. 


digestives  sont  en  mauvais  état,  il  donne  lieu  à  une  irritation 
gastro-intestinale  assez  vive. 

D'un  autre  côté,  il  serait  inexact  de  prétendre  qu'aux 
doses  thérapeutiques  la  nature  du  métalloïde  associé  à 
l'iode  joue  un  rôle  quelconque  au  point  de  vue  toxique. 
C'est  l'iode  surtout  qui  agit  sur  le  cœur,  les  vaisseaux  et  les 
tissus.  Les  sels  de  potassium  ou  de  sodium,  formés  par  dé- 
composition, devront  être  administrés  à  doses  infiniment 
plus  considérables  pour  agir  activement.  Pourquoi  dès 
lors  préfère-l-on  depuis  nombre  d'années  l'iodure  de  sodium 
à  l'iodure  de  potassium?  C'est  d'abord  parce  que  tous  les 
cliniciens  ont  observé  chez  certains  malades  une  intolé- 
rance spéciale  pour  l'iodure  de  potassium.  Chacun  connaît 
les  observations  de  Moos  (d'Heidelberg),  de  Sokolowski,  de 
H.  Huchard,  de  Th.  Anger,  etc.  Il  est  peu  de  médecins  qui 
n'aient  vu  eux-mêmes  des  sujets  supportant  difficilement 
des  doses  même  très  faibles  d'iodure  de  potassium.  Or  ces 
malades  tolèrent  infiniment  mieux  Tiodure  de  sodium.  Il 
est  donc  avantageux  de  le  leur  prescrire.  En  second  lieu, 
lorsqu'il  s'agit  d'administrer  pendant  très  longtemps  les 
indurés,  lorsque  les  reins  fonctionnent  mal,  ce  qui  est  très 
fréquentchez  les  malades  atteints  d'arlério-sclérose,  lorsque 
par  conséquent  au  lieu  d'être  terminée  en  quelques  heures, 
rélimination  du  médicament  ne  se  fait  qu'au  bout  de  plu- 
sieurs jours  et  quelquefois  de  plusieurs  semaines,  l'accu- 
mulation dans  l'organisme  du  chlorure  de  potassium  peut 
devenir  dangereuse. 

Enfin,  et  c'est  là  le  point  essentiel  du  débat,  depuis  que 
M.  Potain  et  le  regretté  Gueneau  de  Mussy  ont  conseillé  de 
préférer  dans  les  cardiopathies  artérielles  et  dans  les  dila- 
tations de  l'aorte  l'iodure  de  sodium  à  l'iodure  de  potassium, 
un  très  grand  nombre  d'observations  incontestables  démon- 
trent l'efficacité  très  réelle  et  très  rapide  de  ce  médicament 
aussi  bien  que  son  innocuité. 

Il  n'en  est  point  de  même  dans  les  affections  strumeuses, 
dans  la  syphilis,  etc.  Dans  ces  maladies  diathésiques  l'iodure 
de  potassium  parait  préférable.  Et,  à  doses  très  élevées  et 
continuées  pendant  très  longtemps,  il  reste  toléré,  sinon  tou- 
jours inoffensif.  La  diurèse  qu'il  provoque  alors  contribue 
sans  doute  à  assurer  celte  tolérance,  et,  dans  les  urines, 
c'est  toujours  de  l'iodure  de  sodium  que  l'on  retrouve. 

Ces  quelques  réflexions,  que  nous  inspire  le  travail  dont 
nous  venons  d'entendre  la  lecture  devront  être  développées  à 
propos  de  la  discussion  qu'il  ne  manquera  pas  de  soulever 
devant  l'Académie.  Nous  ne  ferons  donc  aujourd'hui  que 
signaler  les  conclusions  que  nous  reproduisons  plus  loin,  et 
I  surtout  la  première  de  ces  conclusions  :  le  vrai  médicament 

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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  11  Octobre  4889 


du  cœur,  c'est  Tiodure  de  potassium.  C'est  là  une  vérité  cli- 
nique qu'on  ne  saurait  trop  proclamer.  Il  est  peu  de  car- 
diaques qui  ne  se  trouvent  bien  de  l'administration  des 
iodures.  Parmi  les  maladies  énumérées  par  M.  G.  Sée  et 
déclarées  justiciables  de  cette  médication,  il  n'en  est  pas 
qui  puisse  être  aussi  favorablement  modifiée  par  d'autres 
agents  thérapeutiques.  Toute  cette  partie  clinique  de  la 
communication  de  M.  G.  Sée  est  donc  à  retenir,  et  nous 
aurons  plaisir  à  la  discuter  plus  longuement  quand  nous 
en  aurons  sous  les  yeux  le  texte  définitif. 

—  Le  savant  et  consciencieux  rapport  lu  par  M.  Verneuil, 
à  propos  d'une  nouvelle  opération  destinée  à  guérir  le  pro- 
lapsus rectal,  mérite  plus  qu'une  analyse  succincte.  Le 
travail  de  notre  éminent  maître  fera  donc  très  prochaine- 
ment le  sujet  d*une  revue  générale,  dans  laquelle  seront 
mieux  exposées  les  considérations  de  thérapeutique  chi- 
rurgicale magistralement  exposées  par  M.  Verneuil  sur  ce 
sujet  si  intéressant. 

—  Nous  commençons  aujourd'hui  le  compte  rendu  du  Con- 
grès de  chirurgie  qui  vient  de  s'ouvrir  sous  la  présidence  de 
M.  le  baron  Larrey,  et  nous  reproduisons  ci-dessous  l'allo- 
cution par  laquelle  le  vénéré  doyen  de  nos  chirurgiens  mili- 
taires a  souhaité  la  bienvenue  à  ses  nombreux  collègues. 
Le  savant  académicien,  ancien  professeur  au  Val-de-Grâce, 
était  mieux  qualifié  que  tout  autre  pour  faire  ressortir  ce 
que  la  pratique  chirurgicale  doit  à  la  chirurgie  militaire. 
Il  n'a  voulu  qu'indiquer  les  éminents  services  rendus  à  la 
science  et  à  la  patrie  par  son  illustre  père.  Les  applaudis- 
sements de  ses  auditeurs  lui  ont  montré  qu'ils  en  gardaient 
le  souvenir. 


Qaatrlème  Congrès  françalu  de  chi rurale  tenu  A  Parla 
.do  V    an    it  octobre   1889. 

La  quatrième  session  du  Congrès  français  de  chirurgie 
a  été  ouverte  lundi  dernier,  au  milieu  d'une  grande  affluence 
de  chirurgiens  de  la  province  et  de  l'étranger.  Cette 
session  promet  d'être  brillante  et,  comme  l'a  fait  avec  raison 
remarquer  M.  le  Président,  il  serait  injuste  de  ne  pas  faire 
entrer  en  ligne  de  compte  les  attraits  de  l'Exposition.  Aussi 
bien  est-^ce  précisément  le  motif  qui^  l'an  dernier,  avait  fait 
fixer  comme  date  les  premiers  jours  d'octobre. 

M.  le  baron  Larrey,  président,  a  bien  voulu  donner  à  la 
Gazette  la  primeur  de  la  courte  allocution  qu'il  a  prononcée 
et  dont  voici  le  texte  : 

Messieurs  et  honorés  confrères,  mes  chers  collègues  et  vous, 
/mes  camarades  de  l'armée  présents  à  celte  séance,  je  vous 
remercie  tous  d'avoir  accueilli  la  désignation  qui  m'appela,  Tan 
dernier,  à  Thonneur  de  présider,  cette  année-ci,  la  quatrième 
session  du  Congres  français  de  chirurgie. 

C'est  en  elTet  pour  moi  un  insigne  honneur  que  je  n'aurais 
pas  recherché,  dans  ma  position  de  retraite,  car  elle  me  sépare 
déjà  depuis  longtemps  de  la  carrière  chirurgicale  militaire  et 
de  mes  devoirs  officiels  d'autrefois.  Dispensé  aujourd'hui  des 
devoirs  libres  de  la  pratique  civile,  dont  je  me  suis  toujours 
absteuu,  j'ai  pris  à  tâche  de  consacrer  les  derniers  temps  de  ma 
vie  aux  réminiscences  de  quarante-cinq  ans  d'activité. 

Je  ne  voudrais  pas,  Messieurs,  que  mon  attachement  fidèle  à  de 
tels  souvenirs  me  fit  exprimer  une  pensée  de  tristesse,  dès  les 
premiers  mots  de  cette  alloculion,  mais  je  considère  comme  un 
devoir  dp  vous  rappeler,  tout  d'abord,  deux  noms,  dont  l'un  est 
inscrit  sur  la  liste  des  membres  fondateurs  de  ce  Congrès.  Tous 
les  deux  avaient  figuré  avec  distinction  à  la  Société  de  chi- 
rurgie en  premier  lieu,  et  en  second  lieu,  à  rAcadéraie  de  mé- 


decine. C'est  désigner,  selon  votre  attente,  les  noms  de  Legou»-^' 
et  de  Maurice  Perrin. 

Legouest,  par  sa  remarquable  aptitude  pour  la  chirurgie,  p>' 
ses  services  militaires  et  ses  titres  scientifiques  de  vraie  valeur, 
était  parvenu  au  grade  le  plus  élevé  d'inspecteur  général  et  à  I 
double  présidence  du  Comité  de  santé  de  l'armée,  ainsi  que  dr 
TAcadémie  de  médecine. 

Maurice  Perrin,  dans  des  conditions  et  avec  des  titres  aiu* 
logues,  avait  pu  joindre  à  sa  carrière  de  professeur,  puis  ». 
directeur  de  l'Ecole  du  Va!-de-Grâce,  le  mérite  de  renseign<*mei  : 
spécial  de  Tophthalmologie,  en  formant  des  élèves,  devenu>  w 
leur  tour  des  maîtres  qui  lui  font  honneur.  Perrin,  déjà  retrai:- 
comme  inspecteur,  occupait  le  fauteuil  présidentiel  de  TAcailt 
mie,  pour  cette  année  même,  lorsque,  pendant  de  courto 
vacances,  il  a  été  atteint,  presque  subitement,  de  Vatteriim 
grave  qui  entraîna  sa  mort. 

Celte  double  perte,  à  peu  de  mois  d'intervalle  Tune  de  Fautre. 
atteignait  ainsi,  coup  sur  coup,  deux  des  chirurgiens  les  plu^ 
considérés  de  la  médecine  militaire. 

L'éloge  à  faire  de  chsLCun  d'eux  est  réservé  à  leur  ancien  ci 
très  distingué  disciple,  à  l'un  de  leurs  prochains  successeur> 
dans  Tinspectlon  médicale  de  l'armée.  Vous  connaissez  de  pn  <. 
Messieurs,  le  savant  professeur  de  l'Ecole  du  VaI-de-GrAr«\ 
secrétaire  général  de  la  Société  de  chirurgie  et  membre  titulain- 
delà  commission  permanente  de  ce  Congres.  Sa  modestie  m\-ra- 
péche  de  le  désigner  par  son  nom. 

C'est  à  la  Société  de  chirurgie  qu'a  été  organisé  le  Congres 
français,  dont  l'idée  première  ou  la  proposition  apparti«fut  à 
M.  Démons,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de  Bordeaux. 

Cette  motion,  examinée  par  une  commission  spéciale,  a  vW 
l'objet  d'un  rapport  judicieux  et  complet  de  M.  Pozzi,  démon- 
trant l'utilité,  en  France,  d'un  Congrès  annuel  de  chirur- 
gie, analogue  ù  ceux  d'autres  contrées  de  l'Europe.  La  propoi^i- 
tion  de  M.  Démons  en  indique  une  complémentaire  :  ce  serait 
d'inscrire  le  nom  de  notre  honorable  collègue  de  Bordeaux  sur 
la  liste  des  prochains  présidents  du  Congrès  français  de  chi- 
rurgie. Son  nom  suivrait  de  près  celui  si  sympathique  de  M.  It» 
professeur  Félix  Guyon,  que  je  suis  heureux  de  voir  auprès  d»- 
moi  comme  vice-président. 

M.  le  professeur  agrégé  Pozzi,  notre  secrétaire  général,  aun 
bien  mérité,  avec  M.  Démons,  de  l'œuvre  instituée  par  Irnr 
active  coopération  et  pap  le  comité  spécial  d'organisation  déli- 
nitive.  Les  travaux  accomplis  déjà  par  le  Congrès  sembleni 
garantir  les  succès  de  son  avenir. 

J'aurais  voulu,  Messieurs,  pour  ma  faible  part  consacrer  ceUr 
alloculion  à  un  sujet  de  chirurgie  militaire,  mais  quel  qu'en  fui 
le  choix,  il  m'eût  embarrassé,  il  devait  m'interdire  de  fairn, 
soit  une  leçon,  soit  une  conférence,  ou  de  soulever  une  discu>- 
sion  technique,  appartenant  davantage  à  de  plus  savants  collè- 
gues, dont  l'activité,  le  savoir  et  le  talent  représentent  au- 
jourd'hui l'élite  de  la  chirurgie  française. 

Fallait-il  rappeler  telle  ou  telle  des  questions  importantes  de 
l'ancienne  chirurgie  des  armées?  Je  ne  le  crois  pas  non  plus, 
parce  que  j'aurais  cédé  à  l'émoliou  que  m'eût  inspirée  le  premier 
de  mes  maîtres  cl  le  plus  cher  à  mes  souvenirs.  Voilà  pourquoi, 
Messieurs,  je  ne  pouvais  vous  parler  de  mon  père. 

Je  n'ai  point  à  revenir  davantage  sur  les  considérations  géné- 
rales, exposées  avec  tout  sou  talent  par  le  premier  des  prê>i- 
denls  du  Congrès,  M.  le  professeur  Trélat ;  ni  sur  les  progrès  de 
de  la  grande  chirurgie,  facilitée  par  les  agents  anesthésiques  et 
par  les  antiseptiques,  comme  Fa  démontré,  d'après  sa  grande 
expérience,  le  président  du  deuxième  Congrès,  M.  le  professeur 
Ollier  ;  ni  même  sur  les  entraînements  de  la  médecine  opéra- 
toire, jusqu'à  ses  extrêmes  limites,  entraînements  modérés  arec 
une  sage  raison  et  une  haute  autorité  par  mon  éminmt  confrère 
de  l'Institut,  M.  le  professeur  Verneuil,  président  du  troisième 
Congrès. 

Cette  question  complexe  aurait  pu  fixer  le  choix  de  celui 
qu'une  longue  expérience  des  hôpitaux  et  des  ambulances  de 
l'armée  avait  conduit  à  soutenir  et  à  professer  les  avantages  de 


a  Octobre  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         —  N«  41  —    655 


ta  chirui-gie  conservatrice,  appliquée  au  plus  grand  nombre  des 
blessures  de  guerre. 

La  première  condition  réclamant  les  méthodes  de  traitement 
les  plus  simples,  les  plus  faciles,  telles  que  les  pansements 
rares,  les  appareils  amovo-inamovibles,  s'applique  aux  blessures 
sans  gravité,  comme  aux  suites  des  simples  opérations  d*ur- 
gence,  ou  de  nécessité. 

La  seconde  condition  est  substituée  aux  opérations  inutiles  in 
extremis  ou  plus  redoutables  que  la  lésion  elle-même  et  indi- 
quant remploi  seul  des  moyens  palliatifs  ou  de  Texpectation. 

Cependant,  Messieurs,  et  je  me  hâte  de  le  reconnaître,  en 
dehors  des  blessures  de  guerre,  la  chirurgie  conservatrice  reste 
impuissante,  s*il  s'agit  de  certaines  lésions  organiques  profondes 
jugées  incurables,  si  ce  n'est  par  l'intervention  opératoire  la 
plus  complète,  la  plus  radicale. 

Cettte  intervention  réclame,  en  même  temps,  outre  remploi 
méthodique  de  l'anesthésie  et  de  l'antisepsie,  les  précautions 
d^hygiéne  les  plus  parfaites,  les  garanties  antérieures  de  la  santé 
du  sujet  à  opérer,  ainsi  que  les  principales  qualités  inhérentes 
à  l'opérateur  en  personne. 

Telles  sont»  sommairement  énoncées,  les  conditions  dans  les- 
({uelles  la  chirurgie  de  conservation  doit  être  remplacée  par  la 
chirurgie  de  suppression  d'un  organe  essentiel,  comme  d'un 
membre  tout  entier.  Ainsi  doit  s'imposer  et  s'accomplir  ce 
sacrifice. 

Un  dernier  mot.  Messieurs  et  chers  collègues,  je  croirais 
manquer  à  mon  devoir  do  président,  si  je  ne  terminais  cette 
simple  allocution  par  un  souhait  cordial  de  bienvenue  à  nos 
confrères  des  départements  et  à  ceux  des  pays  étrangers,  amis 
de  la  France,  rassemblés  dans  l'enceinte  hospitalière  de  la 
Faculté  de  médecine  de  Paris. 

Arrivés  pour  assister  au  Congrès  français  de  chirurgie, 
comme  à  un  Congrès  international  et  prendre  part  à  ses  travaux, 
nos  confrères  ont  droit  à  nos  sincères  remerciements  de  leur 
présence  parmi  nous. 

Félicitons-les,  enfin,  hautement  de  pouvoir,  à  leur  passage  et 
durant  leur  séjour  à  Paris,  admirer,  avec  le  monde  entier,  les 
merveilles  de  l'Exposition  universelle  de  1889. 

Après  ces  quelques  paroles  du  président,  M.  Pozzi,  secré- 
taire général,  a  souhaité  la  bienvenue  à  nos  hôtes  étrangers. 
II  a  dit  qu'on  avait  demandé  au  comité  permanent  de  donner 
à  la  réunion  un  caractère  international,  à  l'occasion  de  l'Ex- 
position. Mais  le  comité  n'a  pas  cru  devoir  accueillir  ces 
sollicitations.Au  reste,  saufquelques  abstentions  volontaires, 
les  chirurgiens  étrangers  ont,  à  toutes  les  sessions,  profité 
volontiers  de  Thospilalité  du  Congrès  français,  «  qui  a 
toujours  voulu,  qui  veut  tout  particulièrement,  en  cette  année 
hospitalière,  tenir  ses  rangs  grands  ouverts  au  concours 
sympathique  du  dehors...  Du  reste,  ajoute  M.  Pozzi,  comme 
par  le  passé,  et  plus  encore  que  dans  les  précédentes  sessions, 
nous  avons  Thonneur  de  compter  parmi  nous  plusieurs 
étrangers  éminents.  Je  citerai  au  nombre  des  nouveaux 
venus  :  sir  Thomas  Longmore,  professeur  à  l'école  mili- 
taire de  Nelley  (Angleterre),  envoyé  par  le  gouvernement 
britannique;  le  docteur  Oscar  Bloch,  professeur  à  l'Univer- 
sité de  Copenhague;  le  docteur  Farkas,  chirurgien  de  l'hô- 
pital de  la  Croix-Rouge  à  Budapest;  le  professeur  Démos- 
thène,  de  Bucarest,  spontanément  délégué  par  le  ministère 
de  la  guerre  de  Roumanie;  le  docteur  Boutaresco,  chirur- 
gien de  l'hôpital  de  Braïla,  du  même  pays  ;  le  docteur 
Maydl,  de  Vienne,  etc.  Parmi  ceux  que  vous  avez  déjà  vus 
parmi  nous  et  qui  reviennent  nous  donner  des  preuves  de 
de  leur  précieuse  sympathie,  je  nommerai  le  professeur 
Tilanus,  d'Amsterdam;  le  docteur  Thiriar,  chirurgien  de 
l'hôpital  Saint-Jean,  de  Bruxelles  ;  le  docteur  Roux,  chirur- 
gien de  l'hôpital  cantonal  de  Lausanne;  les  professeurs 


Jacques  et  Auguste  Reverdin,  de  Genève;  le  docteur  Ziem- 
bickî,  chirurgien  en  chef  de  l'hôpital  de  Lemberg  (Ga- 
licie),  etc.  Je  dois  m'abstenir,  pour  ne  pas  abuser  de  votre 
attention,  de  désigner  ici  nominalement  beaucoup  d'autres 
chirurgiens  distingués  venus  de  divers  pays.  Cependant  je 
ne  puis  m'empécher  de  vous  signaler  le  concours  toujours 
fidèle  de  nos  collègues  d'Alsace-Lorraine.  Qu'ils  me  par- 
donnent seulement  d'être  amené  à  parler  d'eux  à  celte 
place,  comme  s'il  s'agissait  d'étrangers  :  ils  connaissent  nos 
sentiments;  s'ils  sont  au  delà  de  nos  frontières,  ils  ne  sont 
pas  pour  nous  en  dehors  de  la  patrie.  » 

M.  Pozzi  termine  par  des  renseignements  sur  l'état  maté- 
riel et  financier  du  Congrès. 

La  séance  a  été  terminée  par  des  communications 
de  MM.  Bloch  (de  Copenhague),  Roux  (de  Lausanne), 
Démons  (de  Bordeaux),  Lannelongue  (de  Paris). 

Au  début  de  la  séance  du  mardi  matin  (7  octobre),  M*  le 
Président  communique  la  liste  des  Présidents  d'honneur: 
Étrangers^  MM.  Longmore  (Angleterre),  Tilanus  (Amster- 
dam), Thiry  (Bruxelles),  Démosthène  (Bucarest),  Roux 
(Lausanne),  J.  Reverdin  (Genève),  Bloch  (Copenhague); 
Français,  MM.  Rochard  (Paris),  Heydenreich  (Nancy),  Tri- 
pier (Lyon),  Démons  (Bordeaux),  Combalal  (Marseille),  Pa- 
mard  (Avignon),  Tédenal  (Montpellier). 

Puisque  nous  parlons  de  cette  séance,  ajoutons  qu'elle  a 
été  brusquement  interrompue  par  un  incendie.  Le  feu, 
parti  du  calorifère,  a  pris  sous  Testrade  du  Bureau.  Les 
tentures  ont  rapidement  pris  feu  et  les  flammes  ont  détruit 
les  remarquables  tableaux  de  Matout  qui  ornaient  la  salle. 
Il  y  a  dix-huit  mois  environ  le  feu  avait  pris  de  même  et 
les  gradins  inférieurs  avaient  àA  être  remplacés.  Il  est  pro- 
bable qu'on  avait  oublié  de  modifier  le  système  défectueux 
du  calorifère  sous-jacent.  La  première  fois,  il  n'y  avait  pas 
de  tentures  et  les  tableaux,  fort  élevés,  avaient  été  épar- 
gnés. 

Cet  incident  nous  force  à  remettre  au  prochain  numéro 
le  compte  rendu  de  la  discussion,  aujourd'hui  inachevée, 
sur  les  Tuberculoses  locales. 

Communications  diversea. 

Pansement  antiseptique  simplifié.  —  M.  le  professeur  Oscar 
Bloch  (de  Copenhague)  pense  qu'on  peut  avec  avantage  simpli- 
fier le  pansement  antiseptique,  et  d'abord  bannir  le  sublimé, 
dont  les  inconvénients  et  la  toxicité  ne  sont  plus  à  démontrer. 
On  a  de  fort  bons  résultats  en  mettant  directement  sur  la  plaie 
de  la  gaze  phéuiquée,  entourée  d'ouate  hydrophile  non  anti« 
septique,  mais  stérilisée,  aseptique.  Ce  n'est  pas  encore  assez 
simple,  car:  1°  la  fabrication  de  la  gaze  phéniquée  expose  les 
ouvriers  à  des  vapeurs  qui  irritent  les  yeux  et  les  bronches  ; 
2°  cette  gaze  ne  tarde  pas  à  perdre  ses  propriétés  antiseptiques. 
Or,  si  cet  inconvénient  est  nul  dans  un  hôpital  où  les  approvi- 
sionnements sont  sans  cesse  renouvelés,  il  devient  sérieux  pour 
le  praticien  ordinaire,  à  la  campagne  surtout.  M.  Bloch  a  donc 
tenté  de  supprimer  la  gaze  phéniquée.  De  la  gaze  simple,  en  un 
rouleau  entouré  de  deux  enveloppes  en  papier  à  filtrer,  est  sté- 
rilisée à  la  vapeur  d'eau,  puis  séchée  au  four.  L'enveloppe 
externe  peut  être  aussi  souillée  qu'on  voudra  :  les  inoculations 
sur  milieux  nutritifs  démontrent  que  l'intérieur  du  paquet  reste 
toujours  aseptique.  De  même  pour  Touate  hydrophile.  Le  chi- 
rurgien appliquera  sur  la  plaie  de  cette  gaze,  légèrement 
imbibée,  extemporanément,  de  solution  phéniquée  à  3  pour  100. 
Autour,  on  met  de  la  gaze  aseptique,  puis  de  Touate.  Les 
tampons  employés  au  cours  de  Topération  sont  faits  en  ouate 
aseptique,  immergée  dans  la  solution  phéniquée  à  3  pour  100. 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         il  Octobre  1889 


Occlusions  intestinales  traitées  par  les  ponctions  multi- 
ples. —  Le  professeur  Démons  (de  Bordeaux)  pense  que  cette 
opération  médico-chirurgicale  est  injustement  délaissée.  Il 
rappelle  qu'elle  a  depuis  quelque  temps  un  regain  de  faveur  en 
Angleterre  (Les  lecteurs  de  la  Gazette  se  souviennent  sans 
doute  qu'elle  a  été  préconisée  par  plusieurs  auteurs,  médecins 
surtout,  au  cours  de  la  discussion  du  Congrès  de  médecine 
de  Wiesbaden,  p.  514).  Les  auteurs  anglais  font  des  ponctions 
non  aspiratrices,  avec  d'assez  grosses  aiguilles  ;  ce  calibre  plaît 
peu  à  M.  Démons,  car  sur  les  parois  intestinales  souvent 
altérées,  il  faut  craindre  que  le  trou  ne  reste  béant.  M.  Démons 
emploie  donc  l'aiguille  n®  i  de  Taspirateur  Dieulafoy  et  fait,  à 
des  profondeurs  variables,  des  ponctions  multiples  et,  au  besoin, 
des  séances  multiples.  11  n'a  pas  eu  d'accidents  à  enregistrer  et 
au  contraire  relate  six  observations  heureuses,  où  le  soulagement 
a  été  immédiat  et  oh  la  guérison  a  été  observée.  Un  des 
malades,  il  est  vrai,  est  mort  un  an  après  d'un  cancer  du  côlon. 
Il  est  à  remarquer  que  tous  ces  faits  concernent  des  occlusions 
chroniques,  incomplètes  même.  Sans  doute  les  accidents  étaient 
graves,  le  traitement  médical  ne  les  avait  pas  enrayés,  le  bal- 
lonnement était  intense;  mais,  dans  la  plupart,  quelques  selles 
persistaient  et  dans  aucun  les  vomissements  n'étaient  fécaloîdes. 
En  tout  cas,  cette  méthode  n'est  que  palliative,  mais  chez 
plusieurs  des  malades  de  M.  Démons,  elle  a  permis  d'attendre, 
d'analyser  la  cause  anatomique  une  fois  diminué  le  météorisme, 
et  de  traiter  cette  cause,  cause  qui  trois  fois  était  une  compres- 
sion par  un  abcès:  iliaque,  lombaire,  rétro-utérin.  Cet  abcès  fut 
ouvert  ou  s'ouvrit  et  les  malades  guérirent.  Un  de  ces  abcès 
était  manifestement  pérityphlitique;  au  reste,  on  sait  que  les 
occlusions  incomplètes  sont  une  conséquence  fréquente  de  la 
pérityphlite. 

Traitement  des  abcès  de  la  pérityphlite.  -—  M.  Roux  (de 
Lausanne)  montre  qu'actuellement  presque  tous  les  abcès  sont 
rapportés  à  des  perforations  de  l'appendice  vermiforrae  et  sont 
précédés  de  poussées  provoquées  par  le  corps  étranger,  cause 
habituelle  de  la  perforation.  11  n'est  cependant  pas  au  nombre 
des  chirurgiens  qui  conseillent  d'aller  immédiatement,  par  la 
.laparatomie,  dès  la  première  alerte,  à  la  recherche  de  l'entérite 
probable.  Mais  il  ne  se  range  pas  non  plus  parmi  ceux  qui  recu- 
lent l'intervention  jusqu'à  ce  que  l'abcès  pointe,  volumineux; 
trop  souvent,  alors,  on  le  laisse  se  rompre  dans  le  péritoine.  Vingt 
et  un  malades,  traités  médicalement  pendant  très  longtemps, 
ont  fourni  neuf  péritonites  dont  une  seule  a  guéri  par  la 
laparotomie.  11  faut  donc  inciser  dès  qu'on  reconnaît  l'abcès.  La 
fièvre  n'est  pas  toujours  un  bon  guide,  la  lluctuation  est  tardive. 
M.  Roux  insiste  sur  l'empâtement  du  csecum  au-dessus  de  l'ap- 
pendice malade  ;  on  peut  le  confondre  avec  un  amas  stercoral,  ce 
dont  un  purgatif  fait  la  preuve.  11  faut  opérer  sans  tarder,  s'il  y 
a  des  accès  de  fièvre  ;  si  les  crises  de  météorisme  se  répètent. 
On  fera  une  incision  parallèle  ù  la  fosse  iliaque  et,  par  l'explo- 
ration digitale,  on  ira  à  la  recherche  du  foyer.  Si  on  ne  trouve 
pas  l'abcès,  il  s'ouvrira  bien  plus  volontiers  dans  la  plaie  opéra- 
toire, et  l'on  aura  fait  une  besogne  utile  On  peut  craindre  que 
le  doigt  explorateur  n'aille  déchirer  des  adhérences  péritonéales  : 
l'expérience  prouve  qu'il  n'en  est  rien  et  que,  dès  le  troisième 
jour,  les  adhérences  ont  une  solidité  suffisante.  L'abcès  siège 
souvent  derrière  le  caecum. 

Greffes  par  la  méthode  de  Thiërsch  et  cicatrices  vicieuses. 
—  M.  le  professeur  Heidenreich  (de  Nancy),  après  avoir  rap- 
pelé les  méthodes  autoplasliques  employées  contre  les  cicatrices 
vicieuses,  préconise  Temploi  de  grefl'es  épidermiques,  d'après  la 
méthode  de  Thiërsch.  De  larges  lambeaux  épidermiques  sont 
appliqués  sur  une  surface  cruentée,  de  façon  à  la  recouvrir 
entièrement  :  c'est  donc  tout  différent  des  greffes  de  Reverdin, 
où  l'on  dissémine  quelques  petits  îlots  épidermiques  à  la  surface 
d'une  plaie  granuleuse.  La  plaie  cruentée  peut  résulter  soit  d'une 
opération  immédiate,  soit  d'un  raclage  de  bourgeons  charnus. 
Soit  donc  une  cicatrice  vicieuse  :  on  l'extirpera,  on  redressera  la 


difformité  qu'elle  entraîne  et  Ton  tapissera  de  greffes  la  suH«  ■ 
qui  bâillera;  si  la  plaie  est  très  anfractueuse,  on  attendra  *\u* 
les  bourgeons  l'aient  en  partie  nivelée,  et  l'on  procédera  p.' 
avivement  secondaire.  M.  Heydenreich  diflere  de  Thiërsch  snr  )  '• 
deux  points  suivants  :  1*  il  ne  proscrit  pas  l'emploi  des  antise|. 
tiques,  et  ne  voit  nul  inconvénient  à  l'acide  phénique  faible  ;  t  - 
ne  fait  qu'eflleurer  avec  le  rasoir  le  corps  papillaire  et  se  gan* 
bien  d'entamer  profondément  le  derme  (ce  en  quoi  il  imite  Socin 
De  la  sorte,  le  rasoir  enlève  aisément  des  languettes  longu- 
de  8  à  10  centimètres  et  larges  de  2  à  3.  Le  pansement  d.. 
être  sec  et  ne  pas  adhérer  aux  greffes  :  aussi  faut-il  recouvrir  i 
plaie  cutanée  d'une  mosaïque  épidermique.  Au-dessus  f^ 
une  couche  de  gaze  iodoformée.  Le  premier  pansement  rt^t- 
cinq  jours  en  place.  Les  résultats  sont  excellents.  La  rétractio. 
est  nulle  ou  à  peu  près,  et  c'est  à  peine  si  l'on  peut  voir,  dan^ 
quelques  cas,  une  différence  extérieure  entre  la  région  greff***- 
et  les  voisines.  M.  Heydenreich  relate  trois  opérations  heurea<;e>. 
toutes  deux  pour  cicatrices  vicieuses  de  brûlure  :  l'une  aa 
pouce;  les  deux  autres,  sur  le  même  sujet,  à  l'aine  et  an  creui 
poplité.  Dans  ce  dernier  cas,  les  plaies  avaient.  Tune  0  centi- 
mètres sur  5,  l'autre  6  sur  12. 

Des  greffes  AUTOPLASTiQUES,parM.O//i^r.— Il  s'agit  de  larg»-^ 
greffes,  ayant  6,  8,  10  centimètres  carrés,  prises  sur  la  peau  \\\ 
sujet  lui-même  ou  sur  un  membre  fraîchement  amputé.  O^ 
greffes  dermo-épidermiques  ont  été  étudiées  en  1871  par  M.  Pou- 
cet, alors  interne  de  M.  OUier.  C'était  le  moment  où  M.  Keverdin 
venait  de  faire  connaître  ses  greffes  épidermiques,  dont  le  boi 
est  différent,  car  M.  Ollier  ne  voulait  pas  se  borner  à  créer  quel- 
ques centres  d*épidermisation,  mais  se  proposait  une  véritabl<' 
greffe  autoplastique.  Les  fragments  transplantés  ont  toute  IV- 
paisseur  de  la  peau,  et  ils  vivent  définitivement  au  point  où  on 
les  a  transportés.  On  ne  réussit  bien  que  si  on  ne  laisse  pas  de 
tissu  inodulaire  dans  la  profondeur.  Ces  travaux  de  M.  Ollitr 
ont  été  oubliés,  et  M.  Ollier  a  été  étonné  de  voir  décrire  uni- 
c  méthode  de  Thiërsch  »  a  peu  près  identique.  Ces  greffes  peu- 
vent être  faites  sur  des  plaies  fraîches;  elles  réussissent  encore 
mieux  sur  des  plaies  granuleuses.  M.  Ollier  s'élève  contre  les 
greffes  hétéroplastiques  (peau  de  lapin,  de  grenouille).  Au  reste, 
il  en  est  de  même  pour  la  greffe  osseuse,  qui  ne  persiste  pas  si 
elle  est  faite  avec  un  os  d'animal,  mais  est  utile  il  est  vfai  par 
une  sorte  d'action  de  présence. 

Des  résultats  éloignes  des  greffes  osseuses  dans  lf< 

PERTES  DE  substance  ÉTENDUE  DU  SQUELETTE.  —  M.  Poncet    tdi* 

Lyon)  a  publié  au  Congrès,  il  y  a  trois  ans,  une  observation  dé- 
montrant le  bon  résultat  immédiat  de  ces  greffes.  L'opération  a 
aujourd'hui  trois  ans  et  demi  de  date  :  on  peut  donc  juger  du 
résultat  définitif.  Or  il  est  excellent.  Les  greffes  ont  certaine- 
ment eu  ici  une  action  remarquable,  qu'on  n'aurait  osé  espé- 
rer. L'enfant,  actuellement  âgé  de  dix-sept  ans  environ,  fait, 
sans  appareil,  des  marches  de  18  à  20  kilomètres.  Il  y  a  cop»Mi 
dant  8  centimètres  de  raccourcissement.  Le  sujet  s'en  tire  fort 
bien  avec  une  semelle  épaisse  de  3  à  4  centimètres,  et  on  ni 
voit  extérieurement  à  peu  près  rien. 

Déformations  consécutives  a  l.v  tuberculose  osseisk  ih- 
DOIGTS.  —  Le  professeur  Lannelongue  (de  Paris)  étudie  les  suito> 
de  la  tuberculose  osseuse,  appelée  spina  ventosa  dans  les  livTe> 
anciens.  11  affirme,  d*abord,  que  les  complications  du  côté  de< 
articulations  digitales  y  sont  beaucoup  plus  fréquentes  qu'on  ne 
le  dit  classiquement.  Avec  ou  sans  séquestre,  le  processus  e>t 
avant  tout  destructeur,  et  Ton  conçoit  la  possibilité,  s'il  n'y  a  pa> 
de  régénération  ultérieure,  du  doigt  ballant  où  une  bride 
fibreuse  réunit  les  deux  épiphyses  séparées  ;  ou,  s'il  y  a  cousoli» 
dation,  d'un  raccourcissement  que  signalent  tous  les  auteurs. 
Le  travail  de  réparation  peut  être  exagéré,  et  de  là  un  allonge- 
ment des  phalanges,  soit  avec  hyperostose  en  tous  sens,  soit  avt^c 
incurvation  de  l'os  resté  grêle,  en  sorte  qu'il  n'y  a  pas  d  allon- 
gement apparent  du  doigt.  Mais  aussi,  la  deuxième  phalange 
ayant  été  malade,  avec  ou  sans  une  des  déformations  précédentes, 


il  Octobre  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  «•  41  —    657 


il  peut  y  avoir  irritation  de  l'épiphysc  de  la  première  phalange, 
et  de  là  un  allongement  qui  compense  plus  ou  moins  le  raccour- 
cissement de  la  deuxième  phalange.  Des  phénomènes  analogues 
se  passent  quand  les  lésions  portent  sur  un  métacarpien,  dont 
Tépiphyse  peut  être,  suivant  les  cas,  irritée  ou  soudée  préma- 
turément :  de  là  le  doigt  repoussé  (variété  rare,  vue  par  M.  Lan- 
nelongue  au  pouce  et  au  gros  orteil),  où  le  doigt  lui-même  est 
normal;  et  le  doigt  rentrant^  plus  fréquent,  facilement  mé- 
connu, car  si  l'articulation  métacarpo-phalangienne  est  remontée 
de  â  ou  3  centimètres  dans  la  paume  de  la  main,  rien  n'apparait 
à  examiner  le  pli  digito-palroaire. 

J.es  changements  d'axes  résultent  des  ulcérations  compres- 
sées des  surfaces  articulaires,  delà  des  usures,  des  subluxations. 
La  cause  en  est,  comme  pour  toutes  les  tumeurs  blanches,  dans 
les  attitudes  vicieuses  d*origine  musculaire.  La  première  pha- 
lange se  déplace  en  avant,  les  deuxième  et  troisième  phalanges 
se  déplacent  en  arrière.  Dans  ces  tuberculoses  osseuses,  les 
lésions  tendineuses  sont  fréquentes,  surtout  au  niveau  des  exten- 
seurs. 

On  peut  voir  des  doigts  où  les  déviations  s'associent  ;  des 
mains  où  les  divers  doigts  présentent  les  divers  types. 

{A  suivre.) 


PATHOLOGIE  GÉNÉRALE 

L'hérédité   danii  Icn  maladies  Infcctleaiies. 

La  transmission  héréditaire  de  certaines  maladies  infec- 
tieuses a  été  démontrée  depuis  longtemps  par  la  clinique; 
il  suffit  de  citer  la  variole  et  la  syphilis.  Mais  il  est 
d'autres  affections  où  le  problème  est  plus  complexe  et  pins 
difficile  à  résoudre.  On  sait  combien  de  travaux  contradic- 
toires a  suscités  l'histoire  de  Thérédo-tuberculose  :  on  a 
soutenu  la  possibilité  d'une  contamination  fœtale  par  le  père 
ou  par  la  mère  ;  on  a  décrit  des  cas  d'hérédité  précoce  ou 
tardive,  calquant  les  divisions  sur  celles  qu'on  admet  pour 
la  syphilis.  D'autres  auteurs  ont  totalement  rejeté  l'idée 
d'une  transmission  directe  et  n'ont  compris  l'hérédité  tu- 
berculeuse que  comme  une  prédisposition  congénitale  à 
contracter  la  maladie  :  ce  qui  se  transmettrait  dans  cette 
hypothèse,  ce  ne  serait  pas  le  bacille,  ce  serait  le  terrain 
favorable  à  son  développement. 

La  pathologie  expérimentale  s'est  emparée  du  problème 
et  le  nombre  des  travaux  qu'a  suscités  la  question  est  très 
considérable. 

En  se  plaçant  à  un  point  de  vue  général,  on  peut  citer 
tout  d'abord  les  magnifiques  recherches  de  M.  Pasteur  sur 
les  maladies  des  vers  à  soie.  On  sait  qu'il  existe  chez  ces 
animaux  deux  infections  principales,  la  pébrine  et  laflache- 
rie.  La  pébrine  se  transmet  de  génération  en  génération, 
par  les  œufs  qui  renferment  l'agent  pathogène;  celui-ci 
s'incorpore  à  l'œuf  dans  le  sein  de  la  chrysalide  femelle, 
puis  devient  partie  intégrante  de  l'embryon  et  du  ver  qui 
en  nait  ;  le  mâle  ne  transmet  pas  la  maladie,  mais  il  peut 
exercer  sur  la  progéniture  une  inOuence  nuisible  qui  se 
traduit  par  la  faiblesse  du  ver  et  la  qualité  moindre  de  son 
cocon.  Dans  la  flacherie,  au  contraire,  l'agent  de  la  mala- 
die siège  dans  Tinlestin  et  n'envahit  pas  les  œufs.  Les  vers 
qui  naissent  d'animaux  contaminés,  n'ont  pas  la  maladie, 
mais  ils  sont  faibles  et  débiles  et  presque  fatalement  con- 
damnés à  la  contagion;  ce  qui  se  transmet  c'est  la  piédispo- 
sttioQ  morbide,  l'aptitude  à  contracler  la  flacherie.  Ne  trou- 
vons-nous pas,  dans  l'histoire  de  ces  affections  des  vers  à  soie, 
la  reproduction  de  ce  qui  se  passe  ou  du  moins  de  ce  qu'on 


admet  pour  deux  maladies  des  êtres  supérieurs,  la  syphilis 
et  la  tuberculose. 

I 

Pour  les  mammifères,  c'est  avec  le  charbon,  cette  mala- 
die expérimentale  par  excellence,  qu'on  a  essayé  tout  d'a- 
bord de  résoudre  le  problème  et  de  déterminer  si  les  germes 
infectieux  peuvent  ou  non  traverser  le  placenta  et  envahir 
le  fœtus. 

Les  premiers  savants  n'obtinrent  que  des  résultats  néga- 
tifs. Brauell  en  1858  rapporta  quatre  expériences,  portant 
sur  une  jument  et  trois  brebis;  l'examen  microscopique  ne 
montra  dans  le  fœtus  aucune  bactéridie,  et  l'inoculation 
aux  animaux  n'amena  aucun  accident;  il  est  vrai  que  ces 
inoculations  furent  faites  au  moyen  de  scarifications  et  de 
sétons,  c'est-à-dire  par  des  procédés  qui  ne  permettaient 
d'introduire  que  des  quantités  de  sang  extrêmement  faibles. 
Davaine  ajouta  un  autre  fait  :  sur  un  fœtus  de  cobaye  il 
n'observa  pas  non  plus  le  passage  du  charbon  et,  plus  ré- 
cemment, en  1876,  Bollinger  en  opérant  avec  une  brebis, 
une  chèvre  et  une  lapine,  arriva  à  la  même  conclusion 
négative.  Dès  lors  la  question  semblait  jugée  :  la  loi  de 
Brauell-Davaine  fut  admise  sans  conteste  et  le  placenta  fut 
considéré  comme  un  filtre  parfait. 

Une  première  opposition  partit  de  MM.  Arloing,  Cornevin 
et  Thomas  ;  ces  savants  montrèrent  que  le  charbon  sympto- 
matique  se  transmet  de  la  mère  au  fœtus  :  ils  regardèrent 
même  ce  résultat  comme  établissant  un  nouveau  caractère 
différentiel  entre  la  maladie  qu'ils  étudiaient  et  le  charbon 
bactéridien. 

En  1882,  MM.  Slraus  et  Charaberland  publièrent  quel- 
ques faits  qui  semblaient  encore  confirmer  la  loi  de  Brauell. 
Mais  continuant  leurs  études,  ces  auteurs  reconnurent  que, 
dans  quelques  cas,  la  transmission  est  possible.  Leurs  re- 
cherches portèrent  sur  vingt  cobayes;  l'examen  microsco- 
pique du  sang,  du  foie,  de  la  rate,  ne  montra  rien  d'appré- 
ciable :  les  fœtus  ne  présentaient  aucune  altératiou  et, 
comme  l'avait  déjà  noté  Brauell,  le  sang  n'offrait  pas  l'as- 
pect agglutinatif  qu'on  observe  chez  les  animaux  qui  suc- 
combent au  charbon.  Mais  le  résultat  fut  tout  différent 
lorsque  ces  auteurs  s'adressèrent  à  une  autre  méthode, 
c'est-à-dire  lorsqu'ils  eurent  recours  aux  cultures  et  aux 
inoculations;  ils.obtinrent  ainsi  plusieurs  résultats  positifs, 
surtout  par  la  culture,  car  les  inoculations  échouèrent 
assez  souvent.  Rn  opérant  sur  vingt-six  fœtus,  ils  purent 
déceler  quatorze  fois  la  présence  de  bactéridies.  Leurs  re- 
cherches leur  permirent  d'établir  que,  dans  quelques  cas 
assez  rares,  le  charbon  ne  se  transmet  à  aucun  des  fœtus 
d'une  portée;  ailleurs  la  maladie  frappe  tous  les  fœtus;  le 
plus  souvent  elle  n'en  atteint  que  quelques-uns.  Dans  tous 
les  cas,  le  nombre  des  bactéridies  qui  pénètrent  dans  l'or- 
ganisme fœtal  est  extrêmement  minime  ;  ainsi  s'expliquent 
les  résultats  négatifs  obienus  par  les  premiers  observateurs. 
Aussi,  pour  arriver  à  une  conclusion  légitime,  faut-il  avoir 
soin  avec  chaque  fœtus,  d'ensemencer  plusieurs  ballons  et 
d'introduire  dans  chacun  d'eux  une  grande  quantité  de  sang 
ou  de  gros  fragments  d'organes.  Encore  est-il  que,  malgré 
ces  précautions,  plusieurs  ballons  restent  stériles. 

Les  expériences  de  MM.  Straus  et  Chamberland  eurent 
un  retentissement  considérable  et  suscitèrent  un  grand 
nombre  de  travaux  qui  vinrent  confirmer  les  conclusions 
des  deux  savants  français.  Tels  furent  ceux  de  Perroncito, 
de  Koubassoff,  de  Birsh-Hirschfeld,  de  Rosenblath.  Il  est 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  il  Octobre  1889 


vrai  que  Wolff  n'obtint  que  des  résultais  négatifs,  sauf  dans 
deux  expériences  ;  il  admit,  sans  qu'on  sache  trop  pour- 
quoi, que  ces  deux  faits  positifs  devaient  s'expliquer  par  une 
contamination  accidentelle;  nous  croyons  au  contraire  que 
ces  résultats  sont  tout  à  fait  semblables  à  ceux  des  autres 
expérimentateurs;  si  Wolff  et  Rosenblath  ont  échoué  plus 
souvent  que  d'autres,  c'est  que  les  ensemencements  ont  été 
faits  avec  des  fragments  d'organes  trop  petits  :  en  ensemen- 
çant la  presque  totalité  du  foie  de  dix-sept  fœtus  de  lapines 
charbonneuses,  MM.  Chamberland  et  Roux  constatèrent 
neuf  fois  la  présence  de  bactéridies. 

Enfin  il  existe  encore  quelques  observations  intéressantes, 
parce  qu'elles  ont  été  recueillies  chez  l'homme.  Une  des 
premières  est  due  à  Marchand  :  une  femme  meurt  du  char- 
bon peu  d'heures  après  l'accouchement;  l'enfant  succombe 
à  la  même  infection  quatre  jours  plus  tard  ;  il  y  avait  de 
nombreuses  bactéridies  dans  le  placenta  et  on  trouva  des 
ulcérations  au  niveau  des  villosités  choriales.  Paitauf  rap- 
porte un  cas  où  l'on  découvrit  des  bacilles  dans  le  poumon 
d'un  fœtus  de  cinq  mois  provenant  d'une  femme  atteinte  du 
charbon.  Dans  deux  faits  observés  par  Eppinger,  et  dans  un 
autre  dû  à  Morisani,  les  résultats  furent  négatifs. 

On  peut  conclure  de  toutes  les  expériences  et  des  obser- 
vations publiées  jusqu'ici,  que  le  charbon  peut  traverser  le 
placenta  ;  mais  le  fait  est  loin  d'être  constant  et  le 
nombre  des  bactéridies  qui  envahissent  le  fœtus  est  tou- 
jours fort  minime.  Ainsi  s'explique  que  jamais,  sauf  quel- 
ques cas  exceptionnels  (Birsh-Hirschfeld,  Koubassof),  on 
n'ait  observé  de  bactéridies  à  l'examen  microscopique. 

Il  est  donc  difficile  d'établir  quelle  est  la  fréquence  de  la 
transmission  héréditaire  du  charbon.  Du  reste  dans  ce  cas, 
comme  dans  tous  les  autres  cas  du  même  genre,  la  statis- 
tique ne  peut  donner  que  des^  résultats  illusoires  et  ne  pré- 
sente aucun  intérêt  au  poiht  de  vue  scientifique.  Si  la  bac- 
téridie  charbonneuse  ne  passe  au  fœtus  que  d'une  façon 
assez  variable,  c'est  que  les  faits  en  apparence  identiques 
sont  en  réalité  dissemblables,  c'est  que  les  animaux  réa- 
gissent différemment  suivant  une  foule  de  circonstances 
qu'il  est  souvent  bien  difficile  d'expliquer,  c'est  qu'en  un 
mot  Texpérience  est  modifiée  par  diverses  conditions  qui 
favorisent  ou  entravent  ce  passage.  Aussi  TelTort  du  savant 
devra-t-il  tendre,  non  à  discuter  sur  la  ft*équence  du  phé- 
nomène, mais  à  établir  pourquoi  ou  plutôt  comment  il  se 
produit,  c'est-à-dire  à  rechercher  son  déterminisme  expé- 
rimentaK  C'est  pourquoi  on  saura  gré  à  M.  Malvoz  d'avoir 
repris  la  question  et  d'avoir  tenté  de  pénétrer  le  mécanisme 
par  lequel  se  fait  le  passage  in trapiacen taire  du  charbon. 
II  résulte  des  recherches  de  l'auteur  que  la  condition  in- 
dispensable réside  dans  l'existence  d'altérations  placen- 
taires. Aussi  comprend-on  que  les  microbes  non  pathogènes, 
camme  le  prodigiosus,  soient  incapables  de  franchir  la 
barrière;  il  en  est  de  même  pour  les  matières  inertes,  telles 
que  le  sulfate  de  baryum  ou  l'encre  de  Chine;  si  d'autres 
corps  peuvent  passer,  c'est  qu'ils  pénètrent  par  effraction, 
par  suite  des  lésions  que  déterminent  les  substances  solides 
ou  résistantes.  On  peut  donc  conclure  que  s'il  n'y  a  pas 
d'altération  du  placenta,  il  n'y  a  pas  de  passage  des  élé- 
ments figurés.  M.  Malvoz  fait  remarquer  encore  que  les 
bactéridies  se  transmettent  au  fœtus  plus  facilement  chez  le 
cobaye  que  chez  le  lapin,  ce  qui  s'explique  par  une  plus 
grande  fréquence  des  altérations  placentaires  chez  le  pre- 
mier de  ces  animaux. 
Ces  expériences  fort  intéressantes  ne  font  évidemment  , 


que  reculer  la  solution  du  problème;  elles  amènent  à  re- 
chercher quelles  sont  les  conditions  qui  favorisent  les  alté- 
rations du  placenta  et  qui  font  que,  dans  des  cas  en  appa- 
rence identiques,  il  puisse  y  avoir  des  lésions  difTérenle^. 
Sans  doute  le  problème  est  difficile  h  élucider;  nons  tt 
voyons  guère,  pour  le  moment,  dans  quel  sens  doivent  êtp 
enlreprises  les  recherches.  Mais  c'est  déjà  beaucoup  de  pou 
voir  poser  les  termes  d'un  problème  et  de  montrer  com- 
ment les  découvertes  successives  ne  font  souvent  qur 
déplacer  une  question  en  y  introduisant  une  inconnu'- 
nouvelle. 

On  conçoit  facilement  que  la  transmission  intraplacen- 
laire  ne  puisse  se  faire  que  pour  les  microbes  pathogène^ 
qui,  à  un  moment  donné,  peuvent  infecter  le  sang;  c'est  r»» 
qui  arrive  dans  le  charbon  ;  c'est  ce  qui  arrive  également 
dans  les  septicémies.  Dans  ce  dernier  cas,  la  transmission 
héréditaire  se  fait  avec  la  plus  grande  facilité  ;  mais  in 
encore  on  n'obtient  le  plus  souvent  que  des  résultats  négatifs 
par  l'examen  microscopique;  il  faut  avoir  recours  à  l'ense- 
mencement ou  à  l'inoculation.  C'est  ce  qui  résulte  des 
recherches  de  Kroner  sur  la  septicémie  des  lapins,  de  celles 
de  Bordoni-Uiïreduzzi  sur  une  maladie  produite  chez  le 
lapin  et  le  cobaye  par  le  Proteus  hominis  capsulatuSy  de 
celles  de  Straus  et  Chamberland  et  de  Barthélémy  sur  Ir 
choléra  des  poules.  Dans  cette  dernière  maladie,  M.  Halvor 
a  trouvé,  comme 'dans  le  charbon,  de  petites  hémorrhagie^ 
au  niveau  du  placenta;  la  lésion  de  cet  organe  serait  donr 
ici  aussi  indispensable  au  passage  des  microbes. 

Nous  avons  déjà  vu  que  les  recherches  de  MM.  Arloing. 
Cornevin  et  Thomas,  confirmées  par  celles  de  MM.  Straus 
et  Chamberland  et  de  M.  Kitt,  ont  établi  que  le  charbon 
symptomatique  envahit  Aicilement  le  fœtus;  c'est  là  encore 
un  fait  qui  trouve  son  explication  dans  la  généralisation  de^ 
microbes  à  la  fin  de  la  maladie. 

La  gangrène  gazeuse,  dont  l'agent  se  rapproche  beaucoup 
de  celui  du  charbon  symptomatique,  se  comporte  de  même. 
Mais  la  transmission  se  fait  plus  difficilement  et  le  nombre 
de  microbes  qui  traversent  le  placenta  est  toujours  fort 
minime;  il  faut  garder  le  sang  du  fœtus  à  35  degrés  et  à 
l'abri  de  l'air  pendant  plusieurs  jours  pour  y  trouver  U 
bactérie  septique  (Straus  et  Chamberland). 

II 

Nous  nous  sommes  occupés  jusqu'ici  des  maladies  frappant 
surtout  les  animaux.  Avec  la  pneumonie,  nous  trouvons  un 
microbe  qui  présente  peut-être  plus  d'intérêt  au  point  de 
vue  de  la  pathologie  humaine. 

L'existence  de  pneumonies  congénitales  est  admise  depuis 
longtemps.  Grisolle  dit  que  cette  affection  n'est  pas  rare 
chez  le  nouveau-né  el  amène  la  mort  en  quelques  heures  ;  à 
l'autopsie,  on  trouverait  des  foyers  disséminés  et  même  des 
abcès  du  poumon,  ce  qui  peut  laisser  quelques  doutes  sur  la 
nature  de  la  maladie  transmise. 

Netter,  qui  a  fait  sur  ce  sujet  d'intéressantes  recherches, 
signala  en  1886  la  transmission  du  pneumocoque  chez  te 
cobaye  ;  sur  quatre  fœtus,  issus  d'une  mère  contaminée, 
deux  renfermaient  le  microbe.  Poa  et  UfTreduzzi  sur  le 
lapin,  Ortmann  sur  le  cobaye,  ont  observé  des  faits  analo- 
gues. La  transmission  du  pneumocoque  est  donc  possible 
chez  les  animaux,  elle  l'est  également  dans  l'espèce 
humaine. 

Thorner  rapporte  un  cas  où  la  mère  accoucha  à  terme. 


ii  Octobre  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N*  41  -    659 


après  la  défervescence  d'une  pneumonie  ;  Tenfant  succomba 
en  trente-six  heures;  l'autopsie  montra  une  hépatisation  du 
lobe  inférieur  gauche  et  l'examen  microscopique  permit  de 
retrouver  le~pneumocoque.  Les  faits  de  Marchand  et  de 
Stracham  sont  moins  démonstratifs  parce  que  la  recherche 
des  microbes  n'a  pas  été  pratiquée.  L'observation  la  plus 
complète  est  celle  de  Netter  ;  l'enfant  succomba  au  bout  de 
cinq  jours;  ce  laps  de  temps,  un  peu  long,  pourrait  faire 
supposer  à  la  rigueur,  si  l'observation  était  unique,  qu'il 
s'agissait  d'une  contamination  après  la  naissance;  quoi  qu'il 
en  soit,  les  lésions  étaient  fort  marquées  et  consistaient  en 
une  hépatisation  rouge  du  sommet  droit,  avec  fausses 
membranes  pleurales,  péricardiques,  exsudats  librino- 
purulents  dans  les  méninges  et  les  caisses  du  tympan. 
C'était  donc  un  cas  de  pn3umonie  infectante,  dont  la  nature 
fut  démontrée  par  l'examen  bactériologique;  la  générali- 
sation des  lésions  s'explique  facilement  par  rentrée  directe 
des  germes  morbides  dans  le  sang. 

Peut*être  le  passage  intraplacentaire  du  pneumocpqu^ 
est-il  plus  fréquent  qu'on  ne  le  croit,  seulement  le  microbe 
détermine  des  phénomènes  septicémiques  et  l'avortemeni 
qui  en  résulte  est  trop  facilement  attribué  à  des  causes 
banales^  telles  que  l'hyperthermie. 

Des  recherches  bactériologiques  permettront  sans  doute 
de  trouver  encore  le  pneumocoque  dans  les  fœtus  issus  de 
mères  atteintes  d'.une  des  affections  que  peut  déterminer  ce 
microbe,  méningite  cérébro-spinale,  endocardite  ulcé- 
reuse, etc.  Netter  cite  à  ce  propos  une  observation  de 
Hecker,  datant  de  1876  :  une  femme  succombe  à  -une 
méningite  suppurée  ;  l'enfant,  retiré  par  une  opération 
césarienne,  meurt  au  bout  de  trente-quatre  heures  et  l'au- 
topsie montre  une  pneumonie  lobaire  gauche  avec  exsudats 
pleuraux  et  péricardiques. 

Ënfîn,  il  n'est  pas  sans  intérêt  de  faire  remarquer  que 
c'est  surtout  lorsque  le  pneumocoque  détermine  une  infec- 
tion générale  qu'il  traverse  le  plus  facilement  le  placenta. 
C'est  ce  qui  explique  sans  doute  que  le  passage  au  fœtus 
semble  plus  fréquent  chez  -les  animaux  que  dans  l'espèce 
humaine. 

Le  microbe  de  Friedlander  qui,  s'il  ne  produit  pas  la 
pneumonie  franche,  parait  pourtant  capable  de  déterminer 
des  lésions  pulmonaires,  pourrait  aussi,  d'après  Netter,  se 
transmettre  au  fœtus.  Par  contre,  Foa  et  Rattone  pensent 
qu'il  favorise  l'avortement,  mais  ne  traverse  pas  le  placenta; 
ces  auteurs  inoculent  dans  le  péritoine  des  cobayes  femelles 
pleines;  les  animaux  avortent  au  bout  de  trente-six  à  qua- 
rante-huit heures,  et  Ton  ne  trouve  de  microbes  ni  dans 
le  fœtus  ni  dans  le  placenta. 

Puisque  nous  parlons  de  maladies  humaines,  nous  sommes 
immédiatement  amené  à  dire  quelques  mots  de  la  fièvre 
typhoïde:  sa  transmission  au  fœtus  semble  bien  établie  par 
les  observations  récentes;  mais  nous  sommes  forcés  de 
rejeter  les  faits  anciens.  Ainsi  dans  le  casde  Charcellay, 
publié  en  1840,  nous  voyons  un  enfant  succomber  huit 
jours  après  la  naissance;  l'autopsie  révèle  des  lésions  qui 
rappellent  peut-être  celles  de  la  fièvre  typhoïde,  mais 
pourraient  bien  mieux  s'expliquer  par  une  septicémie,  con- 
tractée après  la  naissance,  d'autant  plus  que  la  mère  n'eut 
de  symptômes  typhiques,  ni  pendant  la  grossesse,  ni  après 
raccouchement.  Les  seules  observations  incontestables  sont 
évidemment  celles  où  l'on  a  fait  l'examen  bactériologique. 
Nous  trouvons  trois  cas  à  citer:  Reher,  puis  Neuhauss,  ont 
décelé  dans  les   organes  de  fœtus,  provenant  de  mères 


typhiques,  des  microbes  analogues  aux  bacilles  d'Eberth; 
mais  ils  notèrent  l'absence  d'hypertrophie  splénique  et 
d'altérations  des  plaques  de  Peyer.  Plus  récemment,  Êberth 
a  rapporté  l'observation  d'un  fœtus  de  cinq  mois,  qui  fut 
expulsé  avec  un  chorion  intact;  l'autopsie  ne  montra  aucune 
altération  appréciable,  mais  l'examen  des  organes  et  surtout  ^ 
la  culture  permirent  de  trouver  le  microbe  cai^actéristique. 

Enfin  nous  rappellerons  que  Chantemesse  et  Widal  ont 
constaté  dans  un  cas  la  présence  de  bacilles  typhiques  dans 
le  placenta  d'une  femme  atteinte  depuis  douze  jours  et  qui 
avorta  au  quatrième  mois  de  la  grossesse.  Les  mêmes 
auteurs,  en  inoculant  une  femelle  de  cobaye  pleine,  l'ont 
vue  avorter  au  bout  de  quarante-huit  heures  et  ont  trouvé 
le  bacille  dans  les  fœtus  expulsés. 

11  semble  donc  démontré  que  le  bacille  typhique  peut, 
lui  aussi,  traverser  le  placenta,  et  ce  fait  nous  explique  la 
fréquence  de  l'avortement  au  cours  de  la  dothiénentérie  ; 
l'examen  bactériologique  est  indispensable  pour  affirmer  la 
présence  du  microbe^  d'autant  que  dans  tous  les  cas  publiés 
jusqu'ici  on  n'a  constaté  aucune  altération  viscérale.  Le 
bacille  d'Eberth  pénétrant  directement  dans  le  sang  tue  le 
fœtus  en  produisant  une  vraie  septicémie:  c'est  là  un  nouvel 
exemple  des  variations  symptomatiques  qu'on  peut  observer 
suivant  la  porte  d'entrée  du  virus. 

III 

La  transmission  intraplacentaire  des  fièvres  éruptives  est 
établie  sur  des  observations  cliniques  assez  nombreuses. 
Vogel,  Heine,  Rilliet  et  Barthez  ont  publié  plusieurs  cas  de 
rougeole  congénitale,  la  mère  étant  elle-même  atteinte 
avant  l'accouchement.  Nous  connaissons  aussi  quelques  cas 
congénitaux  de  scarlatine,  observés  par  des  auteurs  plus  ou 
moins  anciens.  Bâillon,  Ferrario,  Portier,  etc. 

C'est  la  variole  qui  a  fourni  le  plus  grand  nombre  d'obser- 
vations de  transmission  congénitale;  les  faits  recueillis  ont 
d'autant  plus  de  valeur  que  l'enfant,  en  venant  au  monde, 
porte  des  lésions  caractéristiques  ;  il  ne  peut  donc  y  avoir 
de  doute  sur  la  nature  de  la  maladie;  quelques  cas  mêmes 
ont  la  certitude  des  résultats  expérimentaux:  ils  ont  servi  à 
des  inoculations  qui  ont  été  positives  (Gervis,  Jenner). 

L'hérédo-variole  est  surtout  fréquente  à  la  fin  de  la 
grossesse.  De  même  que  pour  le  charbon,  on  peut,  dans  les 
cas  de  grossesse  gémellaire,  n'observer  la  contamination  que 
d'un  seul  fœtus.  Dans  une  observation  de  Kaltenbach,  une 
femme  atteinte  de  variole  mit  au  monde  trois  enfants: 
deux  portaient  des  pustules;  le  troisième  n'en  avait  pas. 
Souvent  la  variole  du  fœtus  est  plus  récente  que  celle  de  la 
mère  ;  celle-ci  peut  être  en  convalescence  et  accoucher 
d'un  enfant  en  pleine  éruption.  Dans  quelques  cas  le  fœtus 
a  contracté  la  maladie,  la  mère  étant  indemne.  Enfin,  alors 
même  qu'il  n'y  a  pas  transmission  à  proprement  parler  et 
que  le  fœtus  ne  présente  aucune  altération,  son  organisme 
a  pu  être  profondément  modifié  sous  l'influence  de  la 
maladie  maternelle,  et  l'enfant  nait  vacciné,  ayant  acquis 
l'immunité  dans  l'utérus.  Ce  sont  là  des  faits  fort  curieux 
sur  lesquels  nous  aurons  à  revenir  dans  une  autre  partie 
de  cet  article,  où  nous  parlerons  en  même  temps  de 
l'immunité  que  peuvent  acquérir  les  fœtus  contre  la  vaccine 
et  la  clavelée. 

Parmi  les  autres  maladies  infectieusesdont  la  transmis- 
sion au  fœtus  a  été  démontrée  expérimentalement,  nous 
citerons  d'abord  la  morve;  Loeffler  a  rapporté  sur  ce  sujet 
un  cas  fort  curieux:  une  cobaye  fetnelle  inoculée  fut  malade, 


660    —  N«  41 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         H  Octobre  i889 


mais  guérit;  elle  mit  au  monde  cinq  mois  après  l'inocu- 
lation un  petit  qui,  à  la  naissance,  ne  présentait  aucune 
manifestation  morbide;  il  mourut  après  une  semaine  et 
l'autopsie  montra  une  morve  viscérale. 

MM.  Cadéac  et  Mallet,  opérant  sur  treize  femelles  pleines, 
observèrent  deux  fois  le  passage  de  la  mère  au  fœtus. 
Ferraresi  et  Guarnieri  trouvèrent  des  bacilles  dans  le  foie 
du  fœtus;  et,  ce  qui  donne  un  certain  intérêt  à  leur  obser- 
vation, c'est  qu'il  existait  dans  le  placenta  des  foyers 
hémorrhagiques  contenant  également  l'agent  pathogène. 

La  transmission  de  la  rage  a  d'abord  été  démontrée  par 
l'observation  clinique:  Lafosse  a  vu  une  vache  enragée 
mettre  bas  un  veau,  qui  présenta  les  premiers  symptômes 
de  la  rage  le  troisième  jour  après  la  naissance.  Bouley  cite 
un  cas  semblable  de  Canillac.  Plus  récemment,  MM.  Per- 
roncito  et  Carita  ont  étudié  la  question  au  point  de  vue 
expérimental:  une  lapine,  inoculée  de  la  rage,  mit  bas 
quatre  petits  la  veille  du  jour  où  commencèrent  les 
symptômes  paralytiques  ;  la  moelle  de  deux  fœtus  fut 
inoculée  à  deux  cobayes,  Tun  prit  la  rage,  l'autre  résista. 
Néanmoins  la  transmission  du  virus  rabique  ne  semble  se 
faire  que  d'une  façon  tout  à  fait  exceptionnelle  ;  on  sait 
d'ailleurs  que  jamais  ou  presque  jamais  on  n'a  trouvé  au 
sang  de  propriétés  infectantes  et  qu'il  est  bien  établi  que 
seuls  les  microbes  qui  peuvent  envahir  le  sang  sont  capables 
de  traverser  le  placenta.  Du  reste,  au  laboratoire  de  M.  Pas- 
teur, on  a  fait  plusieurs  expériences,  qui  sont  restées  né- 
gatives; on  a  inoculé  le  bulbe  de  huit  petits,  nés  d'animaux 
enragés,  et  aucun  de  ces  bulbes  ne  s'est  montré  virulent. 
On  peut  répondre,  il  est  vrai,  que  chez  le  fœtus,  le 
virus  ne  siège  peut-être  pas  dans  les  centres  nerveux.  Les 
expériences  de  Zagari  infirment  cette  objection  :  l'auteur  a 
opéré  sur  quatorze  femelles  pleines  inoculées  avec  le  virus 
fixe;  trente-deux  fœtus  servirent  aux  expériences:  on  prit 
les  centres  nerveux,  le  foie,  quelquefois  même  le  fœtus 
entier;  les  inoculations  faites  sur  des  lapins  ou  des  cobayes 
n'eurent  aucun  résultat. 

Pour  le  choléra,  nous  pouvons  citer  le  fait  de  Tizzoni  et 
Cattani:  une  femme  atteinte  de  celte  infection  mit  au  monde 
un  fœtus  de  cinq  mois  ;  ici  encore,  comme  pour  la  plupart  des 
autres  maladies,  l'examen  microscopique  ne  montra  aucun 
microbe,  tandis  que  les  cultures  permirent  de  trouver  le 
bacille- virgule. 

Nous  signalerons  encore  la  transmission  au  fœtus  de  la 
fièvre  intermittente,  c'est  du  moins  ce  que  semblent  établir 
quelques  observations  anciennes.  Stokes  a  observé  une 
femme  enceinte  ayant  des  accès  tierces  et  dont  l'enfant 
avait  des  mouvements  convulsifs  les  jours  d'apyrexie  de  la 
mère.  Pitre,  Aubanais,  ont  vu  des  paludéennes  mettre  au 
monde  des  enfants  ayant  une  hypertrophie  de  la  rate  et  des 
accès  fébriles  aux  mêmes  jours  et  aux  mêmes  heures  que 
leur  mère.  Schurig,  Hoffmann,  Russel,  ont  publié  des 
observations  analogues. 

On  a  vu  aussi  la  fièvre  récurrente  se  transmettre  au  fœtus 
et,  dans  un  cas,  Spitz  a  pu  trouver  chez  l'embryon  les  spi- 
rilles d'Obermeier. 

Enfin,  nous  indiquerons  pour  mémoire  une  observation 
d'Aubert  (1840):  une  femme  atteinte  de  la  peste  accoucha 
pendant  sa  maladie  d'un  enfant  de  sept  mois,  qui  avait  un 
charbon  sur  le  front. 

Il  serait  intéressant  de  savoir  comment  se  comporte  le 
streptocoque  de  Térysipèle,  puisque  ce  microbe  semble  être 
l'agent  le  plus  fréquent  de  la  septicémie  puerpérale.  Il  est 


probable  que  cette  transmission  peut  se  faire,  puisque 
Lorain  a  observé  des  péritonites  chez  des  enfants  issus  de 
femmes  puerpérales  et  que  Simone  a  démontré  le  passage 
intraplacentaire  du  streptocoque  de  la  suppuration,  qui 
est,  comme  on  sait,  analogue,  sinon  identique,  à  celui  d^ 
l'érysipèle.  Lebedeff  a  publié  h  ce  propos  une  obserration 
fort  curieuse.  Il  s'agit  d'une  femme  enceinte  ayant  un 
érysipèlc  aux  extrémités  inférieures.  Au  sixième  mois,  e\W 
avorta  d'un  fœtus,  qui  succomba  au  bout  de  dix  minutes. 
La  peau  du  fœtus  était  altérée  et  renfermait  de  nombreux 
microbes,  ayant  les  caractères  de  ceux  de  l'érysipèle,  et 
siégeant  dans  les  lymphatiques  de  la  peau  ;  on  n'en  trouvait 
ni  dans  le  sang,  ni  dans  le  placenta;  mais  il  y  en  avait  dans 
les  tissus  du  cordon  ombilical.  L'auteur  admit  que  le> 
microcoques  avaient  passé  à  travers  les  villosités  épîthélialev 
dans  le  placenfa  et  dans  les  voies  lymphatiques  du  cordon 
et  de  là  dans  la  peau.  Il  y  aurait  donc  là  une  voie  de 
transmission  que  nous  n'avons  pas  encore  observée  dans  !(*> 
autres  maladies. 

G.-H.   ROGRH. 

{A  suivre,) 

^ 

REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

HÔPITAL   NECKER  :    M.    LE   PROFESSEUR   DIEULAFOY. 

Sclatiqae  dooblè  symptoiiuielqae  do  diabète  s«eré. 

La  sciatique  double  symptomatique  du  diabète  sucre 
signalée  et  étudiée  par  M.  Worms,  en  1879,  doit  être  mise 
au  rang  des  signes  dits  révélateurs  de  cette  maladie.  L'ap- 
parition du  signe  de  Worms,  comme  celle  d'un  anthrax, 
d'un  prurit  préputial,  d'une  rétraction  de  l'aponévrose 
palmaire  (Dreyfus-Brisac),  doit  toujours  inviter  à  rechercher 
le  sucre  dans  les  urines.  Ce  syndrome  peut  aider  ainsi  à 
dépister  une  forme  fruste  ou  lente  de  glycérine. 

M.  le  professeur  Dieulafoy  montrait  récemment  aux  élêvpN 
c[VLi  suivent  son  service  comment  l'apparition  d'une  scia- 
tique  double  lui  avait  permis  de  déceler  la  présence  du 
diabète  sucré  chez  un  malade  couché  dans  ses  salles. 

Un  homme  de  trente-trois  ans  entre  à  l'hôpital  Necker 
pour  des  douleurs  irradiant  à  la  partie  postérieure  des 
cuisses  et  des  jambes.  Il  ne  se  plaignait  d'aucun  autiv 
trouble  morbide  et  n'accusait  d'autres  antédenls  qu'une 
attaque  de  rhumatisme  polyarticulaire  aigu.  En  examinant 
avec  soin  les  membres  endoloris,  M.  Dieulafoy  retrouve, 
du  côté  droit  comme  du  côté  gauche,  les  signes  classiques 
de  la  sciatique  :  points  trochantériens,  poplités,  péroniers, 
malléolaires,  crises  spontanées  qui  réveillent  le  malade  au 
moins  une  fois  par  nuit,  exacerbation  de  la  douleur  dès  que 
le  patient  met  pied  à  terre. 

Les  douleurs  siégeaient  symétriquement  dans  les  mèino 
branches  nerveuses,  mais  les  filets  supérieurs  du  sciatique 
semblaient  indemnes,  car  les  premiers  points  douloureux 
rencontrés  en  procédant  de  haut  en  bas  étaient  les  points 
trochantériens. 

En  présence  de  celte  sciatique  double,  survenue  chez  un 
homme  ne  portant  dans  le  bassin  aucune  tumeur  pouvant 
causer  une  compression  sur  l'un  et  l'autre  nerf,  M.  Dieu- 
lafoy n'hésita  pas  et,  à  première  vue,  avant  tout  examen 
ultérieur,  dianosliqua  le  diabète  sucré. 

L'urine  fut  ensuite  analysée;  elle  contenait  7  grammes 
de  sucre  par  litre. 

En  reprenant  avec  soin  l'interrogatoire  du  malade,  en 
recherchant  d'autres  stigmates  diabétiques,  on  ne  put 
retrouver  qu'un  seul  symptôme  flagrant  :  la  frigidité.  Ol 
homme,  jeune  encore,  finit  par  avouer  que  depuis  dix-huit 
mois  il  ne  se  sentait  plus  d'appétit  sexuel.  La  perte  des 


il  Octobre  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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aptitudes  viriles  était  d'ailleurs  acceptée  par  lui  avec  rési- 
jînalion  et  indifférence,  comme  c'est  la  règle  chez  le 
diabétique. 

M.  Dieulafoy  n'institua  d'autre  traitement  que  le  repos  et 
le  régime  alimentaire.  Après  quelques  jours  seulement  de 
cette  thérapeutique,  les  douleurs  s'étaient  apaisées  en  même 
temps  que  la  glycosurie  diminuait^  Au  bout  de  quinze 
jours  les  névralgies  bilatérales  avaient  complètement  dis- 
paur  et  le  malade  ne  rendait  plus  dans  ses  urines  qu'une 
«quantité  insignifiante  de  sucre.  Voici  donc  un  cas  de  scia- 
lique  double  d'origine  diabétique,  présentant  tous  les 
caractères  assignés  par  M.  Worms  à  cette  forme  de  névral- 
gie; les  douleurs  étaient  symétriques  en  même  temps  que 
partielles;  elles  s'atténuaient  parallèlement  à  la  glycosurie. 

Tout  se  réduit  encore  à  des  hypothèses  sur  la  pathogénie 
(le  ces  névralgies  doubles,  que  l'on  peut  observer  même  sur 
les  nerfs  dentaires. M.  Worms  et  M.  Peter  admettent  que  la 
dyscrasie  est  la  cause  de  la  névralgie  symétrique.  Il  y  a 
quelques  années,  Romberg  disait  déjà,  dans  un  langage 
imagé,  que  ces  névralgies  étaient  les  plaintes  des  nerfs 
implorant  un  sang  non  vicié.  Cette  manière  de  voir  est 
d'accord  avec  ce  que  nous  savons  aujourd'hui  des  désordres 
occasionnés  sur  les  nerfs  périphériques  par  les  substances 
toxiques.  Ces  désordres  se  traduisent  par  des  névralgies  ou 
des  paralysies  symétriques;  la  preuve  en  est  dans  les  para- 
lysies et  névralgies  symétriques  des  saturnins.  Or  les  né- 
vralgies diabétiques  peuvent  être  comparées  aux  névralgies 
saturnines;  ce  sont  des  névralgies  par  auto-intoxication  et 
l'on  peut  admettre  l'hypothèse  que  le  sucre  charrié  p^ar  le 
sang  joue  vis-à-vis  les  nerfs  périphériques  le  même  rôle 
que  le  plomb  ou  l'alcool. 

Fernand  Widal. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Cilniqae  ehirorgieale. 

L'OSTÉOPÉRIOSTITE      EXTEBNE      PRIMITIVE      DE     l'aPOPHYSE 
3fAST0ÏDE    KT    L'iNFLAMMATION    PURULENTE    PRIMITIVE    DES 

CELLULES  MASTOÏDIENNES  (Mémoire  lu  au  Congrès  inter- 
national d'otologie  et  de  laryngologie  de  Paris,  septembre 
1889),  par  M.  le  docteur  Lévi,  ancien  médecin  des  hôpi- 
taux militaires. 

I 

Ostéopêriostite  externe  primitive  de  rapophyse  mastoïde. 

Chaque  fois  qu'un  chirurgien  se  trouve  en  présence 
d'une  inflammation  non  traumatique  de  la  région  mas- 
toïdienne, il  procède,  et  avec  raison,  à  l'examen  du 
conduit  auditif  externe  et  de  la  caisse  du  tympan;  c'est  là, 
en  effet,  que  se  trouvent  d'ordinaire  et  la  cause,  et  le  point 
de  départ  de  la  maladie. 

On  rencontre  cependant  quelques  malades,  rares  il  est 
vrai,  chez  lesquels  l'examen  le  plus  minutieux  ne  permet 
de  découvrir  ni  otite  externe  profonde,  ni  otite  moyenne 
purulente  :  force  est  alors  de  reconnaître  que  la  lésion  qu'on 
a  sous  les  yeux,  n'est  pas  une  lésion  secondaire,  venue  de 
l'intérieur  de  Toreille,  mais  bien  une  lésion  idiopa- 
thique  et  primitivement  externe. 

Les  auteurs  les  plus  anciens  d'oiologie,  qui  avaient  par- 
faitement reconnu  les  relations  qui  existent  entre  les  sup- 
purations de  l'oreille  et  celles  de  l'apophyse  mastoïde,  ne 
font  nulle  mention  des  inflammations  primitives  de  cette 
dernière  région.  Wilde,  le  premier,  parle,  mais  très  som- 
mairement, de  la  périostite  externe  primitive,  dans  le  pas- 
sage suivant  de  son  Traité  de  chirurgie  auriculaire  (i) : 

{{)  Wilde,  Practicat  obterv.  on  aurai,  turgeru»  1855. 


f  La  quatrième  espèce  de  tumeur,  dit  l'auteur  anglais,  est 
la  suite  d'une  inflammation  aiguô,  qui  a  pour  point  de 
départ  une  périostite  de  l'apophyse  mastoïde  et  qui  s'étend 
jusqu'au  pariétal,  ou  une  accumulation  de  pus  dans  les  cel- 
lules mastoïdiennes,  à  la  suite  d'otite  moyenne  purulente. 
Cette  tumeur  peut  aussi  être  le  résultat  d'une  otorrhée 
chronique  qui  a  d'abord  amené  la  carie.  i> 

Voltolini,  dans  la  Monatschrift  fur  Ohrenheilkunde, 
n^'lS,  1875,  décrit  une  inflammation  primitive  de  la  région 
mastoïdienne  dont  l'existence  est  encore  mise  en  doute  par 
quelques  auteurs  étrangers,  notamment  par  Buck  (1)  et 
noosa  (2),  et  qui  est  à  peine  mentionnée  par  les  auteurs 
français.  Le  chirurgien  de  Breslau  a  publié  trois  observa- 
tions de  tumeurs  inflammatoires  post  et  sub-auriculaires, 
dont  une  suivie  de  mort;  mais  il  considère  ces  tumeurs 
comme  le  résultat  d'une  inflammation  du  tissu  cellulaire 
sous-cutané. 

Sous  le  titre  de  périostite  primitive  des  deux  apophyses 
mastoïdes,  Ktiapp  a  communiqué,  au  Congrès  international 
d'otologie  de  New- York  (septembre  1876),  l'observation  d'une 
malade  atteinte  de  tumeurs  mastoïdiennes  primitives,  avec 
lésions  périosliques  évidentes.  Cet  auteur  appelle  l'attention 
sur  un  phénomène  qui,  d'après  lui,  permet  d'afflrmer 
l'existence  de  l'inflammation  du  périoste,  à  savoir  :  la  tu- 
méfaction de  la  partie  supérieure  du  muscle  sterno-ma- 
stoïdien,  dont  les  attaches,  par  suite  de  leur  rapport 
intime  avec  le  périoste,  s'enflamment  en  même  temps  que 
lui,  et  favorisent  ainsi  les  fusées  purulentes  qui  se  produi- 
sent quelquefois  le  long  de  ses  flores  (3). 

Dans  les  observations  ultérieures  de  Voltolini,  de  Jacoby 
{A.  f.  0.,  t.  XV),  deTurnbull,  de  Swann  Burnett  (Z.  /.  0., 
t.  IX),  de  Hotz  (Z.  ^  0.,  t.  IX),  de  Politzer,  de  Kirch- 
ner,  etc.,  l'inflammation  aurait  envahi  tantôt  le  tissu  cellu- 
laire sous-cutané  seul,  tantôt  ce  tissu  et  le  périoste  sous- 
jacent.  Mais,  dans  tous  les  cas,  l'oreille  externe  et  l'oreille 
moyenne  étaient  restées  saines;  on  n'avait  constaté  ni  sur- 
dité, ni  écoulement,  ni  bruits  subjectifs. 

L'étiologie  de  l'inflammation  primitive  de  la  région  mas- 
toïdienne externe  est  encore  très  obscure.  Voltolini 
attribue  à  cette  affection  un  caractère  spécificiue  parce 
qu'elle  est  souvent  bilatérale,  et  qu'au  début  elle  occupe 
toujours  la  même  place. 

Le  plus  souvent,  elle  se  développe  sans  cause  connue, 
ou  à  la  suite  d'un  refroidissement,  soit  général,  soit  localisé 
à  la  tète  seulement.  Elle  est  tantôt  unilatérale,  tantôt  bila- 
térale, envahit  toujours  la  région  supra  et  post-auriculaire. 
Les  deux  apophyses  peuvent  être  atteintes  simultanément, 
ou  successivement,  à  des  intervalles  plus  ou  moins  éloignés. 

Le  nombre  des  cas  publiés,  jusqu'à  ce  jour,  n'est  pas 
encore  suffisant  pour  permettre  d'établir  par  la  statistique 
la  part  d'influence  qui  revient  à  l'âge,  au  sexe  ou  à  d'autres 
facteurs  sur  la  production  de  cette  maladie  dont  les  sym- 
ptômes sont  extrêmement  pénibles.  Elle  s*annonce  par  des 
douleurs  vives,  déchirantes,  qui,  partant  de  l'apophyse  mas- 
toïde, s'irradient  à  la  nuque,  à  1  occiput,  à  la  région  parié- 
tale, à  l'œil,  aux  dents;  elle  évolue  sans  fièvre,  mais  le 
plus  souvent  elle  s'accompagne  d'un  mouvement  fébrile 
intense,  d'anorexie,  d'insomnie,  avec  recrudescence  de 
douleurs  au  milieu  de  la  nuit. 

En  très  peu  de  jours,  la  région  mastoïdienne  et,  avec 
elle,  la  région  supra-auriculaire  se  tuméfient,  deviennent 
rouges,  luisantes,  tendues,  chaudes  et  douloureuses  au 
moindre  contact.  Du  neuvième  tiu  douzième  jour,  il  se  forme 
une  suppuration  qui,  en  raison  de  l'épaisseur  de  la  peau, 
arrive  rarement  à  se  faire  jour  au  dehors,  sans  interven- 
tion chirurgicale;  et,  si  le  malade  est  abandonné  à  lui-même.. 

(1)  Buck,  Diseases  of  Ihe  car,  p.  315. 

(2)  Roo»a,  Lehrbuch  der  prakliscf^en  Ohrènheilkunde,  traduit  de  ran^çlais  pai 
Weisc.  i889. 

(3)  Knapp,  Monatschrift  fur  Ohrènheilkunde,  1877. 


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GAZETTE  IEB90HAMIRE  SE  HËDSCINE  ET  DE  CHIRURGIE  H  Octobre  1889 


fuse  vers  le  conduit  auditif  externe,  en  le  perforant,  le  long 
du  muscle  sterno-mastoîdien  et  vers  l'occiput  ;  produit  des 
décollements,  des  fistules,  des  abcès  par  congestion  inter- 
minables, susceptibles  d'amener  la  mort  par  épuisement 
(un  cas  de  Yoltolini),  provoque  la  carie  de  la  corticale  et 
des' cellules  mastoïdiennes,  et  nécessite  une  opération  sur 
l'apophyse  mastolde,  comme  cela  eut  lieu  chez  un  malade 
dont  je  ferai  connaître  1  histoire  un  peu  plus  loin. 

La  périostite  primitive  de  Tapopnyse  mastoïde  pourrait 
être  confondue,  au  début,  avec  le  gonflement  douloureux 
que  provoque  souvent,  derrière  l'oreille,  le  furoncle  de  la 

fiaroi  postéro-supérieure  du  conduit  auditif  externe;  mais 
'inspection  du  conduit  suffira  pour  éviter  cette  erreur. 
L'ouverture  spontanée  ou  chirurgicale  du  furoncle  suffit, 
d'ailleurs,  pour  faire  disparaître  rapidement  les  symptômes 
observés  dans  la  région  péri-auriculaire.  Il  n'y  a  pas  là  de 

fiériostite  réelle.  Dans  une  période  plus  avancée  de  la  ma- 
adie,  la  tuméfaction  douloureuse  pourrait  être  attribuée 
à  un  engorgement  des  ganglions  sous-auriculaires  (|u'on 
observe-fréquemment  dans  les  fièvres  éruptives;  mais  ici  on 
sentira  les  ganglions,  et  l'on  trouvera  les  traces  d'une  otite 
moyenne  aigué  antérieure.  Si  les  ganglions  étaient  arrivés 
à  suppuration,  le  diagnostic  ne  serait  possible  qu'après 
incision. 

L'absence  d'otorrhée,  l'apparition  brusque  et  simultanée 
des  douleurs  et  du  gonflement  permettent,  avec  la  conser- 
vation de  l'ouïe,  d'écarter  l'idée  d*une  suppuration  secondaire 
des  cellules  mastoïdiennes. 

Dans  aucune  des  observations  publiées  jusqu'à  ce  jour 
on  n'a  enregistré  de  guérison  spontanée  de  î'ostéopériostite 
mastoïdienne.  Les  anliphlogistiques,  les  émollients,  les 
révulsifs,  les  dérivatifs,  sont  restés  inefficaces.  L'instru- 
ment tranchant  seul,  employé  dès  les  premiers  jours,  est 
susceptible  d'enrayer  le  mal  et  de  prévenir  des  accidents 
graves,  mortels  quelquefois. 

Alors  même  qu'il  n*y  a  aucun  signe  de  suppuration,  il 
faut  pratiquer  sur  la  région  tuméfiée  une  incision  longue  et 
profonde  allant  jusqu'à  l'os  (Wilde).  Cette  incision  sera  faite 
à  1  centimètre  en  arrière  de  l'insertion  du  pavillon  pour 
ménager  l'artère  auriculaire  postérieure;  elle  aura  une  lon- 
gueur de  5  centimètres.  L'opération  étant  extrêmement  dou- 
loureuse, il  sera  bon  de  chloroformer  le  malade. 

Obs.  —  M.  H...,  rentier,  soixante-douze  ans,  forte  constitu- 
tion, sanguin,  arthritique,  s'adonne  volontiers  à  la  boisson  (boit 
I'usqu*à  six  litres  de  vm  par  jour).  Sujet,  tous  les  hivers,  à  des 
bronchites  et  à  des  rhumes  de  cerveau,  il  a,  depuis  longtemps, 
Touïe  un  peu  diminuée,  par  suite  d'un  catarrhe  chronique  simple 
des  deux  caisses;  mais  il  n'éprouve  aucune  difllcullé  à  suivre 
une  conversation;  il  entend  une  forte  montre  à  18  cenlimètres 
à  droite,  à  15  centimètres  à  gauche. 

Atteint,  dans  les  premiers  jours  du  mois  d'octobre  1878,  à  la 
suite  d'une  violente  rhino-bronchile,  d'une  otite  moyenne  aiguë, 
séro-nurulen te,  légère,  à  ébauche,  il  en  guérit  en  dix  jours.  Des 
insuftiations  d'air,  continuées  pendant  un  mois,  améliorent  sensi- 
blement son  ouïe. 

Le  26  mars  1879,  sans  cause  connue,  pense-t-il,  à  la  suite 
d'un  froid,  affirme  sa  femme,  M.  H...  est  pris  subitement  d'élan- 
cements douloureux  derrière  l'oreille  gauche  ;  ces  douleurs,  très 
vives,  s'irradiaient  dans  tout  le  côté  gauche  de  la  tète,  au  front, 
à  l'occiput  et  jusque  dans  les  dents,  l^a  région  mastoïdienne 
était  légèrement  tuméfiée.  Se  croyant  atteint  d'une  simple  né- 
vralgie, le  patient  ne  se  soumet  d'abord  à  aucun  traitement. 
Après  cinq  nuits  seulement  d'insomnie  et  de  souffrances,  il 
consent  à  se  faire  soigner. 

A   mon  arrivée  je  le  trouve  agité,  mais  sans  fièvre.  La  région 

f)Ost-auriculaire  est  rouge,  tuméfiée,  chaude,  dure  et  très  dou- 
oureuse  au  toucher.  La  douleur,  très  vive  au  sommet  de  l'apo- 
physe mastoïde,  s'étend  jusqu'à  la  partie  supérieure  du  muscle 
sterno-mastoïdien.  La  tète  est  légèrement  inclinée  du  côté  ma- 
lade ;  le  pavillon  de  l'oreille  n'est  pas  sensiblement  écarté  du 
crâne. 

Le  conduit  auditif  externe  renferme  un  peu  de  cérumen;  le 


spéculum  y  passe  librement,  et  sans  provoquer  la  moindre  duu- 
leur.  On  ne  constate  ni  rougeur,  ni  tuméfaction.  La  nriembr.iiit 
du  tympan,  un  peu  trouble,  présente  une  légère  injection  va- 
culaire  le  long  du  manche  du  marteau,  dont  la  direction  v<\ 
normale,  et  quelques  taches  calcaires,  en  avant  et  en  arrière  d»- 
cet  osselet.  Le  triangle  lumineux  est  réduit  à  une  petite  lach»* 
irrégulière.  I-,e  cathétérisme  est  facile.  L'air  pénètre  largemeni 
dans  la  caisse,  sans  provoquer  ni  râle,  ni  gargouillement  d'au- 
cune sorte. 
Quoique  l'ouïe  fût  aussi  bonne  qu'au  mois  d'octobre  de  rann«"- 

Srécédente,  en  l'absence  d'otite  externe  pouvant  expliquer  l'tu- 
ammation  de  l'apophyse  mastoïde,  et  vu  la  rareté  de  l'infl  ani- 
mation primitive  de  cette  région,  je  ponctionnai  la  mcmbram» 
du  tympan,  pour  être  tout  à  fait  sur  que  la  caisse  ne  renfermait 
aucun  liquide.  Le  résultat  de  l'opération  fut  absolument  négatif. 
J'avais  donc  affaire  à  une  affection  primitive  de  la  région  po^t- 
auriculaire. 

L'inflammation  datant  de  cinq  iours,  et  ayant  produit  déjà  nu 
gonflement  et  une  tension  considérables,  je  ne  pouvais  espérer 
la  faire  rétrograder  par  une  application  de  sangsues,  on  tout 
autre  moyen.  Je  proposai  donc  au  malade,  pour  le  débarrasser 
rapidement  de  ses  intolérables  douleurs,  de  lui  faire  une  incision 
derrière  l'oreille  ;  il  s'y  refusa  très  énergiquement,  sous  pré- 
texte que  ['abcès  n'était  pas  mûr.  J'ordonnai  alors  des  onctions 
mercurielles,   des  cataplasmes,   un   purgatif  salin,  du   chloral 

Sour  la  nuit.  Ce  traitement  ne  procura  aucun  soulagement.  L*"^ 
ouleurs  devinrent  de  plus  en  plus  vives;  le  gonflement  s'éten- 


supérieur  du  conduit  auditif  externe.  Cette  fois  je  fus  autori^ 
à  ouvrir  l'abcès.  Je  fis  une  incision  de  2  centimètres  et  demi 
environ,  d'où  s'écoula  une  assez  grande  quantité  de  pus  jaunâtre, 
épais,  crémeux.  Le  malade  se  sentit  aussitôt  soulagé.  La  plaie 
fut  lavée  à  l'eau  phéniquée  et  recouverte  d'un  cataplasme. 
Malheureusement  l'amélioration  ne  fut  pas  de  longue  durée.  An 
bout  de  quarnute-huit  heures  les  douleurs  revinrent  plus  xio- 
tentes  çiue  jamais.  Le  gonflement  des  régions  mastoïdienm-*. 
sus-auriculaires  et  occipitales  augmenta  de  nouveau.  En  intro- 
duisant un  stylet  dans  la  olaie,  je  sentis  l'os  à  nu  et  ramolli.  U 
douleur,  la  suppuration,  l'insomnie,  affaiblissaient  visiblemt*ut 
le  malade  :  une  opération  s'imposait  ;  mais  il  fallait  le  consf^n- 
tement  du  patient  que  la  première  incision  n'avait  pas  en- 
couragé, et  qui  redoutait  le  chloroforme.  Mon  ami,  M.  le  docteur 
Marc  Sée,  voulut  bien  se  joindre  à  moi  pour  faire  comprendra  à 
M.  H..,  tout  le  danger  de  sa  situation,  et  lui  faire  accepter  l'opé- 
ration, au'il  exécuta  le  27  avril  au  matin.  A  ce  moment  la  lumi- 
faction  de  la  région  mastoïdienne  est  énorme.  Les  régions  pr*- 
auriculaire,  temporale  et  occipitale  sont  œdématiées.  £n  pres- 
sant sur  la  tumeur,  on  fait  jaillir  le  pus  par  l'ouverture  anté- 
rieurement pratiquée,  et,  pour  la  première  fois,  par  le  conduit 
auditif  externe. 

Le  malade  est  chloroformé.  L'ancienne  incision  est  prolongé»» 
dans  une  étendue  de  3  centimètres  vers  le  sommet  de  l'apo- 
physe mastoïde  ;  une  seconde  incision  horizontale  de  3  centi- 
mètres et  demi  environ  est  pratiquée  à  la  partie  moyenne  de  la 
première,  tout  près  de  l'insertion  du  pavillon.  Les  lambeaux  sont 
disséqués  et  relevés.  L'auriculaire  postérieure  n'est  pas  lésée;  il 
y  a  une  hémorrhagie  en  nappe  assez  abondante.  Le  doigt  intro- 
duit dans  la  plaie  sent  l'os  à  nu  et  ranralli  dans  une  a>Nt>/ 
grande  étendue.  Au  moyen  d'une  gouge,  on  entame  facilement 
la  corticale;  mais  elle  n'est  pas  seule  malade.  Les  cellules  mas- 
toïdiennes sont  atteintes  dans  une  certaine  profondeur.  Tout^'N 
les  parties  cariées  sont  soigneusement  enlevées  avec  une  cureltr 
tranchante.  Une  injection  faite  dans  la  plaie,  immédiatement 
après  l'opération,  passe,  mais  en  très  faihie  quantité,  par  h- 
conduit  auditif  externe;  le  lendemain  seulement,  le  liquiar  tra- 
verse la  trompe  d'Eustache  pour  pénétrer  dans  le  nez  i»t  le 
pharynx. 

La  plaie  est  lavée  avec  une  solution  de  chloral  à  2  pour  ltH.>; 
elle  est  bourrée  de  charpie  trempée  dans  la  même  solution,  re- 
couverte d'ouate  antiseptique,  de  taffetas  gommé  et  d'un  ban- 
dage. 

Le  lendemain  de  l'opération,  le  malade  se  lève  que)que> 
instants,  pendant  qu'on  fait  son  lit  ;  il  n'a  pas  de  fièvre.  Le  sur- 
lendemain je  le  trouve  debout,  fumant  sa  pipe.  Le  30  avril,  au 
moment  de  se  lever,  il  est  pris  d'une  syncope  de  courte  durée. 

Le  l**" mai,  je  constate  une  ruugeur  luisante  sur  toute  l'étendue 


11  Octobre  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         ^  N«  41  —    663 


ilu  pavillon  de  l'oreille.  Dans  la  journée  surviennent  des  frissons, 
suivis  de  chaleur  el  de  sueurs.  60  centigrammes  de   sulfate  de 

auinine.  Dans  la  nuit,  douleurs  vives  dans  tout  le  côté  gauche 
e  la  tète. 

Le  â  mai.  rougeur  et  œdème  de  la  région  pré-auriculaire  ;  le 
lendemain  la  rougeur  s'est  étendue  au  front  el  au  cuir  chevelu, 
l^angue  sahurrale,  anorexie,  soif,  pouls  à  90,  température  38°,5. 
Emétique  en  lavage. 

Le  4  mai,  la  rougeur  a  presque  complètement  disparu  sur  le 
pavillon  de  l'oreille  gauche  et  sur  le  côté  gauche  du  crâne;  elle 
persiste  sur  le  front,  sur  le  côté  droit  de  la  tête,  et  s'étend  jus- 
qu'à la  nuque.  Dans  ces  régions,  la  peau  se  couvre  de  véritables 
plaques  d'urticaire. 

Le  6  mai,  Térysipèle  a  disparu  ;  la  langue  se  nettoie^  il  n'y  a 

f>lus  de  douleurs  de  tête,  le  malade  mange  avec  appétit;  il  est 
evé  une  grande  partie  de  la  journée.  La  plaie  na  pas  cessé 
d'avoir  bon  aspect:  elle  continue  à  suppurer;  la  suppuration  est 
peu  abondante. 

A  partir  du  11  mai,  les  injections  ne  passent  plus  par  le  con- 
duit auditif  externe.  Le  26  elles  ne  pénotrent  plus  dans  la 
trompe  d'Eustache  ;  le  30,  la  plaie  est  entièrement  cicatrisée. 

Le  10  juin,  il  se  forme,  vers  le  sommet  deTapophyse  mastoide, 
un  petit  abcès,  qui  s'ouvre  spontanément,  etlaisse  échapper,  avec 
un  peu  de  pus,  un  séquestre  long  de  9'""  et  large  de  4'""".  Au 
bout  de  quatre  jours  la  plaie  est  refermée. 

L'examen  du  conduit  auditif  révèle  un  peu  de  rougeur,  à  la 
paroi  postéro -supérieure,  dont  le  revêtement  cutané  paratt  un 
peu  rétracté.  La  membrane  du  tympan  est  intacte.  Une  insuffla- 
tion d'air  faite  à  travers  le  cathéter  produit  un  souffle  sec  avec 
claquement.  L'ouïe  est  aussi  bonne  qu'avant  l'opération.  H...  a 
continué  à  se  bien  porter  jusqu'en  juin  1887,  époque  où  il  a  suc- 
corabé  à  un  cancer  du  voile  du  palais. 

Cette  observation  confirme  ropinion  des  auteurs  qui  ad- 
mettent rexistence  d'une  inflammation  primitive  de  la 
région  mastoïdienne;  elle  démontre  que  cette  inflamma- 
tion, dont  il  est  le  plus  souvent  impossible  d'indiquer  le 
point  de  départ  exact  (tissu  cellulaire  sous-cutané  ou  sous- 

r»ériostique),  peut  envahir  le  périoste,  la  corticale,  et  même 
es  cellules  mastoïdiennes  dont  elle  provoque  la  carie  ou 
la  nécrose  ;  elle  prouve,  une  fois  de  plus,  Tinefficacilé  des 
traitements  antipnlogistiques,  émollients  ou  résolutifs,  appli- 
qués à  ce  genre  d'affection,  et  la  nécessité,  pour  éviter  au 
malade  des  douleurs  intolérables,  une  suppuration  pro- 
longée et  des  accidents  mortels  quelquefois,  de  faire  derrière 
l'oreille,  dès  les  premiers  jours,  une  incision  longue  et 
profonde  allant  jusqu'à  l'os. 

II 

Inflammation  purulente  primitive  des  cellules 
mastoïdiennes. 

L'inflammation  purulente  primitive  des  cellules  mas- 
toïdiennes est  beaucoup  plus  rare  que  l'ostéopérioslite 
externe  de  l'apophyse  mastoïde.  En  général,  lorsque  du  pus 
se  forme  dans  les  cellules,  c'est  consécutivement  à  une  otite 
moyenne,  plus  rarement  à  une  otite  externe  suppurée,  ou  à 
une  ostéopériostitedela  région  post-auriculaire.  L'existence 
de  cette  inflammation  a  été  démontrée  anatomiquement,par 
le  professeur  ZaufaI  (de  Prague).  Ce  médecin  distingué,  en 
faisant  l'autopsie  d'un  sujet  mort  à  la  suite  dune  phlébite 
des  sinus, a  trouvé  une  suppuration  localisée  dans  les  cellules 
mastoïdiennes,  sans  carie,  et  sans  participation  de  la  caisse 
du  tympan  au  processus  inflammatoire. 

Dans  l'observation  qui  va  suivre,  l'autopsie  n'a  pas  pu 
être  pratiquée  ;  mais  les  symptômes  observés  pendant  la  vie, 
et  surtout  la  façon  dont  s'est  produite  l'issue  fatale,  ne 
laissent  aucun  doute  sur  la  nature  et  le  siège  primitif  de  la 
maladie. 

Obs.  — M.  F...,  manufacturier,  soixante-deux  ans,  tempé- 
rament nervoso-bilieux,  constitution  antérieurement  forte,  actuel- 
lement aflaibli  par  la  soufl'rance,  n'a  jamais  eu  de  maladie 
fébrile  grave,  jamais  de  syphilis,  ne  se  rappelle  pas  avoir  eu  du 


côté  des  oreilles  ni  douleurs,  ni  bourdonnements,  ni  écoule- 
ments. Atteint  depuis  plusieurs  années  de  rhumatisme  fibro- 
musculairc,  il  avait  l'habitude  de  prendre,  de  temps  à  autre, 
un  bain  de  vapeur.  C'est  au  sortir  d  une  étuve  que,  le  9  août 
1881,  il  éprouva  subitement  une  sensation  de  froid,  et,  bientôt 
après,  une  douleur  aiguë  dans  et  derrière  l'oreille  gauche.  La 
douleur  étant  devenue  extrêmement  vive,  dans  la  nuit,  il  se 
décida,  le  lendemain  matin,  à  faire  appeler  un  médecin  qui  or- 
donna des  instillations  d'huile  de  jusauiame  dans  l'oreille,  el 
des  frictions  avec  de  l'huile  chloroformée  derrière  le  pavillon. 
Cette  médication  n'ayant  produit  aucun  soulagement,  on  appliqua 
quelques  sangsues  à  l'apophyse  mastoïde,  et  Ton  fit  des  injections 
de  morphine  la  nuit.  La  douleur  ne  céda  pas. 

Le  19  août,  dix  jours  après  l'invasion  de  son  mal,  M.  F...,  me 
pria  de  le  voir;  je  le  trouvai  dans  l'état  suivant  :  Sa  physiono- 
mie aune  expression  douloureuse,  son  teint  est  jaune,  cachec- 
tique ;  langue  sahurrale,  peau  sèche,  un  peu  chiiude,  léger  mou- 
vement fébrile,  pouls  régulier,  85  pulsations  à  la  minute.  Intelli- 
gence nette  ;  n  a  pas  eu  de  vomissements,  mais  a,  tous  les 
jours,  vers  quatre  heures  de  l'après-midi,  des  nausées,  des 
frissons,  une  chaleur  vive  à  la  peau,  suivie  de  sueurs  abon- 
dantes, un  véritable  accès  de  fièvre. 

Le  ventre  est  souple,  les  garde-robes  difficiles.  L'oreille 
gauche,  mais  plus  spécialement  l'apophyse  mastoïde,  est  le 
siège  d'élancements  douloureux  violents  qui  s'irradient  dans 
tout  le  côté  correspondant  de  la  tête,  depuis  le  front  jusqu'à 
l'occiput,  el  souvent  dans  le  côté  opposé.  Ces  douleurs  à  forme 
névralgique  s'exaspèrent  au  milieu  de  la  nuit,  entre  minuit 
et  deux  heures  du  matin,  et  rendent  tout  sommeil  impossible. 

L'apophyse  mastoïde  porte  les  traces  des  sangsues  qui  y 
avaient  été  appliquées,  mais  ne  présente  ni  rougeur,  ni  tumé- 
faction ;  elle  n'est  douloureuse  ni  au  toucher,  ni  à  la  pression, 
sauf  à  son  sommet,  près  de  l'insertion  du  muscle  sterno-masloï- 
dien,  où  la  pression,  même  légère,  est  douloureuse  ;  mais,  en  ce 
point,  il  n'y  a  non  plus  ni  rougeur,  ni  empâtement.  La  percus- 
sion est  douloureuse.  La  région  antérieure  de  l'oreille  est  nor-, 
maie  ainsi  que  la  direction  du  pavillon.  Le  conduit  auditif* 
externe  ne  renferme  pas  de  cérumen;  il  est  large,  et  l'introduc- 
tion du  spéculum  ne  produit  aucune  douleur  ;  on  n'y  découvre 
ni   rougeur,    ni   tumefaclion.    La  partie  la  plus  reculée   de  la 

Saroi  postéro-supérieure  seule  est  un  peu  plus  rosée  que  le  reste 
u  canal,  mais  ne  parait  nullement  tuméfiée. 

La  membrane  du  tympan,  un  peu  terne,  par  suite  des  instilla- 
tions qui  ont  été  faites,  est  intacte,  gris  blanchâtre  ;  le  manche 
du  marteau  a  sa  direction  normale,  le  triangle  lumineux  se 
présente  sous  forme  d'une  tache  irrégulière. 

L'audition  pour  la  montre  est  bonne,  aussi  bonne  que  du 
côté  droit  ;  la  perception  crânienne  pour  une  forte  montre,  un 
peu  affaiblie  à  la  région  mastoïdienne  gauche,  est  conservée 
sur  toutes  les  autres  régions  du  crâne.  La  perception  du  dia- 
pason vertex  est  centrale.  Le  cathétérisme  est  facile;  l'air 
insufflé  dans  la  caisse  produit  un  souffle  doux,  avec  claquement, 
sans  aucune  douleur  ;  il  n'y  a  ni  mucus,  ni  pus. 

Le  nez  et  la  gorge  ne  présentent  rien  d'anormal  ;  tous  les 
autres  organes  sont  sains. 

L'exploration  organique  et  fonctionnelle  de  l'oreille  m'ayant 
permis  de  rejeter  toute  idée  d'otite  externe  ou  moyenne,  il 
Fallait  chercher  ailleurs  la  cause  de  cet  appareil  fébrile  et  des 
intolérables  douleurs  qui  épuisaient  M.  F... 

L'examen  ophthalmoscopique  ne  fit  découvrir  aucune  trace  de 
neuro-rétinite  susceptible  de  faire  croire  à  une  inflammation  des 
méninges  ou  du  cerveau.  Le  retour  régulier  des  accès  de  fièvre 
quotidienne  aurait  pu  faire  penser  à  une  affection  névralgique 
d'origine  paludéenne;  mais  le  malade  n'avait  jamais  eu  de 
fièvre  intermittente,  il  n'avait  pas  habité  de  pays  à  malaria, 
et  on  n'avait  pas  fait  des  travaux  de  terrassement  dans 
son  quartier.  Restait  donc  l'idée  d'une  inflammation  puru- 
lente primitive  des  cellules  mastoïdiennes.  Mais  cette  affection 
est  extrêmement  rare,  et  la  peau  de  la  région  post-auriculaire 
ne  présente  aucun  des  symptômes  qui  accompagnent  d'ordinaire 
les  suppurations  profondes  de  l'apophyse  mastoïde.  Je  réservai 
donc  mon  diagnostic,  et,  ne  trouvant  aucune  indication  d'inter- 
vention chirurgicale,  j'ordonnai  :  1*  une  purgation  ;  2°  80  centi- 
grammes de  bromhydrate  de  quinine  à  prendre  à  onze  heures 
au  matin;  3»  dans  la  journée,  trois  granules  de  nitrate  d'aconi- 
^ine  de  Duquesnel  au  quart  de  milligramme,  un  toutes  les  quatre 
heures;  4<*  chloral  pour  la  nuit. 

Pendant  les  trois  premiers  jours  de  son  traitement,  le  malade 
avait  éprouvé  un  peu  de  soulagement;  les  accès  fébriles  du  soir 


664    ^  N«  41  —  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  11  Octobre  i889 


arrivaient  plus  tard  et  duraient  moins  longtemps.  La  douleur 
s'élail  un  peu  calmée;  il  y  avait  eu  quelque  heures  de  sommeil; 
mais  le  mieux  ne  se  continua  pas.  La  nuit  du  22  avril  fut  par- 
ticulièrement mauvaise.  Rappelé  le  23  au  matin,  j'examinai  de 
nouveau,  avec  le  plus  grand  soin,  loreille  et  la  région  péri-auri- 
culaire. 11  ne  s'y  était  produit  aucun  symptôme  nouveau  suscep- 
tible d'éclairer  le  diagnostic.  Seule,  la  paroi  postéro-supérieure 
du  conduit  auditif  était  un  peu  plus  rouge  que  les  jours  précé- 
dents. Pour  être  absolument  sûr  que  la  caisse  ne  renfermait  pas 
de  suppuration,  quoique  Touïe  continuât  à  ôlre  bonne,  je  per- 
forai la  membrane  du  tympan. 

L'opération  fut  suivie  d'un  léger  écoulement  de  sang,  mais 
la  douche  d'air  ne  Ht  sortir  ni  mucus,  ni  pus.  Néanmoins  le 
malade  se  dit  un  peu  souLigé.  Le  surlendemain,  la  plaie  du 
tympan  était  cicatrisée  ;  la  douleur,  supportable  le  jour,  rede- 
venait d'une  violence  extrême,  au  milieu  de  la  nuit,  et  n'était  un 
peu  calmée  que  par  des  instillations  d'eau  de  pavot  chaude.  Les 
jours  suivants,  il  ne  se  produisit  rien  qui  motivât  ou  autorisât 
une  intervention  chirurgicale. 

Le  31  août,  au  matin,  comme  tous  les  autres  jours,  le  malade 
s'était  levé  pour  s'asseoir  dans  un  fauteuil;  pendai)t  qu'on  faisait 
son  lit;  il  y  était  depuis  une  demi-heure,  lorsqu'on  s'aperçut  qu'il 
avait  le  cdté  gauche  de  la  face  paralpé  ;  il  ne  répondait  plus 
aux  questions  qu'on  lui  adressait,  mais  ne  changea  pas  de  posi- 
tion; aucun  de  ses  membres  ne  semblait  paralysé.  De  son  oreille 
gauche  s'écoulait  un  pus  jaunâtre,  épais,  strié  de  sancf.  Trans- 
porté immédiatement  dans  son  lit,  F...  expira  dans  le  coma, 
au  bout  d'une  heure.  La  suppuration,  accumulée  dans  les  cellules 
mastoïdiennes,  s'était  probablement  fait  jour,  en  même  temps 
que  dans  le  conduit  auditif  externe,  dans  la  cavité  crânienne,  à 
travers  une  des  parois  postérieure  ou  supérieure  de  la  cavité 
mastoïdienne. 

La  suppuration  des  cellules  mastoïdiennes  qui  se  produit 
à  la  suite  d*une  suppuration  de  la  caisse  du  tympan  se 
•dirige,  le  plus  souvent,  vers  Textérieur  à  travers  les  couches 
osseuses,  et  produit,  à  la  région  postauriculaire,  un  certain 
nombre  de  symptômes  qui  permettent  de  la  reconnaître;  ce 
sont  :  des  douleurs  vives  à  Tapophyse  mastoîde,  et  dans  tout 
le  côté  correspondant  de  la  tête,  de  la  rougeur,  de  la  cha- 
leur, de  Tœdème,  une  fluctuation  plus  ou  moins  profonde. 
Les  mêmes  symptômes  s'observent,  il  est  vrai,  dansTosléo- 
périostite  externe,  avec  laquelle  on  pourrait  la  confondre; 
mais,  dans  rostéopériostite,  le  gonflement  et  la  douleur  appa- 
raissent presque  en  même  temps,  tandis  que,  dans  rempyème 
intramasloldien,Ies  douleurs  existent  généralement  depuis 
longtemps,  avant  qu'il  y  ait  aucune  trace  d'inflammation  à 
l'extérieur.  Mais  les  choses  ne  se  passent  pas  toujours  ainsi.  Il 
existe  une  forme  particulière  d*inflammation  des  cellules 
mastoïdiennes,  sur  laquelle  H.  le  docteur  Tillaux  a  spécia- 
lement appelé  l'attention  (1),  où  la  suppuration,  au  lieu 
d'être  diffuse,  reste  circonscrite  dans  l'intérieur  des  cavités 
osseuses,  et  ne  se  manifeste  extérieurement  par  aucun 
phénomène  saillant.  Cette  forme  s'observe  à  la  suite  d'une 
otite  moyenne  suppurée,  abandonnée  à  elle-même,  et  qui 
a  guéri  spontanément.  L'abcès  s'annonce  également  par  des 
douleurs  vives  derrière  l'oreille  et  dans  tout  le  côté  cor- 
respondant de  la  tête,  les  douleurs  s'accompagnent  de  fièvre, 
d'anorexie,  d'insomnie.  La  mort  peut  survenir  en  très  peu 
de  temps,  sans  qu'il  se  soit  produit  rien  de  nouveau  dans 
l'intérieur  de  l'oreille,  ni  d'anormal  à  la  région  mastoïdienne.. 
Cette  région  est  simplement  signalée  par  le  malade  comme 
étant  le  point  de  départ  de  ses  soufl'rances,  et  quel- 
quefois on  y  découvre  un  point  fixe  spécialement  dou- 
loureux à  la  pression.  Ici  le  diagnostic  est  extrêmement 
diflicile,  et  si  le  chirurgien  n'avait  comme  anamnestique 
l'existence  d'une  otite  moyenne  purulente  récente,  l'idée 
d'une  suppuration  des  cellules  mastoïdiennes  serait  assu- 
rément la  dernière  à  venir  à  son  esprit.  Mais  quelle  doit 
être  sa  perplexité,  lorsque  cet  élément  de  diagnostic  lui- 
même  fait  défaut,  chez  un  sujet  dont  les  oreilles  sont  tou- 
jours restées  saines,  lorsque  la  suppuration,  primitive  et 

(1)  p.  Tillaux,  Chirurgie  clinique,  t.  I.  p.  1*28. 


circonscrite,  ne  donne  lieu  à  aucun  phénomène  morbide 
du  côté  de  la  peau  ;  il  n'a  pour  guide  alors  que  les  douleurs 
spontanées  dont  se  plaint  le  malade,  le  mouvement  fébrile. 
et  la  sensibilité  à  la  pression  d'une  partie  très  lirailée  de 
l'apophyse  mastoîde,  sensibilité  qui  n'est  d'ailleurs  nulle- 
ment paihognomonique.  Est-il  autorisé,  d'après  ces  seul5 
symptômes,  à  pratiquer  la  trépanation,  opération  qui  irest 
pas  sans  gravité,  pour  donner  issue  à  une  suppuration  dou- 
teuse; je  n'hésite  pas  à  répondre  par  l'affirmative  :  oui  il 
faut  opérer,  lorsqu'il  existe  des  douleurs  de  tète  violentes. 
dont  le  point  de  départ  est  à  l'apophyse  mastoîde,  si  cet  us 

{présente  un  point  limité,  toujours  le  même,  douloureux  à 
a  pression,  et  si  ces  phénomènes  s'accompagnent  de  fièvre 
rémittente  ou  intermittente  qui,  jointe  à  d*intoIérable> 
souffrances,  altèt^e  profondément  et  rapidement  la  santé 
générale  du  malade  et  fait  craindre  pour  son  existenc«>. 
L'opération  sera  faite  d'après  les  règles  établies,  du  douzième 
au  quinzième  jour.  L'exemple  que  je  viens  de  rapporter 
montre  qu'en  dépassant  cette  limite  on  risque  d'arriver 
trop  lard. 


CORRESPONDANCE 

AU   COMITÉ  DE   RÉDACTION   DE   LA    C   GAZETTE  HEBDOJIIADAIRë    ) 

Dans  son  intéressant  travail  sur  la  tuberculose  cutanée, 
M.  Broca  signale,  d'une  manière  toute  spéciale,  les  inoculations 
faites  par  succion  après  la  circoncision  des  Hébreux.  Il  recon- 
naît, il  est  vrai,  ({ue  souvent  la  cause  de  la  tuberculose,  constatée 
après  la  circoncision,  doit  être  cherchée  ailleurs.  Mais  il  ajoutf^ 
que  le  virus,  étant  déposé  sur  le  tissu  cellulaire,  pénètre  arer 
une  fréquence  remarquable. 

Permettez-moi  de  démontrer  à  notre  honorable  confrère,  atn^i 
qu'à  vos  savants  lecteurs,  que  la  bonne  foi  du  corps  médirai  a 
été  surprise  par  des  faits  qui  n'ont  pas  été  scienlitiquenieut 
contrôlés. 

11  suflira  de  décrire  la  manière  dont  se  pratique  la  succion 
rituelle  pour  prouver  qu'elle  ne  peut  pas  amener  d'inoculatiou 
tuberculeuse. 

Supposons  le  cas  le  plus  grave  : 

L'opérateur  a  des  lésions  tuberculeuses  ou  des  bacilles  dan>k 
la  bouche.  Il  remplit  sa  bouche  de  vin  ou  d*eau-de-vie  et  pra- 
tique une  première  succion.  Il  crache  le  contenu  de  sa  bouche, 
la  remplit  de  vin  ou  d'eau-de-vie  et  pratique  une  nouvell** 
succion. 

Après  avoir  craché,  il  recommence  la  même  opération  unr 
troisième  fois. 

Croyez-vous  que,  dans  ces  conditions,  il  reste  encore  beaucoup 
de  bacilles  à  la  surface  de  la  plaie?  Et,  en  supposant  qu'il  en 
reste,  comme  la  plaie  ne  se  referme  pas  sur  eux  (condition 
indispensable  pour  riiioculaliou  expérimentale),  il  leur  est 
impossible  d'être  absorbés  (1). 

Que  dirons-nous  des  cas  nombreux  nui  ont  été  signalés  et 
dans  lesquels  l'opérateur  n'avait  absolument  aucune  lésion 
buccale  pouvant  déposer  le  virus  tuberculeux  sur  la  plair? 
Nous  ajouterons  que,  dans  nombre  de  cas,  Y  opérateur  accusa 
d'avoir  donné  la  tuberculose  par  succion,  n'a  même  pas  **tf 
ausculté! 

Veuillez  agréer,  etc. 

D'  Klein. 


Les  faits  de  tuberculose  dont  j'ai  parlé  ont  été  contrôlés  scieH- 
tifiquement  par  Lehmann^  auteur  israélite,  je  crois.  Je  n*insi>ti' 
pas  sur  ce  point.  Mais  je  me  permettrai,  quoique  profane,  quel- 
ques courtes  observations  rituelles. 

La  circoncision  rituelle  des  Hébreux  comporte  trois  temps  : 
la  section,  Milah;  la  déchirure  (pour  éviter  le  paraphimosisi, 
Periah;  rhémoslase  ou  Mezizzah,  Ce  dernier  temps  seul  est 
en  cause  et  dans  mon  article  et  dans  la  lettre  de  M.  le  docteur 
Klein.  C'est  Tbémostase,  en  effet,  que  la  succion  cherche  à  oh- 

(1)  Chez  len  enftinU,  la  tuberculose  a  toujours  une  tendance  ccntrirufre  (v>m. 
Duplay,  in  Archive*  de  médecine,  1887). 


11  Octobre  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  ^  N«  41  —    665 


tenir.  Or  tout  chirurgien  affirmera  que  point  n'est  besoin  de 
sucer  une  plaie,  même  à  la  verge,  pour  Tenipécher  de  saigner. 
Mais,  me  direz-vous,  et  la  Loi?  Eh  bien,  je  me  permettrai 
de  faire  observer  aue  la  succion  n'est  pas  à  vrai  dire  rituelle. 
Le  Talmud  considère  Periak  comme  indispensable  :  c  Mol 
vMei  Porah,  kschlei  mol  »,  ce  qui  veut  dire,  parait-il  c  La 
circoncision  sans  Periah  n'est  pas  une  circoncision.  »  La 
succion  n'est  pas  mise  sur  le  môme  rang  et  il  semblerait 
même  que  le  Consistoire  Israélite  de  Paris  et  la  Société  juive 
réformée  de  Berlin  conseillent  d'abandonner  celte  pratique. 
Quant  au  lavage  à  Talcool:  l'*  c'est  une  adjonction  non  rituelle; 
â**  à  mon  sens,  c'est  une  adjonction  insuffisante.  De  plus,  il  ne 
faudrait  pas  incriminer  les  seules  ulcérations  de  la  bouche  :  les 
bacilles  au  crachat  sont  fort  bien  capables  de  s'emmagasiner 
dans  un  recoin  quelconque.  On  parle  même  (excusez-moi  de 
mêler  le  très  profane  au  sacré)  d'une  blennorrhaeie  qu'une  dent 
creuse  serait  seule  capable  d'expliquer  ;  il  ne  s  agit  pas,  bien 
entendu,  d'une  circoncision. 

A.  Broca. 


SOCIÉTÉS -SAVANTES 

Académie  des  selenees. 

séance    du    30    septembre    1889. 

Sur  le  nombre  et  le  calibre  des  fibres  nerveuses 
j>u  nerf  oculo-moteur  commun  chez  le  chat  nouveau- 
né  ET  chez  le  chat  ADULTE,  par  M.  H.  Schiller.  Note 
additionnelle  de  H.  Forel.  —  Sous  les  auspices  et  sur  le 
conseil  de  M.  A.  Forel,  lauteur  a  entrepris  de  compter  les 
fibres  d*un  nerf  moteur  oculaire  commun  chez  un  animai 
nouveau-né  et  chez  un  animal  adulte. 

Comme  le  dit  H.  A.  Forel,  les  résultats  obtenus  par  l'au- 
teur, montrant  que  le  nombre  des  fibres  nerveuses  n'aug- 
mente pas  chez  l'adulte,  tendent  à  prouver  (jue  les  éléments 
cellulaires  nerveux  des  centres  cérébro-spinaux  ne  se  re- 
produisent pas  quand  ils  sont  détruits  et,  par  conséquent, 
ne  sont  pas  remplacés  dans  le  cours  de  l'existence.  La  ré- 
génération des  nerfs  périphériques  repose  sur  une  croissance 
du  cylindre-axe  oui  n'est  lui-même  qu'un  prolongement  de 
la  cellule  centrale  de  la  cornée  antérieure  ou  du  ganglion 
spinal  qui  lui  donne  naissance.  Lorsqu'un  nerf  coupé  se 
régénère,  il  ne  s'agit  donc  pas  d'éléments  détruits,  puis 
reproduits,  mais  seulement  du  bourgeonnement  des  tenta- 
cules ou  prolongements  coupés  de  certains  éléments  qui 
eux-mêmes  n'ont  pas  péri. 

Sur  la  vitalité  des  trichines,  par  M.  P.  Gibier.  — 
Une  série  d'expériences  a  démontré  à  l'auteur  qu'une  tem- 
pérature de  ib  degrés  centigrades  au-dessous  de  zéro, 
maintenue  pendant  deux  heures,  est  insuffisante  pour  assai- 
nir les  viandes  Irichinées.  A  peine  réchauffées,  les  trichines 
se  meuvent  avec  vivacité  et  leurs  mouvements  ont  une  acti- 
vité tout  à  fait  caractéristique.  Au  contraire,  quand  les 
viandes  ont  été  salées,  il  suffit  d'une  température  de 
quelaues  degrés  au-dessous  de  zéro,  prolongée  pendant 
une  neure  environ,  pour  tuer  les  trichines. 


Académie  de  médecine. 

SÉANCE   DU   8   OCTOBRE   1889.   —  PRÉSIDENCE   DE 
M.   MOUTARD-MARTIN. 

M.  Buequoy  présente,  de  la  part  de  M.  lo  docteur  Clément  Daruty  de  Grandpré 
(de  nie  Maurice),  des  Noie*  9ur  la  Ihérapetiiique  coloniale  de  Vile  Maurice,  nie 
de  Vempirisme, 

M.  Laborde  dt'pose  un  ouvrage  publié  par  la  Société  et  l'école  d'anthropologie 
h  rocca«ioii  de  l'Expo^ilion. 

M.  Léon  Colin  piésentc  une  Sole  vianutcrite  au  sujet  de  la  vaccination  des 
réservistes  et  des  hommes  de  l'armée  territoriale,  par  M.  le  ductcur  Lucien 
Collin,  médecin-msijor  do  2*  classe  à  la  direction  du  service  de  santé  du  gouver- 
nement militaire  de  Pari». 


M.  le  docteur  Aubert,  médecin-major,  de  i'*  classe  du  23*  d'infanterie,  envoie 
la  relation  manuscrite  d'une  épidémie  de  flèPre  typhoïde  A  Bourg-en^Uresse 
{Ain)  en  décembre  et  janvier  1888-1889. 

M.  le  docteur  Sajout  (de  Philadelphie)  adresse  les  cinq  volumes  de  VAnuual 
of  the  médical  scienceSf  publiés  sous  sa  direction  pendant  1  année  18S0. 

Cylindromes  MULTIPLES.  — M.  le  docteur  Poucet,  profes- 
seur à  la  Faculté  de  médecine  de  Lyon,  communique  1  obser- 
vation d'un  malade  âgé  de  cinquante-trois  ans,  qui  présen- 
tait un  nombre  considérable  de  tumeurs  (60)  tapissant  le 
cuir  chevelu,  de  la  nu(]ue  à  la  naissance  du  front  et  de 
dimensions  variant  depuis  le  volume  d'un  pois  jusqu'à  celui 
d'une  tomate;  toutes  étaient  mobiles  sur  la  paroi  crânienne 
et  plusieurs  comme  çédiculées;  la  peau,  rouge  violacé, 
présentait  dès  ulcérations  plus  ou  moins  étendues.  Des 
tumeurs  semblables  existaient  aussi  sur  le  tronc  et  dans  le 
dos  à  des  degrés  divers  de  développement.  Le  début  de 
l'affection  remontait  à  trente-deux  ans  ;  l'état  général  était 
des  plus  satisfaisants.  M.  Poncet  enleva  une  première  fois 
la  tumeur  du  côté  gauche  du  tronc  qui  était  la  plus  doulou- 
reuse du  tronc  et  q^uatre  autres  parmi  les  plus  volumineuses 
sur  le  thorax  ;  puis  une  seconde  fois,  trois  des  tumeurs 
siégeant  derrière  l'oreille.  La  cicatrisation  opérée,  le  malade 
quitta  le  service  il  y  a  dix  mois  ;  les  tumeurs  enlevées  n'ont 
pas  récidivé  ;  les  autres  nécessitent,  pour  la  plupart,  une 
intervention  opératoire. 

De  l'examen  histologique  et  bactériologique  pratiqué  sur 
ces  tumeurs,  il  résulte  que  l'affection  de  ce  malade  est 
essentiellement  caractérisée  par  des  tumeurs  multiples 
confluentes  du  cuir  chevelu  et  disséminées  sur  divers  points 
du  tronc.  Ces  tumeurs  sont  de  nature  épithéliale;  d'après 
leur  structure,  leurs  caractères  anatomiques,  elles  appar- 
tiennent à  la  classe  des  tumeurs  cylindromateuses.  Au  point 
de  vue  clinique,  elles  ont  une  demi-malignité;  elles  s'ac- 
croissent en  effet  insensiblement  et  restent  indolentes 
jusqu'au  jour  où  la  peau  est  envahie.  A  en  juger  par  la  date 
éloignée  de  l'apparition  des  premières  tumeurs,  elles  n'ont 
pas  de  tendance  à  la  généralisation,  mais  elles  peuvent 
infecter  les  ganglions  qui  reçoivent  leurs  lymphatiques  de 
la  peau  secondairement  envahie.  Le  seul  traitement  à  con- 
seiller est  l'extirpation  avec  l'instrument  tranchant. 

Prix.  —  M.  Bucquoy  lit  un  rapport  sur  le  concours  pour 
le  prix  de  la  fondation  Moubinne  en  1889. 

Prolapsus  rectal.  —  D'après  M.  Verneuil,  la  thérapeu- 
tique rationnelle  du  prolapsus  rectal  consiste  simplement  à 
rendre  aux  ligaments  rectaux  leur  longueur  en  cas  de  dis- 
tension et  leur  continuité  en  cas  de  rupture,  et  aux  muscles 
striés  ou  lisses  leur  contractilité  et  leur  tonicité,  puis  à 
supprimer  tous  les  efforts  expulsifs  et,  en  particulier,  ceux 
de  la  défécation.  Par  malheur,  dans  les  cas  graves  et  invé- 
térés, ce  ne  sont  plus  les  causes  premières  qu'on  peut  com- 
battre, mais  leurs  effets,  par  des  moyens  opératoires  bien 
souvent  infidèles,  insuffisants  ou  d'une  efficacité  passagère; 
heureux  lorsqu'on  peut,  après  avoir  reporté  le  rectum  dans 
le  bassin,  mettre  obstacle  à  sa  descente  nouvelle  en  lui 
créantdesadhérences  capables  de  remplacer  en  haut  les  liens 
suspenseurs  et  de  s'opposer  ainsi  à  sa  sortie  en  reformant 
un  anus  assez  étroit  pour  remplir  en  bas  le  rôle  d'agent  de 
contention.  Mais  on  a  trop  négligé  jusqu'ici  les  mesures 
nécessaires  contre  la  constipation,  la  rétention  stercorale, 
la  rectile,  la  diarrhée,  le  ténesme  et  ces  défécations  labo- 
rieuses et  réitérées  qui  entretiennent  et  aggravent  la  chute 
du  rectum  et  trop  souvent  rendent  stériles  les  actes  chirur- 
gicaux. 

Ces  considérations  viennent  à  l'appui  d'une  observation 
de  M.  le  docteur  Jeannel  (de  Toulouse)  sur  laquelle 
H.  Verneuil  lit  un  rapport  très  développé  et  très  étudié.  Il 
s'agissait  d'une  femme  profondément  cachectique  et  atteinte 
d'un  prolapsus  rectal  des  plus  graves,  qui  rendait  la  station 
debout  tout  à  fait  impossible.  M.  Jeannel  se  résolut  à  l'opé- 
ration suivante:  le  ventre  ouvert,  il  amena  au  dehors  l'S 


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GAZETTE  HEBDOMAbAlRB  DB  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  11  Octobre  1889 


iliaque,  et,  à  l'aide  d'une  traction  très  douce,  toute  la  masse 
prolapsée  fut  facilement,  rapidement  et  complètement 
réduite;  puis  l'intestin  fut  fixé  par  le  procédé  de  H.  Maydl 
et  un  pansement  légèrement  compressif  appliqué  sur  le 
tout.  Quelques  jours  après,  selle  abondante  par  l'anus  péri- 
néal  sans  réapparition  du  prolapsus;  le  lendemain  de  cette 
selle,  création  d'un  anus  artificiel  par  incision  pratiquée 
avec  le  thermocautère  sur  le  sommet  de  l'anse  intestinale 
herniée  ;  deux  jours  après,  selle  abondante  par  cet  orifice. 
Les  matières  fécales  se  partagèrent  ensuite  entre  les  deux 
ouvertures,  de  plus  en  plus  abondantes  par  l'anus  normal, 
l'anus  artificiel  commençant  à  se  rétrécir  ;  la  malade 
reprit  sa  santé  ;  le  prolapsus  ne  reparut  pas  ;  l'inconti- 
nence d'urine  a  presque  disparu,  sauf  lorsqu'il  y  a  de  la 
diarrhée  ;  la  cystocèle  et  la  chute  de  l'utérus  n'existent  plus. 
H.  Verneuil  approuve  complètement  la  conduite  tenue 
parM.Jeannel  dans  cette  circonstance  et  il  saisit  celte 
occasion  pour  étudier  avec  soin  les  indications  et  les  contre* 
indications  des  diverses  méthodes  opératoires  proposées 
contre  le  prolapsus  rectal.  (Cette  question  sera  étudiée  dans 
un  prochain  article  de  la  Gazette.) 

ACTIOiN  DE  l'iODURE  DE  POTASSIUM  SUR  LE  CŒUR. — D'aprèS 

les  expériences  de  physiologie  expérimentale  à  laquelle  il 
s'est  livré  avec  M.  Lapicque  et  d'après  ses  observations  cli- 
niques, H.  Germain  Sée  estime  que  le  vrai  médicament  du 
cœur  est  l'iodure  de  potassium.  Loin  d'être  un  dépresseur 
comme  on  l'a  soutenu,  il  s'appliçiue,  au  contraire,  surtout 
aux  lésions  valvulaires  ou  myocardiques  graves  avec  pression 
faible;  il  relève  tout  d'abord  l'énergie  du  cœur  et  la  pression 
vasculaire.  Puis  en  dilatant  plus  tard  toutes  les  artérioles, 
il  y  facilite  l'apport  du  sang,  de  sorte  que  le  cœur  se  trouve 
délivré  de  ces  résistances  et  recouvre  sa  puissance  contrac- 
tile. L'iodure  devient  ainsi  un  fortifiant  des  cœurs  surmenés 
ou  dilatés.  Par  la  vaso-dilatation  c^ui  s'étend  naturellement 
aux  artères  coronaires  ou  nourricières  du  cœur  lui-même, 
l'iodure,  à  la  dose  de  2  à  3  grammes  (et  non  pas  aux  doses 
insignifiantes  d'un  demi-gramme),  rend  un  nouveau  service 
en  activant  le  mouvement  du  sang,  ainsi  que  la  nutrition 
intime  dans  l'organe  central  de  la  circulation,  quel  que  soit 
l'état  morbide  de  cet  organe  principal  de  la  vie. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

THÉRAPEUTIQUE 

XaphlAlltte  et  flèvre  lypboYde,  par  M.  Sehrwald.  —  Recom- 
mandée par  Rossbach  et  Bouchard,  la  naphtaline  a  été  Tobjet  de 
bien  des  critiques;  on  l'a  accusée  de  provoquer  de  Firritation 
des  voies  urinaires,  —  ce  qui  n'a  lieu  que  quand  elle  est  impure; 
de  produire  des  phénomènes  d'intoxication,  tels  que  vomisse- 
ments, dépression  psychique,  etc.,  —  ce  que  l'on  ne  constate 
qu'avec  des  doses  très  élevées.  Expérimentalement  on  a  déter- 
miné avec  elle,  chez  le  lapin,  des  altérations  du  cristallin  res- 
semblant à  la  cataracte  sénile.  L'autnur  a  étudié  l'action  anti- 
septique exercée  par  la  naphtaline  sur  le  bacille  de  la  fièvre 
typhoïde.  11  a  fait  des  cultures  dans  de  la  gélatine  et  sur  des 
tranches  de  pomme  de  terre,  et  constaté  qu'à  basse  température 
la  naphtaline  eu  poudre  n'a  que  des  propriétés  antiseptiques 
très  faibles.  A  la  température  de  37  degrés  et  dans  un  milieu 
liquide  ces  propriétés  sont  beaucoup  plus  énergiques.  Dans  un 
milieu  très  chaud  où  Todeur  de  la  naphtaline  est  pénétrante, 
son  action  antiseptique  est  encore  plus  forte.  C'est  quand  elle 
est  à  l'état  gazeux  que  son  pouvoir  antiseptique  parait  être  le 
plus  développé. 

La  naphtaline  détruit  non  seulement  les  microbes  de  la  fièvre 
typhoïde,  mais  encore  ceux  qui  sont  contenus  dans  les  matières 
fécales,  ainsi  que  ceux  de  la  putréfaction  ;  elle  agit  aussi  sur  des 
êtres  d'une  organisation  supérieure,  tels  que  les  oxyures. 

Elle  agit  d'autant    plus  éncrgiquement    que   les  points   de 


contact  sont  plus  multipliés,  et  que  les  liquides  qui  la  cod- 
tiennent  sont  plus  agités.  Dans  Tintestin  la  température  en  favo- 
rise la  volatilisation  et  les  mouvements  péristaltiques  eu  faci- 
litent le  mélange  avec  les  liquides  qui  y  sont  contenus. 

La  fièvre  typhoïde  doit  être  considérée  comme  le  résultai  d'ub- 
infection  multiple;  il  importe  d'employer  la  naphtaline  dès  U 
début  de  la  maladie,  avant  que  les  microbes  aksnt  pénétré  dau^ 
la  rate  et  dans  les  ganglions.  Il  parait  indiqué  de  combiner  Fac- 
tion de  la  naphtaline  avec  celle  du  calomel,  parce  quVIl^- 
détruit  certains  microbes  épargnés  par  ce  dernier. 

Bouchard  avait  déjà  remarqué  que  l'urine  qui  est  toxique  dan? 
certaines  affections  gastro-intestinales  perd  ce  caractère  quand 
le  malade  prend  de  la  naphtaline.  L'auteur  a  constaté  que  \*^^ 
parties  de  naphtaline  qui  sont  absorbées  ne  commun iqurnt 
aux  humeurs  de  l'économie  aucune  propriété  antiseptiqut*  qui 
agisse  sur  le  bacille  typhique.  (Berliner  ktinische  Wochensck.. 
13  mai,  20  mai  et  3  juin  1889.) 

PseanoBlefl  sraves  eielanlveoieBt  Imitées  par  de«  lalMi- 
lallonfl  de  ehlorofonne,  par  M.  Clemens.  —  Non  seulement  le« 

symptômes  douloureux  disparaissent,  mais  aussi  la  durée  de  U 
maladie  est  abrégée  par  le  chloroforme.  Dès  les  premières  inha- 
lations la  respiration  devient  plus  profonde,  c'est  le  premier 
pas  vers  la  disparition  de  Tinflammation.  Déjà  au  bout  de  douz»' 
heures  la  fièvre  est  abaissée.  L'auteur  n'a  jamais  observé  d'in- 
convénients dans  l'emploi  du  chloroforme.  11  recommande  de 
n'employer  que  du  chloroforme  pur,  non  décomposé  par  la 
lumière;  seul,  le  chloroforme  anglais  d'une  densité  de  i,ilN» 
n'est  pas  décomposé  par  la  lumière.  S'il  est  nécessaire  de  con- 
tinuer les  inhalations  la  nuit,  il  recommande  de  se  servir  d'un 
mélange  à  parties  égales  de  chloroforme  et  d'esprtt-de-vin. 
Cette  méthode  a  fourni  à  l'auteur  de  brillants  succès,  et  dan> 
une  pratique  de  iâ  cas  il  n'a  pas  perdu  un  seul  malade  de 
pneumonie.  Plus  la  maladie  est  grave,  plus  il  faut  augmenter  la 
proportion  d'alcool. 

Les  inhalations  produisent  la  détibrination  du  sang  d«*s  |>ou- 
mons  et  préviennent  l'hépatisation  ;  il  y  a  sans  doute  là  une 
action  dynamique  sur  le  cerveau  et  sur  le  nerf  pneumoga>- 
trique. 

Pour  pratiquer  les  inhalations,  il  faut  prendre  une  pelote 
d'ouate  très  serrée,  l'arroser  de  'i  à  8  grammes  de  liquide,  et 
l'envelopper  d'une  couche  d'ouate  épaisse  et  lâche;  cette  raassf 
ainsi  apprêtée  est  approchée  du  nez  et  de  la  bouche,  dont  ell**  , 
reste  éloignée  de  l'épaisseur  de  la  main.  On  interrompt  les  in- 
halations de  temps  en  temps.  (AHgem,  med.  CetUral.  Zeitung. 
n*»  21,  et  Wiener  medicin  Presse,  7  avril  1889.) 


BIBLIOGRAPHIE 

LcçoBS  de  thérapeutique  et  de  cliulque  medleales  die 
l*li«pital  Bleliati  maladies  du  eoBor  et  dea  val«seaax. 

par  H.  Henri  Huchard.  1  vol.  avec  figures  dans  le  texte 
et  4  planches  chromolithographiques.  —  Paris,  188U. 
0.  Doin. 

On  ne  saurait  trop  louer  le  zèle  et  Tactivité  que  déploient, 
dans  leur  enseignement,  libre  de  toute  attache  officielle,  le> 
médecins  de  nos  hôpitaux  parisiens.  La  juste  renommée 
des  cliniques  de  l'hôpital  Saint-Louis  a,  depuis  longtemps, 
démontré  leur  intérêt  et  leur  utilité.  Les  leçons  que  vient 
de  faire  paraître  M.  H.  Huchard  viennent  prouver  à  leur 
tour  (jue,  dans  tous  les  services  hospitaliers,  un  médecin 
laborieux  et  dévoué  à  ses  devoirs  professionnels  peut  trouver 
un  vaste  champ  d'études  et  d'intéressants  sujets  de  recher- 
ches et  de  travaux  cliniques. 

Déjà  nous  avons  reproduit  (p.  219)  une  leçon  sur  \v^ 
causes  diverses  de  Tartério-sclérose.  La  Gazette  a  aussi 
longuement  analysé  l'intéressant  travail  de  M.  Huchard  sur 
les  indications  thérapeutiques  et  le  mode  d'administration 


il  Octobre  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  Et  DE  CHItHJRGlE 


_  ijo  41  _    66Î 


de  la  digitale.  C'est  dire  combien  nous  avons  apprécié  au 
fur  et  à  mesure  de  leur  apparition  les  recherches  cliniques 
qui  ont  servi  à  rédiger  les  leçons  dont  nous  avons  sous  les 
yeux  le  texte  définitif.  En  les  réunissant  dans  un  ouvrage  de 
plus  de  900  pages,  en  y  ajoutant  un  grand  nombre  des 
observations  qu'il  a  recueillies  et  qui  les  ont  inspirées, 
M.  Huchard  a  voulu,  comme  semble  Vindiquer  un  chapitre 
préliminaire,  rappeler  la  part  qu'il  a  prise  au  mouvement 
médical  contemporain  dans  l'étude  des  cardiopathies  d'ori- 
gine artérielle  et  résumer  pour  ceux  qui  n'eu  auraient  point 
une  connaissance  suffisante  tous  ses  travaux  et  ses  titres 
scientiGques. 

Nous  n'avons  point  à  rappeler  ceux-ci.  Élève  de  M.  le 
professeur  Potain,  notre  laborieux  confrère  a  su  apprendre 
à  son  incomparable  école  clinique  les  méthodes  d'obser- 
vation et  les  ingénieuses  recherches  qui  ont  permis  à  ce 
maître  éminent  d'établir  sur  des  bases  nouvelles  la  doctrine 
des  cardiopathies.  On  retrouvera  dans  le  livre  de  M.  Huchard 
comme  un  reflet  de  ces  leçons  si  suggestives  dans  lesquelles 
M.  Potain  émet  un  si  grand  nombre  d'idées  originales  et 
d'aperçus  nouveaux  qu'il  abandonne  généreusement  à  ses 
élèves. 

C'est  en  s'occupant  plus  spécialement  de  la  séméiologie 
et  du  traitement  des  artério-scléroses  en  général  et  de 
l'angine  de  poitrine  en  particulier  que  M.  Huchard  est 
arrivé  à  donner  à  son  œuvre  un  caractère  tout  personnel  et 
bien  fait  pour  appeler  l'attention  des  praticiens. 

Il  nous  serait  impossible,  sans  dépasser  les  limites  que 
doit  toujours  garder  un  compte  rendu  bibliographique,  de 
suivre  M.  Huchard  dans  tous  les  développements  qu'il  a 
donnés  à  ses  leçons.  Nous  devons  cependant  dans  son  cha- 
pitre préliminaire  signaler  ce  qu'il  dit  des  médications 
systématiques  et  en  particulier  de  ces  formules  quasi- 
mathématiques  aue  trop  souvent  encore  l'on  essaye  d'établir, 
en  particulier  lorsquil  s'agit  du  traitement  de  la  fièvre 
typhoïde.  Sans  doute,  à  ce  point  de  vue  spécial,  nous  aurions 
à  faire  quelques  réserves  au  sujet  de  l'opportunité  de  l'an- 
tisepsie intestinale  dont  M.  Bouchard  a  si  magistralement 
établi  les  indications  et  les  avantages;  mais  nous  tenons 
surtout  à  insister  sur  les  sages  avis  que  donne  l'auteur  à 
ceux  qui  ne  voient  dans  la  fièvre  que  l'hyperthermie  et  dans 
la  maladie  que  le  microbe. 

Le  livre  commence,  à  proprement  parler,  par  la  quatrième 
leçon  qui  traite  de  la  tension  artérielle  dans  les  maladies  et 
de  ses  indications  thérapeutiques.  C'est  dans  ce  chapitre 
que  M.  Huchard  signale  et  décrit  le  symptôme  qu'il  a  appelé 
embryocardie  et  qui  paraît  être  souvent  le  signe  avant- 
coureur  d'une  mort  prochaine. 

Puis  vient  une  étude  très  détaillée,  très  complète  et  très 
intéressante  de  l'aortite  aiguë,  maladie  trop  peu  connue  de 
la  plupart  des  cliniciens,  plus  fréquente  qu'on  ne  le  croit 
d'ordinaire  et  offrant  à  un  médecin  attentif  bien  des  occa- 
sions de  succès  professionnel.  N'est-ce  pas  en  attaquant  dès 
leur  début  les  manifestations  de  ce  mal  si  redoutable  que 
l'on  arrive  à  prévenir  les  dilatations  permanentes  de  Taorte 
et  l'insuffisance  artérielle  qui  en  est  la  conséquence  inévi- 
table? C'est  encore  à  M.  Potain  que  l'on  doit  d'avoir  appelé 
l'attention  sur  ces  dilatations  aortiques  curables  trop 
souvent  méconnues.  En  précisant  le  diagnostic  et  le  traite- 
ment de  l'aortite  aiguë  et  de  ses  conséquences,  M.  H.  Huchard 
a  certainement  rendu  un  grand  service  à  tous  ses  confrères. 

Les  leçons  suivantes  traitent  de  l'artério-sclérose,  puis  de 
l'angine  de  poitrine  ou,  pour  parler  plus  exactement,  de 
l'ensemble  des  maladies  qui  portent  le  nom  d'angine  de 
poitrine  vraie  et  fausse  (pseudo-angines).  C'est  dans  toute 
cette  série  de  chapitres  que  M.  Huchard  a  inséré  les  nom- 
breuses observations  qu'il  a  recueillies  non  seulement  à 
l'hôpital,  mais  encore  dans  sa  pratique  privée.  C'est  là  qu'il 
a  développé  ses  idées  personnelles  sur  l'anatomie  [patholo- 
gique, la  pathogénie  et  le  traitement  des  cardiopathies  arté- 


rielles. Nous  avons  eu  déjà  et  nous  aurons  maintes  fois 
encore  sans  doute  dans  les  colonnesde  ce  journal  l'occasion 
de  discuter  quelques-uns  de  ces  sujets  que  l'auteur  a  étudiés 
avec  une  prédilection  marquée.  La  doctrine  qui  tend  à  con- 
sidérer toutes  les  angines  de  poitrine  vraies  comme  dues  à 
une  oblitération  inflammatoire  des  artères  coronaires,  a  été 
combattue  à  l'aide  d'arguments  anatomiques  qu'il  semble 
difficile  de  réfuter.  On  peut  trouver  des  obturations  com- 
plètes des  artères  coronaires  sans  qu'il  ait  existé  durant  la 
vie  aucun  symptôme  angineux;  on  peut,  d'autre  part,  en 
pratiquant  l'autopsie  de  sujets  ayant  succombé  à  une  angine 
de  poitrine  vraie,  chercher  en  vain  la  lésion  des  coronaires. 
Ilestdonc  permisjusqu'à  un  certain  point  de  contester  encore 
la  doctrine  que  M.  Huchard  défend  à  l'aide  d'argu- 
ments si  séduisants.  Mais,  quelque  opinion  que  l'on  ait  au 
sujet  de  la  nature  même,  de  Tétiologie  anatomique  des 
angines  de  poitrine,  on  devra  reconnaître  comme  fort  pré- 
cis et  d'une  grande  exactitude  clinique  les  caractères  dif- 
férentiels des  angines  vraies  (artérielles)  et  des  angines 
fausses  (névralgies).  Le  tableau  tracé  à  ce  point  de  vue 
(p.  593)  est  des  plus  instructifs. 

Que  dire  du  traitement?  Il  est  devenu  classique  et  il  n'est 
pas  un  médecin  aujourd'hui  qui,  dans  les  maladies  cardia- 
ques d'origine  artérielle  et  surtout  dans  les  affections  aorti- 
ques avec  angine  de  poitrine,  ne  connaisse  les  effets  mer- 
veilleux que  donne  la  médication  indurée.  Nous  ne  pouvons 
cependant  ici  accepter  sans  quelque  restriction  tout  ce  que  dit 
M.  Huchard.  Avec  M.  Potain,  nous  pensons  que  les  faibles 
doses  d'iodure  de  potassium  —  ou  de  sodium  lorsque  la 
médication  doit  être  continuée  très  longtemps  —  sont  pré- 
férables aux  doses  élevées.  Sans  doute  il  faut  toujours  tenir 
grand  compte  des  prédispositions  individuelles.  Certains 
malades,  qui  supportent  impunément  2  et  3  grammes  d'io- 
dure pendant  plusieurs  jours  consécutifs,  sont  au  contraire 
atteints  d'accidents  d'iodisme  manifestes  lorsqu'on  ne  leur 
en  prescrit  que  30  à  40  centigrammes.  Il  est  probable  que, 
dans  ces  circonstances,  la  diurèse  très  manifeste  que  pro- 
voque la  médication  contribue  à  assurer  la  tolérance. 
D  autres  fois,  au  contraire  —  et  il  nous  a  semblé  que  chez 
les  aortiques  surtout  on  observait  ces  effets  d'intoxication  — 
il  est  impossible,  quelques  correctifs  que  l'on  apporte  à  la 
formule  primitive,  de  dépasser  la  dose  de  60  centigrammes 
ou  i  gramme,  sans  provoquer  des  accidents.  Elève  de  Kûss, 
nous  avons  vu,  chez  des  syphilitiques,  administrer  l'iodure 
à  des  doses  très  élevées,  très  rapidement  portées  à  10  et 
15  grammes  par  jour.  Le  nombre  nous  a  paru  bien  restreint 
de  ceux  qui  supportaient  cette  pratique.  Nous  n'oserions 
donc  répéter  après  M.  Huchard  que,  dans  les  cas  d'angine 
de  poitrine  grave,  il  faut  frapper  un  grand  coup  et  faire 

6 rendre  jusqu'à  20  grammes  d'iodure  par  jour  (p.  722). 
ous  pensons  au  contraire  que  bien  peu  de  malades  subi- 
raient sans  grand  dommage  cette  médication. 

Mais  ce  n'est  point  ici  le  lieu  de  discuter  à  fond  les 
questions  de  ce  genre.  Il  nous  suffira  d'avoir  indiqué 
quelques-uns  des  sujets  traités  par  l'auteur  pour  faire  com- 
prendre qu'un  ouvrage  de  cette  étendue,  riche  d'observations 
personnelles,  de  discussions  approfondies,  d'enseignements 
utiles,  ne  saurait  laisser  indifférents  ceux  qui  tiennent  à 
se  tenir  au  courant  du  mouvement  scientifique  contemporain 
et  à  rendre  justice  à  tous  les  travailleurs. 

L.  L. 


VARIETES 

L'incendie  iju  grand  amphithéâtre  de  la  faculté  de  méde- 
cine. —Ainsi  qu'on  Ta  vu  plus  haut,  le  feu  a  pris  dans  le  grand 
amphilhéàtrede  la  Faculté  de  médecine  mardi  matin,  presque  à 
la  tin  de  la  séance  qu'y  tenait  le  Congres  de  chirurgie.  En  quel- 
ques minutes,  l'estraae  où  siégeait  le  bureau  du  Congrès  fut 
consumée,  ainsi  que  les  tentures  qui  garnissaient  les  murs,  les 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  11  Octobre  1889 


gradins  inférieurs,  la  chaire  et  les  trois  tableaux  de  Matout  qui 
ornaient  la  partie  supérieure  du  mur  de  façade;  Tinlensité  du 
feu  a  été  telle  ciu  il  est  peu  de  parties  du  vaste  hémicycle  qui  ne 
soient  détériorées.  Les  dépls  sont  estimés  à  50  000  francs  pour 
la  réfection  de  Tamphithéàlre  et  pour  au  moins  ^200000  francs, 
valeur  représentant  les  remarauables  peintures  que  la  Faculté 
était  justement  fière  de  possétier. 

La  cause  de  cet  incendie  provient,  très  vraisemblablement,  de 
Ky  mauvaise  installation  du  calorifère  ;  déjà  en  février  1887,  pareil 
accident  s^était  présenté  et  les  gradins  inférieurs  avaient  été 
consumés.  Cette  fois,  Testrade  et  les  tentures  placées  pour  le 
Congrès  de  chirurgie  ont  causé  par  contre-coup  les  dégàls  plus 
considérables  que  nous  venons  de  rappeler.  Mais  il  faut  se  hâter 
de  reconnaître  que  ce  matériel  n*a  été  pour  rien  dans  la  cause 
de  rincendie;  ce  sont  les  gradins  de  la  chaire  qui  ont  pris  feu 
en  premier  lieu  et  celui-ci  a  été  directement  transmis  par  le 
calorifère  et  les  bouches  de  chaleur.  Or,  ce  calorifère,  placé 
sous  les  gradins,  avait  ses  parois  à  quelques  centimètres  seu- 
lement des  ffradins,  et  les  bouches  laissaient  fréquemment 
passer  de  la  fumée. 

Lorsque  le  premier  incendie  arriva,  de  nombreux  vices  de 
construction  furent  signalés  à  l'architecte  ;  on  lui  prédit  qu'il  y 
avait  danger  à  continuer  de  tels  errements.  L'avenir  a  justifié 
ces  prévisions,  ^ous  ne  craignons  pas  d'ajouter  que  ce  n'est  pas 
seulement  le  système  de  chaulFage  du  grand  amphithéâtre  qui 
est  défectueux  et  dangereux  au  point  de  vue  de  l'incendie,  mais 
que  dans  presque  tous  les  bâtiments  de  la  Faculté  il  en  est  de 
même  ;  il  serait  facile  de  citer  les  endroits  les  plus  menacés. 
D'ailleurs  une  conmiission  d'enquête  a  été  nommée  hier  soir  par 
M.  le  ministre  de  Tinstruclion  publique;  elle  est  composée  de 
MM.  Brouardel,  doyen;  Gariel,  professeur  de  physique;  Michel 
Lévy,  ingénieur  des  mines;  Charles  llerscher,  ingénieur-cons- 
tructeur, et  Ginain,  architecte. 

La  responsabilité  de  l'architecte  de  la  Faculté  parait  fortement 
engagée  dans  cette  catastrophe,  dont  les  conséquences  eussent  pu 
être  extrêmement  graves  si  le  feu  avait  pris  la  nuit,  l'amphithéâtre 
étant  proche  de  la  bibliothèque  et  joignant  le  dépôt  des  livres; 
sa  responsabilité  est  non  moins  grande  en  raison  ae  l'état  défec- 
tueux de  la  plupart  des  installations  de  la  Faculté,  mais  elle  est 
purement  morale,  parait-il.  On  sait  quelles  plaintes  il  ne  cesse 
d  accumuler,  avec  une  parfaite  indificrence,  depuis  le  nombre 
aujourd'hui  incalculable  d'années  qu'il  entasse  les  pierres  de 
taille  et  les  moellons  dans  la  reconstruction  de  l'Ëcole  pratique 
et  de  la  Faculté.  Nommé  pour  procéder  à  cette  reconstruction, 
il  a  si  fortement  engagé  les  dépenses  dans  les  parties  exté- 
rieures, accessibles  à  la  vue  du  grand  public,  qu'il  faut  toujours 
reculer  les  installations  intérieures;  d'autre  part,  il  se  trouve 
officiellement  dépendre  de  deux  administrations,  la  ville  et 
l'Etat,  et  celte  situation  lui  permet  de  rester  immuable  au  milieu 
des  difticultés  qu'il  peut  faire  naître  et  durer  entre  les  deux 
administrations.  La  Faculté  a  beau  protester  ;  son  dévoué  et 
infatigable  doyen  a  beau  user  de  toute  son  énergie,  toutes  les 
réclauiations  les  plus  légitimes  viennent  se  briser  contre  cette 
force  d'inertie  ;  nombre  de  docteurs  étrangers,  revenus  cette 
année  d  l'Exposition,  ont  eu  le  temps  de  faire  leurs  éludes  à 
Paris,  de  s'installer  et  de  devenir  célèbres  dans  leur  pays  ;  ils 
ont  trouvé  la  Faculté  inachevée  comme  au  temps  où  ils  en 
suivaient  les  cours.  L'architecte  n'en  reste  pas  moins  toujours  à 
son  poste,  posant  de  temps  en  temps  quelques  pierres,  dispo- 
sant des  installations  qui  ne  satisfont  personne;  il  attend 
tranquillement  sans  s'en  émouvoir  autrement...  Impavidum 
ferient  ruinœ. 

C'est  vraiment  une  singulière  situation  que  celle-là  !  La 
Faculté,  à  diverses  reprises,  a  demandé  que  les  constructions 
soient  confiées  à  d'autres  mains;  elle  a  hâte  de  voir  cesser  cette 
prodigalité  de  pierres  de  taille  qui  empêche  les  installations, 
plus  modestes,  des  laboratoires  de  s'achever,  et  rien  n'y  fait.  Il 
est  temps  qu'une  solution  intervienne  et  que  l'on  prenne  les 
mesures  nécessaires  pour  faire  cesser  une  situation  aussi 
fâcheuse  au  point  de  vue  de  l'enseignement  médical  et  qui 
Unirait  par  devenir  grotesque,  comme  on  l'a  dit,  si  l'on  n'y 
mettait  bon  ordre.  Mais  l'arcnitecte  s'en  consolera  aisément,  car 
il  doit  bien  souffrir  d'être  obligé  de  s'occuper  des  détails  prati- 
ques que  nécessite  la  construction  de  nos  amphithésUres,  de  nos 
laboratoires;  ne  se  vantait-il  pas,  il  n'y  a  pas  bien  longtemps, 
d'avoir  la  rare  bonne  fortune  pour  un  "architecte  de  construire 
un  monument  où  l'on  ne  pourra  rien  mettre  que  quelques 
tableaux  ou  sculptures,  et  dans  lequel  les  façades  extérieures 
étaient  l'unique  préoccupation.  C'est  ainsi  qu'il  parlait,  et  nous 


garantissons  l'authenticité  du  propos,  du  nouveau  musée  df 
M"*  de  Galliera.  A  la  Faculté  il  n  en  saurait  être  de  même  ;  par 
surcroit,  un  calorifère  mal  placé,  contre  toutes  les  règles,  y  brùlc 
même  de  beaux  tableaux. 

Concours  de  l'intbrn\t  et  de  l'externat.  —  Le  jury  d.- 
l'internat  est  provisoirement  romeosé  de  la  façon  suivantr  : 
MM.  Bouchard,  Déjerine,  Moutard-Martin,  Marjolin,  Humbert. 
Félizet,  Bar. 

—  Le  jury  de  l'externat  est  provisoirement  composé  d» 
MM.  Dreyfous,  Merkien,  Brault,  Faisans,  Doléris,  Michaux,  Jala- 
guier. 

Chefs  de  clinique.  —  Par  suite  d'un  règlement  nouveau,  U*^ 
chefs  de  clinique  sont  nommés  pour  un  an;  toutefois,  sur  la  pn»- 
position  du  professeur  et  après  avis  favorable  de  la  Faculté,  il> 
peuvent  être  prorogés  d'année  en  année,  sans  qu'en  aucun  ras 
la  durée  totale  de  leurs  fonctions  puisse  excéder  trois  ans. 

Les  fonctions  de  chef  de  clinique  sont  incompatibles  hv(m- 
celles  d'agrégé  en  exercice,  de  médecin  ou  de  chirurgien  de> 
hôpitaux,  de  prosecteur  ou  d'aide  d'anatomie. 

Sont  seuls  admis  à  prendre  part  aux  concours  de  chefs  dr 
clinique  les  docteurs  en  médecine  français,  âgés  de  moins  d*' 
trente-quatre  ans  le  jour  de  l'ouverture  du  concours. 

Exceptionnellement,  les  candidats  qui  justifient  de  la  doubU- 
condition  d'âge  et  de  nationalité  ci-dessus  peuvent  prendn- 
part  aux  concours  de  chefs  de  clinique  chirurgicale,  obstclricalo 
et  ophthalmologique  jusqu'à  l'âge  de  trente-huit  ans  non  révolu^ 
le  jour  de  l'ouverture  du  concours. 

Les  chefs  de  clinique  nouvellement  nommés  sont  attachés  aux 
professeurs  dont  le  service  devient  vacant,  et  le  plus  ancien  dr 
ces  professeurs  a  le  droit  de  choisir  celui  des  chefs  de  clinii|Uf 
qu'il  préfère. 

LÉGION  d'honneur.— Par  décret  du  8  octobre  ont  été  promus  : 
Officiers:  MM.  Pineau,  médecin-major  de  i^""  classe,  et  Boulon- 
nier,  médecin  chef  des  salles  militaires  de  l'hospice  mixt** 
d'Angoulêine. 

—  Ont  été  nommés:  Chevaliers:  MM.  Larger,  méderin-raajur 
de  i"  classe  de  l'armée  territoriale  ;  Higal,  médecin-major  de 
1"^*  classe;  Gerboin,  médecin-major  de  1"  classe;  Le  Houvilloiv. 
médecin-majcr  de  1"  classe;  Lavât,  médecin-major  de  V"  classr 


Mortalité  a  Paris  (39'  semaine,  du  ±1  au  28  septembre 
1889.  — Population:  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  IS. 

—  Variole,  i.  —  Bougeole,  8.  —  Scarlatine,  4.  —  Coque- 
luche, 8.  —  Diphthérie,  croup,  25.  —  Choléra,  0.  —  Phlhisie 
pulmonaire,  20i.  —  Autres  tuberculoses,  21.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  54  ;  autres,  2.  —  Méningite,  28.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  45.  —  Paralysie,  t».  — 
Ramollissement  cérébral,  4.  —  Maladies  organiques  du  cœur,(»r>. 

—  Bronchite  aiguë,  24.  —  Bronchite  chronique,  25.  —  Broncho- 
pneumonie, 15.  — Pneumonie,  39.  —  Gastro-entérite:  sein.  Il  ; 
biberon,  76.  —  Autres  diarrhées,  8.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 2.  — Autres  affections  puerpérales,  0.  —  Débilité  con- 
génitale, 30. —  Sénilité,  21.  —  Suicides,  13.  —Autres  morts 
violentes,  4.  —  Autres  causes  de  mort,  171,  —  Causer 
inconnues,  13.  —  Total:  948. 


OUVRAGES  DËPOSeS  AU  BUREAU  DU  JOURNAL 

Traité  d'anatomie  humaine,  par  ïl.  L.  Testut,  avc€  la  collaboration  de  MM.  (Vn- 
et  ViailetoQ.  Tome  I:  ostcoIu};ie,  arlhrologie,  ni>ologic  Un  beau  volume  gra'fl 
in-8*'  de  770  pages  avec  'iOi  ligures,  dunl  un  grand  nombre  en  deux  ol  trni% 
couleurs  dans  le  texte.  Paris,  U.  Duin.  1<>  U. 

L'ouvrage  sera  complet  en  trois  volumes^.  Les  tomes  U  ol  III  sont  sous  prf«.«r 

et  paraîtront  incessamment. 

êJanuel  d'hydrothérapie,  par  M.  le  docteur  Marario  (4*>  êditioo).  f  vol.  ia-ii. 
Paris,  F.  Alcau.  i  fr.  Thi 

Du  traitement  det  aliénés  dont  les  familles,  par  M.  le  docteur  Cli.  Kérc.  1  \<>t. 
in-18.  Paris,  F.  Alcan.  i  fr.  .>» 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 


20;«77.  —  MOTTBROX.  »  Imprimeries  réunies,  ▲,  me  Mignon,  t,  Paris. 


Trente-sixième  année 


N-42 


18  Octobre  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D*"  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BLACHEZ.  E.  BRISSAUD,  6.  DIEULAFOY.  DREYFUS-BRISAC,  FRANCOIS-FRANCK,  A.  HËNOCQUE,  A.g.  lARTIII,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lebeboullet,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRE.  —  BULLBTlll.  —  Pathologii  ciNéRALK.  L'hérédité  danv  les  ma- 
ladies infecUcuses.  —  Travaux  originaux.  Clinique  médicale  :  Peurésie 
lièiiiorrhagique  ;  cancer  de  la  plcvro  consécutif  à  un  épithélioma  du  nez  opéré 
avec  succès  cinq  «ns  auparavant.  —  Revue  dks  Concrks.  Quatrième  Congrès 
français  de  chirurgie -tenu  k  Paris  du  7  au  i2  octobre  1889.  Traitement  chirurgical 
de  la  péritonite  aiguë.  —  Sociétés  savantes.  Académie  des  sciences.  —  Aca- 
démie do  médecine.  —  Société  médicale  des  hôpitaux.  —  Sorîélc  de  biologie. 
—  Société  de  Ihôra  peu  tique.  —  BibliooraphiB.  Les  chamfignons,  traité  pra- 
tique et  élémenUtre  de  mycologie.— VARléTÂs.  Instruction  réglant  les  conditions 
d'admission  dans  le  soivicc  de  santé  de  la  marine  et  dans  les  Ecoles  de  méde- 
cine et  de  pharmacie  navales.  —  Feuilleton.  Maurice  Perrin. 


BULLETIN 

l>aris,  16  octobre  1889. 
Académie  de  médecine  :  La  tbaiiinc.  •—  LJodnre  de 

potawiiaiii.  —  EiC   choléra    en   Slésopotaiiiie. 

Appliquant  à  Tétude  de  la  thalline  les  procédés  de  re- 
cherche qui  lui  ont  permis  de  préciser  le  mode  d'action  de 
divers  médicaments,  et  en  particulier  deTanlipyrine,  M.  A. 
Robin  vient  de  montrer  combien  les  réserves  formulées  par 
les  médecins  français  lorsqu'à  été  proposé  ce  nouvel  anti- 
pyrétique étaient  sages  et  cliniquement  justifiées.  On  sait 
que  notre  savant  confrère  s'efforce,  en  analysant  les  pro- 
duits de  sécrétion,  c'est-à-dire  en  recherchant  l'influence 
exercée  par  divers  médicaments  sur  les  écharajes  organi- 
quea^  de  préciser  le  mode  d'action  de  ceux-ci  et  de  mesu- 
rer leur  action  thérapeutique.  Ce  sont  là  les  vraies  études  de 
physiologie  clinique,  en  ce  sens  qu'elles  ne  modifient  en 
rien  ni  le  mode  d'absorption  du  médicament  ni  les  condi- 


tions dans  lesquelles  il  est  administré.  Sans  doute  elles 
sont  difficiles,  laborieuses  et  sujettes  à  des  causes  d'erreur 
aussi  nombreuses  que  variées.  Celles-ci  peuvent  cependant 
être  évitées,  et,  lorsqu'un  très  grand  nombre  d'expériences 
conduisant  toutes  à  des  résultats  presque  identiques  vien- 
nent affirmer  qu'un  médicament  comme  la  thalline  est  un 
poison  des  globules  rouges  du  sang,  du  système  nerveux  et 
de  tous  les  autres  tissujs  riches  en  soufre  et  en  phosphore, 
qu'elle  diminue  la  désassimilation  totale  et  n'a  d'ailleurs 
aucune  action  antiseptique  ou  antithermique  préférable  à 
celle  de  divers  autres  produits,  on  peut  affirmer  que  ce  mé- 
dicament doit  être  rejeté  de  l'arsenal  thérapeutique. 

On  trouvera  plus  loin  les  conclusions  du  atrvail  de 
M.  A.  Robin.  Rappelons  seulement  ici  que,  sans  attendre 
les  recherches  de  Mariglia,  Livierato  et  Pedrazzi  qui  avaient 
démontré  que  la  thalline  diminue  la  quantité  d'urée  ex- 
crétée ainsi  que  celle  de  l'acide  carbonique  éliminé  par  la 
respiration,  nous  avions  insisté  dès  l'année  1885  sur  les 
dangers  d'une  substance  qui,  ainsi  que  l'ont  démontré 
MM.  Brouardel,  Dujardin-Beaumelz,  Hénocque,  etc.,  est  un 
poison  du  sang  et  qui,  comme  l'a  fait  voir  M.  Huchard, 
donne  lieu  à  des  sueurs  abondantes  et  à  des  phénomènes  de 
coUap^us.  Malgré  les  assertions  contraires  de  Jacksch, 
Gerhardt,Erlich,  de  Renzi,etc.,  nous  ne  pouvons,  après  les 
nouvelles  recherches  de  M.  A.  Robin,  que  répéter  ce  que  nous 
disions,  il  y  a  quatre  ans,  en  appréciant  les  discussions  de  la 
Société  de  thérapeutique  et  la  communication  faite  par 
M.  Jaccoud  à  l'Académie  de  médecine.  II  importe  que,  dans 
leurs  essais  thérapeutiques,  les  médecins  qu'ont  pu  enthou- 


FEUILLETON 

IHaarlce   Perrin. 

Homme  affable,  savant  sans  morgue  ni  pédanterie,  chef 
indulgent  et  charmant  camarade  aux  heures  des  causeries 
intimes,  esprit  élevé,  inlelligence  vive  et  ouverte,  l'émi- 
nent  président  de  l'Académie  de  médecine,  dans  le  corps  de 
santé  militaire  comme  dans  le  milieu  scientifique,  n'a 
laissé  que  des  regrets.  Né  à  Vézelise,  dans  la  Meurthe,  le 
13  avril  1826,  c'est  dans  son  pays  natal,  pendant  ses  jours 
de  vacances  habituelles,  qu'une  courte  maladie  l'a  enlevé 
à  notre  respectueuse  amitié,  à  l'affection  de  tous.  Sa  ferme 
volonté  était  de  reposer  près  de  ses  parents,  au  milieu  des 
siens;  son  vœu  s'est  naturellement  accompli.  Par  un  tri^^le 
concours  de  circonstances,  pas  un  mot  de  regret,  nas 
une  parole  d'affection  n'ont  pu  être  prononcés  sur  sa  tombe, 
«•  Série,  T.  XXVI. 


au  nom  des  corps  savants  oit  il  représentait  si  dignement 
l'armée,  au  nom  de  la  médecine  militaire  et  de  l'Ecole  du 
Val-de-Grâce  qu'il  avait  illustrées  par  ses  travaux. 

Entré  à  l'hôpital  d'Instruction  de  Metz,  comme  chirur- 
gien élève  de  deuxième  division,  le  22  octobre  1846, 
M.  Perrin,  comme  tous  ses  camarades, fut  rendu  à  la  liberté 
par  le  licenciement  général  de  ce  centre  d'instruction  mili- 
taire en  1848. 11  n'en  profita  pas  pour  se  consacrer  à  la  méde- 
cine civile  et  le  26  septembre  de  la  même  année  il  rentrait, 
toujours  comme  élève  militaire,  à  Thôpital  de  perfection- 
nement du  Val-de-Gràce.  Sa  carrière  était  désormais 
décidée.  Chirurgien  sous-aide-major  à  Metz  en  1849,  il 
revient  en  1851  terminer  ses  études  à  Paris  et  il  y  passe  sa 
thèse  de  doctorat  :  De  Vhuile  de  foie  de  morue  et  de  ses 
effets  dans  la  phthisie  pulmonaire. 

Notre  i*egretté  maître  montrait  alors  des  tendances  à  s'a- 
donner à  la  pbysiaue  et  à  la  chimie.  Il  avait  été  le  prépa- 
rateur de  M.  Langlois  à  Metz,  et  nous  le  verrons  plus  tard 

AU 


670    —  N'  42 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  48  Octobre  i889 


siasmer  les  premières  expériences  et  les  premières  obser- 
vations de  Von  Jacksch  el  de  ceux  qui  l'ont  écouté,  sachent 
tenir  compte  des  réserves  qu'impose  une  étude  plus  appro- 
fondie des  médicaments  dits  antipyrétiques.  Pour  arrivera 
être  utile,  il  faut  ne  pas  se  contenter  de  constater  le  phéno- 
mène immédiat  qui  se  produit  après  l'absorption  d'un 
médicament,  c'est-à-dire  l'abaissement  de  la  température 
ou  la  modification  apportée  à  la  tension  artérielle,  mais  bien 
étudier  l'ensemble  des  actes  fonctionnels  qui  suivent  ces 
perturbations  organiques.  Souvent  alors  on  pourra,  comme 
vient  de  le  faire  M.  A.  Robin,  démontrer  que  l'abaissement 
rapide  de  la  température  est  plus  nuisible  qu'utile  et  que 
les  médicaments  nouveaux  dits  anlithermiques  sont  souvent 
des  poisons  du  sang  ou  du  système  nerveux. 

—  Une  très  intéressante  communication  de  M.  Trasbot 
précise  ce  qui  a  été  dit  au  sujet  de  l'action  exercée  par  l'io- 
dure  de  potassium  sur  la  circulation  générale  et  la  tension 
artérielle.  Elle  ajoute  à  nos  connaissances  au  sujet  de  cette 
action  un  fait,  rarement  signalé  dans  les  observations  faites 
sur  l'homme,  c'est-à-dire  l'abaissement  permanent  de  la 
température  centrale  et  du  nombre  des  mouvements  inspi- 
ratoires.  La  plupart  des  médecins  ont,  au  contraire,  cru 
reconnaître  que  l'iodure  de  potassium  élevait  la  tempéra- 
ture; mais  il  n'existe,  croyons-nous,  aucune  observation 
bien  précise  à  ce  sujet  et  les  expériences  de  M.  Trasbot 
contribueront  certainement  à  éclairer  ce  côté  de  la  question. 
Quant  aux  effets  thérapeutiques  exercés  sur  l'appareil  res- 
piratoire, en  particulier  contre  la  congestion  pulmonaire, 
ils  étaient  non  moins  dignes  d'être  signalés.  A  diverses  re- 
prises nous  avons  vu,  dans  le  service  de  Kùss,  des  doses 
assez  élevées  d'iodure  de  potassium  déterminer  des  hémo- 
plysies  d'origine  congestive.  Les  remarques  faites  par 
M.  Trasbot,  dont  l'expérience  et  l'autorité  sont  incontestées, 
devront  sans  doute  faire  revenir  sur  cette  idée  de  l'action 
excitante  et  congestionnante  de  l'iode.  L'efficacité  de  ce  mé- 
dicament dans  le  traitement  de  plusieurs  affections  des 
voies  respiratoires  est  d'ailleurs  démontrée. 

—  Les  informations  apportées  par  M.  Prou.st  à  la  tribune 
de  l'Académie  nous  montrent  que  l'épidémie  de  choléra  qui, 
commencée  en  Mésopotamie  il  y  a  trois  mois,  a  envahi  la 
Perse  et  sévit  actuellement  à  la  frontière  russo-persane,  Ta 
peut  être  déjà  dépassée.  Ces  informations  sont  d'une  préci- 
sion qui  ne  laisse  doute  à  aucune  illusion  sur  le  danger  au- 
quel l'Europe  peut  être  d'un  moment  à  l'autre  exposée.  Rap- 


pelant les  déclarations  de  son  éminent  prédécesseur,  l'ins- 
pecteur général  des  services  sanitaires  n'a  pas  manqué  de 
montrer  que  la  frontière  russo-persane  est  la  voie  constam- 
ment suivie  jusqu'ici  par  le  choléra  pour  pénétrer  par  terre 
en  Europe  ;  «  c'est  donc,  disait  Fauvel  en  1868,  sur  le  littoral 
de  la  mer  Caspienne,  et  principalement  au  voisinage  dadelti 
formé  par  le  Kour,  que  se  trouvent  les  principales  disposi- 
tions à  prendre  >.  Il  n*est  pas  douteux  que  le  gouvernement 
russe  n'y  donne  tous  ses  soins.  Les  précautions  indiquées  par 
H.  Proust  à  la  suite  de  sa  mission  en  Perse  il  y  a  vingt  ans 
ont  encore  aujourd'hui  la  même  utilité  ;  l'industrie  permet 
d'augmenter  les  moyens  de  défense,  et  il  y  a  lieu  d'établir 
au  plus  vite,  sur  les  points  les  plus  menacés,  des  stations 
sanitaires,  munies  de  moyens  de  secours  et  de  procédés  de 
désinfection,  étuves  et  autres,  comme  on  Ta  fait  en  France 
et  ailleurs  au  cours  des  dernières  épidémies.  En  cas  d'in- 
vasion de  laRussie,  l'Europe sera-t-elle  préservée?  Le  gou- 
vernement russe  a  déjà,  lors  de  la  peste  de  Wetlianka,  su 
protéger  l'Europe  en  éteignant  cette  épidémie  sur  place; 
c'est  d'un  bon  augure  pour  conjurer  le  danger  relatif  qui 
menace  assurément  l'Europe  et  contre  lequel  ni  la  Per>e 
ni  la  Turquie  d'Asie  ne  sauraient  agir  efficacement  par 
elles-mêmes. 

—  Signalons  enfin  dans  cette  séance  si  bien  remplie  deux 
communications  chirurgicales  du  plus  haut  intérêt,  l'une 
de  H.  Paul  Berger,  sur  le  traitement  de  la  blépharoplastie 
par  la  méthode  italienne  modifiée  ;  l'autre  de  H.  Léon  Tri- 
pier (de  Lyon)  sur  la  restauration  des  paupières  faite  à 
l'aide  d'un  lambeau  musculo-cutané .  On  trouvera  au 
compte  rendu  de  l'Académie  l'indication  de  ces  nouveaux 
procédés  opératoires  qui  font  le  plus  grand  honneur  aux 
habiles  chirurgiens  qui  les  ont  imaginés. 


PATHOLOGIE  GÉNÉRALE 

L'hérédité  dans  les  malndies  Inlceileavea. 

(Suite.  —  Voyez  le  numéro  4i.) 

IV 

Il  nous  reste  à  étudier  maintenant  les  infections  à  marche 
chronique  :  la  syphilis  et  la  tuberculose.  Nous  laisserons 
de  côté  la  lèpre,  dont  l'histoire  sur  ce  point  est  encore  si 
obscure. 

Il  n'est  pas  de  maladie  où  l'hérédité  joue  un  plus  grand 


utiliser  les  connaissances  de  ces  premières  années  dans 
des  recherches  de  physiologie  expérimentale.  Au  reste,  il 
aima  et  il  fréquenta  toujours  les   hommes    de    science 

Sure  :  Claude  Bernard,  Brown-Séquard,  Gavarret,  Javal, 
[ascart,  etc.,  pour  ne  citer  que  quelques  noms. 
Mais  en  sortant  du  Val-de-Gràce,  nommé  d'abord  à 
l'hôpital  de  Lyon,  il  dut  bientôt,  comme  aide-major  de 
seconde,  puis  de  première  classe,  entrer  dans  le  service 
régimentaire.  C'est  ainsi  que  nous  le  trouvons  en  1852  au 
2i*  de  ligne,  en  1853  au  5*  bataillon  de  chasseurs  à  pied, 
en  1854  au  20*  bataillon  de  la  même  arme,  puis  au  1"  régi- 
ment de  grenadiers  de  la  garde  avec  lequel  il  partit  pour  la 
Crimée  el  passa  quelques  mois  dans  les  tranchées  de  Sé- 
bastopol  en  1855. 

Placé  à  l'hôtel  des  Invalides  à  son  retour  de  l'armée 
d'Orient,  M.  Perrin  y  commence  ces  travaux  oui  devaient 
successivement  lui  ouvrir  les  portes  de  toutes  les  Sociétés 
savantes  et  lui  faire  une  réputation  méritée.  A  la  Société 


médicale  d'émulation  dont  il  devint  bientôt  le  secrétaire 
annuel  et  plus  tard  le  président,  il  lit  un  Mémoire  sur  le 
mécanisme  des  fractures  extra-capsuldires  du  col  du 
fémur  (1854),  et  des  Etudes  sur  le  scorbut  de  Varmée  d  C^ 
rient  (1857),  insistant  sur  la  gravité,  dans  cette  épidémie, 
des  accidents  respiratoires  qu'il  attribue  à  un  engorge- 
ment douloureux  du  diaphragme.  Membre  d'une  com- 
mission chargée  d'étudier  la  cause  des  accidents  provo- 
qués par  l'anesthésie  (1855),  il  entreprend  avec  L.  Lalle- 
mand  et  Duroy  les  recherches  qu'ils  continuèrent  bientôt  de 
concert,  sur  le  rôle  de  Talcool  et  des  anesthésiques  dans 
l'organisme. 

De  1857  à  1861,  devenu  médecin-major  et  agrégé  de  chi- 
rurgie à  l'Ecole  du  Val-de-Gràce,  il  communique  à  la  Société 
anatomique,  dont  il  est  nommé  membre  adjoint  en  1859, 
un  nombre  considérable  d'observations  :  Fracture  du 
crâne  par  contre-coup  (1857)  ;  Kystes  synoviaux  commu- 
niquant avec  r articulation  radiO'Carpienne  (1858);  Fis- 


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-  N*  42 


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rôle  que  la  syphilis;  tout  le  inonde  connaît  les  nombreux 
travaux  qu'a  suscités  la  question,  et  les  résultats  si  intéres- 
sants qui  ont  été  obtenus.  C'est  qu'ici  la  contagion  ne  peut 
guère  se  faire  que  par  contact  immédiat,  tandis  que  pour  la 
tuberculose  on  peut  toujours  admettre  qu'un  enfant  a  été 
infecté  après  sa  naissance,  en  vivant  avec  ses  parents  ma- 
lades; la  même  objection  n'est  plus  de  mise  pour  la  syphilis; 
certes  la  contagion  est  possible,  mais  la  syphilis  infantile 
acquise  est  relativement  rare  et  se  reconnaît  à  des  caractères 
spéciaux;  l'existence  de  l'accident  primitif  suffit  à  trancher 
la  question,  puisque  le  chancre  fait  défaut  dans  la  syphilis 
héréditaire,  où  les  diverses  périodes  de  Tiufection  sont  con- 
fondues. 

Nous  ne  croyons  pas  avoir  à  insister  sur  les  faits  qui  éta- 
blissent que  la  vérole  congénitale  peut  se  manifester  à  des 
périodes  très  diverses  de  la  vie  ;  souvent  le  fœtus  est  expulsé 
paravortement,  peut-être  par  suite  d'altérations  placentaires  ; 
tantôt  il  est  porteur  de  lésions  en  venant  au  monde,  tantôt 
et  plus  souvent  les  accidents  apparaissent  vers  la  sixième 
semaine  après  la  naissance;  enfin,  dans  quelques  cas,  les 
manifestations  sont  tardives;  ce  n'est  qu'après  plusieurs 
années  qu'on  voit  survenir  divers  accidents  relevant  d'une 
infection  jusque-là  latente.  Il  suffit  de  consulter  le  beau 
livre  de  M.  Fournier  pour  voir  que  les  faits  de  cette  nature 
abondentdans  la  science  et  deviendront  sans  doute  de  moins 
en  moins  rares  à  mesure  qu'on  saura  mieux  dépister  la 
syphilis  héréditaire  tardive. 

Mais  l'histoire  de  la  syphilis  doit  encore  nous  donner  la 
solution  de  plusieurs  autres  problèmes  qui,  au  point  de  vue 
de  la  pathologie  générale,  ont  une  grande  importance.  Si,  le 
plus  souvent,  c'est  la  mère  qui  transmet  la  maladie  à  son 
produit,  il  existe  des  cas  indubitables  où  l'hérédité  vient  du 
père  et  où  le  fœtus  est  contaminé,  la  mère  restant  absolu- 
ment saine.  Pourtant,  même  dans  ce  cas,  l'organisme  ma- 
ternel est  modifié  :  la  femme  qui  met  au  monde  un  fœti^s 
syphilitique  peut  l'allaiter  impunément;  elle  est  à  l'abri  de 
la  contagion.  Que  se  passe-l-il  dans  ce  cas?  S'agit-il  d'une 
imprégnation  de  l'organisme  maternel  par  des  produits 
sécrétés  par  le  microbe  de  la  syphilis?  S'agit-il  d'une  sy- 
philis légère,  restant  latente,  peut-être  localisée  à  l'utérus, 
comme  l'a  soutenu  Fraenkel  ?  Cette  dernière  hypothèse  parait 
peu  probable,  et  pourtant  elle  semble  seule  capable  d'ex- 
pliquer les  cas  comme  celui  que  Lewis  a  rapporté  :  une 
femme  met  au  monde  un  enfant  syphilitique;  elle  reste 
indemne;  plus  tard  elle  est  fécondée  par  un  homme  sain, 


fil  pourtant  le  nouvel  enfant  est  encore  syphilitique.  Ce  fait 
peut  paraître  fort  étrange  ;  nous  devons  néanmoins  l'enre- 
gistrer, tout  en  l'acceptant  avec  la  réserve  que  commandent 
les  cas  de  ce  genre,  surtout  lorsqu'ils  sont  uniques. 

Si,  le  plus  souvent,  la  mère  est  infectée  au  moment  de  la 
fécondation  ou  peu  de  temps  après,  il  est  quelques  cas  où 
elle  ne  contracte  la  maladie  qu'à  une  période  assez  avancée 
de  la  grossesse.  Que  deviendra  le  fœtus?  La  réponse  a 
varié  :  Mandron,  Kossowitz  ont  nié  la  transmission  hérédi- 
taire de  la  syphilis  après  conception;  Cullerier  en  a  admis 
l'existence.  H  semble  qu'elle  existe  réellement,  mais  qu'elle 
ne  s'observe  que  si  l'infection  a  été  acquise  avant  le  sixième 
(Ricord)  ou  le  septième  mois  (Albernethy,  Pidoux).  Passé 
cette  époque,  le  fœtus  serait  à  l'abri,  ce  qui  s'explique  faci- 
lement si  l'on  veut  bien  se  rappeler  qu*au  début  l'infection 
syphilitique  reste  localisée  au  point  d'inoculation  et  n'en- 
vahit guère  que  le  système  lymphatique. 

Nous  ne  parlerons  pas  des  caractères  anatomiques  et  cli* 
niques  de  la  syphilis  héréditaire;  ce  serait  sortir  de  notre 
sujet  et  nous  exposer  à  insister  sur  des  faits  qui  sont  aujour*» 
d'hui  bien  connus;  nous  ferons  remarquer  seulement  que 
la  syphilis  héréditaire  diffère  de  la  syphilis  acquise  par 
l'absence  d'accident  initial,  ce  qui  est  en  rapport  avec  une 
infection  directe  du  sang;  ce  mode  de  pénétration  de  l'agent 
pathogène  explique  aussi  la  rapidité  souvent  très  grande  de 
l'évolution  et  la  confusion  des  accidents  qu'on  a  encore 
coutume  de  diviser  en  secondaires  et  tertiaires. 

Ce  qui  est  démontré  pour  la  syphilis  est  loin  d'être  prouvé 
pour  la  tuberculose.  Un  premier  fait  qui  semble  établi, 
c'est  que  les  enfants  issus  de  parents  tuberculeux  sont  fré- 
quemment frappés  par  la  tuberculose;  la  maladie  peut 
débuter  de  bonne  heure,  et  l'on  sait  aujourd'hui  qu'elle 
n'est  pas  rare  dans  la  première  enfance. 

C'est  à  M.  Landouzy  que  revient  le  mérite  incontestable 
d'avoir  montré  combien  nombreuses  étaient  les  victimes  de 
la  tuberculose  dans  les  deux  premières  années  de  la  vie.  A 
la  crèche  de  l'hôpital  Tenon,  1  décès  sur  3,6  est  dû  à  la 
tuberculose,  et  dans  les  cas  de  cette  statistique  le  diagnostic 
est  appuyé  sur  l'autopsie.  Du  reste,  la  plupart  des  médecins 
qui  observent  dans  des  crèches  arrivent  à  des  conclusions 
analogues;  MM.  Hayem,  Damaschino,  Lannelongue  ont 
confirmé  l'opinion  de  M.  Landouzy,  et  M.  Leroux  a  pu  re- 
lever vingt-trois  observations  de  tuberculose  chez  des  en- 
fants âgés  de  moins  de  trois  mois. 

Tels  sont  les  faits  incontestables.  Reste  à  donner  Tinter- 


sure  complète  du  fémur  gauche  (1859);  Corps  étrangers 
du  péritoine  (\SQ{))  \  Hypertrophie  généralisée  de  tout  le 
système  ganglionnaire  (1861),  etc.,  etc.  A  la  Société  de 
chirurgie,  il  donne  aussi  des  faits  intéressants  de  Fistule 
pulmonaire  y  Luxation  traumatique  du  fémur  (1859),  etc., 
et  gagne  rapidement  le  titre  de  correspondant  national 
qui  lui  permet  de  prendre  part  aux  discussions  scienti- 
fiques. 

C'est  pendant  son  agrégation  au  YaUde-Gràce,  qu'en  col- 
laboration avec  son  collègue  et  ami  Ludger-Lallemand  et 
avec  le  chimiste  Duroy,  notre  regretté  maître  publie  ses 
recherches  expérimentales  sur  le  Rôle  de  l'alcool  et  des 
anesthésiques  dans  Vorganisme  (1860).  Couronné  du  prix 
Monlyon  par  l'Académie  des  sciences,  ce  travail  remar- 
quable de  physiologie  expérimentale  ne  tendait  à  rien 
moins  qu'à  renverser  les  théories  généralement  acceplées 
sur  le  rôle  des  substances  alcooliques  dans  l'organisme 
animal.  A  la  doctrine  de  Liebig  faisant  de  l'alcool  un  ali- 


ment respiratoire  définitivement  transformé  par  la  combus- 
tion intra-organique  en  acide  carbonique  et  en  eau,  les 
jeunes  expérimentateurs  opposent  leurs  multiples  recher- 
ches constatant  l'élimination  de  l'alcool  en  nature,  sa 
présence  dans  les  urines,  dans  les  transpirations  cutanée  et 
pulmonaire,  son  accumulation  dans  le  foie,  le  cerveau,  le 
sang.  Lui  refusant  tout  rôle  alimentaire,  ils  en  font  un 
modificateur  spécial  du  système  nerveux,  un  agent  d'é- 
pargne, un  antidéperditeur. 

Pour  les  anesthésiques  proprement  dits,  l'éther,  le  chlo- 
forme,  l'amylène,  leurs  conclusions  sont  à  peu  près  les 
mêmes  :  action  sur  le  système  nerveux,  mort  par  abolitian 
primitive  de  ses  fonctions  et  non  par  asphyxie  ;  pas  de 
destructions  ni  de  transformations  dans  l'organisme.  Mais 
pour  ceux-ci,  de  même  que  leur  porte  d'entrée  préférable 
est  le  poumon,  c'est  également  par  l'exhalation  pulmonaire 

Îu'ils  sont  éliminés,  au  moins  pour  la  plus  grande  partie» 
es  voies  de  sortie  dépendent  de  la  solubilité  de  l'anesthé^ 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         18  Octobre  1889 


prélation.  Nous  nous  trouvons  en  face  de  deux  théories 
diamétralement  opposées  ;  pour  les  uns,  c'est  le  terrain  qui 
se  transmet;  pour  les  autres,  c'est  le  bacille.  A  ceux  qui 
s'étonnent  que  le  père  puisse  transmettre  la  tuberculose 
sans  contagionner  la  mère,  que  la  tuberculose  héréditaire 
puisse  rester  latente  pendant  des  années  et  se  manifester  à 
un  âge  souvent  assez  avancé,  on  répond  par  l'exemple  de  la 
syphilis;  les  faits,  nous  dit-on,  sont  semblables  dans  les 
deux  cas;  pourquoi  dès  lors  ne  pas  admettre  pour  la  tuber- 
culose ce  qui  est  vrai  pour  la  vérole? 

Voilà  le  raisonnement.  Voyons  maintenant  le  résultat  de 
la  clinique  et  de  l'expérimentation. 

Il  existe  quelques  observations  où  les  enfants  ont  suc- 
combé si  rapidement  qu'on  n'est  guère  tenté  d'invoquer  une 
contagion  après  la  naissance.  Mais  ces  fails  peuvent  néan- 
moins laisser  quelques  doutes  dans  l'esprit;  on  peut  admet- 
tre que,  chez  un  enfant  prédisposé  par  hérédité,  la  tuber- 
culose acquise  marche  rapidement  et  amène  la  mort  en 
quelques  semaines;  ce  serait  une  évolution  semblable  à 
celle  qu'on  observe  chez  les  animaux  inoculés  dans  les  labo- 
ratoires. 

Il  n'en  est  plus  de  même  pour  les  cas'bû  l'on  a  pu  con- 
stater des  lésions  tuberculeuses  sur  des  fœtus  mort-nés. 
Ici  évidemment  le  doute  n*est  plus  possible  ;  il  faut  de  toute 
nécessité  admettre  une  transmission  directe  du  bacille  de 
Koch.  Or  les  faits  de  ce  genre,  pour  être  rares,  n'en  exis- 
tent pas  moins. 

M.  Peter,  M.  Charrin  ont  rapporté  des  cas  de  tuberculose 
chez  des  nouveau-nés.  Dans  le  cas  de  M.  Charrin,  publié 
en  1873,  il  s'agit  d'un  enfant  né  à  sept  mois  et  demi  d  une 
mère  phthisique.  A  l'autopsie,  on  trouva  des  tubercules 
dans  les  ganglions  mésentériques,  l'épiploon,  les  poumons, 
et  surtout  dans  le  foie  et  la  rate.  Berti  (188:2)  a  trouvé  deux 
cavernules  dans  le  poumon  droit  d'une  fille  morte  neuf 
jours  après  sa  naissance.  OUendorff  cite  un  cas  de  Meckel 
où  un  enfant,  né  de  parents  phthisiques,  présentait  en  venant 
au  monde  une  tumeur  palatine,  probablement  tuberculeuse. 

La  tuberculose  congénitale  semble  moins  exceptionnelle 
chez  les  animaux,  particulièrement  chez  les  bovidés. 
M.  Chauveau  a  constaté  plusieurs  fois,  à  l'ouverture  de 
vaches  phthisiques,  des  tubercules  chez  le  fœtus.  Sur1165vé- 
térinaires  danois  interrogés  par  M.  Bang,  32  ont  répondu 
avoir  observé  des  tubercules  chez  des  veaux  nouveau-nés. 
Mais  tous  les  cas  que  nous  avons  cités  jusqu'ici  pourraient 
être  récusés,  puisqu'il  n'y  est  pas  fait  mention  du  critérium 


indiscutable,  du  bacille  de  Koch.  Ce  reproche  ne  peut  être 
adressé  à  l'observation  de  Johne,  qui  est  devenue  classique  : 
sur  un  fœtus  provenant  d'une  vache  phthisique,  cet  obser- 
vateur  trouva  des  tubercules  dans  le  foie  et  le  poumon,  et 
l'examen  microscopique  permit  d'y  constater  la  présence  de 
bacilles.  Ce  résultat  donne  à  ce  fait  une  importance  capi- 
tale ;  il  suffirait  à  lui  seul  pour  lever  tous  les  doutes.  Hais, 
récemment,  MM.  Malvoz  et  Brouwier  ont  publié  un  cas 
absolument  semblable  :  sur  un  fœtus  de  vache  tuberculeuse, 
ils  trouvèrent  des  lésions,  surtout  marquées  dans  le  foie  : 
de  là  les  bacilles  avaient  gagné  lé  hile  de  cet  organe  et  le 
médiastin  ;  quant  aux  poumons,  ils  étaient  indemnes.  Ici 
encore  Tobservatioja  est  concluante,  car  la  recherche  des 
bacilles  a  été  faite. 

Pour  compléter  les  résultais  fournis  par  l'observation,  il 
fallait  avoir  recours  à  l'expérience.  C'est  ce  qu'ont  fait 
MM.  Landouzy  et  Martin,  qui  ont  poursuivi  sur  ce  sujet  de< 
recherches  fort  importantes.  Ils  se  sont  demandé  tout 
d'abord  si  les  fœtus  de  femmes  tuberculeuses  ne  peuvent 
pas  contenir  le  bacille,  alors  même  qu'ils  ne  présenlenl 
pas  de  lésions.  Dans  deux  cas  ils  purent  tenter  Texpénence, 
et  dans  les  deux  cas  l'inoculation  à  des  animaux  de  frag- 
ments fœtaux  fut  le  point  de  départ  d'une  tuberculose,  qui 
se  transmit  en  série.  Mêmes  résultats  avec  des  fœtus  sains 
en  apparence,  mais  provenant  de  cobayes  tuberculeux. 

Malheureusement,  la  plupart  des  expérimentateurs  qui 
ont  repris  la  question  n'ont  obtenu  que  des  résultats  néga- 
tifs. Sans  parler  des  observations  de  Koch,  Heller,  Wei- 
chselbaum,  qui  se  sont  contentés  de  l'examen  microscopique 
et  n'ont  pas  fait  d'inoculations,  nous  citerons  les  résultats 
négatifs  de  Leyden,  Straus  et  Grancher,  Cornet,  Galtier. 
Tous  ces  auteurs  ont  vainement  essayé  de  transmettre  la 
tuberculose  à  des  cobayes,  en  leur  inoculant  des  portions 
d'organes  provenant  de  fœtus  issus  de  mères  tuberculeuses. 
Seul  Koubassof  a  publié  des  cas  positifs;  mais  il  suffit  de 
lire  sa  note  pour  voir  qu'il  s'est  agi  d'une  septicémie  et  non 
de  tuberculose. 

Tout  récemment,  Sanchez-Toledo  a  publié  des  expé- 
riences qui  semblent  fort  bien  conduites.  L'auteur  a  inoculé 
des  cobayes  pleines  en  leur  injectant  dans  les  veines  des 
cultures  pures  du  bacille  de  Koch.  A  l'autopsie^  il  prit  les 
fœtus,  pratiqua  des  examens  microscopiques  et  des  ense- 
mencements, et  fit  des  inoculations  avec  la  presque  totalité 
du  foie,  de  la  rate  et  du  sang  du  cœur.  Tous  les  résultats 
furent  négatifs,  et  pourtant  les  expériences  portèrent  sur 


sique  dans  l'eau,  les  reins  ne  pouvant  servir  d'émonctoire 
que  pour  les  substances  dissoutes. 

Toute  différente  est  l'action  des  gaz  carbonés,  acide  car- 
bonique et  oxyde  de  carbone  ;  celui-ci  est  un  poison  du 
sang,  le  premier  tue  par  asphyxie  ;  avec  l'un  et  l'autre 
l'anesthésie  n'est  jamais  nue  consécutive  ou  indirecte. 

Nommé  médecin  en  chef  du  corps  expéditionnaire  du 
Mexique,  Ludger-Lallemand  ne  tarde  pas  à  être  emporté 
par  la  fièvre  jaune.  En  associant  son  nom  au  Traité  d^anes 
thésie  chirurgicale^  M.  Perrin  rappelait  une  collaboration 
iniime  et  rendait  à  la  mémoire  de  son  collègue  et  ami  un 
éclatant  hommage.  L'ouvrage  débute  par  un  historique 
complet  et  impartial  de  la  méthode  anesthésique,  puis  vient 
l'étude  du  mode  d'administration,  des  phénomènes,  delà 
marche  de  l'anesthésie,  enfin  des  accidents  qui  la  rendent 
toujours  redoutable,  parce  ciu'ils  peuvent  être  rapidement 
mortels.  Ce  chapitre  est  le  plus  important;  les  dangers  de 
l'éther  et  du  chloroforme  ont  été  dès  le  premier  jour  et 


sont  encore  à  l'heure  actuelle  l'objet  des  plus  sérieuses 
discussions.  Rejetant  absolument  la  mort  subite  par 
asphyxie^  notre  regretté  maître  pense  qu'il  v  a  presque 
toujours  syncope,  mort  par  le  cœur  et  non  par  le  poumon. 
Pour  faire  pénétrer  dans  l'esprit  du  lecteur  la  conviction 
qui  l'anime,  il  analyse  tous  les  cas  de  décès  publiés,  il  in- 
voque tour  à  tour  la  physiologie  expérimentale,  la  clinii|ue, 
l'anatomie  pathologique;  il  épuise  toutes  les  ressources 
d'une  dialectique  serrée. 

La  cause  du  danger,  dit-il,  étant  accidentelle  et  inhé- 
rente au  sujet,  reste  permanente  comme  lui  ;  il  n'existe  et 
il  n'existera  jamais  de  méthode  qui  en  mette  sûrement  à 
l'abri.  Sur  ce  point  l'avenir  lui  a  donné  raison.  Les  mé* 
langes  titrés  n'ont  pas  jusqu'ici  réalisé  les  promesses 
des  physiologistes,  et  la  pratique  n'a  guère  conservé  des 
multiples  appareils  proposés  pour  la  chloroformisation 
que  la  simple  compresse  et  le  cornet  de  Raynaud.  Eu 
résulte-t-il  que  l'anesthésie  puisse  être  confiée  au  premier 


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soixante-cinq  fœtus   provenant    de    trente-cinq  femelles. 

Reste  une  dernière  question  :  un  père  tuberculeux  peut-il 
procréer  un  enfant  tuberculeux,  autrement  dit,  le  sperme 
peut-il  servir  de  vecteur  au  bacille? 

Baumgarten,  un  des  partisans  les  plus  résolus  de  Thé- 
redite  de  la  phthisie,  n*hésite  pas  à  répondre  par  raflirma- 
tive.  Dans  un  cas,  ayant  fécondé  artificiellement  une  lapine 
avec  du  sperme  provenant  d'un  lapin  tuberculeux,  il  trouva 
un  bacille  dans  un  ovule.  Cette  observation  est  sans  doute 
fort  curieuse,  mais  elle  ne  permet  pas  de  conclusion  :  on  ne 
sait  en  effet  ce  que  serait  devenu  le  bacille  ni  Tovule;  le 
bacille  aurait  pu  ne  pas  proliférer  ou  l'ovule  aurait  pu  être 
tué  par  le  microbe  et  ne  pas  se  développer.  La  question 
mérite  d'être  reprise  et  nous  verrons  plus  loin  que  quelques 
recherches  ont  été  tentées  pour  éclairer  l'histoire  de  ces 
infections  ovulaires. 

Ce  qui  semble  assez  bien  établi,  c'est  que  le  sperme  des 
tuberculeux,  alors  même  que  les  organes  génitaux  parais- 
sent intacts,  peut  contenir  des  bacilles.  C*est  ce  qui  ressort 
des  recherches  de  MM.  Landouzy  et  Martin,  confirmées  par 
celles  de  Jani,  Bozzolo,  Niepce.  Si  Rohloff  n  a  pas  réussi  en 
inoculant  du  sperme  de  tuberculeux  dans  la  chambre  anté- 
rieure d'un  lapin,  le  fait  ne  doit  pas  trop  nous  surprendre  :  le 
résultat  doit  être  forcéement  variable  ;  il  l'est  même  pour  la 
syphilis  ;  ne  sait-on  pas  que  Mireur  n'observa  aucun  acci- 
dent en  inoculant  à  quatre  personnes  saines  du  sperme 
provenant  d'un  homme  en  pleine  évolution  de  syphilis 
secondaire? 

Nous  avons  vu  que  quelques  auteurs  ont  soutenu  qu'un 
fœtus  pouvait  renfermer  des  bacilles  sans  qu'il  existe  dans 
les  organes  la  moindre  lésion  tuberculeuse.  Baumgarten 
admet  que  les  tissus  du  fœtus  et  du  nouveau-né  opposent 
une  résistance  considérable  à  l'agent  infectieux,  et,  pour 
expliquer  l'hérédo-tuberculose  tardive,  il  soutient  que  des 
bacilles  peuvent  séjourner,  sans  amener  d'accident,  dans 
les  ganglions  et  la  moelle  des  os  ;  plus  tard,  sous  l'influence 
d'une  cause  accidentelle,  une  inflammation  ou  un  trauma- 
tisn  e,  les  tissus  diminueraient  de  vitalité  et  se  laisseraient 
attaquer  par  les  microbes. 

Il  était  donc  intéressant  de  déterminer  si  vraiment  les 
tissus  embryonnaires  résistent  plus  aux  infections  que  les 
tissus  adultes.  Maffucci  a  essayé  de  résoudre  le  problème  en 
infectant  des  œufs  de  poule  avec  divers  microbes,  choléra 
des  poules,  pneumocoque  de  Friedlander,  bactéridie  char- 
bonneuse, etc.  De  ses  expériences,  l'auteur  a  tiré  les  con- 


clusions suivantes  :  l'albumine  de  l'œuf  fécondé  et  couvé 
est  un  terrain  favorable  pour  le  développement  des  microbes 
pathogènes  et  non  pathogènes  de  la  poule  adulte  ;  mais  les 
tissus  de  l'embryon  offrent  à  l'infection  une  très  grande 
résistance,  car  ils  ne  se  laissent  pas  envahir  par  les  micro- 
bes, tant  que  Tembryon  est  vivant;  l'embryon  pourra  suc- 
comber à  une  période  plus  ou  moins  avancée  de  l'incuba- 
tion ;  s'il  résiste  et  qu  il  vienne  au  monde,  les  accidents 
pourront  éclater  plus  ou  moins  longtemps  après  l'éclosion. 
Dans  ce  dernier  cas,  on  peut,  sans  trop  forcer  les  analogies, 
trouver  dans  ces  intéressantes  expériences,  un  appui  en 
faveur  de  la  doctrine  de  Thérédo-tuberculose  tardive. 

Lorsqu'un  fœtus  de  mammifère  nait  avec  des  lésions 
tuberculeuses,  celles-ci  revêtent  quelques  caractères  par- 
ticuliers. La  tuberculose  congénitale  diffère  de  la  tubercu- 
lose acquise,  non  par  les  caractères  anatomiques  des  tuber- 
cules, mais  par  leurs  localisations  ;  c'est  le  foie  qui  est 
l'organe  le  plus  fréquemment  et  le  plus  profondément 
atteint  ;  c'est  qu'en  effet  les  bacilles  arrivant  par  la  veine 
ombilicale  viennent  tout  d'abord  coloniser  dans  cet  organe. 
Aussi  pourra-t-on  penser  à  une  transmission  intraplacen- 
taire  de  la  tuberculose,  lorsqu'on  trouvera  cette  localisation 
chez  un  enfant  issu  de  parents  tuberculeux  ;  à  la  condition 
bien  entendu  qu'il  n'y  ait  pas  d'altération  intestinale,  pou- 
vant rendre  compte  de  la  localisation  hépatique. 

Tels  sont  brièvement  résumés  les  principaux  faits  qu'on 
peut  invoquer  pour  ou  contre  la  doctrine  de  l'hérédo-tuber- 
culose. Malgré  le  grand  nombre  de  travaux  qu'on  a  publiés 
sur  ce  sujet,  la  réponse  aux  questions  que  nous  avions  à 
résoudre  n'est  pas  près  d'être  donnée.  Ce  que  nous  savons, 
ce  qui  nous  semble  parfaitement  établi,  par  les  observations 
de  MM.  Landouzy,  Queyrat,  Hayem,  Damaschino,  Lanne- 
longue,  c'est  que  la  tuberculose  de  la  première  enfance  est 
loin  d'être  rare,  c'est  que  les  enfants  issus  de  parents  con- 
taminés sont  frappés  par  la  maladie  avec  une  fréquence 
désespérante. 

Au  point  de  vue  scientifique,  la  transmission  directe  du 
bacille  au  fœtus  est  démontrée  par  les  faits  de  Johne  et  de 
Malvoz  et  Brouwier.  Deux  observations  positives,  c'est  suffi- 
sant, nous  diront  les  partisans  de  l'hérédo-tuberculose; 
c'est  bien  peu,  objecteront  les  adversaires  ;  quelques-uns 
pourraient  même  supposer  qu'il  s'agit  là  de  deux  faits 
exceptionnels.  Pour  nous,  qui  n'admettons  pas  d'exception 
dans  les  sciences,  nous  regardons  comme  parfaitement 
établi  le  passage  des  bacilles  de  la  mère  au  fœtus.  Mais  ce 


venu,  qu'elle  doive  se  pratiquer  sans  soins,  sans  règles  pré- 
cises? telle  n'est  pas  la  pensée  de  M.  Perrin,  et  les  pages 
où  il  étudie  les  règles  de  la  chloroformisation  sont  certaine- 
ment des  meilleures  de  son  livre. 

Bien  moins  précise  est  sa  décision  sur  le  choix  à  faire 
parmi  les  agents  anesihésiques.  S'il  repousse  absolument 
l'amylène,  il  hésite  entre  l'éther  et  le  chloroforme,  entre 
l'Ecole  de  Lyon  et  la  Faculté  de  Paris.  La  conviction 
ardente  des  chirurgiens  lyonnais  le  rend  perplexe,  il 
avoue  que  les  faits  ne  lui  permettent  pas  de  se  prononcer 
nettement  sur  la  valeur,  sur  les  dangers  relatifs  de  ces 
deux  substances.  Disons  toutefois  que  ses  préférences  per- 
sonnelles ont  toujours  été  pour  le  chloroforme,  jamais  nous 
ne  l'avons  vu  au  Val-de-Grâce  recourir  à  l'emploi  de  l'éther. 

Pour  parer  aux  accidents  qui  viennent  trop  souvent  com- 
pliquer l'aneslhésie,  il  faut  stimuler  le  système  nerveux, 
agir  sur  les  centres  circulatoires  ;  il  faut  surtout  recourir 
à  la  respiration  artificielle  qui  chasse  le  chloroforme  des 


alvéoles  pulmonaires,  arrête  son  absorption  et  favorise 
son  élimination  rapide.  Sous  ce  rapport  l'insufflation 
d'air  à  l'aide  d'un  soufflet  et  d'une  canule  métallique,  con- 
duite à  travers  la  glotte  jusque  près  de  la  bifurcation  de 
la  trachée,  lui  parait  supérieure  à  toute  autre  méthode.  La 
trachéotomie  est  une  ressource  ultime,  les  procédés  méca- 
niques de  respiration  artificielle  doivent  être  utilisés  avant 
d'y  recourir. 

Cette  conception  des  accidents  de  l'anesthésie,  M.  Perrin 
Ta  défendue  jusqu'à  son  dernier  jour.  En  1866  à  la  Société 
de  chirurgie,  en  1878,  en  1882  à  l'Académie  de  médecine, 
il  s'élève  avec  force  contre  la  théorie  de  la  mort  subite  par 
asphyxie,  théorie  dont  le  moindre  tort  serait  de  mettre  en 
jeu  la  responsabilité  médicale. 

En  quittant  le  Val-de-Gràce  à  la  fin  de  sa  période  d'agré- 
gation, en  1862,  M.  Perrin,  au  lieu  d'être  envoyé  en  Algérie, 
fut  maintenu  à  Paris,  grâce  à  l'action  puissante  de  Michel 
Lévy,  directeur  de  l'Ecole  d'application  de  la  médecine 


674    —  N*  42  —  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  18  Octobre  1889 


qu'il  faudrait  rechercher,  c'est  si  ce  passage  est  fréquent, 
c'est-à-dire  si  les  conditions  qui  favorisent  ou  permettent 
cette  transmission  sont  souvent  remplies;  autrement  dit,  il 
faudrait  établir  le  déterminisme  du  phénomène.  Nous 
n'avons  en  somme  qu'à  répéter  pour  la  tuberculose  ce  que 
nous  avons  déjà  dit  à  propos  du  charbon  et  ce  que  nous 
aurions  pu  redire  à  propos  de  chacune  des  maladies  infec- 
tieuses. La  question  ne  pourra  être  vidée  que  lorsque  nous 
aurons  un  nombre  suffisant  d'observations  complètes.  Il 
faudra  recueillir  avec  soin  tous  les  fœtus  provenant  de  mères 
tuberculeuses,  et  même  en  l'absence  de  lésions  apprécia- 
bles, rechercher  le  bacille  en  faisant  des  inoculations  à  des 
cobayes.  Il  faudra  de  plus  dans  tous  les  cas  tâcher  d'avoir 
des  observations  complètes,  c'est-à-dire  tâcher  de  détermi- 
ner exactement  les  conditions  qui  ont  accompagné  et  qui 
pourront  un  jour  expliquer  cette  transmission  héréditaire. 
Enfin  on  ne  négligera  pas  de  porter  son  attention  sur  le 
placenta,  quelques  faits  démontrant  la  virulence  de  cet 
organe  (Landouzy  et  Martin,  Jani,  Charrin  et  Karlh);  peut- 
être  est-ce  là  qu'il  faut  chercher  la  cause  de  l'hérédo- 
tuberculose,  peut-être,  comme  pour  le  charbon^  existe-t-il 
des  altérations  placentaires  indispensables  au  passage  des 
bacilles  et  qui  jusqu'ici  ont  passé  inaperçues?  Si  cela  est, 
la  question  sera  modifiée,  et  ce  qu'il  faudra  déterminer  ce 
seront,  comme  pour  les  autres  maladies,  les  conditions  qui 
favorisent  la  localis<ition  placentaire.  Le  problème  demande 
donc  de  nouvelles  observations  complètes,  et  peut-être,  en 
étudiant  tous  les  détails  de  chaque  fait,  arrivera- t-on  à 
trouver  le  sens  dans  lequel  devront  être  dirigées  les  expé- 
riences. Pour  le  moment,  nous  ne  pouvons  que  faire  appel 
aux  médecins  et  aux  vétérinaires  et,  tout  en  affirmant  la 
possibilité  du  passage  des  bacilles  de  la  mère  au  fœtus, 
tout  en  affirmant  aussi  la  fréquence  de  la  tuberculose  chez 
les  enfants  issus  de  tuberculeux,  nous  comprenons  qu'on 
conserve  encore  quelques  doutes  sur  le  mécanisme  habituel 
de  cette  transmission  héréditaire. 


C.-H.  Roger. 


{A  suivre.) 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Cllnlqoe  médleale. 

Pleurésie  HÉMORRHAGiQUE  ;  CANCER  de  la  plèvre  consé- 
cutif A   UN    ÉPITHÉLIOMA    DU    NEZ    OPÉRÉ    AVEC    SrCCK> 

CINQ  ANS  AUPARAVANT.  Communication  faite  à  la  Sociétr 
médicale  des  hôpitaux  dans  la  séance  du  11  octobre  ISK*.' 
par  M.  le  docteur  Féréol,  médecin  de  l'hôpital  de  l 
Charité. 

La  question  des  pleurésies  hématiques  a  été  à  plusieurs 
reprises,  et  l'an  dernier  encore,  l'objet  de  communications 
et  de  discussions  à  la  Société  médicale  des  hôpitaux.  Le 
fait  suivant  m'a  paru  digne  de  vous  être  communiqué,  bien 
qu'il  soit  incomplet,  l'autopsie  n'ayant  pu  être  faite.  Mais  il 
présente  un  douole  intérêt,  en  lui-même  d'abord  et  en  tant 
que  pleurésie  hématique,  et  ensuite  parce  qu'il  comporte 
pour  interprétation  possible  une  généralisation  à  la  plèvre 
d'un  épithélioma  de  la  face  après  opération,  ce  qui  assuri^- 
ment  n'est  point  commun* 

Voici  le  fait,  qui  a  été  observé  dans  la  clientèle  de  la  villt- 
par  mon  ancien  collègue  d'internat  le  docteur  Moynier,  par 
moi,  et  par  notre  collègue  le  professeur  Dieulafoy  ;  celui-ri 
a  été  appelé  par  nous,  dans  ce  cas  éminemment  insidieux, 
dont  l'issue  nous  paraissait  devoir  être  mauvaise.  Mous  te- 
nions dans  une  circonstance  aussi  délicate  à  nous  assurer 
le  concours  d'un  collègue  qui  a  fait  de  la  pleurésie  l'objet 
de  son  étude  de  prédilection,  et  l'événement  nous  a  prouvé 
que  nos  craintes  n'étaient  que  trop  fondées. 

M.  X...,  ancien  magistrat,  âgé  de  soixante-ijuinze  ans,  a  toujours 
été  d'une  bonne  santé,  n'a  fait  aucune  maladie  de  quelque  impor- 
tance; il  était  seulement  sujet  à  des  bronchites,  et  aurait  eu  à 
Blusieurs  reprises  des  signes  d'emphysème,  pour  lesf]ar*l> 
[.  Dechambre,  il  y  a  une  vmgtaine  d'années,  lui  aurait  prescrit 
de  la  belladone,  laquelle  lui  aurait  causé  des  troubles  de  la  me 
assez  accentués.  Grand  travailleur  du  reste,  très  versé  dan*^  !•*% 
affaires  judiciaires,  M.  X...  a  toujours  eu  une  vie  très  active;  'î.i 
mise  à  la  retraite,  un  peu  prématurée  à  son  avis,  l'a  forleineni 
affecté.  11  y  a  quatre  ans  il  a  consulté  M.  le  professeur  liard^ 
pour  une  acné  du  nez  qui  prenait  des  tendances  ulcéreuses  >i 
prononcées  que  M.  Hardy  n'a  pas  hésité  à  lui  conseiller  une  cau- 
térisation. Celle-ci  fut  pratiquée  assez  énergiquemcnt  avec  la 
pâte  de  Vienne,  et  l'opération  réussit  parfaitement. 
L'hiver  dernier,  en  novembre  1888,  M.  X...  fut  repris  un  peu 

{)lus  fort  que  d'habitude  de  sa  bronchite  hibernale,  qui  fut  corn- 
jallue  par  la  liqueur  de  Fowler,  le  coton  iodé,  quehjues  prépara- 
tions antimoniées,  etc. 

Mais  à  la  fin  de  mars  dernier  l'oppression  devint  plus  forte« 
sans  Que  la  toux  augmentât;  elle  était  surtout  gênante  quanil 
le  malade  marchait,  montait  les  étages;  en  même  temps  il  \ 
avait  une  douleur  de  dos,  qualifiée  de  lombago,  et  qui  s'ajoutait 


militaire,  homme  supérieur  qui  savait  apprécier  le  mérite 
et  qui  de  plus  savait  le  récompenser.  Durant  son  séjour 
aux  Invalides,  le  jeune  médecin-major  de  1"*  classe  fit 
paraître  ses  études  Sur  Vinfluences  des  boissons  alcooliques 
prises  à  doses  modérées  sur  la  nutrition  (1864).  Il  y 
démontre  que  l'alcool  ingéré  diminue  la  quantité  d'acide 
carbonique  exhalé  par  les  poumons,  ralentit  les  oxydations 
intra-vasculaires  ;  qu'il  ne  nourrit  pas,  mais  que  par  stimu- 
lation du  système  nerveux  il  s'oppose  à  une  désassimilation 
trop  rapide. 

Membre  titulaire  de  la  Société  de  chirurgie  en  1865,  il 
prend  part  à  la  discussion  sur  Viridectomiey  il  complète  dans 
un  second  mémoire  les  recherches  cliniaues  qu'il  avait  com- 
mencées Tannée  précédente  (1864)  sur  la  valeur  de  Vuré^ 
throtomie  interne.  Partisan  convaincu  de  cette  méthode  de 
traitement  des  rétrécissements  de  Turèthre,  M.  Perrin  tente 
de  la  faire  substituer  à  la  dilatation,  qu'à  tort,  sans  doute, 
il  qualifie  de  routinière.  Ses  arguments  en  faveur  de  l'in- 


cision reposaient  sur  une  statistique  personnelle  trop  faible, 
sur  des  chiffres  trop  peu  élevés,  pour  entraîner  la  convictiou 
de  tous  ses  collègues.  Aussi  ses  idées  furent-elles  vivement 
combattues.  En  somme,  la  discussion  ne  resta  pas  sans  profit. 
Tout  en  montrant  que  la  dilatation  graduée,  lente,  pro- 
gressive, doit  rester  la  méthode  générale  de  traitement  de^ 
coarctations  uréthrales,  tout  en  faisant  voir  que  l'uréthro- 
tomie  en  elle-même  ne  met  aucunement  à  l'abri  de  la 
récidive,  elle  prouva  qu'une  section  bien  faite  n'était  pas 
aussi  dangereuse  qu'on  le  croyait  encore,  aue  l'incision 
dans  des  cas  bien  déterminés  rendait  au  malaae  comme  au 
chirurgien  d'inappréciables  services. 

Appelé  à  faire  aux  médecins  stagiaires  du  Val-de-Grâre 
des  conférences  d'ophlhalmoscopie  et  d'optométrie,  l'ancien 
agrégé,  devenu  médecin-major  des  hôpitaux,  s'acouilta  noble- 
ment de  la  tâche  délicate  qui  lui  était  confiée.  Bien  qu'on 
ne  fût  plus  au  début  de  l'éclairage  du  fond  de  l'œil,  cotte 
méthode  d'exploration  n'avait  pas  encore  pénétré  dans  la 


18  Octobre  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


--  N-  42  —    675 


à  Toppression  pour  rendre  la  marche  et  toute  espèce  d'efforts 
très  pénibles.  Ces  phénomènes  augmentèrent  pendant  la  pre- 
mière quinzaine  d*avril;  la  dyspnée  se  prononçait  au  moindre 
mouvement,  et  aussi  après  les  repas,  simplement  même  quand 
le  malade  parlait;  elle  s'aufirmentait  quand  il  restait  debout  pour 
faire  sa  toilette,  quand  il  allait  à  la  garde-robe,  et  était  d'ailleurs 
hors  de  proportion  avec  les  signes  physiques  de  Tauscultation  : 
des  deux  côtés  râles  sibilants  peu  nombreux,  disséminés  ;  toute- 
fois du  côté  gauche  de  la  poitrine,  on  notait  une  faiblesse  plus 
grande  de  la  resoiration,  avec  une  résonnance  moindre,  et  même 
deux  travers  de  doigt  de  matité  à  la  base.  Pas  d'expectoration.  Un 
vésicatoire  appliqué  sur  le  point  suspect  le  9  avril  n'amena  pas 
grand  soulagement.  M.  X..  restait  très  oppressé,  son  pouls  était 
lent  et  faible.  Le  visage,  bien  coloré  d'ordinaire,  commençait  à  pâ- 
lir. I^s  signes  |)bysiques  s'accentuaient  dans  le  sens  de  la  pleu- 
résie. M.Magnier,  qui  jusqu'alors  soignait  seul  M.  X...,  de- 
manda une  consultation,  ce  qui  provoqua  chez  le  malade  assez 
pusillanime  et  dans  son  entourage  une  sensation  telle  qu'on  fut 
obligé  d'ajourner  ce  projet. 

Cependant  le  18  avril  cette  consultation  avait  lieu,  et  c'est  ce 
jour  <\ne  je  vis  pour  la  première  fois  M.  X....  Il  était  levé,  avait 
bon  visage,  continuait  à  manger  d'assez  bon  appétit,  dormait 
bien,  et  ne  se  fût  pas  trouvé  malade  sans  cette  oppression  qui 
rétouffaît  d'une  manière  extrême  au  plus  léger  effort.  Je  consta- 
tai chez  lui  tous  les  signes  d'un  épanchement  moyen  avec  souffle 
et  broncho-égophonie,ne  dépassant  pas  la  pointe  de  l'omoplate  ; 
le  eœur  était  refoulé  sous  le  sternum  ;  la  pointe  ne  se  sentait 
pas  au  doigt.  La  dyspnée  militait  en  faveur  de  l'intervention  ; 
mais  la  quantité  du  hquide  ne  paraissait  pas  très  considérable  ; 
on  pouvait  mettre  sur  le  compte  de  l'emphysème  concomitant 
l'intensité  particulière  de  cette  dyspnée,  et  aussi  peut-être  pour 
partie  sur  le  déplacement  du  cœur,  et  l'état  du  système 
circulatoire  ;  M.  X...  en  effet  était  anémique  et  athéromateux. 
11  était  d'ailleurs  très  impressionnable  et  il  fallait  le  ménager. 
L'opération  fut  donc  différée.  Nouveau  vésicatoire;  un  litre  de 
lait  par  jour  avec  un  peu  d'iodure  de  sodium. 

Nous  aurions  désiré  une  purgation,  qui  fut  repoussée  par  le 
malade  qui  craignait  de  s'affaiblir.  Six  jours  après,  la  dvspnée 
reste  la  même,  bien  que  les  râles  sibilants  aient  notablement 
diminué  ;  la  faiblesse  augmente.  La  matité  de  la  base,  le  souffle 
et  le  déplacement  du  cœur  n'ont  pas  changé;  il  devient  pro- 
bable que  la  ponction  ne  pourra  être  évitée;  et  nous  arrêtons 
en  principe  que,  vu  les  difficultés  du  cas,  nous  appellerons  le 
docteur  Dieuiafoy. 

En  effet,  notre  attention  a  été  particulièrement  attirée  par 
l'acné  du  malade  qui  semble  en  voie  de  récidive,  non  pas  sur 
la  cicatrice  de  l'opération  [pratiquée  par  M.  Hardy  il  y  a  quatre 
ans;  celle-ci  est  nette  et  saine;  mais  tout  autour,  sur  le  nez,  dans 
les  plis  des  narines,  au  milieu  d'une  vascularisation  rosacique 
très  prononcée,  on  constate  un  semis  de  petites  croûtes  gra- 
nuleuses très  fines,  formant  sous  le  doigt  une  poussière  grenue  ; 
si  on  enlève  ces  petites  croûtes  d'acné  concrète,  on  trouve  au- 
dessous,  par  petites  places,  Tépiderme  très  superficiellement 
entamé,  ce  qui  nous  inspire  quelques  inquiétudes  au  point  de 
vue  d'une  récidive  possible,  et  peut-être  d'une  généralisation 
du  côté  de  la  plèvre. 


Le  29  avril,  M.  Dieuiafoy  se  réunit  à  nous,  juge,  comme  nous, 
la  ponction  nécessaire,  et  la  pratique  le  soir  même;  il  retire 
800  grammes  d'un  liquide  rose,  qui,  examiné  chimiquement  et 
au  microscope,  contient  une  quantité  de  fibrine  assez  considé- 
rable, 0,40  pour  945,  et  des  globules  sanguins  assez  abondants. 
L'aspect  de  ce  liquide  nous  inspire  des  craintes  sérieuses  sur  la 
nature  de  la  pleurésie . 

L'opération  n'est  pas  suivie  d'une  diminution  notable  de  la 
dyspnée  au  dire  du  malade;  cependant  les  jours  suivants  on  per- 
çoit dans  l'aisselle  un  bruit  oe  frottement  qui  parait  de  non 
augure,  mais  cette  amélioration  n'est  que  passagère. 

Le  7  juin,  nouvelle  évacuation  de  950  grammes  de  liquide 
toujours  fortement  rosé. 

Dès  lors,  je  passe  sur  les  détails  de  l'observation.  Je  dirai 
seulement  que  du  29  avril  au  4  septembre,  il  a  été  pratiqué 
onze  ponctions  à  des  intervalles  plus  ou  moins  éloignés  ;  il  n'y 
a  jamais  eu  de  pus  dans  le  liquide,  mais  presque  toujours  du 
sang:  une  fois,  le  31  juillet,  la  ponction  a  donné  un  liquide 
presque  séreux,  à  peine  coloré;  mais  l'état  général  commençait 
a  s'altérer  sérieusement  ;  le  malade  perdait  ses  forces  et  ne 
quittait  plus  le  lit;  le  liquide  d'ailleurs  ne  tarda  pas  à  se  repro- 
duire, et  à  reprendre  sa  teinte  rosée,  qui  même  se  fonça  ^- 
duellement,  au  point  que  les  deux  dernières  ponctions,  qui  se 
firent  à  quatre  jours  d'intervalle  seulement,  donnèrent  un  liquide 
qui  ressemblait  à  du  sang  presque  pur.  L'analyse  des  liquides 
indiquait  dans  les  derniers  temps,  en  même  temps  que  i'aug- 
roentation  des  globules  du  sang  et  de  la  fibrine,  une  diminution 
progressive  des  sels  minéraux  et  des  éléments  organiques. 

L  alimentation  était  devenue  presque  impossible.  La  fièvre, 
qui  avait  été  nulle  pendant  près  de  quatre  mois,  s'alluma  dans 
le  dernier  septénaire.  Des  accès  de  dypsnée  à  forme  syncopale 
se  manifestèrent  à  plusieurs  reprises,  et  semblaient  chaque  fois 
devoir  amener  la  mort.  L'affaiblissement  était  extrême.  Enfin  le 
malade,  dans  la  nuit  du  4  septembre  qui  suivit  la  dernière  ponc- 
tion, fut  pris  d'agitation,  de  délire»  sueur  froide,  avec  pouls  fili- 
forme et  face  cyanosée  et  succomba  à  une  heure  du  matin. 

Dans  le  courant  de  cette  longue  maladie,  qui  avait  com- 
mencé si  insidieusement,  d*une  façon  si  peu  caractérisée 
tout  d'abord,  nous  désirâmes,  alors  que  la  pensée  d'une  pleu- 
résie cancéreuse  se  précisa  nettement  pour  nous,  avoir  sur 
ce  point  Topinion  de  H.  Hardy,  qui  avait  cautérisé  Tépithé- 
lioma  en  1885.  Notre  honoré  maître  avait  parfaitement 
conservé  le  souvenir  du  malade  que,  du  reste,  il  n'avait 
jamais  vu  qu'à  sa  consultation;  mais  le  fait  l'avait  frappé, 
aussi  bien  que  la  parfaite  réussite  de  sa  cautérisation.  Le 
9  juillet,  il  examina  avec  le  plus  grand  soin  le  malade  que 
nous  lai  soumettions;  à  ce  moment  l'état  général  de  M.  X... 
était  encore  excellent;  il  mangeait  de  bon  appétit,  se  levait 
dans  la  journée,  dormait  bien  la  nuit.  H.  Hardy  nous  dit 
qu'il  n'avait  jamais  vu  jusqu'à  ce  jour  le  cancer  du  nez  se 
répercuter  sur  la  plèvre  ;  que  les  pleurésies  hématiaues 
n'étaient  pas  rares  aux  âges  extrêmes  de  la  vie,  dans  1  en- 
fance et  oans  la  vieillesse  ;  que  dans  le  cas  actuel,  en  l'ab- 


pratiqij 
les  con 


]ue  générale.  Pour  le  médecin  militaire  expert  devant 
les  conseils  de  revision  et  de  réforme,  la  connaissance  de  ces 

Procédés  d'examen  était  cependant  absolument  nécessaire. 
l.  Perrin  eut  le  grand  mérite  de  le  comprendre,  et  l'énergie 
suffisante  pour  le  faire  comprendre  autour  de  lui.  Dès  1864, 
médecin  stagiaire  au  Val-cle-Grâce,  j'assistai  à  quelques- 
unes  de  ses  leçons.  Nommé  aide-major  à  l'Hôtel  des  Inva- 
lides en  1865,  j'eus  le  bonheur  de  pouvoir  durant  deux 
années  suivre  cet  enseignement^  auquel  notre  maître,  alors 
dans  toute  la  force  de  Tâge,  apportait  l'ardeur  qui  fait  des 
disciples,  le  charme  qui  les  attire,  la  foi  qui  les  retient.  A 
partir  de  cette  époque  il  s'engage  au  reste  résolument  dans 
cette  voie,  l'oculistique  compte  un  fidèle  et  bientôt  un  maître 
de  plus. 

Ce  n'est  pas  dire  que  M.  Perrin  déserte  absolument  la  chi- 
rurgie ordinaire.  Il  nous  suffit  de  noter  la  part  qu'il  prend  aux 
discussions  sur  les  résections  sous-périostées,  l'emphysème 
dans  les  fractures  compliquées  (1866)  ;  sur  la  trépanation, 


le  traitement  de  la  syphilis  (1867),  pour  démontrer  le 
contraire.  Cependant  les  affections  oculaires  sont  pour  lui 
les  sujets  de  prédilection.  C'est  ainsi  qu'il  communique  à 
la  Société  de  chirurgie  ses  observations  :  Sur  un  œil  artifi- 
ciel destiné  à  faciliter  les  études  ophthalmoscopiques 
(1866),  Sur  la  cataracte  diabétique  (1870),  Sur  un  pro- 
cédé nouveau  de  destruction  de  la  capsule  du  cristallin 
dans  l'opération  de  la  cataracte  (1871)  à  l'aide  d'un  ingé- 
nieux instrument  qu'il  nomma  la  griffe  capsulaire. 

La  place  de  professeur  d'opérations  et  appareils  devient 
vacante  au  Val-de-Grâce  à  la  fin  de  1867  par  la  nomination  de 
M.  Lustreman  au  grade  de  médecin  inspecteur.  Proposé  en 
première  ligne  par  le  corps  professoral  en  même  temps  que 
par  le  Conseil  de  santé,  M.  Perrin,  alors  médecin  principal 
de  2*  classe  aux  hôpitaux  de  la  division  d'Alger,  vient 
prendre  possession  de  sa  chaire  le  8  juin  1868.  En  même 
temps  qu'il  enseigne  la  médecine  opératoire,  il  réclame  le 
service  d'ophthalmologie  et  reprend,  d'une  façon  plus  régu- 


676    —  N*  42  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  18  Octobre  i889 


sencc  de  Fièvre,  d'amaigrissement,  de  ganglions  axillaires 
ou  claviculaires,  les  fonctions  digestives  étant  conservées, 
il  y  avait  lieu  d'espérer  que  la  pleurésie  n'était  pas  cancé- 
reuse; que  sans  doute  il  y  avait  aes  chances  mauvaises,  dont 
la  pire  était  l'âge  du  malade,  mais  que  Ton  pouvait  con- 
server de  l'espoir. 

Tel  n'était  point  l'avis  de  M.  Dieulafoy  qui  dès  lors  afHr- 
roait  nettement  la  nature  cancéreuse  de  la  pleurésie,  se 
fondant  précisément  sur  l'âge  du  malade,  et  sur  la  coïnci- 
dence du  cancroîde  nasal  qui  paraissait  en  voie  de  récidive. 
Or,  dans  les  derniers  jours  de  cette  maladie,  il  fut  pos- 
sible de  constater  un  fait  qui  donnait  à  cette  interprétation 
diagnostique  une  probabilité  voisine  de  la  certitude.  Il 
existait  alors  au-devant  du  sternum,  au  niveau  de  la  troi- 
sième côte,  une  petite  tumeur  de  la  grosseur  d'un  pois, 
ayant  tous  les  caractères  d'un  épithéiioma  cutané  De  quand 
datait  cette  tumeur?  Il  nous  fut  impossible  de  le  préciser. 
Avait-elle  échappé  à  notre  examen?  à  celui  de  M.  Hardy?  ou 
bien  était-elle  de  date  tout  à  fait  récente  et  postérieure  à  cet 
examen?  Toujours  esl-il  que  la  constatation  de  cette  géné- 
ralisation cutanée  venait  fortement  à  l'appui  du  diagnostic 
Sorte  par  M.  Dieulafoy  et  auquel  il  nous  était  impossible  ii 
I.  Magnier  et  à  moi  de  pas  nous  rallier,  en  voyant  la  marche 
de  la  maladie.  Nous  aurions  désiré  à  ce  moment  rappeler 
H.  Hardy,  mais  il  avait  quitté  Paris. 

En  fm  de  compte,  et  malgré  l'absence  d'autopsie,  il  nous 
parait  certain  :  1°  que  le  malade  a  succombé  à  une  pleurésie 
cancéreuse  ;  2°  que  le  cancer  de  la  plèvre,  comme  c'est  la 
règle  presque  absolue,  était  secondaire,  et  qu'il  a  été  consé- 
cutif à  la  généralisation  d'un  épithéiioma  du  nez,  opéré  avec 
succès  cinq  ans  auparavant,  et  n'ayant  pas  récidivé  dans  la 
cicatrice. 

Le  fait  nous  a  paru  assez  rare  pour  être  mentionné  dans 
nos  bulletins,  et  soumis  à  votre  appréciation. 


REVUE  DES  CONGRES 

QDatrléme  Congrès  françalfl  de  chlrargle  tenu  *  Parlii 
da  9  aa  It  octobre  1889. 

TRAITEMENT  CHIRURGICAL  DE  LA  PÉRITONITE  AIGUË. 

Depuis  quelques  années  les  chirurgiens,  enhardis  à 
porter  le  bistouri  sur  la  séreuse  péritonéale,  se  sont  atta- 
qués à  la  péritonite  et  ont  sauvé  des  malades  auxquels  ils 
ont  incisé,  désinfecté  et  drainé  le  péritoine  enflammé.  La 

auestion,  dont  l'état  en  1886  a  été  exposé  dans  la  thèse 
'agrégation  de  Truc,  a  fait  depuis  cette  époque  des  progrès 
sensibles,  et  les  résultats  thérapeutiques  sont  en  voie  d'amé- 


lioration. Il  reste  toutefois  des  obscurités,  qui  tiennent  tri- 
partie à  ce  que  les  distinctions  ne  sont  pas  toujours  sufti- 
santes  entre  les  diverses  variétés.  Il  ya  en  effet,  couiroe  i% 
dit  M.  Démons,  des  péritonites  et  non  une  péritonite.  C>*î 
précisément  pour  cela  que  nous  avons  cru  pouvoir  nous  per- 
mettre une  transposition  et  parler  de  la  péritonite  tubercu- 
leuse h  propos  du  traitement  chirurgical  des  tube^^ulo^e» 
locales.  Les  faits  relatifs  à  la  péritonite  aiguë ^  sepiiqur 
vont  donc  être  seuls  envisagé  ici. 

Le  plus  important  des  mémoires  communiqués  au  Ck>u- 
grès  est  indiscutablement  celui  de  M.  Bouiliy.  II  se  fonde. 
en  effet  sur  douze  observations  personnelles,  où  la  laparo- 
tomie a  été  mise  en  œuvre.  Ces  onservations  se  décomposent 
de  la  manière  suivante  :  1  péritonite  traumalique  ;  4  par 
lésions  d'organes  abdominaux  ;  6  puerpérales  ;  i  par  ruplurt* 
utérine. 

l''  La  péritonite  trauniatique  opérée  par  M.  Bouiily  e>: 
bien  connue,  célèbre  même.  C'est  cette  observation. 
publiée  en  1883,  où  M.  Bouiily  ouvrit  le  ventre  (deux  heurr< 
après  l'accident)  à  un  malade  qui  avait  subi  une  rupture  Irau- 
matique  de  l'intestin  grêle  sans  plaie  de  la  paroi  abdoininalf. 
La  séreuse  était  enflammée,  et  cependant  il  guérit  de  Tin- 
lerventiun  chirurgicale.  Depuis  cette  époque  lesfaitsse  soiil 
multipliés,  et  plusieurs  des  succès  de  la  laparotomie  pour 
les  plaies  et  ruptures  de  l'intestin  ou  de  la  vessie  pnt  eie 
obtenus,  quoique  les  liquides  septiques  épanchés  eusfseni 
causé  déjà  une  péritonite  aiguë,  diffuse. 

2"  Les  lésions  d'organes  abdominaux  qui  sont  capable> 
de  provoquer  la  péritonite  suppurée.  généralisée  ou  loca- 
lisée, sont  multiples.  Les  faits  de  M.  Bouiily,  au  nombre  de 
quatre,  concernent  une  grossesse  extra-utérine,  une  perft^ 
ration  de  l'appendice  iléo-cœcal,  une  salpingo-ovarite  et 
une  occlusion  intestinale. 

La  malade  atteinte  de  grossesse  extra-utérine  (le  dia- 
gnostic de  celte  cause  avait  été  soupçonné  avant  la  laparo- 
tomie) a  guéri  avec  une  grande  rapidité  :  au  dix-huititune 
jour  elle  quittait  l'hôpital.  Les  accidents  inflammatoire> 
reconnaissaient  pour  origine  un  massage  intempestif  de  la 
tumeur  abdominale. 

Une  autre  patiente  souffrait  depuis  six  semaines  d'une 

f^érilonile  subaiguë  lorsque  M.  Bouiily  fut  appelé.  Apr**^ 
aparolomie,  il  délergea  un  foyer  pelvien  du  à  une  perfora- 
tion de  l'appendice  iléo-caecal.  Plus  tard,  il  réséqua  aver 
succès  l'appendice  pour  mettre  fin  à  une-  fistule  stercorale 
qui  persistait.  Des  faits  analogues  ont  été  rapportés  par 
M.  Campenon,  par  M.  Labbé.  Voici  le  résumé  de  ces  obser- 
vations, où  on  parle  de  typhlite  et  de  pérityphlite,  sanf 
faire  mention  il  est  vrai  de  perforation  intestinale. 

M.  Labbé  fut  appelé  auprès  d'une  jeune  fille,  atteinte  de 
péritonite,  à  laquelle  M.  Fotain  n'avait  accordé  que  quaranle- 


lière  et  plus  suivie,  avec  une  inslallallalion  qu'il  fait  chaque 
jour  plus  complète,  les  conférences  théoriques  et  pratiques 
d'oculistique,  qu'il  avait  dirigées  déji\  pendant  plusieurs 
années  avec  un  incontestable  succès. 


J.  Chauvel. 


(il  suivre.) 


ÉCOLE  DE  SANTÉ  MIUTAIRE.  —  Nous  cxtrayons  du  décret  sur 
les  engagements  volontaires  el  spéciaux,  promulgué  le  28  sep- 
tembre 1889,  les  articles  suivants,  qui  intéressent  les  élèves  de 
TEcole  du  service  de  santé  militaire: 

<  Art,  22.  —  Les  jeunes  gens  nommés  élèves  de  TEcoie  du  ser- 
vice de  santé  militaire  souscrivent  un  engagement  d'une  durée 
de  trois  ans,  et  s'obligent  à  servir  pendant  six  années  dans 
Tarmée  active,  à  partir  de  leur  nomination  au  grade  de  médecin 
aide-major  de  2«  classe. 

«  Art..23.-'  -/engagement  des  élèves  de  TEcole  du  service  de 


sanié  militaire  est  souscrit  à  la  mairie  de  Tun  des  arrondisse- 
ments de  Lyon  ; 

c  Le  contractant  n'est  assujetti  à  aucune  condition  d'âge  autn^ 
que  celles  qui  sont  exigées  pour  l'admission  à  PEcole.  Il  en  jus- 
tifie par  la  production  d'un  certificat  d'admission.  Il  produit  en 
outre  :  1<>  Textrait  de  son  casier  judiciaire;  2*^  le  certificat  d'ap- 
titude, délivré  parle  commandant  du  bureau  de  recrutement  de 
la  subdivision  dans  laquelle  est  contracté  l'engagement. 

€  Art.  2i.  —  Les  engagements  sont  souscrits  pour  l'une  dos 
armes  de  Tinfunterie,  de  la  cavalerie,  de  l'artillerie  ou  du  génie. 

c  L'autorité  militaire  désigne,  au  moment  de  la  mise  en  route, 
le  corps  sur  lequel  les  engagés  sont  dirigés  :  I""  s'ils  n'obtienneut 
pas  le  grade  de  médecin  aide-major  de  2*  classe;  2'  si,  une  fois 
en  possession  de  ce  grade,  il  ne  servent  pas  dans  Tarmé** 
active,  pendant  six  ans  au  moins. 

c  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  la  durée  de  rengagement  de  trois 
ans,  souscrit  à  l'entrée  de  TEcole,  ne  court  que  du  jour  de  Tin- 
corporation.  > 


18  Octobre  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N*  42  -    677 


huit  heures  à  vivre.  Elle  avait  du  maquet  plein  la  bouche 
et  une  fièvre  ardente.  M.  Labbé  diagnostiqua  un  vaste  foyer 
péricaecal  (car  la  malade  avait  un  passé  typhliiiquc  assez 
net),  qu*il  incisa  ef,  après  issue  de  6  à  7  lilres  de  pus, 
il  constata  que  la  poche  était  limitée  en  haut  par  un  dia- 
phragme pseudo-membraneux  ;  les  viscères  étaient  refoulés 
en  haut  et  à  gauche.  Il  se  borna  à  laver  la  cavité,  qu*il  se 
refusa  à  gratter.  Lavages  à  l'eau  stérilisée,  sans  adjonction 
de  substances  antiseptiques,  car  les  accidents  de  résorption 
toxique  eussent  pu  être  redoutables.  Puis  il  pratiqua  un 
tamponnement  en  queue  de  cerf-volant  avec  de  la  charpie 
fine  effilée  de  Montpellier.  La  guérison  fut  rapide  et  corn- 
plète^  sans  fistule  stercorale. 

M.  Campenon  a  opéré  un  homme  qui  présentait  des 
signes  d'occlusion  intestinale,  mais  chez  lequel  il  diagno- 
stiqua cependant  une  péritonite  d'origine  caecale.  Au  moment 
de  l'opération,  le  malade  était  mourant.  Il  existait  une 
poche  analogue  à  celle  aue  M*.  L^bbé  a  décrite.  Mais  le 
diaphragme  pseudo-memoraneux  avait  cédé  et  le  pus  avait 
infecté  la  séreuse  tout  entière.  Le  patient  étant  mort  au 
quatrième  jour,  après  quarante-huit  heures  d'espoir, 
M.  Campenon  a  constaté  qu'il  avait  laissé  échapper  un 
foyer  situé  dans  le  petit  bassin.  Peut-être  un  nettoyage  com- 
plet eùt-il  assuré  le  succès. 

Une  occlusion  intestinale  par  torsion  était  la  cause  de  la 
péritonite  chez  le  troisième  opéré  de  M.  Bouilly  :  le  malade, 
homme  de  quarante  ans,  mourut  le  soir  même. 

La  quatrième  observation,  enfin,  concerne  une  femme  de 
trente  ans,  que  M.  Bouilly  vit  à  peu  près  mourante,  d'une 
fausse  couche,  disait-elle.  11  l'opéra  d'urgence,  sans  grand 
espoir,  et  pourtant,  après  quelques  jours  difficiles,  elle  se 
rétablit.  Opérée  le  26  janvier,  elle  sortait  de  l'hôpital  le 
i8  mars.  La  cause  était  une  salpingo-ovarite  qui  ultérieu- 
rement fut  ouverte  par  le  vagin.  Une  observation  compa- 
rable a  été  communiquée  par  M.  Routier.  Une  jeune  femme 
fut  admise  dans  le  service  de  M.  Damaschino  pour  une 
fièvre  typhoïde  au  début.  Puis  une  tumeur  fut  trouvée  dans 
le  ventre  :  M.  Routier  consulté  crut  à  une  grossesse.  Puis 
un  abcès  devint  évident,  et  il  l'incisa  :  abcès  limité  par  un 
diaphragme  pseudo -membraneux  le  séparant  des  anses 
intestinales.  L'utérus  et  les  annexes  étaient  malades,  mais 
trop  adhérents  pour  être  enlevés.  L'opération  réussit,  mais 
le  malade  conserva  une  fistule.  M.  Routier  chercha  à  traiter 
cette  fistule  par  la  dilatation  :  ce  fut  en  vain.  Il  ouvrit  donc 
de  nouveau  le  ventre  ;  mais  cette  fois  encore  les  adhérences 
des  organes  pelviens  firent  échouer  sa  tentative  d'opération 
radicale.  La  malade  vit  et  est  en  bon  état  ;  mais  depuis 
deux  ans  et  demi  elle  porte  toujours  une  fistule. 

Parmi  les  faits  comparables  uous  citerons  une  péritonite 
due  à  un  kyste  suppuré  de  l'ovaire  :  en  1883,  M.  Démons 
(de  Bordeaux)  désinfecta  avec  succès  le  péritoine,  dontl'in- 
iîammation  purulente  était  généralisée.  M.  Labbé  a  obtenu 
également  un  succès  dans  un  cas  à  peu  près  identique,  où 
le  péritoine  contenait  environ  8  litres  de  pus. 

Avant  de  quitter  ces  péritonites  diverses,  nous  résume- 
rons une  observation  de  M.  Brun.  Il  s'agit  d'une  de  ces 
péritonites  aiguës,  décrites  en  particulier  par  Féréol,  par 
Gauderon,  péritonites  assez  spéciales  aux  enfants  et  aux 
adolescents  et  qui  parfois  guérissent  d'elles-mêmes,  par 
ouverture  spontanée  à  l'ombilic.  M.  Brun  a  vu  deux  malades 
qui  portaient  des  fistules  ombilicales  de  cette  nature.  Mais 
ce  résultat  favorable  n'est  malheureusement  pas  la  règle; 
et  encore  laisse-t-il  à  désirer.  Il  faut  donc  intervenir  chi- 
rurgicalement.  Truc  est  partisan  des  ponctions  répétées: 
la  vraie  méthode  est  l'incision  large,  comme  pour  un  abcès 
chaud.  M.  Brun  a  observé  il  y  a  deux  ans  une  jeune  fille  de 
dix-huit  ans  chez  qui  une  péritonite  se  déclara  à  la  suite 
d'un  refroidissement  pendant  les  règles.  D'abord  diffus,  les 
phénomènes  s'amendèrent  au  bout  de  huit  à  dix  jours,  puis 
se  localisèrent  vers  l'hypogastre  :  cette  région  était  maie  et 


une  ponction  exploratrice  donna  du  pus.  Ce  fut  assez  long- 
temps après,  toutefois,  que  M.  Brun  fut  mandé  et,  sur  la 
malade  en  collapsus,  il  fit  la  laparotomie,  seule  planche  de 
salut  qui  restât  ;  et  il  la  fit  séance  tenante,  avec  un  outillage 
improvisé.  La  cavité  (analogue  à  celle  dont  a  parlé  M.  Labbé) 
fut  explorée  sans  que  la  cause  du  mal  fût  trouvée.  Les 
effets  du  drainage  furent  immédiats  :  dès  le  soir  la  tempéra- 
ture était  normale  et.au  bout  de  trois  semaines  le  trajet  du 
drain  restait  seul  à  cicatriser. 

3"  Une  rupture  de  VuUrus  gravide,  au  seizième  accou- 
chement, était  l'origine  de  la  péritonite  chez  la  sixième 
malade  de  M.  Bouilly.  Cette  rupture  se  compliquait  de 
rupture  de  la  vessie.  La  malade  mourut  en  douze  heures. 

i"  Les  péritonites  puerpérales  sont  sans  contredit  les 
plus  graves  de  toutes,  et  l'on  ne  saurait  s'étonner  que  la 
chirurgie  y  soit  moins  souvent  efficace.  M.  Bouilly  est  le 
premier  à  avoir  tenté  ces  essais,  et  dès  1886  il  communi- 
quait deux  fuits  à  Truc.  Les  malades  étaient  mortes  sans 
doute,  au  deuxième  et  au  seizième  jour,  et  la  troisième  ne 
fut  pas  mieux  partagée,  c.ir  elle  succombait  en  quatre 
jours.  Il  fallait  donc  de  la  hardiesse  pour  persévérer,  mais 
l'événement  a  montré  que  cette  hardiesse  n'était  pas  de  la 
témérité.  En  1887,  la  laparotomie  arracha  deux  malades  à 
une  mort  certaine.  L'une  d'elles,  opérée  alors  qu'elle  était 
dans  un  état  des  plus  graves,  était  guérie  en  treize  jours; 
l'autre,  tellement  atteinte  que  le  matin  du  treizième  jour 
M.  Bouilly  s'était  refusé  à  intervenir,  fut  opérée  le  soir  et 
se  remit  complètement.  La  dernière,  enfin,  succomba  dix 
heures  après  la  laparotomie,  faite  in  extremis^  douze  jours 
après  le  début  de  l'infection. 

M.  Denucé  a  fait  connaître  une  observation  analogue, 
heureuse.  La  péritonite,  consécutive  à  un  avortement, 
avait  eu  d'abord  des  allures  subaiguës  ;  puis,  un  mois 
après,  des  accidents  graves  avaient  éclaté.  Il  y  avait  des 
foyers  purulents  dans  le  cul-de-sac  de  Douglas,  dans  la 
trompe  et  dans  le  ligament  large.  Un  incident  ralentit  la 
guérison  :  vers  le  quinzième  jour  un  frisson  annonça  l'inva- 
sion d'un  abcès  parotidien  qui  dut  être  incisé» 

Le  manuel  opératoire,  recommandé  par  M.  Bouilly,  est 
très  simple,  une  incision  petite,  longue  de  5  à  6  centi- 
mètres, est  suffisante;  plus  grande,  elle  exposerait  au  pro- 
lapsus de  l'intestin  météorisé.  Par  là  est  introduite  la  canule 
d*un  laveur  et  cette  canule,  accompagnée  de  l'index,  fouille 
dans  tous  les  coins  et  récoins  pour  dégager  les  agglutina- 
tions, pour  chercher  les  foyers  qui  se  sont  collectés.  On 
fait  passer  ainsi  de  8  à  10  litres  d'eau  bouillie;  si  l'on 
veut,  on  peut  se  servir  de  sublimé  à  1  pour  4000  ou  5000. 
Quand  il  y  a  une  poche  circonscrite,  on  y  met  un  gros 
drain.  Cette  recherche  des  foyers  doit  être  minutieuse  :  à 
une  de  ses  autopsies,  M.  Bouilly  en  a  trouvé  un  qu'il 
avait  méconnu,  et  nous  avons  vu  que  M.  Campenon  s'est 
accusé  de  pareille  mésaventure. 

M.  Démons  se  demande  si  le  simple  lavage  suffit,  et  il 
conseille  plutôt  de  faire  une  toilette  complète,  en  nettoyant 
à  l'éponge  le  plus  possible  des  exsudats.  Il  reconnaît  que 
celte  manœvre,  plus  longue,  ne  serait  peut-être  pas  suppor- 
tée si  la  malade  était  en  un  état  très  grave.  Peut-être  même, 
pour  les  cas  désespérés,  où  une  opération  de  quelque  im- 
portance serait  fatalement  mortelle,  pourrait-on  essayer  du 
simple  lavage,  par  une  canule  de  trocart,  une  autre  canule, 

tlantée  dans  l'autre  flanc,  donnant  issue  au  liquide  injecté, 
e  trauma  est  en  effet  ainsi  réduit  au  minimum. 
Les  résultats,  si  l'on  envisage  lastatislique  de  M.  Bouilly, 
sont,  en  bloc,  50  pour  100  de  succès;  si  l'on  envisage  la 
seule  péritonite  puerpérale,  il  n'y  a  plus  que  33  pour  100 
de  guérisons  ;  ceci  n  est  pas  surprenant,  car  les  malades 
sont  presque  toutes  moribondes  au  moment  de  l'opération. 
Si  à  cela  nous  ajoutons  les  faits  communiqués  au  Congrès, 
nous  avons  les  chiffres  suivants: 


678    —  N»  42  —        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  18  Octobre  1889 


Total  des  opérations,  19 guérisons,  12. 

Péritonique  Iraumatique,  1 guérison,      1. 

Rapture  utérine  et  vésicale,  1 guérison,     0. 

Lésions  des  organes  abdominaux,  9. .  guérisons,    7. 

Péritonites enkystéesde la jeunesse,2.  guérisons,    2. 

Péritonites  puerpérales,  7 guérisons,    3. 

Aussi  peut-on  conclure,  avec  M.  Bouiily,  qu'il  ne  faut  pas 
rester  les  bras  croisés  devant  une  péritonite,  même  puer- 
pérale. Avoir  osé  agir  a  élé  un  progrès  ;  avoir  eu  des  succès 
a  été  la  justification  de  cette  témérité  apparente. 

A.  Broca. 


Comxnuxiioations  diverses. 

Une  nouvelle  méthode  pour  la  cure  des  fistules  recto- 
URINAIRES,  par  M.  le  docteur  Ziembicki  (de  Lemberg).  —  Ces 
fistules  sont  rares.  Il  en  est  d'inopérables,  cancéreuses  on  tuber- 
culeuses. Les  opérations  sont  de  deux  variétés.  Il  en  est,  quelle 
que  soit  leur  cause,  qui  suppurent  encore.  Alors  le  rôle.du  chi- 
rurgien est  bien  restreint  :  on  n'a  puère  qu'à  dilater  ou  mieux 
à  sectionner  les  sphincters  pour  éviter  le  passage  des  gaz  dans 
les  voies  urinaires.  On  arrive  ainsi,  assez  souvent,  à  la  cicatri- 
sation partielle  et  on  est  en  présence  des  fistules  qui  ne  sup- 
purent plus  :  affections  graves,  incurables  spontanément  et  trop 
souvent  rebelles  à  l'intervention  chirurgicale.  Cette  gravité,  ces 
difficultés  opératoires,  sont  proclamées  nar  tous  les  auteurs. 
On  commence  par  la  cautérisation,  qui  donne  quelques  rares 
succès,  mais,  en  général,  ne  réussit  qu'à  augmenter  la  fistule. 
Le  procédé  d'A.  Cooper  (dissection  de  la  paroi  rectale  et  suture) 
a  donné  un  bon  résultat.  Ëntin,  le  procédé  américain  de  la 
suture  vésico-vaginale  a  permis  à  Duplay,  à  Kônig  de  guérir 
chacun  un  malade;  mais  verneuil  n'a-t-il  pas  fait  voir  que, 
môme  pour  la  fistule  recto-vulvaire,  l'échec  est  à  peu  près  con- 
stant. M.  Ziembicki  a  eu  à  soigner  un  malade  ou  une  fistule, 
d'origine  traumatique.  avait  résisté  à  cinq  opérations  succes- 
sives. Alors  il  a  fait  1  opération  suivante  :  h  mobilisation  com- 
plète de  l'extrémité  inférieure  du  rectum;  2«  avivement  et  suture 
séparés  de  chaque  orifice,  l'un  rectal,  l'autre  uréthral;  3"  rota- 
tion légère  du  rectum  autour  de  son  axe  pour  détruire  le  paral- 
lélisme des  deux  orifices.  Guérison  radicale  en  six  semaines. 

Goitre  kystique  double  rétro -sternal  suffocant,  par 
M.  Boutaresco  (de  Bucharest).  —  Deux  tumeurs  situées,  l'une 
dans  la  région  sus-claviculaire  droite,  fautre  à  la  région  anté- 
rieure du  cou,  cette  dernière  s'avançant  de  10  centimètres  dans 
le  médiastin.  Extirpation  en  deux  séances  différentes.  Guérison 
complète  sans  accidents  tardifs. 

Traitement  des  fractures  de  la  rotule.  —  M.  Philippe  (de 
Saint-Mandé)  recommande  une  boite  gouttière  à  suspension  (qu'il 
a  décrite  en  1870  et  dont  il  est  parlé  dans  le  Manuel  de  petite 
chirurgie  de  Jamain  et  Terrier).  L'auteur  a  obtenu  de  la  sorte 
ciuatre  cals  osseux  complets,  et  un  incomplet.  11  ne  faut  pas  abuser 
lie  la  suture  osseuse,  dont  certains  chirurgiens  semblent  exagérer 
l'innnocuité. 

Physiologie  de  la  trachée  et  des  bronches;  déductions 
PATHOGÉNIQUES  ET  PATHOLOGIQUES ,  par  M.  Nicaise,  —  €  Les 
conclusions  suivantes  sont  le  résultat  d'expériences  que  j'ai 
entreprises  pour  étudier  les  fonctions  de  la  trachée.  Ces  expé- 
riences ont  été  faites  sur  des  chiens,  dans  le  laboratoire  de  Paul 
Bert,  à  la  Sorbonne  en  1878,  et  dans  le  laboratoire  de  M.  Bou- 
chard en  1889  : 

A  Fétat  normal,  dans  la  respiration  calme,  la  trachée  est  en 
contraction  et  sans  variation  de  diamètre  appréciable^  et  cela 
dans  les  deux  temps  de  la  respiration.  Les  extrémités  des 
anneaux  cartilagineux  sont  presque  au  contact  et  les  anneaux 
se  touchent  presque  par  leurs  bords;  la  portion  membraneuse 
est  revenue  sur  elle-même,  et  la  muqueuse  fait  à  son  niveau  une 
légère  saillie  dans  Tintérieur  du  conduit. 

Cet  état  de  contraction  normale,  continue,  est  dû  à  l'action 
tonique  des  tissus  musculaire  et  élastique  qui  entourent  le 
cylindre  trachéal  et  existent  surtout  au  niveau  de  la  portion 
membraneuse  et  des  membranes  interannulaires. 

Pendant  la  respiration  forte,  le  cri,  le  gémissement,  le 
chant,  etc.,  la  trachée  se  dilate  et  s'allonge  pendant  l'expira- 
tion, le  larynx  monte;  elle  se  rétrécit  et  se  raccourcit  pendant 
l'inspiration,  le  larynx  descend. 


La  trachée  peut  présenter  alors  des  mouvements  alternatifs 
de  dilatation  et  de  resserrement,  à  caractère  rythmique,  iso- 
chrones avec  les  mouvements  de  la  respiration  ;  j'ai  pu  prendre 
sur  un  tambour  enregistreur  des  tracés  qui  démontrent  ce  fait. 

La  dilatation  de  la  trachée  est  en  rapport  avec  la  force  de  l'ex- 
piration ;  elle  est  plus  grande  généralement  à  la  partie  supé- 
rieure du  conduit.  La  dilatation  est  due  à  la  pression  mécanioue 
de  l'air  intratrachéal,  refoulé  par  l'expiration  forte.  L'étude  aes 
graphiques  permet  d'étudier  les  variations  de  cette  pression. 

La  portion  membraneuse  de  la  trachée  a  pour  but  de  lui  per- 
mettre de  se  dilater  plus  ou  moins  ;  les  membranes  interannu- 
laires font  de  la  tracnée  un  tube  flexible,  et,  en  même  temps, 
elles  lui  permettent  de  s'allonger  pendant  Texpiration  forte, 
brusque,  et  pendant  la  déglutition. 

La  trachée  dilatée  a^it  incessamment  comme  un  tube  élas- 
tique, gui  comprime  l'air  contenu  dans  son  intérieur;  cette  pro- 
priété joue  un  rôle  dans  la  production  de  la  voix,  du  chant,  etc.. 

Les  recherches  faites  par  d'autres  auteurs  pour  déterminer  la 
pression  de  Tair  dans  les  poumons  et  les  conditions  de  la  voix 
sont  en  accord  avec  les  conclusions  précédentes.  Une  connais- 
sance plus  exacte  des  fonctions  de  la  trachée  permet  de  mieux 
connaître  celles  des  bronches  et  aussi  de  se  rendre  compte  du 
mode  de  formation  et  des  symptômes  de  certains  états  patholo- 
giques de  ces  ors^anes. 

Pour  étudier  les  fonctions  des  bronches,  il  est  nécessaire  de 
les  diviser  en  bronches  extrapulmonaires,  qui  sont  peu  mobiles, 
et  en  bronches  intrapulmonaires,  qui  doivent  suivre  le  poumon 
dans  ses  déplacements.  Les  bronches  extrapulmonaireSy  pen- 
dant la  respiration  calme,  sont  en  contraction  et  sans  variation 
de  diamètre.  Dans  la  respiration  forte,  etc.,  elles  se  dilatent 
pendant  Texpiration  et  se  rétrécissent  pendant  Tinspiration  ; 
elles  présentent  un  certain  allongement  dans  Texpiraiion.  {a*s 
bronches  intrapulmonaires  s*allongent  dans  Tinspiration  et 
se  raccourcissent  dans  Texpiralion,  et  cela  d  autant  plus  que  les 
mouvements  du  poumon  ont  été  plus  étendus.  Leur  diamètre 
transversal  se  rétrécit  pendant  l'inspiration  sous  l'influence  dea 
tissus  musculaire  et  élastique  d'un  côté,  et  de  rallongement  du 
conduit  de  Fautre.  Pendant  l'expiration  forte,  le  diamètre  trans- 
versal se  dilate  sous  l'influence  de  la  pression  de  Tair  intra- 
pulmonaire,  les  alvéoles  s'aflaissant  davantage  par  une  expira- 
ration  forte.  En  résumé,  les  bronches  intrapulmonaires  se 
rétrécissent  comme  les  bronches  extrapulmonaires  pendant 
l'inspiration,  et,  comme  elles,  se  dilatent  pendant  l'expiration 
forte  ;  je  fais  une  réserve  pour  ce  oui  concerne  le  mouvement 
des  bronchioles  terminales  pendant  l'expiration. 

Les  considérations  qui  précèdent  conduisent  à  n'attribnor 
aucun  rôle  au  frottement  de  l'air  contre  les  parois  des  bronches 
pour  expliquer  la  production  des  bruits  respiratoires  physio- 
logiques. Ceux-ci  sont  dus,  le  murmure  vésiculaire,  au  passade 
de  l'air  dans  l'embouchure  rétrécie  de  la  l)ronchiole  termimUe 
dans  le  lobule,  et  le  souffle  bronchique,  au  passage  de  Pair  à 
travers  la  glotte  (Chauveau,  Dehio). 

Les  étuoes  précédentes  conduisent  aussi  à  terimats  déductions 
pathogéniques  et  pathologiques.  Elles  rendent  compte  en  partie 
de  la  dilatation  du  cou  pendant  Taccoucbement,  dans  l'efiort  et 
le  cri  ;  de  la  dilatation  du  cou  chez  les  chanteurs,  pendant  rémis- 
sion des  sons  ;  de  la  formation,  de  tumeurs  aériennes  sur  la  cir- 
conférence de  la  trachée  (trachéocèleh  de  certains  cas  de  dila- 
tation des  bronches;  de  la  rupture  (le  la  trachée  observée  pen- 
dant l'accouchement  et  la  toux.  Elles  expliquent  certaines  par- 
ticularités des  corps  étrangers  des  voies  aériennes  et  des  plaies 
de  la  trachée.  Elles  montrent  la  nécessité  dans  la  trachéotomie 
d'adapter  le  volume  de  la  canule  au  diamètre  de  la  trachée,  en 
considérant  que  celle-ci,  dans  la  respiration  calme,  est  en  état 
de  contraction,  les  anneaux  au  contact.  Ënfln,  elles  rendent 
compte  du  mécanisme  de  l  expectoration.  Il  faut,  dans  celle-ci, 
distinguer  deux  temps,  le  premier  pendant  lequel  les  crachats 
cheminent  jusqu'au  larynx,  le  second  constitué  par  l'expulsion 
des  crachats  en  dehors  des  voies  aériennes.  Le  crachat  arrive 
à  la  partie  supérieure  de  la  trachée,  non  par  la  contraction  des 
bronches,  mais  par  l'action  des  cils  vibratiies  et  celle  du  courant 
d'air  de  l'expiration;  la  toux  n'est  pas  nécessaire  pour  cette  pro- 
gression. L'expulsion  du  crachat  est  amenée  par  un  accès  di^ 
toux  ;  c'est  la  toux  utile  et  nécessaire.  Quand  il  se  produit  une 
vomique,  elle  détermine  une  expiration  brusque  et  le  liquide, 
sang,  pus  ou  liquide  kystique,  est  refoulé  par  l'air  comme  par 
un  piston,  et  sort  comme  un  vomissement.  » 

FiBRO-LIPOME  DE  LA  CAPSULE  CELLULO- ADIPEUSE  DU  REIN  DROIT, 


18  Octobre  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         _  N»  42  —    679 


opéré  par  M.  Thiriar  (de  Bruxelles)  sur  une  femme  qu'il  croyait 
atteinte  de  kyste  multiloculaire  de  Tovaire  droit.  Il  est  tombé 
sur  un  fibro-lipome  de  la  capsule  du  rein.  La  tumeur  qui  pesait 
1 1  kilogrammes  nécessita  la  néphrectomie.  II  en  résulta  une 
énorme  cavilé  rétro-péritonéale  au  devant  de  laquelle  le  péri- 
toine fut  suturé.  Suture  totale  de  la  plaie  abdominale.  Guérison. 
Ces  tumeurs,  fort  rares,  sont  à  peine  signalées,  même  dans  le 
traité  récent  de  M.  Le  Dentu. 

Pseudo-tumeurs  autour  de  corps  étrangers,  par  M.  Castex 
(de  Paris).  — Tumeurs  ressemblant  à  des  fibromes  ou  à  des  sar- 
comes et  dans  lesquelles,  après  ablation,  on  trouve,  au  centre, 
un  corps  étranger  méconnu,  dont  le  malade  n'avait  pas  parlé. 
Celte  constatation  assure  immédiatement  le  diagnostic  et  le  pro- 
nostic. 

Emploi  de  la  force  dans  le  traitement  de  certaines  formes 
DEPIED  BOT,  parU.  Redard  (de  Paris).  — Il  y  a  deux  procédésen 
présence  :  le  redressement  forcé  et  les  opérations  sanglantes. 
(Chacune  d'entre  elles  a  ses  indications.  Le  redressement  par  la 
force  est  préconisé  depuis  longtemps  ;  Delore,  de  Lyon,  le  recom- 
mande spécialement.  Mais  les  mains  sont  insuffisantes  pour  les 
cas  un  peu  anciens.  En  Amérique,  Bradford,  Morton,  ont  inventé 
des  appareils  redresseurs.  M.  Redard  en  décrit  un  nouveau,  par 
lequel  il  pratique  une  sorte  de  massage  mécani()ue  prolongé  et 
un  redressement  à  vrai  dire  progressif.  On  obtient  des  disten- 
sions, et  non  pas  des  actions  brusques  comme  celles  des  ostéo- 
clastes.  On  fait  des  séances  multiples.  Quand  le  pied  bot  est 
invétéré,  il  faut  en  général  s'adresser  aux  méthodes  sanglantes, 
ce  dont  on  s'assure  en  constatant  l'effet  médiocre  de  la  première 
soance. 

(A  suivre.) 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Aeadémle  des  Hcleneea. 

séance  du  7   octobre   1889. 

Sur  le  transformisme  en  microbiologie.  Des  limites, 
des  conditions  et  des  conséquences  de  la  variabilité 
DIT  Bacillus  anthracis.  Recherches  sur  la  variabilité 
DESCENDANTE  OU  RÉTROGRADE,  par  M.  A.  Ckauveau, — Sous 
ce  litre,  M.  Chauveau  reproduit  une  série  d'expériences 
nouvelles  ayant  pour  objet  de  faire  agir  de  nouveau  sur  le 
j^flct //w5awiAram,  déjà  modifié  SOUS  l'influence  de  Toxygène 
sous  pression,  non  dans  sa  végélabilité,  mais  dans  sa  viru- 
lence, la  cause  atténuante  de  la  virulence,  c'est-à-dire 
l'oxygène  sous  tension  de  3  atmosphères  à  3«*™,5.  Le  plus 
souvent  celte  tentative  n*a  pu  réussir.  Les  germes  sont  tués 
par  Tagent  atténuant  et  ne  peuvent  servir  pour  des  cultures 
ultérieures.  Mais,  et  c'est  là  le  fait  essentiel,  ces  spores  à 
résistance  amoindrie,  incapables  de  supporter  davantage, 
sans  mourir,  l'action  atténuante  qui  leur  a  procuré  leurs 
propriétés  nouvelles,  continuent  néanmoins  à  végéter  par- 
faitement dans  les  bouillons.  Et,  si  l'on  examine  leurs  apti- 
tudes physiologiques,  on  ne  manque  pas  de  reconnaître  que 
le  bacille  a  conservé  ses  propretés  vaccinales,  dont  la  pos- 
session constitue  le  seul  caractère  qui  le  maintienne  dans  la 
catégorie  des  agents  pathogènes. 

De  ses  nouvelles  expériences  M.  Chauveau  conclut,  en 
effet,  que  le  Bacillus  anthracis^  conduit  par  une  méthode 
d'atténuation  aux  extrêmes  confins  de  la  végétabililé,  con- 
serve, au  degré  le  plus  remarquable,  la  propriété  de  créer 
l'immunité  contre  la  maladie  charbonneuse.  11  garde  donc 
encore  les  liens  étroits  qui  l'unissaient  à  la  souche  d'où  il  est 
issu.  On  n'a  pu  réussir  à  le  faire  sortir  complètement  de  la 
catégorie  des  agents  pathogènes. 

Les  bacilles  ainsi  modifiés  sous  l'influence  de  l'oxygène 
sous  pression  et  ayant  perdu  toute  virulence,  conservent 
leurs  caractères  physiologiques  et  morphologiques  qui  sont 
à  peu  près  identiques  à  ceux  du  bacille  virulent  ordinaire. 
On  ne  saurait  imaginer  une  identité,  une  fixité  plus  par- 


faites des  caractères  nouveaux  qu'ils  ont  acquis.  En  réalité, 
ces  deux  types  n'en  font  au'un,  que  la  culture  permettra  de 
propager  sans  doute  indéfiniment.  La  végélabilité  de  ces 
types  reste,  en  effet,  très  grande,  quoiqu'elle  soit  fort  sen- 
sible à  l'influence  des  causes  dirimanles.  en  général,  et  plus 
particulièrement  à  celle  de  l'agent  dont  Tintervention, 
dans  les  cultures,  a  créé  les  caractères  spéciaux  que  possè- 
dent ces  types  ou  races  de  Bacillus  anthracis. 

En  somme,  cette  fixité  de  caractère  est  telle  que  rien 
n'empêcherait  de  prendre  la  catégorie  de  bacilles  q[ui  la 
possèdent  pour  une  espèce  à  part,  si  Ton  considérait  ces 
caractères  en  eux-mêmes,  sans  rechercher  ni  d'où  viennent 
les  êtres  auquels  ils  appartiennent,  ni  surtout  où  ils  peuvent 
retourner  par  la  voie  de  la  variation  ascendante. 

Cette  fixité  des  types  sans  virulence,  entretenus  si  facile- 
ment par  culture  dans  les  laboratoires,  permet  de  se  demander, 
ajoute  M.  Chauveau,  si  ces  types  n'existent  pas  dans  la  nature, 
comme  le  bacille  virulent  qui  est  la  cause  de  l'infection  char- 
bonneuse naturelle.  Est-ce  que  ce  dernier  ne  pourrait  pas  ren- 
contrer spontanément,  dans  les  milieux  extérieurs,  les  condi- 
tions propres  à  son  atténuation  extrême?  11  m'est  arrivé,  en  effet, 
de  recueillir  des  bacilles  sans  virulence  aucune,  morphologique- 
ment identiques  au  Bacillus  anthracis,  dans  un  terrain  arrosé 
quelques  mois  auparavant  avec  du  sang  charbonneux.  A  l'époque, 
j  ai  considéré  ces  bacilles  sans  virulence  comme  n'ayant  aucun 
rapport  avec  celui  du  charbon.  Aujourd'hui,  je  serais  plus  réservé 
dans  mon  jugement.  Avant  de  me  prononcer,  je  chercherais  à 
savoir  si  ces  bacilles  sans  virulence  ne  possèdent  pas  l'aptitude 
vaccinale.  Hueppe  et  G.-C.Wood  ont  trouvé  en  effet,  dans  le  sol, 
un  bacille  qui  ne  donne  pas  le  charbon  et  qui  serait  néanmoins 
doué  de  l'aptitude  vaccinale  contre  cette  maladie.  Ce  bacille 
naturel  ressemble. donc  singulièrement  à  mon  bacille  artificiel 
du  type  le  plus  atténué.  Le  premier  ne  serait-il  pas  identique 
avec  ce  dernier?  N'aurait-il  pas  la  même  origine?  Je  me  gar- 
derai de  me  prononcer,  de  substituer  cette  interprétation  à  ce^le 
des  auteurs  qui  croient,  eux,  à  un  bacille  spécial,  voisin  du  Ba- 
cillus  anthracis  et  capable  de  produire  les  mêmes  matières 
vaccinales  que  celui-ci.  En  général,  je  suis  très  disposé  à  attri- 
buer une  certaine  communauté  d'aptitudes,  surtout  en  fait  de 
sécrétion  de  matières  vaccinales,  à  des  microbes  pathogènes 
différents,  mais  voisins  les  uns  des  autres;  mais  le  cas  particu- 
lier dont  il  est  question  s'accommode  mieux  de  fhon  hypothèse, 
qui  est  plus  simple,  plus  féconde  peut-être,  et  mérite  en  consé- 
quence d'être  sérieusement  examiiîée. 

En  résumé,  par  la  persistance  de  l'action  de  l'oxygène  comprimé 
sur  les  cultures  du  Bacillus  anthracis  en  voie  de  développe- 
ment, on  arrive  à  créer  des  race  ou  types  de  moindre  résistance 
que  le  bacille  primitif  et  surtout  particulièrement  sensibles  à 

I  action  de  l'agent  atténuant  qui  a  procuré  au  bacille  ses  pro- 
priétés nouvefles. 

Si  l'on  prolonge  cette  influence  de  l'agent  atténuant,  les  types 
nouveaux  finissent  par  perdre  l'aptitude  à  végéter  à  son  contact. 

Mais  tant  que  le  bacille  ne  franchit  pas  les  limites  de  la  végé- 
labilité, il  reste  aussi  dans  le  domaine  des  agents  pathogènes. 

II  perd,  il  est  vrai,  toute  propriété  virulente;  mais  il  conserve 
intégralement  la  propriété  vaccinale,  et  il  la  garde,  à  peu  près 
intacte,  pendant  toute  la  durée  de  son  existence. 

Ces  nouveaux  caractères  sont  fixes  et  s'entretiennent  facile- 
ment par  la  culture  dans  les  générations  successives.  Aussi,  en 
considérant  ces  types  en  eux-mêmes,  sans  tenir  compte  ^de  leur 
origine,  pourrait-on  les  regarder  comme  formant  une  espèce 
distincte. 

11  ne  serait  pas  impossible  que  ces  types  spéciaux  de  Baci7/t/« 
anthracis  existassent  dans  la  nature,  avec  des  propriétés  abso- 
lument identiques  à  celles  des  races  créées  et  entretenues  dans 
le  laboratoire. 

Sur  Lk  physiologie  de  la  trachée,  par  M.  Nicaise.  — 
(Voy.  au  Congrès  de  chirurgie^  p.  678.) 

Sur  la  pathologie  des  terminaisons  nerveuses  des 
muscles  des  animaux  et  de  l'homme,  par  MM.  Bades  et 
Marinesco.  —  En  employant  une  technique  histologique 
nouvelle,  qui  permet  de  colorer  en  même  temps,  avec  le 
réseau,  les  crosses  terminales  et  la  substance  fondamentale, 
les  noyaux  d'origine  différente,  les  auteurs  sont  arrivés  à 


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No  42  _  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         18  Octobre  1889 


reconnaître  chez  Thomme  une  série  de  lésions  non  encore 
décrites. 

1*»  Ainsi,  on  trouve,  par  exemple,  dans  Tatrophie  musculaira 
simple,  ane  atrophie  de  la  plaque  parfois  avec  prolifération  des 
noyaux;  dans  Thypertrophie  simple  de  certains  muscles  et  dans 
la  maladie  de  Thomsen,  il  y  avait  hyperplasie  avec  uniformité 
de  la  substance  foncée  de  la  plaque.  Dans  la  dégénérescence 
aussi  bien  que  dans  la  régénérescence  des  fibres  dans  la  fièvre 
typhoïde,  on  trouve  une  simplification  des  plaques  terminales  et 
souvent  la  substitution  de  la  fibre  terminale  dans  sa  partie  péri- 
phérique par  un  filament  très  fin.  Dans  la  pseudo-hypertrophie 
de  Tadulte,  on  trouve  une  disparition  de  la  partie  foncée,  non 
seulement  dans  la  placjue,  mais  souvent  encore  dans  les  derniers 
segments  interannulaires.  En  même  temps,  il  existe  souvent  une 
prolifération  des  noyaux  fondamentaux. 

2^  Dans  d'autres  maladies  d*origine  nerveuse,  ainsi  que  dans 
la  sclérose  amyotrophique  de  Gharcot,  on  trouve  une  sclérose  des 

fielits  nerfs  musculaires,  avec  formation  de  névromes  fusi'^ormes 
e  long  des  nerfs.  Dans  le  nerf  même,  on  observe,  à  côté  de 
quelques  fibres  normales,  d'autres  très  hypertrophiées;   quel- 

3ues  fibres  montrent  une  ramification  évidente  dans  l'intérieur 
u  nerf.  Mais  la  plupart  des  fibres  nerveuses  sont  tellement 
atrophiées  qu'on  les  distinguo  difficilement;  leur  gaine  est 
devenue  plus  épaisse  et  uniforme,  et  on  la  confond  avec  le  tissu 
conjonclit';  seulement,  près  de  la  terminaison,  on  reconnaît 
encore  dans  la  distribution  de  ces  fibres,  leur  nature  nerveus4\ 
II  y  a  donc  une  atrophie  excessive  des  fibres  nerveuses  termi- 
nales, qui  sont  en  grande  partie  foncées,  uniformes  t^t  mal  limi- 
tées. Dans  un  cas  de  polynévrite  périphérique  de  Leyden,  nous 
avons  trouvé  en  général  le  même  état  des  nerfs  musculaires; 
mais  on  voyait  en  même  temps  aussi  des  signes  d'une  néoforma- 
lion  et  parfois  même  une  prolifération  excessive  des  noyaux  de 
la  plaque. 


Académie  de  médeelne. 

SÉANCE   DU   15   OCTOBRE   1889.   —  PRÉSIDENCE   DE 
M.  MOUTARD-MARTIN. 

M.  le  ininUtre  de  l'intérieur  invite  l'Acadéniie  îi  dresser  un  formulaire  des 
médicaments  et  produits  pltaraiacoutiques  peu  coûteux,  dont  l'usage,  purement 
facultalif,  se  recommanderait  aux  médecins  dos  établissements  hospitaliers  pour 
l'intérêt  bien  entendu  des  malades. —  (Commission:  MM.  Bourgoin,  Mariy  et 
Corutantin  Paul,) 

M.  le  docteur  Blanquinque  (à  Laon)  envoie  une  brochure  sur  le  trailemenl  et 
la  eurabilUé  de  la  méningite. 

M.  le  docteur  Japhet  adrcs'O  un  travail  sur  leg  eaux  mlnéralet  d'Enghien. 

M.  Jamei  Finlayion  (do  Glasgow)  envoie  une  Notice  biographique  iur  maUre 
Peter  Lowre. 

M.  Trasbot  fait  hommage  d'un  mémoire  sur  lei  pleuréiieê. 

M.  Urouardel  présente  :  i"*  un  iruvail  de  MM.  les  docteurs  Petretco  et  Urbeano 
sur  le»  eaux  de  Bucharest;  %"  le  premier  volume  de  V Encyclopédie  d'hygiène  et 
de  médecine  publique,  dirigée  par  M.  i.  Rochard;  3*  une  note  manuscrite  de 
M.  Crié  (de  Rennes)  sur  les  accidents  causés  par  la  décomposition  des  bois  de 
construction. 

M.  Laborde  dépose  un  mémoire  de  M.  le  docteur  Magnan  sur  la  folie  de»  anti- 
vivisectionnistes. 

M.  Duplay  fait  hommage  d'un  ouvrage  sur  la  technique  des  principaux  moyens 
de  diagnostic  et  de  traitement  des  maladies  des  oreilles  et  des  fosses  natales. 

loDURE  DE  POTASSIUM.  —  M.  Trosbot  Confirme,  à  l'aide 
de  recherches  physiologiques  et  thérapeutiques  sur  les 
animaux,  les  observations  présentées  à  la  dernière  séance 
par  M.  Germain  Sée,  concernant  l'action  de  Tiodure  de 
potassium  sur  le  cœur. 

Prix.  — M.  Albert  Robin  donne  lecture  d'un  rapport  sur 
le  concours  pour  le  Prix  Alvarenga  en  1889. 

ÏHALLiNE.  —  Les  recherches  auxquelles  M.  Albert  Robin 
s'est  livré,  lui  permettent  de  déclarer  que  la  thalline  est  un 
poison  des  globules  rouges  du  sang,  du  système  nerveux  et, 
en  général,  des  tissus  riches  en  soufre  et  en  phosphore;  de 
plus,  son  action  antiseptique  intra-organique  est  insignifiante 
et  passagère.  D'où  les  conclusions  thérapeutiques  suivantes: 
V  comme  les  propriétés  antipyrétiques  de  ce  médicament 
sont  liées  à  ses  effets  toxiques  sur  le  système  nerveux  et  sur 


les  globules  rouges  du  sang,  ce  n'est  qu'un  faux  et  daojïe- 
reux  antinyrétique  qui  doit  être  proscrit  du  traitement  des 
fièvres  ;  2**  sa  propriété  retardatrice  de  l'éliminalion  de 
l'acide  urique  en  interdit  l'emploi  dans  l'immense  groupes 
des  affections  dites  uricémiques,  par  conséquent  dans  le  plus 
grand  nombre  des  arthrites  et  dans  la  plupart  des  néphrites: 
^'^  son  usage  prolongé  doit  fatalement  conduire  à  1  anémie 
et  provoquer,  à  la  longue,  une  déchéance  nerveuse  plus  ou 
moins  accentuée  ;  4*"  aussi  l'étude  de  la  thalline  sur  la 
nutrition  ne  laisse-t-elle  guère  pressentir  que  des  contre* 
indications  à  son  usage  en  thérapeutique. 

Choléra.  —  M.  Proust  entretient  l'Académie  de  la  dis- 
tribution géographique  actuelle  de  l'épidémie  de  cboléni 
3ui  sévit  depuis  trois  mois  environ  en  Mésopotamie,  du 
anger  que  peut  courir  l'Europe  et  des  moyens  à  employeur 
pour  la  préserver.  C'est  le  i4  août  que  le  choléra  a  envahi 
Bagdad  après  être  apparu  au  sud  de  cette  ville  ;  la  maladie 
y  a  pris  un  développement  très  intense;  elle  s'est  étendue 
en  éventail  sur  l'Ëuphrate,  sur  le  Tigre,  a  gagné  le  golfe 
Persique  et  franchi  la  frontière  turco-persane  sur  plusieurs 
points.  Tout  le  Chat-el-Arab  ne  tarda  pas  à  être  envahi, 
puis  une  grande  partie  de  la  Perse.  Le  danger  de  cette 
extension  était  peu  à  redouter  du  côté  de  la  mer  Noire  et 
surtout  de  la  Méditerranée  à  cause  de  la  difficulté  et  de  la 
lenteur  des  communications  ;  mais  du  côté  de  la  Perst* 
et  de   la  mer  Caspienne    il    est  beaucoup  plus  sérieux, 
d'autant  nue,  suivant  les    prévisions,  la  marche  de   l'é- 
pidémie s  accentue  de  ce  côté;  plusieurs  grandes  cités  per- 
saunes  sont  contaminées  et  l'on  a  récemment  annoiici^ 
heureusement  à  tort,  qu'il  en  était  de  même  de  Recht.  Or, 
cette  ville  a  déjà  été,  à  plusieurs  reprises,  le  point  de  départ 
et  le  lieu  de  passage  d'épidémies  cholériques  venues  de 
l'Hindoustan,  de  l'Afghanistan  et  de  la  Perse  ;  elle  est  en 
relations  presque  journalières  avec  Batoum  et  Astrakan,  les 
deux  principaux  ports  de  la  Russie  sur  la  Caspienne.  Les 
épidémies  antérieures  de  choléra  de  1823, 1830  et  1846,  sont 
précisément  parties  de  Recht  pour  envahir,  les  deux  der- 
nières, la  Russie  d'abord,  l'Europe  ensuite. 

A  la  suite  de  la  conférence  sanitaire  internationale  de 
Constantinople  en  1866,  le  gouvernement  français  avait 
envoyé  une  mission  sanitaire  en  Russie  et  en  Perse  pour 
indiquer  les  moyens  de  préserver  l'Europe  contre  l'enva- 
hissement du  choléra  par  cette  voie,  dite  route  de  terre  du 
choléra;  M.  Proust,  chargé  de  cette  mission,  fit  alors  con- 
naître ces  moyens;  il  n'a  à  y  .ajouter  que  l'établissement 
d'étuves  à  désinfection  dans  les  points  signalés.  Ces  indica- 
tions ont  été  confirmées  en  1870  par  la  Commission  convo- 
quée à  Tiflis  par  le  gouvernement  russe  et  approu- 
vées en  1874  à  Vienne  et  en  1885  à  Rome  par  les  conférences 
sanitaires  internationales.  Si  la  ville  de  Hechl  venait  à  èln^ 
envahie,  ce  qui  est  à  redouter,  le  choléra  étant  déjà  à 
Kirmanshah  et  à  Hamadan,  la  sauvegarde  de  l'Europe  con- 
sistera uniquement  dans  les  mesures  que  prendra  la  Russie 
sur  la  frontière  persane.  M.  Proust  a  la  ferme  espérance  que 
l'administration  sanitaire  russe  ne  faillira  pas  à  cette  tiirhe 
et  protégera  l'Europe  contre  l'importation  au  choléra,  nous 
évitant  ainsi  une  épidémie  qui  pourrait  présenter  la  march- 
générale  des  épidémies  cholériques  de  1830  et  1846. 

M.  Larrey  regrette  l'absence  de  M.  Tholozan,  qui  pourrait 
donner  des  indications  sur  les  moyens  que  le  gouvernement 

t)ersan  peut  mettre  en  œuvre  pour  éteindre  cette  épidémie  ; 
es  progrès  de  l'hygiène  publique  permettent  d'espérer 
qu'elle  ne  gagnera  pas  l'Europe. 

Blépharoplastie.  —  M.  le  docteur  Tripier^  professeur 
de  clinique  chirurgicale  à  la  Faculté  de  Lyon,  lit  une  obser 
vation  d'où  il  conclut  que  le  lambeau  musculo-cutané  ci 


en 


forme  de  pont  appliqué  à  la  restauration   des  paupières, 
permet  de  leur  rendre  tout  à  la  fois  la  forme  et  le  mouve 


18  Octobre  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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ment;  à  l'aide  de  ce  lambeau  pris  sur  la  paupière  supérieure, 
on  peut  refaire  coinplëtement  la  paupière  inférieure;  de 
plus,  en  prenant  un  lambeau  analogue  immédiatement  au- 
dessus  du  sourcil^  on  peut  restaurer  certaines  pertes  de 
substance  intéressant  la  moitié,  voire  même  les  deu\  tiers 
de  la  paupière  supérieure.  —  (Commission  :  MM.  Alphonse 
Guérin  et  Panas.) 

—  M.  le  docteur  PatU  Berger  communique  ensuite  deux 
nouvelles  opérations  de  blépharoplastie  par  la  méthode  ita- 
lienne  modifiée.  Sa  première  malade  est  une  jeune  fille  de 
vingt  ans  qui  présentait  un  ectropion  total  de  la  paupière  in- 
férieure gauche,  avec  des  cicatrices  très  visibles  et  chéloï- 
diques,  résultant  de  trois  tentatives  de  réparation  faites 
depuis  Tâge  de  dix-huit  mois,  époque  à  laquelle  elle  était 
tombée  la  face  sur  un  chenet  brûlant;  ces  cicatrices  s'éten- 
daient jusqu'à  la  région  malaire  et  constituaient  en  outre 
une  bride  fortement  saillante  et  tendue  au  niveau  du  grand 
angle  de  l'œil  ;  les  bords  palpébraux  étaient  en  grande  partie 
dépourvus  de  cils  et  la  paupière  supérieure  quelque  peu 
déformée  était  cicatricielle  elle-même.  Par  une  tarsorraphie 
soignée  il  releva  et  fixa  à  la  paupière  supérieure  la  surface 
conjonctivale  et  le  bord  libre  de  la  paupière  et  tailla  au 
bras,surlarégionbicipitalegauche,unlambeaupédiculéqui, 
retourné,  fut  fixé  très  exactement  sur  la  perte  de  substance 
de  la  paupière  inférieure  ;  un  appareil  de  construction  ana- 
logue à  celui  de  Tagliacozzi  permit  de  fixer  le  bras  sur  la 
téta  puis  un  pansement  compressif  au  salol  fut  appliqué. 
Les  deux  premiers  jours  seuls  furent'un  peu  pénibles  et 
fatigants;  vers  le  quatrième  la  malade  put  se  lever;  douze 
jours  après,  le  pansement  fut  enlevé  et  le  pédicule  qui  ratta- 
chait le  lambeau  au  bras  fut  sectionné.  Les  paupières  furent 
séparées  près  d'un  an  après  l'opération  ;  aujourd'hui  le 
lambeau  est  sensible  et  rougit  sous  l'influence  des  pressions 
exercées  sur  lui;  l'ectropion  ne  s'est  pas  reproauit,  mais 
comme  la  paupière  inférieure  est  dépourvue  d'orbicul.iirc, 
l'occlusion  patpébrale  ne  peut  se  faire  d'une  manière  com- 
plète. En  résumé,  le  résultat  oblenu  a  été  le  résultat 
cherché  :  une  notable  correction  de  la  difformité  et  une 
disparition  pre.<$que  complète  des  troubles  fonctionnels,  pho- 
tophobie et  larmoiement. 

La  seconde  malade  est  une  femme  chez  laauelle  la 
syphilis,  contractée  de  son  nourrisson,  a  complètement 
détruit  le  nez,  la  lèvre  supérieure,  les  téguments  des  deux 
joues  et  du  front,  les  deux  paupières  du  côté  droit,  la  pau- 
pière inférieure  gauche  ;  l'œil  droit,  atteint  de  kératite 
interstitielle,  semblait  perdu;  l'œil  gauche,  constamment 
à  découvert,  était  menacé  du  même  sort.  M.  Paul  Berger 
entreprit  la  restauration  de  la  paupière  inférieure  de  ce 
côté  ;  en  raison  de  la  crainte  oo  la  cécité  complète,  il  a 
fallu  laisser  une  fenêtre.  Aujourd'hui,  la  malade  présente 
un  voile  formé  par  la  suture  palpébrale  avec  fenêtre  vers  le 
grand  angle  ;  aans  un  an  on  séparera  les  deux  paupières, 
mais  auparavant  on  tentera  la  même  opération  sur  l'œil 
droit,  afin  de  délivrer  la  malade  des  douleurs  incessantes 
causées  par  l'exposition  constante  de  cet  œil  à  l'air  et  à  la 
lumière. 

M.  Berger  fait  observer,  à  propos  de  ces  deux  observa- 
tions, que  ce  mode  d'autoplaslie,  même  s'il  échoue,  n'ag- 
grave en  rien  les  lésions  et  les  difformités  existantes.  Il  est 
trop  délaissé  de  nos  jours  et  présente  d'utiles  ressources 
lorsque  les  autres  modes  ne  sont  pas  applicables.  ~  (Le 
mémoire  de  M.  Paul  Berger  est  renvoyé  à  la  section  de 
médecine  opératoire,  dans  Inquelle  il  est  candidat.) 


Société  médlcAle  des  bôpIlauM. 

SÉANCE    DU   H    OCTOBRE   1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  M.  CADET  DE  GASSICOORT. 

Hémiplégie  hystèrlqae  avec  atrophie  musoalaire  &  la  suite  de  diph- 
thérie  :  M.  Debove.  —  Xanthélasma  disséminé  et  ssrmétrique  sans 
insoffisanoe  hépatique  :  M.  Ghanlfard.  —  Du  bégayement  hysté- 
rique :  M.  Gilbert  Ballet.  —  Pleurésie  hémorrhagique,  oanoer  de  la 
plèvre  consécutif  à  un  épithéUoma  du  nés  :  M.  Féréol. 

M.  Debove  lit  un  travail  sur  un  cas  d'hémiplégie 
hystérique  avec  atrophie  musculaire  survenu  à  la  suite 
d  une  diphthérie.  (Sera  publié.) 

—  M,  Chauffard  présente  un  malade  atteint  de  xanthé- 
lasma disséminé  et  symétrique,  sans  insuffisance  hépa- 
tique. (Sera  publié.) 

M.  Balzer  fait  remarquer  que  les  plaques  de  xanthélasma 
du  malade  de  M.  Chauffard  ressemblent  beaucoup,  par  leur 
aspect  et  leur  siège,  aux  lésions  portées  par  le  malade  dont 
il  a  rapporté  l'histoire  dans  les  Archives  de  physiologie^ 
lorsqu  il  a  décrit  les  altérations  des  fibres  élastiques  de  la 
peau  dans  les  plaques  de  xanthélasma. 

M.  Gérin-Roze  n*a  jamais  observé  de  xanthélasma  que 
chez  des  individus  déjà  en  puissance  de  maladie. 

M.  Rendu  n*est  pas  convaincu  que  le  malade  de  M.  Chauf- 
fard n'aura  pas  plus  tard  des  troubles  hépatiques.  11  a  eu 
Toccasion  d  observer  une  malade  tourmentée  depuis  trois 
mois  seulement  par  des  coliques  hépatiques  et  qui,  depuis 
trente  ans,  portait  du  xanthélasma.  Pour  lui,  le  foie  de  cette 
femme  était  déjà  malade,  avant  l'éclosion  de  la  première 
attaque  de  colique  hépatique. 

M.  Juhel'-Rénoy  soutient  que  le  xanthélasma  peut  se 
présenter  chez  des  gens  en  parfaite  santé. 

M.  Chauffard  ne  répond  pas  de  l'avenir  hépatique  de  son 
malade,  mais  affirme  pour  le  moment  l'intégrité  du  foie. 

M.  Merklen  fait  remarquer  que  les  lésions  cutanées 
observées  chez  ce  malade  présentent  bien  certains  carac- 
tères du  xanthôme,  mais  quelles  en  différent  par  leur  loca- 
lisation, par  la  présence  d'un  poil  à  leur  centre  et  par  le 
développement  de  tissu  cicatriciel  autour  des  plaques  et 
nodules. 

M.  Chauffard  reconnaît  que  par  sa  topographie  et  ses 
caractères,  l'éruption  diffère  beaucoup  du  xanthélasma 
vulgaire  ;  c'est  pourtant  avec  celte  espèce  dermatologique 
qu'elle  a  le  plus  d'affinité.  Jusqu'à  nouvel  ordre,  la  déno- 
mination de  xanthôme  est  la  plus  vraisemblable  que  l'on 
puisse  donner. 

—  M.  Ballet  présente  un  homme  atteint  de  bégayement 
avec  tremblement  de  la  langue.  Il  n'hésite  pas  à  considérer 
ce  trouble  de  la  parole  comme  de  nature  hystérique.  Le 
malade  est  en  effet  un  hystérique  avéré,  comme  le  témoi- 
gnent encore  les  traces  d'une  hémi-anesthésie  sensitivo- 
sensorielle  et  d'une  hémiparésie.  Le  bégayement  d'autre 
part,  survenu  à  la  suite  d'une  altercation,  a  été  précédé 
d'une  attaque  d'hystérie  et  d'aphonie.  M.  Ballet  a  eu  l'occa- 
sion d'observer  deux  autres  cas  de  bégayement  hystérique  qui 
furent  transitoires.  Le  premier  avait  fait  son  apparition  en 
même  temps  qu'un  hémispasme  facial.  Le  second  était  sur- 
venu chez  un  artiste  dramatique  à  la  suite  d'une  émotion. 
Le  bégayement  hystérique  n'a  jamais  été  décrit  d'une  façon 
complète.  Il  a  été  sommairement  indiqué  par  MM.  Charcol 
et  Cartaz  dans  leurs  travaux  sur  Taphasie  et  l'aphonie  hys- 
tériques. 

M.  Ballet  endort  son  malade  devant  la  Société  et  lui 
suggère  qu'il  peut  articuler  correctement  les  mots.  Après 
deux  ou  trois  minutes  de  cet  exercice,  le  bégayement  de  cet 
homme  semble  diminuer  et  sa  parole  est  un  peu  plus  nette 


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au  réreil.  M.  Ballet  n'en  affirme  pas  moins  la  nature  hysté- 
rique de  ce  bégayement.  De  même  qu'il  y  a  des  aphasiques 
hystériques,  il  y  a  donc  des  bègues  hystériques. 

H.  Desnos  trouve  que  le  sujet  avait  un  peu  la  Taçon  de 
parler  d'un  individu  atteint  de  paralysie  générale. 

M.  Gérin-Roze  demande  à  M.  Ballet  si  le  trouble  de  la 
parole  présenté  par  son  malade  mérite  bifn  le  nom  de 
Dégayement,  si  on  ne  pourrait  pas  lui  trouver  des  ressem- 
blances avec  le  tremblement  de  la  parole  dans  la  sclérose 
en  plaques  ou  dans  la  paralysie  glosso-labio-laryngée. 

M.  Ballet  répond  que  son  malade,  comme  un  bègue,  était 
pris  d'un  spasme  respiratoire  en  commençant  à  parler,  puis 
répétait  les  syllabes  qu'il  voulait  prononcer. 

—  M.  Féréol  fait  une  communication  sur  un  cas  de  pleu- 
résie hémorrhagique,  avec  cancer  delaplèvre  consécutif  àun 
épithélioma  du  nez  opéré  avec  succès  cinq  ans  auparavant. 
(Voy.  p.  674). 

M.  Rendu  n'est  pas  tout  à  fait  de  l'avis  de  M.  Féréol  tou- 
chant la  dernière  conclusion  de  sa  communication.  Il  croit 
que  le  malade  a  pu  faire  un  néoplasme  de  la  plèvre,  en  vertu 
de  sa  prédisposition  générale  au  cancer.  II  ne  croit  pas 
nécessaire  d'invoquer  ici  une  généralisation  de  répilhéliuma 
dunezàlaplèvre,  d'autaut  que  les  ganglions  intermédiaires 
ne  paraissent  pas  touchés. 

M.  Cadet  de  Gassicourt  ne  partage  pas  l'opinion  de 
M.  Hardy  rapportée  par  M.  Féréol,  à  savoir  que  la  pleurésie 
hémorrhagique  est  fréquente  chez  les  enfants.  Il  n'en  a  ob- 
servé ^ue  trois  cas  dans  une  pratique  déjà  longue  des  ma- 
ladies infantiles. 

Fernand  Widal. 


Société  de  biologie. 

SÉANCE   DU    5   OCTOBRE  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE    M.   BROWN-SÉQUARD,   PRÉSIDENT. 

Sur  la  nutrition  du  foie  :  MM.  Arthaud  et  Batte.  —  Action  physio- 
loglqae  de  Tacide  cyanhydrique  :  M.  Or61iant.  —  De  la  diurèse 
produite  par  les  sucres  :  M.  Dastre.  —  Variations  thermomôtriques 
dans  les  appartements  :  M.  Onimus. 

M.  Quinquaud  présente  une  note  de  MM.  Arthaud  et 
Butte  sur  la  nutrition  intime  du  foie  :  des  fragments  de 
tissu  hépatique,  privés  de  sang,  et  placés  dans  une  atmo- 
sphère aoxygène,  contiennent,  après  six  heures,  une  plus 
grande  quantité  de  glucose  que  d'autres  fragments  placés 
dans  les  mêmes  conditions  dans  une  atmosphère  d'acide 
carbonique.  MM.  Ârthaud  et  Butte  concluent  que  la  pro- 
duction du  sucre  est  d'autant  plus  abondante  dans  le  foie 
que  la  circulation  artérielle  se  fait  mieux,  c'est-à-dire 
apporte  plus  d'oxygène  au  tissu  hépatique. 

—  M.  Gréhant  a  fait  quelques  recherches  sur  l'action 
physiologique  de  l'acide  cyanhydrique,  en  urenant  de  grandes 
précautions  pour  éviter  les  effets  fouaroyants  de  celte 
substance.  Il  sufiit  de  2'%3  d'une  solution  d'acide  cyan- 
hydrique à  i/400,  c'est-à-dire  de  O^^OOSô  d'acide  cyan- 
hydrique anhydre,  injectes  dans  la  veine  jugulaire  pour 
tuer  en  cinq  minutes  un  chien  pesant  6'''',500.  Il  se  pro- 
duit un  peu  d'agitation,  la  respiration  s'arrête  très  vite;  le 
cœur  bat  encore  quelque  temps  après.  Lesphénomènessont 
de  même  ordre  chez  la  grenouille. 

—  M.  Dastre  présente  quelques  remarques  au  sujet  de 
la  diurèse  produite  par  les  sucres,  étudiée  dans  ces  dernières 
années  par  MM.  Moutard-Martin  et  Ch.  Kichet,  Bourquelot 
et  Troisier,  Germain  Sée.  Il  ne  croit  pas,  d'après  ses  propres 
recherches,  et  contrairement  à  ce  qu'ont  admis  MM.  Mou- 
tard-Martin et  Richet,  que  ce  soil  l'excès  du  sucre  dans 
le  sang  qui  détermine  la  polyurie;  l'hyperglycémie  amène 


nécessairement  la  glycosurie,  mais  «on  la  polyurie  ;  ou 
voit  quelquefois,  par  exemple,  que  le  sang  contient  nn^ 
quantité  de  sucre  quadruple  ou  quintuple  de  la  quantité 
normale,  sans  qu'il  y  ait  polyurie.  D'autre  part,  on  ne  peut 
considérer  avec  M.  G.  Sée  la'iactose  comme  un  diurétique 
rénal,  puisque  ce  sucre  passe  dans  le  sang  à  l'état  de  glu- 
cose. En  somme,  nous  ne  connaissons  pas  bien  les  cause- 
de  la  diurèse  que  produisent  les  sucres. 

—  M.  Onimus  montre  une  série  de  tracés  obtenus  ave» 
des  thermomètres  enregistreurs  placés  à  l'air  libre  et  dan- 
des  appartements  avec  fenêtres  entr'ouvertes.  Ces  tracé* 
prouvent  que  dans  une  chambre  dont  les  fenêtres  restent 
ouvertes  nuit  et  jour,  la  température  varie  très  peu  et  Irê- 
lentement;  on  peut  conclure  qu'il  n'y  a  aucun  inconvénient 
à  laisser,  pendant  la  nuit,  les  fenêtres  entr'ouvertes. 


Société  de  tbérApenttqae. 

SÉANCE  DU  9  OCTOBRE   1889.  —  PRÉSIDENCE  DE   M.  FERNLT. 

Compte  rendu  des  travaux  de  la  Société  pendant  l'année  1888- 
1889  :  M.  ConetanUn  Paul,  secrétaire  général.  —  Rapport  sur  It 
travaU  de  M.  Poulet  (de  Planoher-leS'Mines)  sur  l'Inée. 

M.  le  Secrétaire  général  lit  le  compte  rendu  destravaui 
de  la  Société  pendant  l'année  1888-1889.  Le  rapport  est 
divisé  en  deux  parties:  dans  la  première,  comprenant  les 
questions  ayant  rapport  à  la  thérapeutique,  nous  relevons 

fiarticulièrement  les  discussions  relatives  au  traitement  de 
a  diphthérie,  des  affections  tuberculeuses,  de  la  coque- 
luche, de  la  gravelle  urique,  des  maladies  cardio-vascu- 
laires  ;  les  communications  ayant  pour  sujet  les  réactifs 
des  acides  de  l'estomac,  le  diabète  et  la  glycosurie,  la 
pathogénie  et  le  traitement  du  tétanos. 

La  seconde  partie  du  compte  rendu,  concernant  la 
matière  médicale  et  la  pharmacie,  sera  communiquée  dans 
la  prochaine  séance. 

—  M.  Kiigler  lit  son  rapport  sur  le  travail  de  M.  Poulet 
(de  Plancher-les-Mines)  sur  l'Inée.  Au  point  de  vue  de  la 
chim'e,  le  mémoire  de  AI.  Poulet  ne  présente  rien  de  nou- 
veau. L'auteur  distingue  bien  les  différentes  espèces  de 
strophantus:  il  s'est  servi  du  strophantus  glabre  surtout, 
ainsi  que  de  ïhispidus  et  du  Kombé.  Il  donne  le  stro- 
phantus glabre  ei  hispidus  à  la  dose  de  20  centigrammes 
de  poudre  en  vingt-quatre  heures,  tandis  qu'il  est  loin  de 
pouvoir  atteindre  celte  dose  avec  le  strophantus  Komhé. 
celui-ci  étant  beaucoup  moins  bien  supporté.  D'après 
M.  Poulet,  le  strophantus  glabre  et  l'hispidus  seraient 
équivalents  entre  eux  à  dose  thérapeutique,  et  préférable^ 
au  Kombé  qui  demanderait  beaucoup  de  circonspection 
dans  son  emploi.  Ces  conclusions  sont  en  désaccord  complet 
avec  les  données  de  l'analyse  chimique,  carie  strophantus 
glabre  contient  5  pour  100  de  strophautine,  tandis  que  le 
Kombé  en  renferme  seulement  1  pour  100.  Les  doses  sup- 
portées, d'après  le  travail  de  M.  Poulet,  seraient  donc 
inversement  proportionnelles  aux  quantités  de  principe  actif 
que  renferme  chaque  variété. 

La  discussion  sur  cette  question  est  renvoyée  à  une  séanre 
ultérieure.  Georges  Baudouin. 


BIBLIOGRAPHIE 


Les  champli^noiia,  traité  élémentaire  et  pratlc|iie  de 
mycoioftie,  suivi  de  la  description  des  espèces  utiles, 
dangereuses,  remarquables,  par  J.  Moyen,  prêtre  de 
Saint-Sulpice  et  professeur  d'histoire  naturelle.  Paris, 
J.  Rothschild,  1889. 

Il  n'est  point  de  médecin  qui  ne  connaisse  le  rôle   que 
jouent  certains  champignons  dans  la  genèse  et  l'étioJogie 


i8  OcTofiRÊ  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  42  —    683 


des  maladies  les  plus  diverses.  Les  aliments  d'origine  vé- 
gétale sont  fréquemment  altérés  par  des  productions  cryp- 
togamiques  dont  il  importe  de  connaître  les  conditions 
d'existence,  car  elles  peuvent  donner  naissance  à  des  affec- 
tions graves  et  dont  la  propagation  rapide  prend  le  carac- 
tère épidémique.  11  nous  suffira,  à  ce  point  de  vue,  de  citer 
Vergotisme. 

D'autre  part  ces  mêmes  champignons,  si  nuisibles  (juand 
ils  sont  ingérés  en  trop  erande  quantité,  peuvent  au  point  de 
vue  médical  rendre  les  plus  signalés  services.  Dans  l'introduc- 
tion de  ce  livre  M.  de  Seyne  rappelle  les  expériences  qui 
font  espérer  que  les  alcaloïdes  et  divers  autres  principes 
tirés  des  Agaricinés  passeront  bientôt  du  domaine  de  la 
toxicologie  dans  celui  de  la  thérapeutique. 

Enfin  dans  la  pratique  médicale  on  emploie  encore  quel- 

Sues  agents  pharmaceutiques  fournis  par  les  champignons, 
itons  l'ergot  de  seigle,  l'agaric  blanc,  la  fausse  oronge. 
Sans  doute  on  aura  peine  à  revenir  aux  pratiques  anciennes 
et  à  attribuer  au  lactaire  poivré,  à  l'agaric  amer,  au  poly- 
pore  officinal,  etc.,  les  vertus  que  leur  reconnaissaient  les 
anciens.  Il  est  probable  cependant  qu'on  trouvera  un  jour 
ou  Tautre  parmi  les  champignons  non  comestibles  des 
espèces  qui  pourront  être  utilisées  en  thérapeutique. 

On  comprend  dès  lors  l'intérêt  que  doit  avoir  pour  tous 
les  médecins  un  livre  qui  traite  de  la  mycologie  considérée 
à  un  point  de  vue  exclusivement  pratique. 

L'ouvrage  que  vient  de  faire  paraître  H.  l'abbé  Moyen  a 
le  mérite  de  donner  avec  une  grande  précision  les  carac- 
tères botaniques  qui  peuvent  servir  de  guide  à  ceux  qui 
voudront  étudier  les  champignons  comestibles  et  les  cham- 
pignons nuisibles.  Il  est  orné  d'un  très  grand  nombre 
de  figures  et  d'un  atlas  de  planches  en  chromotypographie 
qui  représentent  les  types  les  plus  connus  des  espèces  co- 
mestibles et  dangereuses.  L'un  de  ses  chapitres  traite  de 
la  nécessité  d'apprendre  à  reconnaître  les  champignons  co- 
mestibles des  champignons  nuisibles.  On  sait  combien  sont 
vaines  et  insuffisantes  les  méthodes  indiquées  parfois  encore 
pour  arriver  à  savoir,  après  les  avoir  cueillis,  si  les  cham- 
pignons sont  inoffensifs.  M.  Moyen  reconnaît  l'inexactitude 
des  règles  trop  souvent  encore  tracées  à  ce  point  de  vue, 
mais  il  croit  à  l'efficacité  ae  la  méthode  indiquée  par 
Gérard  et  ne  semble  pas  avoir  lu  les  travaux  de  Bertillon 
père,  qui  a  exposé  avec  tant  de  lucidité  et  d'exactitude  dans 
ses  articles  du  Dictionnaire  encyclopédique  tout  ce  qui  a 
trait  à  la  mycologie  envisagée  au  point  de  vue  médical.  On 
peut  regretter  aussi  que  la  question  des  relations  qui  existent 
entre  certains  champignons  et  la  genèse  des  maladies  infec- 
tieuses n'ait  pas  été  soulevée'. 

Tel  qu'il  est  toutefois,  ce  livre,  c  clairement  conçu,  con- 
sciencieusement exécuté  >,  comme  le  dit  M.  de  Seyne,  et 
édité  avec  un  soin  très  digne  d'encouragement  et  d  appro- 
bation, mérite  d'être  signalé  à  tous  les  médecins,  en 
particulier  à  ces  praticiens  de  campagne  à  oui  s'adressait 
bertillon  en  les  conviant  à  étudier  la  mycologie,  certains 
(ju'ils  seraient  d'arriver  rapidement  à  des  découvertes  scien- 
tifiques qui  leur  donneraient  autant  de  satisfaction  morale 
que  de  renommée. 

L.  L. 


VARIETES 

Instructions  réglant  les  conditions  d'admission  dans  le  ser- 
vice DE  santé  de  la  marine  ET  DANS  LES  ÉCOLES  DE  MÉDECINE 
ET  DE  PHARMACIE  NAVALES. 

I.  Corps  de  santé.  —  Le  service  médical  et  pharmaceutique 
dans  les  hôpitaux  et  arsenaux  maritimes,  à  bord  des  bâtiments 
de  la  flotte,  dans  les  colonies,  dans  les  régiments  d'artillerie  et 
d'infanterie  de  la  marine,  est  attribué  aux  officiers  du  corps  de 
santé  de  la  marine 


L'organisation  de  ce  corps  est  réglée  par  le  décret  et  l'arrêté 
du  24  juin  1886.  Les  ofticiers  du  corps  de  santé  de  la  marine 
sont  placés  sous  le  régime  de  la  loi  du  19  mai  1834,  concernant 
l'état  des  officiers. 

La  hiérarchie  des  grades  est  établie  comme  suit  : 

Service  médical.  —  Directeur  du  service  de  santé,  asssimila- 
tion,  grade  intermédiaire  entre  le  colonel  et  le  général  de  bri- 
gade. —  Médecin  en  chef,  assimilation,  colonel.  —  Médecin 
principal,  assimilation,  chef  de  bataillon. —  Médecin  de  première 
classe,  assimilation,  capitaine.  —  Médecin  de  deuxième  classe 
(titulaire  ou  auxiliaire),  assimilation,  lieutenant. 

Service  pharmaceutique,  —  VhKrmBcien  en  chef,  assimilation, 
colonel.  —  Pharmacien  principal,  assimilation,  chef  de  bataillon. 
—  Pharmacien  de  première  classe,  assimilation,  capitaine.  — 
Pharmacien  de  deuxième  classe  (titulaire  ou  auxiliaire),  assimila- 
tion, lieutenant. 

Le  personnel  du  service  de  santé  de  la  marine  se  recrute  par 
l'admission  des  docteurs  en  médecine  ou  des  pharmaciens  uni- 
versitaires de  première  classe,  qui  sont  nommes,  sans  concours, 
à  l'emploi  de  médecin  ou  de  pharmacien  auxiliaire  de  deuxième 
classe. 

Le  candidat  à  l'emploi  de  médecin  ou  de  pharmacien  auxiliaire 
de  deuxième  classe  doit  remplir  les  conditions  suivantes  : 

1"  Etre  Français  ou  naturalisé  Français; 

â**  Être  âepé  de  moins  de  vingt-huit  ans  au  moment  de  son 
admission,  a  moins  qu'il  ne  compte  assez  de  services  à  l'Etat 
pour  avoir  droit  à  une  retraite  à  cinquante-trois  ans; 

3*  Etre  pourvu  du  diplôme  de  docteur  en  médecine  ou  du  titre 
de  pharmacien  universitaire  de  première  classe  ; 

4^  Etre  reconnu  propre  au  service  militaire,  après  constatation 
faite  par  un  médecin  de  la  marine  ou  par  un  médecin  militaire. 

II  doit  produire,  en  outre,  un  extrait^  pour  néant,  de  son 
casier  judiciaire,  un  certificat  de  bonnes  vie  et  mœurs  et  un  cer- 
tificat constatant  sa  situation  au  point  de  vue  de  la  loi  sur  le 
recrutement  de  l'armée. 

Les  médecins  et  pharmaciens  auxiliaires  de  deuxième  classe 
sont  employés  à  terre  en  France,  dans  les  hôpitaux  de  la  marine, 
à  la  mer  ou  aux  colonies.  Ils  portent  l'uniforme  et  les  insignes 
du  grade  de  médecin  ou  pharmacien  titulaire  de  deuxième  classe. 

Après  deux  années  de  stage,  les  médecins  et  pharmaciens 
auxiliaires  de  deuxième  classe  sont  nommés,  par  décret,  au 
grade  de  médecin  ou  de  pharmacien  titulaire  de  deuxième  classe. 

L'avancement  aux  graoes  du  corps  de  santé  a  lieu  : 

Pour  les  médecins  et  pharmaciens  de  première  classe,  un  tiers 
au  choix,  deux  tiers  à  l'ancienneté  ; 

Pour  les  médecins  et  pharmaciens  principaux,  la  moitié  au 
choix,  la  moitié  à  Tancienneté. 

Pour  les  médecins  et  pharmaciens  en  chef  et  pour  les  direc- 
teurs du  service  de  santé,  Tavancement  a  lieu  exclusivement  au 
choix. 

Les  médecins  et  pharmaciens  auxiliaires,  docteurs  en  médecine 
on  pharmaciens  universitaires  de  première  classe  provenant  des 
Facultés  civiles,  promus  au  grade  de  médecin  ou  oe  pharmacien 
de  deuxième  classe,  reçoivent,  s'ils  contractent  l'engagement  de 
servir  six  années  dans  la  marine,  une  somme  représentant  le 
montant  des  frais  nécessaires  à  Tobtention  des  diplômes  uni- 
versitaires. 

Il  est  compté,  poui*  la  retraite,  quatre  années  de  service,  à 
titre  d'études  préliminaires,  aux  méclecins  et  pharmaciens  admis 
dans  le  service  de  santé  de  la  marine,  avec  les  diplômes  de  doc- 
teur en  médecine  ou  de  pharmacien  universitaire  de  première 
classe. 

II.  Écoles  de  médecine  navale.  —  Les  Ecoles  de  médecine 
navale,  qui  existent  à  Brest,  Kochefort  et  Toulon,  ont  pour  but 
de  préparer  les  élèves  du  service  de  santé  de  la  marine  aux 
diplômes  de  docteur  en  médecine  ou  de  pharmacien  universitaire 
de  première  classe,  et  d'initier  aux  connaissances  spécialement 
requises  pour  le  service  de  la  marine  et  des  colonies  les  candi- 
dats provenant  des  Facultés  admis,  avec  les  diplômes  universi- 
taires, en  qualité  d'auxiliaire  de  deuxième  classe,  dans  le  corps 
de  santé  de  la  marine. 

§  1.  Conditions  d'admission.  (Application  de  l'article  29  de 
la  loi  du  15  juillet  1889.  —  Décret  du  8  octobre  1889.)  — 
Lorsque  l'admission  a  été  prononcée,  l'élève  est  inscrit  sur  une 
matricule  spéciale,  tenue  au  conseil  de  santé.  Le  directeur  du 


684    —  N*  42 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         18  Octobre  1889 


service  de  santé  adresse  au  commissaire  aux  revues  une  copie 
des  inscriptions  et  annotations  portées  sur  cette  matricule. 

§  2,  Régime  des  Ecoles»  —  L'effectif  des  élèves  pour  l'ensemble 
des  trois  Ecoles  de  médecine  navale  est  (ixé  chaque  année  pîir 
le  ministre  de  la  marine,  la  préférence  étant  acquise  aux  candi- 
dats qui  sont  les  plus  avancés  dans  leurs  études,  et  qui  ont  satis- 
fait aux  examens  universitaires  correspondants. 

Aucun  élève  ne  peut  être  autorisé  à  redoubler  une  année 
d*étudës,  à  moins  que  des  circonstances  paves  ne  lui  aient  occa- 
sionné une  suspension  forcée  de  travail  pendant  plus  de  deux 
mois. 

Tout  élève  qui  a  subi,  à  un  même  examen  de  la  Faculté  ou  de 
TËcole,  deux  échecs  successifs,  est  exclu  do  TEcolo.  Le  conseil 
des  professeurs  donne  son  avis,  le  ministre  statue. 

Sauf  le  cas  où  il  en  aurait  été  renvoyé  pour  indiscipline  ou 
inconduite,  Télève  qui  a  cessé  de  faire  partie  de  TEcole  peut  être 
admis  de  nouveau  s'il  remplit  encore  les  conditions  générales 
d'admission. 

Des  indemnités  annuelles  de  liOO  francs,  dont  le  nombre  est 
lixé  par  le  ministre,  sont  mises  au  concours  chaque  année  au 
mois  de  septembre. 

Sont  admis  à  se  présenter  à  ces  concours  les  élèves  du  service 
de  santé  de  la  manne  comptant  deux  années  d'études  dans  les 
Ecoles  de  médecine  navale.  Les  étudiants  en  médecine  doivent 
justifier  de  la  passation  avec  succès  du  premier  examen  du  doc- 
torat. 

Les  élèves  du  service  de  santé  de  la  marine  sont  exonérés  des 
différents  droits  de  scolarité  et  d'examen,  qui  sont  payés  par  le 
ministre  de  la  marine. 

Les  élèves  démissionnaires  ou  exclus  de  TEcole  sont  tenus  au 
remboursement  des  frais  de  scolarité  et,  s'ils  ont  été  titulaires 
d'une  indemnité  de  1200  francs,  au  pay>?ment  du  montant  de 
cette  indemnité. 

La  discipline  d.^s  Ecoles  navales  est  assurée  par  l'arrêté  minis- 
tériel duSojuin  187i  et  par  le  décret  du  9  octobre  1889.  Lorsque 
le  ministre  prononce  l'exclusion  d'un  élève,  la  mention  de  cette 
exclusion,  avec  l'indication  des  motifs  qui  l'ont  déterminée,  est 
consignée  sur  la  matricule  des  étudiants  et  portée  à  la  connais- 
sance des  deux  autres  Ecoles  de  médecine  navale. 

§  3.  Enseignement.  —  L'année  scolaire  commence  le  3  novem- 
bre et  finit  le  31  août.  L'année  d'études  compte  du  3  novembre, 
mais  le  registre  d'admission  des  étudiants  n'est  clos  que  le 
30  novembre  au  soir.  L'anné»;  scolaire  se  divise  en  deux  semestres  : 
l'un,  d'hiver,  s'étend  du  3  novembre  au 31  mars; l'autre, d'été, du 
l*""  avril  au  31  août. 

Dans  chaque  Ecole,  le  directeur  du  service  du  santé  règle,  en 
conseil  des  professeurs,  la  répartition  des  matières  de  chaque 
cours,  de  manière  que  Pc-ivancement  des  études  médicales  soit 
conforme  à  l'ordre  de  succession  des  examens  des  Facultés. 

A  la  fin  du  semestre,  chaque  professeur  rend  compte  de  son 
enseignement;  il  indique  le  nombre  des  leçons  qu'il  a  faites  et 
les  matières  exposées  dans  chaque  séance. 

Une  expédition  de  ce  compte  rendu  est  adressée  au  ministre. 

Chaque  professeur  jre  m  et  également  au  directeur  des  notes  sur 
les  médecins  et  pharmaciens  qui  ont  dû  suivre  son  cours. 

Ces  notes,  complétées  par  les  notes  de  service  que  donne  le 
directeur,  sont  envoyées  au  ministre. 

Le  professeur  a  la  police  de  son  cours. 

L'appel  est  fait  à  chaque  séance,  afin  de  constater  l'assiduité 
des  élèves  aux  cours  auxquels  ils  sont  tenus  d'assister.  La  liste 
d'appel  est  remise  au  directeur;  elle  porte  l'indication  de  la  date 
du  jour,  celle  du  sujet  de  la  leçon  et  la  signature  du  professeur. 
Le  directeur  apprécie  les  motifs  d'absence  et  inflige  les  punitions, 
s'il  y  a  lieu. 

Les  docteurs  en  médecine  et  les  pharmaciens  universitaires 
de  première  classe,  nommés  auxiliaires  de  deuxième  classe,  sont 
dirigés  sur  les  ports  militaires  où  ils  suivent,  pendant  une  période 
de  SIX  mois,  des  cours  d'application.  A  l'expiration  de  cette  période, 
les  professeurs  remettent  des  notes  concernant  ces  auxiliaires; 
le  directeur  du  service  de  santé  les  transmet,  avec  son  appré- 
ciation, au  préfet  maritime,  pour  être  adressées  au  ministre. 

Les  docteurs  en  médecine  et  les  pharmaciens  universitaires  do 
première  classe  formés  par  le  département  de  la  marine  ne 
suivent  pas  de  cours  d'application,  après  leur  nomination  à 
l'emploi  d'auxiliaire. 

A  la  fin  de  chaque  semestre  d'enseignement,  les  professeurs 
s'assurent,  par  des  interrogations,  du  degré  d'instruction  et  des 
progrès  de  ceux  de  leurs  auditeurs  qui  sont  tenus  de  suivre  leurs 


leçons.  Ils  expriment  leur  appréciation  sur  chacun  d'eux  paruiH* 
note  qui  varie  de  zéro  à  vingt.  Ces  notes,  accompagnées  de  Tcpî- 
nion  du  professeur  sur  chaque  médecin  ou  pharmacien,  sont 
remises  au  directeur,  pour  être  transmises  au  ministre  avec 
l'aopréciation  du  préfet  maritime. 

Des  bibliothèques,  des  cabinets  d'histoire  naturelle, des  jardin> 
botaniques,  des  amphithéâtres  de  dissection,  des  musées  d*aiia- 
tomie,  des  laboratoires  d'histologie,  de  chimie,  des  cabinets  <)< 
physic|ue,  sont  à  la  disposition  des  élèves,\qui  doivent  verser  an 
trésorier  de  la  bibliothèque  une  somme  de  50  francs  destinée  à 
l'achat  des  livres. 


Concours  de  l'internat  en  médecine.  —  La  composition 
écrite  du  Concours  de  Tinternat  aura  lieu  à  la  date  fixée,  !*• 
lundi  21  octobre,  à  midi,  dans  l'une  des  salles  de  l'Hôtel-Dieu 
annexe  (bâtiments  de  l'ancien  Hôtel-Dieu,  entrée  rue  de  la 
Bûcherie,  33).  —  La  lecture  des  copies  sera  faite,  comme  par  If 
passé,  dans  l'amphithéâtre  de  l'Administration  centrale,  avenue 
Victoria. 

Concours  de  l'externat.  —  Le  jury  du  concours  de  rexlernat 
est  définitivement  constitué  comme  suit  :  MM.  Dreyfous,  Talanion. 
Brault,  Faisans,  Jalaguier,  Michaux  et  Nélaton.  —  Les  candidat^ 
inscrits  pour  ce  concours  sont  au  nombre  de  468. 

Corps  de  santé  de  la  marine.  —  Ont  été  promus  dans  J* 
corps  de  santé  de  la  marine  : 

Au  grade  de  directeur  du  service  de  santé  :  M.  .Martialis. 
médecin  en  chef. 

Au  grade  de  médecin  en  chef  :  M.  Gardies,  médecin  prin- 
cipal. 

Au  grade  de  médecin  principal  :  M.  Bohau,  médecin  d** 
1'*^  classe. 

Au  grade  de  médecin  de  1"  classe  :  MM.  Durbec,  Salauii. 
Gauran,  Pons,  du  Bois  Saint-Sévrin  et  Castellan. 

Cours  d'accouchements.  —  MM.  les  docteurs  G.  Lepage  vi 
J.  Potocki  commenceront,  le  lundi  4  novembre,  à  quatre  heures 
et  demi  du  soir,  un  cours  d'accouchements.  —  Ce  cours  gratuit 
aura  lieu  tous  les  jours,  à  quatre  heures  et  demie,  dans  la  Salle 
des  conférences  de  l'Association  générale  des  étudiants,  -41,  rur 
des  Ecoles.  Il  sera  complet  en  trente-six  leçons  et  comprendia 
des  exercices  pratiques  sur  le  mannequin. 

Société  médicale  des  hôpitaux  (séance  du  vendredi  20  oc- 
tobre). —  Ordre  du  jour  :  M.  Comby  :  L'urticaire  chez  li-> 
enfants.  —  M.  Josias  :  Sur  le  bain  froid  systématique  dans  la 
fièvre  typhoïde.  —  M.  Troisier  :  Pneumo-thorax  survenu  dans  W 
cours  d'un  accès  d'asthme  et  guéri  par  la  thoracentèse.  — 
M.  Hayem  :  Sur  l'anémie. 


Nécrologie.  —  On  nous  annonce  la  mort  de  M.  le  docteur 
Jean-Baptiste-Jules  Bouillon-Lagrange,  ancien  interne  des  liôpi- 
taux  de  Paris,  ancien  maire  de  Saint-Chéron. 


Mortalité  a  Paris  (40* semaine,  du  29  septembre  au  5  octohrr 
1889.  — Population:  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde, :M. 

—  Variole,  3.  —  Bougeole,  16.  —  Scarlatine,  0.  —  Coque- 
luche, \L  —  Diphlhérie,  croup,  27.  —  Choléra,  0.  —  Phthisie 
pulmonaire,  241.  —  Autres  tuberculoses,  26.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  48  ;  autres,  9.  —  Méningite,  35.  —  Conges- 
tion et  héraorrhagies  cérébrales,  54.  —  Paralysie,  7.  — 
Hamollissement  cérébral,  8.  —  Maladies  organiques  du  cœur,  45. 

—  Bronchite  aiguë,  36.  —  Bronchite  chronique, 20.  —  Broncho- 
pneumonie, 22.  —  Pneumonie,  49.  —  Gastro-entérite:  sein,  16; 
biberon^  58.  —  Autres  diarrhées,  4.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 4.  — Autres  affections  puerpérales,  1.  —  Débilité  con- 
génitale, 23.  —  Sénilité,  19.  —  Suicides,  14.  —  Autres  morts 
violentes,  3.  —  Autres  causes  de  mort,  159.  —  Causes 
inconnues,  20.  -—  Total:  1012. 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 

206S3.  —  MOTTBROZ.  —  Imprimeries  rtfanies,  ▲,  rue  MifBOB,  9,  Paris. 


Trente-sixième  année 


N*  43 


"ib  Octobre  1889 


GAZETTE  nEBDOMÀDÀIRE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 

PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D^  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  6.  DIEUUFOY,  DREYFUS-BRISAC,  FRANÇOIS-FRANCK,  A.  HÉNOCQUE,  A.g.  MARTIN,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lbreboullbt,  ii,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRE.  —  Pathologii  gÉnkralR.  L'hér(;dilô  dans  \ei  maladies  infec- 
tlcu:>c$.  —  Formulaire  thbkapbutiuue.  De  la  posologie  des  préparations  do 
digitaline.  —  Rkvci  des  COURS  ET  des  cliniques.  Hôpital  Beaiijon  :  M.  Fcrnet. 
Sur  un  cancer  probable  d«  rcslomac.  —  Travaux  orioimaux.  Clinique  médi- 
cale :  ll^iiiipl«i^ie  h|wtôrifiue  avec  atrophie  musculitire  survenuç  à  la  suite  d'une 
diplilhério.  —  Xantliélasma  disséminé  et  symétrique,  sans  in^urfiianco  liépa> 
tique.  —  Ubvub  DES  CONORKS.  Quatrième  Congrès  français  de  chirurgie,  tenu 
ù  Pari»  du  7  au  13  octobre  1889.  Traitement  des  anévrysuics  des  membres.  — 
Sociétés  savantes.  Acadt-mie  des  sciences.  —  Académie  de  médecine  — 
Société  de  chirurgie.  —  Société  do  biologie.  —  Revue  des  IOURNaux.  Théra- 
peutique. —  Bibliographie.  Manuel  pratique  d«>s  maladies  des  yeux.  —  The 
lucdical  and  surgical  Htst<>ry  of  thc  war  of  the  Rébellion. —VARi^Téâ.  Ricord. 
—  Fkuilleton.  Maurice  Perrin. 


PATHOLOGIE  GÉNÉRALE 

L'hérédité  dans  les  nalndieB  Inlccilensc*. 

(Fin.  —  Voyez  les  numéros  ii  et  iî.) 

V 

1)  est  une  dernière  question  qui  se  raltaclie  à  Thisloire 
lie  Hiérédiié  des  maladies  infectieuses;  uous  voulons  parler 
de  rimmunilé  que  peuvent  acquérir  les  fœtus  dans  Tulérus 
maternel,  et  réciproquement  de  l'immunité  que  peut 
acquérir  la  mère  quand  elle  porte  un  fœtus  contaminé. 

Nous  avons  déjà  dit  que  Tenfant  issu  d'une  mère  atteinte 
de  variole  et  venant  au  monde  sans  aucune  manifestation 
appréciable  de  la  maladie,  pouvait  néanmoins  avoir  acquis 
l'immunité  contre  cette  infection. 

La  vaccine  se  comporte-t-elle  de  même?  La  question 
semblait  facile  à  juger.  iNombre  d'auteurs  ont  essayé  en 
effet  de  résoudre  expérimentalement  le  problème;  ils  ont 
vacciné  des  femmes  enceiutesel  ont  inoculé  l'enfant  quelque 


temps  après  la  naissance.  Les  résultats  ont  été  assc;e  varia-^ 
blés  :  Burckhard  opéra  sur  huit  enfants;  quatre  provenant 
de  femmes  vaccinées  avec  succès  pendant  la. gestation  furent 
réfraclaires;  l'un  deu.x  l'était  encore  au  bout  de  six  mois; 
dans  deux  cas  la  levaccinalion  fut  douteuse  et  sur  les  deux 
enfants  nés  de  ces  femmes,  il  y  en  eut  un  de  réfraclaire; 
enfin  l'auteur  observa  encore  un  enfant  réfractaire  sur  deux 
issus  de  mères  revaccinées  sans  succès  à  la  fin  de  leur  gros- 
sesse. Les  résultats  obtenus  par  M.  Chambrelent  furent  à 
peu  près  semblables  :  cet  auteur  vaccina  quarante  femmes; 
sept  fois  seulement  il  obtint  chez  les  enfants  une  vacx^ine 
légitime.  Dans  les  recherches  de  Bebm,  nous  trouvons  des 
chiffres  bien  différents  :  deux  enfants  seulement  sur  vingt- 
neuf  furent  réfractaires.  Enfin  tout  récemment  Wolff,  ayant 
vacciné  avec  succès  dix-sept  femmes,  vaccina  également  avec 
succès  tous  les  enfants,  d'un  à  six  jours  après  la  nais- 
sance. Tous  ces  faits  contradictoires  nous  amènent  donc  pour 
la  vaccineàla  conclusion  qui  s'est  imposée  pour  le  passage 
intraplacentaire  des  germes  morbides:  l'immunité,  comme 
l'infection,  ne  se  transmet  que  d'une  façon  inconstante.  En 
additionnant  les  résultats  rapportés  ci-dessus,  nous  trou- 
vons que  sur  quatre-vingt-dix  enfants  nés  de  mères  revac- 
cinées avec  succès  à  la  fin  de  leur  grossesse,  trente-neuf 
avaient  acquis  l'immunité  contre  le  vaccin;  cela  fait  une 
proportion  de  43  pour  100. 

On  sait  l'analogie  qui  existe  entre  la  variole,  la  vaccine 
et  la  clavelée.  Pour  cette  dernière  maladie,  l'expérimen- 
tation était  facile. 

Rickert  inocula  sept  cents  brebis  pleines  pendant  les  six 


FEUILLETON 


Mttnrlee  Perrin* 


La  guerre  de  1870  le  trouve  médecin  principal  au  12'  corps 
de  l'armée  du  Hhin,  et  près  de  lui,  dans  1  ambulance  du 
quartier  général  qu'il  dirige,  nous  assistons  aux  lugubres 
journées  de  Beaumont  et  de  Sedan.  Sous  son  impulsion 
vigoureuse,  îe  service  de  l'ambulance  du  Fond  de  Givonne 
s'organise  rapidement  après  la  capitulation  de  l'année,  et 
nos  mille  blessés  sont  déjà  en  grande  partie  évacués,  quand 
nous  vient  des  Allemands,  le  lO  septembre.  Tordre  de  nous 
en  séparer.  De  Rouen,  M.  Perrin  regagne  Paris  et  reprend  à 
Thopital  du  Val-de-Grâce  un  important  service  de  chirurgie 
qui  ne  peut  être  confié  à  de  meilleures  mains.  C'est  là  que, 
médecin  principal  de  1'*  classe  et  officier  de  la  Légion 
d'honneur,  il  assiste  aux  premiers  événements  de  la  Com- 

«•  SÉRIE,  T.  XXVI. 


mune;  mais  bientôt  aux  sombres  jours  de  la  démagogie, 
craignant  pour  sa  liberté  plus  encore  que  pour  sa  vie^  il 
s'échappe  de  la  capitale  et  reçoit  à  Versailles  la  direction 
médicale  du  5*  corps  d'armée.  Rentré  dans  Paris  avec 
les  troupes  victorieuses,  notre  maître  reprend  à  l'Ecole  du 
Val-de-Gràce  ses  fonctions  de  professeur  en  même  temps 
que  ses  travaux  scientifiques. 

Dans  un  mémoire  sur  Ylnfection  putride  aigue\  lu  à 
rAcadémie  de  médecine,  le  2y  octobre  1872,  il  condense  le 
résultat  de  ses  observations  sur  les  accidents  seplioucs 
graves,  à  forme  gangreneuse,  à  intoxication  rapide,  fou- 
droyante, qui  pendant  les  deux  sièges  ont  enlevé  un  certain 
nombre  de  ses  blessés.  L'alcool  à 40  degrés,  en  immersions, 
en  irrigations  continues,  est  pour  lui  le  meilleur  préservatif 
de  ces  phénomènes  d'empoisonnement  putride. 

Dans  la  même  année  1872,  M.  Perrin  fait  paraître  un 
Traité  pratique  d^ophthalmoscopie  et  d'optométrie,  avec  un 
Allas  de  vingt- quatre  planches  en  chromolithographie  et 


686    —  W  43  --         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         25  Octobre  1889 


dernières  semaines  de  la  gestation;  l'inoculation  tua 
5  à  6  pour  100  des  animaux  et  en  fil  avorter  sept.  Sur  les 
petits  des  autres  brebis,  les  inoculations  pratiquées  quatre 
à  six  semaines  après  la  naissance,  restèrent  négatives; 
trente-six  agneaux  témoins  furent  inoculés  avec  sucés. 
Trois  ans  plus  tard,  on  réinocula  tous  ces  animaux;  ceux 
qui  s'étaient  montrés  réfractai res  à  la  première  inoculation, 
prirent  la  clavelée;  les  trente-six  autres  ne  contractèrent 
pas  cette  maladie.  Ainsi  la  vaccination  intra-utérine  est 
moins  efficace  que  l'inoculation  pratiquée  après  la  nais- 
sance. 

Ackeirmann,  RolofT  ont  également  observé  une  immunité 
congénitale  en  clavelisant  la  mère  à  la  fin  de  la  gestation. 

Le  charbon  symptomatique  donne  des  résultats  sem- 
blables, comme  l'ont  établi  les  recherches  de  MM.  Arloing, 
Cornevin  et  Thomas  et  celles  de  Kitasato  :  les  animaux  issus 
de  mères  vaccinées,  même  quelque  temps  avant  la  fécon- 
dation, sont  souvent  réfractaires.  Dans  ce  dernier  cas,  il 
s'agit  de  ce  qu'on  peut  appeler  avec  Toussaint  une  vaccina- 
tion ovulaire. 

Récemment  Hœgyes  a  soutenu  que  la  rage  se  comporte 
de  même  :  quatre  petits  chiens,  provenant  d'un  couple 
réfractaire,  furent  inoculés  à  Tàge  de  trois  mois  ;  l'un  d'eux 
résista;  les  trois  autres  succombèrent,  mais  chez  deux 
rincubation  fut  plus  longue  que  d'habitude;  la  transmis- 
sion de  l'immunité  rabique  semble  donc  possible,  mais  il 
résulte  de  l'expérience  même  de  l'auteur  qu'elle  est  loin 
d'être  constante. 

Une  des  maladies  qui  ont  le  plus  servi  à  l'étude  de  ces 
importantes  questions  de  pathologie  générale,  est  sans 
contredit  la  syphilis.  Nous  avons  déjà  rappelé  qu'une  femme 
qui  porte  un  fœtus  syphilitique,  alors  même  qu'elle  ne 
contracte  pas  la  maladie,  devient  réfractaire  à  l'infection  : 
elle  peut  impunément  nourrir  son  enfant,  qui  au  contraire 
contaminerait  une  nourrice  étrangère.  C'est  ce  qu'on 
appelle  la  loi  de  Colles.  Sa  réalité  peut  même  s'appuyer 
sur  une  véritable  expérience,  due  à  Caspary  :  une  femme 
fécondée  par  un  homme  syphilitique,  en  apparence  guéri, 
avorte  au  sixième  mois;  or  la  mère,  qui  ne  présenta  à 
aucun  moment  d'altérations  spécifiques, consentitàse laisser 
inoculer;  elle  résista  à  l'épreuve,  qui,  il  est  vrai,  fut  unique. 

Mais  dans  d'autres  cas,  le  résultat  est  différent  ;  le  fœtus 
ne  communique  pas  l'immunité  à  la  mère;  il  lui  transmet 
la  maladie  elle-même  :  c'est  ce  qu'on  nomme  la  syphilis 
par  conception.  H.  Diday,  un  des  premiers,  appela  l'atten- 


tion sur  ces  faits  dont  le  nombre  est  aujourd'hui  as.sez 
considérable.  Cette  syphilis  par  conception  évolue  coiiiuk 
la  syphilis  congénitale,  dont  elle  est  en  quelque  sorte  hi 
contre-partie  :  dans  les  deux  cas,  l'infection  se  fait  par  If 
sang  ;  l'agent  pathogène  pénètre  directement  dans  le  système 
circulatoire;  de  là  l'absence  de  tout  accident  primitif.  On 
verra  donc  une  femme  enceinte  présenter  des  symptômes  df 
syphilis  secondaire,  sans  avoir  jamais  eu  ni  chancre  ni 
adénopathie  chancreuse. 

Enfin,  Profela  a  formulé  un  pendant  à  la  loi  de  Colles  ; 
d'après  lui,  un  enfant  sain,  né  d'une  mère  syphilitique,  est 
à  l'abri  de  la  syphilis  et  ne  contracte  pas  la  maladie  par  !*• 
lait  ouïes  baisers  maternels.  C'est  du  reste  un  résultat  ana- 
logue à  celui  que  nous  avons  déjà  signalé  pour  d'autre> 
infections,  la  variole  par  exemple. 

Parmi  les  maladies  expérimentales,  c'est  encore  le  char- 
bon qui  a  servi  aux  recherches  les  plus  intéressantes  sur  It 
sujet  qui  nous  occupe.  M.  Chauveau  en  inoculant  des  brebis 
algériennes,  à  la  fin  de  la  gestation,  a  constaté  que  le-^ 
agneaux  qui  en  naissaient,  ne  présentaient  aucun  sym- 
ptôme morbide  quand  on  leur  inoculait  la  maladie;  en  op<^- 
rant  sur  des  brebis  indigènes  qui  subissaient  les  inocula- 
tions préventives  souvent  réitérées  et  toujours  suivies  dr 
l'épreuve  avec  le  virus  fort,  M.  Chauveau  a  reconnu  que  le^^ 
petits  étaient  également  réfractaires;  la  plupart  éprouvaient 
des  malaises  passagers,  mais  aucun  n'a  succombé.  Voilà 
donc  un  nouvel  exemple  de  l'immunité  que  peut  acquérir 
le  fœtus  dans  le  sein  maternel. 

Le  charbon  a  pu  servir  aussi  à  démontrer  expérimenta- 
lement la  réalité  de  la  loi  de  Colles.  Lingard  a  inoculé  cette 
maladie  à  des  fœtus  de  lapin,  encore  contenus  dans  l'utérus  : 
les  petits  succombèrent,  tandis  que  le  plus  souvent  lesmm»s 
restèrent  vivantes.  L'examen  microscopique  et  les  cultures 
ne  permirent  pas  de  trouver  de  bacilles  dans  Torganisme 
maternel  et  pourtant  les  animaux  avaient  acquis  une  immu- 
nité parfaite,  qui  persistait  encore  au  bout  de  huit  mois. 
Le  fait  est  d'autant  plus  intéressant  que  tous  les  expéri- 
mentateurs savent  combien  il  est  difficile  de  vacciner  le 
lapin  contre  la  maladie  charbonneuse.  Lingard  a  établi  de 
plus  que,  pour  qu'il  y  ait  immunité,  il  faut  que  l'inoculation 
du  fœtus  précède  d'au  moins  trente-six  heures  son  expul- 
sion; les  autres  fœtus  peuvent  devenir  réfractaires,  si  le 
petit  inoculé  reste  six  jours  dans  l'utérus.  Dans  quelques 
cas  enfin,  comme  lors  de  syphilis  par  conception,  la  mère 
contracte  l'infection  charbonneuse;  mais  alors  il  existe  des 


une  Echelle  typographique  en  dix-sept  tableaux.  Nous  ne 

[mouvons  malheureusement,  faute  d'espace,  analyser  ici  ce 
ivre,  l'un  des  premiers  en  France  où  les  affections  profondes 
de  l'œil,  où  les  anomalies  de  la  réfraction  sont  étudiées  avec 
les  détails  qu'elles  comportent,  avec  des  types  exactement 
reproduits  qui  se  gravent  sans  peine  et  sans  fatigue  dans 
l'esprit  et  dans  la  mémoire  du  lecteur. 

L  ordre,  la  méthode,  la  clarté  de  Texposition,  dans  des 
détails  de  physique  peu  présents  au  souvenir  de  l'élève 
comme  à  celui  du  praticien,  la  simplicité  des  explications 

tour  l'emploi  d'instruments  nouveaux,  tout,  jusqu'à  la 
onne  foi  du  maître  avertissant  charitablement  que  long 
sera  l'apprentissage;  tout  est  à  louer  dans  ce  volume,  auquel 
nous  avons,  comme  bien  d'autres,  beaucoup  emprunté. 
Actuellement  encore,  après  quinze  années  d'enseignement, 
devenu  le  successeur  de  M.  Perrin  àl'Ecole  du  Val-de-Gràce, 
nous  relisons  avec  plaisir  ces  pages  pleines  d'observations 
exactes,  de  remarques  judicieuses,  et  auxquelles  les  progrès 


de  la  science  n'ont  rien  enlevé  de  leur  valeur  et  de  leur  à 
propos. 

Grâce  au  talent  de  M.  Régamey,  les  figures  sont  d'une 
vérité  rigoureuse.  Par  les  dimensions  respectives  de  leurN 
éléments,  par  leur  ton,  elles  représentent  bien  l'image 
ophthalmoscopique  telle  que  la  fournit  le  miroir  conca\c 
aidé  de  la  lentille  convexe,  dans  le  procédé  dit  de  rimaj^c 
renversée.  Embrassant  un  champ  considérable,  elles  don- 
nent très  exactement  laspect du  fond  de  l'œil  éclairé. 

Président  de  la  Société  de  chirurgie  en  1874,  M.  Perrin 
inaugure  un  mode  nouveau  de  publication  qui,  réunissaiil 
dans  "un  même  volume  les  Bulletins  et  les  Mémoires,  permri 
de  ne  pas  retarder  pendant  des  mois  et  parfois  des  années, 
l'impression  des  travaux  les  plus  importants.  Descendu  du 
fauteuil,  il  reprend  le  cours  de  ses  communications  :  Sur 
le  diagnostic  des  sarcomes  de  la  choroïde  (1875),  Swr 
Vexamen  histologique  d'une  rétinite  pigmentaire  (iSli^). 
Sur  la  rétinite  leucocythémique(iSll),  Sur  la  névrotomie 


25  Octobre  1889        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MjsDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  —  N*  43  —    687 


altérations  placentaires  an  niveau  desquelles  on  peut  suivre 
le  passage  des  bacilles.  Quand  la  mère  résiste,  les  agents 
pathogènes  siègent  exclusivement  dans  les  vaisseaux  fœtaux 
du  placenta. 

C'est  en  s'appuyant  sur  les  expériences  que  nous  avons 
rappelées  que  M.  Chauveau  avait  été  conduit  à  sa  célèbre 
théorie  sur  l'immunité  :  sur  la  foi  des  expériences  de 
Brauell  et  de  Davaine,  on  admettait  alors  que  le  placenta 
constitue  un  filtre  parfait;  l'immunité  futattribuée  à  la  trans- 
sudation de  substances  solubles,  produites  dans  l'organisme 
maternel  sous  l'influence  de  la  maladie  charbonneuse. 
Aujourd'hui  que  l'on  sait  que,  dans  quelques  cas,  les  bac- 
téridies  traversent  le  placenta,  on  a  mis  en  doute  les  déduc- 
tions de  M.  Chauveau,  et  on  s'est  demandé  si  l'immunité 
congénitale  n'était  pas  due  au  passage  des  bactcridies,  trop 
peu  nombreuses  pour  tuer  le  fœtus,  suffisantes  pour  le  vacci- 
ner. A  celte  objection,  M.  Chauveau  a  répondu  que  le 
passage  des  bactéridies  à  travers  le  placenta  est  un  phéno- 
mène inconstant;  tandis  que  dans  toutes  ses  expériences 
—  etelles  sont  au  nombre  de  quarante — les  petits  avaient  ac- 
quis l'immunité.  Cette  constance  dans  les  résultats  a  évidem- 
ment une  très  grande  valeur;  seulement  on  peut  se  demander 
si  la  même  théorie  peut  s'appliquer  à  toutes  les  infections, 
par  exemple  à  la  vaccine  où  l'immunité  ne  s'observe  même 
pas  dans  la  moitié  des  cas.  Mais  nous  ne  voulons  pas  actuel- 
lement entrer  dans  la  discussion  de  ce  point  théorique: 
nous  aurons  l'occasion  d'y  revenir  dans  un  article  consacré 
à  l'immunité  naturelle  ;  nous  compléterons  alors  ce  que 
nous  avons  dit  des  vaccinations  intra-utérines. 

Une  dernière  question  se  pose  :  l'immunité  congénitale 
est-elle  durable?  Nous  avons  vu  que  dans  quelques  cas,  on 
avait  revacciné  sans  succès  les  enfants  au  bout  de  quelques 
mois  ;  mais  c'est  là  un  laps  de  temps  assez  court.  Si  l'on  en 
croit  les  recherches  de  Maieff  sur  la  syphilis,  la  résistance 
varierait  en  degré,  depuis  l'immunité  complète  qui  persiste 
toute  la  vie  jusqu'à  l'immunité  temporaire,  ne  défendant 
contre  la  contagion  que  pendant  un  temps  limité. 

VI 

Arrivé  au  terme  de  cette  étude,  si  nous  nous  reportons 
aux  résultats  obtenus  jusqu'ici,  nous  voyons  que  les 
microbes  qui  peuvent  envahir  le  fœtus  s'y  comportent  d'une 
façon  très  différente. 

Tantôt  ils  déterminent  une  infection  plus  grave  que  celle 
de  la  mère  ;  en  vaccinant  des  brebis  pleines,  on  voit  souvent 


les  fœtus  succomber  et  être  rejetés  par  avortement.  La  mort 
du  fœtus  tué  par  l'infection  à  laquelle  résiste  la  mère, 
explique  aussi  un  certain  nombre  d'avortements  observés 
dans  l'espèce  humaine,  par  exemple  dans  la  pneumonie,  la 
fièvre  typhoïde,  la  syphilis. 

Souvent  la  maladie  fœtale  est  semblable  à  celle  de 
l'adulte  :  telles  sont  la  variole,  et  dans  quelques  cas  la 
syphilis.  Ailleurs  elle  diffère,  non  par  les  caractères  anato- 
miques,  mais  par  ses  localisations  spéciales  ;  tel  est  le  cas 
de  la  tuberculose  congénitale  qui  envahit  surtout  le  foie. 
On  peut  dire  du  reste  que  dans  presque  toutes  les  infections 
fœtales,  c'est  le  foie  qui  est  le  plus  profondément  atteint  et 
renferme  la  plus  grande  quantité  d'agents  pathogènes.  Cela 
se  conçoit  aisément,  étant  donné  que  cette  glande  est  placée 
comme  une  barrière  sur  la  route  du  sang  qui  revient  du 
placenta. 

Il  est  des  maladies  où  le  fœtus  renferme  des  microbes 
pathogènes,  sans  qu'il  existe  de  lésions  appréciables;  ainsi, 
nous  avons  déjà  dit  que,  dans  le  charbon,  le  sang  ne  pré- 
sente pas  l'aspect  agglutinatif  si  caractéristique  chez 
l'adulte  ;  dans  la  fièvre  typhoïde  on  ne  trouve  chez  le  fœtus 
ni  altération  peyérique  ni  hypertrophie  splénique. 

Enfin,  il  peut  se  faire  que  l'enfant  issu  d'une  mère 
infectée  ne  présente  à  sa  naissance  aucune  manifestation 
morbide;  puis  au  bout  de  plusieurs  années,  on  verra  éclater 
les  accidents  de  cette  infection  jusque-là  latente  ;  c'est  ce 
qui  est  démontré  pour  la  syphilis,  c'est  ce  qu'on  a  admis 
pour  la  tuberculose. 

Mais  il  s'en  faut  que  la  mère  transmette  toujours  la 
maladie  dont  elle  est  atteinte  ;  il  est  des  cas  où  l'hérédité  ne  se 
traduit  par  aucun  trouble  morbide;  l'enfant  a  néanmoins 
subi  l'influence  de  la  maladie  maternelle  et  se  trouve  avoir 
acquis  l'immunité.  Cette  vaccination  intra-utérine  est  elle-* 
même  inconstante,  et  dans  une  dernière  catégorie  nous  ran- 
geons les  faits  où  l'enfant  vient  au  monde,  nullement  impres- 
sionné par  la  maladie  de  la  mère,  ou  ayant  tout  au  plus  un 
certain  degré  de  débilité  congénitale. 

Telles  sont  les  principales  éventualités  qu'on  peut  obser- 
ver; on  voit  en  somme  combien  les  résultats  varient,  depuis 
l'infection  grave  et  rapidement  mortelle  jusqu'à  l'absence 
de  tout  accident  et  même  de  toute  imprégnation  morbide. 

Il  nous  faudrait  maintenant  étudier  l'influence  que  l'hé- 
rédité des  diathèses  et  des  troubles  nutritifs  exerce  sur 
l'aptitude  à  contracter  les  maladies  infectieuses  ;  c'est  un 
procédé  indirect  de  rendre  l'enfant  plus  ou  moins  vulné- 


opticO'Ciliaire  ri878).  Il  est  peu  de  discussions  importantes 
où  il  n'apporte  l'appoint  de  son  expérience.  La  trépanation 
et  ses  indications  l'amènent  à  la  tribune  en  1877,  1878, 
1883, 1886.  Il  revient  en  1878  sur  la  question  toujours  dis- 
cutée des  fractures  du  crâne  par  contre-coup,  et  démontre 
leur  existence  par  de  nombreuses  pièces  expérimentales. 
Même  quand  Vhonorariat  le  fait  libre,  il  n'abandonne  pas 
les  séances,  et  jusqu'en  1886,  si  ses  apparitions  se  font 
progressivement  plus  rares,  c'est  que,  n'ayant  plus  de  service 
hospitalier,  il  craint  de  n'apporter  aux  travaux  de  la  Société 
que  des  contributions  absolument  théoriques. 

Collaborateur  du  Dictionnaire  encyclopédique  des 
sciences  médicales^  M.  Perrin  y  donne  dans  les  articles: 
Alcool,  Anesthésie  chirurgicale,  Asphyxie,  le  résumé 
de  travaux  dont  nous  avons  déjà  rendu  compte.  Les  arti- 
cles Cornée,  Choroïde,  Ophthalmoscopie  et  Optométrie 
sont  la  condensation  d'une  pratique  déjà  longue,  et  témoi- 
gnent par  la  précision  et  presque  la  concision  du  langage,  ^ 


par  la  netteté  des  formules,  de  l'influence  d'un  enseigne- 
ment journalier.  Sur  un  seul  point  nous  sommes  et  nous 
avons  toujours  été  en  désaccora  avec  notre  vénéré  maître  : 
Sur  Vimportance  relative  des  méthodes  objectives  et  sub* 
jectires  dans  Vexamen  de  la  réfraction  oculaire.  Inven- 
teur avec  M.  Mascart,  professeur  au  Collège  de  France,  d'un 
Optomètre  d'un  emploi  très  commode,  le  premier  instru- 
ment pratique  de  ce  genre,  au  moins  en  notre  pays  (1869), 
M.  Perrin  resta  toujours  partisan  de  roptométrie  subjec- 
tive. Il  la  conseillait  dans  ses  leçons,  il  insiste  sur  sa  valeur 
dans  son  traité  d'ophtlîalmoscopie,dans son  Guide  duméde- 
cin  expert  pour  l'examen  de  la  vision  devant  les  conseils 
de  revision,  code  tracé  en  1877  pour  ses  jeunes  camarades 
de  l'armée,  et  malgré  les  objections  sérieuses  qui  lui  sont 
faites  il  écrit  encore  en  1881  dans  son  article  déjà  cité  : 
«  Nous  croyons  de  plus  en  plus  que  l'emploi  de  l'optomctre 
doit  être  la  règle,  et  que  les  procédés  ophthalmoscopiques 
par  l'image  droite  ou  par  l'image  renversée  doivent  être 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  25  Octobre  1889 


rable  aux  infeclions  qui  ont  frappé  les  parents.  Mais  ce 
serait  sortir  quelque  peu  de  notre  sujet  que  d'aborder  celle 
étude;  nous  y  reviendrons  dans  un  autre  article. 

En  résumé,  la  transmission  héréditaire  des  infections  est 
uu  phénomène  inconstant  el  variable,  qui  semble  lié  à 
l'existence  d'altérations  au  niveau  du  placenta.  Si  cela  est, 
on  est  conduit  à  rechercher  quelles  sont  les  causes  qui 
favorisent  et  expliquent  les  lésions  placentaires,  autrement 
dit,  un  est  ramené  à  une  élude  plus  générale,  celle  des 
localisations  viscérales  au  cours  des  maladies  infeclieuses. 
Lorsque  le  problème  que  nous  sommes  arrivé  à  poser  en 
dernière  analyse  sera  résolu  ou  au  moins  éclairci,  le 
passage  iiitraplacentaire  des  bactéries  ne  nous  apparaîtra 
plus  comme  un  phénomène  contingent,  en  quelque  sorte 
livré  au  hasard,  ce  sera  un  résultat  nécessaire  dans  des 
conditions  données,  el  c'est  à  déterminer  ces  conditions  que 
doivent  tendre  nos  efforts. 

ti.-H.  KouEK. 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

De  la  |»o«olO]||[^le  dcM  prë|iarAtlonfl  de  digitaline. 

La  digitaline  amorphe  ou  bien  cristallisée  ne  doit  pas  être 
prescrite  à  titre  de  diurétique;  elle  est  à  ce  point  de  vue 
inférieure  aux  préparations  de  digitale.  De  plus,  comme 
M.Huchard  le  fait  judicieusement  observer,  l'effet  diurétique 
est  plus  facile  par  l'emploi  de  celle  digitaline  en  solution  que 
par  son  administration  dans  la  forme  pilulaire. 

Par  contre,  la  digitaline,  malgré  l'opinion  adverse,  rend 
d'incontestables  services  comme  sédatif  cardiaque. 

On  la  prescrit  en  granules,  solution  ou  sirop,  à  la  dose  de 
1  à  4  milligrammes  pour  la  digitaline  amorphe  française 
et  de  1/4  à  1  milligramme  pour  la  digitaline  cristallisée. 
Jamais»  d'après  M.  Huchard,  on  ne  doit  l'administrer  aux 
enfants,  en  raison  de  sa  trop  grande  activité. 

^  Granules  dk  digitaline. — Les  granules  de  digitaline 
amorphe  devront  contenir  chacun  i  milligramme  de  médi- 
cament ;  ceux  de  digitaline  cristallisée^  1/4  de  milli- 
gramme ;  1  milligramme  de  digitaline  amorphe  correspond 
à  10  centigrammes  de  poudre  de  digitale. 


2"  Solution  de  digitaline  amorphe  (H.  Huchard;.  — 
En  voici  la  formule  : 

DigiUiline  amorphe  française...         10  cenligramim?>. 

l'rLiiié;::::::::::::::::::l=^*»«'»'^^^^^ 

Dix  gouttes  de  cette  solution  représentent  1/î  milli- 
gramme de  digitaline  amorphe. 

3*  Sirop  de  digitaline  amorphe.  —  Ce  sirop  doit  êln- 
dosé  de  telle  sorte  qu'une  cuillerée  à  bouche, ou  15 grammes. 
renferme  1  milligramme  de  digitaline. 

Ch.  Éloy. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

HÔPITAL  BEAUJON  :  M.  FERNET. 
I^or  DO  cancer  probable  de  l'cMomae. 

Le  malade  couché  au  lit  n"*  2  de  la  salle  Monneret  est  xiv. 
homme  de  quarante-cinq  ans,  ne  présentant  rien  de  parti- 
culier dans  ses  antécédents  héréditaires.  Dans  ses  aiUécô- 
dents  personnels,  à  part  des  excès  de  boissons  alcooIii|ue< 
C\\  buvait  en  moyenne  3  litres  de  vin  par  jour  el  deu\  un 
(trois  petits  verres),  on  ne  trouve  à  signaler  qu'une  pneumo- 
nie à  l'âge  de  vingt  el  un  ans. 

Le  début  de  raiïeclion  pour  laquelle  il  est  entré  à  riiù- 
pital  remonte  à  quatre  ou  cinq  mois.  A  ce  moment,  il 
commence  à  se  plaindre  d'une  perte  presque  complote 
d'appétit  et  surtout  d'une  véritable  répugnance  pour  la 
viande.  En  même  temps  apparaît  une  diarrhée  abondante, 
continuelle,  profuse,  qui  ne  s'arrêtait  un  momenl  que  pour 
reprendre  aussitôt.  Peu  à  peu  son  teint  jaunit,  devient  ter- 
reux, il  maigrit  rapidement,  ses  forces  disparaissent.  Pu't> 
apparaît  un  peu  d' œdème  des  malléoles  qui  augmente  petit 
à  petit  et  remonte  bientôt  jusqu'aux  genoux.  Bref  il  urrive 
bientôt  à  un  tel  degré  de  fatigue  et  d'affaiblissement  qu^il 
est  obligé  d'abandonner  son  travail. 

Au  bout  d'une  quinzaine  de  jours  de  i^pos,  ces  diver> 
symptômes  s'amendent  un  peu.  L'œdème  disparait,  Tappé- 
lit  revient,  la  diarrhée  s'améliore  et  le  malade  se  sent  assez 
fort  pour  reprendre  ses  occupations.  Celte  amélioration 
n'est  que  passagère  et  bientôt  la  diarrhée  reparaît  ainsi  que 
les  autres  accidents. 

Le  14  septembre,  il  se  décide  à  entrer  à  l'hôpital,  se  plai- 
gnant surtout  de  sa  diarrhée.  A  l'examen  on  lui  trouve  un 
foie  [)etit  et  un  peu  d'ascite.  Etant  données  ses  habitudes 
antérieures  d'alcoolisme,  la  première  idée  qui  vient  à  l'es- 


réservés  pour  les  cas  exceptionnels  dans  lesquels  l'opto- 
mètre,  employé  judicieusement,  ne  donne  pas  de  réponses 
satisfaisantes.» 

Candidat  à  l'Académie  de  médecine  dans  la  section  de 
pathologie  chirurgicale,  le  professeur  du  Val-de-Grâce  fut 
élu  le  6  avril  1875  à  une  immense  majorilé»  Le  mémoire 
sur  la  Valeur  clinique  de  l'amputation  sous-aslragalienne 
qui  précède  son  élection,  est  un  chaleureux  plaidoyer  en 
faveur  de  cette  opération.  Tout  son  talent  n'arrive  pas 
cependant  à  la  faire  sortir  d'un  abandon  que  nous  ne 
saurions  dire  immérité.  La  première  discussion  à  laquelle  il 
prend  part  dans  la  savante  assemblée,  met  en  relief  ses 
qualités  d'exposition  et  l'ardeur  encore  juvénile  de  ses  con- 
victions. Déjà  le  Congrès  périodique  international  de 
Bruxelles  où  il  était  le  délégué  du  Ministère  de  la  guerre, 
avait  mis  à  son  ordre  du  jour  les  défectuosités  de  la  vision 
au  point  de  vue  du  service  militaire.  Peu  salisfiiit  des 
décisions  prises  par  la  Congrès,  Giraud-Teulon  voulut  por- 


ter devant  l'Académie  de  médecine,  ce  qu'il  appelait  juste- 
ment les  revendications  de  la  science.  Songeant  surtout 
à  l'ophlbalmologie,  il  demandait  qu'un  expert  oculiste  fut 
adjoint  aux  conseils  de  revision  el  de  réforme.  Combattue 
par  MM.  Legouesl,  le  baron  Larrey  et  M.  Perrin,la  proposi- 
tion fut  repoussée.  En  signalant  ses  inconvénients  au  point 
de  vue  militaire,  le  créateur  de  la  clinique  ophlhalmosco- 
pique  au  YaUde-Gràce  défendait  ses  camarades  de  rarinee 
contre  les  imputations  d'incompétence  auxquelles  il  avait  pu 
un  instant  les  croire  en  but.  Au  reste,  Giraud-Teulon, 
dont  tous  appréciaient  le  noble  caractère,  n'avait  pas  à  dé- 
montrer qu'il  se  préoccupait  uniquement  des  intérêts  de  l;i 
science;  ses  contradicteurs  n'attaquaient  dans  ses  conclu- 
sions que  leur  opportunité. 

A  partir  de  sa  nomination»  M.  Perrin  prend  la  part  la 
plus  active  aux  travaux  de  l'Académie.  En  1879,  il  lui  com- 
munique ses  recherches  sur  la  Valeur  relative  du  panst*- 
vient  de  Lister  et  du  pansement  à  V alcool;  en  1880,  uu 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         —  N«  43  -    689 


prit  en  présence  des  signes  physiques  est  celle  de  cirrhose 
atrophique  du  foie. 

Mais  ce  diagnostic  ne  nous  satisfaisait  pas  complètement 
et  pour  plusieurs  motifs.  D'abord  la  faible  quantité  de  liquide 
ascilique,  l'absence  de  circulation  collatérale  tendaient  à 
faire  croire  que  raffeclion  n'était  qu'à  son  début,  tandis  que 
l'état  de  faiblesse  et  même  de  cachexie  du  malade  parais- 
sait en  rapport,  dans  l'hypothèse  de  cirrhose,  avec  une  pé- 
riode plus  avancée  de  la  maladie.  La  diarrhée  persistante 
nous  embarrassait  aussi.  On  trouve  bien,  à  la  période  cachec- 
tique de  la  cirrhose,  un  peu  de  diarrhée,  mais  celle-ci  existe 
rarement  au  début  de  la  malndie,  et  en  tout  cas  elle  ne  pré- 
sente jamais  ce  caractère  continu  et  rebelle. 

L'hypothèse  de  cirrhose  nous  paraissant  insuffisant*»  pour 
expliquer  et  l'état  de  cachexie  du  malade  et  les  troubles 
digestifs  dont  souffre  le  malade,  nouspensons  alors  à  la  tuber- 
culose péritonéale.  Cette  maladie  expliquerait  bien  Tascile, 
mais  elle  nous  satisfait  surtout  au  point  de  vue  des  troubles 
digestifs.  Ce  diagnostic  pourtant  soulève  de  grandes  objec- 
tions. En  effet,  nous  ne  trouvons  rien  dans  les  plèvres  et 
Ton  sait  que  toutes  les  fois  qu*il  y  a  un  épanchement 
péritonéal  d*origine  tuberculeuse,  on  trouve  également  un 
épanchement  pleural  plus  ou  moins  considérable.  On  ne 
trouvait  pas  non  plus  de  lésions  pulmonaires.  L'absence  de 
(PS  lésions  pulmonaires  ne  plaide  pas,  il  est  vrai,  contre 
l'hypothèse  de  tuberculose  péritonéale.  Dans  celle  affection, 
contrairement  à  la  loi  de  Louis,  les  lésions  pulmonaires 
sont  rares,  tandis  que  les  lésions  pleurales  sont  constantes. 
La  tuberculose  péritonéale  n'existe  pas  sous  la  forme  pure- 
ment péritonéale  ou  du  moins  elle  est  très  rare.  Elle  existe 
surtout  sous  la  forme  péritonéo-pleurale.  En  outre  l'absence 
de  fièvre  rémittente  contribue  à  rendre  notre  seconde  hy- 
pothèse encore  plus  improbable  que  la  première. 

Le  malade  était  déjà  à  l'hôpital  depuis  une  huitaine  de 
jours,  et  sous  l'influence  du  repos,  d*un  régime  et  d'un  trai- 
tement appropriés  il  s'apercevait  d'une  amélioration  mani- 
feste dans  son  état,  lorsque  survint  chez  lui  un  nouvel 
accident  qui  porta  nos  investigations  sur  une  nouvelle  voie. 
Une  après-midi,  après  avoir  fait  quelques  tours  dans  la 
salle,  il  s'aperçoit  que  ses  pieds  sont  un  peu  enflés.  Le  len- 
demain et  les  jours  suivants  cet  œdème  augmente  si  bien 
qu'au  bout  de  trois  ou  quatre  jours  il  arrive  jusqu'en  haut 
des  cuisses.  Puis  il  persiste  pendant  une  ouinzaine  de 
jours  en  diminuant  cependant  petit  à  petit.  Nous  savions 
que  le  malade  avait  déjà  eu  de  Tœdème  des  membres  infé- 
rieurs au  début  de  son  affection.  Mais  cet  œdème  pouvait 
être  expliqué  par  la  cachexie,  la  fatigue,  tandis  qu'il  n'en 
était  pas  de  même  de  celui  que  nous  avions  vu  se  repro- 
duire en  quelque  sorte  sous  nos  yeux.  La  fatigue,  la  misère 
ne  pouvaient  plus  être  mises  en  cause.  Depuis  une  semaine 


le  malade  était  au  repos  absolu  et  sa  santé  générale  s'était 
sensiblement  améliorée.  D'où  pouvait  provenir  cet  œdème? 
Etait-il  imputable  à  la  cirrhose  ou  à  la  tuberculose?  On  a 
prétendu  que  dans  quelques  cas  la  cirrhose  s'était  d'abord 
manifestée  par  de  l'œdème  des  membres  inférieurs.  Mais  si 
ces  observations  sont  exactes,  ce  qui  est  douteux,  ce  sont 
des  cas  extrêmement  rares.  Il  est  de  règle  que  dans  la  cir- 
rhose l'hydropisie  occupe  le  péritoine  et  rien  que  le  péri- 
toine. Lorsque  dans  le  cours  d'une  cirrhose,  comme  du 
reste  dans  celui  d'une  tuberculose  péritonéale,  il  apparaît 
de  l'œdème  des  membres  inférieurs,  c'est  que  l'épanché- 
ment  du  péritoine  provoqué  par  ces  deux  affections  a  atteint 
un  volume  considérable  et  comprime  la  veine  cave.  Or  chez 
notre  malade  l'ascite  est  presque  insignifiante  et  ne  peut 
provoquer  aucun  phénomène  de  compression. 

L'examen  du  malade  nous  montre  qu'il  n'a  ni  affection 
cardiaque,  ni  affection  rénale,  ni  aucune  cause  locale,  telle 
que  varices  des  membres  inférieurs,  pouvant  expliquer  cet 
œdème.  Une  affection  organique  de  l'estomac  peut  seule 
occasionner  ces  troubles  circulatoires, ainsi  que  les  troubles 
digestifs  dont  souffre  le  malade.  En  cherrhtnt  alors  dans 
ce  sens,  plusieurs  éléments  viennent  fortifier  notre  hypo- 
thèse. 

Dans  la  région  épigastrique,  du  côté  droit,  la  paroi  abdo- 
minale se  laisse  moins  facilement  déprimer  que  du  côté 
gauche.  On  ne  sent  aucune  tumeur,  même  pas  de  Tempâte- 
ment,  mais  on  éprouve  une  certaine  résistance.  La  sensa^ 
tion  n'est  pas  assez  nette  pour  faire  conclure  à  la  présence 
d'un  néoplasme,  mais  enfin  c'est  déjà  un  signe  favorable.  A 
ce  signe  viennent  s'en  ajouter  plusieurs  autres.  Chacun 
d'eux  pris  isolément  n'a  pas  une  valeur  absolue,  mais 
parleur  réunion,  leur  concordance,  ils  établissent  une  très 
grande  présomption.  Je  les  énumère  rapidement  pour  les 
discuter  ensuite  un  à  un. 

Dans  l'aisselle  droite  et  dans  Taine  on  trouve  quelques 
ganglions  légèrement  hypertrophiés. 

L'analyse  des  urines  nous  donne  H  grammes  d'urée 
par  vingt-quatre  heures. 

On  constate  également  l'absence  d'acide  chlorhydrique 
dans  le  suc  gastrique. 

Hénoch  paraît  être  le  premier  qui  ait  observé  l'altération 
et  le  développement  des  ganglions  périphériques  dans  le 
cancer  de  l'estomac.  En  1863,  il  dit  à  ce  sujet  ;  «  Le  dia- 
gnosticdecancerde  l'estomac  est  plus  certain  auandon  peut 
trouver  des  ganglions  dégénérés  au-dessus  de  la  clavicule,  >> 
et  à  l'appui  de  cette  remarque  il  cite  l'observation  d'un 
malade  qui  mourut  d'un  cancer  de  l'estomac  vérifié  à  l'au- 
topsie. Friedreich  et  Leube  insistent  aussi  sur  la  présence  de 
ces  ganglions.  Chose  curieuse,  c'est  surtout  dans  le  creux 
sus-claviculaire  qu'ils  ont  été  signalés  et  leur  présence  pa- 


excellent  rapport  sur  Les  livres  scolaires  et  la  myopie  de 
son  ami  M.  Javal.  La  Conjonctivite  purulente  rhumatis^ 
vinle  fait  l'objet  de  deux  lectures,  Tune  en  188:2,  la  seconde 
en  1883.  Il  n'est  pas  de  question  chirurgicale  importante 
sur  laquelle  il  ne  tienne  à  donner  son  opinion  autorisée. 
L'anesthésie  chloroformique  et  ses  accidents,  leur  origine, 
leur  traitement, l'amènent  à  la  tribuneen  1878,  puisen  1882. 
Il  défend  avec  énergie  sa  théorie  de  la  mort  subite  par  syncope 
et  non  par  asphyxie,  il  préconise  toujours  l'emploi  de  l'in- 
sufflation laryngienne  et  de  la  respiration  artificielle  pour 
arracher  le  patient  au  collapsus  et  ranimer  chez  lui  les 
sources  presque  éteintes  de  la  vie.  De  même  en  4884-,  il 
refuse  encore  à  l'alcool  tout  rôle  alimentaire,  et  n'admet  à 
aucun  degré  sa  combustion  dans  l'organisme.  Ses  expé- 
riences de  1853  lui  semblent  aussi  probantes,  aussi  inatta- 
quables, qu'au  jour  de  leur  publication.  Il  n'était  pas  toute- 
fois de  ceux  dont  on  peut  dire  que  d'avance  leur  siège  est 
fait,  et,  s'il  combattit  le  pansement  de  Lister  en  raison  de 


sa  complication  et  de  sa  prétention  de  détruire  par  la  pulvé- 
risation phéniquée  les  germes  morbides  de  l'atmosphère,  il 
admettait,  il  préconisait  même  la  méthode  antiseptique. 
Grâce  à  l'alcool,  il  pensait  modifier  le  terrain  et  rendre  les 
tissus  impropres  à  la  putréfaction.  11  ne  se  désintéressait 
pas  des  progrès  de  la  cnirurgie,  et  prenait  part  aux  discus- 
sions sur  la  Caiaract^,  le  Traitement  du  strabisme  (1886), 
sur  le  Surmenage  et  la  sédentaritê  scolaires  (1887),  sur 
le  Traitement  des  furoncles  et  de  Vanthrax  en  1888. 

Les  meilleurs  livres,  quand  ils  traitent  de  sujets  spéciaux, 
quand  ils  ne  s'adressent  qu'à  un  public  restreint,  ne  voient 
guère  se  succéder  des  éditions  nombreuses.  Le  Traitv 
dophthalmoscopie  et  d'optométriede  notre  excellent  maître 
n'avait  pas  été  un  succès  de  librairie.  Avec  le  concours  de 
notre  collègue  F.  Poncet,  M.  Perrin  publia,  en  1879,un  Atlas 
des  maladies  profondes  de  VœiL  Tous  les  ophthalmolo- 
gistes  connaissent  les  belles  préparations  de  notre  camarade 
du  Yal-deCràce.  Elles  complètent  les  planches  en  chromo- 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         25  Octobre  1889 


rail  plus  fréquente  à  gauche.  Depuis,  de  nombreuses  obser- 
vations sont  venues  s'ajouter  à  celles-là  et  la  dégénérescence 
carcinomateuse  des  ganglions,  non  seulement  du  creux  sus- 
claviculaire,  mais  aussi  de  l'aine  et  de  Taisselle,  est  actuel- 
lement un  fait  bien  connu.  Il  nous  a  été  donné  d'en  observer 
cette  année-ci  deux  ou  trois  cas  tout  à  fait  probants. 

La  diminution  de  la  quantité  d'urée  qui  chez  notre  ma- 
lade est  descendue  à  17  grammes  par  vingt-quatre  heures 
a  peut-être  une  valeur  moins  importante  au  point  de  vue 
du  diagnostic.  Bien  que  Rommelaere  ait  prétendu  qu'on  a 
affaire  à  un  cancer  de  Teslomac  toutes  les  fois  que  chez  un 
malade  affecté  d'une  affection  chronique  de  cet  organe  la 
quantité  d'urée  contenue  dans  les  urines  de  vingt-quatre 
heures  tombe  au-dessous  de  14  ou  15  grammes,  ce  signe 
ne  saurait  être  absolu.  Tout  le  monde  sait  en  effet  que  la 
.  plus  ou  moins  grande  quantité  d'urée  est  intimement  liée 
à  Talimentation  du  malade.  En  outre,  on  a  quelques  obser- 
vations de  cancer  gastrique,  notamment  une  de  Dujardin- 
Beaumetz  {Société  médicale  des  hôpitaux,  10  juillet  1885)^ 
où  la  quantité  d'urée  a  atteint  une  fois  seulement  le  chiffre 
de  11  grammes  et  a  pu  s'élever  jusqu'au  chiffre  considé- 
rable de  3:2  grammes  par  jour.  Il  résulte  pourtant  d'un 
grand  nombre  d'observations  que  si  le  signe  de  Rommelaere 
n'est  pas  pathognomonique,  c'est  un  nouveau  symptôme  de 
probabilité  d'une  grande  valeur. 

L'absence  d'acide  chlorhydrique  dans  les  sécrétions  gas- 
triques que  nous  avons  constatée  chez  notre  malade, 
est  de  même  que  le  précédent  un  bon  symptôme  de  proba- 
bilité. Si  l'absence  de  l'acide  chlorhydrique  dans  le  suc 
gastrique  n'a  pas  toujours  été  constatée  dans  les  affections 
carcinomateuses  de  l'estomac  (observation  déjà  citée  de  Du- 
jardin-Beaumetz),  on  peut  dire  qu'elle  est  si  fréquente  que 
c'est  presque  la  règle.  Dans  quelques  cas  où  le  diagnostic 
a  été  vérifié  à  l'autopsie,  c'est  elle  qui  avait  fait  reconnaître 
la  véritable  cause  des  troubles  bizarres  de  l'appareil  diges- 
tif. Il  y  a  cependant  des  réserves  à  faire  sur  sa  valeur 
séméiotîque.  Germain  Sée  {Bulletin  de  f  Académie  de 
médecine,  1888)  a  prouvé  que  la  disparition  de  l'acide 
chlorhydrique  n'existait  pas  seulement  dans  le  cancer  de 
l'estomac,  mais  aussi  dans  beaucoup  d'autres  affections  de 
cet  organe.  Il  considère  même  la  dyspepsie  comme  une  con- 
séquence de  l'absence  de  l'acide  chlorhydrique  dans  le  suc 
gastrique.  Pourtant  ce  signe,  découvert  par  Leube,  peut 
rendre  de  réels  services  au  point  de  vue  du  diagnostic  aans 
tous  les  cas,  et  ils  sont  fréquents,  où  l'absence  de  signes 
physiques  empêchera  de  reconnaître  avec  certitude  un  can- 
cer de  l'estomac.  En  outre,  grâce  au  pompage  de  l'estomac 
et  au  facile  maniement  des  réactifs  employés  (fluoricine, 
vanilline,  violet  de  méthyle,  tropéoline,  etc.).  la  recherche 
de  l'acide  chlorhydrique  est  facilement  accessible  aux  cli- 


lilhographie  des  affections  oculaires,  auxauelles  sont  venues 
s'ajouter,  depuis  1872,  douze  types  de  lésions  jusqu'alors 
peu  connues,  telles  que  la  tuberculose  et  le  sarcome  de  la 
choroïde  à  son  premier  degré,  la  rétino-choroïdite  palus- 
tre, etc.  L'histologie  complète  heureusement  les  représen- 
tations de  l'image  ophthalmoscopique.  Celle-ci  donne  l'ana- 
lomie  macroscopique  prise  sur  le  vivant,  le  microscope  nous 
livre  l'état  des  tissus  après  la  mort. 

Nommé  médecin-inspecteur  de  l'armée,  le  18  décem- 
bre 1879,  M.  Perrin  ne  quitta  qu'à  regret  le  Val-de-Grâce, 
son  enseignement,  son  service  d'hôpital.  Depuis  onze 
années,  il  avait  élé  sur  la  brèche,  chargé  en  même  temps 
des  salles  d'ophthalmologie  et  du  traitement  des  officiers 
blessés.  Bon  avec  les  malades,  attentif,  prévenant,  il  inspi- 
rait à  tous  la  plus  grande  confiance  en  même  temps  qu'un 
affectueux  respect.  Beaucoup  venaient  de  très  loin  pour  le 
consulter  et  se  confier  à  ses  soins.  Le  remplacer  était  diffi- 
cile; je  ne  l'ignorais  pas  et  je  le  constatai  plus  d'une  fois. 


niciens;  à  peine  demande-t-elle  plus  de  temps  qu'anf 
simple  analyse  d'urine,  lorsque  les  précautions  prélimi- 
naires ont  été  prises. 

En  résumé,  dans  le  cas  qui  nous  occupe,  aucun  des  signes 
invoqués  pour  prouver  l'existence  d'un  cancer  de  l'estomac 
n'a  une  valeur  absolue  si  on  les  considère  isolémeut. 
Mais  en  l'absence  de  tous  gros  signes  physiques  ou  fonction- 
nels avec  lesquels  on  fait  généralement  en  clinique  le  dia- 
gnostic de  carcinome  stomacal,  la  réunion  de  tous  ces  sigaes 
et  leur  concordance  absolue  rendent  sinon  certaine,  du 
moins  très  probable,  l'existence  d'un  néoplasme  malin  de 
l'estomac. 

Chez  ce  malade,  la  petitesse  de  son  foie,  ses  habitude> 
alcooliques,  un  léger  épanchement  ascitique,  peuvent  jus- 
qu'à un  certain  point  faire  admettre  l'existence  d'une  cir- 
rhose. Mais  ses  troubles  digestifs  divers,  son  amaigrisse- 
ment, son  teint  jaunâtre,  l'œdème  des  membres  inférieurs 
sans  cause  locale,  une  certaine  rénitence  dans  la  région 
épigastrique,  un  point  douloureux  que  j'avais  oublié  de  citer 
et  qui  se  trouve  à  deux  travers  de  doigt  au-dessous  de  l'ap- 
pendice xiphoîde,  la  diminution  très  notable  de  la  qaautitt 
d'urée  sécrétée  en  vingt-quatre  heures,  l'absence  d'acide 
chlorhydrique  dans  le  suc  gastrique  font  surtout  pencher 
la  balance  du  côté  d'une  affection  organique  de  Testoroar. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'indication  thérapeutique  est  formelle. 
Il  faut  soutenir  le  malade  par  un  régime  approprié  :  du 
lait,  des  œufs,  de  la  poudre  de  viande.  L'avantage  de  cette 
thérapeutique  est  que,  même  en  cas  d'erreur  de  diagnostic, 
elle  ne  peut  être  que  profitable  au  malade. 

Ch.  Steeg. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Gllniqae  médicale. 

Hémiplégie  hystérique  avec  atrophie  musculaire  scrvk- 
NUE  A  LA  SUITE  d'une  diphthérie.  —  Communication 
faite  à  la  Société  médicale  des  hôpitaux,  dans  la  séance 
du  il  octobre  1889,  par  M.  le  docteur  Debove,  agrégé  de 
la  Faculté  de  médecine,  médecin  de  l'hôpital  Andral. 

Les  formes  frustes  d'une  maladie  sont  toujours  difficiles 
à  reconnaître.  Lorsqu'il  s'agit  d'une  maladie  à  lésion  carac- 
téristique telle  que  la  fièvre  typhoïde,  l'anatoroie  patholo- 
gique établit  un  lien  commun  qui  a  permis  de  réunir  en  un 
seul  faisceau  des  formes  cliniques  considérées,  au  commen- 
cement de  ce  siècle  encore,  comme  autant  de  pyrexies  dis- 
tinctes. Le  problème  est  bien  plus  complexe  quand  il  s'agit 
de  névroses;  ici  pas  de  lésion  qui  permette  d'arfirnier  runité 
nosologique  de  termes  cliniques  diverses,  si  diverses  même 


depuis  lejour  où  j'eus  l'honneur  en  même  temps  que  la  lâche 
de  recueillir  cette  lourde  succession. 

Fort  heureusement,  mon  professeur  et  mon  maître  était 
resté  à  Paris,  près  de  moi.  Je  le  rencontrais  en  sortant  de  la 
Société  de  chirurgie,  et  chemin  faisant,  nous  discutions 
ensemble  les  problèmes  délicats  de  l'ophtlialmologie,  aussi 
bien  que  les  questions  brûlantes  de  l'organisation  du  Cor|>s 
de  santé  militaire.  Partisan  convaincu,  défenseur  ardent  de 
notre  autonomie,  M.  Perrin,  membre  du  Conseil  de  santé 
des  armées,  vit  avec  bonheur  promulguer  la  loi  de  188:2,  qui 
délivrait  la  Médecine  militaire  de  la  longue  tutelle  de  1  In- 
tendance. L'année  suivante,  il  rentrait  une  dernière  fois  à 
l'Ecole  du  Yal-de-Gràce  dont  la  direction  venait  de  lui  être 
confiée. 

Il  ne  la  quitta  qu'au  moment  de  sa  mise  au  cadre  de 
réserve,  le  13  avril  1888,  jour  où  il  atteignit  la  limite 
d'âge  de  son  grade  d'inspecteur.  Son  passage  y  fut  marqué 
par  de  nombreuses  modifications  de  l'enseignement,  par 


^5  Octobre  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


_  W  43  —    691 


que  l'hystérie  de  l'homme,  par  exemple,  aujourd'hui  recon- 
nue si  iréquente,  a  passé  longtemps  presque  inaperçue, 
malgré  la  sagacité  de  nombreux  observateurs.  Aussi,  pour 
reconnaître  les  aspects  variés  que  peut  prendre  une  névrose, 
faut-il  étudier  avec  soin  les  formes  types,  et  c'est  par  une 
comparaison  attentive  de  ces  types  avec  les  formes  frustes 
qu'on  pourra  établir  la  nature  de  ces  dernières. 

En  suivant  cette  règle,  j'ai  diagnosti(^ué  une  hystérie 
fruste  anormale  chez  une  malade  que  je  vais  vous  présenter. 
Plusieurs  d'entre  vous  pourront  contester  mon  diagnostic, 
mais  nous  l'aurions  tous  rejeté  il  y  a  peu  de  temps  encore, 
c'est-à-dire  avant  que  notre  illustre  maître,  M.  le  profes- 
seur Charcot,  eût  donné  de  l'hystérie  une  description  ma- 
gistrale qui  nous  permet  aujourd'hui  de  la  dépister  là  où 
nous  ne  l'aurions  jamais  soupçonnée. 

Notre  malade,  âgée  de  trente-cinq  ans,  présente  les  signes 
d'une  hémiplégie  gauche  avec  atrophie  musculaire.  Au 
membre  inférieur  gauche,  le  mollet  et  la  cuisse  ont  un 
périmètre  de  4  centimètres  inférieur  aux  mêmes  parties 
du  membre  droit.  Le  tronc  ne  présente  rien  de  particu- 
lier. Au  membre  supérieur  gauche,  le  deltoïde  est  légère- 
ment atrophié,  ainsi  que  le  bras;  l'avant-bras  et  la  main  du 
même  côté  ont  leur  volume  normal.  La  parésie  de  ces  mem- 
bres n'est  pas  proportionnée  à  leur  atrophie,  et  leur  impo- 
tence fonctionnelle  est  bien  plus  accentuée  que  ne  le  ferait 
supposer  la  simple  inspection.  Ceci  est  surtout  marqué  pour 
les  extenseurs  du  pied  et  de  la  main,  qui  ont  conservé  leur 
volume  normal,  et  cependant  il  est  difficile  à  la  malade  de 
relever  complètement  le  pied  ou  la  main.  Il  n'y  a  aucun 
trouble  trophique  de  la  peau  ni  des  os,  il  n'y  a  pas  trace  de 
contracture. 

Lorsqu'on  examine  la  face,  il  semble,  au  premier  abord, 
qu'il  y  ait  une  paralysie  faciale  droite,  autrement  dit  qu'il 
y  ait  une  hémiplégie  alterne  ;  mais  un  examen  plus  attentif 
fait  reconnaître  qu'il  s'agit  là  d'une  simple  apparence.  Les 
mouvements,  du  côté  droit,  sont  conservés,  mais  le  côté 
gauche  est  le  siège  d'une  contracture  qui  fait  dévier  la  com* 
inissurc  correspondante  et  qui  s'accompagne  de  petites 
secousses  survenant  à  des  intervalles  irréguliers.  Le  voile  du 

Ealais,  contracture  à  gauche,  entraîne  la  luette  de  ce  côté, 
a  langue  n'est  pas  déviée.  Les  mouvements  de  l'orbiculaire 
des  paupières  sont  indemnes.  Le  front,  du  côté  gauche,  est 
légèrement  ridé,  ce  qui  indique  que  la  contracture  ne  se 
limite  pas  au  facial  inférieur.  La  sensibilité  de  la  moitié 
gauche  du  corps  est  très  légèrement  diminuée.  Le  seul 
trouble  constatable  des  organes  des  sens  spéciaux  est  un 
léger  rétrécissement  du  champ  visuel  gauche  (80  degrés). 

Nous  nous  trouvons,  évidemment,  en  présence  d'une 
hémiplégie  avec  atrophie  musculaire.  Quelle  est  la  nature 
de  cette  hémiplégie? 


La  première  idée  est  nécessairement  celle  d'une  lésion 
cérébrale;  mais  on  est  aussitôt  obligé  de  l'abandonner,  car, 
quoique  l'hémiplégie  soit  ancienne,  elle  est  absolument  flac- 
cide;  ce  caractère  seul  nous  suffît  pour  faire  rejeter  le  dia- 
gnostic de  lésion  cérébrale. 

On  ne  peut  davantage  accepter  l'hypothèse  d'une  lésion 
de  la  moelle  ou  des  nerfs.  La  forme  hémiplégique  est  con- 
traire à  cette  hypothèse;  il  faudrait,  en  outre,  pour  expli- 
quer les  troubles  de  la  face,  admettre  que  les  lésions  se 
prolongent  dans  la  protubérance.  Un  autre  signe  contredit 
encore  ce  diagnostic  :  les  réactions  électriques  des  nerfs 
sont  absolument  normales. 

S'agit-il  d'une  paralysie  diphthéritique  (vous  verrez  pour- 
quoi ce  diagnostic  doit  être  discuté)?  Je  ne  le  pense  pas,  car 
il  n'^  a  pas  eu  de  paralysie  du  voile  du  palais,  la  forme 
hémiplégique  est  bien  rare  dans  les  paralysies  diphthéri- 
ques,  elles  sont  essentiellement  transitoires  et  ne  laissent 
guère  d'atrophie  musculaire  à  leur  suite. 

Il  ne  reste  qu*un  diagnostic  plausible,  celui  d'hystérie,  et 
je  crois  pouvoir  l'affîrmer  en  me  basant  sur  les  caractères 
suivants  :  il  y  a  une  légère  diminution  de  la  sensibilité  du 
côté  gauche  du  corps,  un  léger  rétrécissement  du  champ 
visuel  de  l'œil  gauche,  une  bizarrerie  d'humeur  presque 
caractéristique,  et  surtout  une  déviation  de  la  face  bien  étu- 
diée par  M.  le  professeur  Charcot  et  par  MM.  Brissaud  et 
Marie.  La  contracture  faciale  me  paraît  ici  révéler  la  véri- 
table nature  de  la  maladie  et  nous  permettre  d'en  recon- 
naître une  forme  fruste. 

L'atrophie  musculaire  aurait  certainement  fait  éliminer 
le  diagnostic  hystérie  avant  les  travaux  de  MM.  Charcot, 
Féréol,  Babinsky.  Aujourd'hui,  nous  avons  tous  observé  un 
certain  nombre  de  cas  semblables. 

Cet  exemple  d'hystérie  fruste  avec  atrophie  musculaire 
mérite  d'être  signalé;  mais  une  autre  particularité  le  rend 
plus  intéressant  encore,  c'est  que  les  accidents  actuels  sont 
survenus  à  l'occasion  d'une  diphthérie. 

Vers  la  On  d'avril  1887,  notre  malade  fut  prise  d'une 
angine  grave,  diagnostiquée  diphthérie  par  le  médecin  qui 
la  soignait,  et  à  diverses  reprises  des  fausses  membranes 
furent  détachées  du  pharynx.  Huit  jours  plus  tard,  la  malade 
entrait  en  convalescence  et  se  croyait  même  guérie,  lors- 
qu'au bout  d'un  mois  survinrent  des  douleurs  dans  le  côté 
gauche  du  corps,  puis  de  la  paralysie,  puis  de  l'atrophie 
musculaire  et  ae  la  déviation  de  la  face.  On  ne  peut  affîrmer 
la  filiation  de  ces  symptômes,  parce  que  les  douleurs  paru- 
rent au  début  la  seule  cause  de  l'impotence  fonctionnelle  et 
parce  que  l'atrophie  musculaire  ne  fut  remarquée  que  lors- 
qu'elle eut  atteint  un  degré  déjà  notable. 

Quoi  qu'il  en  soit,  au  mois  d'octobre  suivant,  tous  ces  phé- 
nomènes étaient  des  plus  accentués.  La  malade  ne  peut  dire 


nuelques  innovations  qui  n'étaient  pas  toutes  heureuses,  et 
dont  certaines  ont  seules  survécu  à  sa  Direction.  Partant 
d'idées  justes,  de  principes  excellents,  notre  bien  vénéré 
maître  dut  parfois  constater  combien  il  est  malaisé  de 
passer  de  la  théorie  à  la  pratique.  S'il  est  facile  de  dé- 
truire, il  est  bien  plus  diffîcile  de  rebâtir  et  surtout  de 
faire  mieux.  Le  projet  de  loi  sur  l'établissement  de  deux 
Ecoles  préparatoires  du  service  de  santé  militaire,  placées 
l'une  à  Nancy  au  sein  de  la  Lorraine  restée  française,  la 
seconde  à  Bordeaux,  échoua  par  la  mauvaise  volonté  de 
la  Commission  du  budget  (1883).  Faute  d'argent,  le  décret 
ne  reçut  jamais  d'exécution. 

Bien  d  autres  propositions,  et  en  particulier  la  création 
d'une  chaire  d'expertise  médicale,  où  l'enseignement  de 
l'optométrie  et  de  l'otologie  venait  coudoyer  celui  de  l'admi- 
nistration militaire,  ne  furent  pas  accueillies  avec  faveur. 
Alors  une  lutte  sourde  d'abord,  et  bientôt  plus  ardente, 
s'engagea  entre  le  directeur  de  l'École  et  l'autorité  médicale 


qui  siégeait  dans  les  bureaux  de  la  guerre.  L'issue  n'en 
pouvait  être  douteuse;  mais  cette  contradiction  perpétuelle, 
ce  constant  mauvais  vouloir  qui  ne  se  dissimulait  pas 
toujours  sous  l'aménité  des  formes,  remplirent  d'une  amer- 
tume profonde  les  dernières  années  d'activité  de  M.  Perrin. 
La  retraite  vint  l'atteindre  au  jour  où  il  pouvait  espérer  une 
fois  encore  de  faire  triompher  quelques-unes  de  ses  vues  ;  il 
l'accepta  sans  regret.  Si  la  carrière  militaire  avait  cessé  de 
lui  fournir  les  satisfactions  intimes  auxquelles  son  mérite  et 
sa  situation  élevée  lui  donnaient  bien  quelques  droits, 
l'affection  de  ses  élèves,  l'estime  de  ses  collègues  lui  appor- 
taient une  juste  compensation.  Vice-président  de  TAcadé- 
mie  de  médecine  pour  l'année  1888,  il  occupait  depuis  huit 
mois  le  fauteuil  de  la  présidence,  lorsque  la  mort  l'a 
subitement  frappé.  Que  les  regrets  unanimes  qu'a  laissés 
cette  perte  inattendue  soient,  pour  la  compagne  qui  le 
pleure,  un  adoucissement  à  la  cruelle  séparation. 

J.  Chaitvkl. 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  25  Octobre  1889 


à  quelle  époque  sa  maladie  a  cessé  de  progresser;  en  tout 
cas»  elle  affirme  que,  depuis  un  an,  elle  n'a  constaté  aucune 
aggravation  dans  son  élat,  qui  lui  paraît  absolument  station- 
naire. 

Les  paralysies  consécutives  aux  maladies  aiguës  forment 
un  groupe  bi^n  plus  complexe  qu'on  ne  le  croyait  autrefois, 
car  les  paralysies  hystériques  occupent  une  place  impor- 
tante dans  ce  groupe.  D'ailleurs,  plus  nous  avançons  dans 
l'élude  des  névroses,  plus  nous  constatons  Tinfluence  des 
maladies  aiguës  sur  leur  développement.  C'est  à  leur  suite 

Îue  nombre  de  malades  sont  devenus  neurasthéniques, 
orsque  autrefois  un  malade  atteint  d'accidents  névro- 
pathiques  les  attribuait  à  une  maladie  aiguë  ancienne  dont, 
suivant  son  expression,  il  ne  s'était  jamais  bien  remis,  nous 
étions  incrédules.  Il  ne  faut  plus  Têlre,  en  présence  de  la 
multiplicité  des  faits  de  ce  genre. 

Vous  trouverez  dans  le  travail  de  M.  Georges  Guinon 
(Guinon,  lesAgefits  provocateurs  de  Vhystérie,  Paris,  1889) 
plusieurs  observations  empruntées  à  divers  auteurs,  et  dans 
lesquelles  l'hystérie  a  été  manifestement  provoquée  par 
une  maladie  aiguë.  A  propos  de  ces  faits,  M.  Guinon 
propose  une  théorie  pathogénique  un  peu  vague.  «  L'hysté- 
rie, dit-il,  peut  être  provoijuée  par  (|uelques  maladies  géné- 
rales aiguës  ou  chroniques  par  suite  de  Tébranlement  du 
système  nerveux  dans  lequel  se  trouve  tout  sujet  en  proie  à 
l'une  quelconque  de  ces  maladies,  j»  Pour  moi,  m'inspirant 
des  travaux  du  professeur  Bouchard  sur  les  intoxications 
morbides,  je  n'hésite  pas  à  croire  que  les  hystéries  consécu- 
tives aux  maladies  aiguës  sont  des  hystéries  toxiques,  et  que 
dans  notre  cas  particulier  il  s'agit  d'une  hystérie  toxique 
d'origine  diphthérilique. 

Permettez-moi  de  vous  rappeler  que  je  vous  ai  déjà  entre- 
tenus des  hystéries  produites  par  le  plomb,  Taicool,  etc.,  et 
que  j'ai  proposé  de  les  appeler  hystéries  toxiques  (Dcbove, 
De  Vapoplexie  hysténque,  in  Société  médicale  des  hôpi- 
^flMO?,  13  août  1886).  Que  trouvons-nous  d'extraordinaire  à 
ce  C[ue  des  poisons  d  origine  somatique  provoquent  les  mêmes 
accidents?  D'ailleurs,  dans  un  remarquable  travail,  notre 
amietcollèsrue  F.  Dreyfous  (F.  Dreyfous,  De  r hystérie  alcoo- 
lique, in  Union  médicale,  1888),  citant  plusieurs  observa- 
tions de  paralysies  observées  dans  l'urémie  par  nos  collègues 
Chantemesse,  Tenneson  et  Raymond,  s'est  déjà  demandé 
s'il  ne  fallait  pas  les  attribuer  à  une  hystérie  urémique. 

Revenant  à  la  théorie  de  l'ébranlement  du  système  ner- 
veux proposée  par  M.  Guinon,  je  ferai  remarquer  que  l'hys- 
térie est  survenue  chez  notre  malade  un  mois  après  sa  gué- 
rison  apparente,  autrement  dit,  que  son  système  nerveux  a 
été  bien  lent  à  s'ébranler.  C'est,  au  contraire,  au  bout  d'un 
mois  qu'on  voit  survenir  des  accidents  diphthériques  dont 
personne  ne  conteste  aujourd'hui  la  nature  toxique,  je  veux 


parler  des  paralysies  diphthériques.  «  Toujours,  dit  Main* 
gault  (Maingault,  De  la  paralysie  diphthérique,  Paris,  1 860. 
p.  107),  il  existe  un  intervalle  plus  ou  moins  long,  de  douz> 
jours  à  deux  mois,  entre  la  terminaison  de  l'affection  diphthé- 
rique et  le  moment  où  les  accidents  paralytiques  générali>4^^ 
se  déclarent.  > 

Dans  la  plupart  des  maladies  aiguës,  les  accidents  hysté- 
riques se  manifestent  de  bonne  heure,  parce  que  le  poi<^0L 
est  rapidement  éliminé  dans  la  convalescence;  ils  sont  tar- 
difs dans  la  diphthérie,  probablement  parce  que  le  pois»* 
diphthérique  est  éliminé  lentement.  En  effet,  dans  leu- 
remarquable  travail  sur  la  diphthérie,  MM.  Roux  et  Yersir 
(Roux  et  Yersin,  Contribution  à  l'étude  de  la  diphthérie.  ii\ 
Annales  de  V Institut  Pasteur,  décembre  1888)  nous  num- 
trent  que  certains  poisons  morbides  produisent  immédiate- 
ment tous  leurs  effets,  tandis  que  d'autres  ont  des  effets  tnr 
difs. 

c  Les  essais  faits  par  Tun  de  nous,  disent  ces  auteur-, 
semblent  montrer  que,  même  après  un  temps  très  long,  l^•^ 
produits  solubies  du  charbon,  de  la  septicémie  et  du  charbon 
symptomatique  ne  causent  aucune  affection  aux  aniinanv 
qui  les  ont  reçus.  Il  n'en  est  pas  de  même  pour  la  diphthérie 
et  la  maladie  causée  par  le  bacille  pyocvanique.  L'avenir 
nous  montrera  sans  doute  que  nombre  d'affections  organi- 
ques dont  nous  ne  voyons  pas  clairement  la  cause  sont  dues 
à  des  actions  tardives  de  ce  genre.  Beaucoup  de  néphrites  ou 
de  maladies  nerveuses  dont  on  ignore  l'origine  ou  que  Ton 
rapporte  à  des  causes  banales  sont  peut-être  la  suite  d'uni' 
iulection  microbienne  qui  a  passé  inaperçue.  > 

Nous  ne  saurions  citer  le  travail  de  MM.  Roux  et  Yersin 
sans  rappeler  qu'ils  ont  établi  la  réalité  du  poison  diphthé- 
rique, poison  qui  jusqu'ici  n'était  qu'une  hypothèse  vraisem- 
blable. 

Si  vous  admettez  l'existence  d'une  hystérie  toxique,  qu'il 
s'agisse  d'un  poison  morbide  ou  non,  vous  pouvez  vous  do- 
mander  si  le  poison  crée  la  névrose  ou  si,  jouant  le  rôle  d  unt* 
cause  occasionnelle,  il  rend  évidente  une  névrose  latente. 

11  est  certain  que  les  causes  morbides  externes  supposent 
toujours  quelque  prédisposition  interne.  C'est  ainsi  que  tous 
les  sujets  exposés  aux  maladies  contagieuses  ne  les  contrac- 
tent pas,  que  tous  les  sujets  qui  font  usage  d'une  eau  conta- 
minée n'ont  pas  la  fièvre  typhoïde.  Il  faut  de  même  admettre 
pour  l'hystérie  une  certaine  prédisposition,  mais  il  ne  faut 
pas  l'exagérer;  l'histoire  de  notre  malade  le  prouve.  Elle 
avait  trente-trois  ans  lorsque  sont  survenus  ses  premiers 
accidents  nerveux,  et  cependant  elle  avait  été  exposée  à  de> 
causes  qui  auraient  dû  faire  éclater  une  névrose  latente. 
Elle  avait  perdu  complètement  sa  petite  fortune,  elle  en 
éprouva  seulement  un  grand  chagrin  et  une  certaine  irrita- 
bilité; mais  on  pourrait,  pour  des  causes  moindres,  être 


Pfota.  —  Une  orrour  s'est  glissée  dans  les  prcmiôreif  lïç;ni^A  ilo  rette  biogra- 
phie do  Perrin.  Ce  n'ost  pas  on  1848,  mais  bien  en  1850,  le  4  mai,  que  furent 
licenciés  les  hôpitaux  d'instruction.  U.  Perrin,  qui  du  Metz  était  paiisc*  au  Val- 
de-Grftce  en  1818  comme  chirurgien-éWve,  en  sortait  \o  25  septembre  1849,  pour 
rentrer  à  Metz  comme  chirurgien  êout^aide.  C'est  dans  ce  grade  qu'il  fût  atteint 
par  le  licenciement,  et  qu'il  rentra  quelques  mois  plus  tard  à  l'Ecole  du  Val-de- 
Gràce.  Nous  remercions  M.  le  professeur  L.  Le  Fort,  qui,  frappé  par  la  même 
mesure  que  M.  Perrin,  a  eu  la  bonté  de  nous  signaler  notre  erreur  de  date  f-nr 
ce  point.  J.  C. 


Ecole  de  médecine  d'Alger.  —  Noire  ami,  M.  le  docteur 
A.  Treille,  ancien  député  de  Conslanlino,  ancien  médecin  de 
Tarmée,  est  nommé  professeur  des  maladies  des  pays  chauds 
(chaire  nouvelle). 

M.  le  docteur  Planlea»,  agrégé  d*anatoinie  à  la  Faculté  de 
médecine  de  Bordeaux,  est  nommé  professeur  d'anatomie  patho- 
logique. 


Mortalité     a    Paris  (41  «  semaine,  du   6    au   12    oclobn- 
1889.  — Population:  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde, il. 

—  Variole,  0.  —  Rougeole,  4.  -—  Scarlatine,  i.  —  Coque- 
luche, 15.  —  Diphthérie,  croup,  21.  —  Choléra,  0.  —  Phthisir 
pulmonaire,  19i.  —  Autres  tuberculoses,  23.  —  Tumeur>: 
cancéreuses,  49;  autres,  3.  —  Méningite,  30.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  59.  —  Paralysie,  10.  — 
Ramollissement  cérébral,  13. — Maladies  organiques  du  cœur,  50. 

—  Bronchite  aigué,  23.  —  Bronchite  chronique,  43.  —  Broncho- 
pneumonie, 21.  —  Pneumonie,  62.  —  Gastro-entérite:  sein,  9; 
biberon,  56.  —  Autres  diarrhées,  4.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 9.  — Autres  affections  puerpérales,  5.  —  Débilité  con- 
génitale, 29.  —  Sénilité,  28.  —  Suicides,  18.  —Autres  moris 
violentes,  1.  —  Autres  causes  de  mort,  170.  —  Cau<rs 
inconnues,  7.  —  Total:  984. 


^5  Octobre  1889  GAZETTE  HEBPOHADAIRE  DE  HÉDEGINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N»  43  —    693 


ehagrin  et  irritable.  Il  v  a  quatre  ans,  elle  était  dans  une 
voiture  dont  le  cheval  s  emporta;  elle  fut  projetée  violem- 
ment sur  le  sol,  fut  plusieurs  heures  sans  connaissance ,  et 
revint  à  elle  le  corps  couvert  de  contusions.  Ici  se  trouvent 
réunies  les  causes,  émotion  violente  et  traumatisme,  qui 
suffisent  habituellement  à  faire  apparaître  la  névrose  hysté- 
rique latente;  il  n'en  fut  rien.  Pourquoi  le  système  nerveux, 
jusque-là  si  tolérant,  n'a-t-il  pas  mieux  résisté  à  la  diphthé- 
rie,  je  l'ignore;  mais  ce  que  je  viens  de  dire  montre  que 
notre  malade  n'avait  pas  une  prédisposition  bien  marquée 
ixvLX  accidents  hystériques. 

J'arrive  à  la  tin  d'une  discussion  qui  vous  paraîtra  peut- 
otre  un  peu  longue  à  propos  d'une  simple  observation,  mais 
j'ose  cependant  espérer  qu'elle  pourra  vous  intéresser,  en 
taisant  entrevoir  un  lien  possible  entre  les  maladies  si 
t'tranges  que  nous  appelons  des  névroses  et  les  intoxications 
par  poison  morbide. 


Clinique  médicale. 

Xanthêlasma  disséminé  et  symétrique,  sans  insuffi- 
sance HÉPATIQUE.  Communication  faite  à  la  Société 
médicale  des  hôpitaux  dans  la  séance  du  11  octobre 
1889,  par  M.  le  docteur  A.  Chauffard,  agrégé,  mé- 
decin (le  l'hôpital  Broussais. 

Je  soigne  actuellement  dans  mon  service,  à  Thôpital 
Broussais,  un  malade  atteint  de  xanthélasma,  et  chez  qui 
cette  affection  me  parait  offrir  des  caractères  assez  particu- 
liers pour  que  je  croie  devoir  les  signalera  la  Société. 

Je  vous  présente  le  malade,  et  vais  vous  résumer  les  points 
saillants  de  son  histoire. 

Cest  un  hommt»  âgé  de  trente-cinq  ans,  maçon  de  son  étal,  à 
large  poitrine  et  de  robuste  apparence  jusqu'à  ces  dernières 
années. 

Son  passé  pathologiaue  est  déjà  assez  chargé  ;  à  vingt-trois  ans, 
il  a  eu  la  fièvre  typhoïae;  à  vingt-quatre  ans,  pendant  qu'il  fai- 
sait son  service  militaire  à  la  r^touvelle-Calédonie,  il  a  été  pris 
d'une  hématémèse  assez  abondante,  accident  qui  s'est  renouvelé  à 
plusieurs  reprises,  à  vingt-six,  trente  et  un  et  trente-trois  ans. 
l>»t  été  encore,  il  a  été  soigné  à  l'Hôtel-Dieu  pour  une  nouvelle 
hrniatémèse,  et  on  a  porté  le  diagnostic  d'ulcère  simple  de 
Tostomac,  ou  peut-être  du  duodénum.  J'ajoute  immédiatement 
t|ue  ces  hématémèses  à  répétition,  accompagnées  de  douleurs 
riiigastrisques  violentes  et  survenant  chez  un  sujet  nettement 
alcoolique,  me  paraissent  n'avoir  aucune  connexité  avec  son 
vanthélasma;  il  s'agit  probablement  là  d'une  gastrite  ulcéreuse 
alcoolique. 

Vers  1878,  pendant  son  séjour  à  la  Nouvelle-Calédonie,  L...  a 
présenté  deux  autres  incidents  pathologiques  :  des  accès  de 
lièvre  paludéenne,  soip^nés  et  ffuéris  par  la  quinine  ;  et  un  ictère, 
4|ui  semble  avoir  dure  assez  longtemps,  sans  que  notre  malade 
puisse  donner  grands  détails  sur  ses  caractères  et  son  évolution. 

En  1880,  L...  est  libéré  et  revient  en  France,  et  c'est  peu 
après,  dit-il,  qu'il  s'est  aperçu  du  début  de  son  affection  cuta- 
née. La  marche  de  celle-ci  semble  avoir  été  lentement  progres- 
sive, et  voici  ce  que  j'ai  pu  constater,  soit  actuellement,  soit 
4lans  un  premier  séjour  que  le  malade  a  fait  dans  mon  service 
au  mois  de  février  de  celle  année. 

L'éruption  xauthomateuse  est  constituée  par  une  série  de 
o^roupes  évolutifs,  parfaitement  symétriques,  et  cantonnés  pres- 
i|ue  exclusivement  au  niveau  des  différents  plis  de  flexion;  c'est 
(lire  qu'ils  occupent  la  base  du  cou,  les  deux  creux  axillaires,  les 
j»lis  des  coudes,  la  paroi  abdominale  antérieure,  surtout  dans  sa 
jtarlie  sous-ombilicale,  les  deux  triangles  inguinaux,  la  face 
inférieure  de  la  verge,  la  marge  déTanus,  les  deux  creux  poplités. 

Sont  indemnes,  la  région  dorso-lombaire,  les  mains  et  les 
pieds,  le  côté  de  l'extension  des  diverses  jointures  envahies  du 
<*oté  de  la  flexion. 

Chacun  des  groupes  éruptifs  présente  une  constitution  assez 
analogue,  et  semble  rayonner  par  une  sorte  de  développement 
centrifuge. 

Le  centre  du  croupe  est  formé  par  une  agglomération  presque 
•''onthientc  de  plaques  intradermiques,  douces  au  toucher,  légè- 

SURPLÉMENT. 


rement  saillantes  et  comme  papuleuses,  séparées  par  de  petits 
plis  cutanés  :  leur  coloration  est  assez  pâle,  beurre  frais  ou 
jaune-chamois;  le  volume  des  plus  grosses  plaques  ne  dépasse 
guère  celui  d'une  lentille. 

A  mesure  qu'on  s'éloigne  du  centre  éruplif,  les  intervalles  de 
peau  saine  augmentent  d'étendue,  et  les  nodules  ou  plaques 
xanthélasmiques  diminuent  de  volume.  Dans  la  zone  la  plus 
périphérique,  on  ne  trouve  plus  qu'un  semis  de  points  jaunes 
miliaires.  C'est  ce  qu'on  voit  très  nettement  au-dessous  des  plis 
des  coudes,  sur  la  lace  antérieure  des  avant-bras. 

Une  disposition  très  particulière  est  à  noter  sur  un  grand 
nombre  de  plaques  xanthélasmiques,  et  surtout  au  niveau  des 
parois  antérieures  et  postérieures  des  aisselles,  .où  la  xantho- 
matose  déborde  assez  largement,  formant  comme  un  demi- 
rercle  sur  la  région  pectorale  et  sus  et  sous-épineuse  :  beaucoup 
de  plaques  jaunes  portent  à  leur  centre  un  petit  nodule  à  peine 
saillant,  gros  comme  une  tête  d'épingle,  et  qui  se  détache  par 
sa  couleur  gris  cendré  sur  le  fond  chamois  qui  l'entoure.  La 
région  envahie  prend  ainsi  un  aspect  tatoué,  gris  sur  jaune,  qui 
tranche  absolument  sur  la  coloration  et  l'aspect  de  la  peau 
restée  saine  dans  le  voisinage.  La  ligne  de  démarcation  du 
groupe  éruptif  est  du  reste  bien  marquée,  surtout  dans  la  région 
pectorale,  et  une  bande  de  peau  saine  assez  large  sépare  les 
groupes  axillaires  et  sus-claviculaires  de  chaque  côté. 

Les  plaques  xanlhomateuses  les  plus  larges  se  trouvent  dans 
les  régions  axillaires  et  ino^uinales. 

Pour  en  finir  avec  la  distribution  actuelle  de  l'éruption,  je 
dois  signaler  l'intégrité  presque  absolue  de  la  face.  En  février 
dernier,  lors  du  premier  séjour  de  L...  à  l'hôpital  Broussais,  à 
peine  soupçonnait-on,  à  la  commissure  palpébrale  gauche,  le 
début  d'une  petite  plaque  jaune  ;  aujourd'hui,  bien  que  très  peu 
accusée  encore,  elle  est  cependant  nettement  constatable. 

Au  niveau  du  bord  Hbre  de  la  lèvre  supérieure,  et  près  de  la 
ligne  médiane,  se  voient  un  à  deux  petits  nodules  jaune5>,  gros 
comme  des  grains  de  mil. 

Si  l'on  retrousse  les  deux  lèvres,  on  voit  que  la  muqueuse  de 
leur  face  profonde  est  envahie  ;  aussi  bien  en  haut  qu'en  bas. 
elle  présente  dans  son  tiers  moyen  un  semis  intramuqueux  de 

fietits  nodules  jaunâtres,  reposant  sur  un  fond  richement  vascu- 
arisé,  parcauru  par  de  nombreux  capillaires  dilatés  et  sinueux. 

Pas  d'autre  lésion  de  la  muqueuse  bucco-pharyngée. 

La  muqueuse  génitale  est  normale.  Au  mois  de  février,  on 
constatait  en  outre  un  phénomène  assez  insolite,  dont  aujour- 
d'hui il  ne  reste  plus  guère  que  la  trace  :  la  zone  périphérique 
des  groupes  éruptifs  était  parcourue  par  d'assez  larges  réseaux 
d'un  rose  un  peu  violacé,  non  saillants,  et  (jui  formaient  comme 
une  aréole  congestive  autour  des  plaques  jaunes.  Celles-ci  sem- 
blaient naître  et  évoluer  dans  cette  sorte  de  zone  d'envahisse- 
ment. 

Ces  mêmes  bandes  rosées,  larges  souvent  de  près  de  i  centi- 
mètre, reliaient  entre  eux  les  différents  groupes  éruptifs,  comme 
de  véritables  anastomoses,  surtout  au-devant  du  bord  antérieur 
de  l'aisselle,  à  la  base  du  cou,  et  à  la  face  postéro-interne  des 
cuisses  entre  les  groupes  poplités  et  ini^uinaux. 

Aujourd'hui,  les  traces  de  cette  hvperémie  périnodulairc  ne 
subsistent  plus  qu'au  niveau  des  régfons  pectorales  sur  l'expan- 
sion antérieure  des  groupes  axillaires.  Là  encore,  les  plaques 
xanthomateuses,  jaunes  avec  leur  centre  grisâtre,  reposent  sur 
un  fond  d'un  rose  violacé,  qui  donne  à  cette  région  un  aspect 
bigarré  tout  à  fait  particulier. 

Je  signale  de  plus  que,  maintenant  comme  au  mois  de  février, 
on  constate  une  tumétaction  très  nette,  indolente  et  assez  ferme, 
de  plusieurs  ganglions  inguinaux,  sous-pectoraux  et  axillaires. 

L'état  fi^énéral  de  L...  n'est  pas  absolument  satisfaisant.  Son 
teint  est  a  la  fois  pâle  et  d'un  jaune  clair,  tirant  un  peu  sur  le 
jaune-paille.  Les  traits  sont  amaigris  et  tirés.  Son  sang  contient 
quatre  millions  trente  mille  globules,  et  est  de  plus  très  appau- 
vri en  hémoglobine,  puisqu'il  n'en  contient  que  55  pour  ICH)  de 
ta  teneur  normale.  L  amaigrissement  est  notable,  les  plis  cuta- 
nés sont  flasques  et  faciles  à  former. 

Le  pouls  est  faible  et  dépressible,  et  ne  donne,  au  sphygmo- 
ètre  de  Verdin  qu'une  tension  de  650,  au  lieu  de  750,  chif 


mètre 


L-hiffre 


moyen  normal.  Et  cependant  le  cœur  semble  battre  assez  éner- 
giquement,  et  le  malade  pré^nte  des  palpitations  dès  qu'il  se 
fatigue  un  peu.  On  entend  à  la  base  au  cœur  un  souffle  syslo- 
lique  aortiquc  qui,  de  môme  que  les  palpitations,  me  parait  en 
rapport  avec  l'anémie  que  nous  révèle  l'examen  du  sang. 
J  ajoute  que  celle  anémie  ne  me  paraît  pas  dépendre  seule- 

13. 


09.i    _  N«  43  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         25  Octobre  1881* 


ment  du  xanlhélasma,  car  Texamen  des  poumons  montre,  surtout 
au  sommet  droit,  des  signes  manifestes  a  induration  pulmonaire. 
Les  urines  sont  normales;  leur  quantité  par  vingl-quatre 
heures  est  environ  de  1500  grammes;  leur  densilé  de  lOl^i;  e.les 
sont  transparentes,  d'un  jaune  ambré,  non  sédimenteuses, 
assez  riches  en  urohcmatine  ;  leur  teneur  en  urée  est,  par  vingt- 
quatre  heures,  de  20  à  22  grammes;  elles  ne  contiennent  ni 
sucre,  ni  albumine,  ni  trace  de  pigment  biliaire. 

Tel  est  l'ensemble  des  symptômes  généraux  et  locaux 
que  nous  constatons  chez  L...,  qu*en  pouvons-nous  con- 
clure ? 

Tout  d'abord,  Téliologie  du  processus  xanthomateux,  ici, 
comme  dans  bien  des  cas,  nous  échappe  complètement. 
Aucune  hérédité  directe,  aucune  hérédité  non  plus,  semble- 
t-il,  d'arthritisme  ni  de  diabète. 

Noire  malade  n'a,  lui  non  plus,  ni  diabète  (et  nous 
verrons  bientôt  l'importance  de  ce  fait),  ni  manifestations 
arthritiques.  Malgré  l'ancienneté  du  début  de  son  affection, 
le  foie  est  normaly  soit  anatomiquement,  soit  fonctionnel- 
lement.  Ses  dimensions  sont  physiologiques;  il  n'y  a  pas 
d'ictère,  et  je  ne  crois  pas  qu'il  faille  attacher  grande  im- 
portance à  l'ictère  passager  qui  s'est  montré  il  y  a  onze 
ans,  deux  ans  avant  Tapparition  du  xanthôme.  La  produc- 
tion quotidienne  d'urée  est  normale,  et  montre  que  cette 
autre  grande  fonction  du  foie  n'est  pas  altérée. 

Enfin  le  pouvoir  glycogénique  du  foie  est  conservé  ;  l'é- 
preuve de  la  glycosurie  alimentaire,  faite  à  deux  reprise^ 
avec  200  et  250  grammes  de  sirop  de  sucre,  n'a  donné  que 
des  résultats  négatifs. 

Nous  sommes  donc  en  droit  d'affirmer  qu'il  n'y  a  pas 
chez  notre  sujet  d'insuffisance  hépatique. 

En  étiologie,  pas  plus  qu'en  pathogénie,  nous  ne  pouvons 
donc  conclure. 

Mais  cette  conclusion  négative  a  bien  son  importance,  car 
on  sait  quelles  connexions  on  a  souvent  constatées  ou  voulu 
établir  entre  les  lésions  du  foie  (très  variables  du  reste  dans 
leur  nature  et  leur  degré)  et  le  xanthôme.  De  fait,  les  deux 
coexistent  souvent,  sans  qu'on  puisse  encore  en  formuler 
une  explication  unîvoque.  S*agit-il  de  deux  effets  d'une 
même  cause  générale,  l  arthritisme  par  exemple?  Est-ce  la 
lésion  hépatiaue  qui  engendre  la  lésion  cutanée?  Ou  la 
filiation  causale  est-elle  inverse?  Nous  l'ignorons. 

Il  faut  au  moins  retenir,  du  fait  qui  précède,  qu'un 
xanthôme  ancien  et  largement  disséminé  peut  évoluer  sans 
lésion  apparente  ni  trouble  fonctionnel  constatable  du  côté 
du  foie. 

Il  est  encore  deux  points  sur  lesquels  je  voudrais  attirer 
Tattention  de  la  Société. 

En  constatant  l'existence  de  ces  nappes  congestives  au- 
tour des  nodules  de  xanthôme,  je  me  suis  demandé  si  la 
lésion  ne  .>erait  pas  auto-inoculable  sur  le  sujet.  J'ai 
fait,  à  la  face  antérieure  des  deux  cuisses,  des  inoculations 
pratiquées  soit  avec  le  sang  des  zones  rosées  hypérémi- 
ques,  soit  avec  le  sang  des  plaques  jaunes.  Le  résultat  a  été 
négatif. 

Je  ne  sais  si  pareille  recherche  a  déjà  été  faite;  je  n'en 
ui  trouvé  aucune  mention  dans  les  travaux  les  plus  récents 
sur  le  xanthôme.  Elle  a  son  importance,  car  elle  ne  plaide 
pas  en  faveur  de  la  théorie  microbienne  et  infectieuse  du 
xanthélasma. 

Il  est  impossible,  en  outre,  de  ne  pas  saisir  une  certaine 
analogie  entre  le  fait  que  je  viens  de  rapporter  et  quelques- 
uns  de  ceux  qui  ont  été  étudiés  récemment  sous  le  nom  de 
xanthôme  des  diabétiaues. 

Bien  qu'un  exemple  de  celle  curieuse  variété  fiit  déjà 
cité  dans  le  mémoire  de  Gull  et  Addison,  ce  n'est  guère 
qu'avec  les  travaux  récents  de  Malcolm  Morris  (i)  et  de 

\\\  PalhoUygical  Transactions,  1X83,  p.  â78. 


Crocker  (i),  qu'elle  a  été  définitivement  introduite  et  clas^^r 
dans  la  science. 

Cette  variété  de  xanthôme  survient  chez  lesglycosariqn*'>. 
procède  souvent  par  poussées  successives,  peut  évoluer  ra- 
pidement, puis  rétrocéder  et  guérir  en  quelques  mois  ou 
quelques  années. 

Les  éléments  éioiptifs  ont  quelque  chose  de  très  spécial . 
d'après  la  description  toute  récente  et  très  détaillée  qu'er. 
donnent  H.  Foulard  et  L.  Wickham  (2),  ils  sont  c  papuleux 
ou  tuberculeux,  d'une  couleur  rouge  atténuée,  reposant 
quelquefois  sur  une  base  congeslive,  et  surmontés  le  plu> 
souvent  d'un  point  jaunâtre,  d'apparence  puriforme,  mai^ 
aussi  solide  en  réalité  que  le  reste  de  la  production  patho- 
logique >.  Ils  prédominent  aux  coudes  et  aux  genoux,  du 
côté  de  l'extension  plutôt  aue  de  la  flexion;  la  face,  It- 
cuir  chevelu,  la  muqueuse  buccale,  peuvent  être  envahie. 
mais  les  paupières  restent  constamment  indemnes. 

Eh  bien,  chez  notre  malade,  plusieurs  de  ces  parlicula- 
rités  peuvent  être  relevées.  Même  intégrité,  au  moins  pen- 
dant Je  longues  années,  des  paupières;  même  prédomi- 
nance de  la  dermatose  aux  coudes  et  aux  genoux,  du  côti? 
de  la  flexion  il  est  vrai  ;  même  base  congestive,  très  neiif 
il  y  a  quelc^ues  mois,  encore  constatable  aujourd'hui  sur 
quelques  points  ;  même  point  grisâtre  au  centre  deeerlaii)t> 
plaques  xanthomateuses.  Dans  le  cas  actuel,  par  sa  régula- 
rité d'ordination  et  de  volume,  on  peut  se  demander  si  ce 
point  grisâtre  ne  correspond  pas  à  des  follicules  pileux,  cir- 
conscrits par  une' sorte  de  xanthomatose  périfolliculaîre. 
Mais  c'est  là  un  point  à  revoir,  et  aue  des  examens  hiop- 
siques  permettraient  seuls  de  résouare. 

Enfin,  dernière  analogie,  L...  prétend  que,  depuis  quel- 
ques mois,  son  éruption  s'atténue  et  rétrograde  en  certain<« 
points.  Or,  nous  savons  que  le  xanthôme  vulgaire  ne  rélm- 
cède  pas;  que  le  xanthôme  des  diabétiques,  au  contraire. 
peut  aboutir  à  une  guérison  spontanée. 

Voila  donc  une  série  de  particularités  qui  rapprochent 
notre  cas  desxanthômes  dits  diabétiques.  Mais  notre  malad»' 
n'a  pas  de  sucre  dans  les  urines,  et  rien  ne  permet  de 
supposer  qu'il  en  ait  eu  ou  qu'il  doive  en  avoir;  d'autant 
que  l'expérience  de  la  glycosurie  alimentaire  n'a  donne 
chez  lui  que  des  résultats  négatifs. 

Il  est  vrai  que  dans  un  cas  récent,  un  auteur  anglais. 
Carafy  (3)  a  cru  pouvoir  considérer  comme  relevant  di; 
diabète  un  xanthôme  survenu  chez  un  sujet  non  glycosuriqn<\ 
mais  dont  les  urines  (C  auraient  contenu  j»  du  sucre  aupa- 
ravant. 

Nous  nous  croyons  tenu  à  plus  de  réserve,  d'autant  qut^ 
cette  question  du  xanthôme  aes  diabétiques  divise,  aujour- 
d'hui encore,  les  auteurs  les  plus  compétents.  C'est  ainsi 
que,  dans  un  travail  récent,  Thomas  Barlow  (4)  considère 
le  litre  de  xanthôme  comme  peu  justifié  pour  le  groupe  eu 
question   de  dermatoses  diabétiques. 

Sans  vouloir  prendre  position  dans  le  débat,  je  me  con- 
tenterai de  dire  que  certains  xanthômes  peuvent  ressembler 
aux  xanthômes  des  diabétiques  sans  qu'il  y  ait  pour  cela 
de  sucre  dans  les  urines. 

Je  ne  fais  donc  suivre  le  fait  c|ui  précède  que  de  conclu- 
sions négatives  :   non-inoculabilité  de  la  lésion  cutanée. 
intégrité  anatomique  et  fonctionnelle  du  foie,  absence  de 
diabète  malgré  les  apparences  assez  particulières  de  Térup-  I 
tion.  I 

Mais  tant  que  nous  n'avons  pas  de  notions  pathogéniques 
plus  précises,  que  la  nature  intime  du  processus  xantho> 
mateux  continue  à  nous  rester  inconnue,  nous  sommes  bien 


(1)  Diseases  of  ihe  skin,  IHSH,  p.  3Hi. 
(i)  Dict.  Encycl.  des  sciences  médicales,  art.  Xantiiôxb. 
(3)  British  Journal  of  Dermat ,  janvier  1889,  |».  70. 
(*)  British  Journal  of  Dermat.,  novembre  l>^x,  p.  :«. 


^  Octobre  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N"  43  —    695 


forcés  de  demeurer  dans  la  période  des  constatations  empi- 
riques. C'est  pourquoi,  malgré  toutes  ses  lacunes,  j'ai  cru 
devoir  présenter  à  la  Société  le  fait  qui  précède. 


REVUE  DES  CONGRÈS 

QnAirième  Congrès  françalir  de  chirargle  tenu  A  Pori« 
dn  9  an  it  octobre  1889. 

(Suite.  —  Voyez  le  numéro  42.) 

TRÂITËHENT   DES   ANÉVRYSMES   DES  MEMBRES. 

La  Iroisiènie  queslion  mise  à  Tordre  du  jour  a  été  formu- 
lée avec  le  libellé  le  plus  compréhensif.  Elle  s'étend,  en 
effet,  aux  anévrysmes  arlério-veineux  aussi  bien  qu'aux  ané- 
vrysmes  artériels  spontanés  et  Iraumatiques,  circonscrits  et 
diffus. 

I.  Anévrysmes  artério- veineux.  —  Les  règles  chirur- 
gicales actuelles  peuvent  se  condenser,  pour  les  anévrysmes 
artério-veineux,  en  quelques  propositions  neltes  que  M.  Tré- 
lat  a  développées  et  qui  n'ont  soulevé  aucune  contestation, 
bien  au  contraire.  Quelques  mots  vont  suffire  pour  résumer 
le  débat,  car  nous  avons  déjà  mis  sous  les  yeux  de  nos  lec- 
teurs, il  y  a  peu  de  temps,  une  clinique  de  M.  Trélat  sur 
ce  point. 

A  répoque  où  les  opérations  les  plus  simples  étaient  trop 
souvent  redoutables,  on  avait  reconnu  d'autre  part  que  les 
divers  modes  de  la  compression  n'aboutissaient  souvent  à 
rien  dans  le  traiteOnent  des  anévrysmes  artério-veineux.  On 
avait,  de  temps  à  autre,  des  succès  par  la  méthode  de  Van- 
zetti-Nélaton,  et  quand  on  échouait  on  prêchait  l'expecta- 
tion.  Aussi  insistait-on  sur  la  bénignité  de  la  phlébartérie; 
on  citait  avec  complaisance  la  malade  sur  laquelle  Hunter 
avait  fait  sa  si  remarquable  divination,  et  l'on  rappelait  que 
seize  ans  plus  tard,  abandonnée  à  elle-même,  elle  n'était 
nullement  incommodée.  On  e.xagérait  toutefois.  Certes, 
Tanévrysme  artério-veineux  est  moins  brusquement  grave 
que  l'anévrysme  artériel.  Mais  Bramann,  dans  des  in- 
vestigations étendues,  n'a  pas  pu  trouver  un  seul  sujet 
chez  qui  l'intégrité  fonctionnelle  fût  complète.  Un  des  pa- 
tients que  Roux  citait  comme  preuve  en  faveur  de  la  non- 
intervention,  a  été  vu  jadis  par  M.  Trélat:  il  vivait,  sans 
doute,  et  n'était  pas  menacé  de  rupture,  mais  un  bruit  de 
rouet  intense  l'importunait  sans  cesse,  l'empêchait  de  dor- 
mir s'il  n'avait  le  bras  étendu  en  croix  hors  du  lit,  et  il  était 
incapable  de  gagner  sa  vie.  Si  donc,  avant  l'antisepsie,  la 
chirurgie  ne  se  croyait  pas  en  droit  de  risquer  la  vie  d'un 
homme  pour  une  lésion  gênante,  troublante,  mais  non  pas 
dangereuse,  depuis  que  les  interventions  sanglantes  sont 
devenues  bénignes,  les  données  du  problème  ont  changé 
et  Ton  n'est  plus  désarme  lorsque  l'anévrysme  a  résisté  à  la 
compression.  Les  travaux  de  MM.  Verneuil,  Reclus,  Cham- 
pionnière,  Trélat,  nous  fournissent  une  solution  précise. 

La  compression  est  une  bonne  méthode  pendant  les  pre- 
miers jours.  Les  relevés  de  Delbet  montrent  que  presque 
tous  les  anévrysmes  où  elle  a  réussi  étaient  jeunes.  Ontrai^- 
teradoncimmédiatementlaphlébartérie,  et,  sil'on  est  appelé 
de  bonne  heure,  on  aura  dans  la  compression  directe  un 
procédé  bénin  et  efficace. 

Plus  tard,  lorsque  Tanévrysme  est  constitué,  si  le  sac  est 
petit,  on  mettra  sans  hésiter  la  tumeur  à  nu,  et,  suivant  la 
méthode  de  Malgaigne,  on  liera  tous  les  vaisseaux  afférents 
et  efférents. 

Cette  ligature  multiple  est  efficace  parce  que  les  petits 
sacs  ne  reçoivent  ni  n'émettent  de  collatérales.  Pour  les 
grands  sacs,  il  en  est  autrement,  parce  que  ces  sacs  ne 
grossissent  pas  par  distension,  mais  bien  par  extension. 
Us  occupent  alors  une  grande  étendue  des  parois  vascu- 


laires  et  ont,  dès  lors,  les  collatérales  de  toute  celte  éten- 
due. Si  on  lie  les  deux  bouts  artériels  et  les  bouts,  en  nombre 
variable,  de  la  ou  des  grosses  veines,  on  a  fait  une  besogne 
incomplète:  les  collatérales  font  que  l'anévrysme  persiste. 
Il  faut  donc  oblitérer  ces  collatérales,  elles  aussi.  On  a  cru, 
parfois,  qu'on  y  parviendrait  après  avoir  incisé  la  poche,  en 
agissant  directement  sur  les  vaisseaux  dont  on  verrait  l'em- 
bouchure :  l'événement  a  prouvé  à  MM.  Reclus  et  Verneuil 
que  c'est  une  illusioUi,  La  difficulté  de  Phémostase  est  ex- 
trême, et  de  plus  on  laisse  dans  la  place  un  sac  peu  apte  à 
la  réunion  immédiate.  11  faut,  en  réalité,  disséquer  le  sac 
en  liant  au  fur  et  à  mesure  les  vaisseaux  qu'on  rencontre  ^ 
c'est  ce  qu'a  fait  M.  Trélat  avec  un  plein  succès,  car,  la  poche 
une  fois  enlevée,  il  n'y  a  plus  eu  qu'une  seule  ligature  à 
poser  sur  une  artériole  insignifiante. 

L'incision  du  sac  semble  définitivement  condamnée. 
H.  Reclus,  qui  la  conseillait  il  y  a  quelques  années,  a  nette- 
ment déclaré  que  la  preuve  lui  paraissait  faite  en  faveur  de 
l'extirpation. 

IL  Anévrysmes  artériels  circonscrits.  —  L'accord 
est  moins  complet  pour  les  anévrysmes  artériels  que  pour 
les  artério-veineux.  Il  est  cependant  un  point  sur  lequel  on 
ne  discute  plus  guère:  les  méthodes  dites  de  douceur  sont 
condamnées,  à  Punauimité,  et  les  arguments  contre  elles  ont 
été  développés  surtout  par  M.  Reclus*  Nous  n'y  reviendrons 
pas,  car  M.  Reclus  y  a  consacré  ici  même,  il  y  a  peu  de 
temps,  un  remarquable  article.  Tout  au  plus  certains  auteurs 
ont-ils  plaidé  les  circonstances  atténuantes.  M.  Kirmisson, 
d'après  trois  faits  personnels,  a  mis  en  relief  Pimportance 
causale  de  la  syphilis,  de  Palcoolisme,  de  Pathérome,  de 
l'arthritisme.  Dans  un  anévrysme,  la  dilatation  artérielle 
n'est  pas  tout,  la  coexistence  des  lésions  cardiaques,  par 
exemple,  est  fréquente.  Si  donc  la  méthode  sanglante  est  la 
méthode  de  choix,  on  n'oubliera  pas  que  parfois  des  lésions 
diathésiques  peuvent  être  une  indication  à  la  compression. 
Tenez  compte  aussi  de  Page,  insiste  M.  Verneuil^  qui 
cependant  est  aujourd'hui,  en  principe,  contre  les  mé- 
thodes dites  de  douceur  qu'il  vantait  autrefois.  Mais,  si  la 
ligature  est  presque  toujours  un  acte  inoffensif,  elle  est 
volontiers  grave  chez  les  sujets  de  soixante-dix,  soixante- 
quinze  ans.  A  preuve  un  vieil  athéromateux  que  M.  Guillet 
(de  Caen)  a  vu  succomber,  au  milieu  de  phénomènes  céré- 
braux, trois  semaines  après  une  ligature  de  la  fémorale.  La 
ligature  avait  été  faite  pour  un  anévrysme  qui  n'avait  pas 
lardé  à  récidiver  peu  après  une  guérison  temporaire,  obte- 
nue par  la  compression  indirecte.  Peut-être,  dit  M.  Verneuil, 
la  guérison  eût-elle  été  définitive  si  on  eût  pris  la  précau- 
tion, qu'il  recommande  avec  insistance,  de  maintenir  au  lit 
pendant  assez  longtemps  les  sujets  que  l'on  a  soumis. à  la 
compression. 

La  plupart  des  chirurgiens  conseillent  même  de  ne  pas 
tenter  d'abord  la  compression  :  presque  toujours  donc  on 
prendra  d'emblée  le  bistouri.  Mais  deux  méthodes  san- 
glantes sont  ici  en  présence:  la  ligature  à  distance,  par  la 
méthode  de  Anel-Hunter;  l'extirpation  du  sac. 

Plusieurs  orateurs  se  sont  prononcés  en  faveur  de  la  liga- 
ture: tels  MM.  RecluSy  Verneuil^  Dudon  (de  Bordeaux^. 
M.  Dudon  a  relaté  un  succès  qu'il  lui  a  dû  pour  un  ané- 
vrysme poplité,  qui  avait  résisté  à  deux  applications  de  la 
compression  par  le  procédé  de  Reid.  M.  Reclus  a  publié  le 
fait  d'un  épileptique  de  huit  ans,  porteur  d'un  anévrysme 
axillo-huméral,  probablement  traumatique;  la  ligature  au- 
dessus  du  sac  donna  en  sept  jours  une  guérison,  qui  ne  s'est 
pas  démentie  depuis  deux  ans.  -—  M.  Vaslin  (d'Angers) 
extirpe  les  anévrysmes  du  membre  supérieur,  mais  traite 
par  la  ligature  ceux  de  membre  inférieur;  il  a  guéri  défini- 
tivement de  la  sorte  deux  anévrysmes  poplités,  sur  des 
malades  que,  depuis  plusieurs  années,  il  revoit  de  temps  à 
îiutre. 


690 


W  43  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECIflE  ET  DE  CHIRURGIE         25  Octobre  iSft 


Les  partisans  de  la  ligatare  s'appuient  sur  son  innocuité 
à  peu  près  absolue  depuis  Tantisepsie,  sur  sa  grande  faci- 
lité,  sur  son  efficacité  ordinaire.  Quant  à  Topinion  de  Del- 
bet,  pour  qui  c'est  une  opération  des  plus  meurtrières. 
M.  Reclus  s  est  attaché  spécialement  à  en  prouver  la  faus- 
seté, dans  l'article  que  nous  avons  précédemment  cité. 

Mais,  et  M.  Reclus  y  a  insisté,  on  ne  saurait  se  déclarer 
partisan  exclusif  de  la  ligature,  et,  par  exemple,  le  mieux 
semble  être  d'extirper  les  sacs  volumineux,  remplis  de 
caillots  abondants.  De  même  nous  venons  de  voir  que  les 
déterminations  de  M.  Vaslin  dépendent  du  membre  qu'oc- 
tf'upe  la  tumeur. 

Les  adeptes  de  l'extirpation  —  et  nous  nommerons 
MM.  Trêlat,  Peyroty  D,  Mollière  —  ne  contredisent  pas 
âux  succès  obtenus  par  la  ligature;  ils  ne  se  prononcent 
pas  encore  définitivement  contre  elle.  Mais  c'est  dans  l'ex- 
lirpation  qu'à  leur  sens  est  l'avenir,  et  ils  en  publient  des 
«semples  heureux. 

Dans  le  traitement  des  anévrysmes  par  la  ligature,  dit 
ie  professeur  Trélal,  il  faut  envisager  deux  choses  :  la  liga- 
ture en  soi,  les  modifications  de  la  poche  anévrysmale.  Il  est 
démontré  que  la  ligature  aseptique  est,  en  soi,  d'une  inno- 
cuité à  peu  près  absolue.  Mais  n'a-t-elle  pas  déjà  pour  con- 
séquence l'oblitération  définitive,  et  de  l'anévrysme,  et  de 
tout  le  bout  artériel  allant  de  la  ligature  à  l'anévrysme?  Si 
on  agit  sur  le  sac  lui-même,  c'est  à  son  étendue  que  sera 
limitée  la  portion  inutilisée  de  l'artère,  et  l'on  ne  saurait 
contester  que  cette  condition  ne  doive  être  avantageuse  pour 
le  fonctionnement  ultérieur  du  membre.  C'est  peut-être 
ainsi  qu'il  faut  expliquer  une  gangrène  tardive,  vue  par 
M.  Letlru  (de  Clermont-Ferrand)audiredeM.  Peyrot,  après 
guérison  d'un  anévrysme  par  la  ligature.  Mais  ce  n'est  pas 
tout  et  après  la  ligature  peuvent  se  passer  dans  le  sac  lui- 
même  des  phénomènes  fâcheux.  Les  inflammations,  les 
suppurations  même  peuvent  s'en  emparer,  parfois  à  longue 
échéance.  Quoi  qu'ail  l'air  d'en  penser  M.  Reclus,  on  se  de- 
mande quelle  influence  peut  bien  avoir  sur  les  accidents  de 
ce  genre,  la  septicité  de  la  ligature.  En  réalité,  on  observe 
aussi  bien  ces  complications  après  la  ligature  aseptique  ;  on 
1 3s  observe  bien  à  la  suite  des  coagulations  par  compression. 
Autre  chose  encore  :  parfois  la  ligature  dépasse,  pour  ainsi 
dire,  le  but;  le  sac  se  rétracte  avec  excès,  comprimant, 
étouffant  les  troncs  nerveux  auxquels  il  adhère.  De  là  des 
Iroubles  trophiques,  capables  de  nécessiter  l'amputation. 
Delbet  a  attiré  l'attention  d'une  manière  toute  spéciale  sur 
les  faits  de  ce  genre.  On  se  demande  ce  que  peut  l'asepsie 
(le  la  ligature  pour  prévenir  cet  accident. 

On  ne  saurait  contester  la  rareté  de  ces  évolutions  fâ- 
cheuses; de  même  les  échecs  simples  ne  sont  pas  très  fré- 
quents. On  conçoit  donc  que,  pour  le  moment,  on  se  laisse 
aller  à  la  douceur  d'avoir  retrouvé  dans  la  ligature  asepti- 
que un  procédé  infiniment  supérieur  à  la  compression. 
Mais  d'ici  à  quelque  temps  nous  deviendrons  plus  ambitieux. 
.Nous  tournerons  nos  regards  non  plus  vers  les  malades  qui 
ont  bénéficié  de  la  ligature,  mais  vers  ceux,  trop  nombreux 
encore,  qu'elle  a  laissés  en  souffrance.  Or  ceux-là,  ne  les 
eussions-nous  pas  guéris,  si  nous  avions  extirpé  la  poche? 
On  objecte,  sans  doute,  que  l'extirpation  est  une  opération 
difficile,  délicate,  qui  demande  un  chirurgien  consommé; 
que  les  chirurgiens  consommés  s'y  livrent  donc  sans 
crainte.  Faut-il  recommander  aux  autres  de  commen- 
cer par  la  ligature,  quitte  à  extirper  la  tumeur  si  elle 
persiste?  Mais  les  suppurations,  les  rétractions,  les  troubles 
trophiques?  On  n'eût  pas  amputé  si  dès  le  premier  jour  on 
eût  extirpé.  Comme  le  disaitM.  Trélat,  au  sortir  de  la  séance, 
dans  une  boutade  humoristique  :  l'idéal  serait  de  réserver 
l'extirpation  aux  sacs  que  la  ligature  doit  faire  rétracter, 
^nais  cette  indication  ressemble  à  celle  qu'on  donne  aux 
enfants  pour  prendre  un  pierrot  en  lui  mettant  un  grain  de 
<e\  sur  la  queue. 


III.  Anévrysmes  diffus.  —  Pour  les  anévrysmes  diffus, 
traumati^ues  ou  spontanés,  primitifs  ou  consécutifs,  la  con- 
duite chirurgicale  est  aujourd'hui  bien  réglée.  Les  hésita- 
tions anciennes  venaient  des  difficultés  de  l'hémostase  et  des 
accidents  septiques.  Or  nous  sommes  en  possession  de  la 
bande  d'Esmarch  qui  nous  permet  d'opérer  sans  précipita- 
tion ;  de  la  forcipressure,  qui  nous  met  à  même  de  saisir  aver 
facilité  les  vaisseaux  divisés;  de  l'antisepsie,  qui  nous  6te 
toute  crainte  d'ouvrir  une  cavité  mtme  vaste  et  anfractueuse. 
L'indication  est  donc  formelle:  après  application  de  la 
bande  d'Esmarch,  fendre  largement  la  pocne  anévrysmale, 
évacuer  tous  les  caillots,  puis  saisiravec  une  pince  à  forcipres- 
sure les  vaisseaux  dont  on  voit  la  lumière  béante.  Il  n'est 
pas  question  ici  d'extirpation,  et  nous  avouons  même  n*avoir 
pas  très  bien  saisi  le  sens  exact  d'une  observation  rapportée 
par  M.  D.  AfolUère  (de  Lyon).  Ce  chirurgien  aurait  extirpé 
avec  succès  un  anévrysme  diffus  de  la  cuisse.  Or  dans  une 
opération  de  ce  genre  c'est  le  sac  qu'on  enlève;  mais  n'est- 
il  pas  admis,  par  définition,  que  l'absence  de  sac  est  préci- 
sément la  caractéristique  de  l'anévrysme  diffus  traumatique  : 
que  pour  l'anévrysme  consécutif  à  la  rupture  d'un  sac  pré- 
existant, l'extirpation  de  ce  sac,  fragment  médiocre  ae  la 
paroi,  ne  sera  qu'un  complément  de  l'opération?  C'est  donc 
d'incision  et  de  ligature  de  deux  bouts  qu'il  faut  parler,  et 
non  d'extirpation. 

Mais,  dit  M.  Péan,  pourquoi  lier  les  deux  bouts?  On  n'a 
qu'à  laisser  les  pinces  à  demeure,  sortant  par  la  plaie  sutu- 
rée. Au  bout  de  quarante-huitàsoixantèheureson  les  enlève 
et  la  réunion  immédiate  s'achève  sans  incident.  Il  n'y  a  donc 
de  corps  étrangers  de  la  plaie  que  pendant  quarante-huit  à 
soixante  heures,  et  c'est  plus  favorable  que  la  ligature  à  la 
réunion  par  première  intention.  De  plus,  si  l'on  veut  lier 
le  vaisseau  saisi,  l'opération  est  plus  longue;  enfin  il  faut 
disséquer  une  assez  grande  étendue  du  bout  vasculaire,  ce 
qui  détruit  les  vasa  vasorum.  Le  pincement  suffît,  et  M.  Péan 
veut  l'ériger  en  loi,  soit  après  incision  des  anévrysmes  diffus 
des  membres,  quel  que  soit  le  segment  atteint;  soit  ap^ê^ 
extirpation  des  anévrysmes  circonscrits,  opération  dont 
M.  Péan  se  déclare  partisan. 

Cette  manière  de  faire  n'est  peut-être  pas  à  l'abri  de  toute 
objection.  Uneligature  aseptique  est  uncorps  étrangerqui  ne 
fait  pas  parler  de  lui  ;saposen'allongepasbeaucoup  laplupart 
des  opérations.  D'aulre  part,  M.  Péan  a  été  le  premierà  dire 
que  1  on  a  parfois  des  hémorraghies  secondaires  au  moment 
où  l'on  retire  les  pinces:  si  bien  qu'il  conseille,  en  pareille 
occurrence,  d'ouvrir  et  d'examiner  à  nouveau  la  poclie  et  de 
repincer  l'artère  un  peu  au-dessus  du  point  primitivement 
saisi.  Mais  l'hémorrhagie  secondaire  n'est-elle  pas  à  peu 
près  toujours  évitée  par  la  ligature  aseptique  (1)? 

A.  Broc A. 

(1)  A  propos  de  ccUc  discussion,  je  ineutioniierai  uoo  observation  qui  m  c«( 
liersonnclle.  Eu  janvier  18Ki  j'ai  clc  appelé  brusquement  par  niun  ami,  le  doc- 
teur Oiiinrzyc,  à  Luzarchcs,  pour  un  homme  qui  avait  reçu  dans  les  cuisses  et 
le  scrotum  un  coup  de  fusil  à  chevrotines.  11  avait  été  atteint  par  quatre  ou  <  inq 
chcTrotincs,  je  ne  me  souviens  plus  auju<ite  du  nombre.  Une  d'cniro  elle*  avait 
pénétré  à  la  face  antérieure  de  la  cuisse,  à  la  jonction  du  tiers  inreriout  cl  de» 
deux  ticri  supérieurs,  était  ressortic  en  arrière  k  peu  près  au  nidnie  ui^eau. 
après  avoir  traversé  les  parties  molles  internes.  L'accident  avait  trois  $ciu.iin«'^ 
de  date.  L'hémorrh!ii;^ic  immédiate  avait-clé,  paraît-il,  abondante,  mais  la  c<»ui- 
pression  en  avait  eu  vite  raison,  et  d'abord  tout  sembla  aller  bien.  Vers  le  qui»- 
xiènie  jour,  une  petite  tumeur  pulsatilc  fut  reconnue  ii  la  réj^ion  fémoro-jK»p!îlf4*  : 
elle  s'était  manifestée  quand  le  malade  commenra  à  i^e  lever.  Quelques  joui-s  apr%  ^. 
In  cuisse  aug^menta  brusquement  de  volume  et  le»  signes  d'un  anévrysme  difi'ti'» 
énorme  furent  évidente.  C'est  alors  que,  le  lendemain,  je  fus  mandé  à  la  hàlc.  I. . 
ruisse  entière  était  distendue  et  la  plaie  antérieure,  encore  (granuleuse,  mena- 
çait de  se  rompre.  Je  déridai  donc  d'iulerrenir  immédiatement  quoiqu'il  fût  cinq 
heures  du  soir  et  que  je  n'eusse  pas  d'aide  médical  pour  l'opération,  car  le  doc- 
teur Okinczyc  se  mit  au  chloroforme.  J'opérai  à  la  Inniicre  d'une  bougie  qn«* 
tenait  la  femme  du  blessé,  et  je  fus  aidé  par  un  gendarme,  qui  écarta  les  lètrr*- 
de  la  plaie  avec  des  cuillers  d'étain,  pliées  à  angle  droit.  C.'e>t  dire  que,  sans  roo- 
teste,  l'antisepsie  ne  fut  pas  parfaite.  Après  application  de  la  bande  d'ËsuMrcli 
je  fis  à  la  région  aniéro-intcrnc  de  la  cuisse  une  incision  longitudinale  de  10  coo- 
limctrcs,  ayant  son  milieu  sur  la  plaie  initiale.  J'évacuai  pins  d'nn  Mtrc  de  eailloi« 
lerunriqnes,  qui  s'insinuaient  entre  tous  les  plan«  uiu«cnlaires,  allaient  jns^pra  I* 


25  Octobre  1889        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N»  43  —    697 


CommunloatlonB  divenes. 

Procédé  de  cure  radicalk  de  i/exstropiiievésîcale.  — M.Sc- 
gond  conslale  (ju'actucllemcnt  il  y  a  deux  tendances.  Quelques 
auteurs  espèrent  qu'il  peut  resteV  assez  de  sphincter  pour  re- 
constituer la  vessie  (procédés  de  Trendelenburg,  de  Passavant, 
de  Denime).  Pousson  juge  ces  opérations  trop  sévèrement  :  la 
|)rudence  consiste  à  réserver  son  opinion,  pour  les  sujets  ayant 
moins  de  cinq  à  six  ans.  Mais,  en  tout  cas,  une  fois  le  sujet  arrivé 
à  un  âge  avancé,  les  opérations  palliatives  sont  seules  de  mise. 
Ij^s  procédés  autoplastiques  créent  trop  souvent  des  vessies  con- 
stamment incrustées  de  calculs.  Malgré  Pousson,  cet  accident 
nVst  pas  négligeable.  Aussi,  Sonnenhnrg  conseille-t-il  d'extirper 
la  surface  exslrophiée  cl  de  suturer  les  uretères  dans  la  gouttière 
pénienne,  ou  bien  de  ne  réséquer  que  le  haut  de  la  vessie,  en 
conservant  le  trigone.  Malgré  Kichelot  et  IJerger,  le  procédé  est 
loin  d'être  mauvais,  et  c'est  lui  qui  a  donné  à  M.  Segond  l'idée 
du  sien.  M.  Segond,  en  effet,  a  commencé  son  opération  en  vou- 
lent  faire  l'extirpation.  Puis,  ayant  en  main  la  vessie  disséquée, 
il  a  eu  l'idée  de  la  rabattre  en  avant  et  de  suturer  ses  bords  à 
ceux  de  la  gouttière  pénienne;  le  gland,  ensuite,  a  été  passé  h 
travers  un  trou  fait  au  tablier  préputial,  et  ce  tablier,  dédoublé, 
a  été  appliqué  sur  la  face  non  muqueuse,  cruentée,  de  la  vessie 
rabattue.  En  trois  séances,  la  réparation  a  été  excellente.  Dans 
les  opérations  de  ce  genre,  on  conçoit  que  l'urine  n'est  en  con- 
tact qu'avec  des  tissus  créés  pour  subir  ce  contact  :  aussi,  pas 
de  concrétions calculeuses.  Et  M.  Segond  a  eu  un  deuxième  succès 
sur  un  homme  qui,  traité  à  deux  ans  par  l'autoplaslie,  avait 
mené  jusqu'à  l'âge  de  vingt  ans  une  existence  misérable,  par  le 
fait  de  calculs  successifs.  Cet  homme  a  vécu  pendant  cinq  mois 
sans  refaire  un  seul  calcul,  puis,  quelque  peu  ivrogne,  il  a  suc- 
combé à  une  poussée  d'une  pyélonéphrite  qu'il  avait  contractée 
à  la  suite  de  l'autoplaslie. 

Cystocèle  inguinale.  —  M.  le  docteur  0.  Guelliot  <de  Reims) 
pense  que  la  cystocèle  inguinale  est  moins  rare  que  ne  le  sup- 
posent les  ouvrages  classiques.  Mais  elle  est  confondue  souvent 
avec  la  hernie  intestinale  ou  épiploïque,  et  cette  confusion  peut 
persister  pendant  et  après  l'opération.  Les  meilleurs  lignes  dia- 
gnostiques sont  :  les  troubles  de  la  miction,  la  tension  du  péri- 
née, et,  après  découverte  de  la  hernie,  son  siège  en  dehors  de  la 
gaine  fibreuse  du  cordon,  son  épaisseur,  la  difficulté  de  former 
un  pédicule.  La  cystocèle  entraîne  souvent  des  accidents  sérieux 
de  cystite  et  de  pyélonéphrite,  et  des  consécjuences  graves.  Il  y 
a  donc  lieu  de  la  traiter  soit  par  des  bandages,  soit  plutôt  par  des 
moyens  chirurgicaux,  et  en  particulier  par  la  dissection  suivie 
d'excision  et  de  suture. 

Taille  hypogastrique  pour  calculs.  —  M.  Duchastelet  a 
extrait  par  cette  voie  deux  calculs  volumineux  datant  de  l'en- 
fance. Au  cours  de  l'opération ,  il  a  constaté  que  la  vessie  était 
déviée  vers  le  flanc  gauche,  et  qu'au  sommet  il  y  avait  im  diver- 
ti ru  le  remarquable. 

Hétrécissement  de  l'urèthre.  —  M.  Ldvaux  conseille  une 
méthode  spéciale  de  divulsion  progressive  pour  les  cas  où  la  dila- 
tation simple  est  reconnue  insuffisante. 

NÉPHRORRHApniE.  ~  M.  Tufficr  a  observé  treize  reins  flot- 
tants; trois  fois  seulement  il  a  cru  devoir  opérer,  car  il  ne  faut 
agir  que  sur  les  reins  mobiles  douloureux,  et  encore  faut-il  que 
ces  douleurs  soient  directement  liées  â  la  luxation  du  rein.  Pour 
les  cas  où  les  douleurs  sont  dues  à  des  troubles  gastro-intestinaux 
(et  souvent  alors  il  y  a  de  l'entéroptose),  il  convient  d'appliquer 
une  ceinture  qui  maintienne  et  le  rein  et  l'intestin.  Trois  fois 
donc  M.  Tuftîer  a  fait  la  néphrorrhaphie,  et  il  Ta  faite  suivant  les 

f^ct*  interne  do  fruiur;  la  poclic  se  prolonj^cait  dans  le  creux  poplil«>.  Je  pua  voir 
alors  que  l'arlèrc  était  complètement  sectionnée,  juste  au-dessous  de  son  entrée 
daiiH  le  cinal  de  Huntci*.  Je  débridai  l'aponévrose  du  grand  adducteur;  je  saisi? 
chaque  bout  vasculaire  dans  une  pince  a  forciprcssure  et  je  liai  à  la  soie  piiéni- 
qiiée.  Je  n'ai  pas  vu  la  veine  et  n'ai  p.is  n<,à  sur  elle.  Le  tube  élastique  une  fuis 
enlevé,  je  liai  quelques  arlérioici  et  après  quelques  minutes  d'attente,  je  con- 
statai que  riicniostafte  était  parfaite.  Conscient  des  défectnosilés  de  mon  antisepsie,^ 
je  no  réunis  que  la  moitié  supérieure  de  la  plaie,  saupoudrée  d'ioduromie,  tam- 
ponnée à  la  ^aze  phcniquée  et  munie,  en  bas,  d'un  f^ros  draia  sedirif^eant  vers 
le  creux  poplité.  Le  pansement  fui  assez  fortement  cumprcssif.  Je  n'ai  pas  revu 
U;  malade  les  jours  suivants,  mais  M.  Okinc/yc  m'a  dit  que  la  suppuration  a  été 
léjfére;  que  les  pansements  ont  été  rares  ;  qu'il  n'y  a  eu  aucun  accident  et  qu'en 
a«'ux  mois  la  guérison  était  complète.  En  tous  cas  depuis  cette  époque  je  ren- 
contre de  temps  à  autre  mon  opéré  pendant  les  vacances;  il  marche  comme  si  de 
Tïvn  n'était  el  porto  au  besoin  de  lonrds  fardeaux.  A.  R. 


principes  auxquels  rexpérimenlation  l'a  conduit.  Il  suture  (à  tra- 
vers une  incision  lombaire)  l'extrémilé  inférieure  du  rein  décor- 
tiqué, après  ablation  de  la  capsule  propre  du  rein.  Mais  les  fils 
doivent  traverser  la  surface  rénale  au  delà  de  la  région  décorti- 
quée, sans  quoi  le  parenchyme,  friable,  se  coupe  sous  le  fil.  Il 
faut  se  métier  des  substances  antiseptiques,  car  la  capsule  grais- 
seuse, ouverte  par  l'opération,  absorbe  avec  une  grande  facilité. 

CiREFFE  DE  l'itretère  DE  LA  PEAU  DU  FLANC  dans  un  cas  d'auu- 
rie,  par  M.  Le  Dentu,  sur  une  femme  chez  laquelle,  après  hys- 
térectomie  vaginale,  la  récidive  avait  comprimé  les  deux  uretères. 
Pas  une  goutte  d'urine  dans  la  vessie.  L'uretère,  disséqué, 
puis  sectionné,  a  été  attiré  dans  la  plaie  du  flanc.  La  malade, 
cachectique,  est  morte  au  bout  de  quatorze  jours;  mais  le  méat 
créé  à  gauche  a  bien  fonctionné.  Il  n  y  a  pas  eu  de  pyélile  infec- 
tieuse, et  l'urine  est  restée  acide. 

Suture  nu  rein  dans  la  néphrolitiioto.*iie.  —  M.  Le  Dentu 
fait  voir  un  calcul  du  bassinet,  qu'il  a  enlevé  le  23  février  1889. 
Il  n'y  avait  pas  de  pyélile  suppurée.  Il  a  fait  une  suture  soignée 
de  l'mcision  et  a  obtenu  la  reunion  immédiate  du  rein.  11  Tavail 
déjà  tentée  une  fois,  avec  un  succès  seulement  partiel.  Dans  le 
cas  aciuel,  M.  Le  Dentu  a  fendu  la  moitié  inférieure  du  boni 
convexe  du  rein  et  non  point  le  bassinet;  c'est  le  meilleur  moyen 
pour  éviter  tout  écoulement  d'urine.  Le  malade  était  guéri  en 
vingt  jours. 

NÉPHRKCTOMIE.  —  M.  Ch.  MoHOfl  a  communiqué  quatre  obser- 
vations de  néphrectomie  où  l'opération  a  été  faite  pour  des  lésions 
où,  en  général,  la  néphrectomie  est  indiquée.  M.  Monod  accorde 
ce  principe,  mais  pense  que,  parfois,  la  néphrectomie  seule  peut 
sauver  les  malades,  même  lorsque  l'autre  rein  est  peut-être 
atteint.  I^e  premier  malade  avait  eu  un  phlegmon  périnéphrique, 
avec  désorganisation  profonde  du  rein  :  il  a  guéri  sans  encombre 
et  depuis  se  porte  à  merveille.  La  seconde  a  succombé  en  sept 
jours  :  il  est  probable  que  l'autre  rein  était  tuberculeux,  comme 
celui  qui  a  été  enlevé.  Morte  encore,  au  quatrième  jour,  une 
femme  opérée  pour  lithiase  rénale,  quoique  l'autre  rein  ne  pré- 
sentât qu'un  peu  de  néphrite,  interstitielle;  M.  Monod  avait  résolu 
de  faire  la  néphrotomie,  qu'il  a  reconnue  insuffisante  au  cours  de 
l'opération.  Mais,  si  ce  décès  a  été  une  surprise  désagréable,  le 
succès  suivant  fait  une  sorte  de  compensation.  Après  deux  ans 
de  tergiversation,  M.  Monod  s'est  décidé  à  extirper  une  tumeur 
certainement  bénigne  du  côté  droit  :  il  est  tombé  sur  un  gros 
rein  polykystique,  et  dès  lors  il  porta  un  pronostic  des  plus  som- 
bres, car,  jusqu'à  présent,  d'après  les  relevés  de  Lejars,  toutes 
les  interventions  de  ce  genre  ont  été  mortelles.  La  malade  a 
cependant  guéri,  après  quelques  incident. 

M.  D^jnoi.  Opération  faiie  pour  une  pyélonéphrite  développée 
à  droite,  en  conséquence  d'une  intlammation  périutérine.  La  malade 
a  guéri,  mais  avec  une  fistule  qui,  deux  mois  après,  donnait 
issue  à  de  l'urine  au  moment  de  la  miction.  La  région  périrénale 
était  à  ce  moment  transformée  en  une  cavité  pleine  de  fon^o- 
sités.  Ces  fongosilés  furent  grattées,  et  la  fistule  jjruéril.  En  prin- 
cipe, dans  les  cas  de  ce  genre,  la  bilatéralite  fréquente  des 
lésions  fait  que  la  néphrectomie  est  préférable;  mais  ici  le  calhé- 
lérisme  de  l'uretère  gauche  avait  démontré  que,  de  ce  côté, 
l'urine  était  normale.  La  fistule  ne  peut  s'expliquer  que  par  nnv 
perméabilité  assez  remarquable  de  l'uretère. 

Entérorrhaphie,  — M.C^flpwt  publie  quelques  nouveaux  pro- 
cédés intéressants.  Les  deux  premiers  sont  spécialement  appli- 
cables à  la  cure  de  l'anus  conlre  nature. 

€  1*  Le  premier  procédé,  extrapéritonéal,  consiste  à  sectionner 
d'abord  l'éperon  avec  un  entérotome  quelconque.  Pour  obtenir 
ensuite  l'oblitération  du  cylindre  bi-intestinal,  j'abrase,  avec  la 
curette  tranchante,  la  muqueuse  sur  une  hauteur  de  1  centimètre 
environ  et  sur  toute  la  circonférence  du  cylindre.  Ce  dernier  est 
ensuite  disséqué  et  isolé  de  la  paroi  abdominale  sur  une  étendue 
de  2  centimètres  environ,  sans  ouvrir  le  péritoine  autant  que 
possible.  Je  réunis  alors  iVs  surfaces  avivées  par  des  points  sénarés 
très  serrés.  Il  ne  reste  plus  qu'à  suturer  à  part  la  paroi  abdomi- 
nale. Ce  procédé  mérite  le  nom  de  suture  par  abrasion  et  appli- 
cation. 

t  J'ai  obtenu  de  bons  résultats  avet  la  ligature  eu  masse  du 
cylindre  bi-intestinal  avec  ou  sans  abrasion  de  la  muqur'use;  mais 
ce  procédé  a  l'inconvénient  de  ne  pas  assez  ménager  l'étofTe;  en 
outre,  lorsqu'on  n'a  pas  la  précaution  d'abraser  la  muqueuse,  il 
se  produit  une  fistule  plus  ou  moins  longue  à  guérir. 

c  i,"  Lorsqu'on  est  décidé  à  ouvrir  le  péritoine  pour  la  cure  de 
l'anus  contre  nature,  le  procédé  le  plus  avantageux  dans  l'espèce 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  25  Octobre  1889 


est  ïentérorrhaphie  longitudinale,  qui  ne  nécessite  pas  de 
résection  et  qui  présente  de  grands  avantages. 

c  Elle  consiste  à  inciser  longitudinalement  les  deux  bouts  de 
rintestin  sur  une  hauteur  de  6  à  10  centimètres;  on  suture  en- 
suite, par  des  points  séparés,  les  lèvres  correspondantes  des 
deux  incisions,  de  façon  à  établir  une  anastomose  entre  les  deux 
anses. 

c  Pour  oblitérer  l'extrémité  du  cylindre  bi-intestinal,  on  abrase 
la  muqueuse  et  on  applique  Tune  à  Tautre  les  surfaces  avivées, 
comme  dans  le  procédé  précédent.  Un  lambeau  d*épiploon  est 
ensuite  fixé  à  la  surface  des  lignes  de  suture. 

c  3"  Le  troisième  procédé,  d  une  application  générale,  est  uue 
entérorrhaphie  circulaire  par  abrasion  et  application.  Je 
l'exécute  de  la  façon  suivante  :  sur  chaque  bout  de  Tintestin, 
Vabrase  la  muqueuse  sur  la  hauteur  de  1  centimètre  et  sur  toute 
la  circonférence,  je  renverse  ensuite  en  dehors  les  bords  que  je 
viens  de  gratter  et  je  les  applique  Tun  contre  Tautre  de  manière 
i\  opposer  les  surfaces  avivées.  On  suture  à  points  séparés  très 
serres  et  on  fixe  par  quelques  points  une  bande  d'épiploon  à  la 
surface  de  la  ligne  de  suture.  > 

MiGBOBIOLOGlE  DE  LA  HERNIE  ÉTRANGLÉE^  par  M.  Cloiio.  —  En 

1861,  Vernenil  a  émis  Fidée  que  la  sérosité  des  hernies  étran- 
glées était  toxiaue;  en  1867,  Nepveu  y  trouva  des  microcoques. 
A  Tinstigalion  ae  M.  Yerneuil,  M.  Clado  a  repris  ces  recherches, 
et  il  a  trouvé  une  bactérie  spéciale  dans  le  sac,  dans  les  glandes 
de  rintestin  étranglé^  dans  les  ganglions,  dans  la  rate,  dans  le 
sang.  Inoculée  en  série,  cette  bactérie  cause  rapidement  la  mort 
des  animaux.  On  peut  dès  lors  interpréter  les  faits  où  Tétrangle- 
ment  herniaire  cause  la  mort  sans  qu'une  lésion  locale  suffisante 
en  rende  compte  ;  on  comprend  aussi  comment  se  créent  les 
congestions  viscérales  à  aistance,  sur  lesquelles  M.  Verneuil 
insiste  depuis  longtemps. 

Laparatonie  pour  étranglement  interne.  —  M.  Duret  (de 
Lille)  pense  qu'une  des  causes  fréquentes  d'échec  est  le  défaut 
d'antisepsie  intestinale.  M.  Duret,  ayant  fait  une  laparatomie  et 
levé  l'étranglement,  constata  aue  l'état  restait  grave,  que  les 
vomissements  persistaient;  il  ut  alors  le  lavage  de  l'estomac, 
évacua  un  liauide  fétide,  et,  à  partir  de  ce  moment,  la  guérison 
fut  rapide.  M.  Duret  pense  donc  aue  l'infection  d'oric^ine  intes- 
tinale est  une  des  causes  principales  de  la  mort,  que  l'on  ait  ou 
non  fait  la  laparatomie.  Au  reste,  le  lavasse  de  l'estomac  est 
aussi  fort  utile  pendant  la  laparatomie,  car  il  diminue  beaucoup 
le  ballonnement. 

Traitement  du  prolapsus  du  rectum,  par  M.  Schwariz.  — 
L'auteur  ne  s'occupe  que  de  la  chute  complète,  avec  invagina- 
tion, chute  facilement  réductible,  mais  récidivant  à  chaque 
instant.  H  a  observé  un  cas  de  ce  genre,  fort  douloureux,  sur  un 
aliéué  épileptique.  Le  prolapsus  s  accompagnait  d'hydrocèle.  De 
là  une  contre-indication  à  la  résection  de  la  masse  prolabée. 
Le  sphincter  était  d'une  laxité  excessive;  de  plus,  il  était  facile 
de  constater  que  la  paroi  antérieure  tombait  toujours  la  pre- 
mière. C'est  sur  ces  deux  éléments  que  M.  Schwartz  résolut 
d'agir.  Il  fit  donc  six  grandes  raies  de  feu  longitudinales  sur  la 
masse  herniée;  puis  il  praticjua  la  réduction,  et  termina  par  une 
liie  en  règle^  rétrécissant  la  partie  antérieure  de 


l'anus  ;  Tavivement  alla  jusqu'au  sphincter.  Aujourd'hui,  neuf 
mois  après  l'opération,  Pétat  est  excellent,  et  le  prolapsus  ne 
se  produit  plus.  En  outre,  Tépilepsie  a  été  considérablement 
améliorée,  comme  d'ailleurs  M.  Feré  l'avait  espéré  à  l'avance. 
Duret  (de  Lille)  a  mis  en  œuvre,  l'an  dernier,  un  procédé  ana- 
logue. 

Diverticulb  du  rectum,  opération.  —  M.  Terrier  a  observé 
une  dilatation  sacciforme  de  l'extrémité  inférieure  du  rectum.  Il 
l'a  extirpée  par  l'extérieur,  et,  malgré  la  septicité  de  la  région,  il 
a  obtenu  la  réunion  immédiate  complète.  L  observation  concerne 
un  homme  assez  âgé,  qui  présentait  de  la  gène  de  la  défécation. 
Il  y  avait  une  légère  saillie  latérale  de  la  région  anale.  Le  tou- 
cher démontrait  l'existence  du  diverticule.  Le  malade  a  été  pré- 
fiaré  par  le  réeime  lacté  et  par  l'administration  du  naphtol  à 
'intérieur.  Après  guérison,  les  tissus  intermédiaires  à  la  cica- 
trice muqueuse  et  à  la  cicatrice  cutanée  sont  tout  à  fait  souples. 
M.  Terrier  a  fait  Quelques  recherches  sur  ce  point.  En  1836, 
Physik  (de  Philadelphie)  a  publié  un  long  article  sur  les  diverti- 
cules  du  rectum  :  il  les  compare  aux  hémorrhoides.  Depuis, 
Gross  père  (de  Philadelphie)  a  tait  voir  que  ces  divertiqules  sont 
simplement  les  valvules  normales  décrites  dans  le  rectum.  Dans 
le  traité  de  Gruveilhier,  on  trouve  une  description  importante 


des  hernies  tuniquaires  de  l'intestin  :  ici,  il  s*agit  sùremeni 
d'une  disposition  pathologique.  Depuis,  rien  de  net  dans  le<« 
traités  de  D.  Mollière,  Curling,  Allingham.  Donc,  deux  variété- 
Tune  est  une  disposition  normale,  et  ces  diverticules  sont  bas 
situés;  l'autre  est  une  hernie  tuniquaire,  et  de  cette  variété 
M.  Terrier  n'a  pas  trouvé,  à  cette  place,  d'observation  semblable. 
Opératoirement,  il  faut  noter  la  possibilité  de  la  réunion  immé- 
diate de  la  paroi  rectale. 

De  l'accès  aux  organes  pelviens  par  la  voie  sacrée.  - 
M.  Pozzi  rappelle  que  M.  le  professeur  Verneuil  d*abord  a  întli- 
que  la  possibilité  de  se  donner  du  jour  du  côté  du  rectum  i^n 
enlevant  le  coccyx.  Kraske,  récemment,  a  été  plus  loin  et  a 
enlevé  la  partie  inférieure  du  sacrum.  M.  Pozzi,  ayant  à  trail**r 
un  rétrécissement  cancéreux  du  rectum,  situé  à  la  limite 
extrême  du  doigt,  chez  une  femme  de  soixante-huit  ans,  a  pra- 
tiqué la  rectotomie  linéaire  au  bistouri  après  résection  du 
coccyx  et  de  la  dernière  vertèbre  sacrée,  qui  seule  a  permis  ûr 
dépasser  le  rétrécissement.  Il  a  ensuite  enlevé  la  tumeur  latf'- 
raie,  rétrécissant  le  rectum,  après  avoir  passé  derrière  elle  uni- 
série  de  sutures  en  chaîne.  L'opération  a  été  terminée  par  la 
suture  de  la  muqueuse  rectale  a  la  peau,  et  la  création  d*unp 
large  ouverture  anale  en  forme  de  vulve,  remontant  jusqu*à  la 
brèche  faite  dans  le  sacrum,  et  cachée  dans  la  rainure  interfes- 
sière.  Guérison  par  première  intention.  L'opération  a  été  ti\w 
il  y  a  trois  mois.  Pas  de  récidive.  La  constipation  empérhr 
actuellement  l'incontinence.  I^  largeur  de  la  voie  iiuuvelt*' 
créée  permettra  la  défécation  en  cas  de  récidive.  Il  y  a  là  nue 
extension  de  la  rectotomie  linéaire  du  professeur  Verneuil. 

Fistule  biliaire  et  cholécystectomie,  par  M.  Michaux.  - 
L'auteur  a  été  consulté  par  une  femme  qui  présentait  une  tislulf 
biliaire  rebelle  depuis  six  ans  aux  traitements  les  plus  divers. 
11  n'y  avait  pas  d'écoulement  de  bile,  mais  un  écoulement  séro- 
purulent  fort  sérieux.  Après  des  essais  divers,  M.  Michau\ 
prit  le  bistouri  et  fit  une  laparatomie  qu'il  pensait  à  Pavaner 
terminer  par  une  cbolécystectomie,  car  le  cnolédoque  nVtait 
certainement  pas  obstrué.  C'est  ce  (jù'il  fit.  La  vésicule,  assez 
petite,  contenait  deux  calculs.  Le  résultat  est  très  bon.  I^< 
recherches  de  M.  Michaux  dans  la  littérature  lui  font  conclure 
que  la  cbolécystectomie,  en  somme,  vaut  souvent  mieux  que  la 
cholécystotomie.  M.  Michaux  n  a  trouvé  que  deux  cholécyslec vo- 
mies -pratiquées  pour  fistule  biliaire,  ut  la  sienne  est  la  pn^ 
mière  faite  en  France. 

Lipome  du  sein  chez  l'homme,  par  M.  Queirel  (de  Marseille  ). 
—  Les  lipomes  du  sein  sont  rares,  et  quelques-unes  des  obser- 
vations attribuées  à  A.  Cooper,  Velpeau,  ne  sont  pas  pro- 
bantes. Au  total,  chez  la  femme,  M.  Queirel  ne  connaît  aue  troi^ 
faits  ;  chez  l'homme,  il  n*en  connaît  pas  un  seul.  Aussi  puDiie-t-il 
une  observation  où  il  a  fait  le  diagnostic. 

Résection  THORACiQUE  et  névrectomie  intercostale.—  M./.^- 
prévost  (du  Havre)  a  observé  une  femme  qui  souffrait  depuis 
longtemps  d'une  névralgie  intercostale  rebelle,  ayant  pour  point 
de  départ  le  bord  cartilagineux  du  thorax  à  gauche.  En  ce  point 
il  y  avait  une  déformation,  mais  non  pas  une  tumeur.  (>x 
névralgies  avaient  résisté  à  toutes  les  médications  :  aussi 
M.  Leprévost  s'est-il  décidé  à  réséquer  la  partie  déformée,  c'est- 
à-dire  les  cartilages  du  bord  inférieur  du  thorax.  Les  parties 
correspondantes  des  septième  et  huitième  nerfs  intercostaux 
lurent  réséqués.  Guérison  opératoire  rapide.  Depuis  deux  moi> 
les  douleurs  n  ont  pas  reparu.  Mais  M.  Leprévost  est  le  premier 
à  penser  que,  puisque  les  cartilages  étaient  déformés,  mais  non 
malades,  il  aurait  mieux  valu  se  borner  à  une  névrectomi'' 
simple.  M.  Leprévost  entre  dans  des  considérations  anatomiqut*^ 
sur  les  sixième,  septième,  huitième  et  neuvième  nerfs  intercov 
taux  et  sur  leur  névrectomie.  11  est  prouvé,  en  effet,  que  ces  nert> 
sont  ceux  que  la  névralgie  occupe  le  plus  souvent. 

Résection  du  nerf  maxillaire  supérieur  et  du  g\m;li«»n 

DE    MeCKEL    par   le    PROCÉDÉ    DE    LOSSEN-BrAUN,    par  M.    Ptnil 

Second.  —  Cette  opération  n'a  pas  encore  été  pratiquée  dan< 
notre  pays.  M.  Paul  Segond  lui  aoit  trois  beaux  succès,  dont  il 
^donne  la  relation.  11  s'est  efforcé  de  bien  régler  les  divers  tpuip< 
du  manuel  opératoire,  et,  pour  lui,  ce  procédé  doit  être  désor- 
mais considéré  comme  le  procédé  de  choix  dans  le  traitement 
chirurgical  des  névralgies  du  nerf  maxillaire  supérieur.  M.  Paul 
Second  insiste  d'abord  sur  la  bénignité  des  suites  opératoire>, 
puis,  rappelant  en  peu  de  mots  les  opérations  variées  qui  ont  êt«*  1 
proposées  et  pratiquées  pour  sectionner  le  nerf  maxillaire  .sur 


25  Octobre  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  —  »•  43  —    699 


les  divers  points  de  son  trajet,  depuis  le  trou  grand  rond  jus- 
qu'au trou  sous-orbitaire,  il  montre  comment  la  résection  totale 
du  nerf,  après  section  au  ras  du  trou  grand  rond,  est  en  déûni- 
iive  rintervention  qui  réalise  le  mieux  toutes  les  conditions  vou- 
lues pour  éviter  le  retour  des  douleurs. 

M.  Segond  décrit  avec  soin  les  rèdes  opératoires  auxquelles  il 
faut  se  conformer  pour  donner  à  rintervention  les  meilleures 
garanties  de  précision  et  de  sécurité. 

l/opération  comprend  cinq  temps  :  1®  Tincision  des  tégu- 
ments ;  2"^  la  résection  temporaire  de  Tare  zygomato-malaire  qui 
est  scié  à  sa  partie  antérieure,  fracturé  à  son  extrémité  posté- 
rieure, et  rabattu  en  arrière  avec  le  masséter;  3"*  la  mise  à 
découvert  de  la  fente  ptérygo-maxillaire;  4"  la  recherche  du 
nerf,  sa  résection  à  ras  du  trou  grand  rond  et  son  arrachement 
total  par  le  trou  sous-orbitaire;  5°  la  remise  en  place  des  parties 
divisées,  la  suture  et  le  pansement. 

La  section  de  Kos  malaire  doit  être  très  oblique  et  aussi  anté- 
rieure (]ue  possible.  De  la  sorte,  on  obtient  une  laree  surface 
de  section  précieuse  pour  la  coaptation  ultérieure  des  fragments, 
et,  de  plus,  on  réduit  à  son  minimum  la  saillie  de  Tos  malaire, 
saillie  toujours  gênante,  car  elle  forme,  avec  Tapophyse  coro- 
noïde,  deux  promontoires  qui  défendent  l'accès  de  la  fente  pté- 
rygo-maxillaire.  Pour  la  recherche  du  nerf  et  du  ganglion,  on  a 
dit  à  tort  qu'il  fallait  d'abord  les  reconnaître  à  la  partie  supé- 
rieure de  la  fente.  En  fait,  lorsque  la  rainure  ptérygo-maxillaire 
est  mise  à  nu  par  le  décollement  d'un  muscle  temporal,  il  est 
impossible  de  rien  voir,  et  c'est  à  l'aide  d'un  crochet  à  stra- 
bisme manié  suivant  certaines  règles  particulières,  qu'il  faut 
aller  déloger  et  charger  le  nerf.  Les  hémorrhagies  qui  ont  été 
signalées  au  moment  de  la  section  du  nerf  sont  exceptionnelles 
et  faciles  à  maîtriser.  —  Quant  à  la  nécessité  d'obtenir  la  réu- 
nion par  première  intention,  elle  présente  ici  une  évidence  par- 
ticulière. C'est,  en  effet,  le  seul  moyen  d'obtenir  une  cicatrice 
cutanée  convenable,  d'assurer  l'intégrité  des  mouvements  de  la 
mâchoire,  et  d'éviter  la  formation  d'un  tissu  cicatriciel  rétractile 
susceptible  d'occasionner  une  récidive  par  compression  des 
extrémités  nerveuses.  11  faut  rechercher  fa  réunion  sans  drai- 
nage, et  il  est  peu  d'opérations  réalisant  mieux  les  deux  condi- 
tions fondamentales  de  sa  réussite  :  asepsie  du  foyer  opératoire, 
possibilité  d'obtenir  et  de  maintenir  la  coaptation  parfaite  des 
parties  diverses  à  l'aide  du  pansement  compressif. 

M.  Mollière  a  pratiqué  déjà  trois  extirpations  du  ganglion  de 
Meckel;  il  a  obtenu  une  s^uérison  définitive  et  deux  récidives 
très  supportables.  11  l'aborae  après  incision  du  vestibule  buccal, 
par  trépanation  du  sinus  maxillaire,  le  lon^  du  nerf  sous-orbi- 
taire, dont  le  canal  est  ouvert  par  la  paroi  inférieure.  M.  Mol- 
lière affirme  qu'il  a  détruit  le  ganglion,  car  il  a  observé  des 
phénomènes  nerveux  que  cette  destruction  seule  peut  expliquer. 

Trépanation  pour  épilepsie  jacksombnne.  —  M.  R.  Larger 
(de  Maisons-Laffite)  a  observé  un  épileptique  chez  oui  l'aura 
partait  du  pied.  Malgré  les  dénégations  du  malade,  M.  Larger 
diagnostiqua  une  lésion  traumatique,  et,  d'ailleurs,  le  patient 
a  fini  par  s'en  souvenir.  Trépanation  sur  la  partie  supérieure  de 
la  zone  rolandique.  L'os  était  très  épaissi,  condense,  adhérent 
à  la  dure-mère.  M.  Larger  pensa  que  cette  lésion  osseuse  suffi- 
sait à  causer  les  accidents.  Il  s'en  est  donc  tenu  là,  et  le  malade 
a,  en  effet,  été  très  amélioré.  Il  n'est  cependant  pas  entièrement 
guéri. 

Nature  do  coryza  CASÉEUx,par  U.Bories  (de  Montauban).  — 
Duplay  a  décrit  cette  maladie,  très  mal  connue,  où  les  fosses 
nasales  sont  remplies  d'une  matière  analogue  à  du  mastic.  Les 
théories  données  sont  multiples.  Pour  M.  Bories,  il  s'agit  de  la 
nécrohiose  de  masses  polypeuses  des  fosses  nasales.  La  coïnci- 
dence des  polypes  a,  en  eflet,  été  signalée  dans  la  majorité  des 
observations.  ()r  M.  Bories  (comme  M.  Périer)  a  trouvé,  dans  ce 
magma,  des  fibres  conjonctives.  D'autre  part,  il  a  enlevé  depuis 
deux  polypes  qui  commençaient  à  subir  la  dégénérescence 
caséeuse.  Cette  nécrohiose  est  due  à  des  oblitérations  vascu- 
laires;  ailleurs,  elle  relève  de  la  compression,  et  les  polypes 
voisins  des  orifices  échappent  à  la  nécrohiose. 

M.  Cozzolino  (de  Naples)  n'a  rencontré  une  trois  cas  de  cette 
rhinite,  très  rare,  mais  réelle,  qu'il  appelle  rhinite  cholesléo- 
mateuse.  Il  conteste  l'opinion  de  M.  Bories,  et  pense  que  la  rhi- 
nite caséeuse  a  une  existence  propre,  et  n'est  pas  un  processus 
secondaire.  La  cause  est  un  microbe,  que  M.  Cozzolino  commence 
à  cultiver. 

Troubles  de  la  parole  dans  les  divisions  congénitalks  du 


PALAIS.  —  M.  Ckervin  rappelle  que  les  opérations  plastiques, 
fort  préférables  à  tous  points  de  vue  à  la  prothèse,  ne  rétablissent 

fias  la  phonation  correcte.  Elles  servent  seulement  à  permettre 
'éducation  ultérieure.  Mais  le  nasillement  tient  à  une  largeur 
exagérée  du  canal  naso-pharyngien.  Aussi  l'éducateur  le  plus 
habile  ne  réussira-t-il  pas  à  le  faire  complètement  disparaître. 

Hêtrécissements  de  l'œsophage.  —  M.  Fort  se  croit  autorisé 
à  poser  les  conclusions  suivantes  : 

i«  Le  traitement  chirurgical  qui  parait  donner  les  meilleurs 
résultats  dans  les  rétrécissements  de  l'œsophage  consiste  dans 
la  combinaison  de  l'électrolyse  linéaire  et  de  la  dilatation. 

2^  L'opération  ne  doit  pas  être  faite  en  une  seule  fois,  mais 
en  trois  ou  quatre  séances. 

3**  Le  traitement  peut  être  curatif  dans  les  rétrécissements 
œsophagiens  fibreux. 

4^  Ce  traitement  produit  une  amélioration  très  notable  dans 
les  rétrécissements  œsophagiens  organiques.  En  permettant  aux 
malades  de  s'alimenter,  il  prolonge  leur  existence. 

Laryngectomie  pour  cancer.  —  M.  Démons  présente  un  ma- 
lade dont  il  a  publié  l'observation  au  Congrès,  l'an  dernier. 
L'opéré  est  en  excellent  état,  respire  à  l'aide  d'une  canule,  et  se 
fait  comprendre,  sans  prothèse,  par  un  chuchotement  intelli- 
gible. L  opération  date  aujourd'hui  de  deux  ans  et  quatre  mois. 

Une  variété  d'adénopathie  pseudo-tuberculeuse  du  cou. 
—  M.  Ricard  constate  qu'actuellement,  en  dehors  du  lympha- 
dénome,  on  tend  à  considérer  comme  tuberculeuses  toutes  les 
adénopathies  chroniques.  Mais  l'hypertrophie  simple  existe.  En 
clinique,  on  la  reconnaît  au  petit  nombre  de  ganêlions,  à  l'ab- 
sence d'égrénement  de  petits  foyers,  à  l'absence  d  adénopathies 
dans  d'autres  régions;  au  siège  sus-hyoïdien  à  peu  près  con- 
stant; à  l'évolution  bénigne,  sans  suppuration,  et  cela  pendant 
des  années.  Ces  ganglions  une  fois  enlevés,  on  n'v  voit  ni  à  Tœil 
nu,  ni  au  microscope,  ni  à  l'inoculation  expérimentale,  les 
caractères  de  la  tuberculose.  C'est  peut-être  une  adénite  chro- 
nique à  point  de  départ  buccal. 

JEl.  Larrey  rappelle  ses  recherches,  anciennes  déjà,  sur  ces 
adénopathies,  d'origine  mécanique,  dues.au  froissement  du  col 
militaire.  L'ancien  col  a  été  modifié,  et,  depuis  cette  époque,  les 
adénopathies  ont  diminué. 

Sir  Thomas  Longmore  confirme  ces  faits,  qu'il  a  observés 
dans  l'armée  anglaise. 

Kyste  multiloculaire  du  cou,  par  M.  Buffet  (d'Elbeuf).  — 
Tumeur  observée  sur  une  femme  adulte  et  traitée  avec  succès 
par  l'extirpation.  * 

Abcès  du  médiastin  antérieur  venant  faire  saillie  sur  la 
PAROI  LATÉRALE  DU  COU.  —  M.  le  docteur  Bousquet  (de  Cler- 
mont-Ferrand)  a  observé  un  cultivateur  vigoureux,  sans  aucune 
tare  appréciable,  qui  vit  une  tumeur  se  former  sur  la  partie 
latérale  du  cou  (côlé  droit),  en  arrière  du  sterno-mastoïdien  ; 
une  incision  faite  comme  pour  la  ligature  de  la  vertébrale  permit 
de  faire  descendre  dans  la  cavité  du  médiastin  deux  gros  tubes 
à  drainage  accouplés  en  siphon.  La  suppuration  dura  deux  ans, 
et  le  malade  se  rétablit  parfaitement.  Se  basant  sur  la  longue 
durée  du  traitement  et  sur  l'examen  des  observations  qu'il  a  pu 
recueillir,  Tauteur  conclut  qu'en  pareille  circonstance  if  y  aurait 
intérêt  à  trépaner  le  sternum  pour  permettre  au  pus  un  écoule- 
ment par  la  partie  la  plus  déclive  de  l'abcès.  C'est,  du  reste,  par 
cette  voie  que  la  nature  donne  issue  au  pus  toutes  les  fois  que 
ces  abcès  sont  abandonnés  à  eux-mêmes.  Sur  ii  observations 
réunies  par  l'auteur,  dix  fois  les  choses  se  passèrent  ainsi 
(7  guérisons  et  3  morts). 

Des  larges  incisions  circumthyroïdiennes  dans  le  cancer 
DU  CORPS  thyroïde,  par  M.  Poncet  (de  Lyon).  —  Un  élève  de 
M.  Poncet,  M.  Orcel,  conclut,  dans  sa  thèse,  que  le  plus  souvent 
l'ablation  complète  est  impossible.  Le  traitement  de  choix  est 
malheureusement  le  traitement  palliatif.  La  trachéotomie  a  sou- 
vent cherché  à  parer  à  la  dyspnée;  mais  ses  effets  sont  trop  sou- 
vent passagers.  Aussi  M.  Poncet  conseille-t-il  de  débrider  large- 
ment toutes  les  parties  molles  circumthyroïdiennes;  puis  il 
suture  la  peau  seule.  Le  néoplasme,  plus  à  Taise,  cesse  de 
causer  des  accidents  graves  de  compression.  Une  observation 
avec  amélioration  notaole. 

Goitre  kystiqus  double  rétro-sternal  suffocant,  par 
M,  Boutaresco  (de  Braïla).  —  Deux  tumeurs  situées  :  Tune  dans 
la  région  sus-claviculaire  droite  ;  Tautre  à  la  région  antérieure 
du  cou,  cette  dernière  s'avançant  de  10  centimètres  dans  le  mé- 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  25  Octobre  1889 


diastin.  Extirpation  en  deux  séances  différentes;  guérison  com- 
plète sans  accidents  tardifs. 

Tarsectomie  totale  pour  ostêo-arthrite  suppurée  trauma- 
TIOUE,  par  M.  Boutaresco.  —  Plaie  pénétrante  de  Tarticulalion 
tibio-peronéo-tarsienne  droite  et  carie  consécutive  des  os.  Tar- 
seclomie  totale  (extraction  de  Tnslragale,  du  calcanéum,  du 
cuboïde  et  scapboïde)  avec  la  résection  des  extrémités  tibio- 
péroniores;  guérison;  reconstitution  du  pied  et  de  ses  fondions 
a  peu  prés  intégralement  et  pouvant  servir  même  sans  appareil 
orthopédique. 

Ostéo-arthrite  scapulo-iiumkrale,  par  M.  Boutaresco,  — 
Probablement  de  nalure  tuberculeuse.  Résection,  enlevants  cen- 
timètres de  rimmérus  avec  Tablation  de  la  cavité  glénoMe; 
guérison,  régénération  de  Tos  et  reconstitution  parfaite  de  l'ar- 
ticulation et  de  ses  fonctions. 

Ostéotomie  trochléiforme  du  coude  par  ankylose,  par 
M.  Defontaine,  —  L'ob^^ervation  de  ce  malade  a  été  publiée  à 
la  Société  de  chirurgie,  et  tout  le  monde  a  reconnu  qu'il  v  a 
une  néarthrose.  Or  l'an  dernier,  M.  Duzéa  a  prétendu  avoir  des 
renseignements  sur  le  malade,  chez  lequel  Tankylose  serait  en 
voie  de  récidive,  et,  ajoutait-il,  avec  une  pratiqué  semblable,  ce 
résultat  est  constant.  M,  hefontaine  présente  donc  son  opéré, 
dont  le  coude,  depuis  plus  de  trois  ans,  est  encore  mobile 
et  très  vigoureux.  Une  seconde  opération  date  de  janvier  1889; 
les  mouvements  sont  beaucoup  moins  bons  dans  le  cas|)récé- 
dent,  mais  il  y  en  a.  M.  Defontaine  croit  n'avoir  pas  donne  assez 
de  jeu  aux  os;  d'autre  part,  il  y  a  ou  de  la  suppuration  et  même 
un  peu  de  nécrose.  Le  malade  est  âgé  de  seize  ans.  L'exclusion 
à  priori  de  celte  méthode  est  donc  exagérée.  M.  OUiei"  recon- 
naît que  le  résultat  du  malade  présente  est  excellent.  Mais  il 
Pense  que,  lorsque  la  fusion  osseuse  est  réellement  absolue, 
ostéotomie  trochléiforme  doit  donner  de  mauvais  résultais. 
Une  exception  ne  saurait  infirmer  cette  rè^le  basée  sur  Fana- 
tomie  et  la  physiologie  pathologique.  M.  Duzéa  Tl  lu  ensuite  un 
mémoire  ou  il  développe,  comme  Tan  dernier,  les  idées  du 
maître  lyonnais. 

OsTÉocLASiE  POUR  GENU-VALGUM.  —  M.  Robtu  (de  Lyon)  a 
opéré  avec  son  appareil  un  adolescent  qui  a  succombé,  au  bout 
de  dix-huit  jours,  à  une  néphrite  méconnue.  L'autopsie  a  dé- 
montré que  Je  foyer  de  fracture  était  bien  consolidé,  sans  virole 
interne  ni  virole  externe.  Et  même  Texamen  histologique  semble 
démontrer  qu'il  y  a  eu  réunion  par  première  intention,  car  on 
n'observe  aucun  des  phénomènes  classiquement  décrits  dans  la 
formation  du  cal  deslratures  sous-cutanées.  Au  reste,  M.  Robin 
pense  qu'avec  son  appareil  il  produit  à  vrai  dire  une  indexion 
osseuse.  La  pièce  actuelle  démontre  que  le  périoste  n'a  pas  été 
rompu.  En  général,  les  malades  marchent  au  vingt-cinquième 
jour,  et  quelquefois  plus  tôt. 

Ostéite  de  la  clavicule.  — M,  Sabatier  (de  Lyon)  distingue, 
dans  les  nécroses,  Tenclavement  de  séquestre  dans  les  parties 
molles  périphériques  et  Fincarcération  aans  Tos.  Or  souvent  on 
se  borne  à  attaquer  la  masse  osseuse,  et  il  n'est  pas  rare  qu'on 
laisse  les  séquestres  égarés  dans  les  parties  molles,  d'où  une 
persistance  des  fistules.  M.  Sabatier  en  a  recueilli  deux  obser- 
vations, concernant  toutes  deux  une  ostéite  séqnestrale  diaphy- 
saire  de  la  clavicule.  Ces  séquestres  s'enclavent  dans  la  loge 
sous-claviculaire,  entre  Taponévrose  clavi-pectorale  et  le  premier 
espace  intercostal. 

(A  suivre,) 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Aeadémle  des  aeieDCca. 

skance    du   14  octobre   1889. 

Sur  le  transformisme  en  microbiologie  pathogène. 
Des  limites,  des  conditions  et  des  conséquences  de  la 
variabilité  du  «  Bacillus  anthracis  ».  Recherches  sur 
la  variabilité  ascendante  ou  reconstituante,  par 
M.  A.  Chaureau,  —  A  la  suite  d'une  série  d'expériences 
du  plus  haut  intérêt  et  sur  lesquelles  nous  aurons  sans 


doute  à  revenir,  H.  Chauveau  est  arrivé  aux  conrlusion^ 
suivantes  : 

«  En  tenant  compte  seulement  des  faîls  largement  con- 
trôlés, permettant  de  vérifier  la  fixité  des  races  nouvelle'- 
créées  par  la  mise  en  jeu  de  la  variabilité  du  Bacitiu^ 
anthracis,  on  constate  qu'il  a  été  possible  d'obtenir  lr*M- 
types  différents,  dont  les  propriétés  respectives  semMen 
définitivement  acquises  à  chacun  d'eux: 

«  i<*  Le  bacille  amené  au  bas  de  l'échelle  de  la  varîatio  • 
descendante,  type  sans  virulence  aucune,  conservant 
pourtant  de  tt*ès  solides  propriétés  vaccinales; 

«  "2°  Le  bacille,  partiellement  revivifié,  par  la  varîatio. 
ascendante,  et  redevenu  capable  de  tuer  le  cochon  dMiid»* 
adulte,  même  le  lapin,  d'autre  part  inoffensifa  i'éganl  iW- 
ruminants  et  des  solipëdes,  et  néanmoins  pour  eux  énerj:i- 
quement  vaccinal; 

«  3°  Enfin  le  bacille,  dont  la  revivificalion  a  été  rendue* 
complète,  c'est-à-dire  poussée  au  point  de  restituer  à  l'aîrent 
infectieux  sa  lélhalité  h  l'égard  du  mouton:  type  qui,  s^Iom 
toute  probabilité,  n'est  apte  à  produire,  sur  le  bœuf  et  h 
cbeval,  que  l'infection  vaccinante. 

«  Ces  trois  types  sont  intéressants  à  divers  points  do  viif 
le  dernier  surtout,  parce  qu'il  démontre  la  réintégration  du 
virus  dans  ses  nropriétés  virulentes  primitives,  après  cju'il 
en  a  été  dépouillé  par  la  mise  en  œuvre  de  la  variabilité 
descendante;  les  deux  autres,  parce  qu'ils  représentent  d»»^ 
agents  vaccinaux  fixés  dans  leur  innocuité,  à  un  de«:rt* 
inconnu  jusqu'ici,  tout  en  possédant  une  aptitude  élevi^e  h 
la  création  de  l'immunité.  » 


Académie  de  ■aédeeine. 

SÉANCE   DU   22   OCTOBRE   1889.   —  PRÉSIDENCE    DE 
M.    LARREY,    ANCIEN   PRÉSIDENT. 

11.  lo  docteur  Barthit  envoie  un  Manurl  d'hygiène  tcolaire  potir  Ir  ron.  .i  ^ 
du  Prix  Vernois  en  18U0. 

M.  (Jorni/ présente,  au  nom  dfî  MM.  les  docienrs  Babea  cl  M  arien  es*  i .  tt 
incnioii'ft  manusrrit  inlituld:  Recherihet  »ur  la  pathologie  de»  tfrminaiè: '.t 
nerveiiiet  des  muscles.  —  (Commission:  MM.  Charcot,  Rnnrier  cl  CoruilA 

Thalline.  — A  propos  de  la  communication  faite  dans  la 
dernière  séance  par  M.  Albert  Robin,  M.  Bronardel  rappelle 
qu'il  a  communiqué,  avec  M.  le  docteur  Loyey  le  i4  fé- 
vrier 1885,  à  la  èociélé  de  biologie,  des  recherches  sur 
l'action  physiologique  de  la  thalline,  dont  les  conclusion^ 
sont  semblables  à  celles  de  M.  Albert  Robin  ;  de  plus,  ils  oui 
été  les  premiers  à  mettre  les  médecins  en  garde  conln» 
l'usage  des  sels  de  thalline  (1). 

Concours  Vulfranc  (iERDV.  —  L'Académie  de  médocini- 
a  mis  au  concours,  pour  l'année  1889,  deux  places  de  sta- 
giaire aux  eaux  minérales.  Les  candidats  devront  se  fairt' 
inscrire  au  secrétariat  de  l'Académie,  49,  rue  des  Sainl<- 
Pères.  La  liste  d'inscription  sera  close  le  l"*^  décembre  IHHl». 

Décès  de  M.  Ricord.  —  M.  le  Président  informe  l'Aca- 
démie du  décès  de  M.  Ricord  et,  après  avoir  rendu  hommage  i 
à  sa  mémoire,  lève  la  séance  en  signe  de  deuil,  M.  Riconl 
ayant  présidé  la  Compagnie  en  1808.  j 


Société  de  chirurgie. 

La  séance  du  2  octobre  a  été  levée  en  signe  de  deuil,  à 
l'occasion  de  la  mort  de  M.  Maurice  Perrin. 

La  séance  du  9  octobre  a  été  remise  au  16,  en  raison  du 
Congrès  de  chirurgie. 

(1)  La  (ia%ette  hebdomadaire  n'avait  pas  attendu  cette  corn  munir  aiion  pi  i 
ii(^naler.  à  l'occasion  du  travail  de  M.  A.  Robin,  les  importantes  rrchcrrtu'^  «>• 
MM.  Bronardel  et  Loyo  (p.  66!^. 


-25  Octobre  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


No  43  _    701 


SÉANCE   DU   10  OCTOBRE    1889.  —  PRESIDENCE 

DE   M.    LE  DENTU. 

Traitement  des  anëvTysmea  :  MM.  Ehrmann  (de  Mulhouse),  Reolus, 
Després.  Peyrot.  —  Péziartbrlte  du  genou:  MM.  Terrillon,  Ni- 
caiee,  Desprée,  TiUaux,  Terrier.  -^  FraoUire  blmallèolaire  an- 
cienne :  MM.  ChauYel,  Boliwartz.  Tillaux. 

M.  Ehrmann  (de  Mulhouse)  communique  une  observa- 
tion d'anévrysme  poplité  guéri  par  la  méthode  de  Reid. 
Mais  il  a  fallu  plusieurs  séances  de  compression  digitale; 
dans  les  premiers  jours  il  y  a  eu  des  accidents  graves  d'em- 
bolie pulmonaire,  enfin  le  sac  a  commencé  à  s'enflammer 
el  le  nïalade  a  souffert  de  troubles  trophiques  qui  s'amélio- 
rent, mais  persistent  encore,  au  bout  de  trois  ans.  M.  Ehr- 
mann croit  que  la  compression  par  le  tube  en  caoutchouc 
doit  être  incriminée.  M.  Peyrot  rappelle  que  d'ailleurs  les 
anévrysmes  provoquent,  sans  traitement  aucun,  des  troubles 
nerveux  assez  fréquents.  M.  Reclus  insiste  sur  les  méfaits 
fréquents  des  méthodes  dites  de  douceur  et  croit  que  dans 
l'espèce  les  accidents  inflammatoires  sont  la  cause  du  mal. 
(Voyez  la  discussion  du  Congrès  de  chirurgie.) 

—  M.  Terrillon  fait  une  communication  sur  une  variété 
rare  de  périarthrite  du  genou.  Cette  affection,  décrite  par 
Gossd'in  {Arch.  gên,  de  m<^rf.,1873),  par  Trendelenburg 
(mémoire  analysé  dans  les  Archives  de  méd.,  1877),  par 
Spillmann  dans  l'arlicle  Cenou  du  Dictionnaire  encyclo- 
pédique, est  caractérisée  par  une  inflammation  de  la  bourse 
séreuse  située  derrière  le  tendon  du  triceps  (qu'il  est  clas- 
sique, en  France,  d'appeler  tendon  rotulien,  a  fait  observer 
M.  Tillaux).  Déjà  dans  l'extension,  les  côtés  de  ce  tendon 
bombent  un  peu  :  la  tuméfaction  devient  évidente  dans  la 
llexion  et  on  sent  cette  masse  tendue,  dépressible,  mais 
lion  réductible,  sur  laquelle  la  main  perçoit  une  légère 
hyperthermie.  La  flexion  est  un  peu  gênée,  la  marche  de- 
vient aisément  douloureuse;  il  y  a  quelquefois  un  peu  de 
contracture  des  fléchisseurs,  enfin  M.  Terrillon  a  vu  deux 
fois  l'atrophie  du  triceps,  quoiqu'il  n'y  eût  pas  d'arthrite. 
De  là  doiic  quelques  reserves  dans  le  pronostic,  d'autant 
plus  que  la  maladie  est  volontiei*s  chronique  et  rebelle.  Les 
rauses  restent  parfois  inconnues  ;  mais  souvent  la  maladie 
il  été  provoquée  par  une  chute  sur  le  gemou.  Les  sujets 
sont  presque  tous  jeunes  (de  quinze  à  vingt-cinq  ans)  et 
rhumatisants.  M.  Terrillon  ajoute  l'histoire  d'un  gardon  de 
seize  ans,  qui,  à  la  suite  d'une  chute,  a  eu  un  hématome 
de  cette  bourse  séreuse.  Le  traitement,  comme  celui  des 
pêriarthrites,  est  constitué  par  la  mobilisation  et  le  mas- 
sage. 

M.  Nicaise  ne  croit  pas  qu'il  faille  individualiser  celle 
périarthrite.  il  y  a  à  la  fois  inflammation  et  de  la  bourse 
séreuse  et  du  paquet  adipeux  sous-synovial  (ce  qui,  malgré 
Lancereaux,  n'est  pas  caractérislique'de  la  syphilis),  et  cet 
état  est  vulgaire  dans  les  arthrites  du  genou,  dont  il  est 
souvent  un  reliquat.  MM.  Tillaux  et  Terrier  partagent  cet 
avis. 

M.  Després  parle  à  ce  propos  des  ostéites  de  croissance  de 
la  tubérosilé  antérieure  du  tibia.  Ce  qui  n'a  rien  à  voir  avec 
celte  lésion,  non  osseuse,  répond  M.  Terrillon.  M.  Ter- 
rillon a  adopté  le  nom  de  périarthrite,  parce  que  c'est  celui 
(ju'on  emploie  pour  désigner  en  d'autres  régions  les  inflam- 
mations des  bourses  séreuses  périarticulaires. 

-—  M.  Chauvel  présente  un  officier  rendu  indrnie  par 
wue  fracture  mallêolaire  vicieusement  consolidée.  MM.  Til- 
laux et  Terrier  conseillent  une  arthrotomie  qu'on  termi- 
nera au  besoin  par  une  résection. 

—  M.  Schwartz  présente  un  malade  auquel  il  a  suturé, 
à  l'avant-bras,  le  tendon  fléchisseur  de  l'index,  en  prenant 
point  d'appui  sur  un  collier  de  catgut  serré  autour  des  bouts 
tendineux  très  dilacérés.  Le  résultat  est  excellent.   Mais 


M.    Tillaux  fait  observer  que  la  cicatrice  cutanée  bouge 

Eendant  les  mouvements  du  doigt,  ce  qui  prouve  que  les 
outs  tendineux  ne  se  sont  pas  soudés  directement,  mais  par 
l'intermédiaire  de  la  face  profonde  de  la  plaie.  Ce  mode  de 
restauration  est  le  plus  fréquent  :  M.  Tillaux  croyait  même 
autrefois  qu'il  était  le  seul  possible. 

A.  Broc  A. 


Société  de  biologie. 

SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  1880.  —  PRÉSIDENCE 
DE  M.  BROWN-SÉQUARD,  PRÉSIDENT. 

De  la  nutrition  ohez  les  tuberculeux  :  M.  Quinquaud.  —  Artérlto 
d'origine  infectieuse  :  M.  Gilbert.  --  Présentation  d'ouvrage  : 
M.  Beaunis.  —  Du  menthol  dans  la  phthisie  laryngée  :  M.  Lamy, 

—  Importance  de  la  netteté  des  images  rétiniennes  pour  la  Tision 
binoculaire  :  M.  Kalt.  —  Changements  dans  le  muscle  après  la 
mort  :  M.  Bro-wn-Séquard.  —  Quelques  effets  de  la  section  des 
nerfs  vagues  au-dessous  du  diaphragme  :  M.  Arthaud  et  Butte. 

M.  Quinquaud  a  entrepris  des  recherches  sur  l'état  de 
la  nutrition  générale  chez  les  tuberculeux  et  en  particulier 
sur  l'exhalation  de  l'acide  carbonique.  On  admet  générale- 
ment, d'après  les  expériences  de  llannover  n845)  et  d'après 
celles  plus  récentes  de  Regnard,  qu'il  y  a  cnez  ce^  malades 
diminution  considérable  de  la  quantité  d'acide  carbonique 
exhalé.  Les, observations  de  M.  Quinquaud  ne  s'accordent 
pas  avec  ce  résultat;  en  eflet  M.  Quinquaud  a  d'abord  déter- 
miné le  taux  de  l'élimination  de  CO^  chez  Thoinme  sain 
(40  à  r>5  centigrammes  par  kilogramme  et  par  heure),  et  il  a 
toujours  trouvé  une  augmentation  de  ce  taux  chez  les  phthi- 
siques  chez  lesquels  raifection  est  arrivée  à  la  deuxième 
période.  A  ce  sujet,  il  divise  ces  malades  en  deux  catégories  : 
lesphthisiques  qui  ont  delà  fièvre  et  ceux  qui  n'en  ont  pas. 
Or,  même  chez  ces  derniers,  l'exhalation  d'acide  carbonique 
est  augmentée.  Chez  les  phthisiques  fiévreux  le  phénomène 
est  encore  plus  marqué.  Quant  à  l'absorption  d*oxygène,  elle 
suit  un  peu  ces  variations  de  l'acide  carbonique. 

—  M.  Gilbert,  après  avoir  déterminé  un  traumatisme 
de  l'aorte  à  son  origine  chez  le  lapin,  a  fait  dans  ce  vais- 
seau  une  injection  de  culture  du  bacille  typhique  ;  puis 
l'animal  a  été  sacrifié  après  dix  jours.  11  a  constaté  une 
prolifération  des  éléments  de  Tarière  avec  altération  des 
libres  lisses,  incrustation  de  sels  calcaires  dans  le  tissu 
élastique  et  jusque  dans  le  tissu  conjonctif,  bref,  des 
lésions  d'artérite  comparable  à  Tarlérite  diteathéromaleuse 
chez  l'homme. 

—  M.  Beaunis  fait  homuïage  à  la  Société  de  son  livre 
sur  les  Sensations  internes, 

—  M.  Féré  présente  une  note  de  M.  Ijimy  sur  l'emploi 
du  menthol  dans  la  phthisie  laryngée. 

—  M.  Kalt  rappelle  qu*actuellement  les  ophthalmolo- 
gistes  cherchent  a  obtenir  le  redressement  des  yeux  slra- 
biques  par  les  exercices  stéréoscopiques  unis  à  l'emploi  des 
verres  correcteurs  des  anomalies  de  réfraction.  Or,  pour 
réussir,  il  faut  avant  tout  que  le  choix  des  verres  soit  le 
plus  parfait  possible  afin  de  fournir  des  images  rétiniennes 
nettes.  Ainsi  M.  Kalt  a  traité  et  guéri,  au  moyen  de  simples 
lunettes,  une  malade  atteinte  de  strabisme  divergent, 
datant  de  plusieurs  années  et  qui  avait  subi  déjà  plusieurs 
traitements  par  des  verres  et  par  des  exercices  stéréosco- 
pîques,  sans  aucun  résultat.  La  correction  exacte  d*une 
myopie  moyenne  compliquée  d'astigmatisme  donna  un 
redressement  immédiat  et  permanent. 

—  M.  Broion-Séquard  rappelle  qu'il  y  a  déjà  longtemps 
il  a  montré  qu'il  existe  dans  les  muscles,  après  la  mort, 
une  très  grande  vitalité  manifestée  par  des  conlractions  vé- 
ritables. Outre  ces  mouvements  généraux  (contractions  et 
relâchements  lents),  M.  Brown-Séquard  a  découvert  qu'il 


702    —  N«  43  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  25  Octobre  1889 


se  produit  aussi  dans  les  muscles,  post  mortem,  une  autre 
espèce  de  mouvement,  analogue  à  un  tremblement,  qui 
dure  fort  longtemps  et  qui  est  très  lent  ;  il  montre  de  nom- 
breux tracés  de  ce  tremblement.  Il  est  évident  que  le  svs- 
tème  nerveux  n'est  pour  rien  dans  la  production  de  ce  phé- 
nomène. 

—  M.  Quinquaud  présente  une  note  de  MM.  Arthaud  et 
Butte  relative  à  quelques  phénomènes  consécutifs  à  la  sec- 
tion des  deux  nerfs  vagues  au-dessous  du  thorax.  Les  ani- 
maux, après  cette  opération,  succombent  au  bout  d'un  temps 
variable  (huit  jours,  trois  semaines,  trois  mois).  L'estomac, 
le  foie  et  les  reins  présentent  des  lésions  vasculaires  mar- 
quées: on  trouve  même  des  ulcérations  de  Testomac.  Avant 
la  mort  et  au  moment  même  de  la  mort,  le  sucre  du  sang 
diminue  et  on  constate  que  cette  diminution  est  parallèle  à 
la  diminution  du  glycogène  du  foie. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

THKRAPEUTIQUE 

Bu  éraltement  ûe  la  syphlIlM  par  le«  InJeetlonM  «oiis- 
enlaaéeM  de  préparatloDii  bydrarsyrlqueif,  par  MM.  les  doc- 
teurs H.  Lkloir  et  A.  Tavernier.  —  Les  auteurs  ont  mis  à  Fessai 
celle  médication  1573  fois  :  875  injeclions  ont  été  pratiquées 
avec  Thuile  de  vaseline  au  calomcl,  642  avec  Thuile  de  vaseline 
î\  Toxyde  jaune  de  mercure,  et  56  avec  le  mercure  éteint  dans 
Thuile  de  vaseline  et  la  teinture  de  benjoin  (huile  grise),  d'après 
la  formule  de  Neisser. 

Ils  ont  constaté  que  ces  injections  agissent  surtout  sur  les 
éruptions  érythémateuses  et  les  syphilomes,  et  que,  parmi  elles, 
les  plus  actives  sont  celles  de  calomel;  Thuile  grise  possédant 
une  intensité  moindre.  Les  plaques  muqueuses  résistent  à  ces 
injections.  11  en  est  de  même  des  syphilomes  non  résolutifs. 

Parmi  les  inconvénients  du  traitement,  les  observateurs  lillois 
mentionnent  les  suivants  :  douleurs  locales  intenses,  paresse 
des  membres  inférieurs,  vertiges,  céphalalgie,  poussées  de 
plaques  muqueuses  buccales,  poussée  d'hydrargyrie  cutanée, 
stomatites  hydrargyriques  persistimles,  tumeurs  dermo-hypoder- 
iniques  non  suppurées  ou  remplies  de  sérosité  roussâtre.  De 
plus,  un  certain  nombre  de  malades  préfèrent  quitter  Thôpital 
plutôt  que  de  se  soumettre  au  traitement.  Enfin,  autre  inconvé- 
nient, les  récidives  seraient  plus  habituelles  qu*après  le  traite- 
ment par  les  frictions. 

Ces  accidents  sont  plus  fréquents  après  les  injections  de  calo* 
mel.  Ils  sont  plus  rares  après  celles  de  Thuile  grise;  mais  celle- 
ci  est  moins  énergique  dans  ses  effets  que  le  calomel. 

Au  résumé,  les  indications  du  traitement  de  la  syphilis  par 
les  injections  sous-cutanées  de  préparations  mercurielles  peuvent 
se  formuler  ainsi  :  éruptions  érythémateuses,  éruptions  de 
syphilomes  résolutifs  du  tégument  externe. 

Par  contre,  il  ne  met  pas  â  Tabri  des  récidives,  et  ne  doit  être 
prescrit  ni  contre  la  syphilis  cérébro-spinale,  ni  contre  la  syphi- 
lis viscérale,  ni  contre  celle  des  femmes  enceintes.  Son  avantage 
principal  consiste  dans  la  brutalité  et  la  rapidité  de  son  action, 
(î'cst  pourquoi,  dans  Timmense  majorité  des  cas,  MM.  Leloir  et 
Tavernier  préfèrent  et  recommandent  les  frictions.  {Bulletin 
médical  du  Nord,  27  septembre  1881K) 

Du  traltonicnl  de  psoriasis  par  l'Iodare  de  polamiiaiii  à 
très  bante  dose,  par  M.  le  docteur  P.  dk  Molknes.  —  Le  traite- 
ment de  Haslund  consiste,  oa  le  sait,  à  faire  ingérer  aux  enfants 
jusquïi  10  grammes  d'iodurc  quotidiennement,  en  commençant 
par  des  doses  de  3  à  4  grammes,  que  Ton  augmente  de  2  gram- 
mes tous  les  deux  ou  trois  jours,  jusqu'à  30  et  iO  grammes. 
Cette  médication  est  continuée  pendant  cinq  ou  six  semaines. 

Il  peut,  cela  va  sans  dire,  se  produire  des  moments  d'intolé- 
rance, des  éruptions  iodiques  variées  et  même  des  phénomènes 
d*iodism«  aigu;  ces  accidents  sont  relativement  plus  rares  que 


par  remploi  des  faibles  doses.  A  Tappui  de  ces  considènaion^. 
M.  de  Molènes  publie  deux  observations  de  guérison  d'un  \fsc- 
riasis  rebelle  aux  autres  traitements.  {Arch.  générales  de  mrd,. 
juin  1881).) 

De  la  vaiear  de  la  eréaliae,  de  l*hydraaaplU«l  e(  da 
liaasilleaie  de  Mode  eamaie  «ermieide,  par  M.  le  dorteii" 
Ch.  J.  FooTE.  —  Ces  expériences  ont  été  entreprises  sur  de- 
cultures  du  bacille  de  la  fièvre  typhoïde,  du  pneumocoque  d* 
Fricdlander,  du  streptocoque  de  Térysipèle  et  du  staphylocofiiif 
pyogenes  aureus. 

M.  Foote  cherchait  comparativement  à  déterminer  la  do-i 
correspondante  de  bichlorure  de  mercure,  d'acide  pliéuique  ou 
de  résorcine  au  moyen  de  laquelle  on  pouvait  stériliser  le  mi^in* 
bouillon  de  culture.  A  son  avis,  et  d'après  ses  recherches,  voi«'i 
le  rang  dans  lequel  on  peut  placer  les  antiseptiques,  en  ce  qui 
concerne  leur  puissance  germicide  :  1"  le  bichlorure  à  t  sur 
2000;  2«  l'acide  phénique  a  1  pour  100;  3»  le  thymol  à  t  Nur 
240;  'i°  la  créoline  à  1  pour  100;  5"*  l'hydronaphtol  à  1  |K>ur 
2300;  6''  le  iluosilicate  de  soude  à  1  sur  240,  la  résorrin»-  à 
1  pour  100  et  la  créoline  à  1  pour  2000. 

En  conséquence,  le  pouvoir  germicide  des  solutions  de  flo^ 
silicate  de  soude  et  d'hydronaphtol  n'approche  pas,  même  <lf 
loin,  celui  des  solutions  faibles  de  bichlorure  de  mercure  e\  U 
puissance  germicide  de  la  créoline  égale  celle  de  Tacid»»  pht- 
nique,  mais  sans  lui  être  bien  supérieure.  {The  AmeriCfin  Jour- 
nal of  med.  Sciences,  septembre  1889.) 

Des  altérations  des  selntlaas  aqueuses  de  merpblsr,  par 

M,  Lan  AL.  —  Dans  ce  mémoire,  l'auteur  démontre  que  l«»s  solu- 
tions aqueuses  de  morphine  préparées  avec  un  sel  absolument 
pur  et  une  eau  bidistillée  ne  s'altèrent  pas  quand  on  les  con- 
serve à  l'abri  de  Pair  atmosphérique  et  de  la  lumière.  Quand 
elles  se  troublent,  ce  phénomène  est  dû  au  développement  di* 
micro-organismes  :  leur  coloration  résulte  de  l'action  de  It 
lumière,  et  leur  acidité  de  la  présence  de  ferments. 

Cette  coloration  résulterait  de  la  présence  de  la  niorphètinc 
et  les  dépôts  cristallins  de  celle  de  l'oxymorphine  :  substance^ 
qui  toutes  deux  donnent  une  réaction  acide.  Ajoutons  qu'il  ni* 
se  produit  pas  d'apomorphine  par  l'altération  des  solution^ 
aqueuses  des  sels  morphiniques.  Voilà  une  conclusion  différent*' 
d'une  opinion  généralement  reçue.  {Annales  de  la  Société  'irs 
médecins  d'Anvers,  p.  112,  juillet  1889.) 

De  l'anosmle  eQealniqae,  par  M.  le  docteur  ZwuAnnKM.VKKR. 
—  On  sait  que  Anrep  a  insisté  sur  Faction  que  la  cocaïne  exerr.> 
sur  les  nerfs  gustatifs  et  Koller  sur  son  inlluence  sur  la  rétine. 
Au  moyen  de  l'olfactomètre,  l'auteur  a  pu  étudier  les  effets  de 
la  poudre  de  cocaïne  introduite  dans  la  région  antérieure  de^ 
fosses  nasales. 

Une  minute  après  Tinsufflation,  le  sens  de  Fodorat  était 
émoussé.  Un  quart  d'heure  après,  il  était  presque  nul,  de  sorte 
que  M.  Zvoardemaker  admet  la  production  d'une  anosniie  tem- 
poraire au  contact  d'une  suffisante  quantité  de  cocaïne  avec  la 
pituitaire.  Cette  anosmie  persiste  pendant  une  heure,  diminuant 
graduellement.  Elle  est  précédée  d'une  période  très  brêv« 
d'hyperesthésie  de  l'olfaction.  (Fortschritte  der  med.,  I"  juil- 
let 1880.) 


BIBLIOGRAPHIE 

Manuel    pratique    de»    maladlea    dea    yevx^    liai'    M.    le 

docteur  L.  Vachek.  —  Paris,  1890,  0.  Doiin 

Écrit  pour  les  élèves  et  pour  les  praticiens  qui  ne  peuvent 
consulter  les  volumineux  Traités  d  ophthalmologie,  ce  petit 
livre  résume  aussi  nettement  qu'il  est  possible  les  connais- 
sances actuellement  acquises  et  indiscutables.  Sobre  de 
théories,  Tauteur,  riche  aujourd'hui  d'une  expérience  de 
plusieurs  années,  peut,  sur  nombre  de  questions  pratique>. 


^25  Octobre  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        —  N*  43  —    703 


donner  son  opinion  personnelle.  Certainement  ses  idées  ne 
sont  pas  toujours  celles  qui  semblent  acceptées  par  le  plus 
grand  nombre:  telles,  la  supériorité  de  la  greffe  par  trans* 
plantation  dans  les  lésions  des  paupières  nécessitant  une 
autoplastie,  la  préférence  à  donner  à  la  dilatation  des 
points  et  des  canaux  lacrymaux  pour  le  cathétérisme  du 
ranal  nasal  avec  les  sondes  de  Bonmann,  les  avantages  de  la 
synéchitomie  dans  les  adhérences  de  Tiris  avec  la  cornée, 
les  bons  résultats  de  la  sclérotomie  antérieure  et  surtout  de 
la  sclérotomie  équatoriale  dans  certaines  formes  du  glau- 
come. Mais  comme  notre  distingué  confrère  sait  faire  la  part 
des  opinions  adverses,  on  ne  peut  lui  reprocher  d'exposer 
sivec  plus  de  détails  ce  qu'il  croit  être  la  vérité. 

Le  volume  débute  par  l'examen  de  l'œil  et  de  ses 
annexes,  l'étude  de  la  réfraction  statique  et  dynamique,  des 
méthodes  subjectives  et  objectives  qui  en  permettent  la 
détermination  précise.  Nul  plus  que  nous  n'apprécie  les 
services  aue  peut  rendre  la  kératoscopie  de  Cuignet,  à 
laquelle  M.  Vacher  donne  le  nom  de  dioptroscopie,  et 
toujours  nous  avons  soutenu  la  supériorité  des  procédés 
objectifs  dans  la  mensuration  des  amétropsies.  Mais  dans  la 
pratique,  il  en  faut  toujours  revenir  à  l'essai  des  lunettes,  et 
souvent  les  verres  convenables,  les  verres  qu'il  faut  près- 
crirey  s'éloignent  sensiblement  des  verres  exactement  cor- 
recteurs d'un  vice  de  réfraction.  Il  est  nécessaire  de  rap- 
l>eler  ce  fait  aux  praticiens  pour  ne  fAS  les  exposer  à  donner 
à  leurs  clients  des  lunettes  plus  nuisibles  qu'utiles. 

Nous  ne  pouvons  suivre  l'auteur  dans  sa  description  de 
toutes  les  affections  oculaires,  depuis  les  paupières  jusqu'aux 
membranes  profondes  de  Tœil  et  à  son  système  musculaire. 
Si  l'ordre  adopté  par  notre  confrère  peut  être  sujet  à  critique 
en  quelques  parties,  il  faut  reconnaître  que  dans  tout 
le  cours  de  1  ouvrage  il  a  su  garder  une  juste  mesure, 
donnant  à  l'étude  de  chaque  affection  une  part  du  livre  pro- 
portionnée à  son  importance.  Le  style  est  simple,  clair,  la 
lecture  aisée,  et  comme  l'étudiant,  le  praticien  pressé  par 
le  temps,  j  trouvera  facilement  le  renseignement  qui  lui 
est  nécessaire,  la  formule  dont  il  a  besoin. 

J.  Chauvel. 


Xhe   médical  aad  «nri^ical  Hlutory  of   the  ivar   of  ihe 

Bebeiiiov,  111"  partie,  volume  I  (Médical  Bistory),  par 
Charles  Smart.  —  Washington,  Government  printing 
office,  1888,  1  vol.  in-4»  de  989  pages. 

Ce  volume  est  le  troisième  de  la  partie  médicale  de 
V Histoire  de  la  guerre  de  la  Rébellion;  le  premier  volume 
avait  été  publié  en  4870;  mais  la  publication  de  ces  docu- 
ments a  été  interrompue  par  la  mort  du  chirurgien 
Woodward,  qui  avait  accumulé  des  matériaux  de  la  plus 
grande  valeur;  le  major  Charles  Smart  a  pris  la  tâche  de 
continuer  cette  œuvre  remarquable,  dont  le  chirurgien  géné- 
ral J.  Moor  a  dirigé  l'achèvement. 

Ce  dernier  volume  ne  le  cède  en  rien  aux  précédents  par 
la  perfection  typographique  et  par  l'abondance  des  tableaux, 
des  tracés,  des  courbes,  des  planches  anatomo-patholo- 
giques  et  histologiques.  Il  nous  eût  semblé  suffisant  d'en 
signaler  l'apparition,  si  nous  n'avions  considéré  que  les 
résultats  statistiques  des  aflectioiis  médicales  communes; 
mais  ce  volume  comprend  plus  de  cinq  cents  pages  consa- 
crées aux  fièvres  continues,  c*est-à-dire  principalement  à  la 
fièvre  typhoïde,  qui  constituent  une  monographie  du  plus 
grand  intérêt.  \\  s'agit,  en  effet,  de  près  de  140000  cas 
observés  en  cinq  ans  et  demi,  sur  lesquels  la  mortalité 
a  été  de  30000  environ,  soit  68  décès  sur  1000  hommes 
de  troupes  engagées. 

La  comparaison  de  la  mortalité  chez  les  blancs  et  chez 
les  troupes  colorées  mérite  d'être  étudiée,  car  la  proportion 
relative  varie  suivant  les  diverses  maladies. 


Des  travaux  documentaires  de  ce  genre  sont  destinés  aux 
bibliothèques  des  savants;  ils  servent  de  base  aux  recherches 
statistiques,  mais  l'analyse  résu^mée  en  serait  aride,  et  la 
discussion  raisonnée  des  résultats  n'offrirait  d'intérêt  que 
pour  un  travail  d'ensemble  sur  des  recherches  similaires 
que  nous  n'avons  pas  à  exposer  dans  ce  simple  index  biblio- 
graphique. 


VARIÉTÉS 

Bicord 

(1800-1889). 

L'illustre  doyen  des  syphiligraphes  français  n'est  plus. 
Atteint  une  première  fois,  il  y  a  quelaues  semaines,  d'acci- 
dents pneumoniques,  le  maître  semblait  avoir  triomphé  du 
mal,  èrâce  à  sa  robuste  constitution;  il  avait  même  pu,  il  y 
a  quelques  jours,  faire  une  sortie  en  voiture.  Une  rechute, 
provoquée  par  un  nouveau  refroidissement,  amena  un  rapide 
épuisement  de  forces,  et,  malgré  les  soins  empressés  de 
MM.Potain,  Bouchut  et  Pignot,  M.  Ricord  s'est  éteint  le 
mardi  22  octobre  à  trois  heures  du  matin. 

Des  voix  plus  autorisées  que  la  nôtre  rendront  l'hom- 
mage qu'il  convient  au  chef  de  l'Ecole  du  Midi  ;  dans  le 
premier  moment  d'émotion  de  notre  deuil,  nous  ne  pouvons 
que  rappeler  ici  en  quelques  traits  les  principales  phases  de 
sa  longue  carrière. 

Philippe  Ricord  était  né  le  10  décembre  1800,  aux  États- 
Unis,  à  Baltimore,  de  parents  français.  Après  avoir  fait  ses 
premières  études  dans  son  pays  natal,  il  fut  envoyé  par  son 
père  à  Paris  pour  compléter  son  éducation  et  s  inscrire  à 
TEcole  de  droit.  Il  aoandonna  bientôt  le  droit  pour  la 
médecine  et  se  fit  recevoir  interne  des  hôpitaux  au 
concours  de  l'année  1822.  Interne  de  Dupuytren,  puis  de 
Lisfranc  à  l'hôpital  de  la  Pitié,  il  soutint  sa  thèse  inaugurale 
en  1826  et  eut  à  traiter  plusieurs  propositions  sur  divers 
points  de  chirurgie. 

N'ayant  pas  les  moyens  de  rester  à  Paris,  le  jeune  docteur 
alla  d  abord  à  Olivet,  près  d'Orléans,  puis  s'établit  à  Crouy- 
sur-Ourcq,  petit  village  des  environs  de  Meaux.  Mais  il 
n'avait  pas  abandonné  le  projet  de  poursuivre  ses  études  et 
d'arriver  par  le  concours  aux  divers  grades  qu'il  ambition- 
nait; bientôt  il  quittait  son  modeste  poste  de  province  pour 
prendre  part  à  un  concours  pour  le  Bureau  central  de  chi- 
rurgie en  1828;  il  y  fut  nommé  le  premier. 

Trois  ans  après,  le  hasard  des  mutations  l'amenait  à  l'hô- 
pital du  Midi  en  remplacement  de  Bard,  et  c'est  dans  cet 
hôpital  que  devait  s'écouler  toute  sa  carrière  jusqu'à  ce  que 
l'âge  imposé  pour  la  retraite  le  forçât,  vers  la  fin  de 
l'année  1860,  à  quitter  cette  maison  sur  laquelle  il  avait 
jeté  pendant  ces  trente  années  d'exercice  une  renommée 
qui  ne  périra  pas. 

Placé  sur  un  terrain  nouveau  pour  lui,  au  milieu  du  chaos 
qui  régnait  alors  en  matière  de  vénéréologie,  le  nouveau 
chirurgien  du  Midi  s'attacha  avant  tout  à  l'observation  atten- 
tive des  faits,  et,  se  servant  de  la  méthode  des  inoculations, 
il  arriva  à  prouver  d'une  manière  irréfutable  la  différence 
(le  nature  qui  existait  entre  la  blennorrhagie  et  la  syphilis. 
La  démonstration  du  chancre  syphilitique  intra-uréthral 
acheva  d'éclairer  la  question  qu'avait  contribué  à  obscurcir 
la  célèbre  expérience  de  llunter. 

Ce  fut  seulement  plus  tard,  et  l'honneur  en  revient 
surtout  à  un  de  ses  élèves,  Bassereau,  que  le  même  travail 
de  sélection  établit  la  doctrine  de  la  dualité  des  chancres 
(1852),  doctrine  qui  fut  édifiée  sous  les  yeux  de  Ricord  et  à 
laquelle  il  apporta  tout  aussitôt  l'appoint  de  sa  grande 
autorité. 

A  ce  moment  l'École  du  Midi  avait  atteint  son  apogée  ; 
l'enseignement  de  Ricord  attirait  de  toute  part  de  nombreux 


704    —  N*  43  —        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  25  Octobhk  1889 


élèves  et  souvent  le  maître  se  plaisait  dans  la  belle  saison  à 
faire  ses  leçons  dans  le  jardin  de  Tbôpital,  à  l'exemple  de 
ce  qu'avait  fait  Alibert  à  l'hôpital  Saint-Louis. 

A  cette  première  période  de  sa  vie  se  rattache  la  publica- 
tion de  plusieurs  travaux;  divers  mémoires  sur  les  maladies 
vénériennes  et  leur  thérapeutique,  et  surtout  le  Traité  pra- 
tique des  maladies  vénériennes  (1838),  les  annotations  à  la 
traduction,  par  G.  Richelot,  du  Traité  de  la  maladie  véné- 
rienne^ par  Hunier  (1840),  et  la  Clinique  iconographique 
de  rhôpital  des  vénériens  (1842-1851),  ouvrage  publié  en 
livraisons,  et  dont  les  planches  fort  belles,  forment  un 
ensemble  de  documents  précieux  encore  à  consulter.  Peu 
après  parurent  les  célèbres  Lettres  sur  la  syphilis  dans 
VUnion  médicale  de  1850-1851,  et  en  1857,  les  Leçons  sur 
le  chancre,  rédigées  et  augmentées  de  notes  nombreuses 
par  son  interne  Alfred  Fournier. 

Membre  de  la  Société  de  chirurgie,  Ricord  fut  nommé 
membre  de  l'Académie  de  médecine,  le  23  avril  1850,  dans 
la  section  de  pathologie  chirurgicale  ;  il  devint  président 
de  la  savante  compagnie  en  1868. 

C'est  peu  de  temps  après  son  entrée  à  rAcadémie  qu'eut 
lieu  la  célèbre  discussion  sur  la  syphilisalion  et  la  transmis- 
sion des  accidents  secondaires.  La  lutte  fut  engagée  par 
Velpeau  (séance  du  7  septembre  185-2),  et  elle  se  continua 
pendant  plusieurs  mois.  Velpeau,  soutenu  par  Gibert,  le 
médecin  de  l'hôpital  Saint-Louis,  se  posa  en  partisan  de  la 
contagiosité  des  accidents  dits  secondaires.  Ricord  défendit 
la  cause  contraire;  il  avait  jusque-là  enseigné  dans  ses 
leçons  que  ces  accidents  n'étaient  pas  contagieux. 

De  part  et  d'autre,  il  y  eut  de  mémorables  joutes  ora- 
toires, mais  les  doctrines  du  célèbre  maître  sortirent  ébran- 
lées de  la  lutte,  et  lui-même  dut  reconnaître  dans  la  suite 
la^art  de  vérité  qu'il  y  avait  dans  l'opinion  de  ses  adver- 
saires. 

Peu  d'années  après,  il  quittait  l'hôpital  du  Midi  (1860)  et 
se  consacrait  des  lors  presque  exclusivement  à  sa  nom- 
breuse clientèle.  Rappelons  seulement  que,  pendant  le 
siège  de  Paris,  Ricord  fut  le  président  du  comité  des  ambu- 
lances de  la  Presse. 

Doué  d'un  caractère  excellent,  d'un  esprit  dont  les  saillies 
sont  devenues  proverbiales,  remarquable  clinicien,  Ricord 
obtint  le  plus  grand  succès  comme  médecin  et  comme 
homme  du  monde. 

Excessivement  bon,  il  était  fort  aimé  de  ses  élèves  et  de 
ses  malades  ;  et  c'était  un  touchant  spectacle,  nous  a-t-on 
dit,  que  de  voir  célébrer,  à  l'hôpital  du  Midi,  chaque  l*'mai, 
jour  de  la  Saint-Philippe,  la  fête  du  chirurgien  en  chef. 
Kntouré  de  ses  élèves,  les  anciens  accourus  chaque  année 
se  grouper  auprès  des  nouveaux,  le  maître  recevait  de  ses 
malades  des  compliments  et  des  bouquets;  et  ce  jour-là, 
par  sa  libéralité,  1  ordinaire  des  malades  se  changeait  en  un 
véritable  festin.  C'est  un  souvenir  qu'il  aimait  et  qu'il  se 
plaisait  à  rappeler  tout  dernièrement  encore,  alors  qu'il 
présidait  si  joyeusement  le  banquet  de  clôture  du  Congrès 
international  de  dermatologie  et  de  syphiligraphie.  Ce  fut 
pour  lui  une  joie  véritable  que  de  voir  réunis  alors  tant  de 
mé  lecins  éminenls  de  tous  les  pays  du  monde,  dont  beaucoup 
avaient  été  ses  élèves  à  l'hôpital  du  Midi,  et  les  ovations 
dont  il  fut  l'objet  lui  rappelèrent  les  plus  belles  journées 
de  triomphe  d'autrefois. 

Jusqu'au  moment  de  tomber  malade,  Ricord  avait  con- 
servé son  cabinet  de  consultations  et  il  voyait  encore  chaque 
jour  de  nombreux  malades.  11  suivait"  assidûment  les 
séances  de  l'Académie  de  médecine,  et,  si  sa  démarche  était 
devenue  difficile,  son  esprit  restait  toujours  aleK*».  «  Je  me 
porte  bien,  répondait-il  à  ceux  qui  lui  demandaient  des 
nouvelles  de  sa  santé,  ce  sont  mes  jambes  qui  ne  me  por- 
tent plus.  » 

Très  amateur  de  choses  d'art,  Ricord  avait  réuni  chez  lui 
de  belles  sculptures  etdenombreux  tableaux  de  maîtres;  il 


ne  dédaignait  pas  non  plus  la  poésie.  Chéreau  a  publié  dan^ 
son  Parnasse  médical  un  poème  héroï-comique  en  lroi> 
chants  écrit  par  Ricord  alors  qu'il  était  encore  le  mode>te 
praticien  de  Crouy-sur-Ourcq  ;  et  lui-même  nous  montrait, 
il  y  a  deux  mois  à  peine,  un  quatrain  qu'il  fit  en  l'honneur 
de  l'arrivée  d'Edison  à  Paris. 

Même  pendant  sa  maladie,  sa  bonne  humeur,  on  peut  U- 
dire,  l'accompagna  jusqu'au  moment  où  les  progrès  du  mai 
lui  firent  perdre  connaissance. 

Ricord  avait  un  frère  aîné,  médecin  naturaliste  très  distin- 
gué, qui  est  mort  il  y  a  quelques  années;  il  était  resté  lui- 
même  célibataire.  Il  était  grand-officier  de  la  Légion 
d'honneur  depuis  1871,  et  décoré  de  presque  tous  les  ordres 


étrangers. 


Parmi  ses  élèves  préférés,  de  ceux  qui  surent  se  faire  un** 
place  à  côté  du  maître  dans  le  domaine  des  études  spéciale^ 

3u'il  avait  illustrées,  deux  sont  morts  avant  lui,  il  y  a  peu 
e  temps,  Bassereau  et  Clerc  ;  mais  il  nous  reste  Diday,  le 
doyen  de  l'école  syphiligraphique  lyonnaise,  et  le  profes- 
seur Alfred  Fournier,  grâce  auquel  l'enseignement  Je  celte 
branche  spéciale  de  la  médecine  conquit  enfin  son  droit  de 
cité  universitaire,  etrestesi  brillammenlreprésenléà  l'Ecylr 
de  Paris. 

Henri  FEULxn II. 

--  On  annonce  aussi  la  mort  de  M.  le  docteur  Philipu4%  um- 
decin  principal  de  l'arniée,  en  retraite  à  Sainl-Mandé;  de  M.  If 
docteur  Répin  (de  Conlie);  de  M.  le  docteur  Jacolot  (de  LorieiiU. 
et  de  M.  le  docteur  Micault,  roédecin-major. 


Faculté  de  médecine  de  Paris.  —  M.  le  professeur  KicIhi 
vient  d'être  admis,  sur  sa  demande,  a  faire  valoir  ses  droit>  à 
la  retraite. 

Faculté  de  mèdeclnk  de  Pauis.  —  Le  personnel  des  lra*j«i 
pratiques,  pour  l'année  scolaire  1889-1890,  est  compost*  coiuoi»- 
suit: 

Travaux  pratiques  de  physique:  MM.  Weiss,  agrégé,  ilid 
des  travaux;  Sandoz  et  Mergier,  préparateurs. 

Travaux  pratiques  de  chimie  :  MM.  Hanriot,  chef  des  travaux. 
Monange,  préparateur;  de  Thierry,  Grolous  et  Bourault,  pn''|i3- 
rateurs-adjoints. 

Travaux  pratiques  d'histoire  naturelle  .*  MM.  Faguet,  cli.*. 
des  travaux;  Artault,  Blondel  et  Meurisse,  préparateurs. 

Travaux  pratiques  d  histologie  :  MM.  Rémy,  chef  des  travaui; 
Variol,  chef  adjoint  des  travaux;  Chatellier,  préparateur. 
Launois,  Girode,  Pilliet,  Binot,  Legrand  et  Moreau,  aides-prépa- 
rateurs. 

Travaux  pratiques  d'anatomie  pathologique:  MM.  Rrauii, 
chef  des  travaux;  Chantemesse,  Toupet,  préparateurs;  Widjl, 
Guinon,  Nicollc,  Parmentier,  Legry,  moniteurs. 

Concours  de  i/internat.  —  La  composition  écrite  du  concoure 
de  rinternat  s'est  faite  lundi  21  octobre,  à  midi.  Le  jury  était 
composé  de  MM.  Alphonse  Guérin,  président;  Dejérine, MoutarJ- 
Martin,  Hallopeau,  Ueynier,  Schwartzet  Bonnaire.  Les  candidab 
étaient  au  nombre  de  386. 

Le  sujet,  qui  a  été  tiré,  était:  Muqueuse  utérine;  diatjuosiv 
différentiel  des  mètrorrhagies,  La  lecture  des  copies  cunnnen- 
cera  vendredi  prochain,  à  quatre  heures  quinze,  dans  le  graim 
amphithéâtre  tfe  IWssislance  publique. 

—  Le  jury  du  concours  pour  la  médaille  d'or  de  riult*ri).ii 
(médecine)  est  arrêté  de  la  manion»  suivante  :  MM.  Cornil,  Poz/'. 
Ilervieux,  Debove  et  Gombault  (de  Beaujon). 

Faculté  de  médecine  de  Montpellieu.  —  Oni  été  noiuino^ 
M.  Grand,  professeur  de   botanique  et  histoire  naturelle  médi- 
cales; M.  Imbert,  professeur  de  physique  médicale;  M.Courchct. 
professeur  d'histoire  naturelle  des  médicaments  et  botanique. 


G.  Masson,  Pr  prié  taire-Gérant, 

20759.  ~  MoTTinOE.  ~  Imprimeries  rënnied,  A,  rue  Uit^aon,  3.  Paris. 


25  Octobre  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         _  N<>  43  _      705 

SUPPLÉMENT  THÉRAPEUTIQUE 

DE    LA 

GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


THÉRAPEUTIQUE 

De    la    médlCfia^ii    laxative, 

Par    le    docteur    L.    Delbord. 

La  médication  laxative  tend  de  plus  en  plus  à  se  substi- 
tuer aux  anciennes  méthodes  purgatives,  qui  abusaient  des 
drastiques  et  amenaient  forcément  et  en  peu  de  temps  une 
irritation  chronique  du  tube  digestif  avec  tous  les  inconvé- 
nients qui  en  résultent. 

L'effet  presque  immédiat  des  laxatifs  est  de  provoquer  à 
la  surface  des  muqueuses  intestinales  une  sécrétion  qui 
provoque  Téliminalion  des  déchets  organiques  cristalloides, 
tels  que  Furée  et  la  créatine. 

Ces  produits  accumulés  dans  le  sang  forment  certaine- 
ment un  terrain  favorable  au  développement  d'un  grand 
nombre  de  maladies. 

On  sait,  en  effet,  que  les  microbes  et  germes  infectieux 
qui  sont  Torigine  d'une  foulé  d'affections,  ont  besoin  pour 
se  développer  d'un  milieu  favorable.  D'où  l'utilité  des  laxa- 
tifs à  certaines  époques,  surtout  chez  les  personnes  qui  éli- 
minent peu  par  suite  d'un  travail  sédentaire  ou  usent  d'une 
alimentation  riche  en  substances  azotées. 

Mais,  parmi  les  nombreux  laxatifs  connus,  un  grand 
nombre  ont  de  multiples  inconvénients;  c'est  ainsi  que  les 
eaux  minérales  naturelles  ou  autres,  dont  on  a  tant«ibusé 
<lans  ces  derniers  temps,  ont  le  défaut  grave  de  n'agir  qu'en 
produisant  une  hypersécrétion  trop  abondante  des  mu- 
queuses et  amènent  ainsi  toujours,  à  leur  suite,  l'embarras 
1,'aslrique  et  la  constipation. 

Les  Tablettes  laxatives  au  Convolvulus  officinalis  que 
prépare  M.  Géraudel  n'onl  point  cet  inconvénient.  Leur 
saveur  est  agréable,  il  suffit  de  les  laisser  fondre  dans  la 
bouche  pour  que  l'effet  se  produise  au  moyen  de  la  salive 
qui  forme  ainsi  une  sorte  d'émulsion  laxative.  Leur  usage, 
même  prolongé,  n'amène  jamais  ni  constipation,  ni  irrita- 
tion intestinale  :  en  un  mot.  elles  agissent  suivant  le  vieux 
pKécepte:  cita,  tuto  etjucunde. 


Nouveau  Iraliomeut  de  la  constipation  et  de  l'anémie. 

Une  lies  affections  contre  lesquelles  l'expérience  des  praticiens 
vient  échouer  le  plus  frécjuemraenl  est  sans  contredit  la  constipa- 
tion. Le  régime  joue  un  rôle  important  dans  le  traitement  de  cette 
maladie,  mais  il  arrive  souvent  qu'il  ne  suffit  pas.  Les  malades 
se  laissent  alors  facilement  aller  à  abuser  des  purgatifs  et  en 
particulier  des  drastiques,  aloès,  coloquintes,  etc....;  mais  les 
moyens'  qu'ils  emploient  finissent  par  irriter  les  organes  de  la 
digestion;  leur  action  s'épuise,  et  la  constipation  qui  semblait 
guérie  reparait  plus  intense  et  plus  grave  que  jamais. 

Les  efforts  du  médecin  doivent  tendre  à  mettre  les  malades  en 
garde  contre  l'abus  de  tels  remèdes  et  à  faire  adopter  ceux  qui 
procurent  les  résultats  les  plus  satisfaisants,  tout  en  n'expo- 
sant pas  aux  mêmes  dangers. 

Parmi  ces  derniers.  Te  plus  efficace  est  certainement  ia 
Cascara  Sagrada,  ou  écorce  du  Rhamnus  Purshiana,  qui,  expé- 
rimentée d'abord  en  Amérioue,  son  pays  d'origine,  puis  dans  les 
hôpitaux  de  Paris,  est  considérée  aujourd'hui  comme  le  vérilable 
spécifique  de  la  constipation  chronique. 

M.  Demazitre,  pharmacien  à  Paris,  après  avoir  étudié  lu 
Cascara  Sagrada  au  point  de  vue  chimique  et  micrographique, 
arriva  à  conclure  que  pour  obtenir  de  ce  précieux  reniôde 
tout  l'effet  qu'on  peut  en  altendre,  il  fallait  l'administrer  à  l'état 
naturel,  sans  avoir  recours  aux  préparations  telles  que  l'extrait 
ou  la  te  nture;  mais  la  poudre  était  d'un  goût  très  désagréable,  il 
prépara  donc  des  dragées  avec  cette  poudre,  et  obtint  ainsi  un 
méaicament  d'une  eflicacité  certaine  et  facile  à  prendre,*même 
pour  les  malades  les  plus  exigeants.  Les  Dragées  Demaziere  à  la  • 
6'a«caraSa^>'arfa  contiennent  12  centigrammes  et  demi  de  poudre 
par  dragée.  La  dose  ordinaire  est  de  deux  dragées  le  matin  au 
réveil,  et  deux  le  soir  au  moment  du  dernier  repas  ou  avant  de 
se  coucher.  Si  la  constipation  résiste  à  cette  dose,  on  peut 
augmenter  celle-ci  sans  inconvénient,  pour  la  diminuer  ensuite 

Progressivement^  jusqu'à  ce  que  les  selles  paraissent  se  produire 
'une  façon  spontanée  et  sans  le  concours  d'aucun  médicament. 

Les  remarquables  effets  obtenus  à  l'aide  delà  Cascara  Sagrada 
dans  les  cas  de  constipation,  conduisirent  naturellement 
M.  Demaziere  à  utiliser  ce  précieux  remède  non  seulement  dans 
les  cas  où  la  constipation  est  une  affection  naturelle  du  malade, 
mais  encore  dans  ceux  également  nombreux  où  elle  est  la  con- 
séquence de  l'absorption  d'un  médicament  quelconque,  du  fer  en 
particulier.  Il  prépara  donc  des  dragées  dans  lesquelles  l'iodure 
de  fer  est  associé  à  la  Cascara.  Ce  nouveau  produit  a  l'avantage 
de  réunir  tout  à  la  fois  les  propriétés  du  fer  et  de  l'iode  et  de  ne 
jamais  occasionner  de  constipation.  Déplus,  la  Cascara  Sagrada 
ayant  une  action  stimulante  manifeste,  non  seulement  sur  Tin- 
testin.  mais  encore  sur  l'estomac,  ces  dragées  sont  digérées  et 
absorbées  avec  la  plus  grande  facilité. 

Les  Dragées  Demaziere  à  Viodure  de  fer  et  à  la  Cascara 
constituent  donc  le  remède  le  plus  énergique  contre  l'anémie  et 
la  chlorose.  La  dose  moyenne  est  de  deux  dragées  par  jour  pour 
les  enfants,  et  de  quatre  pour  les  adultes,  prises  en  deux  fois 
au  moment  des  deux  principaux  repas  ;  mais  celte  dose  peut 
varier  suivantles  tempéraments  et  d'après  les  circonstances  dont 
le  médecin  sera  juge. 

Dosées  avec  le  plus  graud  soin,  les  dragées  Demaziere  a  la 
Cascara  Sagrada  et  celles  à  l'iodure  de  fer  et  à  la  Cascara  ont 
toujours  donné  les  meilleurs  résultats.  Expérimentées  dans  les 
hôpitaux  de  Paris,  adoptées  par  un  grand  nombre  de  médecins 
de  France  et  de  l'étranger,  elles  ont  pleinement  confirmé  les 
observations  qui  avaient  été  recueillies  en  Amérique. 

Du  rosle,  ann  que  chaque  médecin  puisse  se  convaincre  de  la 
valeu»  de  ces  aeux  produits,  M.  Demaziere,  pharmacien  de 
1'-  classe,  ancien  interne  des  hôpitaux  de  Paris,  lauréat  de  l'Ecole 
de  pharmacie  (médaille  d'or),  membre  de  la  Société  de  médecine 
pratique,  envoie  franco  des  échantillons  de  ses  Dragées  à  qui- 
conque lui  en  adresse  la  demande.  71,  avenue  de  Villiers,  à  Paris. 

13.. 


706 


K»  43  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         25  Octobre  1889 


THÉRAPEUTIQUE 

L'anémie,  la  chlorose,  la  chloro-anémie  et  toutes  les 
maladies  qui  ont  pour  cause  Tappauvrisseraent  du  sang, 
jouissent  du  triste  privilège  de  nous  faire  parcourir  constam- 
ment la  gamme  des  médications  de  toute  espèce.  Ce  n*est 
pas  que  nous  ignorions  qnels  sont  les  agents  qui  peuvent 
influer  sur  ces  diathèses  si  persistantes,  mais  c'est  que  nous 
hésitons  sur  la  manière  de  les  employer  pour  produire  un 
résultat  efficace.  Le  fer  est  l'agent  par  excellence  de  la 
rénovation  du  sang;  mais  il  faut  d'abord  qu'il  soit  toléré, 
puis  qu'il  soit  assimilé,  enfin  qu'il  apporte  dans  l'économie 
ses  propriétés  fortifiantes  sans  faire  naître  cette  déplorable 
infirmité  qu'on  appelle  la  constipation.  Tous  les  chimistes 
se  sont  mis  à  l'œuvre  pour  résoudre  le  problème,  et 
quelques-uns  sont  arrivés  à  des  résultats  très  utiles.  Nous 
voulons  rechercher  quelle  est,  dans  l'état  actuel  de  la 
science  pharmaceutique,  la  préparation  qui  a  le  mieux 
réussi. 

Les  pilules  de  Valiel  jouissent  d'une  faveur  méritée  ; 
elles  ont  remplacé  avec  avantage  ces  affreuses  boissons  de 
rouille  qui  étaient  répugnantes,  à  peu  près  inefficaces,  et 
cependant  indigestes.  Elles  n'ont  pu  cependant  satisfaire  à 
toutes  les  exigences  du  programme  que  les  chercheurs 
sérieux  s'étaient  imposées  :  leur  usage  prolongé  amène 
presque  toujours  la  constipation. 

Les  pilules  de  Blaud,  recommandables  à  certains  égards, 
n'ont  pas  davantage  échappé  au  même  .écueil.  Et  nul  ne 
saurait  nier  la  gravité  d'un  semblable  danger.  La  constipa- 
tion est  une  des  plus  cruelles  souffrances  infligées  à  l'espèce 
humaine  et  personne  n'ignore  que  ce  sont  précisément 
les  sujets  anémiques  et  chloro-anémiques  qui  sont  les  plus 
prédisposés  à  cette  terrible  affection. 

Beaucoup  d'autres  préparations  ont  été  produites,  qui  ont 
eu  la  prétention  d'avoir  résolu  le  problème  ;  elles  ne  méri- 
tent pas  même  d'être  citées;  elles  avaient  les  inconvénients 
des  produits  sérieux  sans  en  avoir  l'efficacité. 

En  1839,  MM.  Gélis  et  Conté  ont  présenté  à  l'Académie 
de  médecine  une  préparation  nouvelle,  soigneusement 
étudiée,  et  paraissant  répondre  à  tous  les  desiderata.  L'Aca- 
démie a  nommé  une  Commission  qu'elle  a  chargée 
d'examiner  le  nouveau  produit. 

Cette  Commission  était  composée  de  M.  Fouquier,  profes- 
seur à  la  Faculté  de  Paris;  de  M.  Bally,  président  de  l'Aca- 
démie, et  de  M.  Bouillaud,  également  professeur  à  l'École 
de  médecine.  Il  était  difficile  de  constituer  un  jury  plus 
compétent  et  plus  honorable. 

MM.  Fouquier  et  Bouillaud  se  sont  livrés  à  des  expé- 
riences nombreuses,  et  leur  verdict  ne  s'est  pas  fait  attendre. 
Sans  nier  le  mérite  relatif  des  préparations  déjà  connues 
que  nous  avons  citées  plus  haut,  ils  ont  déclaré  que  les 


dragées  de  Gélis  et  Conté  au  lactate  de  fer  étaient  supé- 
rieures à  ces  préparations  et  devaient  leur  être  préférées. 
A  l'appui  de  leur  opinion,  ils  ont  apporté  la  relation  d'obser- 
vations nombreuses  dans  lesquelles  ils  constataient  les 
résultats  très  satisfaisants  qu'ils  avaient  obtenus  de  l'emploi 
fait  par  eux-mêmes  de  la  médication  nouvelle.  Le  docteur 
Hardy,  chef  de  clinique  du  professeur  Fouquier,  est  venu 
appuyer  l'opinion  de  son  chef  de  ses  observations  person- 
nelles, et  les  services  des  professeurs  Andral,  Bouillaud,  de 
MM.  Bally,  Beau,  Nonat,  fournirent  bientôt  leur  contingent 
d'observations  aussi  concluantes. 

Sur  le  rapport  de  sa  Commission,  l'Académie  de  médecine 
a  voté  des  remerciements  à  MM.  Gélis  et  Conté  et  l'impres- 
sion dans  le  Bulletin  de  l'Académie  du  mémoire  qui  avait 
accompagné  la.  présentation  de  leur  produit. 

La  supériorité  du  lactate  de  fer  sur  les  autres  prépara- 
tions martiales  a  été  de  ce  moment  reconnue.  Plus  tard,  elle 
fut  confirmée  par  les  nombreuses  expériences,  tant  physio- 
logiques que  pathologiques,  de  MM.  Claude  Bernard. 
Bareswil  et  Lemaire,  et  plus  tard  encore,  en  1858,  par  le 
rapport  d'une  nouvelle  Commission  de  TAcadémie  de  méde- 
cine, composée  de  MM.  les  professeurs  Velpeau,  Trousseau, 
Depaul,  Bouchardat  et  Boudet.  Les  expériences  qui  furent 
faites  alors,  en  présence  de  MM.  Robiquet,  BoudaïUt  et 
Corvisart,  constatèrent  d'une  manière  irréfutable  les  avan- 
tages du  lactate  de  fer  au  point  de  vue  de  la  digestion  et  de 
l'assimilation. 

Il  est  donc  définitivement  acquis  que  les  dragées  dAiélis 
et  Conté  sont  le  ferrugineux  le  plus  efScace,  et  qu'aucun  ne 
saurait  combattre  l'anémie,  la  chlorose,  la  chloro-anémie. 
avec  une  plus  grande  certitude  de  succès. 

{Union  médicale.) 


G.  Masson,  Propriétaire-GéranU 

'i(nh\K  —  MOTTEROZ.  —  Imprimeries  réunies,  A,  me  Mlgaon,  %  Paris. 


Trente-sixième  année 


N*44 


1"  Novembre  1889 


GÂZËTTË  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECIJNË  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D'  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  6.  DIEUUFOY,  DREYFUS-BRISAC,  FRANCOIS-FRANCK,  A.  HËNOCQUE,  A.g.  lARTIN,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédactwn  à  M.  Lereboullet,  Ai,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRE.  —BOLLETIN.  — Clinique  chirurgigali.  Lo  traitement  du  prolapsus 
rectal  par  la  colopexie.— Travaux  originaux.  Pathologie  générale  :  Recherches 
sur  la  nature  et  le  mode  de  transmission  du  tétanos.  —  Rbvub  des  Conorks. 
Quatrième  Congrès  français  de  chirurgie,  tenu  à  Paris  du  7  au  12  octobre  1880. 
Résultats  immédiats  et  éloignés  des  opérations  dirigées  contre  les  tuberculoses 
locales.  —  Communications  diverses.  —  SociÉTés  savantes.  —  Académie  de 
médecine.  -^  Société  médicale  des  hôpitaux.  —  Société  de  biologie.  —  Société 
de  thérapeutique.  —  Rbvub  dbs  journaux.  Travaux  à  consulter.  —  Biblioora- 
PHIB.  Encyclopédie  d'hygiène  et  de  médecine  publique.  —  VARiiiés.  Faculté 
de  médecine  de  Paris. 


BULLETIN 

Paris,  30  octobre  1889. 

Académie  de  médecine  :  Bapport  sur  les  vaeeinatlon*. 
—  La  prophylaxie  de  la  tabei^ulose. —  Choléeyatcnté- 
i^ostoinle. 

L'étendue  exceptionnelle  que  nous  avons  donnée  au  compte 
rendu  de  la  dernière  séance  de  l'Académie  (p.  712)  en  dé- 
montre tout  l'intérêt.  L'analyse  du  rapport  général  de 
M.  Hervieux  sur  les  vaccinations  en  France  et  dans  les 
colonies  françaises  méritait,  en  effet,  de  tenir  la  place  qu'elle 
occupe  dans  nos  colonnes.  Les  lecteurs  de  la  Gazette  seront 
heureux  de  pouvoir  lire  ce  nouveau  plaidoyer  en  faveur 
d'une  mesure  prophylactique  dont  on  contesterait  en  vain 
la  bienfaisante  intluence. 

Le  savant  et  éloquent  rapport  de  M.  Hervieux  expose  une 
fois  de  plus  et  démontre  les  résultats  obtenus  dans  tous  les 
pays  où  la  vaccination  et  la  revaccination  sont  devenues 
obligatoires.  Ainsi  que  le  fait  observer  M.  le  directeur  de  la 
vaccine,  on  pouvait,  il  y  a  quelques  années,  lors  de  la  dis- 
cussion du  projet  de  loi  Liouville,  craindre  que  la  mesure  ne 
fût  prématurée;  mais  aujourd'hui.,  grâce  au  développement 
qu'a  pris  la  pratique  de  la  vaccine  animale,  les  ressources 
vaccinales  ne  peuvent  manquer  et  elles  ne  sauraient  être 
onéreuses.  La  grande  extension  que  le  service  spécial  de 
l'Académie  vient  de  prendre  en  témoigne  aisément  ;  le  par- 
lement serait  sans  excuse  s'il  s'opposait  encore  au  vote  de 
la  loi  que  le  Conseil  d'Etat  élabore  en  ce  moment  et  qui  est 
conforme  aux  conclusions,  très  concordantes  d'ailleurs,  du 
rapport  de  M.  Hervieux  à  l'Académie  et  du  rapport  de 
M.  Proust  au  Comité  consultatif  d'hygiène  publique  de 
France. 

—  Grâce  à  une  allocation  ministérielle  que  nous  avons 
annoncée  il  y  a  quelques  mois,  l'Académie  a  pu  construire 
une  petite  étable,  très  simplement  aménagée,  mais  dans  les 
2«  SéRiE,  T.  XXYl. 


meilleures  conditions  de  salubrité,  afin  de  récolter  elle- 
même  le  vaccin  qui  lui  est  nécessaire  pour  son  service  de 
vaccine  actuellement  trihebdomadaire. 

Puisque  nous  parlons  ici  de  nouvelles  constructions  faites 
ou  à  faire,  il  nous  sera  permis  d'exprimer  le  vœu  que  le 
gouvernement  tienne  aussi  à  ne  pas  laisser  plus  longtemps 
la  bibliothèque  de  l'Académie  dans  l'état  de  délabrement  où 
elle  se  trouve.  Les  poutres  qui  soutiennent  le  plafond  viennent 
en  effet  de  subir  de  graves  avaries;  elles  sont  vraisemblable- 
ment pourries,  et  il  a  fallu  en  toute  hâte  les  élayeravec  de 
forts  madriers  au  nombre  de  huit  qui  encombrent  la  grande 
salle.  Le  péril  immédiat  est  conjuré;  mais,  pour  procéder 
aux  réparations  nécessaires,  il  faudrait  enlever  une  grande 
partie  des  livres  de  celte  riche  collection,  et  il  n'y  a  nulle 
part,  dans  l'Académie,  de  locaux  pour  les  recevoir.  Une  solu- 
tion prompte  s'impose,  et  la  meilleure  serait  assurément 
d'élever  sur  le  jardin  en  bordure  sur  le  boulevard  Saint- 
Germain  une  vaste  salle  de  bibliothèque,  à  un  étage,  avec 
combles  vitrés.  Une  construction  en  fer  et  briques,  conve- 
nablement aménagée,  n'absorberait  pas  un  crédit  bien  con- 
sidérable, et  assurerait  aux  livres  de  l'Académie  un  abri  de 
plus  en  plus  urgent,  laissant  à  des  projets  définitifs  d'amé- 
nagement ou  de  reconstruction  le  temps  d'aboutir. 

—  Nous  ne  ferons  que  signaler  aujourd'hui  les  modifica- 
tions apportées  par  la  Commission  de  la  tuberculose  au 
rapport  dont  M.  Villemin  a  donné  lecture.  Les  conclusions 
de  celui-ci  diffèrent  peu  en  effet  de  celles  qui  avaient  déjà 
soulevé  diverses  objections;  mais  la  nouvelle  rédaction  est 
plus  claire,  plus  explicite  que  l'ancienne.  La  Commission, 
tout  en  affirmant  encore  que  la  tuberculose  peut  se  trans- 
mettre par  le  lait,  la  viande  mal  cuite  et  le  sang,  incrimine 
surtout  les  crachats  tuberculeux  et  indique  très  nettement 
les  conditions  dans  lesquelles  ceux-ci  pourront  transmettre 
la  maladie. 

Dès  que  la  discussion  aura  bien  établi  sur  tous  les  points 
en  litige  l'opinion  de  l'Académie  de  médecine,  une  ques- 
tion préjudicielle,  déjà  posée  par  M.  Trasbot,  sera  soulevée. 
L'Académie  devra-l-elle  se  borner  à  répandi^e  dans  le  public 
une  instruction  prophylactique  de  la  tuberculose,  c'est- 
à-dire  l'ensemble  des  conseils  pratiques  dont  on  trouvera 
plus  loin  (p.  713)  l'exposé  succinct?  Fera-t-elle  mieux  au 
contraire  de  donner  l'appui  de  son  autorité  aux  doctrines 
scientifiques  dont  les  mesures  prophylactiques  conseillées 
ne  sont  que  l'application?  La  première  solution  parait 
plus   avantageuse.  Encore  est-il  probable  que  bien   des 


706    —  N-  44  —        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        !•'  Novembre  1889 


réserves  seront  faites  au  sujet  de  la  nocuité  du  lait  et  des 
yiandes  suspectes.  Il  nous  semble  toutefois  que  la  publicité 
extra-médicale  qui  est  donnée  au  compte  rendu  de  toutes 
les  séances  de  l'Académie  rend  bien  illusoires  les  réserves 
formulées  au  sujet  du  rapport  de  M.  Villemin.  Si  l'opinion 
publique  se  pénètre  bien  des  dangers  qu'il  signale,  un  pro- 
grès réel  pourra  sans  doute  être  facilement  obtenu.  C'est  ce 
que  nous  essayerons  de  montrer  en  suivant  la  discussion 
académique. 

—  Nous  devons  signaler  aussi  la  remarquable  observation 
communiquée  par  M.  Terrier.  Chacun  connaît  l'habileté 
opératoire  et  l'expérience  consommée  dulsavant  chirurgien 
de  l'hôpital  Bichat.  La  nouvelle  opération  qu'il  vient  de 
pratiquer  est  aussi  difficile  à  réaliser  que  son  nom  est  bar- 
bare. Le  succès  obtenu  par  M.  Terrier  est  d'autant  plus 
remarquable  et  plus  digne  d'être  signalé. 


CLINIQUE  CHIRURGICALE 

Le  iraiienimt  da   prolapsus  reetal   par   la  eolopexie. 

Il  est  indiscutable  que  le  prolapsus  du  rectum,  dans  cer- 
taines formes  tout  au  moins,  est  une  des  affections  les  plus 
rebelles  que  le  chirurgien  puisse  avoir  à  traiter.  La  multi- 
plicité des  procédés  opératoires  par  lesquels  on  l'attaque 
est  déjà  une  preuve  qu'il  n'en  est  aucun  dont  l'efficacité  soit 
réelle,  et  M.  Jeannel  (de  Toulouse)  vient  encore  accroître 
d'une  unité  cette  liste  déjà  longue,  très  longue  même.  Nous 
croyons  toutefois  devoir  exposer  ce  procédé  avec  quelques 
détails,  d'après  le  remarquable  rapport  lu  à  l'Académie  par 
le  professeur  Verneuil.  La  conception  en  effet  semble  bonne, 
et,  si  tous  les  temps  opératoires  ne  sont  pas  fixés  définitive- 
ment, si  la  sanction  du  temps  fait  encore  défaut  pour  per- 
mettre d'affirmer  que  la  cure  se  maintiendra,  il  y  a  cepen- 
dant dans  l'intervention  de  M.  Jeannel  une  idée  directrice 
qui  restera,  qui  tout  au  moins  inspirera  de  nouvelles 
recherches. 

I 

Avant  de  résumer  l'observation  de  M.  Jeannel,  il  est 
indispensable  d'étudier  la  physiologie  pathologique  des  pro- 
lapsus du  rectum. 

Et  d'abord,  chacun  sait  qu'il  en  est  deux  variétés  :  le 
prolapsus  partiel,  celui  de  la  muqueuse  seule;  le  prolapsus 
total,  de  la  paroi  rectale  tout  entière.  Du  premier,  celui 
des  enfants,  il  ne  sera  pas  question.  Aussi  bien  semble-t-il 
tout  différent,  en  pathogénie  comme  en  anatomie  patholo- 
gique, du  prolapsus  total,  vraie  invagination  rectale,  à  deux 
ou  à  trois  cylindres.  Car  au  rectum  l'invagination  à  deux 
cylindres  existe.  On  conçoit  que  si  l'invagination  a  quelque 
étendue,  le  péritoine  formera  un  cul-de-sac  entre  les  cylin- 
dres juxtaposés,  et  même  l'intestin  grêle  peut  former  une 
hernie,  une  hédrocèle  comme  a  dit  Uhde,  dans  ce  prolon- 
gement anormal. 

Cette  complexité  anatomique  de  la  tumeur  prolabée  a  un 
intérêt  pratique  assez  grand  :  n'est-il  pas  bon  de  savoir 
que  si  on  excise  cette  tumeur  on  ouvrira  souvent  le  péri- 
toine? Aussi  cette  excision  n'a-t-elle  été  faite  sans  danger 
que  depuis  l'avènement  de  l'antisepsie.  Les  opérations  de 
Mikulicz,  puis  de  Billroth,  de  Nicoladoni,  ont  été  couron- 
nées de  succès.  Succès  immédiat,  s'entend,  car  la  plupart 
des  malades  ne  semblent  pas  avoir  été  suivis  pendant  assez 


longtemps  pour  que  la  cure  soit  sûrement  définitive.  Or,  si 
nous  avons  bonne  mémoire,  nous  avons  vu  il  y  a  dix-huit 
mois  environ  à  l'hôpital  Lariboisière  une  femme  à  laquelle 
Ch.  Nélaton  avait  enlevé  un  prolapsus  rectal;  la  guériso!. 
opératoire  avait  été  remarquable,  mais  quelques  mois  apr^> 
la  lésion  récidivait.  C'est  que  l'extirpation  de  la  mas<« 
herniée  ne  constitue  qu'un  traitement  symptomatîque.  Ellr 
ne  s'attaque  nullement —  sauf  si  une  tumeur  implantée  su: 
la  masse  est,  par  traction,  l'origine  du  déplacement  —  aai 
causes  premières  du  prolapsus.  Causes  complexes,  d'ailleur^. 
comme  celles  des  prolapsus  génitaux,  avec  lesquels,  chez  la 
femme,  le  prolapsus  rectal  s'associe  volontiers.  Or  c'e>: 
l'examen  attentif  des  moyens  de  fixité  normaux  du  rectum 
qui  va  nous  permettre  de  comprendre  quelles  sont  ce< 
causes,  tout  comme  l'analyse  étiologique  des  prolapsus 
génitaux  n'est  possible  que  si  on  possède  des  connais- 
sances précises  sur  la  fixité  de  l'utérus  normal. 

Le  rectum,  organe  de  la  défécation,  doit  subir  les  poussées 
qui  résultent  de  l'effort  expulsif.  Si  rien  ne  le  retenait.  i( 
ferait  hernie  à  chaque  effort.  Hais,  avant  de  s'ouvrir  à  Texte- 
rieur,  le  tube  intestinal  traverse  le  plancher  ano-périnéaUet 
là  il  est  entouré  de  fibres  musculaires  striées,  nombreuse^ 
et  résistantes,  celles  du  releveur  de  l'anus  et  du  sphinctei 
externe:  vrai  cône,  dont  la  base,  supérieure,  s'insère  aa 
squelette  pelvien  et  dont  le  sommet  est  perforé  par  le 
rectum,  à  la  paroi  duquel  se  fixent  nombre  de  ses  fibre>. 
L'extrémité  inférieure  du  rectum  est  donc  bien  soutenue. 
Mais  la  tonicité  de  ces  muscles  striés  n'est  pas  seule  en  jeu. 
A  côté  d'elle,  il  faut  faire  une  large  place  aux  faisceaux  con- 
jonctifs  et  fibreux,  par  places  groupés  en  aponévroses,  pla5 
ou  moins  mélangés  défibres  lisses;  ilfautaussi  tenir  compte 
des  cordages  vasculaires  qui  unissent  à  la  région  lombaire 
la  paroi  postérieure  de  l'S  iliaque  et  du  rectum.  Trousseaux 
fibreux  et  vaisseaux  constituent  surtout  la  charpente  du 
méso-côlon  iliaque  et  du  méso-rectum,  tapissés  qu'ils  sont 
sur  chaque  face  par  un  feuillet  péritonéal.  Hais  le  péritoine 
n'est  pas,  en  soi,  un  moyen  de  fixité;  il  entoure,  il  réunit 
en  faisceaux  les  véritables  moyens  de  fixité,  c'est-à-dire  le> 
éléments  conjonctifs  et  vasculaires. 

Dans  presque  tous  les  prolapsus  du  rectum,  un  examen 
clinique  grossier  démontre  que  le  plancher  ano-périnéal 
ne  fournit  plus  au  rectum  qu'un  appui  insuffisant,  que  les 
muscles,  striés  et  lisses,  ont  perdu  toute  résistance.  La  vue 
ne  fait-elle  pas  constater  que  l'anus  large,  dépourvu  de  plis 
rayonnes,  est  au  centre  d'une  région  plane,  convexe  même, 
et  non  plus  concave,  comme  lorsque  le  cône  musculaire  a 
gardé  son  énergie?  Le  doigt  ne  pénètre-t-il  pas  dans  l'anus 
sans  que  le  sphincter  manifeste  la  moindre  velléité  de 
contraction  î 

De  ces  observations,  on  a  déduit  bien  des  procédés  opéra- 
toires. On  a  cherché  à  rétrécir  l'anus  par  la  rétraction  cica- 
tricielle de  quatre  pointes  de  feu  profondes,  enfoncées  en 
croix  autour  de  lui;  on  a  fait  des  excisions  en  V,  suivies  ou 
non  de  suture.  M.  Schwartz  a  fait  connaître  au  nlernier 
Congrès  de  chirurgie  un  succès  qu'il  a  obtenu  par  une  véri- 
table périnéorrhaphie,  qui  lui  a  permis  de  rétrécir  en  avant 
l'orifice  anal.  En  même  temps,  on  peut  agir  sur  la  tumeur 
elle-même,  la  faire  rétracter,  par  exemple,  par  la  cicatrisa- 
tion de  profondes  raies  de  feu  longitudinales. 

Hais  il  faut  reconnaître  qu'après  ces  diverses  opérations, 
même  aidées  d'un  traitement  tonique  attentif,  la  récidive 
est  très  fréquente,  récidive  contre  laquelle  on  reste  trop 
souvent  désarmé.  Le  motif  en  est  aisé  à  comprendre:  la 


!•'  NoVENBRE  1889      GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N-  44  —    707 


descente  n'a  pu  se  faire  qu'à  la  faveur  d*un  glissement 
anormal,  d'une  laxité  pathologique  du  méso  qui  suspend  le 
rectum.  Or  les  opérations  précédemment  éuumérées  ne 
remédient  en  rien  à  cet  état,  et  le  rectum,  mal  suspendu, 
continuera  à  venir  peser  sur  un  plancher  ano-périnéal  qui, 
par  surcroît,  restera  privé  de  tonicité  musculaire  ;  car  on 
rétrécit  l'anus,  mais  on  ne  refait  pas  un  sphincter.  Et  n'est- 
ce  pas  précisément  là  le  défaut  de  la  cuirasse  de  la  péri- 
néorrhaphie  appliquée  aux  prolapsus  utérins;  descolpor- 
rhaphies  dirigées  contre  ces  prolapsus,  la  cystocèle,  la 
reclocèle?  Aussi,  depuis  quelques  années,  a-t-on  repris  une 
idée  d'Alquié  et  a-t-on  attiré  l'utérus  en  haut  en  tirant  sur 
les  ligaments  ronds  ;  aussi,  plus  récemment,  a-t-on  été 
chercher  dans  l'abdomen  le  fond  de  l'utérus  qu'on  a  suturé 
à  la  face  postérieure  de  la  paroi  abdominale  antérieure.  On 
a  cherché,  en  somme,  à  raccourcir  les  moyens  de  fixité 
relâchés;  ou  bien,  à  leur  défaut,  à  fournir  à  l'utérus  déplacé 
une  adhérence  artificielle.  C'est  de  cette  hystéropexie  que 
dérive  la  colopexie  imaginée  par  M.  Jeannel. 

II 

M.  Jeannel  a  pensé  que  si  ou  pouvait  amener  l'S  iliaque 
au  dehors  et  tirer  sur  son  bout  inférieur,  on  réduirait  de  la 
sorte  la  tumeur  prolabée:  tout  comme  Hutchinson,  en  1871, 
ouvrit  l'abdomen  d'un  enfant  de  quatre  ans  pour  réduire  une 
invagination  dont  l'extrémité  inférieure,  au  moment  de 
TefTort,  faisait  hors  de  l'anus  une  saillie  d'un  pouce.  Et  cela 
une  fois  exécuté,  ne  pourrait-on  pas  faire  contracter  adhé- 
rence, en  cette  position,  à  l'anse  fixée  dans  la  plaie  de  la 
paroi  abdominale?  Lacolopexie  simple  consisterait  à  suturer 
aux  lèvres  de  cette  plaie  deux  ou  trois  appendices  épi- 
ploïques. 

Mais,  dit  M.  Jeannel,  la  colopexie  simple  serait  probable- 
ment inefficace  contre  les  cas  invéti^rés.  Elle  remédie  à  la 
cause  du  déplacement,  mais  elle  ne  permet  pas  d'agir  sur 
ses  effets.  Or  ces  effets  ne  sont  pas  négligeables.  La  muqueuse 
ne  reste  pas  impunément  exposée  à  l'air;  elle  s'enflamme, 
s'exulcère,  saigne,  suppure,  devient  irritable.  Cette  rectite, 
une  fois  le  prolapsus  réduit,  se  traduira  par  du  ténesme, 
des  efforts;  de  là  des  tiraillements  défavorables  à  l'établis- 
sement des  adhérences;  et  de  plus,  ces  lésions  ano-rectales 
seront  difficiles  à  guérir  tant  qu'elles  seront  soumises  au 
contact  irritant  des  matières  fécales  et  aux  mouvements 
répétés  qu'exige  la  défécation.  De  là  l'idée  complémentaire 
de  M.  Jeannel  :  ouvrir  un  anus  contre  nature  sur  l'S  iliaque, 
de  façon  à  assurer  le  repos  de  la  région  malade. 

Ce  plan  opératoire  a  été  mis  en  œuvre  sur  une  femme  de 
cinquante-sept  ans,  chez  qui  le  prolapsus,  ayant  environ 
deux  mois  de  date,  s'associait  à  une  chute  de  l'utérus  avec 
cystocèle  et  avait  résisté  aux  raies  de  feu  longitudinales.  Le 
6  février,  l'S  iliaque  fut  amenée  au  dehors  et  M.  Jeannel 
constata  d'abord  que,  conformément  à  ses  prévisions,  la 
traction  sur  le  bout  inférieur  réduisait  rapidement  et  com- 
plètement la  masse  prolabée.  Cette  traction  une  fois  effec- 
tuée, l'anse  fut  fixée  par  le  procédé  de  Maydl,  en  embro- 
chant le  méso  avec  une  grosse  sonde  uréthrale,  garnie  de 
gaze  iodoformée.  Puis,  le  sixième  jour,  l'anse  fut  ouverte 
au  thermocautère. 

Depuis  celle  époque,  la  malade  se  porte  fort  bien  et  son 
prolapsus  n'a  pas  récidivé,  mais  elle  subit  les  inconvénients 
d'un  anus  artificiel.  La  cure  ne  sera  donc  complète  que  le 
jour  où  M.  Jeannel  aura,  par  l'entérotoraic  et  l'entérorrha- 


phie,  détruit  l'éperon  et  suturé  l'orifice  anormal,  et  alors 
seulement  on  pourra  dire  si  les  adhérences  seront  capables 
de  résister  aux  poussées  de  la  défécation. 

Un  mois  après  l'opération,  M.  Jeannel  dut  quitter  son 
service  hospitalier  et  il  conseilla,  en  attendant  le  dernier 
acte  chirurgical,  de  soumettre  la  région  périnéale  à  Télec- 
trisation,  pour  combattre  l'affaiblissement  des  muscles. 
Cette  prescription  ne  fut  pas  suivie  et  cependant  au  15  sep- 
tembre, quand  M.  Jeannel  reprit  son  service,  l'amélioration 
était  notable.  L'anus,  entouré  de  plis  rayonnes,  est  encore 
un  peu  plus  ouvert  que  normalement,  mais  le  sphincter 
fait  sentir  quelque  striction  au  doigt  qui  le  franchit;  or 
avant  Topération  il  était  absolument  inerte.  La  cystocèle  et 
la  chute  de  l'utérus  (chute  incomplète  d'ailleurs)  ont 
aujourd'hui  disparu. 

III 

L'observation  que  nous  venons  de  résumer  est  donc 
incomplète  et  la  prudence  conseille  de  rester  sur  la  réserve 
avant  d'affirmer  que  la  malade  sera  guérie  ;  d'attendre 
quelques  mois  encore  après  la  fermeture  de  Tanus  artificiel 
avant  de  chanter  définitivement  victoire.  Mais  on  peut  appré- 
cier et  les  déductions  qui  ont  guidé  M.  Jeannel  et  le  résultat 
partiel  d'ores  et  déjà  obtenu. 

La  réduction  possible  du  prolapsus  en  tirant  sur  l'S  iliaque 
est  indiscutablement  possible,  dans  certains  cas  tout  au 
moins.  Cela  étant,  lorsque  les  lésions  ano-rectales  seront 
médiocres,  quand  on  jugera  inutile  la  dérivation  des 
matières,  on  pourra  s'adresser  à  la  colopexie  simple.  Mais 
on  est  en  droit  de  se  demander  si  les  adhérences  créées  par 
la  fixation  de  quelques  appendices  épiplolques  auront  une 
tonicité  suffisante.  Qui  ne  sait  avec  quelle  facilité  se  mobi- 
lise, sous  l'influence  de  ses  mouvements  incessants,  une 
anse  intestinale  adhérente?  C'est  là  une  objection  à  priori  ; 
mais  on  ne  saurait  raisonner  à  posteriori  avec  une  méthode 
qui  n'a  pas  encore  été  appliquée.  Et  cette  objection  a  quelque 
valeur,  puisque  après  hystéropexie  on  a  vu  retomber  l'utérus. 
La  même  récidive  est  possible,  quoique  bien  moins  pro- 
bable, après  les  adhérences  solides  qu'on  provoque  autour 
de  l'anse  attirée  au  dehors,  dans  toute  son  épaisseur,  pour 
créer  un  anus  artificiel  avec  éperon. 

On  peut  négliger,  de  nos  jours,  le  danger  que  courra  la 
malade  le  jour  où  M.  Jeannel  oblitérera  l'anus  artificiel. 
Mais  porter  de  la  sorte,  pendant  plusieurs  mois,  une  infir- 
mité dégoûtante,  n'est-ce  pas  payer  bien  cher  une  cure 
encore  non  démontrée?  La  longueur  du  traitement  n'est  pas 
une  objection  valable,  car  les  méthodes  classiques  ne  sont 
pas  toujours  d'une  rapidité  excessive  et  d'autre  part,  de 
récidive  en  récidive,  les  malades  n'en  sont  plus  à  compter 
les  mois  qu'ils  passent  entre  les  mains  d'un  chirurgien. 
Qu'importe  encore  que,  pendant  ce  temps,  le  patient  soit 
soumis  aux  inconvéniens  de  Tanus  artériel  :  qu'on  lui  offre 
une  méthode  efficace  à  l'abri  de  ces  inconvénients.  La  seule 
question  à  se  poser  est  donc  la  suivante  :  la  colopexie  avec 
anus  contre  nature  est-elle  efficace?  L'avenir  seul  permettra 
de  se  prononcer.  Mais  déjà  un  point  semble  acquis  :  on  peut 
remplacer  l'infirmité  du  prolapsus  par  celle  de  l'anus  arti- 
ficiel. Or,  pour  les  cas  invétérés  et  rebelles,  c'est  peut-être 
déjà  un  résultat.  Qui  n'a  vu  des  malades  que  leur  prolapsus 
rend  incapables  de  tout  travail,  de  toute  marche,  et  même  de 
la  station  debout  quelque  peu  prolongée?  Au  moindre  effort, 
leur  rectum  descend  à  l'extérieur,  et  de  là  des  douleurs,  des 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        i«^  Novembre  1889 


suintements  sanguins^  de  la  gêne  tout  au  moins,  sans  parler 
de  la  possibilité  de  complications  graves.  Si  à  ceux-là  on 
offrait  en  échange  les  désagréments  de  la  colotomie  iliaque, 
quelques-uns  sans  doute  n'hésiteraient  pas. 

A.  Broca. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

PatholOfcie  générale. 

Recherches  sur  la  nature  et  le  mode  de  transmis- 
sion DU  TÉTANOS,  par  MM.  Mauean,  médecin-major 
de  2*  classe,  et  Peugniez,  professeur  à  TEcole  de  mé- 
decine d'Amiens  (1). 

Nous  avons  entrepris,  à  propos  de  plusieurs  cas  de  téta- 
nos observés  presque  en  même  temps,  des  recherches  sur 
la  nature  et  le  mode  de  transmission  de  la  maladie  :  nous 
avons  essayé  de  la  reproduire  sur  des  animaux  et  d'isoler 
le  bacille  considéré  depuis  Nicolaier  comme  l'agent  patho- 
gène du  tétanos.  Disons-le  tout  d'abord;  nos  expériences 
d'inoculations  et  nos  essais  de  culture  sont  restés  stériles. 
Nous  n'avons  pu  reproduire  la  maladie  que  dans  des  cir- 
constances spéciales,  en  insérant  sur  des  lapins  un  corps 
étranger  trouvé  dans  la  plaie  d'un  homme  atteint  de 
tétanos. 

I.  —  Transmission  du  tétanos  par  un  corps  étranger. 

Voici  en  abrégé  le  fait  qui  nous  a  servi  de  point  de 
départ  : 

Obs.  —  B...,  vingt-huit  ans,  bien  portant  d'habitude,  arrive 
à  Amiens  le  !•'  mai  1889,  comme  réserviste  au  2*  escadron  du 
train  :  le  5  mai,  il  se  plaint  d'un  malaise  mal  défini  ;  le  8,  il  est 
atteint  de  trismus  et  de  raideur  de  la  nuque,  et  il  meurt  le 
i6  mai  d'un  tétanos  rapide  et  classique. 

Au  moment  où  le  trismus  s'est  déclaré,  B...  ne  présentait 
d'autre  lésion  qu'une  petite  plaie,  située  à  la  face  palmaire  du 
pouce  droit  et  recouverte  d'une  croûte  mince  soulevée  par  un 

Seu  de  pus.  Cette  croûte  est  incisée  (8  mai)  et  le  stylet  introduit 
ans  la  plaie  rencontre  un  corps  étranger  oui  est  extrait  immé- 
diatement. C'est  un  fragment  de  bois  long  de  15  millimètres  et 
un  peu  plus  gros  qu'une  allumette.  La  plaie,  située  au  niveau 
du  pli  interphalangien,  est  obli(]ue  en  bas  :  son  trajet,  entière- 
ment sous-cutané,  n'intéresse  ni  les  os,  ni  l'articulation.  Traitée 
par  riodoforme  et  les  bains  phéniqués,  elle  était  entièrement 
cicatrisée  au  bout  de  six  jours,  et  au  moment  où  le  tétanos  avait 
atteint  tout  son  développement. 

B...  raconte  qu'il  s'est  fait  cette  plaie  le  23  avril  en  maniant 
sa  pelle,  dont  le  manche  présentait  une  écharde  saillante  et 
^)ointue. Aussitôt  après  l'accidenl,  il  avait  essayé,  au  moyen  d'une 
épingle,  de  retirer  le  corps  étranger;  il  avait  réussi  à  en  extraire 
un  petit  fragment  et  se  croyait  débarrassé.  La  plaie  d'ailleurs 
n'était  pas  douloureuse  et  ne  l'avait  pas  empêché  de  travailler. 

Ajoutons  (pour  nous  mettre  en  règle  avec  la  théorie  équine) 
que  le  blessé  était  cantonnier,  qu'il  travaillait  sur  une  grande 
route,  et  que  pendant  la  nuit  il  laissait  sa  pelle  dans  les  champs. 
Le  manche  de  l'instrument  (qui  nous  a  été  remis  et  qui  a  servi 
à  des  expériences  d'inoculations  et  de  cultures)  avait  séjourné 
dans  une  écurie  pendant  longtemps  ;  il  portait  des  traces  de 
boue  à  son  extrémité  inférieure,  mais  pas  à  l'endroit  où  Té- 
charde  faisait  saillie.  Dans  le  villafi^c  du  blessé  et  dans  les 
environs  on  ne  se  souvenait  pas  aavoir  entendu  parler  de 
tétanos  humain  ou  équin  depuis  plus  de  dix  ans. 

Expérience  I.  Premier  fait  de  transmission.  — -  Aussitôt 
après  son  extraction  de  la  plaie,  le  fragment  de  bois  avait  été 
placé  dans  un  tube  à  essai  contenant  de  la  glycérine  neutre 
stérilisée  :  le  11  mai,  après  trois  jours  de  macération,  il  fut 
inséré  sous  la  peau  d'un  lapin  vigoureux  :  on  lit  une  petite  plaie 
sur  le  flanc  gauche  de  l'animal  ;  par  cette  plaie  on  produisit  avec 

(1)  Travail  fait  au  laboratoire  do  l'École  de  médecine  d'Amiens. 


un  stylet  un  décollement  susceptible  de  recevoir  le  corps  étran- 
ger et  on  ferma  la  plaie  avec  deux  points  de  suture. 

Dans  la  matinée  au  13,  quarante-huit  heures  après  l'opéra  lion, 
on  trouve  l'animal  replié  sur  le  côté  droit  et  pouvant  à  poin*' 
se  tenir  debout  ;  au  niveau  de  la  plaie  existe  une  tuméfaction 
limitée  et  douloureuse.  A  six  heures  du  soir,  il  ne  peut  plu»  s*- 
lever  ;  ses  membres  sont  raides  et  étendus  :  la  tète  est  relevv'- 
et  la  queue  rabattue  sur  le  sacrum.  Dés  qu'on  approche,  qu*ou 
fait  du  bruit,  ou  qu'on  le  touche,  il  éprouve  des  secousses  con- 
Yulsives  de  tout  le  corps  ;  à  neuf  heures  du  soir  on  le  trouy 
encore  dans  le  même  état  et  la  mort  survient  pendant  la  naît. 

A  l'autopsie  faite  le  14  mai  à  dix  heures  du  matin,  on  trouva- 
sous  la  plaie  fermée  par  les  sutures  un  petit  abcès  entourant  l*- 
corps  étranger  et  contenant  un  peu  de  pus  blanc  et  épais.  Hn 
dehors  de  cette  collection  il  n'existe  aucune  lésion  apprecialile; 
pas  de  sufTusions  san^ines,  ni  d'oedème*,  ni  d'emphysème  ;  Iv- 
parois  abdominales,  les  viscères,  le  péritoine  n'offrent  aucune 
altération. 

Expérience  IL  —  Le  morceau  de  bois  retiré  de  la  plair 
(14  mai)  est  inséré  immédiatement  sous  la  peau  du  ventre  iVun 
cobaye,  d'après  le  procédé  déjà  décrit. 

L'animal  meurt  pendant  la  nuit,  dix-huit  heures  environ  apW*- 
l'opération.  A  l'autopsie  faite  le  lu,  on  constate  les  lésions  de  li 
septicémie  (vive  injection  au  niveau  de  la  plaie  et  dans  le  voi- 
sinage, œdème  du  tissu  cellulaire  avec  bulles  de  gaz  s'étendant 
jusqu'à  l'aine,  œdème  gélatineux  des  parois  abdominales). 

Comme  cela  arrive  souvent  dans  les  expériences  de  ce  genre, 
la  septicémie  avait  évolué  avant  le  tétanos.  Avant  d'aller  plii> 
loin,  il  nous  parut  indispensable  d'éliminer  les  fermes  septi- 
ques  :  le  morceau  de  bois  fut  placé  dans  de  la  glycérine  stéri- 
lisée et  soumis  ensuite  dans  une  étuve  à  une  température  de 
70  degrés  pendant  dix  minutes. 

Ekpériencb  III.  Deuxième  fait  de  transmission.  —  Lt^ 
22  mai,  après  sept  jours  de  macération,  l'écharde  fut  insérée, 
de  la  même  manière  que  précédemment,  sous  la  peau  du  ventre 
d'un  lapin  n®  2.  Pendant  les  cinq  premiers  jours,  Tanimal  ne 
présente  aucun  signe  de  maladie  ;  au  niveau  de  la  plaie  il  esi:>le 
un  peu  de  tension  et  de  ronflement.  Dans  la  matiaée  du 
!28  mai,  il  se  tient  encore  debout,  mais  dans  une  position  anor- 
male ;  les  membres  sont  raides  et  étendus,  la  tète  est  relevée  ; 
l'animal  ne  peut  pas  marcher;  dès  qu'on  le  touche,  il  tombe  pour 
ne  plus  se  relever.  Dans  cette  position  il  a  les  pattes  antérieures 
complètement  étendues,  sauf  au  niveau  des  boulets  qui  présen- 
tent une  très  légère  flexion  ;  elles  forment  un  angle  droit 
avec  le  tronc.  Les  membres  postérieurs  non  contractures  peu- 
vent encore  .exécuter  quelques  mouvements.  La  tête  est  relevée 
en  arrière  ;  les  muscles  de  la  nuque  sont  durs  ;  on  ne  peut 
écarter  les  mâchoires.  La  queue  rabattue  sur  le  dos  revient 
dans  cette  position  après  qu'on  la  fléchie.  Les  parois  abdomi- 
nales ont  conservé  leur  souplesse;  mais  la  respiration  est  lente 
et  pénible.  Quand  on  soulève  l'anim.il  par  les  oreilles,  le  rurp> 
reste  raide  et  rien  ne  fléchit.  Le  moindre  bruit  et  le  moindre 
contact  déterminent  des  secousses  convulsives  qui  se  répètent 
plusieurs  fois.  En  un  mot,  l'animal  offre  tous  les  signes  d'un 
tétanos  bien  caractérisé  et  semblable  à  celui  de  l'homme.  L»- 
lendemain  29  mai,  la  contracture  a  fait  encore  des  progès;  elle 
a  envahi  complètement  les  membres  postérieurs  qui,  la  veille, 
possédaient  encore  quelques  mouvements;  ils  sont  étendus 
[»resque  parallèlement  à  l'axe  du  corps.  L'animal  est  resté  coucb«' 
a  l'endroit  où  il  avait  été  placé  la  veille  ;  la  respiration  est  dc^- 
venue  plus  lente  ;  et  les  secousses  convulsives  se  reproduisent 
quand  on  marche  près  de  lui.  Il  meurt  dans  l'après-midi,  trente- 
six  heures  après  l'apparition  des  accidents  tétaniques. 

A  Vauiopsie  faite  immédiatement  après  la  mort,  on  ne 
constate  aucune  lésion  des  viscères,  ni  des  parois  abdominales; 
au  niveau  de  la  plaie,  il  existe  un  abcès  bien  limité,  sans 
œdème  ni  emphysème  ;  un  ganglion  axillaire  du  côté  correspon- 
dant à  la  lésion  est  tuméfié  et  rougeâtre. 

ExpÉRibNGE  IV.  Troisième  fait  de  transmission.  —  Dans  l;i 
matinée  du  28  mai,  après  qu^on  eut  constaté  sur  le  lapin  pré- 
cédent (n°  2)  des  signes  manifestes  de  tétanos,  on  ouvrit  la  plaie, 
pendant  que  l'animal  était  encore  vivant,  et  on  retira  le  corps 
étranger  (lui  fut  aussiitôt  inséré  sous  la  peau  du  ventre  d'un 
troisième  lapin. 

Quarante-huit  heures  après,  on  trouve  l'animal  couché,  le? 
membres  étendus   et   contractures,    la  tête  renversée,  la  queue 


1*'  Novembre  iS89       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         —  NM4  -    709 


relevée,  offrant  en  un  mot  les  mêmes  symptômes  que  les  lapins 
précédemments  tétanisés.  Il  meurt  à  midi  ;  Tautopsie  pratiquée 
aussitôt  après  la  mort,  ne  fait  découvrir  qu'une  lésion  locale, 
analogue  aux  autres,  un  petit  abcès  autour  du  corps  étranger. 


Eipres  ;  on  li  usera  sous  la  peau 
livré  à  Téquarrissage.  Mais  Tanimal,  plus  affaibli  qu'on  ne  Ta- 
vail  cru,  mourut  quelques  heures  après  l'opération.  Le  corps 
étranger  ne  put  être  extrait  que  le  lendemain  sur  le  cadavre 
déjà  putréOé. 

Pour  détruire  les  germes  septiques,  qui  paraissaient  à  craindre 
dans  Tespèce,  on  soumit  à  une  température  de  80  degrés  pen- 
dant dix  minutes,  le  corps  étranger  préalablement  remis  dans  de 
la  glycérine;  il  séjourna  dans  ce  liquide  pendant  vingt  jours. 

EKPÉniENCB  VI.  —  Le  26  juin,  il  fut  inséré  sous  la  peau  du 
ventre  d'un  lapin  n^  4,  suivant  le  procédé  habituel.  Au  bout  de 
trois  jours,  il  se  forma  un  petit  abcès  au  niveau  de  la  plaie; 
l'abcès  s'ouvrit  spontanément  le  cinquième  jour  et  laissa  sortir 
le  fragment  qui  ne  put  être  retrouvé.  L'animal  gardé  en  obser- 
vation pendant  plusieurs  mois  n'a  présenté  aucun  signe  de 
maladie. 

Ici  se  termine  Todyssée  de  ce  corps  étranger  de  petit 
volume  et  d'origine  banale  qui,  introduit  sous  la  peau,  a 
communiqué  le  tétanos  à  un  homme  et  à  trois  lapins  et 
n'a  rien  perdu  de  sa  virulence  bien  cju'il  ait  été  soumis  à 
une  température  de  70  degrés  maintenue  pendant  dix 
minutes. 

II  contenait  assurément  l'agent  tétanique  quel  qu'il  soit, 
inicrobe  ou  ptomaïne.  Nous  avons  admis  la  première  de  ces 
hypothèses  et  nous  avons  recherché  le  bacille  tétanioue  soit 
par  des  cultures  in  vitrOy  soit  par  le  mode  de  culture  le 

Plus  sûr,  la  culture  dans    le  milieu  vivant,   c'est-à-dire 
inoculation. 

II.  —  Inoculations. 

Dans  la  théorie  microbienne  on  admet  pour  le  tétanos 
une  évolution  analogue  à  celle  de  la  diphthérie  ;  le  bacille 
resterait  localisé  dans  la  plaie  d'entrée  et  s'y  multiplierait 
en  sécrétant  une  substance  soluble  dont  la  résorption  pro- 
duirait un  empoisonnement  caractérisé  par  des  phéno- 
mènes de  contracture.  Cette  manière  de  voir  concorde  avec 
les  résultats  de  l'expérimentation  :  on  n'a  jamais  pu  repro- 
duire le  tétanos  en  inoculant,  soit  le  sang,  soit  le  tissu 
nerveux.  Les  seules  inoculations  positives  ont  été  celles  du 
pus  ou  des  tissus  de  la  plaie.  Nous  avons  donc  limité  nos 
expériences  à  ces  derniers  produits  :  sur  des  blessés  atteints 
de  tétanos,  ou  sur  des  lapins  tétanisés  nous  avons  recueilli 
le  pus  ou  les  tissus  de  la  plaie,  et  nous  avons  inoculé  ces 
produits  soit  en  nature,  soit  associés  à  des  corps  étrangers. 

Expérience  VIT.  Pus  tétanique  délayé  dans  Veau.  —  Le 
M  mai,  à  dix  heures  du  matin,  en  faisant  l'autopsie  du  lapin 
n*"  1,  mort  du  tétanos  pendant  la  nuit,  on  recueille  un  peu  de 
pus  dans  l'abcès  formé  autour  du  corps  étranger.  Cfe  pus, 
obtenu  en  grattant  les  parois  de  l'abcès,  est  délayé  dans  de 
l'eau  stérilisée  :  1  centimètre  cube  de  l'émulsion  est  injecté 
avec  une  seringue  de  Pravaz  sous  la  peau  du  dos  d'un  lapin. 

Le  lendemain,  il  se  produit  une  petite  nodosité  au  niveau  de 
la  piqûre  et  l'animal  paraît  un  peu  abattu;  il  est  rétabli  le  troi- 
sième jour  et  la  tuméfaction  disparait  rapidement. 

Expérience  VIII.  Pus  tétanique  associé  à  un  corps  étranger. 

—  Le  28  mai,  on  ouvre  la  plaie  du  lapin  n<*  2  atteint  de  tétanos 
et  encore  vivant  ;  après  avoir  retiré  le  morceau  de  bois,  on 
introduit  dans  l'abcès  un  morceau  de  ouate  stérilisée  :  on  l'im- 
prègne du  pus  de  l'abcès  et  on  l'insère  immédiatement  sous  la 
peau  du  ventre  d'un  cobaye  ;  la  plaie  est  fermée  par  deux 
points  de  suture. 

L'animal  reste  bien  portant;  on  constate  le  lendemain  un  peu 
de  gonflement  au  niveau  de  la  blessure  ;  huit  jours  après,  elle 
est  guérie  ;  l'ouate  a  été  éliminée  avec  les  fils  de  la  suture. 

Expérience  IX.  Pus  tétanique  associé  à  un  corps  étranger. 

—  Le  30  mai,  avec  du  pus  recueilli  dans  l'abcès  du  lapin  n*^  3, 


mort  du  tétanos  depuis  quelques  heures,  on  imprègne  un  mor- 
ceau de  ouate  stérilisée  et  on  l'insère  sous  la  peau  du  ventre 
d'un  cobaye,  comme  dans  l'expérience  précédente. 

Même  résultat  négatif;  guérison  de  la  plaie  au  bout  de  six  ou 
sept  jours. 

Expérience  X.  Fragment  de  tissu  emprunté  à  une  plaie 
tétanique.  —  Le  29  mai,  en  faisant  l'autopsie  du  lapin  n"  2, 
mort  du  tétanos  depuis  une  heure  à  peine,  on  enlève  un  frag- 
ment des  parois  de  l'abcès  formé  autour  du  corps  étranger.  Ce 
fragment  est  inséré  sous  la  peau  du  ventre  d'un  cobaye  et  main- 
tenu avec  deux  sutures. 

Même  résultat  négatif  ;  la  plaie  est  cicatrisée  au  bout  de 
quelques  jours. 

Expérience  XI.  Pus  tétanique  associé  à  un  corps  étranger. 
—  Il  s'agit  du  pus  d'un  homme  atteint  de  tétanos  a  la  suite  de 
deux  plaies  contuses  de  la  jambe  ;  la  maladie  eut  une  marche 
traînante  et  se  termina  par  la  guérison. 

Le  6  juin,  cinq  jours  après  le  début  du  tétanos,  on  recueille 
avec  des  pipettes  stérilisées  du  pus  pris  dans  les  deux  plaies.  Ce 
pus  sert  a  imprégner  un  morceau  de  bois,  ayant  les  mêmes  di- 
mensions que  l'écharde  tétanifcre.  On  insère  ce  corps  étranger 
sous  la  peau  du  ventre  d'un  cobaye  et  on  le  maintient  avec  deux 
sutures. 

L'animal  n'éprouve  aucun  accident  ;  le  corps  étranger  est 
éliminé  au  bout  de  cinq  jours  et  la  plaie  se  cicatrisQ  rapide- 
ment. 

Expérience  XU.  Pus  tétanique  délayé  dans  Veau,  —  Un 
homme  avait  contracté  le  tétanos  à  la  suite  de  l'ablation  d'un 
sarcome  de  la  cuisse  :  la  maladie  resta  localisée  à  la  mâchoire, 
au  cou,  aux  parois  abdominales  et  finit  par  guérir. 

Le  19  juillet,  quatre  jours  après  le  début  du  tétanos,  on 
recueille  ou  pus  dans  la  plaie  au  moyen  d'une  pipette  flambée; 
ou  le  délaye  dans  de  l'eau  stérilisée  et  on  injecte  l'émulsion  à 
un  cobaye  (1  centimètre  cube)  et  à  deux  lapins  (chacun  2  cen- 
timètres eu  Des). 

À  part  une  légère  tuméfaction  au  niveau  des  piqûres,  les 
animaux  ne  présentèrent  aucun  accident. 

De  ces  huit  expériences  on  est  en  droit  de  conclure  que, 
sur  le  lapin  et  le  cobaye,  et  dans  les  conditions  où  nous 
nous  sommes  placés,  le  tétanos  n'est  pas  inoculable  par  les 

(produits  de  la  plaie,  que  ces  produits  soient  introduits  sous 
a  peau  en  nature  ou  qu'ils  soient  associés  à  des  corps  étran- 
gers. 

III.  —  Cultures. 

Pendant  plusieurs  mois  nous  avons  fait  de  nombreux 
essais  de  culture,  soit  en  présence  de  l'air,  soit  le  plus 
souvent  dans  un  gaz  inerte  (acide  carbonique  ou  gaz  d'é* 
clairage);  pour  les  ensemencements  nous  nous  sommes 
servis  : 

1*"  Du  pus  recueilli  dans  les  plaies  de  blessés  ou  de  lapins 
atteints  de  tétanos; 

2*  De  fragments  de  tissu  empruntés  à  ces  mêmes  plaies; 

3""  De  la  pulpe  des  ganglions  lymphatiques  voisins  ; 

4"*  Du  sang  de  lapins  atteints  de  tétanos; 

5"  De  la  glycérine  dans  laquelle  avait  macéré  l'écharde 
tétanifère; 

6°  De  fragments  de  ce  corps  étrangers; 

7**  De  poussières  empruntées  au  manche  de  la  pelle. 

Toutes  ces  tentatives  ont  échoué,  et  nous  n'avons  obtenu 
en  fin  de  compte  que  les  organismes  habituels  de  la  sup- 
puration et  quelques  saprophytes  peu  exigeants  au  point  de 
vue  de  l'oxygène.  Toutes  les*  cultures  ont  été  inoculées  à 
des  lapins  ou  à  des  cobayes;  elles  ont  produit  parfois  des 
abcès  ou  des  eschares,  mais  jamais  d'accidents  tétaniques. 
Nous  ne  faisons  que  mentionner  ces  résultats  négatifs;  ils 
n'ont  rien  d'étonnant,  car  là  où  les  inoculations  avaient 
échoué,  les  cultures  devaient  à  fortiori  rester  stériles. 

IV 

Nous  en  tenant  à  nos  faits  et  comparant  Tinsuccès  des 
inoculations  avec  les  quatre  cas  de  tétanos  produits  paf  le 


710    —  N*  44  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       1*'  Novembre  1889 


corps  étranger,  nous  devons  admettre  que  ce  morceau  de 
bois  n'a  pas  emprunté  son  pouvoir  tétanigène  aux  plaies 
dans  lesquelles  il  a  séjourné.  Au  moment  où  il  a  pénétré 
dans  le  doigt  du  cantonnier,  il  était  déjà  imprégné  du 

[loison  :  il  Ta  gardé  pendant  ses  premiers  passages  dans 
es  tissus.  S'il  a  fini  par  perdre  sa  puissance  toxique,  on 
peut  attribuer  ce  résultat  à  une  cause  accidentelle,  comme 
la  putréfaction  du  cadavre  du  cheval,  ou  bien  le  chauffage 
à  80  degrés.  Mais  on  peut  croire  aussi  qu'il  a  perdu  sa 
virulence  par  l'effet  mécaniçiue  des  trajets  accomplis.  Dans 
cette  hypothèse  on  ne  saurait  mieux  comparer  ce  morceau 
de  bois  tétanifère  qu'à  une  flèche  empoisonnée  qui  tuerait 
les  premiers  organismes  traversés  et  qui,  n'étant  plus 
rechargée,  finirait  par  s*essuyer  dans  les  tissus  et  par 
devenir  inoffensive. 

Cette  hypothèse,  qui  fait  du  tétanos  un  empoisonnement 
par  un  composé  chimique  fabriqué  en  dehors  de  l'orga- 
nisme, est  d'accord  avec  un  grand  nombre  d'observations 
et  peut  encore  figurer  honorablement  en  face  de  la  théorie 
microbienne,  surtout  depuis  que  l'on  connaît  le  résultat 
des  recherches  récentes  de  M.  Chantemesse  sur  le  bacille 
de  H.  Nicolaier  :  cet  organisme,  qui  n'avait  jamais  été  isolé 
et  qui  était  regardé  sans  preuves  suffisantes  comme  l'agent 
pathogène  du  tétanos,  a  été  obtenu  à  l'état  de  cultures 
pures.  Mais  l'inoculation  de  ces  cultures  ne  produit  aucun 
accident  tétanique  (1). 


REVUE  DES  CONGRÈS 

Quatrième  Congrès  ffrançalv  de  chirurgie  tenu  h  Paris 
dn  9  an  tt  octobre  1889. 

(Suite.  —  Voyez  les  numéros  >12  et  43.) 

Résultats  immédiats  et  éloignés  des  opérations  diri- 
gées CONTRE  LES  TUBERCULOSES  LOCALES. 

La  question  posée  à  l'avance  par  laquelle  ont  débuté 
les  discussions  générales  du  Congrès  était  certes  de  celles 
auxquelles  tout  chirurgien  peut  répondre,  en  partie  au 
moins.  Qui  n'a  pas  opéré  un  plus  ou  moins  grand  nombre 
de  tuberculoses  locales?  Qui  n'a  pas  suivi,  et  trop  souvent 
vu  mourir  phthisiques,  ses  propres  opérés  ou  ceux  des 
autres?  On  conçoit  donc  que  les  orateurs  aient  été  nom- 
breux, et  nous  avons  à  énumérer  MM.  Dêmosthène  et 
Léonté  (Bucharesl),  Guy  on,  Verneuil,  Olliery  Le  Denlu, 
Terrillon,  Schwartz,  Bœckel  (de  Strasbourg),  Queirel  (de 
Marseille),  Houzel  (de  Boulogne),  Bousquet  (de  Clermont- 
Ferrand),  Vignes  et  Iscovesco. 

Le  débat  comportait  une  étude  générale  à  laquelle  le 
professeur  Yemeuil  s'est  spécialement  attaché.  Hais  aussi 
il  faut  tenir  compte  des  différences  qui  tiennent  au  siège 
des  lésions. 

1.  Etude  générale.  —  Pendant  longtemps  on  n'attri- 
buait pas  à  la  tuberculose  les  affections  dites  scrofuleuses. 
D'autre  part,  quand  on  se  trouvait  en  face  d'une  lésion  tu- 
berculeuse externe,  on  négligeait  bien  souvent  de  la  traiter 
chirurgicalement  :  la  loi  de  Louis  ne  nous  enseignait-elle 
pas  que,  de  par  ses  poumons,  le  malade  était  voué  à  la 

i)hthisie?  Hais  peu  à  peu,  surtout  depuis  que  la  tubercu- 
ose  a  dépossédé  la  scrofule  de  la  majeure  partie  de  son 
domaine,  la  loi  de  Louis  est  de  plus  en  plus  battue  en 
brèche  et  une  doctrine  nouvelle  est  née  :  le  foyer  externe 
est  souvent  le  foyer  primitif  et  de  lui  partent  les  bacilles 
qui  envahissent  de  proche  en  proche  et  finalement  infec- 
tent l'économie  entière.  De  là  une  conclusion  thérapeutique: 

(1)  Noos  laissons  de  côte  les  résullats  aiiaoncés  par  Kita^alo  (de  Berlin)  ;  ils 
n'oiitopas  été  confirmés  et  nous  ne  les  connaissons  que  par  des  analyses  peu  con- 
cordantes. 


s'attaquer  aussi  énergiquement  que  possible  à  la  lésiou 
externe  et  la  plupart  des  chirurgiens  prennent  sans  larder 
le  bistouri.  Tous  ne  sont  pas  cependant  enthousiastes,  et 
M.  Léonté  (de  Bucharest),  par  exemple,  prolonge  autant 

3ue  possible  les  essais  de  thérapeutique  médicale.  Aiusi. 
it  M.  Verneuil,  le  procès  est  encore  en  instance  entre  la 
médecine  opératoire  et  la  médication  interne.  Pour  le  juger, 
il  faut  des  lails  et  non  des  raisonnements;  mais  des  faits 
catégorisés. 

Tout  d'abord,  qu'est-ce  qu'un  résultat  immédiat  ?  Avec 
H.  Verneuil  prenons  les  deux  mois  qui  suivent  l'opération. 
Le  résultat  bon  est  caractérisé  par  le  succès  opératoire 
complet  :  le  foyer  se  cicatrise.  Ce  résultat,  on  l'obtient 
souvent,  surtout  depuis  l'antisepsie.  On  n'oubliera  pas,  tou- 
tefois,  aue  les  amputations  pour  tumeurs  blanches  réussis- 
saient déjà  dans  la  chirurgie  ancienne.  Hais  aussi  les  ré- 
sultats médiocres  ne  sont  pas  rares  :  il  reste  une  ou  plu- 
sieurs fistules.  Il  est  vrai  que  parfois  c'est  tout  ce  qu'on 
demandait,  départi  pris,  à  une  opération  qu'on  savait  devoir 
être  purement  palliative  :  c'est  le  cas  pour  certaines  tailles 
hypogastriques  dirigées  contre  la  tuberculose  vésicale.  Le 
résultat  médiocre  est  encore  une  amélioration.  Le  résultat 
nul  est  le  simple  statu  quo:  on  transforme,  par  exemple, 
une  fistule  anale  en  un  canal  ouvert  qui  ne  tend  pas  à  se 
cicatriser.  Enfin,  il  faut  malheureusement  tenir  comptedes 
résultats  mauvais  et  même  mortels. 

Certes  il  est  des  auteurs  qui,  depuis  l'antisepsie,  se 
croient  en  droit  de  négliger  la  mortalité,  ou  à  peu  près.  On 
peut  le  leur  accorder  pour  les  complications  septîques  au- 
jourd'hui à  peu  près  annihilées.  Hais  ils  ont  tort  d'alléger 
l'acte  opératoire  de  toute  léthalité.  Après  les  opérations 
les  plus  simples,  on  peut  voir  évoluer  une  granulic,  ou 
bien  une  tuberculose  viscérale  préexistante  reçoit  un  coup 
de  fouet;  et  la  granulie  est  fatale.  On  n'en  saurait  dire 
autant  des  simples  poussées  viscérales,  qui  n'en  restent 
pas  moins  un  rappel  à  la  prudence. 

Les  statistiques  fournies  par  divers  auteurs  démontrent 
qu'en  effet  les  accidents  sentiques  ont  disparu.  H.  Démos- 
thène  (de  Bucharest)  sur  4z9  malades  a  pratiqué  S8i  opé- 
rations importantes  :  7*2  pour  lésions  osseuses;  133  pour 
abcès  froids;  61  pour  ganglions  (dont  40  extirpations); 
ISpour  pleurésie  purulente;  2  pour  péritonite  purulente. 
Il  a  eu  \±  morts,  soit  4,2  pour  100.  H.  Routier,  plus  favo- 
risé encore,  n'a  que  2  décès  sur  150  interventions  sérieuses, 
soit  1,2  pour  100;  décès  dus  l'un  à  une  pneumonie  franche, 
l'autre  à  une  désorganisation  tuberculeuse  du  rein  droit, 
lésion  impossible  à  reconnaître,  car  le  rein  ne  formait  pas 
tumeur  et  d'autre  part  son  uretère  était  oblitéré. 

Cette  dernière  observation  démontre  le  danger  des  lé- 
sions viscérales  concomitantes.  Hais  ni  H.  Démosthène  ni 
H.  Routier  n'ont  vu  de  ces  poussées  tuberculeuses  aiguës 
telles  que  H.  Verneuil  les  décrit.  La  plupart  des  orateurs 
ont  également  considéré  ce  danger  comme  négligeable.  Une 
opération  quelconque  chez  un  tuberculeux,  une  kélotomie 
par  exemple,  ne  donnera  pas  un  coup  de  fouet  à  la  dia- 
thèse,  affirmenl-ils,  et  ils  n'incriminent  guère  plus  les 
opérations  sur  les  foyers  tuberculeux.  A  une  condition, 
cependant:  c'est  que  Tasepsie  soit  parfaite  et  que  le  malade 
n'ait  pas  à  subir  la  fièvre  traumatique.  De  même  pour  les 
aggravations  d'une  phlhisie pulmonaire  concomitante  —et 
aujourd'hui  presque  tous  les  chirurgiens  résèquent  volon- 
tiers, amputent  surtout  fort  bien  un  phthisique  avancé,  et 
les  lésions  pulmonaires  en  générai  s'amendent.  C^esl, 
dit  M.  D.  Moilière,  que  la  lésion  externe  suppurée,  fistu- 
leuse  est  le  point  de  départ  d'une  infection  mixte  septique  ; 
par  la  suppression  radicale  de  ce  foyer  on  fait  cesser  Tag-  I 
gravation  de  l'état  général  engendrée  par  l'infection  mixte. 
H  D.  Mollière,  cependant,  recommande,  pendant  l'opéra-  i 
tion,  d'éviter  la  prolongation  de  l'anesthésie  chloroformique;  | 
après  l'opération,  de  se  tenir  en  garde  contre  la  stagnation 


i^'  Novembre  1889        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  44  —    711 


dans  le  lit.  C'est  pourquoi  chez  un  phlhisique  avancé  l'am- 
putation  sera  souvent  préférable  à  la  résection. 

Quelques  auteurs  cependant  ont  appuyé  Topinion  de 
M.  Veroeuil  et  n'ont  pas  partagé  cet  optimisme.  Un  sujet 
auquel  M.  Houzel  a  extirpé  des  ganglions  cervicaux  est 
mort  au  dix-huitième  jour  de  méningite  tuberculeuse. 
M.  SchwartZy  sur  200  opérés,  en  a  vu  5  chez  lesquels  des 
accidents  sont  survenus.  Trois  ont  eu  des  exacerbations  de 
lésions  préexistantes;  deux  ont  succombé  à  une  granulie  que 
rien  ne  faisait  prévoir.  Il  est  à  noter  pourtant  que  tous  deux 
avaient  été  fort  difficiles  à  chloroformiser  ;  que  chez  tous 
deux  les  accidents  ont  éclaté  dès  le  lendemain.  La  poussée, 
latente,  n'avait-elle  donc  pas  débuté  avant  l'acte  chirur- 
gical? M.  L^on^^  (de  Bucharest)  admet,  lui  aussi,  les  gé- 
néralisations par  auto-infection  traumatique  et  en  cite  deux 
faits. 

Enfin,  H.  Fontan  (de  Toulon)  a  insisté  sur  des  pous- 
sées congestives,  graves,  mais  non  mortelles,  dont  le  pou- 
mon déjà  tuberculeux  a  été  quatre  fois  le  siège  sous  ses 
yeux,  et  cet  accident  serait  plus  fréquent  après  les  suppres- 
sions totales,  castration  ou  amputation,  qu'après  les  évi-r 
déments  et  les  résections. 

On  le  voit,  l'accord  n'est  pas  fait  sur  ce  point.  C'est  la 
seule  contestation  qui  concerne  les  résultats  immédiats. 

Mais  cicatriser  ou  améliorer  un  foyer  externe  n'est  pas 
le  seul  but  qu'on  se  propose.  Le  résultat  éloigné  n'est  bon 
que  si  on  a  réellement  supprimé  la  cause  d'infection  et  si 
le  sujet  est  pour  le  restant  de  ses  jours  à  l'abri  de  la  ré- 
cidive, locale  ou  à  distance,  des  lésions  bacillaires.  Or, 
quand  on  suit  les  malades,  on  voit  que  beaucoup  d'entre  eux 
—  et  c'est  là  le  résultat  médiocre  —  n'ont  bénéficié  que 
d'une  trêve.  Sur  place,  dans  une  région  quelconque,  dans 
un  viscère,  dans  le  poumon  surtout,  les  noslilités  recom- 
mencent et  le  combat  tourne  trop  souvent  à  l'avantage  du 
bacille.  Autrefois,  à  l'époque  où  les  amputations  trauma- 
tiques  de  cuisse  ne  guérissaient  presque  jamais,  Malgaigne, 
Ilutin,  Bauders,  n'ont  pas  pu  trouver  de  moignon  de  cuisse 
à  Bicétre  ou  aux  Invalides.  Et  pourtant  on  en  amputait  pour 
tumeur  blanche  du  genou.  Qu'on  interroge  les  amputés 
qu'on  voit  à  la  consultation  orthopédiaue  du  Bureau  cen- 
tral :  ceux  dont  le  moignon  a  plus  de  dix  ans  de  date  ont 
bien  rarement  été  opérés  pour  une  lésion  tuberculeuse. 
Interrogé  par  M.  Verneuil,  M.  Marjolin,  qui  pendant  long- 
temps a  exercé  dans  un  hôpital  d'enfants,  a  confirmé  ce 
pessimisme,  qui  contraste  avec  l'optimisme  inspiré  par  les 
résultats  immédiats. 

Aussi  bien  qui  s'en  étonnerait,  ajoute  M.  Yerneuily 
puisque  M.  Jeannel  a  prouvé  qu'après  une  inoculation 
externe  le  bacille  a  passé  dauis  le  sang  au  bout  de  huit  à 
dix  minutes?  Quand  on  opère,  il  y  a  toujours,  à  un  degré 
variable,  une  infection  générale.  Celte  opinion,  il  est  vrai, 
n'est  pas  admise  de  tous,  et  nombre  de  chirurgiens  et 
d'expérimentateurs  pensent  que  le  bacille  progresse  souvent 
avec  lenteur  dans  le  système  lymphatique  avant  de  conta- 
miner le  sang.  Mais  ceux-là  mêmes  reconnaissent  la  gravité 
du  pronostic  définitif  :  l'opéré  sera  trop  souvent  apte  à  cul- 
tiver de  nouveau  le  bacille  qu'il  avait  déjà  trop  bien  accueilli 
à  sa  première  visite. 

De  là  l'importance  de  conditions  diverses,  et  l'utilité  de 
classifier  les  faits  avant  d'en  tirer  des  conclusions.  Toutes 
choses  égales  d'ailleurs,  l'énergie  et  la  régularité  du  trai- 
tement général  pré  et  post-opéi*atoire  ont  un  grand  intérêt, 
et  peut-être  est-ce  à  la  médication  iodoformée  persistante, 
qu  une  femme  opérée  de  néphrectomie  par  MM.  Verneuil 
et  Le  Dentu  doit  une  survie  de  quatre  ans,  sans  aucune 
menace.  Le  pronostic,  les  indications  opératoires  ne  se  res- 
semblent pas  chez  l'enfant,  l'adulte,  le  vieillard.  Personne 
ne  conteste  le  rôle  de  l'hérédité,  de  la  condition  sociale, 
de  la  richesse,  de  l'aisance,  de  la  pauvreté,  de  la  misère. 
Prenez  un  toherculeux  dépenaillé,  qui  n'a  pas  mangé  avant 


d'entrer  à  l'hôpital;  opérez-le,  puis  rendez-le  à  son  milieu 
primitif:  sa  mort  est  à  peu  près  fatale.  Or  ces  conditions 
sont  malheureusement  trop  fréquentes  dans  notre  clientèle 
hospitalière.  Envoyez  au  contraire  votre  opéré  dans  un 
climat  marin,  et  souvent  vous  assurerez  la  cure.  De  là  les 
statistiaues  remarquables  de  MM.  Houzel,  Cazin,  qui  opè- 
rent à  Boulogne,  au  bord  de  la  mer,  dans  un  milieu  béni. 
Ce  n'est  pas  tout,  et  la  localisation  du  mal  doit  être  prise 
en  sérieuse  considération  :  périphérique  ou  viscérale; 
uniçiue  ou  multiple.  Arrivons  donc  à  l'élude 
culiers. 


l'élude  des  cas  parti- 


(A  suivre,) 


Gommunioatlons  diverses. 
RÉSECTION  DU  MAXILLAIRE  INFÉRIEUR  POUR  L'AMPUTATION  DE  LA 

LANGUE.  —  M.  L.  Labbé  a  recommandé  déjà  ce  procédé  il  y  a 
six  à  sept  ans,  et,  depuis,  ses  convictions  se  sont  affirmées. 
M.  Polaillon  aussi  a  eu  recours,  avec  de  bons  résultats,  à  ce  pro- 
cédé* La  difformité  ultérieure  est  grande,  il  est  vrai>  dans  bien 
des  cas;  mais  M.  Labbé  présente  un  malade  qui,  au  bout  de 
onze  mois,  se  porte  bien,  et  a  un  appareil  qui  corrige  très  bien 
la  difformité. 

AMPUTATIONS  DU  PIED.  —  M.  Démosthéne  (de  Bucharest)  a 
observé  un  jeune  homme  qui  était  atteint  d*une  gangrène  des 
deux  pieds  par  congélation.  Il  a  fait,  à  droite,  Topération  de  Lis- 
franc;  à  gauche,  la  sous-astragalienne  avec  résection  de  la  tête. 
Or  le  moignon  de  la  sous-astragalienne  est  très  bon,  sans  ren- 
versement; les  malléoles  ne  portent  pas  sur  le  sol;  le  raccour- 
cissement n*est  que  de  25  millimètres.  La  décapitation  de  l'as- 
tragale a  été  imposée  par  le  manque  d'étoffe. 

Fractures  de  la  rotule.  —  M.  Tripier  a  eu  deux  très  bons 
résultats  par  le  massage,  et,  avec  Richelot,  il  admet  que  la  con- 
solidation osseuse  n'a  que  peu  d'importance.  Le  seul  point  à 
considérer  est  Télat  du  triceps,  et,  à  ce  point  de  vue,  M.  Tripier 
pense  qu'il  faut  tenir  ^rand  compte  de  Vépanchement  sanguin. 
À  l'appui  de  cette  opinion,  il  cite  l'autopsie  d'une  femme  morte 
en  quelques  heures  après  un  trauma  violent.  Il  y  avait  des  cail- 
lots abondants  dans  l'articulation,  et  de  là  le  sang  avait  fusé 
dans  les  deux  vastes,  très  infiltrés.  Est-ce  là  un  fait  unique?  ou 
faul-il  considérer  que  cette  lésion  des  muscles  est  la  cause 
principale  de  l'atrophie,  jusqu'ici  considérée  comme  d'ordre 
réflexe?  M.  Tripier  a  fait  quelques  expériences  sur  la  pénétra- 
tion dans  les  vastes  de  liquide  injecté  autour  de  l'articulation. 
Jamais  il  n'a  trouvé  une  goutte  de  liquide  dans  le  droit  anté- 
rieur. Le  massage  est  le  vrai  traitement  pour  parer  aux  inconvé- 
nients de  ces  infiltrations. 

Traitement  du  pied  bot  par  la  méthode  de  Phelps,  par 
M.  Kirmisson.  —  Cette  méthode  a  été  communiquée  au  Congrès 
de  Copenhague  en  1884,  par  Phelps,  élève  de  Sayre.  Elle  con- 
siste a  sectionner  à  ciel  ouvert  toutes  les  parties  molles  qui, 
rétractées,  sont  l'obstacle  à  la  réduction,  c^est-à-dire  la  peau, 
les  tendons,  les  ligaments  du  bord  interne  de  la  plante  du  pied. 
Elle  s'est  rapidement  vulgarisée,  et  bien  des  chirurgiens,  à 
l'étranger  surtout,  n'ont  plus  ffuére  recours  qu'à  elle  contre  les 
cas  qui  résistent  à  l'orthopédie  et  aux  simples  ténotomies. 
Nous  n'avons  pas  à  revenir  sur  le  manuel  opératoire,  exposé  il 
y  a  peu  de  temps  dans  la  Gazette  d'après  une  clinique  de 
M.  Kirmisson  lui-môme  (voy.  p.  349).  Au  Desoin,  il  faut  associer 
à  celle  opération  une  tarscclomie  cunéiforme  externe,  une  téno- 
tomie  du  tendon  d'Achille.  M.  Kirmisson  communique  au  Con- 
grès les  sept  beaux  succès  qu'il  a  obtenus  de  la  sorte  sur  quatre 
malades.  Les  enfants  ont  encore  un  peu  d'enroulement  du  bord 
interne  du  pied,  mais  en  somme  ils  se  portent  bien  et  marchent 
sur  la  plante  du  pied.  Trois  d'entre  eux  avaient  été  déjà  traités 
sans  succès,  dont  deux  par  des  ténotomies  et  par  l'extirpation 
de  l'astragale. 

Sarcome  de  l'os  iliaque.  —  M.  Roux  (de  Lausanne)  présente 
un  malade  auquel  il  a  résfiqué  Vos  iliaque  droit  tout  entier,  en 
1887,  pour  un  chondrosarcome. 

Pansement  a  la  charpie  stérilisée.  —M.  Régnier  (de  Nancy) 
a  eu  à  se  servir,  dans  un  hôpital  militaire,  de  charpie  antisep- 
tique réglementaire,  obtenue  en  traitant  les  approvisionnements 


712    _  N»  44  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÊDEGINB  ET  DE  CHIRURGIE       i"  Novkmbbb  1889 


3; 


anciens.  Or  il  suffit  de  stériliser  celle  charpie  par  la  chaleur 
pour  pouvoir  s'en  servir  sans  danger.  C'est  une  preuve  de  plus 
que  peu  importe  la  substance  de  pansement  employée,  pourvu 
qu'elle  soit  aseptique. 

Anbsthésie  a  la  cocAïNi.  —  M.  Reclus  a  publié,  avec  M.  Wall, 
un  article  sur  ce  point  dans  la  Revue  de  chirurgie.  Malgré  cela, 
on  objecte  toujours  à  la  cocaïne  d'être  infidèle  et  dangereuse. 
Depuis,  M.  Reclus  compte  environ  deux  cents  opérations  de  plus, 
et  il  maintient  ({ne  c'est  un  bon  procédé  d'analgésie  locale.  Pour 

Suelques  opérations  légères  sur  les  muqueuses,  le  contact  suffit, 
e  même  une  injection  intra-articulaire  donne  de  fort  bons 
résultats  dans  les  lavaj^es  articulaires  phéniqués  nour  hydar- 
Ihroses  chroniques,  et  ici  M.  Reclus  donne  un  manuel  opératoire 
spécial  pour  un  lavage  pour  ainsi  dire  à  grande  eau.  Mais 
presque  toujours  il  faut  des  injections  intradermiques,  et  ces 
injections  sont  très  fidèles  si  Ton  suit  bien  la  technique  voulue. 
Il  faut  pousser  l'aiguille  dans  le  trajet  de  l'incision  qui  va  être 
pratiquée,  et,  quoi  qu'on  en  dise,  il  faut,  le  long  de  ce  trajet,  faire 
cheminer  l'aiguille  dans  le  derme  et  non  pas  sous  lui.  On  pousse 
peu  à  peu  le  piston  à  mesure  que  l'aiguille  avance.  On  aura 
grand  soin  de  faire  passer  l'incision  exactement  sur  la  ligne 
ainsi  tracée.  Au  besoin,  on  peut  ajouter  une  ou  plusieurs  injec- 
tions profondes.  On  obtient  ainsi  une  analgésie  trôs  fidèle  môme, 
quoi  qu'on  en  dise,  dans  les  tissus  enflammés,  et  cette  analgésie 
a  une  durée  absolument  suffisante  de  quarante,  quarante-cinq 
minutes.  Quoi  qu'on  en  ait  dit  encore,  aucune  région  n'y  est 
rebelle,  même  la  région  ano-rectale.  Mais  la  cocaïne  est-elle  dan- 
gereuse? Est-il  vrai  qu'il  y  a  126  cas  de  mort,  comme  Ta  dit 
un  dentiste  à  M.  Roux  (de  Lausanne)?  Or  M.  Reclus  et  ses 
élèves,  Wall,  Delboscq  ont  trouvé  seulement  4  observations; 
et,  dans  les  quatre,  on  avait  employé  au  moins  75  centigrammes. 
Avec  20  centigrammes,  pas  de  danger  mortel  :  on  peut  avoir 
quelques  légers  troubles,  mais  c'est  tout.  On  cite  des  accidents 
sérieux  avec  5  centigrammes.  M.  Reclus  n'en  a  jamais  vu  à  ce 
degré;  il  pense  que  c'est  parce  qu'il  pousse  l'injection  lente- 
ment, en  faisant  avancer  l'aiguille.  De  la  sorte  on  est  certain  de 
ne  pas  faire  une  injection  intraveineuse. 

{A  suivre.) 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Académie  de  médeelBe. 

SÉANCE  DU  29   OCTOBRE  1889.   —  PRÉSIDENCE  DE 
M.   MOUTARD-MARTIN. 

M.  le  docloiir  Delamare,  médecin-major  au  33*  de  li(rae,  envoie  un  rapport  sur 
la  vaccinations  dant  la  garniâon  de  ChAlelleraull  en  1888-1880. 

M.  Marty  dépose  un  travail  manui^crit  de  M.  Moittonnier,  pharmacie n-migor 
de  1'*  classe,  sur  la  nature  et  ta  qualité  des  eaux  polabUt  de  la  place  et  du 
territoire  de  Belfort. 

H.  Proust  présente:  1*  un  ouvrago  de  M.  le  docteur  A.-J,  Martin,  intitulé: 
Des  épidémies  et  des  maladies  transmissibles  dans  leurs  rapports  avec  les  lois 
elles  règlements;  Sf  un  rapport  manuscrit  do  M.  lo  docteur  Collardot  sur  le 
typhus  de  1888  à  Alger. 

M.  Jaccoud  présente  :  1*  la  relation  d'une  épidémie  de  dengue  observée 
en  1880  en  Sffrie,  par  M.  lo  docteur  de  Brun;  2*  un  ouvrage  de  M.  le  docteur 
Mourao  Pitta  sur  Vtle  Madère. 

M.  Riche  dépose  un  volume  de  M.  Lajoux  (de  Reims)  sur  l'eau  potable,  le  lait 
et  le  vin, 

M.  Le  Roti  de  Méricourt  présente  un  mémoire  imprimé  de  M.  lo  docteur 
Maurel  (de  Toulouse)  sur  les  causes  de  l'exaspération  vespérale  de  la  tempéra- 
ture normale, 

M.  Albert  Robin  dépose  un  travail  de  M.  le  docteur  ChiaU  sur  Yaction  curative 
des  eaux  d^èvian  dans  les  perversions  nutritives  avec  hypoa»oturie  et  désé- 
quilibre  urinaire. 

M.  Ollivier  pix^sonte  la  traduction  fiançaise  du  Traité  de  pathologie  interne 
et  de  thérapeutique  de  M.  le  docteur  Uermann  Kichhorst  (de  Zurich). 

Obsèques  de  M.  Ricord.  —  M.  Péan  donne  lecture  du 
discours  qu'il  a  prononcé,  au  nom  de  l*Âcadémie,  sur  la 
tombe  de  M.  Ricord  samedi  dernier. 

Prix.  —  Lecture  est  faite  par  M.  Cornil  d'un  rapport  sur 
le  concours  pour  le  prix  Portai  en  1889.  Le  sujet  proposé 
était  Tanatomie  et  la  physiologie  pathologiques  des  capsules 
surrénales. 


Vaccine.  —  M.  HervieuXy  directeur  du  service  de  la 
vaccine,  donne  lecture  du  rapport  général  sur  les  vaccina- 
tions et  revaccinations  pratiquées  en  1888.  La  majeure 
partie  de  ce  travail  est  consacrée  à  la  question  de  la  vaccine 
obligatoire.  Consultée  en  1881  sur  ce  sujet  à  propos  du 
projet  de  loi  présenté  à  la  Chambre  par  Liouville^  TAca- 
démie  s'était  prononcée  pour  le  principe  de  l'obligation, 
mais  seulement  en  ce  qui  concerne  les  vaccinations.  Aucun** 
suite  ne  fut  donnée  au  projet  de  loi.  D'ailleurs  rinsuffisaiire 
des  ressources  vaccinales  eût  rendu  à  cette  époque  la  loi 
inexécutable.  H.  Hervieux  s'applique  à  démontrer  qu'au- 
jourd'hui, avec  la  vaccine  animale,  on  peut  satisfaire  aux 
exigences  de  la  loi,  si  elle  était  édictée,  défier  la  violence 
des  épidémies,  et  remédier  jusqu'aux  défaillances  du 
budget.  L'inoculation  d'une  seule  génisse  permettant  de 
vacciner  aisément  1500  personnes,  on  conçoit  que,  si  Ton 
vaccinait  plusieurs  de  ces  animaux  à  la  fois,  on  pourrait 
alimenter  de  vaccin  une  vaste  région.  Il  existe  déjà  en 
France  un  assez  grand  nombre  d'instituts  vaccinogènes 
pour  subvenir  à  tous  les  besoins.  Les  vaccinations  dans 
l'armée  ne  coiilanl  pas  plus  de  5  centimes  par  hommf, 
grâce  à  la  vaccine  animale,  l'application  de  la  loi  n'entraî- 
nerait plus  les  sacrifices  énormes  qu'aurait  exigés  l'emploi 
du  vaccin  humain.  Enfin  l'abondante  production  du  vaccin 
animal  permettrait  d'enrayer  les  grandes  épidémies. 

L'objection  de  l'attentat  à  la  liberté  individuelle  et  à 
l'autorité  du  père  de  famille  tombe  devant  cette  considéra- 
tion que  l'intérêt  particulier  doit  toujours  être  sacrifié  à 
l'intérêt  général,  et  que  l'obligation  existe  déjà  d'ailleurs 
pour  le  service  militaire,  l'instruction  laïque,  la  loi  sur  le^: 
professions  insalubres,  l'expropriation  pour  cause  d'utilité 
publique,  les  impôts  de  toute  nature.  On  a  dit  encore: 
f  Puisque  la  vaccine  préserve  de  la  variole,  il  suffira  à  ceux 
oui  redoutent  celte  maladie  de  se  faire  vacciner  pour  être  à 
1  abri  de  toute  conlamination.  »  M.  Hervieux  répond  :  c  Si, 
en  répudiant  la  vaccine,  vous  devenez  le  point  de  départ 
d'une  épidémie,  vous  pouvez  contaminer  les  vaccinés,  la 
vaccine  n'ayant  pas  la  prétention  d'être  un  préservatif  plus 
certain  que  la  variole  elle-même.  »  On  a  objecté  le  désacconi 
des  médecins  sur  toutes  les  questions  relatives  à  la  méde- 
cine. Or,  à  part  <)uelques  hérétiques,  le  public  médical  tout 
entier  reconnaît  la  puissance  préservatrice  de  la  vaccine 
et  la  nécessité  d'une  loi  sur  les  vaccinations  et  revaccina- 
tions obligatoires.  Les  slatistiçiues  établies  en  France  et  à 
l'étranger  font  ressortir  la  différence  énorme  qui  existe 
entre  les  bienfaits  de  la  vaccine,  suivant  qu'elle  est  faculta- 
tive ou  obligatoire,  et  démontrent  avec  quelle  efficacité  le 
principe  de  l'obligation  lutte  contre  les  épidémies  les  plus 
véhémentes.  Les  rapports  des  médecins  militaires  nous 
signalent  presque  tous  les  ans  le  fait  de  quelaue  garnison 
restée  indemne  au  milieu  d'une  population  plus  ou  moins 
éprouvée  par  la  variole.  Or  cette  immunité  n'est  due  qu'aux 
vaccinations  annuelles. 

€  La  loi  est  vexatoire,  a-t-on  dit;  elle  fera  naître  des 
résistances.  »  Toutes  les  prescriptions  hygiéniques  iinp<K 
sées  au  nom  de  la  loi,  sont-elles  donc  moins  tyranniques? 
On  croit  généralement  en  France  au  pouvoir  prophylactique 
de  la  vaccine,  mais  on  attend  tout,  non  pas  de  l'action,  mais 
de  la  contrainte  gouvernementale,  c  Quelle  sera  la  sanction 
pénale  ^  >  disent  les  adversaires  de  la  loi.  Une  propagande 
active  ne  sufûsant  pas  à  vaincre  l'apathie,  les  préjugés, 
l'ignorance  des  populations,  il  n'y  a  que  l'intérêt  qui  puis>e 
triompher  de  la  force  d'inertie  opposée  parfois  au  zèle  ou 
au  dévouement  des  médecins.  La  loi  une  fois  édictée,  l'n!- 
ministralion  sera  armée  d'une  grande  force  morale  pour 
faire  prévaloir  le  principe  de  l'obligation. 

Quant  à  la  puissance  des  revaccinations,  non  seulement 
pour  atténuer,  mais  pour  supprimer  le  fléau  varioiique,  ellt* 
est  aujourd'hui  un  fait  démontré.  Mais  il  ne  faut  pas  se  dissi- 
muler que  la  pratique  de  l'obligation  rencontrera  des  dillî- 


V'  Novembre  1889      GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  R*  44  —    713 


cultes  de  plus  d'un  {çenre.  Supposez  que  Ton  vaccine  tous 
les  sujets  âgés  de  dix  ans,  le  nombre  des  vaccinations  que 
Ton  pratiqué  chaque  année  sera  plus  (jue  doublé,  et  Ton  se 
demande  avec  quelles  ressources  vaccmales  on  réalisera  un 
aussi  grand  nombre  de  vaccinations. 

Les  rapports  de  M.  le  professeur  Layet  (de  Bordeaui)  et 
de  M.  le  docteur  Boyer  (de  Lyon)  donnent  un  aperçu  des 
moyens  à  Taide  desqueiscette  réalisation  peut  avoir  lieu.  Les 
chiffres  sur  lesquels  ils  s'appuient  prouvent  que  le  système 
de  Tobligation,  qui  eût  été  impraticable  avec  la  vaccine 
humaine,  est  d'une  application  facile  et  peu  dispendieuse 
avec  le  vaccin  animal.  Quant  aux  résistances  qn  on  serait 
exposé  à  rencontrer  pour  la  pratique  des  revaccinations, 
voici  la  réponse  de  M.  Hervieux  :  <  L'obligation  étant  déjà 
introduite  dans  les  habitudes  du  public  à  la  période  sco- 
laire, comme  à  l'époque  de  l'adolescence,  sera  facilement 
adoptée  jusqu'à  vingt  ans  pour  la  partie  de  la  population  qui 
ne  passe  pas  par  les  écoles  ou  qui  ne  s'est  pas  soumise  au 
service  militaire.  La  revaccination  ayant  déjà  été  pratiquée 
plusieurs  fois  pendant  les  premières  étapes  de  l'existence, 
tl  y  aurait  peu  de  chances  pour  que  les  sujets  ainsi  prémunis 
contre  les  atteintes  de  la  variole  fussent  frappés  ultérieure- 
ment par  elle.  Aux  périodes  plus  avancées  de  la  vie,  la 
revaccination  pourrait  n'être  exigible  qu'en  temps  d'épi- 
démie. > 

Après  avoir  fait  connaître  quelles  sont  dans  les  différents 
pays  les  principales  [)rescriptions  de  la  loi  sur  la  vaccine 
obligatoire,  M.  Hervieux  termine  par  les  conclusions  sui- 
vantes :  1*"  il  est  d'un  grand  intérêt  social  qu'une  loi  rende 
la  vaccination  et  la  revaccination  obligatoires  sur  toute  l'é- 
tendue du  territoire  français  ;  2*  la  vaccination  devra  être 
pratiquée  dans  les  six  premiers  mois  qui  suivent  la  nais- 
sance; 3"  la  revaccination  est  le  complément  indispensable 
de  la  vaccination.  Elle  devra  être  pratiquée  à  la  période  sco- 
laire et  au  plus  tard  à  Vk^e  de  dix  ans.  Elle  sera  une  condi- 
tion rigoureuse  de  l'admission  dans  les  écoles,  les  lycées  et 
tous  les  établissements  d'instruction  publique  et  privée. 
Elle  sera  exigée  de  nouveau  dans  la  période  de  l'adolescence, 
à  Tage  de  vingt  ans  au  plus  tard,  sans  préjudice  des  revac- 
cinations imposées  pour  le  service  militaire,  et  l'admission 
dans  les  administrations,  les  ateliers,  les  chanliers  de  l'Etat 
et  tous  les  établissements  publics  et  privés;  A""  aux  périodes 
ultérieures  de  la  vie,  la  revaccinalion  pourra  être  exigée  par 
les  conseils  d'hygiène  ou  les  pouvoirs  municipaux,  toutes 
les  fois  qu'il  existera  soit  une  menace  d'épidémie,  soit  une 
épidémie  confirmée. 

Tuberculose.  —  M.  Daremberg  communique  ses  re- 
cherches sur  la  résistance  variable  des  animaux  à  la  tuber- 
culose. D'après  lui,  on  peut  rendre  l'organisme  plus  apte  à 
contracter  une  tuberculose  rapidement  mortelle  en  donnant 
aux  animaux  du  glycogène  par  les  voies  alimentaires  ou 
sous-cutanées,  ce  qui  prouve  que  l'hyperglycémie  du  foie 
prédispose  les  diabétiques  à  la  tuberculose  grave.  On  rend 
quelquefois  l'organisme  moins  apte  à  contracter  une  tuber- 
culose rapidement  mortelle,  en  donnant  aux  animaux  des 
huiles  ou  des  graisses  par  la  voie  alimentaire,  lorsque  l'ino- 
culation est  faite  par  la  voie  sous-cutanée.  Quand  on  intro- 
duit le  virus  directement  dans  le  sang,  l'organisme,  envahi 
d'emblée,  ne  peut  plus  profiter  des  éléments  favorables  que 
lui  apportent  les  huiles  dans  sa  lutte  contre  le  virus,  et  il 
n'y  a  aucune  survie.  L'huile  de  foie  de  morue,  la  plus  diges- 
tible des  huiles,  doit  donc  être  donnée  seulement  dans  les 
tuberculoses  qui  ne  sont  pas  infectantes  d'emblée;  cette 
huile  n'agit  pas  contre  le  bacille,  mais  elle  donne  de  la 
résistance  à  l'organisme,  comme  la  suralimentation,  l'aé- 
ration permanente  et  les  autres  agents  de  l'hygiène  générale. 
Elle  est  un  agent  de  défense  et  non  un  agent  d'attaque. 
D'autre  part,  dans  toutes  les  maladies  consomptives,  les 
reconstituants  généraux  agissent  en  permettant  à  l'orga- 


nisme de  lutter  contre  les  poisons  formés  dans  l'estomac 
et  l'intestin  par  des  fermentations  anormales.  Ces  reconsti- 
tuants permettent  aussi  aux  émonctoires  (reins,  peau)  d'éli- 
miner les  poisons  produits  dans  les  cellules  des  organes  par 
une  nutrition  défectueuse.  Les  tuberculeux  qui  ont  des 
appareils  digestif  et  urinaire  sains  vivent  longtemps  avec 
leur  tuberculose,  parce  que  souvent  le  tuberculeux  meurt 
empoisonné  parles  produits  de  la  dénutrition  avant  de  pou- 
voir mourir  de  sa  tuberculose. 

D'ailleurs,  on  peut  retarder  l'évolution  de  la  tuberculose 
chez  quelques  animaux  en  les  accoutumant  à  suppoiter  le 
virus  tuberculeux.  On  peut  leur  inoculer  sous  la  peau  de 
petites  doses  de  cultures  tuberculeuses  ou  de  cultures  sté- 
rilisées, avant  l'inoculation  mortelle.  On  obtient  le  même 
résultat  incomplet  en  inoculant  sous  la  peau  l'émulsion  de 
la  moelle  épinière  d'animaux  mortf:  de  tuberculose.  De  ces 
faits,  M.  Daremberg  conclut  que  le  virus  tuberculeux  est  un 
poison  que  l'on  peut  manier  à  la  façon  des  poisons  miné- 
raux ou  organiques.  On  peut  accroître  ou  diminuer  sa  toxicité  ; 
d'un  autre  côté,  on  peut  augmenter  la  résistance  de  l'orga- 
nisme contre  son  action  désorganisante.  Il  croit  donc  qu'à 
travers  cette  gamme  de  virulences  diverses,  on  trouvera  la 
note  juste  qui  transformera  le  virus  en  vaccin,  qui  fixera 
avec  précision  l'atténuation  conférant  infailliblement  l'im- 
munité. 

Prophylaxie  de  la  tuberculose.  —  Au  nom  de  la 
Commission  nommée  à  cet  effet,  M.  Ft</emm donne  lecture 
des  propositions  ci-après,  modifiant  celles  qu'il  avait  dépo- 
sées il  y  a  trois  mois  de  la  part  de  la  Commission  du  Congrès 
de  la  tuberculose  : 

I.  La  tuberculose  est  de  toutes  les  maladies  celle  qui 
fait  le  plus  de  victimes.  Dans  les  grandes  villes  elle  compte 
pour  un  quart  à  un  septième  dans  la  mortalité.  Pour  s'ex- 
pliquer l'élévation  de  ce  chiffre,  il  faut  savoir  que  la 
phthisic  pulmonaire  n'est  pas  la  seule  manifestation  de  la 
tuberculose,  comme  on  le  croit  à  tort  dans  le  public;  en 
effet  nombre  de  bronchites,  de  pleurésies,  de  méningites, 
de  péritonites,  d'entérites,  de  lésions  osseuses  et  articu- 
laires, d'abcès  froids,  etc.,  sont  des  maladies  de  même 
nature. 

II.  La  tuberculose  est  une  maladie  infectieuse,  parasi- 
taire, causée  par  un  microbe;  mais  elle  n'est  transmissible 
à  un  individu  sain  par  un  sujet  malade  que  dans  des  condi- 
tions spéciales  que  nous  allons  déterminer.  En  dehors  de 
sa  transmission  héréditaire  directe,  le  microbe  de  la  tuber- 
culose pénètre  dans  l'organisme  par  les  voies  aériennes 
avec  l'air  inspiré,  par  le  canal  digestif  avec  les  aliments, 
par  la  peau  et  les  muqueuses  à  la  suite  d'écorchures,  de 
piqûres,  de  plaies  et  d'ulcérations  diverses. 

III.  La  source  contagieuse  la  plus  fréquente  et  la  plus 
redoutable  réside  dans  les  crachats  des  phthisiqiies.  A  peu 
près  inoffensifs  tant  qu'ils  restent  à  I  état  liquide,  cest 
surtout  lorsqu'ils  sont  réduits  en  poussière  qu  ils  devien- 
nent dangereux.  Ils  revêtent  promptement  cette  forme 
lorsqu'il  sont  projetés  sur  le  sol,  les  planchers,  les  carreaux, 
les  murs;  lorsqu'ils  souillent  les  vêtements^  les  couver- 
tures, les  objets  de  literie,  les  tapis,  les  rideaux,  etc.  ; 
lorsqu'ils  sont  reçus  dans  des  mouchoirs,  des  serviettes. 
C'est  alors  que,  desséchés  et  pulvérulents,  ils  sont  mis  en 
mouvement  par  le  balayage  et  l'époussetage,  le  battage  et  le 
brossage  des  étoffes,  des  meubles,  des  couvertures,  des 
vêtements.  Cette  poussière,  suspendue  dans  l'air,  pénètre 
dans  les  voies  respiratoires,  se  dépose  sur  les  surfaces 
cutanées  et  muqueuses  dépouillées  de  leur  vernis  épider- 
mique,  sur  les  objets  usuels  servant  aux  usages  alimen- 
taires et  devient  ainsi  un  danger  permanent  pour  les  per- 
sonnes qui  séjournent  dans  l'atmosphère  ainsi  souillée.  Le 

[irincipe  contagieux  de  la  tuberculose  se  trouve  aussi  dans 
es  déjections  des  phthisiques,  soit  qu'il  provienne  des  lé- 


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sions  intestinales  si  communes  dans  cette  affection,  soit 
qu'il  vienne  des  crachats  avalés  par  les  malades.  Très  fré- 
quemment ceux-ci  sont  atteints  de  diarrhée,  souillent  leur 
drap  de  Ut  et  leur  linge  et  créent  ainsi  une  source  d'in- 
fection contre  laquelle  il  importe  de  se  mettre  en  garde. 
En  conséquence  il  faut  : 

l*"  Etre  bien  convaincu  de  la  nécessité  de  prendre  les 
plus  grandes  précautions  au  sujet  des  matières  de  Texpec- 
toration  des  phthisiques.  Elles  doivent  toujours  et  partout 
être  reçues  dans  des  crachoirs  contenant  une  certaine  quan- 
tité de  liquide  et  non  des  matières  pulvérulentes,  telles  que 
du  sable,  du  son  et  des  cendres.  Ceux-ci  doivent  ensuite 
être  vidés  chaque  jour  dans  le  feu  et  nettoyés  à  Teau  bouil- 
lante. Jamais  ils  ne  doivent  être  déversés  sur  les  fumiers 
ni  dans  les  cours  et  les  jardins  où  ils  peuvent  tuberculiser 
les  volailles  qui  les  mangent.  L'usage  des  crachoirs  ne  doit 
pas  se  borner  aux  hôpitaux  et  aux  habitations  privées,  mais 
il  est  indispensable  de  l'adopter  pour  tous  les  établisse- 
ments publics  (casernes,  ateliers,  gares  de  chemins  de  fer 
et  autre  lieux  de  réunion);  2"  ne  point  laisser  sécher  le  linge 
maculé  par  les  déjections  des  tuoerculeux,  mais  le  tremper 
et  le  faire  séjourner  quelque  temps  dans  Peau  bouillante 
avant  de  le  livrer  au  blanchissage  ou  bien  le  brûler; 
3°  éviter  de  coucher  dans  le  lit  d'un  tuberculeux  et  habiter 
sa  chambre  le  moins  possible,  si  de  minutieuses  précau- 
tions n'ont  pas  été  prises  contre  les  crachats  et  contre  les 
souillures  de  son  linge  par  ses  déjections;  4"^  obtenir  que 
les  chambres  d'hôtel,  les  maisons  garnies,  les  chalets,  les 
villas,  etc.,  occupés  par  les  phthisiques,  dans  les  villes 
d'eau  et  les  stations  hivernales,  soient  meublés  et  tapissés 
de  telle  manière  que  la  désinfection  y  soit  facilement  et 
complètement  réalisée  après  le  départ  de  chaque  malade. 
Le  public  est  le  premier  intéressé  à  préférer  les  habitations 
dans  lesquelles  de  pareilles  précautions  hygiéniques  sont 
observées;  b"*  ne  se  servir  des  objets  contaminés  par  les 
tuberculeux  (linge,  literie,  vêtements,  objets  de  toilette, 
tentures,  meubles)  qu'après  désinfection  préalable  (étuve 
sous  pression,  ébullition,  vapeurs  soufrées,  peinture  à  la 
chaux). 

IV.  Si  les  crachats  des  phthisiques,  ainsi  que  leurs 
excrétions  alvines,  sont  l'origine  la  plus  commune  des 
tuberculoses  acquises,  ils  n'en  sont  pas  la  seule.  Le  para- 
site de  la  maladie  peut  se  rencontrer  dans  le  lait,  la  viande 
et  le  sang  des  animaux  malades  qui  servent  à  l'alimenta- 
tion de  l'homme  (bœuf,  vache  surtout,  lapins,  volailles). 
1^  Le  lait,  dont  la  provenance  est  le  plus  généralement 
inconnue,  doit  attirer  spécialement  l'attention  des  mères  et 
des  nourrices  en  raison  de  l'aptitude  des  enfants  à  con- 
tracter la  tuberculose  (il  meurt  annuellement  à  Paris  plus 
de  deux  mille  tuberculeux  âgés  de  moins  de  deux  ans).  La  mère 
tuberculeuse  ne  doit  pas  nourrir  son  enfant;  elle  doit  le 
confier  à  une  nourrice  bien  portante,  vivant  à  la  campagne 
dans  une  maison  non  hantée  par  des  phthisiques,  où,  avec 
les  meilleures  conditions  hygiéniques,  les  risques  de  con- 
tagion tuberculeuse  sont  beaucoup  moindres  que  dans  les 
villes.  L'allaitement  au  sein  étant  impossible,  si  on  le  rem- 
place par  l'allaitement  artificiel  avec  du  lait  de  vache, 
celui-ci  doit  être  bouilli.  Le  lait  d'ânesse  et  de  chèvre  non 
bouilli  offre  infiniment  moins  de  danger,  'i^  La  viande  des 
animaux  tuberculeux  doit  être  prohibée.  Le  public  a  tout 
intérêt  à  s'assurer  si  l'inspection  des  viandes,  exigée  par  la 
loi,  est  convenablement  et  rigourcusementexercée.  3** L'usage 
d'aller  boire  du  sang  chaud  dans  les  abattoirs  est  dange- 
reux; il  est  du  reste  sans  efficacité. 

V.  Tous  les  individus  n'ont  pas  au  même  degré  l'aptitude 
à  contracter  la  tuberculose.  Il  y  a  des  sujets  particulière- 
ment disposés  et  qui  doivent  redoubler  de  précautions  pour 
éviter  les  circonstances  favorables  à  des  contaminations 
signalées  plus  haut.  Ce  sont  :  1*"  les  personnes  nées  de 
parents  tuberculeux   ou   appartenant  à  des  familles  qui 


comptent  plusieurs  membres  frappés  par  la  tuberculosp: 
â''  celles  qui  sont  débilitées  par  les  privations  et  les  excès  ; 
l'abus  des  boissons  alcooliques  est  particulièrement  néfaste  ; 
3^  sont  aussi  prédisposés  à  la  tuberculose  les  individus 
atteints  ou  en  convalescence  de  rougeole,  de  coqueluche,  de 
variole,  et  surtout  les  diabétiques. 

La  discussion  de  ces  propositions  est  renvoyée  à  la  pro- 
chaine séance. 

Cholécystentérostomib.  -—  M.  le  docteur  Terrier,  can- 
didat dans  la  section  de  médecine  opératoire,  communique 
une  observation  d'oblitération  du  canal  cholédoque,  ayant 
nécessité  la  cholécystentérostomie,  c'est-à-dire  la  création 
d'une  fistule  permanente  entre  la  vésicule  biliaire  et  la  pre- 
mière portion  du  duodénum  ;  cette  opération  est  la  première 
qui  ait  été  faite  en  France  et  la  six  ou  septième  connue  ; 
elle  a  été  suivie  de  succès. 

L'opérée  était  une  femme  de  cinquante-quatre  ans,  mul- 
tipare, ayant  toujours  joui  d'une  parfaite  santé  ;  la  méno- 
pause datait  de  deux  années;  4  cette  époque  elle  fut  asseï 
souffrante  de  douleurs  rhumatoides  et  se  plaignit  aussi  du 
côté  droit  ;  en  janvier  dernier  apparurent  des  troubles  dige^- 
tifs  avec  de  la  gêne  dans  l'hypochondre  droit;  le  10 mai  elle 
eut  une  crise  hépatique  suivie  d'un  ictère  généralisé.  A 
son  entrée  à  l'hôpital  le  26  juin,  la  teinte  ictérique  était 
foncée,  le  prurigo  incessant,  l'amaigrissement  considérable, 
la  faiblesse  extrême,  la  salivation  abondante;  les  selles  sont 
décolorées,  les  urines,  teintes  en  vert  foncé,  renferment  de 
14  grammes  à  8  grammes  d'urée  par  vingt-quatre  heures,  ni 
sucre,  ni  albumine.  On  constate  une  notable  augmentation 
du  volume  du  foie,  au-dessous  duquel  existe  une  tumeur 
ovoïde  lisse,  rénitente,  qui  parait  être  la  vésicule  biliaire 
distendue  par  la  bile.  Malgré  un  traitement  médical,  diète 
lactée,  eau  de  Vichy,  paquets  de  naphtol  p,  des  accidefll* 

S  raves,  fièvre  à  40*,1,  frissons,  apparaissent;  le  13  juillet, 
[.  Terrier  se  résout  à  pratiquer  une  laparotomie  explora- 
trice, décidé  à  pousser  plus  loin  l'intervention  s'il  y  a  lieu. 

L'abdomen  ouvert,  il  trouve  la  vésicule  biliaire  peu  dis- 
tendue; ponctionnée,  il  en  retire  400  grammes  de  liquide 
biliaire.  L'ouverture  delà  ponction  est  momentanément  ob- 
struée par  une  pince  à  pression;  avec  le  doigt,  il  explore 
alors  le  trajet  du  canal  cystique  et  celui  du  cholédoque  dans 
l'épaisseur  du  pancréas  et  perçoit  ainsi  l'existence  d'une 
tuméfaction  ovoïde,  ayant  les  dimensions  d'un  noyau  de 
datte  et  paraissant  être  un  calcul  oblitérant  le  conduit  cho- 
lédoque. C'est  alors  qu'il  tente  la  cholécystentérostomie. 
Après  avoir  placé  comme  un  cordon  de  bourse  un  premier  Ql 
de  catgut  fin  entre  les  parties  correspondantes  de  la  vési- 
cule biliaire  et  du  duodénum,  à  3  centimètres  environ  du 
pylore,  il  ilxe  au-dessus  huit  points  de  suture  successive- 
ment placés  sur  deux  lignes  antéro-postérieures,  puis  dis- 
pose en  bourse  un  dernier  point  comme  le  premier.  Il  serrr 
ensuite  successivement  ces  points  de  suture  et  ouvre  avec  uu 
bistouri  étroit  la  vésicule  biliaire  d'abord,  puis  le  duodé- 
num dans  une  petite  étendue  correspondant  à  l'ouverture 
de  la  vésicule;  il  fait  pénétrer  dans  la  vésicule  et  dans  1  tn> 
testin  un  bout  de  drain  en  caoutchouc  rouge,  long  de  4  à 
5  centimètres  et  de  4  à  5  millimètres  de  diamètre  ;  il  serre 
enfin  le  point  antérieur  disposé  en  bourse  et  obstrue  défini- 
tivement à  l'aide  de  deux  fils  de  catgut,  passés  avec  l'aiguille 
de  Reverdin,  l'ouverture  faite  à  la  vésicule  par  le  Irocart. 

Pour  plus  de  sécurité,  te  fond  de  la  vésicule  est  fixé  à 
l'angle  inférieur  de  la  plaie  abdominale.  Celle-ci  est  re- 
fermée; pansement  avec  le  salol,  poudre,  gaze  et  ouate;  le 
tout  est  maintenu  par  une  bande  de  flanelle. 

Dès  le  lendemain  la  salivation  et  le  prurit  disparurent; 
le  deuxième  jour,  la  teinte  des  téguments  tendit  àaiminuer: 
les  suites  de  l'opération  furent  simples,  sauf  pendant  cinq 
jours  (vers  le  douzième  jour)  où  quelques  accidents  appa- 
rurent. Le  10  août,  la  malade  sortit  de  l'hôpital  ;  actuelle- 


i'*^  Novembre  1889       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         —  N«  44  —    715 


ment  ses  forces  reviennent;  elle  a  engraissé  sensible- 
ment; les  urines  sont  normales,  les  selles  colorées,  les 
douleurs  nulles;  seuls,  les  sclérotiques  et  le  voile  du  pa- 
lais sont  encore  un  peu  teintés  en  jaune  très  clair;  son  état 
s'améliore  de  jour  en  jour. 

Commentant  ensuite  les  observations  jusqu'ici  publiées, 
M.  Terrier  fait  observer  que  cette  opération  a  été  faite  soit 
pour  parer  aux  accidents  déterminés  par  une  oblitération  du 
canal  cholédoque,  soit  pour  guérir  une  fistule  biliaire.  Dans 
le  premier  cas,  quelle  que  soit  la  cause  de  roblitératton, 
Tindication  de  l'opération  parait  évidente  et  même  indiscu- 
table; rétablir  le  cours  de  la  bile  par  une  fistule  cholécys- 
to-ijitestinale,  tel  est  le  but  qu'il  faut  se  proposer  d'atteindre 
pour  guérir  le  malade.  Et  cette  guérison  pourra  être  défmi- 
tive  s'il  s'agit  d'une  oblitération  par  calcul  ou  par  simple 
sclérose  du  pancréas;  au  contraire,  la  guérison  est  tempo- 
raire lors  de  cancer  du  pancréas,  mais  la  survie  de  plus 
d'une  année  dans  un  cas  observé  par  Kâppler  doit  encoura- 
ger le  chirurgien.  Dans  le  second  cas,  quand  il  s'agit  de 
fistule  biliaire,  l'opération  est  peut-être  plus  discutable; 
toutefois,  si  cette  fistule  résulte  d'obstruction  du  canal  cho- 
lédoque, l'opération  est  tout  à  fait  indiquée.  —  (Le  mémoire 
de  M.  le  docteur  Terrier  est  renvoyé  à  l'examen  de  la  sec- 
tion de  médecine  opératoire.) 


Société  nédleale  de»  hôpitaux. 

SÉANCE   DU  25  OCTOBRE   1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  M.  CADET  DE  GASSICOURT. 

Hystérie  tabaglque  :  M.  GliU>ert.  —  Pneumo-thorax  sorrena  dans  le 
cours  d'un  accès  d'asthme  et  guërl  par  la  thoraoentèse  :  H.  Trol- 
Bler.  —  L'urticaire  chez  les  enfants  :  M.  O.  Comby.  —  L'anémie  des 
nourrissons  :  M.  Hayem.  —  Fondation  du  prix  Vincent. 

M.  Gilbert  présente  un  malade  de  soixante-deux  ans 
qui,  depuis  Tâge  de  seize  ans,  fait  un  abus  immodéré  de 
tabac.  L'an  dernier  cet  homme  fut  atteint  dans  les  membres 
inférieurs  de  désordres  paralytiques  et  sensitifs  guéris  au 
bout  de  quelques  semaines.  Cette  année,  des  troubles  à  peu 
près  analogues  ont  reparu  et  le  malade  est  atteint  actuelle- 
ment d'hémiplégie  gauche  avec  hémianesthésie  cutanée  et 
sensorielle,  améliorée  sous  l'influence  des. agents  eslbésio- 
gènes  et  qui  présente  tous  les  caractères  de  l'hémiplégie 
hystérique.  Cet  homme  n'a  aucun  antécédent  névropalhique 
personnel  ou  familial;  il  est  bien  atteint  d'une  hystérie 
acquise,  mais  sous  quelle  influence?  On  ne  relève  chez  lui 
ni  traumatisme,  ni  perturbation  morale,  ni  maladie  infec- 
tieuse, ni  intoxication,  si  ce  n'est  pourtant  une  intoxication 
tabagique  des  plus  évidentes.  A  la  fabrique  de  tabac  ou  il 
travaille  et  où  il  trempe  constamment  les  mains  dans  le 
Jus  de  tabac,  le  malade  est  soumis  depuis  plus  de  quarante 
ans  à  une  intoxication  tabagique  par  les  voies  respiratoires 
et  par  la  peau  ;  de  plus,  ayant  le  tabac  à  sa  disposition,  il 
fume,  il  chique  et  il  prise  avec  excès. 

M.  Gilbert  croit  que  son  sujet  présente  une  nouvelle  va- 
riété d'hystérie  toxique  :  Vhystérie  tabagique. 

M.  Hayem  s'élève  contre  l'abus  du  mot  hystérie  qui  ne 
caractérise  plus  une  espèce  nosologique,  une  névrose  par- 
ticulière, mais  un  élément  morbide.  Pour  lui,  les  troubles 
iiysiériformes  produits  par  les  intoxications  devraient  rece- 
voir une  dénomination  particulière  et  le  mot  hystérie  devrait 
être  ramené  à  son  sens  primitif. 

M.  Letulle  avait  observé  ce  même  malade  à  l'hôpital 
Tenon  et,  comme  M.  Gilbert,  avait  conclu  à  une  hystérie 
tabagique. 

M.  Gilbert-Ballet  Téfond  k  M.  Hayem  qu'il  ne  voit  pas 
pourquoi  on  ne  considérerait  pas  l'hémianesthésie  sensitivo- 
sensorielle  des  intoxiqués  comme  de  nature  hystérique.  Les 


troubles  de  la  sensibilité  sont  les  mêmes  et  ils  sont  combinés 
aux  mêmes  manifestations  (paralysies,  contractures,  atta- 
ques, etc.).  D'autre  part,  les  hystériques  par  intoxication 
sont,  eux  aussi,  des  prédispoi  es  par  des  tares  physiques  ou 
psychiques  ;  chez  eux  aussi,  les  manifestations  hystériques 
proviennent  souvent  à  la  suite  d'une  cause  déterminante, 
telle  qu'une  émotion,  une  frayeur. 

—  M.  Troisier  lit  une  observation  de  pneumo-thorax 
survenu  dans  le  cours  d'une  hystérie  et  guéri  par  la  tho- 
raoentèse. (Sera  publié.) 

M.  Rendu  a  observé  également  un  cas  de  pneumo-thorax 
guéri  par  une  seule  thoracentèse  chez  un  enfant  de  deux 
ans.  L'épanchement  d'air  dans  la  plèvre  reconnaissait  pour 
cause  la  rupture  d'une  vésicule  pulmonaire  survenue  au 
cours  d'une  quinte  de  toux. 

H.  Juhel'Renoy  a,  le  matin  même,  pratiqué  une  thora- 
centèse d'urgence  chez  un  malade  arrivé  dans  son  service 
avec  une  dyspnée  intense  causée  par  un  pneumo-thorax 
ouvert  de  cause  indéterminée. 

M.  Desnos  a  pratiqué  la  thoracentèse  chez  un  tuberculeux 
en  proie  à  une  asphyxie  imminente  consécutive  à  la  forma- 
tion d'un  pneumo-thorax.  Il  retira  un  litre  d'air,  mais  j^as 
une  goutte  de  liquide.  Au  bout  de  trois  jours  le  liquide 
s'était  formé  ;  mais  des  ponctions  successives  améliorèrent 
le  malade,  qui  put  retourner  dans  son  pays  natal,  ki  encore, 
une  mort  imminente  avait  été  conjurée  par  la  thoracentèse. 

—  H.  Comby  fait  une  communication  sur  Vurticaire 
chez  les  enfants.  (Sera  publié.) 

M.  Rendu  pense,  contrairement  à  M.  Comby,  (jue  la 
dentition  peut  avoir  une  influence  sur  l'urticaire  des  jeunes 
enfants. 

M.  Sevestre  croit  également  au  rôle  joué  par  la  dentition; 
mais  il  croit  que  l'embarras  gastrique  qui  accompagne 
si  souvent  l'éclosion  des  premières  dents,  sert  d'intermé- 
diaire pour  amener  l'urticaire. 

M.  Merklen  ajoute  que  Turticaire  dépend  d'une  prédis- 
position générale  souvent  héréditaire.  Cette  prédisposition 
est  mise  en  éveil  par  des  causes  diverses,  parmi  lesquelles 
la  dentition,  sans  qu'il  soit  besoin  d'incriminer  toujours  le 
mauvais  état  des  voies  digeslives. 

M.  Brocq  n'admet  pas  avec  M.  Comby  que  l'urticaire  des 
enfants  puisse  se  transformer  en  prurigo  de  Hebra.  C'est 
le  strophulus  pruriginosus  de  Hardy  simulant  l'urticaire, 
qui  probablement  est  très  souvent  la  première  phase  du 
prurigo  de  Hebra. 

—  M.  Hayem  lit  une  note  sur  ïanémie  des  nourrissons. 
(Sera  publié). 

—  Dans  une  séance  précédente,  la  Société  a  reçu  de 
M""*  veuve  Adèle  Vincent,  un  don  de  iOOO  francs.  Confor- 
mément au  vœu  de  la  donatrice,  la  Société  médicale  des 
hôpitaux  de  Paris  institue  un  prix  à  décerner  en  juillet 
1891,  par  une  commission  de  la  Société,  à  l'auteur  du 
meilleur  travail  paru  depuis  le  moment  où  le  concours  sera 
ouvert  «  sur  l'angine  de  poitrine  symplomatique  d'une 
affection  du  cœur  et  sur  Tartério-sclérose.  Le  travail  (ou- 
vrage imprimé  ou  manuscrit)  devra  avoir  spécialement  pour 
but  de  soulager  ou  de  guérir  les  personnes  atteintes  de  ces 
maladies  li 

Le  prix  devra  se  nommer  Prix  Auguste  Vincent.  La  somme 
de  1000  francs,  non  divisible,  sous  forme  d'encouragement, 
sera  attribuée  à  l'auteur  du  travail  qui  marquera  un  progrès 
dans  l'étude  et  la  thérapeutique  des  affections  sus-indi- 
quées. 

Dans  le  cas  où  la  Commission  jugerait  qu'il  n*y  a  pas  lieu 
de  décerner  le  prix  en  1891,  elle  remettrait  de  deux  en 


7lè    —  K*  44  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRORGIE       4*'  Novembre  1889 


deux  années  l'examen  des  travaux  relatifs  à  la  aueslion 

Eosée  et  ce,  jusqu'à  ce  qu'il  y  ait  lieu  de  décerner  le  prix, 
e  résullal  du  concours  devra  être  proclamé  à  une  date  la 
plus  voisine  possible  du  8  juillet. 

Les  travaux  écrits  en  langue  française  devront  être 
adressés  au  secrétariat  général  de  la  Société  médicale  des 
hôpitaux  de  Paris,  au  siège  des  séances  de  la  Société, 
3,  rue  de  l'Abbaye,  à  Paris,  le  30  avril  1891  au  plus  lard 

Fernand  Widal. 


8o«lélé  de  blolOi^e. 

SÉANCE    DU     19    OCTOBRE    1889.    —    PRÉSIDENCE    DE 
M.  DUCLAUX,  VICE-PRÉSIDENT. 

Kaladie  phosphorescente  de  oertalns  crustacés  :  M.  Qiard.  —  Prô- 
seatation  d'ouvrage  :  M.  Laborde.  —  Sur  la  structure  de  l'os 
normal  :  M.  Zaohariadès. 

M.  Giard  a  observé  sur  la  plage  de  Wimereux  un  talilre 
phosphorescent  d*un  éclat  très  intense  ;  la  lueur,  verdâtre, 
provenait  de  l'intérieur  du  corps  du  crustacé,  complètement 
illuminé.  La  cause  de  cette  phosphorescence  était  due  à  des 
bactéries  très  nombreuses,  grouillant  entre  les  muscles. 
M.  Giard  pratiqua  alors  des  inoculations  avec  ces  bactéries 
sur  un  grand  nombre  de  talitres;  toutes  les  Inoculations 
furent  positives,  de  telle  sorte  qu'il  obtint  une  foule  d'ani- 
maux lumineux.  La  maladie  suit  une  marche  régulière  : 
les  muscles  s'altèrent  rapidement,  l'animal  s'affaiblit  et 
meurt  après  quelques  jours.  D'autres  amphipodes  ont  été 
également  inoculés  avec  succès,  ainsi  que  des  cloportes. 
La  bactérie  se  cultive  bien  dans  du  bouillon  actde  de 
morue. 

—  M.  Labords  fait  hommage  à  la  Société  du  volume  que 
vient  de  publier  la  Société  d'anthropologie  à  l'occasion  de 
l'exposition  qu'elle  a  organisée  de  ses  travaux  au  Champ 
de  Mars. 

—  M.  Zachariadès  décrit  le  réseau  fin  qu'il  a  découvert 
dans  des  coupes  d'os  frais*d'adultes,  comme  formé  par  les 
cellules  osseuses  et  leurs  prolongements;  les  prolonge- 
ments protoplasmiques  d'une  cellule  s'anastomosent  entre 
eux  et  avec  ceux  d  autres  cellules  rapprochées  ou  plus  ou 
moins  éloignées. 


SÉANCE  DU  26  OCTOBRE   1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE   M.    DUCLAUX,   VICE-PRÉSIDENT. 

Sur  le  traitement  du  strabisme  par  les  exercices  stërèoscopiques  : 
M.  Jaral.  —  Sur  le  ferment  glycosique  du  foie  :  M.  Kaufmann.  — 
De  la  diurèse  produite  par  la  lactose  :  M.  O.  S6e.  —  Tuberculose 
zooglèique  :  M.  Nooard.  ~  Présentation  d'ouvrage  :  M.  Karey.  — 
Sur  le  mèoanJsoie  du  pouls  veineux  :  M.  François-Franck. 

M.  Javal,  à  propos  d'une  note  présentée  par  M.  Kalt  dans 
la  séance  du  12  octobre,  fait  remarquer  qu'il  n'est  pas  exact 
de  soutenir  que  le  mécanisme  des  mouvements  oculaires 
est  purement  réflexe  ;  rien,  au  contraire,  n'est  plus  facile 
que  d'influencer  par  la  volonté  les  mouvements  de  conver- 
gence et  de  divergence  des  yeux  ;  seulement  il  faut  pour 
cela  que  les  exercices  stéréoscopiques  soient  bien  employés. 
Il  n'est  pas  plus  exact  de  prétendre  que  la  vision  binocu- 
laire peut  fonctionner  de  nouveau  d'une  manière  complète, 
plusieurs  années  après  avoir  été  perdue.  Il  y  aurait  là  un 
fait  de  la  plus  haute  importance;  par  malheur,  le  diagnostic 
de  la  perle  de  la  vision  binoculaire  pour  toutes  les 
directions  n'est  pas  aussi  aisé  qu'on  pourrait  le  penser  ; 
de  telle  sorte  qu'il  est  probable  que  dans  le  cas  de  M.  Kalt 
il  s'est  glissé  une  erreur  de  diagnostic. 


—  M.  Kaufmann  a  repris  l'étude  de  l'importante  ques- 
tion de  Texistence  dans  le  foie  d'un  ferment  glycosique.  Il 
a  eu  l'idée  de  rechercher  la  présence  de  ce  ferment  dans  les 
produits  qui  s'écoulent  du  foie;  ces  produits  sont  au 
nombre  de  deux,  le  sang  et  la  bile;  c'est  à  la  bile  q^u'il  s'est 
adressé.  Il  a  recueilli  ce  liquide  dans  des  conditions  de 
stérilisation  parfaite  et  l'a  fait  agir,  ainsi  stérilisé,  sur 
l'empois  d'amidon.  Avec  la  bile  de  chien  il  n'a  pas  obtenu 
d'action  saccharifianle  ;  mais  il  a  toujours  vu  se  produirf 
cette  action  avec  la  bile  du  chat,  du  fjorc,  «lu  boeuf,  du 
mouton,  bref,  des  herbivores  et  des  omnivores.  Il  existerait 
donc  dans  la  bile  un  ferment  diastasique;  or  ce  ferment 
ne  peut,  d'après  M.  Kaufmann,  provenir  que  du  foie  ou  des 
premiers  conduits  biliaires. 

M.  Dastre  croit  que  la  seule  conclusion  qu'il  soil  légi- 
time de  tirer  des  expériences  de  M.  Kaufmann,  c[ est  qu'on 
trouve  dans  la  bile  uu  ferment  diastasique  ;  mais  rien  ne 
prouve  que  ce  ferment  soit  sécrété  par  le  foie. 

—  M.  Dastre  présente  une  note  de  M.  G.  Sée  relalire  à 
la  communication  qu'il  a  faite  lui-même  dans  la  séance  du 
5  octobre  sur  la  diurèse  produite  par  les  sucres.  Dans  cette 
note,  M.  G.  Sée  maintient  que  la  lactose  paraît  être,  parmi 
tous  les  sucres,  le  meilleur  diurétique,  pour  la  raison 
d'ailleurs  qu'il  est  très  bien  supporté  par  les  malades,  à 
I  inverse  de  la  glucose.  Quant  à  1  hypothèse  de  l'action  du 
sucre  de  lait  sur  les  éléments  propres  du  rein,  M.  Sée  ne  Fa 
émise  que  parce  que  les  autres  explications  de  son  action 
diurétique  semblent  inexactes. 

—  M.  Nocard,  à  l'autopsie  d'une  vache  dont  le  jelage. 
alors  qu'elle  était  malade,  inoculé  à  d'autres  animaux, 
avait  déterminé  de  la  tuberculose  zooglèique,  n'a  trouvé 
qu'une  bronchite  chronique  avec  quelques  cavernes  puru- 
lentes, mais  pas  trace  de  tubercules  ;  de  plus,  les  inocula- 
tions faites  avec  ces  produits  purulents  n'ont  pas  donné  de 
tuberculose.  Il  faut  aonc  admettre  qu'il  s'était  glissé  des 
impuretés  dans  le  j étage  avec  lequel  on  avait  procédé  aux 
premières  inoculations.  Quant  à  l'organisme  même  qui 
donne  lieu  à  la  tuberculose  zooglèique,  M.  Nocard  a  reconnu 

![u'il  est  toujours  le  même,  et  dans  les  cultures  qu'il  a 
àites  il  a  obtenu  des  éléments  identiques  à  ceux  qu'ont 
décrits,  dans  ces  derniers  temps,  MM.  Charrin  et  nogcr. 
MM.  Grancher  et  Ledoulx-Lebard,  H.  Dora  Lyon,  etc. 

—  M.  François-Franck  présente,  au  nom  de  M.  Marey, 
l'important  ouvrage  que  celui-ci  vient  de  publier  sur  le  roi 
des  oiseaux. 

—  M.  François-Franck  a  eu  l'occasion  d'observer  ré- 
cemment un  cas  remarquable  de  pouls  veineux  au  pli  de 
l'aine  et  au  creux  poplité;  les  battements  de  la  veine  étaient 
isochrones  au  pouls  artériel,  par  exemple  au  pouls  de  la 
carotide  ;  ils  étaient  donc  de  provenance  cardiaque.  Le  ma- 
lade était  d'ailleurs  atteint  d'insuffisance  tricuspidienne. 
Les  reflux  tricuspidiens  se  faisaient  sentir  dans  la  caro- 
tide comme  dans  la  veine  saphène.  A  ce  propos,  H.  Fran- 
çois-Franck discute  le  mécanisme  du  pouls  veineux.  La 
cause  de  la  production  des  battements  veineux  dans  le  cas 
d'insuffisance  tricuspidienne  n'est  pas  douteuse  :  ils  sont 
dus  aux  reflux  mêmes  du  sang.  Mais  comment  explique- 
t-on  le  pouls  veineux  récurrent  dans  les  cas  de  ligature  et 
saignée,  au  pli  du  coude  par  exemple?  M.  François-Franck 
rejette  les  interprétations  admises  et  en  propose  une  nou- 
velle :  lorsau'on  a  fait  la  ligature  au  pli  du  coude,  on  n'em- 
pêche pas  1  arrivée  du  sang  artériel  dans  le  membre  ;  par 
suite,  comme  il  y  a  un  obstacle  à  l'écoulement  du  sang 
veineux,  au  bout  d'un  temps  très  court  le  sang  artériel  a 
distendu  les  tissus  ;  chaque  fois  que  ceux-ci  se  distendent, 
une  certaine  quantité  de  sang  veineux,  en  rapport  avec  la  dis- 
tension même,  fait  effort  pour  s'échapper  et  s  échappe  en  eiïel 
en  un  jet,  si  on  a  piqué  une  veine;  les  expansions  brusques 


1"^  Novembre  1889      GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  —  N*  44  —    717 


du  tissu  s'opèrent  aux  dépens  du  sang  veineux.  M.  François- 
Franck  a  vérifié  du  reste  l'hypothèse  par  des  expériences 
directes  pratiquées  sur  le  sabot  du  cheval,  très  favorable 
pour  cette  étude  :  le  pouls  veineux  latéral  d'une  veine  quel- 
conque du  sabot  s'exagère  considérablement^  si  on  com- 
prime le  sabot,  la  projection  du  sang  artériel  dans  cet 
organe  déterminant  une  brusque  sortie  du  sang  veineux.  Il 
y  a  là  un  mécanisme  analogue  à  ce  qui  se  passe  dans  la 
circulation  veineuse  de  l'encéphale,  en  ce  qui  concerne  les 
rapports  de  cette  circulation  avec  celle  du  sang  artériel. 
M.  François-Franck  croit  que  c'est  par  ce  mécanisme  que  se 
produit  le  pouls  veineux  récurrent,  dans  la  plupart  des  cas 
où  on  l'observe. 


Boeïéié  de  thérApetiti^ae. 

SÉANCE  DU  33  OCTOBRE  1889. —  PRÉSIDENCE  DE   M.  FERNET. 

Rapport  sur  les  travaux  de  la  Sooièté  pendant  Tannée  1888- 
1889  (M.  Constantin  Paul).  —  Emploi  du  sirop  de  groseiUe  dans 
les  potions  au  ohlorate  de  potasse  (M.  Vigier).  —  I«e  somnal 
(M.  Boismont).— Action  diurétique  du  oiyoose  (IC. Da]ardln-Beau- 
mets).  —  Glycosurie  aUmentalre  (MM.  C.  Paul.  Dujardin-Beau- 
mets,  Duhomme). 

M.  le  Secrétaire  général  termine  la  lecture  de  son 
rapport  sur  les  travaux  de  la  Société  pendant  l'année  1888- 
1889  (matière  médicale,  pharmacie,  appareils). 

—  M.  Viaier  recommande  d'employer  le  sirop  de  gro- 
seille dans  les  potions  de  chlorate  de  potasse  pour  en  faci- 
liter l'admistration  aux  enfants. 

—  M.  Boismont  fait  une  communication  sur  un  nouvel 
hypnotique,  le  somnal.  Ce  produit,  qui  est  un  éthyl-chloral- 
uréthane,  est  représenté  par  la  formule  7H"CP0^Az.  On 
remploie  k  la  dose  de  2  grammes  en  solution  dans  une  po- 
tion au  sirop  de  framboise  ou  de  réglisse,  qu'on  peut  (or- 
muler  de  la  façon  suivante  : 

Somnal 10  grammes. 

Eau  distillée 45        — 

Sirop  de  framboise 20       — 

(Une  cuillerée  à  soupe  le  soir.) 

Le  somnal  a  une  légère  odeur  de  chloral  et  d'alcool. 
D'après  H.  Radiauer,  de  Berlin,  qui  Ta  découvert,  il  procu- 
Ferait  un  sommeil  calme  d'une  durée  de  sept  à  huit  heures 
environ  et  n'aurait  d'action  ni  sur  la  circulation  ni  sur  la 
respiration. 

—  M.  Oujardin-Beaumetz  communique  les  recherches 
qu'il  a  faites  sur  la  glycose  et  d'après  lesquelles  cette 
substance  possède  des  propriétés  diurétiques  plus  actives 
que  celles  de  la  lactose.  Dans  ses  expériences  il  n'a  jamais 
pu  rendre  glycosurique  aucun  des  sujets  auxquels  il  la  fai- 
sait absorber.  Pour  rendre  un  animal  glycosurique,  il  fau- 
drait lui  administrer  environ  30  ou  40  grammes  de  glycose 
par  kilogramme  de  son  poids,  et  encore  le  résultat  serait-il 
incertain.  Les  malades  en  prennent  facilement  200  grammes 
par  jour.  Il  se  demande  ce  que  devient  dans  l'économie  la 
glycose  ainsi  consommée  puisqu'on  n'en  trouve  pas  de  trace 
dans  les  urines.  Il  propose  que  la  Société  engage  une  dis- 
cussion sur  la  glycosurie  alimentaire. 

—  M.  C.Paul  propose  qu'on  discute  séparément  la  ques- 
tion de  la  diurèse  et  celle  de  la  glycosurie  alimentaire. 
L'action  de  la  glycose  sur  le  rein  malade  constitue  un  des 
problèmes  de  physiologie  pathologique  des  plus  intéres- 
sants. 

M.  Oujardin-Beanmetz.  Comment  expliquer  le  fait  que 
la  glycose  fait  uriner  le  malade  alors  même  qu'on  ne  trouve 
pas  de  sucre  dans  ses  urines  après  son  absorption?  Cela 
donnerait  à  croire  que  cette  substance  n'irrite  pas  les  çlo- 
mérules  et  n'excite  pas  directement  la  sécrétion  urinaire. 


M.  Duhomme  rappelle  avoir  démontré  depuis  longtemps 
que  l'absorption  de  glycose  par  voie  stomacale  ne  produit 
pas  de  diabète  et  que  même  un  diabétique  auquel  on  faisait 
prendre  de  la  glycose  ne  rendait  pas  pour  cela  plus  de 
sucre  dans  ses  urines. 

La  discussion  est  renvoyée  à  la  prochaine  séance. 

Georges  Baudouin. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

Travaux  A  eoiumlter. 

Du  TRAITEMENT  DES  VARICES  VISCÉRALES  PAR  LE  CHARDON  MARIE, 

par  M.  Tripier.  —  S'il  s'agit  d'hémorrhoïdaires,  chez  les- 
quels il  y  a  lieu  de  soupçonner  un  état  variqueux  avec  des 
congestions  viscérales,  l'auteur  prescrit  la  teinture  de  chardon 
marie,  à  la  dose  bi-quotidienne  de  20  à  25  gouttes,  chaque  dose 
est  ingérée  dans  une  verrée  d'eau,  à  jean  ou  après  le  repas. 

Celte  teinture  est  préparée  avec  les  semences  du  chardon 
marie.  D'après  Jolly,  au  témoignage  du  Bulletin  de  thérapeutique, 
ces  semences  contiennent  une  huile  grasse,  et  un  extrait  rési- 
neux qui  parait  en  être  le  principe  actif.  {Lyon  méd.t  1889, 
p.  204.) 

De  l'accumulation  du  bromure  de  potassium  dans  l'orga- 
nisme, par  M.  DoYON.  —  t^n  épileptiqne  dont  la  mort  brusque 
avait  été  une  surprise,  détermina  l'auteur  à  pratiquer  l'autopsie, 
et  comme  le  malade  ingérait  le  bromure  de  potassium  à  haute 
dose,  à  rechercher  les  tissus  dans  lesquels  ce  médicament  avait 
pu  s'accumuler. 

Le  foie  et  le  cerveau  furent  incinérés  et  leurs  cendres  sou- 
mises à  l'action  du  nitrate  d'argent.  Le  premier  de  ces  viscères 
contenait  73  centigrammes,  et  le  second  lo%934  de  bromure 
alcalin.  Ce  sont  donc  les  centres  nerveux  et  en  particulier  le 
cerveau  dans  lesquels  les  bromures  alcalins  se  localisent  le 
plus  volontiers.  {Lyon  méd.,  31  mars  d889.) 

Traitement  de  l'incontinence  d'urine  par  l'antypirinë, 
par  MM.  S.  Perret  et  Devic.  —  Les  auteurs  ont  admis  en  pres- 
crivant cette  médication  que  Panurèse  a  pour  cause  le  spasme 
et  non  la  paralysie  des  fibres  musculaires  du  sphincter  vésical. 
Deux  enfants  furent  soumis  à  ce  traitement;  ils  étaient  atteints 
d'incontinence  urinaire  nocturne  et  âgés  Tun  de  onze  ans  et 
l'autre  de  douze. 

Pendant  trois  jours,  on  administra  2  grammes  d'antipyrine,  et 
pendant  six  jours,  3  grammes  de  ce  médicament.  La  guérison  a 
été  obtenue.  Chez  l'un  de  ces  enfants  le  traitement  classique 
par  la  belladone  n'avait  procuré  que  de  médiocres  résultats. 
Ajoutons  que  la  dose  d'antipyrine  était  ingérée  en  trois  fois 
pendant  la  soirée  et  avant  l'heure  où  les  enfants  se  mettaient 
au  lit.  {Province  médicale,  8  juin  1889,  p.  271.) 

De  l'administration  du  soufre  a  l'intérieur,  par  M,  A. 
Garrod.  —  C'est  sous  la  forme  de  losanges  que  l'auteur  le 
prescrit.  Il  les  formule  de  telle  sorte  que  chacun  d'eux  contient 
cinq  grains  de  soufre  et  un  grain  de  crème  de  tartre.  Je  goût 
acide  de  cette  dernière  rendant  la  saveur  du  soufre  moins 
désagréable. 

11  prescrit  l'ingestion  quotidienne  d'un  de  ces  losanges,  contre 
la  constipation  habituelle;  au  besoin  il  en  administre  deux,  Tun 
le  soir  et  l'autre  le  malin.  Le  soufre,  de  l'avis  de  l'auteur,  aug- 
menterait la  sécrétion  biliaire  et  aurait  l'avantage,  dans  les  cas 
où  la  constipation  s'accompagne  d'hémorrhagies,  de  diminuer 
ces  dernières  et  de  calmer  le  prurit  anal.  Inutile  de  dire  que 
sous  cette  forme  on  peut  l'administrer  aussi  dans  tous  les  cas 
où  ce  médicament  est  indiqué.  {The  Lancet,  6  avril  1889.) 

Du  traitement  du  tétanos  par  l'acétanilide,  par  M.  Flam- 
marion. —  11  s'agissait  d'un  cas  de  tétanos  consécutif  à  une 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        !•'  Notembre  1889 


plaie  de  la  main,  chez  un  enfant  de  onze  ans.  Les  phéno- 
mènes tétaniques  se  déclarèrent  vers  le  douzième  jour  et  per- 
sistaient depuis  trois  semaines,  malgré  l'administration  du 
chloral  et  de  la  morphine,  quand  on  prescrivit  Tacétanilide  à  la 
dose  de  i5  à  20  centigrammes  toutes  les  quatre  heures. 

On  continua,  il  est  vrai,  les  injections  de  morphine.  Dans 
Tespace  de  huit  jours,  l'amélioration  était  considérable,  et  on 
put  cesser  Tusage  de  la  morphine.  {BulL  gén.  de  thérap,, 
23  février  1889.) 

De  l'emploi  du  menthol  dans  les  maladies  des  voies 
AÉRIENNES,  par  M.  F.  POTTER.  —  L'auteur  a  fait  connaître  les 
résultats  de  sa  pratique  au  dernier  Congrès  de  l'Association 
médicale  américaine.  Le  menthol,  dit-il,  diminue  les  inflam- 
mations superficielles  et  la  douleur  et  détruit  les  foyers  tuber- 
culeux superficiels.  C'est  donc  un  antiseptique  dans  les  maladies 
du  nez,  du  pharynx  et  du  larynx. 

M.  Potter  se  sert  d'une  solution  de  15  pour  100  de  menthol 
dans  l'huile  de  pétrole.  Le  mode  d'application  de  ce  topique 
varie.  Il  emploie  des  attouchements  directs  avec  le  pinceau^sur 
le  pharynx,  et  préfère  l'inhalation  du  spray  dans  les  cas  de 
maladies  des  fosses  nasales  ou  du  larynx. 

M.  F.  Knight  adopte  un  autre  dissolvant,  la  cosmoline,  et 
préfère  les  injections  directes,  les  inhalations  du  spray  ou  les 
vaporisations  du  liquide  médicamenteux.  (The  New-York  med. 
Record,  6  juillet  1889.) 

De  la  valeur  de  la  créosote  dans  la  phthisie,  par  M.  le 
docteur  J.-E.  Newcomb.  — C'est  le  résultat  de  ce  traitement  dans 
seize  cas  de  tuberculose  pulmonaire  que  l'auteur  a  fait  connaître. 
11  prescrivait  la  créosote  dans  une  potion  mucilagineuse  par 
cuillerées  après  les  repas. 

L'influence  sur  la  toux  fut  la  suivante  :  huit  fois  elle  dimi- 
nua, deux  fois  elle  guérit.  Chez  les  autres  malades  elle  ne  fut 
pas  modifiée.  La  fièvre  s'atténua  quatre  fois,  disparut  une  fois 
et  ne  fut  pas  modifiée  dans  les  autres  cas.  Les  sueurs  devinrent 
moins  abondantes  dans  cinq  cas,  furent  guéries  dans  un  cas  et 
persistèrent  chez  les  autres  malades.  Enfin,  quatre  malades 
augmentèrent  de  poids  et  quatre  ne  s'amaigrirent  plus.  Au 
demeurant,  la  créosote  fut  utile  dans  la  moitié  des  ca?.  Par 
contre,  elle  ne  modifia  pas  la  vitalité  des  bacilles;  ce  médica- 
ment est  donc  un  antiseptique  direct  et  un  désinfectant,  mais 
non  pas  un  spécifique  contre  les  bacilles.  {The  med.  Record, 
10  août  1889.) 

De  la  safranine  comme  réactif  du  sucre  urinaire,  par 
M.  Crismes.  —  On  prépare  une  solution  de  10  grammes  de 
safranine  dans  100  grammes  d'eau  et  une  solution  de  soude 
caustique  au  dixième.  Pour  rechercher  le  sucre  dans  un 
liquide,  on  verse  quelques  gouttes  du  liquide  à  examiner  dans 
2  à  3  centimètres  cubes  de  la  solution  sodique.  Le  mélange  est 
chaufl'é  à  60  degrés  centigrades;  la  safranine  réduite  colore  le 
liquide  et  par  le  refroidissement  se  précipite.  Par  l'exposition  à 
l'air  la  safranine  reprend  sa  coloration. 

Le  réactif  aurait  l'avantage  do  ne  pas  être  modifié  par  l'acide 
urique  et  les  diverses  substances  qui  réduisent  la  liqueur  de 
Fehling.  Par  contre,  l'albumine  la  réduit,  mais  plus  faiblement 
que  le  glycose.  {Bull.  gèn.  de  thér,,  18  juin  1889.) 

Un  cas  d'empoisonnement  par  l'antifébrine,  par  M.  Furth. 
—  Un  jeune  enfant  ingère  i  grammes  d'antifébrine,  éprouve  des 
nausées  et  des  vomissements  et  tombe  dans  le  coma  (refroidis- 
sement de  la  peau,  pouls  faible  et  rapide,  cyanose  é^e  la  face 
et  des  extrémités,  dilatation  pupillaire,  convulsions,  etc.).  Cet 
état  dure  pendant  huit  heures  et  après  huit  heures  seulement 
le  malade  reprend  connaissance.  Néanmoins,  la  cyanose  des 
téguments  persista  encore  pendant  vingt-quatre  heures,  et  le 
malade  ne  put  se  lever  que  deux  jours  après.  {Wiener,  med» 
Press,,  1889,  n°  16.) 

Un  cas  d'empoisonnement  par  l'antipyrine,  par  M.  le  doc- 
teur TuczEK. —  Les  accidents  débutèrent  après  l'administration 


quotidienne  de  120  centigrammes  du  médicament  pendant  trois 
semaines  à  un  enfant  de  quatre  ans.  Ils  se  manifestèrent  par  dp> 
vomissements  et  de  la  somnolence.  Il  survint  ensuite  de  li 
stupeur,  des  convulsions  épileptiformes,  des  troubles  resph*a- 
toires,  de  l'arythmie  cardiaque,  de  la  dilatation  pupillaire. 
une  éruption  cutanée,  de  l'abaissement  de  la  température  ri 
une  tension  exagérée  du  pouls.  Trois  jours  après,  les  convul- 
sions cessèrent  et  l'enfant  guérit.  Ce  fait  démontre  le  danger 
de  l'accumulation  de  l'antipyrine  dans  l'organisme.  Les  jour^ 
suivants,  l'auteur  ajoute,  fait  à  noter,  que  l'enfant  présenta  de 
l'acétonurie.  {Berlin,  klin,  Woch,  1889,  n«  17.) 

Un  cas  d'empoisonnement  par  la  cocaïne  en  applications 
INTRANasales,  par  M.  le  docteur  A.  Rondall.  —  Les  accid*.'nt'i 
débutèrent  chez  un  enfant  de  six  ans,  après  un  tamponnement 
des  fosses  nasales  avec  du  coton  imbibé  d'une  solution  de 
cocaïne  à  10  pour  100.  L'enfant  éprouva  du  délire,  des  halluci- 
nations, des  tremblements  violents  et  de  la  dilatation  pupillaire. 
Ces  phénomènes  durèrent  toute  une  nuit.  Le  lendemain,  il:; 
avaient  disparu,  mais  le  petit  malade  accusait  de  ia  somno- 
lence et  de  la  faiblesse  musculaire.  {Philculelphia  Univ.  med. 
Magaz.y  avril  1889.) 


BIBLIOGRAPHIE 

Encyclopédie  d'hyi^i^B®  «*  d«  médecine  publique,  publiée 

sous  ia  direction  de  H.  le  docteur  Jules  Rochari».  -- 
Tome  !•%  in-8»  de  806  pages.  Paris,  4889,  Lecrosnierel 
Babé.    . 

L'hvgiëne  n'avait  pas  encore  en  France  d'encyclopédie  ; 
M.  Jules  Rochard  vient  d'entreprendre  cette  tâche  lourde*  et 
difficile  et  de  publier  le  premier  volume  d'une  vaste  coi/ec- 
tion  qui  ne  comprendra  pas  moinsde  dix  volumes  semblables, 
si  même,  comme  il  arrive  toujours  en  pareil  cas,  ce  nombre 
n'est  pas  sensiblement  dépassé  au  cours  de  la  publicalion. 
Il  n'est  pas  douteux  que  c'est  là  une  œuvre  qui  fera  époque 
dans  l'histoire  scientifique  et  médicale  et  cela  à  deux  points 
de  vue  :  d'abord,  par  la  valeur  de  son  plan,  puis  par  le> 
caractères  qu'en  présentera  Texéculion.  Le  premier  vo> 
lume  qui  vient  de  paraître  permet  d'ailleurs  de  se  faire  dès 
maintenant  une  opinion  sur  ces  deux  points. 

Ce  qu'il  nous  parait  juste  en  effet  de  louer  en  premier  lieu, 
c'est  la  clarté,  et,  nous  oserions  dire,  la  sincérité,  du  pro- 
gramme que  s'est  tracé  M.  Jules  Rochard  et  qu'il  a  fait 
accepter  de  ses  nombreux  collaborateurs.  L'hygiène,  si  l'on 
en  croyait  beaucoup  de  ses  adeptes,  aurait  un  domaine 
exceptionnellement  vaste  et  elle  ne  tendrait  rien  moins  qu'à 
embrasser  toutes  les  sciences,  médicales  et  autres;  d'autres, 
plus  expérimentés,  lui  assignent  un  rôle  limité  et  pensent 
que,  liée  à  un  but  bien  déterminé,  elle  peut  se  borner  à 
emprunter  à  certaines  sciences  les  données  et  les  décou- 
vertes qui  sont  applicables  à  l'entretien  et  à  la  préservation 
de  la  vie  humaine.  Mais  alors  l'embarras  n'est  pas  moin> 
grand  de  savoir  quelle  part  dominante  il  y  a  lieu  de  donner 
aux  conditions  des  milieux  dans  lesquelles  l'homme  évolue, 
aux  variations  normales  ou  anormales  des  milieux  ou  aux 
modifications  de  l'organisme  en  lui-même.  De  là  certaines 
classifications  de  l'hygiène,  plus  ou  moins  systématiques, 
suivant  le  point  de  départ  adopté  par  le  commentateur  de^ 
acquisitions  scientifiques  qui  lui  sont  applicables. 

Des  ouvrages  basés  sur  une  telle  conception  ne  penvenl 
être  l'œuvre  que  d'un  auteur  isolé  ou  d'une  école  nombreuse 
et  unie  ;  on  en  peut  citer  quelques-uns  de  ce  genre  qui  ont 
marqué  dans  la  science  et  y  tiennent  encore  une  plact* 
importante.  Â  l'étranger,  une  encyclopédie  toute  entière  a 
même  pu  présenter  ce  caractère.  Mais  en  France  il  en  serait 
difficilement  ainsi  à  l'heure  actuelle.  Il  n'existe  pas  encore 


V^  Novembre  1889       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        ^  N*  44  —    719 


d'école  sanitaire,  à  proprement  parler,  qui  puisse  fournir 
un  nombre  suffisant  et  assez  varié  de  collaborateurs  pour 
un  tel  travail  ;  renseignement  de  l'hygiène  n*y  est  pas 
encore  assez  développé  et  les  doctrines  y  sont  trop  récentes 
ou  plutôt  trop  discutées.  Force  a  donc  été  à  M.  Jules 
Rochard  d'être  plus  éclectique  ;  son  œuvre  y  gagnera  en 
variété  si  elle  y  perd  en  unité. 

Le  programme  tout  au  moins  en  est  clair  et  complet.  Il 
comprend  l'hygiène  générale,  l'hygiène  alimentaire,  puis  la 
salubrité  des  villes  et  des  campagnes,  l'hygiène  hospitalière 
et  l'assistance  publique,  l'hygiène  industrielle,  militaire  et 
navale,  l'hygiène  infantile,  et  enfin  l'hygiène  internationale 
et  administrative.  On  pourrait,  il  est  vrai,  disposer  dans  un 
autre  ordre  cette  énumération  qui  ne  tient  peut-être  pas 
assez  compte  de  Tordre  naturel  et  scientifique  des  choses  ; 
mais  les  classifications  importent  peu  en  pareille  matière, 
pourvu  que  les  volumes  soient  bien  remplis  et  qu'ils 
paraissent  rapidement.  Pour  le  moment  l'hygiène  générale 
seule  est  publiée,  si  bien  qu'elle  nous  donne  une  partie 
de  la  synthèse  de  l'œuvre  tout  entière  et  qu'on  y  doit,  comme 
toujours,  supposer  acquises  un  grand  nombre  de  notions 
que  nous  devrons  aux  volumes  suivants. 

C'est  par  une  longue  introduction  anthropologique  que 
débute  cette  encyclopédie  d'hygiène  et  de  médecine  pu- 
blique; ce  remarquable  chapitre  d'histoire  naturelle  est 
signé  de  la  plume  magistrale  et  autorisée  de  H.  de  Quatre- 
fages  ;  c'est  dire  qu'il  constitue  un  travail  de  l'intérêt  le 
plus  élevé.  On  nous  pardonnera  de  regretter  qu'il  appa- 
raisse dans  cette  collection  de  monographie  comme  un  hors- 
d'œuvre  et  qu'il  ne  soit  pas  accompagné  d*une  esquisse  de  la 
physiologie  de  l'organisme  humain  au  point  de  vue  de  l'hy- 
{;iène,  esquisse  qui  formerait  comme  un  pendant  aux  notions 
de  pathogénie  très  habilement  et  très  savamment  exposées 
dans  un  autre  chapitre  du  même  volume  par  M.  Jules 
liochard.  S'il  est  une  science  que  les  hygiénistes  aient 
besoin  chaque  jour  de  connaître  et  de  se  rappeler,  n'est-ce 
pas  la  physiologie?  Il  en  est  de  même  assurément  de  la  dé- 
mographie, dont  les  constatations  et  les  procédés  sont  nette- 
ment et  judicieusement  précisés  par  M.  Bcrtillon,  et  de  la 
climatologie,  exposée  avec  beaucoup  de  soin  par  MM.  Le  Roy 
de  Méricourt  et  Eugène  Rochard.  Le  volume  se  termine  par 
une  importante  monographie  de  M.  Léon  Colin  sur  l'épidé- 
miologie. 

Tous  ces  chapitres  sont  traités  de  main  de  maître  et 
renferment  les  indications  les  plus  complètes  que  l'hygiène 
puisse  utiliser  dans  l'état  actuel  de  la  science.  Les  lacunes 
y  sont  rares,  mais  quelques-unes  d'importance  ;  il  sera 
d'ailleurs  facile  de  les  combler  au  plus  vite;  mais  nous  ne 
pouvons  nous  empêcher  de  signaler  l'absence  de  données 
sur  la  valeur  du  rôle  joué  par  le  pneumocoque  dans  la 
pneumonie  et  sur  les  travaux  de  Netler,  sur  la  curieuse 
maladie  pyocyanique  de  Charrin,  sur  la  suelte  d'après 
les  recherches  de  Brouardel  et  Thoinot  au  cours  de  la 
dernière  épidémie  du  Poitou,  sur  le  rôle  attribué  à  l'eau 
potable  contaminée  par  le  bacille  typhique,  question  si  dis- 
<;utée  aujourd'hui,  etc.,  etc.  La  science  se  modifie  avec  une 
telle  rapidité  que  ces  légères  incorrections  pourront  être 
aisément  effacées;  elles  ne  servent  qu'à  faire  désirer  davan- 
tage le  prompt  achèvement  d'une  œuvre  aussi  considérable 
ei  dont  l'homogénéité  risque  de  n'exister  qu'à  cette  con- 
dition. 

Il  serait  impossible  de  signaler  comme  il  convient  toutes 
les  parties,  même  les  plus  importantes,  des  cinq  chapitres 
que  comprend  ce  volume  ;  chacune  d'elles  forme  à  elle 
.seule  comme  un  traité  qui  a  pour  but  de  traduire  fidèlement 
Tétai  de  la  science  dont  l'auteur  s'occupe,  d'après  un  plan 
tracé  à  l'avance.  De  sorte  qu'il  reflète  bien  la  variété  des 
doctrines  entre  lesquelles  la  science  sanitaire  pourrait  hési- 
ter si  son  but  n'était  pas  bien  tracé  et  si  sa  ligne  de  con- 
duite ne  pouvait,  par  suite,  être  très  scrupuleusement  pré- 


cisée. C'est  là  ce  oui  constitue  la  prophylaxie  à  proprement 

Krler,  soit  l'une  aes  branches  pnncipales,  si  même  elle  ne 
s  embrasse  pas  toutes,  de  la  médecine  publique.  Sans  doute 
le  volume  sur  l'hygiène  internationale  et  administrative,  qui 
doit  porter  le  chiffre  X  de  la  collection,  lui  sera  consacré  ; 
il  devra  alors  ne  pas  trop  tenir  compte  de  la  diversité  des 
doctrines  énumérées  dans  les  chapitres  du  volume  sur 
l'hygiène  générale.  D'ici  là  les  indications  pratiques  for- 
mulées dans  les  autres  volumes  auront  montré  combien  les 
principes  de  l'hygiène  sont  relativement  simples  lorsqu'il 
s'agit  d'en  poursuivre  l'application.  C'est  affaire  d'éducation 
générale  et  surtout  d'éaucalion  scientifique.  Or,  comment 
mieux  faire  celle-ci  qu'en  présentant  un  tel  tableau  des  con- 
naissances d'après  lesquelles  elle  doit  se  former  !  L'œuvre 
entreprise  par  M.  Jules  Rochard  et  les  collaborateurs  qu'il 
a  su  grouper  autour  de  lui  est  donc  de  celles  qui  sont  appe- 
lées à  rendre  les  plus  signalés  services.  Comme  il  le  dit 
justement  lui-même,  cette  encyclopédie  a  pour  but  de 
donner  aux  médecins  les  connaissances  qui  leur  sont  indis- 

fiensables  pour  s'acquitter  de  leurs  fonctions  ;  elle  est  éga- 
ement  destinée  à  servir  de  guide  aux  administrations,  aux 
conseils  d'hygiène  et  de  salubrité  et  à  les  éclairer  sur  toutes 
les  Questions  qui  sont  de  leur  ressort.  On  pourrait  ajouter 
qu'elle  intéresse  tous  ceux,  et  ils  sont  chaque  jour  plus 
nombreux,  qui  pensent  que  les  maladies  évitables,  c'est- 
à-dire  celles  dont  l'hygiène  sait  empêcher  la  propagation, 
doivent  disparaître  parmi  les  peuples  civilisés. 

A.-J.  M. 


DlCTIONNAinE  ABRÉGÉ  DES  SCIENCES   PHYSIQUES    ET    NATURELLES, 

par  MM.  E.  Thévenin  et  H.  de  Varigny.  —  Paris,  F.  Alcan, 
Î889. 

Dictionnaire  abrégé  des  sciences  médicales,  par  M.  le  docteur 
L.  Thomas.  ~  Paris,  Lecrosnier  et  Babé,  1889. 

Un  dictionnaire  abrégé  qui  prétend  contenir  sous  un  petit 
format  el  dans  un  nombre  de  pages  relativement  restreint  tous 
les  mots  de  sciences  aussi  compréhensives  que  les  sciences 
ph^rsiques  ou  les  sciences  médicales,  ne  saurait  être  qu'un 
lexique.  L'utilité  de  ceux-ci  peut  être  contestable  si  l'on  songe, 
d*une  part,  qu'il  existe  déjà  un  assez  grand  nombre  de  diction- 
naires plus  compacts,  il  est  vrai,  mais  d'un  maniement  relative- 
ment facile  ;  d'autre  part,  qu'une  définition  sans  commentaires 
est  souvent  difficile  à  bien  comprendre.  Toutefois,  il  faut  recon- 
naître que,  pour  les  étrangers  qui  lisent  un  ouvrage  français  de 
physique,  d  histoire  naturelle  ou  de  médecine,  un  lexique  peut 
présenter  d'assez  sérieux  avantages.  A  ce  point  de  vue,  nous 
comprenons  l'intérêt  du  livre  que  MM.  Thévenin  et  de  Varigny 
viennent  de  faire  paraître.  Le  plus  souvent  leurs  définitions  sont 
exactes  et  précises.  Si  quelques-unes  d'entre  elles  prêtent  à  la 
critique,  ce  qui  est  inévitable  en  pareille  matière,  il  convient  de 
rendre  justice  au  zèle  et  à  l'intelligence  des  auteurs  ainsi 
qu'au  soin  avec  lequel  leur  ouvrage  a  été  édité. 

—  C'est  avec  reffret  que  nous  ne  pouvons  approuver  de 
même  l'œuvre  de  M.  le  docteur  Thomas,  dont  les  lecteurs 
de  laiGazette  hebdomadaire  connaissent  l'érudition  et  le  talent. 
L'auteur  du  Dictionnaire  abrégé  des  sciences  médicales  a  voulu, 
en  effet,  pour  offrir  au  lecteur  un  c  auxiliaire  peu  encombrant 
auquel  il  n'hésite  pas  à  recourir  dos  qu'une  difficulté  se  pré- 
sente »,  ajouter  aux  simples  définitions  un  résumé  des  symptômes 
et  du  traitement  des  différentes  maladies  dont  il  s'occupe.  Son 
livre,  qui  parait  avoir  été  rédigé  en  suivant  d'assez  près  d'autres 
ouvrages,  sans  tenir  compte  de  la  date  à  la<|uelle  ceux-ci  ont  été 
écrits,  et  qui  leur  emprunte  ainsi  des  définitions  aujourd'hui 
incomplètes  (voy.  Salpingite,  Acide  borique,  etc.),  renferme, 
au  point  de  vue  médical,  de  trop  nombreuses  inexacti- 
tudes. Il  n'est  pas  sans  danger,  dans  un  livre  de  ce  genre,  de 
dire  que  l'antipyrine  n'est  qu'un  fébrifuge  dont  la  dose  journa- 
lière doit  être  de  5  a  6  grammes  (!);  de  résumer  le  traitement  de 
la  (lèvre  typhoïde  en  ajoutant  :  <  Si  la  température  monte  et 
arrive  à  41  degrés,  l'abaisser  par  des  bains  à  25  degrés.  Dans  le 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       1-^  Novembre  1889 


cas  contraire,  Effusions  froides  (???),  elc,  etc.  »  N'insistons  pas. 
Un  travail  de  ce  genre  est  impossible  à  mener  à  bien.  L'éru- 
dition, le  zèle  et  la  bonne  volonté  ne  peuvent  tenir  lieu  de  con- 
naissances pratiques.  Plus  on  veut  être  concis,  plus  il  faut  d'expé- 
rience clinique.  Alors  seulement  on  peut  discerner  ce  qui  est 
vraiment  utile  à  retenir  et  à  enseigner. 


VABIÉTÉS 

Faculté  de  médecine  de  Paris.  —  Les  Commissions  de  prix 
pour  Tannée  1889  sont  constituées  comme  il  suit  : 

Prix  Barbier,  —  MM.  Le  Fort,  Gautier,  Gariel,  Ch.  Richet  et 
Straus. 

Prix  i^ontyon,  —  MM.  Brouardel,  Cornil  et  Proust. 

Prix  Chateauvillard,  —  MM.  Potain,  Proust,  Tarnier,  Bail  et 
Dieulafoy. 

Prix  Corvisart.  —  MM.  Germain  Sée,  Potain,  Jaccoud,  Peter 
et  Damascbino. 

Prix  Jeunesse.  —  MM.  Brouardel,  Cornil,  Proust,  M.  Duval  et 
PSnard. 

La  Commission  des  thèses  se  compose  de  MM.  Trélat,  Le  Fort, 
Fournier,  Laboulbène,  Bouchard,  Damascbino,  Tarnier,  Gautier 
et  Straus. 

HdTEL-DlEU.  —  M.  le  docteur  Tillaux,  chirurgien  de  THôtel- 
Dieu,  commencera  ses  leçons  de  cliniaue  chirurgicale  le  lundi 
11  novembre,  à  dix  heures  du  matin,  et  les  continuera  les  mer- 
credi, vendredi  et  lundi  suivants  à  la  même  heure. 

Hôpital  Saint-Louis.  —  M.  le  docteur  Le  Dentu,  chirurgien 
de  rhôpital  Saint-Louis,  commencera  le  vendredi  8  novembre,  à 
neuf  heures  et  demie,  des  conférences  de  clinique  chirurgicale, 
qu'il  continuera  les  vendredis  suivants  à  la  même  heure. 

Opérations  les  mercredis  et  vendredis. 

Clinique  des  maladies  des  femmes.  —  Le  docteur  Chéron, 
médecin  de  Saint-Lazare,  reprendra  ses  leçons  cliniques  sur 
les  maladies  des  femmes,  à  sa  clinique,  9,  rue  de  Savoie,  le 
lundi  4  novembre,  à  une  heure  et  demie,  et  les  continuera  les 
lundis  suivants  à  la  même  heure. 

Légion  d'honneur.  —  Sont  nommés,  à  l'occasion  de  l'Expo- 
sition, dans  l'ordre  national  de  la  Légion  d'honneur  : 

Commandeur  :  M.  le  professeur  Yerneuil,  président  du  jury 
des  récompenses  de  la  classe  H, 

Officiers  :  MM.  le  professeur  Gariel,  membre  du  jury  de  la 
classe  8,  rapporteur  des  congrès  et  conférences;  le  docteur 
Hamy,  exposant,  membre  de  la  section  [  de  l'Histoire  rétro- 
spective du  travail  ;  le  docteur  Topinard,  secrétaire  général  de 
la  Société  d'anthropologie. 

Chevaliers  :  MM.  le  docteur  Paul  Berger,  chirurgien  des  hôpi- 
taux, rapporteur  du  comité  et  du  jury  des  récompenses  de  la 
classe  14  ;  le  docteur  de  Pezzer,  secrétaire  du  comité  de  la 
classe  14. 

Hygiène  publique.  —  Le  Conseil  d'hygiène  publique  et  de 
salubrité  du  département  de  la  Seine  vient  de  proposer  les 
mesures  suivantes  à  prendre  contre  la  propagation  des  affec- 
tions conta^euses  par  les  peignes,  rasoirs  et  autres  objets  de 
toilette.  Voici  les  conclusions  qui  ont  été  adoptées  : 

l**  Dans  les  écoles  où  il  y  a  des  internes,  exiger  que  chaque 
élève  ait  son  peigne,  sa  brosse  et  que  ces  objets  soient  tenus 
proprement.  Interdire  aux  élèves  de  changer  de  coiffure  entre 
eux  ; 

2<*  Instruire  les  barbiers  et  les  coiffeurs  des  dangers  de  con- 
tafiion  inhérents  à  la  pratique  de  leur  profession  et  de  la  respon- 
sanilité  qui  en  résulte;  leur  demander  d'engager  chacun  de 
leurs  clients  à  se  pourvoir,  autant  que  possible,  des  objets  qui 
doivent  lui  servir,  et,  d'autre  part,  inviter  les  coiffeurs  a  désin- 
fecter, après  chaque  opération,  les  objets  communs.  Les  peignes 
et  les  brosses  devraient  être  tous  les  jours  lavés  à  l'eau  de 
savon  et  nettoyés  à  l'aide  d'une  poudre  de  son.  Les  ciseaux  et 
autres  objets  en  acier  seraient  trempés  dans  l'eau  bouillante  ou 
désinfectés  dans  une  solution  d'acide  phcnique  à  5  pour  100. 

En  outre,  M.  le  docteur  Lancereaux  a  été  chargé  de  préparer 
une  instruction  spéciale  indiquant  aux   dentistes  les  mesures 


de  désinfection  auxquelles  doivent  être  soumis  les  instramrnu 
dont  ils  se  servent. 

Corps  de  santé  militaire.  —  Par  décret,  en  date  du  4i  oc- 
tobre 1889,  ont  été  promus  au  grade  de  médecin  aide-major 
de  première  classe  : 

MM.  Marcus,  Simonin,  Bérard,  Renard,  Buotte,  Ecot,  Lirht, 
Renaud,  Maison,  Zipfel,  Robelin,  Jantet,  Griffe,  Jaubert,  SpilU 
mann,  Keime,  de  Burine,  Cahen,  Castelli,  Viéla,  Vanner,  Cardot, 
Delporte,  Bayle,  Piquot,  Rivière,  Tersen,  Méchin,  Launuis, 
Sudre,  Foy,  Frache,  Papon,  Poujol,  Messerer,  Ferrand,  llalul, 
Chevassu-Périgny,  Leymarie,  Campos-Hugueney,  Leclerc,  Baillé, 
Laforgue,  Arnaud,  Fuzerot,  Courtois,  Galzin,  Goulon,  Benoit, 
Collet,  Bouchet,  Augry,  Wenzinger,  de  Montéty,  Peyret,  Pierron, 
Manon,  Riche,  Martin,  Cuvier,  Apard,  Jouet,  Lévy,  Barrière, 
Vialetle,  Marion,  Beno,  Barrière  et  Chabrol. 

Obséqoes  de  p.  Uicord.  —  Samedi  dernier,  26  octobre,  un 
grand  concours  de  médecins,  d'anciens  élèves  et  d  anciens  amis 
du  docteur  Ricord  lui  faisaient  de  solennelles  obsèques.  LWca- 
demie  de  médecine  était  représentée  par  son  bureau,  en  costume 
officiel,  et  par  un  grand  nombre  de  ses  membres;  l'Association 
générale  des  médecins  de  France,  par  son  président,  .M.  H. 
Roger,  et  son  secrétaire  général,  M.  Aiant,  accompagnés  dey 
membres  du  Conseil;  la  Société  de  chirurgie,  par  la  plupart  de 
ses  membres  ;  la  Société  de  secours  aux  blessés,  l'Association 
des  étudiants, etc., par  des  délégations. Nous, regrettons  qu<'  le 
défaut  d'espace  nous  empêche  de  reproduire  les  discours  qui  ont 
été  prononcés  par  M.  Péan  au  nom  de  l'Académie  ;  M.  Riant,  .au 
nom  de  l'Association  générale;  M.  le  professeur  Fournier  et 
M.  Diday  (de  Lyon),  au  nom  des  anciens  élèves  de  Ricord  ; 
M.  Peyron.  au  nom  de  l'Assistance  publique;  M.  Horteloup,  an 
nom  des  chirurgiens  des  hôpitaux  ;  M.  Le  Dentu,  au  nom  de  la 
Société  de  chirurgie;  M.  Mauriac,  au  nom  des  médecins  de  l'hô- 
pital du  Midi,  et  M.  de  Beaufort,  au  nom  de  la  Société  de  secours 
aux  blessés.   Mais  nous   espérons  que  ces  allocutions,  et  en 

Earticulier  celles  qui  caractérisaient  en  termes  si  éloquents  la 
onté.  la  générosité,  la  bienfaisance  du  maître  et  du  vice- 
président  de  l'Association  générale  des  médecins  de  Fra/in», 
seront  réunies  et  imprimées  à  la  suite  de  la  notice  qui  va  être 
écrite  pour  rappeler  la  vie  et  les  œuvres  de  Ricord. 

Nécrologie.  —  Nous  avons  le  vif  regret  d'annoncer  la  mort 
subite  et  prématurée  de  M.  le  docteur  Danioy,  ancien  interne  des 
hôpitaux,  ancien  inspecteur  des  eaux  de  La  Bourboule,  Tun  dr^ 
plus  instruits,  des  plus  consciencieux  et  des  plus  expérimenté^ 
parmi  les  médecins  de  nos  stations  thermales. 


Société  uédicale  des  hôpitaux  (séance  du  vendredi  8  novem- 
bre). —  Ordre  du  jour  :  M.  Josias:  Sur  le  bain  froid  systéma- 
tique dans  le  traitement  de  la  fièvre  typhoïde.  —  M.  (Ihanto- 
messe  ;  La  fièvre  typhoïde  à  Paris.  —  M.  Dreyfous  :  Do 
Tantisepsie  des  oi^anes  urinaires  par  la  voie  interne.  - 
M.  Ballet:  Du  délire  de  persécution  dans  le  goitre  exophthal- 
mique. 


Mortalité   a    Paris  (4!2*   semaine,  du  13   au    19   octobrt 
1889.  —  Population  :  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  VA. 

—  Variole,  0.  —  Rougeole,  9.  —  Scarlatine,  2.  —  Coque- 
luche, 8.  —  Diphthérie,  croup,  25.  —  Choléra,  0.  —  Phtbisie 
pulmonaire,  193.  —  Autres  tuberculoses,  19.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  49;  autres,  6.  —  Méningite,  32.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  33.  —  Paralysie,  3.  — 
Ramollissement  cérébral,  8.  —  Maladies  orjganiques  du  cœur,  r»i. 

—  Bronchite  aiguë,  21.  —  Bronchite  chronique,  36.  —  Broncho- 
pneumonie,  15.  —  Pneumonie,  37.  — Gastro-entérite:  sein,  7; 
Diberon,  48. — Autres  diarrhées,  2.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 2.  —  Autres  affections  puerpérales,  1.  — Débilité  con- 
génitale, 26.  —  Sénilité,  35.  —  Suicides,  13.  —  Autres  morts 
violentes,  4.  —  Autres  causes  de  mort,  162.  —  Causes 
inconnues,  6.  —  Total  :  867. 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant, 

S0830.~  MOTTIROS.  — -  Imprimeriei  réunies,  A.  rue  Mignoo,  3,  Paris. 


Trente-sixième  année 


NM5 


8  Novembre  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D'  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BLACHEZ,  E.  BRISSAUD,  G.  DIEULAFOY,  DREYFUS-BRISAC,  FRANÇOIS-FRANCK.  A.  HENÛCQUE,  A..J.  MARTIN,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lereboullet,  U,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRE.  —  Bulletin.  —  THiRAPEuriQUK.  Indications  de  la  réTulsion  para~ 
hépatique  dans  le  traitement  de  certaines  héniorrhagies.— Travaux  originaux. 
Clinique  médicale  :  Note  sur  rancmie  des  nourrissons.  —  Sypliiliopraphie  :  De 
la  dilatation  de  l'estomac  dans  ses  rapports  avec  la  syphilis  et  son  traitement.  — 
Ubvue  des  Concrks.  Quatrième  Congrès  fmaçais  de  chirurgie,  tenu  à  Paris  du 
7  au  12  octobre  I8S9.  Résultats  immédiats  cl  éloignés  des  opérations  dirigées 
contre  les  tuberculoses  locales.  .^  Communications  diverses.  —  SociiTis 
SAVANTES.  Académie  de  médecine.  —  Société  de  chirurgie.  —  BlBLiOfiRAPHiB. 
Manuel  pratique  des  maladies  de  l'enfance.  —  Variétés.  Faculté  do  médecine 
do  Paris.  Feuilleton.  U  médecine  à  l'Exposition  unÏTorselIe  de  1889. 


BULLETIN 

Paris,  6  novembre  1889. 
Académie  de  médecine  :  TranamiMioB  de  la  ■yphiiia 

par  les  iastmineiito  malpropres. 

Malgré  les  violentes  coniroverses  qu'elle  a,suscilées  dans 
la  presse  extra-médicale,  M.  Lancereaux  continue  la  cam- 
pagne qu'il  a  entreprise  en  vue  d'obliger  tous  ceux  qui  se 
servent  d'instruments  et  peuvent  ainsi  transmettre  les  ma- 
ladies contagieuses  à  prendre  les  précautions  antiseptiques 
nécessaires.  Les  nouveaux  faits  apportés  par  M.  Lancereaux 
à  l'appui  de  sa  doctrine  confirment  ce  que  l'on  savait  déjà 
de  la  facilité  avec  laquelle  les  accidents  syphilitiques  se 
transmettent  par  le  cathétérisme  de  la  trompe  d'Eustache  ou 
par  l'application  d'appareils  dentaires.  Ceux-ci  peuvent  éga- 
lement être  le  résultat  d'une  inoculation  faite  par  un  rasoir 
mai  essuyé  ou  un  peigne  mal  nettoyé.  On  sait  aussi  combien 
est  fréquente,  par  l'intermédiaire  de  ces  objets,  la  trans- 
mission des  maladies  parasitaires  du  cuir  chevelu.  Il  n'est 
donc  pas  sans  intérêt  d'appeler  de  nouveau  l'attention  des  inté- 


ressés sur  les  dangers  que  fait  courir  l'usage  d'instruments 
contaminés.  Mais  quel  doit  être  le  procédé  de  désinfecliou 
conseillé  ou  même  imposé  en  vue  de  prévenir  ces  dangers? 
Comme  l'a  fait  remarquer  M.  Magilol,  il  serait  très  danjîe- 
reux  de  mettre  entre  les  mains  de  tous  les  dentistes  et 
surtout  de  tous  les  coiffeurs  des  quantités  relativement 
considérables  de  sublimé.  D'autre  part  ce  n'est  point  un 
simple  lavage  à  l'eau  de  son  ou  à  Teau  boriquée  qui  suf- 
fira à  neutraliser  les  germes  infectieux.  Le  remède  à  un 
état  de  choses,  depuis  longtemps  reconnu  dangereux,  reste 
donc  assez  difficile  à  trouver.  On  peut  espérer  que,  prévenus 
des  accidents  qu'ils  peuvent  transmettre,  les  spécialistes 
pour  les  maladies  des  oreilles  ou  les  maladies  de  la  bouche, 
s'appliqueront  tous  à  imiter  les  chirurgiens  et  à  prendre 
les  minutieuses  précautions  qu'exige  Taiitisepsie  et  que  leur 
conseille  si  justement  M.  Lancereaux.  Mais  que  faudra- t-il 
demander  aux  coiffeurs?  La  propreté  apparente  leur  sem- 
blera toujours  ridéal  de  la  purification  de  leurs  brosses  et 
de  leurs  peignes.  Et  l'antisepsie  de  ces  instruments  ne  nous 
paraît  pas  encore  facile  à  réaliser.  C'est  sur  ce  dernier  point 
que  l'instruction  rédigée  par  le  Conseil  d'hygiène  devrait 
porter  la  lumière.  Les  observations  de  M.  Lancereaux  con- 
tribueront à  hâter  cette  solution. 

Nous  publierons  prochainement  l'intéressant  travail  lu 
par  M.  Chauvel  sur  les  accidents  que  peuvent  causer  dans 
les  tissus  où  ils  séjournent,  les  projectiles  de  guerre.  La 
Gazette  a  maintes  fois  déjà  étudié  sous  ses  divers  aspects  cette 
question  de  l'intervention  chirurgicale  dans  les  plaies  d'armes 


FEUILLETON 

I«a  médeeliie  à  l'ExposHIon  onlveraelle  de  1880. 
(Septième  article.) 

Les  indications   générales  et  critiques  que  nous  avons 

Erésentées  dans  les  lignes  précédentes  permettent  d'être 
ref  dans  l'énumération  des  principaux  instruments  qui 
garnissent  les  vitrines  des  exposants  de  la  classe  14;  aussi 
bien,  comme  nous  l'avons  déjà  fait  observer  plus  haut,  la 
plupart  de  ces  instruments  et  appareils  ont  été  déjà  pré- 
sentés devant  les  Sociétés  savantes. 

Auprès  la  maison  Collin,dont  il  a  été  question  dans  le  der- 
nier feuilleton,  se  trouve  son  émule,  la  maison  Mathieu.  Celle- 
ci  expose  en  particulier  une  boite  de  laryngologiste,  renfer- 
mant un  seul  manche  à  levier  que  manœuvre  le  poui:e,  la 
main  restant  immobile;  ce  manche  s'adapte  à  tous  les  in- 
«•  Sérik,  T.  XXVI. 


struments  contenus  dans  la  boîte,  soit  une  pince  à  polypes,  à 
mors  verticaux  ou  à  mors  horizontaux,  une  pince-curetle  per- 
forée, unepairede  petits  ciseaux,  des  polypolomes  de  divers 
modèles,  un  bistouri  mousse  ordinaire,  etc.  Signalons  aussi  : 
une  scie  à  amputations  et  à  résections,  don  lie  manche  à  jour, 
à  ressort,  est  pourvu  d'une  articulation  mobile  formée  d'un 
tenon  entre  deux  joues  et  d'un  cran  d'arrêt;  cet  appareil  est 
ainsi  facilement  aseplisable  ;  le  polytrilome  de  M.  Péan  ;  la 

fiincede  M.  Farabeufpour  la  luxation  des  doigts  avec  un  pro- 
ongement  servant  de  point  d'appui  sur  les  métacarpiens  ; 
l'ostéoclasle  de  M.  Robin;  le  spéculum  de  M.  Saint-Germain 
pour  la  bouche;  l'ouvre-bouche  ou  bâillon  de  M.  Mathieu  avec 
abaisse-langue  mobile;  l'amygdalotome  de  M.  Mathieu  père, 
pourvu  d'une  pinceà  grifle  saisissant  de  haut  en  bas  l'amyg- 
dale au  lieu  d'une  fourchette  qui  l'embroche  ;  et  parmi  l'ar- 
senal pour  le  traitement  des  maladies  des  voies  urinaii*es, 
la  canuleuréthraledeM.  Lavaux;  lapince  en  fer  à  cheval  de 
M.  Horteloup  pour  la  résection  du  sciolum;  des  lilhotriteurs 

45 


m    —  N»  45 


GAZETtE  HEBDOMADAIKE  DE  MÉDECINE  Et  DE  CHIRURGIE         8  Novembre  1889 


à  feu.  Les  conclusions  de  M.  Chauvel  diffèrent  sur  plusieurs 
points  de  celles  qui  ont  été  développées  dans  ces  colonnes. 
Ce  nous  est  une  raison  de  plus  pour  les  faire  connaître. 


THÉRAPEUTIQUE 

Indicatlolui    de    la    réwlslon    para* hépatique  dans   le 
traitement  de  «ertalnea  hémorrhaiclea. 

Depuis  plusieurs  années  M.  Verneuil  ne  cesse  d'appeler 
notre  attention  sur  la  pathogénie  des  hémorrhagies  et  sur 
les  divers  traitements  qu^il  convient  de  leur  opposer.  Il  ne 
s'agit  pas,  bien  entendu,  des  héinorrhagies  qui  se  font  par 
des  vaisseaux  de  calibre.  Je  parle  seulement  des  écoule- 
ments sanguins  qui  peuvent  se  montrer,  sans  cause  appa- 
rente, sur  des  plaies  bourgeonnantes,  dans  des  trajets  fis- 
tuleux  en  voie  de  suppuration,  ou  encore  à  la  surface  de 
muqueuses  normales,  comme  celle  des  fosses  nasales  par 
exemple.  J'ai  en  vue,  en  un  mot,  toutes  les  hémorrhagies 
dites  en  nappe,  toutes  les  hémorrhagies,  si  l'on  peut  dire, 
qui  ne  sont  pas  légitimes.  Exemple  :  un  sujet  sain  se  fait 
arracher  une  dent  :  il  n'a  pas  le  droit,  pour  employer  une 
expression  familière,  il  n'a  pas  le  droit  d'avoir  une  hémor- 
rhagie  de  quelque  durée  par  son  alvéole.  De  même  on  ne 
conçoit  pas  qu'un  sujet  sain  puisse  être  pris  d'une  épis- 
taxis  prolongée  sans  traumatisme.  Je  voudrais  préciser  dans 
ce  travail  les  lésions  organiques  ou  autres  qui  peuvent 
donner  naissance  à  ces  hémorrhagies,  et  montrer  combien 
ces  lésions  sont  diverses.  11  en  résultera  évidemment  que 
le  traitement  devra  varier  avec  la  cause  de  l'hémorrhagie 
et  qu'il  ne  pourra  être  mis  utilerment  en  œuvre  que  lorsque 
cette  cause  aura  été  découverte. 

I 

Pour  entrer  en  matière,  je  relaterai  avec  quelques  détails 
une  observation  qui  montre  bien  comment  l'étude  des 
causes  permet  d'obtenir  des  résultats  inespérés  dans  le 
traitement  des  hémorrhagies.  Cette  observation,  comme  on 
va  le  voir,  a  toute  la  valeur  d'une  expérience  où  tout  est 
réglé  par  avance. 

Léonie-Louise  G...,  couturière,  âgée  de  quarante-quatre 
ans,  originaire  d'Oran,  entre  le  24  janvier  1888  au  n"  29  de 
la  salle  Lisfranc  dans  le  service  de  M.  Verneuil  à  la  Pitié. 
Elle  a  eu  quatre  enfants  de  1864  à  1870.  Puis  elle  est 


restée  seize  ans  sans  redevenir  enceinte.  Le  13  Juin  18H', 
elle  a  mis  au  monde  une  petite  fille  à  terme   et  elle  \i 
nourrit  depuis  cette  époque.  L'enfant  est  de  superbe  appa- 
rence et  cependant  n'a  pas  encore  de  dents.  Quant  à  I 
mère,  elle  a  toujours  eu,  dit-elle,  une  robuste  conslilutioa. 
n'a  jamais  été  malade.  Ce  n'est  que  depuis  qu'elle  allai!» 
son  enfant  qu'elle  a  commencé  à  c  dépérir  et  à  perdre  sor 
embonpoint  ».  Deux  mois  après  l'accouchement  qui  n'avdr 
d'ailleurs  rien  présenté  d'anormal,  elle  remarque  un  écou- 
lement vaginal  peu  abondant,  mais  continu.  Cet  écoulemrM 
est  devenu  depuis  six  mois  extrêmement  considérable  et 
de  plus,  la  malade,  qui  n'avait  jamais  souffert,  est  tour- 
mentée par  des  douleurs  violentes  dans  la  région  lombairr 
et  dans  le  bas-ventre.  Ces   phénomènes  s'accenluant  dr 
jour  en  jour,  elle  vient  consulter  le  chirurgien  le  24  janvier 
1888.  Elle  est  pâle,  considérablement  amaigrie  et  présente 
un  aspect  cachectique  marqué.  Malgré  cela  la  sécréli-i. 
lactée  est  encore  très  abondante  et  l'enfant  tette  avidt- 
ment.  Le  toucher  vaginal  permet  de  reconnaître  imraédij- 
tement  l'existence  d'un  épithélioma  qui  a  envahi  l*uleTJ^ 
et  le  vagin.  Le  diagnostic  ne  saurait  être  douteux  un  seul 
instant.  L'ulcération  arrive  à  4  centimètres  environ  de  la 
vulve.  Notre  attention  est  attirée  sur  ce  fait  qu*à  aucun 
moment  la  malade  n'a  eu  de  perte  sanguine.  Depuis  Siiu 
accouchement  elle  n'a  jamais  eu  que  des  écoulements  leu- 
corrhéiques.  Et  pourtant  les  lésions  que  nous  constaton> 
s'accompagnent,  on    peut   dire  toujours,   d'hémorrhapo 
plus  ou  moins  répétées,  plus  ou  moins  abondantes.  Comme 
le  mal  a  débuté  et  s'est  développé  pendant  que  la  malade 
était  nourrice,  nous  devions  nous  demander  s'il  y  avait  une 
corrélation  entre  l'état  d'activité   sécrétoire  des    gUndcv 
mammaires  et  l'absence  des  hémorrhagies  utéro-vagiualr>. 
Ne  sait-on  pas  que,  sauf  exceptions,  les  règles  sont  sup^^ri- 
mées  pendant  la  lactation?  Ne  pourrait-il  pas  en  être  de 
même  des  hémorrhagies  du  cancer  de  l'utérus  chez  W< 
nourrices?  Nous  avions  en  tous  cas  la  facilité  de  nou>  en 
assurer,  en  sevrant  l'enfant  et  en  faisant  tarir  la  sécrétio  i 
lactée  chez  la  mère.  Si  notre  hypothèse  était  exacte,  le> 
hémorrhagies  ne  devaient  pas  tarder  à  se  manifester.  La 
suite  de  l'observation  va  montrer  que  tout  devait  se  passer 
comme  nous  l'avions  prévu. 

Le  25  janvier,  la  malade  est  séparée  de  son  enfant.  Limo- 
nade Rogé.  Tisane  de  canne  et  de  pervenche. 

Le  28,  les  seins  ne  sont  plus  durs  et  la  sécrétion  lactée  se 
tarit. 


à  levier;  la  sonde  utérine  à  double  courant  de  M.  Budin;  les 
d  iverses  pinces  pour  le  moî'cellement  des  tumeurs  de  M.  Péan; 
des  pinces  à  érignes  plates,  à  deux,  quatre,  six  ou  huit  griffes, 
et  àpointescachées,avecnouvellearliculation;  l'hystéro-cur- 
viniètre  de  M.  Terrillon.  La  maison  Mathieu  a  aussi  exécuté 
nombre  d'appareils  orthopédiques,  parmi  lesquels  elle  mon- 
tre une  jamoe  artificielle  à  verrou  automoteur,  dans  laquelle 
les  mouvements  du  pied  s'appuyant  sur  le  sol  commandent 
ceux  de  l'articulation  du  geiiou,sansla  moindre  interposition 
de  liens  de  caoutchouc,  une  jambe  artificielle  à  tige  excen- 
trique et  un  curieux  redresseur  des  doigts,  sans  compter 
dos  cuirasses  et  corsets  pouvant  répondre  aux  diverses  exi- 
gences de  l'orthopédie,  telle  qu'elle  est  aujourd'hui  com- 
prise. 

D'ailleurs,  quel  que  soit  le  modèle  commandé  aux  divers 
t'onstnicteurs  de  ces  derniers  appareils,  les  matières  pre- 
mières employées  dilTèrenl  moins  encore  que  les  modèles 
oii\-mèmes,  et  il  est  bien  rare  qu'une  cuirasse  ou  un  corset 


satisfasse  les  indications  trop  souvent  contradictoires  do< 
maladies  osseuses  avec  ou  sans  altérations  musculain  > 
primitives  ou  consécutives. 

Chez  M.  Aubry,  ce  qui  parait  le  plus  digne  d'intérêt,  cV>t 
la  collection,  aujourd  hui  si  complète  et  si  variée,  qui  con- 
stitue l'instrumentation  de  M.  le  professeur  Guyon  pour  les 
opérations  sur  les  voies  urinaires,  ainsi  que  la  plupart  des 
instruments  dont  se  sert  la  chirurgie  dans  cette  région  : 
pinces  à  phimosis,  à  dents  de  souris  et  à  branches  démon- 
tables, droites  ou  courbes;  sonde  cannelée  démontable 
en  trois  portions  pour  l'uréthrotomie  externe,  se  compo- 
sant d'une  partie  moyenne  cannelée,  pourvue  à  une  extré- 
mité d'une  partie  mooile  et  à  l'autre  d'un  stylet  effilé  pour 
pénétrer  dans  les  fistules  périnéo-scrotales,  la  patte  o>l 
mobile  pour  permettre  l'introduction,  à  l'aide  de  cettr 
sonde  comme  conducteur,   d'une  bougie  à  bout  coupé  : 

Einces  urcthrales  pour  corps  étrangers,  à  deux  et  à  trois 
ranches  avec  chemise  pour  permettre  plus  facilement  la 


8  Novembre  1889        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  HuiDEGINE  ET  DE  CHIRURGIE  —  N»  45  —    72â 


Le  2  février,  bien  que  la  malade  soit  au  repos  complet 
au  lit,  la  sérosité  vaginale  devient  sanguinolente. 

Le  5  février,  une  abondante  hémorrhagie  a  lieu  le  soir. 

Le  6,  le  7,  le  8,  le  9,  Thémorrhagie  est  continue. 

Le  18,  elle  se  manifeste  avec  une  grande  intensité.  Issue 
de  caillots  volumineux.  La  malade  s'alTaiblit  et  se  cachec- 
Lise  de  plus  en  plus.  Il  est  tout  à  fait  urgent  de  tarir  cet 
écoulement  sanguin.  Voulant  alors  faire  pour  ainsi  dire 
la  contre-épreuve  de  l'expérience  positive  qui  nous  avait 
<]émontré  que  la  fonction  mammaire  s'opposait  à  Thénior- 
xhagie  vaginale,  nous  faisons  appliquer  sous  le  sein  droit  et 
:sous  le  sein  gauche  deux  larges  vésicatoires  en  forme  de 
croissant  embrassant  la  face  inférieure  des  seins.  Le  i9  fé- 
vrier, c'est-à-dire  dès  le  lendemain,  Thémorrhagie  cesse. 
Et  cela  sans  qu'on  ait  fait  localement  aucun  traitement. 

Inutile  d'ajouter  que  la  malade  continua  à  décliner  de 
jour  en  jour;  elle  est  probablement  morte  chez  elle  peu  de 
temps  après  sa  sortie  de  l'hôpital.  En  tout  cas  nous  1  avons 
perdue  de  vue. 

Il  nous  a  semblé  que  ce  fait  avait  toute  la  valeur  d'une 
expérimentation  raisonnée  à  l'avance.  Une  lésion  habi- 
tueliement  hémorrhagipare  au  premier  chef,  évoluant 
pendant  quinze  mois  environ  sans  provoquer  le  moindre 
écoulement  sanguin  ;  les  hémorrhagies  apparaissant  dès 
que  la  sécrétion  lactée  se  tarit  ;  ces  accidents  graves 
cessant  brusquement  après  une  révulsion  énergique  sur 
la  région  mammaire  ;  faut-il  ne  voir  dans  tout  cela 
•qu'une  série  fortuite  de  coïncidences?  Evidemment  non. 
Il  nous  semble  que  ce  fait,  pour  être  unique,  n'en  a  pas 
moins  une  valeur  absolue  démontrant  qu'il  existe  une 
corrélation  manifeste  entre  la  fonction  mammaire  et  les 
flux  sanguins  de  l'appareil  génital.  On  savait  que  le  flux 
ovarien  mensuel  normal  est  ordinairement  supprimé  par  la 
lactation  :  cette  observation  (on  pourrait  même  dire  cette 
expérience)  montre  que  l'activité  fonctionnelle  des  glandes 
mammaires  arrête  les  hémorrhagies  du  cancer  utéro-vagi- 
nal  des  nourrices.  Faut-il  conclure  de  là  que  pour  se  rendra 
maître  des  hémorrhagies  génitales  de  la  femme  il  faudra 
appliquer  des  vésicatoires  sous  les  seins?  Il  suffit  d'énoncer 
cette  proposition  pour  montrer  ce  qu'elle  a  de  ridicule. 
Nous  savons  qu'il  faut  avant  tout  distinguer  les  faits  et 
leur  pathogénie.  Aussi  nous  semble-t-il  utile  de  revenir 
en  quelques  mots  sur  cette  question  des  hémorrhagies  et 
d'insister  sur  les  distinctions  qu'il  y  a  à  faire  suivant  les 
cas. 


préhension,  ou  bien  à  deux  mors  dont  l'un  peut  être  rendu 
fixe  à  volonté  ;  lithotome  double  sans  levier,  avec  vis  à  cur- 
seur pour  faire  écarter  les  lames;  uréthroscope  électrique 
avec  spéculum  pour  voir  l'urèthre  postérieur  et  l'urèlhre 
antérieur,  avec  spéculum  pour  voir  latéralement  et  une 
lampe  à  incandescence  ;  exciseur  des  petites  tumeurs  de  la 
vessie  par  l'urèthre;  emporte-pièce  iutravésical;  grattoir 
intravésical  à  lajnes  cachées,  ne  se  développant  que  dans 
la  vessie  après  son  introduction  ;  dilatateur  rétrograde  du 
col  de  la  vessie  ;  pinces-curettes  droites  et  courbes  pour 
l'extraction  des  tumeurs  vésicales;  cathéter  hydroaérique  de 
M.  Duchastelet  ;  dépresseur  vésical  de  M.  Bazy;  cathéter  fenê- 
tre pour  la  taille  vaginale  de  M.  Hartmann  ;  ajutage-fixateur 
de  la  bougie  armée  à  uréthrotomie  interne  de  M.  Baudouin  ; 
sonde  exploratrice  et  évacuatrice  de  la  vessie  à  fermeture 
excentrique  de  M.  Créquy;  curettes  vésicales  de  M.  Guyon; 
lampe  électrique  pour  l'éclairage  vésical  ;  pince  dilatatrice 
uténne  à  quatre  branches  à  mouvement  automatique;  pince 


II 

On  se  rappelle  que  M.  Verneuil  fit,  il  y  a  quelques 
années,  une  communication  à  l'Académie  de  médecine  sur 
le  «  Traitement  de  certaines  épistaxis  rebelles  »  par  l'ap- 
plication de  vésicatoires  sur  la  région  hépatique  (séance 
du  26  avril  d887).  Ce  fut  un  cri  d'étonnement  général,  bien 
que  la  pratique  ne  fût  pas  nouvelle,  puisqu'elle  remonte  à 
Galien  (voy.  la  citation  de  M.  Verneuil,  même  séance).  Ce- 
pendant M.  Verneuil  citait  des  faits  précis.  Dans  un  cas  il 
s'agissait  d'épistaxis  répétées  chez  un  malade  atteint  de 
cirrhose  du  foie.  Dans  un  autre  c'était  une  congestion 
chronique  du  foie.  Une  malade,  qui  avait  subi  l'amputation 
d'un  sein,  mourut  d'hémorrhagies  onze  jours  après  l'opé- 
ration et  l'autopsie  montra  que  la  vésicule  biliaire  était 
remplie  de  calculs  et  que  le  foie  était  énorme,  etc.,  etc. 

Personne  ne  pouvait  nier  des  faits  positifs,  mais  plu- 
sieurs membres  (M.  Colin  (d'Alfort),  M.  Dujardin-Beaumetz) 
prirent  la  parole  pour  discuter  les  effets  de  la  révulsion 
superficielle  sur  des  organes  sous-jacents  qui  ne  sont 
même  pas  en  connexion  circulatoire  avec  la  peau.  Chacun 
donna  son  opinion  sur  la  question  de  savoir  comment  on 
peut  expliquer  l'action  thérapeutique  du  vésicatoire  en 
pareil  cas.  Le  lendemain  les  journaux  de  médecine,  et  les 
journaux  politiques  qui  ont  maintenant  la  fâcheuse  habi* 
tude  de  rendre  compte  des  séances  académiques,  propa- 
geaient partout  cette  notion.  Aussi  peut-on  dire  que  pen- 
dant quelque  temps  il  n'est  guère  d'épistaxis  rebelle  qui 
n'ait  été  soumise  à  ce  mode  de  traitement,  parfois  même 
avant  que  le  médecin  soit  mandé  près  du  malade.  Qu'est- 
il  arrivé?  Cela  est  facile  à  deviner.  Dans  bon  nombre  de 
cas  le  résultat  a  été  nui.  Et  alors  les  sceptiques,  les 
incrédules,  de  vous  dire  complaisamment  :  «  Vous  voyez  : 
voilà  un  large  vésicatoire  sur  la  région  du  foie,  et  l'hémor- 
rhagie  continue  de  plus  belle.  » 

Cela  prouve  tout  simplement  que  toutes  les  épistaxis  ne 
sont  pas  sous  la  dépendance  d'une  lésion  du  foie  ;  mais 
cela  ne  saurait  en  rien  infirmer  les  faits  positifs  nombreux 
dans  lesquels  le  traitement  a  été  héroïque  sans  qu'on 
puisse  d'ailleurs  interpréter  son  mode  d'action.  Conclusion: 
dans  quels  cas  faut-il  mettre  un  vésicatoire  sur  la  région 
du  foie?  Les  règles  me  paraissent  aisées  à  formuler  et  c'est 
là  le  but  de  cet  article. 

On  se  trouve  en  présence  d'une  hémorrhagie  quelconque 
(il  n'est  pas  question,  je  le  répète,  des  hémorrhagies  par 
des  vaisseaux  de  calibre)  : 

■  j=sggg  ■ 

à  polypes  à  clous  d'ivoire  mobiles;  ligateur  à  fil  élastique  ; 
dilatateur  vaginal  à  six  branches;  pince  fixatrice  du  col 
utérin  ;  pince  coudée  de  M.  Périer;  valve  en  étain  à  manche 
de  M.  llichelot;  axipelvimètre  de  M.  Rey.  Puis  les  gout- 
tières à  valves  mobiles  de  M,  Nicaise  ;  le  compresseur  des 
ovaires  de  M.  Féré;  l'appareil-bandage  pour  anus  contre 
nature  de  Kirmisson,  avec  godet  mécanique  et  sous-cuisse; 
la  pince  à  serrer  les  tubes  de  Galli  de  M.  Duplay  j  un  dila- 
tateur œsophagien,  muni  d'olives  à  extrémité  supérieure  très 
allongée,  en  cône  renversé,  pour  permettre  à  l'instrument  de 
ressortir  sans  soubresaut  et  sans  altérer  la  muqueuse  ;  un 
amygdalotome  à  guillotine  et  à  trois  anneaux;  le  clan  à 
pressions  parallèles  des  parois  de  l'eslomac  de  M.  Blum  ;  le 
trocart-injecleur  pour  les  kystes  hydaliques  du  foie  de 
M.  Monod;  l'aiguille  de  ce  dernier,  constituée  par  un  chas 
allongé  dont  un  des  bords  latéraux,  très  flexible  et  très 
mince,  est  sectionné  à  une  de  ses  extrémités  pour  permet- 
tre l'introduction  du  fil  de  catgut  ou  du  crin  de  Horence 


lu    —  N»  45  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         8  Novembre  1889 


l*"  Si  le  malade  a  une  aiïeclion  quelconque  du  foie, 
ancienne  ou  récente,  on  fera  la  révulsion  au  niveau  de  cet 
organe. 

â°  Si  on  ne  trouve  rien  dans  son  histoire  qui  puisse  faire 
penser  à  une  lésion  hépatique,  on  devra  passer  en  revue 
toutes  les  causes  possibles  d'hémorrhagie,  telles  que  Tim- 
paludisme,  les  affections  rénales,  les  affections  car- 
diaques, etc. 

3^  Si  l'examen  constitutionnel  et  viscéral  est  complète- 
ment négatif,  on  peut  encore  mettre  un  vésicatoire  empiri- 
quement au  niveau  du  foie.  Et  on  sera  surpris  souvent  de 
voir  rhémorrhagie  s'arrêter,  ce  qui  révélera  chez  le  malade 
une  affection  latente,  ignorée,  de  la  glande  hépatique.  Il 
me  sera  facile  de  citer  des  exemples  se  rapportant  à  ces 
trois  catégories  de  faits.  Je  les  prendrai  avec  intention  en 
dehors  des  observations  publiées  antérieurement  par 
M.  L.-H.  Petit  dans  le  Bulletin  de  thérapeutique  (Traite- 
ment des  hémorrhagies  par  la  révulsion  sur  la  région 
hépatique,  30  juillet  1888);  par  M.  Alexander  Harkin  (six 
observations  dont  trois  ont  trait  à  des  hémorrhagies  hémor- 
rhoïdaires  et  trois  à  des  épistaxis,  in  The  Lancet^  30  oc- 
tobre 1886);  par  H.  Verneuil  dans  sa  communication  à 
TAcadémie  de  médecine,  etc.,  etc. 

III 

Premier  ordre  de  faits  :  Ily  a  une  affection  hépatique 
reconnue  et  manifeste.  —  On  pourrait  ici  multiplier  les 
exemples  :  je  n'en  citerai  qu'un  qui  me  parait  topique. 
Dans  le  courant  de  Tannée  1887,  le  nommé  H...,  employé 
à  la  cuisine  de  l'hôpital  de  la  Pitié,  se  fait  au  bras  droit  et 
surtout  à  la  jambe  droite  une  brûlure  profonde  au  second 
degré.  En  quelques  jours  les  parties  atteintes  sont  recou- 
vertes de  phlyctcnes  qui  occupent  toutes  la  face  antéro- 
externe  de  la  jambe  et  du  bras  droit. 

Cet  homme,  qui  remplit  les  fonctions  de  sommelier,  est 
un  alcoolique  atteint  depuis  plusieurs  mois  d'une  cirrhose 
hypertrophique  du  foie  avec  ictère  considérable.  Il  a  reçu 
des  soins  de  M.  Lancereaux  pour  celte  affection.  Les  jours 
qui  suivent  son  accident,  l'ictère  s'accentue  d'une  façon  des 
plus  marquées.  Je  n'insiste  pas  sur  les  détails  de  l'obser- 
vation qui  sont  pourtant  intéressants  à  d'autres  points  de 
vue.  Un  érysipèle  des  plus  graves  part  des  brûlures  du 
membre  inférieur,  gagne  le  tronc  et  s'accompagne  de  phé- 
nomènes généraux  menaçants,  délire  violent,  hyper- 
thermie,  etc.,  qui  mettent  la  vie  du  malade  en  péril.  Ces 


symptômes  s'atténuent  peu  à  peu  et  au  bout  d'un  mois,  !«- 
malade  entre  en  convalescence.  L'ictère  n'est  plus  au>>. 
intense  et  les  plaies  résultant  des  brûlures  commencent  à 
se  cicatrise!^.  Celles  du  membre  supérieur  sont  tout  à  fait 
guéries;  il  reste  sur  la  jambe  droite  une  ulcération  en  ^oit 
de  cicatrisation.  Le  malade  garde  encore  le  lit  avec  un 
léger  pansement  ouaté.  A  cinq  heures  du  soir,  on  s*apercoii 
que  le  pansement  est  complètement  traversé  par  un- 
hémorrhagi(f  en  nappe.  On  enlève  le  pansement  et  on  trou«r 
une  grande  quantité  de  caillots.  L'hémorrhagie  contîiiuaiil 
avec  une  grande  intensité,  on  va  chercher  l'interne  iU 
garde  en  toute  hâte. 

Ici  l'ictère  devait  immédiatement  attirer  l'attention  sur 
le  foie  et  le  traitement  de  l'hémorrhagie  par  la  révulsion 
sur  la  région  hépatique  s'imposait.  Quand  je  vis  le  maiado 
le  lendemain,  le  vésicatoire  placé  la  veille  avait  produit 
l'effet  prévu. 

Les  faits  de  ce  genre  ne  sont  pas  rares.  On  en  cite  surtout 
chez  les  hémorrholdaires  qui  ont  notoirement  une  affectitm 
du  foie  (obs.  d'Âlexander  Harkin,  in  The  Lancetj  ocu» 
bre  1886).  La  révulsion  au  niveau  du  viscère  malade  e^i 
pour  ainsi  dire  héroïque  pour  arrêter  les  hémorrhagirs 
hémorrholdaires  des  hépatiques. 

IV 

Deuxième  ordre  de  faits.  —  Rien  dans  V histoire  et  dans 
Vexamen  du  malade  n'attire  Inattention  sur  le  foie. 

C'est  là  le  triomphe  des  sceptiques  qui  se  refusent  à 
admettre  une  action  thérapeutique  que  la  physiologie 
pathologique  n'explique  pas  suffisamment.  Car  c'est  ià 
qu'on  voit  échouer  le  traitement  en  question.  Mais  encore 
une  fois,  personne  n'a  jamais  dit,  et  H.  Verneuil  moins  que 
tout  autre,  que  la  révulsion  para-hépatique  répondait  à 
toutes  les  indications.  Citons  quelques  exemples  résumés. 

Le  20  février  1888,  deux  médecins  grecs  qui  suivent 
assidûment  la  clinique  de  H.  Verneuil  viennent  me  chercher 
en  hâte  pour  donner  des  soins  à  un  de  leurs  compatriotes 
de  passage  à  Paris.  Je  me  rends  avec  eux  auprès  du  ma- 
lade et  je  trouve  un  jeune  homme  de  vingt  et  un  ans  la 
tête  inclinée  sur  une  cuvette,  perdant  du  sang  par  la  narine 
droite.  L'épistaxis  dure  depuis  la  veille  à  huit  heures  du 
soir  et  il  est  onze  heures  du  matin.  On  a  commencé  par 
mettre  un  large  vésicatoire  sur  la  région  du  foie,  et,  au 
moment  où  je  vois  le  malade,  la  révulsion  est  intense. 
Puis  on  a  touché  la  muqueuse  des  fosses  nasales  avec  un 


dans  le  chas  ;  la  griffe  de  M.  Duplay  pour  les  fractures  de  la 
rotule  et  son  écraseur  à  vis  et  à  volant  brisé,  dont  la 
chaîne  est  pourvue  d'un  câble  passant  dans  un  anneau  des 
chaînons;  enfin  des  pinces  à  mors  pointus  à  dérignement 
automatiq^ue  et  à  crémaillère  facultative  à  l'aide  d'une  vis 
mobile,  ainsi  que  des  pinces  à  mors  pointus  à  dérignement 
à  volonté  et  à  crémaillère  facultative  par  mouvement  de 
glissière. 

La  préoccupation  qui  inspire  les  fabricants  d'appareils  et 
d'instruments  de  chirurgie  de  répondre  aux  nécessités  de  l'a- 
sepsie et  de  l'antisepsie,  aélé  partagée  dès  le  premier  jour 
par  M.  Mariaud.  Dans  cet  ordre  d'idées  il  a  construit  une 
étuve  à  air  chaud,  portative,  pour  la  stérilisation  des  man- 
ches métalliques,  qui  ne  nous  paraît  ni  plus  ni  moins  pra- 
tique que  celles  qui  sont  actuellement  si  peu  encore  en 
usage,  une  trousse  de  poche  en  acier  à  bistouris  tout  en 
métal,  dont  les  manches  se  composent  de  deux  châssis  mé- 
talliques, pouvant  se  démonter  comme  la  lame,  des  pulvé- 


risateurs à  pieds  et  à  roulettes,  marchant  vingt-quatre 
heures,  sans  compter  la  table  pour  opérations  et  les  divers 
instruments  dont  nous  avons  précédemment  parlé.  Comme 
appareils  spéciaux  il  y  a  lieu  de  signaler  un  spéculum  de 
M.Cusco  à  valves  en  cristal  dans  le  but  de  voir  par  transpa- 
rence la  surface  de  la  muqueuse  vaginale  et  de  faciliter  la 
cautérisation  du  col,  un  spéculum  à  manche  pourvu  d'une 
gâchette  et  un  rpéculum  cylindrique,  l'appareil  à  douches 
thermo-électriques  utéro-vaginales  de  M.  Nicolelis,  le 
serre-nœud  de  M.  Pozzi,  à  manche  démontable  et  à  tète 
mobile,  un  clan  pour  hystérectomie  abdominale,  l'appareil 
de  M.  Péraire  pour  le  curage  de  l'utérus,  l'écouvilion  de 
M.  Celle  pour  nettoyer,  racler  et  gratter  légèrement  les 
arrière-cavités  des  fosses  nasales  et  un  casse-pierre  avec 
perforateur  actionné  soit  par  une  vis  de  pression,  soit  par 
un  marteau,  se  détachant  à  volonté  et  instantanément  à 
l'aide  d'un  cliquet,  etc. 
Comme  la  plupart  de  ses  confrères,  la  maison  Luer  a 


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tampon  imbibé  de  perchlorare  de  fer  et  enfin,  Thémorrha- 
gie  continuant  de  plus  belle,  on  a  pratiqué  le  tamponne- 
ment complet  des  fosses  nasales.  Malgré  cela,  le  sang  s'é- 
coule goutte  à  goutte  par  l'orifice  antérieur  à  travers  le 
tampon  d'ouate. 

En  raison  de  la  nationalité  du  sujet,  mon  attention  se 
porte  aussitôt  sur  l'impaludisme  et  j'apprends  qu'à  plu- 
sieurs reprises  ce  jeune  Grec  a  eu  à  Athènes  des  accès  de 
fièvre  intermittente  tierce  bien  caractérisés.  J'envoie  alors 
chercher  des  cachets  de  50  centigrammes  de  sulfate  de 
quinine.  Le  malade  en  absorbe  un  sur-le-champ,  et,  avant 
de  m'en  aller,  j'enlève  les  tampons  qui  obstruent  les  fosses 
nasales,  puis  je  fais  un  lavage  antiseptique.  En  quelques 
heures  tout  était  terminé. 

Autre  exemple  du  même  genre  : 

En  janvier  1887,  je  suis  appelé  auprès  d'une  femme  de 
soixante  ans  qui  s'était  fait  arracher  une  molaire  à  dix 
heures  du  matin.  Le  dentiste  l'avait  renvoyée  chez  elle,  et, 
quand  je  la  vois  à  cinq  heures  du  soir,  elle  était  fort 
effrayée  par  une  hémorrhagie  de  l'alvéole  qui  durait  depuis 
sept  heures  et  qui  avait  résisté  à  tous  les  traitements 
usités  en  pareil  cas  :  cautérisation  au  nitrate  d'argent,  au 
perchlorure  de  fer,  etc.  Là,  mon  hésitation  ne  fut  pas  de 
longue  durée,  car  j'avais  soigné  déjà  celte  femme  pour  des 
accès  de  fièvre  intermittente  qu'elle  avait  eus  au  bord  des 
étangs  de  la  plaine  du  Forez.  Quelques  doses  de  sulfate  de 
quinine  eurent  raison  de  cette  hémorrhagie,  qui  était,  je  le 
répète,  fort  abondante. 

Je  pourrais  citer  une  seconde  observation  en  tout 
pareille  à  la  précédente.  Il  s'agissait  encore  d'une  hémor- 
rhagie de  l'alvéole  survenue  à  la  suite  d'une  extraction  de 
dent  pratiquée  à  TEcole  dentaire  dès  le  matin.  L'écoule- 
ment sanguin  n'était  pas  encore  tari  à  sept  heures  du  soir, 
malgré  tous  les  moyens  employés,  quand  il  eût  suffi  d'une 
dose  de  sulfate  de  quinine  administrée  en  temps  voulu. 
Dans  ce  cas-là  encore  les  accès  antérieurs  de  fièvre  tierce 
devaient  attirer  l'attention. 

Je  ne  multiplie  pas  davantage  ces  exemples.  Malgré  ces 
succès  si  remarquables  dus  dans  bon  nombre  de  cas  à  l'u- 
sage du  sulfate  de  quinine,  je  ne  vais  pas  conclure  que 
ce  médicament  doit  être  héroïque  dans  toutes  les  épistaxis 
ou  autres  hémorrhagies.  Cela  ne  serait  pas  plus  exact  que 
d'attribuer  au  vésicaloire  sur  la  région  hépatique  une  action 
générale  sur  toutes  les  hémorrhagies.  Nous  dirons  donc  que 
les  hémorrhagies  chez  les  hépatiques  s'arrêtent  sous  l'in- 


fluence de  la  révulsion  sur  la  région  du  foie,  et  que  chez 
les  paludiques  c'est  le  sulfate  de  quinine  qui  est  le  médi- 
cament de  choix. 

Arrivons  maintenant  aux  hémorrhagies  chez  les  sujets 
atteints  de  lésion  rénale.  Je  n'ai  pas  eu  l'occasion  d'observer 
des  faits  de  ce  genre.  Mais  on  trouve  dans  les  Bulletins  de 
la  Société  médicale  des  hôpitaux  {sésince  du  22  juin  1888) 
une  communication  de  M.  E.  Gaucher  sur  ce  sujet. 

II  s'agissait  d'un  malade  que  M.  Gaucher  a  observé 
à  l'hôpital  Cochin.  Ce  malade,  âgé  de. trente-huit  ans, 
était  entré  à  l'hôpital  pour  des  saignements  de  nez 
incoercibles.  Un  médecin  avait  appliqué  sans  succès  un 
vésicaloire  sur  la  région  du  foie.  M.  Gaucher  fit  ce  que 
nous  conseillons  de  faire  toujours  en  pareil  cas:  il  fit  le 
diagnostic  de  la  cause.  Ne  trouvant  rien  d'anormal  dans  les 
viscères  thoraciques,  rien  dans  le  foie,  il  fit  l'examen  de 
l'urine  qui  décela  une  petite  quantité  d'albumine.  Il  y  avait 
donc  chez  son  malade  un  léger  degré  de  néphrite.  D'ailleurs 
il  s'agissait  d'un  distillateur  qui  absorbait  l'alcool  autant 
par  les  poumons  que  par  le  tube  digestif;  c'était  un  alcoo- 
lique avéré:  le  régime  lacté  absolu,  l'extrait  de  ratanhia  et 
le  quinquina  à  rinlérieur  en  s'adressant  à  la  néphrite  de- 
vaient guérir  les  épistaxis.  C'est  ce  qui  eut  lieu,  et  le  ma- 
lade put  quitter  l'hôpital  le  28  mai,  c'est-à-dire  huit  jours 
après  son  entrée. 

M.  Huchard,  dans  la  même  séance  de  la  Société  médicale 
des  hôpitaux,  cite  un  cas  analogue  à  celui  de  M.  Gaucher. 
On  voit  par  là  de  quelle  importance  est  l'examen  de  l'urine 
chez  les  malades  auxquels  on  ne  découvre  aucun  antécé- 
dent hépatique  ou  paludéen.  Et  on  conçoit  bien  comment 
dans  ces  cas-là  le  vésicatoire,  sur  la  région  du  foie,  doit 
être  inefficace,  à  moins  que  la  néphrite  n*ait  amené  une 
congestion  secondaire  du  foie. 

Je  termine  ce  qui  a  trait  aux  lésions  viscérales  qu'il  faut 
rechercher  avant  d'instituer  le  traitement  des  hémorrhagies. 

Il  y  a  déjà  douze  ans  que  H.  Verneuil  a  attiré  l'attention 
de  l'Académie  de  médecine  sur  l'action  du  cœur  dans  les 
hémorrhagies  chirurgicales. 

Dans  le  courant  de  Tannée  1887,  je  donnais  des  soins, 
dans  un  taudis  de  la  rue  Yisconti,  à  un  malade  de  cin- 
quante-deux ans  atteint  d'une  affection  mitrale  bien  carac- 
térisée. Ce  malade  fut  pris  d'un  abcès  périanal  auquel 
succéda  une  fistule  à  l'anus.  Je  le  fis  entrer  à  la  Pitié  dans 
le  service  de  M.  Verneuil  dont  j'étais  le  chef  de  clinique. 
Quelques  jours  après  son  entrée  au  n""  52  de  la  salle  Michon, 


son  appareil  pour  la  stérilisation  des  instruments  de  chi- 
rurgie ;  ici,  il  est  à  vapeur  humide,  à  pression  assez  faible. 
L'arsenal  pour  les  maladies  du  nez,  des  yeux  et  du  larynx 
est  (les  plus  complets  dans  la  vitrine  de  ce  fabricant  ;  re- 
marquonsy  plus  spécialement  le  dilatateur naso-pharyngien 
de  M.  Luc  ;  les  spéculum  nasi  de  M.  Ruault,  de  M.  Terrier; 
le  spéculum  auris  et  la  pince  droite  de  M.  Boucheron  ; 
une  curieuse  canule  à  trachéotomie  pour  les  opérations 
sur  le  larynx  ;  l'écarteur  de  M.  Panas  pour  l'angle  externe  de 
l'œil  ;  plusieurs  pinces  à  mors  de  caoutchouc  ;  la  seringue 
antiseptique  de  M.  Panas  pour  le  lavage  de  la  chambre 
antérieure,  en  cristal,  avec  ajutage  en  caoutchouc  durci,  et 
le  vaporisateur  de  M.  Abadie  permettant  de  graduer  la 
température  du  jet. 

Chez  M.  Dubois  on  remarquera  la  seringue  à  injections 
sous-cutanées  de  M.  Clado,  composée  d'un  corps  de  pompe 
tout  en  verre  et  gradué;  €  sur  le  bout  usé  de  l'émeri  vient 
s'emmancher  àfrottemement  le  corps  de  l'aiguille,  le  piston 


est  fait  comme  les  pistons  ordinaires;  ainsi  la  seringue  et 
son  aiguille  peuvent  être  nettoyées  et  antiseptisées  par 
l'ébulhtion,  le  piston  ne  se  détériore  jamais  », 

A  peu  près  seule,  la  maison  Galante  expose  une  collec- 
tion très  variée  d'instruments  en  caoutchouc,  soit  en  caout- 
chouc rouge  vulcanisé,  soit  en  caoutchouc  durci  ou  ébonite, 
dont  l'emploi  se  généralise  de  plus  en  plus.  «  On  ne  se  borne 
plus  en  effet  à  fabriquer  avec  celte  matière  des  sondes 
uréthrales  lisses,  souples,  d*un  calibre  égal,  des  bougies 
rectales,  des  sondes  œsophagiennes.  La  chirurgie  antisep- 
tique utilise  les  tubes  à  drainage,  parfois  à  l'emporle- 
pièce,  sectionnés  par  petits  morceaux  de  quelques  centi- 
mètres et  que  l'on  conserve  dans  des  solutions  antisep- 
tiques; puis  la  thérapeutique  a  multiplié  le  nombre  des 
appareils  dans  lesquels  les  qualités  spéciales  du  caout- 
cnouc  sont  mises  à  contribution  ».  Tels  sont  les  tubes  de 
MM.  Faucher  et  Debove  pour  le  lavage  de  l'estomac,  l'cx 
citateur  des  parois  stomacales  de  M.  Bardet,  les  nombreux 


726    —  W  45  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         8  Novembre  4889 


la  fistule  fui  débridée  au  thermocautère.  Le  surlendemain 
de  Topération,  hémorrhagie  abondante  au  niveau  de  la  petite 
plaie  ano-périnéale.  Celte  hémorrhagie  se  répète  les  jours 
suivants.  Voilà  un  cas  où  le  vésicatoire  de  la  région  du  foie 
aurait  été  sans  doute  inefficace,  quand  au  contraire  le  trai- 
tement de  Taffection  milrale  par  la  digitale  fit  immédiate- 
ment cesser  tout  écoulement  sanguin  au  niveau  de  celte 
plaie  opératoire  insignifiante  par  elle-même. 


Troisième  ordre  de  faits  :  Enfin,  il  est  des  cas  dans 
lesquels  V examen  complet  et  attentif  du  malade  atteint 
d'épistaxis  ou  autre  hémorrhagie  de  ce  genre,  reste  com- 
plètement négatif. 

On  est  autorisé  alors  à  mettre  un  large  vésicatoire  sur  la 
région  du  foie,  bien  que  cet  organe  paraisse  absolument 
indemne.  On  sera  parfois  surpris  de  voir  Thémorrhagie 
s'arrêter,  et  ce  sera  là  un  signe  d'affeclion  hépatique 
méconnue. 

Gela  m'est  arrivé  dans  un  cas  d'hémoptysie  rebelle  à  tous 
les  traitements  habituels.  Un  vésicatoire  appliqué  sur  la  région 
du  foie  fit  cesser  l'hémoptysie,  probablement  parce  que  le 
malade  avait  —  de  par  son  ancienne  tuberculose  —  une  sléa- 
tose  hépatique  méconnue  (voy.  le  premier  volume  des  Études 
expérimentales  et  cliniques  sur  la  tuberculose,  p.  653, 
deuxième  fascicule).  On  peut  considérer  comme  démontré 
que  la  stéatose  du  foie  en  particulier  est  la  cause  occasion- 
nelle de  bon  nombre  d'hémorrhagies.  M.  Verneuil  a  cité 
de  nombreux  exemples  qui  jugent  cette  question.  Je  trouve, 
dans  le  cinquième  volume  de  ses  Mémoires  de  chirurgie 
(p.  369),  une  observation  du  docteur  Berlin  (de  Gray),  qui 
est  très  démonstrative  à  cet  égard. 

Un  enfant  qui  a  eu  une  coxalgie  avec  abcès  articulaires 
est  pris  ultérieurement  de  scarlatine.  Cette  fièvre  éruptive 
prend  la  forme  hémorrhagique,  et,  de  plus,  les  trajets  fistu- 
leux  péri-articulaires  sont  le  siège  d'hémorrhagies  graves, 
qui  mettent  en  péril  la  vie  de  l'enfant.  Il  est  clair  que  ces 
longues  suppurations  avaient  amené  une  stéatose  hépati* 
que,  c'est-à-dire  une  lésion  hémorrhagipare  au  premier 
chef.  Mais  cette  lésion,  est-il  aisé  de  la  diagnostiquer  en 
dehors  de  l'étude  des  antécédents  du  malade?  Je  ne  le  crois 
pas,  et,  le  plus  souvent,  on  ne  peut  que  la  soupçonner.  En 
pareil  cas,  on  peut  toujours  essayer  la  révulsion  sur  la 
région  du  foie,  et,  le  pis  qui  puisse  arriver,  est  de  ne  pas 
obtenir  un  résultat  positif. 


VI 

En  somme,  je  crois  pouvoir  résumer  de  la  façon  suivante 
les  indications  de  la  révulsion  parahépatique. 

Dans  le  traitement  des  épistaxis  ou  autres  hémorrhagie 
rebelles  : 

1*  Mettre  un  vésicatoire  sur  la  région  du  foie  toutes  les 
fois  qu'on  aura  découvert  chez  le  malade  une  lésion  de  cet 
organe; 

2°  Quand  l'examen  de  tous  les  viscères,  y  compris  le  foie, 
sera  resté  négatif,  mettre  à  tout  hasard  un  vésicatoire  sur  la 
région  du  foie,  et  cela  en  raison  des  affections  latentes  dont 
cet  organe  peut  être  le  siège  ; 

S""  Ne  pas  s'attarder  à  cette  pratique  et  surtout  ne  pas  la 
condamner  sans  merci,  si  elle  échoue,  dans  les  cas  on 
l'examen  du  malade  a  révélé  une  lésion  viscérale  (car- 
diaque, rénale,  etc.)  ou  une  intoxication  générale,  comme 
la  malaria,  par  exemple 

Dans  ces  cas-là,  en  effet,  c'est  le  traitement  de  la  lési*  ii 
viscérale  qui  sera  héroïque. 

Je  dirai  donc,  comme  conclusion  générale  à  cet  articit-, 
que  la  révulsion  sur  la  région  du  foie  a,  comme  toutes  le^ 
médications,  des  indications  précises  basées  sur  rétudt" 
étiologique  des  hémorrhagies  qu'on  veut  combattre. 

Aimé  GuiNARD. 


TRAVAUX   ORIGINAUX 

Clinique  médleale. 

Note  sur  l'awémie  des  nourrissons.  Communication  faite 
à  la  Société  des  hôpitaux  dans  la  séance  du  25  octo- 
bre 1889,  par  M.  Georges  Hayem. 

Jusqu'à  présent,  dans  les  recherches  que  j'ai  poursui\ies 
sur  l'anémie,  j'ai  négligé  l'élude  des  états  anémiques  qui  se 
développent  chez  les  nourrissons.  Depuis  quelques  mois  je 
cherche  à  combler  cette  lacune.  Mes  observations  ne  sont  pas 
encore  assez  nombreuses  pour  me  permettre  de  tracer  un 
tableau  des  particularités  que  présente  l'anémie  pendant 
les  premiers  mois  de  l'existence.  Je  puis  cependant  des 
aujourd'hui  vous  signaler  un  fait  important  qui  constituera 
probablement  plus  tard  le  caractère  distinctif  de  l'anémie 
des  nourrissons. 

Vous  savez  qu'au  moment  de  la  naissance  le  sang  des 
enfants  à  terme  est  plus  riche  en  globules  rouges  que  celui 
de  l'adulte.  Au  bout  de  quelques  jours  le  chiffre  de  ces 
éléments  diminue  et  pendant  la  période  d'allaitement  il 
se  maintient  à  un  taux  un  peu  inférieur  à  la  moyenne 


appareils  à  réfrigération  du  tronc  et  des  membres,  les  vide- 
bouteilles  pour  les  injections  antiseptiques,  les  ampoules 
pour  le  tamponnement  des  fosses  nasales,  les  œillères  à 
poires,  la  fontaine  ou  poche  en  caoutchouc  de^M.  Doléris 
pour  douches,  lavages  et  injections  antiseptiques,  les 
nombreux  pessaires,  la  tétrelle  de  M.  Auvard,  et,  parmi 
les  objets  en  caoulcliouc  durci,  c'est-à-dire  en  caoutchouc 
renfermant  une  plus  grande  quantité  de  soufre,  certains 
pessaires,  les  diverses  variétés  de  seringues,  plusieurs 
pompes  aspiratrices  stomacales,  le  thermomètre  à  tempéra- 
ture locale  (le  M.  Constantin  Paul,  le  pulvérisateur  à  chlo- 
rure de  méthyle. 

Un  nombre  extrêmement  restreint  de  fabricants  étrangers 
a  pris  part  à  l'exposition  dans  la  classe  14;  il  en  est 
d'ailleurs  ainsi,  tout  le  monde  l'a  pu  constater,  dans  la 
plupart  des  autres  classes,  ce  qui  n'a  pas  empêché  la  cour- 
toisie française  habituelle  de  décerner  aux  étrangers  un 
nombre  relativement  considérable  de  récompenses,  bien 


qu'en  général,  dans  les  autres  pays,  la  réciproque  ne  se 
produise  jamais.  Nous  n'avons  guère  à  signaler  que  l'expo- 
sition de  M.  Demaurex,  dans  la  section  suisse,  où  l'on  peut 
voir  loule  l'inslrumentalion  dont  se  servent  MM.  les  profes- 
seurs Julliard,  J.  et  A.  Reverdin.  On  connaît  la  table  d'ojH-- 
ralions,  si  simple,  du  premier,  que  M.  Manoury  a  si  heu- 
reusement modifiée;  celle  de  MM.  Reverdin  se  compose  do 
deux  parties  dislinctes  qui,  réunies,  forment  un  meuble  de 
2  mètres  de  largeur  pour  les  opérations  dans  lesquelles  le 
patient  est  complètement  étendu  ;  en  enlevant  ta  partie 
inférieure  il  reste  une  table  de  l'",30,  avec  dossier  incliné 
et  appui  pour  les  pieds,  destinée  plus  spécialement  aui 
opérations  qui  intéressent  les  membres  inférieurs  ou  la 
région  périnéale. MM.  Reverdin  ont,  en  outre,  fait  conslraire 
par  le  même  fabricant  tout  un  arsenal  des  plus  variée 
comprenant  notamment  un  fixateur  de  la  mâchoire  info- 
rieure,  un  flacon  d'anesihésie  spécial,  un  pulvérisateur  à 
(lébouchoirs    dont    les  deux    becs  peuvent  se  déboucher 


8  Novembre  1889        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N<»  45  -    727 


normale  constatée  chez  l'adulte.  Cependant  je  n*ai  pas 
encore  eu  l'occasion  d'observer  un  exemple  d'anémie  essen- 
tieile  ou  protopathique  chez  les  nouveau-nés.  Les  causes  les 
plus  puissantes  d'anémie  à  cette  époque  de  la  vie  sont  la 
syphilis  infantile  et  les  troubles  digestifs,  particulièrement 
la  diarrhée  verte. 

Les  lésions  des  globules  rouges  sont,  d'une  manière  géné- 
rale, les  mêmes  que  chez  l'adulte.  Cependant  les  inégalités 
dans  le  diamètre  des  éléments  m'ont  paru  plus  notables  que 
dans  les  cas  ordinaires  d'anémie.  Cette  particularité  parait 
tenir  à  la  richesse  relative  du  sang  des  nouveau-nés  en 
globules  de  grande  taille.  Dès  que  l'anémie  se  colistitue  et 
devient  un  peu  notable,  ces  grands  éléments  se  multiplient 
et  Ton  voit  apparaître  des  globules  géants  qu'on  ne  rencontre 
chez  Tadulte  que  dans  les  anémies  très  prononcées  du  troi- 
sième et  du  quatrième  degrés. 

Mais,  en  même  temps,  et  c'est  là  le  point  particulier  sur 
lequel  je  désire  attirer  votre  attention,  on  voit  survenir 
d'assez  nombreux  globules  rouges  à  noyau.  La  présence 
dans  le  sang  d'éléments  de  ce  genre  ne  constitue  pas  un 
fait  spécial  au  nouveau-né.  Elle  s'observe  parfois  chez 
Fadulle,  mais  seulement  dans  la  leucocythémie  et  dans 
certains  cas  d'anémie  extrême. 

Si  Ton  considère  à  part  la  leucocythémie,  à  cause  des 
lésions  particulières  des  organes  hématopoiétiques  dans 
cette  maladie,  on  peut  dire  que  chez  l'adulte  les  globules 
rouges  à  noyau,  ne  prennent  jamais  qu'une  part  extrême- 
ment minime  à  la  constitution  du  sang  des  anémiques. 

Il  n'en  est  pas  de  même  chez  les  nourrissons.  Chez  eux, 
les  cellules  rouges  à  no^au  peuvent  se  montrer  dans  le  sang 
à  un  moment  où  Tanémie  n  a  pas  atteint  un  développement 
ronsidérable.  De  plus,  ils  y  pénètrent  en  nombre  relati- 
vement élevé. 

Au  point  de  vue  anatomique,  les  globules  rouges 
nucléés  des  nouveau-nés  anémiques  ne  différent  en  rien  des 
mêmes  éléments  observés  chez  l'adulte.  Leur  noyau  de 
dimension  variable  est  unique,  petit  ou  de  moyen  volume, 
parfois  cependant  trilobé.  Les  noyaux  volumineux  ou  en 
voie  de  kariokynèse,  paraissent  appartenir  spécialement  au 
sang  des  enfants  à  grosse  rate,  atteints  de  la  forme  particu- 
lière de  leucémie  que  j*ai  récemment  signalée  (Du  sang  et 
de  ses  altérations  anatomiques,  Paris,  Masson,  1889). 

Les  caractères  particuliers  de  l'anémie  et  de  la  leucocythé- 
mie des  nouveau-nés  me  semblent  présenter  un  réel  intérêt 
au  point  de  vue  de  la  physiologie  générale  du  sang. 

Dans  l'espèce  humaine,  les  cellules  rouges  à  noyau  du 
sang  disparaissent  déjà  vers  la  fin  du  sixième  mois,  tandis 
que  chez  les  mammifères  nouveau-nés  on  en  trouve  encore 
pendant  quelques  semaines  après  la  naissance. 

Au  moment  où  commence  la  vie  extra-utérine,  la  forma- 


tion du  sang  par  l'intermédiaire  des  cellules  rouges  à  noyau 
est  donc  éteinte,  chez  l'homme,  depuis  un  certain  temps. 
Mais  les  organes  qui  forment  ces  éléments  sont  certainement 
moins  engourdis  que  chez  l'adulte  et  ils  passent  plus  faci- 
lement aue  chez  ce  dernier,  à  un  état  de  nouvelle  activité. 
La  moelle  osseuse  reste  d'ailleurs  rouge  chez  les  nouveau- 
nés  et  riche  en  cellules  hémoglobiçiues,  tandis  que  plus 
tard  elle  devient  en  grande  partie  graisseuse  et  relativement 
très  pauvre  en  globules  rouges  nucléés. 

Chez  l'adulte,  Tapparition  dans  le  sang  de  globules  rouges 
à  noyau  est  un  fait  des  plus  graves;  il  est  le  résultat  d'un 
effort  de  réparation  sanguine,  pour  ainsi  dire  ultime. 

Il  est  loin  d'en  être  ainsi  chez  les  nouveau-nés  et  je  pense 
que  chez  eux  et  peut-être  aussi  chez  les  jeunes  enfiints 
sevrés,  des  recherches  ultérieures  permettront  de  démontrer 
la  fréquence  et  le  caractère  bénin  de  cette  modification  du 
sang  dans  les  anémies.  Je  laisse  ici  de  côté,  cela  est  bien 
entendu,  la  leucémie  infantile,  qui  paraît  être,  au  contraire, 
une  maladie  des  plus  graves. 

Pour  compléter  ces  quelques  considérations,  je  vais  rap- 
porter ici  deux  observations  d'anémie  qui  ont  été  recueillies 
avec  soin  dans  mon  service  de  crèche  par  mon  interne, 
M.  Luzet.  Elles  concernent  des  enfants  atteints  de  diarrhée 
verte. 

Obs.  L  —  S...  (Charlotte),  deux  mois,  entre  le  48  mai  1889, 
salle  Vulpian,  n«  3. 

Antécédents  héréditaires,  —  Père,  trente-neuf  ans,  bien 
portant.  Mère,  vingft-deux  ans,  bien  portante.  Grands-parents 
maternels  morts  de  maladies  thoraciqucs  aiguës.  Grand-père 
paternel  mort  d'accident.  Grand'mère  paternelle  bien  portanlo. 

Antécédents  personnels  et  début,  —  Née  à  terme  le  27  avril 
1^89.  Pas  malade  jusqu'à  une  semaine,  où  survint  une  diarrhée 
verte,  peu  intense.  L*enfant  toussait  et  avait  beaucoup  de  fièvre. 
l/appétit  avait  complètement  disparu.  Quelques  vomissements, 
quelques  convulsions.  Un  médecin  ordonna  alors  du  bismuth.  La 
mère,  nu  constatant  pas  d'amélioration,  entra  alors  à  riiôpitaj. 

Etat  général,  —  18  mai.  Enfant  maigre,  masses  musculaires 
très  réduites.  Faciès  hlême,  conjonctives  décolorées,  coloration 
grisâtre  de  la  peau.  Pas  trace  d'éruption  cutanée.  Lan^e  nor- 
nîale.  Appétit  peu  considérable.  Diarrhée  verte  assez  intense. 
L'enfant  salit  ses  couches  environ  quatre  à  cinq  fois  par  jour. 
Abdomen  légèrement  rétracté,  pas  douloureux,  Teslomac  ne 
semble  pas  dilate,  le  foie  déborde  légèrement  les  fausses  côtes. 
Pas  d'hypertrophie  de  la  rate.  Pas  d'adénopathie  inguinale. 
Sonorité  Ihoracique  nornnale,  quelques  râles  sibilants  et  sous- 
crépitants.  Rien  au  cœiir.  Kares  convulsions  très  légères.  La 
fontanelle  antérieure  est  encore  très  marquée,  la  postérieure 
complètement  fermée.  Urines:  pas  d'urobiline,  pas  a  albumine, 
pas  de  sucre,  un  peu  d'urohématine. 

Traitement,  —  Quinze  cuillerées  à  café  de  la  solution  d'acide 
lactique  à  1  pour  100.  Un  verre  d'eau  albumineuse  en  suppri- 
mant le  lait. 

Le  30  mai.  —  Pas  d'amélioration.  Aspect  de  Tathrepsique. 


instautanément  sans  interrompre  la  pulvérisation,  un  pul- 
vérisateur de  poche  à  réservoir  en  caoutchouc,  des  pinces 
à  forcipressures  aseptiques,  dont  les  entailles  des  mors 
sont  remplacées  par  des  ondulations  qui  s'emboîtent 
exactement  ;  un  grefîotome,  une  pince  en  cœur,  fenêtrée 
d'un  côté  ;  un  couteau  à  conducteur  pour  les  débridements, 
terminé  par  une  petite  gorge  qui  lui  permet  de  glisser  sur 
un  trocart  sans  risquer  de  dévier;  des  passe-drains,  des 
passe-sétons  et  des  aiguilles  diverses,  dont  un  modèle  est 
installé  de  telle  sorte  que  l'aiguille  peut  se  replier  pour 
être  mise  dans  la  poche  ou  dans  une  trousse;  enfin  uu 
dilatateur-irrigateur  de  la  cavité  utérine,  une  pince  en  fer 
à  friser,  destinée  à  saisir  les  ligaments  larges,  etc.,  etc. 
L'instrumentation  spéciale  présente,  comme  toujours,  un 
réel  intérêt;  elle  témoigne  de  recherches  longuement  et 
patiemment  poursuivies,  qui  sont  parvenues  à  utiliser  les 
multiples  propriétés  des  diverses  matières  mises  en  usage 
et  à  les  asservir  à  un  but  bien  défini.  Parmi  les  particula- 


rités les  plus  intéressantes  que  présente  l'Exposition  dans 
cet  ordre  d'idées,  on  peut  mettre  en  première  ligne,  comme 
l'a  d'ailleurs  fait  le  jury,  l'importante  exposition  d'appa- 
reils prolhétiques  fabriqués  par  M.  Claude  Martin  (de  Lyon). 
Les  appareils  y  sont  nombreux  qui,  appliqués  au  moment 
même  de  l'opération,  ont  été  tolérés,  depuis  quatorze  mois 
et  plus,  par  les  tissus;  on  y  voit  aussi  de  nombreux  spéci- 
mens de  restaurations  bucco-palatines  ou  nasales,  et  des 
pièces  montrant  les  avantages  de  l'application  d'un  appa- 
reil prolhétique  nasal  pour  soutenir  le  lambeau  nasal. 

Le  temps  n'est  plus  où  les  chirurgiens  français,  désireux 
de  pratiquer  rantisepsie,devaient  s'approvisionner  à  Tétran- 
ger.  Nous  nous  rappelons  que,  dans  mainis  hôpitaux  de 
Paris,  il  n'y  a  pas  plus  de  treize  ans,  les  premiers  essais 
ont  été  faits  avec  des  objets  de  pansement  que  les  che's  de 
service  avaient  dû  faire  venir  à  leurs  frais.  L'industrie  four- 
nit actuellement  en  abondance  les  matériaux  de  pansement 
et  les  produits  antiseptiques  les  plus  variés  et  les  plus  aisés 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         8  Novembre  1889 


Le  5  juin.  —  La  diarrhée  continue.  Etal  stationnaire. 

Le  10.  —  Même  élat. 

Le  15.  —  Pas  d'amélioration.  F^éger  mouvement  fébrile  le  soir. 
Cataplasmes  sinapisés. 

l^e  18.  —  Un  peu  d'amélioration.  Même  traitement.  On  rend  le 
lait.  Pas  de  vomissements. 

Le  21.  —  Amélioration  bien  marquée. 

Le  22.  —  Sort  très  améliorée. 

Examen  du  sang  le  8  juin.  —  N.  =  926  590  ;  R.  =  685600  ; 
G.  ==  0,71  ;  Rn.  =  7U0;  B.  =  18910. 

On  désigne  ici  par  Kn  les  cellules  rouges  à  noyau  qui  ont  pu 
être  distinguées  des  globules  blancs  pendant  la  numération 
des  éléments. 

Dans  les  préparations  de  sang  sec,  on  trouve  un  grand  nombre 
de  cellules  à  noyau  unique,  non  kariokynélique.  Les  globules 
rouges  sont  remarquables  par  la  grande  inégalité  de  leur 
diamètre. 

Obs.  II.  —  C...  (François),  deux  mois  et  demi,  entre  le 
25  novembre  1889,  salle  Vulpian,  n«  8. 

AntécédenU  héréditaires,  — -  Père,  quarante-deux  ans,  bien 
portant.  Mère,  trente-trois  ans,  bien  portante.  Il  en  est  de  même 
de  deux  oncles  et  de  deux  tantes.  Grand-père  maternel  mort  de 
maladie  thoraciquc  aiguë.  Grand-père  mort  d'une  maladie  de 
reslomac.  Les  deux  grand'mères  sont  bien  portantes.  Deux 
frères  et  deux  sœurs  bien  portants. 

Antécédents  personnels,  —  Né  à  Ris  (Puy-de-Dôme),  pays  non 
marécageux. 

Avant  son  arrivée  à  Paris,  l'enfant  était  vigoureux  et  bien 
portant,  sauf  quelques  coliques,  dit  la  mère. 

Début.  —  Le  15  mai  1889,  la  mère  vint  à  Paris  chercher  une 
place  de  nourrice  au  bureau  de  placement  de  la  rue  Poli  veau. 
Tous  les  enfants  qui  y  étaient  à  ce  moment  étaient  malades 
(peut-être  de  la  diarrhée  verte?).  Le  18. mai,  c'est-à-dire  trois 
jours  après  son  arrivée,  l'enfant  fut  pris  de  diarrhée  et  se  mit  à 
tousser.  La  mère  donna  à  son  enfant  de  l'eau  de  chaux,  du 
bismuth,  etc.  Le  traitement  étant  resté  sans  résultat,  la  mère  se 
décida  à  entrera  l'hôpital. 

Là,  pendant  que  persistait  la  diarrhée,  on  put  constater  que 
l'enfant  pâlissait. 

4  juin.  —  Etat  actuel.  —  Le  petit  malade  est  profondément 
anémié,  la  peau  présente  une  coloration  jaune  verdàtre.  Pas 
traces  d'éruptions  cutanés.  Muqueuses  décolorées,  conjonctives 
bulbaires  bleuâtres.  Langue  normale.  Appétit  excellent.  Depuis 
quelques  jours  la  diarrhée  va  en  diminuant.  Amaigrissement 
assez  considérable;  l'enfant  aurait,  au  dire  de  la  mère,  perdu  la 
moitié  de  son  poids  primitif.  L'abdomen  est  volumineux,  non 
douloureux.  Pas  de  douleur  à  la  pression  des  fosses  iliaques.  Pas 
de  douleur  au  niveau  des  hypochondres  droit  et  gauche,  ni  à  la 
région  épigastrique.  Le  foie  déborde  notablement  les  fausses 
côtes.  Rate  non  augmentée  de  volume.  Pas  de  tuméfaction  des 
ganglions  de  l'aine.  Appareil  respiratoire  :  sonorité  thoracique 
normale.  A  Tauscultation,  quelques  râles  de  bronchite.  Rien  au 
cœur.  Léger  bruit  de  souflle  au  niveau  des  vaisseaux  du  cou. 
Fontanelles:  l'antérieure  est  facilement  perceptible  à  la  palpa- 
tion;  elle  mesure  environ  :20  millimètres  de  long  sur  autant  de 
large.  La  postérieure  est  complètement  oblitérée. 


A  son  entrée  à  l'hôpital,  l'enfant  avait  de  la  diarrhée  slv^ 
selles  vertes  fréquentes.  Le  ventre  n'était  pas  ballonné,  mai:»  i 
existait  de  fortes  coliques,  et  l'abdomen  était  douloureux. 

Le  traitement  consista  en  :  potion  avec  naphlhol  p,  50  cen- 
tigrammes; salicylate  de  bismuth,  1  gramme;  acide  lactiqof-. 
Quinze  cuillerées  à  café  de  la  solution  au  lOO*;  lavagos  ^r- 
1  estomac  avec  une  solution  de  beuzoate  de  soude  à  1  poar  1(ML 

En  huit  jours,  amélioration  considérable  en  sorte  qu'actaeU 
lement  la  diarrhée  a  disparu  et  l'appétit  renaît. 

Contre  l'anémie, on  donne:  deux  gouttes  de  liqueur  de  Fowlir 
et  un  julep  gommeux  et  on  continue  l'acide  lactique  à  la  dose  lU 
douze  cuillerées.  Urine  :  pas  d'albumine,  pas  de  sucre,  pas  d*u- 
robiline.    • 

Le  7.  —  Amélioration  considérable,  la  pâleur  diminue,  U 
face  se  colore. 

Le  11.  —  Etat  fort  amélioré.  Encore  quelques  coliques»  la  face 
se  colore  davantage. 

Le  12.  —  Amélioration.  Bon  appétit.  Un  peu  de  diarrhée.  Vn 
peu  de  bronchite.  Quinze  cuillerées  d'acide  lactique. 

Le  ii.  —  L'amélioration  continue.  Encore  un  peu  de  diarrh^f. 
Gros  râles  sonores  de  bronchite  dans  la  poitrine.  Sirop  de  codéinf 
et  de  tolu,  ââ  10  grammes. 

Le  15.  —  Même  état.  La  mère,  trouvant  son  enfant  en  Imh 
état,  part  sur  sa  demande. 

Le  25  mai.  —  Temp.,  37%>l  soir. 

Le  26.  —  Temp.,  3>,2  matin,  37%4  soir. 

Le  27.  —  Temp.,  37%ii  matin,  38«,4soir. 

Le  28.  —  Temp.,  37^,8  matin,  3H^,i  soir. 

Le  29.  —  Temp.,  37«,i  matin,  38'»,6  soir. 

Le  30.  —  Temp.,  37«.8  matin,  38  degrés  soir. 

Le  31.*—  Temp.,  37  degrés  malin,  37%4  soir. 

Le  1""  juin.  — Temp.,  37%2  matin,  38  degrés  soir. 

Le  2.  —  Temp.,  36%8  matin,  37»,2  soir. 

Le  3.  —  Temp.,  36°,8  matin,  37  degrés  soir. 

Le  4.  —  Temp.,  36«,6  matin,  37»,2  soir. 

Le  5.  —  Temp.,  37  degrés  matin,  37%2  soir. 

Le  6.  —  Temp.,  36* ,8  matin,  37  degrés  soir. 

Le  7.  --  Temp.,  36%8  matin,  37%2  soir. 

A  partir  de  ce  moment,  la  température  reste  normale  ju><}u 'à 
la  sortie,  sauf  exacerbation  au  moment  de  la  bronchite. 

Le  8.  —  Temp.,  37  degrés  matin,  37<',2  soir. 

Le  9.  —  Temp.,  36s8  matin,  37*,4  soir. 

Le  10.  —  Temp.,  37'',2  matin,  37«,6  soir. 

Le  11.  — Temp.,  37  degrés  matin,  37» ,4  soir. 

Le  12.  —  Temp.,  37»,2  malin,  37%6  soir. 

Le  13.  —  Temp.,  37«,4  matin,  37«,6  soir. 

Le  14.  —  Temp.,  37%2  matin,  38  degrés  soir. 

Le  15.  —  Temp.,  38»,2  matin,  37%2  soir. 

Examens  du  sang.  —  Le  2  juin  1889.  —  N.  =  1280300; 
G.  =  0,71  ;  R.  =  9()9013;  B.  =  13485;  Rn.  =  490. 

Globules  géants  nombreux  mesurant  jusqu'à  13  ja,  5.  Globules 
déformés  et  de  dimensions  très  irrégulières. 

Le  3.  —  Sang  pur.  Piles  globulaires  courtes,  ne  se  rejoi- 
gnant pas.  Grand  nombre  d'éléments  isolés.  Globules  géants  très 
nombreux,  mais  un  très  grand  nombre  sont  peu  colorés. 
Nombreux  globules  déformés.  La  plupart  de  ces  derniers  soal 


à  employer.  L'Exposition  ne  nous  en  montre  aucun  qui  ne 
fût  déjà  connu,  mais  elle  en  a  un  si  grand  nombre  qu'il 
n'est  pas  sans  intérêt  de  constater  ainsi  une  fois  de  plus  tout 
le  chemin  parcouru  depuis  peu  d'années  par  l'antisepsie. 
Cette  rapide  revue  ne  saurait  se  terminer  sans  signaler 
tout  au  moins  quelques-uns  parmi  les  principaux  instru- 
ments de  précision  que  Tari  médical  ne  peut  plus  se  passer 
d'utiliser  ou  dont  la  science  médicale  se  sert  dans  les  labo- 
ratoires ou  dans  les  cliniques;  on  peut  les  subdiviser  en 
trois  classes,  comprenant  les  appareils  de  physiologie, 
parmi  lesquels  les  appareils  d'électricité  médicale,  ceux 
de  l'optique  médicale  et  les  appareils  d'histologie.  C'est 
ainsi  que  l'Exposition  nous  permet  de  considérer,  dans 
la  vitrine  de  M.  GaifTe,  ses  machines  électro-statiques; 
une  batterie  à  collecteur  double,  composée  de  couples 
au  bioxvde  de  manganèse  et  au  bichlorure  de  zinc,  mu- 
nies d'iin  collecteur  double,  d'un  galvanomètre  et  d'un 
interrupteur  pour  produire  les  chocs  voltaiques;  une  bat- 


terie de  cabinet  en  forme  de  petits  meubles,  renfermant 
une  batterie  de  vingt-quatre  couples;  une  batterie  à  collec- 
teur double  au  sulfate  de  bioxyde  de  mercure  pour  la  gai- 
vanocaustique;  le  condensateur  médical,  permettant  de 
doser  l'énergie  électriauo  et  de  provoquer  des  interrup- 
tions très  régulières;  l'appareil  volta-faradique  à  hélices 
mobiles  de  M.  Tripier,  modifié  par  M.  GaifTe,  et  une  série 
d'hystéromètres  en  charbon  pour  l'électrolyse  intra-utérine. 
M.  Chardin  expose,  d'autre  part,  une  pile  à  insufflation 
et  une  pile  à  flotteui^,  un  appareil  galvanocaustique  por- 
tatif à  grand  effet,  un  appareil  d'induction  volta-faradique 
également  portatif;  puis,  parmi  les  appareils  spéciaux-, 
l'électrode  épilaloire  de  M.  Brocq,  qu'on  introduit  dans  le 
follicule  pileux  pour  détruire  le  poil;  le  miroir  rotatif  de 
M.  Luys  pour  la  fascination;  divers  accessoires  pour  gal- 
vanocaustique thermique,  dont  un  manche  porte-cautère 
et  de  nombreux  modelesdetetesdecauteres.il  convient  aussi 
de  signaler  l'appareil  galvanocaustique  de  M.  Trouvé,  son 


8  Novembre  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N»  45  —    729 


pelits  ou  nains.  Cependant  la  déformation  porte  aussi  sur  un 
grrand  nombre  de  grands  globules  et  même  de  globules  géants. 

Dans  les  leucocytes,  pas  de  pigmentation.  Pas  de  déformation 
palustre  des  globules  du  sang.Amas  d'hémaloblastes  assez  volu- 
mineux, mais  peu  nombreux.  La  plupart  des  globules  blancs  ne 
présentent  pas  de  déformations  amœboîdes.  Pas  de  corps  fila- 
menteux moniles. 

Au  bout  de  vingt  minutes,  pas  de  réticulum  visible.  Quelques 
corps  filamenteux. 

Le  6.  —  N.  =  2052200;  G.  =  0,59;  R.=:  1210700;  B.  =  5952. 

On  retrouve  encore  des  globules  rouges  à  noyau  dans  les  pré- 
parations de  sang  desséché. 


Syphlllographie . 

De  la  dilatation  de  l'estomac  dans  ses  rapports  avec 
LA  SYPHILIS  ET  SON  TRAITEMENT,  par  le  docleur  Louis 
JuLLiEN,  chirurgien  de  Saint-Lazare. 

C'est  un  fait  jusqu'ici  passé  inaperçu,  et  que  je  signale 
tel  qu'il  m'est  comme  fortuitement  apparu  en  faisant  le 
recensement  de  mes  observations  de  tt^rliaires,  et  c'est  un 
fait  fréquent  que  la  concomitance  de  la  dilatation  de  Tes- 
toniac  avec  les  lésions  ultimes  de  la  syphilis.  He  limitant, 
volontairement,  d'abord  au  point  de  vue  strictement  séméio- 
logique,  et  ne  voulant  en  aucune  façon  prendre  part  à  la 
discussion  sur  son  rôle  pathogénique,  par  dilatation  d'esto- 
mac, je  veux  dire  :  affection  qui,  parmi  ses  caractères  les 
plus  saillants,  présente  la  sonorité  exagérée  de  la  région 
stomacale,  la  sensibilité  de  la  ligne  médiane  sus-ombili- 
cale et  le  clapotement,  sans  parler  ici  de  certains  sym- 
ptômes sur  lesquels  je  reviendrai. 

Or,  sur  72  malades,  j'en  trouve  21  dyspeptiques,  soit  en 
moyenne  29  sur  iOO,  presque  un  tiers.  Encore  dois-je 
avouer  que  je  n'ai  cherché  cette  complication  que  dans  ces 
derniers  temps,  et  qu'à  coup  siir  elle  a  dû  m'écnapper  dans 
un  bon  nombre  de  cas  vus  antérieurement. 

I 

En  ce  qui  concerne  l'étiologie  de  cette  coïncidence 
morbide,  deux  facteurs  semblent  devoir  être  incriminés 
dans  le  cas  présent  :  l'influence  thérapeutique  d'une  part, 
et  de  l'autre,  celle  des  lésions  de  structure  du  foie. 

i*»  Sur  le  premier  point,  il  n'est  pas  besoin  d'une 
longue  démonstration,  c'est  chose  banale  que  de  voir  les 
malades  se  plaindre  de  digestions  laborieuses  pendant  le  trai- 
tement hydrargyrique.  Les  pilules  sont  très  souvent  mal 
faites,  l'agent  actif  est  irrégulièrement  distribué;  de  là 
des  sensations  de  brûlure,  parfois  de  véritables  intoxica- 
tions avec  diarrhée  profuse.  La  liqueur  de  Van  Swieten 


est  souvent  cause  de  coliques  violentes.  Mais  de  tous  les 
spécifiques,  il  n'en  est  pas  de  plus  justement  redoutable,  à 
ce  point  de  vue  que  l'ioaure  de  potassium.  Assurément  son 
association  aux  sirops,  et  mieux  encore  au  lait,  la  frag- 
mentation des  doses,  l'absorption  précédant  le  repas,  atté- 
nuent sensiblement  les  effets,  mais  pas  assez  pour  les 
rendre  négligeables,  et  bien  souvent  on  se  heurte  au  refus 
absolu  et  très  raisonné  des  malades.  Je  sais  bien  que,  de- 
venus optimistes  par  conviction,  nous  prenons  volontiers 
notre  parti  des  doléances  de  nos  clients  voués  à  des  hydrar- 
gyrisations,  à  desioduralions  de  trois  ou  quatre  ans;  mais, 
méconnus  ou  négligés,  cause  et  effets  n'en  subsistent  pas 
moins. 

2"  Les  lésions  déstructure  du  foie  jouent  un  rôle  plus 
fâcheux,  mieux  démontré,  plus  actif,  on  peut  dire  plus  fon- 
damental, et  elles  ne  sont  pas  moins  fréquentes.  Elles  dé- 
pendent, soit  de  la  syphilis,  soit  de  l'alcoolisme,  et  caracté- 
risent le  premier  slaae  du  processus  qui,  s'il  n'est  enrayé, 
conduit  à  la  cirrhose.  Il  serait  superflu  d'insister  sur  la 
coïncidence  de  la  syphilis  et  de  l'alcoolisme.  Sur  mes 
72  malades  tertiaires,  je  compte  13  alcooliques  notoires,  et 
près  de  l;a  moitié  figurent  parmi  les  dyspeptiques  sus- 
mentionnés. Ce  n'est  pas  chose  facile  que  de  reconnaître 
de  prime  abord  la  nature  de  ces  troubles  digestifs.  On  ne 
peut  arriver  au  diagnostic  qu'en  tenant  compte  des  antécé- 
dents, de  la  profonde  atteinte  ressentie  par  l'état  général 
et  de  la  résistance  du  mal  aux  traitements  ordinaires.  Mais 
ces  éléments  sont  bien  souvent  négligés;  on  est  dans  l'habi- 
tude de  rechercher  l'alcoolisme  quand  la  cirrhose  est  dé- 
clarée, cela  importe  peu;  ce  qu'il  faudrait  s'attacher  à 
découvrir,  c'est  la  cirrhose  commençante,  ou  mieux  la 
précirrhose,  suivant  l'heureuse  expression  de  Glénard,  et  la 
nature  soit  alcoolique,  soit  spécifique  de  cette  lésion. 

Pour  le  médecin  de  Vichy,  la  précirrhose  du  foie,  dont 
la  notion  s'impose  par  la  clinique  en  attendant  qu'elle 
soit  vérifiée  par  l'anatomie  pathologique,  constituerait  une 
étape,  qui  peut  rester  définitive,  dans  le  cycle  morbide 
commençant  par  la  congestion  du  foie  et  se  terminant  par 
la  cirrhose  hypertrophique  ou  atrophique.  Le  foie  atteint 
de  précirrhose  peut  donc  ne  pas  dégénérer  en  cirrhose, 
grâce  à  l'intervention  thérapeutique,  mais  il  ne  rétrocédera 
jamais  non  plus  ad  integrum.  Du  reste,  «  il  suffit  que 
le  foie  ait  été,  à  un  moment  donné,  le  siège  d'une  con- 
gestion pour  qu'il  soit  désormais  déchu  ».  Celte  dé- 
chéance, qui  peut  rester  plus  ou  moins  longtemps  lat<'ntc 
et  dont  le  degré  est  variable  suivant  la  cause  de  la  conges- 
tion-, se  caractérise  cliniquemcnl,  lorsqu'elle  a  abouti  à  la 
précirrhose  :  1"  par  une  déformation  particulière  du  foie 
avec  élasticité  spéciale  du  tissu  hépatique,  appréciâmes 
par  ce  mode  de  palpation  que  lauteur  a  décrit  sous  le  nom 


explorateur  électrique,  bien  connu;  la  sirène  de  M.  Luys, 
destinée  à  l'hypnotisation,  et  produisant  un  bruit  strident 
d'une  façon  instantanée;  le  photophore  électrique  de 
MM.  Hélot  et  Trouvé. 

M.  Verdin,  le  fournisseur  habituel  des  laboratoires  de 
physiologie,  expose  des  enregistreurs  à  poids  de  H.  Marey, 
avec  tambours  à  levier,  chronographe,  manomètre  métal- 
lique, et  un  compteur  à  roues  dentées;  des  myographes  à 
transmission  ;  le  signal  électrique  de  M.  Desprez  modifié  ;  des 
métronomes  enregistreurs;  Thémodynamomètre  deM.Lud- 
wig  modifié;  le  sphygmomètre  de  M.  Brocq;  plusieurs  spi- 
romètres; le  chronomètre  électrique  de  M.  d'Arsonval,  per- 
mettant d'avoir  le  temps  exprimé  en  millièmes  de  seconde. 
Le  plus  remarquable  de  tous  ces  instruments  est,  sans  con- 
tredit, celui  qui  a  été  construit  par  la  maison  Bréguet  pour 
le  laboratoire  de  M.  Hayem,sur  les  indications  de  M.  Roussy  : 
il  s'agit  d'un  grand  appareil  enregistreur  dont  la  bande 
a  100  mètres  de  longueur  sur  25  centimètres  de  large;  la 


vitesse  de  progression  peut  varier  de  20  centimètres  à 
1  mètre  à  la  minute.  Il  est  pourvu  d'une  pendule  qui 
marche  pendant  quinze  jours  et  indique  les  heures,  les 
minutes  et  les  secondes;  il  enregistre  le  temps  à  l'encre,  et 
le  tambour  possède  un  levier-inscripteur  également  à 
l'encre;  l'encrier  se  trouve  au  centre  du  mouvement. 
Comme  annexes,  il  comporte  un  manomètre  à  mercure  ou 
un  kyraographion  de  Fick  et  un  commutateur  en  forme  de 
manette  circulaire,  permettant  d'obtenir  des  excitations  de 
durée  variable,  soit  de  1  à  60  par  minute;  un  inscripleur 
enregistre  les  abcisses. 

(^i  suivre.) 


730    —  N»  45 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         8  Novembre  i889 


de  «  procédé  du  pouce  »  ;  2"  par  un  syndrome  en  rapport 
avec  la  modalité  fonclionnelle  encore  inconnue  du  foie 
atteint  de  précirrhose  et  très  justement  caractérisé  par  les 
termes  de  neurasthénie  hépatique.  La  neurasthénie 
hépati(jue  doit  être  distinguée  du  rhumatisme  goutteux,  de 
la  lithiase  biliaire  ou  urique,  de  Tentéroptose,  de  la  dila- 
tation d'estomac,  aiïections  avec  lesquelles  elle  présente 
des  traits  communs,  et  dont  elle  revêt  habituellement 
l'allure  apparente.  Suivant  l'origine  de  l'affection  du  foie, 
il  y  aurait  une  précirrhose  «  éthylique  »  puerpérale,  psy- 
chique, syphilitique,  etc.  (1). 

II 

La  dilatation  de  l'estomac  engendre  des  symptômes  ner- 
veux qui  peuvent  jeter  un  grand  trouble  dans  le  diagnostic 
de  la  syphilis  tertiaire.  Leven,  mieux  que  personne,  a  in- 
sisté sur  les  céphalres,  les  vertiges,  parfois  les  convulsions, 
les  troubles  psychiques  qui  caractérisent  la  névrose  cérébro- 
gastrique. A  la  lecture  de  ces  pages,  fidèle  tableau  de  la 
clinique,  on  ne  peut  s'empêcher  d'être  frappé  par  la  simi- 
litude de  beaucoup  de  ces  manifestations  avec  celles  de  la 
syphilis  cérébrale;  et  depuis  que  notre  attention  aété  appelée 
sur  ce  sujet,  nous  avons  pu  nous  convaincre  que  la  confu- 
sion était  non  seulement  possible,  mais  fréquente.  —  Les 
douleurs  de  tête,  Tasthénie  profonde  qui  en  résulte,  la 
prostration,  l'hypochondrie,  se  trouvaient  à  leur  maximum 
dans  une  de  nos  observations  (obs.  64).  Le  traitement  sto- 
macal est  institué,  et  du  jour  au  lendemain  le  malade  est 
soulagé,  tout  change  dans  l'économie,  il  se  sent  revivre.  — 
Un  autre  sujet  (obs.  5)  n'écrit  plus  qu'avec  difficulté,  parfois 
une  lettre  échappe,  de  même  il  a  des  défaillances  de  mé- 
moire, des  obnubilations  passagères,  son  caractère  devient 
irascible,  il  bat  ses  gens.  En  même  temps,  il  porte  sous  la 
langue  une  plaque  muqueuse  fort  ancienne  ;  je  le  soumets 
au  traitement,  la  plaque  muqueuse  disparait,  mais  les  trou- 
bles nerveux  persistent  ;  j'examine  1  estomac  et  constate 
sans  peine  le  flot,  de  la  sensibilité  du  plexus  au  niveau  d'un 
organe  démesurément  agrandi,  —  Un  autre  (obs.  21)  accuse 
des  troubles  légers  commençant  par  une  sensation  de  vague; 
il  pâlit,  se  sent  couvert  de  sueurs  froides,  et  reste  deux 
minutes  comme  anéanti;  c'est  un  vertige,  une  défaillance 
qu'il  compare  à  celle  du  mal  de  mer.  Petit  mal,  absence, 
dirait  plus  d'un  syphiligraphe.  Il  se  tromperait,  ce 
jeune  homme  n'était  qu'un  dyspeptique,  comme  le  traite- 
ment l'a  démontré. 

Je  pourrais  multiplier  ces  exemples,  mais  à  quoi  bon? 
J'affirme  encore  que  leur  fréquence  est  extrême. 

On  a  jadis  accusé  le  mercure  de  grands  méfaits.  Il 
y  a  seize  ans,  j'ai  moi-même,  me  basant  sur  les  résultats 
d'une  statistique  considérable,  démontré  que  les  accidents 
nerveux  s'observaient  surtout  au  cours  des  syphilis  forte- 
ment mercurialisées,  et  d'autres  observateurs  ont  apporté 
des  faits  nouveaux  à  l'appui  de  cette  manière  de  voir.  Il  est 
probable  que  quelques-uns  de  ces  faits  sont  justiciables  de 
l'interprétation  que  je  présente  aujourd'hui,  et  qui  n'infirme 
pas  nos  résultats  anciens,  mais  bien  au  contraire,  les  cor- 
robore. 

Je  dois  noter  aussi  d'autres  effets  susceptibles  d'en  im- 

Eoser  pour  une  de  ces  cardiopathies  spécifiques  que  de 
onnes  observations  nous  obligent  à  ne  jamais  perdre  de 
vue  dans  l'examen  des  tertiaires.  Chez  les  uns,  ce  sont 
des  douleurs  du  squelette  précordial,  des  seins,  des  ma- 
melons; chez  d'autres,  palpitations  avec  spasmes,  éiouffe- 
ments;  chez  presque  tous,  il  y  a  réveil  brusque  pendant 

{\)  Voy.  Glénard  :  De  la  palpation  du  foie  par  le  «  procédé  du  potme  >,  in 
thë^e  de  Françon,  Lyon,  1888  ;  0ht.  de  neurasthénie  hépatique  par  précirrhose 
ét'ylique,  iii  ihoAe  de  Kaptiély,  Lyon,  4889;  D'  l'entéroptote,  conTcrence  faite  à 
l'hôpital  de  Mustaplia  (Alger;,  in  Preste  médicale  belge,  février  1889,  et  tirage  à 
part.  Bruxelles,  1889.  p.  36. 


le  sommeil.  Un  de  mes  malades,  homme  intelligent  et 
fort  éclairé,  plus  versé  qu'il  n'eût  fallu  dans  la  lecture  de^ 
ouvrages  spéciaux,  entrevoyait  déjà  l'artério-sclérose  ou  le^ 
gommes  du  myocarde  (obs.  5). 

III 

Etant  donnée  lasymptomatologie  que  je  viens  d'esquisser, 
on  comprend  la  nécessité  et  la  diflîculté  d'arriver  à  un  dia- 
gnostic précis.  Car,  à  côté  des  cas  types  où  tous  les  sign»/^ 
relèvent,  soit  de  la  syphilis  soit  de  la  dyspepsie,  il  ne  faut 
pas  perdre  de  vue  ceux  dans  lesquels  les  deux  processus 
coïncident  et  se  compliquent.  En  pareil  cas,  en  effet,  il  ne 
suffit  pas  d'avoir  trouvé  l'estomac  en  faute  pour  donner 
l'interprétation  du  syndrome,  il  faut  encore  élucider  si  la 
syphilis  n'y  intervient  pas,  et   dans  quelle  mesure.  Or,  je 
ne  sache  guère  de  plus  difficile  problème  en  clinique,  et  je 
crois  bien  qu'il  serait  insoluble  sans  le  secours  de  la  thé- 
rapeutique. On  se  souviendra  cependant  que  h  céphalalgie 
gravative  du  dyspeptique  est  intermittente,  peu  lorali^ée. 
rarement  accompagnée  de  l'affreuse  sensation  de  compres- 
sion ou  de  déchirement  qui  caractérise  celle  du  syphilitiqii'. 
qu'elle  cesse  la  nuit  et  permet  au  patient  de  s'endermir. 
que,  à  l'exception  des  altérations  de  la  mémoire,    de  la 
modification  du  caractère  exaspéré  et  irritable,   les  autrc< 
troubles  nerveux  sont  en  général  mal  dessinés;  les  absence- 
sont  moins  complètes,  les  vertiges  moins  soudains  et  plus 
durables;  enfin,  Taphasie,  ou  mieux  la  dysphasîe,  est  e\re[»- 
tionnelle.  Un  caractère  général  plus  significatif  encore,  «>» 
la  lenteur  avec  laquelle  ces  désordres  évoluent,  les  fonc- 
tions restent  languissantes  pendant  des  mois,  parfois  des 
années,  sans  progrès  sensible.  11  semble  qu'il  s'établisse 
une  sorte  d'équilibre  morbide  qui  devient  une  seconde 
nature  pour  le  malade. 

IV 

Les  moyens  de  la  thérapeutique  s'utilisent  ici,  et  à  titre 
de  secours,  et  à  titre  d'épreuve.  D'abord,  en  vue  de  la  com- 

filication  gastro-intestinale,  il  faut  dès  le  début  de  la  sypht- 
is,  n'omettre  aucune  des  précautions  nécessaires  pour  faire 
accepter  le  traitement  spécifique  sans  détriment  pour  Trs- 
tomac.  On  redoublera  de  |)rudence  si  ce  viscère  pré>ente 
quelque  prédisposition,  si  l'on  reconnaît  l'existence  do 
troubles  fonctionnels,  si  l'on  constate  un  commencement 
de  dilatation.  On  a  dit,  et  avec  raison,  qu'un  praticien 
consciencieux  ne  devait  prescrire  le  mercure  qu'après  un 
examen  attentif  des  gencives  et  des  dents;  on  doit  ajouter 
aujourd'hui  que  l'exploration  de  l'appareil  digestif  n'est  pas 
moins  utile,  une  dyspepsie  n'étant  pas  moins  redoutable 
qu'une  stomatite. 

Si  la  muqueuse  digestive  est  saine,  on  prescrira  le  trai- 
tement jugé  convenable  suivant  les  règles  habituelles,  en 
ayant  soin  de  faire  prendre  les  médicaments  au  moment  des 
repas,  avant  ou  après.  Mais  un  estomac  dilaté  ou  atonique, 
par  gastroplose,  ou  par  précirrhose  du  foie,  impose  une 
thérapeutique  toute  différente,  et  je  me  hâte  de  dire  qu'avec 
les  bains,  les  frictions,  les  lavements,  et  surtout  les  injec- 
tions hypodermiques,  nous  ne  manquons  pas  de  ressource  s: 
j'y  reviendrai  dans  un  instant. 

Se  trouve-t-on  en  présence  de  ces  cas  d'accidents  pseudo- 
tertiaires qu'une  diagnose  méticuleuse  permet  de  ratt^tcher 
à  l'affection  gastrique  ou  hépato-gastrique?  On  ne  saurait, 
pour  ces  derniers,  formuler  d'autre  traitement,  à  la  fois  thé- 
raneutique  et  diététique,  que  celui  de  la  dyspepsie  nerveuî^o 
si  oien  établi  depuis  quelques  années  par  MM.  Bouchard. 
Sée,  Leven,  Glénard,  et  sur  lequel  il  ne  m'appartient  pa< 
d'insister. 

Quant  au  traitement  d'épreuve,  il  est  banal,  mais  dans 
notre  cas  il  serait  déplacé  de  le  borner  au  classique  iodure. 
Grâce  aux  progrès  de  la  médication  antiseptique,  il  est  ra- 


8  Novembre  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  45  —    731 


tionnel  de  commencer  l'épreuve  par  l'emploi  des  agents  de 
cet  ordre.  Car  ceux-là  peuvent  suffire,  et  dans  ce  cas  ils 
auront  rendu  un  double  service  en  dispensant  de  Tiodure. 
La  pratique,  sous  ce  rapport,  nous  réserve  plus  d'une 
agréable  surprise,  car  il  m  est  arrivé  plusieurs  fois  de  dissi- 
per avec  le  régime  et  quelques  cachets  de  naphtol,  des 
accidents  d'apparence  syphilitique  fort  redoutables. 

Voyons  maintenant  ce  qu'il  convient  de  faire  dans  les  cas 
si  intéressants  où  les  deux  processus  se  combinent.  L'indi- 
cation est  alors  de  traiter  rigoureusement  la  syphilis  sans  le 
secours  de  l'estomac,  qui  lui-même  est  surmené  et  réclame 
son  traitement  propre.  Si  le  cas  est  d'une  urgente  gravité, 
il  n'y  a  pas  à  hésiter,  c'est  à  l'injection  de  calomel,  suivant 
les  principes  de  la  méthode  Scarenzio-SmirnofT,  qu'il 
faut  avoir  recours.  Nous  sommes  peu  fixés  encore  sur  toutes 
les  vertus  de  ce  moyen  précieux  entre  tous,  mais  on  ne 
peut  nier  son  efficacité  supérieure  même  dans  les  cas  d'ac- 
cidents tertiaires  confirmés  à  l'heure  où  la  plupart  des  pré- 
parations internes  seraient  radicalement  inefficaces.  L'huile 
grise  mercurielle,  préparée  selon  la  méthode  de  Vigier  et 
injectée  tous  les  huit  jours,  à  la  dose  d'un  quart  de  centi- 
mètre cube,  sera  réservée  pour  les  cas  ordinaires,  à  moins 
qu'on  ne  lui  préfère,  en  vertu  de  certaines  susceptibilités, 
1  injection  quotidienne  des  sels  solubles.  Mais,  après  avoir 
fait  un  très  grand  nombre  des  unes  et  des  autres,  je  tiens  à 
témoigner  hautement  de  l'innocuité  de  l'huile  hydrargyrique 
et  de  sa  remarquable  efficacité. 

Y  joindre  l'iodure,  sera  le  plus  souvent  nécessaire.  Sans 
méconnaître  le  succès  des  tentatives  d'injections  sous-cuta- 
iiées  de  ce  sel,  il  faut  avouer  que  la  voie  rectale  reste  de 
beaucoup  préférable.  Sans  accidents,  sans  inconvénients,  les 
malades  peuvent  chaque  jour,  et  parfois  pendant  des  mois, 
prendre  des  lavements  à  deux, trois,  quatre  grammes.  Il  y  a, 
je  crois,  avantage  à  choisir  le  lait  comme  véhicule,  suivant 
une  pratique  vantée  par  M.  Guyon  pour  l'administration  du 
bromure  de  potassium  (1). 

La  syphilis  étant  ainsi  combattue,  rien  n'empêche  de 
faire  pari  égale  à  la  dyspepsie,  qu'il  s'agisse  de  dilatation 
simple  ou  d'entéroptose,  et  par  les  poudres,  les  élixirs,  les 
lavages,  le  traitement  de  Glénard  (sangle,  laxatifs,  régime, 
alcalins),  suivant  les  dei^Tés  du  mal  et  aussi,  il  faut  bien  le 
dire,  la  doctrine  que  l'on  ado(>te,  de  poursuivre  sans  obsta- 
cles le  rétablissement  de  l'organe  et  laguérison  du  malade. 

Je  conclus  : 

1°  La  dyspepsie  s'observe  avec  une  grande  fréquence  dans 
le  cours  de  la  syphilis,  et  il  y  a  lieu  de  supposer  que  le  trai- 
tement spécifique,  tel  qu'il  est  le  plus  généralement  institué, 
n'est  point  étranger  à  son  développement; 

2*»  Elle  peut  simuler  certains  accidents  de  la  phase  ter- 
tiaire, et  en  tous  cas,  s'ils  existent,  les  complique  et  les 
aggrave  ; 

3°  Le  diagnostic  exact  n'est  souvent  possible  qu'à  la  faveur 
d'une  thérapeutique  d'épreuve,  soit  pour  la  syphilis,  soit 
pour  la  dyspepsie; 

i**  S'il  est  démontré  que  les  deux  processus  coexistent,  il 
faut  faire  double  traitement  et  combatte  la  syphilis  sans  l'in- 
tervention de  ringeslion  stomacale,  c'est-à-dire  par  les  injec- 
tions sous-cutanées  mercurielles  et  les  lavements  iodurés. 

(1)  Dans  un  seul  caa  j'ai  observe  ceci  :  après  un  lavement  contenant  2«'',50  d'io- 
dure.  le  malade  était  pris  de  malaise  général,  naus($es  au  bout  d'un  qusirt 
d'heure,  puis  envie  de  vomir  (obs.  GO). 


REVUE  DES  CONGRÈS 

f^aatrléme  Congréfl  françal»  de  chlrari^le  tena  à  Parlv 
da  9  an  i»  oeiobre  1889. 

(Suite.  —  Voyez  les  numéros  i%  43  et  H,) 

Résultats  immédiats  et  éloignés  des  opérations  diri- 
gées  CONTRE  LES  lUBERGULOSES  LOCALES. 

II.  Localisations  spéciales.  —  Nous  envisagerons  suc- 
cessivement les  parties  molles  périphériques,  le  squelette 
et  les  viscères. 

Pour  les  parités  molles  périphériques^  les  abcès  froids 
tendent  de  plus  en  plus  à  être  traités  par  les  injections 
iodoformées.  Et  une  thérapeutique  analogue,  jointe,  cela  va 
sans  dire,  au  traitement  général,  prévaudra  sans  doute 
bientôt  pour  les  adénopathies,  pour  celles  du  cou  surtout. 
Presque  tous  les  orateurs  ont  été  d'accord  pour  proclamer 
que  cette  lésion  est  celle  pour  laquelle  on  évite  plus  diffi- 
cilement la  repuUulation  du  mal  sur  place.  H.  iscovescOy 
par  exemple,  nous  a  appris  que  M.  Cazin,  naguère  inter- 
ventionniste décidé,  n'extirpe  plus  les  paquets  ganglionnaires 
que  s'il  y  a  une  indication  spéciale.  L'anatomie  pathologique 
enseigne,  en  effet,  qu'autour  de  la  masse  pnncipale  s'é- 
grènent au  loin* des  ganglions  extérieurement  normaux, 
mais  déjà  histologiquement  infectés  :  M.  Iscovesco  affirme 
que  l'éradication  complète  du  mal  est  une  chimère.  Certes, 
l'ablation  donne  des  guérisons  fréquentes  ;  mais  tout  le 
monde  sait  combien  souvent  guérissent  les  écrouelles  qu  on 
n'a  pas  extirpées,  mais  seulement  traitées  à  l'ancienne 
mode.  M.  Houzel,  il  est  vrai,  reste  partisan  de  l'extirpa- 
tion, à  condition  de  la  faire  par  une  large  incision  et  de 
chercher  la  réunion  immédiate.  De  30  malades,  3  sont 
morts  de  tuberculose  :  tuberculose  une  fois  aiguë,  post- 
opératoire ;  deux  fois  tardive  et  à  dislance;  27  sont  en 
bonne  santé,  dont  17  depuis  plus  d'un  an  et  10  depuis 
un  an.  M.  Bousquet,  lui  aussi,  recommande  d'enlever  les 
foyers  au  bistouri  ou  de  les  détruire  au  thermocautère.  Il  a 
renoncé  à  la  réunion  immédiate,  avec  laquelle  les  réci- 
dives sont  plus  fréquentes,  car  on  enferme  souvent  dans  la 
profondeur  quelques  points  malades  :  mieux  vaut  donc  sur- 
veiller attentivement  la  cicatrisation  d'une  plaie  béante  et 
combattre  à  la  curette  et  au  fer  rouge  toute  velléité  de 
retour  offensif.  On  sacrifie  donc  le  brillant  à  la  sûreté. 

Il  semblerait  que  l'énucléation  de  l'œil  dût,  si  elle  est 
précoce,  mettre  facilement  à  l'abri  des  récidives  de  la  tuber- 
culose oculaire.  L'événement  a  déçu  à  cet  égard  les  espé- 
rances de  M.  Vignes,  et  deux  fois  une  tuberculose  mortelle 
(car  la  cavité  crânienne  est  vite  prise)  a  récidivé  dans  le 
moignon.  Il  est  vrai  qu'une  fois  l'énucléation  avait  été  pré- 
cédée d'une  ablation  partielle  faite  par  M.  de  Wecker  ;  que 
dans  l'autre  cas  les  gaines  du  nerf  optique  étaient  déjà 
anormalement  développées,  ainsi  que  l'a  révélé  l'autopsie 
de  l'œil  enlevé. 

La  ttiberculose  ostéo-articulaire  peut  être  combattue 
par  l'amputation  ou  par  la  résection,  et  depuis  longtemps 
on  établit  le  parallèle  entre  ces  deux  méthodes.  Aujourd'hui, 
les  tendances  de  la  chirurgie  sont  conservatrices,  chez 
l'enfant  surtout.  L'amputation  est  réservée  la  plupart  du 
temps  aux  cas  où,  le  malade  étant  dans  un  état  très  précaire, 
il  faut  lui  supprimer  au  plus  vite  le  foyer  morbide,  et  de 
plus  lui  faire  une  opération  qui  lui  permette  de  quitter  rapi- 
dement le  lit.  C'est  là,  d'après  M.  OUier,  un  des  motifs  qui 
rendent  les  résections  du  membre  supérieur  meilleures 
(jue  celles  du  membre  inférieur.  Pour  le  coude,  en  particu- 
lier, le  patient  peut  aller  et  venir  au  bout  de  peu  de  jours, 
prendre  de  l'exercice  et  fuir,  au  besoin,  les  infections  du 
milieu  nosocomial.  Mais  pour  guérir  complètement,  sans 
fistule^  une  résection  doit  dépasser  partout  les  limites  du 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         8  Novembre   1889 


mal.  Or,  dit  M.  Bousquet,  est-on  assuré  d'atteindre  ce  but 
pour  la  tuberculose  infiltrée,  envahissante?  C'est  alors 
surtout  qu'on  est  conduit,  par  la  récidive,  à  une  amputation 
ultérieure,  mais  on  peut  cependant  arriver  au  succès  par 
des  opérations  à  relouches  successives.  Ces  fistules  persis- 
tantes, ces  continuations  de  la  tuberculose  sont  le  vrai 
écueil  des  résections  et  tous  les  auteurs  en  ont  observé  : 
M.  Léonté  semble  exagérer  en  les  considérant  comme  la 
règle  après  la  résection  du  genou.  Les  statistiques  remar- 
quables publiées  par  M.  Jules  Bœckel  sont  probantes  à  ce 
point  de  vue.  Mais,  si  ces  repulluiations  sur  place  sont  impu- 
tables à  la  méthode,  il  serait  injuste  de  la  charger  des  déter- 
minations à  dislance,  viscérales  ou  autres,  observées  alors 
que  la  jointure  réséquée  reste  intacle.  L'opération  a  été 
alors  aussi  radicale  qu'une  amputation  et  les  accidents  ulté- 
rieurs dépendent  soit  d'une  généralisation  antérieure  à 
l'intervention,  soit  d'une  réinfection. 

A  côté  des  lésions  tuberculeuses  étendues  et  diffuses,  la 
résection  et  même  l'amputation  peuvent  échouer  à  cause 
d'une  altération  spéciale  sur  laquelle  M.  Le  Dentu  a  attiré 
l'attention  avec  grand  soin.  Souvent,  en  cas  de  tumeur 
blanche,  les  os  dont  l'épiphyse  est  tuberculeuse  sont  ma- 
lades au  loin.  Leur  moelle  tout  entière  est  lie  de  vin,  ou 
graisseuse;  presque  absente  même  et,  avec  leur  coque 
compacte  amincie,  ils  prennent  presque  l'aspect  d'os  d'oi- 
seaux. Que  l'on  ampute  alors,  et  le  moignon  sera  voué  aux 
fistules,  aux  abcès  successifs.  M.  Le  Dentu  a  un  opéré  qui 
depuis  six  ans  va  ainsi  d'abcès  en  abcès.  Aussi  chez  deux 
autres  malades  est-il  intervenu  plus  radicalement  :  en  sec- 
tionnant l'os,  il  l'a  trouvé  friable  et  vide,  et,  sans  hésiter, 
après  avoir  trépané  la  diaphyse  plus  haut  pour  assurer 
son  diagnostic,  il  a  désarticulé  l'épaule  à  un  des  patients 
et  la  hanche  à  l'autre.  Tous  deux  ont  fort  bien  guéri. 

Les  résultats  immédiats  et  éloignés  de  204  opérations 
et  résections,  pratiquées  de  1875  à  1889,  ont  été  étudiés 
par  M.  J.  BœckeL  La  série,  on  le  voit,  est  considérable. 
Elle  comporte  53  amputations,  127  résections  des  grandes 
articulations  et  24  résections  des  os  du  tronc.  La  mortalité 
immédiate  des  amputations  est  de  5,8  pour  100.  M.  Bœckel 
n'a  insisté  que  sur  les  résections  de  la  hanche  et  du  genou. 
Malgré  quelques  beaux  succès,  les  résultats  sont  médiocres 

fiour  la  hanche  :  les  fistules,  les  membres  peu  utiles  sem- 
ilent  n'être  pas  rares.  Pour  le  genou,  M.  Bœckel  est  par- 
tisan déclaré  de  la  résection  et,  même  chez  l'enfant,  elle  est 
préférable  à  l'arthrectomie.  Avant  la  fin  de  la  croissance, 
on  lui  objecte  sans  doute  le  raccourcissement  progressif 
du  membre  :  en  réalité,  si  la  section  est  intra-épiphysaire, 
le  raccourcissement  est  très  supportable. 

M.  Ollier  s'est  occupé  tout  spécialement  des  résections 
du  pied,  région  où  les  chirurgiens  les  plus  conservateurs 
sont  souvent  partisans  de  l'amputation.  En  principe,  M.  Ollier 
ampute  les  sujets  qui  ont  de  la  tuberculose  pulmonaire; 
ceux  qui  ont  passé  trente  ou  quarante  ans.  Mais  il  ne  faut 
pas  exagérer  la  rigueur  de  ces  indications.  M.  Ollier  a  pra- 
tiqué 32  fois  l'extirpation  de  l'astragale,  avec  ou  sans 
attaque  du  calcanéum  et  des  malléoles  :  mortalité  immé- 
diate, 0;  une  mort  au  bout  de  six  mois.  De  ces  opérations, 
12  ou  13  ont  plus  de  six  ans  de  date,  elles  sujets  non  seule- 
ment vivent,  mais  n'ont  pas  de  récidive  et  marchent  avec  une 
grande  facilité.  Six  autres  sont  en  pareil  état  depuis  trois  à 
six  ans.  Evidemment  il  y  a  aussi  des  morts  tardives  par 
phlhisie  ;  mais  celte  enquête  n'esl  pas  terminée  et  M.  Ollier 
préfère  ne  pas  conclure  encore.  Il  ne  pense  cependant  pas 
qu'il  y  ait  à  ce  propos  une  grande  différence  avec  l'amputa- 
tion. L'éminenl  chirurgien  lyonnais  conclut  par  une  re- 
marque qui  s'applique  à  toutes  les  résections  :  avec  ces 
opérations,  qui  cherchent  une  restauration  fonctionnelle, 
il  faut  du  temps  pour  arriver  au  but,  et  il  est  absolument 
insuffisant  de  dire  dans  une  statistique    qu'un  malade, 


réuni   par  première  intention,  est  sorti  guéri  au  bout  ti- 
quinze  jours. 

Jusqu'ici  il  n'a  été  question  que  des  lésions  externes,  n*t 
compromettant  pas  d'organes  indispensables  à  la  vie.  Il 
n'en  va  plus  de  même  pour  les  ttiberculosts  viscérales  : 
celles-là  ne  ressortissent  que  depuis  peu  au  chirurgien.  Le 
congrès  n'a  été  entretenu  que  de  la  tuberculose  pérîtonéale 
et  de  la  tuberculose  génito-urinaire. 

M.  Le  Dentu  a  mentionné  l'observation  d*une  femme  qui 
a  subi  il  y  a  quatre  ans  une  népkrectoniie  pour  rein  tuber- 
cu/euâ?;  elle  est  aujourd'hui  en  parfait  état,  guérie  même 
d'une  fistule  qui  a  persisté  pendant  longtemps.  Fait  peu 
surprenant,  d'ailleurs,  car  la  ligature  avait  porté  sur  un 
uretère  tuberculeux.  Les  bacilles  ont  disparu  cle  l'urine.  Le 
même  chirurgien  a  parlé  d'un  homme  de  trente  ans  auqui^l 
il  a  fait  avec  plein  succès  le  curage  de  la  prostate  tulpertu- 
Icuse,  pour  une  fistule  périnéale  du  lobe  gauche. 

La  tuberculose  vésicale  est  certainement  une  des  déter- 
minations les  plus  douloureuses,  et  par  la  cystite,  avec  sc^ 
épreintes  et  ses  souffrances,  nombre  de  malades  sont  voués 
à  une  existence  atroce,  que  les  narcotiques  à  hautes  dose> 
rendent  à  peine  supportable.  Heureux  encore  quand  ii> 
n'échouent  pas  à  peu  près  complètement.  Rien  à  attendre 
non  plus,  bien  souvent,  des  topiques  intravésicaux.  La  taill»* 
hjrpogastrique,  qui  supprime  toute  contraction  de  la  vessie, 
fait  cesser  les  douleurs.  C'est  là  une  opération  palliative, 
assez  rarement  indiquée,  il  est  vrai,  dont  M.  Guyon  a  vanlé 
les  bon  effets,  l'an  dernier  devant  le  Congrès,  et  celte 
année,  M.  Le  Dentu  a  publié  quatre  faits  de  ce  genre  Deui 
fois,  il  est  vrai,  en  1886  et  1887,  le  résultat  a  été  médiocre. 
Depuis,  pendant  que  la  fistule  se  fermait,  M.  Le  Dentu  a  eu 
l'idée  d'assurer  par  la  sonde  à  demeure  la  siccité  de  la 
vessie,  et  deux  malades  s'en  sont  fort  bien  trouvés.  La  taille 
hypogaslrique  une  fois  faile,  on  peut  aisément  gratter,  cau- 
tériser les  lésions  vésicales,  les  enrayer  jusqu'à  un  cerlam 
point.  Est-on  en  droit  d'espérer  mieux  encore,  de  chercher 
une  guérison  définitive  ?  m.  Guyon  le  pense,  car  il  suit 
depuis  quatre  ans  un  de  ses  opérés,  marié  depuis  celle 
époque  et  devenu  père;  les  urines  sont  absolument  claires. 
Malheureusement  de  ses  souffrances  passées,  le  malade  a 
gardé  de  la  morphinomanie.  Mais  un  examen  purement  cli* 
nique  est  sujet  à  caution.  Aussi  est-il  important  de  relever 
une  autopsie  où,  au  bout  de  plus  de  deux  ans,  le  malade  est 
mort  de  cachexie  urinaire:  depuis  l'opération,  son  urine  ne 
contenait  plus  de  bacilles,  et  après  la  mort  on  a  vu  qu'il  avait 
de  la  cystite  et  de  la  pyélonéphrite  suppurées,  mais  pas  de 
lésions  tuberculeuses.  On  peut  donc  détruire  sur  place  la 
tuberculose  vésicale  ;  ce  (}ue  l'anatomie  pathologique  ex- 
plique, car  Clado  a  fait  voir  que  le  plus  souvent  les  lésions 
débutent  tout  contre  Tépithélium  et  sont  lentes  à  dépasser  la 
muqueuse.  Cette  possibilité  d'attaquer  directement  les  tuber- 
cules estime  supériorité  indiscutable  de  la  voie  hypogastrique 
sur  la  voie  périnéale,  qui  permet  sans  doute  le  drainage, 
mais  borne-là  son  pouvoir. 

M.  Terrillon  a  exposé  devant  le  Congrès  les  règles  de  Tin- 
lervenlion  chirurgicale  dans  les  salpingo-ovarites  tubercu- 
leuses. Dans  le  récent  traité  qu'il  a  publié  en  collabora- 
tion avec  M.  Monod,  M.  Terrillon  s'est  déclaré,  en  principe, 
partisan  de  la  castration  pour  la  tuberculose  limitée  au  tes- 
ticule. Peut-on  établir  un  parallèle  avec  la  tuberculose 
salpingo-ovarienne,  elle  aussi  parfois  localisée?  Six  fois,  en 
effet,  M.  Terrillon  s'est  trouvé  face  à  face  avec  cette  lésion, 
et  par  la  laparotomie  a  extirpé  la  trompe,  ou  bien  a  incisé 
et  drainé  les  cavités.  Une  des  malades,  chez  laquelle  les 
foyers  se  sont  rompus  dans  le  péritoine  au  cours  de  l'opé- 
ration, est  morte  en  huit  jours  ;  chez  les  autres,  le  résultai 
a  été  bon.  Il  faut  donc  traiter  comme  toutes  les  salpingites 
les  tuberculoses  lubaires,  mais  en  sachant  bien  que  trop 
souvent  les  adhérences  rendent  impossible  une  intervention 
absolument  radicale.  Et  même,  si  l'on  pose  le  diagnostic 


8  Novembre  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


«•  45  —    733 


précoce,  rintervention  est  plus  indiquée  encore  que  pour 
une  salpingite  non  tuberculeuse.  Ces  adhérences  n'ont-eiles 
pas  précisément  leur  origine  dans  une  propagation  au  péri- 
toine, et  n'est-ce  pas  là  affaire  de  temps?  mais  ce  diagnostic 
est  bien  illusoire  ;  on  le  fondera  sur  des  présomptions 
fournies  par  la  marche  (pelvi-péritonites  à  répétition},  par 
rélude  générale  de  la  femme,  par  les  antécédents.  Deux 
fois  seulement  M.  Terrillon  Ta  soupçonné.  Reste  à  se 
demander  quels  seront  les  résultats  définitifs  :  pour  le 
moment  les  opérées  vont  bien  et  ont  engraissé,  mais  rin- 
tervention est  de  date  encore  trop  récente  pour  qu'on  soit 
en  droit  de  conclure  avec  netteté. 

Lorsque  les  lésions  ont  quel(]ue  ancienneté,  des  foyers 
péritonéaux  circonscrits  se  constituent  autour  de  la  trompe 
et  de  Tovaire.  C'est  aune  péritonite  enkystée  que  le  chirur- 
gien s'adresse,  dès  lors.  Et  ceci  nous  amène  à  parler  du 
traitement  chirurgical  de  la  péritonite  tuberculeuse.  Ce 
sujet  a  été  traité  dans  la  discussion  sur  le  traitement  des 
péritonites,  mais  ne  vient-il  pas  ici  tout  aussi  naturelle- 
ment, et  il  est  indiscutable  que  l'étude  de  la  péritonite  sep- 
tique  gagnera  en  clarté  si  nous  évitons  de  la  surcharger  de 
faits  absolument  dissemblables. 

La  tuberculose  péritonéale  est  très  variée,  et  dans  ses 
lésions  anatomiques,  et  dans  ses  manifestations  cliniques. 
Quelle  parité  établir  entre  les  cas  où  des  granulations 
innombrables  provoquent  une  ascite  ;  ceux  où  un  grand 
foyer  caséeux  se  circonscrit  ;  ceux  où  des  foyers  caséeux 
multiples  envahissent  le  péritoine;  ceux  où  la  séreuse  est 
prise  en  premier,  et  ceux  où  Torigine  du  mal  est  intesti- 
nale? Dans  la  discussion  actuelle  il  n'a  pas  été  fait  men- 
tion des  cas  d'origine  intestinale,  avec  ou  sans  perforation. 

La  granulie  péritonéale  à  forme  ascitique  a  quelquefois  été, 
par  erreur  de  diagnostic,  soumise  à  la  laparotomie  et,  con- 
trairement à  toute  attente,  on  a  pu  enregistrer  des  guéri- 
sons  complètes  après  cette  incision  dont  l'effet  eût  théori- 
quement dû  être  nul.  A  ce  point  de  vue,  une  malade  que 
Spencer  Wells  suit  depuis  une  trentaine  d'années  est 
devenue  célèbre.  M.  Démons  (de  Bordeaux)  a,  dans  un  cas 
de  ce  genre,  opéré  de  parti  pris.  Après  avoir  évacué 
l'ascite,  il  a,  pour  la  forme,  saupoudré  la  séreuse  d'iodo- 
forme.  Il  est  bien  certain  de  n'avoir  pas  touché  avec  le 
parasiticide  un  centième  des  tubercules,  et  cependant, 
guérie  depuis  quinze  mois,  la  malade  travaille  aux  champs 
comme  si  de  rien  n'était. 

M.  Démosthène  (de  Bucharest)  conseille  toutefois  de  ne 
pas  se  laisser  aller  à  un  optimisme  exagéré  ;  certes  il  ne 
méconnaît  point  les  succès  de  Sp.  Wells,  Clarke,  Cecche- 
relli.  Mais  il  a  vu  une  malade  chez  laquelle  les  drains 
introduits  dans  le  péritoine  ont  fourni  pendant  trois  mois 
une  suppuration  abondante,  et  finalement  la  consomption  a 
amené  la  mort.  Peut-être,  dans  ces  suppurations  chro- 
niques, aurait-on  de  bons  résultats  par  des  lavages  antisep- 
tiques ;  mais  on  craint  l'absorption  de  substances  toxiques 
Bar  celte  séreuse  si  vaste.  Sans  doute,  les  expériences  de 
elbet  tendent  à  prouver  que  ces  craiutes  ne  doivent  pas 
être  poussées  trop  loin  ;  mais  la  clinique  ne  s'est  pas  encore 
prononcée. 

Une  autre  forme  est  encore  défavorable  :  M.  Démosthène 
a  bien  montré  que  parfois  des  tubercules  multiples,  avec  pro- 
ductions pseudo-membraneuses,  créent  des  loges  nombreu- 
ses, purulentes  et  caséeuses.  Ces  loges,  il  est  indiqué  de  les 
ouvrir  et  de  les  drainer  ;  mais  on  ne  peut  rien  contre 
Tcxlension  progressive,  de  proche  en  proche.  Et  iM.  Démos- 
thène a  perdu  ainsi  une  malade  soixante-quinze  jours  après 
l'opération. 

La  variété  où  la  chirurgie  peut  le  plus  est  la  péritonite 
tuberculeuse  enkystée.  Il  y  a  quelques  années,  la  plupart 
des  malades  étaient  opérées  par  suite  d'une  erreur  de  dia- 
gnostic :  on  croyait  reconnaître  l'existence  d'un  kyste  de 
l'ovaire  et  l'on  tombait,  après  laparotomie,  sur  des  collec- 


tions tuberculeuses  que  Ton  désinfectait  et  drainait.  Or, 
bon  nombre  de  malades  ont  guéri,  radicalement  même. 
Pour  ne  parler  que  des  cas  exposés  devant  le  Congrès,  des 
faits  de  ce  genre  ont  été  publiés  par  MM.  Démons,  Routier, 
Labbé;  et  si  la  malade  de  M.  Démons  a  succombé  au 
sixième  jour,  celles  de  MM.  Routiery  Labbé  vivent  sans  acci- 
dent, depuis  quinze  mois  à  deux  ans.  On  conçoit  donc  que 
la  plupart  des  chirurgiens  préconisent  l'intervention  de 
parti  pris.  M.  Démosthène  recommande  de  ne  point 
attendre  jusqu'à  ce  que  la  poche  bombe  et  fluctue:  assurez, 
dit-il,  par  la  ponction  exploratrice  un  diagnostic  soup- 
çonné et  fendez  sans  plus  tarder  le  foyer.  C'est  ce  qu'il  a 
fait,  avec  plein  succès;  la  malade  a  guéri,  malgré  une  fis- 
tule stercorale  qui  a  duré  pendant  sept  jours  ;  et  même  des 
accidents  pulmonaires  dont  elle  souffrait  se  sont  amen- 
dés. Un  point  de  pratique  est  à  signaler  :  après  avoir  ouvert 
la  cavité,  il  semble  qu'il  faille  s'abstenir  de  grattages  et  se 
borner  à  tamponner  et  drainer  le  foyer,  qu'on  déterge  par 
des  lavages  antiseptiques. 

Si  l'on  cherche  à  tirer  de  toute  cette  discussion  un  enseigne- 
ment général,  on  constate  qu'elle  démontre  l'innocuité  des 
interventions  les  plus  hardies,  si  elles  sont  antiseptiques  : 
les  résultats  immédiats  des  opérations  sont  certainement 
bons.  Pour  les  résultats  délinilifs,  il  semble  que  les  sujets 
opérés  soient  moins  exposés  à  la  tuberculose  viscérale 
ultérieure  ;  mais  déjà  ici  la  netteté  est  moins  grande. 
Quant  au  parallèle,  depuis  longtemps  établi,  entre  les 
opérations  conservatrices  et  les  ablations  radicales,  la 
question  reste  obscure  en  bien  des  points,  et,  comme  Ta 
montré  M.  Verneuil,  la  discussion  ne  peut  comporter  une 
solution  absolue.  Les  faits  doivent  être  rangés  en  catégo- 
ries multiples,  difficiles  à  assimiler  les  unes  aux  autres. 
Et  qu'on  ne  croie  pas  leur  analyse  aisée,  évidente.  M.  Ver- 
neuil nous  a  déclaré,  lui  qui  depuis  quarante-quatre  ans 
médite  ce  sujet,  que  déjà  ses  opinions  se  sont  modifiées  ; 
qu'il  entrevoit  même  l'heure  où  elles  se  modifieront 
encore. 

A.   Broca. 


Ctommunioations  diverses. 
AUTOPLASTIE  PAR   LA  MÉTHODE    ITALIENNE    MODIFIÉE,  par  M.  Ic 

docteur  Berger  (de  Paris).  —  Nous  n'avons  pas  à  revenir  sur  le 
principe  même  de  la  méthode,  que  nos  lecteurs  coimaisseut  par 
te  résumé  des  travaux  antérieurs  de  3i.  Berger  sur  ce  point,  et 
par  une  revue  analytique  sur  les  travaux  étrangers  principaux 
(voy.  Gazette,  1887,  p.  779,  794,  8()0;  1888,  p.  U),  C'est  une 
méthode  qui  a  d'assez  nombreux  inconvénients,  aussi  sera-t-ellc 
souvent  une  méthode  de  nécessité,  lorsque  les  greffes  ont  échoué, 
lorsque  les  autres  autoplastiesonl  échoué.  On  combattra  ainsi  et 
des  ulcères  rebelles  et  des  cicatrices  qu'on  est  forcé  d'exciser. 
Mais  à  côté  de  ces  indications  de  nécessité,  il  est  des  cas  où  c'est 
l'opération  de  choix  :  ainsi,  pour  les  grandes  autoplasties  de  la 
face,  car  en  prenant  le  lambeau  à  la  face  même,  on  crée  une  nou- 
velle difformité  :  or  parfois  lautoplastie  échoue.  Le  seul  résultat 
est  donc  alors  une  aggravation  de  la  difformité.  11  faut  d'abord 
déterminer  à  l'avance,  par  une  étude  minutieuse,  la  région 
où  il  faut  prendre  le  lambeau,  la  forme  et  les  dimensions  de 
ce  lambeau;  souvent  il  faut  exercer  pendant  plusieurs  jours  le 
malade  à  Tattitude  où  on  veut  l'immobiliser;  et,  pendant  ce 
temps,  on  préparera  l'appareil  iramobilisateur,  appareil  soit  en 
plâtre  et  fait  par  le  chirurgien,  soit  en  substances  diverses  et 
construit  par  un  fabricant.  Les  précautions  opératoires  sont  : 
1°  bien  conserver  le  pannicule  sous-cutané;  2'  absence  de  liga- 
tures; 3^  adapter  exactement,  non  pas  les  bords  seulement,  mais 
toute  l'étendue  des  surfaces  cruentées.  Le  premier  pansement 
devra  rester  en  place  aussi  longtemps  que  possible;  mais  à  la 
face  le  renouvellement  devra  être  très  fréquent.  La  section  du 
pédicule  doit  avoir  lieu  vers  le  quinzième  jour.  M.  Berger  a  fait 
ainsi  30  opérations.  Il  a  eu  un  décos  par  intoxication  iodo- 
formée.  Un  seul  des  lambeaux  s'est  sphacélé  en  entier;  deux 
se  sont  gangrenés  en  partie,  mais  le  résultat  n'a  pas  été  mauvais. 


734    —  N»  45  —        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  8  Novkmbrk  1889 


Gynécologie.  —  ]je  traitement  électrii{ue  des  myomes  utérins 
a  été  étudié  par  MM.  Apostoli  et  Danion  qui  sont  venus  sou- 
tenir chacun  les  avantages  de  leur  méthode  respective.  Nos 
lecteurs  n'ont  pas  oublié  la  discussion  récente  de  la  Société  de 
chirurgie  sur  ce  point  spécial,  et  précisément  il  y  a  été  longue- 
ment parlé  des  innovations  de  MM.  Danion  et  Lharapionnière. 
Innovations  dont  M.  Apostoli  conteste,  il  est  vrai,  la  nouveauté, 
soit  pour  les  faibles  intensités,  soit  pour  les  renversements  de 
courant. 

M.  Facieu  (de  Gaillac)  a  parlé  de  Vhypéresthésie  papillairc 
du  méat  chez  la  femme,  affection  signalée  par  Giraldès,  par 
Verneuil.  Ce  serait  une  cause  souvent  méconnue  du  vaginisme. 

M.  Goutliard  (de  Lyon)  a  recommandé  le  débridement  vagi- 
nal des  collections  de  la  périmétrite  chronique ,  d'après  La- 
royenne  (de  Lyon).  Ces  collections  séreuses,  purulentes,  héma- 
tiques  siègent  soit  dans  le  péritoine,  soit  dans  la  trompe,  soit 
dans  le  ligament  large.  Après  incision  du  cul-de-sac  vaginal,  on 
fait  avec  un  trocart  spécial  la  ponction  de  la  poche.  Puis,  dans 
la  canule,  on  glisse  le  métrotome  de  Simpson,  et  après  avoir 
retiré  la  canule,  on  débride  largement  avec  le  métrotome  dans 
la  direction  de  la  brèche  vaginale.  La  cavité  est  alors  drainée 
avec  des  mèches  iodoformées.  Le  résultat  immédiat  est  presque 
toujours  bon,  et  la  plupart  du  temps  il  se  maintient. 

M.  Doléris  s'est  occupé  de  la  physiologie  normale  etpatholo- 
gique  du  col  utérin.  Il  pense  que  l'organe,  indispensable  à  la 
régularité  des  excrétions  utérines  et  de  la  fécondation,  doit, 
lorsqu'il  est  malade,  être  rétabli  autant  que  possible  dans  sa 
structure  normale.  Il  faut  donc,  en  cas  de  déchirures,  faire  la 
trachélorrhaphie  immédiate;  et  pour  les  ectropions,  pour  les 
déchirures  anciennes,  on  doit  renoncer  définitivement  aux  cau- 
térisations diverses,  dont  le  seul  effet  est  de  transformer  la 
muqueuse  en  un  tissu  cicatriciel.  De  plus,  il  sera  souvent  néces- 
saire, en  même  temps  qu'on  agit  sur  le  col  avec  le  bistouri, 
de  rétrécir  par  une  opération  plastique  le  vagin  trop  ample. 

M.  Richelot  a  tâché  d'élucider  les  indications  thérapeutiques 
dans  le  traitement  des  déviations  utérines.  Pour  les  rétro- 
déviations  adhérentes  il  pense  qu'il  faut  laisser  de  côté  la  dévia- 
tion et  s'adresser  directement,  par  la  laparotomie,  aux  annexes 
malades,  pour  peu  que  la  périmétrite  ait  quelque  importance. 
Pour  les  déviations  mobiles,  le  traitement  de  la  métrile  suffit 
quelquefois  pour  supprimer  les  douleurs,  mais  il  faut  aussi 
redresser  l'organe,  et  de  là,  suivant  la  gravité  des  accidents, 
des  indications  au  pessaire,  à  l'opération  d'Alexander,  à  l'h^fsté- 
ropexie.  Mais  parfois,  les  moyens  simples  échouant,  on  hésite  à 
ouvrir  le  ventre.  Pour  ces  cas  M.  Richelot  conseille,  avec  Nico- 
letis,  de  pratiquer  une  amputation  supravaginale  du  col,  puis  de 
suturer  la  paroi  vaginale  au  moignon  par  un  procédé  spécial, 
de  façon  à  faire  basculer  le  col  en  avant.  Il  faut  aussi  (et  cela 
peut  se  faire  dans  la  même  séance)  traiter  la  métrite  par  le 
curage. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Académie  de  médeelne* 

SÉANCE  DU  5  NOVEMBRE  1889.   —  PRÉSIDENCE  DE 
M.   MOUTARD-HARTIN. 

L'Académie  reçoit  de  M"  Lavoignat,  notaire  h  Paris,  l'extrait  du  teslamcnt  de 
M.  Ricord  par  lequel  celui-ci  lui  lègue  la  somme  de  iOOOO  francs,  nette  de  tous 
tlroits,  pour,  avec  les  revenus,  fonder  un  prix  bisannuel,  en  son  nom  et  comme 
elle  l'entendra. 

M.  Tarnier  dépose  un  mémoire  de  M.  le  docteur  A.  Herrgott  (de  Nancy)  sur 
un  eat  de  rétention  fœtale. 

M.  Dujardin-Beautneti  présente,  au  nom  de  M.  le  docteur  Gellée,  la  relation 
d'une  épidémie  de  variole  à  la  prison  départementale  de  Bordeaux. 

M.  Charpentier  présente  un  trav.iil  de  M.  le  docteur  A.  Briuay  (de  Rlo-dc- 
Janciro),  intitulé  :  Fragments  de  chirurgie  et  de  gynécologie  opératoires. 

M.  B.  Bail  dépose  un  ouvrage  de  M.  le  docteur  J.  Palret»  ayant  pour  titre  : 
études  cliniques  sur  les  maladie*  mentales  et  nerveuse*. 

M.  A.  Ollivier  fait  hommage:  1<>  d'un  rapport  sur  la  fièvre  typhoïde  à  Pari»; 
â*"  d'un  volume  de  Leçons  cliniques  sur  les  maladies  des  enfants. 

MiCROCÉPHALiE.  —  M.  Guéuiot  montre  un  enfant  micro- 
céphale âgé  de  huit  jours,  qui  présente  une  telle  hyperossi- 
lication  du  crâne  que  les  fontanelles  ne  sont  pas  percepti- 
bles. 


Notice.  —  Lecture  est  faite  par  M:  Larrey  d'une  Noitf 
sur  la  vie  et  les  œuvres  de  M.  Maurice  Perrin. 

Prix.  —  M.  Vallin  donne  lecture  du  rapport   sur  U  \ 
concours  pour  le  prix  de  la  Commission  de  rhygiène  «J^  j 
Tenfance  en  1889,  et  M.  de   Villiers  du   rapport    sur  Irç  | 
mémoires  envoyés  à  cette  dernière  Commission  pendant  h 
même  année. 

M.  Hervteux  achève  la  lecture  du  Rapport  général  sur 
les  vaccinations  et  les  revaccinalions  pratiquées  en  France 
et  dans  les  colonies  françaises  en  1888. 

Hypo-hématose.  —  Complétant  ses  recherches  anté- 
rieures sur  Thypo-hématose  à  l'aide  d'appareils  spcciaoi, 
M.  le  docteur  £.  Maurel  est  arrivé  aux  conclusions  ri- 
après  :  l"*  il  existe  un  rapport  nécessaire  entre  la  taille  ni 
le  poids  d'un  sujet  et  sa  section  thoracique;  i"*  ces  rapports 
varient  avec  les  âges,  mais  pour  chaque  âge,  ils  sont 
constants  ;  3°  lorsque  ce  rapport  est  insuffisant,  il  en  ré:>ulte 
une  série  de  troubles  que  M.  Maurel  a  réunis  sous  le  nom 
d'hypohématose  ;  A""  ces  troubles  constituent  bien  une  affec- 
tion spéciale  ;  ils  représentent  une  forme  particulière  df 
l'anémie,  par  défaut  de  comburant  ;  5®  tous  ces  troubli^ 
tiennent  bien  à  l'insuffisance  thoracique,  entraînant  elle- 
même  une  respiration  insuffisante,  à  preuve  qu'il  suftii 
d'agrandir  cette  section  thoracique  pour  que  tous  cr> 
troubles  disparaissent  ;  G""  cet  agrandissement  s'obtient 
rapidement  par  la  gymnastique  respiratoire.  —  (Commis- 
sion :  MM.  Gariel  et  Dujardin-Beaumetz,) 

Syphilis.  —  Deux  cas  de  transmission  de  la  syphilis  par 
des  instruments  malpropres  sont  communiqués  par  M.  Lan- 
cereaux  :  dans  le  premier,  il  s'agissait  d'un  homme  de 
cinquante-trois  ans,  présentant  une  syphilide  acnéique  ou 
acnéiforme  due  au  cathélérisme  de  la  trompe  d'Euslache  à 
l'aide  d'une  sonde  contaminée  par  l'un  des  malades  pour 
lesquels  elle  avait  précédemment  servi;  le  second  se  taj^ 
porte  à  une  dame  de  trente-six  ans,  qui  avait  une  mala<lie 
syphilitique  ayant  eu  son  origine  dans  les  opérations  prati- 
quées par  un  dentiste  pour  la  pose  d'un  râtelier.  Â  ce  sujet. 
M.  Lancereaux  demande  que  les  dentistes  et  les  coiffeurs 
soient  tenus  de  ne  se  servir  que  d'instruments  rigoureu- 
sement propres  et,  comme  il  est  difficile  qu'ils  aient  des 
instruments  spéciaux  pour  chacun  de  leurs  clients,  que  ron 
veille  à  ce  qu'il  existe  chez  chacun  d'eux  des  solutions 
désinfectantes,  et  surtout  à  ce  qu'ils  en  fassent  usage. 

M.  Magitot  fait  observer  qu  en  pareil  cas  c'est  l'anti- 
sepsie au  bichlorure  de  mercure  qui  oiïre  seule  des  garan- 
ties sérieuses  ;  ira-t-on  jusqu'à  l'exiger  des  coiffeurs  et  dos 
dentistes  et  à  leur  en  confier  des  doses  considérables? 

Chirurgie.  —  M.  le  docteur  Chauvely  candidat  dans  la 
section  de  médecine  opératoire,  lit  un  mémoire  sur  les 
accidents  dus  au  séjour  des  projectiles  dans  les  tissus  et  U 
nécessité  d'une  intervention  chirurgicale  consécutive.  {Sera 
publié.) 

—  L'Académie  se  forme  ensuite  en  comité  secret,  atin 
de  voter  les  conclusions  des  rapports  de  prix  lus  par 
MM.  Vallin,  de  Villiers  et  Uervieux^  au  cours  de  la 
séance. 


Soelété   de   chlrarg^e. 

SÉANCE  DU  29   OCTOBRE  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE   M.    LE   DENTU. 

Suture  tendineuse  :  M.  Perler.  —  Sarcome  utérin  :  M.  Terrillon.  — 
Extirpation  du  rectum  par  la  voie  sacrée  :  M.  Routier  (  Disons- 
8ion  :  MM.  Deeprôe.  Pozzl,  Marc  Sèe).  —  Fistules  traclièales  - 
M.  Berger.  —  Instruments  :  MM.  Kirmisson,  Berger. 

M.  Périer  présente  un   tendon  qu'il  a  suturé  el  qui. 
quelques  mois  plus  tard,  a  été  recueilli  par  M.  Reboul  à 


8  Novembre  1889        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N-  45  —    735 


l 'autopsie  du  sujet,  mort  accidentellement.  L'union  est 
parfaite.  Le  tendon  adhère  un  peu  à  sa  gaine,  mais  nulle- 
ment à  la  peau. 

—  M.  Terrillon  a  présenté  à  la  dernière  séance  une  pièce 
de  sarcome  utérin  enlevé  par  voie  abdominale.  La  malade 
est  aujourd'hui  à  peu  près  guérie. 

—  M.  Routier  fait  une  communication  sur  un  cas  de 
cancer  du  rectum  enlevé  après  résection  sacro-coccygienne 
sur  une  femme  de  vingt-neuf  ans,  dont  la  tumeur  était  trop 
élevée  pour  être  atteinte  par  les  procédés  ordinaires,  mais 
trop  basse  pour  être  justiciable  de  la  laparotomie.  Fallait- 
il  donc  réduire  cette  femme,  jeune  encore,  au  palliatif  dé- 
goûtant de  la  colotomie'^  M.  Routier  a  préféré  appliquer 
lu  méthode  de  Kraske,  dont  il  avait  vu  de  bons  résultats  au 
cours  d*un  récent  vovage  en  Allemagne,  il  enleva  donc  le 
coccyx  et  un  peu  (fort  peu)  du  sacrum,  et  eut  ainsi  un 
large  accès  sur  le  cancer  qu'il  put  abaisser.  Puis,  après  un 
essai  de  décollement,  il  ouvrit  le  périloine,  excisa  la  partie 
malade  entre  deux  ligatures;  ferma  le  péritoine  par  des 
sutures  au  catgut,  puis  retira  les  ligatures  et  sutura  les 
deux  bouts  de  l'intestin  circulaireinent.  Tout  alla  fort  bien, 
sauf  une  fistulette  fécale,  à  partir  du  neuvième  jour,  et 
probablement  due  à  une  alimentation  (d'où  une  défécation) 
trop  précoce.  Il  va  sans  dire  que  la  malade  avait  été  préparée 
par  le  régime  lacté,  par  l'ingestion  de  naphthol  et  par  des 
lavages  du  rectum  au  naphthol. 

Après  avoir  rappelé  que  M.  Verneuil  a  depuis  longtemps 
réséqué  le  coccyx  quand  il  faut  remonter  très  haut  pour 
pratiquer  la  rectotomie  postérieure,  pour  opérer  par  voie 
périnéale  les  imperforations  de  l'anus,  M.  Routier  résume 
le  procédé  indiqué  par  Kraske  en  1885  :  on  résèque  la 
moitié  gauche  du  sacrum  jusqu'au  troisième  trou,  on  fend 
longitudinalement  le  rectum  en  arrière,  de  l'anus  à  la 
tumeur,  puis  on  enlève  le  cancer  et  la  large  brèche  sphinc- 
térienne  est  une  bonne  condition  pour  la  réussite  des 
sutures  péritonéales.  D'autres  auteurs,  allant  plus  loin 
encore,  ont  suturé  à  la  peau  le  bout  supérieur.  En  réalité, 
un  des  avantages  principaux  de  la  méthode  est  de  respecter 
le  sphincter:  il  faut  donc,  comme  Ta  fait  Schede,  faire  une 
suture  circulaire  totale,  et  la  fistulette  observée  par  M.  Rou- 
tier n'est  pas  capable  de  déconsidérer  cette  {)ratique.  Mais 
pour  que  cette  suture  réussisse,  il  est  nécessaire  de  la  bien 
maintenir  au  repos,  si  bien  même  que  Schede  conseille 
d'établir  d'abord  un  anus  iliaque  artificiel  :  c'est  allonger 
de  beaucoup  la  cure  de  malades  auxquels  la  récidive  ne 
laissera  trop  souvent  qu'assez  peu  de  survie.  Une  autre 

Ïuestion  se  pose  :  combien  faut-il  réséquer  de  sacrum? 
ardenheuer  enlève  toute  l'extrémité  inférieure  jusqu'au 
troisième  trou,  et  là  remonte  également  la  résection  uni- 
latérale de  Kraske.  Mais  déjà  Heinecke  (dont  la  résection 
est  ostéoplaslique)  ne  va  qu'au  quatrième  trou.  En  réalité, 
dit  M.  Routier,  il  suffit  d'enlever  fort  peu  du  sacrum. 

Cette  voie  sacrée  a  été  employée  depuis,  par  Hégar 
surtout,  pour  enlever  divers  organes  pelviens,  l'utérus  en 
particulier.  Il  est  certain  qu'on  a  ainsi  beaucoup  de  jour. 

M.  Després,  qui,  il  est  vrai,  se  proclame  a  routinier  et 
rococo  i>,  n'aurait  pas  conçu  cette  opération  et  s'étonne 
qu'on  l'ait  conçue,  car  la  récidive  du  cancer  du  rectum  est 
fatale  dans  les  trois  mois.  11  n'admet  pas  que  les  sutures 
puissent  tenir  sur  un  intestin  dépourvu  de  péritoine,  ce  à 
quoi  MM.  Pozzi  et  Routier  lui  répondent  que  les  faits  sont 
indiscutables. 

M.  Pozzi  pense  comme  M.  Routier  qu'il  faut  en  principe 
respecter  le  sphincter.  Mais  en  le  fendant  largement,  l'opé- 
ration est  plus  courte,  inoins  laborieuse,  et  parfois,  sur  des 
malades  épuisés,  il  est  bon  de  viser  à  la  rapidité.  C'est  ce 
u'il  a  fait  sur  la  malade  dont  il  a  publié  l'observation  au 
ongrès  de  chirurgie^  et  il  ne  s'en  repent  pas.  M.  Marc  Sée 


ï 


ajoute  que  la  section  du  sphincter  peut  fort  bien  se  cica- 
triser toute  seule. 

M.  Routier  a  laissé  la  plaie  béante,  et  c'est  précisément 
pour  cela  que,  pour  les  opérations  sur  le  rectum,  il 
repousse  le  lambeau  ostéoplastique  de  Heinecke.  On  est 
toujours  exposé,  en  effet,  à  voir  manquer  un  point  de  la 
suture  rectale;  si  la  brèche  est  large,  l'inconvénient  est  à 
peu  près  nul,  et  la  malade  de  M.  Routier  en  est  la  preuve. 

—  M,  Berger  présente  daux  malades  auxquels  il  a' oblitéré 
une  fistule  trachéale  ancienne  (dix-neuf  ans  et  cinq  ans). 
par  un  procédé  spécial,  à  deux  plans  de  suture.  Après  avoir 
circonscrit  la  fistule  par  deux  incisions  demi-elliptiques,  il  a 
disséqué  une  collerette,  large  de  7  centimètres,  adhérente 
au  pourtour  de  la  fistule,  puis  a  rebroussé  cette  collerette 
dans  l'orifice  à  l'aide  de  sutures  de  Lembert.  Ensuite  il  a 
disséqué,  après  incisions  libératrices. longitudinales,  deux 
ponts  cutanés,  qu'il  a  suturés  sur  la  ligne  médiane,  à  peu 

Eres  comme  on  fait  dans  l'uranoplastie  de  Baizeau-Langen- 
eck.  Les  deux  malades  ont  guéri;  sur  lun,  une  fistulette  a 
nécessité  une  petite  retouche.  Tous  deux  sont  aujourd'hui 
en  bon  état.  L  un  d'eux,  celui  que  M.  Gouguenheim  a  déjà 
présenté  à  la  Société,  se  passe  de  temps  h  antre  dans  le 
larynx  rétréci  des  dilatateurs  de  Schrôtter.  L'antre,  trachéo- 
tomisé  il  y  a  dix-neuf  ans  par  M.  Richet,  on  ne  sait  plus  trop 
pourquoi,  n'a  même  pas  besoin  de  cette  précaution. 

M.  Kirmisson  a  échoué  en  1886  avec  ce  procédé  sur  une 
fistule  de  l'urèthre. 

—  M.  Kirmisson  présente  une  bougie  conductrice,  des- 
tinée à  faciliter  le  passage  de  la  sonde  dans  le  bout  anté^ 
rieur  après  rupture  de  l'urèthre. 

—  M.  Berger  présente  une  trousse  métallique  facile  à 
rendre  aseptique. 


BIBLIOGRAPHIE 

Manuel  pratique  des  maladies  de  l'enfance,  parMM.  A.  d'Es- 
PINE  et  C.  Picot  (de  Genève).  4*  édition.  —  Paris,  J.-H.  Bail- 
licre,  1889. 

A  diverses  reprises  déjà  (1876,  p.  702  et  1880,  p.  25(5),  nous 
avons  insisté  sur  les  mérites  de  ce  Manuel.  Le  nom  des  auteurs, 
tous  deux  anciens  internes  des  hôpitaux  de  Paris,  l'un  profes- 
seur à  rUniversité  de  Genève,  Pautre  médecin  d'hôpital;  leurs 
travaux  bien  connus;  leur  consciencieuse  activité  nous  étaient 
garants  du  succès  d'un  livre  dont  la  quatrième  édition  nous  par- 
vient aujourd'hui.  Comme  dans  les  éditions  précédentes,  la 
pathologie  nerveuse  de  Penfance  parait  avoir  été  l'objet  de  la 
prédilection  de  MM.  d'Espine  et  Picot.  Plusieurs  chapitres  nou- 
veaux montrent  qu'ils  ont  tenu  à  suivre  le  mouvement  scienti- 
fique dont  l'impulsion  est  partie  de  la  Salpétrière.  Nous  signa- 
lerons aussi  le  chapitre  Diputhékie,  qui  a  été  l'objet  de  nom- 
breuses additions.  Après  Pouvrage  si  remarquable  de  M.  Cadet 
de  Gassicourt,  qui  reste  celui  de  tous  les  traités  des  maladies 
d'enfance  que  Pon  consultera  toujours  avec  le  plus  de  profit,  ce 
petit  livre  mérite  l'attention  et  la  sympathie  des  lecteurs  fran- 
çais. 


VARIETES 

Faculté  de  médecine  de  Paris  (Année  scolaire  1889-90, 
1"  semestre).  Cours  de  pathologie  chirurgicale.  —  M.  le  pro- 
fesseur Lannelongue  commencera  le  cours  de  pathologie  chi- 
rurgicale le  lundi  il  novembre  1889,  à  trois  heures  (petit  am- 
phithéâtre), et  le  continuera  les  mercredis,  vendredis  et  lundis 
suivants  à  la  même  heure. 

—  Clinique  médicale  (hôpital  de  la  Pitié).  —  M.  le  professeur 
Jaccoud  reprendra  son  cours  de  clinique  médicale    te  samedi 


736    —  N*  45  —  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         S  Novembre  1889 

9  novembre  1889,  à  neuf  heures  et  demie  du  matin,  et  le  conti- 
nuera les  mardis  et  samedis  suivants  à  la  môme  heure. 

—  Cours  de  pathologie  interne.  —  M.  le  professeur  Dieulafoy 
commencera  son  cours  le  jeudi  14  novembre  1889,  à  trois  heures 
(pelit  amphithéâtre),  et  le  continuera  les  samedis,  mardis  et 
jeudis  suivants,  à  la  même  heure. 

—  Cours  d'histologie .  —  M.  le  professeur  Mathias-Duval 
commencera  le  cours  d'histologie  le  samedi  9  novembre  1889,  à 
cinq  heures  (grand  amphithéâtre  de  l'Ecole  pratique),  et  le  con- 
tinuera les  mardis,  jeudis  et  samedis  suivants  à  la  même  heure. 
Objets  du  cours  :  Les  épithéliumset  les  glandes  en  général  :  le 
foie,  le  rein;  le  sang  et  la  lymphe;  les  vaisseaux  sanguins  et 
lymphatiques;  le  système  musculaire;  la  peau  et  les  organes 
'es  sens. 


ï 

—  Clinique  d^ accouchements  et  de  gynécologie.  —  M.  le 
professeur  Tarnier  commencera  le  cours  de  clinique  d'accou- 
chements et  de  gynécologie  le  samedi  9  novembre  1889,  à  neuf 
heures  du  matin  (clinique  d'acpouchements,  rue  d*Assas)  et  le 
continuera  les  mardis  et  sam^dis  suivants,  à  la  même  heure. 

Ordre  du  cours  :  Mardi  et  samedis,  leçons  à  ramphithéàtre. 
Visite  des  malades  tous  les  malins  à  huit  heures  et  demie. 

—  Clinique  des  maladies  mentales  (asile  Sainte-Anne).  — 
M.  le  professeur  Bail  commencera  le  cours  de  clinit|ue  des  ma- 
ladies mentales  le  dimanche  10  novembre  1889,  à  dix  heures  du 
matin,  et  le  continuera  les  jeudis  et  dimanches  suivants,  à  la 
même  heure. 

—  Cours  de  clinique  des  maladies  du  système  nerveux 
(hospice  de  la  Snlpêtrière).  —  M.  le  professeur  Charcol  commen- 
cera le  cours  de  clinique  des  maladies  du  système  nerveux  le 
vendredi  8  novembre  1889,  à  neuf  heures  et  demie  du  matin 
(hospice  de  la  Salnêtrièrc). 

Ordre  du  cours  :  les  mardis.  Policlinique.  Les  vendredis,  examen 
des  malados. 

—  Conférences  de  pathologie  externe.  —  M.  Kirmisson, 
agrégé,  commencera  ces  conférences  le  mardi  12  novembre  1889, 
à  cinq  heures  (pelit  amphithéâtre),  et  les  continuera  les  jeudis, 
samedis  et  mardis  suivants,  à  la  même  heure. 

—  Conférences  d'obstétrique,  —  M.  Ribemont-Dessaignes, 
agrégé, conmiencera  ces  conférences  le  mardi  12  novembre  1889, 
à  six  heures  (petit  amphithéâtre),  et  les  continuera  les  jeudis, 
samedis  et  mardis  suivants,  à  la  même  heure. 

—  Conférences  de  pathologie  mentale  et  des  maladies  de 
V encéphale.  —  M.  Gilbert  llalïet,  agrégé,  commencera  les  confé- 
rences de  pathologie  mentale  et  des  maladies  de  Tencéphale  le 
mardi  12  novembre  1889,  à  quatre  heures  (salle  Laennec),  et 
les  continuera  les  mardis,  jeudis  et  samedis  suivants,  à  la  même 
heure. 


Leçons  cliniques  a  l'hôpital  Broussais.  —  MM.  Barth, 
Chaullard  et  Reclus  commenceront,  à  partir  du  lundi  11  no- 
vembre, une  série  de  leçons  cliniques  médicales  et  chirurgicales. 
M.  Reclus  fera  sa  première  leçon  de  clinique  chirurgicale  le 
lundi  11  novembre  a  neuf  heures  et  demie  et  les  continuera  les 
lundis  suivants.  M.  Barth  fera  sa  première  leçon  de  clinique 
médicale  le  mercredi  13  novembre  et  les  continuera  les  mer- 
credis suivants.  M.  Chaulfard  commencera  le  samedi  IG  no- 
vembre et  continuera  les  samedis  suivants. 

Clinique  des  Quinze- Vingts.  —  Le  concours  pour  la  place 
de  médecin-adjoint  à  la  clinique  nationale  des  Quinze-Vingts, 
s'est  terminé  par  la  nomination  du  docteur  Kalt. 

Ecole  de  médecine  de  Rouen.  — Par  arrêté  endate  du  31  oc- 
tobre, l'Ecole  préparatoire  de  médecine  et  de  pharmacie  de 
Rouen  est  autorisée  à  jouir  des  droits  conférés  aux  écoles  pré- 
paratoires réorganisées  par  l'article  13  du  décret  du  1"  août 
1883. 

Ecole  de  médecine  de  Grenoble.  —  Un  concours  s'ouvrira 
le  10  mai  1890  à  l'Ecole  préparatoire  de  médecine  et  de  phar- 
macie de  Grenoble  pour  l'emploi  de  chef  des  travaux  physiques 
et  chimiques  à  ladite  Ecole. 

Le  registre  d'inscription  sera  clos  un  mois  avant  l'ouverture 
dudit  concours. 


HÔPITAL  Ricord.  —  M.  le  directeur  de  TÂssistance  publiqaH 
vient  de  décider,  sur  la  proposition  de  M.  Horteloup,  qu'a  l'avenir 
l'hôpital  du  Midi  s'appellerait  hôpital  Ricord. 

Ecole  d'anthropologie.  —-L*Ecole  d'anthropologie,  qui  entre 
dans  sa  quatorzième  année  d'existence,  a  ouvert  ses  cours  le 
lundi  i  novembre  1889,  à  quatre  heures  du  soir,  15,  rue  de 
l'Ecole-de-Médecine.  Les  cours  se  succéderont  dans  l'ordre  sui- 
vant : 

Lundi  à  quatre  heures,  M.  G.  de  Mortillet  :  Anthropologie 
préhistorique. 

Lundi  k  cinq  heures,  M.  Mathias  Duval  :  Anthropogénie  et 
embryologie  comparée. 

Mardi  à  quatre  heures,  M.  A.  Hovelacque  suppléé  par  M.  A. 
Lefcvre  :  Ethnographie  et  linguistique. 

Mardi  à  cinq  heures,  M.  Georges  Hervé  :  Anthropologie  zoo- 
logique. 

Mercredi  à  quatre  heures,  M.  P.  Topinard  :  Anthropologie 
générale. 

Kewc/rerfi  à  quatre  heures,  M.  A.  Bordier  :  Géographie  médi- 
cale. 

Vendredi  à  cinq  heures,  M.  L.  Manouvrier  :  Anthropologie- 
physiologique. 

Samedi  a  quatre  heures,  M.  G.  Lelourneau  :  Histoire  des  civi- 
lisations. 

Cours  supplémentaires.  —  Mercr^di  à  cinq  heures,  M.  P.-G. 
Mahoudeau  :  Anthropologie  histologique. 

Samedi  à  cinq  heures,  M.  A.  de  Mortillet  :  Ethnographie  com- 
parée. 

Samedi  à  trois  heures,  M.  Ghudzinski  :  Démonstrations  ana- 
tomiques. 

Légion  d'honneur.  —  On  été  promus: 

Au  grade  de  commandeur  :  M.  le  professeur  Trélat. 
Au  grade  d'officier:  M.  le  docteur  Ségard,  médecin   de  la 
marine. 

Banquet  offert  a  MM.  Ciiauveau  et  Arloing.-—  Les  oonibreui 
élèves  et  amis  de  MM.  Chauveau  et  Arloing  se  sont  réuni^/f 
30  octobre  dernier  pour  fêler  dans  un  banquet  la  présence  à 
Lyon  du  maître  aimé  et  vénéré  de  la  physiologie  lyonnaise  et  li 
nomination  de  M.  Arloing  comme  correspondant  de  rAcadémie 
des  sciences.  Nombreux  étaient  les  membres  de  la  Faculté  de 
médecine,  de  la  Faculté  des  sciences,  de  l'Ecole  vétérinaire,  du 
corps  des  médecins  de  Lyon  qui  avaient  répondu  à  I  appel  des 
organisateurs.  Le  Lyon  médical  auquel  nous  empruntons  celte 
note,  publie  les  toasts  portés  à  ce  banquet  par  MM.  Lortet, 
André,  Pétraux,  Lépine,  Biduy,  Viennois  et  les  réponses  df 
MM.  Chauveau  et  Arloing. 

Testament  de  Ricord.  —  M.  Ricord  a  légué  à  l'Académie  de 
médecine  une  somme  de  10000  francs  et  à  la  Société  de  chi- 
rurgie une  somme  de  5000  francs  pour  la  fondation  d'un  pri\ 
bisannuel;  à  l'Association  générale  des  médecinsde  France,  une 
somme  de  10000  francs;  à  l'hôpital  du  Midi,  sa  bibliothèque 
scientifique. 


Mortalité  a    Paris  (43*  semaine,  du   20  au  26   octobre 
1889.  — Population:  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  16, 

—  Variole,  1.  —  Rougeole,  6.  —  Scarlatine,  2.  —  Coque 
luche,  6.  —  Diphthérie,  croup,  21.  —  Choléra,  0.  —  Phthisie 
pulmonaire,  206.  —  Autres  tuberculoses,  17.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  48  ;  autres,  9.  —  Méningite,  27.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  50.  —  Paralysie,  7.  — 
Ramollissement  cérébral,   9.— Maladies  organiques  du  cœur,  53. 

—  Rronchite  aiguë,  23.  —  Bronchite  chronique,  27.  —  Broncho- 

Eneumonie,  13.  — Pneumonie,  55.  —  Gastro-entérite:  sein,  16; 
iberon,  43.  —  Autres  diarrhées,  7.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 2.  — Autres  affections  puerpérales,  4.  —  Débilité  con- 
génitale, 21. —  Sénilité,  27.  —  Suicides,  il.  — Autres  morts 
violentes,  9.  —  Autres  causes  de  mort,  178.  —  Causes 
inconnues,  8.  —  Total:  922. 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérants 

20911.  ~  MOTTBROZ.  —  Imprimerict  réunies,  Ai  rue  Migooo,  %  Parts. 


8  Novembre  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         —  N"  45  —    TÙ7 


SUPPLÉMENT  THÉRAPEUTIQUE 

OE    LA 

GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


THÉRAPEUTIQUE 

I.e   chlorhydrate  de  eocaVne   dans  le*  affections  de  la 
gforge  et  du  larynx. 

L'action  analgésique  et  anesthésique  de  \a  cocaïne  était 
connue  depuis  1862,  époque  à  laquelle  le  docteur  Schroiî 
obtint  Tanesthésie  de  la  muqueuse  linguale  ;  mais,  comme 
l'a  dit  M.  le  professeur  Rossbach  (d'Iéna),  c'est  le  docteur 
russe  von  Anrep  qui,  le  premier,  a  indiqué  les  propriétés 
anestbésiques  locales  de  la  cocaïne. 

Celte  découverte,  faite  dans  le  laboratoire  de  l'Université 
de  Wurtzbourg,  était  restée  inaperçue  quand,  au  Congrès 
des  ophthalmologistes  à  Heidelberg  et  à  la  Société  império- 
royale  des  médecins  de  Vienne,  H.  le  docteur  KoUer  a 
démontré  l'action  exercée  par  le  chlorhydrate  de  cocaïne 
sur  la  muqueuse  oculaire. 

Les  expériences  de  Koller  ont  été  contrôlées  et  reconnues 
exactes  ;  de  plus,  on  a  étendu  les  recherches  aux  autres 
muqueuses,  et  Ton  a  reconnu  que  toutes  sont  analgésiées 
et  ancsthésiées  par  l'application  de  chlorhydrate  de  cocaïne 
qui  annihile  toute  excitabilité.  Mais  on  ne  doit  recourir 
généralement  à  l'application  locale  d'une  solution  de 
chlorhydrate  de  cocaïne  que  s'il  y  a  lieu  de  faire  une  opé- 
ration sur  un  point  déterminé,  ou  bien  si  les  badigeon- 
nages  sont  indispensables  pour  amener  la  guérison  d'une 
lésion  de  la  muqueuse. 

Si,  comme  dans  la  pratique  journalière,  on  a  affaire  sim- 
plement à  une  maladie  de  la  gorge,  à  un  enrouement,  à 
une  extinction  de  voix  ou  bien  à  toute  autre  inflammation 
du  larynx  ou  du  pharynx,  il  suffit  de  prescrire  l'emploi  des 
pastilles  blondes  au  chlorhydrate  de  cocaïne  pour  obtenir 
un  prompt  succès.  «  Les  malades  atteints  de  douleurs 
pouvant  gêner  la  déglutition,  éprouveront  un  réel  soula- 
gement en  faisant  usage  de  quelques  pastilles  de  chlorhy- 
drate de  cocaïne  »  (Progrès  médical). 

Cette  action  locale  des  pastilles  Houdé  est  aujourd'hui 
bien  reconnue,  et  les  expériences  qui  ont  été  faites  ont 
démontré  qu'il  est  aisé,  par  suite  de  leur  dosage  rigoureu- 
sement exact  et  de  la  pureté  de  leur  principe  actif,  d'entre- 
tenir et  de  régulariser  l'action  de  ce  médicament. 

D'une  saveur  agréable  et  d'une  dissolution  rapide  et 
régulière,  elles  représentent  un  gargarisme  sec  d'une 
administration  pratique. 

Nous  croyons  utile  de  rapporter  ici  brièvement  l'observa- 
tion suivante  : 


Obs.  — M.-B...,  quarante-six  ans,  né  d'une  mère  luber^ 
culeuse,  est  sujet  à  des  bronchites  répétées.  Depuis  dcuxi 
mois,  le  malade  éprouve  une  certaine  difficulté  pour  res- 
pirer, les  crachats  sont  fréquents,  la  voix  est  couverte^ 
Signes  physiques  de  tuberculose  au  deuxième  degré. 

L'examen  au  laryngoscope  montre  qu'il  existe  un  œdème 
de  l'aryténoïde  gauche  avec  ulcération.  Au  mois  de  no- 
vembre, l'œdème  s'étend  à  l'épiglotle  et  la  déglutilion»  os(, 
gênée  par  suite  de  nombreuses  ulcérations  du  larynx. 

Ace  moment,  le  made  fait  usage  de  pastilles  au  chlor- 
hydrate de  cocaïne  pendant  quinze  jours;  dès  le  premier 
jour,  la  douleurdiminue  considérablement  et  la  déglutitioii> 
s'effectue  saris  souffrances.  Ces  pastilles  ramènent  en  mêim^ 
temps  l'appétit  et  le  malade  se  trouve  mieux  par  l'emploi  dt^ 
ce  médicament. 

Le  professeur  Gouguenheim  (de  Paris)  a  conrtaté  que 
l'emploi  du  chlorhydrate  de  cocaïne  sur  la  muqueuse  dui 
larynx  produit  l'anesthésie  rapide  de  cet  organe  et  amène 
une  sédalion  complète  des  laryngites  :  €  Grâce  à  la  cocaïne., 
dit-il,  les  malades  atteints  d'ulcérations  tuberculeuses  da 
larynx  peuvent  se  nourrir  ;  la  douleur  et  la  gêne  de  U\> 
déglutition  diminuent;  la  dysphagie  disparait  et  l'examen» 
laryngoscopique  devient  facile,  même  pour  le  larynx  le  plus 
rebelle.  » 

Dans  le  catarrhe  aigu  ou  chronique  du  larynx,  les  pas- 
tilles Houdé  à  la  cocaïne  modifient  l'hypérémie  et  la  tumé- 
faction des  tissus;  les  quintes  de  toux  cessent  rapidement 
sous  leur  influence;  on  les  conseille  aussi  dans  les  ulcéra- 
tions aphtheuses  de  la  muqueuse  buccale,  dans  les  picote- 
ments de  l'angine  et  de  la  pharyngite  sèche,  dans  les  pha- 
ryngites aiguës  et  les  enrouements. 

Leur  utilité  est  indiscutable  dans  les  affections  si  doulour- 
reuses  de  la  bouche,  de  la  gorge  et  du  larynx. 

(Semaine  médicale,) 


7:38 


N«  45  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


8  Novembre  1889 


THEKAPEUTIQUE 

De  raction  dtm  Ilal«aiuli|iic8  dan*  les  aflècdoiiii 
pulmonaire*. 

Il  n'est  peut-être  pas  de  médicament  plus  populaire  que 
le  goudron,  et  il  Ta  été  de  tout  temps  dans  les  contrées 
maritimes  du  Nord.  Depuis  que  Tévéque  Berkeley  en  Ht 
connaître  les  merveilleuses  propriétés,  il  n'a  cessé  d*étre 
employé  dans  le  traitement  d'un  grand  nombre  de  maladies 
et  notamment  dans  celui  des  états  morbides  ayant  pour 
siège  les  organes  broncho-pulmonaires.  Ici,  son  efficacité 
est  incontestable, 

Dès  1817,  Chrichton  publiait  de  très  curieuses  expériences 
sjur  les  inhalations  chaudes  de  goudron  dans  le  traitement 
de  la  bronchite  et  de  la  phthisie  pulmonaire.  Les  effets  ob- 
tenus ne  furent  pas  démentis  et  depuis  on  n'a  cessé  d'y 
avoir  recours.  Il  est  certiin  qu'administré  en  fumigation 
il  agit  plus  sûrement  et  plus  énergiquement  que  lorsqu'il 
est  donné  sous  forme  aqueuse.  En  cet  état,  il  diminue  les 
sécrétions  muqueuses  des  bronches  et  en  même  temps  la 
toux  et  la  dyspnée  deviennent  moins  pénibles.  Quand,  au 
contraire,  la  sécrétion  bronchique  est  rare,  l'expectoration 
difficile,  il  fluidifie  les  mucosités  et  facilite  leur  expulsion. 

Pour  administrer  le  goudron  par  les  voies  respiratoires, 
on  a  inventé  bien  des  appareils  qui  tous  ont  le  grand  défaut 
d'être  fort  dispendieux  et  peu  commodes.  On  ne  peut  en 
dire  autant  de  la  méthode  préconisée  par  M.  Géraudel.  Ses 
pastilles,  composées  de  goudron  à  l'état  moléculaire,  en  se 
dissolvant  dans  la  salive,  transportent,  par  l'air  inspiré,  la 
substance  active  jusqu'aux  dernières  cellules  pulmonaires. 
C'est  ainsi  qu'on  explique  l'action  curative  si  prompte  de  ce 
médicament  dans  les  bronchites  aiguës  tout  aussi  bien  que 
dans  les  catarrhes  chroniques.  La  toux  et  l'expectoration 
diminuent  presque  aussitôt  pour  cesser  définitivement 
après  quelques  jours  d'emploi  de  ces  pastilles. 

D^  L.  DuvAï.s. 


La  Bévellle. 

La  Réveille^  célèbre  source  des  Bénédictins  de  Cluny,  à 
Sauxilianges  (Puy-de-Dôme),  approuvée  par  l'Académie  d^ 
médecine,  autorisée  par  l'État,  ferrugineuse,  bicarbonatée, 
chlorurée-sodique,  gazeuse. 

Analyse  : 

Acide  carbonique 1 ,975 

bicarbonate  de  soude :2,r>45 

Hicarbonale  de  magiicsie 0,!230 

Bicarbonate  de  fer 0,107 

(Carbonate  de  chaux 0,31  i 

Sulfate  de  potasse 0,066 

Chlorure  de  sodium 0,065 

Elle  est,  de  toutes  les  eaux  minérales,  la  plus  normale- 
ment minéralisée  et  la  plus  agréable  à  boire,  tonique,  re- 
constituante, apéritive  et  digestive. 

Prescrite  avec  succès  contre  chlorose,  anémie,  dyspep- 
sies, goutte,  diabète,  albuminurie,  fièvre  intermittente,  ainsi 
que  contre  les  aflections  du  foie  et  des  voies  urinaires. 

Dans  l'état  ordinaire  de  santé,  elle  réveille  l'appélit  er 
fortifie  tous  les  organes. 

Un  ou  deux  verres  en  mangeant  ou  en  dehors  des  repas, 
coupée  avec  du  vin  ou  un  sirop  quelconque. 

S'adresser  au  régisseur,  à  Sauxilianges  (Puy-de-Dôme), 
ou  Maison  d'Esebeck,  rue  Jean-Jacques-Kousseau,  Paris. 


G.  HkssoH,  Propriétaire-Gérant. 

^0759.  —  MOTTBROZ.  ->  Imprimerief  réunlet,  A,  rua  Mifaoo,  t,  Paris. 


Trente-sixième  année 


N*46 


15  Novembre  4889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  le  D'  L.  LEREBOULLET,  RÉDàCTEUR  en  chef 
MM.  P.  BLACHEZ,  E.  BRISSAUD,  6.  DIEULAFOY,  DREYFUS-BRISAC,  FRANÇOIS.FRAIICK.  A.  HCNOCQUE,  A.^.  MARTIN,  A.  PETIT.  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédactiùn  à  M.  Lcreboullet,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préiérence) 


SOMMAIRE.  —  Bulletin.  ^  Glimiqub  chirdiioicalb.  Cholécystentérostomie. 
»  Formulaire  thkrapeutiqub.Du  traitement  do  l'ôrysipèle  par  la  créoline.  — 
Revue  ubs  cours  et  des  cliniques.  Hôpital  Necker  :  M.  Campcnon.  Méniiigo- 
encéphalite  conséeut^e  à  un  eoup  dofea.  Trépanation.  — Travaux  origiraux. 
Clinique  médicale:  Pneumothorax  survenu  dans  le  cours  d'un  accc!(  d'asthme 
cl  (^uérl  par  la  llioraccntèsc.  —  Revue  Diiis  Congrès.  Troisième  Congres  de 
la  Société  allemande  do  gynécologie  tenu  a  Prtbourg  en  Brisgau  du  12  au 
lijuîii.  —  SoGlETÉs  savantes.  Académie  des  sciences.  Académie  de  méde- 
cine. —  Sociéié  do  chirurgie.  —  Bibliographie.  Manuel  de  médecine  opéra- 
toire de  Malgaigne.  ~  VARliris.  Le  droit  de  réquisition  en  matière  médico- 
légale  ;  affaire  de  Rndez.  Faculté  do  médecine  de  Paris.  —  Feuilleton.  I.a 
médecine  à  TExposilion  universelle  de  i889. 


Académie  des  sciences , 


BULLETIN 

Paris,  13  novembre  1889. 

Caases  de  l'Immiiiiité  dans  le* 
maladie*. 

JSovLs  reproduisons  plas  loin  (p.  746),  d'après  le  texte  offi- 
ciel des  Comptes  rendus  de  r Académie  des  sciences^  le 
résumé  des  observations  que  vient  de  faire  M.  Bouchard 
sur  le  rôle  et  le  mécanisme  de  la  lésion  locale  dans  les 
maladies  infectieuses.  Il  ne  nous  appartient  pas  de  discuter 
longuement  ici  les  conclusions  qu'il  convient  de  déduire  de 
ces  recherches  si  intéressantes.  Elles  s'appuient,  on  le 
verra,  sur  un  assez  grand  nombre  d'expériences  dont  on  ne 
saurait  contester  la  valeur;  elles  affirment,  avec  l'autorité 
incontestée  du  maître  qui  les  a  entreprises,  que,  dans  les 
maladies  infectieuses,  la  lésion  locale  est  presque  toujours 
symptomatique  soit  d'une  immunité  relative  de  l'orga- 
nisme, soit  d'une  virulence  modérée  de  l'agent  infectieux. 


«  Plus  grands,  dit  H.  Bouchard,  sont  la  virulence  ou  le 
nombre  des  microbes,  plus  grandes  aussi  sont  les  chances 
d'infection  de  l'organisme.  D'une  façon  générale,  si  l'im- 
munité est  nulle  ou  si  la  virulence  est  eiccessive,  la  lésion 
locale  peut  faire  défaut,  l'infection  est  d'emblée  générale; 
si  l'immunité  est  absolue  ou  si  la  virulence  est  nulle,  la 
lésion  locale  peut  faire  défaut,  mais  l'infection  générale 
manque  également;  si  l'immunité  est  relative  ou  si  la  viru- 
lence est  modérée,  il  y  a  de  grandes  chances  pour  qu'il  se 
produise  une  lésion  locale,  et,  dans  le  cas  où  cette  lésion 
locale  sera  effectuée,  l'infection  générale  sera  épargnée; 
elle  apparaîtra,  au  contraire,  s'il  n'y  a  pas  eu  lésion 
locale. » 

On  lira,  avec  intérêt,  les  observations  qui  montrent  com- 
ment la  diapédèse  très  rapide  des  leucocytes  et  la  surac'^ 
tivité  de  la  puissance  phagocytique  de  ces  éléments  cellu- 
laires sert,  chez  les  sujets  vaccinés,  et,  par  conséquent, 
doués  d'immunité,  à  constituer  la  lésion  locale  et  à  éli- 
miner rapidement  ou  à  détruire  sur  place  les  agents  infec- 
tieux. On  comprendra  dès  lors  comment  ces  recherches  de 
pathologie  expérimentale  éclairent  et  expliquent  les  pro- 
blèmes si  obscurs  de  Timmunité  constitutionnelle  et  de 
l'immunité  acquise  par  la  vaccination,  et  combien  sont 
nécessaires  au  progrès  scientifique  ces  découvertes  déduites 
des  recherches  microbiennes. 

Sans  doute,  personne  ne  songe  à  y  contredire,  la  méde- 
cine dite  traditionnelle,  c'est-à-dire  l'observation  clinique, 
a  reconnu  et  afGrmé  de  tous  temps  quelques-uns  des  faits 
qu'expliquent  et  que  démontrent  aujourd'hui  les  études  si 


FEUILLETON 

I^a  médeeioe  à  l'Expoalilon  nnlveraelle  de  1889. 
(Huitième  et  dernier  article.) 

Arrivé  au  terme  de  ces  courtes  pérégrinations  à  travers 
l'Exposition  universelle  de  1889,  on  nous  pardonnera  de 
vouloirr  en  dégager  les  principaux  enseignements.  Au  pre- 
mier abord,  il  ne  semble  pas  que  ces  vastes  exhibitions  soient 
bien  favorables  aux  industries  qui  s'occupent  des  diverses 
branches  de  l'art  de  guérir  ni  à  celles  qui  ont  des  rap- 
ports avec  l'hygiène  ;  encore  moins  pour  les  œuvres  d'as- 
sistance proprement  dites.  Ce  n'est  pas  précisément  au  point 
(le  vue  de  ces  industries  et  de  ces  œuvres  qu'elles  sont  pré- 
parées et  installées,  et  d'ordinaire  celles-ci  y  tiennent  une 
place  fort  modeste,  le  plus  souvent  très  effacée.  Il  en  a  été 
assurément  de  même  cette  année  qu'aux  expositions  uni- 

2*  SÉEIB,  T.  XXVI. 


verselles  précédentes  pour  ce  qui  concerne  la  médecine  et 
la  chirurgie,  mais  non  pour  l'hygiène  et  l'assistance,  qui  y 
ont  brillé  d'un  certain  éclat  et  ont  été  exposées  de  façon  à 
attirer  età  retenir  l'attention  publique.  Les  palais— pour  em- 
ployer l'expression  consacrée,  bien  qu'elle  soit  ici  quelque 
peu  exagérée  —qui  leur  étaient  consacrés,  contrastaient  sm- 
gulièrement  avec  la  galerie  obscure  et  étroite  où  se  voyait 
mal  l'arsenal  chirurgical  contemporain.  Et  cependant, 
celui-ci  était  vraiment  supérieur  et  témoignait  d'une  longue 
série  d'efforts  parvenus  à  une  remarquable  perfection;  on  a 

Eu  s'en  convaincre  dans  les  deux  précédents  feuilletons, 
'industrie  sanitaire  est,  nous  l'avons  dit  aussi,  chose  toute 
nouvelle  en  France;  aussi  ne  doit-on  pas  s'étonner  que  les 
objets  qui  la  composent  n'aient  pas  encore,  pour  la  plupart, 
atteint  ce  même  degré  de  perfection;  néanmoins,  elle  pos- 
sède déjà  des  appareils,  quelques-uns  tout  au  moins,  dont 
la  supériorité  a  été  nettement  établie  par  les  travaux  spé- 
ciaux du  jury  de  la  classe  64. 

46 


738    —  N*  46  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CBIRURGIE       45  Notembbb  1889 


précises  que  Ton  poursuit  dans  les  laboratoires.  Nous  avons 
toujours  défendu  ses  droits,  et  moins  que  jamais  nous  ne 
voudrions  contester  à  la  médecine  clinique  sa  légitime  pré- 
pondérance. A  M.  Jaccoudy  qui  vient  de  protester  une  fois 
de  plus,  dans  la  leçon  d'ouverture  de  son  cours  de  clinique 
médicale,  contre  Texclusivisme  des  découvertes  contempo- 
raines, nous  ne  manquerons  donc  point  d'accorder  que,  au 
point  de  vue  de  la  pratique  médicale,  les  observations  cli- 
niques nous  ont,  depuis  de  longues  années,  fait  connaître 
la  patbogénie  et  la  thérapeutique  d'un  assez  grand  nombre 
de  maladies  infectieuses.  Mais  nous  devons  aussi  recon- 
naître que  tout  autre  est  la  doctrine  qui  ne  s'appuie  que 
sur  des  hypothèses  plus  ou  moins  séduisantes,  et  celle  qui 
se  déduit  d'expériences  positives.  L'opinion  qui  consistait 
à  considérer  )a  rage  comme  une  affection  nerveuse  siégeant 
dans  la  moelle  allongée  se  déduisait  bien  de  l'analyse  des 
symptômes,  mais  elle  est  restée  hypothétique  jusqu'au  jour 
où  l'inoculation  du  bulbe  rabique  lui  donna  une  certitude 
absolue.  La  contagiosité  de  la  tuberculose  pouvait  et  devait 
être  niée  jusqu'au  jour  où  les  expériences  de  M.Yilleniin 
eurent  démontré  que  le  virus  tuberculeux  était  inoculable. 
En  affirmant  aujourd'hui  encore  que  les  maladies  infec- 
tieuses doivent  être  divisées  en  deux  classes,  les  unes  pri- 
mitivement locales,  les  autres  générales  d*emblée,  M.  Jac- 
coud  développe  une  doctrine  très  séduisante  et  généralement 
admise.  Mais,  en  ajoutant  que  cette  doctrine  pathologique 
ne  doit  rien  à  la  période  microbienne  des  maladies  infec- 
tieuses, il  ne  peut  parler  que  pour  le  passé.  L'avenir  est 
aux  recherches  qui,  comme  celles  de  M.  Bouchard»  préci- 
seront les  conditions  dans  lesquelles  l'infection  peut  rester 
locale. 

Loin  de  nous  cependant  l'idée  de  nier  ce  qu'il  y  a  de 
juste  et  de  légitime  dans  les  recommandations  adressées 
à  ses  élèves  par  M.  le  professeur  Jaccoud.  S'il  convient 
d'applaudir  au  progrès  scientifique  que  les  recherches 
de  laboratoire  contribuent  à  affirmer  dans  le  domaine 
de  la  pathologie  générale,  il  serait  souverainement  impru- 
dent d'encourager  les  étudiants  à  s'adonner  exclusivement 
aux  travaux  de  ce  genre,  et  à  négliger  les  études  d'ordre 
clinique  et  pratique.  Aussi  appartient-il  à  ceux  qui  diri- 
gent les  examens  et  président  aux  concours  des  hôpi- 
taux et  de  l'agrégation  de  réagir,  s'il  y  a  lieu,  contre 
de  semblables  tendances.  Les  maîtres  éminents,  dont 
nous  louons  dans  ces  colonnes  les  travaux  de  pathologie 
expérimentale,  ont  été  et  restent  toujours,   dans    leurs 


services  hospitaliers,  d'excellents  médecins,  au  courant  de 
tous  les  procédés  d'exploration  clinique,  de  tous  les  progrès 
de  la  thérapeutique  contemporaine.  Pour  eux  aussi  la 
microbiologie  n'est  qu'une  des  sources  multiples  et  variées 
auxquelles  la  clinique  doit  emprunter  les  connaissances 
préalables  qui  lui  sont  nécessaires  pour  l'achèvement  de 
son  œuvre  propre.  Mais,  désireux  d'arriver  à  une  solution 
rigoureuse  des  problèmes  de  pathologie  générale  les  plus 
ardus  et  les  plus  discutables,  ils  étudient  scientifiquemenl 
les  questions  d'ordre  scientifique.  Il  en  est  de  môme  des  chi- 
rurgiens qui,  au  lieu  de  se  contenter  des  notions  vagues  et 
incomplètes  de  la  pathologie  d'il  y  a  trente  ans,  se  préoc- 
cupent d'introduire  dans  leur  pratique  hospitalière  et  d'ap- 
pliquer au  point  de  vue  thérapeutique  les  procédés  d'anti- 
sepsie les  plus  rigoureux.  Ceux-*ci,  parce  qu'ils  attachent  une 
plus  grande  importance  à  l'étiologie  déduite  des  recherches 
microbiologiques,  n'en  considèrent  pas  moins  comme  indis- 
pensable l'étude  rigoureuse  et  approfondie  de  l'anatomie 
chirurgicale  et  de  la  médecine  opératoire!  Il  doit  en  être 
de  même  dans  tous  les  cours  dé  clinique  nlédicale.  Tous  les 
maîtres  de  la  jeunesse  française  admettent  que  les  travaux  de 
microbiologie  ne  sauraient  jamais  tenir  lieu  des  études  de 
séméiologie  clinique,  et  que  le  médecin  qui,  sans  savoir 
ausculter  longuement  et  méthodiquement  un  phthisique, 
prétendrait  le  traiter  en  bornant  son  exploration  clinique 
à  l'analyse  bactériologique  de  Texpectoration,  ne  serait  pas 
longtemps  à  s'apercevoir  de  l'inanité  de  ses  tentatives;  mais 
tous  les  élèves  doivent  apprendre,  comme  leur  dit  H.  Jac- 
coud, qu'il  faut  que  la  science  et  la  pratique  marchent 
parallèlement  et  se  prêtent  un  mutuel  appui.  Les  cours  de 
clinique  médicale  et  chirurgicale  ont  précisément  poor 
objet  et  doivent  avoir  pour  résultat  de  former  de  bons  pra- 
ticiens. Les  laboratoires  leur  apprendront  ensuite  que  les 
hypothèses  doctrinales  ne  sauraient  prévaloir  contre  des 
faits  positifs. 


CLINIQUE  CHIRURGICALE 

Choléeysl  enléroatomlc. 

M.  Terrier  vient  de  communiquer  à  l'Académie  de 
médecine  une  très  remarquable  observation  de  cholécysten- 
térostomie.  Ainsi  que  son  nom  l'indique,  cette  opération  a 
pour  but  d'aboucher  la  vésicule  biliaire  à  une  anse  intesti- 


Cejury,  seul  a  peu  près  parmi  ceux  de  l'Exposition,  ne  s'est 
en  effet  pas  contenté  de  regarder  les  appareils  qu'il  avait  à 
examiner,  en  tenant  compte  de  l'aspect  extérieur,  de  l'ingé- 
niosité de  la  fabrication  et  de  l'importance  de  la  maison  qui 
exposait,  comme  on  le  fait  d'ordinaire;  il  a  voulu  les  expéri- 
menter et  il  s'est  livré  à  cet  effet  à  de  longues  et  minutieuses 
expériences  qui  donneront  à  son  rapport  une  importance  toute 
spéciale,  qui  justifie  la  sévérité  de  ses  décisions.  Ces  expé- 


potable, 

appareils  destinés  à  la  salubrité  des  habitations  et  des  villes, 
notamment  les  réservoirs  de  chasse  d'eau,  les  water-closets, 
les  siphons  obturateurs  hydrauliques  et  les  tuyaux  de  cana- 
lisation. On  trouvera  sans  doute  quelque  intérêt  à  connaître 
certains  dispositifs  employés  dans  ces  expériences,  qui  ont 
été  longues  et  multipliées. 
Pour  les  systèmes  et  appareils  de  chauffage  et  de  ventila- 


tion, il  y  avait  lieu  de  s'occuper  d'abord  de  ceux  qui  doivent 
avoir  pour  effet  de  supprimer  toute  exhalaison  de  gaz  nui- 
sible dans  les  locaux  habités  et  de  n'enlever  à  l'atmosphère 
de  ces  locaux  aucune  de  ses  qualités  essentielles  à  la  vie. 
tout  en  déterminant  une  égale  répartition  de  la  chaleur  ou 
du  froid  dans  les  diverses  parties  et  sur  tous  les  points. 
Quelques-unes  des  grandes  installations  actuelles  de  chauf- 
fage et  de  ventilation  présentent  ces  conditions,  que  M.  Emile 
Trélat,  après  trente-cin<|  ans  d'enseignement,  voit  enfin  se 
généraliser  dans  la  pratique.  On  a  cessé  d'envoyer  à  grands 
frais,  par  de  vastes  orifices,  de  l'air  chauffé  ou  refroidi,  sah 
par  les  calorifères,  les  tuyaux  ou  les  bottes  de  ventilation. 
sans  qu'on  puisse  bien  savoir  quelle  direction  prennent  le^ 
veines  qu'il  projette  de  côté  et  d'autre,  et  sans  qu'on  puis^tr 
arriver  à  réchauffer  suffisamment  les  parois  elles-mêmes 
des  locaux  occupés.  On  n Ignore  plus  aujourd'hui,  et  on  en 
connaît  bien  les  moyens  d'exécution,  que  l'on  doit  s'efforcer 
de  ne  pas  modifier  les  qualités  normales  de  l'atmosphère 


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nale,  de  façon  à  rétablir  le  cours  de  la  bile  lorsque  le 
canal  cholédoque  est  défit) itivemeot  obstrué.  Les  interven- 
tions de  ce  genre  se  comptent  encore  :  M.  Terrier  n'a  pu  en 
trouver  que  six  dans  la  liltérature  médicale,  et  la  sienne 
est  la  première  que  l'on  ait  faite  en  France.  Nous  croyons 
donc  devoir  attirer  l'attention  sur  elle  d'une  manière 
spéciale. 

I 

La  chirurgie  des  voies  biliaires  a  sans  doute  été  pres- 
sentie par  les  auteurs  du  siècle  dernier.  Malgré  l'intérêt 
qui  s'attache  à  ces  études  historiques,  nous  considérerons 
que  la  question  est  née,  en  réalité,  depuis  quelques  années 
seulement.  Certes  on  doit  signaler  quelques  tentatives  im- 
portantes; mais  en  somme  il  n'y  a  pas  longtemps  encore  que 
la  pathologie  des  voies  biliaires  ressortissait  à  la  médecine 
pure.  Le  chirurgien  était  convié,  de  temps  à  autre,  à  fendre 
un  phlegmon  calculeux,  dont  l'ouverture  spontanée  était 
imminente.  Souvent  même  on  laissait  la  nature  faire  tous 
les  frais,  et  parfois^  cependant,  on  priait  le  chirurgien 
d'aller  à  la  recherche  des  calculs  en  dilatant  la  fistule  qu'ils 
entretenaient. 

De  nos  jours,  il  n'en  va  plus  ainsi.  On  ne  se  demande 
plus  si  des  adhérences  protègent  ou  non  la  séreuse  périto- 
néale.  Lorsque  la  vésicule  biliaire  est  distendue,  doulou- 
reuse, enflammée,  on  n'hésite  plus  à  la  mettre  à  nu  par  la 
laparotomie,  à  l'inciser,  à  la  fistuliser,  à  l'extirper,  à  l'a- 
boucher même  dans*  une  anse  intestinale  voisine.  Telles 
sont,  en  effet,  les  opérations  auxquelles  on  a  actuellement 
recours. 

Chacune  d'elles  a  ses  indications  spéciales,  qui  relè- 
vent surtout  de  la  cause  du  mal.  Il  est  vrai  que  nos 
connaissances  diagnostiques  sont  encore  trop  souvent 
débiles,  et  nous  sommes  réduits  à  agir  suivant  les  consta- 
tations que  nous  faisons  par  la  vue  et  le  toucher  après  avoir 
ouvert  le  ventre. 

Les  lésions  auxquelles  le  chirurgien  peut  porter  remède 
sont  celles  qu'engendrent  les  obstacles  mécaniques  au 
cours  de  la  bile.  De  ces  obslacles,  les  calculs  sont  le  type. 
Nés  la  plupart  du  temps  dans  la  vésicule  biliaire,  ils  s'en- 
gagent dans  le  canal  cystique,  puis  dans  le  cholédoque,  et, 
si  la  plupart  du  temps  le  patient  s'en  débarrasse  au  prix 
d'une  colique  plus  ou  moins  intense,  trop  fréquemment  ils 
s'arrêtent  en  route  et  ferment  le  passage  aux  liquides 
sécrétés  en  amont  ;  petits  et  irréguliers  ils  les  laissent  d'abord 


s'écouler  en  partie,  mais  bientêt  la  muqueuse  s'enflamme 
et  se  boursoufle  autour  d'eux,  et  l'enclavement  se  parfait. 

Les  calculs  ne  sont  pas  la  seule  cause  d'obstruction.  Tout 
d'abord,  lorsque  après  un  séjour  prolongé  le  calcul  se  dégage, 
sous  une  influence  quelconque,  il  n'est  pas  rare  que  la  paroi 
enflammée  devienne  le  siège  d'une  sténose  cicatricielle.  Il' 
faut  compter  aussi  avec  certaines  inflammations,  mal  con- 
nues, de  la  muqueuse  ;  enfin,  et  surtout,  les  canaux 
biliaires  cheminent  au  milieu  d'organes  nombreux,  qui  les 
compriment  aisément.  De  là  le  rêle  des  tumeurs  diverses  de 
la  base  du  foie,  des  ganglions  lymphatiques  ;  (les  tumeurs 
et  des  scléroses  de  la  tête  du  pancréas,  principalement;  ou 
bien  le  péritoine  enflammé  forme  des  brides  enserrante^,  ou 
bien  encore  la  compression  est  l'effet  d'une  tumeur  de  la 
rate,  du  rein,  de  l'ovaire  même. 

De  ces  causes,  il  en  est  auxquelles  on  s'adresse  directe^ 
ment:  les  accidents  biliaires  cesseront,  par  exemple,  une 
fois  opéré  le  kyste  hydatique  du  bile  qui,  par  compression, 
les  provoquait.  Mais  peut-on  enlever  tous  les  ganglions 
malades  dai^s  cette  région?  enlever  aussi  un  pancréas  can- 
céreux ou  sclérosé?  Il  n'y  faut  point  songer,  mais  on  s'a* 
dressera  à  l'effet,  puisqu'on  ne  peut  parer  à  la  cause.  Pour 
les  calculs  biliaires,  on  combattra,  suivant  les  cas,  soit 
l'effet,  soit  la  cause,  soit  les  deux  à  la  fois.  Quels  sont  donc 
les  effets  produits  par  l'occlusion  des  voies  biliaires? 

H 

Lorsque  l'obstacle  siège  au  niveau  du  canal  cystique^  il 
arrive  parfois  que  la  vésicule,  dont  le  contenu  est  prisonnier, 
se  rétracte  peu  à  peu,  s'atrophie.  Cette  terminaison  est 
malheureusement  rare.  Bien  au  contraire,  le  liquide  s'ac- 
cumule, la  plupart  du  temps,  et  la  vésicule  distendue  forme 
une  tumeur  plus  ou  moins  volumineuse,  suppurée  ou  non. 

En  pareille  occurrence,  deux  opérations  sont  en  présence, 
une  fois  que  la  laparotomie  a  assuré  le  diagnostic.  On  a 
commencé  par  inciser  la  vésicule.  Plus  tard,  on  Ta  extirpée. 
A  la  cholécystotomie  a  succédé  la  cholécystectomie. 

La  cholécystotomie  t  idéale  >,  pour  parler  comme  les 
Américains,  serait  celle  où  l'on  réintégrerait  la  vésicule  dans 
le  ventre,  après  suture  exacte  de  l'incision  évacuatrice.  Les 
opérations  ainsi  conduites  sont  pour  le  moment  encore 
chargées  d'une  lourde  léthalité.  La  plupart  des  auteurs 
conseillent  donc  de  fistuliser  à  la  paroi  la  vésicule  ouverte, 
après  avoir  désenclavé  par  des  manœuvres  externes,  si 


habitée  et  de  rejeter  immédiatement  au  dehors  toutes  les 
impuretés  produites.  En  particulier  pour  le  chauffage,  il  faut 
environner  la  pièce  d'une  ceinture  rayonnant  de  la  chaleur 
au  lieu  de  s'exposer  à  en  perdre  par  la  muraille  et  intro- 
duire l'air  du  dehors  sans  que  celui-ci  ait  eu  à  subir  de 
variations  dans  son  parcours.  Quant  aux  appareils  de 
chauffage  domestique,  il  en  est  <{\ii  brûlent  avec  une 
grande  énergie  les  gaz  de  la  combustion,  grâce  à  l'interposi- 
tion d'une  sorte  de  foyer  circulaire  troué,  formant  comme 
un  chalumeau;  mais  aucun  constructeur  n'a  osé  rompre 
avec  les  funestes  habitudes  des  poêles  mobiles,  si  bien  que 
le  jurv  de  la  classe  64  n'a  pu  en  récompenser  aucun  plus 
spécialement. 

La  question  du  filtrage  de  l'eau  pour  l'alimentation  a  pris 
en  ces  derniers  temps  une  nouvelle  importance.  La  doctrine 
microbienne  en  a  changé  l'aspect  de  fond  en  comble  et  elle 
a  mis  les  divers  systèmes  en  présence  d'une  difficulté  nou- 
velle, que  la  plupart  n'avaient  d'ailleurs  pas  suffisamment 


[prévue.  Le  jury  a  accordé  la  même  valeur  à  l'essai  bactério* 
ogique  des  eaux  filtrées  et  à  leur  analyse  chimique,  bien 
aue  celle-ci  fut  subdivisée  en  quatre  épreuves,  à  savoir  :  la 
Itratioo  des  sels  solubles,  tels  que  le  plomb,  celle  de  la 
chaux,  puis  celle  des  matières  organiques  et  la  teneur  en 
oxygène  de  l'eau  filtrée;  il  a. tenu  également  grand  compte 
de  la  facilité  du  nettoyage  de  l'appareil.  C'est  là,  en  effet, 
une  des  conditions  principales  à  remplir  ;  il  n'est  pas  de  filtre 
qui  puisse  servir  utilement  pendant  quelque  temps,  s'il 
n'est  nettoyé  à  de  courts  intervalles,  qu'il  s'agisse  des  appa- 
reils à  bougies  de  porcelaine,  des  tissus  d  amiante  ou  de 
matières  filtrantes  spéciales.  Sur  vingt  et  un  appareils  pré- 
sentés au  jury,  trois  seulement  lui  ont  paru  mériter  des 
récompenses  à  ces  divers  points  de  vue.  Plus  difficile  était 
l'appréciation  des  systèmes  employés  ou  proposés  pour  la 
filtration  des  eaux  destinées  à  1  alimentation  d'une  grande 
ville;  ici,  les  procédés  sont  plus  compliqués,  et  l'on  peut 
dire  qu'aucun  a'eux ne  donne  aes  garanties  absolues;  si  bien 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        15  Novembre  4889 


possible,  le  calcul  auquel  on  fait  rebrousser  chemin  vers  la 
vésicule. 

Mais  cette  fistule,  qu'elle  donne  ou  non  issue  à  de  la  bile, 
sera  en  général  permanente.  Aussi,  lorsqu'il  a  été  bien 
démontré  que  le  canal  cholédoque  est  libre,  Langenbuch 
conseille  de  disséquer  la  vésicule  et  de  l'extirper,  en  section- 
nant le  canal  cystique  entre  deux  ligatures.  L'avantage  est 
encore  que,  comme  les  calculs  se  forment  presque  tous  dans 
la  vésicule,  on  met  le  malade  à  l'abri  des  coliques  hépa- 
tiques ultérieures. 

Lawson  Tait  a  porté  un  jugement  sévère  sur  cette  opéra- 
tion. A  son  sens,  la  cholécystectomie  est  <  intrinsèquement 
absurde  p.  11  s'appuie,  il  est  vrai,  en  1885,  sur  une  statis- 
tique un  peu  erronée.  En  tout  cas,  au  mois  de  janvier  1887, 
Langenbuch  communiquait  à  la  Société  médicale  de  Berlin 
une  série  de  douze  opérations  avec  deux  morts  seulement;  et 
une  de  ces  morts,  due  à  un  tubercule  cérébral,  doit,  en  toute 
justice,  être  défalquée.  On  n'a  pas  oublié  que  Michaux  d 
fait  connaître  tout  récemment  au  Congrès  de  chirurgie  une 
cholécystectomie  heureuse,  la  première  publiée  en  France. 
Les  faits  semblent  donc  avoir  donné  uû  démenti  à  l'opinion 
de  L.  Tail,  et,  quand  le  canal  cholédoque  est  perméable,  le 
mieux  semble  être  d'extirper  la  vésicule,  suppurée  ou 
hydropique,  mais  en  ayant  soin  de  faire  porter  la  section  du 
canal  cystique  au  delà  de  l'obslacle. 


III 


Pareille  conduite  serait  absurde,  sans  contredit,  si  le 
cholédoque  était  obstrué.  Ce  serait  barrer  définitivement  la 
route  à  la  bile,  car  le  canal  cystique  et  la  vésicule  peuvent 
nous  fournir  une  voie  dérivatrice. 

Soit  un  sujet  dont  le  cholédoque  est  totalement  bouché. 
Peu  importe  que  la  cause  soit  un  cancer  ou  une  sclérose  du 
pancréas;  un  calcul  ou  une  sténose  du  canal  lui-même.  Si 
l'obstacle  est  fixe,  le  malade  est  voué  à  une  mort  certaine; 
tout  comme  on  voit  succomber  en  quelques  jours  tons  les 
nouveau-nés  dont  les  voies  biliaires  sont  congénitalement 
imperforées. 

Nous  venons  de  dire  que  la  cholécystectomie  est  alors 
condamnée  à  l'avance.  On  n'en  saurait  affirmer  autant  pour 
la  cholécystotomie  avecfislulisation  de  la  vésicule  à  la  paroi 
abdominale*  Il  est  incontestable  que  Ton  pare  ainsi  aux 
accidents  immédiatement  graves;  lacholémie  par  rétention 
biliaire  cesse  et  les  lésions  cirrhotiques  du  foie,  des  reins. 


sont  arrêtées  dansleurévolttliou. Mais  l'opéré  est  pourvu  d^uof 
fistule  biliaire  totale;  de  là  une  déperdition  importante,  t: 
aussi  une  suppression  d'une  des  humeurs  utiles  à  la  diges- 
tion. Utilité  contestée,  sans  doute,  et  dans  un  travail  récerit 
Rohmann  prétend  presque  que  la  bile  est  une  superfélatiou. 
Tout  le  monde  n'est  pas  de  cet  avis,  et  la  plupart  des  clUth 
ciens  et  des  expérimentateurs  affirment  que  les  aninaam 
—  hommes  ou  autres  —  dépérissent  et  maigrissent  apr^ 
l'établissement  d'une  fistule  complète.  Que  la  théorie  les  t. 
blâme,  c'est  possible,  mais  le  moindre  gramme  de  bil" 
ferait  bien  mieux  leur  affaire. 

Aussi  bien,  dit  Nussbaum,  les  chiens  qui  lèchent  leur 
fistule  restent-ils  en  bon  état.  Malheureusement,  Tboinror 
n'en  peut  guère  faire  autant.  Harley  a  conseillé  de  fairr 
avaler  aux  fistuleux  des  capsules  contenant  de  la  bile  de 
cochon;  quand  ce  serait  bien  la  bile  du  fistuleux  lui-même, 
cette  prescription  semble  médiocrement  pratique. 

Il  faut  donc,  autant  que  possible,  éviter  la  fistule  totak\ 
Mais  déblayer  le  cholédoque  en  broyant  à  travers  lui  ie 
calcul  avec  une  pince  capitonnée  est  bien  hasardeux,  malgré 
un  succès  de  Lawson  Tait;  hasardeuse  aussi  est  Textraciion 
par  incision  proposée  par  Langenbuch.  En  principe,  au 
contraire,  on  ne  saurait  objecter  grand'chose  à  la  con- 
ception de  Nussbaum:  imiter  le  processus  parfois  dû  aux 
seuls  efforts  de  la  nature  et  créer  une  communication  entre 
le  fond  de  la  vésicule  distendue  et  une  anse  intestinale,  le 
duodénum  de  préférence.  Il  y  aura  ainsi  une  fistule  totale 
qui  fera  cesser  la  cholémie,  et  d*autre  part  la  bile  ne  sera 
pas  perdue. 

Mais  il  y  a  lOin  de  la  coupe  aux  lèvres.  Cette  opération 
est  d'une  grande  difficulté.  Winiwarter,  qui  le  premier /«< 
pratiqua,  la  réussit,  mais  il  dut  soumettre  son  malade,  du 
âO  juillet  1880  au  14  novembre  1881,  à  six  interveulions 
successives,  dont  trois  spécialement  destinées  à  établir  la 
fistule  intestinale  biliaire  ;  et  ces  trois  dernières  séances 
s'espacèrent  en  une  année.  Winiwarter  a  proposé  ensuite 
une  méthode  par  laquelle  on  agirait  en  deux  séances. 

En  réalité,  il  semble  que  Ton  doive  chercher  à  opérer  eu 
un  seul  temps,  et  c'est  ce  qu'a  fait  avec  succès  M.  Terrier. 
sur  une  femme  de  cinquante-quatre  ans,  atteinte  depai< 
deux  ans  environ  d'accidents  hépatiques  assez  vagues;  pui^, 
depuis  deux  mois,  d'une  occlusion  complète  du  cholédoque. 
Les  selles  étaient  décolorées,  les  urines  bilieuses,  le  foie 
volumineux,  la  vésicule  distendue.  L'ictère  était  foncé,  le 
prurit  intense,   et    la    salivation,  incessante.   La  malade 


qu'4ine  agglomération  doit  surtout  s'efforcer  d'ac(]uérir  des 
eaux  d'une  grande  pureté  et  les  mettre  à  l'abri  de  toute 
souillure. 

La  prophylaxie  des  maladies  transmissibles  est  singuliè- 
rement facilitée  par  les  divers  appareils  de  désinfection 
récemment  inventés,  parmi  lesquels  les  étuves  à  vapeur 
sous  pression  continuent  à  tenir  le  premier  rang.  Leur  expé- 
rimentation comporte  l'examen  des  microbes  pathogènes 
que  l'on  place  dans  les  tissus  destinés  à  y  être  désinfectés, 
la  recherche  de  l'égale  répartition  delà  température  dans 
tous  les  points  de  l'appareil  et  l'essai  des  résistances  au 
dynanomètre  des  divers  tissus  avant  et  après  Topération.  11 
est  curieux  de  se  rendre  compte  des  modifications  survenues 
dans  le  choix  des  procédés  de  désinfection  :  après  avoir 
utilisé  pendant  longtemps  les  étuves  à  air  chaud  en  Angle- 
terre, les  recherches  bactériologiques  ne  tardèrent  pas  à 
montrer  leur  insuffisance,  et  c'est  alors  qu'en  Allemagne  on 
associa  à  la  chaleur  sèche  la  vapeur  sans  pression,  ou  la 


vapeur  à  l'étal  de  courant,  expression,  d'ailleurs,  assez  vide 
de  sens  ;  puis  vinrent  en  France  les  étuves  à  vapeur  ï:oii> 

riression,  assez  communément  employées  aujounl'hui.  Ao 
ieu  d'opérations  durant  plusieurs  heures  à  des  températare> 
très  élevées,  on  est  graduellement  arrivé  à  obtenir  la  dé^in* 
fection  en  vingt  minutes,  sans  détérioration  aucune  de^ 
tissus  et  de  façon  à  assurer,  dans  toutes  leurs  parties*  la 
destruction  complète  des  microbes  pathogènes  les  piQ> 
résistants. 

La  salubrité  des  habitations  et  des  villes  adonné  lieu  à  de 
nouvelles  expériences,  afin  d'exiger  des  appareils  expose< 
qu'ils  assurent  une  évacuation  complète  et  extrêmement 
rapide  des  immondices.  Tout  un  laboratoire  sanitaire  a  et»* 
installé  par  le  jury,  pour  ces  expériences.  Les  tuyaux  di» 
canalisation  furent  éprouvés  au  point  de  vue  de  leur  rrsis^ 
tance  à  la  pression  extérieure,  à  l'aide  d'un  levier  dVcr^- 
sement,  et  à  la  pression  intérieure,  au  moyen  d'une  presse? 
hydraulique,  puis  au  point  de  vue  de  leur  résistance  au 


15  Novembre  1889      GAZETTE  IHEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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fut  mise  à  la  diète  lactée,  et  le  naphtol  {3  lui  fut  prescrit  à 
la  dose  de  3  grammes  par  jour.  Un  accès  de  fièvre  hépa- 
tique fit  faire,  à  peu  près  d'urgeuce,  une  laparotomie 
exploratrice.  La  vésicule  fut  vid^e  par  ponction  exploratrice 
et  le  doigt  du  chirurgien  put  alors  sentir  dans  le  cholédoque 
une  tuméfaction  allongée,  probablement  un  calcul.  La  face 
inférieure  de  la  vésicule  répondait  presque  directement  à  la 
face  antéro-supérieure  de  la  première  portion  du  duodénum. 
Là  fut  faite  l'anastomose,  la  cholécystentérostomie.  Tous 
les  points  de  suture  furent  placés  de  façon  à  faire  passer  les 
fils  entre  la  muqueuse  et  la  musculeuse,  sans  intéresser  la 
muqueuse,  suivant  le  procédé  classique  pour  les  sutures 
intestinales. 

Grâce  à  un  système  spécial  de  sutures,  H.  Terrier  put 
n'inci>er  les  parois  que  tout  à  fait  à  la  fin,  au  moment  de 
serrer  le  dernier  fil  ;  un  drain  fut  mis  dans  la  communica- 
tion artificielle,  puis  le  fil  fut  serré.  Grâce  aux  éponges  et 
aux  compresses  antiseptiques,  il  n'a  pas  coulé  dans  le  ventre 
une  goutte  de  bile  ou  de  matières  intestinales.  La  malade  a 
guéri  de  Topiâratioa^  puis  elle  s'est  peu  à  peu  rétablie; 
rictère  a  disparu  presque  complètement,  l'engraissement 
est  notable,  les  forces  reviennent,  et  Tétat  actuel  est  très 
satisfaisant. 

Outre  l'opération  déjà  citée  de  Winiwarter,  et  sans  tenir 
grand  compte  des  expériences  faites  sur  les  chiens  par 
Harley,  par  Gaston  (d'Atlanta),  on  trouve  dans  la  littérature 
médicale  des  faits  de  Honastyrski,  Kappeler,  Socin,  Bar- 
denheuer  et  Hayo  Robsou.  Ces  cholécystentérostomies  ont 
été  faites  en  un  seul  temps  et  les  malades  ont  guéri; 
H.  Terrier  n'a  cependant  pas  de  renseignements  sur  celui 
de  Bardenheuer. 

La  guérîson,  cela  va  de  soi,  n'est  qu'une  cure  palliative 
quand  l'obstacle  est  causé  par  un  tumeur  maligne,  du 
pancréas  surtout;  et  les  patients  de  Monastyrski,  de  Rap- 
peler, moururent  bientôt  de  leur  carcinome  pancréatique. 
Mais  ils  avaient  été  notablement  soulagés.  D'autre  part,  le 
diagnostic  exact  est  bien  souvent  impossible,  précisément 
parce  que  le  cancer  du  pancréas  tue  souvent  par  cholémie, 
sans  que  les  signes  auxquels  on  reconnaît  un  cancer  aient 
eu  le  temps  de  se  produire  ;  on  voit  parfois  succomber 
ainsi  des  malades  chez  lesquels  l'autopsie  révèle  une  simple 
sclérose  de  la  tète  des  pancréas.  Chez  ceux-là,  comme  chez 
les  calculeux,  la  cholécystentérostomie  n'eùt-elle  pas  été 
curative  ? 

La  cholécystentérostomie  n'est  cependant  pas  approuvée 


par  tous  les  chirurgiens.  Il  y  a  quelques  jours,  Mayo  Robson 
a  résumé  son  observation  personnelle  devant  la  Socfété  cli- 
nique de  Londres.  D'après  un  compte  rendu  du  Bulletin 
médical^  Knowsley  Thornton  a  qualifié  cette  opération  de 
f  monstrueuse  ]»  ;  elle  n'a  pas  sa  raison  d'être,  car  il  n'a 
pas  eu  de  fistule  à  la  suite  des  cholécystotomies  qu'il  a  pra- 
tiquées. Cette  absence  de  fistules  est  bien  étonnante,  si 
Thornton  a  opéré  des  malades  dont  le  cholédoque  était 
totalement  obstrué. 

Malgré  cet  anathème,  la  cholécystentérostomie  semble 
destinée  à  un  brillant  avenir,  car  elle  est  conçue  d'après 
les  données  de  la  physiologie,  et  jusqu'à  présent  lés  résul- 
tats immédiats  paraissent  excellents.  Dès  qu'une  occlusion 
totale  et  fixe  du  cholédoque  est  diagnostiquée,  il  faut  songer 
à  inlervenir;  on  n'est  plus  en  droit  de  laisser  les  malades 
tomber  de  l'ictère  jaune  dans  l'ictère  vert,  de  l'ictère  vert 
dans  l'ictère  noir,  et  de  l'ictère  noir  dans  la  privation  de  la 
vie.  On  en  voit,  sans  doute,  qui  guérissent  sans  qu'on  sache 
trop  pourquoi.  Mais  combien  ne  s'arrêtent  qu'à  la  dernière 
étape?  L'abstention  n'est  donc  plus  permise,  et  M.  Terrier 
vient  de  démontrer  que  pour  ces  malades  on  peut  faire 
mieux  qu'une  fistulisation  palliative  delà  vésicule. 

A.  BnocA. 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

Dv  Iraltenient  de  rérsrsipèle  par  1»  eréollne. 

Les  propriétés  antiseptiques  de  cette  substance  expli- 
quent son  application  au  traitement  de  l'érysipèle,  tel 
qu'il  est  actuellement  mis  à  l'essai  en  Autriche  et  en 
Allemagne. 

Les  uns  emploient  la  créoline  seule,  les  autres  l'asso- 
cient à  l'iodoforme. 

!•  Pommade  a  la  créoline.  —  Elle  peut  se  formuler 
ainsi: 

Créoline 3  grammes. 

Lanoline 25       — 

Elle  s'applique  au  pinceau  sur  la  surface  malade  en  dé- 
passant de  4  à  5  centimètres  les  bords  de  la  platjue  érysi- 
pélateuse.  On  recouvre  ensuite  de  gutta-pejrcha  ou  de 
makintosch. 

2**  Pommade  a  la  créoline  et  a  l'iodoforme.  —  Re- 


choc d'un  boulet  et  de  leur  perméabilité  à  l'eau.  Les  réser- 
voirs de  chasse  doivent  pouvoir  fonclionner  sans  être  in- 
fluencés par  leschangemenlsde  niveau  et  le  jet  d'eau,  à  sa 
sortie,  avoir  une  amplitudeet  une  force  suffisantes  pour  tout 
entraîner  sur  son  passage.  C'est  ici  que  la  forme  de  la 
cuvette  du  water-closet  et  du  siphon  hydraulique  prennent 
une  importance  toute  spéciale;  une  fois  complètement 
recouverte  à  son  intérieur  de  noir  de  fumée,  il  fallait  qu'une 
chasse  d'eau  déterminée  enlevât  celui-ci  sur  tous  les  points 
des  parois;  en  outre,  une  défécation  représentée  par  quatre 
pommes  de  terre  enrobées  de  papier  (matière  lourde)  et  par 
quatre  bouchons  de  liège  (matière  légère)  avec  quelques 
feuilles  de  papier  mince  devait  être  rapidement  et  totale- 
ment enlevée.  Dans  quelques  semaines,  les  résultats  de 
toutes  ces  expériences  seront  publiés;  ils  montreront  com- 
bien elles  ont  été  intéressantes  et  quels  services  elles  sont 
appelées  à  rendre  à  l'assainissement  des  habitations  et  des 
villes. 


Mais,  si  l'industrie  sanitaire,  à  l'égal  de  la  construction 
des  instruments  de  médecine  et  de  chirurgie,  offrait  d'in- 
térêt à  l'Exposition,  il  n'en  était  malheureusement  pas  de 
même  de  l'hygiène  hospitalière. 

Nous  avons  déjà  dit  quelles  lacunes  elle  présentait  ; 
seul,  il  faut  le  reconnaître,  le  système  à  voûte  ogivale 
témoignait  d'une  recherche  intelligente  et  rationnelle  des 
conditions  de  salubrité  d'un  hôpital;  mais  en  1878  déjà  il 
en  était  de  même  et  depuis  cette  époque  le  nombre  des  hôpi- 
taux de  ce  système  s'est  bien  peu  accru.  Ceux  de  Montpellier, 
du  Havre  et  Bichat  à  Paris,  et  ceux  du  Mans,  de  Fontenay-sous- 
Bois  et  d'Epernay,  en  voie  de  construction,  attestent  heu- 
reusement que  la  France  peut,  elle  aussi,  revendiquer  l'hon- 
neur d'avoir  modifié  radicalement  la  forme,  classique  denuis 
près  d'un  siècle,  de  nos  établissements  hospitaliers.  Ô'est 
encore  celui  de  Montpellier  qui  est  le  plus  complet  à  cet 
^gard;  il  est  bon  d'en  connaître  les  détails  principaux.  II 
occupe,  pour   620  lits,   hors  de  la  ville  et  à  Taltitude 


m    —  N*  46  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       45  Novembre  1889 


commandée  par  Mrœck  (de  Vienne),  elle  est  ainsi  com- 
posée : 

Créoline t  grammes. 

lodoforme 8       — 

Lanoline 20       — 

Plus  active  que  la  précédente,  elle  s'applique  de  la  même 
manière. 

Sur  les  surfaces  recouvertes  de  poils  ou  de  cheveux,  il 
est  utile  de  raser  ces  derniers  avant  Tapplication  du 
topique. 

On  continue  le  traitement  pendant  deux  ou  trois  jours 
après  que  Térysipèle  s'«sl  circonscrit  et  que  la  coloration 
de  la  peau  est  devenue  plus  pâle. 

Ch.  Eloy. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

HOPITAL  MECKER.  —  M.   GAMPENOUf. 

■èBtnffO-eBcéphaUte  consécutive  *  un  eoiip  4e  feu. 
Trép»aalloo. 


Le  malade  qui  va  Taire  Tobjet  de  cette  conférence  est  un 
homme  âgé  ae  trente-quatre  ans,  fortement  alcoolique. 
Retenez  bien  ce  fait;  vous  allez  voir  qu'il  a  une  très  grande 
importance. 

Le  21  octobre  au  soir,  étant  en  état  d* ivresse,  il  lirait  deux 
balles  de  revolver  sur  sa  femme  :  l'une  à  la  tète,  l'autre  au 
poignet.  Il  tourne  ensuite  son-arme  contre  lui-même  et  se 
tire  une  balle  dans  la  région  temporale  droite. 

Il  est  amené  alors  à  Thôpital.  Il  avait  une  petite  plaie 
pénétrante  entourée  de  grains  de  poudre,  à  deux  centimè- 
tres environ  au-dessus  de  l'arcade  zygomatiqne  et  en  arrière 
ée  l'apophyse  orbitaire  externe.  Hémorrhagie  abondante; 
pansement  iodoformé.  Impossible  de  savoir  si  la  boite  crâ- 
nienne avait  été  perforée.  Il  y  a,  en  effet,  une  règle  chirur- 
gicale absolue  qui  interdit,  dans  toutes  les  plaies  par  armes 
à  feu  de  petit  calibre,  de  sonder  la  plaie  et  d  aller  à  la 
recherche  de  la  balle.  Cette  loi  est  formelle  et  sous  aucun 
prétexte,  dans  des  cas  semblables,  vous  ne  devrez  agir  diffé- 
remment. 11  y  a  du  reste  des  cas  remarquables  de  tolérance 
de  Torganisme,  et  l'on  a  des  exemples  d'individus  ayant 
gardé  toute  leur  vie  une  balle  dans  le  cerveau,  sans  que  la 
présence  de  ce  corps  étranger  ait  amené  le  moindre  acci- 
dent. Ce  qui  s'est  passé  chez  la  femme  de  ce  malheureux, 
amenée  à  l'hôpital  en  même  temps  que  lui,  est  une  preuve 
de  plus  en  faveur  de  cette  méthode.  Nous  nous  sommes 


contentés  de  lui  faire  des  pansements;  ses  plaies  sont  ao 
jourd'hui  cicatrisées,  et,  bien  que  les  balles  soient  rester 
en  place,  elle  est  déûnitivement  guérie. 

Le  lendemain  matin,  c'est-à-dire  le  22,  notre  malade  ri< 
présentait  rien  de  particulier.  Il  était  bien  un  peu  hébété 
mais  cela  pouvait  tenir  à  ce  qu'il  n'était  pas  encore  complè 
tement  remis  de  son  ivresse  de  la  veille.  Quelques  vomis^r 
menls  dans  la  journée.  Le  soir,  il  avait  un  peu  de  fièvre  ;  ^ 
température  s'élevait  à  38%2. 

Le  23  au  malin,il  avait  encore  38%2,  mais,  comme  la  veilk 
rien  de  spécial,  sinon  que  la  langue  était  un  peu  sèche  e 
saburrale.  Nouveaux  vomissements  dans  la  journée. 

Le  soir,  c'est-à-dire  quarante-huit  heures  après  i'ao* 
dent,  il  a  une  attaque  épileptiforme  ;  dans  la  nuit,  des  nan 
sées  et  quelques  vomissements.  Sa  température  monte  ; 
39^,4. 

Le  lendemain  matin^  nous  ne  trouvons  chez  notre  maladt 
aucun  trouble,  ni  de  l'intelligence,  ni  des  mouvements.  Le^ 
accidents  de  la  veille  n'ayant  pas  reparu,  nous  nous  déci- 
dons à  ne  pas  intervenir,  tout  en  nous  tenant  prêts  pour  uoe 
intervention.  .  .  ^ 

Depuis,  la  température  oscillait  autour  de  â9  degrés.  Lt 
pouls,  qui  les  deux  premiers  jours  avait  été  un  peu  fréquenU 
probablement  à  cause  de  l'ivresse  du  malade,  se  maintenait 
à  soixante-douze  pulsations.  Nous  vivions  sur  ce  terrain  su» 

1>ect,  nous  demandant  si  nous  devions  intervenir,  mais  reçu- 
ant  devant  une  opération  grave  et  que  peut-être  on  pourrai! 
éviter,  lorsque  ce  matin  de  nouveaux  accidents  sont  venu.< 
lever  toutes  nos  hésitations. 

A  quelques  heures  d'intervalle,  le  malade  a  eu  deu\ 
attaques  consistant  en  mouvements  petits,  saccadés,  sur 
place,  des  quatre  membres.  Remarquez  bien  ce  fait  que  les 

!|uatre  membres  étaient  également  pris.  En  même  temps,  la 
ace' était  tiraillée,  les  dents  serrées,  les  yeux  animés  i^e 
mouvements  convulsifs,  les  pouces  dans  une  adduction  for- 
cée et  fléchis  sous  les  doigts.  Une  respiration  bruyante,  un 
véritable  ronflement  et  la  perte  involontaire  des  urines 
viennent  compléter  la  description  de  ces  attaques.  Après 
l'attaque,  le  malade,  étonné  et  inconscient  de  ce  qui  venait 
de  se  passer,  avait  aux  lèvres  un  peu  de  mousse  sanguino- 
lente. En  somme,  ces  deux  crises  étaient  de  véritables  atta- 
ques épileptiformes.  Nous  avons  cherché  attentivement  dans 
son  passé,  pour  savoir  s'il  avait  déjà  eu  de  semblables  acci- 
dents. Notre  malade,  en  effet,  est  un  alcooliqjoe.  Il  boii 
chaque  jour  une  quantité  assez  considérable  d'absinthe  et 
cette  liqueur,  vous  le  savez,  a  le  triste  privilège  d'exposer 
ses  adeptes  à  des  attaques  épileptiformes.  Mais  mes  recher- 
ches ont  été  négatives  sur  ce  point,  et  d'après  les  renseigne- 
ments que  nous  lenons,  soit  de  lui,  soit  de  sa  femme,  il 
n'aurait  jamais  eu  auparavant  de  crises  d'épilepsie. 


moyenne  de  50  mètres  une  surface  de  9  hectares  de  terrain, 
soit  150  mètres  par  tête  de  malade;  la  ligne  de  plus  grande 
pente  est  N.-S.  et  présente  une  certaine  déclivité.  Ajoutons 
qu'il  a  coûté  2250000  francs,  soit  3610  francs  par  lit. 

Construit  en  pierres  de  taille,  briques  et  ier,  avec  des 
couvertures  en  tuiles  sur  liteaux  en  fer  et  des  dallages  en 
mosaïque,  il  a  toutes  ses  salles  pourvues  d'une  double  enve- 
loppe en  briques  minces,  maintenues  par  des  nervures  en 
fer  et  faciles  à  flamber,  à  lessiver  ou  à  renouveler.  Les 
malades  y  jouissent  de  12  mètres  de  surface  de  salle  et  de 
65  mètres  cubes  d'air  ;  celui-ci  se  renouvelle  à  raison  de 
100  mètres  cubes  par  lit  et  par  heure,  par  les  ventouses 
ménagées  loin  des  occupants,  à  l'angle  dièdre  curviligne 
du  faîtage  du  vaisseau  ogival,  qui  ne  comporte  aucun  gre- 
nier capable  d'emmagasiner  Tair  vicié.  Les  malades  ne  sont 
pas  superposés  par  couches  multiples  séparées  par  un 
simple  plancher,  soumis  à  la  fois  à  l'action  infectante  des 
habitants  du  dessus  et  de  ceux  du  dessous,  comme  cela  a 


lieu  dans  les  bâtiments  à  plusieurs  étages.  De  larges  che- 
minées-glaces ornent  les  salles  et  contribuent  à  leur  venti- 
lation, en  même  temps  qu'elles  dégagent  la  vue  sur  la  cam- 
pagne. I 
Des  balcons  latéraux  placés  au  niveau  des  salles  per- 
mettent d'y  rouler  les  lits  en  les  abritant  sous  toile,  ce  qui 
forme  comme  des  salles  de  rechange  pendant  la  belle  sai- 
son. Les  salles  sont  disposées  pour  favoriser  les  grandsj 
lavages;  elles  n'ont  aucune  division  intérieure  et  elles  soin 
élevées  sur  des  pilastres  de  3"',20  de  hauteur,  laissant  uij 
rez-de-chaussée  entièrement  libre  à  l'accès  de  l'air  exté- 
rieur; de  telle  sorte  que  les  surfaces  extérieures  ou  d'aénè- 
tion  sont  à  peu  près  égales  aux  surfaces  intérieures  ai 
d'infection.  Ces  rez-de-chaussée  pourront  servir,  en  temps 
de  guerre,  à  hospitaliser  les  blessés.  Le  gaz  est  installé  en 
dehors  des  salles,  en  attendant  l'éclairai^e  électrique.  Ut 
chemin  de  ceinture  extérieur  sépare  l'hôpital  des  construc- 
tions particulières.  Un  chemin  de  ceinture  intérieur  ellip^j 


15  Novembre  1889       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  lŒDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N*  46  —    74a 


En  présence  de  ce  tableau  que  je  résume  brièvement  : 
une  balle  dans  la  région  temporale;  température  fébrile 
oscillant  autour  de  39  degrés  ;  régularité  du  pouls  se  main- 
tenant à  soixante-douze  pulsations  et  tombant  aujourd'hui  à 
soixante-six  ;  attaques  épileptiformes  avec  mouvements  des 
quatre  membres;  intelligence  conservée,  mais  avec  une 
certaine  lenteur  de  la  pensée  et  de  la  parole,  quel  diagnostic 
devons-nous  poser? 

J'ajoute  que  le  malade,  depuis  trois  ou  quatre  jours,  se 
plaint  d'un  peu  de  raideur  des  muscles  de  la  nuque. 

Au  début,  la  légère  élévation  tbermométrique  pouvait 
être  expliquée  par  Tivresse  et  par  Tinflammation  consécu- 
tive au  traumatisme.  La  crise  épileptiforme  constatée  le 
second  jour  après  rentrée  du  roataae  à  Thôpital  pouvait 
aussi  reconnaître  pour  cause  la  suppression  brusque  de 
Tabsinthe.  Souvent,  en  effet,  chez  les  gens  saturés  d'alcool, 
la  suppression  complète  donne  naissance  à  du  delirium  tre- 
mejis  et  plus  particulièrement  chez  les  absinlhiques  à  des 
attaques  épileptiformes.  Hais  cette  explication  n'est  plus 
suffisante  pour  les  accidents  que  nous  constatons  aujour- 
d'hui. Le  projectile  a  pénétré  clans  la  cavité  crânienne  et  a 
provoqué  une  inflammation  des  méninges  et  de  l'éeorce 
cérébrale.  Cette  température  élevée  avec  urt  pouls  régulier 
et  plutôt  lent,  cette  fatigue  des  facultés  intellectuelles,  la 
raideur  de  la  nuaue  et  surtout  les  attaques  épileptiformes 
présentent  le  tableau  clinique  complet  de  la  méningo-encé- 
phalite. 

Cette  méningo-encéphalile  est-elle  localisée  ou  étendue? 
Etant  données  les  connaissances  si  précises  que  l'on  possède 
sur  les  localisations  cérébrales,  cette  question  est  du  plus 
haut  intérêt.  Si,  en  effet,  un  centre  moteur  était  plus  spé- 
cialement atteint,  c'est  surtout  sur  lui  que  devrait  porter 
notre  intervention,  et  nous  aurions  alors  à  préciser  la  place 
qu'il  occupe  par  rapport  à  la  paroi  crânienne. 

En  l'absence  de  tout  phénomène  de  localisation  et  en 
tenant  compte  de  la  généralisation  des  mouvements  saccadés 
aux  quatre  membres  pendant  les  attaques  d'épiiepsie,  nous 
devons  conclure  que  1  affection  est  diffuse. 

En  présence  de  ce  diagnostic  de  méningo-encéphalite  dif- 
fuse, quel  doit  être  notre  rôle?  Devons-nous  et  pouvons-nous 
intervenir?  Oui,  nous  devons  intervenir,  car,  si  nous  laissons 
les  choses  suivre  leur  cours,  la  mort  du  malade  est  assurée. 
Mais  comment  intervenir?  Les  phénomènes  généraux  ne 
nous  donnant  aucune  indication  sur  le  lieu  où  doit  porter 
notre  intervention,  nous  suivrons  passivement  le  trajet  de  la 
balle  à  travers  les  téguments  et  à  travers  le  crâne.  Du  reste, 
celte  région,  à  cause  de  la  profondeur  des  parties  molles 
et  à  cause  de  la  présence  de  la  méningée  moyenne  en 
dedans  du  temporal,  est  loin  d'être  un  lieu  d'élection  pour 
l'application  du  trépan. 


Peul-èlre  n'avons-nous  affaire  qu'à  une  simple  fracture 
du  temporal.  Mais  peu  importe  ;  la  conduite  à  tenir  est  tou- 
jours la  même.  Nous  inciserons  les  téguments  sur  une  assez 
grande  étendue,  en  faisant  une  incision  cruciale.  Nous  déta- 
cherons le  périoste,  puis  nous  examinerons  l'état  de  l'os. 
Celui-ci  sera  enlevé  largement,  et,  si  l'on  trouve  un  épanche- 
ment  collecté  entre  lui  et  la  dure-mère,  il  faudra  l'évacuer. 
Les  enveloppes  cérébrales  étant  ensuite  incisées,  si  nous 
trouvons  une  méningite  suppurée,  nous  les  nettoierons  du 
mieux  possible,  ainsi  que  la  substance  cérébrale,  soit  en  les 
lavant,  soit  en  les  essuyant  doucement  avec  une  éponge  fine 
imprégnée  de  substances  antiseptiques.  Si  la  balle  a  péné- 
tré dans  la  substance  cérébrale  et  que  son  trajet  soit  indiqué 
par  un  aspect  piqueté  et  ramolli  de  l'éeorce  du  cerveau,  nous 
irons  à  sa  recherche;  sinon,  nous  nous  abstiendrons. 

Je  tiens  à  vous  signaler,  en  terminant  celte  conférence, 
la  différence  entre  les  accidents  de  la  méningo-encéphalile 
consécutive  à  une  chute  ou  à  un  traumatisme  et  ceux  qui 
accompagnent  la  méningo-encéphalite  consécutive  à  une 
plaie  par  arme  à  feu.  Dans  le  premier  cas,  sous  l'influence 
de  la  commotion  cérébrale,  le  malade  est  plongé  tout  de 
suite  dans  le  coma,  puis,  sans  aucune  transition,  apparais- 
sent les  symptômes  de  la  méningo^ncéphalite  diffuse.  Au 
contraire,  chez  un  individu  qui  reçoit  une  balle  dans  le 
cerveau,  s'il  ne  meurt  pas  sur  le  coup,  il  y  a  toujours  un  cer- 
tain intervalle,  je  dirais  presque  une  période  d'incubation, 
entre  le  traumatisme  et  lapparition  des  accidents.  Cette 
période  est  très  variable,  et,  dans  certains  cas,  elle  peut  être 
assez  longue. 

A  l'Hôtel-Dieu,  il  m'a  été  donné  de  voir  un  jeune  homme 
qui  s'était  tiré  une  balle  dans  la  tête.  Les  trois  ou  quatre 
premiers  jours,  il  était  en  parfaite  santé  et  causait  des  motifs 
qui  l'avaient  poussé  à  cet  acte  de  désespoir.  Mais  vers  le 
quatrième  ou  le  cinquième  jour,  sont  apparues  des  atlaques 
a'épilepsie  et  le  malade  a  succombé  en  moins  de  quarante- 
huit  heures.  J'ai  vu  aussi  un  cas  semblable  à  l'Hôpital  des 
Enfants.  Une  fillette  avait  reçu  une  balle  qui  lui  avait  presque 
traversé  le  crâne  de  part  en  part.  Ce  n'est  que  huit  à  dix 
jours  après  l'accident,  alors  qu'on  la  croyait  hors  de  danger, 
qu'elle  a  présenté  les  premiers  symptômes  d'une  méningo- 
encéphalite  qui  l'a  emportée  rapidement. 

Aussi,  dans  des  cas  de  ce  genre,  doit-on  toujours  réserver 
le  pronostic,  même  alors  que  le  blessé  parait  aller  bien, 
et  être  prêt  à  intervenir  dès  l'apparition  des  premiers  acci- 
dents. 


Résumé  de  Popération.  —  Le  trajet  musculaire  de  la 
balle  n'existe  plus.  Celle-ci  est  en  totalité  ou  en  partie  trou- 
vée dans  l'épaisseur  du  muscle  absolument  aplatie  et  défor- 
mée; on  retire  en  même  temps  une  petite  esquille  osseuse. 
Il  est  alors  facile  de  voir  que  le  crâne  est  perforé  sur  une 


tique  sépare,  dans  quatre  segments  isolés,  les  services  sus- 
ceptibles de  produire  des  émanations  insalubres,  tels  que 
les  pavillons  doubles  de  contagieux,  au  nombre  de  trois 
(variole,  diphthérie,  fièvres  éruptives),  l'autopsie,  la  désin- 
fection, etc.  Les  pavillons  de  contagieux  sont  placés  dans 
l'angle  N.-O.  du  plan  général,  de  telle  sorte  que  les 
vents  dominants  portent  leur  atmosphère  en  dehors  des 
autres  quartiers.  Les  salles  de  contagieux  sont  pourvues 
d'appareils  spéciaux  pour  la  destruction  des  microbes  de 
l'air  des  salles,  avant  son  expulsion  dans  l'atmosphère.  La 
dislance  entre  les  pavillons  des  contagieux  et  ceux  des 
malades  ordinaires  est  de  60  mètres.  Les  services  généraux 
et  de  cliniques  sont  placés  au  centre.  Les  malades  et  blessés 
sont  divisés  en  deux  quartiers,  un  pour  chaque  sexe,  dis- 
tancés de  50  mètres.  Les  pavillons  sont  uniformément 
orientés  du  N -0.  au  S.-E.;  ils  sont  séparés  par  des 
jardins  de  28  mètres  de  largeur  entre  faîtages  (largeur 
triple  de  celle  des  plus  larges  rues  de  la  ville  et  presque 


double  de  celle  des  routes  nationales).  Des  espaces  libres 
sont  réservés,  dans  la  région  nord,  pour  y  placer  des  ambu- 
lances mobiles  en  cas  d'épidémie.  Les  pavillons  sont  séparés 
par  des  jardins  plantés  d  arbres  et  d'arbustes  ou  semés  de 

fielouses.  Une  prise  d'eau  spéciale,  partant  de  la  source  de 
a  rivière,  fournit  l'eau  pure  et  en  abondance  à  l'hôpital. 
Les  eaux  sales  et  les  matières  excrémentitielles  largement 
diluées  sont  envoyées  aux  égouts  de  la  ville  par  une  canali- 
sation spéciale  en  grès,  pourvue  de. siphons  et  de  réservoirs 
de  chasse.  Enfin  tous  les  services  sont  mis  en  communica- 
tion entre  eux  et  avec  l'administration  par  le  téléphone. 
Des  omnibus  spéciaux  font  le  service  de  transport  à  très  bas 
prix,  et  en  dix  minutes,  entre  la  ville  et  l'hôpital.  C'est  là, 
à  notre  avis  du  moins,  le  type  le  plus  complet  de  l'hôpital, 
tel  que  les  exigences  de  l'hygiène  moderne  permettent  de 
le  concevoir,  et  même  un  excellent  exemple  de  la  situation 
que  les  villes  peuvent  donner  à  ces  établissements  par  rap- 
port à  l'éloignement  des  centres  habités.  L'éOMioime  y 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURaiE       45  Novbhbre  1880 


largeur  d'un  centimètre  environ  et  une  longueur  de  deux 
centimètres  à  peu  près.  Le  grand  axe  de  la  perforation  se 
dirige  vers  l'apophyse  orhitaire  interne.  On  décolle  le  pé- 
rioste tout  autour,  jusqu'au  bord  de  l'orbite. 

Au  centre  de  la  perforation  est  une  masse  où  l'on  recon- 
naît la  dure-mère  perforée  et  une  substance  noirâtre,  ra- 
mollie, formée  d'un  mélange  de  caillots  sanguins  et  sans 
doute  de  pulpe  cérébrale.  On  retire  une  esquille  enfoncée 
d'un  centimètre  environ  dans  la  pulpe  cérébrale.  L'orifice 
est  agrandi  avec  la  pince-gouge,  et  on  voit  sourdre  de  l'angle 
interne  une  cuillerée  à  café  environ  de  pus  mal  lié. 

Au  cours  de  l'opération,  l'artère  méningée  moyenne  cou- 
pée par  la  balle  donne  du  sang  en  grande  quantité;  on  l'ar- 
rête par  une  pince  à  demeure. 

La  plaie  est  lavée,  nettoyée,  tamponnée.  On  met  un  drain 
«lUant  sous  la  dure-mère  jusqu'au  contact  de  la  pulpe  céré^ 
brale.  Pansement  iodoformé. 

Le  soir,  une  attaque  épileptiforme  à  dix  heures  du  soir. 

Le  2  novembre,  l'élat  général  du  malade  est  meilleur;  il 
n'a  plus  eu  d'attaques  depuis  le  jour  de  l'opération  et  la  rai- 
deur de  la  nuque  a  disparu.  La  température  est  descendue 
à  37%8.  Nouveau  pansement  iodoformé;  la  plaie  a  un  très 
bon  aspect;  pas  de  pus  en  dehors  du  trajet  du  drain. 

En  résumé,  si  le  malade  est  actuellement  hors  de  danger, 
il  est  incontestable  que  c'est  à  Tintervenlion  chirurgicale 
qu'il  le  doit. 

Ch.  Steeg. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Clinique  médicale. 

Pneumothorax  survenu  dans  le  cours  d'un  accès  d'as- 
thme ET  guéri  par  la  thoracentèse.  Communication 
faite  à  la  Société  médicale  des  hôpitaux,  dans  la  séance 
du  25  octobre  1889,  par  M.  Troisier,  agrégé,  médecin  de 
la  Pitié. 

Laennec  a  signalé  l'emphysème  pulmonaire  parmi  les 
affections  qui  peuvent  donner  naissance  au  pneumothorax. 
«  Il  paraît  prooable,  dit-il  (t.  II,  p.  555,  édit.  Andral),  que, 
dans  le  cas  d'emphysème  du  poumon  avec  rupture  des 
cellules  aériennes  et  passage  de  l'air  sous  la  plèvre,  cette 
membrane  elle-même  peut  aussi  se  rompre  à  son  tour,  et 
donner  ainsi  lieu  à  un  pneumothorax.  Je  crois  même  avoir 
vu  ce  cas  ;  mais,  les  notes  que  j'en  avais  prises  ayant  été 
perdues,  je  n'oserais  l'assurer.  * 

Le  fait  n'est  pas  douteux,  et  depuis  Laennec,  on  en  a 


publié  un  certain  nombre  de  cas  (1).  Je  l'ai  observé  chez  la 
malade  que  je  vous  présente. 

Cette  femme,  âgée  de  vingt-sept  ans,  était  entrée  à  ia 
Pitié  le  25  juin  1887  pour  un  violent  accès  d'asthme.  Elle 
avait  eu  un  premier  accès  à  l'âge  de  dix-neuf  ans,  et  depuis 
lors,  les  accès  se  reproduisirent  de  loin  en  loin. 

Lorsque  je  la  vis  pour  la  première  fois,  elle  était  arc- 
boutée  sur  son  lit,  anxieuse,  en  proie  à  une  dyspnée  exces- 
sive ;  chaque  mouvement  respiratoire  était  accompagné  d'un 
tirage  très  pénible:  la  face  était  violacée  ;  le  thorax  dilaté; 
le  murmure  vésiculaire  affaibli  dans  toute  l'étendue  de  U 
poitrine  ;  l'expiration  sifflante  et  prolongée,  avec  quelques 
râles  muqueux  aux  deux  bases;  l'expectoration  spumeuse  el 
abondante;  les  bruits  du  cœur  éloignés,  sans souflle ;  les 
urines  rares  et  très  albumineuses. 
*  Les  jours  suivants,  cet  accès  persista  avec  les  mêmes 
caractères  ;  l'oppression  était  excessive  et  empêchait  toute 
espècede  repos.  La  température,  oui  jusqu'alors  était  restée 
normale,  s'éleva  le  28  avril  à  40  degrés  et  40*,5  le  soir, 
sans  qu'aucune  complication  apparente  put  expliquer  cet 
état  fébrile  ;  le  pouls  était  petit  et  fréquent.  La  situation  de 
la  malade  était  réellement  fort  grave. 

Le  1*'  juillet,  on  constata  pour  la  première  fois  un  sooCie 
amphorique  et  des  tintements  métalliques,  du  côté  gauche, 
en  avant,  en  arrière  et  dans  l'aisselle.  Le  cœur  était  refoulé 
à  droite  du  sternum.  —  Il  s'était  donc  produit  un  pneumo- 
thorax, d'une  façon  insidieuse,  car  la  malade  n'avait  rien 
ressenti  au  moment  de  la  rupture  du  poumon,  et  la  dyspnée 
ne  paraissait  pas  plus  forte  qu'auparavant. 

Je  fus  assez  effrayé  de  cette  complication.  Que  fallait-il 
faire?  Je  craignais  que  l'air  évacué  par  la  thoracentèse  ne 
fût  immédiatement  remplacé.  J'attendis  au  lendemain,  et 

fieut>être  cette  temporisation  fut-elle  utile;  elle  permit  à 
a  fissure  pulmonaire  de  se  cicatriser,  le  poumon  était 
refoulé  contre  le  médiastin  et  par  conséquent  immobilisé. 
Le  2  juillet,  les  signes  physimies  étant  les  mêmes  que  la 
veille,  l'oppression  à  son  comble  avec  des  menaces  d'as- 
phyxie, je  pratiquai  la  thoracentèse  avec  le  petit  trocarl  de 
l'appareil  de  M.  Potain.  Je  fis  trois  fois  l'aspiration  avec  un 
flacon  d'un  litre;  comme  le  vide  n'est  jamais  parfait, 
j'estime  que  j'ai  enlevé  deux  litres  d'air  environ  (2). 

J'ai  eu  le  tort  d'aller  vite,  et  peut-être  eût-il  mieux  vain 
ne  point  se  servir  d'un  appareil  aspirateur  ;  car  cette  sous- 
traction rapide  de  l'épancnement  gazeux  amena  un  déplis- 
sement brusque  du  poumon  comprimé,  et  un  afOux  sanguin 

(1)  Voy.  Aii^ry,  Pneumothorax  camé  par  la  rupture  des  v^tieuUs  emphgu- 
mateuscs  au  cours  de  Vemphysème  (Thèse,  Paris.  i887).  —  Gaillard,  Du  pneu- 
mothorax simple,  sans  liquide,  et  de  sa  curabilité  {Arch.  gén.  deméd.,  18^). 

(ii  II  oiU  été  intéressant  de  mesurer  la  tension  pleurale  et  de  fairi>  l'an^  >««• 
du  giiz  épanché  ;  mais  la  thonicentcse  était  urg^entc  cl  je  n'avais  pas  sous  la  niaiu 
les  instruments  nécessaires  pour  faire  ces  recherches. 


trouve  également  son  compte  et  le  bien-être  des  malades 
en  est  considérablement  accru.  De  petites  maisons,  desti- 
nées aux  premiers  secours  et  au  service  des  consultations, 
suffisent  à  l'intérieur  des  villes,  pourvu  que  le  transport  à 
l'hôpital  général  soit  facile,  rapide  et  fréquent. 

C'était  la  première  fois  que  l'administration  sanitaire 
française  prenait  part,  avec  quelques  développements,  aune 
Exposition  universelle.  L'une  des  plus  précieuses  préro- 
gatives que  procure  la  puissance  publique  est,  on  le  sait, 
celle  de  pouvoir,  par  des  mesures  appropriées,  diminuer  le 
tribut  que  les  populations  payent  à  la  maladie  et  à  la  mort. 
Cette  prérogative  s'exerce  par  l'application  de  lois  spéciales 
et  de  règlements  que  l'administration  appliaue  en  s'inspi- 
rant  des  progrès  que  la  science  suggère  et  des  transforma- 
tions que  subissent  les  mœurs  publiques.  Si  bien  (jue  le 
taux  de  la  mortalité  dans  une  agglomération  humaine  se 
trouve  influencé,  ainsi  que  le  démontrent  de  nombreux  et 
fréquents  exemples,  par  l'état  de  la  législation  sanitaire  et 


de  l'organisation  administrative  chargée  d'appliquer  cette 
législation.  C'est  pourquoi  l'administration  sanitaire  fran- 
çaise, centralisée  actuellement  pour  les  services  d'Etat  au 
ministère  de  l'Intérieur,  n'a  pas  manqué  de  saisir  Tocca- 
sion  de  l'Exposition  pour  rendre  le  public  témoin  des  efforts 
qu'elle  ne  cesse  de  faire  en  vue  d'assurer  la  salubrité  dans 
les  agglomérations  urbaines  et  rurales,  de  prévenir  ou 
arrêter  les  épidémies  et  les  maladies  Iransmissibles,  de 
€  faire  jouir  les  habitants  des  avantages  d'une  bonne  police, 
notamment  de  la  propreté,  de  la  salubrité  dans  les  rues, 
lieux  et  édifices  publics  >, suivant  les  expressions  du  législa- 
teur de  1789.  Elle  comprend  des  services  d'Etat,  des  services 
départementaux  et  des  services  municipaux,  suivant  que  les 
dispositions  des  lois  sanitaires  engagent  toutes  les  autorités 
du  pays  ou  sont  laissées  à  la  discrétion  de  l'une  ou  de 
l'autre  d'entre  elles.  On  sait  d'ailleurs  que  la  salubrité 
publique  est,  au  point  de  vue  général,  confiée  en  France  au 
pouvoir  municipal.   Les  dispositions  prises  à  l'Exposition 


15  Novembre  1889        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


~  N*  46  —    745 


vers  cet  organe,  ce  qui  se  traduisit,  comme  quelquefois 
après  la  thoracentèse  dans  le  cas  de  pleurésie,  par  des 

Îjuintes  de  toux  et  une  expectoration  abondante,  claire  et 
liante  (l'analyse  clinique  de  cette  expectoration  n'a  pas 
été  faite;  elle  présentait  les  caractères  de  l'expectoration 
albumineuse).  Mais  bientôt  le  calme  se  rétablit,  et  la 
malade  se  sentit  considérablement  soulagée.  Le  soir,  elle 
était  beaucoup  moins  oppressée.  On  trouvait  encore  dans 
les  parties  supérieures  du  thorax  du  souffle  amphorîque  et 
du  tintement  métallique  ;  en  arrière  et  sur  le  côté,  on 
entendait  le  murmure  vésiculaire  affaibli  et  en  partie  mas- 
qué par  des  sibilances. 

Le  lendemain  matin  3  juillet,  il  n'y  avait  plus  de  signes 
de  pneumothorax;  l'air  restant  après  la  thoracentèse  était 
complètement  résorbé  (on  sait  que  la  plèvre  absorbe  très 
facilement  les  gaz).  La  nuit  avait  été  presque  bonne;  la 
température  était  revenue  à  la  normale.  Bientôt  tout  rentra 
dans  l'ordre  ;  la  dyspnée  cessa  peu  à  peu  et  l'accès  d'asthme 

Frit  fin;  l'albumine  disparut,  et  la  malade  put  quitter 
hôpital  une  quinzaine  de  jours  après  son  entrée. 
Depuis  celte  époque,  c'est-à-dire  depuis  deux  ans  et  demij 
elle  a  eu  un  certain  nombre  d'accès  d'asthme  de  moyenne 
intensité.  EHe  offre  maintenant  les  signes  de  l'emphysème 
pulmonaire  à  un  léger  degré.  Elle  est  forte  et  peut  se  livrer 
à  des  occupations  assez  fatigantes.  J'ajoute,  pour  être  com- 
plet, qu'elle  ne  présente  aucune  trace  de  tuberculose. 

Je  me  bornerai  à  quelques  remarques  au  sujet  de  ce  cas 
intéressant  : 

1"  Le  plus  souvent  le  pneumothorax  qui  se  produit  dans 
le  cours  de  l'emphysème  pulmonaire,  ou  pendant  un  accès 
d'asthme,  reste  peu  important  et  l'air  se  résorbe  rapide- 
ment. Mon  observation  démontre  qu'il  peut  présenter  une 
extrême  gravité  par  la  quantité  d'air  épanché.  La  compres- 
sion du  poumon,  le  déplacement  du  cœur,  augmente  la 
gêne  respiratoire  circulatoire,  et  ce  sont  de  nouvelles 
causes  de  suffocation  et  d'asphyxie  ajoutées  à  l'accès  d'as- 
thme. Aussi  la  thoracentèse  est-elle  mdiquée  dans  ces  cas; 
ma  malade  aurait  peut-être  survécu,  mais  c'est  grâce  à  celte 
opération  qu'elle  a  été  mise  immédiatement  hors  de  dan- 
ger. 

2°  Le  pneumothorax  est  resté  simple,  sans  hydrothorax. 
L'air  atmosphérique  n'est  donc  pas  un  irritant  pour  la  plèvre. 
Par  lui-même  il  est  inoffensif,  et  les  pleurésies  avec  épan* 
chôment  liquide  qui  accompagnent  si  souvent  le  pneumo- 
thorax ne  sont  pas  dues  à  la  présence  de  l'air  dans  la  cavité 
Fileurale,  mais  à  la  pénétration  de  particules  solides  ou 
iquides  chargées  d'éléments  pathogènes. 

3*"  Cette  observation  montre  que  le  tintement  métallique 
n'exige  pas  pour  se  produire,  la  présence  de  liquide  dans  la 
plèvre,  et  que  le  souffle  amphorique  peut  exister,  bien  qu'il 


n'y  ait  pas  de  fistule 

là  des  faits  qui  sont  bien  établis  aujour 

consonance,  de  Skoda>. 


)ersistanle.  Ce  sont 
l'hui  (théorie  de  la 


REVUE  DES  CONGRÈS 

Trotalèmo  Coacrès  de  la  «oelété  AllGmande  de  ffynéeolocle 
teau  à  Friliourc  ea  BrlHPAn  da  t«  aa  14  JalB« 

(Fin.  —  Voyez  les  n"  29,  33  et  iO.) 

MÉCANISME    DE    LA    RESPIRATION    CHEZ    LE    NOUVEAU-NÉ ,    par 

MM.  Dohrn  et  Aeckerlein,  —  La  conclusion  la  plus  importante 
de  ce  mémoire  esl  la  suivante  :  d'une  manière  générale,  les 
poumons  ne  s'emplissent  pas  d'air  avec  les  premières  inspira- 
tions; les  alvéoles  ne  se  déplissent  que  le  second  jour. 

Deux  ruptures  utérines  guéries  par  la  laparotomie.  — 
L'une  de  ces  ruptures  s'était  produite  quarante-huit  heures 
après  le  début  du  travail.  Le  fœtus  était  hydrocéphale.  Quatorze 
heures  plus  lard,  Viedow  pratiqua  la  laparotomie  et,  après  avoir 
extrait  le  fœtus  passé  en  entier  dans  la  cavité  péritonéale,  con- 
stata Texistence  aune  énorme  déchirure  intéressant  le  côté  droit 
du  corps  et  du  segment  inférieur,  ainsi  que  le  feuillet  postérieur 
du  ligament  large.  Par  cette  déchirure  et  à  travers  le  cul-de-sac 
correspondant  au  vagin,  Viedow  amena  à  la  vulve  une  bande 
de  gaze  iodoformée  en  guise  de  drain.  Le  péritoine  fut  lavé  à 
Teau  chaude  et  on  en  fit  la  toilette  avec  de  la  gaze  stérilisée. 
L*utérus  fut  enlevé  et  le  pédicule  traité  par  la  méthode  extra- 
péritonéale.  Guérison  après  septicémie  légère  caractérisée  par 
quelques  ascensions  thermiques  et  Tapparition,  six  semaines 
après  l'opération,  d'une  phlegmatia  alba  dolens  gauche. 

Kehrer  a  traité  et  guéri  de  la  même  façon  une  rupture  utérine* 
survenue  pendant  une  version  podalique  faite  dans  le  but  d'ex- 
traire au  travers  d'un  bassin  oblique  ovalaire  un  fœtus  présen- 
tant le  sommet. 

Mécanisme  de  l'accouchement  dans  les  présentations  du 
sommet.  —  Frommel  expose  que,  contrairement  à  l'opinion 
exposée  l'an  dernier  par  Olshausen  à  Halle,  la  rotation  de  la 
tête  dans  le  bassin  précède  la  rotation  du  tronc  qui,  par  consé- 
quent, n'en  est  pas  la  cause.  Ces  deux  auteurs  s'appnient  d'ail- 
leurs également  sur  l'observation  clinique. 

TECHNittUE  de  l^opération  CÉSARIENNE.  —  Veil  (de  Berlin) 
envisage  la  question  à  deux  points  de  vue  :  i"  A  quel  moment 
faut-il  opérer?  L'auteur  croit  que  pour  se  mettre  à  l'abri  de 
rhémorrnagie  il  est  bon  d'attendre  l'apparition  de  contractions 
énergiques;  2°  Quelle  suture  employer?  De  recherches  expéri- 
mentales entreprises  sur  les  animaux,  d'une  opération  césarienne 
pratiquée  sur  une  guenon,  Veit  tire  cette  conclusion  que  la  suture 
séro-séreuse  est  inutile  et  qu'il  sufût,  pour  obtenir  la  réunion  de 
la  plaie  péril onéale  (en  quatre  ou  cinq  jours),  de  bien  affronter 
les  tissus  sous-jacents. 

Sànger  conteste  qu'on  puisse  conclure  de  la  guenon  à  la  femme. 
Il  proclame  k  nouveau  l'utilité  de  la  suture  séro-séreuse  qui  lui 
a  donné,  ainsi  qu'à  ses  imitateurs,  les  merveilleux  résultats  que 


pour  faire  connaître  les  plus  importants  de  ces  services 
étaient  suffisamment  explicites  pour  donner  une  idée  du 
rôle  que  chacun  d'eux  joue  actuellement  ;  mais  c'était  sur- 
tout dans  des  livres  et  des  documents  que  l'on  pouvait 
trouver  la  trace  de  la  surveillance  incessante  qui  s  exerce 
au  profit  de  sa  santé.  Trois  des  attributions  des  services  de 
l'hygiène  ont  permis  toutefois  des  développements  figura- 
tifs, plus  accessibles  au  public,  à  savoir,:  la  police  sanitaire 
maritime,  la  lutte  contre  les  épidémies  et  les  maLadies 
transmissibles,  et  les  eaux  minérales.  Aussi  l'administra- 
tion avait-elle  surtout  appliqué  ses  soins  à  rendre  ces  déve- 
loppements aussi  compréhensibles  et  aussi  complets  que 
possible.  Pour  les  eaux  minérales,  par  exemple,  elle  avait 
l'ait  dresser  une  magnifique  carte  des  richesses  hydro- 
minérales, si  considérables  et  si  variées,  de  la  France,  et 
donné  le  plus  d'importance  possible  à  rétablissement  d'Âix- 
les-Bains.  Les  services  de  police  sanitaire  maritime  étaient 
représentés  par  des  vues  des  principaux  lazarets,  une  ma- 


3 uette  représentant  celui  de  Trompeloup,  à  l'embouchure, 
e  la  Gironde,  et  des  spécimens  des  appareils  de  désinfec- 
tion qui  y  sont  utilisés.  Enfin,  des  statistiques  spéciales 
montraient,  mois  par  mois,  depuis  trois  ans,  le  mouvement 
des  maladies  transmissibles  dans  nos  villes  les  plus  peu- 
plées. Sans  doute  tous  ces  documents  sont  encore  insuffisants; 
s'ils  montrent  combien  notre  organisation  administrative 
sanitaire  est  récente,  ils  prouvent  aussi  que  les  méthodes  et 
les  procédés  qu'elle  emploie,  les  principes  sur  lesquels  elle 
appuie  ses  décisions  sont  rationnels  etjudicieux  ;  une  nou- 
velle Exposition  universelle  ou  plutôt  une  Exposition  spé- 
ciale, permettra  d'en  mieux  apprécier  les  résultats. 


746    ^  N'  46  —        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       15  Novembre  1889 


vient  de  mettre  en  relief  la  thèse  de  Caniso.  Il  n'est  pas  néces- 
saire que  le  repli  péritonéal  soit  considérable;  1  ou  î  milliraè- 
tres  suffisent;  quinze  sutures  au  moins  sont  indispensables  pour 
obtenir  la  réunion  d*une  plaie  utérine  ayant  laissé  passer  un  fœtus 
•d  terme. 

Léopold  a  perdu  trois  opérées  et  a  pu  s'assurer  sur  elles  que 
la  suture  séro-séreuse  assure  l'occlusion  parfaite  de  la  plaie  ;  il 
concède  (jue  le  point  essentiel  est  l'affrontement  exact  des  lèvres 
de  la  plaio.  A  propos  du  temps  d'élection,  il  rapporte  Tobserva- 
lion  d  une  femme  qu'il  opéra  six  heures  après  le  début  du  tra- 


cinq 

minutes.  L'opérée  succomba'  à  une  hémorrhagie  'abdominale 
secondaire  ;  il  y  avait  trois  quarts  de  litre  de  sançr  dans  le  ventre. 
.  Suivent  plusieurs  communications  dénuées  d  intérêt  au  point 
(le  vue  pratique  :  de  Bumfh-  (de  Wurzbourg),  sur  le$  vaisseaux 
utérO'placmtaires;  de  Leopold  (de  Dresde),  sur  la  structure 
du  placenta;  de  Hofmeiery  sur  Vanaiomie  du  placenta;  de 
Schatz  (de  Rostock),  sur  les  placentas  à  collerette. 

—  Bayer  (de  Strasbourg),  continuant  ses  recherches  sur 
l'utérus  gravide,  apporte  une  contribution  nouvelle  à  Vétude 
du  segment  inférieur  de  Vutérus  et  du  placenta  prœvia.  Il 
conclut  à  la  conservation  ie  la  longueur  du  col  pendant  toute  la 
durée  de  la  grossesse  et  au  revêtement  dû  segmeiii  inférieur  de 
l'utérus  par  la  caduque,  sans  se  rallier  franchement  encore  aux 
conclusions  fermes  de  l'Ecole  de  Schrœder  et  de  celle  de  Pinard. 

—  Léopold  apporte  des  faits  anatomiques  précis  à  l'appui  de 
la  théorie  du  non-effacement  du  col  pendant  la  grossesse.  Il 
montre  les  dessins  d'une  coupe  après  congélation  pratiquée  sur 
une  femme  multipare  morte  d'hémorrhagie  par  placenta  prœvia. 

Le  col  de  l'utérus  est  intact  et  l'orifice  interne  fermé. 

—  Ahlfeld  montre  un  bassin  oblique  ovalaire  avec  absence 
d'une  aile  du  sacrum  et  synostose  sacro-iliaque  du  même  côté. 

Du  TRAITEMENT  DES  hémorrhagies  post  partum.  —  DUhrssen 

S  de  Rerlin)  insiste  sur  la  fréquence  de  ces  hémorrhagies  qui, 
['après  les  statistiques,  causeraient  en  Prusse  la  mort  dune 
femme  au  moins  par  jour.  Il  s'appuie  sur  cette  statistique  pour 
vanter  les  avantages  de  la  méthode  qu'il  a  récemment  préconisée  : 
le  tamponnement  intra-utérin.  11  le  veut  hâtif  et  pense  qu'il 
agit  en  excitant  les  contractions  utérines  et  par  compression. 
Ses  conclusions  s'appuient  sur  cinquante-sept  cas  avec  un  seul 
insuccès.  Ce  traitement  serait  applicable,  en  tant  que  tamponne- 
ment utéro-abdominal,  à  l'opération  césarienne  et  aux  ruptures 
utérines. 

Repoussé  par  Olshausen^  par  Veit  et  par  Battlehner^  le  tam- 
ponnement intra-utérin  est  aéfendu  par  Do^m,  qui  s'en  est  bien 
trouvé  dans  cinq  cas  dont  une  opération  césarienne. 

—  Schatz  s'occupe  de  la  provocation  et  de  la  régularisation 
des  contractions  utérines  par  le  seigle  ergoté.  11  assure  que  : 
i®  les  contractions  provoquées  par  le  seigle  ergoté  ont  le  carac- 
tère des  contractions  normales  et  nullement  tétaniques;  2°  le 
seigle  ergoté  augmente  non  l'intensité,  mais  la  fréquence  des 
contractions.  Le  seigle  commence  à  agir  un  quart  d'heure  après 
son  adminitration  et  agit  au  maximum  une  demi-heure  après.  Il 
ne  faut  l'administrer  quç  d'heure  en  heure  e\,  n'en  confier  l'em- 
ploi qu'à  une  personne  avisée  et  compétente. 

H.  V. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

AeiMléaile  des  «eleace». 

RôLK    ET   MÉCANISME    DE    LA    LÉSION    LOCALE    DANS     LES 

MALADIES  INFECTIEUSES,  par  M.  Ch.  Bouchavd. 

J'ai  fait  remarquer  depuis  longtemps  aue,  dans  les  maladies 
infectieuses,  d'une  façon  générale,  plus  l'aptitude  morbide  est 
grande,  moins  il  y  a  de  lésion  locale  ;  mais  j'ai  eu  soin  d'ajou- 
ter :  la  lésion  locale  renforce  l'immunité  et  diminue  la  gravité 
de  la  maladie  générale.  Les  deux  formules  ne  se  confondent  pas. 
Tune  n'est  pas  implicitement  contenue  dans  Tautre.  J'emprunte 
aux  faits  anciens  et  aux  faits  récents  de  la  pathologie  des  exem- 
ples de  ces  deux  lois. 


L'homme  est  plus  réfractaire  au  charbon  que  le  lapin  ;  rio-.* 
culation  de  la  bacléridie  charbonneuse  produit  chez  I  homme  Ja 

pustule  maligne, 

ment;  le  même  n 

nérale  d'emblée, 

marquée  et  souvent  imperceptible.  M.  Gharrina  fait  voir  que  \* 

cobaye  est  plus  réfractaire  que  le  lapin  à  la  maladie  pyoc>a- 

nique  ;  or  il  a  établi  que  l'inoculation  sous-cutanée   du  bacill' 

Î)yocyanique,  qui  produit  chez  le  lapin  l'infection  géDérale  sar.^ 
ésion  locale  notable,  provoque  habituellement  chez  le  cobaye  uor 
gomme  limitée  au  point  d'insertion,  gomme  qui  s'ulcère,  suhn 
la  nécrose  moléculaire,  s'élimine  et  se  cicatrise  lentement,  san^ 
que,  dans  la  grande  majorité  des  cas,  il  survienne  une  infecti<'L 
générale. 

La  résistance  normale  d'une  espèce  animale.  Timmunité  na- 
turelle, comme  on  dit,  favorise  donc  le  développement  d'nor 
lésion  locale.  Une  immunité  absolue  empêche  complètement  i^ 
développement  de  Finfection  générale  et  de  la  lésion  locale,  l  oe 
absence  totale  d'immunité  provoque  l'infection  générale,  sou- 
vent sans  lésion  locale.  Une  immunité  relative  impose  habituel- 
lement  la  production  d'une  lésion  locale  qui,  d'ordinaire,  n*e$i 
pas  suivie  d'infection  générale. 

D'autre  part,  l'apparition  d'une  lésion  locale  au  lieu  d'inoro- 
lation  produit  ou  renforce  l'immunité  et  diminue  ainsi  la  graritr 
de  rin(6Clioi>  générale.,  On  sait  depuis  longtemps  <|ue  la  vaiief^ 
inoculée  donne,  quelques  jours  après  l'évolution  des  pustu^N 
primaires,  une  infection  générale  sensiblement  moins  grave  qoc 
la  variole  ordinaire,  dans  laquelle  l'infection  générale  succède  à 
un  arrêt  passager  du  contage  dans  le  poumon,  infiniment  moins 

grave  que  la  variole  fœtale,  où  l'infection  générale  se  fait  d^em- 
lée  par  le  sang.  J'en  pourrais  dire  autant  de  la  syphilis  acquise*, 
comparée  à  la  syphilis  congénitale.  Je  pourrais  surtout  invoquer 
l'exemple  d'un  bon  nombre  de  maladies  infectieuses  expérimea- 
taies. 

Si  la  lésion  locale  produit  une  immunité  relative,  on  pourrait 
supposer  que,  dans  les  faits  do  la  première  catégorie,  où  \t 
disais  que  l'immunité  relative  provoquait  l'apparition  de  la  If- 


provoquait  lapparitic 


sion  locale,  je  faisais  une  erreur  d'appréciation;  on    pourrait 
dire  que,  si  ces  animaux  semblent  être  réfractaires,  c*est  panrr 
qu'ils  sont  capables  de  faire  une  lésion  locale  et  que  cette  feiao 
locale,  circonscrivant  la  maladie,  Fempéche  de  devenir  géDé- 
rale. Je  désire  soumettre  à  l'Académie  le  résumé  d'expériences 
qui  démontrent,  je  crois,  que  cette  interprétation  serait  errooéf. 
J'ai  dit  que  l'inoculation  sous-cutanée  du  bacille  pyocjaniqae 
provoque,  chez  le  cobaye,  au  point  d'inoculation,  une  tomenr 
volumineuse  qui  s'ulcère  et  s'élimine  lentement,  et  que  rien  df 
semblable  ne  se  produit  chez  le  lapin.  J'ai  attribué  cette  diffé- 
rence à  la  résistance  plus  grande  du  cobaye,  à  son  immuDitt> 
naturelle.  Je  prouve  que,  si  l'on  confère,  au  préalable,  an  lapio 
l'immunité  acquise,  on  peut,  en  l'inoculant  ensuite  sons  la  peau, 
déterminer  chez  lui  la  même  lésion  locale  que  chez  le  cooaye. 

M.  Charrin  a  montré  qu'on  vaccine  le  lapin,  à  des  degrés  di- 
vers, soit  en  lui  injectant  successivement  sous  la  peau  de  petites 
doses  de  culture  du  bacille  pyocyaniaue,  soit  en  introduisant 
successivement  dans  ses  veines  de  très  petites  doses  de  cette 
même  culture,  soit  en  lui  injectant  sous  la  peau  ou  dans  ie^ 
veines  la  culture  dé^rrassée  i)e  tout  micfobe  par  la  chaleur  ou 
par  le  filtre.  J'ai  établi  que  la  même  vaccination  peut  être  obte- 
nue par  l'injection  sous-cutanée  ou  intraveineuse  des  urintf^ 
stérilisées  fournies  par  d'autres  animaux  atteints  de  la  maladi<> 

λyocyanique.  Si,  à  ces  animaux  ainsi  préparés,  on  injecte  dans 
es  veines  une  quantité  de  culture  virulente  qui  tue  en  vingt- 
quatre  heures  un  lapin  neuf,  on  observe,  suivant  qu'on  a  pousv 
plus  ou  moins  loin  la  vaccination,  que  cette  inoculation  ne  pro- 
voque aucun  accident  morbide,  ou  détermine  seulement  une 
maladie  chronique  qui  peut  guérir.  Que  l'on  injecte  sous  h 
peau,  à  ces  lapins  réfractaires,  une  dose  de  culture  virulente 
qui  ne  produit  pas  de  lésion  locale  chez  un  lapin  neuf,  et  Ton 
verra  se  développer  chez  les  vaccinés,  au  point  d'inoculation, 
une  tumeur  qui  s'ulcérera,  s'éliminera  lentement  et  n'arrivera 
à  se  cicatriser  qu'au  bout  de  plusieurs  semaines,  comparable  à 
la  gomme  pyocyanique  du  cobaye  non  vacciné. 

Dans  ces  cas,  ce  n'est  pas  la  lésion  locale  qui  a  produit  l'im- 
munité; l'immunité  préexistait  et  c'est  parce  que  ranimai  pos- 
sédait l'immunité  que  la  lésion  locale  s'est  développée. 

Dans  cette  appréciation  des  causes  de  production  de  la  lèsioi. 
locale,  il  est  certain  qu'il  n'v  a  pas  seulement  à  tenir  comptr 
des  variations  de  l'immunité;  il  faut  compter  aussi  avec  le> 


45  Novembre  1889       GAZETTE  UEBDOMADAIRE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         --  NM6  -    747 


variations  de  \^  virulence  de  Tagenl  pathogène^  et  même  avec 
le  nombre  des  microbes.  Plus  ffrands  sont  la  virulence  ou  le 
nombre  des  microbes,  plus  grandes  aussi  sont  les  chances  d*in- 
fection  de  réconomie.  D*une  façon  générale,  si  Timmunité  est 
nulle  ou  si  la  virulence  est  excessive,  la  lésion  locale  peut  faire 
défaut,  rinfection  est  d*emblée  générale;  si  l'immunité  est 
absolue  ou  si  la  virulence  est  nulle,  la  lésion  locale  peut  faire 
défaut,  mais  Tinfection  générale  manque  également;  si  l'immu- 
nité est  relative  ou  si  la  virulence  est  modérée,  il  y  a  grande 
chance  pour  qu'il  se  produise  une  lésion  locale  et,  dans  le  cas 
où  cette  Jésion  locale  sera  effectuée,  l'infection  générale  sera 
épargnée;  elle  apparaîtra,  au  contraire,  s*il  n'y  a  pas  eu  lésion 
locale. 

Mes  expériences  m'ont  permis  d'étudier  le  mécanisme  de  la 
production  de  la  lésion  locale  et  de  la  protection  qu'elle  exerce 
sur  le  reste  de  l'organisme.  Ces  expériences,  laites  avec  le  con- 
cours de  M.  Charrin,  ont  été  pratiquées  avec  le  bacille  pyocya- 
nique;   elles  m'ont  donné  des  résultats  conformes,  pour  les 

Ï»oints  importants,  à  ceux  qu'avait  obtenus  M.  Metchnikoff  à 
'aide  d'autres  microbes. 

A  deux  séries  de  lapins,  les  uns  sains,  les  autres  vaccinés 
depuis  des  époques  variables  et  même  depuis  près  de  deux 
mois,  on  injecte  sous  la  peau,  au  même  instant,  la  même  quan- 
tité de  la  même  culture  de  bacille  pyocyanique;  chez  quelques- 
uns,  on  \aihre  enmême  temps,  au  heu  de  rinoculatiOn,  les  eel- 
Iules  capillaires  de  Hesse,  préalablement  stérilisées  et  commu- 
niquant librement  par  une  fente  avec  le  tissu  cellulaire.  A  des 
intervalles  réguliers,  on  prélève,  chez  des  animaux  des  deux 
séries,  un  peu  du  liquide  qui  infiltre  le  foyer  de  l'injection  où 
l'on  extrait  les  cellules  de  Hesse. 

On  reconnaît  par  l'examen  des  liquides  que  le  gonflement  de 
la  partie  injectée,  incomparablement  plus  prononcé  chez  les 
lapins  vaccinés  que  chez  les  lapins  sains,  correspond  à  une  accu- 
mulation de  leucocytes  (|ui  se  produit  dans  les  deux  séries  d'ani- 
maux, mais  qui  est  très  peu  marquée  chez  les  lapins  sains, 
très  accusée  au  contraire  chez  les  vaccinés;  et  chez  eux  la  dia- 

Eédèse  va  en  augmentant  graduellement,  tandis  qu'elle  reste 
ientôt  stationnaire  chez  les  lapins  sains.  Je  demeure  au-dessous 
de  la  vérité  en  disant  que,  dès  la  fin  de  la  quatrième  heure,  la 
proportion  des  leucocytes,  si  elle  est  1  chez  les  non-vaccinés, 
est  100  chez  les  vaccinés. 

La  différence  entre  les  deux  séries  d'animaux,  très  accusée  au 
point  de  vue  de  la  diapédèse,  ne  Test  pas  moins  au  point  de  vue 
du  phagocytisme.  Chez  les  non-vaccinés,  il  est  exceptionnel  de 
rencontrer  des  bacilles  dans  l'intérieur  des  leucocytes;  ch^z  les 
vaccinés,  à  partir  de  la  quatrième  heure,  on  rencontre  déjà  des 
bacilles  dans  les  cellules  migratrices.  Au  bout  de  six  heures  et 
demie,  presque  tous  les  leucocytes  en  contiennent;  les  bacilles 
inclus  sont  alors  très  nets  avec  tous  leurs  caractères,  plus  ou 
moins  nombreux  dans  chaque  cellule  :  j'ai  pu  compter  jusqu'à 
trente  bacilles  dans  un  leucocyte.  Je  ne  crois  pas  que  le  phago- 
cytisme se  présente  d'une  façon  plus  nette  dans  aucune  autre 
maladie.  Peu  à  peu,  les  bacilles  inclus  dans  les  cellules  s'altè- 
rent, se  déforment,  se  fragmentent,  se  résolvent  en  granulations. 
Seize  heures  après  l'inoculation,  ces  modifications  sont  presaue 
complètement  effectuées  ;  au  bout  de  vingt-deux  heures,  on  dé- 
couvre difficilement  un  bacille  intracelhilaire  encore  reconnais- 
sable:  la  digestion  est  effectuée. 

I^e  nombre  des  bacilles  libres  présente  des  différences  remar- 
quables, suivant  qu'on  l'apprécie  chez  les  animaux  sains  ou  chez 
les  animaux  vaccinés.  Le  nombre,  qui,  au  moment  de  l'inocula- 
tion, est  le  même  dans  les  deux  séries  d'animaux,  augmente  gra- 
duellement chez  les  non-vaccinés  :  il  semble  rester  stationnaire 
chez  les  vaccinés  et,  à  partir  de  la  quatrième  heure,  il  décroît 
rapidement.  Au  bout  de  six  heures  et  demie,  tandis  qu'ils  four- 
millent dans  la  sérosité  des  non-vaccinés,  on  peut  n  en  trouver 
que  quatre  ou  cinq  dans  le  champ  du  microscope,  quand  on 
examine  la  sérosité  des  vaccinés.  Chez  ces  derniers,  après  vin^t- 
deux  heures  et  demie,  sur  quatre  préparations,  je  n  ui  réussi  à 
découvrir  que  deux  bacilles  libres.  J'insiste  sur  ce  fait  que,  à  la 
fin  de  la  quatrième  heure,  alors  que  le  phagocytisme  commence 
seulement  à  se  manifester,  la  différence  est  déjà  colossale.  Cela 
me  donne  à  penser  que,  chez  les  animaux  réfractaires,  avant 
toute  intervention  cellulaire,  le  microbe  trouve  des  conditions 
défavorables  à  sa  multiplication,  qui  n'existent  pas  chez  les  ani- 
maux non  réfractaires.  J'ignore  si  cette  importance  défavorable 
prépare  ou  rend  possible  le  phagocytisme.  En  tout  cas,  les  ba- 
cilles ne  sont  pas  tués  avant  le  pnagocytisme.  Us  restent  égale- 


ment mobiles  chez  les  animaux  sains  et  chez  les  animaux  vac- 
cinés. 

Ces  expériences  me  portent  à  admettre  que,  dans  les  maladies 
infectieuses,  dans  la  maladie  pyocyanique  au  moins,  l'animal 
peut  triompher  de  l'agent  pathogène,  à  la  condition  d'avoir  au 
préalable  une  certaine  puissance  de  résistance;  que  cette  ré- 
sistance, immunité  relative,  naturelle  ou  acquise,  agit  par  des 
procédés  multiples  ou  résulte  d'actes  divers  : 

1*  Chez  l'animal  qui  a  l'immunité  relative,  les  humeurs  con- 
stituent un  milieu  moins  favorable  à  la  prolifération  du  microbe; 

^'^  Chez  cet  animal,  la  diapédèse  des  leucocytes  s'opère  dans 
la  zone  primitivement  envahie  avec  une  intensité  beaucoup  plus 
grande,  au  point  de  constituer  une  tumeur  primaire,  une  lésion 
locale  ; 

3*^  Chez  cet  animal  enfin,  les  leucocytes  exsudés  possèdent  à 
un  haut  degré  la  puissance  phagocytique,  qui  est  presque  nulle 
chez  ranimai  non  réfractaire;  et  par  ce  procédé  la  lésion  locale 
arrive  à  détruire  sur  place  les  microbes; 

i^  Ajoutons  que,  pendant  la  courte  durée  de  I«;ur  vie  au  sein 
de  la  lésion  locale,  les  microbes  ont  continué  à  sécréter  les  ma- 
tières solubles  vaccinantes  qui,  résorbées,  agissent  sur  l'écono- 
mie tout  entière  et  augmentent  encore  sa  résistance. 

Action  du  sérum  des  animaux  malades  ou  VACctNÉs  sur 
LES  MICROBES  PATHQGÈNES,  par  MM.  Charrin  et  Roger.  — 
il  est  démontré  par  une  série  de  travaux  déjà  nombreux  que 
le  sérum  sanguin  est  un  milieu  peu  favorable  au  dévelop- 
pement des  microbes.  Reprenant  cette  question  dans  son 
ensemble  et  étudiant  le  développement  des  microbes  patho- 
gènes dans  le  sérum  provenant  d  animaux  normaux,  malades 
ou  vaccinés,  les  auteurs,  en  se  servant  du  bacille  pyocya- 
nique, ont  établi  que  chez  les  animaux  atteints  de  la  maladie 
Syocvanique  et  agonisants  le  sérum  sanguin  ensemencé  avec 
^SA  d'une  culture  de  bacille  pyocyanique,  se  troublait 
inuniment  moins  que  le  sérum  d  un  animai  sain  ;  que,  chez 
les  animaux  vaccinés  à  l'aide  d'inociîlations  de  petites  doses 
de  culture  vivante  et  de  moyenne  virulence,  le  sérum  s'op- 
posait encore,  mais  un  peu  moins  que  celui  des  animaux 
atteints  de  la  maladie  aiguè,  au  développement  dii  bacille 
pyocyanique;  en  résumé,  que  le  pouvoir  parasiticide  du 
sérum  pour  un  microbe  augmente  chez  les  animaux  malades 
ou  vaccinés.  D'autres  humeurs  (humeur  aqueuse)  donnent 
les  mêmes  résultats. 

€  Quelle  que  soit  l'importance  du  pouvoir  roicrobicide 
du  sénim,  disent  en  terminant  MM.  Charrin  et  Rooer^  nous 
ne  voulons  nullement  prétendre  qu'il  s'agisse  là  d  une  pro- 
priété capable,  à  elle  seule,  d'expliquer  la  résistance  nux 
infections;  nous  croyons  que  l'immunité  est  une  résultante 
de  conditions  multiples,  et  nous  n'avons  pas  l'intention  de 
mettre  en  doute  le  rôle  de  la  phagocytose.  » 

Contribution  a  l'étude  séméiologique  et  patuogênique 
de  la  rage,  par  M.  G.  Ferré.  —L'auteur,  étudiant  de  nou- 
veau les  accidents  respiratoires  observés  chez  le  lapin 
inoculé  par  trépanation,  et  recherchant  si  l'accélération  de 
la  respiration  devait  être  attribuée  à  l'envahissement  des 
centres  par  le  virus  ou  bien  à  l'augmentation  de  la  tempé- 
rature, est  arrivé  aux  conclusions  suivantes  : 

«  l""  Que  les  phénomènes  indiqués  dans  notre  première 
série  de  rechercnes  se  reproduisent  dans  le  même  ordre, 
mais  avec  une  légère  avance,  pour  l'emploi  de  virus  plus 
virulents; 

€  2*  Que  l'avance  constatée  pour  ces  symptômes  concorde 
avec  une  avance  dans  la  virulence  des  centres  respiratoires  ; 

<  3"  Que  l'apparition  de  ces  symptômes  ne  peut  pas  être 
attribuée  à  l'élévation  thermique,  puisque  le  maximum 
absolu  de  température  se  produit  à  une  époque  plus 
reculée  ; 

€  4*"  Que  l'hypothèse  émise  par  nous  au  sujet  de  la  cause 
de  ces  troubles,  hypothèse  les  attribuant  à  l'envahissement 
des  centres  respiratoires  par  le  virus,  reçoit  une  plus  ample 
justification  du  fait  de  cette  nouvelle  série  de  recherches.  » 

Statistique  des  inoculations  préventives  contre  la 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRDRGIE       i5  Novembre  1889 


FIÈVRE  JAUNE,  par  le  docteur  Domingos  Freire.  —  L'épi- 
démie de  fièvre  jaune  qui  s*esi  développée  à  Rio  en  1888- 
1889  et  qui  s'est  propagée  à  plusieurs  endroits  de  l'intérieur 
du  Brésil  a  servi  à  démontrer,  pour  la  quatrième  fois,  la 
valeur  des  inoculations  au  moyeu  du  microbe  atténué  de 
cette  maladie. 

Le  maximum  de  l'épidémie  a  été  entre  les  mois  de 
décembre  et  mars,  les  premiers  cas  sporadiques  ayant  eu 
lieu  vers  le  mois  de  mai  1888  et  les  derniers  cas  en  juin 
1889. 

Le  taux  pour  100  de  la  mortalité  des  vaccinés  a  été  de 
0,78.  A  Santos,  à  Rezende,  à  Serraria  et  à  Cataguazes, 
rimmunité  a  été  absolue. 

Uésiumé  général.  —  Il  a  été  vacciné,  de  1883  à  1889, 
10524  personnes,  avec  une  mortalité  de  0,4  pour  100  : 

Vaccinations  pratiquées  en  4883-1884 418 

3                  >  1884-1885 3051 

»                   »  1885-1886 3473 

»                  »  1888-1889 358:2 

Total 10524 

La  mortalité  par  fièvre  jaune  parmi  les  nvn-vaccinéSj 
pendant  les  quatre  épidémies  mentionnées  plus  haut,  a 
dépassé  6500. 


Académie  de  aiédeclne. 

SÉANCE  DU  12  NOVEMBRE  1889.   —  PRÉSIDENCE  DE 
M.   MOUTARD-MARTIN. 

M.  le  docteur  Levi  enrôle  un  mémoiro  sur  VottéopériottlU  externe  primitive 
de  Vapophyte  mautoUe  et  la  tuppuration  primitive  des  cellules  mattoUiennes, 

M.  Ernest  Besnier  présente,  au  nom  de  MM.  les  doclcuri  H.  Leloir  et 
A.  Tavemier  (de  Lille),  une  Note  sur  Vanatomie  pathologique  et  ta  nature  de 
la  lésion  élémentaire  de  l'affection  désignée  tous  le  nom  de  prurigo  de  Uebra. 

M.  Jaccoud  dépose  une  observation  de  localisation  cérébrale,  de  la  part  de 
M.  le  docteur  Chavemac  (d'Aix-en-Provence). 

M.  François-Franck  présente  :  1«  l'ouvrage  de  M.  Slarey  sur  le  vol  des 
oiseaux;  2*  un  ouvrage  de  M.  Beaunis  sur  les  sensations  internes  et  fait  iiom- 
mage  de  quatre  mémoires  «ur  des  rujels  de  physiologie. 

M.  Trasbot  dépose  une  Note  de  M.  le  docteur  t'eyraud  (de  Ubourne;  sur  la 
physiologie  expérimentale  de  la  rage. 

M.  Marc  Stie  présente  une  brochure  de  M.  le  docteur  B.  Duval,  intitulée:  Post- 
seriptum  scienti/igue,  moral  et  philosophique  des  publications  relatives  à  la 
dernière  maladie  de  l'empereur  Frédéric  II!. 

M.  Fournier  dépose  un  Manuel  de  diagnostic  médical  et  d'exploration  cli- 
nique, par  M.  le  docteur  Spillmann  (le  Nancy). 

M.  Guéniot  présente  le  Manuel  de  gynécologie  opératoire  de  M.  le  docteur 
Holmeier  (do  Wurabourg),  traduit  pir  M.  le  docteur  Lauwers  (do  Courhai;. 

AÉRATION.  —  Dans  un  mémoire  sur  l'aération  perma- 
nente par  la  fenêtre  entr'ouverte,  M.  le  docteur iVtcatj^,  can- 
didat dans  la  section  de  médecine  opératoire,  rapporte  les 
observations  quMl  a  faites  à  Nice  pendant  six  mois  d'hiver 
sur  les  écarts  de  température  entre  l'atmosphère  extérieure 
et  l'air  d'une  chambre  constamment  ouverte  pendant  la 
nuit;  la  différence  entre  les  deux  températures  minima  a 
varié  entre  2  et  14.  L'expérience  ainsi  faite  et  les  con- 
statations opérées  dans  ces  conditions  ont  montré  qu'on 
peut  sans  aucun  danger  laisser  la  fenêtre  entr'ouverte 
pendant  l'hiver  sur  le  littoral  méditerranéen  ;  on  peut 
étendre  cette  conclusion  à  d'autres  climats,  à  condition  que 
la  température  de  la  chambre  ne  descende  pas  au-dessous 
de  4-  8  degrés  ou  -{-  10  degrés;  alors  il  faudrait  chauffer. 
D'ailleurs  ce  que  l'on  cherche,  c'est  le  renouvellement  de 
l'air  et  non  pas  de  faire  respirer  de  l'air  froid. 

Pathogénie  de  la  fièvre.  —  Le  travail  lu  à  la  séance  du 
12  mars  dernier  par  M.  le  docteur  Roussy  avait  pour  but 
d'étahlir  que  certaines  diastases  ou  zymases  (ferments 
solubles),  notamment  Tinvertine,  jouiraient  de  la  remar- 
quable propriété  de  provoquer  des  accès  fébriles  et  une  élé- 
vation marquée  de  la  température  lorsqu'elles  sont  intro- 


duites dans  le  sang.  M.  Schutzenberger  déclare,  dans  un 
rapport  spécial,  que  la  Commission  désignée  à  eet  effet  par 
l'Académie  a  reconnu  la  parfaite  exactitude  de  cette  dérou- 
verle.  Toutefois,  au  point  de  vue  chimique,  il  croit  devoir 
faire  observer  que  l'invertine  pyrétogène  est  un  corp> 
amorphe,  fixe  et  infusible,  et  qu'elle  est  privée  par  consé- 
quent de  tous  les  caractères  que  l'on  peut  invo(|uer  pour 
établir  la  pureté  chimique  d'un  corps  et  décider  si  l'oa  a  ou 
non  un  principe  immédiat  unique  ou  un  mélange  de  deux 
ou  plusieurs  principes. 

Massage  oculaire.  —  M.  Javal  loue  beaucoup  M.  le 
docteur  Costomyris  d'avoir,  dans  un  mémoire  lu  à  TAca- 
demie  le  10  septembre  dernier,  insisté  sur  les  avantages  du 
massage  oculaire  et  surtout  du  massage  direct  de  la  con- 
jonctive et  de  la  cornée.  Quand  ce  travail  aurait  eu 
pour  seule  utilité  de  faire  renoncer  à  cette  pratique  barbare 
d'empêcher  bien  des  malades  de  trouver  un  soulageaient  eo 
suivant  le  mouvement  instinctif  qui  les  porte  à  se  frotter 
les  yeux,  il  n'en  faudrait  pas  davantage,  déclare  M.  JavaL 
pour  payer  Tauteur  de  ses  peines.  En  outre,  H.  le  docteur 
Costomyris,  qui  étudie  avec  passion  les  anciens  médecins 
grecs,  a  établi  combien  Hippocrate  était  favorable  a  cette 
pratique. 

Prix.  —  Des  rapports  sur  les  concours  de  prix  en  1889 
sont  lus:  par  M.  Budin^  pour  le  prix  Capuron;  par  H.  Lan- 
nelonguey  pour  le  prix  Godard;  par  M.  Nocard^  pour  le  prix 
Barbier,  et  par  M.  Trélaty  pour  le  prix  Laborie. 


Société  de  elilraryle. 


SÉANCE  DU  6  NOVEMBRE  1889.   - 
M.   LE   DENTU. 


PRÉSIDENCE  DE 


Extirpation  du  reotam  :  M.  Terrier.  —  Tétanos  des  nouTean-nèi 
M.Lope  (de  MarseiUe)  (M.  Rlohelot,  rapporteur  ;  diaoaasion  :  M.  Des- 
prte).  —  Trépanation  de  l'os  Iliaque  pour  évacuer  les  abcte 
pelviens  :  ;M.  TerrUlon  (Discussion  :  MM.  Kirmlsaon,  BouiUy. 
Després,  Le  Dentu).  —  Restauration  de  l'uréthre  chec  la  femace 
M.  Polalllon. 

M.  Terrier  approuve  complètement  la  conduite  de  M.  Rou- 
tier, qu'il  félicite  de  son  succès.  Mais  il  pense  qu'on  p^ui 
arriver  presque  aussi  haut  et  conserver  le  sphincter  saiw 
toucher  au  sacrum,  en  ne  réséquant  que  le  coccyx,  et  mémo 
seulement  une  partie  du  coccyx.  En  1888  il  a  opéré  de  h 
sorte  un  malade  dont  l'observation  a  été  publiée  en  18^1< 
par  M.  Baudouin  (Progrès  médical).  Sur  un  homme  atteini 
de  cancer  annulaire  situé  à  bout  de  doigt,  il  a  fait  d'aboiM 
une  rectotomie  postérieure,  a  sectionné  circulairemnii 
l'intestin  au-dessous  du  néoplasme,  a  attiré  en  bas  le  bout  s-> 

frérieur  après  avoir  disiséoué  la  tumeur  et  ouvert  1ar{reniei»t 
e  péritoine;  suture  circulaire  et  suture  de  la  rectotomie; 
drainage  postérieur;  réunion  immédiate.  Même  opéra- 
tion sur  une  femme  chez  laquelle  la  dissection  fut  tré> 
pénible,  car  il  y  avait  des  ganglions  dégénérés  dans  !o 
mésorectum;  le  néoplasme,  vieux  déjà  de  trois  ans,  causnii 
des  souffrances  atroces.  Plutôt  que  de  faire  la  colotomio. 
M.  Terrier  agit  comme  dans  le  cas  précédent;  il  y  eut  un 
peu  de  suppuration  latérale,  mais  l'intestin  se  réunit.  Cho7 
ces  deux  malades  le  sphincter  fonctionne  parfaitement 
bien. 

—  M.  Richelot  rapporte  une  observation  de  M.  Lope  («lo 
Marseille),  prouvant  la  nature  infectieuse  du  tétanos  </  ^' 
nouveau  nés.  L'enfant  habitait  près  d'une  écurie  régimon* 
taire  :  les  inoculations  avec  la  terre  de  ces  é'^uries  et  ifs 
poussières  du  pansage  furent  négatives,  mais  la  mère  avait, 
avant  d'accoucher,  lavé  dans  une  mare  voisine  les  linj;es 
destinés  à  son  futur  enfant;  la  vase  de  cette  mare  fui 
télanigène;  rien    par  l'eau  ni  par  la  terre  avoisinante. 


15  Novembre  1889      GAZETTB  HEDDOMADAIRB  DE  Mi&DECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


K*  46  -    749 


M.  Lope  cooflrrae  donc  Thypothèse  de  I*origine  tellurique. 
et,  avec  Beumer,  il  admet,  malgré  Parrot,  que  le  tétanos 
des^  nouveau-nés  est  identique  à  celui  de  l'adulte. 

M.  Després  proteste  contre  ces  travaux  c  dans  le  goût  du 
jour  »  qui  négligent  les  enseignements  de  la  médecine  sé- 
culaire sur  le  tétanos  a  frigore. 

—  M.  Terrillon  fait  une  communication  sur  la  trépana- 
tion de  Vos  iliaque  pour  évacuer  les  collections  purulentes 
du  bassin.  Après  avoir  rappelé  que  plusieurs  auteurs  ont 
conseillé  d'échancrer  la  crête  iliaque  pour  permettre  un 
libre  drainage,  M.  Terrillon  dit  qu'il  a  cherché  à  agir  d'une 
manière  analogue  pour  les  abcès  qui  descendent  au-dessous 
du  détroit  supérieur.  Pour  ceux-là,  en  effet,  il  est  assez  fré- 
quent que  les  débridements  classiques  ne  puissent  pas  suffire 
à  tarir  une  suppuration  entretenue  par  un  bas-fond,  inac- 
cessible, où  stagnent  les  sécrétions.  Deux  fois  M.  Terrillon 
a  eu  à  traiter  des  sujets  qui  portaient  ainsi  des  fistules  in- 
guinales interminables,  dont  l'une  était  probablement 
d'origine  osseuse.  Il  a  mis  l'os  iliaque  à  nu  en  arrière  du 
grand  trochanter,  l'a  perforé,  est  arrivé  au-dessous  du  dé- 
troit supérieur,  a  drainé  la  poche  par  son  point  le  plus  dé- 
clive et  le*  malades  ont  guéri. 

M.  Kirmisson  conteste  qu'avec  les  points  de  repère  don- 
nés par  M.  Terrillon  on  arrive  au-dessous  du  détroit  Supé- 
rieur. 11  déclare  d'ailleurs  que  cette  trépanation  est  une 
excellente  opération  et  il  vient  d'obtenir  [^ar  elle  une  amélio- 
ration remarquable  pour  un  abcès  pelvien  de  coxalgie.  11 
rappelle  à  ce  sujet  un  travail  récent  de  Rinne  (de  Greifs- 

Hrald). 

M.  Bouiily  a  réséqué  un  large  fragment  de  l'os  coxal 
pour  examiner  une  collection  stagnante;  l'observation  a  été 
publiée  par  Petitot  Ahëse,  1883).  H  insiste  sur  la  différence 
(le  pronostic  des  aocès  iliaques  selon  leur  nature  :  non 
tuberculeux  ils  guérissent  aisément,  et  si  on  opère  de 
bonne  heure  la  trépanation  est  en  général  inutile;  tuber- 
culeux, ils  sont  rebelles  à  peu  près  à  toutes  les  thérapen«> 
tiques. 

M.  Després  a  trépané  l'os  iliaque  en  1878  à  un  blessé  de 
1870  auquel,  en  1874,  H.  Le  Dentu  avait  extrait  une  balle 
et  qui  ensuite  avait  eu  une  récidive,  après  une  longue  pé- 
riode de  cicatrisation.  Mais  cette  opération  n'est  pas  neuve  : 
elle  est  indiquée  parLedran. 

M.  Terrillon  dit  qu'il  a  trépané  dans  un  point  où  l'opé- 
ration n'est  pas  classique  et  il  maintient,  contre  M.  Kirmis-* 
son,  que  le  trou  aboutit  au-dessous  du  détroit  supérieur. 

—  M.  Polaillon  fait  connaître  deux  procédés  pour  reS" 
taurer  Furèthre  chez  la  femme  :  1«  fistule  rebelle  à  toute 
une  série  d'interventions.  H.  Polaillon,  à  l'aide  dé  deux 
incisions  transversales,  a  mobilisé  un  pont  de  muqueuse 
sur  la  paroi  supérieure  de  l'urèthre,  juste  au-dessus  de  la 
fistule.  Ce  pont  ayant  été  abaissé  et  suturé  aux  bords  avivés 
de  la  fistule,  sa  muqueuse  faisait  dès  lors  partie  de  la  paroi 
vaginale  et  au-dessus  de  lui,  entre  lui  et  les  tissus  d*où  on 
venait  de  le  séparer  par  dissection,  il  existait  un  canal  qui 
se  cicatrisa  autour  d'une  sonde  à  demeure  ;  i"  absence  con- 
génitale de  toute  la  paroi  inférieure.  Restauration  en  sutu- 
rant sur  la  ligne  médiane  la  lame  interne  des  petite.<r  lèvres 
dédoublées. 

—  M.  Routier  présente  un  malade  qu'il  a  opéré  avec 
succès  pour  unQaukyloglosse  acquise. 


BIBLIOGRAPHIE 

Hanuel  de  méd«clae  opér«lolre  de  Mals»l8r>>e,  neuvième 

édition,  par  M.  Léon  Le  Fort.  Seconde  partie  :  Opérations 
spéciales.  —  F.  Alcan,  1889. 

Le  second  volume  du  Manuel  de  médecine  opératoire 
de  Malgaigne  et  Le  Fort  a  paru  depuis  plusieurs  mois 
déjà,  et  nous  sommes  bien  en  retard  avec  lui.  Heureuse- 
ment que  ce  livre  excellent  n'en  est  plus  à  compter  avec 
la  publicité;  il  est  connu  et  apprécié  de  trente  générations 
de  praticiens;  les  éditions  se  succèdent  sans  relâche,  et 
c'est  de  la  neuvième —  tout  simplement  —  que  nous  avons 
à  parler  aujourd'hui.  Nous  pourrions  nous  contenter  de 
dire  qu'elle  se  recommande  par  les  mêmes  qualités  que 
les  précédentes  :  on  y  retrouve  la  même  clarté,  la  même 
richesse  d'informations,  une  critique  savante  et  originale 
comme  on  est  en  droit  de  l'attendre  des  deux  signataires 
de  ce  livre  scrupuleusement  tenu  au  courant  de  la  science. 
Et  ce  n'est  pas  un  médiocre  travail  en  ce  temps  où  la 
thérapeutique  chirurgicale  se  renouvelle  et  se  développe 
avec  une  rapidité  {)rodîgieuse. 

Aussi  bien  ne  dirons-nous  qu'un  mot  des  préfaces  qui 
accompagnent  le  premier  et  le  second  volume,  et  donl  le 
bruit  n'est  pas  encore  éteint.  Au  début  du  premier  volume, 
M.  Le  Fort  refait  l'histoire  de  l'antisepsie  chirurgicale, 
mais  avec  des  documents  qui,  pour  n'être  pas  nouveaux, 
ont  été  fort  peu  utilisés  jusqu'à  ce  jour  et  même  presque 
méconnus,  dans  diminuer  en  rien  la  gloire  inailtaquée 
de  Lister,  M.  Le  Fort  prouve  que  ses  travaux,  à  lui,  sur 
les  maternités  et  ses  statistiques  sur  les  grandes  opérations 
dans  les  hôpitaux  avaient  non  seulement  posé  les  termes  du 

[problème,  mais  en  avaient  fourni  la  juste  théorie  et  même 
a  solution  pratique. 

Cette  préface  nous  semble  un  chef-d'œuvre,  et,  si  l'on 
peut  on  doit  faire  de  légères  réserves  sur  quelques  apprécia- 
tions et  sur  quelques  points  de  doctrine,  nous  estimons  que 
Fauteur  a  raison  lorsqu'il  revendique  pour  lur  d'avoir 
devancé  les  apAlres  de  l'antisepsie.  N'a  t-il  pas,  le  pre- 
mier, montré  le  véritable  mécanisme  de  Tinrection  :  elle 
n'a  poiut  pour  cause  «  les  poussières  de  Tair  >,  mais  bien 
les  instruments  et  les  mains  de  l'opérateur  j  et  cela  est  si 
vrai  qu'on  a  pu  dire,  sans  trop  d  exagération,  que  toute 
«  l'antisepsie  tenait  désormais  dans  la  bros<;e  et  la  lime  à 
ongles  ».  Depuis  qu'on  sait  se  laver  les  mains,  stériliser 
les  instruments,  asepsier  le  champ  opératoire,  on  a  sup- 
primé la  suppuration  et  toutes  les  complications  des 
plaies,  et  la  Marmite  de  Ghampionnière  ne  nous  sert  plus 
à  purifier  l'atmosphère,  mais  simplement  à  pratiquer  la 
pulvérisation  sur  les  anthrax  et  les  plaies  enflammées. 

La  préface  du  deuxième  volume  a  retenti  presque  à  l'égal 
d'un  scandale;  on  a  peu  écrit  sur  elle,  mais  on  en  a  beau- 
coup, parlé  entre  soi  et  dans  les  couloirs  des  Sociétés 
savantes  :  elle  touche  à  des  questions  fort  délicates;  elle 
dévoile  des  plaies  secrètes,  sur  lesquelles  M.  Le  Fort  a  posé 
la  main  rudement.  A-t-il  eu  raison,  a-t-il  eu  tort?  On  dis- 
cutera longtemps  sur  ce  point  sans  s'entendre,  et  ceux  qui 
veulent  qu'à  l'exemple  du  pieux  fils  de  Noé  nous  jetions  un 
manteau  sur  la  nudité  du  père  pris  de  vin  ne  manquent  pas 
d'arguments  de  valeur.  Du  reste,  la  question  soulevée  par 
H.  Le  Fort  est  double;  elle  a  trait  d'abord  au  vertige  opéra- 
toire qui  s'est  emparé  d'une  partie  de  notre  génération  chi- 
rurgicale intervenant  au  hasard  du  couteau  sans  indication 
thérapeutique  précise  et  sans  diagnostic  rigoureux. 

Le  reproche  est  quelquefois  mérité,  et,  pour  notre  part, 
nous  avons  lu  avec  satisfaction  les  pages  éloquentes  de 
M^  Le  Fort;  mais,  peu  de  jours  après,  nous  entendions, 
à  la  Charité,  une  clinique  remarquable  où  la  préface  qui 
nous  occupe  était  discutée,  et,  en  somme,  critiquée  par  des 


750    ^  N»  4é  -        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  f)B  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        15  Novrmiirb  1889 


raisons  valables.  N'est-ce  pas  dire  que  le  problème  a  deux 
côtés,  qu'il  y  a  le  pour  et  le  contre,  qu'on  ne  peut  rien 
condamner  en  bloc,  qu'il  faut,  hélas!  faire  de  la  casuis- 
tique, et  que,  si  M.  Le  Fort  nous  parait  dire  vrai  lors- 
qu'il attaque  la  4c  tendance»,  il  a  peut-être  tort  pour 
certains  exemples  qu'il  nous  cite  etque  relevait  son  contra- 
dicteur. 

La  seconde  question  —  étroitement  et  malheureusement 
liée  avec  la  première,  comme  le  montre  M.  Le  Fort  —  s'oc- 
cupe de  certaines  pratinues  malhonnêtes  qui  ont  menacé 
d'entacher  notre  vieille  devise  de  la  Société  de  chirurgie  : 
€  ...  Moralité  dans  l'art.  »  L'<iuteur  ne  craint  pas  de  mettre 
les  points  sur  les  t  et  de  lever  tous  les  voiles.  On  s'est  encore 
écrié  :  A-l-il  raison?  Doit-on  le  dire?  El  le  pour  et  le  contre 
ont  été  soutenus  avec  une  égale  vivacité.  Pour  nous,  nous 
répéterons,  à  propos  de  la  préface  de  M.  Le  Fort,  ce  que 
nous  avons  dit  sur  le  «  scandaleux  >  discours  de  Grenoble  : 
il  n'est  peut-être  pas  mauvais,  pour  soulager  un  peu  la 
conscience  publique,  qu'à  de  longs  intervalles,  un  homme 
probe,  d'une  honnêteté  scrupuleuse,  d'une  droiture  profes- 
sionnelle inflexible,  vienne  rappeler  aux  vendeurs  qu'ils  ne 
sont  pas  chez  eux  dans  Je  temple. 


TraKé  éléineBiaire  des  niAladles  des  voles  nrinAlres, 

8 réface  du  professeur  Guyon,  par  M.  E.  Desnos.  — 
ictave  Doin,  1890. 


l'enseignement  de  l'jïiicole  de  Necker,  certainement  le  lieu 
du  monde  où  les  questions  relatives  aux  maladies  des  voies 
urinaires  sont  étudiées  avec  le  plus  de  sagacité. 


Traité  de  dentisterie  opératoire,  par  M.  E.  Andribu,  docteur 
en  médecine  de  la  Faculté  de  Paris,  président  de  Tlnstitut 
odontotechnique  de  France,  etc.,  avec  409  figures  intercalées 
dans  le  texte.  —  Paris,  0.  Doin,  1889. 

Ce  traité  est  consacré  presque  tout  entier  à  la  description  des 
appareils  et  instruments  qui  constituent  l'arsenal  du  dentiste  et 
à  1  étude  des  matériaux  et  procédés  qui  permettent  d^obturer  les 
cavités  de  carie.  C'est  un  traité  de  technique,  et  quelques  pages 
seulement  résument  les  points  principaux  de  patnoloe^ie  et 
d'anatomie  dont  la  connaissance  est  indispensable  avant  d'abor- 
der la  paroi  purement  pratique  du  métier. 

Si  nous  nous  plaçons  au  point  de  vue  plutôt  chirurgical,  nous 
signalerons  la  fin  de  ce  volume,  les  5*,  6*  et  7"  parties.  Là  eu 
effet  le  chirurgien  trouvera  des  préceptes  utiles  sur  le  traitement 
des  complications  de  la  carie  pénétrante;  sur  l'extraction  des 
dents  et  ses  accidents;  sur  l'ablation  des  epiilis,  sur  la  greffe 
dentaire  et  sur  la  névrotomie  auriculo-temporale. 

C'est  donc  un  livre  destiné  exclusivement  à  l'instruction 
pratique  du  lecteur  et  il  est  indiscutable  que,  comme  le  pense 
Tauteur,  ce  traité  comble  une  lacune  dans  la  littérature  médi- 
cale française. 

A.  B. 


VARIÉTÉS 

Le  droit  de  réi|«leltloA  en  matière  médleo«léy«le  ; 
affaire   de  Rodes. 

Le  médecin  est-il  tenu  d'obéir  aux  réquisitions  de  la  jus- 
tice? Le  mandat  qn  il  tient  de  la  confiance  du  magistrat  lui 
est-il  offert  ou  imposé?  C'est  dans  ces  termes  que  notre 
vénéré  maître,  M.  lourdes  {Dictionnaire  encycl.,,  art. 
Réquisition,  p.  423),  pose  la  question  qui  vient  de  soulever 
dans  la  presse  médicale  de  si  vives  controverses.  Avant 


d'examiner  lès  circonstances  particulières  du  fait  qui  a 
motivé  la  condamnation  de  nos  confrères  de  Rodez,  il  nous 
parait  nécessaire  de  préciser,  comme  l'a  fait  en  termes  si 
convaincants  le  savant  médecin  légiste,  quelle  esta  ce  point 
de  vue  la  jurisprudence  de  la  Cour  de  cassation,  et  quel  doit 
être  le  devoir  de  tous  les  médecins. 

La  profession  médicale  est  indépendante.  «  Le  médecin, 
dit  M.  Paul  Ândral,  peut  refuser  de  prêter  son  ministère, 
lorsqu'il  en  est  sollicité,  et  son  refus  péremptoire  n'a  pas 
besoin  d'être  justifié  par  des  motifs  graves  et  légitimes... 
Ne  peut-il  se  faire  qu  un  praticien  consciencieux,  scrupu- 
leux peut-être,  se  défiant  de  sa  capacité  et  de  ses  aptitudes, 
refuse  d'assumer  la  responsabilité  d'un  examen  difficile  ou 
d'une  opération  délicate?  Qui  oserait  l'en  blâmer  et  à  plus 
forte  raison  l'en  punir,  surtout  si  l'on  songe  à  la  responsa- 
bilité que  certains  arrêts  feraient  peser  contre  loi  ?  Au 
reste,  la  doctrine  et  la  jurisprudence  sont  d'accord  à  cet 
égard.  L'exercice  de  la  médecine  est,  en  général,  purement 
volontaire.  » 

Nous  avons  cru  utile  de  reproduire  ce  passage  pour  l'op- 
poser à  diverses  consultations  fournies  au  sujet  ae  l'affaire 
de  Rodez  par  d'éminents  avocats,  dont  ne  neus  contestoos 
nullement  l'autorité,  maisdontnousne  pouvons  partager  l'opi- 
nion. La  profession  médicale,  disent-ils,  comme  la  profes- 
sion *d'avocat,  comme  toutes  les  professions  libérales,  doit 
engager,  obliger  même  celui  qui  l'exerce  à  prêter  à  la  jus- 
tice le  concours  le  plus  désintéressé.  De  même  que  l'avocat, 
sur  la  désignation  du  bâtonnier  de  l'ordre,  doit  prêter  le 
secours  de  sa  parole  à  un  criminel  insolvable,  de  même  le 
médecin  doit  être  à  la  disposition  de  l'autorité  judiciaire 
pour  la  constatation  des  crimes  etdélits.  Ceux  qui  soutiennent 
CQ^te  thèse  oublient  la  différence  capitale  qui  sépare  les 
deux  professions.  L'avocat,  désij^né  d'office,  a  tout  le  temps 
d'étudier  à  loisir  le  dossier  qui  lui  sera  confié.  11  sait  d'avance 
quel  jour  il  sera  appelé  à  plaider  et  peut  dès  lors  prendre 
ses  dispositions  en  conséquence  ;  il  n'est  pas,  comme  le  mé;- 
decin,  dérangé  d'urgence  pour  des  visites  lointaines  et  bli- 
gantes.  Plaider  est  sa  fonction.  Une  plaidoirie  retentissante 
dans  une  affaire  criminelle  grave  aide  à  sa  renommée  et 
rehausse  moralement  et  matériellement  sa  situation  profes- 
sionnelle. En  outre,  de  par  Torganisation  judiciaire  à  laquelle 
leur  ordre  est  intimement  lié,  les  memores  du  barreau  ne 
peuvent  se  soustraire  au  devoir  d'aider  la  justice. 

Le  médecin,  au  contraire,  peut  se  trouver  surpris,  au 
moment  où  il  s'y  attend  le  moins,  par  une  réouisition  qui 
l'obligerait^  s'il  y  répondait,  à  sacrifier  les  intérêts  profes- 
sionnels dont  il  a  la  charge  et  qui  méritent  au  pins  haut 
degré  sa  sollicitude.  Son  rôle  essentiel  et  principal  n'est-il 
pas  de  soigner  des  malades  et  non  de  procéder  à  une  exhu- 
mation ou  .  d'assister  un  magistrat  pour  la  levée  d*un 
cadavre  et  de  s'exposer,  qu'il  commette  ou  non  une  erreur 
toujours  involontaire,  aux  critiques  souvent  passionnées  du 
ministère  public  ou  de  la  défense?  Les  services  qu'il  rend 
à  la  justice,  loin  de  rehausser  son  renom  ou  d'aider  à  s.< 
fortune,  sont  donc  le  plus  souvent  aussi  onéreux  que 
pénibles.  Enfin  un  médecin,  par  cela  seul  qu'il  a  été  admis 
à  ses  examens  de  doctorat,  n'est  point  apte  à  tous  ie> 
services  qu'un  magistrat  peut  lui  demander,  alors  sur- 
tout qu'il  s'agit  d'un  mandat  d'expertise.  Aujourd'hui  que 
la  médecine  légale  a  progressé  comme  toutes  les  branches 
de  l'art  médical,  il  faut,  pour  pouvoir  remplir  dignement 
les  fonctions  de  médecin  expert,  une  série  de  connais- 
sances que  donnent  seules  une  expérience  sufGsamiiieni 
longue  et  des  études  spéciales. 

Concluons  donc,  avec  Dechambre,  que  les  grands  mots  de 
dévouement  à  la  chose  publique,  d'abnégation  et  de  charité 
ne  sont  pas  de  mise  quand  il  s'agit  d'une  réquisition  médicc^ 
légale.  Le  médecin  fait  acte  de  charité  et  d'abnégation 
quand  il  soigne  gratuitement  les  malades  pauvres  qui 
s  adressent  à  lui  ;  il  sait  concilier  ses  devoirs  d'homme  de 


là  Novembre  1889      GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MEDECINE  Et  DE  CfilhÛRGiÈ 


El*  46—    751 


cœur  avec  ses  intérêts  professionnels  lorsque,  dans  les 
hôpitaux  ou  les  bureaux  de  bienfaisance,  il  consacre  tant  de 
temps  et  de  soins  au  traitement  des  malades  qui  lui  sont 
confiés.  Mais  ce  n'est  ni  dans  l'Évangile  ni  dans  les  épitres 
aux  Corinthiens  qu'il  doit  chercher  la  solution  de  la  ques- 
tion qui  se  discute  aujourd'hui,  c'est  uniquement  dans  le 
Bulletin  des  lois  et  dans  les  arrêts  des  cours  et  tribunaux. 
Voyons  donc  à  ce  point  de  vue  ce  que  dit  la  loi. 

c  La  jurisprudence,  dit  M.  Tourdes,  admet  un  certain 
nombre  de  cas  exceptionnels  dans  lesquels  le  médecin  doit 
obéir  à  la  réquisition  :  Salus  populi  suprema  lex  esto.  La 
justice  ne  peut  rester  entravée.  C'est  une  espèce  d'ex- 
propriation pour  cause  d'utilité  publique,  à  la  condition 
d'une  indemnité  suffisante  et  d'un  emploi  utile  des  services 
demandés.  »  Or,  quelles  sont  les  circonstances  exception- 
nelles qui  nécessitent  d'urgence  le  concours  du  médecin 
légiste?  Ce  sont  (Code  pénal,  art.  425)  :  le  flagrant  délit, 
y  accident,  Vexécution  judiciaire. 

Nous  n'avons  pas  à  discuter  ici  ce  qui  a  trait  aux  acci- 
dents graves  ou  à  Texécution  judiciaire.  Le  cas  spécial  qui 
motive  cet  article  n'a  trait  qu'au  fait  que  la  loi  désigne  sous 
le  nom  de  flagrant  délit.  Or,  à  ce  point  de.  vue  spécial^  la 
jurisprudence  française  —  un  jugement  de  la  Cour  de  cas- 
sation de  Belgique  (4  juillet  1840)  affirme  le  contraire  — 
paraît  constante  pour  appliquer  aux  médecins  l'article  475 
du  Code  pénal,  qui  punit  aune  amende  de  6  à  10  francs 
«  ceux  qui,  le  pouvant,  auront  négligé  de  faire  les  travaux, 
le  service  ou  cfe  prêter  le  secours  dont  ils  auront  été  requis 
dans  les  circonstances  d'accidents,  tumultes,  naufrages, 
inondations,  incendie  et  autres  calamités,  ainsi  que  dans  le 
cas  de  brigandages,  pillages,  flagrant  délity  clameur  pu- 
bliaue  ou  exécution  judiciaire  ». 

Mais,  que  (aut-il  entendre  par  flagrant  délit?  C'est,  dit 
la  loi,  le  délit  qui  se  commet  actuellement  ou  qui  vient  de 
se  commettre.  Si  l'on  s'en  tenait  à  cette  définition,  on 
devrait  admettre  que,  lorsqu'il  s'agit  d'un  crime  commis 
depuis  plusieurs  jours  et  sur  lequel  une  information  est 
ouverte  par  un  juge  d'instruction,  lorsqu'il  n'est  question 
que  de  l'autopsie  d'un  cadavre,  le  flagrant  délit  n'existe 
plus.  Telle  n'est  point  toutefois  la  jurisprudence  générale- 
ment admise.  Le  refus  d'accompagner  un  maire  à  une  levée 
de  cadavre  a  été  jugé  punissable  par  la  Cour  de  cassation 
(1836).  Il  faut  une  excu.se  valable  pour  se  refuser  à  des  opé- 
rations médicales  urgentes  dont  la  non-exécution  pourrait 
sembler  de  nature  à  compromettre  la  sûreté  publique. 
Alors  que  le  législateur,  en  rédigeant  l'article  475,  a  eu  cer- 
tainement en  vue,  non  le  concours  scientifique  et  intellec- 
tuel que  le  médecin  prête  à  la  justice,  mais  le  concours  ma- 
tériel demandé  à  tout  citoyen  dans  les  cas  où  il  s'agit  de 
sauver  un  naufragé,  un  individu  prés  de  périr  dans  un 
incendie,  oo  un  blessé  qiâi  perd  tout  sou  sang,  d'arrêter  un 
coupable  qui  prend  la  fuite,  d'aider  à  l'exécution  d'un  juge- 
ment, en  un  mot  de  prêter  secours  à  l'autorité  dans  un 
danger  immédiat  et  menaçant,  les  tribunaux,  au  contraire, 
se  montrent  disposés  à  condamner  tous  ceux  qui,  sans  excuse 
fondée  et  reconnue  valable,  refusent  leur  assistance  en  cas 
d'urgence.  C'est  ce  que  semble  prouver  le  jugement  du 
4  avril  1860  (Legrand  du  Saulle,  p.  1291),  qui,  dans  des 
circonstances  moins  graves,  mais  analogues  à  celles  qui 
nous  occupent,  a  condamné  trois  médecins  de  Forcalquier. 

Avec  M.  Tourdes,  il  nous  faut  donc  reconnaître  que,  le 
cours  de  la  justice  ne  pouvant  rester  entravé,  les  magistrats 
peuvent  avoir  le  droit,  en  cas  d'urgence,  et  à  la  condition 
d'une  indemnité  suffisante  et  d'un  emploi  utile  des  services 
demandés,  de  requérir  le  concours  des  médecins.  Et.  en 
fait,  les  arrêts  qui  ont  été  rendus  jusqu'à  ce  jour,  aussi  oien 

aue  les  consultations  médico-légales  provoquées  au  sujet 
e  l'affaire  de  Rodez,  semblent  de  nature  à  affirmer  ce 
droit. 
Examinons  maintenant  quelles  sont  les  causes  du  conflit 


8ui  vient  de  s'élever  entre  les  magistrats  et  les  médecins  de 
lodez,  et  quels  sont  les  considérants  du  jugement  qui  a 
frappé  ceux-ci.  Depuis  assez  longtemps,  dans  toute  la  région 
méridionale  de  la  France,  à  Montpellier  aussi  bien  qu'à 
Agen  ou  à  Rodez,  les  médecins  ont  eu  à  se  plaindre  des 
procédés  du  parquet.  Les  lecteurs  de  la  Gazelle  hebdoma- 
daire n'ont  pas  oublié  la  protestation  indignée  de  M.  le 
docteur  Jaumes,  professeur  de  médecine  légale  à  la  Faculté 
de  médecine  de  Montpellier,  qui,  après  avoir  exposé  en 
termes  très  dignes  les  vexations  et  les  dénis  de  justice  dont 
il  avait  souffert,  refusa  nettement  et  définitivement  de  con- 
tinuer son  service  de  médecin  expert. 

Il  s'agissait  alors  déjà  des  réductions  d'honoraires  opérées 
par  le  chef  du  parquet  sur  des  mémoires  présentés  par  les 
médecins  experts.  Le  sont  les  mêmes  difficultés  qui  se  sont 
reproduites  à  Rodez  et  ailleurs.  Sans  doute  les  mémoires 
présentés  n'ont  pas  toujours  été  conformes  aux  tarifs  qu'im- 
pose aux  médecins  légistes  le  décret  du  18  juin  1811.  Mais 
ce  ne  sont  pas  les  erreurs  commises  par  les  médecins  experts 
qui  ont  envenimé  le  conflit.  Le  plus  souvent  les  réductions 
ont  porté  sur  le  nombre  des  myriamètres  parcourus,  le 
nombre  de  vacations,  etc.  De  là  des  discussions  pénibles, 
des  observations  peu  courtoises,  et,Me  la})art  des  médecins, 
de  justes  causes  de  ressentiment.  Il  serait  donc  inexact  de 
soutenir,  comme  on  l'a  prétendu,  que  les  médecins  de  Rodez 
ont  refusé  de  se  soumettre  à  la  loi  et  d'accepter  les  tarifs 

!|u'elle  a  fixés.  Si,  d'accord  avec  l'unanimité  des  méiiecins 
rançais,  ils  réclament  une  refonte  de  la  législation  qui  régit 
actuellement  les  rapports  des  experts  avec  la  justice,  ils 
prolestent'  surtout  contre  les  procédés  discourtois  de  la 
Chancellerie  et  veulent  affirmer  leurs  droits  à  l'indépen- 
dance professionnelle.  A  ce  point  de  vue,  ils  ne  peuvent 
qu'être  loués  de  soutenir  et  de  défendre  leur  dignité 
méconnue.  Toutefois  il  parait  évident  qu'au  point  de  vue 
strictement  et  exclusivement  légal  ils  échoueront  comme 
leurs  confrères  de  Forcalquier,  comme  tous  les  médecins 

Jui  d'un  commup  accord  se  refuseront  à  un  service  reconnu 
'utilité  publique.  Une  grève  de  médecins  —  puisque  le  mot 
a  été  mainte  fois  prononcé,  nous  pouvons  l'employer  à  notre 
tour — sera  toujours  mal  jugée  par  l'opinion  publique  et 
sévèrement  condamnée  par  la  magistrature.  Comme  les 
textes  de  loi  sur  lesquels  on  s'appuie  sont  peu  nets,  et  par 
conséquent  sujets  à  controverse,  il  est  bien  peu  probable 
que  dans  la  lutte  qu'ils  ont  entreprise,  les  médecins  du  Midi 
arrivent  à  obtenir  de  la  Cour  de  cassation  un  arrêt  qui 
affirme  leur  indépendance  professionnelle.  Salus  populi 
suprema  leXy  répondra-t-on  toujours  aux  revendications  les 
plus  légitimes.  Ce  qui  nous  parait  infiniment  plus  utile 
qu'une  grève  générale,  c'est  une  agitation  ayant  pour  but 
une  réforme  complète  de  l'organisation  de  la  médecine  judi- 
ciaire en  France.  Que  des  émoluments  en  rapport  avec 
Timporlance  et  la  nature  des  fonctions  médico-légales  au. 
lieu  des  allocations  dérisoires  contre  lesquelles  on  pro- 
teste aujourd'hui  soient  attribuées  aux  médecins  experts 
choisis  par  la  justice  parmi  ceux  qui  ont  acquis  des  con- 
naissances suffisantes,  et  l'on  ne  verra  plus  ni  conflits 
entre  l'autorité  judiciaire  et  les  médecins  qu'elle  requiert, 
ni  jugements  contestables,  aussi  bien  au  point  de  vue  du 
droit  que  de  la  conscience  publique. 

Concluons  donc  en  conseillant  à  nos  confrères  de  Rodez 
de  ne  point  poursuivre,  en  appel,  une  cause  perdue  d'avance 
puisque,  dans  l'espèce,  il  s'agissait  bien  d'un  flagrant  délit; 
mais  demandons  énergiquement,  avec  eux,  la  réforme  de 
la  législation  et  exprimons  le  vœu  que  les  médecins  dépu- 
tés et  sénateurs  obtiennent  de  leurs  collègues  delà  Chambre 
et  du  Sénat  le  vote  d'une  nouvelle  loi  plus  juste.et  dont  les 
articles  seront  rédigés  d'une  façon  plus  explicite. 

L.  L. 


Faculté  db  médecine  de  Paris  (année  scolaire  1889*90, 
1"  trimesire).  Cours  de  clinique  médicale  (hôpital  Necker).  — 
M.  le  professeur  Peter  commencera  son  cours  de  clinique  médi- 
cale, àThôpital  Necker,  le  mercredi  13  novembre  1889,  à  dix 
heures,  à  I^amphilhéâlre  de  médecine  de  cet  hôpital,  et  le 
continuera  les  vendredis  et  mercredis  suivants,  a  la  même 
heure. 

—  Clinique  chirurgicale  (hôpital  Necker).  —  M.  le  professeur 
Le  Fort  commencera  son  cours  de  clinique  chirurgicale  le  jeudi 
U  novembre  1889,  à  dix  heures  du  matin,  et  le  continuera  les 
mardis  et  jeudis  suivants,  à  la  même  heure.  —  Tous  les  jours, 
visite  des  malades  à  huit  heures  et  demie. 

—  Cours  de  médecine  opératoire.  —  M.  le  professeur  Duplay 
commencera  le  cours  de  médecine  opératoire  le  jeudi  14  novem- 
bre 1889,  à  quatre  heures  de  Taprès-midi  (grand  amphitliéùtre 
de  TËcole  pratique),  et  le  continuera  les  samedis,  mardis  et 
jeudis  suivants,  à  la  même  heure. 

Clinique  ophthalmologique  (Hôtel-Dieu).  —  M.  le  professeur 
Panas  commencera  le  cours  de  clinique  ophthalmologique  le 
lundi  11  novembre  1889,  à  neuf  heures  du  matin,  et  le  conti- 
nuera les  vendredis  et  lundis  suivants,  à  la  même  heure.  — 
Clinique  et  opérations  à  dix  heures.  —  Exercices  ophlhalmo- 
scopiques  tous  les  mercredis. 

Cours  (thistoire  de  la  médecine  et  de  la  chirurgie.  —  M.  le 
professeur  Laboulbène  commencera  le  cours  d^histoire  de  la 
médecine  et  de  la  chirurgie  le  samedi  16  novembre  1889,  à 
çiualrcr  heures  (petit  amphithéâtre),  et  le  continuera  les  mardis, 
jeudis  et  samedis  suivants,  à  la  même  heure.  —  Dans  les  deux 
premières  leçons,  le  professeur  résumera  Thistoire  de  Tanes- 
thésie  et  de  Tantisepsie. 


Cours  d^anaiomie  pathologique,  --  M.  le  professeur  Gornil 


dredis  suivants,  à  la  même  heure  (dans  le  même  amphithéâtre), 
les  mercredis  à  une  heure  et  demie,  dans  la  salle  des  travaux 
pratiques  d'analomie  pathologique.  —  M.  le  professeur  Coruil 
fait  des  autopsies  tous  les  jours  (amphithçâlre  Bichat,  â  THôtel- 
Dieu),  et  une  conférence  le  jeudi,  h  dix  heures.  La  première 
conférence  aura  lieu  le  jeudi  14  novembre. 

—  Cours  de  physique  médicale.  —  M.  le  professeur  Gariel 
commencera  le  cours  de  physique  médicale  le  lundi  11  novem* 
bre  1889,  à  midi  (petit  a niphi théâtre),  et  le  continuera  les  ven- 
dredis et  lundis  suivants,  à  la  même  heure. 

Objet  du  cours:  Phénomènes  j^énéraux  et  applications  biolo- 
giques de  Toptique  et  de  rélectncité. 

--  Conférences  de  pathologie  interne. --}\.k,  Robin,  agréj 
commencera  ces  conférences  le  vendredi  15  novembre  1889,  » 
quatre  heures  (petit  amphithéâtre),  et  les  continuera  les  lundis, 
mercredis  et  vendredis  suivants,  à  la  même  heure. 

—  Conférences  d'histoire  naturelle  médicale.  —  M.  Raphaël 
Blanchard,  agrégé,  commencera  ces  conférences  le  vendredi 
15  novembre  1889,  à  deux  heures  (grand  amphithéâtre  de  rii)cole 
pratique),  et  les  continuera  les  lundis,  mercredis  et  vendredis 
suivants,  à  la  même  heure. 

Hôpital  Saint-Louis  {Cours  de  clinique  des  maladies  cuta- 
nées et  syphilitiques).  —  M.  le  professeur  Alfred  Fournier  com- 
mencera ce  cours  le  vendredi  15  novembre,  â  neuf  heures  du 
matin,  et  le  continuera  les  vendredis  et  mardis  suivants,  à  la 
même  heure. 

Ordre  du  cours:  le  vendredi,  leçons  â  Tamphithéâtre,  à  dix 
heures;  le  mardi,  laçons  au  lit  des  malades. 

Asile  Sainte-Anne.  —  M.  Magnan  reprendra,  dans  Tamphi- 
théâtre  de  Tadmission,  ses  leçons  cliniques  le  dimanche  17  no- 
vembre 1889,  à  neuf  heures  et  demie  du  matin,  et  les  continuera 
les  dimanches  et  mercredis  suivants  à  la  même  heure.  Les  con- 
férences du  mercredi  seront  consacrées  â  Tétude  pratique  du 
diagnostic  de  la  folie.  Les  leçons  auront  plus  particulièrement 

fiour   objet,    cette   année.   Têtu  de    des   folies  intermittentes 
simple,  périodique,  double  forme,  circulaire,  alterne,  etc.). 


Clinique  ophthalmologique  des  Quinze-Vingts,  13,  ri  • 
MoREAU.  —  Les  cours  et  conférences  faits  par  les  médecins  d- 
la  clinique  reprendront  le  20  novembre.  Les  leçons  faite» 
pendant  Tannée  scolaire  comprendront  toute  la  pathologir: 
oculaire. 

Maladies  des  paupières^  de  la  conjonctive  et  de  Vappartd 
lacrymal^  par  M.  le  docteur  Ghevallereau,  le  samedi  à  deut 
heures. 

Maladies  de  la  cornée^  de  la  sclérotique,  de  Viris  et  de  for- 
bitey  par  M.  le  docteur  Valude,  le  jeudi  â  deux  heures. 

Maladies  du  cristallin  et  des  membranes  internes  de  Vœil. 
ophthalmoscopiey  par  M.  le  docteur  Trousseau,  le  vendredi  a 
deux  heures. 

Maladies  des  muscles  de  Cœily  réfraction^  par  M.  le  docteur 
Kalt,  le  lundi  à  deux  heures. 

Le  mercredi,  à  deux  heures,  présentation,  par  les  quatre 
médecins  de  la  clinique,  des  malades  intéressants  ;  discussion. 
Consultations  et  opérations  tous  les  jours  â  une  heure. 

Le  banquet  Paul  Rerger.  —  Hier  au  soir,  12  novembre,  une 
foule  de  collègues,  d'élèves  et  d'amis  du  docteur  P.  Berçor 
s'étaient  réunis  à  Thôtel  Continental  pour  fêter  la  nomination 
au  grade  de  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  de  notre  cher  et 
savant  collègue.  MM.  les  professeurs  Vcrnenil,  président  du  jurr 
des  récompenses  de  la  classe  14,  et  Tarnier,  président  du  comwV 
d'admission,  assistaient  à  ce  banquet.  Dans  les  toasts  porté^à 
M.  Berger  par  son  éminent  maître  M.  Verneuil,  par  son  collègue; 
M.  Peyrotjpar  l'un  de  ses  élèves  M.  Poirier,  etc.,  etc.,  on  a  juste- 
ment loué  le  caractère  élevé,  la  probité  scientifique,  Tactivité  labo- 
rieuse, le  dévouement  professionnel  du  héros  de  cette  fête,  l'un 
des  plus  sympathiques  parmi  cette  brillante  génération  de  jennes 
chirurgiens,  qui  sont  l'honneur  et  seront  un  jour  la  gloire  de  la 
Faculté  et  des  hôpitaux. 

Cours  de  médecine  opératoire  oculaire.  —  M.  le  docteur 
Gillet  de  Grandmont  commencera  son  cours  de  médecine  optera* 
toire  oculaire,  à  l'Ëcole  pratique  de  la  Faculté,  le  vendredi 
15  novembre,  à  huit  heures  du  soir  (amphithéâtre  n""  3)  et  fe 
continuera  les  lundis  et  les  vendredis  suivants,  à  la  même  heure. 
Les  élèves  seront  exercés  aux  opérations. 

Société  médicale  des  hôpitaux  (séance  du  vendredi  ti  no- 
vembre). —  Ordre  du  jour:  A  l'occasion  du  procès- verbal, 
M.  Burlureaux:  Sur  la  fièvre  typhoïde.  —  M.  Dfeyfous:  De  Tan- 
tisepsie  des  voies  urinaires  parla  voie  interne.---  M.  Ballet  :  Du 
délire  do  persécution  dans  le  goitre  exophthalmique.  —  M.Chan- 
temesse:  Sur  un  moyen  de  diagnostic  rapide  et  sûr  de  la 
diphthérie. 


NÉCROLOGIE.  —  Nous  avons  le  regret  d'annoncer  la  mort  de 
MM.  les  docteurs  Bonnemaison,  professeur  de  clinique  méiiicale 
â  l'Ecole  de  médecine  de  Toulouse;  de  Lagarde  (de  Bordeaux), 
et  Lolz  (de  Savigny). 


Mortalité  a  Paris  (4i^  semaine,  du  27  octobre  au  2  novembre 
1889.  — Population:  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  lU. 

—  Variole,  0.  —  Rougeole,  7.  —  Scarlatine,  4.  —  Coque- 
luche, 10.  —  Dinhthérie,  croup,  22.  —  Choléra,  0.  —  Pbthisie 
pulmonaire,  194.  —  Autres  tuberculoses,  22.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  38;  autres,  1.  —  Méningite,  26.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  45.  —  Paralysie,  5.  — 
Ramollissement  cérébral,  13.— Maladies  organiques  du  cœur,  57. 

—  Bronchite  aigué,  21.  —  Bronchite  chronique,  31.  — Broncho- 
pneumonie, 14.  —Pneumonie,  5i.  —  Gastro-entérite:  sein.  11; 
biberon,  49.  —  Autres  diarrhées,  9.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 1.  — Autres  affections  puerpérales,  2.  —  Débilité  con- 
génitale, 30. —  Sénilité,  31.  —  Suicides,  16,  — Autres  morts 
violentes,  6.  —  Autres  causes  de  mort,  136.  —  Causes 
inconnues,  11.  —  Total:  879. 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 

S0065.  ^  MOTTIROS.  —  Impriiaeriet  réunies,  A,  me  Mifnoii,  t.  Paris. 


Trente-sixième  année 


N*47 


22  Novembre  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 

PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  le  D'  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD.  6.  DIEULAFOY,  DREYFUS-BRISAC,  FRANC01S.FRARCK,  A.  HËROCQUE,  A.-J.  MARTIR,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

AdreMer  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lbreboullbt,  Ai,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRE.  —  CUNIQUB  CHinuRGiCALB.  Traitement  du  lymphadénome  cenrieal 
par  l'arsenic  â  haute  dose.—  Formulaire  th^rapeutiquk.  Traitement  anlisep- 
liiiuo  de  l'édampaie  puorpérale.—  Rbvok  iiBS  COURS  BT  DB8  CLINIQUBB.  Hospice 
Uc  la  Salpctrière  :  M.  le  professeur  Charcol.  —  Travaux  originaux.  Clinique 
médicale  :  Le  bain  froid  dans  la  fièvre  typhoïde.  La  révulsion  para-hëpatique 
dan»  lo  traitement  des  épislaxts.  —  Prix  Bouisaon.  —  Rbvub  dbs  Conques. 
Conjrès  de  médecine  interne  dcWiesbaden  (avriH889).— SociéTés  savantbs. 
Académie  des  sciences.  Académie  de  médecine.  —  Socicio  médicale  des  hôpi- 
taux. —  Société  do  biologie.  —  Société  de  thérapeutique..  —  Rbvub  DB8  jour- 
naux. —  Travaux  à  consulter.  —  Bibliooraphib.  Du  sang  et  do  ses  altérations 
anatomiques.  —  VARIÉTÉS. 

CLINIQUE  CHIRURGICALE 

Traitement  da  Ijmphadénonaie   eer«l«al   par  rarsenic 
h  hante  dose. 

Sous  ce  titre,  j'ai  dôjà  publié  ici  même  un  article  qui 
date  de  1887  et  Tannée  suivante,  en  1888,  M.  Barlb,  mon 
collègue  de  Thôpital  Broussais,  traitait  la  même  question 
dans  un  mémoire  qu'insérait  la  Gazette  hebdomadaire  :  il  y 
montrait,  en  s'appuyant  sur  trois  observations  personnelles, 
que  Tarsenic,  sans  être  la  médication  héroïque  que  pro- 
clamait un  instant  Czerny  et  Winiwarter,  peut,  dans 
quelques  cas,  enrayer  la  marche  et  même  guérir  les  lym- 
phadénomes  cervicaux  dont  on  connaît  pourtant  le  pro- 
nostic sévère.  Comme  j'ai  recours  à  la  médication  arse- 
nicale depuis  huit  ou  neuf  ans  et  que  j'ai  pu  en  suivre  le 
résultat  sur  six  de  mes  malades,  je  crois  intéressant  de 
reprendre  à  nouveau  la  question  dans  ce  rapide  article. 

I 

Le  premier  de  mes  malades  est  un  individu  de  vingt- 
neuf  ans  qui,  vers  la  fin  de  1886,  sentit  derrière  Tangle  de 
la  mâchoire,  à  gauche,  une  petite  tumeur  dure,  indolente 
et  mobile,  ganglion  lymphatique  qui  grossit  peu  à  peu;  un 
deuxième  apparut  au  voisinage,  puis  un  troisième,  un 
quatrième,  qui  finirent  par  se  solidariser,  et  bientôt  la  ré- 
gion tout  entière  se  trouva  soulevée  par  une  masse  irrégu- 
lière, bosselée,  autour  de  laquelle  étaient  groupés  des  gan- 
glions encore  indépendants.  C'est  ainsi  que  la  chaîne  fut 
envahie  d'une  manière  progressive  de  l'oreille  à  la  clavi- 
cule. Entre  temps,  à  droite,  en  un  point  symétrique,  un 
ganglion  se  montrait,  centre  futur  d'une  néoformation  sem- 
blable à  celle  du  côté  opposé,  et  en  avril  1887,  lorsque  le 
malade  nous  consulta,  la  double  chaîne  avait  acquis  un 
énorme  développement. 

L'engorgement  bilatéral  était  tel  que  le  cou  avait  com- 
plètement disparu;  le  cône  thoracique  se  continuait  direc- 
tement jusqu'à  la  face  en  comblant  la  dépression  cervicale, 
2«  Série,  T.  XXVI. 


mais  en  aucun  autre  point  on  ne  trouvait  de  ganglions  volu- 
mineux; le  creux  axillaire,  la  région  épilrochléenne  et 
poplitée,le  pli  de  l'aine,  le  triangle  de  Scarpa,  étaient  nor- 
maux; la  palpationabdominale  ne. révélait  aucune  tuméfac- 
tion du  foie,  de  la  rate  et  des  ganglions  mésentériques; 
la  percussion  et  l'auscultation  ne  révélaient  aucune  tumeur 
dans  le  médiastin  ;  il  n'y  avait  pas  un  excès  de  globuletr 
blancs  et  le  seul  point  que  nous  puissions  noter  ce  sont 
des  poussées  fébriles  assez  vives  à  .chaque  stade  nou- 
veau dans  la  néoformatipn  ganglionnaire  :  un  accès  surve- 
nait et  à  sa  suite  on  constatait  des  tumeurs  surajoutées  au 
massif  central  primitif. 

Nous  ne  pouvions  hésiter  qu'entre  une  tuberculose  gan- 
glionnaire et  une  quelconque  des  variétés  si  mal  connues 
encore  et  décrites  sous  le  nom  de  lymphadénome.  Tout  le 
passé  du  malade  protestait  contre  l'hypothèse  de  strume  ;  il 
n'avait  pas  d  antécédents  héréditaires  fâcheux;  il  n'avait  eu 
ni  gourme,  ni  otorrhée,  ni  adénite  suspecte  ;  son  adoles- 
cence s'était  régulièrement  passée  et  l'intégrité  de  ses 
organes  était  absolue  ;  aussi  avions-nous  conclu  à  un  lym* 
phadénome,  diagnostic  qui  fut  accepté  sans  conteste  par 
MH.  Verneuil,  Trélat,  Guyon,  Potain,  Damaschino,  en 
examen  à  l'IIÔtel-Dieu  ;  aucun  de  nos  collègues  et  de  nos 
maîtres  qui  virent  notre  malade  n'élevèrent  la  moindre 
objection.  Nous  aurions  pu  enlever  un  ganglion  pour  le 
soumettre  à  un  mierographe  et  pour  en  insérer  une  par- 
celle sous  la  peau  d'un  lapin.  Mais  nous  reviendrons  plus 
loin  sur  cette  méthode  de  diagnostic. 

Le  traitement  arsenical  fut  aussitôt  institué.  Cette  médi* 
caiion,  qui,  m.algré  des  éclipses  partielles,  s'est  toujours 
perpétuée  en  France  dans  la  thérapeutique  des  tumeurs 
malignes,  nous  est  revenue  d'Âlletnagne  depuis  une  dizaine 
d'années,  mais  escortée  et  soutenue  d'observations  nom- 
breuses où  Czerny,  Billroth,  Tholen,  Winiwarter,  Karewski, 
affirmaient  l'excellence  de  la  méthode;  des  succès  incon 
testés,  des  guérisous  durables  auraient  couronné  sop 
emploi.  Comme  eux,  j'ai  administré  1^  liqueur  de  Fowler  à 
doses  progressives,  et  chez  mon  malade  j'ai  prescrit  jcinq 
gouttes  à  chacun  des  deux  principaux  repas,  augmentant 
de  deux  gouttes  par  jour.  J'y  ai  ajouté  des  injections  inter- 
stitiellesde  liqueur  dédoublée  dans  une  quantité  égaie  d'eau 
distillée  et  poussée  dans  la  tumeur  de  deux  jours  en  deux 
jours  avec  une  seringue  de  Pravaz.  J'ai  commencé  par 
quatre  gouttes  et  je  me  suis  arrêté  à  vingt. 

Au  moment  où  mon  malade  absorbait  déjà  soixante-: 
cinq  gouttes  de  liqueur  de  Fowler,  des  accidents  d'in- 

11 


754    —  N*  47  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  KÉDEGINE  ET  DE  CHIRURGIE       22  Novembre  1889 


toxicâtion  parurent;  de  la  sécheresse  de  la  gorge,  de 
rinappétence,  de  la  fièvre,  de  la  diarrhée  persistante  avec 
intolérance  de  Testomac.  En  même  temps,  en  plusieurs 
points  où  les  injections  avaient  été  très  abondantes  et  très 
souvent  répétées,  des  abcès  se  formaient  qui  s'ouvraient, 
donnant  issue  à  une  certaine  quantité  de  pus,  puis  se 
cicatrisaient  spontanément.  Le  traitement  en  vigueur  depuis 
près  de  deux  mois  fut  suspendu  et  le  malade  nous  quitta 
en  état  d'amélioration  très  marquée  :  à  droite  et  à  gauche, 
la  chaîne  ganglionnaire  avait  diminué  de  plus  d'un  tiers. 

Il  rentre  au  mois  de  novembre  en  pleine  récidive  ;  la 
tumeur  est  aussi  volumineuse  qu'avant  notre  traitement. 
Nous  y  revenons  et  au  bout  de  trois  mois  la  diminution  est 
de  nouveau  très  considérable  ;  les  masses  s'affaissent,  les 
ganglions  agglomérés  s'isolent  et  deviennent  indépendants. 
Leur  résistance  est  moindre.  Nouvelle  sortie,  récidive 
aussi  prompte.  Le  malade  nous  suit  à  Bicétre,  à  Tenon,  à 
Broussais.  Au  commencement  de  1889  nous  prescrivons  avec 
l'arsenic,  le  phosphure  de  zinc,  deux  à  huit  pilules  de 
8  milligrammes  par  jour.  Le  résultat  fut  excellent;  lorsque 
le  malade  nous  quitte,  au  mois  de  juin,  la  tumeur  a  diminué 
de  plus  des  trois  quarts  ;  puis  elle  a  complètement  disparu 
dans  la  suite  et  après  les  vacances  je  ne  trouvais  plus  que 
trois  petits  ganglions,  deux  à  droite,  un  à  gauche  |et  révélés 
seulement  par  la  palpation;  il  n'existe  plus  de  saillie 
appréciable  à  l'œil. 

Voici  une  deuxième  observation  :  en  1887  je  fus  consulté 
par  un  fabricant  de  chaussures  ayant  dépassé  la  cinquan- 
taine et  qui  portait  au  cou  une  énorme  masse  ganglionnaire; 
elle  descendait  de  l'apophyse  mastoïde  au  sternum,  déviait 
le  larynx  en  avant  et  en  arrière,  envoyait  des  masses  bos- 
selées sous  le  trapèze;  quelques  petits  ganglions  indépen- 
dants et  mobiles  s'avançaient  vers  la  clavicule.  La  tumeur, 
comme  dans  le  cas  précédent,  avait  commencé  par  une 
petite  boule  dure,  mobile,  indolente,  développée  en  arrière 
de  l'angle  de  la  mâchoire,  puis,  au  milieu  de  quelques 
poussées  fébriles,  avait  pris  en  trois  mois  le  volume  que 
nous  constations  alors.  M.  Verneuil,  appelé  en  consultation, 
avait  cru  tout  d'abord  à  une  énorme  dégénérescence  secon- 
daire consécutive  à  un  épithélioma  ignoré  et  latent  de  l'ex- 
trémité supérieure  de  l'oesophage;  mais  il  se  rattacha 
bientôt  au  diagnostic  de  lymphadénome. 

Le  traitement  arsenical  fut  institué  :  liqueur  de  Fowler 
à  doses  progressives,  et  qui,  dan$  ce  cas,  ne  dépassèrent 
jamais  quarante-cinq  gouttes  par  jour;  injections  intersti- 
tielles de  liqueur  dédoublée  répétées  trois  fois  par  semaine. 
Celte  médication  fut  difficilement  tolérée.  Il  fallut  une 
excessive  patience  de  notre  part  et  surtout  de  la  part  de  la 
femme  du  malade  pour  faire  accepter  le  traitement,  d'au- 
tant qu'au  début  le  cou  gonfla  encore  ;  il  survint  même  de 
la  tuméfaction  inflammatoire,  et  de  petits  abcès  se  formèrent 
au  niveau  de  quelques  foyers  d'infection;  ils  s'ouvrirent, 
livrant  passage  à  des  débris  de  ganglions,  et  leur  cicatri- 
sation fut  très  rapide.  Bientôt  la  chaîne  ganglionnaire  com- 
mence à  s'affaisser.  Nous  cessons  l'arsenic;  la  tumeur 
reparaît;  nous  le  reprenons;  les  mêmes  accidents  éclatent; 
mais,  cette  fois-ci,  la  disparition  du  mal  fut  à  peu  près 
complète.  Au  commencement  de  1888,  il  restait  à  peine 
quelques  ganglions  qui  fondirent  avant  la  fin  de  l'année. 
Nous  avons  revu  notre  fabricant  ces  jours-ci,  et  la  guérison 
s'est  maintenue.  Toute  trace  de  tumeurs  a  disparu,  et  nous 
ne  trouvons  à  leur  place  qu'un  tissu  légèrement  sclérosé. 
-  Troisième  observation  :  je  soigne  depuis  cinq  ans  un 


fonctionnaire  de  trente-sept  ans,  qui  porte,  dans  la  régioL 
cervicale,  une  tumeur  ganglionnaire  en  tout  semblable  x 
celle  que  nous  venons  de  décrire  chez  nos  deux  malade 
précédents.  Même  apparition  dans  l'angle  de  la  màchoin> 
d'une  tumeur  indolente  et  mobile  à  laquelle  se  sont  unie? 
bientôt  d'autres  tumeurs  de  poussées  successives,  jusqu'à 
ce  que  la  masse  morbide,  plus  volumineuse  que  le  poing, 
s'avance  en  bas  jusqu'à  la  clavicule  en  débordant  de  tout- 
part  la  région  carotidienne.  La  tumeur  est  restée  unilaté- 
rale. Les  poussées  successives,  survenues  à  la  suite  d'une 
fièvre  assez  intense  chez  le  premier  malade,  beaucoup 
moins  marquée  chez  le  deuxième,  éclatent  ici  au  milieu 
de  véritables  accès  semblables  par  leur  allure  à  ceux  d'une 
intoxication  paludéenne. 

Bien  qu'il  fût  robuste  et  qu'il  n'eût  ni  dans  ses  antécédents 
de  famille  ni  dans  son  passé  aucun  accident  de  scrofule,  un 
médecin  prescrivit  à  tout  hasard  l'huile  de  foie  de  morue  à 
haute  dose  et  les  bains  de  Salies-de-Béarn  ;  le  résultat  fut 
désastreux,  et  lorsque  le  malade  vint  nous  consulter.  U 
chaîne  ganglionnaire,  étendue  de  l'oreille  au  sternum,  a^aW 
un  énorme  volume.  Comme  je  ne  pouvais  à  distance  et  loin 
de  Paris,  pratiquer  des  injections  interstitielles,  je  n'eus 
recours  qu'à  la  liqueur  de  Fowler  à  l'intérieur,  mais  ici  à 
dose  considérable,  puisque  quatre-vingts  gouttes  ont  été 
parfois  dépassées.  La  tumeur,  après  chaque  période  de  trai- 
tement, diminue  dans  des  proportions  énormes;   mai>, 
pour  peu  que  notre  malade  demeure  trois  ou  quatre  mois 
sans  arsenic,  les  ganglions  disparus  se  reforment.  Cepen- 
dant, cette  année,  je  n'ai  plus  trouvé,  malgré  un  repos  de 
plus  de  quatre  mois,  qu'une  tumeur  à  peine  du  volume  d'un 
petit  œuf,  située  en  arrière  de  l'angle  de  la  mâchoire,  >ur 
le  bord  antérieur  du  sterno-mastoïdien,  mobile,  sans  adhé- 
rence, et  qu'on  énucléerait  facilement  par  une  simple  boa- 
tonnière  à  la  peau. 

Voilà  nos  trois  succès,  trois  et  non  pas  quatre,  car  nous 
n'oserions  compter  comme  guérie  de  lymphadénome  une 
jeune  Anglaise  de  dix-huit  ans  qui  nous  consulta  pour  une 
chaîne  ganglionnaire  énorme  développée  en  moins  de  trois 
semaines;  la  tumeur  occupait  la  région  classique;  elle  était 
bosselée,  dure,  mobile;  il  n'y  avait  ici  non  plus  aucun  anté- 
cédent de  strume,  mais  bien  des  attaques  de  rhumatisme 
articulaire  aigu.  Nous  ordonnons  l'huile  de  foie  de  morue  et 
de  l'arsenic  à  doses  progressives;  vingt  gouttes  n'étaient  pas 
atteintes  que  déjà,  à  la  fin  de  la  première  quinzaine,  un 
mouvement  de  retrait  se  fit  dans  la  masse,  et  avant  que  le 
mois  fût  écoulé,  la  guérison  était  obtenue;  et,  depuis,  il 
n'y  a  pas  eu  de  rechute.  Nous  ne  saurions  mettre  ce  succès 
à  l'actif  de  l'arsenic,  car  la  rapidité  de  la  délitescence  nous 
fait  exclure  le  lymphadénome,  et  nous  pensons  qu'il  s'agis- 
sait peut-être  d'un  de  ces  engorgements  d'origine  rhumatis- 
male, de  ces  c  bubons  rhumatismaux  >  sur  lesquels  notre  ami 
Edouard  Brissaud  a  récemment  appelé  l'attention. 

II 

A  côté  de  ces  succès,  nous  comptons  trois  échecs;  encore 
ne  parlerons-nous  pas  d'une  journalière  de  vingt-cinq  ans, 
qui,  depuis  deux  ans,  portait  dans  l'aisselle  et  dans  la 
région  carotidienne  gauche  des  masses  ganglionnaires 
énorme.s;  sous  nos  yeux,  et  en  moins  d'un  mois,  la  région 
cervicale  droite  fut  envahie;  et  ici  le  ganglion  rétro-maxillaire 
fut  le  premier  atteint;  puis,  d'une  même  poussée,  plusieurs 
masses  nouvelles  apparurent  et  la  rapidité  de  la  propagation 


22  Novembre  1889       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  47  —    755 


est  telle  que  la  déformation  est  bientôt  aussi  marquée  qu'à 
gauche.  L'arsenic  est  administré,  mais  nous  n'étions  qu'au 
vingt-deuxième  jour  et  la  dose  atteinte  ne  dépassait  pas 
trente-huit  gouttes,  nous  n'avions  pu  encore  pratiquer  d'in- 
jections interstitielles  lorsque  la  malade  nous  quitte  ;  l'ex- 
périence n'est  pas  concluante,  puisque  le  traitement  arse- 
nical demande  à  être  poursuivi  un  très  long  temps. 

Mais,  si  nous  avons  échoué  chez  notre  deuxième  malade,  ce 
n'est  pas  faute  de  patience  de  sa  part;  il  se  soumit  à  toutes 
les  exigences  du  traitement,  et  pourtant  l'insuccès  fut 
lamentable;  il  s'agit  d'un  employé  de  commerce  de  quarante- 
six  ans,  qui,  onze  mois  auparavant,  avait  vu  apparaître  une 
petite  glande  à  droite,  en  arrière  du  maxillaire;  puis  la 
chaîne  ganglionnaire  s'était  prise  rapidement  en  suivant  la 
marche  habiluelle.  La  tumeur  avait  tout  à  fait  l'aspect  d'un 
lymphadénome  type.  Nous  donnons  l'arsenic  et  nous  attei- 
gnons la  dose  de  cinquante  gouttes  quotidiennes;  nous  pra- 
tiquons un  nombre  considérable  d'injections  interstitielles; 
rien  ne  lasse  l'espérance  de  notre  malheureux,  pas  même 
la  constatation  des  progrès  du  mal;  l'amygdale  droite  est 
envahie  et  prend  un  développement  tel  que  la  déglutition 
en  est  empêchée  ;  la  région  carotidienne  gauche  est  frappée, 
puis  surviennent  des  hémorrhagies,  de  la  diarrhée,  des 
vomissements,  des  troubles  généraux,  la  cachexie  et  la 
mort  au  bout  de  six  mois. 

Même  terminaison  chez  un  petit  paysan  de  cinq  ans 
observé  et  traité  par  nous  en  Béarn.  Ils'agissait  ici  de  la 
forme  molle  du  lymphadénome;  la  tumeur  avait  envahi  le 
cou  tout  entier;  il  y  avait  çà  et  là  de  grandes  masses  adhé- 
rentes à  la  peau  violacée  ;  je  crus  à  des  tubercules  ramollis 
et  j'y  plantai  mon  bistouri;  je  trouvai,  lorsque  la  nappe 
sanguine  futjtarie,  un  tissu  grisâtre,  rosé,  parsemé  de  petites 
ecchymoses;  l'arsenic  fut  administré  à  doses  progressives: 
le  petit  malade  absorbait  jusqu'à  quinze  gouttes  de  liqueur 
de  Fowler  par  jour.  Mais  les  ganglions  de  l'aisselle  et  de 
l'aine  ne  tardèrent  pas  à  se  prendre  et  la  mort  survint  en 
moins  de  quatre  mois. 

Mort  aussi  rapide  chez  un  directeur  de  manège,  qui, 
après  avoir  consulté  Poulet,  Bouilly  et  Verneuil,  se  remit 
dans  mes  mains  :  quatre  ganglions  retro-angulaires,  gros 
comme  des  noisettes,  durs,  mobiles,  indolents,  étaient  restés 
stationnaires  pendant  treize  ans;  ils  s'accrurent  tout  à 
coup,  sous  l'influence  d'une  émotion  très  vive  ;  une  double 
chaîne  ganglionnaire  souleva  les  deux  régions  caroti- 
diennes;  puis,  malgré  des  doses  élevées  d'arsenic,  des 
injections  interstitielles  répétées,  la  peau  devint  adhérente 
et  de  grandes  plaques  de  mycosis  fongoide  se  montrèrent  au- 
dessus  des  clavicules  ;  la  cachexie  survint  et  il  mourait  au 
bout  de  dix  mois. 

fc  \oici  donc  six  observations  de  lymphadénome,  car  nous 
pouvons  en  écarter  une  pour  diagnostic  plus  que  douteux,  où 
nous  voyons  six  malades  traités  par  l'arsenic  à  haute  dose  ; 
trois  vivent  encore  et  trois  sont  morts  dans  un  délai  rapide. 
Ce  n'est  pas  fort  brillant,  et  il  y  a  loin  de  notre  statistique  à 
celles  que  nous  envoyaient  naguère  les  Allemands.  C'étaient 
de  véritables  chants  de  triomphe  que  nous  entendions  alors, 
*et  on  guérissait  presque  aussi  sûrement  un  lymphadénome 
qu'une  fièvre  intermittente.  A  cette  heure,  les  bulletins  de 
victoire  nous  paraissent  moins  nombreux;  en  tous  cas,  on 
garde  le  silence ,  et  nous  nous  imaginons  que  là-bas  on 
obtient  des  résultats  ni  plus  ni  moins  brillants  que  les  nôtres. 
Tout  compte  fait,  bien  des  lymphadénomes,  sans  doute, 
meurent  entre  leurs  mains,  et  Koebel,  dans  un  mémoire 


de  1887,  n'accuse-t-il  pas  quatre  insuccès,  deux  améliora- 
tions et  un  cas  douteux  sur  sept  cas,  malgré  la  liqueur  de 
Fowler  à  l'intérieur  et  les  injections  interstitielles? 

III 

Faut-il  aller  plus  loin  dans  celte  voie  et  déclarer  que 
lorsqu'une  tumeur  ganglionnaire  guérit,  c'est  qu'il  ne  s'agit 
pas  d'un  lymphadénome? Le  point  est  délicat,  et  nous  arri- 
vons à  la  question  fort  obscure  du  diagnostic.  Aussi  allons- 
nous  reprendre  nos  observations  et  voir  si  une  erreur,  je  ne 
dis  pas  est  possible,  —  elle  l'est  toujours,  —  mais  est  pro- 
bable dans  l'espèce.  Je  laisserai  évidemment  de  côté  les 
trois  faits  où  la  mort  est  survenue;  ici  on  ne  contestera  pas 
le  diagnostic,  car  la  cachexie  particulière  qui  a  procédé  la 
mort,  les  hémorrhagies,  les  diarrhées,  les  vomissements, 
les  accès  de  fièvre  à  forme  intermittente  sont  des  symptômeis 
qui  appartiennent  en  propre  au  lymphadénome  ;  on  ne  sau- 
rait incriminer  la  tuberculose,  la  seule  diathèse  qui  pro- 
voque des  engorgements  ganglionnaires  cervicaux  suscep- 
tibles d'être  facilement  confondus  avec  le  lymphadénome. 

Prenons  seulement  les  trois  cas  où  nos  malades  ont  guéri. 
Ce  sont  trois  individus  de  vingt-cinq,  trente-cinq  et  cinquante 
ans;  leur  santé  était  vigoureuse;  ils  n'avaient  eu  jusque-là 
aucune  tare  tuberculeuse  et  leurs  antécédents  héjréditaires 
sont  nuls.  Ils  voient  survenir  tous  au  même  point,  dans 
l'angle  rétro-maxillaire,  un  ganglion  d'une  dureté  élastique, 
mobile,  indolent.  Il  se  développe  sans  cause  appréciable, 
sans  porte  d'entrée  ulcéreuse  des  muqu0uses  ou  delà  peau; 
il  s'accroît;  d'autres  ganglions  apparaissent  par  poussées 
successives  au  milieu  d'accès  fébriles  plus  ou  moins  intenses  ; 
puis  ces  masses  s'unissent  les  unes  aux  autres,  ^è  f\isionnent 
et  forment  bientôt  une  chaîne  énorme,  bosselée,  élastique, 
présentant  partout  la  même  résistance  ;  on  n'y  trouve  pas  des 
saillies  ramollies  et  fluctuantes  à  côté  de  points  durs  et 
ligneux;  les  injections  arsenicales  y  ont  bien  parfois  pro- 
voqué des  inflammations  et  une  collection  purulente;  mais 
après  issue  du  pus  et  des  débris  de  ganglion,  la  cicatrisation 
de  l'abcès  s'est  toujours  très  rapidement  opérée,  et  nous 
n'avons  jamais  vu  de  fistules  persistantes. 

Certes,  il  n'est  pas  un  de  ces  symptômes  qui  ne  puisse  se 
montrer  exceptionnellement  au  cours  delà  tuberculose  :  oui, 
des  ganglions  peuvent  se  développer  à  vingt-cinq  ans,  cin- 
quante ans,  même  soixante  ans,  après  une  enfance  et  une 
adolescence  vigoureuses  et  comme  première  manifestation 
de  la  diathèse;  c'est  même  sur  des  cas  semblables  qu'est 
basée  la  doctrine  des  tuberculoses  locales;  oui,  ces  gan- 
glions, —  quoique  le  fait  soit  bien  exceptionnel,  — peuvent 
atteindre  l'énorme  volume  que  nous  avons  constaté  dans 
nos  trois  cas;  ils  peuvent  encore  à  la  rigueur  être  partout 
de  même  consistance,  ne  se  ramollir  en  aucun  point,  bien 
que  nés  à  des  époques  différentes  et  par  des  poussées  suc- 
cessives; ils  peuvent,  enfin,  se  cicatriser  en  quelques  jours 
si  un  traumatisme  ou  une  injection  les  a  fait  suppurer,  bien 
que  d'habitude  cette  cicatrisation  ne  survienne  que  lorsque 
toute  la  matière  caséeuse  est  évacuée:  nous  admettrons 
qu'on  observe  au  cours  d'une  tuberculose  ganglionnaire 
cervicale  bien  légitime  une  quelconque  de  ces  infractions  à 
l'évolution  habituelle  de  l'adénite  scrofuleuse;  mais  je 
doute  que  chez  un  même  sujet  on  puisse  me  les  montrer 
toutes.  J'ai  vu  bien  des  masses  tuberculeuses,  j'ai  lu  à 
propos  de  cet  article,  un  grand  nombre  d'observations 
où  la  question  de  diagnostic  a  été  posée  et  je  n'ai  pas  relevé 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECmE  ET  DE  CHIRURGIE        22  Novembre  1889 


un  seul  fait  où  toutes  ces  conditions  se  trouvent  réunies; 
aussi,  jusqu'à  preuve  contraire,  je  considère  que  dans  mes 
trois  cas  il  s'agissait  de  lymphadénomes. 

Les  cas  où  le  diagnostic  est  difficile,  impossible  peut- 
être,  ce  sont  ceux  où  il  existe  un,  deux,  trois,  quelquefois 
un  nombre  plus  considérable  de  ganglions  développés  d'un 
seul  ou  de  deux  côtés,  dans  la  région  sous  maxillaire  ou 
rélro-angulaîre  chez  un  adulte  vigoureux,  sans  antécédents 
de  stiiime.  Les  tumeurs  restent  longtemps  stationnaires 
ou  s'accroissent  lentement  sans  se  ramollir.  Est-ce  un  lym- 
phadénome?  Est-ce  de  la  tuberculose?  L'extirpation  a 
montré  à  Schiippel,  à  Trélat,  à  nous-même  que  dans  l'im- 
mense majorité  des  cas  il  s'agit  de  tuberculose.  Aussi  con- 
seillerions-nous de  faire  ici  le  diagnostic  de  probabilité  et 
dans  le  doute  de  conclure  à  un  ganglion  caséeux,  car  plus 
de  neuf  fois  sur  dix,  c'est  de  tuberculose  qu'il  s'agit. 

Hais  ce  peut  être  aussi  un  ly  m  phadénome  et  Quénu  en  a 
observé  un  fait  bien  remarquable.  Dans  ces  cas  difficiles 
toutes  les  erreurs  ont  été  commises,  d'autant  que,  à  c6té 
dû  lymphadénome  et  de  la  tuberculose,  il  y  aurait,  paraît- 
il,  la  pseudo-tuberculose  de  Verneuil,  Ricard  et  Clado.  Ces 
auteurs  n'ont-ils  pas  décrit  des  tumeurs  sous-maxillaires, 
plus  rarement  parotidiennes,  développées  dans  les  gan- 
glions? elles  ont  l'aspect  microscopique  et  macroscopique 
de  la  tuberculose;  on  y  trouve  des  cellules  géantes,  mais 
pas  de  bacilles  de  Koch  et  l'inoculation  resterait  négative; 
ces  faitSj  peu  connus  encore,  demandent  un  nouveau 
contrôle. 

Pour  établir  le  diagnostic  dans  un  cas  douteux,  il  serait 
bon  d'extirper  une  des  tumeurs  et  de  la  soumettre  à  l'ana- 
lyse microscopique,  examen  qui  du  reste,  —  et  c'est  Cornil 
qui  l'affirme,  —  pourra  laisser  l'histologiste  dans  l'embar- 
ras. 11  faudrait  en  outre  inoculer  une  parcelle  de  ce  ganglion 
pour  voir  si  la  tuberculose  se  développera  chez  l'animal  en 
expérience.  En  effet,  il  y  a  là  des  éléments  qui  donne- 
raient au  diagnostic  une  plus  grande  précision.  Mais  nous 
n'oserions  pas  nous  livrer  à  un  supplément  de  recherches, 
et  lorsque,    comme   dans  nos  trois  cas,  nous  avons  des 
raisons  excellentes  pour  croire  aux  lymphadénomes,  nous 
penchons  vers  l'abstention  parce  que  des  interventions  san- 
glantes, même  aussi  peu  importantes,  paraissent  avoir  sur 
le  développement  de  la  tumeur  une  influence  désastreuse. 
En  1875  et  en  1876  j'ai  vu  opérer  sept  lymphadénomes 
cervicaux  et  les  sept  malades  n'ont  pas  quitté  l'hôpital;  le 
mal  a  récidivé  dans  la  plaie  :  les  années  suivantes  j'ai 
assisté  à  l'extirpation  de  trois  lymphadénomes  et  le  résultat 
fut  aussi  mauvais.  Berger  a  observé  des  désastres  semblables 
chez  Dolbeau.  Aussi  en  présence  de  ces  faits  accumulés, 
Jtf .  Trélat  s'est  constitué  à  la  Société  de  chirurgie  le  défen- 
seur éloquent  de  l'abstention  chirurgicale  en  matière  de 
lymphadéiiome.  J'en  ai,  pour  ma  part,  enlevé  un  que  portait, 
au  testicule,  un  capitaine  au  long  cours;  Ricord,  deux  ans 
auparavant,  avait  diagnostiqué    un    cancer  de  la  glande 
sperraatique;  j'extirpe  la  tumeur;  trois  semaines  après  mon 
opéré  reprenait  la  mer;  mais  il  n'était  pas  arrivé  à  Porto 
qu'il  était  en  pleine  récidive  viscérale.  Tillaux  et  Quénu 
ont  observé,  je  crois,  un  fait  analogue. 

Aussi  n'osons-nous  pas  toucher  aux  tumeurs  qui  nous 
paraissent  des  lymphadénomes;  un  de  nos  trois  malades 
conserve  encore  une  masse  du  volume  d'un  petit  œuf  sur  la 
partie  latérale  du  cou,  absolument  mobile,  et  sans  adhé-  . 
rence  superficielle  ou  profonde  :  pour  l'extirper,  il  suffirait  | 
d'une  simple  boutonnière  à  la  peau;  nous  avons  résisté  ' 


jusqu'à  présent  à  notre  malade  qui  demande  rinterventior 
avec  ardeur;  nous  résistons,  car  il  vil  avec  sa  tumeur,  r: 
nous  ne  savons  pas  si  une  intervention  ne  serait  pas  le  poin 
de  départ  d'une  poussée  nouvelle  plus  grande  et  peut-étir 
rapidement  mortelle.  Nous  exagérons  peut-être  et  je  n'ai- 
firme  pas  ne  point  jamais  opérer  en  ce  cas;  cependant  touv 
les  traités  classiques,  tous  les  mémoires  sur  la  questior 
signalent  l'influence  désastreuse  des  opérations  chirur- 
gicales. Les  Allemands  ne  sont  pas  plus  heureux  que  nous, 
et  sur  neuf  opérés,  Busch  nous  dit, qu'un  seul  a  survéro 
quel(|ue  temps  et  encore  a-t-il  fini  par  succomber  à  une 
récidive. 

Est-ce  à  dire  que  tous  les  lymphadénomes  aient  cette 
extrême  gravité  ?  Ne  faut-il  pas  proclamer  que  le  mot 
lymphadénome  est  sans  signification  précise  et  il  est  fort 
possible  qu'il  existe  plusieurs  variétés  de  tumeurs,  consti- 
tuées   par    du    tissu    adénoïde    et   dont  les  causes,  les 
symptômes,  l'évolution,  le  pronostic,  sont  essentiellement 
difficiles.  Il  y  a  des  lymphadénomes  malins  et  des  lympha- 
dénomes bénins,  et  les  efl'orts  des  histologistes  pour  sanr- 
tionner  par  des  différences  de  structure  cette  différence  de 
gravité,  n'ont  pas  encore  abouti.  Les  recherches  éliologique:^ 
et  bactériologiques  qui  nous  donneront  sans  doute  la  clef  de 
problème  ne  sont  pas  encore  ébauchées  à  cette  heure. 

Il  est  possible  d'ailleurs  que  les  lymphadénomes  bénins 
et  les  lymphadénomes  malins  soient  de  même  structure,  de 
même  nature  et  de  même  origine  ;  il  se  peut  qu'à  un 
moment  donné,  dans  cette  gangue  indifférente  de  tissa 
adénoïde,  une  circonstance  quelconque,  peut-être  l'intro- 
duction d'un  germe,  imprime  tout  à  coup  au  mal  une 
allure  envahissante.  Le  malade  de  notre  dernière  obser- 
vation porte  un  lymphadénome  depuis  quatorze  ans  ;  la 
tumeur  est  restée  treize  ans  stationnaire  lorsque,  à  propos 
d'une  émotion  violente,  une  tentative  d'assassinat,  la  tumeur 
s'accroît  rapidement  et  le  tue  en  dix  mois  ;  le  lympha- 
dénome observé  par  Tillaux  et  Quénu  n'avait  pas  bougé 
depuis  cinq  ans  lorsqu'il  se  mit  à  grossir;  on  l'opère 
et  le  malade  est  emporté.  Notre  exemple  de  lymphadénome 
du  testicule  présente  une  marche  analogue  ;  l'intervenlioo 
chirurgicale  lui  imprime  une  activité  redoutable.  Nous 
pourrions  multiplier  les  observations  de  ce  genre. 

Je  crois  cependant  à  la  multiplicité  des  tumeurs  de 
structure  adénoïde;  on  a  vu  certains  sarcomes  mélaniques 
primitifs  d'une  extrême  malignité  et  Bouilly  en  a  observé 
un  bel  exemple  que  nous  avons  vu  avec  lui.  Certaines 
diathèses  peuvent  retentir  sur  les  ganglions  ;  notre  ami 
Edouard  Brissaud  a  publié  l'observation  remarquable  d*un 
jeune  homme  à  qui  j'ai  enlevé,  il  y  a  huit  ans,  une  tumeur 
du  cuir  chevelu  et  qui  présentait  des  engorgements  gan- 
glionnaires, considérés  comme  des  lymphadénomes  par  plu- 
sieurs chirurgiens;  or  une  poussée  rhumatismale  suffit  pour 
tes  amener  et  pour  les  faire  disparaître.  Je  m'imagine  que 
la  jeune  Anglaise  de  ma  quatrième  observation  avait  aussi 
des  c  bubons  rhumatismaux  »  de  même  nature.  N'a-t-on 
pas  tenté  de  décrire  des  adédites  chroniques  provoquées  par 
î'impaludisme  ?  La  malaria  pourrait  exceptionnellemenl 
tuméfier  le  tissu  adénoïde  des  ganglions  comme  elle  hyper- 
plasie  celui  de  la  rate. 

Je  ne  voudrais  pas  m'engager  plus  avant  sur  un  terrain 
aussi  peu  solide  et  je  désire  conclure  de  cette  courte 
étude  :  1""  que  si  les  tumeurs  ganglionnaires  du  cou  sont 
souvent  d'un  diagnostic  fort  difficile  et  que  si,  nombre  île 


32  Novembre  1889      GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE|MÉDEGINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  NM7  —    757 


Jois,  des  ganglions  tuberculeux  ont  été  pris  pour  des  lym- 
phadénomes,  nous  pensons  que  certaines  formes  extrêmes, 
•celles  qui  justement  se  retrouvent  dans  nos  trois  observations 
de  guérison,  peuvent  être  reconnues  à  peu  près  aussi  sûre- 
ment que  Test  un  squirrhedela  mamelle;  S*' que  ces  tumeurs 
sont  d'un  pronostic  extrêmement  grave;  l'intervention  chi- 
rurgicale ne  paraît  donner  que  des  désastres  ;  aussi  recom- 
mandons-nous l'arsenic  à  doses  progressives,  alterné  parfois 
aveclephosphure  de  zinc.  Celle  médication  n'est  point  spé- 
cifique, comme  on  l'a  prétendu,  mais  elle  nous  paraît  être 
encore  la  moins  illusoire  de  toutes. 

Paul  Reclus. 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

Traitement  «Btlsen^tlqne  de  l'éelaaii^le  pnerpérale* 

I.  Traitement  préventif.  —  1"  Il  faut  d'abord  prescrire 
le  régime  lacté,  c'est  classique,  et  de  plus,  d'après  M.  Mau- 
rice Rivière  (de  Bordeaux),  empêcher  la  formation  des  poi- 
sons dans  le  tube  digestif  par  l'administration,  toutes  les 
heures,  de  l'un  des  cachets  suivants  : 

Naphthol 2o%50 

Salicylate  de  bismuth... î  ^ 

F.  s.  a.  et  divisez  en  huit  cachets. 

â"*  Administrer  tous  les  trois  ou  quatre  jours  un  verre  à 
bordeaux  d'une  eau  purgative  ou  une  cuillerée  à  dessert  de 
sulfale  de  soude  en  solution  dans  une  demi-verrée  d'eau  ; 

3*  Favoriser  l'émonction  cutanée  et  rénale  par  des  bains 
chauds  bi-hebdomadaires. 

II.  Traitement  curatif. —  i*  Calme,  repos  absolu; 

S""  Saignée  de  3  à  400  grammes  pour  diminuer  la  quantité 
des  poisons  contenus  dans  l'organisme  ; 
3^  Administrer  par  la  voie  stomacale  la  potion  suivante  : 

Eau  distillée 60  grammes. 

Sirop  de  cerises 60       — 

Chloral  hydraté }  _  ^  x  t 

Bromure  de  sodium {  aa  2  à  4  grammes. 

4°  Lavement  au  chloral  à  la  dose  de  2  à  4  grammes,  et  au 
besoin  anesthésie  chloroformique  ; 

b"  Pendant  l'accouchement,  M.  Rivière  conseille  l'absten- 
tion obstétricale;  les  manœuvres  pour  hâter  l'accouchement 
produisent  l'irritation  du  col.  Après  l'accouchement,  la 
saignée  est  le  plus  souvent  inutile,  l'hémorrhagie  physiolo- 
logique  en  tenant  lieu. 

S'il  existe  de  la  contracture,  il  devient  difficile  de  faire 
ingérer  les  médicaments  parla  bouche;  M.  Rivière  conseille 
alors  de  placer  la  femme  dans  le  décubitus  dorsal  et  de  faire 
couler  tous  les  quarts  d'heure,  dans  les  fosses  nasales, 
trois  grandes  cuillerées  de  lait  véhiculant  un  quart  à  un 
demi-gramme  de  chloral  en  suspension. 

Ch.  ÉLOV. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

hospice  de  lk  salpêtrière.  —  m.  le  professeur  charcot. 

Sclérose  en  plaques  a  longue  échéance,  sans  embarras 
DE  LA  PAROLE.  —  Le  29  octobro,  il  se  présente  à  la  consul- 
tation externe  un  homme  dont  l'histoire  clinique  peut  se 
résumer  de  la  {façon  suivante.  En  1871,  cet  homme 
couche  dans  des  tranchées,  et  est  pris  de  raideurs  dans 
la  jambe  droite,  la  marche  est  gênée  et  il  boite.  En  1876, 
après  trois  ou  quatre  ans  de  mieux  considérable,  il  croit 
marcher  sur  du  coton  ;  il  a  de  la  difficulté  pour  marcher  à 
cause  de  la  raideur  des  deux  jambes;  on  lui  met  des 
pointes  de  feu  qui  améliorent  la  situation  des  extrémités 
inférieures;  comme  compensation  malheureuse,  les  bras 
deviennent  incoordonnés,  maladroits,  les  mains  laissent 
échapper  ce  qu'elles  tiennent. 

En  1878,  la  raideur  des  jambes  revient  accompagnée  de 
tremblement  de  la  tète  et  des  niains  avec  un  peu  d'em- 
barras de  la  parole  qui  ne  dure  pas. 

Depuis  cette  époque  alternative  de  mieux  et  de  plus  mal  : 

[»ar  moments  les  jambes  sont  tellement  collées  l'une  à 
'autre  que  la  marche  est  impossible.  11  survient  des  phé- 
nomènes oculaires  :  de  la  diplopie.  Aujourd'hui  on  con- 
state une  incoordination  manifeste  dans  les  mouvements 
inlentionnels,  le  malade  ne  peut  porter  un  verre  à  sa 
bouche,  il  marche  péniblement  à  cause  de  la  raideur  des 
jambes;  il  a  des  réflexes  exaltés,  son  regard  est  tout  à  fait 
remarquable  :  c'est  un  regard  sans  fixation,  terne,  dépourvu 
d'expression.  Il  se  plaint  de  quelques  fourmillements  dans 
les  jambes  et  de  petites  douleurs  à  type  fulgurant.  Il  n'a 

i'amais  eu  de  trounles  vésicaux.  Ce  ifialade  nous  offre  un 
)el  exemple  de  sclérose  en  plaques;  il  n'y  manque  que 
l'embarras  caracléristique  de  la  parole,  actuellement  du 
moins.  Cette  absence  d'un  des  gros  éléments  symptomatiques 
de  la  maladie  est  à  noter;  il  faut  remarquer  aussi  que  chez 
ce  malade  l'affection  s'est  présentée  à  un  moment  (con- 
tracture des  mains,  jambes  collées)  sous  l'aspect  qu'elle  a 
revêtu  quand  H.  Vulpian  l'a  observée  tout  d'abord  il  y  a 
une  vingtaine  d'années. 

De  toutes  les  paraplégies  spasmodiques,  c'est  celle  de  la 
sclérose  en  plaques  qui  est  la  plus  sujette  à  présenter  des 
hauts  et  des  bas.  Notre  malade  n'a  jamais  eu  de  maladies 
aiguës;  il  justifie  donc  l'opinion  de  M.  Charcot  qui  se  refuse 
à  voir  dans  la  sclérose  en  plaques  une  maladie  microbienne. 

Tares,  crises  gastriques  et  crises  laryngées.  —  Un 
malade  âgé  de  quarante-cinq  ans  ressent  des  élancements 
douloureux  dans  les  jambes  depuis  huit  années  ;  l'incoor- 
dination n'est  pas  très  accusée,  non  plus  que  les  douleurs 
du  reste  qui  laissent  le  premier  plan  aux  troubles  viscéraux. 

Ce  qui  est  particulièrement  intéressant  dans  ce  cas,  c'est 
que  l'on  observe  une  certaine  régularité,  une  périodicité 
singulière  dans  le  retour  des  crises.  Cette  régularité  est 
loin  d'être  rare  ;  on  l'observe  soit  chez  les  tabétiques  pré- 
sentant  une  espèce  de  réunion  de  tous  les  symptômes  tabéti- 
ques, soit  chez  ceux  chez  qui  ce  trouble  viscéral  occupe  pres- 
que seul  la  scène  morbide.  Quand  la  crise  est  commencée, 
elle  dure  plusieurs  jours  sans  faiblir,  sans  s'atténuer.  Il  y  a 
alors  trente  minutes  environ  entre  chaque  vomissement. 

La  dernière  crise  date  de  cinq  semaines.  La  morphine 
paraît  calmer  ces  crises  gastriques.  Les  crises  laryngées 
sont  moins  violentes  que  les  premières,  mais  elles  ne  sont 
pas  soumises  à  la  même  régularité. 

Les  symptômes  qui  avec  les  douleurs  fulgurantes  per- 
mettent d'affirmer  le  diagnostic  de  tabès  sont  de  l'inégalité 
pupillaire,  le  signe  d'Argyll  Robertson  et  l'absence  des 
réflexes  rotuliens. 

P.  B. 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECIME  ET  DE  CHIRURGIE       22  Novembre  1889 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

C/llal^ue  médloale. 

Le  bain  froid  systéhatique  dans  la  fièvre  ttphoIde. 
Communication  faite  à  la  Société  médicale  des  hôpitaux 
dans  la  séance  du  8  novembre  iSSQy  par  H.  Albert  Josias, 
médecin  des  hôpitaux. 

A  Toccasion  du  rapport  de  M.  Merklen,  sur  la  mortalité 
de  la  fièvre  typhoïde  dans  les  hôpitaux  de  Paris,  je  prie  la 
Société  de  me  permettre  de  lui  exposer  succinctement  ma 
statistique. 

Durant  les  annnées  1888  et  1889  J*ai  pu  traiter  dans 
divers  hôpitaux  trente-six  fièvres  typhoïdes  par  le  bain  froid 
systématiquement  donné  à  18  degrés,  toutes  les  trois  heures, 
lorsque  la  température  centrale  atteignait  ou  dépassait 
39  degrés. 

Ces  trente-six  cas  se  signalent  par  trente-cinq  guérisons 
et  une  mort,  soit  2,77  pour  100  de  mortalité. 

Envisagés  au  point  de  vue  du  sexe,  nous  avons  :  pour  le 
sexe  masculin,  29  cas;  pour  le  sexe  jféminin,  7  cas. 

Etudiés  quant  à  l'âge  ces  divers  cas  se  subdivisent  ainsi  : 

De  5  à  10  ans 3  cas; 

De  10  à  15  ans 7  cas; 

De  15  à  20  ans 7  cas; 

De  20  à  25  ans 9  cas; 

De  25  à  30  ans 3  cas; 

De  30  à  35  ans 4  cas  ; 

De  35  à  40  ans 2  cas  ; 

Au-dessus  de  40  ans 1  cas. 

Les  formes  de  la  maladie  peuvent  être  réparties  de  la 
façon  suivante  : 

Bénignes,  régulières  et  hyper[)yrétiques  :  27  cas; 

Graves  avec  ou  sans  complications  :  9  cas; 

Rechutes,  malgré  les  bains  froids  :  4  cas  ; 

Rechutes,  traitées  par  les  bains  froids,  alors  que  la  maladie 
avait  été  antérieurement  traitée  par  une  autre  méthode  : 
2  cas. 

La  répartition  dans  les  hôpitaux  est  la  suivante  : 

Hôpital  Broussais  (1888),  11  cas =  11  guérisons  ; 

Hôpital  Laennec  (1888),  1  cas =     1  guérison  ; 

Hôpital  dés  Enfants-Malades  (1889),  8  cas.  =     8  guérisons; 

Hôtel-Dieu  <1889),  8  cas =     8  guérisons  ; 

Hôtel-Dieu  (Annexe)  (1889),  5  cas =     4  guérisons  ; 

—  —  =1  mort; 

En  ville  (1888),  2  cas =     2  guérisons; 

—     (1889),  1  cas =     1  guérison. 

Le  nombre  des  bains  a  été  variable  depuis  1,5,  7  bains 
jusauà  105,  112, 118,  138  et  168  bains. 

Nos  trente-six  malades  ont  pris  2227  bains  à  18  degrés,  ce 
ui  représenterait  pour  chaque  malade  une  moyenne  de 
1  bains. 

Parmi  les  formes  graves  et  les  complications  je  signa- 
lerai : 

Une  forme  ataxo-adynaraique  chez  un  jeune  homme  de 
vingt-quatre  ans,  alleinl  d'artério-sclérose  généralisée,  et 
accompagnée  d*hémorrhagies  intestinales  et  d^eschare  au 
sacrum  (guérison  :  118  bains); 

Une  forme  hyperthermique,  chez  un  jeune  homme  de 
trente  et  un  ans,  avec  hémorrhagies  intestinales  au  dix- 
septième  jour;  albuminurie,  pneumonie  droite  au  vingt- 
deuxième  jour  (guérison  avec  168  bains  froids  sans  aucune 
interruption); 

Une  forme  adynamique  chez  un  alhéromaleux  avec  diar- 
rhée colliqualive,  émacialion  considérable  et  aspect  cliolé- 
riforme  (guérison)  ; 

Une  forme  hyperthermique  chez  une  malade  de  la  ville, 


nerveuse,,Zfupportaiit  mal  les  bains,  ne  lesprenant  pas  ri^gu- 
lièrement  (guérison  avec  rechute)  ; 

Une  forme  adynamique  avec  endocardite  aiguë  (gué- 
rison); 

Une  forme  ataxo-adynamique  chez  un  malade  présentant 
une  rechute  et  entrant  à  Thôpital  le  dix-septième  jour  <lc 
sa  rechute.  Traité  in  extremis  (mort); 

Une  forme  ataxo-adynamique  chez  une  cuisinière,  â^ê<' 
de  quarante-quatre  ans,  alcoolique  (guérison,  90  ba^l)^•. 
mais  à  Theure  actuelle  atteinte  de  phlegmatia  alba  dolent. 

Tous  mes  malades  ont  été  baignés  dès  que  le  diagnostif 
de  fièvre  typhoïde  a  été  établi  d'une  façon  indiscutable. 

Je  n*ai  jamais  suspendu  les  bains  froids,  si  ce  n*est  d'une 
façon  tout  à  fait  momentanée,  dans  les  cas  d'hémorrhagies 
intestinales. 

La  menstruation,  les  manifestations  broncho-pulmonaires 
(bronchite,  congestion,  pneumonie,  emphysème),  rénale? 
(albuminurie)  n'ont  jamais  été  des  contre-indications  à 
l'emploi  des  bains. 

Je  n'ai  eu  qu'à  me  louer  de  ma  ténacité.  Je  ne  répéterai 

Eas  tout  ce  qui  a  été  dit  sur  l'heureuse  influence  que  Je 
ain  froid  exerce  sur  les  divers  systèmes  de  l'économie. 
mais  je  ne  puis  m'empécher  de  reconnaître  que,  grâce  aux 
bains  froids,  la  fièvre  typhoïde  n'a  plus  de  typhoïde  que 
le  nom  :  les  malades  ainsi  traités  ne  sont  pas  prostrés,  ne 
présentent  pas  de  stupeur,  mais  restent  éveillés  et  lucides, 
leur  langue  se  montre  humide,  leur  soif  est  intense,  ce  oui 
permet  de  leur  administrer  4  à  5  litres  environ  de  liquides 
alimentaires  ou  non.  On  observe  une  diarrhée  et  une 
polyurie  excessives;  cette  diarrhée,  mais  surtout  cette 
polyurie  sont  telles  que  le  malade  peut  être  considtTé 
comme  se  lessivant  quotidiennement  les  intestins  et  les 
reins. 

Or,  dans  une  maladie  infectieuse  comme  la  fièvre 
typhoïde,  un  semblable  lavage  entraînant  tous  les  déchets 
de  l'organisme,  ne  saurait  être  envisagé  sans  un  réel 
profit.  Bien  plus,  comme  ce  lavage  s'effectue  à  l'aide  de 
liquides  alimentaires,  bouillon  ou  lait,  il  en  résulte  que 
nos  malades  sont  ainsi  soumis  à  une  alimentation  vraiment 
exagérée,  dont  les  effets  heureux  sont  aisés  à  contrôler.  Ces 
malades  maigrissent  {)eu,  s'affaiblissent  modérément,  per- 
dent en  moyenne  1  kilogramme  à  2  kilogrammes  en  nuit 
l'ours  et  peuvent  sans  de  grands  eflorls  descendre  de  leur 
lit,  enjamber  leur  baignoire  et  réciproquement.  Cette  épar- 
gne des  forces  n'est  pas  sans  exercer  une  heureuse  influence 
sur  la  durée,  sinon  de  la  maladie  elle-même,  du  moins  de 
la  convalescence. 

Je  ne  puis  ici  passer  en  revue  tous  les  effets  de  la  médi- 
cation réfrigérante  sur  les  divers  organes  de  l'économie, 
j'ai  consigné  tous  ces  détails  dans  mes  observations  que  je 
suis  prêt  à  produire  le  jour  où  quelqu'un  de  mes  collègues 
en  exprimerait  le  désir.  Ces  résultats  du  reste  sont  connus. 

Lorsque  je  voulus  contrôler  l'influence  du  bain  froid  sys- 
tématique sur  la  fièvre  typhoïde,  je  n'étais  pas  sans  une 
certaine  appréhension. 

Le  temps  n'est  pas  loin  où  les  complications  cardio-puU 
monaires  et  les  hémorrhagies  intestinales  étaient  attribuées 
à  celle  méthoile.  Loin  de  là,  nous  devons  reconnaître  que 
ces  accidents  sont  peu  fréquents,  et  sont  le  fait  non  du 
traitement,  mais  de  ta  maladie  en  évolution.  Il  semble  que 
le  bain  froid  prévienne  ou  atténue  les  manifestations  bron- 
cho-pulmonaires aue  nous  avons  coutume  de  rencontrer  aux 
diverses  époques  ae  la  fièvre  typhoïde. 

Lorsque  je  me  suis  trouvé  aux  prises  avec  ces  complica- 
lions,  notamment  dans  un  cas  de  pneumonie,  je  n'ai  pa<^ 
cessé  l'usage  des  bains  froids,  et  je  n'ai  eu  qu'à  me  louer  de 
ma  hardiesse,  puisque  mon  malade  a  guéri. 

Et  du  reste  mes  trente-six  malades  ont  été  rigoureuse- 
ment traités  par  le  bain  froid  systématique,  sans  aucune 
interruption.  Je  n'ai  perdu  qu'un  seul  malade  traité,  m 


32  Novembre  1889        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         ~  N*  47  -«    75»X^ 


extremis j  le  dix-septième  jour  d'une  rechute,  et  présentant 
un  tel  état  vernissé  des  lèvres,  de  la  langue  et  du  pharynx 
qu'il  lui  était  impossible  de  boire  et  de  déglutir  un  liquide 
quelconque. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'analyse  impartiale  de  ces  trente-six 
malades  m'autorisç  à  déclarer  que  la  médication  réfrigé- 
rante, plus  que  toute  autre  méthode,  semble  combattreavec 
succès  la  fièvre  et  Tadynamie  et  placer  les  typbiques  dans 
de  meilleures  conditions  de  résistance  pour  supporter  leur 
mnladie;  mes  résultats,  joints  à  ceux  de  mes  collègues, 
MM.  Juhel-Rénoy  et  Richard,  constituent  un  contingent 
sérieux;  ils  n'apportent  aucune  donnée  nouvelle  sur  une 
méthode  aujoura'hui  adoptée  dans  divers  pays,  notamment 
à  Lyon;  ils  apportent  toutefois  un  contrôle  des  plus  encou- 
rageants, car  aucune  médication  ne  saurait  répondre  plus 
fructueusement  à  un  plus  grand  nombre  d'indications,  sans 
Taide  de  médicaments  antipyrétiques  ou  antiseptiques. 

Ma  statistique  personnelle  est  minime,  mais  assez  élo- 
quente pour  me  décider  à  persévérer  et  à  adopter  dorénavant 
la  pratique  du  bain  froid  sptématique  pour  combattre  la 
(lèvre  typhoïde,  surtout  si  je  la  rapprocne  des  statistiques 
recueillies  et  commentées  dans  ces  derniers  temps  par  mes 
collègues,  MM.  Juhel-Rénoy  et  Richard. 

Dans  la  séance  du  28  décembre  1888,  M.  Juhel-Rénoy, 
réunissant  la  statistique  de  M.  Richard  à  la  sienne  et  à  la 
mienne,  vous  annonçait  cent  huit  malades  parmi  lesquels 
cinq  morts,  soit  4,62  pour  iOO  de  mortalité. 

Âujourd*hui,  joignant  ma  statistique  à  celles  de  MM.  Juhel- 
Rénoy  et  Richard,  je  vous  rapporte  cent  trente  cas,  parmi 
lesquels  six  morts,  soit  4,61  pour  100  de  morlalilé. 

Or,  M.  Merklen,  dans  son  rapport,  s'exprime  ainsi  : 
€  La  mortalité  de  la  fièvre  typhoïde  dans  les  hôpitaux  civils 
de  Paris  oscille  actuellement  entre  14  et  15  pour  100.  » 

Je  n'ajouterai  pas  un  mot  et  je  laisse  à  l'avenir  le  soin  de 
modifier  nos  chiffres  en  les  amoindrissant  ou  en  les  forti- 
fiant. 


CORRESPONDANCE 

AU    COMITÉ    DE   RÉDACTION    DE   LA    C    GAZETTE    HEBDOMADAIRE,   i 

La  révalslon  p«r«-hépatlqae  dans  le  traltoment 
de»  épistaxis. 

La  communication  académique  du  professeur  Verneuil  sur  le 
traitement  de  €  certaines  »  épistaxis  rebelles  parrapplicationde 
vésicatoires  sur  la  région  du  foie  (il  s'agissait  des  épistaxis  dites 
hépatiques)  a  eu  un  grand  retentissement.  Je  suis  de  ceux  qui 
ont  poussé  un  cri  d'étonnement.  Sans  me  dissimuler  mon  infé- 
riorité notoire  dans  cette  lutte  courtoise  pour  la  vérité,  j'ai 
publié  —  il  y  avait  bien  quelque  courage  à  le  faire  —  mon  toile 
dans  le  Bulletin  médical  des  Vosges  d'avril  1889.  Je  voudrais 
brièvement  revenir  sur  ce  sujet,  à  propos  du  récent  article 
(8  novembre  1889)  de  M.  Aimé  Guinard  dans  la  Gazette  hebdo- 
madaire. 

En  somme,  (]u'a  voulu  établir  M.  Verneuil  ? 

1«  Que  Tépistaxis,  plus  souvent  que  l'on  ne  l'a  cru  jus- 
qu'alors, est  sous  la  dépendance  d'une  maladie  latente  ou 
évidente  du  foie  ; 

!2*  Qu*en  cette  occurrence  la  révulsion  hépatique  triomphe  de 
Tépistaxis. 

Or  la  première  proposition  est  loin  d'être  absolument  démon- 
trée. Sans  parler  des  épistaxis  qui  accompagnent  l'ictère  grave 
et  la  maladie  de  Weil,  que  je  laisse  de  coté,  il  faut  reconnaître 
que  deux  seules  maladies  organiques  du  foie  donnent  des  hémor- 
rhinies  :  la  cirrhose  ou  sclérose  atrophique  de  Laennec  et  la 
cirrhose  hyper trophiqne  biliaire;  mais  les  épistaxis  ne  se  ren- 
contrent que  dans  un  tiers  des  cas  (Monneret,  Ahmed-Azmi)  de 
la  première  quand  elle  est  confirmée^  et  sont  extraordinaireraent 
rares  dans  la  seconde.  Voilà  la  vérité  :  l'épistaxis  hépatique 
existe,  mais  n'est  pas  si  commune  qu'on  veut  le  dire. 

La  deuxième  proposition  est-elle  prouvée?  M.  Verneuil  a-t-il 


en  réalité  guéri  par  le  vésicatoire  au  niveau  du  foie  des  gpt- 
staxis  bien  et  dûment  d'origine  hépatique  f  Sur  quoi  s'est-il 
fondé  pour  affirmer  cette  guérison?  Sur  des  faits  c  précis  », 
répond  M.  Guinard,  sur  des  c  faits  positifs  >  que  c  personne  ne 
pouvait  nier  >.  J'ai  regret  de  le  dire  :  pour  m^i  ces  raits  ne  sont 
ni  c  précis  >  ni  c  positifs  ». 

Dans  un  cas  d'épistaxis  guéries  par  le  vésicatoire  para-hépa- 
tique on  avait  affaire,  écrit  M.  Guinard,  à  c  un  malade  atteint  de 
cirrhose  du  foie  ».  Tel  n'est  point  mon  avis.  Relisez  l'observa- 
tion communiq^uée  par  M.  Garnier,  le  18  août  1880,  au  Congrès 
de  Reims  et  insérée  (p.  149)  dans  la  Gazette  hebdomadaire 
de  1881,  et  vous  verrez  qu'en  explorant  le  foie  t  on  ne  croyait 
guère  trouver  quelque  chose  de  ce  câté  >,  que  le  patient  n'avait 
c  aucun  trouble  digestif  »,  que  c  ni  le  ventre,  ni  les  membres 
inférieurs  n'étaient  le  siège  de  la  moindre  suffusion  séreuse», 
qu'il  n'y  avait  eu  c  jamais  d'ictère  ni  de  vomissements  ».  Et  alors 
sur  quoi  se  base-t-on  pour  diagnostiquer  une  cirrhose  commen- 
çante  (je  relève  l'épithète)  du  foie?  Sur  ceci  d'abord  :  que  c  le 
patient  travaille  à  la  forge,  métier  rude  qui,  d'après  lui,  le  force 
a  boire  abondamment,  ce  qui  pourrait  bien  avoir  modifié  à  la 
longue  le  parenchyme  hépatique  »  (la  preuve  n'est  certes  pas 
péremptoire) ;  sur  ceci  ensuite:  qu'  c  en  palpant  et  en  percu- 
tant dans  différentes  attitudes  l'hypochondre  droit,  on  constate, 
non  sans  quelque  surprise,  une  aiminution  considérable  dans 
les  dimensions  du  foie,  résultat  d'autant  plus  facile  à  obtenir 
que  le  sujet  est  maigre  ».  Admettez  avec  moi  que  si  en  réalité 
la  réduction  du  foie  de  cet  homme  à  c  un  tiers  de  son  volume  » 
avait  eu  pour  cause  une  cirrhose  atrophique,  on  eût  noté,  en 
même  temps  que  la  diminution  de  volume,  des  troubles  diges- 
tifs, de  Vascite  et  des  urines  rares  et  concentrées.  11  n'y  avait 
rien  de  tout  cela.  Aussi  me  suis-je  cru  autorisé  à  afGrmer  que 
ce  premier  malade  n'avait  pas  une  cirrhose  atrophique  du  foie. 
Qu'avait-il  donc  ?  vraisemblablement  ce  foie  normalement  trop 
petit  qui  n'est  pas  excessivement  rare,  notamment  chez  des 
sujets  maigres.  Je  transcris,  à  l'appui  de  ma  thèse,  le  texte  de 
Frerichs  {Traité  pratique  des  maladies  du  foie,  etc.,  2*  édit., 
Paris,  1866,  chap.  H,  p.  17,  18,  19)  :  €  La  détermination  de 
valeurs  numériques  est  entourée  de  aifûcultés  nombreuses,  car 
déjà,  même  dans  l'état  normal,  le  foie  éprouve  des  différences 
sensibles,  dont  la  raison  est  souvent  difficile  à  trouver.  11  y  a 
une  latitude  assez  considérable  entre  les  limites  au  delà  des- 
quelles il  peut  être  question  de  Vhypertrophie  ou  de  Vatrophie 
simple  du  foie  comme  phénomène  pathologique.  Le  poids  de  la 
glande,  lors  de  la  vieillesse  (le  sujet  de  M.  Verneuil  était  un 
homme  maigre  de  cinquante-neuf  ans,  vieillard  par  anticipation 
comme  les  alcooliques),  décroit  en  général  plus  vite  que  celui 
du  reste  de  Vorganisme  ».  Quoi  qu'il  en  soit,  un  vésicatoire  est 
apposé  sur  la  région  du  foie,  et  répistaxis,  jusqu'alors  incoer- 
cible, s'arrête  :  ceci  est  indéniable,  je  me  l'explique  physiologi- 
Îjuement,  mais  cela  ne  prouve  pas  du  tout  à  mon  sens  que  le 
oie  était  malade. 

Le  second  fait  soi-disant  c  précis,  positif  »  de  M.  Verneuil 
serait  encore  une  cirrhose  commençante  du  foie.  M.  Verneuil 
trouve  diminué  de  volume  le  foie  d'un  palefrenier  qui,  malgré  les 
traitements  variés  mis  en  usage,  a  une  hémorrhinie  intermi- 
nable après  un  coup  de  pied  de  cheval  sur  le  nez.  Diminué  de 
volume?  Est-ce  bien  sûr?  M.  Lancereaux  (son  nom  est  cité 
dans  la  communication)  n'avait-il  pas  prétendu,  après  examen, 
que  le  foie  était  de  dimensions  normales?  Bref,  répistaxis  est 
conjurée  à  la  suite  de  l'application  d'un  vésicatoire  sur  la  région 
hépatique.  Je  ne  conteste  pas  ce  succès,  je  me  borne  à  émettre 
des  doutes,  en  compagnie  de  M.  Lancereaux,  sur  l'existence 
d'une  maladie  du  foie. 

Le  troisième  fait,  c  précis  et  positif  »  selon  M.  Guinard,  est 
un  cas  de  c  congestion  chronique  du  foie  ».  ici,  certainement, 
le  foie  était  malade,  ce  qui  ne  veut  pas  dire,  on  va  le  voir, 
qu'il  était  responsable  des  épistaxis.  Une  néphrite  (probable- 
ment interstitielle,  puisqu'elle  s'était  compliquée  d'une  affec- 
tion du  cœur)  avait  précédé  les  autres  symptômes  ;  l'hylper- 
mégalie  du  foie  (sans  doute  ime  cirrhose  cardiaque)  était 
consécutive  à  la  cardiopathie.  Contre  la  rhinorrhagie,  réfrac* 
taire  aux  movens  habituels,  M.  Verneuil  ordonne  le  sulfate  de 

Îuininef  et  place  un  large  vésicatoire  sur  l'hypochondre  droit, 
'épistaxis  cesse,  c  Qui  du  foie,  aije  écrit,  qui  du  rein,  qui  du 
cœur  a  occasionné  ces  épistaxis?  M.  Verneuil  de  répondre:  le 
foie.  Pourquoi  pas  le  rein?  J'accuse  volontiers  le  rein  parce  que 
répistaxis  est  extrêmement  fréquente  dans  la  néphrite  intersti- 
tielle, autrement  fréquente  qu'au  cours  des  lésions  hépatiques* 


760    —  N^  47  —        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECmE  ET  DE  CHIRURGIE       22  Novembre  1889 


Ailleurs  on  pourra  aceuser  le  cœur.  Qui  du  sulfaté  de  quinine  ou 
du  vésicatoire  a  bridé  l'épistaxis?  Le  vésicatoire,  dites-vous]; 
pourquoi  pas  le  sulfate  de  quinine  qui  réussit  très  bien  dans  les 
epistaxis  intermittentes  ou  non,  à  type  régulier  ou  irrégulier, 
quand  même  elles  ne  relèvent  pas  du  paludisme,  qui  nous  a 
réussi  à  haute  dose  chez  un  goutteux-rénal  dont  la  vie  était 
menacée  par  une  énorme  epistaxis?  > 

Alors  je  suis  arrivé  à  cette  conclusion  :  M.  Verneuil  a  guéri  de 
leurs  epistaxis  par  la  révulsion  hépatique  des  gens  qui  n'avaient 
pas  de  maladie  du  foie,  et,  dans  le  seul  cas  de  ce  chirurgien  où 
le  foie  était  taré,  ce  n'est  pas  lui  qui  parait  justiciable  des 
hémorrha^ies  nasales  pas  plus  que  ce  n'est  la  révulsion  hépa- 
tique (puisque  c'est  peut-être  le  sulfate  de  quinine)  qui  a 
conjuré  ces  hémorrhagies.  Oseriez- vous,  vu  la  fréquence  des 
epistaxis  et  vu  la  rareté  de  la  cirrhose  atrophique,  la  seule 
maladie  du  foie  à  vraiment  parler  épistaxipare,  prétendre  qu'ils 
avaient  toits  une  maladie  du  foie  les  éjpistaxiques  qu'ont  guéris 
Bancius  (  c'est  lui  {Prax.  •nied.j  p.  4lâ)  qui  l'a  employé  le  pre- 
mier) par  le  vésicatoire  para-hépatique,  Galien  et  Wincler  par 
les  ventouses  sur  les  hypochoudres?  S'étonnera-t-on  de  mon 
assertion?  Contrairement  à  M.  Guinard,  j'estime  que  la  décou- 
verte d'une  c  affection  quelconque  du  foie,  ancienne  ou  récente  », 
chez  un  épîstaxique,  doit  nous  détourner  de  la  révulsion  au 
niveau  de  Thypochondre  droit.  Les  epistaxis  hépatiques  sont 
des  hémorrhagies  dyscrasiques  qui  ne  seront  curables  que  par 
des  agents  modiâcateurs  de  la  crase  sanguine»  Le  chlorate  de 
potasse,  à  forte  dose,  conseillé  par  Harkin,  remplit-il  les  condi- 
tions exigées?  Pour  en  avoir  été  plusieurs  fois  témoin,  j'ai 
coniianee  en  l'efficacité  du  vésicatoire  sur  la  région  du  foie 
(on  obtiendrait,  je  n'en  doute  pas,  pareil  succès  avec  le  vésica- 
toire sur  la  région  de  la  rate),  dans  les  epistaxis  rebelles  non 
dvscrasiques.  Mais  je  me  garderais  bien  de  déclarer  avec 
M.  Guinard  que,  quand  l'hémorrhagie  s'arrête,  c'est  €  un  signe 
d'affection  hépatique  méconnue  ».  L'hémostase  a  tout  simple- 
ment, me  semble-t-il,  sa  raison  d'être  d'une  part  dans  le  mouve- 
ment, divergent  que  la  révulsion  imprime  au  sang,  d'autre  part 
dans  le  spasme  vasculaire  généralisé,  et,  conséauemment,  dans 
le  spasme  des  artérioles  pituitaires  succédant  à  l'irritation  de  la 
peau  de  l'hypochondre  droit,  qui,  à  preuve  certains  cas  de 
syncope  cardiaque  (par  anémie  bulbaire  artério-spasmodique) 
pendant  les  ponctions  du  foie,  est  douée  d'une  sensibilité  surex- 
quise. 

D'  Ch.  Liégeois. 


M.  Liégeois  reproche  à  M.  Verneuil  de  vouloir  établir  c  que 
l'épistaxis  est  plus  souvent  qu'on  ne  l'a  cru  jusqu'alors,  sous  la 
dépendance  d'une  maladie  latente  ou  évidente  du  foie  >. 

Or,  jamais  que  je  sache,  M.  Verneuil  ne  s'est  occupé  de  la  fré- 
quence relative  ou  absolue  des  epistaxis  dans  les  maladies  du 
foie.  11  s'est  toujours  borné  à  c  constater  >  que  c  certaines 
epistaxis  rebelles  >  s'arrêtaient  à  la  suite  de  la  révulsion  para- 
hépaliaue. 

De  la  à  conclure  que  dans  ces  cas-là  on  doit  incriminer  le 
foie  il  n'y  a  rien  que  de  très  naturel,  surtout  quand  le  foie  est 
malade. 

M.  Liéfifeois  lui-même  semble  abonder  dans  ce  sens  quand  il 
écrit  :  c  Pour  en  avoir  été  plusieurs  fois  témoin,  j'ai  confiance 


plus  haut).  Et  pourtant  par  une  contradiction  bien  singulière, 
le  même  auteur  nous  dit  quelques  lignes  plus  loin  que  c  la  dé- 
couverte d'une  affection  quelconque  du  foie,  ancienne  ou  ré- 
cente, chez  un  épistaxique,  doit  nous  détourner  de  la  révulsion 
au  niveau  de  l'hypochondre  droit!  >  Ainsi  voilà  un  vésicatoire 
sur  la  région  hépatique  qiii  ne  guérit  les  epistaxis  que  lorsque 
le  foie  n'est  pas  malade.  Et  M.  Liégeois  ne  craint  pas  d'ajouter  : 
€  on  obtiendrait  pareil  succès  avec  le  vésicatoire  sur  la  région  de 
la  rate.  >  Je  n'accepterai  cette  assertion  (qui  ne  repose  d'ailleurs 
ue  sur  une  théorie  un  peu  vague)  que  si  M.  Liégeois  me  cite 
es  observations  à  Tappui.Ët  en  attendant  ces  observations,  qui, 


l 


pas 

de  continuer  à  pratiquer  la  révulsion  aussi  près  que  possible 
de  l'organe  malade.  Quant  à  savoir  si  l'hémostase  aura  lieu, 
comme  le  pense  M.  Liégeois,  par  suite  c  d'un  mouvement  diver- 


gent imprimé  au  sang  >  ou  par  un  aut^e  mécanisme,  j'avo-j 
que  je  ne  me  sens  pas  préparé  à  suivre  l'auteur  sur  ce  terrai: 
et  j'imagine  que  son  hypothèse  n'a  pas  des  bases  bien  assises,  h 
cite  en  effet  dans  mon  article  plusieurs  cas  d'hémorrhagies  ch^x 
des  paludiques  :  le  sulfate  de  quinine  fut  héroïque  là  où  K'  vf- 
sicatoire  para-hépatique  avait  échoué.  Quel  est  donc  ce  famé».! 
c  mouvement  divergent  du  sanc^  >  qui  a  lien  dans  un  cas  el  pa* 
dans  l'autre?  Je  n'insiste  pas.  Un  mot  en  terminant  :  M.  Vemeuih 
M.  L.-H.  Petit,  M.  Harkin  (voy.  les  indications  bibliograptiiqotN 
citées  dans  mon  article)  ont  apporté  ^e  ne  parle  pas  de  moi' 
un  nombre  considérable  de  faits  positifs.  M.  Liégeois  discute 
trois  de  nos  observations  sans  dire  un  mot  des  autres^  et  oppi>^' 
à  ces  faits  une  négation  pure  et  simple.  Cette  négation  est  baser 
il  est  vrai  sur  des  vues  théoriques  qui  sont  peut-être  ingt^- 
nieuses...,  mais  le  moindre  fait,  fût-il  négatif,  ferait  bien 
mieux  noire  affaire. 

Aimé  GuiNARD. 

—  La  question  du  traitement  des  epistaxis  rebelles  est  d'ailleurs 
des  plus  complexes.  Les  faits  cités  par  MM.  Verneuil,  GuinanL 
Garnier,  etc.,  etc.,  démontrent  que  l'application  d'un  vèsîcatoirv 
au  niveau  de  la  région  hépatique  arrête  souvent  des  épistaxi> 
jusqu'alors  incoercibles.  Mais  jamais  M.  Verneuil  n'a  songr  i 
soutenir  que  cette  méthode  les  guérissait  toutes.  Le  tait  suir^xit 
n*a  donc  que  des  rapports  indiretes  avec  le  sujet  en  question  : 

La  lecture  du  très  intéressant  article  de  M.  Aimé  Guinard, 
nous  écrit  M.  le  docteur  Richaud,  me  remet  en  mémoire  Je  fait 
suivant  : 

Le  28  avril  dernier  je  suis  appelé  auprès  d'une  vieille  dame 
de  soixante-dix  ans,  la  veuve  P...,  à  l'effet  d'arrêter  une  hémor- 
rhagie  nasale,  qui  durait  depuis  tantôt  douze  heures.  L'écoule- 
ment qui  se  faisait  parla  narine  droite,  sans  être  très  abondant, 
inquiétait  vivement  la  malade  et  son  entourage,  en  raison  d«* 
sa  durée. 

L'examen  des  narines  et  des  fosses  nasales  est  négatif,  mai> 
poussant  plus  loin  mon  investigation,  je  découvre  à  la  pointe  du 
cœur  un  souffle  très  net  d'insuffisance  milrale.  J^pprends 
d'autre  part  que  depuis  quelques  jours  les  urines  sont  devenues 
rares,  et  je  constate  un  léger  œdème  des  membres  inférieur>. 

Je  prescris  immédiatement  la  digitale;  le  premier  jour  de  son 
administration  l'épistaxis  diminue  et  au  bout  de  trois  jours  a 
complètement  disparu.  En  même  temps  je  constate  une  augmen- 
tation de  la  quantité  des  urines  et  la  disparition  de  l'œdème. 

D'  Richaud, 

RcUlauroc  (Basses-Alpes). 


Prix  BobImoii. 

A  M.   LE  RÉDACTEUR  EN  CHEF  DE  LA  C   GAZETTE  HEBDOMADAIRE  » 

A  l'occasion  de  la  fête  du  centenaire  de  l'Université  de  Mont- 
pellier, M"'  Bouisson,  désireuse  de  lier  le  nom  de  M.  Bouisson  à 
cette  solennité,  a  institué  deux  prix:  le  premier  de  6000  fraucs; 
le  deuxième  de  4000  francs,  pour  récompenser  les  meillears 
travaux  sur  la  vie  et  les  œuvres  du  professeur  Bouisson. 

A  cet  effet,  la  Faculté  de  médecine  de  Montpellier  a  pris  la 
délibération  suivante  : 

M*«  Bouisson  s'étant  départie  de  la  jouissance  d'un  legs  de 
100  000  francs  fait  par  le  professeur  Bouisson  à  la  Faculté  de 
médecine  de  Montpellier  : 

Article  premier.  -—  Un  concours  est  ouvert  devant  la  Faculté 
de  médecine  de  Montpellier,  ayant  pour  objet  une  étude  sur  In 
vie  et  les  œuvres  de  M*  Bouisson, 

Art.  2.  —  Sont  admis  à  concourir  tous  les  docteurs  en  méde- 
cine. 

Art.  3.  —  Deux  prix  sont  institués  pour  la  récompense  de> 
lauréats:  le  premier  de  6000  francs;  le  deuxième  de  4000  francs. 

Art.  4.  —  Le  concours  sera  clos  le  !•'  avril  1890  et  les  manus- 
crits destinés  au  concours  seront  adressés  avant  cette  date, 
terme  de  rigueur,  à  M.  le  doyen  de  la  Faculté  de  médecine  dt- 
Montpellier. 

Art.  5.  —  Les  manuscrits  seront  rédigés  en  langue  français**, 
ne  portant  ni  signature,  ni  aucun  autre  indice  personnel,  ft 
seront  simplement  accompagnés  d'une  épigraphe,  qui  sera  repris 
duite  sur  un  pli  cacheté  renfermant  les  noms  et  adresse  de 
l'auteur. 


32  Novembre  1889       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


_N*47—    761 


Art.  6.  -^  Dès  la  clôtmre  du  concours,  M.  le  doyen  de  la  Faculté 
de  médecine  de  Montpellier  convoquera  le  Conseil  à  Teffet  de 
nommer  une  Commission,  qui  sera  chargée  d'examiner  les  ma- 
nuscrits et  de  rédiger  un  rapport  sur  leur  mérite  respectif.  Ce 
rapport  sera  lu  dans  une  nouyelle  séance,  et  le  Conseil  aécernera 
alors  les  prix  au  scrutin  secret. 

.Art.  7.— Les  manuscrits  non  couronnés  ne  seront  pas  rendus, 
et  les  plis  cachetés  qui  les  accompagneront  ne  seront  ouverts 
que  sur  la  demande  des  auteurs. 

Je  suis  bien  aise.  Monsieur  le  rédacteur  en  chef,  de  vous  com- 
muniquer cet  arrêté  avec  prière  de  vouloir  bien  en  donner  con- 
naissance aux  nombreux  lecteurs  de  la  Gazetie^  ou  aux  autres 
personnes  qui  seraient  désireuses  de  prendre  part  à  ce  concours, 
dont  les  prix  seront  décernés  à  Theure  où  un  grand  nombre  de 
savants  cle  France  et  de  l'étranger  se  trouveront  réunis  à  Mont- 
pellier. 

Veuillez  agréer,  Monsieur  et  très  honoré  confrère,  l'assurance 
de  ma  considération  la  plus  distinguée. 

D'  BOYE, 
Cbirurgien  do  l'Hôtel-Dieu  de  Bëtie». 

P.-S.  —  Les  personnes  qui  désireraient  concourir,  pourront 
s\'idresser  à  M"*  veuve  Bouisson,  Grand'Rue,  27,  à  Montpellier, 
qui  tient  à  leur  disposition  les  documents  nécessaires  à  leur 
travail. 


REVUE  DES  CONGRÈS 

Congrès  de   médecine   Interne  de  Wlesbaden 
(avril  1889). 

De  la  nature  et  du  traitement  de  la  goutte^  par  M.  Ebstein 
(Gottingue).  —  L'acide  urique  est  un  poison  chimique  qui  pro- 
duit des  lésions  inflammatoires  et  nécrosiques;  dans  ces  der- 
nières seulement  on  rencontre  les  dépôts  d*urates.  11  se  trouve 
en  abondance  dans  la  moelle  des  os  et  dans  les  muscles.  De  là 
il  est  transporté  par  les  lymphatiques  dans  le  sang,  pour  être 
ensuite  éliminé  par  les  reins.  Quand  les  lymphatiques  sont  tem- 
porairement obstrués  par  Tacide  urique,  Vattaque  de  goutte 
éclate. 

M.  Pfeiffer  (Wiesbaden). —  Les  déterminations  cutanées  sont 
plus  fréquentes  que  les  déterminations  articulaires.  Les  pre- 
miers tophus  se  montrent  dans  la  peau  et  le  tissu  cellulaire 
sous-cutané;  ce  n'est  que  plus  tard  qu'on  en  trouve  sur  les  cap- 
sules articulaires,  les  cartilages  et  les  gaines  tendineuses.  C'est 
une  erreur  de  croire  qu'il  y  a  chez  les  goutteux  production  exa- 
gérée d'acide  urique.  £n  dehors  des  attaques,  leur  urine  en  con^' 
tient  moins  que  chez  l'homme  sain  ;  dans  la  cachexie  goutteuse, 
il  y  en  a  moins  encore,  et  cela,  non  par  défaut  d'élimination, 
mais  par  suite  de  diminution  dans  la  production.  L'auteur  ne 
partage  pas  l'opinion  d'Ëbstein  relative  à  la  pathogénie  de  l'at- 
taque. La  diathese  urique  est  due  au  manque  de  solubilité  de 
l'acide  urique  dans  les  humeurs  de  l'économie*  Mais  toutes  les 
fois  qu'elles  acquièrent  une  alcalescence  plus  forte,  il  se  dis- 
soudra en  plus  grande  quantité  et  provoquera  les  réactions 
douloureuses  et  inflammatoires  de  l'accès  de  goutte.  Celui-ci 
est  donc  provoqué,  non  par  l'acide  urique  insoluble,  mais  par 
celui  qui  est  devenu  soluble. 

Le  régime  des  goutteux  doit  surtout  consister  en  matières 
albuminoïdes,  viande  et  œufs;  il  faut  interdire  les  hydrocar- 
bures, qui  augmentent  la  quantité  d'acide  urique  libre  dans 
l'urine  et  le  sucre;  il  faut  proscrire  aussi  le  vin  et  la  bière.  Les 
carbonates  alcalins  sont  très  utiles,  mais  les  sels  de  lithine 
n'ont  pas  d'action  spécifique.  Le  traitement  thermal  ne  saurait 
être  trop  recommandé  dans  la  diathese  urique.  Pour  calmer  les 
douleurs  de  l'accès  et  favoriser  l'élimination  urique,  l'auteur 
conseille  avant  tout  le  salicylate  de  soude,  et,  en  cas  d'insuccès, 
le  colchique  et  la  liqueur  Laville.  Il  recommande  aussi  de  se 
méfier  des  massages  exagérés,  pendant  l'accès  surtout. 

31.  Ebstein  émet  l'opinion  qu'il  y  a  chez  les  goutteux  augmen- 
tation de  la  production  d'acide  urique. 

Du  fonctionnement  de  l'estomac  dans  la  phthisie  pulmo- 
naire. —  M.  Intmermann  (Bâle).  —  Les  troubles  gastriques  qui 
accompagnent  la  phthisie  et  l'anorexie  sont  souvent  un  obstacle 
à  l'alimentation,  et  surtout  à  ralimentation  forcée,  si  utile  aux 


malades.  A-t-on  afl'aire  à  une  véritable  dyspepsie  ou  à  des 
troubles  nerveux?  L'auteur  a  administré  à  cinquante-quatre  ma- 
lades le  f  repas  d'essai  de  Leube>,  chez  lesquels  il  a  examiné 
le  contenu  de  l'estomac  quelques  heures  après.  Il  a  constaté  aue 
les  réactions  chlorhydriques  sont  sensiblement  égales  à  celles 
des  hommes  sains;  il  n'a  trouvé  ni  acide  butyrique,  ni  acétique, 
ni  lactique.  Le  contenu  de  l'estomac,  filtré  et  mis  en  contact 
avec  du  blanc  d'œuf,  a  possédé  le  même  pouvoir  digestif  que  chez 
l'homme  sain.  Il  en  conclut  que  les  véritables  dyspepsies  sont 
plus  rares  chez  les  phthisiques  qu'on  ne  l'a  cru,  et  que  les 
troubles  gastriques  observés  chez  eux  sont  plutôt  de  nature 
nerveuse. 

De  l'hippocratisme.  —  M.  Petersen  (Copenhague)  montre  que 
les  doctrines  hippocratiques  exercent  encore  leur  influence  en 
clinique,  et  que  plusieurs  axiomes  hippocratiques  qui,  au  point 
de  vue  de  la  science  moderne,  avaient  été  considérés  comme 
nîiîfs,  ont  repris  leur  valeur,  depuis  que  la  bactériologie  a  éclairé 
l'étiologie  des  maladies^  et  relégué  au  second  plan  les  observa- 
tions purement  anatomiques. 

De  l'impuissance  virile.  —  M.  Fûrbringer  (Berlin)  cite  plu- 
sieurs cas  dimpuissance  d'ordre  mécanique  produites  par  des 
rétractions  des  corps  caverneux  (par  suite  de  thrombose  proba- 
blement) ayant  amené  des  incurvations  angulaires  du  pénis. 

Pour  ce  qui  concerne  l'impuissance  c  nerveuse  >,  elle  provient 
d'une  locansation  de  la  neurasthénie  sur  le  système  génital. 
L'auteur  en  a  observé  environ  200  cas  en  dix  ans,  chez  des 
hommes  entre  dix-huit  ans  et  cinquante-deux  ans,  mais  dont  le 
plus  grand  nonibre  avait  plus  de  quarante  ans.  Au  point  de  vue 
ëtiologique,  38  pour  100  en  étaient  atteints  par  suite  d'uré- 
thrites;  tS  pour  100  par  suite  d'onanisme;  10  pour  100  seule-, 
ment  par  suite  d'abus  sexuels;  dans  11  pour  100  des  cas  il  a 
trouvé  des  tares  nerveuses  chez  les  parents. 

Un  tiers  de  ces  malades  guérit.  Le  traitement  est  surtout  du 
domaine  de  la  médecine  interne.  L'auteur  s'élève  contre  la  pra- 
tique des  spécialistes  qui  traitent  Turèthre,  ce  qui,  en  dehors 
des  inflammations  chroniques  et  des  rétrécissements,  est  dan- 
gereux. Il  recommande  en  première  ligne  le  traitement  de  Mit- 
chell,  qui  consiste  dans  l'emploi  combiné  de  l'électricité,  de 
l'hydrothérapie,  du  massage,  et  d'une  alimentation  fortifiante. 
Ce  traitement  est  surtout  bien  suivi  dans  des  établissemens 
spéciaux. 

Présentation  d'un  crachoir  de  poche.  —  M.  Dettweiler 
(Falkenstein)  présente  un  crachoir  construit  dans  le  but  d'em- 
pêcher la  dissémination  des  bacilles.  Il  se  compose  d'un  flacon, 
muni  en  haut  et  en  bas  d'une  ouverture,  afin  de  pouvoir  être 
facilement  nettoyé.  Ces  ouvertures  sont  fermées  par  des  cou- 
vercles métalliques,  appliqués  hermétiquement  à  l'aide  d'un 
ressort,  comme  dans  les  encriers.  Les  malades  peuvent  se  servir 
de  ce  crachoir  en  toutes  circonstances,  et  n'ont  plus  besoin  de 
se  servir  du  mouchoir  dont  Cornet  a  montré  tous  les  dangers  au 
point  de  vue  de  la  contagion. 

De  la  dilatation  de  l'estomac  et  de  son  traitement,  par 
M.  Klempercr  (Berlin).  —  La  dilatation  de  l'estomac  est  souvent 
accompagnée  d'exagération  de  la  production  d'acide  chlorhy- 
drique.  Dans  beaucoup  de  cas  d'hyperacidité,  le  système  muscu- 
laire de  l'estomac  a  conservé  sa  tonicité,  mais  souvent  aussi  il 
est  affaibli.  Dans  un  cas  d'hyperacidité,  la  salive  avait  perdu  une 
partie  de  son  pouvoir  de  saccharification,  et  dans  plusieurs 
autres  cas  de  1  anacidité  est  survenue  graduellement.  Le  pro- 
nostic n'est  pas  aussi  mauvais  qu'on  le  croit  habituellement,  car, 
même  dans  des  cas  invétérés,  on  voit  l'estomac  recouvrer  sa 
motricité.  Le  régime  doit  surtout  consister  en  albumine,  en 
graisses  et  en  hydrocarbures.  11  est  utile  de  faire  tous  les  soirs 
un  lavage  pour  modérer  la  fermentation.  Comme  médicaments, 
l'auteur  conseille  l'alcool,  la  créosote,  les  amers,  l'électricité  et 
les  massages. 

M.  Posner  (Berlin)  dit  que  tant  qu'il  n'y  a  que  des  troubles 
fonctionnels,  la  guérison  peut  être  complète  ;  mais,  quand  l'af- 
fection est  ancienne,  elle  n'est  pas  obtenue,  parce  que  la  dilata- 
tion  a  produit  des  altérations  organiques. 

M.  de  Ziemssen  (Munich)  recommande  de  ne  pas  renoncer 
au  gonflement  de  1  estomac  avec  de  l'acide  carbonique,  cette 
pratique  étant  précieuse  pour  le  diagnostic  et  inoffensive. 

(A  suivre).  Er.  W. 


762    —  N»  47  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       22  Novembre  1889 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Académie  des  selenecs. 

SÉANCE     DU     11     NOVEMBRE     1889. 

Sur  les  myélocytes  des  poissons,  par  M.  Joannès 
Chatin.  —  Poursuivant,  depuis  assez  longtemps  déjà,  une 
série  d'études  histologiques  du  plus  haut  intérêt,  M.  J.  Châ- 
tia s'est  efforcé  de  démontrer  que  les  éléments  décrits, 
dans  divers  groupes  d'animaux,  en  particulier  chez  les  in- 
vertébrés, n'étaient  autres  que  des  cellules  nerveuses.  Re- 
prenant cette  même  étude  chez  les  poissons  et  examinant 
successivement  la  substance  grise  de  la  moelle,  la  sub- 
stance corticale  du  cerveau,  les  lobes  inférieurs,  la  rétine, 
l'auteur  arrive  à  des  conclusions  qui  confirment  ses  pré- 
cédentes recherches.  Il  démontre  en  effet  que  les  éléments 
nerveux  décrits  sous  le  nom  de  myélocytes  doivent  être 
rapportés  non  à  un  type  histique  spécial,  mais  à  la  cellule 
nerveuse  dont  l'aspect  normal  se  trouve  simplement  mo- 
difié par  quelques  variations  secondaires,  variations  qui  se 
traduisent  surtout  par  les  grandes  dimensions  du  noyau 
et  par  une  réduction  corrélative  dans  la  partie  somatique 
de  l'élément. 

Sur  le  strabisme,  par  M.  H.  Parinaud: 

On  admet  que  la  déviation  oculaire,  dans  le  strabisme,  est 
produite  par  le  raccourcissement  du  muscle,  Tantagoniste  se 
trouvant  proportionnellement  allongé.  De  Grsefe  semble  même 
croire  que  ce  raccourcissement  est  primitif,  car  il  récuse  toute 
influence  nerveuse.  Cette  doctrine  est  fausse,  en  grande  partie, 
et  elle  est  la  cause  de  l'incertitude  qui  règne  encore  dans  le 
traitement  de  Taffection. 

Le  strabisme  concomitant  reconnaît  des  influences  nombreuses 
ayant  leur  siège  dans  Fœil  ou  le  cerveau,  mais  la  cause  immé- 
diate de  la  déviation  est  toujours  un  trouble  d'innervation 
qui  consiste  dans  un  excès  de  l'innervation  de  la  convergence 
pour  le  strabisme  convergent,  dans  un  défaut  de  cette  môme 
innervation  pour  le  strabisme  divergent.  Le  strabisme  conver- 
fi'ent  est,  le  plus  souvent,  lié  à  l'hypermétropie,  ainsi  que  l'a 
démontré  Donders,  et  le  point  de  départ  de  l'excès  d'innervation 
de  convergence  réside  dans  Teffort  accommodatif,  en  vertu  de 
l'association  fonctionnelle  de  la  convergence  et  de  Taccommoda- 
tion.  Pour  le  strabisme  divergent,  il  faut  reporter  dans  le  cer- 
veau rinfluence  que  J'on  a  attribuée  à  l'insufûsance  des  muscles 
droits  internes.  II  ne  s'agit  pas  d'une  faiblesse  congénitale  des 
muscles,  car  ils  se  contractent  normalement  dans  les  mouve- 
ments associés  parallèles  des  yeux  ;  mais  d'un  défaut  de  leur 
innervation  pour  la  convergence,  comme  l'admet  Hansen  Grutt. 
Ce  défaut  d'innervation  est  le  plus  souvent  lié  à  la  myopie  ;  il 
tient  au  peu  d'usage  que  les  myopes  font  de  leur  accommoda- 
tion; il  peut  être  héréditaire  ou  acquis. 

J'ai  signalé  des  faits  de  paralysie  de  la  convergence,  observés 
depuis  par  Stôllin^,  Bruns  et  Alf.  de  Graefe,  dans  lesquels  l'in- 
nervation des  droits  internes  est  abolie  seulement  pour  la  con- 
vergence el  qui  démontrent  l'existence  d'un  centre  présidant  à 
cette  fonction.  C'est  par  ce  centre  que  s'établissent  les  rapports 
qui  unissent  la  convergence  à  l'accommodation,  c'est  par  lui 
que  les  vices  de  réfraction  agissent  sur  la  direction  des  yeux  el 
peuvent  produire  le  strabisme. 

Le  strabisme  au  début  est  donc  purement  dynamique.  Quand 
la  déviation  est  suffisamment  fixe  et  prolongée,  deux  ordres  de 
modifications  anatomiques  tendent  à  se  produire,  les  unes 
dans  le  cerveau,  les  autres  dans  les  tissus  de  l'œiL  Celles  du 
cerveau,  qui  s  établissent  d'autant  plus  facilement  que  l'appari- 
tion (lu  strabisme  est  plus  rapprochée  de  la  naissance,  intéres- 
sent, d'une  part,  les  connexions  des  yeux  avec  les  centres  visuels 
ou  ces  centres  eux-mêmes  et  déterminent  l'amblyopie  ;  d'autre 
part,  l'appareil  d'innervation  des  muscles.  Les  modifications  des 
tissus  de  l'œil,  ou  mieux  de  ses  annexes,  ne  consistent  pas  seu- 
lement dans  un  raccourcissement  du  muscle,  mais  encore  et 
surtout  dans  une  rétraction  de  toutes  les  parties  fibreuses  qui 
se  trouvent  relâchées  par  la  position  vicieuse  de  l'œil,  particu- 
lièrement de  la  capsule  de  Tenon. 

Dans  le  strabisnfc  divergent,  môme  ancien,  il  est  facile  de 
démontrer  qu'i]  n'y  a  pas  de  raccourcissement  du  muscle  ni  de 


rétraction  d'aucune  sorte,  du  moins  dans  la  majorité  des  cas.  >> 
l'on  explore  au  périmètre  l'amplitude  des  mouvements  de  lat*-. 
ralité,  on  remarque  que  l'arc  excursif  qui  représente  Tétendur- 
de  ces  mouvements  n  est  pas  déplacé  dans  le  sens  de  la  déTÎaiioc. 
comme  on  l'admet  théoriquement.  En  d'autres  termes,  le  raou- 
vemenl  d'adduction  de  l'œil  dévié  en  dehors  a  la  même  étendu' 
que  celui  de  l'œil  sain,  ce  qui  ne  devrait  pas  avoir  liea  si  \*- 
muscle  droit  externe  était  raccourci.  En  outre,  lorsque  Ton  i 
corrigé  par  une  opération  un  strabisme  externe,  —  ce  qui  veut 
dire  ramené  l'axe  de  l'œil  dévié  au  parallélisme  de  celui  d* 
rœil  sain  pour  la  vision  à  distance,  —  le  mouvement  d'addur- 
lion  peut  être  exagéré,  tandis  que  le  mouvement  de  convergence 
reste  encore  insuffisant.  Ces  faits  établissent  que,  dans  le  stra- 
bisme divergent,  la  faiblesse  ou  l'abolition  de  TinnerTalion  d^ 
la  convergence  reste,  à  une  période  avancée  comme  au  début. 
la  cause  essentielle  de  la  déviation. 

Dans  le  strabisme  convergent,  la  rétraction  a  plus  de  ten- 
dance à  se  produire.  On  constate  en  effet  après  un  certain  temp<:, 
d  ailleurs  très  variable  suivant  les  suiets,  un  déplacement  de- 
Tare  excursif  qui,  peu  appréciable  d  abord,  se  prononce  arec 
l'âge.  Lorsque  le  strabisme  est  très  ancien,  on  peut  observer, 
en  outre,  une  réduction  Parfois  considérable  de  Tamplitude  dt>> 
mouvements  de  l'œil.  Mais  les  modifications  anatomi({ues  qui 
limitent  les  mouvements  résident  autant  dans  la  rétraction  de  la 
capsule  de  Tenon  que  dans  le  raccourcissemenf^  du  muscle. 

Tous  les  chirurgiens  ont  remarqué  que  le  seul  détachement 
du  tendon  avec  une  petite  ouverture  de  la  capsoJe  ne  donne 
qu'un  redressement  très  faible  ou  même  nul.  Pour  obtenir  un 
effet  suffisant,  il  faut  couper  plus  ou  moins  complètement  ce  qui 
résiste  au  crochet  au-dessus  et  au-dessous  du  muscle,  c'est-à- 
dire  ouvrir  la  capsule;  car  dans  le  temps  de  l'opération  qui 
consiste  à  détacher  les  insertions  latérales  du  muscle,  on  dé- 
bride surtout  la  capsule. 

En  outre,  le  simple  débridement  de  la  capsule,  que  je  pra- 
tique dans  certains  cas  depuis  plusieurs  années,  donne  un 
redressement  de  10  à  20  degrés,  on  peut  augmenter  l'effet  en 
le  combinant  avec  l'avancement  capsulaire  de  Wecker  au  niveau 
de  l'antagoniste,  et  l'obstacle  qui  réside  dans  le  raccourcisse- 
ment du  muscle  peut  être  levé  par  Télongation  de  ee  dernier. 
Toutefois,  le  débridement  de  la  capsule,  simple  ou  combiné, 
est  moins  efflcace  pour  le  redressement  de  l'œil  que  la  strabo- 
tomie,  ce  qui  tient  à  ce  que  cette  dernière  opération  agit  de 
deux  manières,  en  levant  l'obstacle  qui  réside  dans  la  rétraction 
des  tissus  et  en  créant  une  insuflisance  du  muscle  dont  on 
recule  l'insertion.  C'est  à  cette  insufGsance  que  la  sirabotomie 
doit  sa  principale  action  ;  c'est  à  elle  en  particulier  qu'elle 
doit  son  efficacité  lorsque  le  strabisme  est  seulement  dyna- 
mique, c'est-à-dire  lorsqu'il  n'y  a  pas  encore  de  rétraction. 
Mais,  si  cette  insuffisance  a  des  avantages  au  point  de  vue 
du  résultat  immédiat,  elle  constitue  un  danger  pour  TaTcnir,  car 
elle  ajoute  son  effet  à  la  tendance  qu'a  tout  œil  exclu  de  la 
vision  binoculaire  à  se  porter  en  dehors  et  elle  peut  occasionner 
un  strabisme  externe,  plus  disgracieux  et  plus  difficile  à  guérir 
que  le  strabisme  primitif.  11  ne  faut  donc  pas  pratiquer  la  sira- 
botomie sans  nécessité.  Or^  il  y  a  des  cas,  particulièrement  cliez 
les  enfants  lorsque  le  traitement  optique  est  insuffisant,  où  h^ 
redressement  de  l'œil  peut  être  obtenu  par  le  débridement  de  la 
capsule,  seul  ou  combiné  avec  l'avancement,  c'est-à-dire  par  une 
opération  dans  laquelle  on  ne  touche  pas  aux  insertions  des 
muscles. 

Activité  comparée  des  diverses  digitalines,  par 
M.  G.  Bardet: 

La  digitaline  cristallisée  et  la  digitaline  amorphe,  préparées 
suivant  la  formule  du  Codex  français,  sont  entièrement  solubles 
dans  le  chloroforme;  elles  ont  une  activité  identique  et  sont 
toujours  comparables  dans  leurs  effets. 

La  digitoxine  allemande  est  incomplètement  soluble  dans  le 
chloroforme,  et  son  activité  est,  suivant  les  échantillons,  deux  à 
trois  fois  moindre  que  celle  de  la  digitaline  du  Codex. 

La  digitaléine  française  et  la  digitaline^llemande,  toutes  deux 
solubles  dans  l'eau  et  insolubles  dans  le  chloroforme,  ne  sont 
pas  des  produits  définis;  elles  ont  une  action  semblable  el  une 
activité  sensiblement  égale,  mais  leur  activité  s'est  montrée  di« 
vingt  à  trente-cinq  fois  moindre  que  celle  de  la  digitaline  du 
Codex  ou  digitaline  chloroformique.  D'autre  part,  il  est  possible 
que  l'action  sur  le  cœur  ne  soit  pas  exactemeni  la  même  que 
1  action  de  la  digitaline  du  Codex. 


n  Novembre  1889       GAZETtE  BEBDOMÂDAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N«  47  -    763 


Académie  de  médecine* 

SÉANCE  DU  19  NOVEMBRE  1889.   —  PRÉSIDENCE  DE 
M.   MOUTARD-MARTIN« 

M.  Dujardin-Beaumetx  d<$po8e  un  Pli  cacheté. 

M.  Larrey  présente  un  grand  nombre  de  mémoires  publiés  parstr  J.  Fayrer. 

M.  Brouardel  dépose  une  note  de  M.  Crié  sur  Uê  aeddenlt  causés  par  la 
dt^compoiition  des  bois  dt  eonstruction. 

M.  Le  Roy  de  Méricourt  présente  un  mémoire  manuscrit  do  M.  le  docteur 
Valude  (de  Vierzon)  sur  Vemplùi  thérapeutique  du  Ptmtobono,  arbuste  originaire 
du  Mexique,  contre  les  fièvres  intermittentes,  —  (Commission  :  MM.  Du^ardin' 
Baumet%  et  Léon,  Colin.) 

H.  Léon  Le  Fort  montre  le  modèle  réduit  d'une  table  transportable  à  ampu^ 
talions,  imaginée  par  M.  le  docteur  Winocouroff  (d'Odessa). 

Obstétrique.  —  M.  Guéniot  montre  le  cadavre  d'un 
enfant  né  la  nuit  dernière  à  la  Maternité,  à  huit  moîs^  et  qui 
présente  une  exencéphalie,  ainsi  qu'une  bride  amniotique 
ayant  sectionné  la  bouche,  le  maxillaire  supérieur  et  l'os 
malaire. 

Hygiène  de  la  vue.  —  M.  le  docteur  Matais  (d'Angers) 
donne  lecture  d'un  mémoire  sur  l'hygiène  de  la  vue  dans 
les  écoles  et  collèges  de  France,  dont  il  a  présenté  les  parties 
principales  au  mois  d'août  dernier  au  Congrès  international 
d'hygiène  et  de  démographie.  —  (Ce  mémoire  est  renvoyé  à 
Texamen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Germain 
Séey  Gariel  et  Javal.) 

Trichiasis. —  A  la  séance  du  24  septembre  dernier  M.  le 
docteur  Costomyris  a  lu  un  mémoire  ayant  pour  objet  d'éta- 
blir le  sens  exact  d'un  passage  d'Hippocrate  relatif  à  l'opé- 
ration du  trichiasis.  M./flt'fl/,  chargé  de  faire  un  rapport 
sur  ce  mémoire,  rappelle  que  dix-neuf  interprétations  ont 
déjà^  été  données  de  ce  passage  par  les  traducteurs.  Or 
M.  Costomyris  a  vu  à  Cos  une  vieille  femme  qui  pratiquait 
cette  opération  d'après  la  tradition  de  son  père,  né  égale- 
ment à  Cos,  et  il  admet  que  son  procédé  est  bien  celui  qu'a 
indiqué  Hippocrate. 

Prix. — Des  rapports  de  prix  sont  lus  en  séance  publique 
et  en  comité  secret,  ainsi  que  le  rapport  général  sur  les 
épidémies  en  1888  par  M.  A.  Ollivier  et  le  rapport  général 
sur  les  eaux  minérales  en  1887  par  M.  Constantin  Paul. 


fik»elété   médleale  des   hôpitaux. 

SÉANCE  DU  8  NOVEMBRE   1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  M.    CADET  DE   GASSICOURT. 

Proposition  d'un  prix  relatif  à  la  question  de  l'aUaitement  des 
jeunes  enfants  :  M  Blaches.  —  Les  bains  froids  systématiques 
dans  la  fièvre  typhoïde  :  M.  Albert  Josias.  —  La  fièvre  typhoïde 
à  Paris  :  K.  Ghantemesse. 

M.  Blachez  propose  à  la  Société  la  fondation  d'un  prix  de 
1400  francs,  qui  serait  accordé  à  l'auteur  de  la  meilleure 
étude  sur  les /fermes  d'allaitement.  Les  candidats  devront 
se  prononcer  sur  la  question  de  savoir  s'il  faut  envoyer  les 
enfants  chez  des  nourrices  à  distance  ou  dans  des  fermes 
d'allaitement,  c'est-à-dire  dans  des  établissements  où  l'allai- 
tement artillciel  serait  donné  à  la  campagne  avec  du  bon 
lait,  par  des  femmes  intelligentes. 

—  m.  Albert  Josias  h\[  une  communication  sur  les  bains 
froids  dans  la  fièvre  typhoïde.  (Voy.  p.  758.) 

M.  Cadet  de  Gassicourt  fait  observer  que  la  discus- 
sion de  cette  intéressante  communication  sera  plus  fruc- 
tueuse, si  on  attend  les  résultats  que  fourniront  les  statis- 
tiques des  divers  traitements  employés  contre  la  fièvre 
typhoïde  dans  les  diflérents  services  de  Paris.  Ces  résultats 
doivent  être  publiés  par  les  membres  de  la  Société  en  jan- 
vier prochain. 


H.  Gérin-Roze  demande  si  M.  Josias  donne  les  bains 
froids  à  l'exclusion  de  toute  autre  thérapeutique. 

M.  Josias  répond  qu'il  donne  les  bains  froids  à  l'exclusion 
de  toute  autre  méthode  antipyrétique  ou  antiseptique. 

M.  Juhel-Rénoy  n'a  jamais  remarqué  comme  M.  Josias 
que  le  bain  froid  fût  une  cause  de  diarrhée. 

M.  Du  Cazal  fait  observer  que  la  méthode  de  Brandt  est 
inapplicable  dans  certains  cas  d'épidémie.  A  Clermont- 
Ferrand,  en  1887,  il  avait  dans  le  même  temps  cent  typhi- 
ques  à  soigner  et  ne  pouvait  qu'à  grand'peine  appliquer  la 
méthode  de  Brandt  aux  vingt  malades  les  plus  gravement 
atteints. 

M.  Millard  applique  la  méthode  de  Brandt  dans  son  ser- 
vice et  en  tire  de  bons  résultats;  comme  M.  Juhel-Rénoy, 
il  n'a  jamais  observé  qu'elle  occasionnât  la  diarrhée. 

M.  Chauffard  soutient  que,  dans  les  cas  graves,  la  mé- 
thode de  Brandt  est  insuffisante;  il  faut  donner  un  bain 
toutes  les  deux  heures  et  demie  et  la  durée  de  chacun 
d'eux  doit  être  de  vingt  minutes. 

M.  Gaucher  a  soigné  dix-sept  typhiques  à  la  Charité  pen- 
dant la  même  période  de  temps  où  M.  Josias  observait  ses 
trente-six  malades.  Un  seul  malade  a  été  traité  par  la  mé- 
thode de  Brandt,  seul  il  est  mort.  11  n'accuse  pas  cette  mé- 
thode, car  le  cas  était  très  ^rave,  mais,  faisant  abstraction 
de  ce  malade^  il  en  reste  seize  traités  sans  eau  froide  et  qui 
tous  ont  guéri. 

—  M.  Chantemesse  fait  une  communication  sur  l'étio- 
'  logie  de  la  fièvre  typhoïde  à  Paris  et  sa  propagation  par 
l'eau  de  Seine.  Pendant  le  mois  de  mai  ae  cette  année, 
l'eau  de  rivière  a  été  fournie  à  certains  quartiers  de  Paris. 
Or,  trois  à  quatre  semaines  après  la  substitution  d'eau,  le 
nombre  des  entrées  hospitalières  par  fièvre  typhoïde 
s'élève  peu  à  peu.  A  mesure  que  cette  distribution  s'étend 
à  des  arrondissements  nouveaux,  la  morbidité  typhoïde 
augmente.  Dans  la  même  ville  et  pour  le  même  temps,  les 
statistiques  ont  montré  à  l'orateur  que  la  zone  recevant 
l'eau  de  rivière  subissait  un  chiffre  de  mortalité  typhique 
de  trois  à  quatre  fois  plus  élevé  que  celui  des  régions  four- 
nies d'eau  de  source.  L'eau  de  Seine  est  donc  une  des 
causes  principales  de  la  fièvre  typhoïde  à  Paris.  Le  rôle 
pathogénique  de  l'eau  potable  puisée  dans  la  Seine  est 
encore  aggravé  par  ce  fait  que  le  Bulletin  de  statistique 
municipale  ne  compte  pas  les  embarras  gastriques  fébriles 
dont  un  grand  nomore  ne  sont  que  des  fièvres  typhoïdes 
modiûées. 

M.  Ollivier  a  montré  de  son  côté  que  cette  année,  l'épi- 
démie de  fièvre  typhoïde  avait  apparu  à  Paris  trois  à  quatre 
semaines  après  la  distribution  de  l'eau  de  Seine.  Tous  les 
ans,  à  Paris,  mille  personnes  meurent  de  la  fièvre  typhoïde  et 
sept  à  huit  cents  pourraient  être  épargnées.  11  faudrait  mettre 
le  public  malgré  lui  à  l'abri  de  la  contamination,  en  ne  lui 
donnant  que  de  l'eau  de  source  comme  eau  d'alimentation, 
et  en  ne  la  gaspillant  pas,  pour  l'arrosage  ou  les  usages 
industriels.  On  devrait  faire  adapter  deux  tuyaux  de  con- 
duite dans  chaque  maison  :  un  tuyau  petit,  à  débit  peu  con- 
sidérable, mais  suffisant,  amènerait  l'eau  de  source;  un 
tuyau  plus  gros  déverserait  autant  d'eau  de  Seine  qu'on  en 
voudrait. 

M.  Vaillard^  dans  les  eaux  consommées  par  quelques 
garnisons  qu'éprouvait  une  épidémie  de  fièvre  typhoïde,  a 
pu  six  fois  constater  très  nettement  la  présence  du  bacille 
typhique. 

M.  Labbé  demande  la  nomination  d'une  Commission 
chargée  d'examiner  la  question  et  de  la  soumettre  au  préfet 
de  la  Seine  ou  au  ministre  de  l'intérieur. 

MM.  Ferrandy  Lailler^  0//tvt^r  appuient  cette  motion. 


764    —  N*  47  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  ÛE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       22  Novembre  1889 


'  La  Société,  sur  la  proposition  de  M.  Cadet  de  Gassicourt, 
nomme  une  Commission  formée  de  MM.  Laillerj  Ollivier, 
Chantemessey  Chauffard^  Vaillard. 

Fernand  Widal. 


Société  de  biologie. 


SÉANCE     DU    9    NOVEMBRE     1889. 
M.    LABORDE. 


—     PRÉSIDENCE    DE 


Phosphorescenoe  animale  :  M.  R.  Dubois.  —  Résistance  des  germes 
tétaniques  à  l'action  des  antiseptiques  :  MM.  Bassano  et  SteuUet. 
—  Automatisme  psychologique  :  M.  P.  Janet.  —  Abestlitoie  looale 
par  la  strophantine  :  M.  Qley.  —  Action  convulsivante  de  l'anis,  la 
badiane  :  MM.  Cadèac  et  Meunier.  Discussion  :  M.  Laborde.  — 
Pouls  -veineux  de  la  saphène  :  M.  François>Franck.  —  Dosage  de 
l'acide  urique  :  MM.  Arthaud  et  Butte.  —  Endocardite  maligne  : 
M.  Girod.  —  Noyaux  des  noctiluques  :  M.  Pouchet.  -  -  Inocula- 
tion d'animaux  Taccinôs  :  MM.  Gb^rrin  et  Roger.  —  Muoilage  des 
graines  de  lin  :  M.  Brandza. 

M.  Raphaël  Dubois  envoie  une  note  sur  la  phosphores- 
cence animale. 

—  M.  Laborde  présente  une  note  de  MM.  Bassano  et 
Steullei  sur  la  résistance  des  germes  tétaniques  à  l'aclion 
des  antiseptiques.  Les  auteurs  ont  obtenu  des  cultures  ino- 
culables du  bacille  de  Nicolaîer  au  moyen  des  tissus  d'une 
blessure  préalablement  cautérisée  avec  l'acide  phénique  à 
25  pour  100.  Ils  ont  également  vu  se  développer  le  tétanos 
chez  un  cheval  soigné  daus  une  stalle  préalablement  désin- 
fectée par  le  chlorure  de  chaux  et  restée  pendant  un  certain 
temps  inhabitée. 

—  M.  fttcAef  présente,  au  nom  de  M.  Pierre  Janet,  un 
travail  sur  l'automatisme  psychologique. 

—  M.  Gley  a  obtenu  par  rinslillalion  sous  la  paupière 
de  3  à  4  gouttes  d'une  solution  au  1/1000  de  strophantine 
ou  d'abaouine  une  anesthésie  locale  avec  myosis  d'une 
durée  de  trois  à  quatre  heures. 

—  MM.  Cadéac  et  Meunier  présentent  un  long  travail 
avant  pour  but  de  démontrer  que  dans  la  liqueur  d'absinthe 
l'essence  d'absinthe  est  tout  à  fait  inoffensive,  tandis  que 
les  essences  d'anis,  de  badiane  et  d'hysope  produisent  un 
élat  d'hébétude  qu'ils  donnent  comme  caractéristique  de  ce 
qu'on  nomme  l'alisinthisme. 

M.  Laborde  maintient  les  conclusions  du  travail  qu'il  a 
publié  avec  M.  Olliviery  conclusions  qui  corroborent  les 
laits  précédemment  démontrés  par  M.  Magnan,  savoir  :  que 
l'essence  d'absinthe  est  un  convuisivant  et  que  la  majorité 
des  alcooliques  du  fait  de  Tabsinthe  présentent  des  convul- 
sions épileptiformes. 

—  M.  François-Franck  relate  un  nouveau  cas  de  pouls 
veineux  de  la  veine  saphène  consécutif  à  la  disparition  des 
valvules  dans  les  troncs  abdominaux,  mais  ici  les  pulsations 
ont  pourorigine  les  changements  de  pression  dans  l'abdomen 
causés  par  les  variations  de  volume  des  artères,  et  non 
comme  dans  le  cas  précédemment  cité  un  reflux  du  sang 
jusque  dans  la  saphène  causé  par  une  insuffisance  tricus- 
pidienne. 

—  M.  Quinquaud  présente  une  note  de  MM.  Arthaud  et 
Butte  sur  un  procédé  de  dosage  de  l'acide  urique  basé  sur 
l'insolubilité  de  l'urate  cuivreux.  Les  auteurs  précipitent 
l'acide  urique  au  moyen  d'une  liqueur  titrée  de  sulfate  de 
cuivre  réduit  par  l'hyposulfite  de  soude.  La  réaction  est 
terminée  lorsqu'une  goutte  de  liquide  bleuit  à  l'air  quand  on 
l'a  préalablement  additionnée  d'ammoniaque. 

—  M.  Girode  rapporte  sept  cas  d'endocardite  maligne  où 
il  a  pu  constater  la  présence  des  bacilles  de  la  fièvre 
typhoïde,  de  la  tuberculose  ou  de  la  suppuration. 


—  M.  Pouchet  décrit  les  particularités  que  présenleiii  l 
noyaux  de  noctiluques  à  l'état  normal  et  pendant  la  niul  - 
plication  soit  par  segmentation,  soit  par  gemmiparité. 

—  MM.  Charrin  et  Roger,  ayant  inoculé  le  bacille  pv- 
cyanique  dans  le  tissu  conjonctif  de  la  peau  du  nàn- 
d  animaux  vaccinés  ou  non,  ont  vu  le  nombre  de  ces  baciil 
diminuer  avec  le  temps  chez  les  vaccinés,  alors  qu'ils  enw- 
hissaient  l'organisme  des  non-vaccinés.  La  disparition  li-^ 
bacilles  dans  l'endroit  où  s'est  faite  Tinocuiation  ne  tier 
aucunement  à  une  dissémination  dans  l'organisme,  uonplcs 
qu'à  une  élimination  par  les  urines,  mais  paraît  liée  au 
développement  des  leucocytes  au  point  où  s'est  faîte  Fini- 
culalion. 

—  M.  G.  Bonnier  présente,  au  nom  de  M.  Branàza,  mit 
note  d'où  il  résulte  que  le  mucilage  dont  s'entourent  Id 
graines  de  lin  au  moment  de  la  germination  est  le  produit 
d'une  transformation  de  l'amidon. 


SÉANCE  DU  16  NOVEMBRE  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  M.  DUCLAUX,  VICE-PRÉSIDENT. 

Observations  physiologiques  au  sujet  des  méthodes  aotneUes  if  a- 
nesthësie  :  M.  Dastre.  Disooasion  :  M.  Laborde.  —  ExpèriAUOw 
physiologiques  sur  la  tour  de  300  mètres:  M.  HènooqQe.  Dlscas- 
sion  :  M.  Bonnier.  —  Mort  du  fœtus  dans  le  sein  maternel  : 
MM.  Butte  et  Charpentier.  —  AnomaUe  que  présentent  au  poiot 
de  vue  des  échanges  gazeux  certaines  plantes  èpiphytes  à  chlo- 
rophyUe  :  M.  Bonnier.— Interprétation  de  l'immunité  des  animaux 
vaccinés  :  M.  Roux.  Discussion  :  M.  Laborde.  —  Innocuité  de 
l'oxygène  préparé  par  le  procédé  Boussingault  :  M.  Orêhant. 

M.  Dastre  présente  quelques  observations  physiologiques 
au  sujet  de  l'aiiesthésie  par  les  procédés  actuels:  1"*  on  peut 
se  procurer  en  France  du  chloroforme  pur  et  on  peut  le 
conserver  en  l'additionnant  de  1  pour  100  d'éther;  i"  si  la 
méthode  de  Spencer  Wells  a  donné  des  résultats  différents 
à  MM.  Polaillon  et  Léon  Le  Fort,  on  doit  en  voir  la  cause 
dans  le  mode  d'emploi  du  produit  vendu  sous  le  nom  de 
chlorure  de  méthylène,  qui  n'est  en  réalité  qu'un  mélange 
de  chloroforme  et  d'alcool  méthylique.  MM.  Spencer  Wells 
et  Léon  Le  Fort,  qui  ont  constaté  les  bons  effets  de  cette 
méthode,  font  inhaler  les  vapeurs  du  produit  au  moyen  d'an 
appareil  spécial,  ce  qui  revient  à  produire  Tanesthésie  par 
mélanges  titrés  suivant  la  méthode  de  Paul  Bert,  tandi> 
que  M.  Polaillon,  qui  applique  une  compresse  imbibée  de  ct* 
produit  à  l'orifice  des  voies  respiratoires,  ne  lui  reconnaît 
aucun  avantage  sur  le  chloroforme;  S"*  l'emploî  du  chloral 
et  de  la  morphine,  associés  au  chloroforme,  n'a  rien  de 
rationnel,  car  le  chloral  est  aussi  un  poison  du  cœur. 
Cependant  la  morphine  présente  quelque  avantage,  car  son 
emploi  permet  de  diminuer  la  dose  du  chloral,  mais  il  ne 
faut  pas  oublier  qu'elle  est  susceptible  de  suspendœ  la  re»- 
piration. 

M.  Laborde  confirme  l'exactitude  des  observations  de 
M.  Dastre.  Il  fait  remarquer  de  plus  que  M.  Polaillon  a 
emplové  un  mélange  contenant  plus  de  chloroforme  quo 
celui  de  Londres  dont.s'est  servi  M.  Le  Fort. 

—  M.  Hénocque  communique  le  premier  résultat  de  se^ 
expériences  physiologiques  sur  la  tour  de  300  mètres.  II  a 
surtout  constaté  une  augmentation  de  près  de  moitié  dans 
l'activité  de  la  réduction  de  l'oxyhémoglobine  et  cette 
augmentation  se  produit  aussi  bien  quand  on  se  sert  de 
l'ascenseur  que  lorsqu'on  fait  l'ascension  à  pied. 

M.  Bonnier  demande  si  cette  augmentation  est  durable 
ou  s'il  se  produit  une  accoutumance  comme  celles  qu'on 
remarque  chez  les  habitants  des  climats  d'altitude. 

M.  Hénocque  dit  que  ses  recherches  ne  sont  pas  encore 
terminées,  mais  qu'il  a  remarqué  que  l'augmentation  pré- 
sentait un  maximum  au  bout  d'une  neure  et  persistait  iteui 
à  trois  heures  après  la  descente. 


22  Novembre  188»       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        ^  NM7  —    765 


Dans  les  mêmes  conditions^  H.  Potain  a  constaté  une 
augmentation  notable  dans  la  tension  artérielle. 

—  MM.  Butte  et  Charpentier  ont  remarqué  que  la  mort 
du  fœtus  par  hémorrhagie  de  la  mère  a  lieu  avant  la  mort 
de  celle-ci  quand  Thémorrhagie  est  lente  ou  qu'elle  n'est 
pas  mortelle,  mais  que  la  mère  meurt  avant  le  fœtus  auand 
l'hémorrhagie  est  foudroyante  ou  seulement  rapide,  ils  en 
concluent  qu'on  doit  provoauer  l'expulsion  du  fœtus 
lorsque  à  la  suite  d'une  hémorrnagie  de  la  mère  on  constate 
un  ralentissement  marqué  dans  la  circulation  du  fœtus. 

—  M.  Bonnier  a  constaté  que  chez  les  plantes  épiphytes 
à  chlorophylle,  telles  qu'Euphrazia  et  Bartzia,  aucun  déga- 
gement d'oxygène  ne  se  produit,  bien  que  la  plante  soit 
insolée,  la  respiration  l'emportant  sur  l'assimilation  du 
carbone.  Il  n'en  est  pas  de  même  pour  le  Gui. 

—  M.  Roux  fait  hommage  à  la  Société  de  la  conférence 
qu'il  a  faite  devant  la  Société  royale  de  Londres  le 
^3  mai  1889.  Il  fait  observer  qu'à  cette  date  il  avait  pré- 
senté au  sujet  de  l'immunité  chez  les  animaux  vaccinés  l'in- 
terprétation suivante:  la  résistance  d'un  organisme  à  l'action 
des  microbes  pathogènes  est  due  à  une  résistance  naturelle 
ou  à  une  accoutumance  acquise  des  cellules  à  l'action  des 
poisons  sécrétés  par  les  microbes.  La  virulence  dépend  de 
la  faculté  qu*ont  les  organismes  pathogènes  de  se  développer 
rapidement  ou  de  sécréter  des  poisons  qui  paralysent  le 
développement  des  phagocytes  de  Metschnikoii. 

M.  Laborde  demande  s'il  y  a  lieu  de  croire  que  les 
microbes  sont  morts  dès  quils  ont  été  absorbés  par  les 
phagocytes. 

M.  Roux  répond  que  ces  microbes  sont  si  bien  vivants 
que  M.  Metschnikoff  a  pu  les  colorer  et  qu'il  les  a  vus  déve- 
lopper des  colonies  c|[uand  on  ensemençait  les  phagocytes 
dans  des  milieux  nutritifs. 

—  M.  Gi'éhant  a  constaté  qu'après  avoir  fait  respirer  à 
des  chiens  150  litres  d'oxygène,  préparé  industriellement 
au  moyen  de  la  baryte  par  le  procédé  Boussingault,  la  capa- 
cité respiratoire  du  sang  n'avait  pas  changé,  tandis  qu'il 
avait  constaté  une  légère  diminution  à  la  suite  d'expériences 
où  il  emplovait  l'oxygène  préparé  en  chauffant  des  poids 
égaux  de  chlorate  de*  potasse  et  de  bioxyde  de  manganèse. 


Soelélé  de  IliérApeiitIqac. 

SÉANCE  DU  13  NOVEMBRE  1889.— PRÉSIDENCE  DE  M.  FERNET. 

Du  sonmal  :  M.  Constantin  Paol.  —   De   Taoide   solforloiniqne 
M.  BerUoc.  —  De  l'action  des  suores  aur  l' économie  :  M.  Kagler 
(Diacuasion  :  MM.  Ihihomme,  Catillon.  Bo3rmond,  Cadet  de  Qasai- 
court,  Baoqaoy,  Bardet,  Hachard,  Rougon). 

M.  Constantin  Paul  communique  à  la  Société  le  résultat 
d'expériences  qu'il  a  commencées  sur  le  somnal.  Il  adonné 
ce  médicament  à  la  dose  de  2  grammes  par  jour  à  une 
malade  de  son  service  atteinte  de  rhumatisme  articulaire 
aigu;  bien  que  les  douleurs  fussent  peu  violentes,  le  sommeil 
était  difficile,  constamment  troublé  par  des  sensations  d'é- 
lancements très  pénibles.  La  malade  a  pu  dormir,  et  d'un 
sommeil  réparateur,  grâce  au  médicament  qui  n'a  d'aulre 
inconvénient  que  d'être  désagréable  à  prendre,  même 
associé  au  sirop  de  groseilles.* 

—  M.  Berlioz  fait  une  communication  sur  Vacide  mlfO' 
ricinique  comme  dissolvant  de  certains  topiques.  Cette 
substance,  qui  a  la  propriété  de  s'émulsionner  facilement 
dans  l'eau,  a  l'avantage  de  dissoudre  le  naphtol,  le  salol, 
ce  qui  permet  de  l'employer  comme  excipient  de  ces  anti- 
septiques. Depuis  trois  mois  on  s'en  est  servi  pour  préparer 
avec  le  naphtol  p  des  liquides  destinés  au  lavage  des  rosses 
nasales  et  dont  l'emploi  adonné  des  résultats  encourageants. 


—  M.  Kiigler  fait  connaître  les  résultats  qu'il  a  obtenus 
en  analysant  pendant  quinze  jours  les  urines  de  deux  ma- 
lades auxquels  H.  Constantin  Paul  a  administré  des  doses 
quotidiennes  de  100  grammes  de  lactose.  Il  en  est  résulté 
une  diurèse  modérée  (2610  centimètres  cubes  chez  un  des 
naalades,  S!003  chez  l'autre),  mais  jamais  de  réduction  de  la 
liqueur  de  Fehling  ni  de  déviation  au  polarimètre.  Donc 

f»as  de  signes  de  la  présence  du  sucre  dans  les  urines.  Par- 
bis  seulement,  au  moment  du  refroidissement,  un  préci- 
pité vert  sale  se  formait  pour  disparaître  quand  on  chauffait 
à  nouveau  l'urine  après  addition  d'acide  sulfurique  dilué. 
De  même,  100  grammes  de  glycose  et  de  sucre  de  canne 
ont  pu  être  donnés  par  jour  sans  que  les  urines  présentas- 
sent la  réaction  du  sucre. 

M.  Constantin  Paul,  pour  compléter  la  communication 
de  M.  Kûgler,  fait  remarquer  que  les  malades  en  question 
étaient  athéromateux. 

M.  Duhomme  rappelle  avoir  antérieurement  cité  des  cas 
dans  lesquels,  parce  «p'on  n'obtient  pas  la  réaction  rouge 
caractéristique,  on  croît  à  l'absence  au  sucre,  alors  même 

Îu'en  réalité  h^  urines  en  contiennent  de  20  à  30  grammes, 
e  précipité  vert  ne  prouve  rien.  Ce  qui  est  caractéristique, 
c'est  le  brusque  revirement  qu'on  obtient  auand  on  chauffe 
de  l'urine  avec  la  liqueur  de  Fehling  étendue  d'eau. 

M.  Catillon  fait  remarquer  que  ces  réactions  louches  se 

t réduisent  surtout  lorsqu'il  existe  des  urates  en  excès, 
'équivoque  persiste-t-elle  quand  on  les  précipite  préala- 
blement par  le  sous-acétate  de  plomb  et  l'hyarogène  sul- 
furé? 

M.  Duhomme  répond  affirmativement  En  effet,  il  a  expé- 
rimenté avec  de  la  créatine  et  de  la  créatinine  tirées  d'une 
part  de  grandes  quantités  d'urines  dont  quelques-unes 
devaient  être  sucrées,  d'autre  part  de  l'extrait  de  viande. 
Dans  le  premier  cas,  la  réaction  jaune  caractéristique  du 
sucre  s'est  produite,  elle  a  fait  défaut  dans  le  second.  Du 
reste,  si  Ton  se  sert  d'une  éprouvette  qui  a  contenu  une 
urine  sucrée  et  n'a  pas  été  lavée,  on  obtient  une  teinte 
louche  quand  on  opère  ensuite  sur  une  urine  normale. 

M.  Boymond  a  vu  une  fois  des  urines  qui,  chauffées  avec 
la  liqueur  de  Fehling,  ne  donnaient  aucune  réaction  alors 
que  le  polarimètre  y  révélait  une  quantité  notable  de'  sucre 
(30  à  40  grammes). 

M.  Duhomme  se  défie  de  l'examen  avec  le  polarimètre 

Îui  Ta  toujours  égaré,  marquant  zéro,  en  présence  d'urines 
ans  lesquelles  les  réactifs  révélaient  1  ou  2  grammes  de 
sucre:  En  outre,  après  avoir  soumis  à  un  régime  rigoureux 
le  malade  qui  avait  fourni  le  liquide  analysé,  il  lui  est  arrivé 
d'observer  une  déviation  paradoxale  au  polarimètre.  Ce  qui 
résulte  de  ce  que  dans  beaucoup  d'urines  il  y  a  des  substances 
qui  dévient  à  gauche  sans  être  du  sucre. 

M.  Cadet  de  Gassicourt  demande  si  on  a  suffisamment 
étudié  l'action  diurétique  de  la  glycose.  Quant  à  lui,  il  a 
donné  pendant  six  à  sept  jours  à  un  çnfant  de  treize  à 
quatorze  ans  une  dose  quotidienne  de  150  grammes  de 
glycose.  La  quantité  des  urines  a  notablement  augmenté, 
tant  que  la  quantité  d'eau  associée  au  médicament  a  été 
considérable,  mais  elle  est  devenue  très  inférieure  lorsqu'on 
a  fait  diminuer  le  véhicule  aqueux.  Est-ce  donc  l'eau  ad- 
ministrée avec  là  glycose  qui  produit  la  diurèse  ? 

M.  Bucquoy.  Pour  obtenir  un  effet  diurétique  avec  la 
lactose,  il  faut  lui  associer  près  de  deux  litres  d'eau,  qui 
seuls  ne  produisaient  pas  cette  diurèse. 

M.  Bardei  a  constaté  des  déviations  polarimétriques  à 
gauche  obtenues  avec  des  urines  normales.  Quelle  est  la 
cause  de  ce  phénomène  qui  est  assez  fréquent? 

M.  Huchard  a  fait  aussi  avec  la  lactose  de  nombreuses 
expériences  dont  il  résume  les  résultats  de  la  ^çon  sui-^ 


766 


NM7  - 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        22  Novembre  1889 


yante  :  la  lactose  administrée  avec  beaucoup  d'eau  a  produit 
un  eflîet diurétique  manifeste;  avec  peu  d'eau,  pas  de  diu- 
rèse. Donc  les  faits  rapportés  par  M.  Sée  et  par  M.  Beaumetz 
seraient  des  illusions  thérapeutiques.  La  lactose  agirait  par 
Peau  dont  elle  est  baptisée. 

M.  Rougon  a  donné  la  lactose  chimiquement  pure  et  le 
sucre  de  lait  à  une  personne  ayant  les  reins  sains.  Les  résul- 
tats ont  été  les  mêmes  avec  les  deux  substances.  50  à 
80  grammes  de  lactose  dans  300  grammes  de  liquide  ont 
à  peine  modifié  la  quantité  des  urines.  11  croit  que  l'action 
diurétique  dépend  seulement  de  la  quantité  du  véhicule. 

M.  Duhomme  a  été  amené  par  un  simple  sentiment  de 
curiosité  à  s'occuper  de  la  présence  des  petites  quantités 
de  sucre,  car  pour  lui  1  ou  2  grammes  n'ont  aucune  im- 
portance. 

M.  Boymond.  Les  urines  cj^ui  contiennent  des  peptones 
dévient  à  gauche,  et  l'urobilme  produit  une  coloration 
verte  dont  on  a  raison  avec  l'acétate  de  plomb  et  le  sul- 
fate de  soude. 

M.  Constantin  Paul.  Il  faut  distinguer  entre  raction 
diurétique  et  l'action  hvdragogue;  cette  dernière  est  peu 
sensible  à  la  suite  de  l'auministration  de  la  lactose. 

M.  Kugler  demande  qu'on  distingue  le  sucre  de  lait  de 
la  lactose  qui  est  son  produit  de  décomposition. 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie. 

Qeorges  Baudouin. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

»a  Iraltement  de  la  dlphlUérle,  par  M.  BURGHARDT.  — 
L'auteur  conseille  de  faire  deux  fois  par  jour  des  insufflations 
d'un  mélange  à  parties  égales  de  fleurs  de  soufre  et  de  sulfate 
de  quinine.  II  a  ainsi  traité  33  cas  qui  ont  tous  guéri.  Il  recom- 
commande  aussi  ce  traitement  comme  prophylactique.  {Wiener 
medicin.  Presse,  14  avril  1889.) 

De  rineoBvénlene  de  la  ehlererermisatlen  à  la  iamière  da 
«as  d'éelairace.  — Dans  cet  article  on  donne  l'opinion  de  divers 
auteurs,  tels  que  Langenbeck,  Iterson,  Fischer,  qui  ont  observé 
des  accidents  sous  laction  de  la  lumière  du  gaz  d'éclairage.  Ces 
accidents,  quelquefois  mortels,  sont  surtout  des  accidents  d'as- 
phyxie brusque  et  rapide;  d'autres  fois  des  accès  de  toux,  des 
vertiges,  des  vomissements  et  des  douleurs  de  tète.  {BerL  kUn. 
Wocfi.y  n''  13,  et  Wiener  med.  Presse,  21  avril  1889.) 

Commeat  le  médeeia  doit  MOlsner  la  peaa  de  ses  mains, 

par  M.  Meyer.  —  Les  lavages  fréquents  avec  ou  sans  antisep- 
tiques irritent  la  peau  et  produisent  des  excoriations  ou  des 
rougeurs.  L'auteur  conseille  de  frotter  les  mains,  après  les  avoir 
lavées  et  séchées,  avec  une  des  pommades  suivantes  qui  lui  ont 
été  conseillées  par  le  professeur  Liebreich  :  1»  lanoline,  50  gram- 
mes; vanilline,  1  centigramme;  essence  de  roses,  1  goutte; 
2°lanoline,100grammes;paraffine,25grammes;vanillinc,  1  cen- 
tigramme; essence  de  roses,  1  goutte.  {Berliner  klin.  Wo- 
chenschrifty  14  janvier  1889.) 


Travaux  A  coa 


■lier. 


De  l'acide  lactique  dans  la  phthisie  laryngée,  par  M.  A. 
Sakolowski.— Cette  médication,  qui  n'est  plus  nouvelle,  obtient 
les  sufi'rages  de  l'auteur.  Elle  donne,  dit-il,  80  pour  100  de 
succès,  alors  qu'abandonnée  à  elle-même,  la  maladie  ne  s'amé- 
liore que  16  fois  sur  100. 

Il  conseille  les  applications  de  solutions  titrées  de  25  à 
75  pour  100,  et  même    parfois   de  l'acide  lactique  pur.  Les 


sjmptôraes  subjectifs  et  objectifs  s'atténuent,  dit-il,  après  î  • 
badigeonnages  et  la  dysphagic  diminue.  Quant  à  la  doulf  ' 
causée  par  le  pansement, M,  Sakolowski  n'en  tient  guère  conij.*». 
faisant  fond  sur  un  des  badigeonnages  préalables  avec  la  cocai'i- 
pour  la  prévenir  ou  l'atténuer.  Enfin,  il  associe  ce  traitenif.- 
avec  le  grattage,  complétant  cette  opération  par  des  allourh'*- 
ments  consécutifs  avec  l'acide  lactique.  (Wiener  klin.  Woch  . 
n~  4  et  5,  1889.) 

De  l'élongation  nerveuse  contre  le  torticolis,  par  M.  1- 
docteur  C.  Renton.  —  II  s'agissait  d'un  cas  de  torticolis  spasmr^ 
dique  du  sterno-mastoïdien  gauche,  consécutif  à  un  refroidisst^ 
meut,  chez  un  malade  âgé  de  vingt  et  un  ans.  L'échec  dr- 
diverses  médications  et  la  persistance  du  spasme  décidrrci.i 
M.  Renton  à  intervenir  chirurgicalement.  Il  mit  à  nu  le  nerf 
spinal  accessoire  et  pratiqua  l'élongation,  suivant  en  ceh 
l'exemple  de  M.  Campbell  (de  Morgan).  La  guérison  fut  immé- 
diate; toutefois,  en  cas  de  récidive,  M.  Renton  serait  d'avis  df 
pratiquer  la  neurotomie.  {Glasgow  med.  Journal,  mai  18H9.) 

Du  traitement  de  la  tuberculose  infantile,  par  M.  Ikom. 
—  Pendant  la  première  enfance,  l'arsenic  est  le  médicament  Jr 
choix.  On  peut,  pendant  des  semaines,  le  prescrire  quotidivD- 
nement  à  la  dose  de  1  milligramme  d'acide  arsénieux  ou  de  deax 
gouttes  de  liqueur  de  Fowler  et  l'associer  aux  toniques  ou  aux 
excitants  et  surtout  aux  préparations  d'opium  qui  en  facilitent  la 
tolérance. 

M.  Jacobi  recommande  aussi  la  digitale  parce  qu'elle  favorise 
la  circulation  et  augmente  les  sécrétions.  D'ailleurs  elle  est  bien 
indiquée  dans  les  cas  fréquents  où  la  phthisie  accompagne  Tin- 
suffisance  musculaire  du  cœur.  11  préfère  l'extrait  fluide  en 
capsules  ou  en  pilules,  parce  qu'il  est  mieux  toléré  que  Finfu- 
sion  ou  la  teinture  et  l'associe  au  fer,  aux  amers  et  aux  narcoti- 
ques. Cependant  il  peut  être  utile  d'obtenir  une  action  plu^ 
rapide.  Dans  ce  cas,  M.  Jacobi  essaye  volontiers  le  strophaatiK 
et  surtout  la  caféine.  {Deut.  med.  Zeitung,  1889,  n®  â7.) 

Du  traitement  des  diverses  formes  de  rhumatisme,  par  M.  U 
docteur  W.-N.  Maccall.  —  C'est  une  apologie  de  la  médication 
salicylique  que  le  mémoire  de  l'auteur.  11  considère  cette  der- 
nière comme  le  meilleur  remède  de  la  douleur,  mais  il  la  regarde 
aussi  comme  d'une  faible  utilité  comme  l'hyperthermie,  et 
pour  la  prévention  des  troubles  cardiaques  et  des  rechutes.  Dr 
plus,  à  son  avis,  et  après  vingt-cinq  années  d'expérience  cli- 
nique, il  déclare  que  les  salicylates  n'abrègent  pas  la  durée  de 
la  maladie. 

Il  recommande  l'administration  du  salicylate  de  soude  par 
prises  de  1  gramme,  répétées  toutes  les  heures  pendant  deux  ou 
trois  heures,  suivant  les  circonstances.  On  doit  en  continuer 
l'emploi,  mais  à  doses  moindres,  pendant  les  huit  ou  dix  jours 
qui  suivent  la  disparition  de  la  douleur  et  la  chute  de  la  fièvre. 
Chez  l'enfant,  l'anlipyrine  peut,  ajoute-t-il,  lui  être  avantageu- 
sement substituée;  mais,  par  contre,  chez  l'adulte,  la  salicine  et 
le  salol  ne  sont  utiles  que  si  les  salicylates  échouent.  {Brit,  med. 
Journal,  i  mai  1889.) 

De  l'antifébrine  dans  le  traitement  de  l'epilepsie,  par  M.  Ir 
docteur  Th.  Diller.  —  Malgré  les  inconvénients  de  ce  renièJi-, 
l'auteur  Ta  prescrit  à  sept  épileptiques.  La  dose  quotidienn** 
était  dans  cinq  cas  de  quatre  grains  et  dans  deux  cas  de  huit 
grains,  qu'il  administrait  en  deux  ou  quatre  prises,  soit  en  nature, 
soit  en  capsules. 

La  médication  fut  continuée  pendant  quatre  mois,  et  on  nota 
durant  ce  temps  le  nombre  des  attaques,  qui  diminua  en 
moyenne  dans  le  rapport  de  35  à  65  pour  100,  par  rapport  au 
nombre  moyen  de  celles  qui  furent  observées  dans  un  m^me 
espace  de  temps  et  en  l'absence  de  toute  médication.  M.  Dilli-r 
attribue  cet  effet  à  l'antipyrine,  constate  que  son  administration 
ne  provoque  pas  de  dépression  mentale  et  physique  comme  cellf 
des  bromures,  et  qu'elle  n'a  pas  l'inconvénient  de  produire  dev 
éruptions  cutanées.  (The  therap.  Gaz.,  p.  383,  13  juin  1889.) 


a  Novembre  1989      GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


_N*47_    767 


I/URAL,    UN    NOUVEL    HYPNOTIQUE,    par    M.    POPPE.    —    Cette 

substance  a  la  forme  de  cristaux;  se  dissout  dans  Talcool,  un 
peu  moins  dans  Teau.  Elle  possède  une  saveur  désagréable  et 
une  certaine  amertume.  Enfin,  elle  est  obtenue  en  dissolvant 
Furéthane  dans  le  chloral.  C'est  donc  un  médicament  composé. 

D'après  l'auteur,  elle,  posséderait  des  propriétés  hypnotiques 
))ien  supérieures  à  celles  de  Turéthane  et  aurait  l'avantage, 
comme  le  chloral,  de  ne  provoquer  ni  troubles  cardiaques,  ni 
modification  considérable  de  la  pression  sanguine.  Jusqu'ici  on 
en  a  fait  usage  contre  les  affections  cardiaques,  dans  le  cours 
des  névroses  et  contre  l'insomnie  des  divers  aliénés.  {Saint- 
Petersburger  med.  Woch.y  mars  1889.) 

De  l'action  toxique  de  l'arécoline,  par  M.  Marmé.  —  Cette 
substance,  qui  existe  avec  Tarécaîne  dans  les  graines  des  Âréca, 
est  toxique,  et  d'après  les  essais  physiologiques  de  l'auteur,  se 
rapproche  par  ses  effets  de  ceux  de  la  pelletierine  et  de  la  mus- 
cari  ne. 

Elle  agit  sur  la  moelle,  le  cerveau,  les  muscles  striés,  pro- 
voque des  troubles  respiratoires  et  modifie  les  sécrétions.  Une 
injection  d'atropine  peut  suspendre  cette  action.  Comme  la  pel- 
letierine, elle  n'exerce  aucune  action  sur  les  terminaisons  des 
nerfs  moteurs  et  diffère  ainsi  du  curare.  De  plus,  comme  la  pre- 
mière de  ces  substances,  elle  agit  comme  antihelminthique.  En 
résumé,  l'activité  de  ces  propriétés  et  la  toxicité  de  l'arécoline 
ne  permettent  pas  de  l'utiliser  en  thérapeutique.  Sa  connais- 
sance présente  donc  surtout  un  intérêt  toxicologique.  (Nachrich- 
ien  d.  KonigL  Gesellsch.  zu  Gottingen,  1889,  n«  7.) 

Recherches  cliniques  sur  le  sulfonal  et  la  paraldéhyde, 
par  M.  Ë.-M.  Hay.  —  L'auteur  a  employé  comparativement  ces 
deux  substances  dans  an  grand  nombre  de  cas  et  à  la  suite  de  ses 
observations,  croit  pouvoir  formuler  les  conclusions  suivantes  : 

1^  La  paraldéhyde  est  le  meilleur  hypnotique  quand  il  s'agit 
(l'en  faire  usage  pendant  longtemps.  Elle  trouve  des  applications 
les  plus  nombreuses  contre  l'insomnie  des  aliénés,  mais  elle 
peut  rendre  aussi  des  services  quand  il  existe  de  la  toux,  de  la 
dyspnée  et  de  la  fièvre. 

"1"*  Existe-t-il  de  la  dépression  mentale  et  de  la  mélancolie  ? 
C'est  là  une  contre-indication  de  l'emploi  du  sulfonal.  Existe-t-il 
de  la  manie?  On  doit  alors  le  préférer  à  la  paraldéhyde. 

3**  Un  grand  état  de  faiblesse  doit  faire  éviter  l'usage  du  sul- 
fonal. De  plus,  dans  18  pour  100  des  cas  où  on  a.  noté  des 
symptômes  d'intoxication  par  le  sulfonal,  il  s'agissait  de  per- 
sonnes très  impressionnables.  Enfin,  ce  corps  peut  amener  des 
troubles  sécréteurs  et  provoquer  des  phénomènes  qui  ne  sont 
nullement  en  rapport  avec  les  doses  ingérées.  La  paraldéhyde  est 
exempte  de  ces  inconvénienis,  {The  American  Journal  of  the 
w^d.  se,  juillet  1889,  p.  34.) 

Des  inhalations  de  chloroforme  dans  les  affections  car- 
diaques ET  pulmonaires,  par  M.  H.  Rosembach.  —  L'indication 
principale  de  ces  inhalations  est  de  diminuer  rapidement  des 
accès  de  dyspnée  dans  l'asthme,  les  cardiopathies  et  l'emphysème. 
Elles  diminuent  aussi  la  cardialgie,  bien  que  la  morphine  soit 
préférable  contre  elle. 

La  technique  de  ces  inhalations  est  simple.  Elle  consiste  à 
verser  quelques  gouttes  de  chloroforme  sur  un  tampon  d'ouate 
placé  dans  un  tube  à  analyse  et  à  placer  le  tube  sous  les  narines 
et  devant  loriftce  buccal.  M.  Rosembach  ajoute  même  que  cette 
médication  diminuerait  l'œdème  pulmonaire.  (Therap.  Monals,, 
1889,  p.  175.) 


BIBLIOGRAPHIE 

Da    •nni^    et    de     «es    altérations    anatomlques ,     par 

M.  G.  Hayem.  In-8%  1035  pages,  130  figures. —G.  Masson, 
Paris,  1889. 

Le  professeur  Hayem,  en  présentant  cet  important  volume, 
indique  le  but  qu'il  s'est  proposé  d*atleindre^  et  nous  pré- 
vient qu'il  ne  constitue  pas  un  traité  d'hématologie.  Il  a  1 


voulu  réunir,  en  les  groupant  suivant  un  ordre  rationnel,  les 
résultats  de  ses  recherches  sur  Télude  anatomique  du  sang. 
Il  ne  lui  a  pas  fallu  moins  d'un  millier  de  pages  pour 
résumer  ses  nombreuses  publications,  dont  plusieurs  con- 
tiennent des  observations  détaillées,  des  analyses,  en 
somme  des  documents  qu'il  est  intéressant  dé  trouver 
réunis  en  un  seul  volume.  C'est,  ainsi  que  le  dit  l'auteur, 
une  sorte  de  long  mémoire  original,  et  un  livre  d'étude 
plutôt  qu'un  livre  de  lecture. 

Ou  comprendra  que  nous  ne  puissions  faire  ici  une 
analyse,  fût-elle  sommaire,  d'une  œuvre  aussi  étendue,  et 
encore  moins  en  entreprendre  un  examen  critique,  d'au- 
tant plus  que  tous  ses  chapitres,  en  raison  de  leur  grand 
intérêt,  mériteraient  une  sérieuse  discussion;  c'est  pour- 
quoi je  me  bornerai  à  une  vue  de  l'ensemble  de  l'ouvrage. 

Les  six  parties  peuvent  être  ramenées  à  deux  ordres  de 
recherches,  l'analomie  et  la  physiologie  du  sang,  et  les 
modifications  du  sang  dans  les  maladies.  Est-il  nécessaire 
de  dire  que  l'histoire  histologique  du  sang  forme  un  exposé 
très  complet  de  la  morphologie  des  divers  éléments  du  sang, 
et  que  l'étude  des  hématoblastes  y  occupe  la  plus  large 
place,,si  bien  que  ceux-là  même  qui  n'adopteraientpas  corn- 

Elètement  les  conclusions  d'Hayem  sur  le  rôle  des  hémato- 
lastes  dans  la  formation  des  globules  rouges  du  sang, 
ne  sauraient  contester  la  découverte  qu'il  revendique,  à 
savoir  qu'il  a  montré  que  ces  microcytes  observés  par  les 
histologistes,  chez  les  animaux  supérieurs,  représentent  un 
véritable  élément  anatomique  faisant  partie  de  la  constitu- 
tion normale  du  sang. 

On  retrouvera,  au  début  de  cette  première  partie,  la 
technique  de  la  numération  des  divers  globules  du  sang; 
mais  c  est  dans  la  quatrième  et  la  cinquième  partie  que 
sont  réunis  des  articles  d'anatomîe  et  de  physiologie  de  la 
plus  grande  importance,  tels  que  les  altérations  morpholo- 
giques des  hématies,  des  hématoblastes,  des  leucocytes  et 
du  sérum,  enfln  les  modifications  des  caractères  généraux 
du  sang  dans  les  divers  processus  et  dans  le  travail  de  la 
rénovation. 

Les  chapitres  de  pathologie  renferment  un  grand  nombre 
d'observations  et  constituent  les  résultats  pratiques  obtenus 
par  Ips  procédés  d'analyse  et  par  les  investigations  répétées 
du  professeur  et  de  ses  élèves  ;  c'est  pourquoi  ils  ont  été 
largement  développés.  La  chlorose,  l'anémie  pernicieuse, 
l'anémie  posthémorrhagique,  les  anémies  symptomatolo- 
giques,  les  toxbémies,  occupent  près  de  la  moitié  du  livre; 
c'est  dire  qu'un  grand  nombre  de  documents  y  sont  réunis, 
et  que  l'auteur  y  a  groupé  ses  observations  et  exposé  ses 
doctrines  personnelles. 

A  cet  égard,  l'étude  de  la  chlorose  est  un  des  exemples 
les  plus  frappants  du  rôle  que  peut  remplir  l'analyse  mor- 

fdiologique  du  sang  dans  la  clinique  aussi  bien  qu'en  noso- 
ogie.  En  effet,  les  modifications  dans  le  nombre,danslaforme 
et  dans  la  richesse  en  matière  colorante  des  globules  du 
sang  expliqueraient  la  nature  primordiale  ou  protopa- 
thique  de  la  chlorose,  qui,  pour  Hayem,  est  caractérisée  par 
la  déglobulisation  du  sang,  ou,  plus  spécialement,  par  un 
défaut  dans  l'évolution  des  hématies  plutôt  que  par  un 
ralentissement  ou  un  arrêt  dans  leur  production.  La  con- 
clusion thérapeutique  de  cette  théorie  de  la  chlorose,  c'est 
que  le  fer,  le  protoxyde  de  foret  principalement  le  protoxa- 
late  de  fer  en  sont  les  médicaments  spécifiques  c  sans  excep- 
tion et  sans  restriction  2>.  La  formule  est  précise,  et  Hayem 
nous  affirme  qu'il  ne  compte  pas  d'échecs  par  la  médication 
martiale;  il  faut  l'en  féliciter;  mais  les  praticiens  moins 
exceptionnellement  heureux  feront  bien  de  s'aider  des  mé- 
dications qui  excitent  l'activité  des  échanges,  telles  que  les 
préparations  de  strychnine, l'hydrothérapie,  l'électrothérapie 
même,  dans  les  cas  où  le  ralentissement  de  la  nutrition 
ui,  pour  moi,  constitue  le  second  facteur  caractéristique 
e  la  chlorose,  n'est  pas  sensiblement  modifié  par  le  fer* 


3: 


T6'8    —  N*  47  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE      22  Novembre  1889 


Si  Ton  voulait  se  rendre  compte  rapidement  des  résultats 
obtenus  par  les  divers  procédés  d'observation  du  savant  pro- 
fesseur, il  suffirait  de  parcourir  le  dernier  chapitre,  qui  est 
un  résumé  des  applications  de  l'examen  clinique  du  sang 
au  diagnostic  et  au  pronostic  des  maladies.  Les  caractères 
sont  tirés^  soit  du  processus  de  coagulation,  des  modifications 
quantitatives  et  qualitatives  des  globules  rouges,  de'  la 
numération  des  globules  blancs,  des  hématoblastes,  et 
enfin  de  la  coagulation  du  sérum  in  vitro. 

Ces  modifications  peuvent  être  rapportées  à  plusieurs 
types  correspondant  à  divers  états  pathologiques.  Parmi 
ceux-ci,  il  est  certaines  maladies  dont  le  diagnostic  peut 
être  fait  à  l'aide  de  l'examen  du  sang  :  c'est  ainsi  que 
l'étude  du  processus  de  la  coagulation  dans  les  maladies 
aiguës  vient  en  aide  au  clinicien  dans  des  cas  difficiles. 

La  distinction  des  phlegmasies  et  des  pyrexies  résulte  de 
l'examen  du  réticulum,  dont  la  fibrine  est  augmentée  ou 
diminuée.  C'est  ainsi  que  le  réticulum  fibrineux  existant 
dans  la  grippe  et  même  dans  l'embarras  gastrique,  permet 
de  distinguer  ces  maladies  de  la  fièvre  typhoïde  au  début 
où  l'on  ne  trouve  pas  le  même  type  de  réticulum  ;  dans  la 
pneumonie,  l'existence  du  réticulum  indiquera  la  nature 
phlegmasique  ou  l'absence  du  pyrélique  ;  enfin  la  septi- 
cémie, la  septicémie  puerpérale,  le  rhumatisme  cérébral 
sont  décelés  au  point  de  vue  hématologique  par  des  signes 
tirés  de  la  coagulation. 

Dans  les  maladies  chroniques,  il  faut  combiner  les  divers 
procédés;  en  effet,  il  ne  suffit  pas  de  dénombrer  les  globules 
rougesy  mais  il  faut  compter  les  globules  blancs,  et  les  héma- 
toblastes, pour  obtenir  des  moyens  de  diagnostic,  comme 
dans  la  leucocythémie,  le  cancer,  ou  des  renseignements 
sur  les  complications  phlegmasiques,  insidieuses,  la  marche 
de  l'affection,  enfin  sur  l'infiuence  du  traitement.  Or,  à  ce 
dernier  point  de  vue,  c'est  dans  les  anémies  que  l'analyse 
morphologique  du  sang  rend  les  plus  grands  services  et 
s'impose  au  clinicien  en  y  ajoutant  l'appréciation  de  la 
quantité  d'oxyhémoglobine;  telle  est,  dans  ses  faits  géné- 
raux, la  disposition  de  ce  livre,  qui  est  en  quelque  sorte  le 
bilan  des  recherches  d'Hayem  et  de  ses  élèves  sur  le  sang. 

A  envisager  les  résultais  de  ses  travaux  et  de  ses  obser- 
vations, Ton  comprend  fort  bien  l'aphorisme  placé  en  télé 
de  l'ouvrage  :  «  L  avenir  appartient  à  l'hématologie.  »  C'est 
une  revendication  et  un  programme  auquel  je  m'associe  bien 
sincèrement  à  condition  que  l'hématologie  comprenne  tous 
les  moyens  d'étude  physique  ou  chimique  du  sang.  Ilayem 
le  dit  quelque  part  :  dans  la  chlorose,  l'étude  de  la  quantité 
d'oxyhémoglobine  du  sang  est  un  moyen  de  renseignement 
plus  précieux  que  la  numération  des  globules:  on  peut 
regretter  qu'il  ajoute  ailleurs  que  la  question  au  dosage 
clinique  de  l'oxyhémoglobine  ne  lui  parait  pas  encore 
résolue,  et  qu'en  mentionnant  l'hématoscopie  il  lui  adresse 
des  objections  théoriques  qui,  du  reste,  ne  résistent  pas  à 
l'observation  pratique.  Pour  n'en  citer  qu'une,  à  savoir  que 
l'hémastoscopie  ne  montre  que  l'hémoglobine  totale,  ie 
répondrais  simplement  qu'il  suffit  d'avoir  examiné  une  seule 
fois  du  sang  veineux  dans  l'hématoscope,  pour  savoir  qu'il 
est  possible,  en  suivant  ma  méthode,  de  reconnaître  à  la 
fois  l'oxyhémoglobine  et  l'hémoglobine  réduite,  et  d'en 
calculer  les  quantités  relatives,  résultat  qu'on  n'obtiendrait 
pas  par  la  numération  des  globules. 

En  effet,  Hayem  a  montré,  contradictôirement  avec  Ma- 
lassez,  ^ue  l'écart  du  nombre  des  globules  rouges  dans  le 
sang  veineux  et  le  sang  artériel  n'offre  que  des  différences 
négligeables. 

De  même,  comment  ne  pas  admettre  qu'en  clinique  la 
détermination  hématoscopique  de  la  quantité  d'oxyhémo- 
globine dans  le  sang  des  capillaires,  et,  bien  plus  encore, 
l'étude  spectroscopiaue  de  la  réduction  de  roxyhémoglobine 
dans  les  capillaires  au  pouce  ne  puissent  donner  des  rensei- 
gnements précis  sur  l'état  du  sang  dans  la  circulation  géné^ 


raie,  puisque  dans  la  numération  des  globules  on  n'obserr- 
également  que  sur  le  sang  des  capillaires? 

Répétons-le  pour  conclure,  l'avenir,  en  effet,  est  à  Théma- 
tologie,  parce  qu'elle  saura  bénéficier  à  la  fois  des  procédrf 
physico-chimiques  du  laboratoire  et  des  procédés  clinique> 
et  pratiques  tels  que  la  chromométrie,  la  diaphanométri-' 
et  rbématospectroscopie. 

A.  Hénocque. 


VARIÉTÉS 

LÉGION  d'Honneur.  —  Ont  été  nommés  ou  promus  à  Toccas ion 
de  rÈxposition  universelle: 

Au  grade  (Tofficier  :  M.  Arloing,  directeur  de  rÉcole  vélêri- 
naire  et  professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de  Lyon. 

Au  grade  de  chevalier:  MM.  les  docteurs  Meuriot  et  Povft 
(de  Paris);  Leloir,  professeur  à  la  Faculté  de  Lille;  Planche  (dr 
Balarue);  Affre  (de  Baume);  Gérard  (de  Beauvais). 

Faculté  de  médecine  (hôpital  Necker,  service  de  M.  U 

Îirofesseur  Guy  on).  M.  le  professeur  Guyon  reprendra  s«»> 
eçons  cliniques  sur  les  maladies  des  voies  urinaires  le  mer- 
credi 20  novembre,  à  dix  heures,  et  les  continuera  les  merci^di* 
suivants  à  Tamphilhéâtre.  Les  mercredis  :  opérations,  leçons  'i 
Tamphithéâtre.  Les  samedis:  opérations,  visite  des  malades. 

M.  le  docteur  Albarran  fera  tous  les  mardis,  à  dix  heures. 
des  démonstrations d'anatomie  pathologique  des  voies  urinaires; 
il  commencera  le  mardi  26  novembre. 

Hôpital  des  Enfants-Malades.  —  M.  le  docteur  de  Saint- 
Germain,  chirurgien  de  I  hôpilal,  reprendra  ses  leçons  clinique^ 
le  jeudi  28  novembre  à  neuf  heures. 

Cours  libres.  —  M.  le  docteur  Landolt  commencera  son  cour 
de  chirurgie  oculaire,  samedi  23  courant,  à  sa  clini(^ue,  27,  ru^ 
Saint-André-des-Arts,  et  le  continuera  tous  les  samedis. 

Institut  Pasteur.  —  Le  (Conseil  d'administration  de  Tlnstitot 
Pasteur  vient  de  se  réunir  pour  entendre  le  rapport  de  M.  Pas- 
teur sur  l'exercice  1888-i889. 

Le  service  de  la  rage,  sous  la  direction  de  M.  Grancher,  et  par 
les  soins  de  MM.  Chanteraesse  et  Charrin,  a  traité,  du  !•'  no- 
vembre 1888  au  1*'  novembre  1889.  1830  personnes  françaises 
ou  étrangères,  parmi  lesquelles  11  ont  succombé  à  la  rage, 
malgré  le  traitement  :  mortalité,  0,60  pour  100.  En  écartant  df 
la  statistique,  comme  il  convient,  i  personnes  mortes  pendaui 
le  traitement  ou  dans  les  quinze  Jours  qui  Pont  suivi,  la  mor- 
talité est  réduite  à  0,38  pour  100,  chinre  encore  inférieur  à 
celui  des  années  précédentes.  M.  Pasteur  fait  remarquer  qui* 
les  personnes  mordues  par  des  animaux  reconnus  enragés  par 
certificats  de  vétérinaires  donnent  sensiblement  la  même  mor- 
talité que  celles  mordues  par  des  animaux  dont  la  rage  a  t'>tê 
démontrée  par  inoculations,  ce  qui  prouve  que  lexamon  de- 
vétérinaires  est  fait  sérieusement  et  que  Tadmission  au  traite- 
ment est  soumise  à  un  contrôle  sévère. 

Ces  résultats  du  traitement  de  la  ra^e  ne  sont  pas  les  senl>: 
on  sait  que  Tlnstitut  Pasteur  a  pour  objet,  outre  la  vaccination 
antirabique,  Tétude  des  maladies  virulentes  et  contagieuses,  •  ' 
Tapplication  des  découvertes  de  la  microbie  à  Th^giène  et  auT 
sciences  biologiques.  Un  grand  nombre  de  mémoires,  trop 
souvent  loués  ici-méme  pour  que  nous  ayons  à  en  rappeler  !•' 
titres,  ont  été  publiés  au  cours  de  Tannée  dernière  par  le  per- 
sonnel attaché  aux  laboratoires  de  MM.  Duclaux,  Roux,  Cham- 
berland  et  MetschnikofT. 

On  voit  avec  quelle  activité  fonctionnent  les  divers  servie»»* 
de  cette  institution  dont  les  mémorables  travaux  feront  si  gr-an> 
honneur  à  la  science  française  et  à  l'illustre  fondateur  de  rt . 
Institut. 

NÉCROLOGIE.  —  Nous  avous  le  regret  d'annoncer  la  mort  Ji 
doyen  de  la  presse  médicale,  M.  le  docteur  G.-A.  Qucsnevîll». 
directeur  du  Moniteur  scientifique,  décédé. à  Page  de  quatre 
vingts  ans,  le  11  novembre  dernier. 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 

21060.—  HoTTKROZ.  —  Imprimeriei  réunies,  A.  ruo  Mignon,  S,  Pari*. 


Trente-sixième  année 


N'4g 


29  Novembre  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MEDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D^  L.  LERBBOULLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  6.  DIEUUFOY.  DREYFUS-BRISAC.  FRANCOiS-FRANCK,  A.  NËNOCQUE,  A.-J.  MARTIN,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lkrebodllet,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRE.  —  BuLLBTiN.  —  TnénAPEUTiQUB.  Des  propriétés  physiologiques  et 
des  indications  thcnipeuliquos  des  iodiqucs  comme  aj^ents  vasculaircs.  — 
Contributions  pharvagcutiques.  Pommade  a  l'acide  sulfuriquc.  —Travaux 
ORIGINAUX.  Clinique  chirurgicale  :  Ancvrysnic  sacciforme  de  la  portion  asceii-» 
dante  de  la  crosse  do  l'aorte.  Traitement  par  roleclro-punclure.  Mort  par 
rupture  de  la  poche  dans  la  plèvre.  —  Socibtbs  savantes.  Acad($mi6  des 
sciences.  Académie  de  médecine.  — Soriélé  médicale  des  hôpitaux.  —  Société 
do  chirurgie.  —  Société  de  biologie.  »  Revue  des  journaux.  Thérapeutique. 
—  BiDLiooRAPHlB.  Les  sensations  internes.  —  VARiirés.  Des  dispenses  mili- 
taires applicables  aux  médecins.  —  Le  droit  de  réquisition  des  médecins.  — 
Projet  de  loi  sur  l'exercice  de  la  médecine. 


BULLETIN 

l'aris,  27  novembre  1889. 

Faculté  de  médecine  :  Création  4*iBii«  chaire  de  ellnlqne 
dce  auiladiee  des  volée  urinairee.  —  Académie  de 
médecine  :  La  vaccine  nleérevee. 

La  Faculté  de  médecine  de  Paris  vient  d'émettre  le  vœu 
qu'une  chaire  de  clinique  chirurgicale  des  maladies  des 
voies  urinaires  soit  créée  à  l'hôpital  Necker.  Le  cours  de 
pathologie  chirurgicale  professé  jusqu'à  ce  jour  par  M.  Guyon 
serait  confié  à  un  agrégé.  Nous  ne  pouvons  qu'applaudir, 
sans  réserve  aucune,  à  ce  vote  et  souhaiter,  à  notre  tour, 
que  rAdministration  de  Fassislance  publique  prenne, 
sans  retard,  les  mesures  nécessaires  pour  en  assurer  Texé- 
culion.  Quant  au  ministre  de  Tlnstruction  publique,  il 
n'hésitera  pas  à  considérer  comme  parfaitement  légitime  et, 
par  conséquent,  à  sanctionner  une  décision  dont  la  légalité 
ne  peut  être  contestée.  Toutes  les  fois,  en  effet,  qu'une 
chaire  est  déclarée  vacante  dans  une  Faculté  quelconque, 
le  conseil  des  professeurs  est  consulté  par  le  ministre  sur 
la  question  de  savoir  s'il  convient  de  maintenir  celle-ci  avec 
ses  attributions,  premières  ou  s'il  ne  parait  pas  plus  utile 
d'en  modifier  le  titre.  Le  plus  .souvent,  à  la  Faculté  de 
médecine  surtout  —  car  dans  les  autres  Facultés  bien  des 
chaires  ont  été  transformées  —  on  répond  en  désignant  un 
nouveau  titulaire,  sans  modifier  en  rien  la  nature  de  ses 
fonctions.  Dans  le  cas  actuel  il  n'en  pouvait  être  ainsi. 
M.  le  professeur  Guyon,  depuis  qu'il  dirige  avec  tant 
d'éclat  à  l'hôpital  Necker  un  service  de  clinique  spéciale  ou 
son  enseignement  libre  attire,  instruit  et  retient  un  si  grand 
nombre  d'élèves  distingués,  a  rehaussé,  en  raison  de  la 
renommée  aussi  incontestée  que  légitime  qu'il  s'est  ac- 
quise dans  tous  les  pays,  l'honneur  de  la  chirurgie  fran- 
çaise. Reconnaître,  en  lui  donnant  la  sanction  officielle 
d'un  enseignement  magistral,  l'importance  et  l'intérêt  de 

«•  SÉBIB,T.  XXVI. 


cette  chaire  clinique,  c'était  récompenser  d'éminents  service^ 
rendus  depuis  bien  des  années  à  plusieurs  générations 
d'élèves;  c'était  aussi  rendre  hommage  au  talent  et  au 
caractère  d'un  de  nos  maîtres  les  plus  célèbres;  c'était  enfin 
et  surtout  aflirmer  qu'une  chaire  officielle  peut  et  doit 
être  créée  lorsqu'il  existe  pour  l'occuper  dignement  un 
savant  qui  a  fait  ses  preuves. 

C'est  cette  dernière  conclusion  que  nous  tenons  surtout 
à  retenir.  Une  Faculté  de  médecine,  sans  devenir  une 
École  des  Hautes  Études,  a  le  droit  de  ne  pas  négliger  les 
occasions  d'étendre  son  influence  el  d'accroître  au  dehors 
son  autorité  et  son  prestige.  L'École  de  la  Salpétrière,  pour 
ne  citer  qu'un  seul  exemple,  a  singulièrement  aidé  à  la 
renommée  de  la  Faculté  de  Paris  le  jour  où  son  illustre 
chef  a  été  investi  officiellement  des  fonctions  de  professeur 
de  clinique  des  maladies  nerveuses.  11  a  été  permis,  à  «ette 
époque,  de  créer  une  chaire  nouvelle.  Les  nécessités  budgé- 
taires s'y  opposant  aujourd'hui,  il  était  bon  que  la  Faculté 
de  médecine,  affirmant  son  droit  absolu  de  modifier  au 
moins  provisoirement  le  titre  d'une  chaire  magistrale,  émit 
un  vœu  qui  ne  peut  manquer  d'être  bien  accueilli* 

—  M.  le  docteur  Hervieux,  après  avoir  été  une  seconde 
fois  visiter  les  victimes  de  l'épidémie  de  vaccine  ulcéreuse 
de  La  Motte-aux-Bois,  est  venu  hier  confirmer  définitive- 
ment les  hypothèses  qu'il  avait  émises  dès  le  début.  11  ne 
s'agissait  point  de  syphilis,  mais  bien  d'une  série  d'éruptions 
probablement  ecthymateuses.  Tous  les  malades  sont  guéris 
et  l'histoire  médicale  peut,  grâce  aux  recherches  si  précises 
du  savant  directeur  de  la  vaccine,  enregistrer  une  nouvelle 
et  curieuse  observation  d'accidents  non  syphilitiques  con- 
sécutifs à  la  vaccination.  Aussitôt  après  avoir  entendu  la 
lecture  du  premier  rapport  de  H.  Hervieux  {Gaz.  hebd.y 
p.  006  et  62i),  nous  avions  rendu  hommage  à  la  loyauté 
avec  laquelle  il  venait  discuter  scientifiquement  devant 
l'Académie  une  question  d'ordre  scientifique  et  nous  avions 
insisté  tout  particulièrement  sur  les  arguments  qu'il  avait 
développés  avec  tant  dé  précision  pour  démontrer  qu'il  s'a-^ 
gissait  de  vaccine  ulcéreuse  et  non  de  syphilis.  Nous  ne 
pouvons  donc  que  regretter,  avec  M.  Hervieux,  les  injustes 
critiques  adressées  par  quelques-uns  de  nos  confrères  de 
la  presse  provinciale  à  son  premier  travail.  En  exprimant  le 
vœu  que  ses  détracteurs  apportent  désormais  dans  tous  leurs 
articles  autant  de  loyauté  et  un  respect  de  la  vérité  égal  à 
celui  dont  il  a  donné  la  preuve,  M.  Hervieux  a  dignement 
répondu  à  d'injustes  attaques. 

48 


770    ^  N*  48  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE      29  Novembre  1889 


—  La  discussion  sur  la  prophylaxie  de  la  tuberculose 
vient  de  s'ouvrir  devant  l'Académie.  Un  grand  nombre 
d'orateurs  se  sont  fait  inscrire.  Pour  éviter  d'inévitables 
redites,  nous  remeltons  à  une  prochaine  séance  l'appré- 
ciation critique  du  débat. 


THÉRAPEUTIQUE 

Des  propriétés  pliy«lolo{(lqaes  et  des  ladlcatlons  ihé- 
rapeiillqaes  de»  lodlqaes  eomme  ayente  va«ea- 
lalreH. 

11  y  a  des  remèdes  anciens  qui,  bien  différents  de  cer- 
tains vieillards,  conservent,  malgré  leur  âge,  le  privilège 
de  la  puissance  et  de  la  virilité. 

L'iode  et  les  iodiques  ne  sont>ils  pas  de  ceux-là? 

Tour  à  tour,  suivant  les  circonstances,  fondants  et  résolu- 
tifs, altérants  ou  substitutifs;  antiputrides  d'abord,  antisep- 
tiques et  nécrophytiques  depuis  ;  au  besoin,  nervins,  cutro- 
phiques,  enpnéiques;  que  de  vertus!  Une  seule  leur  man- 
quait, celle  qui  depuis  quelques  années  leur  a  valu  le  titre 
envié  de  médicament  artériel  pour  les  uns  et,  tout  dernière- 
ment, celui  de  cardio-vasculaire  pour  les  autres. 

La  lacune  était  fâcheuse.  Les  cliniciens  soupçonnaient 
bien  cette  propriété  médicinale;  c'était  déjà  quelque  chose. 
Sans  en  pénétrer  le  secret,  ils  l'utilisaient,  c'était  encore 
bien;  ils  en  retiraient  des  profits  thérapeutiques,  c'était 
beaucoup  mieux. 

En  un  mot,  les  iodiques  rendaient  depuis  longtemps  les 
services  de  médicaments  vasculaires,  sans  en  posséder  la 
juste  renommée.  En  vérité,  c'était  fâcheux,  j'ajouterai 
même  humiliant  pour  un  médicament  que,  par  intuition  et 
d'inspiration,  on  prescrivait  si  volontiers  ! 

Naguère,  Coindet,  Orfila,  Kuss;  plus  près  de  nous, 
Uhôm,  Rose,  Bogolopoff,  Sokolowski,  Rummo,  Martin  (de 
Lyon),  etc.,  etc.,  avaient  cependant  signalé  quelques-uns 
des  phénomènes  cardio-vasculaires  provoqués  par  les  iodi- 
ques; mais  les  observations  en  étaient  incomplètes;  l'expé- 
rimentation directe  n'avait  pas  déterminé  leur  mécanisme. 
Il  fallait  le  chercher. 

Telle  fut  l'origine  de  recherches  que  j'ai  commencées  il  y 
a  bientôt  quatre  ans  et  que  je  poursuis  encore  au  labora- 
toire de  thérapeutique  de  l'hôpital  Bichat. 

Ces  recherches  ont-elles  été  infructueuses?  Non,  je  le 
constate  d'autant  plus  volontiersqu'eilesont  motivédes  essais 
de  contrôle.  Pour  ma  part,  en  janvier  1887,  j  avais  déjà 
prouvé  leur  fécondité,  en  discutant  les  indications  de  la  mé- 
dication artérielle  (1). 

Ce  n'est  pas  tout  :  il  y  aura  bientôt  sept  ans,  dans  un 
mémoire  justement  estimé  {Revue  de  médecine,  1883), 
M.  H.  Huchard  révélait  les  puissants  effets  des  iodures  dans 
le  traitement  de  la  sténocardie.  Puis,  revenant  maintes  fois 
sur  cette  question,  en  1885,  en  1886,  aux  Congrès  de  l'As- 
sociation française  à  Grenoble  et  à  Nancy,  en  1887,  en  1888 
dans  ses  Leçonssur  la  tension  artérielle  dans  les  maladies, 
notre  cher  maître  et  ami  généralisait  remploi  de  la  médi- 
cation artérielle  contre  les  affections  qu'il  a  décrites  sous  le 
nom  de  «cardiopathies  artérielles.  »  Pour  lui,  à  l'heure  ac- 
tuelle, comme  il  y  a  six  ans,  les  iodures  alcalins  restent 

(1)  cil.  Eloy.  La  médication  artérielle  {Gaxette  hebdomadaire,  iSKT.  n^  i)  cl 
nriiclcs  Iode,  Iodoforme  et  Ioduhk  de  potassium  du  Dictionnaire  encyclopé- 
dique de*  teienees  médicale». 


«  les  médicaments  artériels  par  excellence  >;  pour  lui. 
comme  il  le  déclarait  en  1883,  c  Yiodure  est  la  digital 
des  artères  ));  pour  lui,  enfin,  j'invoque  le  témoignage  d^ 
ses  récentes  Leçons  sur  les  maladies  du  cœur,  la  démons 
Iration  clinique  est  faite  :  elle  a  donc  précédé  la  démon«^ 
tration  physiologique. 

Enfin,  il  y  a  quelques  jours,  le  8  octobre  dernier,  M.  (r.  S<^t 
a,  lui  aussi,  du  haut  de  la  tribune  académique,  raentiono'- 
les  expériences  intéressantes  de  M.  Lapicque,  et  donné  une 
confirmation  des  faits  signalés  ici  même  depuis  1887  et 
observés  bien  avant  le  mois  d'octobre  1889. 

Les  questions  de  priorité  sont  d'intérêt  secondaire  poui 
les  praticiens  :  je  passe  donc  outre,  et  j'aborde  —  il  en 
est  temps  —  les  faits  expérimentaux  qui  légitiment 
l'emploi  de  ces  remèdes  dans  les  affections  du  cœur  et  de> 
vaisseaux. 

1 

L'iode  mélalloïdique,  riodoforme,  les  iodures  alca/iiu» 
et  l'iodure  d'amyle  possèdent  des  propriétés  cardio-vasca- 
laires. 

Les  autres  iodiques  sont-ils  doués  de  ces  mêmes  vertus  ? 
Peut-être. 

Suivant  l'ordre  chronologique,  j'interroge  en  premirr 
li€u  le  dossier  physiologique  de  Viode  métalloïdique. 

Depuis  Coindet,  c'est  classique,  et  surtout  dépuis  Orfila 

—  le  fait  date  donc  de  loin  — on  savait  que  l'iode  modifie  la 
circulation.  C'étaient,  j'en  conviens,  des  connaissances  som- 
maires. Coindet  avait  ébauché  seulement  l'histoire  physiolo- 
gique de  l'iode  ;  Orfila  en  avait  plutôt  formulé  la  toxicologie. 
Peu  importe,  les  faits  existaient;  Kuss  les  constatait  après 
eux.  Ils  démontrent  qu'à  dose  élevée  et  ingéré  à  rioté- 
rieur,  ce  métalloïde  accélère  les  battements  du  cœur  et  du 
pouls. 

Plus  tard,  c'est  encore  classique.  Rose  l'expérimenta 
sur  les  chiens  et  entrevit  deux  périodes  dans  Taction  de 
l'iode  sur  l'organisme.  Durant  la  phase  initiale,  il  notait 
la  pâleur  des  téguments  et  l'abolition  des  battements  des 
vaisseaux  artériels  de  la  périphérie.  En  langage  plus  mo- 
derne et  plus  physiologique,  c'étaient  là  des  phénomène^ 
de  vaso-constriction. 

Pendant  la  seconde  phase,  il  remarquait  le  retour  du 
pouls,  son  accélération  et  la  rougeur  de  la  peau  ;  en  un 
mot,  des  phénomènes  de  vaso-dilatation.  Par  contre,  Rohm 

—  c'est  toujours  classique  —  fut  moins  heureux  et  ne  con- 
stata pas  la  vaso-constriction  initiale.  Reste  à  savoir  s'il 
expérimentait  dans  des  conditions  identiques. 

Cette  physiologie  de  l'iode  mélalloïdique  est  incomplète, 
je  l'avoue.  Qui  donc  n'en  a  pas  convenu?  La  technique  de 
telles  expériences  offre  des  difficultés  malaisées  à  vaincre, 
on  le  sait.  On  n'ignore  pas  non  plus  que  l'irritation  dr> 
tissus  par  ce  métalloïde  fait  obstacle  à  son  administratiiMi 
par  la  voie  sous-cutanée  ou  bien  intraveineuse. 

A  défaut  de  faits  plus  décisifs,  on  est  donc  bien  oblige 
de  se  contenter  de  ceux  qui  sont  classiques.  Ils  existent  : 
il  faut  en  tenir  compte.  D'ailleurs,  ils  ne  sont  pas  contraints 
à  la  thèse  que  je  soutiens;  cela  me  suffit. 

Et  puis,  l'ordre  chronologique  dans  lequel  ces  pliéna> 
mènes  se  produisent  n'offre-t-il  pas  un  intérêt  tout  excep- 
tionnel pour  interpréter  les  effets  cardio-vasculaires  de 
l'iodure  de  potassium?  Voici  que  l'on  vient  encore  de  le^ 
catégoriser  en  deux  groupes,  les  uns  appartenant  à  ce  que 


29  Novembre  1889      GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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l'on  a  nommé  la  pha$«  de  vaso-conslriction,  les  autres  à  la 
phase  de  vaso-dilatalion.  Sous  nne  désignation  nonvellp, 
voici  encore,  à  des  années  de  distance,  la  distinction  que 
Ton  avait  établie  aux  temps  de  Rose,  de  Dohm  et  des  autres. 
En  vérité,  il  y  a  de  récentes  découvertes  qui  ressemblent 
à  des  renouvellements. 

L'étude  physiologique  d*un  autre  iodique,  ViodoformSy 
procure  des  résultats  plus  décisifs.  Témoin  les  expé- 
riences de  Rummo  {Archiver  de  physiologie^  1883)  et  la 
thèse  de  M.  Martin  (de  Lyon)  en  1882.  Ce  dernier  a  montré 
riniluence  de  Tiodoforme  sur  la  pression  artérielle,  c*est-à- 
dire  la  principale  propriété  vasculaire  de  cette  substance. 
M.  Rummo  a  étudié  son  influence  sur  le  cœur,  en  d'autres 
termes,  son  action  cardiaque.  Il  est  superflu  de  rappeler  en 
détail  ces  expériences;  leur  ignorance  est,  delà  part  de 
ceux  qui  les  oublient,  un  inexcusable  délit  contre  la 
bibliographie,  à  moins  que  ce  ne  soit  une  lacune  de 
mémoire. 

L'iodoforme  modifie  la  circulation  en  abaissant  la  pres- 
sion sanguine.  M.  Martin  a  vu  cette  dernière  descendre  de 
192  à  120  millimètres.  Il  opérait  sur  des  chiens  et  mesu- 
rait ces  variations  au  moyen  du  manomètre.  Ces  conditions 
expérimentales  étaient  satisfaisantes,  et  cet  iodique  se  com- 
portait bien  à  la  manière  des  agents  de  dépression  de  la 
tension  vasculaire. 

On  déduit  mieux  l'action  cardiaque  de  l'iodoforme  des 
observations  de  M.  Rummo.  Dans  les  premiers  moments 
qui  suivent  son  absorption,  les  battements  du  cœur  aug- 
mentent de  fréquence;  plus  tard,  ils  diminuent  en  nombre  et 
perdent  leur  régularité;  l'organe  se  ralentit  et  finalement 
s'arrête  eu  diastole.  Voilà  donc  ici  encore  les  deux  phases 
de  l'action  décrite;  l'une  initiale,  d'excitation;  l'autre  tar- 
dive, de  dépression.  Décidément,  la  théorie  des  deux 
phases  n'est  point  médite. 

M.  Rummo  place  la  cause  de  ces  phénomènes  dans  l'in- 
fluence de  l'iodoforme  sur  les  centres  nerveux.  C'est  une 
interprétation;  je  Tenregislre  sans  la  discuter,  mais  je 
reliens,  d'une  part,  l'action  cardiaque  de  l'iodoforme  et  son 
action  vasculaire;  d'autre  part,  la  succession  des  deux  ordres 
de  phénomènes  :  ici,  une  phase  initiale,  accélération  du 
cœur;  là,  une  phase  tardive,  ralentissement  cardiaque 
(Rummo)  et  abaissement  de  la  tension  artérielle  (Martin). 
Si  la  chimie  ne  nous  avait  pas  depuis  longtemps  appris  à 
connaître  la  parenté  de  famille  des  iodiques,  cette 
remarque  suffirait  pour  admettre  l'analogie  de  ces  effets 
avec  ceux  de  l'iode. 

J'arrive  aux  composés  alcalins  de  ce  métalloïde:  l'iodure 
de  lithium,  d'ammonium,  de  sodium  et  de  potassium. 

L'étude  expérimentale  de  Yiodure  de  lithium  est  encore 
à  faire;  toute  conclusion  physiologique  à  son  égard  serait 
prématurée. 

L'action  de  Yiodure  d'ammonium  sur  l'organisme 
n'est  guère  connue.  Je  suis  contraint  de  mettre  cet  iodure 
hors  de  débat,  puisque  dans  toutes  mes  tentatives  pour  en 
injecter  les  solutions  même  faiblement  titrées,  sous  la  peau, 
j'ai  provoqué  la  tui^escence  des  vaisseaux  périphériques,  des 
convulsions  violentes  et  la  mort  rapide,  presque  immé- 
diate, des  animaux.  La  toxicité  de  cet  iodure  est  donc 
grande  ;  sa  pureté  chimique  laisse  à  désirer  ;  à  l'heure  ac- 
tuelle c'est  un  médicament  que  le  thérapeutiste  prudent 
évitera  de  prescrire. 

Il  en  est  tout  autrement,  on  le  sait  assez,  de  Yiodure  de 
sodium  et  de  Yiodure  de  potassium.  On  s'entend  sur  les 


propriétés  chimiques  et  sur  les  qualités  physiques  qui  les 
rendent  maniables  et  de  facile  administration.  La  concur- 
rence thérapeutique  que  ces  remèdes  se  font  entre  eux  a  une 
tout  autre  origine. 

Peut-on,  à  l'aide  de  faits  expérimentaux,  estimer  leur 
valeur  respective  comme  agents  cardio-vasculaires? 

Jusqu'en  1885,  je  le  répète  à  nouveau,  on  n'avait  pas 
cherché  à  déterminer  l'influence  de  l'iodure  de  sodium  sur 
la  circulation.  Si  on  mettait  à  profit  ses  vertus  cardio-vas- 
culaires, c'était  sans  en  avoir  pénétré  la  cause. 

Pour  ce  motif,  en  novembre  et  décembre  1886,  j'ai  entre- 
pris, au  laboratoire  thérapeutique  de  l'hôpital  Bichat,  de 
mesurer  les  modifications  de  la  pression  sanguine  sur  des 
lapins  de  grande  taille,  avant,  pendant  et  après  l'action  de 
l'iodure  alcalin. 

Voici  le  dispositif  de  ces  expériences  :  je  mets  la  carotide 
en  communication  avec  un  manomètre  élastique  enregis- 
treur. Les  oscillations  de  la  colonne  mercurielle  révèlent 
les  variations  de  la  pression  sanguine;  un  stylet  les  enre- 
gistre. 

L'injection  est  pratiquée  avec  une  solution  aqueuse  au 
dixième  du  sel  iodure,  et,  comme  moyen  de  contrôle,  avec 
une  solution  de  bicarbonate  de  sonde,  titrée  en  fonction  de 
l'équivalent  chimique  du  sodium. 

J'ai  adopté  la  méthode  sous-cutanée  et  la  région  abdomi- 
nale, l'une  pour  voie  d'introduction  du  médicament,  l'autre 
pour  lieu  d'élection  de  l'injection.  Au  demeurant,  ce  dispo- 
sitif expérimental  n'est  pas  dépourvu  de  valeur,  puisque 
d'autres  observateurs  viennent  de  l'adopter  aussi,  avec 
cette  difl*érence,  je  l'avoue,  qu'ils  préfèrent  la  voie  veineuse 
à  la  voie  hypodermique  pour  introduire  dans  l'organisme 
la  solution  médicamenteuse,  et  qu'ils  choisissent  le  chien 
de  préférence  au  lapin;  ce  qui,  somme  toute,  rend  l'expé- 
rience sinon  plus  probante,  du  moins  plus  aisée. 

Lapin  ou  chien,  tissu  cellulaire  ou  veine,  qu'importe! 
Ces  dispositifs  et  cette  technique  présentent  d'heureuses 
analogies.  Faut-il  s'en  étonner?  Non  ;  ils  ne  sont  pas 
originaux  :  tous  ceux  qui  fréquentent  les  laboratoires  les 
connaissent,  beaucoup  les  pratiquent;  en  fait  ils  consistent 
dans  l'adaptation  à  la  thérapeutique  expérimentale  de  l'in- 
génieuse instrumentation  de  MM.  Marey  et  F.  Franck. 

Voilà  donc,  en  abrégé,  les  premières  expériences  qui 
furent  faites  en  France  sur  les  indurés  alcalins.  Avaient- 
elles  une  valeur?  Je  l'ai  déjà  établi  plus  haut.  Démontraient- 
elles  l'action  vasculaire,  vaso-dilatatrice  et  artério-dépressive 
de  ces  iodiques?  Oui,  et  j'ai  pu  affirmer  dès  les  années  1887 
et  1888,  qu'à  la  dose  de  50  à  60  centigrammes  par  kilo- 
gramme du  poidsde  l'animal,  Tiodurede  sodium  produit  un 
abaissement  de  tension  artérielle  qui,  évaluée  en  fonction 
du  temps,  est  dans  le  rapport  d'un  demi,  voire  même  d'un 
tiers,  après  quinze,  vingt  et  trente  minutes,  et,  comme  je 
l'ai  vu  depuis,  soixante  et  quatre-vingt-dix  minutes. 

Cette  période  d'hypotension  artérielle  persiste  trois,  quatre 
et  même  cinq  heures,  durant  lesquelles  la  tension,  exprimée 
en  millimètres,  revenait  graduellement  à  un  chiffre  normal. 
Cet  abaissf'ment  a  été  jusqu'à  46  et  49  millimètres  dans 
mes  expériences.  J'ajouterai  que  l'injection  sous-cutanée 
des  solutions  de  carbonate  de  soude  ne  donne  que  des  ré- 
sultats négatifs,  preuve  nouvelle  et  confirmativede  la  faible 
influence  des  sels  de  soude  sur  la  circulation. 

Ce  n'est  pas  tout;  pendant  la  durée  de  l'expérience^ 
il  existe  de  la  turgescence  des  vaisseaux  périphériques,  une 
élévation  thermiquede  trois  àquatre  degrés, — élévation  dis» 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       29  Novembre  1889 


paraissant  qaand,  par  une  dose  excessive,  on  provoque,  non 
plus  des  phénomènes  physiologiques,  mais  bien  des  phéno- 
mènes toxiques, —  enfin,  la  congestion  des  muqueuses  ocu- 
laire  et  buccale.  Ce  sont  bien  là,  si  je  ne  me  trompe,  les 
phénomènes  accusateurs  de  la  vaso-dilalation  périphérique. 
Dans  les  mêmes  conditions  expérimentales,  Tiodure  de 
potassium  provoque  de  semblables  troubles  circulatoires.  Je 
les  avais  notés  dès  le  début  de  ces  recherches,  de  sorte  que 
j'étais  autorisé  à  écrire  comme  je  Tai  fait  à  la  page  330  du 
lome  XVI  (4"  série)  du  Dictionnaire  encyclopédique:  «  Ces 
deux  indurés  alcalins  diminuent  la  pression  sanguine,  et,  à 
ce  point  de  vue,  l'action  de  Tiodure  de  potassium  ne  difïère 
pas  de  celle  de  Tlodure  de  sodium.  »  J'ajoulais  :  «  Cette 
constatation  expérimentale  avait  son  utilité  pour  réfuter 
l'opinion  de  ceux  qui,  avec  Husemann,  attribuaient  au  po- 
tassium une  action  vasculaire  qui  appartient  à  Tiode  et  aux 
divers  iodiques,  et  qui  en  fait  des  médicaments  arté- 
riels, j^ 

Ces  remarques  étaient-elles  mal  fondées  ?Non ,  les  partisans 
les  plus  décidés  de  Tiodothcrapie  dans  lesmaladies  du  cœur, 
en  reconnaissent  aujourd'hui  la  légitimité.  Ilsatlribuent  aussi 
à  riodure  de  potassium  les  vertus  d'un  agent  dépresseur  de 
rartério-tension.  Je  sais  bien  qu'ils  motivent  leur  préfé- 
rence pour  ce  sel  et  leur  répugnance  pour  l'iodure  de 
sodium  sur  la  pauvreté  du  premier  en  eau  de  cristallisation 
et  sur  sa  richesse  relative  en  iode.  Ce  sont,  au  point  de  vue 
chimique,  d'incontestables'qualités. 

N'existe-t-il  pas  cependant  un  désavantage  qui  diminue 
la  valeur  de  ces  mérites  ?  Oui,  car  cet  iodure,  comme 
tous  les  sels  potassiques,  possède,  depuis  les  travaux  de 
Ritter,  de  Feltz,de  Cl.  Bernard  et  d'autres,  la  juste  réputation 
d'agir  sur  le  myocarde  à  la  manière  des  poisons  muscu- 
laires, ou  bien,  de  l'avis  de  Traube,  sur  l'appareil  nerveux 
du  cœur. 

MM.  G.  Sée  et  Lapicque  sont  moins  sévères  à  son  égard. 
Ils  espèrent  même  utiliser  cette  propriété,  je  devrais  dire 
cette  vertu,  au  point  de  vue  thérapeutique.  D'où,  ici  encore, 
comme  pour  l'iode,  deux  périodes  dans  l'action  cardio- 
vasculaire  de  l'iodure  de  potassium  :  avec  cette  différence 
cependant  que  l'une  est  dite  phase  potassique  et  l'autre 
phase  indique.  Pendant  la  première,  le  potassium  élève  la 
tension  sanguine  en  augmentant  l'activité  cardiaque;  ce  mé- 
tal, —  grand  privilège,  —  jouerait  donc,  durant  cette  phase, 
le  rôle  d'un  médicament  arlério-tenseur.  Celle  action  serait 
cependant  passagère.  Vient  une  seconde  période  :  l'iode 
agit  :  plus  d'intervention  delà  base  alcaline  ;  la  pression 
s'abaisse.  C'est,  pour  ainsi  parler,  l'heure  de  la  vaso-con- 
striction  et  de  la  chute  de  la  pression  artérielle  qui  peut  — 
j'emprunte  ces  chiffres  à  M.  Lapicque  —  atteindre  80  milli- 
mètres. 

Cette  période  iodique —  soupçonnée  par  nos  aines,  obser- 
vée, dirais-je  à  mon  tour,  en  mettant  de  c6té  toute  considé- 
ration théorique,  dans  presque  toutes  les  expériences  — 
celte  période  est  celle  que  le  clinicien  avisé  provoque  et 
utilise.  Elle  a  fait  la  puissance  el  elle  assure  la  fortune 
thérapeutique  des  iodiques  comme  agent  de  la  médication 
artérielle. 

En  fait,  je  me  répète,  c'est  donc  bien  à  deux  années  de  dis- 
tance, une  validation  décisive  des  résultats  expérimentaux 
que  j'ai  obtenus  en  1887. 

Voici  maintenant  une  objection  :  la  phase  de  l'iode  est 
tardive  ;  elle  s'ouvre  au  moment  où  le  potassium  a  été  éli- 
miné par  l'organisme  ;  pourquoi  ?  Ici  les  avocats  de  la 


théorie  des  deux  périodes  sontobligésd'invoquerrhypothêse 
assez  banale  du  dédoublement  de  l'iodure  potassique  parlt* 
sang  :  en  potassium  qui  est  éliminé  et  en  iode  qui  se  com- 
bine avec  les  sels  de  sodium  contenus  dans  l'orgainsmo 
el  forme  un  iodure  de  sodium. 

Celte  réaction  chimique  est-elle  réelle  ?  On  le  dit  ;  c'est 
probable.  Qu'en  conclure? 

Sinon  que  l'iodure  de  sodium  est  l'aboutissant  de  cette 
réaction,  et  que,  finalement,  en  partant  de  l'iodure  de  potas- 
sium, on  arrive  à  l'iodure  de  sodium.  Eh  bien,  sans  prendre 
parti  soit  pour,  soit  contre  la  supériorité  de  l'un  ou  de  l'autre 
sel,  il  semble,  ~  n'est-ce  pas? —  tout  à  fait  superflu  d'impo- 
ser à  l'organisme  la  fastidieuse  mission  de  procéder  à  cette 
opération  chimique,  et  au  thérapeute  l'obligation  de  partir 
d'un  composé  potassique  de  l'iode  pour  arriver  à  un  composé 
sodique  du  même  métalloïde. 

Décidément  «  lout  chemin  mène  à  Rome  »,  même  en  thé- 
rapeutique, et  pour  y  arriver,  il  y  a  des  observateurs  qui 
prennent  la  route  de  Canossa. 

II 

Ces  iodiques  possèdent  donc  la  commune  propriété  de 
provoquer  l'abaissement  de  la  tension  artérielle  et  la  dila- 
tation des  vaisseaux  périphériques.  Ici  donc,  à  l'instar  d'un 
illustre  physiologiste,  on  peut,  au  point  de  vue  fonctionnel, 
considérer  l'ensemble  des  petits  vaisseaux,  comme  une 
sorte  de  cœur  périphérique,  et  répéter  après  lui  ce  que  j'é- 
crivais à  propos  de  la  médication  artérielle  :  c  Les  iodiques 
soulagent  le  cœur  central  aux  dépens  du  cœur  périphérique 
elle  résultat  de  leur  action  est,  pour  ainsi  parler,  celui  d'une 
saignée  interne.  > 

Après  cela,  faut-il  s'atturder  aux  effets  du  chlorure  de 
potassium  sur  le  cœur  et  sur  les  vaisseaux  ?  Cette  élude 
rentre,  si  je  ne  me  trompe,  dans  celle  de  l'action  physiolo- 
gique des  sels  de  potasse.  Par  contre,  il  est  d'un  intérêt  plus 
réel  de  noter  que,  dans  la  famille  des  iodiques,  le  meilleur 
agent  vasculaire  est  celui  qui  diminue  l'obstacle  circula- 
toire en  atténuant  la  tonicité  artérielle,  sans  menacer  la  iihre 
myocardique  d'un  préjudice  et  l'innervation  cardiaque  de 
quelques  troubles. 

Cet  iodique,  quel  est-il  à  l'heureactuelle?  L'argumentation 
précédente  ne  permet  p-ts  l'hésitation.  Je  n'insiste  pas;  ce 
serait  plaider  la  cause  déjà  gagnée  de  l'iodure  de  so- 
dium. 

Faut-il  mesurer  l'importance  de  ces  faits  expérimentaux  ? 
Non  ;  je  rappelle,  cela  suffit,  qu'ils  servent  de  base  physio- 
logique et  clinique  à  €  Vartério-thérapie^  >  médication 
féconde  puisqu'elle  consiste,  par  l'emploi  de  l'hygiène  el  des 
médicaments  dépresseurs  de  la  tension  artérielle,  à  alléger 
et  à  favoriser  le  travail  du  cœur  plutôt  qu'à  le  tonifier  direc- 
tement, en  facilitant  au  profit  du  cœur  central  la  dilatation 
des  vaisseaux.  C'est  là  une  thèse  que  M.  H.  Huchard  a 
longuement  défendue  dans  ces  derniers  temps,  c'est  une 
thèse  qui  n'est  point  inféconde  puisque  d'autres  cliniciens 
l'adoptent.  Bref!  Cette  cause  est  entendue,  et  comme  je  récri- 
vais il  y  aura  bientôt  trois  ans  dans  ce  journal  :  le  procès 
est  gagné,  la  preuve  est  faite. 

La  connaissance  de  l'action  physiologique  des  iodiques  con- 
duit à  d'autres  conclusions.  Ce  n'est  pas  le  lieu  de  les  passer 
en  revue,  et  cependant,  comment  ne  pas  établir  un  raccord 
physiologique  entre  les  faits  expérimentaux  et  les  observa- 
tions cliniques  ou  toxicologiques  :  telle  la  fièvre  iodique 
avec  élévation  du  pouls,  l'augmentation  de  la  température 


!29  Novembre  1889       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  48  —    773 


suivie  de  son  abaissement,  phénomène  en  rapport  avec  la 
diminution  de  la  température  rectale  que  j'ai  notée  durant 
la  période  toxique  de  l'ioduration  des  animaux;  tels  la  con- 
gestion oculaire,  le  changement  de  culoration  des  téguments, 
leur  rougeur  au  début,  leur  pâleur  plus  tard  à  une  période 
avancée  de  l'empoisonnement  ;  tels  aussi  à  cette  période, 
les  souffles  vascuiaires  comparables  aux  souffles  vasculaires 
des  anémiques,  et,  plus  tard  encore,  la  disparition  du 
pouls  radial,  puis  du  pouls  carotidien  :  la  circulation  allant 
comme  je  l'écrivais  naguère  (Dictionnaire  encyclopédique. 
art.  Iode,  t.  XVI,  4*  série,  p.  325),  en  s'amoindrissant  suc- 
cessivement de  la  périphérie  vers  le  centre.  Quand,  dans 
les  intoxications  graves,  les  iodiques  —  qu*on  me  piirdonne 
l'expression,  —  finissent  par  amener  la  mort,  c'est  seule- 
ment en  tuant  les  vaisseaux. 

Et  les  symptômes  ébrieux  de  l'iodisme  nettement  signa- 
lés par  Lugol  et  après  lui  par  Binz  ?  Et  les  hypérémies  glan- 
dulaires et  les  hémoptysies,  les  hématuries  iodiques  et 
même  ces  flux  sanguins  hémorroîdaux  dont  Vallander 
et  Hermann  ont  parlé  dans  les  empoisonnements  par 
l'iode  ?  Et...  je  m'arrête  :  l'énumération serait  trop  longue. 

Ces  faits,  m'objectera-t-on  peut-être,  sont  classiques,  j'en 
conviens.  N'est-ce  pas  une  raison  de  plus  pour  répondre  à 
ceux  qui  tardivement  proclament  les  vertus  vasculaires  de 
ces  agents  :  la  preuve  physiologique  de  ces  faits  a  été 
donnée  ;  et  avant  de  s'engager  dans  la  voie  d'une  expéri- 
mentation qui  n'est  plus  inédite,  il  serait  prudent  de  se 
rappeler  le  conseil  du  fabuliste  :  pour  arriver  à  temps  il  est 
bon  de  partir  à  l'heure. 

III 

Cette  avance,  il  y  a  beau  temps  que  les  cliniciens  la  pos- 
sèdent et  l'ont  prise  sur  les  expérimentateurs.  Il  y  a  beau 
temps,  en  efl'et,  et  on  l'a  vu  plus  haut,  qu'ils  prescrivent 
les  iodiques  contre  les  affections  cardio-vasculaires. 

Ce  qu'il  fallait  trouver  au  point  de  vue  pratique,  le  plus 
intéressant  dans  l'espèce,  c'était  la  solution  du  problème 
dont  voici  la  formule  :  Quand  donc  et  comment  doit-on 
prescrire  les  iodiques  dans  les  maladies  du  cœur  et  des 
raisseatix?  En  d'autres  termes  :  Quelles  sont  les  indica- 
tions et  les  contre-indications  des  iudiquesen  tant  qu'agents 
de  la  médication  artérielle  ? 

Le  témoignage  de  Texpérimentation  sur  les  animaux  est 
formel,  on  l'a  vu  plus  haut,  et  dans  le  traitement  des  car- 
diopathies, l'heure  des  iodiques  est  celle  où  il  faut  à  n'im- 
porte quel  prix  prévenir  ou  diminuer  l'hypertension 
artérielle. 

Le  témoignage  de  l'observation  des  malades  est-il  moins 
décisif?  Non;  je  le  prouve. 

La  médication  iodurée  des  anévrysmes  des  gros  vaisseaux 
n'est  plus  nouvelle.  Bouillaud,Potain,Chukerbulty,Balfour, 
Dreschfeld,  Byrom  Bramwell,  Henry  Simpson  et  bien 
d'autres  en  France,  en  Angleterre  et  ailleurs  —  on  le  sait 
assez  —  en  ont  admis  et  en  admettent  encore  l'efficacité,  en 
particulier,  contre  les  anévrysmes  aortiques.  A  quel  titre  ? 
Pour  expliquer  les  succès  obtenus,  les  interprétations  ne 
manquaient  pas.  Fallait-il  attribuer  ces  victoires  thérapeu- 
tiques à  la  vieille  réputation  des  iodiques  comme  fondants 
et  résolutifs?  Ou  bien,  chez  des  sujets  syphilitiques,  les 
propriétés  spécifiques  de  Tiode  intervenaient-elles? 

Ou  bien  encore,  à  défaut  d^autres  hypothèses,  fullait-ii 
invoquer  les  principes  des  hydrauliciens  et  dire  —  Gu- 
î)ler.  si  je  ne  me  trompe,  était  de  ceux-là  —  que  les 


iodures  introduits  dans  l'organisme  et.  véhiculés  par  le 
sang,  modifient  la  vitesse  d'écoulement  de  cette  humeur 
dans  les  petites  artères  en  vertu  de  cette  loi,  connue  des 
physiciens,  et  d  aprèslaquelle  une  solution  saline  traverse 
un  tube  de  petit  diamètre  plus  facilement  et  plus  rapide- 
ment que  l'eau  pure.  On  a  pu  et  on  pourrait  étayer  ces 
théories  par  des  considérations  ingénieuses.  A  quoi  bon? 
Les  faits  expérimentaux  autorisent  une  autre  interprétation. 
En  provoquant  la  vaso-dilatalion  des  vaisseaux  périphériques, 
les  iodures  atténuent  l'encombrement  sanguin  dans  la 
poche  anévrysmale.  Avant  d'être  des  médicaments  résolu- 
tifs ou  spécifiques,  suivant  les  cas,  ils  sont  des  agents  vas- 
culaires ;  ils  diminuent  la  tension  sanguine  ;  ils  soulagent 
la  paroi  sur  laquelle  cette  tension  s'exerce. 

La  disparition  des  anévrysmes  par  la  médication  iodurée  ne 
tend-elle  pas  à  prouver  encore,  comme  certains  auteurs  le 
déclarent,  que  les  iodures  exercent  une  action  spéciale  et 
directe  sur  les  parois  artérielles  ?  La  physiologie  ne  peut  le 
démontrer;  à  défaut  d'autres  preuves,  il  faut  bien  accepter 
le  témoignage  de  la  clinique. 

Bref,  l'emploi  des  iodures  dans  le  traitement  des  ané- 
vrysmes a  été  et  reste  donc  une  heureuse  utilisation  de  la 
médication  artérielle. 

Les  mêmes  motifs  physiologiques  sont  une  indication 
formelle  de  l'emploi  des  iodiques  dans  les  cardiopathies  où 
il  y  a  lieu  de  diminuer  la  tension  artérielle  et  par  là,  le 
travail  du  cœur. 

Cet  organe  est-il  en  état  de  surcharge  graisseuse?  Une 
niyocardile,  une  sclérose,  l'atrophie  des  éléments  muscu- 
laires nobles  étouffés  par  Thyperplasie  du  tissu  conjonctif 
en  ont-ils  afl'aibli  les  parois  ?  S'agit-il  d'un  coeur  forcé  j  ou 
bien  d'une  angine  de  poitrine  vraie  par  artério-sclérose  du 
cœur,  les  indications  sont  les  mêmes.  Alors,  comme  M.  H. 
Huchard  Ta  démontré  dans  son  mémoire  sur  l'angine  de 
poitrine  et  répété  maintes  fois  dans  ses  leçons  annuelles 
de  thérapeutique  et  de  clinique  médicales,  le  danger 
n'est  point  seulement  au  cœur;  il  est  ailleurs;  il  est 
plus  loin;  il  est  dans  la  tonicité  des  vaisseaux  périphé- 
riques; il  est  dans  l'hypertension  vasculaire.  Sans  pré- 
tendre paraphraser  un  mot  célèbre,  on  pent  dire  :  l'en- 
combrement vasculaire,  voilà  le  danger;  l'hypertension 
artérielle,  voilà  l'ennemie,  et  ajouter,  dût-on  s'exprimer  à 
la  manière  de  M.  de  la  Palisse  :  pour  éviter  la  première, 
c'est  donc  la  seconde  qu'il  faut  combattre. 

Ces  indications  ne  sont  pas  les  seules  ;  MM.  Potain  et  Fran- 
çois Franck  ont  établi  que  dans  Vinsuffisance  aortique  il 
existe  de  Thyperlension  artérielle.  Dans  les  ai7thmies  orga- 
niques du  cœur  avec  dégénérescence  partielle  du  myocarde  il 
y  a,  de  l'avis  de  M.  G.  Sée  lui-même,  impuissance  fonc- 
tionnelle des  fibres  musculaires  altérées.  A  la  diff'érence  de 
ce  qu'on  observe  dans  les  arythmies  d*origine  nerveuse,  une 
diminution  de  la  tension  artérielle  rétablira  donc  l'équi- 
libre entre  l'efl'ort  exercé  par  le  cœur  et  la  résistance  oppo- 
sée par  les  petits  vaisseaux.  N'en  est-il  pas  de  même  dans 
la  néphrite  interstitielle  si  justement  dénommée  artérielle 
par  M.  Lancereaux?  Celte  néphrite  n'est-elle  pas,  comme 
on  l'a  écrit,  «  une  maladie  du  système  artr  riel  avant  d'être 
une  maladie  du  cœur  )>.  L'hypertension  artérielle  en  est 
tout  à  la  fois  l'un  des  symptômes  précoces  et  l'un  des  fac- 
teurs pathogéniques. 

N'en  est-il  pas  ainsi  dans  Vhypertrophie  cardiaque  de 
croissance  étudiée  pour  la  première  fois  par  Stokes  et 
Pfaff? 


11\    —  «•  48  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       29  Novembre  1889 


En  1885,  H.  G.  Sée  déclarait,  à  ce  propos,  que  Tiodure 
de  poiassiuiu  «  esl  ua  modificateur  puissant  des  muscles, 
surtout  du  myocarde,  en  même  temps  que  des  vaisseaux 
dont  il  augmente  l'énergie  contractile  ».  D'après  les  faits 
cliniques,  il  afOrmait  avec  raison  la  curabiliié  de  ces 
affections  par  Tiodure  de  potassium.  Eu  1885,  le  fait  cli- 
nique était  indéniable;  mais  le  mécanisme  de  ces  guéri- 
sons  était  encore  obscur.  Depuis  1887  et  en  1889,  il  en  est 
autrement  :  Faction  vasculaire  des  iodiques  a  été  démon- 
trée et  cette  démonstration  a  elle-même  donné  la  raison  de 
la  théorie  que  Ton  cherchait  depuis  si  longtemps  sans  la 
trouver.  Si  les  iodi<|ues  diminuent  le  travail  du  cœur 
hypertrophié,  c'est  qu'ils  abaissent  l'hypertension  arté- 
rielle; s'ils  soulagent  le  myocarde,  c'est  qu'ils  atténuent  la 
tonicité  artérielle.  Entre  la  théorie  myocardique  de  1885  et 
l'expérimentation  physiologique  de  1887,  il  faut  donc 
choisir,  et  on  doit  restituer  à  la  médication  artérielle  ce 
qui,  ajuste  titre,  lui  revient. 

Dans  Vaortile  aiguës  dans  V artériosclérose,  il  en  est 
encore  de  même.  Due  période  d'hypertension  artérielle  en 
marque  le  dcbut  et,  pour  certain  auteurs,  en  est  même  la 
cause  :  d'où  la  nécessité  d'abaisser  cette  hypertension  pour 
régulariser  le  cœur  et  prévenir  l'hypersyslolie.  Plus  tard,  à 
la  période  d'asystolie,  il  en  est  autrement;  l'heure  des 
iodiques  et  des  médicaments  artériels  est  passée;  celle 
des  médicaments  cardiaques  et  de  la  digitale  est  venue. 

Voila  donc  les  arguments  cliniques  qui,  à  défaut  d'autres, 
sont  suffisants  pour  gagner  le  procès  de  la  médication  arté- 
rielle, si,  à  l'heure  actuelle,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  cette 
cause  avait  besoin  d'être  plaidée. 

Encore  un  mot  :  la  matière  médicale  possède  des  toniques 
du  cœur,  médicaments  musculaires  ou  médicaments  ner- 
vins,  qui,  on  me  permettra  l'expression,  sont  des  cardiaques 
directs;  parcontreelle  est  pauvre  en  agents  susceptibles  de 
modifier  la  circulation  périphérique,  qu'ils  soient  vaso-dilata- 
teurs, comme  les  iodures,  ou  vaso-constricteurs,  comme 
l'ergot  de  seigle.  Ces  médicaments  vasculaires  jouent 
aussi,  mais  secondairement  seulement,  le  rôle  de  car- 
diaques. Ceux-là  diminuent  la  tonicité  artérielle,  ceux-ci 
l'augmentent.  Les  premiers  sont  donc  des  médicaments 
artériels?  Oui  sans  doute  ;  mais  ce  sont  aussi  des  cardiaques 
indirects. 

C'est  à  ce  point  de  vue,  et  à  ce  seul  point  de  vue,  que 
l'on  peut  revendiquer  en  faveur  des  iodures  le  titre  de 
médicaments  cardiaques.  J'insiste;  cette  remarque  n'est 
point  superflue,  au  moment  où  on  établit  solennellement, 
el  bien  à  tort,  une  comparaison  entre  la  digitale  et  l'iodure 
de  potassium.  Jusqu'ici  la  cardiothérapie  nous  avait 
périodiquement  réservé  des  surprises  :  il  n'y  avait  pas  lieu 
de  s'en  étonner  dans  ce  temps  où  les  surprises  thérapeu- 
tiques ne  sont  pas  rares.  Qu'elle  essaye  de  nous  conduire 
à  des  hérésies  thérapeutiques?  De  grâce,  ce  serait  trop. 

IV 

A  quelle  période  des  maladies  artérielles  ou  des  affec- 
tions cardiaques  adminislrera-t-on  les  iodiques?  Est-ce  dans 
leur  phase  avancée,  quand  l'asystolie  est  définitive?  Non  : 
à  ce  moment  il  est  trop  lard.  Le  malade  n'est  plus  un  arté- 
riel, mais  un  cardiaque;  atténuer  l'hypotension  artérielle 
ne  suffit  plus;  il  faut  faire  appel  à  la  tonicité  des  fibres 
myocardiques  demeurées  intactes  ou  de  celles  qui  sont 
médiocrement  compromises.  C'est  le  moment  de  la  digitale, 


des  toniques  cardiaques  et  des  médicaments  de  soutien. 
En  effet,  il  ne  faut  pas  croire  que  la  médication  iodurét 
doit  être  poursuivie  aveuglément  dans  tout  le  cours  des  car- 
diopathies artérielles.  Non,  celles-ci  arrivent  un  jour  ou 
l'autre  à  la  période  d'hypotension  artérielle,  c'est  le  mo- 
ment de  cesser  l'administration  des  iodures;  la  prolon<;et 
plus  longtemps  serait  préparer  ces  accidents  que  M.  liu- 
chard  range  sous  le  nom  d'asystolie  iodique.  N'existe-t-il 
pas  d'ailleurs  une  asyslolie  par  abus  de  la  digitale?  Autiv 
chose  est  donc  de  préconiser  magistra  ement  un  agent 
thérapeutique,  autre  chose  aussi  de  le  prescrire  ù  son  heure. 
Quand  il  s'agit  d'une  action  thérapeutique,  la  physiologit- 
perd  quelquefois  ses  droits,  mais  la  clinique  reprend  tou- 
jours les  siens. 

L'emploi  des  iodiques  doit  conséqueinment  être  précoce. 
On  les  prescrira  dès  le  début  contre  l'artério-sclérose  et  l.-i 
néphrite  interstitielle,  dès  que  l'on  soupçonnera  le  proces- 
sus scléreux,  dans  les  myocardites,  l'angine  de  poitrine  vraie, 
l'aortite  et  les  anévrysmesde  l'aorte,  en  un  mot,  dèsquei'o/i 
reconnaîtra  Texagération  de  la  tension  vasculaire.  C'est  de  \^ 
précocité  du  traitement  que  dépendent  les  succès.  C'esl  à  sa 
précocité  et  à  sa  continuité  que  l'on  doit  attribuer  les  amé- 
liorations et  parfois  les  guérisons  obtenues.  Au  demeurant, 
on  ne  saurait  trop  le  répéter,  c'est  dans  la  phase  initiale  de 
ces  affections,  je  veux  dire  dans  leur  période  vasculaire,  que 
l'on  doit  administrer  les  iodiques  :  c'est  seulement  à  et* 
moment  qu'ils  procurent  les  bénéfices  des  agents  de  soula- 
gement du  cœur. 

Pour  être  complet,  il  faudrait  discuter  la  posologie  dv 
cette  médication  et  les  moyens  de  diminuer  l'intolérance 
de  certains  malades  pour  les  iodiques.  Aux  dose^  faibles  et 
quotidiennes  d'un  demi-gramme,  employées  par  les  tbéra- 
peulistes  timides,  les  iodures  alcalins  sont  impuissants  à 
procurer  un  bméfice  comme  agents  vasculaires.  Les  d<i>e> 
fortes  et  massives  de  8  à  lOgrammes  par  jour  sont  des  dose> 
d  exception.  A  moins  de  frapper  un  grand  coup,  dans  des 
cas  menaçants  et  graves,  il  n'y  a  guère  lieu  d'employer  le> 
doses  énormes  de  1:1,  15  et  même  20  grammes  préconisée> 
par  Haslund  dans  les  dermatoses. 

Les  doses  moyennes  de  2  à  6  grammes  par  jour 
sont  usuelles  el  nettement  vasculaires.  A  cette  dose  en 
solution,  ou  bien  de  préférence  en  large  dilution  dans  une 
eau  minérale  alcaline,  l'iodure  de  sodium  est  bien  toléré. 
Au  reste  je  n'insiste  pas  sur  les  conditions  de  celte  tolé- 
rance :  elles  restent  à  l'étude,  et  pour  les  déterminer  il  y  a 
lieu  à  de  nouvelles  recherches  physiologiques  et  cliniques. 

Mais  l'iodure  de  sodium  n'obtient  pas,  il  faut  l'avouer, 
les  préférences  de  tous  les  Ihérapeutistes.  Quelques-ans 
d'entre  eux  n'appréhendent  pas  les  inconvénients  bien 
connus  des  sels  de  potasse.  Ils  ne  possèdent  pas  la  crainte 
salutaire,  quand  elle  n'est  pas  exagérée,  de  la  potassiémie. 
Eh  bien,  les  avis  étant  partagés,  l'iodure  de  potassium 
n'agissant,  dit-on,  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  que  par  s:t 
transformation  en  iodure  de  sodium  dans  l'organisme,  il 
est  de  bonne  thérapeutique  de  préférer  l'iodure  du  premier  à 
l'iodure  du  second,  et  de  ne  pas  imposer  à  l'organisme  le 
soin  superflu  de  dédoubler  le  second,  afin  d'absorber 
le  premier. 

Les  autres  iodiques,  entre  autres  l'iodure  de  lithium  et 
l'iode,  ont  été  jusqu'à  présent  peu  employés  comme  a{;en(s 
de  la  médication  vasculaire.  L'iodure  de  lithium  convient 
aux  goutteux  en  puissance  d'artéiio-sclérose,  cela  va  sans 
dire.  L'iode  en  teinture,  à  la  dose  de  cinq  à  dix  gouttes  par 


âO  Novembre  1889       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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jour,  ou  bien  sous  forme  de  sirop  iodotannique,  rend  des 
services  que  Ton  est  trop  disposé  à  oublier,  quand  Tinlo- 
lérance  pour  les  iodures  alcalins  est  un  obstacle  absolu  à 
leur  emploi.  Enfin,  Tiodeforme  adminislré  à  Tintérieur 
comme  agent  vasculaire,  est  un  médicament  encore  à 
l'essai. 

Ici,  il  me  faudrait  parler  de  l'emploi  de  Tiodure  d'amyle, 
médicament  intéressant  à  étudier,  bien  différent  de  l'iodure 
d'éthyle,  et  que  j'expérimente  actuellement  au  double 
point  de  vue  pbysiologîque  et  thérapeutique;  il  me  fau- 
drait aussi  discuter  l'action  eupnéique  des  iodiques  contre 
les  dyspnées  cardiaque  et  pulmonaire.  Tout  n'a  peut-être 
pas  été  dit  sur  ces  points  discutés  de  physiologie  et  de 
thérapeutique.  Au  demeurant,  un  fait  pratique  est  acquis  : 
avocats  et  adversaires  de  l'un  ou  de  l'autre  de  ces  iodiques 
le  proclament,  l'expérience  le  justifie,  à  savoir,  comme  je 
l'ai  déjà  écrit  plus  haut,  comme  je  le  répète  ici  encore, 
que  l'efficacilé  du  traitement  artériel  par  les  iodiques  ne 
dépend  point  autant  des  choix  de  l'un  ou  de  l'autre  de  ces 
agents  que  de  l'énergie  du  médecin  à  les  prescrire  et  de  la 
facilité  du  malade  à  les  ingérer. 

Dans  l'emploi  de  la  médication  artérielle,  la  persévé- 
rence  et  la  constance  sont  pour  le  Ihérapeutiste,  des  vertus 
cardinales.  Hors  de  là,  point  de  succès. 

•Ch.  Elov. 


CONTRIBUTIONS  PHARMACEUTIQUES 

Pommade  A  l'aelde  «ulfurlqoe. 

Un  certain  empirique  de  la  Normandie  soulage  les 
malades  atteints  de  douleurs  au  moyen  d'une  pommade 
dont  la  composition  est  secrète  et  qui  n'est  autre  qu'une 
pommade  au  vitriol. 

J'en  ai  eu  un  échantillon  sous  les  yeux  et  je  lui  ai  trouvé 
la  formule  suivante  : 

Axonge 7  grammes. 

Acide  sulfurique 1        — 

Malgré  celte  composition  un  peu  bizarre  au  premier 
abord,  il  parait  que  la  pommade  en  question  réussit  dans 
les  cas  de  névralgies,  arthralgies  localisées,  douleurs  rhu- 
matismales ou  goutteuses  et  surtout  dans  la  sciatique  où 
elle  parait  préférable  à  d'autres  révulsifs.  Elle  détermine 
une  légère  rougeur  à  la  peau,  et  une  sensation  de  chaleur; 
mais  jamais  de  vésication,  ni  d'eschare.  Je  crois  qu'il  y  a 
lieu  d'en  étudier,  de  plus  près,  les  effets. 

On  formulerait  ainsi: 

Axonge !28  grammes. 

Acide  sulfurique  pur i        — 

Ajoutez  l'acide  à  la  graisse,  petit  à  petit,  en  battant, 
sans  interruption,  dans  un  mortier  en  porcelaine.  Enfermez 
te  mélange  dans  un  flacon  à  l'émeri  à  large  ouverture. 

Cette  pommade  s'emploie  en  frictions  très  douces  sur  le 
point  douloureux. 

Pierre  Vicier. 


TRAVAUX   ORIGINAUX 

Cllnlf|iie  elilrurylçale. 

Anévrysme  sagciforme  de  la  portion  ascendante  de  la 

CROSSE    DE    l'aorte.   TRAITEMENT     PAR     L'ÉLECTROPUNC- 

TURE.  Mort  par  rupture  de  la  poche  dans  la  plèvre, 
par  H.  le  docteur  P.  Spillmann,  professeur  de  clinique 
médicale  à  la  Faculté  de  médecine  de  Nancy,  et  H.  le 
docteur  P.  Haushalter,  chef  de  clinique. 

Diagnostiquer  un  anévrysme  de  l'aorte  qui  a  soulevé  la 
paroi  thoracique,  reconnaître  le  siège  de  la  dilatation 
anévrysmale,  analyser  les  phénomènes  stéthoscopiques, 
interpréter  les  symptômes  douloureux  ou  de  compression 
dont  elle  est  l'origine,  prévoir  les  complications  et  les  acci- 
dents, c'est  là,  pour  le  clinicien,  œuvre  relativement  facile. 
Mais  il  est  permis  de  se  demander  si  en  face  de  cette  terrible 
affection,  le  médecin  doit  simplement  limiter  son  rôle  à 
celui  d'un  observateur,  se  bornant  à  appliquer  un  traite- 
ment palliatif  propre  tout  au  plus  à  soulager  un  instant  le 
malade  ou  à  occuper  son  esprit,  ou  bien  s'il  n'est  pas  de 
son  devoir  de  tenter  une  intervention  curative  en  cherchant 
à  provoquer  la  formation  de  caillots  destinés  à  transformer 
cette  poche  fluctuante  en  une  tumeur  solide,  d'enrayer  en 
un  mot  le  développement  de  Tanévrysme  et  de  prévenir  ou 
de  reculer  les  dangers  de  sa  rupture.  Nous  nous  posions  ces 
différentes  questions  au  lit  d'un  malade  atteint  d'un  ané- 
vrysme volumineux  de  l'aorte  ascendante,  dont  nous  allons 
rapporter  l'histoire. 

Obs. — B...,  soixante-cinq  ans,  courtier  en  bois;  nous  n'avons 
rien  à  signaler  dans  ses  antécédents  héréditaires. 

11  a  eu  un  rhumatisme  articulaire  aigu  en  1864;  n'est  pas 
syphilitique,  mais  a  fait  et  fait  encore  des  excès  alcooliques. 

A  la  fin  de  décembre  1887,  il  commence  à  ress»*ntir  des  dou- 
leurs tntrathoraciques,un  peu  de  dyspnée,  lorsqu'il  fail  un  effort, 
et  éprouve  une  certaine  difficulté  à  avaler  les  aliments  solides. 

Au  mois  de  février  1888,  il  voit  apparaître  entre  le  sternum 
et  le  mamelon  droit  une  petite  tumeur  qui  atteint  rapidement 
les  dimensions  d'un  œuf  de  poule,  et  dont  le  volume  va  du  reste 
en  augmentant  rapidement;  cette  tumeur  est  le  siège  de  douleurs 
assez  vives.  Mois  jusqu'au  moment  de  son  entrée  à  la  clinique, 
où  il  vient  le  15  avril,  le  mnlale  a  continué  son  métier  fatigant. 

C'est  un  homme  bien  constitué,  dont  l'état  général  est  encore 
bon;  il   se  plaint  uniquement  d'élancements  dans  la  tumeur 

au'il  porte  sur  le  thorax.  Il  respire  facilement;  seules  les  veines 
u  cou,  surtout  à  droite,  sont  légèrement  dilatées;  les  artères 
radiales,  un  peu  athéromateuses,  battent  régulièrement  et  syn- 
chroniquement. 

Sur  la  partie  droite  et  antérieure  du  thorax,  on  voit  s'élever 
une  saillie  globuleuse,  hémisphérique,  du  diamètre  d'une  tète 
de  fœtus  :  celt»^  saillie  s'étend  en  hauteur  depuis  le  bord  supé- 
rieur de  la  troisième  côte  jusqu'à  un  centimètre  au-dessous  de 
la  ligne  transversale  qui  unit  les  deux  mam-lons  ;  en  largeur,  lu 
tumeur  s'élend  du  bord  droit  du  sternum,  sur  lequel  elle 
empiète  un  peu.  jusau'au  delà  de  la  ligne  axillaire  droite,  au 
niveau  de  laquelle  elle  se  continue  insensiblement  avec  la  paroi 
thoracique  jusque  dans  l'aisselle;  l'arc  médian  de  la  tumeur 
mesure  15  centimètres  transversalement  et  longitudinalement. 
Sur  la  tumeur,  la  peau  est  un  peu  tendue  ;  au-dessus,  au-dessous 
et  en  dehors  on  sent  facilement  les  côtes,  dont  on  ne  constate 
plus  de  trace  au  nive<iu  de  la  saillie. 

Cette  tumeur,  dans  sa  totalité,  est  animée  d*un^ mouvement 
d'expansion  et  de  soulèvement  en  masse  dont  le  début  précède 
un  peu  le  pouls  radial. 

Le  thorax  est  mat  au  niveau  de  la  tumpur,  sonore  tout  autour; 
impossible  de  limiter  le  cœur  à  la  percussion,  ni  d'en  déterminer 
la  pointe  :  à  l'auscultation  du  cœur,  on  trouve  le  maximum  des 
bruits  de  la  pointe  entre  l'appendice  xiphoide  et  le  mamelon  ;  ils 
sont  sourds  et  éloignés. 

En  auscultant  la  tumeur,  on  entend,  au  moment  de  la  systole, 
un  bruit  sourd  coïncidant  avec  le  soulèvement  de  la  tète  qui 
ausculte;  au  deuxième  temps,  un  claquement  sec. 

La  respiration   est  emphysémateuse  à  droite,  il   existe  en 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        29  Novrmbrs  1889 


arrière  une  abolition  presque  complète  du  murmure  vésiculaire, 
coïncidant  avec  de  la  matité  de  la  base,  et  du  souffle  bronchique 
dans  la  fosse  intercapsulaire. 

Les  fonctions  digestives  s'accomplissent  normalement  ;  du 
resle,  il  ne  se  plaint  que  de  douleurs  lancinantes  au  niveau  de 
la  tumeur  ;  ces  douleurs,  très  vives  dans  le  décubitus  dorsal,  se 
calment  par  le  décubitus  latéral  droit. 

En  face  de  tous  ces  symptômes,  le  diagnostic  ne  pouvait  être 
hésitant  :  en  raison  du  siège  de  la  tumeur,  en  raison  du  soulè- 
vement en  masse  qui  suivait  la  systole,  du  synchronisme  des  pouls 
radiaux,  on  ne  pouvait  douter  de  l'exislènce  d'un  anévrysme 
sacciforme  de  la  portion  ascendante  de  Taorte,  développé 
sur  une  artère,  dont  une  atteinte  de  rhumatisme  «nrticulaire 
aigu  et  surtout  Fintoxication  lente  par  Talcool  avaient  altéré  les 
parois;  la  rapidité  avec  laquelle  il  avait  progressé  à  Texté- 
rieur,  la  facilité  avec  laquelle  il  se  laissait  déprimer,  l'ampli- 
tude de  son  expansion  systolique,  tout  nous  indiquait  sa  ten- 
dance envahissante  et  nous  faisait  craindre  que  sa  paroi  interne 
ne  fût  pas  tapissée  d'une  couche  épaisse  de  stratifications  iibri- 
neuses.  Sa  rupture  était  imminente,  soit  à  Texlérieur,  ce  (^ui 
est  rare,  soit  dans  le  thorax,  ce  qui  est  plus  habituel  :  mais,  d'un 
autre  côté,  la  tumeur,  hors  peut-être  la  bronche  gauche,  ne 
comprimait  aucun  organe  important  ;  il  n'existait  aucune  lésion 
de  Torifice  aorlique,  le  cœur  n'était  pas  hypertrophié  et  n'avait 
aucune  tendance  à  défaillir  :  ces  conditions  étaient  excellentes 
pour  tenter  de  transformer  l'ampoule  sacciforme  appendue  à 
l'aorte  en  un  bloc  solide,  qui  éloignât  les  dangers  d'une  rupture 
immédiate.  L'état  général  était  excellent.  Le  malade  désirait  et 
réclamait  une  intervention. 


à  amener  l'inflammation  et  la  suf>puration  de  cette  paroi;  pui> 
enfin,  cette  méthode,  employée  si  rarement,  n'a  pas  fait  suff- 
samment  ses  preuves  pour  que  nous  ayons  cru  devoir  remplovffr 
dans  le  cas  que  nous  discutons.  La  méthode  par  l'électropuur- 
ture,  qui  possède  à  son  actif  plus  d'une  centaine  de  cas,  où  son 
emploi,  s'il  n'a  pas  toujours  été  efficace,  a  été  au  moins  saa^ 
danger,  nous  semblait  off'rir  avec  plus  de  chances  de  succ.'-s, 
moins  de  causes  d'accidents. 

Le  16  avril,  avec  l'aide  de  M.  le  professeur  agrégé  Bagnèris, 
qui  veut  bien  nous  ofl'rir  le  concours  de  ses  connaissances  phy- 
siques, nous  pratiquons  dans  l'anévrysme  une  opération  d^eter- 
trolyse;  trois  aiguilles  en  platine,  minces  et  flexibles,  endoileç 
d'un  vernis  protecteur  jusqu'à  1  centimètre  de  la  pointe,  sont  in- 
troduites à  2  centimètres  environ  de  profondeur  au  sommet  de  la 
tumeur,  à  environ  1  centimètre  et  demi  de  distance  lune  de 
l'autre;  ces  aiguilles  sont  mises  en  communication  avec  le  pôle 
positif  d'une  pile  à  courant  constant  de  Schrôder  ;  contraire- 
ment à  certains  auteurs  qui  font  passer  par  la  poche  le  pôle 
négatif  ou  même  les  deux  pôles,  comme  Ciniselli  et  Duncan. 
nous  avons,  avec  Andersen,  préféré  y  placer  le  pôle  positif,  aui, 
dans  l'albumine  de  l'œuf,  provoque  la  formation  de  caillots  clurs 
et  résistants,  tandis  qu'au  pôle  négatif  se  forme  un  coaguluni 
mat,  spongieux,  contenant  dans  ses  mailles  des  bulles  de  gaz: 
de    plus  l'application   du  pôle   négatif  est  plus   douloureos^; 
peut-être  ces  dangers  du  pôle  négatif  ne  sont-ils  qu'illusoire. 
mais,  jusqu'à  nouvel  ordre,  il  est  permis  de  les  craindre  et  de 
les  éviter. 

Le  pôle  négatif  est  appliqué  sur  le  thorax  ou  Tabdoroen;  nous 
faisons  passer  pendant  une  heure  un  courant  dont  la  force  attcî- 


Tiacc  cardio]fra|)hiquo  pris  au  niveau  de  la  poche. 


Mais  pour  arriver  au  but  désiré,  quels  moyens  employer?  Il 
ne  pouvait  être  question  de  soumettre  notre  malade  a  la  diète 
sévère  d'Albertini  et  Valsalva,  qui  l'eût  amené  rapidement  à 
l'asystolie  ;  l'anplication  de  la  glace  sur  la  tumeur  pouvait,  par 
inflammation  au  sac,  amener  peut-être  la  formation  de  caillots  ; 
mais  l'action  do  la  glace  est  lente,  et,  du  reste,  le  froid  provoquait 
chez  notre  malade  des  douleurs  atroces,  qui  nous  forcèrent  à  en 
suspendre  l'application;  l'iodure  de  potassium,  qui  a  une  action 
si  réelle  et  si  efficace  sur  l'artérite  syphilitique  et  sur  les  pro- 
cessus scléreux  en  général,  ne  nous  semble  pas  pouvoir  produire 
la  rétraction  d'une  poche  développée  aux  dépens  d'une  artère 
malade;  il  ne  parait  pas  prouvé  non  plus  qu'il  favorise  la  coagu- 
lation du  sang  :  cependant,  nous  l'administrâmes  à  notre  malade 
durant  tout  le  temps  de  son  séjour  à  la  cliniaue,  à  la  dose  de 
A  grammes  par  jour;  mais  dans  un  cas  comme  le  nôtre,  l'action 
de  l'iodure,  si  tant  est  qu'elle  existât,  devait  être  lente.  Res- 
taient les  moyens  directs,  qui  ont  pour  but  de  produire  dans  la 
poche  une  formation  plus  ou  moins  rapide  de  caillots  :  nous 
voulons  parler  de  la  méthode  curative  de  Moore  et  de  l'électro- 
puncture. 

L'introduction  dans  la  dilatation  anévrysmale  de  corps  étran- 
gers, tels  que  fils  de  fer,  crins  de  Florence,  ressorts  de  montre, 
comme  l'ont  fait  Moore,  Baccelli,  Lépine,  ne  parait  pas  faire 
courir  de  risques  sérieux  au  malade,  comme  le  fait  ressortir 
Charmeil  {Rev.  de  méiL,  août  et  novembre  1887)  dans  un 
mémoire  intéressant  où  il  réunit  et  analyse  les  quinze  observa- 
tions d'anévryspe  de  l'aorte  traité  par  cette  méthode.  Mais  la 
présence  de  crins  de  Florence  dans  le  sac  anévrysmal  ne  semble 
pas  avoir  été,  dans  les  cas  où  le  procédé  fut  niis  en  usage,  un 
centre  bien  actif  de  coagulation;  l'introduction  dans  la  poche 
d'un  fil  de  fer  est  dangereuse  parce  qu'elle  peut  blesser 
la  paroi  opposée  au  point  où  il  a  été  enfoncé;  nuant  au  ressort 
de  montre  employé  par  Baccelli  et  par  Lépine,  il  a  l'avantage  de 
constituer  un  disque  ofl'rant  une  large  surface  à  la  coagulation; 
en  s'enroulant,  il  ne  risque  pas  de  olesser  la  paroi  interne  de 
l'anévrysme,  et  sa  forme  s'oppose  en  partie  à  ce  i|uil  traverse 
l'orifice  de  communication  de  la  poche  avec  l'aorte  ;  comme  l'ont 
prouvé  les  autopsies,  il  est  capable  de  provoquer  la  formation 
de  caillots;  mais  il  a  l'inconvénient  de  se  fragmenter  spontané- 
ment, au  bout  de  quelque  temps,  dans  la  poche  ;  la  présence  de 
son  extrémité  dans  la  paroi  externe  du  sac  nous  semble  propre 


gnait  25  milliampères;  pendant  la  séance,  le  malade  ressent  à 
peine  quelques  élancements  au  niveau  de  la  tumeur;  après  la 
séance,  les  battements  de  la  poche  ne  sont  pas  sensihiemeat 
modifiés. 

Le  lendemain,  17  avril,  le  malade  se  trouve  bien  mieux;  il  a 
bien  dormi;  la  tumeur  semble  légèrement  aplatie  vers  sa  partie 
interne  et  diminuée  dans  toutes  ses  dimensions  ;  et,  en  effet, 
l'arc  transversal  ne  mesure  plus  que  12  centimètres,  et  l'arc 
vertical  ii  centimètres;  cette  diminution  de  la  tumeur,  quelque 
temps  seulement  après  l'éleclrisation,  n'a  rien  qui  doive  sur- 
prendre, 'car,  comme  l'ont  remarqué  tous  les  opérateurs,  la 
rétraction  de  l'anévrysme,  qui  coïncide  avec  la  formation  de 
caillots,  n'a  lieu  que  quelques  heures  ou  Quelques  jours  après 
le  passage  du  courant,  peut-être  parle  fait  d'une  certaine  inflam- 
mation du  sac. 

Le  18  avril,  nous  faisons  une  nouvelle  séance  d'électrol ysf  ; 
au  lieu  d'aiguilles  de  platine,  qui  s'étaient  un  peu  altérées,  nous 
employons  des  aiguilles  en  acier  doré,  vernies  jusqu'à  1  centi- 
mètre de  la  pointe;  ces  aiguilles  sont  mises  en  communication 
avec  le  pôle  positif,  et  laissées  en  place  pendant  vingt  minutes  : 
progressivement,  la  force  du  courant  est  accrue  jusau'à  50  milli- 
ampères, maximum  où  nous  la  laissons  pendant  dix  minutes, 
pour  la  faire  redescendre  progressivement  jusqu'à  zéro. 

Après  la  séance,  la  partie  gauche  de  la  tumeur  semble  encon^ 
plus  affaissée  qu'avant,  et  elle  ofl're  certainement  une  résislance 
plus  grande  que  les  jours  précédents. 

Les  jours  suivants,  l'aspect  de  la  poche  anévrysmale  reste  le 
même  :  les  douleurs  sont  moins  vives  et  le  malade  réclame  une 
nouvelle  intervention  que  nous  pratiquons  le  25,  absolument  de 
la  même  façon  que  la  précédente.  Dans  chacune  de  nos  séances 
nous  avons  varié  le  point  d'application  des  aiguilles,  de  sorte 
que  les  neuf  piqûres  faites  dans  les  trois  séances  ont  ete 
réparties  d'une  façon  à  peu  près  régulim*e  sur  toute  la  surface 
kémisphérique  de  la  tumeur. 

Malheureusement,  les  jours  suivants,  les  douleurs  qui  s'étaient 
calmées,  reparaissent  plus  vives,  l'expansion  de  la  tumeur  rede- 
vient plus  forte^ses  dimensions  s'accroissent,  sa  surface  se  tend; 
le  malade,  à  peine  calmé  par  la  'morphine,  cesse  de  s'alimen- 
ter; il  est  privé  de  sommeil;  on  le  trouve  mort  dans  son  lit  h* 
2  mai. 

Voici  quels  furent  les  résultats  de  l'autopsie. 


29  Novembre  1889      GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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Autopsie.  —  Le  tissu  cellulo-adipeux  sous-cutané  est  assez 
développé. 

Apn>s  avoir  enlevé  les  organes  abdominaux,  sans  léser  le 
diaphragme,  on  voit  la  partie  droite  du  diaphragme  faire  saillie 
vers  la  cavité  abdominale,  tandis  que  la  partie  gauche  conserve 
sa  concavité  normale. 

Lorsque  le  plastron  thoracique  est  détaché  sur  ses  parties 
latérales,  nous  constatons  dans  la  cavité  pleurale  droite  une 
masse  considérable  de  caillots  cruoriques,  dont  le  poids  est  de 
3  kilogrammes.  La  plèvre  droite  est  épaissie;  sa  surface  interne 
est  tapissée  d*un  lacis  fibrineux  témoignant  d*une  inflammation 
relativement  récente. 

Dans  la  cavité  pleurale  droite,  on  voit  h  la  partie  interne,  vers 
le  sternum,  un  orifice  à  bords  déchiquetés  grand  comme  une 
pièce  de  cinq  francs,  et  s'ouvrant  dans  la  poche  anévrysmale. 

Le  poumon  droit,  refoulé  vers  la  colonne  ver- 
tébrale, n*est  pas'atélectasié  ;  il  semble  avoir 
respiré  jusqu  à  Taccident  qui  a  amené  la  mort, 
sauf  dans  la  partie  oui  gntoure  immédiatement 
le  sac  anévrysmal,  laquelle  est  affaissée,  grise, 
compacte.  Le  poumon  gauche  est  emphyséma- 
teux, un  peu  œdémateux.  Les  grosses  bronches 
ne  sont  pas  comprimées. 

Le  tissu  cellulaire  des  médiastins,  épaissi, 
induré,  témoigne  d'une  inflammation  lente  et 
chronique. 

Cœur,  gros  vaisseaux^  anévrysme,  —  Le 
cœur,  plutôt  petit,  est  surchargé  de  graisse;  le 
myocardeest  pâle;  à  la  partie  postérieure  existe 
entre  les  deux  feuillets  du  péricarde  une  adhé- 
rence lâche,  sous  forme  de  cloisonnement  ver- 
tical incomplet. 

Origine  de  l'aorte,  —  A  son  origine,  l'aorte 
mesure  5  centimètres;  à  parlir  de  ce  moment 
elle  commence  à  se  dilater  progressivement,  au 
point  d'atteindre  9  centimètres  au  niveau  de 
l'endroit  où  elle  se  recourbe  rn  crosse. 

Crosse  de  l'aorte,  —  Toute  la  crosse  de 
Taorte  est  dilatée  en  masse,  surtout  à  sa  partie 
externe  et  droite,  dans  la  portion  qui  précède 
l'émergence  du  tronc  brachio-céphalique  ;  le 
diamètre  vertical  de  la  crosse,  pris  entre  la 
carotide  gauche  et  le  tronc  brachio-céphalique, 
est  de  6  centimètres;  après  l'émergence  de  la 
sous-clavière  gauche,  Taorte  conserve  encore 
ce  diamètre  dans  la  partie  descendante  de  la 
crosse  ;  puis  dans  sa  partie  thoracique  elle  at- 
teint assez  brusquement  le  diamètre  de  3  cen- 
timètres et  demi. 

Le  tronc  brachio-céphalique,  dilaté,  sinueux, 
présente  2  centimètres  de  diamètre;  la  carotide 
et  la  sous-clavière  gauche  dilatées  ont  chacune 
1  centimètre  de  diamètre. 

Après     l'émergence     de    la      sous-clavière 
gauche,  l'aorte  à  sa    partie   postérieure  offre 
une  pelite  élevure  papuleuse,  large  comme  deux  francs,  dure, 
résistante,  formée  par  une  masse  fibrineuse,  remplissant  un 
petit  anévrysme  cupuliforme. 

La  face  interne  de  l'aorte  est  sillonnée,  sur  toute  sa  surface 
interne,  de  traînées,  de  plaques  cartilaginiformes,  blanchâtres, 
sans  plaques  calcaires. 

Tout  le  tissu  conjonctif  périaortique  est  épaissi  et  adhérent. 

Anévrysme.  —  A  la  partie  externe  du  tiers  supérieur  de  la 
portion  ascendante  dn  la  crosse,  en  dehors  et  un  peu  au-dessous 
de  l'émergence  du  tronc  brachio-céphalique,  est  appendu  un 
anévrysme  sacciforme,  gros  comme  une  tête  de  fœtus. 

L'aorte  communrque  avec  Tanévrysme  par  une  ouverture 
grande  comme  une  pièce  de  cinq  francs,  à  bords  durs,  rugueux  ; 
après  un  très  court  pédicule,  dont  le  diamètre  est  de  6  centimè- 
tres, et  qui  semble  constitué  par  les  parois  artérielles,  la  tumeur 
prend  une  forme  assez  régulièrement  arrondie. 

Parois.  —  Abstraction  faite  de  la  partie  du  sac  qui  avoisine 
l'aorte  et  qui  parait  constituée  par  les  parois  de  celles-ci  dila- 
tées et  altérées,  le  reste  de  la  paroi  se  confond  avec  les  tissus 
avoisinants. 

En  arrière  et  en  dehors,  la  paroi  se  confond  avec  les  feuillets 
de  la  plèvre  épaissis  et  adhérents  entre  eux  à  ce  niveau,  et 
tapisses  à  leur  face  externe  d'une  coque  mince  de  poumon  até- 


lectasié;  c'est  là  que  s'est  formé  l'orifice  qui  fait  communiquer 
Tanévrysme  avec  la  cavité  pleurale  droite. 

En  avant  la  paroi  est  formée  uniquement  par  la  cage  thora- 
cique; la  face  externe  de  cette  paroi  comprend  la  peau,  et 
les  muscles,  amincis,  scléreux,  un  peu  ecchymotiques  et  ramollis 
par  places;  la  face  interne  est  constituée  uniquement  par  les 
côtes  et  les  espaces  intercostaux  où  les  aponévroses  et  les 
muscles  intercostaux  sont  en  partie  détruits.  Les  quatrième, 
cinquième  et  sixième  côtes  sont  comprises  dans  le  sac;  le  carti- 
lage de  la  quatrième,  libre  a  ses  deux  extrémités,  flotte  dans  la 
poche,  à  peine  maintenu;  la  partie  de  la  quatrième  côte,  qui  est 
comprise  dans  la  tumeur,  est  erodée, rouge,  friable;  la  cinquième 
côte  est  détachée  au  niveau  de  son  insertion  avec  le  sternum  ; 
elle  est  échancrée,  injectée,  prête  à  se  briser;  la  sixième  côte, 
à  peu  près  intacte,  traverse  la  partie  inférieure  de  la  poche.  Lo 


Pièce  vue  par  sa  Tare  (loslcrietirc. 

\.  Anévrysmo  cupuUrorme.  —  2.  Seciion  de  la  poche  faite  à  l'aulopsie.  —  3.  Orifice  de  rupture 

spontanée  de  la  poche. 

bord  droit  du  sternum  compris  dans  la  tumeur  est  largement 
échancré,  rugueux. 

Contenu  du  sac,  —  Autour  de  rorilice  de  communication  de 
l'aorte  avec  le  sac,  se  trouve  dans  le  sac  un  caillot  fibrineux, 
annulaire,  large  de  2  centimètres  environ,  assez  résistant. 

Le  reste  du  sac  est  tapissé  par  un  caillot  épais,  limitant  a 
son  centre  une  cavité,  grosse  environ  comme  une  mandarine  ;  à 
sa  partie  interne,  celle  qui  limite  la  cavité,  le  caillot  est  formé 
par  une  laine  de  fibrine  mince  ;  le  reste  est  constitué  par  un 
mélangi»  de  caillots  fibrineux  et  de  caillots  cruoriques.  enchevê- 
trés d'une  façon  irrégulière;  quelques-uns  de  ces  caillots  fibrineux 
se  présentent  sous  forme  de  petits  noyaux;  la  partie  adjacente  à 
la  paroi  du  sac  est  uniquement  cruorique.  Les  autres  organes 
ne  présenlent  rien  de  bien  spécial  à  signaler:  le  foie  est  un  peu 
granuleux,  gras;  les  reins  sont  petits,  un  peu  scléreux  ;  les 
artères  basilaires  sont  athéromateuses  ;  le  cerveau  est  sain,  un 
peu  œdémateux. 

Cette  autopsie  nous  a  donc  montré,  comme  nous  nous  y 
attendions,  qu'il  existait  un  anévrysme  sacciforme  de  la 
portion  ascendante  de  la  crosse  de  Taorte  qui,  au  début, 
avait  consité  probablement  en  une  petite  dilatation  cupuli- 
forme des  tuniques  altérées,  semblable  à  celle  que  nous 


778    —  M*  48  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       i9  Novembre  1889 


avons  trouvée  sur  la  portion  ascendante  de  la  crosse;  en  se 
développant  cette  petite  poche  s'était  constitué  des  parois 
aux  dépens  des  tissus  voisins,  plèvre  et  parois  thorariques 
et  étaitdevenue  l'énorme  sac  des  derniers  mois.  Les  caillots 
fibrineux  qui  tapissaient  la  face  interne  de  cette  poche 
avaient  été  décollés  avant  la  mort  par  le  sang  qui  s'était 
infiltré  entre  eux  et  la  paroi,  ainsi  gue  l'ont  prouvé  les 
caillots  cruorioues  trouvés  à  l'autopsie.  Pouvons-nous,  à 
l'aide  de  ces  (tonnées  anatomiques,  interpréter  les  phéno- 
mènes observés  pendant  la  vie,  et  déterminer  quel  a  été 
l'effet  sur  la  pocne  sanguine  du  passage  du  courant  élec- 
trique? 

Lorsque  le  malade  entra  à  la  clinique,  la  tumeur  ané- 
vrysmale,  parfailement  hémiphérique,  était  animée  de 
mouvements  d'expansion  en  masse,  et  sa  surface  présentait 
sur  toute  son  étendue  une  consistance  uniforme;  en  l'espace 
de  dix  jours,  du  16  au  "ib  avril,  elle  subit  des  modificatiims 
très  appréciables  et  dans  son  aspect  et  dans  sa  consistance; 
la  partie  interne  s'aplatit,  devint  plus  résistante,  les  dimen- 
sions de  la  tumeur  diminuèrentdel  centimètre  dans  le  sens 
vertical;  évidemment  ces  modifications  ne  pouvaient  corres- 
pondre qu'à  la  formaiion  de  dépôts  fibrineux  dans  le  sac. 
Ces  dépôts  fibrineux,  nous  les  avons  constatés  à  iautopsie 
sous  l'aspect  de  noyaux  sans  forme  bien  déterminée 
et  adjacents  à  la  paroi,  de  stratification  à  la  partie  in- 
terne, de  masse  annulaire  autour  de  l'orifice  de  com- 
munication de  la  poche  avec  l'aorte.  Or  la  formation 
incontestable  d'une  partie  au  moins  de  ces  caillots,  et  la 
diminution  concomitante  des  douleurs  ont  coïncidé  d'une 
façon  si  exacte  avec  l'application  de  l'électricité  à  l'intérieur 
du  sac,  qu'il  est  de  toute  évidence  qu'ils  en  sont  la  con- 
séquence ;  nous  croyons  que  le  passage  du  courant  électrique 
par  le  sac  a  été  la  cause  déterminante  de  ces  caillots  fibri- 
neux informes  que  nous  avons  signalés  ;  peut-être 
n'a-t-il  eu  aucune  action  immédiate  sur  la  rormation 
des  quelques  lames  fines  stratifiées  qui  tapissaient  la  face 
interne  de  ces  caillots,  et  qui  ont  bien  pu  être  déposés  à 
leur  surface  les  derniers  jours  de  la  vie,  non  plus  que  sur 
l'anneau  fibrineux  qui  entourait  l'orifice  de  communication. 
Quant  à  l'accroissement  rapide  de  la  tumeur  qui  s'est 
produit  dpns  les  derniers  moments  et  qui  a  coïncidé  avec  la 
recrudescence  des  douleurs,  il  est  dû  à  l'irruption  du  sang 
entre  les  caillots  et  la  paroi,  et  à  la  disjonction  des  caillots 
fibrineux;  la  pression  du  sang  compris  entre  les  caillots  et 
la  paroi  distendue  fut  la  cause  de  la  rupture  de  cette  der- 
nière en  son  point  de  moindre  résistance. 

Nous  ne  conclurons  pas  que  l'application  de  l'électricité 
a  prolongé  les  jours  du  malade,  mais  nous  pouvons  affirmer 
qu'elle  a  provoqué  la  formation  de  caillots  fibrineux  ;  tel 
est  le  moyen  qu'emploie  la  nature  pour  combler  les  dilata- 
tions vasculaires,  tel  est  le  but  auquel  doit  tendre  le 
médecin  dans  le  traitement  rationnel  des  anévrysmes;  ce 
but,  il  peut  espérer  1  atteindre,  au  moins  en  partie,  s'il 
intervient  avant  que  la  rupture  de  la  dilatation  artérielle 
ne  soit  devenue  imminente,  ou  avant  que  la  maladie  n'ait 
mis  l'organisme  dans  un  état  incompatible  avec  l'existence. 
Si,  tout  en  intervenant  activement,  le  médecin  place  son 
malade  dans  les  conditions  de  repos  physique  et  moral  les 
plus  complètes,  s'il  le  soumet  à  la  diète  lactée,  absolue  ou 
mitigée,  combinée  à  la  médication  iodurée,  il  semble,  qu'il 
a  fait  tout  ce  qui  est  rationnellement  possible  dans  le  trai- 
tement des  anévrvsmes  sacciformes  de  l'aorte. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Aeadémie  des  scleneea. 

SÉANCE     DU     18     NOVEMBRE     1889.  > 

Dk   I/EXANËN    OPUTHALMOSCOPIQUE  du   fond  de  L*(£fL   CHEZ  Lr  « 

HYPNOTIQUES,  par  M.  Luys.  —  On  sait  combien,  dans  ce.rUiu'  « 
phases  de  l'hypnose,  les  yeux  des  sujets  prennent  des  carart*  r--- 
Spéciaux. 

Uans  la  phase  cataleptique,  par  exemple,  les  globes  oculair»-- 
sont  fixés,  immobiles  eu  catalepsie  statique,  et  doués  d*un  ér)  * 
insolite.  L*hyperacuité  visuelle  des  sujets  annonce  que  la  vita- 
lité des  appareils  internes  est  le  siège  d'une  suractivité  cirruU- 
toire  concomitante. 

Dans  Tétat  somnambulique,  les  globes  oculaires  ont  récupt^tr 
leur  mobilité,  mais  ils  ont  encore  un  éclat  spécial  et  une  suracti- 
vité fonctionnelle,  qui  permettent  auK  sujets  somnamhuliqu'*- 
de  voir  des  détails  qui  échappent  à  lAtr  perception  lorsqoM- 
sont  à  Fétat  physiologique. 

J*ai  pensé  qu  il  serait  intéressant  de  se  rendre  compte,  à  Tait^ 
de  rophthalmoscope,  de  Tétat  circulatoire  du  fond  de  VœïU  d^ir»^ 
des  cas  semblables,  ei  de  constater  les  chanjifements  survcii-jv 
dans  les  réseaux  circulatoires.  La  solution  de  ce  problème.  ia<i^- 
pendamment  de  son  intérêt  intrinsèque,  pourrait  fournir  a& 
nouveau  signe  physique  qui  échappe  à  la  simulation,  eu  donnant 
un  moyen  de  contrôle,  utilisable  en  médecine  légale,  pour  apré- 
cier  lés  états  hypnotiques.  J'ai  donc  prié  M.  le  docteur  Hacrht, 
anciennement  attaché  à  la  chnique  ophthalmologique  de  L 
Facilité  de  médecine,  de  me  prêter  son  concours  pour  ces  recher- 
ches, et  je  rapporte  ici  le  résultat  de  ses  examens. 

Neuf  sujets  (six  femmes,  trois  hommes)  ont  été,  successive- 
ment, soumis  à  l'examen  ophthalmoscopique  du  fond  de  rœil. 
dans  les  périodes  de  catalepsie,  de  somnambulisme  lucide  ei 
dans  fétat  mixte  de  fascination. 

L'examen  des  yeux  de  chaque  sujet,  à  Tétat  normal,  a%-aii 
permis  d'enregistrer  l'état  de  coloration  du  fond  de  rœiJ,  et  d*- 
noter  l'existence  des  trois  zones  concentriques  de  la  rétine. 

Les  sujets  en  expérience  ayant  été  ensuite  pl'icés  en  période 
de  catalepsie,  Félat  de  pâleur  de  la  rétine  s*est  subitement 
modifié.  Les  papilles  ont  pris  une  teinte  de  coloration  rosée.  Le> 
trois  zones  concentriques  ont  perdu  la  netteté  de  leur  contour 
et  sont  devenues  confondues,  en  même  temps  que  les  veines  et 
les  artères  acquéraient  un  volume  beaucoup  plus  développé.  Cet 
état  hyperhémique  s'est  maintenu  tel  pendant  tout  le  temps  qui 
le  sujet  est  resté  en  période  de  catalepsie.  Nous  avons  noté,  en 
outre,  que  l'iris  était  très  dilaté  et  presque  insensible  k  la 
lumière.  Cet  état  spécial  d'hvperhémie  de  la  rétine  s'est  prêseuic 
avec  les  mémos  caractères  dans  la  phase  de  fascination. 

Dans  la  période  de  somnambulisme  lucide,  nous  avons  encon* 
constaté  que  l'état  de  la  circulation  du  fond  de  l'œil  se  présenta  il 
avec  les  mêmes  caractères  généraux  que  précédemment,  au 
point  de  vue  de  l'ampliation  des  réseaux  circulatoires.  Sou^ 
avons  seulement  noté  une  certaine  diminution  d'intensité  daiw 
la  coloration  de  la  papille,  qui  était  d'un  rose  moins  vif  qtit* 
précédemment. 

Dans  cette  phase  somnambulique,  l'iris  était  plus  facile  à  s«» 
mouvoir;  il  était  devenu  plus  sensible  à  la  lumière,  et  se  laissent 
plus  aisément  dilater  par  l'action  dd  ses  rayons. 


Académie  de  médeelne. 

SÉANCE  DU  26  NOVEMBRE  1889.   —  PRÉSIDENCE   DE 
M.   MOUTARD-MARTIN. 

Rapport.  —  M.  L.  Le  Fort,  au  nom  de  la  Commission 
dont  il  fait  partie  avec  MM.  Péan  et  Labbé,  lit  un  rapport  : 
1*  sur  une  noie  de  M.  Nicaise,  ayant  pour  titre  :  De  la  f/a.v- 
trotomie  dans  les  rétrécissements  cancéreux  de  rwio- 
phage;^""  sur  un  travail  de  M.  Kirmisson,  intitulé:  Du 
cnthétérisme  à  demeure  dans  le  trnitement  des  rétrécisse- 
ments cancéreux  de  Vœsophage;  3""  sur  une  note  de  M.  Le 
Dentu  sur  Vœsophagotomie  à  séances  multiplts. 

D'un  certain  nombre  de  faits  déjà  publiés,  M.  Le  Fort 
déduit  les  conclusions  suivantes  : 


i9  NoTRMBRE  1889       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N-  48  ^    779 


l"*  Bien  qu*il  y  ait  quelques  rares  exceptions,  on  peut 
4^  oser  comme  règle  que  l'introduction  des  aliments  directe- 
*inent  par  la  fistule  gastrique  est  insuffisante  pour  entrelenir 
't-i.  ne  nutrition  complète,  si  ces  aliments  n*ont  pas  été  inipré- 
S  nés  ou  mélangés  de  salive  ; 

2"*  Lorsque  la  gastrostomie  a  été  suivie  de  gucrison,  il 
faut  par  tous  les  moyens  possibles  s'elï'orcer  de  rendre  a 
l^cesoph.'ige  sa  perméabilité  ou  tout  au  moins  une  perinéabi- 
I  ité  suffisante  pour  que  l'ingestion  de  la  salive  soit  possible 
ou  facile. 

Le  rapporteur  propose  de  renvoyer  ces  trois  mémoires  au 
oomité  de  publication. 

Vaccine  ulcéreuse.  —  M.  Hervietix  s*est  rendu  le 
-16  novembre  à  Hazebrouck  visiter  les  enfants  victimes  de 
l'épidémie  de  La  Motle-aux  Bois,  dont  il  avait  parlé  à  l'Aca- 
démie dans  la  séance  du  24  septembre  dernier.  Cbaque 
<^nfant  fut  mis  nu  des  pieds  à  la  télé  et  complètement 
examiné.  Or  voici  ce  qui  résulte  de  cet  examen  : 

l"*  L*épidémie  de  La  Motte-aux-Boisest  terminée; 

â""  Tous  les  ulcérations  correspondant  aux  piqûres  vac- 
cinales; toutes  sans  exception  sont  complètement  cica- 
trisées ; 

3''  La  plupart  des  adénopathies  observées  lors  de  la  pre- 
mière visite  de  M.  Hervieux  à  La  Motte-aux-Bois  ont 
complètement  disparu  ; 

4''  L'impétigo  est  la  seule  concomitance  digne  d  une 
mention  que  H.  Hervieux  ait  observée  sur  les  quarante- 
trois  sujets  soumis  à  son  examen  ; 

b*"  Une  jeune  femme  de  vingl-six  ans  qui  avait  présenté 
sur  la  paupière  inférieure  gauche  une  ulcération  d'aspect 
chancreux,  selon  loute  apparence  au  contact  di^  son  enfant, 
était  complètement  guérie;  à  la  place  qu'occupait  cette 
ulcéralion,  il  n'existait  plus  qu'une  tache  rougeàtre,  sans 
induration  des  lissus.  Cette  femme  ne  parait  avoir  éprouvé 
aucun  accident  consécutif. 

Le  vaccinifere,  jeune  prarçon  de  neuf  ans,  n'avait  plus  les 
adénites  ganglionnaires  qu'il  avait  au  mois  de  septembre  et 
l'exploration  la  plus  minutieuse  ne  révélait  chez  lui  aucun 
phénomène  morbide.  Le  traitement  a  été  purement  externe. 
Chez  aucun  des  petits  malades  il  n'a  été  inslilué  de  traite- 
ment anlisyphiliiique.  Ainsi  l'épidémie  a  pris  fui  et 
M.  Hervieux  était  pleinement  autorisé  à  révoquer  en  doute 
la  nature  syphilitique  des  accidents  de  La  Mottc-aux-Bois. 

Du  moment  qu'il  ne  s'agit  plus  de  virus  syphilitique,  reste 
à  savoir  quel  est  le  virus  qui  a  déterminé  chez  les  quarante- 
trois  vaccinés  les  accidents  dont  s'est  émue  la  population 
de  La  Motte-aux-Bois.  H.  Hervieux  discute  l'opinion  de 
M.  Yidaly  qui  croit  à  l'origine  ecthymateuse  de  la  maladie; 
mais,  si  les  auto  inoculations  expérimentales  d'ecthyma  et 
d'impétigo  ont  réussi,  il  n'en  est  pas  de  même  des  inocula- 
tions de  l'ecthyma  à  l'homme  sain.  D'ailleurs  le  vaccinifere 
à  l'époque  où  il  a  fourni  le  vaccin  n'offrait  en  aucun  point  du 
corps  de  pustule  d'ecthyma. 

Celte  épidémie  ofTce  un  précieux  enseignement  :  elle 
montre  qu'avant  de  déclarer  syphilitiques  des  accidents 
observés  après  la  vaccine,  il  faudra  dorénavant  peser  mûre- 
ment les  faits.  Le  diagnostic  pourra  rester  enveloppé  de 
grandes  obscurités,  mais  la  temporisation  jusqu'à  l'époque 
présumée  des  accidents  secondaires  tranchera  toujours  la 
question. 

M.  Vidal.  L'ecthyma  est  parfaitement  inoculable  de 
l'homme  malade  à  Ihoinmesain,  comme  l'ont  montré  les 
faits  de  Vincenzo  Tarturri  et  d'Ainilcare  Ricordi 

Dans  la  prochaine  séance,  à  propos  du  procès-verbal, 
M.  Kirfa/ demandera  la  parole  pour  rapprocher  de  Tépi- 
dém  e  de  La  Hottesous-Bois  l'épidémie  d  Ëberfeld,  qui 
présente  avec  elle  de  nombreux  points  de  comparaison. 

Discussion  sur  la  tuberculose.  —  M.  Hardy.  Les  con- 
clusions de  la  Commission  sont  sages  et  le  but  qu'elle 


poursuit  est  louable,  mais  M.  Hardy  craint  qu*on  n'y  arrive 
pas  par  la  publicité  extraordinaire  que  l'on  demande.  Il 
reconnaît  sans  difficulté  que  la  tuberculose  et  particulière- 
nieiit  celle  qui  attaque  le  système  respiratoire  est  conta- 
gieuse et  inoculable,  mais  il  voudrait  qu'on  le  criât  moins 
haut.  D'ailleurs  les  conditions  dans  lesquelles  se  fait  cette 
contagion  ne  sont  pas  très  nettes.  Tout  le  monde  ne  peut 
pas  devenir  tuberculeux,  même  en  vivant  au  milieu  des  cir- 
constances les  plus  favorables  au  développement  de  cette 
maladie. 

Comment  devient-on  tuberculeux?  M.  Hervieux  place  en 
première  ligne  rinfluence  héréditaire,  puis  l'affaiblissement 
de  Féconomie  par  toutes  les  causes  dépressives:  nourriture 
insuffisante,  habitation  malsaine,  mal  aérée,  travail  exagéré, 
chagrins,  excès  de  tous  genres  ;  mais  il  ne  croit  pas,  comme 
M.  Lancereaux,  que  l'abus  des  boissons  alcooliques  soit  une 
des  causes  prédisposantes  les  plus  fréquentes  de  la  tubercu- 
lose. Parmi  les  &iuses  dépressives,  il  ne  faut  pas  oublier  de 
mentionner  une  faiblesse  native  de  constitution,  un  tem- 
pérament lymphatique  très  prononcé  et  la  scrofule. 

Une  autre  strie  de  causes  susceptibles  de  servir  de  porte 
d'entrée  à  la  tuberculose,  ce  sont  certaines  affections  de 
l'appareil  de  la  respiration,  la  rougeole,  la  coqueluche 

Quant  aux  cas  de  contagion  de  l'homme  a  Thomme,  on 
en  a  certainement  exagéré  le  nombre  et  les  faits  de  propa- 
gation de  la  maladie  par  les  aliments,  par  le  lait,  parla 
chair  musculaire  n'ont  pas  été  suffisamment  prouvés. 

La  tuberculose  se  manifeste  principalement  chez  des 
sujets  prédisposés  par  l'influence  héréditaire  ou  débilités. 
Il  faut  donc,  autant  mie  possible,  modifier  le  terrain;  et  les 
maladies  à  la  suite  desquelles  peut  apparaître  la  tubercu- 
lose :  rougeole,  bronchite,  coqueluche,  diabète,  doivent 
être  Tobjet  de  soins  très  minutieux. 

La  Commission  recommande  certaines  précautions  visant 
les  aliments,  l'air  aspiré,  les  crachats,  les  chambres  habi- 
tées par  les  malades.  Ces  précautions  ne  sont  pas  toujours 
pratiques. 

La  chair  musculaire  des  animaux,  qui  sert  particulière- 
ment à  l'alimentation,  n'est  généralement  pas  tuberculeuse. 
Les  organes  dans  lesquels  siègent  les  tubercules  ne  sont 
habituellement  p:is  mangés. 

Quant  aux  crachats,  dans  les  familles  riches,  on  ne  crache 

fias  par  terre,  ni  sur  les  murs,  et  dans  les  familles  pauvres, 
es  conseils  que  pourra  donner  l'Académie  ne  serviront  pas 
à  grand'chose. 

Au  point  de  vue  des  malades  eux-mêmes,  les  instructions 
pratiques  que  l'on  propose,  si  elles  étaient  mises  à  exécu- 
tion, leur  feraient  croire  leur  maladie  encore  plus  grave 
qu'elle  ne  l'est  en  réalité.  Il  faut  s'en  remettre,  pour  cela, 
aux  soins  du  médecin  traitant. 

M.  Hardy  termine  ainsi  :  «  Quant  aux  conseils  spéciaux 
relatifs  à  la  contagion  d^  la  tuberculose,  je  repousse  plus 
fortement  encore  leur  publicité;  au  nom  de  l'humanité,  il 
m'en  coûte  de  considérer  le  tuberculeux  comme  un  paria, 
dont  il  ne  faut  pas  s'approcher.  Si  on  suivait  à  la  lettre  les 
conseils  de  certains  médecins  ultra-contagionnistesje  crain- 
drais, comme  on  l'a  déjà  si  bien  dit,  que  les  maladies  ne 
fussent  abandonnés,  ou  du  moins  qu'ils  ne  reçussent  pas 
tous  les  soins  thérapeutiques  et  moraux  dont  ils  ont  besoin. 
Ce  sont  surtout  ces  dernières  considérations  qui  me  don- 
nent le  regret  de  ne  pouvoir  voter  les  propositions  de  la 
Commission,  en  tant  qu'elles  sont  destinées  à  être  adressées 
au  public,  yt 

—  En  comité  secret,  et  sur  le  rapport  de  M.  Cusco^ 
l'Acadi'mie  a  classé  de  la  manière  suivante  les  candidats 
à  la  place  déclarée  vacante  dans  la  section  de  médecine 
opératoire  :  1*  M.  Le  Dentu;  2*  M.  Terrier;  3°  M.  Nicaise; 
4«  M.  Périer;  5*  M.  Berger;  ()•  M.  Chauvel. 


780    —  N*  48  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        29  Novembre  18S9 


Société    médicale  des   liApliaux. 

SÉANCE   DU   22   NOVEMBRE    1889. —  PRÉSIDENCE 
DE   M.    DUMONTPALLIER. 

Antisepsie  des  organes  oriDaires  par  la  Toie  interne  :  M.  F.  Drey- 
fous.  —  Canoer  de  l'eatomao  ohez  un  jeune  homme  de  dix-huit  ans  : 
M.  Debove.  —  Ictère  par  résorption  dû  &  la  rupture  de  la  vésicule 
biliaire,  hémophilie,  ohez  un  enfant  d'un  mois  :  M.  Haye  m.  —  A 
propos  des  hématozoaires  du  paludisme  :  M.  A.  Laveran. 

M.  Ferdinand  Dreyfous  fait  une  communicalion  sur 
Vantisepsie  des  organes  urinaires  faite  avec  le  salol 
administré  par  la  voie  interne.  (Sera  publiée.) 

M.  Chantemesse  demande  si  le  salol  agit,  dans  ces  cas, 
en  nature  ou  bien  par  le  produit  de  sa  décomposition  dans 
l'organisme? 

M.  Dreyfous  rappelle  que,  sous  Tinfluence  du  suc  pan- 
créatique, le  salol  se  décompose  dans  Tinteslin  en  acide 
salicylique  et  en  acide  phénylsulfurique.  C*est  sous  laforme 
de  phénylsulfate  de  soude  gue  lacide  phénique  est  éliminé 
par  les  reins.  Quant  à  l'acide  salicylique,  il  est  facile  d'en 
prouver  la  présence  en  versant  quelques  goulles  de  per- 
chlorure  dans  l'urine.  Le  salol  agit  comme  l'acide  salicy- 
lique, avec  cette  différence  que  l'acide  salicylique  est  mal 
toléré,  tandis  que  le  salol  est  parfaitement  supporté,  même 
h  une  dose  fort  élevée. 

—  M.  Debove  communique  une  observation  de  cancer  de 
l'estomac  survenue  chez  un  jeune  homme  de  dix-huil  ans. 
11  y  a  deux  mois,  au  cours  d'une  très  bonne  santé  appa- 
rente, survint  subitement  une  hématémèse  abondante,  et  le 
malade  rendit  environ  deux  litres  de  sang.  A  l'Hôtel-Dieu, 
on  diagnostiqua  à  cette  époque  un  ulcère  de  l'estomac  et 
Ton  ordonna  le  régime  lacté,  qui  parut  faire  merveille,  car 
au  bout  d'un  mois  le  malade  sortit  en  apparence  guéri.  Un 
mois  plus  tard  survint  une  nouvelle  hématémèse,  pour 
laquelle  ce  jeune  homme  entra  dans  le  service  de  M.  Debove 
à  l'hôpital  Ândral.  On  diagnostiqua  de  nouveau  un  ulcère 
de  l'estomac.  Les  vomissements  de  sang  se  répétèrent,  une 
anémie  grave  s'ensuivit,  une  ascite  considérable  se  déve- 
loppa et  le  malade  mourut  subitement  dans  une  syncope. 
A  l'autopsie,  on  trouva  une  dizaine  de  litres  de  liquide  dans 
le  péritoine  et  du  sang  dans  l'estomac  et  dans  les  intestins. 
Un  cancer  ulcéré,  étalé  en  nappe  et  large  environ  comme 
la  main,  siégeait  sur  la  petite  courbure  de  l'estomac,  tout 
près  du  pylore,  sans  intéresser  cet  orifice. 

Cette  observation  est  intéressante  en  raison  du  jeune  âge 
du  sujet,  en  raison  de  la  marche  aiguë  de  la  maladie,  et 
enfin  en  raison  de  l'ascite  très  abondante  présentée  par  le 
malade.  La  pathogénie  de  cette  ascite  est  assez  obscure. , 
Des  ganglions  cancéreux  allant  de  la  tumeur  au  hile  du 
foie  ont  bien  été  constatés  à  l'autopsie,  mais  ces  ganglions 
n'étaient  pas  assez  volumineux  pour  comprimer  la  veine 
porte  et  produire  une  ascite  aussi  rapide.  M.  Bard  (de 
Lyon)  et  un  de  ses  élèves  ont  fait  cette  année  une  étude  du 
cancer  de  l'estomac  chez  les  jeunes  sujets,  et  ils  ont  montré 
que,  dans  ces  conditions,  la  marche  de  la  maladie  était 
presque  toujours  aiguë. 

M.  Renaut  demande  à  H.  Debove  si  son  malade  avait  des 
antécédents  cancéreux  héréditaires  ou  s'il  était  arthritique. 

M.  Debove  répond  que  les  parents  sont  encore  vivants  et 
très  bien  portants.  Quant  à  l'arthritismc,  on  a  tellement 
étendu  son  rôle,  qu'il  ne  sait  où  ses  manifestations  com- 
mencent et  où  elles  s'arrêtent. 

—  M.  Hayem  communique  un  cAsàHctère  par  résorption 
et  d* hémophilie j  dû  à  la  rupture  de  la  vésicule  biHaire, 
chez  un  enfant  d*un  mois.  (Sera  publié  lorsque  l'examen 
histologique  aura  été^communiqué  à  la  Société.) 


M.  Ollivier  a  vu  plusieurs  fois  chez  de  très  jeunes  enfrrfi 
un  amincissement  considérable  des  parois  de  la  vésicu  \ 
si  bien  qu*une  perforation  semblait  prête  à  se  faire.  Depi  i 
longtemps  on  a  signalé  cet  amincissement  et  ces  perfori* 
lions  au  cours  de  la  fièvre  typhoïde. 

M.  Hayem  rappelle  que  son  petit  sujet  était  devenu  t*it^ 
d'un  coup  ictérique,  sans  avoir  souffert  d'aucun  troui-^ 
préalable. 

M.  Labhé  insiste  sur  la  rareté  des  cas  de  rupture  de  .1 
vésicule  biliaire  et  sur  leur  terminaison  ordinaire  par  pé.v 
tonite  suraiguê. 

}^.Sevestre  soutient  que,  chez  le  nouveau-né  âgé  de  qije> 
ques  jours  seulement,  l'ictère  est  très  fréquent;  tandis  qb-^ 
chez  Tenfant  âgé  de  plusieurs  mois  il  est  au  contraire  fo:: 
rare. 

M.  Chantemesse  rappelle  qu'expérimentalement  on  p^al 
injecter  dans  le  péritoine  des  animaux  une  bile  aseptiqu<-. 

M.  Féréol  insiste  sur  ce  fait  que  l'intéressante  communi- 
cation de  M.  Hayem  montre,  contrairement  aux  idées  con- 
rantes  en  clinique,  que  la  pénétration  de  la  bile  datb  It 
péritoine  peut  ne  pas  donner  lieu  à  une  péritonite  surai^'u^. 

—  M.  A.  LaveraUj  en  offrant  à  la  Société  son  travaii  sur 
les  hématozoaires  du  paludisme^  publié  récemment  dan> 
les  Archives  de  médecine  expérimentale^  rappelle  que  It-^ 
rechercbesde  Marchiafava  et  Celliontétéde  plusieurs  annét^^ 
postérieures  aux  siennes,  dont  elles  ont  été  simplement 
confirmatives.  Il  est  donc  surprenant  que  leurs audacieust'> 
réclamations  aient  pu  tromper  quelqu'un. 

Fernand  Widal. 


Soelété  de  ehlrarf^e. 

SÉANGBS   DU   14  ET  DU  21    NOVEMBRE   1889.  —  PRÉSIDEXCE 
DE   M.   LE   DENTU. 

Disoussion  sur  le  lymphadènome  :  MU.  Reolus.  Prengrueber.  Ouèno 
Routier.  Vemeuil,  Terrier,  Trèlat.  Berger.  Riunbert.  —  HysU- 
ropexie  sans  laparotomie  :  M.  Aesaky.  —  Plaie  de  l'estomac,  lapa- 
rotomie, suture:  M.  Jalaguier  (Discussion:  MM.  Reclus.  Cham- 
pionnière,  Kirmisson,  au6nu). 

H.  Reclus  communique  six  observations  de  lymphadénomt 
traité  par  Tarséniate  de  soude  à  l'intérieur  et  en  injt  c- 
lions  interstitielles  (voy.  Gazette^  n«  47,  p.  753). 

M.  Prengrueber  a  traité  de  cette  manière  trois  malade:>. 
qui  d'abord  ont  semblé  guéris.  Mais  l'un  d'eux,  après  avoir 
eu  plusieurs  récidives  lorsque  l'arsenic  était  suspendu,  si 
fini  par  succomber  cachectique.  Les  deux  autres  n'ont  pas 
été  suivis  après  résorption  de  leur  tumeur ganglionnairo. 
Un  quatrième  malade,  en  apparence  identique  aux  prôrr- 
dents,  n'a  été  aucunement  amélioré;  peut-être  même  s<iu 
état  s'est-il  aggravé. 

M.  Quènu  pense  qu'en  tout  cela  nos  connaissances 
diagnostiques  sont  encore  trop  imparfaites  pour  que  nou^ 
soyons  autorisés  à  conclure.  11  est  probable  que  dans  U 
lymphadènome  on  englobe  des  lésions  diverses.  Ni>u> 
sommes  même  encore  bien  peu  avancés  en  anatomie  patho- 
logique: nous  ne  savons  pas  ce  que  sont  les  variétés  de> 
hypertrophies  ganglionnaires.  Histologiquement,  on  peut 
presque  dire  que  l'hypertrophie  des  amygdales  est  un  Ivfn- 
phadénome,  et  cependant  sa  bénignité  est  extrême. 

M.  Routier  Si  recueilli  une  observation  intéressante  pour 
le  diagnostic.  Un  malade  avait  au  cou,  aux  aisselles,  au\ 
aines,  des  ganglions  hypertrophiés;  il  était  leucocythérniqu». 
Le  lymphadènome  fut  diagnostiqué,  mais  le  traitemon: 
arsenical  fut  nuisible  ;  or  il  s'agissait  de  tuberculose  e'. 
après  plusieurs  interventions  chirurgicales,  le  malade 
guérit.  M.  Routier  croit  qu'en  général  il  ne  faut  pas  opéri^r 


29  Novembre  1889       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N-  48  -    781 


le  lymphadénome  ;  il  a  cependant  enlevé,  après  échec  de 
Tarsenic^  une  tumeur  qui  comprimait  la  trachée  et  il  a  dû 
laisser  en  place  un  prolongement  qui  s'enfonçait  dans  le 
thorax.  Le  sujet,  enfant  de  neuf  ans,  a  eu  deux  ans  de 
survie. 

M.  Verneuil  constate  que  la  question  n'est  guère  plus 
avancée  qu'il  y  a  une  quinzaine  d'années,  époque  à  laquelle 
elle  a  déjà  été  discutée  par  la  Société.  C'est  que  toujours 
Tanatomie  pathologique  est  douteuse.  Le  diagnostic  reste 
non  moins  douteux.  Dès  lors  il  est  impossible  d'accorder  à 
M.  Reclus,  qu'il  faille  de  parlî  pris,  proscrire  le  bistouri. 
Tous  les  opérés  ne  meurent  pas,  en  effet,  et  M.  Verneuil  a 
communiqué  à  H.  Bergeron,  pour  sa  thèse  d'agrégation, 
l'observation  d'un  malade  qui  est  mort  de  pneumonie  six 
ans  après  l'extirpation  d'une  tumeur  énorme  :  celle  d'un 
autre  qu'il  a  rencontré  bien  portant  plusieurs  années  après. 
Il  faut   aussi   tenir  compte  des  lymphadénomes  bénins, 

(letites  tumeurs  que  M.  Verneuil  a  décrites  en  1853  et  sur 
esquelles  M.  Ricard  vient  d'attirer  l'attention  du  Congrès 
(le  chirurgie.  Or  le  diagnostic  de  ces  diverses  variétés  est 
bien  délicat,  sinon  impossible  :  c'est  à  l'étude  anatomîque 
et  pathologique  qu'il  faut  s'atteler,  la  question  thérapeu- 
tique n'est  pas  encore  mûre.  Au  demeurant,  M.  Verneuil 
est  partisan  de  l'arsenic,  dont  les  effets  sont  parfois  incon- 
testables. 

M.  Terrier  tient  de  M.  Cornil  que  le  diagnostic  anato- 
mique  entre  Thyperlrophie  simple  et  le  lymphadénome  est 
pour  le  moment  impossible.  En  clinique,  c'est  donc  bien 
pis  encore.  Aussi  est-il  indispensable  d'enlever  à  ces  malades 
un  ou  deux  ganglions,  de  pratiquer  avec  le  plus  grand  soin 
l'examen  histologique  et  bactériologique.  Alors  seulement 
on  aura  une  base  scientifique;  mais  actuellement  nous 
n'avons  pas  fait  un  pas  depuis  la  thèse  de  Bergeron.  On 
appelle  lymphadénome  tout  ganglion  volumineux  dont  on 
ignore  la  nature:  voilà  pourquoi  tous  les  traitements  donnent 
des  résultats  si  variables.  L'arsenic  est  sans  doute  bon,  mais 
M.  Terrier  désire  affirmer  que  si  les  injections  causent  des 
abcès,  c'est  qu'elles  ne  sont  pas  aseptiques;  M.  Terrier,  lui 
aussi,  a  fait  des  injections  au  naphtol,  à  Tiocloforme.  Il  a  eu 
un  abcès,  et  cette  fois  l'injection  avait  été  faite  par  l'externe 
du  service.  D'autre  part,  Tinjection  qui  fait  suppurer  est  un 
trauma  plus  sérieux  que  l'énucléation  d'un  petit  ganglion. 
Voilà  pourquoi  M.  Terrier  conseille  cette  biopsie,  qu'il  a 
pratiquée  plusieurs  fois  sans  donner  au  néoplasme  le 
moindre  coup  de  fouet.  II  pense  même  qu'on  est  en  présence 
d'une  infection  qui  gagne  de  ganglion  en  ganglion,  aussi 
faut-il  enlever  aussi  vile  que  possible  tout  ganglion  suspect. 
Il  ajoute  qu'il  a  enlevé  il  y  a  trois  ans  avec  M.  Terrillon  un 
lymphadénome  tesliculaire  qui  n'a  pas  encore  récidivé. 
L*examen  histologique  a  été  fuit  au  Collège  de  France. 

M.  Trélat  pense  comme  MM.  Quénu,  Verneuil,  Terrier. 
Il  connaît  les  hypertrophies  simples  dont  parle  M.  Verneuil, 
affection  rare  (et  dans  une  longue  pratique  M.  Verneuil  n'en 
a  recueilli  que  cinq  observations),  surtout  si  on  la  distingue 
bien  de  certaines  tuberculoses  torpides  sur  lesquelles  insiste 
M.  Trélat.  Pour  les  lymphadénomes  proprement  dits,  il  en 
est  de  bénins  et  de  malins,  sans  qu'on  puisse  le  dire  à 
l'avance.  Il  faut  donc  enlever  les  tumeurs  enlevables  ;  pour 
les  autres,  le  traitement  arsenical  est  sans  contredit  quel- 
quefois favorable.  L'ablation  précoce  conseillée  par 
M.  Terrier  est  peut-être  excellente,  mais  elle  ne  semble  pas 
avoir  encore  été  pratiquée.  Ou  ne  voit  guère  les  malades 
que  lorsque  les  tumeurs  sont  déjà  bien  volumineuses. 

M.  Berger  pense  que  le  diagnostic  est  facile.  Il  a  eu  à  se 
louer  du  traitement  arsenical  sur  six  ou  sept  malades,  il  a 
obtenu  quatre  améliorations  manifestes,  dont  au  moins 
deux  guérisons  complètes;  deux  ou  trois  autres  cas  ont  été 
des  échecs  complets.  Mais  M.  Berger  ajoute  qu'il  a  vu  mourir 
tous  les  malades  qu'on  a  opérés  devant  lui. 


M.  Humbert  se  refuse  à  proscrire  entièrement  le  bistouri. 
Il  a  publié  l'histoire  d'un  malade  qui  eut,  il  est  vrai,  trois 
récidives,  mais  qui  vécut  de  la  sorte  pendant  une  dizaine 
d'années.  Il  conseillerait  absolument  l'extirpation  de  la 
petite  masse  ganglionnaire  qui  subsiste  chez  un  des  malades 
de  M.  Reclus.  Il  pense,  malgré  M.  Berger,  que  le  diagnostic 
est  très  souvent  fort  obscur. 

M.  Lucas-Championnière  a  été  étonné  des  résultats 
remarquables  fournis  par  l'arsenic,  dont  il  se  sert  depuis 
longtemps.  Mais  il  ne  faut  pas  trop  croire  à  la  guérison,  et 
l'on  voit  succomber  à  la  généralisation  des  malades  chez 
lesquels  la  tumeur  primitive  avait  fondu  comme  par  enchan- 
tement. 

M.  Reclus  reconnaît  que  le  diagnostic  est  difficile  pour 
les  petites  tumeurs  :  hypertrophie  simple,  tuberculose, 
lymphadénome.  Mais  là  on  est  d'accord  pour  la  thérapeu- 
tique; il  fiiut  enlever.  Pour  les  grosses  tumeurs,  il  maintient 
Sue  cet  ensemble  clinique  n'appartient  guère  qu'au  lympha- 
énome.  Mais  ce  lymphadénome  est-il  bénin  ou  malin?  Ici 
nous  sommes  dans  l'ignorance,  d'autant  mieux  (et  l'un  des 
faits  de  M.  Reclus  en  est  un  exemple)  qu'une  tumeur  volu- 
mineuse, mais  ancienne  et  stationnaire,  peut  subir  brus- 
quement une  évolution  maligne.  Or,  pour  les  grosses 
tumeurs,  il  croyait  que  l'abstention  était  prêcbée  par  tous 
les  chirurgiens;  il  constate  que  la  plupart  sont  plus  hardis 
qu'il  ne  le  pensait  ;  peut-être  même  esl-il  ébranlé  dans  ses 
convictions  et  va-t-il  consentir  à  débarrasser  du  noyau  per- 
sistant le  malade  de  sa  troisième  observation. 

—  M.  Jalaguier  publie  une  observation  de  laparotomie 
pour  plaie  pénétrante  de  l'abdomen  par  balle  de  revolver, 
sur  une  femme  qui  avait  tenté  de  se  suicider.  La  plaie 
siégeait  à  9  centimètres  au-dessus  et  4  centimètres  à  gauche 
de  l'ombilic.  Pas  de  nausées,  pas  de  vomissements;  pas  de 
signes  d'hémorrhagie.  Mais  il  y  avait  une  sonorité  exagérée, 
probablement  due  à  l'issue  de  gaz  dans  le  péritoine.  Lapa- 
rotomie deux  heures  après  l'accident;  épanchement  sanguin 
abondant  par  plaie  de  la  coronaire  stomachique  (qui  fut 
liée),  large  plaie  béante  de  la  petite  courbure;  suture  de 
l'estomac,  guérison.  L'hémorrhagie,  à  défaut  de  la  perfo- 
ration, eût  été  incontestablement  mortelle  si  la  laparotomie 
n'eût  pas  é  é  pratiquée. 

M.  Reclus  désire  faire  remarquer  que  pour  lui,  relati* 
vement  abstentionniste,  l'hémorrhagie  est  une  indication  à 
agir;  que  d'autre  part  c'était  une  plaie  de  Testomac  et  que 
M.  Jalaguier  n'a  pas  eu  à  manipuler  longuement  l'intestin. 

MM.  Championnière  et  Kirmisson  constatent  que  les 
opinions  de  M.  Reclus  se  modifient,  car  il  a  dit  naguère  : 
gardez-vous  de  toucher  aux  plaies  de  l'estomac,  et  aujour- 
d'hui il  dit  que  M.  Jalaguier  a  bien  fait  d'agir  parce  qu'il 
s'agissait  de  l'estomac.  D'autre  part,  dans  l'espèce,  il  n'y 
avait  aucun  signe  d'hémorrhagie. 

M.  Reclus  répond  qu'il  y  avait  un  signe  certain  de  plaie 
du  tube  digestif:  le  météorisme  péritonéal. 

M.  Quénu  s'est  abstenu  dans  un  cas  où  il  n'y  avait  aucun 
signe  de  perforation.  Au  quinzième  jour,  des  accidents 
mortels  ont  éclaté. 

—  M.  Assaky  |)ropose  de  pratiquer  Vhystéropexie  sans 
laparotomie,  en  prenant  dans  une  aiguille  courbe  l'utérus 
appliqué  par  la  pesanteur  au-dessus,  du  pubis,  le  bassin 
étant  surélevé  et  renversé,  dans  la  position  préconisée  par 
Trendelenburg  pour  la  taille  hypogastrique.  Mais  dans 
l'opération  de  M.  Assaky  une  anse  intestinale  interposée  a 
été  reconnue  par  la  percussion  et  il  a  fallu,  pour  l'écarter, 
recommencer  la  manœuvre.  Aussi  MM.  Pozzi  et  Terrier 
s'élèvenl-ils  contre  cette  méthode,  qui  d'ailleurs  n'est  pas 
nouvelle,  ainsi  qu'il  appert  de  la  thèse  de  Dumoret. 

A.  Broca. 


782    —  N-  48  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       29  Novembbe  1889 


floelété  de  blolog^lc. 

SÉANCE   DU   23  NOVEMBRE    1889. —  PRÉSIDENCE 
DE   M.    DUCLAUX,   VICE-PRÉSIDENT. 

Développement  de  la  rate  chez  les  Bèlaolens  :  M.  Lagueaae.  —  Con- 
tribution A  l'étude  des  propriétés  épileptogénes  de  l'essence  de 
romarin  :  BU.  Gadéac  et  Meunier  —  A  propos  d'une  communica- 
tion de  M.  TarchanofI  sur  l'albumine  de  l'œuf  de  certains  oiseaux: 
M.  Lataste.  —  Étude  opbthalmoscopique  du  fond  de  l'œil  dans 
l'hsrpnose  :  MM  Luyset  Bacohi.  —  Appareil  central  de  l'olfaction: 
M.  Trolard.  —  PhyBiologie  et  patbologle  de  la  glande  et  des  pro- 
cès oilialres  :  M.  Nicati  —  Pbysiologie  des  tubercules  quadri- 
Jumea  x  :  M.  Lahorde.  —  Écbouement  de  deux  cétacés  sur  la  côte 
de  France  :  M  Beauregard  (Discussion  :  M.  Duclaux).  —  Dévelop- 
pement du  microbe  pathogène  dans  du  sérum  provenant  d'ani- 
maux normaux,  malades  et  vaccinés  :  MM.  Charrin  et  Roger 
(Discussion  :  BIM.  Riohet,  Duclaux.  Chauveau). 

Vi.  Lagun$e  a  reconnu  que  le  réticulum  de  la  rate  de 
Sélaciens  qu'on  a  pris  pour  un  réseau  de  tissu  conjonclif 
lamineux  en  différait  par  l'absence  de  matière  coila^ène. 
En  suivant  le  développement  de  ce  tissu  il  a  vu  qu'il  était 
à  l'origine  constitué  par  des  cellules  à  larges  prolongements 
anastomosés  où  le  corps  de  la  cellule  diminue  et  le  noyau 
disparaît  pendant  le  développement. 

—  MM.  Luys  et  Bncchi  ont  constaté  pendant  les  diverses 
phases  de  l'hypnose  un  étathyperhémique  de  la  rétine.  L»?s 
variations  entre  les  diverses  phases  ne  portent  que  sur  l'état 
de  la  papille. 

—  M.  Laborde  a  répété  sur  les  tubercules  quadriju- 
meaux  les  expériences  classiques  de  Flourens,  Langeais  et 
Vulpian  dont  les  résultats  viennent  d'élre  tout  n'oemment 
niés  en  Allemagne  par  Knoll  et  par  Gudden.  Par  des  exci- 
tations mécani(|ues  au  moyen  d*une  mèche  de  vilebrequin 
à  trépan  dont  on  vérifie  le  siège  après  autopsie,  ou  par 
excilalion  mécanique  |iortée  directement  sur  les  tubercules 
après  qu'on  a  enlevé  au  moyen  d'un  filet  d'euu  tiède  la  sub- 
stance cérébrale  interposée,  ce  qui  peut  se  faire  sans  pio- 
voi|uer  d'hémorrhagie,  M.  Laborde  a  reconnu  que  la  sub- 
stance cérébrale  du  tubercule  était  inexcitable,  que  la 
substance  blanche  sous-jacente  était  excitable  et  que  les 
phénomènes  auxquels  celte  excitation  donnait  naissance 
pouvaient  être  rapportés  aux  filets  pédonculaires  (mouve- 
ment de  rotation  en  manège),  à  des  filels  du  moteur  ocu- 
laire commun  (mouvement  du  globe  oculaire),  aux  tuber- 
cules quadrijumeaux  eux-mêmes  (resserrement  de  la 
pupille).  Ce  dernier  phénomène  est  véritablement  propre 
aux  tubercules.  Il  se  manifeste  encore  après  l'abhition  des 
corps  opto-striés,  et  disparait  par  ablation  des  tubercules. 
Le  phénomène  est  croisé,  mais  unpartaitement,  tandis  qu'il 
l'est  absolument  ch»z  les  poissons.  Ces  phénomènes  sont 
tellement  nets,  qu'on  a  peine  à  croire  les  observateurs  alle- 
mands qui  disent  avoir  répété  ces  expériences  sans  aucun 
résultat. 

—  M.  Beauregard  a  pu  prendre  les  mamelles,  les  pièces 
génitales  et  l'appareil  autiilif  d'un  Baleinoptera  muscuius 
femrlle  échoué  vivant  sur  les  côtes  de  France,  entre  Pauil- 
lac  et  Royan.  Il  remarque  que  le  mois  de  novembre  se  si- 
gnale toujours  par  des  faits  de  ce  genre.  A  une  question  de 
M.  Duclaux  sur  les  causes  de  ces  échouements,  M.  Beaure- 
gard  croit  devoir  les  rapporter  à  des  migrations,  bien  que 
les  baleines  de  cette  .espèce  habitent  d'ordinaire  les  eaux 
Trançaises. 

—  MM.  Charrin  ei  Boger  présentent  des  cultures  du 
bacille  pyocyanique  dans  du  sérum  provenant  d'animaux 
normaux  et  d'animaux  dont  la  résistance  à  la  maladie  pyo- 
cyanique a  été  augmentée  par  des  inoculations  répélées.Le 
bacille  se  développe  mal  dans  le  sérum  des  animaux  à  ré- 
sistance augmentée,  il  a  une  (orme  grêle  et  se  présente  en 
chaînes  analogues  à  celles  que  M.  Guignard  a  observées 


dan.^  les  cultures  contenant  de  faibles  doses  d'anlisepliqut*. 
Ces  mauvaises  conditions  de  développement  se  rciroaver 
pour  les  streptocoques. 

M.  Bichel  rapproche  ces  faits  d'un  certain  nombre  qu  : 
a  eu  l'occasion  d'observer  en  opérant  la  transfusion  du  san; 
de  chien  dans  le  péritoine  de  lapins.  A  la  même  dose  le  saii; 
était  toxique  ou  non  suivant  les  individus  dont  il  provenait 
FiU  outre  un  staphylocoque  pathogène,  qui  fait  ordinairement 
périr  les  lapins  en  vingt-quatre  ou  trente-six  heures,  étal! 
devenu  inpfTensif  pour  des  lapins  qui  avaient  reçu  dans  k 
péritoine  50  grammes  de  sang  provenant  de  chiens  ayant  en 
des  abcès. 

M.  Duclaux  ne  pense  pas  qu'on  puisse,  au  moyen  de  i't> 
faits,  donner  une  explication  de  l'immunité. 

M.  Chameau,  sans  être  d'un  avis  contraire,  pense  qu'en 
raison  de  leur  importance  et  de  la  constance  avec  laquelle 
ils  se  reproduisent,  ces  faits  constituent  un  premier  pa< 
très  important  vers  la  connaissance  des  causes  de  i'im- 
munilé. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

THERAPEUTIQUE. 

Da  tri»lt€if4  île  P«Bèse   pmr   le  kamae  ila  Pére«,    par 

M.  le  docteur  W.  Ebstein.  —  L*auteur  rapporte  des  faits  obser- 
vés par  M.  Hosenbach,  qui  fait  usage  du  procédé  sairani  pour 
combattre  Tozèue.  Chaque  jour  il  enduit  la  muqueuse  des  fo^>*-> 
nasales  et  les  narines  avec  le  baume  du  Pérou,  au  moyen  d'un 
lampon  d'ouate  imbibé  d'une  solution  de  ce  luédicamenl.  Il  a 
obtenu,  parait-il,  la  désodorisation  rapide  dans  des  cas  où  on 
avait  inutilement  fait  usage  des  antiseptiques  les  plus  diver^, 
(Deut.  med,  Woch,,  n°  6, 1889.) 

Du  CraMemrBt  iln  typbaa  ahdomlBal  par  le*  lavraieal» 
de  lanin,  par  M.  le  docteur  Backhaus.  —  C'est  en  s^io^pirani 
du  traitement  du  choléra  recommandé  récemment  par  Canlani 
qu'on  a  été  conduit  à  essayer  cette  médication  antiseptique  «m 
germicide.  Pour  M.  Backhans  Tobstacle  de  la  valvule  de  Hauhiu 
nVmpéche  point  la  pénétrHlion  de  ces  lavements,  et  pour  h* 
prouver,  il  invoque  Toptnion  de  Cantani  et  discute  les  expérîemv> 
de  Moster  sur  les  cadavres.  Il  recommande  d'administrer  l<>^ 
lavements  au  malade  placé  dans  la  position  à  genoux  plutôt  qm- 
dans  le  décubitus  latéral,  et  de  pratiquer  Finjcction  doucement 
et  sans  excès  de  pression  pour  éviter  une  distension  trop  rapide 
de  rinteslin. 

l.e  tanin  ainsi  administré  diminue  labondance  de  la  diar- 
rhée, exerce  une  action  topique  sur  les  lésions  de  la  muqueuse 
intestinale  et  modifie  la  nature  septique  des  sécrétions.  Dau^ 
cinq  cas,  il  a  vu  les  troubles  nerveux  s'atténuer.  Par  contre,  t<- 
tanin  moditie  peu  ta  température.  Il  ajoute  cependa  tque  cetî' 
méthode  offre  le  grand  avantage  de  diminuer  les  dangers  a'ii>- 
fection  et  peut-être  aussi,  en  régularisant  les  selles,  de  mieux 
désinfecter  ces  dernières  et  de  prévenir  la  contagion.  {De^t. 
med.  Wochcnsy  1889,  n"  29.) 

Wur  une  bJidIene  loxlqn**;  rilllcluni  |i«r%illeraBi,  par  M.  )< 

docteur  Et.  Barhal.  —  Les  fruits  de  ce  végétal  resseuiMent  j 
ceux  de  Tanis  êioilé  et  depuis  quelques  années,  en  Anglelern 
et  en  Allemagne,  ont  servi  à  falsifier  les  fruits  de  badiane  o» 
anis  étoile  ordinaire. 

M.  Barrai  a  étudié  les  effets  de  la  décoction  et  de  Textrait  dt> 
fruits  dlUicium  parviftontm  et  a  constaté  que  ces  fruits  coii> 
tiennent  un  principe  toxique  provoquant  chez  les  chiens  desTo> 
missements,  de  Tinsensibilité,  de  la  paralysie  du  train  post«^ 
rieur,  des  convulsions  toniques  et  cloniques  et  finalement  l.\ 
mort  sans  diminution  de  la  température. 

Il  a  constaté  de  plus  que  le  principe  vénéneux  qui   exist'* 


â9  Novembre  1889        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  «•  48  —    783 


(in  us  les  carpelles  est  surtout  contenu  dans  l  amande.  (î'cst, 
Hjoule-l-il,  probablement  un  glucoside  differenl  de  la  shikinine 
retirée  de  VlUkium  reltgiosum  par  Eykmann.  Ces  e.\p<Tiences 
intéressantes  expliquent  les  accidents  observés  après  l'adminis- 
tration de  préparations  de  badiane  falsifiée.  {La  Province  méd,y 
28  août  1889.) 


BIBLIOGRAPHIE 

E.«a  scnsAtioM  interaca,  par  M.  H.  Beaunis,  professeur 
de  physiologie  à  la  Faculté  de  médecine  de  Mancy,  diree^ 
teur  du  laboratoire  de  psychologie  physiologique  à  la 
Sorbonne  (Haute>-Études).  1  vol  in-8''  de  la  Bibliothèque 
scientifique  internationale.  Paris,  1889.  Félix  Alcan. 

Condillac,  dans  son  Traité  dès  sensations  (1754),  îma- 
£^ine  une  statue  «  organisée  intérieurement  comme  nous,  et 
animée  d'un  esprit  privé  de  toule  espèce  d'idées  »,  à  laquelle 
il  donne  successivement  Tusage  des  différents  sens  externes, 
afin  d'étudier  dans  quelle  mesure  chacun  d'eux  contribue 
aux  connaissances  de  notre  entendement.  Cette  statue, 
quelque  bien  douée  qu'elle  soit,  nous  parait  aujourd'hui 
une  monstruosité,  son  auteur  Tayant  dépourvue  de  sen.^a- 
fions  internes.  De  l'existence  de  celles-ci,  l'école  psycholo- 
gique du  siècle  dernier  ne  semblait  même  pas  se  douter.  Ce 
sera  l'éternel  honneur  de  Cabanis  d'avoir  complété  sur  ee 
point  important  l'élude  de  la  nature  humaine.  <  La  ques- 
tion nouvelle  qui  se  présente,  écrit-il  dans  le  deuxième 
mémoire  de  son  grand  ouvrage,  est  de  savoir  s'il  est  vrai, 
comme  Tontétabli  Condillac  et  quelques  autres,  que  les  idées 
et  les  déterminations  morales  se  forment  toutes  et  dépen 
dent  uni()uement  de  ce  qu'ils  appellent  sensations  ;  si  par 
conséquent,  suivant  la  phrase  reçue,  toutes  nos  idées  nnus 
viennent  des  sens,  et  par  les  objets  extérieurs  ;  ou  si  les 
impressions  internes  contribuent  également  à  la  reproduc- 
tion des  déterminations  morales  et  des  idées,  suivant  cer- 
taines lois,  dont  l'élude  de  l'homme  sain  et  malade  peut 
nous  Taise  remarquer  la  constance  :  et,  dans  le  cas  de 
l'affirmative,  si  des  observations  particulièrement  dirigées 
vers  ce  point  de  vue  nouveau,  pourraient  nous  mettre  faci- 
lement en  étal  de  reconnaître  encore  ici  les  lois  de  la  nature, 
et  de  les  exposer  avec  exactitude  et  évidence.  » 

La  physiologie  et  la  pathologie  ont  donné  raison  à  ces 
principes  de  l'autenr  des  Rapforts  du  physique  et  du 
moral  de  Vhomme  ;  elles  ont  suivi  la  voie  qui  leur  était 
indiquée  et  étudié  scientifiquement  ces  <  impressions  in- 
ternes »  et  leur  influence  sur  nos  idées  et  nos  détermina- 
tions. Les  nombreux  faits  et  expériences  que  la  science  a 
déjà  accumulés  sur  le  sujet  méritaient  d'être  réunis  dans 
un  travail  d'ensemble.  C'est  la  tâche  que  s'est  imposée 
M.  le  professeur  Beaunis,  et  il  y  a  pleinement  réussi.  A  la 
fols  physiologiste  et  psychologue,  en  même  temps  qu'habile 
expérimentateur  et  critique  avisé,  il  ne  s'est  pas  contenté  de 
rapporter  les  faits  connus,  mais  il  les  a  contrôlés  avec  soin  ; 
il  a  de  plus  enrichi  son  sujet  d'expériences  nouvelles  et 
donné  ainsi  à  son  livre  un  caractère  d'originalité. 

M.  Beaunis  groupe  les  nombreuses  sensations  internes 
en  huit  classes  :  dans  la  première  trouvent  place,  sous  le 
nom  de  sensibilité  organique,  les  sensations  qui  dérivent 
des  organes  et  des  tissus  pris  individuellement  à  Texclusion 
des  organes  des  sens  spéciaux,  sensations  qui  peuvent  du 
reste  être  spontanées  ou  provoquées.  La  deuxième  comprend 
les  besoins.  (\p\  peuvent  se  diviser  en  besoins  d'activité 
(besoins  d'activité  musculaire  et  psychique,  faim,  soif, 
besoin  sexuel,  etc.)  et  en  besoins  d'inaction  (besoins  de 
sommeil  et  de  repus).  Dans  la  troisième  classe  rentrent  les 
sensations  fonctionnelles  correspondant  à  l'exercice  des 
diverses  fonctions  :  ce  sont  le  sens  musculaire,  les  sensations 
digestives,    respiratoires,    circulatoires,   glandulaires   et 


sexuelles.  Le  quatrième  groupe  renferme  l'ensemble  sensitif 
désigné  en  général  sous  le  nom  de  cénesthésie  ou  sentiment 
de  l'existence.  Le  cin(|uième  comprend  les  sensations  émo- 
tionnelles, c*est-à-dire  les  sensations  qui  accompagnent  les 
émotions.  Dans  le  sixième,  l'auteur  fait  entrer  un  certain 
nombre  de  sensations  d'un  caractère  spécial  et  de  nature 
indéterminée,  comme  le  sens  de  l'orientation,  les  sens 
magnétique  et  météorologique,  etc.  Les  deux  derniers 
groupes,  enfin,  renferment  l'un  les  sensations  doulou- 
reuses et  l'autre  les  sensations  de  plaisir. 

L'analyse  est,  comme  on  voit,  poussée  aussi  loin  que 
possible,  et  nous  ne  croyons  pas  que  dans  l'étal  actuel  de  la 
science,  il  y  ait  quoi  que  ce  soit  à  y  ajouter.  Cequi  importe, 
c'est  que  la  description  justifie  les  distinctions  établies,  et, 
à  ce  point  de  vue,  il  n'y  a  qu'à  louer.  li  est  impossible  d'ana- 
lyser chaque  chapitre  l'un  après  l'autre  ;  il  en  est  cepen- 
dant quelques-uns  sur  lesquels  nous  devons  tout  particuliè- 
rement appeler  l'attention. 

Ce  sont  surtout  les  huit  chapitres  consacrés  à  l'élude  des 
sensations  musculaires,  qui  doivent  être  considérés  comme 
les  plus  étudiés  du  livre.  Après  avoir  décrit  ces  sensations 
au  point  de  vue  physiologique,  l'auteur  analyse  avec  soin 
les  notions  qu'elles  nous  fournissent,  et  ces  notions,  on  le 
sait,  sont  nombreuses:  résistance,  étendue,  espace,  distan'^c, 
direction,  position,  mouvement.  La  question  de  la  persis- 
t|Lnce  des  sensations  musculaires  appelle  ensuite  son  atten- 
tion, et  le  conduit  à  dire  quelques  muls,  peut-être  un  peu 
courts,  sur  les  images  motrices.  Nous  ferons  la  même  cri- 
tique pour  ce  qui  concerne  la  pathologie  du  sens  muscu- 
laire: quatre  pages  sur  les  troubles  et  les  illusions  de  cette 
sensibilité  paraîtront  insuffisantes,  et  cependant  que  de  faits 
intéressants  l'observation  clinique  des  aliénés  fournit  sur 
ce  point  intéressant! 

Le  plaisir  et  la  douleur  semblent  avoir  été  jusqu'ici  des 
sujVls  réservés  à  la  psychologie  ;  il  était  intéressant  de  les 
voir  traités  par  un  physiologiste.  M.  Beaunis  a  résolument 
abordé  ces  délicates  que^^tions  en  médecin,  et  elles  y  gagnent 
en  clarté.  Toute  forme  et  variété  de  douleur  est  décrite  à 
laide  d'exemples  tirés  de  la  pathologie,  et  on  assiste  ainsi 
au  spectacle  des  maux  sans  nombre  auxquels  notre  orga- 
nisme peut  être  en  proie.  Ces  maux,  quelque  nombreux 
qu'ils  soient,  peuvent  être  classés,  et  notre  auteur  en  dis- 
tingue quatre  genres:  les  douleuis  mécaniques,  les  dou- 
leurs thermiques,  les  malaises  et  les  douleurs  spéciales. 

Quant  à  la  douleur  moraL^,  elle  ne  présente  pas,  avec  la 
douleur  physique,  cette  différence  de  nature  généralement 
admise  ;  ces  doux  douleurs  ne  sont  en  réalité  que  «  les  deux 
branches  d'un  même  tronc,  les  deux  espèces  d'un  même 
genre  >.  Cependant,  il  faut  reconnaître  qu'il  existe  des 
caractères  qui  les  distinguent  l'une  de  l'autre.  Et  d'abord, 
la  cause  diffère  en  général  :  celle  de  la  douleur  morale  est 
une  émotion,  une  idée,  un  souvenir;  celle  de  la' douleur 
pliysique  est  une  altération  de  l'activité  nerveuse  par  une 
cause  extérieure  et  organique.  Autre  différence  :  dans  la 
douleur  physique,  l'élément  physit|ue  précède  l'élément 
moral;  dnns  la  douleur  morale,  1  élément  moral  est  pri- 
mitif et  l'élément  physique  consécutif.  Enfin,  dans  la  plu- 
part des  cas,  les  douleurs  morales  sont  plus persisliintis que 
les  douleurs  physiques  et  survivent  à  la  cause  qui  les  pro- 
duit. 

Nous  ne  nous  arrêterons  pas  au  dernier  chapitre  qui 
étudie  le  plaisir;  nous  croyons  en  avoir  assez  dit  pour  faire 
ressortir  l'importance  de  l'œuvre  du  professeur  de  Nancy; 
elle  tiendra  une  place  distinguée  parmi  les  nombreuses 
publicationsinspirées  par  les  méthodes  scientifiques  en  hon- 
neur dans  la  nouvelle  école  de  psychologie  physiologique. 

Anl.  RiTTï. 


784 


NM8  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       39  Novembre  1889 


VARIETES 

Des  dispenses  militaires  applicables  aux  médecins.  —  Un 
règlement  d'administration  publique  vient  de  préciser,  dans  les 
termes  suivants,  les  conditions  de  dispenses  relatifs  aux  méde- 
cins. 

Des  dispenses  résultant  de  robtention  de  certains  diplômes 
ou  titres.  —  Sont,  sur  leur  demande,  envoyés  ou  maintenus 
définitivement  en  congé  dans  leurs  foyers,  jusqu'à  la  date  de 
leur  passage  dans  la  réserve,  pourvu  qu'ils  aient  une  année  de 
présence  sous  les  drapeaux,  les  jeunes  gens  qui  obtiennent  ou 
ont  obtenu   un  des  diplômes  ou  titres  mentionnés  au  para- 

f^raphe  ^  de  l'article  ^3  de  la  loi  du  15  juillet  1889,  soit  avant 
eur  incorporation,  soit  pendant  leur  présence  sous  les  drapeaux 
à  titre  d'appelés,  soit  pendant  leur  séjour  en  congé  dans  leurs 
foyers  dans  les  divers  cas  prévus  par  les  articles  21,  22  et  !23  de 
ladite  loi. 

Les  jeunes  g[ens  qui  ont  obtenu  avant  leur  comparution 
devant  le  conseil  de  revision  un  dé  ces  diplômes  ou  titres,  doi- 
vent produire  au  conseil  les  pièces  officielles  constatant  cette 
obtention. 

Pour  les  jeunes  soldats  présents  sous  les  drapeaux,  l'envoi  en 
congé  est  prononcé  par  Tautorité  militaire  sur  le  vu  des  diplômes 
ou  pièces  officielles.  Pour  les  jeunes  gens  présents  dans  leurs 
foyers  avant  leur  incorporation  ou  qui  y  sont  envoyés  en  congé, 
la"^  dispense  est  également  prononcée  par  Tautorité  militaire, 
après  remise  des  pièces  justificatives  au  commandant  du  bureau 
de  recrutement  de  la  subdivision  de  région  à  laquelle  appartieitt 
le  canton  où  ils  ont  concouru  au  tirage  au  sort.  Dans  ces  deux 
derniers  cas,  la  production  des  pièces  justificatives  doit  avoir 
lieu  dans  le  mois  qui  suit  Tobtenlion  des  diplômes  ou  titres. 

Des  dispenses  résultant  des  études  scientifiques.  —  Les  jeunes 
ffens  qui  poursuivent  leurs  études  en  vue  d'obtenir  soit  le 
diplôme  de  docteur  en  médecine,  de  pharmacien  de  1^*  classe^ 
soit  le  titre  d'interne  des  hôpitaux  nommé  au  concours  dans  une 
ville  où  il  existe  une  Faculté  de  médecine,  doivent,  pour  obte- 
nir la  dispense,  présenter  un  certificat  du  doyen  de  la  Faculté 
ou  du  directeur  de  TEcole  de  pharmacie,  ou  de  médecine  et  de 
pharmacie  à  laquelle  ils  aopartiennent ,  constatant  qu'ils  sont 
régulièrement  inscrits  sur  les  registres  et  que  leurs  inscriptions 
ne  sont  pas  périmées. 

Les  jeunes  gens  visés  à  l'article  précédent  doivent,  jusqu'à 
l'obtention  des  diplômes  ou  titres  spécifiés  audit  article,  produire 
annuellement,  jusqu'à  l'âge  de  vingt-six  ans  fixé  par  1  article  24 
de  la  loi  du  15  juillet  1889,  un  certificat  établi  par  les  doyens 
des  Facultés  ou  par  les  directeurs  des  Ecoles  dont  il  s'agit,  con- 
statant qu'ils  continuent  à  être  en  cours  régulier  d'études.  Le 
dit  certificat  doit  être  visé  par  le  recteur  de  l'Académie. 

Les  rep^istres  d'inscription  des  Facultés,  Ecoles  supérieures  de 
pharmacie.  Ecoles  de  plein  exercice  et  préparatoires  de  méde- 
cine et  de  pharmacie,  sont  tenus  à  la  disposition  de  l'autorité 
militaire  qui  peut  en  prendre  connaissance  sans  déplacement. 

Les  étudiants  en  médecine  et  eu  pharmacie  qui  obtiennent 
après  concours  le  titre  d'interne  des  hôpitaux  dans  une  ville  où 
il  existe  une  Faculté  de  médecine  justifient  de  leur  situation  :  à 
Paris,  par  un  certificat  du  directeur  de  1  Assistance  publique 
visé  par  le  préfet  de  la  Seine;  dans  les  départements,  par  un 
certificat  du  maire,  président  de  la  commission  administrative, 
visé  par  le  préfet. 

Pour  obtenir  la  dispense  comme  étudiant  en  vue  du  diplôme 
de  vétérinaire,  les  jeunes  gens  doivent  présenter  un  certificat 
du  directeur  de  l'une  des  écoles  vétérinaires  d*Alfort,  de  Lyon 
ou  de  Toulouse,  attestant  l'admission  à  l'Ecole.  Ce  certificat  est 
visé  par  le  ministre;  de  l'agriculture.  Après  l'accomplissement 
de  leur  année  de  service  militaire,  ils  sont  tenus  de  présenter 
annuellement  un  certificat  établi  dans  la  même  forme,  et  con- 
statant leur  présence  continue  à  l'école. 

Dispositions  générales,  —  Les  pièces  justificatives  aue  les 
jeunes  gens  doivent  produire  à  l'appui  de  leur  demande  sont 
présentées:  1^  au  conseil  de  révision;  2^  au  commandant  du 
nureau  de  recrutement,  avant  l'incorporation,  si  ces  pièces  n'ont 
été  délivrées  qu'après  la  comparution  de  Tioléressé.  La  dispense 
est  prononcée,  dans  le  premier  cas,  par  le  conseil  de  révision, 
et,  aans  le  second  cas,  par  l'autorité  militaire,  sur  le  vu  desdites 
pièces  justificatives. 

Les  dispensés  pour  études  scientifiques  doivent  produire,  du 
15  septemnre  au  15  octobre  de  chaque  année,  jusqu'à  l'âge  de 


vingt-six  ans,  au  commandant  du  bureau  de  recrutement  Je  u 
subdivision  à  laquelle  appartient  le  canton  où  ils  ont  concourt 
au  tirage,  les  certificats  prévus  au xdit s  chapitres  dans  le  bu: 
d'établir  qu'ils  continuent  à  remplir  les  conditioos  sous  1*^-- 
qnelles  la  dispense  leur  a  été  accordée. 

L'année  de  service  imposée  aux  jeunes  gens  dispensés  fh 
vertu  des  articles  21,  22  et  23  de  la  loi  du  15  juillet  1889  diMi 
être  uniauement  consacrée  à  l'accomplissement  de  leurs  obli^'^ 
tiens  militaires  ;  sous  aucun  prétexte  ils  ne  pourront  étir 
détournés  de  ces  obligations  ni  recevoir  deâ  exemptions  de  ser- 1 
vice  à  l'effet  de  poursuivre  leurs  études.  < 

Dispositions  transitoires.  —  Les  diplômes  ou  titres  obtenu^ 
avant  la  promulgation  du  présent  décret  (13  novembre  18X*m 
procurent  la  dispense  prévue  par  Tarticle  23  de  la  loi  da 
15  juillet  1889. 

Le  droit  de  réquisition  des  médecins. —  Le  tribunal  corn^t- 
tionnel  de  Rodez  vient  d'infirmer  le  jugement  rendu  par  le  tri- 
bunal de  simple  police  et  par  conséquent  d'acquitter  nos  confrèrr^ 
de  l'amende  à  laquelle  ils  avaient  été  condamnés.  Ce  jugement 
qui  affirme  comme  nous  Tindépendance  absolue  de  la  professioo 
médicale,  ne  reconnaît  pas  dans  les  circonstances  qui  ont  motire 
la  réquisition,  le  caractère  du  flagrant  délit.  Nous  avion»  fut 
remarquer  combien  étaient  vagues  à  ce  point  de  vue  les  diTer> 
textes  d4^1oi.  ^us  ne  pouvons  qu'applaudir  à  un  précédent  <\>u 
engagera  sans  doute  les  magistrats  aussi  bien  que  les  médecins 
à  demander  la  revision  de  la  législation. 

Projet  de  loi  sur  l'exercice  de  la  médecine.  —  M.  le  docteur 
Ghevandier  (de  la  Drôme)  a  fait  voter  l'urgence  sur  une  propo- 
sition de  loi  qu'il  a,  pour  la  troisième  fois,  présentée  ù  la 
Chambre  des  députés.  Espérons  que  dans  le  cours  de  cette 
législature  notre  dévoué  confrère  pourra  faire  voter  une  rétornie 
complète  de  la  législation  médicale. 


Mortalité   a    Paris    (45*    semaine,  du  3  au  9  novemhn^ 
1889.  — Population:  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  I  /. 

—  Variole,  1.  —  Rougeoie,  17.  —  Scarlatine,  2. —  Coque- 
luche,  i.  —  Diphthérie,  croup,  16.  —  Choléra,  0.  —  Phthisie 
pulmonaire,  22iL  —  Autres  tuberculoses,  21.  —  Tumeurs: 
cancéreuses.  36  ;  autres,  5.  —  Méningite,  19.  —  Congé»- 
tion  et  hemorrhagies  cérébrales,  47.  —  Paralysie,  3.  — 
Ramollissement   cérébral,  8.— Maladies  organiques  du  cœur,  Tct. 

—  Bronchite  aigué,  17.  —  Bronchite  chronique, 3t.  — Broncho- 

Kneumonie,  16.  — Pneumonie,  48.  —  Gastro-entérite:  sein,  K^ 
iberon,  56.  —  Autres  diarrhées,  2.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 8.  —  Autres  affections  puerpérales,  0.  —  Débilité  con- 
génitale, 20.  —  Sénilité,  23.  —  Suicides,  24.  —Autres  morts 
violentes,  11.  —  Autres  causes  de  mort,  159.  —  Causes 
inconnues,  11.  —  Total:  899. 

Mortalité   a    Paris  (46*   semaine,  du  10  au  16  noverobr<> 
1889.  —  Population  :  2260945  habiUnts).  —  Fièvre  typhoïde,  ±i>. 

—  Variole,  1.  —  Rougeole,  10.  —  Scarlatine,  3.  —  Coque- 
luche, 4.  —  Diphthérie,  croup,  33.  —  Choléra,  0,  —  Phthisie 
pulmonaire,  179.  —  Autres  tuberculoses,  22.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  33;  autres,  5.  —  Méningite,  22.  —  Conges- 
tion et  hemorrhagies  cérébrales,  44.  —  Paralysie,  6.  — 
Ramollissement  cérébral,  6.  —  Maladies  orjganiques  du  cœur,  iiK 

—  Bronchite  aiguë,  29.  —  Bronchite  chronique,  30.  —  Broncho- 
pneumonie,  38.  —  Pneumonie,  39.  —Gastro-entérite:  sein,  8; 
biberon,  58. — Autres  diarrhées,  3.  — Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 6.  —  Autres  affections  puerpérales,  1.  — Débilité  con- 
génitale, 28.  —  Sénilité,  37.  —  Suicides,  12.  —  Autres  morU 
violentes,  4.  —  Autres  causes  de  mort,  181.  —  Ganses 
inconnues,  6.  —  Total  :  917. 


OUVRAGES  DtPOSES  AU  BUREAU  DU  JOURNAL 

Recherchée  tur  Vinfluenee  det  eaux  de  Marienbad,  sur  la  nulritton,  la  dij;osti<<i 
ot  la  circulation,  par  M.  le  docteur  Sigismond  Dobiecewikt.  Brochure  in-S*  tlf 
63  pages.  Paris,  0.  Doin.  t  fr 

De  la  congettion  du  foie,  esquisse  do  sémétologie  cUoiqua,  par  M.  lo  doctes 
P.  Uorot.  Grand  in-8»  de  di  pages.  Paris,  0.  Doin.  1  fr.  > 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant, 

31185.  -  MoTTBnoz.  —  Imprimcrioi  réunie»,  A.  rue  Mignon,  3,  Paris. 


Trente-sixièms  année 


«•49 


6  Décembre  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D^  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BLACNEZ,  E.  BRISSAUD,  G.  DIEULAFOY,  DREYFUS-BRISAC,  FRAIÇOIS-FRANCK,  A.  NÉNOCQUE,  A.-J.  MARTIN,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lereboullbt,  M,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRE.  —  Bulletin.  —  Clinique  MioiCALB.  De  U  curabilité  de  l'hëpatite 
chronique  alcoolique.  —  FORMULMRK  THERAPEUTIQUE.  Du  traitement  des  tœnias 
par  le  caloniel.  la  fougère  mâle  et  la  polletierine.  —  Revue  des  cours  et  des 
CLINIQUES.  Hospice  de  U  Salpétriére  :  M.  le  professeur  Gharcot.  —  Travaux 
ORIGINAUX.  Clinique  chirurgicale  :  Pansements  à  la  charpie  stf^riliséc.  —  Cii* 
nique  médicale  :  L'urticaire  chez  les  enfants  (formes,  pathogénte,  évolution).  — 
Correspondance.  Vaccine  ulcéreose.  —  Sociéris  savantes.  Académie  de 
médecine.  -»  Société  de  chirurgie.  —  Société  de  biologie.  —  Société  do  théra- 
peutique. ^  Revue  des  journaux.  Travaux  à  consulter.  —  Bibliographie. 
Leçons  pratiquée  de  thérapeutique  oculaire.  —  VARiétÉs.  Faculté  de  médecine 
de  Paris,  -~  Collège  de  France. 


BULLETIN 

Paris,  4  décembre  4889. 
Académie  de  médecine:  Prophyluxle  de  l»  taberealoiic. 

Ce  n'est  pas  seulement  un  examen  critique  des  instruc- 
tions rédigées  par  la  Commission  de  la  tuberculose,  c*est 
une  étude  détaillée  des  modes  de  genèse  et  de  transmis- 
sion de  la  phthisie  que  nous  apporte  la  discussion  ouverte 
devant  l'Académie.  Il  ne  faut  pas  nous  plaindre  de  l'étendue 
que  va  prendre  le  débat.  La  vérité  scientifique  ressortira 
plus  évidente  après  d'aussi  intéressantes  controverses.  Et 
lorsque  viendra  le  moment  de  conclure,  il  est  probable  que 
les  savants  aujourd'hui  divisés  sur  des  questions  de  détails 
ou  d'opportunité  finiront  par  s'entendre. 

De  quoi  s*agit-il  en  effet?  M.  Gornil  l'a  dit  en  excellents 
termes  et  avec  une  précision  qui  ne  laisse  aucune  obscurité. 
La  tuberculisation  est-elle  une  maladie  microbienne,  par 
conséquent  transmissible  d'un  sujet  malade  à  un  individu 
sain?  De  toutes  celles  dont  le  médecin  peut  avoir  à  s'oc- 
cuper, cette  maladie  n'est-elle  point  la  plus  meurtrière?  Or 
s'il  en  est  ainsi,  et  personne  ne  le  conteste,  la  société  a 
donc  le  droit  de  chercher  à  se  défendre  en  arrêtant,  par 
tous  les  moyens  possibles,  celte  cause  permanente  d'abais- 
sement et  d'abâtardissement  de  la  population. 

D'autre  part,  M.  Villemin,  qui,  le  premier,  il  y  a  vingt 
années  déjà,  a  démontré  les  modes  de  contagion  de  la 
tuberculose»  était  en  droit,  mieux  que  tout  autre,  de  pro- 
tester contre  les  tendances  que  trahissent  encore  certains 
discours  académiques.  Sans  nier,  en  aucun  façon,  l'in- 
fluence des  causes  banales  invoquées  depuis  des  siècles,  il 
pense  donc  qu'il  y  a  mieux  à  faire  pour  éviter  la  propagation 
et  le  développement  incessant  de  la  phthisie  que  de  con- 
seiller aux  jeunes  gens  d'être  bien  sages.  Il  croit  et  il 
affirme  qu'il  est  temps  d'insister  sur  le  danger  que  pré- 
sentent dans  les  ateliers,  les  hôpitaux,  les  villas  hivernales, 
qui  reçoivent  des  tuberculeux,  etc.,  etc.,  la  présence  des 
f  Série,  T.  XXVI. 


malades  qui,  sans  aucune  précaution,  souillent  de  leurs 
expectorations  virulentes  et  les  parquets  et  les  tapis.  Il 
demande  dès  lors,  avec  la  Commission  dont  il  est  le  rap- 
porteur, que  Von  fasse  quelque  chose. 

Est-ce  à  dire  pour  cela  que  les  instructions  soumises  a  la 
sanction  de  l'Académie  devront  être  votées  sans  modifica- 
tion aucune.  Les  membres  de  la  Commission  seront,  au  con- 
traire, les  premiers  à  admettre  tous  les  amendements  utiles, 
lia  paru  évident,  après  avoir  entendu  M.  Trasbot,  que  la  pro- 
hibition de  vente  de  la  viande  d'animaux  tuberculeux  suffisait 
et  que  la  nécessité  de  ne  faire  usage  que  de  viandes  bien 
cuites  ne  s'imposait  pas.  Nous  avons  déjà  fait  remarquer 
nous-mêmes  que,  pour  détruire  tous  les  germes  morbides, 
la  cuisson  devrait  porter  sur  des  viandes  préalablement 
découpées  en  morceaux  assez  ténus,  ce  qui  était  presque 
toujours  impossible.  On  pourra  donc  amender  le  passage 
des  instructions  qui  a  trait  à  Talimentation  par  les  viandes 
de  boucherie. 

Il  en  est  de  même  du  lait.  Que  l'on  surveille  les  vache- 
ries, que  l'on  condamne  à  Tabatage  immédiat  les  vaches 
reconnues  tuberculeuses  et  il  ne  sera  point  nécessaire  de 
conseiller  Tébullition  préventive  du  lait  qui  doit  servir  à 
l'alimentation  des  nouveau-nés.  Dans  les  grandes  villes, 
dans  la  classe  aisée  surtout,  le  médecin  pourra  toujours  et 
dans  chaque  cas  particulier  donner  à  ce  point  de  vue  les 
conseils  nécessaires.  Mais  il  devra,  dans  ce  but,  se  persua- 
der et  faire  comprendre  autour  de  lui  que  sa  surveillance  et 
ses  conseils  sont  nécessaires.  Combien  de  fois  n'est-il  point 
arrivé  que  l'absence  de  toute  mesure  prophylactique  a  suffi 
à  provoquer  les  contaminations  les  plus  douloureuses  à 
constater? 

Nous  ne  saurions  donc  condamner  la  publicité  déjà 
donnée  d'ailleurs  depuis  plusieurs  mois  à  des  instructions 
qui,  loin  de  jeter  la  terreur  dans  les  familles,  pourront 
avoir,  si  on  les  modifie  un  peu,  un  réel  avantage  :  celui 
de  montrer  que  la  phthisie  est  curable  et  que  les  pré- 
cautions hygiéniques  conseillées  auront  pour  efl'et  non 
seulement  d'empêcher  la  propagation  de  la  maladie, 
mais  encore  d'assainir  les  milieux  où  séjournent  les  phthi- 
siques.  Parmi  ces  précautions  hygiéniques,  il  en  est 
certainement  qui  ne  sont  pas  applicables  partout.  Mais» 
nous  le  répétons,  plus  on  demandera  à  cet  égard,  plus,  si 
les  médecins  s'y  prêtent  un  peu,  l'on  sera  assuré  d'obtenir 
quelque  chose.  Nous  ne  croyons  pas  que  lorsqu'on  constate 
pour  la  première  fois  un  cas  de  tuberculose  il  convienne  de 
se  taire.  Nous  pensons  au  contraire  qu'avec  un  peu  de  tact 

49 


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N-49  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         6  Décembre  1889 


et  de  bon  sens  le  médecin  peut  dire  toute  la  vérité,  sinon  au 
malade,  du  moins  à  ceux  qui  Tentourent. 

—  Dans  celle  séance,  notre  savant  et  sympathique  confrère 
M.  le  docteur  Le  Dentu  aété  nommé  à  une  grande  majorité 
membre  titulaire  en  remplacement  de  H.  Legouest. 


CLINIQUE  MÉDICALE 

De  la  cnrabllltë   de   Thépatlte   chronique    alcoollqae. 

La  question  de  la  curabilité  de  la  cirrhose  alcoolique  du 
foie,  ou,  pour  employer  avec  H.  Millard  un  terme  plus 
compréhensif,  de  rhépatite  chronique  alcoolique,  n'est  à 
coup  sûr  pas  absolument  nouvelle,  et  nous  verrons  qu'un 
certain  nombre  d'auteurs  ont  depuis  longtemps  relaté  des 
observations  à  l'appui,  qu'ils  considéraient  comme  des 
curiosités  cliniques;  mais  elle  a  trouvé,  dans  ces  dernières 
années  comme  un  regain  d'actualité  à  la  suite  des  inté- 
ressantes discussions  soulevées  à  ce  sujet  au  sein  de  la 
Société  médicale  des  hôpitaux,  et  nous  la  trouvons,  cette 
année  même,  à  l'ordre  du  jour  du  Congrès  de  médecine 
interne  tenu  à  Rome  au  mois  d  octobre  dernier. 

Peut-être,  s'il  ne  s'agissait  en  pareil  cas  que  de  la  con- 
statation du  fait  lui-même,  trouverait-on  qu'il  n'est  guère 
besoin  de  revenir  ainsi  sur  une  proposition  désormais 
banale;  mais,  outre  que  le  fait  même  n'est  pas  admis  sans 
conteste  par  tous,  il  s'y  rattache  une  série  de  questions 
connexes  du  plus  haut  intérêt,  relatives  à  la  pathogénie  de 
Tascite,  à  l'évolution  du  tissu  de  sclérose,  à  la  subordina- 
tion des  divers  symptômes  de  la  cirrhose  alcoolique,  etc. 
Bien  que  nous  n'ayons  pas  l'intention  d'exposer  avec  détails 
ces  multiples  parties  du  sujet,  du  moins  penspns-nous  qu'il 
n'est  pa»  sans  utilité  de  résumer  et  de  rapprocher  dans  une 
vue  d'ensemble  les  documents  qui  ont  été  produits  jusqu'à 
ce  moment. 

I 
Il  serait  évidemment  superflu  de  vouloir  remonter  jus- 
qu'à Hippocrate  pour  découvrir  quelque  texte  relatif  à 
l'histoire  de  la  cirrhose  de  Laennec,  et  l'on  se  trouve  dans 
la  nécessité  de  s'arrêter  modestement  au  commencement 
de  ce  siècle,  à  l'époque  où  l'individualité  de  la  cirrhose 
alcoolique  du  foie  a  commencé  à  se  dégager  du  chaos  dans 
lequel  elle  était  restée  jusque-là  confondue. 

Peut-être  Chrétien,  de  Montpellier  {Arch.  méd.y  1832), 
est-il  le  premier  qui  ait  publié  un  cas  de  guérison  d'un  ma- 
lade atteint  de  cirrhose  avérée  :  grâce  an  régime  lacté 
exclusif,  prolongé  pendant  cinq  mois,  le  retour  à  la  santé  se 
soutint  durant  six  années.  Après  lui,  divers  observateurs 
signalent  successivement  des  amendements  prolongés,  ou 
même  des  arrêts  définitifs,  dans  la  production  de  l'ascite  au 
cours  de  l'hépatite  chronique  alcoolique,  soit  à  la  suite 
d'une  ponction,  soit  après  une  crise  diarrhéique  ou  poly- 
urique. 

C'est  ainsi  que  Monneret  établit  le  fait  en  publiant  une 
observation,  en  1852,  dans  les  Archives  de  médecine;  pour 
lui,  la  dilatation  des  réseaux  veineux  superficiels  joue  un 
grand  rôle  en  fournissant  une  circulation  supplémentaire. 
Tout  en  admettant  que  des  observations  de  ce  genre 
«  doivent  être  considérées  comme  des  exceptions  inca- 
pables de  détruire  la  règle  générale  :>  (la  marche  fatale- 
ment progressive),  Frerichs  signale  néanmoins  «  la  dispa- 
rition de  l'hydropisie  qu'on  observe  parfois  pendant  la  vie? 


lorsque  les  veines  abdominales  se  sont  dilatées  >.  Il  adnaeU 
d'ailleurs,  plus  volontiers  la  possibilité  d'enrayer  les 
accidents  d'hépatite  chronique  qui  t  signalent  dans  quelque^ 
cas  les  débuts  de  la  dégénérescence  cirrhotique  >. 

Murchison,  dans  ses  Leçons  cliniqties^  rapporte  un  ca^ 
de  disparition  de  l'ascite,  après  quatre  ponctions,  chez  ane 
femme  arrivée  à  une  €  phase  avancée  de  cirrhose  >.  On 
trouve  encore  une  observation  analogue  de  Duffiii,  dans 
7'he  Lancety  1869,  où  la  guérison  de  l'ascite  a  suivi  l'usage 
des  diurétiques;  une  autre  de  Ilandfield  Jones  (Brit.  med. 
Journ.y  1871),  après  emploi  de  la  digitale;  enfin  sept  ca^ 
de  ponctions  d'ascite  suivies  de  guérison,  publiés  par  Ljon>, 
de  Dublin  (B^t^  med.  /oum.,  1873). 

L'année  suivante,  Leudet  (de  Rouen),  dans  sa  clinique 
médicale,  établissait  par  plusieurs  observations  à  Tappai, 
que  l'ascite  ne  se  reproduit  pas  toujours  après  la  ponction 
chez  les  cirrhotiques,  qu'elle  disparait  même  parfois  spon- 
tanément et  que,  par  suite,  la  cirrhose  peut  subir  un  temps 
d'arrêt  dans  son  évolution.  A  partir  de  cette  époque,  la 
curabilité  de  certaines  formes  de  cirrhose  atrophique  du 
foie  a  fourni  le  sujet  de  quelques  thèses  inaugurales  :  ceUe 
de    M.  Ribeton,    en   1885,   entreprise  à  l'instigation   de 
M.  Raymond,  et,  en  1886,  celle  de  M.  Courtay  de  PradeK 
inspirée  par  H.  Hanot,  dans  laquelle  l'auteur  étudie  sur- 
tout la  pathogénie  de  Tascite  des  cirrhotiques,  et  chercho 
à  déterminer  durant  quelles  phases  de  la  maladie  elle  e<t 
susceptible  de  rétrocéder. 

La  même  année,  M.  Troisier  avait  appelé  l'attention  de 
la  Société  médicale  des  hôpitaux,  dans  la  séance  du  9  juil- 
let 1886,  sur  un  cas  de  cirrhose  avec  disparition  de  !*ascite 
à  la  suite  d'une  abondante  diurèse,  et  provoquait  à  ce  pro- 
pos une  intéressante  discussion  à  laquelle  prirent  part 
MM.  Moutard-Martin,  Richard,  Féréol,  Legrand,  E.  Labbé, 
Guyot  :  ils  signalèrent  des  cas  analogues,  dans  lesquels 
l'ascite,  symptomatique  d'une  cirrhose  alcoolique  plus  ou 
moins  ancienne,  avait  dispani  sous  l'action  du  régime  lacté. 
des  purgatifs  drastiques,  des  diurétiques  ou  après  la  ponc- 
tion évacuatrice.  Mais  la  plupart  du  temps,  il  ne  s'était  agi 
que  de  rémissions  de  durée  variable,  les  accidents  s'étaient 
montrés  de  nouveau  et  la  cirrhose  avait  continuée  son  évo- 
lution progressive. 

Dans  les  séances  suivantes,  cette  discus.sion  fut  reprise  «a 
complétée  par  l'apport  de  nouveaux  documents,  et,  dès  lor», 
celte  question  est  resiée  pour  ainsi  dire  à  l'ordre  du  jour  de 
la  Société,  car,  en  janvier  1887  et  en  novembre  1888,  elle  a 
servi  de  thème  à  des  communications  complémentaires. 
Mais  au  simple  apport  d'observations  cliniques  vinrent  alors 
s'ajouter  des  considérations  sur  le  côté  théorique  du  sujet  : 
telle  par  exemple  la  note  de  M.  Millard  dans  la  séance  du 
23  novembre  1888,  à  propos  de  trois  cirrhotiques  guéris  qu'il 
présentait  à  la  Société. 

Ajoutons  que,  dans  ce  journal,  ont  été  publiées  {Gaz.  heb,. 
1880)  deux  observations  analogues.  L'une,  relatée  déjà  par 
Saucerotle  père  dans  le  Bulletin  de  thérapeutique  de  185i, 
est  complétée  par  M.  Saucerotte  fils,  qui  a  pu  constater  que 
la  guérison  s'est  maintenue  jusqu'à  la  mort  du  malade, 
c'est-à-dire  pendant  trente  années.  L'autre  est  due  au  doc- 
teur Fritz,  de  TIsle-Adam,  et  montre  la  disparition  de 
l'ascite  et  la  guérison,  chez  une  femme  cirrhotique,  à  la  suite 
de  deux  ponctions  et  d'une  abondante  diurèse. 

Enfin,  cette  année  même,  au  Congrès  de  médecine  intenie 
tenu  à  Rome,  M.  Pétrone  a  rnpporté  un  cas  de  disparition 
de  Tascite  au  cours  d'une  cirrhose  et,  à  ce  propos,  MM.  de 


6  Décembre  1889 

7  : 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  HËDECIME  ET  DE  CHIRURGIE 


_  K»  49  _    787 


Renzi,  Semmola,  Maragliano  ont  pris  la  parole  pour  inter- 
préter les  conditions  qui  président  à  ce  (ait,  encore  contesté, 
la  guérison  de  la  cirrhose  du  foie. 

II 

Que  faut-il,  en  effet,  entendre  par  ces  mots  de  guérison 
de  la  cirrhose  alcoolique?  Est-il  besoin,  pour  admettre  la 
guérison  du  malade,  d'éUbViv  hrestitutio  ad  integrum  des 
organes  lésés  et  plus  particulièrement  du  foie  dans  le  cas 
qui  nous  occupe?  Évidemment  non.  Une  cicatrice  indélé- 
bile ne  saurait  être  exclusive  de  l'idée  de  guérison  d*une 
plaie,  d'une  fracture,  d'une  perte  de  substance,  d'une 
phleçmasie  quelconque,  si  cette  cicatrice  n'altère  en  rien 
la  santé  générale  du  sujet,  le  fonctionnement  régulier  de 
ses  organes,  c  Depuis  quand,  dit  M.  Millard,  le  terme  de 
guérison  implique-t-il  nécessairement  le  retour  à  l'état 
parfait  des  organes  lésés  et  la  disparition  de  tout  vestige 
morbide  ?  f  A  coup  sûr  il  n'a  jamais  eu  celte  signification, 
et  nous  ne  pensons  pas  que  l'on  soit  en  droit  de  la  lui 
attribuer. 

Aussi  ^argument,  invoqué  par  quelques-uns,  de  la  per- 
sistance d'altérations  hépatiques,  se  révélant  par  la  dimi- 
nution ou  l'augmentation  de  volume  de  l'organe,  ne  nous 
parait  pas  valable  pour  nier  la  guérison  alors  que  l'ascite 
et  les  troubles  morbides  constituant  le  tableau  clinique  de 
l'hépatite  chronique  ont  depuis  longtemps  disparu. 

Mais,  a-t-on  dit,  il  s'agit  en  pareille  circonstance  non  pas 
d'une  guérison,  impossible  à  obtenir  dans  la  cirrhose,  mais 
de  simples  rémissions,  plus  ou  moins  prolongées,  qui  n'em- 
pêcheront pas  la  maladie  de  reprendre  bientôt  sa  marche 
fatalement  progressive  :  les  rechutes  sont  inévitables. 
Rémission,  si  l'on  veut,  mais  en  tout  cas  rémission  conso- 
lante et  équivalant,  il  nous  semble,  à  la  guérison,  lors- 
qu'elle se  maintient  pendant  seize  mois  (Millard),  dix-huit 
mois  (Féréol),  plus  de  deux  ans  (Bucquoy),  trois  ans 
(Th.  de  Françon,  Troisier),  jusqu'à  quatre  et  six  ans  (Coyne, 
Cal  lias,  Th.  de  Françon)  et  même  durant  trente  années  (Sau- 
cerotle).  D'autant  que,  dans  la  plupart  de  ces  cas,  l'observa- 
tion constate  que  lors  du  dernier  examen,  à  la  date  indiquée, 
le  malade,  on  pourrait  dire  le  guéri,  continuait  à  se  bien 
porter. 

Les  rechutes  ne  sauraient  évidemment  être  contestées, 
elles  ne  se  sont  que  trop  souvent  produites,  et  ont  parfois 
permis  à  la  nécropsie  de  confirmer  le  diagnostic  porté  dès 
le  débiïl  (Guyot,  Dujardin-Beaumetz);  mais  n'est-il  pas  une 
rechute  dont  il  faut  tenir  grand  compte  en  pareil  cas,  c'est 
celle  qui  ramène  l'alcoolique  à  ses  habitudes  d'intempé- 
rance. «  Qui  a  bu  boira,  »  et  l'hépatite  reprend  sur  nou- 
veaux frais,  d'autant  plus  facilement  que  le  foie  a  été  déjà 
lésé  et  conserve  quelque  tare  organique  survivant  à  la  gué- 
rison de  cette  première  atteinte. 

C'est  là,  à  n'en  pas  douter,  un  fadeur  des  plus  impor- 
tant dans  la  genèse  de  ces  rechutes,  qui  viennent  à  la  tra- 
verse d'une  guérison  qu'on  pouvait  espérer  définitive,  et  qui 
semblent  justifier  en  partie  les  réserves  craintives  et  les 
doutes  émis  par  plus  d'un  bon  esprit  sur  la  possibilité 
même  de  la  guérison.  Mais  il  n'en  reste  pas  moins  établi, 
par  un  faisceau  suffisant  d'observations  probantes,  qu'un 
certain  nombre  de  malades,  atteints  d'hépatite  alcoolique 
avec  ascite,  voient  leur  épanchement  disparaître  et  recou- 
vrent une  santé  normale  après  un  traitement  approprié  et 
la  cessation  de  leurs  habitudes  d'intempérance  :  rémission, 
dirons-nous,  de  plusieurs  mois,  parfois  de  plusieurs  années 


et  paraissant  confiner  à  une  guérison  définitive  dans  quelques 
cas  heureux  où  la  sévérité  du  régime  a  pu  être  maintenue. 

N'est-ce  pas,  en  tout  cas,  une  constatation  encourageante 
qui  nous  oblige  désormais  à  revenir  sur  cet  arrêt  d'incura- 
bilité  inexorable  qu'entraînait  avec  lui  le  diagnostic  de 
cirrhose,  et  qui  se  trouve  formulé  d'une  façon  explicite  dans 
les  traités  classiques  de  pathologie  et  dans  les  plus  récents 
articles  des  grands  Dictionnaires. 

Mais,  si  le  fait  lui-même  peut  paraître  suffisamment 
établi,  les  conditions  dans  lesquelles  il  se  peut  produire, 
soulèvent  encore  plus  d'un  problème  dont  la  solution  n'of- 
frirait pas  moins  d'intérêt  au  point  de  vue  de  la  pathologie 
que  de  la  thérapeutique.  A  quelle  période  l'hépatite  alcoo- 
lique est-elle  curable  ?  Par  quel  mécanisme  l'ascite  dispa- 
raît-elle et  la  guérison  peut-elle  être  obtenue? 

Si  l'épanchement  du  liquide  ascilique  dans  le  péritoine 
était  la  conséquence  directe,  comme  on  semble  l'admettre 
généralement,  de  la  seule  rétraction  du  tissu  scléreux  orga- 
nisé dans  le  foie  autour  des  rameaux  de  la  veine  porte  qu'il 
comprime  par  sa  rétraction  progressive,  il  serait  assez  dif- 
ficile de  comprendre  que  cette  ascite,  une  fois  constituée, 
pût  disparaître  ou  ne  se  pas  reproduire  après  l'évacua- 
tion par  la  ponction  abdominale.  Le  tissu  scléreux  qui 
caractérise  les  phases  avancées  de  la  cirrhose  de  Laennec 
n'est  pas  susceptible  de  rétrocéder,  c'est  une  lésion  irrémé- 
diable dont  les  effets  de  constriction  ne  peuvent  fatalement 
que  s'accentuer.  Il  est  vrai  que  la  dilatation  supplémentaire 
du  réseau  veineux  vient  apporter  un  soulagement  à  la  stase 
et  à  la  tension  excessive  du  système  porte,  et  nous  avans  vu 
que  Monneret  et  Frerichs,  en  particulier,  accordent  une 
grande  importance  à  cette  circulation  dérivative  dans  la  dis- 
parition de  l'ascite.  Mais  c'est  là  un  palliatif  bien  insuffisant, 
semble-t-il,  et  de  peu  de  durée;  n'est-ce  pas  d'ailleurs  un 
phénomène  presque  constant,  un  signe  pour  ainsi  dire 
caractéristique  de  la  cirrhose  alcoolique,  même  dans  les  cas 
où  l'évolution,  fatalement  progressive,  se  montre  la  plus 
régulière. 

Aussi  est-on  conduit  à  penser  que  la  pathogénie  de 
l'ascite  dans  la  cirrhose  est  plus  complexe,  et  que  d'autres 
facteurs  entrent  enjeu  pour  la  produire.  La  ligature  expé- 
rimentale d'une  veine,  convenablement  isolée,  n'amène 
pas,  on  le  sait,  l'œdème  du  territoire  correspondant  s'il  ne 
s'y  joint  des  phénomènes  inflammatoires  ou  des  troubles 
trophiques  de  causes  diverses.  Il  semble  en  être  de  même 
pour  l'ascite,  et  la  ligature  réalisée  dans  le  foie  sur  la 
veine  porte  par  les  anneaux  de  sclérose  ne  parait  pas  pou- 
voir être  seule  incriminée. 

Les  phénomènes  inflammatoires  doivent  entrer  en  ligne 
de  compte  :  c'est  ainsi  que,  soit  la  périphlébite  des  ramus- 
cules  d'origine  de  la  veine  porte,  invoquée  par  MM.  Dieu- 
lafoy  et  Giraudeau,  soit,  dans  d'autres  cas,  des  lésions  de 
périhépatite  ou  de  péritonite,  peuvent  expliquer  l'apparition 
de  l'ascite  chez  des  cirrhotiques  encore  au  début,  alors  que 
l'obstacle  mécanique  au  niveau  du  foie  est  absolument  in- 
suffisant pour  rendre  compte  de  sa  production.  L'impor- 
tance du  processus  péritonitique  a  été  également  bien  mise 
en  lumière  par  M.  Leudet,  qui  le  rattache  directement  aux 
phlegmasies  gastro-intestinales  de  l'alcoolisme,  et  aussi 
par  M.  Letulle,  qui  a  entretenu  la  Société  des  hôpitaux  de 
cette  forme  intéressante  d'hydro-péritonite  subaiguê  et 
curable.  Telles  sont  encore  les  conclusions  auxquelles 
arrive  M.  Courlay  de  Pradel  dans  sa  thèse  déjà  citée.  C'est 
également  ce  que  tendent  à  démontrer  deux  observations 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  6  Décembre  1889 


que  nous  a  communiquées  notre  excellent  maître,  M.  Potain, 
et  dans  lesquelles  Tascite  serait  brusquement  apparue  chez 
deux  cirrhotiques,  indemnes  jusque-là  d*épanchement,  à  la 
suite  d'un  traumatisme  abdominal  pour  le  premier,  et  d'un 
refroidissement  intense  portant  sur  le  ventre  chez  le 
second. 

Peut-être  pourraît-on  trouver  un  argument  de  plus  en 
faveur  de  cette  origine  d'un  épanchemenl  liquide  inflam- 
matoire (Letulle)  au  cours  de  la  cirrhose,  dans  l'observation 
que  nous  avons  recueillie  cette  année  même  à  la  Maison 
Dubois  pendant  que  nous  avions  l'honneur  de  remplacer 
M.  Lécorché.  Il  s'agit  d'une  jeune  femme  alcoolique,  atteinte 
d'une  cirrhose  remontant  à  neuf  mois  environ,  et  qui  entra 
à  l'hôpital,  au  mois  d'août  dernier,  avec  un  épanchcment 
ascitique  considérable  ayant  déjà  nécessité  chez  elle  une 
ponction.  Nous  assistâmes  à  la  disparition  progressive  et 
complète  de  l'ascite  sous  l'influence  du  régime  lacté,  des 
purgatifs  et  des  diurétiques,  et  nous  avons  pu  constater  que 
la  courbe  de  température,  soigneusement  établie  chaque 
jour,  s'abaissait  progressivement  et  parallèlement  à  la  dimi- 
nution de  l'épanchement.  Il  semble  que  la  disparition  gra- 
duelle du  mouvement  fébrile  accompagnant  chez  elle  l'évo- 
lution de  l'hépatite  alcoolique  (38%8-39%4)  et  celle  de 
l'épanchement  abdominal  aient  été  deux  phénomènes  con- 
nexes, et  que  la  cessation  des  phénomènes  inflammatoires 
ait  eu  pour  conséquence  l'assèchement  progressif  de  la 
séreuse  périlonéale. 

On  voit  donc  que  la  sclérose  hépatique  et  l'ascite  ne 
représentent  pas  les  deux  termes  inévitables  d'une  équa- 
tion, et  Ton  sait  d'ailleurs  que  la  sclérose  type  du  foie  a  été 
constatée  à  l'autopsie  par  Lécorché,  Rendu,  etc.,  en 
l'absence  de  toute  trace  d'épanchemeut  péritonéal.  Il  en 
résulte  que  la  formation  de  l'ascite  peut  coexister  avec  les 
premières  phases  de  l'hépatite  alcoolique,  c'est-à-dire  avec 
des  lésions  hépatiques  non  encore  fatalement  irrémédiables, 
alors  même  que -les  premiers  accidents  remontent  à  une 
date  déjà  éloignée.  C'est  cette  phase  que  M.  Millard  a  très 
heureusement  désignée  du  nom  de  préscléreuse.  Elle  serait 
caractérisée,  en  ce  qui  concerne  la  lésion  hépatique,  sui- 
vant MM.  Troisier  et  Millard,  par  la  prolifération  plus  ou 
moins  active  des  cellules  embryonnaires,  susceptibles  sans 
doute  de  subir  un  processus  de  résolution  au  lieu  d'évoluer 
nécessairement  vers  l'organisation  conjonctive. 

On  conçoit,  dès  lors,  aisément  la  possibilité  de  la  gué- 
rison  observée  dans  ces  cas  :  la  disparition  des  processus 
irritatifs  portes  ou  péritonéaux,  causes  directes  de  l'ascite, 
permet  à  celle-ci  de  rétrocéder  et  de  ne  plus  se  reproduire, 
tandis  que  le  foie,  non  encore  infiltré  du  tissu  scléreux,  au 
moins  en  proportion  notable,  tout  en  conservant  à  coup  sûr 
quelques  traces  des  lésions  dont  il  a  été  le  siège,  demeu- 
rera néanmoins  dans  un  état  d'intégrité  relative,  compa- 
tible avec  une  santé  fort  acceptable. 

Ce  qui  vient  encore  confirmer  cette  manière  devoir,  c'est 
la  constatation,  faite  par  presque  tous  les  observateurs  qui 
ontsignalédes  cas  de  guérisonde  l'hépatite  alcoolique,  de 
l'augmentation  de  volume  du  foie.  Cette  hypermégalie  hé- 
patique n'est  pas  pour  surprendre,  car  elle  a  été  indiquée 
de  tout  temps  dans  les  premières  phases  de  la  cirrhose,  mais 
elle  seraitméme  plus  fréquente  qu'on  ne  le  pense  générale- 
ment, puisque  le  docteur  Formad  (de  Philadelphie)  sur 
deux  cent  cinquante  cinq  autopsies  d'ivrognes  n'aurait 
trouvé  que  six  cas  de  foie  atrophié.  La  même  opinion  a  été 
soutenue  par  Anstie,  Wilson  et  Osier;  enfin  chez  les  ma- 


lades de  MM.  Troisier,  Millard,  Coyne,  CalHas,  Joffroy,  etc.. 
et  chez  la  jeune  femme  que  nous  avons  pu  suivre  Técern- 
ment,  le  foie  était  manifestement  augmenté  de  volume. 

Dans  quelques  observations,  il  est  vrai,  la  diminution  du 
foie  est  signalée,  mais  c'est  précisément  dans  plusieurs  dt: 
ces  cas  que  l'on  voit  la  rémission  n'être  que  de  courte  du- 
rée (Legroux,  Letulle);  ces  faits  du  reste  ne  pourraient 
qu'être  plus  démonstratifs  encore  en  prouvant  que,  même 
avec  un  certain  degré  de  sclérose  et  d'atrophie  hépatique, 
les  accidents  et  l'épanchement  ascitique  sont  susceptible* 
de  disparaître  pendant  un  temps  plus  ou  moins  long. 

D'ailleurs,  sans  vouloir  insister  davantage,  nous  rappel- 
lerons que  la  pathologie  hépatique  tend  à  subir  d'impor- 
tantes modifications  depuis  quelques  années,  et  que  la  divi- 
sion classique  en  cirrhose  atrophique  et  cirrhose  hyperlrcv- 
phique  peut  aujourd'hui  paraître  un  peu  bien  schématique 
et  par  trop  absolue.  Il  faut  savoir  tenir  compte  des  formes 
intermédiaires  :  elles  sont  à  l'étude  et  nous  réservent  sa//.< 
doute,  lorsqu'elles  seront  mieux  connues,  de  précieux  ensei- 
gnements pour  l'interprétation  des  faits  cliniques. 

III 

Arrivé  au  terme  de  cette  revue,  nous  ne  voulons  en  déga- 
ger qu'une  conclusion  :  c'est  que,  dans  un  certain  nombre 
de  cas,  l'hépatite  alcoolique  chronique,  accompagnée 
d'ascite,  est  susceptible  de  rémissions  prolongées  et  même 
de  guérisons,  qui  viennent  contredire  l'assertion  classique 
d'une  marche  constamment  progressive  et  toujours  fatale. 

Ces  guérisons,  momentanées  ou  définitives,  paraissent  se 
produire  surtout  pendant  les  premières  phases  de  la  mala- 
die, à  la  période  que  l'on  pourrait  nommer  pr^sc/êfVtf.f^, 
avec  M.  Millard,  et  qui  s'accompagne  fréquemment  d'une 
augmentation  de  volume  du  foie;  elles  seraient  alors  sans 
doute  un  indice  de  lésion  intrahépatique  encore  peu  avan- 
cée et  de  rétrocession  des  lésions  péritonéales  ou  veineuses 
extra-hépatiques. 

Dans  quelles  conditions  peut-on  espérer  un  résultat  aus^i 
favorable,  et  quelles  sont  les  indications  pratiques  qui  en 
découlent?  C'est,  avant  tout,  la  suppression  de  la  cause 
productrice  des  accidents,  la  cessation  absolue  et  persistante 
des  habitudes  alcooliques.  La  sévérité  du  régime  est  indis- 
pensable, non  seulement  pour  amener  la  suspension  des 
accidents  et  l'arrêt  dans  l'évolution  de  la  maladie,  mais 
aussi  pour  mettre  le  convalescent  à  l'abri  des  rechutes  qui 
ne  manqueraient  pas  de  se  produire.  Sans  être  aussi  rude 
en  paroles  que  Chrétien  (de  Montpellier),  disant  à  son  ma- 
lade :  c  le  lait  ou  la  mort!  >  le  médecin,  après  avoir  fait 
comprendre  à  l'alcoolique  le  danger  qu'il  court,  devra  tenir 
fermement  la  main  à  la  continuation  persévérante  du  ré- 
gime lacté,  et,  plus  tard,  à  labstention  des  boissons  alcoo- 
liijues.  Tous  les  observateurs  sont  unanimes  sur  ce  point. 

Quant  au  traitement  médicamenteux,  il  doit  s'inspirer 
des  phénomènes  critiques  spontanés  qui  ont,  dans  quelques 
cas,  précédé  ou  accompagné  des  rémissions  inattendues. 
Nous  avons  vu  que,  parfois,  une  diurèse  ou  une  diarrhée 
non  provoquées  avaient  été  le  signal  de  la  disparition  de 
l'ascite  et  des  accidents  concomitants  chez  des  cirrhotiques, 
et  c'est  également  les  diurétiques  et  les  purgatifs  drastiques 
qu'ont  employés  les  médecins  qui  ont  eu  à  enregistrer  les 
succès  dont  nous  avons  parlé.  Faut-il  donner  la  préférence 
à  la  digitale,  à  la  potion  diurétique  remise  en  faveur  par 
M.  Millard,  aux  pilules  de  Bontius  préconisées  par  Legroux 


6  Décembre  1889        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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père  et  par  M.  Moutard-Martin,  ou  à  tout  autre  purgatif?  nous 
croyons  que  c'est  affaire  de  tact  et  d'expérience  pour  le  cli- 
nicien et  qu'il  nous  siérait  mal  de  vouloir  formuler  quelque 
conseil  à  cet  égard. 

Tout  ce  qui  nous  est  permis  de  constater,  c'est  que  le  ré- 
gime lacté  absolu  et  longtemps  continué,  les  diurétiques, 
les  purgatifs,  aidés  de  la  révulsion  sur  la  région  abdomi- 
nale, ont  permis  d'obtenir,  soit  après  la  ponction,  soit  même 
sans  paracentèse,  les  guérisons  dont  nous  avons  cherché  à 
interpréter  le  mécanisme,  et  qui  ouvrent  à  la  thérapeutique 
un  horizon  plus  constant  que  par  le  passé. 

André  Petit. 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

Do  iraltemciit  des  iaenlas  par  le  calomel, 
la  Coopère  mAle  et  la  pelletlerlne. 

Des  discussions  récentes,  il  semble  résulter  qu'il  y  a  tout 
avantage,  on  s'en  doutait  bien  depuis  longtemps,  d'associer 
le  calomel  aux  préparations  de  fougère  mâle  contre  le 
tienia. 

I.  Traitement  par  la  fougère  mâle.  —  A  mon  avis, 
voici  la  marche  à  suivre  : 

i*"  La  veille,  au  soir,  mettre  le  malade  à  la  diète; 

2°  Le  lendemain,  prescrire  l'extrait  éthéré  de  fougère 
mâle  et  de  calomel. 

On  le  formulera  en  capsules  chez  les  adultes  à  raison  de 
quinze  capsules,  dont  chacune  peut,  à  l'exemple  de 
M.  Créquy,  être  ainsi  dosée: 

Extrait  éthéré  de  fougère  niAle. ...     45  centigrammes. 
Calomel 5  — 

Ces  capsules  sont  ingérées  trois  par  trois,  de  quart 
d'heure  en  quart  d'heure,  Texlrait  de  fougère  mâle  agissant 
comme  taenicide  et  le  calomel  comme  purgatif. 

Chez  les  enfants,  il  y  aurait  avantage,  comme  M.  Du- 
chesne  le  propose,  de  véhiculer  cet  extrait  dans  une  gelée. 
On  peut  donc  formuler  ainsi  : 

Prendre  par  cuillerée  de  cinq  en  cinq  minutes  la  gelée 
suivante  : 

Extrait  éthéré  de  fougt're  inàJe..     3  à  6  grammes 
(suivant  T&ge  des  enfants). 

Calomel 30  à  &0  ceuligrammes. 

Sucre q.  s. 

Gélatine q.  s. 

Eau  de  laurier-cerise q.  s.  pour  aromatiser. 

II.  Traitement  par  la  pelletierine.  —  Le  tannale  de 
pelletierine  est  préféré  en  général  à  la  pellelierine. 

l*On  mette  malade  à  la  diète,  on  administre  le  lendemain 
un  lavement  pour  laver  l'intestin  et  immédiatement  après  on 
fait  ingérer  le  taenicide  à  la  dose  de  ^5  à  40  centigrammes. 

2°  Le  malade  demeure  dans  le  repos  et  la  position  horizon- 
tale pour  prévenir  les  vomissements,  les  verliges  et  les  trou- 
bles oculaires. 

3"  Une  demi-heure  ou  une  heure  après  on  fait  ingérer  le 
purgatif:  huile  de  ricin,  40  à  60  grammes,  ou  eau-de-vie 
allemande,  "10  à  30  grammes. 

Ch.  Éloy. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

HOSPICE  DE  LA  SALPÊTRIÈRE.  —  M.  LE  PROFESSEUR  CHARCOT. 

Migraine  et  blépuaroptose.  —  L'histoire  des  migraines 
est  loin  d'être  encore  élucidée.  Un  sujet  de  seize  ans  et 
demi  est  migraineux  depuis  rage  de  six  ans.  D'abord  irré- 
gulières, ces  migraines  ont  fini  par  revenir  périodiquement 
tous  les  trois  mois.  Elles  étaient  caractérisées  par  des  dou- 
leurs occupant  surtout  le  front  et  ne  paraissaient  pas  rentrer 
dans  la  catégorie  si  intéressante  des  migraines  accompa- 
gnées. 

Chose  curieuse  :  chaque  crise  de  migraine  s'est  accom- 
pagnée d'une  chute  de  la  paupière  du  côté  correspondant 
(côté  droit).  Une  fois  les  douleurs  passées  au  milieu  d'un 
cortège  de  phénomènes  gastriques,  la  paupière  se  relevait 
tout  naturellement. 

Depuis  la  dernière  crise  migraineuse  il  en  a  été  autrement  : 
la  paupière  est  tombée  dès  l'apparition  des  douleurs,  mais 
elle  ne  s'est  pas  relevée  une  fois  les  douleurs  passées. 

M.  Charcot  cile  un  fait  semblable  chez  une  femme  (cas 
de  Marie  et  Parinaud).  La  malade,  migraineuse  depuis  long- 
temps, vit  assez  soudainement  les  douleurs  diminuer  d'in- 
tensité, mais  aussi  s'installer  une  blépharoptose  qui  résista 
à  tous  les  traitements.  (Leçon  du  mardi  29  mai  1889.) 

Essai  de  diagnostic  d'une  myélite  non  systématisée. 
—  L'avantage  des  leçons  du  mardi  consiste  dans  la  recher- 
che des  diagnostics  qui  ne  s'appuient  pas  toujours  sur  des 
données  bien  positives.  Il  arrive  assez  souvent  que  le  cli- 
nicien se  trouve  en  présence  de  cas  qui  ne  rentrent  dans 
aucun  des  cadres  connus  ;  la  leçon  du  5  novembre  nous 
montre  un  cas  de  ce  genre.  Un  malade  de  quarante-cinq 
à  cinquante  ans,  présente  du  côté  du  mouvement  une 
faiblesse  très  grande  dans  la  main  et  le  bras  droit;  une 
parésie  très  accusée  dans  le  membre  inférieur  du  même 
coté,  une  paraltfsie  des  extenseurs  du  pied  à  droite,  des 
secousses  fibrillaires  dans  les  muscles  du  côté  droit. 

Tous  ces  symptômes  moteurs  sont  accompagnés  d'une 
atrophie  musculaire  ressemblant  à  celle  d'Aran-Duchenne 
dans  le  côté  droit  seulement. 
Les  réflexes  sont  conservés. 

Du  côté  de  la  sensibilité,  on  note  dans  le  genou  et  dans 
le  mollet  des  douleurs  à  type  fulgurant  du  côté  droit  seu- 
lement. Enfin  il  y  a  des  troubles  vésicaux,  de  la  gène  pour 
uriner,  des  urines  boueuses,  sales  et  fétides. 
Procédant  par  exclusion,  M.  Charcot  démontre  : 
1"  Quil  ne  s'agit  pas  d*une  paralysie  toxiqtie  (alcoo- 
lique), malgré  les  douleurs  à  fleur  de  peau  et  la  chute  des 
pieds,  il  n'y  a  pas  de  signes  d'alcoolisme  et  le  malade 
affirme  qu'il  ne  uoit  pas;  de  plus  les  troubles  urinaires  ne 
rentrent  pas  dans  le  cadre  de  la  paralysie  toxique  non  plus 
que  l'amyotrophie  ainsi  distribuée;  de  plus  les  réflexes,  au 
lieu  d'être  abolis,  sont  plutôt  forts.  Pas  de  troubles  céré- 
braux, de  rêves,  d'amnésie,  etc.; 

i"  Ce  n'est  pas  un  tabêtique  (réflexes  conservés,  pieds 
tombants,  unilatéralité  des  phénomènes,  pas  de  signes  ocu- 
laires, atrophie  musculaire  ;  ser.oussesfibrillaires,  etc., etc.); 
3*"  Ce  n'est  pas  non  plus  un  cas  d'atrophie  musculaire 
progressive  type  Aran-Duchenne^  à  cause  des  secousses 
fibrillaires,  des  douleurs  qu'a  présentée?  le  malade,  des 
troubles  urinaires,  des  pieds  tombants,  de  la  marche  rapide 
du  mal; 
4*  Ce  n'est  pas  une  syringo-myélie  et  pour  cause; 
6"  L'aflection  rappelle  la  sclérose  latérale  amyotrophique 
par  la  distribution  unilatérale,  les  secousses  musculaires, 
la  manière  d'être  de  l'atrophie,  la  rapidité  de  la  marche; 
mais  le  diagnostic  a  contre  lui  :  le  début  par  les  membres 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  6  Décembre  1889 


inférieurs,  les  douleurs,  les  troubles  uriDaires,  les  réflexes 
pas  assez  exaltés,  etc. 

Que  conclure?  il  ne  reste  plus  de  maladie  systématisée; 
on  peut  imaginer  une  myélite  centrale  touchant  les  cellules 
des  cornes  antérieures  (amyotrophie),  n'irritant  pas  trop 
les  faisceaux  latéraux  (pas  d'exaltation  manifeste  des 
réflexes),  diffusant  un  peu  en  arrière  (douleurs  à  type  ful- 
gurant). 

Au  pronostic  on  peut  dire  que  l'avenir  est  moins  effrayant 

3 ne  s'il  s* agissait  de  la  sclérose   latérale  amyotrophique 
ont  tout  le  monde  ici  connaît  le  pronostic  fatal. 

Chorée  de  Sydenham.  —  A  propos  d'un  cas  de  chorée  de 
Sydenham,  M.  Charcot  fait  remarquer  que,  chose  assez 
rare,  la  maladie  a  commencé  parle  côté  droit  à  l'exclusion 
du  côté  gauche;  le  professeur  considérerait  comme  parti- 
culièrement extraordinaire  que  dans  cette  forme  de  chorée, 
les  mouvements  incoordonnés  fussent  restés  limités  à  la 
moitié  du  corps. 

La  chorée  a  un  pronostic  d'autant  plus  sérieux  que  le 
début  se  fait  plus  tard,  aux  environs  de  dix  ans  la  chose 
est  fréquente,  à  quatorze  ans  la  maladie  est  plus  rare,  plus 
rare  encore  à  dix-huit  ans. 

La  mère  de  la  jeune  malade  ayant  raconté  que  sa  fille 
avait  gardé  le  lit  pendant  quatre  mois  lors  d'une  première 
atteinte  de  chorée  arrivée  à  neuf  ans  et  demi,  M.  Charcot 
se  demandait  s'il  s'agissait  d'une  de  ces  chorées  paraly- 
tiques ou  chorées  molles  décrites  depuis  peu  de  temps. 
Il  parait  résulter  des  explications  ae  la  mère  que  ce 
séjour  au  lit  a  été  motivé  par  l'étendue  et  la  répétition  des 
mouvements. 

La  jeune  fille  n'a  jamais  eu  de  rhumatismes  ni  per- 
sonne de  sa  famille.  Etant  enfant,  elle  a  eu  des  convulsions. 

Angine  de  poitrine  hystérique.  —  Une  femme  de  qua- 
rante à  quarante-cinq  ans,  qui  vient  de  dépasser  l'âge  de  la 
ménopause,  a  depuis  six  mois  des  phénomènes  singuliers. 
Elle  ressent  brusquement  sans  cause  appréciable  dans  le 
petit  doigt  de  la  main  gauche  un  engouraissemcnt  et  pres- 
que en  même  temps  une  angoisse  terrible  dans  la  région 
précordiale. 

La  respiration  s'interrompt,  la  malade  sanglote  sans 
pouvoir  s  arrêter.  La  crise  aure  de  quelques  minutes  à  un 
quart  d'heure.  Malgré  toutes  ces  apparences  d'angine  de 
poitrine  vraie,  il  s'agit  d'un  pseudo-angorpectoris,  de  l'angine 
de  poitrine  hystérique. 

La  première  description  de  l'angine  de  poitrine  hysté- 
rique a  été  donnée  par  Marie  dans  la  Bévue  de  médecine 
vers  1882.  La  malade  qui  a  servi  de  type  à  cette  descrip- 
tion est  une  nommée  Oreille,  la  doyenne  des  hystéro-épilep- 
tiques,  entrée  à  la  Salpêtrière  à  vingt-cinq  ou  vingt-six  ans, 
soignée  par  M.  Charcot  quand  il  était  interne  dans  la  maison 
et  âgée  aujourd'hui  de  soixante-dix  ans.  Cette  femme  est 
encore  hémi-anesthésique. 

Les  crises  d'angor  pectoris  qu'elle  a  eues  ne  se  comptent 
plus.  La  répétition  de  ces  accès  prouve  la  nature  de  l'an- 
gine de  poitrine;  l'angine  vraie  ne  se  répète  jamais  aussi 
souvent,  elle  est  toujours  ou  presque  toujours  provoquée 
par  une  marche  contre  le  vent,  l'ascension  d  un  escalier,  en 
un  mot  par  tous  les  efforts  qui  exagèrent  le  travail  du  cœur. 
Chacun  sait  qu'on  a  transporté  dans  la  pathologie  cardiaaue 
la  théorie  de  la  claudication  intermittente  émise  autrefois 
par  M.  Charcot. 

H.  Huchard  a  tout  fait  pour  démontrer  l'influence  de  la 
coronarite,  l'obstruction  des  artères  du  cœur,  et  l'insuffi- 
sance du  sang  qui  arrive  au  myocarde:  chez  notre  malade 
c'est  au  lit  que  le  fait  se  produit,  la  douleur  précordiale 
vient  sans  raison  au  milieu  du  sommeil,  elle  s'accompagne 
de  sanglots  convulsifs,  c'est  une  simple  crise  d'hystérie 
modifiée. 

Cette  femme  est  dans  l'âge  de  la  ménopause,  c'est  l'âge 


où  l'hystérie  endormie  se  réveille  ou  s'éveille  pour  la  pre- 
mière fois.  Elle  est  hémianalgésique,  elle  a  de  l'ovarie,  oo 
la  soumettra  à  un  examen  plus  approfondi  demain,  t^ei 
accidents  semblent  s'être  produits  sous  l'influence  de  cha- 
grins et  d'excès  de  travail.  (Leçon  du  5  novembre  1889.) 

D^  Paul  Berbez. 


TRAVAUX   ORIGINAUX 

Clinique  ehlmrfleale. 

Pansements  a  la  charpie  stérilisée.  Communication 
faite  au  Congrès  de  chirurgie,  le  12  octobre  1889,  par 
M.  Léon  Régnier,  médecin-chef  de  l'hôpital  militaire  df 
Nancy. 

il  existe,  dans  les  hôpitaux  militaires  et  dans  les  maga- 
sins du  service  de  santé,  des  approvisionnements  complets 
de  pansements  antiseptiques,  coton  hydrophvle,  tourbe 
Redon,  étoupes  goudronnées  de  Thomas  et  Wecer;  mais  il 
existe  également  un  stock  considérable  de  charpie. 

Cette  charpie  est  condamnée  en  principe;  doit-on  U 
détruire?  est-elle  aussi  nuisible  au'on  le  prétend?  TeJie  est 
la  question  dont  je  vais  étudier  la  solution.  En  prenant  le 
service  des  blessés  à  l'hôpital  militaire  de  Nancy,  il  y  a  un 
an,  je  fus  désagréablement  surpris  de  trouver,  dans  les 
magasins,  un  approvisionnement  de  charpie  de  100  kilo- 
grammes.  Préoccupé  des  moyens  les  plus  simples  à  em- 
ployer pour  purifler  cette  charpie,  ma  première  pensée  fut 
d'appliquer  les  prescriptions  de  la  circulaire  ministérielle 
du  20  novembre  1886. 

Cette  circulaire  indique,  en  effet,  toutes  les  précautions 
à  prendre  pour  obtenir,  après  ébullition  et  lavage,  la  charpie 
sublimée,  phéniquée,  boriquée.  Les  opérations  conseillées 
sont  laborieuses,  compliquées;  le  sublimé,  l'acide  pbé- 
nique,  s'évaporent  lentement,  et  la  chamie  perd  peu  à  peu 
ses  propriétés  antiseptiques.  Je  résolus  de  purifier  la  char- 

[ne  par  petites  quantités  de  5  kilogrammes  au  moyen  de 
'étuve  à  vapeur  d'eau  sous  pression  à  désinfection  de 
Genest-Herscher.  Chaque  fois  nue  l'étuve  fonctionnait,  je 
faisais  placer  sur  les  claies,  pendant  vingt  minutes,  et  à  une 
température  de  120  degrés,  10  kilogrammes  de  charpie 
préalablement  éplucbL-o.  Après  cette  opération,  la  charpie 
stérilisée  était  recueillie  dans  des  boites  en  fer-blanc  fer- 
mant à  touret. 

La  charpie  est-elle  stérilisée  dans  le  sens  absolu  du  mol? 
Je  ne  puis  l'affirmer.  Mon  ami  le  docteur  Haushalter  a  bien 
voulu  recueillir,  dans  mon  service,  des  échantillons  de 
charpie,  avant  la  stérilisation,  et  d'autres  stérilisés  depuis 
un  temps  variable.  Je  communiquerai  prochainement  les 
résultats  de  ses  recherches. 

J'essayai  cette  charpie  et  fus  surpris  des  résultats  excel- 
lents qu'elle  me  donna.  Depuis  le  mois  de  février,  je  n'ai 
plus  acheté  ni  makinstoseh,  ni  coton  hydrophvle.  La  char- 

iûe  stérilisée  m'a  donné  des  réunions  immédiates  chaque 
ois  qu'il  était  possible  de  l'obtenir.  La  préparation  ou  mieux 
la  stérilisation  de  la  charpie  peut  se  faire  sans  étuve  a 
vapeur  d'eau  sous  pression.  Le  pharmacien  de  l'hôpital  fait 
chauffer  à  120  degrés  2  kilogrammes  de  charpie  dans 
l'étuve  à  air,  munie  d'un  thermomètre,  dont  sont  pourvues 
toutes  les  pharmacies;  la  charpie  est  recueillie  dans  des 
bocaux  à  large  ouverture  bouchés  avec  du  liège  entouré  de 
paraffine. 

La  méthode  antiseptiaue  comprend,  à  mon  avis,  deux 
groupes  de  précautions  ;  les  unes,  nécessaires,  ont  trait  à  la 

[iropreté  de  la  salle  d'opérations,  à  la  préparation  du  ma- 
ade,  des  instruments,  aes  éponges,  etc.,  en  résumé,  à  tous 
ces  détails  si  bien  formulés  par  M.  Lucas-Championnière; 
les  autres,  facultatives,  sont  le  choix  des  objets  de  panse- 


6  DÉCEMBRE  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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ment.  J'emploie  indifféremment  le  coton  hydrophyle, 
sublimé,  la  tourbe  Redon  ou  la  charpie  stérilisée  ;  les  résul- 
tats définitifs  sont  les  mômes  si  toutes  les  précautions  du 
premier  groupe  ont  été  bien  prises. 

Voici  d'ailleurs  la  série  aes  opérations  auxquelles  j'ai 
appliqué  indistinctement  le  pansement  à  la  charpie  : 

Ouverture  d'abcès  froids,  grattage,  enlèvement  de  gan- 
glions cervicaux  suppures  (2  cas)  ;  réunion  par  première 
intenlion; 

Kystes  à  grains  riziformes  du  poignet;  double  ponction 
au  bistouri;  injection  avec  la  solution  phéniquée  forte; 
réunion  par  première  intention; 

Excision  d  un  trajet  fistuleux  à  la  partie  inférieure  de 
.  l'abdomen  au-dessus  du  pubis;  réunion  par  première  inten* 
tion; 

Kyste  dermoide  prélaryngien;  réunion  par  première 
intention  ; 

Hydroeèle  enkystée  du  cordon;  incision  antiseptique; 
réunion  par  première  intention; 

Résection  du  genou  pour  arthrite  fongueuse  suppurée; 
pansement  sans  drain  renouvelé  le  lendemain  de  l'opéra* 
tion,  7  août;  levé  le  6  octobre;  réunion  par  première  inten- 
tion sous  un  seul  pansement  à  la  charpie; 

Arthrotomie  des  deux  genoux  pour  corps  étrangers  arti- 
culaires, pratiquée  le  26  septemnre.  Le  malade  est  guéri 
par  première  intention  ; 

Yaricocèle;  incision  antiseptique;  ligature  du  faisceau 
antérieur  et  excision;  réunion  par  première  intenlion. 

Je  n'ai  pas  compris,  dans  ces  résultats,  une  cure  radicale 
de  hernie  pratiquée  le  22  mars,  qui  a  guéri  en  trois 
semaines;  il  y  eut,  à  la  partie  déclive,  un  peu  de  pus  fourni 
par  les  points  de  sutures. 

La  soie  que  j'avais  employée  pour  les  sutures  n'était  pas 
aseptique;  j'en  ai  eu  la  preuve  ultérieurement. 

Pai  pratiqué,  en  outre,  des  opérations  qui  ne  compor- 
taient pas  de  réunion  immédiate,  et  dans  lesquelles  le  bour- 
geonnement des  plaies  s'est  produit  d'une  manière  très 
régulière  et  très  rapide  : 

Evidement  du  cubitus  au  tiers  supérieur,  pour  ostéide 
tuberculeuse;  guérison  en  six  semaines; 

Deux  évidements  du  tibia  pour  ostéide  tuberculeuse  ;  les 
malades  ont  guéri  en  quarante  et  soixante  jours  ; 

Un  évideroent  de  la  branche  montante  du  maxillaire 
inférieur  pour  ostéide  due  à  l'évolution  de  la  dent  de 
sagesse  :  la  plaie  a  été  comblée  et  cicatrisée  en  trois  mois. 
Enucléation  du  globe  de  l'œil;  cicatrisation  rapide. 

Je  pourrais  multiplier  ces  observations;  je  n'ai  cité  que 
les  plus  saillantes;  mais,  après  cette  énumération,  il  me 
semble  légitime  de  formuler  les  deux  conclusions  sui- 
vantes : 

l'^  La  charpie  stérilisée  peut  être  employée  en  toute  sécu- 
rité; elle  donne  des  réunions  par  première  intention  aussi 
bien  que  la  ouate  hydrophile  et  la  tourbe  Redon,  lorsque 
toutes  les  précautions  antiseptiques  sont  prises  avant  et 
pendant  l'opération. 

2"  Je  crois  donc  avoir  résolu  le  problème  de  la  purifica- 
tion et  de  l'utilisation  de  nos  approvisionnements  de  char- 
pie, le  procédé  est  d'une  exécution  facile;  il  a  le  mérite 
assurément  rare  de  n'entraîner  aucune  dépense. 


Cilnliiae  inédlcale. 

L'urticaire  chez  les  enfants  (formes,  patuogénie, 
évolution).  Communication  faite  à  la  Société  médicale 
des  hôpitaux  dans  la  séance  du  25  octibre  1889,  par 
M.  le  docteur  J.  Comby,  médecin  des  hôpitaux. 

L'enfant,  dont  les  réactions  cutanées  et  nerveuses  sont  si 
vives  et  si  soudaines»  est  plus  exposé  que  l'adulte  à  toutes 


les  variétés  d'urticaire.  Chez  lui,  l'urticaire  aiguë  ou  surai- 
guë, qui  succède  à  l'usage  de  certains  aliments  (poissons  de 
mer,  coquillages),  prend  quelquefois  des  alluresalarmantes. 
Les  vomissements,  la  diarrhée,  la  bouffissure  du  visage, 
l'agitation,  la  dyspnée,  donnent  l'image  effrayante  d'un 
empoisonnement  réel. 

Et  de  fait,  l'urticaire  est  le  résultat  d'une  véritable  intoxi- 
cation; que  le  poison  vienne  du  dehors,  qu'il  soit  élaboré 
dans  l'estomac,  qu'il  émane  d'un  kyste  hydatique,  il  s'éli- 
mine par  la  peau  et  marque  son  passage  par  des  phéno- 
mènes vaso-moteurs  et  des  troubles  nerveux  d'une  certaine 
gravité.  Je  n'insisterai  pas  sur  l'essence  même  de  l'urti- 
caire ni  sur  le  rôle  d'émonctoire  que  la  peau  semble  jouer 
dans  cette  affection.  Je  veux  surtout  chercher  le  lien  qui 
unit  certaines  formes  d'urticaire  à  des  troubles  digestifs 
permanents  et  le  pronostic  réservé  à  ces  formes  spéciales. 

Parmi  les  dermatoses  en  rapport  avec  la  dyspepsie  in- 
fantile, l'urticaire  est  une  des  plus  intéressantes  et  des  plus 
communes. 

I 

L'urticaire  peut  être  aiguë  et  passagère,  comme  dans 
l'empoisonnement  par  les  moules;  elle  reconnaît  pour 
cause  une  indigestion  ou  une  alimentation  mal  appropriée 
à  l'âge  des  enfants.  Elle  dure  un  ou  plusieurs  jours,  elle 
peut  se  reproduire  une  ou  deux  fois  après  un  intervalle  plus 
ou  moins  long,  elle  est  quelquefois  vésicuteuse  ou  huileuse. 
Dans  tous  les  cas,  elle  coïncide  avec  un  état  dyspeptique 
ancien  ou  récent.  En  voici  des  exemples  : 

Obs.  l.  Fillette  de  neuf  mois.  Allaitement  artificiel.  Diar- 
rhée. Urticaire  aiguë.  —  Fille  de  neuf  mois,  observée  lo  8  fé- 
Trier  1889,  est  nourrie  au  biberon  :  elle  prend,  en  vingt-quatre 
heures,  un  litre  de  lait  non  bouilli,  sans  compter  l'eau  rougie, 
le  pain  trempé  dans  les  sauces  et  autres  aliments  mauvais  pour 
son  âge.  Depuis  six  ou  huit  jours,  diarrhée  fétide  ;  depuis  hier, 
urticaire  aiguë  généralisée,  nombreuses  papules  sur  le  tronc  et 
les  fesses,  bouffissure  avec  rougeur  de  la  face  et  des  mains, 
démangeaisons  très  vives.  L'enfant  a  un  gros  ventre,  sans  qu'it 
soit  possible  de  percevoir  le  bruit  de  clapotage  ;  pas  de  dents. 
11  existe  enfin  une  spina  ventosa  du  gros  orteil  gauche;  le  père 
est  mort  tuberculeux,  un  frère  de  trois  ans  et  demi  est  atteint 
de  coxalgie.  Donc,  urticaire  aiguë  liée  à  une  mauvaise  alimen- 
tation chez  un  enfant  à  hérédité  scrofulo-tuberculeuse.  Je 
prescris  du  lait  bouilli  coupé  d'eau  de  riz,  du  bismuth  à  l'in- 
térieur, et,  contre  les  démangeaisons,  du  glycérolé  tartriquo 
à  l/iO«. 

Obs.  II.  Fillette  de  huit  anSf  très  nerveuse.  Deuxième  poussée 
d'urticaire.  Abus  des  liquides,  —  Cette  enfant,  âgée  de  huit 
ans,  que  j'observais  le  9  avril  4888,  était  atteinte  depuis  quatre 
jours  d'urticaire  aiguë  généralisée,  avec  fièvre  et  état  saburral; 
en  un  mot,  c'était  un  cas  de  fièvre  ortiée  qui  ne  tarda  pas  â  dis- 

Earaltre.  Déjà,  l'année  d'avant,  j'avais  soigné  cette  malade  au 
ispensaire  pour  une  chorée  nerveuse  qui  n'avait  pas  duré 
moms  de  trois  mois.  Dans  le  cours  de  cette  chorée,  j'avais  con- 
staté l'apparition  d'une  éruption  d'urticaire  fébrile,  qui  dura 
près  de  quinze  jours.  L'enfant  est  restée  très  nerveuse,  elle  n'a 

Sas  de  réflexe  pharyngien.  De  plus,  elle  a  l'habitude  de  boire 
éraesurément,  d'où  un  état  dyspeptique  qui,  concurremment 
avec  le  nervosisme,  joue  sans  doute  un  rôle  dans  la  pathogénie 
de  l'urticaire. 

Obs.  lU,  Fillette  de  deux  mois.  Tétées  rares^  mais  prolongées. 
Vomissements  et  constipation.  Urticaire  vésiculeuse.  —  Cette 
enfant,  observée  le  2\  décembre  1888,  est  nourrie  au  sein;  sa 
mère,  qui  a  beaucoup  de  lait,  lui  donne  le  sein  non  pas  trop 
souvent,  mais  trop  longtemps.  11  en  résulte  un  état  dyspeptique 
qui  se  traduit  par  des  régurgitations  de  lait  caillé  et  par  de  la 
constipation.  Depuis  hier,  vives  démangeaisons  accompagnées 
de  l'éruption  de  plaques  rougos,  au  centre  desquelles  se  mon- 
trent des  vésicules  petites,  arrondies  pour  la  plupart,  persis- 
tant après  la  disparition  des  papules.  Sur  le  dos,  on  voit  toute 
une  série  de  ces  vésicules  qui  forment  groupe  et  dont  quelques- 
unes  sont  déchirées  par  le  grattage.  Je  conseille  à  la  mère  de 
surveiller  les  tétées  de  son  enfant  et  d'en  réduire  la  durée.  Au 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         6  Décembre  iS89 


lieu  de  dix  ou  quinze  minutes,  Fenfanl  ne  doit  rester  au  sein 
que  cinq  minutes. 

Ces  formes  aiguës  d'urticaire,  dont  je  ne  parlerai  pas 
davantage,  sont  parfaitement  curables  et  sans  gravité; 
l'amélioration  du  régime  de  l'enfant  suffit  le  plus  souvent 
à  la  guérison  et  à  la  prophylaxie  de  la  maladie.  Le  nervo- 
sisrae,  la  chorée,  l'hystérie  rendent  l'urticaire  plus  tenace. 

II 

Vurtiçaire  à  répétition  est  une  forme  plus  sérieuse  que 
la  précédente,  quoiqu'elle  reconnaisse  la  même  étiologie. 
Les  enfants  sujets  à  ces  éruptions  ortiées  récidivantes  sont 
presque  toujours  des  rachitiques  ou  d'anciens  rachitiques, 
qui  ont  conservé  de  la  dyspepsie  avec  dilatation  de  Teslo- 
mac,  qui  sont  polyphagi^ues  et  polydipsiques.  Ces  enfants 
mangent  et  boivent  trop,  ils  mangent  et  boivent  souvent  des 
substances  indigestes,  irritantes,  qui  ne  conviennent  pas  à 
leur  âge.  C'est  surtout  l'abus  des  li(|uides  qu'il  faut  incri- 
miner; dans  la  classe  ouvrière,  qui  m'a  fourni  la  plupart 
de  mes  observations,  on  donne  sans  discernement  aux  en- 
fants de  l'eau,  de  la  bière,  du  cidre,  dû  café,  du  vin.  Ils  ont 
souvent  des  terreurs  nocturnes,  accident  habituel  de  la 
dyspepsie  infantile;  ils  sont  ou  deviennent  nerveux,  irri- 
tables et  les  démangeaisons  n'en  sont  que  plus  accusées. 
Quand  les  poussées  d'urticaire  vont  en  se  multipliant  et  en 
se  rapprochant,  l'urticaire  mérite  alors  le  nom  d'urticaria 
perstans  ou  d'urticaire  chronique. 

A  la  longue  viennent  s'ajouter,  aux  papules  d'urticaire, 
des  lésions  de  grailage  ou  papules  de  prurigo,  qui  marquent 
le  trait  d*union  entre  cette  forme  d'urticaire  et  le  lichen 
polymorphe  dont  je  parlerai  plus  loin.  Pour  saisir  ce  trait 
d'union,  il  faut  suivre  les  malades  pendant  des  mois  et  des 
années,  ce  (}ue  j*ai  pu  faire  dans  quelques  cas  à  la  polycli- 
nique dont  je  suis  chargé. 

Obs.  IV.  Urticaire  à  répétition.  Petite  fille  de  trois  ans  et 
demi.  Rachitisme,  Convulsions.  —  Cette  petite  fille,  âgée  de 
trois  ans  et  neuf  mois  quand  je  pris  son  observation  (30  janvier 
1889),  avait  été  soumise  à  rallaitement  mixte,  d'où  un  certain 
relard  dans  la  marche  et  révolution  dentaire  ;  la  première  dent 
n'avait  fait  son  apparition  qu'à  l'à^e  de  douze  mois.  Dans  le 
courant  de  l'année  précédente,  j'avais  déjà  traité  cette  enfnnt 
comme  rachitique  et  je  lui  avais  prescrit  des  bains  salés.  Elle 
est  née  de  parents  vifs,  emportés,  nerveux;  elle-même  a  tou- 
jours éié  agitée,  nerveuse  et  méchante.  Ses  fonctions  digestives 
laissent  à  désirer  ;  gros  ventre  avec  clapotage  épigastrique, 
constipation  habituelle.  Elle  boit  beaucoup,  surtout  de  la  bière. 
It  y  a  quatre  mois,  l'enfant  a  présenté  des  convulsions  qui  se 
sont  reproduites  pendant  plusieurs  jours.  A  la  suite  de  ces 
convulsions,  des  poussées  quotidiennes  d'urticaire,  survenant 
surtout  le  soir  et  la  nuit,  se  sont  montrées.  C'est  pour  une  de 
ces  poussées  que  je  suis  consulté  :  ayant  fait  déshabiller  l'enfant, 
j'aperçois  un  petit  nombre  de  plaoues  ortiées  sur  ie  tronc,  mais 
sans  aucune  lésion  de  grattage.  Les  démangeaisons  sont  très 
vives  cependant.  On  ne  peut  pas  dire  que  cette  enfant  ait  actuel- 
lement du  licken  agrius,  mais  elle  y  viendra  tôt  ou  tard. 
D'autre  part,  la  persistance  de  cette  urticaire  et  le  prurit  intense 
qui  l'accompagne  s'expliquent  bien  par  le  nervosisme  du 
sujet  (1).  Traitement  par  le  régime  lacté  et  les  onctions  avec  le 
glyrérolé  tartrique. 

III 

Quand  Vurtiçaire  devient  chronique,  c'est-à-dire  quand 
elle  s'installe  à  demeure  chez  un  enfant,  sans  présenter  de 
notables  rémissions,  on  doit  redouter  une  évolution  fâcheuse 
qui  se  trouve  explicitement  indi(|uée  dans  la  plupart  des 
observations  qu'on  va  lire.  L'urticaire  chronique  des  enfants 
se  transforme  très  souvent  en  une  maladie  incurable  que 
les  anciens  dermatologistes  français  nommaient  licnen 
agrius,  que  M.  Vidal  appelle  lichen  multiforme  feroXj 

(1)  J'ai  vu,  quelque  tempi  auparavant,  une  fillette  de  huit  ans,  trèi  nerveuse, 
qui  avait  un  prurit  névropalhique,  sans  aucune  éruption  sur  le  dos  et  les  jambes.   ' 


que  M.  Besnier,  avec  la  majorité  des  dermatologistes  de 
tous  les  pays,  intitule  prurigo  de  Hebra^  pour  bien  mar- 
quer que  c'est  une  maladie  spéciale,  distincte  de  toutes  les 
autres  variétés  de  prurigo  ou  de  lichen,  et  en  même 
temps  pour  rendre  justice  à  celui  qui  l'a  le  mieux  décrite 
et  isolée. 

Cette  évolution  de  l'urticaire  infantile  est  parfaitement 
connue  aujourd'hui;  je  viens  simplement  la  confirmer  à 
l'aide  de  quelques  observations  démonstratives.  A  Tbôpital, 
les  malades  ne  séjournent  pas  assez  dans  les  salles  pour 
permettre  d'étudier,  dans  toutes  leurs  phases,  les  derma- 
toses à  longue  portée.  Au  Dispensaire  de  la  Yillette,  dont 
la  clientèle  est  toute  locale  et  sédentaire,  il  m'est  permis 
de  suivre  les  malades  pendant  des  années  (ohs.  X  et  XI)  et 
d'assister  aux  transformations  que  le  temps  imprime  aux 
maladies  chroniques. 

.On  verra,  dans  les  observations  que  je  signale,  l*urti* 
caire  survenir  dans  la  première  enfance,  à  roccasion  d'une 
mauvaise  alimentation  (allaitement  artificiel,  alimentatioa 
grossière  et  prématurée);  cette  urticaire,  provoaaée  et 
entretenue  par  la  dyspepsie,  se  répète  à  intervalles  de 
plus  en  plus  rapproches,  puis  s'installe  définitivement  sous 
forme  d'urticaire  chronique  incurable.  Au  bout  de  quelques 
années,  les  lésions  changent  d'aspect;  les  papules  ornées 
sont  devenues  rares  ou  manquent  complètement;  à  leur 
place,  on  voit  des  papules  lichénoldes,  des  lésions  de 
grattage,  des  fissures,  aes  placards  d'eczéma,  Quelquefois 
des  pustules.  La  maladie  ne  mérite  plus  le  nom  a'urticaire; 
c'est  un  prurigo  ou  un  lichen  avec  démangeaisons  atroces 
et  persistantes,  c'est  le  prurigo  de  Hehra. 

Je  n'insisterai  pas  sur  la  description  de  cette  maladie, 
bien  connue  de  tous  nos  maîtres  de  l'hôpital  Saint-Louis, 
et  je  renvoie,  pour  plus  de  dt'tails,  à  l'excellente  étude 
que  M.  Vidal  lui  a  consacrée  dans  les  Annales  de  dermato- 
logie du  !25  mars  1886. 
Voici  les  observations  que  j'ai  recueillies  à  ce  sujet  : 

Obs.  V.  Garçon  de  trois  ans  et  demi.  Urticaire  chroniqve 
datant  de  quatre  mois.  Dyspeosie.  —Le  18  mars  1889,  j'obser- 
vais, au  Dispensaire  de  la  société  philanthropique,  un  petit 
garçon  de  trois  ans  et  demi,  de  bonne  apparence,  nourri  aa 
sein  par  sa  mère  et  n*ayant  pas  été  rachitique.  Cet  enfant  a 
toujours  été  gros  mangeur  et  grand  buveur;  il  avale  ses  ali- 
ments avec  rapidité  et  sans  les  mastiquer;  la  constipation  est 
habituelle  chez  lui.  Son  ventre  est  gros,  sans  être  tendu  ni 
sensible  à  la  palpation.  Au  mois  de  novembre  1888,  la  mère  a 
remarqué  l'apparition  de  papules  larges,  rouges,  prurigineuses, 
occupant  le  tronc  et  les  membres,  et  revenant  avec  ténacité 
presque  tous  les  soirs.  Quoique  les  démangeaisons  fussent  tn^s 
fortes,  rien  n'a  été  fait  contre  cette  urticaire  à  répétition,  qui 
date  de  plus  de  quatre  mois. 

L'enfant  a  eu  la  rougeole  dans  le  courant  de  fé?rier.  Tinter- 
vention  de  cette  fièvre  éruptive  n'a  pas  influencé  la  maladie 
préexistante. 

L'enfant  continue  à  être  tourmenté  par  des  démangeaisons 
atroces.  Il  faut  dire  qu'il  est  agité,  nerveux  et  que  sa  mère  e^i 
également  nerveuse.  Au  moment  de  mon  examen,  il  n'existe 
aucune  papule  d'urticaire  à  la  surface  du  corps,  mais  seulemeul 
quelaues  traces  à  peine  accusées  de  grattage^  Il  n'y  a  pas  de 
papules  de  prurigo  ni  de  lichen.  Cependant  je  ne  doute  pas  que 
ces  lésions  ne  surviennent  à  la  longue,  et  je  crois  que  l'enfaat 
est  voué  au  lichen  agrius,  car  c'est  la  temimaison  habituelle  de 
la  maladie  qu'il  présente  actuellement. 

Je  prescris  des  onctions  quotidiennes  avec  le  glycérolé  tar- 
trique à  1  pour  30.  Je  recommande  en  même  temps  la  sobriété, 
le  choix  des  aliments,  la  diminution  du  taux  des  boissons  et 
quelques  laxatifs. 

Le  1"  avril  1889,  l'état  reste  le  môme. 

Obs.  VI.  Garçon  de  quatre  ans.  Dyspepsie.  Urticaire  chro- 
nique. Spina  ventosa.  —  Le  19  décembre  1887,  j'observais  ud 
petit  garçon  de  quatre  ans,  nourri  au  sein  par  sa  mère,  avant 
souffert  beaucoup  pendant  sa  première  enfance  :  bronchites, 
spina  ventosa,  racbjtisme.  Actuellement  l'enfant  est  dyspei»* 


6  Décembre  1889         GAZETTE  HEBDOltADAIRS  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  -^  N«  49  —    793 


tique,  il  boit  énorinémeut,  et  présente  un  gros  ventre  avec  cla- 
potage  épigastrique;  son  sommeil  est  agité  et  interrompu  par 
des  cauchemars.  Depuis  trois  mois,  il  souffre  de  démangeaisons 
atroces  accompagnées  d*éruptions  incessantes,  d'urticaire  cou- 
vrant lout  le  corps.  Au  moment  où  j'examine  reufant,  il  pré- 
sente sur  le  tronc  une  série  de  larges  papules  ortiées  sans  lésions 
profondes  de  grattage. 

La  maladie  est  encore  de  Turticaire  et  les  lésions  ne  sont  pas 
polymorphes,  elles  le  deviendront  probablement. 

11  est  bon  de  relever  ici  l'association  de  Turticaire  chronique 
et  de  la  tuberculose  attestée  par  le  spina  ventosa  signalé  plus 
haut.  Je  prescris  des  onctions  avec  le  glycérolé  tartrique,  la 
diminution  des  boissons,  et  un  régime  approprié. 

Obs.  VII.  Garçon  de  nmf  ans.  Allaitement  artificiel.  Pru- 
rigo de  Hebra»  —  Cet  enfant,  âgé  de  neuf  ans,  observé  le 
30  avril  1888,  a  été  élevé  en  nourrice  à  la  campagne,  c'est-à-dire 
dans  des  conditions  déplorables.  11  en  est  revenu  rachitique  est 
couvert  de   boutons;   ces  boutons,  d'après  la  description  des 

Sarents,  étaient  des  papules  d'urticaire  accompagnées  de  vives 
émangeaisons. 

La  maladie  a  bien  présenté,  depuis  cette  époque,  des  varia- 
tions  d'intensité,  mais  elle  n'a  jamais  disparu;  les  rémissions 
duraient  peu  et  les  exacerbations  sont  devenues  de  plus  en  plus 
fortes. 

L'enfant  a  conservé,  de  son  premier  âge,  un  état  dyspeptique 
avec  polydipsie  et  constipation.  Actuellement  il  présente,  dissé- 
minées sur  tout  le  corps,  sauf  à  la  face,  des  lésions  de  grattage, 
des  papules  excoriées,  et  quelques  plaques  ortiées  assez  nettes. 
Le  lichen  agriuSy  le  prurigo  de  Hcbra  est  aujourd'hui  parfai- 
tement constitué,  et  son  étiologie,  dans  le  cas  particulier  comme 
dans  les  autres,  est  identique.  Nous  retrouvons  toujours  la  dys- 

f»epsie,  la  mauvaise  alimentation,  et  principalement  l'abus  àes 
iquides. 

Obs.  Vin.  Fille  de  quatorze  ans  atteinte,  depuis  Vâge  de 
dix-sept  mofSy  d'une  a fection  prurigineuse  qui  est  aujourd'hui 
un  type  de  prurigo  de  Hebra.  Pas  de  nervosis'f  e.  Abus  des 
liquides.  —  Cette  jeune  fille,  âgée  de  quatorze  ans,  qui  n'est 
pas  nerveuse,  qui  a  son  réflexe  pharyngien  et  sa  sensibilité 
cutanée  intacts,  et  dont  les  parents  ne  sont  pas  nerveux,  souffre 
depuis  l'âge  de  dix-sept  mois.  Elle  a  été  élevée  au  sein  par  sa 
raère,  mais  elle  a  toujours  été  très  buveuse,  et,  actuellement 
encore,  elle  mange  peu  et  boit  beaucoup.  Au  début,  l'affection  a 
été  très  prurigineuse  et,  sans  insister  sur  les  caractères  objec- 
tifs d'une  éruption  que  je  n'ai  pas  vue,  je  dirai  qu'actuellement 
cette  éruption  constitue  le  type  du  lichen  agrius  ou  prurigo  de 
Hebra.  Sur  les  membres  supérieurs  et  inférieurs,  sur  la  face,  à 
un  moindre  degré  sur  le  tronc,  on  voit  des  papules  excoriées 
par  le  grattage,  recouvertes  de  croûtelles  sanguines,  les  unes 

f petites,  les  autres  assez  grandes;  guelques-unes  forment,  par 
eur  réunion,  des  placards  eczématiformes.  I.e  polymorphisme 
des  lésions  était  encore  plus  évident  il  y  a  trois  mois,  auand  j'ai 
commencé  à  traiter  l'enfant  par  les  onctions  à  l'huile  de  foie  de 
morue.  Actuellement  (mars  1889)  lamélioration  est  évidente, 
elle  est  due  sans  doute  à  l'usage  de  l'huile  de  morue  inius  et 
extruy  et  à  la  diminution  du  taux  des  boissons.  D'ailleurs  l'affec- 
tion s'atténue  spontanément  pendant  la  belle  saison  pour  s'ag- 
graver l'hiver.  Il  faut  remarquer  que,  chez  la  plupart  des  ma- 
lades, l'aggravation,  au  lieu  d'être  hivernale,  est  surtout  estivale. 

Ces.  IX.  Garçon  de  trois  ans.  Allaitement  artificiel  et  rachi- 
tisme. Gros  ventre  et  dilatation  de  Ve^tomac.  Urticaire  d^abordy 
puis  lichen  polymorphe.  —  Ce  petit  garçon,  observé  le 
12  avril  1887,  aurait  eu,  d'après  sa  mère,  des  poussées  d'ur- 
ticaire peu  de  temps  après  sa  naissance.  Elevé  au  biberon,  l'en- 
fant n'a  commence  à  marcher  qu'à  dix-sept  mois,  il  est  rachi- 
tique. Aujourd'hui  encore,  l'enfant  conserve  un  ventre  énorme 
avec  dilatation  de  l'estomac,  il  est  très  vorace  et  boit  beaucoup. 
11  a  des  démangeaisons  atroces,  et  quand  il  est  déshabillé,  on 
aperçoit  des  papules  d'urticaire,  des  papules  de  lichen  excoriées 
par  le  grattage  et  des  papules  plus  récentes,  railiaires,  au 
niveau  des  mains.  Les  papules  d'urticaire  reviennent  par  pous- 
sées, surtout  en  été.  En  somme,  la  maladie,  qui  a  commencé 
comme  l'urticaire,  a  abouti  à  une  éruption  prurigineuse  poly- 
morphe qui  rentre  dans  le  çrurigo  de  Hebra.  Traitement  par  le 
régime  et  la  pommade  tartrique. 

Obs.  X.  Urticaire  chronique  suivie  depuis  quatre  ans  chez 


une  fillette  qui  a  été  rachitique  et  qui  souffre  de  l'estomac  (1). 
—  G  ..  (Augustine),  nourrie  au  sein  jusqu'à  neuf  mois,  mais  sou- 
mise ensuite  à  une  alimentation  mauvaise,  est  devenue  rachi- 
tique et  n'a  pu  marcher  qu'à  l'âge  de  dix-huit  mois.  Soignée 
et  guérie  de  son  rachitisme  au  Dispensaire  pour  les  enfants  de 
la  Société  philanthropique,  elle  est  ramenée  à  la  consultation 
pour  une  éruption  prurigineuse  du  tronc  et  des  membres  qui 
a  tous  les  caractères  de  l'urticaire.  Cette  éruption  a  débuté  le 
20  juillet  1885,  sans  cause  appréciable  ;  l'enfant,  qui  était  alors 
âgée  de  deux  ans,  mangeait  peu  et  demandait  constamment  à 
boire.  Son  ventre  était  énorme,  souple,  facile  à  palper  dans  tous 
les  sens;  la  succussion  directe  de  la  région  hypo^nslrique  fai- 
sait entendre  un  bruit  de  clapolage  qui  s'en'endait  encore  au- 
dessous  de  l'ombilic;  j'en  av.iis  conclu  à  l'existence  d'une  dila- 
tation notable  de  restoaiac.  Les  déformations  osseuses  du  rachi- 
tisme n'existaient  plus.  Mon  diagnostic  était  à  cette  époque  : 
urticaire  aiguë  provoquée  par  les  troubles  digestifs,  l'abus 
des  liquides  et  la  dilatation  de  l'estomac.  Or  cette  urticaire  a 
persisté  depuis  quatre  ans  et  mérite,  par  conséquent,  le  nom 
d'urticaire  chronique.  J'ai  revu  l'enfant  le  30  novembre  1888, 
elle  avait  alors  cinq  ans;  sa  mère  m'affirme  qu'elle  n'a  cessé 
d'avoir  des  poussées  d'urticaire  et  des  démangeaisons  vives 
depuis  la  première  visite  qu'elle  me  fit  en  juillet  1885. 

Auiourd  hui  on  aperçoit,  su^  le  tronc  principalement,  des 
papules  typiques  d'urticaires  et  des  taches  très  nombreuses,  les 
unes  rosées,  les  autres  grises,  quelques-unes  fortement  pig- 
mentées; au  centre  de  ces  taches  pigmentées  on  rencontre,  çà 
et  là,  des  points  blancs  rappelant  le  vitiligo  qui  accompagnent 
certaines  macules  de  zona.  Le  nom  d'urticaire  chronique  pig- 
mentée ne  me  semble  pas  pouvoir  être  refusé  à  ce  cas.  H 
existe  quelques  croûtelles  sanguines  dues  au  grattage,  mais  il 
est  impossible  de  constater  actuellement  la  présence  d'éléments 
lichénoïdes,  ce  qui  ne  veut  pas  dire  que  ce  cas  ne  puisse  plus 
tard  fournir  un  nouvel  exemple  de  lichen  agrius  on  prurigo  de 
Hebra. 

L'enfant  continue  toujours  à  boire  démesurément,  elle  se 
réveille  la  nuit  pour  demander  à  hoire  ;  elle  a  des  terreurs 
nocturnes  et  sa  mère  me  rappelle  qu'elle  a  eu  autrefois  des 
convulsions.  Le  ventre  est  toujours  gros  et  le  clapotage  épi- 
gastrique  persiste;  diarrhée  de  temps  à  autre. 

J'ai  donc  pu,  dans  ce  cas,  assisier  au  début  et  suivre  l'évolu- 
tion d'une  urticaire  aiguë  d'abord,  puis  à  répétition,  chro- 
nique et  pigmentée,  chez  une  petite  fille  rachitique,  dyspeptique 
et  buveuse.  Les  traitements  employés  :  frictions  avec  une  pom- 
made à  l'acide  tartrique,  puis  avec  l'huile  de  foie  de  morue, 
diminution  du  taux  des  boissons,  ont  amélioré  la  situation. 

Le  26  août  1889,  je  revois  la  jeune  G...  (Auo^ustine)  ;  elle  aura 
bientôt  six  ans,  elle  s'est  développée.  Depuis  plusieurs  mois, 
elle  ne  souffre  plus  de  ses  démangeaisons  et  son  corps  ne  pré- 
sente que  des  macules  pigmentaires,  sans  traces  de  papules  ni 
de  lésions  de  grattage.  La  mère  attribue  cette  guérison,  peut- 
être  temporaire,  peut-être  définitive,  à  l'usage  des  frictions  avec 
rhuile  de  foie  de  morue.  D'autre  part,  l'enfant  est  devenue  plus  rai- 
sonnable; elle  boit  moins  qu'elle  ne  faisait,  son  ventre  est  moins 
gros  et  sa  dyspepsie  moins  intense. 

Voilà  un  cas  d'urticaire  chronique  qui,  contrairement 
aux  prévisions  énoncées  plus  haut,  ne  semble  pas  devoir 
évoluer  vers  le  prurigo  de  Hebra.  J'ai  eu  tout  récemment 
(octobre  1889)  des  nouvelles  de  l'enfant,  elle  paraît  guérie. 

(A  suivre.) 


CORRESPONDANCE 

Vaccine  ulcéreuse. 

A  M.   LE  RÉDACTEUR  EN  CHEF  DE  LA  €  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  >. 

Les  communications  récentes  de  M.  le  docteur  Hervieux,  à 
l'Académie  de  médecine,  au  sujet  de  la  vaccine  ulcéreuse,  m'ont 
déterminé  à  exhumer  du  portefeuille  où  il  se  trouve  depuis 
trente  ans  le  récit  d'accidents  vaccinaux  du  même  genre  que  j'ai 
observés  à  cette  époque  comme  médecin  de  l'Assistance  publique 

(1)  La  première  partie  de  cette  observation  a  été  présentée  à  la  Société  cH- 
nique  le  23  juillet  i885,  ainsi  que  la  première  partie  de  robservalion  XL 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         6  Décembre   1889 


déportementale.  Voici  les  faits  dont  je  parle  et  qui  remontent  à 
Tannée  1859. 

Après  avoir  recueilli  dans  des  tubes  du  vaccin  pris  sur  des 
sujets  sains  dans  un  village  de  la  banlieue  de  Lunéville,  je  Tino- 
culai  sur  un  enfant  de  la  commune  de  Goimare  pour  m'en  ser- 
vir comme  vaccinifère.  L'enfant  était  sain,  sinon  robuste,  et  j'en 
connaissais  le  père  et  la  mère. 

Le  25  mai,  les  pustules  étaient  suffisamment  développées  ; 
elles  n'offraient  pas  Paspect  du  beau  vaccin  que  l'on  rencontre 
souvent,  mais  elles  étaient  incontestablement  du  vrai  vaccin  et 
j'inoculai  leur  contenu  à  onze  enfants  du  village. 

Le  31,  à  la  revision  des  opérés,  je  trouve,  sur  tous,  des 
pustules  larges,  ulcérées,  entourées  d'une  auréole  inflamma- 
toire, d'apparence  eczémateuse,  d'un  rouge  vif.  Quelques-unes 
présentent  des  croûtes  impétigineuses,  d'autres  des  croûtes  plus 
semblables  à  celles  de  t'ecthyma.  Sur  trois  de  ces  enfants,  les 
pustules  vaccinales  sont  normales  à  Vun  des  bras;  sur  six  pus- 
tules, l'un  des  enfants  en  a  Quatre  de  régulières  ;  sur  un  autre  il 
n'y  en  a  qu'une  et  quatre  de  mauvais  aspect.  Quant  à  l'enfant 
qui  a  fourni  le  vaccin,  il  a  deux  pustules  normales  sur  cinq  : 
les  trois  dans  lesquelles  a  plongé  la  lancette  sont  couvertes  de 
croûtes  impétigineuses  (ouinze  jours  après  ro{)ération).  Je  pres- 
cris des  cataplasmes  de  recule  et  des  applications  d'amidon  en 
poudre. 

Le  3  juin,  sur  quatre  opérés,  les  pustules  sont  humides,  pul- 
peuses, étendues  en  surrace,  déchiquetées  sur  les  bords  et  en- 
tourées d'une  auréole  inflammatoire  persistante.  Sur  les  autres» 
les  ulcérations,  en  voie  de  cicatrisation,  sont  couvertes  de  croûtes 
brunâtres,  irrégulières,  et  leur  diamètre  varie  de  celui  d'une 
pièce  d'un  franc  à  celui  d'une  pièce  de  cinq  francs. 

Le  7,  le  docteur  Simon,  qui  visite  quelques-uns  de  ces  en- 
fants, prescrit  la  continuation  des  mêmes  soins,  sans  pouvoir 
mieux  que  moi  se  prononcer  sur  la  cause  et  la  nature  des  acci- 
dents. 

Le  10,  la  plupart  dés  enfants  sont  en  voie  de  guérison.  L'en- 
fant P...  reste  le  plus  sérieusement  atteint.  Probablement  sous 
l'influence  des  cataplasmes,  prolongés  trop  longtemps,  les  ulcé- 
rations se  sont  étendues  en  surface  et  en  profondeur  ;  leur  sur- 
face est  pâle,  molle,  pulpeuse  et  les  plaies  se  rejoignent  à 
chaque  bras.  Sur  l'un  des  enfants  les  plaies  ont  l'aspect  que 
présentent  les  papilles  du  derme  dénudé  par  un  vésicatoire  ;  sur 
un  autre,  il  s'est  développé  des  pustules  d'impétigo  à  la  cuisse. 
Je  prescris  des  lotions  avec  une  infusion  de  sureau  et  des  appli- 
cations pulvérulentes  de  sous-nitrate  de  bismuth. 

Le  27  juin,  les  ulcères  du  brus  gauche  chez  l'enfant  P...  sont 
réduits  à  de  petites  dimensions  :  ceux  du  bras  droit  sont  encore 
étendus,  blafards,  à  bords  rouges  et  fermes.  (Lotions  à  l'hypo- 
chlorite  de  soude  étendu  d'eau.) 

Le  30.  les  ulcérations,  tout  en  gardant  le  même  aspect,  dimi- 
nuent d  étendue. 

Le  i  juillet,  la  cicatrisation  continue  et  la  santé  générale  de 
l'enfant  est  excellente. 

En  1869,  c'est-à-dire  dix  ans  après,  rien  ne  s'était  produit 
dans  la  santé  de  tous  les  opérés.  11  n'est  rien  survenu  depuis 
chez  tous  ces  enfants  qui  sont  devenus  des  hommes. 

Je  livre  ces  faits  pour  la  première  fois  à  la  publicité,  sans 
pouvoir  aujourd'hui  plus  qu'il  y  a  trente  ans,  en  fournir  1  expli- 
cation ;  je  ne  les  ai  jamais  vus  se  reproduire  ni  dans  ma  pratique 
ni  dans  celle  des  confrères  à  cété  desquels  j'ai  exercé  et  j'exerce. 
Toutefois,  j'ai  observé,  comme  d'autres,  après  des  vaccinations 
normales,  rapparition  d'éruptions  diverses  oui  avaient  indubi- 
tablement leur  cause  dans  Tinoculation  et  la  fièvre  vaccinales 
et  oui,  d'ailleurs,  étant  individuelles,  étaient  plutôt  dues  au  vac- 
cine qu'au  vaccinifère.  La  vieille  médecine  et  le  langage  popu- 
laire disaient  en  ces  cas  que  le  vaccin  met  les  humeurs  en  mou- 
vement. Aujourd'hui  les  uns  y  découvrent  une  action  zymotique, 
les  autres  une  infection  microbienne.  J'abandonne  le  terrain  à 
leurs  discussions»  me  bornant  à  leur  livrer  les  faits  bruts  (^ue 
l'observation  m'a  révélés.  Le  seul  enseignement  que  j'en  ai  tiré 
moi-même,  dès  ce  temps-là,  est  que  Bousquet  avait  tort  en  affir- 
mant dans  son  Traite  de  la  vaccine  c  qu'il  n'y  a  qu'un  virus 
vaccin  i. 

IV  T.  Saucbrottk  (de  Lunéville). 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Académie  de  médeolne 

SÉANCE  DU  3  DÉCEMBRE  1889.   —  PRÉSIDENCE    DE 
M.   MOUTARD-MARTIN. 

La  Correspondance  comprend  :  i*  un  mémoire  wr  Vkffçiêmê  ëê  i'tnfmmft . 
Tourt,  par  M.  Bodard;  2*  un  rapport  »ur  le$  eaux  miaéralu  de  Mitra  (Laih  p«- 
M.  le  docteur  Gresiet;  S*  une  note  uiaouacrile  sur  l'emploi  dé  la  cocaïne  camm, 
moyen  àborlif  de  la  première  période  de  la  lUvre  typhoïde,  par  M.  lo  dwic 
LtUon  (de  Reims)  ;  4*  un  rapport  sur  une  épidémie  dû  rou§eole  ayant  aéwi  i*  - 
U  3«  régiment  d'infanterie  à  Montargis  du  ii  janvier  au  37  avril  iHfJ,  par  M.  ' 
docteur  DelamarCt  médecio-major. 

L'ÉPIDÉMIE   DE   VACCINE   ULCÉREUSE  DE    La  MoTTE-AUX- 

Bois.  —  M.  Vidal  rapproche  l'épidémie  de  La  Motte-aui- 
Bois  d'accidents  du  même  genre,  observés  en  1882  par 
M.  Commenge  dans  le  IV'  arrondissement;  dans  ce  cas  éga- 
lement, comme  à  La  Motte-aax-Bois,  le  vaccinifère  avait  élé 
inoculé  neuf  jours  auparavant.  Il  aurait  été  important  de 
savoir  si  à  cette  époque  déjà  le  vaccin  n'était  pas  puralenf. 

H.  Pourquier  a  constaté  que  chez  la  génisse  au  neuvième 
jour,  le  vaccin  avait  déjà  un  aspect  louche  et  blanchâtre;  W 
iiq^uide  contenait  des  microbes,  qui  ont  été  cultivés  et  ino- 
culés à  des  génisses  et  qui  ont  produit  une  infection  de 
même  nature. 

Ces  faits  semblent  donner  la  clef  des  épidémies  causées 
par  le  vaccin  de  génisse  altéré  observées  à  Jehlebe  et  à 
Ëberfeld.  Plus  de  mille  personnes  ont  présenté  des  acci* 
dents  causés  soit  directement  par  inoculation,  soit  indirer- 
(ement  par  contagion,  comme  cela  a  été  observé  à  La  Motte- 
aux-3ois. 

Il  reste  à  savoir  si  les  enfants  de  La  Motte-aux-Bois  sont 
réellement  vaccinés,  c'est-à-dire  s'ils  ont  acquis  l'immunité 
contre  la  variole  et  s'il  n'y  a  pas  lieu  de  procéder  à  une 
nouvelle  vaccination. 

M.  Hervieux  repousse  toute  analogie  entre  les  épidémies 
allemandes  et  celle  de  La  Hotte*aux-Bois.  En  Allemagne, 
on  a  employé  le  vaccin  de  génisse,  tandis  qu'à  La  M otte-aux- 
Bois  on  s'est  servi  du  vaccin  jennérien.  En  Allemagne, 
l'affection  était  généralisée,  tandis  qu'à  La  Motte*aux-Bois 
l'accident  a  été  purement  local. 

A  Wittow,  à  Clèves,  à  Elberfeld,  les  lésions  observées 
avaient  d'abord  été  rapportées  à  l'impétigo  contagiosa,  mais 
H.  Protze  a  conclu  que  la  maladie  était  un  herpès 
tonsurans.  M.  Pourquier,  qui  a  observe  des  faits  du  même 
genre,  en  a  trouvé  la  cause  dans  une  altération  particulière 
des  pustules  vaccinales  de  ses  j^énisses. 

Nous  n'avons  encore  sur  l'origine  et  la  nature  de  la  cause 
pathogénique  aucune  donnée  précise,  il  nous  faudra  attendre 
du  temps  et  de  l'expérience  les  lumières  nécessaires  pour 
trancher  la  question. 

M.  Besnier.  Si  l'enfant  vaccinifère  avait,  comme  le  croit 
H.  Vidal,  présenté  des  collections  purulentes  à  l'époque  où 
il  a  été  pris  comme  vaccinifère,  il  serait  bien  étonnant  nue 
lui-même  n'ait  présenté  aucun  phénomène.  Tout  ce  que  1  on 
sait,  c'est  qu'il  y  a  eu  à  La  Motte-aux-Bois  une  épidémie  de 
vaccine  ulcéreuse.  La  conclusion  à  tirer  de  ce  fait  c'est  que 
s'il  se  reproduit  d'autres  accidents  du  même  genre,  il  faudra 
envoyer  sur  les  lieux  non  pas  seulement  un  membre  de 
l'Académie,  mais  une  véritable  Commission,  qui  pourra  sou- 
mettre la  question  à  des  expériences  de  laboratoire. 

Election.  —  L'Académie  procède  à  l'élection  d'uu 
membre  titulaire  dans  la  section  de  médecine  opératoire. 
Sur  71  votants,  majorité  36,  M.  LeDentu  est  élu  au  nremier 
tour  de  scrutin  par  63  voix  contre  4  données  à  H.  uhauvel, 
2  à  H.  Terrier,  1  à  M.  Périer  et  1  à  M.  Lucas-Cbatnpion- 
nière. 

Rétention  fœtale  chez  une  femme  a  terite. — M.  Char- 


6  Décembre  1889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        —  N«  48  —    795 


pentier  lit  un  rapport  sur  un  travail  envoyé  par  H.  le 
docteur  Hergott  (de  Nancy). 

Discussion  sur  la  tuberculose.  —  M.  Le  Roy  de  Méri- 
court,  L'inoculabilité  et  la  transmission  possible  de  la 
tuberculose  sont  connues  des  médecins  depuis  de  longues 
années,  mais  la  promulgation  solennelle  de  la  transmissi- 
bilité  de  la  phthisie  ferait  au  phtbisique  une  situation  beau- 
coup plus  pénible  que  celle  du  lépreux.  D'ailleurs,  Timmu* 
nité  complète  pour  la  pbthisie  a  été  constatée  depuis  long* 
temps  parmi  le  personnel  servant  de  nombreux  sanatoria 
de  montagnes. 

En  Angleterre,  à  Thôpital  de  Brompton,  qui  contient  un 
p:rand  nombre  de  phtbisiques,  il  n'y  a  eu,  en  trente-six  ans, 
dans  le  personnel  servant,  qu'un  seul  décès  par  phthisie  qui 
puisse  être  attribué  au  séjour  dans  l'hôpital.  Chez  un  seul 
interne,  de  même,  un  cas  de  mort  par  phthisie  attribuable 
au  séjour  à  Thôpilal  a  été  signalé.  On  trouve  encore  à  Bromp- 
ton des  infirmiers  qui  ont  séjourné  à  l'hôpital  dix,  quinze 
et  jusqu'à  vingt-quatre  ans  sans  contracter  la  phthisie.  Ce 
remarquable  hôpital  est  d'ailleurs  aussi  bien  emménagé  que 
possible. 

Trois  quarts  seulement  des  malades  sont  atteints  de 
phthisie  pulmonaire;  les  autres  présentent  diverses  affec- 
tions des  voies  respiratoires  et  même  des  affections  cardia- 
ques; ils  sont  dans  les  mêmes  salles  que  les  phtbisiques,  et 
cependant  ils  ne  donnent  pas  plus  de  cas  de  phthisie  qu'on 
ne  pourrait  en  observer  ailleurs. 

La  phthisie  n'est  donc  pas  dans  le  sens  ordinaire  du  mot 
une  maladie  infectieuse. 

Leudet,  de  Rouen,  avait,  avec  son  père,  pu  suivre  des 
familles  pendant  trois,  quatre,  cinq  générations  sans  con- 
stater la  contagion  de  la  phthisie. 

Sans  nier  par  conséquent  la  contagion  de  la  phthisie, 
M.  Le  Rov  de  Méricourt  veut  montrer  les  troubles  qu'appor- 
teraient les  instructions  de  la  Commission;  d'ailleurs,  il 
faut  indiquer  que  ces  instructions  ne  sont  applicables  que 
par  les  personnes  riches  et  pour  les  établissements  hospi- 
taliers. Ces  prescriptions  sont  à  peu  près  impraticables  pour 
les  personnes  peu  aisées. 

Il  est  impossible  d'exiger  des  malades  qu'ils  portent  con- 
stamment avec  eux  leur  crachoir  prophylactique  :  comment 
pourrait-on  mettre  des  crachoirs  dans  les  casernes,  dans  les 
ateliers,  dans  les  gares  et  dans  les  wagons  de  chemins 
de  fer? 

Dans  les  services  hospitaliers,  M.  Le  Roy  de  Méricourt 
n'accepte  pas  cette  prescription  du  lait  bouilli  qui  est  beau- 
coup moins  nutritif,  d'autant  plus  qu'on  n'a  jamais  démontré 
l'existence  du  bacille  de  la  tuberculose  dans  le  lait. 

Pour  cette  maladie,  comme  pour  tant  d'autres,  les  meil- 
leurs préservatifs  sont  l'aisance  et  la  moralité.  Il  y  en  aurait 
un  autre,  mais  qui  restera  toujours  dans  le  domaine  de 
l'utopie,  ce  serait  d'empêcher  les  mariages  de  phtbisiques. 

M.  Trasbot  veut  simplement  montrer  que  l'origine  bovine 
de  la  tuberculose  humaine  n'est  nullement  prouvée  et  que 
tout  au  moins  elle  est  beaucoup  moins  commune  qu'on  ne 
Fa  dit.  D'autre  part,  la  contagion  de  là  tuberculose  entre 
animaux  de  même  espèce  est  beaucoup  moins  commune 

u'on  ne  le  prétend  ;  si  la  contagion  était  aussi  facile  qu'on  le 

it,  tous  les  animaux  de  l'espèce  bovine  seraient  tubercu- 
leux et,  au  contraire,  il  y  en  a  beaucoup  de  parfaitement 
sains. 

On  n'a  encore  publié  aucune  observation  de  transmission, 
de  la  tuberculose  de  l'espèce  bovine  à  l'homme,  et  cepen- 
dant cette  opinion  est  devenue  un  dogme.  Cette  contagion 
est  assurément  possible,  mais  elle  n'a  rien  de  prouvé.  Par 
contre,  si  cette  contagion  s'effectue,  il  est  bien  certain 
qu'elle  est  beaucoup  moins  fréquente  qu'on  ne  pense  et 
qu'elle  ne  contribue  pas  à  la  propagation  de  la  tuberculose 
humaine.  La  tuberculose  augmente  beaucoup  chez  l'homme, 


a 


tous  les  médecins  le  proclament,  or,  au  contraire,  elle  di- 
minue beaucoup  chez  les  animaux. 

Il  n'est  pas  possible  d'attribuer  la  propagation  de  la  ma- 
ladie à  la  viande,  parfaitement  surveillée;  on  n'est  pas  au- 
torisé davantage  à  l'attribuer  à  l'emploi  du  sang  on  du  lait. 

La  contagion  de  la  maladie  entre  animaux  de  même 
espèce  est  assurément  possible  puisque  les  inoculations  ont 
réussi.  Cependant  on  n'a  pas  tenu  un  compte  suffisant  de 
l'état  antérieur  des  animaux  et  des  conditions  dans 
lesquelles  ils  étaient  placés.  Rien  ne  prouve  nu'on  aurait 
obtenu  les  mêmes  résultats  chez  des  animaux  adultes,  sains 
et  vigoureux,  nourris  aussi  bien  cfue  possible  et  vivant  dans 
un  air  suffisant  et  en  pleine  activité. 

Sous  Tinfluence  d'un  régime  donné,  l'organisme  des  ani- 
maux peut  se  modifier  énormément  au  point  de  vue  de  la 
résistance  aux  maladies  qui  le  menacent.  Autrefois  la  tuber- 
culose était  extrêmement  commune  chez  les  vaches  des 
étables  de  Paris,  à  cause  du  manque  d'air,  de  la  chaleur  et 
de  l'humidité  des  étables.  Actuellement,  placées  dans  de 
meilleures  conditions  hypfiéniques,  les  bêtes  ne  deviennent 
plus  tuberculeuses,  et,  s'il  en  existe  une  par  hasard,  on 
n'observe  pas  de  contagion  dans  la  même  étaole. 

Le  Congrès  de  la  tuberculose  et  le  rapport  de  M.  Ville- 
min  ont  répandu  la  terreur  dans  le  public.  Il  convient  donc 
que  l'Académie  n'imprime  pas  par  son  approbation  un  carac- 
tère officiel  à  ce  qui  n'est  encore  qu'une  opinion  scienti- 
fique. 

M.  Cornil  vient  défendre  l'oQuvre  de  la  Commission.  Il 
rappelle  d'abord  que  M.  Hardy  accepte  la  contagion  de  la 
phtnisie,  mais  ne  croit  pas  que  tout  le  monde  soit  apte  à  con- 
tracter la  phthisie.  Or  la  phthisie  est  assurément  causée  par 
un  bacille;  n'esl-il  pas  naturel  dès  lors  de  chercher  à  lui 
barrer  le  passage?  On  pourrait  citer  de  nombreux  cas  de 
contagion.  M.  Cornil  se  borne  à  citer  une  observation  due 
à  M.  Marfan  et  dans  laquelle  quinze  personnes  travaillant 
dans  le  même  atelier  paraissent  avoir  été  contaminées  par 
un  jeune  apprenti. 

L'évidence  de  la  contagion  s  impose  lorsqu'on  étudie  la 
marche  de  la  tuberculose  dans  les  pays  où  elle  était  incon- 
nue jusque-là.  A  la  Terre  de  Feu  la  phthisie  était  absolu- 
ment inconnue  jusqu'à  l'arrivée  de  la  mission  anglaise.  La 
femme  du  pasteur,  une  phthisique,  ouvrit  une  école,  et 
bientôt  tous  les  enfants  succombèrent  à  la  phthisie.  Sur  le 
danger  des  bacilles  de  l'expectoration  il  ne  peut  subsister 
désormais  aucun  désaccord.  La  contagion  de  la  tuberculose 
par  la  viande  et  par  le  lait  est  souvent  plus  discutable,  d'ail- 
leurs elle  est  facile  à  éviter  par  la  cuisson  de  la  viande  et 
Tébullition  du  lait. 

M.  Le  Roy  de  Méricourt  vient  de  dire  que  jamais  on 
n'avait  constaté  le  microbe  de  la  phthisie  dans  le  lait.  Mais 
M.  Bory,  vétérinaire  à  Copenhague,  a  publié  un  excellent 
mémoire  sur  les  bacilles  de  la  tuberculose  dans  le  lait  et 
sur  les  movens  de  les  préparer.  M.  Cornil,  de  son  côté,  en 
a  rencontre  souvent.  M.  Cornil  ne  retient  donc  qu'une  grande 
cause  de  la  contagion,  ce  sont  les  crachats,  et  il  est  facile 
d'y  remédier  par  la  désinfection.  Répondant  à  M.  Hardjr, 
nui  craint  la  publicité  donnée  à  ces  instructions,  M.  Cornil 
tait  remarquer  que  ces  instructions  ont  déjà  été  publiées 
par  tous  les  journaux.  Si  l'Académie  s'arrêtait  actuelle- 
ment, elle  assumerait  la  responsabilité  de  donner  une  sécu- 
rité trompeuse  aux  familles.  Si  l'on  n'adoptait  pas  une 
instruction  définitive  qui  serve  de  guide  au  public,  on 
aurait  l'air  de  dire  qu'il  n'y  a  rien  à  faire  pour  arrêter  la 
marche  de  la  phthisie. 

On  craint  que  les  malades  soient  mal  soignés.  Au  con- 
traire-, ces  malades  seront  mieux  soignés  lorsque  leur 
entourage  saura  qu'il  peut  avec  des  précautions  hygiéniques 
éviter  la  contagion.  On  apprendra,  il  est  vrai,  aux  phtbi- 
siques qu'ils  sont  phtbisiques,  mais  beaucoup  de  malades 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         6  Décembre  1889 


viennent  dire  à  leurs  médecins  qu'ils  sont  tuberculeux  et 
ne  s'en  porlont  pas  plus^mal. 

Notre  devoir  est  de  renseigner  exactement  le  public  sur 
les  dangers  de  la  propagation  de  la  phthisie.  La  société  a  le 
droit  de  se  défendre  contre  celte  cause  de  dépérissement. 
Aussi  nous  lui  devons  une  instruction  détaillée  sur  les 
moyens  propres  à  arrêter  le  développement  de  la  phthisie. 

M.  Nocard.  M.  Trasbot  disait  tout  à  Theure  qu'il  n'y 
a  pas  de  fait  de  transmission  de  la  tuberculose  du  bœuf  à 
l'homme.  Le  vétérinaire  Moser,  de  Steiner,  est  blessé  profon- 
dément en  1885  en  faisant  Tautopsie  d'une  vache  tuoercu- 
leuse;  ce  vétérinaire  est  devenu  tuberculeux  et  en  est 
mort.  Ce  fait  prouve  absolument  que  la  tuberculose  bo- 
vine et  la  tuberculose  humaine  sont  la  même  maladie. 

M.  Ollirier.  En  1887  une  instruction  a  été  publiée  par  le 
Conseil  d'hygiène  et  de  salubrité  du  département  de  la 
Seine  et  elle  ne  parait  pas  avoir  répandu  la  terreur.  H  y 
aurait  tout  intérêt  à  rédiger  une  instruction  plus  complète: 
la  population  y  est  parfîiitement  préparée. 

•—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures. 


Saelét^   de   eblrarfffte. 

SÉANCE  DU  27    NOVEMBRE  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE   M.   LE   DENTU. 

Laparotomie  pour  plaie  pénétrante  de  l'abdomen  :  MM.  Berger, 
Le  Fort,  M.  86e.—  Prolapsas  da  reotnm  :  M.  N61aton  (Diaoutaion  : 
MM.  Vemeuil,  Begond,  Routier,  Le  Dentu). 

M.  Berger  communique  une  observation  de  laparotomie 
pour  plaie  de  l'intestin.  Le  malade  a  été  opéré  une  heure 
et  demie  après  l'accident,  mais  il  était  déjà  dans  un  col- 
lapsus  profond,  dont  il  ne  s'est  pas  relevé.  Cette  issue 
funeste  est  la  règle  pour  les  plaies  multiples  de  Tinteslin  ; 
l'observation  de  M.  Jalaguier  est  une  heureuse  exception 
qui  s'explique  par  le  siège  de  la  plaie  sur  Testomac,  et  en  un 
point  élevé  de  cet  organe. 

M.  Le  Fort  insiste  sur  la  différence  pronostique  entre  les 
plaies  de  l'intestin  et  celles  de  Testomac.  Il  u  observé  un 
garçon  boucher  chez  qui  la  pénétration  d'un  coup  de  cou- 
teau dans  l'estomac  fut  évidente  :  des  haricots  sortirent  par 
la  plaie.  Le  blessé  guérit.  A  ce  propos,  un  élève  de  M.  Le 
Fort  a  fait  sa  thèse  sur  les  plaies  de  Testomac,  et  le  nombre 
de  guérisons  spontanées  publiées  est  surprenant. 

M.  Marc  Sée  croit  que  M.  Berger  aurait  mieux  fait  d'at- 
tendre une  heure  ou  deux  que  le  malade  fût  réchauffé. 
U  n'y  eût  rien  perdu,  sans  doute,  déclare  H.  Berger^  qui 
néanmoins  pense  qu'il  faut  opérer  vite  ou  pas  du  tout,  et 
que  le  collapsus,  souvent  indice  d'hémorragie  interne,  est 
au  contraire  une  indication  à  intervenir  au  plus  vite. 

—  M.  Ch.  Nelaton  relate  deux  observations  de  prolapsus 
du  rectum  traité  par  rextirpation.  En  1887,  il  a  opéré 
dans  le  service  de  M.  Périer  une  femme  multipare,  à  péri- 
née très  relâché,  atteinte  depuis  ti'ois  ans  d'un  prolapsus 
rectal  grave,  contre  lequel  on  avait  tenté  plusieurs  opéra- 
tions périnéales  inutiles.  11  a  fait  l'extirpation  par  un  pro- 
cédé que  lui  a  indiqué  M.  Segond:deux  incisions  médianes, 
antérieure  et  postérieure,  faites  chacune  entre  deux  pinces- 
clamp,  ont  divisé  le  boudin  hernie  en  deux  valves  latérales  à 
la  base  desquelles  a  été  faite,  centimètre  par  centimètre,  la 
section  annulaire  chaque  fois  précédée  d'un  point  de  suture. 
Pendant  six  mois  tout  alla  bien;  mais  alors  débuta  la  réci- 
dive et  la  malade  revint  à  l'hôpital  au  quatorzième  mois, 
avec  un  prolapsus  long  de  6  centimètres.  La  seconde  ma- 
lade de  M.  Nélaton  explique  peut-être  le  mécanisme  de  ces 


rt'cidives.  Cette  femme  de  cinquante-trois  ans,  elle  aQ<«, 
multipare  à  chairs  flasques,  fut  opérée  par  M.  Périer  .- 
15  mai  1888,  par  le  même  procédé  que  la  précédente.  Ki  - 
sortit  de  l'hôpital  le  vingtième  jour,  mais  cinq  jours  apr- 
on  l'y  rapportait  :  dans  un  effort,  elle  avait  senti  une  dot- 
leur  vive  en  même  temps  que  quelque  chose  descend.  * 
entre  ses  cuisses.  Et  là  on  voyait  pendre  25  centimètn^s  d- 
côlon  souillés  de  matières  fécales  et  de  saletés  diverse- 
Ils  sortaient  entre  l'anus  et  le  coccyx.  Le  toucher  anal  r 
trouver  la  rupture  à  3  centimètres  de  hauteur  sur  la  parti-^ 
postérieure  du  rectum  :  là  le  doigt  recourbé  pénétrait  dar:> 
l'intestin.  Recourbé  en  avant,  il  pénétrait  dans  le  péritoine. 
La  moitié  postérieure  de  la  ligne  de  sutures  avait  donr 
cédé  sous  l'effort,  puis  la  traction  avait  déchiré  la  paroi  anté- 
rieure. M.  Nélaton  attira  au  dehors  tout  ce  qu'il  put  de  côlon, 
et  excisa  la  masse  prolabée.  Il  sutura  à  la  peau  le  côlon  eu 
arrière  de  l'anus,  qu'il  transforma  en  un  canal  borgne  en 
infléchissant  en  arrière  sa  paroi  antérieure,  de  iaçon  à 
suturer  à  la  peau,  en  avant  du  côlon,  la  lèvre  inférieure  de 
la  déchirure  qui  conduisait  dans  le  péritoine.  Guéridon. 
Ainsi,  M.  Périer  avait  réséqué  11  centimètres  de  rectum,  et 
M.  Nélaton  trouva  encore  une  trentaine  de  centimètres  d'm- 
teslin  mobile,  qu'il  dut  exciser.  Cette  partie  mobile, 
toujours  prête  à  s'invaginer,  amènera  sans  doute  toujours 
la  récidive  après  l'excision  par  la  méthode  de  Mikulicz. 
à  moins  qu'on  ne  la  supprime  tout  entière  après  avoir, 
par .  traction  sur  le  prolapsus,  amené  au  dehors  âO, 
30  centimètres  d'intestin,  opération  qui  sans  doute  plaira 
à  peu  de  chirurgiens.  La  preuve  de  cette  palhog«''nie 
est  que  l'anus  artificiel  de  l'opérée  de  M.  Nélaton  n'est 
aujourd'hui,  seize  mois  après  l'opération,  le  siège  d'aucun 
prolapsus. 

1A.  Vemeuil  insiste  sur  l'intérêt  des  observations  de 
M.  Nélaton,  car  Mikulicz,  qui  a  vanté  les  effets  de  l'excision, 
n'a  pas  suivi  ses  malades  pendant  plus  de  trois  à  quatre 
mois.  M.  Vemeuil,  après  avoir  rappelé  son  récent  rapport 
sur  la  colopexie,  annonce  qu'il  communiquera  dans  la  pro- 
chaine séance  une  observation  de  colopexie  simple,  et  deui 
d'une  proctopexie  par  voie  périnéale,  extrapéritoiiéale. 

M.  Second  a  pratiqué,  il  y  a  deux  ou  trois  ans,  une  extir- 
pation, par  le  procédé  que  vient  de  décrire  M.  Nélaton,  et 
six  mois  après  il  n'y  avait  aucune  récidive  ;  depuis,  le 
malade  n'a  pas  reparu.  Il  est  à  noter  que  c'était  un  homme 
de  vingl-cinij  à  vingt-huit  ans,  atteint  depuis  son  enfance 
et  ayant  subi  les  opérations  les  {)lus  variées.  Au  sommet  du 
prolapsus  l'intestin  était  rétréci,  et  à  ce  propos  M.  TnHat 
rappelle  que  pour  Bœckel  les  rétrécissements  du  rectum 
sont  une  cause  fréquente  des  prolapsus  rectaux  chez  le> 
enfants. 

M.  Routier  a  vu  l'an  dernier  une  femme  de  vingt-cinq  ans, 
elle  aussi  malade  depuis  son  enfance  ;  le  prolapsus,  lon^  de 
"li  centimètres,  difficile  à  réduire,  sortait  au  moindre  effort. 
Tous  les  dix  à  douze  jours,  pendant  trois  mois  et  demi. 
M.  Routier  fit  des  raies  de  feu  longitudinales  sur  la  mo- 
queuse et  peu  à  peu  la  tumeur  est  rentrée.  Trois  mois  après 
elle  n'avait  pas  récidivé.  Mais  H.  Le  Dentu  ne  se  fie  pas  trop 
à  la  guérison,  car  deux  fois  il  a  obtenu  ainsi  des  succès  qui 
n'ont  été  que  temporaires.  Il  a  aussi  pratiqué  une  excision 
totale. 

A.  Broc A. 


6  Décembre  i889         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  ~  N»  49  —    797 


Soelëté  de  blolog^le. 

SÉANCE  DU  30  NOVEMBRE  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  M.  DUCLAUX,  VICE-PRÉSIDENT. 

Ligature  de  rarière  hépatique  :  MM.  Artbaud  et  Butte.  —  Gyto- 
diérèse  dans  le  teatloule  des  soUpèdes  :  M.  Montanè.  —  Cardio- 
graphe direct  à  aiguille  :  M.  Laulanlé.  —  Contribution  à  l'étude 
biologique  de  l'érysipèle  :  M.  C.  Leroy.  —  Recherches  sur  l'action 
physiologique  de  l'écorce  de  tige  de  sureau  (Bambucus  nigra)  : 
BIM.  Combemale  et  Dubiquet  (de  Ulle).  —  Du  sureau  comme  mé- 
dicament diurétique  :  Mi  Georges  Lemoina  (de  Lille).  •—  Étude  de  la 
nutrition  dans  la  fièvre  liée  au  goitre  exophthalmlque  :  MM.  Gilles 
de  la  Tourette  et  Gathelioeau  (Discussion  :  MM.  Richet,  Gley).  - 
Prèsentauon  d'un  chien  à  fistule  biliaire  permanente  :  M.  Dastre. 

—  Toxicité  des  urines  dans  l'épilepsie  :  MM.  Denis  et  Chouppe.  — 
Forme  nouvelle  de  balanoposthite  :  MM.  Bataille  et  Bertln.  — 
Métamérie  de  la  tète  des  vertébrés  :  M.  Houssaye  (Discussion  : 
M.  Dastre).  ~  Vaccination  préventive  du  choléra  :  M.  OamaleXa. 

—  Sur  un  copépode  du  lao  de  Gimons  :  M.  Blanchard.  —  Élection 
d'un  membre  titulaire. 

MM.  Arlhaud  et  Butte  ont  constaté  que  toutes  les  fois 
qu'on  lie  l'artère  hépatique  et  que  la  circulation  n'est  pas 
rétablie  par  l'intermédiaire  de  l'artère  gastro-épiploïque 
droite,  le  sang  de  la  veine  hépatique  ne  contient  plus  de 
glucose  et  que  la  mort  suit  de  très  près  la  suppression  de 
la  circulation  artérielle  du  foie. 

—  M.  Montané  a  étudié  la  cytodiérèse  dans  le  testicule 
des  solipèdes  et  a  vu  la  spermatogénèse  chez  ces  animaux 
se  faire  par  multiplication  indirecte  comme  chez  les  inver- 
tébrés. 

—  M.  Leroy  fait  connaître  un  cardiographe  direct  à 
aiguille.  L'instrument  se  compose  d'une  aiguille  recourbée 
à  angle  droit  qu'on  introduit  dans  la  poitrine  de  manière  à 
la  faire  reposer  sur  le  muscle  cardiaque.  Les  mouvements  de 
cette  aiguille  actionnent  un  tambour  de  Harey  fixé  au  thorax 
dont  il  suit  tous  les  mouvements.  De  cette  façon  les  tracés 
qu'on  obtient  ne  sont  pas  compliqués  par  la  superposition  des 
mouvements  respiratoires  et  la  grande  fixité  de  l'appareil 
permet  de  donner  aux  observations  toute  la  durée  désirable. 

—  M.  C.  Leroy  (de  Lille),  après  avoir  inoculé  l'érysipèle 
au  moyen  de  cultures  du  microbe  connu^  a  constaté  que  ces 
cultures  perdaient  leur  virulence  au  fur  et  à  mesure  que  les 
colonies  disparaissaient.  Mais  au  bout  de  quatre  à  cinq 
mois  on  voit  apparaître  un  nouveau  développement,  et,  six 
mois  après,  l'inoculation  de  ces  cultures  vieilles  de  près 
d'un  an  donne  lieu  à  des  phénomènes  phlegmasiques  du 
côté  de  la  peau,  accompagnés  d'une  élévation  de  la  tempé- 
rature qui  atteint  4P,5.  Les  faits  peuvent  rendre  compte  de 
ce  que  Ton  a  décrit  sous  le  nom  d'érysipèle  à  répétition. 

—  M.  Gley  présente  deux  notes,  l'une  de  MM.  Combe- 
male et  Dubiquet  (de  Lille),  l'autre  de  M.  Georges  Le- 
moine  (de  Lille),  ayant  toutes  les  deux  pour  objet  l'action 
diurétique  de  la  seconde  écorce  du  sureau.  Les  conclusions 
de  ces  deux  notes  sont  identiques  au  point  de  vue  de  l'ac- 
tion diurétique.  Mais  pour  MM.  Combemale  et  Dubiquet, 
le  sureau  agit  sur  la  circulation,  tandis  que  pour  M.  G.  Le- 
moine  c'est  à  une  action  portée  sur  l'épithélium  rénal  qu'on 
doit  attribuer  la  diurèse. 

—  MM.  Gilles  de  la  Tourette  et  Calhelineau^  pour  étu- 
dier les  variations  de  l'urée  et  de  l'acide  phosphorique  dans 
les  fièvres  d'origine  nerveuse,  se  sont  adressés  à  trois  cas  de 
goitre  exophthalmique  avec  fièvre  et  n'ont  pu  constater  au- 
cune variation  sensible  dans  l'excrétion  de  l'urée  et  de 
l'acide  phosphorique.  Ils  pensent  qu'il  doit  en  être  de  même 
toutes  les  fois  que  la  lièvre  reconnaît  une  origine  nerveuse 
et  en  particulier  quand  elle  est  le  résultat  d'une  piqûre  des 
lobes  frontaux. 

M.  Richet,  qui  est  l'auteur  de  cette  expérience,  dit  n'a- 
voir pas  examiné  les  excréta  solides  et  liquides,  mais  déclare 


que  pour  l'acide  carbonique  on  constate  une  surproduction 
qui  atteint  25  pour  100. 

M.  Gley  fait  remarauer  que  Aranson  et  Sachs,  qui  ont 
répété  l'expérience  de  M.  Richet,  ont  constaté  une  notable 
augmentation  des  excréta  azotés. 

—  M.  Dastre  présente  un  chien  porteur  d'une  fistule 
biliaire  depuis  le  1'^  juillet.  C'est  la  première  fois  qu'on 
voit  persister  pendant  une  aussi  longue  période  une  fistule 
de  cette  nature.  Le  chien  pesait  à  l'origine  19i^)»',500,  il  en 
pèse  actuellement  33. 

—  MM.  Denis  et  Chouppe  ont  constaté  que  pendant  et 
après  l'accès  épileptique,  la  toxicité  des  urines  ne  ditTérait 
pas  de  celle  des  individus  sains;  elle  était  identique  à  celle 
de  l'urine  examinée  avant  l'accès. 

—  MM.  Bataille  et  Bertin  décrivent  une  forme  nouvelle 
de  balanoposthite.  Le  pus  provenant  des  malades  atteints 
de  cette  infection  est  inoculable  et  la  maladie  se  reproduit 
avec  ses  différentes  phases  qui  sont  :  apparition  de  boutons 
blancs  dans  le  sillon  prépucial  ;  ces  boutons  s'élargissent 
laissant  à  leur  centre  une  surface  ulcérée  et  gardant  une 
bordure  blanche,  ils  se  fusionnent  et  l'ulcération  gagne  de 
proche  en  proche  jusqu'au  méat  sans  pénétrer  dans 
I  urèthre.  Cette  affection  cède  généralement  aux  badi- 
geonnages  avec  le  nitrate  d'argent. 

—  Etendant  les  recherches  de  Gegenbauer  qui  a  pour- 
suivi la  corde  dorsale  jusqu'à  Tinfundibulum  et  d'Albrecht 

Îui  en  a  retrouvé  les  vestiges  dans  le  corps  de  l'ethmoïde, 
[.  Houssaye  a  montré  que  la  corde  dorsale  peut  être  suivie 
jusqu'au  segment  olfactif.  Il  a  pu  chez  l'axolotl  reconnaître 
dix  segments  crâniens  catactérisés  par  une  fente,  un  gan- 
glion et  des  nerfs  pré,  post  et  sus-branchiaux  et  n'est  pas 
éloigné  de  penser  q^i'on  pourra  par  la  suite  porter  à  treize 
le  nombre  de  ces  segments.  Le  développement  des  nerfs 
crâniens  et  celui  des  nerfs  spinaux  sont  identiques  jusqu'à 
un  certain  stade  d'évolution,  mais  la  prédominance  de  l'une 
des  branches  qui  n'est  pas  la  même  dans  chacun  des  deux 
systèmes  les  fait  évoluer  de  deux  façons  différentes.  L'axo* 
loti  a  fourni  de  précieux  résultats  à  cet  égard,  puisqu'il 
met  dix  à  douze  mois  pour  franchir  une  période  larvaire 
que  la  grenouille  franchit  en  un  mois. 

M.  Dastre  fait  remarquer  combien  sont  im()ortants  ces 
résultats  quand  on  les  rapproche  de  ceux  de  Robin  qui  fixait 
à  onze  le  nombre  des  segments  crâniens  et  d'autres  plus 
récents  qui,  chez  le  porc,  portaient  ce  nombre  à  treize. 

—  M.  Gamaleia  atténue  les  cultures  obtenues  par  ense- 
mencement du  bacille  de  Koch,  en  portant  leszooglées  à  une 
température  de  120  degrés  dans  l'autoclave.  En  délayant  le 
produit  de  cette  opération  dans  de  l'eau  stérilisée,  on  obtient 
un  liquide  très  toxique  et  d'autant  plus  toxique  qu'il  est 
préparé  depuis  longtemps.  C'est  ce  liquide  qui  constitue  le 
vaccin.  L'auteur  exalte  au  contraire  la  virulence  de  ses 
cultures  en  les  inoculant  dans  la  plèvre  d'un  rat  blanc,  puis 
l'épanchement  pleurétique  dans  la  plèvre  d'un  second  rat. 
L'epanchementqui  se  produit  dans  la  plèvre  du  second  rat, 
possède  une  virulence  telle  qu'il  fait  mourir  tous  les  chiens 
et  cobayes  non  vaccinés,  tandis  que  ceux  des  animaux  ino- 
culés avec  le  bouillon  de  zooglées,  porté  à  120  degrés, 
résistent  à  l'action  du  virus  à  virulence  exallée. 

—  M.  Blanchard  présente  des  copépodes  du  genre 
Oiaptomus,  qu'il  a  recueillis  en  quantité  considérable  dans 
le  lac  de  Gimons  par  une  altitude  de  3000  mètres.  Ces 
crustacés,  fortement  colorés  en  rouge,  renferment  une 
matière  colorante  cristallisable  dont  l'étude  n'est  pas  encore 
terminée. 

—  M.  Kaufmann  est  élu  membre  titulaire  de  la  Société 
de  biologie  par  29  voix  sur  43  votants. 


798 


N*  49  -  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECIME  ET  DE  CHIRURGIE         6  Décembre  1889 


Sk»eiété  de  thérapeutique. 

SÉANCE  DU  37   NOVEMBRE  1889  :    PRÉSIDENCE  DE  M.  FERNET. 

Recherche  du  sucre  dans  l'urine  :  M.  Catillon.  —  Action  diurétique 
des  sucres  :  MM.  Dujardln-Beaumetz .  Constantin -Paul ,  Bardet, 
Vigier,  BooquUlon,  Dubomme,  Kûgler.  ' 

H.  Catillon,  H.  Boymond,  dans  la  dernière  séance, 
nous  a  dit  avoir  vu  des  urines  qui  ne  donnaient  presque 
pas  de  réaction  avec  la  liqueur  de  Fehling,  alors  que  le 
polarimètre  y  décelait  de  25  à  30  grammes  de  sucre.  A  ce 
propos,  je  dois  citer  un  cas  dans  lequel  Turine  ne  déviait 
pas  la  lumière  polarisée,  tandis  qu'elle  précipitait  très  for- 
tement la  liqueur  de  Fehling. 

—  M.  Dujardin-Beaumetz.  Depuis  la  communication  faite 
par  le  professeur  G.  Sée,  j'ai  entrepris  une  série  de  recher- 
ches sur  l'action  diurétique  des  sucres,  et  une  de  mes  élèves, 
M"*  S.  Mielak,  vient  d'en  consigner,  dans  sa  thèse,  les  points 
principaux. 

Le  premier  travail  fait  sur  l'action  diurétique  des  sucres 
est  dû  à  MM.  Charles  Richet  et  Moutard-Martin,  et  a  été 
publié  en  1881  dans  les  Archives  de  physiologie.  Ces  expé- 
rimentateurs opéraient  sur  le  chien,  (qu'ils  avaient  soin 
d'abord  d'anesthésier,  puis  ils  découvraient  les  deux  ure- 
tères et  recueillaient  les  urines  en  comptant  la  quantité 
répandue  par  minute;  ensuite,  ils  introduisaient  dans  les 
veines  les  substances  à  expérimenter.  Us  constatèrent  d'abord 
que  l'injection  d'eau  à  petites  doses  (5  à  20  grammes  par 
kilogramme)  ralentit  la  sécrétion  urinaire  et  qu'au-dessus 
de  30  grammes  elle  l'arrête.  Puis,  expérimentant  un  grand 
nombre  de  corps,  et  en  particulier  les  sucres,  ils  montrèrent 
que,  la  quantité  d'eau  restant  la  même,  les  sucres  aug- 
mentaient considérablement  la  quantité  d'urines,  et  dans 
des  proportions  telles  que  si  on  représente  par  1  la  quan- 
tité d'urine  normale,  la  quantité  éliminée  dans  le  même 
temps  après  injection  intraveineuse  de  solution  sucrée  peut 
être  représentée  par  40.  Elles  sont  toujours  sucrées.  Les 
auteurs  ajoutent  que  quand  la  quantité  d'urines  sécrétées 
a  été  considérable,  de  nouvelles  injections  ne  déterminent 
plus  qu'une  polyurie  passagère.  De  plus,  les  différents 
sucres,  sucre  de  canne,  glycose,  lactose,  sont  à  peu  près 
également  tous  diurétiques  ;  la  dextrine  le  serait  aussi. 

Dans  deux  observations  du  même  travail,  l'application  de 
la  lactose  a  été  faite  chez  l'homme  :  celte  médication  a  été 
tentée  par  M.  Duplaix,  en  1879,  à  l'hôpital  Tenon.  Deux 
litres  d  une  dissolution  de  lactose  à  45  grammes  pour  1000 
déterminèrent  une  diurèse  s'élevantà2  litres  et  -2"*,500. 

Ces  faits  paraissaient  oubliés  quand  M.  G.  Sée  a  fait  sa 
communication.  Toutefois  les  médecins  nui  se  sont  occupés 
de  la  cure  de  lait  en  ont  signalé  tous  à  1  envi  l'action  diu- 
rétique. 

Après  la  communication  de  M.  G.  Sée,  j'ai  expérimenté 
dans  mon  service,  non  plus  la  lactose,  mais  la  glycose,  et 
mes  expériences  ont  duré  jusqu'à  aujourd'hui.  De  mes  obser- 
vations nui  sont  toutes  reproduites  en  entier  dans  la  thèse 
de  M"**  Mielak,  je  ne  vous  cite  que  les  points  principaux. 

A  la  dose  de  150  à  200  grammes  par  jour,  la  glycose  a 
produit  chez  certains  malades  une  diurèse  non  douteuse, 
considérable  même  dans  certains  cas,  et  atteint  7  litres  par 
jour  dans  un  cas,  4  litres  dans  un  autre.  Tous  les  malades 
auxquels  ce  sucre  a  été  donné  étaient  des  cardiaques  avec 
œdème;  aucun  tonique  du  cœur  ne  leur  était  administré. 
Tous  les  cas  d'œdème  cardiaque  n'ont  pas  également  profité 
de  cette  médication;  l'une  des  contre-indications,  commune 
d'ailleurs  à  tous  les  diurétiques,  est  la  présence  d'albumine 
dans  les  urines  ;  plus  celle-ci  est  abondante,  raoifis  il  y  a 
d'action  diurétique.  D'ailleurs  la  glycose  s'est  comportée 
comme  la  lactose.  Toutefois,  j'ai  obtenu,  dans  certains  cas, 
plus  d'effets  avec  la  glycose  qu'avec  la  lactose.  Jamais  je  n'ai 


constaté  la  présence  du  sucre  dans  les  urines;  même  cht 
les  malade  atteints  d'affection  du  foie  et  avec  la  dose  d* 
200  grammes  de  glycose  par  jour. 

Sur  ce  point  particulier  j'ai  entrepris  dans  le  laboratoir- 
des  expériences  différentes  de  celles  laites  par  MM.  Moutarl- 
Martin  et  Richet.  Dans  leurs  expériences  ces  auteurs  injet - 
taient  le  sucre  dans  le  système  veineux,  et  ils  ont  constate 
le  passage  presque  immédiat  du  sucre  dans  les  urines,  ei 

auantité  proportionnelle  à  celle  injectée.  Pour  nous  place" 
ans  des  conditions  thérapeutiques,  c'est  par  l'estomac  qu. 
nous  avons  fait  prendre,  à  un  lapin  pesant  3480  gramroe<. 
des  doses  croissantes  de  sirop  de  glycose.  Ce  n'est  que  quano 
le  chiffre  de  100  grammes  a  été  atteint  que  nous  avon> 
constaté  la  présence  du  sucre  dans  les  urines,  de  sorte  que 
si  on  comparait  l'homme  au  lapin,  il  faudrait  à  un  homme 
de  65  kilogrammes,  poids  moyen,  près  de  2  kilogrammes  de 
sucre  pour  qu'on  vit  ce  dernier  passer  dans  les  urines.  Ce 
fait,  d  ailleurs,  Cl.  Bernard  l'avait  signalé  en  montrant  que 
le  sucre  apparaît  dans  les  urines  lorsque  l'injection  de 
solutions  sucrées  est  faite  dans  le  système  veineux  générai. 
tandis  qu'il  n'y  apparaît  plus  quand  l'injection  est  faite  dans 
le  système  porte. 

Reste  à  expliquer  l'action  diurétique  de  ces  sucres.  Voui^ 
savez  que  les  sucres  se  divisent  en  deux  groupes  :  les  gly 
coses  et  les  saccharoses.  Parmi  les  glycoses>  on  doit  distin- 
guer, au  point  de  vue  alimentaire  :  la  glycose  ou  sucre  de 
raisin,  la  lévulose  ou  sucre  des  fruits,  la  galactose  qui  pro- 
vient de  l'acide  lactique.  Parmi  les  saccharoses,  il  y  a  la 
saccharose  proprement  dite  ou  sucre  de  lait,  et  enfin  la 
maltose. 

Au  point  de  vue  physiologique,  les  travaux  de  Cl.  Ber- 
nard nous  ont  montré  que  le  sucre  se  trouvait  dans  Téco* 
nomie  à  l'état  de  glycose,  et  qu'à  l'état  physiologique  le  sang 
contenait  toujours  une  certaine  quantité  de  sucre;  c'est  la 
glycémie  physiologique. 

Donc  les  saccharoses  se  transforment  en  glycoses,  sous  l'in- 
fluence du  suc  intestinal.  Quant  à  la  glycose,  elle  est  ou 
emmagasinée  dans  le  foie  ou  brûlée  dans  l'économie  et 
transformée  en  H'O  et  CO^.  Pour  ce  qui  est,  en  particulier, 
de  la  lactose,  comme  l'a  montré  Dastre,  elle  se  transforme- 
rait en  acide  lactique,  puis  en  galactose  et  glycose,  et  fina- 
lement en  H^O  et  CO^  Cette  transformation  montre  qu*en 
résumé  l'action  de  la  lactose  revient  à  celle  de  la  glycose,  et, 
pour  expliquer  l'action  de  la  première,  il  nous  suffit  de  nou< 
rapporter  à  ce  qui  se  passe  pour  la  seconde.  A  coup  sûr,  les 
Klycoses  n'ont  aucun  effet  sur  la  circulation  ;  elles  ne  modi- 
fient pas  la  tension  sanguine  et  par  cela  même  n'appartien- 
nent pas  au  groupe  des  diurétiques  tenseurs.  Par  leur  action 
physiologique,  ce  sont  des  diurétiques  rénaux.  J'avais  tout 
d'anord  pensé  que  le  faible  passage  de  la  glycose  dans  les 
urines  pouvait  expliquer  cette  action  diurétique  que  j'avais 
comparée  à  la  glycosurie  des  polyuriques.  Cette  première 
opinion  doit  être  abandonnée,  puisque  jamais  je  n'ai  pu 
trouver  la  glycose  dans  les  urines  des  malades  auxquels  je 
l'administrais.  II  faut  donc  croire  que  la  présence  de  la  glv- 
cose  dans  le  sang  favorise  l'osmose  de  l'eau  à  travers  le 
glomcrule;  mais,  pourque  celte  action  osmotique  se  produise, 
il  faut  une  intégrité  plus  ou  moins  complète  de  répitbé- 
lium  rénal,  car,  lorsque  cet  épithélium  est  touché  comme 
dans  les  néphrites,  cette  action  diurétique  disparait. 

En  résumé,  les  glycoses  et  les  saccharoses  constituent 
de  véritables  diurétiques,  très  inférieurs,  il  est  vrai,  aux 
diurétiques  tenseurs,  mais  venant  compléter  l'action  de  ces 
derniers;  les  effets  maximum  de  cette  action  diurétique  se 
produisent  lorsque  l'épithélium  du  rein  est  intact.  Ces  mé- 
dicaments doivent  être  d'autant  plus  conseillés  qu'ils  sont, 
le  plus  souvent,  bien  acceptés  et  bien  tolérés  parles  ma* 
lades;  que  de  plus,  ils  n'ont  aucune  action  nocive  et  qu'ils 
rentrent  dans  le  groupe  des  médicaments  aliments,  puis 
qu'ils  sont  comburés  par  l'économie.  Ils  peuvent  être  admi- 


6  DiceMBRK  1889  GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  49  —    799 


nistrés  sous  forme  de  sirop  de  glycose  à  la  dose  de  100  à 
150  graraioes  par  jour,  dans  de  reau,  de  la  tisane  ou  du 
lait  (on  peut  aromatiser  ce  sirop  au  goût  du  malade);  ou 
bien  sous  forme  de  lactose  à  la  dose  de  100  grammes  dis- 
sous dans  deux  litres  d'eau,  ou  enfin  sous  forme  de  cure  de 
raisin.  L'administration  de  ces  diurétiaues  se  fait  ordinai- 
rement par  la  bouche,  mais  on  est  en  droit  de  se  demander 
si  on  ne  pourrait  pas  faire  des  injections  rectales  comme  Ta 
proposé  M.  Dieulafoy,  avec  des  solutions  de  glycose.  Je  crois 
donc,  en  terminant,  que  l'introduction  des  sucres  comme 
diurétiques  est  une  médication  utile,  non  dangereuse,  et 
qu'on  peut  toujours  employer  sans  inconvénient. 

M.  Constantin-Paul.  Dans  la  communication  précé- 
dente, il  est  un  point  qui  demande  à  être  éclairci.  D'après 
les  expériences  signalées,  le  sucre  introduit  par  la  voie 
stomacale  ne  se  retrouve  pas  dans  les  iirines.  Ce  qui  ferait 
supposer  qu'il  ne  passe  pas  dans  le  torrent  circulatoire, 
sans  quoi  on  devrait  l'y  retrouver  absolument  comme  dans 
le  cas  d'injection  directe.  Ces  contradictions,  apparentes 
tout  au  moins,  dans  les  faits,  nous  montrent  combien  ces 
questions  sont  loin  d'être  élucidées  ;  aussi  est-il  prudent  de 
s'abstenir  d*hypothèses  pour  le  moment. 

M.  Dujardin-Beaumetz.  Il  ne  s'agit,  bien  entendu,  que 
d'injections  dans  la  circulation  générale;  car,  si  on  introduit 
les  sucres  par  la  circulation  porte,  c'est  absolument  comme 
si  on  les  introduit  par  l'estomac. 

M.  Bardet.  Il  ne  faut  pas  oublier  qu'il  n'est  rien  de  bru- 
tal comme  l'injection  immédiate;  contrairement  à  ce  qui  a 
lieu  dans  l'ingestion  par  l'estomac,  le  sucre  mélangé  direc- 
tement au  sang  a  une  action  de  présence  à  considérer  et 
dépourvue  de  but  thérapeutique.  Ne  peut-on  pas  croire  que 
le  sucre  ingurgité  stationne  suffisamment  dans  le  tube  diges- 
tif pour  c[ue  son  absorption  se  fasse  lentement  et  en  raison 
des  besoins  de  l'économie  qui  l'utilise  au  fur  et  à  mesure? 
On  ne  le  retrouve  que  quand  il  est  administré  en  quantité 
trop  grande  pour  qu'il  soit  complètement  comburé. 

M.  Vigier,  L'action  diurétique  persiste-t-elle  ou  est-elle 
passagère  comme  celle  de  la  potasse? 

M.  Oujardin-Beaumetz.  L'action  du  sucre  s'épuise  :  lors- 
qu'on renouvelle  les  doses,  la  diurèse  est  moins  abondante 
Qu'à  la  suite  de  la  première,  et  de  nouvelles  injections 
unissent  par  ne  plus  provoquer  qu'une  polyurie  passagère. 

M.  Vigier.  Au  point  de  vue  commercial,  il  v  a  deux  gly- 
coses,  l'une  vendue  à  l'état  de  miel,  l'autre  à  l'état  sec.  Ce 
dernier  produit  jouit  de  propriétés  diurétiques  plus  actives. 

M.  Bocquillon,  On  ran^e  habituellement  dans  le  groupe 
des  glycoses  les  sucres  qui  réduisent  la  liqueur  de  Fehiing; 
c'est  le  cas  de  la  lactose,  qui  serait  donc  une  glycose. 

M.  Duhomme.  Les  effets  produits  diffèrent  évidemment 
selon  que  l'absorption  est  plus  ou  moins  lente.  Cl.  Bernard 
l'a  démontré  pour  différents  poisons.  Il  n'y  a  pas  de  sub- 
stance alimentaire  qui  passe  d'emblée  dans  la  circulation  ; 
le  lait  de  la  mère,  qui  cependant  est  tout  élaboré,  n'est 
absorbé  qu'au  fur  et  à  mesure  des  besoins  du  nourrisson. 

La  diurèse  me  semble  résulter  de  l'effort  que  fait  l'éco- 
nomie pour  se  débarrasser  du  sucre  qu'elle  ne  peut  utiliser. 
Aussi  je  crois  qu'il  ne  faut  pas  chercher  à  entraver  trop 
vite  la  polyurie  des  diabétiques. 

M.  Kûgler.  Le  sucre  de  lait  qui  se  décompose  en  galac- 
tose ne  doit  pas  être  confondu  avec  la  lactose. 

M.  Catillon.  J'ai  fait  avec  la  glycérine  des  expériences 
analogues  à  celles  faites  avec  le  sucre.  Au-dessous  de 
30  grammes  on  n'en  trouve  pas  de  traces  dans  les  urines; 
au-dessous  de  cette  dose  elle  y  apparaît.  De  même,  la  gly- 
cérine à  haute  dose  provoque  la  diaphorèse,  et  cependant 
ne  se  retrouve  pas  dans  la  sueur.  Vulpian  disait  à  ce  sujet 


que  la  glycérine  n'était  pas  diurétique  bien  que  s'éliminant 
par  le  rem. 

M.  Dujardin'Beaumelz.  MM.  Richet  et  Moutard-Martin 
ont  aussi  étudié  l'action  de  la  glycérine,  et  ont  constaté 
qu'elle  provoque  la  diurèse. 

M.  Duhomme.  Combien  de  temps  duraient  les  expé- 
riences de  M.  Richet? 

M.  Oujardin-Beaumetz.  Les  expériences  duraient  sept 
heures. 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures  trois  quarts. 

Georges  Baudouin. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

TravAiuK  A  consulter. 

Des  éruptions  rubéolipormes  causées  par  l'antipyrine,  par 
MM.  les  docteurs  S.  Perret  et  Devic.  —  Les  rachs  antipyri- 
niques  sont  fréquents.  Ou  le  sait,  mais  ceux  sur  lesquels  nos 
confrères  lyonnais  attirent  l'attention,  consistent  en  papules 
confluentes  et  nibéoliformes,  qui  se  manifestent  sur  la  totalité 
du  corps  avec  prédominance  sur  la  face  et  bientôt  sur  le  tronc 
et  les  membres.  Gcîtte  éruption  peut  aussi  s'accompagner  d'un 
catarrhe  oculo-nasal. 

Parfois  l'analogie  avec  la  rougeole  peut  aller  plus  loin.  On 
note  alors  une  élévation  thermique,  et  plus  tard  une  desqua- 
mation furfuracée.  On  comprend  l'importance  de  ces  manifes- 
tations sur  la  peau  et  sur  les  muqueuses,  pour  le  diagnostic  dif- 
férentiel de  la  rougeole  et  dans  les  cas  où  des  coquelncheux  sont 
soumis  au  traitement  par  l'antipyrine.  {La  Province  médicaUj 
29  juin  1889.) 

Trois  cas  de  tétanos  traumatique  guéris  par  la  pilocarpine, 
par  M.  Gasati.  —  Dans  le  premier  cas,  on  avait  fait  inutilement 
usage  du  bromure  de  potassium  et  du  chloral.  Comme  les 
symptômes  s'aggravèrent,  M.  Gasati  prescrivit  des  onctions  sur 
les  masses  musculaires  tétanisées,  avec  la  pommade  belladonée, 
l'administration  de  3  centigrammes  d'extrait  aqueux  d'opium 
toutes  les  deux  heures  et  une  injection  hypodermique  de  1  cen- 
tigramme de  chlorhydrate  de  pilocarpine  de  deux  en  deux  heures. 
Dans  l'espace  de  six  jours,  tous  les  symptômes  s'amendèrent  et 
la  guérisonfut  obtenue  après  une  crise  urinaire  abondante. 

Dans  le  second  cas,  on  fit  usage  pendant  une  semaine  de  la 
même  injection  hypodermique  toutes  les  deux  heures  et  on  obtint 
la  guérison.  Enfin,  un  troisième  malade  reçut  par  la  même  voie 
et  en  quinze  jours  une  dose  totale  de  70  centigrammes  de  pilo- 
carpine et  guérit  également.  Pour  M.  Gasati,  la  continuité  du 
traitement  est  la  condition  du  succès  pour  donner  à  l'organisme 
le  temps  d'éliminer  Télément  infectieux  qui  cause  le  tétanos. 
{Gazz.  degli  Ospistaliy  26  mars  1889.) 

De  la  suspension  dans  le  traitement  de  la  méningite 
spinale  chronique,  par  M.  de  Renzi.  —  Dans  un  cas  de 
méningo-myélite,  M.  de  Kenzi  a  obtenu  la  guérisou  du  malade 
ou  du  moins  la  cessation  des  troubles  de  la  motilité  au  moyen 
de  la  suspension  avec  l'appareil  de  Sayre.  Ghaque  séance  durait 
deux  à  trois  minutes  et  se  renouvelait  tous  les  deux  jours.  Dès 
le  lendemain  de  la  première,  on  constatait  une  amélioration.  La 
seconde  fut  suivie  de  l'atténuation  de  la  douleur  et  d'une 
augmentation  de  la  motricité  des  membres  inférieurs.  Au 
moment  où  le  malade  quitta  l'hôpital,  la  douleur  avait  disparu, 
et  les  mouvements  de  rotation  de  la  colonne  vertébrale  étaient 
rétablis.  Simultanément,  on  avait  prescrit  des  mouvements 
gymnastiques  des  membres  inférieurs  et  M.  de  Itenzi  attribue 
en  partie  le  succès  à  leur  emploi  méthodique.  {Rivista  Clinica, 
mai  1889.) 


800 


N»4>  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECIKÈ  ET  DE  GHIRUR&IB        6  Décembre  i889 


BIBLIOGRAPHIE 

iieçoiiM  pr»tlqiac(i  de  thérapentlqne  oeial»ire,  faites  à  la 

clinique  nalionale  des  Quinze- Vingts,  par  M.  le  docteur 
A.  Trousseau.  —  Paris,  1889. 

Nous  sommes  heureux  de  louer  ce  petit  livré,  qui,  lais- 
sant de  côté  la  théorie  et  les  détails  inutiles,  fournit,  aux 
praticiens  toutes  les  données  nécessaires  pour  le  traitement 
des  affections  les  plus  communes  de  Torgane  de  la  vision. 
Le  style  en  est  clair  et  simple  comme  sont  les  préceptes  du 
jeune  et  distingué  médecin  de  la  clinique  des  Quinze- 
Vingts. 

Si  rhygiène,  si  le  traitement  général  méritent  d*être  étu- 
diés et  appliqués  avec  soin,  la  thérapeutique  locale  est 
inconlestaolement  d'une  importance  plus  grande.  Les  com- 
presses et  les  lavages,  les  collyres,  les  pommades,  les  cau- 
térisations en  sont  les  agents  principaux.  Aussi  la  descrip- 
tion de  leur  mode  d'emploi  ouvre-i-elle  naturellement  la 
série  des  leçons  de  M.  Trousseau.  Puis  vient  Tétude  de 
l'antisepsie  oculaire  et  une  charge  à  fond  contre  l'abus  fait 
du  bandeau,  souvent  inutile  et  parfois  dangereux,  en  aug- 
mentant la  sensibilité  de  l'œil  et  son  intolérance  pour  la 
lumière. 

Dans  le  cadre  des  affections  communes  sont  rangées  :  les 
blépharites,  les  conjonctivites,  les  kératites,  les  iritis,  les 
sclérites,  avec  leurs  multiples  variétés.  Malgré  tous  ses 
efforts  pour  en  simplifier  la  classification,  notre  confrère 
se  voit  obligé  d'en  étudier  des  formes  encore  trop  nom- 
breuses pour  ne  pas  laisser  une  certaine  confusion  dans 
l'esprit  des  médecins  non  spécialistes.  Nous  ne  lui  repro* 
chons  aucunement  cette  multiplication  des  espèces  mor- 
bides; elle  est  jusqu'ici  nécessaire,  surtout  au  point  de  vue 
du  traitement. 

Quelques  principes  sur  l'opportunité  de  l'opération  de  la 
cataracte,  une  excellente  leçon  sur  le  traitement  des  affec- 
tions des  voies  lacrymales,  terminent  le  volume.  Nous  ne 
saurions  trop  louer  notre  collègue  et  ami  M.  Trousseau 
d'avoir  publié  ces  cliniques.  Si  quelques-uns  de  ses  pré- 
ceptes nous  semblent  discutables,  si  certaines  de  ses  for- 
mules peuvent  prêter  à  contestation,  nous  croyons  que  son 
livre  sera  bientôt  dans  les  mains  de  tous  ceux  c|ui,  sortis 
depuis  longtemps  des  bancs  de  l'école  sans  pouvoir  se  livrer 
à  des  éludes  spéciales,  seront  heureux  d'y  trouver  des  indi- 
cations aussi  claires  que  précises  dans  les  difficultés  de  leur 
pratique. 

J.  (j. 


VARIETES 

Banquet  Trélat.  —  Le  banquet  offert  à  M.  le  professeur 
Trélat,  à  Toccasion  de  sa  promotion  au  grade  de  commandeur  de 
la  Légion  d'honneur,  aura  lieu  le  jeudi  12  décembre,  à  l'hôtel 
Continental.  Les  lettres  d'adhésion  devront  être  adressées  à 
M.  Walther,  3,  rue  d'Aumale. 

Faculté  de  médecine  de  Paris.  —  M.  Hulinel,  agrégé,  est 
chargé  d*un  cours  de  clinique  des  maladies  des  enfants,  pendant 
le  congé  accordé,  sur  sa  demande  et  pour  raisons  de  santé,  à 
M.  le  professeur  Grancher. 

Collège  de  France.  —  M.  le  docteur  d'Arsonval,  suppléant 
M.  le  professeur  Brown-Séquard,  commencera  le  cours  de  méde- 
cine, le  mercredi  4  décembre  1889,  à  quatre  heures  et  demie, 
dans  la  salle  n"  6,  et  le  continuera  les  vendredis  et  mercredis 
suivants  à  la  môme  heure.  —  II  traitera  des  applications  physio- 
logiques et  médicales  de  rélectricité. 

—  M.  François-Franck,  remplaçant  M.  le  professeur  Marey, 
a  commencé  le  cours  d'histoire  naturelle  des  corps  organisés,  le 
mercredi  i  décembre  1889,  à  trois  heures  et  demie,  dans  la  salle 
n°  7,  et  le  continuera  les  vendredis  et  mercredis  suivants  à  la 


même  heure.  —  Il  traitera  de  la  pression  du  sang  dans   \*  « 
vaisseaux  et  de  ses  variations  normales  et  pathologiques. 

Faculté  de  médecine  de  Bordeaux,  -t  M.  Villar,  agrégé,  re- 
chargé des  fonctions  de  chef  des  travaux  anatomiques,  ea  rem- 
placement de  M.  Planteau,  appelé  à  d'autres  fonctions. 

—  M.  Chevastelon,  licencié  es  sciences  physiques  et  naturellp^. 
est  nommé  chef  des  travaux  chimiques,  en  remplacement  dt 
M.  Moment,  démissionnaire. 

—  M.  le  docteur  Lande  est  nommé  chef  du  laboratoire  de 
médecine  légale  (emploi  nouveau). 

—  M.  Daraignez  (Bernard-Joseph-Ernest)  est  nommé  prosec- 
teur, en  remplacement  de  M.  HéJon,  appelé  à  d'autres  fonctions 

—  MM.  Barretde  Nazaris  et  Régnier  sont  nommé  aides  d*ana- 
tomie,  en  remplacement  de  MM.  Labougle  et  Daraignez,  dont  1' 
temps  d'exercice  est  expiré. 

—  Un  concours  pour  la  place  de  chef  des  travaux  anatoniiqae> 
s'ouvrira  le  15  mai  1890,  devant  la  Faculté  de  médecine  de 
Bordeaux.  Les  candidats  se  font  inscrire  au  secrétariat  de  J'Aca- 
démie  dans  laquelle  ils  résident.  Les  inscriptions  seront  reçQe$ 
jusqu'au  15  avril  inclusivement. 

Faculté  de  médecine  de  Lyon.  -—  M.  le  docteur  Pollossoo 
(Auguste)  est  institué  chef  de  clinique  chirurgicale,  en- rempla- 
cement de  M.  Imbert,  dont  le  temps  d'exercice  est  expiré. 

—  M.  le  docteur  Condamin,  prosecteur,  est  institué  chef  de 
clinioue  obstétricale,  en  remplacement  de  M.  Blanc  (Emile), 
dont  le  temps  d*exercice  est  expiré. 

École  de  médecine  d'Amiens.  —  M.  le  professeur  Lenoél  e<i 
maintenu  dans  les  fonctions  de  directeur  de  ladite  école. 

-—M.  le  docteur  Decamps  (Marie-Amédée-Josepli-Félix-Hecton 
est  institué  suppléant  des  chaires  de  pathologie  et  de  clinique 
médicales. 

École  de  médecine  de  Besançon.  —  M.  Moria,  licencié  è< 
sciences  physiques,  est  institué  suppléant  des  chaires  de  physique 
et  de  chimie. 

École  préparatoire  de  médecine  de  Grenoble.  —  M.  le 
docteur  Deschamps  (Albert-Antoine-Marîe)  est  institué  suppléant 
des  chaires  de  pathologie  et  de  clinique  chirurgicales  et  de  cli- 
nique obstétricale. 

Cours  public  d'accouchement.  — M.  le  docteur  Paul  Berthod, 
ancien  interne  de  la  Maternité,  a  commencé  le  mardi  19  novem- 
bre, à  quatre  heures  du  soir,  un  cours  public  d'accouchement 
(Ecole  pratique,  amphithéâtre  n«  3)  et  le  continuera  les  jeudis, 
samedis  et  mardis  suivants  à  la  même  heure. 

Société  médicale  des  hôpitaux  (séance  du  vendredi  43  dé- 
cembre).—Ordre  du  jour:  M.  Ballet:  Du  délire  de  persécution 
dans  le  goitre  exophthalmique.  —  M-  Vaillard  :  Sur  le  rOle  de> 
eaux  potables  dans  la  propagation  de  la  lièvre  t^plioîde.  — 
M.  Huchard  :  De  la  tachycardie  paroAystijiue  essentielle.  —  Dt< 
la  mort  rapide  par  œdème  pulmonaire  aigu  dans  les  aiTection> 
de  l'aorte. 

Mortalité  a  Paris  '(i7"  semaine,  du  17  au  23  novembre 
1889.  —  Population  :  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  1î<. 

—  Variole,  1.  —  Bougeole,  13.  —  Scarlatine,  3.  —  Coque- 
luche, 10.  —  Diphthérie,  croup,  32.  —  Choléra,  0.  —  Phthisie 
pulmonaire,  2âz.  —  Autres  tuberculoses,  20.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  42;  autres,  3.  —  Méningite,  24.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  50.  —  Paralysie,  12.  — 
Ramollissement  cérébral,  10.  — Maladies  oi]^niquesda  cœur,  76. 

—  Bronchite  aiguë,  41.  —  Bronchite  chronique,  36.  —  Broncho- 

Eneumonie,  24. —  Pneumonie,  27.  — Gastro-entérite:  sein,  15; 
iberon,  48. — Autres  diarrhées,  6.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 3.  —  Autres  affections  puerpérales,  0.  — Débilité  con- 
génitale, 19.  —  Sénilité,  31.  —  Suicides,  16.  —  Autres  morts 
violentes,  19.  —  Autres  causes  de  mort,  138.  —  Causes 
inconnues,  9.  —  Total  :  968. 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant, 

21294.  —  MoTTBROZ.  -*  Imprimeries  réanies,  A,  rue  Mignon,  9.  Paris. 


Trente-sixième  année 


JN»  50 


13  Décembre  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 

PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D*"  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  6.  DIEULAFOY.  DREYFUS-BRISAC,  FRANCOI$.FRfANCK,  A.  HENOCQUE,  A.-J.  MARTIN,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lereboullet,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


SOMMAIRE.  —  BULLBTIN.  —  COMTIIIBUTIONS  PHARMACBUTIQUBS.  Du  savon  Ter! 
contre  certaines  dermatoses.  —  Formulairb  thérapeutique.  Le  traitement  du 
psoriasis  à  la  clinique  dermatologique  de  Lyon.  —  Revue  des  cours  et  des 
CLINIQUES.  Hôpital  de  la  Charité;  service  de  M.  le  professeur  Trélat  :  Cure 
radicale  de  la  hernie  inguinale  congénitale  chez  les  jeunes  sujets.  —  Travaux 
ORIGINAUX.  Clinique  médicale  :  L'urticaire  chez  les  enfants  (formes,  pathogénie» 
évolution).  --  Revue  des  CoivcRàs.  Congrès  de  médecine  interne  de  Wiesbaden 
(avril  1889).-—  Soci^és  savantes.  Académie  des  sciences.  ~  Académie  de 
médecine.—  Société  de  chirui^e.  — Société  de  biologie.  — Revue  des  jour- 
naux. Chirurgie.  —  Bibliooraphie.  Leçons  cliniques  sur  les  maladies  des 
enfants.  —  VARiirés.  Faculté  de  médecine  de  Paris, 


BULLETIN 

Paris,  11  décembre  1889. 

Académie  de  médecine  :  Séasiee  pabllqae  ansiaelle  t  Êlog^e 
de  Fonssagrlves  par  M.  Rochard.  —  Rapport  «or  Ica 
prix  par  M.  Fêréol.  —  Sénat  :  Le  droll  de  r^qaUllioBi 
des  médrelaa. 

Ceux  qai  viennent  d'applaudir  si  chaleureusement  Téloge 
de  Fonssagrives  s'étonneront  moins  de  la  généreuse  pensée 
qui,  contrairement  aux  usages  académiques,  a  fait  choisir, 
pour  être  Tobjet  d'un  solennel  hommage,  un  correspondant 
qui  n'était  guère  connu  <k  que  par  l'importance  de  ses  tra- 
vaux ».  Quant  à  ceux  qui  ont  pu  voir  à  l'œuvre  le  vénéré 
professeur  de  Montpellier,  l'écrivain  médical  aussi  bien 
doué  que  laborieux  et  fécond,  l'hygiéniste  et  le  thérapeute, 
le  savant  et  honnête  médecin  que  vient  de  louer  M.  Ro- 
chard, ils  remercieront  sincèrement  son  ancien  collègue  de 
la  marine  d'avoir  fait  revivre  devant  eux  une  figure  des  plus 
sympathiques  et  si  bien  traduit  les  sentiments  respectueux 
qu'ils  garderont  toujours  de  sa  mémoire. 

«  Je  fais  de  la  littérature  dans  la  matinée;  la  seconde 
partie  de  ma  journée  est  consacrée  à  la  médecine.  »  C'est 
en  ces  termes  que  Fonssagrives  nous  exposait,  en  1870, 
comment  il  était  parvenu  à  écrire  un  si  grand  nombre  d'ou- 
vrages traitant  des  sujets  les  plus  divers  et  pourquoi  il  se 
préoccupait  avec  un  égal  souci  de  vulgariser  les  connais- 
sances acquises  et  d'aider  dans  la  mesure  de  ses  forces  au 
progrès  scientifique.  Nous  connaissions  alors  de  lui  ses 
études  d'hygiène,  et,  en  particulier,  son  Traité  d'hygiène 
navale,  quelques-uns  de  ses  ouvrages  de  vulgarisation  et 
son  remarquable  travail  sur  la  Thérapeutique  de  la 
phthisie  pulmonaire.  Il  n'avait  pas  encore  écrit  le  beau 
livre  qui,  développant  et  complétant  un  article  du  Diction-- 
naire  encyclopédique,  traite  avec  autant  d'éiévalion  de  vues 
que  de  sens  critique  des  Principes  de  la  thérapeutique 
générale.  Déjà  cependant  il  était  considéré  comme  un 
r  Série,  T.  XXVI. 


maître  et  son  nom,  comme  ceux  de  Rochai'd  et  de  Le  Roy 
de  Méricourt,  était  bien  connu  des  médecins  de  l'armée  aussi 
bien  que  des  médecins  de  Ja  marine.  Pourquoi,  malgré  de 
si  brillantes  et  de  si  solides  qualités,  n'avait-il  pu  acquérir 
à  Montpellier  la  situation  professionnelle  qu'il  était  en  droit 
d'espérer?  Pourquoi,  malgré  l'estime  et  le  respect  qu'il 
méritait  à  tant  de  titres  et  que  lui  accoi*daient  ses  collègues 
et  ses  élèves,  restait-il  un  peu  isolé?  Quand  on  a  vu,  à 
l'École  de  Strasbourg,  un  homme  aussi  éminent  que 
Forget  lutter  contre  les  mêmes  difficultés  et  souffrir  des 
mêmes  préventions,  on  ne  s'étonne  plus;  mais  on  comprend 
la  mélancolie  avec  laquelle  Fonssagrives  parlait  de  sa  car- 
rière médicale  et  son  air  de  profonde  triste3se  lorsque,  avec 
l'enthousiasme  du  jeune  âge,  on  l'entretenait  de  projets 
d'avenir. 

M.  Rochard  n'a  laissé  qu'entrevoir  les  amertumes  qui  ont 
parfois  assombri  le  caractère  de  son  savant  ami.  Il  a  surtout 
tait  ressortir  ce  qui,  dans  les  événements  de  sa  vie  ou  dans 
les  publications  qui  lui  font  tant  d'honneur,  rehausse  le 
talent  de  l'écrivain  et  fait  admirer  l'homme  de  bien.  On  lira 
au  Bulletin  de  V Académie  ce  qui  a  trait  aux  débuts  du 
jeune  médecin  de  la  marine,  et  les  nouveaux  venus  dans 
le  corps  de  santé  feront  leur  profit  des  exemples  de  courage, 
d'activité  et  de  laborieuse  énergie  que  leur  ont  laissés  leurs 
anciens. 

Après  avoir  raconté  dans  quelles  circonstances  Fons-- 
sagrives  fut  élu  professeur  d'hygiène,  circonstances  aussi 
honorables  pour  celui  qui  en  était  l'objet  que  pour  c  la  Fa- 
culté qui,  dérogeant  à  ses  usages,  écarta  ses  propres  agrégés 
pour  faire  place  à  un  savant  qui  lui  était  étranger  >  — 
l'Ecole  de  Montpellier  est  coutumière  de  ces  actes  de  jus- 
tice —  M.  Rochard  ajoute  : 

Ce  ne  fut  pas  sans  douleur  qu'il  se  détacha  d'un  corps  auquel 
il  appartenait  depuis  vingt-trois  ans,  dans  lequel  s'étaient  écoulés 
ses  jeunes  ans,  les  jours  mêlés  de  pluie  et  de  soleil,  où  il  laissait 
des  amis,  comme  on  n'en  fait  plus  à  Tâge  où  nous  étions  par- 
venus. Ces  regrets,  ces  souvenirs  l'accompagnèrent  dans  sa  nou- 
velle résidence  et  ne  l'ont  jamais  quitté.  Il  s'éloignait  de  la 
mi.rine  au  moment  où  nos  écoles  étaient  dans  tout  leur  éclat.  Le 
corps  de  santé  jouissait  partout  d'une  réputation  méritée  ;  les 
concours  assuraient  l'indépendance  et  la  dignité  des  caractères, 
en  donnant  les  places  aux  plus  capables,  et  rien  ne  pouvait  faire 
'supposer  qu'ils  seraient  un  jour  remplacés  par  l'intrigue  et  le 
favoritisme.  Plus  heureux  que  ses  deux  vieux  amis,  Fonssagrives 
est  mort  avant  d'avoir  vu  s'écrouler,  sous  les  coups  de  rignorance 
et  de  l'envie,  un  édifice  qui  s'était  élevé  par  le  travail  et  le  savoir 
et  à  la  grandeur  duquel  il  avait  si  puissamment  contribué. 

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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       13  Décembre  1889 


Il  appartenait  au  dernier  inspecteur  général  du  service 
de  santé  de  la  marine  de  protester  avec  cette  énergie  contre 
des  mesures  qu'au  moment  où  elles  ont  été  édictées,  nous 
avons  ici  même  sévèrement  condamnées.  Et  la  salve  d'ap- 
plaudissements qui  a  remercié  M.  Rochard  de  sa  fran(ihise 
aura  été  entendue  hors  de  Tenceinte  de  l'Académie. 

La  deuxième  partie  de  cet  Éloge  est  consacrée  à  l'analyse 
des  principaux  ouvrages  de  Fonssagrives.  Ce  que  dit  M.  Ro- 
chard de  l'influence  exercée  par  son  collègue  sur  la  marche 
et  les  progrès  de  l'hygiène  mérite  aussi  d'être  cité  : 

Son  Traité  d'hygiène  élémentaire  est,  dit-il,  une  reven- 
dication des  droits  de  Thygicne  dans  le  traitement  des  mala- 
dies, une  critique  sévère  des  exagérations  de  la  thérapeu- 
ti(|ue  à  outrance  à  laquelle  on  se  livrait  il  y  a  trente  ans.  Cette 
critique  n'est  plus  fondée  aujourd'hui,  et  le  livre  dont  je  parle 
n'a  vraisemblablement  pas  été  étranger  à  cette  transformation. 
Il  est  certain  du  moins  que  son  auteur  l'avait  pressentie.  Toutes 
les  excentricités  delà  médecine  moderne,  disait-il,  sont  nées  des 
excès  de  la  pharmacologie;  mais  le  retour  à  de  plus  saines 
doctrines  ne  saurait  se  faire  attendre,  car  les  esprits,  lassés  de 
l'abus  des  médicaments,  sont  préparés  pour  une  restauration 
hygiénique. 

Celte  restauration,  messieurs,  nous  l'avons  vue  s'accomplir. 
Les  trois  branches  de  l'art  de  guérir  qui  se  sont  greffées  sur  le 
vieux  tronc  de  l'unité  hippocratique  n'ont  pas  pris  un  dévelop- 
pement égal.  Il  en  est  deux  qui  vont  grandissant  sans  cesse,  aux 
dépens  de  la  troisième. 

L'hygiène  a  conquis  le  rôle  qui  lui  revenait.  Chaque  jour  voit 
s'élargir  son  domaine  et  la  thérapeutique  s'inspire  de  ces  prin- 
cipes. Les  médecins,  ont  compris  que  les  moyens  qui  préservent 
la  santé  peuvent  également  la  rétablir.  11  suffit  d'entrer  aujour- 
d'hui dans  un  hôpital  pour  constater  l'importance  que  tout  le 
monde  attache  à  la  pureté  de  Tair,  à  son  renouvellement,  à  la 
propreté  rigoureuse  des  malades  et  de  tout  ce  qui  les  entoure, 
ainsi  qu'aux  détails  de  leur  régime  alimentaire. 

La  chirurgie  a  fait  plus  encore.  Utilisant  la  proniicre  les  con- 
quêtes de  la  bactériologie,  elle  eï^t  arrivée  à  supprimer  le  danger 
dans  les  opérations.  L'antisepsie  lui  a  donné  un  tel  degré  de 
sécurité  et  d'audace,  qu'elle  a  doublé  l'étendue  de  son  domaine, 
en  empiétant  sur  celui  de  la  médecine.  Elle  pénètre  aujourd'hui 
dans  les  cavités  splanchniques  comme  dans  les  articulations,  et 
soumet  à  ses  procédés  cxpéditifs  une  foule  de  maladies  qui  ne 
relevaient  autrefois  que  de  la  médecine  et  auxquelles  elle  ne 
pouvait  opposer  que  des  palliatifs. 

Menacée  par  ces  envahissements,  la  pharmacologie  s'est  aussi 
modernisée.  Elle  a  rejeté  les  neuf  dixièmes  de  son  vieil  arsenal 
et  déblayé  ses  officines,  pour  n'y  conserver  que  des  agents  d'une 
efficacité  expérimentalement  démontrée  ;  mais  elle  s'est  appliquée 
à  en  augmenter  le  nombre.  Chaque  jour,  la  chimie  nous  offre  de 
nouveaux  remèdes  dont  l'énergie  nous  épouvante  parfois,  mais 
qui  deviendront  de  précieuses  ressources  lorsque  leurs  efl'ets 
seront  mieux  connus  et  leurs  indications  mieux  étudiées. 

On  ne  peut  qu'applaudir  à  ce  tableau  des  progrès  de 
l'hygiène  tracé  par  l'un  des  plus  fervents  apôtres  de  cette 
science  nouvelle,  par  l'un  de  ces  maîtres  qui,  après  avoir 
été  chirurgien,  épidémiologiste  et  administrateur,  s'est 
donné  tout  entier  aux  études  de  médecine  publique  et 
d'hygiène. 

S'il  nous  était  permis  d'exprimer  une  opinion  toute  per- 
sonnelle, nous  dirions  cependant  que,  parmi  les  ouvrages 
de  Fonssagrives,  ceux  qui  ont  trait  à  la  Ihérapentique  et 
surtout  aux  questions  de  philosophie  médicale  nous  semblent 
bien  supérieurs  à  ses  traités,  manuels  ou  dictionnaires 
d'hygiène.  On  peut  ne  point  accepter  toutes  les  idées  doc- 


trinales du  professeur  de  Montpellier;  il  est  impossible  de 
nier  le  talent  avec  lequel  il  les  a  défendues. 

Nous  aurions  aimé  à  citer  encore,  si  la  place  ne  nous  man- 
quait, ce  que  M.  Rochard  a  si  bien  dit  du  talent  littéraire  de 
Fonssagrives:  €  Nul,  en  efTet,  n'était  plus  habile  à  com- 
poser un  livre,  à  lui  donner  des  proportions  harmonieuse> 
par  une  juste  pondération  de  ses  éléments;  personne  ne 
savait  mieux  que  lui  allier  la  profondeur  des  idées  au 
charme  entraînant  de  la  forme  et  à  la  séduction  du  style.  Ce 
sont  là,  ajoute  M.  Rochard,  des  qualités  dont  on  ne  st^ 
soucie  guère  aujourd'hui,  je  lésais,  peut-être  parce  qu'elles 
ne  sont  pas  à  la  portée  de  toutes  les  éducations,  ni  de  toutes 
les  intelligences.  >  Et,  après  avoir  parlé  des  goûts  litté- 
raires  de  son  ami,  des  poésies  que,  à  l'exemple  de  presque 
tous  les  écrivains  médicaux,  il  a  écrites  pour  développer  les 
qualités  du  style  c  en  pétrissant  sa  pensée  pour  la  faire 
entrer  dans  le  moule  inflexible  du  vers,  pour  l'asservir  à  la 
tyrannie  de  la  pensée  >,  M.  Rochard  termine  l'éloge  de 
Fonssagrives  en  racontant,  en  termes  d'une  éloquence  émue 
et  vraiment  digne  de  celui  qui  l'a  inspirée,  les  derniers 
jours  de  l'homme  de  bien  qui,  fidèle  aux  convictions  de 
toute  sa  vie,  a  pu  mourir  <  sans  connaître  ni  les  compromis- 
sions ni  les  défaillances,  ni  les  amers  regrets  que  laisse  le 
souvenir  des  mauvaises  actions  >. 


—  Appelé  pour  la  première  fois^  à  remplir  les  fonctions 
si  ingrates  de  secrétaire  chargé  (lu  rapport  général  sur 
les  prix  de  l'Académie,  M.  Féréol  ne  pouvait  manquer  de 
rendre  hommage  aux  mérites  incontestés  de  ses  prédéces- 
seurs. Mais  il  Ta  fait  en  des  termes  qui  prouvent  combien 
ceux  qui  l'ont  appelé  au  bureau  étaient  en  droit  de  compter 
non  seulement  sur  son  dévouement  et  son  zèle,  mais  encore 
sur  la  distinction  de  son  talent  et  l'élégance  de  sa  plume. 
Le  secrétaire  annuel  de  l'Académie  est  lui  aussi,  en 
effet,  un  de  ces  savants  dont  l'éducation  première  a  formé 
le  style  et  orné  Tesprit.  Nous  n'aurions  pas  de  peine  à  le 
montrer  en  reproduisant  ici  quelques  passages  de  son  ra})- 
port,  en  particulier  ce  qu'il  a  dit,  en  termes  si  élevés  et  si 
dignes,  des  services  rendus  à  la  science  par  les  membres  de 
l'Académie  décédés  dans  le  cours  de  celte  année.  Forcé  de 
renvoyer  au  Bulletin  ceux  qui  voudront  se  donner  le  plaisir, 
de  goûter  ces  morceaux  littéraires,  nous  tenons  cependant  i 
signaler  ce  que,  d'accord  avec  tous  les  bons  esprits  soucieux 
de  l'avenir  de  noire  enseignement  professionnel,  M.  Fêrt<d 
nous  dit  au  sujet  de  l'étude  des  spécialités.  Si  Ton  compare 
l'enseignement  et  la  pratique  des  dermatologisles  alle- 
mands, viennois  et  français,  on  est  frappé  de  la  tendance 
qu'ont  aujourd'hui  les  étudiants  étrangers  à  déserter  m^i 
amphithéâtres  pour  les  écoles  allemandes. 

Or,  il  faut  l'avouer,  dit  le  secrétaire  de  l'Académie,  et,  difif 
son  excellent  rapport,  M.  Bucquoy  l'a  répété  après  bien  d'autn^^; 
à  Paris,  on  ne  rencontre  pas  dans  un  même  centre  tous  l4 
éléments  d'instruction,  tels  qu'ils  sont  matériellement  rapprochai 
dans  l'hôpital  général  de  Vienne. 

Nous  pouvons  nous  enorgueillir  encore  de  certaines  choses, 
premier  rang  desquelles  il  faut  citer  cet  admirable  musée  pall.  >^ 
logique  de  Sainl-Louis  qu'on  vient  d'inaugurer,  et  auquel  trc 
vaille  depuis  plus  de  vingt-cinq  ans  un  homme  modeste  et  dt*^» 
téressé,  iM.  Baretta,  que  les  étrangers  nous  auraient  enlevé  ^  c 
n'était  pasinviolahlcmenl  attaché  à  notre  pays,  qui  n^cst  ponrt  ;t 
pas  le  sien; à  la  faveur  de  l'Exposition  universelle,  et  gn\r(4 
cette  circonstance  qu'il  n'était  pas  Français,  ce  véritable  ari:  rt 
que  notre  collègue  des  hôpitaux,  M.  Lailler,  a  su  deviner  i 
attacher  à  l'hôpital  Saint- Louis,  vient  enfin  de  recevoir  la  réu 


13  Décembre  1889       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  Et  DÉ  CHIRURGIE  —  N»  50 


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pense  qui  lui  élait  due  et  que  les  médecins  de  Saint-Louis 
demandaient  en  vain  pour  lui  depuis  trop  longtemps. 

Mais  cette  merveilleuse  collection  de  moulages,  qui  reproduit 
la  nature  avec  une  fidélité  capable  de  faire  illusion  aux  malades 
eux-mêmes,  peut  aller  facilement  par  des  reproduclions  enrichir 
les  étrangers  ;  tandis  que,  pour  avoir  chez  nous  quelque  chose 
d'analogue  à  Thôpital  général  de  Vienne,  il  faudrait  pouvoir 
d'un  coup  de  baguette  amener  en  contact  l'hôpital  Saint-Louis, 
la  Salpèlrière  et  Neckcr;  et,  même  en  y  joignant  l'Hôlel-Dieu  et 
tous  nos  autres  hôpitaux,  il  nous  manquerait  encore  quelques- 
unes  des  spécialités  qui  sont  en  grand  honneur  à  l'étranger.  Il 
n'y  a  pas  bien  longtemps  en  effet  que  l'École  de  Paris,  préoc- 
cupée, non  sans  raison,  de  Timportance  des  études  générales, 
faisait  la  guerre  aux  spécialités.  C'est  depuis  peu  d'années 
qu'elle  les  a  admises  à  l'enseignement  officiel,  et  pour  partie 
seulement.  Ce  n'est  que  d'hier  que  la  Fîiculté  a  décidé  d'élever  à 
la  dignité  professorale  la  clinique  spéciale  de  l'hôpital  Necker. 

Or,  il  est  déjà  tard  pour  Je  reconnaître,  la  tendance  moderne 
est  toute  aux  spécialités.  La  science  est  si  vaste  aujourd'hui  que 
la  division  du  travail  s'y  impose  comme  partout  ailleurs.  Sans 
rien  laisser  perdre  de  notre  ancienne  valeur,  et  tout  en  conser- 
vant aux  études  encyclopédiques  leur  importance  primordiale, 
sachons  marcher  dans  les  voies  nouvelles.  Nous  y  sommes 
engagés  déjà.  La  récente  mesure  de  la  spécialisation  des  agrégés 
est  un  progrès  indiscutable  dans  ce  sens.  Mais  hàtons-nous,  si 
nous  voulons  remonter  au  premier  rang. 

Espérons  que,  dans  un  avenir  prochain,  ce  vœu  sera 
exaucé. 

Il  en  est  un  autre  que,d'annéeenannée,on  s'empresse  de 
ir^nstneliredinx  pouvoirs  publics  et  que  M.  Féréol  a  exprimé 
en  commençant  son  rapport.  La  salle  des  séances  de  l'Aca- 
démie de  médecine,  ses  bureaux  et  surtout  sa  bibliothèque 
sont  dans  un  état  de  délabrement  des  plus  regrettables. 
Et  malgré  le  legs  de  Demarquay,  qui  a  donné  le  bon 
exemple,  personne  ne  songe  à  assurer  à  l'Académie  un 
logement  digne  d'elle.  Il  y  a  certainement  quelque  chose  à 
tenter  à  ce  point  de  vue.  Mais  on  comprend  aisément  que 
l'iniliativeprivée  hésite  à  entreprendre  ce  qu'il  appartien- 
drait à  l'Ëlat  de  réaliser.  C'est  un  sujet  sur  lequel  nous 
avons  déjà  reçu  diverses  communications  et  sur  lequel  nous 
aurons  à  revenir.  H  en  est  de  même  des  motifs  qui 
découragent  parfois  les  concurrents  aux  prix  de  TÂca-- 
demie  et  des  mesures  que  l'on  pourrait  prendre  pour  rendre 
ceux-ci  plus  utiles  et  plus  enviables.  Ce  sont  là  des  questions 
fort  intéressantes,  mais  qui  ne  peuvent  être  discutées  en 
quelques  lignes  et  à  la  fin  d'un  compte  rendu  que  l'intérêt 
de  la  séance  solennelle  de  l'Académie  a  déjà  rendu  plus 
long  que  de  coutume. 


L'affaire  des  médecins  de  Rodez  vient  d'être  l'objet  d'une 
interpellation  adressée  à  M.  le  garde  des  sceaux  par  M.  La- 
corabe,  sénateur.  Des  discussions  auxquelles  a  donné  lieu 
cette  interpellalion,  il  résulte  que,  pour  tout  le  monde, 
ministres,  magistrats  et  médecins,  les  tarifs  d'honoraires 
fixés  par  le  décret  du  18  juin  1800  sont  absolument  déri- 
soires et  doivent  être  revisés.  C'est  ce  que  demandent  tous 
les  médecins  requis  par  la  justice.  Et  ce  sont  les  procédés 
humiliants  et  vexatoires  du  parquet  de  Montpellier  qui  ont 
décidé  les  médecins  de  Rodez  à  refuser  nettement  tout 
concours  à  la  justice.  Ils  suivaient  l'exemple  donné  par  le 
savant  et  respecté  professeur  de  médecine  légale  de  la 
Faculté  de  Montpellier.  Ils  avaient  pour  objet  principal  de 
créer  une  agitation  qui  obligerait  le  ministre  de  la  justice 
à  sortir  de  la  douce  quiétude  avec  laquelle,  comme  Ta  si 


bien  dit  M.  Cornil,  il  envisage  trop  souvent  les  difficultés 
de  ce  genre. 

Nous  n'avons  pas  à  répéter  ici  ce  que  nous  avons  déjà  dit 
dans  un  précédent  article  (p.  750).  La  question  de  droit  qui 
fait  l'objet  d'un  recours  du  parquet  de  Rodez  près  la  Cour 
de  cassation  reste  douteuse.  Il  s'agit  de  savoir  si,  oui  ou 
non,  dans  le  cas  particulier  qui  nous  occupe,  il  y  avait 
flagrant  délit >  Et  de  la  solution  de  ce  cas  particulier  résul- 
tera l'acquittement  ou  la  condamnation  définitive  de  nos 
confrères. 

Mais  la  discussion  soulevée  devant  le  Sénat  a  mis  en 
présence  deux  opinions  divergentes  et,  suivant  que  l'une 
ou  l'autre  d'entre  elles  sera  acceptée  par  le  législateur, 
les  conditions  légales  imposées  dorénavant  aux  médecins 
seraient  bien  différentes.  M.  Lacombe  demande  que,  à 
la  condition  de  recevoir  une  indemnité  supérieure  à  celle 
que  fixe  le  décret  de  18H,  le  médecin  soit  tenu  d'obéir 
à  toutes  les  réquisitions  de  la  justice.  M.  Cornil,  au  con- 
traire, réclame  l'institution,  dans  tous  les  chefs-lieux  de 
Cours  d'appel  et  dans  la  plupart  des  tribunaux  de  première 
instance,  de  médecins  légistes,  munis  d'un  certificat  d'études 
spécial  et  seuls  destinés  à  remplir,  après  réquisition  de 
l'autorité  judiciaire,  les  fonctions  de  médecins  experts. 
Nous  croyons  avoir  suffisamment  insisté  déjà  sur  ce  sujet 
pour  ne  point  nous  croire  obligés  de  développer  ici  les 
motifs  qui  nous  font  adhérer  aux  considérations  développées 
avec  autant  d'autorité  par  M.  Cornil  pour  montrer  que  l'on 
ne  peut  obliger  les  médecins  à  répondre  à  toutes  les  réqui- 
sitions de  la  justice.  Aussi  longtemps  qu'on  n'organisera  pas 
la  médecine  judiciaire  en  France,  on  sera  exposé  à  se 
heurter  à  des  difficultés  analogues  à  celles  qui  viennent  de 
se  produire,  voire  même  à  n'obtenir  que  des  rapports 
médico-légaux  peu  autorisés  et  par  conséquent  inutiles.  Dès 
que  la  Cour  do  cassation  aura  prononcé  sur  la  question  de 
droit,  nous  examinerons  dans  tons  ses  détails  la  question 
législative  dont  la  solution  s'impose. 


CONTRIBUTIONS  PHARMACEUTIQUES 

Du  savon  vert  contre  certaines  dermatoses. 

Ce  savon  porte  aussi  le  nom  de  savon  noir.  Il  a  une 
odeur  désagréable  et  une  consistance  moite.  On  le  prépare 
avec  la  lessive  de  potasse,  tandis  que  les  savons  durs  du 
commerce  sont  à  base  de  soude.  Pendant  qu'en  France  on 
fait  le  savon  noir  avec  des  huiles  de  colza,  navettes  ou  chè- 
nevis,  en  Angleterre,  on  le  prépare  avec  du  suif  et  de  l'huila 
de  baleine. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ces  savons  sont  toujours  très  alcalins 
et  rapidement  solubles  dans  l'eau,  qualités  qui  les  font 
rechercher  pour  les  nettoyages  et  le  blanchiment. 

En  médecine,  au  contraire,  dans  certaines  maladies  chro- 
niques du  tégument,  il  est  préférable  de  saturer  cette  alca- 
linité par  un  acide. 

J'ai  été  appelé,  dernièrement,  à  exécuter  une  formule 
ainsi  rédigée: 

Savon  vert 50   grammes. 

Alcool  rectifié 100        — 

Filtrez  et  ajoutez  :  acide  salicylique,  2  grammes. 

Le  mot  filtrez  n'était  pas  à  sa  place,  car  l'acide  sali- 
cylique a  donné  lieu  à  un  léger  précipité  d'acide  oléique. 


S04    —  N'  50  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       13  Décembre  1889 


après  avoir  saturé  la  potasse  qui  se  trouvait  en  excès  dans  le 
savon.  Il  faut  donc  écrire:  dissolvez  le  savon  dans  l'alcool  à 
90  degrés,  ajoutez  Tacide  salicylique  et  filtrez. 

Celte  solution  avait  été  prescrite  en  application  contre  un 
eczéma  tnarginattim  de  la  racine  de  la  cuisse.  Peut-être 
est-elle  acceptable  au  point  de  vue  médical.  Mais  je  dois 
rappeler  la  formule  du  savon-ponce,  déjà  recommandée  ici 
même  dans  un  but  analogue  (n**  de  juillet  1884)  :  ponce 
porphyrisée,  15  grammes;  savon  vert  ou  noir,  30  grammes. 
Ne  pas  perdre  de  vue  que,  dans  cette  dernière  préparation, 
le  savon  conserve  toute  son  alcalinité. 

Pierre  Vigier. 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

Le  trAltemeiit  da  paorla«is  A  1»  ellnlqae 
demftatolofclqae  de  Lyoo. 

Trois  indications  dominent  celte  indication,  d*après 
H.  Gailleton:  l""  nettoyer  les  surfaces  malades;  S*"  les  modi- 
fier; 3*  prévenir  les  récidives. 

I.  Nettoyage  des  surfaces  malades.  —  Prescrire  des 
bains  alcalins,  accompagnés  de  frictions  savonneuses  et  les 
répéter  jusqu'à  enlèvement  des  squames. 

II.  Pansement  des  surfaces  malades.  —  M.  Gailleton 
préfère  aux  autres  topiques  ceux  à  base  d'acide  chryso- 
phanique  et  d'acide  pyrogallique. 

La  pommade  à  Vacide  chrysophanique  au  dixième  doit 
être  employée  en  frictions,  mais  en  évitant  d'étendre  ces 
dernières  sur  une  surface  très  grande  de  la  peau. 

La  pommade  à  l'acide  pyrogallique  au  cinquième 
convient  aux  cas  de  psoriasis  vulgaire.  On  doit  l'appliquer 
avec  ménagement,  en  raison  des  dermites  que  ce  médica- 
ment peut  provoquer  et  des  intoxications  à  début  presque 
foudroyant,  observées  consécutivement  à  son  emploi.  Il  ne 
convient  pas  contre  le  psoriasis  aigu  scarlatiniforme. 

III.  Traitement  général  et  préventif.  —  L'arsenic  est 
le  seul  médicament  dont  l'action  soit  réelle,  à  condition  de 
le  prescrire  en  dehors  de  la  période  aiguë  : 

!•  Liqueur  de  Fowler. — La  prescrire  à  doses  croissantes 
en  commençant  par  cinq  gouttes  et  en  augmentant  jusqu'à 
vingt  gouttes,  sans  aller  au  delà; 

2'  Sirop  d'arséniate  de  soude.  —  On  peut  ordonner  le 
sirop  suivant  à  la  dose  de  deux  à  six  cuillerées  par  jour, 
une  cuillerée  représentant  1  milligramme  et  demi  d'ar- 
senic : 

Pr.  Eau  distillée 180  grammes. 

Sirop  de  pensées  sauvages 60        — 

Arséniale  de  soude 0,04  centigrammes. 

'S""  On  complète  l'action  médicamenteuse  par  la  balnéation 
simple,  chaque  bain  devant  être  quotidien  et  prolongé 
pendant  une,  deux  ou  trois  heures.  H.  Gailleton  attribue  à 
la  longue  durée  du  bain  tous  les  succès  obtenus  dans 
quelques  stations  thermales. 

Ch.  Éloy. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

hôpital  de  la  charité.  —  service  de  m.  le  professecr 
trélat. 

Core  radicale   de  la  hcrote  Inipaioale  eongéalUile  cIms 
les  Jennes  sujelv. 

La  cure  radicale  de  la  hernie  inguinale  réductible, 
simple,  est  une  opération  de  plus  en  plus  étudiée.  Pour  la 
hernie  congénitale  le  débat  se  complique  d'un  élémenl  Je 
plus,  la  possibilité  de  la  guérison  par  le  port  prolongé  el 
soigneux  d'un  bandage  bien  fait.  L  argumentation  des  ad- 
versaires de  la  cure  opératoire  se  résume  en  ceci  :  ils  se 
refusent  à  exposer  à  la  mort  un  malade  atteint  d'une  hernie 
simple,  même  congénitale,  pour  lui  éviter  l'ennui  de  por- 
ter bandage  alors  que,  dans  presque  tous  les  cas  d'ope- 
ralion,  môme  heureuse,  il  n'est  pas  délivré  de  cet  ennui; 
ils  ne  concèdent  pas  davantage  que  Ton  soit  en  droit  de 
risquer  la  mort  opératoire,  c'est-à-dire  immédiate,  pour 
éviter  au  malade  les  risques,  fort  peu  probables,  de  voir  ?a 
hernie  s'étrangler  vingt  ou  trente  ans  plus  tard. 

Il  est  d'abord  un  point  sur  lequel  je  désire  exprimer  nel-  ' 
temenl  mon  opinion.  Oui,  la  cure  est  opératoire  et  non  ra- 
dicale pour  les  hernies  que  j'ai  plus  spécialement  citées 
lors  de  la  dernière  discussion  de  la  Société  de  chirurgie  ; 
oui,  pour  les  hernies  inconstamment,  incomplètement! 
difficilement  réductibles,  l'opéré  devra  ultérieurement  por- 
ter un  bandage.  L'opération  n'a  pas  eu  pour  but  de  suppri- 
mer le  brayer,  mais  bien  de  permettre  le  remplacement 
d'un  appareil  défectueux  par  un  appareil  similaire  mais 
efficace.  Aussi  ne  faut-il  opérer  ces  hernies  de  faiblesse  que 
Quand  une  complication  fournit  une  indication  spéciale. 
Avec  la  hernie  congénitale  des  jeunes  sujets,  hernie  d'em- 
blée, faite  dans  un  canal  péritonéo-vaginal  anormalement 
perméable,  la  question  change  du  tout  au  tout.  Ce  sojet 
n'est  pas  un  hernieux,  un  affaibli  ;  c'est  un  malforuié,  ce 
qui  n'est  pas  du  tout  la  même  chose.  A  celui-là  le  bandage 
pourra  être  supprimé  si,  par  une  opération  sanglante,  on 
oblitère  le  canal  anormal,  autour  duc^uel  la  paroi  mnsculo- 
aponévrotique  est  saine,  vigoureuse,  jeune  en  un  mot. 

Ici  surgissent  deux  objections  :  le  bandage  peut  être  eu- 
ratif;  Topération  expose  à  la  mort. 

Que  le  bandage  bien  fait  et  bien  porté  puisse  être  curattt\ 
je  ne  songe  pas  à  le  contester.  Hais  ce  que  j'affirme  c'est 
que  la  guérison  parfois  n'est  qu'apparente  et  je  vous  en 
fournirai  pour  preuve  l'observation  suivante.  C'est  celle 
d'un  jeune  Autrichien  de  dix-neuf  ans,  dont  un  frère  e>t 
devenu  hernieux  à  vingt  ans  et  qui  lui-même  est  hernieu\ 
de  naissance.  A  l'âge  de  quatre  ans  on  lui  appliaue  un 
bandage  :  à  dix  ans  on  l'en  délivre  et  la  hernie  semluo  gué- 
rie. Mais  neuf  ans  plus  tard,  il  y  a  de  cela  cinq  semaine^. 
dans  un  effort,  il  croit  sentir  que  la  hernie  est  sortie  et  efTer* 
tivement  deux  jours  après,  étant  au  lit,  il  trouve  par  hasarl 
une  grosseur  dans  le  pli  inguinal  gauche.  C'était  bien  la 
hernie,  facilement  réductible,  mais  non  moins  facile  à  re- 
produire. Pour  le  moment,  elle  ne  le  gène  en  rien,  est  in- 
dolente, aisément  coercible;  mais  le  malade  craint  qu'elle  ne 
grossisse,  ne  cause  des  accidents;  de  plus,  il  est  incom- 
modé par  le  bandage.  Il  demande  donc  à  être  opéré,  et  j* 
vais  accéder  à  son  désir,  car  le  bandage,  facile  à  appliquer 
dans  l'espèce,  ne  le  mettrait  pas  à  l'abri  de  rélranglement 
d'emblée;  je  vais  l'opérer  parce  qu'en  somme  il  n*esl  pâ5 
guéri,  parce  que  son  conduit  vagino-péritonéal  n'est  pa^ 
oblitéré  et  que  par  suite  il  reste  exposé  à  tous  les  accident^ 
de  la  hernie  à  canal  ouvert. 

On  ne  doit  donc  pas  proclamer  à  la  bâte  les  effets  curalif^ 
du  bandage  :  quand  on  suit  pendant  longtemps  les  malades. 
on  se  convainc  que  les  observations  comme  la  précédentr 
sont  loin  d'être  rares.  Mais  reste  la  deuxième  objection 


13  Décembre  1889      GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  —  N*  50 


805 


l'opération  expose  à  des  risques  mortels  pour  éviter  des 
accidents  d'étranglement  qui  surviendront  peut-être,  et  ra- 
rement, dans  vingt  ou  trente  ans.  Je  répondrai  d'abord, 
avec  une  conviction  absolue,  nue,  sur  un  sujet  jeune  et  sain, 
pour  une  hernie  réductible,  les  risques  de  mort  peuvenf, 
doivent  être  négligés  si  l'opération,  d'ailleurs  fort  simple, 
a  été  bien  conduite  et  la  plaie  bien  pansée.  Cette  opinion 
n'est  pas  seulement  la  mienne,  mais  celle  de  tous  les  chi- 
rurgiens antiseptiques  qui  ont  l'expérience  de  la  cure  radi- 
cale. A  côté  de  cela,  j'ai  une  conviction  non  moins  solide- 
ment arrêtée  :  la  hernie  abandonnée  à  elle-même  est  plus 
souvent  grave  que  ne  le  prétendent  les  adversaires  de  la 
cure  radicale,  et  surtout  les  accidents  la  menacent  souvent 
à  courte  échéance.  Les  hernies  volumineuses,  adhérentes, 
enflammées,  sont  bien  de  vieilles  hernies,  portés  par  des 
sujets  de  cinquante,  soixante  ans  et  plus.  Il  n'en  est  pas  du 
tout  ainsi  pour  la  hernie  petite  étranglée  d'emblée,  c'est-à- 
dire,  en  somme,  pour  la  hernie  congénitale  étranglée.  Ici, 
l'ancienneté  de  la  lésion  n'entre  pas  en  jeu.  Ce  n'est  pas 
un  collet  induré,  stigmatisé,  qui  étrangle;  c'est  une  bride 
séreuse  valvulaire,  tranchante  que  le  temps  n'a  guère  mo- 
difiée. Dans  un  effort  brusque  une  anse  sort,  trop  volumi- 
neuse, et  brusquement  elle  s'étrangle.  Aussi  concevez-vous 
que  cet  étranglement  d'emblée,  le  plus  grave  de  tous  puis- 
qu'il est  produit  par  une  crête  tendue  et  tranchante,  soit 
possible  chez  les  jeunes  adultes  aussi  bien,  mieux  même 
que  chez  les  vieillards. 

A  Tappui  de  cette  assertion,  je  vous  rappelle  l'observation 
de  ce  jeune  homme  que,  sur  mon  conseil  formel,  M.  Walther 
a  opéré  le  7  novembre  dernier  et  dont  il  vient  depublier 
l'observation  à  la  Société  anatomique.  Le  25  décembre  1888 
la  hernie  apparut  pour  la  première  fois  chez  ce  garçon  de 
dix-huit  ans,  et  immédiatement  elle  causa  des  accidents 
de  douleur  et  d'occlusion.  Par  le  repos  tout  cessa,  et  l'in- 
testin rentra.  Mais  à  trois  reprises  ces  phénomènes  récidi- 
vèrent et  il  y  a  trois  mois  la  crise  se  termina  par  Tirréduc- 
tibilité  de  la  descente.  Les  troubles  étaient  médiocres  et  le 
malade  ne  s'en  préoccupait  guère  lorsque,  le  4  novembre 
dernier,  des  symptômes  d'occlusion  éclatèrent,  et  le  7  no- 
vembre le  malade  fut  admis  à  l'hôpital.  La  kélotomie,  sui- 
vie de  cure  radicale,  montra  que  déjà  l'intestin  adhérait  au 
sac.  Vous  ne  direz  pas,  cette  fois,  que  la  cure  radicale  pra- 
tiquée en  décembre  1888,  dès  la  première  menace,  n'eût 
évité  au  patient  que  des  accidents  de  sa  vieillesse. 

Celte  rois,  il  est  vrai,  la  temporisation  n'a  pas  eu  d'in- 
convénients majeurs.  Les  quelques  adhérences  de  l'intestin 
ont  été  faciles  à  libérer;  l'intestin,  peu  altéré,  a  pu  être 
réduit  et  la  guérison  complète  a  été  rapide.  Mais  cette  bé- 
nignité n'est  malheureusement  pas  dans  les  habitudes  de 
l'étranglement  d'emblée  de  la  hernie  inguinale.  Notre  ma- 
lade n'est  venu  qu'au  troisième  jour  et  il  n'a  pas  eu  à  s'en 
plaindre.  Mais  n'oubliez  jamais  que  dans  ces  étranglements 

fiar  valvules  tranchantes,  quelques  heures  peuvent  suffire  à 
a  perforation  de  l'intestin,  même  sans  que  les  accidents 
aient  une  intensité  suffisante  pour  forcer  l'attention  du  ma- 
lade et  la  main  du  médecin. 

Le  troisième  malade  dont  je  veux  vous  entretenir  va  vous 
démontrer  la  vérité  de  mon  dire.  Lui  aussi  est  jeune  :  il  a 
vingt-six  ans.  Toujours  il  s'est  connu  une  hernie,  pour  la- 
quelle il  a  été  exempté  du  service  militaire,  elle  ne  sortait 
d'ailleurs  que  dans  les  efforts.  Grosse  comme  une  noix,  elle 
rentrait  facilement  et  jamais  le  sujet  ne  s'en  est  inquiété. 
Or,  le  1 1  août  dernier,  notre  homme  passa  la  soirée  en  fortes 
libations,  avec  accompagnement  de  cris  et  de  chants  :  en  se 
couchant,  àonzeheuresdu  soir,  il  s'aperçutque  sa  hernieétait 
dehors  et  il  ne  put  la  réduire.  Bientôt  survinrent  quelques 
coliques,  quelques  nausées.  Le  lendemain,  notre  homme 
resta  au  lit  pendant  la  matinée,  puis,  comme  le  repos  ne 
calmait  pas  ses  douleurs,  il  essaya  de  la  marche.  La  con- 
stipation depuis  le  début  de  l'accident  était  complète  et 


deux  vomissements  avaient  eu  lieu  quand,  le  13  août  à  midi, 
il  se  présenta  à  l'hôpital  ou  il  était  venu  sans  peine,  à  pied. 
La  tumeur,  située  à  droite,  est  grosse  comme  le  poing, 
sonore,  modérément  douloureuse;  la  peau  est  normale,  le 
ventre  n'est  pas  ballonné,  le  visage  est  peu  altéré.  M.  Lyot 
fit  cependant  la  kélotomie  sans  taxis  préalable,  à  trois 
heures  de  l'nprès-midi  (quarante  heures  après  le  début  des 
accidents)  et  oien  lui  en  prit,  car  l'intestin,  déjà  en  partie 
mortifié,  dut  être  réséqué,  si  bien  que  le  malade  porte  au- 
jourd'hui un  anus  contre  nature  des  mieux  conaitionnés, 
avec  prolapsus  à  chaque  effort. 

Vous  voyez  donc  que  les  dangers  de  la  hernie  congénitale 
abandonnée  à  elle-même  sont  sérieux  et  qu'ils  menacent 
fort  bien  l'individu  jeune  ;  d'autre  part,  le  port  d'un  bandage 
ne  met  pas  à  l'abri  des  accidents  brusques  de  l'étranglement 
d'emblée.  Voilà  pourquoi  ]€  pense  que  laisser  subsister  une 
hernie  congénitale,  même  derrière  un  bandage  bien  fait, 
c'est  exposer  le  malade  à  la  mort  bien  plus  que  si  on  lui 
fait  courir  les  risques,  k  peu  près  nuls,  d'une  opération 
bien  faite.  Aussi  ai-je  progressé  depuis  que  j'étudie  cette 
question  et  je  suis  devenu  beaucoup  plus  opérateur  que  ie 
ne  l'étais  il  y  a  quelques  années.  Au  début,  je  conseillais  de 
n'intervenir  par  la  cure  opératoire  que  pour  les  hernies 
complirjuées.  Aujourd'hui,  bien  assuré  que  pour  les  hernies 
congénitales  simples,  réductibles,  l'opération  n'offre  ni 
difficultés,  ni  gravité  ;  qu'elle  peut,  en  raison  des  disposi- 
tions anatomiques,  donner  une  guérison  réelle,  une  véritable 
cure  radicale  ou  totale;  que  toutes  les  hernies  non  guéries 
sont  exposées  à  des  accidents  plus  ou  moins  graves  et 
prompts,  parfois  très  prompts  comme  on  l'a  vu  chez  les 
deux  malades  de  notre  service,  je  pratique  et  je  conseille 
de  pratiquer  la  cure  opératoire  chez  tous  les  adolescents  ou 
jeunes  gens  qui  voient  se  reproduire  une  hernie  réputée 
guérie,  et  cela,  dès  que  la  hernie  reparaît,  avant  toute  com- 
plication de  volume  ou  de  contenu. 

A.  BnocA. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 

Citnliine  médleale. 

L'urticaire  cuez  les  enfants  (formes,  pathogénie, 
évolution).  Communication  faite  à  la  Société  médicale 
des  hôpitaux  dans  la  séance  du  25  octobre  1889,  par 
M.  le  docteur  J.  Comby,  médecin  des  hôpitaux. 

(Fin.  —  Voyez  le  numéro  49.) 

Obs.  XI.  Petite  fille  soumise  à  Vallaitement  mixte.  Rachi- 
tisme^ dyspepsie  avec  ectasie  gastrique.  A  Vâge  de  onze  moiSy 
poussées  d'urticaire.  Trois  ans  aprèSy  l'urticaire  chronique  se 
transforme  en  lichen  agrius  et  continue  à  évoluer  sous  cette 
forme.  Observation  suivie  pendant  cinq  ans.  —  M...  (Blanche) 
était  âgée  de  dix-neuf  mois  quand  je  la  vis  pour  la  première 
fois  au  Dispensaire  de  la  Villelte  (1884).  Depuis  Tâge  de  onze 
mois,  elle  soutTrait  de  démangeaisons  prest^ue  continuelles, 
accompagnées  d'éruptions  ortiées  manifestes.  Faisant  déshabiller 
l'enfant,  je  constate  la  présence  de  très  nombreuses  papules 
d'urticaire  avec  quelques  lésions  Je  grattage  sur  le  tronc  et  sur 
les  membres. 

Cette  fillette,  soumise  à  rallaitement  mixte,  a  marché  tard  et 
présente  les  déformations  osseuses  habituelles  an  rachitisme. 
De  plus,  son  ventre  est  très  gros  et  la  succussion  méthodique 
de  la  paroi  épigastrique  fait  entendre  un  bruit  de  clapotage 
qu'on  perçoit  encore  au-dessous  de  l'ombilic.  Il  semble  donc 
que  l'estomac  soit  très  dilaté.  D'ailleurs,  l'enfant  est  extrême- 
ment vorace  et  demande  sans  cesse  à  boire  ou  à  manger;  elle 
boit  surtout  énormément.  A  cette  époque,  je  prescrivis  un  ré- 
gime plus  sobre,  la  diminution  des  hoissons  et  des  bains  vinai- 
grés qui  restèrent  sans  effet.  Au  mois  deiuillet  4885,  Tenfant 
est  dans  le  même  état  et  souffre  toujours  de  son  urticaire.  Deux 
'  ans  après  (22  août   1887),   elle    présentait    encore   des  pa- 


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pules  d'urticaire  et  de  fortes  démangeaisons.  Elle  avait  peu 
grandi  et  souffrait  de  l'estomnc;  il  est  vrai  que  son  régime  ali- 
mentaire avait  été  peu  surveillé.  Elle  continuait  à  boire  déme- 
surément, aussi  bien  la  nuit  que  le  jour.  Le  ventre  restait  j^ros 
et  le  clapoiage  épigastriquejoccupaitlamème  étendue.  J'insistai 
de  nouveau  sur  fimportance.du  régime  et  j'obtins  le  rationne- 
ment des  liquides. 

Le  28  novembre  1887,  l'enfant  revient  au  Dispensaire  dans 
une  période  d'amélioration  ;  elle  a  peu  de  démangeaisons,  elle 
n'a  plus  de  papules  d'urticaire,  mais  elle  offre  des  papules 
pelites,  arrondies,  les  unes  intactes^  les  autres  excoriées  par  les 
grattages,  et  il  est  impossible  de  ne  pas  penser  au  lichen 
agrius;  le  volume  du  ventre  a  diminué,  la  dilatation  gastrique 
est  moins  étendue. 

Un  an  plus  tard  (novembre  1888),  je  suis  consulté  de  nouveau 
pour  cette  enfant  qui  présente  une  recrudescence  de  son  éruption 
prurigineuse.  11  n'y  a  plus  une  sejile  place  ôrtiée,  mais  de  très 
nombreuses  papules  petites,  arrondies  ou  acuminées,  les  unes 
nettes,  les  autres  couvertes  de  sang  desséché,  avec  quelques 
plabards  d'apparence  eczémateuse.  La  transformation  de  Turti- 
cnire  chronique  en  prurigo  de  Hebra  me  parait  complète. 

Le  1"*  avril  i889,  on  me  ramène  l'enfant,  non  ps^s  pour  son 
éruption  qui,  devenue  chronique,  n'inquiète  plus  les  parents, 
mais  pour  une  légère  blépharo-conjonctivite  de  date  récente. 
Actuellement  d'ailleurs,  le  ticlien  est  dans  une  phase  de  rémis- 
sion, les  papules  sont  rares  et  les  démangeaisons,  quoique 
toujours  vives,  ne  sont  pas  suivies  de  grattages  très  énergiques. 

L'enfant,  qui  a  aujourd'hui  six  ans  et  demi,  est  très  petite  ; 
elle  a  le  développement  d'une  enfant  de  quatre  ans,  elle  est 
toujours  polydipsimie. 

Les  frictions  répelées  avec  le  glycérolé  tartriqiie  étant  restées 
inefficaces,  je  les  remplace  par  les  frictions  avec  l'huile  de  foie 
de  morue. 

Voilà  donc  une  enfant  qu'il  m'a  été  permis  de  suivre  pen- 
dant cinq  ans,  et  que  je  reverrai  probablement  encore  pen- 
dant de  longues  années.  Atteinte,  à  la  suite  d'un  régime 
alimentaire  défectueux,  de  dyspepsie  et  d'urticaire  chro- 
nique, elle  n'a  cessé,  pendant  trois  ans,  d'être  tourmentée 
par  des  poussées  d'urticaire.  Puis  l'urticaire  a  fait  place  au 
licheii  agriusy  au  prurigo  de  Hebra;  il  est  difficile  de  citer 
une  observation  plus  probante. 

Obs.  XII.  Fille  de  cinq  ans.  Allaitement  artificiel,  polydipsie. 
Urticaire  au  début  Aujourd'hui  prurigo  de  Hebra.  —  Cette 
fillette,  âgée  de  cinq  ans,  assez  nerveuse,  a  été  nourrie  au  bibe- 
ron et  n'a  marché  qu'à  deux  ans;  elle  était  donc  rachitique. 
Aujourd'hui,  les  déformations  rachitiques  ont  disparu,  mais  la 
dyspepsie  a  persisté;  Tenfant  mange  peu  et  boit  beaucoup. 
Depuis  deux  ans  et  demi,  elle  est  tourmentée  par  des  démangeai- 
sons atroces,  plus  fortes  l'été  que  l'hiver,  accompagnées  au 
début  de  papules  larges  et  fugaces  (urticaire),  coïncidant  au- 
jourd'hui avec  des  papules  petites,  acuminées  (prurigo)  et  avec 
des  lésions  de  grattage.  La  mère  est  nerveose,  le  père  est  alcoo- 
lique; il  bat  souvent  la  mère  et  l'enfant.  Le  prurigo  de  Hebra 
est  incontestable,  quoiqu'il  ne  revête  pas  une  forme  très  intense. 
Je  prescris  le  rationnement  des  liquides  et  les  frictions  avec 
l'huile  de  foie  de  morue. 

Obs.  Xlïl.  Petite  fille  de  trois  anSj  nerveuse.  Poussées  d'urti- 
Caire  à  la  suite  d'une  rougeole,  Actuellementprurigo  de  Hebra. 
^Le  12  août  1889,  je  prends  l'observation  d'une  petite  fille,  âgée 
de  trois  ans  et  trois  mois,  conduite  par  sa  mère  au  Dispensaire 
de  la  Villette.  Cette  enfant,  nourrie  au  sein,  a  été  sevrée  un  peu 
brusquement  et  prématurément  à  douze  mois  ;  les  suites  immé- 
diates du  sevrage  ne  furent  pas  mauvaises.  L'enfant  est  ner- 
veuse, agitée,  sa  mère  est  émotive,  son  père  irascible,  un  frère 
est  mort  de  convulsions  à  l'âge  de  auinze  jours,  un  autre  est 
mort-né.  Tels  sont  les  antécédents  héréditaires  et  collatéraux  ; 
je  suis  disposé  à  tenir  compte  de  la  tare  nerveuse  qu'ils  décè- 
lent, mais  je  crois  qu'il  faut  invoquer  aussi  le  sevrage  pré- 
maturé. 

Quoi  qu'il  en  soit,  à  la  suite  dune  rougeole  contractée  en 
janvier  1889,  l'enfant  a  eu  d'incessantes  poussées  d'urticaire. 
Au  bout  de  trois  nmis,  les  papules  ortiées  avaient  disparu, 
mais  les  démangeaisons  persistaient  et  l'éruption  a  pris  les 
caractères  suivants: 

On  voit,  disséminées  sur  l$i  face,  le  dos,  les  fesses,  les  cuisses,  1 


la  face  dorsale  des  bras  et  des  avant-bras,  d'innombrables  petite^ 
papules  acuminées,  les  unes  intactes,  la  plupart  excoriées  ri 
recouvertes  de  sang  desséché.  Entre  les  papules  existent  aussi 
des  taches  pigmentaires  et  des  cicatrices.  Les  plis  articulai!  f"- 
et  la  face  antérieure  des  avant-bras  sont  indemnes. 

L'éruption  n'est  pas  polymorphe,  elle  est  exclusivement  pru- 
rigineuse et  papuleuse  ;  le  prurit  est  plus  fort  la  nuit  que  h^ 
jour,  Tété  que  l'hiver. 

J'ai  observé,  pendant  les  remplacements  que  j'ai  eu  Toc- 
câsion  de  faire  à  l'hôpital  Sainl-Louis,  un  certain  nombre 
d'adolescents  ou  d'adultes  atteints  de  prurigo  de  Hebra;  la 
plupart  étaient  malades  depuis  leur  première  enfance  ;  che? 
une  femme  cependant,  dont  je  rapporte  robservation  (XVI), 
la  maladie  n'avait  débuté  qu'après  vingt  ans.  C'est  là  un 
cas  exceptionnel,  mais  pas  unique,  M.  Besnier  et  quelques 
autres  dermatologistes  ayant  observé  aussi  cette  dérogation 
à  la  règle.  Chez  tous  ces  malades,  jeunes  ou  vieux,  il  existait 
un  état  dyspeptique  ancien  avec  dilatation  de  l'estomac. 

J'ai  essayé,  à  l'aide  du  naphtol  (2  grammes  à  2'',50  en 
vingt-quatre  heures),  de  combattre  les  fermentations  gastro- 
intestinales que  je  suppose  être  en  relation  avec  la  dermo- 
pathie,  j'ai  obtenu  quelques  améliorations,  j'ai  échoué  k 
plus  souvent.  Marchant  sur  les  traces  de  M.  Bouchard,  j'ai 
ajouté  le  régime  sec  à  l'antisepsie  intestinale,  j'ai  prescrit 
la  strychnine  à  la  dose  de  5  milligrammes  par  jour. 

L'association  de  toutes  ces  médications  ne  m'a  pas  donné 
tous  les  résultats  que  j'en  attendais,  et  le  prurigo  de  Hebra 
reste  après  ces  essais,  ce  qu'il  était  avant,  c'est-à-dire  une 
maladie  désespérante. 

Voici  les  observations  recueillies  à  l'hôpital  Saint-Louis: 

Obs.  XIV.  Garçon  de  seize  ans.  Prurigo  de  Hebra  datant  dr 
la  première  enfance.  Dilatation  de  Vestomac.  Amélioration 
par  le  naphtoL  —  D...  (Paul),  âgé  de  seize  ans,  est  un  garçon 
de  taille  moyenne,  d'apparence  strumeuse  (blépharite  ciliaire), 
qui  dit  souffrir,  depuis  sa  naissance,  de  démangeaisons  persis- 
tantes. 11  est  entré  à  l'hôpital  Saint-Louis  (service  de  iM.  Teooe- 
son),  le  25  juillet  1889,  pour  une  exacerbation  de  sa  niala<iie, 
les  démangeaisons  étant  toujours  plus  fortes  Tété  que  l'hiver. 
Au  moment  de  son  entrée  dans  les  salles,  il  présentait  de 
nombreuses  lésions  de  grattage  (papules  excoriées  recouvertes 
de  sang  desséché,  fissures),  des  taches  pigmentaires,  des  cica- 
trices, des  placards  eczématiformes  surtout  au  niveau  des  ais- 
selles. Traité  par  les  frictions  à  Phuile  de  foie  de  morue,  il 
offrait  encore  quand  je  le  vis  (12  août),  toutes  ces  lésions.  Je  lis 
suspendre  le  traitement  externe  à  partir  du  15  août  et  je  pres- 
crivis le  naphtol  à  la  dose  do  Jo%50  par  jour,  en  quatre  prises. 

Celte  médication  fut  continuée  pendant  quinze  jours  saii^ 
interruption,  elle  fut  suivie  d'une  amélioration  très  notable.  Le 
28  août,  Tentant  ne  présentait  plus  que  les  vestiges  de  ses  érup- 
tions antérieures  (taches  et  cicatrices)  et  n'accusait  plus  la 
moindre  démangeaison. 

Examinant  son  estomac,  à. jeun,  après  lui  avoir  fait  boire  un 
demi-verre  de  tisane,  je  constate  que  le  bruit  de  clapotage  dé- 
passe Tombilic  de  deux  travers  de  doigt.  Cette  dilatation  consi- 
dérable de  l'estomac  doit  être  très  ancienne,  malgré  l'incerti- 
tude des  renseignements  fournis  par  le  sujet.  Tout  ce  qu'il  sait, 
c'est  qu'on  Ta  mis  en  nourrice  à  la  campagne  et  qu'il  en  a  rap- 
porté ses  démangeaisons. 

Il  est  probable  que  cet  enfant  a  passé  par  les  mêmes 
phases  que  ceux  dont  j'ai  pu  prendre  l'observation  dès  le 
début  :  poussées  d'urticaire  d'abord,  prurigo  de  Ilebra 
ensuite. 

Voici  quelques  observations  dans  lesquelles,  ayant 
reconnu  la  dilatation  de  l'estomac,  j'ai  essayé  de  lutter 
contre  ses  effets  toxiques  par  le  naphtol. 

Obs.  XV.  Fille  de  seize  ans.  Prurigo  de  Hebra  datant  de  la 
première  enfance.  Dilatation  de  Vestomac.  Guérison  au 
moins  temporaire  par  le  naphtoi  et  le  régime.  —  (îette  jeune 
fille,  â^ée  de  seize  ans  comme  le  malade  précédent,  est  entrV^e 
à  rhôpital  Saint-Louis  (service  de  M.  Tenneson)  le  8  août  188**, 
Elle  est  petite,  pâle,  délicate,  et  ses  tibias  ont  gardé  l'incurva- 


13  Décembre  1889        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  50  —    807 


valiori  rachilique.  Atleinte,  depuis  la  oremière  enfance,  de  dé- 
mangeaisons persistantes,  plus  fortes  Vété  ique  Tliiver,  elle  a 
été  déjà  traitée  Tannée  dernière,  pour  la  même  affection,  dans 
le  même  service  ;  au  bout  de  six  semaines  de  traitement  elle 
sortit  améliorée.  Actuellement  son  corps  est  parsemé  de  papules 
excoriées  et  de  lésions  de  grattage,  sans  compter  les  taches 
pigmentaires  et  les  cicatrices  qui  attestent  les  lésions  passées, 
mais  la  forme  est  moins  grave  que  dans  le  cas  précédent.  Ayant 
constaté  aue  les  frictions  à  Thuile  de  foie  de  morue  était  inefû- 
caces,  je  les  remplaçai,  à  partir  du  15  août,  par  â  grammes  de 
naphtol  en  cinq  doses.  Ayant  constaté  en  outre  une  dilatation  de 
Testomac  caractérisée,  à  jeun,  par  un  bruit  de  clapotage  des- 
cendant jusqu*à  Tombilic,  je  prescris  le  rationnement  des 
liquides  (600  grammes  par  jour),  rusage  du  pain  grillé,  la  sup- 
pression des  aliments  indigestes,  des  sauces  epicées,  des  choux, 
des  salades,  etc. 

Le  1*'  septembre,  c'est-à-dire  après  quinze  jours  de  ce  traite- 
ment, la  malade  semblait  guérie  et  n*avait  plus  d'éruption  ni  de 
démangeaisons.  Il  est  vrai  que  j*avais  affaire  à  une  forme  rela- 
tivement bénigne  de  prurigo  de  Hebra,  sujette  à  des  rémissions 
notables,  que  la  guérison  temporaire  de  la  maladie  avait  été 
obtenue  Tannée  dernière  par  d'autres  moyens.  Cependant  je  ne 
puis  pas  ne  pas  tenir  compte  du  prompt  succès  qui  a  suivi  le 
traitement  de  la  dilatation  stomacale. 

Voici  maintenant  d'autres  observations  dans  lesquelles 
00  verra  que  l'action  du  naphtol  a  été  moins  efficace  : 

Obs.  XVI.  Femme  de  vingt-six  ans.  Prurigo  de  Hebra  sur- 
venu à  vingt-quatre  ans.  Dilatation  de  restomac.  Traitement 
par  le  naphtoL  le  régime,  la  strychnine.  Pas  d'amélioration. 

—  M"»*  X...,  âgée  de  ,vingt-s!\'  ans,  entre,  le  25  août  1889,  au 
pavillon  payant  de  Thôpital  Saint-Louis,  pour  une  alopécie  qui 
a  succède  à  la  fièvre  typhoïde  et  pour  un  prurigo  de  Hebra  dont 
le  début  date  seulement  de  deux  ans.  Jamais  avant  cette  époque, 
la  malade  n'avait  eu  la  moindre  démangeaison;  c'est  un  cas 
exceptionnel,  mais  indiscutable,  de  prurigo  de  Hebra  survenu  à 
l'âge  adulte.  Le  corps  est  couvert  de  papules  excoriées,  de  lé- 
sions do  grattage,  ae  placards  eczémati formes  ;  les  démangeai- 
sons sont  atroces  et  continuelles,  et  c'est  à  cause  d'elles  quo  la 
malade  est  venue  de  province  pour  se  faire  soigner  à  Paris.  Tous 
les  traitements  locaux  employés  jusqu'à  ce  jour  ont  échoué. 

L'intervention  d  une  fièvre  typhoïde  assez  grave,  il  y  a  un  an, 
a  suspendu  les  démangeaisons  sans  les  supprimer  ni  les  atté- 
nuer par  la  suite.  Il  faut  ajouter  que  la  malade,  sans  être  hysté- 
rique, est  nerveuse  et  très  irritable. 

Elle  est  aussi  dyspeptique  depuis  longtemps  et  porte  une  dila- 
tation considérable  de  l'estomac;  le  bruit  de  clapotage  descend 
au-dessous  de  Tombilic.  Je  prescris  simultanément  le  naphtol  à 
la  dose  de  29',50  par  jour  et  j  insiste  sur  le  régime;  600  grammes 
de  liquide  (vin  blanc  étendu  de  trois  quarts  d'eau),  aliments 
choisis,  rien  en  dehors  des  repas,  etc.  Au  bout  de  dix  jours, 
voyant  qu'il  n'y  avait  pas  la  moindre  amélioration,  j'ajoute  à  ce 
traitement  une  dose  quotidienne  de  5  milligrammes  de  sulfate 
de  strychnine.  La  malade  essaye  successivement  des  frictions  au 
glycérolé  tartrique,  à  Thuiie  de  foie  de  morue.  Elle  sort  de  Thô- 
pital peut-être  trop  tôt,  sans  avoir  éprouvé  de  soulagement. 

Obs.  XVII.  Garçon  de  quinze  ans  et  demi.  Prurigo  de  Hebra 
datant  de  la  première  enfance.  Dilatation  de  l'estomac.  Trai- 
tement par  le  naphtol  et  la  strychnine.  Pas  d  amélioration. 

—  L...  (Henri),  âge  de  quinze  ans  et  demi,  est  entré  à  Thôpital 
Saint-Louis  (service  de  M.  Tenneson)  le  8  août  1889.  Sa  maladie 
caractérisée  par  des  démangeaisons  atroces  et  plus  accusées 
Tété  que  Thiver,  par  des  papules  excoriées,  par  des  fissures, 
par  des  taches  pigmentaires  et  des  cicatrices,  date  de  la  pre- 
mière enfance.  Il  a  été  traité,  à  deux  reprises,  dans  cet  hôpital, 
par  M.  Fuurnier  et  par  M.  Vidal.  C'est  un  garçon  qui  boit  beau- 
coup et  dont  les  digestions  laissent  à  désirer.  Le  bruit  de  clapo- 
tage dépasse  Tombilic.  Je  prescris  2  grammes  de  naphtui, 
4  milligrammes  de  sulfate  ae  strychnine,  et  le  rationnement 
des  liquides.  Après  quinze  jours  de  ce  traitement,  il  n'y  avait 
pas  la  moindre  amélioration  et  je  renonçai  à  continuer*  Les 
irictions  à  Thuiie  de  foie  de  morue  furent  plus  efficaces. 

Il  ressort  de  celte  élude  quelques  notions  utilisables 
pour  le  pronostic,  la  prophylaxie  et  le  traitement  de  l'ur- 
ticaire chronique. 


On  saura  d'abord  que  Turticaire  infantile  peut  avoir  des 
conséquences  lointaines  et  graves.  On  ne  sera  plus  porté  à 
négliger  les  démangeaisons  passagères,  intermittentes  ou 
prolongées  qui  marquent  les  premières  atteintes  du 
mal. 

Sans  doute  l'urticaire,  dans  la  majorité  des  cas,  ne  laisse 
aucune  trace  durable;  la  maladie  est  éphémère  comme  les 
papules  qui  la  traduisent  objectivement. 

Mais  on  saura  qu'il  n'en  est  pas  toujours  ainsi,  et  que 
l'urticaire  peut  se  répéter,  passer  à  la  chronicité  et  aboutir 
enfin  à  cette  maladie  abominable  qu'on  appelle  prurigo  de 
Hebra.  Voilà  le  point  noîr  dans  le  pronostic  de  Turticaire. 
Il  faut  donc,  dans  la  pleine  conscience  de  cette  éventua- 
lité fâcheuse,  instituer  un  traitement  qui  vise  l'évolution 
redoutée. 

La  prophylaxie  du  prurigo  de  Hebra  doit  s'inspirer  de 
Tétiologie.  On  admettra  que  l'urticaire,  aiguë,  subaiguê  ou 
chronique,  est  probablement  d'origine  iox\(i\iQ(toxidermie). 

L'urticaire  s  observe,  en  effet,  chez  les  enfants  dont  l'hy- 
giène alimentaire  laisse  à  désirer,  dont  le  ventre  est  gros, 
dont  l'estomac  est  dilaté  ;  c'est  une  manifestation  cutanée 
de  la  dyspepsie  aiguë  ou  chronique. 

L'hypothèse  d'une  substance  toxique,  d'un  poison  éla- 
boré dans  le  tube  digestif,  transporté  dans  la  circulation, 
éliminé  par  la  peau,  expliquerait  la  relation  qui  unit  la 
dilatation  de  l'estomac  et  la  dyspepsie  à  Turticaire. 

La  prédisposition  nerveuse  des  sujets  parait  également 
jouer  un  rôle,  sinon  dans  la  production  de  Turticaire,  du 
moins  dans  l'exagération  de  ses  manifestations  et  dans 
l'acuité  du  prurit. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  clinique  infantile  connaît  toutes  les 
variétés  d'urticaire  observées  chez  les  adultes.  Elle  nous 
montre  surtout  la  marche  inquiétante  et  les  transformations 
fâcheuses  de  Turticaire  chronique. 

Un  enfant  mal  nourri  et  dyspeptique  présente  des 
poussées  d'urticaire  qui,  aiguës  et  fugaces  au  début,  vont 
en  se  répétant  et  se  rapprochant  de  plus  en  plus.  Au  bout 
de  quelques  mois  ou  de  quelques  années,  Turticaire  chro- 
nique prend  un  nouvel  aspect  ;  Tenfant  a  toujours  les 
mêmes  démangeaisons,  mais  il  n'a  plus  les  mêmes  papules. 
Au  lieu  des  plaques  ortiées  primitives,  son  corps  présente 
des  lésions  de  formes  diverses,  des  papules,  des  excoria- 
tions, des  fissures,  des  placards  eczématiformes,  etc.  La 
maladie  est  devenue  presque  incurable  :  c'est  le  prurigo  de 
Hebra. 

Voilà  une  des  origines,  certainement  la  plus  commune, 
de  celle  singulière  dermopathie,  et  les  observations  que 
j'ai  rapportées  démontrent  nettement,  pour  la  plupart,  la 
filiation  des  accidents. 

M.  Kaposi  a  bien  vu  que  le  prurigo  de  Hebra  pouvait  dé- 
buter,, du  huitième  au  douzième  mois  de  la  vie,  par  une 
urticaire  qui  persiste  jusqu'à  la  deuxième  année. 

M.  Vidal,  qui  cite  l'opinion  de  H.  Kaposi,  ajoute  :  Il  est 
probable  que  cette  urticaire  persistante  n'est  autre  chose 

aue  le  strophulus  pruriginosus  de  Hardy,  avec  ses  réci- 
ives  si  fréquentes  pendant  le  travail  de  la  première  den- 
tition. 

Sans  nier  la  possibilité  de  la  transformation  du  stro- 
phulus en  prurigo  de  Hebra,  le  strophulus  me  paraissant 
avoir  la  même  origine  que  Turticaire  (dyspepsie  infantile), 
je  déclare  n'avoir  pas  encore  observé  cette  transformation, 
et  je  me  rallie  à  Topinion  de  H.  Kaposi. 

Quant  à  Tinfluence  de  la  première  dentition,  je  la  con- 
sidère, d'après  les  nombreux  faits  que  j'ai  relevés,  comme 
absolument  nulle. 

J'en  dirai  autant  de  la  scrofule,  qui  peut  coïncider  avec 
Turticaire  chronique  et  le  prurigo  de  Hebra,  sans  avoir  la 
moindre  relation  pathogénique  avec  ces  dermatoses. 

En  un  mot,  je  crois  à  la  prédominance  du  rôle  joué  par 
le  tube  digestif  dans  la  pathogénie  de  toutes  les  variétés 


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N»  50  -         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       13  Décembre  i889 


d'urticaire,  y  compris  Turticaire  chronique  et  son  aboutis- 
sant, le  prurigo  de  Hebra. 

On  m'objectera  que  les  troubles  digestifs  ne  suivent  pas 
toujours  une  marche  parallèle  à  celle  de  la  dermatose  ; 
j'accorde  que  la  dyspepsie  peut  s'amender,  alors  même  que 
le  prurigo  de  Hebra  conserve  sa  ténacité  désespérante. 

Mais  cette  divergence  n'implique  pas  contradiction,  et 
les  maladies  chroniques,  les  dermatoses  en  particulier, 
peuvent  parfaitement  survivre  à  la  cause  qui  leur  a  donné 
naissance. 

Dans  le  cas  du  prurigo  de  Hebra,  le  simple  grattage, 
passé  à  l'état  d'habitude,  suffirait  à  perpétuer  les  lésions 
tégumentaires,  sans  qu'une  élimination  continuelle  de  pro- 
duits toxiques  à  travers  la  peau  fût  nécessaire. 

La  prophylaxie  de  l'urticaire  chronique  et  du  prurigo 
de  Hebra  repose  tout  entière  sur  l'hygiène  alimentaire. 

Les  enfants  nourris  au  sein  ne  sont  aue  rarement  atteints; 
il  faut  partir  de  là  pourrecommander  l'allaitement  naturel, 
exclusif  et  prolongé.  A  ceux  qui  sont  sevrés,  on  donnera 
une  alimentation  appropriée  à  leur  âge,  c'est-à-dire  le 
régime  lacté,  les  œufs,  les  œufs  au  lait,  le  tapioca  au  lait, 
le  riz,  les  panades,  etc.,  etc.  Pas  de  viande,  pas  de  légumes 
indigestes,  pas  de  liqueurs  alcooliques. 

La  question  des  boissons  a,  dans  la  première  enfance,  une 


f placer  avantageusement  ces  frictions  par  le  sparadrap  i 
'huile  de  foie  de  morue,  dont  on  se  sert  à  l'hôpital  Saint- 
Louis. 

L'usage  interne  de  l'huile  de  foie  de  morue  est  également 
très  utile  dans  la  plupart  des  cas. 


d'eau  sucrée,  etc.  Ces  liquides  ne  sont  nuisibles  que  par 
l'abus  qu'on  en  fait. 

Mais  que  dire  des  parents  qui  donnent  à  leurs  enfants, 
encore  à  la  mamelle,  le  vin,  le  café,  le  cidre,  la  bière,  etc.? 

Les  habitants  de  nos  faubourgs  parisiens  sont  coutumiers 
de  ces  erreurs  funestes  à  la  population  infantile. 

Il  suffit  de  signaler  ces  abus  pour  en  montrer  les  dangers. 

J'insiste  beaucoup  sur  la  quantité  des  boissons  permises 
aux  enfants,  car  la  polydipsie,  plus  encore  que  la  polypha- 
gie,  me  parait  être  la  source  habituelle  de  la  dilatation  de 
l'estomac  et  de  la  dvspepsie. 

Si  400  grammes  ae  liquide  par  jour  suffisent  à  la  rigueur 
pour  un  adulte  (Bouchard),  cette  quantité  suffira  pour  un 
enfant  sevré  et  mangeant  des  aliments  solides. 

On  doit  chercher  à  atteindre  cette  limite  et  on  défendra 
de  boire  en  dehors  des  repas. 

Le  lait  stérilisé  est  le  meilleur  liquide  à  employer  dans 
la  première  enfance. 

On  interdira,  aux  enfants  atteints  d'urticaire  ou  de  pru- 
rigo de  Hebra,  l'usage  de  la  charcuterie,  de  la  viande  de 
porc,  du  gibier,  des  salaisons,  des  sauces  épicées,  des 
fromages  salés,  des  choux,  des  poissons  de  mer  et  des 
crustacés  (M.  Vidal). 

On  essayera,  à  l'exemple  de  M.  Bouchard,  de  faire  l'anti- 
sepsie intestinale  à  l'aide  du  naphtol,  qu'on  donnera  à  la 
dose  de  1  gramme,  l'^SO .chez  les  enfants,  par  prises  de 
20  centigrammes  (une  toutes  les  deux  heures).  On  y  ajou- 
tera la  strychnine  (2  milligrammes  par  jour  pour  un  enfant, 
5  milligrammes  pour  un  adulte). 

Le  traitement  local  a  une  grande  importance  : 

L'usage  des  bains  et  des  lotions  vinaigrées  (un  quart  de 
vinaigre  pour  trois  quarts  d'eau)  échoue  trop  souvent. 

Les  frictions  quotidiennes  ou  biquotidiennes  avec  la 
pommade  tartrique  (1  gramme  ou  2  d'acide  tartrique  pour 
40  grammes  de  vaseline  ou  deglycérolé  d'amidon)  sont  plus 
efficaces. 

Mais  le  traitement  local  qui  a  donné  jusqu'à  ce  jour  les 
résultats  les  plus  encourageants,  aussi  bien  pour  l'urticaire 
chronique  que  pour  le  prurigo  de  Hebra,  c'est  l'emploi  de 
l'huile  de  foie  de  morue. 

Les  frictions  quotidiennes  avec  l'huile  de  foie  de  morue 
m'ont  rendu  de  nombreux  services  dans  la  clientèle  du 
Dispensaire  de  la  Société  philanthropique.  On  peut  rem-* 


REVUE  DES  CONGRÈS 

Conférés  de   médecine  Interne  de  WleabndeB 
(avril  1899). 

Description  d'un  nouveau  bacille  en  formb  de  komma,  par 
M.  Rosenfeld  (Breslau).  —  L'auteur  l'a  découvert  dans  ie  pu^ 
d'une  pleurésie.  11  en  décrit  les  caractères  physiques  ainsi  que 
les  milieux  de  culture  où  il  se  développe.  Il  ne  lui  a  trouvé 
aucune  propriété  pathogène,  les  diverses  inoculations  par  voi<* 
sus-cutanée,  dans  la  plèvre,  dans  l'abdomen,  ainsi  que  l'ingestiou 
dans  l'estomac  étant  restées  négatives. 

De  l'influence  du  sol  sur  la  propagation  de  la  tuberculose 
EN  ALLEMAGNE,  par  M.  FinkelnburQ  (Bonn).  —  L'auteur  a  étu- 
dié les  variations  de  la  mortalité  par  tuberculose  du  seie 
féminin  dans  les  communes  rurales  :  il  a  remarqué  qu'il  d'j  a 
aucun  rapport  direct  entre  la  densité  de  la  population  et  la  pro- 
pagation ae  la  tuberculose.  Dans  l'ouest  et  le  sud  de  l'Alle- 
magne où  le  sol  est  marécageux,  la  morlalité  est  plus  graude. 
Sur  le  littoral  elle  est  très  faible  ainsi  que  dans  les  montajçnes 
où  l'écoulement  des  eaux  est  facile.  Dans  les  contrées  malsaine^ 
les  enfants  et  les  adolescents  sont  plutôt  influencés  que  leï> 
adultes. 

Des  différentes  phases  de  la  révolution  cardiaque,  par 
M.  de  Ziemssen  (Munich).  —  L'auteur  communiq^ue  des  traré< 
sphygmographiques  d'un  enfant  chez  qui  le  cœur  était  découvert 
par  suite  de  la  résection  de  la  paroi  de  la  poitrine.  Il  a,  en  outre, 
étudié  l'influence  que  l'alcool,  la  digitale  et  le  ehloral  exercent 
sur  le  cœur.  Le  temps  de  repos  du  cœur  et  de  la  contraction  des 
oreillettes  (qui  coïncide  avec  le  remplissage  du  cœur;  est  indi- 
qué par  une  courbe  doucement  ascensionnelle.  Cette  phase  a 
une  aurée  variable,  tandis  que  le  temps  de  la  contraction  ven- 
triculaire  est  assez  constant. 

Recherches  sur  la  pression  sanguine  dans  les  cavités  di: 
CŒUR  et  les  artères,  par  M.  Krehl  (Leipzig).  —  L'auteur  a 
comparé  sur  le  chien  la  pression  du  sang  dans  la  racine  de 
l'aorte,  dans  le  ventricule  gauche  et  l'aorte  descendante.  La 
pression  dans  le  ventricule  s'élève  vite  et  tombe  à  zéro  dès» 
qu'elle  a  atteint  le  maximum.  Dans  l'aorte,  la  pression  com- 
mence à  s'élever  un  peu  plus  tard  que  dans  le  ventricule;  quand 
elle  arrive  à  la  dépasser,  les  valvules  semi-lunaires  se  ferment. 
Peu  après  on  observe  sur  le  tracé  de  l'aorte  un  deuxième  maxi- 
mum de  pression,  formé  par  l'onde  c  dicrote  >.  Celle-ci  est, 
d'une  façon  générale,  plus  nette  quand  la  pression  est  faible, 
parce  qu'alors  elle  est  plus  grande,  et  plus  éloignée  du  premier 
maximum.  Quand  la  pression  s'él^ve,  comme  dans  le  cas  d'exci- 
tation après  section  de  la  moelle,  l'ondée  dicrote  se  produit 
avant  que  les  valvules  aorliques  soient  fermées.  D'où  il  résulte 
que  sa  formation  n'est  en  rapport  ni  avec  le  moment  de  la  fer- 
meture des  valvules  aortiques,  ni  avec  leur  occlusion. 

Résultats  des  nouvelles  méthodes  de  traitement  de  l.\ 
TUBERCULOSE  DU  LARYNX,  par  M.  Kvause  (Berlin).  —  L'usage  du 
laryngoscope  a  permis  d'intervenir  chirurgicalement.  L'emploi 
de  l'acide  lactique  donne  des  résultats  satisfaisants  dans  le  plus 
grand  nombre  des  cas.  On  a  exagéré  la  douleur  que  provoque 
son  application,  et  qui  se  calme  dès  (|ue  l'ulcération  est  cauté- 
risée. Il  convient  d'éviter  les  solutions  trop  concentrées.  La 
trachéotomie  donne  aussi  de  bons  résultats,  mais  il  ne  faut  pa> 
oublier  que  dans  un  ffrand  nombre  de  cas  la  canule  ne  peut 
plu.<  être  supprimée.  La  méthode  du  curettement  de  Heryng  est 
très  fiivorabte;  sur  73  malades  ainsi  traités,  43  ont  été' guéris 
ou  améliorés.  Ce  traitement  est  surtout  indiqué  dans  les  cas 
d'ulcères  qui  s'élargissent  et  d'infiltrations  étendues,  qu'il  faut 
exciser  avec  une  double  curette. 

Des  échanges  gazeux  dans  le  diabète  sucré,  par  M.  Léo 
(Berlin).  —  Contrairement  à  l'opinion  de  Pettenkofer  et  de  Voit, 
l'auteur  conclut  de  ses  recherches  que  la  consommation  d'oxy* 
gène  et  l'élimination  de  l'acide  carbonique  sont  identiques  chèi 


13  Décembre  1889       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  50  -    809 


rhomme  sain  et  le  diabétique.  Si  rélimination  du  sucre  non 
oxydé  est  sans  influence  sur  réchange  gazeux,  cela  tient  à  ce 

3ue,  à  la  place  du  sucre,  c'est  la  graisse  et  Talbumine  qui  sont 
écomposees.  L'auteur  considère  comme  inexacte  la  théorie 
d'Ebstein  d'après  lac^uelle  la  présence  du  sucre  dans  l'urine 
dépendrait  de  la  diminution  de  l'acide  carbonique  dans  le  sang 
et  dans  les  tissus  ;  dans  cetle  hypothèse,  l'augmentation  de 
l'acide  carbonique  déterminerait  une  diminution  de  la  quantité 
de  sucre.  L'auteur  a  fait  respirer  à  un  diabétique  de  l'air  chargé 
d'acide  carbonique  (ce  qui,  d'après  Paul  Bert,  augmente  l'acide 
carbonique  des.  tissus)  sans  constater  de  changement  dans  la 
production  du  sucre. 

Sur  un  cas  db  rhinosclérome,  par  M.  Laquer  (Wiesbaden). 
—  L'auteur  communique  un  cas  ae  rhinosclérome  qui  a  pré- 
senté des  difficultés  pour  le  diagnostic.  II  s'agit  d'une  femme 
habituellement  bien  portante,  non  syphilitique,  qui  eut  il  y  a 
deux  ans  au  nez  deux  indurations  d'une  consistance  cartilagi- 
neuse, cuivrées,  à  bords  nettement  limités,  non  ulcérées,  non 
douloureuses  et  ne  présentant  aucun  caractère  inflammatoire; 
il  n'y  avait  aucun  engorgement  ganglionnaire.  L'examen  micro- 
scopique a  fait  voir  des  bactéries  caractéristiques  du  rhinosclé- 
rome, en  partie  des  coccus  et  des  diplococcus  avec  une  enveloppe 
colloïde;  en  partie  des  bâtonnets  courts  et  épais,  ressemblant 
à  ceux  qui  ont  été  décrits  par  Cornil  et  Alvarez,  Paltauf  et 
Eiselsberg. 

Expériences  sur  l'origine  du  murmure  vésigulaire,  par 
M.  Dehio  (Dorpat).  —  L'auteur  combat  la  théorie  de  Baas  et 
Penzoldt  pour  qui  le  murmure  vésiculaire  sérail  produit  par  la 
respiration  bronchique  modifiée  par  le  parenchyme  pulmonaire 
rempli  d'air,  et  par  le  passage  de  l'air  a  travers  le  larynx  plus 
étroit.  Il  pense  qu'il  prend  naissance  dans  le  poumon  même,  et 
s'appuie  sur  l'expérience  suivante  : 

Un  poumon  séché  avec  une  injection  de  glycérine,  élastique, 
dilatable,  est  gonflé  par  la  trachée  au  moyen  d'un  soufflet.  On 
supprime  les  bruits  bronchiques  en  remplissant  les  bronches  de 
ouate  légère.  En  appliquant  l'oreille  sur  le  poumon  on  perçoit 
nettement  le  murmure  vésiculaire  tant  que  le  poumon  se  dilate 
et  que  l'air  pénètre  dans  les  alvéoles.  Le  murmure  vésiculaire 
se  produit  donc  sans  participation  des  bronches  et  du  larynx. 

^  De  la  déglutition  d'air,  par  M.  Quincke  (Kiel).  -  Avaler  de 
l'air  en  petites  quantités  est  un  phénomène  normal;  avaler  de 
grandes  quantités  d'air  pendant  le  repas  ou  en  c  avalant  à  vide  » 
n'est  pas  sans  inconvénients,  et  il  peut  en  résulter  de  la  dila- 
tation de  l'estomac.  Les  malades  accusent  des  éructations  plus 
ou  moins  pénibles.  Parmi  les  causes,  il  faut  citer  le  catarrhe 
pharyngé,  la  nervosité  générale  et  l'usage  du  tabac  à  fumer;  de 
plus  l'air  peut  pénétrer  dans  l'estomac  non  par  la  déglutition, 
mais  par  aspiration  de  l'œsophage. 

De  la  dyspnée  cardiaque,  par  M.  de  Basch  (Vienne).  — 
L'auteur  expose  une  théorie  de  la  dyspnée  cardiaque,  qui  est 
caractérisée  par  trois  symptômes  ;  non  seulement  par  la  respi- 
ration dyspnéique,  comme  on  l'admet  généralement,  mais  aussi 
par  la  diminution  de  l'efl'et  utile  de  la  respiration  et  par  l'aug- 
mentation des  dimensions  des  poumons.  Celle-ci  on  peut  la 
constater  par  la  percussion,  et  la  diminution  de  l'efl'et  utile  de 
la  respiration,  par  la  spirométrie.  Ayant  produit  expérimen- 
talement une  dilatation  du  ventricule  gauche  chez  un  animal, 
l'auteur  a  vu  se  produire  de  la  dyspnée  avec  augmentation  des 
poumons,  caractérisée  par  l'abaissement  du  diaphragme  et  le 
soulèvement  du  thorax.  L'augmentation  du  volume  des  poumons 
dans  la  dyspnée  cardiacjue  est  produite  par  l'œdème  des  pou- 
mons qui  sont  surcharges  de  sang.  La  diminution  de  l'efl'et  utile 
de  la  respiration  peut  s'expliquer  par  la  rigidité  des  poumons, 
c'est-à-dire  la  diminution  de  leur  élasticité.     * 

Recherches  sur  les  échanges  ouganiques  dans  la  cachexie 
carcinomateuse,  par  M.  Miiller  (Bonn).  —  L'auteur  a  constaté 
chez  les  malades  sans  fièvre  et  sans  œdème  une  élimination 
d'azote  par  les  urines  et  les  matières  fécales  plus  considérable 
que  la  quantité  apportée  par  l'alimentation,  n  en  résulte  chez 
les  uns  un  simple  état  d'inanition,  et  chez  d'autres  une  décom- 
position consicférable  de  l'albumine.  Dans  les  cas  qui  se  sont 
terminés  par  du  coma,  il  y  eut  une  diminution  brusque  dans 
l'élimination  de  l'azote  et  on  put,  comme  dans  l'urémie,  ratta- 
cher le  coma  carcinomateux  à  une  auto-intoxication,  par  réten- 
tion des  produits  azotés  septiques. 


Des  pneumonies  a  streptococcus,  par  M.  Finkler  (Bonn).  — • 
Il  y  a  des  pneumonies  causées  par  des  streptococcus,  souvent 
secondaires,  plus  rarement  primitives.  Elles  présentent  des  sym- 
ptômes qui  permettent  de  les  distinguer  pendant  la  vie.  FHIes 
sont  lobulaires,  à  foyers  multiples,  qui  quelquefois  se  rejoignent. 
L'inflammation  est  non  fibrineuse,  mais  interstitielle.  Des  mani- 
festations typhiques  se  montrent,  qui  sont  produites  par  un  empoi- 
sonnement par  des  ptomaïnes.  Ces  pneumonies  sont  contagieuses 
et  d'un  caractère  malin.  Elles  sont  probablement  épidémiques, 
comme  chez  les  animaux,  et  représentent  peut-être  le  véritable 
érysipèle  des  poumons. 

Sur  un  cas  de  rhinite  fibrineuse,  par  M.  Seifert  (Wurz- 
bourg).  —  L'auteur  rapporte  le  cas  d'un  jeune  homme  qui,  à  la 
suite  d'une  pneumonie  fibrineuse,  fut  atteint  d'un  exsudât  ana- 
logue sur  toute  l'étendue  de  la  muqueuse  respiratoire,  et  prin- 
cipalement sur  la  muqueuse  nasale.  Il  ne  s'agissait  pas  de 
diphthérie.  L'exsudat  était  parsemé  d'un  grand  nombre  de 
coccus. 

De  L'ALCALESr.ENCE  DU  SANG  DANS  LES  MALADIES,  par  M.  KraUS 

(Prague).  —  Dans  une  série  de  maladies  fébriles  infectieuses, 
l'auteur  a  régulièrement  trouvé  une  diminution  de  l'acide  car- 
bonique dans  le  sang  veineux.  L'auteur  a  examiné  trois  cas  de 
coma  diabétique  :  dans  deux  de  ces  cas,  il  y  avait  une  diminu- 
tion considérable  de  l'acide  carbonique  en  même  temps  que  de 
l'élimination  d'acide  butyrique;  dans  le  troisième  ou  celle-ci 
faisait  défaut,  le  sang  a  conservé  pendant  le  coma  sa  richesse 
normale  en  acide  carbonique.  Il  a  également  ti*ouvé  une 
diminution  dans  un  cas  d'empoisonnement  par  le  phosphore, 
mais  dans  un  cas  de  leucémie  elle  fut  très  légère,  et  dans  deux 
cas  de  chlorose  la  richesse  en  acide  carbonique  ne  fut  pas 
changée. 

Contribution  a  l'étude  du  diagnostic  et  du  traitement  de 
LA  PROSTATITE  CHRONluUE,  par  M.  Posner  (Berlin).  —  Un  grand 
nombre  de  prostatiques  sont  considérés  comme  des  neurasthé- 
niques, jusq^u'à  ce  qu'on  ait  fait  un  examen  local.  A  côté  du 
toucher,  il  importe  d'examiner  le  liauide  prostatique  au  mi- 
croscope; à  l'état  normal  il  renferme  des  globules  de  lécithine, 
des  cellules  épithéliales,  et  constamment,  par  l'addition  de 
phosphate  d'ammoniaque,  de  beaux  cristaux  appelés  cristaux 
spermatiques.  La  présence  de  cellules  rondes  (hundzellen)  est 
pathologique.  Le  traitement  doit  surtout  consister  dans  le  repos 
et  dans  des  ménagements;  il  doit  aussi  être  moral.  11  convient 
de  prescrire  un  régime  fortifiant,  de  ne  pas  abuser  des  purga- 
tifs; les  suppositoires  iodoformés  et  belladones  à  la  fois  sont 
utiles. 

Comment  la  petite  circulation  se  comporte  sous  l'action 
DE  LA  DIGITALE,  par  M.  OpenckowsJcy  (Dorpat).  —  La  petite  cir- 
culation forme  un  système  tout  à  fait  indépendant,  et  les  sub- 
stances qui  agissent  sur  la  grande  circulation  n'ont  aucune 
action  sur  la  petite  tant  que  le  cœur  droit  lui-même  ne  reçoit 
pas  plus  ou  moins  de  sang.  La  diminution  de  la  pression  que  le 
curare,  le  nitrite  d'amyle,  l'hydrate  de  chloral  exercent  dans  la 
grande  circulation  ne  se  fait  pas  sentir  dans  la  petite.  La  digi- 
taline et  l'helléborine  n'agissent  que  sur  le  cœur  gauche  et  son 
système  de  vaisseaux,  et  n'exercent  pas  d'influence  sur  le  cœur 
droit  ni  sur  les  vaisseaux  pulmonaires.  L'artère  coronaire  gauche, 
sous  leur  influence,  se  remplit  davantage  et  devient  plus  large, 
tandis  que  du  côté  droit  on  n'observe  rien  de  pareil;  de  même 
le  cœur  droit  bat  deux  fois  plus  vite  que  le  gauche.  On  peut 
ainsi  expliquer  certains  phénomènes  cliniques  :  si  la  digitale 
agissait  également  sur  les  deux  moitiés  du  cœur,  rien  ne  serait 
changé  dans  son  fonctionnement,  et  malgré  un  travail  exagéré, 
il  ne  pourrait  faire  passer  une  plus  grande  quantité  de  sang  de 
la  petite  circulation  dans  la  grande. 

Du  massage  électrique,  par  M.  Mordhorst  (Wiesbaden).  — 
Dans  le  plus  grand  nombre  des  afiections  chroniques,  d'origine 
traumatique  ou  rhumatismale,  il  existe  un  engorgement  des 
vaisseaux  lymphatiques,  que  l'on  combat  par  l'hydrothérapie,  le 
massage,  l  électricité.  L'auteur  a  combiné  ces  deux  derniers 
moyens,  en  employant  des  rouleaux  élastiques  de  forme  variable, 
où  aboutissent  les  électrodes  d'un  appareil  à  courant  continu. 
11  a  employé  ce  moyen  dans  des  traumatismes,  des  rhumatismes, 
des  névralgies,  des  synovites,  et  il  a  obtenu  dans  33  cas,  23gué- 
risons  complètes. 

De  l'emploi  d'un  flacon  aspirateur  de  Bunsen  pour  l'aspi- 
ration DES  EXSUDATS  PLEURÉTIQUES,  ET  COMME  MOYEN  D'OBTENIR 


810    —  N*  50  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        13  Décembre  4889 


UN    MEILLEUR    DÉPLISSEMENT  DBS  POUMONS  APRÈS   L'OPÉRATION  DE 

l'emptémr,  par  M.  Storch  (Copenhague),  —  Si,  après  ropéralion, 
le  poumon  ne  se  déplisse  pas,  c'est  parce  qu'il  est  comprimé 
par  fatmosphère  ;  on  arriverait  peut-être  à  un  meilleur  résultat 
en  le  soumettant  à  une  pression  plus  faible.  L'opération  étant 
faite  et  le  drain  en  place,  on  recouvre  Tincision  d'une  tetterelle 
(analogue  à  celle  qu'emploient  les  nourrices)  et  dont  le  tube  est 
mis  en  communication  avec  l'appareil  aspirateur.  Dans  un  cas 
pareil  Tauteur  a  va  le  poumon  se  distendre  d'abord;  malheu- 
reusement pendant  la  nuit  le  tube  fut  comprimé,  l'aspiration 
cessa,  et  le  poumon  se  rétracta  de  nouveau. 

Er.  W. 


h 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Académie  des  aelenees. 

SÉANCE   DU  2   DÉCEMBRE  1889. 

Remarques  sur  les  diastases  sécrétées  par  le  Ba- 
cillus  heminecrobiophilus  dans  les  milieux  de  culture, 
ar  M.  Arloing.  —  D'une  série  de  recherches  sur  le  Bacil- 
Itis  heminecrobiophilus  y  Tauteur  déduit  les  conclusions 
suivantes  : 

1^  Ce  bacille  sécrète  dans  les  cultures  plusieurs  ferments  so- 
lubies,  qui  lui  permettent  de  préparer  pour  l'assimilation  toutes 
les  substances  organiques  nécessaires  a  la  nutrition  et  au  déve- 
loppement d'un  être  vivant.  Cette  conclusion  n'est  pas  excessive  ; 
car  pourquoi  refuserions-nous  à  un  microbe,  qui  au  fond  est  une 
cellule  végétale,  les  prproiélés  que  possèdent  quelques  cellules 
glandulaires  ?  Le  protoplasma  ayant  toujours  les  mêmes  exi- 
gences, à  l'intensité  près,  doit  avoir  partout  les  mêmes  apti- 
tudes fonctionnelles.  Seulement  il  les  manifeste  plus  ou  moins, 
ou  en  plus  ou  moins  grand  nombre,  suivant  le  milieu  où  il  vit. 

2°  Parmi  ces  ferments,  ou  à  côté  d'eux,  il  en  est  un  qui  dis- 
sout le  tissu  conjonctif  anémié  et  transforme  les  matières  orga- 
niques, en  dégageant  des  gaz,  c'est-à-dire  ajoute  à  son  pouvoir 
une  modalité  attribuée  jusqu'à  ce  jour  aux  micro*orgauismes  et 
non  à  leurs  sécrétions. 

Sur  la  variabilité  de  l'action  dks  matières  viru- 
lentes, par  M.  G.  Colin,  —  L'auteur  s'efforce  de  démon- 
trer que  chaque  espèce  animale  constitue  un  milieu  tantôt 
favorable,  tantôt  impropre  à  l'évolution  de  tel  ou  tel  état 
morbide  virulent  et  que  même,  dans  l'organisme,  il  semble 
exister  des  milieux  favorables  et  des  milieux  plus  ou  moins 
réfractaires  au  développement  du  virus. 

Il  est,  en  effet,  des  animaux  réfractaires  à  la  septicémie 
généralisée  et  qui  ne  contractent,  par  l'inoculation,  que  des 
septicémies  locales  ou  même  qui  reçoivent  impunément  au 
fover  de  Tinocuiation  des  quantités  relativement  considé- 
rables de  matière  virulente  qui  y  reste  localisée. 

Il  y  a  donc,  dit-il,  trois  variantes  nettement  caractérisées 
dans  les  effets  des  inoculations  sepliques,  savoir  la  septi- 
cémie généralisée  qui  tue  en  rendant  virulente  la  totalité 
de  l'économie;  la  septicémie  locale  qui  donne  seulement  la 
virulence  aux  liquides  du  foyer  sans  altérer  les  autres,  en- 
fin la  septicémie  stérile  sans  extension  ni  régénération  des 
agents  introduits. 

De  même  pour  le  charbon.  L'inoculation  de  la  maladie 
tue  rapidement  certains  animaux,  ne  détermine  chez 
d'autres  que  la  pustule  maligne  grave  ou  l'œdème  malin 
qui  s'éteignent  sur  place  ou  quelquefois  donnent  naissance 
à  une  infection  secondaire,  enfin  dans  un  troisième  groupe 
d'animaux  ne  donne  naissance  qu'à  des  tumeurs  circon- 
scrites ou  à  des  plaques  phlegmoneuses  légères  sans  exten- 
sion. 

Enfin  la  tuberculose,  dont  les  formes  sont  si  variées  et 
l'évolution  ordinairement  si  lente,  témoigne,  non  moins 
(}ue  les  deux  maladies  précédentes,  des  diversités  de  mi- 
lieu parmi  les  animaux,  même  les  plus  rapprochés^  et  de  la 


diversité,  de  l'autonomie  des  petits  milieux  sur  le  même 
animal. 

Les  expériences  de  M.  G.  Colin  lui  ont  prouvé  que  cer- 
tains animaux  deviennent  très  vite  et  très  rapidemeul 
tuberculeux,  tandis  que  d'autres  n'éprouvent,  à  la  suite  de 
l'inoculation,  qu'une  faible  réaction  sans  production  tuber- 
culeuse locale. 

Chez  tous  les  animaux  d'ailleurs,  les  divers  tissus,  Icd 
divers  organes,  sont  aussi  des  milieux,  les  uns  propres,  les 
autres  réfractaires  à  l'évolution  du  tubercule.  Les  ganglion^ 
lymphatiques,  les  poumons,  chez  les  mammifères,  puis, 
dans  l'ordre  de  décroissance,  la  rate,  le  foie,  les  reins,  la 
muqueuse  intestinale,  les  séreases  splanchniques,  les  cap- 
sules articulaires  et  les  os  se  prêtent  à  cette  évolution  qui, 
chez  les  oiseaux,  a  lieu  dans  le  foie,  la  rate  et  quelque^ 
autres  points,  à  l'exclusion  du  poumon. 

Ces  faits  confirment  ceux  que  M.  Bouchard  a  récerameni 
exposés  ainsi  que  les  idées  doctrinales  qu'il  en  a  déduites. 


Aeadémle  de  médeelne. 

SÉANCE    PUBLIQUE    ANNUELLE    DU    10    DÉCEMBRE    1889.  — 
PRÉSIDENCE   DE   M.   MOUTARD-MAKTIN. 

Après  la  lecture  par  M.  Féréol^  secrétaire  annuel,  du 
rapport  général  sur  les  prix  décernés  en  1889,  M.  le  Prési- 
dent fait  l'énuméralion  de  ces  prix  et  indique  les  prix  pro- 
posés pour  les  années  1890,  1891  et  i89i.  La  séance  est 
terminée  par  VEloge  de  M.  Fonssagrives^  prononcé  par 
M.iiocAard(voy.  p.  801). 

PRIX  DÉCERNÉS  EN  1889. 

Paix  DE  l'Académie  (1000  francs).  —  Question  :  Physiologie 
du  nerf  pneumogastrique.  L'Académie  accorde:  1^  une  nienlioD 
honorable  avec  une  somme  de  800  francs,  à  MM.  les  docteurs 
G.  Arthaud  et  Lucien  Butte;  2» un  encouragement  de  2U0franc< 
à  M.  le  docteur  Charles  Livon  (de  Marseille). 

Phix  Alvarenga  (SOOfrancs).  —  L'Académie  décerne  :  t*un  prii 
de  500 francs  à  MM.  les  docteurs  Viault  et  Jolyët  (de  Bordeaux), 
pour  leur  Traité  élémentaire  de  physiologie  humaine  ;t*  \in 
encouragement  de  300  francs  à  M.  le  docteur  Roux,  pour  son 
Traité  des  maladies  des  systèmes  lymphatique  et  cutané: 
Z°  une  mention  honorable  à  M.  le  docteur  Pineau  (d'Oléroiu. 
pour  son  Etude  pathogénique  et  clinique  d^une  épideiMir 
complexe  de  paludisme;  i"  une  mention  honorable  à  M.  !«* 
docteur  Sicard  (de  Béziers),  pour  son  mémoire  intitulé  :  Contri- 
bution à  l'étude  bactériologique  de  la  variole. 

Prix  Barbier  (2300  francs).  —  L'Académie  partage  également 
le  prix  entre  M.  Pourquier  (de  Montpellier),  pour  ses  Recher- 
ches sur  V atténuation  du  virus  de  ta  variole  ovine;  et  M.  le 
docteur  Widal  (de  Paris),  pour  ses.Etudes  sur  Vinfection  puer- 
pérale, la  phlegmatia  alba  dolens  et  rérysipèle. 

Prix  Henri  Buignet  (1500  francs).  —  L'Académie  décerne  Ir 
prix  à  M.  le  docteur  A.  Imbert  (de  Montpellier),  pour  son  uuvragt* 
sur:  Les  anomalies  de  la  vision. 

Prix  Gapuron  (1000  francs).  —  Question  :  Des  diter^ex 
méthodes  et  des  procédés  d* exécution  de  l'opération  césarienne. 
L'Académie  décerne  le  prix  à  M.  le  docteur  Berlin  (de  Nice). 
Une  mention  très  honorable  est  en  outre  accordée  à  M.  Ir 
docteur  Emile  Blanc  (de  Lyon). 

Prix  Civrieux  (800  francs).  —  Question  :  Des  troubles  de  la 
sensibilité  dans  le  tabès.  L'Académie  accorde  :  i**  une  mention 
honorable  avec  une  somme  de  500  francs  à  M.  le  docteiir 
Germaix,  aide-major  de  1*^  classe  au  154^  régiment  d'infantent». 
à  Gommercy  (Meuse)  ;  2**  une  mention  honorable  à  M.  le  docteur 
Bernard  (de  Dinard-les-Baios). 

Prix  Daudet  (1000  francs).  —  Question:  Dm  néoplasmes  con- 
génitaux, 1/Académie  décerne  le  prix  à  M.  le  docteur  Herl<>r 
Gristiani  (de  Genève). 


13  Dégembhe  1889        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         —  N*  58  —    811 


Prix  Desportes  (1300  francs).  —  L'Académie  ne  décerne  pas 
]e  prix,  mais  elle  accorde  les  encouragements  suivants: 
l""  800  francs  à  M.  Dupuy,  pharmacien  à  Mauriac  (Cantal),  pour 
son  étude  sur  les  Alcaloïdes;  ^^^  500  francs  à  MM.  les  docteurs 
De  Bëukmann  et  Yillejean,  pour  leur  ouvrage  intitulé  :  De$ 
injections  hypodermiques  de  quinine  ;  une  mention  lionorable 
a  été  accordée,  en  outre,  à  M.  le  docteur  E.  Duval  (de  Paris), 
pour  son  Trailé  pratique  et  clinique  d* hydrothérapie. 

Concours  Vulfranc  Gerdy.  —  MM.  Boutarel  et  Lamarûue, 
ayant  rempli  leur  mandat  à  la  satisfaction  de  la  Commission  des 
eaux  minérales,  l'Académie  leur  a  décerné  à  chacun  le  titre  de 
lauréat  (prix  d'hydrologie) ^  et  en  outre,  une  somme  de 
500  francs  pour  chaque  rapport  déposé. 

MM.  Gauly  et  Gresset,  nommés  stagiaires  au  dernier  concours, 
ont  été  dirigés  sur  les  stations  thermales  suivantes  :  M.  Gauly, 
à  Salies-de-Béarn,  et  M.  Grbsset^  à  Miers  ;  ils  ont  reçu  chacun 
1500  francs  pour  ces  missions. 

Prix  Godard  (1000  francs^  —  L'Académie  partage  le  prix 
entre  M.  le  docteur  L.-H.  Petit,  bibliothécaire  adjoint  a  la 
Faculté  de  médecine  de  Paris,  pour  son  ouvrage  intitulé  :  Des 
tumeurs  gazeuses  du  cou,  et  M.  le  docteur  Jules  Bœckel,  chi- 
rurgien des  hôpitaux  civils  de  Strasbourg,  pour  son  travail  ayant 
pour  titre:  De  la  résection  du  genou;  Etude  basée  sur  une 
série  de  64  obsen^ations  pet  sonnelles^  dont  il  inédites. 

Prix  Huguier  (3000  francs).  —  Le  prix  est  décerne  à  M.  le 
docteur  Cazin,  chirurgien  de  l'hôpital  de  Berck,  pour  son 
mémoire  sur  les  fistules  vésico-vaginales, 

Pnix  DE  l'hygiène  de  l'enfance  (1000  francs).  —  Question  : 
De  la  croissance  au  point  de  vue  morbide.  Le  prix  de 
1000  francs  est  décerné  à  M.  le  docteur  Fiessinger,  médecin  à 
Oyonnax  (Ain).  L'Académie  accorde,  en  outre  :  !•  un  encoura- 
gement de  400  francs  à  M.  le  docteur  Jules  Coxby  (de  Paris)  ; 
"1"*  un  encouragement  de  400  francs  à  M.  le  docteur  Camille 
Darolles,  de  Provins  (Seine-et-Marne)  ;  3"  une  mention  très 
honorable  à  M.  le  docteur  Louis  Barbillion  (de  Paris). 

Prix  Laborie  (5000  francs).  —  L'Académie  partaee  le  prix  de 
la  manière  suivante  :  l**  un  prix  de  2500  francs  à  M.  le  docteur 
Tupfier,  chirurgien  des  hôpitaux  de  Paris,  pour  ses  Etudes 
expérimentales  sur  la  chirurgie  du  rein  ;  2°  un  prix  de 
1500  francs  au  mémoire  portant  la  devise  suivante  :  En  tout, 
l'expérience  vient  en  aide  à  l  observation  clinique.  Les  auteurs 
de  ce  travail  sont  MM.  les  docteurs  Chauvel,  professeur  au  Val- 
de-Gràce;  Nimier,  agrégé  au  Val-de-Gràce  ;  Breton,  médecin- 
major  au  89*  de  ligne;  Pesme,  aide-major  au  même  régiment  ; 
B"*  un  encouragement  de  1000  francs  à  M.  le  docteur  Marguet  (de 
Paris),  pour  son  ouvrage  sur  les  kystes  hydatiques  des  muscles 
volontaires,  histoire  naturelle  et  clinique;  4*  une  mention 
honorable  à  M  le  docteur  PoupiNEL(de  Pans),  pour  son  mémoire 
sur  la  stérilisation  des  instruments  de  chirurgie  par  la  chaleur 
sèche. 

Prix  Laval  (1000  francs).  —  Le  prix  est  décerné  à  M.  Touve- 
naint,  élève  en  médecine  de  la  Faculté  de  Paris. 

Prix  Louis  (4000  francs).  —  Question  :  Des  médications  ànti- 
thermiques.  L'Académie  ne  décerne  pas  le  prix,  mais  elle 
accorde,  à  titre  d'encouragement,  une  somme  de  500  francs  à 
M.  le  docteur  Léon  Petit  (de  Paris). 

Prix  Meynot  (2600  francs).  —  L'Académie  décerne  :  1«  un 
prix  de  2000  francs  à  M.  le  docteur  E.  Hocquard,  médecin-major 
de  1"  classe  au  4"  de  ligne,  pour  ses  Recherches  anatomiques, 
physiologiques  et  pathologiques  sur  l*aDpareilaccommodateur; 
f  une  récompense  de  600  francs  à  M.  le  docteur  Tscherning 
(de  Paris),  auteur  d'un  mémoire  intitulé  :  Recherches  sur 
quelques  parties  de  la  dioptrique  oculaire. 

Prix  Adolphe  Monbinne  (1500  francs).  —  La  somuje  de 
1500  francs  est  partagée  de  la  manière  suivante:  1°  un  prix  de 
1000  francs  à  M.  le  docteur  Edouard  Boinet,  professeur  agrégé 
à  la  Faculté  de  médecine  de  Montpellier,  pour  ses  Recherches 
microbiennes  et  expérimentales  faites  au  Tonkin  en  1887-1888  ; 
2'»  un  prix  de  500  francs  à  M.  le  docteur  Paul  Baymond  (de 
Paris),  pour  son  mémoire  sur  YEnseignement  de  la  deimaio- 
logie  et  de  la  syphiliaraphie  en  Allen  agne  et  en  Autriche; 
3°  une  mention  honorable  a  été,  en  outre,  accordée  à  M.  le 
docteur  Baratoux  (de  Paris),  pour  son  rapport  adressé  à  M.  le 
ministre  de  l'instruction  publique,  sur  ['Enseignement  des  ma- 


ladies de  l'oreille,  du  larynx  et  du  nez  aux  Etats-Unis  et  au 
Canada. 

Prix  Oulmont  (1000  francs).  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Widal,  interne  en  médecine  des  hôpitaux  de  Paris,  médaille 
d'or  au  concours  de  cette  année.  Par  suite  des  modifications 
apportées  au  concours  des  prix  de  l'Internat  (médaiUe  d'or),  le 
prix  Oulmont  sera  décerné  alternativement  à  l'interne  en  méde- 
cine et,  l'année  suivante,  à  l'interne  en  chirurgie. 

Prix  Portal  (800  francs).  —  Question  :  De  l'anatomie  et  de 
la  physiologie  pathologiques  des  capsules  surrénales.  Le  prix 
est  décerné  à  MM.  les  docteurs  Henri  Azelais  (de  Marseille)  et 
François  Arnaud  (île  Marseille). 

Prix  Vernois  (700  francs^.  —  L'Académie  décerne  :  1°  le  prix 
à  M.  Neumann,  professeur  a  TEcole  de  médecine  vétérinaire  de 
Toulouse,  pour  son  Traité  des  malctdies  parasitaires  non  mi- 
crobiennes des  animaux  domestiques;  T  une  mention  hono- 
rable à  M.  le  docteur  Fleurt,  de  Saint-Etienne  (Loire),  pour  son 
Compte  rendu  du  bureau  municipal  d'hygiène  et  de  statistique 
pendant  les  années  1884, 1885,  1886  et  1887. 

Service  des  eaux  minérales.  —  i^  Médaille  d'or  à  M.  le 
docteur  Japhet  (de  Paris),  président  de  la  Société  d'hydrologie. 

2"  Rappels  de  médailles  d'or  à  :  MM.  les  docteurs  Cadlet  (de 
Saint-Sauveur)  ;  Tillot,  de  Luxeuit  (H  au  te -S  ad  ne). 

3"  Médailles  d'argent  à:  MM. les  docteurs  Lavielle (de Dax) ; 
Poncet  (de  Vichy),  et  Boyer  (de  Challes). 

i^  Rappels  de  médailles  d'argent  à:  MM.  les  docteurs  Bour- 
garel  (de  Pierrefonds)  ;  Boyer  (de  Cauterets),  et  Grimaud  (de 
Barèges). 

5''  Médailles  de  bronze  à  :  MM.  les  docteurs  Nicolas  (du 
Mont-Dore);  de  Pietra  Santa  (de  Paris),  et  Kodet  (de  Vittel). 

G**  Rappels  de  médailles  de  bronze  à  :  MM.  les  docteurs  Deli- 
gny  (de  Saint-Gervais),  et  Lafosse  (de  Vais). 

Service  des  épidémies.  —  !<"  Médaille  d'or  k  M.  le  docteur 
Bertrand  (E.-L.),  professeur  d'hygiène  à  l'Ecole  navale  de 
Toulon. 

2''  Rappel  de  médaille  d'or  à  M.  le  docteur  Coustan,  médecin- 
maior  de  l'»  classe  au  122*  régiment  d'infanterie. 

3"  Médailles  d'argent  à;  MM.  les  docteurs  G.  André,  profes- 
seur à  TEcole  de  médecine  de  Toulouse  ;  E.  André,  medecin- 
major  ;  DardigiTAc  et  Collicnon,  médecins-majors  ;  FiESSiNGEn, 
médecin  à  Oyonnax  ;  Fonsart,  médecin-major  de  2*  classe,  et 
Ehrmann,  pharmacien  à  Saint-Quentin  ;  Geschwind,  médecin- 
major  du  2''  régiment  de  tirailleurs  ;  Hahn,  bibliothécaire  en  chef 
à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris;  Michaux,  médecin-major  de 
!'•  classe  au  6*  régiment  d'infanterie;  Pedrono,  médecin  des 
épidémies  de  Tarrondissement  de  Lorient  ;  Benard,  médecin 
principal  de  1^*  classe. 

4*"  Rappels  de  médailles  émargent  à:  MM.  les  docteurs  Aubeht, 
médecin-major  de  1^*  classe;  Botrel  (de  Saint-Malo)  ;  Ernest 
Durand  (de  Marseillan);  Senut,  médecin-major  de  1"  classe  au 
19*  régiment  d'artillerie  à  Nimes;  Sicard,  de  Béziers  (Hérault). 

5*»  Médailles  de  bronze  à:  MM.  les  docteurs  Bard,  médecin 
des  hôpitaux  de  Lyon;  Bartoli,  médecin  des  épidémies  de  l'ar- 
rondissement de  Catvi  ;  Bordas  (Frédéric),  préparateur  au  labo- 
ratoire de  toxicologie  de  la  Faculté  de  médecine  de  Paris; 
DfiMËUNYNCK,  médecin-major  au  6*  escadron  du  train  des  équi- 
pages, à  Orange;  Lafforgue,  aide-major  au  102*  régiment 
d'infanterie  ;  Marty,  de  Fleury  (Aude)  ;  Penant,  médecin  des 
épidémies  de  l'arrondissement  de  Vervins;  Saussol  (de  Mont- 

Eellier)  ;  Tartière  (Emile),  médecin-major  au  2"  régiment  do 
ussards. 

6»  Raj)pels  de  médailles  de  bronze  à:  M.  Jenot,  médecin  k 
Dercy  (Aisne);  M.  le  docteur  Neis  (de  Pont-Croix). 

Service  de  l'hygiène  de  l'enfance.  —  1**  Médailles  de  vermeil 
à:  M.  le  docteur  Blachk  (de  Paris),  inspecteur  des  enfantspro- 
tégés;  M.  Fleury,  inspecteur  des  enfants  assistés  et  protégés 
du  département  du  Cher;  M.  Jenot,  médecin  à  Dercy  (Aisne), 
inspecteur  des  enfants  assistés  et  protégés  ;  M.  le  docteur 
Séjournet,  de  Bevin  (Ardennes).  ^ 

2"*  Rappel  de  médaille  de  vermeil  à  M.  le  docteur  Ledé, 
médecin-inspecteur  des  enfants  protégés  à  Paris. 

Z°  Médailles  d'argent  à:  M.  le  docteur  Bertherand,  à  Alger; 
M.  Dëlagë,  inspecteur  des  enfants  assistés  du  département  de 
la  Gironde  ;  M.  le  docteur  Durand-Desmons,  inspecteur  des 
enfants  assistés  du  déparlement  de  Seine-et-Marne;  M.  Fonné, 
inspecteur  des  enfants  assistés  du  département  du  Tarn  ;  M.  Le- 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        13  Dâcembre  1889 


LiMOUZiN,  inspecteur  des  enfants  assistés  du  département  du 
Calvados  ;  M.  Sourd,  inspecteur  des  enfants  assistés  du  départe- 
ment de  la  Nièvre  ;  M.  Thiébault,  inspecteur  des  enfants  assistés 
du  département  de  la  Meuse;  M.  le  docteur  Verrieh  (de  Paris). 
i""  Médailles  de  bronze  à:  M.  Audoin,  inspecteur  clés  enfants 
assistés  et  protégés  du  département  de  la  Savoie;  M.  le  docteur 
Berlin  (de  riice);  M.  Borlet,  inspecteur  des  enfants  assistés  et 

Srotégés  du  département  de  la  Drôme  ;  M.  Galaud,  inspecteur 
es  enfants  assistés  et  protégés  du  département  des  Hautes- 
Alpes;  MM.  les  docteurs  Golay,  à  Genève;  Raymond  (Paul)  (de 
Paris);  M.  Rollet, inspecteur  des  enfants  assistés  et  protégés  du 
département  de  l'Ain;  M.  Savouré,  inspecteur  des  enfants 
assistés  et  protégés  du  département  de  TEure. 

Service  de  la  vaccine.  —  !•  Le  prix  de  1500  francs  est  dis- 
tribué de  la  manière  suivante:  500  francs  à  partager  également 
entre  MM.  les  docteurs  Léon  Canolle  et  Pujol  ;  500  francs  à  M.  le 
docteur  Henry  Girard,  et  500  francs  à  M.  le  docteur  Layet  (de 
Bordeaux). 

2®  Quatre  médailles  d'or  à  :  M"«  Bauduin,  sage-femme  à 
Vannes  (Morbihan);  MM.  les  docteurs  Bqyrr  (J.),  médecin  con- 
servateur du  vaccin  à  Lyon  ;  Chonneaux-Durisson,  médecin  de 
rhôpital  de  Vil  1ers- Bocage  (Calvados)  ;  Goifpier,  médecin  au  Puy 
(Haute-Loire). 

Plus  100  médailles  d'argent  à  des  vaccinateurs. 

{A  suivre.) 


floeléié  de  «hirargie. 

SÉANCE  DU  4  DÉCEMBRE  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  M.   LE   DENTU. 

Traitement  du  prolapsus  rénal  :  MM.  Vemeull,  Delens,  Routier. 
Bohwarts,  Begond.  —  Hsrstèropexie  :  MM.  Roux  (de  Lausanne). 
—  Présentation  d'instruments  :  M.  Gréquy. 

M.  Verneuil  avait  il  y  a  quelques  mois  dans  son  service 
deux  malades  atteints  de  prolapsus  grave  du  rectutriy  et, 
après  avoir  vainement  essayé  les  diverses  méthodes  dites 
de  douceur,  il  résolut  de  s'adresser  à  des  opérations  plus 
sérieuses.  Pour  les  motifs  que  nous  avons  déjà  exposés 
(voy.  Gazette,  p.  706),  il  n'avait  guère  confiance  dans  l'ex- 
tirpation (réservée  d'après  lui  aux  prolapsus  irréductibles); 
les  divers  procédés  classiques  qui  cherchent  à  rétrécir 
l'anus  en  arrière  (Robert),  les  opérations  de  Lange,  de 
Duret,  de  Schwartz,  sont  sans  action  sur  les  moyens  de 
suspension  du  rectum.  Or  c'est  cette  suspension  qu'il  faut 
viser,  et  pendant  que  H.  Jeannel  proposait  la  colopexie, 
après  laparatomie,  M.  Verneuil  imaginait  une ^rocfo  pexie 
inférieure  pour  relever  et  suspendre  la  paroi  postérieure, 
libérée,  du  rectum.  Son  procédé  est  le  suivant. 

On  détermine  d'abord,  en  arrière,  l'arc  de  cercle  dont  on 
croit  devoir  rétrécir  l'anus  anormalement  large.  Cet  arc 
étant  bien  symétrique  par  rapport  à  la  ligne  médiane,  on 
fait  de  chaque  c6té,  sur  le  prolongement  de  la  corde  qui  le 
sous-tend,  une  incision  longue  d'environ  3  centimètres. 
Puis,  de  l'extrémité  de  chacune  de  ces  incisions  à  la  pointe 
du  coccyx,  on  trace  deux  autres  incisions.  On  a  ainsi  dessiné 
un  triangle  cutané  qui  adhère  par  sa  base  antérieure,  exac- 
tement transversale.  Ce  triangle  est  disséqué  à  sa  face  pro- 
fonde et  rabattu  en  avant  autour  de  son  bord  antérieur  fai- 
sant charnière,  et  l'on  a  ainsi  sous  les  yeux  la  région 
ano-coccygienne  largement  ouverte.  Après  une  dissection 
facile  entre  le  rectum  et  la  face  antérieure  du  sacrum  on  a 
libre  accès  sur  une  grande  hauteur  de  la  face  postérieure 
du  rectum.  Alors,  avec  une  aiguille  à  grande  courbure, 
celle  d'Ëmmet  pour  la  périnéorrhaphie  par  exemple,  on 
passe  quatre  fils  exactement  transversaux  dans  l'épaisseur 
de  la  paroi  intestinale.  Vu  l'épaisseur  des  tuniques,  il  est 
aisé  de  cheminer  sans  perforer  la  muqueuse.  Les  chefs  de 
ces  fils  sortant  par  la  plaie  ano-coccygienne,  on  comprend 
que  la  striction  de  ces  anses  à  concavité  inférieure  ne  pour- 


rait pas  suspendre  le  rectum.  Mais  il  est  aisé  de  donner  à 
ces  anses  une  concavité  supérieure,  en  les  faisant  ressortir 
plus  ou  moins  haut  sur  les  côtés  du  sacrum.  Résultat  facile 
à  obtenir  à  l'aide  de  la  grande  aiguille  courbe.  Cela  fait, 
tendons  les  fils,  et  il  va  sans  dire  que,  l'anse  étant  ainsi 
raccourcie,  la  ligne  courbe  devient  droite  et  que  la  paroi 
postérieure  du  rectum  sera  élevée  d'autant.  Les  fils  sont 
noués  deux  à  deux  et  serrés  sur  un  rouleau  de  gaze  iodo- 
formée  disposé  le  long  de  la  ligne  que  constituent  les  ponc- 
tions faites  contre  le  bord  du  sacrum.  Cela  fait,  Panus  est 
rétréci  de  l'arc  compris  entre  les  deux  incisions  latérales; 
le  lambeau  triangulaire  est  rabattu  sur  la  région  qu'il  recou- 
vrait avant  l'opération  et  le  tout  est  suturé,  après  mise  d*un 
drain  entre  le  rectum  et  le  sacrum,  oour  que  le  long  de  ce 
drain  se  constitue  une  colonne  inoduiaire  résistante. 

Un  jeune  homme  opéré  de  la  sorte  reste  guéri  depuis 
quatre  mois.  Mais  chez  une  jeune  femme,  dont  le  sphincter 
il  est  vrai  est  d'une  flaccidité  extrême,  la  récidive  ne  se  fit 

Sas  attendre.  Elle  commença  par  la  paroi  antérieure  :  aussi 
[.  Verneuil  dédoubla-t-il  la  cloison  recto-vaginale  cl  tam- 
ponna la  brèche  à  la  gaze  iodoformée  pour  obtenir  des 
adhérences.  La  guérison  ne  se  maintint  pas.  M.  Ricard  pra- 
tiqua alors  l'excision  du  prolapsus.  Nouvelle  récidive,  que 
M.  Verneuil  tenta  de  combattre  par  la  colopexie  sinip/e  ; 
mais  la  malade  est  encore  en  voie  de  récidive.  Peut-être 
M.  Verneuil  va-t-il  la  soumettre  à  l'opération  qui  a  si  bien 
réussi  entre  les  mains  de  M.   Schwartz. 

M.  Delens  a  mis  en  œuvre  deux  fois  la  méthode  d'Allin- 
gham.  On  badigeonne  à  l'acide  nitrique/umant  la  muqueuse 
herniée  et  après  réduction  on  bourre  le  rectum  de  tampons 
qu'on  laisse  huit  à  dix  jours  en  place.  On  provoquerait  ainsi 
une  inflammation  adhésive  salutaire.  Les  résultats  immé- 
diats ont  été  bons,  mais  M.  Delens  n'a  pas  suivi  pend;inl 
longtemps  ses  malades.  D'autre  part  il  a  reculé  une  foi< 
devant  ce  badigeonnage  pour  un  prolapsus  très  volumineux. 

Vl.Segond  a  vu  la  malade  de  M.  Verneuil;  elle  est  in- 
contestablement très  améliorée.  Il  se  demarides'il  ne  serait 
pas  souvent  indiqué  de  faire  précéder  la  colopexie  de  l'exci- 
sion, tout  comme  il  est  souvent  bon  d'amputer  le  col  utérin 
hvpertrophié  avant  de  recourir  à  l'hystéropexie.  Mais 
M.  Verneuil  fait  remarquer  qu'il  n'y  a  pas  hypertrophie,  et 
que  d'ailleurs  l'excision  faite  par  M.  Ricard  a  précédé  la 
colopexie. 

M.  Routier  a  revu  la  malade  dont  il  a  parlé  à  la  dernière 
séance.  Elle  est  restée  guérie  pendant  un  an,  puis  eu 
octobre  dernier  la  récidive  a  débuté  à  l'occasion  d'une  pous- 
sée d'entérite  peut-être  tuberculeuse. 

M.  Nélaton  admet  que  le  malade  auquel  H.  Segond  a 
pratiqué  l'excision  est  guéri  ;  mais  il  fait  remarquer  que  ce 

Erolapsus  était  probablement  causé  par  un  rétrécissement. 
)ès  lors,  la  cause  une  fois  enlevée  l'effet  a  cessé.  Cela  ne 
prouve  pas  que  la  méthode  soit  bonne  pour  les  prolapsus 
qui  ne  sont  liés  ni  à  un  rétrécissement  ni  à  une  tumeur. 

H.  Segond  n'est  nullement  convaincu  que  chez  son  ma- 
lade le  rétrécissement  fût  congénital  et  eût  causé  le  pro- 
lapsus. 

—  M.  Roux  (de  Lausanne)  adresse  une  observation 
à'hystéropexie  où  il  a  constaté,  après  avoir  ouvert  le  ventre, 
qu'il  y  avait  une  anse  intestinale  en  avant  de  l'utérus,  bieii 
qu'avant  l'opération,  et  jusqu'à  l'ouverture  du  péritoine,  il 
ait  cru  pouvoir  exclure  cette  idée,  si  bien  qu'il  avait  failli 
recourir  à  l'hystéropexie*  sans  laparatomie.  Il  condamne 
donc  cette  opération. 

—  M.  Créquy  présente:  1"  des  instruments  pour  l'extrac- 
tion de  corps  étrangers  de  l'œsophage  et  de  l'urèthre;  2»  un 
appareil  à  chloroformisation. 


13  Décembre  1889        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N-  50  —    813 


Soelëté  de  biologie, 

SÉANCE  DU  5  DÉCEMBRE  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  M.  DUCLAUX,  VICE-PRÉSIDENT. 

Emploi  da  ohlomra  de  zino  pour  fixer  les  éléments  anatomiques  : 
M.  de  Grandmaison  (Discaasion  :  MM.  Réitérer  et  Dumontpallier). 

—  -  Action  de  la  calôine  sur  le  système  nerveux  et  musculaire  : 
MM.  Lapicque  et  Parisot.  —  Signification  morphologique  des 
globules  polaires  :  M.  Oiard.  —  Moyen  expérimental  de  produire 
le  décollement  de  la  rétine  et  oonséqnenoes  qu'on  en  peut  tirer  au 
point  de  vue  du  diagnostic  et  du  traitement  :  M.  Nloati. 

M.  de  Grandmaison  a  reconnu  qu'au  moyen  de  solutions 
aqueuses  contenant  1/4  ou  1/5  de  chlorure  de  zinc  on  peut 
oDtenir  la  fixation  des  éléments  anatomiques  aussi  bien  que 
par  les  procédés  actuels  qui  emploient  Talcool. 

M .  Retterer  demande  si  le  séjour  dans  la  solution  ne  détruit 
pas  le  résultat  tou:  d'abord  obtenu. 

M.  de  Grandmaison  n'a  pas  encore  fait  d'expériences  de 
longue  durée,  mais  M.  Dumontpallier  fait  remarquer  que 
dans  les  eschares  qu'il  détermine  au  moyen  de  la  pâte  de 
Canquoin  dans  les  cas  d'eiidoraétrite,  les  éléments,  sont 
conservés  avec  leurs  formes  pendant  cinq  à  six  mois. 

— MM.  LapicqueeiParizotoni  constaté,  après  Schmied- 
berg,  que  l'action  de  la  caféine  diflérait  suivant  qu'on  l'ad- 
ministrait à  la  grenouille  rousse  ou  à  la  grenouille  verte. 
L'action  de  la  caféine  est  localisée  dans  les  muscles  chez  la 
grenouille  rousse,  car  les  contractions  généralisées  qu'on 
observe  ne  changent  pas  de  caractère  quand  on  détruit  la 
moelle,  tandis  que  chez  la  grenouille  verte,  la  contraction 
musculaire  qui  présente  un  caractère  tout  particulier  quand 
on  excite  le  nerf,  encore  en  connexion  avec  la  moelle, 
revient  au  type  normal  quand  ces  connexions  sont  suppri- 
mées. La  contraction  présente  les  mêmes  particularités 
quand  on  excite  les  muscles  d'une  patte  isolée  du  tronc  par 
une  ligature  avant  l'injection  de  caféine.  La  caféine  ne  pro- 
duit pas  les  mêmes  effets  quand  elle  est  injectée  dans  un 
muscle  ou  dans  le  tissu  cellulaire.  Dans  le  premier  cas  l'ac- 
tion est  localisée,  dans  le  second  elle  est  générale,  et  cela, 
quelle  que  soit  l'espèce  de  grenouille  mise  en  expérience,  ce 
qui  ne  permet  pas  de  se  ranger  à  l'avis  de  Schmiedbergqui 
explique  les  divergences  entre  les  résultats  obtenus  dans 
ses  expériences  par  des  différences  dans  les  propriétés  chi- 
miques du  muscle  des  deux  espèces  de  grenouilles. 

—  M.  Giard  fait  remarquer  qu'une  note  de  M.  Maups 
sur  le  rajeunissement  caryogamique  des  infusoires  ciliés, 
n'apporte  aucun  argument  contraire  à  l'opinion  par  lui 
émise  relativement  à  la  signification  morpnologique  des 
globules  polaires  des  métazoaires.  Les  infusoires  ciliés  ne 
peuvent  être  regardés  comme  des  protozoaires  types,  ils 
constituent  plutôt  une  branche  divergente  des  protozoaires 

|u'un  lieu  de  passage  aux  métazoaires,  et  l'assimilation  que 
I.  Maupas  tend  à  établir  entre  certains  globules  et  le  glo- 
bule polaire  ne  lui  parait  pas  tout  à  fait  juste. 

—  M.  Nicati  adresse  à  la  Société  une  note  sur  un  moyen 
expérimental  de  produire  le  décollement  de  la  rétine  et 
les  conséquences  qu'on  en  peut  tirer  pour  le  diagnostic  et 
le  traitement. 

Erratum.  —  Dans  le  compte  rendu  de  la  précédente  séance 
(p.  797)  au  lieu  de  Bataille  et  Berlin,  lire  Bataille  et  BerdaL 


i 


REVUE  DES  JOURNAUX 

CmRURGIE. 

eaneer  do  larynx.  —M.  B.  FraenkEL  (1)  étudie  les  formes 
dft  début  du  cancer  du  larynx  et  les  conséquences  pratiques  de 
la  précocité  du  diagnostic. 

(1)  B.  Friinkel.  Der  KeMkopfkrebt,  teine  Diagnote  und  Behandlung  (Deult.  med. 
Woch.,  188y,  n~  i  à  6,  p.  I,  28,  50,  68,  87, 109). 


Le  cas  le  plus  fréquent  est  le  début  sur  une  corde  vocale,  et 
là  il  y  a  deux  formes  :  dans  Vune,  la  tumeur  est  bien  limitée 
{caranoma  polvpoides)  ;  dans  l'autre,  elle  est  diffuse  (carcinoma 
difftisum)*  La  forme  polypoïde  ressemble  d'abord  tout  à  fait  à 
une  tumeur  bénigne,  dont  elle  a  d'ailleurs  les  symptômes  fonc- 
tionnels. Quelquefois  pédiculisé,  ce  cancer  est  le  plus  sou- 
vent sessile.  On  dit  souvent  que,  dès  le  début,  sa  surface 
est  rouge;  en  réalité,  elle  est  identique  à  celle  des  tumeurs 
bénignes.  Parfois  cependant  on  observe  des  amas  épithéliaux 
sous  forme  de  points  blancs,  opaoues  ;  cet  aspect  est  caracté- 
ristique. Quoi  Qu'on  en  ait  dit,  rimmobilisation  de  la  corde 
vocale  malade  n  est  pas  plus  rapide  dans  le  cancer  que  dans 
les  autres  tumeurs.  Quelquefois,  la  surface  est  papillomateuse. 
Dans  le  carcinome  diffus,  qui  tend  moins  que  le  précédent  à 
envahir  en  profondeur,  mais  gagne  davantage  en  surface,  le 
début  est  à  peu  près  identique  à  tous  les  épaississements  de 
la  muqueuse,  et  en  particulier  la  ressemblance  est  grande  avec 
certains  catarrhes,  avec  la  pachydermie  décrite  par  Virchow.  Ici 
encore,  malgré  Semon,  la  corde  malade  conserve  sa  mobilité, 
sauf  quand  la  tumeur  occupe  sa  partie  postérieure,,  près  de 
l'arytenoîde  ;  mais  alors  l'immobilisation  est  la  même,  que  la 
tumeur  soit  bénigne  ou  maligne.  Si  le  carcinome  diffus  ressemble 
objectivement  à  un  gonflement  inflammatoire  chronique,  loca- 
lisé, la  forme  polypoïde  ne  difl^re  souvent  du  fibrome  que  par 
des  nuances  difiiciles  à  percevoir.  D'autre  part,  dans  un  cas 
comme  dans  l'autre,  la  syphilis,  la  tuberculose,  peuvent  produire 
des  lésions  objectivement  analogues;  et  plus  tard,  à  la  période 
d'ulcération,  dé  périchondrite,  ces  causes  d'erreur  persistent. 
Pour  les  cas  douteux,  on  peut  établir  le  diagnostic  lentement, 
par  une  étude  prolongée  ae  la  marche,  de  l'action  du  traitement 
antisyphilitique;  par  la  recherche  fréquente  des  bacilles,  des 
parcelles  néoplasiques  dans  les  crachats.  Tous  ces  moyens 
doivent  être  employés,  mais  on  ne  s'y  attardera  point.  Si  l'efficacité 
du  traitement  pierre  de  touche  n'est  pas  d'une  très  grande 
rapidité,  on  aura  recours  sans  plus  attendre  à  l'examen  histolo- 
P'ique  d'un  fragment  enlevé  à  la  pince  coupante;  manœuvre 
inoffensive,  quoi  qu'on  en  ait  dit.  L'examen  histologique  donne 
des  résultats  fort  importants,  à  condition  qu'on  ait  soin  de  faire 
les  coupes  bien  perpendiculaires  à  la  surface  muqueuse.  D'après 
Frânkel,  le  cancer  polypoïde  répond  à  la  forme  auatomique, 
appelée  par  Waldeyer  carcinoma  keratoides;  le  cancer  diffus,  au 
carcinoma  simplexdu  même  auteur. 

Cet  examen  n'est  pas  toujours  possible.  Ainsi,  on  ne  peut  se 
procurer  le  fragment  nécessaire  quand  on  est  en  présence  d'un 
cancer  qui,  encore  inclus  dans  le  ventricule  de  Morgagni,  se 
borne  à  soulever  la  corde  supérieure  et  le  Iigamen\  ary-épi- 
glottique.  En  pareille  circonstance,  le  diagnostic  est  très  difficile 
avec  une  gomme  syphilitique  de  même  siège:  il  faudra  donc 
essayer  avec  soin  le  traitement  spécifique. 

A  la  période  d'ulcération,  rien  de  bien  spécial  sur  les  sym- 
ptômes, le  diagnostic.  Quand  un  cancer  cause  une  périchondrite 
avec  nécrose  des  cartila&^es,  Frânkel  signale  un  cas  où  l'erreur 
est  possible  avec  une  périchondrite  primitive:  c'est  lorsque  la 
nécrose  relève  d'un  cancer  pharyngien,  situé  à  la  partie  infé- 
rieure du  cricoïde  et  dès  lors  inaccessible  à  l'examen  laryngo- 
scopique,  par  lequel,  en  effet,  on  ne  voit  que  le  haut  du  pharynx 
laryngien. 

Lorsque  le  diagnostic  a  été  posé  avec  une  précocité  suffisante, 
Frânkel  affirme  que  l'ablation  par  la  méthode  endolaryn^ée 
peut  être  curative.  Déjà,  il  a  publié  en  1886  l'histoire  d  un 
malade  guéri  depuis  1884,  à  la  suite  de  quatre  extirpations 
échelonnées  de  1881  à  1884.  A  ce  propos,  Gottstein,  Krônlein, 
ont  insisté  sur  le  peu  de  sécurité  que  donne  cette  pratique.  Or 
Frânkel  continua  à  suivre  son  premier  opéré  guéri,  et  il  a 
recueilli  cinq  nouvelles  observations,  (]ui  se  décomposent  en  : 
une  récidive  après  deux  ans  de  guérison  ;  deux  guérisons  se 
maintenant  depuis  six  et  dix-huit  mois  ;  une  sans  renseigne- 
ments ultérieurs;  une  où  l'opération  fut  impossible.  Donc,  si  la 
tumeur  est  encore  bien  limitée,  la  méthode  endolaryngée  peut 
permettre  l'extirpation  de  tout  le  tissu  morbide;  il  faut  seule- 
ment choisir  avec  discernement  les  cas  qu'on  attaquera  de  la 
sorte. 

Avant  de  résumer  les  indications  du  traitement  palliatif  dans 
le  cancer  inopérable,  Frânkel  résume  les  statistiques  de  Schreier 
(Deuts,  med.  Woch,,  1888,  n"  43)  sur  Textirpation  partielle 
(23  cas  :  5  morts  en  six  semaines  ;  4  morts  en  trois  mois  ;  1  en 
seize  mois;  13  guérisons,  dont  8  récentes  et  5  avant  plus  de 
quatorze  mois    de  date)  et    l'extirpation   totale  (o8   cas  avec 


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R 


morts  ea  six  semaines  et  9  guérisons  durables)  et  rappelle 
l'observation  où  H.  Schmid,  Landois  et  Strubing,  ont  eu,  sans 

)rolhèse,  des  résultats  fonctionnels  remarquables;  un  fait  ana- 

ogue  est  dû  à  Stôrck. 

L'observation  de  H.  Schmid  (1)  à  laquelle  Frânkel  fait 
allusion  a  été  communiquée  par  1  auteur  à  la  Société  médicale 
de  Greifswald  en  août  1888.  Le  résultat  phonétique  est  remar* 
quable.  L'extirpation  totale  avait  été  pratiquée  le  8  octobre  1886 
par  Ziegel.  Si  nous  rappelons  cette  observation,  c'est  que  le 
malade,  toujours  en  pariait  état»  a  été  présenté  au  Congrès  des 
chirurgiens  allemands  en  1889  (voy.  Centr.  f,  Cliir.y  Beil.y  n**29). 
Le  travail  de  Landois  et  Strubing  (2)  a  pour  but  d'étudier  le  méca- 
nisme de  la  phonation  chez  ce  sujet. 

Dans  un  mémoire  récent,  un  pamphlet  plutôt,  dont  personne 
n'ignore  le  but,  Morell  Mackenzie  a  donné  une  statistique  pour 
démontrer  que  :  1"*  la  laryngectomie  est  d*unc  gravité  immédiate 
considérable  ;  2**  elle  ne  donne  à  peu  près  jamais  de  résultats 
définitifs.  Certes,  les  morts  sont  nombreuses,  mais  depuis 
quelques  années  elles  le  deviennent  de  moins  en  moins;  d'autre 
part,  Morell  Mackenzie  exagère  la  brièveté  des  survies.  C'est  ce 
que  MM.  Schedc  et  Krajewski  ont  cherché  à  prouver;  et  en  tout 
cas,  ils  ont  démontré  que  la  statistique  de  Morell  Mackenzie  a 
été  établie  avec  une  légèreté  certainement  étrange. 

ScHEDB  (3)  affirme  que  si  Mackenzie  ne  compte  sur  35  hémi- 
laryngectomies  qu'une  seule  survie  définitive  (Qpéré  de  Hahn), 
c'est  qu'il  omet  les  faits  heureux  de  Bergmann  (trois  ans  de 
survie)  ;  de  Semon  (dix-neuf  mois)  ;  celui  de  Stôrck  (deux  ans  et 
trois  mois)  est  mentionné  dans  les  tableaux,  mais  passé  sous 
silence  dans  les  commentaires.  Le  malade  de  Schede  est  dit 
c  mentionné  comme  vivant  encore  au  bout  de  dix-sept  mois  ». 
Or,  en  publiant  son  histoire,  Schede  avait  insisté  sur  Texcellence 
de  sa  santé  au  bout  de  dix-huit  mois  ;  il  est  mort  d'une  pneu- 
monie franche,  au  trentième  mois;  quatorze  jours  avant  sa 
mort,  un  examen  laryngoscopique  avait  démontré  qu'il  n'y  avait 
pas  trace  de  récidive. 

Erreurs  d'un  autre  genre  dans  la  statistique  de  laryngectomie 
totale.  Schede  a  un  opéré  qui,  au  bout  ac  huit  mois  et  demi, 
eut  une  récidive  inopérable  et  se  suicida  ;  Mackenzie  le  compte 
deux  fois,  sous  les  n"^  54  et  58  de  ses  tableaux. 

Schede  démontre  ensuite  que  les  résultats  s'améliorent. 
En  1882,  Foulis,  sur  25  extirpations  pour  cancer,  coinotait 
la  moitié  de  morts  opératoires;  Solis  (lohen  en  trouvait  lo  sur 
29  cas,  et  il  n'y  avait  dans  cette  série  qu'une  seule  survie  sans 
récidive  ali  bout  d'un  an.  En  1884,  Schede  réunissait  36  cas 
nouveaux  avec  8  morts  opératoires  et  6  survies  sans  récidive  de 
seize  mois  a  deux  ans.  Enliu,  en  ajoutant  une  observation  de 
Hahn,  (que  Mackenzie  range  à  tort  dans  les  laryngectomies 
partielles)  et  en  retranchant  les  25  premiers  cas  où  la  méthode 
était  encore  incertaine,  on  trouve  79  faits  avec  7  cures  de  deux 
à  cinq  ans  et  5  de  quatorze  à  dix-huit  mois.  C'est  moins 
mauvais  que  ne  le  prétend  Mackenzie  et  encore  Krajewski  a-t-il 
fait  voir  que  les  causes  d'erreur  ne  sont  pas  toutes  relevées  par 
Schede. 

Schede,  à  ce  propos,  communique  trois  autres  opérations  per- 
sonnelles: l^une  femme  de  cinquante-six  ans  vit  sans  récidive 
et  travaille  depuis  juin  1884  ;  2<' un  homme  de  cinquante-cinq 
ans  a  dû  être  opéré  au  neuvième  mois  d'une  récidive  dans  la 
base  de  la  langue;  nouvelle  récidive;  mort  deux  ans  après  la 
première  intervention  ;  3"  homme  de  soixante-cinq  ans  ;  récidive 
au  bout  d'un  an;  extirpation  mortelle.  La  statistique  de  Schede 
donne  donc:  1  hémilaryngeclomie  avec  trente  mois  de  survie  et 
mort  accidentelle  ;  4  laryngectomies  totales  avec  1  guérison 
depuis  cinq  ans  et  3  récidives  (au  bout  de  huit  mois  et  demi, 
neuf  mois,  un  an). 

Kràjëwski  (4)  s'est  livré  à  un  travail  d'épuration  fort  intéressant 
dans  les  chiffres  de  Mackenzie  et  il  démontre  que  22  observations 

(1)  H.  Sdimià,  jguv  SlatUtik  der  TolalexiHrpation  det  Kehlkopfe$  itnfunetion'- 
nellenSintie:  lauU,  veniandliehe  Sprache  (Archf.  hUn,  CMr.,  iSiS,  t.  XXXVIII, 
p.  i3i). 

(2)  Landoif  et  P.  Strâbing,  Erxeugung  einer  natûrlichen  PteudoUimme  bei 
einem  Manne  mit  totaler  Exslirpalion  des  Kihlkopfes  (ibid.,  p.  116  . 

(3)  Max  Schede,  Bin  Fall  von  endfûUiger  Heilung  nach  Wegnahme  det 
Kehlkopfe$  wegen  krebtiger  Entartung  von  mehr  als  vier  Jahren,  nebtt 
einigen  Btmerkungeti  ûber  Morell  Mackemei  Stalittik  {Deutsche  med.  Woch., 
n»  4,  p.  61). 

(4)  H. -Y.  Krajewftki,  Berichtigungen  und  Ergûnsungen  xu  D'  Macken*ie*t 
slatittiehe  Angaben  ûber  Totalexstirpalion  krebsiger  Kehlkôpfe  {ibid.,  n«  i,  p.6i). 


sont  comptées  deux  fois,  sous  deux  numéros  différents  et  so:! 
sous   le   même  nom  ;  soit  sous  le   nom  de  l'opérateur  en   m 
endroit,  de  son  élève,  qui  a  publié  le  fait,  dans  l'autre.  Un  d^- 
faits  les  plus  typiques  est  la  subdivision  en  n"  98  (Roswell)  ^î 
no  125  (Park)  de  l'opéré  de  Roswell  Park! 

Hahn  (1)  avait  publié.  Tan  dernier,  sa  statistique  intégrale, 
composée  de  24  opérations  sur  22  malades.  On  y  trouva 
1**  4  résections  atypiques  pour  rétrécissement  ;  pas  de  décès; 
2**  3  extirpations  de  tumeurs  par  thyrotomie  ;  une  mort  opéra- 
toire ;  deux  récidives;  3**  6  hémilaryngectomies ;  deux  mort> 
opératoires  ;  une  récidive  ;  trois  sans  récidive  depuis  deux  ans  e\ 
sept  mois,  sept  mois,  quatre  mois;  i^  11  extirpations  totales 
dont  2  pour  récidives  après  les  opérations  précédentes;  4  mort-* 
opératoires;  1  seule  guérison  sans  récidive,  datant  d'octobre  188<> 
et  constatée  en  mars  1888. 

A.  Broca. 

ProlapHoii  du  reetun,  par  M.  Rudolph  VOLKMANX.  —  Deux 
observations  d'extirpation  heureuse,  du  service  de  Richiird 
Volkmann.  Il  est  à  remarquer  que  ces  opérations  sont  récente*; 
que  d'autre  part  elles  concernent  des  enfants  (un  an  et  trois  ans) 
atteints  de  ce  que  Volkmann  appelle  <  prolapsus  ani  invagina- 
tus  >,  ce  qui  correspond  à  l'invagination  à  deux  cylindres  iW 
Cruveilhier.  Dans  ces  cas  la  lésion  commence  par  la  chute  de  la 
muqueuse,  puis  le  prolapsus  se  complète.  {Ueber  die  Behandluntj 
(ter  prolapsus  ani  invaginatus,  in  BerL  kl,  Woch.,  18  nov. 
1889,  n«  16,  p.  995.) 


BIBLIOGRAPHIE 

Leçons    cllniqaes   sur    le«   niateflles  des  enfMils,    par 

H.  le  docteur  Aug.  Ollivier,  médecin  de  l'hôpital  des 
Enfants-Malades.  1  vol.  de  428  p.  —  Paris,  1889. 
6.  Steinheil. 

Le  volume  de  leçons  cliniques  sur  les  maladies  de  l'en- 
fanée  que  H.  le  docteur  Ollivier  présente  aujourd'hui  au 
public  médical,  mérite  un  accueil  des  plus  favorables,  car  il 
renferme,  à  côté  d'observations  intéressantes  et  instructives, 
de  nombreux  enseignements  théoriques  mettant  en  relief  la 
grande  érudition  de  l'auteur  et  son  expérience  toute  spéciale 
en  pathologie  infantile. 

Parmi  les  quarante  leçons  qui  composent  cet  important 
ouvrage,  quelques-unes  nous  sont  déjà  connues,  car  elles  ont 
été  piibliées  à  diverses  époques  dans  les  journaux  de 
médecine,  mais  la  plupart  sont  inédites  et  oETreut  un  attrait 
tout  particulier. 

En  guise  d'introduction,  M.  Ollivier  a  consacré  sa  pre- 
mière leçon  à  une  élude  bibliographique  des  ouvrage^ 
relatifs  à  la  pathologie  de  l'enfance  que  nous  a  laissés  le 
dix-huitième  siècle.  La  littérature  médicale  était  alors 
moins  encombrée  que  de  nos  jours  et  la  bibliothèque  des 
maladies  des  enfants  se  composait  seulement  de  six  ou- 
vrages :  ceux  deCirtanner  et  de  Zwinger  pour  TAlIemagne: 
ceux  de  Waller  Harris  et  de  Georges  Armstrong  pour  l'An- 
gleterre ;  le  remarquable  traité  du  professeur  «ils  Rosen 
de  Rosenstein  pour  la  Suède;  enfin  le  livre  de  notre  com- 
patriote Chambon  de  Honteux,  qui  date  de  1799. 

Dans  la  leçon  suivante,  consacrée  à  une  vue  d'ensemble 
sur  la  clinique  infantile,  l'auteur  montre  que  si  les  mala- 
dies appartenant  exclusivement  à  l'enfance,  alhrepsie, 
accidents  de  dentition,  rachitisme,  etc.,  sont  en  réalité  peu 
nombreuses,  du  moins  la  plupart  des  affections  communes 
à  l'enfant  et  à  l'adulte  revêtent,  du  fait  même  du  jeune  âge. 
des  caractères  particuliers  de  fréquence,  d'intensité,  une 
allure  clinique  propre,  des  indications  thérapeuti({ues  spé- 
ciales. C'est  ainsi  que  se  trouve  justifiée  la  division  qui 
pourrait,  au  premier  abord,  paraître  un  peu  artificielle,  mais 

(1)  E.  Hahn,  Millheilung  ûber  die  Endresultate  nach  Kehlkopfoperatitn- 1 
{Arch.  f.  kUn.  Chir.,  188H,  XXXVII.  p.  523.) 


i3  Décembre  1889       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  50  —    815 


qui  repose  sur  ce  fait  que  si  la  pathologie  infantile  n'est  pas 
une  pathologie  spéciale,  la  séméiotique  infantile  est  une 
séméiotique  spéciale. 

Nous  ne  pensons  pas  pouvoir  analyser  ici  chacune  de  ces 
leçons  et  nous  devons  nous  borner  à  faire  connaître  les 
principaux  sujets  sur  lesquels  portent  plusieurs  groupes 
d'entre  elles. 

Après  avoir  montré  que  la  fausse  hypertrophie  du  cœur 
est  un  syndrome  qui  n'a  aucune  relation  avec  le  rachitisme 
ou  le  mal  de  Pott,  et  que  caractérisent  une  étroitesse  de  la 
cage  Ihoracique,  des  palpitations  et  de  la  dyspnée,  mais  qui 
peut  disparaître  par  le  développement  complémentaire  du 
thorax,  M.  OUivier  aborde  Fétude  de  la  coqueluche  à 
laquelle  il  consacre  cinq  leçons  successives.  C'est  ainsi  qu'il 
reprend  à  nouveau  la  discussion  sur  la  palhogénie  de  la 
dilatation  bronchique  et  de  l'emphysème  concomitants  pour 
laquelle  il  fait  jouer  un  rôle  prépondérant  aux  altérations  in- 
flammatoires des  bronches  ou  des  alvéoles  pulmonaires,  dès 
lors  incapables  de  résister  régulièrement  à  i  augmentation  de 
pression  expiratoire  des  quintes  coqueluchiales.  Les  acci- 
dents épileptiformes  qui  viennent  parfois  compliquer  la 
coqueluche  conduisent  Fauteur  à  rechercher  et  à  admettre 
une  relation  étiologique  possible  entre  cette  afiTection  et 
Fépilepsie  vraie  débutant  peu  de  temps  après  sa  terminaison. 
Enfin  il  résume  d'une  façon  claire  les  diverses  recherches 
bactériologiques  entreprises  au  sujet  de  la  coqueluche  et 
montre  que  le  bacille  de  Burger  et  Afanassiev  parait  bien 
être  le  corpus  deiicti,  contre  lequel  devra  lutter  le  traite- 
ment curatif  et  prophylactique.  11  accorde  dans  toute  cette 
étude  une  faible  importance  à  la  théorie  ganglionnaire  de 
Gueneau  de  Hussy,  qui  reposait  sur  une  assimilation 
inexacte  et  qui,  d'ailleurs,  «  ne  rallia  presque  personne  >. 

Dans  les  neuf  leçons  suivantes,  on  trouve  élucidé  plus 
d'un  point  intéressant  de  Fétude  de  la  chorée  de  Sydenham, 
de  la  chorée  héréditaire  d'Hunlington,  de  Fhémichorée  et 
de  l'alhélose.  Peut-être  pourrait-on  s'étonner  de  trouver  une 
description  de  la  chorée  d'Huntington  dans  un  ouvrage 
consacré  aux  maladies  de  l'enfance,  mais  M.  Ollivier 
semble  avoir  prévu  i'objeclion  en  traitant  de  la  maladie 
d'Huntington  surtout  par  comparaison  avec  la  chorée  vul- 
gaire infantile  et  au  point  de  vue  du  mode  d'hérédité.  Il  pa- 
raît, d'ailleurs,  regretter  que  l'on  ait  catalogué  sous  le  nom 
de  chorée  cette  affection  convulsive  de  l'adulte,  s'éloignant  en 
cela,  il  nous  semble,  de  l'opinion  de  M.  Charcot  pour 
lequel  elle  ne  différerait  que  par  l'hérédité  similaire  de  la 
chorée  chronique  ou  chorée  des  adultes  et  des  vieillards, 
forme  tardive  de  la  chorée  de  Sydenham.  Quanta  la  nature 
de  cette  dernière,  Fauteur  est  nettement  [)artisan  de  son 
origine  rhumatismale,  contrairement  à  l'opinion,  soutenue 
encore  récemment  par  M.  Joffroy  et  son  élève  M.  Saric, 
d'après  laquelle  la  chorée  est  une  simple  névrose  cérébro- 
spinale d'évolution,  ou  névrose  de  croissance. 

Viennent  ensuite  plusieurs  leçons  consacrées  à  quelques- 
unes  des  manifestations  de  Fhystérie  chez  l'enfant:  aux 
terreurs  nocturnes,  aux  céphalalgies  de  croissance,  à  l'urti- 
caire nerveuse,  au  grincement  de  dents.  Elles  renferment 
des  pages  qu'on  lira  avec  profit.  Puis  le  rhumatisme  avec 
ses  accidents  d'encéphalopathie,  et  le  rhumatisme  scarlatin, 
que  l'auteur  envisage  à  bon  droit  comme  un  pseudo-rhu- 
matisme infectieux,  servent  de  thème  à  d'intéressants  déve- 
loppements. 

(Jitons  encore  des  leçons  sur  Fangine  glanduleuse  et  ses 
rapports  avec  les  végétations  adénoïdes  du  pharynx  que 
l'auteur  étudie  plus  loin  comparativement  avec  la  scrofulose 
naso-labiale  ;  sur  les  kystes  hydaliques  ;  sur  l'incontinence 
nocturne  d'urine,  conséquence  fréquente  de  la  débilité  ner- 
veuse congénitale,  et  qui  est  justiciable  alors  de  la  méthode 
de  Guyon^  consistant  dans  Félectrisation  directe  du  sphincter 
vésical;  sur  le  diagnostic  différentiel  de  la  varioloide  et  de 
la  rougeole  boutonneuse  ;  sur  le  pronostic  de  la  rougeole 


suivant  les  âges;  sur  la  syphilis  héréditaire  tardive;  sur  la 
tuberculose  entéro-mésentérique  et  cérébrale. 

Enfin,  nous  aurons  donné,  croyons-nous,  une  idée  suffi- 
sante des  nombreux  sujets  abordés  dans  ce  livre,  lorsque 
nous  aurons  ajouté  que  la  fièvre  typhoïde  fournit  la  matière 
de  quatre  leçons  dans  lesquelles  sa  fréquence  relative 
suivant  l'âge  de  Fenfant,  les  accidents  nerveux  de  la  conva- 
lescence et  la  chlorose  d'inanition,  qui  en  était  autrefois  la 
conséquence  trop  fréquente,  sont  successivement  passés  en 
revue.  On  trouve  encore,  dans  l'ensemble  des  documents 
rassemblés  par  M.  Ollivier  au  sujet  de  la  dothiénentérie,une 
observation  curieuse  par  sa  rareté,  de  gangrène  totale  d'un 
membre  inférieur,  chez  une  fillette  de  dix  ans,  résultant  de 
Foblitération  totale  de  la  fémorale  gauche  au-dessus  de  sa 
bifurcation  par  un  caillot  embolique. 

Telle  est  l'œuvre  de  M.  Ollivier;  nous  avons  essayé  de 
montrer  son  importance  et  d'en  faire  connaître  le  plan 
général,  mais  nous  désirons  ajouter,  en  terminant,,  que  ces 
leçons  sont  rédigées  dans  un  langage  clair  et  précis,  qu'elles 
sont  réduites  dans  leurs  proportions  à  la  juste  mesure  qui 
ne  lasse  pas  l'intérêt  du  lecteur  par  la  prolixité  des  détails, 
tout  en  évitant  la  sécheresse  d'une  trop  grande  condensa- 
tion. Aussi  pensons-nous  que  l'on  trouvera  à  en  prendre 
connaissance  autant  de  plaisir  que  nous  en  avons  eu  nous- 
même;  on  est  assuré,  dans  tous  les  cas,  d'avoir  utilement 
employé  les  instants  consacrés  à  cette  lecture. 

André  Petit. 


De  la  dissémination  des  bacilles  de  la  tuberculose  en  dehors 
DU  CORPS  {Zeitschrift  fur  Hyg.,  vol.  V.  et  Berl.  kl.  Woch.j 
7  janvier  i889),  par  M.  Cornet. 

Comme  on  n'observe  jamais  d'épidémie  de  tuberculose»  on 
admet  volontiers  l'ubiquité  des  bacilles,  qui  ne  s'attaqueront 

3u'à  ceux  qui  présentent  une  disposition  morbide.  L'auteur, 
ans  un  remarquable  travail,  a  publié  ses  recherches  sur  la  dis- 
sémination des  germes,  faites  à  l'Institut  d'hygiène  de  Berlin.  On 
ne  saurait  dire  trop  de  bien  de  ce  travail,  que  nous  essayerons 
de  résumer  en  quelques  lignes. 

Délaissant  la  méthode  qui  consiste  à  chercher  les  bacilles  dans 
Fair,  l'auteur  a  pensé  qu'en  raison  de  leur  pesanteur  relative,  il 
vaut  mieux  les  rechercher  dans  les  parties  déclives  où  ils  ont 
une  tendance  naturelle  à  tomber.  Il  a  recueilli  des  poussières 
dans  les  hôpitaux,  sur  et  sous  les  lits,  sur  les  murs,  dans  les 
habitations  privées,  dans  les  prisons,  dans  les  asiles  d'a- 
liénés, etc.;  ces  poussières,  suspendues  dans  les  liquides  stéri- 
lisés, ont  été  inoculées  à  des  animaux.  147  échantillons  ont  été 
inoculés  à  392  animaux.  Sur  ce  nombre, 59  sont  devenus  tubercu- 
leux (c'est-à-dire  15  pour  100),  137  sont  restés  en  bonne  santé  et 
196  sont  morts  d'autres  maladies. 

Le  danger  d'infection  n'est  pas  aussi  considérable  qu'on  serait 
tenté  de  le  croire,  puisque  1/6  seulement  des  animaux  inoculés 
sont  devenus  tuberculeux.  Il  est  à  remarquer  aue  les  poussières 
des  salles  de  pbthisiques  ont  fourni  des  résultats  positifs  dans 
plus  des  2/3  des  cas  ;  les  salles  de  chirurgie  ont  donné  des 
résultats  négatifs;  les  chambres  de  phthisiques  non  hospitalisés, 
qui  avaient  soin  de  ne  cracher  que  dans  des  crachoirs  spéciaux, 
n'ont  fourni  qu'une  seule  inoculation  positive. 

Les  germes  ne  sont  donc  pas  répandus  partout  ;  autour  de 
chaque  phthisique  existe  une  zone  de  contagion  qui  s'atténue  à 
mesure  qu'on  s'éloigne  de  lui.  Koch  a  établi  que,  en  dehors  de 
l'être  vivant,  les  bacilles  de  la  tuberculose  ne  peuvent  ni  se 
développer,  ni  se  multiplier;  ils  diffèrent  en  cela  de  presque 
toutes  les  autres  espèces  qui  trouvent  un  substratum  nutritif  en 
dehors  de  l'organisme,  et  n'ont  pas  besoin  d'une  température 
dépassant  30  degrés.  De  nombreuses  expériences  ont  établi  que 
Fair  expiré  ne  contient  jamais  de  bacilles;  ceux-ci  adhèrent  tel- 
lement aux  sécrétions  bronchiques  nu'ils  ne  peuvent  être  entraînés 
dans  aucune  circonstance.  La  pluie,  l'humidité  de  l'air,  qui  empêche 
les  crachats  de  se  dessécher,  lixe  les  bacilles;  le  danger  n'appa- 
raît qu'au  moment  de  la  dessiccation.  A  ce  mpment  les  crachats 
pulvérisés  remplissent  Fair  de  bacilles  et  deviennent  offensifs. 

11  importe  donc  de  se  pénétrer  de  cette  idée  que  le  phthisique 


816    —  N'  50  —         GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        13  Décembre  1889 


n*est  nullement  dangereux  pour  son  entourage,  à  la  condition 
d'observer  certaines  précautions,  dont  la  plus  importante  est  de 
s'abstenir  en  toute  circonstance  de  cracher  autre  part  aue  dans 
un  crachoir.  C'est  là  le  seul  moyen  efficace  d'empêcher  la  dissé- 
mination des  germes.  Mais  combien  il  est  difficile  d'obtenir 
l'exécution  de  cette  prescription,  même  dans  les  hôpitaux  ! 

A  propos  de  la  prophylaxie,  rauteur  dit  avec  beaucoup  de 
justesse:  c  llya  plus  de  sécurité  à  habiter  une  chambre  anté- 
rieurement contaminée,  mais  ensuite  désinfectée,  (jue  d'habiter 
une  chambre  inconnue  >.  Relativement  à  la  désinfection  des 
locaux,  il  recommande  le  procédé  d'Ësmarch,  qui  consiste  à 
essuyer  les  planchers,  les  murs,  et  les  divers  objets  avec  de  la 
mie  de  pain  noir,  fraîche,  procédé,  dit-il,  efficace  et  inoffensif 
pour  ceux  qui  l'appliquent. 

11  passe  ensuite  en  revue  les  précautions  relatives  à  l'entou- 
rage du  malade,  les  mesures  générales  qui  incombent  aux  muni- 
cipalités et  à  l'Etat^  telles  que  Farrosage  des  rues,  la  surveillance 
des  bestiaux  au  point  de  vue  de  la  phthisie.  11  fait  en  passant  le 
procès  des  stations  climatériques  ou  les  règles  les  plus  élémen- 
taires de  l'hygiène  sont  souvent  inobservées;  il  recommande  de 
se  défier  des  cabinets  de  lecture.  11  termine  en  disant:  c  Le 
peuple  doit  être  instruit  dans  la  propreté  >.  Er.  W. 

ÉTUDE   ANATOMIQUE   SV»  LK  CIRCULATION    VEINEUSE     DE    L'ENCÉ- 

PHALE,  par  le  docteur  E.  Hédon,  prosecteur  à  la  P'aculté  de 
niédecine  de  Bordeaux.  —  Paris,  0.  Doin,  1888. 

11  existe  entre  les  artères  et  les  veines  de  l'encéphale  de 
grandes  différences  de  volume,  de  situation  et  de  rapports.  Les 
troncs  veineux  sont  superficiels  et  baignent  dans  le  liquide  des 
espaces  sous-arachnoïdiens.  Les  veines  du  cerveau  forment  deux 
systèmes  :  celui  de  la  surface  des  hémisphères  (cerveau  anté- 
rieur); celui  de  la  veine  de  Galien  (cerveau  intermédiaire).  Les 
veines  de  la  surface  des  deux  hémisphères  forment  deux  groupes  : 
les  unes  se  diri&^ent  vers  les  sinus  ae  la  base  du  crâne  au  niveau 
de  la  scissure  de  Sykius;  les  autres  vers  les  sinus  de  la  voûte, 
suivant  diverses  directions.  Le  système  de  la  veine  de  Galien 
est  formé  principalement  par  la  réunion  des  veines  ventricu- 
laires  et  aes  veines  basilaires.  Les  veines  des  ganglions  cen- 
traux forment  deux  groupes,  comme  d'ailleurs  les  artères  cor- 
respondantes, les  veines  striées  inférieures  se  jettent  dans  la 
veine  basilaire,  et  les  veines  striées  supérieures  se  jettent  dans 
la  veine  de  Galien.  Ces  deux  ordres  ae  veines  s'anastomosent 
dans  l'épaisseur  des  noyaux  gris  et  de  la  capsule  interne.  Les 
veines  du  bulbe  et  de  la  protubéVance  ont  une  disposition  ana- 
logue à  celle  des  veines  médullaires.  Ces  différentes  veines 
s'anastomosent  entre  elles,  et  à  la  surface  des  hémisphères,  en 
particulier,  il  en  résulte  des  communications  entre  les  sinus  de 
la  voûte  à  ceux  de  la  base.  La  plupart  des  veines  cérébrales 
s'abouchent  dans  les  sinus  suivant  une  direction  oblique  en  sens 
inverse  du  cours  du  sang  dans  ces  sinus.  Cette  disposition  est 
due  au  mode  de  développement  des  hémisphères.  A.  B. 


VARIÉTÉS 

Faculté  de  médecine  de  Paris.  —  M.  Segond,  agrégé,  est 
chargé  d'un  cours  de  clinique  chirurgicale. 

Faculté  de  médecine  de  Montpellier. —  M.  Brousse,  agréçé, 
est  chargé  d'un  cours  complémentaire  de  clinique  des  maladies 
syphilitiques  et  cutanées. 

Faculté  de  médecine  de  Nancy.  — Concours  jpowr  une  place 
de  chef  de  clinique  médicale, —  Un  concours  pour  une  place  de 
chef  de  clinique  médicale  s'ouvrira  à  la  Faculté  de  médecine  de 
Nancy,  le  lundi  23  décembre  1889,  à  huit  heures  du  matin. 
La  durée  des  fonctions  est  de  trois  années  et  le  traitement  an- 
nuel est  de  1200  francs. 

Sont  admis  à  concourir  les  docteurs  en  médecine  français, 
non  pourvus  du  titre  d'agrégé,  et  les  étudiants  en  médecine 
ayant  soutenu  leurs  cinq  examens  de  doctorat,  à  la  condition 
qu'ils  seront  docteurs  dans  les  six  mois. 

La  place  de  chef  de  clinique  est  incompatible  avec  celle  de 
chef  des  travaux,  de  préparateur  et  d'aide  dans  les  différents 
services. 

Les  épreuves  sont  au  nombre  de  trois  :  1°  une  composition 


écrite  sur  un  sujet  de  pathologie  interne,  avec  les  considération < 
d'anatomie  et  de  physiologie  qui  s'y  rapportent;  cinq  heures  sont 
accordées  pour  la  rédaction  ;  z*»  une  leçon  clinique,  d'une  duré** 
d'une  demi  heure  au  plus,  sur  deux  malades  appartenaoi  à  U 
spécialité,  après  un  examen  de  quinze  minutes  pour  chacun  de> 
malades  ;  3^  une  épreuve  pratique  d'anatomie  et  d'histologie  pa- 
thologique. La  durée  de  cette  épreuve  sera  fixée  par  le  jury. 

Les  candidats  devront  se  faire  inscrire  au  secrétariat  de  la 
Faculté  de  médecine,  avant  le  vendredi  20  décembre  1889,  à 

Suatre  heures,  lis  auront  à  produire  leur  acte  de  naissance 
ûment  légalisé,  leur  diplôme  de  docteur  en  médecine  ou  un 
certificat  constatant  qu'ils  ont  soutenu  les  cinq  examens  de  doc- 
torat. 

Ecole  de  médecine  d'Alger. —  M.  Hérail,  abrégé,  est  nommé 
professeur  de  matière  médicale  (chaire  nouvelle). 

Ecole  de  médecine  de  Dijon.  —  M.  le  docteur  Cottin  (Emile) 
est  institué  suppléant  des  chaires  d'anatomie  et  de  physiologie. 

Ecole  de  médecine  de  Rennes.  —  M.  le  docteur  Dayot  est 
institué  suppléant  des  chaires  de  pathologie  et  de  clinique  chi- 
rurgicales et  de  clinique  obstétricale. 

École  de  médecine  de  Rouen.  —  M.  Gascard,  suppléant,  est 
chargé  du  cours  de  chimie. 

—  M.  Renard  est  chargé  d'un  cours  complémentaire  dt» 
chimie. 


Mortalité   a  Paris   (48*  semaine,  du  24  au  30  novembre 
1889.  — Population:  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde, is. 

—  Variole,  2.  —  Rougeole,  17.  —  Scarlatine,  5.  —  Coque- 
luche, 8.  —  Diphthérie,  croup,  30.  —  Choléra,  0.  —  Phthisie 
pulmonaire,  192.  —  Autres  tuberculoses,  21.  —  Tumeurs: 
cancéreuses.  46;  autres,  5.  —  Méningite,  27.  —  Conges- 
tion et  hémorrhagies  cérébrales,  6U.  —  Paralysie,  7.  — 
Ramollissement   cérébral,  6.— Maladies  organiques  du  cœur,  65. 

—  Bronchite  aiguë,  46.  —  Bronchite  chronique, 29.  —Broncho- 
pneumonie, 24.  —  Pneumonie,  63.  —  Gastro-entérite:  sein,  11; 
biberon,  42.  —  Autres  diarrhées,  3.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 5.  —Autres  affections  puerpérales,  3.  —  Débilité  con- 
génitale, 36.  —  Sénilité,  36.  —  Suicides,  17.  —  Autres  morts 
violentes,  9.  —  Autres  causes  de  mort,  163.  —  Causes 
inconnues,  14.  —  Total:  1020. 


OUVRAGES  DÉPOSES  AU  BUREAU  DU  JOURNAL 

Recherches  expérimentales  tur  les  coûtes  de  l'exagération  vesgtéraU  de  U 
température  normale,  par  M.  le  docteur  E.  Maiirel.  Une  brochure  iii-8*  d'« 
35  pages.  ParU,  0.  Doin.  t  fr.  ô«i 

Du  rhumatisme  chronique  et  de   son  traitement  thermal,   par  M.  le  docteur 

Charles  Laviclle.  1  vol.  in-S"  de  185  pages.  Paris,  0.  Doin.  3  fr 

Contribution  à  l'étude  des  corps  étrangers   des  voies  aériennes,  par  M.  \* 

docteur  E.-J.  Moure.  Grand  in>8«  de  2i  pages.  Paris,  0.  Doin.  1  fr  M> 

Étude  sur  la  culture  des  micro-organismes  {anaérobies),  par  M.  lo  docu^nr 

A.  Foureur.  Grand  in-8«  de  72  pages,  arec  85  figures  dans  le  texte.  Pari». 

0.  Doin.  S  fr.  50 

Étude  sur  la  fièvre  typhoïde  atténuée  et  sur  l'atténuation  de  la  fièvre  t^pkoîdt, 
par  M-  lo  docteur  A.  Bourgeois.  Une  brochure  in-^  de  42  pagea.  Paris.  0 
Doin.  i  fr. 

La  guérison  des  maladies  produites  par  l'abus  de  la  morphine,  traitées  sous  U 
double  point  de  vue  de  la  psychologie  et  de  la  médecine,  par  M.  le  docteur 
Constantin  Schmidt.  1  vol.  in-i2  de  iOi  pages.  Parts,  0.  Doin.  i  fr. 

L'irrigation  naso-pharyngienne,  par  M.  le  docteur  Paul  Raugé.  Grand  in-8*  de 
72  pages.  Paris,  0.  Doin.  â  fr.  51» 

La  grippe  infectieuse  à  Oyonnax  {Ain),  novembre  i  .88  A  avril  1889,  par  II.  ic 
docteur  Ch.  Fiessinger  (d'Oyonnax;.  Grand  in-8*  de  83-CI  pages  avec  un  pla<i 
et  72  tracés  hors  texte.  Paris,  0.  Doin.  ""  4  fr. 

Le  problème  de  la  vie  et  les  fonctions  du  cervelet,  par  M.  le  docteur  i.  Gouier. 
1  vol.  in -18  de  225  pages.  Paris,  0.  Doin.  3  fr. 

Le  morphinisme,  habitudes,  impulsions  vicieuses,  actes  anormaux,  morbides  ti 
d'ilictueux  des  morphiomanes,  par  M.  le  docteur  G.  Piehon.  i  toI.  in-ii  d« 
490  pages.  Paris,  0.  Doin.  4  fr. 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant. 


21460.  —  MoTTinoz.  —  Imprimeries  réunies,  ▲,  rue  Mignon,  2,  Paris. 


TRENTE-SmÈME  ANNÉE 


N«5i 


20  Décembre  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 

PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D'  L.  UREBOÏÏLLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BUCHEZ,  E.  BRISSAUD,  6.  DIEUUFOY,  DREYFUS-BRISAC,  FRAICOIS-FRAICR,  A.  HElOCQUE,  A.-J.  MARTIN,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Libeboullkt,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  préférence) 


sommaire.  —  BuLLlTiN.  —  PHYSiOLOfiii  EXPiRiMiNTALl.  Lei  propriétés 
microbicides  du  fcntm.  —  Revue  des  cours  et  des  cliniques.  HMeUDieu  de 
Lyon  ;  M.  lo  professeur  Lépino  :  Lèpre  luborciilense.  —  Travaux  originaux. 
Épidômiulogie  :  Doux  cas  d'une  maladie  rappelant  la  •  fièvre  dénoue  »  et  observée 
à  Reims.  — Clinique  mëdicalo  :  Contribution  i  l'étiologie  de  la  lièvre  typhoïde. 
—  Sociivés'^AVANTBS.  Aéadémle  de  médecine  —  Société  médicale  dos  hôpi- 
taux. —  Société  de  chinir^e.  —  Société  de  biologie.  —  Revue  des  journaux. 
Travaux  à  consulter.  —BIBLIOGRAPHIE.  Traité  d'analomie  humaine.  — VARléTés. 
Banquet  Glénard. 


BOLLETIN 

Paris,  18  décembre  1889. 
lift  grippe  *  P*rla. 

La  grippe  —  puisque  tel  est  le  nom  que  l'on  garde  à  la 
maladie  régnante  —  vient  de  se  déclarer  à  Paris  avec  une 
intensité  qui  rappelle  les  épidémies  de  1837,  1842  et  1858, 
pour  ne  ciler  que  les  plus  sérieuses  parmi  celles  dont  nous 
possédons  une  relation  médicale  précise.  11  est  peu  de 
maisons  où  elle  ne  se  soit  montrée;  et  dans  celles  où  elle 
est  entrée,  il  est  peu  de  familles  dont  tous  les  membres  ne 
lui  aient  successivement  payé  leur  tribut.  Cependant  la 
maladie  est  moins  grave  en  réalité,  jusqu'à  ce  jour  tout  au 
moins,  que  ne  le  sont  chaque  printemps  certaines  affections 
broncho-pulmonaires  qui  se  compliquent  souvent  de  pneu- 
monie et,  plus  souvent  que  la  grippe  épidémique,  ac- 
croissent la  mortalité  générale.  C'est  à  peine,  en  effet,  si 
jusqu'à  présent  on  pourrait  signaler  à  Paris  trois  ou  quatre 
cas  de  pneumonie  grippale. 

Nous  ne  mourrons  pas  tous;  tous  nous  sommes  frappés, 
pourrions-nous  écrire.  Car,  médecins  et  rédacteurs  de 
journaux  sont  eux  aussi  atteints  par  la  maladie,  qui  sans 
tenir  compte  de  l'âge,  du  sexe,  des  conditions  hygiéniques 
dans  lesquelles  on  vit  non  plus  que  des  néccssi4és  profes- 
sionnelles, pénètre  partout  et  frappe  à  l'improviste.  C*est 
ainsi  qu'il  m'est  possible  de  joindre  une  observation  toute 
personnelle  aux  nombreux  faits  que  j'avais  recueillis  ces 
jours  derniers  et  de  confirmer  par  des  impressions  très  ré- 
centes —  pour  ne  pas  dire  présentes  —  la  description  qui 
vient  d'être  faite  à  la  Société  médicale  des  hôpitaux  et  à 
V Académie  de  médecine  des  principaux  symptômes  de  la 
grippe  actuelle. 

Celle-ci  débute  d'ordinaire   assez   brusquement,    sans 

aucun  symptôme  prémonitoire  dans  la  grande  majorité  des 

cas  ;  plus  rarement  après  quelques  heures  ou  bien  une  journée 

de  lassitude  et  de  malaises.  Encore  arrive-t-il  souvent  que 

f  SÉaiB,T.  XXVI. 


les  malaises  considérés  comme  prodromiques  indiquent 
bien  le  début  de  la  maladie.  Si  l'on  prend  la  température, 
on  constate  en  effet  que  celle-ci  marque  déjà  38  degrés  ou 
même  38  degrés  et  2  ou  3  dixièmes,  qu'il  existe  de  la  las- 
situde, de  la  céphalée,  un  peu  de  rachialgie,  en  un  mot  ce 
que  l'on  considère  chez  les  sujets  plus  susceptibles  ou  plus 
émotifs  comme  le  début  de  l'affection.  Donc,  en  général,  la 
maladie  a  un  début  brusque.  Plusieurs  des  malades  que 
j'ai  vus  —  les  uns  appartenaient  à  ma  famille,  d'autres  ont 
pu  recevoir  ma  visite  dès  les  premières  heures  de  leur 
malaise  —  ont  été  ainsi  très  nettement  atteints  presque 
subitement.  Les  symptômes  accusés  ont  été  invariablement 
les  mêmes  :  lassitude  considérable,  frissonnements  le  long 
du  rachis  et  horripilation  généralisée  sans  frissons  intenses, 
courbature  douloureuse  dans  les  membres  et  en  particulier 
dans  les  articulations;  rachialgie  parfois  très  vive;  céphalée 
sus-orbitaire  et  douleurs  occipito-rachidiennes  plus  fré- 
quentes, plus  constantes  et  plus  vives  encore  que  la  rachial- 
gie; somnolence  invincible;  inappétence  absolue. 

Si,  à  ce  moment,  on  prend  la  température,  celle-ci,  très 
irrégulière  aux  différentes  heures  de  la  journée,  atteint 
parfois  38%6  ou  39  degrés,  mais  ne  dépasse  guère,  même 
chez  les  enfants,  ce  dernier  chiffre.  Dans  le  cours  de  la 
maladie  elle  peut  d'ailleurs  présenter  les  chiffres  les  plus 
différents,  souvent  assez  élevée  la  nuit  pour  retomber  à 
37  degrés  le  malin.  Le  pouls  est  très  variable,  suivant  les 
sujets,  et  de  fréquence  et  d'intensité.  La  respiration  reste  à 
peu  près  normale.  A  ce  moment,  s'il  existe  de  la  toux,  elle 
est  rauque,  laryngo-lrachéale,  survenant  par  quintes,  ne 
durantpas.  Si  l'on  examine  la  gorge,  on  constate par/bt5  un 
peu  de  rougeur  des  piliers  et  de  gonflement  légèrement 
œdémateux  de  la  luette.  Si  l'on  ausculte,  on  perçoit  un 
murmure  respiratoire  à  peu  près  normal. 

Tels  m'ont  paru  être,  dans  l'immense  majorité  des  cas, 
les  symptômes  du  début.  Six  fois  seulement,  sur  une  qua- 
rantaine de  malades  vus  avant  d'être  atteint  moi-même, 
j'ai  constaté  un  peu  de  bouffisme  de  la  face,  un  état  de 
congestion  quelque  peu  marqué  des  conjonctives,  un  léger 
degré  de  coryza  ou  une  toux  fréquente  et  rebelle.  Or,  et 
c'est  là  un  point  de  vue  sur  lequel  on  ne  saurait  trop  insister, 
si  à  ce  moment  la  maladie  est  abandonnée  à  elle-même 
sans  médication  d'aucune  espèce,  à  l'exception  de  quelques 
grogs  chauds  et  de  quelques  calmants,  on  peut  voir,  après 
vingt-quatre  ou  trente-six  heures  de  prostration,  de  rachial- 
gie et  de  céphalée,  de  fièvre  modérée  —  elle  l'est  toujours 
—  et  d'inappétence,  tous  les  malaises  disparaître  et  un  état 

51 


818    _  N*  81  - 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       20  Décembre  1889 


de  convalescence  relativey  j'insiste  sur  ce  mot,  s'établir 
d'emblée.  Et  si,  après  avoir  combattu  les  accidents  d'em- 
barras gastrique  que  l'accès  fébrile  a  laissés  à  sa  suite  par 
une  purgation  saline,  le  malade  garde  le  repos  pendant 
quarante-huit  heures  encore,  il  est  souvent  et  définitivement 
guéri.  Dans  d'autres  cas,  aux  phénomènes  du  début  succè- 
dent quelques  accidents  de  nature  catarrhale.  C'est  un 
coryza  assez  intense  ou  bien  une  toux  gutturale,  déchirante, 
plus  souvent  un  état  nauséeux  avec  diarrhée  fétide  et  dou- 
leurs abdominales,  quelquefois  enfin  la  persistance  des 
douleurs  rhumatoïdes  et  leur  aggravation  sous  forme  de 
névralgies,  de  myodynies,  de  crampes  musculaires,  etc. 
Encore  arrive-t-il  qu'au  bout  de  deux  ou  trois  jours,  grâce 
à  l'administration  de  faibles  doses  de  quinine  ou  d'antipy- 
rine,  jointes  à  la  poudre  deDower  et  aux  boissons  diaphoré- 
tiques  alcoolisées,  on  voit  tous  les  symptômes  s'amender  et 
le  malade  entrer  en  convalescence.  S'il  reste  au  repos, 
comme  dans  le  premier  cas,  deux  ou  trois  jours  après  la 
cessation  des  accidents  il  pourra  être  considéré  comme 
guéri.  S'il  se  surmène  ou  s'il  s'expose  au  froid  avant  d*avoir 
constaté  nettement  le  retour  absolu  à  la  température  nor- 
male, il  sera  presque  assuré  d'être  repris  des  mêmes  acci- 
dents et  de  repasser  une  seconde  fois  par  toute  la  série 
de  ces  malaises  qui  ressemblent  si  bien  à  la  fièvre  de  fa- 
tigue ou  courbature  fébrile  qu'il  est  parfois  malaisé  de  dis- 
tinguer ce  qui  appartient  à  la  grippe  et  ce  qui  ne  dépend 
—  pour  les  médecin  tout  au  moins  —  que  des  consé- 
quences qu'elle  entraîne  à  sa  suite. 

Je  n'ai  parlé  jusqu'à  présent  d'éruptions  d'aucune  sorte. 
Chez  les  malades  que  j'ai  vus,  je  n'en  ai,  en  effet,  observé 
aucune.  Chez  deux  enfants  existait  dès  le  début  un  rash 
scarlatiniforme  assez  peu  marqué  d'ailleurs.  Or  chacun  sait 
combien  il  est  fréquent,  chez  un  enfant  atteint  d'une  affec- 
tion fébrile  quelconque,  de  constater  l'existence  d'un  rash 
de  ce  genre.  Dans  la  période  d'état  et  surtout  dans  la  pé- 
riode de  convalescence  je  n'ai  jamais  constaté  les  éruptions 
que  signalent  plusieurs  de  nos  confrères.  Mais  celles-ci  ont 
été  vues  dans  la  plupart  des  épidémies  de  grippe  et,  en  ad- 
mettant même  qu'elles  soient  très  fréquentes,   jamais  leur 
extension  ne  saurait  faire  confondre  la  maladie  actuelle 
avec  la  dengue.  Ni  son  début  infiniment  moins  grave,  moins 
douloureux  que  celui  de  la  dengue,  ni  la  localisation  des 
douleurs  qui  siègent  à  la  tête,  au  rachis,  dans  les  jambes, 
et  non  spécialement  à  la  nuque  et  dans  les  genoux  ;    ni 
l'état  de  la  température  fébrile,  ni  la  durée  de  la  convales- 
cence ne  permettraient  le  doute.  Dans  l'épidémie  actuelle 
les  éruptions  d'ailleurs  ne  sont  pas  celles  de  la  dengue  ; 
elles  ne  s'accompagnent  ni  de  sueurs  ni  de  desquamation. 
Kien,  en  un  mot,  n'autorise  à  penser  que  nous  ayons  affaire 
à  cette  maladie  exotique.  Nous  publions  aujourd'hui  même 
une  observation  due  à  M.  le  docteur  Gueliiot  (de  Reims), 
et  qui,  elle,  pourrait  à  la  rigueur  être  prise  pour  un  cas  de 
dengue  observée  en  France.  Nous  n'avons  pas  à  insister 
d'ailleurs  sur  des  réserves  que  l'auteur  a  formulées  lui- 
même. 

Quant  aux  faits  observés  à  Paris,  nous  croyons  qu'après 
avoir  lu  le  dernier  compte  rendu  de  l'Académie  de  méde- 
cine, il  n'est  pas  un  médecin  qui  ne  se  rallie  aux  conclu- 
sions formulées  par  tous  les  orateurs  qui  ont  pris  part  à  la 
discussion.  Ainsi  que  l'ont  si  nettement  affirmé  à  diverses 
reprises  MM.  Proust  et  Brouardel,  la  maladie  régnante  est 
la  même  qui  sévit  actuellement  à  Saint-Pétersbourg,  Berlin, 
Munich,  Copenhague,  Londres,  Berne  et  Rome.  Elle  est 


identique  aux  grippes  épidémiques  dant  l'histoire  médicale 
nous  a  transmis  la  relation.  Sans  analogie  symptomatiqu^ 
avec  la  deâgue,  elle  n'appartient  probablement  pas  à  la 
même  famille  nosologique.  Chacun  s'accorde  en  effet  à  nier 
qu'elle  soit  contagieuse,  tandis  que  la  dengue  l'est,  au  con- 
traire, à  un  haut  degré.  On  affirme  aussi  sa  bénignité  et 
nous  devons  reconnaître  que  jusqu'à  ce  jour,  à  Paris  da 
moins,  aucune  complication  sérieuse  n'a  été  signalée. 
Concluons  donc  en  affirmant  qu'il  ne  s'agit  en  ce  moment 
que  d'une  grande  épidémie  de  grippe  relativement  bénigne 
ayant  en  peu  de  jours  envahi  toute  l'Europe. 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE 

Les  propriétés  mlcrobleldes  da  séran». 

De  toutes  les  questions  qui  préoccupent  actuellement  le.s 
bactériologistes,  il  n'en  est  pas  de  plus  intéressante  qneceUe 
de  l'immunité.  Les  travaux  publiés  jusqu'à  ce  jour  semMcnl 
établir  que  la  résistance  aux  infections  est  la  résultante  de 
conditions  multiples.  L'organisme  animal  possède  de  nom- 
breux moyens  pour  lutter  contre  les  microbes  qui  l'assiè- 
gent ou  l'envahissent  ;  une  seule  et  même  explica- 
tion ne  saurait  s'appliquer  à  tous  les  cas.  La  grenouille, 
par  exemple,  trouve  dans  sa  basse  température  un  mode  de 
résistance  contre  le  charbon,  et  il  est  bien  évident  que  cette 
même  cause  ne  peut  être  invoquée  quand  il  s*agit  des  car- 
nassiers ou  des  oiseaux. 

Il  semble  possible  de  grouper,  sous  trois  chefs  principaux, 
les  conditions  qui  expliquent  l'immunité:  il  existe  des  con- 
ditions physiques,  chimiques  et  cellulaires. 

L'état  des  cellules  joue  un  rôle  fort  important  ;  on  peut 
admettre  que,  chez  les  animaux  réfractaires,  elles  sont  peu 
sensibles  à  l'inHuence  des  sécrétions  microbiennes.  Quel- 
ques-unes remplissent  une  fonction  active  ;  elles  lut- 
tent contre  les  agents  envahisseurs;  elles  les  englobent  et 
les  digèrent  ;  c'est  le  processus  que  Metchnikoff  a  étudié 
dans  une  série  de  travaux  fort  remarquables  et  qu'il  désigne 
sous  le  nom  de  phagocytose. 

A  côté  des  réactions  cellulaires,  prend  place  l'influence 
de  la  constitution  chimique  de  l'organisme  ;  il  convient  de 
tenir  compte  de  l'état  des  humeurs  et  particulièrement  du 
sang  :  c'est  ce  que  semblent  démontrer  de  récentes  recher- 
ches. 

Dans  une  thèse,  écrite  sous  l'inspiration  du  professeur 
Schmidt  et  soutenue  à  Dorpat  en  1884,  Grohmann  a  établi 
que  le  sang  modifie  la  vitalité  des  microbes  qu'on  y  sème  ; 
la  bactéridie  charbonneuse,  en  particulier,  s'y  atténue  au 
point  de  ne  plus  tuer  le  lapin.  La  question  a  été  reprise  par 
Fodor  {Deutsche  med.  Wocheris.,  1887,  n*  34).  En  intro- 
duisant du  charbon  dans  du  sang,  pris  sur  un  lapin  qu*on 
vient  de  sacrifier,  cet  auteur  a  constaté  que  le  nombre  des 
bactéridies  diminue  progressivement  ;  puis,  après  un 
temps  variable,  quelques  microbes  qui  ont  échappé  à  l'ac- 
tion destructive  du  sang,  finissent  par  prendre  le  dessus  et 
par  se  développer. 

Mais  ce  sont  surtout  les  travaux  de  Flûgge  et  de  se< 
élèves,  Nutlal  {Zeitsch.  f.  Hygiène,  1888,  IV,  p.  353),  et 
Nissen  {ibid.,  1889,  VI,  p.  487),  qui  ont  appelé  l'attention 
sur  cette  question  si  importante.  Il  résulte  de  leurs  rerhor- 
ches  que  divers  microbes,  semés  dans  du  sang,  y  su- 
bissent tout  d'abord  une  dégénérescence  nettement  accusée 


20  Décembre  1889       GAZETTE  flEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CRtRURGIE        -  N^  51'  —    819 


à  l'examen  microscopique  ;  de  nombreuses  bactéries  sont 
détruites,  tandis  que  d'autres  persistent  et  peuvent  végéter 
au  bout  d'une  période  plus  ou  moins  longue. 

Les  travaux  que  nous  venons  de  citer,  malgré  leur  inté- 
rêt incontestable,  ne  laissaient  pas  que  de  soulever  quelques 
objections.  Le  sang,  employé  pour  les  cultures,  contenait 
des  éléments  cellulaires;  il  é(ait  donc  possible  qu'une 
part  revint  aux  cellules  dans  Tàltération  des  microbes. 
Si  la  plupart  des  bactéries  dégénérées  se  voyaient  en 
dehors  des  leucocytes,  on  pouvait  supposer  néanmoins 
que  la  modiGcation  était  sous  la  dépendance  d'une  ma- 
iïèfe  soluble  sécfétée  par  ces  organites.  On  pouvait  aussi, 
avec  M.  Duclaux,  se  demander  si  ce  phénomène  ne 
tenais  pas  <  à  la  privation  d'oxygène  que  les  bactéries  subis- 
sent dans  les  premiers  moments  de  leur  séjour  dans  le 
sang,  jusqu'au  moment  où  la  vie  des  éléments  organiques  y 
est  tout  à  fait  éteinte,  et  les  phénomènes  d'oxydation  ter<- 
minés  >  (Annales  de  VInstitut  Pasteur,  1888,  p.  503).  En 
chaufTanl  le  sang  entre  50  et  55  degrés,  on  le  voit  perdre 
son  action  microbicide,  ce  qui  peut  tenir  à  une  modification 
chimique,  ou  à  la  mort  des  éléments  figurés. 

Toutes  ces  objections  tombent  devant  les  expériences 
rapportées  récemment  par  Buchner  {CentralbLf.Bakt.,  V, 
p.  817).  Ce  .avant  opère  non  plus  sur  du  sang  en  nature, 
mais  sur  du  sérum,  c'est-à-dire  sur  un  liquide  dépouillé  de 
cellules.  Il  constate  que  ce  sérum  possède  de  notables  pro- 
priétés microbicides  ;  celles-ci  disparaissent,  quand  on  porte 
la  température  à  55  degrés  pendant  une  heure,  ou  lorsqu'on 
augmente  le  pouvoir  nutritif,  soit  en  ajoutant  à  ce  sérum 
de  la  peptone,  soit  en  soumettant  le  sang  à  une  série  de  gels 
et  de  dégels  successifs,  opérations  qui  détruisent  les  globules 
ronges  et  mettent  en  liberté  leur  contenu. 

Tels  sont  les  principaux  faits  qui  établissent  que  le  sérum 
possède  à  l'état  normal  des  propriétés  parasiticides.  Ces 
propriétés  vont-elles  augmenter  chez  les  animaux  vacci- 
nés ? 

La  plupart  des  auteurs  qui  ont  tenté  de  résoudre  cette 
question,  ont  répondu  par  la  négative;  ils  se  sont  appuyés 
sur  ce  fait  que  les  microbes  se  développent  dans  des  bouil- 
lons fabriqués  avec  des  tissus  d'animaux  réfractaires.  Tandis 
que  Schottelius  a  constaté  que  le  bacille  du  rouget  pousse 
péniblement  dans  les  milieux  de  culture  préparés  avec 
les  muscles  d'animaux  ayant  succombé  à  cette  affection, 
Bitter,  par  contre,  n'a  pas  confirmé  ce  résultat.  Mais 
dans  tous  les  cas,  pn  faisait  subir  une  altération  aux  tissus, 
et  nous  avons  vu  que  le  chauffage  détruisait  les  propriétés 
bactéricides  des  humeurs.  Pour  réaliser  une  expérience 
concluante,  il  importait  d'étudier  comparativement  le  déve- 
loppement des  microbes  dans  les  humeurs  des  animaux 
normaux  et  vaccinés.  C'est  ce  que  fit  Nuttal,  qui  observa 
très  nettement  que  le  sang  défibriné  d'un  mouton  rendu 
Téfractaire  détruisait  plus  de  microbes  que  le  sang  d'un 
mouton  neuf.  Toutefois  l'auteur  n'osa  tirer  aucune  conclu- 
sion :  c  Les  résultats  que  j'ai  rapportés,  dit-il,  peuvent 
être  entachés  d'erreur,  parce  que,  dans  d'autres  recherches, 
le  nombre  de  bacilles  qui  s'est  détruit,  dans  divers  échan- 
tillons du  même  sang,  a  présenté  d'aussi  grandes  varia- 
tions >  (loc.  cit.,  p.  388). 

Aussi  avons-nous  cru  intéressant  de  reprendre  le  pro- 
blème, en  opérant,  non  sur  le  sang,  mais  sur  le  sérum. Nous 
avons  étudié  parallèlement  le  développement  du  bacille 
pyocyanique  dans  le  sérum  de  lapins  neufs  et  de  lapins  vacci- 
nés. Dans  ce  dernier  cas,  la  végétation  est  considérable- 


ment entravée  :  les  microbes  qui  se  développent  sont  bien 
moins  nombreux  ;  leur  fonction  chromogène  est  supprimée 
ou  diminuée  ;  leurs  formes  enfin  sont  anomales  et  rappel- 
lent celles  qu'on  observe,  lorsqu'on  pratique  des  cultures 
dans  des  milieux  contenant  des  substances  antiiseptiques 
{Comptes  rendus  Académie  des  sciences,  A  novembre 
1889,  et  Société  de  biologie,  16  novembre  1889).  Du  reste, 
M.  Gamaléia  avait  déjà  noté  des  modifications  morphologi- 
ques en  cultivant  la  bactéridie charbonneuse  dans  l'humeur 
aqueuse  de  moutons  vaccinés. 

Nous  nous  sommes  g&rdés  de  tirer  une  conclusion  géné- 
rale de  nos  expériences.  Bien  des  faits,  en  apparence  para- 
doxaux, commandaient  la  plus  grande  réserve.  C'est  ainsi 
que  Ruttàl  avait  constaté  que  le  sérum  du  lapin  exerçait  sur 
la  bactéridie  charbonneuse  une  action  destructive  plus  mar- 

Jnée  que  le  sérum  du  chien.  Il  y  avait  là  une  contradiction 
agrante  avec  ce  résultat  connu  de  tous,  à  savoir  que  le 
chien  résiste  infiniment  plus  que  le  lapin  au  charbon. 

Nous  avons  pu,  à  maintes  reprises,  vérifier  l'exactitude  de 
ce  fait  qui  semble  avoir  quelque  peu  surpris  Nuttal.  Si  dans 
2  centimètres  cubes  de  sérum  de  chien,  on  sème  0^%02  d'une 
culture  charbonneuse  ensemencée  la  veille  dansdubouillon, 
on  observe  au  bout  de  vingt-quatre  heures  un  assez  abon- 
dant développement.  Au  contraire,  si  Ton  emploie  du  sérum 
de  lapin,  on  peut  introduire  jusqu'à  O'SS  :  le  milieu  reste 
stérile. 

De  tous  les  sérums  que  nous  avons  étudiés,  celui  du  lapin 
est  de  beaucoup  le  plus  mauvais  milieu  de  culture  pour  la 
bactéridie  charbonneuse  ;  celle-ci  se  développe  assez  facile- 
ment dans  le  sérum  du  chat,  du  pigeon,  de  la  grenouille, 
et  surtout  du  cobaye.  Toutes  nos  expériences  ont  été,  cela 
va  sans  dire,  réalisées  d'une  façon  comparative,  c'est-à- 
dire  enemployant  les  mêmes  quantités  de  sérum,  les  mêmes 
cultures,  et  en  maintenant  les  liquides  ensemencés  à  la 
même  température  de  38  degrés. 

Mais,  si  l'on  examine  au  microscope  les  cultures  faites 
dans  le  sérum  des  divers  animaux,  on  est  frappé  des  modi- 
fications considérables  qui  surviennent  dans  la  morpho- 
logie des  microbes.  Leurs  formes  varient  suivant  le  Sérum 
dans  lequel  on  les  sème,  et  ces  variations,  sauf  quelques 
détails  secondaires,  sont  toujours  les  mêmes  pour  une 
même  espèce.  Il  nous  est  impossible  de  donner  ici  une 
description  complète  de  ces  variaHons  morphologiques; 
nous  les  décrirons  avec  délail  dans  un  travail  ultérieur. 
Nous  dirons  seulement  que  c'est  dans  le  sérum  du  cobaye 
qde  la  bactéridie  semble  se  développer  le  plus  facilement; 
elle  y  forme  de  beaux  filaments  réguliers,  bien  segmentés, 
analogues  h  eeux  qu'on  observje  quand  la  culture  est  faite 
dans  du  bouillon. 

Tout  autre  est  l'aspect  qu'on  observe  dans  le  sérum 
du  cbat  ou  du  chien.  Chez  ces  deux  animaux,  on  trouve,  au 
bout  de  vingt-quatre  heures,  des  bâtonnets  assez  longs  et 
très  épais,  isolés  ou  accouplés  deux  à  deux;  leur  proto- 
plasma se  colore  d'une  façon  inégale;  souvent  leurs  bords 
sont  irréguliers;  leurs  extrémités  sont  parfois  renfiées  en 
massue  ;  ailleurs  elles  sont  effilées  :  ce  sont  de  vraies  formes 
involutives,  peu  viables,  et  dont  le  protoplasma  dégénère 
rapidement  les  jours  suivants. 

Bien  différentes  les  figures  de  la  bactéridie  semée  dans  le 
sérum  de  la  grenouille,  lé.  ce  sont  de  longues  chaînettes, 
extrêmement  minces,  dont  les  segments  ont  des  longueurs 
variables. 

Ces  diverses  modtficalions  sont  si  marquées  qu^>  avec 


m   -  N«  81  -        GÂ2ËTtË  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       20  Décembre  4889 


un  peu  d'habitude^  on  arrive,  au  simple  examen  microsco- 
pique, à  reconnaître  dans  quel  sérum  a  poussé  la  bactéridie. 

Ainsi,  même  lorsqu'ils  se  développent,  les  microbes  sont 
modiGés  et  gênés  dans  leur  évolution  ;  c'est  là  une  première 
conséquence  qui  découle  naturellement  de  nos  recherches. 
Mais  nous  croyons  qu'on  est  en  droit  d'en  tirer  une  autre 
conclusion,  c'est  qu'on  ne  doit  pas  comparer  le  sérum  des 
animaux  d'espèces  différentes  au  point  de  vue  des  propriétés 
microbicides.  Ce  serait  vouloir  compliquer  la  question.  Ce 
qu'il  faut  faire,  croyons-nous,  c'est  étudier  le  développe- 
ment des  microbes  dans  le  sérum  d'animaux  de  même 
espèce,  et  mettre  en  parallèle  les  individus  neufs  et  les 
individus  dont  la  résistance  a  été  renforcée  par  des  inocula- 
tions préventives.  De  cette  façon  on  simplifie  le  problème, 
et  l'on  évite  une  objection  qui  se  présente  immédiatement 
à  l'esprit.  On  peut  se  demander,  en  effet,  si  les  propriétés 
microbicides  que  possède  le  sérum  ne  sont  pas  artificielles; 
existent-elles  réellement  dans  les  humeurs  vivantes,  c'est- 
à-dire  dans  le  corps  des  animaux?  Cette  objection  n'est  pas 
admissible  pour  les  expériences  comparatives.  Si,  en  effet, 
l'action  du  sérum  varie  suivant  qu'il  provient  d'un  animal 
neuf  ou  vacciné,  c'est  que,  dans  les  deux  cas,  la  constitution 
chimique  n'est  pas  la  même  :  elle  s'est  modifiée  sous  l'in- 
fluence de  la  vaccination. 

Ce  sont  ces  modifications  dont  nous  poursuivons  actuelle- 
ment l'étude  (1);  nous  possédons  un  moyen  simple  de  les 
apprécier  :  les  différences  que  le  réactif  chimique  le  plus 
sensible  ne  pei^t  déceler,  la  cellule  végétale  les  met  facile- 
ment en  évidence. 

Chârrin  et  Roger. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

HOTEL-DIEU  DE  LYON.   —  M.   LE  PROFESSEUR  LÉPINE. 

Lèpre  taberenlenae. 

(Leçon  recueillie  par  M.  le  docteur  Lemoine,  répétiteur  à 
FEcole  du  service  de  santé  militaire.) 

La  malade  qui  fait  l'objet  de  cette  leçon  est  une  femme 
âgée  de  trente-neuf  ans.  Partie  à  seize  ans  pour  Cayenne, 
elle  y  est  restée  jusqu'en  1887,  époque  à  laquelle  elle  est 
revenue  en  France.  Durant  tout  son  séjour  dans  la  colonie, 
cette  femme  n'a  jamais  été  malade  jusqu'en  1886,  année 
où  semble  avoir  débuté  l'affection  actuelle.  Depuis  quelc|iie 
temps,  habitait  dans  la  même  maison  qu'elle,  une  famille 
lépreuse;  de  plus  elle  dit  avoir  lavé  le  linge  d'une  femme 
atteinte  de  cette  affection.  La  lèpre  règne  d'ailleurs  à 
Cayenne.  C'est  à  partir  de  ce  moment  qu'apparurent  d'abord 
sur  le  poignet  gauche  quelques  macules  blanchâtres  qui 
restèrent  slatiounaires  pendant  près  d'un  an.  Elle  eut  à  la 
suite  de  cette  première  manifestation  plusieurs  poussées 
successives^  consistant  dans  l'apparition  sur  la  face  et  les 
membres  inférieurs  de  boutons  et  de  petites  plaques 
brunes. 

Après  son  retour  en  France,  à  la  suite  d'une  variole 
bénigne  soignée  à  Montpellier,  la  maladie  s'est  aggravée 
d'une  façon  marquée.  Actuellement  la  malade  présente  sur 
le  front,  les  joues,  les  lèvres  et  sur  le  nez  un  certain  nombre 
de  tubercules  gros  comme  un  pois,  les  uns  à  peine  colorés, 
les  autres  bruns. 

La  peau  de  la  face  est  épaissie,  chagrinée,  fortement 
pigmentée;  la  peau  du  cou  présente  le  même  aspect,  mais 

(1)  Traviil  du  laboratoire  de  M.  Bouchard. 


ne  porte  pas  de  tubercule;  les  lipomes  occupent  non  seu 
lemenl  la  superficie  du  tégument,  mais  encore  la  profoiidoii: 
des  tissus;  le  tissu  cellulaire  et  les  muscles  sont  envahi 
en  certains  points;  on  sent  notamment  une  petite  tumeui 
de  la  grosseur  d'une  noix  dans  les  muscles  du  mollft. 
tumeur  mobile  latéralement  et  dans  les  mouvements  exé- 
cutés par  le  pied. 

Les  muqueuses  présentent  aussi  des  lésions  assez  remar- 
quables, un  tubercule  siège  sur  la  langue,  un  autre  ulct^^^ 
sur  le  voile  du  palais.  11  doit  exister  des  lésions  de  mêm" 
nature  dans  le  larynx,  car  la  voix  est  rauque,  étouffée,  I' 
malade  a  peine  à  parler.  Les  conjonctives  et  les  yeux  soûl 
respectés. 

Comme  troubles  viscéraux  nous  n'avons  rien  à  noter  si  et 
n  est  quelques  vomissements. 

Pas  de  troubles  de  la  sensibilité  tactile  ;  la  malade  pré- 
sente par  contre  un  degré  accentué  d'hypereslhésie  au  pdinl 
de  vue  de  la  température  extérieure,  elle  se  plaint  conti- 
nuellement du  froid,  surtout  aux  jambes. 

Tous  les  os,  sauf  ceux  du  crâne  et  de  la  face,  sont  doulou- 
reux à  la  pression  ;  ceux-ci  sont  le  siège  au  niveau  de  Ja 
face  antérieure  des  deux  tibias  de  .trois  exostoses  asso/. 
volumineuses  et  douloureuses.  On  ne  note  absolument  dans 
les  antécédents  de  la  malade  aucune  manifestation  syphi- 
litique. 

L  huile  de  chaulmoogra  a  été  administrée  à  la  malade  à 
doses  progressives  jnsqu'à  70  centigrammes.  Sous  son 
influence  les  lésions  pharyngées  ont  paru  s'amender,  mais 
les  lésions  cutanées  se  sont  aggravées  d'une  façon  notable. 
En  face  de  ces  symptômes,  le  diagnostic  ne  peut  être  dou- 
teux et  nous  avons  bien  affaire  ici  à  une  des  formes  de  la 
lèpre,  à  la  lèpre  tuberculeuse. 

La  lèpre,  maladie  que  nous  observons  rarement  aujour- 
d'hui dans  nos  pays,  existe  cependant  sur  la  plus  grande 
partie  du  globe  et  compte  encore  de  nombreux  foyers  épi- 
démiques.  Maladie  autrefois  de  nature  inconnue,  elle  a  été 
l'objet  dans  ces  dernières  années  d'un  grand  nombre  de 
travaux  et  de  recherches  scientifiques,  qui  ont  abouti  à  la 
découverte  du  parasite  qui  la  produit.  La  lèpre  en  effet  est 
une  affection  microbienne  caractérisée  par  la  présence  d'un 
micrO' organisme  spécifioue.  Celui-ci,  morphologiquement 
assez  semblable  à  celui  de  la  tuberculose,  s'en  différencie 
cependant  par  un  certain  nombre  de  caractères  au  point  de 
vue  de  son  aptitude  à  se  laisser  impressionner  par  les 
matières  colorantes,  au  point  de  vue  de  sa  vitalité  et  surtout 
de  la  manière  dont  il  infecte  l'organisme  humain. 

Le  bacille  de  la  lèpre  en  effet  se  colore  plus  facilement 
que  celui  de  la  tuberculose,  et  résiste  beaucoup  plus  que 
lui  à  l'action  décolorante  de  l'acide  nitrique.  A  peine  en 
dehors  du  corps  du  malade,  .le  premier  perd  d'abond  très 
rapidement  sa  virulence;  on  sait  au  contraire  avec  quelle 
persistance  le  bacille  de  Koch  conserve  son  action  pathogène. 
Son  mode  d'infection  enfin  est  très  particulièrement  remar- 
quablej  tandis  que  le  bacille  de  Koch  peut  rester  localisé 
au  sommet  du  poumon  sans  infecter  d'emblée  toute  Téco- 
nomie,  il  n'en  est  pas  de  même  du  microbe  de  la  lèpre  : 
très  promptement  il  produit  une  infection  lépreuse  géné- 
rale. 

Dans  la  lèpre  comme  dans  la  syphilis,  il  y  a  une  imprê^ 
gnation  générale  de  l'individu  dès  le  début,  et  la  preuve  en 
est  dans  l'apparition  à  ce  moment  de  symptômes  généraux. 
Comme  dans  la  syphilis,  comme  aussi  dans  la  rougeoie, 
dans  la  scarlatine,  on  observe  tout  d'abord  de  la  fièvre,  du 
malaise  et  une  éruption  qui  peut  être  considérée  comme 
un  véritable  effort  tenté  par  la  nature  pour  se  débarrasser 
du  poison  morbipne.  Aussi  n'est- il  pas  étonnant  qu'on 
trouve  dans  les  tubercules,  dans  les  taches  observées  sur  la 
peau,  un  grand  nombre  aes  bacilles  spécifiques  dont  nou> 
venons  de  parler. 
Cette  accumulation  des  bacilles  dans  les  lésions  cutanées 


20  Décembre  1889       GAZETTE  «HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        ~  N*  SI  —    821 


end  à  prouver  qu'il  y  a  pullulation  de  cet  agent  dans  l'or- 
anisme;  mais  vuTextrême  rareté  de  sa  constatation  dans  ]e 
vang  on  ne  sait  au  juste  si  cette  pullulation  a  lieu. 

Nous  venons  de  voir  que  le  micro-organisine  de  la  lèpre 
3  retrouve  surtout  dans  les  tuberculoses  et  les  taches 
observées  à  la  surface  de  la  peau..  Ces  deux  genres  de  lésions 
ni  servi  à  différencier  deux  modalités  symptomatiques  de 
affection.  La  lèpre  en  effet  se  présente  sous  deux  formes  : 
i  forme  tuberculeuse  et  la  forme  anesthésiçiue. 
Cette  dernière  forme  est  surtout  caractérisée  par  la  pré- 
)nce  sur  la  surface  cutanée  de  macules  pigmentées  ou 
pigmentées  simulant  les  taches  de  vitiligo,  et  de  troubles 
e  la  sensibilité.  C'est  la  forme  tropho-neurotioue  s'accom- 
ignant  d'atrophie  et  de  déformations.  Dès  le  début  de 
affection,  Tanesthésie  des  taches  érythémateuses  peut  déjà 
.ire  prévoir  le  développement  ultérieur  de  cette  forme, 
'est  probablement  à  cause  de  cette  anesthésie  qu'un  grand 
)mbre  de  malades  affectés  de  troubles  semblables  de  la 
nsibililé,  que  beaucoup  d'hystériques  entre  autres  furent 
ifermés  autrefois  dans  les  léproseries.  On  a  observé  aussi 
ï  l'hyperesthésie  au  niveau  des  mêmes  taches.  Quant  à  la 
ilhogénie  de  ces  troubles  trophiques,  elle  parait  découler 
'  la  constatation  faite  dans  ces  dernières  années  du  grand 
imbre  de  bacilles  trouvés  dans  les  gaines  nerveuses. 
Il  est  probable  en  effet  que  c'est  sous  l'influence  d'une 
i*itation  d'abord,  puis  d'une  compression  excessive  de  la 
ire  nerveuse,  par  accumulation  des  micro-organismes,  que 

produisent  les  différents  troubles  de  la  sensibilité  et  de 

nutrition  que  nous  venons  de  passer  en  revue.  La  sébor- 
.ée  abondante  constatée  chez  quelques-uns  de  ces  malades 
t  justiciable  de  la  même  interprétation  et  semble  bien 
voir  être  causée  par  une  irritation  spécifique  portant  sur 
>  glandes  sébacées. 

Quant  à  la  forme  tuberculeuse,  nous  en  avons  ici  le  tableau 
js  nos  yeux  ;  elle  est  caractérisée  essentiellement  par  la 
oduction  de  tubercules  qui  ont  pour  siège  de  prédilection 
face,  les  membres,  les  muqueuses  et  les  organes  des  sens, 
appareil  de  la  vision  est  souvent  envahi  dès  le  début,  et 

lésion  aboutit  à  la  fonte  du  globe  oculaire  tout  entier, 
'.s  tubercules,  comme  les  taches,  semblent  être  les  foyers 
t  production  du  bacille,  et  c'est  eu  se  reposant  sur  cette 
ée  qu'on  avait  proposé  de  cautériser  ou  d'exciser  ces  tuber- 
les  commme  on  avait  excisé  la  manifestation  primitive 

la  syphilis,  le  chancre  induré. 

Nous  n'avons  pas  à  revenir  sur  les  différents  symptômes 
ésentés  par  cette  malade,  cependant  nous  attirons  l'at- 
iition  en  terminant  sur  les  lésions  osseuses.  Celles-ci  en 
et  ne  sont  pas  habituelles  à  la  lèpre  tuberculeuse,  et  on 
«urrait  être  tenté  de  les  attribuer  à  la  syphilis;  mais  les 
nseignements  donnés  par  la  malade  sont  tellement  alKlr- 
alifs  sur  ce  point,  que  Tatlribution  des  accidents  actuels 
cette  affection  ne  pourrait  être  qu'une  pure  hypothèse 
'  ne  reposerait  sur  aucun  fondement.  Nous  devons  dire  en 
itre  que  le  produit  d'une  des  ulcérations,  examiné  par 
.  L.  Blanc,  a  laissé  déceler  la  présence  du  microbe  carac- 
ristique  de  la  lèpre,  ce  qui  lève  tous  les  doutes  au  point 
i  vue  de  l'affection  gue  nous  avons  sous  les  jeux,  dont 
.nt  de  caractères  cliniques  du  reste  assurent  l'origine. 


TRAVAUX   ORIGINAUX 

Épldémlologie. 

EUX  CAS  d'une   maladie  RAPPELANT  LA  «  FIÈVRE  DENOUE  ) 

ET  OBSERVÉE  A  Reims,  par  M.  le  docteur  0.  Guelliot. 

Vers  le  milieu  de  juin  dernier,  arrivait  à  Reims  une  famille 
«nant  de  Tunis;  des  trois  enfants,  le  plus  jeune,  un  petit  garçon 
e  deux  ans,  était  atteint  d'une  angine  grave  contractée  avant  le 


départ  et  qui  prit  tout  de  suite  une  allure  inquiétante.  Bientôt  la 
diphlhérie  s'étendit  au  larynx  et  je  dus  prati(|uer  la  trachéotomie 
dans  la  nuit  du  18  juin.  La  canule  fut  définitivement  enlevée  le 
25  et  l'enfant  fit  sa  première  promenade  en  voiture  le  i  juillet. 

H  semblait  donc  complètement  guéri  quand  survinrent  des 
accidents  qui  mirent  de  nouveau  sa  vie  en  danger. 

Dès  l'arrivée  à  Reims,  le  petit  malade  avait  été  absolument 
isolé.  Or,  sa  sœur,  âgée  de  quatre  ans,  avait  été  prise  vers 
le  22  juin,  soit  une  dizaine  de  jours  après  le  départ  d'Afrique, 
d'un  malaise  simulant  l'embarras  gastrique  :  fièvre,  céphalalgie, 
abattement,  langue  étalée  et  blanche,  anorexie  complète. 
Quelques  jours  après,  apparaissait  une  éruption  bizarre  et 
ressemblant  peu  à  celles  que  nous  avons  l'habitude  d'observer  : 
autour  de  la  bouche  et  au  nez.  au  niveau  des  tempes,  étaient 
disséminés  des  boutons  blancs,  les  uns  papuleux  et  assez  durs, 
les  autres  un  peu  ramollis  à  leur  sommet  et  en  voie  de  pustula- 
tion.  Malgré  les  purgatifs,  le  sulfate  de  quinine,  puis  les  toniques, 
la  convalescence  se  faisait  mal  ;  cependant  l'enfant  repre- 
nait ses  promenades,  et,  au  jour  indiqué  plus  haut,  le  4  juillet, 
je  crus  pouvoir  permettre  une  promenade  commune  avec  le  frère 
dont  la  santé  paraissait  parfaite. 

Le  lendemam  de  cette  sortie,  la  petite  fille  avait  une  rechute, 
caractérisée  par  un  mouvement  féorile  peu  intense,  et  surtout 

f»ar  une  nouvelle  éruption  toute  différente  de  la  première;  sur 
es  poignets,  mais  surtout  sur  le  cou,  on  voyait  quelques  plaques 
sans  saillie,  d'un  rouge  pâle,  d'une  largeur  de  1  ou  2  centi- 
mètres, en  général  ovalaires.  Cette  sorte  de  roséole  me  décon- 
certait un  peu  ;  mais  un  symptôme  survenu  en  même  tem(>s  me 
mit  sur  la  voie  du  diagnostic  :  l'enfant  avait  la  tête  immobilisée 
par  un  torticolis  qui  lui  donnait  une  attitude  spéciale  :  je  me 
souvins  des  descriptions  de  fièvre  dengue  que  j'avais  lues  et 
ie  me  rappelai  que  les  auteurs  y  insistaient  sur  la  fréquence  de 
la  double  éruption  et  sur  les  douleurs  musculaires  ;  en  consul- 
tant ces  auteurs,  en  relisant  en  particulier  l'excellent  article  de 
Mahé  dans  le  Dictionnaire  encyclopédique  et  la  clinique  pu- 
bliée cette  année  même  oar  H.  de  Brun  dans  la  Semaine  medi^ 
cale,  j'y  trouvai  une  confirmation  de  mes  soupçons  :  symptômes 
gastriques,  rémission  et  rechute,  éruption  polymorphe  et 
dichrone,  torticolis  (mal  de  girafe),  tout  y  était. 

Mais  voici  qui  venait  encore  à  l'appui  du  diagnostic. 

Le  petit  garçon,  lui  aussi,  commençait,  dès  le  lendemain  du 
contact  qu'il  avait  eu  avec  sa  sœur,  à  refuser  les  aliments  ;  il 
prenait  de  la  lièvre,  puis  apparaissait  la  même  éruption  papu- 
leuse  suivie  des  mêmes  plaques  roses,  mais  beaucoup  plus 
étendues  que  chez  la  petite  fille  :  il  y  en  avait  aux  doigts,  aux 
poignets,  quelques-unes  très  rares  sur  le  tronc;  au  niveau  du 
cou,  elles  devenaient  confluentes,  et,  leur  couleur  s'exagérant 
quand  l'enfant  pleurait,  elles  formaient  alors  une  sorte  de 
mtn^rr^  rouge  ;  c'était  bien  la  fièvre  rouge,  la  rosalia»  Il  fallut 
une  dizaine  de  jours  pour  que  les  dernières  taches  disparussent. 
L'enfant,  qui  se  plaignait  de  douleurs  dans  les  jambes,  reprit 
très  lentement  son  appétit  et  ses  forces;  le  i  août,  sa  sœur  et 
lui  partirent  enfin  pour  la  campaene,  ne  gardant  de  leurs  mala- 
dies que  des  adénites  sous-maxillaires  dont  la  résolution  se  fit 
fort  lentement. 

Dès  que  l'idée  de  la  fièvre  dengue  me  fut  venue,  j'écrivis  à 
Tunis  au  docteur  Lallemand,  médecin  de  la  famille.  Mais  notre 
confrère  avait  quitté  l'Afrique  et  il  ne  reçut  ma  lettre  qu'à 
Valence. 

c  Les  phénomènes  qu'ont  présentés  les  enfants  de  M*"*  X..., 
nous  répondit-il,  sont  bien  ceux  de  la  dengue.  Mais  je  n'en  ai 
observé  aucun  cas  semblable  à  Tunis  pendant  le  long  séjour 
que  j'y  ai  fait...  i  (iS2  juillet  1889). 

Tout  autre  diagnostic  que  celui  de  dengue  nous  semble  cepen- 
dant bien  difficile  à  admettre.  Il  faut  suproser  que  la  petite 
fille  est  partie  de  Tunis  pendant  la  périooe  d'incubation  de  la 
fièvre.  Celle-ci  se  serait  déclarée  une  dizaine  Ae  jours  après  son 
arrivée  en  France. 

Une  question  intéressante  et  encore  en  suspens  est  celle  de 
la  contagiosité  de  la  dengue;  elle  est  niée  par  les  Anglais. 
Faut-il  admettre  que  notre  petite  malade  a  contaminé  son  frère 
qui  a  été  atteint  dès  le  lendemain  du  jour  où  il  passa  une  demi- 
heure  avec  elle?  ou  bien,  l'enfant  aurait-il  pris  la  dengue  au 
même  foyer,  et  son  évolution  aurait-elle  été  retardée  par  la 
diphthérie  dont  il  a  puisé  les  germes  à  peu  près  en  même 
temps?  Nous  avons  tous  été  témoins  du  retard  d'absorption 
pour  les  médicaments  chez  les  en&nts  atteints  de  croup,  et  des 
vomissements  qui  surviennent   parfois   après  là  tracnéotomie 


m    ^  N'  SI  —        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  SE  CHIRURGIE        20  Déceiibrb  1889 


alors  que  la  circulalion  reprend  son  énergie  et  que  l'ipéca  ou  le 
tarlre  stibié  accumulés  dans  les  voies  digestivès  avant  Topéra- 
tion  se  trouvent  tout  à  coup  absorbés.  Peut-être  pareil  nhéno- 
mène  expliquerait-il  le  retard  dans  renvahissement  de  Vorga- 
nisme  par  Tagent  encore  inconnu  de  la  fîcvre  dengue? 

En  tout  cas  —  et  bien  que  faisant  toutes  réserves  voulues  au 
sujet  d'une  erreur  de  diagnostic  possible,  mais,  on  en  convien- 
dra, vraiment  excusable  —  il  nous  a  paru  utile  de  publier  ces 
faits  qui  montrent,  s'il  s'Agit  bien  de  dengue,  que  la  rapidité  des 
moyens  actuels  de  locomotion  nous  expose  à  t)bserver  des 
maladies  d'origine  exotique  et  dont  la  symptomatologie  est  en 
général  mal  oonnue  de  ceyux  qui  n*ont  pas  eu  Toccasion  d'en 
mire  une  étude  spéciale. 


Ollniqiie  médleale. 

CoiiTiiiBufiow  A  l'étiolocie  de  la  fièvke  typhoïde. 
Communication  faite  à  la  Société  médicale  des  hôpi- 
taux dans  la  séance  du  13  décembre  1889,  par 
H.  VâiLLARD,  médecin-major  de  première  classe,  pro- 
fesseur agrégé  du  Val-de-Gràce. 

Pour  donner  une  suite  à  la  communication  si  intéres- 
sante de  M.  Chantemesse  Sur  to  fièvre  typhoïde  à  Paris 
(séance  du  8  novembre  1889),  permettez-moi  de  vous  sou- 
mettre quelques  documents  personnels  ayant  trait  à  la 
question,  toujours  ouverte,  de  Téliologie  de  cetle  maladie, 
ou  plutôt  du  rôle  qui  revieul  à  Teau  potable  dans  sa  pro- 
pagation; j'y  ajouterai  certains  faits  montrant  que,  dans  les 
habitations  collectives,  les  poussières  des  planchers  et  de 
Tentrevous  peuvent  aussi  receler  l'agent  pathogène  de  la 
fièvre  typhoïde  et  servir  à  sa  transmission. 

Dire  que  Teau  potable  est  le  véhicule  fréquent  du  germe 
typbîque,  que  l'on  en  peut  fournir  la  preuve  dirimante  par 
les  procédés  dé  la  bactériologie,  c'est,  aujourd'hui.  Courir 
le  risque  de  produire  une  affirmation  quelque  peu  banale, 
sinon  inutile.  Nombreux,  en  effet,  sont  les  exemples  d'épi- 
démies imputées  à  la  pollution  des  eaux  ;  ils  se  multiplient 
iQ^ême  tous  les  jours  depuis  que  l'attention  des  médecins 
est  mieux  sollicitée  dans  ce  sens.  Si  pour  beaucoup  de  ces 
cas  on  ne  peut  citer  d'autre  preuve  que  le  mode  évolutif  de 
l'épidémie,  la  répartition  des  cas,  la  présomption  sinon  la 
certitude  du  mélange  plus  ou  moins  facile  des  matières  de 
vidange  avec  les  rivières,  les  puits  ou  les  eaux  canalisées, 
pour  beaucoup  d'autres,  à  la  vérité,  nous  possédons  des 
témoignages  plus  irrécusables,  ceux  qui  résultent  de  la 
constatation  du  bacille  typhique  dans  les  eaux  incriminées. 
Les  premières  preuves  de  ce  genre  sont  dues  à  MOrs,  de 
Mulbeim  sur  le  Rhin  (1885),  pui3  à  Michael,  de  Dresde 
(1886),  qui  parvinrent  à  isoler  le  bacille  d'Eberth  dans  des 
eaux  fle  puits  dont  la  consommation  avait  été  la  cause  d'une 
épidémie  typhoïde.  F^resquè  à  la  même  époque  MM.  Chan- 
temesse  et  Widal  exposaient  ici  même,  dans  une  commu- 
nication dont  vous  n'avez  certes  pas  perdu  le  souvenir,  les 
résultats  positifs   de   leurs   recherches  sur   l'eau  d'une 
borne-fontaine  de  Ménilmontant,  d'un  puits  de  pierrefonds, 
du  réservoir  d'une  maison  de  Clermont-Ferrand  ;  en  même 
temps  ils  décrivaient  la  technique  à  suivre  pour  la  recherche 
du  bacille  typhique  dans  ces  conditions.  Depuis  lors  les 
constatations  du  même  genre  se  sont  multipliées.  En  France, 
MM.  E.  Roux  (épidémie  de  Quimper),  Thoinot,  Loir  (eau 
de  Seine),  Chantemesse  (épidémie  de  Belvès),  Macé  (épidé- 
mies de  Nancy,  de  SéJ:anne),  Arloing  et  Morat  (épidémie  de 
Cluny),  Marié-Davy  (épidémie  de  Varzy),  Roux  (de  Lyon^,  etc. , 
démontrent  que  certames  ^aux  justement  suspectées  aans  le 
développement  d'une  épidémie  de  fièvre  typhoïde  véhi- 
culaient l'agent  spécifique  de  cette  maladie.  En  Autriche, 
Kowalski  trouve  cinq  fois  le  bacille  typhique  dans  de»  condi- 
tions identiques.  A  Coïmbro  (Mello  Cabrai  et  Da  Roclia), 
à  Odessa,  la  même  démohjstration  est  fournie.  En  Aile-  I 


magne,  Beumer,  à  propos  de  l'épidémie  de  Wackerow  pr-^ 
de  Greisswald,  isole  le  bacille  typhique  dans  l'eau  d*u 
puits  qui  servait  à  l'alimentation  du  village.  Tout  récem- 
ment  enfin  Pelrescû  déclarait  au  Congrès  d'hygiène  avoL' 
trouvé  le  même  agent  pathogène  dans  plusieurs  puits  de  li 
ville  de  Bucharest.  Encore  cette  énumération  est-elle  saib 
doute  fort  incomplète,  car  ie  ne  prétends  pas  connaître  ton* 
les  faits  où  la  recherche  du  bacille  typhique  a  été  pour- 
suivie avec  succès. 

Malgré  ces  preuves  multiples  venant  de  points  très  diffé- 
rents, quelçiues  auteurs  persistent  à  ne  pas  attribuer  à  h 
contamination  dès  eaux  potables  la  part  légitime  et  grande 
qui  lui  revient  dans  l'étiologie  de  la  fièvre  typhoïde  ;  s'ap- 
puyant  sur  des  expériences  de  laboratoire,  ils  essayent  de 
montrer  que  les  eaux  vulgaires  constituent  un  milieu  abso- 
lument antipathique  aux  bactéries  pathogènes  et  que,  par 
suite,  leur  adultération  5st,  sinon  négligeable,  du  moias  de 
faible  importance.  D'autres  (et  ce  sont  des  microbiologistes 
dont  le  nom  fait  autorité)  proclament,  à  la  vérité,    le  rôle 
considérable  des  eaux  potables  dans  la  propagation  de  /a 
fièvre  typhoïde,  mais  affectent  de  considérer  pomme  dou- 
teuses les  preuves  bactériologiques  que  l'on  cite  à  Tappui  ; 
invoquant  les  difficultés  de  la  recherche  du  bacille  tjpoique 
et  l'impossibilité  où  ils  se  sont  trouvés  de  déceler  sa  pré- 
sence aans  des  eaux  notoirement  coupables  d'avoir  fomenté 
une  épidémie  typhoïde,  ils  semblent  insinuer  que  les  consta- 
tations de  ce  genre  ne  sont  nulle  part  plus  faciles  qu*en 
France,  trop  faciles  peut-être  pour  ne  pas  laisser  place 
à  quelques  soupçons  sur  leur  parfaite  légitimité. 

En  pareille  occurrence,  il  m'a  paru  utile  d'ajouter  aux 
faits  déjà  signalés  ceux  qu'il  m  a  été  donné  d'observer. 
Ayant  été  chargé,  au  laboratoire  du  Val-de-Gràce,  d'analyser 
les  eaux  distribuées  dans  les  garnisons  de  France,  princi- 
palement lorsque  la  fièvre  typhoïde  venait  à  y  sévir,  j'ai  pu, 
plusieurs  fois,  pendant  le  cours  de  ces  épidémies,  démon- 
trer la  présence  du  bacille  typhique  dans  les  eaax  d'ali- 
mentation. Ces  faits  sont  au  nombre  de  cinq.  Je  les  rap- 
Sorterai  brièvement;  s'ils  n'ont  pas  le  mérite  de  la  nouveauté, 
u  moins  ils  formeront  un  contingent  de  preuves  à  l'actif 
des  vues  étiologiques  qui  tendent  de  plus  en  plus  à  pré- 
valoir. 

I.  —  Au  mois  de  mars  1889  éclate  dans  le  régiment  de 
cavalerie  stationné  à  Melun  une  épidémie  de  fièvre  typhoïde 
dont  la  répartition  semblait  indiquer  que  la  cause  en  pou- 
vait être  Que  à  la  contamination  de  certaines  eaux  potables. 
Le  régiment  tirait  son  eau  de  sept  puits  creusés  dans  la 
caserne  et  aussi  de  la  canalisation  en  eau  de  Seine.  Des 
échantillons  de  cette  dernière  ainsi  que  des  sept  puits  en 
usage,  prélevés  avec  toutes  les  précautions  voulues,  me 
sont  remis  sans  indication  aucune  des  soupçons  qui  pe- 
saient sur  l'un  ou  sur  l'autre.  L'analyse  bactériologique 
Eermet  de  trouver  facilement,  et  en  quantité  notable,  le 
ucille  typhique  dans  deux  de  ces  échantillons.  Or  les  ren- 
seignements tournis  après  la  notification  de  l'analyse  m'ont 
appris  que  la  fièvre  typhoïde  n'avait  atteint  précisément 
que  les  escadrons  faisant  usage  des  puits  dans  lesquels  Le 
bacille  typhique  avait  été  trouvé  ;  les  autres  parties  du  régi- 
ment s'alimentant  aux  puits  non  contaminés  étaient  restées 
indemnes,  à  l'exception  toutefois  de  deux  cavaliers,  je  crois, 

3ui  par  la  nature  de  leur  service  se  trouvaient  à  proximité 
es  puits  souillés  et  y  puisaient  habituellement  leur  eau 
de  boisson.  J'ignore  la  cause  qui  a  pu  provoquer  la  conta- 
mination des  deux  puits. 

IL  —  La  fièvre  typhoïde  est  endémique  dans  la  population 
civile  et  militaire  de  Cherbourg.  Très  frécjuente  parmi  les 
troupes  de  la  marine,  elle  est,  au  contraire,  relativement 
rare  parmi  celles  qui  relèvent  de  la  guerre.  Or  toutes  les 
troupes  de  la  marine  boivent  l'eau  de  la  rivière  la  Divette, 
tandis  que  les  secondes  consomment  l'eau  de  source  ou  des 


20  Décembre  1889        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  »•  51  —    823 


eaux  de  citerne;  exception  doit  être  faite  pour  une  compa- 

fnie  qui,  logée  à  la  caserne  du  Val-de-Saire,  fait  usage  de 
eau  de  la  Divette,  et  c'est  précisément  cette  compagnie 
qui  fournit  la  plupart  des  cas  de  fièvre  typhoïde  observés 
dans  l'armée  de  terre.  Cette  répartition  quasi  permanente 
de  la  maladie  conduisit  M.  le  médecin-major  Collignon  à 
incriminer  nettement  l'eau  de  la  Divette  comme  facteur 
principal  dans  les  épidémies  typhoïdes  qui  sévissent  chaque 
année  à  Cherbourg.  A  l'occasion  de  l'une  de  ces  épidémies, 
en  septembre  1888,  un  échantillon  de  l'eau  suspecte  m'est 
envoyé  pour  l'analyse  bactériologique.  J'y  trouvai,  indépen- 
damment de  nombreuses  bactéries  dites  de  la  putréfaction 
et  du  bacterium  coli  commune^  le  bacille  typhique.  Le  fait 
n'avait  rien  de  surprenant  :  «  La  Divette,  dit  M.  Collignon, 
est  captée  par  une  pompe  élévatoire  presque  à  l'entrée 
de  la  ville.  Sur  tout  son  parcours  elle  est  souillée  par  les 
déjections  et  les  immondices  de  plusieurs  villages  et  de 
nombreuses  fermes  situées  sur  ses  bords.  De  plus,  et  c'est 
le  point  capital,  elle  l'est  encore  davantage  par  les  con- 
séquences d'une  funeste  habitude  locale  :  les  populations 
voisines  de  Cherbourg  utilisent  pour  engraisser  leurs  prai- 
ries artificielles,  notamment  celles  de  la  vallée  de  la  Divette, 
le  produit  brut  des  fosses  d'aisances  de  la  ville.  Celui-ci,  lavé 
par  les  pluies,  est  ramené  au  thalweg  et  à  la  rivière  avec 
tous  les  raicro^organismes  contenus  dans  les  matières 
fécales.  Or  la  fièvre  typhoïde  et  la  dysenterie  sont  endé- 
miques à  Cherbourg;  il  y  a  donc  une  sorte  de  va-et-vient 
des  germes  typhogènes  et  autres.  Les  épidémies  prennent 
naissance,  en  général,  à  la  suite  des  grandes  pluies  et  sur- 
tout des  orages.  »  Tel  avait  été  le  cas  pour  celle  qui  provoqua 
l'analyse  de  l'eau. 

III.  —  Au  mois  de  mai  1888,  une  épidémie  de  fièvre 
typhoïde  éclate  brusquement  dans  la  garnison  de  Mirande. 
Les  eaux  potables  sont  soupçonnées.  Trois  échantillons  sont 
expédiés  au  laboratoire  du  Val-de-Grâce  sans  indication  de 
la  nature  des  eaux  soumises  à  l'analyse. 

Dans  l'un  de  ces  échantillons  j'isole  le  bacille  typhique 
et  le  bacterium  coli  commune;  les  deux  autres  paraissaient 
exempts  de  toute  souillure  dangereuse.  Après  notification 
du  résultat  de  l'analyse,  M.  le  médecin-major  Boutié  m'in- 
forme que  l'échantillon  dans  lequel  le  bacille  typhique  avait 
été  trouvé  provenait  du  réservoir  d'eau  de  la  Baïse  jour- 
nellement utilisé  par  la  garnison;  les  deux  autres  étaient 
tires  de  puits  presque  hors  d'usage.  Comment  s'était  pro- 
duite la  contamination?  Cela  ressortira  clairement  des 
détails  suivants  dus  à  l'obligeance  de  M.  Boutié. 

En  face  de  la  caserne  de  Mirande  existe  un  bureau  d'oc- 
troi. Dans  le  courant  du  mois  d'avril,  la  femme  du  préposé 
y  tombe  malade  d'une  fièvre  typhoïde  grave;  ses  selles,  à 
défaut  de  latrines,  sont  déversées  chaque  jour  dans  un 
ruisseau-égout  contigu  à  la  maison  d'habitation.  Ce  ruisseau, 
après  un  parcours  peu  étendu,  vient  se  jeter  dans  la  Baïse 
à  25  mètres  environ  du  point  où  une  machine  élévatoire 
opère  la  prise  d'eau  qui  sert  à  alimenter  la  caserne  et  une 
partie  de  la  ville  de  Mirande.  Or,  c'est  vers  le  15  mai  qu'on 
observe  brusquement  dans  la  garnison  un  très  grand  nombre 
de  cas  de  fièvre  typhoïde;  en  même  temps  quelques  per- 
sonnes de  la  ville  sont  atteintes.  Pendant  les  jours  qui  sui- 
vent la  fièvre  typhoïde  continue  à  sévir  sur  toutes  les  parties 
de  la  caserne,  mais  disparait  aussitôt  que  le  déplacement 
de  la  troupe  est  ordonné. 

IV.  —  En  novembre  1888  éclate,  à  Bourg-en-Bresse,  une 
épidémie  de  fièvre  typhoïde  dont  l'histoire  a  été  relatée  par 
SI.  le  docteur  Passerat  (Lyon  médical,  1889).  Jusqu'à  celle 
époque,  dit  ce  confrère,  la  maladie  ne  s'était  jamais  montrée 
d  une  manière  épidémique  dans  cette  ville.  On  en  citait  les 
cas  isolés  comme  des  événements  rares  et  curieux.  L'inva- 
sion se  fit  avec  une  telle  rapidité  qu'en  moins  de  dix  jours 


dix-sept  cas  étaient  signalés  à  la  caserne  et  vingt-cinq  en 
ville  ;  le  chiffre  total  des  atteintes  s'éleva  à  quatre-vingts. 

L'affection  frappe  tous  les  quartiers,  mais  certains  groupes 
de  maisons,  certaines  agglomérations  présentent  une  immu- 
nité remarquable.  Il  importe  de  dire  immédiatement  que 
la  ville  de  Bourg  est  alimentée  en  eau  de  boisson  par  la 
canalisation  des  sources  de  Lent  et  aussi  par  de  nombreux 
puits  creusés  dans  la  même  nappe  souterraine.  La  première 
distribue  l'eau  dans  tous  les  quartiers,  mais  certains  établis- 
sements ont  conservé  leurancien  mode  d'approvisionnement  ; 
des  pompes  vont  puiser  l'eau  dans  la  nappe  aquifère  locale. 
€  Or  l'examen  de  l'épidémie  montra  que  tous  les  établisse- 
ments tirant  exclusivement  leur  eau  de  boisson  de  la  nappe 
locale  sont  exempts  de  la  fièvre  typhoïde,  et  que  tous  les 
établissements  recevant  l'eau  de  la  canalisation  municipale 
présentent  des  cas  de  cette  maladie.  Dans  les  premiers,  pas 
un  cas  de  fièvre  typhoïde  ;  dans  les  seconds,  y  compris  la 
caserne,  au  moins  quarante  cas.  En  comparant  la  popula- 
tion des  deux  séries,  on  voit  cependant  que  la  population 
des  établissements  indemnes  atteint  presque  le  chiffre  de 
4500  personnes,  tandis  que  les  autres  n'en  comptent  guère 
plus  de  2000.  » 

La  pollution  des  eaux  de  Lent  (canalisation  municipale) 
semblait  devoir  être  incriminée  avec  juste  raison.  Un  échan- 
tillon de  cette  eau  me  fut  remis  le  28  novembre  et  l'analyse 
bactériologique  y  décela  la  fréquence  du  bacille  typhique. 

Quelle  était  la  cause  de  cette  contamination?  L'eau  a-t-elle 
été  souillée  à  son  origine  ou  pendant  son  trajet  entre  Lent 
et  les  bouches  de  distribution  à  Bourg?  M.  le  docteur  Pas- 
serat  estime  que  la  pollution  a  dû  se  produire  au  niveau 
des  champs  de  capta^e  des  sources  de  Lent  et  par  le  fait  de 
circonstances  qu'il  indique  avec  détails  dans  le  mémoire 
auquel  il  a  été  fait  allusion. 

V.  —  Les  épidémies  de  fièvre  typhoïde  sont  fréquentes  et 
graves  dans  la  garnison  de  Cha'tellerault,  aussi  bien,  JQ 
crois,  que  dans  la  population  civile.  Le  casernement  habité, 
par  la  troupe  est  neuf,  bien  aéré,  convenablement  aménagé, 
presque  irréprochable,  et  cependant  la  dothiénentérie  y 
règne  pour  ainsi  dire  chaque  année.  A  l'occasion  de  l'une 
de  ces  épidémies,  en  juin  1888,  un  échantillon  de  l'eau 
potable  oistribuée  à  la  troupe  est  expédié  au  Val-de- 
Grâce;  après  une  série  d'essais  d'aboîd  infructueux,  ie  par- 
viens à  y  rencontrer  des  spécimens  typiques  du  bacille 
d'Eberth. 

Dans  ce  cas  le  mécanisme  de  la  souillure  est  facile  à 
saisir.  L'eau  potable  que  consomme  la  garnison  est  fournie 
par  la  Vienne.  Cette  rivière  reçoit  sur  son  parcours  les 
déjections  de  la  ville  et  la  prise  d'eau  qui  alimente  le  réser- 
voir de  la  caserne  est  faite  en  aval  des  points  où  se  déversent 
les  égouts. 

Je  passerai  sous  silence  les  procédés  techniques  mis  en 
œuvre  pour  isoler  le  bacille  typniaue  dans  ces  différents  cas 
et  me  oornerai  à  dire  que  sa  recnerche  a  été  narfois  labo- 
rieuse, difficile,  nécessitant  jusqu'à  10,  15,  30  tentatives 
avant  d'arriver  au  but;  que  la  détermination  certaine  de 
son  identité  est  semée  d'embûches  et  de  causes  d'erreurs. 
J'ajouterai  encore,  afin  de  prévenir  les  critiques,  que  j'ai 
eu  pour  règle  invariable  de  ne  jamais  affirmer  la  présence 
du  «acille  typhique  dans  les  eaux  avant  d'avoir  soumis  l'or- 
ganisme considéré  comme  tel  à  l'épreuve  des  cultures 
comparatives  faites  avec  le  bacille  d'Eberth  extrait  de  la 
rate  d'un  typhique.  Les  deux  organismes  étaient  ensemen- 
cés parallèlement  dans  des  milieux  rigoureusement  iden- 
tiques {bouillon,  gélatine,  gélose  faits  et  stérilisés  le  même 
jours;  tranches  de  pomme  déterre  taillées  dans  le  même 
tubercule,  cuites  et  stérilisées  simultanément)  et  placés  à 
la  même  température;  l'identité  n'était  admise  que  lorsque 
les  cultures,  par  leur  mode  de  développement  et  leurs  ca- 
ractères généraux,  se  montraient  strictement  semblables. 


824    —  N-  61  — 


GAZETTE  HEBDOMABAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       20  Déceiibre  1889 


Dans  l'état  actuel  de  la  science,  je  ne  sache  pas  c^ue  nous 
possédions  un  critérium  plus  sûr^  et  j'ai  cru  légitime  de 
conclure  qu'un  organisme  présentant  tous  les  caractères 
morphologiques  du  bacille  décrit  par  Ëberth-Gaffky,  se 
cultivant  dans  les  divers  milieux  d'une  manière  strictement 
confornie  en  tout  point,  ne  devait  être,  ne  pouvait  être,  en 
bonne  logique,  que  le  bacille  tjphique  lui-même. 

Peut-être  ai-je  dû  à  ce  contrôle  obligatoire  de  ne  pas 
affirmer  la  présence  du  bacille  typhique  dans  des  eaux  où 
sans  doute  il  existait;  et  ceci  demande  explication. 

Quelauefois,  en  des  circonstances  où  I  observation  pure 
et  simple  semblait  imposer  la  contamination  certaine  des 
eaux  potables,  j'ai  rencontré  des  organismes  qui  ne  se 
diiîérenciaient  du  bacille  d'Ëberth-Gaffky  que  par  de  légères 
variantes  dans  leurs  modes  de  culture  sur  gélatine  ou  sur 
pomme  de  terre.  Sur  ce  dernier  milieu,  par  exemple,  la 
culture  était  plus  épaisse,  un  peu  teintée  de  jaune.  Ces 
caractères  n'appartiennent  pas  ou  ne  sont  pas  décrits  au 
bacille  typhique  récemment  extrait  de  la  rate  d'un  sujet 
atteint  de  dolhiénentérie;  aussi  ai-je  eu  garde  alors  de 
conclure  à  l'identité.  Cependant  on  sait  que  le  bacille  qui 
a  vieilli  dans  les  cultures  peut  présenter  des  aspects  sem- 
blables sur  la  pomme  de  terre.  D'autre  part  les  recherches 
que  je  poursuis  en  ce  moment  avec  mon  collaborateur, 
M.  le  docteur  Vincent,  me  conduisent  à  penser  que,  par  le 
fait  de  certaines  conditions,  comme  le  séjour  plus  ou  moins 
prolongé  dans  l'eau  commune  ou  stérilisée,  le  bacille 
typhique  peut  subir  des  modifications  qui  l'éloignent  singu- 
lièrement du  type  officiel.  Sans  entrer  dans  le  détail  de 
faits  qui  ferontl  objet  d'un  travail  ultérieur,  je  dirai  seule- 
ment que  les  conditions  visées  transforment  le  bacille 
typhique  au  point  de  le  rendre  presque  méconnaissable, 
d'apporter  du  moins  de  sérieuses  difficultés  à  son  identifi- 
cation. Sa  culture  sur  pomme  de  terre  qui,  sans  être  abso- 
lument caractéristique  (1),  constitue  cependant  un  élément 
de  premier  ordre  pour  la  diagnose,  devient  alors  plus 
épaisse  et  légèrement  colorée  en  jaune  pâle  ou  jaune  brun. 
Cette  particularité  est  bien  de  nature  à  dérouter  les  inves- 
tigations du  microbiologiste,  s'il  n'admet  comme  légitime 
que  le  bacille  typhique  réunissant  tous  les  caractères  dé- 
crits par  GafTky  et  chez  nous  par  MH.  Chantemesse  et  Widal  ; 
il  n'osera  considérer  comme  tel  un  bacille  typhique  que  les 
conditions  dans  lesquelles  il  a  vécu  auront  modifié  suivant 
le  sens  indiqué.  Assurément  j'ai  rencontré  des  circonstances 
de  ce  genre  et  je  me  suis  abstenu  de  conclure  à  la  présence 
du  bacille  typhique;  je  me  suis  abstenu  aGn  de  garder  à  mes 
conclusions  toute  la  rigueur  désirable,  mais  peut-être, 
mieux  éclairé  aujourd'hui,  agirais-je  autrement. 

Les  faits  rapportés  ci-dessus  me  semblent  constituer  une 
nouvelle  preuve  du  rôle  de  l'eau  de  boisson  comme  vecteur 
du  germe  typhique  et  surtout  de  la  possibilité  d'y  .déceler 
réellement  sa  présence;  c'est  d'ailleurs  le  seul  titre  qu'ils 
avaient  à  vous  être  soumis.  Ajouterai-je  qu'ils  ont  concouru 
pour  leur  part  à  démontrer  l'urgente  nécessité  de  cer- 
taines mesures  prophylactiques?  Une  vaste  enquête  pres- 
crite par  le  ministère  de  la  guerre  et  poursuivie  par  le 
Directeur  du  service  de  santé  a  établi  combien  souvent  était 
défectueuse  l'eau  distribuée  dans  les  diverses  garnisons 
de  France,  combien  aussi  étaient  fréquentes  les  relations 
entri  le  règne  de  la  fièvre  typhoide  et  la  mauvaise  qua- 
lité des  eaux  potables;  l'analyse  bactériologique,  en  dé- 
montrant l'existence  de  l'agent  pathogène  dans  quelques- 
unes  ou  l'impureté  notoire  de  beaucoup  d'autres,  a  fourni 
la  preuve  convaincante  de  leur  nocuité.  Aussi  l'admi- 
nistration centrale  s'est-elle  efforcée  d'obtenir  des  munici- 
palités qu'une  eau  pure  soit  servie  aux  troupes,  que  l'eau 

(1)  J'ai  rencontré  dans  l'eau  et  dans  le  sol  un  bacille  mobile,  se  décolorant 

par  la  méthode  do  Gram  et  qui    présente  sur  la  pomme  de  terre,  mais  sur  ce 

milieu  seulement,  un  développement  tout  à  bit  semblable  à  celui  du  bacille 
typhique. 


de  source  soit  substituée  partout  à  l'eau  de  rivière  ou  d^ 
puits;  de  là  encore  la  décision  prise,  soit  à  titre  temporaire 
en  attendant  l'eau  de  source,  soit  à  litre  définitif  pour  puri- 
fier les  eaux  là  où  les  sources  manquent,  de  pourvoir  le> 
casernes  en  nombre  suffisant  de  filtres  Chamberland.  Dis- 
tribuer de  l'eau  pure  et,  à  son  défaut,  de  l'eau  rigoureuse- 
ment débarrassée  de  ses  germes  dangereux,  tel  est  le  bot 
actuellement  poursuivi. 

Ces  mesures  prophylactiques  sont  presque  partout  en 
cours  d'exécution  et  les  bénéfices  qui  en  ressortîront  pour 
la  santé  du  soldât  sont,  je  n'en  doute  pas,  absolument 
certains. 

Est-ce  à  dire  que  la  souillure  des  eaux  potables  constitue 
l'uniaue  cause  de  l'entretien  de  la  fièvre  typhoïde  dans  les 
grandes  agglomérations,  que  la  visée  exclusive,  le  seul 
effort  de  la  prophylaxie  doive  consister  à  faire  distribuer  des 
eaux  de  boisson  absolument  pures? 

Sans  doute,  l'eau  est  le  véhicule  le  plus  ordinaire,  le  plo^ 
important  peut-être,  le  plus   redoutable  assurément  du 
germe  typhique.  Supprimer  ce  facteur,  c'est  diminuer  sûre- 
ment et  dans  des  proportions  considérables  les  chances  de 
diffusion  de  la  maladie;  c'est  simplifiertaussi  les  recherthes 
à  faire  sur  les  autres  voies  et  moyens  que  peut  prendre 
l'agent  pathogène  pour  arriver  jusau  a  l'homme,  car  du  jour 
où  on  n'aura  plus  à  mettre  en  (toute  la  qualité  des  eaux 
potables,  les  diverses  inconnues  du  problème  étiologique 
deviendront  plus  faciles  à  résoudre.  Hais  on  ne  saurait 
laisser  croire  que  le  seul  fait  de  fournir  des  eaux  rigoureu- 
sement pures  assurera  partout,  et  dans  toutes  les  circon- 
stances, l'extinction  de  la  fièvre  typhoïde.  Personne,  même 
parmi  les  partisans  les  plus  résolus  de  la  propagation  de  la 
maladie  par  les  eaux  potables,  n'a  songé  à  soutenir  que  cette 
condition  étiologique  suffisait  à  expliquer  tous  les  faits  et 
tous  les  cas,  que  l'eau  seule  était  redoutable  et  qu'il  était 
inutile  de  chercher  ailleurs  les  causes  de  la  dothiéiien- 
térie.   On  admet  et  on   sait,  au   contraire,  qu'il  existe 
d'autres    modes  de  contamination,  que  l'agent  pathogène 
peut  et  doit  résider  en  des  milieux  différents  où  nous 
risquons  de  le  puiser  par  des  procédés  multiples.  Il  ne 
m'appartient  pas  d'envisager  ici  ce  côté  de  la  c^uestion  et  de 
fouiller  dans  tous  ses  détails  le  problème  étiologique.  La 
tâche  d'ailleurs  serait  bien  malaisée;  pourra-t-on  jamais 
suivre  un  germe  dans  toutes  ses  pérégrinations  possibles, 
depuis  sa  sortie  de  l'organisme  malade  jusqu'à  son  arrivée 
au   contact  de  l'organisme  qu'il  va  infecter?  pourra-t*on 
expliquer  toujours,  dans  leur  filiation,  les  cas  isolés  de 
fièvre  typhoïde,  les  cas  dits  sporadiques? 

Je  désire  toutefois  vous  signaler  un  fait  particulier  qui, 
s'il  a  été  bien  observé,  me  parait  mériter  attention  ;  il  con- 
firme une  opinion  maintes  fois  émise  par  des  épidémio/o- 
gistes  militaires,  à  savoir  que  les  poussières  réparties  à  la 
surface  ou  dans  les  interstices  des  planchers  peuvent  éven- 
tuellement receler  la  cause  de  la  fièvre  typhoïde,  et  que 
cette  circonstance  est  de  nature  à  expliquer  soit  la  perma- 
nence, soit  la  localisation  plus  accentuée  de  la  maladie  dans 
certaines  casernes  ou  dans  quelques  chambres  d'une  même 
caserne.  Le  document  dont  il  s'agit  est  un  travail  du  médecin 
militaire  russe  Chour,  ayant  pour  titre  :  Une  épidétnie  de 
fièvre  typhoide  causée  par  les  poussières  dans  la  caserne 
Hammermann;  il  a  été  traduit  du  russe  par  M.  le  médecin- 
major  Leiong  et  j'en  dois  la  connaissance  à  l'obligeance  de 
M.  le  Directeur  du  service  de  santé  au  ministère  de  la 
guerre.  Voici  le  fait  brièvement  commenté  : 

Deut  régiments  d'infanterie  stationnésà  Jitomir  et  recevant 
la  même  eau  potable  sont  inégalement  atteints  par  la  fièvre 
typhoïde.  L'un,  lel27«,fournitune  morbidité  de9,6pour  1000 
en  1885  et  de  3,2  pour  1000  en  1886;  l'autre,  le  régiment 
de  Kourtk,  présente  pendant  les  mêmes  périodes  une  mor- 
bidité bien  plus  élevée  et  dont  l'étude  détaillée  aboutit  à  des 
constatations  significatives. 


20  Décembre  1889       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


-  N*  51  —    825 


Ce  régimenlde  Kuurik  esl  réparti  en  des  points  diiïérents 
de  la  ville.  La  fraclion  logée  à  la  caserne  Hammermann  se 
fait  remarquer  par  une  morbidité  typhoïde  de  beaucoup 
supérieure  à  celle  qui  esl  relevée  pour  Fensemble  des 
autres  parties  du  même  corps.  Tandis,  en  effet,  que  les 
atteintes  portant  sur  ces  dernières  étaient  de  11  pour  1000 
en  1885  et  de  16  pour  1000 en  1886,  elles  se  chiffraient  à  la 
caserne  Hammermann  par  15  pour  1000  en  1885  et  50J 
pour  1000  en  1886.  Une  donnée  plus  importante  encore  se 
dégage  des  éléments  de  la  slalistiquer  :  parmi  les  troupes  de 
la  c^erne  Hammermann,  une  compagnie,  la  4%  est  surtout 
frappée  en  1886  et  fournit  à  elle  seule  14  cas  de  fièvre 
lypholde  sur  un  effectif  de  90  hommes,  soit  la  proportion 
énorme  de  155  pour  1000. 

Cette  manifestation  intensive  de  la  maladie  en  une  partie 
limitée  de  la  caserne  Hammermann  suggérait  l'idée  d*un 
facteur  étiologique  localisé  en  quelque  sorte  dans  les 
chambres  dont  les  occu[)ants  étaient  si  éprouvés.  Aussi  en 
décembre  1886  le  médecin  en  chef  du  corps  d'armée  provo- 
qua-t-il  l'évacuation  des  locaux  occupés  par  la  4*  compagnie, 
et  la  désinfection  énergique  non  seulement  des  murs  et 
planchers^  mais  encore  des  effets  d'habillement  et  de  la 
literie.  Ceux-ci  furent  soumis  à  la  vapeur  d'eau,  les  planchers 
furent  enlevés,  tout  l'entrevous  fut  imprégné  d'acide  phé- 
nique  à  5  pour  100  et  son  contenu  renouvelé.  Le  stucagedes 
murs  et  des  plafonds  fut  démoli;  on  fit  vaporiser  daus  les 
chambres  du  chlore  mélangé  à  de  l'acide  phénique  à 
5  pour  100,  enfin  toutes  les  boiseries  fureut  repeintes  à 
neuf. 

Après  l'exécution  de  ces  mesures  radicales  la  4' compagnie 
occupe  à  nouveau  son  casernement  habituel  ;  sa  mor- 
bidité typhoïde  se  réduisit  à  1,7  pour  1000  en  1887,  et 
devint  nulle  en  1888. 

Or,  pendant  le  même  laps  de  temps,  dans  les  chambres 
de  la  caserne  qui  n'avaient  pas  été  soumises  à  la  désinfection, 
laHèvre  typhoïde  continuailàsévir  avec  persistance,  donnant 
une  morbidité  de  22  pour  1000  en  1887  et  de  33  pour  liiOO 
en  1888,  alors  que  lesatteintes  n'étaient  que  de  11  pour  lOOO 
et  de  16  pour  1000  dans  l'ensemble  des  autres  parties  de  la 
garnison.  , 

La  disparition  si  remarquable  de  la  maladie  dans  les 
locaux  soigneusement  désinfectés,  sa  persistance,  au  con- 
traire, et  à  un  taux  élevé,  dans  ceux  qui  n'avaient  été  l'objet 
d'aucune  mesure  de  ce  genre,  apportaient  une  confirmation 
de  plus  à  l'hypothèse  d'une  cause  locale,  inhérente  à  l'ha- 
bitat lui-même.  Sur  l'avis  du  médecin  en  chef  du  corps 
d'armée,  les  poussières  du  plancher  et  de  l'entrevous  des 
chambres  infectées  furent  soumises  à  un  examen  bac- 
tériologique. Dans  ces  poussières  éminemment  riches  en 
microbes  {14  millions  par  gramme),  on  parvint  à  déceler 
la  présence  du  bacille  typhique  ;  c'était  l'explication  pré- 
cise des  particularités  mises  en  lumière  par  la  statis- 
tique et  fa  démonstration  complète  du  rôle  Joué  par  les 
souillures  des  parquets  dans  la  fréquence  plus  grande  de 
la  fièvre  typhoïde  à  la  caserne  Hammermann. 

Les  chambres  contagionnées  furent  immédiatement  éva- 
cuées et  les  hommes  allèrent  camper  dans  un  bois  voisin 
de  Jitomir.  Trois  cas  furent  encore  constatés  du  5  au 
20  mars  chez  des  hommes  qui  avaient  quitté  la  caserne  en 
état  d'incubation  ;  mais  à  partir  de  cette  époque,  aucun  cas 
ne  fut  constaté,  ce  qui  permit  de  considérer  la  maladie 
comme  éteinte. 

D'où  provenait  l'agent  pathogène  ainsi  répandu  dans  les 
poussières  du  plancher  et  de  l'entrevous?  On  ne  peut  aue 
le  soupçonner.  Il  est  plus  facile  d'expliauer  comment  il  a 
pu  sortir  de  ce  milieu  pour  infecter  les  individus  :  les 
secousses  imprimées  par  la  marche,  un  courant  d'air  un 
peu  vif,  chaque  balayage  soulèvent  avec  les  poussières  les 
germes  qu'elles  supportent;  ceux-ci  passent  dans  l'atmo- 
sphère ou  l'appareil  pulmonaire  les  capte,  se  déposent  à  la 


surface  des  aliments,  des  ustensiles  de  table  ou  autres 
objets  qui  facilitent  leur  introduction  directe  dans  le  tube 
digestif. 

En  ce  qui  concerne  la  constatation  du  bacille  typhique 
dans  les  poussières  des  planchers  et  de  l'entrevous,  il 
importe  de  dire  que  le  fait  rapporté  par  le  docteur  Chour 
n'est  pas  isolé  dans  la  science.  Tryde  et  Salomonsen,  en 
1884,  ont  pu  trouver  le  bacille  typhique  non  seulement 
dans  le  sol,  mais  encore  dans  le  plancher  d'une  caserne  de 
Copenhague  infestée  par  la  dothiénentérie.  Utpadel,  à 
Augsbourg,  Birch-Hirschfeld,  à  Leipzig,  d'après  une  cita- 
tion que  j'emprunte  au  docteur  Chour,  auraient  de  même 
décelé  la  présence  du  bacille  typhique  dans  des  circon- 
stances absolument  identiques. 

Ces  faits  ont  une  moralité  qu'il  est,  je  crois,  bon  d'en- 
tendre; ils  nous  montrent  qu'en  certains  cas,  l'endémicité 
ou  la  fréquence  plus  grande  de  la  fièvre  typhoïde  dans  les 
habitations  collectives  sont  peut-être  imputables  à  la  pré- 
sence de  l'agent  pathogène  parmi  les  poussières  des  par- 
quets. La  notion  n'est  pas  neuve  en  tant  qu  hypothèse, 
mais  elle  n'avait  pas  encore  reçu  de  confirmation  positive. 
S'il  est  indispensable  de  veiller  à  la  bonne  qualité  des 
eaux  potables,  il  ne  sera  pas  inutile  d'envisager  aussi  les 
dangers  qui  peuvent  évenluellement  venir  des  poussières 
répandues  dans  les  locaux  habités,  surtout  lorsqu'il  s'agit 
d'habitations  collectives.  Ces  dangers  sont  connus  pour  ce 
qui  a  trait  à  la  tuberculose.  Cornet  a  prouvé  de  la  manière 
la  plus  saisissante  la  présence  du  bacille  tuberculeux  à 
l'état  virulent  dans  les  poussières  des  salles  d'hôpital, 
des  chambres  où  un  phthisique  crache  sur  le  plancher, 
dans  son  mouchoir.  H.  Marfan  en  fournissait  récem- 
ment une  nouvelle  preuve  par  ce  lamentable  récit  d'une 
épidémie  de  phthisie  pulmonaire  (14  décès  en  11  ans) 
ODservée  dans  le  bureau  d'une  grande  administration 
civile  de  Paris  et  dont  le  point  de  départ  était  la  conta- 
mination d'un  plancher  défectueux  par  les  crachats  d'un 
[premier  phthisique.  Ce  qui  est  vrai  de  la  tuberculose  parait 
'être  également  pour  la  fièvre  typhoïde  et  pour  d'autres 
affections  transmissibles,  la  pneumonie,  la  diphthérie, 
par  exemple.  Je  ne  crois  donc  pas  trop  m'avancer  en  disant  : 
la  question  des  planchers  et  des  poussières  qu'ils  recèlent 
s'impose  à  l'attention  de  ceux  qui  s'occupent  de  la  prophy- 
laxie des  maladies  infectieuses. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Aeadémte  4e  médecine* 

SÉANCE    PUBLIQUE     ANNUELLE     DU     10    DÉCEMBRE    1889.   — 
PIIÉSIOENGE   DE   M.   MOUTARD-MARTIN. 

(Fin.  —  Voyez  le  numéro  50.) 

PRIX  PROPOSÉS  POUR  L'ANNÉE  1890. 
(Les  concours  seront  clos  fin  février  1890.) 
Prl\  de  l'Académie  (1000  francs).  —  Question  :  Des  pelades. 

Prix  Alvarenga  de  Piauhy  (Brésil)  (800  francs).  —  Ce  prix 
sera  distribué  à  Fauteur  du  meilleur  mémoire  ou  œuvre  inédiie, 
dont  le  sujet  restera  au  choix  de  Tauleur  sur  n'importe  quelle 
branche  de  la  médecine. 

Prix  Amussat  (800  francs).  —  Ce  prix  sera  décerné  à  Fauteur 
du  travail  ou  des  recherches  basés  simultanément  sur  ranatomic 
et  sur  Texpérimentation  qui  auront  réalisé  ou  préparé  le  progrès 
le  plus  important  dans  la  thérapeutique  chirurgicale. 

Prix  Barbier  (2200  francs).  —  Ce  prix  sera  décerné  à  celui 
qui  aura  découvert  des  moyens  complets  de  guérison  pour  les 
maladies  reconnues  incurables,  comme  la  rage,  le  cancer,  Tépi- 
lepsie,  les  scrofules,  le  typhus,  le  choléra  roorbus,  etc. 


826    —  W  51  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        20  Décembre  1889 


Prix  Henri  Buignet  (1500  francs).  —  Ce  prix  sera  décerné  à 
Tauteur  du  meilleur  travail,  manuscrit  ou  imprimé,  sur  les 
applications  de  la  physique  ou  de  la  chimie  aux  sciences  médi- 
cales. 

Prix  Capuron  (iOOO  francs).  —  Question  :  De  Vavortement  à 
répétition  et  des  moyens  d'y  remédier. 

Prix  Civrieux  (900  francs).  —  Question:  Des  névrites. 

Prix  Daudet  (1000  francs).  —  Question  :  De  la  leucémie. 

Prix  Desportes  (1300  francs).  —  Ce  prix  sera  décerné  à 
Tauleur  du  meilleur  travail  de  thérapeutique  médicale  pratique. 

Prix  Falret  (1000  francs).  —  Question:  Des  folies  diathé- 
signes. 

Prix  Ernest  Godard  (1000  francs).  —  Au  meilleur  travail  sur 
la  pathologie  interne. 

Prix  Herpin  (de  Metz)  (1200  francs).  —  Question:  Traitement 
abortif  de  C anthrax. 

Prix  de  l'hygiène  de  l'enfance  (lOOO  francs),  —  Question: 
De  Véducation  des  organes  des  sens,  de  la  vue  et  de  fouie 
dans  la  première  et  la  deuxième  enfance. 

Prix  Laborie  (5000  francs). —  Ce  prix  sera  décerné  à  Tauteur 
du  travail  qui  aura  fait  avancer  notablement  la  science  de  la 
chirurgie. 

Prix  Laval  (iOOO  francs).  —  Ce  prix  devra  être  décerné 
chaque  année  à  Télève  en  médecine  qui  se  sera  montré  le  plus 
méritant. 

Prix  Lefëvre  (1800  francs).  —  Question  :  De  la  mélancolie. 

Prix  MevNot  (2600  francs).  —  Ce  prix  sera  décerné  à  l'auteur 
du  meilleur  travail  sur  les  maladies  de  Toreillo. 

Prix  Adolphe  Monbinne  (1500  francs).— M. Monbinne  a  légué 
à  l'Académie  une  rente  de  1500  francs,  destinée  c  à  subven- 
tionner, par  une  allocation  annuelle  (ou  biennale  de  préférence), 
des  missions  scientifiques  d'intérêt  médical,  chirurgical  ou  vété- 
rinaire.  Dans  le  cas  où  le  fonds  Monbinne  n'aurait  pas  à  recevoir 
la  susdite  destination,  l'Académie  pourra  en  employer  le  montant 
soit  comme  fonds  d'encouragement,  soit  comme  fonds  d'assis- 
tance, à  son  appréciation  et  suivant  ses  besoins.  > 

Prix  Orfila  (2000  francs).  —  Question  :  Existe-t-il  dans  Vair, 
dans  Veau  ou  dans  le  sol,  des  corps,  de  nature  animée  ou 
nurement  chimiques,  aptes  à  développer  Vimpaludisme, 
lorsque,  par  les  moyens  ordinaires  ou  expérimentaux,  ils  sHn- 
troduisent  dans  l'économie  animale? 

Prix  Oulmont  (1000  francs).  —  Ce  prix  sera  décerné  à  l'élève 
en  médecine  qui  aura  obtenu  le  premier  prix  (médaille  d'or)  au 
concours  annuel  des  prix  de  l'Internat.  (Chirurgie.) 

Prix  Perron  (3800  francs).  —  Ce  prix  sera  décerné  à  l'auteur 
du  mémoire  qui  paraîtra  à  l'Académie  le  plus  utile  au  progrès 
de  la  médecine. 

Prix  Portal  (800  francs).  —  Question  :  Du  mal  perforant. 

Prix  Pourat  (1200  francs).  —  Question  :  Déterminer  par  des 
expériences  précises  s'il  existe  un  ou  plusieurs  centres  respi- 
ratoires. 

Prix  Saint-Lager  (1500  francs).  —  Ce  prix  sera  décerné  à 
l'expérimentateur  qui  aura  produit  la  tumeur  thyroïdienne  à  la 
suite  de  l'administration  aux  animaux  de  substances  extraites  des 
eaux  ou  des  terrains  à  endémies  goitreuses. 

Prix  Saint-Paul  (25000  francs),  pour  la  fondation  d'un  prix 
de  pareille  somme,  qui  serait  décerné  à  la  personne,  sans  dis- 
tinction de  nationalité,  ni  de  profession,  qui  aurait,  la  première, 
trouvé  un  remède  reconnu  par  l'Académie  comme  efûcace  et 
souverain  contre  la  diphthérie. 

Prix  Stanski  (1800  francs).  —  Ce  prix  sera  décerné  à  celui 
qui  aura  déniontré  le  mieux  l'existence  ou  la  non-existence  de  la 
contagion  miasmatique,  par  infection  ou  par  contagion  à  dis- 
tance. 

Prix  Vernois  (700  francsj.  —  Ce  prix,  oui  est  unique  et 
annuel,  sera  décerné  au  meilleur  travail  sur  l'hygiène. 

PRIX  PROPOSÉS  POUR  L'ANNÉE  1891. 

(Les  concours  seront  clos  fin  février  1891.) 

Prix  de  l'Académie  (1000  francs).  —  Question  :  De /a  part 
de  Vair  dans  la  transmission  d$  la  fièvre  typhoïde. 


Prix  Alvarenga  (800  francs).   —  Ce  çrix  sera  distribua 
Tauteur  du  meilleur  mémoire  ou  œuvre  inédite  (dont  le  sm-* 
restera  au  choix  de  l'auteur)  sur  n'importe  quelle  branche  de  u 
médecine. 

Prix  Barbier  (2000  francs)  (comme  pour  1890). 

Prix  Henri  Buignet  (1500  francs)  (comme  pour  1890). 

Prix  Capuron  (1000  francs).  —  Question  :  De  l  action  du 
eaux  salines  sur  les  fibromes  utérins. 

Prix  Civrieux  (900  francs).  —  Question  :  Des  rémissUm 
dans  In  paralysie  générale  des  aliénés.  « 

Prix  Daudet  (1000  francs).  —  Question  :  Du  traitement  rir«- 
rurgical  du  goitre  et  de  ses  conséquences  immédiates  ou 
éloignées. 

Prix  Desportes  (1300  francs).  —  Ce  prix  sera  décerné  4 
l'auteur  du  meilleur  travail  de  thérapeutique  médicale  pratique. 

Prix  Ernest  Godard  (1000  francs).  —  Au  meilleur  travail  sur 
la  pathologie  externe. 

Prix  Itard  (2700  francs).  —  Ce  prix  sera  accordé  à  Panipur 
du  meilleur  livre  de  médecine  pratique  ou  de  thérapeutiqur» 
appliquée. 

Prix  Laborie  (5000  francs)  (comme  pour  1890). 

Prix  Laval  (1000  francs)  (comme  pour  1890). 

Prix  Meynot  (2600  francs)  (comme  pour  1890). 

Prix  Adolphe  Monbinne  (1500  francs)  (comme  pour  1890). 

Prix  Oulmont  (1000  francs).  —  Ce  prix  sera  décerné  à  l'élèvt» 
en  médecine  qui  aura  obtenu  le  premier  prix  (médaille  d  or» 
au  concours  annuel  des  prix  de  Tlntemat.  (Médecine.) 

Prix  Portal  (800  francs).  —  Question:  Anatomie  patholo- 
gique des  érysipèles. 

Prix  Poôrat  (1200  francs).  —  Question:  De  la  tension  san- 
guine intravasculaire. 

Prix  Vernois  (700  francs)  (comme  pour  1890). 

PRIX  PROPOSÉS  POUR  L'ANNÉE  1892. 
(Les  concours  seront  clos  fin  février  1892.) 

Prix  de  l'Académie  (1000  francs).  —  Question  :  Phénomènes 
circulatoires,  thermiques  et  chimiques  de  la  contraction  des 
muscles  striés. 

Prix  Alvarenga  (800  francs)  (comme  pour  1890). 

Prix  Amussat  (800  francs).  —  Ce  prix  sera  décerné  à  Fautear 
du  travail  ou  des  recherches  basés  simultanément  sur  l'anatomie 
et  sur  l'expérimentation  qui  auront  réalisé  ou  préparé  le  progrès 
le  plus  important  dans  la  thérapeutique  chirurgicale. 

Prix  Barbier  (2000  francs)  (comme  pour  1890). 

Prix  Henri  Buignbt  (1500  francs)  (comme  pour  1890). 

Prix  Adrien  Buisson  (9000  francs).  -—  Ce  prix  sera  décerné  i 
Fauteur  des  meilleures  découvertes  ayant  pour  résultat  de  guérir 
des  maladies  reconnues  Jusque-là  incurables  dans  l'état  actuel 
de  la  science. 

Prix  Capuron  (1000  francs).  —  (Jueslion:  De  laphlegmatia 
alba  dolens  au  point  de  vue  obstétrical. 

Prix  Civrieux  (900  francs).  —  Question  :  Établir,  par  des 
recherches  cliniques  et  anatomo pathologiques ,  ta  nature  des 
pseudo -paralysies  saturnine  et  alcoolique 

Prix  Daudet  (1000  francs).  —  Question  :  Leucoplasie  buccale. 

Prix  Desportes  (1300  francs)  (comme  pour  1890). 

Prix  Falret  (1000  francs).  —  Question  :  Accidents  nerveni 
de  Vurémie. 

Prix  Ernest  Godard  (1000  francs).—  Au  meilleur  travail  sur 
la  pathologie  interne. 

Prix  Huguier  (3000  francs).  —  Ce  prix  sera  décerna 
à  l'auteur  du  meilleur  travail,  manuscrit  ou  imprimé  en  France, 
sur  les  maladies  des  femmes,  et  plus  spécialement  sur  te  trai- 
tement chirurgical  de  ces  affections  (non  compris  les  accou- 
chements). 

Prix  Laborie  (5000  francs)  (comme  pour  1890).' 


20  D&GEMBRE  1889       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


—  N*  51  —    827 


Prix  Laval  (1000  francs)  (comme  pour  1890). 

Prix  Louis  (5000  francs).  —  Question  :  De  Veau  froide  dans 
le  traitement  de  la  fièvre  typhoïde. 

Prix  Mège  (900  francs).  —  Question  :  Des  saignées  locales. 

Prix  Meynot  aîné  père  et  fils,  de  Donzère^  (Drôme) 
(^600  francs)  (comme  pour  1890). 

Prix  Adolphe  Monbinne  (1500  francs)  (comme  pour  1890). 

Prix  OuLmont  (1000  francs)  (comme  pour  1890). 

Prix  Pourat  (1200  francs).  —  Question  :  Déterminer  eapéri- 
fnentalemént  le  mode  de  contraction  et  d'innervation  des 
vaisseaux  lymphatiques. 

Prix  Portal  (600  francs).  — -  Question  :  Anatomie  patholo- 
gique du  corps  thyroïde. 

Prix  Vernois  (700  francs)  (comme  pour  1890), 

Nota.  —  Les  concours  des  prix  de  F  Académie  de  médecine 
sont  clo9)  tous  les  ans,  fin  février.  Les  ouvrages  adressés  pour 
ces  concours  devront  être  écrits  lisiblement,  en  français  ou  en 
latin,  et  accompajj^nés  d'un  pli  cacheté  avec  devise,  indiquant  les 
noms  et  adresses  des  auteurs. 

Les  ouvrages  présentés  par  des  étrangers  sont  admis  aux  con- 
cours, à  Texception  des  prix  Buignet  et  Huguier. 

Tout  concurrent  qui  se  sera  fait  connaître,  directement  ou 
indirectement,  sera,  pat  ce  seul  fait,  exclu  du  concours. 

Les  concurrents  aux  prix  Alvarenga,  Buisson,  Amussat,  d*Ar- 

Eenteuil,  Barbier,  Buignet,  Desportes,  Godard,  Huguier,  Itard, 
aborie,  Meynot,  Monbinne,  Perron,  Saint-Paul,  Stanski  et  Ver- 
nois, pouvant  adresser  à  l'Académie  des  travaux  manuscrits  ou 
imprimés,  sont  exceptés  de  cette  dernière  disposition. 

Les  mémoires  présentés  aux  concours  pour  les  services  géné- 
raux des  Eaux  Minérales,  des  Epidémies,  de  THygiéne  de  Ten- 
fance  et  de  la  Vaccine,  travaux  faits  en  dehors  des  questions 
posées  pour  les  prix,  doivent  être  adressés  à  l'Académie,  tous  les 
.ans,  avant  le  !•'  juilleL 

Les  manuscrits^  imprimés  et  instruments,  etc.,  soumis  à  Texa- 
men  de  l'Académie,  restent  sa  propriété. 

Les  prix  seuls  donnent  droit  au  titre  de  lauréat  de  TAcadémie 
de  médecine. 


âÊANGE  DU   17  DÉCEMRRE  1889.   —  PRËSIDENCB  DE 
M.   MOUTARD*MARTIN. 

11.  Le  Dentu,  élit  mambro  titulaire  dans  1«  teciion  de  mddeclae  opératoire, 
prend  place  parmi  set  collègues. 

11.  le  ministre  de  rinstruclion  publique  et  des  beaux-arts  consulte  l'Académie 
sur  le  lieeneUment  de»  ilabUttementt  d'emeignement  en  cas  d'épidémie.  (Gom. 
mission  :  MM.  Brotuirdel,  QUivier.) 

M.  le  docteur  E.  Vidal  (d'Hyèrcs)  et  M.  le  docteur  Rappin  (de  Sautron,  Loire> 
Inférieure)  envoient  des  Plit  eacluté*  dont  le  dépôt  est  accepté. 

M.  le  doctear  Cfi.  Pilât  (de  Lille)  se  porto  candidat  au  titro  de  corrcsdondant 
national  dans  la  division  de  médecine. 

M. le  docteur  Courtois,  médecin  major  au  55*  régiment  d'iufantcrio  à  Marseille, 
envoie  un  rapport  sur  Ut  vaeeinationt  et  rvMceinationt  qu'il  a  pratiquées  en 
1889  à  Alais. 

M.  Vidal  présente,  au  nom  de  M.  Lehir  (de  Lille),  deux  leçons,  l'une  sur  l'épi- 
4émie  de  vaccine  ehancriforme  de  La  Motte-aux-Boit  et  l'autre  sur  la  foiliculite 
dei  fileun  et  rattaeheurt. 

Déclaration  de  vacances.  —  L'Académie  déclare  la 
vacance  d'une  place  parmi  les  associés  libres  en  remplace- 
ment de  H.  Chevreui,  décédé,  et  celle  d'une  place  de 
membre  titulaire  dans  la  section  de  pathologie  chirurgicale, 
par  suite  du  décès  de  M.  Maurice  Perrin. 

Dengue  en  Orient  et  grippe  en  Europe.  —  A  propos 
de  deux  mémoires  envoyés  à  l'Académie  sur  la  dengue  par 
M.  le  docteur  de  Brun^  professeur  à  l'école  de  médecine  de 
Beyrouth  et  médecin  sanitaire  de  Francedans  cette  résidence, 
M.  Proust  lit  un  rapport  sur  ces  mémoires  ainsi  que  sur 
l'épidémie  actuelle  de  grippe  en  Europe. 

La  dengue,  probablement  originaire  des  zones  tofrides,  a 
des  tendances  à  se  propager  aux  régions  les  plus  tempérées, 
ainsi  qu'en  témoignent  les  coups  répétés  qu'elle  a  rrappés 


depuis  cet  été  dans  le  bassin  oriental  de  la  Méditerranée, 
en  Syrie,  dans  la  Palestine,  danslesîles  de  l'Archipel,  puis 
à  ConsUntinople,  à  Salonique  et  à  Athènes.  Aussi  M.  de 
Brun  estime- t-îl  que  la  nouvelle  étape  franchie  par  cette 
affection  est  une  des  dernières  qui  la  sépare  de  nos  fron- 
tières. Elle  s'est  attaquée  à  tout  le  monde,  sans  distinction 
d'âge,  de  sexe,  de  constitution,  de  position  de  fortune,  de 
race,  frappant  aussi  bien  ceux  qui  l'avaient  eue  l'an- 
née précédente,  et  plusieurs  fois  le  même  sujet  à  quel- 
ques jours  d'intervalle.  Presque  tous  les  habitants  des  loca- 
lités envahies  furent  atteints.  Elle  ne  respecte  pas  non  plus 
les  altitudes  élevées,  contrairement  aux  épidémies  anté- 
rieures ;  l'abaissement  de  la  température  n'a  même  eu 
aucun  effet  salutaire  sur  la  fréquence  et  sur  l'intensité  des 
nouvelles  manifestations.  Sur  un  espace  qui  mesure  en 
latitude  plus  de  dix  degrés,  elle  a  certainement  touché  cette 
année  plusieurs  millions  d'habitants.  Enfin,  contrairement 
au  choléra  dont  les  épidémies,  quelque  violentes  qu'elles 
soient,  s'éteignent  sans  que  la  maladie  se  fixe  aux  régions 
sur  lesquelles  elles  se  sont  produites,  la  dengue,  le  plus 
souvent,  s'établit  d'une  façon  définitive  dans  les  contrées 
qu'elle  a  une  première  fois  visitées  ;  c'est  ainsi  qu'à  Bey- 
routh, depuis  1861,  année  où  elle  éclata  pour  la  première 
fois,  elle  s'est  montrée  quatorze  fois. 

Il  serait  à  craindre,  d'après  M.  de  Brun,  que  la  dengue 
ne  continue  sa  marche  envahissante  dans  le  nord  et  dans 
l'ouest,  en  raison  de  la  violence  de  son  invasion  en  Europe 
cette  année,  de  la  facilité  des  communications  et  du  nom- 
bre de  plus  en  plus  grand  des  voies  de  transport  ;  car  c'est 
surtout  la  rareté  des  grandes  routes  et  les  difficultés  des 
déplacements  oui  lui  ont  permis  de  rester  si  longtemps 
cantonnée  au  littoral  phénicien,  sans  se  propager  dans 
l'intérieur  et  sans  s'étendre  à  T  Asie  Mineure. 

A  quels  svmptômespeut*on  la  reconnaître  ?  Quelquefois 
elle  a  un  début  très  caractéristique  :  le  malade  est  en  quel- 
que sorte  immobilisé  dans  la  position  qu'il  occupait  au 
moment  de  l'attaoue.  L'individu  est  surpris,  ordinairement 
en  pleine  santé,  d'un  frisson  léger  accompagné  d'une  cépha- 
lalgie très  intense  ;  d'autres  fois,  l'invasion  de  la  maladie 
est  précédée  d'un  malaise  de  vingt-quatre  à  quarante-huit 
heures  ;  les  yeux  sont  brillants,  le  pharynx  est  rouge,  la 
sécrétion  nasale  augmentée  ;  il  y  a  inappétence  complète. 
La  céphalalgie  est  accompagnée  de  douleurs  arthritic^ues  et 
musculaires  très  vives,  surtout  aux  membres  inférieurs  ; 
l'anxiété  précordiale  est  très  considérable.  La  fièvre  atteint 
toutde  suite  39degrés  et  monte  vite  &  41  degrés.  On  constate 
des  nausées  et   des    vomissements,  de    la  constipation  ; 

Snelquefois  une  toux  nerveuse,  sèche  et  sans  crachats.  La 
èvre,  violente,  dure  de  vingt-quatre  à  quarante-huit  heures, 
accompagnée  de  sueurs  profuses  d'une  odeur  spéciale  ; 
avec  l'abaissement  de  la  température  se  présente  une  érup- 
tion tantôt  scarlatineuse,  tantôt  rubéolique,  et  quelquefois 
pustuleuse,  qui  dure  d'un  à  deux  jours.  Cette  éruption, 
qui  n'est  pas  toujours  constante,  se  termine  par  une  desqua- 
mation furfuracée. 

M.  de  Brun  ne  se  souvient  pas  d'avoir  vu  un  seul  cas  de 
dengue  sans  que  d'autres  personnes  habitant  la  même  mai- 
son aient  été  atteintes  en  même  temps  ou  successivement 
à  intervalles  très  rapprochés.  C'est  par  l'arrivée  dans  une 
localité  d'une  personne  malade  que  la  maladie  s'est  propa- 
gée à  toute  la  Syrie;  on  a  pu  suivre  sa  marche  dans  le  Liban, 
de  village  en  village.  En  somme,  partout  la  dengue  a  été 
manifestement  importée  ;  non  pas  en  raison  de  la  proximité 
des  localités,  mais  de  la  facilité  des  communications.  M.  de 
Brun,  dans  ses  mémoires,  cite  de  nombreux  faits  à  l'appui 
(le  sa  manière  de  voir  et  H.  Prousten  ajoute  plusieurs  autres. 
On  l'a  également  vu^  se  propager  aux  animaux. 

Actuellement  la  dengue  qui,  comme  presque  toutes  les 
grandes  épidémies,  a  eu  pour  berceau  la  zone  intertropi- 
cale, se  retrouve  dans  cette  zone,  soit  à  l'état  sporadique. 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  GHIRUR&IE       20  Décembre  4889 


soil  à  Tétat  endémo-épidémique.  Elle  y  occupe  deux  foyers 
principaux  :  Fun  en  Amérique,  où  elle  s*est  montrée  aussi 
oien  dans  le  Nord,  surtout  le  sol  des  Etats-Unis,  dans  les 
Antilles,  la  Guyane,  que  dans  le  Sud,  au  Pérou  et  au  Brésil; 
l'autre  foyer  existe  sur  les  côtes  baignées  par  l'océan  Indien 
et  la  mer  Rouge.  Bien  que  cette  maladie  ne  soit  pas  çrave 
et  n'occasionne  que  très  exceptionnellement  la  mort,  il  y  a 
lieu  de  se  préoccuper  d'en  préserver  les  pays  non  encore 
envahis.  Il  ne  peut  s'agir  ici  de  quarantaines  ;  il  faudra  se 
contenter  d'une  visite  médicale  et  de  prescrire  la  désinfec- 
tion des  vêtements  et  des  linges  à  usage  des  malades  et  de 
leurs  produits  de  sécrétion  ;  il  sera  également  utile  d'isoler 
les  premiers  malades  eux-mêmes,  comme  on  le  fait  pour 
les  maladies  infectieuses  exanthémaiiaues  transmissibles, 
affections  dans  la  classe  desquelles  la  aengue  parait  devoir 
être  rangée. 

M.  Proust  se  demande  ensuite  quelle  est  la  nature  de 
l'épidémie  qui  sévit  actuellement  à  Paris  et  à  propos  de 
laquelle  le  mot  de  dengue  est  prononcé  par  quelques  méde- 
cins. Ceux-ci  basent  leur  opinion  sur  la  prostration  du  début, 
l'aspect  du  visage  empourpré,  presque  œdématié  et  pré- 
sentant quelquefois  un  érythème  dillus,  l'éruption  scarlati- 
niforme  rubéoliforme  et  le  rash  observés  surtout  chez  les 
jeunes  gens,  enfin  sur  l'aspect  de  la  gorge,  la  teinte  rosée  des 
piliers,  allant  se  perdre  quelquefois  dans  une  rougeurdiffuse 
du  voile  du  palais  et  sur  le  caractère  rhumatolde  de  rafTeclion . 
D'ailleurs,  la  dengue  est  une  maladie  protéiforme  et  ses 
aspects  actuels  peuvent  être  distincts  des  formes  qu'elle 
a  revêtues  sous  les  tropiques  et  même  sur  les  bords  de  la 
Méditerranée.  On  pourrait  dire  alors,  si  cette  interprétation 
est  exacte,  que  le  climat  tempéré  et  froid  imprime  h  la 
dengue  une  modalité  différente  et  atténue  ses  manifestations 
et  sa  durée,  d'autant  plus  que  la  dengue  n'avait  pas  jusqu'ici 
dépassé  le  45"  degré  de  latitude  nord  et  le  21' degré  de  latitude 
sud  et  qu'elle  avait  toujours  coexisté  avec  l'extrême  chaleur 
et  l'extrême  humidité;  même  dans  les  pays  chauds  c'était 
une  maladie  d  été  ou  d'automne,  il  y  a  lieu  toutefois  de  remar- 
quer que  jusqu'ici,  lorsau'une  épidémie  envahit  pour  la 
première  fois  un  pays,  elle  est  remarquable  par  sa  sévérité. 

D'autre  part,  dans  l'épidémie  actuelle,  on  ne  note  pas  cet 
asptct  de  la  langue  large  et  chargée,  et  souvent  signalée 
dans  les  épidémies  de  dengue,  la  douleur  spéciale  et  carac- 
téristique des  genoux,  et  l'on  n'a  jamais  noté  dans  la 
dengue  la  détermination  de  l'appareil  respiratoire  nui 
a  été  observée  chez  un  certain  nombre  de  malades 
pendant  l'épidémie  actuelle.  Enfin  on  n'a  pas  signalé 
encore  les  sueurs  fétides,  la  desquamation  et  les  déman- 
geaisons intolérables.  Aussi  M.  Proust  est-il  d'avis  que,  si 
l'épidémie  d'influenza  qui  règne  en  ce  moment  à  Paris  ne 

[présente  pas  tous  les  caractères  classiques  et  ordinaires  de 
a  grippe,  telle  que  nous  sommes  habitués  à  l'observer,  elle 
n'oifre  pas  davantage  l'ensemble  des  phénomènes  de  la 
dengue  signalés  par  les  médecins  (|ui  l'ont  vue  dans  les 
pays  où  elle  règne.  Pour  être  autorisé  à  formuler  le  dia- 
gnostic de  dengue,  il  faudrait  avoir  assisté  à  l'évolution 
complète  de  l'épidémie,  ce  qu'ont  déjà  pu  faire  les  médecins 
de  Russie  et  ce  que  font  eu  ce  moment  les  médecins  des 
autres  capitales  envahies.  Ce  que  l'on  sait  seulement  des 
opinions  exprimées  dans  ces  capitales  n'est  pas  favorable  à 
l'idée  de  la  lièvre  rouge.  Ce  qui  augmente  la  difficulté,  c'est 
le  rapprochement  tout  naturel  existant  entre  la  grippe  et  la 
dengue  ;  toutes  deux  sont  susceptibles  d'une  extension  et 
d'une  densité  presque  égales;  elles  ont  presque  la  même 
morbidité.  Les  relations  qui  unissent  la  grippe  et  la  dengue 
sont  si  prononcées  que,  pour  certains  épidémiologistes,  la 
dengue  serait  Tinfluenza  des  pays  chauds  ayant  son  foyer 
d'origine  et  de  rayonnement  dans  la  zone  intertropicale, 
comme  la  grippe  aurait  le  sien  dans  les  régions  circom- 
polaires.  Qu'il  suffise  aujourd'hui  de  constater  que  ces  deux  I 


maladies  sont  bénignes  et  n'exposent  à  aucun  danger  <« 
mort;  l'épidémie  que  nous  observons  en  ce  moment  à  Pai  i 
est  la  même  que  celle  qui  sévit  à  Saint-Pétersbour*;,  a 
Berlin,  à  Rome  et  à  Madrid;  elle  est  remarquable  par  .«* 
peu  de  durée  des  accidents  qu'elle  provoque  et  par  leur 
absence  de  gravité. 

C'est  le  côté  important  et  rassurant  sur  lequel  tous  1% 
observateurs  sont  d'accord  et  sur  lequel  l'Académie  doit 
insister.  | 

Après  avoir  voté  des  remerciements  à  M.  le  docteur  de 
Brun   et   renvoyé  ses  mémoires  à  la    Commission    pour| 
l'examentles  candidatures  au  titre  de  correspondant  nat iona!, 
la  discussion  est  ouverte  sur  le  rapport.  MM.  Rochard  et 
Leroy  de  Méricourt,  qui  ont  eu  l'occasion  d'obser^-er  la 
dengue  au  Sénégal,  à  l'Ile  de  la  Réunion  et  à  i'ile  Maurice. 
sont  très  affirmatifs  pour  déclarer  que  l'épidémie  qui  sé\ït 
actuellement  en  Europe  et  notamment  à  Paris,  n'a  aucun 
rapport  avec  cette  affection  ;  ils  en  rappellent  les  symptômes 
différentiels  et  déclarent  en  conséquence  qu'il  s'agit  de  ïd 
grippe,  telle  qu'on  l'a  décrite  depuis  des  siècles  en  Franre 
et  qu'il  est  inutile  d'appeler  du  nom  étranger  d'influenza. 

M.  Léon  Colin  ajoute  que,  si  cette  épidémie  est  séparée 

r>ar  un  long  intervalle  des  dernières  grandes  explosions  dt? 
'affection,  elle  n'en  est  pas  moins  identique  aux  cent  ou 
cent  cinquante  épidémies  de  grippe  signalées  depuis  le 
seizième  siècle.  Sa  rapidité  d'expansion  est  la  mémo 
qu'autrefois,  ce  qui  démontre  une  fois  de  plus  son  indépen- 
dance de  tout  transport  par  les  communications  humaines 
et  l'action  qu'exercent  sur  elle  les  influences  atmosphériques. 
Comme  dans  les  épidémies  analogues,  celle-ci  vient  encore 
du  Nord  et  Saint-Pétersbourg  a  été  sa  première  étape  au 
moment  où  elle  a  franchi  les  limites  de  la  zone  boréale. 
D'ailleurs  cette  grippe  n'est  pas  contagieuse  au  sens  propre 
du  mot.  Combien,  on  le  voit,  elle  diflere  de  la  den*;ue  qui 
s'était  toujours  éteinte  dans  ses  expansions  épidéuiiques 
aux  latitudes  méditerranéennes  jusqu'au  jour  où  la  rapidité 
des  communications  est  devenue  de  plus  en  plus  grande? 
M.  Bouchard  appuie  cette  manière  de  voir;  il  ne  croit  pas 
d'ailleurs  à  la  nature  contagieuse  ou  à  la  nature  microbienne 
de  la  grippe  en  tant  qu'infection  primitive  et  fait  obsener 
que  la  modification  de  sa  vitalité  dépend  d'influences  météo- 
riques et  cosmiques.  Comment  admettre  la  contagion  d'une 
affection  qui, d'après  ce  que  l'on  rapporte,  atteignit  cinquante 
mille  personnes  à  Paris  en  une  nuit,aumoisdejanvierl8«58'' 

Depuis  quelques  années,  fait  observer  M.  Brouardel^  on 
a  détourné  le  nom  de  grippe  de  l'appellation  qu'il  avait 
autrefois.  Raige-Delorme,  dans  le  Dictionnaire  en  iW  ro- 
lûmes,  rappelle  une  série  d'observations  d'épidémies  de 
grippe,  depuis  1580,  qui  ressemblent  absolument  à  celle 
d'aujourd'hui.  Il  s'agit  de  la  grippe  sans  catarrhe  pulmo- 
naire, c'est-à-dire  de  la  grippe  des  anciens,  et,  comme  pour 
celle-ci,  ce  n'est  pas  en  ce  moment  le  catarrhe  pulmonaire 
qui  constitue  la  caractéristique  de  l'épidémie,  mais  l'état  de 
prostration  et  de  faiblesse  des  malades.  M.  Dujardin-BeaU' 
metz  objecte  que  les  médecins  qui  ont  écrit  sur  la  grippe 
ne  connaissaient  pas  la  dengue,  et  que,  au  surplus,  les 
descriptions  de  la  grippe  comprennent  toute  la  pathologie, 
comme  on  peut  s'en  convaincre  par  l'article  de  M.  Brochin, 
publié  par  le  Dictionnaire  de  Dechambre.  On  peut  afflrmer 
qu'il  n  est  pas  un  symptôme  pathognomonique  quelconque 
qui  n'ait  été  observé  dans  la  grippe.  Or  aujourd'hui  TLu- 
rope  est  envahie  des  deux  côtés  à  la  fois  par  la  dengue  et 
parce  qu'on  considère  jusqu'ici  comme  la  grippe;  il  y  a  lieu 
d'attendre  et  de  réserver  le  diagnostic. 

Sans  doute,  répond  M.  Brouardel,  la  grippe  est  une  ma- 
ladie protéiforme,  mais  elle  a  son  unité  bien  nette.  KVn 
est-il  pas  de  même  pour  la  fièvre  typhoïde?  En  voulant  rap- 
procher la  grippe  et  la  dengue,  on  risque  de  commetre  la 


20  Décembre  1889      GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


-  H*  51  -    829 


même  erreur  au'on  faisait  autrefois  en  confondant  le  typhus 
et  la  fièvre  typhoïde.  La  maladie  actuelle  est  bien  la  grippe 
chronique  des  anciens  auteurs,  tant  de  fois  déjà  observée 
en  Europe. 

M.  Bucquoy  rapporte  les  faits  qu'il  observe  en  ce  moment 
dans  un  grand  collège  de  Paris  où,  sur  500  enfants,  il 
vient  d'en  voir  157  atteints  de  celte  maladie;  les  sym- 
ptômes observés  sont  ceux  qu'a  rappelés  M.  Proust,  notam- 
inent  le  mal  de  tète,  le  brisement  des  membres  inférieurs, 
%1qs  nausées,  une  éruption  cutanée  et  pas  de  toux.  Il  croit 
que,  en  présence  de  ces  symptômes  un  peu  insolites,  il  y  a 
lieu  d'user  avec  beaucoup  de  ménagements  du  mot  grippe. 

M.  A.  Ollivier  prétend  que  Tépidémie  commence  à  revêtir 
un  sérieux  caractère  de  gravité;  il  vient  d'observer,  dans 
un  lycée,  certaines  complications  pulmonaires,  et  demande 
que  des  mesures  de  prophylaxie  soient  prises  dès  mainte- 
nant, telles  que  le  licenciement  des  maisons  d'éducation 
où  des  cas  de  grippe  se  présentent.  M.  Brouardel  et  TAca- 
demie  tout  entière  s'élèvent  contre  cette  proposition,  nui 
aurait  pour  effet  certain  de  disséminer  davantage  Tépidé- 
mie.  Si  quelques  complications  ont  pu  se  montrer,  elles 
sont  exceptionnelles,  et  tiennent  à  des  circonstances  pure- 
ment individuelles. 

Aussi  l'Académie,  après  avoir  entendu  les  renseigne- 
ments transmis  à  M.  Proust  par  le  docteur  MendelssohUy 
sur  les  diverses  formes  et  le  peu  de  gravité  de  l'épidémie 
à  Saint-Pélersbourg,  qui  sont  conformes  à  ce  qu'on  observe 
à  Paris,  s'erapresse-t-elle  de  déclarer,  à  la  demande  de 
M.  Proust,  que  celte  épidémie  est  bénigne,  et  qu'il  n'y  a  pas 
lieu  de  prendre  des  mesures  prophylactiques  spéciales. 


Société   médicale  des   hôptlans. 

SÉANCE  DU  13  DÉCEMBRE   1889. —  PRÉSIDENCE  ' 
DE  M.  CADET  DE   GASSICOURT. 

Contribution  à  l'étude  de  la  fièvre  typhoïde  :  M.  VaUlard.  —  Étude 
sur  la  -valeur  diagnostique  et  prc  nostique  de  l'urobilinurle  : 
M.  O.  Hayem.  —  A  propos  de  l'influensa  :  M.  Legroux.  —  Muta- 
tions dans  les  hôpitaux. 

M.  Vaillard  lit  une  note  sur  l'étiologie  de  la  fièvre 
typhoïde  et  sa  propagation  par  l'eau  polable  et  les  pous* 
siéres  (voy.  p.  842.) 

H.  Chantemesse,  à  propos  du  travail  de  H.  Vaillard, 
ajoute  un  post-scriptum  à  la  communication  faite  par  lui  le 
3  novembre,  sur  les  rapports  de  la  fièvre  typhoïde  avec  l'eau 
d'alimentation  à  Paris  : 

A  la  fin  d'octobre,  en  raison  de  la  rupture  d'une  conduite 
d'eaUy  l'eau  de  Seine  a  été  substituée  à  l'eau  de  la  Vannes 
dans  toute  la  ville,  du  31  octobre  au  5  novembre,  et  le 
chiffre  des  entrées  dans  les  hôpitaux  s*est  élevé  de  la  façon 
suivante  : 

Du  27  octobre  au  2  novembre,  56  entrées  ;  du  3  au  9  no- 
vembre, 40  entrées;  du  10  au  15  novembre,  95  entrées  :  du 
17  au  23  novembre,  77  entrées;  du  24  au  30  novembre, 
185  entrées;  du  i*^  au  7  décembre,  189  entrées.  Cette  fois 
encore  Fépidémie  de  fièvre  typhoïde  a  reparu  conformé- 
ment à  la  règle  qu'il  a  déjà  formulée  en  1887  avec  M.  Widal. 

M.  Richard,  à  propos  de  la  possibilité  du  transport  du 
bacille  typhiaue  par  les  poussières,  rappelle  que,  dans  une 
garnison  de  Hanovre  où  une  épidémie  de  fièvre  typoïde 
sévissait  depuis  trois  ou  quatre  ans,  la  maladie  disparut  après 
que  le  médecin-major  eut  lait  désinfecter  tous  les  effets  des 
hommes  ainsi  que  ceux  entassés  dans  les  magasins  de  réserve. 

—  M.  Hayem  lit  une  note  sur  la  valeur  diagnostique  et 
pronostique  de  l'urobilinurie.  {Sera  publiée.) 

—  M.  Legroux  résume  les  caractères  de  Vépidémie  rf'tn- 
fluenza  que  nous  traversons  actuellement.  11  montre  que 


la  maladie  diffère  de  la  grippe  vulgaire.  Après  une  pé- 
riode de  courbature  durant  deux  ou  trois  jours  et  carac- 
térisée par  des  douleurs  dans  les  reins,  les  cuisses,  les 
yeux,  par  des  céphalalgies  et  des  bâillements,  survient 
un  état  fébrile  annoncé  par  des  frissonnements,  une  chaleur 
sèche  à  la  peau,  des  nausées,  des  coliques,  le  tout  néces- 
sitant parfois  le  séjour  au  lit  pendant  un  à  trois  jours.  La 
maladie  s'éteint  en  général  après  ces  symptômes,  relative- 
ment légers;  elle  prend  quelquefois  la  fausse  apparence 
d'une  maladie  un  peu  plus  grave. 

M.  Sevestre  répond  que,  suivant  lui,  les  malades  peuvent 
se  diviser  en  deux  groupes  bien  distincts.  Les  uns  sont  pris 
de  gri|)pe  vulgaire  avec  catarrhe  nasal,  bronchique,  ocu- 
laire, intestinal.  Les  autres  ne  présentent  aucun  phéno- 
mène catarrhal,  mais  seulement  des  douleurs  de  tète 
extrêmement  violentes,  des  douleurs  dans  les  jeux,  très 
vives,  de  la  constipation  et  de  l'embarras  gastrique.  Chez 
un  tiers  seulement  des  malades  de  ce  dernier  groupe  ap- 
paraît sur  la  face  une  éruption  scarlati  ni  forme  ou  ruoéoli- 
forme,  ayant  une  analogie  frappante  avec  l'éruption  dont 
H.  de  Brun  a  donné  la  description  pour  la  dengu^ 

M.  Chauffard  se  range  en  partie  a  l'opinion  de  M.  Se- 
vestre.  On  observe,  en  effet,  deux  catégories  de  malades 
bien  distinctes,  mais  peut-être  ne  s'agit-il  que  d'une  seule 
espèce  morbide,  avec  ou  sans  exanthème.  M.  Chauffard  a 
vu  chez  quelques-uns  de  ces  malades  des  exanthèmes  scar- 
latiniformes,  mais  ne  croit  pas  qu'on  doive  assimiler  la 
maladie  à  la  dengue.  Cette  assimilation  doit  d'autant  moins 
être  faite  que,  dans  le  même  foyer  épidémique,  on  peut 
voir  éclater  les  deux  types  morbides,  comme  M.  Bucquoy 
vient  de  le  constater  à  daintc-Barbe. 

M.  Gouraud  demande  à  M.  Sevestre  quel  traitement  il 
donne  à  ses  malades. 

H.  Sevestre  répond  qu*il  administre  un  purgatif  d'abord, 
un  vomitif  ensuite,  et  qu'il  ajoute  1  ou  2  grammes  d'anti- 
pyrine  par  vingt-quatre  heures  chez  l'adulte,  30,  40  ou 
50  centigrammes  seulement  chez  les  enfants  entre  quatre  et 
cinq  ans. 

M.  Legroux  donne  l'antipyrineàladose  de  1  à 3  grammes 
chez  les  enfants  de  quatre  à  cinq  ans,  et  n'a  jamais  observé 
le  moindre  accident. 

—  Mutations  dans  les  hôpitaux.  —  Par  suite  de  la  mise 
à  la  retraite  de  MM.  Ëmpis  et  Labric,  H.  Labbé  passe  à 
l'Hôtel-Dieu,  M.  d*Heilk  à  l'hôpital  des  Enfants  malades, 
M.  Sevestre  à  l'hôpital  Trousseau,  M.  Hutinel  à  l'hospice 
des  Enfants  assistés,  M.  Straus  à  l'hôpital  de  la  Pitié, 
M.  Houtard-ilartin  à  la  Maison  de  santé,  M.  Letulle  à  l'hô- 
pilal  Saint-Antoine,  H.  Muselierà  l'hôpital  Tenon,  M.  Bris- 
saud  à  l'hôpital  Saint-Antoine,  H.  Merklen  à  Sainte-Périne, 
M.  Faisans  à  Larochefoucauld. 

—  Dans  cette  séance,  la  Société  médicale  des  hôpitaux  a 
désigné  M.  Dumontpallier  pour  la  représenter  dans  le 
Conseil  de  l'Assistance  publique,  en  remplacement  de  M.  Si- 
redey,  démissionnaire. 

Fernand  Widal. 


Société   de  ehtmrg^le. 

SÉANCE  DU  11    DÉCEMBRE  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  M.   LE  DENTU. 

Rëtrodèviations  ntèrines  :  MM.  Rioheloi,  Qaôna,  Championnière, 
Bouilly,  Trèlat,  Tillaux.  —  Greffes  dermo-ôpidermifiues  :  MM.  Ja- 
iaguier,  Berger,  Quônu,  Le  Fort,  Brun,  Posai,  Tr61at,  lie  Denta. 

M.  Richelot  communique  sur  les  rétrodéviations  utérines 
un  mémoire  semblable  à  celui  dont  il  a  entretenu  le  Contres 
de  chirurgie  (voy.  Gazette  hebdomadaire ^  p.  734).  Il  ne 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       20  Décembre  4889 


s'occupe  que  des  rétrodévialions  mobiles  (ou  mobilisées,  sans 
se  demander  comment)  et  conseille  de  pratiquer,  après  cu- 
rage, une  amputation  sus-vaginale  après  laquelle  on  suture 
à  la  lèvre  antérieure  du  moignon  et  de  façon  à  respecter  un 
orifice  utérin,  les  parties  postéro-latérales  de  la  muqueuse 
vaginale.  Par  cette  suture,  dont  M.  Nicoletis  esi  Tinventeur, 
la  muqueuse  vaginale  postérieure  tire  sur  la  lèvre  antérieure 
du  moignon  utérin  et,  si  la  section  a  porté  au-dessus  de  la 
charnière  que  constituait  Fangle  de  flexion,  fait  basculer  en 
haut  le  fond  rétrodévié,  par  un  véritable  mouvement  de 
sonnette.  C'est  donc  une  hystéropexie  vaginale  et  Ton 
conçoit  qu'en  disposant  les  sutures  dans  un  sens  ou  dans 
un  autre  elle  puisse  s'appliquer  aux  diverses  déviations  an- 
térieures ou  latérales.  Il  est  indispensable  de  chercher  la 
réunion  immédiate  totale,  car  il  faut  éviter  l'atrésie  cica- 
tricielle de  l'orifice  pour  ne  pas  frapper  la  femme  de  stérilité. 
II  est  connu  aujourd'hui,  en  effet,  que  l'amputation  sus- 
vaginalè  n'est  pas  un  obstacle  à  une  gestation  régulière,  au 
lieu  que  la  laparo-hystéropexie  a  déjà  causé  plusieurs 
avortements. 

M.  Pozzi  fait  remarçiuer  que  la  traction  a  pour  point 
d*appai  le  périnée  ;  mais  n'est-ce  pas  le  sable  mouvant  que 
le  périnée  en  général  flasque  des  femmes  àrétrodévialion? 
Et  comme  Ton  sait  que  l'amputation  du  col  et  le  curage 
ont  par  eux-mêmes  d'excellents  effets,  il  ne  faut  pas  trop 
proclamer  les  bienfaits  de  la  suture  de  Micoletis.  M.  Quénu 
insiste  sur  celte  manière  de  voir. 

M.  Championuière  ajoute  que  toutes  les  interventions 
sanglantes  que  l'on  a  préconisées  ont  des  effets  favorables, 
mais  temporaires.  Elles  agissent  comme  une  saignée,  et 
Chapman  a  bien  démontré  que  la  congestion  utérine  joue 
un  rôle  dans  les  accidents  des  déviations.  xMais  il  faut  suivre 
ces  malades.  La  cause  première  de  leurs  souffrances  est 
tout  autre  :  elle  réside,  en  général,  dans  des  lésions  des 
annexes,  aussi  voil-on  ces  souffrances  récidiver  d'habitude, 
même  après  la  laparo-hystéropexie,  et  le  seul  remède  est 
alors  dans  l'ablation  des  annexes  malades. 

H.  Bouilly  trouve  exagérées  les  assertions  de  M.  Cham- 
pionuière. Dire  que  n'importe  quel  acte  sanglant  amène 
du  soulagement,  c'est  donner  raison  à  la  chirurgie  empi- 
rique; on  n'améliore,  on  ne  guérit  les  malades  que  si  on 
pose  un  diagnostic  exact  et  complet.  Oui,  les  lésions  des 
annexes  sont  fréquentes;  il  faut  les  diagnostiquer  et,  si  elles 
existent,  s'attaquer  à  elles.  Hais  aussi  il  y  a  des  déviations 
qui  sont,  en  soi,  la  cause  des  accidents.  Alors  le  redresse- 
ment peut,  à  lui  seul,  donner  une  cure  complète,  instan- 
tanée. En  particulier,  il  y  a  des  rétroflexions  pures,  fort 
gênantes,  que  le  port  d'un  pessaire  de  Hodge  pendant  plu- 
sieurs mois  (après  redressement  à  l'hystéromètre)  peut  guérir 
déGnitivement  (1). 

M.  Tillaux  a  soigné  une  femme  qui  le  23  septembre 
dernier,  pendant  un  effort,  r£ssentit  une  douleur  abdomi- 
nale vive,  et  que  les  souffrances  ont  rendue  incapable  de 
travailler  jusqu'au  jour  où,  une  rétroversion  ayant  été  dia- 
gnostiquée, l'utérus  fut  redressé.  La  guérison  fut  instanta- 
née. C'est  donc  un  exemple  des  faits,  assez  rares,  où  la 
déviation  est  la  seule  cause  des  accidents  (^). 

M.  Trélatj  après  avoir  rappelé  que  les  discussions  sur  le 
rôle  des  déviations  dans  les  douleurs  pelviennes  sont  loin 
d'être  récentes,  affirme  que  les  éléments  dont  il  faut  tenir 
compte  sont  multiples,  qu'en  particulier  la  métrite  est 
importante  parmi  ces  éléments.  Mais  souvent  une  flexion 

(1)  A  propos  des  pessaires,  nous  si^j^oalcrons  un  mémoire  rtfeenl  de  Scbullxe 
{Ann.  de  gynée.,  décembre  i889,  t.  11,  p.  401)  sur  les  pettairen  tn  ceUulolde, 
non  irritants  par  leur  contact  et  de  plus  malléables  dans  l'eau  chaude,  en  sorte 
qu'il  n'est  pas  utile  do  faire  construire  un  pessaire  pour  ainsi  dire  pour  chaque 
malade. 

(<£)  L'observation  vient  de  paraître  in  exUnto  dans  les  Ann.  de  gynécologie, 
décembre  1889,  t.  11,  p.  405. 


cause  la  métrite  d'un  utérus  qui  se  vide  mal  :  sous  peine  de 
récidive, il  faut  après  le  curage  redresser  ces  utérus.  Quelle 
est  alors  la  meilleure  opération?  C'est  une  question  de  fait 
que  le  temps  jugera.  A  priori  H.  Trélat  n'a  pas  trop  con- 
flance  dans  la  suture  de  Nicoletis. 

M.  Richelot  répond  qu'on  lui  a  fait  des  objections  théo- 
riques. L'avenir  seul  prouvera  si  elles  sont  ou  non  fondées. 
La  suture  de  Nicoletis  n'est  pas  bien  compliquée  et  elle  ne 
peut  guère  qu'améliorer  les  résultats,  déjà  bons,  que  four- 
nit l'amputation  sus-vaginale. 

—  M.  Jalaguier  préseniQ  un  enfant  qu'il  a  traité  par  les 
greffes  dermo-épiaermiques  pour  une  vaste  brûlure  qui 
depuis  plusieurs  mois  ne  se  cicatrisait  pas.  Le  résultat  est 
excellent  :  la  cicatrice,  rapidement  obtenue,  est  restée  par- 
faitement souple. 

H.  Quénu  a  failli  amputer  la  cuisse  pour  un  ulcère 
variqueux  que  M.  Delagenière  a  guéri  par  ce  procédé  ;  la 
cicatrice  n'a  aucune  tendance  à  l'ulcération. 

M.  Berger  accorde  que  la  cicatrice  est  bonne,  mais  cesi 
tout  de  même  une  cicatrice,  et  cela  ne  vaut  pas  les  vraies 
réparations  autoplastiques.  De  son  côté  M.  Le  Fort  arfirme 
que  par  la  greffe  cutanée  telle  qu'ill'a  décrite,  pour  Tectro- 
pion  surtout^  la  réparation  a  lieu  par  un  morceau  de  peau 
et  non  par  une  cicatrice.  Hais,  a  après  H.  QuênUy  par  ce 
procédé  on  n'obtient  jamais  ce  résultat  idéal  :  la  peau 
transplantée  se  résorbe  et  on  n'agit  que  par  une  greffe  épi- 
dermique.  Ce  à  quoi  H.  Brun  lui  répond  qu'il  a  opéré  deux 
ectropions  par  la  méthode  Le  Fort  et  que  les  deux  fois  la 
peau  ne  s'est  pas  résorbée;  de  même  M.  Segond^  qui  suit 
un  malade  depuis  quinze  mois,  et  d*ailleurs  trouve  magni- 
fique le  résultat  présenté  par  M.  Jalaguier.  Une  autre  fois, 
et  avec  succès,  il  a  remplacé  par  le  prépuce  qu'il  venait  de 
couper  à  un  individu  un  large  naevus  pigmentaire  qu'il  avait 
enlevé  à  la  joue  d'un  autre  individu.  M.  Le  Dentu  se  loue 
également  de  la  méthode  de  M.  Le  Fort  pour  l'ectropion. 
M.  Trélat  pense  que  ces  diverses  méthodes  de  greffe  et 
d'auloplaslie  ont  chacune  leurs  indications,  mais  certaine- 
ment celle  d'Ollier-Thiersch  est  la  plus  facile. 

—  Mutations  dans  les  hôpitaux.  —  M.  Marc  Sée^  atteint 
par  la  limite  d'âge,  quitte  la  maison  de  santé.  Il  est  rem- 
placé par  M.  Schawrtz.  Ce  dernier  est  remplacé  à  Bicétre 
par  M.  Segond. 

A.  Broca. 


8ËANGE  DU  14  DÉCEMBRE  1889.  — PRÉSIDBNGB 
DE  M.  DUCLAUX,  VICE-PRÉSIDENT. 

But  les  et f eu  physlologifiues  des  laT0menUgaaeiUL  d*«inmoniaqq>  : 
M.  CoxnbemaU.  —  Conservatioii  de  moUusqaes  Tivanta  par  l'am- 
plol  d'eau  de  mer  artlUcleUe  :  M.  Perrier. 

L'opinion  que  la  diarrhée  cholériforme  des  enfants  serait 
le  résultat  d'une  intoxication  par  l'ammoniaque  dégagée 
dans  Tintestin  pendant  le  développement  du  bacterium 
lactis  et  du  bacterium  coli  commun,  ayant  été  émise  par 
M.  Baginski  dans  une  des  dernières  séances  de  la  Société 
de  médecine  de  Berlin,  M.  Combemale  a  imaginé,  pour 
vérifier  cette  théorie,  de  faire  dégager  dans  le  gros  intestin 
de  plusieurs  chiens,  du  gaz  ammoniac  dilué  dans  une 
grande  quantité  d'air.  Dès  les  premières  bulles  on  cesse 
rinjection:  l'animal  souffre  atrocement;  à  l'excitation  des 
systèmes  musculaire,  respiratoire  et  sécrétoire  font  suite 
des  vomissements  avec  hoquets,  épreintes,  selles  sanglante<, 
anurie.  L'amaigrissement,  la  soif  intense,  le  refus  d*ali- 
ments,  les  épreintes  continuent  pendant  plusieurs  jours.  Au 


20  Décembre  1889       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


N*  51  -    831 


bout  de  quarante-huit  heures,  à  Tautopsie,  on  trouve  du 
sphacële^  de  Tœdème  inflammatoire  avec  larges  ulcérations 
du  rectum,  sans  perforation  toutefois,  et  un  épanchement 
péritonéal  hématique.  Sur  Tanimal  sacrifié  en  plein  dépé- 
rissement, un  rétrécissement  annulaire  remplace  le  spfia- 
cèle  et  en  avant  il  existe  une  énorme  dilatation  du  caecum. 
Ces  symptômes  présentent  bien  réellement  des  points 
d'analogie  avec  ceux  du  choléra  infantile.  Mais  doit-on  en 
conclure  à  Tidentilé  d'intoxication?  La  question  est  trop 
complexe  pour  être  soulevée.  11  reste  en  tous  cas  certain 
qu'un  intermédiaire  autre  que  la  pénétration  directe  du 
gaz  dans  le  sang  se  place  entre  la  production  d*ammoniauue 
due  au  développement  des  bactéries  dans  Tinleslin  et  les 
phénomènes  par  lesquels  se  traduit  cette  action  de  l'ammo- 
niaque :  c'est  la  nécrose  des  éléments  cellulaires,  nécrose 
qui  crée  dès  l'abord  une  barrière  infranchissable  à  son 
absorption,  et  c'est  aussi  Texcifation  des  extrémités  ner- 
veuses voisines  répercutée  à  tous  les  systèmes  ou  appareils 
de  Téconomie  par  le  pneumogastrique  et  ses  anastomoses. 

—  M.  Perrier,  professeur  au  Muséum,  a  appliqué  en 
grand,  à  l'Exposition  universelle  de  1889,  les  moyens  qui 
lui  avaient  permis  de  conserver  des  mollusques  vivants  dans 
l'eau  de  mev  artificielle.  La  dépense,  qui  s'était  élevée  à 
48  000  francs  en  1878,  alors  qu'on  alimentait  les  bacs  avec 
de  l'eau  de  mer  naturelle,  a  de  la  sorte  été  réduite. à 
2000  francs. 

Les  grands  bassins  de  5  mètres  et  de  10  mètres  de  long 
recevaient  une  épaisseur  de  30  centimètres  d'eau  de  mer 
artificielle,  pesant  3  degrés  et  demi  à  l'aréomètre  Baume  et 
contenant  pour  4  litres,  790  grammes  de  sel  marin  brut, 
110  grammes  de  chlorure  de  magnésium,  25  grammes  de 
chlorure  de  potassium  et  75  grammes  de  sulfate  de  magné- 
sium. De  mètre  en  mètre,  des  conduits  amenaient  de  l'air 
refoulé  par  un  ventilateur  Danthonay.  La  nuit,  cette  eau 
était  reprise  pour  être  filtrée.  On  la  renouvelait  tous  les 
quinze  jours.  Dans  ces  conditions,  la  moyenne  de  vie  pour 
les  huîtres  a  été  de  six  semaines.  Elles  présentaient  toutes 
au  moment  de  la  mort  une  dilatation  du  corps  de  Bojanus. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

Travaiix  *  consulter. 

Sur  le  traitement  de  la  coqueluche  par  l'oxymel  scilli- 
TiQUE,  par  M.  le  docteur  Schnirer.  —  Onsait  queNetter  a  pré- 
conisé ce  remède.  L'auteur  a  observé  cette  méthode  pour  admi- 
nistrer le  médicament.  Pendant  Theurc  qui  suivait  le  repas  du 
soir,  il  faisait  ingérer  de  dix  eu  dix  minutes  une  cuillerée  à  café 
d'oxymel  scillitique  à  raison  de  quatre  à  six  cuillerées  pour  les 
petits  malades  au-dessous  de  trois  ans  et  de  six  à  sept  cuillerées 
pour  ceux  de  six  à  sept  ans.  Chez  les  adultes,  on  pourrait  porter 
la  dose  à  sept  et  huit  cuillerées. 

M.  Schnirer  a  constaté  la  diminution  dîi  nombre  et  de  la  vio- 
lence des  quintes.  Cependant  la  maladie  n'a  pas  été  abrégée. 
{Archiv.  f,  Kinderh.,  heft  IV,  juillet  1889.) 

La  mandragorlne,  un  nouveau  mydriatique,  par  M.  le  docteur 
F.-B.  Ahrens.  —  Cette  substance  a  été  retirée  de  la  racine  de 
la  mandragore  automnale,  dont  on  connaît  Tanlique  réputation 
comme  sédatif. 

Ce  glucoside  forme  des  sels  cristallisés  avec  l'acide  sulfurique 
et  parait,  au  point  de  vue  chimique,  être  itomérique  avec 
rhyoscyamine,  Thyoscine  et  Tatropine.  11  possède  aussi  la 
propriété  de  dilater  la  pupille  quand  on  instille  ses  solutions 
entre  les  paupières.  C'est  donc  un  mydriatique.  {The  Tkera- 
peutic  Gaz.j  i5  septembre  1889.) 

.    Du    traitement    de    L*ÉPmiDYMlTE    PAR    LA    PULSATILLE,    par 

M.  R.-J.  Carter.  —  Ce  médicament  a  été  administré  sous  la 


forme  de  teinture,  à  la  dose  quotidienne  de  cinq  à  trente  gouttes 
à  de  nombreux  malades  atteints  d'épididymite  blennorrhagique. 
Un  seul  d'entre  eux  accusait  des  nausées  après  Tingestion  du 
médicament.  Un  autre  présentait  de  rabaissement  du  pouls. 
Tous  éprouvèrent  une  diminution  de  la  douleur  et  du  gonfle- 
ment, plus  rapidement  qu'après  l'emploi  des  autres  médications. 
Il  considère  donc  la  pulsatille  comme  un  moyen  auxiliaire  du 
traitement  de  Tépididymite,  alors  même  que  le  processus  inflam- 
matoire est  intense  et  qu'il  existe  des  exsudats  plastiques.  {The 
Lancet,  3  août  1889.) 

Des  PULVÉRISATIONS  DE  CHLORURE  DE  MÉTHYLÈNE  COM.VE  ANES- 

TUÉsiQUE  LOCAL,  par  M.  le  docteur  Windschied.  —  Vingt-deux 
malades  atteints  d'afl'eclions  douloureuses  furent  soumis  à  cette 
médication.  Les  pulvérisations  étaient  pratiquées  pendant  une 
minute  et  ont  été  répétées  cinquante-cinq  fois;  trente-six  fois 
avec  succès  et  dix-neuf  fois  sans  résultat. 

La  douleur  diminuait  ou  disparaissait  et  la  durée  de  cette 
amélioration  persistait  pendant  une  heure  au  minimum,  mais 
rarement  au  delà  d'une  demi-journée. 

Ces  pulvérisations  seraient  exemptes  d'inconvénients,  si  ce  n*est 
au  voisinage  des  muqueuses  sur  lesquelles  elles  peuvent  donner 
lieu  à  des  brûlures  intenses.  {Dent.  Arch.  f.  klin,  Med,y 
hefllV,  Bd4i,  1889.) 


BIBLIOGRAPHIE 

Tratlé  d*anatoinl«  hamalne»  par  M.  TesTUT,  profes- 
seur à  la  Faculté  de  médecine  de  Lyon.  —  Tome  I  : 
Ostéologie,  arthrologie,  myologie.  1  fort  vol.  gr.  in-8  de 
755  pages,  avec  404  ligures  dans  le  texte,  dessinées  par 
G.  Devy,  dont  200  tirées  en  couleur. —  Paris,  1889, 
0.  Doin. 

On  admet  assez  facilement  aujourd'hui  que  Tanatomie 
humaine  est  une  science  achevée,  dans  le  domaine  de 
laquelle  il  ne  reste  plus  de  découvertes  à  faire;  aussi 
semble-t-il  au'en  dehors  de  la  méthode  d'exposition  et  de 
l'ordre  des  chapitres,  on  ne  doive  rien  trouver  de  nouveau 
dans  un  traité  d'anatomie.  Le  livre  de  M.  le  professeur 
Testut  est  là  pour  démentir  cette  erreur.  «  Il  ne  suffît  pas, 
dit  fort  bien  M.  Testut  dans  sa  préface,  pour  avoir  d'un 
organe  une  notion  complète,  de  s'en  tenir  aux  simples  résul- 
tats d'une  dissection  :  il  ne  suffît  pas  de  connaître  son  nom, 
sa  situation,  sa  configuration  extérieure  ou  intérieure,  ses 
rapports  avec  les  organes  voisins;  il  faut  encore  Tinter- 

[fréter,  c'est-à-dire  déterminer  sa  signification  en  morpho- 
ogie  générale  et  représenter  par  une  formule  le  pourquoi 
et  le  comment  de  son  existence.  > 

C'est  à  Fanatomie  comparée  et  à  l'embryogénie  que 
M.  Testut  a  demandé  de  faire  la  lumière  sur  tous  ces 
points,  et  bien  certainement  c'est  là  un  des  côtés  les  plus 
originaux  de  son  livre.  Chacune  de  ses  descriptions  reçoit 
de  ce  fait  une  clarté  remarquable.  Une  foule  de  dispositions 
anatomiques  singulières,  inexpliquées,  laissent  nettement 
voir  désormais  leur  raison  d'être,  après  la  comparaison 
des  dispositions  correspondantes  existant  chez  les  animaux. 
Même  observation  pour  le  classement  des  anomalies,  qui 
occupent  dans  ce  livre  une  place  d^autanl  plus  importante 

3u'elles  jettent  un  jour  plus  précieux  sur  l'origine  des 
ispositions  anatomiques  actuelles.  M.  Testut  ne  décrit  pas 
seulement  l'anatomie  :  il  l'explique.  Citons  quelques  exem- 
ples :  M.  Testut  fait  du  ligament  rond  de  l'articulation  coxo- 
fémorale,  le  tendon  d'un  muscle  disparu  chez  l'homme, 
mais  existant  encore  chez  certains  vertébrés  (autruche, 
sphénodon),  et  probablement  homologue  du  pectine;  de 
même  la  bandelette  fibreuse  épitrochléo-olécrànienne  est 
regardée  par  lui  comme  le  reliquat  du  muscle  épitrochléo- 
cubital  existant  chez  les  animaux  dont  le  coude  possède  des 
mouvements  de  latéralité;  de  même  la  double  insertion 


832    —  N*  Bl  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        20  D£cehbre  1889 


inférieure  ilu  jambier  antérieur  rappelle  pour  lui  les  deux 
muscles  distincts  qui,  chez  le  singe^  s'insèrent  Tun  sur  le 
premier  cunéiforme,  Tautre  sur  le  premier  métatarsien.  On 
voit,  par  ces  quelques  exemples,  quelles  idées  originales 
ontinspiré  l'auteur  et  quel  inlérétconsidérableelles  donnent 
à  la  lecture  de  son  livre. 

L'enseignement  des  notions  classiques  n'y  perd  rien,  si 
même  elles  n'y  gagnent  pas  en  clarté  et  en  logique.  L'ou- 
vrage est  d'ailleurs  écrit  dans  une  langue  remarquable, 
d'une  clarté  et  d'une  précision  absolues,  qui  n'est  pas 
un  de  ses  moindres  mérites.  Inutile  d'ajouter  que  le 
livre  est  au  courant  des  plus  récents  travaux  parus  en 
France  et  à  l'étranger.  Une  bibliographie  très  complète 
termine  chaque  article;  elle  est  imprimée  en  petit  texte, 
ainsi  d'ailleurs  que  les  considérations  morphologiques 
empruntées  à  l'analomie  comparée,  en  sorte  que  l'élève 
peut,  s'il  se  borne  à  la  lecture  du  texte  en  gros  caractères, 
avoir  entre  les  mains  la  plus  classique  et  la  plus  claire  des 
anatomies  descriptives. 

Pour  l'étude  histologique,  d'ailleurs  fort  bien  faite, 
M.  Testut  s'est  adjoint  un  collaborateur,  M.  Vialleton,  dont 
le  travail  ne  dépare  nullement  reiisemble  de  l'œuvre. 

Il  serait  injusled'oublierle  dessinateur  dont  les  planches, 
très  nombreuses  et  fort  bien  comprises,  contribuent  pour 
beaucoup  à  la  clarté  de  l'ouvrage.  Beaucoup  d'entre  elles 
sont  tirées  en  couleur,  avec  un  soin  tout  à  fait  remar- 
quable. 

D"^  R.  Blondel. 


TnAITÉ  DE  GHlRURGie  CLINIQUE,  par  M.  P.  TiLLAUX,  chirurgien 
de  THôtel-Dieu,  membre  de  TAcadémie  de  médecine,  t.  H, 
deuxième  fascicule.  —  Paris,  Asselin  et  Houzeau,  1889. 

11  nous  suffira  d'annoncer  ce  fascicule  et  d'ajouter  qu'il  ter- 
mine 1  ouvrage.  M.  Tilluux  a  ainsi  mené  à  bonne  fin  la  tâche 
qu'il  s'était  proposée  et  il  a  réussi  à  condenser  en  deux  volumes 
les  notions  cliniques  principales  que  l'étudiant  doit  acquérir. 

Le  fascicule  actuel  comurend  les  maladies  des  organes  géni- 
taux de  l'homme  et  de  la  femme,  et  du  membre  inférieur. 

The  ELECTRIC   ILLUMINATION   OP  THE  BLADDER  AND  THE  URETHRA, 

par  M.  £.  Hurrby  Fenwick.  —  London,  J.  et  A.  Churchill, 
Î889. 

Nous  avons  étudié  d'une  manière  complète,  Il  y  a  quelques 
mois,  la  méthode  d'endoscopie  vésicale  imaginée  par  Nitze  et 
nous  avons  tâché  de  montrer  comment  cet  outillage  permettait 
d'utiliser  en  clinique  une  idée  jusau'alors  émise  à  plusieurs 
reprises  mais  toujours  abandonnée,  il  est  donc  inutile  q^ue  nous 
analysions  en  détail  le  livre  de  M.  Fenwick.  Si  ce  chirurgien 
conseille,  en  effet,  quelques  manœuvres  un  peu  spéciales,  s  il  a 
introduit  quelques  légères  variations  instrumentales,  il  n'en 
reste  pas  moins  que  la  méthode  de  Nitze  n'a  subi  entre  ses 
mains  que  des  modifications  peu  nombreuses  et  peu  importantes. 
Mais  il  est  intéressant  de  constiter  que  ce  chirurgien,  fort  expert 
en  matière  de  voies  urinaires,  se  loue  fort  de  l'endoscopie,  et 
d'autre  part  son  livre,  clairement  et  méthodiquement  exposé, 
sera  utile  a  ceux  de  nos  lecteurs  qui  désirent  se  monter  une 
bibliothèque  de  maladies  urinaires  ou  à  ceux  qui,  voulant  seu- 
lement étudier  cette  méthode  clinique,  ne  savent  pas  l'allemand 
et  ne  peuvent  dès  lors  s'adresser  au  livre  de  Nitze. 

Musée  de  l'hôpital  saint-louis.  Catalogue  des  moulages  colo- 
ries,  dressé  par  les  soins  de  M.  le  docteur  Henri  Feulard, 
chef  de  clinique  de  la  Faculté.  —  Paris,  G.  Steinheil,  1889. 
Nous  annonçons  avec  plaisir  la  publication  de  ce  petit  volume. 
Il  sera  fort  utile  aux  dermatologisles,  aux  syphiligraphes  et  aussi 
aux  chirurgiens.  Grâce  à   la  classilicalion  intelligente  et  com 
mode  donnée  par  notre  si  distingué  collaborateur,  il  sera  aisé 
de  trouver  les  moules  dont  on  aura  besoin,  et  ce   catalogue 
permettra  d'utiliser  les  matériaux  si  riches  dont  notre  Musée, 
unique  au  monde,  est  redevable  à  l'expérience  clinique  des 
médecins  de  l'hôpital  Saint-Louis  et  au  travail  d'artistes  tels  que 
Baretta  et  Jumelm,  A.  6, 


Mortalité   a  Paris   (48*  semaine,  du  1"'  au   7   décembiv 
1889.  — Population:  2260945  habitants).  —  Fièvre  typhoïde,  iô. 

—  Variole,  1.  —  Rougeole,  H.  —  Scarlatine,  2.  —  Coque- 
luche, 8.  —  Diohthérie,  croup,  31.  —  Choléra,  0.  —  Phlh\s\c 
pulmonaire,  20o.  —  Autres  tuberculoses,  17.  —  Tumeur»: 
cancéreuses,  5i  ;  autres,  6.  —  Méningite,  32.  —  Conges- 
tion et  hémorrhaeies  cérébrales,  52.  —  Paralysie,  3.  — 
Ramollissement  cérébral,  11.— Maladies  organiques  du  cœur,  6t. 

—  Bronchite  aiguë,  60.  —  fironchite  chronique,  46.  — Broncho- 
pneumonie,  34.  —  Pneumonie,  67.  —  Gastro-entérite:  sein,  9; 
biberon,  31.  —  Autres  diarrhées,  5.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 1.  — Autres  affections  puerpérales,  1.  —  Débilité  con- 
génitale, 35.  —  Sénilité,  43.  —  Suicides,  15.  —  Autres  morts 
violentes,  16.  —  Autres  causes  de  mort,  172.  —  Causes 
inconnues,  16.  —  Total:  1091. 


AVIS 

MM.  les  Abonnés  de  la  France  à  la  Qmmette  heh^ona- 

4aire  qui  n'auraient  pas  renouvelé  leur  abonnement  avant 
le  10  janvier  prochain  sont  prévenus  que,  à  moins  d*ordre 
contraire,  une  quittance  leur  sera  présentée  à  partir  du 
10  février,  augmentée  de  1  franc  pour  frais  de  recouvre- 
ment. 

Un  mandat  collectif,  sans  frais  de  présentation  quand 
la  somme  atteindra  50  francs,  sera  présenté  à  la  même 
date  à  ceux  de  nos  clients  qui  reçoivent  en  même  temp^ 
plusieurs  des  recueils  édités  par  la  roiison. 


OUVRAGES  DÉPOSES  AU  BUREAU  OU  JOURNAL 

Tra'ili  éléinentaire  ici  maladiei  dit  voiet  unndira,  par  M.  \o  doctonr  E.  Dr  «a -M. 

nvcc  uno  prëraco  de  M.   lo   professeur  Giiyon.   1   vol.  in-1 3  cartonné  dumjni. 

tranclici  routes,  do  iOOO  pages   avec   figures  dans  le  texte.  Parit.  0.  Doin 

10  fr. 
Ltçont  tur  lei  maladiet  du  iyUème  nerveux,  profosst'et  à  la  Faculië  de  médc- 

cino  do  Paris,  par  M.  le  docteur  F.  Raymond.  Un  beau  volume  grand  to-8*  àr^ 

hÎ9  pagâs,  avec  figures  dans  le  texte.  Parts,  0.  Doin.  10  U 

Syphilit  et  paralytie  générale,  par  MM.  A.   Morcl-Lavallée  et  L.  BeUèrcs.  ■-]%•' 

une  prcfdce  de  M.  le  professeur  Pournier.  1  gr.  vol.  io-8*  de  KO  pages.  I*«rl5. 

0.  Ooin.  •  i  fr 

Manuel  pratique  dei  malëdiet  de  Venfance,  par  M.  lo  professeur  A.  D'E«pinc  et 

M.  G.  Picot.  4*  édition,   revuo  et  considérablement  augmentée,  i  beau  Tolunif 

iu-12  de  U36  pagC5.  Paris.  J.-B.  Baillièro  et  liU.  tf  fr. 


VARIÉTÉS 

Banquet  Glênard.  —  Sur  Tiniliaiive  des  professeurs  et 
apprégés  de  la  Faculté  de  médecine  et  des  membres  du  Conseil 
d  hygiène,  un  banquet  a  été  offert  à  M.  le  professeur  Glénard 
atteint  par  la  limite  d*àge.  Aux  toasts  portés  par  M.  Lortet, 
Sicart,  Rollet,  Mayet,  Gazeneuve,  Ferraud,  Diday  et  Marduel 
M.  Glénard  a  répondu  par  une  improvisation  éloquente  et  émue. 
soulignée  par  les  applaudissements  de  tous  les  convives. 

Hospice  des  enfants  assistés.  —  Une  consultation  de  chirur- 
gie vient  d'être  créée  dans  cet  hospice,  74^  rue  Denfert-Koche-    i 
reau.  Elle  est  faite  par  M.  le  docteur  Kirtnisson,chef  de  servira, 
les  mardi,  jeudi  et  samedi,  à  neuf  heures. 

Société  médicale  des  Hôpitaux.  —  Séance  du  vendredi  t' 
décembre.  —  Ordre  du  jour  :  Elections.  Compte  rendu  annuel 
de  la  Société  pendant  Tannée  1889,  par  M.  Desnos,  secrétaire 
général. 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant > 
215i8.  ^  MOTTIROS.  —  Impfimarioi  râuoles,  ▲,  rao  Mignon,  f ,  Ptris. 


Trente-sixième  année 


N-  52 


27  Décembre  1889 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


PARAISSANT  TOUS  LES  VENDREDIS! 


COMITÉ  DE  RÉDACTION 

M.  LE  D"  L.  LEREBOULLET,  Rédacteur  en  chef 
MM.  P.  BLACHEZ.  E.  BRISSAUD,  6.  DIEULAFOY.  DREYFUS-BRISAC,  FRANCOIS-FRANCK,  A.  HÉNOCQUE,  A.^.  iARTIN,  A.  PETIT,  P.  RECLUS 

Adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  à  M.  Lereboullet,  44,  rue  de  Lille  (avant  le  mardi  de  prélérence) 


SOMMAIUB.  —  BiLLETFN.  La  prippo  en  Euroiio.  —  Formulairb  Tuérapeu- 
TiQiK.  Dn  trailomcnl  du  choiera  infanlilc.  De  la  technique  des  irrigations  intc«- 
tin.'iSc»  dans  la  flèvro  typhoïde.  —  Revue  UBS  cours  et  des  cliniques.  Hôtel- 
Difîii;  M.  Tillaux.:  Pied  bot  vanis.  Tar&octomio.  —  Travaux  originaux.  Syjihi- 
lio^r.jphic:  Myclopalliics  syphiiiliques.  —  Clinique  médicale:  Con>ii«M*ation»  »ur 
la  valeur  diagnostique  cl  pronostique  de  rurohiiinuric.  —  SOCIÉTÉS  savantes. 
Académie  de  médecine.  —  Sociélé  de  chirurgie.  —  Socicté  de  biologie.  — 
So -iolé  do  thûrapoulique.  —  RevUE  DES  jouknaux.  Tliêrapculiquc.  Travaux  ii 
coMHulier.  —  BiBLtooRAPHiB.  Traite  pratique  do  chirurgie  d'arme**.  — 
Variétés.  Nécrologie:  Damascliiuo.  Académie  des  sciences:  prix  Lacazc.  Mor- 
talité à  Paris 


A  NOS  ABONNÉS 

Depuis  quelques  années,  à  l'exemple  du  journa- 
lisme quolidien,  la  presse  médicale  se  transforme 
cl  modifie  ses  procédés  de  vulgarisation  scienlidque 
et  d'information  internationale.  Chaque  jour  voit 
naître  un  nouveau  progrès.  Et,  parmi  les  étu- 
diants et  les  médecins,  il  en  est  beaucoup  qui 
paraissent  prendre  goCit  à  des  publications  dont 
l'objet  principal  est  de  mettre  le  plus  rapidement 
possible  sous  les  yeux  du  lecteur  un  grand  nombre 
de  comptes  rendus  de  Sociétés  savantes  françaises 
ou  étrangères  et  de  leçons  cliniques. 

La  Gazette  hebdomadaire  y  dont  la  préoccupation 
a  toujours  été  d'ofïrir  à  ses  lecteurs  des  articles  de 
critifiue,  réunissant  et  rapprochant,  pour  les  mieux 
éclairer  les  uns  par  les  autres,  les  faits  scientifiques 
recueillis  dans  les  Sociétés  savantes,  tient,  elle  aussi, 
a  hâter  la  publicité  des  documents  qu'elle  fait 
paraître  et  à  multiplier  les  éléments  d'information 
et  d'instruction  médicale  dont  elle  dispose. 

A  dater  du  7  janvier  1890,  la  Gazette  hebdoma- 
daire, en  quelque  sorte  dédoublée,  publiera  dès  le 
mercredi  matin,  sous  la  même  direction,  avec  les 
mêmes  collaborateurs,  un  organe  spécial,  donnant,  à 
l'exemple  des  journaux  dont  le  mérite  exclusif  r'st 
rintéiet  d'actualité,  le    compte  rendu  de  l'Aca- 

t'  SÉRIE,  T.  XXVI. 


demie  de  médecine  et  des   principales   Sociétés 
savantes. 

Journal  du  praticien  et  de  l'étudiant,  le  Mercbedi 
MKr)ic.\L  contiendra  de  plus  une  leçon  clinique^ 
un  précis  de  thérapeutique  appliquée j  des  nouvelles 
universitaires,  enfin  des  revues  de  journaux.  M.  le 
docteur  A.  Broca,  plus  spécialement  chargé  de  la 
rédaction  de  ce  nouveau  journal,  annexe  de  la 
Gazette  hebdomadaire,  s'appliquera  à  le  tenir  au 
courant  de  tous  les  faits  et  de  tous  les  travaux  qui 
peuvent  intéresser  l'étudiant. 

Le  numéro  du  samedi  continuera  à  être  un  organe 
d'enseignement  et  de  critique.  Une  plus  large  place 
pourra  y  être  consacrée  aux  revues  générales,  aux 
articles  de  bibliographie,  aux  revues  de  journaux 
français  et  étrangers,  enfin,  aux  questions  déonto- 
logiques et  professionnelles. 

Recevant,  à  la  fois,  sans  augmentation  du  prix 
de  l'abon?iement,  les  deux  journaux  qui  consti- 
tueront la  nouvelle  Gazette  hebdomadaire ,  et 
dont  l'ensemble  représentera  un  supplément  de 
matières  au  moins  égal  à  la  moitié  des  articles 
précédemment  fournis,  nos  abonnés  y  trouveront, 
nous  en  avons  la  ferme  espérance,  toutes  les  nou- 
velles médicales,  tous  les  documents,  toutes  les 
appréciations  critiques,  tous  les  enseignements  que 
l'on  est  en  droit  de  chercher  dans  un  organe  indé- 
pendant, soucieux  de  se  tenir  au  courant  du  mou- 
vement scientifique  contemporain  et  toujours  fidèle 
aux  traditions  d'honnêteté  scientifique  et  de  tra- 
vail qui  lui  ont  valu  jusqu'à  ce  jour  de  si  encoura- 
geantes sympathies. 


834    —  N»  52  -- 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        27  Décembre  1889 


BULLETIN 

Paris,  25  décembre  1889. 

liA  ifi^ipp®  «»  Europe. 

L'épidémie  de  grippe  que  nous  subissons  en  ce  moment 
continue  à  sévir  avec  la  même  intensité  non  seulement 
dans  les  villes  qu'elle  envahit  peu  à  peu  et  progressivement, 
mais  même  dans  les  régions  ou  elle  s'est  manifestée  tout 
d'abord.  En  Russie,  d'où  elle  est  parlie,  où  ses  premières 
victimes  ont  été  observées  à  Saint-Pétersbourg,  puis  à 
'  Moscou,  on  constate  encore  de  nombreux  malades.  A  Berlin, 
à  Vienne,  à  Londres,  à  Madrid,  partout  en  Europe,  les  cas 
sont  nombreux,  sinon  graves.  On  signale  même  à  Anvers  et 
à  Bruxelles  une  recrudescence  épidémique  très  marquée. 
A  Genève,  les  écoles  ont  été  licepciées  comme  à  Paris. 
Enfin  la  maladie  a  passé  l'Océan  et  ses  victimes  paraissent 
être  aussi  nombreuses  à  New-York  qu'à  Paris.  Dans  toutes 
les  Sociétés  savantes  on  discute  sur  la  nature,  la  symptoma- 
lologie,  le  pronostic  de  l'affection.  Partout  on  semble  d'ac- 
cord pour  admettre  des  conclusions  à  peu  près  sembables 
à  celles  que  nous  avions  résumées  dans  notre  précédent 
article. 

Au  point  de  vue  symptomatique,  il  est  peu  de  médecins 
qui  se  trouvent  en  mesure  de  confirmer  les  idées  plus 
théoriques  que  pratiques  développées  par  M.  Renvers  de- 
vant la  Société  de  médecine  interne  de  Berlin.  Les  variétés 
cliniques  signalées  par  l'auteur  se  confondent,  en  effet, 
chez  un  grand  nombre  de  malades  et  ne  présentent  que 
rarement  les  types  nettement  définis  qu'il  a  indiqués.  Le 
début  brusque  est  la  règle.  Chez  les  enfants  surtout  il  est 
presque  caractéristique.  Depuis  huit  jours  j'ai  observé  un 
assez  grand  nombre  de  faits  de  ce  genre.  Deux  ou  trois  fois 
l'invasion  très  rapide  provoquait  des  phénomènes  convul- 
sifs.  A  diverses  reprises,  chez  les  adultes,  des  accidents  de 
nature  presque  syncopale  signalaient  aussi  le  début  de  la 
maladie.  Comme  je  l'avais  fait  remarquer,  il  est  rare  que, 
même  dans  ces  circonstances,  la  température  fébrile  dé- 
passe 40 degrés.  C'est  ce  que  MM.  Lœwenstein  et  Guttmann 
ont  également  constaté.  Rarement  aussi  une  médication 
très  active  devient  nécessaire  pour  arrêter  les  accidents. 
M.  Fuerbringer  le  déclare  très  explicitement.  Les  médica- 
ments antithermiques  lui  ont  paru  inutiles;  la  fièvre  dispa- 
rait sans  intervention  active  et  la  guérison  est  plus  rapide 
quand  on  n'a  point  abusé  de  l'antipyrine  ou  du  sulfate  de 
quinine. 

Au  point  de  vue  du  pronostic,  les  accidents  de  pneumo- 
nie infectieuse,  signalés  dans  ces  derniers  jours,  ne  suffisent 
pas  à  modifier  ce  qui  a  été  dit  dès  le  début  Si  les  vieillards, 
les  cardiaques  ou  les  albuminuriques  succombent  parfois  à 
des  congestions  pulmonaires  venant  compliquer  la  grippe, 
celle-ci,  dans  l'immense  majorité  des  cas,  évolue  sans 
donner  lieu  à  ces  complications  pulmonaires  qui,  si  fré- 
quemment dans  les  épidémies  antérieures,  déterminaient 
une  mort  rapide.  Les  cas  de  pneumonie  infectieuse  restent 
exceptionnels  et  peut-être  en  dehors  de  l'épidémie  régnante. 
Seuls  les  accidents  gastro-intestinaux  qui  succèdent  à  la 
période  aiguë  peuvent,  pendant  quelques  jours,  retarder 
la  convalescence.  Or  ces  accidents  (vomissements,  diarrhée 
fétide,  inappétence,  etc.)  s'observent  moins  fréquemment 
chez  les  sujets  qui  n'ont  été  soumis  à  aucune  médication 
active  que  chez  les  malades  qui  ont  abusé  de  la  quinine  ou 


surtout  de  Tantipyrine.  Chez  les  enfants,  en  particulier,  cher 
lesquels  l'expectation  thérapeutique  doit  être  la  règle,  o.i 
observe  rarement  des  retards  dans  la  convalescence.  Avc-t 
la  plupart  des  médecins  allemands  et  anglais  nous  croyoïb 
donc  qu'il  faut  se  garder  d'abuser  des  antipyrétiques  dans 
une  maladie  qui,  abandonnée  à  elle-même,  guérit  en  cinq 
ou  six  jours. 

La  question  de  la  contagiosité  de  la  maladie  a  été  dis- 
cutée par  Hirsch  qui,  ayant  constaté  l'immunité  des  reiigieui 
cloîtrés,  a  affirmé  l'importation  de  la  maladie  dans  ie> 
lycées  et  collèges,  et  par  un  grand  nombre  d'autres  médeci(i> 
qui,  au  contraire,  l'ont  niée.  Le  professeur  Leyden  nous 
semble  avoir  bien  traduit  l'opinion  générale  en  affirmant, 
comme  l'avait  déjà  fait  M.  Bouchard,  qu'il  est  difficile  de 
croire  à  la  contagion  d'une  maladie  qui  présente  une  exten* 
sion  aussi  soudaine  et  s'étend  sur  toute  l'Europe  sans  pré- 
senter dans  sa  marche  ou  son  mode  de  propagation  rien  qui 
rappelle  l'évolution  des  grandes  épidémies  contagieuses. 

Lorsque  nous  aurons  réuni  tous  les  documents  que  nous 
avons  déjà  reçus  et  tous  ceux  que  nous  attendons  encore 
sur  l'épidémie  régnante,  nous  compléterons  cet  exposé. 


FORMULAIRE  THÉRAPEUTIQUE 

Dn  traUemeni  da  eholéra  Inranttle. 

Deux  indications  dominent  la  médication  de  cette  affec- 
tion :  i"*  suspendre  les  troubles  digestifs  ;  2^  combattre  le 
collapsus  et  l'algidité. 

1*  Faut-il  mettre  l'enfant  a  la  diète  ?  Oui,  d'après  lo> 
uns  (Critzmann);  non,  d'après  les  autres  (J.  Simon).  Ceux 
qui  proscrivent  le  lait,  permettent  l'ingestion  de  quelques 
cuillerées  d'eau  albumineuse  ou  de  thé  au  rhum,  ces 
boissons  étant  glacées,  pour  apaiser  la  soif.  Ceux  qui  au- 
torisent le  régime  lacté  rationnent  ce  liquide  à  raison 
d'une  ou  deux  verrées  par  jour  et  en  le  coupant  d'eau  de 
Vais  ou  de  Fougues.  La  cessation  des  vomissements  ou  de 
la  diarrhée  permet  d'augmenter  cette  dose;  leur  retour 
impose  l'obligation  de  l'augmenter. 

2"  Comment  combattre  la  diarrhée  ?  L'opium,  maliirê 
le  jeune  âge  de  l'enfant,  peut  être  employé  (Cadet  de 
Gassicourt,  J.  Simon,  Widerhofer)  surtout  sous  la  forme 
d'élixir  parégorique  et  à  raison  de  VIII  à  X  gouttes  par 
jour,  ou  bien  en  potion,  en  l'associant  à  l'extrait  de  rala- 
nhia  et  à  l'extrait  de  kola  : 

Extrait  de  ratanhia. . .  (K%50  à  1  gramme. 

Extrait  de  kola 09%10  à  0«%20. 

Ëlizir  parégorique...  VIII  à  X  gouttes. 

Sirop  simple «  60  grammes. 

Une  cuillerée  à  café  toute  les  deux  heures. 

M.  Critzmann  fait  l'éloge  de  la  potion  suivante  qui  ré- 
pond à  la  même  indication  : 

Salicylate  de  bismuth 1  à  â  grammes. 

Laudanum  de  Sydenham..  I  à  V  gouttes. 

Infusion  de  thé GO  grammes. 

Sirop  de  framboises 20       — 

Rhum 15  à  20  grammes. 

Une  cuillerée  à  café  toute  les  deux  heures. 

3*»  Quels  sont  les  agents  antiseptiques  que  l'on  pkct 
PRESCRIRE  ?  Le  calomel  d'abord,  l'acide  lactique  ensuite. 


27  Décembre  1889       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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Le  calomel,  recommandé  par  Widerhofer,  à  l'imitation 
des  anciens  médecins,  s'administre  en  poudre  et  à  raison 
de  8  à  10  centigrammes  dans  les  vingt-quatre  heures.  Voici 
la  formule  de  Widerhofer  : 

Calorael 5  à  10  centigrammes. 

Sucre  pulvérisé..     20  centigrammes. 

F.  s.  a.  pour  dix  paquets.  Un  paquet  toutes  les  deux  heures. 

L'apparition  du  collapsus  doit  faire  cesser  Tadministra- 
tion  du  médicament. 

L'acide  lactique,  recommandé  par  Lesage,  s'emploie  dès 
le  début.  On  peut  le  prescrire  en  potion.  Voici  celle  dont 
on  fait  usage  dans  le  service  de  M.  Grancher  : 

Acide  lactique 2  grammes. 

Eau  distillée /  .  ^^ 

Sirop  de  framboises )^^^  grammes. 

C'est  une  solution  aux  deux  centièmes.  On  peut  porter  la 
dose  d'acide  lactique  à  3  et  4  grammes.  Cette  potion  s'ad- 
ministre par  cuillerée  à  café  tous  les  quarts  d'heure  ou 
toutes  les  demi-heures  suivant  l'intensité  de  la  diarrhée  et 
jusqu'à  cessation  de  cette  dernière. 

M.  Critzmann  recommande  aussi  les  lavements  d'eau 
bouillie  et  boriquée  de  150  à  200  grammes  suivant  l'âge 
de  l'enfant. 

4°  Comment  faut-il  intervenir  contre  le  collapsus 
KT  l'algidité  ?  Par  les  bains  sinapisés,  chauffés  à  38  degrés 
et  de  cinq  à  six  minutes  de  durée;  par  les  piqûres  d'éther, 
l'administration  de  la  caféine  à  l'intérieur,  ou  si  ces 
moyens  échouent,  par  l'injection  sous-cutanée  de  10  cen- 
tigrammes de  ce  même  médicament.  M.  Critzmann  a  for- 
mulé ainsi  une  potion  à  la  caféine  : 

Citrate  de  caféine 25  centigrammes. 

Rhum  vieux 20  grammes. 

VindeMalaga 30       — 

Sirop  de  framboises....  40       — 

A  prendre  par  cuillerée  à  café  de  iiuart  d'heure  eu  quart 
d'heure. 


D«  la  technique  de*  Irrigations   Intestinales   dans    la 
0éYre   typhoïde. 

L'administration  des  antiseptiques  et  des  désinfectants  du 
tube  intestinal  par  la  voie  buccale  offre  parfois  des  incon- 
vénients. De  plus,  il  y  a  danger  à  les  prescrire  à  hautes 
doses,  ou  bien  ils  sont  absorbés  avant  d'arriver  dans  l'in- 
testin s'ils  sont  trop  solubles,  ou  n'agissent  guère  et  s'ac- 
cumulent s'ils  ne  le  sont  pas. 

S'adresse-t-on  aux  lavements?  Mêmes  inconvénients. 
Mieux  vaut  donc  essayer  les  irrigations  intestinales. 

Comment  les  pratiquer? 

1"  Position  du  malade.  — Le  décubilus  dorsal  est  néces- 
saire, car  celte  situation  est  celle  qui,  l'expérience  le 
prouve,  favorise  la  pénétration  du  liquide. 

S*»  Nombre  des  trnjaa'ows.  — Deux  au  moins  par  jour. 
M.  Backhaus  (de  Greifswald)  s'en  contente.  J'emploie  plus 
volontiers  trois  à  quatre  irrigations.  Cependant  voici  une 
objection  :  ces  irrigations  pénètrent-elles  assez  avant  dans 
le  tube  intestinal?  Quelques  médecins  en  doutent.  Eh  bien, 
leur  doute  est  illégitime,  la  valvule  de  Bauhin  n'est  pas 


un  obstacle  invincible.  Le  tout  est  de  savoir  franchir  la 
valvule  des  apothicaires,  à  preuve  les  expériences  de 
Mosler,  Mader,  Canlani  et  Damman. 

3*  Mode  d^ administration.  —  Il  faut  les  administrer 
avec  lenteur,  employer  une  pression  modérée,  les  sus- 
pendre de  temps  en  temps  pendant  quelques  instants  et 
employer  une  canule  suffisamment  longue* 

4°  Quelle  solution  faut-il  choisir?—  M.  Backhaus  se 
sert  d'une  solution  de  tanin  au  millième  et  graduellement 
en  augmente  le  titre  jusqu'à  2  pour  100.  II  obtient  ainsi, 
dit-il,  la  désinfection  des  selles  dans  les  cas  de  diarrhées 
profuses. 

Je  préfère  une  solution  de  salicylate  de  magnésie  au 
deux  millième,  sel  dont  M.  Huchard  a  montré  les  pro- 
priétés à  la  fois  antiseptiques  et  antithermiques.  A  doses 
modérées  ce  sel  ne  provoque  pas  une  diarrhée  abondante, 
mais  modifie  le  catarrhe  intestinal. 

Ch.  ÉLOY. 


REVUE  DES  COURS  ET  DES  CLINIQUES 

HÔTEL-DIEU  :  M.  TILLATO. 
Pied  bot  varan.  Tamectomle. 

Le  malade  qui  va  nous  occuper  aujourd'hui  est  un  tout 
jeune  homme,  que  nous  allons  opérer  d'un  pied  bot.  Je 
vous  rappelle  d  abord  qu'on  désigne  sous  le  nom  de  pied 
bot  une  difformité  permanente  du  pied,  essentiellement 
caractérisée  par  ce  fait  nue  le  pied,  pendant  la  station  ou 
la  marche,  ne  repose  plus  sur  la  face  plantaire,  soit  en 
totalité,  soit  en  partie. 

Le  pied  bot  présente  un  certain  nombre  de  variétés,  que 
l'on  peut  réduire  à  quatre.  Lorsque  le  pied  est  dans  l'ad- 
duction, la  plante  regardant  en  dedans  et  le  pied  reposant 
sur  le  bord  externe,  c'est  un  pied  bot  varus.  Lorsque,  au 
contraire,  le  pied  est  dans  l'abduction,  que  la  plante  regarde 
en  dehors  et  que,  par  suite,  le  pied  repose  sur  le  bord 
interne,  c'est  un  pied  bot  valgus.  Cette  déformation  est 
beaucoup  plus  rare  que  la  précédente.  Dans  certains  cas  le 
pied  est  dans  une  extension  telle  que,  dans  la  station  verti- 
cale, il  ne  repose  que  sur  les  orteils.  Cette  déformation 
s'appelle  pied  bot  équin.  Quand,  au  contraire,  le  pied  sera 
fléchi  sur  la  jambe  et  reposera  sur  le  talon,  ce  sera  un  pied 
bot  talus.  Cette  déformation  est  de  beaucoup  la  plus  rare 
et  j'ai  souvenir  de  ne  l'avoir  rencontrée  qu'une  fois.  Il  va 
sans  dire  que  je  ne  vous  parle  que  du  pied  bot  congénital  et 
non  du  pied  bot  accidentel,  celui-ci  étant  lié  à  une  foule 
d'états  morbides  très  divers  tels  que  traumatismes,  cica- 
trices vicieuses,  ostéo-arthrites  guéries  avec  une  mauvaise 
attitude,  etc. 

Voilà  les  quatre  types  de  déformation  du  pied,  mais  je 
m'empresse  de  vous  dire  qu'ils  se  rencontrent  rarement  à 
l'état  de  pureté.  Le  malade  qui  nous  occupe  est  atteint  de 
varus  direct,  mais  c'est  là  une  exception,  et  qui  tient  pro- 
bablement à  une  cause  que  je  vous  expliquerai  toutàl'heure. 
Au  varus,  qui  est  la  déformation  la  plus  fréquente,  se  joint 
presque  toujours  un  certain  degré  d'equinisme.  Cette  défor- 
mation, qui  réunit  le  type  varus  et  le  type  équin,  a  reçu  le 
nom  de  pied  bot  varùs  équin.  C'est  celle  que  vous  ren- 
contrerez presque  toujours. 

On  peut  reconnaître  trois  périodes  au  traitement  du  pied 
bot  :  une  ancienne,  une  moderne  et  une  actuelle. 

La  période  ancienne  commence  aux  temps  les  plus  reculés 
et  ne  se  termine  qu'au  commencement  de  ce  siècle,  vers 


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N-  52  - 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  HËDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       27  Décembre  1889 


1816  environ.  La  seule  méthode  en  usage  pendant  celte 
longue  période  peut  être  appelée  mécanique.  Elle  consistait 
uniquement  à  faire  subir  quelques  manipulations  au  pied 
et  à  appliquer  des  appareils  de  forme  variable  destinés  à  le 
redresser.  Si  dans  les  déformations  légères,  avec  beaucoup 
de  patience  et  d'excellents  appareils  orthopédiques»  on  ob- 
tenait quelques  résultats,  on  n'en  est  pas  moins  obligé  de 
convenir  que  la  plupart  du  temps  cette  méthode  était  nulle, 
en  tous  cas  toujours  insuffisante. 

La  seconde  période,  caractérisée  par  la  ténotomie,  a  fait 
faire  des  progrès  considérables  au  traitement  du  pied  bot  ; 
avant  son  entrée  définitive  dans  la  pratique  chirurgicale 
on  rencontrait  beaucoup  plus  souvent  des  enfants  atteints 
de  malformations  congénitales  du  pied. 

C'est  à  Delpech  (de  Montpellier)  que  nous  devons  la 
première  tentative  ae  traitement  du  pied  bot  par  la  téno- 
tomie. Quand  Delpech  eut  l'idée  de  traiter  un  varus  équin 
par  la  section  du  tendon  d'Achille,  il  ne  connaissait  ni 
l'antisepsie  ni  la  section  sous- cutanée  des  tendons;  aussi 
grâce  à  un  manuel  opératoire  insuffisant  et  compliqué  n'ob- 
tint-il pas  un  résultat  encourageant.  La  méthode,  qui  avait 
soulevé  tout  d'abord  de  très  vives  critiques,  tomba  rapide- 
ment dans  l'oubli.  Il  fallut  les  travaux  de  Strosmeyer  et  de 
l'école  française  pour  la  faire  sortir  de  l'oubli;  la  téno- 
tomie sous-cutanée,  pratiquée  pour  la  première  fois  par 
Dupuytren  sur  le  faisceau  sternal  du  sterno-cléido-mas- 
toidien  pour  un  torticolis  chronique,  acheva  de  la  mettre 
complètement  en  honneur,  en  facilitant  le  manuel  opéra- 
toire et  en  diminuant  les  dangers  d'infection. 

Cette  opération,  qui  est  encore  la  seule  employée  lorsque 
la  déformation  du  pied  n'est  pas  compliquée  de  malforma- 
tions articulaires  et  osseuses  irréductibles,  doit  être  faite 
dans  la  première  jeunesse.  J'opère  toujours  dans  la  pre- 
mière année  et,  si  possible,  dans  le  premier  mois.  On  peut 
dire  qu'il  faut  opérer  sitôt  que  la  vie  de  l'enfant  est  assurée, 
car  à  cette  époque  il  sera  plus  facile  de  remédier  aux 
déformations  osseuses  et  articulaires.  Votre  devoir  sera 
toujours  de  prévenir  les  parents  que  l'intérêt  de  l'enfant 
exige  une  opération  rapide,  je  dirai  presque  hâtive. 

Dans  presque  tous  les  auteurs,  on  préconise  une  méthode 
de  traitement  que  je  juge  défectueuse.  Pour  eux,  après  la 
section  sous-cutanée  du  tendon  d'Achille,  avant  d'appliquer 
l'appareil  orthopédique,  il  faudrait  attendre  que  la  petite 
plaie  fût  cicatrisée,  c'est-à-dire  cinq  ou  six  jours.  Mais 
pendant  ce  temps  les  deux  bouts  du  tendon  ont  pu  se  res- 
souder et  l'opération  a  manqué  son  but,  puisqu'elle  était 
destinée  à  allonger  un  tendon  trop  court  par  l'interposition 
entre  les  deux  bouts  sectionnés  d'une  sorte  de  rallonge 
fibreuse.  Aussi  après  ce  laps  de  temps  la  réduction  du  pied 
est-elle  presqueaussi  difficile  que  si  l'on  n'avait  pas  pratiqué 
la  ténotomie. 

Chez  un  enfant  atteint  de  pied  bol  varus  équin,  après  la 
section  sous-cutanée  du  tendon  d'Achille,  je  fais  immédia- 
tement la  réduction  du  pied.  Puis,  sans  m'inquiéter  de  la 
petite  plaie,  que  je  recouvre  simplement  d'un  petit  tampon 
de  coton  hydrophile,  j'applique  l'appareil  plâtré  de  Mai- 
sonneuve,  en  ayant  bien  soin  de  maintenir  le  pied  dans  une 
bonne  position'jusqu'à  ce  que  le  plâtre  soit  sec.  Au  bout 
d'un  mois  on  retire  l'appareil  ;  il  n'y  a  plus  trace  de  la 
petite  plaie  et  le  pied  est  fléchi  sur  la  jambe. 

Ce  serait  une  erreur  de  croire  que  le  traitement  du  pied 
bot  consiste  uniquement  dans  l'opération,  et  que  le  plâtre 
une  fois  enlevé  la  guérison  définitive  est  obtenue.  Il  faudra 
au  contraire  surveiller  l'enfant  pendant  plusieurs  années, 
lui  faire  porter  un  appareil  orthopédique  jour  et  nuit,  lui 
faire  faire  des  chaussures  appropriées  et  disposées  de  telle 
sorte  que  le  talon  repose  bien  sur  le  sol.  Ce  n'est  qu'à  ce 
prix  que  l'on  conservera  les  résultats  de  l'opération  et  que 
l'on  évitera  la  récidive. 
L'enfant  qui  fait  le  sujet  de  cette  conférence  est  un 


exemple  de  la  tendance  à  la  récidive  du  pied  bot.  Déjà  il 
avait  été  opéré  à  l'âge  de  six  mois  par  M.  de  Saint-Germain 
et  actuellement  on  peut  bien  dire  que  les  résultats  de  l'opé- 
ration sont  absolument  nuls. 

Au  bout  d'un  certain  temps,  si  le  pied  n'a  pas  été  rédait, 
lorsque  les  enfants  ont  marché  depuis  plusieurs  années,  il 
se  produit  des  déformations  articulaires  et  osseuses  qui  op- 
posent un  obstacle  invincible  à  la  réduction.  A  ce  moment- 
là  les  tendons  n'interviennent  plus  pour  rien  daus  la  défor- 
mation et  leur  section  ne  peut  plus  être  d'aucune  utilité 
pour  le  traitement.  Il  est  intéressant  de  savoir  jusqu'à  qutl 
âge  la  ténotomie  suffit  pour  la  réduction  du  pied.  Presque 
tous  les  auteurs  sont  d  accord  pour  fixer  comme  dernière 
limite  l'âge  de  sept  ou  huit  ans. 

A  partir  de  ce  moment  la  déformation  devient  osseuse,  et 
l'on  peut  dire  que  là  s'arrête  la  période  moderne  du  traite- 
ment du  pied  bot.  Les  pieds  bots  osseux,  en  effet,  étaient 
considérés  comme  incurables,  et  vous  pouvez  lire  dans  le 
roman  de  Flaubert,  Madame  Bovary,  un  exemple  de> 
résultats  pitoyables  que  l'on  obtenait  par  la  ténotomie. 
Quelquefois  des  accidents  locaux  graves,  tels  que  darilloris 
douloureux,  eschares,  etc.,  forçaient  le  malade  à  implorer 
l'amputation. 

Déjà,  en  1854,  M.  Little,  dans  un  cas  de  varus,  avait  tenté 
l'extirpation  du  cubolde.  Mais  celte  opération  n'eut  pas  le 
retentissement  qu'elle  méritait.  Elle  avait  le  tort  d'être 
insuffisante,  Tablation  du  cuboïde  seul  ne  permettant  pas  la 
réduction  complète  du  pied.  Mais  son  plus  grand  tort  était 
d'arriver  à  un  moment  où  l'antisepsie  n'étant  pas  connue, 
aucun  chirurgien  ne  voulait  exposer  ses  malades  à  une 
opération  dont  les  suites  pouvaient  être  mortelles,  pour  une 
infirmité  qui^  la  plupart  du  temps,  n'était  que  gênante. 

Ce  que  j'ai  appelé  la  période  actuelle  du  traitement  du 
pied  bot  ne  commença  en  réalité  qu'en  1872,  avec  M.  Lain, 
qui  proposa  la  résection  de  l'astragale.  C'était  un  très  grand 
progrès,  car  dans  les  pieds  bots  osseux  l'astragale  est  tou- 
jours luxée  et  dans  les  tentatives  de  réduction  du  pied  elle 
s'applique  contre  le  tibia,  mettant  ainsi  à  la  réduction  un 
obstacle  mécanique  qu'il  e^t  impossible  de  surmonter.  En 
1877,  M.  Davis  Colley  fit  ce  qu'il  appela  la  résection  atypique 
du  tarse.  Cette  opération,  qu'on  peut  appeler  aussi  résection 
cunéiforme  du  tarse,  consiste  à  enlever  toute  la  masse 
osseuse  qui  s'oppose  à  la  réduction  du  pied  en  opérant 
comme  s'il  s'agissait  d'un  seul  os  et  en  détachant  un  coin 
à  base  externe  dont  le  sommet  répondrait  au  bord  interne. 
Ces  opérations  sont  encore  à  l'étude  et  les  résultats  pa- 
raissent être  favorables,  en  tous  cas  ils  sont  encourageants. 
Pour  plus  amples  renseignements,  vous  n'avez  qu'à  con- 
sulter la  thèse  d'agrégation  de  M.  Schwartz  (1883)  ou  vous 
trouverez  toutes  les  statistiques  se  rapportant  à  ce  sujet. 

C'est  une  opération  de  ce  genre  que  je  vais  faire  aujour- 
d'hui devant  vous,  chez  un  jeune  garçon  de  quatorze  à  quinze 
ans.  Comme  je  vous  l'ai  déjà  dit,  cet  enfant  est  atteint  de 
varus  direct  et  avait  été  opéré  à  six  mois  par  M.  de  Saint- 
Germain.  C'est  du  reste  très  probablement  à  cette  opération 
qu'est  due  cette  déformation  en  varus  direct  qui,  je  le  répète, 
est  assez  rare.  La  section  du  tendon  d'Achille  pratiquée  sur 
chaque  pied  par  M.  de  Saint-Germain  se  sera  sans  doute 
opposée  à  l'équinisme  par  la  formation  de  cette  rallonge 
dont  je  vous  ai  déjà  parlé. 

Le  malade  était  déjà  entré  dans  mon  service  au  mois  de 
ianvier  dernier  et,  à  ce  moment-là,  j'opérai  son  pied  droit. 
Pour  cela,  je  fis  l'ablation  de  l'astragale  et  du  cuboide,  mais 
en  voulant  faire  la  réduction  du  pied  je  fus  arrêté  par  l'apo- 
névrose plantaire  rétractée  et  qui,  se  tendant  comme  une 
corde,  empêchait  le  renversement  du  pied  en  dehors.  Jo 
dus  faire  alors  sa  section  sous-cutanée.  Au  point  de  mïp 
esthétique,  le  résultat  obtenu  laisse  peut-être  à  désirer;  la 
pointe  du  pied  est  encore  un  peu  subluxée  en  dedans,  ce 
qui  donne  à  l'ensemble  un  aspect  assez  disgracieux.  Mais  il 


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n'en  est  (jas  de  même  au  point  de  vue  fonctionnel,  et  notre 
intervention  a  rendu  le  plus  grand  service  au  malade.  Au 
lieu  d'être  réduit  comme  pour  le  pied  gauche  à  marcher 
sur  le  bord  externe  de  la  face  plantaire,  dans  la  station  ver- 
ticale le  poids  du  corps  repose  sur  le  talon  et  sur  la  plante. 
Ce  n'est  donc  plus  à  un  véritable  pied  bot  que  nous  avons 
aflaire.  Le  malade,  du  reste,  s'est  si  bien  trouvé  de  Topéra- 
tion  que  sa  famille  est  venue  nous  demander  de  la  renou- 
veler pour  le  pied  gauche  et  que  la  seule  chose  que  lui- 
même  désire  c'est  d'avoir  le§  deux  pieds  semblables. 

C'est  ce  que  je  vais  m'efforcer  de  faire  aujourd'hui.  Je 
lâcherai  même  d'obtenir  une  attitude  moins  disgracieuse  du 
pied  en  évitant,  si  je  le  puis,  que  l'avant-pied  reste  incliné 
en  dedans.  Pour  cela,  j'agirai  comme  je  1  ai  déjà  fait  pour 
le  pied  droit.  Après  avoir  pratiqué  une  incision  sur  la  face 
dorsale  externe  du  pied,  je  mettrai  l'astragale  à  découvert 
et  je  l'enlèverai.  J'agirai  de  même  pour  lescaphoïde  et  je 
terminerai  par  la  section  sous-cutanée  de  1  aponévrose 
plantaire,  en  prenant  bien  soin  de  ne  pas  couper  l'artère 
plantaire,  ainsi  qu'on  en  a  quelques  exemples,  car  la  défor 
mation  du  pied  modifie  d'une  façon  considérable  les  rap- 
ports des  différents  organes  de  cette  région. 

Celle  ablation  de  l'astragale  et  du  scaphoide  sera  proba- 
blement encore  insuffisante  et  peut-être  me  fauura-t-il 
avoir  recours  à  l'ablation  du  cuboide  et  même  à  la  résection 
de  la  partie  antérieure  du  calcanéum.  Au  préable,  j'appli- 
querai la  bande  d'Esmarch,  non  pour  économiser  du  sang, 
car  ce  qui  est  épargné  pendant  le  cours  de  l'opération  se 
répand  après,  mais  parce  qu'on  facilite  beaucoup  ainsi  celte 
longue  opération.  Les  règles  les  plus  étroites  de  l'asepsie 
étant  observées,  je  suturerai  le  tout,  de  façon  à  obtenir  une 
réunion  immédiate.  La  réduction  obtenue  au  prix  de  cette 
grande  perte  de  substance  sera  maintenue  au  moyen  d'un 
appareil  plâtré  jusqu'à  consolidation  définitive  des  surfaces 
osseuses.  Nous  aurons  rendu  alors  un  service  considérable 
à  cet  enfant,  sinon  en  supprimant,  du  moins  en  diminuant 
son  infirmité. 

Ch.  Steeg. 


TRAVAUX   ORIGINAUX 

s  jphlllographle  • 

Myélopathies  syphilitiques,  par  M.  le  docteur 
Charles  Mauriac. 

Dans  l'étude  des  déterminations  de  la  syphilis  sur  la 
moelle  épinière,  nous  sommes  loin  d'être  arrivés  au  même 
degré  de  certitude  que  pour  les  cérébrosyphiloses.  Malgré 
tous  nos  efforts,  notre  conviction  n'a  pas  encore  acquis  cette 
ampleur  à  laquelle  rien  n'échappe,  cette  solidité  sur  laquelle 
le  doute  n'a  aucune  prise.  D'où  vient  ce  sentiment  de  ma- 
laise, d'inquiétude  qui  s'empare  de  notre  esprit  et  se  change 
en  perplexité,  quand  il  s'agit  de  se  prononcer  catégorique- 
ment sur  les  nombreux  problèmes  que  suscite  cet  ordre 
d'affections  syphilitiques?  Ne  dirait-on  pas  à  certains  mo- 
ments que  le  sol  chancelle  et  se  dérobe  sous  nos  pas  ?  Au 
lieu  de  le  trouver  saturé  de  tertiarisme  comme  dans  les  vis- 
céropathies  dont  nous  nous  sommes  occupés  jusqu'ici,  c'est 
à  peine  si  de  temps  à  autre  nous  rencontrons,  d'aventure,  sur 
la  moelle  des  lésions  syphilomateuses.  Il  semble  que  leur 
germe,  si  vivace  partout  ailleurs,  s'étiole  ici  et  perd  toute 
sa  vigueur  spécifique.  Et  n'est-ce  pas  ce  qui  a  lieu?  Le 
syphilisme  s'y  atténue,  s'y  efface,  s'y  noie  dans  les  altéra- 
tions d'ordre  commun.  A  peine,  dans  les  méninges  rachi- 
diennes  et  surtout  dans  le  cordon  médullaire,  en  décou- 
vrirez-vous  des  traces  sous  forme  de  gommes  ou  de  suffu- 
sions  gommeuses.  Très  rares  sont  les  méningo-myélopathies 
franchement  syphilitiques  de  par  leurs  lésions.  Presque 


partout,  sur  la  vaste  étendue  de  ce  territoire  nerveux, 
domine  le  processus  de  sclérose  et  de  ramollissement,  dans 
ce  qu'il  a  de  plus  pur  et  de  plus  exempt  de  spécificité. 

Le  stigmate  anatomique  fait  défaut  dans  l'immense  majo- 
rité des  cas.  Mais  du  moins  le  trouverons-nous  dans  les 
symptômes?  Chacun  d'eux  en  portera-t-il  l'empreinte?  N'y 
comptez  point.  —  D'ailleurs  ne  serait-ce  pas  trop  exiger  ? 
Nous  nous  en  passions  bien  pour  le  cerveau.  Pourquoi  ne  le 
ferions-nous  pas  ici  ? 

Oui,  mais  dans  les  cérébrosyphiloses,  les  associations 

fihénoménales  suppléent  à  ce  qui  manque  aux  éléments  qui 
es  constituent.  La  bizarrerie,  l'incohérence,  l'éparpille- 
ment,  l'étrangeté  des  phénomènes  morbides,  leurs  assem- 
blages fortuits  ou  incompatibles,  et  toutes  ces  choses  dispa- 
rates qu'on  croirait  incapables  de  créer  une  physionomie, 
sont  précisément  les  traits  qui  la  constituent  et  d'où  elle  tire 
sa  puissante  originalité. 

Dans  les  myélosyphiloscs  il  n'en  est  pas  ainsi.  Les  sym- 
ptômes apparaissent,  se  déroulent,  se  juxtaposent  suivant  un 
ordre  régulier,  physiologique,  et  ne  montrent  que  rare- 
ment quelques  velléités  d'indépendance.  Tout  y  est  pour 
ainsi  dire  classique.  La  syphilis  n'ajoute  rien,  ne  retranche 
rien  ou  bien  peu  aux  myélopathies  ordinaires.  Dans  la  sym- 
ptomatologie  et  le  processus,  presque  autant  que  dans  les 
lésions,  elle  abdique  et  ne  veut  pas  se  mettre  en  frais  de 
puissance  créatrice.  Là  aussi  le  stigmate  est  faible,  s'il  ne 
manque  pas  tout  à  fait. 

Bien  plus,  l'absence  de  toute  systématisation  qu'on  signale 
àhdn  drjoit  comme  .uu  des. traits  les  plus  frappants  dé  sa 
manière,,  et  que  nous  retrouvons  dans  n'importe  quel  point 
de  l'organisme  dont  elle  s'empare,  n'y  renonce-t-elle  pas 
quand  elle  s'incarne  aussi  intimement  qu'il  est  possible  de 
le  faire  dans  la  plus  systématisée  de  toutes,  dans  le  tabeSy 
avec  ou  sans  ataxie  locomotrice  progressive  ?  C'est  même  là 
qu'elle  semble  perdre  tous  ses  droits  à  l'autonomie  ;  aussi 
la  lui  conteste-t-on.  Ne  voyez-vous  pas  devenir  plus  fortes 
et  plus  opiniâtres  les  résistances  contre  l'absorbante  spécifi- 
cité du  tabès  syphilitiaue  ? 

Est-ce  à  dire  qu'elles  en  auront  raison  ?  Qui  pourrait 
l'affirmer?  N'exagérons  rien  ni  dans  un  sens  ni  dans  un 
autre.  Il  est  incontestable  que  la  syphilis  est  un  facteur  étio- 
logique  de  premier  ordre  et  d'une  profonde  portée  dans  les 
myélopathies  de  toutes  formes,  qu'elles  soient  circonscrites 
ou  diffuses,  aiguës  ou  chroniques,  périphériques  ou  cen- 
trales ;  qu'elles  se  formulent  en  tabès  antérieur,  avec  pré- 
dominance de  la  paraplégie  ou  en  tabès  postérieur,  avec  tout 
le  cortège  des  troubles  sensoriels,  sensitifs,  moteurs,  psy- 
chiques, que  complète  et  que  couronne  Talaxie  locomo- 
trice. 

L'observation  clinique,  en  nous  faisant  assister  à  la 
filiation    des    accidents,  depuis  le    début   de   l'infection 

i'usqu'à  la  myélopathie,  nous  démontre  qu'il  en  est  ainsi.  — 
^ous  nous  disons  qu'il  est  impossible  qu'en  pareil  cas  cette 
grande  maladie  ne  tienne  pas  sous  sa  dépendance  l'affection 
médullaire,  comme  les  autres  manifestations  qui  l'ont  pré- 
cédée ou  qui  l'accompagnent. 

Et  quand  un  pareil  enchaînement  se  reproduit  sur  une 
vaste  échelle,  suivant  une  proportion  numérique  variable, 
mais  toujours  fort  grande  dans  ses  oscillations,  nous 
sommes  bien  forcés  de  nous  incliner. 

Il  arrive  un  moment  où  le  nombre  qui  ne  dit  pas  grand' 
chose  par  lui-même  fait  loi  en  éliologie.  Loi  dure  et  humi- 
liante. Au  lieu  d'établir  la  nature  d'une  maladie  sur  des 
particularités  caractéristiques  de  lésions,  de  symptômes,  de 
marche,  de  terminaison,  de  traitement,  en  être  réduit  à  la 
statistique!  Quoi  de  plus  triste?  N'est-ce  pas  là  ce  qui  met 
notre  esprit,  et  je  serais  tenté  de  dire  notre  amour-propre 
scientifique,  dans  cet  état  d'incertitude  et  d'embarras  dont 
je  vous  parlais  plus  haut  ?  N'est-ce  pas  parce  que  nos  légi- 
times aspirations  vers  la  vérité  ne  touchent  pas  directement 


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le  but,  n'y  arrivent  que  par  des  voies  détournées  ou  ne 
l'entrevoient  qu'au  loin  et  comme  à  travers  une  brume  qui 
l'obscurcit. 

Oui,  nous  avons  conscience  que  la  syphilis  occupe  une 
grande  place  dans  la  pathogénie  des  maladies  de  la  moelle 
épinière.  L'observation  clinique  et  les  chiffres  nous  le 
disent.  Mais,  quant  à  en  donner  la  preuve  complète,  nous  ne 
le  pouvons  pas.  En  vain  faisons-nous  appel  à  la  spécificité 
des  symptômes,  du  processus  et  des  lésions.  Cet  appel  n'est 
pas  entendu. 

Le  stigmate  syphilitique,  si  évident  partout  ailleurs,  reste 
équivoque,  se  dérobe  ou  même  ne  se  montre  jamais,  et 
notre  espoir  de  le  découvrir  est  si  souvent  frustré,  qu'il  en 
résulte  un  sentiment  pénible  de  découragement  et  de  scep- 
ticisme. 

Les  réflexions  qui  précèdent  me  sont  suggérées,  ai-je 
besoin  de  le  dire,  par  la  question  du  tabès  syphilitique. 
Numériauement,  la  syphilis  occupe  une  grande  place  dans 
son  étiologie.  Mais  combien  ne  serait-il  pas  préférable  que 
ses  lésions  continssent  quelques  parcelles  de  matière  gom- 
meuse,  et  qu'il  copiât  moins  servilement  le  tabès  ordi- 
naire? 

Quant  aux  autres  myélopathies,  elles  sont  moins  sujettes 
à  contestation.  Le  stigmate  n'y  est  pas  aussi  nul.  C'est  par 
elles  que  je  vais  commencer  les  descriptions  particulières. 
Je  les  pouisserai  aussi  loin  aue  possible  ;  mais  je  crains 
qu'elles  ne  démontrent  ce  qu  il  y  a  de  fondé  dans  ces  con- 
sidérations préliminaires  qu'on  trouvera  peut-être  un  peu 
trop  pessimistes 

Jusqu'ici  je  ne  me  suis  occupé  que  des  myélosyphiloses 
diffuses  dans  lesquelles  on  ne  trouve  aucune  trace  constante 
de  systématisation,  comme  symptômes  et  comme  lésions. 
Cette  question,  dont  j'ai  fait  ressortir  tous  les  côtés  obscurs 
et  indécis,  est  cependant  presque  lumineuse  quand  on  la 
compare  à  celle  (jue  je  vais  aborder. 

Nous  n'avons  jamais  quitté  le  terrain  syphilitique,  en  ce 
sens  quCy  dans  la  lésion,  on  trouvait  parfois  quelques  filons, 
quelques  gisements  de  cette  matière  gommeuse  oui  reste, 
malgré  qu'on  ait  dit,  le  caractère  matériel  le  plus  indé- 
niable de  la  syphilis.  Maintenant,  nous  voilà  en  plein  dans 
les  lésions  et  dans  les  symptômes  d'ordre  commun.  Rien, 
mais  absolument  rien,  sauf  l'étiologie  fondée  sur  les  nom- 
bres, ne  va  nous  rappeler  que  nous  sommes  encore  sur  le 
domaine  de  la  syphilis.  C'est  la  première  fois  que,  dans 
cette  longue  étude  sur  le  tertiarisme,  ce  fait  étrange  se  pro- 
duit. Partout  où  nous  avons  poursuivi  et  dépisté  les  méfaits 
de  la  syphilis  à  sa  période  tertiaire,  que  ce  fût  sur  la  peau, 
sur  les  os,  ou  dans  les  viscères,  etc.,  nous  avons  toujours 
trouvé  les  stigmates  qui  lui  sont  propres.  Quelquefois  ils 
sont  rares;  d'autres  fois  ils  surabondent  dans  les  lésions  et 
dans  les  symptômes,  si  bien  que  leur  nature  éclate  avec  la 
dernière  évidence. 

Pour  les  myélosyphiloses  qui  vont  suivre,  il  n'en  est  plus 
ainsi.  C'est  même  tout  le  contraire  qui  a  lieu.  Fouillez-les 
dans  tous  les  coins,  retournez-les  dans  tous  les  sens,  mul- 
tipliez les  interrogations  que  suscite  le  doute  ;  peine  perdue, 
recherches  vaines.  Vous  voyez  se  dresser  comme  un  grand 
sphynx  qui  ne  veut  point  dire  son  dernier  mot,  ce  tabès 
énigmatique,  d'origine  syphilitique,  sur  lequel  on  est 
encore  si  loin  de  s'entendre.  Quel  besoin  de  nous  fatiguer  à 
le  décrire  ?  N'est-il  pas,  en  effet,  absolument  identique  à 
celui  qu'on  trouve  dans  tous  les  livres,  à  celui  qu'on  ren- 
contre chez  tant  de  sujets  exempts  de  toute  teinte  spéci- 
fique ?  Si  encore  le  traitement  par  l'iodure  et  le  mercure 
avait  quelque  prise  sur  lui  î  Mais  non.  Ces  deux  remèdes  ne 
le  font  sortir  ni  de  son  mutisme,  ni  de  son  impassibilité. 

Prtrmi  les  myélosyphiloses  qu'on  qualifie  de  systéma- 
tiques, le  tabès,  avec  ou  sans  alaxie  locomotrice  progres- 
sive, est  la  seule  qu'on  attribue  à  la  syphilis.  Il  y  en  a 


une  cependant  qu'elle  semblerait  plus  apte  à  produire. 
C'est  la  sclérose  en  plaques.  Ne  trouve-t-on  pas  dans  celle 
affection  la  manière  d'agir,  les  procédés  de  la  syphilis*? 
A  priori,  ne  serait-on  pas  tenté  de  croire  que  c'est  elle  qui 
produit  les  plaques  de  sclérose  disséminées  un  peu  irrégii- 
lièrement  partout,  non  seulement  dans  la  moelle,  mais 
aussi  dans  le  cerveau,  sur  les  cordons  antéro-latéraax,  dans 
les  sillons  de  la  moelle  et  même  dans  sa  substance  grise, 
sur  le  corps  calleux,  sous  l'épendyme  des  ventricules,  dans 
les  couches  profondes  de  Técorce,  sur  les  pédoncules,  la 
protubérance,  le  bulbe,  les  bandelettes  et  les  nerfs  optiques, 
etc.,  etc.  Voilà  bien  la  dissémination  à  son  suprême  degré, 
cette  dissémination  irrégulière  qu'on  regarde  à  bon  droit 
comme  un  des  traits  de  l'action  syphilitique  et  qui  se  montre 
d'une  façon  si  frappante  dans  les  cérébrosyphiloses.  Chose 
étrange  et  qui  déconcerte  toutes  nos  prévisions,  la  syphilis 
ne  figure  pas  dans  l'étiologie  de  cette  myélopathie  !  Elle  n  a 
été  incriminée  ni  par  MM.  Vulpian  et  Charcot  à  qui  revient 
le  mérite  d'en  avoir  tracé  la  première  description  clinique, 
ni  par  tous  ceux  qui  s'en  sont  occupés  depuis. 

Les  autres  myélopathies  systématisées,  la  sclérose  laté- 
rale amyotrophique,  le  tabès  dorsal  spasraodique,  l'alrophîe 
musculaire  progressive,  ne  paraissent  pas  non  plus  être  tri- 
butaires de  la  syphilis. 

Seul,  le  tabès  sensitif  avec  ou  sans  ataxie  locomotrice 
dépendrait  d'elle  presque  toujours.  Elle  accaparerait  el 
dominerait  despotiquement  toute  son  étiologie.  —  C'est  ce 
fait  très  extraordinaire  et  capital  que  nous  allons  analyser  et 
discuter. 

Il  est  clair  qu'en  pareille  matière^  le  nœud  de  la  ques- 
tion se  trouve  dans  l'analyse  des  conditions  étiologiques, 
puisque,  comme  je  l'ai  dit  d'avance,  le  tabès  syphilitique  ne 
se  distingue  en  rien  du  tabcs  ordinaire. 

C'est  M.  Vanderlick  qui,  dès  i85i,  a  mentionné  le  pre- 
mier le  tabès  parmi  les  myélopathies  d'origine  svpbilitique. 
Plus  tard,  MM.  Virchow  (1864),  Schuize  (1867),  Bumrd 
(1871)  fournirent  sur  ce  sujet  quelques  indications;  mais 
elles  restèrent  éparseset  sans  importance  jusqu'à  l'époque 
où  M.  Fournier  reprit  cette  question,  l'enrichit  d'un  grand 
nombre  de  faits,  la  creusa  et  lui  donna  une  largeur  telle 
que  la  syphilis,  à  laquelle  avaient  à  peine  pensé  les  grands 
créateurs  du  tabès,  ceux  qui  en  avaient  fait  l'étude  la  plus 
profonde  et  la  plus  complète,  devint  tout  à  coup  et  comme 
par  un  changement  à  vue,  sinon  son  unique,  du  moins  son 
plus  important  facteur  étiologique. 

De  nombreuses  statistiques  ont  été  faites  sur  les  rapports 
du  tabès  avec  la  syphilis.  Si  un  grand  nombre  sont  favo- 
rables et  semblent  aémontrer  péremptoirement  que  la  mala- 
die constitutionnelle  est  la  cause  la  plus  commune  du  tabès, 
d'autres,  au  contraire,  ne  donnent  que  des  résultats  équi- 
voques ou  contredisent  même  les  premières.  "Voici  ces  sta- 
tistiques : 

Sur  !249  malades  affectés  de  tabès,  M.  Fournier  en  a 
trouvé  ^31  qui  avaient  eu  la  syphilis,  et  18  seulement  qui 
ne  l'avaient  pas  eue  ;  ce  qui  revient  à  dire  que  sur  100  cas 
de  labes,  il  en  est  93  où  ce  médecin  dit  avoir  rencontré, 
d'une  façon  authentique,  des  antécédents  de  syphilis.  Caza- 
lis,Yulpian,  M.  Quinquaud  etd'au très  confirmèrent  ou  accen- 
tuèrent ces  résultats.  M.  Ërb,  oui  s'est  occupé  plus  particu- 
lièrement de  celte  question,  a  (tonné  deux  statistiques.  Dans 
la  première  série,  il  a  trouvé  la  proportion  de  8â,3  tabé- 
tiques  sur  100  sujets  ayant  des  antécédants  vénériens  ou 
syphilitiques  présumés.  —  Sur  cesi00vénériens,5â  avaient 
eu,  outre  les  chancres,  des  accidents  secondaires,  et  30,3 
des  chancres  seulement.  — Dans  la  deuxième  série,  91  labé- 
tiauespour  100  vénériens,  dont62  avec  chancres  et  accidents 
volontaires,  et  i9  avec  chancres  seulement.  Ce  qui  diminue 
un  peu  la  valeur  de  celte  statistique  de  M.  Erb»  c'est  qu'il 
est  uniciste  et  compte  comme  syphilitique  Quiconque  a  eu 
autrefois  un  chancre.  Beaucoup^  parmi  c6ux|qui  ont  donné 


27  Décembre  1889       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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des  statistiques  favorables  à  Tétiologie  syphilitique  du 
tabès,  ne  sonl-ils  pas  dans  le  même  cas?  Peut-être  a-t-on 
admis  trop  facilement  l'existence  de  la  maladie  constitu- 
tionnelle chez  un  grand  nombre  de  tabétiques.  Toujours 
est-il  que,  sur  ce  sujet,  où  il  semblerait  que  les  chiffres 
dussent  mettre  tout  le  monde  d* accord,  en  fournissant  une 
moyenne  à  peu  près  semblable,  on  voit  les  résultats  les 
plus  contradictoires.  Ainsi,  tandis  que  M.  Quinquaud  trouve 
que,  sur  100  tabétiques,  100  étaient  syphilitiques,  M.  Lewin 
nous  dit  que,  sur  800  personnes  soignées  par  lui  de  la 
syphilis  depuis  1865  et  dont  Tétat  actuel  lui  est  connu,  5  seu- 
lement étaient  venus  le  consulter  pour  des  affections  des 
centres  nerveux,  et  pas  une  ne  présentait  de  symptôme 
d'ataxie.  —  M.  Oppenheim  a  étudié  Tétat  du  réflexe  patel- 
laire  chez  70  malades,  syphilitiques  depuis  cinq  ans  au  moins  ; 
or,  chez  un  seul  le  réflexe  manquait. 

J'ai  observé  an  certain  nombre  de  malades  dont  la  myé- 
lopathie  atfectait  plus  ou  moins  la  forme  et  les  allures  du 
tabès  typique.  Ces  malades  avaient  eu  incontestablement  la 
syphilis,  et  la  filiation  des  accidents  était  de  nature  à  ne 
laisser  aucun  doute  sur  la  solidarité  qui  existait  entre  Taf- 
fectiou  de  la  moelle  et  Tinfection  dont  ils  avaient  été  vic- 
times plus  ou  moins  longtemps  auparavant.  Ils  étaient  bien 
tabétiques  de  par  la  syphilis.  Tout  semblait  le  prouver,  car 
les  autres  causes  étaient  nulles  ou  insignifiantes.  Mais  je  ne 
suis  guère  consulté  que  par  des  syphilitiques.  Combien 
d'autres  malades  qui  n'ont  jamais  eu  la  syphilis  deviennent 
tabéti(]ues!  Aussi,  tout  en  attribuant  un  grand  rôle  à  celte 
maladie  dans  l'étiologie  du  tabès,  peut-être  serait-il  témé- 
raire de  l'en  rendre  à  peu  près  seule  responsable.  Comme 
elle  est  extrêmement  fréquente,  il  n'est  pas  étonnant  (qu'elle 
se  rencontre  souvent  parmi  les  antécédents  des  ataxiques. 
Beaucoup  de  pathologistes  sont  disposés  à  croire  qu'elle 
n'intervient  que  comme  une  simple  cause  prédisposante  qui 
détériore  tout  l'organisme  et  particulièrement  le  système 
nerveux.  L'étiologie  à  peu  près  exclusivement  syphilitique 
du  tabès,  très  en  vogue  il  y  a  quelques  années,  semble  l'être 
un  peu  moins  aujourd'hui. 

M.  Charcot,  par  exemple,  dont  l'opinion  est  d'un  si  grand 
poids  en  pareille  matière,  refuse  à  la  syphilis  tout  rôle  effi- 
cace direct  dans  la  production  du  tabès.  Il  n'admet  pas  le 
tabès  syphilitique  et  fait,  au  contraire,  jouer  un  rôle  pré- 
pondérant aux  antécédents  nerveux  du  sujet.  Mais,  tout  en 
refusant  à  la  syphilis  seule  un  rôle  suffisant  pour  former  de 
toutes  pièces  un  tabès  syphilitique^  il  reconnaît  que  diffé- 
rentes causes  morbides  ou  autres,  et  en  particulier  la  syphi- 
lis, peuvent  hâter  ou  aggraver  l'évolution  du  tabès,  bien 
que  celui-ci  ne  soit  pas  d'essence  spécifique. 

D'après  beaucoup  de  pathologistes  très  autorisés  en  neu- 
ropathologie, le  tabès  ne  serait,  suivant  l'expression  nou- 
vellement adoptée,  qu'une  lésion  parasyphilttique. 

Outre  les  statistiques,  il  y  a  les  arguments  pour  ou  contre, 
qui  ont  moins  de  valeur  que  les  faits,  car  avec  quelque  sub- 
tilité dans  le  raisonnement  on  en  peut  faire  une  arme  à 
deux  tranchants.  Trois  objections  principales  ont  élé  oppo- 
sées à  la  doctrine  du  tabès  syphilitique  :  l''  le  tabès  pré- 
tendu syphilitique  n'a  ni  lésions  ni  symptômes  cjui  lui 
soient  propres;  2*"  le  tabès  est  une  maladie  systématique  et 
il  n'est  pas  dans  les  habitudes  de  la  syphilis  de  produire 
des  lésions  de  cet  ordre;  3"*  le  tabès  des  syphilitiques 
n'est  pas  plus  influencé  que  le  tabès  ordinaire  par  les  spé- 
cifiques. 

Ce  sont  là  des  objections  qui  certes  ne  sont  pas  tout  à 
fait  irréfutables,  mais  il  est  impossible  d'en  faire  table  rase. 
Quand  on  n'a  aucune  idée  préconçue,  elles  s'emparent  de 
l'esprit,  et  on  ne  s'en  débarrasse  pas  aisément,  même  lors- 
que les  chiffres  viennent  de  temps  en  temps  brutalement 
les  chasser.  Il  reste  toujours  cette  impression  qu'il  est 
étrange  de  voir  la  syphilis,  qui  frappe  d'une  empreinte  si 
forte  et  si  pathognomonique  tout  ce  qu'elle  produit,  comme 


lésions  et  comme  symptômes,  abdiquer  complètement  sa 
spécificité,  quand  il  s'agit  du  tabès,  et  s'incarner  en  lui  do 
la  façon  la  plus  complète. 

D'après  ce  qui  précède,  on  peut  voir  combien  il  est  diffi- 
cile de  se  faire  une  opinion  solide  au  milieu  d'un  fouillis  de 
documents  qui  semblent  se  combattre  et  s'entre-détruire. 
L'appel  au  raisonnement  ne  laisse  pas  planer  moins  de 
doute.  On  sent  que  cette  grave  question  est  encore  loin 
d'être  résolue,  du  moins  sur  tous  ses  points.  Les  autorités 
les  plus  compétentes  sont  en  désaccord.  Peut-être  trouvera- 
t-on  plus  tard  une  formule  étiologique  très  compréhensive 
du  tabès,  qui  classera  suivant  son  rang  et  son  importance 
chacune  des  causes  qu'on  lui  assigne.  C'est  alors  qu'on 
verra  quel  est  le  rôle  réel  de  la  syphilis.  Toujours  est-il  que, 
si  ce  rôle  n'est  pas  aussi  nettement  déterminé  qu'on  le 
pourrait  souhaiter,  nous  en  devons  tenir  grand  compte  et 
accorder  une  place  considérable  au  tabès  dans  les  myélo- 
syphiloses. 

Dans  le  tabès  syphilitique,  comme  dans  le  tabès  d'ordre 
commun,  Tataxie  est  loin  de  constituer  toute  la  maladie. 
Avant  qu'elle  se  produise,  il  survient  des  troubles  nerveux 
très  variés  dans  différentes  régions  de  l'économie,  qui  attes- 
tent presque  au  même  degré  qu'elle  l'invasion,  non  pas 
seulement  de  la  moelle  épinière,  mais  des  centres  nerveux 
dans  leur  totalité,  par  cette  singulière  et  problématique  affec- 
tion. Son  domaine  est  donc  très  vaste;  il  s'agrandit  de  jour 
en  jour,  et  nous  n'en  connaissons  pas  encore  les  limites. 
C'est  la  boîte  de  Pandore  d'où  sortent  tous  les  maux  d'ori- 
gine nerveuse.  Quand  elle  n'était  qu'enlr'ouverte,  l'incoor- 
dination semblait  l'occuper  tout  entière.  Mais,  depuis, 
de  tous  ses  coins  obscurs,  ont  pris  leur  vol  une  multitude 
de  symptômes  qui,  comme  une  avant-garde,  précèdent  et 
annoncent  l'ataxie,  l'accompagnent  ou  lui  font  cortège,  et  se 
mettent  en  campagne  souvent  sans  elle,  pendant  des  années, 
et  même  parfois  sans  Qu'elle  sorte  jamais  de  son  inexpli- 
cable inertie.  —  I!  y  a,  aans  cette  grande  maladie,  une  ataxie 
qui  ne  se  borne  pas  à  1  incoordination  désordonnée  des  mou- 
vements dans  les  membres  inférieurs,  mais  qui  s'impose  à 
tous  les  autres  phénomènes,  et  leur  imprime  un-cachet 
d'incohérence  dans  la  marche,  de  caprice  dans  les  allures, 
d'irrégularité  dans  Tordre  d'apparition,  de  polymorphisme 
protéique  en  tout,  que  résume  l'épithète  ataxique,  prise 
dans  son  sens  le  plus  compréhensif.  Il  y  a  là,  depuis  le 
début  jusqu'à  la  terminaison,  une  vingtaine  de  symptômes 
sensitifs,  moleurs,  sensoriels,  psychiques  qui  s'entremêlent, 
se  combinent,  s'isolent,  entrent  en  scène  et  en  sortent,  y 
reviennent,  sans  qu'aucune  loi  supérieure  semble  les  gou- 
verner. Ne  dirait-on  pas  qu'ils  procèdent  du  hasard?  Et 
cependant  la  lésion  qui  les  produit  est  systématique  et  n'oc- 
cupe que  les  cordons  postérieurs.  La  syphilis,  chose  singu- 
lière, ne  change  en  quoi  que  ce  soit,  ni  dans  l'ensemble,  ni 
dans  les  détails,  ni  dans  la  marche,  ni  dans  la  durée,  ni 
même  dans  la  terminaison,  la  physionomie,  les  habitudes, 
je  dirai  presque  l'humeur  du  tabès  sensitif.  Quelles  que 
soient  ses  causes  plus  ou  moins  probables,  il  reste  toujours 
identique  à  lui-même.  Et  c'est  ce  qui  me  fait  croire  qu'au- 
dessus  de  l'étiologie  que  nous  connaissons  ou  que  nous 
soupçonnons,  il  y  a  une  cause  première  qui  domine  toutes 
les  autres.  Où  faut-il  la  chercher?  Iléside-t-elle  dans  le  sys- 
tème nerveux?  Est-elle  en  dehors  de  lui,  dans  le  système 
artériel?  Quel  est  son  point  de  départ,  et  par  quel  méca- 
nisme pathogénique,  encore  inconnu,  d'autres  influences 
plus  contingentes  la  meltenl-elle  en  branle,  et,  malgré  leurs 
variétés,  lui  fout-ollos  produire  toujours  des  effets  iden- 
tiques? 


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N»  52  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        27  Décembre  1889 


Clinique  médicale. 

Considérations  sur  la.  valeur  diagnostique  et  pro- 
nostique DE  l'urobilinurie.  Cdmmunication  faite  à  la 
Société  médicale  des  hôpitaux  dans  la  séance  du 
13  décembre  1889,  par  M.  G.  Hayem. 

Depuis  Tépocrue  où  je  vous  ai  communiqué  mes  pre- 
mières recherches  sur  rurobilinurie  (juillet  1887),  j'ai 
continué  à  m'occuper  de  cette  question.  Il  m'a  été  impos- 
sible dans  le  chapitre  très  condensé  que  j'ai  réservé  à  Tic- 
tère  et  à  Turobilinurie  dans  mon  ouvrage  sur  le  Sang  et 
ses  altérations,  d'entrer  dans  tous  les  développements  que 
comporte  cet  important  sujet.  Je  crois  donc  utile  d'y 
revenir.  D'ailleurs  depuis  la  publication  de  ce  livre  j'ai 
encore  recueilli  des  matériaux  nouveaux  qui  me  permettent 
de  vous  apporter  aujourd'hui  sur  certains  points  des  détails 
complémentaires. 

Mes  recherches  ont  été  continuées  surtout  dans  une  voie 
clinique.  Je  me  suis  préoccupé,  en  eftel,  d'une  manière 
toute  particulière  de  la  valeur  diagnostique  et  pronostique 
de  l'urobilinurie  et  de  l'ictère  hémaphcique.  Plus  j'avance 
dans  cette  voie,  plus  profonde  est  ma  conviction  qu'il  y 
a  un  intérêt  clinique  de  premier  ordre  à  pra  iquer  l'examen 
des  urines  au  point  de  vue  du  diagnostic  de  l'état  anato- 
mique  et  fonctionnel  du  foie. 

Vous  savez  que  les  maladies  du  foie  sont  bien  souvent 
latentes  pendant  une  première  période  de  leur  évolution. 
Il  est  donc  extrêmement  important  de  découvrir  des  signes 
pernleltant  d'affirmerTexistencede  lésions  hépatiques  avant 
que  celles-ci  deviennent  sensibles  par  leur  haut  développe- 
ment, car  il  est  clair  que  les  chances  de  guérison  seront 
d'autant  plus  grandes  que  l'affection  hépatique  sera  moins 
avancée  dans  son  évolution. 

Ces  signes  cliniques,  on  doit  les  chercher  du  côté  des 
urines.  J'ai  déjà  eu  l'occasion  de  le  dire,  mais  je  crois  qu'on 
ne  saurait  trop  y  insister  :  l'examen  des  urines  n'a  pas 
moins  d'importance  pour  le  diagnostic  des  maladies  du 
foie  que  pour  celui  des  maladies  des  reins. 

En  cas  d'altération  rénale,  on  se  préoccupede  l'albumine, 
de  l'urée,  de  l'acide  urique,  etc.;  pour  découvrir  une  lésion 
hépatique,  il  faut  porter  son  attention  d'un  autre  côté,  c'est- 
à-dire  du  côté  des  pigments.  Je  vous  ai  fait  voir  que 
l'examen  de  ces  pigments  se  pratique  avec  une  extrême 
facilité.  C'est  donc  là  un  genre  d'étude  essentiellement 
clinique  et  je  n'ai  eu  aucune  peine  à  le  faire  accepter  par 
mes  élèves. 

Le  plus  intéressant  des  pigments  anormaux  contenus 
dans  les  urines  pathologiques  me  paraît  être  l'urobiline. 

Chez  les  animaux  de  laboratoire  (chiens,  lapins),  le  foie 
est  parfaitement  sain  et  les  urines  sont  complètement  dé- 
pourvues d'urobiline.  Chez  l'homme  l'urobilinurie  est,  au 
contraire,  extrêmement  fréquente,  surtout  chez  les  malades 
des  hôpitaux.  Cela  me  paraît  tenir  à  la  rareté  de  l'état  ab- 
solument sain  du  foie  des  adultes.  A  partir  d'un  certain  âge 
cet  organe  est  presque  toujours  un  peu  altéré  en  raison  de 
nos  mauvaises  nabitudes  alimentaires  et  surtout  de  l'usage 
des  boissons  spiritueuses. 

Toutefois  la  présence  temporaire  d'urobiline  en  faible 
proportion  dans  l'urine  humaine  à  l'occasion  de  fatigues, 
de  courbature,  de  fièvre  avec  sudation,  n'a  pas  grande 
signification.  Dans  ces  conditions  l'urine  est  condensée, 
haute  en  couleur,  et  généralement  quand  ce  liquide  pré- 
sente ces  caractères  on  dit  que  l'urine  est  hépatique.  Cela 
est  loin  d'être  toujours  exact.  Le  plus  souvent,  la  colora- 
tion foncée  des  urines  condensées  est  due  principalement 
au  pigment  normal,  à  l'urochrome.  Il  importe  donc  de 
rappeler  que  l'urobiline  a  un  faible  pouvoir  tinctorial  et 
qu'on  peut  en  trouver  une  proportion  notable  dans  des 
urines  pâles. 


C'est  l'urobilinurie  habituelle,  durable,  qui  seule  présent»' 
une  signification  pathologique  nette. 

Toutes  les  fois  qu'il  existe  dans  l'urine,  d'une  manicrt 
constante,  une  proportion  d'urobiline  même  faible,  pouvani 
d'ailleurs  varier  d'un  jour  à  l'autre  dans  une  certain»* 
limite,  mais  ne  faisant  jamais  complètement  défaut,  on  doit 
en  conclure  que  le  foie  n'est  pas  normal,  que  sa  ron^^li- 
tution  anatomique  a  subi  une  modification  plus  ou  moins 
profonde. 

Aussi  ai-je  été  conduit  à  considérer  l'urobiline  comim* 
le  pigment  de  l'insuffisance  hépatique.  Mais  celle  vue  gt'Mïf- 
rale  ne  donne  pas  une  entière  satisfaction  aux  besoins  .le 
la  clinique,  et  il  y  a  lieu  d'examiner  avec  quelques  délai:- 
quelle  peut  être  la  valeur  diagnostique  et  pronostique  de 
l'urobilinurie. 

C'est  là  une  très  vaste  question  que  je  ne  veux  pas  trailtr 
pour  le  moment  dans  toute  sa  complexité.  Je  me  bornerai 
dans  le  présent  travail  à  vous  présenter  quelques  remarqui»- 
sur  les  points  qui  m'ont  le  plus  frappé  dans  ces  dernii-re- 
années. 

l**  De  l'urobilinurie  chez  les  alcooliques  et  les  buveun. 
—  La  fréquence  extrême  de  l'urobilinurie  chez  les  malad.  < 
fébricitants  ou  non  que  j'observe  à  l'hôpital  Saint-An- 
toine, me  paraît  tenir  à  ce  que  la  plupart  de  ces  malades 
sont  des  alcooliques  avérés  ou  tout  au  moins  des  buveurs. 
Un  grand  nombre  de  ceux  qui  n'ont  aucune  maladie  entraî- 
nant par  elle-même  une  excrétion  d'urobiline  entrent  à 
l'hôpital  avec  des  urines  assez  fortement  urobiliques.  Au 
bout  de  quelques  jours,  parfois  dès  le  lendemain,  l'urobi- 
linurie diminue  par  le  fait  du  repos  et  du  changement  de 
régime,  mais  elle  ne  disparait  pas  et  les  malades  font  fh*< 
aveux  ne  permettant  pas  de  douter  de  leurs  habiludp> 
alcooliques.  On  ne  trouve  cependant  aucun  autre  symptôme 
de  maladie  du  foie,  l'urobilinurie  est  le  seul  signe  de  l'al- 
tération produite  par  l'alcool  dans  cet  organe. 

Dans  les  maladies  fébriles  l'urobilinurie  s'observe  à  des 
degrés  très  divers.  Mais,  si  l'on  prend  une  seule  de  ces  nu- 
ladies,  la  fièvre  typhoïde  par  exemple,  on  sera  frappé  île 
voir  que  dans  certains  cas  l'urobilinurie  sera  nulle  ou 
insignifiante,  dans  d'autres,  au  contraire,  assez  prononcée. 
Cette  dernière  particularité  se  rapporte  encore  à  Talcoo- 
lisme,  et,  lorsqu  elle  est  bien  accentuée,  elle  est  de  nature 
à  faire  faire  des  réserves  sur  le  pronostic.  11  en  est  de 
même  pour  toutes  les  autres  maladies  aiguës  :  toutes  chose< 
égales  d'ailleurs,  l'intensité  de  l'urobilinurie  devra  faire 
soupçonner  l'existence  de  lésions  hépatiques  d'oriîrine 
alcoolique.  Dans  un  grand  nombre  de  mes  observations 
l'urobilinurie  a  diminué  pendant  la  convalescence,  tout 
en  persistant  comme  témoignage  d'un  mauvais  étal  du  foie 
dont  l'existence  était  antérieure  à  celle  de  la  maladie 
aiguë. 

!2°  De  Vurohilinurie  des  nouvelles  accouchées  et  des 
nourrices.  —  On  sait  combien  sont  graves  les  maladie^ 
aiguës  chez  les  nouvelles  accouchées  et  chez  les  nourrices. 
Evidemment  la  forme  adynamique  ou  ataxo-<'idynamiquo 
(lue  revêtent  ces  maladies,  notamment  la  fièvre  typhoïde, 
doit  être  en  rapport  avec  un  état  organopalhique  parti- 
culier. Depuis  longtemps  on  a  signalé  l'intillration  grai^?- 
seuse  du  foie  chez  les  nouvelles  accouchées  et  chez  les 
nourrices.  Que  l'on  porte  son  attention  du  côté  des  urines 
et  l'on  trouvera  plus  d'urobiline  que  dans  celles  des  autres 
malades,  alors  même  qu'aucun  excès  alcoolique  ne  pourra 
être  mis  en  cause.  La  puerpéralité  et  la  lactation  ont  amené 
ici  du  côté  du  foie  des  troubles  nutritifs  analogues  à  ceux 
qui  ont  été  déterminés  par  l'alcool  dans  les  faits  de  la 
précédente  catégorie. 

3°  De  l'importance  de  Vurohilinurie  dans  le  diagnostic 
des  cirrhoses.  —  Lorsque  l'urobilinurie  habituelle  est  peu 
prononcée  chez  les  alcooliques,  le  foie  est  certainement 
altéré,  mais  ses  altérations  sont  encore  peu  profondes  cl 


27  Décembre  1889        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE 


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il  siifiit  souvent  de  soumetlre  les  malades  à  un  régime  con- 
venable pour  voir  les  urines  redevenir  normales  au  bout 
d'un  temps  assez  court.  Plus  lard,  il  arrive  un  moment  où 
la  proportion  d'urobiline  excrétée  augmente  notablement. 
On  doit  alors  soupçonner  un  commencement  de  cirrhose. 
1 1  résulte,  en  effet,  des  observations  que  j'ai  recueillies  dans 
ces  quatre  dernières  années,  tant  à  Thôpital  qu'en  ville, 
<|ue  Turobilinurieest  le  premier  signe  de  la  cirrhose  alcoo- 
1  ique.  Comme  elle  existe  déjà  à  une  époque  où  l'on  ne  trouve 
encore  aucun  autre  symptôme  de  cette  maladie, elle  acquiert 
par  là  une  grande  valeur  diagnostique.  Dans  plusieurs  des 
cas  où  Texamen  des  urines  m'a  conduit  à  considérer  comme 
très  probable  l'existence  d'une  cirrhose  du  foie,  j'ai  eu  l'oc- 
casion de  revoir  les  malades  et  de  vérifier  quelques  mois 
plus  tard  l'exactitude  de  mon  diagnostic. 

(^bez  les  cardiaques,  dont  le  foie  n'est  pas  tuméfié,  l'uro- 
bilinurie  peut  èlre  également  à  elle  seule  un  indice  de  l'al- 
tération hépatique.  En  dehors  des  accès  d'asystolie  celte 
iirobilinurie  des  cardiaques  est  d'abord  peu  accentuée.  Elle 
devient  souvent  considérable  pendant  les  périodes  de  non- 
compensation,  lorsqu'il  existe  des  troubles  mécaniuues  de 
la  circulation  avec  hypérémie  plus  ou  moins  notable  du  foie. 
Plus  lard,  lorsque  les  œdèmes  ont  disparu,  lorsque  la  cir- 
culation s'est  régularisée,  l'urobilinurie  peut  diminuer  con- 
sidérablement. Mais  souvent  elle  devient  habiluelle  et  elle 
peut  faire  soupçonner  la  persistance  d'une  altération  du  foie 
dans  des  cas  où  la  glande  hépatiuue  n'est  pas  sensiblement 
hypertrophiée.  Lorsque  ies  malades  chez  lesquels  on  a  con- 
staté ces  modifications  des  urines  viennent  à  succomber  à 
la  suite  d'une  dernière  attaque  d'asystolie,  on  trouve  à 
l'autopsie  des  lésions  plus  ou  moins  accentuées  de  cirrhose 
cardiaque.  Il  est  donc  extrêmement  important  de  recher- 
cher aussi  chez  les  cardiaques  la  présence  de  l'urobiline 
dans  les  urines. 

Ce  sont  les  malades  dont  nous  nous  occupons  dans  ce 
j)aragraphe,  c'est-à-dire  les  cirrhotiques  par  alcoolisme  et 
les  hépatiques  par  affection  du  cœur,  qui  sont  le  plus 
exposés  aux  atteintes  de  la  variété  d'ictère  désignée  par 
(iubler  sous  le  nom  d'ictère  hémaphéique.  Cet  incident 
survenant  dans  le  cours  d'une  urobilinurie  habituelle  n'in- 
dique pas  toujours  une  aggravation  des  altérations  cellu- 
laires du  foie. 

J'ai  vu,  en  effet,  l'ictère  hémaphéique  durer  des  semaines 
et  des  mois,  puis  disparaître,  sans  qu'il  soit  survenu  de 
modifications  appréciables  dans  l'état  de  cet  organe.  Les 
causes  de  cet  ictère  sont  d'ailleurs  multiples  et  quelques- 
unes  très  probablement  extra-hépatiques. 

En  tout  cas,  on  doit  considérer  l'ictère  hémaphéique 
comme  comportant,  d'une  manière  générale,  un  pronostic 
encore  plus  sévère  que  l'urobilinurie  pure. 

Toutes  les  cirrhoses,  quelle  qu'en  soit  la  forme,  relevant 
de  l'alcoolisme  ou  d'une  affection  cardiaque,  s'accom- 
pagnent d'une  urobilinurie  plus  ou  moins  notable.  Mais 
tous  les  cirrhotiques  ne  sont  pas  urobiliques.  Dans  la  cir- 
rhose hypertropbique  d'origine  non  alcoolique,  affection 
d'ailleurs  rare,  j'ai  eu  récemment  l'occasion  de  constater 
que  les  urines  renferment  des  traces  peu  sensibles  et  non 
persistantes  d'urobiline. 

4**  De  l'urobilinurie  des  cachectiques.  —  La  plupart 
des  cachectiques  sont  atteints  d'urobilinurie.  Cette  parti- 
cularité s'observe  surtout  dans  la  tuberculose  avec  foie 
gras,  à  la  période  avancée  du  cancer,  dans  l'anémie  extrême, 
dans  les  cachexies  de  misère  sans  localisation  précise.  Le 
plus  souvent,  dans  ces  conditions,  la  proportion  d'urobiline 
(|ue  renferme  l'urine  reste  faible  ou  moyenne.  Elle  peut 
cependant  devenir  assez  forte  et  même  intense,  soit  à  l'oc- 
casion d'une  complication,  soit  par  suite  d'une  marche  plus 
rapide  de  la  maladie. 

Parmi  les  complications  augmentant  le  plus  notable- 
ment   l'excrétion  d'urobiline,  je  signalerai  particulière- 


ment les  maladies  du  cœur.  Celles-ci,  en  retentissant  sur 
le  foie  et  en  augmentant  la  tension  veineuse  dans  la 
veine  sus-hépatique,  doivent  faciliter  la  résorption  de  l'u- 
robiline ou  même  favoriser  sa  formation.  Aussi,  parmi 
les  diverses  formes  de  la  tuberculose,  celle  du  péricarde 
est-elle  remarquable  par  l'intensité  de  l'urobilinurie.  Ce 
symptôme  apparaissant,  dans  ce  cas,  au  milieu  d'un  com- 
piexus  obscur  chez  des  sujets  non  alcooliques,  est  suscep- 
tible de  faciliter  le  diagnostic. 

Les  urobiliques,  par  affection  cachectisante,  peuvent  être 
également  atteints  d'ictère  hémaphéique.  J'en  ai  observé 
plusieurs  cas  dans  le  cours  de  la  tuberculose  avec  foie  gras. 

En  résumé,  le  but  de  ces  quelques  remarques  est  d'attirer 
de  nouveau  votre  attention  sur  l'examen  clinique  des  pig- 
ments urinaires.  J'ai  la  certitude  que  vous  pourrez  en  tirer 
un  grand  avantage  au  point  de  vue  du  diagnostic  et  du  pro- 
nostic de  nombreux  états  morbides.  En  terminant,  je  vous 
rappellerai  que,  en  cas  d'ictère,  il  est  nécessaire,  si  l'on 
veut  se  rendre  un  compte  plus  exact  du  processus,  de 
joindre  à  l'examen  des  urines  celui  du  sérum  du  sang. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Académie  de  médecine. 

SÉANCE   DU   24  DÉCKMDRE   i889.   —  PRÉSIDENCE 
DE   M.  MOUTARD-MARTIN. 

M.  LereboulUt  se  porlo  candidat  a  la  place  déclarée  vacanto  parmi  les  assucius 
libres. 

MM.  Chauvel  et  Périer  envoient  des  lettres  do  candidature  à  la  plane  déclarée 
vacante  dans  la  section  de  patholoj^ie  chiriir^^icale. 

M.  l,éon  Colin  présente  un  mémoire  manuscrit  de  M.  le  docteur  Mareschal, 
médecin- major  du  i"  classe  au  2^  régiment  do  pontonniers,  sur  l'emploi  (/« /a 
plume  métallique  individuelle  dant  l'opération  de  la  vaccine. 

Renouvellement  du  bureau.  —  L'Académie  procède  au 
renouvellement  du  bureau  pour  1890.  M.  Tarnier  est  élu 
vice-président;  M.  Féréol  est  maintenu  par  acclamation 
secrétaire  annuel  ;  M.  Cavenlou  est  également  réélu  tréso- 
rier par  acclamation  pour  cinq  années  ;  MM.  Empis  et  Marc 
Sée  sont  nommés  membres  du  Conseil. 

Décès  de  M.  Damascuino.  —  M.  le  Président  exprime  les 
regrets  qu'éprouve  l'Académie  du  décès  de  M.  Damascliino 
et  M.  Féréol  donne  lecture  du  discours  qu'il  vient  de  pro- 
noncer sur  sa  tombe. 

Chirurgie  d'armée.  —  Au  nom  de  M.  Bonnafont, 
M.  Léon  Colin  rapporte  l'histoire  de  trois  balles  reçues  sur 
le  champ  de  bataille  et  qui  sont  restées  plusieurs  années  au 
milieu  des  tissus — deux  dans  les  fosses  nasales  et  une  dans 
la  région  fessière,  la  cuisse  et  la  jambe,  —  sans  jamais  y 
produire  aucun  accident  et  en  manifestant  à  peine  leur  pré- 
sence. M.  Larrey  fait  observer  que  ces  faits  étaient  loin 
d*élre  rares  autrefois;  il  en  a  rapporté  et  constaté  lui-même 
un  grand  nombre. 

Grippe.  —  M.  Germain  Sée  communique  les  renseigne- 
ments qu'il  a  reçus  de  Saint-Pétersbourg  et  de  Berlin  sur 
l'épidémie  de  grippe  qui  sévit  actuellement  dans  ces  villes 
comme  à  Paris;  ces  renseignements  proviennent  notam- 
ment de  la  discussion  à  laquelle  s'est  livrée  la  Société  de 
médecine  de  Berlin,  le  16  dt^cembre,  sous  la  présidence  de 
Leyden.  D'après  cette  discussion,  la  maladie  serait  la  grippe, 
ayant  revêtu  trois  formes  principales  :  la  forme  nerveuse, 
la  forme  catarrhale  et  la  forme  gastrique.  Le  pronostic  a  été 
parliculièrement  fayorable  ;  les  guérisons  brusques  sont  les 
plus  fréquentes;  des  cas  de  mort  n'ontjamais  été  constatés. 
M.  Germain  Sée  fait  observer  qu'il  n'en  est  malheureuse- 
ment pas  tout  à  fait  de  même  à  Paris,  où  l'on  ne  peut  nier 
que,  lorsque  les  malades  ne  prennent  pas  de  précautions 


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GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE       27  Décembre  1889 


suffisantes,  des  complications  redoutables  se  montrent, 
telles  que  des  bronchites  capillaires,  des  broncho-pneumo- 
nies et  des  pneumonies  catarrhales  et  fibrineuses,  assez 
souvent  mortelles.  La  mortalité  s'observe  surtout  lorsqu'il 
s'agit  de  personnes  atteintes  déjà  soit  du  côté  des  bronches, 
soit  du  côté  du  cœur,  et  non  du  côté  du  poumon,  parce  que 
la  grippe  ne  s'observe  aue  tout  à  fait  exceptionnellement 
chez  les  tuberculeux  ;  elle  est  très  fréquente,  au  contraire, 
chez  les  bronchitiques,  les  catarrheux  et  les  cardiaques. 
Aussi  M.  Germain  Sée  pense-t-il  qu'il  y  a  lieu  d'être  réservé 
au  point  de  vue  de  la  bénignité  de  l'épidémie  actuelle,  qui 
semble  être  une  épidémie  de  fièvre  catarrhale  spéciale. 

S'agit-il,  dans  ces  cas,  d'une  pneumonie  spéciale,  grip- 
pale, ou  d'une  pneumonie  ordinaire?  A  Saint-Pétersbourg, 
on  fait  en  ce  moment  des  expériences  avec  le  sang  pris 
dans  le  poumon  des  personnes  atteintes  afin  de  rechercher 
la  présence  du  microbe  observé  il  y  a  quelques  années  par 
Talamon  et  Friedlânder;  ces  mêmes  expériences  se  pour- 
suivent dans  le  service  de  M.  Germain  Sée.  Il  est  à  craindre 
qu'il  ne  s'agisse  d'une  pneumonie  infectieuse,  à  forme 
grave,  comme  on  en  a  déjà  observé  plusieurs  épidémies. 
Un  autre  fait  est  aussi  à  signaler  :  au  cours  d'une  petite 
épidémie  de  grippe  à  Paris  il  y  a  cinq  ans,  M.  Germain  Sée 
remarqua  que  la  plupart  des  malades  présentaient  une 
augmentation  de  volume  de  la  rate,  permettant  de  rappro- 
cher la  maladie  de  la  malaria  et  de  la  fièvre  typhoïde;  or 
M.  Potain  vient  de  constater  le  même  fait  actuellement  ;  si 
bien  qu'on  peut  croire  qu'il  s'agit  d'une  maladie  miasma- 
tiaue,  non  contagieuse  et  étrangère  aux  influences  atmo- 
sphériques puisqu'on  l'observe  à  la  fois  dans  des  climats 
très  différents. 

Pour  AL  DujardinBeaumetZy  la  maladie  actuelle  ne 
ressemble  nullement  à  la  grippe  telle  qu'on  l'a  observée 
jusqu'ici  et  telle  que  l'ont  décrite  tous  les  auteurs.  Deux 
caractères  la  distinguent  :  le  début  foudroyant  dans  certains 
cas,  qui  a  pu  la  faire  confondre  avec  la  dengue,  et  les 
deux  phases  de  la  maladie  :  pha.se  nerveuse,  puis  phase 
catarrhale;  ces  deux  phases  se  retrouvent  aussi  dans  la 
dengue,  de  même  que  les  éruptions,  relativement  assez 
fréquentes  dans  l'épidémie  actuelle.  11  n'est  pas  jusqu'à  la 
gravité  d'un  certain  nombre  de  cas  qui  n'oblige  à  èlre  très 
réservé  sur  je  diagnostic  aussi  bien  que  sur  le  pronostic  de 
cette  épidémie. 

M.  Le  Roy  de  Méricourl  a  constaté  qu'en  1742,  il  y  avait 
déjà  eu  une  épidémie  présentant  les  mêmes  caractères  et 
à  laquelle  on  avait  donné  le  nom  ^'influence.  D'ailleurs  la 
grippe  a  toujours  présenté  des  caractères  différents  suivant 
les  années,  les  climats,  les  saisons,  les  individua- 
lités. Il  s'élève  avec  force  contre  l'analogie  qu'on  semble 
vouloir  créer  entre  la  maladie  actuelle  et  la  dengue.  Les 
éruptions  observées  sont  des  rash  non  permanents  et  ne 
présentant  pas  le  caractère  merbilleux  ou  scarlaliniforrae 
que  revêt  1  éruption  de  la  dengue,  ni  la  desquamation 
considérable  oui  suit  cette  éruption.  Quant  aux  pneumonies 
qu'on  a  signalées,  elles  n'offrent  pas  les  signes  habituels 
de  cette  affection,  ce  sont  plutôt  des  congestions  avec 
souffle. 

Enfin,  il  est  certain  que  l'épidémie  semble  être  devenue 

Elus  grave  et  qu'elle  frappe  surtout  les  femmes  ou  les 
ommes  épuisés  ou  surmenés  intellectuellement. 

Les  cas  qu'a  observés  M.  Rochard  présentaient  les  carac- 
tères de  la  grippe  ordinaire  ;  plusieurs  malades  ont  été 
atteints  d'une  éruption  tout  à  fait  particulière,  mais  ils 
avaient  absorbé  jusqu'à  2fl%50  d'antipyrine  par  jour  ;  c'est 
peut-être  là  la  cause  de  leur  rash.  Quant  aux  pneumonies, 
on  a  déjà  cité,  en  France  et  à  Paris  mêrae,  des  épidémies 
de  grippe  dans  lesquelles  cette  complication  s'est  rencontrée 
dans  1/5  des  cas. 


M.  Germain  Sée  a  vu  trois  malades  ayant  des  éruptions 
bien  caractérisées  et  chez  lesquels  on  n'avait  pas  employa 
l'antipyrine,  mais  bien  le  sulfate  de  quinine.  A  Berlin,  tous 
les  médecins,  excepté  un.,  ont  donné  de  l'anlipyrine  à  ledr> 
malades  et  aucun  n'a  signalé  d'éruptions. 

Prophylaxie  de  la  tuberculose.  —  Reprenant  la  dis- 
cussion sur  la  prophylaxie  de  la  tuberculose,  il.  Vallin  ne 
partage  pas  les  scrupules  de  ceux  de  ses  collègues  qui  uni 
déclaré  ne  pouvoir  approuver  les  instructions  de  la  Com- 
mission sur  la  prophylaxie  de  la  tuberculose,  par  craint** 
d'effrayer  les  malades  et  de  les  voir  abandonner  sans  soins 
par  leur  entourage  ou  même  par  leurs  proches.  L'Académie 
n'a  rien  à  cacher  et,  au  cas  même  où  elle  ne  voterait  pa^ 
l'instruction  proposée,  le  public  n'en  saurait  pas  moins  que 
la  transmissibilité  de  la  tuberculose  est  généralement  admise, 
même  par  ceux  qui  ont  refusé  de  la  sanctionner  par  leur 
vote. 

D'ailleurs,  est-ce  qu'on  a  vu  un  seul  malade  être  aban- 
donné, ne  pas  être  soigné  avec  autant  de  dévouement  qu'au- 
trefois, depuis  que  Ton  sait  que  la  diphthérie  et  la  fièvre 
typhoïde  sont  des  maladies  transmissibles  ?  D'autre  part, 
nous  savons  aujourd'hui  que  très  souvent  le  tubercule  reste 
local  et  guérit;  cela  est  vrai  pour  les  tubercules  des  os,  de 
la  vessie,  des  ganglions,  de  la  plèvre,  etc.  Ce  qui  est  grave, 
ce  qu'il  faut  éviter  à  tout  prix,  c'est  la  généralisation  de  la 
maladie,  ce  sont  les  réintections  successives  par  les  pous- 
sières oui  pénètrent  dans  les  voies  digestives  et  respira- 
toires. Or,  les  moyens  que  recommande  l'instruction  sont  à 
la  fois  prophylactiques  pour  l'entourage  et  curatifs  pour  le 
malade  lui-même,  qu'il  s'agisse  de  malades  riches  ou  de 
ceux  de  la  classe  indigente,  reçus  dans  les  sanatoria  déplus 
en  plus  multipliés. 

L'instruction  devrait  toutefois  adoucir  certaines  pres- 
criptions dont  l'énoncé  semble  à  M.  Vallin  bien  rigoureux. 
Au  lieu  de  demander  qu'on  <  évite  de  coucher  dans  le  lit 
d'un  tuberculeux  et  d'habiter  sa  chambre  le  moins  pos- 
sible, etc..  ]!>,il  préférerait  la  rédaction  suivante  :  c  Entre- 
tenir la  pureté  et  le  renouvellement  de  l'air  dans  Ja  chambre 
occupée  par  un  tuberculeux,  surtout  pendant  ta  nuit;  en 
général,  s'abstenir  de  partager  la  même  chambre  ou  de  faire 
lit  commun  avec  lui.  ^ 

De  même,  on  pourrait  se  borner  à  dire  :  c  en  cas  de  décès, 
ne  faire  usage  des  objets  qui  ont  servi  aux  tuberculeux, 
qu'après  une  épuration  par  le  lessivage  à  l'eau  bouillante, 
l'éluve  à  vapeur  sous  pression,  les  vapeurs  soufrées,  etc.  » 
D'autre  part,  comme  le  pus  des  lésions  tuberculeuses  est 
égalcmentitrès  riche  en  bacilles,  avant  le  paragraphe  i*'  de 
l'article  III  il  ajouterait:  c  Le  principe  contagieux  de  la  tu- 
berculose se  trouve  aussi  dans  le  pus  des  abcès  et  dans  les 
déjections  des  phthisiques.  t^ 

Enfin,  il  regrette  que  la  nouvelle  rédaction  n'ait  pas  main- 
tenu la  proscription  générale  de  tout  lait  qui  n'a  pas  bouilli. 

M.  Vallin  voudrait  que  l'Académie  ne  se  bornât  pas  à 
Tapprobation  d'une  instiniction  dont  elle  n'a  pas  eu  Tini- 
tiative;  il  propose  la  nomination  d'une  commission  en  vut? 
d'instituer,  auprès  de  tous  les  médecins  français,  une  en- 
quête sur  la  part  qui  revient  à  l'héréd.té  et  à  la  contagion 
dans  le  développement  et  la  propagation  de  la  tuberculose. 

A  Paris,  d'après  M.  G.  Lagneau,  la  tuberculose  est  Taf- 
fectiou  qui  détermine  le  plus  de  décès.  En  1888,  sur  53  3«i'» 
décédés,  il  47^,  plus  d'un  cinquième,  ii  sur  100,  ont  suc- 
combé à  la  tuberculose  des  poumons,  des  méninges,  du  pé- 
ritoine ou  d'autres  organes.  Mais  il  ne  meurt  pas  an  nu»' 1- 
lement  2000  tuberculeux  de  moins  de  deux  ans,  ainsi  <|u  il 
a  été  dit;  en  1888  il  en  est  mortâ74de  Oàl  an,  et  approxi- 
mativement 500  deO  à  2  ans. 

Les  vaches  actuellement  sont  rarement  tuberculeuse5 
Paris.  Le  lait  cru  est  souvent  plus  facilement  digéré  que  1 
lait  cuit.  Des  personnes  âgées,  depuis  vingt  ou  trente   ans 


^27  Décembre  1889      GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  -^  N*  52 


843 


prennent  sans  inconvénient  du  lait  cru.  li  ne  paraît  pas 
motivé  de  dire  que  le  lait  n  doit  toujours  être  bouilli  -». 

La  tuberculose  pulmonaire,  la  phlhisie  sévit  beaucoup 
pins  dans  les  villes  que  dans  les  campagnes.  Beaucoup  de 
ruraux  immigrés  dans  les  villes  y  contractent  la  tubercu- 
lose, en  y  exerçant  des  professions  sédentaires.  Nos  jeunes 
soldats,  malgré  les  exemptions  et  les  réformes  de  tous  les 
faibles,  des  prédisposés  aux  affections  thoraciques,  devien- 
nent souvent  phthisiques  par  suile  de  l'encombrement  de  la 
caserne  urbaine.  Les  camps  ruraux  seraient  bien  préfé- 
rables. 

Les  exemptés  du  service  militaire  pour  maladies  de  poi- 
trine ou  pour  faiblesse  de. constitution,  sont  très  nombreux 
parmi  nos  jeunes  gens  des  grandes  agglomérations  urbaines 
et  des  départements  très  manufacturiers,  comme  ceux  du 
Nord  et  du  Pas-de-Calais;  mais  alors  que  pour  toute  la 
France  la  moyenne  de  ces  exemptions  est  d'environ  200  sur 
100000  hommes,  la  proportion  s'élève  au  double  dans  les 
départements  du  Var,  des  Bouches-du-Rhône.  Aussi,  non 
sans  raison,  on  s'est  demandé  si  les  phthisiques  envoyés 
dans  les  départements  du  littoral  méditerranéen  ne  tuber- 
cuHsaient  pas  les  habitants  de  ces  départements. 

Pour  prévenir  le  développement  de  la  phthisie  pulmo- 
naire il  faut  non  seulement  un  renouvellement  constant  de 
l'air  ambiant,  mais  il  faut  aussi  que  par  suite  d'occupations 
actives  cet  air  pénètre  profondément  dans  les  vésicules  pul- 
monaires. L'air  intns  et  extra  est  le  meilleur  prophylac- 
tique de  la  phthisie. 

Etiologie  de  la  phthisie  pulmonaire.  —  M.  le  docteur 
Leudet  s'est  demandé  ce  qu'étaient  devenus  les  conjoints 
survivants  des  phthisiques  qu'il  a  observés  depuis  vingt- 
cinq  ans:  il  a  trouvé  que  sur  11:2  veufs  ou  veuves  de  phthi- 
siques avérés,  la  très  grande  majorité  vivent  indemnes  de 
toute  maladie  suspecte  ou  sont  morts  sans  signe  de  tubercu- 
lose. De  ces  11*2  conjoints,  il  n'en  est  que  7,  dont  4  femmes 
et  3  hommes,  qui  aient  contracté  la  tuberculose,  et  de  ces 
7  tuberculeux,  3  hommes  et  1  femme  sont  encore  vivants. 
Il  reste  105  conjoints  qui  ne  présentent  pas  de  signe  de 
tuberculose,  bien  qu'ils  aient  conabité  avec  des  phthisiques. 

Sur  ces  112  ménages,  80  étaient  jeunes,  dans  la  période 
génésique  de  la  vie,  et  j'ai  pu  en  suivre  l'histoire  patholo- 
gique du  côté  des  descendants.  18  d'entre  eux  n'ont  nas  eu 
d'enfants  ;  35  ont  eu  des  enfants  bien  portants  et  27  des 
enfants  qui  sont  devenus  tuberculeux.  Aussi  conclut-il  que 
dans  le  milieu  qu'il  s'est  donné  d'observer,  c'est-à-dire  dans 
la  classe  aisée  qui  vit  dans  les  conditions  les  meilleures  d'aé- 
ration et  d'alimentation,  la  contagion  de  la  phthisie  est 
extrêmement  rare. 


Soeléié  de  ehlrari^le. 

SÉANCE  DU  18  DÉCEMBRE  1889.  —  PRÉSIDENCE 
DE  M.  LE  DENTU. 

AJdéyrrycme  cirBoIde  de  la  main:  M.  Basy.  Rapporteur:  M.  Routitr 
(Discussion  :  MM.  Quènu,  PolalUon.  Tillauz,  Prengruetoer,  Trëlat, 
Peyrot,  Le  Dentu,  Pozsl).  —  Désarticulation  du  genou  :  M.  Poi- 
rier. —  Plaie  des  nerfs  :  M.  Poszi.  —  Corps  étranger  de  la  vessie  : 
Ba.  Routier.  —  Fibrome  utérin:  M.  Pozzi. 

M.  Routier  fait  un  rapport  sur  une  observation  (ïané- 
rrysme  cirsoide  de  la  main^  par  M.  Bazy.  Il  s'agissait  d'un 
fiomme  de  trente-sept  ans  chez  qui  la  lésion  avait  dix-huit 
ins  de  date  et  avait  succédé  à  un  phlegmon  incisé.  Serait- 
*e,  dit  M.  Bazy,  la  preuve  qu'il  faut  faire  jouer  un  rôle  h 
i'artérite  dans  la  pathogénie  des  anévrysmes  cirsoïdes? 
Parmi  les  particularités  principales,  M.  Ba2y  insiste  sur 
'intensité  de  la  dilatation  artérielle  et  veineuse,  remontant 
usqu'à  l'axillaire.  La  compression   sur  la  radiale  faisait 


affaisser  la  tumeur;  sur  la  cubitale,  elle  restait  sans  effet. 
L'anévrysme  était  ulcéré  et  donnait  lieu  à  des  hémorrhagies. 
11  n'a  pas  été  opéré. 

M.  Quénii.  L'arlérite  existe,  sans  contredit;  la  question 
est  de  prouver  qu'elle  est  cause  et  non  effet.  A  ce  point  de 
vue,  l'observation  de  M.  Bazy  ne  démontre  rien.  D'autre 
part,  il  aurait  fallu  rechercher  s'il  n'existait  pas  dans  la 
tumeur  un  point  dont  la  compression  faisait  cesser  tous  les 
symptômes.  Il  y  a,  en  effet,  des  observations  où  l'anévrysme 
cirsoïde  est  sûrement  la  conséquence  d'une  phlébartérie: 
c'était  évident  sur  une  pièce  enlevée  au  cuir  chevelu  par 
M.  Terrier  et  examinée  histologiquement  par  M.  Malassez. 
Dans  ce  cas,  la  lésion  était  d'origine  traumatique.  Le  déve- 
loppement considérable  et  ascendant  des  veines  est  fréquent 
et  s'explique  bien  dans  cette  hypothèse.  En  d876,M.Tillaux 
a  soigné  une  femme  chez  qui  il  était  très  accentué. 

M.  filiaux.  Cette  femme,  atteinte  d'un  anévrysme 
cirsoïde  du  médius,  avait  des  douleurs  intolérables  dans  le 
membre  inférieur,  si  bien  nue  certains  chirurgiens  avaient 
conseillé  l'amputation  du  doigt.  Or,  sans  qu'on  s'explique 
trop  pourquoi,  la  compression  digitale  de  l'humérale  a  mis 
fin  à  ces  souffrances. 

M.  Polaillon  a  indiqué  dans  un  article  du  Dictionnaire 
encyclopédi(^ue  l'intensité  de  ce  développement  veineux.  Il 
a  déjà  publié  l'observation  d'un  petit  anévrysme  artério- 
veineux  de  l'éminence  thénar,  consécutif  à  des  contusions 
répétées.  H  a  soigné  un  faïencier  qui,  s'étant  excorié  la 
pulpe  d'un  doigt  en  polissant  avec  du  grès,  vit  l'excoriation 
bourgeonner  et  des  phénomènes  d'anévrysme  cirsoïde  se 
manifester.  La  pulpe  du  doigt  ayant  été  extirpée,  les  dila- 
tations vasculairesà  distance  cessèrent.  De  larges  vaisseaux, 
multiples,  faisaient  communiquer  les  artères  et  les  veines. 

M.  Quénu  ne  parle  pas  de  ces  communications  par 
capillaires  élargis.  Broca  déjà  les  signale.  C'est  différent 
anatomiquement  des  véritables  phlébartéries,  et  précisé- 
ment le  point  important  est  de  montrer  que  jusqu'à  présent 
il  n'y  a  pas  de  différence  clinique  entre  ces  deux  variétés 
anatomiques.  Dans  les  anévrysmes  cirsoïdes,  il  y  a  mani- 
festement des  lésions  de  névrite,  ce  qui  peut  rendre  compte 
des  douleurs  dans  le  cas  de  M.  Tillaux. 

M.  Prengrueber  a  vu  à  la  base  du  médius  un  anévrysme 
cirsoïde  probablement  traumatique.  On  avait,  sans  aucun 
résulta^  lié  la  radiale  et  la  cubitale.  M.  Prengrueber  fit 
l'ablation  complète  et  la  dilatation  vasculaire  à  distance 
cessa. 

M.  Trëlat  rappelle  au'il  a  vu  cesser  instantanément  la 
dilatation  de  la  lémorale  dans  un  cas  d'anévrysme  arlério- 
veineux  poplité  où  il  a  fait  l'extirpation.  Pour  l'anévrysme 
cirsoïde,  il  est  arrivé  à  une  règle  thérapeutique  très  nette  : 
les  ligatures  à  dislance  sont  toujours  inefficaces  et  il  faut 
pratiauer  l'extirpation  ou,  si  elle  est  impossible,  l'amputa- 
tion du  membre. 

M.  Peyrot,  sur  les  instances  d'une  famille,  a  cherché  à 
guérir  par  la  ligature  de  la  fémorale  un  anévrysme  cirsoïde 
ulcéré  et  saignant  du  dos  du  pied  sur  une  enfant  de  sept  ans. 
L'hémorrhagie  persista,  il  fallut  comprimer  le  pied  et  la 
gangrène  se  déclara,  en  sorte  que  finalement  la  guérison  ne 
fut  obtenue  qu'au  prix  d'une  amputation  de  cuisse. 

M.  Quénu  est  aussi  d'avis  que  le  chirurgien  doit  viser 
directement  la  communication  artério-veineuse,  et  par  con- 
séquent faire  l'extirpation. 

M.L«  D^nma  soigné  une  femme  de  trente  anâ,  atteinte 
d'un  énorme  anévrysme  cirsoïde  de  la  fesse,  gagnant  dans 
l'intérieur  du  bassin  et  senti  par  le  toucher  vaginal  et  rectal. 
En  présence  d'hémorrhagies,  il  songeait  à  lier  l'iliaque  pri- 
mitive, lorsque,  sous  l'influence  de  poussées  inflammatoires, 
il  vit  la  partie  fessière  de  la  tumeur  durcir  et  se  rétracter* 


8*4     —  K»  62 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        27  Décembre  4889 


Celte  amélioration  considérable  s'est  maintenue  pendant 
trois  à  quatre  ans. 

}A.Pozzi  rappelle  que  Gosselin  améliorait  les  anévrysmes 
cirsoïdes  par  de  petites  injections  de  perchlorure  de  fer, 
dont  chacune  causait  un   petit  abcès.  Mauvaise  méthode, 

fiense  M.  Trélat,  pour  qui  il  ne  faut  pas  trop  compter  sur 
es  résultats  curatifs  de  l'inûammation.  Mais  on  est  bien 
heureux  quand  une  amélioration  spontanée  survient  de  la 
sorte  dans  les  cas  inopérables,  comme  celui  de  M.  Le 
Dentu. 

—  M.  Poirier  présente  un  malade  auquel  il  a  désarticulé 
le  genou  et  fixé  la  rotule,  conservée,  aans  Tespace  inter- 
condylien  avivé.  D'où  un  moignon  supportant  parfaitement 
les  pressions. 

—  M.  Pozzi  demande  l'avis  de  la  Société  sur  un  jeune 
homme  à  qui  un  coup  de  sabre  a  tranché  à  l'avant-bras  le 
médian  et  le  cubital.  Depuis  plusieurs  mois  les  progrès 
sont  nuls.  M.  Tillaux  croit  qu'on  ne  peut  rien  perdre  à 
tenter  la  suture  nerveuse. 

—  M.  Pozzi  fait  voir  un  fibrome  utérin  pesant  15  livres. 
L'extirpation  de  cette  masse  incluse  dans  le  ligament  large 
fut  très  pénible,  et  la  vessie  fut  déchirée  sur  12  centimètres 
(le  long.  Cette  plaie  fut  suturée.  La  malade,  aujourd'hui  au 
sixième  jour,  va  très  bien  et  sa  température  n'a  pas  dépassé 
37%7. 

—  M.  Routier  montre  des  fragments  de  thermomètre 
qu'il  a  extraits  de  la  vessie  d'un  jeune  homme  à  l'aide  du 
redresseur  de  Colin.  Quoiqu'il  s'agît  de  morceaux  de  verre, 
la  taille  a. été  inutile. 

Bureau  pour  1890.  —  Président  :  M.  Nicaise;  vice- 
président  :  M.  Terrier;  secrétaire  général  :  M.  Ch.  Monod; 
secrétaires  des  séances  :  MM.  Marchand  et  Richelot;  archi- 
viste :  M.  P.  Reclus, 

A.  Broca. 


Société  de  biologie. 

SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  1889.  — PRÉSIDENCE 
DE  M.  DUCLAUX,  VICE-PRÉSIDENT. 

Subatanoes  solables  favorisantes  sôorôtées  par  un  certain  baciUe 
tuberculeux  :  M.  Gourmont.  —  Stir  l'endocardite  infectieuse  : 
MBI.  Rodet  et  Perret.  —  Cytodièrèse  dans  le  testicule  du  rat  : 
M.  Montanè.  —  Innervation  vaso-motrice  du  poumon  :  M.  Cou- 
vreur. —  Sur  quelques  points  de  technique  physiologique  :  M.  Ri- 
chet  (Discussion  :  MM.  Malasaez  et  Laborde).  —  Élections. 

M.  Counnont  revient  sur  un  point  que  lui  avait  présenté 
rhistoire  d'un  certain  bacille  tuberculeux  découvert  par 
lui  l'année  dernière.  Ce  bacille  présente  cette  particularité 
que  les  produits  solubles  fabri(|ués  par  lui  dans  une  culture 
et  injectés  à  un  animal  confèrent  à  celui-ci  une  réceptivité 
plus  grande  pour  l'infection  tuberculeuse.  Ainsi  une  culture 
filtrée,  iniectée  à  la  dose  de  1  centimètre  cube  par  kilo- 
gramme de  lapin  et  surtout  de  cobaye,  tout  en  n'étant  pas 
to.\ique,  puisau'on  a  pu  porter  la  dose  à  5  centimètres  cuoes 
sans  causer  la  mort  de  l'animal,  crée  chez  celui-ci  une 
prédisposition  telle  que  l'inoculation  ultérieure  d'une  cul- 
ture virulente  a  provoqué  la  mort  du  cobaye  en  quinze  ou 
seize  heures  et  celle  du  lapin  en  vingt-trois  heures,  alors 
que  l'inoculation  de  la  même  culture  ne  produisait  le  même 
résultat  qu'en  quinze  ou  vingt  jours  quand  elle  n'avait  pas 
été  précédée  de  l'injection  des  substances  solubles.  L'm- 
jeclion  siinull.inée  du  bouillon,  c'est-à-dire  du  bacille 
accompagné  des  principes  solubles  qu'il  a  sécrétés,  ne  pré- 
sente rien  de  particulier.  Enfin  le  bacille  cultivé  dans  un 
milieu  artificiel  contenant  déjà  les  substances  solubles  favo- 
risantes ne  semble  pas  avoir  acquis  des  propritlés  spéciales. 


—  A  propos  d'une  récente  communication  de  M.  Girodf. 
MM,  Rodet  et  Perret  rappellent  qu'ils  avaient  déjà.  Tannai 
dernière,  obtenu  non  seulement  des  cultures  vert  vb  • 
analogues  à  celles  citées  par  H.*Girode,  mais  qu'après  avor 
inoculé  leurs  cultures  dans  les  veines  jugulaires,  ils  avaipi.' 
pu  reproduire  l'endocardite  infectieuse  avec  tous  ses  tarai- 
lères. 

—  a»  Montané  a  reconnu  que  la  cytodièrèse  dans  1- 
testicule  du  rat  suit  les  mêmes  phases  que  chez  les  soli- 
pèdes  et  qu'elle  a  lieu  par  segmentation  indirecte,  comun 
il  l'a  déjà  établi  dans  une  communication  antérieure.  Il  vu 
conclut  que  c'est  là  un  fait  général  chez  les  mammifère^ 
contrairement  à  l'opinion  de  M.  Balbiani,  qui  y  voit  un 
bourgeonnement. 

—  liln  excitant  le  pneumogastrique  de  la  grenouille  après 

3ue  la  branche  qui  va  au  cœur  s'est  déjà  détachée  du  Ironr   \ 
u  nerf,  M.  Couvreur  a  vu  survenir  l'arrêt  comulel  de  la 
circulation  pulmonaire.  Ce  fait  est  à  rapprocher  d  une  exf>«^- 
rience  exécutée  il  y  a  quelques  années  dans  le  laboratoire 
de  M.  Cliauveau,  à  Lyon,  par  M.  Morel.  Si  après  avoir  .sec- 
tionné la  moelle,  ouvert  l'abdomen  et  la  poitrine  et  mis 
l'artère  pulmonaire  en  communication  avec  un  hémo-ma- 
nomètre, on  vient  à  exciter  les  viscères  digestifs  :  estomac, 
foie,  surtout  dans  le  voisinage  du  canal  cholédoque,  on    | 
détermine  une  élévation  de  la  pression  de  l'artère,  sijiue    I 
bien  évident  de  la  contraction  par  voie  réflexe  des  ?aisseaux 
artériels  du  poumon. 

—  M.  Ricliet  a  constaté  que  la  mort  des  lapins  sunenail 
fatalement  quand  on  fait  des  expériences  dans  des  rlochr< 
où  la  fermeture  hydraulique  était  obtenue  au  moyen  de 
mercure. 

M.  Chauveau  fait  remarquer  à  ce  sujet  que  tous  les 
animaux  ne  sont  pas,  à  beaucoup  près,  aussi  susceptibles  à 
l'égard  du  mercure  ;  les  ruminants  se  rapprochent  du  lapin, 
mais  d'autres,  et  l'homme  en  particulier,  résistent  trôs 
bien. 

—  M.  Richet  emploie,  comme  l'avait  fait  Vulpian,  les 
injections  de  chloral  pour  obtenir  l'anesthésie  des  chiens 
sur  lesquels  il  opère,  mais  il  y  associe  la  morphine,  et  au 
lieu  d'introduire  la  solution  anesthésique  dans  la  veine  sa- 
phène,  ce  qui  occasionne  souvent  des  syncopes,  il  l'injecte 
dans  le  péritoine.  Les  effets  obtenus  sont  identiques  à  ceu\ 
produits  par  la  méthode  de  Vulpian,  mais  on  évite  les  acci- 
dents. La  dose  anesthésique  est  de  50  centigrammes  de 
chloral  et  2'"''"«S5  de  chlorhydrate  de  morphine  jwtr  kili^- 
gramme  d'animal,  mais  la  dose  toxique  en  est  si  voi^inc 
(60  centigrammes  de  chloral  et  3  milligrammes  de  chlorhy- 
drate de  morphine)  qu'il  faut  plutôt  se  tenir  au-dessous  de 
50  centigrammes  et  considérer  une  dose  de  40  à  50  centi- 
grammes comme  dose  maniable. 

Ce  mode  d'anesthésie  a  permis  de  constater  un  fait  qui 
confirme  les  résultats  acquis  antérieurement  par  M.  Rich»  i. 
Un  chien  de  30  kilogrammes  et  un  de  4  kilogrammes  o'X, 
reçu  des  doses  correspondantes  de  chloral,  de  façon  à  u»- 
terminer  l'anesthésie.  Le  gros  chien  se  refroidit  peu.  ! 
petit  beaucoup.  Cela  provient  d'une  égalisation  de  l'acliMl 
chimique,  qui  d'ordinaire  est  de  beaucoup  plus  grande  cln. 
les  chiens  de  petite  taille  que  chez  les  gros. 

Sur  une  question  de  M.  Laborde^  relative  aux  effets  lorau*. 
de  ces  injections,  M.  Richet  dit  n'avoir  pu  constater  aucun- 
vascularisalion,  mais  seulement  une  transsudatioo  abiu.- 
dante  sans  hémorrhagie.  Les  solutions  employées  sonld\ur 
leurs  assez  étendues  :  100  grammes  renferment  lOgrainiur- 
de  chloral. 

—  M.  Richet  présente  deux  soupapes  de  Muller  entiè:- 
ment  en  verre  et  dont  l'une  permet  de  foire  la  respirali.* 
artificielle. 


27  DÉCEMBRE  1889        GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECmS  ET  DE  CHIRURGIE 


N-  52  —    845 


—  M.  Richet  propose  un  moyen  qui  permet  de  conserver 
du  sang  sans  grosses  altérations.  Il  consiste  à  faire  tomber 
le  sang  dans  une  solution  chaude  et  concentrée  de  gélatine 
el  à  opérer  rapidement  le  mélange.  Dans  ces  conditions,  la 
fibrine  ne  se  sépare  pas,  mais  on  a  un  coagulum  dû  à  la 
gélatine,  qui  peut  se  conserver  assez  longtemps. 

M.  Ualassez  a  depuis  longtemps  indiqué  ce  moyen,  ainsi 
que  celui  qui  repose  sur  l'emploi  d'une  solution  de  sucrer. 
Par  ces  procédés  on  peut,  au  bout  de  cinq  à  six  ans,  re- 
trouver les  bandes  d'absorption  de  l'oxyhémoglobine. 

—  La  Société  de  biologie  constitue  ainsi  son  Bureau  pour 
Tannée  1890  : 

MM.  Chauveau  et  Straus,  vice-présidents. 

MM.  Balzer,  Capitan,  Netter  et  Kauffman,  secrétaires  des 
séances. 

Membres  du  conseil  :  MM.  Bouchard,  Bouchereau,  Ilé- 
nocque,  d'Arsonval,  Mathias  Duval,  Duclaux. 

Commission  de  contrôle :i{M.  Gley,  Grimaux,  Malassez. 

Coînmission  des  échanges:  MM.  Brown-Séquard,  Dastre, 
Richet,  Gellé.     ' 


Boelété  d«  thérapeutique. 

SÉANCE  DU   il    DÉCEMBRE  1889  :   PRÉSIDENCE  DE  M.  FERNET. 

Action  comparée  des  digitalines  :  M.  Bardet  (Discussion  :  MM.  Del- 
pech.  P.  Vigier,  Constantin  Paul,  CatiUon,  Dujardin-Beaumetz). 

M.  Bardet  fait  une  communication  sur  Faction  comparée 
des  digitalines. 

M.  Delpech  attire  l'attention  de  la  Société  sur  Timpor- 
lance  qu'il  y  aurait  à  ce  que  la  digitaline  prescrite  par  le 
Codex  fût  seule  employée  par  les  pharmaciens.  Ceux-ci 
devraient  éviter  de  se  servir  de  produits  commerciaux  d'ori- 
gine souvent  douteuse  et  incertaine. 

M.  P.  Vigier  fait  remarquer  à  ce  propos  que  le  pharma- 
cien est  facilement  trompé  sur  la  nature  des  produits  qui 
lui  sont  fournis  ;  il  demande  à  un  commerçant  de  la  digita- 
line du  Codex  et  reçoit  tout  autre  chose. 

M.  Constantin  Paul.  Homolle  a  retiré,  il  y  a  vingt- 
cinq  ans,  une  digitaline  complexe  de  l'extrait  aqueux  de 
digitale,  et  Nalivelle,  de  l'extrait  alcoolique,  une  digitaline 
cristallisée,  qui  devint  alors  la  vraie  digitaline.  J'ai  l'ait  sur 
(les  grenouilles  des  expériences  avec  les  diverses  digitalines; 
toutes  agissaient  sur  le  cœur,  mais  la  digitaline  cristallisée 
seule  avait  une  action  régulière.  J'en  ai  conclu  que  cette 
dernière  était  la  seule  digitaline  active,  vraie,  acceptable. 

M.  Catillon.  Si  la  digitaline  amorphe  chloroformique 
avait  les  mêmes  propriétés  que  la  digitaline  cristallisée,  je 
proposerais  qu'on  supprimât  cette  dernière.  En  effet,  tandis 
que  1  kilogramme  de  feuilles  de  digitale  produit  3  grammes 
de  digitaline  amorphe,  il  fournil  à  peine  i  gramme  de  digi- 
taline cristallisée,  quelquefois  même  moins  encore  ou  pas  du 
tout. 

M.  Bardet.  Je  partage  l'avis  de  M.  Delpech  :  j'ai  tenu 
surtout  à  insister  sur  ce  fait,  que  dans  le  commerce  beau- 
coup de  produits  différents  sont  vendus  sous  le  nom  de 
digitaline.  Mais,  contrairement  à  l'avis  de  M.  Catillon,  je 
crois  qu'il  serait  toujours  préférable  d'employer  un  produit 
cristallisé  bien  défini,  plutôt  qu'un  produit  amorphe.  Mal- 
heureusement le  procédé  du  Codex  pour  la  digitaline 
cristallisée  ne  permet  d'extraire  de  la  plante  qu'une  quan- 
tité trop  minime  de  produits. 

M.  Dujardin-Beaumelz.  La  communication  de  M.  Bar- 
det soulève  la  question  de  savoir  s'il  est  préférable,  dans 
bien  des  cas,  d'employer  la  digitaline  plutôt  que  la  digitale: 
je  suis  d'une  opinion  tout  opposée.  Pour  prescrire  la  digi- 


taline, on  devrait  avoir  recours  à  celle  du  Codex  :  la  for- 
mule de  M,  Potain  est  très  précieuse  :  50  gouttes  ou  1  cen- 
timètre cube  de  cette  solution  représentent  1  milligramme 
de  digitaline  amorphe. 

Georges  Baudouin. 


REVUE  DES  JOURNAUX 

THÉRAPEUTIQUE. 

Du  fraiienicnt  ftntluoptiqae  de  la  variole,  par  M.  le  docteur 
RiANCHi.  —  Les  indications  de  ce  traitement  consistent  :  i**  i\ 
rendre  la  surface  cutanée  aseptique;  2°  à  maintenir  aseptique 
le  lit  du  malade;  3^  à  assurer  par  une  ventilation  énergique 
Tasepsic  de  sa  chambre. 

L'antisepsie  de  la  surface  cutanée  est  obtenue  :  par  la  balnéa- 
lion  dans  une  solution  boriquée  à  5  pour  100;  et  par  des  lotions 
alternant  avec-les  bains,  au  moyen  d'une  solution  de  sublimé  à 
1  pour  1000.  Pendant  la  période  initiale  on  préfère  la  solution 
boriquée;  pendant  la  période  d'élat  on  alterne  les  lotions  au  su- 
blimé avec  les  bains  boriques  au  nombre  de  deux  dans  les  vingt- 
quatre  heures.  Enfin,  pendant  la  pustulation  et  la  dessiccation, 
on  insiste  sur  Teraploi  du  sel  mcrcuriel. 

Après  chaque  lotion  on  pratique  une  onction  avec  une  pom- 
made contenant  4  1/2  pour  100  d'iodoforme.  S'il  y  a  lieu,  on 
ponctionne  les  pustules  et  on  les  panse  avec  la  solution  de 
sublimé. 

On  doit  renouveler  souvent  Tair  de  la  chambre  des  malades 
et  désinfecter  la  literie  avec  une  solution  de  sublimé  à  5  pour 
1000. 

Ce  traitement  antiseptique  diminue  la  durée  de  la  maladie, 
modère  Thyperthermie  et  prévient  ses  complications  :  la  conva- 
lescence se  produit  plus  promptement  et  dure  moins  long- 
temps. Enfin,  autre  avantage,  au  témoignage  de  Tauteur,  il 
empêche  la  suppuration  et  diminue  dans  une  grande  pro- 
portion les  dangers  de  la  contagion.  11  est  donc  tout  à  la  fois 
antiseptique  et  prophylactique.  {Lo  Sperimentale,  août  1889.) 

Du  traltcuent  de  la  coqaclaehe  par  lo  toroniorormc,  par 

M.  le  docteur  Steim».  —  Ce  produit  n'est  guère  toxique  ni  chez 
les  adultes,  ni  chez  les  enfants.  11  possède  une  action  excitante 
à  la  dose  rie  cinq  à  vingt  gouttes.  M.  Siepp  a  fait  usage  d'une  po- 
tion alcoolique  au  bromoforme  dont  voici  la  formule  :  bronio- 
forme,  X  gouttes;  alcool,  4  grammes;  eau,  100  grammes;  sirop 
simple,  20  grammes. 

Soixante-dix  coquelucheux  ont  été  soumis  à  cette  médication. 
Au  bout  de  quatre  à  six  jours  le  nombre  de  leurs  quintes  dimi- 
nuait, et  la  toux  disparaissait  vers  le  quinzième  jour. 

Le  bromoforme  diminuait  les  phénomènes  de  catarrhe  et 
agissait  même  dans  les  cas  anciens  dont  le  début  datait  de  plu- 
sieurs semaines.  M.  Stepp  renonce  à  expliquer  Tacliou  Ihéra- 
peulique  du  bromoforme.  Est-il  exhalé  en  nalure  ou  bien  sous  la 
forme  de  brome?  M.  Stepp  l'ignore,  mais  dans  Tune  et  l'autre 
hypothèse  il  agirait  peut-être,  on  se  le  demande,  contre  les 
m'icro-organismes.  (Allgem.  med,  Zeitung,  1889,  n«  62.) 

De  la  valeur  comparante  do  Tantipyrino,  de  rantifébrine 
ol  do  la  ptaénacéilno  coninio  aatlpYrctlque»,  par  M.  le  doc- 
teur A.  ^CoMBUÉ.  —  L'auteur  a  fait  usage  comparativement  de 
l'un  et  de  l'autre  de  cis  médicaments  sur  des  malades  de  l'Hô- 
pital général  de  Calcutta.  Il  en  a  conclu,  écrit-il,  que  l'antipy- 
rine  est  un  peu  inférieure  par  sa  puissance  à  l'antifébrine  et  à 
la  phénacétine.  De  plus,  la  pliénacétine,  avantage  en  sa  faveur, 
n'aurait  jamais  provoqué  de  collapsus. 

L'action  plus  rapide  de  l'antipyrine  est  probablement  en  rap- 
port avec  sa  plus  grande  solubilité.  Par  contre  l'action  de  la 
phénacétine  persiste  pendant  plus  longtemps.  Helativement  à 
l'emploi  de  ces  médicaments  sous  le  climat  des  Indes,  M.  Crom- 


846    —  N«  52  — 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  HÉDEGINE  ET  DE!  GHIRURGIE       27  Décembre  1889 


bré  fait  remarquer  rinconvéaient  de  provoquer  les  sueurs  pro- 
fuses, inconvénient  plus  grand  encore  quand  on  prescrit  la 
phénacétine  que  .les  autres  antipyrétiques.  Il  estime  que  le 
meilleur  antithermique  à  employer  sous  le  climat  des  Indes  est 
celui  qui  provoque  la  moindre  transpiration.  {The  Pract,  oc  t. 
1889,  p.  266.) 

Des  iBhalatloiui  d'ean  ehloroformée  contre  la  eoqaelaefie, 

par  M.  le  docteur  Schilling.  —  Ce  traitement  consiste  à  prati- 
quer des  pulvérisations  avec  de  l'eau  additionnée  de  deux  à 
trois  gouttes  de  chloroforme  pour  chaque  année  de  Tâge  de  l'en- 
fant. On  répète  les  inhalations  trois  à  quatre  fois  par  jour. 

M.  Schilling  a  vu,  dit-il,  les  quintes  de  toux  disparaître 
quatre  fois  après  une  semaine,  vingt-huit  fois  dans  l'espace  de 
deux  septénaires,  vingt  et  une  fois  après  la  troisième  semaine, 
dix-huit  fois  après  la  quatrième.  Dans  un  seul  cas  ramélioration 
ne  se  produisit  qu'après  cinq  semaines.  L'auteur  déclare  que 
ces  inhalations  sont  mieux  supportées  que  les  pulvérisations 
avec  l'eau  phéniquée  et  qu'elles  sont  supérieures  à  l'administra- 
tion de  Tantipyrihe.  {Munch.  med.  Woch.,  1889,  n**  29.) 

Du  traitement  du  catarrhe  sastro-InleMtlnal  de»  enrants 
par  le»  irrisaiion»  iote»tioale»,  par  M.  le  docteur  DaviS.  —  On 
sait  que  Léo  et  fiaginsky  ont  montré  que  la  fermentation  lac- 
tique est  un  phénomène  digestif  normal  chez  les  enfants  et  que  la 
formation  de  l'acide  butyrique  par  décomposition  des  lactates 
neutres  et  avec  mise  en  liberté  d'acide  acétique  est  un  phéno- 
^  mène  pathologique.  Les  changements  thermiques  seraient,  d'a- 
près M.  Davis,  la  cause  principale  des  troubles  digestifs  qui 
causent  ces  phénomènes  pathologiques. 

Le  traitement  doit  être  prophylactique  et  antiseptique.  La  pro- 
phylaxie consiste  dans  l'usage  des  vêtements  de  flanelle,  les 
bains  tièdes  fréquents,  la  stérilisation  du  lait  et  l'emploi  de  l'eau 
préalablement  bouillie. 

Le  traitement  curalif  consiste  d'abord  dans  le  régime,  les  repas 
multipliés  et  peu  abondants,  la  balnéation  tiède,  l'administration 
de  grogs  pour  combattre  la  prostration  inséparable  chez  l'en- 
fant d'une  perte  de  liquide  par  la  diarrhée.  Contre  les  voinisse- 
raents,  M.  Davis  conseille  le  lavage  stomacal  au  moyen  du 
siphon  et  d'une  solution  antiseptique  de  carbonate  et  de  salicy- 
late  de  soude. 

Contre  le  catarrhe  intestinal,  il  recommande  le  calomel,  par 
doses  fractionnées  et  répétées  d'heure  en  heure.  A  cette  période 
il  remplace  les  aliments  par  les  blancs  d'oeufs,  à  raison  de  six  à 
huit  dans  les  vingt-quatre  heures.  Puis,  si  ce  traitement  échoue, 
il  administre  au  moyen  d'une  sonde  en  gomme  du  u^"  11,  longue 
de  six  à  sept  pouces,  des  irrigations  intestinales  avec  une  solu- 
tion de  tliymol  au  millième  ou  de  salicylate  de  soude  au  deux- 
centième.  Ces  irrigations  sont  répétées  deux  à  trois  fois  par 
jour. 

Au  demeurant,  cette  médication  consiste  dans  l'emploi  des 
antiseptiques  et  d'un  régime  diététique  sévère.  {The  med. 
News,  1889,  n"  850.) 


«Iter. 


Travaux  h 


Du  TANIN    DANS  LA    TUUERCOLOSK   PULMONAIRE,  par  M.  Db  ViTI 

Demarco.  —  L'objectif  de  cette  médication  serait  pour  cet  ob- 
servateur d'acidlfierle  milieu  iuterieur,  parce  qu'un  liquide  de 
culture  de  réaction  acide  est  défavorable  au  développement  du 
bacille  de  la  tuberculose.  Au  reste,  il  aurait  pu  ajouter  que  ce 
traitement  n'est  pas  nouveau  et  en  citant  les  cas  observés  par 
M.  Giuseppe  à  l'hôpital  de  Parme,  rappeler  les  auteurs  français 
qui  le  recommandent. 

La  formule  que  prescrit  M.  De  Viti  Demarco  est  la  suivante  : 
acide  tannique,  i  grammes;  créosote,  deux  gouttes:  glycérine 
et  alcool,  quantité  suffisante  pour  huit  pilules,  qu'on  administre 


dans  les  vingt-quatre  heures  en  huit  prises,  une  toutes  les  A 
heures. 

Cette  médication,  dans  les  cas  qu'il  rapporte  soromairemei' 
d'ailleurs,  a  diminué  l'abondance  de  l'expectoration  et  Tint»- - 
site  de  la  fièvre.  De  plus,  pendant  sa  durée,  le  processus  nécr  > 
phylique  a  paru  suspendre  sa  marche  envahissante.  L'étal  g«-  - 
rai  et  la  nutrition  étaient  augmentés  {Riforma  medicaj  1 1  ju  i 
1888,  p.  804.) 

De    LA    SUSPENSION   DANS    L'ATAXIE    LOCOMOTRICE,    par    M.     " 

docteur  Bernhardt.  —  Une  série  de  21  tabétiques,  11)  homm- 
el2femmes,  furent  soumis  266  fois  à  ce  traitement.  La  dunV  Je 
la  suspension  était  graduellement  augmentée  d'une  demi  à  de ui 
et  trois  minutes.  Deux  accidents  furent  observés  :  une  attaqur 
épilepliforme  pendant  la  durée  de  l'opération  et  une  syncopo.  In 
n'eurent  pas  de  suites. 

L'efficacité  de  la  suspension  serait  due,  d'après  M.  Bernha'iJt. 
qui  partage  l'opinion  de  M.  Charcot,  à  une  modification  «i  * 
conditions  de  la  circulation  des  méninges  cérébro-spinal*  5  *{ 
de  la  moelle  elle-même.  11  admet  que  cette  médication  conriroi 
à  un  grand  nombre  de  tabétiques,  ataxiques  ou  non,  qu'elle  doii 
être  dirigée  et  surveillée  par  le  médecin  lui-même  et  que  5\  ^\\^. 
est  bien  conduite,  elle  est  exempte  de  danger.  Néanmoins  il 
admet  aussi  la  possibilité  des  accidents,  surtoul  dans  les  ca<  d^ 
cardiopathies  et  d'affections  pulmonaires.  Ces  dernières  afleelion- 
sont  donc  une  contre-indication  à  l'emploi  de  la  médication.  Enfin, 
il  ne  considère  pas  la  suspension  comme  une  métbodo  cur«itit*> 
du  tabès,  mais  seulement  comme  un  moyen  d'en  soulager  U^ 
symptômes.  {Berliner  klin.  Woch.y  1889,  n»  25.) 

De  l'acêtanilide  dans  la  médecine  infantile,  par  If.  l- 
docteur  I  -N.  Love.  —  Ce  travail  a  pour  objet  de  faire  connaitr<' 
le  résultat  de  l'emploi  de  ce  médicament  pendant  une  an  net-  dr 
pratique.  Cinquante  cas  de  fièvre  scarlatine  ont  été  trai(c<  par 
l'acêtanilide  jusqu'à  réduction  de  l'élévation  tbermomêtriquc. 
Même  emploi  et  même  succès  dans  cinquante-six  cas  de  roage<'!r. 

Les  quintes  de  coqueluche  ont  été  diminuées  en  nombre  et  rti 
intensité  dans  cinquante  cas.  Enfin,  l'auteur  en  aurait  ohleun 
un  bénéfice  contre  la  chorée,  l'épilepsie  et  les  convulsions.  Il 
faisait  usage  d'une  solution  d'acétanilide  dans  l'alcool  i-l  lu 
glycérine.  {Arch.  of  pediatrics,  août  1880.) 


BIBLIOGRAPHIE 

Traité  pratique  de  ehlrnrgle  d'aroaée*  par  MM.  ClIAUvr:! 

et  H.NiBfïER.  —  Paris,  G.  Masson,  1890. 

€  Traité  pratique  de  chirurgie  d'armée...  »  Peul-étre,  il 
y  a  quelque  vingt  ans,  plusieurs  auraient  cru  pouvoir  se 
dispenser  de  lire  ce  livre,  indispensable  seulement,  au- 
raient-ils pensé,  aux  élèves  des  écoles  de  santé  mîlitain>. 
Mais  maintenant  que  tout  médecin  civil  peut,  de  vingl-cin.^ 
à  quarante-cinq  ans,  être  appelé  sous  les  drapeaux,  incoi- 
pore  dans  les  régiments  ou  versé  dans  les  ambulances,  il 
nous  est  impossible  de  nous  désintéresser  de  la  question  v\ 
le  traité  de  MM.  Chauvel  et  Nimier  s'adresse  à  tout  le  pablii 
médical. 

C'est  un  livre  excellent,  bien  actuel  et  sorti  des  eulraill^^ 
de  la  chirurgie  contemporaine.  A  celle  heure,  nous  avoii:«  .i 
apprendre  tant  et  de  si  nouvelles  choses  que  le  présent  soii^ 
nous  occupe  et  les  histoires  du  passé  nous  laissent  un  pr  * 
froids.  Nous  y  reviendrons  sans  doute  lorsque  les  dêcM».- 
verles  se  feront  plus  rares  el  qu'on  pourra  «  muser  t>  un  p'" 
sans  être  immédiatement  distance  sur  une  route  où  i: 
science  marche  d'un  pas  si  rapide.  Pour  le  moment.  If- 
vieilles  théories  nous  intéressent  aussi  peu  que  les  vieilli > 
statistiques  el  nous  savons  un  gré  infini  à  MM.  Chauvel  «' 
Nimier  d'avoir  écartr,  .nrsi  rospectueusemeat  que  résolu- 


27  Décembre  1889       GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE         —  N«  52  -    847 


ment,  toute  la  thérapeutique  usée,  inutile  et  dangereuse  de 
l'ancienne  ère  chirurgicale. 

Leur  chirurgie  est  antiseptique,  et,  lorsqu'ils  considèrent 
les  immenses  progrès  réalisés  depuis  les  découvertes  de 
Pasteur  par  les  applications  de  Lister,  de  Guérin  et  de 
tous  les  praticiens  actuels,  ils  veulent  c^ue  la  chirurgie  de 
guerre  profite  de  cette  révolution  et  ils  s'indignent  lorsqu'ils 
rencontrent  des  hommes  pour  déclarer  Tanlisepsie  en  cam- 
pagne une  utopie,  un  rêve  irréalisable,  c  Penser,  croire 
ainsi,  c'est  préparer  le  désastre,  c'est  ouvrir  la  porte  à  l'in- 
curie, favoriser  la  paresse  et  le  mauvais  vouloir.  *  Les  pre- 
miers efforts  tentés  pendant  la  guerre  russo-turque  n'ont- 
ils  pas  donné  des  résultats  excellents  qui  nous  sont  un 
garant  des  succès  qui  nous  attendent  lorsque  nous  ferons 
«  ce  que  nous  nous  appellerions  volontiers,  un  essai  com- 
plet de  la  méthode  ». 

Dans  leur  introduction,  MM.  Chauvel  et  Nimier  nous 
donnent  en  quelques  pages  rapides  une  esquisse  de  l'orga- 
nisation de  la  chirurgie  militaire  depuis  la  création  des  ar- 
mées permanentes  jusqu'à  la  récente  loi  «  qui  complète 
l'autonomie  du  service  de  santé  ».  Ils  nous  montrent  les 
luttes  incessantes  qu'il  a  fallu  livrer  contre  la  toute-puis- 
sante Intendance;  «  chacun  chez  soi,  la  médecine  aux  mé- 
decins »,  c'est  un  aphorisme  d'une  réalité  toute  jeune  et 
que  de  temps  il  a  fallu  pour  faire  passer  ce  vœu  dans  la  loi! 
Un  instant,  en  1848, on  crut  toucher  la  terre  promise,  mais 
les  décrets  de  1851  détruisirent  ces  réformes  jugées  trop 
révolutionnaires  et  malgré  les  vices  d'organisation  épou- 
vantable révélés  par  les  guerres  de  Crimée  et  d'Italie,  quinze 
ans  de  république  ont  été  nécessaires  pour  vaincre  l'Inten- 
dance et  assurer  le  triomphe  de  l'autonomie  du  corps  de 
santé  militaire. 

Le  traité  de  MM.  Chauvel  et  Nimier  comprend  trois  par- 
ties :  €  la  première  est  consacrée  à  l'étude  des  blessures  de 
guerre  envisagées  dans  leur  manière  d'être  sur  les  divers 
tissus  du  corps  humain  ;  elle  renferme  la  description  suc- 
cincte des  armes  et  des  projectiles  actuellement  en  usage  ». 
Dans  la  deuxième,  les  auteurs  décrivent  les'  particularités 
que  présentent  les  mêmes  blessures  selon  les  différentes  ré- 
gions du  corps  qu'elles  atteignent  et  le  traitement  qui  con- 
vient à  chacune  d'elles.  Enfin  «  notre  troisième  partie  est 
consacrée  à  l'organisation  du  service  de  santé  de  l'armée, 
d'après  les  règlements  en  vigueur.  Si  dans  ces  dernières 
pages  comme  dans  le  cours  de  ce  volume,  nous  nous  sommes 
crus  autorisés  à  faire  connaître  nos  idées  personnelles, 
c'est  toujours  avec  modération  que  nous  avons  critiqué  les 
opinions  des  autres.  » 

Il  n'yapasque  la  modération,  il  y  a  aussi  la  compétence. 
Tout  ce  livre  est  écrit  en  une  langue  claire,  précise,  nette, 
sans  recherche,  et  nous  sommes  certain  qu'il  aura  vite 
acquis  la  place  importante  oui  lui  revient  sans  conteste 
dans  notre  littérature  médicale. 

P.  R. 


L'ATONIE    INTESTINALE    ET    SES   COMPLICATIONS,  par  M.  le  docloUf 

Charles  Malikran.  —  Paris,  1889.  A.  Coccoz. 

1/atonie  intestinale  consiste  dans  l'insuffisance  tonique  ou  con- 
tractile d'un  segment  ou  de  la  totalité  du  gros  intestin.  Mais 
tantôt  cette  atonie  existe  à  peu  près  isolément  et  constitue  pour 
ainsi  dire  toute  la  maladie,  d'autres  fois  elle  est  au  second  plan 
des  symptômes  et  passe  presque  inaperçue  dans  les  diverses 
maladies  qu'elle  accompagne.  C'est  à  la  première  forme  seule 
que  s'attache  la  description  de  l'auteur.  Après  avoir  résumé  la 
physiologie  des  contractions  intestinales  et  de  la  progression 
normale  du  contenu  de  l'intestin,  il  montre  que  Tatonie  de  l'in- 
testin résulte  soit  de  l'absence  on  de  ranioindrissement  des 
impressions  sensitives  qui  atteignent  la  muqueuse,  soit  tle 
1  épuisement  ou  de  l'inhibition  du  système  nerveux,  soit  enfin 
d'une  altération  dynamique  ou  histologique  des  éléments  con- 


tractiles: tous  modes  agissant  séparément  ou  simultanément. 
L'auteur  passe  ensuite  en  revue  les  modifications  anatomiques 
que  l'on  rencontre  dans  l'atonie  simple  et  dans  Tatonie  compli- 
quée: légère  dilatation  générale  ou  partielle  par  relâchement, 
et  sécrétion  insuffisante  de  mucus,  pour  la  première;  coprostase, 
exsudais  pseudo-membraneux,  colite  chronique,  obstruction 
iléo-rectaïe  ou  caBcale  avec  poussées  de  catarrhe  aigu  et  débâ- 
cles, ou  bien  avec  perforation  intestinale,  dans  l'atonie  compli- 
quée. Une  étude  chnique  et  diagnostique  fort  complète  amené 
M.  Malibran  à  formuler  les  règles  du  traitement  aue  Ton  devra 
instituer  dans  chaque  forme  qui  se  présentera  à  robservateur. 
On  devra  combattre  les  causes  de  l'atonie,  l'atonie  elle-même  ; 
enfin  ses  complications:  autant  de  paragraphes  très  instructifs 
où  le  régime  alimentaire,  l'antisepsie  intestinale,  cl  les  médica- 
tions sont  formulés  avec  soin. 

Chimie  inorganique  et  organique,  botanique,  zoologie.  — Thé- 
rapeutique. Ligature  des  artères.  Trachéotomie  et  laryn- 
gotomie (Notes  servant  à  la  préparation  des  premier  et 
quatrième  examens  de  doctorat),  par  M.  Lewis-Nicholas 
Worthington.  2  volumes.  —  Paris,  1889.  0.  Berlhier. 

Il  ne  s'agit  pas  d'un  manuel  pour  l'étude  du  programme  des 
premier  et  quatrième  examens  de  doctorat,  mais  de  notes  rédi- 
gées d'une  façon  succincte,  trop  succincte  même.  Elles  seront 
plus  utiles  aux  étudiants  pour  se  remettre  en  mémoire  ce  qu'ils 
auront  déjà  appris,  que  pour  apprendre  les  matières  qu'ils  igno- 
rent. Il  est  bon  à  coup  sûr  de  condenser,  mais  il  peut  être  aan- 
ffereux  de  pousser  cette  méthode  à  l'excès.  On  trouvera  d'ailleurs 
Sans  ces  notes  un  résumé  assez  com[)let  des  notions  qu'il  est 
utile  de  posséder  pour  se  livrer  à  des  études  plus  approfondies. 

Des  ponctions  de  la  glande  thyroïde,  par  M.  le  docteur  Joao 
Paulo  de  Carvalho.  —  Rio-de-Janeiro,  1889.  Leuzinger  et 
Filhos. 

Cette  thèse,  présentée  pour  le  concours  d'admission  à  la  chaire 
de  physiologie  théorique  et  expérimentale  de  la  Faculté  de  Uio- 
de-Janeiro,  constitue  une  fort  complète  étude  sur  la  structure  et 
la  physiologie  de  la  glande  thyroïde.  L'auteur  a  institué  de  nom- 
breuses et  instructives  expériences  qui  donnent  à  son  travail  un 
cachet  personnel  et  le  recommandent  à  l'attention  du  public 
médical. 

Traitement  par  l'électricité  et  le  massage,  par  M.  le  docteur 
A.-S.  Weber.  —  Paris,  1889.  Alex.  Coccoz. 

L'auteur  fait  connaître  le  résultat  des  études  sur  le  massage 
qu'il  a  faites  dans  dilférents  pays  et  qu'il  a  depuis  un  certain 
nombre  d'années  appliqué  au  traitement  des  affections  gynéco- 
logiques, ainsi  qu'a  certains  cas  d'entorses,  de  fractures,  et 
même  de  chlorose  ou  d'anémie.  Il  préconise  l'adjonction  au 
massage  du  traitement  élcctrothérapique  par  les  courants  con- 
tinus à  faible  intensité. 

A.  P. 

Manuel  d'hydrothérapie,  par  M.  le  docteur  Macario,  !•  édition. 
Paris,  F.  Alcan,  1889. 

Ce  petit  Manuel  reproduit  une  série  de  leçons  faites  à  l'Ecole 
pratique  en  1857.  Dire  nue  depuis  celte  date  bien  des  théories 
ont  dû  se  modifier  sous  1  influence  des  doctrines  nouvelles  serait 
répéter  une  vérité  des  plus  banales.  Nous  croyons  donc  que  plu- 
sieurs chapitres  de  ce  petit  livre  auraient  |)u  être  remaniés. 
Celui  qui  traite  des  indications  et  des  contre-indications  de 
l'hydrothérapie  mériterait  surtout  les  additions  et  les  change- 
ments que  la  lecture  des  récents  articles  ou  traités  consacrés  à 
l'influence  de  l'hydrothérapie  sur  les  maladies  nerveuses  rendrait 
faciles.  Mais  nous  pensons  que  l'auteur  n'a  voulu  que  répandre 
les  idées  qui  lui  sont  chères.  11  y  a  déjà  réussi.  On  ne  peut  que 
lui  souhaiter  la  continuation  de  ses  succès. 


848    —  N«  52 


GAZETTE  HEBDOMADAIRE  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE        27  Déceubre  1889 


VARIÉTÉS 

Nécrologie.  —  Damaschino.  —  C'est  avec  un  profond 
senliment  de  tristesse  que  nous  associons  notre  deuil  à 
celui  qui  frappe  la  Faculté,  l'Académie  et  le  corps  médical 
des  hôpitaux.  Le  professeur  Damaschino,  si  brusquement 
enlevé  à  TafTection  de  tous  ceux  qui  Font  connu,  était,  en 
elTet,  non  seulement  Tun  des  plus  dignes  et  des  plus  labo- 
rieux parmi  les  jeunes  mailres  de  l'école  clinique  contem- 
poraine, mais  encore  l'un  des  plus  sympathiques,  l'un  des 
plus  dévoués  à  ses  amis  et  à  ses  élèves.  Les  titres  qui  lui 
avaient  valu  sa  haute  situation  médicale  sont  de  ceux  qui 
mériteront  toujours  d'être  rappelés.  Élève  et  plus  tard  colla- 
borateur de  M.  H.  Roger,  Damaschino  avait  étudié  avec  le 
plus  grand  soin  les  lésions  de  la  moelle  dans  la  paralysie 
infantile  et  établi  que  cette  maladie  est  caractérisée  analo- 
miquement  par  des  foyers  de  myélite  dans  les  cornes  anté- 
rieures de  la  substance  grise  avec  atrophie  des  cellules 
motrices.  On  peul  rapprocher  de  ces  premières  recherches, 
aujourd'hui  admises  sans  contestation  aucune,  ses  étudcb 
sur  la  paralysie  pseudo-hyper îrophique.  On  doit  aussi  à 
Damaschino  l,a  première  mention  des  lésions  dégénérative^ 
des  racines  spinales  antérieures  avec  intégrité  des  cellules 
motrices  dans  la  paralysie  diphihéritique. 

A  ces  travaux  d'analomie  pathologique,  notre  savant 
ami  avait  joint  une  série  d'études  cliniques  des  ulus  remar- 
quables. Citons  une  monographie  remarquai) le  sur  la 
broncho-pneumonie  des  enfants  à  la  mamelle;  une  étude 
très  sérieuse  et  très  approfondie  de  \dipleurésie  purulente; 
une  thèse  d'agrégation  sur  Vétiologie  de  la  tuberculose; 
des  recherches  minutieuses  sur  les  anévrysmes  des  cavernes 
pulmonaires  et  leurs  rapports  avec  Vhémoptysie, 

Parmi  les  nombreuses  éludes  entreprises  par  Damaschino 
dans  le  domaine  des  maladies  de  l'appareil  circulatoire,  il 
nous  faut  mentionner  ses  observations  sur  les  embolies 
consécutives  à  différentes  endocardites j  un  mémoire  sur 
les  lésions  anatomiques  de  la  phlegmatia  alba  dolens,  etc. 
Son  traité  didactique  des  maladies  du  tube  digestif  a  été 
couronné  par  l'Académie  de  médecine.  Ses  recherches  sur 
la  vaccine,  sur  le  muguet,  sur  les  kystes  hydatiques  du 
foie,  sur  les  lésions  des  dents  au  cours  de  Vataxie  locomo- 
trice, etc.,  etc.,  ont  affirmé  non  seulement  ses  qualités  de 
clinicien,  mais  encore  l'activité  et  l'ingéniosité  de  son 
esprit.  Comme  professeur  et,  disons-le  dans  la  bonne 
acception  du  mot,  comme  artiste,  Damaschino  avait  su  S3 
faire  une  place  à  part.  Ses  leçons  étaient  de  celles  que  l'on 
suivait  avec  autant  de  plaisir  que  de  profit.  Les  nombreux 
élèves  qui  aimaient  son  caractère  autant  qu'ils  estimaient 
son  savoir  s'unissent  à  tous  ses  collègues  et  à  tous  ses  amis 
pour  déplorer  une  mort  ausçi  inattendue  que  regrettable. 


Académie  des  sciences.  Pnix  Lacaze.  —  Nous  sommes 
heureux  de  pouvoir  annoncer  que  l'Académie  des  sciences  vient 
de  décerner  \(i  prix  Lacaze  (physiologie)  d'une  valeur  de  dix 
mille  francs  à  notre  collaborateur  et  ami  M.  le  docteur  François 
Frank.  Ce  prix  est  décerné,  sans  qu'il  soit  nécessaire  de  fuire 
acte  de  candidature,  à  un  ensemble  de  travaux  ayant  pour 
objet  les  applications  de  la  physiologie  à  la  médecine.  Ce  n'est 
pas  à  nous  qu'il  appartient  de  mire  ressortir  ici  la  valeur  des 
recherches  de  physiologie  normale  él  pathologique  que  l'Aca- 
démie des  sciences  vient  de  consacrer  en  leur  accordant  l'une 
de  ses  couronnes  les  plus  enviées.  11  nous  suffira  d'applaudir, 
avec  tous  les  amis  delà  science  française,  à  cette  juste  récom- 
pense. 

Mortalité  a  Paris  (50«  semaine,  du  8  au  U  décembre 
1889.  —  Population  :  2260945  habitants),  —  Fièvre  typhoïde,  51 . 
—  Variole,  0.  --  Uougeole,  17.  —  Scarlatine,  2.*—  Coque- 
luche, 13.  —  Diphthérie,  croup,  20.  —  Choléra,  0.  —  Phthisie 


pulmonaire,  201.  —  Autres  tuberculoses,  33.  —  Tumeurs: 
cancéreuses,  46;  autres,  4.  —  Méningite,  36.  —  Congé— 
lion  et  hémorrhagies  cérébrales,  51.  —  Paralysie,  0.  — 
Ramollissement  cérébral,  1 1 .  — Maladies  organiques  du  cœur,  7'^ 
—  Bronchite  aigué,  45.  —  Bronchite  chronique,  57.  —  Broncha- 
pneumonie,  38.  —  Pneumonie,  103.— Gastro-entérite:  sein,  i:i: 
biberon,  35. — Autres  diarrhées,  4.  —  Fièvre  et  péritonite  puer- 
pérales, 5.  —  Autres  affections  puerpérales,  0.  —  Débilité  con- 
génitale, 34.  —  Sénilité,  48.  —  Suicides,  13.  —  Autres  mort^ 
violentes,  5.  —  Autres  causes  de  mort,  201.  —  Causer 
inconnues,  17.  —  Total  :  1188. 


AVIS 

MM.  les  Abonnés  de  la  France  à  la  Gazette  hebdomA* 

daire  qui  n'auraient  pas  renouvelé  leur  abonnement  avani 
le  10  janvier  prochain  sont  prévenus  que,  à  moins  d'ordre 
contraire,  une  quittance  leur  sera  présentée  à  partir  du 
10  février,  augmentée  de  1  franc  pour  frais  de  recouvre- 
ment. 

Un  mandat  collectif,  sans  frais  dç  présentation  quand 
la  somme  atteindra  50  francs,  sera  présenté  à  la  même 
date  à  ceux  de  nos  clients  qui  reçoivent  en  même  temp-^ 
plusieurs  des  recueils  édités  par  la  maison. 


Archive*  de  phyuiologie  normale  et  palholosiqae.  Direr- 
teiir:  M.  Brown-Séquard ;  sous-directeurs:  MM.  Dastrl  (pby- 
siologie normale);  François-Franck  (physiologie  pathologique); 
A.  d'Arsonval  (physique  biologique). 

sommaire  du  N"  1  :  JANVIER   1890. 

Mémoires  originaux.  —  Contribution  à  l'étude  de  f;i  pirii** 
cervicale  du  grand  sympathique,   envisagée  comme  nerf  sérn- 
toire,  par  M.  S.  Arloing.  —  Etude  sur  la  mesure  des  comliu>li<>iw 
respiratoires  chez  le  chien,  par  M.  Charles  Bichet.  —  Coi\ln\r.i- 
tion  à  l'étude  de  la  respiration  périodique  et  du  phénomène  \U 
Cheyne-Stokes,  par  M.  E.  Wertheimer. —  Contribution  ù  rôlnd.' 
(les  monstres  doubles  du  genre  synote,  par  MM.  Ch.  Dehîerre  «*l 
G.  Dulilleul.    -  Bemanines  sur  la  sensation  du   relief,  d'ajrN 
une  intéressante  illusion  d'optique,  par  M.  le  docteur  Promit.  - 
De  l'inncrviilion  des  glandes  paretides  chez  les  animaux  doint- 
tiques.   Découverte  des   nerfs  excilo-sécréloires  dans   la  <»Ti», 
par  M.  Monssn.  —  Appareils  à  température  fixe  pour  embryoloui 
et  cultures  microbiennes,  par  M.    A.  d'Arsonval.  —  Les  voi:..  ^ 
de  la  plante  du  pied  cliez  l'homme  et  les  gvaitds  animau\,  [a^r 
M.  le  docteur  Lejars.  —  Transformation  du  lactose  dans  lorjra- 
nismc,  par  M.  A.  Dastre.  —  Sur  un  spectrophotomelre  diflérii.- 
tiel  sans  polarisation,  par  M.  A.  d'Arsonval.  —  Etude  du  po'il> 
total  des  extrémités   au   moyen   d'un  sphygmographe  volutiM-- 
trique,parM.  François-Franck.  —  Uecherches  physiologiques  swr 
l'acide  cyanhydrique,  par  M.  A.  Gréhanl.  —  Détermination  d** 
Taclion  électro-motrice  du  cœur  de  l'homme,  par  M.  le  dod^Mjr 
Auguslus    D.    Waller.     —     L'élcctro-physiologie.    Rapport    d.^ 
M.  d'Arsonval.  — Action  de  laligaturede  l'artère  hépatique  <ur  u 
fonction  glycogéniquc  du  foie,  par  MM.  G.  Arthaud  el  L.  lUiitf 
—  Deux  cas  d'hémianopsie  homonyme  par  lésions  de  Fécorre  '  i 
lobe  occipital,  par  MM.  J.  Dejcriue,  P.  Sollier  el  E.  .Vuscrer. 

llecaeil  de  faits.  —  Histoire  et  critique.  —  Bibliographi  . 
Analyses  de  recueils  périodiques. 


G.  Masson,  Propriétaire-Gérant . 

21571.—  MoTTKHOZ.  —  Imprimeries  rdiinici.  A»  rue  Uignon,  2,    I*ari>. 


TABLE  DES  MATIÈRES 


DU  TOME  XXVI,  2*  SÉRIE 


Abadib.  Lavage»  inlra-octiUiires  anii- 
sepliquef,  543.  —  Formes  cliniquca  de 
ru|i)itiialiuie  sympathique,  543. 

Aba«ie  trépiiiaiU«.  Sl5. 

Abcès.  —  spirillairos  (des),  125.  —  sous- 
pcriostique  à  pneumocoques,  565.  — 
pelvions,  647.  —  Voy.  PérityphliU. 

Abdomen.  —  par  armes  à  feu  (plaies 
pénétrantes  de  T),  96,  113.  120.  — 
(plaies  de  T).  314.  —  (plaie  pénétrante 
de  1'),  343,  388.  —  (chirurgie  do  1';, 
499,  617.  —  (plaies  de  I').  598.  - 
(laparotomie  po:ir  plaie  pénétrante  de 
]•).  780,  796. 

Académie  de  médecine.  ~~  Discussion 
sur  le  strophantus,  17,  37.  33.  48,  65, 
73,  95.  —  Discussion  sur  l'intoxication 
par  l'oxyde  de  carbone  (poêles  mobiles), 
82.  95,  201,  212.  218.  243.  248,   261. 

—  Discussion  sur  le  tétanos,  101,  110, 
133,  141,  177,  102.  201,  211,  2i9.  265. 
273.  291.  297,  309.  —  Discussion  sur 
le  diabolo.  313,  329,  340.  354,  361,  371, 
377.  —  Discussion  sur  les  auesthé- 
siques,409. 421.  457,  460.  —  Discussion 
sur  la  prophylaxie  de  la  tuberculose, 
489,  499.  505.  516,  521,  533,  567,  705, 
713,  785.  705.  842.  —  Discussion  sur 
l'absinthisniR,  589.  507,  637,  648.  — 
Discussion  sur  la  vaccine.  515,  618, 
705,  712,  769,  779,  794.  -  Prix  dé- 
cernés. 810.  —  Prix  proposés,  825.  — 
Discussion  sur  la  grippe,  827,  841 . 

Académie  royale  de  médecine  de  Belgique, 

100. 
Académie  des  scienees.  pûitim. 
Accouchements.  —  normaux  (inutilité  et 

danger  de  la  désinfection  intense  dans 

les).  533.  —  dans  la  présentation   du 

sommet.  745. 
Acéianilido.  —dans  le  tétanos,  717.  — 

dans  la  médecine  infantile,  846. 
Acétate   de    plomb  dans  la   pneumonie, 

539. 
Acétique   dans   la  pharyngite  chronique 

(acide).  78. 
Acrodynic  et  arsenicisme,  91. 
Aciinomycose  cutanée.  582. 
Addison.  Vuy.  Maladie. 
Adénopathies.    —    pelviennes,    450.    — 

tuberculeuses,  582.  —  Voy.  Cou. 
Adonidine  dans  les  aflëclions  du  cœur, 

294. 
Aération  (de  1').  748. 
Ahlfbld.  Bauin  oblique-ovalalre,  746. 
Ainhum.   —  (de  1').  218,  228,   362.   — 

(observation  d').  345. 
Air.  —  expiré  (toxicité  de  1'),  125,  435. 

—  (de  la  déglutition  d'),  809. 
Albabran.  Péri  néphrite,  451. 
Albbrtoni.  Daltonisme  auriculaire,  632. 
Albumine.    —    des    CBufs    (modification 

2*  SÉRIE,  T.  XXYI. 


de  1'),  484.  —  (recherche  et  dosage 
de  1'),  567. 

Alcalescence.  Voy.  Sang. 

Alcaloïdes  toxiques  dans  les  aliments 
d'origine  animale,  550. 

Aleindor.  Nécrologie,  588. 

Alcool  dans  l'érysipèle.  358. 

Alcoolisme.  —  (de  1'),  544.  —  Voy. 
Paralytie. 

Alexander.  —  dans  les  rétroflexions 
utérines  (opération  d'),  62.  —  (dix 
opérations  d').  214. 

Aliénés.  —  k  Paris  (accroissement  du 
nombre  des),  540.  —  (capacité  juri- 
dique des),  570. 

Allaitement.  —  par  le  nés,  95.  — 
(fermes  d').  763. 

Alopécie.  -^  syphilitique  ches  les  nou< 
veau-nés,  39.  —  par  gratUge,  379. 

Amaurose.  —  Voy.  Amblyopie. 

Amblyopie  et  amaurose  hystéro-trauma  - 
tique,  410. 

Ammoniaque  (action  des  lavements  gazeux 
d'),  830. 

Amphithéâtre  de  la  Faculté  de  médecine 
(incendie  du  grand).  667. 

Amputation.  —  interscapulo-thoracique, 
144.  —  Voy.  Chopart,  LU  franc. 

Amygdalite  traitée  par  le  benzoate  de 
soude,  78. 

Amyotrupbie.  —  chez  une  femme  en- 
ceinte, 42.  —  articulaire,  106. 

Analgésies.  —  antithermiques,  538.  — 
Voy.  Paréto-analgitie. 

Anatomie  humaine  (traité  d'),  832. 

Andriku.  Dentisterie  opératoire,  750. 

Anémie  des  nourrissons,  726. 

Ane»lhésie.  —  ches  la  grenouille,  374.  — 
(moyens  d'atténuer  les  accidents  de  V), 
462,  476.  —  (dernier  réflexe  qui  dis- 
paraît dans  1'),  631.  —  (méthodes  ac- 
tuelles d'),  764.  —  Voy.  Chloroforme, 
Chlorure. 

AnesUiésiques.  —  sur  la  force  des  mou  • 
vements  respiratoire  (influence  des), 
241. 632.  —  (sur  les),  409.  431. 457,  469. 

Anévrysmes.  —  (extirpation  des),  403. 
—  externes  (traitement  des),  635.  — 
des  membres  (traitement  des),  695, 
701.  —  artério-veineux,  695.  —  arté- 
riels circonscrits,  695. —  diffus,  696.  — 
Voy.  Artério-veineux. 

Anger  (Th.).  Opération  de  l'ongle  in- 
carné. 484. 

Anuerbr.  Diagnostic  et  traitement  do  la 
sténose  du  pylore,  531. 

Angine  de  poitrine  hystérique,  700. 

Anilides  (dangers  des  antithermiques 
anali^csiques  de  la  famille  des),  590. 

Aniline  sur  le  sang  (action  de  1'),  44. 

Animaux  (rôle  des  principes  constitutifs 
des),  44. 

Anis  et  de  la  badiane  (action  convulsivante 
de  l'),  764. 

Ankyloglossie,  749. 


Année  médicale  (!').  182. 

Anosmie  eocautique,  703. 

Annuaire  de  thérapeutique,  198. 

Anthrarobinc  dans l'eczémt  et  le  psoriasis» 
294. 

Aiitifébrine  dans  l'épilepsle,  278,  766. 

Antipyrétiques.  —  (action  paradoxale  de 
certains),  634.  —  (antipyrine,  antifé- 
brine  et  phénacétine  comme),  845.  — 
Voy.  A*otéei. 

Antipyrine. —  (action  anesthésique  locale 
des  injections  sous-cutanées  d'),  78.  — 
dans  la  laryngite  slridufeuse,  180.  — 
dans  la  coqueluche,  179.  —  dans  la 
dysménorrhée,  196.  —  contre  la  gly- 
cosurie, 233,  243.  —  dans  le  diabète, 
362.  —  dans  les  affections  d«  l'œil,  374. 

—  (action  de  1*),  454.  —  (accidents  dus 
à  1'),  634.  —  dans  l'ineontinenee  d'urine, 
634,  717.  —  (éruptions  rubéollformes 
causées  par  1'),  799.  —  Voy.  Paluttret, 
SaUcylate. 

Antisepsie.  —  appliquée  à  la  thérapeu- 
tique et  à  l'hygiène,  145.  —  médicale, 
217. 

Antiseptiques  au  naphtol  (topiques),  854. 

Ano-rectsie  (abcès  de  la  région),  382. 

Antithermiques  (les),  538. 

Anus.  —  contre  nature  (section  de  l'épe- 
ron dans  1'),  355.  —  (fistules  à  1'),  382. 

—  contre  nature,  598. 

Aorte.  —  (anévrysme  disséquant  de  l*), 
437.  ~  et  oblitération  de  la  soas-cla- 
vière  (dilatation  de  l'),  463.  —  (ané- 
vrysme sacoiforme  de  la  crosse  de  1'), 
775. 

Apomorphine  dans  les  empoisonnements 
454. 

APOâTOLl  et  Danion.  Traitement  élec- 
trique des  myomes  utérins,  734. 

Appareil  vasculaire  des  animaux  et  des 
végétaux,  567. 

Archives  do  physiologie  normale  et  pa- 
thologique, 14,  31. 

Arécoline  (action  de  1'),  767. 

Argentine  (assistance  publique  dans  la 
république),  553. 

Arloino.  Pression  et  vitesse  du  sang  dans 
les  artères,  15.  —  Nécrobiose  «t  mi- 
crobes, 26.  —  Effets  généraux  des 
substances  produites  par  le  BaeiUui 
hemineerobiophilut,  176.— Moyens  d'at- 
ténuer les  accidents  de  l'ancsthésie. 
462,  476.  —  Existence  dans  le  sympa- 
thique cervical  de  fibres  excito-  et  fréno- 
sécrétoires  pour  les  glandes  du  mufle, 

616.  —    Péripneumonie    contagieuse, 

617.  —  Diastascs  sécrétées  par  le, 
Baeillue  heminecrobiophilus,  810. 

Armée.  —  (mortalité  dans  1'),  101,  111. 

—  (hygiène  de  1'),  393. 

Armes  à  feu  (effets  produits  sur  l'oreille 

par  la  délonaliim  des),  292. 
Arnould  (B.).  La  fièvre  typhoïde  dans  la 

première  région  de  corps  d'armée,  78. 


Arnould  et  Martin.  Proteetion  des 
cours  d'eau  et  des  nappes  souterraines 
contre  la  pollution  par  les  résidus  in- 
dustriels, 550. 

Arsenic.  —  (empoisonnement  par  T),  425. 
435,  482,  556.  -  (vente  de  1'),  568. 

Arsenicisme.  Voy.  Aerodynie. 

Arsonvau  (D*).  Excitation  électrique  et 
réaction  névro-musculaire,  15.  —  Spec- 
tre d'absorption  du  sang,  343. 

Artères  (pression  et  vitesse  du  sang  dans 
les),  15. 

Arlério-scléroso  (étiologie  do  1'),  319. 

Artério-veineux  du  creux  poplité  (extir- 
pation d'un  anévrysme),  54, 143. 

Artérite  infectieuse,  701. 

Arthaud  (G.)  et  BUTTB.  Pathogénie  du 
diabète.  72.  —  Nutrition  intime  du 
foie.  683. 

Arthritisme  (de  1'),  546. 

Arthrodèse  pour  pied  bot  paralytique, 
373. 

Arthropathies.  —  labétlquo  supputée, 
181.  —  (traitement  consécutif  des),  508, 
558.  —  arUOcielles,  518.  —  Voy.  Pied, 
Peoriatit. 

Articulaires.  —  (corps  étrangers),  129.  — 
(les  raideurs),  395.  —  (tuberculose), 
418. 

Aveptol  dans  la  diphthérie,  423. 

Aspirateur  de  Bunsen  dans  l'empyème, 
809. 

Assainissement.  Voy.  Parit,  VUlet,  etc. 

Assaky.  Hystéropexie  sans  laparotomie, 
781. 

Assistance.  ~  publique  (inspection  de  1'), 
83.  —  publique.  552.  —  dans  la  répu- 
blique Argeutine,  en  Bohême,  en  Hon- 
grie, en  Moravie,  en  Massachussels,  en 
Houmanie,  en  Hotsie,  en  Serbie,  etc., 
553  et  553. 

Association  générale  des  médecins  de 
France,  115,  318.  315.  330. 

Association  des  médecins  do  la  Seine, 
861. 

Association  médicale  mutuelle  de  la  Seine, 
116. 

Association  médicale  britannique,  616. 

Associations  microbiennes  (effets  des), 
76.  453. 

AsUsic-abasie.  Voy.  Hyttériê. 

Asihme.  —  des  foins  (traitement  de  1'), 
628.  —  Voy.  Pneumothorax. 

Astigmatisme.  Voy.  Myopie. 

Astragale.  Voy.  Pied  bot. 

Astringents  (mode  d'action  des),  570. 

Asymétrie  ches  les  nouveau-nés,  76. 

Ataxie.  —  locomotrice  et  goitre  exoph- 
thalmique.  7.  107,  113,  141.  —  et 
hystérie  réunies,  107.  —(altérations  du 
fond  de  l'œil  dans  1'),  422.  —  Sus- 
ppusion  dans  l'),  846.  —Voy.  Tabei. 

Atkinson.  Quinine  dans  la  pneumonie, 
619. 

Atténuation.  Voy.  Yirui. 

53 


850 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Aulo-intoxication.  —  d'origine  rénale, 
339.  —  puerpérale.  466,  533. 

Autoplasiie  par  la  métiiode  italienne  ino- 
difiëc.  733. 

AUVARD.  Travaux  d'obatëlrique,  198.  — 
Trailemont  de  Téclampsie  puerpëralo, 
198. 

Axillairo  (anëvryame  de  V),  129. 

Axolëes  (influence  des  agents  antipyré- 
tiques sur  réiimination  des  substances), 
161. 


B 

Babes  et  Maririsgo.  Pathologie  des 
terminaisons  nerveuses  des  muscles, 
679. 

Babinski.  Migraine  ophtlialmique  hysté- 
rique, 518. 

Babinski  et  Gbarrin.  Arthropaihies 
expérimentales,  518. 

Bacille.  —  de  Koch  dans  le  pus  de  séton 
de  sujets  tuberculeux  (passage  du), 
94.  —  heminecrobiophilus  (effets  géné- 
raux des  substances  par  le),  176.  — 
pyocyanique,  193.  —  pyocyanique  (in- 
fluence sur  le  charbon  de  l'inoculation 
du),  S59,  260.  —  trouTé  sur  la  viande, 
401.  —  pyocyanique  (cultures  du),  782. 
—  en  virgule  (nouveau),  808.  —tuber- 
culeux (substances  solubles  sécrétées 
p.ir  un),  844.  —  Voy.  Dioilate». 

Bactériologie.  —  (traité  de),  131.  — 
chirurgicale,  311. 

Badiane.  —  toxique  (sur  une),  782.  — 
Voy.  Ani». 

Bain  froid  systématique  dans  la  fièvre 
typhoïde,  758,  763. 

Bajbnow.  Assistance  publique  en  Russie, 
552. 

Balanoposlhite  (forme  nouvelle  de),  797. 

Balavcki.  Assistance  publique  en  Bohônie, 
553. 

Baleines  (migrations  des),  782. 

Ball  (B.).  Les  mélancoliques,  137.  — 
Alcoolisme  et  folio,  546. 

Ballbt  (6.).  Coxalgie  hystérique  avec 
atrophie  musculaire,  437.  —  Bégaye- 
ment  hystérique,  681. 

BALZin.  Toxicité  du  bismuth,  518. 

Baradug  (H.).  Traitement  de  la  dila- 
tation de  l'estomac,  80. 

Barbet.  Activité  comparée  des  diverses 
digitaliucs,  762. 

Barton  (J.-U.).  Divulsion  digiule  du 
pylore,  531. 

Basgii  (de).  Dyspnée  cardiaque,  809. 

Batedow,  Voy.  Maladie. 

Basiotribe,  203. 

Bassin.  —  (abcès  du),  647.  —  (extraction 
d'un  kyste  dermoido  du),  6i8.  —  par 
la  voie  sacrée  (accès  aux  organes  du), 
698.  —  oblique-ovalaire,  746.  ~  Voy. 
Adénopathie. 

Bataille  et  Berdal.  Forme  nouvelle  de 
balanoposthile,  797. 

Battlbbnbr.  Antisepsie  chez  les  partu- 
rientes,  532. 

Baubouin  (G.).  Syphilis  grave  précoce, 
391. 

Baume  de  Tolu  (potion  au),  366. 

Bayer.  Segment  inrérieur  do  l'utérus  et 
placenta  praevia,  746. 

Bazt.  Anévrysme  cirsoide  de  la  main, 
843. 

Beaunib.  Gonlrnction  simultanée  des 
muscles  antagonistes,  15.  —  La  mé- 
moire des  sensations,  402.  —  Les  ien< 
estions  internes,  783. 

Bec-de-lièvre  (opération  précoce  du), 
342. 

Bégayement  hystérique,  681. 

Belladone  dans  la  coqueluche,  284. 

Berbbz.  Les  migraines,  19,  34,  50.  — 
La  maladie  de  Parkinson  hémiplégique, 
383.  —  La  syringomyélie.  426.  — - 
Pattim, 


Bbrdez.  Traitement  mécanique  de  cer- 
tains cas  d'emphysème,  77. 

Berger  (Emile).  Anatomio  de  l'œil, 
439. 

Berobr  (Paul).  Plaies  pénétrantes  de 
labdomen  par  armes  à  feu,  96.  — 
Béseclion  du  pio^  par  l'opération  de 
Wladimiroff-Mikulicz,  161.  —  Altéra- 
lions  de  la  glande  sous-maxiilaire  con- 
sécutivement à  la  lithiase  salivaire,  484. 

—  Blépharoplastie,  681.  —  Autoplasiie 
par  la  méthode  italienne  moditiée,  733. 

—  Fistules  trachéales,  735.  —  L,aparo- 
tomie  pour  plaie  pénétrante  de  l'abdo- 
men, 796. 

BAILLON.  Suggestion   chci  les  enfants, 

548. 
Berlioz.  De  l'acide  sulforicinique,  765. 
B£RNHBiii.  De  l'hypnotiitme,  547 
BsRTiLLON  (J.).  Causes  de  mort  &  Paris, 

119. 
Besnier.  Alopécie  syphilitique  chez  les 

nouveau-nés,  39.  —  Nodosités  érythé- 

mateuses  des  membres  inférieurs,  39. 

—  Purpura  iodo-potassique,  39.  — 
Lupus  tuberculeux  aigu,  39.  —  Lichen 
rubcr  plan  multiforme,  209.  —  Scléro- 
demiie  lardacée  de  la  face,  225.  — Xan- 
thome  glycosorique,  379.  —  Érytbème 
vacciniforme,  379.  —  Le  groupe  lichen, 
510.  —  Trichophyloses,  540,541. 

Beta  vulgarit  dans  la  constipation  habi- 
tuelle et  les  hémorrikoïdcs,  634. 

Bburmann.  Contracture  mortelle  d'ori- 
gine gastrique,  226. 

Biiodomercuriques  dans  la  phthisie  (pul- 
vérisations), 540. 

Bile  (c4iractères  spectroscopiquos  de  la), 
140. 

Biliaire  et  cholécystectomie  (fistule), 
698. 

BiMET.  Intensité  des  sensations  et  hallu- 
cinations, 547. 

Bismuth  (toxicité  du).  518. 

Blaghbz.     Fermes    d'allaitement,    763. 

—  Pattim, 

Blanc  (E.).  Action  pathogène  d'un  mi- 
crobe trouvé  dans  l'urine  d'éclamp> 
tiques,  227. 

BIcnnorrhagio.  —  (salicylate  de  mercure 
contre  la),  278.  —  (injections  antisep- 
tiques contre  la),  409. 

Blépharoplastie,  386,  680. 

Blépharoptose.  Voy.  Migraine. 

Blogh  (0.).  Pansement  antiseptique  sim- 
plifié, 655. 

Blondbl.  Strophantut  du  Gabon,  194. 

BOBROW.  Ostéomyélite  infectieuse  aiguë, 
419. 

BçEGKEL  (Eug.).  Des  kystes  bydaliques 
supérieurs  du  foie,  89. 

Bœckbl  (J.).  llastite  aiguë.  291.  —  Sup- 
pression du  drainage  des  plaies,  310. 
~  Tuberculoses  ostéo -articulaires,  732. 

BOISMONT.  Le  somnal,  717. 

BoRiBs.  Nature  du  coryza . caséeux,  699. 

Bornéol  (action  du).  98. 

Botanique  (notes  de),  847. 

Bouchard  (Gh.).  Les  hématozoaires  des 
paludiques,  72.  —  Hôle  des  poisons 
d'origine  microbienne  dans  les  maladies 
infectieuses,  120.  —  Antisepsie  médi- 
cale, 217.  —  Ii^uence  de  l'inoculation 
pyocyanique  sur  le  charbta,  259.  — 
Toxicité  des  urines,  615.  —  Rôle  et 
mécanisme  de  la  lésion  locale  dans  les 
maladies  infectieuses,  746. 

Bouchard  (de  Bordeaux).  Pathologie 
externe,  232. 

Boucheron.  Opération  de  la  cataracte, 
543. 

BouiLLY.  Opération  césarienne  heureuse, 
193.  —  Traitement  de  la  péritonite 
traumatique,  676. 

Bottiston  (prix),  760. 

Bouley  (statue  à),  636. 

Bourgeois.  Opération  de  la  cataracte, 
543. 

BoURNEViLLB.  L'année  médicale,  llQ-  — 
Manuel  de  la  gtrde-maltde  et  de  l'in- 


firmière, 359.  ->  Recrutement  des 
infirmiers  et  infirmières,  554.  —  Pro- 
tection des  enfants  idiots,  épilep- 
tlques,  etc.,  554. 

Bourse  de  Luschka,  275. 

Bourses  de  doctorat,  652. 

BOUSQUET.  Abcès  du  médiaslin  faisant 
saillie  au  cuu,  699.  —  Tuberculoses 
locales,   731. 

BOUTARBSCO.  Goitre  hystérique  double 
rétro-sternal  suflbcant,  099.  —  Tarsec- 
tomie  pour  ostéo-arthrite  traumatique, 
700.  —  Ostéo-artlirite  scapulo-humé- 
ralc.  700. 

BowDiTCH.  Portraits  composites,  616. 

Bricon.  Nécrologie,  248. 

Brissauo.  Tuberculose  papillomato- 
crustacéo,  74.  —  Théorie  nerveuse  du 
psoriasis,  134. 

Brœa  (la  circonvolution  de),  146. 

Broca  (A.).  De  la  nécrose  phosphorée, 
66.  —  Exploration  manuelle  du  rein, 
88,  237.  —  Cystoscopie.  166.  ~  Résec- 
tion du  tarse  par  le  procédé  de  Wla- 
dimirofl'-Mikulicz,  282.  ~  Névralgies 
vésicales,  458.  —  Hernies  inguinales 
irréductibles,  522.  —  Arthropathics. 
508.  —  Tuberculose  cutanée,  623.  — 
Inoculations  par  succion,  664.  —  Trai- 
tement d'un  cas  d'anévrysme  diiTus,  096. 
—  Traitement  du  prolapsus  rectal  par 
la  colopexie,  706.  —  Cholécystcntéro- 
stomie,738.  —  Cancer  du  larynx,  813. 

BROca.  Pityriasis  rubra.  540.  —  Dernia- 
lile  herpétiforme  de  Duhring,  542.  — 
Dermatites  polymorphes  douloureuses, 
542. 

Bromoforme  contre  la  coqueluche,  649, 
845. 

Bromure  de  potassium  dans  l'organisme 
(accumulation  du),  717. 

Bronches.  —  (effets  de  l'excilation  da 
pneumogastrique  sur  le  diamètre  des), 
246.  —  (contraction  des),  275.  —  (phy. 
siologio  des),  678. 

Bronchites  syphilitiques  chez  des  adultes, 
480, 646. 

Brouardel.  Des  poules  mobiles,  829.  ~ 
Traumatismes  et  médecine  légale,  555. 

Brouardel,  G.  Pouchet  et  Loyb.  Acci- 
dents causés  par  les  substances  alimen- 
taires d'origine  animale  contenant  des 
alcaloïdes  toxiques,  550. 

BROWN-SéQUARD.  Inhibition,  31.  — 
Acide  carbonique  contre  les  douleurs, 
77.  —  Influence  des  mouvements  respi- 
ratoires  sur  le  cœnr,  97.  114.  —  Toxi- 
cité de  l'air  expiré,  125,  435.  — 
Disparition  de  l'anesthésie  de  cause 
organique,  341.  —  Influence  des  glandes 
sur  le  système  nerveux,  362,  405. 

Brun.  Péritonite  aiguë.  077. 

Brun  (de).  Dengue  en  Orient  et  grippe 
en  Europe,  827. 

Bryone  blanche  (propriétés  antihémor- 
rhagiques  de  la),  649. 

BucQUOY.  Indications  thérapeutiques  du 
strophantus,  27,  112.  —  Les  toniques 
du  cœur,  530. 

BuoiN.  Rotation  de  la  \Ale  chez  le  fœtus, 
194.  —  Abcès  du  sein,  261 .  —  Leçons 
de  clinique  obstétricale,  375. 

BULIU8.  Dégénérescence  micro-cystique 
4es  ovaires,  646. 

Bull  (G.-J.).  Lunettes  et  pince-nez, 
328. 

BulLs.  Voy.  Dermatotet. 

BuMM.  Éliologiede  la  paramétrite,  532. 

Butlin.  Maladies  de  la  langue,  391. 

Buttb.  Trichophytoses,  540. 

Buzzi.  Action  du  Ibyol,  633. 


Cachexie  carcinomateuse  (échanges  orga- 
niques dans  la),  809. 

Cadavres  (fluosilicates  pour  la  conserva- 
tion des).  189. 


ramollissenent    de» 


Cad^ac  et  Meunier.  Action  coavftU- 

vante  de  Tants  et  do  la  badiane,  761 
Cadet  de  Gaebicourt.  Traosmiscioa  <w 

maladies  contagieuses,  106,  178. 
Caféine.  —  dans  la  pleurésie,  334.  - 

dans  les  états  adynamiques  (injectée-  • 

de),  374.  —  sur  le  système  nerveax  «> 

musculaire  (action  de  la),  813. 
Calcanéenne      horizontale      (ampatatÎM 

intra-),  501. 
Calomel.  —  à  haute  dose  dans  la  poos- 

monie,  145.  —  comme  diurétique,  16i, 

502.  —  dans  la  phthisie.  389,  007. 
Campenon.  Traitement  de   la  périloni* 

aiguë,   677.    —    Méningo-eocë('K«ltte 

consécutive  à  un  coup  de  feu,  741 
Camphorique    contre    les   iiiflammatioef 

eatarrhalcs  (emploi  de  l'acide I.  294. 
Cancer.   —  (récidives   du).  129,  581.  - 

chez  le  rat  (grelTe  du),  582.  —  {àimi- 

nution  de  l'urée  dans  le),  635. 
Capacité  juridique  des  aliénés,  570. 
Capparit  eoriaeea  dans   l'éptlepsie   'U 

graine  de),  487. 
Carbonique  contre  les  douleurs   (acide, 

77. 
Cardiographe  direct  à  aiguille,  797. 
Cardiopathies.  Voy.  Dytpnée. 
Carie  dentaire  (parasites  de  la),  194 
Carpe  (fractures  simples  des  os  da).  6âl 
Carrion  (maladie  de).  599. 
Carvalho  (J.  P.  de).   Fonctions   de  \x 

glande  thyroïde,  847. 
Castbx.  Pseudo-tumeurs  autour  d«  cerfS 

étrangers.  679. 
Castration,  647. 
Cataracte.  —  (suture  de  la  coraée  daai 

la).  273.  —  (opération  de  la),  S43. 
Cathblinbau  et  Gilles  de  la  T.i-  - 

rbttb.  Nutrition  dans  l'bysiério.  hXê. 
Catoir.    Luxations    de     la    hanche    ta 

arrière,  650. 
Causeries  scientifiques,  293. 
Cécité   subite    par 

deux  lobes  occipitaux,  607. 
Célorrhaphie,  471. 
Contres.  —  nerveux  (anatoasie  des).  130. 

—  psycho-moteurs  des  nouveau-tMf*, 
485.  —  moteurs  cfaex  les  jeases  aa.- 
maux  (rôle  des),  547. 

Céphalotribe  et  basiotribe.  903. 

Cerveau.  —  (scléroee  4a).  161.  —  {c\à- 

rurgie  du),  419.  —  (fonctions  okolricrt 

du).  615.  —  (tumevrs    da),  617.  — 

(abcès  du),  617.  ~  Voy.  Grite,  Cyrms. 

HimisphèreM,  Lébet,  Zone, 
Césarienne  opération).  745. 
Cestan.  Fistules  à  l'anus,  382. 
Cétodontea    (développement    de    \'e\€tx 

chez  les),  144. 
Chaire  de  clinique  det  maladies  des  «.«^t 

urinaires  (cnfatioo  d'une).  769. 
Chaleur  animale  (la),  471. 
Champignons  (les),  689. 
ChampionniÂRS.  TFaiCenent  des  n/tuan 

de  l'utérus  par  l'électricité,  388. 
CHANTBMitssB.    Étiologie    de    la    Ur^ 

typhoïde,  763. 
Chaput.  Chirurgie  abdomiomU,    49!>   - 

Amputation  intra-calcanëenae  bonzn- 

tale,  501.  —  Entérorrhaphio,  697- 
Charbon.   —   symplomatiqne    aux   U^-.* 

(inoculation    du),    97,    24S.    —   \  « 

BaeilU  pyeeyaittf  im. 
Charcot.    Hystérie    des    «nfanU.  6.  - 

Crises  d'épilepsie,  6.  —  Trenbie^r; 

de  la  tête  dans  la  maladie  de  P«i  ±- 

son,  7.  —  Chorée  grave.    7.   —  IV.- 

lysie  infiintile,  7.  —  Chorée  okoDr.  t  & 

—  Hémiplégie  faciale,  106.  —   A  •>- 
trophie  articulaire,    106.    —  Auvc 
hystérie,  107.  —  Sclérose  en  p;a>- 
et  hystérie,  107.   >-    Folie    du  i« 
107.  —  Tabès  et  maladie  de  Basetf 
107.  —  Vertige    de   Mémère  cb<i 
goutteux,  188.  —  Maladie  de  Ba<Hr- 
188.   —  Mutisme  hyetdriqae,   1^  - 
Crises  gastriques   du     iabes.    l^^ 
Abasie  trépidante,  i»5.  —  La  s.^ 
agent  provocateur  de    l*hystén«.\  £• 


TABLE  DES  IfATIËRES. 


851 


—  Paralysie  alcooUquo  det  mombro» 
inférieurs,  255.  —  Maladies  des 
poumons  et  du  système  vasculsiro,  358. 

—  Hystoria  major,  410.  —  Amblyopie 
hystéro-tranmttique,  410.  —  Leçons 
de  la  Salpétrière,  487.  —  EffeU 
nerveux  de  la  fottdn*,  597.  —  Sclérose 
en  plaques  à  longue  échéance,  757.  — 
Tabcs,  crises  gastriques  et  laryngées, 
757.  —  Migraine  et  blépbaroptose,  789. 

—  Diagnostic  d'une  myélite,  789.  — 
Choréo  de  Sydenham,  790.  —  Angine 
do  poitrine  hystérique,  790. 

Charcot  etRiCBBR.  Les  difformes  et  les 
malades  dans  l'art,  425. 

Charrin.  La  maladie  pyocyanique,  519, 
631. 

Charrim  et  Guio.SARO.  Action  du  bacille 
pyo'-yaniqae  sur  la  bactéridie  char- 
bonneuse, 200. 

Charrin  et  Roobr.  Aciion  du  sérum 
des  animnux  malades  ou  vaccinés  sur 
les  microbes  pathogènes,  747.  --  Cul- 
ture du  bftcille  pyocysnique,  782.  — 
Propriétés  microblcides  du  sérum,  818. 

Charrin  et  Ruffbr.  Mécanisme  de  la 
fièvre  dans  la  maladie  pyocyanique,  96. 

Cbartom.  Plaies  de  léte  et  méningite 
consécutive,  617. 

Chaslin.  Sclérose  cérébrale,  101. 

Chat  (affections  ulcéreuses  chez  le),  373. 

GoATiN  (J.).  Myélocytcs  des  poissons, 
762. 

Chauds  (maladies  des  pays),  346. 

Chauffard  (A.).  Xanthélasma  disséminé 
et  symétrique,  693. 

Chauvkau.  Résultats  de  l'énervation 
partielle  des  muscles,  15.  —  Atténua- 
tion des  virus,  133,  140,  149,  159.  — 
Transformisme  en  mien>biologie,  679, 
700. 

Chauvbl.  Myopie  eongénitale  avec 
astigmatisme,  137.  —  Ghoroldite  macu- 
laire  congénitale,  137.  —  Abeès  du 
foie,  309.  —  Notice  sur  Maurice 
Perrin.  660.  685.  —  Patiim. 

Chauvbl  et  Nimirr.  Chirurgie  d'armée, 
846. 

Chcrvin.  —  Troubles  de  la  parole  dans 
la  division  eongénitale  du  palais,  609. 

Chevreul.  Nécrologie,  247. 

Chimie  (notes  do),  847. 

Chirurgie.  —  (traité  de  petite),  216.  — 
d'armée,  846. 

Ghioral.  —  (action  des  sulfores  sur  le), 
597.  —  amide  (action  du).  648. 

Chlorhydrate  d'hyoscine,  452. 

Chlorbydrique  (empoisonnement  par  l'a- 
cide), 31. 

Chloroforme.  —  destiné  à  fanesthésie 
(préparation  du),  59.  —  et  chlorure  de 
méthylène,  273.  —  (accidents  de  l'an- 
esthésie  par  le),  48&.  —  (action  des 
solfures  sur  le),  597.  —  comme  anti- 
septique, 620.  —  dans  les  affeetions 
cardiaques  et  pulmonaires  (inhalations 
de).  767.  —  Voy.  Anetthétiei. 

Chloroformisation.  —  499,  501.  —  à  la 
lumière  du  gai  (inconvénients  de  la), 
766. 

Chlorophylle  (fonctions  de  la),  44. 

Chlorures.  —  de  baryum  dans  les  mala- 
dies du  cœur,  570.  —  de  linc  pour 
Axer  les  éléments  anatomiques,  813.— 
do  méthylène  comme  anesthésique 
local.  831. 

Cholécystentérostomie,  617,  714,  788. 

Cholécystolomie  pour  cholécystite  sup- 
purëe  calculeuse,  192. 

Choléra.  —  (reeherches  expérimentales 
sur  le  microbe  du),  26.  —  (virulence 
des  parasites  du).  60,  94.  —  (théra- 
peutique du),  95.  —  en  Mésopotamie, 
070,  6â0.  —  infantile  (traitement  du). 
844. 

Chopart  (modification  de  rampuUlion 
de),  96. 

Chorée.  —  grave,  7.  ~  molle,  106.  —  de 
Sydenham,  790. 

Ghoroîdite  maeulaire  congénitale,  137. 


Chouppb.  Morphine  et  cocaïne,  97. 

Cicatrices.  —  syphilitiques  kéloïdienncs, 
40.  —  vicieuses,  656. 

Ciliaires  (rôle  glandulaire  des  procès), 
341. 

Cils  (trlchophytie  des),  308. 

Cinabre  dans  la  syphilis,  619. 

Cinchonine  sur  les  crabes  (aciion  de  la), 
194. 

Circonvolution  de  Broca  (la),  146. 

Clado.  Microbiologie  de  la  hernie  étran- 
glée, 608. 

Clavicule.  —  (résection  totale  de  la), 
127.  —  (ostéite  de  U),  700. 

Qinique  obstétricale  (leçons  de),  375. 

Glopatt.  Hystérie  infantile.  182. 

Closhaobuc  (G.  de).  Mort  subite  par 
injection  d'éther,  612. 

Cocaïne.  —  (posologie  de  la),  197.  — 
(anesthésie  k  la),  712. 

0>calniame  chronique,  77,  97. 

Cœur.  —  et  forme  du  pouls  (rythme 
du),  15.  —  (phénomènes  électriques  de 
la  contraction  du),  29.  —  (influence 
des  mouvements  respiratoires  sur  le)i 
97,  114.  —  communication  inter- 
cardiaquo  congénitale,  339.  —  (lactose 
dans  les  maladies  du),  386.  —  (les 
toniques  du),  539.  —  do  l'embryon 
(contraction  du),  616.  —  (loi  des 
actions  électro-motrices  du).  632. 
(traité  des  maladies  du),  650.  -<  (mala- 
dies du),  666.  —  (phases  de  la  révolu- 
tion du),  808.  —  (pression  dans  le), 
808.  —  Voy.  Chlorure,  Bmbryocardie. 

CpLiN  (G.).  Variabilité  de  l'action  des 
matières  virulente»,  810. 

COLLBVILLB.  Doux  cas  de  surmenage, 
287,306. 

Colopexie,  706. 

CoMBBMALB.  Lavements  gazeux  d'ammo- 
niaque. 830. 

GoMBY.  Rapport  sur  la  prephyhutie  des 
maladies  contagieuses  dans  les  hôpi- 
Uttx.  326,  355,  403.  437.  —  L'urticaire 
ches  les  enfanU,  791,  805. 

Comilial  (mal),  410. 

Goneoun  d'agrégation  (les),  182. 

Confiseurs  (mal  des),  173,  177. 

Congrès  français  de  chirurgie,  654,  676, 
695,  710,  731. 

Congrès  internationaux  de  médecine  k 
Paris,  537. 

Congrès  international  de  physiologie, 
613,  631. 

Congrès  de  médecine  interne  de  Wies- 
btdeii,  514,  530,  761,  808. 

Congrès  des  médecins  russes,  418,  434, 
448. 

Congrès  de  la  Soeiéié  allemande  do 
gynécologie,  446.  532,  646,  745. 

Congrès  de  la  Société  allemande  do  clii- 
rargie,  581. 

Conseil  d'hygiène  et  de  salubrité  de  la 
Seine,  488. 

Constipation.  ~  par  le  massage  (traite- 
ment de  la).  439.  —  des  enfants  (trai- 
tement de  la),  462. 

Contagieuses  (les  maladies),  133,  142, 
166,178,201,  213,  314,326. 

Conlagiosité  des  maladies  épidémiques, 
118. 

Contracture  mortelle  d'origine  gastrique, 
226, 262,  827. 

CUinvulsions,  81. 

Copépode  du  lac  de  Gimones  (sur  un),  797. 

Coqueluche.  ^  (injections  sous-cutanées 
de  quinine  contre  la),  144.  —  (anti- 
pyrine  dans  la),  179.  —  (traitement  de 
la),  266,  439.  —  (médication  de  U). 
633.  —(bromoforme  dans  la).  649,  845. 
—  par  l'oxymel  scilli  tique  (traitement 
de  la),  831.  —  (inhalations  d'eau  chlo- 
roformée contre  la),  846. 

CORIVBAUD.  Pesage  méthodique  des  nour- 
rissons, 190. 

CoRLilU.  Manuscrits  de  Henri  de  Mon- 
deville,  633. 

Cornée.  —  humaine  (influence  des 
muscles  de  l'œil  sur  bi  forme  de  la), 


15.  —  (action  du  chlorure  d'éthylène 
sur  la),  97. 

CoRNBT.  Étiologie  des  adénopathies  tu- 
berculeuses,  582.  —  Dissémination  des 
bacilles  de  la  tuberculose,  815. 

CORNIL.  Origine  du  tétanos,  549. 

Cornuline  (posologie  de  la),  444. 

Coroniile  dans  les  affections  cardbiques, 
368.380. 

Coronilline  (action  de  la),  276. 

Corps.  —  élrangera  articulaires,  129.  —  de 
santé  de  l'armée  (autonomie  du),  440. — 
étrangers  (pseudo-tumeurs  autour  de), 
679.  —  étrangère*  Voy.  Estomac. 

CoRPUT  (van  den).  Action  du  sol  sur  les 
germes  pathogèues,  549. 

Coryza  caséeux  (nature  du).  699. 

Costa.  Assistance  publique  dans  la 
république  Argentine,  553. 

CosTOMiRis.  Massage  de  l'œil,  597,  748. 

Coiard  {J.),  Nécrologie.  572. 

Cou.  —  (adénopalhio  pseudo-tubercu- 
louse  du),  699.  —  (kyste  multiloculaire 
du),  699.  —  Voy.  Lymphadénome, 
MédiûMtin, 

Coude.  —  (incision  d'un  anévrysme  du 
pli  du),  421.  —  (ostéotomie  tro- 
chléi  forme  du),  700. 

Coupes  (méthode  des),  449,  466. 

Courants  voltaîques  dans  l'organisme 
(diffusion  des),  60. 

CouRMONT.  Nouveau  bacille  de  la  tuber- 
culose chez  le  bœuf,  485,  487.  —  Sub- 
stances solubles  sécrétées  par  un  ba- 
cille tuberculeux,  844. 

Cours  d'eau  (pollution  des),  550. 

Couvreur.  Innervation  vaso-motrice  du 
poumon,  841. 

Coxalgie.  —  suppnrée  (résection  de  la 
hanche  dans  la),  325.  —  hystérique 
avec  atrophie  musculaire,  437. 

Crachoir  de  poche,  761. 

Crampe  des  écrivains,  114. 

Crâne.  —  (procédé  pour  désarticuler  les 
os  du),  14.  —  (fractures  du),  96,  195. 

—  (trépan  dans  les  fractures  du),  251, 
419.  —  (traitement  dei  néoplasmes 
perforants  de  la  voûte  du),  517.  — 
(traitement  de  la  fracture  compliquée 
du).  583. 

Crémation,  551. 

Gréoline.  —  dans  les  affectiont  gastro- 
intestinales,  278.  —  dans  les  affections 
de  l'oreille  et  du  nez,  490.  —  dans  la 
dysenterie,  649.  —  comme  germicido 
(valeur  de  la),  702. 

Créosote.  —  et  iodure  de  potassium  dans 
la  phtiiisie,  80.  —  dans  la  phthisie, 
145,  378,  585.  —  en  injections  intra- 
parenchymateuses  dans  la  phthisie,  161. 

—  dans  la  dyspeprie  flatulente,  848.  — 
dans  la  phtiiisie,  718. 

Crime  (contagion  du),  401. 

Crocq.  Traitement  de  la  pneumonie  par 
l'acéute  de  plomb,  530. 

Group  par  l'essence  de  térébenthine 
(traitement  du),  269. 

Cuir  chevelu  (sclérodermie  en  plaques 
du).  225. 

GURSCHMANN.  Occlusion  intestinale,  514. 

CURSIKO  DB  MOURA.  Traitement  de  l'hy- 
pobémie  intertropicale,  338.  —  Bron- 
chite syphilitique  chez  les  adultes,  646. 

Cyanhydrliue  (recherehes  physiologiques 
sur  l'acide).  648.  682. 

Cyanure  d'étiiyle  (toxicité  du),  245. 

Cylindre-axe  (formation  du),  615. 

Gylindromes  multiples,  665. 

Cystocèle.  —  vaginale,  509.  —  inguinale, 
697. 

Cystoscopie,  166,270. 

Gylodiérèse  dans  le  testicule  du  rat, 
844. 

D 

Damatehino,  Nécrologie,  848. 
Danilbwski.   Hypnotisme  des  animaux, 
547. 


Danion.  Diffusion  des  courants  voltaîques 
dans  l'organisme  humain,  60. 

Danjoy.  Nécrologie,  720. 

Darbmbbro.  Résistance  variable  des  ani- 
maux à  la  tuberculose,  713. 

Daribr.  Affection  parasitaire  de  la  peau* 
215.  276. 

Dastrb.  Accidents  dus  au  chloroforme, 
485.  —  Dernier  réflexe  qui  disparaît 
dans  ranesthésie.  631 .  —  Diurèse  pro- 
duite par  les  sucres,  682.  —  Méthodes 
actuelles  d'anesthésie,  764. 

Dastrb  et  Lotb.  Injection  d'eau  salée 
dans  les  vaisseaux,  31.  —  Lavage  du 
saog  dans  les  maladies  infectieuses, 
246. 

Davaine  (l'œuvre  de),  503. 

David  (Th.).  La  maladie  de  Fauehard,  139. 

Davùl  (monument  de).  48. 

Debovb.  Crises  gastriques  non  tabétiques, 
43.  —  De  la  syringomyélie.  138.  — 
Appareil  à  thoracentèse.  207.  —  Dia- 
bète conjugal,  501,  534.  —  AlimenUlion 
des  malades,  535.  —  Hémiplégie  hysté- 
rique à  la  suite  de  diphthérie,  690.  — 
Cancer  do  l'ostomac,  780. 

Deehambre  (éloge  de),  297,  813. 

DSFONTAINB.  Arthrodèse  pour  pied  bot 
paralytique,  373.  —  Ostéotomie  tro- 
chléiforme  du  coude,  700. 

Dégénérés  (délire  chez  les).  343. 

Déglutition,  631. 

Dbhio.  Origine  du  murmure  vésiculaire, 
809. 

DÉJERlNB.  Sur  un  cas  do  syringomyélie, 
155.  —  Altérations  du  fond  de  l'œil  dans 
l'ataxie,  422.  —  Névrite  périphérique 
dans  l'atrophie  musculaire  des  hémiplé- 
giques, 518. 

Dblbeco  (H.).  Fracturet  simples  des  os 
du  carpe,  651. 

Dblbbt.  Lavage  du  péritoine,  402.  — 
Traitement  des  anévrysmes  externes, 
635. 

D'Hbilly.  Syphilis  tertiaire  ches  un 
enbnt,  403. 

Dbmblin.  Segment  inférieur  de  l'utérus 
pendant  la  grossesse  et  l'accouchement, 
359 

Démographie,  371,  467,  551. 

Dbmons.  Occlusion  intestinale  traitée  par 
les  ponctions  multiples,  656.  —  Laryn- 
gectomie  pour  cancer,  699.  —  Tuber- 
culose préritonéale,  733. 

DÉMOSToèNB.  Traitement  des  tuberca- 
loses  locales,  710.  —  Amputations  du 
pied,'711.  —  Tuberculose  péritonéale, 
733. 

Dengue.  —  k  Reims  (cas  de),  821. 
en  Orient  et  grippe  en  Europe,  827. 

Dentaires  d'origine  centrale  guéries  par 
les  miroirs  roUtifs  (douleurs),  262. 

Dentisterie  opératoire,  750. 

Dentition  (traitement  de  l'eeséma  de  la), 
206. 

DbnucA.  Traitement  de  la  péritonite 
aiguë,  677. 

Dénwé,  Nécrologie,  216. 

Dbnys.  Ferment  peptonisant  dans  le 
sang,  632. 

Dépopulation  de  la  France,  573. 

Dermatites.  —  exfoliantes  généralisées. 
540.  —  herpétiforme  de  Dubring,  542. 

—  polymorphes  douloureuses,  542. 
Dermatoses  butleuses  multiformes,  542. 
Dermoidcs.  Voy.  Ky$tet. 

Dbsuaybs   (Ch.).  Récidive  de  la  fièvre 

typhoïde.  594. 
Désinfection.   —  des  instraments,  143. 

—  par  le  gaz  sulfureux,  272. 
Dbsmos  (E.).    Maladies    des  voies  uri- 

naires,  750. 

DE8P1NB.  Traitement  local  de  la  diph- 
thérie par  l'acide  salieyllque,  535. 

D'Bspinb  et  Picot.  Maladies  de  l'en- 
fance, 735. 

DbsprÉS.  Résection  totale  de  la  clavi- 
cule, 127.  —  Kystes  et  fistules  der- 
moides  de  la  région  sacro-coccygienne . 
501. 


852 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


nétonation.  Voy.  Armes  à  feu. 

Dbttwbilbr.  PréMiiUtion  d'un  cra- 
choir de  poche,  761. 

Diable.  —  (hyiciène  alimentaire  dans  le), 
ii.  —  expdrimenUl.  59.  —  (palhogë- 
nie  du),  ji.  —  sucre  (traitement  du), 
233,  242^  277.  —  k  évoluliou  lento  et 
800  traiti>ment,  313.  —  (du).  3â9,  3i0. 

—  (antipyrine  liaiis  le).  363.  —  con- 
jugal, 5ÔI,  531.  —  artificiel.  Voy. 
Syzygium  -^  sucre  (sciatique  double 
symploiuaiiquo  du).  66i.  —  sucré 
(échanges  gaicux  dans  le),  808. 

DiANOUX.  Blépbaroplastie.  3*)6. 

Diastases  sécrétées  par  le  baciUus  hemi- 
fucrubiophilut,  810. 

Dictionnaire  abrégé  de  sciences  physiques 
et  naturelles,  7i9. 

Dictionnaire  delhérapcutique,  197. 

DlDAY.  Traitement  de  la  syphilis,  542. 

DiEULAPOY  Hydarthrose  blcnnorrha- 
gique,  20.  —  Syphilis  du  poumon  et 
de  la  plèvre,  285.  303,  317.  335, 
348,  367.  —  Sciatique  double  sympto- 
matique  du  diabète  suvé.  660. 

Diiïormcs  dans  l'ari  (les),  425. 

Digitales.  —  et  digiUliue,  76,  569.  —  sur 
la  température  (action  de  la),  162.  — 
sur  11  petite  circulation  (action  de  la}, 
8119. 

Digitulincs.  —  et  strophantine,  144.  — 
(posologie  de  la),  688.  —  (action  com- 
parée des),  845. 

Diphthérie.  —  et  paralysie  diphlhéritique, 
36.  —  par  la  quinoline  (traitement  an- 
tiseptique de  la),  254.  —  (traitement 
antiseptique  local  de  la),  276.  —  (trai- 
tement de  la),  293.  357,  374,  405,  454, 
574.  —  par  insufflation  de  sucre  en 
poudre  (traitement  de  I»),  453,  534, 
5118.  —  (sel  de  cuisine  contre  la).  453. 

—  par  le  jus  de  citron  (traitement  de 
In),  502.  —  par  r.icide  salicylique 
(traitement  local  de  la;,  535.  —  (le 
poison  de  la), 567.  —(inhalations  d'oxy- 
gène dans  la),  635.  —  (traitement  de 
la),  766.  —  Voy.  HémipUgie. 

Diphihéritiques  (influence  des  inlialations 
d'oxygène  sur  le  rythme  respiratoire 
elles  les),  245. 

Dispenses  militaires  applicables  aux  mé- 
decins, 784. 

Dithiosalicylate  de  soude  (action  du), 
050. 

Diurèse  produite  par  les  snores,  682. 

Diurétiques.  402.  \ 

DOHRN.  Calculs  vésicaux  chez  li  femme, 
647. 

DOHRN  et  Aeckerlbin.  Mécanisme  de  la 
respiration  chez  le  nouveau-né,  745. 

Doigts  (déformations  consécutives  k  la 
tuberculose  osseuse  des),  656. 

DOLÊnis.  Physiologie  du  col  utérin,  734. 

DoMiNGoa.  Voy.  Freire. 

Dondert.  Nécrologie,- 216. 

DouTHEBENTK.  Paralysie  générale  arthri- 
tique. 546. 

Doyen.  Bactéries  de  l'urine,  229. 

Drainage  des  plaits  (suppression  du), 
310.  327. 

DrBYFUS-Brisag.  Des  pleurésies  méta- 
pneumoniques,  185.  —  La  maladie  de 
Wctl,  441.  —  Assistance  publique. 
553. 

Drouineau.  Hygiène  des  hôpitaux,  551. 

DUDIEP  et  Bruhl.  Désinfection  par  l'a- 
cide sulfureux,  272. 

DuBOia.  Les  phoUdes  sensibles  à  la  lu- 
mière. 632. 

Dubousquet-Labordbrib.  L'antipyrine 
dans  la  coqueluche,  179. 

DUGHASTBLET.  Taille  hypogastrique  pour 
calculs.  697. 

DucLAUX.  Action  de  la  levure  de  bière 
sur  les  produits  secondaires  de  li  fer- 
mentation. 194. 

DUDON.  Traitement  des  anérrysmes  arté- 
riels. 695. 

Du  HOMME.  Dosage  du  sucre  dans  les 
urines  des  diabétiques.  452. 


DuHRSSEN.  Traiiement  des  hémorrhagies 
post  partum,  746. 

Dujardin-Bbauhbtz.  Hygiène  alimen- 
taire des  diabétique»,  44.  —  Prophy- 
laxie de  la  rnge.  185,  191.  —  Dirtion- 
naire  de  thérapeutique,  197.  —  Déno- 
mination des  mé<1icamenls  nouveaux, 
29t.  —  Prophylaxie  de  la  tuberculose. 
516.  — Analgésies  antithormiques.  538. 

—  Do  l'alcoulisme.  545.  —  Action  diu- 
rétique de  la  glyctfse,  717.  —  Action 
diurétique  des  sucres.  798. 

Dcjardin-Beadmetz  et  Bardbt.  Action 
du  l'exalgine.  210. 

Domontpallier.  Métrite  chronique,  387. 

DUMuUTiiiBRS.  Préparation  du  chloro- 
forme destiné  k  l'anesthésie,  59. 

DUPONGHEL.  Péritonite  tuberculeuse  lo- 
calisée d'origine  traumatiquo,  92. 

DuPUY.  Epilepsio  provoquée  par  l'excita- 
tion de  la  dure-mère.  341,  357.  —  Dua- 
lité des  hémisphères  cérébraux.  357. 

—  Effets  inliibitoires  dos  injections 
sous-cutanéoi  de  chloroforme,  357. 

DURAN.  Lavage  de  la  vessie  sans  soude. 
128. 

Durand-Fardbl.  Traiiement  thermal  de 
la  gravelle  urique,  97. 

Dure-mère.  Voy.  Epileptie. 

DURET.  Laparotomie  pour  étranglement 
interne.  698. 

DUVBROBR.  Alcoolisme,  545. 

Dynamomètre  (nouveau),  388. 

Dysenterie  (lavements  à  la  créoline  dans 
la),  619. 

Dysuicuorrhée  (antipyrine  dans  le  traite- 
ment des  douleurs  de  la).  196. 

Dyspepsie.  —  des  enfants  (formules 
contre  U),  269.  —  flatuleute  (créosote 
dans  U),  348. 

Dyspnée.  —  toxique  dans  les  cardiopa- 
thies artérielles,  405.  —  (pressions  vas- 
culaires  dans    la),  616.  —  cardiaque. 


Ë 


Eaux.  —  minérales  (inspectorat  des),  81. 

—  météoriques  (toxicité  des),  386.  — 

—  de  source  à  Paris,  652.  —  de  mer 
artiGcielle  (conservation  des  mollus- 
ques vivants  par  1'),  831. 

Ebstbin.  Nature  et  traitement,  761. 

Echolalie  mentale,  271. 

Eelampsie.  ->  puerpérale  (traitement  de 
1').  198.  —  (microbe  trouvé  dans  l'u- 
rine dans  i'),  227.  —  (lésions  hépati- 
ques dans  1'),  245. 

Eczéma.    Voy.  Dentition, 

Ecole.  —  du  service  de  santé  militaire  do 
Lyon,  1,  199.  —  (hygiène  de  l'i.  549. 

Edingbr  (L.).  Auatomic  des  centres  ucr- 
veux,  130. 

Edwards  (W^).  Hémiplégie  dans  quel- 
ques affeclious  nerveuses,  599. 

Ehrmann.  Traitement  des  anévrysmes, 
701. 

Electrolyse  linéaire,  497. 

Elischbr.  Calculs  vésicaux  chez  la 
femme.  047. 

Eloy  (Ch.).  Valeur  thérapeutique  du 
strophanlus.  2.  —  Indications  des  mer* 
curieux  comme  diurétiques,  102.  — 
Antisepsie  dans  la  pneumonie,  150.  — 
Traitement  de  l'eczéma  éo  la  dentition, 
206  —  Traitement  local  de  l'éry- 
sipèle,  206.  —  Traitement  antiseptique 
de  la  typhlite,  225.  —  Traitemeut  du 
prurit  sénile  par  les  composés  salyci- 
liques,  237.  —  Traitement  do  la  diph- 
thérie parla  quinoline.  254.—  Topiques 
antiseptiques  au  naphtol.  254.  —  Trai- 
tement de  la  coqueluche,  266.  —  Trai- 
tement du  croup  par  la  térébenthine, 
269.  —  Traitement  d«  la  dyspepsie 
des  enfants,  269.  —  Belladone  dans  U 
coqueluche.  284.  —  Administration  de 
Il  tréosoto  à  riulùricur,  303.  —  Rhui 


aromaficiM  dans  rincontinertce  d'urine, 
317.  —Caféine  dans  la  pleurésie,  334. 

—  Créosote  dans  la  dyspepsie  flatu- 
leute, 348.  —  Antipyrine  dans  le  dia- 
bète, 363.  —  Créosote  dans  la  phthli>io. 
378.  —  Menthol  dans   le   prurit.  308. 

—  Injections  antiseptiques  contre  la 
blcnnorrhaïric,  409.  —  Etch»choU%ia 
californica,  431.  —  Curnutine,  444.  — 
Constipation  des  enfants,  462.  — 
Teigne,  475.  —  Créoline.  490.  —  Trai- 
tement antiseptique  de  la  diphthérie,  574. 

—  Dangers  des  antithermiqiics  analv'é- 
siqucs  de  la  famille  des  anilides.  590. 

—  Calomel  dans  la  phthisie,  607-  — 
Traitement  do  l'asthme  des  foius,  628. 

—  Action  du  veratrum  viride,  638.  — 
Naphtol  dans  la  fièvre  typhoïde  des  en- 
fants 643.  —  Posologie  de  la  digiUlino, 
688.  —  Créoline  dans  l'érysipèle.  741. 

—  Pommade  à  la  eniolinc  et  à  l'iodo- 
forme,  741.  —  Traitement  antiseptique 
de  l'cclampsie  puerpérale,  757.  —  Trai- 
tement des  ténias  par  le  ca!oracl,  la 
fougère  m&lo  et  la  pellotiérine,  780.  — 
Traitement  du  psoriasis,  804.— Traite- 
ment du  choléra  infantile,  834.  —  Irri- 
gations intestinales  dans  la  fièvre  ty- 
phoïde, 835. 

Embolies  graisseuses,  419. 
Embryocardie  ou  rythme  fœtal  des  bruits 

du  cœur,  258. 
Emphysème.  —  (traitement  mécaoii|oo  de 

certains  cas  d'),  77.  —  (danger  de  la 

paraldéhyde  dans    1'),   196.    —   Voy. 

Pneumonie. 
Empyème.  —  pulsntile,  403.  447,  470.  — 

(aspirateur  de  Bunsen  dans  1'),  809. 
Encéphale  (circulation    veineuse  de    1'), 

616. 
Endocardite.  —  (microbe  de  1'),  03.  — 

maligne,  764.  —  infectieuse.  844. 
Endométrite.   —  chronique  (traitement 

del'),  473, 482.— guérie  par  lo  curage, 

597. 
Endoscopie  vésical^,  166. 
Eofauce.  —  (hygiène  de  la  première),  279. 

—  (hygiène  de  1'),  403.  —  (maladies 
de  1').  735. 

Enfants.  —  (hystérie  des),  6.  —  (emploi 
des  topiques  dans  les  iflbctions  cuta- 
nées des),  78.  —  idioU  et  arriérés 
(protection  des),  554.  —  (traitement 
de  la  tuberculose  des),  766.  —  (leçons 
cliniques  sur  les  maladies  des),  814.  — 
Voy.  Urticaire. 

Enfants-Assistés  (isolement  et  désin- 
fection de  l'hôpital  des),  66,  74. 

Enseignement  supérieur  en  piovince,  488. 

Butérorrhaphie,  697. 

Épancliemenls  pleurctiques  traités  par 
les  purgatifs  salins,  162. 

Épidémies  (rapport  sur  les),  61. 

àjpidermique  spéciale  (évolution).  29. 

Épididymtte  par  la  pulsatille  (traitement 
de  I'),  831. 

Épilepsie.  —  (crises  d'),  6.  —  par  abla- 
tion d'une  tumeur  du  cerveau  (gué- 
rison  d'),  126.  —  (altération  des  glo- 
bules rouges  à  la  suite  des  accès  d'), 
194.  —  provo<iuéo  par  l'excitation  de 
la  dure -mère,  341.  357.  —  (moditi- 
ca lions  de  la  pression  artérielle  dans 
V),  357.  —  par  les  pointes  do  fou  sur 
lu  cuir  «bevelu  (traitement  de  1'),  437. 
—jacksonietme  (trépanation  pour).  099. 

Epistaxis  (révulsion  para-hépatique  dans 
les),  750. 

Epizuoties  (police  sanitaire  des),  589. 

Ergographe  (1*),  615. 

Erysipèle.  —  (traitement  local  antisep- 
tique de  1'),  206.  —  et  de  la  lymplian- 
gitc  iiiguo  (identité  de  1'),  260.  —  par 
I'mIcooI  (traitement  de  I').  358.  —  (anti- 
septiques dans  1'),  539.  -  (t<ailemoiit 
préservatif  de  I'),  568.  — (créoline  dans 
1'),  741.  —  (étude  biologique  de  1*), 
797. 

El  y  thème.  —  infectieux,  30.  —  Taccini- 
furmu  syphiloïde,  379. 


EtehtcholUia  californica  (préperstiao* 
d').  431. 

ESMARCH  (Von).  Btiologie  et  diagnosU; 
des  tumeurs  malignes.  581. 

Eilimac.  —  fendant  la  digeslioa  (mi- 
crobcstlo  1'),  63.  —  (traitement  de  U 
dilaution  de  T),  80.  —  (microbe  4* 
n,  114.  —  (diagnoMie  contre  W*  c^ocfr 
et  l'ulcère  de  1').  298.  —  (corps  éfrat:- 
gers  de  1'),  342.  —  (eas  de  caor.f 
probable  de  I'),  688.  —  et  syphilis  'ai- 
laution  de  1').  749  —  (dilatatsoii  dr 
1'),  761.  —  rcancer  de  K).  THÙ.  —  Voy. 
Coitro^inteotinal. 

Ethcr.  —  iodoforroé  (accidents  par  r.n- 
jection  d'),  76.  —  («sort  par  nnc  iiv- 
jection  d'),  580.  612,  64$. 

Etranglement  interne  (laperotoraie  poar  . 
096. 

EULEMBURA  et  IlElfiIBL.  Sespeasioa 
dans  le  labee,  649. 

Exalgine  (action  de  T).  210. 

Excitation  éle«*triqtte  el  réaction  Devrj- 
niuscnUire.  15. 

Excréments  (nature  des).  631. 

Excroissances  épiderniiques  par  l'acnle 
s-tlicyliqiie  (traitement  des).  78. 

Exencéphalie,  763. 

Expertises  médico-légales  (moyen*  «• 
garantir  les  intéréU  de  la  société  •! 
des  inculpés  dans  les),  556. 

Expositbn  universelle  (le  nië4ecin  à 
1').  441,  473,  489,  60J.  621.  637.  72t. 
737. 


FabRB.  Pathologie  dot  mineurs.  iOI, 
551. 

Face.  —  (scléfodennto  lanboée  de  U  . 
2£S.  —  (roslauraUoa  de  la).  406. 

Kalrkt.  Obsessions  avec  conscience.  545. 

Falsifications  on  Hollande,  en  AUoiiMgDr. 
572. 

Faho.  O>ntractions  du  cœur  de  l'eai- 
bryon,  616.  —  EfleU  de  l'abbtioa  de 
corps  thyroïde.  632. 

Fargi.  Du  diabète,  H29. 

Fauchard,  Voy.  MaladU. 

Favibr  (H.).  Scarlatine  réddivée,  580. 

Favus  généralisé,  39. 

Fécale  soluble  dans  raraaeulalîou  des 
malades,  535. 

Fehlino  (de  Bêle).  Auto-infection  parr- 
péralo,  532. 

Fehling  (liqueur  de).  402. 

Fémur  (hyperosioeo  du),  143. 

Fer.  —  tprocédé  de  doaage  du),  101,  kii, 
485.  —  (action   et  r*osologio  du).  U 

Fbré.  Crampe  des  écrivains.  114.  —  V*- 
riatioiis  de  l'hémoglobiiie  cii<-a  les  fat», 
tértques  et  les  é^Hleptiqtaes.  127.  — 
Altérations  des  globale»  ronfle*  à  U 
suite  des  acres  d'épilepsi«.  IM  - 
Accidents  produits  par  la  lumière  él«i- 
trique,  357.  —  Modificationa  de  U  prv«- 
sion  artérielle  cbrt  lea  épilepUq.»^ 
357.  —  Traitement  de  rcpilcpiùr  {  • 
les  pointes  de  feu  sur  le  cuir  cbevtl» 
437.  —  BIfeU  du  froid  sur  TlioaiRi 
452. 

Fbréol.  Aniyotrophie  ches  une  Utb  * 
enceinte,    42  Empyrèinc   puisait 

403.   —    Pleurésie    béuiorrh«^iqii.>  r 
cancer  de  la  plèvre.  G74. 

Fbrnbt.  Traitement  des  ulcéiations  m 
berculeuses  par  le  naphtol  caiaptir.'. 
470.  —  Petite  épidémie  locale  de  ç» 
tro-entérile  cb<4érifome»  *207.  -  I  - 
jections  tntn-pleuralos  «laaa  le»  |4^*- 
réties  infectieuses,  478.  —  luîccii.u» 
Intra-pulmonaires  de  naphtol  tmmf 
dans  la  tuberculose  pulmonaire.  4*C 
492.  —  CsNcer  probable  do  l'estttn*. 
6^. 
Fkrrand.    Anévrysffle  .diaaéqoant     è 

l'aorte,  437. 
FutHÉ  (G.).  Palhogéoio  do  U  rage,  7t: 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


853 


FilssiNGBR.  La  grippe  infecUcusû  à 
Oyonnax,  635. 

Fièvre.  —  (patliogfSnie  de  la),  111.417, 
748.  —  Voy.  Jaune,  Palustre,  Ty- 
phoïde, etc. 

Filuirc  du  sang,  i44. 

FiNKKLNOUUG.  IiiAucnce  du  sol  aur  la 
propaj^mion  do  la  luberculoae  en  Alle- 
magne, 808. 

KiNKLBK.  PnoomoaioA  à  streplocoecu», 
9U9. 

Fischer.  Trépanation  pour  Itimcur  céré- 
brale, 583. 

Florain.  Action  de  la  salive  sur  les 
plantes,  401. 

Ftuorliydriquo  dans  la  phlhisio  (acide), 
197. 

Fluorure  do  sodium  (aclio-i  du),  631. 

Fluo9ilicates.  —  pour  la  conservation  des 
cadavres,  180.  —  de  sonde  co-ume 
germicide,  702. 

Fœtus.  —  do  l'infection  pnenmouiquc 
(transmission  an),  iU3.  —  (loUition  de 
la  tdie  chci  le),  194.  —  do  (r«nl*- 
trois  ans  dans  le  venlre  maternel,  482. 

—  (passage  du  virus  charbonneux  de  la 
m^re  au),  484.  —  dans  le  sein  maler> 
ni'l  (mort  du),  7tfô. 

Foie.  —  (kystes  hydatiques  supérionrs 
du),  89.  —  (maladies  du).  98  — 
(kystes  hydatiques  du),  244,  263.  — 
(nbcf's  du),  309,  3«0.  ~  guéri  par 
l'injection  de  liqueur  de  Van  Swic- 
ton  (kyste  hydalique  du),  513.  —  inr  les 
poisons  (action  du),  631.  —  (nutrition 
intime  du),  68i.  —  (ferment  glyco^-ique 
du.,  716. 

Fo!i«î.  —  du  doute,  107.  —  ehex  les  en- 
fants, 181.  -  »yphililique,  321,  .135, 
350.  —  (alcooliatne  et),  546. 

Fonssagrives  (éloge  dt;).  801. 

FoNTAM  Pathogénic  du  tétanos  dans  les 
régions  tropicales.  309,  411.  —  Trai> 
Icmcnt  des    tuberculoses  locales,  711. 

FoKBL.  Fibrea  nerveuses  de  Toculo-  mo- 
moteur  commun  du  chat,  tl65. 

Fort  (J.-A.)  Ëiectrolyso  linéaire,  407. 

Fondre  (effets  nenreux  do  la),  527. 

FoL'RNiBR.  Pityriasis  rosé  de  Gibert.  39. 

—  Sclérodermie  tn  plaques  du  cuir 
chovclu,  225.  —  Svphilis  vaccinale, 
2<'>4.  —  Gomme  sclércuse  chronique 
du  jambier,  380.  —  Pscudo-parsilysic 
syphilitique  do  Parrol,  380.  —  Syphihs 
tertiaire,  511. 

Fraenkbl.  Cancer  dn  larynx,  813. 

France  (population  de  la),  467. 

François-Franck.  Les  archives  de  pliy- 
siologie  normale  et  pathologique,  14, 
31.  —  EffeU  respiratoires  résultant  de 
l'exciutioa  du  bout  inférieur  du  nerf 
vague,  215.  ~  Contraction  des  bron- 
ches, 275.  —  Méeaiiij'Hie  du  pouls  vei- 
neux. 716.  —  Pouls  veineux  de  la  sa- 
phène,  764. 

Frbdbt.  Morsure  de  la  wpère,  101. 

Freire  (Domingoe).  Toxicité  des  eaux 
météoriques, 386.  —Inoculations  pré- 
ventives contre  la  flcvrc  jaun»»,  747. 

FiiEU.ND  junior.  Grossesse  extra-utérine. 
647. 

F  r  EL  NO  senior.  Hyslcrectomie,  647. 

Froid.  —  (conservation  des  viandes  par 
le),  405.  —  sur  Tliomme  (effets  du). 
452.  ' 

Faommbl.  Hy^térectomie,  648.  —  Accou- 
chemenk  dans  les  présentations  du 
sommet,  743. 

Fubrbringbr.  Occlusion  intestinale,  515. 

—  De  l'impuissance  virile,  761. 
Fusibr.  Capacité  juridique  des  aliénés, 

670. 


Cad  cl  Hbymanns.  Influence  de  la  tem. 
porataro  sur  la  contraction  musculaire. 
632. 


Gaillbton.  Trichophytie  des  cils.  398 
Gale  |iar  le  savon  au  pétrole  (traitement 

de  la.i,  277. 
Galipi'B.   Recherches  de   stomatologie, 

536. 
Galtier.  Transmission  de  la  pneumo- 

enlérite  infectieuse  du  (lorc.  229. 
Gamai.eïa.    Vaccination    préventive    du 

choléra.  797. 
Ganglion  de  Mcckel  (résection  du),  696. 
Gakgolphs.  Petite  chirurgie.  216. 
Gangrène  sé<iilc,  440. 
Garde-malade  (manuel  de  la).  359. 
Garmer  (P.).  Accruissemenl  du  nombre 

des  aliénés  à  Paris.  546. 
Gnstriques.  ~  (glandes).  29.  —  non  ta- 

bctiques  (crises),  43.  —  (éléments  cel- 

luliiircs  des  glandes),  276 
Gastro-entérite  chulériformc  (petite  épi- 
démie locale  de/,  2U7. 
Castro- entérotonii*'.  471,  483. 
Gastro-inteMinal  des  enfants  (irrigations 

intestinales  dans  le  catarrlu-).  816. 
Gasirostomie.  —  (cas  remarquable  de), 

S7.  -  (de  la).  342,  598. 
Gastrotomie.  —  pour  •  orps  étranger,  356. 

—  (de  la).  778. 

GAUCHER  (E.).  Traitement  de  la  diphthé- 
rie,  534. 

GELLif.  Troubles  nerveux  par  excitations 
auditives,  405. 

Génitale  (tuberculose),  646. 

Génilo-urinaires  (opérations  sur  les 
voies),  598. 

Genou.  —  (résection  du),  IHl,  339.  - 
(périartiirite  dn),  701. 

Genn  valguui  (ostcoclasie  pour),  700. 

Gerhahiit.  Gonflement  de  la  rate  dans 
les  inflammations  des  poumons,  453. 

GÉHiN-RozB.  Cas  de  guc.ison  du  goitre 
exuphtlial inique,  179.  —  Cas  de  rage 
inutilement  traité  par  les  inoculations, 
179. 

Germes  pathogènes  (action  du  soi  sur 
les).  549. 

Gerstein.  Traitement  de  fracture  com- 
pliquée du  crâne,  583. 

Gestation  oxtrn-ubérine,  143. 

GlARD.  Sortie  des  globules  polaires  de 
l'œuf,  128.  —  Maladie  phosphorescente 
des  crustacés,  710.  —  Signification 
mor|>bologiqao  des  globules  polaires, 
813. 

Gibier  (P.).  Vitalité  des  trichines,  665. 

GiLBEHT.  Hystérie  tultagiquc,  715. 

GiMBKRT  (J.-L.).  Système  spécid  d'ic- 
jection  hypodermique  do  certains  mé- 
dicanieuls  irritants  ou  cau»tiques,  239, 
255. 

GlNGEOT.  Dilatation  de  l'aorte  et  oblité- 
ration de  la  sous-clavière,  463. 

GtQUEL.  Traitement  des  taenias,  124.  • 
Mort  subite  par  une  injection  d'élber, 
580. 

Giraud'Teulon.  Nécrologie,  44. 

Glandes.  —  pinéale  (structure  de  ta),  114. 

—  sur  le   système    nerveux   (influence 
des).  362. 

Glénard.  Exploration  manuelle  du  rein, 
122. 

Glby.  Innervation  de  la  glande  sous- 
maxillaire,  15.  —  Procédé  d'étude  des 
phénomènes  vaso-moteurs,  127.  — Poe- 
Mim, 

Glby'cI  Schlagdbnhauppen.  Action  do  la 
corouilline,  276. 

Globules.  —  (mensuration  drs),  44  .  " 
polaires  (signiflcation  morphologique 
des),  813.  —  polaires.  Voy.  Œuf. 

Glycogène  et  glycémie,  s75. 

Glycose  (action  diurétique  de  U),  717. 

Glycosides  sur  la  nutrition  générale  (ac- 
tion dos),  63. 

Glycosurie.  —  physiologique,  341.  — 
alimentaire,  717.  —  Voy.  DtabèU. 

GOGUILLOT.  Comment  on  fait  parler  les 
sourds-muets.  585. 

Goitre.  —  exophthalmiquo.  Voy.  Ataxie. 

—  (Irailoment  du),  144.  —  exophthalmi- 
qne  (cas  de  guérison  du).  179.— exoph- 


tlialmique  (strophanttne  contre  le),  294. 

—  kystique  double,  678,  098.  —  exoph- 
thalmiquo (nutrition  dans  la  fièvre  liée 
au),  797. 

GoLDSCRMlDT.  Traitement  de  la  diphlhé- 
rie  par  le  pcrchlornro  de  fer,  357. 

GoLTZ.  Importance  de  la  substance  grise, 
615. 

Gomme  scléreuse  chronique  du  jambier, 
380. 

GONTHIER.  Inhalations  d'oxygène  dans 
la  diplithorie.  635. 

GouLLiARD.  Dé  ridemcnl  des  collections 
de  la  périnictritc  chronique.  734. 

GouUe  (nature  et  traitement  de  la),  701. 

Grabser.  Prophylaxie  do  la  fièvre  pa- 
lustre par  la  quinine,  358. 

Grancher.  Los  maladies  éruptives  con- 
tagieuses, 201.  213. 

Granchfr  et  Richard.  Action  du  sol 
sur  les  germes  pathogènes,  549. 

GrandclÉME.nt.  Opiithalmio  sympathi- 
que, 544. 

Grasset.  Diagnostic  différentiel  entre  le 
cancer  et  l'u  cèro  de  l'estomac,  29  .  — 
Cas  d'hyttérie  ave*:  a<ttasie-abaMC,390. 

Gravelle  urique  (irailement  thermal  «e  la), 
97. 

Greffes.  —  osseuse  rhcx  l'homme,  31.  — 
de  muqueuses.  129.  —  par  la  méthode 
de  Thicrsch,  OôO.  —  autuplasliques. 
656.  —  osseuses,  656.  —  derrao-épi- 
dermiques.  830. 

Grêhakt.  Dosage  de  l'eau  dans  le  sang, 
371.  —  Dosage  de  l'urco  dans  le  sang 
tt  dans  les  muscles,  371.—  Rcclier- 
chcs  physiologiques  sur  l'acide  cyan- 
bydrique,  648,  G82.  —  Innocuité  de 
l'oxygène  préparé  par  le  procédé  Dous- 
singault.  765. 

Grippe.  — infectieuse  à  Oyonnax,  635.  — 
à  Paris  (la).  817.  —  (de  U),  827.  -  en 
Europe,  834.  841. 

Grise  (o  ganisation  de  la  substance),  615. 

Grosfossc.  —  extra-utérine,  178.  —  qua- 
dri-gémcllaire.  400.  —  (vomissements 
incoercibles  de  la),  005,  618.  —  extra- 
utérine,  647.  —  Voy.  Getlalion. 

Grube.  Embolies  graisseuses,  419. 

Grusenbbrg.  Cure  radicale  de  hernies, 
419. 

GUELLlOT  (0.).  Cystocèlc  inguinale,  007. 

—  Maladie  rappelant  la  fièvre  dcngue 
\  Reims,  821. 

GuELl>A.  Traitement  de  la  diphthcric.  538. 

Gué.MOT.  Vomissements  incoercibles  de 
la  grossefse.  605.  618.  —  Ostéomala- 
cie,  633. 

Guerre  de  sécession  (liistoire  médicale  de 
la),  703. 

GuiLLEMAlN.  Vaccination  dans  l'armée. 
550. 

GuiLLOT  et  DEMANGE.  Moyons  de  garan- 
tir, dans  les  expertises  médico-légale.^, 
les  intérêts  do  la  société  et  des  incul- 
pés. 556. 

Gl'INArd  (A.).  Révulsion  parahépatique 
dans  le  traitement  de  certaines  hémur- 
rhiigies,  722.  760. 

GuiNON  (G.).  Agents  provocateurs  de  l'bys- 
lérie.  45  k. 

GUYON.  Exploration  n  anuclle  dn  rein.  88. 

—  Néphrorrhaphie,  126.  —  Endoscopie 
pour  inmeur  vésicale,  270.  —  Intoxi- 
cation urinaire,  290.  —  Traitement 
conséculif  des  arthropalhies,  5(>8,  558. 

—  Tuberculose  vésicale,  732. 
Gynécologie  (électricité  en).  017. 
Gyrus  sigrooïde  (extirpation  du),  632. 

H 

Haas.  Action  de  la  teinture  de  stroplian- 
tus  Kombé  sur  le  choc  du  cœur,  58  k. 

Habitations  (hygiène  des),  551. 

Hahn  (B.).  Transplantation  do  peau  car- 
cinomateuse,  358.  —  Récidive  du  can- 
cer, 58  L 


Hahn  (L.).  Zoologie  médicale,  295.  — 
Patnm. 

Hallopbau.  Favus  généralisé,  39.  — 
Pcmphigus  iodique,  147.  —  Syringo- 
myélic.  178.  —  Pelade  et  son  traite- 
ment, 539.  —   Le  groupe  lichen,  540. 

—  Trichophytoses,  541. 
Hallucinations,  547. 

Halter.  Immunité  contre  la  phthisie 
pulmonaire  ches  les  ouvriers  des  fours 
à  chaux,  46. 

Hanau.  Greffe  du  cancer  chcx  le  rat,  582. 

Hanche.  —  (résection  do  la).  Voy.  Coxal- 
gie. —  (luxation  congénitale  de  la), 
617.  —  en  arrière  (réduction  des  luxa- 
tions do  la).  650. 

Hanot  (V.)  et  Gilbert  (A.).  —  Éludes 
sur  les  maladies  du  foie,  98. 

Hano*tb  (G.).  Restauration  fonctionnelle 
du  pouce,  G51. 

Hare.  Chlorure  de  baryum  dans  les  ma- 
ladies du  cœur.  570. 

H  ASHIMO  ro.  Corps  étrangers  de  rcstomac, 
342. 

H%8TUNG.  Svphilis  tertiaire,  541. 

Ilay  fevir  (traitement  de  l'i.  628. 

Hayem  (G).  Mci'anisme  de  la  mort  des 
lapins  transfusés  ««vec  le  sang  de  chien, 
159.  —  Hemoglobinurio  paroxvsti'pie. 
171.  —  Anémie  des   u  urrissoiis,  72'^. 

—  Du  sang  et  de  se«  allénitions  anaio- 
mîques,  767.  —  Valeur  diagnostique 
de  l'urobiiinurie,  840. 

Hebra.  Le  1  chen,  510. 

Heddacbus.  Évacuition  manuelle  do  la 
vessie,  231. 

Hédon  Circulation  veineuse  de  l'encé- 
phale, 816. 

Hegar.  Castration,  647. 

Hehl.  Assistance  d<-s  pauvres  dans  le 
Mas«achu8sels,  553. 

HridivNMain  (L  ).  Cancer  du  sein,  581. 

—  Formation  de  la  lymphe,  615. 
IIbidenrkich.  Greffes  par  la  méthode  de 

Tbiersch  et  cicatrices  vicieuses,  656. 

Heinz.  Mode  d'action  des  astringents.  570. 

Ilelmonl  {J  -B.  van).  Son  monument,  636. 

Hématozoaires  des  palHdiques,  72. 

Hémérniopie,  544. 

Hémiplégie.  —  faciale,  106.  —  dans  quel- 
ques affections  nerveuses,  599.  —  hys- 
térique à  la  suite  de  diphtliérie.  600. 

Hémisphères  cérébraux  (dualité  des),  357. 

Hémoglobine  chez  les  hystériques  et  les 
épileptiques  (variations  de  \),  127. 

Hcmoglobmurie  paroxystique,  171. 

Héniopty»ius.  —  (traitement  des),  263. — 
d'origine  externe,  596. 

Hémorrhagies.  —  (révulsion  parahépati- 
que dans  les),  722.  —  post  partum 
(traitement  des),  746. 

Hémorrhoïdes  (dilatation  de  l'anus  p,ir), 
419. 

Henocque.  Oxyhémogloblne  chez  les  dia- 
bétiques, 31. 

Henrot  (H  ).  Démographie,  371. 

Hknky  (Ch.).  Dynamogénie  et  inhibition, 
26. 

Hépatique  (ligature  de  l'artère),  797. 

Hépatite  chronique  alcoolique  (curabilité 
d..  1).  786. 

HÉR\KO.  'lM!tem"iit  éleririqiir  d*'  l'uli- 
struclioH  intestinale,  iû7,  468. 

Hérédité,  —(de  1';,  547.  —  Voy.  InfeC" 
lieuMfM. 

HÉRtcouRT  et  RiciiET.  Transfusion  péri- 
tonéale  et  toxicité  variable  du  sang  du 
chien  pour  le  lapin     28. 

Hbhmann.  Nature  de.,  excréments,  631. 

Hernies.  —  étranglée  (entérectomie  pour), 
143.  —  (cure  radicale  des),  419.  —  in- 
guinales irréductibles,  522.  —  élran- 
glôo  (microbiologie  de  la),  698.  —  in- 
guinale congénitale  (cure  radicale  de 
Kl),  804.  —  Voy.  Étranglement, 

Herpès  tonsurant  (traitement  de  1'),  503. 

Hervé  (Ed.).  La  circonvolution  de  Broca, 
146. 

Hbrvibux.  Vaccination  et  revaccination, 
141.  —  Syphilis  vaccinale,  515.  —  Ac< 


854 


(TABLE  DES  MATIÈRES. 


cideoU  dut  à  la  vaccine,  618.  —  Rap> 
port  sur  la  vaccine,  TON,  712.  —  Vac- 
cine uleéreuae,  769,  779. 

Hkrzbn.  Rôle  de«  centres  moteurs  chex 
les  jeunes  animaux,  547.  —  Extirpation 
du  gyrus  sigmoîde,  639. 

HiBTZ.  Injections  sous-catantfes  d'huile 
grise  benxolnée,  71.  —  Pouls  capillaire 
dans  les  plaques  d'urticaire,  75. 

Hippocratlsme  (de  1'),  761. 

His.  Organisation  intime  de  la  substance 
grise  cërébro-médullaire,  615. 

Histologie  (traitd  d'),  978. 

HCBPTMAN.  Trépanation  do  l'apophyse 
mastoïde,  583. 

HoPFA.  Septicémie,  589. 

Hoffmann  (M.).  Enchondromedes  glandes 
paJalbies,  342. 

Hongrie  (assisUnee  des  pauvres  en),  553. 

Hôpital  des  Enfants  &  Bucarest  (service 
chirurgical  do  T),  979. 

Hôpitaux.  —  (réformes  hygiéniques  dans 
les),  111,  117, 149,  178,  201,  913.  314, 
396,  355,  403,  437.  —  marins  pour  les 
enfants  pauvres,  494.  —  Voy.  EnfantM- 
MiUtét, 

HoRSLBT.  Fonctions  motrices  du  cerveau, 
615. 

HonssATB.  Métamério  de  la  tôle  des  ver- 
tébrés, 797. 

HouziL.  Tuberculoses  locales,  731. 

HUGBARO  (H.).  De  Tartério-sclérose,  919. 

—  Du  pouls  lent  avec  attaques  épi- 
loptiformes  et  syncopales,  930.  —  Em- 
bryocardio,  958.  —  Injections  de  ca- 

^^  féine  dans  les  états  adynamiques,  374. 

—  Dyspnée  toxique  dans  les  cardiopa- 
thies artérielles,  405.  —  Action  compa- 
rée des  digiUIines  et  de  lu  diglule, 
569.  —  Traitement  de  la  maladie  de 
Stokes-Adam,  634.— Maladies  du  cœur 
et  des  vaisseaux,  666. 

HUBPPB.  Virulence  des  parasites  du  cho- 
léra, 60. 

HUERTtiLB.  Ponls  artériel,  631. 

Huile.  —  grise  (préparation  de  T),  69, 
198.  —  grise  benzoïnée  (injection  soua- 
Ctttanéo  d'),  74. 

Huménie  (extirpation  de  l'anévrysme  de 
1).  403. 

Humérus  (ab'atiou  toUle  de  1'),  109. 

Hyaloide  (structure  de  la  membrane), 
388. 

Hyiiatides.  Voy.  Foie,  Rate. 

Hydracéiine  comoie  antilhermique,  649. 

Hydrargyrie  subaiguë,  196. 

Uydratlii  cûnadenêit  (action  de  1'),  619. 

Hydrocèle  chyleuse.  I4i. 

Hydronaphtol  comme  germicide  (valeur 
de  l').  709. 

Hydrothérapie,  847. 

H.tdroxyiamine  en  dermatologie,  493. 

Hydrure  d'amyièiie  (dangers  de  T),  389. 

Hygiène.  —  (encyclopédie  d'),  718.—  pu- 
blique (mesures  d'),  790. 

Hypnotique  nouveau,  l'uralium,  977. 

Hypnotiques  (examen  du  fond  de  l'cBil 
ches  les),  778.  789. 

Hypnodsme,  486.  547. 

Hypttasoturie  cancéreuse,  998. 

Hypo  icrmiquo  (méthode),  939,  955. 

Hy|<oNéiiiato>e,  341.  734. 

Hv|H>hcii«ie  iiiterlropicale  (traité  do  V), 
33«. 

Hystérertomie,  617. 

Hystérie.  —  des  enfants,  6,  189.  —  (la 
mioère  agent  provocateur  de  1'),  955. 

—  roftle  avec  astasie-abasio,  390.  —  (la 
grand<'j.  ilO.— (les agents  provocateurs, 
de  i').  454  —  (nutrition  dans  1'),  400. 
518.  -  tabaglque,  715.  —  Voy.  Ata- 
xie,  Sclérote. 

HyUeriomca    Baglahen    (action  de  I'), 

45t. 
H\8toro-inft>ction.  466. 
Hysléropexie,  69,  75.  96,  781. 
Hystérotomie   et    hystérectomie  par    la 

voit  vaginale,  180» 


I 


Ichtyol  dans  la  néphrite  chronique,  397. 

Ictdre  par  résorption  dû  à  la  rupture  de 
la  vésicule  biliaire,  780. 

Iléus.  Voy.  Intestin. 

Iliaque.  —  (résection  de  l'os),  711.  —  (tré- 
panation de  l'os),  749. 

Illieium  parviflorum  (toxicité  de  Y),  789. 

IMMBRHANN.  Fonctionnement  de  restomac 
dans  la  phthisie  pulmonaire,  761. 

Immunité  dans  les  maladies,  737,  746. 

Impuissance.  —  guérie  par  la  cure  radi- 
cale d'un  varicocèle,  160.  —  virile,  761. 

Inée.  —  dans  la  fièvre  typhoïde,  44.  — 
(dosage  de  I'),  568.  —  (sur  1'),  689.  — 
Voy.  StrophantUM, 

Infectieuses.  —  (rôle  des  poisons  d'origine 
microbienne  dans  les  maladies),  190.  — 
(lavage  du  sang  dans  les  maladies),  946. 

—  (hérédité  dans  les  maladies),  657, 
670.  685.  —  (rôle  et  mécanisme  de  la 
lésion  locale  dans  les  maladies),  746, 

InCsction  (influence  du  système  nerveux 
sur  1'),  518. 

Infirmiers  et  infirmières  (recrutement 
des),  554. 

Influenia.  Voy.  Grippe, 

Inhibition,  26,  31. 

Injecteur  sous-cutané,  940. 

Inoculations.  —  par  succion,  664.  —  d'a- 
nimaux vaccinés,  764.  765. 

Inspectorat  des  eaux  minérales,  81. 

Institut  Pasteur,  768. 

Institution  smithsonienne  (rapport  annuel 
•  de  1'),  599. 

Interdiction  (intervention  des  experts  dans 
les  questions  d*),  555. 

Internat  des  hôpitaux,  80. 

Intestin.  —  (perforation  de  1'),  195.  — 
(diagnostic  de  l'occlusion  de  1'),  445.  — 
(laparotomie  dans  l'occlusion  de  Y), 
455.  —  (traitement  de  l'obstniction  de 
1';,  457,  468,  473.  -  (de  l'occlusion  de 
l'),  514.  530,  656 —  (atonie  de  1*),  847. 

—  Voy.  Gatlro-inteitinal. 
lodiques  comme  agents  vasculalres  (les), 

770. 
lodure  de  potassium  sur  le  cœur  (action 

de  l'),  653.  666,  670. 
Irilis,  489. 
Irrigation  intestinale.  Voy.  Gaslro-in- 

teêtinal  et  Typhoïde. 
IscovESGO.  Tuberculoses  locales,  731. 
Israël  Palpation  du  rein,  937. 


Jablowskc.  Transmissibilité  do  la  suette 

et  de  la  roséole,  549. 
Jalaguibr.  Kyste  à  grains  risiformes,  88. 

—  laparotomie  pour  plaie  pénétrante 
de  l'abdomen,  781. 

Jambe  (hypertrophie  de  la),  568,  618. 

Jambnl.  Voy.  Sytygium. 

Jamin.  Impuissance  guérie  par  la  cure 

radicale  d'un  varicocèle,  160. 
Jarret  (palmure  du),  349. 
Jaune  (inoculalions  préventives  contre  la 

fièvre),  747. 
Javal.  Verres  à  surface  torique,  568.  — 

Traitement  du  strabisme,  71d. 
Jbannbl  et  Laulanié.  Nature  et  origine 

du  tétanos,  610. 
JBNDRA88IK.  Localisation  du  tabès,  453. 
Jessop.  Traitement 'du  cancer  du  rectum, 

616. 
JOPFROY  (A.).  Ataxie  locomotrice  ci  goitre 

exophthalmique,  7. 
JOKASSBN  (J.).  Le  tétanos  en  Islande,  434. 
JORISSBNNB.   Aniiiieptiques  dans  l'érysi- 

pcle.  539. 
JoaiAS  (A.).  Bain  froid  systématique  dans 

la  fièvre  typhoïde,  758. 
JOHEL-RÉNOY.  Traitement  de   la  fièvre 

typlioïde  par  la  méthode  de  Brand,  13. 

—  Kyste  hydatlqne  du  foie   traité  par 


l'injection  de  liqueur  de  van  Swieten, 
513. 
Juu.iBlf  (L.).  Dilatation  do  l'estomac  et 
syphilis,  799. 


K 

Kalt.  Vision  binoculaire,  701. 

Kaltbnbagh.  De  rauto-infection  puer- 
pérale, 466. 

Kaposi.  Du  groupe  lichen,  540.  —  Der- 
matlte  herpétiforme,  549. 

Kaufhann.  Ferment  glycoslque  du  foie, 
716. 

Kbhrer.  Fistule  urétéro-vaginale,  616, 

Kéloïdes.  —  par  la  résorcino  (traitement 
de 5),  946.  —  Voy.  CUatrieee. 

Kblsgu  et  KiBNER.  Maladies  des  pays 
chauds,  946. 

Kératites,  489. 

Khambs.  Assistance  des  pauvres  en  Hon- 
grie, 553. 

KiRMissoN.  Suture  de  la  rotule,  95.  — 
Suture  de  l'urèthre,  945.  —  Opération 
de  Shelps,  349.  —  Extraction  de  balles 
logées  dans  le  rocher,  451. 

KiTASATO  (S.).  Microbe  du  tétanos,  589. 

Klein.  Inoculation  par  succion,  664. 

Klbmpbrbr.  Dilatation  de  l'estomac,  761. 

Knock.  Traitement  de  la  néphrite  aiguë 
chex  les  enfants,  78. 

Knoll.  Pressions  vasculalres  dans  la 
dyspnée,  616. 

Kœnig.  Récidives  du  cancer,  129. 

KoRBTZKi.  Gangrène  sénile,  449. 

KORTEWBO.  Résultats  stiitistiques  de  l'am- 
putation du  sein  pour  cancer.  599. 

Kraus.  Alcalescence  du  sang  dans  les 
maladies,  809. 

Krausb.  Récidives  du  cancer,  581.  — 
Traitement  des  ostéo»arconies  è  myélo- 
plaves,  589.  —  Traitement  de  la  tuber- 
culose du  larynx,  808. 

Krbhl.  Pression  sanguine  dans  le  cœur 
et  les  artères,  808. 

Kribs  (von).  Plélhysmographe,  631. 

Kronbckbr  et  Gbrbbr.  Déglutition,  631. 

Kuborn.  État  sanitaire  des  ouvriers  mi- 
neurs, 551. 

Kubolbr.  Sur  l'inée,  689. 

KUBSTNBR.  Ventro-fixstion,  646. 

Kystes.  —  dermoïdes  intermaxillaires,  70, 
113.  —  dermoïdes,  149.  —  dermoïdes 
intracrâniens,  910.  —  dermoïdes.  Voy. 
Sacro-coceygienne.  —  dermoïdes  (ap- 
parition Urdive  des),  699,  644. 


Labbé.  Péritonite  aiguë  et  phlegmon 
péri-ciecal,  676.  —  Résection  du  maxil- 
laire inférieur  pour  l'amputation  de  la 
langue,  711. 

Labonnb.  Du  tétanos  des  nouveau-nés,  94. 

Laboratoire  de  physiologie  pathologique 
à  l'Ecole  des  Hautes  Etudes,  147. 

LàBORDB.  Troubles  trophlques  consécutifs 
à  la  section  du  trijumoau.  198.  —  Di- 
gitaline et  strophantine,  141. —  Action 
de  l'absinthe,  637,  648.  —  Physiologie 
dos  tubercules  quadrijumeaux,  789. 

LaboulbAnb.  Inoculation  de  la  rougeole, 
178. 

Lagasbaonb.  Nécossité  des  examens  mé- 
thodiques en  médecine  légale,  556. 

Lactate  de  quinine  (injections  hypoder- 
miques de),  170. 

Lactose.  —  (digestion  et  assimilation  de 
la),  143.  —  dans  les  maladies  du 
cœur,  386.  —  (diurèse  produite  par  la), 
716.  —  Voy.  Sucres. 

LjiDAMB.  Règlements  sur  l'hypnotisme, 
548. 

Laonbau.  Mortalité  dans  l'armée  et  la 
flotte,  101. 

LAauBSSB.  Pancréas  des  poiuoos,  341. 


—  Développement  de  h  rate  clwx  ^  1 
sélaciens,  789. 

Latlement.  NécrologiB,  164. 

Lamblino.  Dosage  de  l'ozygètts  àm  êwç 
97. 

Lancbrbaux.  Intoxication  par  I«s  p^CSr* 
mobiles,  89,  95.  —  TraasaiBsiM  i* 
U  syphilis  par  les  iMlTBinurts  ■»- 
propres,  791,  734. 

Lardbrbr.  Opérations  è  Bac,  SES. 

Landouzt.  Protection  de  la  Maté  de  a 
première  enfanee,  548. 

Larbloib  (P.).  Centres  psycho-^otcm 
des  nouveau-nés,  485. 

Lanoloib  et  RiCBBT.  Coavatoioas.  M.  - 
Influence  des  anesUiéeiqaes  aar  U 
respiration,  941,  639. 

Lanoloib  et  db  Varignt.  Aetioa  à»  b 
einchonine  sur  les  cnbes,  194. 

Langue.  —  (ulcère  tnbereulens  de  b' 
199.  —  (exploration  des  moaireanaii 
de  la),  975.  -  (maladies  de  U).  m .- 
Voy.  MûxiUaire. 

Lanhblonoub.  Kystes  denaoîdas  inier- 
maxillaires,  76,  il3.  —  Kjsies  d«r- 
moldes  inlracrlntens,  910.  —  Déforms- 
ttons  coBséeatives  à  la  tobercrisM 
osseuse  des  doigts,  656. 

Laparotomies.  —  exploratriee,  113,  — 
(adhérences  péritonéales  à  la  sajte  ée], 
195.  —  diverses,  586.  —  Voy.  AU^ 
men. 

Lapicqub.  Procédé  de  dosagada  fer.  151. 
499.  485. 

Lapicqub  et  Paribot.  Actîoa  de  b 
caféine  sur  le  système  nervcax  et  na»- 
culaire,  813. 

Laquer.  Rhinoscléroma,  809. 

Lardibr. Service  sanitaire  dans  laa  Vosges, 
549. 

Larobr  (R.).  Trépenalioa  poar  dpilepsic 
jacksonlenne,  609. 

Larrbt.  Allocntiou  an  Goagris  fruBçais 
de  chirurgie,  651. 

Laryngeciomie  pour  cancer,  600. 

Laryngite  stridnlense  (antipyriae  dan^  la). 
180. 

Laryngo-typhos  (traitement  da).  419. 

Larynx.  —  (fumigations  aMrearMIes  d»at 
la  diphthérie  du),  145.  —  (dilatalioa 
d'un  rétrécissement  syphiSlitM  dv). 
355.  —  (cancer  da).  581.  —  (chimvgie 
du),  598.  —  (acMe  Ucliqoe  daaa  U 
phthisie  du),  766.  —  (traitement  de  k 
tuberculose  du),  808.  —  (cancer  du). 
813. 

Latabtb.  GesUtion  extra-nlérine,  119. 

LATcniCHB.  Gholécysiolomie,  192. 

La  Toorbttb  (Gilles  de).  Natritiaa  daai 
l'hystérie,  490.  —  TranmattaBie  n 
médecine  légale.  555.  —  Nutrilioa 
dans  la  lièvre  liée  an  goitre  exofhilul- 
mique,  797. 

Laubnbtein.  Opération  pour  rétrécisse- 
ment du  pylore.  531. 

Laulanié.  Influence  des  excitations  des 
nerfs  vagues  sur  le  cceur,  599,  SSfî.  — 
Cardiographe  direct  à  aiguille.  797. 

Lavaux.  Cocaïne  dans  les  affections  des 
voies  urinaires,  538.  >-  Rétrécissement 
de  l'urèthra,  097. 

Lavements.  —  et  suppositoires  ft  la  glytê- 
rine,  509.  —  narcotiques,  t06.  —  p- 
teux.  Voy.  Ammoniaque. 

Lbbbg.  Extirpation  de  l'astragale  et  du 
scaphoîde  pour  pied  bot,  98. 

Lbblang.  Origine  du  tétanos.  278. 

Ledb.  Hygiène  de  Tenfance,  403. 

Lb  Dentu.  Cas  remarquable  de  gastro* 
stomie,  97.  —  AfTections  chirurgicale* 
des  reins,  des  uretères  et  des  capsule» 
surrénales,  519.  —  Grilb  de  ruretère 
de  la  peau  du  flanc.  087.  —  Sature  ds 
rein  dans  la  néphrolithotooaie,  <)07.  — 
Tuberculoses  ostéo-articulaircs,  739.  -^ 
Néphrectomie  pour  rein  tabetcoleai, 
739.  —  Tuberculose  Tésicalc,  799. 

LBBch.  Le  nitrite  d'étbyle  eonivie  ce- 
pnéiqae,  994. 

Lb  Fort.  Médecine  opéntaira,  740. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


855 


USgato  (mëdeciM),  W5. 

LlOtHDRI,  BARBTTI  «t  LlPAGB.  TniU 
pratique  fd'antÎMptU  appliquée  à  la 
thérapeuliiiue  et  k  rbyyièoe.  liS. 

Législation  sanitaire  (rëfome  de  la), 
551. 

UgoueiL  Nécrologie,  160,  ie3. 

Lmrain.  Du  délire  chei  les  dégénérés, 
343. 

LiOROUX  et  DOPRÉ.  GemaMioication  in- 
tarcardiaque  eongénitale,  380. 

UiiciTiNSTiRN.  Occlusion  intestinale, 
514. 

Lriot.  Action  de  la  dtgiule,  108. 

LUARS  (F.).  U  masse  do  Teichmano, 
S3i. 

LiLOiR.  Syphilis  tertiaire,  541.  —  Trai- 
tement delà  syphilis.  541,  70S. 

LiLOiR  (H.)  et  B.  Vidal.  Maladies  delà 
peau,  634. 

Lmoim.  Action  de  la  pyrodine,  311.  — 

—  I^ralysie  générale  arthritique,  545. 
Lbo.  Echanges  gattux  dans  le    diabète 

•ttcré,  806. 

Ltomi,  Traitement  des  tuberculoses  lo- 
cales, 710.  • 

LéoPOLD.  Auto-infection  puerpérale, 
53i.  —  Opération  césarienne,  746.  — 
^  Non*eÀcenient  du  col  pendant  la 
grossease,  746. 

LApiif  B.  Auto-infection  d'origine  rénale, 
339.  —  Trépanation,  517.  —  Action 
des  nervins  anllthermiqttes,  538.  — 
Lèpre  toberealeuse,  820. 

Lèpre.  —  en  Turquie.  533.  —  tubercu- 
leuse, 890. 

LtPRÉvosT.  Kystes  bydatiques  du  foie 
et  de  la  rate,  S44.  —  Résection  thora- 
cique  et  névrectomie  intercostele,  QM. 

LiRBDOULLKT.  Prooostle  de  la  pleurésie 
hémorrhagiqne,  56.  —  Droit  de  réqui- 
sition en  matière  médico-légale,  750. 

—  PoMlm. 

LiROY.  Influence  des  muscles  de  I'obII 
sur  la  forme  do  la  cornée  humaine, 
15.  -  Biologie  do  l'éryslpèle.  707. 

LtSCR.  Actinomycose  cutanée,  582. 

LcTtiLLi  et  Vaquu.  Empoisonnement 
par  l'acide  chlorhydriqne,  31. 

Lbuobt.  BOologie  de  la  phibisie  pulmo- 
naire. 848. 

LCVAS8BUR.  Population  de  la  France, 
487. 

Livt.  OstéopérIosUte  externe  primitiTo 
de  Tapophyse  matlotde,  660. 

Levure.  —  de  bière  sur  les  produits  se- 
condaires de  la  fermentetion  (action 
de  la),  104.  ^  du  mucus  vaginal,  76. 

Lbydbn.  Sténose  du  pylore,  531. 

LiBBRMAMH.  Étlologio  de  la  phthlsie  pul- 
monaire et  laryngée,  114. 

Lichen.  —  ruber  plan  multiforme,  t09. 

—  (de  la  constitution  du  groupe),  540. 
LiftBBAULT.  Le  sommeil  provoqué,  610. 
LiioBOis.  Action   du  veratrum  viride» 

405.  —  Révulsion  para-hépatique  dans 
le  traitement  des  épistaxis,  750. 

LiRDBNBAUM.  Traitement  chirurgicsl  de 
la  tuberculose  articulaire,  410.  —  Trai- 
tement chirurgical  de  la  pleurérie 
purulente,  419. 

LUfrane  (amputetion  de),  113. 

Lithuse  saUvaire,  484. 

Lobes  occipitaux  (cécité  subite  par  ra- 
mollissement des  deux),  007. 

Localisations  cérébrales  et  trépanations, 
450.  470. 

LswBNBBRO.  Furoncle  de  roroille,  130. 

LawBNTHAL.  Recherches  expérimenlalos 
sur  le  microbe  du  choléra,  26.  94. 

Loi  militaire  au  corps  médical  (applica- 
tion de  la  nouvelle),  472. 

Lombard  (des  États-Unis).  Effets  de  la 
fatigue  sur  la  contraction  Yotonteire 
des  muscles,  682. 

LOMBR.  Traitement  du  placenta  previa 
5S4. 

Longévité,  362. 

LoPB.  Natare  infectieuse  du  tetanos  des 
nouveau-née,  748. 


LORBV.  Traitement  de  la  diphthérie.  453. 

LoYB.  Sécrétion  urinaire  cbes  les  oi- 
seaux, 632. 

LucAS-GHAHPlONNlèRB.  Trépanation, 
568. 

Lumière  électrique  (accidents  produite 
par  la),  357. 

Lunettes  et  pince-nes,  328. 

Lupus.  —  tttbereulenx  aigu,  39.  —  éry- 
thématenx  de  la  bouche,  225. 

LCTAUD  et  DB8C0UT8.  Abus  de  lamor* 
pfalne.  556. 

Litton.  Hydrargyrie  subaiguê,  196. 

Luva.  Paralysie  agitante,  213.  —  Dou- 
leurs dentaires  d'origine  centrale,  262. 
—  Atlas  photographique  du  système 
nerveux,  407.  —  Examen  du  fond  de 
l'œil  ches  les  hypnotiques,  778. 

Ltck  (van  der).  Assiste nce  des  pauvres 
en  Moravie,  553. 

Lymphadénome.  —  cervical  par  Tanenic 
à  haute  dose  (traitement  du),  753.  — 
(sur  le).  780. 

Lymphangite  aiguë.  Voy.  EryiipèU. 

Lymphe  (formation  de  la),  615. 


M 

Macario.  Hydrothérapie,  847. 

HACft.  Traité  pratique  de  bactériologie. 

131. 
Magbwbn.  Abcèe  du  cerveau,  617. 
Mâchoires.  —  (oonstriction  des),  144.  — 

en  arrière  (luxation  de  la),  196. 
Magkbnzib.  Voy.  MoreU. 
Mabé.  Peste  on  Asie  sur  le  littoral  de  la 

mer  Ronge,  550. 
Mains.  —  (lupus  érytbématenx  des),  380. 

>-  (soins  i  donner  aux),  766.  —  Ané- 

vrysme  ciraolde  de  la),  843. 
Mal  de  mer  (cocaïne  centre  le),  502. 
Maladies.  —  de  Parliinson  (tremblement 

do  la  tète  dans  la),  7.  —  de  Baeedow. 

Voy,  Afoxk.  —  de  Fauchard,  139.  — 

d'AddUon.  141.  —  de  Basedow.  188. 

—  dea  pays  chauds.  246.  —  de  Par^ 
kinson  hémiplégique.  383.  —de  Woil, 

t. 441.  -Voy.  GùUre,  InfeetiêUiet, 
Mai^gaiomb.  Médecine  opératoire,  749. 
Malibrax.  Atonie  intestinale,  847. 
Mauean  et  Pruonibk.  Transmiaston  du 

tétanos,  708. 
Mandragorine  (action  de  la),  831. 
Manie  par  l'opium  (traitement  de  la),  453. 
Mansanillo  (action  purgative  du),  .300. 
Marbt.  Lois  de  la  morphogénie  ches  les 

animaui,  15. 
Marii,libr.  De  l'hallucination.  547. 
Marqubz.  Acrodynie  et  anenidsroe.  91. 

—  Vente  de  raraenlc.  568. 
Martbll  et  D0CHM%NN.  Traitement  do 

hi  phthisie  par  le  calomel,  880. 

Martin  (A.-i.).  Chauffage  par  les  poètes 
mobiles,  234.  —  Réformes  de  la  Idgis- 
laUon  sanitaire,  551. 

Martin  (Q.).  Prothèse  immédiate  appli- 
quée à  la  résection  des  maxillaires,  etc., 
400. 

Martin  (6.).  Etiologie  de  la  myopie,  020. 

Martinet.  Bntérectomte  pour  hernie 
étranglée,  143. 

Jfartînf  {Ch.),  Nécrologie,  163. 

Massage.  —  électrique,  809.  —  (électricité 
et),  847. 

Massr.  Kystes  dermoides,  142. 

Masse  de  Teichmann  (la).  232. 

Mastim.  Hydrocèle  ehyleose,  144. 

Mastîte  algue,  291. 

Mastotde.  —  (trépanation  de  l'apophyse), 
434.  —  (ostéopériostite  externe  primi- 
tive de  l'apophyse),  001. 

Mastoïdiennes  (Inflammation  purulente 
primitive  dos  cellules).  661. 

Maternités.  554. 

Maurbl  (B.).  Hypohématose,  734. 

Mauriac.  Folie  et  paralysie  générale  sy- 
philitiques, 321,335,350.—  S>philis 


terUaire,  541.  —  Myélopathies  syphili- 
tiques, 837. 

Mauricbt.  Mort  subite  après  une  injec- 
tion d'éthcr.  645. 

Mau8  (M).  Désinfection  des  scarlatineux, 
633. 

Maxillaires.  —  (prothèse  Immédiate  appli- 
quée à  la  résection  des),  400.  —  supé- 
rieur (résection  du  nerf),  698.  —  infé- 
rieur pour  l'amputetion  de  la  langue 
(résecUon  du),  711. 

Méat  chez  U  femme  (hypereslhésie  pa- 
piUaire  du),  734. 

Médecine  clinique  et  physiologie,  378. 

Médecius-ntajors  de  l'armée  (réforme  de 
Texamen  d'aptitude  des),  115.  —  fran- 
çais en  Orient.  141. 

Médtastin  antérieur  faisant  saillie  au  cou 
(abcès  du),  699. 

Médicamenta  nouveaux  (les),  281.  291. 

Mélancoliques  (les).  137. 

Méloè  (développement  du),  77. 

Membres.  —  inférieurs  (nodosités  éry- 
thémateuses  des),  39.  —  (traitement 
des  ancvrysmcs  des),  005.  —  Voy. 
Jambe. 

MiNARD  (G.).  Mécanisme  des  fractures 
Indirectes  de  la  colonne  vertébrale, 
651. 

Mendblsohn.  Chaleur  dans  la  contrac- 
tion musculaire,  452. 

Méningite.  —  consécutive  aux  plaies  de 
tête,  617.  —  spinale  chronique  (sus- 
pension dans  la).  799. 

Méningo-encéphalite.  —  consécutive  à  un 
coup  de  feu,  742.  —  (de  la).  229. 

Mentales.  —  (thérapeutique  générale  des 
maladies).  487.  —  (classiUcalion  des 
maladies),  547. 

Menthol.  —  dans  les  doulcura  prurigi- 
neuses, 398.  —  dans  les  maladies  des 
voies  aériennes,  718. 

Mercure  (action  diurétique  des  sels  de), 
98,102. 

Mbrklbn.  Mortalité  par  la  fièvre  ty- 
phoïde dans  les  hdplteux.  534. 

Mbrmann.  Inutilité  et  dangere  de  te 
désinfection  interne  dans  les  accouche- 
ments normaux.  533. 

Mbsnbt.  Hypnotisme,  408.  ~  Cystocèlo 
vaginale  opérée  dans  le  sommeil  hyp- 
notique, 509. 

Méthylacétentiide  (propriétés  de  U).  389. 

Métrite.  —  chronique,  387.  —  des  jeunes 
filles,  401. 

Michaux  Plaie  non  pénétrante  de  l'ab- 
domen, 214.  —  Fislttte  biliaire  et  cho- 
lécystectomie,  698. 

MiCHON.  Ghloroformisatlon.  409. 

Microbes.  — pathogènes  (emploi  vaccinal 
des  excréta  de  certains),    10,  21 ,  40. 

—  accidentellement  pathogènes,  331. 

—  pathogènes  (matières  solubles  éla- 
borées par  les),  518.  —  pathogénio 
(antiseptiques  propres  à  chaque),  539. 

—  et  microbie  è  TExposition  uni- 
veraelle,  586,  590.  —  pathogènes  (ac- 
tion du  sérum  des  animaux  malades 
on  vaccinés  sur  les),  747.  —  Voy.  Atto- 
ciationt. 

Microbiologie  (transformisme  en),  079. 

Microcéphalie,  734. 

Migraines.  -  (les),  19,  31.  50.  —  oph- 
thalmlque  hystérique.  518.— et  blépha- 
roplose.  789. 

MiLLARO.  Reformes  hygiéniques  dans 
les  services  hospitaliers,  111.  —  Bm- 
pyème  pulsatile.  447.  —  Traitement 
do  l'occlusion  intestinale  par  l'électrité. 
473. 

Mineure,  —(pathologie  des).  401.—  (état 
sanitaire  des).  551. 

MiNKOWSKi  et  von  Mering.  Diabète  con- 
sécutif h  l'extirpation  du  pancréas,  631. 

MiOT  et  Baratoux.  Maladies  de  l'oreille 
et  du  nex.  47. 

Miroirs  rotatifs.  Voy.  Paralytiet  Den- 
taires. 

MlTZKDNBR.  Trépanation  de  l'apophyse 
mastuïiie,  434. 


Moiteêtier.  Nécrologie,  148. 

MoLLiàRB  (D).  Traitement  des  «né- 
vrysroes  artériels,  096.  -^  Traitement 
des  anévrysmes  diffus.  696.  —  Traite- 
ment dos  tuberculoses  locales,  710. 

MONOBVILLB  (Henri  de).  Ses  manuscrits, 
G33. 

MONOD.  Descente  artificielle  du  testicule 
ectopié,  274.  —  Gangrène  du  pouce 
par  immersion  phéniquéo,  326.  —  Sar- 
come do  l'orbite,  484.  —  Rein  poly- 
kystique,  484.  —  Néphrectoroie,  607. 

MoNOD  (H.).  Assistenco  publique,  552. 

MONTANÉ.  Gytodiérèse  dans  le  testicule 
du  rat,  844. 

MoNTESSUB.  Métrite  des  jeunes  filles. 
401. 

MORAT.  Nerfs  vaso-moteurs  de  te  tête, 
15. 

MOHAT  et  Dabtrb.  Existence  dans  lo 
cordon  cervical  du  sympathique  de 
filets  vaso-diUtateura  pour  la  région 
buccale,  016. 

Moravie  (assistance  des  pauvres  en),  553. 

Moromorst.  Massage  électrique,  809. 

MOHBAU  (de  Tours).  La  folie  chez  los 
enfants,  181.  —  Contagion  du  crime, 
401. 

MORBL  (J.).  Classification  dos  maladies 
mentales,  547. 

Morbl-Lavallâi.  Syphilis  des  iiounlca, 
556. 

Morbll-Mackbnzib.  Maladies  du  nez, 
535. 

MoROZOPP.  Ugature  de  la  sous-clavière. 
448. 

Morphine.  —  (abus  do  la  ),  556.  ~  (nlté- 
nlionsdes  solutions  a^ueusesde).  702. 

—  Voy.  Picrotoxine. 
Morphogénie  chei   les  animaux  (lois  do 

la).  15. 
Morris  (H.).  Chirurgie  rénale,  617. 
Mortalité.  —  dans  l'armée  et   la  flotte, 

101.  —  à  Paris  (causes  de),  118.  -  par 

rougeole,  coqueluche  et  scarlatine,  400. 
MonvAN.   De  la   paréso-analgésic.   561 

575. 
Morvan  (maladte  de),  308.  318. 
Morve  (vaccination  de  la),  105,  176. 
MossÉ.  Arthropathiedtabétique  suppurée, 

181.  —  Prophylaxie  do  la  tuberculose. 

550.  579. 
Mosso  (de  Turin).  L'ergographe.  615. 
MOTAls.  Hérédité  de  ta  myopie,  3-^7,  401. 

—  Lavages   intra-oculairo«,    543.   

Production  de  la  myopie,  544. 

MoTBT.  De  l'alcoolisme,  544.  —  Trauma- 
tismes  cérébraux  et  uiédullairos  et  mé- 
decine légale,  555.  —Intervention  dos 
experte  dans  rintordiclion,  555. 

MougeoL  Nécrologie,  148. 

Moulé.  Bacille  trouvé  sur  la  viande.  401. 

Moussu.  Nerf  excito-sécréteur  de  la  pa- 
rotide, 341.  388.  —  Innervation  des 
glandes  molaires,  388. 

Moutard-Martin.  Du  sulfonal,  231. 

MOYBN  (i.).  Les  champignons,  082. 

MUBNCHMEYBR.  Hystérectomie,  617. 

MuGDAN.  Les  médications  de  la  coque- 
luche, 033. 

MULLBR.  Echanges  organiques  dans  la 
cachexie  carcinomateuse,  809. 

MUNBO-KUMAGAWA.  —  Influence  des 
agenta  antipyrétiques  sur  l'élimination 
des  substances  azotées.  161. 

Muqueuses  (graffes  de).  129. 

Murmuro  vésiculairo  (du).  809. 

Muscles.  —  (résultate  de  l'énervation  par- 
tielle des),  15.  —  antagonistes  (contrac- 
tion simul tende  des),  15.  —  (dosage  de 
l'urée  dans  les),  371.  —  (dialeur  dans 
la  contraclion  du).  452.  —  chez  les 
hémiplégiques  (névrite  périphérique 
dans  l'atrophie  des).  518.  »  (effets  de 
la  fatigue  sur  la  contraclion  volontaire 
des),  632.  —  (influence  de  la  tempéra- 
ture sur  la  contraction  des),  632.  — 
(pathologie  des  terminaisons  nerveuses 
de*),  679.  —  uprès  te  mort  (cbauge- 
■Muls  dans  les),  701. 


856 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Mutisme  hystérique.  1R8,  529. 

Myélite  non  gystémaliséo  (eu»!  de  dia- 
l^noslic  d'une),  7^. 

Myélocyles  des  poissons,  762. 

Ilyélopatliics  syphilitiques,  837. 

Myopie.  —  congënitalo  avec  a«tii;mntt8nie, 
137.  —  (hérëdilo  de  la),  387,  401.  — 
(étiologie  de  la),  620. 

Myrtol  comme  désinfcctanl  des  voies  res- 
piratoires (du),  294. 


N 


Naphtaline  dans  la  fièvre  lyohoïde,  649, 
666. 

Naphlol.  —  camphré,  52,  485.  —  Voy. 
AntUeptique*. 

Napias.  Protection  de  la  santé  de  la  pre- 
mière enfance,  548. 

Nappes  souterraines  (pollution  des).  550. 

Naunyn.  Strychnine  dans  la  paralysie 
diphlhéritiquc,  454. 

Nccriibiosc  et  microbes,  26. 

Nécrologie.  16,  32,  44,  64,  100. 116, 144. 
160,  163.  183,  200,  216,  247,  344.  408, 
472,  573,  573,  604,  620.  684.  703,  720, 
752.  768,  848. 

Nécro'e  phosphorée  (de  la),  66. 

Nklaton.  Prolapsus  du  rectum.  796. 

Néplipsctomio  lombaire  pour  rein  sup- 
pure, 373. 

Ncphrito  ai(;^ië  chez  les  enfants  (traite- 
ment de  la).  78. 

Néphrolilhotomie,  607. 

Névhrorrhaphic,95,  126. 

Nerveux.  —  dépendant  d'excititions  au- 
ilitives  (troubles),  403.  —  (petit  atlas 
photographique  du  sysième),  407. 

Ncrvins  anlilhcrmiquos.  538. 

Netter.  Pleurésie  mcta-pncnmonique, 
43.  —  Transmission  au  fœtus  de  l'in- 
fection pneunionique,  193.  —  Abcès 
sous-périoslés  à  pneumocoques,  566. 

Névrcctonile  intercostale,  698. 

Névrite.  Voy.  MuicUi. 

Nez.  —  en  bas  pour  enlever  les  tumeurs 
(renversement  du),  355.—  (maladies  du), 
535. 

NiCAlSK.  Physiologie  de  la  trachée  et  des 
bronches,  678.  —  De  l'aération,  7t8. 

Nie  ATI.  Rôle  glandulaire  des  procès  ci- 
liatres,  341. 

Nicolas  (A.).  —  Fluoailicates  pour  la 
conservation  des  cadavres,  189. 

Nimier.  Effets  produits  sur  roreillo  pnr 
la  détonation  des  armes  k  feu,  292. 

Nitrite.  —  de  cobalt  et  de  potasse  comme 
médicament  vasculaire,  77.  —  d'élhyle 
comme  eupnéiquc  (le),  294. 

NocARO.  Étiologie  du  tétanos,  110.  —  Tu- 
berculose zoogléique,  193,  710. 

Noctiluques  (noyaux  des),  764. 

Nourrices  (syphilis  des),  556. 

Nourrissons.  —  (pesage  méthodique  des), 
190.  —  (lavage  stomacal  chez  les),  278. 
—  (anémie  des).  726. 

Nouveau-nés.  —  (tétanos  des),  24.  — 
abandonnés  aux  Enfants-Assistés  (sé- 
jour des),  534. —  (respiration  chez  le), 
745.  —  (nature  infectieuse  du  tétanos 
des),  748. 

NUEL.  Injections  intra-oculaircs,  542. 


0 


Obsessions  avec  conscience,  545. 

Obstétrique  (travaux  d'),  198. 

Occlusion.  Voy.  Inteitin. 

OciiOROWicz.  Hypnotisme,  547. 

Uculo-moteur  commun  (fibres  nerveuses 
de  1).  665. 

Œil.  —  (anatoraic  normale  et  pathologi- 
que de  1'),  439.  —  (affections  synalgi- 
ques  de  1),  482.  —  (injections  dans  1') 


542.  —  (énucléation  de  1').  543.  —  (mas- 
sage de  T),  597.  748.  —  (thérapeutique 
de  V},  800.  —  Voy.  Ataxie,  Yeux. 

(Kufs.  —  (Mir  la  sortie  des  globules  po- 
laires de  1'),  128.  —  sans  vilellus,  485. 

Ollibr.  Greffe  osseuse  chez  l'homme,  31. 
—  Accroissement  des  os  longs,  323.  ~- 
Béseclion  ostéoplasiique  du  pied.  327, 
338.  —  Résection  du  genou,  339.  — 
Ostéotomie  du  nez,  355.  —  Greffes  au- 
toplasliques,  656.  —  Tuberculoses  osléo- 
ariiculaires,  73t. 

Ollivibr  (A.).  Rapport  sur  les  épidé- 
mies, 61.  —  Eau  de  source  à  Paris, 
652.  —  Leçons  cliniques  sur  les  mala- 
dies des  enfants.  814. 

Olshausen.  Grossesse  extra-utérine,  647. 

Ombilic  (tumeurs  de  1*),  214. 

Ongles.  —  (altcraliou  des),  114.  —  in- 
carné (opération  de  1'),  484. 

Onomatomanic,  271,  327. 

Onyxis  et  péri-onyxis  professionnelles, 
173, 177. 

Opemchowsky.  Action  de  la  digitale  sur 
la  petite  circulation,  809. 

Opérations.  —  à  sec,  582.  —  Voy.  AUxan- 
der,  etc. 

Opératoire  (médecine),  740. 

Ophlhalmie  sympathique  (formes  cliniques 
de  1').  5i3. 

Ophthalmotogio.  423. 

Opilaçao  (traitement  de  1').  338. 

Optique  (atrophies  du  nerf),  54t. 

Orbite  (sarcome  de  1'),  484. 

Orehidorrhaphie,  471. 

Oré.  Nécrologie.  601. 

Oreille.  —  (maladies  do  1').  47.  —  (fu- 
roncle de  1'),  130.  —  Voy.Armcf  à  feu. 

Oi^  germé  pour  la  culture  des  microbes 
(ré;idu  d'),  48t. 

Orthann.  Traitement  de  la  sclérose  du 
pylore,  531. 

Os.  —  longs  des  membres  (mensuration 
des),  198.  —  (structure  normale  de  1'), 
215,  716.  —  longs  (accroissement  des), 
323.  —  Voy.  Doigtt. 

Osmique  dans  le  rhumatisme  musculaire 
(acide).  14i. 

Ostéo-arlhrite.  Voy.  Pied. 

Osléologio  comparée,  312. 

Ostéonialacie,  633. 

Ostéomyélite  aiguu  (traitement  de  1'),  342. 

Ostéosarconies  à  niyéloplaxes  par  l'évide- 
nent  (traitement  des),  582. 

Otite  chez  les  jeunes  enfants,  276. 

OULMONT.  Cécité  subite  par  ramollisse- 
ment des  deux  lobes  occipitaux,  607. 

Ovaires  (dégéncrescenre  microcystiquo 
des).  640. 

Otariotomies,  373. 

Ovaro-salpiiigitcs,  354. 

Oxyde  do  carbone.  —  (action  de  1*),  276. 

—  Voy.  PoéUi  mobiles. 

Oxygène.  —  (valeur  thérapeutique  des 
inhalations  d'),  650.  —  préparé  par  le 
procédé  Boussingault  (innocuité  de  1'), 
765.  —  Voy.  Diphlhérie. 

Oxyhémoglobine.  —  chez  les  diabétiques, 
31.  —  dans  la  bile  après  la  mort,  451. 

—  Voy.  Hémoglobitu. 

Ozène  par  le  baume  du  Pérou  (traitement 

de  1'),  78*. 
Ozone  dans  la  phthisie,  400. 


Palais  ((roubles  de  la  parole  dans  les 
divisions  congénitales  du),  699. 

Palaliucs  (enchondrome  des  glandes), 
342. 

Palémon  (développement  dn),  311. 

Palper  abdominal  en  obstétrique,  162. 

Paludiques  (les  hématozoaires  des),  72. 

Palustres.  —  par  l'antipyrine  (traitement 
des  lièvres),  278.  —  par  la  quinine 
(prophylaxie  des  fièvres),  358. 

Panaris  auaigcslque,  308. 


Panas.  Enucléation  pour  ophlhalmie 
sympathique,  543. 

Panrréas  des  poissons,  311. 

Pansements.  —  antiseptique  simplifié, 
655.  —  à  la  charpie  stérilisée,  711, 
700. 

Papillons  (développement  des  chrysalides 
dv),  77. 

Paraldéhyde.  —  (recherehea  cliniques  sur 
la).  767.  —  Voy.  BmphyièrM. 

Paralysie.  —  infantile,  7.  —  diphthéri- 
tique,  36.  —  agitante  guérie  par  les 
miroirs  rotatifs,  213.  —  alcoolique 
des  membres  inférioiirs,  255.  —  géné- 
rale syphilitique,  321,  335.  350.  — 
générale  arthritique.  545. 

Paramétrite  (étiologie  de  la),  532. 

Paréso -analgésie  (de  la),  560,  575. 

Parikaud  (H.).  Sur  le    strabisme.  762. 

Paris  (mortalité  à),  118. 

Parker  (B.).  Tumeur  cérébrale.  617. 

Parkinson.  Voy.  Maladie. 

Parotide.  —  (nerf  excito-sécréteur  de  la), 
341,  338.  ->  (ablation  de  la),  567. 

Parvillb(H.  de).  Causeries  scientifiques, 
295. 

Pasteur  (H).  Prophylaxie  de  la  rage 
après  morsure,  420. 

Patrin.  Recherche  et  dosage  de  l'albu- 
mine, 567. 

Pathologie  externe.  232. 

Paul  (C).  Du  sulfonal.  45.  —  Traitement 
antiseptique  local  de  la  diphlhérie,  376. 

—  Traitement  de  la  ga'e  par  le  savon 
au  pétrole.  277.  —  Saccharine.  498.  — 
Aniisepliques  propres  à  chaque  mi- 
crobe pathogène.  539.  —  Du  aomnal. 
765. 

Paulidès  (D.).  Arthropathies  tabétiques 
du  pied.  79. 

Pawlowsky.  Tuberculoi^e  articulaire.  418. 

PéAN.  Guérison  d'cpilepsie  par  ablation 
d'une  tumeur  cérébrale,  126.  —  Leçons 
de  clinique  chirurgicalo,  63.  —  Traite- 
ment des  anévrysmes  diffus,  696. 

Peau.  —  (affection  parasitaire  de  la),  21 5* 
276.  —  carcinomateuse  (transplantation 
de),  358.  —  (courants  électriques  dans 
la),  451.  —  (actinnmycose  de  la),  5^2. 

—  (maladies  de  la).  018,  634.—  (tuber- 
culose de  la),  623. 

Pelade  et  son  traitement,  539. 

Pelletiérine  contre  le  tanin,  78. 

Pemphigus  indique,  147. 

PéniER.  Méiiingo-encéphalocèle,  229. 

Pértmétrite  chronique  (débridement  vagi- 
nal des  collections  de  la).  734. 

Périnéphrite,451. 

Périostose,  633. 

Poripneumonio  contagieuse  du  bœuf,  617. 

Péritoine  (lavage  du;.  402. 

Péritonites.  —  tuberculeuse  localisée 
d'origine  traumaiique,  laparotomie,  02 . 

—  par  perforation,  195.  —  par  élaotii- 
sation  d'un  myome,  450.  —  aiguë  (trai- 
tement chirurgical  de  la).  676. 

Pérityphlile,  617.  —  (iraitemeot  des 
abcès  de  la),  656. 

Pbrribr.  Conservation  de  mollusques 
vivants  par  l'eau  de  mer  artificielle, 
831. 

Perrin  (Maurice).  Nécrologie,  573,  669, 
685. 

Pèsc-bcbé,  190. 

Pesskz.  Polyuries  albuminuriques  d'ori- 
gine nerveuse,  392. 

Peste  sur  la  mer  Rouge,  550. 

Petersen.  Do  l'hippocratisme,  761. 

Petit  (A.),  pattim. 

Petitbon.  Alcoolisme,  544. 

Peuch,  Passage  du  bacille  de  Koch  dans 
le  pus  de  séton  de  sujets  tuberculeux, 
94. 

Peulevé  (Y.).  Nécrologie,  100. 

PeYraud.  Rage  tanacétiqiie,  354. 

I^EYROT.  Traitement  des  ancvrj'smes  ar- 
tériels. 696. 

PpeifPer.  De  la  goutte,  761. 

Pharyngite  chronique  traitée  par  l'acide 
actti|ue,  78. 


Phelpi  (opération  de),  348. 

Phénacétine  (action  antipyrétique  d«  Im\. 
180. 

Phénate  de  camphre  dacM  la  philù*»» 
(injection  do)^  389,  502. 

Piiénique  (gangrènes  et  briUurcs  par 
l'acide).  355. 

Phénols  camphrés.  52. 

Phényl-propioniqiie  contre  la  piithi»i« 
(l'acide),  535. 

Pholades  sensibles  à  ta  Ismièra  (le»  . 
03i. 

Phosphate  acide  de  chaux,  507. 

Phosphore.  Voy.  Nécrose, 

Phosphorescente  des  crustacés  (maladir,. 
716. 

Phthisie.  —  (créosote  et  iodure  de  pulas- 
sium  dans  la),  30.  —  pulmonaire  chez 
les  ouvriers  des  fonrs  à  chaux  (î«bm- 
nité  contre  la),  46.  —  (étiologie  de  b-. 
114.  843.  —  (fonctioanameot  de  l'eslo- 
mac  dans  la),  761.  —  Voy.  Caitmtl, 
Créotûte. 

Picrotoxine  et  de  la  morphine  (anlago- 
nisme  do  la),  406b 

Pied.  —  (arthropalhioi  tahëliqnea  du). 
79.  —  par  l'opéntion  de  Wlaûimirvff' 
Mikulicz  (résection  du),  161.  —  \nyef- 
lion  osléoplastiquo  du).  327.  338.  — 
(amputation  du),  711. 

Pied  bot.  —  (extirpation  de  ]  astragale 
et  du  scaphoide  pour),  06.  —  paraly- 
tique (aribrodèse  pour),  373.  —  (on- 
ploi  de  la  force  dans  cerlainei  forutes 
de),  67U.  —  par  la  méthode  de  Plicips 
(traitemcnl  du),  711.  —  vams.  tarscc- 
tomie,  835. 

PiBRRiT.  De  l'ajlbriltsme.  546. 

Pigments  (recherche  des).  311. 

Pl.NAKD  (A).  Pa'por  abdominal  et  vcr> 
sion  par  manœuvres  externes.  iOL  — 
Grossesse  extra-utérine,  174. 

Pityriasis.  —  rosé  d«t  Gibert,  39.  ~ 
pi'aire,  379.  —  rubra,  540. 

PlaccnU  pr»via.  584.  746. 

Plaies  (suppression  du  drainage  des).  310. 

Playpair.  Électricité  en  gynëoolegie, 
617. 

Pléihysmogr.ipbe,  631. 

Pleurésies.  —  méta-porumoniqaes  (poea- 
mo-pleurésics  de  Woillea).  43.  70.  — 
hcraorrhigique  (pronostic  à»  ia).  56.  — 
purulente  des  enfants.  144.  —  par  le 
salicylate  de  soude  et  le  salol  (traite- 
ment de  la),  145.  —  roeta-pneemo- 
niques,  185.  —  infecliouses  (iojcctioiis 
intrapleurales  antiseptiques  «Um  \cs), 
478,  402.  —  purulentes  roéta-poettnu»- 
niques  traitées  par  les  ponctiwis  avec 
injections  antiseptiques,  528.  —  hê- 
morrhagiqoe  et  caacer  de  la  plèvre. 
674,  682. 

Plèvre.  Voy.  Pleurésie,  P»umon». 

Pluvbttb.  Aoévrysue  du  pli  du  coude. 
421. 

Pneunio-cntérite  infectieuse  du  porc 
(transmission  do  la).  228. 

Pneuniogastriquo  (  effets  respiratoire» 
résultant  do  l'cxciiation  du  iMut  infé- 
rieure du  nerf).  215,  485.  —  sur  >« 
cœur  (actiou  du),  341.  —  a«tr  le  cow 
(cffcls  consécutifo  avec  excitation  do 
pneumogastrique),  422,  5.^,  5116. 

Pneumonies.  —  (calomel  à  hautes  dosi^s 
dans  la),  145.  —  (antiseps'e  dani  U. 
i  45.  —  contagieuse  du  cheval»  276.  — 
franche  (emphysème  sous-cutané  dans 
le  cours  d'une),  S92.  —  inferlieuse, 
437.  —  (quinine  dans  la),  GlU.  — 
graves  exclusivement  traitées  par  \^ 
inhalations  do  chlofulunu.*.  CO:î.  — 
à  streptococais,  809. 

Pneumo-pleurésics.  Voy.  Pliurisie. 

PneumoUiorax  dana  un  accès  d'asthme 
guéri  par  la  thoracentèsc,  744. 

PooaES.  Trai'emont  opératoire  de  la 
tuberculose  articulaire,  41^. 

Poêles  mobiles.  —  (intoxication  par  les), 
82.  05,  201,  212.  218. 243,  2tO,  361.  -~ 
(chauilago  par  les),  23  t. 


TABLE  lïES  MATIÈRES. 


857 


PoiRiBR  (P.).  CalhôlërisiM  de*  uretères, 
596. 

PoissoM.  Néphrcclnmio  lembatre,  373. 

Pnissoii»  (myéloeytet  des),  702. 

PoLAiLLON.  De  rhysttfropexie,  75.  — 
Ablation  totiile  de  l'hamcn»,  i93.  — 
Traitement  de  l'endomélrite  chronique, 
4K2.  —  Ablation  do  la  parotide.  56ë.  — 
Orariotomie,  569.  —  Reaiauratton  de 
l'urèthre  chez  la  femme,  749. 

Pommades  miieilaginouMS.  S37.  484 

PoiKCBT.  Greffes  osseuses,  656.  —  Cyltn- 
dromes  multiples,  665. 

PoNCiT  (de  Lyon).  Cancer  du  eorps  thy- 
roïde, 699. 

POPPBRT.  Laparotomie  dans  l'iléus,  536. 

f'ortraits  composites,  616. 

Ports  (assainissement  des),  556. 

PoSNER.  Prostaiite  chronique.  860. 

POTAIM.  Traitement  des  tcnlas,  123. 

Potasse  dans  les  humeurs  (dosaj^e  de  la)i 
342. 

Pouce.  —  par  immersion  phëniquée  ((en- 
grène du).  326.  —  (resUuration  func- 
liocincCe  du),  651. 

PoucHET  (Gabr.).  Empoisonnement  par 
l'arsenic.  425,  i35,  556.  —  Pauim. 

PoucHET  (Georges).  Ostéologic  comparée, 
313. 

Poulet  { Alfred).  Nécrologie,  16. 

PoitU.  —  (forme  du),  voy.  Cœur.  —  lent 
aver  attaques  cpileptifornics  et  synco- 
palos,  230.  --  artériel,  631.  —  veiiieux 
(mécanisme  du).  716. 

Poumons.  —  et  de  la  plèvre  (syphilis  du). 
285.  303.  317,  335,  348.  367.  —  (injec- 
tions iutra-pulmonaires  de  naphlol 
camphré  dans  la  luherculosi;  des),  445. 
—  (innervation  vaso-motrice  du),  844. 

—  Voy.  Phthùie,  Rate. 

POUSSON.  Traitement  des  néoplasmes  pei^ 

forante -de  la  voâte  du  crû  ne,  517. 
Pozzi.  Suture  de  la  vessie,  263.  —  Gastro- 

ontérotomle,  483.  —  Accès  aux  organes 

pelviens  par  la    voie   sacrée,    698.  — 

Fibrome  uiériu,  844. 
Prisons  par   les   étudiants   (visite  des), 

571. 
Professionnelles  (questions),  65. 
Prostate.  —   (traitement  de   l'hypertro- 

pliio  de  la),  374.  —  (hypertrophie  de 

la).  617. 
Prostatile  chronique,  809. 
PHOUPP.  Cas  de  maladie  do  Morvan,  308, 

318. 
Pnousr    I>e  l'aînhum,  228.  —  AsMtnià- 

sèment  des  port«,  550.  —  Choléra  en 

Mésopotamie.  670.  080. 
PnuNiKR.  Action  des  sulfures  sur  le  ciilo- 

ral  et  sur  le  chloroforme,  597. 
Prurit  sénile  par  le*  composés  salicjiiquos 

(traitement  du).  2J7. 
Ps<>udo-paral}sie  syphilitique  de    Parrot, 

380. 
Psoriasis.  —  (tliéorie  nerveuse  du),  134. 

—  et  arthropatliies,   147.  —  par  l'io- 
dure  de  poUssium  (traitement  du).  702. 

—  (traitement  du),  804. 
Psorospermose  folliculaire  végétante,  215, 

27C. 

Ptomaïnes,  550. 

Puerpérale  (instruction  relative  à  la  pro> 
phylaxie  de  la  fièvre),  584. 

Pueri)ëniux  (pathogéuie  des  accidents). 
466,532. 

Purpura  iodo-potassique,  39. 

Putréfaction  (de  la),  128. 

Pylore  (opérations  pour  rétrécissements 
du).  531. 

Pyloro|dastie,  531. 

Pyocyanine.  Voy.  BatilU, 

Pyocyautque.  —  (mécanisme  de  la  fièvre 
dans  la  maladie),  96.  —  (cause  d'iniiiiu- 
nité  contre  la  inabdie),  311.  —  (la  ma- 
ladie). 519,  631. 

Pyridine  (euipoisonnement  par  la).  585. 

Pyrodino  (action  de  la),  311,  389.  619. 


Q 


QuBiREL.  Lipome  du  sein  cbes  l'homme, 
698. 

QuiNCKi.  Déglutition  d'air.  809. 

UUtNQUAUD.  Cicatrices  syphilitiques  ké- 
loïdiennos,  40.  —  Action  des  gluco- 
sides  sur  la  nutrition  générale,  63.  — 
Glycogène  et  glycémie,  275.  —  Glyco- 
surie physiologique,  342.  —  Tricho- 
phytoses.  540.  —  Nutrition  chez  les 
tuberculeux,  701. 


R 

Rachis  (fracture  du),  195. 

Rage.  —  inutilement  traité  par  les  ino> 
culatîons  (cas  de),  179.  —  (prophylaxie 
de  la).  185,  191.  420.  —  tunacétique, 
354.  —  (palhogénie  de  la).  747. 

Raideurs  articulaires,  395. 

Rate.  —  (kystes  hydatiques  de  la),  244. 
501.  —  dans  les  iitflaiiimations  des 
poumons  (gonflement  de  la),  453.  — 
chez  les  sélaciens  (développement  de 
la),  7S2. 

Rauzii-r.  Diagnostic  entre  le  cancer  et 
l'ulcère  de  l'estomac.  296.  —  Diminu- 
tion do  l'urén  dans  le  cancer.  635. 

Reboul.  Anestliésie  chez  la  grenouille, 
374. 

Reclus  Plaies  pénétrantes  de  l'abdomen, 
126.  —  Du  trépan  dans  les  fractuies  du 
crâne.  254.  —  Observation  d'ainhnm. 
345.  ~  Traitement  des  anévrysmes 
artériels  circonscrits.  695.  —  Ancs- 
thésie  k  la  cocaïne,  712.  —  Traitement 
du  iympliadënome  cervical  par  l'arsenic 
à  haute  dose,  753. 

Reclo-urinaires  (cure  des  fistulc's),  G78. 

Rectum.  —  (traitement  du  cancer  du), 
616.  —  (prolapsus  du),  665,  698.  — 
(diverticttle  du),  698.  —  par  la  colopexie 
(traitement  du  prolapsus  du),  706.  — 
(cancer  du),  735.  —  (extirpation  du), 
748.  '  (traitement  du  prolapsus  du). 
790,  812,  814. 

Rboard.  Emploi  de  la  force  dans  le 
traitement  de  certaines  formes  de  pied 
bot,  679. 

Rbonard.  L'assistance  oliliiraloire,  552. 

Rbgnauld  et  VtLLEJEAN.  Chloroforme  et 
chlorure  de  méthylène,  273. 

RÉGNIER  (de  Nancy).  Pantemenl  à  la 
charpie  stérilisée,  711.  790. 

Reins.  ~  (exploration  manuelle  du),  88, 
122,  237.—  (maladies  des;. 502.— droit 
(fibro-lipoine  de  la  capsule  ceilulu- 
adi pense  dn),  678.  —  dans  la  néphro- 
liihutuinie  (suture  du),  697. 

Rcinèdes  secrets  (répression  des),  116. 

IUn\ult.  De  la  pneumonie  infectieuse, 
437 

Renaut  (J.).  Traité  d'histologie,  278 

Rendu.  Tremblement  hystérique,  262. 

RsHiBRCHEH  (van).  Suggestion,  548. 

Rknzi  (De).  Traitement  de  la  tuberculose 
p^r  l'air  chaud,  634. 

Réquisition.  —  en  matière  médico-légale 
(droit  de).  750.  —  des  médecins  (le 
droit  de),  784. 

Respiration.  —  chez  les  animaux  hiber- 
nants, 14.  —  et  exercice  musculaire, 
276.  —  Voy.  Aiutthitiqiàet. 

Respiratoires  (désinfection  des  votes), 
180. 

Révulsion  para-hépatique  dans  certaines 
hémorrfaagici,  722,  759. 

Rbynibr.  Dangers  de  la  chloroforaii- 
sation,  501. 

Rhamnuê  frangula  contre  les  douleura 
dentaires,  375. 

Rhinite  libriiieose.  809. 

Rhinoscléroiuo,  80*J. 

Rhinoplastie  a%ec  appareil  prothétique, 
40G. 


Rhumatisme.  —  (influence  des  piqûres 
d'abeille  sur  le),  46.  —  (traitement  du), 
766. 

Rhus  aromatieut  dans  l'incootinence 
d'urine,  317. 

Ricard.  Adénopathie  pseudo- tubercu- 
leuse du  cou.  609. 

Richard.  Isolement  indivMuel  dans  la 
rougeole,  213.  —  SUtistique  comparée 
de  la  mortalité  par  rougeole,  coque- 
luche et  scarlatine,  460. 

RiCHAUD.  Traitement  des  épistaxis  re- 
belles, 760. 

RicHELOT.  Section  extemporanée  de 
l'éperon  dans  l'anus  contre  nature,  355. 

—  Bndométrite  guérie  par  le  curage, 
597.  _  Traitement  des  dévistions  uté- 
rines, 734.  —  Rétrodéviations  utérines, 
829. 

RlCHET  (Ch.).  La  chaleur  animale,  471. 

—  Techninue  physiologique.  844. 
RicoGHON.  Emploi  vaccinal   des  excréta 

solubles  de  certains   microbes  patho- 

gèMos.  10,  21,  40.  — ConUgion  clinique 

du  téUnos,  497. 
Ricord.  Nécrologie,  703. 
RiBTSCH.  Ulcères  de  l'Yémcn,  402. 
RlTTi   (A.)    Éloge   do  Dcchambre,  297, 

313.  —  Pauim. 
RODIN  (A.).  Dosage   de   la  potasse  dans 

les  humeurs,  342.  —  Action  de  la  thal- 

liiie,  069, 680. 
RoDiN  (de  Lyon).  Ostéoclasie  pour  genu 

valgum,  700. 
ROBSON     (M.).     Chirurgie    abdominale, 

617. 
RoGHARD    (E.l  Opération     de    Phelps, 

349. 
RociiARD  (J).  Encyclopédie   d'hygiène, 

718.  —  Élo^e  de  Konssagrivcs,  801. 
RocuBPORT  (E  ).  Ainhum.  371. 
Rocher  (extraction  de  balles  logées  dans 

le),  451. 
Roger  (G.-H.).  Causes  et  mécanisme  de 

la  suppuration,  84.   —  Inoculation  du 

charbon  symptomallque  au  laidn,  245. 

—  Microbes  aocidcntellenient  patho- 
gènes, 331.  —  Matières  solubles  élabo- 
rées par  les  microbes  pathogène;»,  518. 

—  Action  du  foie  sur  les  poisons.  63t. 

—  Hcrcdité  dans  les  maladies  infec- 
tieuses, 657.  670,  685. 

Roger  et  Gaumk.  Pouvoir  toxique  do 
l'urine  dans  la  pne  tinonie,  246. 

ROLLBT  (E.).  Mensuration  des  os  longs 
des  membres.  198.  —  Apparflion  Ur- 
dive  des  kystes  dermuîdes,  6i9,  644. 

Romniciano.  Service  chirur^jical  de 
l'hôpital  des  Enfants  à  Bucarest,  279. 

ROSKNFBLD  NouvcHU  buclllc  CD  fomic  de 
virgule.  808. 

Roséole  (iransniissibilité  do  la),  549. 

Roser.  Cancer  du  larynx,  581. 

Rolulo.  —(fracture  de  l«),  75.  —(suture 
de  Im),  95.  —  (traitement  des  fractures 
de  la).  G78.  —  (fractures  de  \»).  711. 

Rougeoie.  —  (inoculation  do  la),  178.  — 
(période  contagieuse  de  la),  178.  — 
(contagion  de  la),  142. 

RouLB  (L.)  et  Suis  (A.).  Cours  de  zoo- 
logie médicale,  295. 

Roumanie  (assistance  publique  en),  552. 

Roussel  (Th  ).  Assistance  publique,  552. 

RousSY.  Pathugénte  de  la  lièvre,  111, 
177,  748. 

ROUTIRR.  Salpingites,  62.  —  Péritonite 
aiguë,  677.  —  (^nner  du  rectum,  735. 

RouviBR  (J.).  Hygiène  do  la  première 
enfance,  279. 

Roux.  Gastro-entérolomie,  471. 

Roux  (de  Lausanne).  Traitement  des 
abcès  de  la  pérityphlite,  656. 

RuKOWtTSGH.  Traitement  du  laryngo- 
typhus,  419. 

Russie  (assistance  publique  en),  552. 


Sabatier  (de  Lyon).  Ostéite  do  la  clavi- 
cule, 700. 

Saccharine.  —  en  thérapeutique  et  en 
hygiène  (bi),  180.  —  (de  la),  498. 

Sacro-coccygienne  (kystes  et  fistules  dcr- 
moides  de  la  région),  501. 

Saiut>Laiaro  (concours  médical  pour), 
63. 

Saint-Louis  (sUti^tique  de  l'hôpital).  518. 

Sabngbr.  Extraction  d'un  kyste  der- 
moïdo  sous-péritonéal  du  bassin,  048. 

Sages-femmes  (exercice  de  la  médecine 
par  les),  425.  435. 

Salicylate.  —  do  soude  et  de  l'antipyrino 
(incompatibilité  du),  206.  —  de  mer- 
cure (du),  390. 

Salivaire  (lithiase).  Voy.  Sow-maxil' 
laire. 

Salpêtrière  (les  leçons  de  la),  487. 

Salpingites,  28.  29,  02,  646. 

Salpingo-ovarites  luberculetts*'S,  732. 

Sang.  —  (dosage  do  l'oxygcuo  du),  97.— 
de  substances  vaccinantes  (présence 
dans  le),  128.  —  (^«pcctro  d'absorption 
dui,  342.  —  (dosav'o  de  l'eau  d«ns  1"), 
371.  —  (dosage  de  l'urée  dans  let,  371). 
(photographies  du),  451.  —  (ferment 
peptoiiisant  dans  le),  632.  —  et  ses 
altérations  analomiqoes  (le),  767.  — 
dans  les  maladies  (alcalescence  du),  809. 

Santé  publique  (la  direction  do  la),  17. 

Saphèno  ((K>uls  veineux  de  la),  764. 

SAi'PfeY.   Méthode  tbermochimique,  42J. 

—  Parallèle  de  la  méthode  llieriiiochi- 
mique  et  de  la  méthode  des  coupes, 
449,  iOd.  —  Appareil  vasculaire  des 
animaux  et  des  végétaux,  hffl. 

Saucbhotte.  Vaccine  ulcéreuse,  793. 

Sauterelles  en  Algérie,  114. 

Savon.  —  antiseptique  ou  chirurgical,  38. 

—  vert  contre  les  dernutosos.  803. 
Scaphoïde.  Voy.  PUd  bot. 
Scapulo-humérile  (osléo-arthritc),  700. 
Scarlatine  récidivée,  580. 
Scarlatiiieux  (désinfection  des),  633. 
ScHATZ.     Contractions    utérines    par    le 

seigle  ergoté,  746. 
SCHBDE.  Occlusion    Intestinale,    515.  — 

Récidive  du  camer,  58t. 
ScHLAMGE.  Traitement  do  l'iléus,  530. 
ScHMiuT  (M.).  Chirurgie  du  larynx,  598. 
ScHNEDEL  (H.).    Scialiquo    et    scoiiuMs, 

374. 
SCHCLTZB  (M>").    Hémoptysie    d'oirgino 

externe,  596. 
SCHWARTZ.    Dix  opérations  d'AIcxander, 

214.  —  Suture  de  la    vessie,  275.  — 

Traitement  du  prolapsus  du    rectum, 

698.    —  Traitement    des    tuberculo»e$ 

locales,  711. 
Sciatiqiie.   —  double  syinptoinatique  du 

diabète  sucré,  660.  —  et  scoliose.  374. 
Scl>rodermie.  Voy.  Face,  Cuir. 
Sclérose. —en  plaques  et  liystério.  107. 

—  en  plaques  à  longue  échéance,  757. 
Scoliose.  Voy.  Sciaiique. 
Sbcueyron.    Hystérotomie  et  hystérec- 

tomie,  130. 
SÉB  (G,).  Sur  le  strophantus,  6t.  —  Lac. 
tose  dans  les   maladies  du  cœur.  38C. 

—  Prophylaxie  de  la  tuberculose,  51(L 
Diurèse  produite  par  la  lactose.  716. 

SÉB  (G.)  et  Glby.  Diabète  expérimental. 

59. 
SÉB  (G.)  et  Lapicqub.  Action  de  l'iodure 

de  potassium  sur  le  cœur,  653,  666. 
Sis   (Marc).   Traitement    préservatif  do 

l'érysipèlo.  568. 
SiGLAS  (J.)    Deux   cas  d'oaomatomanie, 

271. 
Sbgond.   Cure   radicale    de   l'exatrophio 

vésicale,    607.    —   Résection  du    nerf 

maxii taire  supérieur  et  du  ganglion  de 

Mèckel,  698. 
Sbibbrt.  Traitemeat  d«   la  diphthérie. 

453. 


858 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Seifert.  Rhinite  fibrineuM.  809. 

Seigle  ergoté.  Voy.  Dtirtu. 

Sein.>-  (cancer  du),  105,  S81.  —  (abcès 
du),  961.  ^  pour  cancer  (résuUats  ata- 
tisliques  do  l'amputalion  du),  500.  — 
chez  l'homme  (lipome  du),  698. 

Sbiz.  Traitement  des  hëmoptysles,  S63. 

SsLLiBR.  Extirpation  d'un  anévrysme  do 
l'humërttlc,  403. 

Skmatzki.  Calculs  Yëaicaux,  434. 

Sbmmola.  Traitement  mcrcuriel  do  la 
syphilis,  S37. 

Senbnko.  Traitement  du  splTia-bifida,  4(0. 

Senn  (Nie).  Bactériologie  chirurgicale, 
311. 

Sensations.  -^  (mémoire  des),  402.  —  In- 
ternes (les),  783. 

Serbie  (assisUncc  publique  en),  S53. 

Sérum. —  (propriétés  microscopiques  du)f 
818.  -  Voy.  Microbet. 

S.rvice  de  santé  de  la  marine  (instruc- 
tions sur  le),  683.  ^ 

Seuvibr.  Mécanisme'  des  luxations  du 
sicrnumt  154. 

Sbvbrbanu.  Fracture  du  racliis,  195.  — 
Assistance  publique  en  Roumanie,  552. 

SevBSTAE.  Isolement  et  désinfection  de 
l'hôpiUl  des  BofanU-Assistés,  66,  74, 
143.  —  Contagion  do  la  rougeole,  442. 

—  Séjour  des  noavcau<nés  abandonnés 
aux  Eiifanis-Assialés,  554. 

Sexes  (procréation  des),  29. 

Simon  (P.)  et  Lborain.  Érythèna  infec- 
tieux.  30. 

Simulo  dans  lo  traitement  de  l'épilepsie, 
487. 

Skutbch.  Salpingites,  646. 

Smart.  Histoire  médicale  de  la  guerre  de 
la  Rébellion,  703. 

Société  anatomiquo,  pouim. 

Société  de  biologie,  patiim. 

Société  de  chirurgie,  poaaim. 

Société  médicale  des  hôpitaux,  poitlm. 

Société  de  thérapeutique,  paiëim. 

Société  do  protection  des  victimes  du 
devoir  médical,  350. 

Société  protectrice  de  l'enfanee,  131. 

Sociétés  savantes  à  Paris  (réunion  des), 
401. 

Sol.  Voy.  Gernui,  TubereuUue, 

SOLOXKA.  Calculs  vésicauz,  434.  —  I^ 
suture  après  la  taille  périnéalo  mé- 
diane. 435. 

Somneil  provoqué  (le),  620. 

Soninal  (du),  7i7,  765. 

Sonde  (nouvelle),  413. 

SoRBL  (F.).  Statistique  de  la  fièvre  ty- 
phoïde, 416,  431. 

Soufre.  ~  (cas d'empoisonnement  parle). 
389.  —  à  l'intérieur  (administration 
du),  717. 

Sourds-muets  (comment  on  fait  parler 
les).  585. 

Sous -clavière.  —  (aaévrysme  de  la),  113. 

—  (ligature  de  la),  448.  —  Voy.  AorU. 
Sous-maxillaire.   —  (innervation  de  la 

glande),  45.  ~  à  la  suite  de  lithiase 
salivaire  (altérations  de  la  glande),  484. 

Spartéine  (action  de  la),  454. 

Sphygmométrie,  451. 

Spijranyi.  Chirurgie  cérébrale,  4f9. 

Spillmann  et  HAU8BALTBR.  Action  de  la 
coroniile  dans  les  affections  cardiaques. 
368   380. 

Spillmann  (P.)  et  Haushaltbr.  Ané- 
vrysme sacciforme  de  la  crosse  de 
l'aorle,  775. 

Spina-bifida  (traitement  du),  410. 

SfRONGK.  Poison  diphthérl tique,  567. 

SSUBOTIN.  Ditatation  de  l'anus  pour  hé- 
morrhotdes,  410. 

Stachibwicz.  Traitement  de  la  phthuie 
par  los  injections  intraparenchymateutes 
de  créosote,  461. 

Stbes.  Cancer  probable  de  l'estomac,  688. 

—  Méningo-eneépbalite  par  coup  de 
feu,  742.  —  Pied  bot  varus,  835. 

Sternum  (luxation  du),  454. 
Stokei'Adam  (traitement   de  la  maladie 
de).  634. 


Stomatologie  (recherches  de),  536. 

Storci.  Aspirateur  de  Bunsen  dans 
l'empyème.  800. 

Strabisme.  —  concomitant  amétropique, 
544.  —  (traitement  du),  716.  -^  (du), 
702. 

STRAtTB  (I.).  La  vaceinatiott  de  la  morve, 
165,  476. 

Strophantine  (anesthésle  locale  par  la), 
764. 

Strophaotus. —  (valeur  Uiérapeutique  du), 
2,  47,  27.  —  et  strophantine,  20.  — 
(do),  33,  42.  44.  40.  61,  65,  73,  05.  — 
dans  les  maladies  du  cœur,  112.  -~  du 
Gabon.  404.  —  Kumbé  sur  le  choc  du 
eœ«r  (action  du).  584. 

Strychnine  dans  la  paralysie  diphthén- 
tiquo,  454. 

SUARBZ  DM  Mendoza.  Cataracte,  273. 

Sucres,  —dans les  urines  des  diabétiques 
(dosage  du).  452.  —  sur  l'économie 
(action  des),  765.  —  (action  diurétique 
des),  708.  —  Voy.  Diuriit,  Urine. 

Sueite  (transraissibtlité  de  la),  540. 

Suggestion,  547, 

Sulfite  de  cliaox  (Indications  du),  278. 

Sulfonal.  —  (du),  45.  07,  231,  246.  — 
(exanthème  provoqué  par  le).  180,  406. 

—  (intoxication  par  le).  180.  —  (ad- 
ministration du),  422.  — -  contre  t'in- 
somnie,  535.  —  (recherches  cliniques 
sur  le),  767. 

Solforiciniqoe  (de  l'acide),  765. 
Sulfureux  (désinfection  par  l'acide),  872. 
Solfhrique  (pommade  à  l'acide),  775. 
Suppositoires  à  la  glycérine,  502. 
Suppuration.  —  (causes  et  mécanisme  de 

la),  84.  —  (micro-organismes  et),  106. 
Sureau  (action  de  l'écorce  de  tige  de), 

707. 
Surmenage  (deux  cas  de),  287,  306. 
Suspension.  Voy.  TabeM. 
Sympathique.  Voy.  AHoifi^,  Moral. 
Syphilide  tertiaire  superficielle.  225. 
Syphilis.—  héréditaire,  225.  —  vaccinale, 

26 i,  505,  515.  —  grave  précoce,  301. 

—  tertiaire  cbex  un  enfant,  403.  — 
(traitement  mercuriel  de  la),  537.  — 
tertiaire,  541.  —  (traitement  de  la). 
541,  702.  —  par  les  instruments  mal- 
propres (transmission  de  la),  721,  734. 

—  Voy.'  Rttomac,  Vaeeinationê. 
Syriogomyélie  (de  la),  438,  155, 178,  213, 

262, 126. 
Sff^ifgium  jambolanum  sur  le  diabète 
artificiel  (action  du),  620. 


Tabac.  Voy.  HyiUHe. 

Tabbrlbt.  Bronchites  syphilitiques  chez 
des  adultes,  480. 

Tabès.  —  par  suspension  (traitement  du), 
53,  640.  —  (crises  gastriques  du),  188. 
—  (de  la  localisation  du),  453.  —  avec 
crises  gaatriques  et  laryngées,  757.  — 
Voy.  Àlasie. 

Tagharo.  Kyste  hydatiqoe  de  la  rate, 
501. 

Tsniaa  (traitement  des).  123,  780. 

Taille.  —  périnéale  médiane  (suture  après 
la).  435.  —  bypogastriques  pour  calculs, 
607. 

Tait  (0.).  Apomorphine  dans  les  em- 
poisonnements, 454. 

Tampon  aseptique  résorbable,  583. 

Tamponnement  intra-utérin,  746. 

Tannin.  —  dans  la  fièvre  typhoïde  (lave- 
ments de),  782.  —  dans  la  tuberculose 
pulmonaire,  846. 

Tappbinbr  et  ScRULZ.  Action  physiolo- 
gique du  fluorure  de  sodium.  634. 

TaRCHanopp  (ob).  Production  de  courants 
électriques  dans  la  peau,  451.  —  Modi- 
fication de  l'albumine  des  OBvfs.  484. 

Tarnier.  Fœtus  de  trente-trois  ans  dans 
le  ventre  maternel,  482.  —  Grossesse 
qnadrigémellaire,  400. 


Tarse   par  le  procédé  de  Wladimiroff- 

Mikulics  (résection  du),  282. 
Tarseclomie.  700  885. 
TartiArb  (B.).  Mutisme  hystérique  chez 

un  soldat,  520. 
TeUhmann  <la  masse  de),  232. 
Teigne  tondante  (traitement  de  la),  475. 
Teintures  alcooliques  avec  les  liqueurs  de 

Powler  et  de  Pearson  (mélange  des), 

606 
Teiitier  (B.).  Nécrologie,  148. 
Tendons  (suture  des),  734. 
Tennebon.  Syphilis  héréditaire,  225. 
Terphio  dans  les  maladies  du  poaflM>n, 

145. 
TiRRiBit.  Hystéropexie,   62,  75,  06.  — 

Gastrolomie  pour  corps  étranger,  356 

—  DIvertieuIe  du  rectum,  608.  —  Cho- 
lécystentéroetomie,  714.  —  Extirpation 
du  roctum,  748. 

Tbrrillon.  Salpingite,  28.  —  Myomes 
utérins  pédicules  douloureux.  113.  — 
Néphrorriiapbie.  242.  —  Ovaro-salfdn- 
gites,  354.  —  Ablation  des  myomcs 
utérins  par  la  voie  vaginale.  856.  — 
Ovariotomie,  373.— Trépanation  guidée 
par  les  localisations  cérébrales,  450.  — 
Pérlartbrite  du  genou,  701.— Salpingo- 
ovarites  tuberculeuses,  732.  —  Trépa- 
nation  de  l'os  iliaque.  740. 

Testiculatre  (effet  des  injections  de  li- 
quide). 362,  405,  451. 

Testicules.  —  (descente  artificielle  des), 
263,  274,  471.  —  sur  les  fonctions 
vitales  (influence  des),  862,  405,  451. 

—  Voy.  Cytodiérète, 

Tbstut.  Traité  d'anatomie  humaine,  831. 

Téuoio.  Voy.  Contracture. 

Tétanos.  —  (étiologie  dn^,  401,  107.  110, 
183. 141,  201,  211.  265,  273,  291.  207. 
900.  —  dans  les  ratons  tropicales  (pa- 
thogénie da).  390,  411.  —(contagion 
clinique  du),  401.  —  (origine  du).  540. 

—  (microbe  du),  589.  —  (nature  et  ori- 
gine du).  610.  —  (transmission  du),  710. 

—  (résisunce  des  germes  du),  764.  — 
traomatlque  guéri  par  la  piloearpine, 
790.  —  Voy.  Nouveau-néi. 

Télé.  —  (nerfs  vaso-moteurs  de  la),  15. 
—des  vertébrés  (méUmérie  de  la).  707. 

Thalline  (action  de  la),  660,  680. 

Theiibn.  Traitement  de  l'ostéomyélite 
aiguë,  342. 

Thérapeutique.  —  oculaire  (mode  de  pré- 
paration des  substances  employées  en), 
161.  —  (dictionnaire  de),  107. 

Thermoehimique  (méthode),  420,  440. 

Thermomètre  dans  les  appartemento  (va- 
riNtioQs  du),  682. 

Th^vbnin  et  DB  Variony.  Dictionnaire 
abrégé  des  selences  physiques  et  natu- 
relles, 710. 

Thibm.  Luxation  de  la  mAchoire  en  ar- 
rière, 195.  —  Tampon  aseptique  ré- 
soriiable.  583. 

Thimiam.  Fibro-llpome  de  la  capsule 
cellulo-adipeuse  du  rein  droit,  678. 

Troinot.  Microbes  et  microbie  k  l'Ezpo- 
sition  universelle,  586,  509. 

Thomatbr.  Circulation  rétrograde  dans 
les  veiaes,  452. 

Thoracentèse.  —  (appareils  à),  207.  — 
Voy.  Pneumotkorax. 

Thoraz  (résection  du),  696. 

Thyol  (action  du),  633. 

Thyroïde.— (effeto  de  l'ablation  du  eorpa), 
682.  —  (cancer  du  corps),  699.  — 
(fonctions  de  la  glande),  847. 

TiLLAUX.  Pied  bot  vams,  8S5. 

TissiÉ.  Hygiène  du  vélocipédiate.  499. 

ToLBDO  (Sanehes).  Tranamission  de  hi 
tuberculose,  311. 

Torticolis  (élongation  nerveuse  eonire 
le),  766. 

Tour  de  300  mètres  (azpériences  physio- 
logiques sur  la),  764. 

Trachée.  —  (physiologie  de  la),  678.  — 
(fistules  de  la).  735. 

Transformisme  en  mtcrohiologio,  679, 
700. 


Transftesioa  avec  do  sang  de  efalMi  eha 
des  lapins,  150.  298. 

Transport  dea  btoseëa.  (H. 

Trabbot.  Aetioa  de  i'i«dore  de  potas- 
sium sur  la  dreulafioR,  678.  ~  Eti»- 
lo|le  du  téUnos.  291 . 

TRitLAT  (Em.).  Hygiène  des  habitation, 
551. 

TnéLAT  (U.).  Extirpation  d'an  anévrysne 
artério-veiaeux,  54.  —  Opéraiiua 
d'Alezander  dans  les  rélroAezi«a*  nié' 
rines  adhérentos,  62, 280.— Trailcmont 
électrique  do  nyome  atérin.  4il.  — 
Traitement  dea  anévrysmas  artéri# 
veineux,  605.  —  Cure  radicale  de  U 
hernie  inguinale  congénitale.  804. 

Tremblement  hyatériqne,  202. 

Trépan.  Voy.  Crâne. 

Trépanation,  M7,  568,  882.  -  Voy.  Lu- 
catiiotiont, 

Trmvbs.  Typhlile  et  périiyphlile.  (H7. 

Teiairb  (P.).  Les  difformes  et  los  oia- 
ladea  dans  l'art.  425. 

Trichiasâa,  763. 

Trichines  (viulilé  des),  W&. 

Trlchomanin,  370. 

Traumatismes  cérébranx  et  médnRaires 
dans  leurs  rapports  avec  La  «éécctae 
légale,  555. 

Trichophytie  des  eila,  808. 

Triehophytoses  (prophylaxie  et  traitement 
des),  540. 

Trichorraxis  nodoaa,  200. 

Trijumean  (troobloB  trepkiqnoe  eonséca- 
tifs  à  U  section  do),  ifi. 

Tripibr.  Blépharoplasiie,  680.  —  Frac- 
tures de  la  rotule,  711. 

Troisibii.  Pleurésiea  métapnonmonigues. 
70.  —  Pnenmotborax  disas  na  accès 
d'asthme  gttéri.par  la  tlioraeeatèM.  744. 

Troubsbau  (A.).  Thérapentiqne  ocnlaire. 
800. 

Trzebicki.  Traitement  du  goitre.  144. 

Tubercules  qoedr^umaans  (physiologie 
des),  788. 

Tuhereoloae.  —   fénilo-«rinnirB,  30.  — 
papiilomato-cmsiaoéo,  74w  —  (alléana- 
tiou  de  b),   143.  —  aoegleiqne.  193. 
104.  —  (transmission  4e  b).  111.  — 
chos  le  bœuf  (nouveau  badîle  àê  b), 
485.   407.  —  (propbybzb  de  b).  489. 
400,  506,  516,  521.  513.  550.  S67.  570. 
580,  705,  713. 785.  795,  842.  -per  Tair 
chaud  (traitement  de  b).  634.  —  (nn- 
tritioo  dans  b).  701.  —  locale  (traib- 
ment  de  b).  710.  731.   —  (rénstanrs 
variable  des  animaas  à   b).  713.  — 
xoogléiqne,  716.  —  en  Albaagno  (in- 
fluence dn  sol  sur  b  propagalbn  do  b). 
808.  —  (dissémination  des  baetibs  de 
la).    815.   —   Voy.   MmfanU,    Pamn, 
PhthUU,  etc. 

Toptibr.  Deaoente  artiidoDe  des  leali- 
cubs,  263.  —  NéphrocThapUe.  «BTI. 

Tumeurs.  —  malignos  (éliologin  et  db- 
gnostic  des),  581 . — malignes  (propriétés 
pathogènes  des  microhos  ce«tonaa  dans 
les),  583. 

Typhlite.  —  (traitamont  antisnpiifqne  de 
la).  225.  —  (de  b).  617. 

Typhoïde  (fièvre).  —  par  b  nsétbode  de 
Brand  (trailessent  de  b),  13.  —  dam 
b  première  région  de  eorpa  d'armée 
(la).  78.  —  (digitab  dans  In).  IfiS.  ~ 
(sUUstique  de  b).  416,  481.  —  (pliénol 
dans  b),  502. —dans  les  h6pita«x  (mw- 
UUté  par  la),  SU.  —  (réeldive  de  bi. 
504.  —  des  enbats  (naphtol  dans  la). 
643.  -  à  Paris  (la),  763.  -.  (étiologia 
de  b).  822,  828.  —  (inintiona  inlesU- 
nales  dans  la),  835.  —  Voy.  Bntnt. 
TVifinlii. 


U 

Ulcérations.  —  taberculeoana  pv  Vëôèê 
saUcylIqne  (traitoneat  de),  145.  —  ta- 
berenleuses  par  le  naphtol  cnmphie 
(traitement  des),  170. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


859 


Ulcères  do  lYdmen,  40S. 

Unna.    Lichen,  540.  —    Tricbophytotct 

540.  ^  Dermatite  herpëliforme,  &4i. 
Ural  (de  1').  767. 

Uralium  (!'),  hypnotique  nouveau,  277. 
Urémie  (traitement  de  1'),  458. 
Uretères.  —  (rupture  do  1').  i9i.  —  (c«- 

thëlérisme  do»),  506.  —  de  la  peau  du 

flanc  (greffe  de  1'),  697. 
Uréthro-vaginale  (fistule),  646. 
Urèthre.  —  (rtfirëcissement  de  1'),  95, 

697.  —  (suture  de  r),tiS.  —  ches  la 

femme  (rosbiuration  do  1'),  749. 
Urinaircs.  —  (inloxication),  290.  —  (co, 

caïne  dans  les  maladies  dos  voies^  538, 

750.   —  ches  les  oiseaux  (sécrétion), 

632. 
Urines.  —  (bactéries  del*),  2i9.  —  dans  la 

pneumonie  (pouvoir  toxique  de  1').  246. 

—  (corps  réducteurs  des),  374.  —  des 
diabétiques  (dosage  du  sucre  dans  les), 
452.-  (toxicité  des),  615.  —  (recherche 
du  sucre  dans  1'),  798. 

Urique  (dosago  de  l'acide),  764. 

Urobiiianrio  (valeur  diagnostique  de  V), 
840. 

Urticaire.  —  (pouls  capilbire  dans  les 
plaques  d'),  74.  —  ches  les  enfants 
715,  791,  805. 

Utéro-orarien  pendant  la  menstruation 
(action  des  médicaments  sur  lo  sys- 
tème), 278. 

Utérus.  -  (opération  d'Alexander  dans 
les  rétroflexions  de  i'),  02.  —  (myomes 
pédicules  douloureux  de  1%  113.  — 
(traitement  des  déviations  de  T),  230, 
244.  —  (rétro-déviaUons  de  T),  263.— 
par  b  voie  vaginale  (ablation  des 
myomes  do  1'),  356.— pendant  la  gros- 
sesse et  raecouebeoMnt  (segment  infé- 
rieur de  1'),  359.  —  (traitement  des 
myomes  do  V),  373,  438.  —  par  l'élec- 
tricité (traitement  dtfs  myomes  de  T), 
388.  404,  42i.  —  gravide  (hernie  om- 
bilicale  de  V),  508.—  (traitement  élec- 
trique des  myomes  de  1'),  734.  —  (trai- 
tement des  déviations  de  1*),  734.  — 
(physiologie  du  col  de  1'),  734.  —guérie 
par  la  laparotomie  (ruptures  de  1'),  745. 

—  et  placenta  prsvia  (segoMnt  inférieur 
de  I'),  746.  —  par  lo  seigle  ergoté 
(contractions  do  1'),  746.  —  non-effiice- 
ment  du  col  pendant  la  grossesse,  746. 

—  (rétro-dévialions  de  1'),  829.  —  (fi- 
brome de  1'),  844. 


VaccinaUon.  —  (nécessité  de  la),  141.  — 
animale  et  jennérienne,  249.  —  dsns 
rarniée.  550. 

Vaccine .—  dans  le  Gard,  150.  —  (accidents 
dut  à  la),  606,  618.  —  ulcéreuse  et  sy- 


philis vaccinale,  62t.  —  ulcéreuse,  769, 

779, 793,  794. 
Vachbr  (L.).  Haladiet  des  yeux,  702. 
Vaillakd.  Étiologic  de  la  fièvre  typhoïde, 

8K. 
Vaisseaux  (Injection  d'eau  salée  dans  les) . 

31. 
Val-de-Grâce  (nouvelle  organisation  du), 

203. 
Vallin.     Discours   à   l'inauguration   de 

l'École  du  service  de  santé  militaire  de 

Lyon,  199.  —   Action  du  sol  sur  les 

germes  pathogènes,  549. 
Varicelle  (néphrite  consécutive  à  la),  180. 
Varices  viscérales  par  le  chardon  marie 

(traitement  dos),  717. 
Varicocèle.  Voy.  Impuiuanee, 
Variole  (traitement  antiseptique  de   la), 

815 
Variot.  Effet  des  injections  de  liquide 

testieulaire,  45i. 
Varnibr.  Céphalotribe  et  liasiotribe,  203. 

—  Patiim. 

Vascttlairo  des  animaux  et  des  végétaux, 
567. 

Vaslin.  Traitement  des  anévrysmes  des 
membres  supérieurs,  606. 

Vaso-moteurs  (élude  des  phénomènes), 
i27. 

Vassil.  AssisUnce  publique  en  Serbie, 
553. 

VaUOUAII.  Empoisonnement  par  le  soufre, 
389. 

Veines  (circulation  rétrograde  dans  les), 
452. 

Vbit.  Grossesse  extra-utérine,  647.  — 
Technique  de  l'opération  césarienne, 
745. 

Vélocipédiste  (hygiène  du),  439. 

Ventro-fixalion,  646. 

Veratrum  viride  (action  du),  405,  638. 

Vbrnbuil.  Nouveaux  faits  confirmant  l'ori- 
gine éqnine  du  téUnos,  107,  141,  177, 
192.  —  Rapport  sur  le  tétanos.  211, 
309.  —  Abcès  sous-périostiques  k 
pneumocoques,  565.  —  Propriétés  pa- 
thogènes des  mierobes  contenus  dans 
les  tnmeurs  malignes,  583.  —  Traite- 
ment  des  tuberculoses  locales,  710.  — 
Traitement  du  prolapsus  du  rectum. 
812. 

Vbrnbuil  et  Clado.  Abcès  spirillaircs. 
125.  —  Identité  de  l'éryslpèle  et  de  la 
lymphangite  aiguë,  260.  —  Prolapsus 
recul,  665. 

Verres  à  surface  torique  et  périscopiques, 
568. 

Verruga  du  Pérou,  599. 

Version  par  manœuvres  externes,  162. 

Vertébrale  (mécanisme  des  fractures  indi- 
rectes de  la  colonne),  651. 

Vertige  de  Ménière  ches  un  goutteux, 
188. 

Vessie.  —  sans  sonde  (lavage  de  la),  128. 

—  (évacuation  manuelle  de  la),  231.  — 


(snture  de  h),  263.  275.  —  (calculs  de 
la),  434.  —  (exstrupfaie  de  la).  436.  — 
(des  névralgies  de  la),  458.  —  ches  la' 
femme  (calculs  de  la),  647.  —  (cure 
radicale  de  l'exstrophie  de  la),  697.  — 
Voy.  Cyitotcopie. 

VlBBRT.  Traumatisœes  cérébraux  et  mé- 
dullaires dans  leurs  rapports  avec  la 
médecine  légale,  555. 

Vidal.  Lupus  érythéoiateux  de  la  bouche, 
225.  —  Syphilide  tertiaire  superllcietle, 
225.  —  Èpithélioma  sébacé,  225.  — 
Pityriasis  pilaire,  379.  —  Lupus  éry- 
thémateux  des  mains,  380.  —  Du 
lichen.  540.  —  Trichophytoses,  540. 

ViBDOW.  Laparotomie  pour  ruptures 
utérines,  745. 

ViolBR.  Savon  antiseptique  ou  chirurgi- 
cal, 38.  —  Naphtol  et  phénols  cam- 
phrés, 52  —  Sur  l'huile  gri«e,  69.  — 
L.avements  narcotiques,  106.  —  Injec- 
tions hypodermiques  de  lactate  de 
quinine,  170.  —  Conservation  des  solu- 
tions pour  injections  hypodermiques, 
187.  —  Incompatibilité  du  salicylate 
de  soude  et  de  l'anllpyrine,  206.  — 
Des  pommelés  mucilaglncuses,  237, 
284.  —  Potion  an  baume  de  Tolu,  366.  — 
Phosphate  acide  do  chaux,  507.  —  Sur 
los  mélanges  de  teintures  alcooliques 
avec  les  liqueurs  de  Fowler  et  de 
Pearson,  606.  —  Pommade  è  l'acide 
suif  urique,  775.  —  Savon  vert  contre 
certaines  dermatoses,  803. 

Vignes.  Tuberculoses  locales.  731. 

ViLLBiliN.  Prophylaxie  de  la  tuberculose. 
409,  533.  713. 

ViLLBHiN  (P.),  pa$Hm. 

Villes  françaises  (assainissement  des), 
557. 

Vipère  (morsure  do  la),  191. 

Virus.  —  (atténuation  des),  133,  140.  — 
(variabilité  d'action  des),  810. 

Vision  binoculaire,  701. 

Vitré  au  point  de  vue  physiologique 
(corps),  422. 

Vœlker.  Corps  étranger!  articuhdres, 
129. 

Voisin  (A.).  Indication  de  l'hypnotisme 
et  de  la  suggestion,  548. 

VOLXMANN  (P.).  Prolapsus  du  rectum, 
814. 

Vomissements.  Voy.  GroMittie. 

Vue  (hygiène  de  la).  763. 


W 


Wahl  (von).  Diagnostic  de   l'occlusion 

inlesUnale.  445. 
Wallbr.  Phénomènes  électriques  do  la 

contraction  cardiaque,  29,  632. 
Watbon.  Traitement   de    Thypertrophie 

prostatique,  374. 


WbbbrI.  Electricité  et  massage,  847. 
Wkckbr  (de).  Opération  de  la  cataracte, 

543. 
Weckbr  (de)  et  Landolt.  Traité  d'oph- 

thalmologle,  423. 
Wehr   Greffe  du  cancer  ches  le  rat,  582. 
WeU  (la  maladie  de),  441. 
Wbrtu.  Tuberculose  géniulo.    646.   — 

Grossesse  extra-utérine,  646. 
Wbrthbimbr    et    Mbybr.    Rythm»  du 

cœur  et  formo  du  pouls,  15.  —  Carac- 
tères spectroscopiques  de  la  bile.  140. 
West  Roosbvblt.  Le  nitrite  de  cobalt 

et  de  potasse  comme  médicament  vas- 

culaire,  77. 
WiDAL  (F.).  Diphthérie  et  paralysie  diph- 

ihéritiquo.  36.  -•  Pauim. 
WiBDOW.  Abcès  pelviens,  647. 
WlNCKBL.  Grossesse  extra-utérine,  647. 
WiNOCRADOFP.    Plaies    de     l'abdomen, 

598. 
Wladinirofp-Mikulics  (opération  de). 

Voy.  Pied,  Tarte. 
Wœlpler.  G  cffes  do  muqueuses,  129. 
WoLFF  (J.).  Opération  précoce  du  bec-de- 

lièvro,  342.    —  Palmure    du    jarret, 

342. 
WoRMS  (J.).  Diabète  è  évolution  lento  et 

son  traitement,  813. 
WORTHINOTON.  Chimie,  botanique,  soo- 

logie,  etc.,  847. 
WURTZ  et  M'tSNY.  Action  du  sol  sur  h>s 

germes  pailiogènes,  540. 


Xamhélasma.  681,  693. 
Xanthome  glycosurique,  379. 


Veux  (maladies  des),  702. 

YvBRNBS.  Alcoolisme,  544. 

Y  VON  et  Berlioz.  Liqueur  de  Fehiing,  402. 


Zacuariadbs.  Structure  de  l'os  normal 

245,  716. 
Zamdaco.  Lèpre  en  Turquie.  533. 
Zbidlbr.  Trépanation  pour   fracture  du 

crâne.  410. 
Zbrnbr.  Action  de  la  pyrodinc,  619. 
Zrzas.  Gastrotomie,  342. 
ZtBHSSBN  (de).  Différentes  phases  de  la 

révolution  cardiaque,  808. 
Zona  de  l'épaule,  40. 
Zone  motrice  (ablation  de  la),  615. 
Zi>ologie.  —  médicale,  295.  —  (Notes  de), 

847. 


TABLE  DES  FIGURES 


Topographie  de  l'analgésie  et  de  la  therroo-aaeathésie  dans  an  cas  de  syringo- 

myélie,  157., 
Cystoscope,  167. 

Calculs  et  tumeui's  de  la  vessie,  169,  170. 
Pèse-bébé.  190. 
Baslotribe  de  Tarnier,  205. 


AppareiUâ  thoracentèse,  207. 

Injecleur  sous-cutané,  240. 

Lobes  occipitaux  ramollis,  609. 

Tracé  cardiographique  pris  au  niveau  do  la  poche  do  l'anévrysmc  aortiquc,  776. 

Pièce  auaiomique  relative  à  un  anévrysme  cupuliforme  de  l'aorte,  777. 


PIN    DIS   TABLES 


21573.  —  MOTTIROK.— Imprimeries  réunies,  A,  rue  Mignon,  2,  Paris. 


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